LivreBlancMaltraitanceEnfant Bleu2016

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2016

LIVRE BLANC
20 PROPOSITIONS POUR
RENFORCER LA PROTECTION
DES ENFANTS VICTIMES
DE MALTRAITANCE

Préface de M e Dominique Attias


Vice-Bâtonnière du Barreau de Paris

Livre édité par le groupe de travail


de l’association L’Enfant Bleu
SOMMAIRE

01 Préface de Me Dominique Attias, Vice-Bâtonnière du Barreau de Paris


02 Avant-propos d’Éric Cannamela, Président

03 1 - MALTRAITANCE DES ENFANTS EN FRANCE : UN CONSTAT ALARMANT


04 A - L’impact de la maltraitance sur le développement de l’enfant
05 Avis d’expert d’Anne Tursz : Les conséquences de la maltraitance infantile
09 B - Les chiffres alarmants et peu connus de la maltraitance
10 Avis d’expert d’Anne Tursz : La non-prise en compte des décès de nourrissons
12 C - Aménagement du budget consacré à la protection de l’enfance
13 Interview de Jacques Donzelot : Le regard sociologique sur l’accompagnement
des enfants maltraités

15 2 - LOIS RELATIVES À LA PROTECTION DE L’ENFANCE


ET DYSFONCTIONNEMENTS RELEVÉS PAR NOTRE PRATIQUE
16 A - État des lieux depuis la loi du 5 mars 2007
18 B - Dysfonctionnements constatés depuis 2007 dans les constitutions
de partie civile de l’association
22 C - Actions de l’association L’Enfant Bleu dans les grandes réformes

23 LES 20 PROPOSITIONS DE L’ENFANT BLEU

25 3 - PROPOSITIONS DE L’ASSOCIATION AUX FINS D’AMÉLIORATION


DU SYSTÈME DE LA PROTECTION DE L’ENFANCE
26 A - Harmonisation du traitement de la situation préoccupante d’un mineur
26 1. L’harmonisation de la dénomination des CRIP
26 2. L’évaluation de la situation préoccupante
30 3. Le système centralisé des informations préoccupantes et signalements judiciaires
relatifs aux enfants en danger
31 4. La nécessité de former et d’accompagner les professionnels
32 B - Amélioration du droit pour une meilleure prise en charge des victimes
32 1. La prescription sur toutes les infractions relatives à la maltraitance de mineur
35 2. La création du droit d’appel des parties civiles en phase de jugement pénal
36 3. Le suivi des contrôles judiciaires, des condamnés et la lutte contre la récidive

39 CONCLUSION
40 ANNEXES
46 NOTES
50 BIBLIOGRAPHIE
52 REMERCIEMENTS
1

PRÉFACE
Me Dominique ATTIAS
Vice-Bâtonnière du Barreau de Paris

Comme tout être humain, l’enfant possède des droits. Pourtant, il n’en demeure pas moins
qu’en tant que membre le plus vulnérable de la société1 il ne peut faire valoir l’intégralité
de ses droits qu’au jour de sa majorité2. Ses moyens d’action pour se protéger sont donc
très limités ; le meilleur exemple : il ne peut pas se constituer partie civile, seul, lorsqu’il
subit des maltraitances.
Alors, qui doit agir devant sa détresse ? Chacun de nous3.

Dès la fin du xixe siècle, nombre d’auteurs ont commencé à s’intéresser de près au
développement de l’enfant et à ses besoins fondamentaux. Peu à peu a été reconnu à
l’enfant un statut différent de celui de l’adulte4.
Les professionnels de l’enfance connaissent mon particulier attachement au droit des
mineurs. J’œuvre au quotidien, en tant qu’avocate d’enfants, pour que ces derniers
aient un accès facilité à leurs droits. C’est une cause fondamentale à mes yeux.
L’enfant d’aujourd’hui est l’adulte de demain. Mais pour le devenir, il doit bénéficier
d’une protection spécifique.
J’ai accepté de préfacer le Livre blanc de L’Enfant Bleu pour attirer l’attention de
notre société sur une de ses missions primordiales : la protection de nos générations
futures. Si ce livre blanc part d’une utopie – une communauté sans maltraitance,
respectueuse de l’intégrité physique et psychologique de l’enfant –, le principe de
réalité est toutefois bien présent dans cet ouvrage.
En effet, l’association L’Enfant Bleu se fonde sur son expérience de terrain pour
apporter des propositions novatrices. À travers ses propositions concrètes, le livre
blanc entend mettre à disposition de tous des outils simples, facilement applicables,
sans que soient nécessaires des modifications législatives.
Tout enfant présent sur le territoire doit avoir un égal accès à ses droits.
L’État doit être le garant de cette égalité et la rappeler, si besoin est, aux collectivités
territoriales, tout en leur donnant les moyens de protéger tous les enfants.

Les enfants sont notre futur. Les protéger est notre devoir premier.
2
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

AVANT-PROPOS
Éric CANNAMELA
Président de l’association L’Enfant Bleu

L’association L’Enfant Bleu-Enfance Maltraitée a été créée il y a vingt-sept ans5. Les milliers
d’accompagnements juridiques et la centaine de parties civiles réalisés depuis 1989 ont
nourri les propositions de ce livre blanc.
Depuis notre création, de nombreuses lois en matière de protection de l’enfance ont été
votées6. Toutes ont donné plus de moyens à la justice et aux professionnels de l’enfance
pour protéger les mineurs en danger. Mais il reste encore beaucoup de chemin à
parcourir, car force est de constater que le nombre d’enfants décédés suite à des faits de
maltraitances lourdes n’a pas diminué7.
Aucun décès d’enfants des suites de maltraitances n’est à mettre sur le compte
de la fatalité8, car tous, sans exception, auraient pu être évités si la famille, les proches
et les professionnels avaient su ou pu parler, s’il n’y avait pas eu de dysfonctionnements
incompréhensibles dans le système de protection de l’enfance, si la justice et les services
sociaux n’avaient pas privilégié à tout prix le retour dans sa famille d’un enfant placé,
s’ils n’étaient pas parfois si lents.
Notre république garantit l’égalité9 de traitement à tout citoyen : cette règle ne s’applique
pas pour l’enfance en danger, car un enfant dans notre pays n’aura pas les mêmes
chances de prise en charge et de survie selon le lieu où il réside. C’est pourquoi ce livre
blanc propose notamment des mesures en matière d’évaluation des familles et de règles
de signalement. Plusieurs d’entre elles sont déjà appliquées dans certains départements.
Nous demandons qu’elles s’étendent sur l’ensemble du territoire français.
De même, il y a un décalage inacceptable entre le délai de prescription et le temps
nécessaire dont a besoin une victime pour oser dire, et pour oser agir. La maltraitance
contre les mineurs est un fléau qui a lieu principalement au sein du cercle familial10. Et
elle se heurte au silence car elle touche à des tabous (l’inceste, par exemple), à la honte
et à la crainte des conséquences si on les révèle. Les impacts connus sur la santé des
victimes sont dramatiques11.
14 % des Français déclarent avoir été victimes de maltraitances lourdes dans leur enfance12
mais seulement 288 300 mineurs13 sont pris en charge par notre système de protection
de l’enfance. Puisse ce travail de propositions de notre association pour mieux
prévenir, évaluer et protéger permettre à un plus grand nombre de victimes d’être
prises en charge efficacement.
3

1-
MALTRAITANCE
DES ENFANTS
EN FRANCE :
UN CONSTAT

1- CONSTAT
ALARMANT
Nous nous attacherons ici à étudier l’impact de
la maltraitance sur le développement de l’enfant,
considérée par l’Organisation mondiale de la santé
comme un problème de santé publique14, avant
d’aborder les chiffres de ce fléau en France ainsi
que le budget qui est consacré à la protection
de l’enfance.
4

L’Organisation mondiale de la santé (OMS)


rappelait en 2002 que, au-delà des enfants qui
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

décèdent des suites de maltraitance, ceux qui


y survivent peuvent développer des maladies
graves, telles que le cancer, et/ou présenter des
problèmes psychiatriques graves16, pouvant
inclure des risques suicidaires17-18.

Par ailleurs, dès 1999, l’OMS publiait sa défini-

A- tion de la maltraitance :
« La maltraitance de l’enfant s’entend de toutes
les formes de mauvais traitements physiques et/ou
L’IMPACT DE LA MALTRAITANCE SUR psychoaffectifs, de sévices sexuels, de négligence
LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT ou de traitement négligent, ou d’exploitation com-
Aujourd’hui, les recherches montrent que la merciale ou autre, entraînant un préjudice réel
maltraitance infantile, quelle qu’en soit la forme, ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie,
atteint le développement psychique mais égale- son développement ou sa dignité, dans le contexte
ment physiologique de l’enfant15. d’une relation de responsabilité, de confiance ou
de pouvoir. » 19
La maltraitance pourra donc avoir des impacts
différents selon chaque situation, selon chaque
individu.

CONSÉQUENCES DE LA MALTRAITANCE
INFANTILE DURANT L’ENFANCE ET L’ÂGE ADULTE

Idées suicidaires Cancers

Maladies cardio-vasculaires Conduites à risques

Pathologies psychiatriques Maladies pulmonaires

Troubles du sommeil Atteintes neurologiques

Suicides Pathologies endocriniennes

Stress post-traumatique
5

AVIS D’EXPERT ANNE TURSZ


Pédiatre, Épidémiologiste et Directrice de recherche à l’Inserm

1- CONSTAT
Les conséquences sentiment de révolte. Il est triplement
livré à sa famille maltraitante : par les
de la maltraitance mauvais traitements eux-mêmes, par
l’impossibilité d’en identifier le caractère
infantile sur le anormal et par celle d’accuser les cou-
développement pables. La situation est particulière-
ment aiguë chez le nourrisson, qui ne
de l’enfant et parle pas et se trouve généralement
confiné au domicile. Exposé à un
sur la vie d’adulte20 milieu familial nocif, il va développer
de graves troubles dès ses premiers
« […] Les conséquences de la mal- mois, troubles qui, sans interven-
traitance précoce sont d’autant plus tion salvatrice, se répercuteront
fréquentes et d’autant plus redou- sur toute sa vie. »
tables qu’il existe une fragilité spéci-
fique de l’enfant. Contrairement à Conséquences sur la santé
l’adulte, qui est capable de relativiser physique
et de comparer, donc de reconnaître « Certaines formes de maltraitance
d’autres personnes ayant subi les physique peuvent entraîner des atteintes
mêmes sévices que lui (torture, incar- viscérales définitives. Ainsi, les trau-
cération arbitraire…), le petit enfant matismes crânio-cérébraux infligés,
n’a aucun point de référence et
aucune possibilité de partager son
au premier rang desquels ceux causés
par le syndrome du bébé secoué ...
6

mauvaises relations avec les proches,


AVIS D’EXPERT ANNE TURSZ réseau social de petite taille25. Certains
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

Pédiatre, Épidémiologiste troubles apparaissent plus spécifique-


et Directrice de recherche à l’Inserm ment liés à un type particulier de mal-
traitance. […]
La plus terrible des conséquences
de la maltraitance est sans doute sa

... (SBS), ont fréquemment des consé-


quences somatiques gravissimes21 :
transmission transgénérationnelle,
cette répétition de la violence par
des parents dont la propre enfance
lésions responsables de retards men- ne leur a pas permis de construire
taux parfois massifs, de crises d’épilepsie, une personnalité solide et sereine les
séquelles d’hématomes cérébraux et/ou rendant aptes à être de “bons parents”.
de troubles visuels graves faisant suite […]
à des hémorragies rétiniennes et pou- Ce cercle vicieux de la transmission de
vant aller jusqu’à la cécité complète22. la violence traverse toutes les classes
De telles séquelles vont entraver le dérou- sociales. […] Cette représentation
lement de la scolarité et le processus de toutes les classes sociales est un
de socialisation normal. Les troubles fait reconnu dans le cas du SBS et a
cognitifs engendrés persistent avec l’âge, été retrouvée dans l’étude menée par
comme le montre une très récente étude l’U 750 de l’Inserm sur les “morts sus-
américaine indiquant les liens entre pectes de nourrissons”, dans laquelle
maltraitance dans l’enfance et déficits de un tiers des auteurs de secouement
la mémoire à l’âge adulte23. » mortel avaient subi de graves violences
dans leur enfance26. »
Conséquences sur la santé
mentale et la vie sociale La lutte contre les effets
« En fait, c’est surtout dans la sphère des de la maltraitance
troubles psychologiques et de l’adaptation « Outre le chiffrage du problème, son
sociale que les conséquences à long dépistage clinique le plus précoce
terme de la maltraitance ont été le plus possible doit être favorisé en milieu
étudiées et semblent le plus fréquentes et scolaire, dans les urgences hospitalières
sévères. Une revue de diverses études et dans les cabinets des pédiatres et des
portant sur ces conséquences en cas de généralistes libéraux, ce qui soulève le
maltraitance physique dans l’enfance24 a problème du déficit de la formation
identifié sept types de problèmes : des médecins en France sur les critères
les comportements agressifs et vio- de suspicion et de diagnostic de la
lents, les comportements criminels maltraitance des jeunes enfants27. »
non-violents, l’abus de toxiques, les
comportements auto-agressifs et sui-
cidaires, les problèmes émotionnels, Par Anne Tursz, qui nous a
les problèmes relationnels, et les diffi- accompagnés dans l’élaboration
cultés scolaires et professionnelles. de cet ouvrage.
[…] On a aussi pu identifier un lien
entre les mêmes évènements adverses
de la petite enfance et des désordres
affectifs et sociaux : troubles anxieux,
7

La maltraitance psychologique, cumulée à


d’autres maltraitances ou isolée, n’est pas aisé-
ment « quantifiable », ce qui la rend difficile à
prouver alors même que ses effets sur l’enfant
sont extrêmement graves.
En général, il s’agit d’une forme de violence
répétée et soutenue, laquelle peut se traduire
par des humiliations, des agressions verbales,
...
Aborder la maltraitance est souvent compliqué
des dévalorisations systématiques, de l’indif-
férence, un rejet et/ou un refus affectif, des
menaces, des exigences non adaptées à l’âge
parce qu’elle touche à l’intimité des familles, et au développement de l’enfant, etc.
parfois à l’innommable. On préfère souvent
ne pas voir, ne pas croire plutôt que d’accepter Enfin, la maltraitance sexuelle comprend,
l’indicible, et s’interdire alors de pouvoir agir. outre les viols, toutes les autres formes d’agres-
sions sexuelles30. Le sujet de l’inceste ou des
Entrer dans le cœur des familles, réussir à maltraitances sexuelles intrafamiliales reste
définir la limite entre ce qui est acceptable et tabou dans bien des milieux socioculturels et
ce qui ne l’est pas, ce qui relève de l’éducation familiaux.
familiale et ce qui relève de la société, n’est À côté des infractions sexuelles corporelles, il
pas la même chose pour chacun. Cela dépend existe des atteintes sexuelles non corporelles

1- CONSTAT
notamment de facteurs personnels, familiaux, telles que la corruption des mineurs ; ainsi,
culturels et sociétaux. par exemple : obliger un enfant à visionner
des vidéos à caractère pornographique, etc.
La définition de ce qu’est un enfant maltraité
reste donc assez générale. L’enfant maltraité La négligence, quant à elle, est le refus ou
« est victime de violences physiques, cruauté l’échec du parent à répondre aux divers besoins
mentale, abus sexuels, négligences lourdes ayant de l’enfant concernant sa santé physique,
des conséquences graves sur son développement psychique, son hygiène, son éducation et sa
physique et psychologique »28. protection. Cela sera le cas lorsque les besoins
L’enfant en risques est celui « qui connaît des alimentaires ou l’hygiène de l’enfant ou de
conditions d’existence risquant de mettre en son environnement ne seront pas respectés,
danger sa santé, sa sécurité, sa moralité, son mais cela peut également être le confinement
éducation ou son entretien, mais qui n’est pas social de l’enfant, le non-respect de ses besoins
pour autant maltraité »29. fondamentaux, etc.
Les enfants en danger comprennent l’ensemble
des enfants en risques et des enfants maltraités.

