Oser Avec Audace (French Edition) - B09ZFCVX66 - EBOK - Nodrm
Oser Avec Audace (French Edition) - B09ZFCVX66 - EBOK - Nodrm
Oser Avec Audace (French Edition) - B09ZFCVX66 - EBOK - Nodrm
, LMSW
Auteure des best-sellers La grâce de l’imperfection et Braver sa nature
sauvage
ISBN 978-2-89793-231-2
ISBN Epub 978-2-89793-232-9
Reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation de la maison d’édition est illégal.
Toute reproduction ou utilisation d’un extrait du fichier Epub ou PDF de ce livre autre qu’un
téléchargement autorisé par l’éditeur constitue une infraction aux droits d’auteur passible de
poursuites pénales ou civiles.
À Steve
Tu fais du monde
un meilleur endroit,
et de moi,
une personne plus brave.
Ce que signifie
oser avec audace
Mes aventures
dans l’arène
Si vous ne savez rien de moi d’après mes autres livres, mon blog ou les
vidéos TED qui ont une circulation virale en ligne, laissez-moi vous mettre
à jour. Si, par ailleurs, vous vous sentez déjà un peu nauséeux à la seule
mention d’un thérapeute, sautez ce chapitre au complet et allez directement
à l’annexe qui traite de mon processus de recherche. J’ai passé ma vie
entière à tenter d’échapper à la vulnérabilité et à la déjouer. Je suis une
Texane de la cinquième génération dont la devise est « verrouiller et
charger », alors je combats mon aversion pour l’incertitude et l’exposition
émotionnelle honnêtement (et génétiquement). Vers l’époque de l’école
intermédiaire1, soit le moment où la plupart d’entre nous commençons à
lutter contre la vulnérabilité, je me suis mise à développer et à affiner mes
talents d’évitement de la vulnérabilité.
Au fil du temps, j’ai tout essayé du numéro de la « bonne fille » avec ma
« prière de performer parfaitement » au « poète qui fume des clous de
girofle », à l’activiste en colère, à l’arriviste corporatif et à la fêtarde hors de
contrôle. De prime abord, cela peut sembler être des phases raisonnables du
développement, sinon prévisibles, mais elles étaient plus que cela pour moi.
Toutes mes phases étaient différentes armures qui m’empêchaient de
devenir trop impliquée et trop vulnérable. Chaque stratégie était érigée sur
la même prémisse : Garde chacun à bonne distance et prévois toujours une
stratégie de sortie.
Outre ma peur de la vulnérabilité, j’ai aussi hérité d’un cœur immense et
d’une empathie active. Alors, à la fin de ma vingtaine, j’ai quitté un poste
de direction chez AT&T, trouvé un emploi de serveuse et tenancière de bar,
et je suis retournée aux études pour devenir travailleuse sociale. Quand j’ai
remis ma démission à ma patronne chez AT&T, je n’oublierai jamais sa
réponse : « Laisse-moi deviner. Tu t’en vas pour devenir une travailleuse
sociale ou une VJ2 à l’émission Headbanger’s Ball de MTV ? »
Comme bien des gens attirés par le travail social, j’aimais l’idée de
réparer les gens et les systèmes. Après que j’ai obtenu mon diplôme de
baccalauréat (BSW3) et que je terminais ma maîtrise (MSW4), cependant,
j’ai réalisé qu’en travail social, il ne s’agissait pas de réparer. Cela
concernait et concerne encore surtout de contextualiser et de « saisir les
occasions ». Le travail social se résume surtout à se pencher vers l’inconfort
de l’ambiguïté et de l’incertitude, et à garder un espace ouvert à l’empathie
de sorte que les gens puissent trouver leur propre voie. En un mot,
embrouillé.
Comme je tâchais de figurer comment faire fonctionner une carrière en
travail social, j’ai été frappée par un énoncé de l’un de mes professeurs de
recherche. « Si vous ne pouvez pas le mesurer, cela n’existe pas. » Il a
expliqué qu’à l’encontre des autres cours du programme, la recherche est
axée sur la prédiction et le contrôle. J’étais époustouflée. Vous voulez dire
qu’au lieu de m’appuyer et de tenir, je pouvais passer ma carrière à prédire
et à contrôler ? J’avais trouvé ma vocation.
Ce que j’ai gardé de plus sûr de mon BSW, ma MSW et de mon Ph.D. en
travail social est ceci : la connexion est la raison pour laquelle nous sommes
ici. Nous sommes programmés pour nous connecter aux autres, c’est ce qui
confère un but et un sens à nos vies, et sans connexion, il y a de la
souffrance. Je voulais élaborer une recherche qui explique l’anatomie de la
connexion.
Étudier la connexion était une idée simple, mais avant de m’en rendre
compte, j’ai été détournée par les participants à ma recherche qui, lorsque
interrogés sur leurs relations les plus importantes et leurs expériences de
connexion, ne cessaient de parler de rupture, de trahison et de honte – la
peur de ne pas être digne d’une connexion réelle. Nous, les humains, avons
tendance à définir les choses par ce qu’elles ne sont pas, en particulier pour
nos expériences émotionnelles.
Donc, par accident, je suis devenue chercheuse de la honte et de
l’empathie, et j’ai passé six ans à développer une théorie qui explique ce
qu’est la honte, comment elle fonctionne, et comment nous cultivons la
résilience en réponse à notre croyance que nous ne sommes pas assez – que
nous ne sommes pas dignes d’amour et d’appartenance. En 2006, j’ai
réalisé qu’en plus de comprendre la honte, je devais en concevoir l’envers :
« Qu’ont en commun les gens qui sont le plus résilients face à la honte, qui
croient en leur valeur – je les appelle les Sans réserve – ? »
J’espérais ardemment que la réponse à cette question soit : « Ce sont des
chercheurs sur la honte. Pour être Sans réserve, vous devez en connaître un
bon bout sur la honte. » Mais j’avais tort. Comprendre la honte n’est qu’une
variable qui contribue à être Sans réserve, une manière de s’engager avec le
monde d’un endroit de valeur. Dans La grâce de l’imperfection, j’ai défini
dix « balises » pour vivre Sans réserve qui indiquent les tâches Sans réserve
à cultiver et en quoi elles aident à lâcher prise.
1. Cultiver l’authenticité : Lâcher prise sur ce que les autres
pensent.
2. Cultiver la compassion envers soi : Lâcher prise sur le
perfectionnisme.
3. Cultiver un esprit résilient : Lâcher prise sur l’engourdissement et
l’impuissance.
4. Cultiver la reconnaissance et la joie : Lâcher prise sur le manque
et la peur du noir.
5. Cultiver l’intuition et s’en remettre à la foi : Lâcher prise sur le
besoin de certitude.
6. Cultiver la créativité : Lâcher prise sur les comparaisons.
7. Cultiver le jeu et le repos : Lâcher prise sur l’épuisement comme
symbole de réussite et sur la productivité comme valeur de soi.
8. Cultiver le calme et l’immobilité : Lâcher prise sur l’angoisse
comme mode de vie.
9. Cultiver un travail porteur de sens : Lâcher prise sur le doute de
soi et les « devrais ».
10. Cultiver le rire, la chanson et la danse : Lâcher prise sur être cool
et « toujours en contrôle ».
En analysant les données, je me suis rendu compte que j’avais environ
deux sur dix dans ma propre vie quand il s’agit de vivre Sans réserve.
C’était personnellement désastreux. C’est arrivé quelques semaines avant
mon quarante et unième anniversaire, et a déclenché l’effondrement de ma
quarantaine. Il se trouve que comprendre intellectuellement ces enjeux n’est
pas synonyme de les vivre et de les aimer de tout cœur.
J’ai écrit en détail dans La grâce de l’imperfection ce que signifie être
Sans réserve et la dépression le réveil spirituel qui a suivi cette réalisation.
Mais je veux ici partager la définition de vivre Sans réserve et les cinq
thèmes les plus importants qui sont issus des données et m’ont menée aux
percées dont je fais part dans ce livre. Vous aurez alors une idée de ce qui
va suivre.
Vivre Sans réserve signifie s’engager dans notre vie avec dignité. C’est
cultiver le courage, la compassion, la connexion et pouvoir se lever le matin
en pensant : Peu importe ce qui sera fait et combien ne le sera pas encore,
je suis à la hauteur. C’est aller au lit le soir en se disant : Oui, je suis
imparfait et vulnérable, et même parfois effrayé, mais cela ne change rien
au fait que je suis également courageux, digne d’amour et d’appartenance.
Cette définition est basée sur ces idéaux fondamentaux :
1. L’amour et l’appartenance sont les besoins irréductibles de tous,
hommes, femmes et enfants. Nous sommes programmés pour la
connexion, c’est ce qui donne un but et un sens à notre vie.
L’absence d’amour, d’appartenance et de connexion engendre
toujours la souffrance.
2. Si l’on divise approximativement les hommes et les femmes que
j’ai interviewés en deux groupes – ceux qui ont un sens profond
de l’amour et de l’appartenance, et ceux qui luttent pour le
ressentir – il n’y a qu’une variable qui sépare les deux groupes.
Ceux qui se sentent aimables, qui aiment et qui connaissent
l’appartenance croient simplement qu’ils sont dignes d’amour et
d’appartenance. Leur vie n’est ni meilleure ni plus facile, ils
n’ont pas moins de problèmes avec la dépendance ou la
dépression, et ils n’ont pas survécu à moins de traumatismes, ou
de faillites, ou de divorces, mais au milieu de toutes ces luttes, ils
ont développé des pratiques qui leur permettent de s’accrocher à
la conviction qu’ils sont dignes d’amour, d’appartenance et
même de joie.
3. Une croyance solide en notre valeur n’arrive pas tout
bonnement – elle est cultivée lorsque nous comprenons les
balises comme étant des choix et des pratiques quotidiennes.
4. Le principal motif des hommes et des femmes Sans réserve est de
vivre une vie définie par le courage, la compassion et la
connexion.
5. Les personnes Sans réserve identifient la vulnérabilité comme
étant un catalyseur de courage, de compassion et de connexion.
En fait, la volonté d’être vulnérable est ressortie comme étant la
seule valeur la plus évidente partagée par toutes les femmes et
tous les hommes que je décrirais Sans réserve. Ils attribuent toute
chose – de leur réussite professionnelle à leur mariage et à leurs
plus fiers moments en tant que parents – à leur capacité d’être
vulnérables.
J’ai écrit sur la vulnérabilité dans mes livres précédents, en fait, il y a
même un chapitre à ce sujet dans ma dissertation. Dès le début de ma
recherche, embrasser la vulnérabilité s’est détaché comme une catégorie
importante. J’ai également compris les relations entre la vulnérabilité et les
autres émotions que j’ai étudiées. Mais dans ces livres précédents, j’ai
présumé que les relations entre la vulnérabilité et différentes notions comme
la honte, l’appartenance et la valeur étaient des coïncidences. Ce n’est
qu’après douze années5 à creuser de plus en plus profondément dans ce
travail que j’ai finalement compris le rôle qu’elle tient dans nos vies. La
vulnérabilité est le noyau, le cœur et le centre des expériences humaines
significatives.
Cette nouvelle information a créé un dilemme majeur pour moi
personnellement. D’une part, comment pouvez-vous parler de l’importance
de la vulnérabilité de manière honnête et sensée sans être vulnérable ?
D’autre part, comment pouvez-vous être vulnérable sans sacrifier votre
légitimité à titre de chercheuse ? En toute honnêteté, je crois que
l’accessibilité émotionnelle est un déclencheur de honte pour les chercheurs
et les universitaires. Très tôt dans notre formation, on nous enseigne qu’une
bonne distance et l’inaccessibilité contribuent au prestige, et que si vous
êtes trop approchable, vos diplômes sont remis en question. Bien qu’être
qualifié de pédant soit une insulte dans presque tous les milieux, dans la
tour d’ivoire on nous enseigne à porter l’étiquette pédant comme une
armure.
Comment risquerais-je d’être vraiment vulnérable et de raconter des
histoires sur mon propre parcours boiteux au cours de cette recherche sans
paraître instable ? Et qu’en est-il de mon armure professionnelle ?
Mon moment « d’oser avec audace », comme Theodore Roosevelt a
enjoint les citoyens de faire, est venu en juin 2010 quand j’ai été invitée à
parler à TEDxHouston, qui est l’un des nombreux événements organisés
indépendamment sur le modèle de TED – un organisme sans but lucratif qui
s’intéresse aux domaines de la technologie, du divertissement et du design,
et se consacre aux « Idées dignes de diffusion ». TED et ses organisateurs
rassemblent « les penseurs et les gens d’action les plus fascinants au
monde » et les mettent au défi de donner le discours de leur vie en dix-huit
minutes ou moins.
Les programmateurs de TEDxHouston étaient différents de tous les
organisateurs d’événements que j’ai connus. Convoquer un chercheur sur la
honte et la vulnérabilité rend les organisateurs quelque peu nerveux et en
oblige quelques-uns à devenir normatifs quant au contenu de la conférence.
Quand j’ai demandé aux gens de TEDx de quoi ils voulaient que je parle, ils
ont répondu : « Nous aimons votre travail. Parlez de n’importe quoi qui
vous fait sentir extraordinaire. Faites votre affaire. Nous sommes
reconnaissants de partager la journée avec vous. » En réalité, je ne sais pas
comment ils ont pris la décision de me laisser faire mon affaire, parce
qu’avant cette conférence, je ne savais pas que j’avais une affaire.
J’aimais la liberté de cette invitation et je la détestais. De nouveau je
faisais chevaucher la tension entre me laisser aller à l’inconfort et trouver
refuge chez mes vieux amis : la prévisibilité et le contrôle. J’ai décidé d’y
aller. En vérité, je n’avais aucune idée de ce dans quoi je m’embarquais.
Ma décision d’oser avec audace ne provenait pas tant de ma confiance en
moi que de la foi dans ma recherche. Je sais que je suis une bonne
chercheuse et je savais que les conclusions que j’avais tirées des données
étaient valides et fiables. La vulnérabilité m’emmènerait là où je voulais ou
là où j’avais besoin d’aller. Je me suis aussi convaincue que ce n’était pas
vraiment une grosse affaire. C’est Houston, une foule de mon patelin. Dans
le pire des cas, cinq cents et quelques personnes regardant la transmission
en direct vont penser que je suis folle.
Le matin suivant la conférence, je me suis réveillée avec le pire
lendemain de veille de vulnérabilité de ma vie. Vous savez, ce sentiment au
réveil quand tout semble bien aller et que le souvenir de vous être ouverte
vous envahit et vous voulez vous cacher sous les couvertures ? Qu’est-ce
que j’ai fait ? Cinq cents personnes croient officiellement que je suis folle et
c’est merdique. J’ai oublié de mentionner deux choses importantes. Est-ce
qu’une de mes diapositives portait le mot dépression pour renforcer
l’histoire que je n’aurais pas dû dire en premier lieu ? Je dois quitter la
ville.
