265 Implication Citoyenne Nature en Ville
265 Implication Citoyenne Nature en Ville
265 Implication Citoyenne Nature en Ville
Cette collection présente l’état des connaissances à un moment donné et délivre de l’information sur un sujet,
sans pour autant prétendre à l’exhaustivité. Elle offre une mise à jour des savoirs et pratiques professionnelles
incluant de nouvelles approches techniques ou méthodologiques. Elle s’adresse à des professionnels souhaitant
Implication citoyenne et nature en ville
maintenir et approfondir leurs connaissances sur des domaines techniques en évolution constante. Les éléments
présentés peuvent être considérés comme des préconisations, sans avoir le statut de références validées.
Premiers enseignements issus
de sept études de cas en France
Implication citoyenne et nature en ville
Premiers enseignements issus de sept études de cas en France
Cet ouvrage regroupe sept retours d’expériences françaises (Lyon (3), Villeurbanne, Montpellier, Strasbourg,
Saint-Ouen) illustrant l’intérêt d’impliquer les citoyens dans les projets d’intégration de la nature en ville, et
propose quelques enseignements issus de ces démarches.
Leur analyse montre une grande diversité de moyens pour impliquer les citoyens. En effet, les démarches
Implication citoyenne et nature en ville Premiers enseignements issus de sept études de cas en France
peuvent être descendantes lorsque c’est la collectivité qui les sollicite, ou ascendantes lorsque ce sont eux
qui se mobilisent pour promouvoir des projets de nature sur l’espace public. Elles peuvent être facultatives
ou bien obligatoires au regard du Code de l’urbanisme, se situer en amont ou en aval d’une décision, etc.
Dans tous les cas, ces pratiques impliquent une circulation de l’information entre le maître d’ouvrage,
les partenaires et le public.
En se basant sur l’hypothèse que l’implication citoyenne sur les espaces publics de nature contribue à une
meilleure cohabitation des citadins et de la nature, les enseignements proposés dans le cadre de cet ouvrage
ont pour vocation d’aider les maîtres d’ouvrage et aménageurs à faciliter les conditions d’appropriation et
de compréhension des aménagements en faveur de la nature en ville.
Aménagement et développement des territoires, égalité des territoires - Villes et stratégies urbaines - Transition énergétique et
changement climatique - Gestion des ressources naturelles et respect de l’environnement - Prévention des risques - Bien-être et réduction
des nuisances - Mobilité et transport - Gestion, optimisation, modernisation et conception des infrastructures - Habitat et bâtiment
ISSN : 2417-9701
ISBN : 978-2-37180-114-1
Prix : 45 Euros
Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement - www.cerema.fr
Territoires et ville - 2 rue Antoine Charial - CS 33927 - 69426 Lyon cedex 03 - Tél. +33 (0)4 72 74 58 00
Siège social : Cité des mobilités - 25, avenue François Mitterrand - CS 92 803 - F-69674 Bron Cedex - Tél. +33 (0)4 72 14 30 30
Collection | Connaissances
Implication citoyenne
et nature en ville
Premiers enseignements issus
de sept études de cas en France
Cerema
Direction technique Territoires et ville
2, rue Antoine Charial 69003 Lyon
www.cerema.fr
Collection Connaissances
Cette collection présente l’état des connaissances à un moment donné et délivre de l’information sur
un sujet, sans pour autant prétendre à l’exhaustivité. Elle offre une mise à jour des savoirs et pratiques
professionnelles incluant de nouvelles approches techniques ou méthodologiques. Elle s’adresse à
des professionnels souhaitant maintenir et approfondir leurs connaissances sur des domaines
techniques en évolution constante. Les éléments présentés peuvent être considérés comme des
préconisations, sans avoir le statut de références validées.
Étude confiée au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et
l’aménagement (Cerema) par la Direction Générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature
(DGALN), bureau de l’Aménagement opérationnel durable et des ÉcoQuartiers, du Ministère du
Logement et de l’Habitat Durable, associant le Commissariat général au développement durable
(CGDD), avec la participation de Plante & Cité.
C’est un ouvrage collectif du Cerema : Céline Menétrieux (Cerema Centre-Est) a piloté la rédaction du
document, avec l’appui de Magali Poudevigne (Cerema Centre-Est).
Le travail de coordination de l’ouvrage a été assuré par Roland Cotte (Cerema Territoires et ville).
Nous remercions les membres du comité de pilotage ayant œuvré pour garantir la qualité de cet ouvrage.
La composition de ce comité de pilotage animé par le Cerema (Roland Cotte) et la DGALN (Florent
Chappel) était constituée de Marie-Christine Bagnati (CGDD) et Damien Provendier (Plante & Cité).
Cette étude n’aurait pas été possible sans l’ensemble des maîtres d’ouvrage des projets qui ont servi
d’études de cas : la Métropole de Lyon, la ville de Lyon, la ville de Villeurbanne, la ville de Montpellier,
la ville de Strasbourg, la ville de Saint-Ouen, ainsi que tous les autres interviewés (maîtres d’œuvres,
gestionnaires, associations, habitants,...). Qu’ils en soient tous vivement remerciés.
Enfin nous remercions également Marie-Christine Bagnati (CGDD), Florent Chappel (MLHD), Clarisse
Paillard (Nantes Métropole), Anthony Perrin (Ville de La Motte-Servolex), Damien Provendier (Plante &
Cité) ainsi que Cyril Pouvesle, Cecile Vo Van, Nicolas Wiplier (Cerema Territoires et ville) pour leurs
conseils avisés tout au long de la construction du document et/ou lors de sa relecture finale.
Les schémas, cartographies, photos sont issues des concepteurs de projets, des collectivités, des
associations et du Cerema.
Crédits photos
Page de couverture :
- Photo prise lors d’un débat public (main levée) : © Laurent Mignaux / MEDDE - MLETR
- Autres photos : © Cerema
Page 7 :
- La place Bellecour à Lyon végétalisée lors de l’animation Nature Capitale, du 17 au 19 juin 2011 : Bruno Daval
3
Sommaire
Introduction 5
Avant-propos 7
1. De quoi parle-t-on 8
2. Le choix des terrains d’étude 12
PREMIÈRE PARTIE
Impliquer les citoyens autour du sujet de la nature
en ville : premiers enseignements 14
1. La sensibilisation à la biodiversité 16
2. L’implication des citoyens dans l’intégration de la nature au sein
d’un projet d’aménagement de l’espace public 23
3. La participation des citoyens au chantier et à la gestion
d’un espace public végétalisé 31
4. Éléments de conclusion et perspectives 40
DEUXIÈME PARTIE
Retours d’expériences 42
1. Parc Blandan à Lyon 44
2. Jardins collectifs à Saint-Ouen 58
3. Parc du Vallon à Lyon 72
4. Jardin Demain à Montpellier 86
5. Aménagements pour la biodiversité à Champvert à Lyon 100
6. Jardin Vaclav Havel à Villeurbanne 110
7. Végétalisation et gestion d’espaces désimperméabilisés
à Strasbourg 122
Glossaire 135
Bibliographie 137
Table des matières 139
5
Introduction
À l’heure où la démocratie participative devient une Ce document, se fondant sur des expériences
pratique largement expérimentée, les collectivités et diverses et en nombre encore relativement restreint,
maîtres d’ouvrages publics prennent conscience du ne prétend pas conclure de façon certaine à des
rôle des citoyens dans les décisions et actions muni- généralités. Il propose d’apporter des éléments de
cipales : celui de garantir l’adhésion du plus grand compréhension sur trois formes d’implication
nombre, et de permettre un ancrage dans la réalité citoyenne dans un projet de nature en ville identi-
au plus près des besoins des citoyens. Les espaces fiées au cours de l’analyse, à savoir :
publics, qui par définition sont des espaces acces- • la sensibilisation à la nature en ville et notamment
sibles à tous, sont particulièrement visés par cette aux enjeux relatifs à la biodiversité ;
nécessité d’associer les citoyens à leur devenir. • l’engagement des citoyens pour l’intégration de la
Ainsi, le maître d’ouvrage public, même s’il reste le nature au sein d’un projet d’aménagement de
décideur final quant à l’intégration de la nature sur l’espace public ;
les espaces publics, peut sensibiliser aux enjeux de • la participation des citoyens au chantier ou à la
biodiversité, informer sur la nature préexistante, gestion d’un espace public végétalisé.
écouter les attentes des citoyens, chercher à
comprendre les intérêts de chacun, et mettre à Les sept études de cas sur lesquelles sont basées les
profit l’expertise de chacun pour construire un réflexions concernent :
projet qui emporte l’adhésion de la majorité. • le parc Blandan à Lyon,
Les citoyens, quant à eux, ne sont pas seulement • le jardin Vaclav Havel à Villeurbanne,
bénéficiaires de la nature en ville mais se sentent • les aménagements pour la biodiversité à
aussi devenir acteurs du projet urbain. Leurs motiva- Champvert à Lyon,
tions s’intensifient pour réaliser des jardins partagés, • le parc du Vallon à Lyon,
participer aux décisions liées aux parcs, consommer • le jardin Demain à Montpellier,
des produits locaux, etc. Leur implication leur • la végétalisation et la gestion d’espaces publics
permet de prendre conscience des enjeux de biodi- désimperméabilisés à Strasbourg,
versité, mais également des divers usages de la ville, • les jardins collectifs à Saint-Ouen.
de la nécessité de faire des compromis, ainsi que des
contraintes techniques et administratives. Le présent document est organisé en deux parties.
La première est consacrée aux premiers enseigne-
À travers l’analyse de sept expériences d’implication ments sur l’implication citoyenne et la nature en
citoyenne, l’objectif de cet ouvrage est d’en commu- ville, qui portent aussi bien sur l’intérêt pour les
niquer les premiers enseignements aux maîtres différents acteurs de mettre en place une telle
d’ouvrage et aménageurs, afin de faciliter les condi- démarche que sur la manière de la développer.
tions d’appropriation et de compréhension La seconde comprend les différentes études de cas,
des aménagements en faveur de la nature en ville. présentées sous forme de fiches. Préalablement
De façon parallèle, l’ouvrage fournit des enseigne- à ces deux parties, un avant-propos présente une
ments méthodologiques et des outils susceptibles clarification sémantique et un descriptif de
d’être utilisés pour favoriser l’implication citoyenne la méthode employée, notamment à travers une
dans d’autres démarches de politique publique. explication du choix des sites étudiés.
Avant-propos
8 AVA N T- P R O P O S
De quoi parle-t-on ?
La nature en ville des espaces verts est plus appréciée par les ménages
que celle qu’apportent la proximité des commerces
Un espace de fraîcheur pendant la canicule, une ou l’accessibilité des transports en commun.
ambiance paysagère bucolique, des espaces de
loisirs en plein air, un cadre de vie sain, une gestion Les espaces de nature au sein de la ville occupent
efficace des eaux pluviales, ou encore la préserva- aussi bien le domaine public que le domaine privé.
tion voire un accroissement de la biodiversité... Dans le cadre de cet ouvrage, seuls les espaces
l’ensemble des services écosystémiques apporté par de nature publics sont traités. Ils sont ici consi-
la nature en ville est progressivement reconnu. Bien dérés dans toute leur diversité : composantes verte
souvent, les citadins demandent qu’une place accrue et bleue, présence d’une biodiversité remarquable
soit accordée à la nature en ville pour bénéficier de et/ou ordinaire, surface réduite ou importante, etc.
ces services1. Une enquête de l’Union nationale des Ainsi, les plantes grimpantes sur les trottoirs, les
entrepreneurs de paysage (UNEP), réalisée en janvier pieds d’arbres végétalisés, les ruisseaux accompa-
et février 2016, a révélé que plus de 8 français sur gnés d’un cheminement doux arboré, ou encore les
10 accordent une importance particulière à la squares et les parcs urbains, constituent autant
présence d’espaces verts à proximité de leur rési- d’éléments de nature contribuant à la qualité de vie,
dence. Cette même enquête indique que pour 6 et de milieux favorables pour une biodiversité
français sur 10 la création de nouveaux espaces urbaine.
verts doit être la priorité n°1 des municipalités. Une
étude de 20122 du CGDD, basée sur une enquête
logement de l’INSEE de 2006, souligne aussi que la
qualité du cadre de vie liée à la proximité et à l’état
Toutefois, l’homme et les espèces animales et végé- habitudes et les représentations. Quelques-uns
tales ne cohabitent pas toujours sans heurts. Même si peuvent avoir l’impression que l’espace n’est pas
les citoyens sont en attente de davantage de nature géré, pas entretenu, qu’on « ne s’occupe pas » d’eux...
en ville, cela ne signifie pas que tous sont prêts à De la même manière, un projet de création de zones
accepter n’importe quelle esthétique ou n’importe humides en milieu urbain peut se heurter à certaines
quelle espèce animale ou végétale autour d’eux. réticences associées aux risques d’odeurs ou de
Par exemple, les pratiques des gestionnaires prolifération d’insectes, notamment des moustiques.
d’espaces verts (suppression des produits Notons que ces réticences peuvent être relativisées
phytosanitaires, gestion différenciée, arrosage car de plus en plus d’études montrent que les cita-
limité...) ne sont pas toujours comprises ni acceptées dins sont demandeurs d’espaces verts ayant un
par certains citadins davantage habitués à voir une aspect naturel (Özgüner and Kendle (2006), Muratet
nature horticole et maîtrisée. Ces pratiques (2015)). Il ne faut donc pas hésiter au sein des
induisent, en effet, des changements dans le projets à laisser des espaces où l’intervention de
paysage et parfois l’apparition de plantes jusqu’alors l’homme est minimale et où la végétation spon-
bannies (espèces spontanées communément tanée peut se développer.
appelées « mauvaises herbes » par ceux qui
fréquentent les espaces verts), qui bousculent les
10 AVA N T- P R O P O S
Rappelons aussi que la stratégie nationale de transi- Cette étude s’appuie sur l’hypothèse de départ selon
tion écologique vers un développement durable 2015- laquelle l’implication des citoyens pour les espaces
2020 engage les collectivités dans une démarche de publics de nature est un levier fort pour assurer le
meilleure prise en compte de la biodiversité en ville. développement de leurs connaissances sur la biodi-
versité, la concordance de l’espace avec leurs
La pérennité des espaces de nature en ville attentes, le sentiment de responsabilité qu’ils
dépend en grande partie de leur acceptation par peuvent éprouver concernant cet espace, etc. Cette
les citoyens. Rechercher l’adhésion de ces derniers hypothèse est d’ailleurs déjà largement plébiscitée
est donc essentiel, afin d’éviter les problèmes d’usage par de nombreux professionnels de l’urbanisme4 et
et d’appropriation des espaces publics pouvant se chercheurs5. Lier l’implication citoyenne et la nature
traduire par un coût social, économique et symbo- en ville est aussi un moyen de développer les
lique important pour une collectivité, voire une nombreux services écosystémiques associés aux
remise en question de la qualité du service rendu3. espaces publics végétalisés : activités récréatives,
activités pédagogiques, amélioration du cadre de
Dans ce contexte, la recherche d’une conciliation vie, bien-être des habitants, amélioration des rela-
entre les habitants et la nature en ville est devenue tions sociales, etc.
d’autant plus cruciale.
L’implication citoyenne pour la nature en ville
L’implication citoyenne pourra être :
et la nature en ville -initiée par une collectivité ou un maître
d’ouvrage public associant d’autres acteurs
Au sein de la ville, deux principales catégories de (institutions partenaires, habitants, associations,
citoyens sont à considérer, dans la mesure où leurs tissu économique, usagers...) dans les démarches
attentes peuvent être complémentaires ou de mise en place de la nature dans la ville, voire
contraires. Tout d’abord les usagers sont les dans la gestion de ces espaces ;
personnes qui utilisent l’espace de nature considéré. -à l’initiative des citoyens eux-mêmes, qui
Les habitants riverains, quant à eux, logent à demandent alors à la collectivité ou au maître
proximité de cet espace. Ces derniers peuvent être d’ouvrage public à être associés.
des usagers de l’espace de nature de proximité ou
d’un autre espace de nature ou ne pas l’être.
3 Zetlaoui-Léger J.,
L’implication des habitants
dans des micro-projets
urbains : enjeux politiques
et propositions pratiques,
IUP, Laboratoire Créteil,
2005.
Afin de tirer des enseignements pertinents Ces études de cas ont été réalisées sur le territoire
concernant l’implication citoyenne dans les projets de l’agglomération lyonnaise, mais également à
de nature en ville, le choix a été fait de retenir sept Montpellier, à Strasbourg et à Saint-Ouen en Île-de-
espaces de nature en France dans des agglomérations France : le parc Blandan à Lyon, le jardin Vaclav
importantes. Ce panel a été constitué en recherchant Havel à Villeurbanne, les aménagements en faveur
une variété dans la répartition géographique sur le de la biodiversité à Champvert à Lyon, le parc du
territoire national (4 régions différentes), mais aussi Vallon à Lyon, puis le jardin Demain à Montpellier,
une représentativité quant à la taille des espaces de les espaces désimperméabilisés à Strasbourg, et les
nature (de 2 m² à 17 ha) et à leurs modes de jardins partagés des Docks à Saint-Ouen.
conception, tout en veillant à ce que chacun d’entre
eux présente une véritable prise en compte de
l’enjeu de biodiversité. L’ensemble des sites balaye
par ailleurs les trois formes de participation
citoyenne distinguées en introduction.
Parc Blandan Jardins collectifs Parc du Vallon Jardin Demain Champvert Jardin Vaclav Espaces désim-
des Docks Havel perméabilisés
Sensibilisation X X X X X X X
Implication des X
habitants dans (projets parfois
X X X X X
l'élaboration à l’initiative des
du projet habitants)
Implication des
habitants dans
X X X X
la construction
et/ou la gestion
AVA N T- P R O P O S 13
Des visites de terrain, des observations, des nécessaires pour proposer une analyse de
micros-trottoirs sur place, ainsi que des chaque cas. La comparaison de ces études
entretiens spécifiques avec des acteurs clés de cas a permis de tirer des enseignements
(maître d’ouvrage, maître d’œuvre, présentés dans la première partie du
gestionnaire, partenaire, usager...) ont été document.
© Géoportail
P R E M I È R E P A R T I E
Impliquer les citoyens autour
du sujet de la nature en ville :
premiers enseignements
16 I M P L I Q U E R L E S C I T O Y E N S A U T O U R D U S U J E T D E L A N AT U R E E N V I L L E : P R E M I E R S E N S E I G N E M E N T S
1 La sensibilisation à la biodiversité
Les attentes des citoyens sur le thème de la nature en 1.1 Sensibilisation :
ville sont multiples : ils envisagent les espaces de de l’information à l’appel
nature comme des lieux de détente, de promenade, de à l’action
loisirs, de rencontres, de bien-être spirituel, mais aussi
comme des espaces de rafraîchissement lors des cani- Afin de sensibiliser les citoyens à la nature en ville et
cules, de refuge pour la biodiversité, etc. à la biodiversité, différents moyens existent, de la
Cependant, la connaissance des bienfaits produits par simple transmission d’informations à des démarches
la présence de la nature en ville peut encore progresser induisant une plus forte implication des citoyens
et être partagée par tous. La biodiversité, entre (ateliers pédagogiques, sciences participatives, etc.).
autres, est très peu connue. De plus, elle est
souvent une préoccupation secondaire pour les Dans un premier temps, la transmission d’informa-
citoyens, face à des enjeux environnementaux tions est essentielle pour donner aux citoyens des
plus globaux6. éléments de connaissance et de compréhension des
enjeux liés à la nature en ville et à la biodiversité.
Or la biodiversité est particulièrement mise à l’épreuve Cependant, bien qu’elle puisse susciter une prise de
en milieu urbain : mise en place de surfaces imper- conscience, cette démarche n’a généralement pas
méables, construction de clôtures et de voiries en vocation à ouvrir des pistes pour faire évoluer l’état
ignorant les déplacements de la faune, assèchement actuel. Elle se limite souvent à une simple mise à
de zones humides (mares, etc.), suppression des tas de disposition de connaissances. Aussi, pour aller
bois mort ou de feuilles mortes, chasse des espèces au-delà, il est important de développer des
indésirables (insectes, rongeurs). démarches de sensibilisation visant à favoriser
une prise de conscience collective des enjeux, et
Actuellement, les collectivités et les entreprises de ensuite à promouvoir des solutions. Pour cela, il
paysage et d’espace vert sont progressivement formées est possible de mobiliser les citoyens par le jeu, par
et sensibilisées à la biodiversité pour intégrer la nature la visite, par la parole, par la pratique... Il s’agit
aux projets urbains, et gérer de manière écologique d’amener les participants à faire évoluer directement
les espaces publics. Cependant, les particuliers, qui leurs comportements quotidiens, de susciter une
sont à la fois des usagers des espaces publics et des ouverture d’esprit, d’apporter des connaissances
gestionnaires des espaces privés, n’ont pas toujours nécessaires avant une participation encore plus
connaissance des enjeux liés à la présence de la nature forte. En effet, la réussite d’une mobilisation est liée
en ville, et notamment la biodiversité. La sensibilisa- au travail de sensibilisation qui l’a précédée ou qui
tion de l’ensemble des citoyens peut contribuer lui est associée.
à faciliter l’émergence de nouveaux modèles
d’aménagement de la ville donnant satisfaction à
la demande de nature et assurant la préservation
de la biodiversité.
• susciter l’intérêt pour la biodiversité environnante • mieux gérer leurs espaces privés
• engager des changements comportementaux • avoir plus de plaisir dans leur pratique des espaces de nature
• rendre le sujet accessible à tous
• susciter une implication accrue dans la co-construction
et la gestion participative des espaces
• sensibiliser ses propres agents
Enfin, certains citoyens peuvent devenir des sensibilisation des habitants à l’environnement en
acteurs relais qui diffusent de l’information à expliquant les pratiques de jardinage écologiques, et
leurs concitoyens. Par exemple, à Strasbourg, les en organisant des observations naturalistes avec
associations d’habitants en charge de la gestion l’aide d’habitants investis sur certains sujets (oiseaux
d’un espace public participent activement à la ou chauves-souris par exemple).
