Échographie de Contraste
Échographie de Contraste
Échographie de Contraste
Springer
Paris
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Londres
Milan
Tokyo
François Tranquart
Jean-Michel Correas
Ayache Bouakaz
Échographie de contraste
Méthodologie et applications cliniques
François Tranquart
Groupement d’imagerie médicale
Service de médecine nucléaire et ultrasons
CHRU Bretonneau
2, boulevard Tonnelé
37044 Tours Cedex 9
Jean-Michel Correas
Service de radiologie adulte
Hôpital Necker
149, rue de Sèvres
75743 Paris Cedex 15
Ayache Bouakaz
CR1 Inserm U619, B1A
Hôpital Bretonneau
CHRU de Tours
2, boulevard Tonnelé
37044 Tours Cedex 9
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SPIN : 11733546
Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Léandre Pourcelot
Avant propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
François Tranquart, Jean-Michel Correas et Ayache Bouakaz
Dynamique de la microbulle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Ayache Bouakaz, Peggy Palanchon et Nico de Jong
IMAGERIE FONCTIONNELLE/PARAMÉTRIQUE
APPLICATIONS RADIOLOGIQUES
Apport de l’injection de contraste ultrasonore pour l’analyse Doppler des tumeurs gynéco-
logiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273
Henri Marret, François Tranquart, Aurore Bleuzen et Stéphane Sauget
APPLICATIONS CARDIOLOGIQUES
APPLICATIONS THÉRAPEUTIQUES
Microbulles ciblées pour l’imagerie ultrasonore, traduit de l’anglais par A. Bouakaz . . . . 321
Charles A. Sennoga, James S. Yeh, John M. Seddon, Susan Nourshargh, Robert J. Eckersley,
Dorian O. Haskard, David O. Cosgrove et Petros Nihoyannopoulos
Préface
Après les remarquables progrès technologiques en détection Doppler, en vue d’améliorer l’ex-
qui ont jalonné l’évolution de l’échographie ploration des cavités cardiaques et des vaisseaux
Doppler ultrasonore au cours des vingt-cinq profonds ou difficiles d’accès par les ultrasons,
dernières années, deux axes importants s’impo- comme les artères intracérébrales. La mise au
sent actuellement dans la progression des ultra- point de la détection harmonique a permis
sons médicaux. Ces axes sont basés sur la théra- d’isoler le signal généré par la réflexion des ultra-
pie par ultrasons de puissance et sur l’utilisation sons sur les interfaces liquide/gaz, tout en rédui-
de produits de contraste. sant l’information tissulaire qui est prédomi-
Après un démarrage relativement lent, l’utili- nante dans le signal fondamental. Ceci a néces-
sation des produits de contraste à base de micro- sité le développement de capteurs à large bande
bulles est rentrée dans la routine pour les centres de fréquence pour émettre et détecter les signaux
spécialisés et a tendance désormais à se générali- fondamentaux et harmoniques. (Cette recherche
ser. Le livre Échographie de contraste coordonné a permis de montrer que les tissus eux-mêmes
par François Tranquart, Jean-Michel Correas et avaient une réponse non linéaire et pouvaient
Ayache Bouakaz, est tout à fait d’actualité et cor- donc être visualisés en mode harmonique.)
respond à un besoin important d’information Après cette étape initiale, les microbulles de
sur le sujet. nouvelle génération ont ouvert un large champ
La mise au point de produits de contraste d’applications, comme l’étude de la perfusion
ultrasonores à base de microbulles est une pro- tissulaire régionale et de la néoangiogenèse, ou la
cédure longue qui nécessite de solutionner plu- caractérisation des lésions focales en détermi-
sieurs problèmes : nant les paramètres de transit du produit de
– développer un produit injectable classé contraste dans la région tumorale. Dans ce der-
produit pharmaceutique ; nier domaine, les performances diagnostiques
– trouver un procédé de fabrication et de sont tout à fait compétitives avec les examens par
conservation pour encapsuler du gaz dans une scanner ou par tomographie à positons.
coque aux propriétés particulières (dimensions, L’utilisation des produits de contraste ultraso-
rigidité) qui dépendent des applications retenues ; nores permet ainsi de réduire le coût des exa-
– disposer d’appareils d’échographie perfor- mens et de supprimer toute irradiation du
mants pour mettre en valeur les propriétés des patient.
microbulles dans le champ acoustique ; L’avenir des produits de contraste à ultrasons
tel qu’il est décrit par les auteurs du livre est pas-
Ces étapes doivent être relayées par la colla- sionnant à envisager, avec plusieurs applications
boration avec des investigateurs compétents potentielles :
pour évaluer la place du produit de contraste
dans des secteurs très concurrentiels de l’image- – le ciblage, qui permet la fixation des micro-
rie et de la thérapie. bulles sur des structures comme les caillots san-
Initialement, les microbulles ont été utilisées guins, en plaçant des anticorps spécifiques à la
pour renforcer le signal sanguin, en imagerie ou surface des microbulles,
12 Échographie de contraste
La mise à disposition des agents de contraste une opportunité extraordinaire pour la prise en
ultrasonores a introduit une nouvelle dimension charge thérapeutique de certaines lésions.
dans l’examen échographique avec la possibilité C’est tout l’objet de cet ouvrage collaboratif
d’une exploration en temps réel de la cinétique où nous avons tenté de faire le point sur un
de prise de contraste de lésions variées. La dispo- monde en évolution du fait du dynamisme des
nibilité de nombreuses études validées et la équipes impliquées dans l’utilisation de ces
conférence de consensus tenue sous l’égide de agents, du dynamisme des constructeurs d’écho-
l’EFSUMB en 2004 ont permis d’intégrer large- graphes et des laboratoires pharmaceutiques.
ment l’échographie de contraste aux pratiques C’est le fruit d’une collaboration intense, au
actuelles en imagerie hépatique. cours de ces dernières années, pour promouvoir
Sous l’impulsion de quelques centres et avec la technique et développer de nouvelles applica-
la mise à disposition de nouvelles méthodes tions.
d’imagerie par les constructeurs et de nouvelles Cet ouvrage se veut être le reflet de la qualité
générations de microbulles, les indications des équipes francophones engagées dans la mise
potentielles de l’imagerie de contraste se sont en œuvre de l’échographie de contraste et ses
étendues à la quasi-totalité des organes profonds développements récents. Il est un point actuel
tels le cœur, le foie, le rein, la rate, le pancréas, le qui demandera à évoluer certainement mais il est
cerveau, l’utérus et l’ovaire, la prostate, les gros aussi le témoin que, dans cette discipline récente,
vaisseaux ou les organes superficiels tels le sein, les équipes francophones ont toute leur place à
le tube digestif, l’œil et la pathologie musculo- côté des équipes anglo-saxonnes si souvent réfé-
tendineuse. rencées.
Que tous les auteurs soient ici remerciés de
Parallèlement à ces ouvertures récentes, la leur contribution essentielle à la réalisation de
possibilité d’imagerie en temps réel de la néovas- cet ouvrage. Que chaque lecteur y trouve le
cularisation et de ses modifications sous traite- repère pour la mise en œuvre de l’échographie
ment est apparue comme une aide incontour- ultrasonore mais également la référence devant
nable en cancérologie. De même, cette possibilité des images inhabituelles comme pour sa place au
d’imagerie en temps réel a été intégrée à la prise sein des méthodes d’imagerie.
en charge thérapeutique des nodules principale- Enfin nous voudrions dédier cet ouvrage à
ment hépatiques, par les méthodes physiques. l’un de nos collègues disparu prématurément
Enfin, il ne faut pas négliger les développe- ayant largement œuvré dans ce domaine des
ments actuels concernant les agents de contraste agents de contraste ultrasonores, le Pr Martin
dans le domaine de l’imagerie moléculaire (pro- J.K. Blomley.
duits ciblés pour les thrombus, néovaisseaux…) François Tranquart
et le transport de principes actifs (médicaments Jean-Michel Correas
ou gènes) qui représentent vraisemblablement Ayache Bouakaz
Bases physiques
des produits de contraste
Caractéristiques physiques
des agents de contraste
A. Bouakaz et N. de Jong
la dissolution d’une microbulle de gaz nue est des microbulles, sachant que les petites micro-
donnée par l’équation d’Epstein et Plesset (7) : bulles ont tendance à disparaître rapidement.
Afin de limiter cette disparition tout en mainte-
dR(t)
Ci
C
− 1 − p2σ oR 1 1 nant la taille des microbulles dans la gamme
= DL( o )( + √ ) (1) requise, différentes tentatives ont été réalisées
dt 1 + 3p4σo R R πDt
sans grand succès (8). Cette rapide disparition
où des microbulles est directement liée à la disso-
R rayon instantané de la microbulle ; lution dans le sang comme expliqué par
t temps ; Meltzer (4). Les nouvelles générations de pro-
D constante de diffusion ; duits de contraste se composent de gaz possédant
σ tension de surface ; un poids moléculaire plus important. La ciné-
Ci rapport de la concentration de gaz dissous
Co tique de la dissolution du gaz est donnée par
sur la concentration de saturation ; l’équation 1 où le coefficient d’Ostwald (L)
po pression ambiante ; représente le rapport de la solubilité du gaz dans
L coefficient d’Ostwald. le liquide à la densité du gaz (9). Cette équation
L’équation 1 peut être résolue numérique- démontre que les microbulles contenant un gaz
ment afin d’extraire les variations de taille de la de faible coefficient d’Ostwald persistent plus
microbulle en fonction du temps. La figure 1 longtemps.
montre l’évolution du rayon en fonction du La figure 2 donne un exemple de dissolution
temps pour trois rayons de microbulle dans temporelle d’une microbulle de 1,5 µm de rayon
l’eau : 0,5, 1,5 et 3 µm. Le gaz à l’intérieur de la contenant deux gaz différents : l’air et de l’hexa-
microbulle est composé d’air. Il est à noter que la fluorure de soufre (Sf6), à partir de la solution de
plus petite microbulle (0,5 µm) disparaît en l’équation 1. Les courbes montrent que la micro-
moins de 2 ms alors que la microbulle la plus bulle d’air disparaît en moins de 25 ms, alors
grosse disparaît en 150 ms. La disparition de ces qu’il faut plus de 100 ms à une microbulle de
microbulles est principalement causée par la dif- même taille contenant du Sf6 avant de dispa-
fusion du gaz intérieur qui se dissout dans le raître.
milieu environnant. Ce résultat quantitatif
démontre que la stabilité de la microbulle et
donc sa durée de vie peuvent être améliorées en ,
1.6
prenant une microbulle plus grosse.
,
1.4
,
Gaz 1.2
Air
Air Sf66
Sf
1
Rayon [µm]
,
0.6
,
0.4
3
,
0.2
,
2.5
0
0 20 40 60 80 100
2
Temps [ms]
Rayon [µm]
,
0.5 Le tableau I résume, pour différents gaz, le
coefficient d’Ostwald ainsi que le temps de vie
0
d’une microbulle de 3 µm de diamètre. Les gaz
0 20 40 60 80 100
Temps [ms]
120 140 160
sélectionnés sont utilisés dans certains produits
de contraste actuellement commercialisés. Les
Fig. 1 - Variation du rayon en fonction du temps pour trois microbulles de solubilité faible présentent une
rayons de microbulle dans l’eau : 0,5, 1,5 et 3 µm. durée de vie importante.
Caractéristiques physiques des agents de contraste 19
Paroi
La majorité des produits de contraste de la 37°°C 38°°C 40°°C
seconde et troisième générations est présentée
par des microbulles de gaz encapsulées, c’est-à-
dire que le gaz est entouré par une paroi dont la
fonction est de protéger la microbulle. Ce pro-
cédé a prouvé son efficacité en prolongeant la Fig. 4 - Observations microscopiques des microbulles de
durée de vie de la microbulle et donc en amélio- contraste soumises à une élévation de température.
rant la durée utile de l’écho de contraste.
Levovist® et Albunex®, qui comptaient parmi les
premières générations, possèdent des capsules à une sous-saturation du liquide. Cette diminu-
composées respectivement d’acide gras (10) et de tion cause un transfert de gaz net de la microbulle
sérum d’albumine humaine dénaturé (11). Ces vers le liquide, provoquant une diminution de la
microbulles encapsulées sont plus stables que les taille de la microbulle. En fonction du temps, on
microbulles nues et persistent plus longtemps in note que la totalité du gaz a été extirpée des micro-
vivo. En conséquence, injectées par voie intravei- bulles et que probablement seulement les élé-
neuse, elles sont capables de traverser le lit capil- ments de capsules sont visibles. La figure 4 illustre
laire pulmonaire et d’être visibles dans les cavités le processus inverse. Quand la température aug-
cardiaques gauches. L’épaisseur de la paroi des mente (de 26 C à 40 C), l’eau devient sursaturée,
produits de contraste disponibles actuellement engendrant un transfert net de gaz vers l’intérieur
varie entre 1 et 250 nm et est composée de pro- de la microbulle, qui résulte en son élargissement.
téines dénaturées, de phospholipides, de surfac-
tants ou de polymères. Les films de surfactants,
utilisés comme des stabilisateurs mécaniques, Effets de la pression hydrostatique
ont montré leur efficacité à améliorer la durée de
vie des microbulles en réduisant la tension de Il existe un effet important de la pression ambiante
surface, responsable de la diffusion des gaz (12). sur l’échogénicité du contraste après injection
Le type de matériau et l’épaisseur de la paroi intraveineuse des microbulles de produits de
contrôlent aussi l’élasticité de la microbulle et contraste a été prouvé précédemment (13). Les
donc sa réponse acoustique. microbulles sont sensibles aux pressions hydrosta-
tiques similaires à celles produites dans le cœur par
exemple. Dans ce cas, le produit de contraste
Effets de la température montre une diminution de l’échogénécité qui s’ac-
centue avec la pression. Cette perte d’échogénécité
La température a un effet important sur les est liée à la réduction de la taille des microbulles ou
échanges gazeux entre l’intérieur de la microbulle à leur disparition (14, 15). Cependant, la sensibilité
et le milieu environnant. L’influence des variations d’une microbulle de gaz soumise à une pression
de température est montrée dans les figures 3 et 4. croissante peut être minimisée en entourant la
Dans cette expérience, les microbulles sont microbulle avec une paroi relativement épaisse. La
immergées dans l’eau saturée à une température figure 5 montre un exemple d’observation optique
de 24 degrés Celcius. La figure 3 montre que la des microbulles d’Albunex® dans une cuve d’eau à
baisse de la température (de 24 C à 16 C) conduit pression ambiante et suite à l’application d’une
20 Échographie de contraste
Pression ambiante
Pression ambiante
Fig. 5 - Images optiques des microbulles d’Albunex® avant Fig. 6 - Images optiques des microbulles de Quantison®
et après application d’une surpression de 160 mmHg pen- avant et après application d’une surpression de 160 mmHg
dant 5 secondes. pendant 5 secondes.
Tableau II - Liste des principaux agents de contraste déjà commercialisés ou en phase de développement : mise à jour 2005.
Fabricant Nom Gaz Paroi Situation
ont une paroi externe de faible porosité faite de paroi intérieure, composée de polymère biodégra-
plastique synthétique biodégradable ou de poly- dable, contrôle la structure physique et la réponse
mère (poly-L-lactide co-glycolide) (16). La com- acoustique tandis que la paroi extérieure en albu-
position et la structure de la paroi externe empê- mine est conçue pour jouer le rôle d’une interface
chent les particules d’être rapidement détruites et biologique qui peut être adaptée en fonction des
les propriétés du perfluorocarbone ralentissent la besoins de diagnostic ou de thérapie. Le diamètre
dissolution du gaz. Le diamètre moyen de ces par- moyen des microbulles est de 4 µm. La double
ticules est de 2 µm et la concentration est de épaisseur des microbulles leur donne une résis-
2,2 × 109 microsphères/ml. AI-700® a achevé la tance additionnelle à la destruction par ultrasons.
phase II des essais cliniques et est actuellement en Le gaz contenu à l’intérieur de la microsphère est
phase III des développements cliniques pour de l’air. La nouvelle génération de produit de
l’imagerie de la perfusion du myocarde. contraste basée sur la même technologie se
Imagent® AF0150 (antérieurement connu sous nomme CARDIOsphereTM. Ce produit est com-
le nom d’Imavist®) fait partie de la seconde géné- posé d’une capsule de double épaisseur renfer-
ration des agents de contraste. Il est constitué de mant de l’azote, et est conçu pour se briser à des
microbulles de perfluorohexane entourées de sur- conditions ultrasonores spécifiques, entraînant
factant. Le diamètre moyen des microbulles est de une dissolution rapide de l’azote (19). Les caracté-
5 µm et leur concentration s’élève à 5 × 108 micro- ristiques de ses microbulles rendent ce produit de
bulles/mL. Cet agent de contraste a été développé contraste optimal pour les techniques de destruc-
par Alliance Pharmaceutical Corp. en collabora- tion telles que l’imagerie en mode Doppler puis-
tion avec Schering AG, Allemagne. Alliance sance. Des études de phase II ont été récemment
Pharmaceutical Corp. a annoncé (en 2002) que achevées et des essais cliniques de phase III ont
Imagent® avait été approuvé pour la mise sur le débuté dans le domaine de la perfusion du myo-
marché aux États-Unis par l’organisme d’habilita- carde. CARDIOsphereTM est le aujourd’hui le seul
tion U.S. Food and Drug Administration (FDA). produit en évaluation par l’organisme FDA pour
Imagent® est approuvé pour une utilisation chez l’estimation de la perfusion myocardique.
des patients avec un échocardiogramme subopti- Definity® fait partie de la seconde génération
mal pour opacifier le ventricule gauche et pour des produits de contraste basée sur la technologie
améliorer la détection des parois endocardiaques. des lipides, comprenant des microsphères encap-
SonoVue® (BR1) fait partie de la seconde sulées par du phospholipide et contenant de
génération des produits de contraste fabriqué par l’octafluoropropane. Les microsphères de
la société Bracco. Il est composé d’hexafluorure Definity® ont une taille moyenne variant entre
de soufre encapsulé par une mono paroi de 1,1 et 3,3 µm et leur concentration est de
phospholipide extrêmement élastique. Le dia- 1 × 108 microbulles/mL. Definity® a été récem-
mètre des microbulles de SonoVue® s’étend de 1 ment approuvé (août 2001) par la FDA pour sa
à 12 µm et la concentration est de 2 × 108 micro- commercialisation aux États-Unis. La cible prin-
bulles/ mL (17). SonoVue® est approuvé en cipale concerne des patients avec des échocardio-
Europe et est maintenant disponible dans de graphies suboptimales afin d’opacifier la
nombreux pays de la Communauté européenne. chambre ventriculaire gauche et d’améliorer la
Il est utilisé pour l’opacification et l’amélioration détection de la bordure endocardiaque du ven-
de la détermination des parois gauches ventricu- tricule gauche. Definity®, précédemment connu
laires ainsi qu’en radiologie. sous le nom d’Aerosomes®, est actuellement
BR14® de Bracco est un nouveau produit de commercialisé par Bristol-Myers Squibb après
contraste de troisième génération. Il est composé acquisition de DuPont Pharmaceuticals en
de perfluoropropane contenant des microbulles octobre 2001. Definity® est actuellement dispo-
stabilisées par une couche de phospholipide. Il nible en Europe pour des applications cardiolo-
est actuellement en phase II des études giques (2006) sous le nom Luminity®.
humaines. Des études préliminaires ont montré Albunex® est un produit de contraste de pre-
qu’après injection intraveineuse, une persistance mière génération. Il est constitué de microsphères
de l’opacification du myocarde est obtenue bien d’air encapsulées par une paroi composée de 5 %
que la majorité du produit de contraste ait déjà d’albumine de sérum humain. La taille moyenne
été évacuée des cavités du cœur (18). des microsphères est de 3.85 µm et leur concen-
biSphere™ de Point Biomedical consiste en tration varie entre 3 × 108 et 5 × 108 micro-
une capsule de double épaisseur composée de bulles/mL, dans laquelle 92,5 % des microbulles
polymère et d’albumine entourant de l’air. La sont inférieures à 10 µm (11). Albunex® a été
22 Échographie de contraste
approuvé aux États-Unis en 1992 et fut le premier Quantison™, produit par la société Quadrant,
agent de contraste commercialisé pour l’amélio- consiste en des microbulles d’air entourées par
ration de la détection des frontières endocar- une paroi d’albumine humaine épaisse. Le dia-
diaques. Le processus d’encapsulation améliore la mètre moyen est de 3,2 µm et plus de 95 % des
durée de vie du produit de contraste comparati- microbulles ont un diamètre inférieur à 6 µm
vement aux microbulles nues. Malgré ces amélio- avec une concentration de 1,5 × 108 micro-
rations, la durée de vie d’Albunex® était considé- bulles/mL. La paroi d’albumine a une épaisseur
rée comme limitée pour permettre un examen de 200-300 nm (21). D’autres microbulles ont été
ultrasonore optimal et, donc, des améliorations produites par le même fabricant et ont été
additionnelles ont été apportées. conçues avec des propriétés différentes.
La seconde génération de produits de contraste Myomap™, le second produit de Quadrant,
issue d’Albunex® est Optison®. Il a été approuvé contient des microbulles d’air entourées d’une
fin 1997 pour une utilisation chez des patients paroi très épaisse, environ trois fois plus épaisse
avec des échocardiogrammes suboptimaux afin que celle de Quantison™, avec un diamètre
d’améliorer l’opacification du ventricule gauche et moyen de 10 µm (21). Les deux produits de
le repérage des parois endocardiales. Le gaz qui Quadrant ne sont pas disponibles actuellement.
compose Optison® est l’octafluoropropane. La Les microbulles de PESDA® développées par
paroi est constituée de 1 % d’albumine de sérum T. Porter (22), contiennent du perfluorocarbone
humain. Le diamètre moyen des microbulles et sont encapsulées par une protéine d’albumine.
d’Optison® varie entre 2 et 4,5 µm au sein des- La taille moyenne d’une microbulle de PESDA®
quelles 93 % sont inférieures à 10 µm. Leur est de 7 µm. Ces microbulles ont été développées
concentration varie entre 5 et 8 × 108 micro- exclusivement pour la recherche et ne sont pas
bulles/mL. La substitution de l’air par un gaz à commercialisées.
haut poids moléculaire fournit une meilleure sta-
bilité aux microbulles d’Optison®. Optison® est
co-promu par Nycomed/ Amersham. Préparation et injection
Echovist®, développé par le laboratoire
Schering, fait partie des tout premiers produits de Les produits de contraste ultrasonores sont géné-
contraste mis sur le marché de l’imagerie ultraso- ralement fournis prêts pour une reconstitution
nore. Il consiste en une suspension de micropar- par simple addition d’une solution de sérum phy-
ticules de galactose dans une solution de galactose siologique. Quelques produits demandent une
à 20 % (20). Les microbulles d’Echovist® sont préparation plus poussée. Les microbulles doivent
trop grosses pour passer les capillaires des pou- être préparées avant leur utilisation en raison de
mons et donc ce produit n’a été approuvé que leur durée de vie limitée. Les produits de contraste
pour l’imagerie du côté droit du cœur. ont été conçus pour une administration par voie
Le second agent issu du laboratoire Schering intraveineuse, faite dans une veine périphérique,
est Levovist®. Levovist® est un agent approuvé en habituellement dans l’avant-bras. L’injection peut
Europe, au Canada et au Japon. Il consiste en une prendre la forme d’un bolus intraveineux dont le
suspension de galactose et d’une faible quantité volume varie entre 0,5 ml et 8 ml. La tolérance a
d’acide gras enveloppant les microbulles. Le été testée sur plus de 100 000 sujets ne créant pas
mélange de cette suspension avec de l’eau stérile d’effets secondaires sérieux. Puisque le volume de
génère des petites microbulles d’air. Leur dia- produit de contraste injecté est généralement
mètre s’étend de 2 et 8 µm. Grâce à la couche faible, il est suivi par un bolus de sérum physiolo-
d’acide gras utilisée comme paroi, les microbulles gique. Après injection, les microbulles perdurent
de Levovist® restent stables pendant plusieurs environ trois à cinq minutes selon le type de pro-
minutes et assurent un passage transpulmonaire. duit de contraste utilisé (air ou perfluorocar-
Sonazoid® (NC100100) est actuellement en bone). Selon l’application et la durée désirée, l’in-
phase d’essais cliniques III et devrait être jection peut se faire par perfusion.
approuvé très prochainement au Japon. Il
contient des microbulles avec une taille moyenne
de 3 µm. Ces microbulles sont stabilisées par un Conclusion
surfactant et contiennent du perfluorocarbone.
Sonazoid® est dédié à la cardiologie et potentiel- Dans ce chapitre, différentes propriétés phy-
lement à la radiologie. Très récemment, siques des produits de contraste ultrasonores
Sonazoid® a été autorisé au Japon. sont présentées. La sélection de ces propriétés
Caractéristiques physiques des agents de contraste 23
physiques est très importante pour obtenir 10. Schlief R (1996) Ultrasound contrast agents. Current
l’agent de contraste ultrasonore idéal. Le gaz Opinion in Radiology, vol. 3: 198-207
contenu dans la microbulle joue un rôle impor- 11. Barnhart J, Levene H, Villapando E et al. (1990)
tant dans la détermination de la durée utile de Characteristics of albunex : air-filled albumin micro-
l’écho. De plus, les propriétés de la paroi contrô- spheres for echocardiography contrast enhancement.
lent la longévité de la microbulle en plus de ses Invest Radiol, vol. 25, Suppl 1: S162-4
propriétés ultrasonores. La taille des microbulles 12. Van Liew HD, Burkard ME (1996) Relationship of oxy-
doit être sélectionnée dans une gamme qui per- gen content to po2 for stabilized bubbles in the circula-
met un passage à travers les capillaires pulmo- tion: theory. J Appl Physiol, vol. 81, n° 1: 500-8
naires et l’assurance d’une réflexion ultrasonore 13. Shapiro JS, Reisner SA, Lichtenberg GS, Meltzer RS
satisfaisante. (1990) Intravenous contrast echocardiography with use
L’engagement des compagnies pharmaceu- of sonicated albumin in humans : Systolic disappearance
tiques pour la conception et la fabrication de of left ventricular contrast after transpulmonary trans-
nouveaux produits de contraste a été accompa- mission. J Am Coll Cardiol, vol. 7: 1603-7
gnée par des avancées remarquables dans les 14. Bouakaz A, Frinking PJ, de Jong N, Bom N (1999)
techniques d’imagerie ultrasonore de contraste. Noninvasive measurement of the hydrostatic pressure in
En conséquence, les méthodes actuelles permet- a fluid-filled cavity based on the disappearance time of
tent une meilleure détection des microbulles micrometer-sized free gas bubbles. Ultrasound Med Biol,
dans la microcirculation, améliorant considéra- vol. 25, n° 9: 1407-15, 0301-5629 (Print) Journal Article
blement la qualité et la confiance du diagnostic. 15. Bouakaz A, de Jong N, Cachard C, Jouini K (1998) On the
effect of lung filtering and cardiac pressure on the stan-
dard properties of ultrasound contrast agent. Ultra-
Références sonics, vol. 36, n° 1-5: 703-8, 0041-624X (Print) Journal
Article
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Dynamique de la microbulle
A. Bouakaz, P. Palanchon et N. de Jong
où R et sont des fonctions du temps et repré- therme. Il est alors nécessaire de tenir compte des
sentent respectivement le rayon instantané et la effets de tension de surface ( σ ) et de l’influence
variation du rayon instantané. des échanges de chaleur ( γ ) entre le gaz et le
Lorsqu’une microbulle de gaz est excitée par liquide. Dans ces conditions, Medwin (14) a
une onde de pression périodique, les parois de la montré que la fréquence de résonance isotherme
microbulle mises en oscillations forcées ren- peut s’écrire sous la forme :
voient ou diffusent dans toutes les directions une
onde de pression sphérique. La microbulle dans
1 3(γb)(βPo )
ce cas est assimilée à une source ponctuelle. Sa fr = = fo βb (5)
réponse dépend de la fréquence de l’onde et de sa 2πR ρ
taille. Minnaert (2) a décrit analytiquement le
Les termes β et b, termes correctifs, sont
mode de vibration purement sphérique d’une
développés dans le paragraphe suivant.
microbulle de gaz dans un liquide comme un
système oscillatoire simple amorti. Cette théorie
apporte des informations très utiles au niveau du Amortissements
comportement de la microbulle lorsque ses
variations de taille sont faibles par rapport à son La constante d’amortissement δ est définie par
rayon initial (13). À partir de cette analogie avec Medwin (14) comme étant la somme de trois
un système mécanique, les équations qui régis- contributions : la redistribution de l’énergie sous
sent le mouvement de l’oscillateur harmonique forme de rayonnement (δray), les déperditions
amorti peuvent être appliquées à la microbulle d’origine visqueuse (δvis) et les déperditions
pour décrire ses oscillations (13). d’origine thermique (δthe).
δvis δtot
Coefficient d’amortissement
Coefficient d’amortissement
,
0.1 δther
δray
,
0.01
,
0.1 ,
0.5 5
Rayon [µm] Rayon [µm]
Fig. 1 - Coefficients d’amortissement de microbulles d’air Fig. 2 - Section efficace de diffusion pour une fréquence de
dans l’eau en fonction du rayon. 2,25 MHz.
Dynamique de la microbulle 29
[µm2]
senté en 1917 (15), dans lequel est décrite l’équa- Le coefficient polytropique κ peut varier
tion de mouvement de la surface de la microbulle entre 1 dans le cas d’oscillations isothermes et γP
d’après l’expression : dans le cas d’oscillations adiabatiques. Dans la
plupart des situations de microbulles de
3 quelques microns à des fréquences ultrasonores
ρRR̈ + ρṘ = Pint − Pext (17)
2 en MHz, le gaz à l’intérieur de la microbulle se
où comporte de façon plus isotherme qu’adiaba-
R est la rayon instantané de la microbulle ; tique.
Ṙ la vitesse de la paroi de la microbulle ;
R̈ son accélération. Pint est la pression interne de Modèle de Rayleigh-Plesset modifié
la microbulle.
L’équation précédente de la dynamique de la
Pext est la pression externe. microbulle a fait l’objet de nombreuses
La microbulle est ainsi induite en oscillation en recherches au début du XXe siècle, et plusieurs
raison de la différence entre sa pression interne et contributions ont été apportées par différents
la pression externe. auteurs. Les plus importantes sont celles de
Noltingk, Neppiras et Poritsky entre 1949 et 1952
Modèle de Rayleigh-Plesset (17, 18) qui incluent les effets de la tension de
surface et de la viscosité du milieu environnant.
L’équation de Rayleigh a été détaillée en dévelop- Depuis, l’équation de Rayleigh-Plesset a pris une
pant les expressions de la pression interne de la nouvelle appellation : Rayleigh-Plesset-Noltingk-
microbulle et de la pression externe ou à l’infini. Neppiras and Poritsky, en hommage à ses auteurs,
Dans ce cas, la température et la pression dans le et est connue sous le nom de RPNNP.
milieu environnant sont T∞ et P∞(t). La tempéra- 3 2σ Ro 2σ
ture est assumée constante, alors que la pression ρRR̈ + ρṘ = (po + − pv )( )3κ −
2 Ro R R
varie en fonction du temps et contrôle les oscilla- 4µ
tions de la microbulle. En effet, en l’absence d’effets − Ṙ + pv − po − Pi (t) (20)
R
thermiques significatifs, la température du
liquide peut être assumée uniforme et ainsi les Si on néglige les effets de viscosité, de tension
contributions thermales sont négligeables. Dans de surface et la pression de vapeur, on obtient
cette dérivation de Rayleigh-Plesset (16), le l’équation simplifiée de Rayleigh
milieu « liquide » est considéré incompressible. 3 Ro
Par conséquent, la vitesse de la paroi de la micro- ρRR̈ + ρṘ = po ( )3κ − po − Pi (t) (21)
2 R
bulle Ṙ (t) est faible devant la vitesse de propaga-
En linéarisant cette équation et en posant
tion des ondes dans ce milieu. Cette hypothèse
R(t) = Ro (1 + x) , on obtient :
est valide pour de faibles nombres de Mach
M = Ṙ/c , situation qui se produit pour de P (t)
faibles amplitudes d’oscillations. Par ailleurs, la ẍ + ωo2 x = (22)
ρRo2
dérivation de Rayleigh-Plesset ne tient pas compte avec
des pertes dues à la radiation, bien que l’amortis- 3po κ
sement dû à la radiation puisse être important ωo = (23)
ρRo2
pour les microbulles les plus petites (voir fig. 1).
En considérant le comportement du gaz poly- L’équation 22 est celle d’un oscillateur har-
tropique, et en tenant compte de la pression de monique simple (amortissement négligé) avec
vapeur, la pression interne de la microbulle peut l’expression de la fréquence de résonance donnée
être remplacée par l’expression : dans l’équation 3.
De la solution de l’équation de Rayleigh-Plesset
Ro 3κ résultent le rayon instantané, la vitesse et l’accéléra-
Pint = (po − pv )( ) + pv (18)
R tion de la paroi de la microbulle. La pression acous-
En posant Pext = po + Pi (t) , l’expression de tique diffusée, Pd( ω ), à la surface de la microbulle,
Rayleigh-Plesset devient est donnée, dans le cas de régime continu, pour
toutes les composantes fréquentielles incluant les
3 Ro harmoniques par Coakley et Nyborg (10) :
ρRR̈ + ρṘ = (po − pv )( )3κ + pv − po − Pi (t)
2 R
(19) |Pd (nω)| = |(ρnωRo Ṙ(nω))| (24)
Dynamique de la microbulle 31
où n est l’ordre de la composante harmonique. une onde incidente donnée par l’expression sui-
La section efficace de diffusion est donnée par : vante :
ωt 2
Pd (nω)2 Pi (t) = A exp[−( ) ] sin ωt (28)
Σd (nω) = 4πRo2 | | (25) Nπ
Pi (ω)2
où N est le nombre de cycles contenus dans l’onde
Pi étant la pression acoustique incidente. et A son amplitude acoustique. À partir des varia-
tions du rayon, de la vitesse et de l’accélération de
la paroi de la microbulle, l’écho réfléchi ou diffusé
Autres modèles de la dynamique par la microbulle, y(t) peut être estimé à une dis-
de la microbulle tance donnée en utilisant l’expression de
Frost (23) valable pour un régime pulsé :
Depuis les développements de Rayleigh-Plesset,
plusieurs modèles mathématiques avec différents ρ ˙ 2)
¨ + 2R(t)R(t)
y(t) = (R(t)2 R(t) (29)
niveaux de sophistication ont été développés pour z
décrire les oscillations d’une microbulle de gaz où z représente la distance entre la microbulle et
dans un liquide. La première modification appor- le transducteur.
tée à l’équation de Rayleigh-Plesset fut donnée en Dans la suite du chapitre, nous allons donner
1941 par Herring (23) qui a considéré le milieu quelques exemples d’oscillations de microbulles,
environnant de la microbulle comme compres- ainsi que leurs réponses acoustiques telles que
sible, en utilisant l’approximation acoustique et prédites par l’équation 29.
en supposant la vitesse de propagation constante. Un exemple de solution est donné ci-dessous,
Son modèle est valide pour de faibles et moyennes dans lequel le modèle de Keller-Miksis est utilisé
pressions acoustiques. En 1952, Gilmore (19) a pour prédire les réponses non linéaires des micro-
également considéré le milieu étant compressible bulles et la génération d’harmoniques. Dans la
en utilisant l’hypothèse de Kirkwood-Berth (20). figure 5 est donné l’écho produit par les oscilla-
Le modèle de Gilmore est valable pour des pres- tions d’une microbulle de 1 µm de rayon irradiée
sions acoustiques plus fortes. Pour considérer des par une onde contenant six périodes à la fréquence
oscillations beaucoup plus intenses de la micro- de 4 MHz et avec une amplitude de 5 kPa. La fré-
bulle, le modèle de Keller-Miksis (21) développé quence incidente est proche de la fréquence de
en 1980 est particulièrement approprié car il résonance de la microbulle. La microbulle oscille
incorpore les effets de radiation acoustique de la principalement, mais pas totalement linéairement.
microbulle en utilisant l’approximation linéaire
du coefficient polytropique κ . En 1986,
Prosperetti (22) a révisé le modèle de Keller-
Miksis en incorporant une formulation plus
exacte de la pression interne du gaz, au détriment
Écho [Pa]
˙ P (t) R(t)
R(t)
= (1 + ) + ˙
P (t) (26)
c ρ ρc
2σ R0 κ 2σ
P (t) = (pST − pV + )( ) −
R0 R(t) R(t)
˙ − pST + pV − Pi (t)
− δt ωρR(t)R(t) (27)
Fréquence [MHz]
B
L’équation 26 permet de prédire les oscilla- Fig. 5 - Réponse acoustique d’une microbulle de 1 µm de
tions linéaires et non linéaires de la microbulle. rayon initial à une onde de 4 MHz de fréquence et 5 kPa d’am-
Elle est résolue numériquement en définissant plitude : A) réponse temporelle ; B) réponse fréquentielle.
32 Échographie de contraste
Écho [Pa]
quence incidente, c’est-à-dire à 8 MHz. Cette
composante fréquentielle non linéaire, appelée
second harmonique, a une amplitude relativement
faible, à – 36 dB de la composante fondamentale
principale. Lorsque l’amplitude de l’onde inci-
Temps [µs]
dente augmente, la microbulle est alors induite
dans des oscillations clairement non linéaires A
comme le montre la figure 6. Dans ce cas la même
microbulle est insonifiée par une pression de
Amplitude [dB]
50 kPa (dix fois plus que dans le cas précédent).
L’écho montre une asymétrie caractéristique de la
réponse non linéaire de la microbulle. L’amplitude
de la composante positive de l’écho est presque le
double de l’amplitude de la composante négative.
Fréquence [MHz]
Cette asymétrie se traduit par la génération de
composantes harmoniques, deuxième et troi- B
sième, comme notées sur le spectre de l’écho. Fig. 6 - Réponse acoustique d’une microbulle de 1 µm de
L’augmentation de la pression acoustique inci- rayon initial à une onde de 4 MHz de fréquence et 50 kPa
dente par un facteur de 10 a pour résultat une aug- d’amplitude : A) réponse temporelle ; B) réponse fréquentielle.
mentation de l’amplitude fondamentale par un
facteur de 10 et celle du second harmonique par
utilisées correspondent à des microbulles au-des-
un facteur de 100. Ceci indique clairement la rela-
sus de la taille de résonance, en dessous de la réso-
tion linéaire entre la pression incidente et la
nance et proche de la résonance. La réponse de la
réponse à la fréquence fondamentale et la relation
microbulle est donnée par les variations de son
non linéaire entre l’amplitude du second harmo-
rayon, ainsi que l’écho produit par la microbulle à
nique et l’amplitude de l’onde incidente.
une distance de 1 cm de la microbulle.
Dans les figures qui suivent, la réponse de la La figure 7 montre la réponse d’une micro-
microbulle en fonction de sa taille et de l’ampli- bulle de 4 µm de rayon dans l’eau. Pour une faible
tude de l’onde incidente sera explorée. Différents excitation (50 kPa), la microbulle oscille légère-
rayons sont considérés : 4 µm, 2 µm, 1,5 µm et ment, entre un maximum de 4,1 µm et un mini-
1 µm. Ces microbulles sont excitées par une onde mum de 3,9 µm (fig. 7A). Les oscillations sont
ultrasonore de 2 MHz contenant 3 cycles à principalement linéaires. L’onde diffusée, calculée
2 amplitudes acoustiques : 50 kPa et 300 kPa. Ces à 1 cm de la paroi de la microbulle, est symétrique
pressions correspondent à des index mécaniques avec un maximum de 10 Pa. Pour une pression de
de 0,035 et 0,2. À 2 MHz, la fréquence incidente, la 300 kPa (fig. 7B), la réponse de la microbulle est
taille de résonance est de 1,7 µm. Ainsi les tailles principalement linéaire, mais pas totalement. Sa
Écho [Pa]
Écho [Pa]
Écho [Pa]
Rayon [µm]
Rayon [µm]
Écho [Pa]
Écho [Pa]
Rayon [µm]
Rayon [µm]
Écho [Pa]
Temps [µs] Temps [µs]
A B
Fig. 10 - Variations du rayon (courbe supérieure) et réponse acoustique (courbe inférieure) d’une microbulle de 1 µm de
rayon initial soumise à une onde ultrasonore de 2 Mhz : A) pression acoustique 50 kPa ; B) pression acoustique 300 kPa.
résonance de cette microbulle est de 2,3 MHz, figure 11 montre la réponse temporelle et fré-
légèrement supérieure à la fréquence d’excita- quentielle d’une microbulle de 2 µm de rayon
tion. On note que cette microbulle démontre un initial (fréquence de résonance de 1,7 MHz),
comportement fortement non linéaire même à soumise à une onde acoustique de 12 cycles à
50 kPa. En appliquant 300 kPa, la taille de la 3 MHz générant une pression de 300 kPa. L’écho
microbulle oscille entre 0,4 µm et presque 4 µm, diffusé par cette microbulle est caractéristique du
équivalent à 265 % la taille initiale. La pression sous-harmonique et des ultraharmoniques. Le
acoustique maximale diffusée par la microbulle spectre de cet écho montre une forte composante
atteint 100 Pa et, en raison de la proximité de la à 1,5 MHz seulement 3 dB en dessous la compo-
taille de résonance, l’écho est beaucoup plus sante fondamentale. Les ultraharmoniques sont
long. aussi clairement distincts à 4,5 et 7,5 MHz.
Le rayon et l’écho simulés d’une microbulle La figure 12 montre l’influence de la viscosité
plus petite (1 µm de rayon) sont donnés dans la du milieu sur la réponse de la microbulle. En effet,
figure 10. Les variations de la taille à faible pres- la viscosité du milieu environnant joue un rôle
sion acoustique (50 kPa) sont de l’ordre de 20 %,
générant un écho non linéaire. L’augmentation de
l’amplitude acoustique par un facteur de 6 résulte
en une augmentation de l’écho par un facteur de
Écho [Pa]
Le modèle de de Jong a été validé par des mesures montre les pulsations de la microbulle soumise à
expérimentales effectuées avec le produit de une onde contenant une période à 4 MHz et de
contraste Albunex® et a montré des résultats faible pression acoustique (régime linéaire). La
satisfaisants (28). microbulle nue, excitée près de sa résonance,
En 1995, Church (30) a présenté un modèle démontre ainsi clairement un phénomène de
non linéaire de la microbulle encapsulée dans résonance caractérisé par une réponse tempo-
lequel il considère la paroi comme étant incom- relle allongée. Dans le cas de la microbulle encap-
pressible et d’épaisseur arbitraire. La paroi est sulée, sa fréquence de résonance est supérieure à
également représentée par son élasticité et ses 4 MHz. Ceci se confirme par la courbe de
frictions visqueuses. Son modèle n’a pas été réponse qui se trouve plus faible et plus courte.
validé expérimentalement. En 2000, Hoff (31) a En conclusion, une paroi autour de la microbulle
étendu le modèle non linéaire de Church valable agit principalement sur la fréquence de réso-
pour des parois fines. En considérant la paroi nance et sur l’amplitude de sa réponse.
incompressible, ses dilatations pendant les oscil-
lations sont alors nulles. Ainsi, l’épaisseur de la
paroi change, afin de garder un volume constant. Mesures des propriétés acoustiques
Les prédictions théoriques obtenues avec ce des microbulles
modèle ont été comparées aux mesures expéri-
mentales effectuées avec le produit Sonazoid® et Pour caractériser les microbulles constituant un
ont démontré un accord très satisfaisant. En produit de contraste, des méthodes acoustiques
2001, Morgan et al. (32) ont présenté un modèle ou optiques peuvent être envisagées. Les méthodes
de microbulle encapsulée. À partir du modèle de acoustiques consistent à déterminer des propriétés
la microbulle nue développé par Gilmore, les telles que la réflexion (ou la diffusion), l’atténua-
effets de la paroi de la microbulle ont été pris en tion et/ou la vitesse de propagation. Ces méthodes
compte en utilisant le modèle de la microbulle ont l’avantage d’être relativement faciles à mettre
encapsulée considéré par Church. L’avantage de en œuvre, ne nécessitant pas un équipement
cette approche est la validité des prédictions sophistiqué. Néanmoins l’inconvénient majeur
théoriques à plus fortes pressions acoustiques. réside dans la difficulté de caractériser une micro-
Un exemple d’oscillations d’une microbulle bulle individuelle. Dans ce cas, les méthodes
encapsulée est donné dans la figure 13 en utili- optiques sont privilégiées. Ces méthodes nécessi-
sant le modèle de de Jong, en considérant une tent l’utilisation de caméras opérant à des
microbulle de 1 µm de rayon avec ou sans paroi. cadences dans la gamme du mégaHertz afin de
L’épaisseur de la paroi est 15 nm. La figure 13 pouvoir suivre les oscillations des microbulles.
Méthodes acoustiques
En utilisant les méthodes acoustiques, deux
caractéristiques sont mesurées : la transmission
(ou l’atténuation) et la réflexion. La mesure de
transmission consiste à quantifier la quantité
d’énergie ultrasonore capable de traverser un
milieu contenant des microbulles. Cette mesure
Rayon [µm]
Propriétés linéaires
Transmission [dB/cm]
La figure 14 montre la courbe de transmission
des ondes ultrasonores à travers les microbulles
d’Albunex® avec une dilution de 1/20 000. La
courbe montre un phénomène de résonances
aux alentours de 2 MHz, caractérisé par un mini-
mum de transmission. Au-delà de la fréquence
de résonance, les microbulles sont très peu atté-
nuantes alors qu’à la résonance un maximum
Fréquence [MHz]
d’énergie est extrait de l’onde incidente et donc
absorbé ou diffusé par les microbulles. La courbe Fig. 14 - Courbe de transmission des ultrasons à travers les
de transmission de Quantison®, avec un taux de microbulles d’Albunex®.
dilution de 1/250, est présentée dans la figure 15.
Ce produit est composé de microbulles avec une
paroi relativement épaisse, dont l’épaisseur est
proche de 300 nm (34). En conséquence, elles
Transmission [dB/cm]
présentent une fréquence de résonance élevée,
proche de 4 MHz.
Les résultats des mesures en rétro diffusion
sont présentés dans la figure 16. Sur cette figure
sont données les sections efficaces de diffusion de
deux produits de contraste : Quantison® et
SonoVue®. Les microbulles de SonoVue®
démontrent clairement un phénomène de réso- Fréquence [MHz]
nance entre 2 et 3 MHz. Les microbulles de Fig. 15 - Courbe de transmission des ultrasons à travers les
Quantison®, de par leur paroi épaisse, ne présen- microbulles de Quantison®.
tent pas de phénomène de résonance aussi mar-
qué. De plus, le niveau de diffusion est nettement
plus faible, l’épaisseur de la paroi amortissant les quence pour différentes pressions incidentes. Le
oscillations de la microbulle. signal transmis est composé de 10 cycles à
2,25 MHz. Pour la plus faible amplitude acous-
Propriétés non linéaires tique, correspondant à un index mécanique de
Un exemple des mesures des propriétés non 0,01, les microbulles se comportent principale-
linéaires de produit de contraste est donné sur la ment linéairement, même si une composante
figure 17. Les courbes montrent les réponses des non linéaire est générée à 5 MHz, la fréquence
microbulles de SonoVue® en fonction de la fré- harmonique. Son amplitude est à – 20 dB, en
Section efficace de diffusion [cm2]
Section efficace de diffusion [cm2]
0,12
!
0,012
0,0012
0 2 4 6 8 10 12
Rayon [µm]
Fréquence [MHz]
Fig. 19 - Amplitude du sous-harmonique (cercles) et du
Fig. 17 - Réponses fréquentielles du produit de contraste premier ultraharmonique (triangles) en fonction du rayon
SonoVue® soumis à différentes pressions acoustiques. de la microbulle.
Dynamique de la microbulle 39
[dB]
Diamètre [µm]
[dB]
Temps [µs] Fréquence [MHz]
A B
Fig. 22 - Mesure optique démontrant des oscillations non linéaires d’une microbulle de SonoVue® insonifiée à 1 MHz et à
200 kPa : A) Variation du diamètre ; B) Spectre fréquentiel.
Propriétés non linéaires (130 kHz), tandis que la figure 23B présente ses
mêmes oscillations à la fréquence du second har-
Un exemple d’oscillations non linéaires avec une monique (260 kHz). L’amplitude des oscillations à
microbulle de SonoVue® est donné sur la la fréquence fondamentale montre un maximum
figure 22. La microbulle a un diamètre initial de pour une microbulle possédant un rayon initial de
3,7 µm et démontre un comportement haute- 24 µm. Ce rayon correspond à la taille de réso-
ment non linéaire caractérisé par une courbe de nance théorique estimée par l’équation 5. Pour les
diamètre asymétrique. Ceci est confirmé par le microbulles possédant un rayon s’éloignant de la
spectre fréquentiel qui montre la présence de résonance, l’amplitude des oscillations décroît très
composantes harmoniques à 2, 3 et 4 fois la fré- rapidement. Cependant, il est à noter que cette
quence incidente. baisse est plus prononcée pour les microbulles
Afin d’étudier le comportement non linéaire supérieures à la taille de résonance. Les oscillations
des microbulles en fonction de leur taille, des des microbulles à la fréquence du second harmo-
microbulles plus larges que celles utilisées en nique montrent un comportement différent. Une
contraste ultrasonore sont produites grâce à un amplitude maximale des oscillations est aussi
générateur de microbulles (36). Dans ce cas, obtenue pour une microbulle à la résonance
chaque microbulle est individuellement insonifiée (24 µm). Les microbulles plus grosses que la taille
par une onde acoustique de 8 cycles, dont la fré- de résonance montrent une baisse rapide de leurs
quence est de 130 kHz et la pression acoustique de vibrations. Cependant, les microbulles plus petites
20 kPa. La figure 23A présente les oscillations en que le rayon de résonance se comportent diffé-
fonction du rayon, à la fréquence fondamentale remment. L’amplitude des oscillations décroît très
(Rmax-Rmin)/R0
(Rmax-Rmin)/R0
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même à de faibles amplitudes acoustiques. De plus, Evaluation acoustique in vitro et application. Ph.D. dis-
la pression acoustique appliquée altère la réponse sertation, INSA Lyon
de la microbulle. Lorsque la pression incidente est 14. Medwin H (1977) Counting bubbles acoustically: a
augmentée, l’écho de la microbulle devient non review, Ultrasonics, n° 1: 7-13
linéaire et de nouvelles composantes fréquentielles 15. Rayleigh LSJW (1917) On the pressure developed in a
(harmoniques, sous-harmoniques et ultraharmo- liquid during the collapse of a spherical cavity, Philos
niques) apparaissent dans l’écho diffusé. L’écho est Mag, vol. 34: 94-8
aussi modifié lorsque la microbulle est encapsulée. 16. M. Plesset (1949) The dynamics of cavitation bubbles,
La présence de la paroi autour de la microbulle la Journal of Applied Mechanics, vol. 116: 277-82
stabilise davantage et augmente sa durée de vie, au 17. Noltingk BE, Neppiras EA (1950) Cavitation produced
détriment d’un pouvoir réflecteur réduit. by ultrasonics, Proc Phys Soc B, vol. 63: 674-85
L’étude de l’interaction entre la microbulle et 18. Porisky H (1952) The collapse or growth of a spherical
l’onde ultrasonore a permis aujourd’hui de bubble or cavity in a viscous fluid, in the first US National
développer de nouvelles techniques d’imagerie Congress on applied mechanics, New York: 813-21
ultrasonores pour les produits de contraste. 19. Gilmore F (1952) Hydrodynamics laboratory report,
Néanmoins, les microbulles possèdent de mul- California Institute of Technology, Tech Rep
tiples signatures acoustiques qui les distinguent 20. Kirkwood J, Bethe H (1942) Office of science and
des tissus et une meilleure compréhension de research development, Tech Rep
cette interaction permettra de concevoir des stra- 21. Keller J, Miksis M (1980) Bubble oscillations of large
tégies beaucoup plus sensibles pour détecter et amplitude, J Acoust Soc Am, vol. 68, n° 2: 628-33
visualiser les microbulles. 22. Prosperetti A, Crum L, Commander K (1986) Nonlinear
bubble dynamics, J Acoust Soc Am, vol. 83: 502-14
23. Frost P, Harper E (1975) Acoustic radiation from surfaces
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4. ter Haar G, Daniels S, Eastaugh KC, Hill CR (1982) 26. Prosperetti A (1977) Application of the subharmonic
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Principes physiques des méthodes
d’imagerie de contraste
A. Bouakaz, P. Palanchon, A. Bleuzen, J.-M. Correas et F. Tranquart
insonifiés par ultrasons ne réfléchissent qu’à la réduite avec de nouvelles stratégies de codage
fréquence d’excitation, indépendamment de telles que la méthode d’inversion de phases.
l’amplitude acoustique appliquée et de la fré- De plus, pour induire les microbulles dans des
quence incidente. Par contre, les microbulles, de vibrations non linéaires, l’amplitude acoustique
part leur compressibilité, se comportent non transmise doit être suffisamment élevée.
linéairement, en réfléchissant de l’énergie ultra- Néanmoins, les ultrasons transmis à fortes ampli-
sonore, non seulement à la fréquence d’excita- tudes acoustiques ne se propagent plus de façon
tion, mais à des fréquences harmoniques, mul- linéaire mais non linéairement (6, 7) comme
tiples entiers de la fréquence d’excitation. C’est démontré sur la figure 4. Ainsi, la propagation des
sur cette propriété ou signature acoustique que ultrasons est accompagnée de générations de com-
repose la totalité des méthodes d’imageries har- posantes fréquentielles harmoniques, notamment
moniques des produits de contraste. la composante à 2 f0. Pour des pressions acous-
En mode d’imagerie harmonique de con- tiques suffisamment élevées, des distorsions de
traste, la deuxième composante fréquentielle, l’onde ultrasonore se créent et s’accumulent en
appelée fréquence harmonique, est utilisée pour fonction de la profondeur de propagation. Ces dis-
construire l’image échographique en mode B. torsions sont responsables de la création de fré-
Dans ce cas, l’onde incidente se propage à la fré- quences harmoniques en fonction de la distance
quence f0, et l’image reconstruite est composée bien qu’elles soient absentes à la source, c’est-à-dire
uniquement autour de la fréquence 2 f0. Cette à la surface du transducteur (fig. 4A). Ces compo-
méthode permet une meilleure détection des santes non linéaires, notamment la composante à
microbulles car les tissus ne contenant pas des 2f0, seront réfléchies de façon linéaire par la micro-
microbulles ne réfléchissent pas à cette fréquence. bulle et les tissus et viendront contaminer ou mas-
Afin d’augmenter la sensibilité du mode har- quer la composante non linéaire à 2 f0 générée par
monique pour la détection des microbulles, le processus de réflexion non linéaire par la micro-
chevauchement spectral en transmission entre la bulle. Ainsi, toutes les méthodes d’imagerie de
composante fondamentale et la composante har- contraste basées sur la non linéarité des micro-
monique doit être minimal, pour éviter la trans- bulles se trouvent dégradées à cause de la compo-
mission de la composante fréquentielle à 2f0 et, sante harmonique résiduelle provenant des tissus.
par conséquent, la contamination de la compo- Par conséquent, l’amplitude acoustique transmise
sante harmonique due aux microbulles. Comme doit être réduite, afin de minimiser cette influence.
le montre la figure 3, ceci est assuré en transmet- Bien que le processus de propagation non
tant des signaux à bande fréquentielle étroite, linéaire soit indésirable en imagerie échogra-
mais évidemment aux dépens de la résolution phique de contraste, il s’est avéré que l’imagerie
axiale du système d’imagerie. Ceci reste une des tissus en mode harmonique, sans injection de
contrainte majeure en imagerie harmonique car microbulles, présente des avantages certains en
il faut constamment trouver un compromis entre termes de qualité d’image. L’imagerie harmonique
la résolution de l’image échographique et la sen- des tissus, appelée imagerie harmonique native,
sibilité de la méthode de détection des micro- améliore considérablement la qualité de l’image
bulles. Cette contrainte est néanmoins fortement comparée à la méthode d’imagerie fondamentale.