Mais il n’y avait nulle part où m’enfuir. Six mois après la conférence,
j’ai reçu un courriel des programmateurs de TEDxHouston me félicitant
parce que ma conférence allait être offerte au site Web principal de TED. Je
savais que c’était une bonne chose, un honneur convoité même, mais j’étais
terrifiée. Premièrement, je me faisais à peine à l’idée que « seulement » cinq
cents personnes me croyaient folle. Deuxièmement, dans une culture
peuplée de critiques et de cyniques, je m’étais toujours sentie plus en
sécurité dans ma carrière en volant sous le radar. En rétrospective, je ne suis
pas certaine de la façon dont j’aurais répondu à ce courriel si j’avais su
qu’avoir une vidéo devenir virale sur la vulnérabilité et l’importance de se
laisser être vu me ferait me sentir si inconfortablement (et ironiquement)
vulnérable et exposée.
Aujourd’hui, cette conférence est l’une des plus visionnées sur
TED.com, avec plus de cinq millions d’accès et des traductions offertes en
trente-huit langues. Je ne l’ai jamais regardée. Je suis contente de l’avoir
fait, mais ça me rend encore réellement mal à l’aise.
De la façon que je le vois, 2010 a été l’année de la conférence
TEDxHouston et 2011 a été celle de joindre l’action à la parole,
littéralement. J’ai traversé le pays en parlant à des groupes allant
d’entreprises Fortune 500 à des conseillers de leadership, et des militaires, à
des avocats, des groupes de parents et des commissions scolaires. En 2012,
j’ai été invitée à donner une autre conférence au centre principal de TED à
Long Beach, Californie. Pour moi, la conférence de 2012 était l’occasion de
présenter le travail qui a littéralement été le fondement et le tremplin de
toute ma recherche – j’ai parlé de la honte et de comment nous devons la
comprendre et y travailler si nous voulons réellement oser avec audace.
L’expérience de partager ma recherche m’a amenée à écrire ce livre. À la
suite de discussions avec mon éditeur au sujet de la possibilité d’un livre sur
les affaires et/ou d’un livre sur la parentalité, plus un livre pour les
enseignants, j’ai réalisé que le besoin se limitait à un seul livre parce que,
peu importe où j’allais ou avec qui je parlais, les problèmes fondamentaux
étaient les mêmes : la peur, le désengagement et le désir de plus de courage.
Mes conférences d’entreprise portent presque toujours sur le leadership
inspiré ou sur la créativité et l’innovation. Les problèmes les plus
significatifs dont chacun me parle, des cadres supérieurs aux dirigeants,
découlent du désengagement, de l’absence de rétroaction, de la peur de
demeurer pertinent au sein du changement rapide et du besoin de clarté des
objectifs. Si nous voulons rallumer l’innovation et la passion, nous devons
réhumaniser le travail. Lorsque la honte devient un style de gestion,
l’engagement meurt. Lorsque l’échec n’est pas une option, nous pouvons
oublier l’apprentissage, la créativité et l’innovation.
Quand il s’agit de parentage, la pratique de classer les mères et les pères
comme étant bons ou mauvais est à la fois répandue et corrosive, et elle
situe le parentage sur le terrain miné de la honte. La véritable question pour
les parents devrait être : « Êtes-vous engagés ? Portez-vous attention ? » Si
c’est le cas, prévoyez faire des tas d’erreurs et prendre de mauvaises
décisions. Les moments de parentage imparfait se transforment en cadeaux
quand nos enfants nous regardent tenter de trouver ce qui a dévié et ce que
nous pouvons faire de mieux la prochaine fois. Le mandat n’est pas d’être
parfaits et d’élever des enfants heureux. La perfection n’existe pas et j’ai
découvert que ce qui rend les enfants heureux ne les prépare pas toujours à
être des adultes courageux et engagés. La même chose s’applique aux
écoles. Je n’ai pas rencontré un seul problème qui n’est pas attribué à une
combinaison de désengagement des parents, des enseignants, de
l’administration et/ou des élèves, et au conflit des intervenants en
concurrence luttant pour définir un objectif.
J’ai constaté que le défi le plus difficile et le plus satisfaisant de mon
travail consiste à être à la fois cartographe et voyageuse. Mes cartes, ou mes
théories, sur la résilience à la honte, la sincérité Sans réserve et la
vulnérabilité n’ont pas été tirées des expériences de mes propres voyages,
mais des données que j’ai recueillies au cours des douze dernières années –
les expériences de milliers d’hommes et de femmes qui forgent des voies
dans la direction où moi-même et bien d’autres voulons amener nos vies.
Au fil des ans, j’ai appris qu’un cartographe précautionneux et confiant
ne fait pas un voyageur rapide. Je trébuche et je tombe, et je me retrouve
toujours à changer de parcours. Et même si je tente de suivre une carte que
j’ai tracée, bien des fois, la frustration et le doute prennent le dessus, alors
je froisse la carte et je l’enfonce dans le tiroir fourre-tout de la cuisine. Ce
n’est pas un trajet facile de l’insoutenable à l’exquis, mais pour moi, chaque
pas en a valu la peine.
Ce que nous partageons tous, ce sur quoi j’ai passé les dernières années à
m’entretenir avec des dirigeants, des parents et des éducateurs, est la vérité
qui forme le cœur de ce livre : Ce que nous savons importe, mais qui nous
sommes importe davantage.
Être plutôt que savoir nécessite de se présenter et de se laisser voir. Cela
nécessite d’oser avec audace, d’être vulnérable. La première étape de cette
aventure est de comprendre où nous sommes, à quoi nous sommes
confrontés et où nous devons aller. Je crois que nous pouvons le faire au
mieux en examinant notre culture du « jamais assez » omniprésente.
L’insuffisance
du « jamais assez »
Après avoir fait ce travail au cours des douze dernières années et avoir
observé l’insuffisance bafouer nos familles, nos organisations et nos
communautés, je dirais que nous avons une chose en commun : nous
sommes dégoûtés d’avoir peur. Nous voulons oser avec audace. Nous
sommes fatigués de la conversation à l’échelle nationale axée sur « Que
devrions-nous craindre ? » et « Qui devrions-nous blâmer ? » Nous voulons
tous être braves.
Pour moi, et pour nombre d’entre nous, notre première pensée au réveil
est « je n’ai pas assez dormi ». La suivante est « je n’ai pas assez de
temps. » Que ce soit vrai ou pas, cette pensée de pas assez nous vient
automatiquement avant même que l’on songe à la questionner ou à
l’examiner. Nous passons le plus clair des heures et des jours de notre
vie à écouter, expliquer, déplorer, ou à nous inquiéter de ce que nous
n’avons pas suffisamment… Avant même de nous asseoir sur notre lit,
avant que nos pieds ne touchent le sol, nous sommes déjà inadéquats,
déjà en retard, déjà perdants, déjà en manque de quelque chose. Et
quand vient le temps d’aller au lit le soir, notre esprit défile une litanie
de ce que nous n’avons pas obtenu, ou pas fait ce jour-là. Nous nous
endormons épuisés sous le fardeau de ces pensées et nous éveillons à
cette rêverie du manque... Cette condition intérieure de l’insuffisance,
cet état d’esprit de l’insuffisance, réside au cœur même de nos jalousies,
de notre cupidité, de nos préjudices, et de nos disputes avec la vie... (43-
45).
L’insuffisance (scarcity) est le problème du « jamais assez ». Le mot
scarce provient du vieux français normand scars, qui signifie « réduit en
quantité » (c. 1300). L’insuffisance se développe dans une culture où tout le
monde est hyper-conscient du manque. Tout, de la sécurité à l’amour, à
l’argent et aux ressources semble restreint ou manquant. Nous passons des
quantités de temps démesurées à calculer combien nous avons, voulons et
n’avons pas, et combien tous les autres possèdent, ont besoin et veulent.
Ce qui fait que cette évaluation et cette comparaison constantes sont si
autodestructrices est que nous comparons souvent nos vies, nos mariages,
nos familles et nos communautés à des versions de perfection
inatteignables, véhiculées par les médias, ou nous mesurons notre réalité
contre notre propre récit fictif de la réussite de quelqu’un d’autre. La
nostalgie est aussi une forme de comparaison dangereuse. Pensez à combien
de fois nous comparons nous-mêmes et nos vies à un souvenir que la
nostalgie a tellement changé qu’il n’a jamais réellement existé. « Souviens-
toi quand… » « C’était le bon temps… »
► LA SOURCE DE L’INSUFFISANCE
L’insuffisance ne se répand pas dans une culture du jour au lendemain.
Mais le sens de l’insuffisance grandit dans des cultures sujettes à la honte
qui sont profondément engagées dans la comparaison et fracturées par le
désengagement. (Par une culture sujette à la honte, je n’entends pas que
nous sommes honteux de notre identité collective, mais que nous sommes
assez nombreux aux prises avec l’enjeu de la valeur qui façonne notre
culture.)
Au cours des dix dernières années, j’ai été témoin de changements
majeurs dans l’esprit du temps de notre pays. Je l’ai vu dans les données et,
honnêtement, je l’ai vu dans le visage des gens que je rencontre, que
j’interroge et à qui je parle. Le monde n’a jamais été un endroit facile, mais
la dernière décennie a été traumatisante pour tant de gens qu’elle a
provoqué des changements dans notre culture. Depuis le 11 septembre
2001, les nombreuses guerres et la récession aux désastres naturels
catastrophiques et à l’augmentation de la violence gratuite et des tueries
dans les écoles, nous avons survécu et survivons encore à des événements
qui ont mis en pièces notre sentiment de sécurité avec une telle force que
nous les avons vécus comme des traumas même sans être directement
impliqués. Et quand il s’agit du nombre ahurissant de ceux qui sont sans
emploi ou en sous-emploi, je crois que chacun d’entre nous a été touché
directement ou de près par quelqu’un dans cette situation.
S’inquiéter de l’insuffisance est notre version culturelle du stress post-
traumatique. Cela survient quand nous en avons trop fait, et plutôt que de
nous réunir pour guérir (ce qui exige de la vulnérabilité), nous sommes en
colère, apeurés et à couteaux tirés. Ce n’est pas seulement la culture élargie
qui souffre : j’ai trouvé que la même dynamique se produit dans la culture
familiale, la culture du travail, la culture scolaire et la culture
communautaire. Et elles partagent toutes la même formule de honte, de
comparaison et de désengagement. L’insuffisance se reproduit dans ces
conditions et se perpétue jusqu’à ce qu’une masse critique de gens
commencent à faire des choix différents et qu’ils refaçonnent les cultures
plus modestes auxquelles ils appartiennent.
Une façon de concevoir les trois éléments de l’insuffisance et la manière
dont ils influencent la culture est de réfléchir aux questions suivantes. En
lisant les questions, il est utile de garder en tête toute culture ou système
social où vous appartenez, que ce soit votre classe, votre famille, votre
communauté ou peut-être votre équipe de travail.
1. La honte : La peur du ridicule ou d’être dénigré est-elle utilisée
pour gérer les gens et/ou les garder à leur place ? L’estime de soi
est-elle liée à l’accomplissement, à la productivité ou à la
conformité ? Le blâme et l’accusation sont-ils la norme ?
L’humiliation et les insultes sont-elles généralisées ? Et le
favoritisme ? Le perfectionnisme est-il un enjeu ?
2. La comparaison : Une saine compétition peut être bénéfique,
mais y a-t-il constamment une comparaison et un classement
ouverts ou cachés ? La créativité est-elle étouffée ? Les gens
sont-ils tenus à une norme étroite plutôt qu’être reconnus pour
leurs talents uniques et leurs contributions ? Y a-t-il une manière
d’être idéale ou une forme de talent qui sert à mesurer la valeur
de tous les autres ?
3. Le désengagement : Les gens ont-ils peur de prendre des risques
ou d’essayer de nouvelles choses ? Est-il plus facile de rester
tranquille que de raconter des histoires, des expériences et des
idées ? Semble-t-il que personne ne porte attention ou n’écoute ?
Chacun peine-t-il à être vu et entendu ?
Quand je regarde ces questions et que je pense à notre culture élargie,
aux médias et au paysage socio-économique-politique, ma réponse est OUI,
OUI et OUI !
Quand je pense à ma famille dans le contexte de ces questions, je sais
que ce sont exactement les enjeux que mon mari, Steve, et moi-même
tâchons de surmonter chaque jour. J’emploie le mot surmonter parce que
pour entretenir une relation, ou élever une famille, ou créer une culture
organisationnelle, ou diriger une école, ou inspirer une communauté
confessionnelle, tout cela d’une façon diamétralement opposée aux normes
culturelles induites par l’insuffisance, il faut de la conscience, de
l’engagement et du travail… chaque jour. La culture élargie applique
constamment de la pression, et à moins que nous soyons prêts à la repousser
et à nous battre pour ce en quoi nous croyons, y faire défaut devient un état
d’insuffisance. Nous sommes appelés à « oser avec audace » chaque fois
que nos choix défient le climat social de l’insuffisance.
L’approche contraire à vivre dans l’insuffisance n’est pas l’abondance.
En fait, je crois que l’abondance et l’insuffisance sont les deux côtés de la
même pièce. Le contraire de « jamais assez » n’est pas l’abondance ou
« plus que vous ne pouvez l’imaginer ». Le contraire de l’insuffisance est
assez, ou ce que j’appelle la sincérité. Comme je l’ai expliqué dans
l’introduction, il existe de nombreux principes de sincérité, mais au cœur
même de celle-ci, il y a la vulnérabilité et la valeur : faire face à
l’incertitude, à l’exposition et aux risques émotionnels, et savoir que je suis
assez.
Si vous revenez aux trois groupes de questions sur l’insuffisance que je
viens d’inscrire et que vous vous demandez si vous seriez prêt à être
vulnérable ou à oser avec audace dans toute occasion définie par ces
valeurs, la réponse pour la plupart d’entre nous est un non retentissant. Si
vous vous demandez si ces conditions conduisent à cultiver la valeur, la
réponse est encore non. Les plus grandes victimes de la culture de
l’insuffisance sont notre volonté d’assumer nos vulnérabilités et notre
capacité à nous engager avec le monde à partir d’un lieu de valeur.
Après avoir fait ce travail au cours des douze dernières années et avoir
observé l’insuffisance bafouer nos familles, nos organisations et nos
communautés, je dirais qu’une chose que nous avons en commun : nous
sommes dégoûtés d’avoir peur. Nous voulons tous être braves. Nous
voulons oser avec audace. Nous sommes fatigués de la conversation à
l’échelle nationale axée sur « Que devrions-nous craindre ? » et « Qui
devrions-nous blâmer ? »
Au prochain chapitre, nous parlerons des mythes de la vulnérabilité qui
nourrissent l’insuffisance et de la manière dont le courage commence en
nous présentant et en nous laissant être vus.
6 - Un martinet, un fouet.
Chapitre 2
Quand nous étions enfants, nous croyions que lorsque nous serions
grands, nous ne serions plus vulnérables. Mais grandir est accepter
la vulnérabilité. Être en vie est être vulnérable.