À Montpellier...
Une association d’éducation à l’environnement a été associée au
projet de transformation d’un parking en jardin. Cette association,
l’Atelier permanent d’initiation à l’environnement urbain (APIEU),
est intervenue en amont du projet pour créer et animer des micro-
débats, notamment sur la place de la nature et les jardins collectifs.
Elle est également intervenue en aval du projet, pour l’animation
d’ateliers autour du jardinage écologique sur le site.
• Les outils Notons que les enfants sont une des cibles à
privilégier dans la mesure où ils sont les acteurs de
Les modalités peuvent être multiples et demain. Par ailleurs, ils sont généralement très
complémentaires : de la communication écrite, des curieux et réceptifs aux messages environnementaux.
animations pédagogiques, des conférences Il est donc important qu’ils acquièrent dès leur plus
naturalistes, des concours photographiques, etc. jeune âge des connaissances et qu’ils développent
Les outils cités ci-après montrent un panel des perceptions et une conscience écologique.
représentatif de ce qui a pu être constaté sur les
différents sites. Ils sont classés de manière
progressive, des démarches informatives aux
démarches exigeant plus d’implication de la part des
citoyens. Ces outils sont, bien entendu, à mobiliser À Strasbourg...
de façon adaptée aux objectifs poursuivis, aux Des panneaux pédagogiques ont été intégrés au
acteurs en présence, à la population cible. Le choix parc ponctuellement (14 sur la totalité du parc
des outils peut également être dépendant du coût de 11 ha). Demandés par les habitants lors de la
qu’ils représentent. Ce coût varie selon les moyens concertation, ils ont pour objectif d’informer sur
nécessaires à leur mise en œuvre : mobilisation des éléments de composition du parc ou sur sa
de personnels de la collectivité, recours à des gestion. En effet, ils évoquent notamment le
prestataires... cycle de l’eau, la réouverture du ruisseau, la
présence d’une chênaie et la gestion écologique
mise en place sur le parc.
20 I M P L I Q U E R L E S C I T O Y E N S A U T O U R D U S U J E T D E L A N AT U R E E N V I L L E : P R E M I E R S E N S E I G N E M E N T S
Plaquette, manuel, guide Porter à connaissance des pratiques en faveur de la Être pédagogique et accessible sur les données
sur des pratiques biodiversité. naturalistes présentées.
Diffuser largement et gratuitement.
Articles sur un site Apporter de manière régulière des informations sur la nature Être pédagogique et accessible sur les données
internet qui entoure les habitants. naturalistes présentées.
Mettre à disposition des documents de communication et/ou Mettre à jour les informations, créer de nouveaux
de compréhension. articles régulièrement.
Expositions Donner un éclairage scientifique ou artistique sur une Rendre accessible l’exposition : lieu passant, souplesse
thématique liée à la nature. des horaires d’ouverture, etc.
Donner des éléments de connaissance variés : de
l’initiation aux propos scientifiques.
Panneaux informatifs et Apporter des éléments de connaissance sur ce qui est Entretenir les panneaux.
parcours pédagogiques directement visible. Proposer une signalisation avec un visuel accrocheur
Permettre une meilleure compréhension des aménagements pour inciter les habitants à lire.
réalisés en faveur de la biodiversité sur un site. Être pédagogique et accessible sur les données
SENSIBILISATION
naturalistes présentées.
Ateliers pédagogiques Mettre en pratique des connaissances. Créer une instance Proposer des horaires adaptés à un maximum de
d’échanges en petit groupe : associer un moment convivial à citoyens et communiquer sur la tenue de l’événement.
une activité liée à la biodiversité.
Balades et observations Apporter des éléments de connaissances naturalistes. Proposer des observations d’espèces populaires
naturalistes Éveiller le regard des citoyens aux espèces qui les entourent. (hérisson, papillons...), qui attirent une population
variée.
Susciter leur intérêt pour les espèces et milieux pour ensuite
les préserver.
Stands de sensibilisation Être en interaction directe avec les citoyens, pour leur Installer le stand lors d’événements festifs locaux.
apporter des connaissances et des réponses à leurs
questionnements.
Conférence naturaliste Apporter des éléments de connaissances naturalistes. Proposer des horaires adaptés à un maximum de
Être en interaction directe avec les citoyens pour créer du citoyens et communiquer sur la tenue de l’événement.
débat et répondre aux questions. Proposer un sujet d’intervention qui soit destiné au
grand public non naturaliste.
Sciences participatives Apporter des éléments de connaissances naturalistes. Mettre à disposition un protocole facilement
Faire participer les habitants à la montée en connaissances appropriable par des non-naturalistes.
sur les espèces présentes sur leur territoire. Accompagner les citoyens dans leurs observations par
Susciter leur intérêt pour les espèces concernées pour de la pédagogie préalable et en continu.
ensuite les préserver.
Réunions publiques Sensibiliser les citoyens aux enjeux de biodiversité globaux, Proposer des horaires adaptés à un maximum de
d’information préalables pour les éveiller aux enjeux liés au projet. citoyens et communiquer sur la tenue de l’événement.
à un projet Lancer des débats sur l’intégration de ces enjeux dans le
projet.
©Cerema
•U
ne démarche qui prend du sens - lors d’événements festifs ponctuels, qu’ils
à tout moment de la vie de la cité soient liés à la biodiversité (24 heures de la biodi-
versité, fête de la Nature...) ou liés à la vie de
Il est judicieux de sensibiliser les citoyens à la nature quartier (forum des associations, fête locale...),
en ville : pour susciter leur intérêt.
- en amont et pendant un projet d’aménage-
ment lié à la nature, pour les informer sur les
enjeux locaux de biodiversité et ainsi mieux les
prendre en compte dans le projet ;
- de manière continue, pour les informer sur ce
qu’ils peuvent observer, sur le fonctionnement des
milieux présents, sur la gestion réalisée sur les
espaces végétalisés existants, ou encore sur leur
rôle en tant qu’acteurs de cette biodiversité ;
Consultation
Information
habitants ;
• informer et sensibiliser autour des enjeux de biodiversité ;
• susciter l’implication et l’intérêt des habitants sur ce sujet,
susciter la mobilisation des habitants pour la future gestion ;
• permettre aux habitants de mieux comprendre les
aménagements réalisés et notamment ceux qui ne sont pas
accessibles au public pour des raisons environnementales.
8 Zetlaoui-Léger J.,
L’implication des habitants
dans des micro-projets
“ Témoignage d’une habitante du quartier de la Duchère à Lyon,
riveraine du parc du Vallon
« Je me suis inscrite dès le premier atelier pour faire entendre ma voix. Nous devions faire des propositions pour
l’avenir du parc. L’animateur donnait la parole à chacun, c’était convivial. J’ai appris beaucoup de choses sur
urbains : enjeux politiques
et propositions pratiques, l’aménagement urbain et paysager. C’est notre environnement pour demain qui se décide dans la concertation,
in Les cahiers de l’école
d’architecture de alors c’est important de participer. »
La Cambre, Bruxelles,
janvier 2005.
I M P L I Q U E R L E S C I T O Y E N S A U T O U R D U S U J E T D E L A N AT U R E E N V I L L E : P R E M I E R S E N S E I G N E M E N T S 25
Le recueil des attentes des habitants concernant la nature en ville... quels résultats ?
À partir des sept retours d’expérience étudiés, les attentes des habitants concernant la nature peuvent être
rassemblées en cinq catégories. En effet, les habitants recherchent :
- une nature support d’usages : jardinage, sport, promenades canines, détente, promenade, pique-nique ;
- une ambiance « sauvage », dans une acception davantage anglo-saxonne, c’est-à-dire sans ordonnancement
rigide des végétaux ;
- un contact sensoriel avec la nature (voir, sentir, entendre, toucher) ;
- la présence perceptible d’animaux et de plantes locales ;
- la préservation du patrimoine végétal déjà présent (vieux arbres, anciens massifs...).
« Les gens aiment le côté plus naturel mais c’est aussi plus riche écologiquement et plus économe, mais ça ils ne
le voient pas forcément » (propos du maître d’œuvre du jardin Vaclav Havel).
2.3 Des enseignements Une fois qu’il est désigné, le maître d’œuvre peut
méthodologiques également avoir un rôle important dans l’animation
de la démarche de concertation : écouter les attentes
• Les acteurs de la démarche des citoyens, expliquer les contraintes et les enjeux
d’intégrer les retours à la réalisation du projet.
L’implication des citoyens dans un projet n’est pas
possible sans une volonté forte du maître d’ouvrage, De même, le ou les gestionnaires ont vocation à
notamment des élus décideurs, qui doivent prendre en être associés à la démarche : leur intervention dès
compte l’avis de la population sur un projet avant qu’il l’amont d’un projet permet d’anticiper la gestion,
ne soit finalisé. Pour cela le maître d’ouvrage engage le notamment grâce à leurs conseils concernant le choix
dialogue, écoute et recueille les propos de la popula- des plantations, la localisation des espaces végétalisés,
tion, mais reste toutefois libre de ses décisions. Il peut, ou encore grâce à leur pratique de terrain, leur
par exemple, répondre négativement à des demandes, connaissance de la végétation locale et des sols, leur
dans l’objectif de respecter des contraintes notamment contact direct avec les citoyens et leur observation
techniques ou financières, voire en faveur d’aménage- des usages. Ils peuvent aussi souligner des problèmes
ments minimalistes. Ces choix doivent nécessaire- associés à la gestion des nouveaux espaces de nature
ment faire l’objet d’une explication et d’une en ville (charge de travail supplémentaire, connais-
communication à l’attention des citoyens et plus sances insuffisantes sur certains végétaux, etc.).
particulièrement de ceux qui se sont exprimés.
26 I M P L I Q U E R L E S C I T O Y E N S A U T O U R D U S U J E T D E L A N AT U R E E N V I L L E : P R E M I E R S E N S E I G N E M E N T S
Des formations spécifiques pour certains agents niques de projet, afin de rendre le propos appropriable
peuvent s’avérer utiles. par les habitants, et dans le choix d’outils adaptés aux
personnes cibles et aux objectifs.
En complément de la présence du gestionnaire et en
fonction des besoins, le porteur de projet peut Enfin, les citoyens sont les acteurs primordiaux
s’entourer d’une expertise pointue (agents de la dans une telle démarche. Ils peuvent être sollicités
ville, associations naturalistes, bureaux d’études, etc.). par le maître d’ouvrage, ou peuvent faire valoir leur
En effet, des nuisances liées à un espace mal conçu ou intérêt à participer d’eux-mêmes. Outre les habitants
mal entretenu peuvent rapidement conduire à donner riverains, cela peut concerner les futurs usagers. Les
une mauvaise image de la nature en ville aux citoyens associations de citoyens sont privilégiées dans ce type
(voire à intensifier l’entretien de l’espace et ainsi nuire de démarche, car elles jouent un rôle important pour
à la biodiversité créée). le lien social, et représentent en général des intérêts
et des points de vue différents : associations de loca-
Par ailleurs, lors des rencontres de concertation, le taires, associations ou comités de quartiers, associa-
maître d’ouvrage peut se faire assister par des tions de parents d’élèves ou d’assistantes maternelles,
bureaux d’études ou des agences spécialisées de personnes handicapées, de commerçants ou d’en-
dans l’accompagnement des acteurs publics treprises, centres sociaux et maisons pour tous.
(évaluation, conception et/ou animation des Pour permettre la participation de l’ensemble des
démarches participatives). Médiateurs, ces interve- citoyens, des organisations logistiques particu-
nants peuvent à la fois avoir un regard extérieur sur lières peuvent être prévues : salles de réunion
les débats, mais aussi représenter potentiellement une accessibles à tout public, gardes d’enfants, horaires
aide précieuse dans la formulation des éléments tech- des activités en soirée ou pendant les week-ends, etc.
• Les outils
Visites de site Sensibiliser les citoyens aux problématiques « nature Proposer des horaires adaptés à un maximum de
en ville » du projet. citoyens.
Permettre un dialogue appuyé sur des illustrations Cibler une visite sur la nature en ville
concrètes de terrain. spécifiquement.
PARTICIPATION À L’ELABORATION D’UN PROJET
Enquêtes auprès Donner des éléments de programmation et Donner des éléments de connaissance sur la
des citoyens d’explication des enjeux locaux aux interviewés. nature en préalable aux questions.
Recenser les attentes des interviewés pour le projet. Faire un retour des résultats aux citoyens.
Diagnostics en Sensibiliser les citoyens aux problématiques « nature Horaires en soirée ou week-end.
marchant en ville » du projet. Choisir le parcours de manière à observer
Recenser les avis sur l’espace préexistant, et les différents lieux, aux problématiques de nature en
attentes d’aménagement de la nature. ville variées.
Faire un retour des résultats aux citoyens.
Ateliers Recueillir les attentes des citoyens avant la Horaires en soirée ou week-end.
programmation concernant la présence de nature. Prévoir un temps pédagogique pour expliquer le
Instaurer un dialogue, et expliquer les choix fonctionnement de l’atelier.
de conception ou de future gestion, et les Avoir des participants impliqués dans la durée
conséquences paysagères. (plusieurs ateliers).
Faire un retour des résultats aux participants.
Forum internet Recenser les plaintes et attentes par rapport au Diffuser largement l’url du forum, voire le
projet et à la présence de la nature sur les espaces combiner avec un site de la collectivité.
publics. Répondre aux questions déposées sur le forum.
Registres ouverts Recenser les plaintes et attentes par rapport au Informer les citoyens sur la présence des registres
en mairie projet et à la présence de la nature sur les espaces (bouche à oreille, articles dans les journaux...).
publics. Proposer un accès aux registres en soirée ou en
week-end.
Dans le quartier de la
Duchère à Lyon, où se
situe le parc du Vallon,
un diagnostic en
marchant a été réalisé
par la collectivité.
©Cerema
28 I M P L I Q U E R L E S C I T O Y E N S A U T O U R D U S U J E T D E L A N AT U R E E N V I L L E : P R E M I E R S E N S E I G N E M E N T S
Le parc du Vallon, qui subissait également une opération de rénovation, a bénéficié de la concertation déployée
pour l’ensemble du quartier. Toutefois une concertation spécifique a été créée. Lancée en 2006 lors d’une réunion
publique, elle s’est déroulée tout au long de l’élaboration du projet de réaménagement du parc : dès l’amont lors
de la programmation, lors du choix du maître d’œuvre, et lors de l’élaboration des plans du parc. Pour cela, le
maître d’ouvrage a organisé de nombreux ateliers.
En phase de conception, cinq ateliers thématiques ont été organisés, dont l’un qui portait sur « la faune, la flore
et la végétation urbaine ». À partir des présentations du maître d’œuvre sur le sujet, les citoyens ont pu apporter
leur avis et contribuer à l’ajustement du projet.
Les maîtres d’ouvrage peuvent également adresser La collectivité peut également lancer une campagne
des courriers d’invitation à certaines associations, d’information au niveau communal ou inter-
afin de les solliciter personnellement. Il s’agit par communal pour éveiller les consciences sur le sujet
exemple d’associations de locataires, de représentants de la nature en ville : le travail d’information et de
de personnes handicapées, de représentants d’entre- sensibilisation évoqué dans la partie ci-dessus est un
prises, de parents d’élèves. préalable qui peut générer un gain de temps et de
D’autres dispositifs tels que le porte-à-porte peuvent pertinence lors de la phase de concertation.
également contribuer à attirer un large panel de
public.
•P
rendre le temps de faire moindres changements envisagés, et limitera ainsi
participer... tout au long les potentielles frustrations concernant les prises de
de l’élaboration du projet décision du maître d’ouvrage.
Notons aussi que la concertation en continu peut
La démarche d’implication des citoyens dans un faire surgir des contradictions avec les exigences et
projet demande du temps. Du temps pour commu- contingences des projets (délais, logique écono-
niquer au préalable et donc solliciter un maximum mique, etc.) et que cela justifie la nécessité d’en-
de personnes différentes, pour organiser et bien gager les réflexions sur l’implication citoyenne
préparer les séances de concertation, et enfin pour dès l’amont du projet. Sans cette précaution, les
intégrer les attentes et avis des citoyens au projet processus de maturation du projet risquent d’être
tout en leur montrant cette prise en compte. compromis malgré le temps consacré aux démarches
participatives.
Le recueil des attentes des citoyens est d’autant
plus judicieux qu’il débute le plus en amont possible
du projet, lors des études préalables. En effet, les
retours des citoyens peuvent ainsi être intégrés au
projet dès la programmation. Cette démarche peut
ensuite être poursuivie tout au long de l’élaboration
du projet, pour recueillir les avis des citoyens sur
les plans et propositions d’aménagement du
maître d’œuvre. Faire de la concertation en continu
tout au long du projet permettra un échange sur les
30 I M P L I Q U E R L E S C I T O Y E N S A U T O U R D U S U J E T D E L A N AT U R E E N V I L L E : P R E M I E R S E N S E I G N E M E N T S
•C
oncilier les approches des mieux les attentes de chaque acteur (service
différents acteurs, les contraintes technique des voiries, service gestionnaire des
techniques et financières espaces publics dont les espaces verts, élus,
citoyens...). Il devra expliciter de façon pédago-
Bien que l’objectif d’impliquer les citoyens dans gique à l’attention des citoyens les raisons qui
l’élaboration d’un projet soit de prendre en compte ont fondé la décision.
leurs avis et les intégrer au projet, l’ensemble des Dans certains cas, le choix peut se porter sur des
propositions émises par les citoyens ne sont pas principes d’aménagement simples voire « minima-
toujours compatibles avec les contraintes tech- listes10 », qui apportent des réponses en matière de
niques, financières et politiques du projet. Elles naturalité. Face à d’éventuelles réticences des
peuvent même parfois être contradictoires entre citoyens, le maître d’ouvrage sera alors amené à
elles. Le maître d’ouvrage a le rôle délicat de convaincre qu’un espace de ce type leur apportera
considérer l’ensemble des informations, et de des avantages tout en étant économe en investisse-
prendre la décision permettant de concilier au ment et en gestion.
Offrir aux citoyens un chantier participatif ou une fréquentent pas ou n’apprécient pas certains espaces
gestion collaborative est un autre levier pour l’appro- publics du fait de l’entretien extensif de la végétation
priation et la compréhension des enjeux de biodiver- parfois considéré comme un défaut de « propreté ». En
sité en ville. La participation concrète des citoyens à effet, l’aspect sauvage des espaces publics, synonyme
l’aménagement ou la gestion d’un espace public de pour certains de « fouillis », « broussailles », et d’endroit
nature est l’occasion d’expliquer les enjeux de biodi- « délaissé » et « laid », peut rebuter. Même les petits
versité et d’enseigner les pratiques d’entretien écolo- espaces végétalisés et les pieds d’arbres sont soumis à
gique. Ceci a d’autant plus de sens que les espaces cette critique esthétique. Participer à un chantier
publics, accessibles et utilisables par tous, sont tout ou à la gestion d’un espace public végétalisé peut
particulièrement soumis au regard et à la critique des ainsi permettre aux citoyens de comprendre l’in-
habitants et usagers. Les espaces de nature seront térêt des différents espaces de nature. Cela peut
d’autant moins fréquentés qu’ils seront considérés aussi créer, de manière plus large, un engouement
comme non entretenus. Une partie des habitants ne pour les problématiques de nature en ville.
“ Les attentes des citoyens d’après la direction des Espaces verts de la ville
de Lyon...
« Ce qui pose souci aux usagers, c’est plutôt la propreté. Les gens, ce qu’ils veulent généralement dans un parc,
c’est trouver des aires de jeux, des espaces pour se détendre et pique-niquer, et qu’ils soient dans un environne-
ment vert et propre, et voilà, ça leur suffit. »
3.1 Le chantier participatif Lors d’un chantier participatif, les citoyens s’im-
et la gestion collective pliquent dans la conception d’un espace. Ils parti-
cipent à la création du lieu, par des travaux manuels
Initiées par la ville ou demandées par les citoyens, les en plantant de la végétation, en construisant des bacs
actions collaboratives sur un espace public s’ap- de compost, en créant des tables de pique-nique, etc.
puient sur des volontés humaines fortes : celles Ils donnent vie à un projet, et voient concrètement le
des agents de la collectivité, et celles des résultat de leur implication.
citoyens. En effet, la collectivité prépare le chantier
ou la gestion, encadre et conseille les citoyens tout au Lors d’une gestion participative, les citoyens s’en-
long de leur implication, mais ce travail n’aboutira gagent à entretenir avec d’autres citoyens une surface
que s’il y a des citoyens moteurs. La collectivité est le définie de l’espace public. D’un pied d’arbre à une
facilitateur de la démarche, tandis qu’une réussite placette, en passant par un jardin de 100 m², les
pérenne est conditionnée par l’engagement des espaces à gérer collaborativement peuvent être variés.
citoyens dans la durée. Les citoyens, organisés ou non en association,
plantent, taillent, arrosent, désherbent, récoltent...
bref, jardinent cet espace.
• faire passer des messages sur les enjeux de biodiversité ; • s’impliquer dans la vie de son quartier.
• sensibiliser les jardiniers aux pratiques de jardinage
écologique ;
• diminuer les coûts de gestion des espaces publics (gestion
participative uniquement).
3.3 Des enseignements Lors d’une initiative issue des citoyens, la collectivité
méthodologiques aura face à elle des citoyens déjà engagés et mobi-
lisés, souvent organisés en association, et prêts à
•U
ne démarche différente de gérer leur action par eux-mêmes. Tandis que lorsque
la collectivité selon les acteurs c’est elle qui sollicite les habitants, son engagement
initiateurs de l’action en termes de moyens sera bien plus fort puisqu’il
faudra les informer, les motiver, organiser leur parti-
L’implication citoyenne peut être de deux cipation, etc.
sortes : soit spontanée de la part des citoyens, qui
se mobilisent alors ensemble autour d’un projet
commun de gestion d’un espace public ; soit
demandée par la collectivité, qui invite les habi-
tants à prendre part à un projet collectif.