La maltraitance physique s’entend de toute


forme d’atteinte au corps de l’enfant, à titre
d’exemple le pousser, le secouer, le frapper, le
brûler, le projeter contre un mur, etc.
Elle est la plus visible car elle laisse souvent
des traces, et permet aux professionnels
d’en mesurer l’étendue sur le plan physique
(ecchymoses, hématomes, plaies, brûlures,
fractures, touffes de cheveux arrachés, etc.).
8

Il peut s’agir d’une négligence non volontaire, maltraitances physiques sont accompagnées
due à l’ignorance ou au manque de clair- de maltraitances psychologiques. Les maltrai-
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

voyance des parents, mais il peut également tances psychologiques sont quant à elles suivies
s’agir d’une privation volontaire des soins de maltraitances physiques dans 8 % des cas.
nécessaires. Enfin, les négligences sont accompagnées de
maltraitances physiques dans 10 % des cas.
Sont donc retenues quatre grandes catégo-
ries de maltraitances sur enfant, lesquelles
peuvent être cumulées, pour lesquelles nous
n’opérerons aucune gradation. Chacune peut
avoir des conséquences diverses, à intensité
différente, selon chaque enfant.

En effet, parmi les 1 508 cas que nous avons


étudiés au sein de notre association31, il apparaît
que 25 % des actes de maltraitance sont accom-
pagnés d’un deuxième acte de maltraitance,
voire d’un troisième dans 4 % des cas.

Selon notre étude, les violences sexuelles sont


accompagnées de violences physiques dans
8 % des situations. Dans 33 % des cas, les

DIFFÉRENTS TYPES DE MALTRAITANCES


SELON LES CAS PRIS EN CHARGE
PAR L’ASSOCIATION L’ENFANT BLEU32

ø
Actes de torture
et de barbarie


Maltraitances 

32
psychologiques Maltraitances physiques
Négligences

Violences sexuelles
9

Depuis l’entrée en vigueur de la loi de 200733,


seulement 23 042 mineurs supplémentaires
ont été pris en charge par les services de l’ASE,
soit entre 2007 et 2013 une augmentation de
8,7 %34. Le même calcul pour la période 2003-
2007 donne 8,4 %.

Si l’on rapproche ces deux chiffres, on ne peut


qu’être étonné qu’en dépit de l’amélioration du

B- système de protection de l’enfance depuis 2007,


il ne semble pas qu’il y ait une augmentation
notable de la prise en charge des enfants mal-
LES CHIFFRES ALARMANTS ET PEU traités par les services de l’ASE.
CONNUS DE LA MALTRAITANCE
Les enfants décédés sous les coups
Les enfants pris en charge par l’Aide sociale de leurs parents
à l’enfance Les données sur lesquelles nous avons travaillé
Nous avons comparé les chiffres retenus par sont relativement floues, et ne coïncident pas
l’Observatoire national de la protection de avec les études réalisées, notamment, par
l’enfance (ONPE) quant au nombre de mineurs l’Inserm.
pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance

1- CONSTAT
(ASE), depuis 2003.

NOMBRE D’HOMICIDES
Police
D’ENFANTS DE MOINS DE 15 ANS et gendarmerie

Estimation
selon l’enquête
90 81 Inserm U 750
810 795
67
69 675 58
67 46
615 615
570 555 66
63
495
450
47
360

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
10

AVIS D’EXPERT ANNE TURSZ


Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

Pédiatre, Épidémiologiste
et Directrice de recherche à l’Inserm

rage au signalement éventuel. Citons


brièvement le non-repérage par
manque de formation sur la sé-
méiologie de la maltraitance chez
l’enfant, et surtout le très jeune
enfant, par tous les professionnels ;
l’insuffisance des investigations
médicales, sociales et psycholo-
giques ; les diagnostics erronés, de
causes accidentelles principalement ;
la non-révélation des soupçons : pas
de transmission d’information pré-
occupante au président du conseil
général ni de signalement au parquet. »
La non-prise en
compte des décès
Par Anne Tursz, qui nous a
de nourrissons37 accompagnés dans l’élaboration
de cet ouvrage.

« Un ou deux enfants meurent chaque


jour de maltraitance ou de négli-
gence. Il s’agit d’une extrapolation,
mais pas vraiment hasardeuse. Le
chiffre de 255, obtenu pour les moins
de un an, l’a été de façon rigoureuse,
et on sait que c’est une estimation mi-
nimale. On ignore tout, notamment,
des causes réelles de décès des enfants
“retrouvés” morts chez eux et laissés
sur place après un dialogue entre la fa-
mille et le médecin. […] On sait néan-
moins, à partir de la littérature inter-
nationale, qu’il y a aussi un nombre
inconnu d’homicides déguisés en
accident ou en mort naturelle.
[Les causes de la sous-estimation] sont
multiples et interviennent à toutes les
étapes du processus qui va du repé-
11

REGARD DE LA SOCIÉTÉ CIVILE


SUR LA MALTRAITANCE
Source : sondage Harris Interactive, septembre 2014

14 %
des Français déclarent avoir été victimes
de maltraitance au cours de leur enfance

60 % 64 % 60 %
n’en ont parlé de ceux qui se sont des cas de maltraitance
à personne exprimés n’ont ont pris fin lorsque les
pas été aidés victimes ont été aidées

1- CONSTAT
45 %
des Français pensent que des cas de maltraitance
peuvent exister dans leur environnement immédiat
(voisinage, collègues…)

30 % 27 % 24 % 20 % 18 % 5%
parmi parmi parmi dans leur dans leur dans leur
leurs leurs leurs amis famille famille foyer
voisins collègues proches élargie proche actuel

La France manque de données statistiques fiables concernant le nombre d’enfants maltraités.


Seuls des sondages ont permis d’avoir une idée de l’ampleur du fléau.

Au moins 10 %38 des enfants résidant dans des pays à hauts revenus seraient victimes d’une ou
plusieurs formes de maltraitance ; en France, le chiffre s’approcherait de 14 %39 de la population.

L’Observatoire national de la protection de l’enfance40 précisait qu’au 31 décembre 2013,


288 300 enfants maltraités ou en situation de l’être étaient suivis par les services sociaux,
alors que la même année, il y avait en France 14 609 468 mineurs41.
Cela signifie que seulement 1,97 % des mineurs en France étaient pris en charge par l’ASE.
12

vrai que les ressources financières entre les


différents départements sont inégales, et donc
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

les possibilités d’action aussi.


Cela a créé des inégalités financières entre les
différents territoires, et par conséquent des
inégalités de traitement entre les citoyens.

Il n’est de ce fait pas surprenant de retrouver ces


inégalités dans les missions de protection de

C- l’enfance44. Toutefois, il est inacceptable qu’un


enfant ne bénéficie pas des mêmes chances de
suivi et de survie d’un département à l’autre45-46.
AMÉNAGEMENT DU BUDGET
CONSACRÉ À LA PROTECTION
DE L’ENFANCE
Dans le domaine de la protection de l’enfance,
les lois de décentralisation de 198342 ont eu
pour effet de transférer la compétence de l’État
vers les départements.
Le but annoncé était de permettre une autono-
mie locale, présentant une meilleure gestion,
plus proche des citoyens.
Cela permettait également à l’État centralisé
de se décharger de ses contraintes budgétaires.
Ainsi, en accordant la décentralisation aux
collectivités territoriales, l’État demandait,
en contrepartie, que ces dernières financent
elles-mêmes leurs actions.
S’il s’agissait d’une idée à laquelle la majorité
des élus était favorable43, il n’en est pas moins

Rappel
Le dernier chiffre connu du budget alloué par les conseils départementaux à l’ASE est de
7,1 milliards d’euros47. La moitié de ces dépenses est consacrée aux placements des mineurs
en foyer, un quart aux placements des enfants en famille d’accueil. Les actions éducatives à
domicile et en milieu ouvert représentent, quant à elles, 6 % du total des dépenses.
13

INTERVIEW JACQUES DONZELOT


Sociologue

1- CONSTAT
Regard La valorisation de la famille, par
les conseils, les allocations familiales,
sociologique sur le logement social, l’aide circonstan-
l’accompagnement cielle, était destinée à combattre les
effets du paupérisme, l’incapacité de
des enfants la famille à nourrir ses membres et
à les retenir. Grâce à ces appuis, la
maltraités48 famille peut apparaître alors comme
une ressource pour l’autonomie de
L’Enfant Bleu : ceux-ci.
D’où vient cette ambivalence
du travailleur social : être celui L’incrimination de la famille
qui aide et celui qui juge ? consiste, elle, en une remise en
cause de l’autorité familiale, d’abord
Jacques Donzelot : Elle est inhérente avec la loi de 1889 autorisant la
à un mode d’intervention sur la fa- destitution de l’autorité paternelle,
mille qui s’est constitué au tournant puis avec celle de 1898 permettant
du xixe au xxe siècle en combinant au juge de placer un mineur à
deux voies : la valorisation et l’incri- l’Assistance ou dans une œuvre de
mination. Ces deux formes d’action bienfaisance, enfin avec celle de
étaient destinées à compenser les dé- 1912 qui instaure l’autorité du juge
faillances de la famille d’Ancien Ré-
gime apparues au long du xixe siècle.
des mineurs sur les familles, en
accord avec les travailleurs sociaux ...
14

contractuel avec eux plutôt que


INTERVIEW JACQUES DONZELOT d’imposer une décision judiciaire
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

Sociologue devenue subsidiaire.


Mais le complexe tutélaire ne dispa-
raît pas. Il se fait plus efficacement
intrusif… Et provoque d’autant plus
de résistances…

... et les psychiatres (soit ce que j’ai appelé


« le complexe tutélaire »).
E. B. :
Que faire alors pour contrer
les effets nocifs de cette
ambivalence dans l’action ?
L’ambivalence tient à cette combinai-
son du souci de valoriser les ressources J. D. : Peut-être la « bonne conduite »
de la famille pour ses membres et de consiste-t-elle en l’art de la franchise,
la capacité de les incriminer. d’énumérer d’entrée de jeu les deux
manières dont les travailleurs sociaux
E. B. : disposent pour aider les membres
Cette ambivalence a-t-elle de la famille… et le fait qu’il est
évolué avec le temps ? pratiquement impossible de les
dissocier. L’hypocrisie supposée de
J. D. : À partir des années 1970, on peut
leur part est ce qui leur nuit le plus.
avoir l’impression d’un changement,
du fait de la double fragilisation de
la famille : interne par la relative perte
d’évidence de la famille nucléaire,
de la durée des couples ; externe
par la montée de la précarité, celle
des couples biactifs faisant diminuer
la répartition des rôles entre les
genres, du fait aussi de la propension
émeutière des jeunes, qui donne
l’impression que le travail social n’est
plus la réponse.
Mais, à cette évolution, on répond par
une double démarche qui reproduit
l’essentiel de la précédente. On renoue
avec l’incrimination en parlant de
« la démission des parents », et avec
la valorisation en développant la
parentalité, qu’il s’agit de soutenir et de
développer comme une compétence et
non plus comme une autorité. Tout au
plus insiste-t-on sur la nécessité de
faire une place plus importante aux
parents dans les décisions concernant
leurs enfants (rapport Bianco-Lamy
de 1980) et de rechercher un accord
15

2-
LOIS RELATIVES
À LA PROTECTION
DE L’ENFANCE ET
DYSFONCTIONNEMENTS

2- DIFFICULTÉS
RELEVÉS PAR
NOTRE PRATIQUE
La loi de 2007 est venue refondre en profondeur le système de
protection de l’enfance. Dans un premier temps, nous avons
répertorié de façon non exhaustive certaines lois et décisions
ultérieures qui nous paraissent essentielles. En deuxième lieu, nous
avons examiné nos dernières constitutions de partie civile afin de
relever les dysfonctionnements institutionnels que nous avons pu
constater. Enfin, nous sommes revenus sur le rôle de l’association
dans les différentes réformes qui ont pu intervenir.
16

A-
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

OCTOBRE 2009
ÉTAT DES LIEUX Rapport de la Cour des comptes
Lacunes relevées dans le système
DEPUIS LA LOI de protection de l’enfance :
DU 5 MARS 2007 structures d’accueil trop peu
contrôlées, rôles mal répartis
entre pouvoirs judiciaire et admi-
nistratif, insuffisance d’exécu-
tion des décisions de justice,
risque de maltraitance institu- LOI DU 9 JUILLET 201049
tionnelle pour les enfants, inéga-
lités territoriales. Améliorer la prévention des
violences faites aux femmes et la
protection des victimes. Création
d’une ordonnance de protection,
qui permet au juge aux affaires
familiales de prononcer, en urgence,
des mesures protectrices de la
victime.

LOI DU 5 MARS 200750


Elle a réformé en profondeur le système de
protection de l’enfance et introduit un dispositif
départemental dédié, lequel a permis de gagner
en lisibilité pour les acteurs locaux ainsi qu’en
efficacité pour les enfants. Le rôle de chef de file du
président de conseil départemental a été consacré.
La cellule départementale de recueil, de traitement
LOI DU 8 FÉVRIER 201052
et d’évaluation des informations préoccupantes, Introduction de la notion d’inceste
placée sous son autorité, filtre les informations dans le code pénal, censurée un
qui lui parviennent et diligente les enquêtes an et demi plus tard par le Conseil
sociales afin de déterminer si les enfants sont en constitutionnel53 pour atteintes au
danger ou en risque de l’être. Effets pervers : pas principe de légalité des délits et
de coordination interdépartementale, même si des peines et au principe de non-
une procédure de transmission de dossiers51 lors rétroactivité de la loi pénale, plus
des déménagements des familles a été mise en sévère. En effet, le texte n’a pas été
place. Cette transmission dépend toutefois du suivi jugé suffisamment précis. La loi du
efficace de la localisation des familles. Dans le cas 14 mars 2016 a réintroduit la notion
contraire, cela peut entraîner des ruptures, soit dans d’inceste dans le code pénal, sans
la prise en charge de l’enfant, soit dans l’évaluation pour autant créer une infraction
des informations préoccupantes. autonome.
17

27 JUILLET 2013
Avis de la CNCDH54 sur le droit au res-
pect de la vie privée et familiale et les
placements d’enfants en France : tout
doit être fait pour maintenir et pré-
server les liens familiaux. Cet avis
dénonce la disparité de traitement des
situations d’un département à l’autre.
Certains enfants sont placés inutile-
ment, et d’autres ne sont pas placés et LOI DU 5 NOVEMBRE 201555
continuent de subir des maltraitances. Encourager les médecins à signaler
Il faut donc construire et rassembler les les violences et protéger l’ensemble des
objectifs des interventions socio-édu- médecins des poursuites qui pourraient
catives au regard des besoins de l’enfant leur être intentées en cas de signalement
et de sa famille. Le projet doit être et, de ce fait, renforcer et encourager leur
construit avec les parents. mission de protection des mineurs faisant
l’objet de violences.

