2022 Sujets

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BÉCÉAS 2022

Banque d’Épreuves des Concours des Écoles


d’Actuariat et Statistique
Session 2022

Épreuve de mathématiques
Durée : 4h

L’épreuve est constituée de trois exercices indépendants.

Mathématiques Lundi 16 mai, matin Page 1/5


BÉCÉAS 2022

Exercice 1. Valeurs prises par une fonction


On note E = C 0 ([0, 1], R) l’ensemble des fonctions continues de [0, 1] dans R,
n o
C := f ∈ E ; ∀ t ∈ [0, 1] f (t ) ⩾ 0 et f est non nulle

n Z 1 o

et C := f ∈ E ; ∀ t ∈ [0, 1] f (t ) ⩾ 0 et f (t ) dt = 1 .
0
On considère, pour tout élément g de E , l’application Φg suivante :

C −→ R
R1
Φg : 0 f (t )g (t ) dt
f 7−→ R1 ·
0 f (t ) dt

L’objet de l’exercice est de déterminer les valeurs prises par l’application Φg .

1. Soit g ∈ E .

(a) Prouver l’égalité : Φg (C ) = Φg (C ′ ).


(b) Soit f 1 et f 2 deux éléments de C ′ avec a 1 = Φg ( f 1 ) et a 2 = Φg ( f 2 ).
On suppose a 1 ⩽ a 2 . Prouver l’inclusion [a 1 , a 2 ] ⊂ Φg (C ).

2. Dans cette question on suppose que, pour tout réel t ∈ [0, 1], g (t ) = t .

(a) Prouver l’inclusion : Φg (C ) ⊂ [0, 1]. Les réels 0 et 1 sont-ils éléments de Φg ?


(b) Montrer que sup Φg (C ) = 1.
On pourra, pour tout entier naturel n, calculer Φg ( f n ) où f n : t 7→ t n .
Z 1
(c) i. Calculer, pour tout entier naturel n, t (1 − t )n dt .
0
ii. En déduire que inf Φg (C ) = 0.
(d) Conclure que Φg (C ) =]0, 1[.

3. Dans cette question on suppose que, pour tout réel t ∈ [0, 1], g (t ) = et .

(a) Prouver l’inclusion : Φg (C ) ⊂]1, e[.


(b) On considère la fonction

R∗ −→ R
h: α eα+1 − 1 .
α 7−→
α + 1 eα − 1
i. Montrer que la fonction h est prolongeable par continuité en 0.
ii. Déterminer lim h(α) et lim h(α).
α→+∞ α→−∞
(c) Prouver l’égalité : Φg (C ) =]1, e[.

4. Dans cette question on traite le cas général où l’application g est élément de E et sup-
posée non constante.

Mathématiques Lundi 16 mai, matin Page 2/5


BÉCÉAS 2022

(a) Justifier l’existence d’un couple (a, b) de réels distincts de [0, 1] tel que,
pour tout t ∈ [0, 1], g (a) ⩽ g (t ) ⩽ g (b).
On suppose désormais que a et b sont dans ]0, 1[ et on note N un entier naturel
2 2
tel que 0 < b − < b + < 1.
N N
On considère, pour tout entier n ⩾ N , la fonction f n qui vaut

1 1 1 1
0 si 0 ⩽ t ⩽ b − − 2 ou b + + 2 ⩽ t ⩽ 1


n n n n


1 1


1 si ⩽t ⩽b+
b−


n n
h 1 1 1i h 1 1 1 i
et qui est affine sur les segments b − − 2 , b − et b + , b + + 2 .
n n n n n n
(b) Représenter le graphe de la fonction f n .
2
Z 1
(c) Prouver, lorsque l’entier n tend vers +∞, l’équivalence : · f n (t ) dt ∼
0 n
(d) Prouver l’existence d’un réel K > 0 (ne dépendant que de g ) tel que, pour tout
entier n ⩾ N ,
Z b− n1 K
Z 1 K
f n (t )g (t ) dt ⩽ 2 et f n (t )g (t ) dt ⩽ ·
0 n b+ n1 n2

(e) Soit G une fonction réelle définie au voisinage de b et dérivable en b.


G(b + h) −G(b − h)
Que vaut lim ?
h→0 h
1
n b+ n
Z
(f) Prouver l’égalité : lim g (t ) dt = g (b).
n→+∞ 2 b− 1
n

(g) En déduire que sup Φg (C ) = g (b).

On montrerait de même, et on l’admet, que inf Φg (C ) = g (a).

5. Soit g ∈ E . Que vaut Φg (C ) ?


On cherchera à quelle condition max g (t ) est élément de Φg (C ).
t ∈[0,1]

Exercice 2. Une suite binomiale


Soit n un entier naturel non nul. On note E le R-espace vectoriel Rn [X ] des polynômes
réels de degré au plus n et E ∗ son dual c’est-à-dire le R-espace vectoriel des formes linéaires
sur E . On note, pour tout entier naturel k, P (k) le polynôme dérivé k-ième d’un polynôme P
(avec P (0) = P ).
On note P 0 = 1 et, pour tout entier naturel k non nul, P k = X (X −k)k−1 (on a donc P 1 = X ).

1. Montrer que la famille B := (P 0 , P 1 , . . . , P n ) est une base de E .

2. On note, pour tout entier r de J0, n K, ϕr l’application qui, à chaque polynôme P de E ,


1
associe ϕr (P ) = P (r ) (r ) (on a donc ϕ0 (P ) = P (0)).
r!

Mathématiques Lundi 16 mai, matin Page 3/5


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(a) Soit (k, r ) ∈ J0, n K. Calculer P k(r ) .


On distinguera les cas k > r , k < r et k = r .
(b) Calculer, pour tout couple (k, r ) d’entiers distincts de J0, n K, la valeur de ϕr (P k ).
(c) Calculer, pour tout entier k de J0, n K, la valeur de ϕk (P k ).
n
ϕk (P )P k .
X
(d) Soit P ∈ E . Établir l’égalité : P =
k=0
(e) Montrer que (ϕ0 , ϕ1 , . . . , ϕn ) est une base de E ∗ .

3. Établir, pour tout couple (x, y) de nombres réels, l’égalité :


à !
n n
(x + y)n = y n + x (x − k)k−1 (y + k)n−k .
X
k=1 k

On pourra considérer le polynôme (X + y)n .

