Patou Julien Diff
Patou Julien Diff
Patou Julien Diff
en vue de l’obtention du
Unité de recherche :
Institut Clément Ader, CNRS UMR 5312, IMT Mines Albi
Directeur(s) de Thèse :
Gérard BERNHART, Professeur, IMT Mines Albi
Emmanuel DE LUYCKER, Maître de conférences, ENIT Tarbes
Je tiens à remercier Pr. Damien SOULAT ainsi que Dr. Benoît VIEILLE de l’honneur
qu’ils m’ont fait en acceptant d’être rapporteurs de la thèse ainsi que des remarques
constructives qu’ils ont apportées lors de l’examen de mes travaux de recherche. Je
remercie Pr. Éric LACOSTE pour avoir bien voulu contribuer à la soutenance de thèse
en tant que Président du jury. Un grand merci également à M. Arnaud RENEAUME
pour sa participation au jury en tant qu’invité industriel.
iii
Remerciements
Je remercie l’ensemble des techniciens de l’ICA-Albi pour leur appui et la bonne ambiance
tout au long de ma thèse. Je remercie en particulier Fabrice pour le temps et l’énergie
qu’il a consacré à ma thèse. Merci également à Nathalie, Laurent et Tristan de l’ECA
pour leurs précieuses aides dans le cadre de mes essais à Toulouse. Plus globalement je
tiens à dire un grand merci à l’ensemble du personnel de l’ICA pour leur accueil, leur
soutien et la bonne humeur quotidienne.
Je remercie tous les stagiaires qui ont contribué à l’avancée de ma thèse. Un grand
merci à Omar, Nader, Geoffrey et Jerry pour leur travail.
Il ne va pas sans dire que cette aventure n’aurait pas été aussi belle sans la complicité
des Doc’s (doctorants / docteurs) que j’ai eu le plaisir de rencontrer. Cela a été un
réel plaisir de faire partie de cette formidable équipe solidaire et rayonnante de bonne
humeur. Il m’est impossible de tous vous citer ou de vous remercier individuellement
en quelques mots, mais sachez que j’ai passé de « super » moments avec vous ! Aux
doctorants, je vous souhaite bon courage pour la suite. Continuez à faire preuve de
curiosité et à vous « éclater » dans vos thèses !
Merci aussi à tous mes amis pour leur soutien sans faille pendant ces trois ans.
Enfin mes derniers remerciements iront à ma famille sans qui rien n’aurait été possible.
Merci pour avoir été présent à chaque instant, particulièrement dans les moments un
peu plus difficiles, et de m’avoir donné le courage et la force de continuer jusqu’au bout
cette merveilleuse histoire qu’est la thèse.
Une page se tourne, bientôt une nouvelle histoire. Encore merci à vous tous !
iv
Table des matières
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii
Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
Introduction générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1 État de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1 Généralités sur les matériaux composites de la famille des thermoplastiques 7
1.1.1 Le choix du renfort et de la matrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.1.1 Le renfort : fibres de carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.1.2 Les matrices thermoplastiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.1.3 Le cas du polysulfure de phénylène . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.1.2 Les semi-produits composites à matrice thermoplastique . . . . . . 17
1.1.2.1 Les architectures fibreuses tissées . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.1.2.2 Typologie des semi-produits thermoplastiques renforcés car-
bone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2 Effet de la mise en forme du semi-produit sur les propriétés de la pièce
composite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.2.1 Les problématiques liées à la mise en forme des préformes textiles 22
1.2.2 Les modes de déformation des préformes textiles . . . . . . . . . . . 22
1.2.3 Les méthodes de caractérisation de la déformation en cisaillement
des renforts textiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.2.3.1 Le « Bias Extension Test » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.2.3.2 « Le Picture Frame » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.2.3.3 Comparaison Bias extension Test - Picture Frame . . . . . . 31
1.2.4 Modélisation de la déformation d’une préforme textile . . . . . . . . 31
1.2.4.1 Approche cinématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1.2.4.2 Vers la prise en compte du comportement mécanique du
renfort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.3 Caractérisation des structures composites par mesure sans contact . . . 34
1.3.1 Mesure de champs par corrélation/stéréo-corrélation d’images . . 34
v
Table des matières
vi
2.3.2 Hémisphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
2.3.3 Parallélépipède à congés d’arête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
2.3.4 Tétraèdre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
2.4 Bilan intermédiaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3 Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques
composites C/PPS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.1 Les matériaux de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
3.2 Mise en œuvre de plaques composites par consolidation autoclave . . . . 105
3.2.1 Description de la méthode de mise en oeuvre des plaques composites 105
3.2.2 Définition des cycles de consolidation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
3.2.3 Les problématiques liées à la bâche à vide . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3.2.3.1 Étanchéité de la bâche à vide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3.2.3.2 Incapacité du tissu drainant à remplir son rôle d’évacuation
de l’air dans la poche à vide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3.2.4 Bilan des essais de consolidation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.3 Les méthodes de caractérisation appliquées à l’analyse des plaques compo-
sites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
3.3.1 Caractérisation mécanique des plaques composites . . . . . . . . . . 116
3.3.1.1 Traction sens chaîne et trame . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.3.1.2 Compression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.3.1.3 Flexion 3 points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
3.3.1.4 Cisaillement interlaminaire - CIL . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
3.3.2 Analyse microstructurale des stratifiés composites . . . . . . . . . . 120
3.3.2.1 Dissolution chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
3.3.2.2 Analyse morphologie des porosités par CT-scan . . . . . . . . 120
3.4 Microstructure et propriétés mécaniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.4.1 Analyse de la microstructure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.4.1.1 Plaque poudrée PORCHER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.4.1.2 Plaque comélé SCHAPPE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
3.4.1.3 Écart dans l’estimation du taux de porosité par dissolution
chimique et par CT-scan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
3.4.1.4 Comparaison des deux typologies de plaques . . . . . . . . . . 136
3.4.2 Résultats des essais mécaniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
3.5 Influence du cycle de consolidation sur les porosités et les propriétés
mécaniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
3.5.1 Influence du cycle de consolidation sur la santé matière du composite 143
3.5.1.1 Effet de la pression externe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
3.5.1.2 Effet du niveau de vide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
3.5.1.3 Effet du temps de consolidation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
3.5.1.4 Stratégie dans la définition du cycle autoclave . . . . . . . . . 146
3.5.2 Sensibilité des propriétés mécaniques au taux volumique de porosité
dans le stratifié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
3.5.3 Prise en compte de la morphologie des porosités dans l’évolution
des performances mécaniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
3.6 Bilan intermédiaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
4 Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries
complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
vii
Table des matières
Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
A ANNEXE CHAPITRE 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
B ANNEXE CHAPITRE 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
B.1 Mise en oeuvre par consolidation: précisions concernant les produits
d’environnement utilisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
B.2 Détermination du taux volumique de porosité par dissolution chimique 200
C ANNEXE CHAPITRE 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
C.1 Plan de découpe des éprouvettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
C.2 Plan des outillages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
viii
Introduction générale
Les matériaux composites prennent une part grandissante dans l’industrie avec un fort
développement sur les marchés aéronautique, automobile et éolien. Pour le secteur de
l’aviation, cet engouement s’illustre par l’augmentation continue de la part massique
des matériaux composites dans un avion au cours des 50 dernières années. L’A350 de
l’avionneur Airbus constitue un parfait exemple de cette démarche d’augmentation de la
part des composites avec un pourcentage massique qui atteint 53 %. L’intégration de ces
pièces composites permet de répondre aux objectifs de réduction en masse des structures
aéronautiques. Les structures composites sont faiblement sensibles à la fatigue, ce qui
ajoute un argument solide à leur utilisation en aéronautique en raison des grandes
vitesses des avions et de la fréquence de vibration importante à laquelle elles sont
soumises.
Une grande partie des pièces composites fabriquées actuellement sont élaborées à partir
de polymères thermodurcissables. Cependant, les matrices thermoplastiques sont de
plus en plus utilisées dans l’élaboration de pièces composites dans des secteurs clés
comme l’aéronautique. Ces matériaux offrent de nombreux avantages tels que la non-
périssabilité des préimprégnés et donc des conditions de stockage moins contraignantes,
leur compatibilité avec des procédés de mise en oeuvre permettant des augmentations de
cadence et leurs aptitudes au soudage propices à des diminutions des coûts de production.
Par ailleurs, les enjeux environnementaux et sanitaires impactent fortement l’industrie
des composites. La réglementation REACH (Registration, Evaluation, Authorisation
and Restriction of Chemicals), applicable depuis juin 2007, encadre la mise sur le
marché européen des substances chimiques. Elle statue également sur les restrictions
des substances jugées nocives pour la santé et l’environnement. Dans l’industrie de
1
Introduction générale
la plasturgie, les additifs et charges, utilisés notamment pour modifier les propriétés
physico-chimiques du polymère, sont particulièrement concernés par cette réglementation.
Certains monomères tels que les bases phénoliques, utilisées dans la synthèse de certains
polymères thermodurcissables, sont considérés comme des perturbateurs endocriniens et
seront progressivement interdits. Par conséquent, les industriels cherchent à développer
de nouveaux matériaux favorisant l’emploi des matrices thermoplastiques.
L’usage des composites à matrices thermoplastiques connaît ainsi une croissance continue.
Les procédés tels que le thermo-estampage de plaques préconsolidées ou le placement
de mèches pré-imprégnées sont généralement utilisés pour la mise en oeuvre de pièces
composites thermoplastiques. Cependant, ils ne sont pas adaptés pour des pièces pré-
sentant une forme complexe. Afin de répondre à cette problématique, des méthodes
d’élaboration de semi-produit textile intégrant le renfort et des fils thermoplastiques par
voie comélage/cotissage existent. Le tissu, très déformable, peut être mis en forme sur
la géométrie tout en permettant de conserver un niveau d’imprégnation du renfort par
le polymère élevé. La pièce finale s’obtient par la consolidation du renfort, étape durant
laquelle le polymère, initialement présent dans le tissu (ou semi-produit), imprègne le
réseau fibreux.
Les travaux de thèse, effectués à l’Institut Clément Ader d’Albi, s’inscrivent dans le cadre
du projet collaboratif ACAPULCO FUI-18 (AppliCation composites thermoPlastique
pour pièces à doUble COurbure) labellisé par le pôle de compétitivité Aerospace Val-
ley. Porté par la société Recaéro Composite, ce projet regroupe quatre industriels
(Liebherr Aerospace, Safran Power Units, Safran Ventilation Systems, Por-
cher Industries), la plateforme technologique CANOE et l’ICA-Albi. Ce projet
s’intéresse au développement de pièces semi-structurelles à double rayon de courbure
(boites d’échangeurs d’air, volutes, pièces de capotage...) en matériau composite ther-
moplastique renforcé fibres longues ou continues. Afin de répondre aux exigences pièces
et à l’évolution du marché du composite tout en se conformant aux exigences envi-
ronnementales (REACH), les acteurs du projet se sont tournés vers l’utilisation de
préformes textiles thermoplastiques pour la fabrication de ces pièces par un procédé de
consolidation en autoclave. Ce procédé est particulièrement adapté pour la consolidation
de pièces complexes, impossible à obtenir par des procédés « classiques » d’emboutissage
2
sous presse, tout en permettant d’obtenir un très bon niveau de consolidation par la
minimisation du taux de porosité.
Dans ce contexte, la thèse, intégrée au projet, intervient dans les thématiques suivantes :
➢ L’étude de la drapabilité du renfort tissé non consolidé avec la caractéri-
sation en cisaillement plan du renfort et l’évaluation de sa déformabilité sur trois
poinçons mâles à géométrie double courbure. L’objectif étant d’identifier les zones
fortement sollicitées du renfort drapé et d’établir, par la suite, des stratégies de
préparation du semi-produit à draper.
➢ L’étude de la mise en oeuvre par consolidation en autoclave de plaques
composites thermoplastiques avec la caractérisation microstructurale et méca-
nique des matériaux composites afin de connaître l’impact du procédé de consolida-
tion sur le matériau composite. L’objectif étant d’identifier des voies d’optimisation
du procédé de consolidation.
➢ La réalisation de pièces de faisabilité composites à géométrie double
courbure à partir d’un cycle optimisé de consolidation. L’influence du drapage sur
la microstructure et les propriétés mécaniques du matériau consolidé est également
étudiée.
Afin de traiter ces problématiques scientifiques et technologiques, un développement en
quatre chapitres est proposé.
Après un rappel général sur les composites thermoplastiques, le premier chapitre bi-
bliographique aborde de manière plus approfondie leur procédé de mise en oeuvre avec
une attention particulière sur le procédé autoclave et les effets de consolidation sur les
propriétés des composites. Le chapitre est complété par un état de l’art sur les méthodes
de caractérisation de la déformabilité des renforts textiles et des approches modélisation
associées. Le rappel des techniques expérimentales par mesure sans contact telles que la
corrélation d’images et la microtomographie à rayons X vient terminer ce chapitre.
Le deuxième chapitre est consacré à la mise en forme du renfort textile tissé non consolidé.
Son comportement en déformabilité est étudié à travers l’essai « Bias Extension Test »
après avoir optimisé un mouchetis artificiel adapté aux mesures optiques. La drapabilité
sur des formes géométriques complexes 3D non développables est analysée en mettant
en place un pilote d’emboutissage équipé d’une instrumentation optique. Le champ de
l’angle de cisaillement est comparé à une modélisation simple basée sur la méthode du
filet.
3
Introduction générale
spatiale des porosités. Les propriétés mécaniques sont discutées au regard de ces éléments
sur deux familles de matériaux : le comélé Schappe et le poudré Porcher.
4
Chapitre
1
État de l’art
5
État de l’art
6
Généralités sur les matériaux composites de la famille des thermoplastiques
➢ La mise en forme (ou drapage) du renfort textile sur un moule afin d’obtenir
la géométrie de la pièce souhaitée.
Une connaissance approfondie dans ces deux thématiques est nécessaire si l’on veut
comprendre tous les mécanismes impactant la pièce composite finale en termes de « santé
matière » et de propriétés mécaniques. L’objectif du chapitre est, dans un premier temps,
de recenser l’ensemble des problématiques axées sur la drapabilité des semi-produits
souples à matrice thermoplastique et des méthodes de caractérisation du comportement
en déformation. Un aperçu des méthodes de mesure sans contact pour caractériser le
renfort tissé et le stratifié composite est également proposé. Dans un second temps, ce
chapitre abordera les procédés de mise en œuvre de ces préformes textiles en particulier
la consolidation en autoclave. Une meilleure compréhension de ce procédé et de ses
paramètres « clés » est primordiale pour appréhender les mécanismes d’imprégnation
propres à ces semi-produits et leurs impacts sur la microstructure et les propriétés
mécaniques du composite.
7
État de l’art
Le précurseur PAN, disponible sous la forme d’un monofilament obtenu par filage
et étirage, subit une oxydation sous ambiance air dans un four à une température
comprise entre 200◦ C et 300◦ C. Le précurseur change physiquement et chimiquement
pour atteindre un état infusible thermiquement stable. Une étape de carbonisation
sous azote à une température comprise entre 1200◦ C et 1500◦ C permet d’obtenir un
filament orienté axialement en raison du réarrangement de sa microstructure. De plus,
le sous-produit perd environ 50% de sa masse. À l’issue de cette étape, les fibres
classées (HR) ont une teneur en carbone comprise entre 90% et 97%. Dans le cas où
8
Généralités sur les matériaux composites de la famille des thermoplastiques
l’on souhaiterait produire des fibres à haut module d’élasticité (HM), une phase de
graphitisation est nécessaire. Cela consiste en un second traitement thermique entre
2000◦ C et 3000◦ C afin d’éliminer les atomes d’azote et d’oxygène. La teneur en carbone
obtenue dépasse les 99%. Finalement, les filaments subissent un traitement de surface
pour améliorer leur adhérence à la matrice et une phase d’ensimage pour augmenter la
résistance au frottement lors des étapes de mise en oeuvre textile (filage des mèches,
tissage du renfort).
Les fibres de carbone sont classées suivant leurs propriétés mécaniques en traction : HM
pour haut module d’élasticité, IM pour module d’élasticité intermédiaire et HR pour
haute résistance à la rupture. Une comparaison des propriétés mécaniques en traction
des trois classes de fibres de carbone est proposée en [Figure 1.3].
Figure 1.3 – Comparaison des propriétés mécaniques des fibres de carbone ex-PAN
Données techniques issues du fabricant Toray - [Toray]
9
État de l’art
Les fibres sont disponibles en plusieurs tailles : les fibres courtes (3, 0 à 4, 5 mm), les fibres
longues (de longueur généralement supérieure à 6, 0 mm) et les fibres continues (CLFT)
dont la longueur est de l’ordre de grandeur de la dimension d’une pièce composite
afin de préserver la continuité du renfort [Lucas+2007b]. Dans le cadre de la thèse, on
s’intéressera uniquement aux fibres continues et longues ainsi qu’aux procédés associés.
Les filaments de renfort sont rassemblés pour former un fil ou une mèche. La structure
de la mèche varie suivant les types de fibres utilisés, mais aussi du degré de mélange
de ces fibres au sein d’une mèche. Cette dernière peut s’intégrer dans une structure
constituant un « roving » [Figure 1.4].
Les matrices organiques employées dans la mise en œuvre des pièces composites (CMO)
jouent le rôle de liant afin de conserver la disposition géométrique des fibres tout en
transmettant les sollicitations auxquelles la pièce est soumise. Les résines doivent être
suffisamment déformables, compatibles avec les fibres et avoir une densité relativement
faible pour que le matériau conserve des caractéristiques mécaniques spécifiques élevées.
Généralement, on considère deux familles de polymères : les thermodurcissables (TD)
et les thermoplastiques (TP).
10
Généralités sur les matériaux composites de la famille des thermoplastiques
11
État de l’art
12
Généralités sur les matériaux composites de la famille des thermoplastiques
Tout comme les matrices thermoplastiques, le PPS dispose d’une très bonne stabilité
thermique. En raison d’une mobilité restreinte des chaînes du polymère imposée par
le groupe phényle, la transition thermique du PPS se produit à haute température
[Nohara+2006]. Ainsi le PPS conserve son intégrité structurelle (résistance thermique)
jusqu’à une température de service de 200◦ C en continu. Cette valeur est plus faible
que celle déterminée pour le PEEK avec 240◦ C [Villoutreix+1998].
Le PPS est un polymère adapté pour la mise en oeuvre de structures composites. Pour
permettre l’imprégnation du renfort, la matrice doit être le plus fluide possible. Cela
signifie qu’il est nécessaire d’atteindre la viscosité minimale du PPS. À l’état fondu, cette
viscosité est d’environ 200 P a.s ce qui est faible par rapport aux autres thermoplastiques
tels que le PEEK (∼ 350 P a.s). Des analyses rhéologiques [Figure 1.7] montrent que la
viscosité du PPS à 315◦ C varie peu pendant 30 min facilitant l’imprégnation dans le
renfort et la cristallisation du PPS [Batista+2015].
13
État de l’art
14
Généralités sur les matériaux composites de la famille des thermoplastiques
d’optimiser les cinétiques de nucléation et de croissance des grains cristallins sont donc
comprises entre Tg et Tm [Spruiell2005].
Les grades PPS disponibles sur le marché ont un taux de cristallinité pouvant atteindre les
60% (voir 65% selon [Boey+1993]) contre seulement 40% pour le PEEK [Vieille+2009].
15
État de l’art
Malgré un changement d’état réversible du PPS, plusieurs auteurs ont montré une
dégradation rapide d’échantillons fondus à des températures supérieures à 300◦ C lors-
qu’ils sont soumis à une ambiance sous air. Cette dégradation est caractérisée lors
′ ′′
d’un suivi cinétique avec l’inversion des modules de conservation G et de perte G du
16
Généralités sur les matériaux composites de la famille des thermoplastiques
matériau. Les premiers signes de dégradation surviennent dès 300◦ C avec des réactions
de branchements [Peters+1993]. À 320◦ C, ce changement survient seulement au bout
de 8 minutes [Lamethe2004]. Par ailleurs, la mise en fusion répétée du PPS entraîne,
d’après Bulakh et al. [Bulakh+1993], une augmentation de sa réticulation rendant le
matériau plus fragile.