2- DIFFICULTÉS
LOI DU 14 MARS 201657
JUILLET 2013 Création du Conseil national de la protection
de l’enfance ; désignation d’un médecin réfé-
Étude « Échec et retard scolaire des enfants rent pour la protection de l’enfance dans chaque
hébergés par l’aide sociale à l’enfance »56 service départemental de protection maternelle
La situation familiale ou sociale diffi- et infantile (PMI) ; attribution aux observatoires
cile vécue par les enfants placés dans les départementaux de la protection de l’enfance
établissements de l’ASE influe sur leur d’une mission supplémentaire pour la formation
scolarité. Ces enfants connaissent des continue des professionnels de la protection de
situations de déscolarisation, notamment l’enfance ; systématisation de la désignation par
l’année où survient le placement. À 15 ans, le juge des enfants d’un administrateur ad
ils sont trois fois plus nombreux dans cette hoc, indépendant du service de l’ASE, chargé de
situation que les autres adolescents de représenter les intérêts du mineur dans la procé-
leur âge. Et en fin de scolarité obligatoire, dure d’assistance éducative, lorsque ces derniers
nombreux sont ceux qui quittent les bancs sont en opposition avec ceux des titulaires de
de l’école, sans pour autant se lancer dans l’autorité parentale ; ajout dans les missions
la vie professionnelle. de l’ASE de veiller à la stabilité du parcours de
l’enfant, notamment par l’obligation d’établir un
projet personnalisé pour l’enfant ; réintroduc-
tion de la qualification pénale de l’inceste.
18

Dans l’étude de nos constitutions de partie


B- civile, nous avons fait le choix de ne conserver
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

que celles dans lesquelles nous avions repéré


DYSFONCTIONNEMENTS des dysfonctionnements institutionnels.
Nous avons donc conservé 21 affaires pénales,
CONSTATÉS DEPUIS 2007 DANS relatives à 75 victimes mineures.
LES CONSTITUTIONS DE PARTIE
Deux problématiques essentielles sont
CIVILE DE L’ASSOCIATION ressorties des procès ainsi étudiés :
– l’échec du système de protection mis en
place autour des victimes mineures ;
– l’échec du suivi sociojudiciaire des
délinquants sexuels, qui, après leur sortie
de prison, ont récidivé.
La spécificité de ces échecs tient au fait
que les autorités compétentes avaient
connaissance des situations, ce qui aurait
dû éviter qu’une infraction soit commise.
Ce constat est inadmissible.

RÉPARTITION DES VICTIMES SELON


LES INFRACTIONS PÉNALES RELEVÉES
DANS NOS CONSTITUTIONS DE PARTIE CIVILE*

ø
Agressions
sexuelles

ø
Homicides
ø
Violences
habituelles

* Depuis 2007
ø Viols
19

SITUATIONS
DES ENFANTS VICTIMES*

4,8 % 9,5 % 33,3 % 52,4 %


Enfants Enfants Enfants agressés Enfants suivis
scolarisés non déclarés sexuellement par par l’ASE

2- DIFFICULTÉS
mais à l’état civil58 un récidiviste
absentéistes

* Dans nos constitutions partie civile

EN CHIFFRES

Affaires individuelles :

10
Délai de récidive minimum constaté pour
des infractions d’ordre sexuel après libéra-
tion de l’auteur : 6 semaines60

1er signalement effectué 4 ans et 9 mois


avant le second signalement permettant la

mois découverte des faits61

Délai le plus court constaté entre le signa-


lement et le décès de l’enfant : 10 jours62

Nombre maximal de visites annulées par


Délai moyen de la famille sur telle durée : 563
récidive constaté pour
des infractions d’ordre Viol commis sur mineur dans les deux
sexuel en présence d’un heures suivant l’exécution de l’obligation de
suivi sociojudiciaire59. soins d’un violeur en état de récidive légale64
20

Dans nos propositions d’amélioration


Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

du système, nous nous attachons à répertorier


les dysfonctionnements constatés
afin d’empêcher leur répétition

La problématique des visites des


travailleurs sociaux : dans la plupart
de nos dossiers, les travailleurs sociaux
Évaluation d’une information pré- préviennent à l’avance les familles qu’ils
occupante ou d’un signalement : vont passer à leur domicile. Or, d’une
aucune enquête de voisinage réalisée65, part, certains parents peuvent se préparer
ce qui ne permet ni d’arriver à la mani- à cette visite, et d’autre part, ils vont
festation de la vérité sur la situation de préparer les enfants, ou s’arranger pour
l’enfant, ni d’empêcher la commission que ces derniers ne soient pas présents
d’un crime. (notamment pour dissimuler les traces
de coups visibles). Il doit pouvoir être
réalisé des visites inopinées.
Absence d’entretien avec l’enfant
seul, hors la présence de ses parents :
l’enfant n’est que très rarement rencon- Saisis d’une situation inquiétante de
tré seul dans le cadre des évaluations, maltraitance, le parquet ou le juge des
ce qui ne permet pas un recueil de sa enfants ne prennent aucune mesure,
parole, ni donc une aide adaptée à la ce qui entraîne le décès de l’enfant.66
situation.

Manque de temps dans la formation


continue et l’accompagnement des
professionnels de l’enfance, ce qui entraîne
une difficulté dans le repérage de la
maltraitance.
21

Les déménagements successifs d’une


famille sont une contrainte réelle dans
le suivi de cette dernière. Le dossier
complet n’est pas toujours transmis au
nouveau département. Cela entraîne donc
une rupture dans la prise en charge
de l’enfant et de sa famille, et une
perte de temps et d’informations. Cela
contraint les nouveaux professionnels à
réaliser un travail déjà effectué aupara-
vant par leurs pairs dans le département
de départ.

Il est normal de privilégier les liens de Manque de temps prévu pour la


filiation, en préservant et maintenant le coordination et la pluridisciplinarité

2- DIFFICULTÉS
lien avec la famille de l’enfant ; toutefois, entre les professionnels de l’enfance,
cela ne doit pas se faire au détriment ce qui entraîne des prises de décisions et
de l’intérêt supérieur de l’enfant. des rédactions de rapports évaluant les
situations incomplets, voire inexacts.68

Certains parents ne déclarent jamais


leur enfant à l’état civil, il n’a donc Les délais de traitement d’une évalua-
pas d’existence légale. Certains parents, tion préoccupante ou d’un signalement
notamment des mères, se retrouvent ne sont pas connus. Pour mémoire, un
dans un état d’isolement social, qui va délai de quatre ans et neuf mois a
les amener à commettre des violences et été relevé entre la date du signalement
des crimes sur leurs enfants. et le second signalement permettant la
découverte des faits.69

Lorsqu’un signalement émane d’un


professionnel au sujet d’un enfant,
il est important que l’évaluation
soit faite dans l’immédiat, et non en
différé comme cela a pu être constaté
dans certaines affaires67.
22

Dès novembre 2001, l’association a présenté

C- au ministère de la Justice un catalogue de


Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

propositions tendant à renforcer la protection


des victimes, la prévention des agressions,
ACTIONS DE L’ASSOCIATION la répression des infractions et le traitement
L’ENFANT BLEU DANS judiciaire.
Il est à remarquer que plusieurs des propo-
LES GRANDES RÉFORMES sitions contenues dans ce catalogue ont été
reprises à l’occasion des lois dites Perben I et II
en 200270 et 200471 et ont permis une adaptation
des dispositions législatives, notamment sur :

ADAPTATION DES DISPOSITIONS LÉGISLATIVES

la création d’un l’élargissement


fichier judiciaire du domaine de
automatisé des auteurs la prescription la modification du
d’infractions sexuelles72 de l’action publique secret professionnel,
notamment à l’égard
du médecin
la prise en compte, le développement
en droit interne, des unités d’accueil
de la Convention des enfants victimes la modification
internationale des d’agressions, des conditions de
droits de l’enfant projet initié et porté constitution de partie
par l’association civile des associations
La Voix de L’Enfant73 de défense des enfants
LES 20 PROPOSITIONS
DE L’ENFANT BLEU
HARMONISATION DU
TRAITEMENT DE LA SITUATION
PRÉOCCUPANTE D’UN MINEUR

PROPOSITION N° 1 ..................................... p. 26 PROPOSITION N° 8 ..................................... p. 29


L’harmonisation de la dénomination des CRIP La concertation pluridisciplinaire dès deux
informations préoccupantes (IP) et/ou signalements
PROPOSITION N° 2 ..................................... p. 26
Le pôle externe d’évaluation des informations PROPOSITION N° 9 ..................................... p. 29
préoccupantes La saisine du juge des enfants par le président
du conseil départemental
PROPOSITION N° 3 ..................................... p. 27
La réalisation systématique d’une enquête PROPOSITION N° 10 ................................... p. 30
de voisinage Le système centralisé des informations
préoccupantes et signalements judiciaires relatifs
PROPOSITION N° 4 ..................................... p. 27 aux enfants en suspicion de danger, en situation
L’éloignement de l’enfant du parent agresseur en de danger, ou ayant été en situation de danger
cas de transmission de l’information préoccupante ou
du signalement par un professionnel PROPOSITION N° 11 ................................... p. 31
La nécessité d’une formation initiale et continue
PROPOSITION N° 5 ..................................... p. 28 des professionnels sur les maltraitances infantiles
Les visites inopinées au domicile de la famille
PROPOSITION N° 12 ................................... p. 31
PROPOSITION N° 6 ..................................... p. 28 La nécessité d’une supervision mensuelle
La création d’un indicateur d’alerte à compter des professionnels
de la deuxième absence de l’enfant aux entretiens

PROPOSITION N° 7 ..................................... p. 29
Le recueil systématique de la parole de l’enfant,
seul, par un psychologue spécialisé
AMÉLIORATION DU DROIT
POUR UNE MEILLEURE PRISE
EN CHARGE DES VICTIMES

PROPOSITION N° 13 ................................... p. 32 PROPOSITION N° 17 ................................... p. 36


L’allongement des délais de prescription La mise en place d’actions régulières de prévention
des délits relatifs aux violences physiques des violences sexuelles
et psychologiques sur mineur
PROPOSITION N° 18 ................................... p. 36
PROPOSITION N° 14 ................................... p. 32 La reprise de la recherche en France sur la récidive
L’imprescriptibilité des crimes et de certains délits des délinquants sexuels
sexuels commis à l’encontre des mineurs
PROPOSITION N° 19 ................................... p. 36
PROPOSITION N° 15 ................................... p. 32 Renforcement des mesures de suivi sociojudiciaire
L’imprescriptibilité des crimes commis à l’encontre des auteurs de délits et crimes sexuels sur mineur
des mineurs (actes de torture et barbarie,
PROPOSITION N° 20 ................................... p. 36
assassinats, etc.)
L’amélioration de la prise en charge psychologique
PROPOSITION N° 16 ................................... p. 35 et/ou psychiatrique du délinquant sexuel
La création du droit d’appel des parties civiles dès la détention
en phase de jugement pénal
25

3-
PROPOSITIONS
DE L’ASSOCIATION
AUX FINS
D’AMÉLIORATION

3 - PROPOSITIONS
DU SYSTÈME
DE LA PROTECTION
DE L’ENFANCE
Nous présentons ici les 20 propositions que nous formulons au
regard de notre expérience de la protection et de l’accompagnement
des enfants maltraités.
Nos propositions ont trait à la fois à la prévention des actes de
maltraitance, à l’évaluation des situations mais également à la
protection mise en place à l’égard des enfants.
26

à un processus clair lorsqu’ils sont confrontés à


une suspicion de maltraitances infantiles.
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

En effet, le président du conseil départemental est


chargé du recueil, du traitement et de l’évaluation
des informations préoccupantes76 concernant
les enfants en danger ou en risque de danger77.

La CRIP78 doit donc contribuer à clarifier et


fiabiliser les procédures depuis la transmission
A- d’une information préoccupante jusqu’à la dé-
cision prise par l’autorité administrative sur la
HARMONISATION DU TRAITEMENT situation. La CRIP permet notamment l’échange
d’informations entre les différents services
DE LA SITUATION PRÉOCCUPANTE propres au département (PMI, ASE, etc.), mais
D’UN MINEUR également avec les juridictions et principalement
le parquet du tribunal de grande instance, com-
Nous le rappelions précédemment : la transfor- posé des procureurs de la République, dont elle
mation de la gouvernance territoriale a continué est l’interlocutrice privilégiée.
de creuser les inégalités départementales. Nos
propositions en matière d’amélioration du sys-
tème de protection de l’enfance ont une vocation 2 - L’évaluation de la situation
nationale, et non départementale, afin de rompre
l’inégalité de traitement dans laquelle se trouvent
préoccupante
les mineurs74.
Lorsque la famille est connue des services sociaux,
l’évaluation d’une information préoccupante est
1 - L’harmonisation systématiquement confiée aux professionnels
qui travaillent au quotidien avec la famille, ce
de la dénomination des CRIP qui peut entraîner des effets pervers.

PROPOSITION N° 1 I - Le pôle externe d’évaluation


Nous demandons que chaque conseil départemen- des informations préoccupantes
tal utilise la même dénomination, telle que prévue
à l’article L. 226-3 du code de l’action sociale et des PROPOSITION N° 2
familles, c’est-à-dire : cellule de recueil, de traite- Dans le cadre de l’évaluation d’une information
ment et d’évaluation des informations préoccu- préoccupante par des services connaissant déjà
pantes (CRIP). Il est nécessaire que les coordonnées une situation – au moins pour les situations les
soient aisément accessibles à chaque citoyen. Cela plus lourdes –, il semblerait plus pertinent de créer
permettrait de ne pas décourager les professionnels un pôle externe d’évaluation, lequel serait composé
et les citoyens majeurs comme mineurs d’agir pour a minima d’un assistant social, d’un éducateur et
dénoncer une situation de maltraitance. d’un psychologue expérimentés79.

Force est de constater que toutes les CRIP n’ont La difficulté réside dans le fait que la per-
pas la même dénomination au sein de chaque sonne chargée de l’évaluation est également
conseil départemental75, ce qui complexifie la personne qui accompagne. Cela fausse
la tâche des professionnels de l’enfance et des doublement la relation d’entraide qui devrait
membres de la société civile qui doivent accéder pouvoir se mettre en place car il est délicat de
27

procéder à une évaluation de personnes avec II - La réalisation systématique


lesquelles un lien de confiance doit se créer80. d’une enquête de voisinage

En premier lieu, en effet, le rôle du travailleur PROPOSITION N° 3


social est de créer un lien de confiance avec la Nous demandons que soit obligatoirement
famille aidée – sans ce lien de confiance, le travail réalisée une enquête de voisinage dans le cadre
ne saurait être utile. Or la relation humaine de l’évaluation d’une information préoccupante
amène à entrer en empathie avec les personnes ou d’un signalement. Les proches, ainsi que les
aidées, ce qui ne permet pas, dans certains cas, voisins, sont les premiers témoins des situations
une évaluation pertinente de la situation. de maltraitance.

