Achbabe Farah

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ACHBABE Farah
Dédicace

A la mémoire de mes grands-parents

A mes très chers parents qui ont toujours été là pour moi, et qui m'ont
donné un magnifique modèle de labeur et de persévérance. J'espère qu'ils
trouveront dans ce travail toute ma reconnaissance et tout mon amour.

A mes chers frères et sœurs : Fatima, Marwa, Mohammed, et Bilal.

A mes deux grands-mères

A ma grande famille.
A Mme Asmaa Khoulani.

A mes meilleurs amis : Achraf, Oufaa, Taher, Samia, Sarra, Houda,


Ibrahim et Hamza.

Je dédie ce mémoire.

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Remerciement

Le présent mémoire qui constitue le fruit de plusieurs travaux,


recherches et constations personnelles à propos de la finance islamique
depuis son début jusqu’à aujourd’hui n’a pas pu vu le jour sans l’aide
précieuse qui m’a été apportée pour mener a bien ce travail.

A cet égard, je tiens à formuler ma profonde gratitude à M.Britel qui


m’a encadré tout au long de mon travail et qui m’a fourni tous les conseils
nécessaires à l’élaboration de ce mémoire.

Mes remerciements vont également à tous mes proches qui m’ont


soutenue durant toute la période d’études à l’ISCAE. Je les salue pour leur
compréhension et leur amabilité.

Je tiens à remercier également le corps professionnel et administratif


de l’ISCAE « Institut supérieur de commerce et d’administration des
entreprises » et tous le personnel de Deloitte qui m’ont soutenue tout au
long de mon stage de fin d’études.

Et toutes les personnes en général qui ont eu la patience de lire ce


mémoire et de l’enrichir par leurs conseils et recommandations.

ACHBABE Farah
Dédicace……………………………………………………………………………………………………………………………...............2
Remerciement………………………………………………………………………………………………………………………………..3
Introduction…………………………………………………………………………………………………………………………………….6

Première partie : Autour de la finance islamique………………………….


Chapitre 1: Définition et principes fondateurs……..…………………………………9

 Section1 : Historique, Définition et principes fondateurs………...…....9

A- L’Histoire de la finance islamique………………………….…9


B- Principes fondateurs de la banque islamique : sources du droit…..13

 Section 2 : Le fonctionnement d’un établissement bancaire


islamique………………………………………………………………………15

A- Organisation type d’une IFI………………………………………………..15


B- La banque islamique au quotidien……………………………………..…15

 Section 3 : Les principes fondamentaux de la finance islamique

A- La prohibition de l’intérêt (riba)…………………………………………..18


B- b. Le partage des pertes et profits est un élément primordial……...18
C- La prohibition de la spéculation (gharar)………………………………20
D- La distinction entre les Activités licites / illicites (halal / haram)…..21

Chapitre 2 : Panorama des différents produits proposés par les banques


Islamiques…………………………………………………………………………………23

 Section 1 : Les produits classiques………………………………...….24

A- Les produits participatifs : Al Moudaraba………………………………24


B- La Musharaka ou les entreprises communes (joint-ventures) ou
participation du banquier comme partenaire associé………………….25
C- La Mourabaha………………………………………………………………..28
D- Al Ijara : financement bancaire avec crédit bail……………….………29

 Section 2 : Les produits dérivés………………………………………….31

A- Al Salam……………………………………………………………….32
B- Les Sukuk……………………………………………………………..35
C- L’assurance « Takaful » ……………………………………………38

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2ème partie : La gestion des risques dans la finance islamique :
Quelle efficacité ?.....................................................................................42

Chapitre1 : L’analyse comparative entre les produits proposés par les IFI et
leur équivalent conventionnel : similitudes et divergences.

A. Al mousharaka et le capital-risque……………………………………..…42
B. Al Salam et les contrats à terme………………………………………..…44
C. Les Sukuk et les Mortgage/Asset Backed Securities………………….45

Chapitre 2 : risques identifiés suite à la prise de connaissance des activités


d’une IFI……………………………………………………………………………………48

Section1 : Les risques liés à l’activité financière islamique………………48

A- Le risque du crédit…………………………………………………………..48
B- Le risque d’exploitation…………………………………………………….50
C- Le risque pays……………………………………………………………..…52
D- Le risque de liquidité……………………………………………………..…53

Section2 : Panorama des outils mis en place par les IFI afin de gérer les
risques.

A. La gestion du risque de crédit………………………………………….….55


B. La gestion du risque d’exploitation……………………………………....59

Chapitre 3 : Cas pratique : les efforts de la Banque d’Indonésie pour la


gestion du risque de liquidité………………………………………………………….62

Conclusion…………………………………………………………………………………80
Bibliographie …………………………………………………………………………...…82
Ouvrages ……………………………………………………………………………….….83
ANNEXES……………………………………………………………………………….…..85

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Introduction :

Les crises financières qui ont flotté massivement durant les dernières
décennies ont mis en question le fonctionnement du marché financier caractérisé
initialement par l’ampleur des risques entrepris par les agents et due notamment
à la nature toujours changeante de ce marché.

Ainsi, la multiplication des crises à l’international surtout depuis les


années 70 et le rythme croissant des changements provoqués par le système
économique et financier mondial à travers l’adoption des mécanismes fondés sur
la déréglementation, la dérégulation et le décloisonnement, obligent les
entreprises à se prémunir contre les risques en disposant des outils et des
moyens nécessaires à leur gestion afin d’assurer leur pérennité et leur
compétitivité.

Avant d’aborder la notion de la gestion du risque dans la finance


islamique, il s’avère crucial de la définir comme étant :

Gérer les risques, c’est à la fois les définir, les identifier, les mesurer, les
tarifer, et in fine tantôt les assumer, tantôt les réduire avec des outils adéquats,
mais c’est aussi une culture organisationnelle, et un instrument de différenciation
stratégique.

En fait, la finance islamique s’est montrée comme étant une baguette


magique qui pourrait arracher le monde la finance de ses crises de plus en plus
fréquentes et cela via la mise en place d’un système efficace de gestion des
risques.

L’efficacité de ce système de gestion des risques revient en premier lieu à


la diminution significative des risques entrepris par les agents.

En effet, la finance, ou l’économie islamique en général est guidée par les


valeurs de l’Islam :
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Dans une économie islamique l’homme n’est pas dans une position de
distribuer les ressources de la façon qu’il veut. Il existe une limitation morale
sérieuse imposée par le Saint coran et la Sunnah sur les pouvoirs des individus
imprégnés par les valeurs de l’Islam.

Force est de constater que la gestion des risques est devenue une fonction
centrale et transversale dans les institutions financières, y compris islamiques
parce que :

 Les banques, islamiques ou non, sont des machines spécialisées dans le


traitement et la transformation des risques ;
 Ces risques sont plus divers, plus complexes et plus interdépendants que
jamais;
 les crises sont plus soudaines, plus nombreuses, et plus intenses.

Malgré leur faible enracinement dans l’industrie financière, non seulement les
banques islamiques se trouvent sujettes aux mêmes catégories de risques que
leurs consœurs conventionnelles, mais de surcroît elles font face à une série de
risques spécifiques à leur nature.

Selon M. Jean-Christophe Galloux, et dans son livre « finance islamique et


pouvoir politique » : « La finance islamique s’est constituée autour de techniques
financières et bancaires spécifiques et a mis en œuvre un nombre grandissant
de produits ayant tous reçus une certification de la part d’experts et d’ulémas
réunis en comités d’homologation et de conformité avec le droit musulman. » .

La finance islamique a bel et bien bénéficié des crises financières qui ont
frappé de plein fouet plusieurs pays pour qu’elle se répande en Angleterre, Aux
Etats unis et dans plusieurs pays du Golfe. Cependant, reste à savoir est ce que
la finance islamique constitue une vraie solution pour l’optimisation des risques
et l’endiguement des crises financières. Est ce que la finance islamique pourrait
elle faire face aux crises d’étiques provoquées par la finance conventionnelle
telles que la crise de Lehman Brothers ?

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Dans ce mémoire je vais essayer, dans une première partie, de mettre en
évidence le paysage global de la finance islamique et ses fondements, pour
passer ensuite aux techniques, mécanismes déployés en vue de gérer et
optimiser les risques potentiels avant de traiter de sa particularité par rapport à
la finance conventionnelle de la finance islamique

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I- Autour de la finance islamique :
Section1 : Historique, Définition et principes fondateurs :

A- L’Histoire de la finance islamique :


La finance islamique a vu le jour vers la fin du VII ème siècle mais la finance
islamique moderne remonte aux années 1960. Depuis, ce type de finance a
connu un développement spectaculaire.

Carte du monde musulman Aujourd’hui :

Dans les années 1950, un groupe d’érudits musulmans se sont mis


d’accord sur la nécessité de mettre en place un système économique et financier
conforme aux principes de la Shariaa musulmane, un système qui pourrait
remplacer le système financier hégémonique à l’époque. Le commencement

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aurait vu le jour en Malaisie avec le Peligrim’s Management fund qui a été mis
en place et encouragé par les autorités publiques Malaisiennes contrairement à
Mit Ghamr (1963) en Egypte qui a été une initiative personnelle pure de Ahmed
Al Najjar, qui a commencé avec de petites coopératives agricoles actives dans
l’épargne et l’investissement.

Ladite initiative a prospéré durant 4 ans consécutifs pour qu’elle ne compte


que neuf filiales en Egypte vers la fin de 1967.

Les déboires de la finance classiques dans les années 1980 ont favorisé le
décollage de la finance islamique qui a bel et bien bénéficié de cet écroulement.
Ce qui a renouvelé l’intérêt et redirigé l’opinion publique vers cette finance pour
ce qu’elle englobe de bases solides dites « étiques ». De plus la conjoncture
économique à l’époque a favorisé la genèse de cette finance, on peut bien
évidemment évoquer la libéralisation et la déréglementation qui ont accéléré
l’expansion de la finance islamique tout en exploitant les progrès réalisés en
l’ingénierie financière sans oublier l’élaboration de nouveaux produits
répondant aux exigences du nouveau marché.

Dès lors, la finance islamique a acquis une importance particulière vu qu’elle


ne s’est pas limitée dans le rôle de l’outil de développement mais elle a obtenu le
statut d’intermédiaires financiers.

Après les événements du 11 septembre 2001, la finance islamique a connu


un essor inédit vu que :

- Les investisseurs musulmans voulaient rapatrier leurs capitaux ;


- Le gonflement de l’épargne des pays du proche orient.

Il s’avère donc que la conjoncture géopolitique la et économique en plus de la


religion ont été derrière l’expansion de la finance islamique qui s’étend
massivement jusqu’à présent.

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Degré d’avancement de la finance islamique :

Chiffres Clés :

- L’industrie est évaluée à plus de US$ 1700 milliards en 2013


- Taux de croissance > 15 % sur les 10 dernièr es années
- Plus de 450 établissements dans 75 pays en 2013 .
- Takaful représente près d’US $ 9 milliards en 2013 .

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Les différentes étapes de l’expansion de la finance islamique :

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B- Principes fondateurs de la banque islamique : sources du droit

La finance islamique se base sur deux principes fondamentaux qui sont


également intangibles :

1- Le premier consiste en le partage des pertes et des profits ;


2- Le bannissement du Gharar ou l’incertitude en ce qui concerne les transactions
économiques et les relations d’affaires.

Ce qui spécifie le Shariaa musulmane c’est qu’elle régit tous les aspects de
la vie du musulman y compris le volet économique.
La Shariaa Muâamala englobe toutes les relations d’affaires et puise
respectivement ses sources du Coran, Sunnah, Al-Ijmâa et Al Qiyas.

 Le Coran : Constitution des musulmans, et source suprême qui transcrit


la parole de Dieu et constitue la base juridique du droit musulman. En fait,
le Coran n’a cessé de traiter le volet économique dans la vie du
musulman.

 Al Sunnah : La Sunnah est, après le Coran, la deuxième source de la


Législation, que les Musulmans adoptent pour déduire les Statuts, les Lois
et les Valeurs islamiques. C'est à elle qu'incombe la charge "d'expliquer et
d'éclairer le Livre d'Allah, de formuler ses sous-entendus et son contenu
législatif, idéologique et éducatif.

Deux sources viennent suppléer le Coran et la Sunnah, à savoir :

 Al ijmâa : Al ijmâa n’est autre que ce qu’on nomme plus communément «


la doctrine ». Cette notion prend toute son importance dans le cas des IFI

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car le processus d’agrément de nouveaux produits par les instances de
tutelle sollicite Al
ijmâa des savants pour trancher du caractère licite ou non des produits
proposés.

 Al qiyas : ou analogie, cette méthode est considérée comme la


quatrième source du droit en Islam. Cette source consiste, en cas
d’absence de solution à un problème de droit dans le coran et la Sunnah,
en l’application d’une solution déjà obtenue pour une problématique
analogue.

On déduit, à la lumière de ce qui vient d’être exposé précédemment, que


les sources de droit en islam, et par extension celles relatives au droit d’affaires
et des transactions économiques sont multiples et englobant une grande
richesse.

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Section 2 : Le fonctionnement d’un établissement bancaire islamique

A- Organisation type d’une IFI

 Organigramme d’une banque islamique : schéma et définition des


Postes

On peut distinguer à travers la lecture du schéma (cf. Annexes) représentant


l’organigramme d’une banque islamique trois grands types de postes :

- Des postes de gestion : à savoir les décideurs qui sont chargés de


définir la stratégie à adopter, les grandes orientations à suivre et les
décisions politiques, regroupés en conseil d’administration, directoire,
directeur général…
- Des postes opérationnels : relatifs au quotidien de l’IFI, notamment le
département des prêts gratuits, l’agrément des demandes de Mourabaha
ou Salam, la comptabilité, le marketing…
- Des postes de contrôle : notamment le conseil de la Shariaa, qui évolue
en toute indépendance dans le processus de l’homologation des produits,
et les auditeurs internes.

B- La banque islamique au quotidien

La prohibition du mécanisme de l’intérêt et le recours à certains domaines


d’activité est principalement ce qui oppose les banques conventionnelles aux IFI.
Ainsi, il ne faut pas perdre de vue que l’IFI est une banque comme les autres,
c'est-à-dire qu’elle propose les mêmes services, qu’elle dispose de guichets et
d’agences et qu’elle est ouverte à un large public, ou tout simplement à tout le
monde. Le tableau ci-après illustre de manière très explicite cette similitude.

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Un client, qui souhaite ouvrir un compte auprès d’une banque islamique, peut
se présenter à l’institution et on lui désignera un conseiller tout comme une
banque commerciale conventionnelle. A charge du client bien entendu de choisir
le type de compte qu’il souhaite ouvrir, dont voici un aperçu.

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Symétriquement, un entrepreneur peut présenter son projet à l’Institution
financière islamique qui se charge par la suite d’étudier la viabilité et la
faisabilité du projet. Cette faisabilité concerne avant tout la conformité par
rapport à la Shariaa, d’où l’intervention du CCS et puis l’étude de rentabilité du
projet par les analystes financiers.

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Section 3 : Les principes fondamentaux de la finance islamique :

 A- La prohibition de l’intérêt (riba) :

Parmi les principes de l’Islam, le total rejet de « l’enrichissement injustifié » ou


le gain d’une somme d’argent ou d’un avantage sans l’octroi d’une contrepartie
ou une contre-valeur. L’effort doit absolument être fourni pour justifier.

Le Riba consiste en un cas particulié d’un gain facile sans justifications ou


bien la jouissance ou l’appropriation d’un bien d’autrui sans une contrepartie.

La signification littérale du mot riba désigne augmentation, excédent,


croissance ou addition.
Dans l’un des fameux verstes sur le Riba, une distinction est faite entre le
gain tiré d’une entreprise et le gain dérivé d’une pratique condamnée appelée
riba.
Riba est traditionnellement assimilée à l’usure comme le montre cette sourate
du Coran :
« Ceux qui pratiquent de l’intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du
Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a
bouleversé. Cela, parce qu’ils disent :’ le commerce est tout à fait comme
l’intérêt’ alors qu’Allah a rendu licite le commerce et illicite l’intérêt… » ( S2
:275).

 B- Le partage des pertes et profits est un élément primordial :

En interdisant l’intérêt, l’Islam tend à établir une société juste et équitable.


Alors qu’un prêteur à intérêt reçoit une somme fixe quelque soit le résultat de
l’activité de l’emprunteur, il serait plus équitable et judicieux d’établir un partage
des profits et des pertes entre les deux parties afin de partager les rendements.

De ce fait, il s’avère que l’équité a une double dimension :


 l’apporteur du capital a le droit à une rémunération ;
 la seconde est que cette rémunération dépend en premier lieu de prise
de risque durant l’exercice de l’effort.
Du coup, la rémunération est déterminée par le retour sur investissement du
projet considéré pour lequel les fonds ont été investis. L’islam rejet définitivement
tout type de retour calculé au préalable.

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Au fait, le partage de profits est parmi les fondateurs les plus solides de la
finance islamique vu qu’il est parfaitement légitime et acceptable.
L’Islam autorise cette pratique, de partage des profits, dans la mesure où dans le
cas du partage des rendements, on dépend que du ratio de partage, et non le
taux de retour sur investissement. Les rendements étant incertains. Ainsi sont
les partages.