Chantier participatif à Prendre connaissance du projet d’aménagement de l’espace public porté par les habitants.
l’initiative des habitants
Les sensibiliser aux pratiques respectueuses de l’environnement et les accompagner
méthodologiquement : choix de la palette végétale, techniques d’entretien « zéro phyto », etc.
Échanger avec les citoyens sur leur projet et l’adapter avec eux aux contraintes techniques et financières.
Anticiper la gestion future, et les encourager à une gestion collective.
Réaliser en amont le gros œuvre, et organiser la logistique du chantier participatif (sécurité, outils,
plantations...).
Les accompagner et les conseiller lors du chantier participatif. Mettre à disposition les outils, matériaux et
plantations nécessaires.
Gestion participative à Inciter les citoyens intéressés à s’organiser en association, afin de faciliter l’administratif et de créer une
l’initiative des habitants plus grande responsabilisation des habitants.
Échanger avec les citoyens sur le type de gestion à déployer, et s’accorder sur une organisation et un
partage des tâches.
Créer des conventions à signer avec les citoyens pour les engager à porter leur projet dans la durée, et à
respecter les contraintes techniques.
Suivre les démarches des habitants dans la gestion de leur projet (information, réunions, gestion des
conflits, gestion du matériel collectif, trocs, festivités) et les accompagner au besoin dans leur montée en
compétences.
Rôle de la collectivité
Chantier participatif Communiquer sur le projet d’espace public de nature : informer et motiver les citoyens à participer
à l’initiative de la à sa réalisation.
collectivité
Associer les citoyens dans l’élaboration du projet par de la concertation, afin qu’ils s’approprient le projet
et donnent leurs avis et leurs attentes concernant ce futur espace public.
Informer largement les habitants, notamment via le réseau associatif, de la tenue du chantier participatif.
Réaliser en amont le gros œuvre, et organiser la logistique du chantier (sécurité, outils, plantations...).
Accompagner et conseiller les participants lors du chantier. Mettre à disposition les outils, matériaux et
plantations nécessaires.
Organiser un moment convivial d’achèvement des travaux, et solliciter si besoin les habitants pour une
gestion collaborative.
Gestion participative Communiquer sur le projet d’espace public de nature : informer sur le projet, associer les citoyens
à l’initiative de la à la conception du projet dès l’amont en vue de les motiver à participer à sa gestion.
collectivité
Inciter les citoyens intéressés à s’organiser en association, afin de faciliter l’administratif et créer
une plus grande responsabilisation des habitants.
Échanger avec les citoyens sur le type de gestion à déployer, et s’accorder sur une organisation et
un partage des tâches.
Créer des conventions à signer avec les citoyens pour les engager à porter leur projet dans la durée,
et à respecter les contraintes techniques.
Suivre les démarches des habitants dans la gestion de leur projet (information, réunions, gestion des
conflits, gestion du matériel collectif, trocs, festivités...) et les accompagner au besoin.
•R
assembler les citoyens autour des objectifs écologiques (pratiques de jardinage
d’un sens et d’objectifs partagés écologiques, suivis faunistiques...), des objectifs de
respect des contraintes techniques (plantation d’es-
Que le projet soit d’initiative citoyenne ou d’initia- sences végétales n’occultant pas les panneaux
tive publique, la collectivité a tout intérêt à signalétiques par exemple).
encadrer et accompagner l’action collective, et à
proposer un sens et des objectifs partagés pour que En rassemblant les citoyens autour de ces considéra-
l’action de chacun s’inscrive dans un projet commun. tions, l’objectif est bien de créer de la cohérence
entre les actions de chacun, et de permettre la réali-
Cette philosophie peut englober des éléments sation d’un projet porté et partagé par tous les
sociaux (ouverture aux autres, solidarité, partage), participants.
•U
ne communication nécessaire À l’inverse, la communication autour de l’entre-
pour associer un maximum de tien d’un espace public par les citoyens se réflé-
citoyens à la démarche chit davantage dans la durée. Dans ce cas, les
animations mises en place sur le site et surtout le
Dans toute démarche participative nécessitant un bouche à oreille de proximité jouent un rôle essen-
appel à la population pour qu’elle soit partie tiel. Un des objectifs est de rendre la démarche
prenante, la communication déployée est primor- ludique, accessible à tous, et non réservée à des
diale. Il s’agit d’informer les citoyens sur la tenue des experts. En combinant ces actions collectives avec
actions participatives, mais également et surtout de des moments de rencontre et de convivialité, mais
les motiver à venir participer. Bouche à oreille aussi en valorisant leur impact sur le cadre de vie
(notamment par les réseaux sociaux), porte-à-porte, (plus de verdure à leur porte, choix dans les espèces
articles dans des gazettes locales, affichage dans à planter...), l’action a davantage de chance d’attirer
les halls d’immeubles, repas d’échanges et d’infor- des participants diversifiés et novices sur le sujet de
mation : la communication sera d’autant plus l’écologie. La communication autour des nombreux
efficace qu’elle sera effectuée par des relais services écosystémiques associés à de telles
associatifs ou des personnes identifiées comme démarches est importante dans la mesure où les
moteurs dans un quartier. citoyens en bénéficient directement (amélioration
du cadre de vie, bien-être, amélioration des relations
Faire connaître un chantier participatif nécessite sociales, etc.)
de mettre en place une communication importante,
ponctuelle et à large diffusion.
À Montpellier...
Dans le quartier Lemasson où a été réalisé le jardin
Demain, le maître d’œuvre s’est associé au conseil
consultatif de quartier pour attirer un maximum
d’habitants dans la conception du jardin. Leur méthode a
consisté à programmer des réunions publiques, à faire de
l’affichage dans les entrées d’immeubles et à réaliser du
porte-à-porte. L’objectif était de susciter la création d’un
collectif d’habitants du quartier, destiné à s’engager dans
la création et la gestion du jardin. En tenant les réunions
publiques au club de l’Âge d’Or, c’était également l’occasion
de toucher les personnes âgées du quartier. Jardin potager ©Cerema
38 I M P L I Q U E R L E S C I T O Y E N S A U T O U R D U S U J E T D E L A N AT U R E E N V I L L E : P R E M I E R S E N S E I G N E M E N T S
• Des écueils potentiels à éviter Pour mobiliser les citoyens dans la durée, la collecti-
vité gagnera à être souple dans l’implication de
Les personnes s’impliquant dans une gestion collabo- chacun et à adapter sa demande et son accom-
rative montrent des motivations variées : s’occuper, pagnement selon les envies et les capacités de
garder la forme, rencontrer d’autres personnes, faire chacun. Le tout étant de fixer un minimum d’impli-
vivre le quartier, s’approprier l’espace public, apprendre cation atteignable pour la majorité des citoyens, et
des choses au contact d’autres jardiniers ou des tech- permettant la faisabilité de l’action. A Saint-Ouen,
niciens de la ville. Toutefois, même très motivés, les une parcelle de jardin partagé avec davantage d’es-
citoyens sont également très conscients de l’énergie pèces spontanées que de cultures est acceptée telle
nécessaire à la durabilité du projet et du temps que quelle, du moment que le citoyen jardinier vient
cela leur demande. Si la motivation ou le temps dispo- régulièrement s’en occuper (une fois par semaine
nible diminuent, notamment dans le cas où le dispo- par exemple).
sitif repose sur une personne clé, ou si des conflits
émergent avec d’autres citoyens impliqués sur le L’action ne peut perdurer si elle repose sur un
projet, la démobilisation peut être rapide. La pérennité groupe trop restreint de personnes. Si une ou
de ce type d’action, où le citoyen est la cheville deux personnes au sein du groupe se démobilisent,
ouvrière, est soumise aux aléas de sa mobilisation. l’action peut avoir du mal à continuer faute de
I M P L I Q U E R L E S C I T O Y E N S A U T O U R D U S U J E T D E L A N AT U R E E N V I L L E : P R E M I E R S E N S E I G N E M E N T S 39
moyens humains. Ainsi, plus le groupe de citoyens Enfin certaines actions peuvent être moins mobilisa-
impliqués sera important, plus l’action aura de trices pour les riverains que prévues. C’est par
chance d’être pérenne. exemple le cas lorsqu’elles portent sur des sujets
pointus. Les habitants ne perçoivent alors parfois
Il semble important de maintenir dans la durée un pas directement les bénéfices qu’ils peuvent en
aspect social et convivial. En combinant les retirer.
actions collectives avec des moments de rencontre
(animations, apéritifs, etc.), la démarche a alors plus
de chance de perdurer.
1.1 Présentation du site Pour mener à bien ce projet, le Grand Lyon a travaillé
en partenariat avec la ville de Lyon, mais aussi avec
Le parc Blandan est un parc urbain récent, situé l’association de riverains qui réclamait depuis les
dans le centre de Lyon, à cheval sur les 3e, 7e et 8e années 1980 la réalisation d’un parc sur ce site.
arrondissements. Avant de devenir un parc, le site Ayant une forte volonté d’associer les habitants à l’éla-
était occupé par une caserne, dont certains bâti- boration du projet, le Grand Lyon a mené une démarche
ments ont été conservés dans le projet de transfor- de concertation sans entrave et constructive.
mation. Dès l’achat du site par le Grand Lyon en Ainsi, en accord avec les riverains, les objectifs pour
2007, l’objectif a été de le transformer en parc le site étaient qu’il devienne un parc intergénéra-
urbain de grande envergure (17 ha), afin d’offrir un tionnel, à l’aspect sauvage, avec des jeux, et qui
nouveau « poumon vert » aux Lyonnais. permette la rencontre entre les habitants.
Communication autour du projet ©Cerema Allée au sein du front forestier du parc ©Cerema
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 1 . PA R C B L A N D A N À LY O N 45
lan du site
1.1.1 P
hronologie du projet
1.1.2 C
PHASE 1
Réunion publique de lancement Réunion publique Réunion publique de
Ateliers et visites de présentation PHASE 2 présentation du projet
Conférence du programme Ateliers amendé
ocuments consultés
1.1.3 D - Décision communautaire « 2010/3121 - Parc Sergent
Blandan - Réalisation d’un parc urbain à Lyon 7e »
- Notice de présentation / études préliminaires, de - Documents de présentation utilisés lors des
l’agence BASE en 2011 réunions publiques
- Propositions pour l’aménagement du parc Sergent - Comptes-rendus des ateliers de concertation
Blandan, de l’ADPB, 2010 - Lettres-infos
Milieux secs et peupliers préexistants ©Cerema La place belle à la végétation spontanée ©Cerema
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 1 . PA R C B L A N D A N À LY O N 47
Entre 2004 et 2006, les membres de l’association se La concertation a été lancée par une réunion
sont alors mobilisés pour réaliser un avant-projet publique en septembre 2008. L’objectif du Grand
sommaire en interne. L’avant-projet a été ensuite Lyon était de partager la connaissance du site à
soumis aux élus du Grand Lyon en 2006. L’association partir des premières études préalables, et de recueillir
proposait de décomposer le site en trois zones : une les attentes des habitants. Plus de 300 personnes
zone minérale, une zone de sport, et une zone de sont venues.
détente/solarium.
48 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 1 . PA R C B L A N D A N À LY O N
Ensuite, deux ateliers thématiques de présentation 1.2.7 Recueil des attentes de différentes
du projet ont été organisés, portant sur les sujets populations de Lyon par une enquête
suivants : histoire, biodiversité, diagnostic végétal, marketing territoriale
accessibilité, approche paysagère. Les ateliers se
déroulaient en soirée (19h-22h). Concernant le parc Blandan, il n’y avait pas d’usages
Parallèlement aux ateliers, des visites du site ont préalables puisque le site n’était pas ouvert au
permis aux habitants de le connaître. public. Il n’était pas possible pour le Grand Lyon de
réaliser une étude sociologique des usages. En 2007,
Deux autres ateliers thématiques ont ensuite été le Grand Lyon a mis en place une enquête marketing
menés pour recueillir les attentes, sur les mêmes territoriale pour recueillir les attentes de quatre
thèmes que ceux menés précédemment. types de populations concernant un « parc urbain de
Enfin, une conférence pédagogique sur la définition loisirs » : familles / seniors / sportifs / jeunes. Cela a
d’un parc urbain a été réalisée, pour présenter divers permis de croiser les attentes de chaque population
parcs urbains français ou européens, ainsi que les sur les usages et les types de nature souhaitée. Cette
résultats de l’enquête marketing 2007. enquête a permis de nourrir les débats de la concer-
tation, en apportant de la matière mais aussi du
Le Grand Lyon demandait à ce que les personnes recul par rapport aux intérêts particuliers.
impliquées dans la concertation s’inscrivent dans la
durée, s’engagent sur un cycle de concertation. 1.2.8 Les attentes initiales de la maîtrise
L’objectif était de garder les mêmes personnes, de d’ouvrage
préserver une cohérence au cours du projet. Il s’agis-
sait de pratiques mises en place depuis plus de cinq Les attentes du Grand Lyon et de la ville de Lyon étaient
ans par le Grand Lyon : les associations impliquées affichées en amont de la concertation. Il s’agissait entre
dans les démarches de concertation en connais- autres de créer un parc de nature au cœur d’un secteur
saient le principe, et y adhèraient. urbain dense, qui compose avec les spécificités du site :
histoire et origines, patrimoine bâti, nature et biodiver-
Usuellement les femmes et les jeunes sont peu sité. De plus, ce parc se devait d’être complémentaire
représentés dans les réunions de concertation. Pour des autres parcs urbains de l’agglomération.
ce projet, on constate une présence équilibrée des La concertation avait pour but de recueillir les
différentes catégories de population et notamment attentes des habitants qui pourraient être plus
la participation d’étudiants et d’actifs. spécifiques, mais non de remettre en cause les
objectifs préalables cités ci-dessus. De plus, le Grand
Lyon avait des contraintes techniques à respecter,
“
que les habitants ne pouvaient pas remettre en
Témoignage du Grand Lyon cause : la topographie, la conservation de certains
« Un projet de parc, c’est un projet qui crée de bâtiments, le réseau d’arrosage, les clôtures, etc.
l’adhésion. Ce n’est pas la réalisation d’une auto-
route. Il n’y a pas de conflit au départ, mais bien 1.2.9 Les attentes des habitants
de l’adhésion. Et cela a aidé à créer une ambiance concernant la nature pour le projet
très favorable autour du projet. »
Lors de la concertation, les habitants ont fait
ressortir leurs attentes vis-à-vis du parc. Ils souhai-
taient notamment « un parc écologique, qui joue
un rôle de poumon vert, végétalisé, qui laisse sa
place à la biodiversité, qui soit propice à l’édu-
cation à l’environnement » (Document diffusé lors
de la réunion de présentation du programme d’amé-
nagement du parc le 8 juillet 2010).
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 1 . PA R C B L A N D A N À LY O N 49
Par ailleurs, lors d’un atelier dédié à la nature et Ainsi les attentes des habitants concernant la
intitulé « Quelle(s) nature(s) dans le Parc Blandan : ce nature ont porté spontanément sur des aspects
que j’aimerais y voir / n’aimerais pas y voir », les esthétiques et sensoriels, sur des usages asso-
habitants ont pu expliciter leurs attentes concernant ciés, et sauf quelques exceptions sur des enjeux
la composition paysagère et écologique du parc. écologiques.
“ Témoignage de l’association du
développement du parc Blandan
« On n’a pas été jusqu’à demander telle ou telle
espèce, que ce soient des marronniers ou des
“ Témoignage du Grand Lyon
« - La nature sauvage, ça allait de refaire la rose-
raie du parc de la Tête d’Or à la grande pelouse
qui sert aussi bien à jouer au foot qu’à pique-ni-
tulipes, ce n’était pas notre rôle et nous n’avions quer ! La nature, on n’y met pas tous la même
pas les compétences nécessaires. Nous avons chose dans le terme. Peut-être que les gens vont
seulement proposé un type de nature que nous réagir mais pour l’instant on n’a pas de retours.
aimerions y voir. » On est sur un parc où les gestionnaires n’utilisent
pas de produits phytosanitaires, on ne désherbe
plus les mauvaises herbes. Alors on a des zones
À partir du compte-rendu de cet atelier, nous où on a des ronciers par exemple. On a égale-
pouvons noter que la majorité voulait une nature ment des belles nappes de trèfles, et il y a dix ans
dite « sauvage ». Cette notion d’espace « sauvage » a on aurait tout désherbé. On essaie de faire
été définie par les habitants comme suit : « un espace accepter la nature spontanée.
sans intervention de l’homme (friche végétale - Cet aspect naturel était une volonté des gens
importante et variée), NON au trop superficiel / trop concertés ?
d’entretien, NON à la taille d’arbres trop artificielle, - Pas forcément. Pas tous. Ça a été surtout un
NON au jardin composé type «à la française», parvis échange, notamment avec le concepteur qui a
d’entrées trop dégarnis (entrée de parc vide), garder expliqué que sur cet espace, la gestion serait
la forêt existante ». changée, on ne serait pas dans le systématisme
du désherbage. C’était une attente du Grand
Parallèlement à cette demande de nature « sauvage », Lyon et de la ville dans la programmation, et la
des demandes spécifiques ont porté sur le végétal en concertation a été le lieu d’expliquer cette
lien avec une esthétique et des usages : une roseraie, manière de faire. »
un jardin des senteurs, des arbres fruitiers, des pelouses
soignées pour s’ébattre, un stade de foot, un laby-
rinthe végétal, des arbres taillés et ordonnancés, etc.
1.2.10 L a concertation en 2011 lors
Certains recherchaient également un contact de la conception
physique avec le végétal et les animaux, ou encore
un contact visuel : « des lieux pour observer les Une fois le concepteur désigné, la concertation a été
saisons, entendre la nature, des couleurs, des relancée. L’objectif était de vérifier que le projet
essences qui changent au cours de saisons ». correspondait aux attentes, et d’amender le projet.
À cette étape, les habitants ont montré une réelle
D’autres demandes ont appuyé l’envie d’une nature satisfaction concernant l’intégration de leurs
plus riche en biodiversité par l’installation d’essences demandes dans le projet. Ils ont ensuite ajusté des
locales, en évitant les arbres exotiques, par la plan- éléments comme la fermeture de l’esplanade la nuit,
tation « d’essences qui favorisent la faune », par un et le souhait d’une simplification et d’une clarifica-
« choix d’espèces adaptées aux conditions du site », tion du projet.
ou encore par la présence d’une « forêt où l’on ne
marche pas ou peu pour la préserver ».
50 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 1 . PA R C B L A N D A N À LY O N
Le Grand Lyon envisage de réaliser une étude socio- achevé, afin d’obtenir des retours sur les pratiques
logique in situ, une fois le parc complètement des usagers, sur l’appropriation de l’espace, etc.
Extraits de propos tenus lors d’un micro-trottoir réalisé un vendredi après-midi pendant les grandes
vacances d’été (le 1er août 2014)
1.3 La nature en ville - s’appuyer sur les potentialités existantes in situ en
et la biodiversité conservant les arbres (sauf ceux détectés comme
malades ou trop vieux) et les entités végétales en
1.3.1 Les études préalables place ;
- installer une végétation peu consommatrice en
Puisque aucune information sur le terrain n’était eau ;
disponible au début du projet (site militaire inacces- - créer une continuité entre les milieux présents
sible), des études de base ont été nécessaires telles dans le parc et les relier aux milieux environnants
qu’une étude sur la topographie, sur la végétation de façon à enrichir la trame écologique existante ;
présente sur place, sur l’avifaune, etc. À noter que le - planter des essences qui pourront s’adapter au
site était entretenu de manière très horticole et très changement climatique ;
assidue du temps où il était un site militaire. Mais - favoriser la pédagogie sur la nature lors de la créa-
depuis une dizaine d’années, l’entretien avait beau- tion mais également lors de la gestion ultérieure.
coup diminué, et une friche était apparue avec une
végétation pionnière. 1.3.3 L a conception
Concernant les milieux naturels, plusieurs études
ont été réalisées : Le paysagiste concepteur était associé à une entre-
- un inventaire du patrimoine arboré et de la biodi- prise d’ingénierie pour réaliser la maîtrise d’œuvre
versité végétale par l’ONF en 2009 ; d’aménagement, notamment composée d’un
- une analyse environnementale, urbaine et patri- écologue qui a suivi le projet pendant toute la
moniale par SOBERCO Environnement en 2009 ; mission de maîtrise d’œuvre. Ainsi les aménage-
- des inventaires faune/flore par Biotope en 2010, ments paysagers ont été réalisés en accord entre le
notamment sur l’avifaune ; paysagiste et l’écologue, dans une logique de
- une étude pédologique par Sol Paysage en 2010. conserver au maximum l’existant et d’en garder
Cette étude a montré la présence de sols très l’esprit.
perméables où l’eau s’infiltre très facilement et qui Des plantes ont donc été sélectionnées en fonction
rendent le substrat végétal sec, d’où la présence de leur état de santé et de leur fonction dans l’équi-
d’une végétation de prairie sèche. Cette caracté- libre écologique des milieux. Les autres ont été
ristique, ainsi que la présence de remblais sur enlevées, tandis que de nouvelles essences ont été
certains espaces, ont été des éléments clés à apportées afin d’étoffer et diversifier les espèces. Les
prendre en compte dans la création du parc essences ont été choisies de manière à être adaptées
puisque c’étaient des contraintes fortes dans l’ins- aux milieux secs et relativement pauvres, surtout
tallation de la végétation. dans un contexte où l’arrosage serait limité voire
nul.