En second lieu, ressort de notre étude des Par peur de représailles ou par peur d’entrer dans
dysfonctionnements l’idée selon laquelle, dans l’intimité d’un noyau familial, les voisins et les
certains cas très lourds, des parents vont pré- proches n’osent pas dénoncer. Toutefois, nous pen-
tendre être dans le lien de confiance afin d’obtenir sons que si les autorités publiques leur donnent la
une bonne évaluation, ce qui peut complexifier possibilité de s’exprimer, ils le feront plus facilement.
les relations qui ont pu ainsi se nouer. Si l’on
déplace les sujets de cette évaluation en intégrant III - L’éloignement de l’enfant du parent
un professionnel tiers, l’enjeu sera différent et agresseur en cas de transmission
les relations seront plus simples. de l’information préoccupante ou

3 - PROPOSITIONS
du signalement par un professionnel
Nous demandons donc la création d’un pôle
externe d’évaluation, composé a minima d’un PROPOSITION N° 4
assistant social, d’un éducateur et d’un psycho- L’association invite le ministère de la Justice à
logue expérimentés. À l’instar d’un expert renforcer l’usage de l’ordonnance de protection
auprès de la cour d’appel, ce collège d’enquê- de l’enfant valant éloignement immédiat du
teurs ne connaîtrait pas les familles et aurait danger présumé, dès lors que le signalement
une mission d’évaluation bien définie. Il serait émane d’un professionnel81. Il serait pertinent
chargé d’enquêter auprès de la famille, du ou qu’une nouvelle circulaire ministérielle82 sur cette
des enfants, du voisinage, ainsi que de tous les problématique spécifique puisse être adressée aux
professionnels accompagnant de près ou de loin parquets, et notamment à ceux qui ne disposent
la famille. Il rendrait un rapport d’évaluation pas de permanence mineurs.
impartial et neutre dont émaneraient des pro-
positions d’accompagnement étayant le travail Le procureur de la République et le juge des
des services de proximité. enfants ont la possibilité d’ordonner le place-
ment provisoire d’un mineur afin de l’éloigner
Cela permettrait, d’une part, de clarifier le lien immédiatement du danger potentiel dans lequel
de confiance noué entre le professionnel de il se trouve83. Ce placement peut se faire d’office,
proximité et la famille et de pouvoir entamer ou sur requête aux fins d’ordonner le placement
un travail de suivi plus pertinent. provisoire de l’enfant.

D’autre part, cela renforcerait la prise de distance Ce type de placement est très provisoire, et sa du-
des professionnels avec un travail pluridiscipli- rée ne peut pas excéder quinze jours84. À l’issue de
naire extérieur lors d’une enquête évaluative. ce délai, le juge des enfants rend une décision sur
le fond85 décidant de la mesure la plus adaptée à la
situation de l’enfant ; si cette décision fait défaut, la
mesure de placement s’arrête automatiquement.
28

Le but de l’ordonnance de placement provi- Véronique et Christophe sont les parents de


soire est de mettre immédiatement, et dans Jade, 3 ans, pas encore scolarisée. La famille est
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

l’urgence, l’enfant à l’abri. suivie par l’ASE depuis qu’une voisine a adressé
Nous n’avons trouvé aucune statistique sur le une information préoccupante pour dénoncer
nombre d’ordonnances de placement provisoire les mauvais traitements des parents sur l’enfant
rendues chaque année, ce qui ne nous permet pas (cris, pleurs, coups, etc.). L’ASE menace les pa-
d’apprécier l’impact de l’utilisation de cette mesure. rents de placer leur enfant s’ils ne coopèrent pas
à la mesure éducative proposée.
Toutefois, selon notre étude des dysfonctionne- Le travailleur social va alors programmer des
ments, nous avons pu constater que les chances rendez-vous dans les locaux du service, mais
de protéger utilement l’enfant diminuent en également au domicile des parents.
fonction du délai de réaction des autorités à
compter de la réception du signalement. Lorsque ces visites sont programmées, certains
À ce titre, nous avons observé que le délai le plus parents vont tout mettre en œuvre afin que le
court entre le signalement et le décès de l’enfant domicile soit propre, rangé, adapté à l’enfant.
est de dix jours86. Les autorités compétentes L’enfant semblera également propre, nourri,
avaient pourtant été saisies, mais n’ont pas agi. etc. Il pourra également être préparé à la visite
Un signalement concernant un mineur doit de l’intervenant social90 : les parents auront pu
pouvoir être traité dans les quarante-huit heures exercer une pression sur lui pour l’empêcher de
dès lors qu’il émane d’un professionnel87 en révéler les maltraitances qu’il subit.
contact avec le mineur.
Au titre du principe de primauté de l’intérêt Si la visite n’est pas programmée, le processus
supérieur de l’enfant88, il est donc nécessaire de est différent car l’enfant n’est pas conditionné
prendre des mesures immédiates de protection par le parent avant la visite.
du mineur lorsqu’un professionnel au contact L’idée n’est pas de généraliser ce type de pra-
de celui-ci émet un signalement. tiques, mais de permettre à des professionnels
de mettre en place un autre type de protection
IV - Les visites inopinées, et l’indicateur infantile lorsque la situation familiale les
d’alerte en cas d’absence de l’enfant inquiète, ce qui est le cas dans tous les dossiers
criminels que l’association a eu à connaître.
PROPOSITIONS N° 5 ET N° 6
L’absence de l’enfant doit alerter le professionnel. Lors d’une enquête évaluative faisant suite
Il doit être créé un indicateur d’alerte automa- à une information préoccupante ou lors de
tique lorsque, après deux rendez-vous, le profes- l’accompagnement d’une famille, les visites
sionnel n’a pas pu rencontrer l’enfant concerné inopinées sont autorisées91.
par les mesures de protection. L’association pré- Elles font partie des usages de certains services
conise que chaque département soit doté d’un départementaux92 ; toutefois, selon le territoire,
recours effectif à l’usage des visites inopinées. Par certains services n’ont pas la possibilité maté-
ailleurs, nous demandons à ce que soit imposé un rielle de l’envisager, ce qui crée de nouveau une
indicateur d’alerte aux professionnels en charge inégalité territoriale de moyens mis en œuvre
de l’évaluation et/ou du suivi dès lors que par pour pouvoir protéger les mineurs. Les visites
deux fois l’enfant n’a pas été rencontré. inopinées n’entravent pas le droit au respect de
la vie privée des parents, lequel peut être limité
Pour comprendre les effets pervers des visites dans son exercice lorsque la protection de cer-
programmées des professionnels de l’ASE au tains intérêts supérieurs le commande93, ce qui
domicile familial, nous proposons de développer est le cas du principe de primauté de l’intérêt
le cas suivant89. supérieur de l’enfant94.
29

Par ailleurs, reprenons l’exemple de la situation VI - La concertation pluridisciplinaire


familiale de Jade : dès deux IP et/ou signalements

L’assistant social convoque trois fois les parents PROPOSITION N° 8


et l’enfant. Le premier rendez-vous est annulé Nous préconisons une évaluation pluridisci-
car, selon les parents, Jade serait malade. Pour plinaire, en lien avec tous les professionnels au
le deuxième, la mère vient seule, prétextant que contact du mineur concerné, afin de les alerter
l’enfant est avec le père chez la famille paternelle. et de les mobiliser.
Au troisième, les parents viennent ensemble,
sans l’enfant, expliquant qu’elle est confiée à sa Lorsqu’il apparaît que, dans une même cellule
grand-mère maternelle depuis quelques jours. familiale ou une même fratrie, deux informa-
La quatrième fois, l’assistant social se présente tions préoccupantes et/ou signalements ont été
de façon inopinée au domicile des parents et réalisés dans un intervalle de cinq années, nous
aperçoit des bleus et des griffures sur le visage de demandons que l’évaluation administrative
l’enfant. Il va ainsi pouvoir agir afin de protéger et ou policière soit plus complète qu’une
immédiatement Jade. évaluation habituelle.
En effet, un signalement ou une information
La décision de réaliser une visite inopinée aurait préoccupante ne sont pas des actes anodins.
pu être prise dès le deuxième rendez-vous, ce Leur but est de dénoncer une situation de
qui aurait permis de protéger plus rapidement maltraitance.

3 - PROPOSITIONS
l’enfant. Parfois, les rendez-vous sont espacés Si, dans une même famille, il apparaît que plus
d’un mois ; dans le cas de Jade, quatre mois se d’une alerte a été envoyée aux autorités, cela
seront donc écoulés avant qu’une mesure de signifie que la situation de risque pour les en-
protection appropriée soit décidée. fants mineurs est potentiellement supérieure.

V - Le recueil systématique de la parole VII - La saisine du juge des enfants


de l’enfant, seul, par un psychologue spécialisé par le président du conseil départemental

PROPOSITION N° 7 PROPOSITION N° 9
Tous les professionnels de l’enfance s’accordent Certaines situations imposent l’urgence.
aujourd’hui sur le fait qu’il est indispensable que, Nous demandons que le président du conseil
dans le cadre d’une évaluation d’une situation départemental figure dans la liste des personnes
de maltraitance sur un enfant, celui-ci, quel que ayant qualité à saisir le juge des enfants95, avec
soit son âge, puisse être entendu, seul, dans un copie de l’acte de saisine au procureur de la
cadre sécurisé et sécurisant, par un psychologue République, afin d’éviter de perdre un temps
spécialisé dans le recueil de la parole de l’enfant. précieux, notamment dans des navettes auprès
Nous nous joignons à l’action, déjà menée par de services déjà encombrés96.
les professionnels, auprès des autorités, afin que
cela devienne systématique.
30

Et afin d’améliorer :
3 - Le système centralisé des – le suivi d’un enfant ayant fait l’objet d’une
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

informations préoccupantes information préoccupante, d’un signalement


judiciaire et/ou d’une mesure de protection,
et signalements judiciaires ou étant supposé victime par suite d’un dépôt
relatifs aux enfants en danger de plainte à l’encontre de la personne qui en a
la charge ;
PROPOSITION N° 10 – le partage des informations relatives à la si-
Ce système centralisé des informations préoc- tuation familiale de l’enfant entre les différents
cupantes et signalements judiciaires relatifs aux professionnels en charge de sa protection ;
enfants en suspicion de danger, en situation de – la mise en œuvre des actions de protection
danger ou ayant été en situation de danger a pour et d’aide dont les enfants et leur famille peuvent
but de permettre un meilleur suivi des mineurs bénéficier ;
concernés par les différentes autorités publiques. – le parcours de l’enfant confié à l’ASE ;
– la prévention de l’aggravation de la situation
I - Finalités du système des enfants ayant fait l’objet d’une procédure ad-
ministrative ou judiciaire pour des maltraitances ;
Les droits d’accès seraient limités aux différentes – la localisation de l’enfant.
autorités publiques en charge de la protection
de l’enfant, afin d’agir dans son intérêt supérieur L’accès à ce système serait limité au président du
et d’établir un cadre protecteur autour de lui. conseil départemental, aux autorités judiciaires
En effet, plusieurs affaires97 ont, depuis de et aux autorités policières.
nombreuses années, démontré l’importance Il serait placé sous la responsabilité d’un minis-
de croiser les informations sur les mineurs tère habilité, il pourrait s’agir du ministère des
présumés en danger ou étant en danger afin Droits des femmes et des Familles, du ministère
d’éviter de perdre leur trace. de la Justice ou du ministère de l’Intérieur.

À ce jour existe déjà dans chaque département II - Faisabilité du système


un système informatisé local regroupant des
données sur chaque enfant ayant fait l’objet La France a ratifié la Convention internationale
d’une information préoccupante, d’un signa- des droits de l’enfant (CIDE)99, laquelle rappelle
lement et/ou d’une mesure de protection, que les États parties doivent prendre « toutes
lequel est sous la responsabilité du président les mesures […] appropriées pour protéger
du conseil départemental98. l’enfant contre toute forme de violence100 ».

Ce système centralisé serait créé au niveau S’est longtemps posée la question de l’applica-
national afin de permettre : bilité directe101 de la CIDE en droit français. En
– la transmission de la totalité des informations effet, elle prévoit de nombreux devoirs à l’égard
sur la famille lors de son déménagement dans des États parties mais ne formule que peu de
un autre département ; droits précis à l’égard des enfants.
– un gain de temps dans la recherche d’un
enfant qui aurait vécu, ou pourrait vivre, dans Ainsi, le Conseil d’État102 et la Cour de cassa-
plusieurs départements. tion103 ont reconnu l’applicabilité directe de
certains articles. A également été reconnu un
principe de primauté de l’intérêt supérieur de
l’enfant, lequel est également consacré en droit
européen104.
31

Le système contiendra des données sensibles ne peut être résolu individuellement, elle
sur l’enfant et sur ses parents, et l’information doit être abordée de façon concertée »106.
le cas échéant de l’existence d’une procédure
pénale concernant un mineur. Il devra faire Il ne s’agit pas d’aller vers une uniformisation
l’objet d’une autorisation préalable de la des pratiques, mais de délimiter chaque champ
Commission nationale de l’informatique et des d’intervention, de différencier les compétences
libertés105, laquelle a déjà autorisé les conseils et de construire un cadre de référence commun.
départementaux à disposer de tels recueils C’est la dynamique d’équipe qui permettra d’or-
d’informations. ganiser la complémentarité et la coordination
des interventions de chacun dans l’intra comme
dans l’interinstitutionnel. C’est en créant une
4 - La nécessité de former et distance avec leur pratique que l’on permet
aux professionnels de la penser.
d’accompagner les professionnels
Les formations sont donc nécessaires mais
PROPOSITIONS N° 11 ET N° 12 restent limitées dans le temps et ponctuelles
Les professionnels au contact des familles et des dans les échanges.
enfants peuvent se retrouver confrontés à des
situations complexes et violentes. C’est le cas Il est important que les professionnels
lorsque les parents sont suspectés de négliger ou puissent bénéficier d’un soutien spécifique

3 - PROPOSITIONS
de maltraiter leurs enfants. Pour ce faire, les for- régulier dans leur pratique. En effet, chaque
mations théoriques initiales de ces professionnels situation nouvelle fait émerger de nouvelles
fournissent, pour certaines, des éléments perti- problématiques. L’absence de supervision
nents d’analyse des situations et des difficultés d’équipe peut révéler une forme de maltrai-
ressenties et vécues par le professionnel. Cette tance institutionnelle « en accentuant l’isole-
formation initiale, aussi solide soit-elle, doit ment du professionnel et en ne lui permettant
impérativement s’accompagner d’une formation pas de donner du sens à ce qu’il vit »107.
continue régulière, notamment sur les probléma-
tiques de maltraitances infantiles. Il nous semble
également indispensable que les décisions soient
réfléchies en équipe, dans des temps partagés,
en présence d’un superviseur, psychologue ou
psychiatre, tous les mois. La prise de recul est
indispensable à un meilleur suivi des enfants et
des familles accompagnées. Nous pensons qu’elle
permettra également d’agir plus utilement dans
la mise à l’abri des mineurs maltraités.