– Madeleine L’Engle
La définition et les exemples que vous venez de lire facilitent la tâche de
faire sauter le deuxième mythe de la vulnérabilité. Je ne peux pas vous citer
combien de fois j’ai entendu les gens dire : « Sujet intéressant mais je ne
pratique pas la vulnérabilité. » C’est souvent étayé par une explication de
genre ou professionnelle : « Je suis ingénieur, nous détestons la
vulnérabilité. » « Je suis avocat, nous mangeons de la vulnérabilité au petit-
déjeuner. » « Les gars ne pratiquent pas la vulnérabilité. » Ne vous en faites
pas, je comprends. Je ne suis ni un gars, ni ingénieur, ni avocat, mais j’ai
prononcé exactement ces mots une centaine de fois. Malheureusement, il
n’y a pas de carte de « sortie gratuitement de la vulnérabilité ». Nous ne
pouvons pas choisir de sortir de l’incertitude, du risque et de l’exposition
émotionnelle qui se tissent dans nos expériences quotidiennes. La vie est
vulnérable.
Revenez à la liste d’exemples. Il y a les enjeux d’être en vie, d’être dans
une relation, d’être connecté. Même si nous choisissons de rester en dehors
des relations et que nous optons pour une déconnexion comme forme de
protection, nous sommes tout de même vivants, ce qui veut dire que la
vulnérabilité se manifeste. Quand nous fonctionnons en vertu de la
croyance que « nous ne pratiquons pas la vulnérabilité », il est extrêmement
utile de nous poser les questions suivantes. Si nous ne savons pas
honnêtement les réponses, nous pouvons demander bravement à un
proche – il aura probablement une réponse (même si nous ne voulons pas
l’entendre).
1. Que faire quand je me sens émotionnellement exposé ?
2. Comment me comporter quand je me sens très mal à l’aise et
incertain ?
3. À quel point est-ce que je consens à prendre des risques
émotionnels ?
Avant d’entreprendre ce travail, mes réponses honnêtes auraient été :
1. Effrayée, en colère, critique, contrôlante, perfectionniste,
inventant une certitude.
2. Effrayée, en colère, critique, contrôlante, perfectionniste,
inventant une certitude.
3. Au travail, très réticente si la critique, le jugement, le blâme ou la
honte était possible. Prendre des risques émotionnels avec les
gens que j’aime était toujours teinté de la peur que quelque chose
de négatif survienne – un total rabat-joie que nous explorerons au
chapitre 4 : « L’arsenal de la vulnérabilité ».
Ce processus du questionnement est utile parce que, comme vous
pouvez voir par mes réponses, peu importe notre disposition à pratiquer la
vulnérabilité, elle nous pratique. Quand nous prétendons pouvoir éviter la
vulnérabilité, nous adoptons des comportements qui sont souvent
incompatibles avec qui nous voulons être. Vivre la vulnérabilité n’est pas
un choix – le seul choix que nous ayons est comment nous allons réagir
quand nous sommes confrontés à l’incertitude, au risque et à l’exposition
émotionnelle. À titre d’admiratrice du groupe Rush, l’endroit semble tout
indiqué pour inclure un extrait de leur chanson Freewill : « Si vous
choisissez de ne pas décider, vous avez quand même fait un choix. »
Au chapitre 4, nous examinerons de près les comportements conscients
et inconscients que nous utilisons pour nous protéger quand nous croyons
que nous ne « pratiquons pas la vulnérabilité. »
S’en sortir seul est une valeur que nous tenons en haute estime dans
notre culture, ironiquement même quand il s’agit de cultiver une connexion.
Je comprends l’attraction, j’ai cet individualisme sauvage dans mon ADN.
En fait, l’une de mes chansons favorites sur le thème de quitte-moi-fais-
moi-mal-personne-nepeut-me-blesser est « Here I Go Again » de
Whitesnake. Si vous êtes d’un certain âge, je gagerais de l’argent que vous
avez déjà descendu la fenêtre et chanté de manière provocante : « Et me
revoici de nouveau seul… Comme un vagabond je suis né pour marcher
seul… » Si Whitesnake ne vous plaît pas, il y a des hymnes sur ce sujet de
tous les genres imaginables. En réalité, marcher seul peut sembler misérable
et déprimant, mais nous admirons la force que cela transmet, et s’en sortir
seul est vénéré dans notre culture.
Autant que j’aime l’idée de marcher seule dans une rue de rêve
pittoresque, le chemin de la vulnérabilité n’est pas le genre de parcours
qu’on peut faire seul. Nous avons besoin de soutien. Nous avons besoin de
gens qui nous laisseront expérimenter de nouvelles façons d’être sans nous
juger. Nous avons besoin d’une main qui nous relèvera quand nous sommes
projetés par terre dans l’arène (et si nous menons une vie courageuse, cela
se produira). Au cours de ma recherche, les participants ont souligné très
clairement leur besoin de soutien, d’encouragement et parfois d’aide
professionnelle en se réengageant à la vulnérabilité et à leur vie
émotionnelle. La plupart d’entre nous sommes habiles à donner de l’aide,
mais quand il s’agit de vulnérabilité, nous devons aussi demander de l’aide.
Dans La grâce de l’imperfection, j’écris : « Tant qu’on ne peut pas
recevoir avec un cœur ouvert, on ne peut jamais réellement donner avec un
cœur ouvert. Quand on porte un jugement sur le fait de recevoir de l’aide,
on porte un jugement, conscient ou non, sur le fait de donner de l’aide. »
Nous avons tous besoin d’aide. Je sais que je n’aurais pas pu y arriver sans
appuis, dont mon mari Steve, une extraordinaire thérapeute, une pile de
livres d’un kilomètre de haut, des amis et des membres de la famille qui
étaient sur un chemin semblable. La vulnérabilité engendre la vulnérabilité ;
le courage est contagieux.
Il y a, en fait, une recherche très convaincante sur le leadership qui soutient
l’idée qu’il est essentiel de demander du soutien et que la vulnérabilité et le
courage sont contagieux. Dans un article de 2011 du Harvard Business
Review, Peter Fuda et Richard Badham utilisent une série de métaphores
pour explorer comment les leaders suscitent et maintiennent le changement.
L’une des métaphores est la boule de neige. La boule de neige se met à
rouler lorsqu’un leader est disposé à être vulnérable avec ses subordonnés.
Leur recherche démontre que ce geste de vulnérabilité est, de manière
prévisible, perçu comme courageux par les membres de l’équipe et en
inspire d’autres à en faire autant.
Soutenir la métaphore de la boule de neige est l’histoire de Clynton, le
directeur général d’une vaste entreprise allemande qui s’est rendu compte
que le style de leadership de la direction empêchait les principaux directeurs
de prendre des initiatives. Les chercheurs expliquent : « Il aurait pu
travailler en privé à changer son comportement – mais il s’est plutôt levé à
une assemblée annuelle de ses soixante principaux directeurs, a reconnu ses
torts et a présenté ses tâches personnelles et organisationnelles. Il a admis
ne pas avoir toutes les réponses et a demandé à son équipe de l’aide pour
diriger l’entreprise. » Ayant étudié la transformation qui a suivi cet
événement, les chercheurs rapportent que l’efficacité de Clynton a
augmenté, que son équipe s’est épanouie, que l’initiative et l’innovation
croissaient, que son organisation a continué d’avoir un meilleur rendement
que des compétiteurs plus importants.
Semblables à l’histoire ci-dessus, mes plus grandes transformations
personnelles et professionnelles ont eu lieu quand je me suis mise à poser
des questions difficiles sur la façon dont ma peur d’être vulnérable me
retenait et quand j’ai trouvé le courage de partager ma difficulté et de
demander de l’aide. Après avoir fui la vulnérabilité, j’ai découvert
qu’apprendre à se pencher sur le malaise de l’incertitude, du risque et de
l’exposition émotionnelle était un processus pénible.
Je croyais que je pouvais choisir de ne pas me sentir vulnérable, alors
quand c’est arrivé – quand le téléphone a sonné avec des nouvelles
inimaginables, ou quand j’ai été effrayée, ou quand j’ai aimé si férocement
que plutôt que d’éprouver de la gratitude et de la joie, je ne pouvais que me
préparer à perdre – je contrôlais les choses. Je gérais les situations et je
microgérais les gens autour de moi. J’ai performé jusqu’à ce qu’il n’y ait
plus d’énergie à sentir. Je rendais certain l’incertain, peu importe le coût. Je
suis restée si occupée que la vérité de ma souffrance et de ma peur ne
pouvait jamais prendre le dessus. J’avais l’air brave de l’extérieur et je me
sentais effrayée à l’intérieur.
Lentement, j’ai appris que ce bouclier était trop lourd à trimbaler et que
la seule chose qu’il faisait vraiment était de m’empêcher de me connaître
moi-même et de me laisser connaître. Cette protection réclamait que je
demeure petite et tranquille derrière elle de sorte de ne pas attirer l’attention
sur mes imperfections et mes vulnérabilités. C’était épuisant.
Je me souviens d’un moment très tendre de cette année-là, quand Steve
et moi étions couchés par terre à regarder Ellen faire une série de
mouvements de danse fous, les bras en l’air en claquant ses genoux, et des
culbutes. J’ai regardé Steve et j’ai dit : « N’est-ce pas curieux que je l’aime
tellement plus d’être si vulnérable et désinhibée et loufoque. Je ne pourrais
jamais faire ça. Peux-tu imaginer savoir que tu es aimé à ce point ? » Steve
m’a regardée et a ajouté : « Je t’aime exactement comme ça. »
Honnêtement, en tant que personne qui risquait rarement la vulnérabilité et
se tenait toujours à l’écart d’être sotte ou loufoque, il ne m’est jamais
apparu que les adultes pouvaient s’aimer l’un l’autre de cette façon, que je
pouvais être aimée pour mes vulnérabilités et non malgré elles.
Tout l’amour et le soutien que j’ai reçus – spécialement de Steve et de
Diana, ma thérapeute – m’ont permis de lentement prendre plus de risques,
de me présenter de nouvelles façons au travail et à la maison. J’ai pris plus
de chances et essayé de nouvelles choses, comme raconter des histoires. J’ai
appris à établir de nouvelles limites et à dire non, même quand j’étais
terrifiée de décevoir un ami ou de rater une occasion professionnelle que
j’allais regretter. Jusqu’ici, je n’ai pas regretté un seul non.
Pour revenir au discours de Roosevelt « L’homme dans l’arène », j’ai
aussi appris que les gens qui m’aiment, ceux de qui je dépends réellement,
n’étaient jamais les critiques qui me pointaient du doigt quand je trébuchais.
Ils n’étaient pas du tout dans les estrades. Ils étaient avec moi dans l’arène.
Luttant pour moi et avec moi.
Rien n’a transformé ma vie davantage que de réaliser la perte de temps
qu’est d’évaluer ma valeur en mesurant la réaction des individus dans les
estrades. Les gens qui m’aiment et qui seront là peu importe le résultat sont
à portée de main. Cette réalisation a tout changé. C’est l’épouse, la mère et
l’amie que je m’efforce d’être maintenant. Je veux que notre demeure soit
un endroit où nous pouvons être nous-mêmes, notre moi le plus brave et
notre moi le plus craintif. Où nous pratiquons des conversations difficiles et
partageons nos moments honteux à l’école et au travail. Je veux regarder
Steve et mes enfants, et dire : « Je suis avec vous. Dans l’arène. Et en cas
d’échec, nous échouerons ensemble, en osant avec audace. » Nous ne
pouvons simplement pas apprendre seuls à être plus vulnérables et
courageux. Parfois, le premier et le plus grand défi est de demander du
soutien.
Comprendre et
combattre la honte
(alias l’entraînement
du guerrier Ninja Gremlin)
La honte tire son pouvoir du fait d’être indicible. C’est pourquoi elle aime
les perfectionnistes – c’est si facile de nous faire taire. Si nous cultivons
suffisamment de sensibilisation face à la honte pour la nommer et en parler,
nous lui avons fondamentalement coupé l’herbe sous le pied. La honte
déteste qu’on l’enveloppe de mots. Si nous parlons de honte, elle se met à
flétrir. Tout comme l’exposition à la lumière était mortelle pour les
gremlins, le langage et l’histoire apportent de la lumière à la honte et la
détruisent.
(Si vous êtes certain que la honte ne s’applique pas à vous, poursuivez
votre lecture. Je vais clarifier le sujet dans les quelques pages suivantes.)
Je commence chaque conférence, article et chapitre sur la honte avec les
1-2-3 de la honte, ou les trois premières choses que vous devez savoir sur la
honte de sorte que vous continuiez d’écouter :
1. Nous l’avons tous. La honte est universelle et l’une des émotions
humaines les plus primitives que nous éprouvions. Les seules
personnes qui ne connaissent pas la honte n’ont pas la capacité
d’empathie et de connexion humaine. Voici votre choix :
confessez que vous éprouvez de la honte ou admettez que vous
êtes un sociopathe. Note brève : c’est la seule fois où la honte
semble être une bonne option.
2. Nous craignons tous de parler de la honte.
3. Moins nous parlons de la honte, plus elle exerce un contrôle sur
nos vies.
Il y a une ou deux façons très utiles de réfléchir à la honte.
Premièrement, la honte est la peur de la déconnexion. Nous sommes
psychologiquement, émotionnellement, cognitivement et spirituellement
programmés pour la connexion, l’amour et l’appartenance. La connexion,
avec l’amour et l’appartenance (deux expressions de la connexion), est ce
pourquoi nous sommes ici et c’est ce qui donne un but et un sens à notre
vie. La honte est la peur de la déconnexion – c’est la peur que quelque
chose que nous avons fait ou omis de faire, qu’un idéal que nous n’avons
pas respecté ou qu’un but que nous n’avons pas atteint nous rende indigne
de connexion. Je ne suis pas digne ou assez bon pour l’amour,
l’appartenance ou la connexion. Je ne suis pas aimable, je n’appartiens pas.
Voici la définition de la honte qui a émergé de ma recherche :
► FURIEUX OU FERMÉ
Tout comme le père qui fustige son fils artiste en herbe ou le coach qui
donne du fil à retordre à son joueur, les femmes peuvent aussi être très dures
envers les autres femmes. Nous sommes dures envers les autres parce que
nous le sommes envers nous-mêmes. C’est exactement ainsi que le
jugement fonctionne. Trouver quelqu’un à abaisser, à juger ou à critiquer
devient une façon de nous sortir de la toile ou d’attirer l’attention loin de
notre boîte. Si vous faites pire que moi dans quelque chose, je crois que mes
chances de survie sont meilleures.
Steve et moi nous sommes rencontrés quand nous étions secouristes et
entraîneurs de natation. La règle d’or du secourisme est d’utiliser tous les
moyens possibles avant de sauter à l’eau et d’essayer de tirer quelqu’un
hors de l’eau. Même si vous êtes bon nageur et que la personne à aider est
deux fois plus petite que vous, une personne désespérée fera n’importe quoi
pour se sauver elle-même – pour respirer un coup – y compris vous noyer
dans sa tentative pour survivre. La même chose s’applique aux femmes et à
la toile de la honte. Nous sommes si désespérées d’en sortir et de rester en
dehors de la honte que nous traitons constamment les gens autour de nous
comme des proies plus méritantes.
Ce qui est ironique (ou peut-être est-ce naturel) est que la recherche nous
dit que nous jugeons les gens dans des domaines où nous sommes
vulnérables à la honte, surtout quand on cible ceux qui font pire que nous.