1.3.2 L es objectifs de biodiversité
pour le projet 1.3.4 L a gestion
À partir des études préalables, des préconisations Le plan de gestion, réalisé par le paysagiste en colla-
qu’ont pu donner les bureaux d’études lors des boration avec le service des Espaces verts, permet de
études préalables, de la concertation, des échanges différencier, selon les secteurs, le type d’arrosage, le
avec les futurs gestionnaires, et des objectifs poli- type de désherbage, le type de tonte.
tiques de la communauté urbaine, le Grand Lyon a Le service des Espaces verts a une politique de
dégagé un certain nombre d’objectifs concernant la gestion orientée vers la valorisation et la restaura-
biodiversité pour le Parc Blandan : tion de la biodiversité. D’ailleurs le service est certifié
- aménager les secteurs du parc selon un gradient ISO14001 depuis 2006, certification qui recouvre
de biodiversité varié ; notamment les pratiques sur les espaces verts : zéro
52 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 1 . PA R C B L A N D A N À LY O N
phytosanitaire, arrosage raisonné, gestion différen- Selon le service des Espaces verts de la ville, les
ciée, tri des déchets. Les jardiniers suivent également usagers ne sont pas perturbés par la végétation
des formations, en volontariat, sur la reconnaissance spontanée. Ils n’attendent plus forcément des
des plantes locales, sur la biodiversité, etc. C’est dans massifs d’annuelles. Le tournant commence à être
cet esprit que sera géré le parc. opéré.
Les branchages, déchets de tailles, sont laissés sur place et organisés en Sur certains secteurs, la végétation spontanée a toute
cheminements qui servent de refuge pour les hérissons ©Cerema sa place grâce à un entretien minimaliste ©Cerema
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 1 . PA R C B L A N D A N À LY O N 53
1.3.5 L a communication sur les chaque numéro des éléments sur la biodiversité
aménagements en faveur présente dans le parc. Par exemple, on y trouve des
de la biodiversité explications sur le fait que les bois morts ne soient
pas évacués mais conservés sur place pour attirer les
Pour communiquer sur les aménagements en faveur insectes et les oiseaux.
de la biodiversité (espaces fermés au public pour
préserver les espèces, entretien non horticole, etc.) 3/ Les panneaux informatifs installés au sein même
et sensibiliser les habitants à la biodiversité, le Grand du parc : disposant d’une signalétique propre au
Lyon a mis en place divers outils de communication. parc, ces panneaux ont pour vocation d’orienter et
d’informer sur le règlement, mais aussi d’apporter
1/ La concertation : les réunions publiques d’infor- des éléments de compréhension sur les aménage-
mation et les ateliers ont été des lieux privilégiés ments réalisés, l’histoire du lieu et la nature présente.
pour des échanges sur ce sujet entre les habitants,
les aménageurs et la maîtrise d’ouvrage. 4/ Des visites du parc : le parc Blandan fera prochai-
nement partie des parcs urbains bénéficiant de
2/ La lettre-info dédiée au parc : elle paraît tous les visites pédagogiques (scolaires et grand public).
six mois, elle est distribuée et mise en ligne sur le site
du Grand Lyon. Cette lettre-info présente dans
Les panneaux informatifs expliquent la gestion des invasives réalisée sur les espaces laissés
volontairement en friches, et l’attrait de ces zones pour les insectes. ©Cerema
54 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 1 . PA R C B L A N D A N À LY O N
1.4.3 La sensibilisation aux enjeux • Un parc qui valorise la végétation spontanée,
de biodiversité depuis la conception jusqu’à la gestion
• Une communication forte sur la biodiversité L’agence BASE et CSD Ingénieurs ont proposé un
projet dans lequel la nature spontanée est majoritai-
Le Grand Lyon s’est donné les moyens de communi- rement conservée, et même préservée et valorisée
quer auprès des riverains sur la biodiversité présente sur certains espaces. Imaginé dès la conception du
dans le parc. En effet, d’abord une sensibilisation sur projet, ce parti pris est conservé lors de la gestion.
les enjeux lors des réunions publiques de concerta- Ceci est d’ailleurs valorisé dans le parc par un
tion, puis une signalétique dans le parc, qui apporte panneau signalétique spécifique à la « végétation
des informations sur la faune et la flore présentes spontanée ».
ainsi que sur l’intérêt des « mauvaises herbes », ont
été mis en place. 1.4.5 La biodiversité et les usages
De plus, le Grand Lyon distribue tous les six mois une
lettre-info dédiée au parc, qui consacre à chaque • Un parc de grande superficie, qui peut
fois une partie, voire plusieurs, à la biodiversité accueillir de nombreux usages tout en
présente, ou à des jeux autour de la nature. préservant des espaces
Enfin, le service des Espaces verts envisage de
réaliser des visites pédagogiques autour de la biodi- Le parc couvrira à terme 17 ha. De nombreux usages
versité pour le grand public. ont été demandés et projetés (sport, pique-nique,
rencontres, jeux pour enfants, promenade des
1.4.4 La biodiversité chiens). Tous n’ont pas été acceptés, pour cause de
budget et d’intérêt collectif, mais non par manque
• La biodiversité comme orientation de place. Comme l’ensemble des usages jugés perti-
de programmation nents a été pris en considération, le fait que certains
espaces soient interdits d’accès car réservés à la
Le Grand Lyon et les habitants impliqués dans la biodiversité ne dérange aucun usager. La surface à
concertation se sont mis d’accord sur des objectifs disposition est donc ici une opportunité pour limiter
de programmation. Ceux-ci portent sur des usages, l’accès aux espaces riches en biodiversité.
mais également sur la biodiversité : « Un parc écolo-
gique, qui joue un rôle de poumon vert, végétalisé, • Des plaintes sur le type de nature présente,
qui laisse sa place à la biodiversité, qui soit propice à à relativiser avec les autres plaintes
l’éducation à l’environnement ». La biodiversité a
donc été un objectif explicite de la programmation. Une fois la première tranche du parc achevée, le
Grand Lyon, la ville de Lyon et l’association ont
Pour la conception du projet, l’agence de paysage recueilli quelques retours de la part des usagers du
BASE s’est associée avec l’équipe CSD Ingénieurs, parc. Outre de nombreux retours positifs, des usagers
disposant ainsi des compétences d’un paysagiste et se sont plaints des « troncs d’arbres pourris » ou
d’un écologue. Cette compétence en écologie a encore des « mauvaises herbes ». Mais le nombre de
permis une bonne intégration des objectifs de biodi- plaintes portant sur la nature présente a été très
versité dans la conception. faible comparé au nombre des autres plaintes
portant sur le manque de bancs, le bruit, le manque
Ils ont proposé un projet d’aménagement qui a d’ombre (arbres encore trop petits) ou encore la
remporté l’adhésion de l’ensemble des habitants propreté.
impliqués dans la concertation, tout en prenant en
compte les objectifs de la MOA, les préconisations de
l’ONF et celles des bureaux d’étude en écologie.
56 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 1 . PA R C B L A N D A N À LY O N
À retenir :
• La présence d’une association de riverains très • Une communication forte sur la biodiversité a
investie en amont d’un projet peut, par les actions été mise en place, notamment pour faire prendre
engagées (enquête/sondage, etc.), favoriser la conscience aux habitants et usagers de l’intérêt
mobilisation des habitants et futurs usagers. des espaces fermés au public pour favoriser la
Sur le parc Blandan, l’association revendiquant la biodiversité.
création du parc s’est avérée un acteur crédible et
incontournable. • La grande taille des projets est particulièrement
favorable à la mise en place d’espaces en évolu-
• La concertation peut être menée tout au long tion naturelle (accès limité, moindre gestion).
du projet : études préalables, programmation, Les usages, notamment récréatifs, sont alors répartis
conception. sur les autres secteurs du projet.
• Le sujet de la nature et de la biodiversité n’est • La présence de mauvaises herbes reste souvent un
pas forcément évoqué de manière spontanée motif de plaintes, d’où l’intérêt d’expliquer aux
par les habitants, d’où l’intérêt de les solliciter habitants et usagers les enjeux associés à la
sur cette thématique pour obtenir leurs avis : gestion différenciée.
ateliers dédiés, etc.
Communication autour du projet ©Cerema Allée au sein du front forestier du parc ©Cerema
lan du site
2.1.1 P
Plan du parc : le secteur de l’île des partages, rassemble des jardins partagés et des jardins familiaux/ouvriers ©Cerema DterIDF
60 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 2 . J A R D I N S C O L L E C T I F S À S A I N T- O U E N
Création
de l’association
des jardins Concertation
ouvriers «Atelier parc»
de Saint-Ouen 2008-2010
2.2 L’implication citoyenne parc, au-cours desquels la question des jardins a été
ponctuellement traitée. Ces ateliers, réunissant
Comme étudié par Demailly (2014), les jardins l’aménageur, des élus et une quinzaine d’habitants,
partagés franciliens seraient « une collaboration ont fait suite à une première consultation citoyenne
entre les associatifs, les élus locaux et les riverains ». qui avait été réalisée en 2006 par les membres du
Il s’agit de voir comment s’organise cette collabora- Pôle Citoyen des Docks2.
tion sur l’île des partages, quelles sont les motiva-
tions des habitants à s’impliquer dans le jardinage De cette consultation était ressortie une volonté
collectif, et comment les jardiniers s’organisent des habitants et riverains de maintenir les jardins
entre eux pour pérenniser cette gestion collective ouvriers3 en tant que lieu pédagogique et
des espaces. d’animation. Volonté partagée par la collectivité et
reprise dans le programme : « Les jardins ouvriers
n collectif de jardiniers se mobilise
2.2.1 U d’Alstom qui représentent une forte tradition
pour préserver « leurs jardins » seront relocalisés dans le parc et évolueront vers un
usage de jardins partagés. » Cette évolution
L’industrialisation au XIXe siècle a opéré en Seine- d’un jardin familial vers un jardin partagé ne
Saint-Denis une profonde mutation du territoire : la semble pas toutefois s’être déroulée sans
grande plaine maraîchère a cédé la place aux sites quelques difficultés, en témoignent les
industriels dotés de jardins ouvriers. Le site d’Alstom nombreuses discussions sur les barrières délimitant
en est le témoin, où les jardins ouvriers ont été créés les parcelles.
en 1928 : 108 parcelles de foncier privé, d’environ
100 m2 chacune, gérées par le comité d’entreprise. Au-delà de cette participation, le collectif Pôle
Citoyen regrette de ne pas avoir été associé au jury
Lors de la vente des terrains d’Alstom à Nexity, les de sélection du projet4. La mairie souhaite par
jardiniers se sont fortement mobilisés, notamment ailleurs créer un « comité des usagers du parc » qui
en se regroupant sous la forme de l’Association des rassemblerait élus, agents de la ville et de l’agglomé-
jardins ouvriers de Saint-Ouen, et en manifestant ration et usagers. Son but serait de communiquer
pour conserver « leurs » jardins. Finalement, lorsque sur les difficultés de gestion ou les changements
la mairie a racheté les terrains à Nexity, elle a pris le d’habitudes, afin de faciliter l’appropriation de ce
parti de soutenir et maintenir les jardins dans le nouveau fonctionnement. En attendant, l’équipe du
futur projet urbain, mettant en avant l’importance Grand parc et de la serre pédagogique souhaite
de préserver une trace du passé industriel du site, mettre en place, une fois par trimestre, un repas
tout en souhaitant faire évoluer les jardins ouvriers convivial afin d’échanger avec les usagers du parc.
vers un espace public ouvert à tous. L’implication du
collectif de jardiniers dans le processus de décision a ne gestion administrative différente
2.2.3 U Dans le cadre de l’aménagement 2
plus large de l’écoquartier,
la municipalité en lien avec son
donc permis de faire évoluer le projet d’aménage- des jardins partagés et des jardins aménageur Sequano a mis
en place un Pôle Citoyen pour
ment initial (qui ne prévoyait pas le maintien des familiaux associer les citoyens et les
usagers au projet.
jardins), et de trouver des compromis pour satisfaire
« Maintien et préservation des 3
le plus grand nombre, permettant de passer de Dans le cas de l’île des partages, deux situations jardins avec une surface iden-
jardins de statut « privé » (foncier Alstom puis Nexity) clairement différentes sont observées concernant tique ou plus grande. Ils font
partie du parc dont ils sont un
à des jardins « publics » ouverts (foncier ville). l’autonomie et l’autogestion des jardiniers, dues élément caractéristique. Il faut
les mettre en valeur. Ils ont une
à l’histoire et à la surface importante de l’île des vocation pédagogique. Leur site
peut être un lieu d’animation
ne participation « ponctuelle » des
2.2.2 U partages : dans le parc en relation avec la
demande d’abeilles (ruches),
habitants à la programmation du parc - une association autonome pour les jardins ouvriers, d’une ferme pédagogique, de
balades en poneys. Jardins
association non professionnelle qui gère entre séparés par des allées permet-
tant la promenade et l’ouverture
Lors de la programmation du parc en 2009, trois autres son budget et les attributions des parcelles, vers le public. », extrait consulta-
tion citoyenne, décembre 2007.
« ateliers parc » ont été menés pour définir les mais doit respecter le règlement des parcs et
http://acqso.typepad.fr/ 4
attentes de la population audonienne vis-à-vis du jardins de la ville ; lesdocksdeso/docks-la-charte/
62 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 2 . J A R D I N S C O L L E C T I F S À S A I N T- O U E N
- une gestion directe par la mairie pour les jardins 2.2.5 L e partage des tâches dans l’entretien
partagés avec des salariés dédiés à l’animation, de l’île des partages
à la gestion administrative des jardiniers et des
associations, à l’entretien des espaces collectifs. L’entretien de l’île des partages relève d’une gestion
partagée entre les collectivités (mairie et commu-
Lors des études en amont de la réalisation du parc, nauté d’agglomération), l’association des jardins
l’Association des jardins ouvriers de Saint-Ouen n’a ouvriers, et les jardiniers des jardins partagés :
pas souhaité gérer administrativement l’ensemble - les parties communes, les plantations initialement
des parcelles de l’île des partages du fait du travail livrées avec les jardins (notamment les haies frui-
que cela nécessitait. Faute de la présence d’un tières qui séparent les parcelles) et les structures des
collectif moteur, la mairie a alors dû prendre en cabanes relèvent de la compétence des collectivités ;
gestion directe les jardins partagés en y dédiant des - la culture, l’entretien, la propreté des parcelles ainsi
agents. Le choix a été fait de ne pas établir de que le rangement des cabanes sont de la responsa-
convention entre les jardiniers et la mairie pour bilité des jardiniers et de l’association. Les jardiniers
limiter les contraintes de fonctionnement. Il semble contribuent ainsi à maintenir le site propre
ressortir, au bout de deux ans de fonctionnement, (nettoyage des tables, ramassage des papiers et des
que cette organisation administrative présente des mégots de cigarettes), en complément de l’interven-
limites. Elle aurait tendance à déresponsabiliser les tion de la collectivité qui met à disposition des
jardiniers sur les parcelles partagées, qui s’appuient usagers de nombreuses poubelles.
aujourd’hui fortement sur l’animatrice, très active, Ce partage de tâches va dans le sens des pistes iden-
du site, tandis que les jardiniers des jardins familiaux, tifiées par l’agenda 21 communautaire qui pour
réunis en association, sont plus autonomes. « accompagner l’appropriation citoyenne de la
nature en ville » (orientation 1) prévoit « d’encou-
2.2.4 L a démarche « d’attribution » des rager la gestion collective d’espaces publics » et « de
parcelles valoriser l’histoire maraîchère du territoire et les
savoir-faire6 ».
La gestion administrative étant différente entre les
jardins ouvriers et les jardins partagés, le recrutement 2.2.6 Une volonté municipale
des jardiniers l’est également selon le type de jardin. de créer de la rencontre par
- Pour les jardins ouvriers, étant donné que les le jardinage collectif
parcelles sont gérées par l’association, c’est elle qui
s’occupe de l’attribution des parcelles, aux ouvriers En proposant l’île des partages au centre du parc de
Alstom en priorité. l’écoquartier, la mairie souhaitait créer un espace de
- Pour les jardins partagés, c’est la mairie qui s’oc- rencontre. Par l’implication des citoyens dans le
cupe du recrutement et de la répartition des jardinage et l’entretien de cet espace, elle souhaitait
parcelles entre les jardiniers. Après un « appel à partager les tâches et faire se rencontrer les habi-
jardiniers » auprès des Audonniens dans le journal tants. En effet, dans la convention avec l’association
local et d’informations lors de diverses réunions, la des jardins ouvriers, elle stipule que « les parcelles
mairie attribue par simple courrier (sans valeur devront être cultivées » et que l’association devra
juridique) les parcelles directement aux jardiniers chercher à « accompagner les pratiques de partage
qui ne sont pas regroupés en association (organi- liées au jardinage ». L’objectif est davantage affiché
sation émergente en Ile-de-France5). L’attribution pour les jardins partagés, puisque des parcelles de
se fait sur la base de quatre éléments : 8 m2 sont mises à disposition d’un groupe de
5 Canavese Marine,
Jardins collectifs : • le fait de ne pas posséder de jardin potager en ville, personnes désignées par la mairie en fonction de
quelle gouvernance
en Ile-de-France ? • l’acceptation du fait de partager un espace avec leurs adresses postales, en séparant volontairement
janvier 2015.
d’autres personnes, les voisins.
6 Deux AMAP ont une
parcelle sur le site. Il serait • l’accord pour ne pas utiliser de produit chimique
intéressant d’étudier s’il
existe un réel lien entre les dans les pratiques de jardinage, À eux de décider comment ils veulent s’organiser
jardiniers amateurs et les
maraîchers professionnels. • l’ordre d’arrivée de la demande en mairie. pour le jardinage : en parcelles individuelles ou en
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 2 . J A R D I N S C O L L E C T I F S À S A I N T- O U E N 63
partage. À eux de décider aussi comment organiser 2.2.7 Les motivations des habitants
les récoltes. Les jardins partagés sont conçus par la à jardiner et entretenir les parcelles
collectivité comme « un lieu de rencontre et de
partage... propice aux discussions et papotages
sur les légumes et la nature7 ». Le lien social souhaité Qu’ils soient jardiniers des jardins ouvriers ou des
par la mairie est également (ren)forcé par la réparti- jardins partagés, leurs attentes sont relativement
tion de l’espace, avec la juxtaposition des parcelles similaires. Les jardins sont principalement dédiés aux
de jardins ouvriers et de jardins partagés, et avec la loisirs, pour garder la forme, se faire plaisir, ou
disposition des tables de pique-nique au centre de encore pour rencontrer des gens : « Moi je viens pour
l’île des partages. m’amuser. Je fais les plants à la maison et je viens les
planter et les donner ici » (jardin partagé) ; « Nous,
Au final, on remarque qu’une grande partie des nous sommes âgés. Avant que les jardins soient
parcelles partagées sont redécoupées en parcelles transférés dans le parc, nous avions une parcelle plus
individuelles, ce qui rompt avec l’idée du partage grande. Maintenant c’est plus petit, 100 m², mais
telle qu’elle a pu être imaginée par la mairie ou le pour nous c’est assez puisqu’on est deux. Nous
concepteur : jardins avec des cheminements collec- venons davantage pour sortir, pour bouger un peu »
tifs, et parfois une « mini-parcelle » pouvant être (jardin familial).
gérée collectivement. Dix parcelles sont réservées Les jardins sont également plus ou moins cultivés
pour quatorze associations sur lesquelles le mélange pour une consommation personnelle, même si cet
semble plus facile. aspect alimentaire semble davantage marqué pour
les jardins ouvriers.
“
animateurs salariés de la ville : organisation des
temps collectifs, gestion des conflits sur la taille des Retour d’un membre de la ville
parcelles par exemple, gestion du matériel, des caba- « Ce qui est intéressant c’est que certains jardi-
nons. Des animations sont organisées par la mairie niers ouvriers ont vu des dames sur les parcelles
dans la serre pédagogique avec des scolaires princi- partagées qui paillaient leurs plantations. Alors
palement, mais aussi avec des riverains qui le ils ont fait la même chose sur leurs parcelles. »
souhaitent. La serre est plutôt ouverte en journée, et
pas tous les jours, alors que les jardiniers viennent
plutôt en soirée s’occuper de leur jardin. Un déca-
“
lage entre les activités de la serre et celles des jardi-
niers ne permet donc pas des interactions optimales. Retour d’une habitante,
ancienne jardinière sur l’île
des partages
“
« En fait il y a beaucoup d’échanges entre les
Le ressenti d’un membre gens, surtout entre les jardiniers. Les gens qui
de la ville sur l’organisation se connaissent, qui sont les uns à côté des autres,
de la vie au jardin se refilent des plants. C’est bien parce qu’il y a
« Les jardiniers peuvent être très autonomes, mais beaucoup d’échanges, même avec les jardiniers
sans l’animatrice il n’y aurait pas de temps qui entretiennent le parc. »
collectifs. Les animateurs servent aussi à calmer
les tensions, à créer du lien entre jardiniers. Mais
ils représentent aussi l’institution donc «se font
taper dessus» aussi pour des problèmes divers,
comme une porte de cabane cassée, etc. »
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 2 . J A R D I N S C O L L E C T I F S À S A I N T- O U E N 65
“
personnes concernées. La mairie soutient par
Un jardinier des jardins exemple la mise en place de deux jardins en pied de
partagés cités, projet porté par des promeneurs du parc et qui
« Les personnes qui parlent c’est plutôt des sont en lien avec l’animatrice des jardins. L’objectif
Cf. le modèle de courrier valant 8
personnes qui sont en balade, mais ceux qui de la mairie est « d’aider toutes les personnes qui ont convention entre la mairie
et le jardinier.
pique-niquent (les gens qui travaillent dans les envie de jardiner, d’essaimer le jardinage et les
Dans un autre jardin, parisien, 9
bureaux voisins) ne nous parlent pas. Par exemple pratiques écologiques, de créer du lien entre les cette initiative a été refusée par
peur que les passants ne
un petit vieux qui ne sait pas quoi faire, il vient gens. ». se servent ensuite directement
dans les jardins. Ces différentes
jusque-là et il discute. Il peut entrer et moi ça ne attitudes posent la question, non
traitée, de savoir si ce message
me dérange pas. » est bien perçu, ou s’il ne crée
pas de la confusion pour
les promeneurs.
