Lionte Sergiu 2015 ED269

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UNIVERSITÉ DE STRASBOURG

ÉCOLE DOCTORALE MSII (ED 269)


Laboratoire LGeCo

THÈSE
présentée par :

Sergiu LIONTE
soutenue le : 23 mars 2015

pour obtenir le grade de : Docteur de l’Université de Strasbourg


Discipline/ Spécialité : Energétique / Thermique, Mécanique des fluides

Caractérisation, étude et modélisation du


comportement thermomagnétique d’un dispositif de
réfrigération magnétique à matériaux non linéaires
et point de Curie proche de la température ambiante

Membres du jury :

M. Michel FEIDT Professeur émérite de l’Université de Lorraine Président


M. Mame WILLIAM-LOUIS Professeur, IUT de Bourges - Université d’Orléans Rapporteur
Mme Lavinia GROSU Maitre de conférences HDR, Université Paris Rapporteur
Ouest, Nanterre
Mme Monica SIROUX Professeur, INSA de Strasbourg Directeur de thèse
Mme Carmen VASILE Maitre de conférences, INSA de Strasbourg Encadrant
Résumé (Français)

Résumé (Français)
Les défis environnementaux, au premier rang la lutte contre le changement
climatique, impliquent de modifier rapidement notre modèle de développement. Il est
ainsi nécessaire d’améliorer l’efficacité énergétique, d’encourager les innovations et
de favoriser la pénétration du marché par les nouvelles technologies.
Un des domaines le plus concernés c’est le domaine de la réfrigération, qui
est responsable de 15 % de la consommation mondiale d’électricité. Les
équipements conventionnels de réfrigération, basées sur la technologie de
compression de vapeurs d’un fluide frigorigène, ont atteint aujourd’hui leur limite
d’efficacité. De plus, ces systèmes fonctionnent avec des fluides dangereux pour
l’environnement. Pour remplacer la technologie actuelle, les scientifiques ont
commencé ces dernières années à explorer des nouvelles technologies pour le
refroidissement comme le refroidissement thermoélectrique, le refroidissement
thermoacoustique et la réfrigération magnétique.
La réfrigération magnétique possède plusieurs avantages comme l’absence
de polluants atmosphériques, un faible niveau de bruit, la recyclabilité totale des
matériaux et surtout un rendement énergétique potentiellement nettement supérieur
à celui de l’effet Peltier, thermoacoustique ou d’un cycle thermodynamique classique.
Cette technologie propose des systèmes propres et performants pouvant s’intégrer
dans des nombreuses applications comme la réfrigération industrielle, la réfrigération
domestique, le refroidissement des systèmes portables (électronique, médical, etc.),
la climatisation domestique ou des automobiles.
Pour améliorer la conception des systèmes de réfrigération magnétique, il est
nécessaire de disposer d’un modèle dynamique de simulation multi-physique
intégrant l’ensemble des phénomènes physiques dominants. En effet, les
performances de ces systèmes sont fortement dépendantes des interactions entre la
thermique, la fluidique et le magnétisme. En plus d’essais expérimentaux, il est
nécessaire de disposer d’un modèle fiable et dynamique afin de pouvoir évaluer et
optimiser ces systèmes en termes de puissance thermique, de la différence finale de
température du système et de coefficient de performance. La conception d’un tel
modèle est l’objectif de cette thèse.
҉
La réfrigération magnétique s’appuie sur l’effet magnétocalorique (EMC), qui
est une propriété intrinsèque des matériaux magnétiques et se traduit par une
variation instantanée et réversible de leur température et entropie lorsqu’ils sont
soumis à une variation de champ magnétique. Cet effet réversible est maximal à la
température de transition de la phase ferromagnétique à la phase paramagnétique,
appelée température de Curie et est la conséquence de la diminution de l’entropie
magnétique suite à l’alignement des spins électroniques sous l’application du champ
magnétique. Cette réaction est exothermique à cause de l’augmentation de l’entropie
électronique et de réseau. La réfrigération magnétique est utilisée depuis des
décennies pour des applications en cryogénie mais les développements récents en
science des matériaux ont fait de cette technologie un candidat pour la réfrigération
autour de la température ambiante.

1
Résumé (Français)

La plupart des matériaux magnétocaloriques utilisés dans la réfrigération


magnétique sont des terres rares comme gadolinium (TC=20°C), soit pures ou
combinés dans des alliages. D’autres matériaux magnétocaloriques sont développés
par les métallurgistes pour répondre au fort besoin à venir avec un cout
environnemental réduit et un EMC plus important. A cause de la valeur réduite de la
différence adiabatique de température des matériaux actuels qui est de quelques
dégrées par Tesla (ΔTad de gadolinium est de 2,8 °C dans une intensité de champ
magnétique de 1T), la régénération thermique est nécessaire. Pour atteindre des
écarts de température qui soient suffisants pour répondre aux besoins usuels, nous
utilisons le concept du Régénérateur Magnétique Actif (AMR) avec un cycle de
réfrigération par régénération magnétique active (AMRR).
L’AMR est représenté par une matrice poreuse des matériaux
magnétocaloriques qui est traversée par un fluide caloporteur en mouvement
alternatif, dans un procédé cyclique. Son fonctionnement est similaire à celui d’un
régénérateur passif et les transferts thermiques sont gouvernés par les mêmes
équations caractéristiques. La seule différence est la circulation alternative du fluide
et la présence d’une variation du champ magnétique appliqué à cette structure de
façon synchrone avec la circulation du fluide. Aux deux extrémités du régénérateur
se trouvent les échangeurs thermiques (l’échangeur de chaleur chaud – HHEX et
l’échangeur de chaleur froid – CHEX) qui réalisent l’alimentation en fluide et la
connexion avec les sources thermiques.
҉
L’objectif de cette thèse est la modélisation du comportement d’un
Régénérateur Magnétique Actif afin d’optimiser le fonctionnement d’un système de
réfrigération magnétique. Le modèle numérique développé lors de cette thèse est un
modèle multi-physique et multi-échelle qui prend en compte simultanément trois
phénomènes distincts qui sont à l’œuvre dans un AMR, chacun à une échelle
différente. A micro-échelle, le magnétisme est représenté par l’effet
magnétocalorique qui se passe au niveau des spins des électrons des atomes du
matériau magnétocalorique. L’approche mini-échelle est représenté par la fluidique,
avec un écoulement laminaire du fluide caloporteur au sein des microcanaux avec
des dimensions d’ordre submillimétrique pour la hauteur des microcanaux (entre
0,20 et 1 mm). A macro-échelle, le transfert thermique est représenté par l’écart final
de température entre les deux échangeurs de chaleur.
Le modèle numérique est un modèle 2D mis en place dans le logiciel des
simulations des phénomènes multiphysiques, COMSOL Multiphysics. Le modèle est
basé sur une géométrie avec des plaques parallèles de matériau magnétocalorique.
Cette configuration indique les meilleures performances en termes de l’efficacité des
transferts thermiques et de pertes de charge. Le comportement thermique du
matériau est modélisé par un couplage entre l’équation de la chaleur dans le solide à
laquelle on a ajouté un terme source pour intégrer l’EMC, et l’équation de la chaleur
dans le fluide à l’interface solide-fluide qui est considérée comme une condition limite
additionnelle. Ceci est physiquement plus approprié que l'utilisation d’un coefficient
de transfert de la chaleur introduit avec des corrélations expérimentales. Dans le
modèle, nous avons utilisé la méthode semi-expérimentale pour intégration de l’EMC

2
Résumé (Français)

qui consiste en l’interpolation des données obtenues expérimentalement. Cette


méthode est préférable à la méthode analytique avec le modèle théorique de Weiss-
Debye-Sommerfeld parce qu’elle offre des informations plus précises sur la capacité
thermique des matériaux et de la différence adiabatique de température.
L’écoulement du fluide a été modélisé avec les équations de Navier Stokes
pour un fluide incompressible classique. Les caractéristiques thermodynamiques du
fluide choisi correspondent à celles de l’eau. Comme matériaux magnétocaloriques
nous avons utilisé le matériau référence dans le domaine, le gadolinium et un alliage
magnétocalorique nouveau, l’oxyde de praséodyme-manganèse.
҉
Afin de disposer des données cohérentes, nous avons procédé à des mesures
des propriétés thermophysiques du gadolinium et de l’oxyde de praséodyme-
manganèse. Nous avons utilisé un conductivimètre et une enceinte climatique qui
nous a permis ainsi de déterminer la conductivité thermique des matériaux pour une
plage des températures de -20°C jusqu'à +60°C. Suite à ces essais nous avons
constaté un écart significatif entre les valeurs théoriques et les valeurs
expérimentales de la conductivité thermique du gadolinium et c’est pour ça que nous
avons procédé à une analyse spectrale de l’échantillon par une diffractométrie de
rayon X et à une analyse structurale à l’aide du microscope électronique. L’analyse
spectrale effectuée a montré que l’échantillon étudié est du gadolinium industriel
caractérisé par une forme particulière de cristallisation (dû au procédé de mise en
forme: température, pression et contraintes mécaniques) ce qui implique une valeur
de conductivité thermique éloignée des valeurs théorétiques du gadolinium. Afin de
simuler le comportement d’un régénérateur pour la réfrigération magnétique, ces
valeurs expérimentales des propriétés thermophysiques des matériaux ont était
introduites dans le modèle numérique à l’aide d’une fonction d’interpolation des
données.
҉
Le modèle numérique de l’AMR mis en place a été validé par une
comparaison avec des données expérimentales. La validation a été effectuée par
rapport à des essais expérimentaux sur un prototype existant chez un des
partenaires du projet de recherche. Les résultats obtenus ont montrés une bonne
corrélation entre le modèle et les résultats expérimentaux. Par ailleurs, le modèle a
été exploité par une analyse de sensibilité des paramètres permettant d’étudier le
fonctionnement ainsi que les performances du système.
Le modèle mis en place dans le cadre de cette thèse permet ainsi d’identifier
une stratégie de conception optimale d’un AMR afin de concevoir des systèmes de
réfrigération magnétique plus performants.

3
Abstract (English)

Abstract (English)
The environmental challenges, foremost the fight against climate change,
involves a rapid modification of our development model. A significant increase of the
global temperature would increase the occurrence of some extreme weather events
that can endanger many populations. These threats have led to a growing
international awareness. It is necessary to improve the energy efficiency, to promote
innovation and to boost market penetration of new technologies.
One of the most concerned areas is the field of refrigeration, which is
responsible for 15% of global electricity consumption. The conventional refrigeration
equipment, based on the technology of vapour compression of a refrigerant, have
now reached their limit of effectiveness. Moreover, these systems work with fluids
that can be hazardous to the environment. To replace the current technology,
scientists have begun in recent years to explore new cooling technologies such as
thermoelectric cooling, the thermo acoustic cooling and magnetic refrigeration.
Magnetic refrigeration has several advantages such as the absence of air
pollutants, a low level of noise, the total recyclability of materials and moreover a
potentially much higher efficiency than that of the thermoelectric effect, the
thermoacoustic effect or the conventional thermodynamic cycle. This technology
provides clean and efficient systems that can be integrated into many applications
such as the industrial refrigeration, the domestic refrigeration, the cooling of portable
systems (electronic, medical, etc.), domestic air conditioning or automobile air
conditioning.
To improve the design of magnetic refrigeration systems, it is necessary to
dispose of a dynamic numerical model of multi-physics simulation incorporating all
the dominant physical phenomena. In fact, the performance of these systems is
highly dependent on the interactions between thermic, fluidics and magnetism. In
addition to experimental tests, it is necessary to dispose of a reliable and dynamic
numerical model in order to evaluate and optimize these systems in terms of thermal
power, final system temperature difference and coefficient of performance. The
design of such a numerical model was one of the objectives of this thesis.
҉
Magnetic refrigeration is based on the magnetocaloric effect (MCE), which is
an intrinsic property of the magnetic materials and represent an instantaneous and
reversible change in their temperature and entropy when subjected to a magnetic
field variation. This reversible effect is maximal at the temperature of transition from
the ferromagnetic phase to the paramagnetic phase, called the Curie temperature
and is the consequence of the decrease in magnetic entropy due to the alignment of
electron spins in the application of the magnetic field. This reaction is exothermic due
to the increase in entropy and electronic network. Magnetic refrigeration has been
used for decades for applications in cryogenics but recent developments in materials
science have made this technology a candidate for near room temperature
refrigeration.
Most magnetocaloric materials used in magnetic refrigeration are rare earth as
gadolinium (TC=20°C), either in the pure state or combined in alloys. Other

4
Abstract (English)

magnetocaloric materials are developed by metallurgists in order to respond to future


necessity, with a reduced environmental cost and a greater MCE. Because of the
reduced value of the adiabatic temperature difference of the existing materials which
is a few degrees per Tesla (gadolinium ΔTad is 2.8° C in a magnetic field strength of 1
Tesla), the thermal regeneration is necessary. To achieve temperature differences
that are sufficient to fulfil the common industrial needs, we use the concept of Active
Magnetic Regenerator (AMR) with a cycle of refrigeration by active magnetic
regeneration (AMRR).
The AMR is represented by a matrix of a porous magnetocaloric material
through which a heat transfer fluid circulates in a reciprocating motion, in a cyclic
process. Its operation is similar to that of a passive regenerator and heat transfers
are governed by the same characteristic equations. The only difference is the
alternative movement of the fluid and the presence of a change of the magnetic field
applied to this structure in the same time with the circulation of the fluid. At both ends
of the regenerator are the heat exchangers (the hot heat exchanger - HHEX and cold
heat exchanger - CHEX) which connects the fluid with the thermal sources.
҉
The objective of this thesis was the understanding of the behaviour of an
Active Magnetic Regenerator in order to optimize the operation of a magnetic
refrigeration system. This thesis consists of two approaches: a theoretical approach
and an experimental approach. The theoretical approach is represented by a
numerical modelling of an AMR. The experimental approach is represented by direct
measurements of thermophysical properties of magnetocaloric materials and the
integration of these measured properties in the numerical model for a more realistic
simulation of an AMR thermal behaviour.
The numerical model developed in this thesis is a model that simultaneously
deals with the simulation of three distinct phenomena into an AMR, each at a
different scale. At micro-scale we have the magnetism which is represented by the
magnetocaloric effect which happens at the level of the spins of the electrons of the
atoms of the magnetocaloric material. The mini-scale approach is represented by the
fluidics, with a laminar flow of the heat transfer fluid through the microchannels with a
submilimeter order of dimension of the microchannels’ height (between 0.20 and 1
mm). A macro-scale we have the thermal transfer, represented by the final
temperature difference between the two heat exchangers.
The numerical model is a 2D multi-physics and multi-scale model built in a
software for multiphysics simulation, COMSOL Multiphysics. The model is based on
a geometry with parallel plates of magnetocaloric material. This configuration shows
the best performance in terms of the heat transfer efficiency and pressure drop. The
thermal behaviour of the material is modelled by a coupling between the heat
equation in the solid on which a source term was added to integrate the MCE and the
heat equation in the fluid at the fluid-solid interface which is considered as an
additional boundary condition. This is physically more appropriate than using a heat
transfer coefficient with experimental correlations. In the model, we used the semi-
experimental method for integration of EMC that involves the interpolation of
experimentally obtained data. This method is preferable to the analytical method with

5
Abstract (English)

the theoretical model of Weiss-Debye-Sommerfeld because it provides more


accurate information on the heat capacity of materials and on the adiabatic
temperature difference.
The fluid flow was modelled using the Navier Stokes equations for a classical
incompressible fluid. The thermodynamic characteristics of the fluid are selected to
match those of water. As magnetocaloric materials we used the reference material in
the field, gadolinium and a new magnetocaloric alloy, the praseodymium-manganese
oxide.
҉
As part of the experimental approach of this thesis we directly measured the
thermophysical properties of gadolinium and praseodymium-manganese oxide. We
measured the thermal conductivity and thermal effusivity and we have introduced
their actual values in the numerical model in order to simulate the real behaviour of
an AMR. All measurements were made at INSA (National Institute of Applied
Sciences) of Strasbourg during this thesis. We have used a thermal conductivity
analyser and a climatic chamber that allowed us to measure over a temperature
range from -20°C to +60°C. Because the results of these measurements made on
gadolinium showed different values with the theoretical values in the existing
literature, we conducted the sample verification by a test of X-ray diffraction by an X-
Ray diffractometer and by using an electronic microscope. The spectral analysis
showed that the sample is made of industrial gadolinium with another form of
crystallization which has different values of the theoretical values for thermal
conductivity thermal effusivity, mainly because of the shaping processes like the
temperature, the pressure and various mechanical stresses different to those used in
the laboratory situation. This difference values can propagate in the case of a thermal
system calculation. Thus, the results of numerical simulations will not be validated by
the experimental results for the same material. In order to simulate the real behaviour
of a regenerator for the magnetic refrigeration, the real values of thermophysical
properties of materials have been introduced in the numerical model using a data
interpolation function.
҉
The numerical model has been validated by several methods before it has
been exploited. The validation was performed with respect to experimental tests
conducted on an existing prototype at one of our research project partners. The
results have shown good correlations between the results given by the model and the
experimental data issued from the prototype. Further, the model has been exploited
by a sensitivity analysis of parameters and several studies were made on its
operation and on the performance analysis. This model was used to perform an AMR
operating analysis in order to improve the understanding, to highlight the significant
parameters and to study the interactions between the parameters and their impact on
the AMR performance. It allows drawing a parametric behavior maps to help in the
design of future magnetic refrigeration systems with better performance

6
Table des matières

Table des matières

Résumé (Français) ................................................................................................... 1


Abstract (English) ..................................................................................................... 4
Table des matières ................................................................................................... 7
Nomenclature...........................................................................................................10
Introduction et contexte de la thèse ......................................................................12
1 Contexte énergétique et la réfrigération .........................................................16
1.1 La réfrigération en général .......................................................................... 19
1.2 Différents types de techniques de réfrigération ........................................... 20
1.2.1 La réfrigération à compression de vapeur ............................................. 20
1.2.2 La réfrigération à absorption de gaz ..................................................... 21
1.2.3 Le refroidissement thermoélectrique ..................................................... 22
1.2.4 Le refroidissement à adsorption ............................................................ 23
2 Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique ..................................26
2.1 Historique .................................................................................................... 26
2.2 Introduction.................................................................................................. 31
2.3 L’effet magnétocalorique ............................................................................. 31
2.4 La théorie thermodynamique de l’EMC ....................................................... 33
2.5 Les cycles magnéto-thermodynamiques ..................................................... 36
2.5.1 Le cycle magnétique de Carnot ............................................................ 36
2.5.2 Le cycle magnétique d’Ericsson............................................................ 38
2.5.3 Le cycle magnétique de Brayton ........................................................... 39
2.5.4 Le cycle magnétique d’AMRR (Réfrigération par régénération
magnétique active) ............................................................................................. 39
2.6 Les matériaux magnétocaloriques ............................................................... 42
2.7 Les fluides caloporteurs ............................................................................... 44
2.8 Les sources de champ magnétique ............................................................. 45
2.9 Modélisation de l’effet magnétocalorique .................................................... 46
2.9.1 Approche analytique de l’EMC : modèle WDS (Weiss, Debye et
Sommerfeld) ...................................................................................................... 47
2.9.2 Approche semi-expérimentale de l’EMC : interpolation de valeurs
expérimentales de CH,p et ΔTad du matériau ...................................................... 48
2.9.3 Propriétés magnétothermiques du gadolinium ...................................... 49
2.10 Conclusions ................................................................................................. 51

7
Table des matières

3 Analyse des travaux existants et apport de la thèse .....................................54


3.1 Etat de l’art des modèles numériques existants : comparaison des modèles,
des méthodes et des résultats .............................................................................. 54
3.1.1 Les modèles 1D .................................................................................... 55
3.1.2 Les modèles 2D .................................................................................... 59
3.1.3 Les modèles 2,5D et 3D ....................................................................... 61
3.2 Analyse critique des modèles existantes et apport de la thèse ................... 63
3.2.1 L’implémentation de l’EMC ................................................................... 63
3.2.2 Le changement du champ magnétique et le champ démagnétisant ..... 64
3.2.3 Les conditions d’écoulement du fluide caloporteur ............................... 64
3.2.4 La validation des résultats .................................................................... 65
3.2.5 L’apport de la thèse .............................................................................. 65
3.3 Conclusions ................................................................................................. 67
4 Présentation du modèle du système magnéto thermique.............................70
4.1 Phénomènes physiques mis en jeu et équations caractéristiques .............. 70
4.1.1 Le cycle de travail et la synchronisation magnéto-fluidique .................. 72
4.1.2 La configuration du système et sa discrétisation numérique ................. 73
4.1.3 Les hypothèses et les conditions aux limites du modèle ....................... 76
4.2 Mise en œuvre et analyse du modèle numérique ........................................ 78
4.2.1 L’introduction de l’effet magnétocalorique ............................................. 78
4.2.2 Les caractéristiques du régénérateur solide ......................................... 79
4.2.3 Les caractéristiques du fluide caloporteur ............................................. 81
4.3 Analyse d’implémentation et de faisabilité du modèle numérique ............... 83
4.3.1 Les étapes d’implémentation du modèle numérique ............................. 83
4.3.2 L’analyse de faisabilité du modèle numérique ...................................... 88
4.4 Conclusions ................................................................................................. 93
5 Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans
le modèle ..................................................................................................................96
5.1 Conductivité thermique des matériaux ........................................................ 97
5.1.1 Eléments d’étude de la conductivité thermique des métaux ................ 97
5.1.2 Méthodes de mesure et identification de paramètres ........................... 98
5.1.3 L’étude des nouveaux matériaux magnétocaloriques ........................... 99
5.2 Mesures de la conductivité thermique et l’analyse des MMC .................... 100
5.2.1 La méthode de mesure ....................................................................... 100
5.2.2 Les mesures de la conductivité thermique .......................................... 102

8
Table des matières

5.2.3 Les résultats des mesures .................................................................. 105


5.2.4 L’analyse spectrale du gadolinium ...................................................... 110
5.2.5 L’analyse du type de cristallisation du gadolinium .............................. 111
5.3 Conclusions ............................................................................................... 113
6 Exploitation du modèle du système magnéto thermique ............................116
6.1 Analyse quantitative du système ............................................................... 117
6.1.1 Les caractéristiques thermiques du système ...................................... 117
6.1.2 Les caractéristiques d’écoulement ...................................................... 121
6.1.3 Les pertes de charge du régénérateur ................................................ 123
6.2 Analyse qualitative de la performance du système ................................... 125
6.2.1 Le coefficient de convection thermique ............................................... 125
6.2.2 La puissance frigorifique du système .................................................. 127
6.2.3 Le coefficient de performance du système ......................................... 128
6.3 Analyse de sensibilité des paramètres ...................................................... 130
6.3.1 L’influence des paramètres thermophysiques ..................................... 130
6.3.2 L’influence des paramètres constructifs du système........................... 134
6.3.3 L’influence des paramètres de fonctionnement du système ............... 139
6.4 Conclusions ............................................................................................... 142
Conclusions générales et perspectives ..............................................................144
Conclusions générales ........................................................................................ 144
Perspectives ........................................................................................................ 146
Bibliographie..........................................................................................................148
Liste des figures ....................................................................................................153
Liste des tableaux .................................................................................................158
Annexes: ................................................................................................................159
Annexe 1: Papier présenté à la conférence internationale COFRET’14 à Paris,
France du 23 au 25 avril 2014 ............................................................................. 159
Annexe 2 : Prix pour le meilleur poster scientifique gagné à la conférence
internationale COFRET’14 à Paris, France du 23 au 25 avril 2014 ..................... 165
Annexe 3 : Papier publié dans la revue scientifique « Applied Thermal
Engineering », numéro 75, pag. 871-879, 2015 .................................................. 166
Annexe 4 : Papier présenté à la conférence nationale de Société Française de
Thermique, SFT 2013 à Gérardmer, France du 28 au 31 mai 2013 ................... 175
Annexe 5 : Papier présenté à la conférence nationale de Société Française de
Thermique, SFT 2014 à Lyon, France du 3 au 6 juin 2014 ................................. 183

9
Nomenclature

Nomenclature
Liste des symboles Latins

B Induction magnétique [T] Q Quantité de chaleur / Enthalpie [J]


c
-1 -1
Chaleur spécifiques / Capacité thermique [J·kg ·K ] ̇ Flux de chaleur [W·m ]
-3
-1 -1
F Energie libre [J] S Entropie spécifique [J·kg ·K ]
2
f Fréquence du cycle [Hz] s Surface [m ]
G Energie de Gibbs / Enthalpie libre [J] T Température [K] ou [°C]
-1
H Champ magnétique [A·m ] t Temps [s]
h Hauteur / Epaisseur [m] U Energie interne [J]
2 -1 -1
h Coefficient de transfert thermique [W·m ·K ] u Vitesse de fluide [m·s ]
3
J Moment cinétique total [-] V Volume [m ]
L Longueur d’AMR [m] W Travail [J]
-1
M Aimantation [A·m ]
̇ Débit massique [kg·s ]
-1
Re Nombre de Reynolds
N Nombre des unités cinétiques [-] Pr Nombre de Prandtl
p Pression [Pa] Nu Nombre de Nusselt
P Puissance [W] Pe Nombre de Péclet

Liste des symboles Grecs


α Coefficient d’expansion thermique [-] μ Viscosité dynamique [Pa·s]
Δ Différence, variation Π Période de mouvement [s]
-3
δ Incertitude [-] ρ Masse volumique [kg·m ]
ε Porosité [-] ϒ Constante de Sommerfeld [-]
η Efficacité [-] Φ Efficacité du matériau [-]
-1 -1
λ Conductivité thermique [W·m ·K ] χ Ratio d’énergie de Zeeman [-]

Liste des indices et exposants


0 Initial, tendant vers zéro i Initial
ad Adiabatique int Intérieur/ Entrant
blow Relatif au mouvement du fluide m Magnétique
chaude Relatif à la source chaude mag Magnétique
cold Relatif à la source froide maillage Relatif au maillage
cold blow Mouvement du CHEX au HHEX max Maximale
dt Durée de temps mec Mécanique
e Electronique Min Minimale
EMC Effet magnétocalorique rel Relatif
ex Relatif à l’échangeur s Relatif au solide
f Final / Fluide span Ecart froid-chaud
froide Relatif à la source froide T Température
H Relatif au champ magnétique t Temps
hot Relatif à la source chaude tot Totale
hot blow Mouvement du HHEX au CHEX w Profondeur
HT Transfert thermique

Liste des constantes physiques


-7 -2 -2
μ0 Perméabilité magnétique du vide 4π x 10 [kg·M·A ·s ]
-23 -1
kb Constante de Boltzmann 1,3806504x10 [J·K ]
g Facteur de Landé 2 [-]
-24 -1
μB Magnéton de Bohr 9.27400949x10 [J·T ]
23 -1
NA Nombre d’Avogadro 6,02214179x10 [mol ]
- -19
e Charge de l’électron 1,60219 x10 [C]

10
Nomenclature

Abréviations

AIE Agence Internationale de l’énergie


AMR Régénérateur Magnétique Actif (Active Magnetic Regenerator)
AMRR Réfrigération par Régénération Magnétique Active (Active Magnetic Regenerative
Refrigeration)
CFC ChloroFluoroCarbones
CHEX Echangeur de chaleur froide
COP Coefficient de Performance
EMC Effet magnétocalorique
GES Gaz à Effet de Serre
GIEC Groupe des Experts Intergouvernemental sur L’Evolution du Climat
HCFC HydroChloroFluoroCarbones
HFC HydroFluoroCarbones
HHEX Echangeur de chaleur froide
INSA Institut National des Sciences Appliquées
MMC Matériau magnétocalorique
OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economiques
OPEP Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
RM Réfrigération magnétique
UE Union Européenne
UF Facteur d’utilisation (Utilisation Factor)
WDS Modèle de Weiss Debye Sommerfeld

11
Introduction et contexte de la thèse

Introduction et contexte de la thèse


La réfrigération magnétique est une technologie prometteuse pour la
production du froid. L’élément principal d’un système de réfrigération magnétique est
le Régénérateur Magnétique Actif (AMR) constitué des matériaux
magnétocaloriques. L’étude du comportement du régénérateur actif est essentielle
pour l’optimisation des systèmes de réfrigération magnétique. Par ailleurs, le
fonctionnement d’un régénérateur est complexe car caractérisé par un
fonctionnement en régime transitoire et par un couplage thermique- fluidique-
magnétique. L’objectif de ce travail est de développer un modèle multi-physique et
multi-échelle de Régénérateur Magnétique Actif AMR en vue d’optimiser le
fonctionnement d’un système de réfrigération magnétique.
Le premier chapitre constitue une introduction au contexte énergétique et aux
systèmes de réfrigération. Les défis environnementaux d’aujourd’hui, la situation
énergétique de l’Union Européenne et du monde, ainsi que les différentes techniques
existantes de réfrigération sont présentés.
Le deuxième chapitre est une synthèse sur la réfrigération magnétique. Nous
présentons l’historique de la réfrigération magnétique, les cycles thermodynamiques
compatibles avec cette technologie, les matériaux magnétocaloriques, les fluides
caloporteurs, les sources de champ magnétique et la structure des systèmes.
Le troisième chapitre est un état de l’art de travaux existants dans ce
domaine, en particulier les modèles numériques des Régénérateur Magnétique Actif
AMR. Ensuite, nous faisons une analyse critique de ces modèles et nous présentons
notre modèle ainsi que l’apport de la thèse.
Le quatrième chapitre est constitué d’une présentation détaillée du modèle du
système magnéto thermique. Les phénomènes physiques mises en jeu, la mise en
œuvre du modèle et l’analyse de l’implémentation et de faisabilité du modèle sont
présentés.
Dans le but d’obtenir les propriétés thermophysiques des matériaux
magnétocaloriques et de les intégrer dans le modèle, une étude expérimentale est
présenté au chapitre cinq. Nous procédons à la mesure de la conductivité thermique
des deux matériaux magnétocaloriques (gadolinium et l’oxyde de praséodyme
manganèse). Enfin, pour vérifier la cohérence des résultats obtenus, une
comparaison avec les valeurs existantes dans la littérature est présentée.
Le chapitre six est dédié à l’exploitation du modèle du système magnéto
thermique. Ce chapitre se décline en trois parties. La première partie est une analyse
qualitative du système et montre les températures caractéristiques du système, les
caractéristiques de l’écoulement et l’étude des pertes de charge du régénérateur. La
deuxième partie est une analyse qualitative des performances du système. Dans
cette partie nous étudions l’évolution du coefficient de convection, la puissance
frigorifique du système et le coefficient de performance. La dernière partie est une
analyse de sensibilité des paramètres du système. Nous étudions l’influence de trois
catégories de paramètres comme les paramètres thermophysiques, les paramètres
constructifs et les paramètres de fonctionnement.
Le manuscrit se termine par une conclusion générale reprenant les résultats
significatifs de ce travail et par des perspectives.

12
Introduction et contexte de la thèse

Cette thèse de doctorat a été proposée dans le cadre d’un projet de recherche
national financé par l’Agence Nationale de la Recherche. Ce projet, appelé MagCool,
porte le titre « Nouveaux matériaux à effet magnétocalorique géant autour de la
température ambiante et applications à la réfrigération magnétique ». Il a commencé
le 19 janvier 2011 et, initialement prévu d’une durée de 42 mois, a été prolongé avec
12 mois, jusqu'à 31 juillet 2015.
Ce projet est labellisé par le pôle de compétitivité Tenerrdis et réunit 9
partenaires universitaires et industriels, conformément à la figure suivante :

Figure 1: Les partenaires du projet de recherche MagCool, [1]


MagCool s’inscrit dans la problématique générale de la production du froid et
propose, grâce à une approche qui va du matériau jusqu’à l’application, la
réfrigération magnétique comme une solution de rupture technique permettant de
réaliser des systèmes plus efficaces et moins polluants que les systèmes
conventionnels. MagCool a pour ambition, à travers la réalisation d'un module test de
réfrigération magnétique, de démontrer la faisabilité de cette technologie à une
échelle préindustrielle, d'évaluer ses performances et son apport réel par rapport à la
technologie conventionnelle. Les travaux bénéficient des compétences multiples de 9
partenaires universitaires et industriels et sont menés au niveau fondamental et
appliqué, en s’appuyant sur la modélisation numérique et l’expérimentation. Ils
s’articulent autour des cinq tâches suivantes :
- Synthèse et optimisation des matériaux à EMC géant à l'échelle de
laboratoire ;
- Synthèse et optimisation des matériaux à l'échelle "kg" de R&D industriels ;
- Caractérisations physiques ;
- Modélisation thermique et électromagnétique appliquée à la réfrigération
magnétique ;
- Dimensionnement, réalisations expérimentales et essais.

13
Introduction et contexte de la thèse

Ces tâches permettent d’aborder tous les problèmes liés à cette thématique et
d’étudier les trois principales composantes de la réfrigération magnétique qui sont les
matériaux, la source de champ et son interaction avec le matériau et le cycle
thermique à régénération active.
L’objectif de cette thèse est l’étude de la compréhension du concept de
refroidissement magnétocalorique et le développement numérique d’un système de
réfrigération réversible et efficace. Cette thèse a une double approche: théorique et
expérimentale. L’approche théorique, basée sur une modélisation numérique,
permet de quantifier et optimiser le transfert de chaleur entre un liquide et un alliage
magnétocalorique sous l’influence d’un champ magnétique variable dans des
conduites de très faible diamètre hydraulique. L’approche expérimentale, consiste à
mesurer les propriétés thermophysiques des matériaux magnétocaloriques utilisés
dans les simulations numériques et de les intégrer dans les équations du modèle
numérique. La validation du travail de simulation numérique s’est fait en ajoutant les
données expérimentales effectuées sur un module test de réfrigération magnétique,
un prototype construit par l’un des partenaires du projet.
Couvrant un domaine scientifique pluridisciplinaire, le travail de thèse se
propose de répondre au mieux aux questions liées à la compréhension et au
développement d’un concept innovant: le refroidissement par effet magnétocalorique
réversible à la température ambiante. Ce système de réfrigération très efficace peut
avoir un rôle à jouer dans le contexte actuel d'augmentation des prix de l'énergie et
de problèmes environnementaux. Il offre des avantages considérables par rapport à
la technologie des systèmes de refroidissement par compression de gaz. Les
avantages incluent un meilleur rendement énergétique, l’élimination des réfrigérants
dangereux pour l’environnement et une quasi-absence de bruit et de vibrations.

