2022 Sujets
2022 Sujets
2022 Sujets
Épreuve de mathématiques
Durée : 4h
n Z 1 o
′
et C := f ∈ E ; ∀ t ∈ [0, 1] f (t ) ⩾ 0 et f (t ) dt = 1 .
0
On considère, pour tout élément g de E , l’application Φg suivante :
C −→ R
R1
Φg : 0 f (t )g (t ) dt
f 7−→ R1 ·
0 f (t ) dt
1. Soit g ∈ E .
2. Dans cette question on suppose que, pour tout réel t ∈ [0, 1], g (t ) = t .
3. Dans cette question on suppose que, pour tout réel t ∈ [0, 1], g (t ) = et .
R∗ −→ R
h: α eα+1 − 1 .
α 7−→
α + 1 eα − 1
i. Montrer que la fonction h est prolongeable par continuité en 0.
ii. Déterminer lim h(α) et lim h(α).
α→+∞ α→−∞
(c) Prouver l’égalité : Φg (C ) =]1, e[.
4. Dans cette question on traite le cas général où l’application g est élément de E et sup-
posée non constante.
(a) Justifier l’existence d’un couple (a, b) de réels distincts de [0, 1] tel que,
pour tout t ∈ [0, 1], g (a) ⩽ g (t ) ⩽ g (b).
On suppose désormais que a et b sont dans ]0, 1[ et on note N un entier naturel
2 2
tel que 0 < b − < b + < 1.
N N
On considère, pour tout entier n ⩾ N , la fonction f n qui vaut
1 1 1 1
0 si 0 ⩽ t ⩽ b − − 2 ou b + + 2 ⩽ t ⩽ 1
n n n n
1 1
1 si ⩽t ⩽b+
b−
n n
h 1 1 1i h 1 1 1 i
et qui est affine sur les segments b − − 2 , b − et b + , b + + 2 .
n n n n n n
(b) Représenter le graphe de la fonction f n .
2
Z 1
(c) Prouver, lorsque l’entier n tend vers +∞, l’équivalence : · f n (t ) dt ∼
0 n
(d) Prouver l’existence d’un réel K > 0 (ne dépendant que de g ) tel que, pour tout
entier n ⩾ N ,
Z b− n1 K
Z 1 K
f n (t )g (t ) dt ⩽ 2 et f n (t )g (t ) dt ⩽ ·
0 n b+ n1 n2
n
2. Établir, pour tout (n, p) ∈ N × N∗ , l’égalité : a(n, p + 1) =
X
a(n − k, p).
k=0
à !
n +p −1
3. Établir, pour tout (n, p) ∈ N × N , l’égalité : a(n, p) =
∗
.
p −1
¡ ∗ ¢p
! ∈ N × N , le nombre de p-listes (x 1 , x 2 , . . . , x p ) ∈ N
∗
4. En déduire que, pour tout à (n, p)
p
X n −1
telles que x i = n vaut .
i =1 p −1
On munit, pour tout entier naturel n non nul, l’ensemble Ω des parties à n éléments de J1, 2n K
de la tribu pleine et de la probabilité uniforme notée P.
On appelle bloc d’une partie A élément de Ω, tout sous-ensemble de A de la forme Ja, b K
où
1 ⩽ a ⩽ b ⩽ 2n avec (a = 1 ou a − 1 ∉ A) et (b = 2n ou b + 1 ∉ A).
Par exemple, dans le cas où n = 3, la partie (de J1, 6K) {1, 2, 5} a deux blocs (J1, 2K et {5}) alors
que, dans le cas où n = 4 la partie (de J1, 8K) {2, 4, 6, 7} a trois blocs ({2}, {4} et J6, 7K).
On note, pour tout entier naturel n non nul, X n la variable aléatoire qui, à chaque partie A
à n éléments de J1, 2n K, associe le nombre de blocs de A. La variable X 1 est donc constante
égale à 1.
6. Soit n ∈ N∗ .
¡n−1¢ ¡n+1¢
k−1 k
(c) En déduire, pour tout entier k ∈ J1, n K, l’égalité : P (X n = k) = ¡2n ¢ ·
n
(d) i. Calculer l’espérance de la variable X n .
ii. Calculer la variance de la variable X n .