Si je me sens bien dans mon rôle de parent, je n’ai pas d’intérêt à juger les
choix des autres. Si je me sens bien dans mon corps, je ne me promène pas
en riant du poids ou de l’apparence des gens. Nous sommes durs les uns
envers les autres parce que nous nous servons d’eux comme d’un tremplin
pour notre propre déficience honteuse perçue. C’est blessant et inefficace, et
si vous vous penchez sur la culture de la méchante fille dans les écoles
secondaires, c’est aussi contagieux. Nous avons transmis ce mécanisme de
survie contrefait à nos enfants.
Dans mes interviews avec des enseignants et des administrateurs
d’écoles, deux modèles se sont dégagés qui traitent directement de cette
question. Le premier modèle rapporté par les professeurs et les directeurs
était que souvent les enfants qui adoptent des comportements d’intimidation
ou qui rivalisent pour un rang social en descendant les autres ont des
parents qui utilisent les mêmes comportements. Au sujet des filles,
l’expression qui ressortait des interviews était : « Les parents ne sont pas
troublés par les comportements de leurs filles, ils sont fiers d’elles parce
qu’elles sont populaires. » Un directeur d’école a comparé ce comportement
à celui des pères qui demandent d’abord : « Eh bien, a-t-il au moins gagné
le combat ? »
L’autre modèle, qui s’est dégagé il n’y a que quelques années, est l’âge
des enfants quand ceci arrive. Quand j’ai commencé ce travail,
l’intimidation n’était pas un sujet chaud, mais comme chercheuse sur la
honte, j’étais consciente que c’était une tendance croissante. En fait, j’ai
écrit un article d’opinion sur l’intimidation et la télé-réalité pour le Houston
Chronicle, il y a plus de dix ans. À l’époque, j’étais axée sur les adolescents
comme tranche d’âge principale pour ces comportements. Ces dernières
années, j’entends parler de filles et de garçons aussi jeunes qu’en première
année qui s’adonnent à ces comportements.
Comment briser un modèle si insidieux ? Peut-être en décidant (et en
montrant à nos enfants) que la solution à être coincés dans la honte n’est
pas de dénigrer les autres qui sont aussi coincés comme nous, mais de
joindre nos mains et de nous en libérer ensemble. Par exemple, si nous
sommes à l’épicerie, que nous poussons notre panier et dépassons une autre
mère dont l’enfant hurle au meurtre et lance des Cheerios par terre, nous
avons un choix. Si nous choisissons ce moment pour confirmer que nous
sommes meilleures qu’elle, et qu’elle est prise dans la toile de façons que
nous ne le sommes pas, nous aurons un regard désapprobateur et nous
éloignerons. Notre autre choix, cependant, est de faire notre meilleur sourire
signifiant « vous n’êtes pas seule – ça m’est arrivé » parce que nous savons
ce qu’elle ressent. Oui, l’empathie demande une certaine vulnérabilité et
nous risquons de recevoir un « mêlez-vous de vos maudites affaires » en
retour, mais ça en vaut la peine. Ça ne fait pas que relâcher la toile pour
elle. Cela la relâche pour nous la prochaine fois que ce sera notre enfant et
nos Cheerios – et vous pouvez gager que ce sera le cas.
Ce qui me donne de l’espoir au sujet de notre volonté à tendre la main et
à nous soutenir les uns les autres est le nombre croissant d’hommes et de
femmes que je rencontre qui sont disposés à risquer la vulnérabilité et à
partager leurs histoires de résilience à la honte. Je vois cela dans des
programmes de mentorat officiels et informels. Je vois cela chez des gens
qui rédigent des blogs et partagent leurs expériences avec les lecteurs. Je
vois cela dans des écoles et des programmes qui non seulement deviennent
de moins en moins tolérants face à l’intimidation des élèves, mais qui
tiennent les enseignants, les administrateurs et les parents responsables de
leurs comportements. On demande aux adultes d’être un modèle de la
sincérité Sans réserve qu’ils veulent voir chez leurs enfants.
Une transformation paisible survient qui nous fait passer de « nous
tourner les uns contre les autres » à « nous tourner les uns envers les
autres ». Nul doute que cette transformation demandera de la résilience à la
honte. Si nous sommes prêts à oser avec audace et à risquer la vulnérabilité
les uns envers les autres, la valeur a le pouvoir de nous libérer.
Quand je parle à des couples, je peux voir comment la honte crée une
des dynamiques les plus fatales pour une relation. Les femmes, qui
éprouvent de la honte lorsqu’elles ne se sentent pas entendues ou validées,
recourent souvent à pousser et à provoquer par la critique (« Pourquoi tu
n’en fais jamais assez ? » ou encore « Tu ne le fais jamais bien. ») Les
hommes qui, à leur tour, ressentent la honte quand ils se sentent critiqués
pour leur insuffisance, soit se ferment (laissant les femmes pousser et
provoquer davantage), soit rétorquent avec colère.
Au cours des cinq premières années de notre mariage, Steve et moi
sommes tombés dans ce modèle. Je me souviens d’une dispute où nous
étions tous deux incroyablement fâchés. Après dix minutes de réprimandes
de ma part, il m’a regardée et a dit : « Laisse-moi seul vingt minutes. J’ai
terminé. Je ne vais plus faire cela. » Quand il a fermé et verrouillé la porte,
j’étais tellement enragée que j’ai frappé sur la porte en disant : « Reviens ici
et bats-toi avec moi. » C’est alors que je me suis entendue et que j’ai vu ce
qui se passait. Il était sur le point de se fermer ou d’être enragé, et je ne me
sentais ni écoutée ni comprise. Il en résultait que nous étions mutuellement
désespérés.
Steve et moi en sommes à notre dix-huitième année de mariage et cette
année nous célébrerons le vingt-cinquième anniversaire de notre premier
rendez-vous. Il est, sans aucun doute, la meilleure chose qui me soit jamais
arrivée. Quand nous nous sommes mariés, aucun de nous n’avait une idée
de ce qu’un partenariat solide pouvait avoir l’air ou de ce que ça prenait
pour qu’il fonctionne. Si vous nous demandiez aujourd’hui ce qu’est la clé
de notre relation, la réponse serait la vulnérabilité, l’amour, l’humour, le
respect, les disputes sans honte et la vie sans blâme. Nous en avons appris
une partie par nous-mêmes par la bonne vieille méthode des essais et
erreurs. Mais nous avons aussi appris de mon travail et des participants à la
recherche qui étaient assez braves pour partager avec moi leurs histoires. Je
leur en suis extrêmement reconnaissante.
Je crois que nous convenons tous qu’éprouver de la honte est une
expérience incroyablement douloureuse. Ce que nous ne réalisons pas
souvent est que perpétrer la honte est tout aussi douloureux, et personne ne
le fait avec la précision d’un partenaire ou d’un parent. Ce sont les
personnes qui nous connaissent le mieux et qui sont témoins de nos
vulnérabilités et de nos peurs. Heureusement, nous pouvons nous excuser
d’avoir causé de la honte à une personne que nous aimons mais à la vérité,
les commentaires qui suscitent la honte laissent des marques. Et causer de la
honte à une personne aimée en lien avec la vulnérabilité est la plus sérieuse
de toutes les violations de la sécurité. Même si nous demandons pardon,
nous avons causé des dommages sérieux parce que nous avons démontré
notre volonté d’utiliser des informations sacrées comme une arme.
Dans La grâce de l’imperfection, je fais part de la définition de l’amour
que j’ai élaborée d’après mes données. La voici :
Nous cultivons l’amour lorsque nous laissons voir et connaître
profondément notre individualité la plus vulnérable et la plus forte, et
quand nous honorons la connexion spirituelle qui germe de ce don avec
confiance, respect, tendresse et affection.
L’amour n’est pas quelque chose que nous donnons ou que nous
recevons ; l’amour est une plante que nous nourrissons et qui grandit,
une connexion qui peut seulement être cultivée entre deux personnes
lorsqu’elle existe au plus profond de chacune d’elles – l’amour que nous
avons pour les autres se mesure à l’amour que nous avons pour nous-
mêmes.
La honte, le blâme, l’irrespect, la trahison et l’absence d’affection
endommagent les racines qui nourrissent l’amour. L’amour ne peut
survivre à ces blessures que si elles sont reconnues, guéries et rares.
Développer cette définition est l’une des choses les plus difficiles que
j’ai faites. Professionnellement, il semblait arrogant de tenter de définir une
chose aussi énorme et importante que l’amour. Cela semblait une entreprise
qu’il valait mieux laisser aux poètes et aux artistes. Ma motivation n’était
pas de nécessairement « la réussir », mais de démarrer une conversation au
sujet de ce que nous avons besoin et voulons de l’amour. Peu m’importe si
j’ai tort, mais parlons de l’amour. Ayons des entretiens sur l’expérience qui
donne du sens à nos vies.
Personnellement, je me suis battue contre les données avec tout mon
être. Encore et encore, j’entendais l’idée que l’amour de soi est un prérequis
à aimer les autres, et je la détestais. Il est parfois tellement plus facile
d’aimer Steve et les enfants que de m’aimer. Il est tellement plus facile
d’accepter leurs manies et leurs excentricités que de pratiquer l’amour de
soi avec ce que je vois comme étant mes défauts profonds. Mais ayant
pratiqué l’amour de soi au cours des quelques dernières années, je peux dire
que mes relations avec les gens que j’aime en ont été incommensurablement
approfondies. Cela m’a donné le courage de me présenter et d’être
vulnérable différemment, et c’est tout ce qui constitue l’amour.
En réfléchissant à la honte et à l’amour, la question la plus brûlante est
celle-ci : pratiquons-nous l’amour ? Oui, pour la plupart nous excellons à le
professer – parfois dix fois par jour. Mais joignons-nous le geste à la
parole ? Sommes-nous à notre moi le plus vulnérable ? Démontrons-nous la
confiance, la bonté, l’affection et le respect à nos partenaires ? Professer ou
non n’est pas ce qui cause des difficultés dans nos relations, c’est omettre
de pratiquer l’amour qui entraîne la souffrance.
► DEVENIR RÉEL
Vous souvenez-vous que j’ai mentionné plus tôt dans ce chapitre que les
chercheurs ont trouvé que des attributs comme jolie, mince et modeste sont
des qualités que notre culture associe à la féminité ? Eh bien, en regardant
les attributs associés à la masculinité aux États-Unis, les mêmes chercheurs
ont identifié ce qui suit : gagner, contrôle émotionnel, prise de risque,
violence, domination, playboy, confiance en soi, primauté du travail,
pouvoir sur les femmes, dédain de l’homosexualité et poursuite d’un statut.
Comprendre ces listes et ce qu’elles signifient est d’une importance
capitale pour comprendre la honte et cultiver la résilience. Comme je l’ai
expliqué au début du chapitre, la honte est universelle, mais les messages et
les attentes qui propulsent la honte sont organisés selon le genre. Ces
normes féminines et masculines sont le fondement des déclencheurs de la
honte et voici pourquoi : si les femmes veulent suivre les règles, elles
doivent être gentilles, minces et jolies, rester tranquilles, être des mères et
des épouses parfaites et ne pas étaler leur pouvoir. Un geste hors de ces
attentes et BANG ! La toile de la honte se resserre. Les hommes, par
ailleurs, doivent cesser de ressentir, commencer à gagner de l’argent, mettre
chacun à sa place et gravir leur chemin jusqu’au sommet ou mourir en
essayant. Soulevez le couvercle de votre boîte pour prendre une peu d’air
ou faites glisser le rideau pour voir ce qui se passe et BANG ! La honte vous
ramène à votre taille.
Je crois important d’ajouter que, pour les hommes, il y a aussi un
message culturel qui promeut la cruauté homophobe. Si vous voulez être
masculin dans notre culture, il ne suffit pas d’être hétéro – vous devez aussi
démontrer un dégoût envers la communauté gay. L’idée de « faites ceci ou
détestez ces gens si vous voulez être accepté dans notre groupe » est
apparue comme un piège à honte majeur dans la recherche.
Peu importe si le groupe est une église, un gang, un cercle de couture ou
de masculinité même, demander aux membres de détester, de renier ou de
se distancier d’un autre groupe de gens comme condition
« d’appartenance » tient toujours du contrôle et du pouvoir. Je crois qu’il
faut questionner les intentions de tout groupe qui insiste sur le dédain
envers d’autres gens comme condition d’adhésion. Cela peut avoir
l’apparence de l’appartenance, mais la véritable appartenance ne nécessite
pas le dédain.
Quand je regarde les onze attributs de la masculinité, ce n’est pas le
genre d’homme avec qui je veux passer ma vie et ce n’est pas ainsi que je
veux élever mon fils. Le mot qui me vient en tête quand je pense à une vie
bâtie sur ces qualités est solitaire. Mon image mentale retourne au Magicien
d’Oz. Il n’est pas une personne réelle avec des besoins humains, mais une
« magnifique et puissante » projection de ce qu’un homme est censé être.
Solitaire, épuisant et énergivore.
Quand je parle à des hommes et à des femmes qui ont un niveau élevé de
résilience à la honte, ils sont très au courant de ces listes. Ils gardent ces
restrictions en tête de sorte que si la honte se met à ramper sur eux, ou
qu’ils se trouvent pleinement dans la honte, ils peuvent vérifier la réalité de
ces « normes » et pratiquent ainsi le deuxième élément de la résilience à la
honte – la conscience critique. Fondamentalement, ils peuvent choisir
consciemment de ne pas jouer le jeu.
L’homme dans la honte dit : « Je ne suis pas censé être émotionnel
quand je dois licencier ces gens. »
L’homme qui pratique la résilience à la honte répond : « Je n’achète pas
ce message. J’ai travaillé avec ces gars-là pendant cinq ans. Je connais leurs
familles. J’ai le droit de me soucier d’eux. »
La honte chuchote à l’oreille de la femme qui est hors de la ville par
affaires : « Tu n’es pas une bonne mère parce que tu vas rater la pièce de la
classe de ton fils. »
Elle répond : « Je t’entends, mais je ne fais pas jouer cette cassette
aujourd’hui. Mon rôle de mère est beaucoup plus grand qu’une prestation
de la classe. Tu peux partir maintenant. »
L’une des façons les plus puissantes qui renforcent les déclencheurs de la
honte est lorsque nous entérinons un contrat social basé sur ces carcans de
genre. Nos relations sont définies par des femmes et des hommes qui
disent : « Je vais jouer mon rôle et tu joues le tien. » L’un des modèles
révélés par la recherche était comment tous ces jeux de rôle deviennent
presque insupportables en milieu de vie. Les hommes se sentent de plus en
plus déconnectés et la peur de l’échec devient paralysante. Les femmes sont
épuisées et pour la première fois, elles entrevoient clairement que les
attentes sont impossibles. Les réalisations, les éloges et les acquisitions qui
sont l’aspect séducteur de vivre en vertu de ce contrat commencent à
ressembler à un pacte faustien.
Se rappeler que la honte est la peur de la déconnexion – la peur de ne pas
être digne d’amour et de ne pas appartenir – aide à voir pourquoi tant de
gens en milieu de vie mettent davantage l’accent sur la vie de leurs enfants,
travaillent soixante heures par semaine ou choisissent des liaisons, une
dépendance et le désengagement. Nous commençons à nous dénouer. Les
attentes et les messages qui nourrissent la honte nous empêchent de réaliser
pleinement qui nous sommes comme personnes.