14
Chapitre 1

Contexte énergétique et la réfrigération

1.1. La réfrigération en général

1.2. Différents types de techniques de réfrigération

1.2.1. La réfrigération à compression de vapeur


1.2.2. La réfrigération à absorption de gaz
1.2.3. Le refroidissement thermoélectrique
1.2.4. Le refroidissement à adsorption

15
Chapitre 1. Contexte énergétique et la réfrigération

1 Contexte énergétique et la réfrigération


Peuplé de sept milliards d’individus aujourd’hui, soit quatre fois plus grande
qu’il y a un siècle, notre monde en comptera neuf milliards en 2050. De plus en plus
demandées, certaines formes d’énergie vont aussi devenir de plus en plus rares du
fait de l’épuisement des ressources. L’énergie sera donc de plus en plus coûteuse.
Les défis environnementaux, au premier rang la lutte contre le changement
climatique, impliquent de modifier rapidement notre modèle de développement.
Historiquement, la demande énergétique mondiale a connu une croissance soutenue
sur les 40 dernières années, passant de près de 5 000 Mtep1 en 1970 à 12 000 Mtep
en 2010. Elle a été multipliée par plus de 2,4 fois en 40 ans, ce qui correspond à un
rythme de croissance annuelle moyen de l’ordre de 2,24 %. Cette tendance, si elle
devait se prolonger sur les 40 prochaines années, conduirait à plus que doubler la
demande énergétique mondiale à l’horizon 2050 par rapport au niveau de 2010. La
demande d’énergie primaire mondiale est satisfaite aujourd’hui à plus de 80 % par
les énergies fossiles. Le pétrole est la première source d’énergie, assurant 33 % des
besoins mondiaux, suivi par le charbon (27 %) et le gaz (21 %). Les énergies
renouvelables satisfont 13 % de la demande, dont 10 % pour l’hydraulique. La part
du nucléaire dans la consommation d’énergie primaire s’établit à 6% [2].
La croissance économique mondiale résulte désormais très largement de
celles des pays émergents : par exemple, selon l’Agence internationale de l’énergie
(AIE), les pays hors OCDE2 seraient à l’origine de 90% de la croissance
démographique de 70 % de la croissance économique mondiale et de 90 % de la
croissance de la demande d’énergie d’ici 2035. La Chine est devenue un acteur
majeur sur les marchés énergétiques, sa part dans la consommation d’énergie
primaire mondiale ayant dépassé les 20 %, devenant ainsi en 2010 le plus gros
consommateur d’énergie mondial, devant les États-Unis (19 %). En 2035, sa
consommation pourrait être, toujours selon l’AIE, supérieure de près de 70 % à celle
des États-Unis. Son mixe énergétique actuel repose pour plus des deux tiers sur
l’utilisation du charbon, ce qui correspond à près de 50 % de la consommation
mondiale de charbon.
Au sein de l’Union Européenne la situation est similaire. L'approvisionnement
énergétique repose essentiellement sur les énergies fossiles, qui représentent au
total 78 % de la consommation de l'UE, soit 40 % pour le pétrole, 23 % pour le gaz
naturel et 15 % pour le charbon [3].
La dépendance mondiale aux hydrocarbures soulève une question de sécurité
d’approvisionnement. La répartition inégale des gisements contribue à un climat de
tension qui pèse sur l’économie et sur la paix mondiale. En effet, ces ressources
sont concentrées dans un petit nombre de pays. Certains pays gros consommateurs
sont par conséquent très dépendants des importations. A fin 2010, les pays de

1
Million de tonnes équivalent pétrole
2
Organisation de coopération et de développement économiques

16
Chapitre 1. Contexte énergétique et la réfrigération

l’OPEP3 possèdent plus des trois quarts des réserves mondiales de pétrole et
assurent plus de 40 % de la production. De même, 55 % des réserves de gaz (hors
gaz non conventionnels), soit 103 000 milliards de mètres cubes sur un total de
187 000, se situent dans trois pays : Russie, Iran et Qatar. La Russie, qui en
possède quant à elle près du quart, est le deuxième producteur (18,4 %) derrière les
États-Unis (19,3 %). Les réserves de charbon sont mieux réparties même si elles se
situent principalement aux États-Unis (27,6 %), en Russie (18,2 %) et en Chine (13,3
%). La Chine, qui assure pourtant près de la moitié de la production mondiale de
charbon, est devenue importatrice nette, ce qui témoigne de l’importance de ses
besoins énergétiques.
Plus important, les énergies fossiles sont responsables de la plus grande part
de nos émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). En 2010, les émissions du secteur
énergétique s’établissaient à plus de 30 milliards de tonnes de CO 2, soit 50 % de
plus qu’en 1990. La Chine est le plus gros émetteur depuis 2007 représentant 40 %
des émissions de CO2 liées à l’énergie, devant les États-Unis ; ils représentent à eux
deux plus de 40 % des émissions mondiales [2].
Conformément à une étude du GIEC4, les émissions de gaz à effet de serre
liées aux activités humaines étaient responsables du changement climatique en
cours. Selon leur projections, le réchauffement pourrait atteindre jusqu’à 6°C en
moyenne à la surface du globe à l’horizon 2100 en fonction des trajectoires
d’émissions retenues.
Un accroissement important de la température du globe augmenterait
l’occurrence de certains phénomènes climatiques extrêmes (tempêtes, inondations,
canicules, etc.), engendrerait une élévation du niveau des océans, et plus
généralement risquerait de modifier profondément les conditions à la surface du
globe. Il aurait pour conséquence de mettre en péril de nombreuses populations, et
occasionnerait un coût important. Ces menaces ont conduit à une prise de
conscience au niveau international. Il est nécessaire d’améliorer l’efficacité
énergétique, d’encourager les innovations et de favoriser la pénétration du marché
par les nouvelles technologies.
Depuis plusieurs années déjà, la communauté mondiale a adopté plusieurs
stratégies pour limiter les émissions de GES et pour prévenir l’augmentation de la
consommation d’énergie. Plusieurs protocoles ou conventions ont été signés comme
la Convention de Vienne (signé le 22 mars 1985), le protocole de Montréal (signé le
16 septembre 1987) ou bien le protocole de Kyoto (signé le 11 décembre 1997).
Dans ces protocoles, plusieurs textes législatifs sont créés qui visent à lutter contre
le phénomène de changement climatique, à limiter les émissions de GES et à
protéger la couche d’ozone.
Un des domaines les plus concernés par l’application de ces mesures c’est le
domaine de la réfrigération, qui représente une part importante dans la

3
Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
4
Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat

17
Chapitre 1. Contexte énergétique et la réfrigération

consommation totale d’énergie. Au niveau mondial, la production de froid est


responsable de 15 % de la consommation mondiale d’électricité [4]. Dans les pays
développés ce pourcentage augmente jusqu'à 20 % aux Etats-Unis et jusqu'à 25 %
au Japon [5].
A l’heure actuelle, la quasi-totalité des systèmes de réfrigération sont basés
sur la technologie de compression de vapeur d’un fluide frigorigène (changement de
phase liquide-gaz). Cette technologie existe depuis plus de 150 ans, depuis sa mise
au point en 1835 par Perkins en utilisant de dioxyde de carbone, ammoniac et
dioxyde de souffre [6].
Plus tard, d’autres substances ont été proposées, comme les
chlorofluorocarbures (CFC) et les hydrochlorofluorocarbures (HCFC) en raison de
leur absence de toxicité et flammabilité. Ces substances ont été utilisées jusqu'à
récemment, quand à partir de 1 janvier 2001 les CFCs ont été interdits suite au
protocole de Montréal (1987) et les HCFCs seront interdits après 2015 [7]. Ces
substances ont été classées comme responsables de la destruction de la couche
d’ozone. Ces fluides frigorigènes ont été remplacés par des hydrofluorocarbures
(HFC) qui sont inoffensifs pour la couche d’ozone mais ils sont de puissants gaz à
effet de serre (GES).
Plus récemment, pour remplacer les HFC, on utilise des fluides naturels
comme le dioxyde de carbone (R744), l’ammoniac (R717) ou l’eau (R718).
Néanmoins, tous ces fluides possèdent d’autres inconvénients comme l’utilisation
des conduits et composants très chers pour le dioxyde de carbone parce qu’il
fonctionne à des hautes pressions, la règlementation très contraignante pour
l’ammoniac parce que c’est un fluide très toxique ou bien la taille très grande des
composants pour l’utilisation de l’eau parce que sa puissance volumique est très
faible et ça nécessite l’utilisation des débits très élevés.
En plus des contraintes environnementales, la réfrigération à compression a
atteint sa limite d’efficacité. Pour remplacer cette technologie, les scientifiques ont
commencé ces dernières années à explorer des nouvelles technologies pour le
refroidissement comme le refroidissement thermoélectrique, le refroidissement
thermoacoustique et la réfrigération magnétique.
La réfrigération magnétique possède plusieurs avantages comme l’absence
de polluants atmosphériques, faible niveau de bruits, la recyclabilité des matériaux et
surtout un rendement énergétique potentiellement nettement supérieur à celui de
l’effet Peltier, thermoacoustique ou d’un cycle thermodynamique classique.
Cette technologie propose des systèmes propres et performants pouvant
s’intégrer dans des nombreuses applications comme la réfrigération industrielle, la
réfrigération domestique, le refroidissement des systèmes portables (électronique,
médical, etc.), la climatisation domestique ou des automobiles. Les prototypes
construits ont obtenu des différences de température autour de 30 K, avec un COP
compris entre 3 et 15 et une efficacité pouvant atteindre les 60% du cycle de Carnot

18
Chapitre 1. Contexte énergétique et la réfrigération

[8]. Plus récemment, des prototypes avec une plus grande puissance ont été
construits. Bahl et al. [9] ont obtenu avec 2,8 kg de sphères de gadolinium une
puissance de 1010 W pour une différence maximale de température de 25,4 K.
A notre connaissance, le plus puissant prototype jusqu’au maintenant5 a été
construit par Astronautics Technology Center aux Etats-Unis ayant une puissance
maximale de 3042 W dans le cas d’une charge nulle et 2502 W dans le cas d’une
différence de température de 11 K [10].
Nous pouvons remarquer que cette technologie propre et performante est
arrivée à la phase de pré-industrialisation, avec des prototypes capables de fournir
des puissances et des différences de température comparables avec la technologie
actuelle ayant des meilleurs rendements énergétiques. Mais avant leur déploiement
commercial, les réfrigérateurs magnétiques doivent passer des tests pour acquérir
un retour d’expérience par rapport aux différentes applications envisageables.
1.1 La réfrigération en général
La réfrigération est le procédé permettant d'obtenir et de maintenir un système
à une température inférieure à celle de l'environnement. Le but principal de la
réfrigération est le conditionnement thermique.
La production de froid est fondamentalement différente et beaucoup plus
difficile à réaliser que la production de la chaleur. Les humains ont appris à produire
de la chaleur il y a 500 000 ans (dans les périodes glaciaires), tandis que le
refroidissement a commencé il y a 150 ans seulement (au 19ème siècle).
Une grande différence entre la réfrigération et le chauffage est la plage de
température disponible pour la climatisation des locaux: il est très facile d'augmenter
la température d'un système plus de 1000 K (par exemple par combustion d'un
combustible dans l'air). Au contraire, il est impossible d'abaisser la température de
l'environnement de 1000 K. La réfrigération est beaucoup plus difficile à obtenir que
le chauffage parce que l’énergie thermique ne peut pas s’écouler que du côté chaud
vers le côté froid.
Le but de réfrigération est d'amener (ou de maintenir) un système à une
température inférieure à celle de l'environnement. Aujourd'hui, d’ailleurs, nous
voulons également la climatisation, des boissons fraîches et des aliments réfrigérés
donc la réfrigération est utilisée afin de mieux répondre à tous ces besoins pour le
confort fondamental de l'homme.
Peut-être que l'application de base de la réfrigération est la conservation des
aliments, mais la réfrigération n'est pas seulement importante pour la conservation et
le transport des aliments. De même, des espaces climatisées sont nécessaires pour
le confort humain, les animaux, l'électronique, pour des opérations de machines de
précision, patinoires artificielles, les parcs à neige, etc.

5
Octobre 2014 – rédaction de ce chapitre de la thèse

19
Chapitre 1. Contexte énergétique et la réfrigération

En termes économiques, la plus grande partie des ventes des systèmes de


réfrigération en 2000 (environ 30%) étaient pour les applications mobiles, avec un
autre 25% pour les unités fixes de climatisation, 25% pour les réfrigérateurs et
congélateurs domestiques et 20% pour les systèmes commerciaux fixes. Les
équipements de réfrigération consomment 15 % de la production mondiale
d’électricité. Les pics de demande d'électricité de nos jours sont plus fréquentes au
cours de la période estivale, non seulement dans les pays du Sud, mais aussi dans
la plupart de l'UE, en raison de l'utilisation croissante de la climatisation (qui dépend
surtout de l’électricité) et a dépassé la consommation associée pour le chauffage (qui
dépend surtout de gaz et de pétrole).
1.2 Différents types de techniques de réfrigération
1.2.1 La réfrigération à compression de vapeur
Le réfrigérateur à compression de vapeur est fondé sur la condensation de
vapeur d'un fluide réfrigérant à la suite d'une compression, et son évaporation à la
suite d'une détente. C'est le procédé le plus répandu pour la production du froid,
avec des domaines d’applications très variés comme le domaine industriel,
domestique, du transport, alimentaire, médical, etc. Ce principe est inverse à celui
employé dans les pompes à chaleur, ce qui nous fait appeler improprement ce
système, une pompe à chaleur inversée.
Les systèmes à compression utilisent quatre éléments pour le cycle de
réfrigération: le compresseur, le condenseur, le détendeur (capillaire dans le cas de
frigo domestique) et l'évaporateur, conforme à la Figure 2. On utilise la relation
pression-température pour permettre le changement d'état du fluide frigorigène. La
vapeur de fluide frigorigène est comprimée pour permettre la condensation à
température ambiante. Elle est refroidie dans le condenseur et se liquéfie. Le
détendeur permet ensuite d'amener le liquide frigorifique à une pression
suffisamment basse pour que celui-ci puisse s'évaporer dans l'évaporateur en
captant la chaleur présente, ce qui entraîne la baisse de température dans l'enceinte
ou se trouve l'évaporateur. Le fluide ainsi vaporisé retourne vers le compresseur et le
cycle recommence. Les principaux avantages de ces systèmes sont leur efficacité
thermique, leur coût de production relativement bas et leur fiabilité et maturité
technologique. Leur inconvénient majeur reste dans l’utilisation des fluides
frigorigènes dangereux pour l’environnement, en cas de fuite.

20
Chapitre 1. Contexte énergétique et la réfrigération

Figure 2: Schéma du fonctionnement d'un dispositif de réfrigération à compression


de vapeur

Les cycles de compression de vapeur fonctionnent généralement avec des


réfrigérants à un seul composant, comme C2H2F4 (R134a), ou de n-butane (R600),
mais des mélanges sont aussi utilisées (par exemple R410A, un mélange en
proportion 50/50 de CH2F2 et C2HF5). Les mélanges frigorigènes ne changent pas
sensiblement l’efficacité, mais permettent une meilleure adéquation des pressions de
fonctionnement et de réguler le débit massique par un changement de composition.
1.2.2 La réfrigération à absorption de gaz
La réfrigération à absorption de gaz utilise une source de chaleur pour faire
tourner le cycle qui permettra d'extraire la chaleur, à la place du compresseur utilisé
habituellement. Ce mode de fonctionnement est intéressant lorsque l'électricité n'est
pas disponible facilement (trop rare: refuge de haute montagne ou bergerie, trop
chère: caravane ou camping-car), ou bien lorsque l'on dispose d'une source de
chaleur pratiquement gratuite (fort ensoleillement, gaz ou liquide chaud issu d'une
turbine ou d'un procédé industriel, etc.). Ce système est moins bruyant, car il utilise
la pression issue de la distillation à la place du compresseur qu'on trouve dans les
réfrigérateurs ordinaires. Il est donc également apprécié dans les chambres d'hôtel.
Comme dans la réfrigération à compression, l'évaporation d'un liquide à basse
température absorbe la chaleur du milieu froid. La différence reste dans la façon dont
le gaz se transforme en liquide. Alors que le réfrigérateur à compression utilise la
compression mécanique d'un gaz suivi d'une détente de ce même gaz, le
réfrigérateur à absorption utilise un procédé qui remplace l'effet du compresseur par
celui de la distillation dans un circuit fermé. Il fonctionne grâce à un fluide frigorigène
et un solvant.
Le cycle de refroidissement se déroule en quatre étapes :
- L'ammoniac liquide est vaporisé du côté froid, en absorbant de la chaleur ; il
se transforme en ammoniac gazeux;
- Cette solution à base d’ammoniac est absorbé par l'ammoniac à basse
concentration, formant une solution d'ammoniac concentrée ;

21
Chapitre 1. Contexte énergétique et la réfrigération

- Cette solution est chauffée dans un bouilleur: l'ammoniac s'évapore, sa


pression et sa température augmentent, tandis que la solution s'appauvrit et
régénère l'ammoniac à basse concentration;
- La solution (ammoniac chaud et peu concentré) est refroidie dans un radiateur
puis retourne dans le compartiment d'absorption ;
Parallèlement, l'ammoniac gazeux à haute pression et haute température
passe dans un autre radiateur pour y être refroidi (évacuant au passage les calories
du système), ce qui suffit à le faire retourner à l'état liquide, pour un nouveau cycle.

Figure 3: Schéma du fonctionnement d'un dispositif de réfrigération à absorption


L'ammoniac est traditionnellement utilisé comme réfrigérant pour les systèmes
jusqu'à - 40° C, la plage de réfrigérateurs commerciaux. Dans ce cas, l'eau est
utilisée comme solvant. Pour la réfrigération non gel (jusqu’ à 0° C), un choix plus
simple est d'utiliser l'eau comme réfrigérant et une solution saline aqueuse de
bromure de lithium comme solvant. Les systèmes LiBr-H2O sont en usage depuis
1940, avec une limite de refroidissement pratique à 5° C.
1.2.3 Le refroidissement thermoélectrique
Le refroidissement thermoélectrique est une technique de refroidissement
utilisant la thermoélectricité. On utilise pour cela des modules Peltier qui transforment
un courant électrique en une différence de température. Les modules Peltier sont
des dispositifs composés de semi-conducteurs de type N et de type P. Les semi-
conducteurs sont disposés de façon alternés et séparés les uns des autres par un
métal conducteur électrique, conformément à la Figure 4 . Le système ainsi construit
absorbe de la chaleur d’un côté et libère de la chaleur de l’autre.
Les matériaux utilisés dans cette technologie sont notamment le tellurure de
bismuth (Bi2Te3) utilisé dans les modules Peltier commerciaux, ou des alliages
silicium-germanium (SiGe) utilisés pour l'alimentation des sondes spatiales dans des
générateurs thermoélectriques à radio-isotope.

22
Chapitre 1. Contexte énergétique et la réfrigération

L’utilisation de refroidisseurs à effet Peltier pour divers secteurs d’applications


atteste des avantages comme un poids et un encombrement réduits, une grande
fiabilité due à l’absence de pièces en mouvement, l’absence de bruit et de vibration
en fonctionnement et la possibilité de passer en mode chauffage par simple inversion
du courant dans le module.

Figure 4: Schéma du fonctionnement d'un dispositif de réfrigération


thermoélectrique
Cependant, à cause d’un rendement faible de cette technologie dû à une
consommation électrique élevée et une dépendance de la température ambiante due
à un écart faible de température qui peut être réalisé, les applications sont
restreintes. Les modules Peltier sont utilisés pour les applications mobiles en
médicine (transfert du sang, etc.) ou dans le refroidissement des microprocesseurs.
1.2.4 Le refroidissement à adsorption
Les systèmes de refroidissement à adsorption utilisent l’affinité réciproque des
molécules d’un adsorbat, le frigorigène, et d’un solide adsorbant. L’adsorption est un
phénomène qui s’effectue sur la surface de contact entre la vapeur du frigorigène et
le solide adsorbant qui doit présenter la plus grande surface de contact possible par
unité de masse d’adsorbant.
Les frigorigènes utilisés le plus souvent sont l’eau, le méthanol ou l’ammoniac
pour les températures négatives. Les adsorbants sont le charbon actif, les zéolithes,
le gel de silice et l’argile activée.
Un des exemples des systèmes à adsorption est la roue desséchante,
présenté dans la Figure 5. Ce système se compose d’une roue remplie d’une
structure en nid d’abeille présentant une grande surface de contact avec l’air. Cette
structure est entièrement recouverte d’un enduit adsorbant l’eau atmosphérique. La
roue tourne lentement ; L’air neuf, humide, traverse le secteur de déshumidification
où une partie de son eau est fixée par l’adsorbant ; il est donc chaud et déshumidifié.
En tournant, la roue amène le medium chargé d’eau dans le secteur de régénération
traversé par un courant d’air chaud qui provoque la désorption de cette eau. Ce
système, initialement prévu pour être un assêcheur d’air, est utilisé pour la
climatisation par voie solaire. Il fonctionne avec le gel de silice qui est un agent
desséchant synthétique non toxique et non corrosif produit par coagulation d’une

23
Chapitre 1. Contexte énergétique et la réfrigération

solution colloïdale d’acide silicique. Il s'agit d'un minéral d'origine naturelle qui est
purifié et transformé soit en granulés soit sous forme perlée. Le gel de silice agit
comme une éponge, les pores interconnectés (environ 2,4 nm de diamètre)
contenant de l'eau par adsorption et condensation capillaire (il peut adsorber environ
40% de son poids en vapeur d'eau saturées). Le gel de silice donne les meilleurs
résultats à des températures ambiantes comprises entre 25 … 35° C et à une
humidité entre 60 à 90 % d'humidité relative et va baisser l'humidité relative dans un
milieu à environ 40 % d'humidité relative. A des températures supérieures
l’absorption de vapeurs devient moins efficace jusqu'à 105° C où il ne n'absorbe
plus.

Figure 5: Schéma de fonctionnement d'un dispositif de refroidissement à adsorption

24
Chapitre 2

Théorie et définitions sur la réfrigération


magnétique

2.1. Historique
2.2. Introduction
2.3. L’effet magnétocalorique
2.4. La théorie thermodynamique de l’EMC
2.5. Les cycles magnéto-thermodynamiques
2.5.1. Le cycle magnétique de Carnot
2.5.2. Le cycle magnétique d’Ericsson
2.5.3. Le cycle magnétique de Brayton
2.5.4. Le cycle magnétique d’AMRR (Réfrigération par régénération
magnétique active)
2.6. Les matériaux magnétocaloriques
2.7. Les fluides caloporteurs
2.8. Les sources de champ magnétique
2.9. Modélisation de l’effet magnétocalorique
2.9.1. Approche analytique de l’EMC : modèle WDS (Weiss, Debye et
Sommerfeld)
2.9.2. Approche semi-expérimentale de l’EMC : interpolation de valeurs
expérimentales de CH,p et ΔTad du matériau
2.9.3. Propriétés magnétothermiques du gadolinium
2.10. Conclusion

25
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

2 Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique


Répondre aux besoins croissants en réfrigération et climatisation et réduire en
même temps les émissions de gaz à effet de serre passe par la recherche de
nouveaux principes et techniques de production de froid. C’est pourquoi la
réfrigération magnétique suscite actuellement l’intérêt des nombreuses équipes de
recherche en Europe, aux Etats Unis, en Chine et au Japon.
Le principe du froid magnétique repose sur l’exploitation de l’effet
magnétocalorique qui se traduit par une variation instantanée et réversible de la
température des certains matériaux lorsqu’ils sont soumis à une variation de
l’entropie magnétique.
2.1 Historique
L’effet magnétocalorique a été découvert par Emil Warburg, professeur à
l’Université de Strasbourg, en 1881 dans le fer [11]. Une explication théorique a été
donnée quelques années plus tard, en 1918, à l’Académie des Sciences de Paris par
Pierre Weiss et Auguste Piccard [12].
Dans les années 1920, le chimiste William Giauque et le physicien Peter
Debye ont proposés d’utiliser cette méthode pour obtenir des températures très
basses, au-dessous de 1 K en utilisant le principe de l’aimantation et désaimantation
adiabatique. C’est en 1933 que W.F. Giauque et P. D. MacDougall ont utilisé pour la
première fois cet effet, en cryogénie, pour atteindre 0,25 K, en utilisant un sulfate de
gadolinium comme matériau magnétocalorique et un champ magnétique de 0,8 T.

Figure 6: Extrait d'un article rédigé par Giauque et MacDougall relatant leurs
expérimentations [13]

Plus tard, 68 ans après la découverte de l’effet magnétocalorique par Emil


Wartburg, grâce à ses recherches W.F. Giauque a reçu le prix Nobel en chimie en
1949 [13], pour ses contributions dans le champ de la chimie thermodynamique,
particulièrement à propos du comportement des substances à températures
extrêmement basses (proches du zéro absolu).

26
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

“The adiabatic demagnetization method of producing low temperatures was an unexpected


by-product of our interest in the third law of thermodynamics. […] By means of appropriate
thermodynamic equations it was possible to calculate the change of entropy when a
magnetic field is applied. I was greatly surprised to find, that the application of a magnetic
field removes a large amount of entropy from this substance, at a temperature so low that it
had been thought that there was practically no entropy left to remove."

Discours de réception du prix Nobel de Chimie par William Giauque,


12 décembre 1949 [14]

Par la suite, de nombreux chercheurs ont utilisé cette technique pour atteindre
les très basses températures. Parmi les différents travaux de mis en œuvre de la
réfrigération magnétique on peut citer De Haas et al. en 1934 qui ont utilisé la
fluorure de cérium, de l’éthylsulfate de dysprosium et de l’éthylsulfate de cérium. Ils
ont obtenu une température de 0,08 K avec l’éthylsulfate de cérium dans une
variation de champ magnétique de 2,6 T [15].
Toujours en 1934, Kurti et Simon ont réussi à atteindre 0,1 K en utilisant du
sulfate d’ammonium et manganèse dans un changement de champ magnétique de
2,6 T [16]. Plus tard, en 1949 Heer et al. ont proposé d’utiliser l’effet
magnétocalorique pour réaliser un cycle de réfrigération continu. Après quelques
années ils ont utilisé l’alun de chrome pour maintenir un réservoir à une température
proche de 0,3 K en 1953 et jusqu'à 0,26 K en 1954 [17].
Le premier système multi-étage a été fait en 1951 par Darby et al., en
développant un système de réfrigération magnétique à deux étages [18]. Il était
composé des deux matériaux ayant des températures des Curie différentes dans
chaque étage, d’alun de fer dans le premier étage et pour le deuxième étage il a
utilisé un mélange d’alun d’aluminium et d’alun de chrome. Avec cette configuration il
a réussi d’atteindre 3 mK sous un champ magnétique de 0,42 T.
Ensuite, plusieurs systèmes multi-étages ont été construit pour atteindre les
très basses températures, jusqu’à 10-8 K, pour étudier les propriétés physiques des
matériaux à proximité du zéro absolu. Tous ces systèmes sont d’une puissance très
faible (l’ordre de microwatts) avec une quantité de matériau magnétocalorique très
faible, de quelques grammes [19] .
En 1976, Brown a construit le premier système de réfrigération magnétique à
la température ambiante, utilisant l’aimantation et la désaimantation adiabatique du
gadolinium (température de Curie de 293 K). Le système était à base d’une
géométrie à plaques parallèles entre lesquelles circulait un fluide caloporteur à base
d’eau et d’alcool. Avec ce dispositif il a obtenu une température de -1° C du côté froid
et de 46° C du côté chaud, soit un écart de température de 47 K, sans charge
thermique en utilisant un aimant supraconducteur générant un champ magnétique de
7 T [20] . Deux ans plus tard, en 1978 Steyert a proposé un système basé sur une
configuration rotative avec des forces d’attraction entre aimant et le matériau qui
s’équilibrent avec une efficacité proche du rendement de Carnot pour une différence
de température de 14 K [21] .

27
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

En utilisant des aimants non supraconducteurs, la variation adiabatique de la


température de la totalité des matériaux magnétocaloriques est trop faible pour
permettre d’obtenir des systèmes utilisables dans des applications industrielles. Par
exemple, la valeur de la variation adiabatique de la température du gadolinium, qui
est le plus connu matériau magnétocalorique, est d’environ 2,8 K dans un champ
magnétique de 1 T. Pour les applications industrielles, cet inconvénient est majeur
parce qu’en utilisant des aimants supraconducteurs le rendement du système est
trop bas et en utilisant des aimants non supraconducteurs l’écart de température
produit est trop bas.
La solution a été donne par Barclay et Steyert en 1982 [22] quand ils ont
breveté le concept de régénération active utilisant le matériau magnétocalorique à la
fois comme un matériau régénérateur et comme un réfrigérant. En conséquence,
l'écart de température entre la source de chaleur et le dissipateur de chaleur a été
considérablement augmenté. Ce concept porte le nom de Régénérateur Magnétique
Actif (AMR – Active Magnetic Regenerator) et consiste d’un régénérateur passif
conventionnel où a été ajouté une variation de champ magnétique en même temps
avec un mouvement alternatif de la direction d’écoulement d’un fluide. L’AMR se
comporte alors comme un ensemble de machines thermodynamiques en séries. Ce
système utilise en son fonctionnement un cycle thermodynamique spécial, de
réfrigération par régénération magnétique active appelé cycle d’AMRR (Active
Magnetic Regenerative Refrigeration) qui est basé sur un cycle Brayton.
Plus récemment, en 1990 le premier régénérateur multi-étage a été construit
[23]. Green et al. ont obtenu un écart de température de 24 K avec son système
constitué de plusieurs matériaux magnétocaloriques, terbium, gadolinium-terbium et
terbium disposé en fonction de leur température de Curie.
Dans la seconde moitié des années 1990, la réfrigération magnétique à
température ambiante a commencé à être comptée pour des applications
industrielles par des scientifiques et les industrielles du secteur du froid avec la
découverte de l’effet magnétocalorique appelé « géant » en 1997 par Pecharsky et
Gschneidner Jr. dans un alliage de gadolinium-germanium-silicium avec une
température de Curie de 270 K [24] . L’effet magnétocalorique de ce matériau est
environ 50% plus important que celui du gadolinium pour la même valeur de champ
magnétique.
Un an plus tard, en 1998 le laboratoire AMES (aux Etats-Unis) et l’entreprise
Astronautics Corporation ont réalisé le premier prototype de réfrigération magnétique
à température ambiante délivrant une puissance suffisante pour des applications
industrielles, de 600 W. Le prototype de Zimm et al. était composé d’un aimant
supraconducteur générant un champ magnétique de 5 T obtenant un coefficient de
Performance (COP) d’environ 10, un maximum de 60% du COP de Carnot pour un
écart de température de 10 K [25] .
Dans des applications conventionnelles de la réfrigération magnétique à
température ambiante, l’utilisation des aimants supraconducteurs est très difficile et
parfois impossible. La seule solution pour que la réfrigération magnétique soit un vrai
candidat pour des applications courantes de réfrigération autour de la température
ambiante est d’utiliser des aimants permanents comme source de champ
magnétique. Leurs avantages du point de vue de la construction sont multiples : ils

28
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

sont plus compacts, ils consomment moins d’énergie et ils ne nécessitent pas des
systèmes de refroidissement. En 1988 Kirol et Dacus [26] ont réalisé le premier
prototype avec des aimants permanents. Leur système les a permis d’obtenir un
écart maximal de température de 11 K avec une intensité de champ magnétique de
0,9 T.
Plus tard, en 2001, un autre prototype avec cette configuration a été construit
par Astronautics Corporation [27]. Ensuite, les prototypes de réfrigération
magnétique utilisant les aimants supraconducteurs vont disparaitre progressivement
laissant la place pour des prototypes avec des aimants permanents.
Ensuite, une nouvelle configuration a été introduite avec une meilleure
performance en termes de puissance thermique et COP, les prototypes rotatifs. Le
premier prototype de ce type a été fabrique par Astronautics Corporation en 2006
[28] avec des aimants permanents de NdFeB généraient un champ magnétique de
1,5 T. Ils ont obtenu une puissance thermique de 27 W et un écart de température de
25 K à une vitesse de rotation de 240 tours par minute. Egalement en 2006 un
prototype de régénérateur rotatif avec des aimants permanents a été présenté par
Cooltech Applications, en France [29].
Avec le développement de cette technologie au cours des années, plusieurs
équipes de recherche ont commencé à travailler sur ce sujet et les publications
faisant référence à l’effet magnétocalorique (EMC) ont fortement augmenté.
Nous pouvons observer dans la Figure 7 le nombre des publications parues
annuellement contenant le mot « magnetocaloric » dans le titre, le résume ou dans
les mots clés. Depuis la découverte de l’effet magnetocaloric géant, en 1997 le
nombre des publications ont augmenté exponentielle. La figure est adaptée de [30]
et a été mise à jour jusqu'à mars 2014.

Figure 7: Nombre de publications parues annuellement contenant le mot


« magnetocaloric », figure adaptée de [30] et mise à jour jusqu'à mars 2014.

Comme le nombre d’équipes de recherche dans ce domaine a


considérablement augmenté au bout des dernières années, dans le sujet de la
réfrigération magnétique les chercheurs dans ce domaine se sont réunis pour la
première fois dans une conférence spécialement destinée.

29
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

Thermag I, la première conférence sur la réfrigération magnétique autour de la


température ambiante a eu lieu en 2005 à Montreux, en Suisse. Lors de cette
conférence plusieurs prototypes ont été présenté comme celui de Lu et al [31]. Ce
prototype a atteint un écart de température de 25 K sous un champ de 1,4 T. Un
autre prototype avec des aimants permanents atteignant une différence de
température de 50 K avec un champ magnétique de 2 T a été présenté par Rowe et
Tura [32].
Thermag II, la deuxième conférence a eu lieu à Portoroz en Slovénie. Dans
cette conférence plusieurs prototypes ont été présentés. Parmi ces prototypes on
peut citer le prototype d’Okamura et al. [33] ayant une puissance de 540 W dans un
champ magnétique de 1,1 T et le prototype de Zimm et al. [34] avec une puissance
de 220 W dans un champ magnétique de 1,4 T.
Dans la troisième conférence, Thermag III, qui a eu lieu à Des Moines, Iowa,
aux Etats-Unis, la plupart des articles sont concentrés sur les nouveaux matériaux
magnétocaloriques, principalement basés sur des terres rares.
La quatrième conférence, Thermag IV, a eu lieu à Baotou, Chine, en 2010.
Lors de cette conférence, plusieurs équipes ont présenté des prototypes
préindustriels comme Balli et al. [35] et Russek et al. [36]. Le prototype de Balli et al.
était de type linéaire et compact, destiné à compenser les forces magnétiques lors
du déplacement du régénérateur. Le prototype de Rusek et al. avait une puissance
de 840 W, fonctionnant à des fréquences élevées, jusqu'à 4 Hz.
En 2012 a eu lieu la cinquième conférence, Thermag V, à Grenoble, France.
La recherche s’est orientée plutôt vers les nouveaux matériaux magnétocaloriques à
base de Lanthane et vers les prototypes avec des grandes puissances. Astronautics
Corporation ont présenté une publication d’un prototype avec une puissance de 1704
W avec un écart de température de 11,1 K ayant un COP de 2,2 [37]. Autre
publication d’un prototype a été présentée par les chercheurs danois d’Université
Technique du Danemark (DTU) utilisant un régénérateur de 2,8 kg de sphères de
gadolinium. Ce prototype a obtenu un écart de température de 18,9 K avec une
puissance de 200 W [37].
La sixième conférence, Thermag VI s’est tenue à Victoria, Canada en
septembre 2014. Lors de cette conférence plusieurs communications sur des
systèmes avec une grande puissance ont été présentées. Bahl et al. [9] ont
présentées une publication d’un prototype avec une puissance maximale de 1010 W
et une différence maximale de température de 25,4 K. Le laboratoire Astronautics
Technology Center aux Etats-Unis a présenté une publication d’un prototype ayant
une puissance maximale de 3042 W dans le cas d’une charge nulle et 2502 W dans
le cas d’une différence de température de 11K [10].

30
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

2.2 Introduction
La réfrigération magnétique est une technologie émergente pour produire du
froid qui exploite l’effet magnétocalorique. Cette technologie possède plusieurs
avantages par rapport aux autres technologies existantes comme :
- Grande efficacité thermodynamique : les prototypes construits ont obtenus
des différences de température autour de 30 K avec un COP compris entre 10 et 12,
et un rendement pouvant atteindre les 60 % du rendement du cycle Carnot [8] ;
- Impact environnemental très réduit : elle utilise comme réfrigérant des
matériaux solides et inertes et comme liquides caloporteurs des solutions aqueuses
complètement non-toxiques ;
- Faible niveau du bruit et des vibrations : à la place du compresseur
traditionnel elle utilise des aimants qui n’entrent pas en contact avec le matériau ;
- Longue durée de vie et grande fiabilité : les fréquences du mouvement sont
très basses, il y a peu des pièces mobiles et l’effet magnétocalorique ne diminue pas
avec le temps ;
- Poids et encombrement faibles : la densité de chaleur absorbée par les
matériaux magnétocaloriques est très élevée par rapport aux fluides frigorigènes ce
qui donne un très bon rapport puissance/volume ;
- Recyclabilité totale des systèmes après leur usage : les matériaux, les
aimants et même les fluides caloporteurs peuvent être récupérés et réutilisés en
totalité.

Figure 8: Comparaison des performances de différentes technologies de


réfrigération, figure adaptée de [38]

2.3 L’effet magnétocalorique


L’effet magnétocalorique (EMC) est une propriété intrinsèque des matériaux
magnétiques qui se traduit par une variation instantanée et réversible de leur
température ou leur entropie lorsqu’ils sont soumis à une variation de champ
magnétique. Cet effet est maximal à la température de transition de la phase
ferromagnétique (état ordonné) à la phase paramagnétique (état désordonné),
appelée température (ou point) de Curie, ou température de Néel.

31
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

Dans la Figure 9 on peut observer l’effet d’un champ magnétique appliqué


dans un matériau ferromagnétique, au-dessus de sa température de transition. Si un
matériau magnétique est exposé à un champ magnétique, les spins magnétiques
des électrons des atomes, d'abord désorientés, s'alignent. Cette réaction est
exothermique et la chaleur peut être libérée dans l'atmosphère ambiante. Si le
champ magnétique est ensuite enlevé, ce procédé est endothermique et la
température du matériau va diminuer parce que les spins magnétiques se
désorientent. La chaleur de la charge thermique peut être extraite en utilisant un
milieu caloporteur comme de l'eau, de l'air ou d’autres substances en fonction de
l’application.

Figure 9: Action du champ magnétique sur l’alignement des spins des électrons d’un
solide magnétique : a) sans champ magnétique et b) soumis au champ magnétique,
image adaptée de [39]

A la pression constante, l’entropie totale d’un matériau magnétocalorique peut


être décomposée en trois sources distinctes, conformément à la relation suivante
[40] :

( ) ( ) ( ) ( ) (1)

où SM est l’entropie magnétique spécifique aux degrés de liberté du système des


spins, SR est l’entropie du réseau cristallin provenant de la vibration du réseau et SE
est l’entropie électronique spécifique provenant de la vibration des électrons du
matériau.
L’EMC peut être quantifié comme le changement réversible de la température
du matériau (ΔTad) sous l'influence d’un champ magnétique variable dans un
processus adiabatique, ou le changement réversible de l'entropie magnétique (ΔS m)
dans un processus isotherme. La relation entre les deux propriétés est illustrée dans
la Figure 10.

32
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

Figure 10: Variation de la température et de l’entropie d’un matériau en fonction du


champ magnétique appliqué, figure adaptée de [39]

L'application d’un champ magnétique peut provoquer un changement


adiabatique de température dans le système (ΔTad = T1 - T0) ou à un changement
isotherme d'entropie magnétique (ΔSm = S1 - S0). La première se produit lorsque
l'entropie est maintenue constante, tandis que la seconde s’est produite lorsque la
température est maintenue constante. Les deux ΔT ad et ΔSm sont des valeurs
caractéristiques de l'effet magnétocalorique, en fonction de la température initiale T 0
et de la valeur de variation de l’intensité du champ magnétique.