8. Soit n ∈ N∗ . On lance 2n fois une pièce équilibrée et on note (ε1 , ε2 , . . . , ε2n ) la suite
de résultats obtenus (avec εi = 1 (resp. 0) si le i -ème lancer a donné pile (resp. face)).
Quelle est la probabilité d’obtenir une telle suite comportant n fois le 1 avec exacte-
ment k blocs de 1 ?
R
qu’elle est continue sur ∗+ et qu’elle vérifie la formule récursive Γ(x +1) = x Γ(x), valable
pour tout réel strictement positif x.
Cette fonction intervient à maintes reprises dans la suite.
L’énoncé est divisé en quatre parties largement indépendantes, que les candidats ne sont
pas tenus de traiter dans l’ordre.
L’évaluation des copies sera étroitement liée à la rigueur des raisonnements et à une uti-
lisation dûment justifiée du cours. Une présentation soignée sera appréciée, une présentation
par trop négligée sanctionnée.
Dans cette partie, on considère une suite X n n∈N∗ variables aléatoires définies sur le
¡ ¢
N
même espace probabilisé (Ω, F , P) et on suppose que, pour tout n ∈ ∗ , X n suit la loi de
Poisson de paramètre n .
1. Justifier que, pour tout n ∈ N∗, la probabilité P([X n > k]) tend vers 0 quand l’entier k
tend vers l’infini.
2. Soit n ∈ N∗ .
a) Justifier, pour tout entier naturel k, l’égalité :
n k −n
P([X n > k]) = P([X n > k − 1]) − e ·
k!
N 1 n k −t
Z
∀ k ∈ , P([X n > k]) = t e dt (2)
k! 0
3. Soit k ∈ N.
a) Préciser la limite de P([X n > k]) quand n tend vers l’infini.
n k −n
b) En utilisant (2), justifier que P([X n ≤ k]) est équivalent à e quand n tend
k!
vers l’infini.
N∗, on pose : In =
Z n
4. Pour tout n ∈ t 2n e−t dt .
0
2n + 1 2n + 1
n −n n
a) Justifier l’encadrement : e ≤ In ≤ ·
2n + 1 2n + 1
b) En déduire la limite de I n quand n tend vers l’infini.
c) Démontrer que I n est négligeable devant (2n)! quand n tend vers l’infini (on
pourra utiliser la propriété (2)).
R
On note S l’ensemble des fonctions réelles f définies et de classe C ∞ sur + , telles que,
pour tout couple (n, p) de nombres entiers positifs ou nuls, la fonction t 7−→ t p f (n) (t ) est
R
bornée sur + .
a) Montrer que, pour tout entier positif n, il existe un polynôme P k,n de R[X ] tel
que la dérivée n-ième de f k vérifie :
∀ t ≥ 0, f k(n) (t ) = P k,n (t ) f k (t ) .
7. Montrer que, pour tout élément f de S et tout réel x > 0, la fonction t 7−→ t x−1 f (t ) est
intégrable sur ] 0, +∞ [.
10. Dans cette question, on suppose que f est une fonction à valeurs strictement posi-
tives qui appartient à S.
¡ ¢
a) Montrer que G( f ) (x) tend vers +∞ quand x tend vers +∞ .
¡ ¢
b) Montrer que G( f ) (x) est équivalent à f (0)/x quand x tend vers 0 .
c) Montrer que la fonction G( f ) admet un minimum global, atteint en un point
unique .
Pour tout élément f de l’espace S défini dans la deuxième partie du problème, on associe
la fonction Z ( f ) définie sur ] 0, +∞ [ par :
1
Z +∞
∀ x > 0, Z ( f )(x) = t x−1 f (t ) dt (4)
Γ(x) 0
d) Montrer que Z ( f ), ainsi défini, est une fonction de classe C ∞ sur R et vérifie,
pour tout n ∈ :N
Z ( f )(−n) = (−1)n f (n) (0) .
( t
12. Dans cette question, on note f la fonction définie sur R+ par : f (t ) = et − 1
si t > 0
.
1 si t = 0
a) Justifier la validité des deux développements en série suivants :
+∞
f (t ) = t e−t e−nt
X
(i) ∀ t > 0 ,
n=0
1
(ii) ∀ t ≥ 0 , f (t ) = .
+∞
X tn
1+
n=1 (n + 1)!