4. Établir, pour tout couple (x, y) de réels, l’égalité :


à !
Xn n
P n (x + y) = P k (x)P n−k (y).
k=0 k

Exercice 3. Étude d’une variable aléatoire


On note, pour tout (n, p) ∈ N × N∗ , a(n, p) le nombre de p-listes (x 1 , x 2 , . . . , x p ) ∈ Np telles
p
X
que x i = n. On a donc a(n, 1) = 1.
i =1

1. (a) Déterminer, pour tout entier naturel n, la valeur de a(n, 2).


à ! à !
n + 1 n k
(b) Prouver, pour tout (n, p) ∈ N2 , l’égalité :
X
= .
p +1 k=p p

n
2. Établir, pour tout (n, p) ∈ N × N∗ , l’égalité : a(n, p + 1) =
X
a(n − k, p).
k=0
à !
n +p −1
3. Établir, pour tout (n, p) ∈ N × N , l’égalité : a(n, p) =

.
p −1
¡ ∗ ¢p
! ∈ N × N , le nombre de p-listes (x 1 , x 2 , . . . , x p ) ∈ N

4. En déduire que, pour tout à (n, p)
p
X n −1
telles que x i = n vaut .
i =1 p −1

On munit, pour tout entier naturel n non nul, l’ensemble Ω des parties à n éléments de J1, 2n K
de la tribu pleine et de la probabilité uniforme notée P.
On appelle bloc d’une partie A élément de Ω, tout sous-ensemble de A de la forme Ja, b K

1 ⩽ a ⩽ b ⩽ 2n avec (a = 1 ou a − 1 ∉ A) et (b = 2n ou b + 1 ∉ A).
Par exemple, dans le cas où n = 3, la partie (de J1, 6K) {1, 2, 5} a deux blocs (J1, 2K et {5}) alors
que, dans le cas où n = 4 la partie (de J1, 8K) {2, 4, 6, 7} a trois blocs ({2}, {4} et J6, 7K).

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On note, pour tout entier naturel n non nul, X n la variable aléatoire qui, à chaque partie A
à n éléments de J1, 2n K, associe le nombre de blocs de A. La variable X 1 est donc constante
égale à 1.

5. (a) Déterminer la loi de X 2 et son espérance.


(b) Déterminer la loi de X 3 et son espérance.

6. Soit n ∈ N∗ .

(a) Calculer P (X n = 1) et P (X n = n).


(b) Soit k ∈ J1, n K. Montrer que la donnée d’une partie A à n éléments de J1, 2n K
avec k blocs équivaut à la donnée d’une liste ( j 0 , i 1 , j 1 , i 2 , j 2 , . . . , i k−1 , j k−1 , i k , j k )
où i 1 , i 2 , . . . , i k , j 1 , j 2 , . . . , j k−1 sont des entiers naturels non nuls et j 0 et j k des en-
tiers naturels vérifiant les conditions
k
X k
X
ir = n et j r = n.
r =1 r =0

¡n−1¢ ¡n+1¢
k−1 k
(c) En déduire, pour tout entier k ∈ J1, n K, l’égalité : P (X n = k) = ¡2n ¢ ·
n
(d) i. Calculer l’espérance de la variable X n .
ii. Calculer la variance de la variable X n .

7. Prouver, pour tout ε > 0, l’égalité :


³¯ X
¯ n 1¯
¯ ´
lim P ¯ − ¯ ⩾ ε = 0.
n→+∞ n 2

8. Soit n ∈ N∗ . On lance 2n fois une pièce équilibrée et on note (ε1 , ε2 , . . . , ε2n ) la suite
de résultats obtenus (avec εi = 1 (resp. 0) si le i -ème lancer a donné pile (resp. face)).
Quelle est la probabilité d’obtenir une telle suite comportant n fois le 1 avec exacte-
ment k blocs de 1 ?

Mathématiques Lundi 16 mai, matin Page 5/5


BÉCÉAS 2022

Banque d’Épreuves des Concours des Écoles


d’Actuariat et Statistique
Session 2022

Épreuve à option (A) : Mathématiques


Durée : 4h

On rappelle que la fonction Gamma d’Euler est définie par


Z +∞
∀ x > 0, Γ(x) = t x−1 e−t dt (1)
0

R
qu’elle est continue sur ∗+ et qu’elle vérifie la formule récursive Γ(x +1) = x Γ(x), valable
pour tout réel strictement positif x.
Cette fonction intervient à maintes reprises dans la suite.

L’énoncé est divisé en quatre parties largement indépendantes, que les candidats ne sont
pas tenus de traiter dans l’ordre.

L’évaluation des copies sera étroitement liée à la rigueur des raisonnements et à une uti-
lisation dûment justifiée du cours. Une présentation soignée sera appréciée, une présentation
par trop négligée sanctionnée.

Option A Mardi 17 mai, matin Page 1/5


BÉCÉAS 2022

Partie I Un lien avec loi de Poisson

Dans cette partie, on considère une suite X n n∈N∗ variables aléatoires définies sur le
¡ ¢

N
même espace probabilisé (Ω, F , P) et on suppose que, pour tout n ∈ ∗ , X n suit la loi de
Poisson de paramètre n .

1. Justifier que, pour tout n ∈ N∗, la probabilité P([X n > k]) tend vers 0 quand l’entier k
tend vers l’infini.

2. Soit n ∈ N∗ .
a) Justifier, pour tout entier naturel k, l’égalité :

n k −n
P([X n > k]) = P([X n > k − 1]) − e ·
k!

b) En utilisant le résultat précédent et une intégration par parties, établir que :

N 1 n k −t
Z
∀ k ∈ , P([X n > k]) = t e dt (2)
k! 0

3. Soit k ∈ N.
a) Préciser la limite de P([X n > k]) quand n tend vers l’infini.

n k −n
b) En utilisant (2), justifier que P([X n ≤ k]) est équivalent à e quand n tend
k!
vers l’infini.

N∗, on pose : In =
Z n
4. Pour tout n ∈ t 2n e−t dt .
0
2n + 1 2n + 1
n −n n
a) Justifier l’encadrement : e ≤ In ≤ ·
2n + 1 2n + 1
b) En déduire la limite de I n quand n tend vers l’infini.

c) Démontrer que I n est négligeable devant (2n)! quand n tend vers l’infini (on
pourra utiliser la propriété (2)).