2.4 La théorie thermodynamique de l’EMC


La description de l’effet magnétocalorique ici effectuée est bien connue et
décrite dans de nombreux ouvrages et publications. Cette section fait un résumé de
la description détaillée dans le livre « The Magnetocaloric effect and its applications »
publiée par A.M. Tishin et Y.I. Spichkin [41].
Un système thermodynamique peut être caractérisé par des variables
extensives, qui dépendent de la taille du système considéré, comme le volume V,
l’énergie interne U, l’entropie S, l’énergie libre F et G, l’énergie libre de Gibbs ou par
des variables intensives, qui ne dépendent pas de la taille du système comme la
pression p, la température T, l’amplitude du champ magnétique H et l’amplitude de
l’aimantation M.
L’énergie interne pour un matériau magnétique peut s’écrire d’une façon
générale comme :

( ) (2)

avec la différentielle écrite comme :

(3)

33
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

Pour les systèmes qui travaillent à pression constante on définit l’enthalpie


libre G comme :

(4)

avec la différentielle écrite comme :

(5)

Les variables S, M et V peuvent être exprimées en fonction de l’enthalpie libre


par les équations suivantes :

( ) ( * (6)

( ) ( * (7)

( ) ( * (8)

Si l’aimantation M est choisie en G comme une variable externe à la place de


l’amplitude du champ magnétique H, on peut écrire :

(9)
( *

A l’aide des équations 6 et 7, des équations 6 et 8 et des équations 6 et 9 on


peut obtenir les équations de Maxwell :

( * ( * (10)

( * ( * (11)

( * ( * (12)

La capacité thermique d’un matériau à paramètre x constant est :

( * (13)

34
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

où ∂Q est la quantité de chaleur qui varie la température du système de dT. Selon au


second principe de la thermodynamique, la variation d’entropie peut s’écrire comme :

(14)

Dans un champ magnétique constante et à pression constante, l’expression


de la capacité thermique peut s’écrire comme :

( * (15)

La variation d’entropie totale du système en fonction de T, H et p est exprimée


par l’équation suivante :
( * ( * ( * (16)

Le coefficient d’expansion thermique αT(T,H,p) peut être défini comme :

( ) ( * (17)

où, en utilisant l’équation 11 :

( ) ( * (18)

En utilisant les équations 10, 13, 16 et 18 on peut obtenir, pour un processus


adiabatique (dS=0), l’équation suivante :

( * (19)

Dans un processus adiabatique et isobare (dp=0, ce processus est utilisé


dans la plupart des expériences magnétocaloriques) la variation adiabatique de
température est définie comme :

( * (20)

En combinant les équations 15, 16 et 20 on obtient :

( * (21)

En combinant les équations 10 et 18 on obtient :

35
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

( * (22)

La variation adiabatique de température du système est obtenue par


l’intégration de l’équation 20 :

∫ ( * (23)

Par intégration et en imposant dT=0 on obtient la variation d’entropie


magnétique totale du champ H1(max) au champ H2(min) :

∫ ( * (24)

2.5 Les cycles magnéto-thermodynamiques


Afin de produire des écarts de température plus élevés le système doit
fonctionner selon un cycle magnétique de réfrigération. Il existe plusieurs cycles
magnétiques de réfrigération, avec leurs équivalents dans la thermodynamique
conventionnelle. Les cycles les plus courants sont présentés ensuite: le cycle de
Carnot, le cycle magnétique d’Ericsson, le cycle magnétique de Brayton et le cycle
magnétique d’AMRR.
2.5.1 Le cycle magnétique de Carnot
Le cycle de Carnot est composé de processus isentropiques et isothermes. La
description de ce cycle sert uniquement à définir l’efficacité d’autres cycles.
Considéré comme cycle idéal, il permet d’obtenir la meilleure efficacité possible,
mais la mise en œuvre de ce cycle est complexe et difficile parce qu’elle nécessite
l’utilisation de quatre amplitudes différentes de champ magnétique. Il est composé de
quatre étapes :
- Aimantation adiabatique (A→B). Le matériau magnétocalorique est aimanté
et sa température augmente ;
- Aimantation isotherme (B→C). Le champ magnétique appliqué est
augmenté. La température est maintenue constante en rejetant de la chaleur à la
source chaude ;
- Désaimantation adiabatique (C→D). Le champ appliqué au matériau
diminue et la température du matériau magnétocalorique diminue aussi ;
- Désaimantation isotherme (D→A). Le matériau est désaimanté. La
température est maintenue constante par une absorbation de chaleur par le matériau
de la source froide.

36
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

Figure 11: La représentation du cycle magnétique de Carnot


Le coefficient de performance (COP) pour le cycle Carnot est défini comme le
ratio de l’énergie prélevée à la source froide sur le travail fourni au système pour le
cycle :

( ) (25)
( ) ( )

La différence d’entropie entre A et D est identique avec la différence d’entropie


entre B et C, alors la relation du COP devient :

(26)

Cette valeur de COP constitue la limite théorique du système de réfrigération


qu’il sera impossible de dépasser. Le cycle de Carnot est inadapté aux systèmes
industriels de la réfrigération magnétique parce que l’écart de température entre les
échangeurs ne peut pas dépasser la différence adiabatique de température du
matériau magnétocalorique, obtenu par la variation de champ magnétique. Pour
obtenir des écarts de température utilisables dans l’industrie il faut utiliser des
valeurs de champ magnétique très élevées produites par des aimants
supraconducteurs, qui ne sont pas pratiques pour la plupart des applications
industrielles.

37
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

2.5.2 Le cycle magnétique d’Ericsson


Dans la pratique il est intéressant d’avoir un écart de température entre les
sources qui est indépendant de la différence adiabatique de température.
Le cycle d’Ericsson est constitué de deux magnétisations isothermes, un
refroidissement isochamp et un réchauffement isochamp. Ce cycle permet d’avoir cet
écart de température entre les sources de chaleur qui est indépendant de la
différence adiabatique de température. Il utilise la régénération thermique du fluide
en contact avec le matériau magnétocalorique en respectant la condition isotherme
lors de la variation du champ magnétique. Le découplage de l’écart de température
avec ΔTad est réalisé par réchauffage ou refroidissement du matériau lors de la
circulation du fluide à champ constant.
Il est composé de quatre étapes :
- Réchauffement isochamp (A→B). Le matériau se réchauffe isochamp en
prenant de la chaleur du fluide caloporteur ;
- Aimantation isotherme (B→C). Le matériau est aimanté et cède de la
chaleur à la source chaude, en restant avec la même température ;
- Refroidissement isochamp (C→D). Le matériau se refroidit isochamp en
rejetant de la chaleur au fluide caloporteur ;
- Désaimantation isotherme (D→A). Le matériau est désaimanté et absorbe
de la chaleur en provenance de la source froide.

Figure 12: La représentation du cycle magnétique d'Ericsson


Le coefficient de performance peut être donné par la relation suivante :

( ) (27)
( ) ( )

38
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

2.5.3 Le cycle magnétique de Brayton


Initialement conçu pour les turbines à gaz, le cycle de Brayton, ou le cycle de
Joule, est le cycle idéal pour les systèmes destinés à récupérer un travail. Ce cycle
se compose d’une aimantation et d’une désaimantation isentropiques avec un
refroidissement et un réchauffage isochamps. Il présente la particularité que les
travaux d’aimantation et de désaimantation sont faits de façon isentropique, pour le
cycle idéal. Il est composé de quatre étapes :
- Aimantation adiabatique (A→B). Le matériau est aimanté et sa température
augmente.
- Refroidissement isochamp (B→C). Le matériau se refroidit isochamp en
rejetant de la chaleur au fluide caloporteur.
- Désaimantation adiabatique (C→D). Le champ appliqué au matériau
diminue et la température du matériau magnétocalorique diminue aussi.
- Réchauffement isochamp (D→A). Le matériau se réchauffe isochamp en
prenant de la chaleur du fluide caloporteur.

Figure 13: La représentation du cycle magnétique de Brayton


Le COP conserve sa forme générale:

(28)

2.5.4 Le cycle magnétique d’AMRR (Réfrigération par régénération


magnétique active)
Le cycle d’AMRR est le cycle magnéto-thermodynamique le plus efficace pour
un réfrigérateur magnétique opérant à température ambiante [42]. Ce cycle est basé
sur le cycle de Brayton. Il se compose d’une aimantation et d’une désaimantation
isentropiques et d’un refroidissement et un réchauffement isochamps. Ce cycle est
basé sur le fait que l’AMR se résume à une multitude de petites machines
thermodynamiques en série opérant chacune à un niveau de température diffèrent.
Comme ça, chaque tranche de matériau magnétocalorique est réchauffée par le

39
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

fluide provenant des tranches adjacentes à un niveau de température supérieur.


Ainsi, la circulation du fluide caloporteur, de façon synchrone avec la variation du
champ magnétique, va créer un gradient thermique dans l’AMR.
Ce cycle est composé de quatre étapes principales :
- Aimantation adiabatique (A→B). Le matériau est aimanté et sa température
augmente
- Refroidissement isochamp (B→C). Chaque tranche de matériau se refroidit
isochamp en rejetant de la chaleur au fluide caloporteur.
- Désaimantation adiabatique (C→D). Le champ appliqué au matériau
diminue et la température du matériau magnétocalorique diminue aussi.
- Réchauffement isochamp (D→A). Chaque tranche de matériau se réchauffe
isochamp par le fluide provenant des tranches adjacentes à un niveau de
température supérieur.

Figure 14: La représentation du cycle magnétique d'AMRR


La quantité de chaleur absorbée à la source froide entre TA et TD est :

∫ (29)

Le COP conserve sa forme générale:


(30)

Le comportement d’un régénérateur qui fonctionne d’après un cycle d’AMRR


est représenté dans la Figure 15. On voit le comportement du régénérateur à gauche
et la distribution de la température à droite de la figure.

40
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

Figure 15: Le comportement d'un régénérateur magnétique actif fonctionnant


d’après un cycle d’AMRR
Dans la première partie (a) nous pouvons observer l’aimantation adiabatique
du matériau solide (B=Bmax) à partir d’un état initial où tout le système est à
température initiale ambiante Ta. Chaque point du régénérateur voit sa température
augmenter de ΔT suite à l’application du champ magnétique.
La deuxième étape (b) voit l’écoulement du fluide de la source froide vers la
source chaude. Dans cette étape la chaleur de l’aimantation est transportée par le
fluide circulant de la source froide à la source chaude et un gradient thermique est
créé le long du régénérateur.
Dans la troisième étape (c) le champ magnétique est enlevé (B=0). Chaque
point du régénérateur voit sa température baisser de ΔT suite à la désaimantation.
Dans la dernière étape du cycle (d) l’écoulement du fluide a lieu de la source
chaude vers la source froide. Le fluide circulant de la source chaude à la source
froide cède sa chaleur au régénérateur et sort à température Ta-ΔT inférieure à

41
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

température initiale du coté froid. Le gradient est amplifié. Le cycle revient alors à la
première étape. Le gradient est déjà formé dans le régénérateur et le prochain cycle
va amplifier de nouveau le gradient de température.
2.6 Les matériaux magnétocaloriques
Aujourd’hui, dans la littérature, il existe de nombreux matériaux
magnétocaloriques, classés en deux catégories principales : les matériaux du
premier ordre et les matériaux du second ordre. Les matériaux magnétocaloriques
du premier ordre présentent une aimantation qui évolue de façon brusque avec la
température et une variation d’entropie importante mais sur une faible plage de
température. Pour les matériaux magnétocaloriques du second ordre la variation
d’aimantation est plus douce et la variation d’entropie est plus faible, mais sur une
plage plus large de température.

Figure 16: La représentation de la transition de phase et la variation de l'entropie en


fonction du type de matériau, [43]
Pour la réfrigération magnétique à température ambiante c’est important
d’utiliser des matériaux magnétocaloriques avec une température de Curie autour de
la température ambiante, pour obtenir les meilleures valeurs d’effet
magnétocalorique. Il existe actuellement un large éventail de matériaux qui
présentent un effet magnétocalorique signifiant pour une plage large de
températures. Le débat sur les différents types des matériaux avec leurs propriétés
caractéristiques peut être trouvé dans des études approfondies, comme l’étude de
Gschneidner et al. [27]. La plupart des matériaux sont des terres rares, soit pures ou
combinés dans des alliages. La recherche dans le domaine de la réfrigération
magnétique se concentre à ce jour sur l'étude des différents types de matériaux autre
que les terres rares. Les paramètres les plus importants envisagés sont leurs
propriétés thermiques: ΔS, ΔTad, la capacité de refroidissement, ainsi que les coûts
de fabrication et la faisabilité.
Le matériau référence dans le domaine est le gadolinium (Gd) qui est le seul
matériau magnétique disponible en état pur qui possède un effet magnétocalorique
géant. C’est un métal lanthanide, ordonné ferromagnétique à 294 K, de second ordre
qui ne présente pas d’hystérésis magnétique. Les valeurs de ΔTad sont de l’ordre de
2,8 K/T pour un champ magnétique de 1 T et augmentent d’une manière non linéaire
avec l’augmentation de la valeur de champ magnétique.

42
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

C’est une terre rare naturelle donc les propriétés physiques et chimiques sont
très bien connues. A cause de la disponibilité en faible quantité de gadolinium par
rapport à une demande importante provoquée par la vue du potentiel du marché de
la réfrigération magnétique, les recherches sont orientées sur les autres matériaux
avec un effet magnétocalorique géant autour de la température ambiante, comme les
matériaux à base de Lantane-Fer-Silicium (LaFeSi) avec leurs variantes (LaFeSiH,
LaFe(13-x)Six, etc.) ou les matériaux à base de manganèse comme MnFePAs ou
MnFePSi.
Un matériau magnétocalorique, pour être considéré performant pour la
réfrigération magnétique doit posséder plusieurs caractéristiques, comme :
- Une température de Curie proche de la température d’utilisation, en fonction
de l’application visée ;
- Une variation de la température ΔTad et d’entropie ΔS importante pour des
valeurs basses de l’intensité de champ magnétique ;
- Une plage large de variation d’entropie et de température ;
- Des valeurs très faibles ou nulles de l’hystérésis thermique et magnétique ;
- Une conductivité thermique adaptée pour assurer un gradient thermique au
sein du régénérateur ;
- Une résistivité électrique élevée pour limiter les courants de Foucault.
- Des bonnes caractéristiques de fabrication et fonctionnement (malléabilité,
ductilité, résistance à la corrosion, non-toxicité, durabilité mécanique, etc.) ;
- Des bonnes caractéristiques technico-économiques (coût de fabrication bas,
abondance et disponibilité, etc.).
Une comparaison entre différentes classes des matériaux magnétocaloriques
a été faite par Gschneidner et al. [27], avec gadolinium comme matériau de
référence. Cette comparaison est présentée dans la Figure 17. On peut observer
plusieurs catégories des matériaux magnétocaloriques et parmi eux, on voit que la
famille des matériaux LaFeSi est la plus prometteuse.

Figure 17: Comparaison entre différents matériaux magnétocaloriques, [30]

43
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

La matrice solide (le régénérateur) peut avoir différentes configurations en


fonction de chaque type de prototype. Il existe des géométries constituées des
poudres de matériau, des géométries à cylindres de MMC, des géométries à plaques
perforées et des géométries à plaques parallèles. Ces différentes configurations sont
présentées dans la Figure 18. La réalisation de ces structures est conditionnée par
l’efficacité, le rapport entre la superficie utile et le volume de matériau, les propriétés
physiques du matériau, les contraintes de fabrication et aussi par le prix de
fabrication.

Figure 18: Différentes configurations des géométries de régénérateurs. a) géométrie


constituée de poudres des MMC, b) géométrie à cylindres, c) géométrie à plaques
perforées et d) géométrie à plaques parallèles, [43]

2.7 Les fluides caloporteurs


Les fluides caloporteurs sont des éléments très importants dans un système
de réfrigération magnétique, à côté des matériaux magnétocaloriques et des sources
de champ magnétique, parce que c’est le fluide qui porte la fonction de transport de
la chaleur au sein de l’AMR et qui connecte du point de vue thermique le matériau
magnétocalorique avec les échangeurs de chaleur. Dans la plupart des systèmes, le
fluide circule à l’intérieur de l’AMR et transporte la chaleur de régénérateur aux
échangeurs.
Pour être utilisé dans des systèmes de réfrigération magnétique, les fluides
doivent présenter plusieurs caractéristiques comme :
- Des valeurs de chaleur spécifique et de masse volumique élevées pour être
capable de transporter une grande quantité de chaleur ;
- Une viscosité basse, pour limiter les pertes de charge à l’intérieur du
système ;
- Une bonne compatibilité avec le matériau magnétocalorique pour limiter la
corrosion ;
- Un état liquide aussi à des températures négatives (moins de 0°C).
La plupart des prototypes de réfrigération magnétiques utilise de l’eau comme
fluide caloporteur pour des températures positives ou de l’eau mélangée à des

44
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

éléments d’addition pour modifier sa plage de température en état liquide (eau


glycolée) pour des températures positives et négatives. Il existe aussi des systèmes
qui utilisent des fluides à base d’alcool, d’huile ou des ferrofluides (suspension des
particules ferromagnétiques dans un fluide). Un nombre très limité des systèmes
utilisent des gaz nobles pour transférer la chaleur comme l’hélium ou l’argon mais
ces systèmes sont utilisés plutôt pour le domaine de la cryogénie. Il est préférable
d’utiliser un liquide plutôt qu’un gaz comme fluide caloporteur à cause de la faible
capacité thermique de ce dernier. Vu le grand nombre des prototypes qui utilisent de
l’eau comme fluide caloporteur, il semble que l’eau reste pour l’instant le meilleur
fluide pour des applications à la température ambiante.

2.8 Les sources de champ magnétique


La source de champ magnétique est un élément très important des systèmes
de réfrigération magnétique parce que la puissance thermique et le COP sont
directement liés à la variation du champ magnétique. La variation adiabatique de
température ΔTad et d’entropie ΔS sont approximativement proportionnelles à
l’amplitude du champ magnétique. Dans des faibles valeurs de champ, moins de 2
Tesla, les deux paramètres varient presque linéaire avec le champ magnétique et
dans des champs supérieurs à 2 Tesla le changement de ΔTad et de ΔS par unité de
changement devient plus petit avec la croissance du champ magnétique, à voir une
pente qui s’écarte de la linéarité établie à des bas champs. En raison de cette
dépendance, l’efficacité de la réfrigération magnétique monte avec la croissance du
champ magnétique. Ainsi, un champ magnétique aussi grand que possible est
nécessaire dans le dispositif de réfrigération magnétique. Cependant, il existe aussi
des considérations pratiques qui doivent être prises en compte dans le choix de la
source du champ magnétique.
Il existe trois possibilités pour obtenir le champ magnétique dans la cadre d’un
dispositif de réfrigération magnétique :
- Les aimants supraconducteurs peuvent fournir un champ magnétique
supérieur à 10 Tesla mais ils consument une importante quantité d’énergie dans leur
état supraconducteur. Aussi, ils doivent être refroidis pour rester dans l’état
supraconducteur et la taille de ces systèmes de réfrigération est très grande,
incompatible avec des applications domestiques.
- Les électro-aimants peuvent fournir un champ magnétique de 3 à 5 Tesla
avec un coût relativement modeste, mais l’inconvénient est qu’ils consomment
beaucoup d’énergie électrique et ils se réchauffent. Ils ne sont généralement pas
utilisés dans les systèmes industriels de réfrigération magnétique mais plutôt dans
des laboratoires où il est nécessaire d’avoir une valeur de champ magnétique qui
peut être modifiée avec précision.
- La seule source de champ magnétique pratique pour des applications
domestiques et industrielles est représentée par des aimants permanents, qui
peuvent générer un champ magnétique de 0,8 à 2,5 Tesla à une taille raisonnable
d’écart entre les pôles pour permettre le déplacement du matériau dans et hors du
champ magnétique. Dans des systèmes utilisant des aimants permanents, où

45
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

l’induction est constante, il est nécessaire de déplacer soit les aimants en dehors du
matériau magnétocalorique, soit le matériau magnétocalorique relativement aux
aimants.
Dans tout ce qui va suivre dans cette thèse, nous allons utiliser exclusivement
des sources de champ à aimants permanents. Dans le cas d’un aimant permanent le
but est de maximiser l’amplitude du champ en minimisant le travail consommé. Pour
ça il faut faire un équilibrage des forces d’attraction entre l’aimant et le matériau
magnétocalorique par minimaliser les pertes de flux en dehors de l’entrefer afin de
garantir un champ appliqué à l’AMR qui soit minimal à l’extérieur du système. Il est
également important que les temps nécessaires pour magnétiser et démagnétiser le
matériau soient les plus réduits possibles car ils constituent un temps mort.
L’utilisation des systèmes rotatifs basés sur des aimants permanents en alliage de
NdFeB a répondu d’une manière efficace à cette problématique.

Figure 19: Simulation numérique des lignes de champ magnétique pour un système
rotatif, figure adaptée de [29]

2.9 Modélisation de l’effet magnétocalorique


La modélisation de l’EMC peut se faire à partir de deux approches. La plus
répandue dans la littérature est l’approche analytique, basée sur le modèle théorique
de Weiss-Debye-Sommerfeld (modèle WDS). L’autre approche est l’approche semi-
expérimentale basée sur l’interpolation des données des valeurs expérimentales de
la chaleur spécifique et de la différence adiabatique de la température. L’approche
analytique a une série d’avantages comme la simplicité d’utilisation, l’applicabilité sur
une plage large de température et l’utilisation pour plusieurs types des matériaux
magnétocaloriques. L’inconvénient principal est la différence non-négligeable avec
les résultats expérimentaux. L’approche semi-expérimentale est plus précise que
l’autre méthode mais son inconvénient est qu’il demande des appareils de mesure
spécifiques et des mesures faites sur une plage large des températures.

46
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

2.9.1 Approche analytique de l’EMC : modèle WDS (Weiss, Debye et


Sommerfeld)
La capacité thermique spécifique d’un matériau magnétique est la somme des
contributions des trois capacités : la capacité thermique magnétique, la capacité
thermique de réseau et la capacité thermique électronique.

(31)

La contribution thermique magnétique d’un matériau est donnée par la théorie


du champ moléculaire de Weiss. La théorie de Debye explique comment la vibration
du réseau cristallin est à l’origine d’une capacité thermique de réseau CR. La théorie
de Sommerfeld donne la capacité thermique électronique CE.
La théorie du champ moléculaire de Weiss
La théorie de Weiss est basée sur l’approximation de champ moyen. La
contribution magnétique à la capacité thermique totale d’un matériau est donnée
par :
( )
(32)

où Nint est la constante de champ moyen définie comme :

(33)
( )

avec kB la constante de Boltzmann, Tc la température de Curie, Ns le nombre des


moments magnétiques par unité de mase, g le facteur Landé, J le moment cinétique
total et μB le magnétron de Bohr.
La magnétisation spécifique peut être calculée comme :

( ) (34)

ou BJ(χ) est la fonction Brillouin définie comme

( ) ( * ( * (35)

Le ratio d’énergie de Zeeman χ et définie comme

( ) (36)
( )

Les équations 35 et 36 sont résolues simultanément par itérations et les


valeurs de BJ et χ sont utilisé dans l’équation suivante pour calculer l’entropie
magnétique :

47
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

( )
( ) ( ) (37)
( )
( )

où NA est le numéro d’Avogadro et Mm est la masse molaire du matériau. L’équation


37 peut être utilisée pour déterminer ΔSM directement et aussi le ΔTad :

( ) ( ) (38)

avec Hi et Hf le champ magnétique initial et final.


La théorie de Debye de la capacité thermique de réseau
La contribution du réseau cristallin peut être décrite par le modèle de Debye.
La capacité calorifique massique du réseau cristallin est donné par :

( * ∫ (39)
( )

où TD est la température de Debye du matériau, kB la constante de Boltzmann, NA la


constante d’Avogadro et Mm la masse molaire.
L’entropie massique du réseau cristallin s’écrit alors :

( ( * ( * ∫ ) (40)
( )

La théorie de Sommerfeld de la capacité thermique électronique


Le modèle de Sommerfeld est basé sur la théorie des propriétés thermiques
des électrons de conduction. La partie électronique de la capacité thermique totale
peut être calculée comme :

(41)

avec ϒe la constante de Sommerfeld. La contribution électronique à l’entropie


spécifique totale est déterminée par :

∫ (42)

2.9.2 Approche semi-expérimentale de l’EMC : interpolation de valeurs


expérimentales de CH,p et ΔTad du matériau
Cette méthode nous permet d’obtenir la puissance thermique volumique
générée du matériau magnétocalorique à cause d’effet magnétocalorique à partir des
valeurs expérimentales de CH,p et ΔTad du matériau. La puissance thermique
volumique générée à cause de l’effet magnétocalorique est :

48
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

( ) (43)
̇ ( )

avec ρs la masse volumique du solide. En utilisant cette méthode on obtient la


température du matériau qui varie à chaque pas de temps comme :

( ) ( ) (44)

2.9.3 Propriétés magnétothermiques du gadolinium


Nous présentons ici les résultats du modèle de Weiss-Debye-Sommerfeld
appliqué au gadolinium et la comparaison de ces résultats avec des données
obtenues expérimentalement. Les résultats du modèle de WDS sont issus d’un
algorithme simple, réalisé en MATLAB.
La Figure 20 présente la capacité thermique du gadolinium calculée avec le
modèle de WDS, pour une variation de l’intensité de champ magnétique de 0 T (a),
jusqu'à une valeur maximale de l’intensité de champ magnétique de 1 T (b).

(a) H=0T (b) H=1T


Figure 20: La capacité thermique du gadolinium calculée avec le modèle de WDS
Nous pouvons voir l’évolution des valeurs de la capacité thermique de
gadolinium en fonction de la température. L’évolution de la capacité thermique totale
(CH,p) et de la capacité thermique magnétique (CM) est réalisé d’une façon brusque à
la valeur nulle de champ magnétique. Pour la valeur maximale de l’intensité de
champ magnétique (1 T), l’évolution de ces deux capacités thermiques est plus lente.
La contribution de la capacité thermique électronique (CE) est négligeable par rapport
à la capacité thermique magnétique (CM) et à la capacité thermique de réseau (CR),
comme attendu. La capacité thermique totale (CH,p) est maximale à la température
de Curie, à cause de la transition ferromagnétique à paramagnétique. Au-delà de la
température de Curie, la capacité thermique magnétique (CM) devient nulle.
La Figure 21 montre l’évolution de l’entropie massique du gadolinium calculée
avec le modèle de WDS, en fonction de la température et pour deux valeurs de
l’intensité de champ magnétique, H= 0 T (a) et H=1 T (b).

49
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

(a) H=0 T (b) H=1 T


Figure 21: L’entropie massique du gadolinium calculée avec le modèle de WDS
On observe que la contribution d’entropie des électrons (SE) est négligeable
par rapport à l’entropie magnétique (SM) et à l’entropie du réseau (SR). Au-delà de la
température de Curie, le gadolinium devient paramagnétique et l’entropie massique
magnétique (SM) reste constante, et représenté ici par une ligne droite, parallèle à
l’axe horizontal.
Les résultats de deux approches (analytique et semi-expérimentale) sont
comparés dans la figure suivante (Figure 22), pour gadolinium et pour deux valeurs
de l’intensité de champ magnétique de 0 T et de 1 T. L’approche semi-expérimentale
est basée sur des valeurs des mesures expérimentales de la capacité thermique.
Ces valeurs sont fournies par l’un des partenaires du notre projet de recherche,
l’entreprise Cooltech Applications et sont réalisées en 2008 par AMES Laboratory
sur un échantillon de gadolinium fourni par Cooltech. L’approche analytique est
basée sur des valeurs de la capacité thermique calculées à partir du modèle de
WDS, par un algorithme créé en MATLAB.

(a) H=0T (b) H=1T


Figure 22: Comparaison entre la capacité thermique du gadolinium déterminée
expérimentalement (CH,p(exp) ) et calculée avec le modèle de WDS (CH,p(WDS) )
A champ magnétique nul (Figure 22 a) H=0 T), on peut observer une grande
différence entre ces deux méthodes autour de la température de Curie du
gadolinium. La capacité thermique calculée par le modèle de WDS (CH,p(WDS))
comporte une valeur maximale de 299 J/kg·K alors que la capacité thermique
déterminée expérimentalement (CH,p(exp)) monte jusqu'à une valeur maximale de
369 J/kg·K (Figure 22 a) H=0 T). Au-dessus de la température de Curie du matériau

50
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

la capacité thermique d’après WDS décrit une courbe brusque avec un changement
de direction. La capacité thermique expérimentale décrit la variation de la chaleur
spécifique en fonction de la température d’une façon plus continue.
Pour une valeur de champ magnétique de 1 T (Figure 22 b) H=1 T), le modèle
WDS décrit un graphique plus proche du graphique obtenu avec des valeurs
expérimentales. La différence entre les valeurs maximales de la capacité thermique
est plus faible, avec des valeurs maximales de 303 J/kg·K pour la capacité thermique
expérimentale et de 279 J/kg·K pour la capacité thermique après WDS.
En conclusion, pour une valeur de champ magnétique de 1 T, la méthode
analytique basée sur le modèle WDS montre une meilleure corrélation avec les
valeurs obtenues expérimentalement.
Dans la suite de cette thèse, pour la modélisation de l’effet magnétocalorique
au sein de l’AMR on va utiliser uniquement la méthode semi-expérimentale pour
toutes les modèles numériques présentées ici. Le but de ce choix est d’obtenir des
meilleurs résultats qui sont le plus proche des données réelles de matériaux
magnétocaloriques.

2.10 Conclusions
Dans ce chapitre nous avons présenté les définitions et les notions de base
nécessaires à la compréhension de la réfrigération magnétique. Nous avons vu les
avantages de cette technologie et nous avons observé que dans les dernières
années l’intérêt porté sur cette technologie a grandi considérablement.
Puis nous avons expliqué le fonctionnement de cette technologie par la
définition de l’effet magnétocalorique, l’effet sur lequel cette technologie est basée.
Cet effet est maximal à la température de transition de la phase ferromagnétique à la
phase paramagnétique, appelée température (ou point) de Curie. Ensuite nous
avons passé en revue les cycles magnéto-thermodynamiques compatibles avec
cette technologie et on a vu le cycle le plus efficace, le cycle d’AMRR qui se
compose d’une aimantation et d’une désaimantation isentropiques et d’un
refroidissement et un réchauffement isochamps. Ce cycle est basé sur le fait que
l’AMR se résume d’une multitude de petites machines thermodynamiques en série
opérant chacune à un niveau de température diffèrent.
Après, nous avons présenté succinctement les matériaux magnétocaloriques
les plus propices à des applications à température ambiante. Si le gadolinium reste
le matériau de référence, sa faible abondance ne permet pas de l’envisager pour une
production industrielle. La recherche sur les nouveaux matériaux magnétocaloriques
reste très active et s’oriente vers des nouveaux matériaux magnétocaloriques,
comme les séries de LaFeSi et PrSrMnO. En plus des matériaux magnétocaloriques
dans le cadre d’un système de réfrigération magnétique un fluide caloporteur et une
source de champ magnétique sont requises. Nous avons fait un tableau avec des
propriétés thermophysique d’un bon fluide caloporteur et nous avons vu que l’eau
(simple ou mélangée avec des additives pour modifier sa plage de température en
état liquide) est utilisée avec succès dans la plupart de prototypes fonctionnelles.
En ce qui concerne les sources de champ magnétique, nous avons vu que la
solution la plus adéquate de point de vue de l’intensité magnétique, la mobilité du

51
Chapitre 2. Théorie et définitions sur la réfrigération magnétique

système et la consommation d’énergie est l’utilisation des aimants permanents. Dans


le système, le but est de maximiser l’amplitude du champ en minimisant le travail
consommé et pour ça il faut faire un équilibrage des forces d’attraction entre l’aimant
et le matériau magnétocalorique par minimaliser les pertes de flux en dehors de
l’entrefer afin de garantir un champ applique à l’AMR qui soit minimal en extérieur du
système. On a également vu que l’utilisation des systèmes rotatifs basés sur des
aimants permanents a répondu d’une manière efficace à cette problématique.
Vers la fin de ce chapitre nous avons modélisé l’effet magnétocalorique par
deux approches. La première est l’approche analytique basée sur le modèle de WDS
qui est composé de la théorie du champ moléculaire de Weiss, de la théorie de
Debye de la capacité thermique de réseau et de la théorie de Sommerfeld de la
capacité thermique électronique. La deuxième approche est l’approche semi-
expérimentale, par interpolation de valeurs obtenues expérimentalement de C H,p et
ΔTad du matériau magnétocalorique. Ensuite, les propriétés magnétothermiques du
gadolinium ont été présentées et nous avons vu la comparaison entre la capacité
thermique du gadolinium déterminée expérimentalement et celle calculée avec le
modèle de WDS.

52
Chapitre 3

Analyse des travaux existants et apport de


la thèse

3.1. Etat de l’art des modèles numériques existants:


comparaison des modèles, des méthodes et des résultats
3.1.1. Les modèles 1D
3.1.2. Les modèles 2D
3.1.3. Les modèles 2,5D et 3D

3.2. Analyse critique des modèles existants et apport de la


thèse
3.2.1. L’implémentation de l’EMC
3.2.2. Le changement du champ magnétique et le champ
démagnétisant
3.2.3. Les conditions d’écoulement du fluide caloporteur
3.2.4. La validation des résultats
3.2.5. L’apport de la thèse

3.3. Conclusions

53
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

3 Analyse des travaux existants et apport de la thèse


3.1 Etat de l’art des modèles numériques existants : comparaison
des modèles, des méthodes et des résultats
Etant une nouvelle technologie, les systèmes de réfrigération magnétique sont
en développement continu depuis les dernières années avant la sortie sur le marché.
Aujourd’hui nous avons déjà passé la phase de la construction de prototypes pour
valider cette technologie et nous sommes déjà à la phase d’optimisation des
dispositifs préindustriels. Dans cette étape, l’optimisation des paramètres de
fonctionnement est très importante. La modélisation numérique nous permet de
mieux comprendre le fonctionnement d’un AMR en faisant des analyses de
sensibilité des paramètres comme la géométrie de matrice du régénérateur,
l’épaisseur du solide, la hauteur du canal de fluide, le type de fluide, la fréquence du
mouvement, la vitesse du fluide, etc. Toutes ces analyses sont difficiles à faire sur
des dispositifs expérimentaux parce qu’ils nécessitent plusieurs configurations des
dispositifs.
Pour mieux simuler le comportement des dispositifs de réfrigération
magnétique il est nécessaire d’avoir à disposition des modèles fiables, pouvant
prendre en compte plusieurs phénomènes physiques comme les transferts
thermiques, le magnétisme, la mécanique des fluides, la thermodynamique et la
physique des solides. Une revue des principaux modèles existants est faite par
Nielsen et al. [44]. Ensuite, nous ferons un bilan des principaux modèles numériques
présentés dans la littérature et une comparaison de ceux-ci du point de vue des
méthodes et des résultats.
Il existe plusieurs approches dans la modélisation de l’AMR. Les modèles en
régime permanent sont des modèles simples, qui peuvent produire une estimation de
performance en termes de puissance froide en fonction de la différence de
température, en fonction de la vitesse d’écoulement, de la géométrie, de la
fréquence, etc. Les modèles en régime transitoire fournissent une description plus
complexe du fonctionnement de l’AMR. Etant donné que la variation du champ
magnétique et l’écoulement de fluide sont intrinsèquement dépendantes du temps et
sont couplés avec le transfert de chaleur entre le fluide et le solide, ces modèles
simulent ces phénomènes physiques à un niveau plus fondamental. Ensuite, nous
allons analyser des modèles en régime transitoire, qui sont les plus répandus dans la
littérature.
Les modèles 1D, en général, supposent que l'écoulement de fluide et la
conduction thermique (si c’est inclus) se produisent uniquement dans le sens
d’écoulement du fluide. La plupart des modèles 1D négligent la conduction thermique
intra-particules et nécessitent l'application d'un coefficient de transfert de chaleur
entre le fluide et la matrice solide. Développées plus récemment, les modèles 2D de
l’AMR prennent en compte le champ des vitesses, qui sont établis dans la direction
de l’écoulement du fluide. En général, ils prennent également en compte la
conduction thermique en 2D (perpendiculaire et parallèle avec l’axe d’écoulement du
fluide). Les équations pour le fluide et pour la matrice solide ne sont pas directement
couplées par un coefficient de transfert de chaleur, mais ils sont connectés par une

54
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

condition supplémentaire de limite qui définit le contact thermique entre le domaine


fluide et le domaine solide. Cette approche est physiquement plus appropriée parce
que, dans ce cas, les résultats ne dépendent pas de la précision de la corrélation du
coefficient de transfert de chaleur. Cependant, en raison d'une répartition aléatoire
des particules dans le lit de l’AMR, les modèles 2D peuvent être appliquées
uniquement pour des régénérateurs avec des structures ordonnées (plaques
parallèles, des canaux carrés, etc.) En général, un modèle 3D entièrement
développé pourrait être appliqué à n'importe quelle géométrie.
3.1.1 Les modèles 1D
Barclay et al. [22] ont présenté le premier modèle de réfrigération magnétique
à régénérateur actif, en 1982. Il était représenté d’un modèle 1D, basé sur un
régénérateur poreux. Dans ce modèle ils ont pris en compte la conduction thermique
dans le solide et la variation des propriétés physiques du solide et du fluide avec la
température. Le fluide simulé est de l’hélium traversant une géométrie basée sur des
sphères de matériau magnétocalorique. Par la suite, plusieurs modèles de
réfrigération autour de la température ambiante similaires à celui de Barclay ont été
développés.
Quelques ans plus tard, en 2005, Allab et al. [45] ont mis en évidence les
différentes phases d’un cycle de réfrigération magnétique pour la première fois. Ils
ont construit un modèle 1D ou le phénomène de diffusion a été négligé tout au long
du solide et ils ont considéré juste le transfert de chaleur par convection. Ils ont
utilisé de l’eau comme fluide caloporteur avec une vitesse constante. Le coefficient
de transfert thermique a été calculé par une équation d’interpolation en fonction des
nombres des Reynolds et Prandtl. Les équations ont été résolues numériquement
par la méthode des différences finis. L’écart de température obtenu par le modèle a
été de 4,8 K.
Leur modèle a été validé par des valeurs expérimentales réalisées sur un
prototype à base de plaques de gadolinium avec une épaisseur de 1 mm, une
longueur de 50 mm et une largeur totale de 500 mm. Les microcanaux ont eu une
hauteur de 0,15 mm. Le champ magnétique de 0,8 T a été produit par un
arrangement de type Halbach. Le régime permanent a été rapidement établi, en 30
secondes, à cause de la capacité thermique du fluide qui était comparable avec la
capacité thermique du régénérateur. L’écart de température obtenu par des valeurs
expérimentales a été de 4 K utilisant une fréquence du cycle de 0,8 Hz. Les résultats
sont présentés dans la Figure 23. Ensuite, plusieurs modèles 1D ont été développés.