17
État de l’art
conditionne par conséquent le choix du procédé de mise en œuvre. Cette section présente
les principaux semi-produits existants.
Le renfort tissé est défini par l’entrelacement de mèches dans le sens chaîne (direction
parallèle au sens d’avancement du renfort textile lors de sa fabrication) et le sens trame
[Bourban+2004 ; Dridi2010]. Ce mode d’entrecroisement des mèches sens chaîne et
trame, appelé armure, se décline en quatre configurations principales [Figure 1.10] :
➢ Structure unidirectionnelle (UD) (d) : Les mèches sont alignées selon une
seule direction. Elles sont maintenues en position par un fil de liage à 90◦ .
➢ Toile ou taffetas (a) : Chaque mèche dans la direction chaîne passe successive-
ment au-dessus et en dessous d’une mèche orientée dans la direction trame.
➢ Sergé (b) : L’ordre d’enchevêtrement des mèches sens chaîne par rapport aux
mèches sens trame induit un effet oblique obtenu par décochement d’un fil sens
chaîne à chaque trame. Dans le cas d’un renfort sergé 1/3, la mèche trame passe
sous une mèche puis au-dessus de trois mèches sens chaîne avec un décalage à
chaque passage.
➢ Satin (c) : Cette armure est caractérisée par une dominance des mèches sens
chaîne ou trame donnant un aspect lustré ou mat suivant que l’on observe le
renfort textile à l’endroit ou à l’envers. (À l’endroit du tissu, on retrouve plus de
flottés des trames que des chaînes. À l’envers, c’est l’inverse). Pour le satin 5, la
mèche chaîne passe en dessous d’une mèche trame puis au-dessus de quatre mèches
trames. Le chiffre cinq correspond au nombre de laissées trame entre deux pris
(deux mèches chaîne) retranché de un. Cette armure donne des tissus relativement
souples par rapport aux autres configurations, particulièrement adaptés pour de
la mise en forme de pièces à géométries complexes.
18
Généralités sur les matériaux composites de la famille des thermoplastiques
Figure 1.10 – Principales armures de renfort (a) Toile - (b) Sergé 3 - (c) Satin de 4 -
(d) Unidirectionnel - Images issues du logiciel [TexGen]
Figure 1.11 – Schématisation des rovings existants : (c) poudré, (d) gainé, (e)
cotissé et (f) comélé - [Bourban+2001]
19
État de l’art
➢ Par « film stacking » : Le polymère est intégré sous forme de films placés entre les
plis. Cette méthode favorise l’imprégnation entre les plis de renfort.
➢ Par voie de poudre : Cette méthode s’adresse à des polymères à forte viscosité
dont une pression externe est nécessaire pour imprégner le renfort. Le polymère
est fondu en surface des mèches ou du pli sous forme de particules.
20
Généralités sur les matériaux composites de la famille des thermoplastiques
Figure 1.13 – Schémas des principaux semi-produits souples - (a) « Film stacking » ;
(b) Guipage d’une fibre de renfort par un filament de polymère ; (c) Tissu poudré ; (d)
Tissu co tissé ; (e) Tissu comélé [Fujihara+2004 ; Wakeman+1998]
21
État de l’art
La mise en forme est donc une étape importante pour la maîtrise du procédé de
fabrication. En récupérant l’état déformé de la préforme (position et orientation du
renfort), il est possible d’accéder au comportement mécanique de la pièce composite.
Cisaillement plan :
La déformation en cisaillement plan est liée à la rotation relative des mèches autour d’un
point de superposition du réseau chaîne-trame et dont la direction est la droite normale
au plan du renfort [Figure 1.14]. Elle constitue la déformation principale intervenant
dans la mise en forme de renfort sec ou de préformes textiles sur des géométries à double
courbure [Peng+2014].
22
Effet de la mise en forme du semi-produit sur les propriétés de la pièce composite
La rigidité en cisaillement d’un renfort textile est faible comparée à celle en tension.
Cependant, l’évolution non linéaire de l’effort en fonction de la déformation en cisaille-
ment témoigne d’une rigidification progressive du tissu. La courbe effort/déformation
en cisaillement type d’un renfort textile, présentée en [Figure 1.15] permet de dégager
trois phases :
Phase 1 Pour un faible niveau de déformation, on constate une rotation des mèches au
niveau des croisements des réseaux chaîne et trame sous des efforts relativement
faibles. La faible rigidité vient du frottement des mèches entre elles.
Phase 2 Les espaces/interstices entre les mèches diminuent et favorisent le contact entre
des mèches proches voisines. Cela amorce un début de contact latéral des mèches
et un début de compression latérale. On qualifie souvent dans la littérature cette
transition comme étant un phénomène de blocage en cisaillement qui se caractérise
par la mesure de l’angle de cisaillement entre les réseaux chaîne et trame.
23
État de l’art
Phase 3 La compaction latérale des mèches gagne en intensité et s’ajoute aux frottements
des fibres provoquant la rigidification du tissu. Selon la nature du renfort fibreux,
cette phase s’accompagne généralement de plissements du renfort.
Les propriétés en drapabilité des tissus sont dépendantes de la nature de leurs renforts
ainsi que du choix de l’armature [Figure 1.17]. Un préimprégné unidirectionnel (UD)
possède une capacité au drapage faible et une rigidité en cisaillement importante
le rendant inapte pour l’élaboration de pièces composites à géométrie complexe. Au
contraire, un tissu sec 2D autorise un cisaillement important du renfort avant d’atteindre
l’état « bloqué » synonyme de rigidité importante.
24
Effet de la mise en forme du semi-produit sur les propriétés de la pièce composite
Tension biaxiale :
Le comportement en tension d’un renfort fibreux est un mode à prendre en compte
dans la compréhension des phénomènes liés à la mise en forme de renforts tissés. La
rigidité en tension est responsable des changements de forme du tissu et de l’apparition
des défauts tels que les plis ou le bouclage des mèches.
Flexion du renfort :
Ce mode est généralement considéré comme négligeable en raison de la faible rigidité de
flexion d’un tissé. Les fibres ont un diamètre relativement faible et peuvent glisser entre
elles. Néanmoins, ce mécanisme peut intervenir pour certains cas de renforts textiles
tels que les tissus interlocks.
Compaction transverse :
Ce mode est caractérisé par l’apparition progressive d’une rigidité lors de la compaction
du renfort perpendiculairement à son plan. Cette augmentation de rigidité s’explique
par la diminution des interstices entre les fibres.
Le glissement des mèches sens chaînes par rapport aux mèches sens trame :
Des essais de formage ont montré que les réseaux chaîne et trame d’un renfort ne glissent
pas l’un par rapport à l’autre. L’hypothèse de non-glissement est donc acceptable et
permet d’utiliser des modèles basés sur la mécanique des milieux continus pour les
simulations de drapabilité de tissus [Figure 1.18].
25
État de l’art
L
λ= >2 (1.2.1)
l
26
Effet de la mise en forme du semi-produit sur les propriétés de la pièce composite
➢ Zone B : Zone de demi-cisaillement. Un des réseaux est libre de chaque côté alors
que l’autre est en encastrement sur un seul côté.
➢ Zone C : Elle constitue la zone active de l’essai. Les mèches sens chaîne et trame
sont libres à leurs deux extrémités. En prenant en compte le non-glissement des
mèches aux croisements et la sollicitation globale de l’échantillon, cette zone subit
une déformation en cisaillement pur. L’amplitude de la déformation caractérisée
par l’angle de cisaillement y est deux fois plus grande que pour la zone B.
Approche locale :
Des images de l’éprouvette textile sont prises à plusieurs instants de l’essai. Une phase
d’analyse des images permet de mesurer en plusieurs points de la zone de cisaillement
pur (Zone C) l’angle (α) entre les réseaux chaîne et trame. C’est une méthode « locale »
qui nécessite la prise de plusieurs points de mesure afin de minimiser l’erreur. L’angle
de cisaillement (γ) se déduit ensuite de (α) par la relation (1.2.2).
α
γ=π− (1.2.2)
2
27
État de l’art
(H + δ) − W δ
cos θ = = cos θ0 + (1.2.3)
2(H − W ) cos θ0 2(H − W ) cos θ0
Où (θ) correspond à l’angle « global » entre une mèche sens chaîne et une sens trame, (θ0 )
ce même angle à l’état initial, (W ) la largeur et (H) la longueur initiale de l’éprouvette.
Cette relation se base sur une hypothèse forte de non-glissement des mèches au niveau
des intersections des réseaux chaîne et trame.
28
Effet de la mise en forme du semi-produit sur les propriétés de la pièce composite
Par souci de normalisation de l’essai, des propositions ont été apportées par Johnson
[Johnson1995] avec le calcul de la contrainte et de la déformation moyenne de cisaillement
dans la zone centrale de l’éprouvette. Une approche énergétique a été suggérée par De
Luycker [De Luycker2009] en proposant d’utiliser la notion de couple surfacique en
cisaillement (équation 1.2.4) comme moyen d’adimensionner l’essai Bias Test.
1 α 1 γ
CS (γ) = Lc Fb sin − S2 CS (1.2.4)
S1 2 2 2
Avec S1 l’aire de la zone cisaillée (Zone C), S2 l’aire de la zone demi-cisaillée, Fb l’effort
mesuré et Lc la longueur d’un des côtés du cadre fictif représenté (de couleur rouge) en
[Figure 1.19].
Bien que l’essai soit simple à mettre en place et à dépouiller, il est possible d’avoir
une dispersion importante au niveau des résultats principalement liée à une mauvaise
préparation de l’échantillon. Cela génère des déformations supplémentaires liées à
des effets de tension qui viennent parasiter le cisaillement pur dans la zone utile de
l’éprouvette. Une vigilance accrue au cours de la découpe de l’éprouvette et lors de sa
mise en place dans le dispositif expérimental est indispensable afin d’assurer une bonne
répétabilité de l’essai.
29
État de l’art
L’essai « Picture Frame » est la seconde méthode de caractérisation des renforts textiles en
cisaillement plan. Une éprouvette carrée dont les mèches chaînes et trames sont orientées
respectivement à 0◦ et 90◦ est maintenue sur chacun de ses côtés par l’intermédiaire de
mors (bras rigides) afin d’éviter le glissement du tissu [Figure 1.22].
Tout comme l’essai « bias extension test », des observations à l’échelle macroscopique et
mésoscopique ont permis d’analyser le comportement du tissu. Les mèches initialement
perpendiculaires entre elles se mettent en rotation autour des croisements. Les interstices
30
Effet de la mise en forme du semi-produit sur les propriétés de la pièce composite
L’essai « bias extension test » est bien adapté si l’on cherche à déterminer l’angle de
cisaillement de blocage : la grandeur définissant la performance en drapabilité du tissu.
La géométrie de l’éprouvette et le système de fixation évitent de solliciter le tissu en
tension. Par ailleurs, dans le cadre d’essais à température sur thermoplastiques, l’essai
est peu sensible à des hétérogénéités de température à proximité des mors puisque la
zone analysée est localisée au centre de l’éprouvette. Cependant, le « bias extension
test » nécessite donc un certain temps d’analyse en raison de la complexité du champ de
déformation. L’atout majeur de l’essai « Picture frame » vient du fait que l’échantillon
entier est sollicité en cisaillement contrairement au « Bias extension test » où l’éprouvette
doit être segmentée pour tenir compte des trois zones observables : cisaillement pur,
demi-cisaillement, non cisaillé [Harrison+2004]. Néanmoins, l’outillage utilisé pour
caractériser le comportement d’un renfort en « Picture frame » est complexe, le système
de fixation peut modifier les conditions limites en sollicitant le renfort en tension.
De par leurs déformabilités, les tissus secs ou préimprégnés permettent d’obtenir des
pièces composites à géométrie complexe du type double courbure. La simulation du
drapage d’un renfort permet de prédire l’orientation des mèches pendant l’étape de
préformage. Concrètement, ces simulations sont des outils d’aide à la mise au point de
stratégie de drapage et de découpe à plat de la préforme. Il existe plusieurs approches
permettant de simuler la déformation textile d’un semi-produit. Une des méthodes les
plus simples est une approche cinématique dite « du filet » basée sur les hypothèses
fortes suivantes :
➢ Le non-glissement des entrecroisements entre les réseaux chaîne et trame
➢ Les mèches sont inextensibles
➢ L’absence de frottement à l’interface tissu/outillage
31
État de l’art
Cette méthode permet d’estimer notamment les dimensions nécessaires de tissus pour
draper une pièce complexe. L’un des inconvénients majeurs de cette méthodologie est la
non-prise en compte du comportement mécanique du tissu (comportement en tension,
flexion, cisaillement du renfort).
Une approche « classique » pour modéliser le comportement mécanique d’un renfort est
de le considérer comme un matériau anisotrope continu. Pour le cas des renforts tissés,
cela revient à considérer le comportement de ce tissu continu et anisotrope plan suivant
les directions chaîne et trame [King+2005]. Baesu et Steigmann ont proposé des modèles
continus concernant des réseaux composés de fibres parfaitement flexibles. Les propriétés
globales du tissu sont directement issues de celles des fibres constituant la méso structure
[Baesu2003]. D’autres travaux se sont orientés dans l’établissement d’un modèle continu
avec un tissu anisotrope et un comportement global élasto-plastique [Reese2003] pour
des applications de renforts tissés [Xue+2003] et des structures « tricots » [Ruan+1996].
Cependant, ces modèles ne tiennent pas compte des interactions entres les familles de
mèches telles que les phénomènes de blocage liés à la résistance en déformation au niveau
des interfaces inter mèches, la résistance à la rotation relative des mèches ou encore les
phénomènes d’étirement et d’ondulation subis par les mèches lors de la compression du
renfort.
32
Effet de la mise en forme du semi-produit sur les propriétés de la pièce composite
Finalement, beaucoup d’aspects doivent être considérés dans l’élaboration d’un modèle
analytique ou numérique permettant d’appréhender le comportement mécanique d’une
préforme textile. La mise en forme de ces semi-produits implique, plus particulièrement
pour des pièces à géométrie complexe, des transformations en déformation de grandes
amplitudes. De plus, le système étudié peut être difficilement considéré comme un ma-
tériau continu étant donné qu’il est constitué d’un ou plusieurs réseaux de fibres aux
orientations différentes et de matrice dans le cas de préimprégnés textiles. Finalement,
pour répondre à la problématique, il est nécessaire de s’interroger sur le type de modé-
lisation à employer, les lois de comportement à utiliser selon les finalités recherchées.
Dans le cadre de cette thèse, seule l’approche cinématique pour simuler l’emboutissage
de la préforme textile sera considérée.
33
État de l’art
34
Caractérisation des structures composites par mesure sans contact
35
État de l’art
À travers ces étapes, on obtient pour chaque sous-domaine une valeur du déplacement
entre les deux états. Le champ de déformation se déduit du champ de déplacement par
dérivation discrète. Pour mener à bien cette phase, les sous-domaines doivent contenir
suffisamment d’informations pour pouvoir être identifiés dans l’état « déformé ». Une
texture à la surface du matériau suffisamment aléatoire permet d’obtenir pour chaque
sous-domaine un motif identifiable. Suivant la nature du matériau, la texture naturelle
des surfaces peut suffire. Sinon, il est nécessaire d’appliquer une texture artificielle
appelée mouchetis. Dong et al. [Dong+2017] ont recensé les différents mouchetis,
leurs procédés d’élaboration suivant la nature du matériau, le niveau d’échelle possible
(nano/micro ou macro) ainsi que les différentes méthodes d’évaluations qualitatives
existantes dans la littérature. Dans le cas des préformes textiles, peu d’informations
permettant de sélectionner un mouchetis adapté sont disponibles. Cependant, compte
tenu du niveau de résolution souhaité (échelle mésoscopique), le recours à un revêtement
appliqué sur le renfort semble pertinent. Bien évidemment, le choix de ce revêtement
dépend de la nature des fibres et de la voie d’intégration de la matrice. De Luycker [De
Luycker2009] propose des solutions de mouchetis aléatoires et suffisamment contrastés
pour appliquer la technique de corrélation d’images sur des renforts textiles. Ainsi, pour
un renfort carbone, l’application d’un matifiant pour réduire la brillance des fibres de
carbone associée à une projection de particules de peinture blanche est suffisante pour
obtenir un mouchetis de « bonne » qualité [Figure 1.27].
Figure 1.27 – Application d’un mouchetis dentifrice sur renfort textile à fibres de
carbone traité en surface avec du matifiant - [De Luycker2009]
Pour effectuer le traitement des images, il existe des logiciels de corrélation d’images
capables de calculer les champs de déplacement et de déformation. Parmi les plus
utilisés, on trouve ICASOFT® [Morestin+2008] développé au laboratoire LaMCos,
VIC-2D® [VIC2D] de la société Correlated Solutions ou encore Aramis® [GOM2017].
36
Caractérisation des structures composites par mesure sans contact
Figure 1.28 – Calibration d’un banc de stéréovision avec deux positions de mire -
[Garcia2001]
Une fois que l’appariement d’un point de mesure (P) a été obtenu entre les deux images
(projection de P dans les deux images (p1 ) et (p2 )) et grâce aux informations obtenues
lors de la calibration du banc de stéréovision, nous pouvons définir par triangulation, la
position dans l’espace de ce point [Figure 1.29].
37
État de l’art
38
Caractérisation des structures composites par mesure sans contact
Des logiciels comme VIC-3D® permettent d’effectuer l’ensemble de ces étapes (cali-
bration des caméras, mise en stéréo correspondance, appariement temporel, calcul des
champs de déplacement...) et obtenir les champs de déformation.
Les techniques décrites dans ce paragraphe sont d’un grand intérêt dans l’étude de
l’évolution du comportement des renforts textiles. La section suivante présente quelques
cas d’application pour ces matériaux.
39
État de l’art
Les directions des déformations principales (λ1 et λ2 ) , orientées suivant les diagonales
du cadre, sont déterminées à partir des longueurs des diagonales du cadre (l1 et l2 ).
L’angle de cisaillement est donné par la relation (1.3.2).
π l1 π λ1
γ = − 2 arctan = − 2 arctan (1.3.2)
2 l2 2 λ2
Cette équation, implémentée dans le logiciel ICASOFT® permet d’établir des cartogra-
phies du champ de l’angle de cisaillement de l’éprouvette textile à différents instants de
l’essai [Figure 1.33].
(a) (b)
Pour le drapage du renfort sur une géométrie, certains auteurs se sont intéressés à
des techniques de stéréocorrélation d’images. Vanclooster et al. [Vanclooster+2009]
40
Caractérisation des structures composites par mesure sans contact
ont appliqué la méthode de la grille (« grid method ») pour établir le champ d’angle
de cisaillement. Un grillage, appliqué sur le renfort, est utilisé pour déterminer les
angles chaîne trame à chaque intersection de la grille et en déduire ensuite l’angle de
cisaillement.
Figure 1.34 – Étude du drapage d’un renfort FV/PP (Twintex®) par stéréo
corrélation d’images [Lomov+2008 ; Vanclooster+2009]
41
État de l’art
signal pour un matériau de référence présentant une bonne santé matière (absence de
porosité), il est possible d’évaluer l’épaisseur du stratifié, de détecter la présence ou non
de porosité et d’avoir une première estimation du taux volumique de porosité.
Le contrôle ultrasonore reste tout de même une analyse plutôt qualitative en raison
notamment des erreurs de mesure dans le taux volumique de porosité. Elle ne permet pas
de détecter les porosités ayant une aire de section inférieure à 60, 0 µm2 caractéristiques
des micro-porosités présentes dans les mèches de renfort [Ledru2009]. Ele permet tout
de même d’évaluer la distribution des défauts dans le volume de la pièce et de vérifier
l’homogénéité de cette répartition.