Partie II La fonction Γ comme transformée intégrale

R
On note S l’ensemble des fonctions réelles f définies et de classe C ∞ sur + , telles que,
pour tout couple (n, p) de nombres entiers positifs ou nuls, la fonction t 7−→ t p f (n) (t ) est
R
bornée sur + .

5. Pour quelles valeurs réelles de a la fonction t 7−→ e a t est-elle un élément de S ?

Option A Mardi 17 mai, matin Page 2/5


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6. Soit k un nombre entier strictement positif et f k la fonction définie sur R+ par :


∀ t ≥ 0, f k (t ) = exp(−t k ) .

a) Montrer que, pour tout entier positif n, il existe un polynôme P k,n de R[X ] tel
que la dérivée n-ième de f k vérifie :

∀ t ≥ 0, f k(n) (t ) = P k,n (t ) f k (t ) .

b) En déduire que f k est un élément de S.

7. Montrer que, pour tout élément f de S et tout réel x > 0, la fonction t 7−→ t x−1 f (t ) est
intégrable sur ] 0, +∞ [.

Pour tout f ∈ S, on définit sur R∗+ la fonction G( f ) par :


Z +∞
∀ x > 0, G( f )(x) = t x−1 f (t ) dt (3)
0

8. a) Exprimer, pour tout entier strictement positif k, la fonction G( f k ) à l’aide de la


fonction Gamma.
b) Donner un équivalent de la fonction Γ en 0 et en déduire que, pour tout x > 0,
1
G( f k )(x) tend vers lorsque k tend vers l’infini.
x

9. Montrer que, pour tout élément f de S, la fonction G( f ) est de classe C ∞ sur ] 0, +∞ [.

10. Dans cette question, on suppose que f est une fonction à valeurs strictement posi-
tives qui appartient à S.
¡ ¢
a) Montrer que G( f ) (x) tend vers +∞ quand x tend vers +∞ .
¡ ¢
b) Montrer que G( f ) (x) est équivalent à f (0)/x quand x tend vers 0 .
c) Montrer que la fonction G( f ) admet un minimum global, atteint en un point
unique .

Partie III Application au prolongement de la fonction ζ de Riemann

Pour tout élément f de l’espace S défini dans la deuxième partie du problème, on associe
la fonction Z ( f ) définie sur ] 0, +∞ [ par :

1
Z +∞
∀ x > 0, Z ( f )(x) = t x−1 f (t ) dt (4)
Γ(x) 0

Option A Mardi 17 mai, matin Page 3/5


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11. Soit f un élément de S .


a) Montrer que la dérivée f ′ de f appartient à S et vérifie :

∀x > 0, G( f ′ )(x + 1) = − x G( f )(x) .


b) En déduire que, pour tout n ∈ N, on a :
∀x > 0, Z ( f (n) )(x + n) = (−1)n Z ( f )(x) .

c) Montrer qu’on peut définir, de manière cohérente, un prolongement Z ( f ) de


R
Z ( f ) à , en posant, pour tout nombre réel x et tout nombre entier n tel que n > − x :

Z ( f )(x) = (−1)n Z ( f (n) )(x + n) .

d) Montrer que Z ( f ), ainsi défini, est une fonction de classe C ∞ sur R et vérifie,
pour tout n ∈ :N
Z ( f )(−n) = (−1)n f (n) (0) .
( t
12. Dans cette question, on note f la fonction définie sur R+ par : f (t ) = et − 1
si t > 0
.
1 si t = 0
a) Justifier la validité des deux développements en série suivants :
+∞
f (t ) = t e−t e−nt
X
(i) ∀ t > 0 ,
n=0
1
(ii) ∀ t ≥ 0 , f (t ) = .
+∞
X tn
1+
n=1 (n + 1)!

b) Montrer que f est de classe C ∞ sur R+.


c) Pour tout nombre entier strictement positif k, montrer que la série de terme
+∞
X k −n
général n k e−n est convergente et que sa somme n e majore la valeur absolue
n=1
+∞
−nt
X
de la dérivée k-ième de la fonction t 7−→ e sur l’intervalle fermé [ 1, +∞ [.
n=0

d) En déduire que f est un élément de S.

13. On rappelle que la fonction Zêta de Riemann est définie par :


+∞ 1
ζ(x) =
X
∀ x > 1, x
(5)
n=1 n

a) Démontrer que, pour l’élément f de S défini dans la question précédente, on


a:
∀ x > 0, Z ( f )(x) = x ζ(x + 1) .
b) La propriété précédente permet de prolonger la fonction ζ à la droite réelle
privée de 1 en posant :
1
∀ x ̸= 1, ζ(x) = Z ( f )(x − 1) .
x −1

En utilisant un développement limité de f , calculer ses valeurs en Z ( f )(0) et Z ( f )(−1).

Option A Mardi 17 mai, matin Page 4/5


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Partie IV Un autre prolongement

R
Dans cette partie, P et Q désignent deux polynômes de [X ], non nuls et premiers entre
R
eux, et on note E (P,Q) l’ensemble des solutions sur de l’équation différentielle :

P y " +Q y ′ + (Q − P ) y = 0 (6)

Autrement dit, E (P,Q) est l’ensemble des fonctions réelles f deux fois dérivables sur R telles
que :
R
∀ x ∈ , P (x) f "(x) +Q(x) f ′ (x) + Q(x) − P (x) f (x) = 0 .
¡ ¢

14. a) Montrer que E (P,Q) est un R-espace vectoriel qui contient la fonction x 7−→
−x
e .
b) Montrer que, si E (P,Q) contient une fonction de la forme x 7−→ eλx avec λ ̸= −1,
les polynômes P et Q sont nécessairement constants.
c) Trouver E (P,Q) lorsque P et Q sont constants (non nuls) .

15. On suppose, dans cette question, que le polynôme P possède une unique racine réelle
R
a et on note Φ l’application linéaire de E (P,Q) dans 4 qui associe à tout élément f
de E (P,Q) le vecteur :

Φ( f ) = f (a − 1), f ′ (a − 1), f (a + 1), f ′ (a + 1) .