55
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

(a) résultats du modèle (b) résultats expérimentaux


Figure 23: Les résultats du modèle d’Allab et al. et les résultats de la validation
expérimentale de ce modèle, [45]
Risser el al. [46] ont développé en 2010 un modèle 1D qui a utilisé des
données expérimentales pour la simulation d’effet magnétocalorique à la place de
modèle de WDS. Son modèle, basé sur la méthode des différences finies, a aussi
utilisé des mesures expérimentales pour intégrer les effets du champ démagnétisant.
Il a utilisé comme fluide caloporteur un fluide antigel, Zitrec 10 avec un point de
congélation de -10 °C. Pour simuler la matrice du régénérateur, il a utilisé une
géométrie de plaques parallèles de gadolinium d’une épaisseur de 0,4 et 0,6 mm. La
hauteur du canal de fluide utilisé a été de 0,2 mm. Les dimensions de régénérateur
ont été les suivantes : la longueur 100 mm, la largeur 40 mm et la hauteur 8 mm. Le
champ magnétique simulé a été de 1,65 T. Il a obtenu une différence maximale de
température de 25 °C. Les résultats sont visibles dans la figure suivante.

Figure 24: Les résultats du modèle de Risser et al. [46]


La même année, Tagliafico et al. [47] ont construit un modèle 1D d’un
régénérateur à base de poudre de gadolinium d’une dimension de 300 μm et de l’eau
comme fluide caloporteur. La masse totale de gadolinium utilisé a été de 395 g dans
un volume de 62,5 cm3. Ils ont utilisé des fréquences du mouvement entre 0,10 et
0,60 Hz dans un champ magnétique maximal de 1,7 T. Le système d’équations a été
résolu en Matlab et Visual Studio. Ils ont obtenu des différences finales de
température entre les deux échangeurs de 10 °C jusqu’à 50 °C, avec un COP
respectivement de 12 et de 2. Leurs résultats sont présentés dans la figure suivante:

56
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

Figure 25: Les résultats du modèle de Tagliafico et al. [47]


En 2011 Roudaut et al. [48] ont créé un modèle numérique 1D en régime
transitoire basé sur une géométrie des plaques parallèles de gadolinium. La longueur
des plaques est de 50 mm avec un volume de 3,53 x 10-5 m3. Le fluide utilisé est de
l’eau avec des fréquences du mouvement comprises entre 0,08 et 0,94 Hz. Pour
simuler le champ magnétique de 1 T ils ont utilisé la méthode analytique basée sur le
modèle de WDS. Leur modèle est basé sur le modèle d’Allab et al. [45] avec
quelques améliorations: le modèle a été implémenté en utilisant un schéma implicite
pour assurer la stabilisation numérique, la conduction axiale dans le solide et dans le
fluide a été prise en compte et l’effet magnétocalorique a été introduit comme terme
source dans l’équation de la chaleur. Le modèle a été écrit en MATLAB utilisant la
méthode des différences finies pour la discrétisation des équations. Leurs résultats
montrent une différence de température entre les deux échangeurs de 25 K, en
conditions adiabatique utilisant une fréquence du mouvement du fluide de 0,88 Hz
comme indiqué dans la figure suivante :

Figure 26: Les résultats du modèle de Roudaut et al. [48]


Aussi en 2011, Tusek et al. [49] ont construit un modèle numérique 1D en
régime transitoire avec une géométrie basée sur des sphères de gadolinium avec un
diamètre de 0,25 à 2 mm. Ils ont simulé un régénérateur de 0,185 kg de gadolinium
avec des dimensions de 60 mm x 40 mm x 16 mm. Comme fluide caloporteur ils ont
utilisé de l’eau et des fréquences de mouvement de 0,06 jusqu’à 2 Hz, dans un

57
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

champ magnétique de 1 T. Le modèle a été construit en MATLAB où les équations


ont été discrétisé avec la méthode de différences finies, basé sur la méthode Euler.
L’effet magnétocalorique a été inséré comme différence de température et a été
basé sur la méthode analytique avec le modèle WDS, corrigée avec des données
expérimentales. Les résultats montrent une différence maximale de température de
33 °C, comme nous pouvons voir dans la figure suivante:

Figure 27: Les résultats du modèle de Tusek et al. [49]


La même année, en 2011, Vuarnoz et al. [50] ont aussi construit un modèle
numérique 1D en régime transitoire. Ce modèle est basé sur une géométrie de
régénérateur avec des cylindres de gadolinium d’un diamètre de 2,5 mm. Ils ont
utilisé 114 cylindres avec un poids total de 0,265 kg. Les dimensions du régénérateur
sont 13 x 47,5 x 60 mm avec un facteur de compacité de 0,907. Le fluide caloporteur
simulé est de l’eau avec une vitesse de 0,06 m/s. Le champ magnétique simulé était
de 1 T et ils ont utilisé des fréquences du mouvement de 0,06 jusqu’à 0,5 Hz. L’effet
magnétocalorique a été introduit comme un terme source prenant en compte aussi le
champ démagnétisant. Ils ont utilisé le logiciel Modellica par l’interface Dymola et
pour la simplicité de calcul ils ont divisé la surface en 30 cellules, chacune avec une
longueur de 2 mm. En utilisant cette configuration ils ont obtenu une différence
maximale de température de 8 K. Les résultats sont visibles dans la figure suivante.

Figure 28: Les résultats du modèle de Vuarnoz et al. [50]

58
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

3.1.2 Les modèles 2D


En 2007, Petersen et al. [51] ont développé un modèle 2D en régime
transitoire avec une géométrie de plaques parallèles de gadolinium de 50 mm de
longueur et avec une hauteur de 0,5 mm. Ils ont utilisé de l’eau comme fluide
caloporteur avec une hauteur des microcanaux de 0,5 mm. Ils ont simulé un champ
magnétique de 1 T. Le modèle utilise la discrétisation par la méthode des éléments
finis pour résoudre le profil de l’écoulement du fluide et le gradient de température
dans le domaine solide et fluide. Ils ont utilisé Comsol comme logiciel de calcul et ils
ont créé un modèle où le domaine solide glisse sur le domaine fluide. Ils ont utilisé le
modèle de WDS pour simuler l’effet magnétocalorique qui a été introduit comme une
différence de température. En raison de la complexité du modèle à deux dimensions,
le temps de calcul est beaucoup plus élevé que pour les modèles unidimensionnels
équivalents. Tous les 600 cycles ont été simulés sur une période de temps de 53
heures. Leur modèle a été validé par 3 méthodes : le test de la conservation
d’énergie, le test que le régime permanent est atteint indépendamment des
conditions initiales et l’analyse du sensitivité des pas du temps. Ils ont obtenu une
différence finale de température entre les deux échangeurs de 10,9 K. La différence
de température entre les deux échangeurs est présentée dans la figure suivante.

Figure 29: Les résultats du modèle de Petersen et al. [51]


En 2010, Nielsen et al. [52] ont développé un modèle numérique 2D, en
régime transitoire basé sur le modèle de Petersen et al. [51]. Le modèle utilise une
géométrie avec des plaques parallèles de gadolinium d’une épaisseur variable de
0,25 jusqu’à 1 mm et une longueur constante de 50 mm. Ils ont utilisé de l’eau
comme fluide caloporteur avec une hauteur variable du canal de fluide de 0,2 jusqu’à
1,0 mm. Ils ont simulé un champ magnétique de 1 T à l’aide d’une méthode
analytique basée sur le modèle de WDS. Ils ont aussi fait varier la vitesse du fluide et
la fréquence du cycle du 0,14 jusqu’à 4 Hz. Ils ont choisi d’utiliser des paramètres
non-dimensionnels comme le facteur d’utilisation, la porosité et le nombre d’unités de
transfert thermique pour inclure toutes les variables. Avec ces configurations ils ont
fait un nombre de 27216 simulations en faisant varier les paramètres. Ils ont obtenu
une différence maximale de température autour de 60 K, pour une épaisseur de
plaque de gadolinium de 0,25 mm. Les résultats sont présentés dans la figure
suivante :

59
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

Figure 30: Les résultats du modèle de Nielsen et al. [52]


En 2012, Oliveira et al. [53] ont créé un modèle numérique 2D, en régime
permanent basé sur une géométrie des plaques parallèles de gadolinium. Le
régénérateur simulé est composé des 28 plaques de solide avec une épaisseur de
0,92 mm, une longueur de 160 mm et une largeur de 7 mm. Le canal de fluide est
d’une hauteur constante de 0,1 mm, avec la même longueur de 160 mm et une
largeur de 6,4 mm. Comme fluide caloporteur ils ont utilisé de l’eau et en terme de
champ magnétique ils ont simulé un changement de champ magnétique de 0 à 2,5
T. L’effet magnétocalorique a été inséré comme une variation instantanée de la
température du régénérateur et basé sur le modèle de WDS. Le champ magnétique
est supposé uniformément disposé et les effets comme la réversibilité de l’effet
magnétocalorique et le champ interne démagnétisant ont été négligé. Les équations
couplées ont été résolues avec la méthode des volumes finies en Fortran avec
l’algorithme Tri-Diagonal Matrix. Avec ces caractéristiques ils ont obtenu une
différence maximale de température de 20 K comme dans la figure suivante :

Figure 31: Les résultats du modèle d’Oliveira et al. [53]

60
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

3.1.3 Les modèles 2,5D et 3D


En 2009 Nielsen et al. [54] ont construit un modèle numérique en 2,5D, basé
sur le modèle de Petersen et al. [51]. La numérotation 2,5 D signifie que les pertes
thermiques parasites ont été inclues dans la direction spatiale z, non résolu. Le
modèle utilise une géométrie des plaques parallèles de gadolinium de 50 mm de
longueur et avec une épaisseur de 0,5 mm. Ils ont utilisé de l’eau comme fluide
caloporteur avec une hauteur des microcanaux de 0,5 mm. Ils ont simulé un champ
magnétique de 1 T. Le champ magnétique a été inséré comme un terme source et
basé sur le modèle de WDS. Pour la discrétisation numérique ils ont utilisé la
méthode des éléments finis. Le modèle a été écrit utilisant la méthode d’intégration
temporelle ADI (Alternate Direction Implicit) dans le logiciel générique Fortran. Avec
ce modèle ils ont obtenu une différence maximale de température entre les
échangeurs de 14 K.

Figure 32: Les résultats du modèle de Nielsen et al. [54]


En 2008, Bouchard et al. [55] ont été le premiers à développer un modèle 3D
en régime transitoire d’un régénérateur magnétique actif. Le modèle utilise une
géométrie poreuse à base des sphères de gadolinium avec un diamètre relatif de 0,5
mm. Rempli à pleine capacité, la porosité de régénérateur est de 33 %. Les
dimensions du régénérateur sont de 25, 50 et 100 mm dans la direction de x, z et y.
Comme fluide caloporteur ils ont utilisé de l’eau avec des vitesses comprises entre
0,07 et 0,15 m/s. Ils ont simulé un champ magnétique de 2 T en utilisant l’EMC
comme terme source dans l’équation de chaleur. Le matériau solide magnétique et le
fluide de régénération ont été modélisés séparément. Le fluide s’écoule à travers les
canaux formés par la matrice du matériau solide. Les champs de vitesse, de
pression et de température sont obtenus par les équations Navier-Stokes. Le
système des équations partielles couplées est résolu en utilisant la méthode des
volumes finis. Leurs résultats sont présentés dans la figure suivante :

61
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

(a) solide (b) fluide


Figure 33: Les résultats du modèle de Bouchard et al. [55]
Ensuite, nous présentons un tableau de synthèse des modèles numériques de
réfrigération magnétique existantes en littérature, en faisant une analyse sur la
géométrie utilisée, la dimension du modèle, le régime, la méthode numérique utilisée
et la validité des résultats. La liste de modèles est non exhaustive et présente une
partie des modèles existantes dans la littérature.

Tableau 1: Les différents modèles numériques de réfrigération magnétique présents


dans la littérature (MDF = Méthode des différences finies, MEF = Méthode des
éléments finis, MVF = Méthode des volumes finis)

Auteur Méthode Logiciel/ Validité des


Géométrie Dim. Régime Ref.
principal numérique Langage résultats
Barclay et al. sphères 1D transitoire MDF - - [22]
comparaison
plaques
Allab et al. 1D transitoire MDF MATLAB avec des [45]
parallèles
résultats exp.
comparaison
plaques
Risser el al. 1D transitoire MDF SCILAB avec des [46]
parallèles
résultats exp.
Tagliafico et sphères
1D transitoire MDF MATLAB - [47]
al. (poudre)
comparaison
plaques
Roudaut et al. 1D transitoire MDF MATLAB avec des [48]
parallèles
résultats exp.

Tusek et al. sphères 1D transitoire MDF MATLAB - [49]

Vuarnoz et al. files 1D transitoire MDF MODELICA - [50]

plaques
Petersen et al. 2D transitoire MEF COMSOL - [51]
parallèles
plaques
Nielsen et al. 2D transitoire MEF COMSOL - [52]
parallèles
plaques
Oliveira et al. 2D transitoire MVF FORTRAN - [53]
parallèles
comparaison
plaques
Nielsen et al. 2,5D transitoire MDF FORTRAN avec des [54]
parallèles
résultats exp.
Bouchard et
sphères 3D transitoire MVF ANSYS - [55]
al.

62
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

3.2 Analyse critique des modèles existantes et apport de la thèse


Comme nous avons décrit avant la présentation des modèles numériques
existants dans la littérature, il existe plusieurs approches dans la modélisation d’un
AMR. Parmi toutes ces approches les plus importantes sont les suivantes :
3.2.1 L’implémentation de l’EMC
Afin d’analyser le fonctionnement d’un AMR, les propriétés magnétiques
doivent être inclues dans le modèle. Le changement adiabatique de la température
et la chaleur spécifique du solide sont, en général, une fonction de la température et
du champ magnétique couplées. Les modèles peuvent être aussi distingués en ce
qui concerne la prise en compte de l'effet magnétocalorique. L’effet
magnétocalorique est généralement inclus à l’aide des deux méthodes. Certains
auteurs comme Tusek et al. [49], Petersen et al. [51], Nielsen et al. [52] et Oliveira et
al. [53] ont choisi la plus simple et la plus directe méthode d’inclure l’EMC dans le
modèle par une application directe du changement adiabatique de la température
dans le solide pendant l’aimantation et la désaimantation. Ça peut être formulé
mathématiquement comme :

( ) ( ) (45)

où la température initiale est notée Ti, le champ magnétique initial est noté Hi et le
champ magnétique final est noté Hf.
Le changement adiabatique de la température en fonction de la température
initiale et le champ magnétique initial et final peut être introduit à partir des données
expérimentales (rarement) ou en utilisant la méthode analytique, basée sur le
modèle de WDS (plus souvent).
Autres auteurs comme Risser et al. [46], Roudaut et al. [48], Vuranoz et al.
[50] et Bouchard et al. [55] ont choisi la méthode qui consiste à inclure l'effet
magnétocalorique directement dans le modèle mathématique comme terme source
dans l’équation de la chaleur. L’équation suivante peut être utilisée pour décrire
l’énergie libérée dans le processus d’aimantation.

( ) ( ) (46)
̇

Ce méthode d’inclure l’EMC, qui est plus approprié physiquement, est


dénommé la méthode intégrée (build-in method). La méthode intégrée suppose une
variation continue du champ magnétique, ce qui sera certainement toujours le cas
dans un expérimentation. Cependant, cette méthode nécessite des données
détaillée d’aimantation et de la chaleur spécifique en fonction à la fois de la
température et du champ magnétique. Ceux-ci peuvent ne pas toujours être
disponibles à partir de données obtenues expérimentalement pour les MMCs.

63
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

3.2.2 Le changement du champ magnétique et le champ démagnétisant


En général, le changement du champ magnétique dans les modèles, peut être
différencié entre un changement discret (on-off) et un changement continu. Si le
changement du champ magnétique discret est supposé, l’inclusion de l’EMC est
limitée à l’application directe du changement adiabatique de la température puisque
la méthode intégrée est signifiante uniquement avec un changement continu du
champ magnétique. Cependant, si le but du modèle numérique est de simuler
l’opération expérimentale d’un AMR, il peut être important d’implémenter le
changement continu de champ magnétique en fonction du temps. La plupart des
modèles négligent le changement du champ magnétique spatialement dépendant et
supposent que chaque tranche de matériau magnétocalorique est soumise au même
champ magnétique. L'effet du champ démagnétisant peut avoir une forte influence
sur la variation spatiale du champ magnétique interne dans un AMR. Le champ
démagnétisant est généralement en fonction de la géométrie, de la température et
les propriétés du MMC.
Jusqu'à présent, juste quelques modèles numériques publiés ont inclus l’effet
de champ démagnétisant comme Bouchard et al. [55] et Risser et al. [46]. En
Bouchard et al. [55], l'effet de démagnétisation a été inclus comme une équation
supplémentaire couplé à résoudre avec l’ensemble des équations thermiques.
Cependant, les résultats n'ont pas été discutés en détail en ce qui concerne l'impact
de cette situation sur le cycle AMR. Il a été montré, cependant, que le changement
adiabatique de la température peut être considérablement modifié lors de la prise en
compte de l’effet du champ démagnétisant (Bouchard et al. [55]). Dans le modèle de
Risser et al. [46], l’EMC a été implémenté avec des données du champ
démagnétisant mesurées expérimentalement sur un banc d’essais. Les
caractéristiques magnétocaloriques ont été directement utilisées en fonction d’un
champ magnétique externe appliqué pour lequel les valeurs comportent déjà cet
effet.
3.2.3 Les conditions d’écoulement du fluide caloporteur
Dans tous les modèles numériques d’AMR la fluidique est représentée par un
écoulement alternatif de fluide. Il y a deux aspects importants dans la fluidique du
modèle numérique: le développement du profil des vitesses du fluide et la
représentation de la variation de la vitesse d’entrée du fluide.
Le développement du profil des vitesses peut être réalisé par deux approches.
Dans les modèles où l'écoulement est résolu transversalement (1D ou 2D,
perpendiculaire à la direction d’écoulement) un profil d’écoulement est nécessaire.
Dans le cas d’une géométrie simple, comme les plaques parallèles, le profil de
vitesses peut être résolu analytiquement. Dans le cas d’une géométrie plus
compliquée, une solution numérique basée sur les équations de Navier-Stokes peut
être nécessaire.
La représentation de la variation de la vitesse d’entrée du fluide est mise en
place différemment, en fonction de chaque auteur. Certains auteurs supposent un
profil des vitesses en fonction du temps discret de telle sorte que l’écoulement est
activé ou désactivé (on-off), à l’aide d’une fonction de type rampe. Certains auteurs

64
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

supposent une courbe plus réaliste d’écoulement, continu en fonction de temps. Les
modèles construits avec la dernière méthode sont plus réalistes parce qu’ils simulent
le comportement exact du fluide.
3.2.4 La validation des résultats
Pour s’assurer de la validité du modèle numérique, une série de tests est
nécessaire :
- Le test de conservation de l’énergie à champ nul: ce test est fait en réalisant
des cycles de circulation alternative du fluide caloporteur dans le régénérateur, en
l’absence de champ magnétique et en supprimant les dissipations visqueuses.
L’incertitude de conservation de l’énergie est calculée à la fin de chaque cycle de
circulation alternative. Cette modalité de vérification est simple et offre une
perspective de fonctionnement du modèle du point de vue physique. Risser et al.
[46] , Roudaut et al. [48] et Petersen et al. [51] ont vérifié leurs modèles par cette
approche.
- Le test d’indépendance de la solution finale aux conditions initiales: plusieurs
simulations sont faites avec des conditions initiales différentes en gardant les autres
conditions et paramètres. Après un certain nombre de cycles, quand le régénérateur
entre en régime stationnaire, les températures finales pour toutes les simulations
doivent être similaires. Cette approche de vérification a été choisie par les mêmes
auteurs: Risser et al. [46], Roudaut et al. [48] et Petersen et al. [51].
- La validation expérimentale du modèle numérique: les résultats du modèle
numérique sont comparés avec des résultats obtenus avec un dispositif expérimental
qui utilise la même géométrie et les mêmes conditions. Cette méthode de validation
est la plus répandue et la plus précise méthode de vérification parce que nous offre
la possibilité de comparer le comportement du modèle avec le comportement réel
d’un régénérateur. Cette méthode de vérification a été choisie par Allab et al. [45] ,
Risser et al. [46] et Nielsen et al. [54].

3.2.5 L’apport de la thèse


Après une analyse des modèles étudiés existants dans la littérature jusqu'à
présent, nous faisons ici une synthèse des quelques avantages du modèle présenté
dans cette thèse par rapport à les modèles existants :

- La modélisation multi-physique et multi-échelle : Dans la construction de


notre modèle numérique nous avons modélisé trois phénomènes physiques
différents et leur couplage. Le régénérateur magnétique actif est un dispositif qui
combine plusieurs phénomènes physiques, chacun à une échelle différente. Le
fonctionnement simultané de trois phénomènes physiques (thermique, fluidique et
magnétisme), chacun à une échelle différente (micro-échelle, mini-échelle et macro-
échelle), fait de ce régénérateur un dispositif complexe, dans lequel la simulation
numérique nécessite des connaissances approfondies dans ces domaines ainsi que
la prise en compte de leurs couplages. Cette partie sera détaillée dans le Chapitre 4.
- La modélisation 2D complète : Le modèle numérique prend en compte la
direction parallèle à l’écoulement du fluide et la direction perpendiculaire à

65
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

l’écoulement du fluide pour tous les phénomènes physiques présents dans le


régénérateur. La modélisation 2D d’un régénérateur magnétique actif nous permet
de coupler l’équation de la chaleur dans le solide et l’équation de la chaleur dans le
fluide par l’interface solide-fluide qui est considérée comme une condition limite
additionnelle. Ceci est physiquement plus approprié que l'utilisation d’un coefficient
de transfert de chaleur. Ça c’est particulièrement vrai parce que, dans ce cas, le
résultat ne dépend pas de la précision de la corrélation pour le coefficient de transfert
de chaleur.
Dans la modélisation du transfert de la chaleur dans le fluide et dans le solide la
conduction thermique est prise en compte dans les deux dimensions du modèle (la
direction parallèle avec l’écoulement du fluide et la direction perpendiculaire avec
l’écoulement du fluide). Cet aspect nous permet d’analyser l’impact de la
miniaturisation du régénérateur par la variation de l’épaisseur des plaques de solide
sur la différence finale de température. La construction du modèle numérique sera
détaillée dans le Paragraphe 4.

- Le champ des vitesses et des pressions : Dans la partie fluidique du


modèle numérique le champ des vitesses et des pressions du fluide est modélisé
avec les équations Navier-Stokes. Cette méthode est plus réaliste que l’utilisation
d’un profil parabolique imposé parce qu’elle décrit le comportement réel du fluide
même dans des microcanaux où l’ordre de grandeur est submillimétrique. Cette
partie sera détaillée dans le Paragraphe 4.2.3.

- L’implémentation de l’EMC comme terme source : Dans la modélisation de


l’aimantation du matériau magnétocalorique, l’effet magnétocalorique est introduit
comme un terme source dans l’équation de la chaleur du modèle. Cette méthode est
plus appropriée physiquement que l’application directe du changement adiabatique
de la température dans le solide pendant l’aimantation et la désaimantation parce
que le solide se comporte comme une source volumique de chaleur pendant la
période d’aimantation et comme un absorbant de chaleur dans la période de
désaimantation. Cette partie sera détaillée dans le Paragraphe 4.2.1.

- L’EMC provenant des données expérimentales : Dans la modélisation de


l’effet magnétocalorique au sein de l’AMR nous avons préféré d’utiliser la méthode
semi-expérimentale, basée sur l’interpolation des données expérimentales à la place
de la méthode analytique basée sur le modèle théorique de WDS. Le but de ce choix
est d’obtenir des résultats des simulations qui sont plus proches des résultats
obtenues en prototypes avec des données réelles des matériaux magnétocaloriques.
Les différences entre ces deux approches de modélisation de l’effet
magnétocalorique sont détaillées dans le Paragraphe 2.9.

- L’intégration des données mesurées de la conduction thermique du


MMC : Dans le modèle numérique, la conduction thermique au sein du solide est
calculée avec des valeurs exactes et mesuré expérimentalement. Le coefficient de la
conductivité thermique a été mesuré par nous, au sein de laboratoire, à l’INSA à
l’aide d’un analyseur de la conductivité thermique. Nous avons mesuré la

66
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

conductivité de deux matériaux magnétocaloriques utilisés dans nos simulations, le


gadolinium et l’oxyde de praséodyme – manganèse (Pr1-xSrxMnO3). Les mesures ont
été faites dans une chambre climatique sur une plage des températures allant de -
20°C jusqu’à +60°C. Les valeurs obtenues, dépendantes de la température, sont
intégrées dans la modélisation à l’aide d’une fonction d’interpolation pour simuler de
façon correcte et le plus proche de réalité le comportement réel d’un AMR. La
procédure de cette mesure et les résultats seront détaillés dans le Chapitre 5.

- L’utilisation des deux matériaux magnétocaloriques : Dans la


modélisation du comportement d’un régénérateur magnétique actif nous avons
utilisé, en plus de matériau de référence gadolinium, un nouveau matériau développé
par l’un des notre partenaires du projet. Le nouveau matériau est un alliage, l’oxyde
de Praséodyme-Manganèse (Pr1-xSrxMnO3). Les résultats obtenus sont comparés et
plusieurs analyses sont faites entre les deux matériaux. Les différences entre les
deux matériaux magnétocaloriques en termes de différence adiabatique de
température sont présentées dans le Paragraphe 4.2.2.

- La validation du modèle numérique par des données expérimentales : La


validation du modèle numérique a été faite par la méthode qui nous offre les plus
grandes certitudes, la comparaison avec des mesures obtenues expérimentalement,
sur un prototype. Nous avons validé le modèle numérique à l’aide des valeurs
obtenues de l’un de nos partenaires du projet faites sur un prototype linéaire de
première génération avec les mêmes caractéristiques géométriques et fonctionnelles
comme les caractéristiques du modèle. Les détails sur les valeurs expérimentales et
sur le prototype sont présentés dans le Paragraphe 4.3.2.
3.3 Conclusions
Dans ce chapitre nous avons fait un bilan des principaux modèles numériques
présentés dans la littérature et une comparaison de ceux-ci du point de vue des
méthodes et des résultats. Nous avons vu qu’il existe plusieurs approches dans la
modélisation d’un AMR. Il existe des modèles en régime permanent qui sont des
modèles simples et des modèles en régime transitoire qui fournissent une description
plus complexe du fonctionnement de l’AMR. Au niveau des dimensions des modèles,
il existe des modèles en plusieurs dimensions. Les modèles 1D supposent, en
général, que l'écoulement de fluide et la conduction thermique (si c’est inclus) se
produisent uniquement dans le sens d’écoulement du fluide. Développés plus
récemment, les modèles 2D de l’AMR prennent en compte le champ des vitesses,
établis dans la direction de l’écoulement du fluide. En général, ils prennent
également en compte la conduction thermique en 2D. Il existe aussi des modèles en
2,5D, où les pertes thermiques parasites ont été inclues dans la direction spatiale z,
non résolu. Plus récemment, en 2008, un modèle 3D en régime transitoire a été
développé qui utilise une géométrie poreuse à base des sphères de gadolinium. En
général, un modèle 3D entièrement développé pourrait être appliqué à n'importe
quelle géométrie.
Ensuite nous avons fait une analyse critique de ces modèles, en analysant
plusieurs aspects constructifs comme l’implémentation de l’EMC, le changement du

67
Chapitre 3. Analyse des travaux existants et apport de la thèse

champ magnétique et le champ démagnétisant, les conditions d’écoulement du fluide


caloporteur et la validation des résultats. L’implémentation de l’EMC est en général
réalisée à l’aide des deux méthodes. La plus simple et la plus directe méthode est
l’application directe du changement adiabatique de la température dans le solide
pendant l’aimantation et la désaimantation (T+ΔTad). La deuxième méthode, qui est
plus approprié physiquement, consiste à inclure l'effet magnétocalorique directement
dans le modèle mathématique comme terme source dans l’équation de la chaleur.
En ce qui concerne le changement du champ magnétique, peut être différentié entre
un changement discrète (on-off) et un changement continu.
Dans tous les modèles numériques d’AMR la fluidique est représentée par un
écoulement alternatif de fluide. Le champ de vitesses peut être résolu
analytiquement, pour une géométrie simple ou à l’aide des équations de Navier-
Stokes pour une géométrie plus complexe. La représentation de la variation de la
vitesse d’entrée du fluide est mise en place différemment, en fonction de chaque
auteur. Certains auteurs supposent un profil des vitesses en fonction du temps
discret de telle sorte que l’écoulement est activé ou désactivé (on-off), à l’aide d’une
fonction de type rampe. Certains auteurs supposent une courbe plus réaliste
d’écoulement, continu en fonction de temps.
Vers la fin du chapitre nous avons présenté les trois méthodes les plus
répandues de validation des résultats du modèle numérique utilisés dans la
littérature, le test de conservation de l’énergie à champ nul, le test d’indépendance
de la solution finale aux conditions initiales et la validation expérimentale du modèle
numérique. Ensuite, nous avons fait une synthèse de l’apport de la thèse où nous
avons présenté les avantages du modèle présenté dans la thèse par rapport aux
modèles existants dans la littérature. Chaque aspect de l’apport de la thèse a été
discuté et nous avons donné des références dans les divers chapitres de la thèse
pour des informations supplémentaires.

68
Chapitre 4

Présentation du modèle du système


magnéto thermique

4.1. Phénomènes physiques mis en jeu et équations


caractéristiques
4.1.1. Le cycle de travail et la synchronisation magnéto-fluidique
4.1.2. La configuration du système et sa discrétisation numérique
4.1.3. Les hypothèses et les conditions aux limites du modèle

4.2. Mise en œuvre et analyse du modèle numérique


4.2.1. L'introduction de l’effet magnétocalorique
4.2.2. Les caractéristiques du régénérateur solide
4.2.3. Les caractéristiques du fluide caloporteur

4.3. Analyse de l'implémentation et de faisabilité du modèle


numérique
4.3.1. Les étapes d'implémentation du modèle numérique
4.3.2. L'analyse de faisabilité du modèle numérique

4.4. Conclusions

69
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

4 Présentation du modèle du système magnéto


thermique
Ce chapitre est consacré principalement à la présentation générale du modèle
du régénérateur magnétique actif (AMR). Nous exposons ici la configuration du
système magnétothermique à modéliser, sa géométrie, ainsi que les hypothèses
simplificatrices utilisées et les limites du notre modèle. Les résultats issus du modèle
numérique seront présentés dans le Chapitre 6.
4.1 Phénomènes physiques mis en jeu et équations
caractéristiques
La partie la plus importante dans un système magnétothermique, est
constituée par l’AMR. L’AMR est un dispositif qui combine plusieurs phénomènes
physiques, chacun à une échelle différente: micro-échelle, mini-échelle et macro-
échelle. La prise en compte simultanée et couplée de ces trois phénomènes
physiques: thermique, fluidique et magnétisme, fait de ce régénérateur un dispositif
complexe, pour lequel l’écriture d’un modèle numérique nécessite des
connaissances détaillées dans ces domaines respectives.
Le fonctionnement d’un AMR est basé sur l’utilisation de l’effet
magnétocalorique qui représente la réponse thermique d’un matériau lorsqu’il est
placé dans un champ magnétique. Le comportement d’un AMR est similaire à celui
des régénérateurs passifs et les transferts thermiques sont gouvernés par les
mêmes équations caractéristiques. La seule différence est dans la présence d’un
terme source correspondant à l’EMC et la variation des propriétés physiques du
régénérateur avec la température et le champ magnétique. Afin de réaliser un cycle
thermique, il est nécessaire de déplacer de façon périodique le fluide à l’intérieur du
régénérateur solide.
Physiquement, un régénérateur est un lit poreux de matériaux
magnétocaloriques qui est utilisé pour le transfert de chaleur vers et à partir d’un
fluide en mouvement, dans un processus cyclique, afin d’obtenir des différences plus
importantes de température en sortie, vers l’extérieur de système, entre l’échangeur
de chaleur froid - CHEX, et l’échangeur de chaleur chaud - HHEX. Avec la
régénération thermique, où le matériau magnétocalorique est capable de fonctionner
à la fois comme un matériau régénérateur et comme un réfrigérant solide, l’écart de
température entre les échangeurs peut être considérablement augmenté par rapport
à la différence adiabatique de la température d’un cycle unique de l’effet
magnétocalorique.
Comme nous avons vu précédemment, le régénérateur magnétique actif est
un dispositif qui combine plusieurs phénomènes physiques. Ces phénomènes
physiques nécessitent chacun la connaissance des équations régissantes, des
hypothèses d’implémentation et des conditions aux limites.

70
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Les équations caractéristiques


La répartition de la température au sein du matériau magnétocalorique est
déterminée à partir de l’équation de la chaleur, avec l’EMC comme terme source :

(
( ) ̇ ̇
(47)

Le terme source dans l’équation 47 est représenté par le flux EMC, défini
comme en équation 48 :
( )
̇ ( ) (
(48)

La répartition de la température au sein du fluide est déterminée à partir de


l’équation de conservation de l’énergie pour un fluide incompressible :

̇ (
( ( ) ) ( )
(49)

La partie fluidique du modèle est résolue à l’aide des équations Navier-Stokes


(l’équation de continuité et l’équation de conservation de quantité de mouvement),
qui nous donnent le champ des vitesses du fluide :
(
(50)
(
( ( ) *
(51)

La distribution des vitesses d’écoulement du fluide, déterminée par des


équations 50 et 51 est utilisée comme valeur d’entrée pour la relation 49 pour
déterminer le transfert de chaleur par convection. Les équations 47 et 49 sont liées
par le terme ̇ .
Pour évaluer les performances d’un système AMRR (Réfrigération
Régénérative Magnétique Active), les équations des puissances moyennes sur un
cycle AMRR en régime établi, apportées par les sources chaude et froide, sont les
suivantes :
La puissance froide est calculée par :

̇ ∫ ̇ ( ( )) (
(52)

La quantité de chaleur rejetée par le système est obtenue par l’équation


suivante :
(
̇ ∫ ̇ ( ( ))
(53)

71
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

L’énergie totale requise par le système en fonctionnement au cours d’un cycle


AMRR se compose du travail magnétique Wmag, nécessaire au matériau
magnétocalorique d’entrer et de sortir du champ magnétique et du travail mécanique
Wmec, nécessaire aux déplacements alternatifs du fluide caloporteur. Le travail total
est donné par la somme de ces deux composantes:
(
(54)
Sans prendre en compte les éventuelles déperditions qui ont un impact négatif
sur les puissances thermiques froide et chaude, la première loi de la
thermodynamique nous permet de calculer le travail magnétique comme suit :
(
(55)
Le travail mécanique W mec est exprimé par l’équation suivante, en utilisant une
efficacité de pompe η:
̇ (
(56)
Le coefficient de performance appliqué au cas d’un AMRR est défini comme
dans l’équation 57:
(
(57)

4.1.1 Le cycle de travail et la synchronisation magnéto-fluidique


Le modèle numérique décrit le fonctionnement d’un AMR d’après le cycle
d’AMRR (Réfrigération Régénérative Magnétique Active) qui est le cycle magnéto-
thermodynamique le plus efficace pour un réfrigérateur magnétique opérant à
température ambiante. Ce cycle se compose d’une aimantation (A → B) et d’une
désaimantation (C → D) isentropiques et d’un refroidissement (B → C) et un
réchauffement (D → A) isochamps.

Figure 34: Représentation d'un cycle AMRR mono-étage

72
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Pour transposer ce cycle dans la simulation numérique il est nécessaire


d’utiliser une synchronisation entre le mouvement alternatif du fluide au sein du
régénérateur et la fréquence du mouvement du champ magnétique à l’extérieur du
régénérateur.
Cette synchronisation est réalisée dans notre cas, conformément à la Figure
34 avec les temps caractéristiques qui sont détaillées dans le Tableau 2.