0 0
[dB]
[dB]
-50 -50
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
Fréquence [MHz] Fréquence [MHz]
Imagerie harmonique des tissus situés loin du lobe principal. Cette caractéristique
(imagerie harmonique native) est démontrée par la figure 5B sur laquelle sont
tracés les profils latéraux normalisés du champ
Jusqu’à récemment, le développement de l’ima- acoustique à la fréquence fondamentale et har-
gerie ultrasonore se basait sur des hypothèses monique. Le champ harmonique démontre une
implicites et commodes assumant que les ondes suppression conséquente de l’amplitude des lobes
ultrasonores se propagent dans les tissus de façon secondaires. La troisième propriété du champ
linéaire. Malheureusement, ces assomptions se harmonique responsable de l’amélioration de la
sont avérées invalides aux fréquences et intensi- qualité de l’image est la largeur du faisceau ultra-
tés utilisées actuellement (8). À présent, il a été sonore harmonique. Comme le démontre la
démontré que les ondes ultrasonores subissent même figure, le champ harmonique est plus
des distorsions graduelles dans presque toutes les étroit que le champ fondamental, avec une réduc-
utilisations médicales (7, 9, 10, 11). La distorsion tion de la largeur de faisceau de l’ordre de 35 %.
est due à d’infimes non linéarités qui déforment Cette réduction de la largeur du faisceau se tra-
graduellement l’onde ultrasonore donnant nais- duit par une amélioration de la résolution latérale
sance à des fréquences harmoniques qui n’étaient des images ultrasonores à cette fréquence.
pas présentes à la source (12, 13). L’imagerie Ces propriétés expliquent pourquoi une
sélective des composantes harmoniques améliore meilleure qualité d’image est obtenue en mode
considérablement la qualité des images ultraso- harmonique. La figure 6 montre un exemple
nores. Cette technique, appelée imagerie harmo- dans lequel sont données l’image en mode fon-
nique native, a émergé récemment comme une damentale et l’image en mode harmonique d’un
tendance majeure de l’imagerie ultrasonore et est kyste rénal. L’image harmonique démontre une
actuellement installée sur toutes les machines meilleure délimitation des contours en réduisant
récentes d’échographie. le bruit de fond (appelé haze en anglais) créée par
réverbérations.
L’amélioration de la qualité des images har-
moniques repose sur trois caractéristiques du
champ acoustique harmonique. Les composantes
fréquentielles harmoniques sont générées gra-
duellement en fonction de la distance de propa-
gation. Ainsi, proche de la sonde échographique,
le niveau du signal harmonique est très faible, et,
en conséquence, toutes les interférences et réver-
bérations issues d’obstacles du champ proche tels
que la peau, les côtes ou le tissu graisseux seront
fortement réduites. Ces réverbérations sont res-
ponsables, en effet, de nombreux artefacts sur
l’image ultrasonore. Un exemple de simula-
tions (7) montrant des composantes fréquen-
tielles fondamentales et harmoniques du champ
acoustique d’une sonde ultrasonore est donné sur
la figure 5. La courbe du champ harmonique axial
(fig. 5A) démontre son caractère cumulatif, ce qui
se traduit par une intensité très faible de la sonde
et une augmentation en fonction de la distance de
propagation. La deuxième principale caractéris-
tique se manifeste dans le champ harmonique
latéral (fig. 5B) et traduit par le niveau très faible
des lobes secondaires et des lobes images (ou gra-
ting lobes) à cette fréquence. En raison de la rela-
tion non linéaire entre la composante harmo- Fig. 5 - Simulations de la propagation non linéaire d’une
nique et la composante fondamentale, le champ onde de 2 MHz, 3 cycles, 400 kPa générée par un transduc-
harmonique présente une suppression impor- teur monoélément focalisé à 60 mm : A) champ acoustique
tante des lobes secondaires et des lobes images. axial fondamentale (ligne en pointillets) et harmonique
Ces lobes sont connus pour être responsables des (ligne en continu), B: champ acoustique radial fondamen-
artefacts provenant d’obstacles ou de réflecteurs tale (ligne en pointillets) et harmonique (ligne en continu).
50 Échographie de contraste
Doppler harmonique de puissance 16) s’est avéré efficace et beaucoup plus sensible
en termes de rapport signal à bruit et de détec-
La technique d’imagerie harmonique de tion de flux (17). En mode Doppler puissance,
contraste permet d’augmenter les échos prove- l’intensité du signal Doppler est visualisée et se
nant des microbulles tout en diminuant ceux qui trouve nettement amplifiée en injectant un pro-
proviennent des tissus. Sa combinaison avec le duit de contraste, ce qui augmente significative-
mode Doppler permet, non seulement d’aug- ment la détectabilité des très faibles flux dans les
menter l’intensité de l’écho Doppler, mais égale- petits vaisseaux.
ment de réduire les bruits dus aux mouvements Les techniques Doppler de puissance sont
des tissus. Ainsi, les méthodes Doppler spectrales basées sur la transmission de plusieurs signaux
harmoniques combinées aux produits de ultrasonores dans la même ligne de tir. Elles
contraste permettent d’augmenter de façon sont ainsi sensibles aux variations qui se pro-
significative le rapport du signal au bruit des duisent dans la cible et qui se traduisent sur les
échos provenant de la circulation sanguine jus- échos reçus successivement. Par conséquent, la
qu’à des niveaux supérieurs à 30 dB (14). Les destruction des microbulles entre deux ou plu-
méthodes Doppler se trouvent néanmoins limi- sieurs transmissions successives se trouve détec-
tées pour la détection des flux dans les petits vais- tée par le mode Doppler puissance. Une des
seaux. Plusieurs études ont démontré que les méthodes basée sur la destruction des micro-
méthodes Doppler sont efficaces dans le cas de bulles en mode Doppler de puissance est celle
flux rapides qui engendrent des fréquences utilisant des émissions synchronisées. Cette
Doppler assez élevées par rapport aux fréquences méthode appelée Doppler harmonique puis-
Doppler engendrées par le mouvement des tissus sance intermittente consiste à transmettre plu-
environnants. Dans le cas de vaisseaux ou le sang sieurs ondes sur la même ligne de tir de l’image
circule lentement, le décalage de la fréquence et de comparer les échos reçus. Les échos sont
Doppler devient très faible et difficilement détec- identiques en l’absence de mouvement ou de
table. De plus, dans ces vaisseaux, le volume de destruction de microbulles. Si les microbulles
sang diminue, réduisant par conséquent la sont détruites par l’une des ondes, une forte
concentration de microbulles et ainsi l’amplitude décorrélation entre les échos successifs est
de l’écho ultrasonore. Dans de telles situations, engendrée, donnant naissance à un fort signal
les échos des tissus avoisinants sont souvent plus Doppler. En l’absence de microbulles, la décor-
intenses et les vitesses de circulation très faibles rélation est faible et provient uniquement du
ne permettent plus aux méthodes Doppler clas- mouvement des tissus. Cette technique, utili-
siques d’être performantes. Ces situations sont sant des pressions acoustiques destructives, est
rencontrées dans le myocarde pour la détection l’une des méthodes les plus sensibles pour
de la perfusion capillaire où les vitesses de circu- l’imagerie de contraste.
lation se trouvent souvent plus faibles que les
vitesses de mouvements du tissu cardiaque (clut-
ter). Dans ces cas, le mode Doppler de puissance Imagerie par inversion de phases
harmonique (power Doppler) qui ne fournit pas
des informations concernant la direction du flux Comme nous l’avions décrit précédemment,
mais visualise l’intensité du signal Doppler (15, l’imagerie en mode harmonique impose un com-
A B
Fig. 6 - Exemple clinique de kyste rénal : A) image en mode fondamental (transmission et réception à 4MHz) ; B) image en
mode harmonique (transmission à 2MHz et réception à 4MHz).
Principes physiques des méthodes d’imagerie de contraste 51
promis entre la résolution axiale du système s’annule. Pour un réflecteur non linéaire tel
d’imagerie et le contraste de l’image. À cause de qu’une microbulle, les réponses aux deux impul-
la bande fréquentielle limitée des transducteurs, sions ne sont pas des copies inversées. Leur
les signaux transmis doivent posséder des bandes somme sera ainsi non nulle et dépendra princi-
fréquentielles étroites afin de réduire le chevau- palement du degré de non linéarité présenté par
chement entre la bande fondamentale et la bande le réflecteur non linéaire (les microbulles). En
harmonique. De plus, les composantes harmo- utilisant cette technique d’inversion de phases,
niques reçues doivent être suffisamment sépa- l’intensité et la durée de la détection des micro-
rables de la composante fréquentielle fondamen- bulles sont améliorées. Ceci est principalement
tale afin d’assurer un filtrage uniquement autour lié à la sensibilité de cette méthode qui permet
du second harmonique. Une nouvelle méthode d’utiliser des pressions acoustiques non destruc-
d’imagerie harmonique de contraste qui permet tives et d’exploiter toute la bande fréquentielle
de surmonter ce conflit est connue sous le nom du transducteur. En radiologie ou l’imagerie en
de pulse inversion ou méthode par inversion de émission continue est importante, la technique
phases (18). Cette technique est basée sur les asy- par inversion de phases a amélioré considérable-
métries des oscillations des microbulles entre les ment la qualité des images échographiques de
phases de compression et de dilatation et détecte contraste, permettant une meilleure détection et
ainsi toutes les composantes non linéaires paires. caractérisation des tumeurs (19).
Elle a l’avantage d’opérer sur toute la bande fré- Étant donné que la méthode d’inversion de
quentielle du transducteur et donc d’améliorer la phases est basée sur la transmission de plus d’une
résolution. De plus, cette technique ne nécessite onde, elle se trouve sensible aux mouvements des
pas des puissances acoustiques élevées, ce qui tissus qui créent ainsi des artefacts, notamment
permet de réaliser une imagerie en temps réel dans les applications cardiaques. Le mouvement
(non intermittente). En imagerie par inversion des tissus entre les deux ondes transmises
de phases, une séquence de deux impulsions suc- engendre des différences entre les échos linéaires
cessives est transmise. La deuxième onde, trans- qui ne s’annulent pas suffisamment comme pour
mise après un délai approprié, est une réplique les cibles stationnaires. Pour y remédier, cette
inversée de la première onde (fig. 7). Dans le cas méthode a été combinée avec les techniques uti-
d’un réflecteur linéaire, la réponse à la deuxième lisant des traitements Doppler donnant nais-
onde est une réplique inversée de la réponse à la sance à une méthode d’imagerie appelée Doppler
première onde, et, la somme des deux réponses de puissance par inversion de phases (Power
Pulse Inversion Doppler). Cette méthode exploite réponses des cibles linéaires (tissus), mais pré-
les avantages de l’inversion de phases pour une serve celles des cibles non linéaires (microbulles).
meilleure détection des microbulles et profite Cette méthode d’imagerie non linéaire permet la
également des avantages des traitements Doppler visualisation des microbulles en utilisant un
pour l’élimination des artefacts dus aux mouve- index mécanique faible et par conséquent permet
ments des tissus. Dans ce cas, plusieurs ondes une imagerie de contraste en temps réel.
avec des polarités inversées sont transmises et les Cependant, elle est aussi sujette aux artefacts dus
échos reçus sont traités en utilisant des filtres aux mouvements des tissus, plusieurs ondes
Doppler (filtres de rejection ou clutter filters) étant transmises.
appropriés, afin d’éliminer les artefacts liés aux
mouvements. La principale limite de la tech-
nique par inversion de phases est la diminution Modulation d’amplitude
de la cadence image, théoriquement d’un facteur et de phase Contrast Pulse Sequence CPS
2 ou plus dans le cas de transmission de plus de
deux ondes. La prise en compte de la réponse non linéaire
fondamentale des microbulles a conduit à pro-
poser une nouvelle séquence d’imagerie faisant
Imagerie par modulation d’amplitude appel à des impulsions variant à la fois en phase
et en amplitude. Le principe de l’imagerie par
L’imagerie par modulation de puissance (ou modulation d’amplitude et de phase, connu
modulation d’amplitude) repose sur un principe sous le nom de CPS (Cadence Contrast Pulse
voisin du précédent avec dans ce cas le recours à Sequencing, Siemens-Acuson) est basé sur la
la transmission de deux ondes dont les ampli- combinaison d’une inversion de phase et d’une
tudes sont successivement altérées. Dans le cas le modulation d’amplitude (fig. 9). L’augmen-
plus simple, la première onde possède une tation de l’amplitude du deuxième signal
amplitude double de la deuxième onde (fig. 8). engendre une génération de composantes non
L’écho reçu de l’onde à faible amplitude est linéaires (harmoniques) dans le signal recueilli.
amplifié d’un facteur correspondant au rapport La génération de ces harmoniques engendre
entre les amplitudes des ondes transmises. De aussi une perte d’énergie du signal recueilli à la
cette façon, tous les échos provenant de réflec- fréquence fondamentale. Cette perte d’énergie
teurs linéaires auront des amplitudes égales. La se traduit par la présence d’un signal à la fré-
soustraction des échos annule par conséquent les quence fondamentale, appelé fondamentale non
60
au second harmonique ainsi qu’aux harmo- 40
niques supérieures (fig. 11). Les résultats mon- 20
trent que le CTR augmente en fonction de
0
l’ordre de l’harmonique fréquentielle pour les 1 2 3 4 5
Ordre de l’harmonique
deux fréquences de transmission. Lorsque la fré-
quence incidente est plus faible (0,8 MHz), le Fig. 11 - Simulations du rapport contraste au tissu (CTR) en
CTR est plus important (80 dB au quatrième et fonction de l’ordre d’harmonique pour une transmission à
au cinquième harmonique). Ceci s’explique par 0,8 MHz et 1,7 MHz.
A B
Fig. 12 - Image mode-B en mode contraste harmonique (A) et mode contraste superharmonique (B).
Principes physiques des méthodes d’imagerie de contraste 55
CTR [dB]
harmonique. 30
Sonde 2.25MHz, 1.7MHz/3.4MHz
20
Imagerie subharmonique
10
Les microbulles présentent plusieurs signatures
acoustiques différentes de celles des tissus, 0
0 1 2 3 4 5 6
notamment la non-linéarité. La réponse non Fréquence [MHz]
linéaire notamment à la seconde harmonique a
été exploitée pour l’imagerie avec des techniques Fig. 13 - Rapport du contraste au tissu des régions sélec-
telles que l’imagerie par inversion de phases. tionnées dans la figure 12.
Néanmoins, d’autres propriétés non linéaires des
microbulles peuvent être exploitées, comme les
oscillations sous-harmoniques ou subharmo-
niques.
Comme nous l’avons montré dans le chapitre
précédent, les microbulles génèrent des compo-
santes subharmoniques sous certaines condi-
tions ultrasonores, notamment la pression
acoustique, la fréquence et la longueur de l’onde
incidente. L’avantage principal de l’imagerie sub-
harmonique réside dans le fait qu’aux fréquences
et intensités utilisées, les tissus biologiques ne
génèrent pas de subharmoniques. Ainsi, le rap- Fig. 14 - Imagerie subharmonique de rein avec Optison™
port du contraste au tissu se trouve plus impor- (image F. Forsberg).
tant à la fréquence subharmonique.
La génération de composantes subharmo-
niques par la microbulle a été étudiée par plu- Ce résultat montre que l’imagerie subharmo-
sieurs auteurs (21, 22, 23). Elle se produit lorsque nique de contraste est réalisable et peut apporter
la pression acoustique dépasse un certain seuil des améliorations à la détection des microbulles
acoustique. Ce seuil est minimal lorsque la fré- en réduisant la contribution des tissus.
quence incidente est proche de deux fois la fré- Cependant, d’autres étapes sont nécessaires pour
quence de résonance de la microbulle insonifiée améliorer la qualité de l’image subharmonique.
(21, 24). Plusieurs auteurs ont décrit la possibi- Afin de maximiser la génération des signaux sub-
lité de développer l’imagerie subharmonique harmoniques, il est nécessaire de transmettre des
avec les produits de contraste (22, 25, 26). Plus signaux à bande fréquentielle étroite, ce qui se
récemment, Forsberg et al. (27) ont décrit l’im- fait naturellement au détriment de la résolution
plémentation de l’imagerie subharmonique de axiale de l’image.
contraste sur un échographe commercial.
L’échographe Logiq 9 a été modifié pour trans-
mettre des ondes ultrasonores à 4,4 MHz et rece- Implications pratiques
voir à 2,2 MHz. La figure 14 montre une image
en mode subharmonique du rein de chien après En pratique, le choix de la séquence d’imagerie
injection d’OptisonTM avec une dose de 0,1 dépend essentiellement de la machine d’échogra-
ml/kg. L’image montre la vascularisation du rein phie utilisée, de l’agent de contraste, de son mode
avec un fort contraste entre les microbulles et le d’injection et de l’indication. La séquence de
tissu environnant. On peut apprécier l’absence référence est actuellement l’imagerie non linéaire
de composantes subharmoniques générées par (inversion de phases, modulation d’amplitude
les tissus, augmentant par conséquent le rapport ou Cadence Contrast Pulse Sequencing, selon les
contraste au tissu, caractéristique d’une constructeurs). Le choix de l’index mécanique
meilleure détection des microbulles. dépend de l’agent de contraste, supérieur à 0,7
56 Échographie de contraste
pour le LevovistTM et inférieur à 0,4 pour les méthodes disponibles actuellement dans la pra-
agents contenant des gaz à haut poids molécu- tique clinique. L’imagerie par modulation d’am-
laire (SonoVueTM, OptisonTM, DefinityTM, plitude ou par inversion de phases améliore
SonazoidTM). Si l’index mécanique est élevé, la considérablement la détection des microbulles
fréquence d’émission des impulsions devra être dans la circulation et a démontré d’évidents pro-
diminuée afin de permettre à de nouvelles grès pour l’estimation des perfusions dans la
microbulles de pénétrer dans le champ d’étude microcirculation.
pour renouveler les microbulles détruites par Toutes les méthodes actuelles d’imagerie de
l’impulsion ultrasonore précédente (imagerie contraste exploitent les différences entre les
intermittente) (28). En revanche, si l’index méca- réponses des tissus et celles des microbulles aux
nique est abaissé à moins de 0.4, la destruction excitations ultrasonores. Elles sont principale-
des microbulles par le faisceau ultrasonore est ment basées sur les comportements non linéaires
réduite et permet une étude avec une émission des microbulles. Cette signature acoustique non
des impulsions à la fréquence de répétition maxi- linéaire permet de détecter même de très faibles
male de la machine. Différents modes d’injection concentrations de microbulles tout en éliminant
peuvent être utilisés : injection en bolus, en infu- ou en réduisant les échos provenant des tissus
sion lente ou en injection contrôlée. L’injection non perfusés. La sensibilité de détection est sou-
en bolus est la plus couramment utilisée pour la vent quantifiée par le rapport de l’intensité diffu-
détection et la caractérisation de lésions, en rai- sée par les microbulles à l’intensité diffusée par
son de sa facilité de mise en œuvre en clinique. les tissus avoisinants, appelé contrast-to-tissue
L’arrivée de l’agent au sein de l’organe cible est ratio (CTR). L’imagerie de contraste harmonique
dépendante de la qualité de l’injection mais éga- a démontré un meilleur CTR comparée à l’ima-
lement des conditions circulatoires générales et gerie fondamentale. Néanmoins, les effets de
locales, paramètres qui ont une influence sur la propagation non linéaire limitent le CTR et la
cinétique de rehaussement. L’infusion lente est le détectabilité des microbulles. C’est pour cette
mode privilégié pour les études fonctionnelles raison que la compréhension complète de l’inter-
avec mesure du débit sanguin dans l’organe, la action entre les microbulles et les ondes ultraso-
séquence d’imagerie associant une série d’impul- nores est indispensable pour améliorer les tech-
sions à haute puissance pour détruire les micro- niques actuelles et pour développer de nouvelles
bulles dans le secteur exploré et une série d’im- méthodes basées sur les signatures acoustiques
pulsions à faible puissance, afin d’observer le des microbulles.
remplissage progressif des capillaires, remplis-
sage qui est proportionnel au débit sanguin
local (29). En effet, ce mode assure un niveau
constant d’arrivée de l’agent quelles que soient
Références
les conditions circulatoires. Parfois, pour cer-
1. Sugeng L, Weinert L, Thiele K, Lang RM (2003) Real-time
taines études, il peut être intéressant de réaliser
three-dimensional echocardiography using a novel
des injections au fil des besoins comme par
matrix array transducer, Echocardiography, vol. 20, n° 7:
exemple pour des études vasculaires.
623-35, 0742-2822 (Print) Journal Article Review
2. Christopher T (1999) Computing the mechanical index,
J Ultrasound Med, vol. 18: 63-8
Conclusions 3. Bouakaz A, Frinking PJ, De Jong N, Bom N (1999)
Noninvasive measurement of the hydrostatic pressure in
La conception et la commercialisation de nou-
a fluid-filled cavity based on the disappearance time of
veaux produits de contraste ultrasonores ont été
micrometer-sized free gas bubbles, Ultrasound Med Biol,
accompagnées par un engagement conséquent
vol. 25, n° 9: 1407-15, 0301-5629 (Print) Journal Article
des constructeurs d’échographie traduit par le
développement de nouvelles technologies ultra- 4. Bouakaz A, Versluis M, De Jong N (2005) High-speed
sonores pour améliorer la détection des micro- optical observations of contrast agent destruction,
bulles. L’augmentation de l’intensité et de la Ultrasound Med Biol, vol. 31, n° 3: 391-9, 0301-5629
durée de la détection des microbulles est le résul- Journal Article
tat des avancées technologiques exploitant l’in- 5. Burns P, Hilpert P, Goldberg B (1990) Intravenous
teraction entre les ondes ultrasonores et les contrast agent ultrasound doppler: in vivo measurement
microbulles. Une meilleure compréhension de of small vessel dose-response. IEEE Eng Med Biol Soc,
cette interaction a permis de développer des vol. 1: 322-4
Principes physiques des méthodes d’imagerie de contraste 57
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Imagerie fonctionnelle/
paramétrique
Imagerie fonctionnelle de contraste
S. Lori Bridal
tion de produit de contraste à des doses élevées. L’imagerie par échographie de contraste
La tomodensitométrie avec injection de produit représente une technique alternative pour l’éva-
de contraste permet une acquisition plus rapide luation de la microvascularisation d’une tumeur.
des images (de l’ordre des quelques minutes) et Les agents de contraste ultrasonores correspon-
la concentration de produit de contraste est dent à des microbulles gazeuses qui restent stric-
directement corrélée à l’intensité du signal. À tement dans l’espace intravasculaire. L’évaluation
partir d’un modèle cinétique de prise de de la perfusion réalisée à partir de la cinétique de
contraste, la perméabilité vasculaire et la perfu- rehaussement tumoral n’est pas donc influencée
sion tumorale (en mL/min/gramme) peuvent par la perméabilité des vaisseaux. La surface de la
être quantifiées. Puisque les vaisseaux sont per- tumeur se rehaussant après injection de produit
méables aux agents de contraste de TDM, la sur- de contraste représente ainsi sa partie vascula-
face totale de l’image se rehaussant après injec- risée (7). Des images de la vascularisation dans
tion représente la partie viable de la tumeur un modèle de tumeur chez la souris réalisées par
(comprenant la partie vascularisée de la tumeur Doppler et par échographie de contraste sont
et sa périphérie alimentée par diffusion tissu- présentées dans la figure 1. Par rapport à l’IRM et
laire). L’imagerie dynamique par TDM avec au scanner, les ultrasons offrent une résolution
injection de produit de contraste nécessite une temporelle supérieure, un coût réduit et une
dose relativement élevée d’irradiation. Ceci peut meilleure disponibilité sans rayonnement ioni-
limiter l’application de cette technique en pra- sant. La suite de ce chapitre expliquera les prin-
tique clinique, particulièrement dans des études cipes et les limitations de l’échographie fonction-
de suivi des patients. nelle de contraste.
Fig. 1 - Échographie réalisée sur un système Séquoia™ 512 avec une sonde 14 MHz d’une souris présentant une tumeur sur
le rein, 16 jours après l’injection des cellules tumorales. En mode B (a), la tumeur (t) apparaît hypoéchogène et entoure
complètement la surface du rein (r). Le mode Doppler couleur (b) permet d’observer uniquement les gros vaisseaux (aorte
(Ao) et le hile rénal). Sur un mode d’imagerie non linéaire (c et d), il est possible de visualiser la microcirculation dans le
parenchyme rénal 4 secondes après injection du produit de contraste ultrasonore SonoVue™ (c) et dans la tumeur
6 secondes après injection (d).
Imagerie fonctionnelle de contraste 63
temps, la majoration de l’intensité acoustique harmoniques qui n’est pas reliée à la concentra-
rétrodiffusée par la région due à l’effet de tion en microbulles de contraste. Ainsi, afin
contraste est liée à l’augmentation de concentra- d’avoir des résultats comparables (entre plu-
tion en microbulles (nombre par unité de sieurs sujets ou pour le même sujet à différents
volume de tissu). Les techniques proposant moments dans le temps) en imagerie de
l’évaluation fonctionnelle et quantitative du flux contraste ultrasonore, il faut assurer une stan-
sanguin par échographie de contraste reposent dardisation soigneuse du protocole d’injection,
sur cette relation linéaire entre le nombre de de l’acquisition des images, du placement des
microbulles et l’intensité de la réponse acous- régions d’intérêt et des algorithmes d’analyse
tique. Une telle relation entre la concentration d’image et de signal.
en microbulles et l’intensité de la rétrodiffusion
ultrasonore a été démontrée en plusieurs modes
d’imagerie (7, 11, 12). Évaluation de la perfusion
En imagerie ultrasonore de contraste, cepen- sans modélisation de la cinétique de flux
dant, plusieurs effets pouvant altérer la corréla-
tion entre concentration de contraste et inten- La perfusion vasculaire peut être partiellement
sité acoustique doivent être considérés. La com- évaluée en ultrasonographie de contraste sans
pression non linéaire des informations sur recours aux modèles décrivant la cinétique de
l’intensité de la réponse acoustique présentée flux des microbulles. Par exemple, le pourcentage
sous forme d’une image peut biaiser le rapport de vascularisation d’une tumeur peut être estimé
entre le rehaussement apparent de l’intensité de à partir de la surface de l’image présentant un
l’image et la concentration en microbulles de rehaussement d’intensité après injection de pro-
contraste. L’atténuation du signal entre la région duit de contraste. Une telle approche, appliquée
d’intérêt et le capteur ultrasonore réduira l’in- dans un modèle d’angiogenèse de mélanome
tensité apparente de la réponse de contraste. Par
murin, a permis de montrer une corrélation
ailleurs, il a été rapporté pour des pressions
entre le pourcentage de tumeur vascularisée éva-
acoustiques élevées que la relation entre l’atté-
lué par échographie de contraste (PD et PIHI) et
nuation et la concentration de produit de
le pourcentage de tissu sur une coupe histolo-
contraste dépendait de la pression acoustique de
l’onde incidente (13). Des modifications dans la gique fixant COX-2 et VEGF (3). Une autre
distribution des tailles des microbulles de approche est de réaliser une injection en bolus
contraste en fonction du temps ou entre plu- d’un produit de contraste et de suivre son pas-
sieurs injections peuvent modifier le rapport sage à partir de la courbe décrivant la variation
entre le nombre de microbulles et l’intensité de l’intensité de contraste dans une région d’in-
ultrasonique. Des processus passifs réduisent le térêt en fonction du temps. Une fonction décri-
nombre de microbulles en solution, mais vant l’augmentation initiale et la décroissance de
l’échelle de temps de tels processus pour des l’intensité pendant le passage du bolus est adap-
produits commerciaux encapsulés est générale- tée à la courbe intensité-temps (wash in/wash out
ment plus grande que le temps de l’examen curve) obtenue expérimentalement (9, 16, 17).
échographique. Les ultrasons pulsés peuvent, Des index fonctionnels, tels que le délai jusqu’à
cependant, raccourcir la durée de vie d’une bulle l’intensité maximale, l’intensité maximale, les
sur un ordre de temps de l’examen par l’inter- pentes ascendante et descendante de la courbe, la
médiaire de la diffusion rectifiée. De plus, quand durée de rehaussement et l’aire sous la courbe
les microbulles sont exposées à des puissances temps-intensité peuvent ensuite être calculés.
acoustiques élevées, leur rupture réduit le Cependant, une évaluation quantitative du
nombre de traceurs (des microbulles) dans une volume et de la vitesse du flux sanguin n’est pas
région et peut conduire à l’augmentation brève obtenue. Après l’acquisition de la courbe temps-
de la puissance spectrale de la réponse de intensité pendant le passage du bolus, l’opérateur
contraste sur une très large bande de fré- doit attendre qu’aucune microbulle ne reste dans
quences (14, 15). Pendant la propagation d’une le réseau vasculaire avant de répéter l’injection
onde ultrasonore à haute pression acoustique, la pour une deuxième mesure. En outre, la variabi-
déformation non linéaire de l’onde peut lité liée à la façon dont le bolus est injecté et aux
conduire, par l’intermédiaire des tissus, à la for- effets acoustiques de destruction peut modifier la
mation de composants harmoniques (7). Ceci forme et l’amplitude de la courbe temps-inten-
ajoute une intensité acoustique aux fréquences sité.
Imagerie fonctionnelle de contraste 65
Intensité
Intensité
Intensité
Intensité
Intensité
Intensité
A B
Image plane
T
CO
C V I t =0 ⇒ 0
C0 ⋅Vf
I t=0,3⋅(V f Q) ⇒ 0,3 ⋅ C0 ⋅V f
Intensité
I t =0,.7⋅(V f Q) ⇒ 0 ,7 ⋅ C0 ⋅V f
Vf
t=
Q
I t ≥(V f Q )⇒ C 0 ⋅ V f
Fig. 3 - A) Schéma du flux modélisé par le flux-en-tuyau modèle (plug-flow model). Le carré délimité par la ligne en poin-
tillé représente le plan de l’image. La région à l’intérieur du tube est vascularisée (V) et la région à l’extérieur est du tissu (T).
Ainsi, la fraction du plan de l’image remplie avec du sang, Vf , est Vv/(Vv + VT). À temps t = 0, la zone vascularisée dans le
plan de l’image contient seulement du sang, sans microbulles de contraste. Progressivement, ce sang sans contraste va par-
tir de la région en étant remplacé par du sang contenant du produit de contraste avec une concentration de C0. L’intensité
de rehaussement de contraste dans l’image est proportionnelle à la concentration C0 et la fraction de volume sanguin dans
l’image ; B) Courbe de l’intensité de contraste en fonction du temps associée à ce modèle. La pente de la croissance linéaire
est proportionnelle au flux volumétrique. L’amplitude du plateau est proportionnelle à la fraction du volume sanguin.
68 Échographie de contraste
A B
Image plane T
CO V I t =0 ⇒ 0
C0 ⋅ V f
)⇒ C 0 ⋅V f ⋅ (1 − e )
Intensité
−0,3
I t =0,3⋅(V f Q
)⇒ C 0 ⋅V f ⋅ (1 − e )
−1
I t =(V f Q
t
I t → ∞ ⇒ C0 ⋅ V f
Fig. 4 - A) Schéma du flux modélisé par le modèle d’un réservoir parfaitement mélangé (perfectly mixed tank model). Le carré
délimité par la ligne en pointillé représente le plan de l’image. La région à l’intérieur du réservoir est vascularisée (V) et la
région à l’extérieur est du tissu. À temps t = 0, la zone vascularisée dans le plan de l’image contient seulement du sang, sans
microbulles de contraste. Dès qu’un nouveau volume de sang contenant du contraste avec une concentration de C0 entre
dans cette région, le contraste est uniformément distribué dans le volume global du réservoir. Ce mélange de sang et de
contraste à la concentration de C(t) va sortir du réservoir, étant remplacé par du sang contenant du produit de contraste
avec une concentration de C0. B) Courbe de l’intensité de contraste en fonction du temps associé à ce modèle. La pente de
la courbe à l’origine est proportionnelle au flux volumétrique. L’amplitude du plateau est proportionnelle à la fraction du
volume sanguin dans le plan de l’image.
Imagerie fonctionnelle de contraste 69
A B
Image plane
Intensité
Fig. 5 - A) Schéma du flux modélisé par le modèle CODIM. Avant l’acquisition de la première image (t = 0), la zone vascu-
larisée est remplie du sang avec une concentration C0 des microbulles de contraste. L’acquisition de l’image est quasi-ins-
tantanée (temps ∆). L’hypothèse est que l’intensité de contraste mesurée dans la première image acquise est proportionnelle
au nombre de microbulles dans le réseau vasculaire rempli de contraste mais qu’immédiatement après l’acquisition de
l’image la concentration en contraste dans le plan de l’image a été réduit par la destruction acoustique des microbulles.
Ensuite, le contraste va remplir la zone pendant le temps ∆t sans imagerie. La concentration en produit de contraste aug-
mente pendant cette période suivant l’équation de flux dans un réservoir parfaitement mélangé. À ∆t, une deuxième image
est acquise avec mesure du rehaussement et réduction immédiate de la concentration de contraste dans la région. La répé-
tition de ces étapes permet de mesurer l’intensité de contraste en fonction du temps (ligne en pointillé dans la partie B de
la figure). La forme de cette courbe peut être reliée au flux volumétrique, à la fraction du volume sanguin et aussi au niveau
de destruction acoustique d.
détruites, δ, est instantané par rapport au être adaptées à la solution de cette équation ité-
temps ∆t. Les effets de l’arrivée de nouvelles rative :
microbulles et de la sortie d’autres microbulles
⎛ x n −1 − 1 ⎞⎟
du plan de coupe de l’image et la destruction C (n) = C0 ⋅ ⎜ x n −1 + y ⋅ , (5)
acoustique des microbulles sont concurrentes. ⎜ x − 1 ⎟⎠
⎝
La concentration C(t) de contraste dans le
volume vasculaire dans l’image diminue en où
fonction du nombre de l’image acquise, n, selon Q
− ∆t
la relation : x = e−d ⋅ e
Vf
(6)
⎛ − ⋅ ∆t ⎞⎟
Q Q
− ⋅ ∆t −
Q
⋅ ∆t
⎜
⋅ e−d
Vf Vf Vf
C (n + 1) = C0 ⋅ ⎜1 − e ⎟ + C ( n) ⋅ e y = 1− e
⎜ ⎟
⎝ ⎠ Ce modèle d’écoulement et la forme de la
(4)
courbe temps-intensité sont représentés par un
diagramme dans la figure 5.
où d est le coefficient de destruction (18). Les La crête de la courbe à t = 0 représente la frac-
courbes temps-intensité de CODIM peuvent tion du volume sanguin. Le paramètre Q /Vf est
70 Échographie de contraste
Wei et al. (21). Ils ont constaté que l’évaluation les évaluations de l’intégrale spatiale de flux et
de la fraction de volume sanguin avec leur l’aire de rehaussement dans la tumeur faites en
modèle était 5 % plus élevée et que l’évaluation utilisant la méthode ultrasonore de destruction-
de la vitesse moyenne de flux était 19 % plus remplissage (agent de contraste de Definity™
importante que celle prévue avec le modèle de avec une détection subharmonique) ont été bien
Wei et al. corrélées avec l’évaluation de la perfusion en
TDM de contraste (implantation dorsale d’adé-
nocarcinome mammaire chez 25 rats) (7). L’aire
Discussion de rehaussement de contraste de la tumeur était
bien corrélée pour des ultrasons et TDM
Des résultats variables ont été rapportés concer- (R2 = 0,89) bien que la fraction des pixels de
nant la relation entre l’évaluation ultrasonore de
l’image avec une intensité augmentée en TDM
la vascularisation d’une tumeur et les index his-
tologiques ou leur réponse thérapeutique. On ait semblé surestimée (vraisemblablement en
peut proposer plusieurs explications. Pre- raison de la perméabilité des vaisseaux à l’agent
mièrement, les index histologiques ne corres- de contraste de TDM). L’intégrale spatiale de la
pondent pas bien à l’information fonctionnelle perfusion estimée par TDM était bien corrélée à
fournie par des mesures ultrasonores de flux l’intégrale spatiale du débit de sang estimé avec
sanguin (4). Deuxièmement, les coupes ultraso- des ultrasons. Dans la seconde étude, la perfu-
nore et histologique utilisées pour la corrélation sion a été estimée à partir de la pente initiale du
des paramètres ne correspondent pas parfaite- passage de bolus (agent de contraste d’Opti-
ment à la même coupe de la structure hétéro- son™ avec une détection sous-harmonique)
gène de la tumeur. Troisièmement, la physiolo- dans un modèle ischémique de rein chez quatre
gie complexe de la croissance tumorale peut chiens. Des mesures de référence de la perfusion
rendre la comparaison de la croissance tumorale
(mL/min/g) ont été faites en utilisant des micro-
avec la fonction vasculaire délicate. Par exemple,
dans une étude de Forsberg et al. (3), l’évalua- sphères isotopiques marquées. La meilleure cor-
tion de la vascularisation des tumeurs par écho- rélation entre les évaluations ultrasonores et de
graphie de contraste au cours de l’application référence de la perfusion a été obtenue pour les
d’une thérapie antiangiogénique a permis de niveaux élevés de perfusion dans la partie anté-
constater une augmentation de volume vascu- rieure des reins (r = 0,73, p = 0,0001) (8).
laire pendant le traitement. Les auteurs de cette
L’échographie de contraste peut fournir une
étude proposent que cette augmentation inat-
tendue puisse être due au fait que les pressions évaluation très utile et fonctionnelle de la perfu-
interstitielles sont élevées quand la tumeur est sion microvasculaire. L’expérience avec la tech-
en croissance active. Cette pression interstitielle nique et la connaissance des pièges possibles
peut potentiellement fermer certains néovais- devrait aider à la mise en place de protocoles
seaux limitant ainsi la prise du contraste intratu- fiables pour l’application de l’échographie fonc-
moral pendant sa croissance. Quand la tumeur tionnelle de contraste. À l’avenir, les matrices
commence à régresser, la pression sur ces vais- bidimensionnelles des sondes ultrasonores avec
seaux peut être réduite. La réduction de pression des possibilités d’imagerie de flux sanguin
interstitielle peut aboutir à la réouverture de devraient permettre une évaluation tridimen-
néovaisseaux, leur permettant de prendre le sionnelle du réseau vasculaire (22). Ceci devrait
contraste et de devenir visibles en imagerie de apporter beaucoup d’avantages tels qu’une
contraste.
meilleure localisation d’une anomalie fonction-
En dépit de la nature complexe de la perfu- nelle en ce qui concerne l’anatomie volumé-
sion microvasculaire et des difficultés rencon- trique et une meilleure appréciation des aspects
trées pour valider des techniques d’imagerie de
de flux en dehors de l’image. En outre, l’aspect
contraste pour l’évaluation de la perfusion in
vivo, plusieurs études ont démontré le potentiel 3D peut potentiellement aider à caractériser des
fort de l’échographie fonctionnelle de contraste. propriétés telles que la tortuosité vasculaire.
Deux études récentes ont directement comparé L’imagerie fonctionnelle de contraste promet de
des mesures en échographie de contraste aux se développer vers un outil accessible, non inva-
mesures faites en utilisant d’autres techniques sif et puissant, pour l’évaluation du risque d’une
fonctionnelles. Dans la première de ces études, tumeur et sa réponse thérapeutique.
72 Échographie de contraste
des flux lents, des auteurs ont proposé une déri- Ces équations justifient le calcul de cartes
vation de l’équation ci-dessus pour calculer le paramétriques telles que le maximum du gra-
rapport F/V. Cette dérivée étant mieux détermi- dient positif et la carte de l’aire sous la courbe qui
née pour la valeur maximum de la dérivée de Cv, sont étudiés pour estimer le flux et le volume de
on peut alors poser : microcirculation, respectivement.
En pratique, ces cartes sont souvent associées
d à des cartes décrivant certains paramètres de la
C (t * ) courbe tels le temps du pic d’intensité (TPI) ou le
F dt v max (4)
=
V *
Ca ( t max ) pic d’intensité (PI), notamment pour les études
de perfusion cérébrale. Leur sensibilité et leur
avec t *max , le temps auquel la dérivée de Cv est spécificité ont pu être évaluées d’un point de vue
maximum, appelé communément temps du clinique pour l’analyse qualitative des séquences
maximum du gradient, temps auquel l’efflux vei- d’images, notamment en échographie de con-
neux est effectivement souvent nul. traste cérébrale (2, 3) (fig. 2).
Le volume de microcirculation, quant à lui, est
calculé à partir des rapports des aires sous la Mode reperfusion
courbe, idéalement après correction de la recircu-
lation par une gamma-variante. Le volume relatif Le mode de remplissage, introduit par Wei et al.
de microcirculation est donc défini comme : en 1998 (4), nécessite une concentration stable
de PCUS dans l’organisme (ceci peut être obtenu
∞
en injectant de manière continue le PCUS ou
V=
∫ 0
Cv (t )dt
(5)
après avoir attendu l’homogénéisation du PCUS
∞ dans l’organisme après un bolus). Le niveau
∫ 0
C a (t ) dt stable de concentration atteint, le produit de
Fig. 2 - Imagerie paramétrique conventionnelle pour la mesure de la perfusion cérébrale. Patient souffrant d’un AVC isché-
mique du territoire sylvien (donnée G. Seidel). Les images sont calculées sans linéarisation préalable des données. L’image
des temps du pic ne permet pas d’identifier le déficit de perfusion. La zone infarcie apparaît plus clairement sur l’image du
pics d’intensité (entourée en blanc). L’image d’aire sous la courbe montre également la zone infarcie, mais n’apporte pas
d’autre information. Il en est de même pour la carte du gradient positif.
76 Échographie de contraste
contraste est détruit dans la zone imagée par des Mode destructif
impulsions combinant une forte intensité acous-
tique et une haute cadence image. Le remplissage La cinétique de destruction des bulles de
des tissus par le PCUS est ensuite observé à bas contraste a été étudiée à la suite des méthodes de
index mécanique (pour éviter la destruction des remplissage. La cinétique de décroissance du
microbulles), le champ de l’image où il ne reste nombre de bulles a été modélisée par une fonc-
plus de produit de contraste se remplissant de tion du type :
PCUS à partir des vaisseaux et tissus hors du
− B .t
champ. Cette cinétique de remplissage a été C ( t ) = A 0 + A .e (9)
modélisée par une exponentielle croissante :
La décroissance et le plateau final observés
− B.t étant fonction du flux de microcirculation. Un
C t (t ) = A.(1 − e ) (6)
modèle basé sur les paramètres de flux et de des-
truction a été introduit par Eyding et al. (8).
Le plateau A étant proportionnel au volume
Celui-ci suppose un taux de destruction constant
de microcirculation et le paramètre B à la vitesse
et un flux constant de PCUS.
de microcirculation. Le produit A.B est propor-
Là encore, le sang provenant des zones hors
tionnel au flux F de microcirculation.
du champ de vue va apporter le produit de
Vogel et al. (5), en reprenant l’expression de la contraste par perfusion. À la différence du mode
modélisation compartimentale classique (1), et précédent, le phénomène de destruction entre en
en négligeant l’influence de la destruction, ont concurrence avec le phénomène de perfusion.
précisé le sens de A et B. La concentration dans le Eyding et al. ont proposé un modèle discret,
voxel étudié s’écrit alors : calculant l’évolution du PCUS dans le volume
sous la forme d’une série calculée à chaque
dCt image, puisque la destruction intervient seule-
= β .Ca − β .Ct .v (7) ment à chaque image. Dans ce formalisme, la
dt
concentration de PCUS dans un élément peut
Or, Ca étant constante et Ct(0) supposée nulle s’exprimer sous la forme :
(à cause de la phase de destruction), on peut
résoudre l’équation de manière simple et obtenir
une forme analytique de l’augmentation de
PCUS dans le volume étudié : c(n 1) c(n) e p't e,
d
c 0 (1 e p't ) (10)
efflux destruction
perfusion
− β .t
Ct (t ) = Ca .v.(1 − e v
) (8)
où la concentration à l’image suivante c(n+1) est
fonction de la concentration précédente c(n),
Dans ce modèle, la pente de l’exponentielle d’une part diminuée de l’effet destructif d et de
B = β croissante représente cette fois une com- l’efflux p du tissu et d’autre part augmentée de la
v perfusion p par les tissus environnants, dans un
binaison de la vitesse de microcirculation β et de intervalle de temps ∆t qui est le temps entre
ν la fraction capillaire. Le plateau final A = Ca.ν chaque image. Cette suite peut s’écrire sous une
atteint permet d’identifier la fraction volumique forme plus réduite :
d’un pixel.
Plusieurs auteurs se sont penchés sur ce x n −1 − 1
c (n ) = c0 ⋅ ( x n−1 + y ⋅ ) (11)
modèle afin de rendre compte de la destruction du x −1
PCUS lorsque l’entrée artérielle est dans le plan de
l’image (6), où lorsque des entrées multiples peu- avec x = e–d . e–p.∆t et y = (1 – e–p.∆t)
vent compliquer la forme de la courbe (7). Le profil de la courbe obtenu est indiqué en
L’imagerie paramétrique associée ajuste l’ex- rouge dans la figure 3.
ponentielle croissante aux données mesurées. Les L’approche destructive présente l’intérêt
images ayant le plus de sens concernent le pro- majeur de pouvoir être réalisée dans un temps de
duit qui est proportionnel au flux de microcircu- l’ordre de la seconde, ceci permettant d’éviter les
lation, et l’image du plateau A qui donne une problèmes de quantifications liés aux mouve-
estimation du volume de microcirculation. ments de la sonde.
Imagerie paramétrique pour l’échographie de contraste 77
1
Concentration réelle
méthode est très fastidieuse et souvent sujette à
0,9
Concentration observée de nombreuses erreurs liées à la variabilité inter-
et/ou intra-observateurs.
Concentration normalisée
0,8
0,7
Approche avec recalage de la région
0,6
d’intérêt
0,5
Pour remédier au problème, il est possible de
0,4
repositionner, de manière automatique, la région
0,3
0 1 2 3 4 5
d’intérêt, en estimant localement le champ de
Temps déplacements, le flux optique, entre les images.
Fig. 3 - Modèle Codim : L’évolution de la concentration
La plupart des méthodes existantes peuvent être
réelle est représentée en bleu. Le PCUS est détruit à chaque classées en quatre catégories : les méthodes diffé-
image, et la reperfusion intervient entre chaque trame. Le rentielles, les méthodes de corrélation, les
décours observé en rouge tend vers une exponentielle méthodes spatio-temporelles basées sur l’énergie
décroissante. et les méthodes s’appuyant sur des modèles para-
métrés de mouvement. Une évaluation de ces
techniques pour la quantification de la perfusion
L’imagerie paramétrique qui a été développée dans les images échocardiographiques de
pour ce type d’approche est basée sur un ajuste- contraste a été proposée par Malpica et al.
ment de ce modèle en chaque point de l’image. dans (9). L’auteur suggère d’utiliser les méthodes
La carte paramétrique du paramètre de perfu- différentielles.
sion p est liée au flux de microcirculation (8), la
Elles sont fondées sur la conservation de la
carte du paramètre d reflète indirectement les
distribution de l’intensité E d’un point qui se
inhomogénéités de champ ultrasonore.
déplace selon l’équation suivante :
Et + .E . v = 0 (12)
Approches dirigées par les données
où v est le vecteur vitesse et Et la dérivée partielle
Les mesures de paramètres présentées ci-dessus de E par rapport au temps. Cette équation (appe-
sont basées sur l’ajustement d’un modèle com- lée contrainte d’intensité (CI), repose sur deux
partimental bien déterminé. D’autres approches hypothèses : la conservation de l’intensité au cours
ont été proposées en se basant, non sur un du mouvement et un déplacement faible entre deux
modèle, mais sur les données elles-mêmes. Le images consécutives de la séquence. Il est souhai-
but est de déterminer, sans l’aide d’un modèle table que les déplacements restent inférieurs au
préétabli, les k principales cinétiques de perfu- pixel pour que la différenciation ait un sens. Cette
sion Ck(t), de distribution spatiale Dk(p), pré- condition n’est généralement pas vérifiée en pra-
sentes dans la séquence d’image S(p, t), où p tique à cause des mouvements respiratoires et du
représente les coordonnées des pixels et t le bruit de speckle, l’approche doit alors être cou-
temps. Ces méthodes sont toute de même basées plée avec des approches multi-résolution (9) et
sur des connaissances a priori, portant sur la des méthodes de réduction de bruit (10).
localisation ou sur les cinétiques des différentes
prises de contraste recherchées.
Approche par classification
Approche par région d’intérêt Une autre approche consiste à déterminer auto-
matiquement les distributions spatiales Dk. Ces
C’est l’approche la plus fréquemment utilisée. L’a techniques sont basées sur des méthodes de clas-
priori introduit par l’utilisateur concerne la loca- sification (5). Dans ces approches, on assimile
lisation Dk(p) dans les images des cinétiques à chaque structure physiologique à une classe. La
estimer Ck(t). Typiquement, les régions sont tra- segmentation consiste alors à regrouper, de
cées sur une image de la séquence, puis reposi- manière automatique, l’ensemble des pixels en Ck
tionnées manuellement. Dans chaque région, la classes, de sorte que les groupes obtenus contien-
cinétique de contraste est obtenue en calculant la nent des pixels ayant des comportements hémo-
valeur moyenne des intensités acoustiques. Cette dynamiques les plus semblables possibles.
78 Échographie de contraste
En pratique, un pixel n’appartient pas de L’affectation d’un élément à une classe s’effec-
manière exclusive à une classe. Mais il peut pré- tue à l’aide d’une phase de décision en intégrant
senter des similitudes avec des éléments d’autres un critère spatial décrivant le contexte, c’est-à-
classes, si bien que son appartenance peut être dire le voisinage dans lequel sont situés les
distribuée sur plusieurs classes. Le concept d’en- points.
sembles flous permet alors de représenter ces L’avantage de cet algorithme est qu’il ne
données imprécises de façon compacte et intui- nécessite aucune contrainte particulière. Cet
tive. algorithme a été testé sur des images échogra-
La segmentation par classification non exclu- phiques de contraste hépatiques (fig. 4).
sive a pour but de générer une partition floue en L’analyse de données est non triviale et néces-
minimisant la fonctionnelle J suivante (13) : site au préalable une étape de réduction de bruit.
C N C N
J = ∑∑ (u ij ) 2 ( d ij ) 2 − α ∑[ ∑ uij ] 2 (13) Introduction d’a priori spatiaux
i =1 j =1 i =1 j =1 et temporels : AFSIM
Les méthodes précédentes sont basées sur des
avec : a priori spatiaux plus ou moins forts (dessin
C le nombre de compartiments physiologiques d’une région d’intérêt ou classification). Il est
N le nombre de pixels dans l’image possible également de se baser sur les décours
U = [Uik] de degré d’appartenance de chaque temporels pour identifier les modes de perfusion
pixel i à la classe k d’intérêt. L’analyse des séquences d’images médi-
α un paramètre facilitant le regroupement. cales (AFSIM) permet de résumer la séquence
A B C
Fig 4 - Exemple de résultats obtenus à partir de la méthode de classification non exclusive en échographie de contraste hépa-
tique sur une métastase hypervasculaire sur des images prise à 8s (A), 25s(B) et 39s (C) après l’injection et (D) la courbe de
perfusion correspondant obtenue, en calculant la perfusion moyenne dans la zone en dehors de la nécrose, par l’expert
(rose) et par l’algorithme (bleu).
Imagerie paramétrique pour l’échographie de contraste 79
d’images en la combinaison de quelques fonc- préter les cinétiques et les images factorielles
tions physiologiques principales. Cette méthodo- d’un point de vue physiologique, notamment
logie fait l’hypothèse qu’il existe un certain parce qu’elles sont positives et négatives, alors
nombre N de fonctions physiologiques Ck(t) pré- que la prise de contraste se traduit par un phé-
sentes dans la séquence qui se combinent linéai- nomène strictement positif. L’AFSIM applique
rement pour former la séquence d’images. On donc des contraintes de positivité pour que les
peut alors représenter la séquence comme la cinétiques de prise de contraste Ck(t) et les
combinaison linéaire de décours temporels Ck(t), images associées Dk(p) soient des cinétiques
les poids des différentes courbes formant des strictement positives (Ik(p) > 0 et Ck(t) > 0). Une
images paramétriques associées Dk(p) qui indi- contrainte d’exclusivité sur les images factorielles
quent la répartition spatiale des fonctions identi- a été ajoutée pour une meilleure identification
des facteurs ∀p si I k ( p ) > 0 , ∑ I i ( p) = 0 , pour
fiées.
i ≠ k).
N
N
S(p,t) = ∑ D (p).C (t)
k k
(14) L’AFSIM a été appliquée à l’étude des
séquences dynamiques de perfusion dans diffé-
1
Fig. 5 - Exemple d’AFSIM en échographie de contraste cérébrale sur un patient souffrant d’une sténose du segment M2 de
l’artère cérébrale moyenne. L’image a été superposée à une coupe en scanner pour aider à la compréhension. On distingue
un facteur artériel en rouge, tissulaire en vert, et veineux en bleu. La zone ischémiée, ne prenant pas le contraste, a été entou-
rée en blanc.