¡ ¢

a) En utilisant le théorème de Cauchy linéaire, montrer que l’application Φ est


injective.
b) Montrer qu’il n’existe pas d’élément f de E (P,Q) vérifiant :
(
f (a − 1) = f ′ (a − 1) = 0
·
f (a + 1) = − f ′ (a + 1) = e−(a + 1)

c) Déduire des résultats précédents que la dimension de l’espace vectoriel E (P,Q)


est au plus égale à 3.
d) Montrer que, si P (X ) = X 3 et Q(X ) = −1, la dimension de l’espace vectoriel
E (P,Q) est égale à 3.
¡x ¢
Γ
16. a) Montrer que la fonction ∆ : x 7−→ 2 , définie sur ] 0, +∞ [, vérifie la formule
Γ(x)
récursive :
∆(x)
∀ x > 0, ∆(x + 2) = ·
2(x + 1)
b) En utilisant la fonction f 2 : t 7−→ exp(−t 2 ) définie dans la deuxième partie,
R
montrer que la fonction ∆ admet un prolongement ∆ de classe C ∞ sur , vérifiant :

∀x∈ R, ∆(x) = 2 (x + 1) ∆(x + 2) .


c) Comment utiliser une équation différentielle de la forme (6) pour trouver une
formule récursive satisfaite à la fois par les fonctions constantes et par la fonction ∆ ?

Option A Mardi 17 mai, matin Page 5/5


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Banque d’Épreuves des Concours des Écoles


d’Actuariat et Statistique
Session 2022

Épreuve à option (B) : Probabilités


Durée : 4h

Le sujet est composé d’un problème, divisé en trois parties, et d’un exercice qui peuvent
être traités indépendamment. La notation tiendra largement compte de la clarté et de la
précision des réponses.

Option B Mardi 17 mai, matin Page 1/8


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Quelques rappels
• Un espace probabilisé est un triplet (Ω, A , P) où Ω est un ensemble quelconque ap-
pelé l’univers, A est une tribu de partie de Ω et P est une mesure de probabilité sur
l’espace (Ω, A ). Les éléments de A sont des sous-ensembles de Ω appelés événe-
ments.
• Dans le cas où l’univers Ω est de cardinal fini, on prend A = P (Ω), l’ensemble conte-
nant tous les sous-ensembles de Ω. Il est à noter que l’ensemble vide ; est un élé-
ment de P (Ω). La mesure de probabilité P est alors entièrement caractérisée par l’en-
semble des valeurs {P({ω}) | ω ∈ Ω} et on a

P({ω}) = 1.
X
ω∈Ω

• Une variable aléatoire discrète X est une fonction de Ω dans un ensemble fini ou
dénombrable E et telle que pour tout x ∈ E , {ω ∈ Ω | X (ω) = x} ∈ A . Son espérance est
donnée par
E(X ) = P({ω})X (ω).
X
ω∈Ω

• Inégalité de Markov − Soit X une variable aléatoire réelle définie sur un espace pro-
babilisé (Ω, A , P). Pour tout ε > 0 et k ∈ N,

E(|X |k )
P([|X | ≥ ε]) ≤ .
εk

Problème − Estimation d’une moyenne par plan de sondage


Dans ce problème, on note U = {u 1 , · · · , u N } une population de N ∈ N \ {0} individus.
Par exemple, U peut être l’ensemble des N = 16, 7 millions retraités en France (pour l’an-
née 2021). A chaque individu u i , i ∈ {1, · · · , N }, est associée une valeur numérique y i (par
exemple le revenu annuel perçut en 2021 par le retraité u i ). La moyenne des valeurs {y i | i =
1, · · · , N } est donnée par
1 X N
ȳ := yi .
N i =1
Cette valeur n’est la plupart du temps pas accessible en pratique. Dans l’exemple du revenu
annuel des retraités, il est difficile voire impossible de croiser les différentes sources de re-
venu d’un individu donné et donc de connaître l’ensemble des valeurs {y i | i = 1, · · · , N } . On
doit donc se contenter d’estimer la moyenne en effectuant un sondage auprès de la popula-
tion. Plus précisément, on choisit aléatoirement un échantillon (ou base de sondage) S ⊂ U
et on estime le revenu moyen ȳ sur la base des valeurs y i fournies par les individus apparte-
nant à la base de sondage S.

Option B Mardi 17 mai, matin Page 2/8


BÉCÉAS 2022

De manière plus formelle, l’échantillon S est choisi selon un plan de sondage qui est un
espace probabilisé (P (U ), A , P) où l’univers P (U ) est l’ensemble des parties de U (c’est-à-
dire l’ensemble de tous les sous-ensembles de U ), A est l’ensemble des parties de P (U ) et
enfin P est une mesure de probabilité sur (P (U ), A ). La probabilité de choisir un échantillon
S ⊂ U donné est donc P({S}).
Important − Il faut bien comprendre que dans un sondage, les valeurs y i , i = 1, · · · , N ne sont
pas aléatoires. L’aléa provient uniquement de choix de l’échantillon par le plan de sondage.

Partie I : Quelques plans de sondage


Exemple 1 On suppose pour commencer que U = {u 1 , u 2 , u 3 }.
I.1) Donner les 8 éléments de l’ensemble P (U ).
I.2) Donner un élément de A (celui que vous voulez)
I.3) Quelle est la valeur de la somme

P {S} .
X ¡ ¢
S∈P (U )

On suppose que pour tout S ∈ P (U ), P({S}) = card(S)/c 3 où c 3 est une constante strictement
positive.
I.4) Donner la valeur de c 3 .
On se place à présent dans le cas plus général où U = {u 1 , · · · , u N } avec N ∈ N \ {0}.
I.5) Quel est, en fonction de N , le cardinal de P (U ) ?
On suppose que pour tout S ∈ P (U ), P({S}) = card(S)/c N .
I.6) Donner, en fonction de N , la valeur de c N où c N est une constante strictement posi-
tive (vous donnerez l’expression la plus simple possible de cette constante).

Exemple 2 − Plan de sondage aléatoire simple (plan SAS) Soit n ∈ {1, · · · , N }. Le plan SAS
est l’espace probabilisé (P (U ), A , Pn(S AS) ) où la probabilité P(S
n
AS)
est définie pour tout échan-
tillon S ⊂ U par (
AS) 0 si card(S) ̸= n,
P(S
¡ ¢
n {S} :=
pn si card(S) = n.