Tout système bancaire proscrivant l’intérêt semble du premier coup étrange


vu qu’on s’est familiarisé avec les lois et les pratiques des banques
conventionnelles. Force est de constater qu’il y a une différence entre le taux de
retour et le taux d’intérêt. Ce dernier, étant interdit clairement par l’Islam, il
encourage le commerce et incite à la recherche du profit vu que cette activité
englobe automatiquement un risque d eperte et de retour très faibles.

Dans le système sans taux d’intérêt, les clients reçoivent un rendement sur leur
argent en acceptant de s’investir dans des activités risqués de partage des
profits.

Selon l’école de pensée Hanafi, le profit dérive de trois investissements


possibles :
 l’utilisation de son capital,
 l’emploi de sa force de travail
 et/ou l’emploi de sa capacité de jugement qui contient un risque
(responsabilité devant une perte).

Ainsi, tous les types d’activités investis sus la loi islamique telles que les
partnerships ou toute forme d’association sont étable en vue de partager les
pertes et les profits.
En fait, les deux types de contrats les plus connus et les plus utilisés sont :
 La Mudaraba ;
 La Musharaka.

La première forme est celle qui est la plus utilisée notamment dans la levée
de fonds. Il est à signaler toutefois noter que le partage des pertes n’est pas
l’expression la plus adaptée, en ce sens que dans certains contrats, une partie
prenante ne perd que son effort et non du capital.

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 C- La prohibition de la spéculation (gharar) :

Le Coran a été très clair en ce qui est de l’interdiction des jeux de hasard( le
mot hasard signifie « Chance » en arabe) :

« Ô les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches
de divination ne sont qu'une abomination, œuvre du Diable. Écartez-vous
en, afin que vous réussissiez. Le Diable ne veut que jeter parmi vous, à
travers le vin et le jeu de hasard, l'inimitié et la haine, et vous détourner
d'invoquer Allah et de la prière. Allez- vous donc y mettre fin ? (Sourate 5 :
90-91). »

La loi islamique ne se limité pas à interdire tous les jeux de hasard mais il
interdit également toutes les activités qui contiennent un élément de pari.
L’Islam interdit également toutes autres activités utilisant la spéculation ou
Gharar. Alors que la proscription de l’intérêt des jeux est explicite dans le Coran,
la spéculation n’est interdite que dans les Ahadiths. Economiquement parlant, la
spéculation désigne tout acte visant à entreprendre des activités ou des
investissements d’une façon aveugle sans avoir une vision claire et juste en plus
de la prise des risques d’une manière excessive.

La spéculation s’applique à nombre de circonstances économiques : par


exemple quand le vendeur ne détient pas les biens qu’il vend à l’acheteur, ou
quand l’objet de la vente ne peut faire l’objet d’une acquisition : la vente à
découvert est donc formellement interdite. De même, la spéculation sur matières
premières ou sur titres ainsi que sur les taux de change est considérée comme

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illicite, comme le souligne le Handbook of Islamic Banking de 1982 qui interdit
également les contrats à terme et les options.
Plusieurs théologiens ont interdit certaines formes d’assurance vue que cette
dernière se fonde essentiellement sur la mesure d’un risque inconnu. Ce qui a
donné naissance à Takaful, une nouvelle forme d’assurance coopérative.

D- la distinction entre les Activités licites / illicites (halal / haram) :

Dans le but de s’assurer que les pratiques bancaires islamiques n’entrent pas
en contradiction avec l’éthique islamique, les banques islamiques doivent établir
un Conseil de Supervision de la Religion qui est constitué par des juristes
musulmans, agissant comme des auditeurs indépendants de la charia et
conseillers de la banque. Un code strict d’investissements éthiques est établi de
sorte que les banques islamiques ne financent pas des activités interdites
(haram) par l’Islam, comme le commerce de boissons alcooliques ou de viande
de porc.

En l’Islam, il y a des règles rigoureuses qu’il ne faut absolument pas


enfreindre. Du coup, il faut garder une transparence et une cohérence entre les
principes et les fondements de la loi islamique. Le respect de l’étique est
primordial.

De ce fait, les banques islamiques se trouvent dans l’obligation de ne jamais


financer ou s’investir dans des activités illicites telles que les secteurs de la
distillerie (l’alcool), la viande de porc, l’armement, les jeux de hasard, l’industrie
pornographique et par extension toutes les opérations avec les entreprises que
l’on considère comme compagnies écrans. Ce sont les entreprises qui jouent le
rôle d’intermédiaires et qui ont des participations ou des relations commerciales
avec des entreprises actives dans les produits « haram ». Ces entreprises
écrans pourraient être des banques, des compagnies de loisirs…
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De plus, les banques islamiques sont menés à s’investir afin de satisfaire les
besoins matériels de la population musulmane, ils doivent donc privilégier la
production des biens prioritaires aux Musulmans avant de passer à autre chose.
L’investissement des banques islamiques dans des affaires de luxe est
inacceptable tant que les biens et les services essentiels tels que la santé,
l’habitat, l’habillement et l’éducation ne sont pas comblés.

 Il s’avère donc que les musulmans sont plus idéalistes par rapport aux
autres religions, d’où plus respectueux de la règle. Ainsi il est indispensable
d’isoler ce qui est « Halal » et ce qui ne l’est pas.
L’Islam a donc réglementé tous les aspects de la vie du musulman. Donc il a
mis en place des règles rigoureuses susceptibles d’influencer les comportements
durant l’exercice des activités financières : le rapport Homme/ Nature, Travail/
Argent et le rapport aux autres (l’individualisme, la féminité et la maitrise de
l’incertitude et le collectivisme).

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Chapitre 2 : Panorama des différents produits proposés par les
banques Islamiques :

Une fois le cadre posé, Se pose dès lors le problème de son intégration dans
l’environnement financier international puisque la finance islamique n’était considérée
que comme une « niche », et elle est devenue une véritable industrie.

Schéma : Les principaux produits financiers islamiques :

Section1 : Les produits classiques

La notion de produits bancaires classiques dans la finance renvoie


directement aux quatre produits originels de la banque islamique, et dont la
vocation première, rappelons-le, a été de permettre l’accès au financement des
entreprises et des particuliers sans recours aux mécanismes reposant sur
l’intérêt. On distingue deux sous-catégories parmi ces produits : les produits

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participatifs, impliquant directement les partenaires sous forme de société et les
autres produits, qui sans se départir du principe des 3P, reposent sur le
mécanisme du prêt sans intérêts.

A. Les produits participatifs : Al Moudaraba:

Principe :

La Moudaraba est une activité qui date depuis logtemps, c’est celle l’activité
qui a été pratiqué par le prophète Mohammed avec sa première femme Khadija.
Dans cette activité la banque ou bien l’apporteur de fonds nommé « Rab Al
mal ». C’est un contrat par lequel la banque ou plus généralement l'apporteur du
capital financier dit "Rab al mal" apporte l’ensemble des capitaux financiers
nécessaires au projet à l’entrepreneur dit "Moudarib" qui lui va apporter son
capital travail. En cas de perte, la banque/l'apporteur des capitaux financiers
subit une perte financière et l’entrepreneur (Moudarib), une perte de son coût
d’opportunité (temps et travail).

C’est une alternative mise en place pour remplacer le prêt à intérêt


destinée à l’investissement.

Cette solution facilite ainsi à l'épargnant, détenteur de capitaux, d'investir, et


à celui qui présente son effort physique et mental de trouver les capitaux
financiers qu’il lui faut. Mais, contrairement au prêt à intérêt, ici celui qui apporte
le capital partage les profits et les risques avec celui qui va travailler ; par
exemple, 60% des bénéfices iront au bailleur de fonds, 40% iront au propriétaire
de l'entreprise.

Le Moudarib et Rab al mal se mettent d’accord ainsi sur le pourcentage


(dans la répartition des bénéfices) et non d'un montant bien précis. Il est aussi à
signaler que le Moudarib n’assure pas le capital, c'est-à-dire ne le garantit pas,
sauf s’il y a manquement avéré de sa part. Il serait pertinent de signaler que La
Moudaraba n’est licite qu’avec l'argent (la monnaie), mais elle n'est pas licite
avec des marchandises. Dans la Moudaraba, il y a reprise du capital par "Rab al
mal" et partage selon le pourcentage des bénéfices, chose qui est impossible
dans le cas où le capital est constitué de marchandises (périssable et de valeur
fluctuante). La notion de Moudaraba pourrait être remplacée par l’apport en
industrie dans le droit des sociétés françaies.
La Moudaraba n’est pas très prisée par les institutions à cause de leur
pusillanimité et leur aversion aux risques.

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Schéma d’un contrat Moudaraba :

B- La Musharaka ou les entreprises communes (joint-


ventures) ou participation du banquier comme partenaire associé :

La Mousharaka désigne tout contrat ayant pour objet la prise de


participation, par un établissement de crédit, dans le capital d’une société
existante ou en création, afin de réaliser un profit. On peut distinguer deux types
de contrats :

- la Mousharaka Tabita (fixe) : l’établissement de crédit et le client


demeurent partenaires au sein de la société jusqu’à l’expiration du
contrat.
- la Mousharaka Moutanakissa (dégressive) : l’établissement de crédit se
retire de la société au fur et à mesure de l’avancement du projet final.

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Les caractéristiques du produit Mousharaka sont :

 La prise de participation est temporaire,


 l’établissement de crédit cède à terme au cocontractant les titres objet de
la prise de participation.

Par rapport à la Mousharaka Moutanakissa, le désengagement de la


banque se fait selon un échéancier convenu. Les deux parties participent aux
pertes à hauteur de leur participation et aux profits selon un prorata
prédéterminé. Les participations de type Mousharaka ne peuvent être prises que
dans des sociétés de personnes de type Société en nom collectifs (SNC) ce qui
octroie à chaque partenaire une part active dans le management et un droit à la
prise de décision à hauteur de sa participation dans le projet en échange d’une
responsabilité indéfinie et solidaire.
Ce mode de partenariat peut être utilisé pour financer des immobilisations,
le besoin en fonds de roulement, un projet ou d’une entreprise dont l’activité peut
être aussi bien industrielle que commerciale.
Une Mousharaka, tout comme la Moudaraba, suppose une grande entente
entre les partenaires, à savoir la banque et son client, ce qu’on nomme dans le
jargon juridique « intuitu personae ». Aussi, du fait de l’implication des deux
parties dans la gestion du projet, celles-ci doivent développer des compétences
pointues dans le domaine d’activité poursuivi.

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Schéma : Mousharaka classique

Les mouvements monétaires sont en trait continu noir.

1. la banque et l’entrepreneur créent une société commune dans le cadre d’un


contrat Moucharaka. Ils capitalisent la société selon une clé de répartition prévue
dans le contrat.
2. la banque et l’entrepreneur gèrent l’entreprise conjointement selon les termes
du contrat.
3. la société de Moucharaka génère un résultat.
4. le profit est partagé entre l’entrepreneur et la banque selon un ratio préétabli.
5. la perte est partagée par les parties au prorata de leur apport en capital.

 Le financement par moucharaka, de par sa fluidité et sa particularité


participative, offre plusieurs avantages tant pour la banque que pour les
opérateurs économiques. Pour l’établissement financier, cette formule présente
des opportunités de placement à moyen et/ou long terme de ses ressources.

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Elle présente une source de revenus qui permet d’assurer à ses déposants et
à ses actionnaires un taux de rémunération plus ou moins intéressant. En contre
partie, le client partenaire reçoit une part de profit en rémunération de son travail,
qui dépend de son expertise et de son travail effectif dans l’entreprise en
question.

La Moucharaka constitue un outil très important de financement participatif


souple que pourraient utiliser les établissements financiers en d’établir des
montages variés.

C. La Mourabaha :

 Principe

L’AAOFI « Accounting and Auditing Organization for Islamic Finance


Institution » définit la Mourabaha comme étant « …la vente d’un bien pour un
prix égal au prix d’achat avec une marge définie et approuvée par les parties.
Cette marge de profit peut être un pourcentage du prix de vente ou un montant
fixe »
Le règlement par le client donneur d’ordre s’étale sur un ou plusieurs
versements pendant une période déclarée au préalable. L’imputation de la
rémunération aux produits de l’établissement de crédit doit se faire de manière
étalée, tout au long de la durée de vie du contrat.

Schéma : Illustration d’une période Mourabaha :

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Concrètement, la Mourabaha est un contrat tripartite où le propriétaire du
bien mobilier ou immobilier (fournisseur), vend ce bien à un intermédiaire
financier (la banque) à un prix déterminé, qui le revend à son tour à l’acheteur
final (le client) pour un prix égal au prix d’acquisition majoré d’une marge.

Le prix payable par le client final du bien est généralement réglé avec un
différé de paiement, à la différence du Mourabaha sans différé de paiement, qui
n’est autre qu’une vente au comptant classique avec marge, qui ne pose que
peu de problèmes juridiques et fiscaux.

Schéma : La Mourabaha :

Les mouvements monétaires sont en trait continu noir :

1. Le fournisseur transfert la propriété du bien à la banque.


2. La banque vend le bien au client à un prix supérieur au prix au comptant et
lui transfère le bien et la propriété.
3. La banque acquiert le bien auprès du fournisseur et en règle le montant.
4. Le client règle le prix du bien au comptant ou en différé (Prix d’achat +
majoration de prix à raison du différé de paiement + rémunération
d’intermédiaire).
Il ne s’agit donc pas d’une opération de crédit mais d’une opération de vente
avec un différé de paiement au titre de laquelle la banque perçoit une marge.

D. Al Ijara : financement bancaire avec crédit bail

 Principe

Ijara désigne tout contrat selon lequel un établissement de crédit met, à titre
locatif, un bien meuble ou immeuble déterminé, identifié et propriété de cet
établissement, à la disposition d’un client pour un usage autorisé par la loi.

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L’opération Ijara peut :

- consister en une location simple ; il s’agit alors d’un contrat dit Ijara tachghilia
;
- Ijara avec option d’achat qui serait être d’un engagement d’acquisition
ferme de la part du locataire vers la fin d’une période convenue d’avance et
l’engagement ferme de la banque de lui céder ce bien à l’issue de la même
période ; il s’agit alors d’un contrat dit Ijara wa iqtinaa, plus communément admis
sous le nom de location financement.

Schéma d’Al Ijara :

L’ijara peut servir à plusieurs utilisations:


 mise à disposition opérationnelle (location simple) ;
 financement (crédit bail) ;
 Refinancement sous forme de vente suivie d’une reprise en location par
le vendeur (sale and lease-back) ou encore par cession de droits
immobiliers à un véhicule juridique ad hoc dans le cadre de l’émission
d’un sukuk-ijara (la forme la plus courante des sukuks)
.
L’ijara diffère du crédit bail par le fait que le client ne sera pas dans
l’obligation de régler les échéances restantes même si le bien est devenu
inutilisable. C’est la première raison qui rend la banque soucieuse en ce qui est
de la protection contre le risque de voir le bien loué détruit en obtenant
l’engagement du client à l’utiliser conformément aux conditions convenues au

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préalable , et en gardant le droit de regard sur le bien afin de s’assurer que le
client respecte son engagement et le contrat est en bonne et due forme.

Section 2 : Les produits dérivés

Contrairement aux produits classiques, qui font appel aux partenaires


directement dans l’investissement, comptabilisés dans l’actif, les produits dérivés
sont des actifs financiers qui consistent en des droits à terme ou des droits
conditionnels résultant de contrats ou de promesses de contrats. Ils sont liés à
des actifs ou indices sous-jacents et leur valeur dépend de l'évolution de ces
actifs ou indices entre la conclusion du contrat et son dénouement. La valeur du
produit est ainsi dérivée de celle des actifs sous-jacents. Les actifs sous-jacents
peuvent être par exemple un taux d'intérêt, une devise, une valeur mobilière,
une matière première ou un indice. Conçus à l’origine comme instruments de
couverture, ils ont muté en instruments spéculatifs. La finance islamique a
également mis en place et développé après des années de tractations certains
produits dérivés.

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A. Al Salam

 Principe

D’après l’ L’AAOFI « The Accounting and Auditing Organization for Islamic


Finance Institutions » Al Salam désigne une opération par laquelle une institution
financière verse à l’avance, le montant intégral correspondant à la livraison
future d'une quantité définie de marchandises. Cette opération fait l’objet de deux
contrats distincts :
 Le premier engage la banque à acheter les marchandises auprès du
fournisseur désigné par le client en contrepartie du paiement intégral du
prix tout en fixant la date de livraison en fonction des exigences de celui-
ci.
 Un second contrat qui découle du premier en vertu duquel la banque
revend la marchandise avec des modalités de paiement convenues à
l’avance.