80 Échographie de contraste
les phénomènes d’atténuation. Néanmoins, 3. Krogias C et al. (2005) Semiquantitative analysis of ultra-
comme cette approche est basée sur les données sonic cerebral perfusion imaging. Ultrasound Med Biol
disponibles, les cinétiques estimées dépendent de 31(8): 1007-12
chaque acquisition, ce qui ne permet pas d’extra- 4. Wei K et al. (1998) Quantification of myocardial blood
ire d’index stables répétables d’un jeu de données flow with ultrasound-induced destruction of micro-
à un autre, ce qui pose problème pour réaliser le bubbles administered as a constant venous infusion.
suivi d’une pathologie notamment. Circulation 97(5): 473-83
À l’inverse, les cartes paramétriques basées 5. Vogel R et al. (2005) The quantification of absolute myo-
sur une modélisation (maximum du gradient cardial perfusion in humans by contrast echocardiography:
positif, aire sous la courbe, cartes de perfusion algorithm and validation. J Am Coll Cardiol 45(5): 754-62
extraites des modes destructifs ou de reperfu- 6. Lucidarme O et al. (2003) Blood flow quantification with
sion), si elles offrent une mesure qui a priori ne contrast-enhanced US: « entrance in the section » pheno-
dépend pas du jeu de données, appliquent un menon-phantom and rabbit study. Radiology 228(2): 473-9
modèle assez rigide. Lorsque ce modèle n’est pas 7. Krix M et al. (2004) Quantification of perfusion of liver
respecté (atténuation, mouvement), il est difficile tissue and metastases using a multivessel model for reple-
de détecter des ajustements aberrants. Les cartes nishment kinetics of ultrasound contrast agents. Ultra-
paramétriques plus descriptives (images du sound Med Biol 30(10): 1355-63
temps du pic) ne permettent pas toujours de les 8. Eyding J et al. (2003) Contrast burst depletion imaging
mettre en évidence. En outre, la relation entre le (CODIM): a new imaging procedure and analysis
signal mesuré dans l’image et la concentration method for semiquantitative ultrasonic perfusion ima-
effective de PCUS est encore assez peu fiable, ce ging. Stroke 34(1): 77-83
qui fait que, dans la pratique, les cartes liées aux 9. Malpica N et al. (2004) Tracking of regions-of-interest in
modèles ne sont pas suffisamment fiables pour myocardial contrast echocardiography. Ultrasound in
être utilisées de manière quantitative. Medicine & Biology 30(3): 303-9
Une plus grande maîtrise des conditions d’ac- 10. Kissi A et al. (2005) Perfusion Analysis of Nonlinear Liver
quisition, de la chaîne de traitement du signal Ultrasound Images Based on Nonlinear Matrix Diffu-
échographique et de la réponse des microbulles, sion. 3459 ed. Lecture Notes in Computer Science 528-35
devrait permettre à l’avenir de compenser ces 11. Delzescaux T et al. (2003) Using an adaptive semiauto-
différents obstacles de quantification. mated self-evaluated registration technique to analyze
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L’imagerie de contraste ultrasonore
pour l’évaluation précoce
des thérapeutiques ciblées
N. Lassau, L. Chami et P. Péronneau
Une étude concernant les patients porteurs de monique combinée avec des logiciels de perfu-
métastases en transit de mélanome et traités par sion, associés à des agents de contraste de
perfusion isolée de membre a démontré qu’une deuxième génération (SonoVue®, Bracco, AMM
diminution précoce de cette vascularisation per- 2003) ont permis de réaliser des avancées dia-
mettait de prédire la réponse complète au traite- gnostiques notoires. Il s’agit là de bulles d’hexa-
ment avant toute modification du volume tumo- fluorure de soufre enrobées dans une capsule de
ral. En revanche, une augmentation de cette vascu- macrogol 4000, distéaroylphosphatidylcholine,
larisation reflétait une progression tumorale (14). dipalmitoylphosphatidylglycérol, et d’acide pal-
L’arrivée des produits de contraste de pre- mitique présentant une durée de vie largement
mière génération comme le Levovist® (Schering, supérieure à quelques minutes et possédant des
AMM 1999) a représenté une évolution majeure propriétés de non-linéarité même a faible index
en échographie et a déjà très nettement accru mécanique (c’est-à-dire à faible puissance
cette performance de détection permettant la d’émission évitant leur destruction rapide) qui
visualisation de vaisseaux de l’ordre de permettent la mise en œuvre de l’imagerie har-
40 microns de diamètre (15). Il s’agit de bulles monique et d’améliorer encore la détection de la
d’air de quelques microns de diamètre enrobées micro-vascularisation en augmentant significati-
dans une capsule de D-galactosidose et d’acide vement le rapport signal sur bruit.
palmitique. Ces bulles présentent un pouvoir de Plusieurs études sur différents types de
rétrodiffusion ultrasonore très supérieur à celui tumeurs traitées par des thérapies ciblées ont
des globules rouges et offrent ainsi un réhausse- confimé effectivement que l’utilisation de ces
ment du signal très significatif. Initialement, ces agents de contraste de deuxième génération ont
produits de contraste, compte tenu de leur relati- permis de prédire précocement la réponse au
vement faible durée de vie, furent souvent utilisés traitement (18). Ces produits de contraste pré-
en mode destructif avec des index mécaniques sentent effectivement une réponse non linéaire à
élevés notablement, supérieurs à 0,5. La sensibi- faible index mécanique de l’ordre de 0,1. Tous les
lité de détection de la microvascularisation fut logiciels de perfusion des différents constructeurs
ainsi nettement améliorée, donnant accès à une utilisent, que ce soit dans le domaine temporel ou
visualisation de type « parenchymographie ». Par spatial, cette caractéristique en additionnant les
exemple, ce type d’imagerie fonctionnelle a été signaux en inversion de phase provenant de
utilisée pour prédire précocement la réponse l’imagerie fondamentale et harmonique des tissus
chez 49 patients porteurs de sarcomes dévelop- et des microbulles. L’objectif principal étant tou-
pés dans un membre et traités par perfusion iso- jours d’augmenter essentiellement le rapport
lée de membre avec du TNFα (16). Ce traitement signal sur bruit provenant des bulles gazeuses
avait pour objectif d’éviter l’amputation. réagissant de façon non linéaire à la pression
L’évaluation par écho-Doppler avec contraste a ultrasonore appliquée, circulant dans les néovais-
été réalisée très précocement à J+1, J+7, J+14, seaux par rapport aux tissus environnants qui,
1 mois et 2 mois. Les résultats ont montré que eux, ne présentent pas ce comportement non
l’écho-Doppler associé à un produit de contraste linéaire aux faibles index mécaniques utilisés.
permettait dès J +1 de prédire la réponse avant La première étude a été réalisée chez les
toute modification de taille des lésions avec sen- patients porteurs de tumeurs stromales gastro-
sibilité, spécificité, VPP et PPN de 14 de 89, 100, intestinales traitées par imatinib (Glivec®) et
100 et 90 % respectivement. inclus dans l’étude française BFR14. Ces tumeurs
Les chirurgiens-oncologues sont convaincus stromales gastro-intestinales dérivent des cellules
que cet examen d’imagerie fonctionnelle est interstitielles de Kajal du tractus gastro-intesti-
capable de prédire précocement la réponse au nal (19) et avaient un pronostic extrêmement
traitement afin d’adapter le calendrier chirurgi- défavorable, avec une forte résistance aux chi-
cal. Eggermont (17) présente effectivement miothérapies conventionnelles (20-21).
l’échographie de contraste comme une technique L’arrivée du Glivec®, ciblé sur le récepteur
simple, peu coûteuse, permettant de prédire seu- c-kit, a fondamentalement changé le pronostic
lement un jour après le traitement l’efficacité du de ces patients (22-25) avec un taux de réponse
TNFα chez des sarcomes traités par perfusion objective de l’ordre de 80 %. Ce traitement induit
isolée de membre. d’importantes modifications du parenchyme
Les récents développements techniques en tumoral avec diminution de la vascularisation et
ultrasons, le Doppler large bande à haute résolu- apparition de nécrose, sans changement de
tion spatiale, et essentiellement l’imagerie har- volume tumoral (26).
L’imagerie de contraste ultrasonore pour l’évaluation précoce des thérapeutiques ciblées 83
Les critères de l’OMS ou les critères RECIST, patients porteurs de cancer du rein métastatique
qui sont des critères morphologiques basés sur la pouvaient être traités par traitement anti-angio-
taille de la tumeur, sont donc mis en défaut pour génique (Bayer) et bénéficier d’une évaluation
évaluer la réponse à ce traitement. Actuellement, précoce fonctionnelle pour prédire la survie sans
les modalités d’imagerie morphologique et fonc- progression et la survie globale. Cette dernière
tionnelle comme l’IRM fonctionnelle, le PET- procédure d’imagerie fonctionelle (30) a été réa-
scan ou l’échographie de contraste doivent être lisée dans le cadre d’une phase III (fig. 2) présen-
choisis préférentiellement pour évaluer la tée à l’ASCO 2005, mais également dans une
réponse à ce type de traitement (27). deuxième étude de phase I, associant la même
À titre d’exemple, une étude réalisée sur molécule de Bayer (BAY-9006) à l’interféron
30 patients, porteurs de GIST métastatique avec (fig. 3). Une diminution de la prise de contraste
une évaluation par échographie Doppler avec de 20 % dès la deuxième semaine a permis de
injection d’agent de contraste réalisée avant le prédire la survie globale.
traitement puis à J1, J7, J14, à deux mois, trois Ces trois études publiées concernant les sar-
mois puis tous les trois mois, avec un suivi de comes des tissus mous, les GIST et les cancers du
deux ans, a montré de façon significative qu’une rein métastatiques, ont permis de montrer le fort
chute de la prise de contraste dès le septième jour potentiel de l’échographie de contraste pour pré-
était capable de sélectionner les bons répondeurs dire précocement la réponse aux nouvelles théra-
des mauvais répondeurs. La nécrose complète pies ciblées.
des lésions est souvent atteinte à partir du pre- Toutefois, une quantification objective para-
mier mois (28). métrique doit être réalisée pour que cette tech-
L’intérêt de cette technique permet également nique soit incluse de façon systématique dans les
de détecter précocement l’apparition des résis- essais thérapeutiques et actuellement le dévelop-
tances secondaires, (fig. 1) dont le taux est de pement de logiciels quantifiant, sans interven-
15 % à partir de la première année de traitement. tion de l’opérateur, le rehaussement à partir des
L’apparition de cette résistance secondaire, mise données linéaires brutes, c’est-à-dire des données
en évidence en visualisant la reperfusion des échographiques brutes avant compression au
zones nécrotiques, permet d’adapter une nou- format vidéo permet effectivement d’objectiver
velle stratégie thérapeutique avant même qu’il y clairement la prise de contraste.
ait une augmentation du volume tumoral (29). Ces types de quantifications sont actuelle-
Cette technique est adaptée pour tout type de ment réalisés dans plusieurs essais thérapeu-
tumeur hypervasculaire, accessible aux ultrasons. tiques. Ils permettent par la détermination de
En effet, il a également été montré que les régions d’intérêts et sur une acquisition de trois
A B
Fig. 1 - Métastases hépatiques de GIST visualisées en mode pulse soustraction avec SonoVue® chez une femme traitée par
Glivec®.
A) Visualisation avant traitement confirmant la prise de contraste de toutes les lésions.
B) L’échographie de contraste réalisée à quinze jours permet de confirmer l’apparition de la nécrose des lésions et de
confirmer très tôt la bonne réponse au traitement.
84 Échographie de contraste
A B
Fig. 2 - Patient porteur de métastases hépatiques, d’un cancer du rein métastatique, traité par les molécules de BAYER 9006
(phase III). L’échographie de contraste a été réalisée avant traitement (A) et à trois semaines (B) : aucune modification de la
prise de contraste n’est objectivée. Ce patient est classé mauvais répondeur.
A B
Fig. 3 - Patient porteur de métastases d’un cancer du rein métastatique, traité par les molécules de BAYER 9006 (phase III).
L’échographie de contraste a été réalisée avant traitement (A) et à trois semaines (B) : Une très nette diminution de la prise
de contraste a été objectivée. Ce patient est classé bon répondeur.
A B
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Applications radiologiques
Échographie de contraste
et métastases hépatiques
F. Tranquart, A. Bleuzen
L’échographie est très souvent utilisée en pre- métastase hépatique. Ainsi, Schwartz et al. (6)
mière intention dans l’approche diagnostique rapportent la découverte de lésions de moins de
des lésions secondaires hépatiques en raison de 1 cm chez 12,7 % des 2 978 patients étudiés par
sa facilité de mise en œuvre, de son coût faible et TDM dans le cadre d’un bilan de cancer, celles-ci
de son innocuité. Toutefois, l’étude des chiffres étant considérées comme indéterminées. Sur la
de sensibilité et spécificité ne plaide pas en sa base du suivi, la conclusion était que la plupart
faveur, les valeurs ne dépassant pas 70 % pour des lésions découvertes étaient bénignes
ces lésions, principalement en ce qui concerne la (80,2 %), les lésions secondaires ne représentant
sensibilité. Ces chiffres sont principalement dus que 11,6 % des patients. Kreft et al. (7) rappor-
à un contraste tissulaire insuffisant ne permet- tent 179 lésions de moins de 2 cm au cours de
tant pas de détecter des lésions d’échogénicité 628 MRI. Pour les patients avec des antécédents
peu différentes de celles du parenchyme normal, de cancer, des lésions étaient décrites dans
ainsi qu’aux difficultés d’identification de cri- 76,7 % des cas bénignes pour 50,6 %. En absence
tères spécifiques en dehors de situations particu- de notion de cancer, 75 % étaient bénignes. De ce
lières. Il est connu que parmi les méthodes fait, le besoin d’un diagnostic définitif est grand
d’imagerie, l’échographie conventionnelle afin de stopper des examens multiples voire
apporte des éléments non spécifiques qui ne per- invasifs, la plupart de ces lésions étant bénignes
mettent pas un diagnostic précis. Les aspects même au cours de bilan de cancer.
bénins et malins sont souvent facilement diffé- Enfin, il faut souligner les fréquences
renciés lorsque les lésions sont de grande taille, variables de lésions secondaires en fonction du
mais, quand elles sont petites, la difficulté de type de cancer primitif considéré. Ainsi, la fré-
recueillir des informations fiables fait que le dia- quence de ces lésions secondaires est-elle plus
gnostic n’est pas toujours possible (1, 2). élevée pour le cancer colorectal (ces lésions étant
L’absence de différenciation par échographie par ailleurs fréquemment synchrones) que pour
conventionnelle amène le recours à d’autres pro- les cancers du sein ou du poumon, amenant à
cédures parfois invasives et/ou coûteuses. De ce proposer des stratégies de diagnostic différentes
fait ainsi qu’en raison d’un caractère opérateur- reposant plus largement sur la TDM ou IRM en
dépendant souvent rapporté, le rapport coût- première intention dans le premier cas et l’écho-
apport diagnostique semble moins favorable et graphie dans les autres cas.
doit amener à reconsidérer l’intérêt de cette pra-
Les premières études hépatiques utilisant les
tique. Le besoin d’une méthode diagnostique
agents de première génération avaient souligné
simple, de coût faible et non invasive, a amené à
le comportement différent des lésions secon-
proposer l’échographie de contraste en raison de
daires en comparaison du foie normal et des
ses performances remarquables sans inconvé-
autres lésions hépatiques bénignes ou malignes.
nients pour le patient (3-5).
La mise à disposition des agents de contraste
Par ailleurs, il est connu que la découverte de ultrasonores dits de seconde génération a intro-
lésions hépatiques chez un patient présentant un duit une nouvelle dimension, le temps réel, dans
antécédent néoplasique n’est pas synonyme de la détection de ces lésions par échographie. Il
90 Échographie de contraste
tardive
Fig. 2 - L’échographie est demandée dans le cadre du bilan d’un cancer du poumon. Celle-ci révèle la présence de 4 lésions
hypoéchogènes (A). La prise de contraste artérielle (B) est suivie d’une vidange au cours des phases suivantes aboutissant à
une absence de contraste à l’intérieur de ces lésions confirmant le diagnostic de lésions métastatiques (C, D).
Échographie de contraste et métastases hépatiques 91
Fig. 3 - Mise en évidence d’une hétérogénéité hépatique chez un patient sans antécédent de cancer connu (A). Après injec-
tion de contraste au cours des phases artérielle, portale et tardive, on met en évidence progressivement de nombreuses
lacunes de petite taille diffuses dans le foie (B, C, D) caractéristiques de localisations secondaires permettant la recherche du
primitif (poumon).
intraveineuse d’agent de contraste permet d’ob- seconde génération serait en rapport avec la
jectiver la prise de contraste précoce qui est pro- stagnation des microbulles au sein des sinu-
portionnelle au débit sanguin de la lésion sus- soïdes hépatiques ou une captation par les cel-
pectée. lules du système des phagocytes mononucléés.
En ce qui concerne la phase portale, on peut Il a été rapporté des différences entre les pro-
distinguer une première partie (entre 30 secondes duits de seconde génération utilisés concer-
et 1 minute) où l’examen est souvent limité par nant cette phase tardive avec des rétentions
l’absence de contraste clair entre la lésion et le parfois moins marquées pouvant limiter le
parenchyme sain en dehors du cas des lésions caractère diagnostique important de cette
hypervascularisées. Par contre, au cours de la phase (11).
seconde minute correspondant à la deuxième
partie de la phase portale, le contraste intralésion- L’interprétation des résultats fait également
nel s’améliore, permettant alors de mieux appré- appel à deux notions complémentaires que
cier le contraste entre les lésions et le parenchyme sont la détection et la caractérisation. Les élé-
voisin. ments permettant la détection de lésions font
L’imagerie tardive (au-delà de 2 min après principalement appel aux aspects observés en
injection de l’agent de contraste) permet d’ob- phase tardive (en comparaison des éléments
jectiver les lésions hépatiques en fonction de conventionnels), alors que les éléments de
l’accumulation ou non de contraste dans caractérisation nécessitent la prise en compte
celles-ci. Cette phase très importante et des éléments observés de la phase artérielle à la
constante pour les agents de première et phase tardive.
92 Échographie de contraste
Fig. 4 - L’échographie est demandée dans le cadre du suivi d’un cancer du sein. Celle-ci révèle la présence d’une lésion hété-
rogène (A) dont la prise de contraste est centrale mais avec un halo à prise de contraste faible (B) se vidant progressivement
en s’agrandissant au cours du temps permettant d’évoquer le diagnostic de lésion secondaire confirmé par biopsie (C, D).
Par ailleurs au sein du foie gauche la présence d’une lacune de contraste permettait la découverte d’une lésion secondaire
non visualisée en échographie conventionnelle ni en TDM (E, F).
Aspects des lésions hépatiques de l’agent au sein de ces lésions par absence de
sinusoïdes et cellules de Kupffer. Ceci a été rap-
en échographie de contraste (3-5, 12-18) porté par toutes les études depuis l’avènement
La caractéristique fondamentale des lésions des agents de contraste quel que soit l’agent uti-
secondaires hépatiques est la présence d’un lisé. Avec les méthodes les plus récentes, il a été
hyposignal franc intralésionnel en phase tardive rapporté la possibilité de voir quelques micro-
en relation avec l’absence de possibilité de stase bulles circulantes à l’intérieur de la lésion sans
Échographie de contraste et métastases hépatiques 93
Fig. 5 - L’échographie est demandée dans le cadre du bilan initial d’un cancer du sein. Celle-ci révèle la présence de deux
lésions discrètement hypoéchogènes (A) sous capsulaires en échographie haute fréquence. L’absence de contraste à l’inté-
rieur de ces lésions au cours des trois phases suivant l’injection de SonoVue® confirmait le diagnostic de lésions métasta-
tiques (B, C), mais également permettait la détection d’une lésion de seulement 4 mm à proximité passée inaperçues sur
l’échographie conventionnelle (D).
que cela n’affecte la notion d’hyposignal franc tante, suivi par un hyposignal tardif franc carac-
(fig. 1). téristique (fig. 4, 5, 6). Ceci est confirmé dans
une étude récente de Wilson et al. (19) mon-
En ce qui concerne les phases artérielles de
trant une artérialisation dans 94 % de lésions
rehaussement, le comportement est différent
secondaires. Il est important de noter que la
entre les lésions hypervascularisées comme les
cinétique de l’agent s’effectue avec un remplis-
lésions secondaires neuro-endocrines ou de
sage initial suivi d’une vidange plus ou moins
cancer colorectal et les lésions hypovasculari-
rapide de la lésion et jamais l’inverse. Par
sées (fig. 2, 3). En effet, pour les premières, il
contre, la présence d’un anneau hypervascula-
sera observé un rehaussement très rapide et
risé est fréquemment rapporté dans les lésions
complet en phase artérielle précédent le rehaus-
hypovasculaires.
sement du parenchyme voisin, mais qui sera
suivi d’une vidange très rapide de la lésion quel- En ce qui concerne les lésions secondaires
quefois avant la fin de la phase artérielle, la fai- nécrotiques, celles-ci présentent un aspect
sant apparaître en hyposignal en phase portale d’hyposignal central au cours des différentes
et tardive. Pour les lésions hypovascularisées, la phases, accompagné d’une vidange de l’agent de
faible vascularisation fera qu’il ne sera observé la zone périphérique non nécrotique amenant à
qu’un signal interne souvent plus faible que objectiver une zone en hyposignal plus grande
celui du parenchyme normal avoisinant au que celle observée en phase artérielle.
cours de la phase artérielle ou portale débu- Cependant, les lésions purement nécrotiques ne
94 Échographie de contraste
Fig. 6 - Amélioration de la détection et de la définition des lésions secondaires détectées chez cette patiente au cours du suivi
par le recours à l’échographie de contraste en comparaison de l’échographie conventionnelle.
présentent aucun rehaussement amenant des voisins de ceux des autres modalités. La distinc-
confusions possibles avec des kystes ou des abcès. tion bénin-malin est assurée avec une fiabilité
voisine de 100 % pour la plupart des études. Les
derniers travaux font état de plus de 95 % de fia-
Valeur diagnostique de l’échographie bilité pour les différentes lésions hépatiques en
comparaison de méthodes d’imagerie de réfé-
de contraste (19-37) rence sur des populations larges de plus de
Les différentes méthodes utilisées ont pour avan- 300 patients.
tage une spécificité et une sensibilité très élevées Les études sont concordantes pour les lésions
pour le diagnostic de lésions secondaires, ainsi secondaires avec le plus souvent plus de lésions
qu’une faisabilité tout à fait satisfaisante. Une détectées en échographie de contraste (plus de
amélioration franche des performances de 20 % lorsqu’une lésion était déjà détectée et dans
l’échographie de contraste concernant la caracté- 5 % des cas lorsque l’échographie était consi-
risation est rapportée avec l’usage des produits dérée normale avec des lésions principale-
de seconde génération. En fonction de l’interpré- ment infracentimétriques) que par TDM. Ainsi
tation selon les recommandations établies par Oldenburg et al. (17) rapportent 85 % de méta-
l’EFSUMB, les chiffres de sensibilité et de spécifi- stases détectées par ECUS versus 59 % par écho-
cité en termes de détection et caractérisation sont graphie conventionnelle dans une population
Échographie de contraste et métastases hépatiques 95
Fig. 7 - L’échographie est demandée dans le cadre du bilan initial d’un cancer du sein. Celle-ci révèle la présence de 4 lésions
hypoéchogènes (A). L’absence de contraste à l’intérieur de ces lésions au cours des trois phases suivant l’injection de
SonoVue® confirmait le diagnostic de lésions métastatiques (B, C), mais également permettait la détection de neuf autres
lésions passées inaperçues sur l’échographie conventionnelle (D).
portale
les différents plans. La caractérisation est égale-
•Phase ment améliorée dans 30 % des cas environ selon
tardive
les études. En comparaison de l’IRM avec utilisa-
tion d’agents de contraste spécifiques de type
Fig. 8 - Aspect typique schématique de la prise de contraste SPIO ou Gd-BOPTA, il ne semble pas y avoir de
au sein d’une lésion secondaire hypervasculaire quelle que différence de sensibilité de détection.
soit l’échogénicité basale (hypo- ou hyperéchogène)
démontrant une prise de contraste intense en phase arté- De récentes études ont étendu l’usage des
rielle suivie d’une vidange complète rapide de l’agent au agents de contraste à la détection per-opératoire
cours de la phase portale aboutissant à une lésion en hypo- démontrant une sensibilité fortement accrue.
signal franc en phase tardive. Ainsi Leen et al. (38) montrent une sensibilité
96 Échographie de contraste
Fig. 9 - Une lésion échogène est observée en échographie conventionnelle chez cette patiente opérée d’un cancer colo-
rectal (A). L’injection de SonoVue® permettait d’objectiver une artérialisation très importante de cette lésion (B) suivie d’un
wash-out rapide (C, D) en accord avec le diagnostic final de métastase hypervasculaire mais également la découverte d’une
seconde lésion secondaire.
accrue versus TDM et IRM (96,1 vs 76,7 vs pour la détection précoce de métastases occultes
81,5 % respectivement) avec la découverte de au cours du cancer colorectal. Le rapport entre
métastases supplémentaires pour 19,3 % des la pente de rehaussement dans la veine porte et
patients. Ces découvertes ou caractérisations celle mesurée dans l’artère hépatique (Contrast
plus fines ont modifié la prise en charge des Enhanced Doppler perfusion index, CEDPI) est
patients dans 29,8 % des cas. plus élevé (0,59) en cas de métastases qu’en cas
La possibilité d’études fonctionnelles hépa- d’hémangiomes (0,33). Il a été également rap-
tiques après injection de produit de contraste porté une modification du CEDPI chez des
ultrasonore a été explorée pour la détection de patients sans métastases détectables au moment
lésions secondaires hépatiques (39-41). Celles-ci de l’examen, celles-ci n’étant détectables que lors
reposent sur l’arrivée de l’agent au sein de vais- du contrôle ultérieur. Cet indice permettrait
seaux particuliers comme la veine sus-hépatique d’évaluer précocement l’efficacité de la chimio-
ou la veine porte en référence, soit au moment thérapie sur les métastases hépatiques par la
de l’injection, soit au rehaussement observé mise en évidence d’une normalisation du
dans un autre vaisseau telle l’artère hépatique. CEDPI précédant la disparition des lésions
Ceci a été plus particulièrement mis en œuvre secondaires.
Échographie de contraste et métastases hépatiques 97
Fig. 10 - Une lésion hypoéchogène est observée en échographie conventionnelle chez cette patiente opérée d’un cancer colo-
rectal (A). L’injection de SonoVue® permettait d’objectiver une artérialisation très importante de cette lésion (B), suivie d’un
wash-out rapide (C, D) en accord avec le diagnostic final de métastase hypervasculaire.
Fig. 11 - Multiples lésions échogènes observées en échographie conventionnelle chez ce patient aux antécédents de cancer
colo-rectal (A) traité par chimiothérapie. L’injection de SonoVue® permettait d’objectiver une artérialisation très impor-
tante de ces lésions (B) suivie d’un wash-out rapide (C, D) en accord avec le diagnostic final de métastases hypervasculaires.
suspectées chez un patient avec antécédents de l’IRM, à la condition de respecter les critères dia-
tumeur maligne, dans des cas sélectionnés, gnostiques proposés par les centres experts.
lorsque cela est cliniquement pertinent pour la La prise en compte des limites techniques doit
planification du traitement, pour évaluer le amener le praticien à réaliser ou proposer une
nombre et l’emplacement des métastases hépa- exploration par les autres modalités d’imagerie.
tiques, en complément de la TDM et de l’IRM Même si à ce jour aucun travail n’indique la
avec contraste et la surveillance des patients avec nécessité de réaliser systématiquement cette
pathologie néoplasique lorsque l’échographie de exploration de contraste chez tout patient
contraste s’est déjà révélée utile. adressé pour exploration hépatique adressé pour
un bilan de lésion primitive, il est tout à fait licite
de réaliser cet examen afin d’assurer la détection
Conclusion et perspectives et la caractérisation les plus précises possibles,
sans inconvénient ni retard de prise en charge
À ce jour, les résultats concordent pour indiquer pour le patient. En effet, à la simple vue de la
une valeur diagnostique élevée de l’échographie qualité d’imagerie et des avantages réels tirés de
de contraste dans les indications présentées nous cette méthode en termes de fiabilité confirmés
amenant à modifier la prise en charge des lésions par plusieurs études avec niveau de preuve A, la
avec réalisation immédiate de cette imagerie de place pour une échographie conventionnelle
contraste, en remplacement de la TDM ou de hépatique simple devrait se réduire rapidement.
Échographie de contraste et métastases hépatiques 99
Fig. 12 - Une lésion hypoéchogène est observée en échographie conventionnelle chez ce patient opéré d’un cancer colo-
rectal (A). L’injection de SonoVue® permettait d’objectiver une artérialisation très importante de cette lésion (B) suivie d’un
wash-out rapide (C, D) en accord avec le diagnostic final de métastase hypervasculaire.
Fig. 13 - Multiples lésions échogènes à centre hypoéchogène observées en échographie conventionnelle chez cette patiente
présentant une tumeur du pancréas (A). L’injection de SonoVue® permettait d’objectiver une artérialisation très importante
de ces lésions nécrotiques (B) suivie d’un wash-out rapide (C, D) en accord avec le diagnostic final de métastases hypervas-
culaires nécrotiques.
100 Échographie de contraste
Fig. 14 - Multiples lésions échogènes suspectes d’hémangiomes observées en échographie conventionnelle chez ce patient
présentant un sarcome (A). L’injection de SonoVue® permettait d’objectiver une artérialisation très importante de ces
lésions (B) suivie d’un wash-out rapide (C, D) en accord avec le diagnostic final de métastases hypervasculaires.
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Échographie de contraste
et carcinome hépatocellulaire
J.-M. Correas, A. Vallet-Pichard, S. Pol et O. Hélénon
L’échographie joue un rôle essentiel lors de la sition entre le macronodule de régénération, les
surveillance des patients cirrhotiques pour la nodules dysplasiques, dont le grade évolue de
détection du carcinome hépatocellulaire (CHC). faible à élevé, et le petit CHC bien différen-
Son rôle pour la caractérisation des nodules hépa- cié (3, 4). La vascularisation évolue parallèle-
tiques dans cette population est beaucoup plus ment. Pour les nodules de régénération ou de
discuté mais apparaît plus que jamais d’actualité dysplasie faible, elle est d’abord à prédominance
avec l’augmentation des nodules détectés, alors portale, et devient à prédominance artérielle au
que l’incidence des hépatopathies chroniques est stade de dysplasie sévère et de petit CHC. Les
en croissance constante. Le but est de détecter nodules dysplasiques peuvent être considérés
correctement le CHC de façon plus précoce afin comme des lésions précancéreuses, mais leur le
de proposer une prise en charge thérapeutique risque de malignité est difficile à estimer. La fré-
efficace à un plus grand nombre de patients, alors quence des nodules non néoplasiques sur des
que le rôle du dosage de l’alpha-fœto-protéine foies explantés pourrait atteindre 42 % (5, 6).
(AFP) est limité puisqu’il n’est pas élevé dans plus Le développement de nodules de régénéra-
de 80 % des cas de petits CHC (1). L’efficacité du tion, dysplasiques et carcinomateux, est un pro-
dépistage reste limité en raison de la faiblesse du cessus qui concerne l’ensemble du parenchyme
couple sensibilité – spécificité de l’échographie, en hépatique. Le CHC est multicentrique dans 20 à
raison des modifications de l’échostructure du 60 % des cas, selon les performances des tech-
parenchyme hépatique, de la difficulté d’accès aux niques de détection (7). L’échographie per-opé-
territoires profonds et de la présence des nom- ratoire identifie 10 à 15 % de CHC supplémen-
breux nodules non carcinomateux. taires, alors que l’analyse histologique de l’en-
Les agents de contraste ultrasonores pour- semble du foie lors de la transplantation hépa-
raient améliorer sensiblement les performances tique met en évidence un CHC multifocal dans
de l’échographie pour la détection du CHC et la plus de 50 % des cas, alors que la sélection des
caractérisation des nodules hépatiques chez les patients est sévère (7).
patients cirrhotiques. Le développement des
techniques d’imagerie en temps réel à bas index Le diagnostic précoce est nécessaire pour
mécanique représente une étape décisive (2). Ces pouvoir proposer un traitement curatif.
séquences d’imagerie exploitent les propriétés de Aujourd’hui, seulement 30 % des patients peu-
résonance des microbulles et permettent l’étude vent bénéficier de ces thérapies, en raison de la
continue du rehaussement hépatique aux diffé- détérioration de la fonction hépatique, d’une
rents temps, artériel, portal et tardif. part, et de la taille et du nombre des lésions,
d’autre part (3). Le dépistage ne se justifie que si
la prise en charge agressive et précoce du CHC
Le carcinome hépatocellulaire : entraîne une amélioration de la survie. Si cette
de l’histologie à l’imagerie donnée reste difficile à obtenir, les études les plus
récentes mettent en évidence une tendance à
Les différentes étapes aboutissant à la formation l’augmentation de la survie, qui pourrait
du CHC sont mieux connues. Il existe une tran- atteindre 50 à 70 % (3).
104 Échographie de contraste
Les critères diagnostiques de CHC ont été peut aussi être proposée dans l’attente d’une
redéfinis lors de la Conférence de Consensus de transplantation hépatique.
Barcelone (8). Ils reposent sur la fréquence du Les traitements percutanés entraînent une
CHC en cas de cirrhose, l’augmentation de la nécrose tumorale par action chimique (injection
taille des lésions malignes et leur caractère hyper- d’alcool ou d’acétique acétique dans la tumeur)
vascularisé au cours de la phase de rehaussement ou thermique (radiofréquence, micro-ondes,
artérielle. Le diagnostic de CHC est très probable laser ou cryoablation). Parmi ces techniques,
s’il existe, sur deux modalités d’imagerie diffé- l’ablation des nodules par alcoolisation donne
rentes, un nodule de plus de 2 cm de diamètre et des résultats comparables à la chirurgie (70 % de
hypervascularisé au cours de la phase artérielle. réponse complète pour les nodules de moins de
Si le dosage de l’αFP dépasse 400 ng/ml, il suffit 3 cm), mais présente moins d’inconvénients que
d’identifier un nodule hypervasculaire sur une la chirurgie (10, 11). Lorsque les indications inté-
seule modalité. Ces critères permettent d’éviter la ressent une population bien ciblée, le taux de
ponction biopsie hépatique, surtout chez les survie à cinq ans pourrait atteindre 50 %. Le trai-
patients pouvant bénéficier d’une transplanta- tement par radiofréquence est une technique en
tion du foie. En effet, il s’agit d’empêcher alors plein développement. Cette technique permet un
toute manipulation pouvant favoriser l’essai- meilleur contrôle du processus de nécrose tumo-
mage de cellules malignes sur le trajet de ponc- rale en une seule session, et bénéficie de nom-
tion, alors que les chances de guérison sont très breuses évolutions : générateur de puissance
élevées. supérieure, aiguille de calibre inférieur, aiguille
bipolaire… Pour ces deux techniques, le nodule
doit être accessible et visible en échographie ou
L’importance de l’imagerie en TDM. Pour l’ablation radiofréquence, il ne
dans la prise en charge thérapeutique doit pas être accolé à des structures digestives ou
à la vésicule biliaire. Elle permet de traiter des
du CHC tumeurs de plus de 3 cm. À 5 ans, le taux de sur-
Le traitement du CHC a évolué et la possibilité vie des patients présentant un nodule de moins
d’un traitement curatif dépend essentiellement de de 3,5 cm est néanmoins limité (33 %) en raison
la fonction hépatique sous-jacente et du CHC de la fréquence de micro-métastases dans le cen-
(taille et nombre des lésions, extension périphé- timètre de parenchyme qui entoure le nodule et
rique du CHC avec nodules filles, extensions por- de l’extension portale microscopique (4).
tale et biliaire). Les traitements curatifs compren- La chimioembolisation permet aussi, dans
nent la transplantation hépatique, la résection chi- certains cas favorables, l’éradication des nodules
rurgicale, les traitements percutanés faiblement de CHC. Elle consiste en l’injection d’une chi-
invasifs et la chimio-embolisation hépatique. miothérapie à base de cisplatine ou doxorubicine
La transplantation hépatique est le seul traite- émulsionnée avec du lipiodol ultrafluide, com-
ment qui prend en charge le CHC et l’hépatopa- plétée par l’embolisation artérielle à l’aide de
thie chronique sous-jacente, qui constitue le ter- fragment de gélatine. Le traitement peut être
rain au développement de futures lésions carci- complété par une embolisation suprasélective du
nomateuses. Elle est proposée lorsque le nombre nodule à l’aide de microsphères lorsque l’artère
et la taille des nodules sont limités (pour des nourricière peut être cathétérisée. Certains résul-
nodules de diamètre maximal à 3 cm, 3 nodules tats récents mettent en évidence une améliora-
et lorsque le nodule dépasse 3 cm de diamètre tion de la durée de vie des patients (12, 13).
mais demeure inférieur à 5 cm, 1 nodule uni-
que). Le taux de survie à cinq ans est de 70 %
environ selon les études (7). Le taux de récur- Le dépistage du CHC
rence du CHC est de 15 % (3). Pour certains, les
critères peuvent être élargis à une tumeur unique L’incidence annuelle du CHC chez les patients
de moins de 7 cm de diamètre, 3 nodules de cirrhotiques est en augmentation, variant de 2 à
moins de 5 cm de diamètre et 5 nodules de moins 6 % (14, 15). Elle pourrait atteindre 17 à 30 %
de 3 cm (9). selon les études chez les patients ayant déjà pré-
La résection chirurgicale isolée du CHC doit senté un CHC (7). Le dépistage systématique du
être limitée aux patients porteurs d’un nodule CHC paraît justifié chez les patients cirrhotiques
unique et d’une cirrhose peu évoluée (stade A de afin de détecter les lésions de petite taille et dimi-
la classification de Child-Pugh’s). La chirurgie nuer la mortalité liée au CHC, ce d’autant qu’il
Échographie de contraste et carcinome hépatocellulaire 105
existe une population à risque bien défini : cir- ficile car la cinétique de rehaussement est
rhose quelle que soit son origine, coexistence de souvent atypique. L’absence de diminution
plusieurs causes de cirrhose, sexe masculin, âge rapide de la prise de contraste peut corres-
supérieur à 50 ans, élévation de l’AFP (16). pondre à un nodule dysplasique. La fréquence
Jusqu’à présent, ce dépistage reposait sur l’écho- des nodules non carcinomateux de moins de
graphie conventionnelle et le dosage de l’AFP 2 cm de cinétique atypique (prise de contraste
plasmatique. La fréquence de cette surveillance au temps artériel sans décroissance du signal)
est variable selon les équipes (de quatre à six dont la taille demeure stable ou régresse pour-
mois) et dépend aussi de la compliance des rait atteindre 25 % (18, 19).
patients. Ces examens sont généralement propo- Si le nodule dépasse 20 mm de diamètre, il doit
sés tous les quatre à six mois. La valeur du dosage être considéré comme un CHC sans que la biopsie
de l’αFP pour le dépistage du CHC est remise en soit nécessaire si le taux des AFP est supérieur à
question. En effet, son taux est volontiers aug- 200 ng/ml et qu’une modalité d’imagerie montre
menté (jusqu’à 100 ng/ml) et fluctuant en cas de un aspect hypervasculaire (valeur prédictive posi-
cirrhose, et en particulier au cours des cirrhoses tive supérieure à 95 %). Si le taux des AFP est infé-
postvirales (17). De plus, environ 50 % des rieur à 200 et que la cinétique de rehaussement est
patients porteurs d’un CHC de moins de 30 mm atypique, la ponction-biopsie est recommandée.
ont un dosage normal ou sub-normal. L’aspect en hyposignal retrouvé au temps tardif de
La conduite à tenir lorsqu’un nodule est mis la TDM ou de l’IRM dynamique est un argument
en évidence chez un patient cirrhotique varie suffisant en faveur de la nature carcinomateuse du
selon son diamètre (8, 11). nodule. En cas de résultat discordant, l’échogra-
Si le diamètre est inférieur à 10 mm, une phie de contraste est aussi une technique de choix.
échographie rapprochée est proposée tous les 3- En pratique, trois autres facteurs jouent un
4 mois. Si ce nodule ne se modifie pas sur une rôle fondamental dans la prise en charge de ces
période de 1 à 2 ans, la surveillance redevient patients. Ce sont :
identique au protocole standard avec une écho- – la possibilité de proposer un traitement par
graphie tous les 4 à 6 mois. Si, en revanche, le transplantation hépatique (qui fait intervenir l’âge
nodule grossit, la conduite dépend alors de son du patient, la présence de contre-indications opé-
diamètre. En effet, la présence de petites lésions ratoires ou anesthésiques, et le volume tumoral) ;
hypervascularisées en TDM ou IRM ne corres- – la fonction hépatique sous-jacente ;
pond pas nécessairement à de petits CHC. Si ces – l’accessibilité du nodule à un geste percu-
nodules ne sont pas hypervasculairsés, leur tané (biopsie, alcoolisation ou radiofréquence).
nature est très vraisemblablement bénigne.
Si ce nodule mesure entre 10 et 20 mm de
diamètre, deux examens d’imagerie (TDM, Place de l’échographie-Doppler
IRM ou échographie de contraste) sont néces-
saires. Le dosage de l’AFP plasmatique n’est plus
recommandé. Si les deux examens montrent un Limites de l’échographie
comportement typique de CHC (nodule hyper-
vasculaire à la phase artérielle, éliminant rapi- La détection d’un nodule en échographie est
dement le produit de contraste en phase portale possible si le nodule est accessible au faisceau
ou tardive), le nodule peut être considéré ultrasonore et si ses propriétés ultrasonores sont
comme un CHC et traité comme tel. Si, en suffisamment différentes de celles du paren-
revanche, le caractère hypervasculaire n’est mis chyme hépatique qui l’entoure (fig. 1). La dys-
en évidence que par une seule technique d’exa- morphie hépatique peut altérer l’accessibilité de
men, ou si le comportement vasculaire est aty- certains segments hépatiques. L’atrophie hépa-
pique, la biopsie échoguidée est indiquée. Elle tique entraîne une ascension du parenchyme
n’a de valeur que positive en raison d’un taux de hépatique en position sous-diaphragmatique. La
faux négatif élevé (40 %). Si elle ne montre pas visualisation des segments supérieurs devient
de CHC, la surveillance en imagerie est rappro- plus difficile par voie récurrente. L’interposition
chée, à la recherche d’une modification de la des structures gazeuses digestives est majorée,
taille ou du comportement vasculaire du nodule surtout si s’ajoutent des troubles du transit
après injection. La biopsie peut être reproposée digestif (fig. 1). Le rôle de l’ascite est variable.
si le nodule se modifie. Pour les nodules de Elle améliore le plus souvent la détection des
moins de 2 cm, la caractérisation est parfois dif- nodules en position sous-capsulaire antérieure.
106 Échographie de contraste
A B
A B
C D
E F
G H
Fig. 2 - Patiente de 42 ans, cirrhose alcoolique connue non sevrée. Mise en évidence d’un nodule du segment II lors de la
surveillance. Aspect typique du CHC en échographie conventionnelle et après injection.
L’étude en mode B (A) montre un nodule homogène de 35 mm de diamètre qui comporte une capsule hypoéchogène cir-
conférentielle. En Doppler couleur (B), il existe des vaisseaux périphériques qui pénètrent dans le nodule sur sa face latérale.
Étude en mode VRI, après injection de SonoVue® (2,4 ml) en bolus. La cinétique de rehaussement est illustrée au temps artériel
à 12 secondes (C), 18 secondes (D et E) et 23 secondes (F), puis aux temps portal à 90 secondes (G) et tardif à 200 secondes (H).
À 12 secondes, le produit de contraste arrive dans le pédicule nourricier (C). De façon très précoce (18 secondes après le début de
l’injection), l’échographie de contraste met en évidence le caractère hypervasculaire de la lésion (D). Le mode VRI permet de sous-
traire l’information vasculaire pour localiser sur l’image anatomique en mode B sous-jacente l’emplacement précis des micro-
bulles (E). Le rehaussement intratumoral devient homogène 23 secondes après l’injection (F). Alors, le parenchyme hépatique
commence à se rehausser. Au temps portal, la lésion est en isosignal au parenchyme qui l’entoure et ne peut plus être identifiée
(G). Le produit de contraste s’élimine progressivement et la lésion apparaît en hyposignal au temps tardif (H). Le rehaussement
prédomine en regard de la double zone focale des modes B et VRI. Cet effet peut être atténué en utilisant une zone focale étendue.
108 Échographie de contraste
jusqu’à disparition de l’agent de contraste (24). ment le plus important (SonoVue® 2,4 ml par
Ces différentes phases s’enchaînent de façon injection, deux injections avec un seul flacon).
continue. Typiquement, la phase artérielle se Chez le patient cirrhotique, l’altération de
situe entre 10 à 45 secondes après injection, la l’échostructure hépatique et les modifications de
phase portale entre 45 et 100 secondes et la l’hémodynamique intra-hépatique ne permet-
phase tardive entre 100 et 300 secondes. En tent pas d’abaisser la dose dans la plupart des cas.
revanche, il n’existe pas de phase hépato-spéci- La technique d’examen dépend de la présence
fique intense, et en particulier de stagnation de éventuelle d’un nodule suspect. Si un nodule a
ces microbulles dans les sinusoïdes normaux. Le été détecté par l’échographie conventionnelle
contraste d’une lésion focale ne dépend que de (ou un examen TDM ou IRM préalable), le pre-
la différence entre sa perfusion (débit sanguin mier temps de l’échographie de contraste
local et volume sanguin local) et celle du paren- consiste à le caractériser. Le plan de coupe est
chyme hépatique qui l’entoure. Cet agent de maintenu en regard du nodule pour étudier son
contraste possède donc un avantage important rehaussement en continu aux différentes phases.
par rapport au Levovist®, puisqu’il permet de La séméiologie est proche de celle de la TDM ou
réaliser un examen de contraste dont la tech- de l’IRM. À la fin de la phase portale, l’ensemble
nique d’acquisition est très proche de celle de du parenchyme est balayé pour détecter d’éven-
l’échographie conventionnelle avec un nombre tuels défects de perfusion, qui correspondent le
de balayages important et une cadence d’image plus souvent sur ce terrain à un CHC. Une
élevée. Il permet aussi de détecter les lésions deuxième injection est souvent nécessaire pour
hypervasculaires au temps artériel grâce à un effectuer un balayage complémentaire du paren-
balayage continu du parenchyme hépatique et chyme hépatique durant la phase artérielle, soit à
de réaliser deux injections en bolus de 2,4 mL l’aide de la même modalité que pour la première
avec un seul flacon. injection, soit pour étudier de nouveau le même
nodule avec une autre modalité de contraste.
La technique d’examen Lorsque aucun nodule suspect n’est repéré en
mode conventionnel ou préalablement connu
L’échographie de contraste débute toujours par (TDM ou IRM), l’échographie de contraste com-
une étude complète du parenchyme hépatique en porte d’abord une phase de détection. Chaque
échelle de gris, en utilisant l’ensemble des tech- dose de SonoVue® est consacrée à l’examen d’une
niques disponibles : mode B conventionnel, partie du foie avec pour intention de disposer de
modes composites (spatial ou fréquentiel), deux phases artérielles couvrant l’ensemble du
modes non linéaires (imagerie harmonique, ima- parenchyme hépatique. Celui-ci est donc conti-
gerie en inversion de phase, imagerie harmo- nuellement balayé dans les deux plans au cours
nique différentielle). Elle comprend l’étude des des différentes phases de son rehaussement.
vaisseaux (artère hépatique, veine porte et ses
branches, veines hépatiques, voies de dérivation
porte-cave) en modes B et non linéaires ainsi Séméiologie des lésions focales
qu’en modes Doppler couleur et pulsé. La pré- en échographie de contraste (22, 24-43)
sence de nodules, leur échogénicité, leur taille,
leur localisation ainsi que leur vascularisation Le CHC
doivent être soigneusement étudiées.
L’examen de contraste est réalisé à l’aide de La cinétique de rehaussement du CHC en écho-
modalités spécifiques de détection des micro- graphie de contraste est similaire à celles obser-
bulles, le plus souvent aujourd’hui après injec- vées en TDM ou IRM. Il présente un rehausse-
tion de SonoVue®. L’imagerie en mode inversion ment intense et homogène au temps artériel, qui
de phase à bas index mécanique est disponible persiste environ 20 à 30 secondes (fig. 2). Parfois,
chez la plupart des constructeurs, mais d’autres ce rehaussement est hétérogène, en particulier
modalités peuvent être utilisées, comme l’image- lorsqu’il existe des territoires nécrotiques ou
rie en Cadence Contrast Pulse Sequencing graisseux. Les CHC volumineux peuvent présen-
(Siemens-Acuson) ou l’imagerie de reconnais- ter de larges territoires de nécrose et le rehausse-
sance vasculaire (VRI, Vascular Recognition ment au temps artériel est seulement détecté en
Imaging, Toshiba MS). La dose de produit de périphérie de la lésion. Le ou les vaisseaux nour-
contraste administrée correspond à la dose riciers sont facilement mis en évidence à ce stade
recommandée permettant d’obtenir le rehausse- précoce.
110 Échographie de contraste
Par la suite et en phase portale, le rehausse- contraste est plus faible et surtout hétérogène.
ment décroît rapidement et le nodule devient pra- Cet aspect est plus souvent retrouvé pour les
tiquement en isosignal au parenchyme rehaussé CHC très bien différenciés ou lorsque la nécrose
(parfois discrètement hypo- ou hypersignal). tumorale est importante.
Lorsqu’un nodule suspect est repéré, l’avantage de
l’échographie est de suivre en continu l’arrivée du Les nodules de régénération
produit de contraste, et de ce fait, de ne pas man- Cette cinétique permet de différencier le CHC des
quer la phase artérielle, quel que soit le statut macro-nodules de régénération et des nodules de
hémodynamique du patient ou les modifications dysplasie faible ou modérée (fig. 3). En effet, ceux-
de l’hémodynamique hépatique. ci ne présentent pas de rehaussement en phase arté-
En phase tardive, le CHC est typiquement dis- rielle (45, 46). En phase portale, ils prennent le
crètement en hyposignal au parenchyme qui l’en- contraste de façon progressive et homogène, avec
toure. Cette décroissance du signal est bien moins une cinétique identique à celle du foie qui entoure
marquée pour les CHC que pour les autres le nodule. Ils s’effacent donc progressivement pour
lésions malignes (cholangiocarcinomes, méta- réapparaître parfois faiblement au temps tardif
stases). Certains CHC demeurent en isosignal lorsque leur caractère hypoéchogène est très mar-
durant la phase tardive. Il s’agit le plus souvent de qué. Ainsi, le parenchyme, très hétérogène avant
CHC de petite taille et/ou bien différenciés (44). injection en raison de la présence de très nombreux
Certains CHC ne présentent pas d’hyper- nodules de régénération, devient rapidement prati-
vascularisation précoce. Dans ce cas, la prise de quement homogène après injection de contraste.
Fig. 3 - Patient de 72 ans, cirrhose sur NASH. Mise en évidence d’un nodule du seg-
ment VIII lors de la surveillance. Aspect typique de nodule de régénération en écho-
graphie conventionnelle et après injection.
A) L’examen en mode B montre un nodule hypoéchogène assez mal délimité au sein
d’un foie de surcharge.
B à E) Échographie de contraste en mode inversion de phase à bas index mécanique
après un bolus de SonoVue® (2,4 mL). L’écran est séparé en deux parties durant
l’examen de contraste : à gauche, l’imagerie en mode inversion de phase à bas IM
(0,5 % de la puissance acoustique) et à droite en mode B conventionnel. Cette tech-
nique permet de positionner la sonde en regard de la zone d’intérêt et de suivre
l’évolution du contraste dans la zone suspecte. Le rehaussement est monitoré en
temps réel en phase artérielle à 22 secondes (B), 26 secondes (C) et à 35 secondes
(D), puis en phase portale (E). Le nodule (flèches) ne présente aucun rehaussement
au temps artériel. La cinétique de rehaussement est identique à celle du foie qui l’en-
toure, et le nodule n’est plus du tout visible dès la fin de la phase artérielle.
Échographie de contraste et carcinome hépatocellulaire 111
Les autres intérêts de l’échographie de contraste une extension tumorale dans les vaisseaux
L’échographie de contraste détecte aussi les vais- (portes mais aussi sus-hépatiques), le thrombus
seaux péri- et intratumoraux, surtout à la phase tumoral prend intensément le contraste au
artérielle. Le ou les principaux vaisseaux nourri- temps artériel, avec une cinétique parallèle à
ciers sont bien visualisés (fig. 4). Lorsqu’il existe celle du CHC (fig. 4 et 5).
F G
112 Échographie de contraste
H I
J K
C D
Parmi les autres lésions rencontrées chez le gène devient plus uniforme et ceinture le nodule.
patient cirrhotique, l’hémangiome est la lésion Elle augmente de taille de la périphérie vers le
focale la plus fréquente. Il apparaît volontiers iso- centre. L’ensemble de la lésion focale est alors plus
échogène, faiblement hypo- ou hyperéchogène, ou moins hyperéchogène au temps très tardif du
selon l’échostructure du parenchyme qui l’entoure. balayage (supérieur à 5 min). Avec la décroissance
Sa prise de contraste en échographie de contraste du signal liée à l’élimination du produit de
est le plus souvent typique. Au temps artériel, plu- contraste, le centre du nodule demeure le plus sou-
sieurs formations arrondies périphériques appa- vent en hyposignal par rapport à la périphérie, et
raissent et deviennent rapidement confluentes. Aux l’angiome est rarement homogène, même au cours
temps portal et tardif, cette couronne hyperécho- du balayage effectué le plus tardivement.
114 Échographie de contraste
A B C
A B C
D E
A B
D E
Échographie de contraste et carcinome hépatocellulaire 117
Les performances de l’échographie de contraste mique (48). Pour les nodules de moins de 2 cm de
pour la détection du CHC ont été évaluées dans la diamètre, le caractère hypervasculaire est plus sou-
littérature et apparaissent très supérieures à l’écho- vent retrouvé en échographie de contraste (de 54 à
graphie conventionnelle et modérément en retrait 61 % des lésions) qu’avec la TDM multidétecteurs
des autres modalités d’imagerie. Solbiati et al. rap- (43 à 49 % des lésions). Si les deux techniques sont
portent un taux de détection de 88 % sur une série le plus souvent en accord (61 % des cas), l’écho-
de 48 patients porteurs de 80 lésions dont 69 CHC graphie de contraste montre l’hypervascularisa-
(31). Pour la caractérisation des nodules sur cir- tion dans 15 % des cas alors que la TDM est néga-
rhose, l’échographie de contraste présente une sen- tive. Le résultat inverse (nodule hypervasculaire en
sibilité de 92 à 94 % et une spécificité de 87 à 96 % TDM et non en échographie de contraste) est plus
selon les études (44-47). Pour la détection du CHC rare (4 % des cas). Lorsque la TDM et l’échogra-
sur cirrhose, les performances de l’échographie de phie de contraste sont en désaccord quant au
contraste sont plus limitées avec une sensibilité de caractère hypervasculaire d’un nodule, la biopsie
62 % et une spécificité de 92 % (44). retrouve dans près de 80 % des cas un CHC. Vingt
L’échographie de contraste apparaît comme pour cent des nodules demeurent hypovasculaires
une technique de choix pour identifier le caractère conjointement par les deux techniques (fig. 9) et
hypervasculaire d’un nodule de moins de 3 cm de correspondent dans 64 % des cas à des lésions
diamètre, en comparaison avec la TDM dyna- autres que des CHC (47).
A B
C D
E F
Fig. 9 - Cirrhose virale C inactive chez une patiente de 72 ans. Nodule de 16 mm connu depuis 2004. Bilan avant décision
thérapeutique.
A) En mode harmonique tissulaire, le nodule est discrètement hypereéchogène et hétérogène (flèche).