I.7) Donner la valeur de p 1 (pour le cas n = 1) ainsi que la valeur de p N (pour le cas n = N )
AS)
qu’il faut prendre pour que P(S
n soit bien une mesure de probabilité.
I.8) Donner, en fonction de N et n, la valeur de p n .
Une méthode pour choisir aléatoirement un échantillon S ⊂ U selon le plan SAS est décrite
dans l’algorithme suivant :

Etape 1 − On choisit au hasard un individu dans la population U , chaque individu ayant la


même probabilité d’être choisi. Cet individu est noté u 1∗ .
Etape 2 − On choisit au hasard un individu dans la population U \ {u 1∗ }, chaque individu ayant
la même probabilité d’être choisi. Cet individu est noté u 2∗ .

Option B Mardi 17 mai, matin Page 3/8


BÉCÉAS 2022

···
Etape n − On choisit au hasard un individu dans la population U \ {u 1∗ , · · · , u n−1

}, chaque indi-
vidu ayant la même probabilité d’être choisi. Cet individu est noté u n∗ .

A l’issue de l’étape n, on obtient donc l’échantillon {u 1∗ , · · · , u n∗ } de taille n.

I.9) Calculer la probabilité de choisir l’individu u 1 lors de la première étape.


I.10) Calculer la probabilité de choisir l’individu u 1 lors de la première étape et l’indi-
vidu u 2 lors de la deuxième étape.
I.11) Calculer la probabilité que les individus u 1 et u 2 soient choisis à l’issue de la deuxième
étape.
I.12) En déduire que la probabilité que l’échantillon S = {u 1 , . . . , u n } soit choisi par cet
algorithme est égale à p n .

Exemple 3 − Plan de sondage de Bernoulli L’algorithme suivant permet de choisir aléatoi-


rement un échantillon selon le plan de sondage de Bernoulli.

Etape 1 − On note x 1 , · · · , x N les réalisations de N variables aléatoires X 1 , · · · , X N indépendantes


et de même loi de Bernoulli de paramètre p ∈]0, 1[.
Etape 2 − On construit l’échantillon S ⊂ U en prenant les individus u i pour lesquels x i = 1. La
taille de l’échantillon ainsi obtenu est évidemment aléatoire.

I.13) Quelle est la probabilité d’obtenir l’ensemble vide à l’issue de cet algorithme ?
I.14) Pour tout k ∈ {0, · · · , N }, donner l’expression de la probabilité d’obtenir un échan-
tillon de taille k en fonction de N , p et k (justifier votre réponse).
I.15) Pour k ∈ {0, · · · , N }, quelle est la probabilité d’obtenir l’échantillon {u 1 , . . . , u k } ?
er )
Le plan de sondage de Bernoulli est donc l’espace probabilisé (P (U ), A , P(B
p ) où la proba-
er )
bilité P(B
p est définie pour tout S ∈ P (U ) par

er )
P(B {S} = p card(S) (1 − p)N −card(S) .
¡ ¢
p

er )
On introduit la variable aléatoire Z p définie sur l’espace probabilisé (P (U ), A , P(B
p ) et telle
que pour tout S ∈ P (U ), Z p (S) = card(S).

I.16) Calculer l’espérance de Z p (vous donnerez le résultat sous sa forme la plus simple
possible).

Exemple 4 − Plan de sondage systématique Pour ce plan de sondage, l’échantillon est


choisi aléatoirement de la façon suivante : pour un pas d’échantillonnage a ∈ {1, · · · , N } fixé
par l’utilisateur, on choisit aléatoirement avec équiprobabilité un entier r dans l’ensemble
{1, · · · , a}. On obtient alors l’échantillon

© ª © ª
u r , u r +a , · · · , u r +(n−1)a = u r + j a | j ∈ {0, · · · , n − 1} ,

Option B Mardi 17 mai, matin Page 4/8


BÉCÉAS 2022

où n = ⌊(N − r )/a⌋ + 1, la fonction ⌊·⌋ étant la partie entière inférieure.


Afin de se familiariser avec ce plan de sondage, on suppose dans un premier temps que
U = {u 1 , · · · , u 10 } et que le pas d’échantillonnage est a = 3.
I.17) Donner l’ensemble des échantillons que l’on peut obtenir avec le plan de sondage
systématique.
I.18) Quelle est la probabilité d’obtenir l’échantillon {u 1 , u 5 , u 8 } ? Celle d’obtenir l’échan-
tillon {u 2 , u 5 , u 8 } ?
On se place à présent dans le cadre général d’une population U de taille N et d’un plan
systématique de pas d’échantillonnage a ∈ {1, · · · , N }.
(Sy s)
I.19) Quelle est la probabilité Pa ({S}) d’obtenir l’échantillon S ⊂ U .

Partie II − Probabilité d’inclusion


On s’intéresse ici au calcul de la probabilité d’inclusion d’un ou plusieurs individus pour
un plan de sondage (P (U ), A , P).
Pour un individu u k ∈ U donné, sa probabilité d’inclusion est la probabilité π(k) qu’un échan-
tillon S tiré selon le plan de sondage contienne u k . Autrement dit,

π(k) := P S ∈ P (U ) | u k ∈ S .
¡© ª¢

On note A k ∈ A l’événement S ∈ P (U ) | u k ∈ S . On rappelle que π(k) = P(A k ) = E(I A k ) où


© ª

I A k est la variable aléatoire définie sur (P (U ), A , P) et telle que pour tout S ∈ P (U ),


(
1 si S ∈ A k ,
I A k (S) =
0 si S ∉ A k .

Pour tout couple (k, ℓ) ∈ {1, · · · , N }2 avec k ̸= ℓ, la probabilité d’inclusion des individus u k et
u ℓ est donnée par

π(k,ℓ) := P S ∈ P (U ) | {u k , u ℓ } ⊂ S = P(A k ∩ A ℓ ) = E(I A k ∩A ℓ ).


¡© ª¢

II.1) En utilisant la formule donnant l’espérance d’une variable aléatoire (voir les rappels
en début de sujet) donner, pour tout (k, ℓ) ∈ {1, · · · , N }2 avec k ̸= ℓ, les expressions des
probabilités π(k) et π(k,ℓ) .
II.2) Pour le plan de sondage SAS (exemple 2), donner les expressions de π(k) et π(k,ℓ) en
fonction de n et N .
II.3) Pour le plan de sondage de Bernoulli (exemple 3), montrer en utilisant la réponse à
la question II.1) que pour tout k ∈ {1, · · · , N },

N
π(k) = p n (1 − p)N −n I A k (S),
X X
n=1 S∈B n

Option B Mardi 17 mai, matin Page 5/8


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où B n = {S ∈ P (U ) | card(S) = n} ∈ A .
II.4) Donner, en fonction de n et N , l’expression de la somme

I A k (S),
X
S∈B n

et en déduire l’expression de π(k) pour le plan de sondage de Bernoulli.