R
Dans cette partie, P et Q désignent deux polynômes de [X ], non nuls et premiers entre
R
eux, et on note E (P,Q) l’ensemble des solutions sur de l’équation différentielle :
P y " +Q y ′ + (Q − P ) y = 0 (6)
Autrement dit, E (P,Q) est l’ensemble des fonctions réelles f deux fois dérivables sur R telles
que :
R
∀ x ∈ , P (x) f "(x) +Q(x) f ′ (x) + Q(x) − P (x) f (x) = 0 .
¡ ¢
14. a) Montrer que E (P,Q) est un R-espace vectoriel qui contient la fonction x 7−→
−x
e .
b) Montrer que, si E (P,Q) contient une fonction de la forme x 7−→ eλx avec λ ̸= −1,
les polynômes P et Q sont nécessairement constants.
c) Trouver E (P,Q) lorsque P et Q sont constants (non nuls) .
15. On suppose, dans cette question, que le polynôme P possède une unique racine réelle
R
a et on note Φ l’application linéaire de E (P,Q) dans 4 qui associe à tout élément f
de E (P,Q) le vecteur :
Le sujet est composé d’un problème, divisé en trois parties, et d’un exercice qui peuvent
être traités indépendamment. La notation tiendra largement compte de la clarté et de la
précision des réponses.
Quelques rappels
• Un espace probabilisé est un triplet (Ω, A , P) où Ω est un ensemble quelconque ap-
pelé l’univers, A est une tribu de partie de Ω et P est une mesure de probabilité sur
l’espace (Ω, A ). Les éléments de A sont des sous-ensembles de Ω appelés événe-
ments.
• Dans le cas où l’univers Ω est de cardinal fini, on prend A = P (Ω), l’ensemble conte-
nant tous les sous-ensembles de Ω. Il est à noter que l’ensemble vide ; est un élé-
ment de P (Ω). La mesure de probabilité P est alors entièrement caractérisée par l’en-
semble des valeurs {P({ω}) | ω ∈ Ω} et on a
P({ω}) = 1.
X
ω∈Ω
• Une variable aléatoire discrète X est une fonction de Ω dans un ensemble fini ou
dénombrable E et telle que pour tout x ∈ E , {ω ∈ Ω | X (ω) = x} ∈ A . Son espérance est
donnée par
E(X ) = P({ω})X (ω).
X
ω∈Ω
• Inégalité de Markov − Soit X une variable aléatoire réelle définie sur un espace pro-
babilisé (Ω, A , P). Pour tout ε > 0 et k ∈ N,
E(|X |k )
P([|X | ≥ ε]) ≤ .
εk
De manière plus formelle, l’échantillon S est choisi selon un plan de sondage qui est un
espace probabilisé (P (U ), A , P) où l’univers P (U ) est l’ensemble des parties de U (c’est-à-
dire l’ensemble de tous les sous-ensembles de U ), A est l’ensemble des parties de P (U ) et
enfin P est une mesure de probabilité sur (P (U ), A ). La probabilité de choisir un échantillon
S ⊂ U donné est donc P({S}).
Important − Il faut bien comprendre que dans un sondage, les valeurs y i , i = 1, · · · , N ne sont
pas aléatoires. L’aléa provient uniquement de choix de l’échantillon par le plan de sondage.
P {S} .
X ¡ ¢
S∈P (U )
On suppose que pour tout S ∈ P (U ), P({S}) = card(S)/c 3 où c 3 est une constante strictement
positive.
I.4) Donner la valeur de c 3 .
On se place à présent dans le cas plus général où U = {u 1 , · · · , u N } avec N ∈ N \ {0}.
I.5) Quel est, en fonction de N , le cardinal de P (U ) ?
On suppose que pour tout S ∈ P (U ), P({S}) = card(S)/c N .
I.6) Donner, en fonction de N , la valeur de c N où c N est une constante strictement posi-
tive (vous donnerez l’expression la plus simple possible de cette constante).
Exemple 2 − Plan de sondage aléatoire simple (plan SAS) Soit n ∈ {1, · · · , N }. Le plan SAS
est l’espace probabilisé (P (U ), A , Pn(S AS) ) où la probabilité P(S
n
AS)
est définie pour tout échan-
tillon S ⊂ U par (
AS) 0 si card(S) ̸= n,
P(S
¡ ¢
n {S} :=
pn si card(S) = n.