Figure 35: La corrélation magnéto-fluidique du modèle numérique


Les phases d’aimantation, désaimantation, accroissement et diminution de la
vitesse de mouvement du fluide peuvent être modélises aussi par d’autres fonctions
comme des sinusoïdes, échelons, etc. Dans notre modèle on considère un cycle
symétriques avec tcold blow = thot blow, tmag = tdemag et tHmax = tHmin, détaillées dans le
Tableau 2.

Tableau 2: Définition des temps caractéristiques dans un cycle de réfrigération


magnétique
umax Vitesse maximale du fluide
tcr Durée de croissance de la vitesse du fluide
tdcr Durée de décroissance de la vitesse du fluide
tstab Durée de la stabilisation de la vitesse constante
tcold blow Durée de la phase d’écoulement vers l’échangeur chaud
thot blow Durée de la phase d’écoulement vers l’échangeur froid
Hmax Champ magnétique maximal
Hmin Champ magnétique minimal
tmag Durée de l’aimantation
tHmax Durée de la phase de champ magnétique élevé
tdemag Durée de la désaimantation
tHmin Durée de la phase de champ magnétique faible

4.1.2 La configuration du système et sa discrétisation numérique


Comme précisé précédemment, le lit poreux de matériaux magnétocaloriques
peut se présenter sous de nombreuses configurations géométriques.
Plusieurs équipes scientifiques, comme J.A. Barclay et al. [19] ont testé les
différents configurations de régénérateurs: géométrie à poudres, géométrie à
plaques perforés, etc… Le choix d’une structure en particulier est bien entendu
multicritères: l’efficacité énergétique, la facilité/difficulté de réalisation, contraintes de

73
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

fabrications en série, prix final/critère économique. Dans notre étude, nous avons fait
le choix d’utiliser pour la modélisation de notre AMR, une géométrie à plaques
parallèles constitué des matériaux magnétocaloriques avec des mini ou microcanaux
pour le passage du fluide. Nous avons choisi cette géométrie, car les études et les
publications scientifiques existantes, montrent que c’est la solution qui présente le
meilleur compromis entre les avantages et les désavantages d’autres configurations
testés.
En effet, cette configuration est celle d’un micro échangeur permettant ainsi de
réaliser une structure d’échange thermique compacte. La diminution de la taille des
canaux permet, dans un même volume, de maximiser la surface d’échange
thermique. Ceci est d’autant plus important à mettre en évidence, que l’effet de
magnétisation est volumique, tant que l’effet de transfert de chaleur est surfacique.
La puissance échangée entre la surface de la lame de MMC à la température
Ts et le fluide à une température Tf est toujours de forme:

( ) (58)
Alors, pour un coefficient h fixé, et pour des températures imposés, le seul
moyen d’augmenter la puissance échangée est d’accroître la surface d’échange S.
En même temps pour des raisons d’encombrement, le volume doit rester le plus petit
possible, d’où la tendance de miniaturisation, maximum de surface dans un minimum
de volume, qui est actuellement recherchée pour plusieurs domaines d’applications.
L’intérêt et l’avantage d’une structure de type micro échangeur réside dans sa
grande compacité; on arrive à échanger plusieurs kilowatts dans un volume de
quelques cm3. Un autre avantage c’est la masse, donc la petite quantité de matière
qui est utilisée; également une faible quantité de fluide et une plus grande sécurité
dans la logistique d’installation et de stockage.
Les inconvénients des micro-échangeurs résident encore dans leur
conception délicate, non standardisée, et pour la partie fluidique une perte de charge
plus grande que pour les systèmes classiques. Ainsi nous avons dû calculer ces
pertes de charge et en tenir compte pour l’estimation de COP final.
La Figure 36 présente une vue schématique de la géométrie complète 3D
considérée dans le développement du modèle numérique. Les échangeurs de
chaleur (CHEX et HHEX) sont modélisés comme des plaques, qui sont placés aux
deux extrémités du régénérateur. L'espace entre le régénérateur et les échangeurs
de chaleur nous montre que le transfert de chaleur vers et à partir du régénérateur
se produit uniquement par le fluide. Cet écart est considéré comme étant isolé
thermiquement et, par conséquent, omis de la géométrie du modèle. De même, les
pistons sont également omis de la géométrie du modèle parce que la conduction de
chaleur à travers les pistons est négligeable. Il est raisonnable de négliger le
transfert de chaleur transversal, parce qu’un AMR bien isolé a peu de pertes de
chaleur vers l'environnement et donc un faible gradient de température dans la
direction Z. En négligeant les effets de bord, la conception répétitive du régénérateur
permet que la géométrie totale soit réduite à une unité symétrique comme cela est
illustré dans la Figure 37, en bas.

74
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Figure 36: La géométrie 3D du régénérateur AMR utilisé comme base d’explication


de phénomènes multi-physiques présents dans un système énergétique
magnétothermique
Dans notre simulation, l’ordre de grandeur de l’épaisseur des plaques du
solide et de l’épaisseur des microcanaux est submillimétrique (entre 0,2 et 1 mm).

Tableau 3: Caractéristiques géométriques de système magnétothermique


Unité de
Paramètres Notations Valeurs
mesure
Longueur du canal de fluide Lc 60 – 200 mm
Longueur du régénérateur L 30 – 100 mm
Longueur des échangeurs Lex 5 mm
Géométrie Hauteur du microcanal de fluide Hf 0,15 – 0,60 mm
Hauteur de la plaque de MMC Hs 0,3 – 1,00 mm
Largeur du matériau et microcanal w 10 mm
Porosité du régénérateur ε 0,218 -

La porosité de l’AMR est définie par :

(59)

Avec Vf le volume de fluide contenu dans les canaux de la matrice et V AMR le


volume total de l’AMR (solide + fluide).
Toujours en négligeant les effets de bord dans le sens transversal (direction
Z), l’AMR peut être limité à deux dimensions pour éviter le temps extra-longs de
calcul, comme indiqué dans Figure 37.

75
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Figure 37: La géométrie 2D simplifié du modèle numérique

4.1.3 Les hypothèses et les conditions aux limites du modèle


a) Les hypothèses simplificatrices
Pour modéliser l’AMR et son cycle thermique, nous considérons les
hypothèses suivantes :
- La source de champ magnétique n’est pas modélisée d’une manière détaillé,
mais elle est prise en compte dans le calcul de l’EMC ;
- Les courants de Foucault et les pertes par hystérésis sont négligés ;
- La périodicité de l’empilement de plaques selon Y nous permet de modéliser
le régénérateur avec un seul canal de fluide circulant entre deux plaques de solide ;
- Le solide est homogène et isotrope;
- Le régénérateur est parfaitement isolé du milieu environnant, par conséquent
on travaille dans des conditions adiabatiques ;
- Le transfert de chaleur par rayonnement est négligé;
- Le solide et le fluide sont considérés en contact thermique parfait à l’interface
solide-fluide ;
- Le fluide est considéré incompressible et monophasique, car dans notre
système, le fluide caloporteur est de l’eau, qui peut être additionnée de l’antigel ou
de l’anticorrosif.
- L’écoulement est complètement développé et la vitesse imposée est
considéré comme vitesse médiane, qui reste constante.

b) Les conditions aux limites du modèle numérique


Nous avons vu précédemment que le modèle du régénérateur pouvait se
réduire à un seul canal de fluide en contact avec une seule plaque de solide. En 2D,
on considère le domaine d’étude représenté sur la Figure 37. Les conditions aux
limites dépendent de la frontière du domaine considéré.
Nous avons fait l’hypothèse que le régénérateur était parfaitement isolé du
milieu environnant. Nous supposons aussi un contact thermique parfait entre le
solide et le liquide, entrainant ainsi la continuité du flux définie par :

76
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

( * ( ) (60)

(61)

Le solide et le fluide sont initialement à une température constante, Ta. Les


conditions aux limites sont de type Neumann sur les parois extérieurs (le flux de
chaleur est nul) et de type Dirichlet à l’entrée du canal de fluide. Pour l’interface
solide-liquide nous avons une condition de non-glissement. Nous avons aussi une
condition de mouvement des frontières au niveau des deux extrémités du canal de
fluide en fonction de la direction de déplacement.

Figure 38: Les conditions aux limites du modèle numérique


Aux deux extrémités de l’AMR se trouvent les échangeurs de chaleur du côté
chaud et du côté froid. Pour l’étape de circulation du fluide de l’échangeur chaud vers
l’échangeur froid (hot blow), la température du fluide est considérée comme
Tf(x=0,t)=Thot.
Pour l’étape de circulation du fluide de l’échangeur froide vers l’échangeur
chaud (cold blow) la température du fluide est considérée comme T f(x=L,t)=Tcold. Le
paramètre L représente la longueur du régénérateur.
Dans les échangeurs de chaleur de chaque côté nous pouvons fixer les
quantités de chaleur échangées Qcold et Qhot. Les températures des réservoirs chaud
et froid, Thot et Tcold peuvent être soit imposées, soit calculées. Dans le cas d’un
fonctionnement à puissance nulle, ces températures se calculent en faisant la
moyenne temporelle des températures de sortie du fluide au cycle précèdent :

∫ ( ) (62)

∫ ( ) (63)

77
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

4.2 Mise en œuvre et analyse du modèle numérique


D’une manière classique, notre modèle numérique respecte les étapes
successives qui sont: l’introduction des paramètres et des fonctions d’entrés, le
solveur pour la résolution des équations, les paramètres de sorties, notamment les
résultats de calcul. Ces étapes sont schématisées dans la figure suivante.

Figure 39: Représentation schématique des principaux paramètres d'entrée-sortie


du modèle numérique
Dans la suite de ce chapitre nous présenterons les données d’entrée du
modèle ainsi que notre approche pour l’utilisation du solveur Comsol, en gardant un
chapitre à part pour les données de sortie qui sont nos résultats.
Les deux grandes catégories de paramètres d'entrées sont: la matrice solide
représentée par les matériaux magnétocaloriques et leurs caractéristiques variables
dans le temps et en fonction de champ magnétique et le fluide caloporteur en
écoulement en contact avec la matrice solide.
D’une manière très importante, l’influence de la variation de l’intensité du
champ magnétique est à prendre en compte comme variable d’entrée.
4.2.1 L’introduction de l’effet magnétocalorique
Le magnétisme est représenté au niveau micro-échelle dans l’AMR par
l’introduction de l’effet magnétocalorique. Comme nous avons vu dans le premier
chapitre, en littérature il existe deux méthodes pour modéliser l’effet
magnétocalorique dans un AMR, la méthode analytique exprimée par le modèle
théorique de WDS (Weiss-Debye-Sommerfeld) et la méthode semi-expérimentale qui
consiste en l’interpolation des données obtenues expérimentalement. Nous avons
aussi comparé ces deux méthodes, en observant les avantages de la méthode semi-
expérimentale et nous avons conclu qu’on va utiliser cette méthode ensuite dans
notre étude.
L’effet magnétocalorique dans le modèle numérique est défini comme en
équation 64, identique à l’équation 48:
( ) (64)
̇ ( )

78
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Avec une fonction décrivant la variation de H entre Hmin et Hmax en fonction du


temps, il est possible de déterminer à chaque pas de temps Δt, la valeur de ΔT ad
selon l’équation suivante :

( ( ( )) ( ( ( )) (65)
̇ (( ( ) ( ))

A travers cette méthode on obtient une application directe de la variation


adiabatique de température sur le solide. A chaque pas de temps la température du
matériau varie selon l’équation suivante :

( ) ( ( ) ( ) ( )) (66)

Dans le modèle numérique présenté ici nous allons utiliser deux matériaux
magnétocaloriques pour la réalisation des simulations. Le premier matériau est le
matériau référence en domaine, gadolinium et le deuxième est un alliage, l’oxyde de
praséodyme-manganèse, Pr1-xSrxMnO3, qui est un matériau nouveau, créé
récemment pour être utilisé dans ce domaine.
4.2.2 Les caractéristiques du régénérateur solide
L’approche macro-échelle de l’AMR est représentée par le transfert de chaleur
dans le solide. Pour la partie solide, dans le modèle numérique présenté ici, nous
allons utiliser deux matériaux magnétocaloriques pour la réalisation des simulations.
Le premier matériau est le matériau référence en domaine, gadolinium et le
deuxième est un alliage, l’oxyde de praséodyme-manganèse, Pr1-xSrxMnO3, qui est
un matériau nouveau, créé récemment pour être utilisé dans ce domaine.
Gadolinium est une terre rare, le seul matériau magnétique disponible en état
pur qui possède un effet magnétocalorique géant. Il possède des propriétés
physiques selon de tableau suivant :

Tableau 4: Les propriétés physique du gadolinium à T = 24°C


Conductivité Capacité
Température Masse
thermique thermique
de Curie volumique
Gadolinium théorique massique
3
K W/m·K kg/m J/kg·K
293 10,6 7901 230

Les valeurs maximales de ΔTad autour de la température de Curie du


gadolinium sont d’environ 2,8 K dans un champ magnétique de 1 T et d’approximatif
6 K dans un champ de 2 T. Les valeurs de ΔTad et de CP sont présentées dans la
figure suivante et introduites par l’interpolation dans les équations du modèle
numérique.
La Figure 40 montre l’évolution de la variation adiabatique de la température
du gadolinium (a) et de la capacité thermique (b) en fonction de la température pour
plusieurs valeurs de l’intensité de champ magnétique appliqué.

79
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

a) b)
Figure 40: Variation adiabatique de la température (a) et variation de la capacité
thermique (b) du gadolinium pour des différentes valeurs de champ magnétique
appliqué
Dans la Figure 40 nous avons utilisé une valeur maximale de l’intensité de
champ magnétique de 2 T qui représente la limite envisageable possible à obtenir
aisément avec des aimants permanents.
Le deuxième matériau utilisé dans les simulations numériques est l’oxyde de
praséodyme–manganèse, Pr1-xSrxMnO3, qui est un matériau de synthèse, un alliage
avec des bonnes propriétés magnétothermiques. Ses propriétés physiques sont
présentées dans le tableau suivant :
Tableau 5: Les propriétés physiques de l’oxyde de praséodyme–manganèse
Température Conductivité
Masse volumique
de Curie thermique
Pr1-xSrxMnO3 3
K W/m·K kg/m
292,5 2,3 5850

Les valeurs maximales de ΔTad autour de la température de Curie sont plus


petites que les valeurs du gadolinium, de 1,2 K pour un champ magnétique de 1
Tesla et d’environ 1,9 K pour un champ de 2 Tesla. Ce matériau est actuellement
dans l’état de recherche afin de pouvoir utiliser un matériau magnétocalorique qui ne
contient pas des terres rares. Les valeurs de ΔTad et de Cp, utilisé par l’interpolation
dans le modèle numérique sont présentées dans la figure suivante. Ces valeurs ont
été mesurés est fournies par l’un des partenaires de ce projet de recherche, le
Laboratoire CRISMAT de Caen.
La Figure 41 nous montre l’évolution de la variation adiabatique de la
température d’oxyde de praséodyme - manganèse (a) et la capacité thermique (b) en
fonction de la température pour plusieurs valeurs du champ magnétique appliqué.

80
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

a) b)
Figure 41: Variation adiabatique de la température (a) et variation de la capacité
thermique (b) du Pr1-xSrxMnO3 pour des différentes valeurs de champ magnétique
appliqué
Pour les échangeurs de chaleur dans les deux côtes du régénérateur,
échangeur de chaleur chaud (HHEX) et l’échangeur de chaleur froid (CHEX) nous
avons utilisé l’aluminium comme matériau grâce à ses bonnes propriétés de transfert
de la chaleur. Les valeurs sont présentées dans le tableau suivant.
Tableau 6: Les propriétés physiques d'aluminium [56]

Capacité Conductivité
Masse volumique
thermique thermique
Aluminium 3
J/kg·K W/m·K kg/m
900 237 2700

4.2.3 Les caractéristiques du fluide caloporteur


L’approche mini-échelle dans l’AMR est représentée par la fluidique ou les
caractéristiques du fluide caloporteur sont détaillées. Dans le modèle numérique en
COMSOL Multiphysics, la fluidique est traitée indépendamment à travers l’utilisation
des équations Navier-Stokes. Par la suite, le module dédié à l’écoulement est couplé
au module transfert thermique par l’interface fluide-solide. Cette modalité de
résolution numérique parallèle et le couplage des phénomènes physiques nous
permettent d’avoir un modèle numérique dynamique, avec des résultats très proches
des valeurs obtenues expérimentalement.
Le fluide caloporteur utilisé dans notre modèle est l’eau, Comsol ayant déjà ce
fluide newtonien implémenté dans sa bibliothèque des fluides. En réalité, pour éviter
l’oxydation très rapide du gadolinium, un additif peut être ajouté à l’eau, sans
modifier d'une manière significative ses propriétés physiques. C'est un produit
commercial anticorrosion destiné aux installations de chauffage. Il est très efficace
en contact avec le gadolinium à condition qu’il soit en permanence et totalement
immergé.
Le Tableau 7 montre les propriétés physiques de l’eau utilisée dans la
modélisation numérique.

81
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Tableau 7: Les propriétés physique du fluide caloporteur pour


une température de 25°C [56]
Masse Conductivité Capacité Viscosité
volumique thermique thermique dynamique
L’eau 3
kg/m W/m·K J/kg·K Kg/m·s
-4
997 0,595 4183 8,91·10

Lorsqu’on étudie un écoulement, le premier critère caractéristique à


considérer c'est le nombre de Reynolds afin de déterminer le régime d’écoulement.

(67)

avec ρf, v, et μf respectivement la masse volumique, la vitesse et la viscosité


dynamique du fluide et Dh le diamètre hydraulique.
Le diamètre hydraulique, qui représente la longueur caractéristique de
l’écoulement est définie comme :
(68)

avec Ac la section d’écoulement et P le périmètre mouillé.


Lorsqu’un fluide circule (selon une direction x) au contact d’un solide de
température différente, on voit apparaître une couche limite hydrodynamique à la
proximité de la paroi du solide. C’est la zone dans laquelle la variation de la vitesse
est importante pour devenir nulle sur la paroi. Si l’on considère un écoulement à
vitesse moyenne constante dans une conduite, le profil de vitesse va
progressivement passer d’un profil constant, à un profil appelé pleinement
développé, qui ne varie plus au cours de son déplacement. Ce profil est de forme
parabolique et correspond à la distance à laquelle la couche limite hydrodynamique
sera égale au rayon hydraulique. Il est alors possible de définir un nombre de
Reynolds moyen.
La Figure 42 montre des vitesses théoriques dans le modèle numérique. On
peut observer dans la figure le premier profil de vitesses qui n’est pas encore
développé et le deuxième qui est pleinement développé. La vitesse du fluide
descend d'un maximum au centre du microcanal jusqu’à la valeur nulle pour la
couche limite, à la paroi.

Figure 42: Le champ des vitesses pour l'écoulement du fluide dans le


microcanal en régime laminaire

82
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

a) Type d'écoulement dans l’AMR


Le type d’écoulement porte une influence significative sur le transfert de
chaleur dans les systèmes de réfrigération magnétique. Le calcul des coefficients
d'échange entre les parois d'un solide et un fluide en mouvement est difficile car il
dépend explicitement des propriétés de l'écoulement du fluide.
Dans notre cas, nous utilisons une géométrie à plaques parallèles avec des
microcanaux pour le passage du fluide d’un ordre submillimétrique, avec des valeurs
d'hauteurs de canal comprises entre 0,15 et 0,6 mm. La vitesse du fluide dans notre
système est basse, ayant des valeurs entre 0,025 et 0,15 m/s.
Avec cette configuration des paramètres géométriques et de fonctionnement
nous avons obtenu des valeurs de nombre de Reynolds qui varie entre 7,44 (pour
une vitesse de fluide de 0,025 m/s et une hauteur de canal de 0,15 mm) jusqu'à
174,75 (pour une vitesse de fluide de 0,15 m/s et une hauteur de canal de 0,6 mm).
On conclut qu'avec ces valeurs très basses pour le nombre de Reynolds,
l’écoulement du fluide reste toujours laminaire dans notre modèle numérique.

4.3 Analyse d’implémentation et de faisabilité du modèle


numérique
L’implémentation du modèle numérique est basée sur la méthode des
éléments finis (FEM pour Finite Elements Method), qui utilise une discrétisation
spatiale et temporelle du problème du transfert thermique et la fluidique. Le logiciel
utilisé pour discrétisé et résoudre les équations est le logiciel commercial COMSOL
Multiphysics. Ce logiciel, anciennement appelé FEMLab et développé initialement
comme une toolbox de MATLAB, a été développé par des étudiants de Germund
Dahlquist (1925-2005) au Royal Institute of Technology à Stockholm.
Il est spécialisé dans la résolution des problèmes multi-physiques et de
phénomènes physiques couplées ayant un nombre illimité d’interactions entre
différentes physiques. Sa spécificité est de permettre de coupler des différentes
équations partielles différentielles (EDP), de manière à décrire au mieux des
phénomènes multiphysiques. Il dispose d’un environnement graphique permettant à
la fois le dessin des géométries et l’affichage de résultats en post-traitement. Des
fonctions avancées permettent d’entrer manuellement des EDP spécifiques. De plus,
les données du logiciel sont accessibles depuis MATLAB, ce qui permet la réalisation
de scripts. Il comporte plusieurs modules qui peuvent être couplés les uns aux autres
et chacun est conçu à la résolution d’une physique en particulier, pour des
problèmes en 0D, 1D, 2D ou 3D.
4.3.1 Les étapes d’implémentation du modèle numérique
L’implémentation en COMSOL Multiphysics de ce modèle numérique
complexe est un problème de savoir coupler plusieurs phénomènes physiques dans
un modèle numérique multi-échelle et multi-physique. Cette implémentation a été
effectuée en plusieurs étapes :
 La première étape était l’implémentation de l’effet magnétocalorique à travers
la source de chaleur dans le domaine solide. Cette étape était la plus délicate parce

83
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

qu’elle doit intégrer le phénomène de magnétisme qui n’est pas implémenté


directement dans le modèle mais par l’interpolation des données expérimentales
caractéristiques de chaque matériau magnétocalorique ;
 La deuxième étape était l’implémentation du cycle magnéto-thermodynamique
de travail par un schéma de synchronisation entre le mouvement alternatif du piston
et le déplacement alternatif du champ magnétique (la synchronisation magnéto-
fluidique) ;
 La troisième étape était la construction de la géométrie du modèle, avec la
caractérisation de chaque domaine du point de vue du matériau utilisé dans la
simulation ;
 La quatrième étape était représentée par l’application des deux dernières
physiques (le transfert de la chaleur et la fluidique) dans deux sous-modèles
numériques et le couplage de ces deux ;
 La cinquième étape était représentée par le maillage de la géométrie du
système. La qualité du maillage, parmi les autres facteurs, nous donne la précision
des résultats ;
 La sixième étape était représentée par l’analyse post-traitement du modèle
numérique. Dans cette étape nous avons analysé les résultats caractéristiques et
nous avons fait la représentation de ces résultats.
Quelques précisions s’imposent encore :
a) L’effet magnétocalorique
L’effet magnétocalorique dans le modèle en COMSOL a été introduit à l’aide
d’une fonction d’interpolation des données thermophysiques obtenues
expérimentalement. L’aimantation, la chaleur spécifique et la différence adiabatique
de la température dans le matériau lui-même, varient en fonction de deux
paramètres qui sont la température et le champ magnétique. Le champ magnétique
à son tour varie en fonction du temps, comme représenté dans l’équation suivante :
( ( )) (69)

Comme nous avons vu dans le premier chapitre, en littérature il existe deux


méthodes pour modéliser l’effet magnétocalorique dans un AMR, la méthode
analytique exprimé par le modèle théorique de WDS (Weiss-Debye-Sommerfeld) et
la méthode semi-expérimentale qui consiste en l’interpolation des données obtenues
expérimentalement. Nous avons aussi comparé ces deux méthodes, en observant
les avantages de la méthode semi-expérimentale et nous avons conclu qu’on va
utiliser cette méthode ensuite dans notre étude.
L’effet magnétocalorique dans le modèle numérique est défini comme en
équation 68:

( ) (70)
̇ ( )

84
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Avec une fonction décrivant la variation de H entre Hmin et Hmax en fonction du


temps, il est possible de déterminer à chaque pas de temps Δt, la valeur de ΔT ad
selon l’équation suivante :

( ( ( )) ( ( ( )) (71)
̇ (( ( ) ( ))

A travers cette méthode on obtient une application directe de la variation


adiabatique de température sur le solide. A chaque pas de temps la température du
matériau varie selon l’équation suivante :

( ) ( ( ) ( ) ( )) (72)

La capacité thermique (Cp) et la différence adiabatique de la température


(ΔTad) utilisées par COMSOL dans la modélisation numérique sont présentées dans
les deux figures suivantes :

Figure 43: La capacité thermique du MMC utilisé dans la modélisation numérique en


COMSOL

Figure 44: La différence adiabatique de la température du MMC utilisé dans la


modélisation numérique en COMSOL

85
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

La synchronisation magnéto-fluidique de la deuxième étape étant en étroite


connexion avec les équations décrivant le comportement de l'AMR a été déjà
présentée.
On rappelle ici que les fonctions analytiques construites pour la représentation
de la vitesse de mouvement du fluide et pour la fréquence de mouvement du champ
magnétique, sont de la forme représenté dans la Figure 45 et dans la Figure 46.

Figure 45: La représentation de la fonction analytique de variation de la vitesse


d’écoulement du fluide en fonction de la période du mouvement

Figure 46: La représentation de la fonction analytique de variation du champ


magnétique en fonction de la fréquence du champ magnétique
Nous précisons ici également que le modèle numérique a été construit avec
une géométrie simplifié présentée, dans la Figure 36 et les paramètres de
fonctionnement synthétisés dans le Tableau 8.

86
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Tableau 8: Données de modélisation du système magnétothermique et du cycle


AMRR
Paramètres Not. Valeurs U.m.
Longueur du canal de fluide Lc 60 – 200 mm
Longueur du régénérateur L 30 – 100 mm
Longueur des échangeurs Lex 5 mm
Géométrie
Hauteur du microcanal de fluide Hf 0,15 – 0,60 mm
Hauteur de la plaque de MMC Hs 0,3 – 1,00 mm
Largeur du matériau et microcanal w 10 mm
Champ magnétique maximal appliqué Hmax 1,0 – 2,0 T
-1
Fréquence du cycle f 0,3 – 2,0 s
Caractéristiques Amplitude cycle de vitesse de fluide u 0,025 - 0,15 m/s
de Température initiale du système Ti 294,45 K
fonctionnement Temps initial des simulations t0 0 s
Temps final des simulations tmax 200 s
Pas de temps utilisé dt 0,1 s

Cette géométrie permet d’identifier les quatre éléments qui composent notre
système de réfrigération magnétique qui sont représentés dans la Figure 47.

Figure 47: La géométrie utilisée en Comsol pour le modèle numérique composée de


quatre éléments qui font partie d’un système de réfrigération magnétique

b) Le maillage
Le maillage choisi pour le modèle numérique est un maillage structuré de type
quadrique adapté pour le transfert de chaleur et pour l’écoulement laminaire. Il
consiste d’un nombre total de 6300 éléments, avec une distribution préférentielle au
long du modèle numérique, plus fine pour les entités plus importantes et plus grosse
pour le reste des entités. Ainsi, la taille minimale d’un élément de maillage peut
attendre 0,03 mm, et la taille maximale 0,5 mm. Le maillage est construit
suffisamment fin pour compter à ces deux type de physiques.
En plus de ce maillage fixe, un maillage mobile a été construit au long de la
direction d’écoulement pour faciliter le mouvement du piston.
La distribution du maillage peut être observée dans la figure suivante, avec
une distribution plus dense pour l’échangeur de chaleur et une distribution normale
pour les autres entités.

87
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Figure 48: Le maillage du modèle numérique, avec une distribution préférentielle


c) Le post-traitement
Au cours de cette dernière étape, l’étape post-traitement nous faisons
l’analyse de résultats obtenus et la représentation de ces résultats. L’analyse des
résultats sera faite par une analyse de sensibilité des paramètres. Cette étape sera
détaillée dans le chapitre des résultats.
4.3.2 L’analyse de faisabilité du modèle numérique
Notre modèle est sujet d’un certain nombre d’artefacts et une étude de
vérification est nécessaire pour limiter leurs effets. Ces erreurs proviennent des
différentes origines qui peuvent être :
 L’incertitude de la solution par la discrétisation spatiale et temporelle ;
 L’incohérence des données magnétocaloriques (Cp, ΔTad) ;
 L’incohérence des données des mesures de conductivité thermique (λ) ;
 L’accumulation des incertitudes liées à la précision de convergence en
maillage ;
 Les limites liées à l’implémentation de l’EMC.
Comsol Multiphysics est un logiciel commercial qui a été vérifié et validé par
NAFEMS (National Agency for Finite Element Methods and Standards - l’Agence
Nationale pour Méthodes et Normes des Eléments Finis) aux Etats-Unis dans
plusieurs études de référence. Cependant, parce que le modèle utilisé des méthodes
personnalisées pour caractériser les phénomènes physiques, la validation du modèle
numérique est nécessaire.
Nous avons vérifié la validité du modèle numérique par trois méthodes.
D’abord, nous avons utilisé la méthode de convergence en maillage, après,
l’indépendance des résultats en régime permanent par rapport aux conditions
initiales a été testée et ensuite nous avons fait la validation du modèle par une
comparaison avec des données expérimentales, issues d’un prototype.

88
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

a) La convergence en maillage
La validité du modèle numérique a été d’abord vérifiée par une étude de la
convergence spatiale et temporelle en maillage. L’étude de la convergence en
maillage implique la définition d’un critère d’incertitude et la vérification que
l’incertitude tend vers zéro lorsque le maillage est raffiné. Nous avons défini le critère
d’incertitude relatif suivant :

‖ ( ) ( )‖ (73)
‖ ( )‖

avec Ts(ne1,ndl1) (respectivement Ts(ne2,ndl2) ) la température moyenne du


solide obtenu avec un nombre des éléments ne1 et avec un nombre des degrés de
liberté ndl1 (respectivement ne2 et ndl2).
Dans l’étape de vérification de convergence en maillage nous avons utilisé six
valeurs de nombre des éléments de maillage et des degrés de liberté. Dans la
première simulation nous avons utilisé 1050 éléments et 5005 degrés de liberté ;
ensuite pour la deuxième 2100 éléments et 9945 degrés de liberté ; pour la troisième
nous avons utilisé 3150 éléments et 14885 degrés de liberté ; dans la quatrième,
cinquième et sixième nous avons utilisé 4200, 5250 et 6300 éléments et
respectivement 19825, 24765 et 29705 degrés de liberté. Nous avons observé que
l’incertitude diminue lorsque l’on augmente le nombre d’éléments et des dégrées de
liberté. Nous avons considéré que la solution reste indépendante du maillage pour
ne= 6300 et ndl=29705 et ces valeurs ont été utilisées pour toutes les simulations.

b) L’indépendance des résultats aux conditions initiales


Nous avons simulé deux cas de fonctionnement avec une variable pour vérifier
l’indépendance de la solution en régime permanent par rapport aux conditions
initiales. La variable est la température initiale du système et nous avons utilisé une
valeur pour chaque simulation. Pour la première simulation nous avons utilisé une
température initiale du système de 294,15 K et pour la deuxième simulation, une
température initiale de 292,75 K. Pour ce test, les paramètres utilisés sont les
mêmes que ceux utilisés dans les autres simulations, conforme au Tableau 8. Le
système est parfaitement isolé sur ses frontières avec l’extérieur. Le modèle nous
donne comme résultats, les températures des échangeurs froid et chaud. Les
résultats sont présentés dans la Figure 49 et dans le Tableau 9.

89
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Figure 49: Evolution de la température dans les échangeurs pour différentes


conditions initiales (T0=292,75 K et T0=294,15 K)
La différence entre les températures initiales de ces deux simulations est de
1,4 K. Après 600 secondes, la différence entre les températures moyennes du HHEX
pour les deux simulations est de 0,02 K et la différence entre les températures
moyennes du CHEX pour les deux simulations est de 0,03 K. Nous pouvons
observer que le régénérateur atteint le même état stationnaire, quelles que soient les
conditions initiales. A partir de ces résultats nous pouvons confirmer que le modèle
fonctionne correctement et que les résultats finals sont indépendants des conditions
initiales du système.

Tableau 9: Evolution des températures dans les échangeurs pour différentes


conditions initiales
Température Température
Température moyenne moyenne HHEX
initiale CHEX (après 600 s)
(après 600 s)
K K K
292,75 290,72 298,33
294,15 290,75 298,35

c) La validation du modèle par des données expérimentales


La meilleure façon de valider un modèle numérique et de s’assurer de sa
fonctionnalité et sa fiabilité est de procéder à une étude comparative entre les
résultats des simulations et les résultats expérimentaux.
Pour la validation expérimentale nous avons utilisé des données
expérimentales fournies par Cooltech Applications, l’une des entreprises partenaire
dans notre projet de recherche. Les mesures ont était faites sur un prototype de
première génération linéaire dans un seul étage en utilisant gadolinium comme
matériau magnétocalorique, défini dans la thèse de Risser [39]. Les caractéristiques
de construction et de fonctionnement de ce prototype sont présentées dans le
tableau suivant.

90
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Tableau 10: Les caractéristiques du prototype AMR


Unité
Paramètres Notations Valeurs de
mesure
Longueur du matériau Lc 100 mm
Hauteur du microcanal de fluide Hf 0,17 mm
(Epaisseur du fluide)
Géométrie Hauteur de la plaque de MMC Hs 0,5 mm
(Epaisseur du solide)
Nombre de lames du matériau nsol 31 pieces
Porosité du régénérateur ε 0,218 -
Champ magnétique maximal Hmax 1,1 T
Vitesse du fluide u 0,03 m/s
Caractéristiques de
Température initiale du système Ti 293,15 K
fonctionnement -1
Fréquence du cycle f 0,5 s
Temps maximal tmax 200 s

Notre modèle numérique permet de prendre en compte différentes interactions


entre les paramètres relatifs à la physique du système magnétocalorique, mais
n’intègre pas l’ensemble des éléments perturbateurs inhérent au prototype comme
les déperditions thermiques avec le milieu extérieur, les volumes mortes du fluide,
l’inertie thermique des pièces, etc. et à cause de ce fait une différence entre les
valeurs obtenues par le modèle et les résultats obtenues expérimentalement est
attendue.

Dans la Figure 50 nous présentons une comparaison entre les résultats


obtenus par voie de simulation numérique et les résultats obtenus
expérimentalement.

91
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

Figure 50: Comparaison entre les résultats expérimentaux et les résultats par
simulation numérique
Après un cycle de fonctionnement de 200 secondes le régénérateur entre
dans le régime permanent. Les résultats obtenus pour les deux cas sont présentes
dans le tableau suivant.

Tableau 11: Comparaison expérimentale du modèle numérique


Méthode Méthode
numérique expérimentale
Température côté chaud °C 27,25 26,76
Température côté froid °C 15,20 15,64
Température initiale °C 21,3 21,3
Ecart relatif côté chaud % 1,79
Ecart relatif côté froid % 2,81

Nous avons défini le critère d’écart relatif suivant :


‖ ‖ (74)
‖ ‖
Nous pouvons observer une bonne concordance entre les valeurs numériques
et les valeurs obtenues expérimentalement avec un écart relatif du coté chaud de
1,79 % et de 2,81 % pour le coté froid. Ces écarts relatifs faibles des deux côtés
montrent que le modèle est valide et que son fonctionnement est fidèle au
fonctionnement du prototype.

92
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

4.4 Conclusions
Dans ce chapitre nous avons fait une présentation du modèle numérique du
système magnéto thermique. Il fonctionne d’une manière similaire à des
régénérateurs passifs, avec la différence que dans un régénérateur magnétique actif
un terme source correspondant à l’EMC est présent et qu’afin de réaliser un cycle
thermique, il est nécessaire de déplacer de façon périodique le fluide à l’intérieur du
régénérateur. Nous avons vu que le régénérateur magnétique actif est un dispositif
multi-échelle (micro-échelle, mini-échelle et macro-échelle) et multi-physique
(thermique, fluidique et magnétisme). L’approche micro-échelle au sein du
régénérateur est représentée par le magnétisme, ou l’effet magnétocalorique se
passe au niveau des spins des électrons des atomes du matériau magnétocalorique.
L’approche mini-échelle est représentée par la fluidique dans la géométrie du
régénérateur. L’approche macro-échelle est représentée par le transfert de la chaleur
- l'écart final de température du système, entre les deux échangeurs de chaleur. Le
couplage simultané de trois phénomènes physiques, chacun a une échelle différente,
fait de ce régénérateur un dispositif complexe, dans lequel la simulation numérique
nécessite des connaissances dans plusieurs domaines.
Ensuite, nous avons présenté les caractéristiques géométriques et de
fonctionnement du modèle. La géométrie du modèle est à plaques parallèles avec
des microcanaux pour le passage du fluide. Le cycle magnéto-thermodynamique qui
est utilisé dans le modèle est le cycle d’AMRR (Réfrigération Régénérative
Magnétique Active), qui est le cycle le plus efficace pour un réfrigérateur magnétique
opérant à température ambiante. Pour transposer ce cycle dans la simulation
numérique nous avons utilisé une synchronisation entre le mouvement alternatif du
fluide et la fréquence du mouvement du champ magnétique en extérieur du
régénérateur. Les équations utilisées sont, pour la partie fluidique du modèle, les
équations Navier-Stokes. La répartition de la température au sein du matériau
magnétocalorique est déterminée à partir de l’équation de la chaleur, avec l’EMC
comme terme source et la répartition de la température au sein du fluide est
déterminée à partir de l’équation de conservation de l’énergie pour un fluide
incompressible.
Pour l’implémentation de l’EMC et le fluide caloporteur, nous avons utilisé la
méthode semi-expérimentale, basée sur l’interpolation des données expérimentales.
Comme matériaux magnétocaloriques nous avons utilisé deux matériaux. Le
matériau de référence, gadolinium qui est une terre rare avec des propriétés bien
connues et un nouveau matériau, un alliage qui est en encore en état R&D, l’oxyde
de praséodyme-manganèse, Pr1-xSrxMnO3. Le fluide caloporteur simulé est de l’eau,
grâce à des valeurs bien connues et sa capacité calorifique.
Dans la fin de chapitre nous avons présenté l’implémentation du modèle
numérique, sa vérification et sa validation expérimentale. L’implémentation est faite
avec la méthode des éléments finis et le logiciel utilisé pour discrétisé et résoudre les
équations est COMSOL Multiphysics. Le modèle a été vérifié par deux méthodes, la
vérification de convergence en maillage et l’indépendance des résultats aux
conditions initiales et ensuite il a été validé par une comparaison avec des données
expérimentales.