Étude en mode VRI après injection de SonoVue®. Avant injection, le nodule est parfaitement repéré (flèches). À la phase
artérielle (C), le nodule se rehausse moins rapidement et moins intensément que le parenchyme hépatique qui l’entoure. En
fin de phase artérielle (D) comme durant la phase portale (E), le nodule est en discret hyposignal. En phase tardive
(2 minutes après injection), il est en isosignal au parenchyme périphérique (F, flèche).
La TDM et l’IRM ne montrent alors aucun argument en faveur d’un CHC. Une simple surveillance est décidée par écho-
graphie simple, qui ne montre pas d’évolution.
118 Échographie de contraste
G H
I J
K M
L N
Fig. 9 (suite) - Onze mois plus tard, le nodule est réévalué en échographie de contraste.
En mode harmonique tissulaire (H), le nodule est discrètement plus hétérogène (flèche). En Doppler couleur, il n’existe
aucun vaisseau intra lésionnel.
Après injection de SonoVue®, le nodule prend le contraste de façon retardée et très hétérogène en phase artérielle (I à
22 secondes, J à 28 secondes). Au temps portal et tardif, il demeure en hyposignal et hétérogène (K et L) (flèches).
La TDM 4 phases (M) met en évidence ce nodule unique spontanément hyperdense, qui ne se rehausse absolument pas. Il
est parfaitement homogène. L’IRM (N) est réalisée en écho de gradient pondéré T1 (en haut à gauche), en écho de spin pon-
déré T2 avec saturation de la graisse (en haut à droite), puis avec une séquence dynamique en écho de gradient pondéré T1
(temps artériel en bas à gauche, temps portal en bas à droite). Les caractéristiques de ce nodule sont typiques sur ces deux
examens d’un nodule de régénération.
Néanmoins, sur la base d’une augmentation de diamètre de 2 mm en onze mois et le caractère très hétérogène et en hypo-
signal du nodule en échographie de contraste, le nodule sera biopsié. Il s’agit d’un CHC bien différencié.
Échographie de contraste et carcinome hépatocellulaire 119
l’une des trois modalités qui peuvent être propo- 5. Mion F, Grozel L, Boillot O (2003) Gastroenterology 111:
sées pour détecter le caractère hypervasculaire de 1587-92
la tumeur, avec vraisemblablement une efficacité 6. Burrel M, Llovet J, Ayuso C (2003) Hepatology 38:
au moins égale à la TDM multidétecteurs. En cas 1034-42
de discordance entre TDM et IRM, elle permet 7. Llovet JM, Fuster J, Bruix J (1999) Intention-to-treat ana-
de trancher grâce au caractère temps réel de la lysis of surgical treatment for early hepatocellular carci-
détection du rehaussement ; noma: resection versus transplantation. Hepatology. 30:
– lorsque le nodule dépasse 2 cm, l’échogra- 1434-40
phie de contraste peut être proposée pour carac- 8. Bruix J, Sherman M, Llovet JM et al. (2001) EASL Panel
tériser la lésion comme précédemment, surtout of Experts on HCC. Clinical management of hepatocel-
si la TDM ou l’IRM sont contre-indiquées lular carcinoma. Conclusions of the Barcelona-2000
(insuffisance rénale, allergie sévère aux produits EASL conference. European Association for the Study of
de contraste iodés, pace-maker…). the Liver. J Hepatol 35: 421-30
L’échographie de contraste peut être proposée 9. Bruix J, Llovet JM (2002) Prognostic prediction and
au cours du bilan d’extension pour rechercher treatment strategy in hepatocellular carcinoma.
une extension portale, biliaire ou veineuse hépa- Hepatology 35: 519-24
tique et son caractère tumoral ou fibrino-cruo- 10. Livraghi T, Giorgio A, Marin G et al. (1995)
rique. La prise de contraste du thrombus au Hepatocellular carcinoma and cirrhosis in 746 patients:
temps artériel est typique d’une origine tumo- long-term results of percutaneous ethanol injection.
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11. Bruix J, Sherman J (2005) Management of hepatocellular
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Conclusion 12. Llovet JM, Real MI, Montana X et al. (2002) Barcelona
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L’apparition des nouveaux agents de contraste bolisation versus symptomatic treatment in patients with
possédant une réponse acoustique importante à unresectable hepatocellular carcinoma: a randomised
bas IM et l’amélioration du traitement du signal controlled trial. Lancet 359: 1734-9
échographique modifient profondément les per- 13. Lo CM, Ngan H, Tso WK et al. (2002) Randomized
formances de l’échographie conventionnelle controlled trial of transarterial lipiodol chemoemboliza-
pour la détection et la caractérisation des lésions tion for unresectable hepatocellular carcinoma.
focales sur cirrhose, et en particulier celles du Hepatology 35: 1164-71
CHC. L’examen de contraste demeure un exa- 14. Pateron D, Ganne N, Trinchet JC et al. (1994) Prospective
men difficile, surtout pour la phase de détection study of screening for hepatocellular carcinoma in cauca-
du CHC, car la phase artérielle est limitée à sian patients with cirrhosis. J Hepatol 20: 65-71
quelques dizaines de secondes. En revanche,
15. Nicolau C, Bianchi L, Vilana R (2002) Gray-scale ultra-
l’étape de caractérisation a été considérablement
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facilitée par le développement de séquences per-
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Échographie avec contraste
et lésions du foie sur cirrhose.
Le carcinome hépatocellulaire :
du dépistage à la caractérisation
D. Mathieu et J.-C. Trinchet
Parmi les tumeurs du foie, le carcinome hépa- lement indemnes mais ayant un risque spéci-
tocellulaire représente un challenge pour l’image- fique de survenue de cette tumeur, essentielle-
rie tant pour le dépistage que pour la caractérisa- ment les malades atteints de cirrhose. Il faut sou-
tion. Cet impact est lié à l’amélioration des tech- ligner que l’objectif principal du dépistage est de
niques et des connaissances, notamment quant à mettre en œuvre le plus souvent et le plus préco-
l’histoire naturelle des nodules sur cirrhose, et cement possible un traitement curatif, suscep-
d’une meilleure évaluation des thérapeutiques. La tible d’améliorer la survie des malades (1).
prise en charge d’un plus grand nombre de L’idée de dépister le CHC remonte à plus de
malades, en raison de la consommation persis- vingt ans, du fait de la constatation de l’échec
tante de l’alcool mais surtout de la prise en charge global du traitement des tumeurs évoluées et de
croissante des patients infectés par le virus de l’hé- l’avènement de l’échographie permettant de
patite C, réclame des radiologues une connais- détecter des tumeurs de petite taille asymptoma-
sance parfaite du rôle du dépistage mais également tiques et accessibles à une résection chirur-
des signes nécessaires au diagnostic des nodules. gicale (2). L’intérêt pour ce dépistage s’est forte-
L’avènement des techniques rapides en scanner ment accru ces dernières années. En effet, le
multidétecteur, et en IRM par les séquences 2D et CHC est une tumeur fréquente (la plus fré-
3D en écho de gradient T1, l’utilisation des har- quente des tumeurs primitives du foie et la cin-
moniques en échographie, les études Doppler et la quième tumeur maligne par ordre de fréquence
récente utilisation des produits de contrastes vas- chez l’homme dans le monde) (3, 4) et son inci-
culaires en échographie imposent une spécificité dence augmente fortement dans les pays indus-
radiologique et un rôle pivot dans le diagnostic et trialisés (5-9), notamment en France (8).
le bilan préthérapeutique. Ainsi, le dépistage des L’amélioration de la prise en charge des autres
lésions et leur caractérisation seront envisagés suc- complications de la cirrhose et l’augmentation
cessivement au cours de ce chapitre, et notamment du nombre de sujets infectés par le virus de l’hé-
l’impact récent de l’échographie avec contraste patite C (VHC) dans les années 1970 parvenant
reconnue comme méthode de référence dans les au stade de cirrhose en sont probablement les
schémas décisionnels diagnostiques par diffé- raisons principales (10, 11).
rentes publications notamment lors de la confé- Les justifications théoriques du dépistage du
rence de consensus de l’European Association for CHC sont les suivantes (3, 12, 13) :
the Study of the Liver (EASL, conférence de Paris,
– la population à risque est bien identifiée,
avril 2005).
essentiellement représentée par les sujets atteints
de cirrhose ;
– l’échographie hépatique est un test de
Dépistage du CHC dépistage du CHC assez sensible, non invasif,
acceptable par le malade, peu onéreux ;
Le dépistage du carcinome hépatocellulaire – en cas de découverte d’un « petit CHC »
(CHC) consiste à réaliser périodiquement un ou (voir la définition ci-dessous), il existe aujour-
plusieurs tests de détection chez des sujets initia- d’hui plusieurs méthodes de traitement à visée
124 Échographie de contraste
curative, la transplantation et les méthodes de destruction complète d’un nodule tumoral par
destruction percutanée (radiofréquence) étant une méthode percutanée (19). De plus, ces cri-
venues s’ajouter à la résection chirurgi- tères ont même été contestés pour la transplanta-
cale (14, 15). tion hépatique, certains auteurs considérant
qu’ils étaient trop restrictifs (20).
Si le dépistage du CHC en cas de cirrhose est
largement rentré dans la pratique courante dans L’objectif du dépistage est donc en réalité de
de nombreux pays (16, 17), ses modalités pra- détecter le CHC au stade de tumeur curable,
tiques et surtout son intérêt clinique en terme de dont la définition est susceptible de varier selon
prolongation de la survie des malades restent les méthodes thérapeutiques curatives dispo-
controversés, du fait notamment de l’absence nibles mais aussi en fonction de l’évolution de
d’essai randomisé le comparant à une population leurs performances.
témoin non soumise au dépistage (3, 4).
Population concernée
Objectifs du dépistage
La population à risque de survenue d’un CHC
L’objectif principal est de détecter la tumeur au est bien identifiée (3, 13). Il s’agit des sujets
stade de « petit CHC ». Le petit CHC est habi- atteints de maladie chronique du foie, principa-
tuellement défini selon les critères de Milan (18). lement au stade de cirrhose. La cirrhose est asso-
Il s’agit d’une tumeur nodulaire unique de moins ciée au CHC dans plus de 90 % des cas en
de 5 cm de diamètre ou d’une tumeur multifo- Occident, et représente le facteur de risque
cale mais comportant moins de 3 nodules de majeur de la survenue de ce cancer.
moins de 3 cm de diamètre chacun. L’absence L’épidémiologie du CHC est donc étroitement
d’extension vasculaire, notamment portale, et de liée à celles des causes principales de cirrhose : les
métastase extra-hépatique est également requise. infections chroniques par le VHC et le virus de
Néanmoins, ces critères ont été établis chez des l’hépatite B (VHB) et la consommation excessive
malades ayant eu une transplantation hépatique d’alcool (3, 4). Plusieurs études rétrospectives et
et il n’est pas démontré qu’ils s’appliquent à l’en- prospectives ont montré que l’incidence annuelle
semble des méthodes thérapeutiques curatives. du CHC était de l’ordre de 2 à 6 % chez les
Par exemple, un diamètre de 3 cm représente malades atteints de cirrhose virale ou
actuellement la limite supérieure pour obtenir la alcoolique (21-32) (tableau I). La cause de la
Tableau I - Principales études de dépistage du carcinome hépatocellulaire (CHC) dans des cohortes de malades non sélec-
tionnés atteints de cirrhose.
Classe A Périodicité Incidence CHC Traitement
Principale de de l’écho- annuelle unique à visée
Premier auteur Malades cause de Child-Pugh graphie du CHC ≤ 3 cm curative
(référence) Année Pays (n) cirrhose (%) (mois) (%) (%) (%)
NP : non précisé.
* Diamètre du nodule ≤ 4 cm.
** Diamètre du nodule ≤ 5 cm.
*** Moyenne sur une période de dix ans.
Échographie avec contraste et lésions du foie sur cirrhose 125
extra-tumorale, comme un envahissement por- des phases de croissance et de stabilité (56, 57).
tal, mais ceci témoigne en général de lésions peu La périodicité utilisée dans les études cliniques
accessibles à un traitement curatif. Enfin, la variait de 3 à 12 mois (tableau I). Compte tenu
détection échographique est plus difficile lorsque du seuil de détection échographique proche de
la tumeur est infiltrante, mais ces formes sont 1 cm de diamètre, des résultats médiocres des
rares (moins de 10 % des cas) et souvent inacces- traitements curatifs en cas de tumeur de plus de
sibles au traitement. 3 cm de diamètre, la périodicité la plus utilisée
Le dosage sérique de l’AFP est très utilisé en actuellement est semestrielle (12, 13). Néan-
routine pour le dépistage du CHC (16), mais son moins, cette recommandation reste empirique et
intérêt clinique paraît limité (49, 50). Sa sensibi- les résultats des études prospectives en cours
lité est faible, car la prévalence d’une concentra- pourraient modifier cette attitude.
tion sérique élevée d’AFP est directement corré- L’objectif du dépistage du CHC est, in fine,
lée à la masse tumorale : 80 % des cas de petit l’amélioration de la survie des malades. Il n’est
CHC ne s’accompagnent pas d’une augmenta- pas possible actuellement d’affirmer que cet
tion de la concentration sérique de l’AFP (51- objectif est atteint. La raison principale tient à
53). En pratique, le diagnostic de CHC n’est que l’absence quasi complète d’essai randomisé com-
rarement fait devant une augmentation de la parant le devenir d’une population soumise au
concentration sérique de l’AFP en l’absence de dépistage du CHC à une population non dépis-
lésion focale visible à l’échographie (23). De plus, tée. Un seul essai randomisé a été réalisé en
la spécificité d’une concentration sérique d’AFP Chine chez plus de 18 000 malades atteints d’hé-
supérieure à la normale est médiocre. Une aug- patite chronique ou de cirrhose virale B (58). Le
mentation de la concentration sérique de l’AFP, dépistage du CHC associant échographie et
habituellement modérée et souvent fluctuante, dosage sérique de l’AFP tous les six mois a été
peut se rencontrer en l’absence de tumeur, comparé à l’absence de dépistage. La mortalité
notamment en cas d’hépatite chronique virale, ce était significativement diminuée (de 37 %) dans
qui pose le problème de la valeur seuil considérée le groupe soumis au dépistage, mais de nom-
comme évocatrice de CHC (50, 54, 55) : la breux biais limitaient la portée de cette conclu-
concentration est habituellement inférieure à sion. La perspective d’une nouvelle étude rando-
400-500 ng/ml, mais, anecdotiquement, une misée qui comparerait la survie de malades sou-
concentration supérieure à 1 000 ng/mL a été mis ou non à un dépistage paraît aujourd’hui
observée. La sensibilité et la spécificité de la peu envisageable, le dépistage du CHC étant déjà
concentration sérique d’AFP pour le dépistage largement réalisé en pratique et du fait des pro-
du CHC dépendent donc du seuil considéré. Le blèmes d’ordre éthique qui seraient soulevés par
seuil optimal permettant de combiner la une telle étude (13).
meilleure sensibilité et la meilleure spécificité L’évaluation de l’intérêt clinique du dépistage
serait de l’ordre de 15-20 ng/mL (50). Lorsque le est donc principalement fondée sur les résultats
seuil varie de 10-19 à 400 ng/mL, la sensibilité d’études de cohortes de malades atteints de cir-
diminue de 45-100 % à 0-64 % selon les rhose (tableau I). Les premières études réalisées
études (47). Par ailleurs, en cas d’augmentation entre 1985 et 1996 ont montré des résultats
de la concentration sérique de l’AFP sans ano- variables. En Asie, notamment au Japon (21, 22),
malie focale à l’échographie, d’autres examens le nombre de CHC dépistés était élevé, la propor-
d’imagerie sont habituellement réalisés pour tion de petits CHC dépassait 50 %, et 40 % envi-
confirmer ou infirmer le diagnostic de CHC, ron des malades dépistés étaient traités par résec-
situation génératrice de dépenses mais aussi d’in- tion chirurgicale. En revanche, les résultats obser-
quiétude pour le malade (13). vés dans les séries occidentales étaient beaucoup
La périodicité optimale de la réalisation des plus décevants, avec une proportion moindre de
test de dépistage du CHC n’est pas connue (12, petits CHC dépistés et de malades éligibles pour
13). Il faut insister sur le fait que cette périodicité un traitement chirurgical (23). Par contre, les
ne dépend pas du niveau de risque de survenue études publiées à partir de l’année 2000 (27, 28,
du CHC mais du temps de doublement de la 30-32), toutes réalisées en Europe, ont montré
taille de la tumeur (3). Le temps de doublement des résultats qui se rapprochaient de ceux des
du CHC est mal connu et paraît très variable séries asiatiques, un tiers environ des tumeurs
d’un sujet à l’autre, de quelques semaines à décelées étant accessibles à un traitement à visée
quelques mois, mais aussi en fonction du temps curative, soit deux fois plus que dans les études
chez un même sujet, la tumeur pouvant alterner précédentes (23). L’étude (non randomisée) de
Échographie avec contraste et lésions du foie sur cirrhose 127
l’Italian Liver Cancer Group (59) a comparé ment en compte le développement des méthodes
215 malades atteints de CHC dépistés tous les 6 thérapeutiques curatives comme la transplanta-
mois par échographie et dosage sérique d’AFP, tion et comparant différentes stratégies de dépis-
155 malades atteints de CHC dépistés annuelle- tage, ont suggéré au contraire que la procédure
ment par les mêmes examens, et 227 malades possédait probablement un rapport coût-effica-
atteints de CHC découvert incidemment : les cité satisfaisant, comparable à celui d’autres pro-
tumeurs dépistées semestriellement étaient plus cédures médicales dont l’intérêt clinique est
petites que celles dépistées annuellement, les trai- admis (3, 13).
tements à visée curative étaient proposés aussi
souvent dans les deux premiers groupes, la survie
était équivalente dans les deux premiers groupes
mais meilleure que celle des malades chez Caractérisation du CHC
lesquels la tumeur était découverte incidemment.
Il faut encore souligner cependant que l’amélio- La caractérisation d’un CHC est réalisée par
ration de la survie observée dans les études com- ponction cytologique et/ou histologique réalisée
parant les malades dépistés et non dépistés (31) par prélèvements dirigés pré- ou peropératoires
ne constitue pas une preuve de l’intérêt clinique ou l’analyse histologique sur résection ou trans-
du dépistage, plusieurs biais importants pouvant plantation. D’autres critères diagnostiques ont
entraver l’interprétation des résultats. En particu- été récemment définis lors de la conférence de
lier, l’augmentation de survie peut correspondre consensus de Barcelone, accordant à l’imagerie
uniquement à la détection plus précoce de la une place fondamentale dans le schéma diagnos-
tumeur (lead time bias) (3, 13). tique proposé : « On peut affirmer le diagnostic
de CHC lorsque la lésion nodulaire mesure plus
Néanmoins, il paraît clair que la généralisa- de 2 cm de diamètre et une hypervascularisation
tion progressive du dépistage a profondément artérielle précoce sur deux examens d’imagerie,
modifié les caractéristiques du CHC au moment ou bien un seul examen d’imagerie associé à une
du diagnostic. Par exemple, au Japon, la propor- concentration sérique d’AFP supérieure à
tion de petits CHC de moins de 2 cm de diamètre 400 ng/mL », critères repris dans la conférence de
est passée de 4,6 % pendant la période 1976-1985 consensus de l’European Association for the
à 33,1 % pendant la période 1996-2000 (60). La Study of the Liver (EASL, conférence de Paris,
plus grande efficacité du dépistage observée dans avril 2005) schémas commentés par Bruix et
les études récentes résulte probablement aussi de Sherman en 2005 (66). Ils reposent sur l’aug-
la conjonction d’une proportion croissante de mentation de la taille d’un (des) nodule(s) au
malades atteints de cirrhose virale C (plus obser- cours d’examens successifs et le caractère hyper-
vants et moins souvent atteints d’affections vascularisé au cours de la phase artérielle de
extra-hépatiques que les malades alcooliques) et rehaussement, quel que soit le type d’imagerie,
des progrès thérapeutiques réalisés en matière de incluant le scanner, l’IRM, mais depuis peu
prise en charge du CHC. Dans les premières l’échographie avec injection de produit de
études, le seul traitement à visée curative était la contraste « vasculaire », l’angiographie n’ayant
résection (dont l’applicabilité était réduite même plus sa place dans l’arsenal actuel diagnostique :
en cas de petit CHC) (23), alors que la trans-
plantation et les traitements percutanés se sont – pour un nodule de plus de 2 cm de dia-
ajoutés dans les études les plus récentes (15). mètre, le diagnostic de CHC est réalisé s’il existe,
Plusieurs études ont étudié le rapport coût- sur une modalité d’imagerie, une hypervascula-
efficacité du dépistage du CHC. La première risation de cette lésion au cours de la phase arté-
étude (61), portant sur une cohorte fictive de rielle ou si le dosage de l’aFP dépasse 200 ng/mL.
malades atteints de cirrhose compensée dépistés Si le caractère hypervasculaire typique n’est pas
tous les six mois, aboutissait à un bénéfice de sur- observé et si le dosage de l’aFP est inférieur à
vie faible pour un coût prohibitif mais, dans cette 200 ng/mL, un contrôle histologique est recom-
étude d’analyse décisionnelle publiée en 1996, le mandé ;
traitement de référence était restreint à la résec- – pour un nodule compris entre 1 et 2 cm de
tion chirurgicale. Une étude fondée sur une diamètre, le caractère hypervasculaire sur deux
cohorte rétrospective (32) concluait également à modalités d’imagerie différentes est suffisant,
un coût trop élevé du dépistage au regard du gain selon Bruix et Sherman, pour affirmer un CHC.
de survie. Cependant, des études plus récentes Le recours à la biopsie s’imposerait si une seule
d’analyse décisionnelle (62-65), prenant notam- technique a été positive (66) ;
128 Échographie de contraste
– pour un nodule inférieur à 1 cm, une sur- biliaire et donc de cuivre sous sa forme d’oxyde
veillance est recommandée à 3 ou 4 mois. cuprinique, agent paramagnétique ; présence de
graisses intracellulaires ; hémorragie, ou dilata-
Il est certain que ce schéma donne un intérêt
tion sinusoïdale. Le macronodule de régénéra-
considérable à l’imagerie mais ne tient pas
tion peut se marquer par une hypo-intensité en
compte des éventuelles possibilités de nodules
pondération T2, en rapport avec la présence de
dysplasiques hypervasculaires, l’histoire naturelle
fer. Il n’existe pas d’hypervascularisation arté-
des nodules dysplasiques n’étant pas connu (67-
rielle, le nodule se rehaussant comme ou moins
71). En outre, certains CHC sont hypovasculaires
que le parenchyme adjacent. Le nodule dyspla-
à la phase artérielle en rapport avec leur propre
sique est souvent non hypervaculaire à la phase
vascularisation ou en raison de leur caractère
artérielle mais il peut exister un « chevau-
fibreux, s’observant dans environ 5 % des
chement » entre ses signes et ceux d’un CHC,
cas (72).
notamment pour des lésions de taille le plus sou-
L’aspect en mode dynamique du CHC, à la vent inférieure à 2 cm de diamètre. Il est néces-
phase artérielle, donne les mêmes informations saire de surveiller ainsi étroitement ces nodules,
quelles que soient les différentes méthodes notamment quant à la taille et à leur vascula-
d’imagerie, à la condition d’avoir à la fois une risation.
bonne résolution spatiale et une excellente réso-
lution temporelle : Comme vu ci-dessus, la majorité des petites
lésions sont en isosignal T1 et en isosignal T2 par
– visualisation d’artères tumorales en péri- rapport au parenchyme adjacent, donc non iden-
phérie et pénétrant la lésion ; tifiées sur les séquences conventionnelles, d’où la
– hypervascularisation à la phase artérielle nécessité d’injecter des produits de contraste
homogène ou non, mais souvent homogène en paramagnétiques, avec chélates de gadolinium,
cas de lésion inférieure à 3 cm ; afin d’objectiver un rehaussement lésionnel, sur
– diminution rapide de l’hypervascularisation les séquences en écho de gradient pondérées en
à la phase portale, la lésion devenant isovascu- T1, en 2D ou 3D.
laire ou hypovasculaire ou « wash-out », parfois Certaines problématiques existent avec ces
entourée d’une capsule. deux examens :
Le scanner multidétecteur permet de mettre – en TDM comme en IRM, il est souvent dif-
en évidence cette hypervacularisation par des ficile d’obtenir une phase artérielle pure car la
coupes millimétriques, l’épaisseur des images de résolution temporelle est relativement faible.
reconstruction devant être égale ou inférieure à Ceci peut être dû à plusieurs facteurs comme : un
3 mm. La sensibilité pour le diagnostic est élevée débit d’injection non adapté, le siège périphé-
mais dépend de la population étudiée et de la rique de l’injection, une fréquence cardiaque éle-
méthode de référence. Elle est supérieure à 85 % vée ou au contraire bradycardie ;
dans une population de patients réséqués, mais – en IRM, la lésion peut être spontanément
est inférieure lorsqu’il s’agit d’une population de hyperintense en pondération T1, et il est donc
foies explantés. Par contre, la spécificité est élevée difficile d’affirmer un rehaussement, la lésion
de plus de 90 % (70). étant spontanément en hypersignal, la soustrac-
L’IRM possède une très grande sensibilité et tion étant impossible à l’étage abdominal.
spécificité pour ce diagnostic notamment pour
les lésions de plus de 2 cm de diamètre, proches L’amélioration des performances de l’écho-
du scanner, l’IRM pouvant révéler, de plus, cer- graphie permet maintenant de détecter des
tains signes propres aux autres nodules comme nodules de très petite taille (10 mm de diamètre,
les nodules de régénération, les nodules dyspla- voir moins) lors de la surveillance échographique
siques et les zones de fibrose (70, 71, 73). La des malades atteints de cirrhose. La sensibilité
sémiologie du CHC est variable. Si l’hyperinten- globale de l’examen a été estimée entre 65 et
sité en pondération T2 est classique, elle ne se 93 %, variant de 82 à 93 % pour les lésions com-
retrouve en fait que dans 54 % des cas, et manque prises entre 2 et 3 cm, et de 46 à 85 % pour les
le plus souvent pour les lésions de taille infé- lésions inférieures à 2 cm (32). Paradoxalement,
rieure à 2 cm. L’hypo-intensité en T1 est de règle, cette amélioration a généré de nombreux pro-
mais certains CHC ou autres nodules peuvent blèmes diagnostiques. En particulier, les nodules
être iso-intenses ou fréquemment hyperintenses de diamètre inférieur à 2 cm, de plus en plus sou-
sur cette séquence. Cette hyperintensité en T1 est vent détectés par le dépistage, ne correspon-
liée à plusieurs facteurs : présence de rétention draient pas à un CHC dans plus de 50 % des
Échographie avec contraste et lésions du foie sur cirrhose 129
A B
D E F
A B C
D E F
G H I
A B C
D E F
G H
Fig. 3 - Nodule du lobe gauche découvert lors de la surveillance d’une hépatopathie C, AFP normale.
Lésion hypoéchogène comprimant discrètement la veine sus hépatique (A). En IRM, la lésion est isointense en T2 (B), dis-
crètement hypointense en T1 (C), discrètement hypervasculaire à la phase artérielle en T1 (D), pour être bien démontrée à la
phase portale (E). En échographie de contraste, le nodule est très hypervasculaire (F), 12 sec après l’injection, restant hyper-
vasculaire à 25 secondes (G), s’homogénéisant voire devenant hypoéchogène à 45 secondes (H).
Hépatectomie gauche : CHC.
132 Échographie de contraste
A B C
D E
G H
Fig. 4 - Nodule du lobe droit découvert lors de la surveillance d’une hépatopathie C, AFP normale.
Lésion discrètement hypoéchogène du segment 5 (A). En IRM, la lésion est isointense en T2 (B), iso-intense en T1 (C),
hypervasculaire à la phase artérielle en T1 (D), et non démontrée à la phase portale (E). En échographie de contraste, le
nodule est très hypervasculaire (F), 12 secondes après l’injection, restant hypervasculaire à 25 secondes (G), s’homogénéi-
sant à 45 secondes (H).
Biopsie avant RF : nodule dysplasique.
Échographie avec contraste et lésions du foie sur cirrhose 133
A B C
cas (67, 73). Il peut alors s’agir d’un macrono- il est homogène et ses limites nettes. En Doppler
dule de régénération, lésion bénigne pouvant couleur et pulsé, on peut objectiver des vaisseaux
évoluer vers le CHC, surtout lorsqu’il est dyspla- artériels en périphérie et au centre de la lésion,
sique, mais aussi susceptibles de disparaître artères sans caractéristique tant sur le plan de
spontanément (74). D’autres anomalies bénignes leur vitesse que des index de résistance.
sont également possibles, par exemple un L’examen devra également rechercher des
angiome ou une répartition irrégulière de la stéa- anomalies portales en regard, comme une obs-
tose (stéatose focale ou, au contraire, zone truction localisée, marquée souvent par des vais-
dépourvue de stéatose dans un foie globalement seaux artériels au sein du thrombus qui signe
stéatosique) (75). Il faut également souligner que alors l’obstruction tumorale comme une fistule
l’apparition d’un nodule dans un foie de cirrhose artérioportale. Les envahissements veineux sus-
au cours de la surveillance échographique corres- hépatiques et l’obstruction biliaire tumorale sont
pond presque toujours à un CHC (48). Ceci ren- plus rares, et ne s’observent que dans les volu-
force l’importance de réaliser un examen écho- mineuses tumeurs ou les formes infiltrantes
graphique initial d’excellente qualité lors du dia- et/ou diffuses. Les signes de l’hypertension por-
gnostic de la cirrhose, permettant d’affirmer tale propres à la cirrhose seront également
l’absence de lésion focale et de servir de référence recherchés.
pour la surveillance. L’aspect hypoéchogène d’un nodule sur cir-
rhose n’est pas spécifique car il peut également
Le CHC se présente typiquement sous la être observé lors de l’exploration d’un nodule de
forme d’un nodule hypoéchogène, parfois limité régénération ou d’un nodule dysplasique.
par d’une capsule hypoéchogène. Cependant des L’injection d’un agent de contraste améliore les
formes hyperéchogènes existent, mais l’hyper- performances de l’examen, pour caractériser le
échogénicité est moindre que celle des angiomes. nodule et rechercher d’autres lésions asso-
Lorsque le nodule est de taille inférieure à 3 cm, ciées (76, 77). Ces agents de contraste vasculaires
134 Échographie de contraste
A B C
D E
F G
Fig. 6 - Nodule du lobe droit découvert lors de la surveillance d’une hépatopathie C, AFP normale.
Lésion discrètement hypoéchogène (A). En IRM, la lésion est iso-intense en T2 (B), hypervasculaire à la phase artérielle en
T1 (C). En échographie de contraste, le nodule est hypervasculaire (D), 15 secondes après l’injection.
Biopsie avant RF : CHC.
Six semaines après RF, la zone est devenue hyperéchogène (E), sans hypervascularisation résiduelle à la phase artérielle (F),
très hypoéchogène, 50 secondes après l’injection (G).
Échographie avec contraste et lésions du foie sur cirrhose 135
A B C
sont constitués de microbulles qui vont entrer en Cadence Contrast Pulse Sequencing, ou VRI,
résonance pour des puissances acoustiques Vascular Recognition Imaging) sont dépendants
faibles, limitant ainsi leur destruction au premier des machines et l’optimisation des paramètres
passage (fig. 1-8). sera réalisée au mieux avec les ingénieurs d’ap-
Après avoir repéré le nodule, en mode B, les plication liés aux équipements et aux agents de
paramètres d’acquisition échographique seront contraste, travaillant en collaboration avec le
optimisés essentiellement en fonction de la pro- médecin échographiste.
fondeur de la lésion : réglage de l’angle de visua- La lésion étant repérée, on demande au
lisation permettant d’augmenter la cadence des patient de respirer calmement, puis une injection
images à 15-25 images par seconde, réglage de la en embole de 1,0 ml de SonoVue® (Bracco,
fréquence et de la focale, mais aussi optimisa- Milan, Italie), pulsé par 10 ml de sérum physio-
tion de la valeur de l’index mécanique bas à logique est réalisée. Dès la dixième seconde, on
0,6/0,8 pour une lésion profonde. En cas de demande au patient une apnée pour obtenir la
lésion superficielle, l’index sera réduit par phase artérielle entre 10 et 30 secondes, puis le
exemple à 0,4, afin d’optimiser les temps pré- malade respire normalement et une seconde
coces et tardifs. Tous ces paramètres et les logi- apnée est demandée à la phase portale entre 40 et
ciels associés (Coherent Contrast Imaging ou 60 secondes. Ces intervalles de temps seront bien
136 Échographie de contraste
A B C
D E E
– à la situation profonde de certaines lésions, 10. Trinchet JC, Beaugrand M (1999) [Increased incidence of
d’où l’importance du choix de le fréquence, de la hepatocellular carcinoma in western countries: the rea-
focale, mais aussi de l’index mécanique ; sons and the consequences]. Gastroenterol Clin Biol 23:
– de la situation de la lésion dans le foie, 1286-8
notamment pour les segments postérieurs à la 11. Davila JA, Morgan RO, Shaib Y et al. (2004) Hepatitis C
vésicule biliaire, qui atténue après contraste le infection and the increasing incidence of hepatocellular
faisceau ultrasonore, d’où la nécessité le plus carcinoma: a population-based study. Gastroenterology
souvent pour le lobe droit d’étudier les patients 127: 1372-80
en intercostal et décubitus latéral gauche, comme 12. Di Bisceglie AM (2004) Issues in screening and sur-
en échographie conventionnelle et non en décu- veillance for hepatocellular carcinoma. Gastroenterology
bitus dorsal. 127: S104-7
13. Sherman M (2005) Screening for hepatocellular carci-
Dans les séries publiées, cet examen apparaît
noma. Best Pract Res Clin Gastroenterol 19: 101-18
similaire au scanner en termes de sensibilité
(nombre de lésions) et de spécificité (vascula- 14. Llovet JM, Schwartz M, Mazzaferro V (2005) Resection
risation), mais avec des avantages : absence and liver transplantation for hepatocellular carcinoma.
d’injection de produit de contraste iodé et d’ex- Semin Liver Dis 25: 181-200
position aux rayons X, et rapidité d’acquisition 15. Beaugrand M, N’Kontchou G, Seror O et al. (2005)
et de réalisation (78-80). Cependant ces résultats Local/regional and systemic treatments of hepatocellular
doivent être confirmés par des études randomi- carcinoma. Semin Liver Dis 25: 201-11
sées comparant cette méthode aux acquisitions 16. Ganne-Carrié N, Chevret S, Barbare J et al. (2002)
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Échographie de contraste
des lésions hépatiques bénignes
A. Bleuzen, F. Tranquart
La récente conférence de consensus de que prévu dans la population générale. Ainsi Volk
Rotterdam (1) a souligné le rôle de l’échographie et al. (2) rapportent 108 lésions fortuites de taille
de contraste dans la détection et la caractérisa- moyenne de 9,4 mm chez 1 892 patients examinés
tion des lésions focales hépatiques, spécialement par TDM spiralé avec une majorité de kystes. Dans
celles pour lesquelles le diagnostic final ne peut une étude autopsique de 95 hommes (3), des
être établi sur la base de l’échographie conven- lésions bénignes étaient retrouvées dans 52 % des
tionnelle. C’est typiquement le cas pour les cas. Les lésions les plus fréquentes étaient des
lésions fortuites pour lesquelles l’échographie kystes biliaires (27 %) suivis par des hémangiomes
souffre de limitations à fournir un diagnostic caverneux (20 %). Des lésions multiples étaient
précis dans un certain nombre de cas. présentes en cas de kystes biliaires dans 46 % des
La diffusion des imageries modernes a amené cas et 50 % en cas d’hémangiomes. Une seconde
une augmentation importante de la fréquence étude autopsique réalisée sur 95 hommes (4), dont
des lésions détectées de façon fortuite chez des la moitié avec antécédents alcooliques connus,
patients sans symptômes hépatiques précis. Ces rapportait des lésions prénéoplasiques (hyperpla-
lésions fortuites sont de types très variés et par sie et nodules dysplasiques) chez 19 % d’entre eux.
définition asymptomatiques. Deux situations L’observation de lésions hépatiques de petite
sont plus fréquemment observées : celle de taille est fréquente au cours d’examens de routine.
patients adressés pour une maladie connue (sur- Dans une étude portant sur 1 454 TDM, Jones et
tout oncologique), pour lesquels l’échographie al. (5) rapportent la présence de lésions de taille
hépatique montre des lésions non typiquement inférieure ou égale 15 mm pour 254 (17 %)
métastatiques, et celle de patients pour lesquels d’entre eux. Parmi elles, 130 (51 %) étaient jugées
l’échographie n’était pas orientée sur le foie ini- bénignes, 56 (22 %) malignes, 68 (27 %) restant
tialement. Il est connu que, parmi les méthodes indéterminées. Alors qu’un contexte néoplasique
d’imagerie, l’échographie conventionnelle est était connu pour 82 % des patients, pour la moitié
celle qui apporte souvent des éléments non spé- d’entre eux, les lésions étaient classées bénignes.
cifiques. Les aspects bénins et malins sont sou- Aucun des patients aux antécédents néoplasiques
vent clairement différenciés lorsque les lésions n’avait de petite lésion classée maligne.
sont de grande taille mais, quand elles sont La plupart des études concernant les lésions
petites, la difficulté de recueillir des informations fortuites ont été réalisées par TDM amenant à
fiables fait que le diagnostic n’est pas toujours sous-estimer probablement le nombre réel de
possible. La découverte de ces lésions fortuites lésions. Comme indiqué par Op de Beeck (6), la
amène fréquemment la réalisation d’autres ima- plupart des lésions retrouvées sont bénignes et
geries voire de procédures invasives comme une asymptomatiques. Schwartz et al. (7) rapportent
biopsie. La mise en œuvre de l’échographie de la découverte de lésions de moins de 1 cm chez
contraste a permis de modifier considérable- 12,7 % des 2 978 patients étudiés par TDM dans
ment la prise en charge initiale de ces patients, le cadre d’un bilan de cancer. Ces lésions étaient
conduisant à une quasi suppression d’autres considérées comme indéterminées. Sur la base
imageries et à la réduction majeure des biopsies. du suivi, la conclusion était que la plupart des
Des lésions hépatiques avec ou sans contexte lésions découvertes étaient bénignes (80,2 %),
néoplasique sont rencontrées plus fréquemment celles étant secondaires ne représentant que
142 Échographie de contraste
11,6 % des patients. Toutes ces études soulignent examen de contraste standardisé est requis pour
le besoin d’un diagnostic d’imagerie définitif afin apprécier de façon fine et continue les aspects vas-
de stopper les examens invasifs, la plupart de ces culaires au cours des différentes phases de rehaus-
lésions étant bénignes, soulignant le caractère sement vasculaire du parenchyme hépatique. Le
essentiel des aspects en imagerie et permettant même plan de coupe est maintenu au cours de ces
également de limiter l’anxiété du patient. phases avec de minimes mouvements de la sonde
Il ne faut pas non plus négliger la difficulté afin de limiter la destruction des microbulles (10,
diagnostique représentée par des lésions de plus 14). Il peut être utile parfois de n’injecter qu’une
grande taille, chez des patients âgés présentant demi-dose d’agent en cas de petits hémangiomes
des facteurs de risque particuliers comme une afin de pouvoir mieux apprécier le remplissage,
insuffisance rénale amenant à proposer des alter- celui-ci pouvant être masqué par une saturation
natives diagnostiques utiles aux modalités telles du signal dans les autres cas.
la TDM ou l’IRM. Enfin, la disponibilité des
plates-formes IRM et l’irradiation procurée par
la TDM sont des freins à la mise en œuvre de ces Séméiologie des lésions bénignes
imageries qui amènent à considérer favorable-
ment l’échographie de contraste (8-10). Kyste (fig. 1, 2)
Les kystes hépatiques sont les lésions bénignes les
Technique d’exploration plus fréquentes consistant en des anomalies des
canaux hépatiques. Ils sont identifiés durant l’exa-
Pour la caractérisation des lésions focales hépa- men hépatique (avec une fréquence supérieure à
tiques, à la suite de l’examen conventionnel qui 1 % atteignant 18 % pour certaines séries) comme
s’attachera à recueillir l’ensemble des éléments des zones anéchogènes arrondies avec un renfor-
diagnostiques morphologiques et vasculaires, un cement postérieur. Il peut être difficile d’identifier
b
Fig. 1 - L’échographie objective une zone anéchogène avec renforcement postérieur (a) qui ne présente pas de rehaussement
interne après injection (b). Aspect caractéristique de kyste hépatique.
Échographie de contraste des lésions hépatiques bénignes 143
a b
ces lésions en échographie conventionnelle dans sont multiples dans 50 % des cas. Ils peuvent pré-
certaines parties du foie comme la portion sous- senter des remaniements internes, en particulier
capsulaire. Bien que l’échographie de contraste ne pour ceux de grande taille à type de thrombose,
soit pas requise pour confirmer le diagnostic de fibrose ou hémorragie. Ils peuvent être associés à
kyste biliaire, il est fréquent de découvrir de nou- une hyperplasie nodulaire focale (12).
veaux kystes durant cette échographie de L’aspect échographique des hémangiomes est
contraste en raison du contraste amélioré, comme aspécifique mais la présentation la plus fréquente
une zone de lacune de contraste avec renforce- est celle d’une lésion échogène arrondie au sein
ment postérieur au cours de toutes les phases de de laquelle l’échographie-Doppler ne détecte pas
rehaussement. (fig. 1). La coïncidence parfaite de vaisseaux malgré la richesse vasculaire. Ceci
entre la lacune de contraste et la lésion en image- s’explique par les faibles vitesses circulatoires au-
rie conventionnelle peut aider à différencier ces dessous du seuil de détection des techniques
kystes de petits hémangiomes qui n’auraient pu Doppler.
être totalement caractérisés par TDM. En comparaison, après injection de l’agent de
contraste, ces hémangiomes présentent un aspect
spécifique de rehaussement nodulaire centripète
Hémangiome au cours des phases artérielle et portale comme
ceci est décrit pour le TDM et l’IRM (13, 14). Ces
Les hémangiomes sont la seconde tumeur hépa- zones de rehaussement périphériques devien-
tique bénigne (entre 1 et 20 % des autopsies (11) nent de plus en plus larges et nombreuses au
avec une prédominance féminine claire de 5 cours du temps, faisant que ces lésions apparais-
pour 1 et un caractère asymptomatique reconnu. sent rehaussées de façon homogène en compa-
Ils sont constitués d’un réseau d’espaces vascu- raison du parenchyme voisin (dans 50 % des
laires limités par un endothélium et variables en cas) (15). Le caractère hyperéchogène en écho-
taille. Ils sont fréquemment localisés dans la par- graphie conventionnelle est souvent inversé en
tie postérieure du foie droit en zone sous-capsu- phase tardive par la présence de zones centrales
laire, font moins de 40 mm dans 80 % des cas et non rehaussées par absence d’agents de contraste
144 Échographie de contraste
dans cette zone (fig. 3-5). Ceci peut s’expliquer meilleure détection de cet aspect que le TDM en
par le flux sanguin trop faible pour contrebalan- raison du caractère temps réel de cette méthode
cer la destruction des microbulles par les ondes augmentant la fiabilité diagnostique.
ultrasonores mais surtout par le caractère central
Dans certains cas, l’aspect est moins typique
fibreux de certains hémangiomes (fig. 2, 3).
avec un rehaussement rapide homogène toujours
L’usage d’index mécaniques très faibles et de
centripète faisant que cette lésion apparaît
changements de la position de la sonde en regard
hypervasculaire (telle une hyperplasie nodulaire
de la lésion est, de ce fait, fréquemment requis.
focale ou une métastase hypervasculaire) mais,
Un remplissage plus complet peut parfois être dans ce cas, la persistance de contraste intra-
observé si l’on arrête d’insoner la lésion pendant lésionnel en phase tardive confirme le caractère
plus de 90 secondes. L’imagerie très tardive (au- bénin (18) (fig. 6).
delà de 4 min) peut démontrer un rehaussement
plus ou moins complet fonction de la lenteur du En cas de petit hémangiome, il peut être diffi-
flux sanguin. L’association d’un rehaussement cile d’identifier la cinétique de l’agent de contraste
nodulaire périphérique artério-portal et d’un dans la lésion mais, dans tous les cas, la lésion en
rehaussement quasicomplet en phase tardive est contraste apparaît plus petite que la lésion en écho-
spécifique de l’hémangiome indiquant qu’au- graphie conventionnelle. La possibilité de mixer
cune autre procédure n’est requise. Cet aspect est échographie conventionnelle et échographie de
tout à fait comparable à ce qui a été rapporté par contraste sur un même écran ou sur deux écrans
Nino-Murcia et al. (16, 17) en TDM, où des associés est essentiel pour s’assurer de la lésion exa-
rehaussements nodulaires durant la phase arté- minée. En ce qui concerne les hémangiomes
rielle avaient une sensibilité de 67 %, une spécifi- géants, il n’est pas observé de prise de contraste
cité de 99 % et une valeur prédictive positive de significative au cours de la phase artérielle en
86 %. L’échographie de contraste permet une dehors de quelques travées à très faible vitesse.
b
a
c d
Fig. 3 - Présence d’une image échogène bien limitée chez un patient aux antécédents de néoplasie mammaire (a). Après
injection de SonoVue® on objective une prise de contraste progressive centripète de type nodulaire (b) aboutissant à un rem-
plissage quasi complet en phase tardive (c, d), aspect typique d’hémangiome.
Échographie de contraste des lésions hépatiques bénignes 145
b
a
c
d
Fig. 4 - Présence d’un nodule de grande taille hypoéchogène chez ce patient connu pour un antécédent de mélanome (a). Après
injection de SonoVue® on objective très clairement une prise de contraste progressive centripète de type nodulaire (b, c)
aboutissant à un remplissage incomplet en phase tardive (d), aspect typique d’hémangiome.
a b
c d
Fig. 5 - Présence d’une image échogène bien limitée chez un patient aux antécédents de néoplasie (a). Après injection de
SonoVue® on objective une prise de contraste progressive centripète de type nodulaire (b) aboutissant à un remplissage
complet en phase tardive (c, d), aspect typique d’hémangiome.
146 Échographie de contraste
a b
c d
Fig. 6 - Présence d’une image hypo-échogène bien limitée chez un patient présentant une stéatose franche (a). Après injec-
tion de SonoVue® on objective une prise de contraste centripète rapide de type nodulaire (b) aboutissant à un remplissage
complet en phase artérielle (c) persistante en phase tardive (d), typique d’hémangiome à cinétique rapide.
Dans des cas exceptionnels, les difficultés dia- difficiles à détecter, mais elles peuvent également
gnostiques font qu’il reste nécessaire de réaliser être hypo-échogènes en comparaison au foie nor-
une autre imagerie principalement IRM pour mal. La cicatrice apparaît comme une étoile ou une
poser le diagnostic final. image linéaire hypo- ou anéchogène correspon-
dant aux vaisseaux. Il n’est pas détecté de capsule.
Ces lésions étant très vascularisées, l’imagerie
Hyperplasie nodulaire focale (HNF) Doppler retrouve fréquemment une artère centrale
et des vaisseaux radiés à haute vitesse systolique
Les HNF sont la seconde lésion hépatique (20). Leur diagnostic positif est important car il
bénigne observée (8 %). Elles sont plus fréquem- n’existe pas de potentiel malin, le risque hémorra-
ment décrites chez des femmes jeunes (de la 3e à gique est rare et aucun traitement n’est proposé.
la 5e décade) que chez des hommes. Elles sont
considérées comme une réponse hépatocytaire à Après injection de contraste, l’échographie
une malformation vasculaire congénitale. Elles démontre l’artère nourricière centrale (ou volon-
sont faites d’hépatocytes normaux, de cellules de tiers excentrée ou multiple) et les branches radiées
Kupffer, d’éléments biliaires et de tissu conjonc- au cours de la phase artérielle précoce décrivent
tif fibreux avec perte d’architecture hépatique un aspect typique centrifuge en rayons de roue
normale. Elles se présentent sous la forme de suivi par un rehaussement complet en phase arté-
multiples nodules séparés par des bandes rielle (21, 22). Il est à noter que la mise en évidence
fibreuses radiées à partir d’une cicatrice centrale de ces aspects s’effectue sur un temps inférieur à
correspondant à du tissu fibreux, des canaux 2 secondes pouvant rendre compte des difficultés
biliaires et des vaisseaux (10, 11, 19). d’observation par des méthodes non en temps réel
En échographie conventionnelle, elles sont sou- (fig. 7-12). Enfin, il apparaît que l’arrivée de
vent solitaires (80 à 95 % des cas), iso-échogènes et l’agent de contraste au sein d’une HNF est la plus
Échographie de contraste des lésions hépatiques bénignes 147
a b
d
c
Fig. 7 - Mise en évidence d’un nodule hypoéchogène chez un jeune homme sans antécédent particulier. Mise en évidence
d’un vaisseau central évocateur du diagnostic d’hyperplasie nodulaire focale (a). Ceci est confirmé aisément par l’injection
de SonoVue® qui démontre en effet l’artère centrale, un aspect en étoile (b), un remplissage complet dès la fin de la phase
artérielle (c) et une persistance de l’hypersignal en phase tardive (d).
a b
c d
Fig. 8 - Mise en évidence d’un nodule iso-échogène chez une jeune femme sans antécédent particulier. Mise en évidence d’un
vaisseau central et d’un aspect en étoile en Doppler puissance évocateurs du diagnostic d’hyperplasie nodulaire focale (a).
Ceci est confirmé aisément par l’injection de SonoVue® qui démontre en effet l’artère centrale, un aspect en étoile (b), un
remplissage complet dès la fin de la phase artérielle (c) et une persistance de l’hypersignal en phase tardive (d).
148 Échographie de contraste
a b
c d
Fig. 9 - Mise en évidence d’un nodule iso-échogène avec halo hypoéchogène chez ce patient aux antécédents néoplasiques
connus (a). Mise en évidence d’un rehaussement central initial avec distribution centrifuge de l’agent de contraste (b) suivi
d’un remplissage complet dès la fin de la phase artérielle (c) et d’une persistance de l’hypersignal en phase tardive (d).
a b
c d
Fig. 10 - Mise en évidence d’un nodule iso-échogène avec vaisseau central en Doppler puissance évocateur du diagnostic
d’hyperplasie nodulaire focale (a, b). Ceci est confirmé aisément par l’injection de SonoVue® qui démontre en effet le rem-
plissage en étoile (c) avec persistance de l’hypersignal en phase tardive (d).
Échographie de contraste des lésions hépatiques bénignes 149
b
a
c d
Fig. 11 - Mise en évidence d’un nodule iso-échogène bien limité avec vaisseau central et couronne en Doppler puissance évo-
cateur du diagnostic d’hyperplasie nodulaire focale (a). Ceci est confirmé par l’injection de SonoVue® qui montre en effet
un remplissage en étoile et de parties de la couronne (b), une homogénéisation du rehaussement dès 12 secondes (c) et la
persistance d’un iso-signal en phase tardive (d).
a b
Fig. 12 - Mise en évidence de deux nodules d’échogénicité voisine chez cette jeune femme sans antécédent particulier (a, b).
Pour le premier, prise de contraste progressive centripète de type nodulaire aboutissant à un remplissage incomplet en phase
tardive, typique d’hémangiome. Pour le second, avec un aspect évocateur de HNF en Doppler puissance (d), mise en évi-
dence de l’artère centrale et de l’aspect en étoile typique (e), du remplissage complet dès la fin de la phase artérielle (f) et de
la persistance de l’hypersignal discret en phase tardive (g) confirmant le diagnostic d’HNF. Ceci confirme la possibilité de
coexistence de ces deux types de lésions chez un même patient.
150 Échographie de contraste
e
d
f g
précoce des lésions artérielles connues (moins de HNF classiques, une architecture hépatique nor-
15 secondes) avec une pente de rehaussement male et l’absence de prolifération intimale (19,
significativement plus importante que pour les 20, 25). Cet aspect fait classer ce type d’HNF
autres lésions hypervascularisées (23). Cette lésion dans les adénomes qui seront présentés plus loin.
reste en hyper- ou isosignal durant la phase por- L’aspect réalisé est celui d’une lésion dont l’écho-
tale et tardive. La cicatrice centrale (identifiée dans graphie conventionnelle n’est pas spécifique si ce
50 à 60 % des cas) reste une zone en hyposignal le n’est l’absence d’identification de l’artère cen-
plus souvent en position centrale ou excentrée. trale. En échographie de contraste, la prise de
Dans notre pratique pour ces HNF typiques, en contraste est franche en phase artérielle, globale,
comparaison avec les autres modalités, le diagnos- homogène, sans artère centrale visualisée, plutôt
tic peut être fait chez l’ensemble des patients par la centripète, avec persistance de contraste en phase
mise en évidence en temps réel des différents tardive sans hyposignal marqué (fig. 14, 15).
aspects au cours de la cinétique de rehaussement.
Ainsi l’échographie de contraste apparaît-elle plus
fiable que les autres modalités quelle que soit la Adénome hépatocellulaire
taille de la lésion.
À côté de cet aspect caractéristique, il a été L’adénome est une lésion rare plus fréquemment
rapporté que certaines HNF pouvaient présenter décrite chez la femme que chez l’homme
un hyposignal relatif au sein de parenchymes (ratio 9: 1) typiquement chez des femmes ayant
stéatosiques (24) (fig. 13). Par ailleurs, les autres bénéficié d’un traitement par contraceptifs oraux
aspects atypiques rapportés tels l’absence de à haut taux d’œstrogènes. Les adénomes sont
cicatrice centrale, une taille plus grande que constitués d’hépatocytes bien différenciés, d’élé-
10 cm, des lésions multiples, la présence d’une ments biliaires et de tissu de soutien sans struc-
pseudocapsule ne sont pas des limites à l’écho- ture portale ou sus-hépatique identifiable. Les
graphie de contraste qui retrouve alors la phase branches artérielles naissant de l’artère hépatique
artérielle spécifique. Il n’en est pas de même pour sont nombreuses avec une distribution péri-
les HNF dites télangiectasiques dont l’histologie lésionnelle préférentielle et de nombreuses
présente des différences notables en terme d’ab- thromboses. Les lésions sont typiquement de
sence de cicatrice centrale, une connexion avec grande taille, iso- ou hyperéchogènes, parfaite-
les sinusoïdes qui ne s’observent pas dans les ment limitées avec une capsule. En raison de fré-
Échographie de contraste des lésions hépatiques bénignes 151
a b
c d
Fig. 13 - Présence d’un nodule de petite taille hypo-échogène chez ce patient sans antécédents particuliers mais avec stéatose
hépatique franche (a). Après injection de SonoVue® on objective très clairement une prise de contraste centrale initiale (b)
centrifuge progressant très rapidement vers la périphérie de la lésion donnant un remplissage complet précoce (c), suivie
d’une discrète vidange de l’agent donnant une lésion en hyposignal tardif (d). Cet aspect évocateur d’HNF a été confirmé
par chirurgie.
a b
c d
Fig. 14 - Mise en évidence d’un nodule échogène (a) chez cette jeune femme sans antécédent particulier. Mise en évidence
d’un rehaussement initial hétérogène (b), suivi d’une homogénéisation rapide du rehaussement (c) et d’un hyposignal tar-
dif modéré évocateur du diagnostic d’hyperplasie nodulaire focale « télangiectasique » (d).