I.7) Donner la valeur de p 1 (pour le cas n = 1) ainsi que la valeur de p N (pour le cas n = N )
AS)
qu’il faut prendre pour que P(S
n soit bien une mesure de probabilité.
I.8) Donner, en fonction de N et n, la valeur de p n .
Une méthode pour choisir aléatoirement un échantillon S ⊂ U selon le plan SAS est décrite
dans l’algorithme suivant :
···
Etape n − On choisit au hasard un individu dans la population U \ {u 1∗ , · · · , u n−1
∗
}, chaque indi-
vidu ayant la même probabilité d’être choisi. Cet individu est noté u n∗ .
I.13) Quelle est la probabilité d’obtenir l’ensemble vide à l’issue de cet algorithme ?
I.14) Pour tout k ∈ {0, · · · , N }, donner l’expression de la probabilité d’obtenir un échan-
tillon de taille k en fonction de N , p et k (justifier votre réponse).
I.15) Pour k ∈ {0, · · · , N }, quelle est la probabilité d’obtenir l’échantillon {u 1 , . . . , u k } ?
er )
Le plan de sondage de Bernoulli est donc l’espace probabilisé (P (U ), A , P(B
p ) où la proba-
er )
bilité P(B
p est définie pour tout S ∈ P (U ) par
er )
P(B {S} = p card(S) (1 − p)N −card(S) .
¡ ¢
p
er )
On introduit la variable aléatoire Z p définie sur l’espace probabilisé (P (U ), A , P(B
p ) et telle
que pour tout S ∈ P (U ), Z p (S) = card(S).
I.16) Calculer l’espérance de Z p (vous donnerez le résultat sous sa forme la plus simple
possible).
© ª © ª
u r , u r +a , · · · , u r +(n−1)a = u r + j a | j ∈ {0, · · · , n − 1} ,
π(k) := P S ∈ P (U ) | u k ∈ S .
¡© ª¢
Pour tout couple (k, ℓ) ∈ {1, · · · , N }2 avec k ̸= ℓ, la probabilité d’inclusion des individus u k et
u ℓ est donnée par
II.1) En utilisant la formule donnant l’espérance d’une variable aléatoire (voir les rappels
en début de sujet) donner, pour tout (k, ℓ) ∈ {1, · · · , N }2 avec k ̸= ℓ, les expressions des
probabilités π(k) et π(k,ℓ) .
II.2) Pour le plan de sondage SAS (exemple 2), donner les expressions de π(k) et π(k,ℓ) en
fonction de n et N .
II.3) Pour le plan de sondage de Bernoulli (exemple 3), montrer en utilisant la réponse à
la question II.1) que pour tout k ∈ {1, · · · , N },
N
π(k) = p n (1 − p)N −n I A k (S),
X X
n=1 S∈B n
où B n = {S ∈ P (U ) | card(S) = n} ∈ A .
II.4) Donner, en fonction de n et N , l’expression de la somme
I A k (S),
X
S∈B n
Pour estimer t N , on dispose uniquement des valeurs y i pour les individus u i qui appar-
tiennent à l’échantillon choisi selon le plan de sondage (P (U ), A , P). On introduit dans un
premier temps la variable aléatoire t̃ N définie sur l’espace probabilisé (P (U ), A , P) telle que
pour tout S ∈ P (U ),
N
y k I A k (S),
X X
t̃ N (S) = yk =
u k ∈S k=1
où A k = S ∈ P (U ) | u k ∈ S . On suppose dans toute la suite que π(k) = P(A k ) > 0 pour tout
© ª
k ∈ {1, · · · , N }.
III.1) Montrer que
N
E(t̃ N ) = π(k) y k
X
k=1
2ε2
µ ¶
P([|S n | ≥ ε) ≤ 2 exp − .
n(b − a)2
a b − a exp(y)
µ ¶
g (y) = y + log
b−a b−a
y2
g (y) ≤ sup g ′′ (y),
2 y∈R
e) En utilisant l’inégalité de Markov (voir les rappels au début du sujet), montrer que
pour tout t > 0 et ε > 0, ³ ´
E exp(t S n )
P([S n ≥ ε]) ≤ .
exp(t ε)
f) En prenant t = d ε/n avec d > 0, trouver la constante M n (a, b, d , ε) telle que
g) Quelle valeur de d > 0 (qui dépendra de a et b) faut-il prendre pour obtenir l’inégalité
2ε2
µ ¶
P([S n ≥ ε]) ≤ exp − .
n(b − a)2
h) Expliquer pourquoi on a également l’inégalité
2ε2
µ ¶
P([S n ≤ −ε]) ≤ exp − .
n(b − a)2
Épreuve de français
Durée : 2h
Ce texte doit être résumé en 200 mots (au sens où l’entendent les typographes ; par exem-
ple : il n’est pas, c’est-à-dire, le plus grand, comptent respectivement pour 4, 4, 3 mots). Une
marge de plus ou moins dix pour cent est tolérée. Tout dépassement de cette marge est pé-
nalisé.