Aujourd’hui, je regarde en arrière et je me sens si reconnaissante envers
les femmes et les hommes qui ont partagé avec moi leurs histoires. Je suis
reconnaissante envers les gens qui ont été assez braves pour dire : « Ce sont
mes secrets et mes craintes, voici comment ils m’ont fait plier les genoux, et
voici comment j’ai appris à me tenir debout de nouveau dans ma propre
valeur. » J’ai également une dette envers l’homme au chandail jaune Izod.
Sa vulnérabilité et son honnêteté ont posé les jalons d’un travail qui a
définitivement changé ma carrière et, encore plus important, ma vie.
En regardant ce que j’ai appris sur la honte, le genre et la valeur, la plus
grande leçon est la suivante : si nous devons trouver notre voie hors de la
honte et de retour les uns aux autres, la vulnérabilité est le chemin et le
courage est la lumière. Établir ces listes de ce que nous sommes censés être
est brave. Nous aimer et nous soutenir les uns les autres dans le processus
de devenir réels est sans doute le geste le plus formidable d’oser avec
audace.
Je vous laisse avec ce passage d’un classique de 1922 pour les enfants,
Le Lapin de velours, de Margery Williams. Mon amie DeeDee Parker
Wright me l’a envoyé l’an dernier avec une note qui disait : « C’est ce que
signifie être sincère Sans réserve. » Je suis d’accord. C’est un magnifique
rappel de combien il est plus facile de devenir réels quand nous savons que
nous sommes aimés.
« Réel n’est pas la façon dont vous êtes fait, a déclaré le Cheval à
bascule. C’est une chose qui vous arrive. Quand un enfant vous aime
pendant très, très longtemps, pas seulement pour jouer avec vous, mais
vous aime vraiment, alors vous devenez Réel.
— Est-ce que ça fait mal ?, demanda le lapin.
— Parfois, dit le Cheval à bascule, car il disait toujours la vérité. Quand
vous êtes Réel, cela ne vous dérange pas d’être blessé.
— Est-ce que cela se produit d’un seul coup, comme se faire remonter,
a-t-il demandé, ou petit à petit ?
— Cela n’arrive pas tout d’un coup, a déclaré le Cheval à bascule. Vous
le devenez. Cela prend beaucoup de temps. C’est pourquoi cela n’arrive
pas souvent aux personnes qui se cassent facilement, ou ont des bords
tranchants, ou qui doivent être soigneusement entretenues.
Généralement, au moment où vous devenez Réel, presque tous vos poils
ont été usés d’amour, vos yeux tombent et vos articulations sont
relâchées, et vous êtes très délabré. Mais ces choses n’ont aucune
importance, car une fois que vous êtes Réel, vous ne pouvez pas être
laid, sauf pour les gens qui ne comprennent pas. »
Chapitre 4
L’arsenal de
la vulnérabilité
► LE MANDAT « ASSEZ »
LE BOUCLIER : LE PERFECTIONNISME
LE BOUCLIER : L’ENGOURDISSEMENT
Jusqu’ici, nous avons ouvert les portes de l’arsenal pour faire la lumière
sur les armes communes que presque tout le monde utilise pour se protéger
de la vulnérabilité. L’appréhension de la joie, le perfectionnisme et
l’engourdissement ont émergé à titre des trois formes de protection les plus
universelles – ce que nous appelons les trois grandes catégories de défense.
Dans cette dernière partie du chapitre, je veux explorer brièvement les
étagères de l’arsenal les moins fréquentées où sont gardés quelques autres
masques et pièces qui forment d’importantes sous-catégories de protection.
Nous sommes susceptibles, pour la plupart, de nous identifier à l’un ou
plusieurs de ces mécanismes de protection ou, du moins, nous verrons des
fragments de nous-mêmes reflétés sur leurs surfaces polies d’une manière
qui cultive une certaine compréhension.
► LE BOUCLIER : VIKING OU VICTIME
Pour comprendre l’éclairage par projecteur, nous devons voir que les
intentions derrière ce type de partage sont multidimensionnelles et
comprennent souvent une combinaison d’un désir de soulager la douleur, de
tester la loyauté et la tolérance dans une relation, et/ou de démarrer à chaud
une nouvelle connexion (« On se connaît seulement depuis quelques
semaines, mais je vais partager ceci et nous serons désormais les meilleurs
amis pour toujours. ») Malheureusement pour nous tous qui avons fait ceci
(et je m’inclus dans ce groupe), la réponse est normalement le contraire de
ce que nous recherchons. Les gens reculent et se ferment, ajoutant à notre
honte et à notre déconnexion. On ne peut utiliser la vulnérabilité pour
décharger son propre malaise, ou comme un baromètre de tolérance dans
une relation (« Je vais partager ceci et voir si tu vas rester »), ou pour faire
avancer rapidement une relation – elle ne va pas coopérer.
D’ordinaire, lorsque nous tendons la main et que nous partageons ce qui
nous habite – nos peurs, nos espoirs, nos combats et notre joie – nous
créons de petites étincelles de connexion. Notre vulnérabilité partagée crée
de la lumière dans des endroits normalement sombres. Ma métaphore à ce
sujet parle de lumières scintillantes (j’en garde à la maison toute l’année
comme rappel).
L’idée de lumières scintillantes qui brillent dans des endroits sombres et
difficiles a quelque chose de magique. Les lumières sont petites, et une
seule d’entre elles n’est pas très spéciale, mais une rangée entière de
lumières scintillantes est une pure beauté. C’est la connectivité qui les rend
belles. Quand il s’agit de vulnérabilité, la connectivité signifie partager nos
histoires avec des gens qui ont mérité le droit de les entendre – des gens
avec qui nous avons cultivé des relations qui peuvent supporter le poids de
notre histoire. Y a-t-il de la confiance ? Y a-t-il une empathie mutuelle ? Y
a-t-il un partage réciproque ? Pouvons-nous demander ce dont nous avons
besoin ? Ce sont là les questions de connexion essentielles.
Quand nous partageons la vulnérabilité, surtout les histoires de honte,
avec quelqu’un avec qui il n’y a pas de connectivité, sa réponse
émotionnelle (et parfois physique) est souvent de grimacer, comme si nous
venions de lui lancer un éclairage par projecteur dans les yeux. Au lieu
d’une rangée de lumières délicates, notre vulnérabilité partagée est
aveuglante, dure et insupportable. Si nous recevons cette lumière, nos mains
se lèvent et couvrent notre visage, qui est froncé et se ferme, et nous
détournons le regard. Quand c’est terminé, nous nous sentons vidés, confus
et parfois même manipulés. Pas exactement la réponse empathique
qu’espéraient les personnes racontant l’histoire. Même pour ceux d’entre
nous qui étudions l’empathie et en enseignons les aptitudes, il est rare que
nous soyons capables de rester attentifs et à l’écoute quand le partage
excessif d’une personne a dépassé notre connectivité avec elle.
► LE BOUCLIER : SERPENTER
En un an, j’ai interviewé des artistes, des écrivains, des innovateurs, des
chefs d’entreprise, des membres du clergé et des dirigeants communautaires
à propos de ces questions, et comment ils restaient ouverts à la critique
constructive (quoique difficile à entendre) tout en filtrant les attaques
mesquines. Fondamentalement, je voulais savoir comment ils maintenaient
le courage de continuer à marcher dans l’arène. J’avoue que j’étais motivée
par mon propre combat d’apprendre comment continuer à oser.
Quand nous cessons de nous soucier de ce que les gens pensent, nous
perdons notre capacité de connexion. Quand nous devenons définis par
ce que les gens pensent, nous perdons notre volonté d’être vulnérables.
Si nous rejetons toute critique, nous perdons une rétroaction
importante, mais si nous nous assujettissons aux propos haineux, nos
esprits sont écrasés. C’est une corde raide, la résilience à la honte est la
barre d’équilibre, et le filet de sécurité au-dessous est la ou les
personnes dans notre vie qui peuvent nous aider à vérifier la réalité de
la critique et du cynisme.
Je suis très visuelle, alors j’ai une image d’une personne sur la corde
raide suspendue au-dessus de mon bureau pour me rappeler que travailler à
rester ouverte et à la fois maintenir en place des limites en vaut l’énergie et
le risque. J’ai utilisé un crayon feutre pour écrire ceci sur la barre
d’équilibre : « La valeur est mon droit de naissance. » C’est à la fois un
rappel de pratiquer la résilience à la honte et la pierre angulaire de mes
croyances spirituelles. Et au cas où je me sentirais plus entêtée que
d’habitude, j’ai une petite note sous mon image de corde raide qui dit : « La
cruauté est bon marché, facile et lâche. » C’est également une pierre
angulaire de mes croyances spirituelles.
Les participants à la recherche qui s’étaient servis de la critique et du
cynisme dans le passé afin de se protéger de la vulnérabilité avaient une
sagesse très efficace à partager au sujet de leur transition à être Sans
réserve. Nombre d’entre eux ont dit avoir grandi avec des parents qui
étaient des modèles de ce comportement et qu’ils n’étaient pas conscients à
quel point ils l’avaient imité jusqu’à ce qu’ils aient commencé à examiner
leur propre peur d’être vulnérables, à essayer de nouvelles choses et à
s’engager. Ces participants n’étaient pas des égomaniaques qui prenaient
plaisir à réduire d’autres personnes ; en fait, ils étaient constamment plus
durs envers eux-mêmes qu’envers les autres. Donc leur mesquinerie n’était
pas seulement dirigée vers l’extérieur, même s’ils admettaient s’en servir
souvent pour amoindrir leur propre doute d’eux-mêmes.
La première phrase de la citation « oser avec audace » de Theodore
Roosevelt est révélatrice : « Ce n’est pas le critique qui compte. » Et pour
les hommes et les femmes que j’ai interviewés qui se définissaient comme
étant ce critique, « ne pas compter » était certainement ressenti. Ils étaient
souvent aux prises avec un sentiment d’être ignorés et invisibles dans leur
propre vie. Critiquer était un moyen de se faire entendre. Quand j’ai
demandé comment ils étaient passés d’une critique blessante à une critique
constructive, et du cynisme à une contribution, ils ont décrit un processus
qui reflétait la résilience à la honte : comprendre ce qui a déclenché leur
attaque, ce que cela signifie à l’égard du sens de leur propre valeur, en
parler à des amis de confiance et demander ce dont ils ont besoin. Nombre
d’entre eux ont dû creuser profondément à propos de la question du cool.
Comment être perçu comme étant cool est-il devenu une valeur accrue et
quel fut le coût de prétendre que rien n’importait ?
La crainte d’être vulnérable peut déclencher la cruauté, la critique et le
cynisme chez nous tous. Nous assurer de prendre la responsabilité de ce que
nous disons est une façon de vérifier nos intentions. Osez avec audace et
apposez votre nom sur vos commentaires affichés en ligne. Si vous n’êtes
pas à l’aise de vous nommer, alors ne les dites pas. Et si vous lisez ceci et
que vous contrôlez des sites en ligne qui permettent les commentaires, alors
vous devriez oser avec audace et laisser les utilisateurs se connecter avec
leur nom véritable et tenir la communauté responsable de créer un
environnement respectueux.
Outre marcher sur la corde raide, pratiquer la résilience à la honte et
cultiver une communauté avec un filet de sécurité qui me soutient quand je
me sens attaquée ou blessée, j’ai mis en œuvre deux stratégies
additionnelles. La première est simple : j’accepte et je porte attention
seulement aux commentaires des gens qui sont aussi dans l’arène. Si vous
vous faites occasionnellement botter le derrière en répondant et que vous
comprenez également comment rester ouvert aux commentaires sans vous
faire abreuver d’insultes, je suis plus encline à porter attention à vos
pensées sur mon travail. Si, par ailleurs, vous n’aidez pas, ne contribuez pas
ou que vous luttez contre vos propres gremlins, je ne suis pas du tout
intéressée à vos commentaires.
La deuxième stratégie est aussi simple. Je garde une petite feuille de
papier dans mon porte-monnaie sur laquelle sont écrits les noms des gens
dont les opinions à mon sujet importent. Pour être sur cette liste, vous devez
m’aimer pour mes forces et mes luttes. Vous devez savoir que je tente d’être
Sans réserve, mais que je sacre encore trop et je fais un doigt d’honneur aux
gens sous mon volant et que j’écoute tant Lawrence Welk que Metallica sur
mon iPod. Vous devez savoir et respecter que je ne suis totalement pas cool.
Une brillante citation du film Almost Famous dit : « La seule véritable
monnaie dans ce monde en faillite est ce que vous partagez avec une autre
personne quand vous n’êtes pas cool. »
Pour être dans ma liste, vous devez être ce que j’appelle un « ami de
vergeture » – notre connexion a été étirée et tirée tant de fois qu’elle est
devenue partie de ce que nous sommes, une deuxième peau et quelques
cicatrices en font foi. Nous ne sommes entièrement pas cool l’un envers
l’autre. Je ne crois pas que quiconque ait plus d’un ou deux amis qui se
qualifient pour cette liste. L’important n’est pas d’écarter les amis de
vergeture pour obtenir l’approbation des étrangers qui sont méchants et
vilains ou trop cool. Rien ne sert de rappel de tout ceci comme les paroles
immortelles de mon ami Scott Stratten, auteur de UnMarketing :
« N’essayez pas de convaincre les détesteurs, vous n’êtes pas le chuchoteur
idiot. »
8 - Association parent-enseignant.
Chapitre 5
Attention à l’écart
cultiver le changement et
► L’ÉCART DU DÉSENGAGEMENT
Je veux souligner que ces exemples ne sont pas fictifs, ils proviennent
des données. Et, non, nous ne pouvons pas être des modèles parfaits en tout
temps. Je sais que je ne le peux pas. Mais quand nos valeurs pratiquées sont
régulièrement en conflit avec les attentes que nous érigeons dans notre
culture, le désengagement est inévitable. Si maman est épuisée après avoir
fait l’épicerie et qu’elle s’éloigne sans payer une fois, ce n’est peut-être pas
une grosse affaire. Si sa norme est « je peux m’en tirer et ce n’est pas ma
faute », elle doit corriger ses attentes à l’égard des tricheries de ses enfants.
Si elle s’éloigne sans payer mais qu’elle assoit ensuite ses enfants et leur
dit : « J’aurais dû y retourner et payer pour les boissons gazeuses. Peu
importe à qui la faute. Je retourne à l’épicerie aujourd’hui » – eh bien, c’est
incroyablement puissant. La leçon ici est : « Je veux vivre selon mes
valeurs et c’est correct d’être imparfait et de faire des erreurs dans cette
maison. Nous n’avons qu’à les corriger quand nous le pouvons. »
L’exemple de la vodka illustre un problème commun que j’entends des
parents tout le temps. « J’étais déchaîné, avouent-ils. Je faisais des choses
que je ne veux pas que mes enfants fassent. Devrais-je mentir au sujet de
mes escapades ? » Étant une ex-déchaînée moi-même, je ne crois pas que la
question soit de mentir ou non. Il s’agit de ce que nous partageons et
comment nous le partageons. Premièrement, ce n’est pas tout ce que nous
faisons ou avons fait qui concerne les enfants. Tout comme quand ils sont
adultes, tout ce qu’ils font n’est pas de nos affaires. Alors nous devrions
examiner la motivation de partager une histoire en particulier et laisser la
question au sujet de ce que nous enseignons guider notre décision.