152 Échographie de contraste
Fig. 15 - Mise en évidence d’un nodule échogène (a) bien limité chez cette jeune femme sans antécédent particulier. Mise en
évidence d’un rehaussement initial à prédominance périphérique (b), suivi d’une homogénéisation rapide du rehaussement
(c) et d’un hyposignal tardif (d) assez évocateur du diagnostic d’hyperplasie nodulaire focale « télangiectasique ».
quentes hémorragies internes, ces lésions appa- haut. En comparaison avec les autres modalités,
raissent hétérogènes avec des zones de nécrose. la mise en évidence de contingent graisseux par
Classiquement, l’imagerie Doppler objective une IRM (27) est un critère diagnostique important,
artère périphérique ainsi que des pédicules vei- alors que la scintigraphie permet d’identifier des
neux internes (10, 11, 19). hépatocytes normaux. Par ailleurs, la différencia-
Après injection de contraste, un rehausse- tion avec un carcinome hépatocellulaire, qui peut
ment centripète est observé en phase artérielle, être délicate, repose sur la décroissance plus ou
intéressant la capsule et les parties internes en moins importante du signal en phase tardive.
dehors des zones de nécrose. L’hypersignal per- Comme pour les HNF, l’échographie de
siste jusqu’en phase portale alors qu’en phase tar- contraste apparaît fiable pour le diagnostic
dive, l’adénome apparaît plutôt en iso- ou hypo- d’adénome, mais il n’existe pas de larges études
signal (fig. 16, 17). La capsule reste généralement publiées sur cette lésion.
en hypersignal (fig. 6).
Le diagnostic différentiel principal est l’HNF Foyer de stéatose focale ou de foie sain
avec cependant des conséquences importantes en au sein d’un foie stéatosique
termes de prise en charge, une chirurgie étant
souvent proposée pour l’adénome, alors que Un ilôt de foie sain est fréquemment observé au
l’abstention est la règle pour l’HNF. Dietrich et sein d’un foie de stéatose comme une zone hypo-
al. (26) ont observé une absence de rehausse- échogène en comparaison avec le foie adjacent. Si
ment portal et tardif en cas d’adénome alors que l’on peut suspecter le diagnostic par les bordures
ce rehaussement persiste en phase portale en pré- nettes, la localisation près de la veine porte ou de
sence d’une HNF. L’absence d’artère centrale, la la vésicule, une vascularisation normale, l’ab-
présence d’une capsule et des zones de nécrose sence de spécificité de ces signes imposent de
sont en faveur de l’adénome, mais certaines HNF recourir à l’échographie de contraste pour élimi-
atypiques « télangiectasiques » présentent des ner un possible carcinome hépato-cellulaire ou
aspects voisins de l’adénome, ainsi que vu plus une métastase selon le contexte.
Échographie de contraste des lésions hépatiques bénignes 153
Fig. 16 - Mise en évidence d’un nodule échogène de grande taille (a) chez cette patiente présentant une symptomatologie
douloureuse récente. L’injection de contraste objective un rehaussement complet artériel de la lésion avec couronne hyper-
vascularisée (b), suivi d’une persistance du rehaussement intra-lésionnelle et de la couronne en phase tardive sans vidange
marquée de l’agent de contraste (c). Aspect macroscopique joint confirmant le diagnostic d’adénome hépatocellulaire (d).
Fig. 17 - Mise en évidence d’un nodule hypo-échogène de grande taille et de deux zones hypo-échogènes voisines (a) de
découverte fortuite chez cette patiente. L’injection de contraste objective un rehaussement complet de la lésion et des
nodules voisins en phase artérielle (b) et portale (c), suivi d’une persistance du rehaussement des différentes lésions en phase
tardive sans vidange marquée de l’agent de contraste (d). Aspect d’adénome hépatocellulaire.
154 Échographie de contraste
Une infiltration focale par une zone de stéa- hépatiques, ceux-ci se manifestent par la pré-
tose par accumulation de lipides au sein des sence d’ilôts hypo- ou hyperéchogènes en l’ab-
hépatocytes est fréquemment observée après cer- sence de nécrose centrale puis comme des zones
tains traitements comme la chimiothérapie. Ces de remaniement intense correspondant aux
zones apparaissent généralement hyper-écho- zones de débris entourées d’une zone inflamma-
gènes par rapport au parenchyme voisin. Les toire franche. Cet aspect est celui que l’on
bords nets et l’absence de vaisseaux sont égale- retrouve en échographie de contraste avec l’ab-
ment rapportés, mais le risque est grand chez un sence de rehaussement central des zones de
patient porteur d’un cancer connu de mécon- nécrose à toutes les phases post-injection asso-
naître une lésion maligne. ciée à une zone périphérique d’hypersignal
Ces remarques amènent à proposer de réaliser intense artérielle correspondant à l’hyperhémie
une échographie de contraste qui objectivera une réactionnelle (28, 29) (fig. 22, 23). Cet aspect est
cinétique de rehaussement identique dans ces
différent de celui rapporté pour les fistules arté-
zones et dans le foie sain adjacent. Le recours à
rio-veineuses (fig. 24, 25).
une imagerie conjointe conventionnelle et
contraste est important pour s’assurer de la fiabi- À notre connaissance, aucun aspect d’abcès
lité de la localisation (fig. 18-21). amibien n’a été décrit en échographie de
contraste. Par contre, en ce qui concerne les
kystes hydatiques, quelques observations ont été
Lésions hépatiques d’origine infectieuse rapportées en accord avec l’aspect histologique
La recherche de foyers infectieux intra-hépa- de ces lésions. Il semble exister un rehaussement
tiques est fréquente par échographie, amenant à de la membrane proligère dans certains cas
décrire un certain nombre de lésions particu- (stade II) et l’absence de tout rehaussement
lières pour poser le diagnostic d’abcès hépatiques interne sur ces lésions kystiques particulièrement
principalement. En ce qui concerne les abcès de stade IV ou V (fig. 26).
a b
a b
a b
a b
c d
Fig. 21 - Présence de plages hypo-échogènes chez ce patient connu pour une néoplasie colique (a). L’échographie de
contraste confirme une prise de contraste artérielle (b, c) et tardive (d) homogène des différentes plages, non différente de
celle du parenchyme sain typique de plages de foie sain au sein d’un foie stéatosique.
a b
a b
c d
Fig. 23 - Présence d’une image hypo-échogène cloisonnée chez ce patient présentant une altération de l’état général (a).
L’échographie de contraste objective une totale absence de prise de contraste artérielle centrale alors que les cloisons pré-
sentent un rehaussement intense (b, c). Persistance de cet aspect en phase tardive avec diminution du rehaussement des cloi-
sons (d). Aspect caractéristique de localisations abcédées intra-hépatiques.
a b
a b
d
c
Fig. 26 - Présence d’une image liquidienne non totalement transonique du segment VI chez cette femme d’origine africaine,
de découverte fortuite (a). L’échographie de contraste confirme une prise de contraste artérielle (b) portale (c) et tardive (d)
de membranes situées à l’intérieur du kyste hépatique sans aucune autre prise de contraste interne. Aspect évocateur de kyste
hydatique de type II.
Échographie de contraste des lésions hépatiques bénignes 159
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Échographie de contraste de la rate
A. Bleuzen et F. Tranquart
Résultats sur une rate normale aisé des infarctus, des maladies affectant la vascu-
larisation splénique ainsi que des malformations
Il existe un rehaussement hétérogène précoce artério-veineuses et des lésions traumatiques, avec
« patchy » entre 5 et 20 secondes dans 90 % des possibilité de diagnostiquer les saignements actifs.
cas comme en TDM et IRM, traduisant les diffé- Le caractère uni- ou plurifocal (défini grâce à
rences de vascularisation entre pulpe blanche et l’amélioration de la détection lésionnelle) per-
pulpe rouge. L’homogénéisation du rehausse- met une première distinction entre les lésions
ment est complète en moyenne 60 secondes focales bénignes congénitales ou acquises le plus
après injection, ce qui correspond au temps prin- souvent uniques et les lésions focales bénignes
cipal de détection des lésions (fig. 1, A, B). infectieuses ou malignes, d’origine hématopoïé-
Au-delà de 4 minutes, alors que l’on observe tique ou non, alors volontiers multiples.
une décroissance du signal après contraste au
niveau du foie, il existe une remanence du pro-
duit de contraste splénospécifique de mécanisme Anomalies congénitales ou variantes
actuellement non connu (fig. 1, C, D).
La rémanence tardive du produit de de la normale
contraste, spécifique de la rate, permet une
reconnaissance tissulaire et autorise par exemple Rate accessoire
le diagnostic différentiel entre rate surnuméraire
et adénopathie. Elle intéresse 10 % des individus, est unique ou
La mise en évidence de la microvascularisation multiple, le plus souvent de diamètre inférieur à
intrasplénique associée au caractère terminal de la 4 cm et le plus souvent localisée au niveau du hile
vascularisation splénique permet un diagnostic splénique.
A B
C D
Fig. 1 - Rate normale : A) rehaussement hétérogène précoce de la rate ; B) homogénéisation du rehaussement à 60 secondes ;
C et D) rémanence tardive du produit de contraste.
Échographie de contraste de la rate 163
Elle est toujours associée à une rate principale concerne le plus souvent les individus de sexe
située dans l’hypochondre gauche et vascularisée féminin et se caractérise par la présence de mul-
par une artère splénique de naissance normale tiples petites masses spléniques.
(fig. 2, A, B). Cette pathologie est souvent révélée en période
Son échostructure est identique à celle de la néonatale ou au cours de la petite enfance en rai-
rate principale, homogène, et elle possède un hile son des malformations cardiaques associées res-
vasculaire. ponsables d’une mortalité élevée (60 % de décès
En échographie de contraste, elle présente un avant l’âge d’un an). Les anomalies viscérales sont
rehaussement identique avec une remanence tar- souvent de découverte fortuite chez les individus
dive du produit de contraste permettant de la qui atteignent l’âge adulte (5 à 10 % des patients
différencier d’une adénomégalie ou d’une autre porteurs de ce syndrome n’ayant souvent dans ce
lésion extraparenchymateuse qui n’aura pas cette cas pas de malformation cardiaque associée).
splénospécificité (fig. 2, C, D). Les anomalies spléniques résultent de la non-
Il existe en effet un hypersignal persistant au- fusion des lobules fœtaux normalement acquise
delà de 90 secondes. entre la quinzième et la dix-septième semaine de
gestation avec formation de multiples splénules
de nombre compris entre 2 et 17.
Polysplénie
Elles sont situées de manière privilégiée en
C’est un syndrome polymalformatif (8), souvent arrière et le long de la grande courbure gastrique,
associé à des anomalies cardio-pulmonaires, vas- dans l’hypochondre droit ou gauche selon qu’il
culaires, digestives, hépato-biliaires et pancréa- existe ou non une anomalie de rotation gastrique
tiques et en particulier à un situs inversus. Elle associée.
A B
C D
Fig. 2 - A et B) Rate accessoire de petite taille au pôle inférieur de la rate, isoéchogène à la rate en mode B (A) et en isosignal
en phase tardive au reste de la rate après injection de contraste (B). C et D : diagnostic différentiel ; lésion extraplénique iso-
échogène (C) sans rétention de contraste (D).
164 Échographie de contraste
A B
C D
Fig. 3 - A et B) Loge de splénectomie, nodule échogène avec signal intense en phase tardive après injection en faveur d’un
nodule de splénose ; C et D) rate dysmorphique plusieurs années après radiothérapie avec aspect pseudonodulaire : aspect
homogène et unique du rehaussement splénique après injection.
Échographie de contraste de la rate 165
A B
C D
Fig. 4 - Hémangiome splénique : A) nodule hyperéchogène centimétrique ; B) nodule avasculaire en Doppler couleur ; C et
D) rehaussement centripète complet en phase tardive et persistant.
Échographie de contraste de la rate 167
A B
C D
Fig. 5 - Hémangiome splénique de grande taille : A) masse hyperéchogène ; B) masse avasculaire en Doppler couleur ;
C) rehaussement intense initialement en couronne périphérique mais sans réelle motte ni distribution particulière de l’agent
de contraste mise en évidence ; D) rehaussement persistant en phase tardive.
Le rehaussement est hétérogène par absence concerne 0,024 à 0,13 % des patients sur des
d’espaces circulants au niveau des plages kys- séries autopsiques. Il est de découverte fortuite le
tiques pour les larges lésions avec remaniements plus souvent, parfois symptomatique quand il est
kystiques nécrotiques et thrombotiques, le rem- large avec une masse palpable, une splénoméga-
plissage restant toutefois globalement centripète, lie et une possible rupture.
rarement complet en phase tardive. Il peut se compliquer d’anémie et de throm-
Contrairement aux hémangiomes hépatiques, bopénie par un phénomène de séquestration.
la différence de vascularisation de la rate en Dans la littérature, des cas d’association ont
phase artérielle comparativement à celle du foie été rapportés avec la sclérose tubéreuse de
ne permet souvent pas d’identifier le rehausse- Bourneville, avec le syndrome de Whiskott-
ment globulaire périphérique précoce discon- Aldrich et avec une éventuelle lésion néoplasique
tinu, comme c’est le cas pour les hémangiomes sous-jacente.
hépatiques, d’où de possibles difficultés diagnos- D’un point de vue anatomo-pathologique, il
tiques. s’agit d’une malformation formée par l’organi-
sation anormale d’éléments normaux de pulpe
rouge ; il est composé de vaisseaux et d’élé-
L’hamartome ments de fibrose contenant de la pulpe rouge et
parfois de la pulpe blanche. Il n’est pas retrouvé
Il est aussi appelé splénome ou splénoadénome au sein de cette formation de follicule lymphoïde
ou hyperplasie nodulaire de la rate (10, 11). Il organisé.
168 Échographie de contraste
A B
C D
Fig. 6 - Lymphome malin non hodgkinien : A) découverte sur une échographie abdominale réalisée pour une altération de
l’état général chez un patient greffé rénal d’une masse très hypoéchogène intrasplénique ; B) masse hypervasculaire en
Doppler couleur ; C et D) vidange marquée de l’agent de contraste avec adénopathie du hile splénique.
L’origine peut être emboligène avec embolie En Doppler couleur, il est possible de visuali-
cruorique générée par un trouble du rythme car- ser un défaut de vascularisation par rupture de
diaque, par exemple, ou embolie infectieuse à l’harmonie de l’arborescence vasculaire splé-
partir d’un foyer d’endocardite. Dans ce dernier nique.
contexte, l’échographie réalisée au lit du patient En échographie de contraste, la visualisation
chez des patients en réanimation nous permet de de ces défects perfusionnels est nettement sensi-
faire un bilan diagnostique des lésions septiques bilisée, améliorée et mieux évaluée, permettant
particulièrement intéressant, que ce soit au une cartographie des lésions (fig. 7, A, B, C, D).
niveau splénique, rénal ou hépatique.
Il existe dès le début de l’injection un défaut
Ils peuvent se voir également dans tous les
de rehaussement de la zone nécrosée, persistant
syndromes d’hyperviscosité sanguine (syn-
jusqu’en phase tardive.
dromes myéloprolifératifs, drépanocytose…).
En échographie, il s’agit d’une ou de plu-
sieurs plages hypoéchogènes de contours mal
définis typiquement de topographie périphé- Lésions infectieuses de la rate
rique et de forme triangulaire à sommet hilaire
et à base périphérique. À la phase chronique de Il s’agit le plus souvent de foyers infectieux d’ori-
l’évolution, cette plage devient échogène avec gine emboligène mais elles peuvent se voir égale-
une rétraction capsulaire, d’où les petites rates ment en complication d’un foyer infectieux situé
bosselées et hétérogènes des patients drépanocy- à proximité (pneumopathie de la base gauche,
taires. par exemple).
A B
C D
Fig. 7 - Infarctus splénique : A) homme de 46 ans : cancer de la queue du pancréas de découverte échographique avec aspect
trabéculé du parenchyme splénique ; B) aspect dévascularisé du pôle inférieur de la rate ; C et D) précocement et en phase
tardive, défaut de rehaussement en plages triangulaires à base périphériques relativement bien limitées en rapport avec des
plages de nécrose parenchymateuse elles-mêmes en rapport avec une ischémie par envahissement du pédicule splénique.
Échographie de contraste de la rate 171
Échographiquement, il s’agit de plages hypo- maladie de Wegener, une amylose ou encore une
échogènes plus ou moins bien limitées, volon- maladie de Crohn (fig. 10).
tiers pluriloculaires, comportant éventuellement Échographiquement, l’échostructure de la
des échos internes voire des éléments hyperécho- rate est hétérogène en mode B ou faite de mul-
gènes avec image en queue de comète en rapport tiples petits nodules hyper- ou hypoéchogènes.
avec des éléments gazeux.
En échographie après injection de produit de
En Doppler couleur, il est possible de mettre
contraste, il existe un rehaussement périphérique
en évidence une hyperhémie périphérique.
mal limité, avec des nodules visibles sous forme
En échographie de contraste, il existe un
de lésions hypoéchogènes mal limitées en phase
rehaussement de la périphérie de la lésion ainsi
tardive.
que des cloisons intralésionnelles réalisant la
classique image en « œil de taureau » mais pas du
contenu intralésionnel (figs. 8 et 9).
Lésions traumatiques de la rate
Lésions inflammatoires de la rate L’échographie abdominale est souvent un exa-
men de première intention (5, 6, 24) réalisé dans
Il s’agit de granulomes inflammatoires épithé- le bilan de tout polytraumatisé. Alors qu’il est
lioïdes pouvant être en rapport (9, 17, 20) avec aisé de mettre en évidence un hémopéritoine, il
une tuberculose (il existe alors une nécrose est plus difficile de préciser son origine, en parti-
caséeuse), une sarcoïdose, une candidose, une culier si elle est splénique. L’hyperéchogénicité
A B
C
D
Fig. 8 - Abcès à pyogènes sur endocardite : A) plages hypoéchogènes de contours mal définis ; B) hyperhémie périphérique ;
C et D) lacunes en phases précoce et tardive aux contours mal limités.
172 Échographie de contraste
A B
C D
Fig. 9 - Abcès à pyogènes : Découverte tomodensitométrique d’une hypodensité intrasplénique dans les suites d’une pleuro-
pneumopathie de la base gauche à pneumocoques : A) plage hypoéchogène mal limitée du pôle supérieur de la rate avec
impression de logettes ; B) hyperhémie périphérique ; C et D) lésion pluriloculée avec logettes au contenu non rehaussé avec
couronne hyperhémique périphérique au temps précoce aux contours peu nets.
A B
C D
Fig. 10 - Tuberculose ganglionnaire et splénique : A) nodules hypoéchogènes multiples de petite taille, B, C et D) rehausse-
ment hétérogène, partiel en périphérie des nodules avec lacunes multiples en phase tardive.
une lésion vasculaire primitive de la rate en cas lité d’apprécier un saignement actif et d’orienter
de rehaussement persistant, de type héman- vers une prise en charge chirurgicale rapide.
giome ou plus rarement d’hamartome. Les De façon similaire, nous pouvons souligner
lésions plurifocales feront rechercher une l’intérêt de cet examen possible au lit du
atteinte extraparenchymateuse et feront évoquer patient chez des patients lourds en réanima-
en première intention la possibilité de méta- tion permettant de déceler précocement des
stases ou d’un lymphome, ou alors une patholo- complications septiques et vasculaires, en par-
gie granulomateuse d’origine infectieuse ou dys- ticulier au niveau splénique.
immunitaire, sans que l’échographie avec injec-
tion de contraste n’apporte encore de réels élé- Enfin, l’amélioration de la compréhension de
ments discriminants entre ces différentes la répartition de la microvascularisation intra-
splénique et la possibilité d’utiliser l’échographie
lésions.
de contraste comme outil de cette connaissance
Nous insiterons sur les possibilités de l’écho- offrent la possibilité de participer à l’appréhen-
graphie de contraste en médecine d’urgence sion des désordres hématologiques et lympho-
pour le diagnostic des lésions traumatiques splé- poïétiques, des cycles infectieux ou maladies dys-
niques, mais également hépatiques avec possibi- immunitaires à tropisme splénique (fig. 11).
174 Échographie de contraste
A B
C D
Fig. 11 - A) Nodules de splénose chez un patient de 18 ans aux antécédents de splénectomie post-traumatiques, actuelle-
ment porteur d’une leucémie aiguë lymphoblastique ; B) rehaussement précoce anormalement lent ; C et D) perte de la
rémanence tardive du produit de contraste au sein du parenchyme splénique en faveur d’une infiltration lymphoblastique
de la rate.
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Guidage et réalisation de traitement
par radiofréquence
H. Trillaud et H. Laumonier
Bilan préthérapeutique
Le choix du traitement et son efficacité dépen-
dent des différentes informations obtenues lors
du bilan préthérapeutique. Ce bilan comprend
un scanner ou une IRM et une échographie qui
permet d’évaluer la faisabilité du traitement. En
effet, c’est la méthode d’imagerie la plus utilisée
Fig. 1 - TDM 6 semaines après traitement par RF d’une pour le monitorage de la mise en place de l’ai-
localisation secondaire de cancer colorectal. Noter l’hyper- guille. Malheureusement, l’échographie sans
hémie réactionnelle (tête de flèche) autour de la zone de produit de contraste, même complétée du
nécrose de coagulation (flèche). Doppler, ne permet pas toujours de bien préciser
Guidage et réalisation de traitement par radiofréquence 179
les caractéristiques de la (ou des) tumeur(s) à der la mise en place de l’aiguille en raison de sa
traiter. Le recours à l’utilisation de produit de disponibilité et de sa facilité d’utilisation dans
contraste ultrasonore augmente alors la préci- cette indication. Pour traiter les lésions qui ne
sion du bilan et permet de déterminer au mieux sont pas visibles spontanément avant injection
la taille de la lésion et ses limites. de produit de contraste lors du bilan préthéra-
La taille de la lésion est un critère de réussite peutique, l’injection de produit de contraste est
essentiel du traitement en termes de non-réci- alors indispensable (fig. 3). Un CHC ou une
dives locale et de survie. Pour l’hépatocarcinome, métastase, surtout si ces tumeurs sont de petite
le risque de dissémination et d’envahissement taille, sont parfois difficiles à repérer. De même,
vasculaire augmente avec la taille (12). Un hépa- après traitement par radiofréquence une zone de
tocarcinome de 2 cm de diamètre présente des traitement incomplet ou de récidive locale n’est
nodules satellites microscopiques métastatiques pas repérable (9).
dans un rayon de 10 mm autour de la tumeur L’hépatocarcinome typique présente un
dans 10 % des cas et un envahissement vasculaire rehaussement précoce après injection de produit
microscopique des vaisseaux portes dans 25 % de contraste à la phase artérielle puis un lavage
des cas (13). Il importe donc de traiter une zone sur les phases suivantes avec persistance d’une
de 10 mm autour de la tumeur pour éviter les couronne d’hypervascularisation. C’est souvent à
récidives locales. De même, le caractère bien la phase artérielle du bolus que le contraste entre
limité encapsulé ou infiltrant et la présence de la tumeur et le foie normal est maximum et que
lésions satellites sont des éléments déterminants le repérage de la lésion pour la mise en place de
qui peuvent contre-indiquer la procédure lorsque l’aiguille est réalisé.
le caractère infiltrant est important ou qu’il existe Les localisations secondaires peuvent présen-
des nodules satellites à distance (fig. 2). ter une hypervascularisation à la phase artérielle,
La taille de la zone traitée par radiofréquence mais elles présentent un lavage à la phase portale
dépend du type d’aiguille utilisé (aiguille simple ou à la phase d’équilibre qui permet de bien les
refroidie ou non, aiguille déployable en parapluie, repérer. Le contraste lié au lavage est de durée
aiguilles multipolaires) (14, 15). Pour des tumeurs plus importante que l’hypervascularisation liée
de 2-3 cm on peut utiliser tous les types d’approche au rehaussement artériel, ce qui facilite la mise en
(15) mais les lésions de plus de 3 cm nécessitent le place de l’aiguille.
recours à des aiguilles déployables plus larges ou à Les zones de traitement incomplet ou de réci-
une approche multipolaire. Une appréciation dives ne se différencient pas d’une zone de
exacte de la taille de la tumeur et de sa périphérie va nécrose de coagulation sur l’échographie
donc permettre de choisir la technique adaptée. Doppler en l’absence d’injection de produit de
La topographie de la lésion est un autre élé- contraste. Le produit de contraste permet de
ment important qui peut contre-indiquer la pro- repérer la vascularisation tumorale (18).
cédure. Un site de radiofréquence proche des Après injection, la zone tumorale présente
voies biliaires présente un risque de sténose une vascularisation dont les caractéristiques sont
biliaire. Certaines équipes réalisent dans ce cas comparables à la tumeur initiale, alors que la
un refroidissement des voies biliaires pendant la zone d’ablathermie apparaît totalement dévascu-
procédure d’ablathermie (16). Si le site de RF est larisée. Il est alors possible de positionner l’ai-
à proximité de structures digestives la procédure guille dans la zone de récidive (fig. 4).
peut se compliquer de perforation digestive et en
particulier du côlon. Enfin, la proximité de struc-
tures vasculaires peut réduire l’efficacité du trai- Évaluation de l’efficacité du traitement
tement au contact du vaisseau (17).
Le nombre de lésions devra être précisé, avec Évaluation immédiate
la possibilité de traiter jusqu’à cinq lésions
durant la même procédure. En théorie, l’objectif est de s’assurer de la des-
truction tumorale de la totalité de la tumeur avec
une marge de destruction autour de la
Mise en place de l’aiguille tumeur (7). Si cette évaluation montre une des-
truction incomplète et une marge insuffisante, il
L’échographie ne permet pas de visualiser toutes est possible de compléter le traitement lors de la
les tumeurs visibles sur le scanner ou l’IRM et même procédure en repositionnant l’électrode.
c’est pourtant l’examen le plus utilisé pour gui- Malheureusement, les techniques habituellement
180 Échographie de contraste
A B
A
B
Fig. 3 - A) Image échographique d’une localisation secondaire de cancer du côlon 2,44 minutes après injection de produit
de contraste échographique à gauche (2,4 ml de SonoVue® en mode CPS) et image correspondante sans produit de contraste
à droite. Noter la parfaite visibilité de la lésion à gauche alors qu’elle n’est pas visible à droite. B) mise en place de l’aiguille
de RF avec déploiement des baleines (flèche blanche) autour de la lésion (flèche verte).
utilisées comme l’échographie, même aidée du d’air résultant de la vaporisation du tissu par la
Doppler couleur ou le TDM injectée ne permet- chaleur. Cet aspect est transitoire et dure une
tent pas une évaluation immédiate précise de la quinzaine de minutes. Le diamètre de cette zone
zone réellement détruite. hyperéchogène reflète de façon imprécise la zone
En échographie, le traitement par radiofré- d’ablathermie et ne correspond pas à la zone de
quence s’accompagne de l’apparition d’une zone tissu effectivement détruite (7). Cette zone
hyperechogène qui apparaît autour de l’électrode hyperéchogène génère un cône d’ombre qui gêne
et qui progresse dans la tumeur puis en périphé- un éventuel repositionnement de l’électrode.
rie de la tumeur (fig. 5). Ce phénomène est prin- Si la procédure d’ablathermie est réalisée avec
cipalement lié au développement de microbulles un monitorage par TDM, il est possible de réaliser
Guidage et réalisation de traitement par radiofréquence 181
Fig. 6. - Image échographique d’un hépatocarcinome traité par RF 10 minutes après la fin du traitement. L’image à gauche
est obtenue 21 secondes après injection de produit de contraste échographique (2,4 ml de SonoVue® en mode CPS) et image
correspondante sans produit de contraste à droite. Noter la réaction d’hyperhémie (tête de flèche) autour de la zone de trai-
tement (flèche).
A B
A
B
C
Fig. 8. - Examen à 6 mois d’un traitement d’un hépatocarcinome
par RF. L’échographie après injection de produit de contraste (A, B)
(2,4 ml de SonoVue® en mode CPS) à une phase artérielle précoce
(A) et une phase artérielle plus tardive (B) ne montre pas de réci-
dive au niveau de la zone de traitement (flèche). Le TDM confirme
ce diagnostic (C).
Plus la taille de la tumeur augmente et plus elle babilité de récidive locale ou à distance.
sécrètera de nombreux types de facteurs de crois- Toutefois, ceci n’a pas été confirmé par d’autres
sance endothéliaux (12). études, sans doute en raison de choix de mar-
Le second mécanisme repose sur l’hypoxie queurs des cellules endothéliales ou de zone
tumorale qui est accrue au centre de la tumeur tumorale explorée (périphérie ou zone centrale)
par des phénomènes de compressions et de différents (23-26).
thromboses vasculaires. Cette hypoxie stimule la Malgré cela, la quantification de la MVD par
synthèse de facteurs de la famille des VEGF et la la méthode des points chauds (Hot Spot) reste
néovascularisation de la périphérie de la une méthode reconnue pour un grand nombre
tumeur (13, 14). de types de tumeurs (carcinomes bronchique,
Le troisième est lié à la contribution des pré- mammaire, prostatique, vésical, œsophagien,
curseurs hématopoïétiques circulant que sont les gastrique, etc.) (27).
cellules CD34+. Ces cellules ont été mises en évi-
dence dans des zones d’angiogenèse tumo-
rale (15). Des souris avec des modifications de
Mais que reflète cette densité
leur cellules CD34+ par délétion de gènes ID1 et des micro-vaisseaux (MVD) ?
ID3 avaient une absence de croissance tumorale
La MVD ne mesure pas la dépendance angiogé-
et la transplantation de moelle osseuse « nor-
nique d’une tumeur mais les besoins métabo-
male » restaurait l’angiogenèse et la poursuite de
liques des cellules tumorales. La MVD est une
la croissance tumorale (16).
mesure d’un nombre de vaisseaux par champ en
Le quatrième est appelé mimétisme vascu- microscopie et reflète finalement la distance
laire. Certaines tumeurs comme les mélanomes entre les capillaires qui composent cette tumeur.
contiennent des cellules capables de former des Cette distance inter-capillaire est donc tributaire
vaisseaux contribuant ainsi elles-mêmes à la vas- de la balance entre les facteurs pro- et antiangio-
cularisation fonctionnelle de la tumeur (17, 18). géniques locaux et de la consommation en oxy-
Ces mécanismes sont sans doute impliqués à gène et nutriments par les cellules tumorales.
des degrés différents dans le temps et dans l’es- Dans les tumeurs humaines, la consommation en
pace et selon le type de tumeurs dans la forma- oxygène est bien souvent inférieure au tissu sain
tion des néovaisseaux tumoraux (19). correspondant pouvant expliquer pourquoi,
dans un certain nombre de cas, malgré une acti-
vité angiogénique accrue, la densité vasculaire
Méthodes d’études tumorale soit inférieure à celle des tissus sains.
de la vascularisation tumorale C’est le cas notamment des glioblastomes dont la
densité vasculaire est inférieure à celle du tissu
Compte tenu du nombre d’études en cours sur cérébral (28). Ces éléments suggèrent que la den-
les thérapeutiques antiangiogéniques à travers le sité vasculaire tumorale ne mesure pas l’activité
monde, l’évaluation de l’efficacité et le monito- angiogénique d’une tumeur ni sa dépendance
ring de la réponse tumorale et vasculaire à ces angiogénique. Un point fondamental est que la
traitements est un objectif primordial. La quan- capacité fonctionnelle des vaisseaux visualisés en
tification des modifications vasculaires induites
par ces traitements permettrait une évaluation
Propriétés contractiles
comparative de l’activité antiangiogénique de ces Innervation
Hémodynamique
Structure Perméabilité
Anomalies
Évaluation de la densité Architecture vasculaire
Drainage lymphatique
immuno-histochimie n’est pas évaluée. En effet, de la vascularisation tumorale est donc théori-
certains vaisseaux tumoraux ne permettent pas quement possible de manière non invasive en
un transport efficient de l’oxygène et des nutri- tenant compte de ces limites (30-34). Toutefois la
ments par inefficience ou thrombose. De ce fait, non-détection de vaisseaux de taille inférieure à
l’inhibition de vaisseaux non fonctionnels par 100 µm ne permet pas de rendre compte des
des thérapeutiques est susceptible d’avoir un variations fines de la perfusion tumorale en rela-
effet antitumoral limité bien que la densité vas- tion avec les modifications de densité de néovais-
culaire ait tendance à diminuer. seaux (35-37).
L’efficacité antiangiogénique de thérapeu-
tiques spécifiques ne peut être évaluée en visuali-
sant les modifications des microvaisseaux
L’échographie de contraste
induites par les traitements sur des biopsies L’introduction des agents de contraste ultraso-
périodiques. Or l’hétérogénéité perfusionnelle nores a permis de combler cette lacune. En effet,
d’une tumeur maligne ne permet pas d’extrapo- la taille des microbulles, voisine de 3 µm, est
ler à toute la tumeur la densité vasculaire d’une adaptée au passage de ces agents au sein des
biopsie. capillaires autorisant la possibilité théorique de
En présence d’une molécule antiangiogé- détection de ces vaisseaux par échographie non
nique, l’inhibition vasculaire apparaît avant la linéaire. Ceci ouvre des avantages importants en
destruction des cellules tumorales et ces deux terme de visualisation des néovaisseaux au sein
éléments influencent directement la densité vas- d’une tumeur.
culaire telle qu’elle est évaluée en histologie. Le caractère strictement intravasculaire des
Ainsi, au cours d’un tel traitement, la densité vas- agents de contraste ultrasonores permet d’expli-
culaire aura tendance à diminuer, puis à se stabi- quer des différences de comportement de cer-
liser voire à augmenter au fur et à mesure de la taines lésions en comparaison des agents de
destruction des cellules tumorales. Enfin, si le contraste utilisés pour d’autres modalités. Ce
temps nécessaire à la destruction/restauration phénomène est encore accentué par la nature
des microvaisseaux par la tumeur au décours même des néovaisseaux tumoraux dont la paroi
d’un traitement antiangiogénique est inférieur hyper-perméable laisse encore plus diffuser les
au délai entre deux biopsies, les mesures de MVD
sont susceptibles d’être faiblement modifiées par
rapport à la MVD préthérapeutique.
J1 J12
Contrôle
TNP
Fig. 3 - Modifications de la microvascularisation tumorale d’une tumeur développée chez la rate entre J1 et J12 selon le type
de traitement : en haut sérum physiologique et en bas traitement antiangiogénique (TNP, Takeda).
agents de contraste diffusibles hors du comparti- région. Ces différences notables renforcent toute
ment vasculaire, pouvant expliquer des difficul- la valeur diagnostique de l’échographie de
tés de quantification ou de détection de néovais- contraste pour établir le potentiel de croissance
seaux au sein de ces lésions. Inversement, il n’est tumorale ou la réponse à une intervention théra-
pas possible de mesurer la perméabilité capillaire peutique. Cependant, il a été montré une corré-
par échographie de contraste, la détection de lation entre la MVD et les paramètres calculés à
microbulles en dehors de ce compartiment vas- partir des modélisations du rehaussement sur
culaire étant le témoin d’une brèche vasculaire des muscles sains de volontaires (39).
uniquement. Une corrélation étroite a été rap- Quels paramètres sont représentatifs des néo-
portée entre les mesures effectuées en échogra- vaisseaux présents dans une lésion ? Selon le type
phie de contraste et en résonance magnétique d’injection de l’agent retenu, les paramètres clas-
nucléaire (RMN) pour la détermination du débit siques reposent sur des modèles de rehaussement
sanguin tumoral dans un modèle de tumeur chez de type time-intensity curve ou destruction-
la souris quelle que soit la valeur du débit (38). reperfusion (40-42) (fig. 4). Ces deux modèles
Enfin, les ultrasons ont la capacité de détecter sont basés sur des injections en bolus pour le
individuellement les microbulles, ce qui n’est pas premier ou en infusion pour le second. Le pre-
le cas des autres modalités pour lesquelles la sen- mier modèle est sans doute moins utilisé pour
sibilité de détection est de ce fait diminuée. Il quantifier la néoangiogenèse même si les para-
n’est pas possible de trouver une corrélation par- mètres de wash-in ou de wash-out sont bien cor-
faite entre les mesures faites en échographie de rélés à la néovascularisation tumorale. Mal-
contraste et la MVD malgré des protocoles bien heureusement la difficulté de standardisation,
conduits. L’explication la plus fréquemment même en prenant en compte la fonction d’en-
avancée est celle de l’obtention de deux informa- trée, reste une limite à la quantification de la néo-
tions différentes : la MVD quantifie la totalité des vascularisation. Le modèle destruction-reperfu-
vaisseaux détectables au sein d’une région, alors sion est celui qui a la préférence des praticiens en
que l’échographie de contraste n’objective que les raison des paramètres mesurés et de la reproduc-
vaisseaux fonctionnels au sein de cette même tibilité des acquisitions. La quantification du
Imagerie de la néoangiogenèse 189
100%
Refilling time
Rt = 1/b
75%
SIpeak
Signal Intensity SI(t)
peak x
b)
50%
= SI
lope
25%
e
tang
0%
time: t b
a t=0
Fig. 4 - Modèles mathématiques de rehaussement après injection d’agents de contraste de type exponentiel (a) et temps-
intensité (b).
débit sanguin local ainsi que du volume sanguin l’architecture des néovaisseaux, régulière en cas
local est d’un apport incontestable lors de l’éva- de lésion bénigne et chaotique en cas de lésion
luation de la néovascularisation et de ses modifi- maligne. Si des possibilités de traitement
cations sous intervention thérapeutique (fig. 5- d’image ont été évoquées pour répondre à cette
12). Une des limites de ces mesures est la variabi- demande, il est apparu la possibilité de suivre le
lité de l’orientation des vaisseaux par rapport au déplacement image par image des microbulles
plan de coupe ultrasonore. En effet, la mise en permettant par comparaison entre les images
œuvre du processus destruction-reperfusion consécutives de construire l’image de la locali-
impose que la zone de destruction soit remplie sation des microbulles et donc l’image de l’ar-
de contraste de façon homogène, afin d’autoriser chitecture micro-vasculaire (fig. 13). Cette pos-
une mesure fiable. Les capillaires présentant en sibilité est particulièrement offerte pour les
fait des orientations variées par rapport au plan lésions superficielles peu soumises aux mouve-
de coupe, l’arrivée du contraste dans ce réseau ments cardiaques ou respiratoires mais est plus
capillaire aura une contribution plus ou moins difficile à mettre en œuvre pour des lésions pro-
forte à l’intensité du signal recueilli. fondes.
Inversement, cette variabilité des orienta- Plus récemment ont été proposées des
tions de vaisseaux ouvre la porte à une possibi- approches originales d’imagerie moléculaire
lité de caractérisation de lésion par l’étude de basées sur des microbulles sensibilisées pour un
a b
Fig. 5 - Aspect caractéristique de la cinétique de l’agent de contraste au sein d’une lésion hépatique de type hépatocarci-
nome démontrant une angiogenèse importante.
190 Échographie de contraste
Fig. 8 - Détection de l’agent de contraste au sein d’une lésion mammaire de grande taille avant mise en route du traitement
chimiothérapique (a) puis après 2 cycles (b) démontrant l’absence de réduction de la néoangiogénèse au sein de la tumeur
témoignant de l’absence d’effet thérapeutique.
Fig. 10 - Prise de contraste globale des zones tissulaires au sein d’une tumeur ovarienne (b) démontrant une différence
importante de sensibilité de détection en comparaison du Doppler puissance (a).
Fig. 11 - Aspect caractéristique de la présence de l’agent de contraste au sein d’un mélanome choroïdien (b) alors que le
Doppler puissance ne montrait que peu de vaisseaux (a).
Imagerie de la néoangiogenèse 193
Fig. 12 - Courbes de rehaussement enregistrées après injection pour une tumeur mammaire néoplasique (a) et un fibro-
adénome (b) démontrant l’absence de différenciation possible de ces lésions sur la base de ces courbes.
Fig. 13 - Image de distribution vasculaire enregistrée au sein d’un hépatocarcinome par un mode de tracking des microbulles
sur une période courte au cours de la phase artérielle d’arrivée du contraste dans la lésion démontrant l’hétérogénéité de
distribution des néovaisseaux.
194 Échographie de contraste
antigène particulier. Dans le cas de néoangiogé- 2. Carmeliet P, Ferreira V, Breier G et al. (1996) Abnormal
nèse, l’intégrine alpha(v)bêta3 a été particulière- blood vessel development and lethality in embryos lac-
ment étudiée en raison de sa spécificité en termes king a single VEGF allele. Nature 380: 435-9
d’identification des néovaisseaux. Cette 3. Kerbel RS (1997) A cancer therapy resistant to resistance.
approche nouvelle nécessite une plus large vali- Nature 390: 335-6
dation en termes d’applications préclinique et 4. McDonald DM, Foss AJ (2000) Endothelial cells of
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tée dans la caractérisation des tumeurs et la Metastasis Rev 19: 109-20
réponse à une thérapie ciblée (43-48). 5. St Croix B, Rago C, Velculescu V et al. (2000) Genes
Ces approches de la néoangiogenèse ont expressed in human tumor endothelium. Science 289:
ouvert des voies originales de caractérisation de 1197-202
lésion, mais surtout de quantification de la néo- 6. Eberhard A, Kahlert S, Goede V et al. (2000) Hetero-
vascularisation et de ses modifications sous thé- geneity of angiogenesis and blood vessel maturation in
rapie appropriée. human tumors: implications for antiangiogenic tumor
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tion. Nature 407: 242-8
La vascularisation tumorale semble avoir des
9. Wang HU, Chen ZF, Anderson DJ (1998) Molecular dis-
caractéristiques propres qui pourraient être sus-
tinction and angiogenic interaction between embryonic
ceptibles de permettre un diagnostic positif de
arteries and veins revealed by ephrin-B2 and its receptor
tumeur maligne particulièrement bien mises en
Eph-B4. Cell 93: 741-53
évidence par échographie de contraste ainsi que
10. Hanahan D, Folkman J (1996) Patterns and emerging
développé dans les chapitres de cet ouvrage. De
mechanisms of the angiogenic switch during tumori-
plus, la croissance tumorale est subordonnée à
genesis. Cell 86: 353-64
l’apport en oxygène et en nutriments à la tumeur
11. Folkman J (1997) Antiangiogenic therapy, in Devita VT,
via la vascularisation tumorale. Cette vascularisa-
Hellman S, Rosenberg SA (eds): Principles and Practice
tion doit en permanence être modulée par la
of Oncology. Philadelphia, PA, Lippincott-Raven
tumeur elle-même en fonction de sa croissance,
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de l’hypoxie tumorale, mais aussi par diverses
agressions comme celles des agents anticancéreux 12. Kandel J, Bossy-Wetzel E, Radvanyi F et al. (1991)
via la synthèse de facteurs pro-angiogéniques. Neovascularization is associated with a switch to the
Des données suggèrent que les modifications vas- export of bFGF in the multistep development of fibro-
culaires induites par les traitements anticancé- sarcoma. Cell 66: 1095-104
reux (radiothérapie, chimiothérapie, traitements 13. Holash J, Maisonpierre PC, Compton D et al. (1999)
antiangiogéniques) pourraient avoir un rôle pivot Vessel cooption, regression, and growth in tumors media-
dans la réponse tumorale (49) et que ces modifi- ted by angiopoietins and VEGF. Science 284: 1994-8
cations de vascularisation tumorales sont suscep- 14. Bikfalvi A, Bicknell Roy (2002) Recent advances in angio-
tibles de précéder la réponse tumorale à un traite- genesis, antiangiogenesis and vascular targeting. Trends
ment anticancéreux comme certaines études in Pharmacol Sci 23: 576-82
vivo ou chez l’homme le suggèrent (50-55). La 15. Gomez-Navarro J, Contreras JL, Arafat W et al. (2000)
possibilité d’étude morpho-fonctionnelle offerte Genetically modified CD34+ cells as cellular vehicles for
par l’échographie de contraste est donc un avan- gene delivery into areas of angiogenesis in a rhesus
tage certain par rapport aux autres méthodes model. Gene Ther 7: 43-52
pour apprécier de façon objective la croissance 16. Lyden D, Young AZ, Zagzag D et al. (1999) Id1 and Id3
tumorale, sa capacité à métastaser et sa réponse are required for neurogenesis, angiogenesis and vascula-
aux agents antitumoraux rization of tumour xenografts. Nature 401: 670-7
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Échographie de contraste du sein
C. Balleyguier, P. Opolon, A. Athanasiou, M.-C. Mathieu, J.-R. Garbay, S. Delaloge et R. Sigal
d’apport diagnostique par rapport aux tech- vasculaire, qui permettent d’optimiser la détec-
niques existantes et performantes en sénologie, tion de la vascularisation et de la perfusion des
telles que l’échographie mode B et l’IRM (6). lésions du sein (9). Si on utilise le SonoVue®, il
Cependant, la plupart de ces études font réfé- est nécessaire d’injecter en bolus la totalité du fla-
rence à des produits de contraste de première con (5 mL) afin de pouvoir détecter l’augmenta-
génération. L’arrivée sur le marché de produits tion de la vascularisation. L’injection d’une
de contraste à forte rémanence vasculaire et demi-dose ou la perfusion continue semblent
d’appareils d’échographie pouvant permettre beaucoup moins performantes dans cette indica-
d’examiner le sein en haute fréquence avec un tion. Pour les mêmes raisons, il faut immédiate-
bon réglage Doppler sur les flux très lents relance ment, après l’injection du produit de contraste,
l’intérêt de l’échographie de contraste en patho- rincer la tubulure avec du sérum physiologique
logie mammaire. Il reste à définir quelles peuvent (10 mL).
être les indications ou les applications de l’écho- L’enregistrement des vitesses doit être défini
graphie de contraste du sein. pour des vitesses moyennes comprises entre 3 et
7 cm/s. L’enregistrement de la prise de contraste
doit durer deux minutes au minimum.
Quelles applications cliniques ?
L’étude de la vascularisation des lésions mam- Applications, résultats
maires est déjà possible par l’IRM avec injection
de chélate de gadolinium ou par le scanner avec
injection de produit de contraste iodé. En pra- Caractérisation des lésions mammaires
tique, les indications de l’échographie de
contraste du sein pourraient être calquées sur L’angiogenèse des lésions malignes du sein est
celles de l’IRM ou du scanner : plus importante que celle des lésions
bénignes (10, 11). La morphologie des vaisseaux
– caractérisation d’une lésion suspecte du tumoraux est également différente de celle des
sein en mammographie ou échographie et diffé- lésions bénignes du sein : les vaisseaux des
renciation des lésions malignes des lésions tumeurs malignes sont irréguliers, tortueux, avec
bénignes ; une perte d’élasticité de leur paroi musculaire. Ils
– bilan d’extension des cancers infiltrants, sont plus nombreux en périphérie de la
surtout en cas de densité mammaire élevée lésion (12). En Doppler couleur ou énergie, leurs
(type 3 ou 4 de la classification BIRADS) (7) : index de résistance et de pulsatilité sont plus éle-
détection des adénopathies axillaires, recherche vés que ceux des tumeurs bénignes, avec des
de multifocalité, évaluation de la taille tumorale ; valeurs supérieures : un index de résistance supé-
– évaluation de la réponse thérapeutique en rieur à 0,90 et un index de pulsatilité supérieur
cas de chimiothérapie néoadjuvante ; à 4 sont évocateurs de malignité (12). Ces carac-
– recherche de récidive tumorale après traite- téristiques peuvent être détectées sans injection
ment conservateur et différenciation cicatrice et de produit de contraste ultrasonore, mais sont
récidive (8) ; beaucoup plus facilement visibles après injec-
– détection de lésions suspectes du sein tion. Les premiers travaux en échographie de
visibles en IRM, avec mammographie et écho- contraste du sein ont évalué le potentiel des pro-
graphie normales, dans des populations à risque duits de contraste pour la caractérisation lésion-
sélectionnées (ex. : patientes porteuses de la nelle ; même avec des produits de contraste de
mutation BRCA1 ou BRCA2), pour faciliter la première génération, il était déjà possible de
biopsie ou le repérage préopératoires. mettre en évidence des différences de rehausse-
ment entre les lésions malignes et les lésions
bénignes du sein (1). Les études plus récentes ont
essayé d’affiner la sémiologie en précisant les cri-
Particularités techniques tères morphologiques et les cinétiques de rehaus-
de l’échographie de contraste du sein sement (13-15). Les performances de l’imagerie
harmonique semblent supérieures à celles de
En raison du très petit diamètre des vaisseaux des l’échographie de contraste en mode énergie (16),
lésions mammaires et de la faible densité vascu- mais restent limitées en pathologie mammaire.
laire des lésions malignes du sein, il est important En effet, les produits de contraste ultrasonores
d’utiliser des produits de contraste à rémanence disponibles aujourd’hui sur le marché sont
Échographie de contraste du sein 199
a b
a b
Fig. 4 - Patiente de 22 ans. Masse palpable, mobile et non douloureuse du sein gauche.
4a : Échographie Doppler couleur.
Les contours réguliers, l’échostructure homogène et le renforcement postérieur du faisceau ultrasonore sont des critères
échographiques de bénignité. Des vaisseaux artériels sont dans ce cas aussi visibles en périphérie de la lésion.
4b : même patiente. Échographie de contraste, mode CPS après injection (SonoVue®, Bracco).
Après injection, de multiples et fins vaisseaux artériels sont visibles au centre de la lésion. Le rehaussement global est de
faible intensité et homogène. Ces critères échographiques sont en faveur de la bénignité.
4c : même patiente. Courbe de rehaussement après injection. Logiciel Visilog®, Noesis.
La prise de contraste est un peu plus retardée que celles des lésions malignes (> 20 secondes). Le rehaussement est également
moins intense que dans le cas de lésions malignes infiltrantes. La décroissance de la courbe est plus prolongée.
202 Échographie de contraste
a b
Des faux négatifs sont également possibles : (fig. 7). La cinquième lésion était plus volumi-
certaines lésions malignes de bas grade sont très neuse (30 mm), mais l’analyse du rehaussement
faiblement vascularisées ; de même, certaines vasculaire était gênée par l’hypoéchogénicité et
lésions volumineuses et très atténuantes ne sont l’atténuation particulièrement importantes du
pas bien visualisées en échographie, la forte atté- centre de la lésion (fig. 8). Quelques vaisseaux
nuation du faisceau ultrasonore gênant l’analyse tortueux étaient seulement visibles en périphé-
vasculaire en Doppler. L’injection de produit de rie. Ce caractère atténuant est lié à une quantité
contraste n’est pas discriminante dans ces cas importante de fibrose, qui peut se rencontrer
particuliers. Dans notre expérience, sur dans une faible proportion de cancers canalaires
48 lésions malignes, 5 seulement étaient hypo- ou lobulaires infiltrants, et qui est lié à une
vascularisées après l’injection de produit de hypoxie intratumorale (22). L’échographie en
contraste. Quatre de ces lésions étaient des carci- mode B et l’échographie de contraste ne sont pas
nomes canalaires infiltrants de grade SBR 1, de adaptées à ce type de lésion, bien que ces tumeurs
petite taille (moins de 10 mm de diamètre) soient particulièrement agressives et vascularisées
Échographie de contraste du sein 203
a b
a b
La cinétique de prise de contraste des lésions graphie et du Doppler pour la caractérisation des
bénignes est retardée dans le temps et le pic est lésions mammaires (23). Cependant, cette amé-
moins intense que dans le cas des lésions malignes lioration se ferait au détriment d’une perte de
(fig. 10). Des courbes de rehaussement peuvent sensibilité (24). Dans son étude, Zdemir (24) a
être tracées grâce à des logiciels disponibles sur les essayé de déterminer la valeur de l’échographie
échographes ou sur des stations de travail dépor- de contraste par comparaison avec l’échographie
tées. Des régions d’intérêt (ROI) sont dessinées sur en mode B et Doppler couleur simple. Il a essayé
la tumeur par l’opérateur (fig. 11). Des logiciels de de classer les lésions selon les critères BIRADS
recalage sur certaines machines peuvent replacer la pour le mode B, le Doppler énergie et l’échogra-
ROI au cas où les mouvements respiratoires de la phie de contraste sans et avec injection. Sur
patiente l’auraient déplacée. Contrairement à ce 69 lésions (28 malignes, 41 bénignes), l’injection
qui est connu en IRM du sein, le pic maximal de de produit de contraste améliorait significative-
rehaussement est atteint en moins de 15 secondes ment la spécificité (71 %) et la valeur prédictive
pour les lésions malignes (2 mn 30 pour l’IRM). Ce positive (70 %) des lésions classées BIRADS
délai très court peut être facilement détecté par le
4 seulement (suspectes de cancer) par rapport à
caractère dynamique « en temps réel » de l’écho-
l’échographie en mode B (39 % et 53 % respecti-
graphie de contraste du sein. Il est probable que,
grâce à cet outil, la connaissance de la perfusion des vement), mais diminuait la sensibilité et la valeur
lésions mammaires sera facilitée. prédictive négative des lésions classées BIRADS 3
(probablement bénignes) ou BIRADS 5 (sus-
pectes de malignité). Cependant, il est malgré
L’échographie de contraste du sein tout intéressant de constater que l’échographie
peut-elle être considérée comme de contraste du sein pourrait permettre de
un examen suffisamment pertinent pour réduire le nombre de biopsies inutiles réalisées
réduire le nombre de biopsies bénignes ? dans la catégorie BIRADS 4, qui regroupe un
nombre important de lésions mammaires ambi-
Il est certain, au vu des différentes études de la guës (de 5 à 95 % de malignité). D’autres auteurs,
littérature, que l’échographie de contraste amé- en revanche, constatent plutôt une amélioration
liore significativement la spécificité de l’écho- de la spécificité et de la sensibilité grâce à
a b
Fig. 10 - Patiente de 63 ans. Récidive locale quatre ans après une tumorectomie et irradiation du sein droit.
10a : Échographie en mode B.
Une masse de contours irréguliers (flèche), à limites convexes est visible dans une zone hyperéchogène, correspondant à un
foyer de cytostéatonécrose post-radique (tête de flèche). Cet aspect évoque en premier lieu une récidive locale.
10b : échographie avec injection de contraste (CPS®, Siemens ; SonoVue®, Bracco).
L’intensité du rehaussement après injection de produit de contraste est en faveur du diagnostic de récidive.
Les lésions cicatricielles sont le plus souvent avasculaires.