II.5) En vous inspirant des questions II.3) et II.4), donner l’expression de π(k,ℓ) pour le
plan de sondage de Bernoulli.
II.6) Pour le plan de sondage systématique (exemple 4), donner l’expression de π(k) en
fonction du pas d’échantillonnage a.

Partie III − Estimation de la moyenne


L’estimation de la moyenne ȳ définie dans l’introduction du problème passe par l’esti-
mation de la somme
N
X
tN = yi .
i =1

Pour estimer t N , on dispose uniquement des valeurs y i pour les individus u i qui appar-
tiennent à l’échantillon choisi selon le plan de sondage (P (U ), A , P). On introduit dans un
premier temps la variable aléatoire t̃ N définie sur l’espace probabilisé (P (U ), A , P) telle que
pour tout S ∈ P (U ),
N
y k I A k (S),
X X
t̃ N (S) = yk =
u k ∈S k=1

où A k = S ∈ P (U ) | u k ∈ S . On suppose dans toute la suite que π(k) = P(A k ) > 0 pour tout
© ª

k ∈ {1, · · · , N }.
III.1) Montrer que
N
E(t̃ N ) = π(k) y k
X
k=1

III.2) En déduire un estimateur sans biais de la moyenne ȳ.


III.3) Donner l’expression de la variance de l’estimateur sans biais trouvé à la question
précédente.

Exercice − Inégalité de Hoeffding


Soient X 1 , . . . , X n des variables aléatoires réelles définies sur le même espace probabi-
lisé (Ω, A , P). On suppose pour cet exercice que
• Les variables aléatoires X 1 , . . . , X n sont indépendantes ;
• Pour tout i ∈ {1, · · · , n}, E(X i ) = 0.

Option B Mardi 17 mai, matin Page 6/8


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• Il existe −∞ < a < 0 < b < +∞ tels que

a ≤ inf X (ω) < sup X (ω) ≤ b.


ω∈Ω ω∈Ω

En posant S n = X 1 + · · · + X n , l’objectif de cet exercice est d’obtenir l’inégalité de Hoeffding


donnée pour tout ε > 0 par

2ε2
µ ¶
P([|S n | ≥ ε) ≤ 2 exp − .
n(b − a)2

a) En utilisant la convexité de la fonction exponentielle, montrer que pour tout t ∈ R et


x ∈ [a, b],
b−x x −a
exp(t x) ≤ exp(t a) + exp(t b)
b−a b−a
b) En déduire que pour tout i ∈ {1, · · · , n} et pour tout t ∈ R,
³ ¡ ¢´
E(exp(t X i )) ≤ exp g (b − a)t ,

où g : R → R est la fonction définie pour tout y ∈ R par

a b − a exp(y)
µ ¶
g (y) = y + log
b−a b−a

c) En utilisant un développement limité, montrer que pour tout y ∈ R,

y2
g (y) ≤ sup g ′′ (y),
2 y∈R

où g ′′ est la dérivée seconde de g .


On admettra pour la suite que
1
sup g ′′ (y) ≤ .
y∈R 4
d) Déduire des questions précédentes que pour tout t ∈ R,
µ 2
nt (b − a)2
³ ´ ¶
E exp(t S n ) ≤ exp .
8

e) En utilisant l’inégalité de Markov (voir les rappels au début du sujet), montrer que
pour tout t > 0 et ε > 0, ³ ´
E exp(t S n )
P([S n ≥ ε]) ≤ .
exp(t ε)
f) En prenant t = d ε/n avec d > 0, trouver la constante M n (a, b, d , ε) telle que

P([S n ≥ ε]) ≤ M n (a, b, d , ε).

Option B Mardi 17 mai, matin Page 7/8


BÉCÉAS 2022

g) Quelle valeur de d > 0 (qui dépendra de a et b) faut-il prendre pour obtenir l’inégalité

2ε2
µ ¶
P([S n ≥ ε]) ≤ exp − .
n(b − a)2
h) Expliquer pourquoi on a également l’inégalité

2ε2
µ ¶
P([S n ≤ −ε]) ≤ exp − .
n(b − a)2

i) Déduire l’inégalité de Hoeffding des questions précédentes.

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Banque d’Épreuves des Concours des Écoles


d’Actuariat et Statistique
Session 2022

Épreuve de français
Durée : 2h

Ce texte doit être résumé en 200 mots (au sens où l’entendent les typographes ; par exem-
ple : il n’est pas, c’est-à-dire, le plus grand, comptent respectivement pour 4, 4, 3 mots). Une
marge de plus ou moins dix pour cent est tolérée. Tout dépassement de cette marge est pé-
nalisé.
Vous placerez une simple barre tous les 10 mots et une double barre tous les 50 mots.
Vous indiquerez le total des mots utilisés. Vous écrirez une ligne sur deux pour faciliter la
correction.

Français Lundi 16 mai, après-midi Page 1/3


BÉCÉAS 2022

« Ce que tu soulèves (les enfants ne doivent pas être reconnaissants de leur existence
envers leurs parents) n’est pas le point central chez Swift. D’ailleurs, nul ne prétend cela de
façon aussi sommaire. L’essentiel est dans la phrase finale : « Les parents sont, parmi tous les
êtres humains, les derniers à qui l’on devrait confier l’éducation des enfants ». Il est vrai que
cela, tout comme la démonstration conduisant à cette phrase, est formulé d’une façon bien
trop dense, et je vais donc chercher à te l’expliquer plus en détail, mais, je te répète que tout
ceci n’est que l’opinion de Swift (qui était d’ailleurs père de famille) ; mon opinion va certes
aussi dans ce sens, mais je n’ose pas être si catégorique.

Swift, donc pense : « Toute famille ne représente au départ qu’un lien animal, pour ainsi
dire un seul organisme, une seule circulation sanguine ». Elle ne peut donc, ne dépendant
que d’elle-même, se transcender, ne peut former un nouvel être humain à partir d’elle-
même ; si elle s’y essaie à travers l’éducation familiale, il s’agit d’une sorte d’inceste spirituel.