La formation continue sur l’accompagnement


des enfants maltraités et de leur famille doit
être multiprofessionnelle. Elle doit donc s’ins-
crire dans le refus d’un point de vue unique.
La formation professionnelle doit inciter
au travail en équipe et à la création d’une
connexion entre les différents professionnels,
qu’elle soit interne ou interinstitutionnelle
car « la maltraitance étant un problème qui
32

aussi le fardeau, moins visible, mais encore plus


général, de la souffrance quotidienne indivi-
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

duelle. La douleur des enfants maltraités par


des personnes qui devraient les protéger […] »

La violence ne peut plus être tolérée, et encore


moins lorsqu’elle est infligée, au quotidien, à
des enfants : ils sont nos générations futures et
la protection que nous leur apportons se doit
B- d’être efficiente.
Les victimes de maltraitances, quel que soit
AMÉLIORATION DU DROIT POUR leur âge, ont toujours exprimé le besoin d’être
reconnues comme victimes par la société
UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE civile et, par conséquent, par la justice pénale.
DES VICTIMES C’est dans ce contexte que nous avons été
amenés à réfléchir, à travailler, et à proposer
des allongements des délais de prescription de
1 - La prescription sur toutes l’action publique pour les infractions pénales
commises à l’égard des mineurs.
les infractions relatives
à la maltraitance de mineur I - L’enfant, une victime au statut spécifique

Les victimes de maltraitances durant l’enfance


PROPOSITIONS N° 13, N° 14 ET N° 15 représentent une catégorie de victimes parti-
L’association préconise que, pour les cas de vio- culièrement vulnérables.
lences sexuelles commises à l’égard des mineurs, En effet, depuis la seconde moitié du xixe siècle,
l’imprescriptibilité soit décidée pour les viols et les besoins fondamentaux de l’enfant selon
certains délits, et que soit porté à quarante ans son âge et son degré de développement ont
à compter de la majorité de la victime le délai de commencé à être reconnus dans les premières
prescription pour les autres délits. Aujourd’hui, ce théories hygiénistes et familialistes110.
délai est de vingt ans à compter de la majorité de la En droit international, cette prise en compte
victime. Concernant les cas de violences physiques trouve sa consécration dans la Convention
et psychologiques, nous demandons l’imprescrip- internationale des droits de l’enfant (CIDE),
tibilité pour les crimes, et un délai de prescription adoptée par l’assemblée générale des Nations
de quarante ans à compter de la majorité de la unies en 1989111.
victime pour les délits. Aujourd’hui, les délais sont La CIDE précise d’ailleurs en préambule que
de trois, dix ou vingt ans selon les cas108. « l’enfance a droit à une aide et à une assistance
spéciales ».
Comme le rappelait Nelson Mandela, en 2002109 :
« Le xxe siècle restera gravé dans les mémoires La communauté internationale, dont la
comme un siècle marqué par la violence, témoin communauté française, reconnaît un statut
de destructions massives et d’horreurs infligées spécifique à l’enfant, à l’égard tant de son
à une échelle inimaginable auparavant dans rythme de développement que de son avenir
l’histoire de l’humanité. Mais ce lourd fardeau, et de son rôle futur dans la société112.
résultat de nouvelles techniques mises au service Et pour cause, l’enfant est l’adulte de demain.
d’idéologies haineuses, n’est pas le seul que nous Prendre en considération sa personne dans son
portons ni auquel nous sommes confrontés. Il a individualité et sa subjectivité, mais aussi dans
33

sa souffrance et son vécu traumatique, c’est lui à se reconstruire lorsqu’elles sont dans l’incom-
donner les chances, demain, d’être un adulte préhension du droit à l’oubli de l’infraction
épanoui qui pourra pleinement jouer son rôle qu’elles ont subie, et de l’immunité accordée à
dans la communauté. l’auteur des faits120.
Lorsqu’un enfant est maltraité et que sa souf-
france n’est jamais exprimée et/ou entendue, Force est de constater que les progrès scienti-
il entre dans un vécu de non-reconnaissance, fiques permettent une meilleure conservation
lequel passe fréquemment par l’omerta familiale, des scellés, donc des preuves ; et qu’en conti-
le tabou, la honte, parfois même la culpabilité. nuant les actions de prévention et de répression
Qu’ils soient conscients ou inconscients, ces de la maltraitance infantile en les axant sur la
processus peuvent l’empêcher de révéler les protection de l’enfant, et non de la famille, les
faits dont il est victime suffisamment tôt pour acteurs de la protection de l’enfant amènent
permettre d’enclencher une procédure pénale les témoins des infractions à sortir du silence.
à l’encontre de l’auteur des violences.
Lorsque, enfin, l’adulte, victime dans son Par ailleurs, l’argument tiré de la volonté
enfance, est en capacité psychique d’agir113-114, de ne pas engorger les tribunaux, déjà bien
la justice pénale lui oppose la prescription de encombrés121, est difficilement acceptable : les
l’action publique, laquelle est le « mode géné- victimes n’ont pas à assumer les conséquences
ral d’extinction de l’action publique par l’effet de de la gestion financière du budget alloué au
l’écoulement d’un certain temps depuis le jour de ministère de la Justice.

3 - PROPOSITIONS
la commission de l’infraction »115.
À côté du droit pénal suisse122, ou du droit
La prescription entraîne en quelque sorte un anglais, la France fait mauvaise figure. Dans
droit à l’oubli de l’infraction commise par ces deux autres États européens, les crimes
l’auteur. sexuels sur mineurs y sont imprescriptibles.
Cette place spéciale de l’enfant doit entraîner une
prévention et une répression pénale spéciales : les Les victimes de maltraitances infantiles ne
conséquences néfastes de la maltraitance infan- pourront se reconstruire qu’avec la reconnais-
tile sont innombrables116-117 et participent à la sance par la société civile du droit de pouvoir
détérioration de la condition humaine. être reconnues victimes quelle que soit l’anté-
riorité des faits.
II - La reconnaissance du statut de l’enfant Allonger la prescription ou rendre les faits
victime par un allongement de la prescription imprescriptibles, c’est aussi reconnaître aux
victimes leur traumatisme et leur souffrance, et
Depuis 1989, sept lois se sont succédé118 en matière accepter que si la société n’a pas été en capacité
d’infractions pénales commises sur des mineurs. de les protéger au moment où la ou les infrac-
tions qu’elles ont subies ont été commises, elle
Cette succession de lois révèle une certaine leur reconnaît la possibilité d’agir en justice tout
reconnaissance par les autorités publiques de au long de leur vie.
la complexité qu’impose le statut spécifique de
victime de maltraitances dans l’enfance. Ces arguments nous permettent de réitérer
Toutefois, à maintes reprises, la prescription aujourd’hui nos demandes en matière d’allon-
de l’action publique a été modifiée, allongée, gement des délais de prescription selon qu’il
raccourcie, etc. Cela rend très compliquée aux s’agisse de violences physiques, psychologiques
professionnels du droit la tâche de calculer les et/ou sexuelles.
délais de prescription de l’action publique119.
Par ailleurs, il apparaît que les victimes peinent
34

Violences physiques et psychologiques : délai de prescription de l’action publique est


Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

imprescriptibilité pour les crimes, quarante ans de trois ans à compter des faits125.
pour les délits Cela pose en pratique plusieurs difficultés dont
notamment l’absence de possibilité d’être recon-
Nous demandons pour tous les délits de vio- nue victime pour la personne agressée durant sa
lences sur mineur un délai de prescription de minorité : en effet, il est difficilement concevable
quarante ans à compter de sa majorité, peu pour un enfant de 3 ans d’aller déposer plainte
importe le calcul de l’interruption totale de contre ses parents pour des faits de violences
travail (ITT), pour les raisons évoquées ci- volontaires sur sa personne. Cela signifie que cet
après. Dans le même sens, les crimes commis enfant de 3 ans a jusqu’à ses 6 ans pour agir. Même
à l’égard des mineurs seront imprescriptibles. si un mineur peut déposer plainte, compte tenu
de son incapacité juridique et de sa particulière
L’infraction de « violences habituelles sur mineur » vulnérabilité, il n’arrive que très rarement en
va se traduire par des faits de violences physiques pratique qu’un mineur fasse la démarche seul
et/ou psychologiques commises à l’égard d’un de déposer plainte, cela est d’ailleurs d’autant
mineur123. Toutefois, il arrive fréquemment que plus rare que l’âge de l’enfant est bas.
ces violences ne soient pas des actes isolés, mais,
bien au contraire, qu’elles se répètent dans la Par ailleurs, il est important de prendre en
durée, parfois malheureusement qu’elles se compte la violence habituelle, laquelle est conti-
répètent quotidiennement durant toute la nue dans le temps : même si sa gravité à chaque
minorité de l’enfant. commission d’infraction n’entraîne pas le calcul
d’une ITT supérieure ou égale à huit jours, le
Toutefois, en droit pénal, chaque fait de violence traumatisme de l’infraction répétée n’est pas
est un acte dit « isolé », donc, pour chaque acte, moindre126.
une répression va pouvoir s’appliquer. Cela
pose en pratique une difficulté majeure pour les Violences sexuelles commises à l’égard des
victimes car chaque infraction est soumise à un mineurs : imprescriptibilité pour les viols et
régime répressif différent selon qu’elle a entraîné certains délits, quarante ans pour les autres délits
ou non une ITT supérieure à huit jours.
Pour rappel, l’ITT permet de déterminer la Il existe différents types d’infractions pénales
gravité du préjudice subi par la victime, elle d’ordre sexuel relatives aux mineurs.
conditionne donc son droit à réparation, mais En droit positif français, seul le viol est un
surtout elle va conditionner la prescription de crime127.
l’action publique. En effet, le législateur a choisi
de différencier selon la gravité du préjudice subi, Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, nous
donc selon l’ITT calculée, la durée de l’action demandons que la prescription de l’action
publique. publique de tous les délits d’ordre sexuel sur
mineur soit portée à quarante ans à compter
Depuis la loi du 4 avril 2006124, les violences de la majorité de la victime, et que ces faits
aggravées ayant entraîné une mutilation ou soient imprescriptibles en présence de l’une des
une infirmité permanente, ainsi que les vio- circonstances aggravantes de l’article 222-30
lences aggravées ayant entraîné une ITT égale du code pénal128.
ou supérieure à huit jours, sont soumises à
un régime de prescription de l’action publique Le viol sur mineur sera également impres-
spécifique qui est de vingt ans à compter de la criptible. En effet, les maltraitances sexuelles
majorité de la victime. infantiles sont pour 94 % des cas commises
Toutefois, si l’ITT est inférieure à huit jours, le par des proches129, il est donc nécessaire que
35

les pouvoirs publics se saisissent de cette donnée ouverts tout au long de la procédure, notam-
fondamentale. Le rapport « Touret et Fenech » ment lors de l’instruction137. Il semble inégal
rappelle que l’immunité renforce la détermina- et inéquitable que ces droits cessent à l’instant
tion de certains auteurs130. Si celle-ci n’est plus, où la juridiction de jugement décide de la non-
la prévention ne peut qu’en être meilleure. culpabilité du prévenu ou de l’accusé.
En effet, si le ministère public décide de ne pas
faire appel de la décision d’acquittement ou de re-
2 - La création du droit d’appel laxe, il est évident que l’accusé ou le prévenu mis
hors de cause n’interjettera pas non plus appel138.
des parties civiles en phase de
jugement pénal La partie civile se retrouve confrontée à une
non-reconnaissance de son statut de victime
en perdant toute qualité à agir.
PROPOSITION N° 16 Le droit au double degré de juridiction, c’est-
Notre association préconise l’ouverture du droit à-dire que l’affaire puisse être portée en appel
d’appel aux parties civiles lorsqu’en première ins- pour la partie qui se sent lésée par la décision
tance les juges du fond ne sont pas entrés en voie rendue par le premier juge, est donc ici mécon-
de condamnation de l’auteur présumé des faits. nu. Pourtant, la Cour européenne des droits de
l’homme a déjà été amenée à rappeler que la
Dans un procès pénal131, une partie civile n’a partie civile avait la qualité de partie au sens

3 - PROPOSITIONS
pas la faculté d’interjeter appel d’un jugement de l’article 6 §1 de la CEDSH139. Cette même
de relaxe ou d’acquittement132. Cour n’a pas remis en cause le système français.
La partie civile peut uniquement faire appel Toutefois, en accordant la qualité de partie à la
sur les intérêts civils, c’est-à-dire sur l’action en partie civile, elle lui reconnaît intrinsèquement
réparation du préjudice né de l’infraction et non le droit au double degré de juridiction.
sur l’action publique133, laquelle tend à la répres- Cette solution légale, que nous critiquons, a
sion de l’auteur de l’infraction et à la défense donc déjà fait l’objet de plusieurs décisions de
de l’intérêt général134. En effet, cette dernière justice la confirmant.
n’appartient qu’au seul ministère public. Plusieurs droits contradictoires s’opposent,
C’est donc seulement lorsque le ministère public ceux de la partie civile, du ministère public et
interjette appel de la décision que la partie civile de la partie en défense.
pourra se joindre se joindre à cette action.
Toutefois, cette interdiction d’agir est critiquée Nous entendons les droits de la défense140,
par une partie de la doctrine et a fait l’objet de et notamment le principe de la présomption
plusieurs propositions de loi afin d’y remé- d’innocence, lesquels sont les garants et le
dier135. À ce jour, pourtant, le droit des parties socle de toute société démocratique, toutefois
civiles n’a toujours pas été étendu. le procès pénal n’est pas un procès ordinaire
devant une cour ordinaire.
Notre association défend l’accès à cette voie
de recours aux parties civiles pour plusieurs Sans l’action de la partie civile, à l’origine de
raisons. la plainte, les infractions ne seraient pas révé-
De prime abord, lorsqu’est étudiée la procé- lées aux autorités judiciaires, et notamment
dure pénale, il apparaît que la partie civile a au parquet.
une place primordiale en matière de poursuite Si des droits sont ouverts à la partie civile
de l’auteur de l’infraction. C’est ainsi qu’elle a durant toute la procédure pénale, quelle raison
le pouvoir de mettre en mouvement l’action objective l’empêche de faire appel de la décision
publique136, et que des droits d’appel lui sont de relaxe ou d’acquittement ?
36

Il nous est souvent évoqué la question de et lors de sa sortie – des temps d’attente de prise
l’équité : il ne serait en effet pas équitable que la en charge médicale écourtés et des suivis plus
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

partie en défense se retrouve face à deux par- adaptés et plus fréquents.


ties liguées contre elle, c’est-à-dire le ministère
public et la partie civile. Toutefois, cela est pour- En droit français, la récidive peut se définir
tant une réalité tout au long de la procédure comme la cause d’aggravation de la peine ré-
pénale ; cela doit le rester lors de la phase de sultant pour un délinquant de la commission
jugement. La partie civile est autant partie au d’une seconde infraction dans les conditions
procès que ne le sont le ministère public et la précisées par la loi, après avoir été condamné
défense ; chacun défend des intérêts différents, définitivement pour une première infraction,
lesquels vont se confronter lors du procès pénal. réalisée dans les mêmes conditions.

Nier l’intérêt à interjeter appel de la partie - La récidive n’est pas un phénomène marginal
civile, c’est nier sa condition de partie autant Selon une étude réalisée par le gouvernement
que de potentielle victime. canadien en 2004, « les taux globaux de récidive
(14 % après cinq ans, 20 % après dix ans, et
L’association préconise donc la reconnaissance 24 % après quinze ans) étaient semblables pour
aux parties civiles du droit d’interjeter appel les violeurs (14 %, 21 % et 24 %) et le groupe
des décisions de relaxe et d’acquittement. combiné des agresseurs d’enfants (13 %, 18 % et
23 %). Il y avait cependant des différences signi-
ficatives entre les agresseurs d’enfants, le taux le
3 - Le suivi des contrôles plus élevé ayant été observé chez les agresseurs
s’en prenant à des garçons de l’extérieur de la
judiciaires, des condamnés famille (35 % après quinze ans) et le taux le
et la lutte contre la récidive plus faible chez les auteurs d’inceste (13 % après
quinze ans) »141.