Vous placerez une simple barre tous les 10 mots et une double barre tous les 50 mots.
Vous indiquerez le total des mots utilisés. Vous écrirez une ligne sur deux pour faciliter la
correction.
« Ce que tu soulèves (les enfants ne doivent pas être reconnaissants de leur existence
envers leurs parents) n’est pas le point central chez Swift. D’ailleurs, nul ne prétend cela de
façon aussi sommaire. L’essentiel est dans la phrase finale : « Les parents sont, parmi tous les
êtres humains, les derniers à qui l’on devrait confier l’éducation des enfants ». Il est vrai que
cela, tout comme la démonstration conduisant à cette phrase, est formulé d’une façon bien
trop dense, et je vais donc chercher à te l’expliquer plus en détail, mais, je te répète que tout
ceci n’est que l’opinion de Swift (qui était d’ailleurs père de famille) ; mon opinion va certes
aussi dans ce sens, mais je n’ose pas être si catégorique.
Swift, donc pense : « Toute famille ne représente au départ qu’un lien animal, pour ainsi
dire un seul organisme, une seule circulation sanguine ». Elle ne peut donc, ne dépendant
que d’elle-même, se transcender, ne peut former un nouvel être humain à partir d’elle-
même ; si elle s’y essaie à travers l’éducation familiale, il s’agit d’une sorte d’inceste spirituel.
La raison de l’absolue impossibilité d’un équilibre instantané et juste (et seul un équi-
libre juste est un véritable équilibre, lui seul est durable) au sein de cet animal-famille est
l’inégalité fondamentale entre ses parties, en particulier la monstrueuse supériorité en puis-
sance du couple parental face aux enfants pendant de nombreuses années. En conséquence
de quoi, tant que les enfants sont des enfants, les parents s’octroient le droit exclusif de re-
présenter la famille, non seulement vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi dans son organisation
morale interne, retirant ainsi pas à pas aux enfants leurs droits de la personnalité, pouvant à
partir de là les rendre incapables de jamais faire valoir ces droits en bonne et due forme ; un
malheur qui, plus tard, ne frappera pas moins les parents que leurs enfants.
La différence essentielle entre éducation véritable et éducation familiale est que la pre-
mière est une affaire humaine, la seconde une affaire familiale. Au sein de l’humanité, chaque
être humain a sa place, ou a minima la possibilité de dépérir à sa façon ; dans la famille cir-
conscrite par les parents, seuls certains êtres très particuliers ont leur place, lorsqu’ils ré-
pondent à des exigences bien précises et respectent de surcroît des échéances dictées par
les parents. S’ils n’y répondent pas, ils ne sont pas rejetés – ce serait très bien, mais c’est
impossible, car il s’agit d’un seul organisme –, mais maudits, ou dévorés, ou les deux. Cette
dévoration n’a pas lieu physiquement comme dans le vieux modèle parental de mythologie
grecque (Cronos qui engloutit ses fils – le plus honnête des pères), mais peut-être Cronos
a-t-il privilégié sa méthode par rapport à celle communément en vigueur par pitié pour ses
enfants.
L’égoïsme des parents – sentiment parental par excellence – ne reconnaît pas de limites.