La famille est donc un organisme, mais extrêmement compliqué et déséquilibré, et comme


tout organisme, elle aspire elle aussi continûment à l’équilibre. Dans la mesure où cette aspi-
ration à l’équilibre intervient entre parents et enfants (l’équilibre entre les parents n’a pas sa
place ici), elle est nommée éducation. Ce pourquoi on l’appelle ainsi est incompréhensible,
car il n’y a pas trace d’une véritable éducation, à savoir d’un déploiement tranquille, désin-
téressé et affectueux des capacités d’un être en devenir, ou ne serait-ce que d’une tolérance
calme pour un épanouissement autonome. Il s’agit davantage d’une tentative au déroule-
ment bien souvent crispé d’équilibrer un organisme animal condamné durant de longues
années au plus sévère des déséquilibres, organisme que l’on pourra nommer, par contraste
avec l’animal humain individuel, « l’animal-famille ».

La raison de l’absolue impossibilité d’un équilibre instantané et juste (et seul un équi-
libre juste est un véritable équilibre, lui seul est durable) au sein de cet animal-famille est
l’inégalité fondamentale entre ses parties, en particulier la monstrueuse supériorité en puis-
sance du couple parental face aux enfants pendant de nombreuses années. En conséquence
de quoi, tant que les enfants sont des enfants, les parents s’octroient le droit exclusif de re-
présenter la famille, non seulement vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi dans son organisation
morale interne, retirant ainsi pas à pas aux enfants leurs droits de la personnalité, pouvant à
partir de là les rendre incapables de jamais faire valoir ces droits en bonne et due forme ; un
malheur qui, plus tard, ne frappera pas moins les parents que leurs enfants.

La différence essentielle entre éducation véritable et éducation familiale est que la pre-
mière est une affaire humaine, la seconde une affaire familiale. Au sein de l’humanité, chaque
être humain a sa place, ou a minima la possibilité de dépérir à sa façon ; dans la famille cir-
conscrite par les parents, seuls certains êtres très particuliers ont leur place, lorsqu’ils ré-
pondent à des exigences bien précises et respectent de surcroît des échéances dictées par
les parents. S’ils n’y répondent pas, ils ne sont pas rejetés – ce serait très bien, mais c’est
impossible, car il s’agit d’un seul organisme –, mais maudits, ou dévorés, ou les deux. Cette
dévoration n’a pas lieu physiquement comme dans le vieux modèle parental de mythologie
grecque (Cronos qui engloutit ses fils – le plus honnête des pères), mais peut-être Cronos
a-t-il privilégié sa méthode par rapport à celle communément en vigueur par pitié pour ses
enfants.

Français Lundi 16 mai, après-midi Page 2/3


BÉCÉAS 2022

L’égoïsme des parents – sentiment parental par excellence – ne reconnaît pas de limites.
Le plus grand amour des parents est en matière d’éducation plus égoïste que le plus petit
amour d’un éducateur appointé. Ce n’est pas possible autrement. Car les parents ne sont
pas libres vis-à-vis de leurs enfants, comme l’est d’ordinaire un adulte face à un enfant, il
s’agit de son propre sang et, lourde complication, du sang de chacun d’eux. Quand le père
(et l’équivalent est vrai pour la mère) « éduque », il rencontre chez l’enfant des choses qu’il a
déjà détestées en lui-même et n’a pas su surmonter et que, certainement, il espère désormais
surmonter, car le faible enfant paraît plus en son pouvoir que lui-même. Et c’est ainsi qu’il
plonge à pleines mains et avec une brutalité aveugle dans l’être en devenir, sans attendre son
développement, ou alors il reconnaît par exemple avec effroi qu’un trait qui lui est propre et
qu’il considère comme un signe distinctif, et qui donc (donc !) ne peut pas manquer dans la
famille (la famille !), manque chez l’enfant, et il commence à le lui faire entrer dans le crâne
à coups de marteau, ce qu’il réussit, mais qu’il rate en même temps, car ce faisant il démolit
l’enfant ; ou alors il trouve chez l’enfant des choses qu’il a aimées chez son épouse, mais qu’il
déteste chez l’enfant (qu’il ne cesse de confondre avec lui-même, tous les parents font ça),
comme on peut aimer beaucoup les yeux bleus azur de sa femme, mais être saisi d’un pro-
fond dégoût si l’on se retrouve soudain avec de pareils yeux, ou bien il trouve par exemple
chez l’enfant des choses qu’il aime en lui ou auxquelles il aspire ou considère comme essen-
tielles à la famille, et tout le reste lui indiffère alors chez l’enfant, il ne voit chez celui-ci que
l’être aimé, il s’accroche à l’être aimé, il se rabaisse et devient son esclave, il le dévore par
amour.

Voilà, enfantées par l’égoïsme, les deux méthodes éducatives des parents : tyrannie et es-
clavage à divers degrés, la tyrannie pouvant se manifester de façon très tendre (« tu dois me
croire, je suis ta mère ! ») et l’esclavage de façon très fière (« Tu es mon fils, c’est pourquoi
je vais faire de toi mon sauveur ! »), mais ce sont deux méthodes éducatives, bonnes à écra-
bouiller l’enfant à coups de talon pour le faire entrer dans le sol dont il est issu. Les parents
n’ont pour les enfants qu’un amour animal, insensé, se confondant toujours avec eux, tandis
que l’éducateur a pour l’enfant de l’attention, ce qui est sans commune mesure en termes
d’éducation, même si elle devait être dépourvue d’amour. Je le répète : en termes d’éduca-
tion, quand je qualifie l’amour parental d’animal et d’insensé, ce n’est pas en soi une dépré-
ciation, il n’en reste pas moins un mystère insondable au même titre que l’amour créateur et
sensé de l’éducateur, mais en revanche, dans une perspective éducative, cette dépréciation
ne saurait être trop forte ».

Franz Kafka, « Comment ne pas éduquer les enfants – Lettres sur la famille et autre
monstruosité »
Lettre à sa sœur Elli, datée d’automne 1921.

