1S H17 T4 Q2 C1 La Fin de L Empire Des Indes

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

Première S, histoire LMA, 2011-2012

Thème 4 – Colonisation et décolonisation


Question 2 – La décolonisation
Cours 1
La fin de l’empire des Indes (2h)

I La contestation de la domination britannique


1. Le " joyau de la Couronne " britannique
• La présence britannique en Inde est ancienne mais au XIXe siècle, le sous-continent
passe entièrement sous la domination anglaise. Sous la couronne britannique, l’Inde
demeure un ensemble d’Etats hétéroclites gouvernés par des maharadjas et des nawabs
et une mosaïque de cultures, de castes, de croyances et de langues. Les différentes
régions sont autonomes. Toutefois, un vice-roi représente l’autorité britannique et l’an-
glais devient la langue officielle de l’administration.
• Les Indes représentent une zone de prospérité financière pour les 120 000 colons anglais
qui développent l’exploitation des mines de charbon, de fer, la culture du thé, du café
et du coton. Ils transforment également les villes et construisent un réseau de chemin
de fer. Il ne faut pas cependant exagérer l’importance de la colonie dans le commerce
anglais, puisque l’Inde ne représente qu’à peine 1% du PIB britannique entre les deux
guerres mondiales.
• Dès la fin du siècle, la métropole délègue des pouvoirs aux élites locales, souvent for-
mées en Angleterre - on parle d’indirect rule et de self-government. Celles-ci fondent
en 1885 L’Indian National Congress (INC), ou parti du Congrès, avec la bénédiction
des autorités britanniques. Une série de réformes entérinent l’autonomie des provinces
sans que l’on puisse dire que les Britanniques préparent l’indépendance de la colonie.

2. Le parti du Congrès et la Ligue musulmane


• Après la Première Guerre mondiale, le parti du Congrès ainsi que de nombreux in-
tellectuels commencent à réclamer l’indépendance de la colonie. L’avocat Mohandas
Karamchand Gandhi (bientôt surnommé " Mahatma ", " la grande âme ") prend la tête
du Congrès et du mouvement de résistance contre la présence anglaise en Inde.
• Dans le même temps, la Ligue musulmane est fondée en 1906 pour défendre les droits
de la minorité de musulmans indiens. Son leader, Muhammad Ali Jinnah, est d’abord
favorable à une négociation avec les Britanniques mais réclame rapidement l’indépen-
dance de l’Inde aux côtés des membres du Congrès. Pour autant, il désapprouve les
campagnes lancées par Gandhi contre les Britanniques et les tensions entre la Ligue
musulmane et le parti du Congrès s’exacerbent.
• A partir des années 1920, Gandhi prône la " non-coopération " et la " résistance civile
" face à l’occupation britannique. Sa stratégie passe par l’organisation de campagnes
de boycott des produits anglais et de marches pacifiques, comme la Marche du sel
en 1930. Plusieurs fois arrêté, comme des dizaines de milliers d’autres activistes anti-
britanniques, il devient une figure internationalement connue.

3. La marche vers l’indépendance


• En 1935, le Government of India Act apporte un début d’autonomie politique à la colo-
nie : elle devient une fédération de onze provinces dotées de gouvernements autonomies

Jean-Christophe Delmas 1
II Vers les négociations et la partition

et d’assemblées élues au suffrage censitaire. Toutefois, le parti du Congrès continue de


demander l’indépendance totale, tandis que le projet de fédération se heurte à la Ligue
musulmane qui réclame la création d’un Etat musulman indépendant à partir de 1940.
• La participation de l’Inde à la guerre contre l’Axe (1,5 millions d’hommes engagés)
semble ouvrir la voie à de nouvelles négociations entre les différentes parties, mais le
mouvement Quit India lancé par le parti du Congrès en 1942 durcit la situation : cette
campagne de désobéissance civile massive mais pacifique déclenchée par Gandhi en-
traîne l’arrestation de plusieurs leaders du parti du Congrès, dont Gandhi et Jawaharlal
Nehru.
• Dans les mois qui suivent, des grèves et des manifestations sont organisées. Des postes
de police, des gares et des bureaux de poste sont attaqués et les attentats à la bombe se
multiplient. La répression menée par l’armée britannique entraîne l’arrestation de plus
de 90 000 indépendantistes et cause plus d’un millier de morts.