PROPOSITIONS N° 17, N° 18, N° 19 ET N° 20 - Une connaissance et un traitement insuffisants


de la récidive sexuelle en France
En prévention de la violence sexuelle, l’associa- La Commission d’analyse et de suivi de la
tion préconise que soient réalisées des actions récidive, composée de criminologues, de psy-
régulières de prévention au sein de tous les éta- chiatres, de magistrats et de chercheurs, a rendu
blissements scolaires sur le thème de la sexualité, un seul et unique rapport le 28 juin 2007142,
du respect du corps de chacun, et notamment duquel il ressort que la connaissance et le trai-
de l’autre sexe. En prévention de la récidive, tement de la récidive en France sont inadaptés.
nous demandons : la reprise de la recherche en À ce jour, la France n’a donc pas mis en place
France sur la récidive, afin d’élaborer des outils d’outil permettant d’évaluer le taux de récidive.
permettant de mieux appréhender sa connais- Par ailleurs, les traitements et suivis ne sont pas
sance et sa perception – il est nécessaire de mieux adaptés en fonction du condamné.
définir et personnaliser les traitements pour les La lutte contre la récidive a pourtant fait l’objet
auteurs d’agressions sexuelles ; le renforcement de nombreuses réformes143 et une évolution
des mesures actuelles de suivi des condamnés mérite d’être soulignée. Cependant, la loi du
dès le milieu fermé, avec un meilleur accès au 15 août 2014144 est venue supprimer un nombre
programme d’aide et une évaluation régulière important de règles qui pénalisaient plus
du niveau de danger du délinquant sexuel ; une sévèrement les récidivistes145.
meilleure prise en charge psychologique et/ou Le système actuel est donc basé sur la sanction
psychiatrique du délinquant sexuel, en détention touchant une personne récidiviste, qui tient
37

plus à la durée de la peine, laquelle est aggravée. comme un moyen d’éviter une sanction plutôt
Or il faut noter que cela n’a pas de réel effet dis- que comme une véritable aide, et il y a alors
suasif sur les récidivistes et que d’autres peines des risques de non-adhésion au traitement, ce
plus adaptées à la personnalité des auteurs de qui, nous le savons, est néfaste et peu productif.
ces infractions devraient être mises en place.
La Commission d’analyse et de suivi de la réci- - Le suivi sociojudiciaire
dive précisait en effet que « cette ineffectivité Le suivi sociojudiciaire a été instauré par la loi
de la règle nuit gravement à la lutte contre la du 17 juin 1998149. Il sanctionne les infractions
récidive. Le récidiviste, insensible à l’aggravation à caractère sexuel, mais aussi d’autres délits et
toute théorique de la peine encourue, doit être crimes graves touchant aux mineurs.
sanctionné ou amendé par des procédés adaptés Il comporte des mesures de surveillance et/
à sa personnalité »146. ou d’assistance. Il peut s’agir d’obligations de
répondre à des convocations, de prévenir d’un
Par ailleurs, outre l’inscription au fichier natio- changement d’adresse, d’e-mail, ou bien des
nal automatisé des empreintes génétiques pour interdictions de fréquenter certains lieux, etc.
les auteurs d’infractions sexuelles, le fichier ju- La durée du suivi est fixée par les juridictions de
diciaire automatisé des auteurs d’infractions jugement. En cas de non-respect de la mesure,
sexuelles ou violentes (FIJAISV), instauré le condamné encourt une peine d’emprisonne-
en 2004147, et pour lequel nous avons œuvré, a ment de trois ans en matière délictuelle et de
pour finalité de prévenir le renouvellement des sept ans en matière criminelle. Il appartient au

3 - PROPOSITIONS
infractions sexuelles commises sur un mineur juge de l’application des peines de vérifier si le
et de faciliter l’identification de leurs auteurs, condamné respecte son suivi sociojudiciaire.
en obligeant le condamné ainsi fiché à justifier
périodiquement de son adresse148. Dans le cadre de ce suivi, l’injonction de soins,
Cette inscription ne concerne que les infractions créée par la loi de 1998150, est applicable lorsque
les plus graves, dont notamment les meurtres le suivi sociojudiciaire est encouru et lorsqu’une
ou assassinats sur mineur avec viol, les actes de expertise médicale conclut à la possibilité de soins.
torture ou de barbarie, les viols sur mineur, les L’injonction de soins est différente de l’obligation
agressions ou atteintes sexuelles sur mineur, le de soins.
proxénétisme à l’égard d’un mineur, etc. En effet, l’obligation de soins151 n’est pas spé-
cifique à la délinquance sexuelle. Elle permet
- La restriction des conditions d’accès au juge d’imposer une obligation de soins à
des récidivistes aux aménagements de peine un condamné sans expertise médicale, psy-
Les auteurs d’infractions récidivistes peuvent chiatrique ou psychologique préalable. Dans
bénéficier d’un aménagement de peine, toutefois le cadre du suivi sociojudiciaire, elle peut en
les réductions de peine ne peuvent pas être être une modalité et consister en une injonction
accordées aux détenus qui sont condamnés thérapeutique. Selon une étude de l’école natio-
pour un crime ou un délit pour lesquels le nale de l’administration pénitentiaire de 2006,
suivi sociojudiciaire avec injonction de soins il semblerait qu’en 1999 les trois quarts des
est encouru et qui refusent de suivre un traite- condamnés pour infractions sexuelles étaient
ment durant la période d’incarcération. concernés par l’obligation de soins152.
Les soins sont envisagés pour limiter les risques L’injonction de soins, quant à elle, ne s’im-
de récidive. Mais la menace de ne plus accorder pose qu’à la libération du condamné, en
de réduction supplémentaire de peine revient cas d’incarcération. Il peut s’agir d’une peine
alors à imposer un traitement à une per- complémentaire ou d’une peine principale. Le
sonne, et cela vient banaliser cette pratique condamné est averti qu’aucun traitement ni soin
et la mettre en échec car les soins sont perçus ne pourra être exercé sans son consentement.
38

Mais si ce dernier les refuse, cela entraînera En milieu ouvert, le rôle du médecin coordi-
des conséquences, notamment, par exemple, nateur prend tout son sens. Il est censé assurer
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

un allongement de l’incarcération. l’échange d’informations entre le médecin trai-


Pour la mise en place, un médecin coordonna- tant et la justice. Les rendez-vous imposés dans
teur doit intervenir, il va alors servir d’interface le cadre du contrôle et suivi judiciaire sont tout
entre le médecin traitant qui pratique les soins aussi importants qu’au cours de la détention,
et le juge153. mais là encore est remarqué un problème au
niveau des disponibilités. Pour bénéficier d’un
- Aspects sociologiques suivi thérapeutique dans un centre médico-
La courbe infractionnelle ne s’écraserait qu’à psychologique, les listes d’attente sont longues,
partir de l’âge de 70 ans pour les délinquants et l’intervalle entre chaque séance est trop
sexuels154. important, ce qui ne permet pas réellement
Le programme Good Lives Model, mis en place d’avoir un suivi parfaitement adapté à la
dès 2003, propose une méthode de travail dans personne.
laquelle il est recherché, avant tout, à faire adhé-
rer la personne aux soins pour avoir une bonne Dans le cadre de l’affaire dite Guiboud-Ribaud,
relation avec le délinquant. Les praticiens ne le condamné avait des rendez-vous très espacés
se concentrent pas uniquement sur les besoins au centre médico-psychologique, et c’est deux
criminogènes mais sur tous les besoins qu’a le heures après être sorti d’un rendez-vous avec
délinquant. l’infirmière psychiatrique qui le suivait qu’il a
Cette pratique est très peu utilisée en France. enlevé et violé un enfant de 5 ans.
Aucun consensus n’a permis d’établir une Comment se fait-il que les séances étaient
évaluation du condamné, délinquant sexuel155. aussi espacées ? Est-ce normal que ce ne soit
pas un psychologue ou un psychiatre qui suive
Les délinquants sexuels bénéficient donc le délinquant ? Quelle a été la place du SPIP et
d’une mauvaise prise en charge. La plupart du du médecin coordinateur ici ?
temps, les soins ne sont pas effectués ou sont
feints pour pouvoir bénéficier d’une remise
de peine, il n’y a que peu d’adhésion aux soins
ou ceux-ci ne sont pas adaptés156. Cette mé-
thode préconise également un véritable suivi.

En détention, les personnes peuvent ou


doivent, dans certains cas, bénéficier de soins.
Cependant il est constaté que la liste d’attente
pour avoir un rendez-vous avec un médecin
ou un psychologue est très longue et que, par-
fois, les personnes purgent leur peine et sortent
de prison avant même d’avoir pu avoir un réel
suivi psychologique. En principe, les agents du
service pénitentiaire d’insertion et de probation
(SPIP) travaillent avec la personne condam-
née pour assurer sa sortie de prison, et pour
organiser les soins dont elle bénéficiera lors de
sa sortie de prison. Or, dans les dossiers dans
lesquels l’association a pu se constituer partie
civile, cela n’est pas le cas.
39

CONCLUSION

Les propositions exposées dans notre livre blanc émanent des suivis
juridique et psychologique que nous menons, depuis plus de vingt-six ans,
auprès des victimes de maltraitances infantiles.
Tous les enfants ont besoin d’amour et de sécurité pour grandir et

3 - PROPOSITIONS
devenir des adultes épanouis. Et c’est ce que la plupart des familles
apportent à leurs enfants.
Cependant, certaines d’entre elles, qui ne sont pas toutes maltraitantes,
ont besoin d’être accompagnées dans l’éducation de leurs enfants, c’est
la mission première de l’Aide sociale à l’enfance.

Malheureusement, il existe aussi des situations dans lesquelles la


famille est en incapacité de répondre aux besoins fondamentaux de
l’enfant et dans lesquelles la protection de l’enfant nécessite de trouver
une réponse à l’extérieur de la famille. Il est alors primordial de donner
aux professionnels qui accompagnent ces enfants et ces familles tous
les outils dont ils ont besoin pour mieux repérer, mieux évaluer, mieux
signaler et enfin mieux protéger les enfants victimes de maltraitance.

L’ensemble de l’équipe de l’association L’Enfant Bleu-Enfance Maltraitée


est mobilisé au quotidien pour accompagner les victimes, et pour que les
propositions présentées dans ce livre blanc se traduisent dans la réalité
des enfants, des familles et des professionnels.

Michel MARTZLOFF,
Secrétaire général
40

ANNEXES
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME
PERSONNES SIGNALANTES,
DE LA PROTECTION DE L’ENFANCE DITES « PROTECTRICES » :
médecins, éducateurs,
enseignants, directeurs d’école,
assistants sociaux, psychologues,
associations d’aide aux victimes,
MINEURS, REPRÉSENTANTS LÉGAUX
voisins, proches, représentants
légaux, mineurs, etc.

Défenseur Association
des enfants d’aide aux victimes

Juges 119
des enfants

CELLULE DE RECUEIL DES


INFORMATIONS PRÉOCCUPANTES
(NIVEAU DÉPARTEMENTAL)

AIDE SOCIALE À L’ENFANCE


(DIRECTIONS TERRITORIALES) PROCUREUR
Évaluation, traitement DE LA RÉPUBLIQUE

SANS SUIVI PROTECTION JUDICIAIRE


SUITE Mesure de protection Saisine juge des enfants :
administrative ou renvoi au assistance éducative
procureur pour mise en place
d’une mesure judiciaire
Légende PROCÉDURE PÉNALE
Opportunité des poursuites
pénales : poursuite
Transmission Signalement Retour de l’auteur présumé
d’informations judiciaire d’information ou classement sans suite
préoccupantes
41

L’ENFANT BLEU :
26 ANS D’ENGAGEMENT CONTRE
LA MALTRAITANCE DES ENFANTS
Notre mission depuis 1989 : accompagner les enfants et adultes victimes
de maltraitances physiques, sexuelles, psychologiques et de négligences
graves dans l’enfance.
Des équipes pluridisciplinaires : psychologues, juristes, écoutants-référents
bénévoles, animateurs de prévention bénévoles.

UNE ACTION À 360° ENTIÈREMENT


GRATUITE POUR LES VICTIMES

ANNEXES
SENSIBILISER
Prévention dans les
établissements scolaires
Rencontres des élèves
de la maternelle au lycée,
ACCOMPAGNE
A
échanges avec les parents
et les équipes pédagogiques.
ET PROTÉGER
Suivi thérapeutique
Formation des professionnels Thérapies individuelles ou
de l’enfance
Comment repérer les signes,
en groupe, assurées par des
psychologues spécialisés.
MILITER
quelles démarches entreprendre Amélioration du système
pour protéger l’enfant, etc. Accompagnement juridique de la protection de l’enfance
Préconisation des procédures Élaboration de propositions concrètes
Campagnes judiciaires adéquates, calcul d’amélioration de la loi et des pratiques
de sensibilisation des délais de prescription, grâce à notre commission juridique
du grand public émission d’information réunissant avocats et professionnels
préoccupante et signalement, de l’association.
etc.
Constitutions de partie civile
Deux objectifs lors des procès : dénoncer
les dysfonctionnements institutionnels
et donner une voix à l’enfant maltraité.
42
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

PRESCRIPTION DES INFRACTIONS


SEXUELLES SUR MINEURS

Faits commis après le 10 mars 2004


Viol avec ou sans circonstances aggravantes
Prescription de 20 ans à compter de la majorité
(articles 222-23 et suivants du code pénal)
Agressions sexuelles autres que le viol
avec ou sans circonstances aggravantes Prescription de 10 ans à compter de la majorité
(articles 222-27 et suivants du code pénal)
Agressions sexuelles autres que le viol
avec la circonstance particulière Prescription de 20 ans à compter de la majorité
(ascendant et autorité – article 222-30 du code pénal)
Prostitution
Prescription de 10 ans à compter de la majorité
(article 225-12-1 du code pénal)
Corruption de mineurs
Prescription de 10 ans à compter de la majorité
(articles 227-22 et suivants du code pénal)
Atteintes sexuelles
Prescription de 10 ans à compter de la majorité
(articles 2227-25 et 2227-27 du code pénal)
Atteintes sexuelles avec circonstances aggravantes
Prescription de 20 ans à compter de la majorité
(article 227-26 du code pénal)
43

Faits commis entre le 20 juin 1998 et le 10 mars 2004 Faits commis avant le 20 juin 1998
Prescription de 10 ans à compter de la
Prescription de 10 ans à compter de la majorité
commission des faits ou du dernier acte

Prescription de 3 ans à compter de la


Prescription de 3 ans à compter de la majorité
commission des faits ou du dernier acte

Prescription de 3 ans à compter de la


Prescription de 10 ans à compter de la majorité
commission des faits ou du dernier acte

Prescription de 3 ans à compter de la

ANNEXES
Prescription de 3 ans à compter de la majorité
commission des faits ou du dernier acte

Prescription de 3 ans à compter de la


Prescription de 3 ans à compter de la majorité
commission des faits ou du dernier acte

Prescription de 3 ans à compter de la


Prescription de 3 ans à compter de la majorité
commission des faits ou du dernier acte

Prescription de 10 ans à compter de la majorité Prescription de 3 ans à compter de la majorité