Français Lundi 16 mai, après-midi Page 3/3


BÉCÉAS 2022

Banque d’Épreuves des Concours des Écoles


d’Actuariat et Statistique
Session 2022

Épreuve d’anglais
Durée : 2h

L’épreuve est constituée de deux parties : un résumé et une traduction. Vous rédigerez
ces deux parties sur deux copies séparées, sur lesquelles vous indiquerez respectivement
« Anglais / résumé » et « Anglais / traduction ».

Anglais Mardi 17 mai, après-midi Page 1/3


BÉCÉAS 2022

1 Summarize this text in English in 220 words (+/- 10%)


Indicate the number of words on your exam paper.

Omicron is dealing a big blow to China’s economy


For a timely take, analysts are turning to unconventional indicators
The Economist, Apr 4th 2022
Omicron moves fast. That makes it difficult to contain—even for China, which tries to
stomp promptly on any outbreak. A cluster of infections in Shanghai, for example, has shat-
tered the city’s reputation for deft handling of the pandemic, forcing the government to im-
pose a staggered lockdown, of uncertain duration, for which it seems surprisingly ill pre-
pared.
The variant’s speed also means that China’s economic prospects are unusually hard to
track. A lot can happen in the time between a data point’s release and its reference period.
The most recent hard numbers on China’s economy refer to the two months of January and
February. Those (surprisingly good) figures already look dated, even quaint. For much of that
period, there was no war in Europe. And new covid-19 cases in mainland China averaged
fewer than 200 per day, compared with the 13,267 infections reported on April 4th. Relying
on these official economic figures is like using a rear-view mirror to steer through a chicane.
For a more timely take on China’s fast-deteriorating economy, some analysts are turning
to less conventional indicators. For example, Baidu, a popular search engine and mapping
tool, provides a daily mobility index, based on tracking the movement of smartphones. Over
the seven days to April 3rd, this index was more than 48% below its level a year ago.
The Baidu index is best suited to tracking movement between cities, says Ting Lu of No-
mura, a bank. To gauge the hustle and bustle within cities, he uses other indicators, such
as subway trips. Over the week ending April 2nd, the number of metro journeys in eight
big Chinese cities was nearly 34% below its level from a year ago. In locked-down Shanghai,
where many subway lines are now closed, the number of trips was down by nearly 93%, a
worse drop than the city suffered in early 2020.
The two numbers that worry Mr Lu the most track the economy’s distribution system,
specifically couriers and lorries. In the week ending April 1st, an index of express deliveries
by courier companies was nearly 27% below its level at a similar point last year. Over the
same period, an index of road freight compiled by Wind, a data provider, shows a fall of
12.8%. The decline looks especially stark because this indicator was increasing by more than
7% at the end of last year.
Unconventional indicators are all the more valuable in China because of doubts about
the official data. The strong figures for January and February, for example, are not only old
but odd. They suggest that investment in “fixed” assets, like infrastructure, manufacturing
facilities and property, grew by 12.2% in nominal terms, compared with a year earlier. But
that is hard to square with double-digit declines in the output of steel and cement. The re-
covery in property investment also looks peculiar alongside the fall in housing sales, starts
and land purchases. When local governments in the provinces of Shanxi, Guizhou and Inner
Mongolia said that they were double-checking their figures at the behest of the National Bu-
reau of Statistics (NBS) it became clear that the official statistics look odd even to the official
statisticians.
China’s high-frequency indicators proved their worth in the spring of 2020, during the fog
of the early pandemic. Although everyone knew the economy would suffer, forecasters were
at first timid in cutting their growth forecasts. No one knew exactly how the economy would

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BÉCÉAS 2022

react or what the NBS would be prepared to report. With the accumulation of evidence from
high-frequency data, forecasters were eventually brave enough to predict negative growth for
the first quarter of 2020. Indeed, GDP shrank by 6.8%, according to even the official figures.
The timeliness of these indicators makes them valuable in periods of flux. But they must
still be interpreted with care. “There are many traps in those numbers,” says Mr Lu. Any
short period of seven days can be distorted by idiosyncratic events, such as bad weather
or holidays. And annual growth rates can be skewed by similar idiosyncrasies a year ago.
Moreover, many of these indicators have a history of only a couple of years. Interpreting
them is therefore more art than science. What does a dramatic weekly decline in road freight
mean for quarterly GDP growth? It is impossible to say with any precision. Mr Lu was heavily
trained in econometrics when he was a PhD student at the University of California, Berkeley.
“But with only one or two years of data, if I used the kind of techniques I learned at school,
people would laugh at me.”
To help avoid some of the traps lurking in these unconventional indicators, Mr Lu and
his team watch “a bunch of numbers, instead of just one”. In a recent report he highlighted
20 indicators, ranging from asphalt production to movie-ticket sales. “If seven or eight out
of ten indicators are worsening, then we can be confident that GDP growth is getting worse,”
he says. Right now, he thinks, the direction is clear. “Something must be going very wrong.”

2 Translate the following text into French


How one oligarch used shell companies and Wall Street ties to invest in the U.S.
The New York Times, March 21, 2022
Using a network of banks, law firms and advisers in multiple countries, Roman Abramovich
invested billions in American hedge funds.
In July 2012, a shell company registered in the British Virgin Islands wired $20 million to
an investment vehicle in the Cayman Islands that was controlled by a large American hedge
fund firm.
The wire transfer was the culmination of months of work by a small army of handlers and
enablers in the United States, Europe and the Caribbean. It was a stealth operation intended,
at least in part, to mask the source of the funds: Roman Abramovich.
For two decades, the Russian oligarch has relied on this circuitous investment strategy
— deploying a string of shell companies, routing money through a small Austrian bank and
tapping the connections of leading Wall Street firms — to quietly place billions of dollars with
prominent U.S. hedge funds and private equity firms, according to people with knowledge
of the transactions.
The key was that every lawyer, corporate director, hedge fund manager and investment
adviser involved in the process could honestly say he or she wasn’t working directly for Mr.
Abramovich. In some cases, participants weren’t even aware of whose money they were help-
ing to manage.
Wealthy foreign investors like Mr. Abramovich have long been able to move money into
American funds using such secretive, roundabout setups, taking advantage of a lightly regu-
lated investment industry and Wall Street’s willingness to ask few questions about the origins
of the money.
Now, as the United States and other countries impose sanctions on those close to Pres-
ident Vladimir V. Putin of Russia, hunting down these fortunes could pose significant chal-
lenges.

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