II Vers les négociations et la partition


1. 1945 : un contexte favorable à la décolonisation
• Outre le fait que les deux superpuissances sont hostiles à la colonisation (dont les Etats-
Unis, alliés privilégiés du Royaume-Uni), plusieurs facteurs expliquent la rapidité de
l’indépendance des Indes britanniques. Comme les autres métropoles européennes, le
Royaume-Uni sort affaibli du second conflit mondial et doit faire face à ses propres
difficultés économiques, alors que les émeutes se multiplient en Inde après l’échec de
pourparlers entre représentants du gouvernement britannique, du parti du Congrès et de
la Ligue musulmane.
• Les Britanniques sont également confrontés à une agitation nationaliste croissante dans
leurs autres colonies ou les territoires sous mandat (Birmanie, Palestine, Indes britan-
niques, Palestine, etc.). Ils veulent avant tout éviter une guerre avec l’une de leurs co-
lonies. D’autre part, le Royaume-Uni a fondé en 1931 le Commonwealth, une com-
munauté d’Etats autonomes l’associant avec ses anciennes colonies, protectorats et do-
minions. Cette organisation permet au Royaume-Uni de préserver ses intérêts écono-
miques sans supporter le coût de l’administration coloniale.
• Enfin, en 1945, le parti travailliste remporte les élections en Grande-Bretagne. Winston
Churchill, très attaché à la domination britannique sur l’Empire, cède la place à Clement
Attlee, qui devient Premier ministre. Ce dernier n’est pas hostile à une indépendance
des colonies à la condition que celles-ci demeurent liées au Royaume-Uni par des liens
économiques.

2. Les tensions de l’après-guerre


• Alors que le gouvernement britannique et le parti du Congrès s’accordent sur le principe
de la construction d’un Etat fédéral, la Ligue musulmane s’y oppose et Jinnah réclame
la création de deux Etats. Son parti refuse de participer au gouvernement intérimaire et
à l’Assemblée constituante élue en 1946. En août, Jinnah organise une journée d’action
pour imposer la création d’un Pakistan indépendant.
• Des émeutes éclatent entre hindous et musulmans, faisant plusieurs milliers de morts à
Calcutta, la capitale administrative de l’Empire. L’agitation gagne plusieurs provinces,
au Bengale et dans le nord-ouest de l’Inde. Elle se poursuit au cours de l’année suivante.
Les gouvernements locaux, qu’ils soient hindous ou musulmans, annoncent clairement
dans ces provinces qu’ils n’interviendraient pas contre leur communauté pour protéger
la communauté minoritaire. Les massacres sont donc quasiment encouragés à des fins

Jean-Christophe Delmas 2
III L’Inde après l’indépendance

politiques.
• Dans le même temps, la ligue musulmane remporte une victoire lors des élections lé-
gislatives précédent la mise en place d’une Assemblée constituante, en remportant tous
les sièges réservés aux musulmans. Pour Jinnah, c’est la confirmation de la légitimité
de son parti à revendiquer un Etat musulman indépendant.

3. Les négociations et la partition


• En février 1948, Clement Attlee annonce que des mesures seront prises " pour mettre
en œuvre le transfert de pouvoir entre des mains indiennes responsables, au plus tard
en juin 1948. " Attlee justifie cette décision en expliquant que le processus de self-
government entrepris depuis longtemps par les Britanniques a abouti : " aujourd’hui,
l’administration civile et l’armée indienne sont, dans une large mesure, aux mains de
fonctionnaires et d’officiers indiens. " Cette décision précipitée - Attlee abandonne en
effet le principe d’unité du nouvel Etat - s’explique par la situation intérieure de l’Inde,
au bord de la guerre civile.
• C’est dans un contexte de violences extrêmes que Lord Mountbatten, nommé vice-roi
des Indes, négocie l’indépendance et la partition lors de la conférence de New Delhi
(juin 1947) avec les deux figures les plus importantes des mouvements nationalistes,
Nehru et Jinnah. Malgré l’opposition de Gandhi, la partition ne peut être évitée. L’éva-
cuation par les Britanniques devait prendre 15 mois. Le vice-roi l’organise en trois mois
seulement.
• La partition donne naissance à deux Etats, conformément à l’Indian Independence Act
qui entre en vigueur le 15 août 1947 : l’Union indienne et le Pakistan. Ce dernier est
lui-même divisé en deux parties, le Pakistan occidental (l’actuel Pakistan) et le Pakis-
tan oriental (l’actuel Bangladesh, indépendant en 1971 à la suite de la troisième guerre
indo-pakistanaise). Dès août 1947, l’Inde et le Pakistan intègrent le Commonwealth.
En 1948, l’indépendance de Ceylan (l’actuel Sri-Lanka) et de la Birmanie met définiti-
vement fin à l’Empire des Indes.