206 Échographie de contraste
l’injection de produit de contraste échogra- sein (30, 31). Cependant, la réalisation d’IRM du
phique (25). La variabilité des résultats des diffé- sein en urgence avant le début de la chimiothéra-
rentes études est très probablement liée à la dis- pie première est souvent difficile en raison de dif-
parité des techniques utilisées, des appareils ficultés de programmation des rendez-vous.
d’échographie ou du produit de contraste Plusieurs études ont évalué l’apport de l’écho-
injecté (5). En effet, il n’y a pas aujourd’hui de graphie avec injection de produit de contraste
réelle standardisation de la technique. dans l’appréciation de la perfusion tumorale
La place de l’échographie de contraste du sein avant et après chimiothérapie néo-adjuvante (32,
par rapport à l’IRM pour la caractérisation 33). L’injection de produit de contraste ultra-
lésionnelle peut également être discutée. L’IRM sonore permet d’augmenter la détection de vais-
du sein est devenue aujourd’hui très sensible seaux artériels dans plus de 94 % des cas des
mais manque encore de spécificité (de 77 à 85 % lésions malignes (33). Le bénéfice semble surtout
selon les auteurs) (26). Des travaux de comparai- être intéressant en post-thérapeutique, car l’in-
son IRM-échographie de contraste n’auraient jection de produit de contraste permet alors de
pas constaté d’amélioration de la faible spécifi- détecter plus facilement les vaisseaux artériels
cité de l’IRM par l’injection de produit de tumoraux résiduels, ou un reliquat tumoral actif,
contraste ultrasonore (6) : parmi 40 lésions facteurs de mauvais pronostic, nécessitant une
(23 cancers, 17 adénofibromes), un signal modification de la thérapeutique (34).
Doppler couleur était constamment retrouvé L’échographie de contraste du sein peut aussi
dans les lésions malignes et dans seulement permettre de détecter des lésions hypervascu-
68,7 % des fibro-adénomes après l’injection de laires résiduelles après d’autres thérapeutiques
produit de contraste (Se = 95,6 % ; Sp = 5,9 %). ciblées, comme la radiofréquence du sein (35).
Ni le nombre moyen de vaisseaux par tumeur, ni
le temps de rehaussement maximal ou la persis-
tance du rehaussement n’ont montré pourtant Bilan d’extension des cancers infiltrants
de différences significatives entre les lésions
bénignes et les lésions malignes. Mais dans cette La mammographie ou l’échographie en mode B
étude déjà ancienne, le produit de contraste uti- sont des examens d’imagerie souvent insuffisants
lisé était le Levovist®, qui, on le sait maintenant, pour le bilan d’extension des cancers infiltrants,
est moins adapté à la pathologie mammaire que en particulier si le sein est dense. L’IRM est
d’autres produits de contraste à persistance vas- aujourd’hui de plus en plus réalisée dans cette
culaire (27). De nouvelles études de comparaison indication, pour préciser la taille tumorale, l’en-
IRM-échographie de contraste à grande échelle vahissement ganglionnaire ou rechercher des
devraient permettre de répondre à cette question lésions multifocales ou multicentriques (36).
dans le futur. Pour les mêmes raisons d’accessibilité et de
temps précisées plus haut, il peut être intéressant
de réaliser le bilan d’extension local et ganglion-
Évaluation de la réponse naire grâce à l’échographie avec injection de pro-
à la chimiothérapie néoadjuvante duit de contraste. Il est alors nécessaire d’exami-
ner la totalité du sein, et le creux axillaire avant et
L’évaluation précoce de la réponse thérapeutique après l’injection du produit de contraste. Étant
est un élément déterminant pour le pronostic du donné la courte durée possible de l’examen après
cancer du sein (28). Les tumeurs de grande taille injection (moins de trois minutes), l’examen du
(> 3 cm) ou de haut grade sont habituellement sein et du creux axillaire peut s‘avérer difficile.
traitées par chimiothérapie première, dans le but Néanmoins, l’injection du produit de contraste
de réduire la taille tumorale et de permettre un permet de délimiter précisément les contours de
traitement conservateur, et de limiter le risque de la lésion, et de préciser la taille tumorale (fig. 12).
micrométastases circulantes (29). La mammo- On peut également détecter des lésions multifo-
graphie ou l’échographie en mode B peuvent être cales contiguës à la tumeur primaire, mais il n’est
des examens insuffisants pour l’évaluation de la habituellement pas possible de détecter de petites
taille tumorale et de la réponse au traitement, car lésions situées à distance de la lésion primaire.
ces lésions sont très denses et souvent mal limi- L’injection de produit de contraste pourrait être
tées en mammographie ou en échographie (28). intéressante pour la détection de métastases
L’IRM est aujourd’hui un examen de référence axillaires, et concurrencer la technique de biopsie
pour l’appréciation de la réponse tumorale à la du ganglion sentinelle (37, 38). L’injection de
chimiothérapie première dans le cancer du produit de contraste permet d’augmenter la
Échographie de contraste du sein 207
vascularisation des ganglions qui apparaissent référence dans cette indication, est performante ;
très échogènes et homogènes lorsqu’ils sont nor- de plus, la plupart des travaux sur ce sujet ne
maux (39). Des défauts de rehaussement intra- concernent que de très petites séries de patientes.
ganglionnaires sont visibles en cas d’envahisse- Il faudra donc certainement de plus grandes
ment ganglionnaire (fig. 13). Cette technique séries de patientes pour valider la place de l’écho-
serait aujourd’hui aussi performante que la tech- graphie du sein avec injection de produit de
nique de détection du ganglion sentinelle clas- contraste dans la recherche de récidive.
sique par injection de bleu patent ou de produit
de contraste isotopique, mais est plus facilement
utilisable et peu invasive (38). Ces résultats doi- Dépistage
vent cependant être validés sur de grandes séries
de patients. La mammographie est aujourd’hui le meilleur
examen pour le dépistage du cancer du sein.
L’échographie en mode B est un examen complé-
Recherche de récidive après traitement mentaire, surtout performant pour la détection de
conservateur de cancer du sein lésions dans des seins denses (densités 3 et 4 de la
classification BIRADS) (42). L’apport de l’écho-
Le risque de récidive après traitement conserva- graphie de contraste du sein pour le dépistage
teur de cancer du sein est estimé à 1 % par an. échographique de lésions suspectes n’est pas
L’IRM est aujourd’hui le meilleur examen pour prouvé actuellement. L’intérêt de cette technique
la recherche de récidive. Comme pour la caracté- serait de pouvoir détecter des lésions suspectes
risation lésionnelle ou le bilan d’extension, l’inté- visibles en IRM, et non détectées par mammogra-
rêt de l’échographie de contraste du sein pourrait phie et échographie, dans des populations à haut
se justifier par un moindre coût et une meilleure risque de cancer du sein, comme les femmes qui
accessibilité. Cependant, l’échographie de présentent des mutations des gènes BRCA1 et
contraste du sein est-elle performante après BRCA2. Aucune étude actuellement n’a évalué
radiothérapie et chirurgie, et peut-on distinguer cette indication. Cependant, dans notre expé-
de façon fiable les lésions cicatricielles des réci- rience, il apparaît très difficile de réaliser un exa-
dives tumorales ? men de dépistage par échographie de contraste,
Les lésions cicatricielles du sein peuvent avoir puisque le délai adéquat d’examen du sein est de
un aspect très suspect en échographie de mode B. moins de trois minutes. L’échographie de
En effet, ces lésions sont le souvent hypoécho- contraste du sein n’apparaît donc pas adaptée au
gènes et atténuantes, comme peuvent l’être éga- dépistage du cancer du sein. Cependant, l’intérêt
lement les lésions malignes. Cependant, elles de l’échographie de contraste pourrait être recon-
sont souvent rétractiles avec des bords plats ou sidéré lorsque de nouveaux produits de contraste
concaves, contrairement aux récidives dont les dédiés à l’imagerie superficielle seront disponibles.
bords sont le plus souvent convexes. C’est sur-
tout la présence d’une néoangiogenèse dans ou
en périphérie de la lésion qui va pouvoir orienter Conclusion
vers une récidive (fig. 14), car les lésions cicatri-
cielles sont avasculaires. Quelques études ont La place de l’échographie de contraste du sein
évalué l’échographie de contraste dans cette indi- n’est pas encore parfaitement définie dans la stra-
cation (40, 41). L’injection de produit de tégie diagnostique du cancer du sein. La caractéri-
contraste augmente de façon plus importante le sation lésionnelle est le domaine le mieux exploré
signal vasculaire des récidives par comparaison aujourd’hui. Les produits de contraste échogra-
aux lésions bénignes (40). Cependant, comme en phiques permettraient une meilleure analyse de la
IRM, il est possible d’observer des faux positifs, vascularisation des lésions malignes et seraient
plus fréquents en cas de granulome cicatriciel ou alors complémentaires de la mammographie ou
d’hématome partiellement organisé qui peuvent de l’échographie en apportant une information
être hypervascularisés en périphérie ; de même, pronostique, les lésions malignes fortement
les récidives qui se présentent sous la forme de hypervasculaires étant de moins bon pronostic
foyers de microcalcifications ne sont pas visibles que les lésions peu vascularisées. L’injection de
en échographie et peuvent donc être des faux produit de contraste peut aussi aider à la prise en
négatifs (41). La place de l’échographie de charge thérapeutique en évaluant la réponse
contraste dans cette indication n’est donc pas tumorale à la chimiothérapie néoadjuvante, en
encore bien définie, puisque l’IRM, examen de complément de la mammographie ou de
208 Échographie de contraste
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Imagerie ultrasonore
de la perfusion cérébrale1
G. Seidel, K. Meyer-Wiethe
(TIC) ou des séquences d’images obtenues après gerie de la perfusion cérébrale chez l’homme.
l’injection d’un bolus de contraste ont été analy- Aucun événement indésirable majeur n’a été
sées afin de mesurer le flux sanguin cérébral local mentionné dans les nombreuses études publiées,
(fig. 1). Différents paramètres peuvent être extra- incluant plus de 200 sujets, portant sur l’analyse
its de ces courbes, incluant l’intensité du maxi- de la perfusion cérébrale et utilisant ces agents de
mum (PI), le ratio de rehaussement du signal contraste.
(PSI), le temps mis pour atteindre le pic maximal Jusqu’à présent, seules deux études portent
(TTP), l’aire sous la courbe (AUC), le gradient sur l’imagerie de perfusion par ultrasons sur des
positif (PG : pente de la phase d’arrivée), la lar- volontaires sains en utilisant l’IRM de perfusion
geur du rehaussement (PW : largeur totale à 90 % en tant que référence (Contrast burst imaging et
de l’intensité maximale), la largeur à mi-hauteur Time variance imaging ainsi que l’imagerie har-
de l’intensité maximale (FWHM) et le temps de monique à IM élevé (13, 14)). Pour ces deux
transit moyen (MTT). Ces paramètres de TIC études, le TTP et pour une étude l’aire sous la
peuvent être codés en couleurs en images para- courbe de l’imagerie de perfusion ultrasonore
métriques afin de faciliter l’identification des per- ont montré une bonne corrélation avec le temps
turbations de perfusion (1) (fig. 2). pour le maximum mesurée par l’IRM de perfu-
De nombreuses études sur la visualisation de sion. Dans les études cliniques portant sur des
la perfusion cérébrale après l’injection de patients à la phase aiguë de l’AVC, la plupart des
contraste ont été publiées depuis 1998 (2-17). études ont utilisé les cinétiques d’un bolus de
Ces études ont été principalement réalisées avec contraste avec différentes modalités d’imagerie
des techniques d’imagerie harmonique en échelle harmonique (imagerie harmonique, modulation
de gris (conventionnelle, modulation d’ampli- de puissance et imagerie par inversion de
tude ou inversion d’impulsion), analysant les pulse) (18-28). Avec les nouvelles et plus sen-
cinétiques du bolus. Dans certaines études, des sibles technologies ultrasonores à impulsions
techniques Doppler couleur fondamental, basées multiples, il est devenu possible d’analyser la
sur le Doppler puissance et la destruction des perfusion cérébrale non seulement dans
agents de contraste, ont été utilisées (Contrast l’hémisphère homolatéral mais aussi dans l’hé-
burst imaging et Time variance imaging). Les misphère controlatéral au sein d’une seule inves-
technologies à impulsions multiples, plus récem- tigation améliorant la géométrie du plan d’inso-
ment développées, semblent supérieures pour nification et surmontant les artefacts de champ
l’analyse de la perfusion cérébrale. Les produits proche (27). L’utilisation de cette approche
de contraste ultrasonores commercialisés tels nécessite de prendre en compte de nouveaux
Levovist® (Schering, Berlin, Allemagne), artefacts (calcification de la glande pinéale et du
Optison® (Amersham Health, Oslo, Norvège) et plexus choroïdien, des ventricules latéraux cau-
SonoVue® (Bracco, Milan, Italie) ont montré des sant des artefacts d’ombres).
propriétés de contraste intéressantes pour l’ima-
Différents paramètres cinétiques du bolus
acquis à partir des régions cérébrales isché-
miques ont été comparés avec le scanner au cours
de la phase aiguë de l’AVC. Une combinaison de
l’intensité maximale PI et du TTP apparaît être la
plus utile pour la détection de la zone d’infarctus,
intensity
PI
Fig. 2 - Imagerie paramétrique. Scanner et imagerie paramétrique de perfusion cérébrale obtenues respectivement à 31,5
heures et 6,5 heures, après l’apparition des symptomes d’un accident vasculaire sylvien gauche (patient de 66 ans avec occlu-
sion sylvienne). Le scanner montre une large zone d’infarcissement dans le territoire de l’artère sylvienne avec transforma-
tion hémorragique. L’imagerie de perfusion ultrasonore (Cadence Contrast Pulse Sequencing (CPS), Siemens Sequoia 512,
bolus de SonoVue® 2,4 mL) a été réalisée des deux côtés (homolatéral = bleu, controlatéral = vert). L’imagerie paramétrique
codée en couleurs était calculée pour les paramètres suivants de la courbe de rehaussement : PPI : intensité du pic ; TTP :
temps jusqu’au maximum ; AUC : aire sous la courbe ; PG : gradient de remplissage. Les marges en jaune signalent la zone
d’amplitude réduite du signal (concentration faible de l’agent). Les marges en blanc indiquent le rehaussement retardé.
214 Échographie de contraste
signal (au-dessous de 50 % de l’intensité nor- linéaire, le seul paramètre extrait du TIC est
male) sont significativement corrélées avec la l’amplitude du signal décroissant depuis le début
zone d’infarctus dans le suivi par CT et à la sévé- de la séquence de destruction jusqu’au nouvel
rité des symptômes de l’AVC à la phase initiale état d’équilibre de remplissage et de destruction.
ainsi que quatre mois plus tard (27). Le délai Le modèle exponentiel simple fournit la demi-
(> 3 secondes) du TTP n’est pas significative- vie de la TIC. Dans l’approche CODIM, un coef-
ment relié à l’aire d’infarcissement ni aux consé- ficient de destruction et de reperfusion est cal-
quences cliniques pour le patient. Dans une culé, le coefficient de perfusion étant corrélé à la
récente étude, la valeur positive prédictive du perfusion.
TTP chez les patients souffrant d’une ischémie En comparant ces trois modèles dans le cadre
sévère était de 100 %. de l’analyse de la TIC avec un fantôme simulant
D’autres études basées sur l’injection d’un la circulation cérébrale, les résultats les plus
bolus de contraste ont été réalisées sur un petit robustes sont ceux trouvés avec le modèle
nombre de patients souffrant d’un AVC aigu en linéaire (38). Chez les sujets sains, il a été démon-
utilisant le Xenon-CT (21), l’IRM (23, 24) ou le tré que le modèle exponentiel simple pouvait
CT (19, 22, 27) comme méthodes de référence. être utilisé pour analyser la perfusion (8). Dans
Ces cas rapportés démontrent le potentiel des l’étude réalisée par Kern et al., l’imagerie de
modalités spécifiques au contraste pour l’évalua- diminution après l’injection d’un bolus de
tion des perfusions cérébrales pathologiques uti- SonoVue® a été évaluée dans la phase précoce de
lisant l’imagerie de contraste ultrasonore. l’accident ischémique (< 24 h) et comparé à
Quelques études sur l’imagerie ultrasonore de l’IRM de perfusion (39). Cette étude souligne le
perfusion ont été réalisées chez des patients ayant potentiel diagnostique de cette technique d’ima-
subi une hémicraniectomie (18, 22, 26). Dans ces gerie rapide pour obtenir des informations sur
cas précis, le Doppler harmonique avec des fré- les régions de perfusion réduites dans la phase
quences de réception élevées semble être supé- précoce de l’AVC ischémique. L’avantage de
rieur à l’imagerie harmonique en échelle de l’imagerie de diminution comparée à la méthode
gris (18). En théorie, lorsque l’on utilise un sys- du bolus réside dans l’acquisition rapide des
tème d’imagerie à haut MI, l’insonification séquences d’image et la possibilité d’effectuer
directe du cerveau sans l’interposition du crâne différents plans d’insonification au cours d’une
(qui réduit l’énergie ultrasonore) pourrait être même infusion de produit de contraste ou dans
préoccupante en produisant des cavitations et la phase d’élimination après l’injection d’un
des ruptures de capillaires (31-34). bolus, ce qui conduit à une procédure d’imagerie
plus efficace.
Cinétiques de diminution
Cinétique de remplissage
Les cinétiques de diminution sont basées sur la
destruction des agents de contraste avec une Des impulsions ultrasonores à MI élevé causent
vitesse d’acquisition constante et un MI élevé. La la destruction des microbulles dans le champ
TIC décroît jusqu’à un nouvel état de stabilité, d’insonification. Pour une infusion de contraste
déterminé par l’équilibre entre la destruction et constante donnée, de nouvelles microbulles vont
la reperfusion d’agent de contraste qui dépend entrer dans le champ ultrasonore à une vitesse
aussi de la vitesse d’acquisition et de la quantité fonction de la perfusion cérébrale. Les bulles
d’agent de contraste injectée (fig. 3). À cause du vont remplir ce volume de tissu en fonction du
court temps d’échantillonnage requis (1- débit sanguin local. Deux méthodes ont été déve-
10 secondes), les cinétiques de diminution peu- loppées pour déterminer le débit sanguin local
vent être analysées, soit avec une injection de avec l’imagerie de remplissage. La première
bolus, soit par infusion continue (7, 8). méthode, référencée comme une imagerie de
Trois modèles mathématiques d’analyse des remplissage après flash de destruction, utilise un
courbes de diminution ont été utilisés : un faible IM (destruction minime) avec une vitesse
modèle exponentiel simple (8, 35), un modèle d’acquisition constante élevée afin d’enregistrer
exponentiel complexe qui assume une phase de la cinétique de remplissage en temps réel suivant
destruction et une phase de reperfusion entre la destruction des agents de contraste ultraso-
deux impulsions successives (CODIM (7, 36) et nore avec une impulsion destructrice de IM
un modèle linéaire (38). Dans le cas du modèle élevé (40- 42). La seconde méthode (fig. 4)
Imagerie ultrasonore de la perfusion cérébrale 215
intensity
ȕ * Intensity [I]
I A (1 e ( E t ) )
B / I(S)
1 2 3 4 5 6 7 8 frames
Fig. 4 - Cinétiques de remplissage. Diagramme schématique
Fig. 3 - Cinétiques de diminution. Schéma des cinétiques de des cinétiques de remplissage à IM élevé avec des intervalles
diminution du contraste pour l’estimation de la perfusion de temps croissant. Après la destruction des bulles par une
cérébrale. β = ln2/demi-durée de vie, B = intensité de base impulsion ultrasonore destructrice, un intervalle croissant
(modèle exponentiel), équivalent à I(s) = intensité à l’état entre deux impulsions ultrasonores conduit à une augmen-
d’équilibre (modèle linéaire). La ligne en pointillé indique tation du degré de remplissage de la région par les bulles
les deux composantes (phase de destruction et phase de entre deux impulsions qui peut être détecté en tant qu’aug-
reperfusion) du modèle CODIM (54). mentation du signal. L’intervalle d’impulsion résultant peut
être évalué par un modèle exponentiel. I = intensité,
A = plateau de l’intensité l’écho, β = taux constant détermi-
nant le taux d’augmentation de l’intensité de l’écho,
t = intervalle d’impulsion.
modèle cinétique choisi ainsi que des effets 2 different techniques of data acquisition. J Ultrasound
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Échographie de contraste
en pathologie musculo-squelettique
M. Morel, N. Boutry, C. Musielak-Zanetti et A. Cotten
Par ailleurs, en pathologie musculo-squelet- génération. Plus stables, ces produits résonnent
tique, le but des examens de contraste est de sous l’effet d’ondes ultrasonores de bas index
détecter, avec le maximum de sensibilité et de mécanique (0,02 < IM < 0,2). L’imagerie conser-
précision, la présence de microvaisseaux à flux vative permet d’étudier le rehaussement des
lents. Il s’agit d’études semi-quantitatives ou structures en temps réel pendant plusieurs
quantitatives du rehaussement, à visée soit dia- minutes. Il s’agit d’une imagerie harmonique,
gnostique (présence ou non d’une hyperhémie c’est-à-dire en mode non linéaire, dont le but est
au sein des structures étudiées), soit pronostique d’augmenter le rapport du signal rétrodiffusé par
(degré d’hypervascularisation à caractère péjora- l’agent de contraste sur le signal provenant des
tif), voire dans un but de suivi thérapeutique tissus environnants (CTR : Contrast to Tissue
(diminution ou régression de l’hyperhémie). Ratio).
D’où l’intérêt des produits de contraste par rap- En résumé, en pathologie musculo-squelet-
port à l’échographie en mode Doppler énergie tique, les études de contraste avec le Levovist® ont
simple. La taille des microbulles et l’appareillage été réalisées en mode Doppler énergie conven-
sont adaptés à la mise en évidence de microvais- tionnel, et basées sur la destruction des micro-
seaux de l’ordre de 50 microns (3). Le caractère bulles (risques d’artefacts de blooming, durée
strictement intravasculaire des microbulles en limitée de l’examen). Celles effectuées avec le
fait de véritables marqueurs de la vascularisation, SonoVue® ont eu recours à une imagerie harmo-
à la différence du gadolinium en IRM qui diffuse nique à bas index mécanique, soit mono-impul-
également dans les espaces extracellulaires. sionnelle, soit multi-impulsionnelle en inversion
Cependant, la fiabilité des études échogra- de phase (peu d’artefacts de blooming, durée
phiques de contraste dépend hautement des d’examen : 5 minutes en moyenne par bolus).
réglages de l’appareil et de leur maintien à l’iden-
tique pendant l’examen. La PRF est générale-
ment choisie entre 750 et 1 000 Hz. Toutefois, de Polyarthrite rhumatoïde
ce fait, l’examen est très sensible aux artefacts de
mouvement du patient ou de l’opérateur qui doit La polyarthrite rhumatoïde est le plus fréquent
maintenir la sonde fixe pendant toute la durée de des rhumatismes inflammatoires chroniques,
l’étude sous peine de créer de faux hypersignaux avec une prévalence de 0,8 % en Europe et
non vasculaires. Le filtre est en général bas et la Amérique du Nord. Le pronostic de ce rhuma-
persistance moyenne ou basse. La faiblesse des tisme très destructeur a été bouleversé par le
flux à rechercher justifie également la quantité de développement récent de nouvelles thérapeu-
produit de contraste à injecter. tiques (anti-TNF α notamment) susceptibles de
Quelle a été l’évolution technologique ? On réduire ou de stopper le processus de destruction
peut, en réalité, distinguer deux phases : articulaire. Ces traitements sont d’autant plus
– la plupart des études avec contraste ont été efficaces qu’ils sont administrés tôt, avant que les
réalisées avec le Levovist®, produit de contraste dégâts articulaires ne soient trop avancés. Le dia-
de première génération contenant de l’air, de gnostic précoce de cette affection représente
faible stabilité. L’imagerie ultrasonore repose sur donc un enjeu essentiel pour le pronostic,
la rupture des microbulles sous l’effet d’impul- notamment fonctionnel, des patients.
sions ultrasonores d’index mécanique élevé (IM Ce rhumatisme se caractérise par une syno-
> 0,7). Ainsi, les études avec Levovist® portant vite polyarticulaire dont les sites de prédilection,
sur la vascularisation synoviale de patients au début de la maladie, sont les articulations du
atteints de polyarthrite rhumatoïde ont eu poignet, de la main et de l’avant-pied.
recours à ce mode d’imagerie intermittente Histologiquement, on observe une vasodilata-
(index mécanique non rapporté dans les articles) tion périarticulaire suivie d’une hyperplasie
en mode Doppler énergie, avec les mêmes synoviale associée à une angiogenèse (13). Le
réglages que l’examen sans contraste (4-9). Cette pannus synovial inflammatoire détruit ensuite
imagerie destructive intermittente a également l’os adjacent (érosions marginales) et le cartilage
été utilisée pour calculer la perfusion de tumeurs articulaire.
des tissus mous (10).
– les premières études avec SonoVue® ont été Mode B
récemment publiées (11, 12). Elles ont employé
de nouvelles séquences d’imagerie dédiées aux L’échographie en mode B permet d’évoquer le
produits de contraste ultrasonores de seconde diagnostic de synovite devant un épaississement
Échographie de contraste en pathologie musculo-squelettique 221
a b
c
d
Fig. 4 - Coupes longitudinales échographiques de la face dorsale de la cinquième articulation métacarpophalangienne chez
un patient présentant une polyarthrite rhumatoïde débutante modérément active cliniquement.
a) En mode B : petit épaississement synovial (flèches) et érosion de la tête du cinquième métacarpien (tête de flèche)
(M : tête métacarpienne ; P1 : phalange proximale).
b) En mode contraste avant injection de SonoVue® : notez l’aspect hypoéchogène global de l’articulation métacarpopha-
langienne.
c) En mode contraste après injection de 4,8 mL de SonoVue® : notez les deux zones de rehaussement intra-articulaires
(flèches) d’intensité comparable au rehaussement péri-articulaire, indiquant une synovite de grade 1.
d) En mode Doppler énergie après injection de SonoVue® : présence de deux hypersignaux couleur au sein de la membrane
synoviale, révélant une hyperhémie synoviale modérée. Ces hypersignaux n’étaient pas visualisés en Doppler énergie seul
avant d’injecter le SonoVue®.
après injection de Levovist®, une hyperhémie dance (11). L’échographie de contraste distin-
synoviale au niveau des MCP et IPP de guait la synovite active du groupe synovite inac-
46 patients dans 49 % des articulations jugées cli- tive/épanchement dans 110 cas sur 113 (97,3 %)
niquement inactives, 98 % des articulations contre 68 sur 113 (60,1 %) avec le Doppler éner-
jugées modérément actives et 100 % des articula- gie seul. La mesure exacte du pannus inflamma-
tions jugées actives (contre respectivement 8 %, toire, corrélée à l’agressivité de la maladie, était
52 % et 58 % en Doppler seul. Une concordance également améliorée. Notons que les résultats
de 100 % de l’échographie de contraste avec n’étaient pas comparés à l’IRM. Ainsi, d’autres
l’IRM injectée avait été rapportée (4). Puis études comparatives avec l’IRM portant sur les
d’autres articles publiés en 2003 utilisant aussi le articulations du poignet et des mains, évaluant
Levovist® sont venus tempérer ces résultats. l’intérêt du SonoVue® nécessitent d’être effec-
Certes, l’échographie de contraste détectait les tuées pour préciser les divergences de résultats et
synovites des MCP en bonne concordance avec la place de l’échographie de contraste dans l’arse-
l’IRM injectée, mais aucun gain de sensibilité par nal diagnostique.
rapport à l’étude en Doppler énergie seul n’était L’apport des microbulles de contraste
retrouvé (7). Le statut clinique des sujets, à savoir (Levovist®) dans l’évaluation de l’activité inflam-
le manque de synovites modérées dont l’intensité matoire de la polyarthrite rhumatoïde et de l’ef-
du signal Doppler, pourrait croître de façon ficacité thérapeutique de l’injection intra-articu-
significative grâce au Levovist®, serait une expli- laire de corticoïdes a été rapporté au genou (9),
cation de ce demi-échec. Dans une autre étude, le mais d’autres études longitudinales doivent
gain de sensibilité à l’épaule par rapport au suivre pour évaluer la place des PDCUS dans le
Doppler énergie seul était également faible, pas- suivi thérapeutique.
sant de 33 % à 50 % de synovites (8). La dernière Notons enfin que la présence d’hypersignaux
étude multicentrique publiée, utilisant cette fois couleur a récemment été rapportée dans la syno-
le SonoVue® et les outils d’imagerie dédiés au viale de sujets témoins aux MCP en échographie
contraste, semble à nouveau renverser la ten- Doppler couleur et de contraste (18 % des arti-
224 Échographie de contraste
culations avant contraste ; 53 % après injection vial irrégulier associé ou non à un épanchement
de Levovist®, 51 % après injection de articulaire. Le mode Doppler recherche des
SonoVue®) (27). Aucune vascularisation n’avait hypersignaux de couleur dans la synoviale
jusqu’à présent été détectée dans la synoviale de inflammatoire.
sujets sains après contraste (6, 7, 8). Cette détec- Doria et al. ont étudié 31 genoux chez
tion des microvaisseaux synoviaux pourrait s’ex- 22 patients répartis en trois groupes selon l’acti-
pliquer par les progrès technologiques des vité clinique de la maladie (active/quiescente
machines (23). Si de tels résultats devaient se mais biologiquement présente/en rémission) et
confirmer, la quantification objective du signal 10 genoux de sujets témoins avant et après injec-
ultrasonore (courbes intensité/temps, pourcen- tion de Levovist®. Le recours aux produits de
tage de rehaussement au pic…) et la détermina- contraste augmentait de façon significative la
tion de valeurs seuils pathologiques devien- sensibilité de l’examen chez les patients, et per-
draient vraiment incontournables pour établir le mettait de détecter les patients asymptomatiques
diagnostic de synovite active. présentant une affection biologiquement active
(second groupe) pouvant ainsi bénéficier de l’in-
troduction rapide d’une thérapeutique (29).
Arthrite septique Cependant, il n’y a pas, pour le moment en
France, d’AMM pour les produits de contraste en
L’échographie conventionnelle retrouve de façon pédiatrie.
non spécifique un épanchement intra-articulaire
et une synovite. Une étude récente sur des lapins
soulignait le manque de sensibilité du Doppler Syndrome RS3PE
couleur pour détecter l’hyperhémie syno-
viale (28). Le Doppler énergie montrait par Le syndrome RS3PE (Remitting Seronegative
contre précocement une hyperhémie synoviale Symmetrical Synovitis with Pitting Edema) se tra-
avant l’apparition de signes cliniques, en corréla- duit, chez des sujets de plus de 50 ans, par un
tion avec les premières modifications histolo- œdème du dos des mains, une polyarthrite non
giques (infiltration de cellules inflammatoires). érosive de déclenchement brutal (MCP, IPP, poi-
Les auteurs soulignaient toutefois la difficulté du gnets) et une ténosynovite sévère des tendons des
Doppler énergie à distinguer spécifiquement le muscles extenseurs et fléchisseurs.
mode de rehaussement synovial dans l’arthrite L’apport des différentes modalités échogra-
septique par rapport à une arthrite induite de phiques a fait l’objet d’une publication
façon chimique. récente (30) portant sur 8 sujets : l’échographie
Il semblerait, a contrario, que le recours aux montrait, surtout à la face dorsale des mains, une
produits de contraste ultrasonores (Levovist®) dilatation des lymphatiques sous la forme de
permette d’obtenir une cinétique de rehausse- structures tubulées hypoéchogènes sous-cuta-
ment différente entre ces deux types d’arthrite, nées, de trajet tantôt parallèle ou perpendiculaire
avec un rehaussement rapide et très intense en à la surface cutanée, non compressibles, sans
cas d’arthrite septique et un rehaussement plus signal au Doppler couleur ou énergie. Il s’y asso-
modéré et plus tardif en cas d’arthrite chi- ciait un épaississement des tissus sous-cutanés
mique (28). Cette différence de cinétique pour- volontiers hypervascularisés au Doppler, des
rait peut-être trouver une application clinique ténosynovites, un épanchement articulaire et des
dans la différenciation arthrite septique versus synovites aux MCP et IPP. Une hypervascularisa-
synovite aiguë transitoire en pédiatrie, et ainsi tion intra-articulaire était constatée au Doppler
éviter une ponction articulaire, à condition tou- couleur dans seulement 9 % des articulations.
tefois que l’usage des produits de contraste ultra- L’échographie de contraste (Levovist®) apportait
sonores soit étendu à la population pédiatrique. un gain diagnostique significatif par rapport au
Doppler seul puisque ses résultats étaient mieux
corrélés à l’IRM, selon le gold standard de
Arthrite juvénile idiopathique l’étude (30). Elle permettait de mieux différen-
cier épanchement articulaire et synovite, et
Ce rhumatisme inflammatoire débute avant l’âge objectivait plus de synovites (23 % contre 9 % en
de 16 ans et comporte une synovite hypervascu- Doppler couleur) et de ténosynovites (73 %
larisée évoluant secondairement vers la fibrose. contre 31 % en Doppler couleur). Une hypervas-
En mode B, on observe un épaississement syno- cularisation des tissus sous-cutanés était retrou-
Échographie de contraste en pathologie musculo-squelettique 225
Spondylarthropathies séronégatives
Les spondylarthropathies séronégatives consti-
tuent l’autre pendant des rhumatismes inflam-
matoires chroniques. L’enthèse, site d’insertion à
l’os des tendons, ligaments et fascias, constitue la
cible privilégiée de l’inflammation, mais la syno-
viale est également affectée. Comme pour la
polyarthrite rhumatoïde, le diagnostic précoce Fig 5 - Coupe longitudinale échographique en mode
de ce rhumatisme constitue un enjeu majeur, car Doppler énergie de l’enthèse proximale du tendon patellaire
permettant l’introduction de thérapeutiques spé- chez un patient présentant un rhumatisme psoriasique.
cifiques efficaces stoppant ou limitant l’évolution Épaississement de l’enthèse, micro-érosions osseuses (tête
de cette pathologie invalidante chez de jeunes de flèche) à l’insertion du tendon patellaire sur la
sujets. Les enthèses les plus souvent affectées sont patella (P). Le mode Doppler énergie révèle une hyperhémie
le tendon calcanéen, l’aponévrose plantaire et le dans l’enthèse, la graisse de Hoffa et surtout à la jonction
enthèse/os (flèche), signe plus spécifique d’une enthésopa-
tendon patellaire (insertion proximale), suivis
thie inflammatoire.
des tendons quadricipital, tibial antérieur, et épi-
condyliens médiaux et latéraux (31).
En mode B, l’enthésite inflammatoire se tra-
duit par l’épaississement de l’enthèse et la perte des enthèses. Comme pour la polyarthrite rhu-
de son échostructure fibrillaire homogène, par- matoïde, une injection en bolus d’agent de
fois en association avec des érosions ou construc- contraste par enthèse paraît nécessaire pour opti-
tions osseuses de l’os en regard. Cette technique miser la concentration locale de microbulles.
peut également permettre d’objectiver une téno- Chez des sujets sains, l’échographie de contraste
synovite ou une synovite. Le mode Doppler éner- après injection de SonoVue® permet de visualiser
gie en améliore les performances, en objectivant des artérioles présentes dans l’environnement
l’hyperhémie au sein des enthèses pathologiques, proche des enthèses (branches vasculaires venant
notamment à la jonction enthèse/os corti- contre la face antérieure du tendon calcanéen,
cal (31) (fig. 5). Des hypersignaux vasculaires branches inférieures de l’artère plantaire latérale
peuvent également être retrouvés, moins fré- situées à la face profonde du fascia plantaire),
quemment, au niveau de bourses périenthé- mais aucune structure vasculaire n’a été observée
siques (31). Cette technique est plus sensible que au sein même de ces enthèses chez les sujets
l’examen clinique pour la mise en évidence des sains (33).
enthésites inflammatoires. Elle détecte également L’étude préalable en mode B permettrait de
plus précocement que les examens cliniques et sélectionner les enthèses à étudier en mode
biologiques une reprise évolutive de l’inflamma- contraste (celles les plus pathologiques sur le
tion après arrêt du traitement. Elle permet d’éva- plan morphologique). En cas d’enthésites multi-
luer de façon semi-quantitative le degré d’in- focales, les enthèses calcanéennes demeurent les
flammation et peut être utilisée comme outil sites à étudier, car les plus fréquemment atteintes
d’évaluation de l’efficacité thérapeutique des au cours des spondylarthropathies séronégatives
anti-TNFα (32). Aucune hypervascularisation (fig. 6 ).
n’a été notée chez des sujets sains au niveau des
deux sites de prédilection d’enthésite, à savoir le
tendon calcanéen et le fascia plantaire.
Dermatopolymyosites
Aucun travail n’a jusqu’ici été publié sur l’in-
térêt diagnostique des produits de contraste Au cours de la dermatomyosite et de la polymyo-
ultrasonores dans la détection de l’hyperhémie site, les muscles font l’objet d’une atteinte inflam-
226 Échographie de contraste
c d
Fig 6 - Coupes longitudinales échographiques de l’enthèse du tendon calcanéen (TC) (C : calcanéus ; K : graisse de Kager)
chez une patiente présentant une spondylarthrite ankylosante.
a) En mode B, épaississement hypoéchogène de l’enthèse du tendon calcanéen avec enthésophyte (tête de flèche).
b) Le mode Doppler énergie ne révèle pas d’hyperhémie au sein de l’enthèse du tendon calcanéen.
c) En mode contraste avant injection de SonoVue® : aspect hypoéchogène global de l’enthèse calcanéenne.
d) En mode contraste après injection de SonoVue® : mise en évidence de deux spots hyperéchogènes à la face ventrale de
l’enthèse calcanéenne (flèches), traduisant le caractère actif de l’enthésite (hypervascularisation non détectable avant
SonoVue®).
matoire avec infiltration lymphocytaire et macro- musculaire significative a été observée, et une
phagique, œdème musculaire et accroissement de évaluation semi-quantitative suivant un score de
la microcirculation. Il existe à notre connaissance 4 points a été proposée (34).
très peu de travaux échographiques portant sur ce La perfusion musculaire a récemment fait l’ob-
groupe d’affections musculaires inflammatoires. jet d’une étude préliminaire quantitative avec
En mode B, en phase aiguë, le muscle apparaît contraste dont les résultats sont encoura-
hypertrophié et d’échostructure inversée : ainsi, geants (35). Il s’agissait d’une étude quantitative de
les fibres musculaires sont hyperéchogènes, alors la perfusion du muscle biceps brachial de sujets
que les septa conjonctifs sont hypoéchogènes. suspects de dermatopolymyosite. Après injection
L’atteinte chronique s’accompagne d’une atro- de Levovist®, un pulse à haut index mécanique
phie musculaire et d’une dégénérescence grais- provoquait la destruction des microbulles. Les
seuse hyperéchogène avec diminution de la paramètres quantitatifs de remplissage des micro-
visualisation des cloisons aponévrotiques. En vaisseaux dans la zone d’intérêt permettaient de
mode Doppler énergie, une hypervascularisation caractériser la perfusion tissulaire musculaire. Le
Échographie de contraste en pathologie musculo-squelettique 227
flux sanguin, le volume sanguin et la vitesse du flux traiter des sarcomes des tissus mous) en réalisant
étaient significativement plus élevés chez les sujets une échographie avec SonoVue® avant la perfu-
présentant à la biopsie musculaire une atteinte sion, répétée régulièrement après traitement. La
inflammatoire que chez les volontaires et patients bonne réponse au traitement était définie par
indemnes de myosites. Selon cet article, l’échogra- une diminution de la prise de contraste d’au
phie de contraste en mode destructif intermittent moins 50 % à 24 heures (3).
démontre avec sensibilité l’élévation de la perfu- En ce qui concerne les malformations vascu-
sion tissulaire. Le suivi échographique après traite- laires, l’échographie de contraste semble révéler
ment de 5 sujets atteints de dermatopolymyosite les flux lents avec plus de sensibilité. Elle permet
montre à deux et quatre mois une diminution des ainsi la différenciation entre une malformation
paramètres quantitatifs de perfusion, en accord veineuse à flux non détectable par le Doppler
avec l’évolution clinique et biologique. conventionnel et un lymphangiome kystique
dépourvu de flux circulant (39).
Enfin, on signalera que le mode de rehausse-
Tumeurs des tissus mous ment des ganglions superficiels en échographie
de contraste permettrait de mieux différencier les
L’analyse par échographie Doppler des caracté- ganglions bénins des ganglions malins (40).
ristiques vasculaires d’une tuméfaction des tissus Dans une étude sur 45 patients, les sensibilité,
mous nécessite un équipement de qualité et des spécificité et précision diagnostique passaient
réglages optimisés pour la détection de petits respectivement de 76 %, 80 %, 78 % en mode
vaisseaux et de flux lents. Les informations à pré- conventionnel à 93 %, 92 %, et 92,8 % après
ciser sont l’existence et l’intensité de la vasculari- étude de contraste en mode continu avec agent
sation tumorale, le nombre et la topographie des de seconde génération.
pédicules vasculaires. La connaissance de l’archi-
tecture vasculaire tumorale (occlusions, sténoses,
shunts, trifurcations, boucles fermées, motif vas- Conclusion
culaire anarchique…) et de l’environnement
périlésionnel (infiltration œdémato-hémorra- Les applications potentielles de l’échographie de
gique) apporte des arguments sur la nature de la contraste en pathologie musculo-squelettique
tumeur (36). En Doppler pulsé, un index de sont nombreuses. Déjà, elle donne des résultats
résistance bas lié à l’existence de shunts vascu- prometteurs pour la mise en évidence des syno-
laires est plutôt retrouvé au sein des tumeurs vites, élément clé de la pathologie rhumatismale
malignes, mais sans aucune spécificité. Belli et al. inflammatoire. D’autres études devraient suivre
ont montré que l’adjonction du mode Doppler et conduire au développement de l’échographie
(couleur et pulsé) au mode B constituait un outil de contraste en ostéo-articulaire.
d’évaluation fiable des tumeurs des parties
molles des membres inférieurs ; dans cette étude,
la précision diagnostique (bénin versus malin) Références
passait de 57 % avec le mode B seul, à 91 % en
associant les modalités (37). 1. Klauser AS (2005) Value of contrast-enhanced ultra-
L’injection de produit de contraste ultraso- sound in rheumatic disease. Eur Radiol Suppl 15
nore permet de mieux apprécier la néovasculari- (Suppl 5): E117-E122
sation tumorale très précocement. La perfusion 2. Cosgrove D (2004) Editorial. Eur Radiol Suppl
tumorale peut être évaluée quantitativement. En 14(Suppl 8): P1-P3
effet, le caractère strictement intravasculaire de 3. Lassau N, Lamuraglia M, Leclère J, Rouffiac V (2004)
l’agent de contraste permet de tracer des courbes Évaluation fonctionnelle et précoce des traitements en
de remplissage (« wash-in ») et d’élimination cancérologie : intérêt des produits de contraste ultraso-
(« wash-out ») des microbulles (38). Quatre pro- nores. J Radiol 85: 704-12
fils de perfusion tumorale ont été individualisés à 4. Magarelli N, Guglielmi G, Matteo LD et al. (2001)
partir de 80 tumeurs des parties molles des Diagnostic utility of an echo-contrast agent in patients
membres inférieurs, plutôt associés à la bénignité with synovitis using power Doppler ultrasound: a preli-
ou à la malignité (10). Le centre anticancéreux minary study with comparison to contrast-enhanced
Gustave-Roussy a rapporté l’efficacité thérapeu- MRI. Eur Radiol 11: 1039-46
tique de la perfusion isolée de membre inférieur 5. Carotti M, Salaffi F, Manganelli P et al. (2002) Power
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Imagerie des affections rénales
J.-M. Correas et O. Hélénon
L’échographie-Doppler est devenue la méthode pour les applications cliniques, et parfois en per-
d’imagerie de première intention pour la plupart fusion lente à la seringue électrique pour dimi-
des affections rénales. L’imagerie en échelle de gris nuer les artefacts en mode Doppler ou pour les
s’est améliorée avec le développement de l’image- études fonctionnelles. Ils augmentent l’intensité
rie harmonique tissulaire. Les modes Doppler ont du signal ultrasonore rétrodiffusé et améliorent
bénéficié d’améliorations technologiques portant ainsi le codage du signal Doppler quelle que soit
sur la sensibilité, la résolution spatiale et la cadence la modalité utilisée (continu, pulsé, couleur, puis-
image. Cependant, l’échographie-Doppler se sance…). Ils modifient aussi l’échostructure du
heurte toujours à certaines limitations portant, en parenchyme en mode bidimensionnel avec les
mode B sur la visualisation de petites lésions dont modalités spécifiques détectant la résonance des
la rétrodiffusion n’est pas différente du paren- microbulles. Typiquement, les microbulles ou
chyme sain, et en mode Doppler sur l’étude des microsphères ne sont phagocytées par aucune
flux lents. Les produits de contraste ultrasonores cellule rénale, et transitent simplement par le sys-
(PCUS) pourraient repousser significativement tème vasculaire, contrairement au parenchyme
ces deux limites et permettre de développer une hépatique ou splénique, où certains agents
approche quantitative et fonctionnelle de l’étude comme le Sonazoid® (NC100100, Amersham,
des flux rénaux. Ce concept, introduit en 1968, est Oslo, Norvège) ou le Sonavist® (SHU 563A,
devenu mature et plusieurs agents sont aujour- Schering SA, Berlin, Allemagne) sont phagocytés
d’hui disponibles en pratique clinique. L’efficacité par les cellules du système des phagocytes mono-
et la tolérance des PCUS ont été considérablement nucléés. Il n’existe pas non plus de phase de
améliorées avec l’introduction des microbulles sta- rehaussement tardif par accumulation rénale des
bilisées. Simultanément, de nouvelles méthodes de microbulles, comme cela a été rapporté pour le
traitement du signal ont été développées pour tirer Levovist® (SHU 548 A, Schering AG, Berlin,
partie des propriétés spécifiques de résonance des Allemagne) dans les capillaires sinusoïdes hépa-
microbulles. Elles ont permis d’introduire le tiques. Les microbulles demeurent strictement
concept de « séquence d’imagerie ultrasonore », dans le compartiment vasculaire et ne passent ni
dans une approche similaire à celle de l’imagerie dans l’urine ni dans les liquides interstitiels. Le
par résonance magnétique (IRM). gaz qui compose ces microbulles est éliminé par
le poumon à travers la barrière alvéolo-capillaire
alors que les éléments stabilisants (coques, sur-
Spécificités des produits de contraste factants) sont éliminés par le foie et le rein.
appliqués à l’étude
de la pathologie rénale Les différents agents de contraste
Le Levovist® est le premier agent qui a été dispo-
Cinétique des PCUS nible en Europe avec une autorisation de mise
Les PCUS actuellement développés sont compo- sur le marché (AMM) recouvrant l’étude de la
sés de microbulles stabilisées. Ils sont injectables pathologie rénale. Si les premières applications
par voie intraveineuse, le plus souvent en bolus concernaient essentiellement le rehaussement du
232 Échographie de contraste
signal Doppler (fig. 1 et 2), le rehaussement en microbulles de Levovist® est obtenue pour des
mode bidimensionnel en échelle de gris du pressions acoustiques proches du seuil de des-
parenchyme rénal est devenu possible avec l’ap- truction. Aujourd’hui, cet agent est peu utilisé
parition des nouvelles séquences d’imagerie non pour les applications rénales car il n’autorise pas
linéaires (fig. 3). Cependant, la résonance des une imagerie en temps réel.
A B
Fig. 1 - Artefacts en analyse Dop-pler spectral de l’enregistrement d’une artère rénale normale.
A) Enregistrement continu de l’artère rénale droite en mode Doppler pulsé. À l’arrivée des microbulles, l’intensité du signal
augmente. La détermination du pic de vitesse maximale dépend de l’intensité spectrale. La vitesse maximale augmente appa-
remment en raison de la détection des vitesses les plus élevées.
B) Après injection intraveineuse d’un produit de contraste, l’analyse spectrale du signal Doppler met en évidence des hyper-
signaux qui traversent l’ensemble du spectre et altèrent l’enveloppe du signal, qui demeure cependant interprétable.
A B
Les agents dont les microbulles contiennent parenchyme lui-même n’a pas été retenue, vrai-
pour gaz un perfluorocarbone offrent l’avantage semblablement parce que les séquences d’image-
de présenter une résonance pour des puissances rie spécifiques n’étaient pas disponibles lors du
acoustiques très faibles. Le SonoVue® (BR1, développement du produit. Cependant et dans
Bracco, Milan, Italie) est un agent de contraste notre expérience portant sur plusieurs études de
contenant des microbulles d’hexafluorure de phase III, l’injection de SonoVue® est très effi-
soufre stabilisées par différents agents surfac- cace pour analyser le parenchyme rénal normal,
tants (polyéthylène glycol, phospholipides, acide ischémique ou tumoral (fig. 5). La dose retenue
palmitique) (1). Les microbulles sont obtenues pour les applications radiologiques est de 2,4
après reconstitution du lyophilisat à l’aide de mL, et peut être répétée une fois.
5 mL de sérum physiologique. Elles sont stables L’Optison® (FSO 69, Molecular Biosystems
plusieurs heures dans le flacon de préparation. Inc., USA, et Mallinckrodt, Allemagne) est obtenu
Le SonoVue® a obtenu une AMM en radiologie par sonification d’albumine humaine et d’octa-
pour l’étude des anomalies de la micro- et fluoropropane. La dose injectée varie de 0,5 à
macrocirculation, comprenant entre autres 3 mL. Ce produit a obtenu récemment l’AMM
l’étude des vaisseaux périphériques (fig. 2) et la pour l’opacification de la chambre ventriculaire,
vascularisation des tumeurs du sein ou du foie. et son efficacité pour l’étude du rehaussement du
Si le rehaussement de l’artère rénale fait partie parenchyme rénal normal et tumoral, évaluée au
des indications reconnues (fig. 4), l’étude du cours d’essais clinique, paraît prometteuse.
A B
Fig. 3 - Étude en inversion de phase à puissance acoustique élevée (IM = 0,8) d’un rein transplanté après injection de
Levovist® en bolus. Artefact lié à la position de la zone focale.
A) La zone focale (flèche blanche) est positionnée en regard de la partie profonde du rein. Le rehaussement du rein super-
ficiel est insuffisant et prend un aspect en bande parallèle à la surface du transducteur.
B) La zone focale (flèche) est alors déplacée au niveau de la partie superficielle du greffon, qui ne paraît plus hypoperfusé.
C’est alors le cortex profond qui n’est plus rehaussé de façon suffisante. Cet artefact est dû à une réponse acoustique plus
importante des microbulles en regard de la zone focale, où l’énergie acoustique est plus importante.
A B
A B
C D
13,5
14,9
16,3
17,7
19,2
20,6
22
23,4
24,8
26,3
27,7
29,1
30,5
32
33,4
34,8
36,2
37,6
39,1
40,5
41,9
43,3
44,7
46,2
47,6
49
50,4
51,8
53,3
54,7
Le Definity® (Luminity® pour l’Europe, teur. Après reconstitution, il peut être stocké à
Bristol-Myers Squibb, North Billerica, MA, USA) température ambiante pendant douze heures. La
est une suspension de microbulles de perfluoro- dose recommandée est de 10 µL/kg de masse cor-
propane encapsulées à l’aide de phospholipides. porelle. Le produit doit être administré par voie
Le produit doit être activé à l’aide d’un agitateur intraveineuse lente sur une durée de trente à
mécanique spécifique et conservé au réfrigéra- soixantes secondes et suivi d’un bolus de sérum
Imagerie des affections rénales 235
physiologique. Une seconde dose de 10 µL/kg La première est l’absence d’accumulation des
peut être injectée cinq minutes après la première microbulles au sein du parenchyme rénal, la
injection. Definity® peut aussi être dilué à la dose seconde est l’absence d’un second système de
de 1,3 mL dans un flacon de 50 mL de sérum phy- vascularisation de type portal (même s’il existe
siologique, et injecté à un débit de 4 mL/min. Le une circulation admirable entre les capillaires
débit est ensuite adapté au rehaussement et peut issus de la capsule de Bowman et les capillaires
être augmenté à 10 mL/min. Les microbulles de qui longent le tube contourné distal), et la troi-
Definity® possèdent une réponse non linéaire sième est l’exposition d’une grande partie de
importante à puissance acoustique basse, permet- l’arbre dichotomique vasculaire artériel et vei-
tant de réaliser une imagerie continue à bas index neux dans le plan de l’image. Si l’examen est réa-
mécanique. Au Canada, ce produit possède une lisé à puissance acoustique intermédiaire ou éle-
AMM qui comprend les applications radiolo- vée, il faut donc diminuer la cadence d’émission
giques et notamment l’imagerie du rein. des impulsions pour apprécier le rehaussement
Les PCUS présentent une très bonne tolé- du parenchyme rénal (imagerie dite « intermit-
rance générale, et aucune toxicité rénale à bas tente »). Lorsque la résonance des microbulles est
index mécanique n’a été rapportée jusqu’à pré- obtenue à bas index mécanique comme pour les
sent. Cependant, une vigilance reste indispen- agents à base d’un gaz perfluorocarboné, la des-
sable à la recherche d’effets secondaires comme truction des microbulles est limitée et le rein
pour tous les nouveaux agents. peut être balayé en temps réel et dans tous les
plans pendant plusieurs minutes (2). Selon les
Les séquences d’imagerie spécifiques constructeurs, ces séquences prennent des noms
différents : « imagerie en inversion de phase ou
Les séquences d’imagerie ultrasonores utilisées d’impulsion », « imagerie en soustraction d’im-
pour l’imagerie du rein ne sont pas différentes de pulsion », « imagerie en cohérence de phase »…
celles utilisées pour l’étude du parenchyme hépa- La combinaison de plus de deux impulsions per-
tique. Toutefois, il existe trois particularités met un codage additionnel de l’information
essentielles qui découlent de la pharmacociné- appelé Doppler de puissance en inversion de
tique des PCUS, différente entre le foie et le rein. phase ou Power Pulse Inversion (ATL-Philips US).
AA BB C
C D
Fig. 6 - Détection de la prise de contraste médullaire chez un rein transplanté normal en mode « MicroVascular Imaging »
(Philips US, USA).
A) Quelques microbulles atteignent le cortex après avoir opacifié les artères interlobaires. La médullaire n’est pas rehaussée (étoile).
B et C) dix et trente secondes plus tard, l’accumulation du signal provenant de toutes les microbulles ayant transité dans le
plan de l’image permet de détecter la vascularisation de la médullaire (étoiles).
236 Échographie de contraste
A B
C D
Fig. 7 - Examen Doppler pratiqué pour la détection d’une sténose de l’artère rénale chez un homme de 56 ans.
A) L’étude de l’artère rénale droite tronculaire est satisfaisante et permet d’exclure une sténose significative.
B) Cependant, sur un plan de coupe différent, il existe quelques anomalies du codage Doppler couleur sur une branche pré-
pyélique de l’artère rénale (flèche).
C et D) Après injection lente de Levovist® et malgré les artefacts de saturation du signal Doppler couleur (« blooming »), il
existe bien des altérations du codage Doppler couleur compatible avec une sténose (C, flèche). L’enregistrement spectral à
ce niveau confirme la présence d’une sténose significative de la branche pré-pyélique de l’artère rénale (D).