93
Chapitre 4. Présentation du modèle du système magnéto thermique

94
Chapitre 5

Mesures des propriétés thermo physiques


des MMC et leur intégration dans le modèle

5.1 Conductivité thermique des matériaux


5.1.1 Eléments d’étude de la conductivité thermique des métaux
5.1.2 Méthodes de mesure et identification de paramètres
5.1.3. L’étude des nouveaux matériaux magnétocaloriques

5.2 Mesure de la conductivité thermique et l’analyse des


MMC
5.2.1 La méthode de mesure
5.2.2 Les mesures de la conductivité thermique
5.2.3 Les résultats des mesures
5.2.4 L’analyse spectrale du gadolinium
5.2.5 L’analyse du type de cristallisation du gadolinium

5.3. Conclusions

95
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

5 Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et


leur intégration dans le modèle
Le régénérateur solide étant l’élément central du système de réfrigération
magnétique, une attention particulière lui a été donnée. Ainsi, nous avons pris le soin
de mesurer ses propriétés thermophysiques et d’étudier leur influence sur les
performances finales du système.
Au sein du régénérateur, le transfert thermique entre les lames de matériau
magnétocalorique et le fluide résulte du gradient thermique dans le matériau et du
transport de chaleur dans le fluide.
En général, pour des vitesses élevées du fluide, la contribution de la
conduction thermique sur le bilan total du transfert de chaleur d’un système est faible
par rapport à la contribution de la convection. Dans notre cas, le système de
réfrigération magnétique basé sur un régénérateur à plaques parallèles utilise des
valeurs basses de vitesse d’écoulement. A cause de ces valeurs basses de la
vitesse du fluide, la conduction thermique constitue un élément important dans le
bilan de chaleur avec une contribution non-négligeable.
Généralement, Comsol permet l’utilisation d’une bibliothèque des matériaux
avec leurs caractéristiques déjà intégrés dans les fonctions du logiciel. Cela nous
donne les propriétés physiques constantes ou variables en fonction de la
température pour des matériaux les plus courants comme aluminium, cuivre, acier,
etc. Cependant, pour les matériaux spécifiques comme gadolinium ou bien pour les
alliages nouveaux comme l’oxyde de praséodyme – manganèse (Pr1-xSrxMnO3) les
propriétés thermophysiques doivent être introduites manuellement, dans la
bibliothèque existante, sous un format identique aux autres matériaux.
Dans la littérature il existe un nombre limité des références pour le coefficient
de la conductivité thermique pour le gadolinium et ces références parfois nous
montrent des valeurs dispersées [57]. Pour l’oxyde de praséodyme – manganèse
(Pr1-xSrxMnO3) à cause de la mise en forme récente de cet alliage, les valeurs de la
conductivité thermique sont inexistantes dans la littérature. Dans le domaine de la
réfrigération magnétique, dans tous les modèles numériques existants, la
dépendance du coefficient de la conductivité thermique en fonction de la température
n’est pas représentée et la plupart de leurs équations utilisent la valeur théorique du
coefficient de la conductivité thermique à la température ambiante, de 20°C, ce qui
conduit à des valeurs finales d’écart de température et de courbes de puissance
frigorifique différentes des valeurs expérimentales.
Pour que notre modèle numérique puisse simuler de façon correcte et le plus
proche de la réalité le comportement réel d’un AMR, des valeurs mesurées du
coefficient de la conductivité thermique des matériaux magnétocaloriques sont
requises.

96
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

5.1 Conductivité thermique des matériaux


La conductivité thermique d’un corps dépend de nombreux facteurs parmi
lesquels :
 La composition chimique et la pureté, cette dernière jouant un rôle
considérable pour les cristaux ;
 La constitution physique pour les solides, en particulier:
a) le degré de cristallisation, ainsi que la dimension des cristaux
b) la porosité, et pour une même proportion de vides, la forme et la grosseur
des pores, la dimension des fentes et leur orientation
c) les anisotropies, la direction du flux pouvant avoir une grande influence,
particulièrement pour certains systèmes de cristallisation
d) le passé thermique, c’est-à-dire les températures auxquelles a pu être porté
antérieurement le corps, et la vitesse de refroidissement (ceci étant plus ou moins en
liaison avec l’état cristallin)
 La température moyenne ;
 La pression.
5.1.1 Eléments d’étude de la conductivité thermique des métaux
Wiedemann et Franz [58] ont montré expérimentalement, en 1853, que le
rapport de la conductivité thermique λ sur le produit de la conductivité électrique ζ et
la température absolue T, était sensiblement constant aux températures ordinaires.
(75)

où L représente le nombre de Lorentz.


Un métal étant à la fois un corps bon conducteur de l’électricité et un
polycristal, la chaleur est transportée concurremment par les électrons libres
(transport qualifié conduction par les électrons) et par le réseau cristallin lui-même
(transport qualifié par phonon-gaz).
La conductivité totale est la somme de ces deux conductivités élémentaires :

(76)

où: λél étant la conductivité par voie électrique ;


λrés étant la conductivité par le réseau.

Ces deux conductivités sont interdépendantes, en raison des interactions


entre les électrons et les photons. Dans certaines conditions de température, (en
particulier au-delà de 273 K), la conduction par les électrons des métaux purs peut
être étudiée théoriquement parce que la conduction par le réseau est une faible
fraction de la conduction totale.
Pour des faibles températures, en raison de la difficulté de l’étude des
interactions entre les différents modes de transport, les développements théoriques
sont beaucoup plus complexes. Ce qu’on en sait peut être schématisé de la façon
suivante :

97
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Pour la conduction par les électrons, les facteurs de perturbation peuvent être
classés de la façon suivante :
1) Perturbation électrons-électrons: ces effets sont quantitativement moins
importants que les perturbations électrons-photons, sauf peut-être aux très basses
températures.
2) Perturbation des électrons par les vibrations du réseau : les vibrations du
réseau perturbent la conduction par les électrons et cette perturbation augmente
avec la température.
3) Perturbation par les impuretés: elle dépend de la densité des impuretés et
peut être considérée comme indépendante de la température.
4) Perturbation par les imperfections à grande échelle: les effets de ces
imperfections, (frontières, grains ou dislocations) sont comparables aux précédents,
mais sont encore plus difficiles à étudier.
Pour les métaux de grande pureté commerciale, la résistance provoquée par
les impuretés semble négligeable à la température ordinaire, mais devient
prédominante aux très basses températures.
La théorie de la conduction électronique dans les métaux a été abordée par
trois voies différentes :
- La théorie classique dite de l’électron-gaz de Drude et Lorenz, suppose que
le métal contienne des électrons libres obéissant aux lois de la mécanique classique;
- La théorie quantique des électrons libres de Sommerfeld ;
- La théorie de zone imaginée par Bloch en 1928, supposant que les électrons
se meuvent dans le champ électrique du réseau.
5.1.2 Méthodes de mesure et identification de paramètres
Il est toujours difficile de classer des méthodes de mesure de la conductivité ;
la classification la plus naturelle consiste à considérer deux grands groupes :
- les méthodes en régime permanent ;
- les méthodes en régime variable.
Dans les premières, le temps n’intervient pas; elles permettent d’atteindre
uniquement la conductivité thermique; dans les secondes, les mesures sont
effectuées en fonction du temps et permettent l’identification de plusieurs
paramètres: conductivité, diffusivité ou effusivité. Les méthodes en régime variable
sont actuellement les plus utilisées. Toutes ces méthodes consistent à appliquer sur
un échantillon à l’équilibre, une perturbation thermique et à mesurer une ou plusieurs
températures (ou flux) en fonction du temps. En fonction de ce qui les différencie, ce
sont :
- Le type de perturbation ;
- Le type de mesure (et le lieu) ;
- La géométrie du problème.
Dans notre cas, le choix a été porté sur la méthode de la source plane
transitoire modifiée, décrite ci-après.

98
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

5.1.3 L’étude des nouveaux matériaux magnétocaloriques


A l'heure actuelle, la plupart des prototypes de réfrigération magnétique sont
basés sur gadolinium, même s’il est une terre rare et coûteuse et le sujet des
problèmes techniques tels que la corrosion dans un environnement aqueux. Au
cours des dix dernières années, la recherche a été centrée sur l'étude de certaines
familles de composés intermétalliques, montrant un effet magnétocalorique dit
« géant ». Toutefois, des problèmes subsistent à la mise en œuvre de ces matériaux
dans les systèmes de réfrigération magnétique.
A côté des questions fondamentales relatives à la nature de premier ordre de
ces transitions, l'utilisation de ces matériaux est également confronté à une série de
préoccupations pratiques, liées au coût, la difficulté de la synthèse, et le
vieillissement en conditions opérationnelles (corrosion, l'effritement, etc). Il semble
que précisément sur ces questions, les oxydes peuvent revendiquer certains
avantages, ce qui pourrait compenser pour leur faible performance en termes d’effet
magnétocalorique intrinsèque. Pour être plus généraliste, il faut souligner que bien
que l’effet magnétocalorique est le cœur d'un dispositif de réfrigération magnétique,
de nombreuses autres propriétés physiques sont impliqués dans un tel système
complexe magnéto thermique.
Dans le cadre du projet ANR : « Nouveaux matériaux à effet
magnétocalorique géant autour de la température ambiante et applications à la
réfrigération magnétique », notre partenaire, le Laboratoire CRISMAT de Caen a eu
la tâche de mettre en place un nouvel alliage magnétocalorique, afin de remplacer le
matériau de référence, le gadolinium. La première étape a consisté à identifier un
oxyde conforme à une série de critères, dictée par les conditions de fonctionnement
d’un prototype et par les contraintes communes à toutes les applications
commerciales:
- Un effet magnétocalorique reflétant la plus grande valeur possible pour un
oxyde dans les conditions de fonctionnement d’un système de réfrigération
magnétique industriel: une température ambiante (centrée dans la gamme 291 K -
295 K) et un champ magnétique modérée (Bmax = 0,8 – 1,0 T) ;
- Aucun des éléments toxiques ou trop coûteux ;
- Nombre limité d'éléments pour faciliter le contrôle de la reproductibilité ;
- La procédure de synthèse compatible avec une production à grande échelle ;
- Aptitude à être mis en forme sous la forme de plaques minces ;
- Matériau résistant à la corrosion.
Ils ont montrés que les meilleurs oxydes pour l’effet magnétocalorique autour
de la température ambiante sont les pérovskites de manganèse R 1-x AExMnO3 avec
un ratio Mn3+/Mn4+ ≈ 2, qui permet de combiner de grandes valeurs d’aimantations et
des hautes valeurs de TC. [59] C’est le cas par exemple de la série Pr1-xSrxMnO3, qui
présente l'avantage de contenir moins d'éléments, de sorte à avoir une synthèse plus
simple et un meilleur contrôle de TC.
Le matériau Pr1-xSrxMnO3 a été préparé en utilisant la réaction standard à
l'état solide. Des quantités stœchiométriques de Pr6O11, SrCO3 et MnO2 ont été

99
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

mélangés et calcinés à 1200 °C pendant 24 heures dans l'air. Ensuite, la poudre


résultante (≈ 0,6 kg) a été rebroyé et pressée en forme de blocs avec des
dimensions de 40 mm. Un liant organique a été ajouté pour assurer la cohésion des
blocs. Son enlèvement a été effectué pendant le frittage final à 1500° C pendant 48
heures dans l'air. Les données de diffraction des rayons X ont démontré la pureté
des échantillons et ont conduit à des valeurs de paramètres de maille en accord avec
la littérature. [59]
Le Tableau 12 montre les principales propriétés thermophysiques de l’oxyde
de praséodyme manganèse et du gadolinium.

Tableau 12: Les propriétés thermophysiques du gadolinium et l'oxyde de


Praséodyme-Manganèse
ΔSmax ΔTad ΔTad Cp Résistivité Masse
Tc
MMC ΔB=1T ΔB=1T ΔB=0,8T à la TC à la TC volumique Ref.
(K) 3
(J/kg·K) (K) (K) (J/kg·K) (Ωm) (g/cm )
-5
Pr1-xSrxMnO3 295 2,3 1,1 0,9 580 7,5·10 5,8 [59]
-6
Gadolinium 294 2,3 2,0 1,6 230 1,3·10 7,9 [43]

Nous pouvons observer que la variation de l’entropie maximale (ΔSmax) est


similaire pour les deux matériaux, mais en termes de la différence adiabatique de la
température (ΔTad), celle de l’oxyde de Praséodyme – Manganèse est inférieure à
celle de gadolinium. Toutefois, la capacité thermique (Cp) de l’oxyde de Praséodyme
Manganèse et supérieure à celle de gadolinium. Certains auteurs ont affirmé qu’une
grande valeur de la capacité thermique pourrait être bénéfique en termes de capacité
frigorifique (à la ΔTad constante). [60]

5.2 Mesures de la conductivité thermique et l’analyse des MMC


Les mesures ont été faites au cours de cette thèse, à l’INSA de Strasbourg
avec un dispositif commercial, l’analyseur de la conductivité thermique TCi de C-
Therm, en utilisant la méthode basée sur la technique de source plane transitoire
modifiée.
Cette méthode utilise un capteur réflecteur thermique unilatéral et inter facial
qui émet une source de chaleur constante et passagère sur l'échantillon. La
conductivité et l'effusivité thermiques sont mesurées directement et rapidement,
offrant un aperçu d'ensemble détaillé des caractéristiques thermiques de l'échantillon
avec une incertitude de maximum 1%. Les échantillons peuvent être solides,
liquides, pâteux ou poudreux.
5.2.1 La méthode de mesure
L'analyseur de la conductivité thermique TCi, est un outil de test rapide et non
destructif de conductivité et de diffusivité thermiques qui ne nécessite ni étalonnage
ni préparation d'échantillons. Cet instrument possède des capacités de test de 0,0 à
120 W/m·K dans une large gamme de températures de -50ºC à 200ºC.

100
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Figure 51: L'analyseur de conductivité thermique TCi


Un courant est émis vers l'élément chauffant du capteur pour créer une petite
quantité de chaleur. Cette chaleur entraîne une augmentation de la température à
l'interface entre le capteur et l'échantillon – en général moins de 2ºC. Cette élévation
de température à l'interface entraîne un changement dans la chute de tension de
l'élément capteur. Le taux d'augmentation de la tension du capteur est utilisé pour
déterminer les propriétés thermophysiques de l'échantillon. Les propriétés
thermophysiques de l'échantillon sont inversement proportionnelles au taux
d'augmentation de la tension du capteur. Plus le matériau est isolant au plan
thermique, plus la tension augmente rapidement. Les résultats s'affichent sur un
ordinateur portable du système en temps réel.
Cette méthode de mesure a quelques avantages par rapport à les méthodes
classiques qui sont détaillées dans la Figure 52.

Figure 52: La comparaison des méthodes de mesure de la conductivité thermique


[61]

101
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

5.2.2 Les mesures de la conductivité thermique


Les valeurs du coefficient de la conductivité thermique de gadolinium et
d’oxyde de praséodyme – manganèse (Pr1-xSrxMnO3) ont été mesurées par la plage
de températures utilisé dans notre modèle numérique de réfrigération magnétique
autour de la température ambiante, de -20°C jusqu'à +60 °C. Pour les mesures, nous
avons utilisé un échantillon de gadolinium avec une pureté de 99,9 % fourni par
l’entreprise Cooltech Applications, l’un des partenaires de projet MagCool et un
échantillon d’oxyde de praséodyme - manganèse qui a été fourni de Laboratoire
CRISMAT de Caen, un autre partenaire du projet MagCool.
L’échantillon de gadolinium est un bloc avec les dimensions de 50 x 40 x 15
mm ayant une masse volumique de 8,45 g/cm3,(Figure 53).

Figure 53: Echantillon de gadolinium utilisé pour des mesures de la conductivité et


d’effusivité
L’échantillon d’oxyde de praséodyme – manganèse est un bloc avec les
dimensions de 25 x 25 x 15 mm ayant une masse volumique de 5,85 g/cm3 (Figure
54).

Figure 54: Echantillon de Pr1-xSrxMnO3 utilisé pour des mesures de la conductivité et


d’effusivité
Toutes les mesures ont été réalisées dans une enceinte climatique avec une
température ambiante contrôlée. Pour toutes les mesures nous avons utilisé une
enceinte climatique CLIMATS Excal 5413-HA, (Figure 55).

102
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Figure 55: Enceinte climatique CLIMATS 5413-HA utilisée dans les mesures
effectuées
Nous avons fait plusieurs mesures sur un intervalle de température -20°C à 60
°C pour chaque échantillon, en utilisant un pas de température de 2°C, avec un
temps de stabilisation de la température de 15 minutes et avec une précision de 0,01
°C, comme nous pouvons observer dans le profil imposé de la température dans la
Figure 56.

Figure 56: Le profil de la température ambiante dans la chambre climatique

103
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Pour chaque pas de temps, 15 mesures ont été effectuée, qui correspond à
un nombre total de 600 mesures pour chaque échantillon de matériau. Les mesures
brutes pour chaque matériau sont présentées dans les deux figures suivantes
(Figure 57 et Figure 58).
La Figure 57 présente les mesures brutes de la conductivité thermique,
effectuées sur l’échantillon de gadolinium.

Figure 57: Les mesures brutes de la conductivité thermique effectuées sur


l'échantillon de gadolinium
La Figure 58 présente les mesures brutes de la conductivité thermique,
effectuées sur l’échantillon de l’oxyde de Praséodyme-Manganèse.

Figure 58: Les mesures brutes de la conductivité thermique effectuées sur


l'échantillon de PrSrMnO
Après la suppression des résultats inappropriés nous avons tracé la courbe
des valeurs du coefficient de la conductivité thermique et d’effusivité thermique en
fonctionne de la température pour chaque matériau étudié.

104
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

5.2.3 Les résultats des mesures


Les résultats des mesures de conductivité thermique et d’effusivité thermique
pour gadolinium et pour l’oxyde de praséodyme – manganèse sont présentées dans
les deux figures suivantes.
Dans la Figure 59 nous pouvons observer l’évolution de la conductivité
thermique du gadolinium, a) et le graphique de l’évolution de l’effusivité thermique,
b), en fonction de la température.

a) b)
Figure 59: L’évolution de la conductivité thermique (a) et de l’effusivité thermique (b)
en fonction de la température, mesuré sur gadolinium
La conductivité thermique du gadolinium a des valeurs comprises entre 4,37
W/m·K et 6,85 W/m·K. La courbe des valeurs monte de 5,76 W/m·K pour une valeur
de température de – 16,78°C jusqu'à la valeur maximale étudiées de 6,85 W/m·K,
obtenue pour la température de 13,71 °C. Ensuite, la forme de graphique descende
jusqu'à une valeur minimale étudiée de 4,37 W/m·K qui corresponde à la
température de 58,67 °C.
Le graphique de l’évolution d’effusivité thermique du gadolinium en fonction de
la température garde la même allure croissante de 4465 W·s 1/2/m2·K pour la même
température de -16,76°C, jusqu'à une valeur maximale de 4824 W·s1/2/m2·K pour
une température de 13,71°C et descendant après jusqu’à une valeur minimale de
3826 W·s1/2/m2·K qui correspond à la température de 58,67 °C.
Le graphique de la conductivité thermique du gadolinium et le graphique de
l’effusivité du gadolinium sont tracées à partir des valeurs présentées dans le
Tableau 13.

105
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Tableau 13: Valeurs de la conductivité thermique et de l'effusivité du gadolinium

Dans la Figure 60 nous pouvons observer l’évolution de la conductivité


thermique de l’oxyde de praséodyme–manganèse à gauche de la figure, a) et le
graphique de l’effusivité thermique à droite de la figure b), en fonction de la
température.

a) b)
Figure 60: La conductivité thermique (a) et l’effusivité thermique (b) mesurées sur
Pr1-xSrxMnO3
La valeur maximale de la conductivité thermique est de 2,19 W/m·K à la
température de 0°C. Au-delà de cette température les valeurs diminuent jusqu'à la
valeur minimale de 1,33 W/m·K qui corresponde à une température de 44°C.
Le graphique de l’évolution de l’effusivité thermique de l’oxyde de
praséodyme–manganèse garde la même allure avec une valeur maximale de 3187
W·s1/2/m2·K correspondant à une température de 0° C et une valeur minimale de
2850 W·s1/2/m2·K correspondant à une température de 44°C.
Le graphique de la conductivité thermique de l’oxyde de praséodyme -
manganèse et le graphique de l’effusivité de l’oxyde de praséodyme -manganèse
sont tracées à partir des valeurs présentées dans le Tableau 14.

106
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Tableau 14: Valeurs de la conductivité thermique et de l'effusivité du PrSrMnO

A partir de la conductivité thermique et de l’effusivité nous pouvons calculer la


capacité thermique des matériaux, selon l’équation suivante :

(77)

Les courbes de la capacité thermique pour les deux matériaux étudiées sont
présentées dans les figures suivantes.
La Figure 61 montre l’évolution de la capacité thermique du gadolinium en
fonction de la température.

107
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Figure 61: L’évolution de la capacité thermique du gadolinium en fonction de la


température
Le graphique suit une évolution linéaire de la capacité thermique, avec une
valeur maximale de 369 J/kg·K obtenue à la température de 17,86 °C au voisinage
de la température de Curie du matériau. La valeur minimale de la capacité thermique
de 195 J/kg·K est obtenue pour une valeur de la température de 60°C.
La Figure 62 montre l’évolution de la capacité thermique pour l'oxyde de
praséodyme-manganèse en fonction de la température.

Figure 62: L’évolution de la capacité thermique de l'oxyde de praséodyme-


manganèse en fonction de la température
Le graphique montre une évolution linéaire jusqu’à la valeur maximale de 622
J/kg·K a la température de 15,8 °C et après cette valeur le graphique suit une
descente jusqu'à la valeur minimale de 500 J/kg·K qui corresponde à une
température de 41,8 °C.

108
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Pour s’assurer de la validité des résultats des mesures, les valeurs de la


conductivité thermique des matériaux doivent être comparées avec les valeurs
existantes dans la littérature. Parce que l’oxyde de praséodyme-manganèse est un
nouveau matériau, crée par notre partenaire et existant juste à l’échelle R&D nous
avons comparé uniquement les valeurs de la conductivité thermique du gadolinium.
Ces valeurs ont été comparées avec les valeurs existantes dans la littérature, par la
même plage de valeurs de température. La Figure 63 nous montre différentes
valeurs mesurées de la conductivité thermique de gadolinium existantes dans la
littérature scientifique et nos valeurs, par une plage des températures de 253,15 K (-
20°C) jusqu'à 333,15 K (+60°C).

Figure 63: Comparaison des valeurs de la conductivité thermique du gadolinium


existantes dans la littérature et mesurées à l’INSA. Figure adaptée de [57]

Dans la Figure 63 nous pouvons observer plusieurs séries des mesures


effectuées sur gadolinium existantes dans la littérature, sur une plage des
températures de 0 jusqu'à 400 K. Sur une plage des températures de 253,15 K
jusqu'à 333,15 K nous pouvons observer les mesures effectuées par M. Saleh et al.
[62] avec le signe ▲, les mesures effectuées par S. Arajs et al. [63] avec le signe ,
les mesures effectuées par S. Chuah et al. [64] avec le signe et les mesures
effectuées par P. Jacobson et al. [57] avec le signe . Nous avons intégré dans la
figure nos propres mesures, en bas avec le signe .
Ces différents sets des mesures montrent des valeurs de la conductivité
comprises entre 4,5 W/m·K et 16 W/m·K. Cette disparité entre les mesures peut être
expliquée par la pureté de matériau, de la précision de méthode utilisé et aussi de la
forme cristallographique du matériau. Des informations supplémentaires sur la cause
de ces différences peuvent être trouvées dans l’article de P. Jacobsson et al. [57].

109
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Afin d’analyser la structure cristallographique de notre échantillon et sa


composition chimique qui peut influencer la valeur de la conduction thermique nous
l’avons soumis à des tests de diffractométrie au rayon X au niveau micro-échelle à
l’aide d’un diffractomètre Brucker D8 Advance et d’un microscope électronique à
balayage environnemental Philips XL 30 ESEM.
5.2.4 L’analyse spectrale du gadolinium
La diffraction au rayon X permet d’accéder à de nombreuses informations
contenues dans l’arrangement même des atomes au sein d’un matériau cristallisé.
Le type d’arrangement géométrique 3D (réseau) et les distances entre atomes (taille
de la maille, typiquement de quelques Å) constituent schématiquement une carte
d’identité «unique» pour chaque composé.
Le principe simplifié est le suivant : un faisceau de rayons X monochromatique
incident est diffracté par l’échantillon à certains angles spécifiques, comme nous
pouvons observer dans la Figure 64. L’enregistrement du signal par un détecteur
adapté permet de visualiser les angles et intensités des pics de diffraction obtenues.
L’indexation de ces pics est réalisée à l’aide de bases de données spécifiques
permettant l’identification du (ou des) composé(s) en présence.

Figure 64: L’intérieur de la chambre des mesures d’un diffractomètre au rayon X


Bruker D8 Advance
La Figure 65 montre le spectre d’échantillon de gadolinium analysé par le
diffractomètre Bruker D8 Advance. Les dimensions de l’échantillon sont de 10 x 5 x 3
mm. L’analyse spectrale montre que l’échantillon analysé représente en effet de
gadolinium pur, avec un dégrée de pureté de 99,9 %. L’analyse spectrale donne
uniquement des informations sur la composition d’un échantillon en termes
d’éléments chimiques et de proportion d’éléments dans le cadre d’un alliage.

110
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Figure 65: Le spectre d'échantillon de gadolinium analysé par le diffractomètre au


rayon X, Bruker D8 Advance
Parce que l’analyse du spectre ne donne pas des informations sur la structure
cristallographique des éléments, cette analyse sera faite à l’aide d’un microscope
électronique.
5.2.5 L’analyse du type de cristallisation du gadolinium
Le microscope électronique à balayage environnemental Philips XL 30 ESEM,
présenté dans la Figure 66, utilise un faisceau d'électrons pour obtenir des images
agrandies d'une très bonne résolution par balayage d’un échantillon. Il est capable
de faire une caractérisation chimique élémentaire par spectrométrie d’émission de
rayons X ou d’observer d’échantillons conducteurs, isolants, ou hydratés. La
résolution de l’image obtenue dépend fortement de la nature de l’échantillon
(typiquement 10 nm sur échantillons conducteurs et 100 nm sur échantillons
biologiques).
Le principe de fonctionnement est basé sur une grande profondeur de champ
pour l’analyse qualitative et quantitative de la composition chimique d’échantillons
conducteurs ou isolants. Il peut détecter les éléments légers avec une limite de
détection d’un élément de l’ordre de 1% en masse.
Avec le microscope électronique à balayage il est possible de faire plusieurs
séries des études :
 Etude de surface (cristallisation, défauts, etc.) ;
 Etude de section polie (dimensionnement charge, épaisseur couches, etc.) ;
 Caractérisation de matériaux (analyse élémentaire tout élément).
Il peut également servir pour identifier des éléments présents dans
l'échantillon grâce à leur propriété d'émission de RX au contact des électrons. Les
énergies des pics présents sont déterminées et elles sont comparées
automatiquement à un fichier d'émission X d'énergies connues. L'analyse est
qualitative mais on peut avoir accès à des teneurs élémentaires relativement
précises.

111
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Figure 66: Le microscope électronique à balayage environnemental Philips XL 30


ESEM
L’analyse microscopique a confirmé une forme polycristalline de gadolinium.
Gadolinium peut exister sous différentes formes cristallographiques, propriété appelé
allotropie ou polymorphisme. Cette propriété est définie comme la faculté de certains
corps simples ou composés d’exister sous plusieurs formes cristallines différentes
(organisation des mêmes atomes dans différentes variétés cristallines). Le
gadolinium peut exister sous forme de cristaux uniques ou sous forme polycristalline.
Le polymorphisme est dû aux processus de fabrication d’échantillon comme la mise
en forme du lingot et le séchage d’échantillon. Dans chaque cas, les propriétés
physico-chimiques sont différentes.

Figure 67: Le résultat de l’analyse microscopique du gadolinium

112
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

Même si dans les laboratoires, les valeurs de la conductivité thermique du


gadolinium ont des valeurs de l’ordre de 11 W/m·K, quand il est soumis à
l’industrialisation, à cause de la mise en œuvre des matériaux, les valeurs de la
conductivité thermique peuvent être plus basses avec des valeurs comprises entre
4,8 W/m·K et 7 W/m·K, en fonction de la température. Cette différence peut
influencer de manière significative le comportement thermique d’un régénérateur et
la différence finale de la température.
Pour que le modèle numérique soit le plus proche d’un régénérateur actif, ces
valeurs mesurées de la conductivité thermique de ces deux matériaux ont était
introduites dans le modèle numérique en Comsol, à l’aide d’une fonction
d’interpolation des données.
5.3 Conclusions
Dans ce chapitre nous avons procédé à la prise des mesures de la
conductivité thermique et d’effusivité thermique des matériaux magnétocaloriques
utilisés dans la simulation du comportement d’un AMR et nous les avons intégrées
dans notre modèle numérique grâce à une fonction d’interpolation des données, pour
avoir un modèle numérique plus complexe qui va pouvoir simuler le comportement le
plus proche d’un comportement réel d’un dispositif de réfrigération magnétique.
L’opportunité de ces mesures vient du fait que dans la littérature il existe un
nombre limité des références pour le coefficient de conductivité thermique pour
gadolinium et ces références parfois nous montrent des valeurs différentes. Pour
l’alliage de l’oxyde de praséodyme–manganèse (Pr1-xSrxMnO3) à cause de la mise
en forme récente, les valeurs de la conductivité thermique sont inexistantes dans la
littérature. A cause de cette indisponibilité des mesures la plupart des modèles
numériques existantes utilisent la valeur théorique du coefficient de conductivité
thermique à la température ambiante, de 20°C, qui conduit à des valeurs finales
d’écart de température et de courbes de puissance frigorifique différentes des
valeurs dans la réalité.
Toutes les mesures ont était faites par nous, au cours de cette thèse à l’INSA
de Strasbourg. Les mesures ont était faites sur des échantillons de gadolinium et
d’oxyde de praséodyme-manganèse fournis par les partenaires de notre projet de
recherche, sur une plage des températures de -20°C jusqu'à +60°C.
Les valeurs obtenues de la conductivité thermique du gadolinium montrent
des différences avec les valeurs existantes dans la littérature et ces différences sont
notamment dues au type de cristallisation du gadolinium.
Le dégrée de pureté d’échantillon de gadolinium et le type de cristallisation ont
était vérifiés et nous avons remarqué que notre échantillon se compose de
gadolinium avec un dégrée de pureté de 99,9 % ayant une forme de cristallisation
polycristalline. Cette forme de cristallisation conduit à des valeurs de propriétés
thermophysiques différentes des valeurs théoriques.
Les valeurs mesurées du coefficient de conductivité thermique pour les deux
matériaux magnétocaloriques étudiées ont était introduites dans le modèle
numérique pour avoir des résultats finaux de la différence de la température entre les
échangeurs plus proches du comportement réel d’un dispositif industriel de
réfrigération magnétique.

113
Chapitre 5. Mesures des propriétés thermophysiques des MMC et leur intégration dans le modèle

114
Chapitre 6
Exploitation du modèle du système
magnéto thermique

6.1. Analyse quantitative du système


6.1.1. Les caractéristiques thermiques du système
6.1.2. Les caractéristiques d’écoulement
6.1.3. Les pertes de charge du régénérateur

6.2. Analyse qualitative de la performance du système


6.2.1. Le coefficient de convection thermique
6.2.2. La puissance frigorifique du système
6.2.3. Le coefficient de performance du système

6.3. Analyse de sensibilité des paramètres


6.3.1. L’influence des paramètres thermophysiques
6.3.2. L’influence des paramètres constructifs du système
6.3.3. L’influence des paramètres de fonctionnement du système

6.4. Conclusions

115
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

6 Exploitation du modèle du système magnéto


thermique
Les chapitres précédents ont montré la construction du modèle numérique et
les méthodes utilisées pour que le modèle nous donne des résultats cohérents qui
sont les plus proches possible des résultats expérimentaux, obtenus sur un dispositif
réel de réfrigération magnétique. Grace à l’implémentation de ces méthodes, nous
avons vu que le modèle présenté ici possède de nombreux avantages par rapport à
ceux qui existe dans la littérature. Nous avons vu que le modèle a été vérifié par
deux méthodes et validé par la méthode de comparaison des résultats avec des
résultats expérimentaux et que les résultats issues du modèle montrent des bonnes
corrélations avec des résultats obtenues expérimentalement. De ce point de vue, le
modèle fonctionne correctement.
Cette validation nous permet ensuite de procéder à l’exploitation de ce modèle
du point de vue d’une analyse quantitative, une analyse qualitative sur la
performance du système et aussi d’une analyse de sensibilité des paramètres pour
identifier une configuration optimale qui nous servira à s’approcher des
configurations qui peuvent fournir des différences de température et puissances
requises par des applications industrielles.
Dans le début de ce chapitre nous présenterons les résultats de l’analyse
quantitative du système, telles que l’évolution de la température du régénérateur en
fonction de temps, l’évolution des températures caractéristiques du système et la
répartition de la température au sein de l’AMR au cours d’un cycle. En termes de
l’analyse des caractéristiques de l’écoulement, nous étudierons ensuite l’évolution du
champ de vitesses de fluide, le régime d’écoulement et nous procèderons aussi à
une analyse des pertes des charges en fonction de la hauteur des microcanaux et de
la vitesse d’écoulement du fluide.
Nous passerons ensuite à une analyse qualitative sur la performance du
système, en analysant le coefficient de convection et en nous focalisant aussi sur la
puissance frigorifique et sur le coefficient de performance.
Vers la fin de ce chapitre nous faisons une analyse de sensibilité des
paramètres en analysant leur influence sur la performance du système. Nous avons
analysé l’influence des paramètres thermophysiques des matériaux
magnétocaloriques (la nature des matériaux - gadolinium et oxyde de praséodyme-
manganèse et la conductivité thermique), des paramètres constructifs (l’épaisseur
des plaques du solide, la hauteur des microcanaux, la longueur des plaques de
l’AMR et l’intensité du champ magnétique) et des paramètres de fonctionnement du
système (la fréquence du cycle, la vitesse du fluide et le rapport de volume de fluide
déplacé). A partir de cette analyse nous verrons dans quelle mesure il est possible
d’identifier une stratégie de conception optimale d’un AMR afin de concevoir des
systèmes de réfrigération magnétique plus performants.
A titre indicatif, sur ce modèle numérique nous avons fait plus de 170 de
simulations, chacune durant approximativement 3,5 heures sur un ordinateur avec
un processeur multithread. Cela représente un total de plus de 25 jours de calcul
continu.

116
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

6.1 Analyse quantitative du système


Tous les résultats qui sont présentés dans cette partie sont obtenus avec les
valeurs de paramètres constructifs et de fonctionnement du système donnés dans le
Tableau 15.

Tableau 15: Les valeurs de paramètres du système utilisées pour les résultats
préliminaires
Unité de
Paramètres Notations Valeurs
mesure
Longueur du canal de fluide Lc 100 mm
Longueur du régénérateur L 50 mm
Longueur des échangeurs Lex 5 mm
Géométrie Hauteur du microcanal de fluide Hf 0,17 mm
Hauteur de la plaque de MMC Hs 0,5 mm
Largeur du matériau et microcanal w 10 mm
Porosité du régénérateur ε 0,218 -
Champ magnétique maximal appliqué Hmax 1,1 T
-1
Fréquence du cycle f 0,5 s
Caractéristiques Amplitude cycle de vitesse de fluide u 0,05 m/s
de Température initiale du système Ti 294,45 K
fonctionnement Temps initial des simulations t0 0 s
Temps final des simulations tmax 200 s
Pas de temps utilisé dt 0,1 s

6.1.1 Les caractéristiques thermiques du système


Le fonctionnement d’un système AMR implique un mouvement alternatif du
fluide au sein du régénérateur qui entraîne une distribution des températures du
fluide et du solide au cours d’un cycle de fonctionnement. L’enchaînement de ces
cycles conduit à une réalisation d’un gradient thermique au long du régénérateur,
gradient qui dépend des plusieurs facteurs comme la nature du matériau, la longueur
du régénérateur, la fréquence, la vitesse d’écoulement, etc. Ce gradient thermique
conduit à son tour a une évolution des températures des échangeurs chaud et froid.