Selon la Shariaa, la vente ne peut être effectuée que lorsque les


marchandises faisant objet de la transaction existent au moment de la
négociation. Mais ce type de vente constitue une exception à cette règle
générale pour autant que les marchandises soient définies et identifiées et la
date de livraison fixée à l’avance.
Dans cette configuration, les parties au contrat sont :

 L’acheteur : le client de la banque qui bénéficie du financement et prend


délivrance de la marchandise ;
 La banque : qui avance la somme en espèces pour acheter le produit ;
 Le vendeur/fournisseur : La partie contractante qui reçoit le montant
correspondant à la marchandise par la banque ;

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- Conditions de validité :

Le prix doit être payé au vendeur entièrement, et depuis la conclusion du


contrat. Le délai de livraison doit être décidé sinon les parties sont supposées
s'en remettre à l'usage des lieux. Tous les autres biens qui font l'objet du contrat
doivent être déterminés, sous peine de nullité, par poids ou mesure qualité,
poids ou mesure, selon leur nature. Lorsque les biens vendus sont de ceux qui
ne se comptent ni ne se pèsent, il suffit que la qualité soit exactement
déterminée. Si le lieu de la livraison n'est pas établi, la livraison est due au lieu
du contrat.

Mis à part le risque de contrepartie, la banque affronte un risque lié aux


fluctuations et vacillations du marché.
A l’échéance, la banque peut soit :
 Exiger du vendeur une caution afin de garantir et confirmer la date de
la livraison de la marchandise à l’échéance ou toute autre garantie réelle
ou personnelle.
 Mandater le vendeur pour livrer/vendre la marchandise à une tierce
personne en contre partie éventuellement d’une commission.
 Essayer de ne pas vendre la marchandise avant la date de sa livraison
par le vendeur.
Cette technique est appropriée pour les besoins de financement du fonds
de roulement et de certaines charges d’exploitation (salaires, impôts…).
Ce contrat convient notamment au financement de certaines activités
nécessitant un fonds de roulement spécial tel que l’artisanat, l’agriculture, et les
PME.

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Schéma Assalam :

Les mouvements monétaires sont en trait continu noir.


1. le client vend la marchandise au banquier pour une livraison ultérieure mais il
encaisse le prix au comptant.
2. le client livre à l’échéance convenue.
3. la banque cède la marchandise sur le marché, l’écart entre le prix d’achat et le
prix de vente correspond à sa marge.
4. la banque livre la marchandise à sa contrepartie du marché.

Schéma d’un contrat Salam :

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B- Les Sukuk :

 Principe

Sukuk en arabe est le pluriel de Sak, qui signifie certificat.


Afin d’accélérer son rythme et d’emboîter le pas à la finance conventionnelle
en termes de sophistication et de créativité la volonté de la finance islamique a
été atteinte via la création d’un produit complexe assez proche du MBS
(Mortgage Backed securities) ou ABS (Asset Backed Securities) en 1997.
Les Sukuks, suivant leurs prédécesseurs, sont régis et réglementés par le
principe de la titrisation. Ce produit, inévitablement soutenu par un actif tangible,
est très prisé et évalué par les investisseurs. Le marché financier pèse
aujourd’hui plus de 40 Milliards d’USD comme le montre la figure ci-dessus. Les
autorités des marchés financiers ont autorisé leur émission en juillet 2008. On
peut même trouver ces produits côtés à la bourse de Londres.

Figure : Marché des obligations islamiques adossées à des actifs - Sukuk-


2000-2014, en milliards de dollars US

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D’après le journal Le Matin : « Plus de 100 milliards de dollars. C’est ce que
devrait représenter le marché mondial des sukuks en 2014, selon un récent
rapport du cabinet Standard & Poor’s. Après une baisse de 13% en 2013, les
émissions en sukuks reprendraient du poil de la bête cette année. S&P prévoit
une croissance à deux chiffres, à la faveur principalement du marché malaisien
et celui du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Ce dernier prévoit une
maturité de cette industrie dans la région du Moyen-Orient. Par ailleurs, un
intérêt croissant se fait sentir dans les pays de l’Afrique du Nord, notamment au
Maroc et en Tunisie, ces deux pays sont en train de finaliser le volet législatif
pour pouvoir bénéficier de ce mode de financement alternatif afin d’émettre
prochainement des sukuks. D’après S&P, leurs besoins grandissants en termes
de financement, notamment pour couvrir leurs déficits budgétaires, les
pousseraient à accélérer les réformes dans ce sens »

Tableau: Différences essentielles entre obligations et sukuks :

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Les Sukuks au Maroc :
Au Maroc, la machine législative pour la finance participative est en marche.
Le projet de nouvelle loi bancaire qui renferme toute une partie sur la finance
islamique doit être adopté avant fin 2014.
le ministère de l’Économie et des Finances en décembre 2013 dans la note de
présentation du projet de loi 103-12 relative aux établissements avait indiqué que
partant de la conviction que les produits et services financiers participatifs
peuvent apporter une contribution importante à la mobilisation de l'épargne et à
l'inclusion financière au Maroc, la mise en place d'un cadre législatif régissant la
finance participative s'avère nécessaire».

En effet, le projet de loi 103-12 a réservé plus de 16 articles à la finance


participative, dont le produit phare reste les Sukuks.

Pour démontrer l’intérêt de cet instrument financier, le Conseil déontologique


des valeurs mobilières (CDVM) a effectué, récemment, une étude intitulée
«Sukuk, quel potentiel de développement au Maroc ?» Les résultats de l’étude
ne laissent aucun doute sur le potentiel de cette forme de financement. «90%
des émetteurs interrogés envisagent d’émettre des sukuks si le cadre légal le
permet, 62% considèrent qu’il s’agit d’un instrument complémentaire aux
produits de financement classiques et 25% le considèrent comme un substitut à
l’obligation classique», note l’étude.
En plus, 50% des professionnels sondés choisiraient d’émettre des Sukuks à
la place des obligations si les coûts relatifs à chaque instrument étaient
identiques. Selon les analystes de Standard & Poors, l’Afrique est un marché
prometteur pour les sukuks. «Les sukuks peuvent offrir aux gouvernements
l’accès à une nouvelle base d'investisseurs en diversifiant leurs sources de
financement budgétaire. Ceci est important pour les pays ayant des besoins de
financement considérables, comme ceux de l’Afrique du Nord. Nous croyons que
l'Afrique pourrait bientôt offrir une nouvelle alternative pour les investisseurs qui

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cherchent à acheter des obligations islamiques en dehors du circuit traditionnel
(l'Asie et la région du CCG)», estime le cabinet.

Ce dernier rappelle par ailleurs que cette tendance se confirme davantage.


À titre d’exemple, le Sénégal prévoit de lever, au cours de ce premier
trimestre 2014, quelque 200 millions de dollars sous forme de sukuks afin de
financer des projets d’infrastructures.

C- L’assurance « Takaful »

Takaful dérive du verbe arabe « KAFALAH » : garantir C’est un concept


d’assurance basé sur la coopération et la protection et sur l’aide réciproque entre
les participants.

Il est fondé également sur la mutualisation des risques, l’absence d’intérêt


(interdiction du Riba), le partage des profits et des pertes (Moudharaba), la
délégation de gestion par contrat d’agence (« Wakala »), l’interdiction des
investissements illicites (« Haram »).

Dans l’assurance « Takaful », Il y a nécessité impérieuse de séparer les


fonds des actionnaires et des sociétaires. En effet, les actionnaires ne doivent ni
profiter, ni réaliser de perte sur les opérations d’assurance. Afin de contourner
l’interdiction liée à la prise excessive de risque (« Al Gharar ») et au paiement et
réception d’intérêt (« Al Riba »), la prime prend la forme d’une donation à la
communauté des assurés pour leur intérêt mutuel. Ces donations doivent couvrir
l’ensemble des charges techniques et les frais de gestion. L’opérateur n’est
qu’un manager des contributions de la communauté des sociétaires et doit
calculer toutes les charges d’exploitation et les faire supporter par le fonds.

La compagnie Takaful s’engage à redistribuer les bénéfices à ses


sociétaires. Il y a deux options acceptables : distribuer à tous sans exception ou
distribuer à ceux qui n’ont pas eu de sinistres (similaire à un bonus). Les
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actionnaires ne peuvent pas percevoir une partie du bénéfice technique. En cas
de perte, ils doivent avancer un prêt sans intérêt au fonds des sociétaires,
remboursable sur les profits techniques futurs.

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Analyse théorique des risques supportés par les banques islamiques :

 Vu que la loi coranique a interdit un taux d’intérêt fixe, les banques islamiques
ont trouvé judicieux de développer un ensemble de produits qui sont fondés sur
le principe de partage des pertes et des profits. De prime abord, cela pourrait
contribuer à rendre l’activité des banques islamiques plus risquée que celle des
banques traditionnelles dont la plus grande partie des revenus est fixée à
l’avance.

Mervyn K LEWIS et Latifa M ALGAOUD apportent une réponse théorique à la


question des risques supportés par les banques islamiques. Cette réponse est
fondée principalement sur les théories de l’agence, de l’asymétrie d’information
et de l’intermédiation bancaire.

Revenons tout d’abord sur ces théories. La théorie de l’agence est une
théorie selon laquelle au sein d’une organisation les motivations et les objectifs
diffèrent entre les subordonnés (les agents) et les directeurs et les responsables
(le principal). Pour résoudre cette divergence, il convient de mettre en
place un compromis entre incitation et contrôle afin que les subordonnés fassent
ce qui leur est demandé. On retrouve ce problème au niveau des banques
islamiques qui sont finalement les agents des déposants dans la mesure où
ceux-ci fournissent des liquidités aux banques afin qu’elles réalisent des
investissements rentables.

Réciproquement, une fois que les banques ont investi, le problème se pose
dans le sens inverse puisqu’il faut que les entrepreneurs fassent en sorte que
leur entreprise soit rentable afin d’assurer une rentabilité suffisante aux banques.

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Cela pose également le problème de l’asymétrie d’information, puisqu’au
moment où la banque investit dans une entreprise, l’entrepreneur en sait
beaucoup plus sur le projet que la banque.

De même, au moment où le déposant apporte ses fonds à la banque, il


n’est pas forcément au courant de tous les placements effectués par la banque.
Ainsi, on comprend que la recherche d’informations est au coeur des
préoccupations des banques islamiques, ce qui rend les coûts d’intermédiation
plus élevés.
Intéressons-nous désormais à la théorie de l’intermédiation bancaire. Les
banques ne sont en réalité que les intermédiaires entre les prêteurs et les
emprunteurs. Leur rôle est de fournir les bonnes maturités et les bonnes
liquidités à chacun des intervenants. Les marchés étant imparfaits, l’offre ne
correspond pas toujours à la demande et c’est le rôle des banques que de
réconcilier l’une à l’autre. Cela passe donc par un ensemble de tâches :

 Accumuler du capital ;
 Assurer une liquidité suffisante ;
 Sélectionner les projets financés Surveiller que les fonds prêtés sont
utilisés à bon escient ;
 Exiger le paiement des contrats ;
 Surveiller que les fonds prêtés sont utilisés à bon escient
 Gérer, transférer et partager les risques via une politique de diversification
 Réaliser des transactions.

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2ème partie : La gestion des risques dans la finance islamique :
Quelle efficacité ?

Chapitre1 : L’analyse comparative entre les produits proposés par les IFI et
leur équivalent conventionnel : similitudes et divergences
A- Al mousharaka et le capital-risque :

Le capital-risque est une technique de financement alternative au prêt


avec intérêts qui consiste en des apports de fonds sur un moyen terme, de 5 à
10 ans par une société dite de capital risque ou de « venture capital » pour
reprendre l’appellation d’origine, vu que ce type de montage est né aux Etats-
Unis. La première société de ce type « American research ana Development » a
été crée en 1946.
La société fournit aux entrepreneurs aussi une assistance en matière de
gestion et une forte implication.
Pendant la durée de détention des parts dans l’investissement. Le capital-
risqueur se retire du projet en général au bout de 5 à 10 ans en revendant ses
parts à un investisseur ou en faisant appel public à l’épargne. C’est la technique
de LBO, très prisée en début de siècle, mais stoppée dans son élan exceptionnel
par la crise actuelle. Le nom de capital-risque n’est pas anodin dans la mesure
où la cible première des « risqueurs » est les sociétés non cotées à risque élevé
et à fort potentiel de croissance (notamment dans le secteur des nouvelles
technologies).

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Figure 10 : Schéma du capital-risque :

La technique du capital-risque peut être étroitement rapprochée de celle de la


Mousharaka abordée précédemment car celle-ci a recours aux mêmes
mécanismes, à savoir la participation directe aux projets apportés par
l’entrepreneur, le client de la banque islamique, une implication dans la gestion
quotidienne assurée par la banque codétentrice des parts, et in fine un retrait de
la banque du projet commun.
Toutefois, subsistent quelques dissimilitudes :

- Le retrait du « capital- risqueur » du projet se fait le plus souvent par un appel


public à l’épargne, tandis que dans la Mousharaka, la banque cède, soit
immédiatement, soit progressivement, sa part au client associé du projet. Les
acteurs de la finance islamique auraient tout intérêt à créer un marché
secondaire islamique susceptible de galvaniser les retraits des banques de la
Mousharaka.

-Le capital risque, dans son volet LBO, a recours à un financement partiel via
des prêts portant sur des intérêts, techniquement appelée dette senior. La
prohibition de l’usure par la Shariaa rendant impossible ce montage.

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En sus de ces divergences de taille, demeurent celles relatives à la nature de
l’activité poursuivie par le projet, et dont on vous épargne le ressassement.
D’un point de vue comptable, on peut constater aussi une forte
ressemblance dans le traitement des 2 produits :

- Comptabilisation de la participation en titres de participation (actifs


immobilisés) ;
- Utilisation de la méthode du coût historique pour valoriser la participation en fin
de période ;
- Constatation des gains ou pertes sur la cession de la participation en fin de
contrat
La différence notable entre ces deux produits est la comptabilisation en juste
valeur des apports en nature contre l’inscription en compte résultat de l’IFI des
différences entre cette juste valeur et la valeur nette comptable de l’apport chez
l’établissement.

B. Al Salam et les contrats à terme


Les contrats à terme (future ou forward) servent à acheter ou à vendre un
instrument sous-jacent, qui peut être une devise, une matière première ou un
bien, à une date ultérieure prédéfinie et à un prix convenu par avance :

Acheter (prendre une position longue) un contrat à terme vous engage à


acheter l'actif sous-jacent à une date ultérieure.
Vendre (prendre une position courte, à découvert) un contrat à terme vous
engage à vendre l'actif sous-jacent à une date postérieure.

Tous les contrats à terme traités sur des marchés organisés sont standardisés
en termes de dates de livraison, de montant du produit "sous-jacent" qu'ils
représentent, et de stipulations contractuelles. Il s'agit aussi de contrats avec une
durée de vie limitée.

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Même si les contrats à terme, à condition qu'ils soient détenus jusqu'à la
"livraison", créent des engagements qui seront obligatoirement satisfaits, en
général très peu de contrats futures vont jusqu'à la livraison. En effet, le
détenteur d'une position à terme va normalement "liquider" sa position en
vendant ou en rachetant ses contrats - évitant ainsi d'avoir éventuellement à
livrer/prendre livraison du produit sous-jacent.
Ces instruments sont passés du stade de la couverture à celui de la
spéculation avec un effet de levier très conséquent, l’acteur ne payant qu’une
prime ou un dépôt, généralement, dérisoire, pour contracter.
Le produit islamique Salam, peut à tous égards, être appelé un contrat à terme,
puisque le prix des marchandises est fixé à l’avance ainsi que leur lieu de
livraison.
Le principe même de vente à découvert prend tout son sens dans le cas du
Salam, dans la mesure où le client vendeur ne dispose pas des biens au
moment de la conclusion des contrats.
Toutefois, la légitimité de ce produit d’après le législateur musulman tient du
fait que l’incertitude, ou Gharar n’existe pas. En effet, pour être valable, un
contrat Salam doit obligatoirement préciser le prix de la transaction et la qualité
du produit avec une exactitude parfaite ainsi que le lieu de livraison afin d’éviter
les dols éventuels. N’en demeure pas moins que du fait que le prix du contrat
Salam dépend de la date de livraison, on peut assimiler cette pratique comme
incorporant un intérêt, car le prix est fixé en fonction du temps qui sépare
l’instant de paiement et l’instant de livraison de biens commandés. La différence
principale entre ce contrat et le contrat future ou forward relève du fait que le
montant total est payé au moment de la signature du contrat au comptant, et que
le Salam ne peut porter sur des valeurs monétaires comme l’argent ou l’or.