Ix = I0 e−µx (1.3.3)
Ce coefficient dépend du matériau traversé. Plus ce dernier est dense plus l’atténuation
du signal entre l’émetteur et le récepteur est importante. Pour les matériaux anisotropes
tels que les composites, l’intensité transmise sera fonction de ce coefficient en tout
point de l’échantillon. Cela est à l’origine des contrastes du niveau de gris observé
sur les radiographies. Un seuillage en niveau de gris permet de séparer facilement les
différentes phases présentes dans l’échantillon. Finalement, cette méthode d’analyse
permet d’obtenir une cartographie volumique de la répartition du coefficient d’absorption.
Pour parvenir à ce résultat, l’objet, disposé entre la source émettrice de rayons X et
le détecteur, est mis en rotation sur lui-même pour obtenir une série de radiographies
pour plusieurs positions angulaires de l’objet [Figure 1.35].
42
Caractérisation des structures composites par mesure sans contact
Le CT-Scan est une technique coûteuse par rapport au C-Scan. Par ailleurs, elle se
limite à des objets de petite taille en raison du faible encombrement disponible entre
l’émetteur et le détecteur. La limitation de taille peut donc impacter la représentativité
de l’échantillon par rapport à la pièce complète [Ledru2009]. Néanmoins, elle apporte
des informations précieuses sur la structure interne du matériau. En ce qui concerne
les matériaux composites, le CT-Scan permet de segmenter et d’analyser le renfort, la
matrice et les porosités de manière qualitative et quantitative. De nombreux auteurs
ont étudié les porosités présentes pour des stratifiés composites à matrice époxy [Ga-
gauz+2016 ; Kastner+2010 ; Little+2012 ; Nikishkov+2013 ; Schell+2006] ou à matrice
thermoplastique comme Zhang et al. [Zhang+2015] afin d’obtenir des estimations du
taux volumique de porosité ainsi que des informations d’ordres morphologiques (volumes
de chaque porosité, orientation, forme géométrique et localisation dans le stratifié). Le
tomographe peut être également utilisé pour étudier le comportement mécanique du
renfort tissé [Badel2008].
43
État de l’art
1.4.1 Généralités
La mise en œuvre de pièces composites à matrice thermoplastique se déroule suivant
trois phases. Les objectifs sont l’imprégnation complète du renfort par la matrice
et l’élimination des vides pour obtenir une pièce composite avec une microstructure
conforme aux exigences. L’ensemble de ces étapes est représenté au travers d’un cycle
en température associé à un aperçu de l’évolution du niveau de consolidation au cours
de la mise en œuvre en [Figure 1.37].
44
Les procédés « classiques » de mise en œuvre par moulage de pièces composites
Les procédés de mise en œuvre de ces semi-produits pour fabriquer des pièces composites
à géométrie simple ou complexe se décomposent en deux catégories :
➢ Les procédés de moulage sous vide.
➢ Les procédés d’emboutissage et de thermocompression.
Parmi ces deux familles, on retrouve les procédés couramment utilisés dans l’industrie :
45
État de l’art
46
Les procédés « classiques » de mise en œuvre par moulage de pièces composites
47
État de l’art
Un autoclave comprend :
48
Les procédés « classiques » de mise en œuvre par moulage de pièces composites
Le dispositif de la « poche sous vide » est placé dans une enceinte fermée générant, par
l’intermédiaire d’un gaz (air, azote), une pression réglable comprise entre 1 et 20 bars.
La poche étanche est soumise à une pression hydrostatique assurant la compaction des
différents plis. La répartition de la pression externe, en début de cycle, est uniforme
entre le réseau fibreux et la matrice. Avec le passage à l’état liquide de la matrice, la
pression appliquée sur le renfort augmente au détriment de celle s’exercant sur la résine,
augmentant ainsi le taux de fibre de la pièce. L’application de cette pression au niveau
de la membrane déformable contribue à la disparition des porosités résiduelles piégées
dans la pièce composite [Park+2010].
49
État de l’art
Figure 1.43 – Exemple de cycle de consolidation autoclave avec une pression externe
de 1, 4 M P a et une pression de vide de 1, 0 bar - [Lystrup+1998]
sont à considérer :
➢ Le coût d’utilisation du dispositif élevé pour des temps de cycles considérés comme
« longs ».
L’élaboration du système « bâche à vide » prévu pour maintenir un niveau vide dans
le stratifié composite au cours du procédé nécessite l’emploi de nombreux produits
d’environnement. Une configuration classique de bâche à vide est présentée en [Figure
1.44]. La stratégie de choix des produits dépend de la nature des matériaux et du cycle
de consolidation [Lystrup+1998 ; Michele+2012].
50
Les procédés « classiques » de mise en œuvre par moulage de pièces composites
Figure 1.44 – Description d’une poche à vide utilisée pour la consolidation d’un
stratifié en autoclave - [Raju2012]
Ledru [Ledru2009] a mené une étude approfondie dans les choix et stratégies possibles
concernant l’influence de l’empilement des différents matériaux d’environnement sur la
qualité du stratifié à l’état consolidé.
Pour dimensionner le moule qui servira à la mise en œuvre de pièces composites non
développables, Michele et al. [Michele+2012] détaillent plusieurs recommandations :
51
État de l’art
➢ Le moule doit posséder une faible inertie thermique afin d’affecter au minimum
les vitesses de chauffe et de refroidissement du stratifié au cours d’un cycle de
consolidation.
➢ Un coefficient de dilatation thermique proche de celui du stratifié. Une différence de
déformation d’ordre thermique entre la pièce en cours de consolidation et l’outillage
peut engendrer des contraintes résiduelles lors de la phase de refroidissement.
➢ L’absence de porosité de surface sur le moule garantit une meilleure étanchéité de
la « poche à vide » et un vide constant au niveau du laminé. Un usinage fin du
moule est requis pour avoir la rugosité la plus faible possible (Ra ∼ 0, 8).
➢ Le choix du matériau doit également se faire suivant la géométrie de la pièce
souhaitée, la durée de vie, la surface de finition ou encore la résistance mécanique
de l’outil.
On trouve parmi les matériaux pertinents pour la réalisation des moules les alliages
d’aluminium et les aciers pour leurs facilités de mise en œuvre. Les plus intéressants
sont certainement les moules en alliage nickel-fer tels que l’Invar ou son dérivé le Kovar
qui présentent tous deux un très faible coefficient de dilatation thermique et peuvent
être utilisés pour des moules de grandes dimensions.
52
La mise en œuvre des composites à matrice thermoplastique
53
État de l’art
Le vide généré dans la bâche, utilisé pour assurer un premier compactage du renfort
et pour évacuer les bulles d’air emprisonnées dans les plis, conditionne aussi le taux
de porosité. Chambers [Chambers+2006] montre expérimentalement sur un composite
« SPRINT » (constitué d’un pli de renfort UD de carbone et d’un film de résine pré
catalysée) que la diminution du niveau de vide augmente le taux moyen de porosité dans
le laminé [Figure 1.47]. Les porosités dont l’aire surfacique est supérieure à 0, 03 mm2
sont les plus sensibles à la baisse du niveau de vide. L’effet est bien plus faible pour
celles de taille inférieure.
54
La mise en œuvre des composites à matrice thermoplastique
Les sollicitations en flexion sont également sensibles aux porosités, mais dans une moindre
mesure. Un taux de porosité croissant fait diminuer la contrainte à la rupture de flexion
(en statique et dynamique) ainsi que le module de rigidité en flexion [Chambers+2006 ;
Liu+2006 ; Olivier+1995]. Les porosités agissent comme des sites d’initiation et de
propagation de fissures fragilisant le matériau.
55
État de l’art
56
La mise en œuvre des composites à matrice thermoplastique
57
État de l’art
Une grande majorité des travaux de recherche se concentre sur l’établissement d’un
lien entre les propriétés mécaniques et le taux volumique de porosité. Cependant, cette
relation fait l’objet de contestation quant à sa légitimité à faire de façon pertinente le
lien entre la microstructure du laminé et ses performances mécaniques. L’approche est
jugée trop simpliste et doit s’appuyer sur une analyse morphologique [Chambers+2006 ;
Lambert+2012 ; Wisnom+1996] afin de recueillir des informations telles que le volume,
la forme géométrique, la localisation et l’orientation de chaque porosité présente dans le
stratifié.
Le comportement du polymère, définit par les conditions de mise en oeuvre, joue égale-
ment un rôle dans l’établissement des propriétés mécaniques du composite. Entre autres,
l’augmentation du taux de cristallinité entraîne l’augmentation du module de rigidité
en flexion et en traction transverse du matériaux composite comme il a été constaté par
Deporter et al. [Deporter+1993] sur des composites UD FC/PPS. La tendance est sem-
blable pour les contraintes à rupture pour ces sollicitations. L’adhésion renfort/matrice
un point également crucial à prendre pour évaluer la qualité du composite. Blond et al.
[Blond+2014] avait notamment souligné l’importance de l’adhésion fibre/matrice sur
les propriétés mécaniques d’un composite obtenu à partir d’un préimprégné FC/PPS.
L’établissement d’une forte cohésion inter-plis et fibres/matrice favorise le développe-
ment d’une phase transcristalline au contact des fibres et contribue à l’augmentation de
la contrainte maximale du matériau composite pour plusieurs sollicitations (traction,
compression, cisaillement plan et cisaillement interlaminaire).
58
Bilan intermédiaire
59
Chapitre
2
Mise en forme de préformes
textiles sur des géométries à
double courbures
61
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
62
Dans le cadre de la thèse, les préformes textiles ont été retenues pour mettre en oeuvre
le matériau composite. Ces renforts, hautement déformables par comparaison aux préim-
prégnés, peuvent être drapés directement sur la géométrie pour être ensuite consolidé en
autoclave. Cette méthode est particulièrement adaptée pour établir des pièces à géométrie
double courbure. Néanmoins, des défauts peuvent apparaître tels que le glissement inter-
plis, l’apparition de plissements, la modification de l’orientation des mèches ou encore
des ruptures de fibres au sein des mèches lors de cette étape de mise en forme du renfort.
Ces défauts impactent la microstructure et les performances mécaniques de la pièce
composite consolidée. L’étude de la déformabilité des renforts tissés est, par conséquent,
primordiale afin d’estimer les propriétés mécaniques finales de la pièce composite.
Le deuxième objectif est l’étude de la déformation hors plan du semi-produit à travers des
essais de mise en forme sur un moule mâle à géométrie double courbure. Une méthode
de mesure par corrélation d’images a été utilisée pour obtenir à tout instant du drapage
les champs de déplacement à la surface du renfort. Ces résultats ont permis d’identifier
les zones fortement sollicitées en déformation. Les essais de caractérisation (2D) ont
été corrélés avec les essais de drapage (3D) et une première piste de validation du
comportement du renfort a été étudiée. Finalement, les champs de déformation obtenus
en fonction du moule utilisé seront exploités pour étudier, dans le chapitre 4, l’influence
de la mise en forme du renfort fibreux sur les performances mécaniques du matériau
composite après consolidation.
63
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Les essais de cisaillement plan ont été effectués avec le dispositif de traction INSTRON
5800 équipé d’une cellule de force de 30kN. Les éprouvettes sont maintenues grâce
à des mors hydrauliques (Réf : Instron s14635) avec des plateaux de 150 × 50 mm2
afin d’assurer un serrage suffisant pour empêcher tout glissement du renfort au cours
de l’essai. Le paramétrage des essais est reporté dans le tableau [Tableau 2.1].Deux
méthodes de mesure de l’angle de cisaillement ont été utilisées dans cette campagne
expérimentale :
64
Caractérisation en cisaillement plan par l’essai « Bias Extension Test »
Figure 2.2 – Identification des zones de sollicitation d’une éprouvette bias extension
test
Le comportement en cisaillement observé pour cette préforme textile présente deux modes
de déformation. Une représentation graphique de l’effort enregistré par la cellule de force
en fonction du déplacement du mors supérieur atteste du comportement non linéaire du
semi-produit [Fig.2.3]. La courbe effort/déplacement "type" du semi-produit comélé
65
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
C/PPS nous permet d’identifier les trois phases caractéristiques de son comportement
au cours de la sollicitation en cisaillement plan :
66
Caractérisation en cisaillement plan par l’essai « Bias Extension Test »
1 α 1 γ
CS (γ) = Lc Fb sin − S2 CS (2.1.1)
S1 2 2 2
90
80
0.25
Couple surfacique − [N.mm]
0.2 60
50
0.15
40
0.1 30
20
0.05
10
Angle de blocage
en cisaillement
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
Angle de cisaillement − [°] Déplacement − [mm]
(a) (b)
Figure 2.4 – Résultat des essais "bias extension test" : (a) Couple surfacique en
fonction de l’angle de cisaillement - (b) Confrontation de l’angle de cisaillement plan
théorique et expérimental
L’angle de cisaillement expérimental est mesuré localement par méthode optique dans
la zone C des éprouvettes afin de vérifier les hypothèses faites dans le calcul de l’angle
de cisaillement théorique défini par la relation (1.2.3) (cf. Chapitre 1). Les réponses
expérimentales et théoriques de l’angle de cisaillement en fonction du déplacement sont
reportées en [Figure 2.4b]. La loi théorique est représentative de l’évolution de l’angle de
cisaillement mesuré jusqu’à une valeur de 42◦ . Au-delà de cette valeur, l’écart relatif est
supérieur à 10, 0 % et atteste de la divergence entre les deux réponses. Ainsi dans cet
intervalle, les mèches du renfort textile subissent moins de glissements entre les réseaux
chaîne et trame et d’élongation. Passé cette limite, les considérations faites ne sont plus
valides. La détermination précise de cette phase de transition entre les deux modes de
déformation est cependant délicate et imprécise. Une méthode de caractérisation de
cette transition consiste à déterminer l’angle de blocage en cisaillement (cf. Chapitre
1). Ce dernier est déterminé par l’intersection des deux pentes linéaires de la courbe
67
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Tableau 2.2 – Résultats des essais bias extension test sur les éprouvettes C/PPS
68
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
69
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Le pilote SPIF "Single Point Incremental Forming" [Figure 2.6] a été développé ini-
tialement pour étudier le formage incrémental de plaques en alliages d’aluminium
[Decultot2009]. Le dispositif a été adapté pour des applications de déformation textile.
Un poinçon, fixé sur un chariot mobile, permet de draper le renfort par le dessous per-
mettant ainsi d’effectuer les mesures de champs de déplacement sur la partie supérieure
du semi-produit. Le guidage du poinçon, dans le cadre des essais de drapage, se fait
uniquement suivant la direction Z. La course maximale de déplacement suivant Z avec
ce dispositif est de 100 mm. La vitesse de déplacement du poinçon dans la direction Z
est comprise entre entre 2 mm/s et 5 mm/s. Le chariot mobile est équipé d’un capteur
de force tri-axes (FGP sensors - Réf FN7301-7) permettant d’enregistrer les efforts au
cours de l’emboutissage. L’étendue de mesure de l’effort axial FZ est comprise dans
l’intervalle [0 − 2 kN ].
Afin d’obtenir la surface complète de la géométrie 3D, deux bancs de stéréovision sont
placés au-dessus du pilote d’emboutissage [Fig.2.7]. Chaque banc est constitué de deux
caméras AVT Marlin (F-145B2) de résolution 1392 × 1040 pixels équipées de capteurs
CCD de 2/3 pouce. Elles sont solidarisées à un bâti, fixé au sol, au dessus de la zone
d’étude. Chaque banc est calibré indépendamment de l’autre. Les images obtenues sont
codées en 8 bits. Des objectifs de 12, 0 mm avec une distance focale de 35 mm équipent
chaque caméra.
70
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
Les deux bancs de mesure sont positionnés de manière à visualiser chacun une partie du
poinçon [Figure 2.8]. Pour avoir la continuité des champs de déplacement, les 4 caméras
doivent avoir une zone conjointe appelée également zone de recouvrement.
Afin de draper au mieux le renfort textile, un dispositif serre-flan a été installé au-dessus
du poinçon d’emboutissage [Fig.2.9]. Le textile est intercalé et maintenu en position
entre la plaque support (3) et le serre flan transparent (1). Ce dernier a été usiné
dans une plaque en plexi-glass. Un cadre de serrage (2) est fixé au serre-flan par un
système de vis/ressort (4) afin d’exercer une pression réglable et homogène sur le renfort
textile. Ce dernier, maintenu à plat en début d’essai, se déforme progressivement avec
le déplacement vertical du poinçon. Le glissement autorisé des mèches permet de draper
au mieux le tissu sur la géométrie. Pour assurer un drapage optimal, le serre-flan est
extrudé de manière à ce que la forme du contour interne coïncide avec la base du poinçon.
Un entre-fer de 1, 5 mm a été pris en compte pour faciliter le glissement du tissu sur
l’outil.
71
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Trois formes de poinçon de type double courbure ont été utilisées pour les essais de
drapabilité [Figure 2.10] :
72
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
Figure 2.10 – Les poinçons d’emboutissage utilisés pour les essais de drapage
Pour des essais de drapage, la disposition du renfort à draper par rapport au poinçon
conditionne les champs de déformation mesurés. La [Figure 2.11] présente, pour chacun
des poinçons, la disposition initiale du renfort textile.
73
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
(a)
(b)
(c)
Figure 2.11 – Positionnement du renfort avant drapage : (a) Hémisphère avec serre
flan - (b) Tétraèdre - (c) Poinçon parallélépipédique avec congés d’arrête
74
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
Pour mesurer les déformations hors plan du renfort lors d’essais de drapabilité, la tech-
nique de stéréo-corrélation d’images (3D-DIC) est tout indiquée. Avec la configuration
utilisée, la résolution spatiale est de 5, 7 mm (Taille imagette : 29 × 29 px2 et Résolution
image : 0, 2 mm/px). La taille du grain est légèrement supérieure à la taille du pixel.
Il y a néanmoins un fort risque que certains grains soient confondus dans le niveau de
gris de l’imagette (fenêtre de corrélation) et entravent l’appariement spatial et temporel.
Des grains de plus grande taille sont donc nécessaires. Par ailleurs, pour cette résolution
spatiale, la texture de chaque imagette (fenêtre de corrélation) est répétitive et aniso-
trope ce qui est préjudiciable à la qualité du mouchetis. Par conséquent, l’application
d’un mouchetis avec une répartition isotrope, une distribution non répétitive et des
grains de plus grande taille est indispensable.
Un mouchetis artificiel à base de pâte blanche de type dentifrice est appliqué sur
la préforme textile afin d’améliorer le contraste de l’image à l’échelle de la mesure
[Figure 2.12]. La pâte de dentifrice, légèrement humidifiée, est déposée sur un film
perforé de manière aléatoire. L’ensemble est déposé sur le renfort et une pression est
appliquée par le dessus pour imprégner le motif. Les tâches ainsi formées font en moyenne
2, 0 mm de diamètre.
75
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Des essais « bias extension test » sur le renfort avec la mouchetis artificiel ont été effectués.
L’objectif étant d’évaluer l’impact du revêtement appliqué en surface de la préforme
sur son comportement en cisaillement plan. La [Figure 2.13a] présente l’évolution du
couple surfacique en fonction de l’angle de cisaillement théorique pour les renforts avec
mouchetis. Une comparaison est faite avec la réponse moyennée sur trois essais pour
le renfort sans mouchetis. On remarque une bonne correspondance des courbes entre
les préformes avec et sans mouchetis pour un angle de cisaillement pouvant atteindre
30◦ . Au-delà, on remarque un écart important du couple surfacique avec une valeur
trois à quatre fois supérieure à celle mesurée sur une éprouvette textile sans mouchetis.