44
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

PRESCRIPTION DES VIOLENCES PHYSIQUES


ET/OU PSYCHOLOGIQUES SUR MINEURS

Auteur des Nature des violences Faits commis avant Faits commis entre le
violences le 10/07/1979 10/07/1989 au 17/06/1998*
Violences aggravées ayant
3 ans à compter 10 ans à compter de la
entraîné une mutilation ou
des faits majorité de la victime
une infirmité permanente
Ascendant
Violences aggravées ayant
ou personne 3 ans à compter 10 ans à compter de la
entraîné une ITT égale ou
ayant autorité supérieure à huit jours
des faits majorité de la victime
sur le mineur
Violences aggravées
3 ans à compter 10 ans à compter de la
ayant entraîné une ITT
des faits majorité de la victime
inférieure à huit jours
Toutes violences 3 ans à compter
Tiers sans distinction des faits
3 ans à compter des faits

Violences aggravées ayant


entraîné une mutilation ou
une infirmité permanente

Toutes Violences aggravées ayant


entraîné une ITT égale ou
personnes
supérieure à huit jours

Violences aggravées
ayant entraîné une ITT
inférieure à huit jours

* Et les faits non prescrits à cette date


45

Faits commis entre le Faits commis entre le 9/03/2004 À compter du 4/04/2006*


17/06/1998 et le 9/03/2004* et le 4/04/2006*

ANNEXES
10 ans à compter 20 ans à compter de la
3 ans à compter des faits
de la majorité majorité de la victime

10 ans à compter 20 ans à compter de la


3 ans à compter des faits
de la majorité majorité de la victime

10 ans à compter
3 ans à compter des faits 3 ans à compter des faits
de la majorité
46

NOTES
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

PRÉFACE 17. Rapport OMS 2002 précité


1. Rapport mondial sur la violence et la santé, Organisa- 18. Synthèse du rapport « Impact des violences sexuelles de
tion mondiale de la santé (OMS), Genève, 2002 l’enfance à l’âge adulte », association Mémoire Traumatique
2. Article 414 du code civil et Victimologie, mars 2015 : « 78 % des victimes interrogées
3. Articles 223-6 et suivants du code pénal rapportent avoir déjà eu des idées suicidaires ; 42 % déclarent
4. La loi du 24 juillet 1889 relative à la protection des avoir déjà fait au moins une tentative de suicide »
enfants maltraités et moralement abandonnés crée, pour 19. Rapport de la consultation sur la prévention de la
la première fois, la possibilité de déchéance judiciaire de la maltraitance de l’enfant, OMS, Genève, 29-31 mars 1999.
puissance paternelle « Changements sociaux et santé mentale. Prévention de la
violence et des traumatismes », 1999 (document non publié
AVANT-PROPOS WHO/HSC/PVI/99.1)
5. Publication au Journal officiel de la République fran- 20. « Les conséquences de la maltraitance dans l’enfance
çaise, 29 novembre 1989 sur la santé physique et mentale à l’âge adulte : approche
6. Dont notamment la loi n° 2002-1138 du 9 septembre épidémiologique de santé publique », Anne Tursz, Revue
2002 d’orientation et de programmation pour la justice, la française des affaires sociales, La documentation française,
loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la 2013
justice aux évolutions de la criminalité, la loi n° 2007-293 21. Barlow et al, 2005
du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance, la loi 22. Duhaime et al, 1996 ; Matthews et al, 1996 ; Roussey et
n° 2016-297 du 14 mars 2016 relative à la protection de al, 1987 ; Yoo et al, 1999
l’enfant 23. Majer M. et al, 2010
7. Rapport de l’Observatoire national de l’enfance en 24. Malinosky-Rummell et al, 1993
danger (ONED), 2015 25. Ford et al, 2011
8. Procès pour lesquels l’association s’est portée partie 26. Tursz, 2010
civile en 2015 : affaires dites « Cottrez », « Bastien », 27. Tursz et al, 2012
« Inaya », « Nemesis », « Guiboud-Ribaud », et en 2016 28. « L’ évolution de l’enfance en danger en 1996 », La Lettre,
« Julien » et « Adélaïde » lettre trimestrielle publiée par l’Observatoire national de
9. Articles 1er et 2nd de la Constitution française du 4 oc- l’action sociale (ODAS), numéro spécial, novembre 1997
tobre 1958 29. « Enfance en danger : les enseignements de l’enquête
10. Rapport annuel d’activité 2015 de l’association L’Enfant 1997 », Marceline Gabel, La Lettre, lettre trimestrielle
Bleu-Enfance Maltraitée : « 85 % des violences s’exercent au publiée par l’Observatoire national de l’action sociale
sein de la sphère familiale » (ODAS), numéro spécial, novembre 1998
11. Rapport mondial sur la violence et la santé, OMS, 30. Articles 222-27 à 222-31 du code pénal
Genève, 2002 31. Ces chiffres sont recueillis selon la relation des
12. Sondage Harris Interactive réalisé du 23 au 25 sep- faits par les victimes ou les adultes protecteurs. Étude
tembre 2014 à la demande de l’association L’Enfant Bleu- interne ; voir supra
Enfance Maltraitée, sur un échantillon de 1 004 personnes 32. Étude interne réalisée sur la période janvier 2012-dé-
représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, méthode cembre 2015, association L’Enfant Bleu-Enfance Maltraitée
des quotas et redressement appliqués aux variables sui-
vantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région
de l’interviewé(e) B - LES CHIFFRES ALARMANTS ET PEU CONNUS DE LA MALTRAITANCE
13. http://www.oned.gouv.fr/chiffres-cles-en-protection- 33. Loi n° 2007-293 du 5 mars 2007 réformant la protection
lenfance de l’enfance
34. http:// www. oned.gouv.fr/chiffres-cles-en-protection-
1 - MALTRAITANCE DES ENFANTS EN FRANCE : lenfance
UN CONSTAT ALARMANT 35. « Les conséquences de la maltraitance dans l’enfance
sur la santé physique et mentale à l’âge adulte : approche
A - L’IMPACT DE LA MALTRAITANCE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT
épidémiologique de santé publique », Anne Tursz, Revue
14. Quarante-neuvième assemblée mondiale de la santé,
française des affaires sociales, La documentation française,
Genève, 20-25 mai 1996, WHA49.25, « La prévention de la
2013
violence : une priorité pour la santé publique »
36. Tursz et al, 2012
15. Rapport mondial sur la violence et la santé, OMS,
37. Actes du colloque national sur les violences faites aux
Genève, 2002
enfants, Paris, le Sénat, 14 juin 2013, Les violences faites aux
16. « Le devenir à l’âge adulte. Conséquences à long terme
enfants, sous la direction d’Anne Tursz et de Jon M. Cook,
de la maltraitance dans l’enfance », Annick-Camille Dumaret,
La documentation française, 2015
Anne Tursz, La Revue du praticien, vol. 61, n° 5, mai 2011
47

38. Étude publiée le 2 décembre 2008 par la revue 53. Décision n° 2011-163 QPC du 16 septembre 2011
médicale britannique The Lancet en collaboration avec le 54. Commission nationale consultative des droits de
Royal College of Paediatric and Child Health, London, UK l’homme
39. Sondage Harris Interactive 2014, association L’Enfant Bleu- 55. Loi n° 2015-1402 du 5 novembre 2015 tendant à
Enfance Maltraitée (pour les références complètes, v. supra) clarifier la procédure de signalement de situations de
40. Anciennement Observatoire national de l’enfance en maltraitance par les professionnels de santé
danger 56. « Échec et retard scolaire des enfants hébergés
41. Chiffres Insee 2013 : http://www.insee.fr/fr/themes/ par l’aide sociale à l’enfance », Thierry Mainaud, Études et
document.asp?ref_id=ip1482, hors Mayotte Résultats n° 845, DREES, juillet 2013
57. Loi n° 2016-297 du 14 mars 2016 relative à la
C - AMÉNAGEMENT DU BUDGET CONSACRÉ À LA PROTECTION protection de l’enfant
DE L’ENFANCE
42. Article 37 de la loi du 22 juillet 1983 complétant la B - DYSFONCTIONNEMENTS CONSTATÉS DEPUIS 2007
loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de DANS LES CONSTITUTIONS DE PARTIE CIVILE DE L’ASSOCIATION
compétences entre les communes, les départements, les 58. Concernant les 9,5 %, il s’agit de huit nourrissons tués
régions et l’État par leur mère (affaire dite « Cottrez ») et de l’enfant dite
43. Rapport d’information fait au nom de la mission « Adélaïde Kabou »
commune d’information désignée par la commission des 59. Dans quatre affaires pénales
Affaires culturelles, la commission des Affaires économiques 60. Affaire dite « Évrard »
et du Plan, la commission des Affaires sociales, la commission 61. Affaire dite « Yahi »
des Lois constitutionnelles, de Législation, du Suffrage 62. Affaire dite « Julien »
universel, du Règlement et d’Administration générale et la 63. Affaire dite « Inaya »
commission des Finances, du Contrôle budgétaire et des 64. Affaire dite « Guiboud-Ribaud »

NOTES
Comptes économiques de la nation, et chargée d’étudier 65. Proches, famille, voisins, professionnels autour de la
le déroulement et la mise en œuvre de la politique de famille (école, crèche, médecin, etc.)
décentralisation, enregistré le 12 juillet 1983, n° 490, Sénat 66. Dont notamment l’affaire dite « Marina » et l’affaire
44. « La protection de l’enfance », rapport public dite « Bastien »
thématique, Cour des comptes, octobre 2009 67. Dont not. affaires dite « Bastien », dite « Marina », etc.
45. Rapport du défenseur des droits au Comité des droits 68. Affaire dite « Inaya »
de l’enfant des Nations unies, 27 février 2015 69. Affaire dite « Yahi »
46. « Dépenses d’aide sociale départementales : une hausse
de 9 % depuis 2010 », Études et Résultats numéro 950, C - ACTIONS DE L’ASSOCIATION L’ENFANT BLEU DANS LES GRANDES
Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des RÉFORMES
statistiques, février 2016 70. Loi n° 2002-1138 du 9 septembre 2002 d’orientation et
47. Idem de programmation pour la justice
48. La Police des familles, Jacques Donzelot, Les Éditions 71. Loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de
de Minuit, 1977/2005 la justice aux évolutions de la criminalité
72. Articles 706-53-1 et suivants du code de procédure
2 - LOIS RELATIVES A LA PROTECTION DE L’ENFANCE ET pénale
DYSFONCTIONNEMENTS RELEVÉS PAR NOTRE PRATIQUE 73. Contribution de notre association à la création des
A - ÉTAT DES LIEUX DEPUIS LA LOI DU 5 MARS 2007 UAMJ de Villefranche-sur-Saône et Dunkerque
49. Loi n° 2010-769 du 9 juillet 2010 relative aux violences
faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des 3 - PROPOSITIONS DE L’ASSOCIATION AUX FINS
couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants D’AMÉLIORATION DU SYSTÈME DE LA PROTECTION
50. Loi n° 2007-293 du 5 mars 2007 réformant la DE L’ENFANCE
protection de l’enfance A - HARMONISATION DU TRAITEMENT DE LA SITUATION PRÉOCCUPANTE
51. Décret n° 2013-994 du 7 novembre 2013 organisant
D’UN MINEUR
la transmission d’informations entre départements en
74. Avis de la CNCDH sur le droit au respect de la vie
application de l’article L. 221-3 du code de l’action sociale
privée et familiale et les placements d’enfants en France,
et des familles
27 juillet 2013
52. Loi n° 2010-121 du 8 février 2010 tendant à inscrire
75. Au sein du conseil départemental de Loire-Atlantique,
l’inceste commis sur les mineurs dans le code pénal et à
la CRIP se nomme Direction générale de la solidarité, veille
améliorer la détection et la prise en charge des victimes
enfance en danger ; au sein du conseil départemental de
d’actes incestueux
48
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

la Marne, la même entité se nomme Service social et de 100. Article 19 de la CIDE


prévention ; etc. 101. Le principe d’applicabilité directe permet aux justiciables
76. L’information préoccupante est constituée de tous les d’invoquer directement une norme internationale devant
éléments susceptibles de laisser craindre qu’un mineur se une juridiction nationale
trouve en situation de danger. Il peut s’agir de faits observés, 102. Les arrêts Demirprence (Conseil d’État, 10 mars 1995),
de propos entendus, d’inquiétudes sur le comportement d’un Gisti (Conseil d’État, 23 avril 1997), Mlle Cinar (Conseil
mineur, etc. Ils sont transmis aux CRIP du lieu de résidence d’État, 22 septembre 1997), et Mlle Auble (Conseil d’État,
de l’enfant. 1er avril 1998)
77. Article L. 226-2-1 du code de l’action sociale et des 103. Cour de cassation, 1re chambre civile, 18 mai 2005,
familles Bull. 2005, I, n° 212, pourvoi n° 02-20.613
78. Article L. 226-3 du code de l’action sociale et des familles 104. Arrêt Vautier c/France, 26 novembre 2009, CEDH,
79. C’est-à-dire ayant un minimum de cinq ans d’exercice n° 28499/05
dans le domaine de la protection de l’enfance 105. Article 25 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à
80. Accompagner l’enfant maltraité et sa famille, Chantal l’informatique, aux fichiers et aux libertés, modifié par la loi
Parret et Jacqueline Iguenane, Dunod, 2001 n° 2004-801 du 6 août 2004
81. Professionnels en relation avec les enfants au sens large, 106. Accompagner l’enfant maltraité et sa famille, Chantal
dont les médecins, psychologues, enseignants, éducateurs, Parret, Jacqueline Iguenane, Dunod, 2001
animateurs, etc. 107. Enfants en danger, professionnels en souffrance, Martine
82. Circulaire relative au décret n° 2002-361 du 15 mars Lamour et Marceline Gabel, Eres, 2015
2002 modifiant le nouveau code de procédure civile et relatif
à l’assistance éducative, PJJ 2002-01 K2/26-04-2002, NOR : B - AMÉLIORATION DU DROIT POUR UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE
JUSF0250055C DES VICTIMES
83. Article 375-5 du code civil 108. Voir tableaux des prescriptions, Annexes p. 42
84. Article 1184 du code de procédure civile 109. Rapport mondial sur la violence et la santé, OMS,
85. Cour de cassation, 1re chambre civile, 11 mars 1997 Genève, 2002, précité
86. Procès dit « Julien » 110. La Police des familles, Jacques Donzelot, Les Éditions de
87. Dont médecins, personnels hospitaliers, PMI, Minuit, 1977/2005
établissements scolaires, ASE 111. Voir supra CIDE
88. Article 3 de la CIDE, Recueil Dalloz 2010, p. 1904, « Droits 112. Voir supra CIDE
de l’enfant, juin 2009-mai 2010 », Adeline Gouttenoire, 113. Rapport fait au nom de la commission des Lois
Philippe Bonfils constitutionnelles, de Législation, du Suffrage universel, du
89. Cas fictif, tiré de diverses situations réelles Règlement et d’Administration générale sur la proposition
90. Compte rendu de la mission confiée par le défenseur de loi de Muguette Dini, Chantal Jouanno et plusieurs de
des droits et son adjointe, la défenseure des enfants, à Alain leurs collègues, modifiant le délai de prescription de l’action
Grevot, délégué thématique, sur « l’histoire de Marina », publique des agressions sexuelles, enregistré à la présidence
30 juin 2014 du Sénat le 21 mai 2014
91. Articles R. 221-1 et suivants du code de l’action sociale et 114. Proposition de loi visant à assurer l’imprescriptibilité
des familles des crimes sexuels commis sur les mineurs, enregistré à la
92. Schéma départemental de prévention et de protection présidence de l’Assemblée nationale le 27 septembre 2007
de l’enfance et de la jeunesse, Hauts-de-Seine, 2012-2016 115. « Prescription de l’action publique (articles 7 à 9, § 1) »,
93. Recueil Dalloz 2001, p. 422, « L’intérêt de l’enfant et les Bernard Challe, Jurisclasseur Code de procédure pénale,
droits et libertés fondamentaux des parents », Christine avril 2011
Courtin 116. Voir supra rapport OMS, 2002
94. Recueil Dalloz 2010, p. 1904, « Droits de l’enfant, 117. Rapport « Impact des violences sexuelles de l’enfance
juin 2009-mai 2010 », Adeline Gouttenoire, Philippe Bonfils à l’âge adulte », Mémoire Traumatique et Victimologie,
95. Article 375 du code civil mars 2015
96. La Juge de trente ans, Céline Roux, coll. Raconter la vie, 118. Rapport d’information déposé par la commission des
Le Seuil, octobre 2014 Lois constitutionnelles, de la Législation et de l’Administration
97. Compte rendu sur « L’histoire de Marina », voir supra générale de la République en conclusion des travaux d’une
98. Article R. 221-9 du code de l’action sociale et des familles mission d’information sur la prescription en matière pénale,
99. Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), présenté par Alain Touret et Georges Fenech, enregistré à
traité international adopté par l’assemblée générale des l’Assemblée nationale le 20 mai 2015
Nations unies le 20 novembre 1989, ratifié par l’État français 119. « Prescription des crimes commis contre les mineurs »,
le 7 août 1990 Michel Véron, Droit pénal n° 3, mars 2008, comm. 27
49