Deuxièmement, avoir une conversation honnête avec nos enfants au sujet
des drogues et de l’alcool, et de nos expériences avec l’un ou les deux peut
être utile. Mais présenter nos expériences d’engourdissement ou de party
comme étant des récits de guerre cocasses et mettre de l’importance sur le
fait d’être rebelles peut éventuellement contredire les valeurs que nous
voulons que nos enfants développent.
Vous souvenez-vous du débat sur la culture et la stratégie ? Je crois que
les deux sont importantes et je crois qu’il nous faut des stratégies
audacieuses pour développer des cultures audacieuses. Comme le
démontrent ces exemples de valeurs souhaitées contre valeurs pratiquées, si
nous voulons nous reconnecter et nous réengager, nous devons porter
attention à l’écart.
Porter attention à l’écart est une stratégie audacieuse. Nous devons être
attentifs à l’espace entre où nous sommes et où nous voulons être. Surtout,
nous devons pratiquer les valeurs que nous considérons importantes dans
notre culture. Porter attention à l’écart exige à la fois d’embrasser notre
propre vulnérabilité et de cultiver la résilience à la honte – nous serons
appelés à nous présenter à titre de leaders, de parents et d’éducateurs dans
des manières nouvelles inconfortables. Nul besoin d’être parfaits, seulement
engagés et dédiés à être en cohérence avec nos valeurs et nos actions. Nous
devons aussi être préparés : les gremlins seront présents en force, car ils
aiment se glisser furtivement juste quand nous sommes sur le point d’entrer
dans l’arène, d’être vulnérables et de prendre des chances.
Dans les deux chapitres suivants, je vais me servir des concepts
présentés ici pour plonger et vous dire de quoi nous avons besoin selon moi
pour cultiver l’engagement et transformer la façon dont nous sommes
parents, éducateurs et dirigeants. Ces trois questions guideront les prochains
chapitres :
1. Comment la culture du « jamais assez » affecte-t-elle nos écoles,
nos organisations et nos familles ?
2. Comment reconnaissons-nous et combattons-nous la honte au
travail, à l’école et à la maison ?
3. À quoi ressemblent porter attention à l’écart et oser avec audace
dans les écoles, les organisations et les familles ?
9 - Sophomore (15-16 ans) U.S.A. Étudiant de deuxième année au high school (15 à 18 ans) ou
université.
Chapitre 6
Engagement dérangeant
oser réhumaniser
l’éducation et le travail
► LE JEU DU BLÂME
► CULTURE DE DISSIMULATION
Une culture qui ose avec audace est une culture de rétroaction honnête,
constructive et engagée. C’est vrai dans les organisations, les écoles et les
familles. Je sais que les familles ont des difficultés avec cet enjeu ;
toutefois, j’ai été stupéfaite de voir « absence de rétroaction » émerger
comme principale préoccupation dans les interviews qui portaient sur les
expériences de travail. Les organisations d’aujourd’hui sont tellement axées
sur les mesures dans leur évaluation du rendement que donner, recevoir et
solliciter une rétroaction valable, ironiquement, est devenu rare. C’est
même une rareté dans les écoles où l’apprentissage repose sur la
rétroaction, ce qui est infiniment plus efficace que des notes griffonnées en
haut d’une page ou des scores de tests normalisés produits par ordinateur.
Le problème est simple : sans rétroaction, il ne peut y avoir de
changement transformateur. Quand nous ne parlons pas aux personnes que
nous dirigeons de leurs forces et de leurs opportunités de croissance, elles
se mettent à s’interroger sur leurs contributions et sur notre engagement. Le
désengagement fait suite.
Quand j’ai demandé aux gens pourquoi il y avait un tel manque de
rétroaction dans leurs organisations et leurs écoles, leur langage différait,
mais les deux principaux problèmes étaient les mêmes :
1. Nous ne sommes pas à l’aise avec des conversations difficiles.
2. Nous ne savons pas comment donner et recevoir une rétroaction
d’une façon qui fait avancer les gens et les processus.
La bonne nouvelle est que ce sont des problèmes réglables. Si une
organisation fait de la création d’une culture de rétroaction une priorité et
une pratique, plutôt qu’une valeur souhaitable, cela peut se produire. Les
gens veulent désespérément une rétroaction – nous voulons tous croître.
Nous avons simplement besoin de donner une rétroaction d’une façon qui
inspire croissance et engagement.
D’emblée, je crois que la rétroaction grandit dans les cultures où le but
n’est pas « d’être à l’aise avec les conversations difficiles », mais de
normaliser l’inconfort. Si les leaders attendent un apprentissage réel, une
pensée critique et un changement, alors l’inconfort devrait être normalisé :
« Nous croyons que la croissance et l’apprentissage sont inconfortables,
alors cela va se produire ici – vous allez vous sentir ainsi. Sachez que c’est
normal et que c’est une attente ici. Vous n’êtes pas seuls et nous vous
demandons de rester ouverts et de vous y appuyer. » C’est vrai à tous les
niveaux et dans toutes les organisations, les écoles, les communautés
religieuses et même les familles. J’ai observé ce modèle d’inconfort
normalisé dans les organisations Sans réserve de ma recherche et je l’ai
vécu dans ma classe et avec ma famille.
J’ai appris à enseigner en me plongeant dans des volumes sur la
pédagogie engagée et critique par des auteurs comme bell hooks et Paulo
Freire. Au début, j’étais terrifiée à l’idée que si l’éducation allait être
transformatrice, elle serait inconfortable et imprévisible. Maintenant, en
entamant ma quinzième année d’enseignement à l’Université de Houston, je
dis toujours à mes étudiants : « Si vous êtes à l’aise, je ne donne pas un
enseignement et vous n’apprenez pas. Vous serez inconfortables ici, et c’est
bien ainsi. C’est normal et l’inconfort s’inscrit dans le processus. »
Le processus simple et honnête, qui consiste à laisser les gens savoir que
l’inconfort est normal, qu’il va se produire et pourquoi c’est important,
réduit l’anxiété, la peur et la honte. Les périodes d’inconfort deviennent une
attente et une norme. En fait, dans la plupart des semestres, des étudiants
m’approchent après le cours et avouent : « Je n’ai pas encore été
inconfortable. Je suis inquiet. » Ces échanges entraînent souvent des
conversations essentielles et une rétroaction au sujet de leur engagement et
de mon enseignement. Le grand défi pour les leaders est d’attacher nos têtes
et nos cœurs au fait qu’il nous faut cultiver le courage d’être inconfortables
et d’enseigner à notre entourage comment accepter l’inconfort comme
faisant partie de la croissance.
Pour les meilleurs conseils sur la manière de donner une rétroaction qui
fait avancer les gens et les processus, je me tourne vers mes racines de
travail social. D’après mon expérience, le cœur d’une rétroaction valable
prend la « perspective des forces ». Selon l’éducateur en travail social
Dennis Saleebey, voir le rendement depuis la perspective des forces nous
offre l’occasion d’examiner nos difficultés à la lumière de nos capacités,
talents, compétences, possibilités, visions, valeurs et espoirs. Cette
perspective ne rejette pas la nature sérieuse de nos difficultés ; cependant,
elle nous demande de considérer nos qualités positives comme étant des
ressources potentielles. Le Dr Saleebey propose : « Il est tout aussi fautif de
nier le possible que de nier le problème. »
Une méthode efficace pour comprendre nos forces est d’examiner la
relation entre forces et limites. Si nous regardons ce que nous faisons le
mieux ainsi que ce que nous voulons le plus changer, nous constaterons
souvent que les deux sont des degrés variables du même comportement
central. Pour la plupart d’entre nous, nous pouvons inventorier la majorité
de nos « défauts » ou de nos « limites » et trouver des forces qui s’y
dissimulent.
Par exemple, je peux m’accabler parce que je suis trop controlant et
adepte de la microgestion, ou je peux reconnaître que je suis très
responsable, fiable et engagé à du travail de qualité. Les questions de
microgestion ne disparaissent pas, mais en les voyant de la perspective des
forces, j’ai confiance de me regarder et d’évaluer les comportements que
j’aimerais changer.
Je veux souligner que la perspective des forces n’est pas un outil qui
nous permet simplement de donner une note positive à un problème et de le
considérer réglé. Mais en nous donnant d’abord la capacité de faire
l’inventaire de nos forces, elle suggère des manières d’utiliser ces forces
pour aborder les problèmes connexes. Une façon dont j’enseigne cette
perspective aux étudiants est en leur demandant de donner et de recevoir
une rétroaction sur leurs présentations en classe. Quand un étudiant fait sa
présentation, il reçoit une rétroaction de tous ses confrères et consœurs de
classe. Les étudiants de l’auditoire doivent identifier trois forces
observables et une possibilité de croissance. Le truc est qu’ils doivent
utiliser leur évaluation des forces pour suggérer comment la personne
pourrait aborder la possibilité spécifique. Par exemple :
✓ Forces
1. Vous avez attiré mon attention dès le départ avec votre histoire
personnelle émotionnelle.
2. Vous avez utilisé des exemples qui sont pertinents dans ma vie.
3. Vous avez conclu par des stratégies réalisables qui étaient liées à
ce que l’on apprend en classe.
✓ Possibilité
Vous trouverez une copie imprimée de cette liste sur mon site Web
www.brenebrown.com
• Je veux aider.
• Passons à autre chose.
• Je suis
désolé.
LE MANIFESTE DU LEADERSHIP
POUR OSER AVEC AUDACE
Vous trouverez une copie imprimée de ce manifeste sur mon site Web
brenebrown.com/resources/daring-greatly-leadership-manifesto/
Chapitre 7
Qui nous sommes et comment nous nous engageons avec le monde sont
des prédicteurs beaucoup plus forts de la façon dont nos enfants vont vivre
que de ce que nous savons à propos de la parentalité. En ce qui concerne
enseigner à nos enfants à oser avec audace dans la culture du « jamais
assez », la question n’est pas tant : « Êtes-vous parent de la bonne façon ? »
mais plutôt : « Êtes-vous l’adulte que vous aimeriez que votre enfant
devienne ? »
C’est un mythe nuisible de croire qu’une fois qu’on a des enfants, notre
voyage se termine et le leur commence. Pour nombre d’entre nous, les
périodes les plus intéressantes et productives de notre vie viennent après
l’arrivée des enfants. En majorité, les plus grands défis et problèmes
viennent aussi en milieu de vie et plus tard. La parentalité Sans réserve ne
consiste pas à avoir tout déterminé et à le transmettre – il s’agit d’apprendre
et d’explorer ensemble. Et croyez-moi, il y a des moments où mes enfants
ont une longueur d’avance sur moi dans le voyage, soit qu’ils m’attendent
ou qu’ils viennent me chercher pour me tirer vers l’avant.
Comme je l’ai mentionné dans l’introduction, si vous divisez
grossièrement les hommes et les femmes que j’ai interviewés en deux
groupes – ceux qui ont un sentiment profond d’amour et d’appartenance et
ceux qui luttent pour l’avoir – une seule variable sépare les groupes : ceux
qui se sentent aimables, qui aiment et qui vivent l’appartenance croient
simplement qu’ils sont dignes d’amour et d’appartenance. Je dis souvent
qu’être Sans réserve est comme l’étoile polaire : nous n’y arrivons jamais
réellement, mais nous savons certainement que nous sommes dans la bonne
direction. Élever des enfants qui croient en leur valeur propre requiert de
notre part d’être un modèle dans ce voyage et dans cette lutte.
Il faut savoir à propos de la valeur qu’elle n’a pas de préalables. Pour la
plupart, par ailleurs, nous avons une longue liste de préalables concernant la
valeur – des qualificatifs dont nous avons hérité, que nous avons appris et
acquis à notre insu tout au long du chemin. La plupart de ces préalables
appartiennent aux catégories des réalisations, des acquisitions et de
l’acceptation de l’extérieur. C’est le problème si/quand (« J’aurai de la
valeur quand… » ou « J’aurai de la valeur si… »). Ils ne sont peut-être pas
écrits et nous ne sommes peut-être même pas conscients des préalables,
mais nous avons tous une liste qui dit « J’aurai de la valeur… »
quand je perdrai du poids ;
si je suis accepté dans cette école ;
si mon épouse ne me trompe pas ;
si nous ne divorçons pas ;
si j’ai une promotion ;
quand je serai enceinte ;
quand il va me demander de sortir avec lui ;
quand nous achèterons une maison dans ce quartier ;
si personne ne se rend compte que je ne suis pas digne.
La honte aime les préalables. Notre liste de valeur si/quand se double
facilement à titre de liste de choses à faire des gremlins. Ne la laisse pas
oublier que sa mère croit qu’elle devrait perdre ce surplus de poids.
Rappelle-lui que son nouveau patron ne respecte que les gars qui ont un
MBA. Rappelle-lui si elle l’oublie que tous ses amis ont été nommés
partenaires l’an dernier.
Comme parents, nous aidons nos enfants à développer la résilience à la
honte et la valeur en demeurant aux aguets des préalables que nous leur
transmettons sciemment ou à notre insu. Leur envoyons-nous des messages
ouverts ou dissimulés à propos de ce qui les rend plus ou moins dignes
d’amour ? Ou mettons-nous l’accent sur des comportements qui doivent
changer en précisant clairement que leur valeur essentielle n’est pas en jeu ?
Je dis souvent aux parents que certains des messages dissimulés les plus
destructeurs que nous transmettons à nos enfants émanent des normes
masculines et féminines dont nous avons discuté au chapitre 3. Disons-nous
de façon ouverte ou dissimulée à nos filles qu’être minces, gentilles et
modestes sont des préalables de la valeur ? Enseignons-nous à nos filles à
respecter les garçons comme étant des êtres tendres et aimants ? Envoyons-
nous des messages à nos fils disant que nous nous attendons à ce qu’ils
soient émotionnellement stoïques, à mettre en premier le statut et l’argent,
et à être agressifs ? Enseignons-nous à nos fils à respecter les femmes et les
filles comme étant des personnes intelligentes et capables, et non des
objets ?
Le perfectionnisme est une autre source de préalables. Après douze ans à
étudier la valeur, je suis convaincue que le perfectionnisme est, en fait,
contagieux. Si nous nous efforçons d’être, de vivre et d’avoir l’air
absolument parfaits, aussi bien aligner nos enfants et leur faire endosser ces
petites camisoles de force de la perfection. Pour rappeler le chapitre 4, le
perfectionnisme ne consiste pas à leur enseigner à rechercher l’excellence
ou le meilleur d’eux-mêmes. Le perfectionnisme leur enseigne à valoriser
davantage ce que pensent les autres plutôt que ce qu’eux-mêmes pensent ou
comment ils se sentent. Il leur enseigne à performer, à plaire et à prouver.
Malheureusement, j’ai de nombreux exemples tirés de ma propre vie.
Par exemple, quand Ellen a eu son premier retard à l’école, elle s’est
immédiatement effondrée en larmes. Elle était si bouleversée d’avoir
enfreint les règles et d’avoir contrarié l’enseignante ou la directrice qu’elle
s’est écroulée. Nous lui répétions sans cesse que ce n’était pas un drame et
que tout le monde est en retard un jour ou l’autre, jusqu’à ce qu’elle se
sente mieux. Ce soir-là, nous avons célébré de survivre à notre premier
retard avec une petite « fête retard » après le repas. Elle a finalement
accepté que ce n’était pas une faute grave et que les autres ne la jugeaient
probablement pas d’être humaine.