66 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 2 . J A R D I N S C O L L E C T I F S À S A I N T- O U E N
2.3 La nature en ville anciens. Toutefois des études sur la faune locale et
et la biodiversité l’état phytosanitaire des arbres du site ont été
réalisées. Des « zones refuges » pour la faune, dont
2.3.1 L es objectifs de biodiversité l’efficacité reste à mesurer, ont été aménagées dans
dans la démarche le parc. Ces espaces ne sont pas clôturés, mais ils
sont d’accès compliqué afin de réduire la fréquenta-
La question de la biodiversité est prise en compte de tion humaine. Le système de gestion des eaux (inon-
manière différenciée selon l’échelle spatiale (Grand dation par débordement de cours d’eau et eaux
parc ou jardins collectifs) et temporelle (conception pluviales issues de l’écoquartier) à ciel ouvert (bassin,
du projet ou gestion) à laquelle on se situe. noues filtrantes) a été conçu, au-delà de ses fonc-
tions techniques, comme pouvant être support de
Au niveau du Grand parc : biodiversité « ordinaire ».
En phase de gestion, le gestionnaire adopte une
En phase de conception, les questions liées à la démarche « zéro phyto» sur l’ensemble du parc, ainsi
biodiversité ont été traitées mais n’ont pas été au qu’une gestion différenciée des espaces, mettant
centre du projet. Les principaux objectifs étaient de ainsi en place des zones de fauchage tardif favo-
répondre au déficit d’espaces verts de la ville, d’avoir rables notamment aux insectes. Ceci est également
un produit d’appel pour le reste de la ZAC des Docks accompagné de panneaux pédagogiques.
de Saint-Ouen, et de relier les quartiers nouveaux et
Au niveau de l’île aux partages : et troquer. Une équipe d’animation de cinq personnes
de la commune y est rattachée, et mène notamment
La serre pédagogique a pour ambition d’être un des actions pédagogiques autour des questions de la
centre de ressources documentaires et pédago- biodiversité. Comme vu précédemment, la mobilisa-
giques pour encourager les pratiques de jardinage tion des jardiniers est compliquée et des difficultés
au naturel, par la mise en place d’ateliers pour les apparaissent, liées à l’accessibilité de la serre par les
jardiniers et les usagers du parc qui le souhaitent. jardiniers qui souhaitent travailler sur leurs boutures
Elle est conçue pour que les jardiniers l’utilisent en dehors des heures d’ouverture.
pour réaliser leurs semis et boutures, pour échanger
“ Témoignage de jardiniers
du jardin ouvrier
« Nous jardinons de manière biologique. Si on
constate ou on voit que la personne a fait des
choses pas réglos, pas bios, on peut la radier de
l’association. C’est dans nos statuts, notre règle-
ment. On tolère la bouillie bordelaise pour les
tomates, et le purin d’orties. Rien que des trucs
naturels qu’on achète dans le commerce pour
chasser les limaces, pour chasser ceci celà. »
Dans les jardins partagés, il ressort que très peu de • Des lieux favorables à la sensibilisation
parcelles sont vraiment « partagées » et que les et aux échanges
personnes se redistribuent des sous-parcelles pour
que chaque foyer ait une parcelle individuelle. Il La serre pédagogique est voulue comme un lieu
semblerait qu’à l’image des jardiniers ouvriers, les d’instruction, de « papotage » et de rencontre autour
jardiniers aient besoin de s’approprier un bout de du jardinage et de l’environnement en cours d’adap-
parcelle. Les parcelles sont en définitive peut être plus tation à la demande citoyenne : la forte implication
individualisées que « partagées », ce qui crée parfois des agents de la serre permet de la dynamiser et de
des tensions pour l’entretien collectif des haies, ou des promouvoir les enjeux liés à la préservation de la
conflits liés aux différences de pratiques entre le jardi- biodiversité surtout auprès des scolaires (de la
nier mettant des pesticides et celui qui prône un maternelle au collège), mais aussi des personnes
développement plus naturel du jardin. âgées et handicapées. Au regard des différentes et
nombreuses motivations des jardiniers pour venir au
• Des jardins collectifs à l’origine de nombreux jardin (besoin de loisir individuel ou collectif, besoin
services écosystémiques de sortir, ressource alimentaire, pédagogie pour les
enfants) et de la diversité de leurs profils (activité
Outre le besoin de s’approprier une parcelle, les professionnelle ou non, niveau d’instruction, exper-
jardiniers montrent un intérêt à profiter d’une tise ou non en jardinage), et malgré le dynamisme de
parcelle à jardiner pour « se faire plaisir », « garder la la collectivité, il est difficile de les mobiliser autour
forme », créer du contact, ou encore récolter des des ateliers.
fruits et légumes de saison. Les jardins collectifs ont
donc un réel intérêt social, procurant des services Pour la collectivité, le fait que les jardins collectifs
récréatifs, dans une moindre mesure alimentaires. Ils soient situés dans un écoquartier est un levier pour
jouent un rôle de sensibilisation écologique de justifier les pratiques écologiques de jardinage qui
manière bien plus marginale, les jardiniers étant très sont demandées aux jardiniers. Toutefois les jardi-
peu nombreux à venir aux ateliers pédagogiques niers semblent avoir des préoccupations très
organisés par la mairie. variables, allant de l’intérêt à l’indifférence pour leur
environnement urbain (écoquartier et écoparc,
2.4.3 L a sensibilisation aux enjeux gestion des eaux, usine d’incinération, trafic routier,
de biodiversité sols contaminés). Des entretiens complémentaires
seraient nécessaires pour conclure à ce sujet.
• La biodiversité : une priorité appréciée Toutefois, le lieu semble bien perçu par les jardiniers
différemment comme un lieu de rencontre, et notamment de
partage et d’échanges sur les pratiques de jardinage,
La biodiversité est prise en compte de manière diffé- en faveur d’une transmission des savoir-faire en
renciée selon l’échelle spatiale (du parc à la parcelle agriculture biologique ou en permaculture.
de jardinage) et temporelle (de la conception à la vie
au jardin) du projet. Au niveau du jardinage et pour • Une prise en compte encore limitée
la mairie, l’écoquartier se voudrait garant des du sol « ressource »
pratiques respectueuses de l’environnement11. Dans
les faits, cela se traduit principalement par des En définitive, l’activité de jardinage et d’entretien de
pratiques de culture variables selon les jardiniers et « parcelles publiques » par les citoyens pose la ques-
malheureusement pas toujours conformes aux tion, au-delà du « sol » foncier, du sol « ressource » et
pratiques souhaitées dans la convention. de la responsabilité de son entretien, de sa préserva-
tion comme un « bien commun », au même titre que
l’eau ou l’air.
11 Courrier valant
convention entre
la mairie et le jardinier.
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 2 . J A R D I N S C O L L E C T I F S À S A I N T- O U E N 71
À retenir :
• La concertation, en permettant l’expression des • Suivant le type d’organisation des jardins collec-
attentes des habitants et usagers, peut signifi- tifs (présence ou non d’une association, niveau
cativement faire évoluer un projet. À Saint-Ouen, d’implication de la collectivité), l’implication
le projet initial a été abandonné pour satisfaire le citoyenne dans la gestion des jardins est plus ou
souhait des usagers de maintenir et développer les moins forte.
jardins collectifs. Cela semble une bonne décision au
regard du nombre de personnes inscrites sur la liste • La forte présence de la collectivité, si elle pose la
d’attente des jardins collectifs. question de la responsabilisation des jardiniers,
permet de favoriser l’émergence de nouveaux
• La mise en place d’un « comité des usagers du projets au sein du territoire communal ou d’initia-
parc », regroupant élus, agents de la ville et usagers tives au sein du secteur (projet de jardin en pied
peut permettre de faire participer les usagers du d’immeuble avec les bailleurs, émergence des
parc aux décisions de gestion et ainsi renforcer leur incroyables comestibles).
implication.
• Une serre pédagogique est particulièrement
• Les jardins collectifs procurent des services récréa- bien adaptée à la sensibilisation des enfants.
tifs et ont un réel intérêt social. Ils sont aussi À Saint-Ouen, elle a plus de mal à mobiliser les
perçus par les jardiniers comme un lieu favorable à adultes notamment en raison des horaires d’ouver-
la transmission de savoir-faire en agriculture ture ne correspondant pas aux moments où les gens
respectueuse de l’environnement (agriculture jardinent (surtout le soir). Ceci incite à être très
biologique, permaculture). vigilant sur les offres pédagogiques, afin qu’elles
soient en adéquation avec les usagers.
• Les jardiniers manifestent souvent le besoin de s’ap-
proprier un bout de parcelle. Cette individualisation
des parcelles peut conduire à les déresponsabiliser.
Afin d’éviter d’éventuels conflits, il paraît pertinent
de bien cadrer les exigences écologiques ainsi
que les modalités de gestion des espaces collec-
tifs dans une convention.
72 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 3 . PA R C D U VA L L O N
3 Parc du Vallon
Réaménagement d’un grand parc existant de 11 ha
3.1 Présentation du site Or ces dernières années la ville de Lyon, en tant que
gestionnaire, observait des dysfonctionnements :
Situé à la lisière du quartier de la Duchère, labellisé inondations de Vaise lors des fortes pluies, manque
EcoQuartier en 2013, le parc du Vallon est un espace de visibilité des accès au parc, certains chemine-
vert de 11 ha, représentant un poumon vert pour le ments peu accessibles. Il était nécessaire de réaliser
9e arrondissement de Lyon. Ce site existe depuis les de nouveaux aménagements : hydrauliques pour
années 1960, et a été aménagé dans les années 1970 améliorer la gestion des eaux pluviales et de ruissel-
en parc, reliant Ecully, Vaise et la Duchère. Ce premier lement, paysagers pour revaloriser le site et faire du
aménagement a notamment été l’occasion de buser parc du Vallon un grand parc urbain dans l’Ouest
le ruisseau des Gorges qui le traverse en long. lyonnais.
lan du site
3.1.1 P
Le projet de rénovation du parc du Vallon (Source : Le parc du Vallon, les secrets du projet – Métropole de Lyon)
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 3 . PA R C D U VA L L O N 73
Marché de définition
Conception du projet Travaux
pour le parc
ocuments consultés
3.1.3 D
3.2 L’implication citoyenne La mission GPV Lyon la Duchère dispose d’un espace
d’expositions et de dialogue dans le quartier de la
3.2.1 La communication sur le projet global Duchère, appelée la maison du projet la Duchère, qui
Lyon la Duchère reste l’endroit le plus adapté pour obtenir une infor-
mation fiable. Des expositions sont organisées pour
Forte d’une équipe de deux personnes dédiées à la présenter les avancées concrètes comme les premiers
concertation et la communication, la mission projets de reconstruction. Un cahier d’expression est
Duchère en charge du projet de renouvellement du également à la disposition des visiteurs ; les remarques
quartier a développé un large panel d’outils et de sont transmises aux élus et aux techniciens.
démarches pour informer les habitants et les asso-
cier à la transformation de leur quartier. Un travail 3.2.2 L a mise en place de la concertation
particulier avec le tissu social local a été mené, pour le parc du Vallon
afin de recueillir les retours d’expériences et de
recenser les attentes que les habitants pouvaient Les habitants ont eu plusieurs occasions pour inter-
déjà manifester. venir en préalable à la concertation : en s’engageant
À partir d’outils d’information tels qu’un journal dans le comité de suivi participatif qui vise à suivre
(Ville en vue), un site internet, une bande dessinée à les engagements des élus, lors d’un diagnostic en
destination des scolaires, la mission Duchère a marchant qui vise à repérer les dysfonctionnements
notamment pu solliciter les habitants pour les faire sur les espaces publics, ou encore dans les enquêtes
participer au projet. « écoute habitant » lors desquelles ils peuvent
exprimer leur perception du quartier.
Communiqué de presse
du 13/01/2006 de la mission Lyon
La Duchère
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 3 . PA R C D U VA L L O N 75
La concertation, lancée en 2006 lors d’une réunion n premier recueil des attentes,
3.2.3 U
publique, s’est déroulée en deux grandes phases lors en amont du projet
de la programmation, puis lors de la conception.
La première phase de la concertation consistait à
Pour attirer un maximum de participants vers la réaliser avec les habitants un diagnostic spécifique
concertation, l’aménageur a informé les habitants d’usage. Ainsi, de février à avril 2006, les habitants
par des tracts dans les boîtes aux lettres, par des ont été sollicités pour décrire les usages actuels du
communiqués de presse, par des réunions publiques. parc, les usages qu’ils attendaient après réaménage-
Il constate « qu’on retrouve généralement les mêmes ment, et toutes les autres attentes concernant le
personnes tout au long de la concertation ». Et ceci projet. Il s’agissait donc de recueillir leurs attentes
malgré les efforts réalisés pour impliquer des pour le parc, bien en amont du projet, afin d’enrichir
représentants spécifiques, en les invitant particuliè- les éléments de programme de l’aménageur (SERL).
rement. Il s’agit par exemple d’associations de loca-
taires, de représentants de personnes handicapées, Trois ateliers de concertation ont structuré les
de représentants d’entreprises, de parents d’élèves. échanges, auxquels les trois équipes de paysagistes
« Afin d’attirer un maximum de personnes à ces assistaient afin d’ajuster leur proposition de
ateliers, des expositions tournantes dans les centres programme. En tant qu’utilisateurs du Vallon, les
sociaux ont été mises en place, ainsi qu’un accueil habitants ont pu faire valoir leur « expertise d’usage ».
d’enfants pour permettre aux mères de participer » C’est donc à partir de leurs perceptions et de leurs
(aménageur). attentes que les équipes de paysagistes ont été
chargées d’élaborer leurs propositions.
“ Témoignage de l’aménageur
« Dès le début de la concertation, nous sommes venus avec des schémas de composition, des plans masses...
Ainsi les habitants ont pu réagir à partir de propositions. Cependant rien n’était figé, et le paysagiste était présent
pour discuter et ajuster le projet. »
En 2011, une réunion publique a permis de présenter Cinq ateliers de concertation ont structuré les
le projet final aux habitants. Des visites de chantier échanges, dont l’un sur la faune, la flore et la végé-
ont ensuite été organisées, et le parc a été inauguré tation urbaine, et un autre sur l’eau.
le 7 juin 2014, avec l’organisation de visites du L’aménageur et l’équipe lauréate ont présenté dans
parc. chaque atelier les éléments envisagés de conception
du parc, avec l’angle thématique de l’atelier. Ainsi,
n recueil d’avis sur des propositions
3.2.6 U lors de l’atelier dédié à la faune, la flore et la végé-
d’aménagement tation urbaine, l’équipe paysagiste a présenté les
éléments de diagnostic faune/flore, et les différentes
Une fois l’équipe de paysagistes choisie, celle-ci s’est propositions d’aménagement (végétation en bord
attelée au travail de conception du parc. C’est d’eau, prairies, plantations, entretien envisagé, limi-
pendant cette phase que la deuxième étape de la tation des moustiques).
concertation a débuté. Les habitants ont en effet été Les habitants, en réponse à ces éléments, se sont
sollicités pour donner leur avis sur des éléments de focalisés sur la possibilité de promener son chien
conception. Ouverte à tous, la concertation a réuni dans le parc et sur la présence de canisites.
un groupe d’une quarantaine de volontaires, Concernant les éléments liés davantage à la biodi-
composé de Duchérois et d’Écullois. versité, les habitants ont peu réagi.
“ Témoignage de l’aménageur
« Les habitants se sont focalisés sur le sujet des chiens. Le reste a été évoqué : rivière, animaux nocturnes...
mais les habitants n’ont pas réagi, ils sont restés spectateurs de ces sujets. »
3.2.7 Le maître d’ouvrage à l’écoute des un espace de liberté pour les chiens. Ceci a été
habitants, mais décisionnaire final refusé, et seuls les chiens en laisse sont acceptés
dans le parc. Cette décision a été prise en raison
d’une volonté de respect des autres usagers du parc,
La Métropole de Lyon, la SERL et l’agence ILEX et correspond également à une homogénéisation
Paysage étaient à l’écoute des habitants, afin de des règlements de l’ensemble des parcs et jardins de
réaménager le parc de manière à ce qu’il concorde la ville de Lyon.
au mieux avec leurs attentes. Cependant le maître
d’ouvrage urbain avait quelques contraintes, annon- Un grand nombre d’attentes exprimées par les habi-
cées dès le départ aux habitants : tants lors des étapes de concertation ont été prises
- la réalisation de bassins de rétention des eaux de en compte. Par exemple, les chênes au fond du
pluie, Vallon ont été conservés par l’équipe paysagiste,
- un budget arrêté, comme les habitants le souhaitaient (première phase
- un parc avec espaces verts, sans édifice, de concertation : « préserver les grands arbres
- pas d’accès motorisé sauf pour un accès service/ (notamment les vieux chênes) »). Autre exemple : des
sécurité. pupitres informatifs ont été installés dans le parc,
suite à la demande des habitants.
Tous les habitants n’ayant pas les mêmes souhaits, le
maître d’ouvrage urbain a dû clore les débats en
arrêtant des choix. Par exemple, pour la place des
chiens : certains habitants voulaient que le parc soit
78 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 3 . PA R C D U VA L L O N
“
seau. Un objectif était de concilier ce projet hydrau-
lique avec le parc, en limitant notamment l’abattage Témoignage de la direction des
d’arbres et donc en implantant les bassins sur les Espaces verts de la ville de Lyon
milieux ouverts. Par la reconstitution de milieux « Les habitants sont heureux de voir l’aménage-
temporairement humides sur les berges du ruisseau ment qui a été réalisé sur ce parc, car il est passé
et l’implantation d’une végétation de berges, cet d’un état de friche délaissée à une amélioration
aménagement contribue aussi à créer de nouveaux qualitative importante. Même si des parties sont
refuges pour les espèces inféodées à ces milieux. Les fauchées tardivement et que cela ne plaît parfois
habitants se sont toutefois questionnés, lors de la pas aux habitants, l’amélioration de l’existant est
concertation, sur la potentielle présence de mous- quand même tellement grande que les habitants
tiques et de grenouilles. acceptent. »
La direction des Espaces verts de la ville de Lyon, qui pour sensibiliser les enfants à la nature qui les
a repris la gestion en 2016, signale que des panneaux entoure. Peu d’animations sont toutefois réalisées
d’information, spécifiques à la faune, seront placés dans le parc du Vallon, mais la direction envisage de
dans le parc afin d’entrer davantage dans le détail de créer des partenariats avec des associations locales
la biodiversité présente sur le site. pour développer des animations sur le site. La MJC
locale organise par ailleurs des animations festives
Par ailleurs, la direction réalise des animations péda- afin que les habitants puissent s’approprier le parc
gogiques avec les écoles, dans les parcs de la ville,
Le vallon champêtre que le ruisseau traverse ©Cerema Conservation de certains arbres préexistants ©Cerema
ont demandé de « laisser l’aspect sauvage et roman- • Une biodiversité renforcée, globalement bien
tique » du parc. Une appropriation du parc ayant accueillie par les habitants
déjà eu lieu, les habitants se sont particulièrement
battus pour défendre certains sujets (parc ouvert à Suite à des diagnostics écologiques, le maître d’ou-
tous, accessibilité, choix du nom du parc, etc.). vrage et le maître d’œuvre ont eu pour objectif de
renforcer la biodiversité, notamment en conservant
3.4.2 L a biodiversité un maximum d’arbres sains préexistants et en
renforçant cette strate arborée par une strate arbus-
• La biodiversité, un sujet qui préoccupe peu tive. Des plantations d’espèces locales et variées, de
les habitants végétation basse et moyenne, ont été réalisées sur le
site. Les habitants ont été en phase avec ces objec-
Lors des différentes étapes de concertation, la biodi- tifs, ayant eux-mêmes proposé ces actions en amont.
versité n’a pas été un sujet de débat pour les habi- Les débats restent toutefois ouverts quant à l’accep-
tants, bien que le sujet ait été présenté par le maître tation par les habitants des prairies fauchées en
d’ouvrage et l’équipe paysagiste. Les débats ont été fond de vallon, où s’écoule le ruisseau. Les surfaces
axés sur les pratiques à développer ou non dans le en prairies représentent de grandes superficies : les
parc, sur la conciliation des usages et sur la sécurité. habitants ont parfois du mal à en apprécier l’esthé-
Même lors de l’atelier dédié aux sujets de la flore, de tique, ou reprochent à ce type d’espace l’absence
la faune et de la végétation urbaine, les habitants ne d’usage bien défini (quid des jeux de ballon ?).
se sont pas approprié le sujet des écosystèmes et de
la biodiversité à installer, mais sont restés focalisés • Des efforts de communication sur les milieux,
sur l’accessibilité du parc aux chiens. la flore et la faune présents
L’hypothèse peut être faite que le parc étant déjà au Dans le parc du Vallon ont été installés des panneaux
préalable très végétalisé et d’aspect naturel, les d’information sur le cycle de l’eau, la réouverture du
habitants n’ont peut-être pas perçu d’enjeu particu- ruisseau et son intérêt hydraulique et écologique, les
lier dans le fait de favoriser davantage de biodiver- arbres, la biodiversité du parc, la gestion écologique.
sité, ceci échappant à leurs compétences. La dimen- De plus, un dossier de presse est paru en juin 2014,
sion esthétique et le contact sensoriel étant déjà où des éléments chiffrés sur les prairies, les fauches
présents (végétation, petite faune), leur priorité était ou encore les arbres ont été publiés.
de conserver la nature existante et de bénéficier de
pratiques renouvelées.