En [Figure 2.13b], illustrant la comparaison entre l’angle de cisaillement théorique et
expérimental, on constate que la déformation du renfort textile en cisaillement plan est
conforme à ce que prédit la théorie avec un écart relatif inférieur à 10 % jusqu’à un
angle de cisaillement de 42◦ mesuré via ICASOFT®. L’angle de cisaillement par mesure
locale diverge rapidement du modèle avec un dépassement de 10 % de l’écart relatif
pour un angle de cisaillement de 22◦ . Des erreurs de mesures sont très certainement à
l’origine d’un tel écart.
0.3 90
Théorie
Mesure ICASOFT
80
Mesure Locale
0.25
Couple surfacique − [N.mm]
70
0.2 60
50
0.15
40
0.1 30
Avec mouchetis
Sans mouchetis 20
0.05
10
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
Angle de cisaillement − [°] Déplacement − [mm]
(a) (b)
Figure 2.13 – Résultat des essais "bias extension test" pour les renforts avec
mouchetis : (a) Couple surfacique en fonction de l’angle de cisaillement - (b)
Confrontation de l’angle de cisaillement plan théorique et expérimental
76
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
angle soit proche de celui défini pour le renfort sans mouchetis, l’effort enregistré à
cet instant est de 54, 0 N contre 12, 0 N pour le cas sans mouchetis. Le constat est
similaire pour le couple surfacique. Le traitement de surface contribue à la rigidification
du renfort tissé et explique un niveau d’effort plus important nécessaire pour le déformer
par comparaison avec le renfort sans mouchetis. Cette conclusion devra être prise en
considération dans l’analyse des essais d’emboutissage des préformes textiles sur des
pièces volumiques.
Tableau 2.3 – Résultats des essais bias extension test sur les éprouvettes C/PPS -
Avec mouchetis
Finalement, l’essai est instrumenté d’un banc de deux caméras pour évaluer la qualité du
mouchetis lors d’une mesure de champ par stéréo-corrélation d’images. L’appariement
des images et le calcul des déformations hors plan se font avec le logiciel VIC-3D
[Figure 2.14] [CorrelatedSolution]. Pour une taille d’imagette de 34 × 34 px2 et un pas
de 7 pixels, la corrélation d’images à travers VIC-3D est possible.
À partir des images acquises par l’ensemble des caméras et des données intrinsèques de
chaque système (positions et orientations relatives des caméras entre elles) obtenues lors
77
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Finalement, la surface complète s’obtient par recalage des surfaces acquises respective-
ment par les systèmes 1 et 2 grâce à l’algorithme "Iterative Closest Point". Le principe
est résumé en [Figure 2.15].
Pour faire le lien avec les essais de caractérisation en déformation des préformes textiles,
il est nécessaire d’établir le lien entre les déformations du renfort obtenues par stéréo-
corrélation d’images et l’angle de cisaillement.
78
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
Considérons un cadre soumis à une sollicitation en cisaillement pur [Figure 2.16]. Ce cadre
représente une maille élémentaire d’un renfort textile avec les segments représentant
les mèches dans les directions chaîne et trame. Soit [AB] et [AC] deux segments de
l’état initial. Par hypothèse, les réseaux chaînes et trames sont perpendiculaires entre
eux à l’état initial. Les segments [AB] et [AC] sont donc perpendiculaires. Ces deux
éléments deviennent les segments [A′ B ′ ] et [A′ C ′ ] à l’état déformé. Le déplacement de
ces éléments induit une rotation γ1 et γ2 correspondant respectivement à la rotation
des éléments dx et dy. On considère les hypothèses suivantes :
➢ À l’état initial, le tissu n’a pas été sollicité en cisaillement. Par conséquent,
l’orientation des réseaux chaîne et trame est de 90°.
γ
γ1 = γ2 = (2.2.4)
2
79
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
deux composantes :
→
− →
−
u = y tan γ → !
−
ex
U = →
− →
− (2.2.5)
v = x tan γ ey
Le tenseur des transformations est donc de la forme :
1 tan γ1 0
F = ∇U + I =
tan γ1 1 0
(2.2.6)
0 0 1
On s’intéresse ici au tenseur de Green-Lagrange qui est adapté aux grandes déformation.
On obtient le tenseur suivant :
εxx εxy 0 tan2 γ/2 tan γ 0
1
E= C −I =
εxy εyy 0
= tan γ tan2 γ/2 0
(2.2.7)
2
0 0 0 0 0 0
Finalement, il est possible de revenir sur les angles de cisaillement en tout point de la
géométrie 3D à partir du champ de déformation en cisaillement. Par identification du
tenseur des déformations, on obtient la relation (2.2.8).
Par ailleurs, l’angle de cisaillement global γ d’un réseau chaîne/trame s’obtient à partir
de la relation (2.2.9).
80
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
2.2.3.1 L’hémisphère
81
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
82
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
83
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
84
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
2.2.3.2 Tétraèdre
Le champ d’angle de cisaillement des deux systèmes, présenté en [Figure 2.23] permet
d’identifier les niveaux de déformation de chaque face du tétraèdre. Pour les faces 2 et 3,
l’angle de cisaillement est globalement homogène. Pour la face 1, une discontinuité du
champ de l’angle de cisaillement la traverse de sa base à son sommet avec un angle de
cisaillement évalué à 2, 9◦ ± 1, 0◦ . Cette discontinuité correspond à une zone de tension
du renfort marquée par le passage de mèches, orientées sens chaîne, au sommet du
tétraèdre. Elle divise la face 1 en deux zones homogènes dont le niveau de cisaillement
est comparable. Finalement, cette discontinuité est directement liée à l’orientation de
la préforme textile définie avant son emboutissage sur la géométrie tétraédrique. On
remarque que cette zone discontinue est parallèle à la direction chaîne du renfort.
85
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Pour les faces 2 et 3, des discontinuités de l’angle de cisaillement sont visibles et suivent
les mèches sens trame du renfort tissé. Ces discontinuités se rejoignent au sommet
de tétraèdre. C’est l’orientation initiale du renfort qui définit le champ de l’angle de
cisaillement et l’apparition de ces discontinuités.
Les angles de cisaillement moyens de chaque face, calculés à partir des cinq essais de
drapage, sont reportés en [Figure 2.24]. À l’exception des zones de discontinuité, l’angle
de cisaillement est minimal sur la face 1 du tétraèdre avec une valeur de 13, 9◦ ± 0, 8◦ .
Sur les faces 2 et 3, cette valeur est deux fois plus grande : 26, 6◦ ± 1, 3◦ .
86
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
La [Figure 2.25] montre le champ de l’angle de cisaillement pour trois valeurs maximales
du déplacement du poinçon : Z1 = 8, 0 mm , Z2 = 30, 0 mm et Z1 = 40, 0 mm . Les
discontinuités présentes dès le début de l’emboutissage de la préforme évoluent très
faiblement au cours de l’essai (γ < 2, 0◦ ).
87
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
88
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
89
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Dans l’ensemble, le renfort tissé est peu sollicité en cisaillement. L’angle de cisaillement
mesuré sur chaque poinçon d’emboutissage reste inférieur à l’angle de blocage en
cisaillement.
90
Étude de la drapabilité du semi-produit sur une géométrie complexe
Pn
(yi − ybi )2
R = 1 − Pi=1
2
n 2 (2.2.10)
i=1 (yi − y)
Avec :
➢ y la moyenne
Reporté dans le [Tableau 2.4], la valeur moyenne de ce coefficient pour l’hémisphère est
de 0, 88.
Coefficient de détermination R2
Zone 1 0,87
Zone 2 0,83
Hémisphère Zone 3 0,91
Zone 4 0,92
Coin 1 0,81
Coin 2 0,95
Boite Coin 3 0,94
Coin 4 0,93
En ce qui concerne la géométrie tétraédrique, la surface est divisée en trois zones : face
1, face 2 et face 3. En raison de la présence de la discontinuité présente en face 1,
cette dernière est coupée en deux avec une section A et une section B. Les valeurs
expérimentales de chacune de ces zones sont reportées en fonction de leur position
suivant la direction Z par rapport au somment de la géométrie en [Figure 2.32]. Pour
chaque face, on observe un niveau homogène de l’angle de cisaillement avec une valeur
moyenne de 26, 5◦ pour les faces 2 et 3 et de 13, 9◦ pour la face 1 section A et B. L’écart
type est inférieur à 2◦ .
91
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
92
Simulation du drapage à partir de la méthode du filet
La mesure des déformations d’un semi-produit tissé par stéréo-corrélation d’images est
finalement une technique prometteuse. L’évaluation de la mesure montre une bonne
répétabilité des essais pour les trois géométries étudiées. Cependant, cela ne représente
pas un argument suffisant pour valider la méthode employée pour évaluer le cisaillement
du renfort lors d’un essai de drapage. La mesure de l’angle de cisaillement (dans les zones
critiques de chaque poinçon) par une méthode alternative s’avère donc nécessaire pour
valider l’utilisation de la mesure de champ par stéréo-corrélation d’images. La mesure
ponctuelle en plusieurs points de croisement des réseaux chaîne et trame devraient
permettre d’établir une comparaison avec les valeurs expérimentales obtenues dans le
cadre des travaux de thèse. Néanmoins, cette méthode est insuffisante pour valider
complètement la mesure par stéréo-corrélation en raison de l’erreur de mesure importante.
Il serait envisageable d’utiliser une méthode de grille déjà validée dans ce type de
mesures [Lomov+2008 ; Vanclooster+2009]. L’application d’un marquage en surface ou
l’utilisation de fils traceurs intégrés dans le renfort constituent deux solutions pouvant
convenir à une méthode de grille.
2.3.1 Méthode
Les simulations ont été effectuées grâce au module QuickForm du logiciel PAM-
RTM ESI Group. Chaque géométrie de poinçon a été maillée sur la surface puis
importée dans PAM-RTM. Pour chaque géométrie, le noeud de drapage est positionné
au sommet respectif de chaque poinçon. Les directions principales correspondant aux
directions chaîne et trame du renfort tissé sont également paramétrées dans le modèle
et respectent celles définies en [Figure 2.11]. Le renfort est modélisé par un quadrillage
avec une distance entre deux noeuds de réseau chaîne/trame voisins de 2, 5mm.
93
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
2.3.2 Hémisphère
Des valeurs de l’angle de cisaillement, prises dans chaque zone remarquable de la surface
de réponse numérique, sont comparées avec la réponse expérimentale. Les écarts relatifs
entre les réponses expérimentale et numérique, reportés dans le [Tableau 2.5], montre
une forte divergence des valeurs d’angle de cisaillement.
Tableau 2.5 – Écart relatif des angles de cisaillement issus des essais
expérimentaux et de la simulation pour la géométrie hémisphérique
94
Simulation du drapage à partir de la méthode du filet
95
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Bien que la tendance d’évolution des courbes soit semblable, on constate un écart
important entre les valeurs numériques et expérimentales. Les écarts relatifs calculés
pour trois hauteurs (H) et reportés dans le [Tableau 2.6] sont bien supérieurs à 10 % à
l’exception du coin 2 avec seulement 6, 4 % lorsque H vaut 5, 0 mm.
Tableau 2.6 – Écart relatif des angles de cisaillement issus des essais
expérimentaux et de la simulation pour la géométrie parallélépipédique
96
Simulation du drapage à partir de la méthode du filet
2.3.4 Tétraèdre
La distribution de l’angle de cisaillement, issue de la simulation et représentée en
[Figure 2.36], correspond à celle obtenue par stéréo-corrélation d’images. On retrouve les
discontinuités visibles parcourant chaque face de leur base au sommet de la géométrie.
Dans ces zones particulières, la géométrie des mailles est peu modifiée en raison du
noeud de drapage positionné au sommet de la géométrie et de l’orientation du renfort.
L’effet du cisaillement y est limité.
97
Mise en forme de préformes textiles sur des géométries à double courbures
Tableau 2.7 – Écart relatif des angles de cisaillement issus des essais
expérimentaux et de la simulation pour la géométrie tétraédrique
Des essais de drapage forcé, avec utilisation d’un serre-flan, sur des poinçons à géométrie
« double courbure » ont validé la faisabilité de mise en forme du renfort textile. L’essai
est couplé à une instrumentation par stéréo-corrélation d’images afin d’évaluer, à
chaque instant du drapage, les champs de déformation du renfort sur toute la surface
de la géométrie. L’angle de cisaillement est déduit du tenseur des déformations de
Green-Lagrange et est comparé à celui déterminé par l’essai « bias extension test ».
La convergence des résultats avec une méthode de corrélation d’images, appliquée
notamment par Morestin [Morestin+2008], a permis de valider la méthode.
Les essais de drapabilité sur les trois géométries ont permis d’établir les cartographies
de l’angle de cisaillement et d’identifier les zones fortement sollicitées. La simulation du
drapage à partir d’un modèle géométrique (méthode du filet) vérifie la distribution de
l’angle de cisaillement pour chaque géométrie étudiée. Néanmoins, des écarts importants
ont été constatés pour la géométrie tétraédrique.
Pour poursuivre ses travaux, une analyse plus fine des champs de déformation établis
lors des essais de drapage par stéréo-corrélation d’images est nécessaire afin de prendre
en compte les autres modes de comportement en déformation du renfort textile (flexion,
tension...). Cela passe également par la caractérisation complète du comélé C/PPS à
fibres craquées. Ces éléments permettront de simuler le drapage du renfort sur le poinçon
et dans la partie plane avec un modèle tenant compte des propriétés du matériau.
98
Chapitre
3
Relations microstructure /
propriétés mécaniques des
plaques composites C/PPS
99
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
100
Après la phase de drapage du renfort textile vient l’étape de mise en œuvre du matériau
par consolidation afin d’obtenir la pièce finale. Utilisé majoritairement pour la fabrication
de pièces composites à matrice thermodurcissable, l’autoclave est également utilisé pour
consolider les pièces structurales aéronautiques après dépose manuelle ou automatique
de préimprégnés unidirectionnels. Une plage de viscosité des thermoplastiques à la
température de mise en oeuvre comprise entre 100, 0 P a.s et 1000, 0 P a.s alors que celle
des polymères thermodurcissables n’excède pas les 10, 0 P a.s [Klinkmüller+1994] et des
températures de mise en oeuvre supérieures à celles des matrices thermodurcissables
conduisent à des difficultés supplémentaires lors de la consolidation des composites
thermoplastiques. Le procédé de consolidation par autoclave est toutefois peu utilisé pour
la mise en oeuvre de semi-produits peu imprégnés tels que ceux envisagés dans cette
étude pour la réalisation de pièces composites complexes à matrice thermoplastique. En
effet, une imprégnation plus difficile du renfort textile peut engendrer des porosités dans
le matériau composite.
101
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
Ces deux semi-produits, de par leurs structures, sont deux candidats intéressants pour
mettre en œuvre des plaques composites par consolidation en raison de la faible distance
nécessaire à la matrice pour imprégner totalement le renfort.
(a) (b)
Dans le cas du renfort poudré Porcher, le polymère est appliqué en surface du renfort
sous forme de "petites" gouttes. Cette méthode d’intégration du polymère favorise
l’imprégnation interpli. Les micrographies pour le cas d’un renfort poudré à matrice PPS
102
Les matériaux de l’étude
[Figure 3.2] montrent que ces particules s’étalent en surface du renfort. On peut également
souligner l’absence d’imprégnation du renfort par la matrice lors de l’élaboration du
semi-produit. Cela signifie que lors de la mise en oeuvre du composite, une partie
de la matrice va venir imprégner le renfort et les mèches de fibres de carbone. Une
problématique de ce semi-produit est l’imprégnation à coeur des mèches en raison de la
distance que la matrice doit parcourir pour imprégner ces zones.
(a) (b)
(a) (b)
Dans le cas du semi-produit comélé, la matrice est intégrée sous la forme de filaments
directement au niveau des mèches du renfort. Des fibres de carbone craquées constituent
le renfort. La [Figure 3.4] détaille, à travers des images de microscopies optiques, la vue
de coupe d’un pli du semi-produit comélé (a) avec des agrandissements des mèches sens
longitudinal et transverse. La micrographie x100 en (b) détaille la structure du fil de
guipage constitué de filaments de polymère. Ce fil de guipage assure le maintien de la
mèche [Bernet+2001]. Un grossissement x200 permet de distinguer les fibres de carbone
103
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
(ømoyen = 7, 0 µm) et les filaments de PPS (ømoyen = 20, 0 µm) contenus dans une
mèche. Le ratio entre le nombre de fibres de carbone et de filament de PPS est de 16 . Ces
micrographies permettent également d’apprécier le niveau de comélage assez inégal au
sein de la mèche de l’ensemble renfort carbone/polymère. L’observation en (c) montre
une répartition non homogène des deux ensembles avec des zones d’agglomération
des fibres de carbone. Néanmoins l’imprégnation à cœur, grâce à cette stratégie, est
grandement favorisée au détriment de l’imprégnation interpli. Par ailleurs, comme il
a été constaté dans le chapitre précédent, ce matériau est adapté pour fabriquer des
pièces à géométries complexes du fait de sa haute drapabilité.
Figure 3.4 – Micrographies d’un échantillon du semi-produit comélé C/PPS : (a) Vue
de coupe du renfort - Grossissement x25 (b) Mèche sens longitudinal avec fil de
guipage - Grossissement x100 (c) Vue de coupe d’une mèche - Grossissement x200
Ces deux semi-produits, bien qu’ils soient comparables en termes d’armature et de type
de renfort, n’auront pas la même santé matière pour un même cycle de consolidation en
raison de l’intégration du polymère par poudrage dans l’un et par voie comélage dans
l’autre. Ces différences au niveau de la microstructure vont induire des écarts dans leurs
propriétés mécaniques respectives.
104
Mise en œuvre de plaques composites par consolidation autoclave
Plusieurs couches de feutre drainant (AIRWEAVE® UHT 800) (4) sont disposées en
périphérie et au-dessus des empilements de renfort textile [Figure 3.6]. L’objectif est
de permettre un premier compactage des plis et de réduire le nombre de bulles d’air
retenues dans le stratifié durant la phase d’imprégnation. Un « cadre périphérique »
constitué de deux épaisseurs de grilles en acier, entourées d’un feutre drainant en verre
tissé, vient compléter l’ensemble afin de maintenir le vide sous la bâche.
105
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
Figure 3.6 – Configuration du tissu drainant utilisé pour l’évacuation de l’air présent
dans le renfort textile
L’ensemble est isolé de l’environnement extérieur par un film en PTFE (5) de désignation
VB-3 (Cytec). Une des bâches utilisées dans le cadre de cette campagne est visible en
[Figure 3.7].
Figure 3.7 – Vue de surface de la bâche à vide en film PTFE (VB-3) en cours de
mise sous vide
106
Mise en œuvre de plaques composites par consolidation autoclave
pouvoir mesurer la pression interne et suivre l’évolution du niveau de vide dans la bâche
au cours de la consolidation. Un agent de démoulage (Frekote 700N) est également
appliqué sur toutes les surfaces métalliques et sur les films en polyimide directement en
contact avec le renfort textile.
Les plaques ont été fabriquées soit en autoclave soit en étuve Nabertherm® pour les
essais ne nécessitant pas l’utilisation d’une pression externe pour consolider les plaques
composites. Les données techniques des moyens de mise en oeuvre sont détaillées dans
le [Tableau 3.2].
Tableau 3.2 – Données techniques des moyens utilisés pour la mise en oeuvre des
plaques composites
107
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
(a)
(b)
(c)
Le [Tableau 3.3] récapitule les paramètres cycles utilisés pour chaque plaque consolidée.
Les valeurs de pressions internes maximales atteintes y sont également reportées.