C.Les Sukuk et les Mortgage/Asset Backed Securities

Les Asset Backed Securities, plus connus sous le sigle ABS sont des
produits structurés adossés à des actifs financiers (un prêt, une obligation…) qui

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octroient à leur titulaire des revenus qui dépendent surtout de ceux de l’actif
sous-jacent.
L’extension de cet instrument aux prêts hypothécaires a permis la création
de Mortgage Backed Securities (MBS).
La mise en place d’instruments de type ABS et MBS obéit au principe de la
titrisation de la dette. Le détenteur de l’actif financier commence par créer un
Special Purpose Vehicle (SPV), à savoir une entité créée spécialement dans le
but d’acquérir l’actif et qui se chargera par la suite d‘émettre les ABS sur le
marché. Dans le jargon juridique français, on peut rapprocher la notion de SPV à
celle d’entité ad hoc. L’entité cédante, se voit remettre des liquidités en
contrepartie de l’actif qui ne devrait plus figurer dans son bilan, améliorant
conséquemment ses ratios de liquidité.
Pour les investisseurs, les ABS représentent une alternative intéressante aux
obligations classiques, car ils offrent généralement un rendement supérieur et,
du fait de la variété des sous-jacents, réduisent le risque de contrepartie, ou de
crédit, notion qui sera développée plus loin.
L’engouement des acteurs financiers pour ces produits structurés a permis
l’émergence d’un marché dynamique des ABS/MBS. Toutefois, les failles du
système hypothécaire américain a conduit à l’effondrement spectaculaire du
cours des MBS, entraînant au passage le monde dans une des plus grosses
crises financières, et indistinctement économiques, de son histoire.
Un lien ténu peut être fait entre les ABS/MBS et les Sukuk abordés
précédemment.
Les deux mécanismes, font appel à la technique de titrisation des actifs. Les
Sukuk sont, de même que leurs faux jumeaux, côtés sur le marché38 et les deux
procurent des rendements échelonnés à leurs détenteurs.

Toutefois, dans un souci d’exhaustivité de l’analyse, il est nécessaire de pointer


les différences qui distinguent les deux catégories de produits :
- Les Sukuk représentent des parts de propriété dans des actifs sous-jacents
tangibles, à l’exclusion des obligations.

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- En1principe, il n’y a pas de revenus fixes comme dans les ABS(Assed Backed
Securities)/MBS(Mortgage Backed Securities).

- Les souscripteurs reçoivent des profits mais également participent aux pertes,
les
ABS/MBS ne sont pas concernés par le résultat de l’émetteur- Les Sukuk sont
en général émis pour une durée liée au terme d’un projet, les ABS/MBS
cependant, en sont indépendantes.
Les dissimilitudes comptables à relever dans le cas des Sukuk sont assez
significatives étant donné que les normes AAOIFI s’inspirent des normes IFRS.
En effet, le PCG français applique la méthode du coût historique sur tous les
placements (obligataires ou participatifs), tandis que les normes AAOIFI
catégorisent les titres et appliquent la juste valeur sur les catégories « actifs
disponibles à la vente et les titres de placement » contre une inscription de la
différence en comptes de réserve spéciale.

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Chapitre 2 : risques identifiés suite à la prise de connaissance
des activités d’une IFI:

I. Les risques liés à l’activité financière islamique


A. Le risque du crédit :

Le risque de crédit ou de contrepartie est dû à la volatilité des flux de


trésorerie causé par un report suite à des difficultés, un retard de paiement de
plus de 90 jours, un non remboursement ou une faillite juridique. La probabilité
de défaut est d’autant plus importante que la probabilité de défaut de la
contrepartie, entreprise ou particulier, est élevée et que la somme non recouvrée
est significative.

Plusieurs études ayant donné lieu à des théories se sont penchés sur la
question du risque de crédit. On note parmi les plus importantes le modèle de
Merton40 ou encore la théorie d’asymétrie d’information développé par Stieglitz et
Weiss en 1981.
Cette dernière avance que si l’information est parfaite, la banque connaît le
risque de l’investissement donc la probabilité de défaut de la contrepartie. Les
gains possibles de chaque état de la nature sont connus à l’avance et la banque
peut se prémunir contre ce risque. Mais ceci ne reste que théorique puisqu’il est
difficile de recouper des informations sur des personnes physiques ou sur des
entreprises dans des pays où le système d’information n’est pas très développé.

Les banques islamiques présentent des facteurs qui accroissent le risque de


crédit :
- les modes de financement des 3P, ainsi que les opérations basées sur les
ventes, sont sources de risques car les contreparties ne disposent pas
toujours de systèmes d’information élaborés, ne sont pas très
sophistiquées dans les pratiques des affaires et ne maintiennent pas
systématiquement des livres de comptabilité comme cela pourrait être le
cas dans les pays développés ;

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- l’interdiction de l’intérêt n’offre pas la possibilité aux banques islamiques
de rééchelonner leur dette sur la base d’une marge renégociée comme
pourrait le faire des banques conventionnelles. Ceci pourrait augmenter
les envies de contrepartie sans scrupules à être défaillants. Néanmoins, le
fait que les banques islamiques adossent tous leurs prêts à des actifs
tangibles permet de servir de mécanisme de sécurité fournissant une
garantie additionnelle aux IFI pour gérer ces risques.

- les IFI n’ont pas accès à des instruments de couverture comme les
produits dérivés considérés comme étant des instruments efficaces pour
l’atténuation des risques de crédit. Leur non disponibilité due au fait qu’ils
soient basés sur les taux d’intérêt augmente d’autant plus l’importance
des contrôles internes dans les banques islamiques.

- les contrats de Mourabaha et d’Ijara comportent des risques de crédit du


fait de leur nature même. Dans le cas du Mourabaha, il y a un certain
risque de non-paiement par l’acheteur du coût d’acquisition du bien stipulé
dans le contrat, ce qui cause une perte financière non-couverte. Si les
échéances de règlement ne sont pas respectées par le client donneur
d’ordre, il y aura baisse du rendement de l’opération due à la fixité du prix
de vente, d’autant plus que les pénalités de retard ne peuventêtre
intégrées aux produits de la banque. De même, le non-paiement des
échéances de loyer par les clients ayant contracté des contrats Ijara
engendre un manque à gagner qui ne peut être recouvert puisque les
majorations sont impossibles. De plus, le risque crédit continue à être
porté par la banque bien que l’actif soit loué.

Un des éléments les plus déterminants du défaut de paiement est


l’échéance de la facilité de crédit. Le fait que les banques islamiques octroient
principalement des crédits à court terme adossés à des biens tangibles leur
permet d’atténuer de façon significative les risques encourus.

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B- Le risque d’exploitation

Le risque d’exploitation ou d’investissement est un risque auquel fait face


une IFI à travers les produits qu’elle propose, principalement la Moudaraba et la
Mousharaka représentant la majorité des produits participatifs consentis par les
IFI. Pour ces deux types de contrats, la banque investit dans des projets de
façon intégrale pour le premier et conjointement avec un partenaire en ce qui
concerne le deuxième. En investissant du capital, les banques sont confrontées
à un risque de perte des apports qu’elles doivent partager avec l’ensemble des
déposants en application du principe de Partage des Pertes et Profits. Ce risque
regroupe plusieurs risques dont un risque industriel, de contrepartie mais aussi
un risque opérationnel. En effet, le choix des projets et des partenaires doit se
faire par des personnes compétentes à même de pouvoir mesurer le risque que
présente le projet en lui-même mais aussi le risque que représente le partenaire.
Il est donc important de bien connaître son partenaire, ses compétences, son
savoir-faire et les connaissances qu’il mettra à profit pour la bonne conduite du
projet. Sa solvabilité est aussi un élément important à mesurer.
Aussi, le projet en lui-même doit faire l’objet d’études préalables. Il est
important de connaître tous les aspects sur lesquels il repose et l’environnement
dans lequel la nouvelle entité évoluera. Le positionnement de l’entreprise et du
produit sur le marché de même que la concurrence sont des éléments à étudier
de façon rigoureuse et le plus précisément possible. Pour ce faire, une étude de
marché doit être une des préoccupations principales des IFI avant de s’engager
dans des contrats de partenariat comme le sont la Moudaraba ou Mousharaka.
Des démarches sont donc entreprises. Elles comprennent une segmentation des
marchés dans lesquels va évoluer l’entreprise. L’offre se doit d’être homogène et
les Facteurs Clés de Succès identifiés pour montrer les différences de potentiel
de chaque segment. Ensuite, la taille du marché et sa quantification doivent être
pris en compte. Recueillir des informations dans des bases de données ou
auprès des intervenants, utilisateurs et fournisseurs le cas échéant est essentiel

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pour donner des indications aux nouveaux entrants sur sa capacité financière et
industrielle sur sa capacité à affronter son environnement. Une fois que
l’entreprise aura suffisamment d’information sur son environnement, elle devra
s’atteler à étudier les perspectives d’évolution du secteur afin de réduire son
risque d’investissement. En effet, s’attaquer à un marché mature nécessite une
approche différente que de s’attaquer à un marché en pleine expansion. Enfin, le
positionnement concurrentiel est un facteur essentiel qui permettra à l’entreprise
de se comparer à ses concurrents. Leur rentabilité ou encore leur productivité
donnera des informations aux nouveaux investisseurs sur les stratégies à mettre
en place pour se mettre à niveau et ensuite les dépasser.
Le risque d’exploitation se retrouve dans les produits tels que les sukuk,
d’abord à cause de leur nature même. En effet, la structure des sukuk et la
sélection des actifs qui les constituent reposent sur les principes de la Shariaa,
et il est donc nécessaire d’obtenir ce label avant de pouvoir commercialiser le
produit. Cependant, il n’existe pas à présent de standards globaux de produits
conformes à la Shariaa et malgré le fait que l’Accounting and Auditing
Organisation for Islamic Financial Institutions
(AAOIFI) ait proposé plusieurs standards pour les sukuk, ils restent trop vagues
et les interprétations diffèrent. D’autre part, beaucoup d’opérateurs considèrent
déjà que la plupart des sukuk ne sont pas conformes à la Shariaa.
Tous ces éléments sont essentiels pour la mise en place des outils de
gestion du risque d’investissement comme le business plan et les mesures
mathématiques.
Ceux-ci serviront pour la définition du cap à suivre avant et pendant le
développement du projet. Ils seront étayés plus loin dans la partie qui suit.

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C. Le risque pays
Le risque pays est une notion qui a évolué au fil des crises financières
internationales (crise de l’endettement des pays de l’Amérique latine dans les
années 80) et de la littérature y afférant. Ce risque est devenu un élément
incontournable à analyser dans le cadre de la mondialisation et des relations de
dépendance entre les pays. Elle recouvre le champ de l’économie, de l’histoire et
de la géopolitique. La définition du risque pays est loin de faire l’unanimité dans
les rangs des auteurs, puisqu’il y a autant de définitions que d’analystes pays.
Nous proposons de prendre cette définition qui nous semble assez englobante et
intéressante et selon laquelle le risque pays est appréhendé comme étant «
l’ensemble des paramètres –macroéconomiques, financiers, politiques et
sociaux qui peuvent contribuer à la formation d’un risque autre que strictement
commercial lors d’une opération avec un pays émergent ». Cette approche
concerne donc l’ensemble des opérations internationales résultant de
l’environnement général du pays en question –macroéconomique, politique et
social-.

Les IFI évoluent généralement dans des pays que l’on considère comme
émergents ou en voie en développement. Elles sont donc confrontées à ce type
de risque. Nous pouvons prendre comme exemple les révolutions du «
Printemps arabe » nées en Tunisie en janvier 2011 et qui se sont propagées à
l’ensemble des pays de la région où les IFI sont très présentes. Cette période
d’instabilité a, mis à part le fait d’avoir fait mentir les assureurs-crédit membres
de l’OCDE qui avaient classé la Tunisie et l’Egypte au même niveau de risque
que l’Inde ou encore le Mexique, rendu l’activité bancaire et économique dans
son ensemble très difficile. Elle a aussi permis de montrer que les indicateurs
permettant de mesurer le risque pays comme non exhaustifs et pas toujours très
pertinents. En annexe, sera fourni un schéma représentant l’impact du printemps
arabe sur l’industrie financière islamique.

52

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D- Le risque de liquidité :

Le risque de liquidité survient lorsque la banque rencontre des difficultés de


trésorerie et qu'elle est dans l'incapacité de lever des fonds pour honorer ses
engagements échus ou de libérer des fonds pour financer son activité
d'exploitation.

Une entreprise peut être confrontée à des problèmes de liquidité sans


liaison apparente avec sa rentabilité. En ce qui concerne les banques
conventionnelles, les emprunts interbancaires sont là pour pallier aux éventuels
décalages, mais ce n’est pas le cas des IFI qui ne peuvent recourir à des
emprunts interbancaires, ceux-ci utilisant des instruments de taux interdits par la
Shariaa. Elles restent cependant exposées au risque de liquidité au même titre
que les banques traditionnelles. Si la confiance dans le système bancaire se
dégrade même sans fondement, la banque peut subir de très graves problèmes
de liquidité.

Dans le cas d’une banque islamique, compte tenu de sa forme particulière


encadrée par la Shariaa, la gestion du risque de liquidité est un élément très
important. Depuis plusieurs années, les banques islamiques ont d’ailleurs vu leur
liquidité se réduire et passer d’un surplus important à un manque de liquidité, ce
qui pose un risque d’autant plus important que le risque de liquidité au niveau du
globe a grandement augmenté après la crise financière mondiale. D’autres
facteurs peuvent être à l’origine de la supériorité du risque d’illiquidité d’une
banque islamique, comparée à une banque classique. On peut citer dans ce
cadre-là plusieurs facteurs importants.

Le premier élément est l’importance de la masse des crédits dans les


bilans d’une banque islamique. Cette dernière ne peut rendre liquide ces crédits
aisément du fait de l’interdiction prônée par la Shariaa de la revente des crédits.
Un deuxième élément concerne la difficulté à lever des fonds de façon rapide et

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efficace sur les marchés du fait de l’inexistence de marché monétaire islamique.
Le troisième point est l’impossibilité pour la banque islamique à faire appel au
prêteur en dernier ressort comme cela est possible pour les banques
conventionnelles, la Shariaa interdisant les prêts avec intérêts. Un dernier
facteur qui augmente le risque de liquidité pour les banques islamiques est leur
grande dépendance vis-à-vis des comptes courants qui, de par leur nature, sont
exposées au risque de retrait à tout moment.

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Section2 : Panorama des outils mis en place par les IFI afin de gérer les
risques
A- La gestion du risque de crédit

Au niveau même de l’institution islamique, de nombreuses méthodes sont


utilisées par les gestionnaires des banques islamiques pour réduire et prévenir le
risque. La mesure du risque d’exposition est généralement difficile à mesurer
mais les banques islamiques ont pu mettre en place des moyens pour gérer ce
risque de crédit à travers la création d’organes divers, la diversification des
investissements, les provisions, ou encore les modèles de rating interne et
autres reporting.
La prise de décision d’octroi de crédit est un premier aspect qui doit être
évalué et contrôlé de manière exhaustive pour éviter toute mauvaise sélection.
Celle-ci se fait en agence et en Comité de Crédit, mais le conseil d’administration
est responsable de l’élaboration de la stratégie globale de gestion du risque de
crédit en indiquant la volonté de l’établissement à octroyer des crédits aux
différents secteurs selon la localisation géographique, l’échéance et la rentabilité
établies. La banque doit préalablement définir ses objectifs en termes de type de
crédit, de revenus, de croissance et de choix risque-gain relatif à ses activités.
La stratégie de risque de crédit doit faire l’objet de communication à tous les
niveaux hiérarchiques de l’institution. Des procédures écrites sont établies et
reflètent la stratégie globale et assurent son application, qui comprendra les
politiques d’identification, de mesure, de surveillance et de contrôle du risque de
crédit.

Plus il y a de contrôles, moins il y a de risques. La mise en place de


procédures est donc essentielle pour limiter le risque. L’élaboration du crédit se
fait sur la base de données financière et comptable et l’étude des comptes
financiers du partenaire auquel le crédit est donné permet d’évaluer sa solvabilité

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dans l’immédiat et aussi de faire une projection sur sa solvabilité dans le futur.
L’évaluation des informations de marché est tout aussi importante car une IFI ne
s’engagera pas avec un partenaire qui souhaite se lancer dans un marché en
crise ou en plein déclin. Les banques doivent donc disposer d’informations sur
les débiteurs qui recevront des fonds et doivent évaluer le motif de l’emprunt, les
moyens de remboursement, le profil risque du client et son niveau de sensibilité
aux fluctuations externes. De même, pour les clients existants, les IFI mettent en
place en collaboration avec un expert comptable auditeur un calendrier
d’intervention d’audit portant sur la solvabilité et la liquidité des plus gros clients
(cf. annexes).

De nombreuses banques ont ainsi développé des procédures d’analyses


préliminaires minutieuses et formé des spécialistes capables de juger les
demandeurs de crédits selon un système de « rating » interne. De cette manière,
elles évaluent les coûts et bénéfices de chaque crédit et peuvent déterminer le
montant des provisions à prévoir pour amortir les pertes éventuelles.

Au niveau des produits et activités de la banque, il est important d’identifier


et de gérer les risques de crédit de chacun en revoyant régulièrement les
caractéristiques établies pour chaque risque, plus particulièrement quand ces
produits ou activités sont nouveaux. Les systèmes d’information sont largement
utilisés par les banques islamiques pour mesurer les risques crédits puisqu’ils
permettent l’obtention d’information sur les sensibilités et les concentrations du
portefeuille de crédits.
Cependant, certaines banques concentrent aussi leurs efforts sur le reporting
et assurent une remontée importante de l’information au conseil d’administration
à travers des organes indépendants utilisant des méthodes de rating interne
permettant de gérer efficacement le risque de crédit. Ces cellules ont pour but de
surveiller les risques encourus en faisant un état des lieux systématique et en
signalant tout changement ou détérioration du risque de crédit. Elles se réfèrent
au Conseil d’Administration à qui elles transmettent de façon périodique une

56

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description détaillée de la situation dans laquelle se trouve la banque en termes
de gestion afin de ne pas dépasser les normes de prudence et les limites
internes.