84 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 3 . PA R C D U VA L L O N
À retenir :
• Le sujet de la biodiversité n’est pas forcément • Toutes les demandes des habitants ne peuvent être
maîtrisé par les citoyens. L’esthétique, l’aspect satisfaites. Le maître d’ouvrage, qui est le déci-
naturel leur parlent davantage. sionnaire final, doit expliquer et communiquer
sur la non prise en compte de ces attentes.
• Une importante communication sur les milieux,
la faune et la flore a été mise en place au sein
du parc suite à la demande des habitants.
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 3 . PA R C D U VA L L O N 85
4.1 Présentation de la démarche mûriers platanes créant un micro-lieu de vie pour les
habitants du quartier. Le quartier Lemasson a été
Dans le cadre de ses actions en faveur de la biodi- construit dans les années soixante pour les rapatriés
versité, la ville de Montpellier a souhaité lancer d’Algérie. Aujourd’hui, même si les jeunes sont assez
l’opération « Jardin Demain ». Celle-ci a fait suite à nombreux et la délinquance bien présente, cette
l’étude des stratégies de gestion des délaissés de population est vieillissante et très attachée à son
Montpellier, menée entre août 2009 et septembre quartier (Pauline Scherer, 2012).
2010 par le paysagiste Gilles Clément et le collectif
d’architectes paysagistes Coloco. Cette étude s’est Un travail de concertation a permis de faire émerger
basée sur un repérage des friches situées dans les les attentes des habitants face à ce nouvel espace et
quartiers est de la ville, et visait à établir un plan de dessiner le projet. Suite à la désimperméabilisa-
d’action pour l’aménagement, la protection ou la tion du site, un grand chantier collectif a été orga-
gestion de ces espaces. Au travers de cette étude, a nisé pour la réalisation du jardin en 24 heures, les 8
été repéré le quartier Croix d’Argent, et plus particu- et 9 octobre 2010, transformant une cour minérale
lièrement la résidence Lemasson comme étant l’un de 1 200 m² en un jardin méditerranéen par les
des potentiels délaissés à aménager, ceci en milieu habitants : 2/3 de milieu sec et 1/3 de jardin partagé
contraint car très imperméabilisé. en bacs.
En parallèle, Jardin Demain s’inscrivait également Ce chantier collectif a réuni les habitants du quar-
dans deux autres démarches : le vaste programme tier, les jardiniers de la ville, Coloco et l’Atelier
de réhabilitation urbaine de la ville, et le « printemps permanent d’initiative pour l’environnement (APIEU).
de la démocratie » qui avait pour but de relancer des Il a ensuite été géré en collaboration par des habi-
formes d’actions collectives à l’échelle du quartier tants regroupés en association et le service des
en associant biodiversité et développement de la vie Espaces verts de la ville. Les habitants du quartier
sociale. ont ainsi été impliqués dans le projet de sa concep-
tion à sa gestion en passant par sa mise en œuvre.
Le site choisi était un parking à l’abandon dans le Le jardin Demain fait partie des dix-huit jardins
quartier Lemasson, situé sur un terrain appartenant partagés de Montpellier.
à la ville. On y trouvait des bancs à l’ombre de
RETOURS D’EXPÉRIENCES - 4. JARDIN DEMAIN À MONTPELLIER 87
lan du site
4.1.1 P
Jardin Demain
• Coûts
Chantier
participatif
Création de l’association
Chantier gestionnaire Du Soleil à Clôture de la partie
préparatoire Lemasson jardin potager
7, 8
sept.
oct.
INTERNET
http://www.capitale-biodiversite.fr/experiences/jardin-demain-desamenagement-dun-parking-la-cite-lemasson-et-creation-dun-jardin-avec
http://montpelliercroixdargent.blogs.midilibre.com/archive/2011/10/24/lemasson-jardin-de-demain-le-jardin-de-demain-fete-ses-un-an.html
http://www.montpellier.fr/3451-jardin-demain.htm
http://www.eskis.org/2010/11/03/jardin-demain/
PAPIER
• Pauline Scherer, La démarche de co-création artistique et sociale comme espace d’expérimentation politique et
comme mode de résistance : trois expériences à l’échelle du quartier, mémoire de stage de master 2, Université
Paul Valéry Montpellier 3, Septembre 2012.
• Coloco, Fertiles Mobiles, cultiver ensemble l’espace public, Éditions Tout Contre, juin 2012.
• Liste des végétaux par zone – Ville de Montpellier, service des Espaces verts.
90 RETOURS D’EXPÉRIENCES - 4. JARDIN DEMAIN À MONTPELLIER
“
l’environnement en milieu urbain est subventionnée
Témoignage de la ville à cette période par le conseil général et la ville. Elle
de Montpellier est, par ailleurs, très active dans le quartier et bien
« C’est un projet qui a été initié par la ville et qui connue des services de la ville.
est offert à la population locale. » Au préalable, un diagnostic général du quartier est
réalisé par un recueil des avis des habitants. Puis les
micro-débats viennent enrichir ce diagnostic. Ces
4.2.1 Des micro-débats préalables micro-débats se déroulent de manière régulière dans
aux réunions de concertation la maison de quartier, et s’appuient sur le réseau d’ha-
bitants du quartier Grand Croix d’Argent. La mairie
2009 - Le printemps de la démocratie propose notamment la thématique du jardin collectif
Dès 2009, la ville organise le « printemps de la comme sujet de réflexion. Un groupe de réflexion est
démocratie » dans différents quartiers de Montpellier alors formé d’habitants de la résidence Lemasson
dont le quartier Croix d’Argent. Dans le cadre de ces notamment des personnes âgées, de membres du
espaces d’échanges, les citoyens ont la possibilité de conseil consultatif de quartier, du réseau d’habitants,
s’exprimer auprès des responsables de la ville sur d’une animatrice de l’APIEU et de représentants du
plusieurs thèmes : biodiversité, plan local de dépla- service Démocratie de proximité de la ville.
Visualisation à long terme des continuités écologiques possibles entre plusieurs quartiers – Septembre 2010
(Source : Coloco, Fabien David)
94 RETOURS D’EXPÉRIENCES - 4. JARDIN DEMAIN À MONTPELLIER
Au vu des contraintes budgétaires imposées par la Le choix a été fait par les citoyens de laisser la nature
ville, une partie des plantes a été fournie par la se réapproprier l’espace en arrêtant le désherbage.
pépinière municipale. La liste des plantes n’ayant pas Cette initiative est venue des habitants eux-mêmes.
été imposée par la ville, le collectif Coloco a donc eu Les cultures des bacs peuvent ainsi déborder voire se
la liberté de formuler des propositions en fonction replanter ailleurs. La qualité du sol a été améliorée
de la demande des habitants et des espèces produites tout en étant préservée grâce à un bon amendement
par la pépinière. de terre apporté par le service des Espace verts de la
De nombreuses plantes méditerranéennes ont ainsi ville. L’association DSL récupère également du
été plantées sur le site du jardin Demain : des vivaces fumier dans un centre équestre proche.
résistantes à la sécheresse (immortelle, euphorbe,
thym, etc.), des arbustes méditerranéens (buddleia, En 2014, la ville a lancé un projet de promotion des
myrte commun, pistachier térébenthique, etc.), des légumes anciens pour les jardins partagés. L’objectif
arbres méditerranéens (albizia, érable de Montpellier, était de récupérer les graines produites par ces
ilex, etc.), des plantes grimpantes (jasmin), des légumes avec un objectif d’autosuffisance en les
vivaces pour potager (menthe, coriandre, rumex, resemant l’année suivante. Le jardin Demain fait
etc.) et de nombreux arbres fruitiers (pistachier, partie des sites où l’initiative a été expérimentée.
néflier, amandier, etc.). Beaucoup de plantes orne- Au-delà du maintien de la biodiversité, cette initia-
mentales ont été plantées. tive contribue au maintien de la motivation et de
l’implication des citoyens.
Jardin ©Cerema
Composteur ©Cerema
RETOURS D’EXPÉRIENCES - 4. JARDIN DEMAIN À MONTPELLIER 95
“
constat largement partagé par tous les acteurs.
Témoignage du collectif Coloco
La synergie entre les quatre acteurs (collectivité, « L’essentiel à préserver, c’est l’énergie collective
collectif de concepteurs, association d’éducation à et la militance citoyenne commune. Qu’il y ait
l’environnement et habitants) tout au long de la des petits problèmes de gestion, il faut tout
démarche n’a pas toujours eu lieu. Chaque acteur a simplement pouvoir s’asseoir autour d’une table
été associé à un moment particulier du projet plutôt et en discuter. »
qu’avec les autres à chaque phase du projet.
L’APIEU, très présente en amont, n’a pas toujours été
associée à la démarche faute de crédits. Le fait que
l’association d’habitants gestionnaire de quartier ait 4.4.2 La gestion participative
été créée bien après la réalisation du jardin a laissé
une importante période de flottement. Les échanges • Une gestion participative encore
entre Coloco et la ville après la conception du projet sous assistance
n’ont pas eu lieu car le bureau d’études de la ville n’a
pas été missionné pour le suivi du jardin. Le projet de jardin a été pensé sans une volonté
initiale d’établir une gestion participative. Or l’ap-
Les étapes de concertation ont été menées précipi- propriation de ce lieu ne se fait pas de la même
tamment avec pour objectif prioritaire d’aménager manière suivant les habitants. Certains le perçoivent
rapidement le lieu. Il semble qu’il aurait été néces- comme un espace de travail, d’autres comme un
saire d’accorder davantage de temps en amont du espace d’échanges et de partage. Ainsi, de nombreux
chantier à l’organisation d’une concertation posée. petits problèmes de gestion subsistent, ce qui en fait
En effet, il apparaît que les habitants auraient un projet encore sous assistance de la ville. Celle-ci
préféré avoir plus de temps pour s’approprier le intervient sur l’entretien des végétaux et le rempla-
sujet, et être sollicités plus régulièrement afin cement de quelques sujets, le vidage des poubelles,
d’échanger avec les concepteurs tout au long de la réparation des clôtures et mobiliers ou leur
l’élaboration du projet et ainsi d’ajuster progressive- remplacement, de nouvelles installations selon la
ment les éléments de conception. demande (toit sur la pergola, boîte postale sur le
Certains aménagements ont été proposés par panneau d’information), et la livraison de terreau
Coloco au cours des débats sans que leurs designs pour les bacs ainsi que le renouvellement de chanvre
soient clairement définis. Les citoyens les ont alors en couvre-sol pour une partie du jardin sec.
96 RETOURS D’EXPÉRIENCES - 4. JARDIN DEMAIN À MONTPELLIER
“
L’APIEU a proposé de développer des réunions direc-
Témoignage de l’APIEU tement en bas d’immeuble, sur le site même du
« Le premier qui vient se sert même s’il n’a pas projet pour aller chercher les citoyens chez eux, dans
participé, ce qui crée des incompréhensions. » leur environnement. Les réunions ont eu lieu dans le
quartier mais dans des lieux parfois informels (club
de l’Age d’or par exemple). La phase de concertation
D’autres éprouvent au contraire un sentiment de pourrait démarrer par des enquêtes auprès des
détente et d’apaisement dans un quartier plutôt citoyens pour recueillir davantage d’informations et
sensible. de besoins. Même si le diagnostic réalisé en amont
des micro-débats a permis de recueillir des informa-
“
tions, le temps d’échange imparti a été plutôt court.
Témoignage de l’APIEU
« On vient avec les enfants, les familles, on a - En phase de gestion :
l’impression d’être à la campagne.[...] On est sûr La ville a organisé en présence de l’APIEU une
de produire mais pas sûr de récolter. Par contre, première réunion publique de présentation de la
ce qu’on récolte ici, ce qui est sûr c’est l’amitié. » démarche. Un courrier officiel en phase de gestion,
à chaque habitant de l’immeuble, expliquant
la démarche de la ville, les objectifs du jardin et
le rôle de l’association DSL aurait pu enrichir
la communication.
98 RETOURS D’EXPÉRIENCES - 4. JARDIN DEMAIN À MONTPELLIER
À retenir :
• Les différents acteurs mobilisés pour impliquer • La dés-imperméabilisation des sols permet de
les citoyens doivent particulièrement agir en créer des lieux plus naturels offrant davantage de
synergie, au risque de desservir la démarche. services écosystémiques aux citoyens (qualité paysa-
gère, ombrage en été, activités récréatives, etc.). Ces
•
La concertation nécessite du temps pour lieux deviennent aussi le support d’activités de
permettre aux citoyens de s’approprier les sujets. sensibilisation aux enjeux de la nature en ville
auprès des citoyens et du monde de l’éducation.
• L’implication des habitants peut se faire à diffé-
rents niveaux : concertation, co-construction, • La surface d’espace public confiée à la gestion
gestion. des habitants doit être compatible avec les
capacités de l’association concernée.
•
La conclusion d’un chantier collectif peut se
concevoir de manière conviviale pour notamment • Certaines initiatives portées de manière générale
renforcer les liens sociaux et l’implication citoyenne par la collectivité, comme la promotion des
(buffet offert par la ville, concert musical, etc.). légumes anciens pour les jardins collectifs à
Montpellier, peuvent contribuer au maintien de
la motivation et de l’implication des citoyens.
RETOURS D’EXPÉRIENCES - 4. JARDIN DEMAIN À MONTPELLIER 99
Jardin ©Cerema
100 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 5 . A M É N A G E M E N T S P O U R L A B I O D I V E R S I T É À C H A M P V E R T
lan du site
5.1.1 P
hronologie du projet
5.1.2 C 2012 : réponse de la ville de Lyon à l’appel à projets
sur les trames vertes et bleues urbaines.
2002/2007 : premiers aménagements de la voie Octobre 2012 à octobre 2013 : mise en œuvre
verte dans la cadre du projet de liaisons vertes dans opérationnelle.
le 5e arrondissement. 2014 : ouverture du parc de la Passerelle et labelli-
2007 : inventaires entomologistes et de l’avifaune sation ECOJARDIN du « Quartier Nature Champvert ».
réalisés par la FRAPNA sur le site du Bois de la Garde.
Fin 2011 Janv. 2013 Juil. Sept. Oct. Janv. 2014 Juil. 2014
Travaux
Aménagement biodiversité Parc Travaux Parc de la Passerelle
Champvert
102 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 5 . A M É N A G E M E N T S P O U R L A B I O D I V E R S I T É À C H A M P V E R T
5.2 L’implication citoyenne et à l’animation du projet. Elles ont pu ainsi faire valoir
leur implication locale (connaissance du terrain et des
5.2.1 L e contexte de l’implication dans habitants). Des écrasements d’écureuils
le cadre du développement ont notamment été relevés sur la plateforme collabo-
des liaisons vertes rative d’échanges de données naturalistes
www.faune-rhône.org, régie par la LPO Rhône.
Le projet de développement des liaisons vertes est un Le travail en amont avec les habitants sur les diffé-
projet plus global que celui de réaliser des aménage- rents projets d’aménagement a toutefois été peu
ments d’accueil de la biodiversité. Ce projet global a important. Les principaux aménagements réalisés
mobilisé les élus des 5ème et 9ème arrondissements ainsi dans ce cadre ont en effet privilégié l’expertise
que les conseils de quartier12 qui étaient déjà forces technique sur la biodiversité en n’impliquant pas les
de proposition sur la thématique des liaisons vertes. habitants dans le processus de conception et la loca-
Selon le journal municipal, les quatre conseils de lisation des différents équipements.
quartier concernés du 5ème, en lien avec leurs voisins
du 9ème arrondissement, ont notamment prôné « le 5.2.3 Information sur les aménagements
développement et la valorisation du patrimoine vert pour la biodiversité
de l’arrondissement […] et l’importance de la place de
la nature en ville […] ». Réunions publiques
Une première réunion publique13 au centre social
Ainsi, les démarches initiées sur le projet, liées à Champvert a permis la présentation des premiers
l’appel à projets « Trame verte et bleue urbaine », dont éléments du projet le 17 janvier 2013 par des élus et
la renaturation du parc Champvert ainsi que l’aména- les associations. Beaucoup d’habitants (70 à 80
gement du futur parc de la Passerelle, s’inscrivent personnes) ont répondu à l’invitation des mairies
dans une demande globale de nature de certains (publipostage dans le quartier). Au-delà de la présen-
habitants (ceux qui participent à une instance forma- tation des aménagements pour la biodiversité, cette
lisée de participation). La démarche de participation réunion a également été l’occasion de sensibiliser les
des habitants plus particulièrement étudiée ici habitants aux différentes problématiques de la biodi-
concerne la mise en place des aménagements d’ac- versité urbaine (distribution de mélanges de prairie
cueil de la biodiversité ainsi que les travaux de rena- fleurie, guide et livret d’informations, etc.).
turation du parc Champvert. De manière globale, la
démarche mise en place en matière de participation Une seconde réunion publique s’est tenue le 7 juillet
se traduit dans ces cas par l’information des habitants 2013, à la mairie du 5ème, pour présenter en détail les
sur les aménagements réalisés ainsi que la sensibilisa- projets de renaturation du parc Champvert et d’amé-
tion à travers des journées mises en place avec les nagement du futur parc de la Passerelle, ainsi que
citoyens. pour informer les habitants des avancements de réali-
sation des aménagements d’accueil de la biodiversité
5.2.2 L e travail en amont, en cours et inciter à la participation sur les journées
par les associations naturalistes écovolontaires.
“
quartier les espèces faunistiques et floristiques rele-
Témoignage de la direction des vées par les associations naturalistes tout au long
Espaces verts de la ville de Lyon du projet.
« Le fait de coupler un événement lié à la nature à
un autre événement permet de toucher plus d’ha-
bitants. En effet, les habitants ne sont pas nécessai-
rement attirés par un événement autour de la seule
biodiversité qui peut, dans les représentations
collectives, rester un sujet réservé aux passionnés
alors qu’un événement grand public très trans-
versal peut permettre d’attirer plus de monde. Une Panneau indiquant un refuge de la biodiversité
fois sur place, le côté ludique et manuel des ateliers aménagé par les jardiniers. Il s’agit d’une mare.
de construction de gîtes et nichoirs peut permettre ©Cerema
d’intéresser les participants et être une occasion
prétexte pour sensibiliser. »
5.2.5 Présentation des résultats des travaux
Plus spécifiquement il s’agissait de : Les aménagements prévus ont donc été mis en
• « Améliorer la qualité des espaces verts du secteur œuvre : réaménagement partiel du parc Champvert et
par des travaux de re-végétalisation et par la réduc- travaux de végétalisation sur la liaison piétonne
tion des surfaces imperméabilisées ; Champvert, création d’équipements spécifiques le
• Améliorer les connaissances naturalistes des secteurs long de la liaison (cinq mares, cinq hibernacula, gîtes
concernés ; à chiroptère, à hérissons, hôtels à insectes, spirale à
• Favoriser le développement et les échanges entre les insectes, écuroduc).
populations d’insectes auxiliaires de Lyon 5ème à
travers la réalisation d’un réseau d’habitats favo-
rables et une réflexion sur les ressources alimentaires
(notamment floricoles), de refuge et de nidification ;
• Favoriser l’équilibre des espaces verts par une évolution
de pratiques (fleurissement, gestion tonte et fauchage,
gestion du bois mort...) à travers la rédaction et la mise
en place et l’entretien d’un plan de gestion ;
106 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 5 . A M É N A G E M E N T S P O U R L A B I O D I V E R S I T É À C H A M P V E R T
5.3.3 Le lien avec les associations Il n’y a pas d’inventaire pour la flore au départ du
projet. Cet inventaire est réalisé depuis 2014, grâce
Des conventions avec les trois associations natura- au protocole d’inventaire participatif Florilèges,
listes (LPO, FRAPNA, et Arthropologia) ont été mises réalisé par les jardiniers municipaux.
en place dans le cadre de ce projet. Des subventions
ont été accordées à hauteur de 8 000 € par - la formation des jardiniers en interne
association, grâce à la subvention du ministère Les jardiniers et élagueurs de la ville de Lyon ont été
de l’Ecologie. formés par les associations naturalistes à la connais-
sance de trois milieux naturels (prairie / forêt /
Ces conventions portent sur deux volets, en plus du milieux aquatiques), aux sciences participatives, et à
volet sensibilisation mentionné dans la première la réalisation des aménagements d’accueil de la
partie : biodiversité (mares, hôtels à insectes, nichoirs15,
spirales aromatiques).
- l’inventaire naturaliste des populations (faune) Les formations sont ouvertes à l’ensemble des jardi-
Si des données sont disponibles dès 2007, l’appel à niers de la ville de Lyon dans le but de consolider
projets est l’occasion de les consolider en 2013. La leur formation et d’adapter les techniques de
FRAPNA est missionnée sur les mammifères (écureuil gestion. L’objectif est de pouvoir reproduire ce type
roux (écuroduc14), chauve-souris) et sur les insectes d’action dans d’autres arrondissements.
du bois mort. La LPO est missionnée sur les oiseaux En termes de résultats, ce sont cinq mares réalisées
et les batraciens. Arthropologia est missionnée sur en un an avec dix à quinze jardiniers, deux spirales et
les insectes pollinisateurs (abeilles sauvages et trois hôtels à insectes.
orthoptères).
À retenir :
• Un projet exigeant une forte connaissance en • Il peut être intéressant, lors d’un projet qui s’y
biodiversité (liaison verte par exemple) peut prête particulièrement (caractère naturel
justifier une préférence accordée à l’expertise marqué, diversité des milieux, etc.) comme celui
technique (choix des sites, choix des aménage- de Champvert, de former les jardiniers de la
ments en faveur de la biodiversité) et donc une collectivité à la connaissance de milieux natu-
moindre concertation avec les habitants en phase rels spécifiques (prairies, etc. ), aux sciences parti-
de conception. cipatives et à la réalisation d’aménagements en
faveur de la biodiversité. Une diffusion de ces
• Une faible concertation en amont d’un projet savoirs et savoir-faire est ensuite possible sur
rend d’autant plus nécessaires les démarches de d’autres secteurs du territoire.
sensibilisation et d’information des citoyens
lorsque le projet est mis en œuvre : explication • Le fait de coupler un événement lié à la nature
des aménagements (réunions publiques, panneaux avec un autre événement de portée plus géné-
permanents sur le site, organisation de journées rale (forum des associations par exemple) permet
écovolontaires, etc.). potentiellement de toucher plus de citoyens.