Tableau 3.3 – Les cycles de mise en oeuvre des plaques composites : - A pour les
plaques constituées de plis poudrés - B pour les plaques constituées de plis comélés
Un des problèmes récurrents dans la mise en oeuvre des plaques composites à matrice
thermoplastique vient de la difficulté à maintenir un niveau de vide satisfaisant au sein de
la bâche tout au long du cycle autoclave. Le [Tableau 3.3] indique que la valeur consigne
de −0, 07 M P a n’est respectée pour aucun des essais. Le vide est même totalement
perdu pour les plaques A4 et B4. Seules les plaques A3, A5 et A6 ont été obtenues
avec une pression interne inférieure à la pression atmosphérique tout au long du procédé.
Pour les plaques restantes, une pression interne positive (≥ Patm ) pouvant atteindre
les 0, 06 M P a est mesurée. Lors de consolidations en étuve, c’est-à-dire en l’absence
d’application de pression externe, il a été observé une diminution du niveau de vide au
cours du chauffage pour ensuite se stabiliser à une valeur intermédiaire lors de la phase de
consolidation. Le constat est le même pour les cycles de consolidation en autoclave avec,
pour les plaques A3 et B5, une variation du niveau de vide au cours du temps [Figure 3.9]
et [Figure 3.10]. L’augmentation combinée de la température et de la pression externe
109
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
sur la bâche entraîne une augmentation de la pression interne (cf. ①) . Tout comme
pour les essais en étuve, ce niveau se stabilise durant le palier de consolidation (cf. ②).
Finalement, le niveau de vide augmente à nouveau lors de l’amorçage du refroidissement
de l’autoclave. Il redevient, en fin de mise en oeuvre, quasiment identique à sa valeur
initiale en début de cycle, c’est-à-dire lorsque T = Tambient et Pext = 0 M P a.
Pour les plaques A4 et B4, dont le cycle autoclave est représenté en [Figure 3.11],
cette perte de vide arrive au cours de l’application progressive de la pression externe
110
Mise en œuvre de plaques composites par consolidation autoclave
finale (1, 7 M P a). Elle s’explique par un défaut d’étanchéité au niveau de la bâche à
vide au cours du cycle caractérisé par la montée très rapide (+0, 025 M P a/min) de la
pression à l’intérieur de la bâche. L’origine de ce défaut vient du choix des produits
d’environnement utilisés pour fabriquer la poche à vide.
111
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
112
Mise en œuvre de plaques composites par consolidation autoclave
Plusieurs plaques drapées à partir de renforts textiles comélés ou poudrés ont été mises
en oeuvre avec les différents cycles de consolidation. Malgré le fait que les cycles objectifs
visés n’aient pas été tenus, principalement du fait des pertes d’étanchéité lors de la mise
en oeuvre, les plaques élaborées ont permis de couvrir une plage suffisante de niveau
de porosité pour permettre d’étudier l’influence du niveau de porosité sur les propriétés
mécaniques des composites.
Les épaisseurs de chaque plaque ont été mesurées puis comparées avec l’épaisseur d’un
stratifié parfaitement consolidé, avec une absence de porosité (mise en oeuvre par thermo
compression sous presse). Cette valeur de référence figure dans les données techniques
du fabricant. L’ensemble de ces valeurs, reportées dans le [Tableau 3.4] permet d’avoir
une première estimation du niveau de consolidation global des plaques composites.
Les plaques composites consolidées à partir du renfort C/PPS poudré ont une épaisseur
par pli moyenne de 0, 320 mm soit juste au-dessus de la valeur indiquée par la société
PORCHER. Seule la plaque A4 avec une épaisseur par pli de 0, 30 mm a une valeur
inférieure à celle de référence. Cependant, la dispersion de 0, 15 mm indique une forte
hétérogénéité en termes d’épaisseur de cette plaque, caractéristique d’un niveau de
consolidation inégal.
En ce qui concerne les plaques obtenues à partir de renforts tissés à mèches comélées,
l’épaisseur du pli moyen est de 0, 328 mm soit bien au-dessus de celle de référence
(0, 297 mm). Cet écart indique une consolidation insuffisante et laisse supposer un
niveau de porosité non négligeable dans l’ensemble de ces plaques. Cependant, la
dispersion des mesures d’épaisseur se limite à (0, 03 mm) maximum laissant supposer
113
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
une compaction homogène et, par conséquent, une répartition uniforme des défauts tels
que les porosités.
Une première analyse non destructive des plaques a été effectuée dans une cuve à
ultrasons. L’objectif est de contrôler l’homogénéité en termes de défauts des plaques
composites. La configuration de l’inspection avec une sonde ultrasonore multi éléments
est reportée en [Tableau 3.5].
Tableau 3.5 – Configuration de l’inspection par ultrason avec une sonde multi
éléments
Les plaques poudrées ont pu être analysées en raison d’un état de surface suffisamment
bon pour permettre au signal ultrasonore de traverser le matériau. Cependant, les plaques
comélées, à l’exception des plaques B1 et B5, présentent des aspérités de surface faisant
réfléchir le signal ultrasonore et rendant l’analyse microstructurale impossible. Pour les
plaques analysées, l’atténuation a été évaluée en calculant en chaque point de mesure
le rapport entre l’amplitude du signal correspondant à l’écho de fond (A1 ) et celle
correspondant à l’écho de surface (A2 ) [Éq. 3.2.1] [Duong+2014]. L’homogénéité de la
structure de la plaque est évaluée en calculant la dispersion des valeurs d’atténuation
prises en tout point de la surface de la plaque.
′ A2
R (%) = ∗ 100 (3.2.1)
A1
114
Mise en œuvre de plaques composites par consolidation autoclave
Pour les plaques à semi-produit comélé, seules les plaques B1 et B5 ont un état de
surface suffisamment correct pour pouvoir être analysées en C-Scan [Figure 3.14]. La
plaque B1 présente des défauts localisés (points rouges) caractéristiques d’une très faible
atténuation du signal. Par comparaison avec la plaque de référence, ces défauts localisés
peuvent être identifiés comme étant des porosités relativement grandes. Au contraire,
la plaque B5 semble être moins affectée par ces défauts avec un niveau homogène de
l’atténuation. Les deux traits verticaux bleus correspondent à des marques en surface
de la plaque composite produites lors de sa mise en oeuvre.
115
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
116
Les méthodes de caractérisation appliquées à l’analyse des plaques composites
117
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
3.3.1.2 Compression
118
Les méthodes de caractérisation appliquées à l’analyse des plaques composites
Les essais de flexion 3 points [Figure 3.18] se réfèrent à la norme NF EN ISO 14125.
L’ensemble des conditions opératoires est détaillé au [Tableau 3.8].
Les essais CIL [Figure 3.19] ont été effectués en se référant à la norme EN NF ISO
14130. Les résultats sont obtenus à partir de 5 éprouvettes de 20 × 10 × 2 mm3 . Les
conditions d’essais sont données dans le [Tableau 3.9].
Afin d’étudier l’influence du procédé de mise en oeuvre sur les performances mécaniques
du matériau, une analyse microstructurale est nécessaire.
119
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
Pour étudier plus en détail la santé matière des stratifiés composites, des analyses
au tomographe à rayon X ont été effectuées. L’objectif est d’obtenir des informations
d’ordre morphologique telles que le volume, la forme et l’orientation de chaque porosité
contenue dans les plaques consolidées.
Des échantillons de 20 × 10 × 2 mm3 de chaque plaque composite ont été scannés avec
le tomographe Easytom 130 [Figure 3.20]. L’énergie du faisceau est réglée à 44, 0 kV et
l’intensité de la source à 181, 0 µA. La résolution obtenue, en termes de taille de voxel,
est de 11, 2 µm ± 0, 8 µm.
Les images 3D issues de la phase de reconstruction ont été converties en 8 bits afin
d’obtenir des images codées sur 256 niveaux de gris. La [Figure 3.21] illustre un cas
120
Les méthodes de caractérisation appliquées à l’analyse des plaques composites
(a) (b)
Figure 3.20 – Tomographe Easytom 130 - Espace Clément ADER - Toulouse : (a)
Vue extérieure - (b) Vue intérieure
type d’images obtenues dans les trois plans de visualisation (xy), (yz) et (xz) pour un
échantillon de la plaque B3. Ces images permettent de distinguer trois milieux : les
porosités de couleur noire, la matrice en blanc et le renfort de carbone en gris.
121
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
Figure 3.22 – Identification des différents éléments de l’image issue d’un échantillon
de la plaque B3 :
(a) Histogramme en niveau de gris de l’image - (b) Image brute 8 bits
(c) Seuillage en niveau de gris de la porosité (en bleu) et de la matrice (en vert)
Afin d’analyser les porosités présentes dans le stratifié, il est nécessaire d’effectuer un
seuillage en niveau de gris des images issues de la reconstruction pour obtenir une
séparation entre les porosités et l’ensemble fibres de carbone/matrice. La valeur du seuil
inférieur est fixée à 0. Celui du seuil supérieur est défini en utilisant l’histogramme de
la [Figure 3.22].
Les micro porosités ou celles très longiformes ont un faible contraste avec le renfort
rendant la segmentation difficile. Les méthodes 2 et 3 ne permettent pas d’extraire de
manière acceptable les porosités. Ainsi, la méthode 3 a été retenue pour les opérations
de seuillage des images issues du CT-Scan.
122
Les méthodes de caractérisation appliquées à l’analyse des plaques composites
15000
Image 1
Image 25
Image 50
Image 75
Image 100
Nombre de voxels
10000
5000
0
50 100 150 200 250
Niveaux de gris
Figure 3.24 – Histogramme des niveaux de gris pour cinq images issues du même
échantillon - Plaque B3 - Plan (xy)
123
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
En raison des différences de luminosité entre les images, un décalage des niveaux de gris
est observé. Si le seuil de segmentation est défini à partir d’une seule image et, compte
tenu de la variabilité de l’histogramme illustré en [Figure 3.24], des erreurs importantes
se manifesteront comme des effets de sous et sur seuillage. Par conséquent, l’évaluation
des porosités (taux volumique, analyse morphologique) ne serait pas pertinente. Pour
minimiser les erreurs liées au seuillage des images, il est nécessaire de déterminer la
valeur seuil adéquate pour chacune des images. Pour ce faire, un programme Matlab®
(MathWorks) a été développé afin d’automatiser la procédure de segmentation des
images reconstruites pour une orientation donnée. Une fois l’ensemble des porosités
identifiées sur les images binarisées, le taux de porosité peut être calculé grâce à la
relation [Éq. (3.3.2)] où Néchantillon représente le nombre de voxel de l’échantillon,
Nporosité le nombre de voxel appartenant à l’objet « porosité » et nimages le nombre
d’images.
nimages
X Nporosité
Vp (%) = ∗ 100 (3.3.2)
i=1
Néchantillon
Ces images ont été également post-traitées sous Image J [Rasband2014] avec l’extension
3D Object Counter [Bolte+2006] afin d’effectuer des analyses morphologiques en taille,
forme et orientation des porosités. La représentation 3D des porosités a été effectuée
via le logiciel Slicer 3D [Fedorov+2012 ; Kikinis+2014 ; Slicer2016]. La méthode globale
d’analyse des images tomographiques est donnée en [Figure 3.25].
124
Microstructure et propriétés mécaniques
125
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
Les CT-scans permettent, dans un premier temps, d’identifier les différents types de
porosités observés dans tout le volume de l’échantillon [Figure 3.26]. Dans les plaques
à tissu poudré, trois types de porosités sont identifiés :
➢ Porosités intra mèche : Ces porosités sont de petites tailles avec un diamètre
de l’ordre de grandeur de celle d’une fibre de carbone. Elles sont localisées au coeur
de la mèche (cf. les échantillons des plaques A2 et A5). Elles deviennent plus
nombreuses avec l’augmentation du taux volumique de porosité et s’agglomèrent
entre elles favorisant le développement de porosités très allongées également
observées dans la thèse de [Aucher2009]. Elles sont orientées suivant les deux
directions du renfort textile c’est-à-dire sens chaîne [0◦ ] et sens trame [90◦ ].
➢ Porosités inter mèches : Observées uniquement dans les échantillons issus de
la plaque A5, ces porosités sont localisées entre deux plis successifs et occupent
soit les zones riches en matrice soit les interfaces mèches et matrice.
➢ Fissures dans les mèches : Quelques fissures transversales sont visibles dans
les mèches des échantillons A2 et A3, qui correspondent aux plaques ayant le
plus faible taux de porosité. Leurs longueurs sont égales à la longueur du petit
axe d’une mèche.
126
Microstructure et propriétés mécaniques
La distribution en volume des porosités présentes dans chaque plaque poudré est
reportée en [Figure 3.28]. En raison du grand nombre de porosité et de l’étendue très
large du volume compris dans l’intervalle 2, 5.103 µm3 − 3, 45.109 µm3 , 19 intervalles
d’amplitude de 2, 5.103 µm3 allant de 2, 5.103 µm3 à 5, 0.104 µm3 ont été définis
(catégorie 1). Les porosités dont le volume est inférieur à 2, 5.103 µm3 sont filtrées
et non comptabilisées dans l’analyse morphologique. Les porosités dont le volume est
supérieur à 5, 0.104 µm3 sont regroupées dans un même intervalle et constituent la
deuxième catégorie. La [Figure 3.28b] détaille la distribution en volume de la catégorie
2 représentative des « macro-porosités » présentes dans les échantillons. La distribution se
fait à travers 8 intervalles de volume de 1.105 µm3 allant de 1.105 µm3 à 7.105 µm3 . Une
grande majorité des porosités (∼ 60 % − 70 %) ont un volume compris dans l’intervalle
2, 5.103 µm3 − 1, 0.104 µm3 . Pour l’ensemble des plaques poudrées les distributions
en volume incluses dans la catégorie 1 suivent une décroissance exponentielle. Les
configurations de mise en oeuvre ne semblent pas modifier la répartition en taille des
porosités appartenant à la catégorie 1. Des différences notables sont constatées dans
la distribution des porosités de la deuxième catégorie. Les « macro-porosités » sont plus
nombreuses pour les plaques A5 (Vp = 4, 57 %) et A6 (Vp = 3, 43 %) que pour les autres
plaques. Pour les plaques A3 et A4, la part de ces « macro-porosités » ne représente
que 4, 0 % du nombre total des porosités et confirme leur faible taux de porosité. Les
distribution confortent finalement les observations faites des images issues du CT-scan
[Figure 3.26] montrant une augmentation du nombre de porosités appartenant à la
catégorie 2.
127
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
(a)
(b)
Figure 3.28 – Distribution des porosités en volume (Analyse 3D) pour les plaques à
semi-produit poudré - (a) Volume ≤ 5000 µm3 - (b) Volume ≥ 50 000 µm3
128
Microstructure et propriétés mécaniques
La [Figure 3.29] représente la distribution des porosités suivant leurs géométries surfa-
ciques. Seules les porosités de la catégorie 2 sont analysées afin d’avoir une meilleure
lisibilité des résultats. L’évaluation de la forme surfacique se fait à travers le paramètre
« circularité » défini par la relation (3.4.1) [Rasband2014].
4π × A
Circ = √ (3.4.1)
p
129
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
35
A5
30 A6
A4
Fréquence − [%]
25 A2
A1
20
A3
15
10
0
0 30 60 90 120 150 180
Orientation − [°]
Le [Tableau 3.11] récapitule les mesures du taux volumique en fibre et en porosité pour
les plaques avec renfort comélé. Ce dernier varie entre 1, 65 % et 12, 11 % par dissolution
chimique.
Tableau 3.11 – Taux volumiques en fibre et en porosité des plaques comélées
130
Microstructure et propriétés mécaniques
➢ Porosité inter pli : Ces porosités se trouvent entre les plis dans les zones enrichies
en matrice. Elles peuvent également être au contact des mèches. D’aspect de surface
plutôt circulaire, leur taille augmente avec le taux de porosité. Elles finissent par
s’agglomérer et former des macro-porosités dont la taille est comparable à celle
d’une mèche comme pour le cas de la plaque B4. La représentation 3D des porosités
d’un échantillon de la plaque B4 (Vp = 12, 11 %), donné en [Figure 3.32], montre
l’arrangement de ces porosités dans l’échantillon. On constate deux orientations
131
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
132
Microstructure et propriétés mécaniques
Tout comme les plaques à semi-produit poudré, la distribution en volume des porosités
pour les plaques à semi-produit comélé a été effectuée [Figure 3.34]. Les intervalles de
volume sont paramétrés selon les classes définies pour l’analyse des porosités des plaques
poudrées. Dans la catégorie 1, on constate une décroissance linéaire du nombre de
porosités en fonction du volume pour chaque plaque. La part des « macro-porosités »
(catégorie 2) n’est pas négligeable.
Des résultats non attendus sont constatés pour les échantillons de la plaque B3 et B4.
L’algorithme utilisé dans ImageJ (3D Counter) n’est pas capable de définir les porosités
de grande taille, visibles sur les images tomographiques. Les résultats de distribution ne
correspondent donc pas à la microstructure de la plaque composite pour B3 et B4. Une
analyse surfacique des aires des porosités permet de confirmer l’augmentation du nombre
de porosités de catégorie 2 par rapport à la catégorie 1 lorsque le taux volumique
de porosité augmente.
10
B4
9 B3
B1
8 B2
B5
7
Fréquence − [%]
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Circularité
133
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
(a)
(b)
Figure 3.34 – Distribution des porosités en volume (Analyse 3D) pour les plaques à
semi-produit comélé - (a) Volume ≤ 5000 µm3 - (b) Volume ≥ 50 000 µm3
134
Microstructure et propriétés mécaniques
20
B4
18 B3
B1
16 B2
B5
14
Fréquence − [%]
12
10
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
Orientation − [°]
L’étude morphologique des porosités par analyse des images tomographiques a permis
d’identifier plusieurs catégories de porosités. Cependant, les microporosités dont la
taille est inférieure à la résolution du tomographe ne sont pas prises en compte. Afin
d’obtenir une identification complète des porosités présentes dans le stratifié composite,
des CT-scans à des niveaux de résolution plus faibles devront être effectués.
Pour les deux semi-produits, des écarts non négligeables sont constatés entre les valeurs
du taux volumique de porosité par dissolution chimique et celui issu de l’analyse des
images tomographiques RX. Pour les plaques poudrées, les taux de porosité obtenus
par les deux méthodes d’analyse ne sont pas cohérents. Sans doute pour ce matériau,
dont une grande partie de la porosité est plutôt intra mèche et de petite taille, une
part significative des porosités soit en dessous de la résolution des images et puisse
expliquer, en partie, ces écarts. Pour les plaques comélées, les taux de porosité calculés
par l’analyse des images issues des CT-Scans sont inférieurs aux valeurs obtenues par
dissolution chimique (écart de l’ordre de 1, 0% à 2.0%). La précision de la mesure du taux
de porosité par tomographie est directement liée à la résolution des images reconstruites.
Les porosités dont l’aire est inférieure à (10, 0)2 µm2 ne sont pas prises en compte dans
l’estimation du taux volumique de porosité et pourraient expliquer ces différences.
135
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
L’étude des porosités dans les deux types de plaques souligne l’importance de la stratégie
d’intégration du polymère dans le renfort textile du semi-produit sur la microstructure
finale du matériau composite. La morphologie des porosités en termes de taille, de
forme et de distribution spatiale diffère pour les deux semi-produits en raison des
mécanismes d’imprégnation différents. Finalement, l’analyse microstructurale montre,
pour les configurations de mise en oeuvre optimale, une meilleure santé matière des
plaques réalisées à partir du tissu poudré en comparaison des plaques réalisées à partir
du tissu comélé. Le semi-produit comélé est donc plus difficile à consolider.
700
Rm − [MPa]
600
500
400
300
200
100
0
A1 A2 A3 A4 A5 A6 B1 B2 B3 B4 B5
Figure 3.36 – Contrainte de traction à rupture (Rm) et écart type dans les
directions chaîne et trame pour les stratifiés poudrés et comélés
Les modules d’élasticité en traction sont reportés [Figure 3.37]. Les modules des plaques
poudrées sont plus élevés que ceux des plaques comélées avec des valeurs moyennes
respectives de 55, 5 GP a et 45, 8 GP a. L’écart type moyen de ce module est évalué à
1, 7 GP a pour les plaques poudrées et 3, 7 GP a pour les plaques comélées.