120. Voir supra rapport Alain Touret et Georges Fenech nationale dans une société démocratique, lorsque les intérêts des
121. « Premiers pas vers une réforme de la prescription », mineurs ou la protection de la vie privée des parties au procès
E. Allain, Actualité Juridique Pénal 2015, p. 277 l’exigent, ou dans la mesure jugée strictement nécessaire par le
122. Article 101 du code pénal suisse tribunal, lorsque dans des circonstances spéciales la publicité
123. Articles 222-14 et suivants du code pénal serait de nature à porter atteinte aux intérêts de la justice »
124. Loi n° 2006-399 du 4 avril 2006 renforçant la prévention 140. Dont notamment la présomption d’innocence
et la répression des violences au sein du couple ou commises 141. http://www.securitepublique.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/sx-
contre les mineurs ffndr-rcdvsm/index-fr.aspx
125. Crim. 25 nov. 2009 : Bulletin chambre criminelle n° 198, 142. Rapport établi par la Commission d’analyse et de suivi de
Dalloz 2010. Actualité Juridique 20. la récidive le 28 juin 2007
126. Traumatismes de l’enfance et de l’adolescence, un autre 143. Loi n° 94-43 du 18 janvier 1994 relative à la santé
regard sur la souffrance psychique, Yves-Hiram Haesevoets, publique et à la protection sociale ; loi n° 98-468 du 17 juin
2e éd., De Boeck, 2014 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions
127. Article 222-23 du code pénal sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs ; loi n° 2005-1549
128. Not. article 222-30 du code pénal : « […] 2° Lorsqu’elle du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des
est commise par un ascendant ou par toute autre personne infractions pénales ; loi n° 2007-1198 du 10 août 2007 ren-
ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait ; 3° forçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs ;
Lorsqu’elle est commise par une personne qui abuse de l’auto- loi n° 2011-267 du 14 mars 2011 d’orientation et de program-
rité que lui confèrent ses fonctions » mation pour la performance de la sécurité intérieure ; loi
129. Violences sexuelles. Les 40 questions-réponses incontour- n° 2014-896 du 15 août 2014 relative à l’individualisation des
nables, Dr Muriel Salmona, Dunod, 2015 peines et renforçant l’efficacité des sanctions pénales
130. Voir supra rapport Alain Touret et Georges Fenech 144. Loi n° 2014-896 du 15 août 2014 relative à l’individua-
131. Article 2, alinéa 1 du code de procédure pénale : « L’action lisation des peines et renforçant l’efficacité des sanctions pé-

NOTES
civile en réparation du dommage causé par un crime, un délit ou nales
une contravention appartient à tous ceux qui ont personnelle- 145. Not. suppression des peines planchers, du caractère
ment souffert du dommage causé directement par l’infraction. » automatique de la révocation des sursis en cas de récidive,
132. Article 497 du code de procédure pénale harmonisation de certains aménagements de peine entre les
133. Article 1 du code de procédure pénale : « L’action condamnés récidivistes et ceux qui ne le sont pas
publique pour l’application des peines est mise en mouvement 146. Rapport de la Commission d’analyse et de suivi de la
et exercée par les magistrats ou par les fonctionnaires auxquels récidive, voir supra
elle est confiée par la loi. Cette action peut aussi être mise en 147. Loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la
mouvement par la partie lésée, dans les conditions déterminées justice aux évolutions de la criminalité
par le présent code » 148. Article 706-53-5 du code pénal
134. Procédure pénale, 9e édition, Serge Guinchard et Jacques 148. Loi n° 98-468 du 17 juin 1998 relative à la prévention et à
Buisson, Manuel LexisNexis, août 2013 la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection
135. Proposition de loi visant à permettre aux parties civiles des mineurs
d’interjeter appel, en matière pénale, des décisions de relaxe 150. Loi n° 98-468 du 17 juin 1998 relative à la prévention et à
et d’acquittement, enregistrée à la présidence de l’Assemblée la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection
nationale le 20 décembre 2010 des mineurs
136. Article 1 du code de procédure pénale précité 151. Article 132-45 du code pénal
137. Voir en ce sens l’article 186, alinéa 2 du code de procédure 152. « La prise en charge pénitentiaire des auteurs d’agres-
pénale sions sexuelles, état des lieux et nouvelles pratiques », ENAP,
138. « Les décisions des cours d’appel en matière correction- juin 2006
nelle », ministère de la Justice, Infostat n° 63, 1er octobre 2002 153. Article L. 3711-1 du code de la santé publique
139. Article 6 de la Convention européenne des droits de 154. Thèse de Tony Ward, chercheur et professeur de psycho-
l’homme : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit enten- logie – Programme Good Lives Model
due équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, 155. http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/guide_injonction_
par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, qui de_soins.pdf
décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de 156. Affaire dite « Guiboud-Ribaud »
caractère civil, soit du bien-fondé de toute accusation en matière
pénale dirigée contre elle. Le jugement doit être rendu publique-
ment, mais l’accès de la salle d’audience peut être interdit à la
presse et au public pendant la totalité ou une partie du procès
dans l’intérêt de la moralité, de l’ordre public ou de la sécurité
50

BIBLIOGRAPHIE
Livre blanc sur la protection de l’enfance maltraitée

RAPPORTS ET PUBLICATIONS INSTITUTIONNELS - Rapport du défenseur des droits au Comité des droits
de l’enfant des Nations unies, 27 février 2015
- Rapport mondial sur la violence et la santé, Organisation
mondiale de la santé (OMS), Genève, 2002 - Avis de la CNCDH sur le droit au respect de la vie privée
et familiale et les placements d’enfants en France,
- Rapport de l’Observatoire national de l’enfance en danger 27 juillet 2013
2015
- Rapport annuel d’activité 2015 de l’association L’Enfant
- Compte rendu de la mission confiée par le défenseur
des droits et son adjointe, la défenseure des enfants, à
Bleu-Enfance Maltraitée : « 85 % des violences s’exercent au
Alain Grevot, délégué thématique, sur « l’histoire de Marina »,
sein de la sphère familiale »
30 juin 2014
- Sondage Harris Interactive réalisé du 23 au 25 septembre - Rapport fait au nom de la commission des Lois
2014 à la demande de l’association L’Enfant Bleu-Enfance
constitutionnelles, de Législation, du Suffrage universel,
Maltraitée, sur un échantillon de 1 004 personnes représentatif
du Règlement et d’Administration générale sur la proposition
des Français âgés de 18 ans et plus, méthode des quotas
de loi de Muguette Dini, Chantal Jouanno et plusieurs de
et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe,
leurs collègues, modifiant le délai de prescription de l’action
âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e)
publique des agressions sexuelles, enregistré à la présidence
- Quarante-neuvième assemblée mondiale de la santé, du Sénat le 21 mai 2014
Genève, 20-25 mai 1996, WHA49.25, « La prévention de
la violence : une priorité pour la santé publique »
- Rapport d’information déposé par la commission des
Lois constitutionnelles, de la Législation et de l’Administration
- Synthèse du rapport « Impact des violences sexuelles générale de la République en conclusion des travaux d’une mission
de l’enfance à l’âge adulte », association Mémoire Traumatique d’information sur la prescription en matière pénale, présenté
et Victimologie, mars 2015 : « 78 % des victimes interrogées par Alain Touret et Georges Fenech, enregistré à l’Assemblée
rapportent avoir déjà eu des idées suicidaires ; 42 % déclarent nationale le 20 mai 2015
avoir déjà fait au moins une tentative de suicide »
- Rapport établi par la Commission d’analyse et de suivi
- Rapport de la consultation sur la prévention de la de la récidive le 28 juin 2007
maltraitance de l’enfant, OMS, Genève, 29-31 mars 1999.
« Changements sociaux et santé mentale, prévention de la
violence et des traumatismes », 1999 (document non publié
WHO/HSC/PVI/99.1)
- Étude interne réalisée sur la période janvier 2012 -
décembre 2015, association L’Enfant Bleu-Enfance Maltraitée
- Rapport d’information fait au nom de la mission commune
d’information désignée par la commission des Affaires
culturelles, la commission des Affaires économiques et du Plan,
la commission des Affaires sociales, la commission des Lois
constitutionnelles, de Législation, du Suffrage universel,
du Règlement et d’Administration générale et la commission
des Finances, du Contrôle budgétaire et des Comptes économiques
de la nation, et chargée d’étudier le déroulement et la mise en
œuvre de la politique de décentralisation, enregistré le 12 juillet
1983, n° 490, Sénat
- « La protection de l’enfance », rapport public thématique,
Cour des comptes, octobre 2009
51

ARTICLES OUVRAGES
- « L’évolution de l’enfance en danger en 1996 », La Lettre, - La Police des familles, Jacques Donzelot, Les Éditions
lettre trimestrielle publiée par l’Observatoire national de l’action de Minuit, 1977/2005
sociale (ODAS), numéro spécial, novembre 1997
- Accompagner l’enfant maltraité et sa famille,
- « Enfance en danger : les enseignements de l’enquête Chantal Parret et Jacqueline Iguenane, Dunod, 2001
1997 », Marceline Gabel, La Lettre, lettre trimestrielle publiée
par l’ODAS, numéro spécial, novembre 1998
- La Juge de trente ans, Céline Roux, coll. Raconter la vie,
Le Seuil, octobre 2014
- « Les décisions des cours d’appel en matière - Enfants en danger, professionnels en souffrance,
correctionnelle », ministère de la Justice, Infostat n° 63,
Martine Lamour et Marceline Gabel, Eres, 2015
1er octobre 2002
- « Le devenir à l’âge adulte. Conséquences à long terme
- Traumatismes de l’enfance et de l’adolescence, un autre
regard sur la souffrance psychique, Yves-Hiram Haesevoets,
de la maltraitance dans l’enfance », Annick-Camille Dumaret,
2e édition, De Boeck, 2014
Anne Tursz, La Revue du praticien, vol. 61, n° 5, mai 2011
- Étude publiée le 2 décembre 2008 par la revue médicale
- Violences sexuelles. Les 40 questions-réponses
incontournables, Dr Muriel Salmona, Dunod, 2015
britannique The Lancet en collaboration avec le Royal
College of Paediatric and Child Health, London, UK - Thèse de Tony Ward, chercheur et professeur de psycholo-

BIBLIOGRAPHIE
gie, programme Good Lives Model
- « Dépenses d’aide sociale départementale : une hausse
de 9 % depuis 2010 », Études et Résultats n° 950, Direction - Les Oubliés, enfants maltraités en France et par la France,
de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, Anne Tursz, Le Seuil, mars 2010
février 2016
- Les Violences faites aux enfants, Anne Tursz et Jon M. Cook,
- « Échec et retard scolaire des enfants hébergés par l’aide La documentation française, juin 2015
sociale à l’enfance », Thierry Mainaud, Études et Résultats n° 845,
DREES, juillet 2013
- Art. 3 de la CIDE : « Droits de l’enfant, juin 2009-mai 2010 »,
Adeline Gouttenoire, Philippe Bonfils, Recueil Dalloz 2010, p. 1904
- « L’intérêt de l’enfant et les droits et libertés fondamentaux
des parents », Christine Courtin, Recueil Dalloz 2001, p. 422
- « Prescription de l’action publique (articles 7 à 9, §1) »,
Bernard Challe, Jurisclasseur Code de procédure pénale, avril 2011
- « Prescription des crimes commis contre les mineurs »,
Michel Véron, Droit pénal n° 3, mars 2008, comm. 27
- « Procédure pénale », 9e édition, Serge Guinchard et
Jacques Buisson, manuel LexisNexis, 5 août 2013
- « La prise en charge pénitentiaire des auteurs
d’agressions sexuelles, état des lieux et nouvelles pratiques »,
ENAP, juin 2006
REMERCIEMENTS

L’élaboration de ce livre blanc n’aurait pu être possible sans


l’équipe de l’association, psychologues, juristes et bénévoles,
qui depuis plus de vingt-six ans s’impliquent sur le terrain
auprès des enfants et adultes victimes de maltraitances
dans l’enfance. Un grand merci pour leur travail.
Nous remercions également Maître Dominique ATTIAS,
Madame Anne TURSZ et Monsieur Jacques DONZELOT
d’avoir partagé leur expérience et leur connaissance
du domaine de la protection de l’enfance.
Nos remerciements vont également aux avocats
de l’association pour leur implication au sein de notre
commission juridique, qui a amorcé cette réflexion,
mais aussi pour leur précieux travail lors des procès où
l’association était constituée partie civile, des moments
toujours difficiles mais essentiels à notre combat.

Enfin, une pensée toute particulière pour notre regrettée


présidente, Madame Monette CANNAMELA, qui a œuvré
avec cœur et courage pendant plus de vingt ans
contre les violences faites aux enfants.

0/5$0/53*#6­©-"3­%"$5*0/%&$&-*73&ø

Fleur ALMAR - Éric CANNAMELA - Pascale COUSIN


Maître Yves CRESPIN - Pauline GOUDEAU - Joanna GOURJAULT
Michel MARTZLOFF - Maître Gwendoline MASSAIN
Laura MORIN - Margot VEGLIO

Création par l’agence

Association L’Enfant Bleu, 397 ter rue de Vaugirard 75015 Paris — Imprimerie BAUGÉ — 37160 Descartes — 10 octobre 2016 — 979-10-976007-1-6 — 15 €
— Dépôt légal : octobre 2016 — Crédits photo : Inserm, R. Dautigny, J. Donzelot, DR.
Association L’Enfant Bleu
Enfance Maltraitée

397 ter, rue de Vaugirard


75015 PARIS
[email protected]
www.enfantbleu.org

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