Les premiers résultats obtenus permettent et d’une pseudo-accélération des vitesses maxi-
d’espérer une réduction sensible du taux d’échec males pouvant entraîner des faux positifs. Par
lié aux conditions anatomiques difficiles. Ainsi, le ailleurs, les PCUS améliorent aussi la détection
taux d’échec du Doppler diminue de 20 à 9 % et des anomalies de la paroi des artères rénales et la
la durée d’examen de vingt-cinq à quatorze caractérisation des lésions, en particulier pour le
minutes après injection de Levovist® (6). Les diagnostic de fibrodysplasie.
résultats de l’étude multicentrique européenne Dans notre pratique, l’amélioration de la sen-
confirment la réduction de la fréquence des sibilité des systèmes ultrasonores a considérable-
échecs du Doppler qui passe de 36,1 à 16,2 %. ment réduit le taux d’échec. L’échographie de
Cependant, cette dernière étude ne retrouvait pas contraste occupe aujourd’hui une place plus
d’amélioration significative de la sensibilité et de réduite dans cette indication. En revanche, l’éva-
la spécificité (7). L’inconvénient de l’enregistre- luation fonctionnelle du retentissement de la
ment des artères rénales en Doppler pulsé après sténose de l’artère rénale pourrait constituer une
injection d’un PCUS est la présence d’artefacts indication future avec la progression des logiciels
de codage responsables de la dispersion spectrale de quantification du signal.
238 Échographie de contraste
D E F
Fig. 8 - Occlusion de l’artère rénale chez un patient de 43 ans présentant une hypertension sévère. Deux examens Doppler
des artères rénales ont déjà été réalisés et n’avaient pas mis en évidence de sténose significative.
A) Sur une coupe transversale passant par l’aorte, la partie proximale de l’artère rénale gauche n’a jamais été correctement
enregistrée (flèche).
B et C) Des spectres Doppler normaux sont facilement enregistrés sur les artères interlobaires du pôle inférieur et au tiers
moyen (fig. 11B). L’enregistrement des artères interlobaires est difficile au pôle supérieur. On obtient essentiellement une
démodulation marquée en « tardus-parvus ». La normalité des examens Doppler précédents peut s’expliquer par la présence
vraisemblable de deux artères rénales.
D et E) Après injection, une petite saillie est visualisée en lieu et place de l’ostium de l’artère rénale gauche (flèche). La visua-
lisation et l’enregistrement du segment juxta-ostial de l’artère rénale gauche sont impossibles. Par ailleurs, l’injection du pro-
duit de contraste permet la détection d’une artère accessoire beaucoup plus bas située (E).
F) L’artériographie confirme la présence d’une occlusion de l’artère rénale gauche principale et d’une artère accessoire vas-
cularisant le pôle inférieur. Notez l’importance de l’athéromatose aortique chez cet homme de 43 ans.
Imagerie des affections rénales 239
Fig. 10 - Thrombose de la
A B veine rénale chez un
patient récemment trans-
planté.
A) En mode Doppler
couleur, la veine rénale
ne contient pas de signal
malgré un réglage des
paramètres Doppler
adapté à la détection des
flux lents (flèche).
C D E B) L’analyse spectrale
effectuée sur l’artère
rénale tronculaire distale
met en évidence une élé-
vation nette des résis-
tances, sans reflux diasto-
lique. Cet aspect n’est pas
évocateur de thrombose
de la veine rénale.
C et D) Après injection de SonoVue® et en mode VRI, il existe un infarctus polaire supérieur non visualisé en mode Doppler
couleur (defect de perfusion). La lumière de la veine rénale n’est pas rehaussée et les parois veineuses sont épaissies et pren-
nent fortement le contraste. Le diagnostic de thrombose de la veine rénale sera confirmé par la phlébographie et l’analyse
du greffon explanté quarante-huit heures plus tard.
E) L’angio-IRM montre une fistule artério-veineuse avec un problème du montage veineux détecté par une image d’arrêt du
retour veineux et l’absence d’opacification de la veine iliaque primitive en aval de l’anatomose de la veine du greffon. Il
n’existait pas au moment de l’angio-IRM réalisée trois jours avant l’échographie de contraste de thrombose de la veine rénale
ou d’infarctus rénal.
La thrombose de la veine rénale Doppler des veines rénales après une injection
La thrombose des veines rénales peut être primi- intraveineuse périphérique. Dans les cas diffi-
tive (thrombose cruorique) et compliquer un ciles, ils améliorent le repérage des veines ainsi
syndrome néphrotique ou un trouble de l’hémo- que l’enregistrement de leur flux (fig. 10). Il faut
stase, ou secondaire à l’extension d’un cancer cependant se méfier des artefacts de déborde-
rénal ou surrénalien. La thrombose primitive des ment de la couleur autour du flux circulant
veines rénales est de diagnostic difficile en écho- (« blooming »), qui, dans les cas de thrombose
graphie-Doppler. C’est pourtant un examen de partielle, peuvent venir masquer le thrombus. En
choix dans le contexte de l’urgence, ou du fait de cas d’envahissement de la veine rénale, on peut
la disponibilité ou de la mobilité des machines. détecter un signal Doppler de type artériel au
Les PCUS rehaussent l’intensité du signal sein du thrombus malin après injection de PCUS.
240 Échographie de contraste
A B
C D
Fig. 11 - Ischémie du rein transplanté par nécrose tubulaire aiguë. L’examen est réalisé pour une anurie persistante sept jours
après la transplantation.
A) En mode Doppler couleur et pulsé, la vascularisation corticale est pauvre et il existe une élévation importante des résis-
tances artérielles intrarénales, sans reflux diastolique.
B et C) L’examen de contraste est réalisé en VRI avant (B) et après injection (C) de 2,4 mL de SonoVue®. Le rehaussement
de l’ensemble du cortex rénal est homogène en phase artérielle permettant d’exclure un infarctus ou une nécrose corticale.
La médullaire se rehausse de façon plus tardive.
D) L’IRM confirme l’absence de nécrose et d’infarctus. La fonction rénale commencera à se normaliser dix-huit jours après
transplantation.
Imagerie des affections rénales 241
A B
C D
Les fistules et malformations artério-veineuses tumeurs du rein. L’examen Doppler est utile
Les fistules artério-veineuses sont le plus souvent pour le diagnostic d’une pseudo-masse comme
la conséquence d’une lésion d’un vaisseau corti- une hypertrophie d’une colonne de Bertin ou
cal et surviennent après une biopsie rénale ou l’identification de vaisseaux au sein des cloisons
une intervention percutanée (néphrostomie per- d’une masse kystique. L’absence de critères
cutanée, néphrolithotomie). Elles sont en général Doppler permettant de différencier les masses
bien visibles en Doppler couleur. Dans cette indi- bénignes et malignes explique l’intérêt limité du
cation, les PCUS ont un intérêt limité. Doppler (8).
Les malformations artério-veineuses congéni- Après injection de PCUS, l’étude du paren-
tales sont très rares et peuvent avoir une traduc- chyme rénal normal, de ses variantes ou des
tion similaire aux fistules artério-veineuses en masses rénales peut s’effectuer en mode Doppler
imagerie Doppler couleur. L’artefact péri- ou en mode non linéaire. Les premières études
vasculaire peut être isolé ou associé à la présence effectuées avec Levovist® en mode Doppler cou-
de véritables poches anévrismales circulantes leur ont montré l’amélioration de la détection de
sinusales. La principale source d’échec diagnos-
la vascularisation tumorale (9). Cette améliora-
tique est représentée par les examens de réalisa-
tion pourrait avoir un impact diagnostique
tion difficile sur des reins en situation profonde.
significatif pour les kystes et masses kystiques
L’injection d’un PCUS augmente la visibilité des
artefacts périvasculaires, ce qui présente un intérêt atypiques (10). L’imagerie non linéaire présente
particulier dans les malformations à flux lent ou comme avantage majeur une excellente résolu-
en position profonde. Les turbulences visibles sur tion spatiale par rapport au mode Doppler cou-
l’artère afférente sont mieux détectées. Après leur ou puissance, en raison des artefacts de
embolisation, l’échographie-Doppler de contraste « blooming ». Dans notre expérience, elle amé-
est utile pour vérifier la disparition de tout artefact liore la visualisation des kystes typiques par un
périvasculaire et évaluer les dégâts ischémiques du rehaussement considérable du parenchyme rénal
cortex. normal qui les entoure. Les petits kystes typiques
de moins de 5 mm sont facilement détectés et
Les faux anévrismes correctement caractérisés.
Ils compliquent le plus souvent un traumatisme L’identification d’une tumeur rénale au sein
vasculaire après une procédure endo-urologique du cortex qui l’entoure dépend de deux para-
percutanée. Le Doppler couleur est la technique mètres, le débit et le volume sanguin local
de choix pour le diagnostic initial et représente (fig. 13 et 14). Typiquement, la tumeur se
un moyen simple et efficace pour la surveillance rehausse de façon moins intense et surtout
après embolisation. L’artère qui alimente la moins homogène que le cortex normal, avec un
poche néoformée présente un flux caractéris- retard parfois minime s’il s’agit d’une lésion très
tique en va-et-vient. vascularisée. Après l’injection, il est nécessaire de
L’injection d’un PCUS augmente l’intensité balayer continuellement le rein jusqu’à élimina-
du signal Doppler couleur au sein du faux ané- tion de l’agent car il est difficile de prévoir à quel
vrisme, surtout s’il existe un doute avec une for-
moment le contraste entre la lésion et le paren-
mation kystique intra-parenchymateuse ou
chyme sera maximal (fig. 13). Dans notre expé-
para-pyélique profonde. Elle peut permettre de
mieux identifier et enregistrer le pédicule artériel rience, la phase artérielle permet le plus souvent
nourricier. Surtout, elle va rechercher un saigne- la meilleure détection de la lésion, alors que son
ment péri-rénal associé. Dans la graisse péri- rehaussement est volontiers un peu plus tar-
rénale, les microbulles fournissent un signal dif (11). Les tumeurs bénignes (angiomyoli-
intense secondaire au phénomène de résonance. pomes, hamartomes) ne présentent pas de
L’extravasation de ces microbulles est donc facile caractéristique de rehaussement particulière
à détecter même pour de très faibles saigne- permettant de les distinguer des tumeurs
ments. malignes (fig. 15). La visualisation des lésions
tumorales solides et de leur contingent nécro-
tique est améliorée par l’injection des PCUS
Les tumeurs du rein (fig. 16). L’échographie de contraste apparaît
comme une méthode de choix pour la caractéri-
L’échographie abdominale représente aujour- sation des masses kystiques indéterminées
d’hui la première circonstance de découverte des (fig. 17 et 18).
Imagerie des affections rénales 243
A B C
D E F
E 20
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Time (sec)
C D
F
G H
Fig. 14 - Diagnostic d’une masse
rénale solide chez un patient porteur
de la maladie de von Hippel Lindau.
Bilan avant traitement par radiofré-
quence.
A et B) L’étude en mode Doppler
« Dynamic Flow », avec soustraction
du signal vasculaire (A) montre une
masse discrètement hyperéchogène
(flèche) dont l’aspect pourrait évo-
I quer une hypertrophie d’une colonne
de Bertin. La vascularisation est déve-
loppée de façon harmonieuse autour
de la lésion, mais les vaisseaux en son
sein sont nombreux et chaotiques
(flèche).
C et D) L’échographie de contraste
réalisée en mode VRI avant et après
injection de 2,4 mL de SonoVue®. Au
temps artériel (C, 28 sec), le rehaus-
sement tumoral est intense, supé-
rieur au cortex rénal. Au temps vasculaire tardif (D, 70 sec), la lésion présente toujours un hypersignal très marqué par rap-
port au cortex voisin.
E) L’étude quantitative est réalisée avec deux ROI placées sur la tumeur et sur le parenchyme adjacent. Elle confirme la prise
de contraste intense et rapide de la tumeur. Cependant le gradient avec le cortex normal ne dépasse 5 dB durant la phase
d’ascension et 3-4 dB durant le plateau.
F) IRM rénal montrant la tumeur en hyposignal hétérogène en écho de spin pondéré en T2 (en haut à gauche), et la prise
de contraste intense en écho de gradient pondéré T1 avec saturation du signal de la graisse (avant IV en haut à droite, au
temps artériel précoce en bas à gauche, au temps tubulaire en bas à droite).
G) La lésion est traitée par radiofréquence à l’aide d’une électrode triple (cluster, Radionics CoolRip RF) pendant 24 minutes.
L’aspect en imagerie harmonique tissulaire ne fournit aucune information quant au caractère complet du traitement.
H) L’échographie de contraste réalisée en mode VRI immédiatement après ablation en radiofréquence met en évidence une
prise de contraste persistante et nette de la tumeur sur son pôle sinusal (flèches).
I) La TDM injectée confirme la présence d’un tissu tumoral résiduel prenant fortement le contraste sur le pôle sinusal de la tumeur.
Imagerie des affections rénales 245
A B
C D
A B C
D E
tions guidées en TDM alors que l’aiguille appa- Doppler et en mode B (13). L’imagerie non
raît correctement placée. Enfin, elle améliore la linéaire est plus sensible et doit être privilégiée
visualisation de l’extension de l’abcès dans le aujourd’hui. La sensibilité et la spécificité de cet
péri-rein ou le psoas. examen pour le diagnostic de reflux sont discrè-
tement inférieures à celles de la cystographie
ascendante et mictionnelle (respectivement 100
Les autres applications cliniques et 97 %, concordance 92 %). La gradation du
reflux est possible en échographie de contraste.
Le diagnostic de reflux vésico-urétéral peut être La cystographie ascendante et mictionnelle sous-
effectué en échographie après injection de pro- estime l’importance du reflux. Soixante-dix pour
duit de contraste dans la vessie. La recherche des cent des reflux de stade 1 en cystographie étaient
microbulles dans les uretères, le bassinet et les en fait classifiés en stade 2 ou plus en échogra-
tiges calicielles a d’abord été évaluée en mode phie de contraste (14).
248 Échographie de contraste
L’étude du cancer de la prostate en est à ses culer de façon inverse l’intensité du signal rétro-
débuts car elle nécessite de disposer des diffusé. Deux approches différentes doivent
séquences d’images de contraste adaptées à la êtres distinguées selon le mode d’administra-
sonde endorectale. L’identification des lésions tion du PCUS : injection en bolus (fig. 5 et 9) ou
carcinomateuses pourrait bénéficier de l’injec- en perfusion lente. Lors de l’injection en bolus,
tion d’un PCUS. Si les premières études en les changements de signal mesurés à partir
Doppler couleur apparaissaient décevantes, le d’une ROI (région d’intérêt) sont suivis en
mode Doppler de puissance en 3D a montré fonction du temps. Les paramètres étudiés sont
une amélioration de la sensibilité dans la détec- le délai d’arrivée du produit de contraste, la
tion des lésions malignes, passant de 38 % à pente de rehaussement, l’intensité maximale du
85 % après injection (15). En inversion de phase signal, la pente d’élimination du contraste, la
et imagerie intermittente, la détection de durée totale du rehaussement, ainsi que l’aire
nodules carcinomateux non visibles avant l’in- sous la courbe de temps-intensité. La mesure
jection devient possible (16). En outre, l’écho- peut concerner aussi bien le signal en mode B
graphie de contraste peut guider la biopsie conventionnel, que celui en mode non linéaire
transrectale. La biopsie d’un territoire suspect ou en mode Doppler couleur et puissance. En
en échographie de contraste a 3,5 fois plus de cas de sténose de l’artère rénale, l’étude du
chances d’être positive (p < 0,025) (17). rehaussement du cortex rénal en mode B
L’apparition de PCUS possédant des propriétés conventionnel après injection intraveineuse
de résonance importante comme le Sonazoid® périphérique d’un PCUS (EchoGen®) chez
(NC100100, Amersham, Oslo) pourrait amélio- l’animal montre une augmentation du pic de
rer l’efficacité de l’examen de contraste. Si la rehaussement pour les sténoses de plus de 50 %
sensibilité dans l’identification des foyers carci- en diamètre. Lorsque le degré de sténose
nomateux reste limitée (42 %), l’échographie dépasse 95 %, le pic de rehaussement s’effondre.
par voie endorectale de contraste améliore la L’aire sous la courbe du rehaussement suit les
détection des lésions, particulièrement dans la mêmes variations alors que le délai d’apparition
glande externe (18). Cependant, les nodules du pic de contraste augmente pour les sténoses
d’hyperplasie bénigne présentent aussi un qui dépassent 75 % (20). En mode Doppler de
rehaussement focal. puissance, la mesure de l’intensité moyenne du
Plusieurs études chez l’animal ont montré signal chez l’homme met en évidence une aug-
une amélioration significative de la visualisation mentation du pic de rehaussement ainsi que de
des vaisseaux du testicule (19, 20). L’échographie l’aire sous la courbe en cas de sténose hémody-
de contraste pourrait améliorer le diagnostic de namiquement significative supérieure à 50 % en
torsion du testicule, surtout chez l’enfant pré- diamètre. Le diagnostic est effectué par compa-
pubère pour lequel la détection des vaisseaux raison des résultats obtenus pour les deux reins.
normaux reste très difficile. Ces modifications sont facilement identifiées
lorsque l’artère et le rein controlatéral sont
indemnes de toute atteinte, comme dans les
fibrodysplasies, mais l’interprétation des résul-
L’imagerie fonctionnelle rénale tats est plus difficile en cas de sténose bilatérale,
de rein unique ou en présence d’une micro-
L’hypothèse princeps de la quantification des
angiopathie sévère.
flux en échographie repose sur l’existence d’une
relation linéaire entre l’intensité du signal et le L’injection du PCUS en perfusion lente per-
flux vasculaire. Deux grandes approches de met d’atteindre un niveau d’équilibre de la
quantification peuvent être distinguées, selon concentration des microbulles de l’ensemble du
qu’elles portent sur le signal Doppler continu lit vasculaire. La courbe de la prise de contraste
ou pulsé (intensitométrie Doppler), le signal est modélisée par une fonction I = A (1-e–Bt),
Doppler puissance ou sur l’image en échelle de avec I intensité du contraste, A proportionnel au
gris. L’une des limites de la quantification sur volume sanguin fractionnel, B proportionnel à la
l’image en échelle de gris est la difficulté de vitesse des microbulles, et t le temps. Le
l’accès au signal ultrasonore brut ou signal produit A B représente une mesure du débit san-
radiofréquence. Les informations quantitatives guin local. Il existe une corrélation entre le débit
sont en effet extraites après un traitement com- sanguin local estimé par cette technique et la
plexe et non linéaire du signal ultrasonore. Il mesure effectuée à l’aide d’un capteur électroma-
faut donc disposer de logiciels capables de cal- gnétique, lorsque le débit est modifié par injec-
Imagerie des affections rénales 249
tion de dopamine ou création d’une sténose de 9. Fillipone A, Muzi M, Basilico R et al. (1994) Color
l’artère rénale (22). La position et la taille de la Doppler flow imaging of renal disease. Value of a new
ROI jouent cependant un rôle important sur le intravenous contrast agent: SHU 508A (Levovist).
calcul des paramètres A et B, tout comme la puis- Radiol Med (Torino) 87: S50-S58
sance acoustique locale (23). 10. Kim AY, Kim SH, Kim YJ, Lee IH (1999) Contrast-
enhanced power Doppler sonography for the differen-
tiation of cystic renal lesions: preliminary study. J
Conclusion Ultrasound Med 18: 581-8
11. Correas JM, Claudon M, Lesavre A et al. (2001)
L’introduction des agents de contraste ultraso- Contrast-enhanced sonography of renal masses using
nores en pratique clinique devrait élargir FSO69: quantification of the enhancement with pulse
encore le champ d’application de l’échogra- inversion imaging. 87 th Scientific Assembly and
phie-Doppler pour l’exploration de la patholo- Annual Meeting, 25-30 november 2001, Chicago,
gie rénale. Les PCUS repoussent certaines des USA
limites techniques et devraient avoir un rôle 12. Kim B, Lim HK, Choi MH et al. (2001) Detection of
croissant grâce à l’amélioration de leur effica- parenchymal abnormalities in acute pyelonephritis by
cité et à leur excellente tolérance. L’amé- pulse inversion harmonic imaging with or without
lioration concomitante des machines aboutit microbubble ultrasonographic contrast agent.
au développement d’applications spécifiques J Ultrasound Med 20: 5-14
qui tirent pleinement partie des propriétés spé- 12bis. Darge K, Troeger J, Duetting T et al. (1999) Reflux in
cifiques des microbulles. La plupart des appli- young patients: Comparison of voiding US of the blad-
cations cliniques devrait bénéficier de l’intro- der and retrovesical space with echo enhancement ver-
duction des nouvelles séquences d’imagerie sus voiding cystourethrogaphy for diagnosis. Radiology
ultrasonores. 210: 201-7
13. Darge K, Troeger J, Duetting T et al. (1999) Reflux in
young patients: Comparison of voiding US of the blad-
Références der and retrovesical space with echo enhancement ver-
sus voiding cystourethrogaphy for diagnosis. Radiology
1. Schneider M, Arditi M, Barrau MB et al. (1995) BR1: a 210: 201-7
new ultrasonographic contrast agent based on sulfur 14. Darge K, Troeger J (2002) Vesicoureteral reflux grading
hexafluoride-filled microbubbles. Investigative in contrast-enhanced voiding urosonography. Eur J
Radiology 30: 451-7 Radiol 43: 122-8
2. Correas JM, Bridal L, Lesavre A et al. (2001) Ultrasound 15. Bogers HA, Sedelaar JP, Beerlage HP et al. (1999)
contrast agents: properties, principles of action, tole- Contrast-enhanced three-dimensional power Doppler
rance and artifacts. Eur Radiol 11: 1316-28 angiography of the human prostate: correlation with
3. Forsberg F, Liu J, Burns P (1994) Artifacts in ultrasonic biopsy outcome. Urology 54: 97-104
contrast agent studies. J Ultrasound Med 13: 357-65 16. Halpern EJ, Verkh L, Forsberg F et al. (2000) Initial
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Radiology 210: 727-31 (2002) Directed biopsy during contrast-enhanced
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masses: characterization with Doppler US. Radiology 20. Metzger-Rose C, Krupinski EA, Wright WH et al.
176: 703-7 (1997) Ultrasonographic detection of testicular ische-
250 Échographie de contraste
mia in canine model using phospholipid coated micro- 22. Wei K, Le E, Bin JP et al. (2001) Quantification of renal
bubbles (MRX-115). J Ultrasound Med 16: 317-24 blood flow with contrast-enhanced ultrasound. J Am
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21. Correas JM, Lafortune M, Burns PN (1996) Detection 23. Schlosser T, Pohl C, Veltmann C (2001) Feasibility of the
of renal artery stenosis with B-mode enhancement after flash-replenishment concept in renal tissue: which para-
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201(P): 218 ment ? Ultrasound Med Biol 27: 937-44
Place de l’échographie de contraste
dans la détection et le bilan d’extension
du cancer prostatique
F. Préaux et F. Cornud
Les attentes de l’échographie > 15 ng/mL (2) (fig. 3a). Dans la majorité des
cas, en cas de taux de PSA modérément élevés,
de contraste ou les limites la détection de la lésion est plus difficile, car les
de l’échographie modifications d’échostructure sont souvent
et de l’écho-Doppler prostatique subtiles (fig. 3b-c). La classification TNM en fait
une tumeur de stade T2 (6) de pronostic iden-
Le cancer de la prostate revêt différents aspects tique à celui des tumeurs palpables (7-9).
échographiques qui ne sont bien connus que Cependant, en moyenne 30 % des hommes de
depuis l’utilisation des sondes endo-cavitaires de plus de 50 ans à toucher rectal non suspect ont
haute fréquence (7,5 MHz ou 10 MHz). Ils un nodule hypoéchogène de la zone périphé-
dépendent du caractère palpable ou non de la rique et 20 % seulement d’entre eux sont des
tumeur au toucher rectal et du point de départ cancers à la biopsie (10-12). Le taux de détec-
du cancer (zone périphérique ou zone de tion du cancer en ne se servant que des nodules
transition). comme cibles ne serait donc que de 6 % (30 %
des 20 %). Enfin, il est rapidement apparu
qu’environ 20 % des biopsies l’étaient dans les
Limites de l’échographie sextants isoéchogènes, ce qui a définitivement
établi la faible sensibilité de l’échographie en
Si le cancer est palpable (situation désormais de
mode B, confirmée dans des études récentes
loin la plus rare depuis la détection précoce du
(13, 14). Cette découverte a fait modifier la clas-
cancer par le dosage du PSA), il est hypoécho-
sification TNM en incorporant le stade T1c
gène dans 95 % des cas (1, 2) (fig. 1) et son point
(cancer non palpable et non visible en écho-
de départ est en règle la zone périphérique. Cet
graphie).
aspect est indépendant du score histopronos-
tique de Gleason (3), l’hypoéchogénicité étant
liée au caractère compact de la lésion qui peut
être observé dans tous les grades histologiques Limites de l’écho-Doppler couleur
(fig. 2), contrairement à ce qui avait été rapporté ou puissance
dans les premières études (4, 5).
Si le cancer n’est pas palpable, les limites de Le cancer palpable est hypervascularisé (fig. 1)
l’échographie sont flagrantes. En effet, la trans- dans 85 à 90 % des cas (2, 15, 16), avec une
position de la sémiologie du cancer palpable au exception (17). Le Doppler couleur ne détecte
cancer non palpable s’est heurtée à deux écueils que les macrovaisseaux tumoraux (18) et pas la
majeurs : la fréquence des nodules hypoécho- microvascularisation qui caractérise l’angio-
gènes bénins non palpables et la fréquence des genèse tumorale (19). Les cancers palpables
biopsies positives en territoire isoéchogène. Le hypovasculaires (15 % des cas) ont en effet la
cancer peut être visible dans la zone périphé- même richesse en microvaisseaux que les
rique (fig. 3) parfois de façon évidente lorsque cancers hypervasculaires (18). Ceci explique
la tumeur est volumineuse avec des taux de PSA que la relation entre l’hypervascularisation du
252 Échographie de contraste
Fig. 1 - Cancer de prostate typique palpable et hypoéchogène. Cancer apical bien limité (flèches) sur les coupes transver-
sale (A) et sagittale (B). L’hypervascularisation est franche.
3a
3b
3c
rapide et doit parcourir toute la prostate dès que gées contre 13 cancers pour les biopsies systéma-
l’apparition du contraste est notée dans les pédi- tisées. Le taux de détection du cancer dans un
cules vasculaires périprostatiques. On ne dispose sextant tumoral est multiplié par 2,6 quand plu-
que de 20 secondes pour détecter le rehausse- sieurs prélèvements sont réalisés dans le sextant
ment précoce et fugace du cancer. On dispose ciblé, ce que seul le produit de contraste permet
désormais de l’affichage en double écran, qui de faire. Ces premiers résultats annonçaient les
permet de repérer le siège de la cible et de guider prémices du rôle complémentaire des biopsies
ensuite les biopsies. dirigées combinées aux biopsies en sextant.
Au moins deux autres études (30, 31) ont éga-
lement rapporté l’augmentation significative de
Les agents de contraste la sensibilité dans la détection de zones suspectes,
de première génération en utilisant le Levovist® en perfusion et le
Doppler couleur ou puissance. Dans l’une
Les résultats des études réalisées avec les agents d’elles (31), la sensibilité passait de 38 % sans le
de contraste de première génération (micro- produit de contraste à 85 % avec l’injection en
bulles contenant de l’air) ne sont pas tous perfusion de Levovist®. La sensibilité devenait
convaincants. même supérieure à celle de l’échographie en
Une des études (17) incluait 85 patients vrai- mode B, puisqu’en l’absence de nodule hypo-
semblablement sélectionnés (86 % ont un tou- échogène, un rehaussement focal était détecté et
cher rectal suspect), ce qui explique la prévalence correspondait à un cancer dans la moitié des cas.
élevée du cancer dans la série (64 %). De plus, les La spécificité n’était pas affectée par le produit de
résultats du Doppler couleur n’étaient pas contraste et se maintenait à 80 % avant et après
typiques avant agent de contraste puisque seule- contraste.
ment la moitié des cancers palpables hypoécho-
gènes étaient hypervasculaires. Ainsi, l’étude
montrait sans difficulté l’intérêt des produits de Les agents de contraste
contraste pour le rehaussement des cancers pal- de deuxième génération
pables. En revanche, elle ne permettait pas de
conclure sur son utilisation chez des patients L’utilisation de microbulles de deuxième généra-
sans anomalie palpable et avec prévalence basse tion couplée aux nouvelles sondes capables de
du cancer (taux de PSA compris entre 4 et fonctionner avec des index mécaniques faibles
10 ng/mL). (< 0,3), permettant de préserver un maximum
Une autre étude (29), portant sur 230 volon- de microbulles de l’éclatement, a confirmé la
taires, rapporte les résultats d’un programme de sensibilité supérieure de l’échographie de
dépistage du cancer de la prostate dont les cri- contraste par rapport aux modes B et couleur
tères d’inclusion étaient un taux de PSA pour détecter le cancer de prostate.
> 1,25 ng/mL ou un taux de fraction libre < 18 % Une des études (32) portait sur 60 patients
sans tenir compte du toucher rectal. Un premier sans anomalie palpable pour la majorité, avec
opérateur réalisait des biopsies guidées par les 37 sextants tumoraux détectés chez 20 patients.
zones hypervasculaires après perfusion du Avant contraste, un sextant était suspect s’il était
contraste (Levovist®) et limitait le nombre de hypoéchogène et/ou hypervasculaire en Doppler
prélèvements à cinq. Un deuxième opérateur, sur couleur. Après contraste, tous les sextants se
un autre échographe, réalisait des biopsies en rehaussant étaient considérés comme suspects.
sextant au cours de la même séance avec un pro- Étaient alors réalisées six biopsies en sextant laté-
tocole à dix prélèvements (cinq biopsies étagées ralement dans la zone périphérique en cas
par lobe : deux dans l’apex, une dans la partie d’échographie négative et des biopsies supplé-
moyenne, une dans la base et une dans la partie mentaires dans tous les sextants suspects après
moyenne de la zone de transition). Un cancer a contraste. Avant contraste, la sensibilité de
été détecté chez 69 patients (30 %) avec un taux l’échographie était de 38 %, et passait après
de PSA moyen de 4,6 ng/mL. Les biopsies diri- contraste à 65 %. Les spécificités respectives
gées par échographie de contraste avaient détecté étaient de 83 % et 80 %. En outre, les auteurs pré-
56 cancers (24,4 %), et les biopsies systématisées cisaient que 10 sextants non suspects avant
52 (22,6 %). La sensibilité de détection pour les contraste (isoéchogènes et hypovasculaires) se
biopsies dirigées était de 81 % contre 72 % pour rehaussaient après contraste, illustrant la possibi-
les biopsies systématisées. Dix-sept cancers lité de détecter des cancers postérieurs de
étaient détectés uniquement sur les biopsies diri- stade T1c.
256 Échographie de contraste
Une autre étude portant sur 12 patients por- Le rehaussement des cancers palpables
teurs de 31 foyers tumoraux a réalisé une corré- visibles à l’échographie et de surcroît spontané-
lation entre les résultats échographiques et les ment hypervasculaires en Doppler est flagrant
pièces de prostatectomie radicale (33). Pour la (fig. 6). Il est caractérisé par un rehaussement
zone périphérique, la sensibilité de l’échographie précoce avec lavage précoce du produit dans la
de contraste était de 48 % contre 24 % avant tumeur, phénomènes qui n’étaient pas détec-
contraste. Pour la zone de transition, seuls trois tables avant l’utilisation des microbulles. Le
cancers antérieurs (3/10) avaient été détectés, rehaussement de la prostate adjacente sert de
tous visibles sur l’échographie avant contraste. Le référence. L’appréciation de cette cinétique n’est
produit de contraste, injecté en perfusion, entraî-
que visuelle et donc semi-quantitative. Aujour-
nait un rehaussement diffus et intense de la zone
d’hui, il n’existe pas encore de logiciel disponible
de transition qui empêchait de déceler un
rehaussement tumoral spécifique. Les auteurs en routine permettant de mesurer l’importance
reconnaissaient que la corrélation anatomique du pic et les courbes de rehaussement et de
était difficile puisque les images échographiques lavage du produit (wash-in et wash-out des
avec une sonde à émission distale ne sont pas Anglo-Saxons).
réalisées en coupes axiales, notamment à la base. L’application de cette cinétique aux nodules
L’étude la plus récente (34) avec Doppler cou- non palpables, pour différencier les nodules
leur et injection de SonoVue® en bolus a été réa- malins des nodules bénins, est encore à l’étude.
lisée par le même groupe que celui de la série de Certaines observations montrent que la transpo-
Frauscher et al. (29). Elle concernait la même
sition aux cancers non palpables est possible
campagne de dépistage du cancer dans la région
(fig. 7). Cependant, faux négatifs (peut-être en
du Tyrol autrichien, avec les mêmes critères d’in-
clusion, et portait sur 380 patients. Elle reprenait cas de grade 3, voir figure 2) et faux positifs exis-
la même méthodologie avec deux opérateurs tent déjà, confirmant, plus encore que pour les
(5 biopsies ciblées par le rehaussement pour le cancers palpables, l’intérêt d’une quantification
premier et 10 biopsies en sextant pour le des paramètres de la cinétique (pente et pic du
deuxième). Le taux de détection du cancer était rehaussement, lavage) afin d’évaluer la sensibi-
de 27,4 % (104/380) par les biopsies ciblées et de lité, la spécificité et la fiabilité de l’échographie de
27,6 % (105/380) par les biopsies systématiques. contraste dans ce contexte.
Le taux de détection passait à 37,6 % (143/380) En l’absence de cible, la mise en évidence d’un
en combinant les deux types de biopsie. Ces
rehaussement dans un sextant postérieur isoé-
résultats confirment que plusieurs prélèvements
chogène est possible (fig. 8), mais la sensibilité et
dans un sextant ciblé par le rehaussement multi-
plient par un facteur 3 les chances de détecter la la spécificité ne sont pas encore clairement chif-
tumeur dans le sextant anormal. frées. On note en effet un rehaussement physiolo-
gique possible bilatéral et symétrique des bases
prostatiques (potentiels faux positifs) et les faux
Notre expérience personnelle négatifs (absence de rehaussement) concernant
des cancers de volume significatif de la zone péri-
Elle repose sur une centaine de biopsies réalisées
phérique existent indiscutablement. Le protocole
en utilisant la technique du bolus unique et le
balayage rapide de toute la prostate avec le seul d’exploration étant désormais mieux défini
agent de contraste de deuxième génération ayant (balayage rapide et incessant de toute la prostate
reçu l’AMM en Europe (SonoVue®, Bracco). pendant 20 secondes), il sera possible dans un
avenir proche de chiffrer la fiabilité de la tech-
Le rehaussement d’une prostate normale nique dans la détection des cancers non palpables
ou hyperplasique et non visibles de la zone périphérique (stade
Les macrovaisseaux de l’HBP sont opacifiés pré- T1c), véritable écueil de l’imagerie prostatique
cocement et les vaisseaux de plus petit calibre auquel l’IRM n’échappe d’ailleurs pas (3). Une
sont opacifiés secondairement (fig. 5). La vascu- des indications potentielles est représentée par le
larisation de la partie antérieure de la zone de microcancer détecté sur une première série de
transition est incomparablement mieux appré- prélèvements. L’injection de contraste dans le ter-
ciée qu’en Doppler puissance ou couleur. ritoire du microfoyer peut aider à différencier un
Typiquement, la zone périphérique est hypo- cancer latent d’un cancer significatif et guider au
vasculaire. mieux les nouvelles biopsies.
Place de l’échographie de contraste dans la détection et le bilan d’extension 257
5a
5b
6a
6b
7a
7b
Fig. 7 - Cancer de stade T2 non palpable de la zone périphérique. Patient de 62 ans. Prostate souple au toucher rectal. PSA :
7,9 ng/mL. Score 7 de Gleason sur deux sextants gauches (base et partie moyenne).
7a : écho-Doppler puissance. Nodule hypoéchogène visible dans la base gauche (flèche). L’hypervascularisation du nodule
est modérée, plus marquée que celle du reste de la zone périphérique (ZP), mais moins marquée que celle de la zone de tran-
sition (ZT).
7b : injection de microbulles : A) avant injection, aspect globalement hypoéchogène de la prostate. Le nodule (flèche) n’est
pratiquement pas visible ; B) rehaussement synchrone (7s) des macrovaisseaux visibles dans le nodule (flèche) et dans la
zone de transition (tête de flèche) ; C) pic du rehaussement (15s) dans le nodule (flèche) presque identique à celui des
macrovaisseaux de l’HBP (tête de flèche) ; D) lavage précoce du nodule (flèche), alors que persistent plusieurs macrovais-
seaux dans la zone de transition (têtes de flèche). Noter à chaque temps l’aspect hypovasculaire du reste de la zone périphé-
rique (*), siège d’un rehaussement minime (C, D).
260 Échographie de contraste
8a
8b
Fig. 8 - Cancer isoéchogène et nodule bénin. Patient de 57 ans. PSA : 5,6 ng/mL. Prostate souple au toucher rectal. Cancer
de stade T1c de la zone périphérique gauche, score 6 de Gleason, controlatéral à un nodule bénin.
8a : écho-Doppler couleur. Nodule hypoéchogène mal limité de la zone périphérique droite (flèche) contenant à peine plus
de vaisseaux que la zone périphérique adjacente et controlatérale.
8b : injection de contraste A-C) rehaussement synchrone bilatéral de la zone périphérique (flèches) ; D) sans logiciel de
quantification, le lavage précoce à gauche est à la limite de la subjectivité (têtes de flèche). Le cancer a été détecté fortuite-
ment par l’injection de contraste, car la cible était le nodule hypoéchogène.
Place de l’échographie de contraste dans la détection et le bilan d’extension 261
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discussion 83-4 Imaging 20(2): 279-87
Échographie de contraste vasculaire
C. Gautier et G. Deklunder
transformation, rupture et cicatrisation. Elles sont phique. Lorsque les conditions sont favorables
donc de nature hétérogène et il existe souvent des (vaisseaux superficiels, absence d’obstacle inter-
calcifications au sein de ces plaques. Ces calcifica- posé, absence de calcification pariétale), le
tions entraînent des cônes d’ombre acoustique qui mode B permet en apparence de bien définir les
empêchent, sur une distance plus ou moins contours de la plaque. On sait cependant qu’il
importante en fonction de leur extension, la visua- peut exister à la surface des plaques des éléments
lisation du chenal vasculaire. Malgré une optimi- parfaitement anéchogènes, et, par définition, non
sation de l’ensemble des réglages, il est dans ce cas détectables en mode B, correspondant le plus
difficile, voire impossible d’évaluer l’importance souvent à des dépôts lipidiques récents ou à du
de la sténose entraînée par la plaque en présence. thrombus. Seule l’imagerie de flux associée,
Ceci est vrai quelle que soit la localisation des Doppler couleur ou Doppler énergie, et moulant
lésions d’athérome, bien entendu. Dans ces condi- la surface de la lésion, peut donc réellement
tions, en échographie, Doppler conventionnel, démontrer l’existence de ces anfractuosités.
l’étude de l’hémodynamique d’amont et d’aval de Cependant, à l’intérieur de ces cratères pariétaux,
la lésion sont souvent utilisées pour apprécier le les flux sont lents, rétrodiffusant un signal de
degré de sténose entraînée. Cependant, la sensibi- faible énergie. Ils sont par conséquent difficiles à
lité et la spécificité de ces signes indirects sont enregistrer mais, s’ils ne sont pas détectés, l’ulcé-
basses dans la mesure où ils sont largement ration n’est bien sûr pas reconnue.
influencés par l’existence et l’importance des voies
collatérales qui ont pu se mettre en place. Ces Limites liées à l’environnement du vaisseau
signes indirects ont donc plus un intérêt dans l’ap- Il existe de nombreux obstacles potentiels à la
préciation du retentissement fonctionnel de la pénétration des ultrasons dans les tissus. Si ceux-
lésion que dans le diagnostic de sévérité de cette ci sont interposés entre la sonde d’échographie et
lésion elle-même. La difficulté est d’autant plus la zone d’intérêt, les renseignements fournis par
incontournable que la plaque et l’obstacle sont l’examen peuvent être insuffisants, voire absents.
longs. En effet, dans les plaques courtes, les ano- En pratique, l’existence d’un œdème ou d’un
malies hémodynamiques observées à l’entrée et à hématome sous-cutané, de modifications tissu-
la sortie de la lésion peuvent dans la plupart des laires induites par une chirurgie antérieure ou
cas permettre d’établir correctement l’existence de par une radiothérapie locale, pour ne citer que
la sténose et d’apprécier sa sévérité. les plus fréquents, peuvent entraîner une absorp-
tion telle de l’énergie ultrasonore qu’il devient
Limites liées aux caractéristiques du flux impossible de définir correctement l’état des
Lorsque les sténoses athéromateuses sont extrê- vaisseaux, parois et flux circulant. Si l’extension
mement serrées et que le débit n’est plus main- des obstacles n’est pas trop importante, le pro-
tenu dans le circuit artériel concerné, l’énergie blème peut être résolu par une mobilisation de la
ultrasonore rétrodiffusée par le flux résiduel est sonde et un changement de voie d’abord du vais-
très faible, en deçà des capacités de détection des seau, mais ces obstacles sont souvent trop éten-
échographes usuels. Ce peut être également le cas dus en pratique pour permettre cette solution.
dans les dissections artérielles aiguës où l’héma- Ceci vaut pour l’ensemble des vaisseaux, mais
tome de paroi réduit considérablement la lumière d’autant plus pour l’examen des vaisseaux pro-
artérielle et où ne persiste qu’un flux très minime. fonds qui sont déjà plus difficiles d’accès en
On retrouve également parfois ce même pro- conditions normales.
blème en aval des lésions artérielles extrêmement En effet, en ce qui concerne l’abdomen, en
sévères ou à proximité d’une thrombose veineuse. plus des difficultés retrouvées dans l’ensemble
Dans ces cas, le diagnostic de thrombose com- des territoires, il existe très souvent une altéra-
plète peut être porté abusivement lorsque ni tion du faisceau ultrasonore liée à l’existence
l’imagerie Doppler ni le Doppler spectral ne par- d’un pannicule adipeux épais ou à l’interposition
viennent à mettre en évidence de flux circulant, d’anses intestinales.
malgré l’utilisation de réglages adéquats. Quant aux vaisseaux intracérébraux, la prin-
Par ailleurs, on sait que le risque embolique cipale limite à leur exploration est liée aux carac-
des plaques d’athérome est, non seulement lié au téristiques de l’écaille temporale. La « fenêtre »
degré de sténose, mais également à l’altération de transtemporale est en effet souvent étroite quand
la surface endoluminale. Il est donc nécessaire de l’âge augmente, en particulier dans le sexe fémi-
reconnaître les irrégularités de surface et en par- nin, et même parfois absente. Les individus noirs
ticulier les ulcérations lors d’un examen échogra- ou asiatiques, même jeunes, ont très souvent une
Échographie de contraste vasculaire 267
écaille temporale épaisse limitant considérable- segment de vaisseau où le flux circulant est très
ment l’exploration des vaisseaux. réduit ou ralenti peuvent alors être visualisés
Dans les cas favorables, on peut bien sûr enre- dans la quasi-totalité des cas. (fig. 1, 2, 3).
gistrer le flux dans les segments proximaux des
artères cérébrale moyenne, antérieure et posté-
rieure, ainsi que dans la partie distale du siphon
carotidien. Cette exploration permet l’enregistre-
ment de signes directs de sténose athéromateuse
ou d’occlusion proximale de l’artère cérébrale
moyenne, mais ne permet pas le diagnostic d’em-
bole ni celui de lésions pariétales, situés sur des
segments plus distaux. De la même façon, une
exploration par voie sous-occipitale chez un
patient échogène permet l’enregistrement des flux
de l’artère vertébrale dans son segment intracrâ-
nien et de l’artère basilaire dans sa portion toute
initiale, mais l’exploration de l’artère basilaire dis-
tale est presque toujours incomplète. De la même
façon, pour l’évaluation du vasospasme de l’hé- Fig. 2 - Écho-Doppler mode énergie avec contraste : visuali-
morragie méningée, on enregistre en général faci- sation de l'origine d’une vertébrale gauche qui n’était pas
lement les vitesses de l’artère cérébrale moyenne accessible à l'exploration à l’état basal.
proximale et parfois de l’artère cérébrale anté-
rieure précommunicante, mais l’identification
d’un vasospasme localisé de l’artère cérébrale anté-
rieure dans son segment distal n’est pas possible.
Or, compte tenu de la fréquence des anévrismes de
la communicante antérieure, la détection du
vasospasme à ce niveau est d’importance considé-
rable dans la prise en charge thérapeutique.
Échographie de contraste
L’utilisation d’un agent de contraste ultrasonore,
en renforçant le signal en provenance du sang
circulant et donc en renforçant le signal Doppler,
permet de reculer les limites préalablement
citées, à savoir qu’un vaisseau très profond, un Fig. 3 - Coupe sagittale 2D mode énergie d’une dissection
vaisseau masqué par un obstacle pariétal, sous- de l’artère carotide interne susbulbaire de localisation cervi-
cutané ou intra-abdominal, un vaisseau ou un cale avec hématome de paroi.
1a 1b
Fig. 1a - Coupe sagittale 2D mode énergie d’un segment artériel avec plaque calcifiée longue.
Fig. 1b - Injection de contraste et visualisation du flux en arrière de la calcification artérielle.
268 Échographie de contraste
4a 4b
7a
Fig. 7a - EDTC contraste en mode énergie, voie transtemporale : vasospasme de l’artère cérébrale antérieure A1, et visuali-
sation du sac anévrysmal localisé sur l’artère communicante antérieure.
Fig. 7b - Angiographie 3D correspondante : vasospasme et sac circulant.
Échographie de contraste vasculaire 271
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Apport de l’injection de contraste ultrasonore
pour l’analyse Doppler
des tumeurs gynécologiques
H. Marret, F. Tranquart, A. Bleuzen et S. Sauget
d’une tumeur maligne que devant une tumeur rendant l’analyse de la phase de vidange plus com-
bénigne. Pour ce paramètre, la sensibilité de 96 % plexe. La comparaison avec les paramètres usuels de
(pour une spécificité de 98 %) (20) est très supérieur l’échographie Doppler et le CA125 nous permettra
à celle de 78 % pour l’index de résistance ou à celle de d’évaluer la pertinence de l’échographie de contraste
83 % pour un modèle prenant en compte le Doppler pour la discrimination des tumeurs malignes. De
(intensité et localisation), le CA125 et la morpholo- même la description des tumeurs ovariennes par le
gie (8). SonoVue®, en cours d’analyse au sein d’un protocole
Ces nouveaux paramètres sont très performants et européen (IGIT) regroupant dix centres, permettra de
semblent reproductibles. Il nous semble important de valider les paramètres à étudier pour la discrimina-
valider ces paramètres avec les produits de contraste tion et pour la caractérisation des tumeurs. Enfin, une
plus performants que sont le SonoVue® disponible en troisième étude portant sur les femmes à risque de
Europe ou Definity® pour les pays d’Amérique du cancer de l’ovaire est en cours à l’université Arizona
Nord. aux États-Unis avec Definity®.
Cette technique plus invasive pour la patiente doit Ces études permettront de valider le contraste
actuellement être utilisée dans le cadre d’études car dans la discrimination des tumeurs bénignes et
elle n’a pas été comparée aux paramètres usuels de malignes de l’ovaire ; il reste à savoir quelle sera l’ap-
l’échographie. Plusieurs protocoles d’étude sont en plication pratique chez les patientes se présentant avec
cours. Pour notre part, nous avons testé le un kyste ovarien suspect. En effet, les tumeurs
SonoVue® sur des tumeurs suspectes de malignité et malignes de l’ovaire autres que stade IA sont assez
obtenu des courbes semblant assez proches de celles faciles à suspecter avec l’échographie Doppler simple ;
obtenues avec Levovist® à mi-inclusion de l’étude. La l’apport du contraste pourrait donc se situer à ce
dégradation du produit est néanmoins plus longue, niveau sur des tumeurs limitées à l’ovaire, avec peu de
276 Échographie de contraste
cations de la technique (28, 29). L’IRM et l’échogra- SonoVue® a été injecté avant et après l’administration
phie Doppler simple sont les gold standards du dia- des particules dans l’artère utérine droite puis gauche.
gnostic et du monitoring de l’embolisation, mais le L’embolisation des fibromes est ainsi objectivée, l’ar-
coût de l’IRM en restreint ses indications. Dans ces tère utérine vascularisant préférentiellement les
conditions, la disponibilité de l’échographie avec fibromes étant embolisée en premier (fig. 4-6).
injection de contraste, simple à mettre en œuvre, peu
coûteuse et peu invasive, est un atout précieux pour
un meilleur contrôle de la procédure.
L’échographie de contraste avec injection périphé-
rique de SonoVue® est possible pour visualiser la vas-
cularisation des myomes. Dans le cadre de la descrip-
tion de cette dernière, nous avons apprécié la faisabi-
lité de la technique et nous pensons que l’échographie
de contraste représente une alternative intéressante
pour l’objectif du monitoring de l’embolisation, auto-
risant un meilleur encadrement de la procédure, une
évaluation précoce de la réponse locale, ainsi que la
possibilité d’apprécier une possible atteinte isché-
mique ovarienne.
La prise de contraste de l’utérus survient précoce-
ment avant celle de l’ovaire en moins de 20 secondes,
les artères utérines véhiculant les microbulles de
SonoVue®. La périphérie de l’utérus et du myomètre
ainsi que les fibromes apparaissent en premier. La vas-
cularisation périphérique des fibromes est souvent
intense et apparaît très vite au cours du temps artériel,
identique à ce que l’on peut observer lors d’une arté-
riographie. La vascularisation des fibromes est l’une
des premières à apparaître, ce qui correspond bien à la
technique de l’embolisation ou les particules sont pré-
férentiellement et spontanément dirigées vers les
myomes, permettant une embolisation sélective des
fibromes avec respect partiel du myomètre. Le myo-
mètre est ensuite rehaussé, puis enfin l’endomètre,
dont la vascularisation semble moins intense mais
variable selon la date de l’examen et peut-être selon
les traitements suivis par la patiente, souvent sous
progestatif pour le traitement de ces fibromes.
La vascularisation des fibromes est visualisée de
manière centripète, de la périphérie vers le centre,
avec des zones parfois hétérogènes démontrant une
nécrobiose centrale, voire, pour certains, une véritable
kystisation. Certains fibromes parfois mal identi-
fiables en échographie morphologique standard sont
localisés grâce à l’absence de vascularisation à leur
niveau ou par la rapide évacuation du produit de
contraste en leur sein en moins de 2 minutes.
L’utilisation du contraste permet ainsi d’affiner le dia-
gnostic échographique de fibrome se rapprochant des
résultats obtenus en IRM.
La description des fibromes est facilitée par
l’apport du contraste et permet ainsi de contrôler les
thérapeutiques visant à réduire la vascularisation de
ces tumeurs. Ainsi, nous réalisons systématiquement
cet examen avant toute embolisation des artères uté- Fig. 4 - En haut, fibrome utérin avant injection de contraste.
rines, puis, dans le cadre du monitoring de la théra- Au milieu, fibrome utérin après injection de produit de
peutique, nous renouvelons l’examen 48 heures plus contraste : couronne vasculaire importante, zone centrale
tard. Nous avons pu monitorer la procédure d’embo- avec microvascularisation homogène.
lisation en direct par cette même technique afin de En bas, vidange assez rapide du SonoVue®; myomètre nor-
constater l’effet immédiat de celle-ci (30). Le mal bien vascularisé en haut à gauche.
278 Échographie de contraste
Les autres tumeurs utérines indépendant des autres critères prédictifs en analyse
multivariée. En revanche, l’échographie Doppler
Il ne fait pas de doute que l’échographie est l’examen semble peu performante pour apprécier l’extension
capital pour le diagnostic des pathologies utérines, la d’une tumeur de l’endomètre au sein du myomètre.
mesure de l’endomètre (31) étant un paramètre L’apport du contraste dans cette indication est
incontournable. Néanmoins la fréquence du cancer encore peu évalué. Il est dores et déjà certain que son
de l’endomètre est faible : 5 à 15 % des patientes qui utilisation permet de visualiser des vaisseaux à tout
saignent après la ménopause ont un cancer de l’endo- niveau au sein de l’utérus, le degré d’amplification et
mètre et, malgré la sensibilité élevée de l’échographie la cinétique du produit pouvant peut-être alors ren-
(92 %), la spécificité reste médiocre (81 %) pour la forcer la valeur diagnostique de l’échographie. La
méta-analyse publiée en 1998 (32). L’hystéro- simple cartographie semble pour l’utérus non fibro-
sonographie a démontré son efficacité pour la patho- mateux peu performante, gommant l’effet nombre et
logie intracavitaire, mais elle est parfois mise en échec l’existence de vaisseaux obtenus par Doppler couleur.
lors de cancer, l’eau se diluant dans la nécrose tumo- Pour un polype, par exemple, la vascularisation appa-
rale intracavitaire ou dans les caillots. raîtra par le vaisseau du pédicule, mais très vite l’en-
La ménopause ne facilite pas toujours la tâche de semble de celui-ci apparaîtra rehaussé. Il n’est donc
l’échographiste, car si l’endomètre devient plus fin et pas sûr que la cartographie améliore le diagnostic,
normalement < 5 mm, il est parfois difficile à mettre mais nous ne disposons pas encore d’éléments suffi-
en évidence une modification d’échogénicité du fait sants pour dire si la cinétique du contraste au sein de
de l’atrophie et de la position volontiers intermédiaire vaisseaux d’un cancer de l’endomètre est différente de
de l’utérus dans l’axe de la sonde endovaginale. Il ne celle observée pour un polype bénin. Néanmoins il
faut pas alors considérer l’examen comme normal, semble que la microvascularisation de l’endomètre
surtout face à des métrorragies, mais proposer une soit utilisable en raison de sa vascularisation faible
hystérosonographie si elle est possible ou une hystéro- physiologiquement lors de la ménopause ou en début
scopie. de cycle. Après injection de SonoVue®, la prise de
L’utilisation du Doppler énergie a déjà permis contraste est tardive comparée au myomètre adjacent
d’obtenir de bons résultats pour la discrimination des et la vidange du produit en son sein apparaît rapide.
tumeurs : l’existence de vaisseaux au sein de l’endo- Des modifications de la cinétique du contraste pour-
mètre est un paramètre physiologique à partir de raient s’avérer discriminantes pour les stades débu-
l’ovulation chez une patiente non ménopausée, mais tants. Cela mérite confirmation.
elle oriente vers la malignité après la ménopause. En Aucune publication n’a rapporté des éléments de
effet, l’absence de vaisseaux est presque toujours en contraste pour le cancer de l’endomètre et la valeur
faveur de la bénignité, et rares sont les cancers pour pronostique de ce type d’exploration. De ce fait, l’IRM
lesquels il est impossible de retrouver une vascularisa- avec injection d’agent de contraste reste aujourd’hui
tion (33). L’existence d’une vascularisation visible au le gold standard pour apprécier l’envahissement du
sein des cancers semble osciller entre 71 et 100 %. Le myomètre sans étude comparative à l’échographie de
nombre de vaisseaux et leur localisation sont aussi des contraste. Les premiers essais du contraste sur le can-
paramètres importants. Alcazar et al. (34) ont décrit cer de l’endomètre dans une étude italienne ne semble
récemment que les polypes avaient un seul vaisseau pas très concluants (37), les auteurs retrouvant une
central dans 97 % des cas, alors que le cancer possé- vascularisation assez homogène de l’utérus (myo-
dait des vaisseaux multiples dans 82 % des cas et que mètre et endomètre), ne permettant pas de détermi-
l’hyperplasie était parcourue de vaisseaux disséminés ner la profondeur d’envahissement du myomètre. Si la
dans 73 % des cas. La série de Timmerman et al. cartographie est pauvre, l’analyse en double image 2D
retrouve une valeur prédictive positive de 95 % pour et contraste permet de sélectionner des zones
ce signe qui selon lui suffit à lui seul pour faire le dia- différentes selon l’échographie 2D au sein desquelles il
gnostic de polype devant une hypertrophie de l’endo- est possible d’analyser la cinétique fine du Sono-
mètre et doit conduire directement à l’hystéroscopie Vue® déterminant ainsi si endomètre sain, myomètre
opératoire (35). Le nombre de vaisseaux retrouvés et cancer de l’endomètre ont des profils de courbe
dans le cancer est plus élevé, 3,4 en moyenne en temps-intensité différents, ce qui est le cas avec les
Doppler simple contre 1,2 pour les polypes pour un myomes. Une telle étude reste à faire.
décompte visuel sans assistance informatique (36). Il
peut y avoir deux ou trois vaisseaux dans un simple
polype, mais la multiplication des vaisseaux le rend Le cancer du col de l’utérus
suspect.