136
Microstructure et propriétés mécaniques
4
x 10 Warp − [0°]
9
Weft − [90°]
8
Tissu poudré Tissu comélé
7
Module d’Young − [MPa]
0
A1 A2 A3 A4 A5 A6 B1 B2 B3 B4 B5
Figure 3.37 – Modules d’élasticité en traction dans les directions chaîne et trame
pour les stratifiés poudrés et comélés
Les réponses en traction pour les deux types de matériau, reportées en [Figure 3.38],
montrent deux modes de comportement distincts. Pour le matériau à semi-produit
poudré, la réponse contrainte/déformation en traction dans le sens chaîne est de type
élastique fragile. Cela se traduit par les ruptures des fibres contenues dans les mèches
orientées suivant la direction de sollicitation [Figure 3.39 (a)].
400
900 B1
A1 B2
A2 350 B3
800 B4
A3
A4 B5
700 300
A5
A6
Contrainte − [MPa]
Contrainte − [MPa]
600 250
500
200
400
150
300
100
200
50
100
0 0
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025
Déformation − [mm/mm] Déformation − [mm/mm]
(a) (b)
Figure 3.38 – Courbes contrainte/déformation types des essais de traction [0◦ ] (a)
matériau avec semi-produit poudré - (b) matériau avec semi-produit comélé
137
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
En ce qui concerne les plaques établies avec le semi-produit comélé, le mode de com-
portement en traction longitudinale est élastoplastique et se caractérise par la rupture
des fibres orientées dans le sens de la sollicitation et un important délaminage des plis
[Figure 3.39 (b)].
Figure 3.39 – Éprouvettes de traction après essais : (a) semi-produit poudré - (b)
semi-produit comélé
Essais de compression :
En [Figure 3.40], les contraintes de compression à rupture sont plus élevées pour les
stratifiés à tissu poudré (Rm = 350, 0 M P a) que pour ceux à tissu comélé (Rm =
150, 0 M P a).
600
400
Rm − [MPa]
300
200
100
0
A1 A2 A3 A4 A5 A6 B1 B2 B3 B4 B5
138
Microstructure et propriétés mécaniques
0
A1 A2 A3 A4 A5 A6 B1 B2 B3 B4 B5
Figure 3.41 – Modules d’élasticité en compression sens chaîne pour les stratifiés
poudrés et comélés
139
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
Figure 3.44 – Facies de ruptures des éprouvettes de compression pour les plaques A3,
A4 et A5
140
Microstructure et propriétés mécaniques
Les courbes contraintes/déformation pour les plaques comélées, reportées en [Figure 3.43]
indiquent un comportement de type élastofragile du matériau. Les vues de coupe
des éprouvettes en [Figure 3.45] montrent des ruptures en cisaillement interlaminaire
semblables au cas précédent. On observe également du délaminage proche de la zone de
rupture (ex. : Éprouvette B2).
Figure 3.45 – Facies de ruptures des éprouvettes de compression pour les plaques B2,
B4 et B5
Flexion 3 points :
Les valeurs des contraintes à rupture et des modules d’élasticité, issues des essais
de flexion 3 points, sont reportées en [Figure 3.46] et [Figure 3.47]. On constate une
variabilité de la contrainte à rupture allant de 449, 5 M P a (A5) à 757, 6 M P a (A3)
pour les plaques poudrées et de 189, 9 M P a (B4) à 356, 7 M P a (B5) pour les plaques
comélées. Les valeurs de contraintes pour les plaques poudrées sont supérieures à celles
des plaques comélées.
1000
900
Tissu poudré Tissu comélé
800
700
Rm − [MPa]
600
500
400
300
200
100
0
A1 A2 A3 A4 A5 A6 B1 B2 B3 B4 B5
Figure 3.46 – Contrainte de flexion à rupture (Rm) et écart type pour les stratifiés
poudrés et comélés
141
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
Le module d’élasticité en flexion des plaques poudrées reste quasiment identique avec
une valeur de 48, 8 ± 1, 11 GP a. Pour les plaques comélées, le module en flexion varie
entre 34, 8 GP a (B4) et 45, 6 GP a (B5).
4
x 10
7
0
A1 A2 A3 A4 A5 A6 B1 B2 B3 B4 B5
Figure 3.47 – Modules d’élasticité en flexion pour les stratifiés poudrés et comélés
Cisaillement interlaminaire :
Les résultats de contrainte à rupture en cisaillement interlaminaire figurent en [Fi-
gure 3.48]. Pour les plaques poudrées, cette contrainte est, en moyenne, de 41, 0 ± 4, 1
M P a avec pour valeur maximale de 45, 4 M P a (A3) et pour valeur minimale 34, 1 M P a
(A5).
70
60
Tissu poudré Tissu comélé
50
Rm − [MPa]
40
30
20
10
0
A1 A2 A3 A4 A5 A6 B1 B2 B3 B4 B5
Pour les plaques comélées, les contraintes à rupture s’échelonnent de 20, 1 M P a (B4) à
33, 9 M P a (B2) avec une valeur moyenne de 29, 0 ± 5, 3 M P a.
142
Influence du cycle de consolidation sur les porosités et les propriétés mécaniques
143
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
2 Semi−produit poudré
Semi−produit comélé
1.8
Pression de consolidation − [MPa] 1.6
A4 B4
1.4
0.8
Pression interne
+0,01 MPa
0.6
A3 A1 B1 B3
0.4
Il apparaît clairement que l’application d’une pression externe élevée garantit une
meilleure consolidation par la réduction du taux de porosité. Ce constat s’applique
pour les deux semi-produits. Ainsi pour les plaques poudrées, l’augmentation de la
pression externe de 0, 5 M P a contribue à la réduction de moitié du taux de porosité
(A6 avec Vp = 3, 43 % et A3 avec Vp = 1, 55 % ). Concernant les plaques comélées, une
augmentation de 0, 7 M P a permet de réduire de 40, 0 % le taux de porosité (B3 avec
Vp = 7, 09 % et B2 Vp = 4, 06 %).
144
Influence du cycle de consolidation sur les porosités et les propriétés mécaniques
Les mêmes conclusions sont faites pour les plaques à renfort comélé. C’est particulière-
ment clair entre le spécimen B5 (1, 65%) et une pression interne de +0, 01 M P a) et
le spécimen B2 (4, 06 % et une pression interne de +0, 06 M P a) consolidé avec une
pression externe de 0, 5 M P a. Le stratifié B4 a le taux de porosité le plus haut de la
campagne d’essai avec 12, 11 % malgré une pression de consolidation de 1, 7 M P a. La
perte totale de vide (fermeture du circuit de drainage), avant d’atteindre le palier de
consolidation, empêche l’évacuation de l’air du renfort et explique cette forte présence
de porosités.
145
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
30 Semi−produit poudré
Semi−produit comélé
20 A4 A6 B3 B4
15
A3 B2
10 B1
A1 & A2 A5
0
0 2 4 6 8 10 12
Taux de porosité − [%]
Figure 3.50 – Influence de la durée de consolidation sur le taux de porosité
146
Influence du cycle de consolidation sur les porosités et les propriétés mécaniques
L’évolution des contraintes à rupture en fonction du taux de porosité pour les plaques
poudrées est représentée en [Figure 3.51].
147
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
L’évolution des contraintes à rupture en fonction du taux de porosité pour les plaques
comélées est représentée en [Figure 3.52].
L’évolution des modules de rigidité en fonction du taux de porosité pour les deux
types de plaques est détaillée en [Figure 3.53] pour les essais de traction sens chaîne et
trame, en [Figure 3.54] pour les essais en flexion, et en [Figure 3.55] pour les essais en
compression.
148
Influence du cycle de consolidation sur les porosités et les propriétés mécaniques
4 4
x 10 x 10
7 7
Sens chaîne − [0°] Sens chaîne − [0°]
Sens trame − [90°] Sens trame − [90°]
5 5
4 4
3 3
2 2
1 2 3 4 5 0 2 4 6 8 10 12 14
Taux de porosité − [%] Taux de porosité − [%]
(a) (b)
4 4
x 10 x 10
7 7
Module de rigidité − [MPa]
Module de rigidité − [MPa]
6 6
5 5
4 4
3 3
2 2
1 2 3 4 5 0 2 4 6 8 10 12 14
Taux de porosité − [%] Taux de porosité − [%]
(a) (b)
4 4
x 10 x 10
10 10
9 9
Module de rigidité − [MPa]
8 8
7 7
6 6
5 5
4 4
3 3
2 2
1 2 3 4 5 0 2 4 6 8 10 12 14
Taux de porosité − [%] Taux de porosité − [%]
(a) (b)
149
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
Concernant les plaques à renfort poudré, on constate une diminution de moins de 10%
du module de rigidité en traction lorsque le taux de porosité augmente de 1, 55% à
4, 57%. La tendance est similaire pour les modules de flexion avec une baisse inférieure
à 5, 0%. Le module de rigidité en compression semble peu sensible à la variation du
taux de porosité malgré la haute dispersion des valeurs (> 2, 0 GP a).
Pour les plaques à renfort comélé, pour une variation du taux de porosité de 1, 65 %
à 12, 11 %, le module de flexion diminue de 20 %, celui de compression chute de plus
de 30 %. La diminution du module de rigidité en traction dans les directions chaîne et
trame, se limite à 20 %. Cependant, ces derniers résultats sont à nuancer en raison de
l’écart type élevé. Une désorientation du réseau fibreux lors de l’empilement des plis
peut expliquer cette dispersion.
Pour les plaques à tissu poudré, les porosités s’agglomèrent entre elles au sein des
mèches sens chaîne et trame du renfort avec l’augmentation du taux de porosité. Ce
changement de la microstructure induit une modification du mode de rupture en flexion
des stratifiés poudrés. L’allure des courbes contraintes/déformations enregistrées lors
des essais de flexion 3 points, illustrées en [Figure 3.56], montre cette dépendance entre
le mode de rupture et les porosités. Deux observations macroscopiques d’éprouvettes
après rupture issues des plaques A2 et A5 sont également représentées sur cette figure.
Pour les éprouvettes provenant de A2 à faible taux de porosité, on constate des
ruptures localisées dans les zones inférieure et supérieure par rapport à la fibre neutre
correspondant respectivement à des ruptures en traction et en compression des fibres
[Aucher2009 ; Krawczak1997]. Par ailleurs, dans la zone de compression, des ruptures en
cisaillement inter et intra laminaire sont visibles. Dans le cas de la plaque A5 présentant
un fort taux de porosité en revanche, de multiples fissures perpendiculaires au plan
des plis sont observées. Dans ce cas précis, les porosités présentes majoritairement au
centre des mèches (dans les directions chaîne et trame) favorisent la propagation des
fissures et conduisent à un mode de rupture en cisaillement interlaminaire. Au-dessus
150
Influence du cycle de consolidation sur les porosités et les propriétés mécaniques
d’un taux de porosité de 3, 0 %, les porosités intra mèche induisent une modification du
mode de rupture en flexion pour le stratifié à tissu poudré.
Pour les plaques élaborées avec le semi-produit comélé, l’augmentation du taux volumique
de porosité se manifeste majoritairement par une augmentation en nombre et en taille
des macro-porosités (Volume unitaire≥ 503 µm3 ) présentes à l’inter plis. De formes
allongées, ces porosités s’orientent dans les directions chaîne et trame du renfort fibreux
(cf. [Figure 3.26]). Les courbes contraintes/déformation en flexion pour les plaques
comélées, présentées en [Figure 3.57], montrent un comportement globalement plus
ductile que pour les plaques poudrées. Après une évolution quasi-linaire (domaine
élastique) jusqu’à une contrainte maximale, un comportement non fragile se manifestant
par une légère chute de la contrainte suivie d’une quasi-stabilisation de celle-ci pour des
déformations supérieures à 0, 01 mm/mm est observé. Ces courbes illustrent également
la chute importante des contraintes maximales pour les éprouvettes dont le taux de
porosité est supérieur à 2, 0 %.
Les observations macroscopiques des deux cas extrêmes (B4 - Vp = 12, 11% et B5
- Vp = 1, 65%) montrent, à première vue, une rupture localisée en compression avec
possiblement du cisaillement inter et intra laminaire.
151
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
152
Influence du cycle de consolidation sur les porosités et les propriétés mécaniques
Figure 3.58 – Mode de rupture en flexion de la plaque B4 (Vp = 12, 11%) : (a)
Observation macroscopique - (b) Micrography (x100)
153
Relations microstructure / propriétés mécaniques des plaques composites C/PPS
La caractérisation de ces plaques a mis en évidence l’impact des porosités sur les
propriétés mécaniques. Les contraintes à rupture diminuent avec l’augmentation du
taux de porosité. Les contraintes liées aux essais de flexion trois points, de cisaillement
interlaminaire et de compression sont particulièrement sensibles au niveau de porosité.
Les modules d’élasticité des plaques poudrés sont peu affectés avec une baisse limitée
à 20, 0 % lorsque le taux de porosité augmente de 1, 0 % à 12, 0 %. Pour les plaques
comélées, on remarque une dépendance des modules d’élasticité en flexion et compression
au niveau de porosité. L’étude morphologique des porosités a permis d’identifier plusieurs
classes de porosité. En corrélant avec les résultats mécaniques des essais de flexion trois
154
Bilan intermédiaire
Cette phase d’étude a également permis de montrer des propriétés mécaniques supérieures
pour les plaques poudrées par rapport aux plaques comélées.
Dans le but d’approfondir ces thématiques, plusieurs pistes de recherche sont envisa-
geables. Dans le cadre du procédé de mise en oeuvre en autoclave, l’intégration du
système d’évacuation de l’air directement dans l’outillage au lieu de la bâche permettrait
de réduire le taux de rebus. L’étude de l’évolution de la pression interne dans la « poche
à vide » doit être également approfondie. La caractérisation en compressibilité du ma-
tériau drainant utilisé dans l’évacuation de l’air et des produits volatils permettrait
d’évaluer son efficacité en fonction de la pression externe de consolidation appliquée.
Une caractérisation plus poussée du semi-produit, en particulier de la matrice PPS,
doit être effectuée pour définir précisément la température de consolidation et la durée
du palier. Ces éléments dépendent de la nature (poudre ou filament), de la viscosité
et de la dégradation en fonction du temps du polymère. L’identification des porosités
par microtomographie avec une résolution inférieure à 10, 0 µm pourrait être entreprise
afin d’analyser plus finement les microporosités et leur intégration dans le matériau.
Leurs impacts sur les propriétés mécaniques peuvent être également approfondis à
partir d’essais interrompus ou des essais in situ avec une analyse microstructurale par
microtomographie. On serait ainsi en mesure d’évaluer, pour différents niveaux de
porosité, les mécanismes d’endommagemment du matériau composite suivant le type de
sollicitation.
155
Chapitre
4
Faisabilité de mise en œuvre de
pièces composites à géométries
complexes
4.1 Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite 158
4.1.1 Consolidation des plaques C/PPS avec déformation initiale en cisaille-
ment plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
4.1.2 Effet du niveau de cisaillement plan sur les propriétés du matériau
composite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
4.1.2.1 Analyse microstructurale des plaques composites . . . . . . . . 161
4.1.2.2 Propriétés mécaniques des plaques composites . . . . . . . . . 164
4.1.3 Confrontation avec une approche "théorie classique des stratifiés" . 168
4.1.3.1 Détermination des propriétés élastiques du renfort textile . . 169
4.1.3.2 Détermination des propriétés élastiques du pli UD par méthode
inverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
4.1.3.3 Modélisation du comportement mécaniques des plaques ci-
saillées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
4.1.3.4 Prédiction de la rupture à partir du critère de Tsai-Hill . . . 175
4.2 Application aux géométries complexes : consolidation de pièces à double-
courbures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
4.2.1 Présentation des géométries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
4.2.2 Mise en œuvre des pièces composites par consolidation autoclave . 178
4.2.3 Évaluation de la santé matière des pièces complexes consolidées . . 179
4.2.3.1 Pièce de faisabilité : parallélépipède à congés d’arête . . . . . 179
4.2.3.2 Pièce d’étude de la déformation textile : le tétraèdre . . . . . . 181
4.3 Bilan intermédiaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
157
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
158
Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite
Le cisaillement plan est défini par l’angle entre le réseau chaîne et trame de chaque pli
de renfort tissé. Pour générer un niveau spécifique et homogène de cisaillement plan, un
cadre (4 barres métalliques reliées entre elles par des liaisons pivots) basé sur le picture
frame (Cf. Chapitre 1 - 1.4.3) a été utilisé [Figure 4.1]. Chaque pli (600 × 600 mm2 )
d’orientation initiale chaîne/trame de 90◦ est fixé à ses extrémités sur le cadre par un
système de talon permettant de maintenir le renfort textile sur le cadre. La sollicitation
en traction uniaxial du cadre permet de modifier l’angle α correspondant à l’orientation
des réseaux chaîne et trame. Une fois l’angle consigne α désiré est atteint, une ligne de
soudure en périphérie du renfort par soudage ultrason (SONIMAT) est appliquée afin
de maintenir le cisaillement plan généré dans le renfort et de limiter le retour élastique
entre les phases de mise en forme et de consolidation. Au total, quatre niveaux de
cisaillement plan ont été testés :
➢ Plaque C1 non cisaillée : 0◦
➢ Plaque C2 : 10◦
➢ Plaque C2 : 20◦
➢ Plaque C3 : 30◦
159
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
Les paramètres de consolidation, détaillés au [Tableau 4.1], ont été définis pour obtenir
des plaques composites avec un taux volumique de porosité inférieur à 2, 0 % et une
répartition en défaut homogène dans tout le stratifié. Les plaques ont été consolidées
avec une pression externe de 7,0 bars à l’exception de la plaque C1 avec 1, 0 M P a de
pression.
L’angle de cisaillement, après consolidation des plaques, est mesuré en plusieurs points
à la surface du matériau. La mesure se fait, dans un premier temps, manuellement afin
de vérifier l’homogéniété en cisaillement de la plaque. Les résultats, reportés dans le
[Tableau 4.2], montre une valeur de l’angle de cisaillement plus faible que celle établie
via le cadre de cisaillement. Le retour « élastique » des plis après leur extraction du
cadre de cisaillement explique très certainement cette diminution. Les points de soudure
ne permettent pas de contraindre totalement en position le renfort tissé. Une analyse
plus approfondie de l’orientation du renfort par CT-Scan, en particulier pour les plis
internes, est détaillée dans la section suivante.
160
Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite
Dans un deuxième temps les plaques sont caractérisées mécaniquement à partir d’essais
de traction et de cisaillement interlaminaire.
L’ensemble des plaques consolidées présente un très bon niveau de consolidation comme
le montre les résultats des taux de porosité du [Tableau 4.3]. Le taux de porosité,
déterminé à partir des images CT-Scan, est inférieur à 1, 0 % pour les 4 plaques
composites avec une dispersion maximale de 0, 2 %. À ce stade, il est difficile d’établir
un classement des plaques par rapport à leur niveau respectif de porosité. Compte tenu
de la résolution des images acquises (10, 41 µm), les écarts du taux de porosité entre
les quatre plaques sont très certainement compris dans l’incertitude de mesure de la
grandeur. L’épaisseur d’un pli consolidé est très proche de la valeur de référence fournie
par le fabricant du renfort textile (0, 297 mm) pour les plaques C1, C2 et C3 avec un
écart relatif maximal de 1, 0 %. Seule la plaque C4 montre un écart important d’environ
14, 0 % avec une épaisseur de pli de 0, 340 mm. L’estimation du taux volumique en
fibre à partir de l’épaisseur de pli, du grammage en fibre (218 g/m2 ) et de la densité
fibre (1, 75 g/cm3 ) montre une diminution de 7, 0 % entre les plaques C1 et C4. Cette
estimation est établie en considérant le grammage en renfort inchangé quel que soit le
niveau de cisaillement plan des plaques.