• La sensibilisation des citoyens est un moyen de • Les sites présentant un caractère naturel et de
diffuser les bonnes pratiques écologiques sur le grande taille se prêtent particulièrement bien à
domaine privé. À Champvert, des solutions ont été la sensibilisation des citoyens aux enjeux de la
proposées aux habitants détenteurs de jardins ou de nature et de la biodiversité. Les projets de la
balcons, afin de développer la trame verte chez eux. collectivité développés sur d’autres sites peuvent
potentiellement être mieux compris par les citoyens
déjà sensibilisés.
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 5 . A M É N A G E M E N T S P O U R L A B I O D I V E R S I T É À C H A M P V E R T 109
Jardin Vaclav Havel – carrefour des cheminements piétons ©Cerema Localisation du jardin ©OpenStreetMap
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 6 . J A R D I N V A C L A V H A V E L 111
lan du site
6.1.1 P 44. Une « île des enfants » s’étend également sur
200 m2 de mulch. Une maison et des pontons en
11. Une « clairière » accessible de 350 m2, arborée, et bois permettent d’utiliser des jeux de hauteur.
qui permet la récupération des eaux de pluie ; 55. Une « île » pédagogique (potager) de 300 m2.
22. Une prairie inaccessible (l’« île écologique »), Une ancienne orangerie accueille des nichoirs à
une zone de 280 m2 fermée au public mais oiseaux et sert de local permettant le stockage
ouverte visuellement. Deux pontons en caillebotis des outils de jardin pour les écoles.
métallique permettent de s’approcher des espèces
végétales préservées, et des coquelicots métal-
liques, œuvre réalisée par Philippe Morvan en
collaboration avec l’atelier métallurgique du lycée
Frédéric Faÿs.
33. Une zone de rencontre (« parvis d’accueil ») de
150 m2, mise en valeur par une rocaille. Sur ce
secteur, on trouve également un banc multi-gé-
nérationnel avec des assises de différentes
hauteurs. Jardin Vaclav Havel – conservation d’arbres préexistants
dans le projet ©Cerema
3 5
5
3 4
1
2
2 1
Plan du site
©Ville de Villeurbanne
Photos
©Cerema
112 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 6 . J A R D I N V A C L A V H A V E L
hronologie du projet
6.1.2 C Choix du concepteur par une commission
composée d’élus et des présidents des
conseils de quartier
Deux réunions de concertation
pour définir le programme Réunion publique de présentation
d’aménagement du projet retenu
ocuments consultés
6.1.3 D
- Projet Paysage et environnement, La nature et l’environnement à Villeurbanne, état des lieux, ville de Villeurbanne
- Compte rendu de la 1ère réunion de concertation autour de la définition du programme d’aménagement du jardin
Florian Tolstoï, mars 2011
- Compte-rendu de la 2ème réunion de concertation autour de la définition du programme d’aménagement du jardin
Florian Tolstoï, avril 2011
- Convention précaire d’usage d’une parcelle du jardin Vaclav Havel, 8 juillet 2013
- Classification des espaces verts de la ville de Villeurbanne
“
plus de 60 ans. » Mais il y a eu également un groupe
Témoignage de la ville d’assistantes maternelles.
de Villeurbanne
« La concertation a été menée en parallèle des études Deux réunions de concertation ont eu lieu, avec une
préalables : on sait que si on veut vraiment faire de bonne participation des habitants : 64 participants à
la concertation, il faut la faire très en amont. » la première, et 41 personnes à la seconde.
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 6 . J A R D I N V A C L A V H A V E L 113
“
- La proposition de conserver des zones plus horti-
Témoignage de la ville coles pour le jardinage et la participation des
de Villeurbanne habitants sur ces jardinets de culture est formulée.
« La concertation a été un lieu d’échange contradic- En effet, l’aménagement de ce jardin devra inté-
toire sur les enjeux de nature en ville et ceux grer l’aménagement de petites parcelles potagères.
de stationnement. » Ces parcelles serviront de support à des pratiques
de jardinage dans le cadre d’animations auprès de
scolaires ou du grand public.
6.2.3 L’affirmation de la volonté d’aller - Un habitant souhaite un travail de pédagogie
vers « un jardin naturel » autour de la nature présente sur le site, et éven-
lors de la deuxième réunion tuellement un circuit botanique.
- Il est souhaité que ce lieu soit un lieu où l’idée de
Les participants pouvaient exprimer leurs attentes à nature est forte, où les ambiances paysagères
travers deux ateliers thématiques : « usages/fonc- renvoient à un vocabulaire de jardin naturel.
tions » et « développement durable » (où il a été
“
question de l’infiltration des eaux de pluie, des pesti-
cides, de la gestion différenciée...). Témoignage du Centre social
et familial de la Ferrandière
Les habitants ont identifié que l’ouverture du site « Je suis allé à deux réunions publiques. On rentre
était contradictoire avec la préservation des espèces, dans une foule de détails qu’apportent les habi-
faisant ainsi preuve d’une bonne appropriation des tants. Ils n’ont pas parlé de biodiversité, mais ils ont
enjeux de conservation. parlé de l’impact pour les riverains du projet, sur les
craintes envers les nuisances, sur les usages. Moi
Les riverains du parc ont exprimé leurs inquiétudes personnellement j’apprécie le retour à la nature
sur les nuisances sonores qu’allait générer le parc. sauvage. »
Mais la municipalité relativise ce type de problème,
souvent soulevé par des personnes âgées sur-repré-
sentées dans ces dispositifs de concertation par
rapport aux jeunes.
114 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 6 . J A R D I N V A C L A V H A V E L
et souhaitent même voir se développer une personne s’est plainte de l’entretien, et une femme
«nature plus sauvage» » (cf. enquête réalisée pour nous a soutenus en disant : «Mais laissez les vivre
la certification ISO 9001 des espaces verts). ces mauvaises herbes !». »
• « Le côté «non entretenu» et sauvage, on s’aperçoit
que ça ne dérange pas plus que ça. Certains disent Dans le cas précis du jardin Vaclav Havel, la dimen-
que ce n’est pas propre mais ce n’est pas sion naturelle et la préservation de la biodiversité
majoritaire. À Villeurbanne, il n’y a que de la ont été facilitées par l’historique du lieu : cela revient
gestion différenciée, donc les gens sont habitués » à faire de la valorisation patrimoniale. « Au final, la
(concepteur). biodiversité dans le jardin consiste essentiellement à
• « La gestion écologique de la biodiversité peut être conserver des espèces déjà présentes donc l’accep-
dure à faire comprendre au public, surtout les plus tation est sûrement plus évidente. La nature est un
âgés, car on les a habitués à mettre du désherbant. sujet consensuel » (ville de Villeurbanne).
Maintenant ça commence à changer, on le voit
aux réactions des gens. Un jour par exemple, une
“
naturel et ça amortit bien.
Témoignage de deux jeunes C’est bien c’est un mélange entre jeux pour
hommes de 20 et 24 ans enfants et la nature.
« Ce qui est bien c’est que c’est convivial, tran- C’est la nature au milieu de la ville, ça fait du bien.
quille, très naturel et du coup apaisant. Pour les adultes il y a la nature et pour les enfants
C’est bien cet univers naturel, les plantes tout ça, il y a les jeux c’est un bon mélange.
ce truc-là [ils désignent la rocaille]. C’est différent des autres parcs car plus d’élé-
C’est le parc de Villeurbanne que je préfère, fran- ments naturels, des arbres.
chement il est bien réussi. Ça [l’orangeraie] personne ne sait ce que c’est,
C’est tranquille avec ma copine on peut venir [J’explique que c’est un élément conservé de l’an-
faire des bisous tranquillement le soir. C’est bien cien jardin et que ça abrite des nichoirs]. Ah mais
il est ouvert tard. je pensais que c’était un local poubelle, c’est bête
[J’explique la rocaille] C’est bien en plus le parc il il faut le dire. Ça pourrait être intéressant que ça
a un petit côté historique ! soit expliqué.
On n’aime pas quand il ferme ! C’est bien que les jeux soient en bois.
Moi je n’aime pas les insectes. [L’autre le coupe :] C’est bien de développer des endroits plus natu-
Mais non c’est la nature c’est normal ! rels, c’est plus beau et c’est mieux, par exemple on
Les arbres ils sont un peu secs l’été. [L’autre le peut faire des pique-niques dans la verdure avec
coupe également :] Mais c’est ce qui fait la des enfants.
nature et quand il pleut ça va mieux. » Il est bien mais il est petit. »
“ Témoignage d’un père de famille d’environ 30 ans avec ses deux jeunes enfants
« J’habite à côté, ce jardin c’est un choix par défaut c’est le plus proche mais pour les enfants ce n’est pas le mieux :
il y a un seul toboggan, la trottinette ce n’est pas possible.
Sinon c’est bien quand même, un peu de «verdure» en ville, c’est un coin calme et tranquille, mais c’est un petit
parc. Je sais que c’est déjà pas mal mais je ne le trouve pas si grand que ça. Un peu de verdure c’est bien ça
change, [en désignant l’espace de préservation] ça ce n’est pas pratique pour les enfants avec les barrières, mais
c’est bien pour la végétation. »
116 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 6 . J A R D I N V A C L A V H A V E L
6.3 La nature en ville prairie centrale qui présentait des individus floris-
et la biodiversité tiques intéressants, et de maintenir et développer la
population d’oiseaux sur le site.
6.3.1 Un diagnostic préalable
de la biodiversité présente, pour 6.3.2 Des choix de conception pour assurer
déterminer les objectifs du projet des usages publics tout en préservant
la biodiversité
Plusieurs études ont alimenté la programmation :
une étude sur la biodiversité, une étude historique Suite aux études préalables, des espaces remar-
du jardin, et un diagnostic sur les arbres et les quables en termes de biodiversité étaient à conserver
milieux existants. dans le jardin. Toutefois, le jardin étant destiné à être
À partir des résultats de ces diagnostics préalables, ouvert au public, il était censé également accueillir
les objectifs programmatiques ont été de conserver les riverains et permettre des usages de jeux pour
au maximum les végétaux en place, de conserver la enfants, de détente, de promenade, etc.
“ Témoignage du concepteur
« Nous nous sommes associés avec un écologue spécialisé dans l’avifaune, et il s’est avéré que c’était un bon point
car sans que ce soit écrit dans le cahier des charges, la ville recherchait cette compétence. Sur l’espace central,
l’inventaire réalisé au préalable avait relevé la présence de trois orchidées sauvages, une présence végétale inté-
ressante notamment des plantations typiques des cultures du début du siècle dernier. Il y avait également
plusieurs arbres intéressants. La question alors était : comment concevoir un jardin accessible au public, mais avec
un espace de conservation de la flore au centre, qui, en plus, est une prairie et non un bosquet (tout de suite
moins accessible) ? »
6.3.3 L’entreprise de travaux, un acteur clé l’utilisation des produits phytosanitaires. Le jardin
Vaclav Havel est en catégorie 3 « horticole modéré »,
La bonne conduite du chantier est primordiale pour ce qui signifie un entretien régulier, tendant vers des
un espace comme ce jardin où l’objectif était de caractères naturels tout en permettant l’usage de
préserver au maximum les espèces déjà présentes. loisir des espaces.
“
6.3.5 Les usages et la biodiversité :
Témoignage du concepteur des conflits persistent...
« Il y avait déjà de beaux arbres, ça aide pour
avoir un projet qui est apprécié par les usagers Le jardin, petit espace vert dans une zone d’habitat
dès la livraison. Par contre, c’était plus compliqué très dense, est sur-fréquenté. Ainsi, au final, l’espace
pour l’espace central car il fallait qu’il reste inac- de préservation de la biodiversité n’est pas vraiment
cessible pour être préservé, et l’entreprise de préservé : malgré les installations qui limitent l’accès,
travaux ne devait pas y accéder. Les conducteurs des enfants viennent y jouer. En effet, il semble
de travaux sont des acteurs très importants, c’est qu’il est difficile de conjuguer préservation des
en fait eux qui conditionnent la bonne réalisa- espèces, petit espace et importante fréquenta-
tion du projet. » tion. Sa position en tant qu’espace central ne
semble pas non plus faciliter le non-usage de la
zone préservée.
6.3.4 Une gestion horticole modérée,
“
et sans produits phytosanitaires
Témoignage de la ville
La gestion du jardin a été confiée pendant un an « C’est une idée intéressante mais ça ne marche
après la livraison aux entreprises qui ont réalisé les pas, c’est trop petit comme jardin pour avoir un
travaux. Depuis, c’est le service des Espaces verts de sanctuaire, c’est petit et c’est dans un quartier
la ville qui prend en charge la gestion. très dense avec un manque d’espaces verts. Les
enfants sont en liberté et c’est tant mieux, mais
Le service des Espaces verts a une politique de du coup ils piétinent ces espaces où nous
gestion orientée vers la valorisation et la restaura- n’avons mis une barrière que symbolique. »
tion de la biodiversité. Par exemple, sur l’ensemble
des espaces publics dont il est gestionnaire, il a
adopté la gestion différenciée et a supprimé Le paysagiste concepteur est quant à lui d’avis de
laisser les usages se faire, même si c’est au détriment
de la biodiversité : « On a voulu laisser les bosses
plantées sans barrières pour que les gens s’appro-
prient les espaces, donc tant mieux si des enfants y
jouent et qu’il n’y a plus la végétation qu’on y avait
mis. Il ne faut pas trop cadrer les usages. »
6.3.6 Une communication relativement 6.3.7 Un manque de recul sur l’évolution de
restreinte sur les espaces naturels la faune et de la flore dans le jardin
du jardin
Le jardin ne fait pas l’objet de suivis faune/flore, et
Comme évoqué précédemment, des milieux ont été aucun indicateur de la biodiversité n’est censé être
préservés par la conception même du projet (notam- suivi. Le manque de compétences des jardiniers sur
ment l’inaccessibilité de l’espace central), et d’autres ce point semble être la principale difficulté pour
habitats ont été créés. Un panneau informatif, situé mettre ce type de suivi en place.
à l’entrée du jardin, explique succinctement ces Ceci ne permet donc pas d’évaluer la végétation qui
aménagements et les habitats présents dans le a résisté aux travaux et aux usages intensifs, ni de
jardin. recenser de nouvelles espèces (animales ou végé-
tales) qui auraient pu s’installer grâce aux aménage-
ments prévus par le concepteur.
Panneau informatif à l’entrée du jardin qui cite l’ensemble des milieux naturels présents dans le jardin ©Cerema
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 6 . J A R D I N V A C L A V H A V E L 119
À retenir :
•
Les personnes participant aux concertations sur • Afin que les citoyens prennent conscience de
un projet d’aménagement d’une collectivité ne l’intérêt des différents aménagements en faveur
sont souvent pas totalement représentatives de de la biodiversité, il est important de développer
l’ensemble des citoyens. Un important travail une sensibilisation et une communication claires
relationnel doit donc être mis en œuvre pour et pédagogiques (réunions publiques présentant
mobiliser davantage de citoyens. les ouvrages réalisés, articles dans les journaux
locaux, ateliers de sensibilisation, panneaux d’affi-
• La sensibilisation des citoyens aux enjeux envi- chage permanents sur le site).
ronnementaux mise en place d’une manière
générale au niveau d’une collectivité crée un • Un suivi de l’évolution de la faune et de la flore
contexte favorisant la prise en compte de ces peut permettre de sensibiliser les habitants et
enjeux par les habitants et usagers lors d’un usagers, en justifiant concrètement l’intérêt des
nouveau projet d’aménagement. aménagements en faveur de la biodiversité.
• Un espace public de petite taille en milieu très • Une démarche de jardinage collectif sur un
dense est a priori moins favorable au dévelop- espace public ne doit si possible pas reposer sur
pement de secteurs végétalisés en évolution une seule personne, afin de ne pas mettre en péril
naturelle et en accès limité au public. La ques- sa pérennité.
tion de la pérennité de ce type d’aménagement se
pose en amont, notamment au regard de la fréquen- • Le suivi régulier, par la collectivité, des
tation attendue et des usages souhaités par la démarches de jardinage collectif peut permettre
population. L’écoute de leurs demandes est une mise en évidence de certains dysfonction-
primordiale. nements. La collectivité est alors plus à même de
réagir pour éviter une aggravation de la situation
(remobilisation des acteurs, campagne de communi-
cation, etc.).
122 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 7 . V É G É T A L I S A T I O N E T G E S T I O N D ’ E S P A C E S D É S I M P E R M É A B I L I S É S À S T R A S B O U R G
17 www.ahbak.org
PLACE D’AUSTERLITZ
Lors du réaménagement de la place d’Austerlitz, les
habitants ont émis le souhait de gérer un petit
espace public déminéralisé et végétalisé.
La photo ci-contre a été prise avant les plantations
de printemps. Elle reflète donc le site tel qu’il était
en hiver. Ici, comme de manière générale sur la place
d’Austerlitz, les pesticides ne sont pas utilisés. Cela
se traduit de façon très visible par le retour de la
nature en ville : « herbes folles », pieds d’arbres végé-
talisés, etc. C’est une autre esthétique de la ville qui
mérite d’être expliquée, ce qui permettra de faire
Espace géré par les habitants au sein de la place d’Austerlitz, aménagée
évoluer les mentalités pour plus de tolérance face par Agnès Daval de l’agence DIGITALE Paysage (Plantations de printemps
aux espaces « non jardinés » et plus « sauvages ». non encore effectuées lors de la prise de vue) ©Cerema
7.1.3 D
ocuments consultés
“
vis-à-vis des enfants ou des personnes non infor-
mées des dangers potentiels de l’ingestion de Témoignage d’une jardinière
certaines plantes. Les plantes considérées comme citoyenne
toxiques sont proscrites. « La conception du jardin a été co-élaborée avec
les services de la ville.
Afin de définir leurs attentes et leur projet, les habi- Nous avons été plus qu’entendus : nous avons
tants sont amenés à s’organiser eux-mêmes : diffu- pu tenir le crayon. »
sion de l’information pour impliquer de nouveaux
habitants, organisation de réunions pour s’accorder
sur un projet, gestion des éventuels désaccords, etc.
S’ils en ressentent le besoin, les agents de la ville Projets à l’initiative de la ville
peuvent ponctuellement leur fournir des conseils Lorsque le futur site déminéralisé et végétalisé est
(choix de plantes, agencement, etc.). Toutefois, il identifié par la ville, les avant-projets sont générale-
s’avère que les habitants s’investissant dans de tels ment définis par son service Ingénierie et Conception
projets ont généralement de bonnes connaissances d’espaces publics. Afin que les habitants puissent
en jardinage et en flore, ce qui implique que les exprimer leurs attentes, des réunions de concerta-
services de la ville sont assez peu sollicités. Lorsque tion (sur site ou en salle dans le quartier) sont
le projet est défini, l’association d’habitants propose organisées avec l’appui du service proximité de la
à la ville un projet de plantations accompagné d’une ville. Les habitants sont généralement assez
liste de plantes. Le service des Espaces verts et de nombreux à y assister. Étant donné que plusieurs
nature est alors chargé de vérifier le respect des autres sujets peuvent être à l’ordre du jour, il est
critères généraux mentionnés dans la convention difficile d’attribuer cette participation à la seule
(cf. supra). démarche de déminéralisation. Il est toutefois
possible de préciser que les habitants réagissent
plutôt favorablement à ces opérations et qu’ils en
profitent pour donner leurs avis. À titre d’exemple, le
site de la rue des Zouaves est végétalisé au niveau
de l’espace central car les habitants ne souhaitaient
pas une végétalisation à proximité de leur façade.
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 7 . V É G É T A L I S A T I O N E T G E S T I O N D ’ E S P A C E S D É S I M P E R M É A B I L I S É S À S T R A S B O U R G 127
Ces réunions de concertation sont aussi l’occasion crée d’une part des conditions favorables aux
pour la ville de proposer la gestion du site aux habi- échanges entre jardiniers. D’autre part, certains
tants. Notons que dans le cas de la rue des Zouaves, passants peuvent être surpris de voir des gens
citée ci-dessus, les habitants n’ont pas souhaité jardiner sur les trottoirs et s’arrêtent alors pour
s’investir dans la gestion du site, qui revient donc au découvrir cette démarche.
service des Espaces verts et de nature de la ville.
Afin de créer des moments de convivialité et/ou de
7.2.5 La participation au chantier initial faire connaître l’espace public géré par les habitants,
et aux premières plantations des apéritifs sont aussi organisés sur place. Ces sites
deviennent des lieux de rencontre très appréciés des
Que le site soit conçu par la ville de Strasbourg ou habitants. Une jardinière de la rue du Faubourg-de-
par les habitants, la première phase de préparation Pierre met en avant la convivialité de ces moments
est entièrement prise en charge par la ville : déminé- partagés et souligne qu’« il y a plus de monde à
ralisation, apport de terre, mise en place d’éven- l’apéro qu’au jardinage ! ».
tuelles bordures, etc. Les habitants peuvent ensuite
investir les lieux. Il leur revient alors de planter les Les sites gérés par les habitants sont identifiables
différentes plantes, qu’ils ont choisies de manière grâce à différents panneaux fournis par la ville.
totalement autonome. Certains sont ciblés sur la gestion citoyenne et
Cette étape est généralement un moment particulier d’autres sensibilisent les habitants à la gestion
pour les habitants car leur projet prend enfin forme. écologique sans pesticides.