L’évolution du gradient de température au long du régénérateur


Le système fonctionne au démarrage en régime transitoire, un gradient de
température est ainsi formé le long du régénérateur suite au mouvement alternatif du
fluide. Ainsi, l’échangeur de chaleur chaud et l’échangeur de chaleur froid sont à des
températures différentes. La Figure 68 montre l’évolution temporelle du gradient de
températures dans le solide avec le système fonctionnant à charge nulle. A l’état
initial, le solide est à une température initiale de 21,30 °C. Au cours de
fonctionnement, le gradient de température augmente et il s’approche d’un profile
incurvé avec une différence de température qui dépend des paramètres de
fonctionnement.
Dans le cas étudié, la différence finale de température entre les deux
extrémités du solide est de 11,85 °C. Cette valeur de gradient de température au
long du régénérateur est la valeur maximale qui peut être obtenue avec ces

117
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

paramètres géométriques, de fonctionnement et thermophysiques et s’est établie


complètement quand le système entre en régime permanent.

Figure 68: L'évolution de la température du régénérateur en fonction de la longueur


du régénérateur pour plusieurs pas de temps
Dans la simulation numérique, pour un temps de simulation de 200 secondes
avec un pas de 0,1 secondes, nous avons obtenu 2000 lignes de gradients. Pour
faciliter l’observation d’évolution de gradient dans le solide, nous avons décidé de
représenter juste 20 lignes de gradient.

L’évolution des températures caractéristiques du système


Dans la Figure 69 nous pouvons observer l’évolution des températures
représentatives du système, avec la température de l’échangeur chaud en haut de la
figure et la température de l’échangeur froid en bas de la figure. Durant les premières
50 secondes le profil des températures évolue rapidement et le régénérateur entre
progressivement en régime permanent. On considère que l’état de régime
permanent est établi quand la température du fluide à la sortie de l’AMR pour deux
cycles successifs ne diffère plus de max 0,01 °C.
En régime permanent, la différence de température d’un cycle à l’autre ne
change pas significativement et la progression est presque linéaire. Ceci est illustré
par le fait que l’évolution des températures des échangeurs est de 5,6 °C pour les
premières 50 secondes et pour les dernières 150 secondes la température change
d’un cycle à l’autre d’une valeur de 0,3 °C.

118
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

Figure 69: L’évolution de la température finale du système en fonction du temps


pour les deux échangeurs
Le profil d’évolution des températures de système de l’AMR et la valeur
maximale de différence de températures entre les deux échangeurs dépend des
plusieurs facteurs comme les caractéristiques géométriques du système, les
paramètres de fonctionnement et les propriétés thermophysiques du fluide et du
solide.
Initialement le système est à une température de 21,30 °C. Après plusieurs
cycles, le régénérateur entre en régime permanent. Dans le cas étudié, la
température maximale atteinte par l’échangeur chaud est de 27,15 °C et la
température minimale atteinte par l’échangeur froid est de 15,30 °C. Ces valeurs
nous donnent une différence maximale de température de 11,85 °C, qui est plus
grande que la différence adiabatique de la température du gadolinium obtenue par
l’effet magnétocalorique, qui dans notre cas est de 3,38 °C.
Ceci montre qu’avec le principe de fonctionnement de l’AMR, basé sur la
régénération thermique, nous pouvons obtenir des systèmes avec des différences
des températures qui sont proches de celles requises par les applications
industrielles.
Le modèle numérique, grâce à des conditions adiabatiques, a une évolution
idéale de la température au cours d’un cycle, ce qui permet d’observer toutes les
quatre phases magnéto–thermiques, détaillées dans la Figure 70.

L’évolution de la température du régénérateur au cours d’un cycle


La Figure 70 montre l’évolution de la température du régénérateur, au cours
d’un cycle, qui comporte quatre phases caractéristiques. Cette évolution de
température est conforme à la corrélation entre la translation du fluide caloporteur et
le déplacement du champ magnétique du modèle, présenté dans la Figure 35.
Au cours de la première étape, dans le processus d’aimantation d’une durée
de tmag, la température du régénérateur augmente à cause de l’effet
magnétocalorique. Après, pendant la deuxième étape le fluide s’écoule de

119
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

l’échangeur froid vers l’échangeur chaud (cold blow). Dans cette étape, sur une
durée de tcold.blow, le fluide s’écoule à travers le régénérateur, en prenant une partie
de la chaleur et la température du régénérateur est réduite. Dans la troisième étape,
l’étape de désaimantation, avec une durée de tdemag, la température du solide est
réduite en plus à cause d’enlèvement du champ magnétique. Dans la dernière étape
du cycle, d’une durée thot.blow, l’étape d’écoulement du fluide de l’échangeur chaud
vers l’échangeur froid (hot blow) le solide est régénéré par le fluide et sa température
augmente.

Figure 70: L’évolution de la température du régénérateur au cours d'un cycle


Les temps caractéristiques de fonctionnement d’un cycle sont de paramètres
de fonctionnement primordiaux du système et ils doivent être imposés
soigneusement. Si un temps trop court est choisi c’est possible que le transfert
thermique se réalise partiellement et si le temps est trop long le gradient thermique
au long du régénérateur peut diminuer.

La distribution 2D des températures du système au cours d’un cycle


La Figure 71 montre la distribution 2D des températures du système entier au
cours d’un cycle magnétothermique par les quatre phases représentatives. Dans la
première phase du cycle, la phase d’aimantation, le matériau magnétocalorique est
mis sous le champ magnétique et sa température augmente. La chaleur est
transmise du régénérateur vers l’échangeur de chaleur chaud par le fluide dans la
deuxième phase du cycle, la phase d’écoulement vers l’échangeur chaud et
l’échangeur se chauffe. Ensuite, dans la troisième phase, le champ magnétique est
enlevé et la température du solide est réduite en plus. Dans la phase d’écoulement
du fluide d’échangeur chaud vers l’échangeur froid le solide est régénéré par le fluide
et sa température augmente. La différence de température est transmise vers
l’échangeur froid qui se refroidi et le cycle se finit. Puis, le processus de réfrigération
continue avec un nouveau cycle qui va augmenter encore la différence de
température entre les deux échangeurs.

120
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

Figure 71: La distribution 2D des températures du système au cours d'un cycle


6.1.2 Les caractéristiques d’écoulement
Comme décrit dans le paragraphe 4.2.3 la fluidique est traitée
indépendamment dans le modèle numérique, avec l’écoulement caractérisé par les
équations Navier-Stokes et couplé au transfert thermique dans le modèle par
l’interface fluide-solide. Cette modalité de résolution numérique parallèle et en même
temps de ce couplage des phénomènes physiques nous permet d’avoir un modèle
numérique dynamique, qui nous donne des résultats très proches des valeurs
obtenues expérimentalement.

Le type d’écoulement
Le type d’écoulement présente une influence significative sur le transfert de
chaleur dans les systèmes de réfrigération magnétique. Dans notre cas, nous
utilisons une géométrie à plaques parallèles avec des microcanaux pour le passage
du fluide d’un ordre submillimétrique, avec des valeurs comprises entre 0,15 et 0,6
mm. La vitesse du fluide dans notre système est basse, ayant des valeurs entre
0,025 et 0,15 m/s. Avec cette configuration des paramètres géométriques et de
fonctionnement nous avons obtenu des nombres de Reynolds qui varient de 7,44
(pour une vitesse de fluide de 0,025 m/s et une hauteur de canal de 0,15 mm)
jusqu'à 174,75 (pour une vitesse de fluide de 0,15 m/s et une hauteur de canal de
0,6 mm). Avec ces valeurs des numéros de Reynolds très basses, l’écoulement du
fluide dans notre modèle numérique reste toujours laminaire.

121
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

Le 2D champ des vitesses


Dans la Figure 72 nous pouvons observer la distribution de champ des
vitesses d’écoulement pour un microcanal et plusieurs vitesses d’écoulement du
fluide. La géométrie étudiée est basée sur des plaques parallèles avec des
microcanaux d’une hauteur de 0,17 mm. La figure montre trois valeurs de vitesse
d’écoulement du fluide que nous avons étudié : 0,03 m/s, 0,08 m/s et 0,12 m/s.

Figure 72: La distribution 2D de champ des vitesses pour un microcanal et plusieurs


vitesses d'écoulement du fluide : a) u=0,03 m/s b) u=0,08 m/s c) u=0,12 m/s
Pour toutes les vitesses d’écoulement étudiées, nous pouvons observer
l’orientation des lignes de courant qui est parallèle à l’axe horizontale, qui confirme le
type d’écoulement antérieurement mentionné, l’écoulement laminaire dans tous les
cas étudiés.
La figure nous permet aussi la visualisation globale du gradient de vitesse
avec des vitesses plus élevées vers le milieu du microcanal et des vitesses qui tend
vers zéro à l’interface solide–liquide. On constate aussi que le profil de vitesses
d’écoulement est parabolique, dans tous les 3 cas, même dans les microcanaux, au
niveau micro-échelle.
Sur une longueur totale de microcanal de 50 mm, dans le cas étudié, le profil
de vitesse est complètement établi à partir de x=0,2 mm, qui valide l’hypothèse que
l’écoulement est complètement développé et la vitesse imposée est considéré
comme vitesse médiane, qui reste constante.

122
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

6.1.3 Les pertes de charge du régénérateur


Comme nous avons vu précédemment, le type d’écoulement est influencé
principalement par deux paramètres dans notre cas, la vitesse d’écoulement du
fluide et le diamètre hydraulique qui varie en fonction de la variation d’hauteur de
microcanal. Du point de vue de transfert thermique, l’ordre de grandeur de vitesse du
fluide doit être imposé soigneusement pour s’assurer d’une part d’extraire toute la
chaleur disponible dans le solide par le fluide en mouvement au bout d’un cycle et
d’autre part sans rester trop de temps en contact avec la même zone de solide pour
ne pas détruire le gradient thermique du solide. Du point de vue hydraulique, une
vitesse plus élevée s’est traduite par un coefficient de pertes de charge trop élevé qui
influence en mode directe la puissance demandée par la pompe de circulation et le
coefficient de performance du système.

L’analyse des pertes de charge pour plusieurs vitesses d’écoulement


Dans le calcul des pertes de charge dans le modèle numérique nous avons
utilisé l’expression de Nielsen et al. [52]

(78)

La Figure 73 montre les pertes de charges dans un seul microcanal en


fonction de la longueur de microcanal, pour plusieurs vitesses du fluide.

Figure 73: L’évolution des pertes de charge dans un seul microcanal en fonction de
la longueur du régénérateur pour plusieurs valeurs de vitesse d'écoulement du fluide
Les pertes de charge sont directement influencées par la vitesse d’écoulement
du fluide et sont directement proportionnelles avec la longueur du microcanal. La
valeur la plus petite des pertes de charges à la sortie du microcanal (527 Pa) est
obtenue avec la valeur la plus petite de vitesse d’écoulement (0,025 m/s). La valeur
la plus grande des pertes de charges à la sortie du microcanal (3160 Pa) est obtenue
avec la valeur la plus grande de vitesse d’écoulement (0,150 m/s). Pour les autres
valeurs intermédiaires de la vitesse d’écoulement, l’évolution des pertes de charges
est linéaire et monte avec la croissance de la vitesse du fluide.

123
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

L’analyse des pertes de charge pour plusieurs hauteurs de microcanal


Un autre paramètre important qui compte dans l’évolution des pertes de
charge du système est la configuration des microcanaux et, plus particulièrement,
dans notre système de réfrigération magnétique, la hauteur des microcanaux, un
paramètre qui tiens de la géométrie du système.
Du point de vue de transfert thermique, la miniaturisation des microcanaux
peut augmenter l’efficacité volumique du fluide dans le régénérateur parce que pour
la même quantité de fluide il y aura une surface de transfert thermique plus élevée.
Du point de vue hydraulique, la miniaturisation des microcanaux peut entrainer
des pertes des charges plus élevées qui doivent être compensées par un travail
supplémentaire de la pompe de circulation du fluide et ce travail donnera des
influences négatives dans le calcul final du coefficient de performance du système.
Dans la Figure 74 nous pouvons observer les pertes de charge pour un seul
microcanal, en fonction de la longueur du microcanal pour plusieurs valeurs de la
hauteur du microcanal.

Figure 74: L’évolution des pertes de charge dans un seul microcanal en fonction de
la longueur du régénérateur pour plusieurs valeurs de la hauteur du microcanal
Les pertes de charge sont directement influencées par la hauteur du
microcanal du fluide et sont directement proportionnelles avec la longueur du
microcanal. La valeur la plus petite des pertes de charges à la sortie du microcanal
(88 Pa) est obtenue avec la valeur la plus grande de hauteur de microcanal (0,60
mm). La valeur la plus grande des pertes de charges à la sortie du microcanal (1350
Pa) est obtenue avec la valeur la plus petite de hauteur de microcanal (0,15 mm).
Pour les autres valeurs intermédiaires de la hauteur de microcanal, l’évolution des
pertes de charges est linéaire et montre avec la décroissance de la hauteur de
microcanal du fluide.
Un autre aspect de qui on doit tenir compte dans l’analyse des pertes de
charge en fonction de la hauteur de microcanal est aussi la contrainte de fabrication
parce que les configurations des systèmes ayant une hauteur de microcanaux égale
ou bien inférieure à 0,20 mm sont très difficiles à réaliser et à exploiter dans des
conditions normales.

124
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

6.2 Analyse qualitative de la performance du système


Dans le fonctionnement d’un AMR il est nécessaire d’évaluer ses
performances en termes de transfert de chaleur, puissance de réfrigération et du
coefficient de performance. Cette analyse est menée ici pour une configuration
simplifiée, composée d’une seule lame de matériau magnétocalorique et du fluide
Afin de quantifier le fonctionnement du régénérateur et d’évaluer ses
performances un nouveau terme a été introduit qui permet de utiliser des paramètres
non dimensionnelles. Le terme est le rapport de volume de fluide déplacé, V* et l’on
définit comme le rapport entre le volume du fluide transitant dans l’AMR au cours
d’un demi-cycle AMRR et le volume de fluide totale contenue dans l’AMR, définit
par [50]:

∫ ( ) (79)

Ce rapport est un paramètre de fonctionnement du système et dépend


principalement de la vitesse d’écoulement, de la fréquence de mouvement et de la
longueur de l’AMR. Le rapport de volume de fluide déplacé, V* est calculé par :
̇
(80)

Dans nos simulations on utilise le cycle AMRR avec le schéma de l’évolution


de la vitesse d’écoulement décrite dans la Figure 35 qui nous donne une évolution
de la vitesse d’écoulement au bout d’un demi-cycle de 1,5 x vitesse médiane.
L’équation du rapport de volume de fluide déplacé devient :

(81)

6.2.1 Le coefficient de convection thermique


Dans notre système de réfrigération magnétique, à l’intérieur des
microcanaux, nous avons un fluide en écoulement laminaire qui entraine une
quantité de chaleur échangé par convection forcée. Dans le calcul du coefficient de
convection thermique nous avons utilisé l’expression de diamètre hydraulique Dh de
l’équation 68 et la formule pour calculer le nombre de Reynolds de l’équation 67. Le
nombre de Prandtl qui représente le rapport de la viscosité à la conductivité
thermique est calculé selon l’équation suivante :
(82)

La valeur de coefficient de convection thermique et extraite de l’expression de


nombre de Nusselt, qui représente le rapport de la quantité de chaleur échangée par
convection à la quantité de chaleur échangée par conduction, calculé selon
l’équation suivante :

(83)

125
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

La valeur de nombre de Nusselt est calculée pour un écoulement laminaire a


l’intérieur d’un tube rectangulaire, conformément à la corrélation Sieder et Tate [65],
selon l’équation suivante :


( ) ( * (84)

Dans la Figure 75 nous avons analysé l’évolution du coefficient de convection


en fonction d’un paramètre de fonctionnement du système, la vitesse d’écoulement
du fluide, a) et en fonction d’un paramètre constructif du système, la hauteur des
microcanaux, b). Nous avons utilisé plusieurs valeurs de la vitesse d’écoulement et
de la hauteur des microcanaux, valeurs identiques avec les valeurs utilisées dans
l’analyse des pertes de charge du système.

a) b)
Figure 75: L'évolution du coefficient de convection en fonction de la vitesse
d'écoulement du fluide, a) et de la hauteur des microcanaux, b)
Dans l’analyse de la vitesse d’écoulement, à gauche de la figure, nous
pouvons observer la croissance linéaire de la valeur du coefficient de convection
avec l’augmentation de la vitesse d’écoulement du fluide. La valeur minimale, de
2430 W/m2·K, est obtenue avec la valeur le plus petite étudiée de la vitesse, de
0,025 m/s. La valeur maximale du coefficient de convection de 4416 W/m 2·K est
obtenue avec la valeur le plus grande de la vitesse d’écoulement de 0,15 m/s.
La Figure 76 montre l’évolution du coefficient de convection en fonction de la
hauteur des microcanaux pour plusieurs valeurs de la vitesse d’écoulement du fluide.
Cette figure est réalisée à partir de la Figure 75 pour mieux observer l’évolution de la
valeur du coefficient de convention.

126
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

Figure 76: L'évolution du coefficient de convection en fonction de la hauteur des


microcanaux pour plusieurs valeurs de la vitesse d'écoulement du fluide
Dans la Figure 76, nous pouvons observer les directions d’augmentation de la
valeur du coefficient de convection qui monte avec l’augmentation de la vitesse
d’écoulement et avec la miniaturisation des canaux de fluide.
6.2.2 La puissance frigorifique du système
La Figure 77 montre la puissance froide en fonction de la différence de
température entre les échangeurs de chaleur pour une seule plaque de gadolinium
dans un system ayant une vitesse d’écoulement de fluide de 0,05 m/s pour plusieurs
valeurs du rapport de volume du fluide déplacé.
La puissance froide est calculée à partir de l’équation suivante, identique à
l’équation 52 :

(
̇ ∫ ̇ ( ( ))
(85)

Les meilleures performances sont obtenues, dans notre cas, avec une valeur
du rapport de volume du fluide déplacé de V*=0,60 qui correspond à une fréquence
de mouvement de 0,5 Hz. Pour toutes les 7 situations, la puissance froide montre
des valeurs maximales dans l’écart des températures de 0,5 – 4 °C, après la
performance diminue avec l’augmentation de la différence de température entre les
échangeurs.

127
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

Figure 77: La puissance froide en fonction de la différence de température pour


plusieurs valeurs du V*, pour une seule lame de gadolinium
Nous pouvons observer dans la figure que la performance du système
diminue avec la réduction de rapport de volume du fluide déplacé dans la plage de
0,60 à 0,15. Le cas où le rapport V*= 1,00 (qui correspond à une fréquence de 0,3
Hz) ne suit pas le même modèle parce que la fréquence a une valeur trop petite par
rapport à la vitesse du fluide. Dans ce cas le déplacement du fluide au sein du
régénérateur est complet et le gradient de température est détruit, qui conduit à une
déperdition de la puissance thermique et le système ne fonctionne pas correctement.
Dans tous les cas étudiés les courbes de puissance s’arrêtent à des
différences de températures différentes entre eux, ce qui corresponde à des
différences maximales de températures qui peuvent être obtenues avec la
configuration respective.
6.2.3 Le coefficient de performance du système
Le COP appliqué au cas d’un système d’AMRR est défini comme dans
l’équation 86 : [44]

(
(86)

La quantité de chaleur rejetée par le système est obtenue par l’équation


suivante :
(
̇ ∫ ̇ ( ( ))
(87)
L’énergie totale requise par le système en fonctionnement au cours d’un cycle
AMRR se compose du travail magnétique Wmag, nécessaire au matériau
magnétocalorique d’entrer et de sortir du champ magnétique et du travail mécanique
Wmec, nécessaire aux déplacements alternatifs du fluide caloporteur. Le travail total
est donné par la somme de ces deux composantes:

128
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

(88)
Sans prendre en compte les éventuelles déperditions qui ont un impact négatif
sur les puissances thermiques froide et chaude, la première loi de la
thermodynamique nous permet de calculer le travail magnétique comme suit :
(
(89)
Le travail mécanique W mec est exprimé par l’équation suivante, en utilisant une
efficacité de pompe η=0,8 :
̇ (
(90)

La Figure 78 montre le coefficient de performance en fonction de la différence


de température entre les échangeurs. Les meilleures performances sont obtenues
quand le système fonctionne avec un rapport de volume du fluide déplacé de 0,60
qui correspond à une fréquence de mouvement de 0,50 Hz.

Figure 78: Le coefficient de performance en fonction de la différence de température


pour plusieurs valeurs de V*, pour une seule lame de gadolinium
Le COP diminue avec l’abaissement du rapport de volume du fluide déplacé
pour tout sauf un des cas étudiés. Le coefficient de performance pour la valeur de V*
de 1,00 est le plus faible à cause de la fréquence de 0,30 Hz qui est trop faible et
non corrélée avec la vitesse du fluide, qui conduit à la diminution du gradient
thermique, comme on le voit aussi dans la Figure 77.

129
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

6.3 Analyse de sensibilité des paramètres


Dans le cadre d’analyse de sensibilité, nous avons étudié l’influence des
paramètres thermo physiques, constructifs et de fonctionnement d’un système de
réfrigération magnétique, qui sont décrit dans le tableau suivant.

Tableau 16: Les paramètres variés dans le cadre d'analyse de sensibilité


Analyse de sensibilité des paramètres
Paramètres thermo physiques Matériaux magnétocaloriques
(Différents matériaux) Conductivité thermique
Epaisseur des plaques de solide
Hauteur des microcanaux
Paramètres constructifs
Longueur du régénérateur
Intensité de champ magnétique
Fréquence du cycle
Paramètres de fonctionnement Vitesse d’écoulement et le rapport
de volume de fluide déplacé

6.3.1 L’influence des paramètres thermophysiques


Comme nous avons précédemment vu au Paragraphe 2.6, les matériaux
magnétocaloriques sont les éléments actifs d’un système de réfrigération
magnétique, éléments qui font à la fois la production de la chaleur ou le stockage de
la chaleur, en fonction de chaque étape du cycle AMRR. L’intérêt porté sur ces
matériaux reste sur la variation de la température ΔT ad et d’entropie ΔS qui doivent
être aussi grand que possible pour des valeurs bases de l’intensité de champ
magnétique, mais aussi sur d’autres aspects comme une température de Curie
proche de la température d’utilisation, une plage large de variation d’entropie et de
température, des valeurs très faibles ou nulles de hystérésis thermique et
magnétique, une conductivité thermique adaptée pour assurer un gradient thermique
au sein du régénérateur et une résistivité électrique élevée pour limiter les courants
de Foucault. A part de ces aspects qualitative des matériaux, dans la conception
d’un système de réfrigération magnétique, il existe aussi d’autres aspects d’ont on
doit tenir compte comme les caractéristiques de fabrication et fonctionnement
(malléabilité, ductilité, résistance à la corrosion, non-toxicité, durabilité mécanique,
etc.) et les caractéristiques technico-économiques (coût de fabrication bas,
abondance et disponibilité, etc.).
La plupart des prototypes de réfrigération magnétique d’aujourd’hui utilisent
comme matériau magnétocalorique des terres rares, comme gadolinium et ses
alliages. A cause de sa disponibilité limitée et de son comportement corrosif dans les
milieux aquatiques, la recherche s’oriente aujourd’hui vers les matériaux avec des
propriétés thermiques élevées mais aussi qui doivent être disponibles, abondants,
facilement recyclables et leur extraction ainsi que leur production devront se faire
avec des couts environnementaux et énergétiques réduits.
Vu ces aspects, nous analysons dans notre étude les propriétés
magnétocaloriques d’un nouveau matériau magnétocalorique, l’oxyde de
praséodyme–manganèse, Pr1-xSrxMnO3.

130
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

La différence finale de température et l’efficacité du système pour


gadolinium et l’oxyde de praséodyme–manganèse en fonction de la fréquence
Afin de quantifier l’efficacité des matériaux magnétocaloriques par rapport à
l’efficacité du système nous avons introduit un nouveau terme adimensionnel,
l’efficacité, [ϕ] qui représente le rapport entre la différence finale de température du
système et la variation adiabatique de la température de matériaux
magnétocalorique utilisé dans le même système de réfrigération magnétique, comme
dans l’équation 91 .
(91)

La Figure 79 montre l’influence de la fréquence du cycle sur la différence


finale de température du système pour gadolinium et pour l’oxyde de praséodyme-
manganèse a) et l’influence de la fréquence du cycle sur l’efficacité du système pour
les mêmes matériaux b).

a) b)
Figure 79: La différence finale de température du système en fonction de la
fréquence du cycle pour gadolinium et l’oxyde de praséodyme – manganèse a) et
l’efficacité du système en fonction de la fréquence du cycle pour gadolinium et
l’oxyde de praséodyme – manganèse b)
Dans l’analyse de la différence de température a), nous pouvons observer
l’évolution proportionnelle de la différence de température qui augmente avec la
croissance de la fréquence du cycle jusqu'à la valeur de 1,5 Hz, pour les deux
matériaux. Au-delà de cette valeur, pour la fréquence de 2Hz, la différence obtenue
est plus petite. La valeur la plus grande de différence de température, de 19,83°C est
obtenue avec gadolinium, a la fréquence du cycle de 1,5 Hz. Pour l’oxyde de
praséodyme – manganèse la valeur maximale est obtenue avec la même fréquence
du cycle et est de 7,4 °C.
Dans l’analyse de l’efficacité, les différences entre gadolinium et l’oxyde de
praséodyme - manganèse sont réduite pour la fréquence de 1,5 Hz avec des valeurs
de 6,54 pour gadolinium et de 6,16 pour l’oxyde de praséodyme manganèse.

131
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

La différence finale de température et l’efficacité du système pour


gadolinium et l’oxyde de praséodyme–manganèse en fonction du rapport de
volume de fluide déplacée
La Figure 80 montre l’influence du rapport de volume de fluide déplacé sur la
différence finale de température du système pour gadolinium et pour l’oxyde de
praséodyme -manganèse a) et l’influence du rapport de volume du fluide déplacé sur
l’efficacité du système pour les mêmes matériaux b).

a) b)
Figure 80: La différence finale de température du système en fonction du rapport de
volume du fluide déplacé pour gadolinium et l’oxyde de praséodyme – manganèse
a) et l’efficacité du système en fonction du rapport de volume de fluide déplacé pour
gadolinium et l’oxyde de praséodyme – manganèse b)
Dans l’analyse de la différence de température a), les meilleures
performances sont obtenues à la valeur du rapport de volume de fluide déplacé de
0,2 et sont de 19,83 °C pour gadolinium et de 7,4 °C pour l’oxyde de praséodyme-
manganèse. Les courbes des valeurs descendent au-delà de la valeur de 0,2 pour
les deux matériaux, jusqu'à les valeurs minimales de 14,35 °C pour gadolinium et de
7,81 °C pour l’oxyde de praséodyme-manganèse, obtenues avec le rapport de
volume du fluide déplacée de 1,0.
En termes de l’efficacité b), les meilleures performances sont obtenues pour la
valeur du rapport de volume du fluide déplacé de 0,2 pour les deux matériaux et sont
de 6,54 pour le gadolinium et de 6,16 pour l’oxyde de praséodyme-manganèse. Au-
delà de ces valeurs, les courbes descendent pour les deux matériaux, jusqu'aux
valeurs minimales de 4,73 pour le gadolinium et de 3,17 pour l’oxyde de
praséodyme- manganèse, obtenues pour la valeur du rapport de volume du fluide
déplacé de 1,0. Aussi ici nous pouvons voir que pour une valeur du rapport de
volume du fluide déplacé de 0,2 les différences des valeurs entre les deux matériaux
sont mineures et au-delà de cette valeur, les différences augmentent.
Cette conclusion est aussi validée par les tests effectués sur différents
prototypes et décrits dans la littérature. L’efficacité de ce type de systèmes est
maximale pour des valeurs minimales et bien définis de rapport de volume du fluide
transféré entre les deux échangeurs.

132
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

L’influence de la conductivité thermique du gadolinium sur la différence


finale de température du système
La Figure 81 montre l’influence de la valeur de conductivité thermique sur la
différence finale de température du système en fonction de la fréquence du cycle
pour deux sets des valeurs de la conductivité thermique du gadolinium : la valeur
théorique de la conductivité et les valeurs obtenues expérimentalement.

Figure 81: La différence finale de température du système en fonction de la


fréquence du cycle pour plusieurs valeurs de la conductivité thermique du gadolinium
La valeur théorique de la conductivité thermique du gadolinium, utilisée dans
la première courbe des valeurs est de 10,6 W/m·K et est utilisée dans la plupart des
modèles numériques existantes dans la littérature. La deuxième courbe des valeurs
est obtenue avec des valeurs mesurées de la conductivité thermique qui varie de
4,37 W/m·K à 6,85 W/m·K en fonction de la température.
Nous pouvons observer que, pour toutes les valeurs de la fréquence du
mouvement, il existe un écart entre les deux cas qui varie de 0,62 °C pour la
fréquence de 0,5 Hz jusqu’à 0,79°C pour la fréquence de 1,5 Hz. Cet écart
représente approximativement 5% de la différence totale de température du
système.

133
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

6.3.2 L’influence des paramètres constructifs du système


Le dimensionnement d’un régénérateur pour la réfrigération magnétique doit
être réalisé soigneusement pour obtenir à la fois des valeurs élevées du coefficient
transfert thermique entre le solide et le fluide caloporteur mais aussi de limiter les
consommations de matériaux et de miniaturiser le régénérateur pour obtenir une
puissance volumique maximale. En même temps, pour obtenir des valeurs élevées
du coefficient de performance, les dimensions des microcanaux du system jouent un
rôle très important dans le calcul des pertes des charges.
Dans le fonctionnement d’un régénérateur, plusieurs paramètres constructifs
doivent être analysés afin d’observer leur contribution sur la différence finale de
température. Ensuite, nous allons analyser l’impact des paramètres géométriques
comme l’épaisseur des plaques du matériau magnétocalorique, la hauteur des
microcanaux du fluide caloporteur et la longueur des plaques solides du
régénérateur et de paramètres non-géométriques comme l’intensité du champ
magnétique appliqué.

L’influence d’épaisseur des plaques du matériau magnétocalorique


La variation d’épaisseur des lames de matériau magnétocalorique porte une
influence sur la quantité de chaleur rendue disponible par le matériau pour chaque
microcanal, par l’intermédiaire de la conduction thermique perpendiculaire au plan
des lames de solide. Les matériaux magnétocaloriques étudiés, avec une valeur du
coefficient de la conductivité thermique beaucoup plus basse que la valeur de
coefficient d’autres matériaux conducteurs de la chaleur (cuivre, aluminium, etc.)
donnent une inertie thermique dans le régénérateur, inertie qui est directement
proportionnelle avec l’épaisseur des lames. Cette inertie thermique donne un effet de
décalage thermique entre le moment où le champ magnétique est maximal et le
moment où le transfert thermique a l’interface solide-fluide commence. A cause de
ce décalage, l’effet d’inertie thermique doit être pris en compte dans l’imposition de
paramètres constructifs du système et aussi dans le choix des paramètres de
fonctionnement du système.
La Figure 82 montre les courbes de différence de température obtenues pour
plusieurs valeurs du rapport de volume du fluide déplacé, en fonction de l’épaisseur
des plaques de solide. Nous pouvons observer une évolution linéaire de la
température finale du system, qui diminue lorsque l’épaisseur des lames de solide
augmente, pour toutes les trois valeurs du rapport de volume du fluide déplacé. Les
meilleures performances sont obtenues avec la valeur de l’épaisseur des plaques de
solide de 0,5 mm, avec une température maximale de 19,85 °C pour la fréquence de
1,5 Hz.

134
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

Figure 82: La différence finale de température du système en fonction de l'épaisseur


des plaques de solide pour plusieurs valeurs du rapport de volume du fluide déplacé
Pour des valeurs basses de l’épaisseur des plaques, la fréquence du cycle a
un impact plus grand sur la différence de température du système, qui donne des
valeurs différentes de la température en fonction de la fréquence. A des valeurs
élevées de l’épaisseur, l’impact de la fréquence du cycle sur la température finale du
système est réduit jusqu'à la valeur de l’épaisseur maximale étudiée, de 1,5 mm où
les différences de température pour plusieurs fréquences du cycle sont presque
inexistantes.

L’influence de la hauteur des microcanaux du fluide caloporteur


La variation de la hauteur des microcanaux du fluide conditionne le flux de
transfert thermique par convection forcée et le transport de chaleur par fluide. La
convection thermique au sein de l’AMR donne un impact positif sur la réactivité
thermique du régénérateur, contrairement à l’inertie thermique des plaques de
solide. La Figure 83 montre l’influence de la variation de la hauteur des microcanaux
du fluide sur la différence finale de température entre les échangeurs du système
pour plusieurs valeurs d'épaisseurs des plaques de solide magnétocalorique.

135
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

Figure 83: La différence finale de température du système en fonction de la hauteur


des microcanaux pour plusieurs valeurs d'épaisseurs des plaques de solide
Nous pouvons observer comme la maximisation de la hauteur des
microcanaux de fluide conduit à une diminution de la différence finale de température
entre les deux échangeurs, pour tous les trois cas étudiés. La valeur maximale de la
température, de 15,76 °C est obtenue avec la hauteur des microcanaux la plus
basse, de 0,2 mm et pour une épaisseur de plaque de solide de 0,5 mm. En-dessus,
la différence de température finale obtenue entre les échangeurs du système varie
de façon linéaire avec l’augmentation de la hauteur des microcanaux jusqu'à une
valeur minimale, de 5,06 °C, obtenue pour une hauteur de microcanaux de 0,6 mm
et une épaisseur des plaques de 1,00 mm.
Nous constatons que le transport de chaleur par le fluide vers les échangeurs
peut être mis en rapport avec la quantité de chaleur rendue disponible par l’effet
magnétocalorique dans le volume de matériau. Le comportement de l’AMR est ainsi
dépendant de manière fondamentale des interactions entre la hauteur des
microcanaux de fluide et l’épaisseur de lames de solide. En effet, l’effet de la
miniaturisation du régénérateur permet de maximiser l’écart de température, dans les
mêmes valeurs des paramètres de fonctionnement. Cette miniaturisation de l’AMR
peut s’effectuer sans modifier la valeur de la porosité du régénérateur, en gardant le
même rapport entre la masse du solide et la masse du fluide à l’intérieur du
régénérateur.
Il existe un équilibre entre la quantité de chaleur rendue disponible par l’EMC
dans le matériau et la quantité de fluide qui circule dans chaque canal au cours d’un
demi-cycle AMR, qui en réalité dépend aussi des paramètres de fonctionnement du
système comme la fréquence du cycle et la vitesse d’écoulement du fluide, à cause
de l’inertie thermique des matériaux magnétocaloriques qui limite la réactivité du
système.
A part de l’analyse de groupement de paramètres permettant d’obtenir des
meilleures performances, dans l’étude effectuée sur l’impact de la hauteur des
microcanaux et de l’épaisseur des lames de matériaux magnétocaloriques sur la
différence de température obtenue nous avons pris en compte aussi les limites
imposées par les contraignes de fabrication des microcanaux et plaques de solide en
terme de finesse. Les matériaux magnétocaloriques étudiés ont des faibles valeurs

136
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

de résistance mécanique et ils sont aussi très sensibles à la corrosion et alors il est
difficile de produire des lames de matériaux magnétocaloriques qui soient à la fois
très fines et qui aient une bonne tenue dans le temps malgré les contraintes
mécaniques appliquées de façon répétée par les mouvements du fluide. A nos
connaissances, l’épaisseur minimale des lames de solide actuellement envisageable
est de l’ordre de 0,5 mm et la hauteur minimale de microcanal qui peut résister aux
effets de corrosion et les éventuels dépôts est de 0,2 mm. A cause de ces limitations,
dans nos analyses précédentes, nous avons utilisé ces valeurs comme valeurs
minimales.
Comme nous avons déjà vu que la miniaturisation de régénérateurs conduit à
des meilleures valeurs en terme d’écart final de température entre les échangeurs du
système, la fabrication des régénérateurs ayant des finesses accrues est donc un
enjeu pour améliorer sensiblement les performances des systèmes de réfrigération
magnétique à température ambiante.

L’influence de la longueur des plaques solides du régénérateur


La longueur de l’AMR est l’un des paramètres géométriques qui ont une
influence significative sur la différence finale de température parce que sa variation
conduit à une influence directe sur la surface de l’interface solide-fluide.
La Figure 84 montre l’influence de la variation de la longueur du régénérateur
sur la différence finale de température entre les échangeurs du système pour
plusieurs valeurs de la fréquence du cycle.