Les observations des échantillons par tomographies RX [Figure 4.2] confirment les
constatations faites dans le Chapitre 3. Le taux de porosité pour l’ensemble des
plaques cisaillées est inférieur à 1, 0 %. On remarque l’absence de macro porosités dans
les mèches, à l’interface mèche/matrice et à l’interpli. A ce niveau de résolution, nous
n’observons pas de porosités sphériques de petites tailles dans les mèches. Néanmoins,
on retrouve les fissures longitudinales, décrites dans le chapitre 3, parcourant les mèches
avec une longueur pouvant être de l’ordre de 1, 0 mm.
161
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
Figure 4.2 – Visualisation 3D des porosités issues des CT-Scans pour les plaques
cisaillées C1, C2 et C3
162
Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite
Finalement, les porosités présentes dans chaque plaque sont très semblables en termes
de typologie, de localisation, de taille et de quantité. On peut donc considérer que
l’influence des porosités sera de même amplitude pour chacune des plaques. C’est un
facteur que l’on pourra ainsi écarter dans l’étude du comportement mécanique des
plaques composites. L’analyse des CT-Scans permet également de nous renseigner sur
l’orientation du renfort à travers l’épaisseur du stratifié. Des images tomographiques
de chaque plaque ont été utilisées pour déterminer les orientations principales des plis
(réseaux chaîne et trame) par analyse spectrale [Liotier+2015]. Le spectre fréquentiel de
l’image, obtenu par la transformée de Fourier, est utilisé pour mettre en évidence la
directionnalité et les périodicités de la texture. Les pics d’intensité du spectre indiquent
les directions caractéristiques de la texture à savoir les orientations des mèches sens
chaîne et trame. Les graphiques, présentés en [Figure 4.3], montrent l’évolution de
l’angle de cisaillement suivant l’épaisseur pour plusieurs échantillons des plaques C1,
C2 et C3.
30
C1
C2
C3
25
Angle de cisaillement − [°]
20
5
2,3° +/− 1,6°
0
0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
z − [mm]
Figure 4.3 – Angle de cisaillement moyen pour les plaques cisaillées C1, C2 et C3
En ce qui concerne la plaque C4, l’analyse des images tomographiques montre une
discontinuité dans l’orientation des plis. On remarque un décalage d’environ π
2 de
l’orientation du réseau trame par rapport au repère global survenant à partir du pli
N ◦ 4 [Figure 4.4]. L’erreur est survenue lors de l’empilement des plis cisaillés avant
consolidation. Ce constat a été pris en compte dans l’analyse des propriétés mécaniques
de cette plaque.
163
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
Figure 4.4 – Orientation des réseaux chaîne et trame par rapport au repère global
pour la plaque C4
Les plaques ont été également caractérisées mécaniquement à travers des essais de
traction et de cisaillement inter-laminaire. L’objectif est de mieux comprendre l’impact
du cisaillement au niveau des propriétés mécaniques.
164
Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite
La [Figure 4.6a] reporte les valeurs des contraintes en rupture pour les 4 plaques cisaillées.
Pour les plaques C1 à C3, les contraintes à rupture en traction dans le sens chaîne et
trame, sont quasiment identiques pour chaque plaque. Avec une valeur de 320 MPa pour
la plaque de référence C1, cette contrainte augmente avec l’augmentation de l’angle
de cisaillement pour atteindre environ 460 MPa pour la plaque C3 dont l’angle de
cisaillement moyen, mesuré par CT-scan, est de 15, 2◦ .
Les modules d’élasticité, reportés en [Figure 4.6b], augmentent légèrement avec le niveau
de cisaillement de la plaque. L’augmentation est d’environ 3 GPa entre la plaque C1
(47 GP a) et C3 (50 GP a).
Les résultats de la plaque C4, de par son empilement, ne peuvent pas être comparés
avec les 3 autres stratifiés. On remarque que les valeurs des contraintes en rupture et des
modules d’élasticité, issues des éprouvettes Tt et Td, sont comparables. Les éprouvettes
sens trame ont une courbure importante par rapport à celles orientées sens chaîne. La
sollicitation en traction génère, en plus d’un effort uniaxial, un moment orienté suivant
la largeur de l’éprouvette de traction. Cela peut expliquer cette baisse des propriétés
mécaniques.
165
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
4
600 x 10
Tl − Chaîne 7 Tl − Chaîne
Tt − Trame Tt − Trame
Td Td
500 6
5
400
Rm − [MPa]
15,2°
E − [MPa]
4
300 10,3° 10,3°
10,3° 3
27,6°
200
27,6° 2
45° 45°
100
1
0 0
C1 C2 C3 C4 C1 C2 C3 C4
(a) (b)
Figure 4.6 – Propriétés mécaniques élastiques des plaques cisaillées : (a) Contrainte
à la rupture (b) Module d’élasticité
Les courbes contrainte/déformation des essais de traction pour les éprouvettes (TL)
reportées en [Figure 4.7] montrent une rigidification progressive du matériau avec l’aug-
mentation de l’angle de cisaillement plan. Cela se traduit à la fois par une augmentation
de la résistance à la rupture (Rm) mais aussi par la diminution de la déformation avant
rupture passant de 1,8 % pour la plaque C1 à environ 1,3 % pour la plaque C3.
500
C3
450
400
Contrainte − [MPa]
350 C4
C2 C1
300
250
200
150
100
50
0
0 0.005 0.01 0.015 0.02
Déformation − [mm/mm]
166
Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite
Figure 4.8 – Images des éprouvettes rompues en traction Tl issues des plaques
cisaillées C1, C2, C3 et C4
Pour les trois premières plaques, on observe une rupture des fibres parcourant la
largeur de l’éprouvette. Des fissures inter-laminaires sont également observables. Elles se
concentrent principalement dans la zone de rupture des fibres. Le mode de rupture pour
la plaque C4 est plus complexe que les précédentes avec des zones de rupture des fibres
et des fissures parcourant l’éprouvette longitudinalement. L’empilement particulier de ce
167
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
stratifié explique les différences observées. Les modes de ruptures pour les éprouvettes
Tl sont semblables aux Tt puisqu’elles sont orientées respectivement suivant le réseau
chaîne et trame du renfort. La charge est supportée par les fibres. Dans le cas des
éprouvettes orientées hors de l’axe de sollicitation, on observe un cas de rupture de la
matrice qui se caractérise par des fissures inter-laminaires.
40
35
30
25
0 5 10 15 20 25 30 35
Angle de cisaillement − [°]
➢ Modéliser le comportement mécanique d’un pli de tissu comélé à partir des essais
de caractérisation mécanique.
➢ Approximer les propriétés élastiques d’un pli UD par méthode inverse - Analogie
stratifié
168
Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite
Les propriétés élastiques du pli tissé consolidé sont, dans un premier temps, établies à
partir des essais de caractérisation présentés dans ce chapitre. À partir de la matrice de
rigidité du pli tissé et en utilisant une analogie stratifié, on obtient par méthode inverse
les caractéristiques élastiques d’un pli unidirectionnel qui sera utilisé pour établir le
comportement des autres plaques.
Les modules d’élasticité longitudinal (EL ) et transversal (ET ) d’un pli de renfort tissé
s’obtiennent à partir des essais de tractions orientés respectivement dans le sens chaîne
et trame. Le dépouillement des essais, présenté dans la section (4.2.2.2), permet de
déduire directement ces modules (cf. (4.1.1)).
EL = Ex
(4.1.1)
ET = Ey
169
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
Le module de cisaillement plan Gxy est obtenu à partir d’un essai de traction hors
axe (généralement à ± 45◦ de la direction des fibres). L’effort mesuré F , appliqué
sur la section de l’éprouvette dans la direction e~x , génère une contrainte notée σx .
Connaissant les modules de rigidité Ex et Ey obtenus par des essais de traction sens
longitudinal et transverse, le module de cisaillement GLT s’établit grâce à la relation
(4.1.2) [Berthelot2012] :
" !#−1
2 ǫx c4 νLT sin4
GLT = (c s) − − 2 (c s)2 + (4.1.2)
σx EL EL ET
Avec :
c = cos θ et s = sin θ (4.1.3)
−1
4 1 1 νlt
GLT = − − +2 (4.1.4)
E45◦ EL ET EL
Le [Tableau 4.4] récapitule les propriétés élastiques du pli comélé déterminées à partir
des essais de traction pour les plaques C1, C2 et C3. On constate globalement une
rigidification du renfort avec l’augmentation des modules sens chaîne et trame lorsque
l’angle de cisaillement atteint 15, 9◦ . Au-dessous de ce niveau de cisaillement plan, les
modules de rigidité demeurent inchangés. Le module de glissement tend également à
augmenter avec l’angle de cisaillement et témoigne de ce début de rigidification en
cisaillement du renfort textile.
Tableau 4.4 – Propriétés élastiques d’un pli du renfort comélé dans le repère
matériau
C1 C2 C3
EL GPa 46,53 47,22 50,25
ET GPa 46,51 46,67 50,07
GLT GPa 3,98 - -
νLT - 0,013 0,08 0,17
A partir de ces informations, nous allons pouvoir approximer les propriétés d’un pli UD
en établissant une analogie stratifié avec le renfort comélé.
170
Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite
Figure 4.10 – Modélisation d’un pli tissu 2D [0◦ /90◦ ] par la superposition de deux
plis UD orientés respectivement à 0◦ (Sens chaîne) et 90◦ (Sens trame)
Il faut remarquer que c’est un modèle qui simplifie le système étudié avec notamment
la non-prise en compte de l’embuvage du renfort. Par ailleurs, le cas présenté se limite
au cas « classique » d’orientation chaîne / trame [0◦ /90◦ ]. L’architecture du tissu
(équilibré/déséquilibré) est prise en compte par un coefficient d’équilibrage k définissant
la proportion relative en volume de fibre chaîne et trame. Pour un renfort dont les fibres
sont de même nature dans le sens chaîne et trame, le coefficient d’équilibrage est défini
par la relation (4.1.5).
nch Tch
k= (4.1.5)
nch Tch + ntr Ttr
Avec :
➢ nch et ntr le nombre de fils par unité de longueur respectivement dans la direction
chaîne et trame.
171
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
➢ Tch et Ttr les titres respectifs des fils respectivement dans la direction chaîne et
trame.
Les propriétés élastiques des plis UD chaîne et UD trame sont reportées au [Tableau
4.5].
Tableau 4.5 – Propriétés élastiques des plis UD chaîne et trame exprimées dans
leurs repères matériau respectifs
EL = (1 − α) [kαch ELch + (1 − k) αtr ET tr ]
ET = (1 − α) [kαch ET ch + (1 − k) αtr ELtr ]
kαch νLT ch ET ch + (1 − k) αtr νLT tr ELtr (4.1.6)
νLT =
kαch ET ch + (1 − k) αtr ELtr
GLT = kGLT ch + (1 − k) GLT tr
Avec :
La préforme étudiée a une contexture (mode d’entrecroisement des fils chaîne et trame
dans le renfort) et un titre identique dans les deux directions principales. Par conséquent,
le coefficient d’équilibrage vaut 1/2 caractéristique d’un tissu dit « équilibré ». Cela
signifie également que les modules élastiques des réseaux chaîne et trame sont considérés
comme identiques. Soit ELu , ET u , νLT u et GLT u les grandeurs élastiques d’une couche
UD de renfort exprimées dans le repère local du pli. On peut donc simplifier les équations
172
Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite
Avec :
4νLT
2 1
α= u
et αu =
ELu 2 ET u (4.1.9)
1+ 1 − νLT
2
u
ET u ELu
Les grandeurs élastiques du pli UD à identifier sont donc ELu , ET u et νLT u . Elles
s’obtiennent à partir des lois d’homogénéisation avec le modèle de Voigt (4.1.10) pour
le module longitudinal et le modèle de Reuss (4.1.11) pour le module transversal.
!
Etf
ET u = Em (4.1.11)
Etf (1 − Vf ) + Em Vf
Les propriétés des fibres et de la matrice, reportées dans le [Tableau 4.6] proviennent
des données fournisseurs (Toho Tenax pour les fibres de carbone et Celanese pour la
matrice PPS). Cependant, une inconnue demeure quant au module longitudinal de la
fibre. La valeur fournie est celle d’une fibre continue. Or, puisque la mèche est constituée
de fibres de carbone craquées, son module longitudinal est nécessairement plus faible et
doit être réévalué si l’on souhaite modéliser le comportement élastique du renfort.
Une approximation par méthode inverse de ce module longitudinal, à partir des propriétés
élastiques du renfort tissé, [Tableau 4.4] a été effectuée en faisant varier Elf ibre craquée
afin de faire converger la matrice de rigidité du pli comélé avec celle correspondant à
173
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
Les plaques composites sont modélisées par 12 plis UD orientés sens chaîne (orientation
de référence [0◦ ] et trame (orientation définie par l’angle de cisaillement moyen de la
plaque). Le [Tableau 4.8] résume les différents empilements représentatifs des plaques
cisaillées consolidées par autoclave :
Tableau 4.8 – Définition des empilements de plis pour chaque plaque cisaillée
Plaque C1 C2 C3 C4
Angle de cisaillement 0 8,3 15,9 27,6
Empilement [0/90]6 [0/81, 7]6 [0/74, 1]6 [0/62, 4]4 + [0/117, 6]2
La théorie des stratifiés permet finalement d’approcher assez bien le module élastique
longitudinal du matériau composite pour plusieurs niveaux de cisaillement à l’excep-
tion de la plaque C3 où l’écart modèle/expérience est le plus élevé [Figure 4.11]. Le
module transverse du modèle converge également « relativement bien » avec les valeurs
expérimentales [Figure 4.12].
Pour l’ensemble des plaques, les propriétés élastiques du renfort UD ont été calculées
avec un taux volumique en fibre (Vf ) constant de 55, 2% correspondant à la valeur
fournie par le fournisseur du semi-produit comélé (Schappe) C/PPS et pris avec une
174
Impact du cisaillement sur les propriétés mécaniques du matériau composite
Tableau 4.9 – Résultats théoriques des modules élastiques des plaques cisaillées
et comparaison avec les réponses expérimentales
Plaque C1 C2 C3 C4
Angle de cisaillement [◦ ] 0 8,3 15,9 27,6
EX Exp [GP a] 46,53 47,22 50,25 47,67
EX Modèle [GP a] 46,69 46,71 46,79 47,31
Ecart [%] 0,36 1,07 6,88 0,76
EY Exp [GP a] 46,51 46,67 50,01 22,25
EY Modèle [GP a] 46,69 38,75 27,19 29,06
Ecart [%] 0,40 16,96 45.69 30,67
Plaque C1
Xt XC Yt YC S
322 MPa - 319 MPa - 53,6 MPa
Traction [0◦ ] Traction [90◦ ] Traction [45◦ ]
175
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
176
Application aux géométries complexes : consolidation de pièces à double-courbures
Les résultats, présentés dans le [Tableau 4.11], expose les valeurs du critère pour les
plis orientés dans le sens longitudinal de la sollicitation. Le critère est calculé avec la
contrainte à rupture en traction des éprouvettes C1 orientées sens longitudial Tl soit
320 M P a. L’objectif étant de vérifier le respect du critère pour cet état de contrainte.
Plaque C1 C2 C3 C4
Angle de cisaillement [◦ ] 0 8,3 15,9 27,6
Tsai Hill - Eprouvettes Tl - 1,04 1,09 1,46 1,02
RF Tsai Hill - 0,96 0,91 0,68 0,98
Tsai Hill - Eprouvettes Tt - 1,03 1,05 1,50 1,37
RF Tsai Hill - 0,97 0,95 0,66 0,73
Tsai Hill - Eprouvettes Td - 0,59 0,74 1,06 0,98
RF Tsai Hill - 1,71 1,34 0,94 1,02
On remarque une bonne corrélation avec le critère de rupture pour les plaques C1 et
C2. Pour la plaque C3, le critère montre que, pour ce niveau de contrainte, l’éprouvette
a déjà rompu. En réalité, les éprouvettes rompent pour une contrainte de 460 M P a. La
validité du critère de rupture Tsai-Hill dépend des valeurs des propriétés de résistance à
rupture du pli unitaire élémentaire. Les hypothèses émises, avec notamment l’analogie
stratifié permettant de considérer un pli tissé comme étant la superposition de deux
plis UD, viennent impacter la précision du critère de rupture. La non prise en compte
des interactions des réseaux chaîne et trame du renfort au sein d’un pli, en particulier
celles liées au cisaillement plan du renfort, explique un tel écart pour la plaque C3. Les
résultats de la plaque C4 ne sont pas commentés.
177
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
(a) (b)
Figure 4.14 – Drapage et préparation de la bâche sous vide pour la mise en œuvre
de la boite à congés d’arrondis
178
Application aux géométries complexes : consolidation de pièces à double-courbures
Chaque pièce est constituée de 6 plis de semi-produit comélé FC/PPS. Les plis sont
drapés un par un sur le poinçon. L’orientation du renfort textile avant drapage est
identique à celui défini dans le chapitre 2 (Parallélépipède à congés d’arête :
Direction chaîne parallèle à la longueur de la boite - Tétraèdre : La direction trame
du renfort est parallèle à un des côtés de la base du tétraèdre). Afin de maintenir le
drapage des plis, des points de soudure par ultrasons sont appliqués aux extrémités
du poinçon (1). Un film séparateur souple (Réf : LRF315 PTFE Release film) est
déposé sur l’empilement pour empêcher le contact direct entre le semi-produit et le tissu
drainant (2). Le feutre drainant (AIRWEAVE UHT 800) est déposé sur l’ensemble.
Tout comme pour les plaques composites, un coffrage (grille métallique enveloppée d’un
feutre en verre tissé) entoure l’ensemble et assure le drainage (3). La bâche VB-3 vient
couvrir l’ensemble (4). L’étanchéité entre la bâche et l’outil support est assurée par
deux circuits de mastic comme préconisé dans la chapitre 3.
Le choix des paramètres de consolidation pour les deux types de pièces est reporté
dans le [Tableau 4.12]. Afin de minimiser le risque de rupture de bâche au cours du
cycle autoclave, une pression externe de 7, 0 MPa est choisie. Ce niveau de pression
est, d’après les conclusions du chapitre 3, suffisant pour consolider la pièce tout en
minimisant le présence de défauts. Le temps de consolidation est fixé à 25 min.
179
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
180
Application aux géométries complexes : consolidation de pièces à double-courbures
Au niveau des congés d’arrondis [Figure 4.16], on n’observe pas de défauts apparents
du renfort dans la partie haute de la pièce. Au niveau de la base, on remarque des
plissements du renfort orientés dans la direction des congés d’arrondis. Au niveau de
l’interface entre le plateau support et le moule 3D, le renfort n’épouse pas parfaitement
l’outillage. Sur la face inférieure, cette décompaction est marquée par une absence
partielle d’imprégnation du renfort par la matrice thermoplastique [Figure 4.17]. C’est
dans cette zone où le soudage ultrasonore, utilisé pour limiter le retour élastique des
plis après drapage, a été appliqué. Les points de soudure ont certainement entravé le
mouvement du renfort et limiter sa compaction. Une autre explication de ce phénomène
concerne la géométrie de l’outillage. L’interface plateau/moule est caractérisée par un
congé d’arrondis de rayon 15 mm. Ce dernier est probablement trop petit pour assurer
le drapage malgré la pressurisation de la bâche.
181
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
Les 3 faces planes montrent des discontinuités de l’orientation des mèches sens chaîne et
trame. Dans ces zones discontinues, les mèches verticales se rejoignent au sommet du
tétraèdre et sont soumises à un effort en tension important. Elles sont également plus
resserrées entre elles et induisent une modification locale de l’orientation des mèches
sens travers [Capelle+2014].