Être actif et acteur dans l’espace est très valorisant
pour eux. Plusieurs jardiniers amateurs soulignent
leur sentiment de satisfaction.
À partir de cette étape, ils commencent à véritable-
ment s’approprier les lieux.
faire respecter ces lieux. Cela passe par la mise en Il est intéressant de souligner que certains habitants
place d’affichettes supplémentaires (précisant par n’intervenant pas dans la gestion des sites se
exemple que le site n’est pas un canisite) ou par des sentent aussi responsables du maintien en bon état
explications de vive voix lors de l’observation d’un de ces lieux et participent à la sensibilisation des
comportement inapproprié. passants, en faisant connaître la démarche.
Véhicules empiétant sur un pied d’arbres géré par les habitants Affichette mise en place par les habitants pour faire respecter
(rue du Faubourg-de-Pierre) ©Cerema la propreté (rue du Faubourg-de-Pierre) ©Cerema
7.3.1 Les objectifs de biodiversité Certains habitants ont aussi des attentes en matière
dans la démarche de biodiversité. Cela se retrouve notamment dans
leur mode de gestion des sites.
La démarche de déminéralisation et de végétalisa- Parmi les attentes d’habitants et les modes de
tion de l’espace public par les habitants s’inscrit gestion que nous avons pu recueillir :
pleinement dans les initiatives de la ville de - « Mettre des fleurs pour attirer insectes et oiseaux. »
Strasbourg en faveur de la biodiversité. Elle permet - « Favoriser au maximum la biodiversité, en privilé-
d’augmenter la part de nature en ville en s’appuyant giant les plantes indigènes persistantes et florifères
sur la plantation d’espèces locales gérées écologi- ne demandant pas d’arrosage. »
quement. Elle participe aussi à modifier la représen- - «On laisse beaucoup faire la nature. Parfois au
tation de l’herbe en ville, bien trop souvent syno- printemps, on aimerait avoir un peu plus d’aide,
nyme de saleté et de manque d’entretien, et prépare mais notre but n’est pas d’avoir une rue ripolinée,
le regard des habitants au retour de la nature dans c’est bien qu’elle garde son aspect un peu sauvage. »
la ville. -« Nous considérons qu’aucune plante n’est une
Le choix des sites à végétaliser vise également à mauvaise herbe : s’il n’y a rien sur le site, on la
améliorer la biodiversité. Parmi les critères, la ville laisse pousser. »
regarde particulièrement la continuité des sites avec
les autres espaces de nature (parcs, jardins, aligne-
ments d’arbres, etc.). La présence de trois strates de
végétation est également recherchée dans les
projets de la ville.
Les associations signataires des conventions permet- Ces associations sont aussi souvent des acteurs de la
tant la végétalisation d’espaces publics pas les habi- sensibilisation à l’environnement : installation de
tants sont généralement fortement sensibilisées à la nichoirs, mise en place de composteurs par exemple.
biodiversité et aux questions environnementales Elles contribuent ainsi au développement de la prise
(collectif Envie de quartier, association Ahbak, etc.). en compte de la biodiversité et au changement des
Elles sont, si nécessaire, un appui de choix pour comportements en faveur de l’environnement.
les habitants désirant jardiner écologiquement.
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 7 . V É G É T A L I S A T I O N E T G E S T I O N D ’ E S P A C E S D É S I M P E R M É A B I L I S É S À S T R A S B O U R G 131
En étant responsables de la conception des sites, les • Une priorité aux projets présentant une
habitants s’approprient directement les lieux. Ils demande de gestion par les habitants
s’investissent généralement pleinement dans ce
type de projet. La phase de conception est Lorsque la demande de végétalisation de l’espace
particulièrement riche en échanges : transfert de public vient directement des habitants, leur implica-
connaissances, moments de convivialité, etc. Elle est tion dans la gestion ultérieure du site se fait natu-
également très valorisante pour eux. rellement. Ces sites fonctionnent généralement bien.
Les habitants s’impliquant dans la gestion des petits À contrario, certains petits espaces déminéralisés et
espaces publics végétalisés sont généralement déjà végétalisés par la ville sont plus difficilement investis
sensibilisés à l’environnement. Cela se retrouve dans par les habitants, et ceci même si ces derniers ont
leurs projets de plantations et dans la gestion participé à des réunions de concertation lors de la
ultérieure des sites. conception des sites. Une priorité est donc donnée
aux projets pour lesquels une gestion par les habi-
• Une convention pour encadrer l’occupation tants est pressentie en amont.
de l’espace public par les habitants
• Une gestion en faveur de l’amélioration
La démarche de végétalisation des espaces publics du cadre de vie et du lien social
par les habitants a nécessité la mise en place d’une
convention entre les différents acteurs. Le fait de ne Les sites végétalisés dans le cadre de cette démarche
pas s’engager directement avec les habitants mais sont de petits espaces publics généralement situés
avec une association permet à la ville de Strasbourg à proximité immédiate des habitants les gérant.
132 R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 7 . V É G É T A L I S A T I O N E T G E S T I O N D ’ E S P A C E S D É S I M P E R M É A B I L I S É S À S T R A S B O U R G
Ils n’ont pas vocation à fournir des produits alimen- La biodiversité n’est pas le seul objectif visé dans
taires. Ces sites sont, en ce sens, complémentaires cette démarche de déminéralisation-végétalisation.
des autres espaces publics de plus grande ampleur L’accès à plus de nature génère des bienfaits pour la
proposés aux habitants : potagers urbains, jardins qualité de vie et le bien-être des citadins, particuliè-
ouvriers, etc. Les habitants participant à cette rement recherchés dans un contexte fortement
démarche considèrent généralement que l’apport de urbanisé. La présence de végétation améliore d’une
végétation et de nature dans leur quartier améliore part le cadre de vie des habitants. Elle est source
leur cadre de vie. Plusieurs d’entre eux soulignent d’agrément, de plaisirs esthétiques et d’apaisement.
que les citadins ont besoin de plus de nature à proxi- Par la déminéralisation de l’espace public, l’apport
mité de chez eux et que cette démarche y contribue. d’ombrage et l’évapotranspiration associée à la
Certains sites végétalisés sont devenus plus agréables végétation, cette démarche participe aussi à
et donc plus fréquentés : apport d’ombre améliorant l’atténuation des effets des îlots de chaleur urbains
le confort en été, présence de fleurs pouvant attirer et ainsi améliore le confort des citadins en été.
les oiseaux et les insectes, création d’une atmos- La végétation et plus particulièrement les arbres
phère naturelle particulièrement recherchée en peuvent également contribuer à l’atténuation des
milieu urbain. Les habitants mettent également en pollutions et à l’amélioration de la qualité de l’air
avant les moments de convivialité partagés lors du au niveau local. Enfin, l’implication des habitants
jardinage ou lors des apéritifs souvent organisés dans la gestion des espaces publics végétalisés
parallèlement. et l’organisation de moments de convivialité
permettent une réappropriation de l’espace public
• Attention à la démobilisation par la population et le développement des liens
sociaux dans les quartiers.
La gestion des sites repose généralement sur
quelques habitants du quartier. Toutefois, ces Parallèlement à tous ces bienfaits pour les citadins,
personnes peuvent être amenées à déménager ou la démarche de déminéralisation-végétalisation
bien à se démobiliser au cours du temps. Cela peut contribue aussi à une meilleure gestion des eaux
ainsi induire pour les jardiniers restant une augmen- pluviales (infiltration, diminution des volumes ruis-
tation significative du temps consacré pouvant selés et de leur charge en polluants, ralentissement
devenir pesante au quotidien. Les moments de des écoulements en surface, alimentation des
convivialité, les apéritifs sur les sites ainsi que le nappes souterraines).
soutien des associations sont autant de moyens
de faire connaître la démarche et de remobiliser • Sensibilisation à l’environnement
les habitants.
La démarche de végétalisation de l’espace public par
7.4.4 L a biodiversité les habitants favorise le développement des pratiques
respectueuses de l’environnement. D’une part, la
• Un objectif parmi d’autres convention oblige les jardiniers citoyens à gérer
écologiquement les sites mis à leur disposition (Zéro
La végétalisation de petits espaces publics contribue pesticide, espèces locales). D’autre part, la communi-
à augmenter la part de nature en ville. Les associa- cation autour de cette démarche, dans les médias ou
tions d’habitants sont souvent très motrices pour à travers les panneaux « Zéro pesticide », permet de
participer au développement de la biodiversité sur ces sensibiliser plus largement les habitants.
sites. Notons que la petitesse des espaces végétalisés
ne favorise pas la biodiversité. La possibilité de conti- Les associations signataires des conventions parti-
nuités écologiques avec d’autres espaces de nature cipent souvent activement à la sensibilisation des
existant au sein de la ville (parcs, jardins, alignements habitants à l’environnement. Elles contribuent à la
d’arbres) les rend d’autant plus intéressants. diffusion de pratiques de jardinage écologiques. Elles
organisent aussi parfois des observations naturalistes,
R E T O U R S D ’ E X P É R I E N C E S - 7 . V É G É T A L I S A T I O N E T G E S T I O N D ’ E S P A C E S D É S I M P E R M É A B I L I S É S À S T R A S B O U R G 133
grâce à des compétences en interne ou avec l’aide En termes de sécurité, tous les sites ne se prêtent pas
d’habitants investis sur certains sujets (oiseaux, à la sensibilisation des enfants à l’environnement.
chauves-souris, etc.). Par ailleurs, les sites végétalisés Jardiner dans la rue avec des enfants, à proximité de
dans le cadre de cette démarche peuvent s’accompa- la circulation routière, peut comporter des risques.
gner de la mise en place de composteurs permettant Ainsi, certains pieds d’arbres de la rue du
de sensibiliser les habitants à la gestion des déchets. Faubourg de Pierre ne sont plus entretenus par les
Les associations ont souvent des liens étroits avec les écoliers pour des raisons de sécurité. D’autres sites
écoles situées à proximité. plus éloignés de la circulation, sur des places par
exemple, sont par contre tout à fait appropriés pour
sensibiliser les enfants : jardinage écologique sans
pesticides, observation de la faune (insectes,
oiseaux...), compostage, etc.
À retenir :
• La désimperméabilisation et la végétalisation d’es- • La signature d’une convention permet de préciser
paces publics y compris de petite taille (pieds les règles d’aménagement mais aussi des exigences
d’arbres, trottoirs, placettes, etc.) permettent d’aug- écologiques (zéro phyto, etc.). Elle peut également
menter la présence de nature en ville et peuvent être un moyen de développer les liens sociaux en
ainsi contribuer à l’amélioration des continuités favorisant l’organisation de moments conviviaux
écologiques, tout en répondant aux attentes des (jardinage collectif, etc.).
habitants.
• L’implication citoyenne dans la gestion ultérieure
• La gestion de ces petits espaces végétalisés par le des sites a plus de chance d’aboutir lorsque les
service des Espaces verts pourrait devenir chrono- projets de végétalisation sont initiés par les
phage d’où l’intérêt partagé d’impliquer les citoyens ou lorsqu’elle est pressentie dès l’amont
citoyens, qui peuvent ainsi assouvir leur besoin de des projets issus de la collectivité. Ces projets
plus de nature en jardinant. sont alors à privilégier.
Glossaire
Biodiversité : ou diversité biologique. Il s’agit de la Gestion écologique : un espace vert peut être dit
diversité, naturelle ou non, des organismes vivants. géré écologiquement lorsqu’il fait l’objet d’un arro-
Elle s’apprécie en considérant la diversité des écosys- sage raisonné, d’une préservation de ses sols, d’une
tèmes, des espèces, et des gènes dans l’espace et gestion sans produits phytosanitaires, d’un recy-
dans le temps, ainsi que les interactions au sein de clage des déchets verts, d’un accroissement de la
ces niveaux d’organisation et entre eux. biodiversité, d’une réduction au maximum du bruit
et de la consommation d’énergie fossile. Des labels
Écosystème : en écologie, un écosystème est l’en- nationaux existent pour juger de cette gestion
semble formé par une association ou communauté écologique.
d’êtres vivants (ou biocénose) et son environnement
biologique, géologique, édaphique, hydrologique, Gestion horticole : une gestion horticole consiste à
climatique, etc. (le biotope). entretenir de manière intensive un espace vert par
une tonte fréquente, un désherbage intensif, une
Entretien extensif : l’entretien extensif des espaces taille soutenue...
verts consiste à entretenir ces espaces de manière
régulière mais non intensive, en réduisant la Services écosystémiques : ce sont les bénéfices
fréquence de fauche ou de tonte par exemple, ou en que les humains retirent des écosystèmes sans avoir
permettant la pousse d’espèces spontanées sans à agir pour les obtenir. Par exemple, il s’agit de
qu’elles fassent l’objet d’un désherbage. l’épuration naturelle des eaux par les zones humides,
de l’activité des insectes pollinisateurs dans les
Espèce spontanée : plante croissant naturellement, cultures, de la séquestration naturelle de carbone
sans intervention intentionnelle de l’homme. dans le bois, etc.
137
Bibliographie
Arnstein S., A Ladder of Citizen Participation, in Nahmias P., Hellier E., La gouvernance urbaine en
Journal of the American Institute of Planners, question : le cas des lieux de nature cultivée. Une
vol. 35, n° 4, juillet 1969, p. 216-224 lecture de la situation rennaise, in Vertigo, vol. 12,
n° 2, septembre 2012
Bourdeau-Lepage L., Vidal R., Nature en ville :
attentes citadines et actions publiques, Editions Res publica, Gazette des communes, Courrier des
Editopics, novembre 2014 Maires, Baromètre de la participation dans les
collectivités locales, 1ère édition, novembre 2013
Boutefeu E., La demande sociale de nature en ville.
Enquête auprès des habitants de l’agglomération Schaeffer V., Ruegg J., Litzistorf-Spina N., Quartiers
lyonnaise, Editions PUCA-CERTU, 2005, 85 pages durables en Europe : enjeux sociaux et processuels,
in Urbanisme, n° 371, 2010, p. 27-32
Cormier L., Joliet F., Carcaud N., La biodiversité
est-elle un enjeu pour les habitants ?, in Zetlaoui-Léger J., L’implication des habitants dans
Développement durable et territoires, vol. 3, n° 2, des micro-projets urbains : enjeux politiques et
juillet 2012, mis en ligne le 12 juillet 2012 propositions pratiques, IUP, Laboratoire Créteil,
2005
Dron D., Blaudin-de-Thé C., CGDD, SEEIDD, Type
d’habitat et bien-être des ménages, Collection
Etudes et documents, n° 63, janvier 2012
139
Introduction 5
Avant-propos 7
1. De quoi parle-t-on 8
La nature en ville 8
L’implication citoyenne et la nature en ville 10
PREMIÈRE PARTIE
1. La sensibilisation à la biodiversité 16
1.1 Sensibilisation : de l’information à l’appel à l’action 16
1.2 Quels objectifs peut-on donner à la sensibilisation à la biodiversité ? 17
1.3 L’espace public végétalisé, lieu privilégié de sensibilisation à la biodiversité 17
1.4 Des enseignements méthodologiques 18
Les sujets abordés 18
Gouvernance 18
Les outils 19
Une démarche qui prend du sens à tout moment de la vie de la cité 22
2. L’implication des citoyens dans l’intégration de la nature au sein d’un projet d’aménagement de l’espace public 23
2.1 La concertation : ni une consultation, ni une codécision 23
2.2 Quels objectifs peut-on donner à la concertation ? 24
2.3 Des enseignements méthodologiques 25
Les acteurs de la démarche 25
Les outils 26
Une communication préalable 28
Prendre le temps de faire participer... tout au long de l’élaboration du projet 29
Concilier l’avis des citoyens, les contraintes techniques et financières, et les décisions politiques 30
3.La participation des citoyens au chantier et à la gestion d’un espace public végétalisé 31
3.1 Le chantier participatif et la gestion collective 33
3.2 Quels objectifs peut-on donner au chantier participatif ou à la gestion collaborative ? 33
3.3 Des enseignements méthodologiques 34
Une démarche différente de la collectivité selon les acteurs initiateurs de l’action 34
Rassembler les citoyens autour d’un sens et d’objectifs partagés 36
Le « recrutement » des citoyens pour les actions collectives 36
Une communication nécessaire pour associer un maximum de citoyens à la démarche 37
La formalisation des engagements des citoyens auprès de la collectivité (gestion participative uniquement) 38
Des écueils potentiels à éviter 38
La question de la responsabilité des collectivités 39
DEUXIÈME PARTIE
Retours d’expériences 42
1.Parc Blandan à Lyon
Aménagement d’un grand parc urbain (17 ha) sur le site d’une ancienne caserne 44
Glossaire 135
Bibliographie 137
This publication includes experience feedback from seven French cities (Lyon (3), Villeurbanne, Montpellier,
Strasbourg and Saint-Ouen) illustrating the benefits of involving citizens in projects to integrate nature within
towns, and puts forward lessons to be learnt from these initiatives.
Analysis of these lessons shows a wide variety of ways of involving citizens. The initiatives may be top-down when
it is the community that requests them, or bottom-up when it is the citizens who go into action to promote nature
projects in the public space. They may be optional or compulsory under the Urban Planning Code, be upstream or
downstream of a decision, etc. In all cases, they involve a flow of information between the contracting authority,
partners and the public.
Based on the assumption that citizen involvement in public nature spaces contributes to a better coexistence
of townspeople and nature, the lessons provided by this publication are intended to help contracting authorities
and developers to facilitate the conditions of appropriation and understanding of improvement work in favour
of urban nature.
143
Esta obra agrupa siete retornos de experiencias franceses (Lyon (3), Villeurbanne, Montpellier, Estrasburgo y
Saint-Ouen) que ilustran el interés de implicar a los ciudadanos en los proyectos de integración de la naturaleza
en la ciudad y propone algunas enseñanzas fruto de estas gestiones.
Su análisis muestra una gran diversidad de medios para implicar a los ciudadanos. En efecto, las gestiones pueden
ser descendentes cuando es la colectividad quien las solicita o ascendentes cuando son ellas las que se movilizan
para promover proyectos de naturaleza en el espacio público. Pueden ser facultativas u obligatorias respecto al
Código del urbanismo, situarse en fase previa o posterior de una decisión, etc. En todos los casos, estas prácticas
implican una circulación de la información entre el promotor, los socios y el público.
Basándose en la hipótesis de que la implantación ciudadana en los espacios públicos de naturaleza contribuye a una
mejor cohabitación de los ciudadanos y de la naturaleza, las enseñanzas propuestas dentro del marco de esta obra
tiene por vocación ayudar a los directores de obra y a los planificadores a facilitar las condiciones de apropiación
y de comprensión de los ordenamientos a favor de la naturaleza en la ciudad.
© 2016 - Cerema
Le Cerema, l’expertise publique pour le développement durable des territoires.
Le Cerema est un établissement public, créé en 2014, sous la tutelle conjointe du
ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer et du ministère du Logement
et de l’Habitat Durable. Il a pour mission d’apporter un appui scientifique et technique
renforcé dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques
de l’aménagement et du développement durables. Centre d’études et d’expertise, il a
pour vocation de diffuser des connaissances et savoirs scientifiques et techniques ainsi
que des solutions innovantes au cœur des projets territoriaux pour améliorer le cadre
de vie des citoyens. Alliant à la fois expertise et transversalité, il met à disposition des
méthodologies, outils et retours d’expérience auprès de tous les acteurs des territoires :
collectivités territoriales, organismes de l’État et partenaires scientifiques, associations
et particuliers, bureaux d’études et entreprises.
Toute reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement du Cerema est illicite
(loi du 11 mars 1957). Cette reproduction par quelque procédé que ce soit, constituerait
une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Cet ouvrage a été imprimé sur du papier issu de forêts gérées durablement (norme
PEFC) et fabriqué proprement (norme ECF).
L’imprimerie Jouve est une installation classée pour la protection de l’environnement
et respecte les directives européennes en vigueur relatives à l’utilisation d’encres
végétales, le recyclage des rognures de papier, le traitement des déchets dangereux par
des filières agréées et la réduction des émissions de COV.
Impression : Jouve 01 44 76 54 40
Éditions du Cerema
Cité des mobilités
25, avenue François Mitterrand
CS 92803
69674 Bron Cedex
Implication citoyenne et nature en ville Premiers enseignements issus de sept études de cas en France
peuvent être descendantes lorsque c’est la collectivité qui les sollicite, ou ascendantes lorsque ce sont eux
qui se mobilisent pour promouvoir des projets de nature sur l’espace public. Elles peuvent être facultatives
ou bien obligatoires au regard du Code de l’urbanisme, se situer en amont ou en aval d’une décision, etc.
Dans tous les cas, ces pratiques impliquent une circulation de l’information entre le maître d’ouvrage,
les partenaires et le public.
En se basant sur l’hypothèse que l’implication citoyenne sur les espaces publics de nature contribue à une
meilleure cohabitation des citadins et de la nature, les enseignements proposés dans le cadre de cet ouvrage
ont pour vocation d’aider les maîtres d’ouvrage et aménageurs à faciliter les conditions d’appropriation et
de compréhension des aménagements en faveur de la nature en ville.
Aménagement et développement des territoires, égalité des territoires - Villes et stratégies urbaines - Transition énergétique et
changement climatique - Gestion des ressources naturelles et respect de l’environnement - Prévention des risques - Bien-être et réduction
des nuisances - Mobilité et transport - Gestion, optimisation, modernisation et conception des infrastructures - Habitat et bâtiment
ISSN : 2417-9701
ISBN : 978-2-37180-114-1
Prix : 45 Euros
Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement - www.cerema.fr
Territoires et ville - 2 rue Antoine Charial - CS 33927 - 69426 Lyon cedex 03 - Tél. +33 (0)4 72 74 58 00
Siège social : Cité des mobilités - 25, avenue François Mitterrand - CS 92 803 - F-69674 Bron Cedex - Tél. +33 (0)4 72 14 30 30
Collection | Connaissances