Le plus grand amour des parents est en matière d’éducation plus égoïste que le plus petit
amour d’un éducateur appointé. Ce n’est pas possible autrement. Car les parents ne sont
pas libres vis-à-vis de leurs enfants, comme l’est d’ordinaire un adulte face à un enfant, il
s’agit de son propre sang et, lourde complication, du sang de chacun d’eux. Quand le père
(et l’équivalent est vrai pour la mère) « éduque », il rencontre chez l’enfant des choses qu’il a
déjà détestées en lui-même et n’a pas su surmonter et que, certainement, il espère désormais
surmonter, car le faible enfant paraît plus en son pouvoir que lui-même. Et c’est ainsi qu’il
plonge à pleines mains et avec une brutalité aveugle dans l’être en devenir, sans attendre son
développement, ou alors il reconnaît par exemple avec effroi qu’un trait qui lui est propre et
qu’il considère comme un signe distinctif, et qui donc (donc !) ne peut pas manquer dans la
famille (la famille !), manque chez l’enfant, et il commence à le lui faire entrer dans le crâne
à coups de marteau, ce qu’il réussit, mais qu’il rate en même temps, car ce faisant il démolit
l’enfant ; ou alors il trouve chez l’enfant des choses qu’il a aimées chez son épouse, mais qu’il
déteste chez l’enfant (qu’il ne cesse de confondre avec lui-même, tous les parents font ça),
comme on peut aimer beaucoup les yeux bleus azur de sa femme, mais être saisi d’un pro-
fond dégoût si l’on se retrouve soudain avec de pareils yeux, ou bien il trouve par exemple
chez l’enfant des choses qu’il aime en lui ou auxquelles il aspire ou considère comme essen-
tielles à la famille, et tout le reste lui indiffère alors chez l’enfant, il ne voit chez celui-ci que
l’être aimé, il s’accroche à l’être aimé, il se rabaisse et devient son esclave, il le dévore par
amour.
Voilà, enfantées par l’égoïsme, les deux méthodes éducatives des parents : tyrannie et es-
clavage à divers degrés, la tyrannie pouvant se manifester de façon très tendre (« tu dois me
croire, je suis ta mère ! ») et l’esclavage de façon très fière (« Tu es mon fils, c’est pourquoi
je vais faire de toi mon sauveur ! »), mais ce sont deux méthodes éducatives, bonnes à écra-
bouiller l’enfant à coups de talon pour le faire entrer dans le sol dont il est issu. Les parents
n’ont pour les enfants qu’un amour animal, insensé, se confondant toujours avec eux, tandis
que l’éducateur a pour l’enfant de l’attention, ce qui est sans commune mesure en termes
d’éducation, même si elle devait être dépourvue d’amour. Je le répète : en termes d’éduca-
tion, quand je qualifie l’amour parental d’animal et d’insensé, ce n’est pas en soi une dépré-
ciation, il n’en reste pas moins un mystère insondable au même titre que l’amour créateur et
sensé de l’éducateur, mais en revanche, dans une perspective éducative, cette dépréciation
ne saurait être trop forte ».
Franz Kafka, « Comment ne pas éduquer les enfants – Lettres sur la famille et autre
monstruosité »
Lettre à sa sœur Elli, datée d’automne 1921.
Épreuve d’anglais
Durée : 2h
L’épreuve est constituée de deux parties : un résumé et une traduction. Vous rédigerez
ces deux parties sur deux copies séparées, sur lesquelles vous indiquerez respectivement
« Anglais / résumé » et « Anglais / traduction ».
react or what the NBS would be prepared to report. With the accumulation of evidence from
high-frequency data, forecasters were eventually brave enough to predict negative growth for
the first quarter of 2020. Indeed, GDP shrank by 6.8%, according to even the official figures.
The timeliness of these indicators makes them valuable in periods of flux. But they must
still be interpreted with care. “There are many traps in those numbers,” says Mr Lu. Any
short period of seven days can be distorted by idiosyncratic events, such as bad weather
or holidays. And annual growth rates can be skewed by similar idiosyncrasies a year ago.
Moreover, many of these indicators have a history of only a couple of years. Interpreting
them is therefore more art than science. What does a dramatic weekly decline in road freight
mean for quarterly GDP growth? It is impossible to say with any precision. Mr Lu was heavily
trained in econometrics when he was a PhD student at the University of California, Berkeley.
“But with only one or two years of data, if I used the kind of techniques I learned at school,
people would laugh at me.”
To help avoid some of the traps lurking in these unconventional indicators, Mr Lu and
his team watch “a bunch of numbers, instead of just one”. In a recent report he highlighted
20 indicators, ranging from asphalt production to movie-ticket sales. “If seven or eight out
of ten indicators are worsening, then we can be confident that GDP growth is getting worse,”
he says. Right now, he thinks, the direction is clear. “Something must be going very wrong.”