Plusieurs échantillons de la face N ◦ 1 ont été analysés au tomographe afin d’évaluer le taux
de porosité et l’angle de cisaillement en plusieurs zones de cette face. La résolution des
voxels obtenue pour ces CT-Scan est comprise dans l’intervalle [10, 05 µm ; 14, 00 µm].
Le taux de porosité, établi à partir des échantillons extraits de la face N ◦ 1 et des congés
d’arrêtes adjacents, est inférieur à 1, 0 % [Tableau 4.13].
Taux de porosité
Moyenne Ecart type Nombre de mesure
[%] [%] -
0,18 0,13 6
Les défauts observables à cette échelle sont principalement des fissures longitudinales
parcourant les mèches. Quelques fissures à l’interface fibre/matrice sont également
observées mais dans une quantité moindre. Au niveau des congés d’arrêtes, le taux de
porosité y est également très faible comme le montre la [Figure 4.20]
182
Application aux géométries complexes : consolidation de pièces à double-courbures
Figure 4.19 – Vues des faces internes du tétraèdre consolidé avec représentation des
réseaux chaîne et trame du pli externe
183
Faisabilité de mise en œuvre de pièces composites à géométries complexes
Ces résultats sont comparés aux valeurs de l’angle de cisaillement issues des essais de
drapabilité. En comparant l’angle de cisaillement sur la face 1 on a, en moyenne, 24◦
184
Bilan intermédiaire
pour la pièce consolidée contre 14◦ pour le renfort drapé. Plusieurs raisons peuvent
expliquer cet écart :
➢ Lors des essais de drapage, le renfort n’a pas pu pas être drapé pour des raisons
techniques sur la totalité de la géométrie tétraèdrique. L’angle de cisaillement
moyen mesuré sur la face 1 n’est pas à sa valeur maximale.
➢ La compaction et consolidation du stratifié a pu impacter l’architecture fibreuse
en amplifiant le cisaillement plan.
➢ Les erreurs de mesure aussi bien sur le semi-produit (stéréocorrélation) que sur le
composite (mesures CT-scan) peuvent également jouer un rôle dans cet écart.
Actuellement, une seule pièce tétraédrique a été fabriquée et dont la microstructure a été
analysée. Une étude de cet angle de cisaillement sur plusieurs pièces pièces composites
devra être mise en place afin d’affiner cette valeur. Ceci permettra également de vérifier
la répétabilité de la mesure et de la fabrication des pièces.
185
Conclusion générale et perspectives
Le semi-produit C/PPS comélé à fibres craquées, utilisé dans le cadre de ces travaux
de thèse, est particulièrement adapté pour la fabrication de pièces à géométrie double
courbure de par sa grande déformabilité contrairement à des solutions plus classiques
de type semi-produit poudré ou « film stacking ». Les essais en cisaillement plan (par
« bias extension test ») ont permis de déterminer l’angle de cisaillement au blocage
évalué à 52◦ . Afin d’évaluer sa déformabilité sur des géométries complexes de type
double courbure, des essais de drapage forcé, avec utilisation d’un serre flan, ont été
effectués. Une méthode de mesure de la déformation du renfort tissé par corrélation
d’images a été développée et évaluée dans le but d’établir une cartographie de l’angle de
cisaillement à chaque instant du drapage. La déformabilité du renfort a été étudiée sur
trois géométries : un hémisphère, un tétraèdre et un parallélépipède à congés d’arête.
Pour chaque cas, la cartographie de l’angle de cisaillement a permis d’identifier les zones
fortement sollicitées en cisaillement du renfort. Globalement l’angle de cisaillement
est inférieur à l’angle de blocage en cisaillement déterminé par « bias extension test »
pour chaque géométrie. Cela signifie que le semi-produit se déforme pour des efforts
faibles du fait de la rotation libres des noeuds de croisement des réseaux sens chaîne et
trame. La distribution de l’angle de cisaillement a été comparée avec celle issue de la
simulation du drapage obtenue à partir d’un modèle géométrique (méthode du filet).
187
Conclusion générale et perspectives
Bien que les distributions de l’angle de cisaillement soient comparables entre les réponses
expérimentales et numériques pour les trois géométries, cette dernière ne permet pas
d’approcher les valeurs expérimentales de l’angle de cisaillement du fait des hypothèses
simplificatrices propres à ce modèle.
188
impactant majoritairement les propriétés mécaniques (pour les essais de flexion trois
points) ont pu ainsi être identifiées. Globalement, les plaques composites issues du
semi-produit comélé à fibres craquées ont des propriétés mécaniques élastiques et à
rupture inférieures aux valeurs mesurées pour les plaques à semi-produit poudré.
Suite aux développements et résultats apportés dans ces travaux de thèse, plusieurs
perspectives peuvent être envisagées tant sur la thématique de mise en forme du renfort
textile que sur celle liée à la mise en oeuvre du matériau composite thermoplastique.
➢ Développer une nouvelle version de serre flan solidarisée au bâti du pilote d’em-
boutissage.
Par ailleurs, une analyse plus détaillée des champs de déformation du semi-produit
avec la prise en compte des autres modes de comportement en déformation du renfort
(tension biaxiale, flexion et compression) serait également pertinente. Une campagne de
caractérisation du semi-produit complémentaire sera donc nécessaire.
189
Conclusion générale et perspectives
190
Annexes
191
Annexe
A
ANNEXE CHAPITRE 2
193
ANNEXE CHAPITRE 2
194
Figure A.2 – Plan du serre flan adapté au poinçon hémisphérique
195
ANNEXE CHAPITRE 2
196
Figure A.4 – Plan du serre flan adapté au poinçon parallélépipèdique avec congés
d’arête
197
Annexe
B
ANNEXE CHAPITRE 3
B.1 Mise en oeuvre par consolidation: précisions concernant les produits d’envi-
ronnement utilisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
B.2 Détermination du taux volumique de porosité par dissolution chimique . 200
Élément Fe Ni Co Mn Si C
W% Reste 28,0 - 30,0 17,0 - 18,0 0,5 0,03 ≤ 0, 05
Densité
Coefficient de dilatation
thermique
g/cm3 [T ] −6
x10 /K
8,3 30 − 400◦ C 5,1
30 − 450◦ C 5,3
199
ANNEXE CHAPITRE 3
La densité volumique de chaque échantillon (ρc ) est mesurée par double pesée. On
mesure la masse de l’échantillon à l’air mair
éch et dans l’eau méch pour en déduire (ρc )
eau
mair
éch ∗ ρeau
(ρc ) = (B.2.1)
air
méch − meau
éch
Le matériau est ensuite placé dans un ballon bicol dans lequel 20 ml d’acide sulfurique
(H2 S04 ) est ajouté. L’ensemble est chauffé à environ 180◦ C pendant au moins 1,5 heures.
Lorsque le précipité de la solution devient noire, on ajoute au goutte à goutte 25 ml de
peroxyde d’hydrogène. Son ajout progressif permet de rendre la solution transparente.
L’ensemble est ensuite refroidit et incorporé dans environ 60, 0 ml d’eau désionisée. Les
fibres de carbones sont séparées de la solution grâce à un creuset filtrant ,préalablement
pesé, et séchées dans une étuve à 80◦ C prendant au moins 1 heure. L’ensemble est
refroidit dans un dessicateur pour finir par la mesure de la masse des fibres sèches mf .
200
Détermination du taux volumique de porosité par dissolution chimique
mf
Wf = air ∗ 100
méch
(B.2.2)
W =1−W %
m f
Wf ∗ ρc
Vf =
ρf
Wm ∗ ρc (B.2.3)
Vm =
ρm
Vp = 1 − (Vf + Vm )
201
Annexe
C
ANNEXE CHAPITRE 4
203
ANNEXE CHAPITRE 4
10
4
5
Tl01
Tl02
5
Tl03
5 10
Tl04
250
2
5
1
0
380
C1
Td04
45
Td03
5 7
400
204
Plan de découpe des éprouvettes
Plaque C2
10
Tl01
5
5
Tl02
20
Tl03 10
250 Tl04
10 5 25
400
C2
82
Tt01 Tt02 Tt03 Tt04 Vue de droite
Td01 Td02 Td03 Td04 Echelle : 2:3
82
Axe 1
358
205
ANNEXE CHAPITRE 4
Plaque C3
1
Tl01
5
4.25 Tl02
10
Tl03
25
Tl04
4.25
8
369
10
C3
250
20
10
74
Vue de droite
Echelle : 3:4
1
Axe 1
5
372
206
Plan de découpe des éprouvettes
Plaque C4
20
Tl01
Tl02
5
Tl03
10
4
Tl04
10
370
10 C4
25
250
0
10
20
Axe 1
62
370
5
207
ANNEXE CHAPITRE 4
Figure C.5 – Plan de l’outil utilisé pour consolide le parallélépipède à congés d’arête
208
Table des figures
209
Table des figures
210
1.45 Évolution du taux de porosité en fonction de la pression externe appliqué
sur le stratifié - [Lystrup+1998] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
1.46 Taux de porosité en fonction de la pression de consolidation
à 5, 0 mm/min et 30, 0 mm/min de taux de compaction suivi d’un
refroidissement avec maintien en pression - [Long+2001] . . . . . . . . . 54
1.47 Effet du niveau de vide sur le taux de porosité D’après [Chambers+2006] 55
1.48 Variation relative de la contrainte CIL en fonction du taux de porosité
pour des composites à plis carbone/époxy D’après [Jeong1997 ; Liu+2006 ;
Tang+1987 ; Zhu+2009] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
1.49 Variation du module d’élasticité en flexion 3 points en fonction du taux
de porosité pour des composites à plis carbone/époxy - [Ye+1992] . . . 57
1.50 Variation de la contrainte en flexion 3 points en fonction du taux de
porosité pour des composites à plis carbone/époxy - [Ye+1992] . . . . . 57
211
Table des figures
3.1
Poudré C/PPS Pipreg Porcher Industries : (a) Échantillon de ce semi-
produit - (b) Schématisation de la structure poudré . . . . . . . . . . . . 102
3.2 Micrographie d’un pli de semi-produit poudré PORCHER à matrice PPS :
(a) Observation x25 (b) Observation x100 . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
3.3 Comélé C/PPS Schappe Techniques : (a) Echantillon de ce semi-produit
- (b) Schématisation de la structure comélé . . . . . . . . . . . . . . . . 103
3.4 Micrographies d’un échantillon du semi-produit comélé C/PPS : (a) Vue
de coupe du renfort - Grossissement x25 (b) Mèche sens longitudinal
avec fil de guipage - Grossissement x100 (c) Vue de coupe d’une mèche -
Grossissement x200 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
212
3.5 Schéma en coupe de l’empilement utilisée pour la mise en œuvre en
autoclave des plaques composites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
3.6 Configuration du tissu drainant utilisé pour l’évacuation de l’air présent
dans le renfort textile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
3.7 Vue de surface de la bâche à vide en film PTFE (VB-3) en cours de mise
sous vide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
3.8 Cycle de consolidation en autoclave : (a) Cas général d’un cycle autoclave
(b) Valeur de la pression externe et de sa condition d’application (c)
Variation du temps de consolidation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
3.9 Cycle réel de mise en oeuvre de la plaque poudrée A3 . . . . . . . . . . 110
3.10 Cycle réel de mise en oeuvre de la plaque comélée B5 . . . . . . . . . . . 110
3.11 Cycle autoclave pour les plaques A4 et B4 . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.12 Récapitulatif des principales problématiques rencontrées lors des essais
de consolidation des plaques composites . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3.13 Cartographie de l’atténuation du signal ultrasonore pour les plaques à
semi-produit poudré et une plaque de référence C/PPS TENCATE mise
en oeuvre par thermocompression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
3.14 Cartographie de l’atténuation du signal ultrasonore pour les plaques
B1, B5 et une plaque de référence TENCATE mise en oeuvre par
thermocompression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
3.15 Plan de découpe des éprouvettes de caractérisation mécanique . . . . . . 117
3.16 Dispositif de l’essai de traction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.17 Essai de compression avec mesure des déformations longitudinale et
transversale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.18 Essai de flexion 3 points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
3.19 Essai de cisaillement interlaminaire (CIL) . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
3.20 Tomographe Easytom 130 - Espace Clément ADER - Toulouse : (a) Vue
extérieure - (b) Vue intérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
3.21 Images obtenues après reconstruction tridimensionnelle de l’échantillon
issues de la plaque B3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
3.22 Identification des différents éléments de l’image issue d’un échantillon de
la plaque B3 : (a) Histogramme en niveau de gris de l’image - (b) Image
brute 8 bits (c) Seuillage en niveau de gris de la porosité (en bleu) et de
la matrice (en vert) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
3.23 Sélection de la méthode de seuillage des porosités - Application à la
plaque B3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
3.24 Histogramme des niveaux de gris pour cinq images issues du même
échantillon - Plaque B3 - Plan (xy) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
3.25 Méthode d’analyse des images CT-Scan reconstruites . . . . . . . . . . . 124
3.26 Images tomographiques de stratifié C/PPS poudré à trois niveaux de
consolidation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
3.27 Représentation 3D des porosités pour la plaque poudrée A5 . . . . . . . 127
3.28 Distribution des porosités en volume (Analyse 3D) pour les plaques à semi-
produit poudré - (a) Volume ≤ 5000 µm3 - (b) Volume ≥ 50 000 µm3
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
3.29 Distribution des porosités surfaciques (Analyse 2D) en fonction de leur
circularité pour les plaques à semi-produit poudré . . . . . . . . . . . . . 129
213
Table des figures
214
3.54 Module d’élasticité en flexion en fonction du taux de porosité : (a)
matériau avec semi-produit poudré - (b) matériau avec semi-produit
comélé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
3.55 Module d’élasticité en compression en fonction du taux de porosité : (a)
matériau avec semi-produit poudré - (b) matériau avec semi-produit comélé149
3.56 Courbes contrainte/déformation des essais flexion 3 points avec indication
des taux de porosité et des modes de ruptures pour deux niveaux de
porosité - Semi-produit poudré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
3.57 Courbes contrainte/déformation des essais flexion 3 points avec indication
des taux de porosité et des modes de ruptures pour deux niveaux de
porosité - Semi-produit comélé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
3.58 Mode de rupture en flexion de la plaque B4 (Vp = 12, 11%) : (a) Obser-
vation macroscopique - (b) Micrography (x100) . . . . . . . . . . . . . . 153
3.59 Mode de rupture en flexion de la plaque B5 (Vp = 1, 65%) : (a) Observa-
tion macroscopique - (b) Micrographie (x100) . . . . . . . . . . . . . . . 153
215
Table des figures
4.19 Vues des faces internes du tétraèdre consolidé avec représentation des
réseaux chaîne et trame du pli externe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
4.20 CT-Scan d’un congé d’arrondis de tétraèdre - Résolution 10, 05 µm . . . 184
4.21 CT-Scans de la face 1 du tétraèdre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
216
Liste des tableaux
217
Liste des tableaux
218
Glossaire
Acronymes
CMO - Composite à matrice organique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
CLFT - Composites à fibres continues - Continuous Long Fiber
Thermoplastic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
CFRTP - Continuous Fibers reinforcements and thermoplastic resin . . . . 19
CND - Contrôle non destructif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34, 41
DIC - Digital Image Correlation ou Corrélation d’image numérique 27, 34
HM - Haut Module de rigidité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
HR - Haute Résistance à la rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
PC - Polycarbonate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
PAN - Polycrylonitrile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
PEEK - Polyetheretherketone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
PEI - Polyétherimide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
PET - Polyéthylène terephtalate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
PP - Polypropylène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
PPS - Polysulfure de phénylène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 12
219
Glossaire
Notations
α - Angle entre une mèche sens chaîne et une mèche sens trame 27, 68,
159, 211
γ - Angle de cisaillement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Tm [◦ C] Température de fusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
Tg [◦ C] Température de transition vitreuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
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231
Élaboration de pièces composites complexes par consolidation autoclave
à partir de préformes textiles thermoplastiques renforcées fibres de carbone
Résumé
L’introduction des matériaux composites à matrices thermoplastiques est étudiée depuis quelques années par les avionneurs.
Les procédés actuellement investigués, soit par placement de mèches préimprégnées, soit par thermo-estampage de plaques préconso-
lidées, sont toutefois mal adaptés pour des pièces de forme complexe telles que des capotages, des volutes ou des entrées d’air. Pour
s’affranchir de cette limitation, cette thèse vise à étudier une voie d’élaboration basée sur la mise en forme de textiles qui intègre
par voie comélage/cotissage les renforts de carbone et les fils de thermoplastique. Le tout est suivi d’une consolidation en autoclave.
Le projet de recherche comprend deux parties distinctes et complémentaires. La première partie est dédiée à l’étude de la mise en
forme textile avant consolidation. La déformabilité en cisaillement des préformes textiles comélés a été caractérisée sur la base
d’un essai « Bias Extension Test » instrumenté avec un dispositif optique pour mesurer les champs de déformation par corrélation
d’images (2D-DIC). La mise en forme de la préforme textile sur des éprouvettes technologiques possédant une géométrie complexe
de type double courbure a été effectuée à partir d’un pilote d’emboutissage. Une instrumentation optique a permis d’évaluer les
champs de déformation en cisaillement (3D-DIC). La deuxième partie est consacrée à l’étude et à l’optimisation des conditions de
consolidation en autoclave, des cycles de consolidation et l’étude de leur influence sur les performances mécaniques et la santé
matière du matériau. Les relations matériau/procédé sont établies à partir de deux semi-produits FC/PPS : le Pipreg® poudré de
Porcher et le TPLF® comélé avec fibres craquées de Schappe Techniques. Les résultats de ces deux thématiques ont permis la mise
en oeuvre de pièces de faisabilité à double courbure aux propriétés microstructurales compatibles aux exigences aéronautiques pour
des structures semi-structurelles. Une optimisation de la mesure de champ par stéréo-corrélation d’images et la prise en compte du
comportement en tension et en flexion du renfort permettraient d’améliorer l’analyse des champs de déformation lors des essais de
drapage. L’amélioration du cycle de consolidation et une sélection de produits d’environnement plus performants sont également
des thématiques à explorer.
Mots-clés : Composites thermoplastiques, Déformation textile, Consolidation autoclave, Imprégnation, Corrélation d’images,
Pré-imprégnés
Thermoplastic resin composites have been studied for some years by the aircraft manufacturer. Current processes studied concerning
either prepreg bundle positioning or thermo-stamping of pre-consolidated laminates are not adapted for complex shape as air inlets.
To overcome this limitation, this thesis investigates a method based on the manufacturing of fabrics made in commingled/co-woven
yarns of carbon and thermoplastic fibres. Then fabrics are consolidated in autoclave. This research project has been divided into
two distinct parts. The first part concerns textile shaping study before consolidation. Shear strains of textile preforms have been
characterised by « Bias Extension Test » instrumented with optical device to measure strain field by digital image correlation
(2D-DIC). Textile preform shaping on a double curvature technology test specimen was performed with stamping device. It was also
intrumented by cameras to assess shear strain field (3D-DIC). The second part is focused on the study and the optimisation of
autoclave consolidation conditions and process parameters for thermoplastic composite part manufacturing. Process impacts on
composite mechanical properties and microstructure are also studied. Material/process interactions assessment was performed with
two CF/PPS semi-pregs : Pipreg® powdered impregnated fabric from Porcher and TPLF® commingled fabric with stretch-broken
carbon fibres from Schappe Techniques. Results from these two research topics allow to manufacture double curvature composite
parts with microstructural properties in accordance with aviation requirements for semi-structural parts. The optimisation of field
measurements by 3D-DIC and the semi-preg characterisation in tensile and bending should be developed to improve strain field
analysis during fabric shaping. Manufacturing process optimisation by the selection of more efficient materials used for vacuum
bagging should also be investigated.
Keywords : Thermoplastic composites, Textile strain, Autoclave consolidation, Impregnation, Digital image correlation, Prepreg