De plus en plus d’IFI ont aussi recours à des clauses contractuelles qui
permettent de diminuer les incertitudes et le risque de défaut puisque les
accords contractuels entre les parties jouent un rôle similaire à celui des
techniques de contrôle des risques. Les risques sont minimisés en ajoutant une
barrière ou une limite dans le contrat au dessus de laquelle la partie gagnante
doit compenser l’autre partie.
De manière globale, plusieurs précautions peuvent être prises au niveau de
la sélection et de l’évaluation des portefeuilles d’actifs constitués. Ainsi, il est
important d’assurer une place importante à la diversification du portefeuille en
limitant l’exposition au risque d’une contrepartie, d’un segment industriel, de
certains secteurs économiques, de zones géographiques ou de produits
particuliers.
De manière générale, la bonne gestion du portefeuille implique une
surveillance efficace des conditions de contrats, des garanties, de la conformité
avec les normes en vigueur, et du bon signalement. Les banques peuvent
également utiliser « le stress test » pour déterminer et contrôler les restrictions
établies tout en considérant plusieurs éléments comme la conjoncture
économique, les taux d’intérêt.
Nous remarquons donc que la gestion du risque de crédit par une banque
islamique est relativement proche de celle d’une banque conventionnelle à ceci
près qu’un certain nombre de crédits islamiques ont un remboursement in fine,
augmentant ainsi de surcroît ce risque. Aussi, ces contrats islamiques sont
soumis à la Shariaa qui impose au prêteur de prouver la faute ou la négligence
de l’emprunteur afin d’avoir une chance de récupérer sa mise.

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Axes d’amélioration de la gestion des risques de crédit :

Les outils présentés ci-dessus ont largement contribué à la prévention des


risques latents autour des IFI et ont mené à la prise de mesures correctives
évitant quelques scénarios catastrophiques. Pour autant, quelques faiblesses
restent à pallier, pour lesquels nous proposons quelques axes d’amélioration à
explorer et à approfondir en fonction du cas traité.

-Adapter les normes de l’IFSB concernant les risques de crédits pour les
institutions n’offrant que des services financiers islamiques42. Les IFI doivent
considérer le risque de crédit de manière holistique et s’assurer que la gestion
du risque de crédit prenne part à une approche intégrée de la gestion de
l’ensemble des risques financiers. Elles doivent aussi mettre en place des
procédures définissant les contreparties éligibles, la nature des financements
approuvés ainsi que le type d’instruments appropriés.

-Mettre en place une politique permettant l’évaluation des contreparties, en


particulier pour les transactions impliquant des partenariats incluant de multiples
modes de financements. La banque doit mettre en place des processus de
contrôle lors d’opérations avec des particuliers ou des États afin de répondre à
des objectifs spécifiques financiers conçus pour résoudre les problèmes
d’adéquation avec la
Shariaa, les problèmes légaux et les problèmes fiscaux des clients.

-Utiliser d’autres indicateurs de mesures du risque dans le processus de due


diligence : la Value at Risk (VaR), des stress testing, ou le plus efficace, à savoir
le Risk Adjusted Return on Capital (RAROC), qui permet de procéder à un
provisionnement sur les comptes ex-ante43 ainsi que des analyses de sensibilités
des variables. Ces mesures de risque ne diffèrent pas des institutions financières
conventionnelles.

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-Déterminer les provisions pour le risque : deux institutions, l’Islamic Financial
Services Board (IFSB) et l’AAOIFI proposent l’utilisation de deux types de
réserves : la « Profit Equalization Reserve » (PER) et l’ « Investment Risk
Reserve » (IRR) (cf. annexes). La PER permet de retenir un niveau de profit
donné pour les comptes d’investissement et d’égaliser les rendements de la
banque à partir du revenu brut de la banque, tandis que l’IRR est une méthode
qui protège l’institution des pertes sur les comptes d’investissement et qui
institue une réserve calculée à partir des profits attribués seulement aux titulaires
des comptes d’investissement.

B- La gestion du risque d’exploitation

La gestion du risque d’exploitation se fait par le biais de différents outils qui sont
de l’ordre du financier pur. L’évaluation du risque d’investissement ne se basant
que sur
la méthode de la Valeur Actuelle Nette ou encore sur le calcul du coût moyen
pondéré du capital ne saurait être exhaustive pour appréhender ce risque.
D’autres facteurs entrent en considération pour tenter d’anticiper l’avenir. Les
investisseurs ont développé différentes méthodes d’analyse du risque. Selon
Vernimmen, ce risque d’investissement est analysé au travers de deux outils : le
plan d’affaires et les mesures mathématiques du risque.
Le plan d’affaires ou business plan est une approche essentielle dans la
mesure du risque d’un projet. Il a pour dessein de modéliser l’avenir le plus
probable. Certains financiers construisent des plans optimistes et pessimistes –
worst case scenario afin de prendre en compte un large panel de possibilités
d’évolutions dans le futur.
Le business plan permet également de mettre le doigt sur les paramètres
qui sont susceptibles de faire évoluer le projet. La construction de celui-ci aura
l’avantage de dissocier les éléments dont dépendra le projet qui sont du ressort
de l’investisseur (les coûts) et les paramètres exogènes (cours des matières
premières). Il est évident que plus un projet dépend de valeurs exogènes, plus il

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sera risqué. L’analyse de sensibilité des paramètres ayant une influence sur le
projet ainsi que l’estimation du risque maximal sont des données essentielles
pour gérer au mieux le risque de l’investissement.
Les mesures mathématiques du risque comme l’équivalent certain, ou la
méthode de Monte-Carlo découlent toutes du critère de la VAN. La mesure de la
Valeur Actuelle Nette est un élément important dans l’appréhension du risque. Il
s’agit d’un indicateur qui permet de prendre une décision quant à la rentabilité du
projet ou non. Pour qu’un projet soit rentable, il faut que les recettes futures
actualisées soient supérieures au coût de l’investissement. L’analyse du risque
d’investissement est basée sur deux hypothèses fondamentales :

- le choix d’un scénario de flux espérés ;


- le caractère irréversible des décisions d’investissement

La méthode de Monte-Carlo est le prolongement de la VAN. En effet, cette


méthode permet de décomposer les flux futurs selon différents scenarii et cela
en affectant une distribution de probabilités à chacune variables dont dépend le
projet. Chaque état de la nature se voit donc attribuer une probabilité de
survenance dans le futur et sont appliqués à tous les paramètres qui influencent
le projet (Chiffre d’affaires, coûts…). Aussi, la méthode de l’équivalent certain est
dans le prolongement des calculs de la VAN. Il s’agit là du calcul des flux
certains équivalents aux flux que devraient générer le projet actualisés au taux
sans risque. Nous pouvons à ce propos nous poser la question de l’existence
d’un taux sans risque, mais ce débat devrait faire l’objet d’une étude à part
entière.

Ces différentes méthodes dérivant de la VAN présentent toutefois des limites.


En effet, lorsque les investisseurs ont la possibilité de changer leurs plans grâce
à de nouvelles informations perçues en cours de projet. Plusieurs choix s’offrent
donc à eux comme injecter des fonds supplémentaires ou encore changer le cap
du projet.

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Le projet doit donc être dans ce cas-là très flexible.
Les IFI financières voient mises à leur disposition les mêmes outils de gestion du
risque d’investissement que les banques conventionnelles. Ils prennent comme
cela a été exposé depuis le début de cette étude certaines spécificités qui leur
sont propres comme le respect des secteurs où il est possible d’investir ou
encore la non prise en compte des taux d’actualisation –ce n’est pas le cas de
toutes les IFI comme nous le verrons dans la dernière partie.

Axes d’amélioration des risques d’exploitation

Plusieurs pistes sont à suivre pour améliorer la prise en charge des risques
d’exploitation au sein des IFI :

 Il est primordial pour les IFI de standardiser leurs normes comptables afin
de pouvoir informer toutes les parties prenantes de la même manière et
rendre possible la comparaison des IFI entre elles. Une comptabilité
islamique distincte est nécessaire car il n’existe aucune référence à
certains des produits des IFI dans les normes IFRS.

 Par ailleurs, certains concepts comptables de bases sont dissemblables


et méritent une explication : selon le concept d’entité comptable, la
banque islamique a le devoir de considérer l’entreprise et les propriétaires
comme deux entités différentes, une notion appuyée par les
jurisprudences musulmanes.

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Chapitre 3 : Cas pratique : les efforts de la Banque d’Indonésie
pour la gestion du risque de liquidité :

Ce chapitre présente les évaluations quantitatives et qualitatives appliquées


pour analyser les performances de l'industrie de la finance islamique en
Indonésie. Les premières évaluations utilisent des données secondaires de la
Banque d'Indonésie d’une période qui s’étale de Décembre 2000 à Novembre
2009 et les évaluations qualitatives se base sur les informations provenant de
diverses publications sur la performance de l'industrie islamique bancaire
indonésienne. En fait, l'une des conclusions importantes est que la plupart des
gisements sont concentrés dans des dépôts à terme Mudarabah à court terme et
des dépôts liquides (‘wadiah‘ dépôts à vue et ‘Mudarabah’ dépôts d'épargne).
Ces concentrations résultent de la nécessité des déposants à remplir des
transactions courantes et de leur désir à des instruments remboursables. Par
conséquent les banques islamiques doivent adapter leurs stratégies de
financement en insistant sur le placement de fonds dans les contrats de
financement à court terme et en limitant le placement dans ceux à long terme.
Grâce à ces stratégies, les banques islamiques ont maintenu le paiement
durable et un rendement positif à court terme sur les dépôts en conformité avec
la gestion des liquidités.
Néanmoins, il existe un risque de décalage de liquidité qui est identifié à partir
du:
Comportement de liquidité des déposants, les titulaires de dépôts, et les motifs
de la demande de liquidité. Ainsi, malgré le maintien d’équilibre entre les
éléments du passif et ceux de l’actif, les banques islamiques préparent
instruments liquides internes et externes pour gérer la liquidité en particulier à
court terme. Dans le cas d’une pénurie de liquidité imprévue, ils ont des options
d’utiliser les fonds d’urgence intra-jour de la banque centrale et les dépôts de
garantie d’institution.
Les sections suivantes portent sur les analyses de l'industrie bancaire islamique
indonésienne en faisant notamment référence à des questions liées à la liquidité.
Les sections sont les suivantes: (i) l'arrière-plan de l'industrie bancaire islamique
indonésienne, (ii) l'approche organisationnelle de la gestion des liquidités, (iii) le
passif lié à la gestion du risque de liquidité, (iv) l'actif lié à la gestion du risque de
liquidité, (v) les ratios de liquidité et l'analyse des écarts, et (vi) les instruments
pour gérer la demande de liquidité.

62

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A- Contexte de l’industrie bancaire islamique indonésienne.
1- Performances industrielles et programmes de développement.

Le développement de l'industrie bancaire islamique indonésienne est


effectué dans un double système bancaire (système bancaire classique et
islamique), dans les micros et macro structures, à savoir l'architecture de la
banque indonésienne (API) et l'architecture du système financier indonésien
(ASKI). En fait, l'industrie de la finance islamique a été de plus en expansion
depuis la création de la première banque islamique en 1992. La prise de
conscience des gens à employer les banques islamiques est stimulée par le
Conseil de l'Indonésie des Savant en Sharia (MUI) et l'organisation
Muhammadyah qui ont émis des verdicts sur l'interdiction de l'intérêt, le 16
Décembre 2003 et le 3rd Avril 2010.
Basé sur le rapport des statistiques bancaires islamiques de la Banque
d'Indonésie à partir de Décembre 2000 jusqu’au Novembre 2009 (tableau 5.1), il
y a six banques commerciales islamiques (BUS), suivies de vingt-cinq guichets
des banques islamiques (Islamic Banking Windows/Units (UUS)) et 138 banques
islamiques rurales (BPRS) intégrant 987 bureaux à travers le pays. Le
développement est encore renforcé par une fonction d'intermédiation financière
saine et opérations bancaires prudentielles. Par exemple, le financement au ratio
de dépôt (FDR), le financement non productif (NPF), le total des actifs, le
financement total et les dépôts tous révèlent un développement progressif.

Table 5.1: Selected Islamic Banking Performance Indicators


Banking
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Indicators
BUS* 2 2 2 2 3 3 3 3 5 6
UUS* 3 3 6 8 15 19 20 25 27 25
BPRS* 79 81 83 84 88 92 105 114 131 138
Offices* 146 182 229 337 443 550 567 683 951 987
Asset** 1.79 2.72 4.05 7.86 15.33 20.88 26.72 36.53 49.55 61.35
Financing** 1.27 2.08 3.28 5.53 11.49 15.23 19.53 27.94 38.19 45.72
Deposit** 1.03 1.81 2.92 5.72 11.86 15.58 20.67 25.65 36.85 47.88
* in unit; *٠in trillion Rp. Sources: Bank Indonesia Monthly Statistical Report (Dec 2000-Nov 2009).

Le même rapport statistique bancaire islamique affirme que le FDR


moyenne par mois est 107,09%. La gamme des FNP est comprise entre 2% et
5%, tandis que le classique enregistre 5% -8%; les autres indicateurs bancaires,
tels que l'actif total, le financement et les dépôts croissent chaque année de plus
de 50% à 60% en moyenne. Dernièrement (Novembre 2009), le total des actifs
ont atteint 61.35 trillion Rp avec un financement total de 45.72 trillion Rp, et en
équilibrant le total des dépôts de 47.88 trillion Rp.

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ACHBABE Farah
En dépit de ces réalisations, la part de la finance islamique dans le secteur
bancaire totale du marché est encore très faible. Jusqu'à Novembre 2009, la part
du total des actifs a été de 2,49% des actifs bancaires totaux. En fait, il y a trois
faiblesses ultimes de l'industrie de la finance islamique, que sont: (a) la
compétitivité, (b) positionnement, et (c) les synergies avec d'autres institutions
financières islamiques (la Banque d'Indonésie, 2006b: 18-22).
En particulier, il y a des problèmes liés à un manque de cadre et une
inadéquation des instruments, une couverture limitée du marché, un manque de
connaissance et de compréhension du public, le manque d’une structure
organisationnelle efficace pour sauvegarder les opérations bancaires,
l'inefficacité opérationnelle, la domination du financement par emprunt, et
l'incapacité à se conformer aux normes financières internationales de la charia.
En relation avec le risque de liquidité, certains problèmes fondamentaux
pourraient inviter les problèmes de risque de liquidité, par exemple: le
comportement de liquidité sensible de la part des déposants, des motifs de
placement des déposants, des instruments liquides islamiques limitées, la
prudence des déposants à supporter des pertes financières, et indisponibilité des
dépôts islamiques à payer des rendements élevés dans des conditions
macroéconomiques défavorables (Ismal, 2008a :9-12).
Pour améliorer et favoriser le développement de l'industrie, la Banque
d'Indonésie a mis en place politiques de développement de la banque islamique
à long terme, à savoir un plan de l'industrie bancaire islamique indonésienne en
2002, avec une version révisée en 2005-2006. Le plan renferme six initiatives
visant à mettre en œuvre dans les dix années du programme de plan (2005 -
2015), ces dernières sont (Banque d'Indonésie, 2006b: 18-22):
i. L'augmentation de l'efficacité opérationnelle et la compétitivité.
ii. L'augmentation de la stabilité du système bancaire.
iii. Accroître l'expertise et la qualité des ressources humaines.
iv. Optimiser les rôles sociaux des banques islamiques dans le
développement des petites et moyennes entreprises (PME).
En outre, en 2008, les régulateurs bancaires et les parties prenantes ont
déterminé les grandes stratégies pour développer l'industrie de la finance
islamique. En particulier, ces stratégies de capture visent à (Banque d'Indonésie,
2008b: 4): (i) positionner l'industrie comme leader parmi les pays de l'ASEAN en
2010; (ii) créer de nouvelles images des banques islamiques qui sont
universelles; (iii) cartographier avec précision le marché potentiel; (iv) développer
les produits bancaires; (v) l'amélioration des services bancaires; et (vi)
communiquer la position des banques islamiques comme "au-delà de la
banque".

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Enfin, en gardant à l'esprit que la part de marché de l'industrie est encore
trivial, la Banque d'Indonésie, en coopération avec toutes les parties prenantes a
élaboré un programme accéléré en 2007-2008. Le programme se concentre sur
la réalisation de la croissance de l'objectif quantitatif par des politiques à court
terme pour accroître la part de l'industrie du marché. Plus précisément, le
programme (Banque d'Indonésie, 2008c: 5):
1- pousse la croissance de l'industrie de la finance islamique des deux côtés
de la demande et de l'offre;
2- renforce le capital des banques islamiques, la gestion et les ressources
humaines;
3- optimise les rôles du gouvernement (autorité fiscale) et la Banque
d'Indonésie (autorité monétaire) comme initiateurs de croissance;
4- implique toutes les parties prenantes à être activement impliquées dans le
programme.