III L’Inde après l’indépendance


1. Déplacements de populations et massacres
• Nehru devient Premier ministre du nouvel Etat indépendant indien et une Assemblée
Constituante est formée. Cette dernière est entièrement composée d’Indiens : les dé-
légués de la Ligue musulmane décident en effet de la boycotter. De son côté, Jinnah
devient gouverneur général du Pakistan, puis il est élu président de l’Assemblée consti-
tuante.
• L’indépendance des Indes britanniques s’accompagne d’un vaste mouvement de popu-
lations : 7 million de musulmans rejoignent le Pakistan occidental ou oriental, tandis
que 10 millions d’hindous se déplacent de ces régions vers l’Union indienne. C’est
le plus grand déplacement de population dans l’histoire de l’humanité. La rapidité du
processus de décolonisation explique sans doute le déchaînement de violence qui se
produit alors.
• Une véritable guerre civile se déroule entre les communautés, notamment au Pendjab,
au Bengale et dans le Cachemire. On estime que ces massacres font environ 500 000
victimes parmi les hindous, les musulmans et les Sikhs (mais certaines estimations
évoquent les chiffres de 1 à 2 million de morts). Nehru tente en vain de s’opposer au
massacre. En 1948, Gandhi est assassiné par un extrémiste hindou qui lui reproche sa
trop grande tolérance à l’égard des musulmans.

Jean-Christophe Delmas 3
III L’Inde après l’indépendance

2. La première guerre indo-pakistanaise et ses conséquences


• Au nord-ouest de l’Inde, le Cachemire fait l’objet d’un désaccord entre Indiens et Pa-
kistanais. Il est majoritairement peuplé de musulmans, mais sont prince est hindou.
Une première guerre éclate entre les deux Etats, qui aboutit en 1949 au partage du
Cachemire entre l’Inde et le Pakistan.
• Le conflit indo-pakistanais se poursuit néanmoins au sujet de la province, puisque
deux autres guerres opposent ces Etats nouvellement indépendants en 1965 et 1971.
On constate donc que la précipitation dans laquelle s’est effectuée l’indépendance des
Indes britanniques est à la source de conflits internes et internationaux.
• D’autre part, dans le contexte de la guerre froide, et bien qu’ils participent tous deux au
mouvement des non-alignés, l’Inde et le Pakistan deviennent un enjeu de l’affrontement
Est-Ouest. Ainsi, le Pakistan devient l’un des piliers de l’endiguement américain dans
la région, tandis que l’Inde se rapproche de l’Union soviétique.

3. Les défis de l’Inde indépendante


• Les enjeux de l’Inde indépendante sont également sociaux et économiques. Sur le plan
du développement, l’Inde mise sur une industrialisation fondée sur le modèle socia-
liste et lance une " révolution verte " pour nourrir une population en pleine croissance.
Le pays bénéficie d’une administration héritée de la période coloniale pour mettre en
œuvre cette politique.
• Mais l’Inde hérite également des fortes inégalités entre les élites qui ont émergé durant
l’occupation britannique et la masse de la population pauvre et non-éduquée. Cette
situation est aggravée par la persistance du système de castes que les Britanniques n’ont
pas remis en cause et qui cloisonne la société civile au sein de la nouvelle démocratie.

Jean-Christophe Delmas 4

Vous aimerez peut-être aussi