Avancez de quatre jours jusqu’au dimanche matin. Nous sommes en
retard pour aller à l’église et je suis en larmes. « Pourquoi est-ce qu’on n’est
jamais capables de partir à temps ? Nous allons être en retard ! » Ellen m’a
regardée et a demandé sincèrement : « Papa et Charlie seront ici dans une
minute. Est-ce qu’on manque quelque chose d’important ? » Sans hésiter,
j’ai répondu : « Non ! Je déteste seulement d’arriver en retard et de me
faufiler dans l’allée. C’est l’office de 9 heures, pas de 9 h 05 ! » Elle a
semblé confuse une seconde, puis a dit avec le sourire : « Ce n’est pas un
drame. Tout le monde est en retard parfois. Rappelle-toi ? Je ferai une “fête
retard” pour toi lorsque nous rentrerons à la maison. »
Parfois, les préalables et le perfectionnisme sont transmis de façons très
subtiles. L’un des meilleurs conseils que j’ai reçu en matière de parentalité
m’est venu de l’auteure Toni Morrison. C’était en mai 2000 et Ellen allait
avoir un an. Mme Morrison était à Oprah pour parler de son livre The
Bluest Eye. Oprah a annoncé : « Toni dit une très belle chose au sujet des
messages que nous recevons à propos de qui nous sommes lorsqu’un enfant
entre dans une pièce pour la première fois », et elle a demandé à Mme
Morrison d’élaborer.
Mme Morrison a expliqué qu’il est intéressant d’observer ce qui se passe
quand un enfant entre dans une pièce. « Votre visage s’éclaire-t-il ? », a-t-
elle demandé. Puis elle a partagé ceci : « Quand mes enfants étaient petits et
entraient dans une pièce, je les regardais pour voir s’ils avaient attaché leurs
pantalons ou s’ils étaient peignés ou si leurs bas étaient remontés… Vous
pensez que votre affection et votre amour profond s’affichent parce que
vous prenez soin d’eux. Mais il n’en est rien. Quand ils vous voient, ils
voient le visage critique. Qu’est-ce qui ne va pas encore ? » Son conseil
était simple, mais changeait le paradigme pour moi. Elle a ajouté : « Laissez
votre visage montrer ce que contient votre cœur. Quand ils entrent dans une
pièce, mon visage dit que je suis contente de les voir. C’est aussi peu que
cela, voyez-vous ? »
Je pense littéralement chaque jour à ce conseil – c’est devenu une
pratique. Quand Ellen descend l’escalier en bondissant et habillée pour
l’école, je ne veux pas que mon premier commentaire soit : « Dégage tes
cheveux de ton visage » ou « Ces chaussures ne vont pas avec ta robe. » Je
veux que mon visage témoigne de la joie que j’ai à la voir – à être avec elle.
Quand Charlie entre par la porte arrière, qu’il est en sueur et sale après
avoir capturé des lézards, je veux lui sourire avant de dire : « Tu ne touches
à rien avant de t’avoir lavé le mains. » Si souvent nous pensons mériter des
points de parentalité en étant critiques, contrariés et exaspérés. Ces premiers
regards peuvent être des préalables ou des constructeurs de valeur. Je ne
veux pas critiquer quand mes enfants entrent dans la pièce, je veux
m’allumer !
Outre garder un œil vigilant sur les préalables et le perfectionnisme,
nous pouvons aider nos enfants à garder et à cultiver le sens de leur valeur
d’une autre manière qui est liée à ce qu’ils ont appris au sujet de la
différence entre la honte et la culpabilité. La recherche indique que la
parentalité est un prédicteur primaire de la façon dont nos enfants seront
portés vers la honte ou la culpabilité. En d’autres mots, nous avons
beaucoup d’influence sur ce qu’ils pensent d’eux-mêmes et de leurs
problèmes. Sachant que la honte est positivement corrélée avec la
dépendance, la dépression, l’agression, la violence, les troubles alimentaires
et le suicide, et que la culpabilité est inversement corrélée avec ces
résultats, naturellement nous aimerions élever des enfants dont le dialogue
intérieur est axé sur la culpabilité plutôt que sur la honte.
Cela veut dire que nous devons séparer nos enfants de leurs
comportements. Il s’avère qu’il y a une différence significative entre tu es
mauvais et tu as fait quelque chose de mal. Et, non, ce n’est pas que de la
sémantique. La honte corrode la partie de nous qui croit que nous pouvons
faire et être mieux. Lorsque nous faisons honte à nos enfants et que nous les
étiquetons, nous leur enlevons la possibilité de croître et d’essayer de
nouveaux comportements. Si une enfant dit un mensonge, elle peut changer
ce comportement. Si elle est une menteuse – où est le potentiel de
changement ?
Cultiver plus de dialogue intérieur sur la culpabilité et moins sur la honte
exige de repenser comment nous disciplinons nos enfants et leur parlons.
Mais cela veut aussi dire d’expliquer ces concepts à nos enfants. Les
enfants sont très réceptifs à parler de la honte si nous voulons le faire.
Quand ils ont quatre et cinq ans, nous pouvons leur expliquer la différence
entre culpabilité et honte, et à quel point nous les aimons, même quand ils
font de mauvais choix.
Quand Ellen était à la maternelle, son enseignante m’a téléphoné à la
maison un après-midi et m’a dit : « Je comprends tout à fait ce que vous
faites maintenant. »
Quand je lui ai demandé pourquoi, elle a répondu que plus tôt cette
semaine-là, elle avait regardé Ellen qui était dans le « Centre des paillettes »
et lui a dit : « Ellen, tu es un dégât ! » Apparemment, Ellen a eu un regard
très sérieux et a répliqué : « Je fais peut-être un dégât, mais je ne suis pas un
dégât. » (C’est ce jour-là que je suis devenue « ce parent ».)
Charlie comprend aussi la distinction entre honte et culpabilité. Quand
j’ai surpris notre chienne à sortir de la nourriture de la poubelle, je l’ai
grondée : « Mauvaise fille ! » Charlie est apparu au coin de la rue, en
criant : « Daisy est une bonne fille qui a fait un mauvais choix ! Nous
l’aimons ! C’est juste que nous n’aimons pas ses choix ! »
Quand j’ai tenté d’expliquer la différence : « Daisy est une chienne,
Charlie », il a répondu : « Oh je vois. Daisy est une bonne chienne qui a fait
un mauvais choix. »
La honte est si douloureuse pour les enfants parce qu’elle est étroitement
liée à la peur d’être indignes d’amour. Pour les jeunes enfants qui dépendent
encore de leurs parents pour leur survie – la nourriture, un abri et la
sécurité – se sentir indignes d’amour est une menace à la survie. C’est un
trauma. Je suis convaincue que la raison pour laquelle nous retournons à
nous sentir comme des enfants et petits quand nous sommes dans la honte
est que notre cerveau emmagasine nos premières expériences de honte
comme un trauma, et une fois déclenché, nous revenons à cet endroit. Nous
n’avons pas encore la recherche neurobiologique pour confirmer ceci, mais
j’ai codé des centaines d’interviews qui suivent ce même modèle :
« Je ne sais pas ce qui s’est passé. Mon patron m’a traité d’idiot devant
mon équipe et je ne pouvais pas répondre. Tout à coup, je suis de retour en
deuxième année avec Mme Porter et je suis muet. Je n’arrive pas à trouver
une réponse décente. »
Ou encore :
« Mon fils en était à sa deuxième prise et je ne voyais plus clair. J’ai
toujours dit que je ne ferais jamais ce que mon père m’a fait. Mais j’étais là,
à crier après lui devant ses coéquipiers. Je ne sais même pas comment c’est
arrivé. »
Au chapitre 3, nous avons appris que le cerveau traite le rejet social ou la
honte exactement de la même manière dont il traite la douleur physique. Je
soupçonne que nous aurons éventuellement les données pour confirmer mon
hypothèse au sujet des enfants qui conservent la honte comme un trauma,
mais entretemps, je peux affirmer sans hésitation que les expériences de
honte au cours de l’enfance changent qui nous sommes, comment nous
pensons à propos de nous-mêmes et notre sentiment de notre propre
valeur.
Nous pouvons travailler à ne pas utiliser la honte comme outil parental,
mais nos enfants vont quand même rencontrer la honte dans le monde
extérieur. La bonne nouvelle est que lorsque les enfants comprennent la
distinction entre honte et culpabilité, et lorsqu’ils savent que nous sommes
ouverts et intéressés à parler de ces sentiments et de ces expériences, ils
sont beaucoup plus susceptibles de nous parler des expériences de honte
qu’ils peuvent connaître avec les enseignants, les entraîneurs, le clergé, les
gardiennes d’enfants, les grands-parents et d’autres adultes qui ont de
l’influence sur leur vie. C’est essentiellement important parce que cela nous
donne l’occasion de « recadrer » la honte comme nous le faisons pour des
photographies.
J’utilise souvent un album comme métaphore pour parler de l’effet que
la honte a sur les enfants. Comme parents, une fois que nous connaissons la
honte, nous réalisons fort probablement que, oui, nous avons fait honte à
nos enfants. Cela arrive. Même à des chercheurs sur la honte. Étant donné
la gravité des résultats concernant la honte, nous allons aussi commencer à
nous inquiéter de ce que les moments de honte qui surviennent hors de la
maison définissent nos enfants, malgré nos précieux efforts dans la famille.
Et ces expériences surviendront – insultes, dénigrements et taquineries sont
monnaie courante dans notre culture de la cruauté. La bonne nouvelle,
cependant, est que nous avons beaucoup d’influence sur la quantité de
pouvoir qu’ont ces expériences dans la vie de nos enfants.
Pour la plupart, nous nous souvenons d’événements honteux de notre
enfance qui ont semblé nous définir. Mais il est plus que probable que nous
nous en souvenions parce que nous n’avons pas traité ces expériences avec
des parents qui étaient ouverts à parler de la honte et qui s’engageaient à
nous aider à cultiver une résilience à la honte. Je ne blâme pas mes parents
pour cela, pas plus que je ne juge ma grand-mère de m’avoir laissé
m’asseoir à côté d’elle sur le siège avant pendant qu’elle conduisait. Ils
n’avaient pas accès à l’information que nous avons aujourd’hui.
Sachant ce que je sais, je pense à la honte et à la valeur de la façon
suivante : « Il s’agit de l’album, pas de l’image. » Si vous imaginez ouvrir
un album photos et que bien des pages sont remplies de grandes photos
d’événements honteux, vous le fermerez et vous vous éloignerez en
pensant : La honte définit cette histoire. Si, par ailleurs, vous ouvrez cet
album et que vous voyez quelques petites photos d’expériences honteuses,
mais que chacune est entourée d’images de valeur, d’espoir, de lutte, de
résilience, de courage, d’échec, de succès et de vulnérabilité, les
expériences de honte ne sont qu’une partie d’une plus grande histoire. Elles
ne définissent pas l’album.
Une fois de plus, nous ne pouvons pas munir nos enfants d’un anti-
honte. Notre tâche consiste plutôt à enseigner et à être un modèle de
résilience à la honte, et ça commence par des conversations au sujet de ce
qu’est la honte et comment elle se manifeste dans nos vies. Les adultes que
j’ai interviewés qui ont été élevés par des parents utilisant la honte comme
premier outil de parentalité avaient beaucoup plus de difficulté à croire en
leur valeur que les participants qui expérimentaient la honte
occasionnellement et qui étaient capables d’en parler avec leurs parents.
Si vos enfants sont grands et que vous vous demandez s’il est trop tard
pour leur enseigner la résilience à la honte ou pour changer l’album, la
réponse est non. Il n’est pas trop tard. Le pouvoir de posséder nos histoires,
même les difficiles, est que nous pouvons en écrire la fin. Il y a plusieurs
années, j’ai reçu une lettre d’une femme qui a écrit ceci :
Votre travail a changé ma vie de façon très étrange. Ma mère vous a vue
parler dans une église d’Amarillo. Puis, elle m’a écrit une longue lettre
qui disait : « Je n’avais aucune idée qu’il y avait une différence entre la
honte et la culpabilité. Je crois que je t’ai fait honte toute ta vie. Je
voulais parler de culpabilité. Je n’ai jamais pensé que tu n’étais pas
assez bonne. Je n’aimais pas tes choix. Mais je t’ai infligé la honte. Je
ne peux pas le retirer, mais j’ai besoin que tu saches que tu es la
meilleure chose qui me soit arrivée et que je suis fière d’être ta mère. »
Je ne pouvais y croire. Ma mère a 75 ans et j’en ai 55. Cela m’a
tellement guérie. Et a tout changé, dont ma façon d’être parent de mes
propres enfants.
En plus d’aider nos enfants à comprendre la honte et d’utiliser le
dialogue intérieur de la culpabilité plutôt que celui de la honte, nous devons
être très prudents quant aux fuites de honte. Même si nous ne faisons pas
honte à nos enfants, la honte se manifestera dans nos vies de manières qui
peuvent affecter fortement notre famille. Fondamentalement, nous ne
pouvons pas élever des enfants qui sont plus résilients à la honte que nous.
Je peux encourager Ellen à aimer son corps, mais ce qui compte vraiment
sont les observations qu’elle fait sur ma relation avec mon propre corps.
Maudit. Je peux calmer les préoccupations de Charlie quant à la mauvaise
direction qu’il pourrait prendre en courant autour des buts en lui disant qu’il
n’a pas besoin de comprendre tous les tenants et aboutissants du T-ball
avant sa première partie, mais est-ce qu’il nous observe, Steve et moi,
essayer de nouvelles choses, faire des erreurs et échouer sans devenir
autocritiques ? Maudit. Encore.
Enfin, la normalisation est un des outils de résilience à la honte les plus
puissants que nous puissions offrir à nos enfants. Comme je l’ai expliqué au
chapitre précédent, la normalisation signifie aider nos enfants à savoir qu’ils
ne sont pas seuls et que nous avons vécu nombre de ces luttes. Cela
s’applique aux situations sociales, aux changements corporels, aux
expériences de honte, au sentiment d’être exclu et à vouloir être brave mais
de se sentir craintif. Quelque chose de sacré survient entre un parent et un
enfant lorsque le parent dit : « Moi aussi » ou qu’il confie une histoire
personnelle en lien avec le combat de son enfant.
Par-dessus tout, je veux que vous sachiez que vous êtes aimé et
aimable.
Vous l’apprendrez de mes mots et de mes actions – les leçons sur
l’amour sont dans la manière dont je vous traite et dont je me traite
moi-même.
Je veux que vous vous engagiez avec le monde d’un endroit de valeur.
Vous apprendrez que vous êtes digne d’amour, d’appartenance et de
joie chaque fois que vous me verrez pratiquer l’autocompassion et
embrasser mes propres imperfections.
Nous pratiquerons le courage dans notre famille en nous présentant,
en nous laissant être vus et en honorant la vulnérabilité. Nous
partagerons nos histoires de lutte et de force. Il y aura toujours place
pour les deux dans notre maison.