Le fond dessus de performances industrielles et des programmes de


développement est cruciale pour comprendre la position et l'état de l'industrie.
En effet, les politiques, stratégies et programmes visant à favoriser le
développement de l'industrie devraient être soutenus par un programme de
gestion du risque de liquidité robuste. Les analyses de risque et les résultats de
cette thèse liquidité sont réalisés et proposées pour fournir un tel programme de
gestion de la liquidité robuste.
L’arrière-plan des performances industrielles et des programmes de
développement est cruciale pour comprendre la position et l'état de l'industrie.
En effet, les politiques, stratégies et programmes visant à favoriser le
développement de l'industrie devraient être soutenus par un programme de
gestion du risque de liquidité robuste. Les analyses de risque de liquidité sont
réalisées et proposées pour fournir un tel programme robuste de gestion de la
liquidité.

2- Pratiques générales de gestion du risque de liquidité :

Les banques islamiques adoptent des approches internes et externes


pour gérer la liquidité. En interne, les banques islamiques conçoivent une
structure organisationnelle pour gérer la liquidité et afin de maintenir l'équilibre
entre l’actif et le passif. Pendant ce temps, à l'extérieur, elles entretiennent de
bonnes relations (communication, coordination, information complète et
surveillance du crédit) avec les parties prenantes (déposants, régulateurs, les
entrepreneurs, les autres banques). En outre, pour répondre à la demande

65

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régulière de liquidité et de résoudre la pression de liquidité, elles ont plusieurs
instruments liquides utilisables qui peuvent être exploités.

B- Approche organisationnelle de gestion de liquidité


1- Banques Islamiques commerciales ( BUS )

La structure organisationnelle générale des BUS comporte trois organismes


qui mènent des activités de gestion des risques. Le premier organe est le Comité
de Suivi des Risques, mis en place par le Conseil des commissaires. Le second
est la Direction de la conformité et de gestion des risques, qui a une division de
la gestion des risques conçue pour l'opération générale de gestion des risques.
Enfin, le Comité de l’Asset Liability Management (ALCO), présidé par le
Président Directeur, ce dernier fonctionne comme le commandement central des
politiques de risque de liquidité pour toutes les directions et il est soutenu par le
comité de supervision interne.
Toutefois, la mise au point d'une telle structure est simple dans le plan
interne de l'organisation de gestion des liquidités, Néanmoins, les milieux
économiques et commerciales actuelles appellent à une coopération et
coordination avec les entités externes tels que les régulateurs bancaires, des
partenaires commerciaux, des déposants, et le public en général.
Par conséquent, la structure doit avoir des organes supplémentaires, à
savoir: (a) Comité de gestion des risques d'entreprise pour se concentrer sur les
entrepreneurs; (b) Comité de gestion du risque opérationnel afin de conformer
les opérations bancaires avec les règlements; et (c) Comité de gestion des
risques financiers pour accueillir toute amélioration des déposants ou du public.
Tous les autres comités travaillent ensemble avec ALCO.

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2- Unités bancaires islamiques (UUS ) :

Dans les UUS, la structure organisationnelle est un peu différente. Le


président directeur de la société mère a le plus haut niveau de responsabilité
pour la gestion des liquidités. Il nomme un directeur spécifique pour être
responsable de l’opération de l’USS. UUS lui-même est présidé par le chef de
l’UUS qui dirige les activités opérationnelles telles que les activités de trésorerie
et les opérations commerciales. La gestion du risque de liquidité est réalisée
dans les activités de trésorerie et dans les deux départements des opérations.
Mais la direction centrale de risque est dans le département de gestion des
risques dans la société mère, et elle est soutenue par un comité de gestion actif
passif (ALCO).
Par conséquent, la gestion du risque de liquidité est partie de gestion du
risque et elle n'est pas gérés et abordée par un département/division interne
particulière dans l’UUS. Le financement et les divisions de financement dans
UUS devraient être complétés par une division interne de gestion des risques
pour couvrir les questions de risque de liquidité dans l’UUS, tout en considérant
que son fonctionnement a des caractéristiques et valeurs différentes que celles
qui maintiennent la société.

En outre, la fonction de l’ALCO dans les sociétés mères doit être optimisée
pour capturer les problèmes de la gestion du risque de liquidité de la société
subordonnée. En tant que tel, dans la structure organisationnelle de la société
mère, la responsabilité du Président Directeur, le Conseil de Surveillance de la
charia et le Directeur du Sharia/Trésor, de gérer le risque de liquidité en UUS
devrait être soutenue par la gestion des risques et des comités de suivi comme
ceux de BUS.
C- GESTION DES RISQUES DE LIQUIDITE du côté du passif
1- Sources de financement et la gestion de liquidité :

Il existe deux catégories de sources de fonds publics, à savoir: (a) les fonds
publics dans des dépôts bancaires et (b) les fonds publics dans des dépôts non
bancaires. Le premier est constitué de dépôts Wadiah à vue, dépôts d'épargne
Mudarabah, et les dépôts à terme Mudarabah. Dans ce dernier, il y a réception
d’un financement, des titres émis par les banques, les engagements
interbancaires, des passifs à la Banque d'Indonésie (BI), et d'autres dettes.
Les dépôts à terme Mudarabah ont de différentes durées allant de 1 mois à
plus de 12 mois, et tout retrait en dehors de la date d'échéance est généralement
pénalisé. Néanmoins, à la différence dans les banques classiques, la pénalité
est d'un montant fixe d'argent et n'est pas connectée au montant nominal des

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dépôts à terme Mudarabah. En outre, en matière de gestion du risque de
liquidité, certaines banques, malheureusement, n’organisent pas de
communication avec les déposants en ce qui concerne leur temps de liquidation
des dépôts (ISMAL, 2010a: 147-154).
Dans un cas particulier, quand une banque ne dispose pas de
suffisamment de liquidités pour payer un dépôt à terme mature ou immature, elle
demande souvent du temps supplémentaire pour fournir suffisamment de
liquidités, ce qui est assez gênant pour les déposants. Mais dans des conditions
normales, comme ces problèmes de liquidité ne se produisent jamais dans cette
industrie, les banques utilisent simplement leurs réserves de trésorerie internes
qui sont fondés sur la prévision de liquidité (ISMAL, 2008b :7-20). D'autres
sources de liquidités, y compris les fonds d'urgence de la Banque d'Indonésie,
sont également disponibles en cas de demande soudaine de la liquidité. Elles
sont toutes expliquées dans les parties suivantes de ce chapitre.
Pendant ce temps, les fonds publics investis dans des dépôts non
bancaires tels que le financement reçu, les titres émis par les banques,
l‘exigibilité interbancaire (Inter-bank Liability), et autres créditeurs sont supposés
gérables. C'est parce que les banques islamiques suivent de près ces dépôts et
savent précisément les échéances et les calendriers de retrait de ces fonds.
2- . Liquidity Risk Analyses on the Liability Side

Cette sous-section analyse l’élément du Passif on se basant sur le rapport


des statistiques bancaires islamiques de la Banque d'Indonésie durant une
période s’étalant de Décembre 2000 jusqu’au Novembre 2009. Le rapport
comprend (a) la répartition du passif; (b) une estimation de la demande de
liquidité à court terme; et (c) le traçage des facteurs commerciaux/économiques
affectant la demande de liquidité à court terme.
a- Breakdown of the Liability Side
Les dépôts à terme Mudarabah sont les dépôts les plus répandus, ils
représentent 54,64% du total des dépôts bancaires islamiques, suivie par les
dépôts d'épargne Mudarabah avec 31,77% et les dépôts à vue wadiah avec
13,59%. Par conséquent, les dépôts liquides totaux (les dépôts à vue wadiah et
les dépôts d'épargne Mudarabah) représentent 45,36%, soit presque le même
montant que les dépôts moins liquides, c’est-à-dire les dépôts à terme
Mudarabah.
Cela signifie que seule environ la moitié du total des dépôts peut
potentiellement être utilisée pour le financement à long terme. En outre, si les
fonds publics dans des dépôts non bancaires, qui sont liquides, sont inclus,

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alors, les dépôts liquides s'élèvent à 50,65%, laissant des dépôts moins liquides
à 49,35%.
Comme les dépôts liquides sont autorisés à être retirés en tout temps, la
demande d'exécution doit être prédite avec précision. En outre, les 54.64% des
dépôts moins liquides devraient également être prévus, car certains d'entre eux
sont de 1 mois de dépôt avec une facilité de refinancement automatique
(Rallover facility (ARO)). Compte tenu de ces chiffres, il y a un potentiel pour des
problèmes de risque de liquidité dans l'industrie, et les banques islamiques
doivent avoir un programme de gestion des risques spécifiques pour contrôler ce
risque.

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Une autre analyse est basée sur les types de propriétaires de compte. En
moyenne, 97,44% du nombre total de 4,3 millions de comptes appartenient à des
particuliers, avec des dépôts nominaux de 2 millions de Rp et 5 millions de Rp et une
fréquence de déposer de l'argent deux fois par mois (Mars, 2008:20). Les dépôts à
terme Mudarabah se trouvent à conjoindre les dépôts dominants à eux avec 13.2
trillions Rp (94,08% du total des comptes), et la Banque Muamalat d’Indonésie est
leur banque islamique favori (Mars, 2008:36). Les dépôts à court terme sont
comptabilisés à 0.47 trillions Rp (5,92% du nombre total des comptes) (voir figure
5.4). En effet, la prédiction du comportement de liquidité des déposants individuels
est plus difficile que celle des déposants non-individuels.
D'autre part, bien que les non-individuels (entreprises et gouvernement)
compte pour 2,55% du nombre total de titulaires de comptes, ils ont une valeur
nominale inévitable des dépôts à terme Mudarabah qui est de 7,50 trillions Rp, plus
de la moitié de celle du total des dépôts individuels. Pendant ce temps, leurs dépôts
à court terme sont 4,69 trillion Rp, beaucoup plus que ceux des individus; Banque
Mandiri charia (BSM) est leur banque islamique favori (Mars, 2008:36). Cela signifie
qu'ils ont tendance à utiliser les banques islamiques à des fins de transaction plutôt
que des fins d'investissement.
Par conséquent, en termes de pression de liquidité, les non-individuels orientent
la demande à court terme de liquidité (dépôts à vue wadiah et dépôts d’épargne
Mudarabah), et les individus et non-individus déterminent conjointement la demande
à long terme de la liquidité (à partir des termes des dépôts Mudarabah). Néanmoins,
certains des dépôts à terme Mudarabah (70,35% en ce qui concerne Novembre
2009) arrivent à échéance à court terme (les dépôts à terme à 1 mois). Ceux-ci
constituent la demande à court terme de liquidité.
b- Estimation of the Short-Term Potential Demand for Liquidity

L’enquête préalable sur la répartition de la responsabilité devient une base pour


l'identification de la stratégie de la banque islamique de gérer la liquidité. Tout
d'abord, les banques islamiques savent que les déposants individuels cherchent un
rendement maximum sur les dépôts, en particulier des dépôts à terme Mudarabah.
Pendant ce temps, la nécessité pour les transactions régulières par des individus est
faible, comme le témoigne leur petite partie de 5,92% des dépôts à court terme.
En tant que tel, bien que leur comportement de liquidité est plus difficile à
prévoir, leur demande à court terme de la liquidité peut encore être gérée si les
dépôts à terme de 1 mois sont toujours renouvelés ou au moins prévus et bien
enregistrés par les banques. En fait, les banques islamiques ont été convaincantes
pour les déposants en leur offrant un ratio de partage des revenus concurrentiel.
Deuxièmement, pour les non-individus, les banques islamiques semblent leur
deuxième meilleur option d'investissement après les banques classiques et ils
préfèrent toujours l'intérêt sur les dépôts auprès des banques classiques pour revenir
sur les dépôts des banques islamiques. Le nombre minimum de comptes bancaires
(2,55%) et la valeur nominale modérée de dépôts à long terme (7.5 trillions Rp)
prouvent cette prémisse. Bien que le ratio des dépôts à court terme et à long terme

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soit d'environ 1:2, plus de la moitié des dépôts à long terme sont en effet 1 mois, ce
qui signifie que leur but principal est vraiment de rencontrer des transactions
régulières (de liquidité).
Compte tenu de ces faits, la demande à court terme de la liquidité des non-individus
peut être élevée en raison de leur motivation à but non lucratif et de la partie haute
de court terme et 1 mois comme dépôts à long terme. En outre, certains d'entre eux
sont des entreprises privées, dont le comportement ne peut pas être prédit aussi
facilement que des institutions gouvernementales. Idéalement, l'élargissement de la
gamme des produits bancaires islamiques devrait être appliqué afin de combiner les
entreprises avec un investissement à long terme et à rendre la gestion de la liquidité
beaucoup plus facile (Wilson, 2007:5).
Ensuite, la demande potentielle de liquidité à court terme est estimée. En supposant
à partir de la série de données historiques (2000-2009) que 33,05% des dépôts des
non-individus et 37,29% des dépôts à terme des individus sont des dépôts à 1 mois,
combinées avec des informations auprès des acteurs du marché, les prévisions sont
les suivantes (voir la figure 5.5) :
Figure 5. 5: Total Potential of Short-Term Demand for Liquidity:

La demande à court terme de liquidité de déposants individuels


o Les dépôts à court terme sont 0.47 trillions de Rp (1,26% du total des dépôts),
o Dépôts à terme de 1 mois sont 4.95 trillions de Rp (13,02% du total des
dépôts),
o Demande à court terme de la liquidité est 5.43 trillions de Rp (14,28% du total
des dépôts).
La demande à court terme de liquidité des déposants non-individuels
o Les dépôts à court terme sont 4.69 trillions de Rp (12,33% du total des dépôts),
o Dépôts à terme de 1 mois sont 2.48 trillions de Rp (6,52% du total des dépôts),
o Demande à court terme de la liquidité est 7.17 trillions de Rp (18,84% du total des dépôts).
Total de la demande à court terme de liquidités par types de dépôts
o Les dépôts à court terme sont 5.17 trillions de Rp (13,59% du total des dépôts),
o Dépôts à terme de 1 mois sont 7.43 trillions de Rp (19,53% du total des dépôts),
o Total est 12.60 trillions de Rp (33,13% du total des dépôts bancaires islamiques).

c- Tracing the Economic/Business Factors Affecting the Demand for Short- Term
Liquidity:

Après l'élaboration de certains faits de l'industrie et la prévision de la demande de


liquidités à court terme, il est inévitable que l'industrie bancaire islamique
indonésienne a le potentiel pour la pression de liquidité si elle n'est pas gérée
correctement. Tant que l'industrie peut offrir un rendement concurrentiel sur les

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dépôts et fournir des services et des réseaux appropriés, la détresse de liquidité ne
se produira pas. Mais, si les banques sont moins compétitives, et payent de faible
rendement, elles ne seront pas assez attrayantes pour les déposants, ainsi, le potentiel des
reprises de liquidités à court terme peut venir à l'industrie, à tout moment.
Les discussions suivantes analysent le comportement et la sensibilité de la demande de liquidité (basé
sur des données secondaires) qui peut causer de graves problèmes de risque de liquidité dans les
banques islamiques. Tout d'abord, l'analyse des impacts macroéconomiques montre que les dépôts à
court terme sont très sensibles, avec un taux d'intérêt élevé (une réponse à la politique monétaire basée
sur les intérêts contre la pression économique désagréable).
Deuxièmement, l'analyse de l'instabilité des dépôts informe le mouvement (croissant ou décroissant)
des positions des dépôts par rapport à la position moyenne. Une volatilité positive signifie que la
position des dépôts a tendance à aller vers le haut et la demande pour les retraits de liquidité est
minime et vice versa.
Troisièmement, l'analyse des temps de retraits de dépôts examine le comportement de commutation
des déposants pour un meilleur rendement/liquidité. Cela pourrait provoquer une difficulté dans les
banques à utiliser de façon optimale les fonds et gérer les dates d'échéance de chaque déposant. Enfin,
l'analyse du potentiel des déposants rationnels tente de connaître le nombre estimé et le pourcentage de
ces déposants à anticiper les retraits de dépôts.
A. Analysis of Macroeconomic Impacts to the Liquidity Behavior

Les facteurs externes affectent souvent l'économie indonésienne. L'augmentation des prix mondiaux
du pétrole, les entrées massives de capitaux étrangers, les problèmes de l'économie américaine et la
crise financière mondiale de 2008-2009 sont des exemples de facteurs qui influent sur l'économie
nationale. Lorsque la politique monétaire restrictive s'applique en réponse à ces questions externes, le
secteur bancaire islamique est plus ou moins touché.
Néanmoins, dans la réalité, entre trois types de dépôts, seuls les dépôts à vue wadiah réagissent à
l'évolution du taux d'intérêt tel qu'il apparaît dans la figure 5.6. Les autres dépôts semblent ne pas être
affectés et continuent de croître au taux de croissance de taux d'intérêt. Mais, on se rend compte que
tous les types de dépôts pourraient être affectés si l'industrie n'améliore pas sa performance et ne
répond pas aux attentes des déposants.