Figure 84: La différence finale de température du système en fonction de la longueur


du régénérateur pour plusieurs valeurs de la fréquence du cycle
Nous pouvons observer que l’allongement du régénérateur conduit à une
augmentation de l’écart de température du système, dans tous les trois cas étudiés.
Les meilleures performances, de 34,04 °C sont obtenues avec la plus grande
valeur de la longueur et avec la fréquence le plus élevé, de 1,5 Hz. A des valeurs
basses de la longueur du régénérateur, la variation de la fréquence du cycle ne
conduit pas à une différence importante de la température finale. A partir de la
longueur de 80 mm, la variation de la fréquence a une influence plus significative.

137
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

L’augmentation de l’écart de température n’est pas proportionnelle à la


longueur. A partir de la valeur de longueur de 30 mm jusqu'à la longueur de 100 mm
la croissance de la différence de température d’une longueur à l’autre est importante.
Au-delà de la valeur de 100 mm, les valeurs de la différence de température ne
croissent d’une manière très importante. Du fait de l’augmentation de la plage de
température couverte par le gradient thermique au long du régénérateur, le matériau
magnétocalorique travaille à des températures de plus en plus éloignées de la
température de Curie du matériau. Cela est responsable d’une baisse des
performances des sections de l’AMR situées loin de son centre, pour un écart de
température centrée sur la température de Curie.

L’influence de l’intensité du champ magnétique

Dans le chapitre 3.1 nous avons étudié plusieurs modèles numériques


existantes dans la littérature, chacun avec sa configuration, ses paramètres et son
efficacité énergétique. Les modèles présentés montrent que l’effet magnétocalorique
est quasi proportionnel à l’intensité de champ magnétique appliqué. L’écart maximal
de température du système est une caractéristique qui dépend de plusieurs
paramètres dans le fonctionnement d’un AMR et ses valeurs ne suivent forcement
une variation linéaire avec la variation d’intensité de champ magnétique.
La Figure 85 présente des résultats d’écarts de température atteints en régime
adiabatique en fonction de la variation de champ magnétique applique à l’AMR pour
plusieurs rapports de volume du fluide déplacé.

Figure 85: La différence finale de température du système en fonction d'intensité de


champ magnétique appliqué H pour plusieurs valeurs de V*
Nous avons étudié la différence maximale de température pour 4 valeurs
d’intensité de champ magnétique de 0,8 T, 1,1 T, 1,5 T et 2,0 T et pour trois
configurations de système avec un rapport de volume du fluide déplacé de 0,20, 0,30
et 0,60 correspondant à des fréquences de cycle de 1,5 Hz, 1,0 Hz et 0,5 Hz.
On constate tout d’abord que l’évolution de l’écart de température entre les
premières deux valeurs est linéaire pour tous les rapports de fluide étudiés. A partir

138
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

de la valeur de 1,5 T, les profils s’éloignées et la fréquence a une influence plus


importante. La plus grande valeur, de 33,99 °C est obtenue avec l’intensité maximale
étudiée de 2T et la valeur du rapport de volume du fluide déplacé de 0,20. Les
valeurs les plus faibles sont obtenues avec la valeur de champ magnétique de 0,8 T.
Les différences de température entre les systèmes qui fonctionnent avec la même
valeur de champ magnétique mais avec des valeurs différentes de fréquence sont
faibles pour des valeurs de champ magnétique basses. Au-delà de la valeur de 1,5
T, parce que le système commence à fonctionner à des températures éloignées de
la température de Curie du matériau magnétocalorique, la fréquence commence à
avoir une influence plus importante par le temps de transfert de la chaleur.
Nous constatons ainsi que l’intensité de champ magnétique est un paramètre
primordial dans les systèmes de réfrigération magnétique, plus important que les
autres paramètres géométriques, avec des impacts essentiels sur leurs
performances finales. Cependant, des grandes valeurs de l’intensité de champ
magnétique sont presque impossibles à être obtenues avec des aimants
permanents à cause de leur indisponibilité et par conséquence la quasi-totalité de
systèmes de réfrigération magnétique utilisent de valeurs de champ magnétique
autour de 1,0 T.

6.3.3 L’influence des paramètres de fonctionnement du système


Les paramètres de fonctionnement d’un système de réfrigération magnétique,
aussi appelées les paramètres de pilotage du système ont une influence significative
sur ses performances en termes de la différence finale de température entre les
échangeurs, de la puissance thermique ou du COP. Les valeurs de la vitesse
d’écoulement du fluide, la fréquence de mouvement ou le rapport de volume du
fluide déplacé doivent être corrélées entre elles et aussi avec les valeurs
géométriques pour un bon fonctionnement du système.

L’influence de la fréquence sous la différence de température


La fréquence de mouvement du champ magnétique est l’un de paramètres de
fonctionnement du système les plus importants. Elle a une influence directe sous le
temps de contact entre le solide et le fluide, temps qui définit la durée de transfert
thermique, et aussi sur le rapport de volume du fluide déplacé.
La Figure 86 nous montre l’évolution temporelle de la différence de
température entre les échangeurs d’un système de réfrigération magnétique pour
plusieurs fréquences, en absence de charge thermique, pour trois valeurs de la
vitesse d’écoulement du fluide. Les simulations ont été faites sur une durée de 200
secondes, le temps nécessaire pour que le régénérateur entre dans le régime
permanent.

139
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

Figure 86: La différence finale de température du système en fonction de la


fréquence du cycle pour plusieurs vitesses d’écoulement du fluide
La plus grande différence de température, de 19,83 °C est obtenue pour une
vitesse d’écoulement de fluide de 0,05 m/s, lorsque le système fonctionne à une
fréquence de 1,5 Hz. La différence de température la plus faible, de 13,49 °C est
obtenue avec une vitesse d’écoulement de 0,02 m/s avec une fréquence de 2,0 Hz.
Pour les valeurs de la vitesse d’écoulement du fluide de 0,05 m/s et de 0,03
m/s, les lignes de différences de la température augmentent légèrement, jusqu'à la
valeur de la fréquence de 1,5 Hz. Cela signifie que la vitesse d’écoulement est en
bonne corrélation avec la géométrie du système et aussi avec la fréquence du cycle
et que le système fonctionne correctement. Au-dessus de la fréquence de 1,5 Hz, les
valeurs de la différence de température diminuent. Ceci est dû au fait que le système
fonctionne trop rapidement et le fluide ne peut pas extraire correctement toute la
quantité de chaleur à partir du solide.
L’augmentation de la différence de température avec l'augmentation de la
fréquence se produit parce que, une fois avec l'augmentation de la fréquence, la
durée du cycle diminue et en même temps, la distance parcourue par le fluide à
l'intérieur du régénérateur devient plus courte. Par conséquent, il est créé un gradient
thermique plus important à l'intérieur du régénérateur qui conduit à une augmentation
de la différence de température entre les extrémités du régénérateur et également
entre les échangeurs de chaleur du régénérateur.
Dans le cas où la vitesse d’écoulement de fluide est de 0,02 m/s la différence
finale de température diminue avec l’accroissement de la fréquence du cycle. Ce
comportement peut s’expliquer par le fait qu’à des basses vitesses d’écoulement, le
fluide a besoin d’un temps de transfert thermique plus élevé pour pouvoir extraire la
chaleur du matériau, temps qui diminue avec la croissance de la valeur de fréquence
du cycle.

140
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

L’influence de la vitesse d’écoulement et du rapport de volume du fluide


déplacé sous la différence de température
La vitesse d’écoulement est aussi un paramètre de pilotage très important
dans le fonctionnement d’un régénérateur magnétique actif. Ce paramètre nous
donne des valeurs du rapport de volume du fluide déplacé à l’intérieur du
régénérateur qui a une importance essentielle sur le gradient thermique et sur la
différence finale de température. La Figure 87 montre la courbe d’évolution des
températures finales du système en fonction de la vitesse d’écoulement du fluide
pour plusieurs valeurs de la fréquence du cycle.

Figure 87: La différence finale de température du système en fonction de la vitesse


d’écoulement du fluide pour plusieurs valeurs de la fréquence du cycle
La plus grande valeur de différence finale de température entre les
échangeurs de 19,83 °C est obtenue quand le système fonctionne avec une
fréquence de cycle de 1,5 Hz et une vitesse d’écoulement du fluide de 0,05 m/s. A la
valeur de la vitesse d’écoulement la plus basse, de 0,02 m/s la différence maximale
de température est obtenue avec la plus basse fréquence étudiée, de 0,5 Hz.
Ensuite, pour la valeur de la vitesse d’écoulement la plus élevée, de 0,08 m/s, la
différence maximale est obtenue avec la valeur maximale de la fréquence, de 1,5 Hz.
Pour les valeurs de la fréquence de 1,5 Hz et de 1,0 Hz les meilleures
performances sont obtenues avec la valeur de la vitesse d’écoulement de 0,05 m/s.
Au-dessus de cette valeur pour la vitesse de 0,08 m/s, à cause de la durée courte de
transfert thermique les différences de la température obtenues diminuent.
La courbe des valeurs pour la fréquence de 0,5 Hz ne suivre pas la même
allure à cause de la valeur élevée de la période du mouvement. Au début de la
courbe des valeurs, la vitesse de 0,03 m/s donne la différence de température la plus
basse, de 14,42 °C. Cette évolution non-linéaire pour la valeur de la fréquence de
0,5 Hz montre que la valeur de la différence finale de la température entre les
échangeurs est une fonction complexe qui ne dépend pas uniquement sur les
paramètres de fonctionnement du système mais aussi de la corrélation avec les
paramètres géométriques comme la hauteur de microcanaux et l’épaisseur de
plaques de matériau magnétocalorique.

141
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

6.4 Conclusions
Ce chapitre présente une analyse des résultats obtenus avec le modèle
numérique. Dans le début de ce chapitre nous avons fait une analyse quantitative du
système où nous avons étudié les températures caractéristiques du système, les
caractéristiques d’écoulent et les pertes de charge du régénérateur.
L’analyse des températures caractéristiques montre que le modèle construit
est dynamique et que son comportement thermique respecte toutes les phases du
cycle magnétothermique AMRR. Le profil 2D des températures montre aussi le
fonctionnement du modèle et la modalité de transfert de la chaleur du matériau
magnétocalorique vers les échangeurs de chaleur par le fluide caloporteur, dans un
mouvement alternatif du fluide au sein du régénérateur.
Dans notre modèle multi-physiques, la fluidique a été aussi analysée. Nous
avons constaté que l’écoulement reste toujours laminaire à cause des dimensions
très petites des microcanaux, avec des valeurs bases de numéro de Reynolds. Nous
avons aussi fait une analyse des pertes de charges pour plusieurs paramètres
comme des paramètres constructifs du système (hauteur des microcanaux) et des
paramètres de fonctionnement (vitesse d’écoulement du fluide) en fonction de la
longueur du régénérateur.
Dans la partie d’analyse qualitative de la performance du système nous avons
étudié le coefficient de convection thermique, la puissance frigorifique et le coefficient
de performance en fonction de la température pour plusieurs valeurs du rapport de
volume du fluide. Nous avons observé que la miniaturisation des canaux et
l’augmentation de la vitesse d’écoulement conduisent à une augmentation de la
valeur du coefficient de convection. Dans l’étude de la puissance frigorifique et le
COP nous avons vu l’importance de la synchronisation entre les valeurs de la vitesse
d’écoulement et de fréquence du cycle.
Ensuite nous avons passé dans une analyse de sensibilité des paramètres du
modèle numérique. Nous avons analysé d’abord l’influence des paramètres
thermophysiques comme la nature des matériaux magnétocaloriques et la
conductivité thermique. Nous avons conclu que même si les résultats obtenus avec
l’oxyde de praséodyme manganèse sont inférieurs à ceux obtenus avec le
gadolinium, l’oxyde de praséodyme manganèse est nouveaux matériaux avec des
possibilités pour des plus grandes futures performances.
Dans le cadre d’analyse d’influence des paramètres constructifs du système,
nous avons analysé l’impact de la variation d’épaisseur des plaques de solide, de la
hauteur des microcanaux, de la longueur du régénérateur et de l’intensité de champ
magnétique. Nous avons constaté que la miniaturisation des plaques de solide et
des microcanaux conduit à des meilleures performances en termes de la différence
finale de température du système. En termes de la variation de la longueur du
régénérateur nous avons vu que l’allongement du régénérateur conduit à une
augmentation de la différence finale de température du système. Cependant, pour
des valeurs supérieures a 100 mm, dans notre cas, l’augmentation est très faible et
ne justifie pas les pertes de charge du régénérateur. Du point de vue de l’intensité du

142
Chapitre 6. Exploitation du modèle du système magnéto thermique

champ magnétique nous avons observé que l’augmentation de l’intensité du champ


implique une majoration directe et importante de la différence finale de température
du système. Toutefois, les systèmes magnéto thermiques actuels fonctionnent avec
des aimants permanents qui peuvent produire des valeurs des intensités
magnétiques autour de 1-1,2 Tesla.
L’analyse d’influence des paramètres de fonctionnement du système a montré
l’importance d’une bonne corrélation entre les valeurs de la fréquence du cycle et la
vitesse d’écoulement du fluide. La fréquence du cycle entraine une période de temps
quand le fluide reste en contact avec le solide pendant chaque phase du cycle. De
même, la vitesse d’écoulement entraine un rapport de volume de fluide déplacé qui
doit être adapté et synchronisé avec la période de temps du chaque étape du cycle
afin que le fluide puisse extraire la chaleur du solide mais sans qu’il conduise à la
destruction de gradient thermique du solide. D’ailleurs, les valeurs des paramètres
de fonctionnement d’un système de réfrigération magnétique doivent être surtout
synchronisées aux valeurs des paramètres géométriques du système comme la
hauteur des microcanaux, l’épaisseur des plaques du solide et la longueur du
régénérateur.

143
Conclusions générales et perspectives

Conclusions générales et perspectives


Conclusions générales
Ce travail de thèse a pour but la conception d’un modèle numérique multi-
physique et multi-échelle destiné à simuler le comportement d’un système de
réfrigération magnétique à température ambiante utilisant le cycle de réfrigération par
régénération magnétique active (AMRR).
La configuration de la matrice du modèle est celle avec des plaques parallèles
du matériau qui offre les meilleures performances en termes de transferts thermiques
et des pertes de charge, comparé aux autres types des matrices comme celle à
poudres ou à billes de matériaux magnétocaloriques. Par rapport aux modèles
existants dans la littérature, le modèle développé dans le cadre de cette thèse
possède des améliorations comme l’implémentation de l’effet magnétocalorique
comme terme source dans l’équation de la chaleur du solide, avec des données
mesurées expérimentalement, la modélisation 2D multi-physique et multi-échelle,
l’intégration des données mesurées de la conductivité thermique des matériaux
magnétocaloriques, mesurées expérimentalement, l’utilisation de deux matériaux
magnétocaloriques dans les simulations (matériau référence - gadolinium et un
alliage magnétocalorique nouveau - l’oxyde de praséodyme-manganèse).
Le modèle a été validé par une comparaison avec des données
expérimentales fournies par un de nos partenaires et les résultats obtenus ont
montré une bonne corrélation entre les résultats du modèle et les mesures.
Une étude expérimentale a été menée afin de déterminer les propriétés
thermophysiques des matériaux magnétocaloriques et d’intégrer les résultats de ces
mesures dans le modèle numérique. La conductivité thermique des deux matériaux
magnétocaloriques (gadolinium et l’oxyde de praséodyme-manganèse) a été ainsi
obtenue.
Les améliorations apportées dans le modèle numérique et la validation du
fonctionnement du modèle par l’étude de comparaison avec les résultats
expérimentaux d’un prototype nous ont permis de reproduire de façon relativement
fidèle le comportement d’un dispositif AMR expérimental. Le modèle a été utilisé
pour réaliser une étude du comportement d’un système en fonction des paramètres
géométriques, magnétiques, de fonctionnement ou thermophysiques. Les
paramètres magnétiques jouent un rôle très important dans les résultats finaux,
ayant une forte influence sur la différence finale de la température du système.
Cependant, la technologie actuelle limite les aimants permanents dans des valeurs
de l’intensité magnétique autour de 1,2 Tesla. L’analyse du comportement du
système a toutefois mis en évidence la nécessité de mettre en rapport les
caractéristiques géométriques d’un AMR avec les paramètres de fonctionnement
pour avoir des écarts de températures adaptés à chaque application. Aussi, la
miniaturisation des matrices des matériaux est un critère essentiel qui permet de
maximiser l’extraction de la chaleur avec un encombrement réduit. Les
développements de systèmes expérimentaux montrent que la finesse est
actuellement limitée par les possibilités de mise en forme des matériaux et les
contraintes mécaniques exercées par le mouvement alternatif du fluide. Dans l’étude

144
Conclusions générales et perspectives

de variation des paramètres thermophysiques l’utilisation d’oxyde de praséodyme -


manganèse comme matériau magnétocalorique donne des valeurs de la différence
de températures comparables avec les résultats du gadolinium. L’avantage principal
de ce matériau reste toujours sa simplicité de mettre en œuvre et son prix bas grâce
à la disponibilité des composants et à la non utilisation des terres rares.
Cette analyse de fonctionnement du modèle et de sensibilité des paramètres
nous aide à améliorer la compréhension, à mettre en évidence les paramètres
influents et à étudier les interactions entre les paramètres et leurs impacts sur la
performance totale du système. Elle permet de tracer des cartes paramétriques de
comportement pour aider à la conception de futurs systèmes de réfrigération
magnétique à la température ambiante d’une meilleure performance et avec un cout
moins élevé.

145
Conclusions générales et perspectives

Perspectives
Le secteur du froid, y compris celui de la climatisation et du rafraîchissement
d'air est confronté aujourd'hui à plusieurs défis majeurs. Nous avons d'ores et déjà
mentionné le besoin immédiat et croissant de l'utilisation du froid dans des domaines
très divers comme la sécurité alimentaire, la santé, le transport, ainsi que pour le
développement des technologies de l'information et la microélectronique, pour ne
citer que celles-ci. A moyen et long terme la nécessité de diminuer les émissions de
gaz à effet de serre avec un impact négatif sur le réchauffement climatique est
maintenait une évidence pour la communauté scientifique nationale et
internationale.
Le froid magnétique fait partie de ces technologies de rupture qui en
changeant de paradigme pourront apporter une réponse positive à ces défis.
Plusieurs laboratoires et centres de recherche à travers le monde se
concentrent aujourd'hui sur les trois grands axes de recherche qui sont: la réalisation
des champs magnétiques intenses à l'aide des aimants permanents, la mise au point
des nouveaux matériaux magnétocaloriques et l'utilisation des fluides caloporteurs
adaptés à cette technologie.
Concernant la source de champ magnétique qui est aujourd'hui réalisée avec
des aimants permanents de type NdFeB, elle pourra être améliorée d'une part par la
découverte des nouveaux aimants plus puissants pour arriver à des intensités de
champ au-delà de 2 Teslas, ou par la conception des configurations géométriques
plus élaborés et plus compactes pour réaliser au point central de ces configuration
des intensités augmentées de champ magnétique. Des simulations numériques 3D
seront nécessaires pour pouvoir prendre en compte la totalité des aspects liés au
champ magnétique: ΔH maximal, champ magnétisant, champ demagnétisant,
hystérésis magnétique, courants induits et leurs effets sur les matériaux soumis à
ces champs.
Concernant les matériaux magnétocaloriques, une proposition de recherche
peut être portée sur une étude approfondie des matériaux magnétocaloriques. On
estime qu'à ce niveau le progrès de la recherche fondamentale sera le plus
important, car il y a un vrais essor dans cette direction. Il s'agit d'une part de la mise
au point des nouveaux alliages avec une température de Curie autour de la
température ambiante pour un large domaine de variation entre la source chaude et
la source froide. Une analyse de sensibilité des paramètres, adaptée aux matériaux
magnétocalorique peut être utile lorsque l’étude prend en compte une utilisation de
plusieurs matériaux magnétocaloriques différentes. Cette analyse peut s’étendre
aussi sur des matrices des plusieurs matériaux magnétocaloriques disposés en
fonction de températures de Curie pour maximiser l’écart de température obtenu.
Une autre voie intéressante sera la mise au point des nouvelle configurations
d'agencement de divers matériaux magnétothermiques. Plus précisément le
positionnement en série qui permettra d'obtenir un plus large écart de température et
aussi un positionnement en parallèle pour augmenter la puissance requise par
certaines applications. L'agencement simultané des divers alliages en série et en
parallèle pourra améliorer les performances thermiques de ces systèmes.

146
Conclusions générales et perspectives

Par ailleurs, une base des données des matériaux magnétocaloriques pourra
être constituée et intégrée dans un logiciel de simulation dynamique, en prenant en
compte la variation de paramètres thermophysiques ainsi que le couplage de tous
les phénomènes physiques présents dans ces systèmes.
Concernant les fluides caloporteurs la recherche s’oriente aujourd’hui vers
l’utilisation des ferrofluides et nano fluides avec des caractéristiques intéressantes en
termes de transfert thermique tout en gardant des valeurs acceptables de perte de
charge. L’analyse du l'écoulement des fluides pourra être complétée avec une étude
sur la meilleure corrélation entre le comportement d’un régénérateur magnétique
actif dans l'ensemble de système tout en tenant compte des contraintes mécaniques:
résistances aux forces et couples, amplitude de mouvement.
La thématique multidisciplinaire du sujet nous permet d’espérer une poursuite
des études et une ouverture vers des nombreux domaines de recherche.

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152
Liste des figures

Liste des figures

Figure 1: Les partenaires du projet de recherche MagCool, ..................................... 13


Figure 2: Schéma du fonctionnement d'un dispositif de réfrigération à compression
de vapeur.................................................................................................................. 21
Figure 3: Schéma du fonctionnement d'un dispositif de réfrigération à absorption ... 22
Figure 4: Schéma du fonctionnement d'un dispositif de réfrigération thermoélectrique
................................................................................................................................. 23
Figure 5: Schéma de fonctionnement d'un dispositif de refroidissement à adsorption
................................................................................................................................. 24
Figure 6: Extrait d'un article rédigé par Giauque et MacDougall relatant leurs
expérimentations ...................................................................................................... 26
Figure 7: Nombre de publications parues annuellement contenant le mot ............... 29
Figure 8: Comparaison des performances de différentes technologies de réfrigération
................................................................................................................................. 31
Figure 9: Action du champ magnétique sur l’alignement des spins des électrons d’un
solide magnétique : a) sans champ magnétique et b) soumis au champ magnétique,
................................................................................................................................. 32
Figure 10: Variation de la température et de l’entropie d’un matériau en fonction du
champ magnétique appliqué..................................................................................... 33
Figure 11: La représentation du cycle magnétique de Carnot .................................. 37
Figure 12: La représentation du cycle magnétique d'Ericsson ................................. 38
Figure 13: La représentation du cycle magnétique de Brayton................................. 39
Figure 14: La représentation du cycle magnétique d'AMRR ..................................... 40
Figure 15: Le comportement d'un régénérateur magnétique actif fonctionnant d’après
un cycle d’AMRR ...................................................................................................... 41
Figure 16: La représentation de la transition de phase et la variation de l'entropie en
fonction du type de matériau .................................................................................... 42
Figure 17: Comparaison entre différentes matériaux magnétocaloriques ................ 43
Figure 18: Différentes configurations des géométries de régénérateurs. a) géométrie
constituée de poudres des MMC, b) géométrie à cylindres, c) géométrie à plaques
perforées et d) géométrie à plaques parallèles ......................................................... 44
Figure 19: Simulation numérique des lignes de champ magnétique pour un système
rotatif, figure adaptée de ........................................................................................... 46
Figure 20: La capacité thermique du gadolinium calculée avec le modèle de WDS . 49
Figure 21: L’entropie massique du gadolinium calculée avec le modèle de WDS .... 50

153
Liste des figures

Figure 22: Comparaison entre la capacité thermique du gadolinium déterminée


expérimentalement (CH,p(exp) ) et calculée avec le modèle de WDS (CH,p(WDS) ).. 50
Figure 23: Les résultats du modèle d’Allab et al. et les résultats de la validation
expérimentale de ce modèle..................................................................................... 56
Figure 24: Les résultats du modèle de Risser et al................................................... 56
Figure 25: Les résultats du modèle de Tagliafico et al. ............................................ 57
Figure 26: Les résultats du modèle de Roudaut et al. .............................................. 57
Figure 27: Les résultats du modèle de Tusek et al. .................................................. 58
Figure 28: Les résultats du modèle de Vuarnoz et al. .............................................. 58
Figure 29: Les résultats du modèle de Petersen et al. ............................................. 59
Figure 30: Les résultats du modèle de Nielsen et al. ................................................ 60
Figure 31: Les résultats du modèle d’Oliveira et al. .................................................. 60
Figure 32: Les résultats du modèle de Nielsen et al. ................................................ 61
Figure 33: Les résultats du modèle de Bouchard et al. ............................................ 62
Figure 34: Représentation d'un cycle AMRR mono-étage ........................................ 72
Figure 35: La corrélation magnéto-fluidique du modèle numérique .......................... 73
Figure 36: La géométrie 3D du régénérateur AMR utilisé comme base d’explication
de phénomènes multi-physiques présents dans un système énergétique
magnétothermique .................................................................................................... 75
Figure 37: La géométrie 2D simplifié du modèle numérique..................................... 76
Figure 38: Les conditions aux limites du modèle numérique .................................... 77
Figure 39: Représentation schématique des principaux paramètres d'entrée-sortie du
modèle numérique .................................................................................................... 78
Figure 40: Variation adiabatique de la température (a) et variation de la capacité
thermique (b) du gadolinium pour des différentes valeurs de champ magnétique
appliqué .................................................................................................................... 80
Figure 41: Variation adiabatique de la température (a) et variation de la capacité
thermique (b) du Pr1-xSrxMnO3 pour des différentes valeurs de champ magnétique
appliqué .................................................................................................................... 81
Figure 42: Le champ des vitesses pour l'écoulement du fluide dans le microcanal en
régime laminaire ....................................................................................................... 82
Figure 43: La capacité thermique du MMC utilisé dans la modélisation numérique en
COMSOL .................................................................................................................. 85
Figure 44: La différence adiabatique de la température du MMC utilisé dans la
modélisation numérique en COMSOL ...................................................................... 85
Figure 45: La représentation de la fonction analytique de variation de la vitesse
d’écoulement du fluide en fonction de la période du mouvement ............................. 86

154
Liste des figures

Figure 46: La représentation de la fonction analytique de variation du champ


magnétique en fonction de la fréquence du champ magnétique .............................. 86
Figure 47: La géométrie utilisée en Comsol pour le modèle numérique composée de
quatre éléments qui font partie d’un système de réfrigération magnétique .............. 87
Figure 48: Le maillage du modèle numérique, avec une distribution préférentielle .. 88
Figure 49: Evolution de la température dans les échangeurs pour différentes
conditions initiales (T0=292,75 K et T0=294,15 K) .................................................... 90
Figure 50: Comparaison entre les résultats expérimentaux et les résultats par
simulation numérique ............................................................................................... 92
Figure 51: L'analyseur de conductivité thermique TCi ............................................ 101
Figure 52: La comparaison des méthodes de mesure de la conductivité thermique
............................................................................................................................... 101
Figure 53: Echantillon de gadolinium utilisé pour des mesures de la conductivité et
d’effusivité............................................................................................................... 102
Figure 54: Echantillon de Pr1-xSrxMnO3 utilisé pour des mesures de la conductivité et
d’effusivité............................................................................................................... 102
Figure 55: Enceinte climatique CLIMATS 5413-HA utilisée dans les mesures
effectuées ............................................................................................................... 103
Figure 56: Le profil de la température ambiante dans la chambre climatique ........ 103
Figure 57: Les mesures brutes de la conductivité thermique effectuées sur
l'échantillon de gadolinium ...................................................................................... 104
Figure 58: Les mesures brutes de la conductivité thermique effectuées sur
l'échantillon de PrSrMnO ........................................................................................ 104
Figure 59: L’évolution de la conductivité thermique (a) et de l’effusivité thermique (b)
en fonction de la température, mesuré sur gadolinium ........................................... 105
Figure 60: La conductivité thermique (a) et l’effusivité thermique (b) mesuré sur Pr1-
xSrxMnO3 ................................................................................................................ 106

Figure 61: L’évolution de la capacité thermique du gadolinium en fonction de la


température ............................................................................................................ 108
Figure 62: L’évolution de la capacité thermique de l'oxyde de praséodyme-
manganèse en fonction de la température ............................................................. 108
Figure 63: Comparaison des valeurs de la conductivité thermique du gadolinium
existantes dans la littérature et mesurées à l’INSA. ............................................... 109
Figure 64: L’intérieur de la chambre des mesures d’un diffractomètre au rayon X
Bruker D8 Advance ................................................................................................ 110
Figure 65: Le spectre d'échantillon de gadolinium analysé par le diffractomètre au
rayon X, Bruker D8 Advance ................................................................................. 111

155
Liste des figures

Figure 66: Le microscope électronique à balayage environnemental Philips XL 30


ESEM ..................................................................................................................... 112
Figure 67: Le résultat de l’analyse microscopique du gadolinium........................... 112
Figure 68: L'évolution de la température du régénérateur en fonction de la longueur
du régénérateur pour plusieurs pas de temps ........................................................ 118
Figure 69: L’évolution de la température finale du système en fonction du temps pour
les deux échangeurs .............................................................................................. 119
Figure 70: L’évolution de la température du régénérateur au cours d'un cycle ...... 120
Figure 71: La distribution 2D des températures du système au cours d'un cycle ... 121
Figure 72: La distribution 2D de champ des vitesses pour un microcanal et plusieurs
vitesses d'écoulement du fluide : a) u=0,03 m/s b) u=0,08 m/s c) u=0,12 m/s ... 122
Figure 73: L’évolution des pertes de charge dans un seul microcanal en fonction de
la longueur du régénérateur pour plusieurs valeurs de vitesse d'écoulement du fluide
............................................................................................................................... 123
Figure 74: L’évolution des pertes de charge dans un seul microcanal en fonction de
la longueur du régénérateur pour plusieurs valeurs de la hauteur du microcanal .. 124
Figure 75: L'évolution du coefficient de convection en fonction de la vitesse
d'écoulement du fluide, a) et de la hauteur des microcanaux, b) ........................... 126
Figure 76: L'évolution du coefficient de convection en fonction de la hauteur des
microcanaux pour plusieurs valeurs de la vitesse d'écoulement du fluide .............. 127
Figure 77: La puissance froide en fonction de la différence de température pour
plusieurs valeurs du V*, pour une seule lame de gadolinium ................................. 128
Figure 78: Le coefficient de performance en fonction de la différence de température
pour plusieurs valeurs de V*, pour une seule lame de gadolinium ......................... 129
Figure 79: La différence finale de température du système en fonction de la
fréquence du cycle pour gadolinium et l’oxyde de praséodyme – manganèse a) et
l’efficacité du système en fonction de la fréquence du cycle pour gadolinium et
l’oxyde de praséodyme – manganèse b) ............................................................... 131
Figure 80: La différence finale de température du système en fonction du rapport de
volume du fluide déplacé pour gadolinium et l’oxyde de praséodyme – manganèse
a) et l’efficacité du système en fonction du rapport de volume de fluide déplacé pour
gadolinium et l’oxyde de praséodyme – manganèse b) ......................................... 132
Figure 81: La différence finale de température du système en fonction de la
fréquence du cycle pour plusieurs valeurs de la conductivité thermique du gadolinium
............................................................................................................................... 133
Figure 82: La différence finale de température du système en fonction de l'épaisseur
des plaques de solide pour plusieurs valeurs du rapport de volume du fluide déplacé
............................................................................................................................... 135

156
Liste des figures

Figure 83: La différence finale de température du système en fonction de la hauteur


des microcanaux pour plusieurs valeurs d'épaisseurs des plaques de solide ........ 136
Figure 84: La différence finale de température du système en fonction de la longueur
du régénérateur pour plusieurs valeurs de la fréquence du cycle .......................... 137
Figure 85: La différence finale de température du système en fonction d'intensité de
champ magnétique appliqué H pour plusieurs valeurs de V* ................................. 138
Figure 86: La différence finale de température du système en fonction de la
fréquence du cycle pour plusieurs vitesses d’écoulement du fluide ....................... 140
Figure 87: La différence finale de température du système en fonction de la vitesse
d’écoulement du fluide pour plusieurs valeurs de la fréquence du cycle ................ 141

157
Liste des tableaux

Liste des tableaux

Tableau 1: Les différentes modèles numériques de réfrigération magnétique


présente dans la littérature (MDF = Méthode des différentes finies, MEF = Méthode
des éléments finis, MVF = Méthode des volumes finis) ............................................ 62
Tableau 2: Définition des temps caractéristiques dans un cycle de réfrigération
magnétique ............................................................................................................... 73
Tableau 3: Caractéristiques géométriques de système magnétothermique ............. 75
Tableau 4: Les propriétés physique du gadolinium à T = 24°C ................................ 79
Tableau 5: Les propriétés physiques de l’oxyde de praséodyme–manganèse ........ 80
Tableau 6: Les propriétés physiques d'aluminium .................................................... 81
Tableau 7: Les propriétés physique du fluide caloporteur pour une température de
25°C ......................................................................................................................... 82
Tableau 8: Données de modélisation du système magnétothermique et du cycle
AMRR ....................................................................................................................... 87
Tableau 9: Evolution des températures dans les échangeurs pour différentes
conditions initiales .................................................................................................... 90
Tableau 10: Les caractéristiques du prototype AMR ................................................ 91
Tableau 11: Comparaison expérimentale du modèle numérique ............................. 92
Tableau 12: Les propriétés thermophysiques du gadolinium et l'oxyde de
Praséodyme-Manganèse ....................................................................................... 100
Tableau 13: Valeurs de la conductivité thermique et de l'effusivité du gadolinium . 106
Tableau 14: Valeurs de la conductivité thermique et de l'effusivité du PrSrMnO .... 107
Tableau 15: Les valeurs de paramètres du système utilisées pour les résultats
préliminaires ........................................................................................................... 117
Tableau 16: Les paramètres variés dans le cadre d'analyse de sensibilité ............ 130

158
Annexes

Annexes:
Annexe 1: Papier présenté à la conférence internationale
COFRET’14 à Paris, France du 23 au 25 avril 2014

159
Annexes

160
Annexes

161
Annexes

162
Annexes

163
Annexes

164
Annexes

Annexe 2 : Prix pour le meilleur poster scientifique gagné à la


conférence internationale COFRET’14 à Paris, France du 23 au
25 avril 2014

165
Annexes

Annexe 3 : Papier publié dans la revue scientifique « Applied


Thermal Engineering », numéro 75, pag. 871-879, 2015

166
Annexes

167
Annexes

168
Annexes

169
Annexes

170
Annexes

171
Annexes

172
Annexes

173
Annexes

174
Annexes

Annexe 4 : Papier présenté à la conférence nationale de


Société Française de Thermique, SFT 2013 à Gérardmer,
France du 28 au 31 mai 2013

175
Annexes

176
Annexes

177
Annexes

178
Annexes

179
Annexes

180
Annexes

181
Annexes

182
Annexes

Annexe 5 : Papier présenté à la conférence nationale de


Société Française de Thermique, SFT 2014 à Lyon, France du
3 au 6 juin 2014

183
Annexes

184
Annexes

185
Annexes

186
Annexes

187
Annexes

188
Annexes

189
Annexes

190
Sergiu LIONTE

Caractérisation, étude et modélisation du comportement thermomagnétique


d’un dispositif de réfrigération magnétique à matériaux non linéaires et point de
Curie proche de la température ambiante

Résumé
L’objectif de ce travail est de développer un modèle multi-physique et multi-échelle de Régénérateur
Magnétique Actif en vue d’optimiser le fonctionnement d’un système de réfrigération magnétique. Le
modèle numérique développé lors de cette thèse est un modèle multi-physique et multi-échelle qui
prend en compte trois phénomènes distincts (le magnétisme, la fluidique et le transfert de chaleur),
chacun à une échelle différente (micro-échelle, mini-échelle et macro-échelle). Une étude
expérimentale a été menée afin de déterminer les propriétés thermophysiques des matériaux
magnétocaloriques et d’intégrer les résultats de ces mesures dans le modèle numérique. Le modèle
a été validé par une comparaison avec des données expérimentales et les résultats obtenus ont
montré une bonne corrélation entre les résultats du modèle et les mesures. Enfin, le modèle a été
exploité par une analyse de sensibilité des paramètres en vue d’étudier le fonctionnement ainsi que
les performances du système. Ce modèle permettra d’identifier une stratégie de conception optimale
d’un Régénérateur Magnétique Actif afin de concevoir des systèmes de réfrigération magnétique
performants.

Mots clés : Réfrigération magnétique, Régénérateur Magnétique Actif, Modélisation numérique

Résumé en anglais
The objective of this work is the developing of a multi-physics and multi-scale numerical model of an
Active Magnetic Regenerator in order to optimize the operation of a magnetic refrigeration system.
The numerical model developed in this thesis is a multi-physics and multi-scale model that takes into
account simultaneously three distinct phenomena (magnetism, fluid flow and heat transfer), each on
a different scale (micro-scale, mini-scale scale and macro-scale). An experimental study was
conducted to determine the thermophysical properties of magnetocaloric materials and integrate the
results of these measurements in the numerical model. The model has been validated by
comparison with experimental data and the results showed a good correlation between the model
results and measurements. Finally, the model was exploited by an analysis of parameter sensitivity
allowing studying the operation and performance of the system. This model will identify an optimal
design strategy of an Active Magnetic Regenerator in order to design high-performance magnetic
refrigeration systems.

Keywords: Magnetic refrigeration, Active Magnetic Regenerator, Numerical modeling

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