Nous vous enseignerons la compassion en la pratiquant avec nous-
mêmes d’abord, puis l’un envers l’autre. Nous établirons et
respecterons des limites, nous honorerons le dur labeur, l’espoir et la
persévérance. Le repos et le jeu seront des valeurs familiales ainsi que
des pratiques familiales.
Vous apprendrez la responsabilité et le respect en me regardant faire
des erreurs et m’amender, et en observant comment je demande ce
dont j’ai besoin et comment je parle de ce que je ressens.
Je veux que vous connaissiez la joie, alors ensemble nous
pratiquerons la gratitude.
Je veux que vous ressentiez la joie, alors ensemble nous apprendrons
à être vulnérables.
Lorsque l’incertitude et l’insuffisance se manifestent, vous serez
capables de puiser à l’esprit qui fait partie de notre vie quotidienne.
Ensemble, nous pleurerons et nous ferons face à la peur et au chagrin.
Je voudrai enlever votre douleur, mais je m’assoirai plutôt avec vous
et vous enseignerai comment la ressentir.
Nous rirons, chanterons, danserons et créerons. Nous aurons toujours
la permission d’être nous-mêmes les uns envers les autres. Peu
importe les circonstances, vous appartiendrez toujours chez nous.
Alors que vous commencez votre cheminement Sans réserve, le plus
beau cadeau que je puisse vous offrir est de vivre et d’aimer de tout
cœur et d’oser avec audace.
Je n’enseignerai, ni n’aimerai, ni ne vous montrerai quoi que ce soit
parfaitement, mais je vais vous laisser me voir, et je tiendrai toujours
sacré le cadeau de vous voir. Vraiment, profondément, vous voir.
Vous pouvez télécharger une copie de ce manifeste sur mon site Web
(www.brenebrown.com)
Dernières réflexions
Au cours des neuf mois qu’il m’a fallu pour mettre en forme et élaguer
une douzaine d’années de recherche dans ce livre, j’ai revu cette citation au
moins une centaine de fois. Et pour être franche, j’y reviens normalement
dans mes accès de rage ou dans un désespoir larmoyant, en pensant : Peut-
être que tout ça, c’est des conneries ou que Ça ne vaut pas la vulnérabilité.
Tout récemment, après avoir gobé quelques commentaires anonymes
vraiment méchants d’un site Web de nouvelles, j’ai retiré la citation du
tableau au-dessus de mon bureau et je me suis adressée directement à la
feuille de papier : « Si le critique ne compte pas, alors pourquoi est-ce que
ça fait si mal ? »
Le papier n’a pas répondu.
Alors que je tenais la citation dans mes mains, je me suis rappelé une
conversation que je venais d’avoir avec un jeune homme dans le tout début
de la vingtaine. Il m’a dit que ses parents lui avaient envoyé des liens à mes
TED talks et qu’il aimait vraiment l’idée du Sans réserve et d’oser avec
audace. Quand il m’a confié que les conférences l’ont inspiré à avouer à la
jeune femme qu’il fréquentait depuis plusieurs mois qu’il l’aimait, j’ai
grimacé et espéré une fin heureuse à l’histoire.
Pas de chance. Elle lui a répondu qu’elle le trouvait « épatant », mais
elle croyait qu’ils devraient fréquenter d’autres personnes. De retour à son
appartement après avoir parlé à sa copine, il a raconté à ses deux
colocataires ce qui était arrivé. Il a dit : « Ils étaient tous deux penchés sur
leur ordinateur portable et, sans lever les yeux, l’un des deux a semblé dire :
“À quoi t’as pensé, mon gars ?” » Un de ses colocs lui a dit que les filles
aiment seulement les gars qui s’enfuient. Il m’a regardée et a ajouté : « Je
me suis senti pas mal stupide au début. J’ai été fâché contre moi pour une
seconde et même un peu furieux contre vous. Mais alors j’y ai pensé et je
me suis souvenu du pourquoi je l’avais fait. J’ai alors répliqué à mes
colocs : “J’ai osé avec audace, man.” »
Puis il a souri. « Ils ont arrêté de taper, m’ont regardé, ont hoché la tête
et conclu : “Oh ! super, man.” »
Oser avec audace n’a rien à voir avec gagner ou perdre. Il s’agit de
courage. Dans un monde où l’insuffisance et la honte dominent et où
ressentir la peur est devenu une deuxième nature, la vulnérabilité est
subversive. Inconfortable. Même un peu dangereuse parfois. Et, sans doute,
nous exposer dans le monde signifie qu’il y a un plus grand risque d’être
blessé. Mais en regardant ma vie, et ce qu’oser avec audace a signifié pour
moi, je peux dire honnêtement que rien n’est aussi inconfortable, dangereux
et blessant que de croire que je suis à l’extérieur de ma vie à regarder au
dedans, et à me demander à quoi ça ressemblerait si j’avais le courage de
me présenter et de me laisser être vue.
Alors, M. Roosevelt… je crois que vous avez frappé dans le mille. Il n’y
a réellement « pas d’effort sans erreur et échec » et aucun triomphe sans
vulnérabilité. Quand je lis cette citation maintenant, même quand je me sens
bousculée, tout ce que je peux dire c’est : Super, man.
Annexe
► L’AVENTURE DE LA RECHERCHE
► CONCEPTION
► ÉCHANTILLON
► CODAGE
► ANALYSE DE LA LITTÉRATURE
Pour les mêmes raisons que le théoricien ancré permet que le problème
de recherche émerge des données, une revue complète de la littérature
significative est menée après que la théorie est générée des données. Les
revues de la littérature faites en recherche quantitative et en recherche
qualitative traditionnelle servent à étayer les deux côtés des résultats de la
recherche – les revues de la littérature sont menées pour soutenir le besoin
d’une nouvelle recherche, cette recherche est menée, les résultats émergent
indépendamment de la littérature, et la recherche est de nouveau soutenue
par la littérature afin d’en démontrer la contribution à la profession du
chercheur.
En théorie ancrée, les données étayent la théorie et la littérature fait
partie des données. J’ai appris très rapidement que les chercheurs de la
théorie ancrée ne peuvent pas s’aventurer dans la revue de la littérature en
pensant : La théorie a émergé, j’ai terminé, comment est-ce conforme ? Le
théoricien ancré doit plutôt comprendre que la revue de la littérature est, en
fait, une analyse de la littérature et qu’elle n’est pas distincte de la
recherche mais qu’elle continue le processus.
Les références et la recherche liée, citées dans ce livre, soutenaient et
éclairaient les théories émergentes.
► ÉVALUATION DE LA THÉORIE ANCRÉE
Guide de lecture
PRÉFACE
Ce que signifie oser avec audace
« La vulnérabilité n’est pas de la faiblesse, et l’incertitude, le risque
et l’exposition émotionnelle qui nous confrontent chaque jour ne
sont pas optionnels. Notre seul choix est une question
d’engagement. Notre volonté de posséder notre vulnérabilité et de
nous engager avec elle détermine la profondeur de notre courage et
la clarté de nos objectifs ; le degré auquel nous nous protégeons
d’être vulnérables est une mesure de notre peur et de notre
déconnexion. » (Page 10)
Avant de passer au livre, je crois qu’il est utile de discuter et\ou d’écrire vos
pensées sur la vulnérabilité.
1. Comment définiriez-vous la vulnérabilité ?
2. Quelles sont vos croyances relativement à la vulnérabilité ?
3. Comment la vulnérabilité était-elle vue dans votre famille ?
Quelles étaient les leçons (verbales ou tacites) à ce propos ?
4. Avez-vous vu la vulnérabilité comme étant un modèle en
grandissant ?
5. Quel est votre niveau de confort actuel à l’égard de la
vulnérabilité ?
INTRODUCTION
Mes aventures dans l’arène
CHAPITRE 1
L’insuffisance : un regard sur notre culture du « jamais assez »
Quand vous pensez à des comportements qui sont souvent étiquetés comme
narcissiques, pouvez-vous voir comment la honte d’être trop ordinaire ou la
crainte d’avoir une vie trop étroite pourraient propulser ces
comportements ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
« Je vois partout le message culturel qui dit qu’une vie ordinaire est
une vie insignifiante. » (Page 28)
Pensez à ce que vous regardez à la télé, aux magazines que vous lisez, à la
musique que vous écoutez à la radio et aux affiches que vous voyez en
voiture ou à pied chaque jour. Quelles sont certaines attentes et certains
messages (plus ou moins subtils) qui alimentent la peur d’être ordinaire ?
« Comment nos luttes et nos comportements sont-ils liés à nous
protéger nous-mêmes ? Comment nos comportements, nos pensées
et nos émotions sont-ils liés à la vulnérabilité et au besoin d’un
profond sentiment de notre valeur ? » (Page 29)
CHAPITRE 2
Briser les mythes de la vulnérabilité
CHAPITRE 3
Comprendre et combattre la honte
(Alias l’entraînement du guerrier Ninja Gremlin)
« Simplement, s’ils l’aiment, vous êtes digne, sinon, vous ne valez
rien. » (Page 66)
Avez-vous déjà attaché votre valeur propre à la manière dont une de vos
créations a été reçue ?
Comment cela a-t-il affecté votre capacité de la partager avec d’autres et de
gérer la réaction des autres ?
« Vous savez que vous êtes bien plus qu’une peinture, qu’une idée
innovatrice, qu’un argument de vente efficace, qu’un bon sermon ou
qu’un poste élevé chez Amazon.com. » (Page 67)
Quel sont vos « gremlins » et que vous disent-ils pour vous empêcher
d’avancer ?
« Établir ces listes de ce que nous sommes censés être est brave.
Nous aimer et nous soutenir les uns les autres dans le processus de
devenir réels est sans doute le geste le plus formidable d’oser avec
audace. » (Page 109)
CHAPITRE 4
L’arsenal de la vulnérabilité
Quelles sont les émotions que vous essayez d’engourdir et quelles émotions
aimeriez-vous ressentir davantage dans votre vie ?
CHAPITRE 5
Attention à l’écart : cultiver le changement
et fermer l’écart du désengagement
Aux pages 170-171, j’énumère dix questions que je pose pour m’aider à
mieux comprendre les valeurs et la culture d’un groupe (organisation,
famille, congrégation, etc.). Pensez à votre famille, à votre travail ou à votre
communauté et répondez à ces questions. Il est particulièrement utile de le
faire avec une personne de votre groupe. Que vous disent vos réponses au
sujet « de la façon dont vous faites les choses » ? Quelles valeurs sont
importantes ? La culture reflète-t-elle vos valeurs et ce qui vous importe ?
Dressez la liste de vos valeurs souhaitées. Qu’est-ce qui vous importe
réellement ? Quelles valeurs guident votre prise de décisions quotidienne ?
En réfléchissant à votre liste de valeurs souhaitées, comment les pratiquez-
vous chaque jour ? Les calendriers sont révélateurs. Quand vous regardez
votre calendrier ou votre horaire, vos engagements reflètent-ils ce qui est
important pour vous ? Le cas échéant, comment ? Sinon, que dit votre
calendrier ?
CHAPITRE 6
Engagement dérangeant : oser réhumaniser l’éducation et le travail
Êtes-vous d’accord ou en désaccord avec ma définition d’un leader (page
181) ? Dans quelles situations vous tenez-vous responsable de trouver le
potentiel des gens et des processus ?
Le blâme est souvent un refuge pour moi. Quand quelque chose tourne mal,
immédiatement je veux savoir « Qui est à blâmer ? » Blâmez-vous les
gens ? Le cas échéant, comment cela affecte-t-il vos relations ? Que
faudrait-il pour passer du blâme à l’acceptation et/ou à la responsabilité ?
CHAPITRE 7
Parentalité Sans réserve : oser être les adultes que nous voulons que
soient nos enfants
Êtes-vous d’accord que les comportements, les émotions et les valeurs que
nous modelons sont plus significatifs que les comportements, les émotions
et les valeurs que nous enseignons et encourageons ? Pouvez-vous citer un
exemple de votre propre enfance ?
« La honte aime les préalables. Notre liste de valeur si/ quand se
double facilement à titre de liste de choses à faire des gremlins. »
(Page 216)
Nous avons tous des préalables de la valeur que nous tentons de surmonter
ou d’abandonner. Comme parents, il est important de reconnaître quels
préalables nous transmettons à nos enfants. Si nous ne reconnaissons pas ce
que nous faisons, nous ne pouvons pas le changer.
Quels sont certains des préalables que vous transmettez sciemment ou à
votre insu ? Comment ? Comment se sont-ils trouvés sur votre liste ?
Comment pouvez-vous en parler avec vos enfants ? Comment pouvez-vous
travailler ensemble comme famille à vous engager avec la valeur et
abandonner la liste si/ quand ?
« Vous ne pouvez pas prétendre vous soucier du bien-être de vos
enfants si vous faites honte à d’autres parents pour les choix qu’ils
font. » (Page 224)
Je revendique que la parentalité est un terrain miné par la honte parce que
c’est une entreprise tellement vulnérable et que nous nous jugeons
constamment les uns les autres. Comment croyez-vous que nous puissions
être un meilleur soutien pour les autres parents ? Comment évitez-vous de
juger lorsque vous tenez fortement à une question ou à une approche de
parentalité ?
brenebrown.com
Twitter : BreneBrown
✰ AUTRES OUVRAGES DE BRENÉ BROWN CHEZ
BÉLIVEAU ÉDITEUR
La grâce de l’imperfection
Le changement signifiant, porteur de sens, c’est un processus. Il peut être
inconfortable et souvent risqué, en particulier quand il s’agit d’accepter nos
imperfections, de cultiver l’authenticité et de regarder l’univers dans les
yeux en disant : « Je suis à la hauteur. »
Vivre Sans réserve, c’est s’engager dans sa propre existence avec dignité.
C’est cultiver le courage, la compassion, la connexion et pouvoir se lever le
matin en pensant : « Peu importe ce qui sera fait aujourd’hui et ce qui ne le
sera pas encore, je suis à la hauteur. » C’est aller au lit le soir en se disant :
« Oui, je suis imparfait et vulnérable, et même parfois effrayé, mais cela ne
change rien au fait que je suis également courageux, digne d’amour et
d’appartenance. »
Braver sa nature sauvage
La véritable appartenance n’exige pas de changer qui nous sommes, mais
d’être qui nous sommes. Elle n’a rien à voir avec se conformer, faire
semblant ou mettre les personnes en confiance autour de nous. Les quatre
pratiques de la véritable appartenance nous demandent d’être
vulnérables, de nous sentir mal à l’aise et d’apprendre à être avec des gens
sans sacrifier qui nous sommes.
Chaque pratique remet en question ce que nous croyons de nous-mêmes,
comment nous nous révélons aux autres, et comment nous retrouvons le
courage et nos vrais liens.
La véritable appartenance et l’estime de soi ne sont pas des biens ; nous ne
négocions pas leur valeur avec le monde. La vérité réside dans notre cœur.
Notre appel au courage vise à protéger notre cœur sauvage contre
l’évaluation constante, surtout la nôtre.
Visitez www.beliveauediteur.com
✰ AUTRES OUVRAGES CHEZ BÉLIVEAU ÉDITEUR
facebook.com/EditeurBeliveau/
instagram.com/beliveauediteur
youtube.com/c/BéliveauéditeurBoucherville
beliveauediteur.com