B. Volatility of Deposits
La demande de liquidité peut être identifiée à partir de la volatilité des trois types de dépôts (dépôts à
vue wadiah, dépôts d'épargne Mudarabah, et les dépôts à terme Mudarabah). Comme le montre la
figure 5.7, il y a une volatilité des dépôts. La volatilité, qui a eu lieu à partir de Décembre 2000
jusqu’au Janvier 2006 implique une position de dépôt qui est moins de la moyenne. Elle s'est produit
au cours de la période de reprise économique (2000-2005) suite à la crise économique asiatique de
1997-1998 et au cours d'un ralentissement de l'économie indonésienne en 2005-2006 en raison de
l'impact externe du prix élevé du pétrole du monde sur l'inflation domestique.
Néanmoins, après une telle période, il y avait une volatilité positive, montrant la tendance croissante
des trois dépôts. En conséquence, le chiffre d'affaires de liquidité est positif (les fonds entrants sont
plus élevés que les fonds sortants) et le manque de liquidité s'est rarement produit. Cette condition
permet aux banques islamiques la minimisation des réserves de liquidité à court terme (Ismail, 2010b).

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A. Analysis of Tenor Adjustment in Mudarabah Time Deposits

Une des raisons derrière la liquidation d'un dépôt à terme est l'ajustement de la durée motivé par le
profit. Influencés par des facteurs tels que le rendement élevé offert par une durée courte, la flexibilité,
la liquidité et l'incertitude de la situation économique, les déposants préfèrent mettre des fonds à des
placements ayant une durée de 1 mois au lieu de ceux à long terme.
En réalité, l'indication de l'ajustement de la période de long terme dans une période de court/moyen
terme se produit à partir des périodes de plus de 12 mois à des périodes de 6 mois, suivie par des
périodes de 12 mois à des périodes de 3 mois. Les données historiques de Décembre 2000 jusqu’au
Novembre 2009 montrent qu'en moyenne le taux diminuant des périodes de plus de 12 mois est
54,54% par mois, 2,91% pour 6 mois, 2,77% pour 12 mois, et 2,30% pour 3 mois, tandis que la
période de 1 mois représente uniquement 1,26% en moyenne par mois.
D’après un point de vue de gestion du risque de liquidité, les banques islamiques doivent rediriger leur
ajustement de période en offrant un rendement plus attrayant et convaincant sur des dépôts de longues
périodes que sur des dépôts de périodes plus courtes. Sinon, les banques islamiques pourraient lier les
déposants potentiels à des projets spécifiques de financement par le biais d'un contrat de muqayyadah
Mudarabah.
Avec ce contrat, le partage d’un rendement encourageant et plus élevé peut potentiellement être réalisé
à travers un effort pour recentrer l'orientation de financement basé sur la dette en financement à base
d'actions (Ismail, 2009a: 10-17). Grâce à ces mesures, les retraits de liquidité pour l’ajustement des
périodes auront lieu dans la direction opposée, de la période de courte durée vers la période à plus long
durée.
A. Analysis of the Potential of Rational Depositors
Parmi d'autres facteurs, l'existence des déposants rationnels qui positionnent indifféremment les
banques islamiques et les banques conventionnelles, est l'un des enjeux les plus importants car ils
peuvent créer un risque commercial déplacé. Une façon de détecter ces déposants est en traçant les
propriétaires de dépôts wadiah et les dépôts à terme Mudarabah de 1 mois. Les Dépôts wadiah
appartiennent à 246 192 comptes individuels et à 48 566 comptes non-individuels, alors que les
détenteurs de dépôts à terme de 1 mois appartiennent à 70 017 individus et 41 479 non-individus.
Au total, tous prennent plus de 9,52% du nombre total de titulaires des comptes bancaires. Parce que
ces deux dépôts sont très liquides, les déposants rationnels peuvent prendre leurs fonds à tout moment
et placer les fonds dans les banques classiques lorsque le taux d'intérêt est élevé (risque commercial
déplacé).

5. 5. GESTION DES RISQUES DE LIQUIDITE du côté d'actif :

Cette sous-section analyse l'actif en se basant sur le rapport statistique de la banque islamique
Indonésienne de la période qui s’étale de Décembre 2000 jusqu’au Novembre 2009. Elle comprend
(a) des alternatives pour l'affectation des fonds et (b) un financement bancaire à gérer la liquidité.
5. 5.1. Alternatives pour l'allocation des fonds :

Les banques islamiques avancent des fonds publics dans quatre endroits, à savoir: (a) le financement
direct au secteur réel, (b) le financement indirect au secteur réel, (c) le placement dans la banque

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centrale, et (d) le placement interne des réserves de liquidité. Chacun d'eux a ses propres instruments,
comme expliqué ci-dessous :
i. Le financement direct au secteur réel emploie le financement à base d'actions (période à long
terme), principalement Mudarabah et Musharakah; le financement basé sur la dette (période à
court terme), comme Murabahah, Istisna, Salam, et Ijara (leasing); les instruments à base de
services (période à court terme) tels que Wakalah, Ujrah, kafala, Hiwalah, Sharf, et Qardh
hassan (prêt bienveillant).
ii. Le financement indirect au secteur réel (de financement à court terme) consiste à acheter des
titres islamiques, à placer des fonds dans d'autres banques (actif interbancaire), à prêter de
l'argent à travers le marché monétaire islamique (PUA) et à participer dans le capital.
iii. Le placement dans la Banque d'Indonésie (BI) se compose de: (1) des comptes bancaires
positif dans la BI comprenant des exigences de réserves et des excédents de réserves et (2)
Certificats de la Banque d'Indonésie Sharia (SBIS).
iv. Les réserves bancaires internes se composent de: (a) des réserves de trésorerie et (b) des
réserves d’actifs productifs (PPAP) tel que stipulé par la Banque d'Indonésie (banque
centrale).

De préférence, la majorité des fonds doit aller au financement à base d’actions en se fixant directement
avec les projets d'affaires à long terme et de contribuer de manière significative aux activités
économiques. Néanmoins, dans la réalité, le financement basé sur la dette domine le financement
bancaire, ce qui signifie que les banques islamiques ont encore une limitation de financer les projets à
long terme, cela est dû à la limitation des ressources humaines, des fonds et des projets potentiels.
Pendant ce temps, le placement des fonds de la banque centrale révèle l'anticipation des banques
islamiques contre les retraits de liquidités à court terme. Tout en restant en accord avec cela, les
réserves de trésorerie sont allouées à répondre à la demande quotidienne de liquidités des déposants.
Financement de la Banque pour la gestion de la liquidité

La plupart de l'allocation des fonds dans le financement est basée sur la dette, qui est un placement à
court terme. Jusqu'au Novembre 2009, ce financement a représenté 74% du financement total, tandis
que le placement à long terme n'était que de 26%. Cela n'est pas surprenant, et comme 46% du total
des dépôts sont des dépôts à court terme tel que mentionné ci-dessus. Par conséquent, tous les dépôts à
court terme sont entièrement employés pour financer le financement à court terme. Si les fonds publics
dans des dépôts non bancaires sont inclus, ils seront ainsi employés pour le financement à court terme.
Non seulement les dépôts à court terme sont pleinement utilisées, mais une petite partie de dépôts à
long terme est également utilisée à cette fin (voir la figure 5.8). Cela signifie que l'industrie est
confrontée au problème d'un gap de liquidité où le montant des actifs liquides est supérieur à la
quantité de liquidité exigée du côté de la responsabilité.
Du point de vue de la gestion de la liquidité, cette stratégie de financement est raisonnable car elle
permet aux banques islamiques d'équilibrer la liquidité sur les deux côtés passif et actif, de sorte que la
demande à court terme de la liquidité ne sera pas un gros problème. En outre, par rapport au
financement à long terme, cette stratégie de financement à court terme fournit un bien prévue (certain)
et un rendement positif, qui est très essentiel pour maintenir des attentes et la loyauté des déposants
positifs.

Figure 5. 8: Financing Activities from a Liquidity Management Perspective

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Mais du point de vue macro-économique, les avantages d'avoir un système bancaire islamique n'ont
pas encore été optimisés. Le financement à long terme, comme un reflet des activités d'investissement,
devrait en effet être l'orientation ultime des déposants et des banques islamiques dans le but d'avoir un
impact significatif sur à l'économie.
Cependant, la découverte de cette stratégie de financement à court terme en détail, les banques
islamiques adoptent deux étapes prioritaires de financement. La première étape est d'étendre les dépôts
non bancaires à court terme pour le financement indirect à court terme telles que le placement dans la
Banque d'Indonésie, le placement dans d'autres banques, l'achat de titres, et de participation.
Certainement, c'est la bonne façon de garantir ces fonds, en tirer profit, et anticiper les besoins de
liquidités à court terme de ce type de dépôt.
La deuxième étape est de libérer des fonds publics d’après les dépôts bancaires à court terme vers le
financement basé sur la dette directe à court terme. Les données mensuelles de la période qui s’étale
de Décembre 2000 jusqu’au Novembre 2009 enregistrent que le nombre des comptes Murabahah pour
61% du financement total, est le plus élevé parmi les autres, suivie par Istisna à 6%, Ijara et autres
sources de financement sur base de dettes sont de 1% seulement (voir la figure 5.9).

Habituellement, la demande de financement à court terme dépasse les fonds disponibles dans les
dépôts à court terme, de sorte qu’elle tire les dépôts à long terme. En conséquence, le financement
Mudarabah ne prend que 30% du financement total ou la moitié de la partie Murabahah, tandis que
Musharakah est laissée avec seulement 2%
En outre, plus de 100% de FDR indique que certaines parties de la première étape de financement va à
la seconde ainsi. Ce grand FDR domine 62% du financement total, en particulier à partir de 2000
jusqu'en 2003. Néanmoins, entre 2004 et mi-2005 le FDR a chuté à moins de 100% en raison de
certaines conditions économiques défavorables, en particulier la forte inflation intérieure en raison de
l'ajustement du gouvernement au prix du pétrole domestique. L'impact a été ressenti non seulement par
le secteur réel, mais aussi par les activités de financement des banques islamiques.

L’extension de fonds dans le financement à court terme est l'option la plus récente et préférable pour
des attentes de rentabilité, de sécurité et de liquidité. Il est également conforme aux motivations des
déposants à court terme comme précédemment identifiés. Le financement à long terme nécessite un
engagement de financement à long terme, ce qui est très risqué et présente un caractère asymétrique du
risque et dépend des performances macroéconomiques que les banques ne peuvent pas se permettre
facilement (Wilson, 2007:4).
Avec le placement à court terme, qui est la gestion pro liquidité et qui a un rendement régulier positif,
les banques islamiques utilisent les facilités de la BI pour localiser leur fin de liquidité journalière. En
moyenne, il y a des placements avec 6% du total des dépôts en SBIS. A côté de sa sécurité, SBIS offre
des bonus mensuels (des frais). En fait, SBIS est en fait un instrument liquide pour les banques
islamiques qui est disponible pour être racheté (repo) à la BI si les banques sont en besoin urgent de
liquidités.
Contrairement aux banques traditionnelles, qui situent les fonds dans la Banque d'Indonésie Certificats
(SBI) pour gagner un rendement avec des taux d'intérêt élevés, les banques islamiques ne positionnent
pas la SBIS comme l’alternative ultime pour l'allocation des fonds. Il se trouve que le verrouillage de

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ACHBABE Farah
l'argent dans SBIS n'établit pas de lien avec des bonus promis. Les banques islamiques reposent
principalement sur le rendement de financement direct à court terme plutôt que des primes de SBIS.
Par exemple, lorsque le bonus augmente, le placement dans SBIS ne se déplace pas ainsi vers le haut,
comme le montre la figure 5.11.
Figure 5.11: SBIS Activities

Les autres sources de financement indirects tels que les actifs inter-bancaires, actions de participation,
achat de titres, et PUAS n’acquièrent pas beaucoup d’allocation en financement total, les placements
importants ne se trouvent que dans l'achat de titres islamiques (6,1%) et le placement interbancaire
(4,10%). Néanmoins, dans le but de gérer la liquidité, la libération des fonds dans ces financements
indirects liquide a dans une certaine mesure à accroître la liquidité de l'industrie (voir la figure 5.12).
À la suite de la mise en œuvre de ces stratégies de financement, le bénéfice de l'industrie augmente
avec le temps (voir la figure 5.13). Le bénéfice total a augmenté de 81% ou 0.22 trillions de Rp en
moyenne par an, ainsi que la valeur persistante de rendement positif sur l'actif (ROA). En effet,
l'augmentation de bénéfices permet aux banques islamiques de payer durablement un rendement
concurrentiel sur les dépôts et maintenir la loyauté des déposants.
Figure 5.13: Profit, ROA and NPF

Cependant, l'augmentation du financement non-performant (FNP) suit souvent la tendance supérieure


de profit. Le FNP était supérieur entre Janvier 2004 et mi-2007 avec un pourcentage de 5% en
moyenne du total des dépôts. Justement, pendant les hausses de prix du pétrole et la pression
économique interne mondiale, le FNP basé sur un financement à long terme a augmenté le total des
FNP en 2006 de 2,8% à 4,8%. Mais après de gros efforts de l'autorité bancaire et les intervenants
industriels, il a diminué lentement et a été pris sous contrôle.
Dans ce cas, pour atténuer les pertes de l'entreprise et de réduire les FNP, les banques islamiques
préparent un actif de provision sur réserves (PPAP). PPAP est réservé à protéger les banques contre
les pertes futures. Il représente 2% de l'actif total au cours des cinq dernières années. Tel qu'il est
rédigé dans la figure 5.14, en conformité avec l'expansion du financement et de la tendance croissante
des FNP, le montant total des PPAP a également augmenté. Heureusement, cet effort de prévention a
maintenu la confiance des déposants et a permis aux banques islamiques pour soutenir leurs activités
commerciales et de minimiser les retraits de liquidité.
Cependant, la répartition des fonds en fonction des secteurs économiques montre que la plupart des
gisements sont étendues dans des secteurs qui sont très liquides et opèrent dans une période à court
terme. De tous les financements, 29,24% vont au secteur des services commerciaux, 27,59% pour
divers, et 12,51% pour le secteur du commerce (voir le tableau 5.3). Plus précisément, les formes de
financement de ces secteurs sont : Fonds de roulement (51,08%), le financement de la consommation
(27,66%), le financement des investissements et (21.26 de%).
5. 6. Ratios de liquidité et l'analyse des écarts :

La Banque d'Indonésie prévoit certains ratios financiers conservés par les banques islamiques, y
compris les ratios de liquidité pour la gestion des liquidités. Le but est d'évaluer la capacité des
banques islamiques à maintenir la liquidité suffisante pour anticiper le risque de liquidité. Basé sur la
lettre circulaire publiée le 30 Octobre 2007 numéro 9/24/DPbS, les ratios financiers essentiels pour
gérer la liquidité sont les suivants: (i) le ratio de liquidité principal qui est le ratio de l'actif à court
terme ou risque de décalage à terme (Short-term Mismatch (STM)) et (ii) le ratio de support de

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ACHBABE Farah
liquidité qui est le ratio de l'actif à court terme, trésorerie, et des réserves secondaires pour faire face
au risque de décalage à terme du passif (Short-Term Mismatch Plus (STMP)).
. Analyse des principaux Ratio de liquidité (STM) :

Le STM est stipulé par la Banque d'Indonésie pour mesurer la capacité des banques islamiques dans
l'accomplissement de leur demande à court terme de liquidités. Les actifs à court terme représentent
les actifs dont l’échéance est moins de 3 mois, et qui sont des actifs interbancaires, de participation et
autres actifs à court terme, tandis que les dettes à court terme sont tous les engagements qui ont arrivés
à l’échéance en moins de 3 mois, elles représentent les dépôts à vue wadiah, dépôts d'épargne
Mudarabah et les dépôts à terme de 1 mois Mudarabah.
En outre, la Banque d'Indonésie détermine certains niveaux du ratio STM impliquant les niveaux de
l'industrie. le premier niveau a un ratio STM au-delà de 25%, le deuxième niveau a un ratio STM qui
se situe entre 20% et 25%, le troisième niveau a un ratio STM qui se situe entre 15% et 20%, le
quatrième niveau a un ratio STM qui se situe entre 10% et 15%, et enfin , le cinquième niveau a un
ratio STM qui est en dessous de 10% (annexe de la Banque d'Indonésie, 2007b: 36). Pour le régulateur
bancaire, le ratio STM supérieur est le meilleur, tandis que pour les banques, un ratio STM élevé
signifie qu'ils ne peuvent pas utiliser les fonds de manière optimale pour financer les projets à long
terme et bénéficient d'un rendement/bénéfice.
* . Anayse de ratio du support de liquidité ( SMTP ) :
Après le principal ratio de liquidité (STM), SMTP est stipulé par la Banque d'Indonésie pour mesurer
davantage la capacité des banques islamiques à remplir leur demande à court terme de liquidités. Il se
compose d'actifs à court terme de la STM, les réserves de trésorerie, les réserves secondaires (SBIS),
et des passifs à court terme qui sont les mêmes que ceux de la STM.
Il y a aussi des niveaux de taux SMTP qui impliquent les qualités de l'industrie. le premier niveau a un
ratio SMTP au-delà de 50%, le deuxième niveau a un ratio STM qui se situe entre 40% et 50%, le
troisième niveau a un ratio STM qui se situe entre 30% et 40%, le quatrième niveau a un ratio STM
qui se situe entre 20% et 30%, et enfin, le cinquième niveau a un ratio STM qui est en dessous de 20%
(annexe de la Banque d'Indonésie, 2007b: 37). En comparaison avec la STM, SMTP représente un
ratio plus élevé, car chaque banque islamique dispose de réserves de trésorerie et des réserves
secondaires.

 Evaluation du Ratio de liquidité :

Après la mesure du ratio de liquidité, la Banque d'Indonésie a déterminé l'évaluation


du rendement de ratio de liquidité par niveau (Annexe de la Banque d'Indonésie,
2007b: 92). Le premier niveau est interprété comme une très forte anticipation des
banques islamiques pour répondre à la demande à court terme de liquidités. Le
deuxième niveau est interprété comme une forte anticipation des banques islamiques
pour répondre à la demande à court terme de liquidités.
Le troisième niveau est interprété comme une prévision modeste des banques
islamiques pour répondre à la demande à court terme de liquidités. Le quatrième
niveau est interprété comme une faible anticipation des banques islamiques pour
répondre à la demande à court terme de liquidités. Le cinquième niveau est
interprété comme une anticipation faible des banques islamiques pour répondre à la
demande à court terme de liquidités.

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Analyse des écarts :

Cette sous-section utilise l'analyse des écarts pour étudier la performance de


rendement sur le financement et le paiement des rendements sur les dépôts.
Lorsque l'écart entre le rendement sur le financement et le rendement sur les dépôts
est positif, un problème de risque de liquidité est peu probable de se produire. C'est
parce que:
i. Les banques islamiques ont montré un portefeuille de financement robuste et une
bonne performance.
ii. Les déposants reçoivent un paiement continu et positif sur les dépôts.
iii. Plus le partage de rendement sur les dépôts est concurrentiel, plus les déposants
viennent.
iv. Sauf si des intérêts sur les dépôts sont très élevés, les déposants rationnels
resteront dans les banques.
Conclusion et remarques :

L'analyse industrielle de l'industrie bancaire islamique indonésienne a trouvé


quelques faits intéressants et des problèmes en matière de gestion du risque de
liquidité. Tout d'abord, les dépôts liquides du côté du passif sont des éléments qui
portent le potentiel de reprises de liquidités à court terme de déposants. En réponse,
les banques islamiques localise la plupart des fonds de financement à court terme
pour gérer la demande à court terme de liquidité et de gagner un revenu positif et
régulier du financement de la dette à court terme.
Mais ce n'est pas une pratique idéale des banques islamiques et ne contribue pas de
manière significative au développement économique à long terme en finançant les
projets à long terme. Certains déposants, d'autre part, sont très sensibles à la
circulation des taux d'intérêt, et positionnent les banques islamiques positionner
indifféremment par rapport aux banques traditionnelles, ces derniers déposants
investissent des fonds à période à court terme. En outre, la gestion des liquidités
dans les banques islamiques est très sensible aux conditions économiques comme
identifiées dans l'analyse de ratio de liquidité.
Toutefois, afin d'atténuer la demande régulière et irrégulière de liquidité, les banques
islamiques ont préparé trois niveaux d’instruments liquides. Historiquement, à la fois
le 1er et le 2ème niveau sur des instruments liquides qui ont servi avec succès la
demande de liquidité. L’empruntant des fonds à partir du marché monétaire
islamique est également très rare. Néanmoins, le potentiel de la demande à court
terme pour les retraits de liquidité pourrait se produire si l'économie est en récession,
le taux d'intérêt est élevé, ou les déposants ont tendance à détenir plus d'argent dans
la main.

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ACHBABE Farah
Réussir la promotion de la finance islamique : quelles conditions ?

Tout le monde s’intéresse à la finance islamique : Gouvernements,


investisseurs, chercheurs, épargnants... Tout ces intervenants ont de grandes
attentes par rapport à la finance islamique. Des conditions doivent être réunies pour
garantir à cette finance les chances de réussite. Nous pouvons en citer
essentiellement :

La définition d’une stratégie globale pour la promotion de l’industrie financière


islamique à travers les différentes composantes du système : banques, compagnie
Takaful, fonds d’investissement… avec une implication des pouvoirs publics dans
cette stratégie, notamment les banques centrales ;

La nécessité de mettre en place dans les meilleurs délais un cadre


réglementaire complet et approprié régissant toute l’activité financière islamique, y
compris les mécanismes d’accompagnement, de contrôle, d’organisation…

La nécessité d’éviter de transposer des expériences toutes prêtes d’autres


pays sans tenir compte des spécificités et du contexte local.

La préparation des différents acteurs par une formation adéquate dans les divers
domaines de la fiance islamique, tant sur le plan technique que charaïque.

La nécessité de créer un Comité Charaïque « Chariaa Board » à l’échelle nationale à


côté des autres comités siégeant dans chaque banque, pour s’y référer, notamment
en cas de litige.

L’intégration du contrôle charaïque au sein des autres mécanismes de contrôle de


conformité, d’audit tout en veillant à l’émission d’un manuel ou guide sur la
gouvernance dans les institutions financières islamiques

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ACHBABE Farah
La prise en considération de la structure et des spécificités du mode de
fonctionnement spécifique des banques islamiques dans la définition de certains
aspects réglementaires : les limites quant aux prises de participations et acquisitions
de valeurs mobilières et immobilières par les banques, les taux de réserve
obligatoire…

La définition des mécanismes de fonctionnement et d’instruments du marché


monétaire et de la gestion de trésorerie qui sont conformes aux principes de la
finance islamique.

La nécessité de se conformer aux règles, normes et standards définis par les


organes de contrôle et de régulation tels que l’AAOIFI, le CIBAFI, IICRA…

Par ailleurs, d’autres mesures d’accompagnement doivent être initiées et visant


essentiellement à instaurer les règles de bonne gouvernance, de transparence
fiscale dans les entreprises, et ce afin d’encourager les institutions financières
islamiques à privilégier les instruments participatifs, qui, à la fois, répondent mieux
aux préceptes de la Chariaa et constituent une alternative intéressante quant aux
autres formes de financement par l’endettement.
Il convient de rappeler enfin l’aspect éthique de la finance islamique, laquelle
s’appuie sur des principes inspirés des valeurs universelles qui ne font pas d’elle une
finance communautaire.
Il va sans dire que l’apport de l’économie islamique d’une façon générale et de
la finance islamique en particulier peut bénéficier à toute la communauté :
musulmans ou autres, pratiquants ou non pratiquants. Il suffit de rappeler qu’en
Malaisie, qui est considérée comme une place développée de la finance islamique, la
plupart des clients faisant appel à ces produits sont des non musulmans, et que
plusieurs pays non musulmans ont mis ou sont en cours de mise en place de cadres
réglementaires régissant l’économie islamique.

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ACHBABE Farah
Il ne s’agit pas là d’une mode, ou du fruit d’un contexte politique particulier, mais
plutôt d’un système alternatif venant compléter, et non se substituer au système
conventionnel, offrant des opportunités pour le financement de l’économie, la relance
de l’emploi, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie des
citoyens, le développement des régions les plus défavorisées. De tels objectifs ne
sont autres que ceux revendiqués par les jeunes et moins jeunes ayant lancé
l’étincelle des révolutions ayant embrasé les différents pays du printemps arabe.

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ACHBABE Farah
Conclusion :

Après une présence d’environ quatre décennies dans le paysage financier


international, l’heure est au bilan de la finance islamique. Les acteurs sur le marché
et toute personne intéressée par ce mode de gestion des fortunes se posent des
questions du type :

- Qu’a pu réaliser la finance islamique depuis sa création ?


- La sophistication des produits et la création des dérivés ont-elles entamé la
crédibilité des IFI en matière de conformité par rapport à la Shariaa ?
- Quelle réponse pourrait apporter la finance islamique à un monde qui s’ébroue et
où la caractéristique principale est l’incertitude et la crainte ?
- Pourrait-on envisager une reprise totale par une finance éthique au sens large du
monde des affaires ?
- La finance islamique offre-t-elle assez d’attraits pour attirer un plus large public ?
- La finance islamique, depuis sa création, a-t-elle respecté sa vocation, à savoir la
mutualisation des richesses et l’amélioration du quotidien des défavorisés et
nécessiteux ?

On a eu l’occasion dans un paragraphe précédent de mettre en évidence les


critiques à l’égard de la finance islamique, critiques pour la plupart endogènes, car
formulées par des membres de la communauté musulmane. En effet, les IFI, ne
peuvent s’enorgueillir d’un bilan très louable en termes d’investissements à portée
sociale. L’obtention d’un financement par un petit entrepreneur au budget modeste
peut se révéler un vrai parcours du combattant, les prouesses d’un Mohamed
Yunus par exemple en ce sens sont plus dignes d’éloges.

En ce qui concerne l’attrait de la finance islamique, force est de constater que


malgré des années fastes, où la bulle immobilière était à son paroxysme, les IFI ont
du mal à s’impliquer dans des projets créateurs de richesses et socialement utiles.

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ACHBABE Farah
La finance islamique s’impose incontestablement aujourd’hui comme une
composante importante du monde financier et économique, et son statut lui impose
d’agir en tant que tel, en d’autres termes, à agir en investisseur et non en rentier.
Dans les faits, le label islamique n’a servi qu’à attirer certains littéralistes nantis
soucieux, par acquit de conscience, de placer leur argent dans un système conforme
à la Shariaa et un épargnant éclairé ne peut être dupé par des arguments fallacieux
du type « absence d’intérêt » ou « banque éthique » tandis que ces mêmes
établissements refusent l’accès à des financements aux couches modestes ou aux
projets audacieux. Il est à rappeler qu’un contrat comme la Moudaraba, qui requiert
une prise en charge financière totale de la part d’une banque islamique, trouve très
rarement grâce auprès de celle-ci. Tous ces constats poussent à considérer avec
beaucoup de relativisme l’éthique de ces institutions.
Toutefois, dans un souci d’impartialité, sont opposés aux critiques à l’égard des
IFI des points positifs et des accomplissements admis par consensus :

- Les principes de la finance islamique fournissent une source de débat sur la


manière de concevoir la finance éthique, une finance plus juste, plus égalitaire et
œuvrant pour une meilleure qualité de vie et où l’argent n’a pas vocation à engendrer
de l’argent.

- L’offre de produits proposés par les IFI, notamment ceux qui reposent sur la
participation contribue à l’élargissement du paysage bancaire actuel et serait
susceptible de pousser les banques conventionnelles et les IFI à se livrer à une
concurrence qui pourrait, si maîtrisée, être bénéfique à l’investissement et à l’esprit
entrepreneurial. Des efforts fiscaux en ce sens pourraient inciter les IFI et autres
banques à promouvoir les produits de types partenariats.

Dans ce contexte de développement rapide, les acteurs de la finance islamique


devraient « prendre garde à ne pas se fourvoyer et à surtout protéger son capital
réputationnel, condition sine qua non de son succès futur.

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Bibliographie :

 Mémoires d’expertise comptable et recherches


 LORIN Christophe
 Le suivi du risque dans une banque, approche méthodologique et outils
 d’analyse
 JAOUEN, Michel
 Vers une gestion quantitative du risque de crédit dans une banque,
 Karim CHERIF, HES Genève
 Analyse des produits financiers islamiques
 Louise St-Cyr, HEC Montréal
 Mesure et analyse du risque d’exploitation
 Sofia BENNAMARA, Université de Laval
 Finance islamique et capital-risque
 Malika Amri, Université Toulouse 1
 Les spécificités des contrats de financement dans les banques
islamiques
 Sites institutionnels
 Ernst and Young Bahrein http://www.ey.com/EM/en/About-us/Bahrain
 Islamic Development Bank www.isdb.org
 Dubai Islamic bank www.dib.ae
 Abu Dhabi Islamic bank www.adib.ae
 The Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions
(AAOIFI)
 http://www.aaoifi.com/aaoifi/
 Ministère des Finances Marocain www.finances.gov.ma
 Islamic Finance Standards Board www.ifsb.org
 Al Rajhi Bank http://www.alrajhibank.com
 Qatar Islamic Bank www.qib.com.qa
 Al Baraka Bank www.albaraka.com

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ANNEXES

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Annexe 1 : Annexe 1 : Article du journal « Le Matin » :
« Le marché mondial des sukuks estimé à 100 milliards de
dollars en 2014 »

Annexe 2 : Impact du printemps arabe sur l’activité de la finance


islamique.

Annexe 3 : Organigramme type d’une banque.

Annexes 4: Entretien réalisé avec Mustapha ADIL, Senior manager


au département finance islamique à Ernst and Young Bahreïn.

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Annexe 1 : Article du journal
« Le Matin » :

« Le marché mondial des sukuks estimé à 100


milliards de dollars en 2014 »

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Finance islamique
Le marché mondial des sukuks
estimé à 100 milliards de dollars en
2014
Publié le : 10 février 2014 - Mohamed Amine Hafidi, LE MATIN

« Plus de 100 milliards de dollars. C’est ce que devrait représenter le marché


mondial des sukuks en 2014, selon un récent rapport du cabinet Standard & Poor’s.
Après une baisse de 13% en 2013, les émissions en sukuks reprendraient du poil de
la bête cette année. S&P prévoit une croissance à deux chiffres, à la faveur
principalement du marché malaisien et celui du Conseil de Coopération du Golfe
(CCG), estime le cabinet. Ce dernier prévoit une maturité de cette industrie dans la
région du Moyen-Orient. Par ailleurs, un intérêt croissant se fait sentir dans les pays
de l’Afrique du Nord, notamment au Maroc et en Tunisie, selon la même source.
«Ces deux pays sont en train de finaliser le volet législatif pour pouvoir bénéficier de
ce mode de financement alternatif afin d’émettre prochainement des sukuks. Leurs
besoins grandissants en termes de financement, notamment pour couvrir leurs
déficits budgétaires, les pousseraient à accélérer les réformes dans ce sens»,
souligne S&P. Au Maroc, la machine législative pour la finance participative est en
marche.

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Le projet de nouvelle loi bancaire qui renferme toute une partie sur la finance
islamique doit être adopté avant fin 2014. «Partant de la conviction que les produits
et services financiers participatifs peuvent apporter une contribution importante à la
mobilisation de l'épargne et à l'inclusion financière dans notre pays, la mise en place
d'un cadre législatif régissant la finance participative s'avère nécessaire», avait
indiqué le ministère de l’Économie et des Finances en décembre 2013 dans la note
de présentation du projet de loi 103-12 relative aux établissements de crédit et
organismes assimilés.
En effet, le projet de loi 103-12 a réservé plus de 16 articles à la finance
participative, dont le produit phare reste les sukuks.
Pour démontrer l’intérêt de cet instrument financier, le Conseil déontologique des
valeurs mobilières (CDVM) a effectué, récemment, une étude intitulée «Sukuk, quel
potentiel de développement au Maroc ?» Les résultats de l’étude ne laissent aucun
doute sur le potentiel de cette forme de financement. «90% des émetteurs interrogés
envisagent d’émettre des sukuks si le cadre légal le permet, 62% considèrent qu’il
s’agit d’un instrument complémentaire aux produits de financement classiques et
25% le considèrent comme un substitut à l’obligation classique», note l’étude.
En plus, 50% des professionnels sondés choisiraient d’émettre des sukuks à la
place des obligations si les coûts relatifs à chaque instrument étaient identiques.
Selon les analystes de Standard & Poors, l’Afrique est un marché prometteur pour
les sukuks. «Les sukuks peuvent offrir aux gouvernements l’accès à une nouvelle
base d'investisseurs en diversifiant leurs sources de financement budgétaire. Ceci
est important pour les pays ayant des besoins de financement considérables, comme
ceux de l’Afrique du Nord. Nous croyons que l'Afrique pourrait bientôt offrir une
nouvelle alternative pour les investisseurs qui cherchent à acheter des obligations
islamiques en dehors du circuit traditionnel (l'Asie et la région du CCG)», estime le
cabinet.
Ce dernier rappelle par ailleurs que cette tendance se confirme davantage. À titre
d’exemple, le Sénégal prévoit de lever, au cours de ce premier trimestre 2014,
quelque 200 millions de dollars sous forme de Sukuks afin de financer des projets
d’infrastructures. »

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Annexes 2 : Impact du printemps arabe
sur l’activité de la finance islamique.

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Annexe 3 : Organigramme type d’une
Banque Islamique

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Organigramme d’une Banque islamique :

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Annexe 4 :

Entretien réalisé avec Mustapha ADIL, Senior manager


au département finance islamique à Ernst and Young
Bahreïn.

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