Concernant l’endomètre, nous n’avons retrouvé La quantification vasculaire a été utilisée pour ce can-
qu’une série d’une équipe suédoise sur la quantifica- cer afin de différencier tumeur bénigne et maligne, en
tion informatisée utilisant le Doppler énergie (33). semi-quantitatif (38) d’abord, puis en quantita-
L’index vasculaire calculé est alors de 31,5 % de vascu- tif (39), en le comparant à la densité des vaisseaux
larisation pour les tumeurs malignes contre 14 % mesurée par immunohistochimie. Il a été retrouvé
pour les tumeurs bénignes. Ce paramètre demeure une bonne corrélation entre le nombre de vaisseaux
280 Échographie de contraste
ou l’importance de la vascularisation et l’analyse his- encore d’une casuistique suffisante pour pouvoir ana-
tologique de la tumeur. lyser la cinétique du produit au sein du col et au sein
De plus, ce facteur est prédictif de tumeurs de de la tumeur. Un projet d’étude du contraste dans le
mauvais pronostic avec une corrélation entre une vas- cancer du col de l’utérus débute en comparaison à
cularisation importante et le stade, la taille, l’envahis- l’IRM dynamique qui à ce jour est l’examen de réfé-
sement ganglionnaire et celui du stroma. Alcazar (40) rence pour le diagnostic et la prise en charge des
a retrouvé également, en semi-quantitatif, une corré- tumeurs du col de l’utérus.
lation avec le type de cancer (squameux) et le grade
tumoral faiblement différencié ou indifférencié. Dans
l’analyse en contraste de Testa et al. (37), sur 10 can-
cers du col une hypervascularisation a presque tou-
En conclusion
jours été retrouvée (8/10), les deux plus petits cancers Nous sommes à l’heure actuelle au début de l’ère du
IA ou IB < 2 cm n’étant pas visible à l’écho 2D ni contraste en échographie dans le domaine gynécolo-
identifiable après injection de contraste. La prise de gique et il existe encore peu de publications sur le
contraste est rapide et homogène pour l’ensemble du sujet. Cela tient aussi au fait que la technique reste
col. Quatre fois sur dix, les limites de l’extension de la encore peu diffusée du fait de la nécessité d’avoir un
tumeur sont mieux définies par la prise de contraste appareil d’échographie très récent capable de détecter
comparées à l’analyse en 2D simple (fig. 7). C’est aussi le SonoVue® avec utilisation d’une sonde endovagi-
notre expérience, néanmoins nous ne disposons pas nale. Néanmoins, il semble possible de dire que, pour
la pathologie annexielle et ovarienne en particulier,
l’utilisation du contraste est utile pour mieux discri-
miner tumeur bénigne et maligne. Concernant l’uté-
rus, son apport dans le monitoring du traitement des
fibromes est intéressant, et il peut également être utile
en diagnostic de par la visualisation de la microvascu-
larisation de l’utérus, ce que ne permet pas le Doppler
énergie. Enfin, de plus amples études sont nécessaires
avant de juger de l’intérêt du contraste pour les
tumeurs de l’endomètre ou du col de l’utérus que ce
soit pour le diagnostic ou pour le monitoring de nou-
velles thérapeutiques.
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Échographie de contraste pédiatrique
M. Claudon, M.-A. Galloy et D. Mandry
tique où des expériences limitées mais intéres- champ d’exploration quelle que soit l’amplitude
santes ont été rapportées. des mouvements respiratoires de l’enfant. Le choix
de la sonde (convexe basse fréquence ou linéaire
haute fréquence) est fait en fonction de la situation
Les évolutions techniques et de la morphologie de la lésion, ainsi que des
En raison de la résonance non linéaire des micro- possibilités techniques de sa machine.
bulles prédominante à des fréquences d’émission Pour la phase de contraste, systématiquement
relativement basses, la plupart des études ont été seront privilégiées les techniques d’imagerie non
effectuées avec des sondes convexes, de fré- linéaire à bas index mécanique. L’enregistrement
quences d’émission inférieures à 5 MHz. Ce n’est des images se fera dès l’injection, car le temps de
que plus récemment que l’amélioration de la transit court chez l’enfant amène une opacifica-
sensibilité des sondes a permis de réaliser des tion par voie artérielle rapide, plus précoce que
explorations contrastées en utilisant des sondes chez l’adulte. Les échographes actuels permettent
de plus hautes fréquences, convexes ou linéaires, un enregistrement continu sur des durées assez
plus adaptées au caractère superficiel des organes longues, le transfert de ces séquences sur un
chez l’enfant. Toutefois, la moins grande sensibi- archivage numérique, et leur relecture rapide
lité à ces fréquences élevées conduit à augmenter image par image. La difficulté à obtenir un
les doses de produit de contraste pour avoir un contrôle respiratoire satisfaisant chez le jeune
rehaussement suffisant, ce qui pose à nouveau le enfant et le rythme respiratoire spontané souvent
problème des études de doses chez l’enfant. rapide rendent la qualité des images en général
moins démonstrative que chez l’adulte. Il est tou-
tefois possible de répéter une injection sous un
Aspects spécifiques de l’échographie meilleur angle, ou sur une deuxième lésion en
cas de nécessité, sous réserve des remarques en
de contraste en pédiatrie termes de doses formulées ci-dessus.
La sédation n’est en général pas nécessaire ; elle À la différence de l’adulte, c’est la voie d’admi-
sera éventuellement pratiquée, légère, en cas nistration endovésicale, à la recherche d’un reflux
d’agitation importante de l’enfant (1). vésico-urétéral, qui est actuellement la plus utili-
Pour la voie endovasculaire, une voie veineuse sée : le protocole spécifique est détaillé ci-dessous.
sera posée, si possible à l’avance, pour limiter
l’appréhension de l’enfant auquel sera expliqué le
déroulement de l’examen. Un robinet trois voies Principales applications cliniques
sera inséré en sortie de cathéter, de façon à per- en pédiatrie
mettre à la fois l’injection du contraste et le
lavage rapide au sérum isotonique.
La dose administrée par IV sera rapportée au Le reflux vésico-urétéral
poids de l’enfant, par exemple pour SonoVue®
(Bracco, Milan) sur la base de 2,4 mL pour un L’utilisation d’agents de contraste pour la détec-
adulte ; toutefois en pratique, un minimum de tion d’un reflux vésico-urétéral a été décrite avec
0,4 mL semble indiqué. Ces doses ne sont don- Albunex® dans un modèle animal dès 1993 (2),
nées qu’à titre indicatif et en rappelant qu’il puis chez l’homme en 1994 (1). L’avantage de
n’existe pas d’AMM et donc pas de dose recom- l’échocystographie de contraste est la possibilité
mandée par les firmes. Une aide est indispen- de détecter un reflux avec une grande fiabilité,
sable pour pratiquer l’injection du produit dans par comparaison à la cystographie radiologique
le calme, permettre au radiologue de se concen- qui est une technique irradiante sans protection
trer sur l’acquisition et rassurer l’enfant. possible pour les organes génitaux qui se trou-
Le protocole associera toujours une première vent directement dans le champ d’exploration.
phase d’exploration avant l’injection de produit de Elle a aussi vocation à se substituer à la cystogra-
contraste, permettant de caractériser l’organe ou la phie isotopique, moins irradiante, encore prati-
lésion explorés en mode bidimensionnel et/ou quée dans certains centres. Elle apparaît beau-
avec Doppler, puis de choisir une fenêtre acous- coup plus performante que l’échographie clas-
tique permettant de bien couvrir la zone d’intérêt, sique, qui permet de suspecter un reflux devant
avec une bonne qualité acoustique, et d’inclure si l’existence d’une hypotonie pyélique ou de varia-
possible le pédicule artério-veineux. On sera atten- tions rapides du diamètre du pyélon, ou que le
tif à conserver la zone principale d’intérêt dans le mode Doppler couleur, très inconstant (3, 4).
Échographie de contraste pédiatrique 285
A B
faux positifs représenteraient en fait des échecs que de la rate, ce qui permet de multiplier les
de la cystographie rétrograde, s’apparentant aux balayages des organes sous différentes inci-
discordances autrefois retrouvées avec la cysto- dences.
graphie isotopique ; ils semblent donc traduire De nombreuses observations de différents
une meilleure sensibilité de l’échocystographie centres sont venues corroborer ce fait (22, 23),
comparée à la cystographie radiologique dans la sans qu’il y ait actuellement de séries cliniques
détection du reflux. Une valeur prédictive néga- suffisantes pour permettre de préciser l’indica-
tive élevée, oscillant entre 94 % et 100 %, tion de l’échographie de contraste par rapport
confirme la fiabilité de la méthode pour exclure à celle du scanner dans le bilan initial d’un
un reflux, malgré quelques cas où seule la tech- enfant présentant un traumatisme abdominal.
nique radiologique est positive. Il n’a pas été réa- La mise en évidence de facteurs de gravité,
lisé d’étude évaluant l’échocystographie avec comme un épanchement intrapéritonéal,
plusieurs cycles successifs de remplissage, tech- constituerait une bonne indication de contraste
nique ayant montré une supériorité diagnos- ultrasonore, comme le suivi d’un traumatisme
tique en cystographie radiologique ou isoto- sévère. Les lésions traumatiques rénales pour-
pique. raient également être évaluées. Un saignement
Pour l’estimation du degré d’un reflux, il faut actif pourrait être mis en évidence dans cer-
noter une tendance de l’échocystographie à don- tains cas (22).
ner un grade plus élevé qu’en cystographie rétro-
grade, notamment pour les reflux de bas grade :
dans 70 % des cas de grade 1 visualisés en cysto- Lésions focales hépatiques
graphie radiologique, le reflux est coté grade 2 ou
plus en échocystographie (16). Selon cette Pathologie infectieuse
méthode, il est parfois difficile de différencier les
reflux de grade 2 et de grade 3 et les reflux de La mise en évidence des foyers infectieux hépa-
grade 4 et 5, l’appréciation fine du degré de dila- tiques est facilitée par l’injection de contraste,
tation étant difficile. avec meilleure délimitation des abcès en phase
Au total, il semble logique de proposer cette portale (23).
méthode non irradiante dans le dépistage du
reflux chez la fille et dans le contrôle du reflux Pathologie tumorale bénigne ou maligne
chez le garçon, ou en cas d’infection urinaire
L’évaluation des lésions focales chez l’enfant est
récidivante à cystographie radiologique normale.
d’un intérêt beaucoup plus faible que chez
Il ne semblait pas licite de la proposer comme
l’adulte, en raison de la relative rareté de ces
technique initiale chez le garçon car elle mécon-
pathologies, et de leur complexité, même si la
naissait complètement la filière urétrale. Mais des
sémiologie décrite chez l’adulte (24) semble
études récentes ont montré l’intérêt, par voie
s’appliquer dans ses grandes lignes. Il ne semble
périnéale et avec des sondes haute fréquence (19,
pas y avoir à ce jour de place pour la détection
20), d’étudier l’urètre normal et pathologique
des métastases en raison de leur relative rareté.
chez le garçon comme chez la fille.
C’est principalement dans le domaine de la
caractérisation que des observations ont été
Pathologie traumatique rapportées successivement (25, 26). Une ciné-
tique proche de celle des hémangiomes a été
Le bilan des lésions traumatiques du foie et de la rapportée dans les hémangio-endothéliomes,
rate par échographie de contraste apparaît très avec remplissage centripète, lent et progressif
prometteur. Dans une étude mélangeant adultes des lésions (25). Les lésions bénignes, à type
et enfants, elle permet, par rapport à l’échogra- d’angiomes ou d’adénomes dans les glycogé-
phie conventionnelle, de mieux déceler les noses, présentent un rehaussement plus ou
lésions traumatiques, en particulier les contu- moins rapide, mais devenant progressivement
sions, lacérations, hématomes intraparenchyma- homogène en phase tardive (fig. 4, 5). Les hépa-
teux, épanchements sous-capsulaires ou intrapé- toblastomes se rehaussent de façon hétérogène,
ritonéal, puis d’en préciser la topographie et non caractéristique ; un rehaussement peut
l’étendue (fig. 3) (21). Ce diagnostic est faisable s’observer plus facilement en échographie de
dès la phase portale, et reste possible durant plu- contraste qu’en Doppler dans les tumeurs
sieurs minutes en raison d’une phase tardive per- malignes massivement kystiques comme les sar-
sistant assez longtemps tant au niveau du foie comes (26).
288 Échographie de contraste
A B
C D
Lésions focales rénales sion après embolisation (27). Mais, chez l’adulte,
l’administration de produit de contraste avec
L’exploration du parenchyme rénal, organe assez imagerie d’harmoniques n’a pas permis d’amé-
superficiel chez l’enfant, doit être pratiquée par liorer le diagnostic des foyers de pyélonéphrite,
voie assez postérieure pour se libérer au mieux
comparativement à l’échographie simple (28).
des interpositions costales, voire en procubitus.
La rapidité des mouvements respiratoires, et la Ce constat devrait s’appliquer chez l’enfant,
difficulté d’obtenir une apnée, sont à nouveau notamment en raison de la complexité des
des facteurs limitants. lésions qui associent défaut de perfusion et
hypervascularisation inflammatoire. Il n’y a à ce
Pyélonéphrite jour aucune étude avec contraste évaluant le
L’échographie de contraste permet, chez l’ani- mode Doppler puissance, initialement présenté
mal, de mettre en évidence les defects de perfu- comme efficace (29).
Échographie de contraste pédiatrique 289
A B
F
E
Fig. 4 - Mise en évidence d’une lésion de 2 cm de diamètre chez un enfant ayant été traité par allogreffe pour leucose aiguë
quelques années auparavant :
A) acquisition Doppler couleur montrant la présence d’une discrète vascularisation au sein de la lésion, hypoéchogène, rela-
tivement homogène du foie droit ;
B) C) D) acquisition obtenue respectivement à 15, 23 et 120 secondes après administration d’un bolus de 1,2 mL de
SonoVue® (dose rapportée au poids de l’enfant) confirmant le caractère massivement hypervasculaire dès la phase artérielle,
avec mise en évidence de quelques vaisseaux intra-lésionnels, suivie d’une égalisation de contraste avec le foie avoisinant au
temps portal, persistant ensuite au temps tardif. Cette cinétique est très évocatrice d’une lésion bénigne ;
E) nouvelle acquisition en doppler couleur, 3 minutes après administration de SonoVue®, confirmant le caractère hyper-
vasculaire de la lésion ;
F) corrélation scanographique confirmant la bénignité de la lésion.
290 Échographie de contraste
A B
C
D
G
H
Fig. 5 - Évaluation d’adénomes volumineux chez une jeune fille de 20 ans suivie pour glycogénose de type I (maladie de
von Gierke) :
A) examen scanographique de référence montrant la présence de volumineuses lésions du foie droit et du foie gauche, peu
visibles avant injection (A), présentant une hypervascularisation hétérogène en phase artérielle (B) pour devenir légèrement
hyperdenses, homogènes, en phase portale (C) ;
D) coupe transversale en mode bidimensionnel avant injection au niveau du volumineux adénome du lobe gauche (dia-
mètre 10 cm) montrant son caractère hétérogène ;
E) F) G) étude du rehaussement après injection de SonoVue® (Bracco) montrant le caractère très hypervasculaire dès la phase
artérielle, avec homogénéisation progressive du rehaussement ; la lésion se fond dans le reste du foie à la phase portale et tardive ;
H) en raison de phénomènes douloureux, une lobectomie gauche a été effectuée, permettant de retrouver une lésion de taille
volumineuse, mais sans plage ischémique, ni plage de dégénérescence maligne, confirmant la bénignité et l’absence de com-
plication notées lors de l’échographie de contraste.
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Applications cardiologiques
Perfusion myocardique
par échocardiographie de contraste
S. Lafitte
Techniques de rehaussement
Les interactions ultrasons-bulles sont à la base
des techniques proposées depuis une dizaine
d’années en échocardiographie de contraste et
permettent une détection optimisée des agents
de contraste (1). Ainsi, l’imagerie d’harmonique
réceptionne les fréquences harmoniques de la
bulle en résonance au double de la fréquence
d’émission (2). L’imagerie intermittente, en se
focalisant sur une phase par cycle cardiaque,
réduit l’émission des ultrasons, limitant la des-
truction des agents, d’où leur plus grande
concentration dans les tissus (3). Le mode power
Doppler détecte plus particulièrement les modi- Fig. 1 - Perfusion myocardique en mode temps réel sur une
fications de structure des bulles soumises à de coupe apicale quatre cavités.
hautes énergies ultrasonores (4). L’association de
ces deux dernières techniques a longtemps été la
référence en matière de détection des micro- azimutale du faisceau ultrasonore (6). Plus le
bulles myocardiques avec comme principales délai entre les impulsions ultrasonores intermit-
limites la perte du caractère dynamique du cycle tentes est important, plus nombreuses sont les
cardiaque (mode intermittent) et, malgré tout, microbulles à traverser l’épaisseur du faisceau et,
une forte sensibilité aux mouvements de de ce fait, plus intense est leur signal réfléchi.
contraction (power Doppler). L’augmentation progressive des délais (une image
Plus récemment, le mode temps réel basse par cycle cardiaque jusqu’à une image tous les 10
énergie a supplanté les techniques précédentes en ou 15 cycles) permet l’obtention d’une courbe
associant une détection améliorée des agents de exponentielle inversée de type y = A(1 – e–bx), où
contraste avec la restauration de l’acquisition A représente le plateau de la courbe mais égale-
dynamique et une destruction minimale voire ment le volume myocardique sanguin et b la
nulle des microbulles (5). Les techniques qui pente de la courbe caractéristique de la vélocité
autorisent une telle sensibilité dans la détection des microbulles dans les capillaires. Le produit
des agents de contraste se dénomment Power A.b correspond ainsi au débit myocardique.
Pulse Inversion, Power Modulation ou Cancel- Le mode temps réel permet, au-delà de la res-
lation Phase Signature. Globalement, elles sont tauration de l’acquisition continue, une
basées sur une émission d’une ou plusieurs approche facilitée de la quantification des débits
impulsions ultrasonores dont les morphologies de perfusion au moyen de la séquence flash.
diffèrent par leur phase ou leur amplitude. Ces Cette méthode, dont le principe est également
modes permettent la détection des microbulles celui du remplissage de coupe, applique une
au sein des capillaires myocardiques (fig. 1), séquence débutée par une émission à haute éner-
notamment avec les agents de contraste de gie détruisant les microbulles dans l’épaisseur du
deuxième génération. faisceau ultrasonore, suivie d’une acquisition
continue à basse énergie non destructive (fig. 2).
Le rehaussement du signal suit la même courbe
Quantification des débits de perfusion exponentielle que précédemment, caractérisée
en cardiologie par les paramètres pente, b, et plateau, A. Au
cours de la remontée du signal, les variations
En échocardiographie de contraste, la quantifica- cycliques observées sont principalement dues
tion des débits de perfusion selon l’approche aux phases de contraction et de relaxation myo-
compartimentale est limitée en raison de la dyna- cardiques. En effet, les modifications de pression
mique instable du traceur. Des séquences d’acqui- intrapariétale au cours du cycle cardiaque ont un
sition, complexes, en mode intermittent au impact direct sur le volume sanguin. L’étude
moyen de délais incrémentés, sont alors néces- rétrospective des courbes peut nécessiter une
saires pour une approche quantitative de la per- synchronisation à l’électrocardiogramme afin
fusion. Cette technique décrite initialement par d’analyser une seule phase du cycle cardiaque,
K. Wei et al. en cardiologie repose sur l’entrée et la généralement la phase télésystolique pour plus
destruction des microbulles dans la dimension de reproductibilité.
Perfusion myocardique par échocardiographie de contraste 297
y = A(1-e-bx) + c
par ouverture ou fermeture de ces derniers ont sés (inotrope positif ou vasodilateur) sont sensi-
été identifiés comme élément régulateur des blement d’efficacité équivalente, avec, à noter,
échanges métaboliques mais également à l’ori- des anomalies de perfusion plus précocement
gine des « defects » de perfusion observés en cas détectées que celles de contraction (10). Sur les
de sténose coronaire (8). modèles expérimentaux, il est retrouvé une dimi-
nution significative des débits de perfusion en
zone alimentée par une coronaire sténosée.
Diagnostic qualitatif et quantitatif Les études cliniques ne mettent en évidence
de sténoses coronaires qu’une légère supériorité de l’échographie de
contraste comparativement à la scintigraphie
Le diagnostic non invasif de sténose coronaire pour le diagnostic de sténose coronaire (11).
s’appuie généralement, soit sur la scintigraphie Cependant, l’analyse de la perfusion couplée à
myocardique qui apprécie les conséquences per- l’analyse segmentaire au cours d’une échogra-
fusionnelles des lésions coronaires, soit sur phie à la dobutamine ou d’effort permet de façon
l’échographie de stress qui se focalise sur l’impact significative une nette augmentation des chiffres
fonctionnel de ces mêmes sténoses. Ces deux de sensibilité et de spécificité (12, 13). La dobuta-
méthodes nécessitent une étape pharmacolo- mine comme agent de stress permet la possibilité
gique qui permet d’apprécier une diminution du d’une analyse de perfusion myocardique conco-
débit coronaire en situation d’hyperémie pour mitante à l’étude de la contraction en raison de
des sténoses de 50 à 60 % de diamètre, contre 90 ces effets vasodilatateurs coronaires.
à 95 % au repos. À l’opposé, les agents vasodilatateurs purs
Moyennant cela, les sensibilités et spécificités (adénosine, dipyridamole) nécessitent une
de ces examens sont de l’ordre de 70 à 80 % selon appropriation spécifique pour les cardiologues
les études (9). avec comme avantage une meilleure détection
L’échographie de contraste au moyen des des defects de perfusion mais au dépens de l’in-
nouveaux modes de rehaussement permet, de formation de contraction (14).
façon comparable à la scintigraphie, la mise en Sur un plan pratique, l’obtention des images
évidence d’anomalies de perfusion en cas de sté- de perfusion s’effectue préférentiellement par
nose coronaire (fig. 3). Les agents de stress utili- infusion continue d’agent de contraste en asso-
Fig. 3 - Exemple de defects de perfusion en zone inféro-latérale obtenue sous infusion de dipyridamole corroborée à la scin-
tigraphie (courtesy of M. Peltier).
Perfusion myocardique par échocardiographie de contraste 299
Fig. 4 - Images paramétriques intégrant les informations quantitatives d’une séquence de remplissage pour une meilleure
identification des zones hypoperfusées : A) perfusion normale ; B) diminution apicale des débits de perfusion.
ciant une séquence flash pour chaque incidence. myocardique dans la zone à risque et limitant la
Il est à noter que la visualisation des defects de récupération fonctionnelle à distance de l’épi-
perfusion sur ces séquences de remplissage sode aigu.
nécessite un degré d’expérience non négligeable Sur un plan expérimental, les nouvelles
et peut dans certains cas porter à discussion. modalités d’échographie de contraste ont mon-
Dans ce domaine, les images paramétriques tré leurs potentialités dans le diagnostic simul-
peuvent être d’une aide substantielle en synthéti- tané de zone à risque et de zone nécrosée, au
sant sur une image unique les informations cours de l’occlusion comme lors de la reperfu-
mesurées à partir d’une séquence complète de sion (16).
remplissage (fig. 4). En pratique clinique, l’échographie de
Ainsi, l’échographie de contraste myocar- contraste apporte tous les arguments pour juger
dique dans le diagnostic de sténose coronaire de l’état perfusionnel de la zone à risque myo-
doit s’envisager comme complément et non cardique qu’il faut différencier du débit corona-
comme concurrent de l’échographie de stress rien. Un defect de perfusion en zone à risque
conventionnelle, permettant d’augmenter la fia-
bilité de cet examen, cumulant ainsi l’améliora-
tion de la détection de l’endocarde aux informa-
tions de perfusion.
Perfusion myocardique
et syndrome coronarien aigu
Depuis les travaux d’Ito et al. en 1998 (15), il est
connu que le rétablissement d’un débit coronaire
n’est pas suffisant à la restauration de la perfu-
sion myocardique locorégionale ad integrum. La
réouverture d’une coronaire s’associe dans 30 % Fig. 5 - Defect de perfusion de repos signant l’absence d’in-
des cas à une inflammation et à une embolisation tégrité capillaire en zone antéro-latérale synonyme de non-
distale, altérant significativement la perfusion récupération fonctionnelle à distance de l’infarctus.
300 Échographie de contraste
(fig. 5) peut être aussi bien le fait de l’occlusion risations d’utilisation des agents de contraste
d’un vaisseau épicardique que celui d’un phéno- dans le domaine de l’analyse de perfusion myo-
mène inflammatoire local ou d’une destruction cardique.
capillaire faisant suite à une reperfusion coro-
naire.
Par ailleurs, l’absence de defect dans le terri- Références
toire d’une coronaire occluse peut s’observer en
cas de suppléance par des collatérales ; la pré- 1. Uhlendorf V, Scholle FD, Reinhardt M (2000) Acoustic
sence de signal de contraste n’est donc pas exclu- behaviour of current ultrasound contrast agents.
sivement synonyme de viabilité myocardique cel- Ultrasonics 38(1-8): 81-6
lulaire (17). 2. Krishna PD, Newhouse VL (1997) Second harmonic cha-
L’intérêt de l’échographie de contraste dans racteristics of the ultrasound contrast agents albunex and
le SCA se situe alors dans l’évaluation de l’inté- FSO69. Ultrasound Med Biol 23(3): 453-9
grité capillaire après reperfusion, qu’elle soit 3. Porter TR, Xie F (1995) Transient myocardial contrast
obtenue de façon pharmacologique ou méca- after initial exposure to diagnostic ultrasound pressures
nique, afin de guider au mieux les nouvelles pro- with minute doses of intravenously injected micro-
cédures thérapeutiques de traitement locorégio- bubbles. Demonstration and potential mechanisms.
nal du « no-reflow ». Certains travaux expéri- Circulation 92(9): 2391-5
mentaux en échographie de contraste ont 4. Lafitte S, Dos Santos P, Derumeaux G et al. (1999) Can
démontré ainsi l’efficacité des anti-Gp2b3 en power motion imaging mode combined with contrast
complément de la réouverture de l’artère (18). agent assess myocardial contraction and perfusion ? In
En raison de la faisabilité de la technique au lit vitro and in vivo studies. J Am Soc Echocardiogr. 12(11):
du malade et de son faible coût comparative- 941-50
ment aux autres techniques comme la scintigra- 5. Tiemann K, Lohmeier S, Kuntz S et al. (1999) Real-Time
phie myocardique ou l’IRM, on imagine pouvoir Contrast Echo Assessment of Myocardial Perfusion at
répéter à plusieurs reprises cette analyse afin de Low Emission Power: First Experimental and Clinical
juger l’efficacité de la thérapeutique de reperfu- Results Using Power Pulse Inversion Imaging.
sion appliquée. Echocardiography 16(8): 799-809
Au-delà de la phase aiguë, après résolution 6. Wei K, Jayaweera AR, Firoozan S et al. (1998)
des phénomènes inflammatoires (> J5), l’écho- Quantification of myocardial blood flow with ultra-
graphie de contraste permet de prédire de la sound-induced destruction of microbubbles admi-
récupération fonctionnelle en améliorant signifi- nistered as a constant venous infusion. Circulation 97(5):
cativement la sensibilité et la spécificité de 473-83
l’échographie de stress-dobutamine faibles 7. Lafitte S, Masugata H, Peters B et al. (2001) Accuracy and
doses (19). R. Senior a particulièrement étudié ce reproducibility of coronary flow rate assessment by real-
domaine en démontrant la grande fiabilité de time contrast echocardiography: in vitro and in vivo stu-
l’échographie de contraste dans l’investigation dies. J Am Soc Echocardiogr 14(10): 1010-9
post-SCA. 8. Jayaweera AR, Wei K, Coggins M et al. (1999) Role of
capillaries in determining CBF reserve: new insights
using myocardial contrast echocardiography. AJP 277:
Conclusion H2363-72
9. Garber AM, Solomon NA (1999) Stress echocardiogra-
La performance combinée des nouveaux agents phy. Ann Med 130: 719-28
de contraste et des techniques de rehaussement 10. Lafitte S, Masugata H, Peters B et al. (2001) Comparative
rend incontestable l’intérêt de cette technique value of dobutamine and adenosine stress in the detec-
dans le domaine de l’évaluation de la perfusion tion of coronary stenosis with myocardial contrast echo-
myocardique. La détection des microbulles au cardiography. Circulation 5 ; 103(22): 2724-30
sein des capillaires myocardiques est une réalité. 11. Lepper W, Nowak B, Franke A, Hoffmann R (2003)
L’incidence d’une telle avancée technologique Myocardial contrast echocardiography, single-photon
permet de compenser les insuffisances de l’ap- emission computed tomography, and regional function
proche fonctionnelle, aussi bien dans le analysis for coronary stenosis description during vasodi-
domaine de la détection des sténoses coronaires lator stress. Am J Cardiol 15 ; 91(4): 445-8
au cours du stress que dans celui du SCA. Les 12. Porter T, Xie F, Kricksfeld D (2001) Real time perfusion
études expérimentales et cliniques actuellement imaging with low mechanical index pulse inversion
disponibles devraient à terme aboutir aux auto- Doppler imaging. J Am Coll Cardiol 37(3): 748-53
Perfusion myocardique par échocardiographie de contraste 301
13. Xie F, Tsutsui JM, McGrain AC et al. (2005) Comparison 16. Lafitte S, Higashiyama A, Masugata et al. (2002) H
of dobutamine stress echocardiography with and Contrast echocardiography can assess risk area and
without real-time perfusion imaging for detection of infarct size during coronary occlusion and reperfusion:
coronary artery disease. J Am Cardiol 15; 96(4): 506-11 experimental validation. J Am Coll Cardiol 1 ; 39(9):
14. Peltier M, Vancraeynest D, Pasquet A et al. (2004) 1546-54
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17. Brochet E, Czitron D, Karila Cohen D (1998) Early
disease with dipyridamole real-time myocardial
changes in myocardial perfusion patterns after mycoar-
contrast echocardiography. Comparison with techne-
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tium-99m sestamibi single-photon emission computed
functional recovery. J Am Coll Cardiol 32(7): 2011-7
tomography and quantitative coronary angiography. J
Am Coll Cardiol 21; 43(2): 257-64 18. Senior R, Swinburn J (2003) Incremental value of MCE
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81(12A): 8G-12G 91(4): 394-402
Imagerie ultrasonore
de contraste cavitaire cardiaque
N. Mansencal et O. Dubourg
conventionnelle n’est pas fiable et l’échocardio- L’effet de contraste est produit par la mise en
graphie transœsophagienne améliore partielle- suspension de microcavitations gazeuses, secon-
ment la performance de l’échocardiographie. daires à l’élévation de pression liée à la force exer-
Ainsi, la recherche d’un foramen ovale per- cée sur le piston de chaque seringue. Chez un
méable et la détection d’un thrombus intra- sujet normal ne présentant pas de shunt
ventriculaire gauche (en cas de doute pour ce der- intracardiaque, le contraste n’est présent que
nier) nécessitent la réalisation d’une échocardio- dans les cavités droites (fig. 1A).
graphie de contraste par voie trans-thoracique. L’incidence du foramen ovale perméable est
estimée entre 20 à 30 % de la population générale
et diminue avec l’âge (8). Sa recherche doit être
Aspect en échocardiographie notamment faite en cas d’accident vasculaire
cérébral, afin de rechercher une éventuelle embo-
de contraste lie paradoxale. L’absence de détection de shunt
droit-gauche en échocardiographie de contraste,
Recherche d’un foramen ovale perméable à l’état basal nécessite la réalisation d’épreuves de
provocation (fig. 1) : secousses de toux et
La détection du foramen ovale perméable est manœuvre de Valsalva (7). Ces dernières permet-
faite préférentiellement en échocardiographie de tent de sensibiliser l’examen, avec une améliora-
contraste. L’échocardiographie transœsopha- tion de la détection de 30 à 50 % des foramens
gienne était privilégiée avant l’introduction de ovales perméables (9).
l’imagerie de seconde harmonique. Depuis, en L’échocardiographie de contraste peut parfois
couplant les progrès de l’imagerie et l’utilisation être également utilisée pour la détection des
de l’échocardiographie de contraste, l’échocar- autres shunts intracardiaques (communication
diographie transthoracique s’est imposée comme interauriculaire ou interventriculaire) et des
examen de première intention dans la recherche shunts intrapulmonaires.
d’un foramen ovale perméable (5, 6).
Dans la détection des shunts intracardiaques,
l’échocardiographie de contraste n’utilise pas Opacification ventriculaire gauche
d’agents de contraste spécifiques. La solution uti- par agents de contraste spécifiques
lisée est le plus souvent du glucosé à 5 % ou du
sérum salé isotonique (7). La technique consiste L’opacification ventriculaire gauche est possible
à transférer rapidement d’une seringue à une grâce aux agents de contraste spécifiques.
autre, par l’intermédiaire de robinets, un Initialement, leur utilisation était limitée, en
mélange de 9 cm3 de glucosé et d’1 cm3 d’air. raison de leur faible durée de vie. L’introduction
Fig 1 - Coupe apicale des quatre cavités en échocardiographie transthoracique, avec injection de produit de contraste ne
franchissant pas la barrière pulmonaire : A) pas de shunt droit-gauche visualisé à l’état basal ; B) présence d’un foramen
ovale perméable après manœuvres de Valsalva, avec visualisation de contraste dans les cavités gauches (flèche). OD
= oreillette droit ; OG = oreillette gauche ; VD = ventricule droit ; VG = ventricule gauche.
Imagerie ultrasonore de contraste cavitaire cardiaque 305
Fig. 2 - Coupe apicale des quatre cavités en échocardiographie transthoracique ; A) doute sur la présence d’un thrombus plan
à l’apex du ventricule gauche (flèche) en échocardiographie conventionnelle (imagerie de seconde harmonique) ; B) élimi-
nation formelle de la présence d’un thrombus apical, après injection d’un produit de contraste de seconde génération. VG
= ventricule gauche.
Différentiation
des masses intracardiaques
La différentiation des masses intracardiaques a
été proposée en échocardiographie de contraste Fig. 3 - Thrombus apical (flèche) en échocardiographie de
(fig. 4). Kirkpatrick et al. ont étudié 16 patients contraste.
306 Échographie de contraste
Fig 4 - Coupe apicale des quatre cavités en échocardiographie trans-thoracique ; A) présence d’une masse mobile dans
l’oreillette droite (flèche) ; B) en échocardiographie de contraste, hypervascularisation de la masse, correspondant à une
tumeur maligne en histologie ; C) masse comblant l’oreillette droite (flèche) ; D) absence de prise de contraste dans la masse
auriculaire droite. Il s’agissait d’un thrombus.
lité et les performances de l’échocardiographie de ced right to left shunt through a patent foramen ovale. J
stress en contraste sont alors maximales, permet- Am Coll Cardiol 4: 587-94
tant d’éviter la réalisation d’un second examen 8. Hagen PT, Scholz DG, Edwards WD et al. (1984)
d’ischémie myocardique dans les cas difficiles Incidence and size of patent foramen ovale during the
(17). De plus, il s’agit d’un examen sûr, avec de first 10 decades of life: an autopsy study of 965 normal
très rares effets secondaires (18). hearts. Mayo Clin Proc 59: 17-20
9. Lechat P, Mas JL, Lascault G et al. (1988) Prevalence of
patent foramen ovale in patients with stroke. N Engl J
Conclusion Med 318: 1148-52
10. Italian Society of Cardiovascular Echography (SIEC)
Les applications de l’échocardiographie de (2004) Consensus Conference on the state of the art of
contraste dans l’opacification cavitaire cardiaque contrast echocardiography. Ital Heart J 5: 309-34
sont multiples. Ainsi, la détection d’un shunt 11. Thanigaraj S, Schechtman KB, Perez JE (1999) Improved
intracardiaque ou d’un thrombus ventriculaire echocardiographic delineation of left ventricular throm-
gauche, le calcul de la fraction d’éjection ventri- bus with the use of intravenous second-generation
culaire gauche, la différentiation des masses contrast image enhancement. J Am Soc Echocardiogr
intracardiaques et la réalisation d’échocardiogra- 12: 1022-6
phie de stress représentent les principales indica- 12. Hoffmann R, von Bardeleben S, ten Cate F et al. (2005)
tions actuelles de l’échocardiographie de Assessment of systolic left ventricular function: a multi-
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Applications thérapeutiques
Transfert de drogues et de gènes
par microbulles et ultrasons
K. Kaddur, T.A. Tran, F. Tranquart et A. Bouakaz
Fig. 1 - Image mettant en évidence l’expression de la GFP dans les cellules cancéreuses gliales par microscopie confocale à
fluorescence, 24 heures après sonoporation avec des microbulles du BR14 (1 MHz, 0,4 MPa (A)). Même cellule observée en
lumière blanche (B).
100
peuvent être également utilisées comme mar- US+microbulles
Incorporation %
Control
queur afin d’évaluer le taux de transfert en cyto- 75
figure 2 qui démontre une augmentation signifi- Fig. 2 - Incorporation amplifiée de l In-Dota-Tyr3-
cative de l’incorporation de l’agent radioactif, In- Octeatrate par les microbulles de gaz (SonoVue®) et les
DOTA-Tyr3-Octreatate, en présence des micro- ultrasons (1 MHz, 0,42 MPa) , contrôle + .
bulles de SonoVue® et d’ultrasons (1 MHz, pres-
sion = 0, 42 MPa) comparativement à l’adminis-
tration de l’agent radioactif seul. méthode (tableau I). Dans le tableau sont réper-
toriés les types cellulaires testés, les conditions
Étude de la sonoporation in vitro expérimentales en termes de fréquences ultra-
sonores et de pressions acoustiques et le type
Les résultats de quantification de l’efficacité de d’agent de contraste utilisé. L’ensemble des résul-
transfection ou d’incorporation du gène ont tats met en évidence un taux de transfert variable
montré que la sonoporation permet un transfert en fonction du type cellulaire, des fréquences
moléculaire à un large panel de cellules, y com- allant de 1 à 3 MHz et du temps d’exposition aux
pris des types cellulaires dont la membrane pré- ultrasons variant de 10 secondes à 30 minutes.
sente une barrière à l’incorporation de molécules Ces résultats démontrent également que l’asso-
étrangères (4). Les cellules en culture primaire – ciation des ultrasons et des microbulles est néces-
les cellules endothéliales et les cellules muscu- saire pour induire une transfection optimale,
laires lisses – sont connues pour être très résis- alors que l’utilisation des ultrasons seule n’en-
tantes aux méthodes traditionnelles de transfec- traîne qu’un faible transfert moléculaire (5).
tion (5). Des lignées de cellules tumorales : CHO L’obtention d’un passage transmembranaire
(chinese hamster ovary) (6), MATB III (rat mam- de molécules a nécessité par ailleurs la recherche
mary carcinoma cells) (7), les cellules tumorales et l’étude de paramètres pouvant moduler l’effi-
pancréatiques de rat : CA20948 (2) et également cacité de transfert. Des travaux ont alors montré
des cellules indifférenciées de la lignée 293 que l’efficacité de transfection dépend des para-
(undifferentiated human embryonic kidney mètres liés aux caractéristiques de l’onde ultra-
cells) (8) ont pu être testées avec succès par cette sonore. L’efficacité de la sonoporation est parti-
Transfert de drogues et de gènes par microbulles et ultrasons 313
Tableau I - Récapitulatif de travaux réalisés sur culture de cellules ; mise à jour 2006.
Pourcentage de cellules
Pourcentage de cellules
25
20
20
15
15
10 10
5 5
0 0
10 20 40 50 2 4 20 40 80
Variation de la période effective d’excitation (%) Rapport bulles/cellules
Fig. 3 - Étude de l’efficacité de transfert du plasmide Fig. 4 - Étude de l’efficacité de transfert du plasmide
pmaxGFP et de la mortalité cellulaire des cellules cancé- pmaxGFP et de la mortalité cellulaire des cellules cancé-
reuses gliales U87MG, par cytométrie en flux, en fonction reuses gliales (U87MG), par cytométrie en flux, en fonction
de la période effective d’excitation ultrasonore (1 MHz, du nombre de microbulles (BR14) par cellules (US, 1MHz,
400 KPa) et de microbulles de gaz (BR14, 20 bulles par 400 kPa, duty cycle = 40 %),
cellules).
correspondant à 20 microbulles par cellule, lique. Le système nerveux central défini comme
l’effet est progressivement perdu. Par contre, la une barrière inaccessible aux agents thérapeu-
mortalité diminue en fonction la concentration tiques a pu ainsi être franchi en utilisant cette
en microbulles. technique. La technique de sonoporation permet
l’augmentation de la perméabilité des capillaires
sanguins, aussi bien au niveau du cerveau qu’au
Étude de la sonoporation in vivo niveau du muscle squelettique et d’autres tis-
La majorité des modèles d’études de sonopora- sus (18-19). Une étude de Song (18) a mis en évi-
tion sont réalisés chez les rongeurs. Devant le dence l’extravasation de microsphères à partir des
développement et la miniaturisation des sondes vaisseaux sanguins et le transfert de ces dernières
échographiques, différents types d’organes acces- vers le tissu squelettique à 1 MHz et à 0,75 MPa,
sibles ont pu être testés. Le système cardiovascu- en présence de microbulles d’Optison®.
laire est le premier système qui a suscité l’intérêt Le mode d’application des ultrasons semble
de cette méthode dans une perspective thérapeu- avoir une influence sur l’efficacité de transfert
tique. Le tableau II résume quelques expériences moléculaire in vivo (16) Le transfert de gène est
de sonoporation réalisées sur des vaisseaux san- important au niveau du muscle cardiaque et du
guins (ex vivo) et le cœur. Les fréquences ultraso- foie lorsque les ondes ultrasonores sont trans-
nores utilisées sont relativement identiques dans mises de manière pulsée à l’instar du mode
toutes les expériences. Afin d’évaluer la sonopo- continu. L’étude de Chen en 2003 (16) a égale-
ration in vivo, différent agents de contrastes ont ment démontré que les ultrasons de basses fré-
été testés, ainsi que différents marqueurs molé- quences (1,3 MHz) améliorent la délivrance et le
culaires. transfert de gène au niveau du myocarde compa-
Le muscle squelettique (6), le muscle car- rativement aux fréquences supérieures (5 MHz et
diaque (16) ont également été explorés avec suc- 12 MHz). De plus, la destruction des microbulles
cès avec cette méthode de transfert. Par ailleurs, qui se trouve amplifiée aux basses fréquences
Hynynen (17) a montré que l’application trans- semble jouer un rôle important dans la sonopo-
crâniale des ultrasons sur lapin (200 kHz, 0, ration (13-20). La transmission des ultrasons à
57 MPa) associée à une injection intravasculaire fortes pressions acoustiques induit également
de microbulles de gaz (Optison®) perméabilise de une destruction massive et a démontré un trans-
manière réversible la barrière hémato-encépha- fert optimal de gènes dans les tissus (16).
Transfert de drogues et de gènes par microbulles et ultrasons 315
A – 25 mV
– 32 mV
5 mV ultrasons
5s
B
– 40 mV
5 mV
10 mV
5s Pression mécanique
ultrasons
10 s
Fig. 6 - Une pression mécanique induite sur la membrane
cellulaire via une pipette de verre rodée entraîne une modi-
Fig. 5 - Potentiel membranaire d’une cellule MDA-Mb231
fication du potentiel de membrane.
sous l’effet des ultrasons (200 kPa, 1 MHz) seul (A) et en
précense d’ultrasons (200 kPa, 1 MHz) et microbulles de
SonoVue® (B).
montré une répartition homogène dans le cyto- maux reproduisant les symptômes des patholo-
plasme (9). Par contre, dans le cas de la lipofec- gies concernées.
tion, les plasmides sont regroupés sous forme de Dans le cadre des maladies cardiovasculaires,
paquets ou « clusters » au sein des vésicules un exemple d’essai thérapeutique chez un
d’endocytoses. De plus, la comparaison de la modèle de rat de resténose après angioplastie a
cinétique d’expression du gène de la GFP par été étudié par Taniyama (5). L’effet bénéfique à
sonoporation et lipofection a montré des diffé- long terme de l’angioplastie est limité par le phé-
rences (9). Certains auteurs s’accordent à dire nomène de resténose qui survient chez près de
que la sonoporation permet un transfert direct 40 % des patients. Ce processus est produit par
des plasmides dans le cytoplasme des cellules où une prolifération anormale des cellules muscu-
les molécules seraient propulsées directement laires lisses formant l’intima des vaisseaux san-
dans le noyau. Cela expliquerait en grande partie guins. Afin d’évaluer la faisabilité ou l’efficacité
la cinétique d’expression rapide de la GFP, com- de la thérapie génique par les ultrasons et les
parativement à la lipofection. Celle-ci nécessite microbulles de gaz, le gène anti-oncogène p53 a
des mécanismes plus ou moins complexes et été incorporé dans les cellules d’intérêt en pré-
longs avant de pouvoir permettre l’incorporation sence d’ultrasons (2, 5W/cm2) et microbulles de
de l’ADN dans le noyau (9). Afin de valider gaz (Optison®). Suite à la surexpression de la
l’hypothèse de création de pores lors de la sono- protéine p53 dans le tissu, une inhibition de la
poration, certains auteurs ont essayé d’évaluer de croissance des cellules musculaires lisses de la
manière indirecte la taille de ces derniers. Ils ont néo-intima de la carotide a été observée chez le
étudié l’incorporation dans la cellule de molé- rat ayant subi une angioplastie (5). Le traitement
cules de différentes tailles (2, 9). Les résultats ont préventif des patients après angioplastie pourrait
montré que les petites molécules s’incorporent être conduit de manière réaliste par cette straté-
plus facilement que les molécules plus larges. gie thérapeutique.
L’internalisation de particules fluorescentes de Un autre exemple est la thérapie du cancer, où
taille comprise entre 37 nm et 75 nm de diamètre deux principaux travaux de sonoporation sur des
est efficace et généralement bien tolérée. Au-delà modèles de tumeurs de rat ont été réalisés pour
de 75 nm, les particules entrent uniquement évaluer notamment le transfert de gène au sein
dans quelques cellules. La taille des pores formés des tumeurs. Dans un premier temps, les travaux
serait donc au moins inférieure ou égale à 75 nm de Hauff (28), menés sur une tumeur du foie
de diamètre pour les cellules étudiées (7). obtenue par implantation de cellules de carci-
nome de côlon de rats, ont démontré un transfert
Application de la sonoporation efficace de plasmides contenant le gène de la
β-galactosidase induite en mode couleur Doppler
à la thérapie à un index mécanique de 1 et en présence de
microbulles de gaz. Une expression de cette pro-
Évaluation du potentiel thérapeutique téine est détectable et est visualisée au sein d’une
des ultrasons et des microbulles coupe histologique de la tumeur. Humbert et al.
La possibilité de transférer des gènes dits théra- ont également réalisé des expériences de sonopo-
peutiques par ultrasons et microbulles de gaz ration sur un modèle de tumeurs obtenues par
constituerait une méthode alternative aux implantation de cellules de carcinomes mam-
méthodes de thérapies géniques. Le développe- maires de rats dans le tissu adipeux mam-
ment de cette technique non invasive constitue maire (29). Dans cette étude, la solution conte-
alors un enjeu majeur, puisqu’elle peut être nant le gène rapporteur de la GFP ou de la lucifé-
appliquée à un large panel de maladies. Les rase et les microbulles expérimentales (Bracco)
pathologies concernées peuvent être les maladies est injectée de manière intratumorale. Les résul-
héréditaires monogéniques dont le gène muté tats ont démontré la possibilité d’induire un
responsable est connu. Les maladies cardiovascu- transfert des plasmides dans les cellules tumorales
laires, métaboliques, et enfin les cancers pour- sans pour autant causer des réactions d’inflam-
ront faire l’objet d’une approche thérapeutique mation ou de nécrose liées à l’injection.
par cette technique. Néanmoins, avant de pou- La dimension thérapeutique des ultrasons et
voir appliquer cette méthode de thérapie à des bulles pour le transfert de gènes thérapeu-
l’échelle humaine, il est nécessaire de valider tiques afin de traiter les tumeurs cancéreuses a
dans un premier temps la dimension thérapeu- été évaluée dans l’étude de Hauff (28). Cette
tique de la sonoporation chez des modèles ani- étude a démontré l’effet du gène suppresseur de
318 Échographie de contraste
Fig. 8 - Différentes approches d’incorporation des agents thérapeutiques dans une microbulle de gaz. Les agents thérapeu-
tiques peuvent être contenus à l’intérieur de la microbulle (A), ou être incorporés dans la paroi (B) ou, enfin, être attachés
à la face externe de la paroi (C).
Transfert de drogues et de gènes par microbulles et ultrasons 319
cette technique pour une visée thérapeutique, 7. Mehier-Humbert S, Bettinger T, Yan F, Guy RH (2005)
sachant que d’autres méthodes de transferts molé- Plasma membrane poration induced by ultrasound
culaires ont montré leurs limites, soit par leur exposure: implication for drug delivery. J Control
manque d’efficacité (lipofection), soit par leur Release, vol. 104: 213-22
toxicité (infection virale). 8. Frenkel P A, Chen S, Thai T et al. (2002) DNA-loaded
Une étape limitante pour le succès de la thé- albumin microbubbles enhance ultrasound-mediated
rapie génique et chimique est le développement transfection in vitro. Ultrasound Med Biol, vol. 28:
de méthodes de transfert efficaces et non 817-22
toxiques pour les tissus sains. La sonoporation 9. Mehier-Humbert S, Bettinger T, Yan F, Guy RH (2005)
semble pour cela être une méthode qui répond à Ultrasound-mediated gene delivery: kinetics of plasmid
ces critères. En effet, la sonoporation permet l’as- internalization and gene expression. J Control Release,
sociation de l’imagerie et de la thérapie en temps vol. 104: 203-11
réel par l’intermédiaire des microbulles de gaz. 10. Greenleaf WJ, Bolander ME, Sarkar G et al. (1998)
Ces dernières peuvent être utilisées comme vec- Artificial cavitation nuclei significantly enhance acousti-
teurs médicamenteux, tout en conservant leurs cally induced cell transfection. Ultrasound Med Biol,
propriétés acoustiques. La fonctionnalisation des vol. 24: 587-95
parois des agents de contraste et la possibilité de 11. Duvshani-Eshet M, Machluf M (2005) Therapeutic
focaliser le champ ultrasonore sur des zones res- ultrasound optimization for gene delivery: a key factor
treintes de l’organisme font de cette approche achieving nuclear DNA localization. J Control Release,
une technique de thérapie ciblée. L’incorporation vol. 108: 513-28
des produits thérapeutiques dans les cellules 12. Miller D L, Bao S, Morris JE (1999) Sonoporation of
cibles est ainsi potentialisée par, d’une part l’ac- cultured cells in the rotating tube exposure system.
cumulation des drogues transportées par les Ultrasound Med Biol, vol. 25: 143-9
agents de contraste ultrasonores sur une faible 13. Shohet RV, Chen S, Zhou YT et al. (2000) Echo-
surface et, d’autre part, par l’augmentation de la cardiographic destruction of albumin microbubbles
perméabilité membranaire induite par l’interac- directs gene delivery to the myocardium. Circulation,
tion des ultrasons avec les microbulles de gaz. vol. 101: 2554-6
Néanmoins, avant de pouvoir procéder aux 14. Bekeredjian R, Chen S, Frenkel PA et al. (2003)
essais cliniques à l’échelle humaine, l’évaluation Ultrasound-targeted microbubble destruction can repea-
et la validation de cette méthode de transfert de tedly direct highly specific plasmid expression to the
gènes doivent être réalisées chez l’animal. heart. Circulation, vol. 108: 1022-6
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Microbulles ciblées
pour l’imagerie ultrasonore1
Ch. A. Sennoga, J.S. Yeh, J.M. Seddon, S. Nourshargh, R.J. Eckersley,
D.O. Haskard, D.O. Cosgrove et P. Nihoyannopoulos
Malgré les avancées significatives dans la compré- Les agents de contraste pour ultrasons ont été
hension moléculaire des causes de plusieurs mala- introduits pour la première fois par Gramiak et
dies, l’évaluation clinique des dérégulations vas- Shah en injectant une solution saline dans l’aorte
culaires reste basée sur les changements anato- durant un examen échocardiographique (1). Des
miques qui ne sont que des manifestations tar- échos très intenses sont alors observés dans les
dives des événements moléculaires responsables chambres cardiaques en raison de la différence
de ces dérégulations. L’utilisation de produits de d’impédance acoustique entre les bulles d’air
contraste ultrasonores ciblés remédie à ces limita- dans la solution et le tissu environnant (2) (cf.
tions, permettant le développement de moyens chapitre Dynamique de la microbulle pour la des-
non invasifs pour l’identification et la quantifica- cription des mécanismes d’interaction entre les
tion du tissu pathologique qui à l’origine n’est pas microbulles et les ondes ultrasonores). Depuis,
discernable du tissu normal. Cette approche est de nouvelles générations de microbulles utilisées
basée sur l’utilisation de ligands qui ciblent des comme produit de contraste ultrasonore ont été
molécules surexprimées dans le tissu cible. Ainsi proposées comprenant des micro-émulsifica-
les parois des microbulles peuvent être fonction- tions contenant du perfluorocarbone (3, 4), des
nalisées pour s’attacher spécifiquement sur la
liposomes actifs acoustiquement (5, 6), ou des
région d’intérêt. Les microbulles ciblées interagis-
microbulles stabilisées par des protéines dénatu-
sent dans l’espace intravasculaire avec des molé-
cules d’adhésion telles que les leucocytes qui vont rées (7), par des phospholipides (8), des surfac-
ralentir leur mouvement et renforcer éventuelle- tants (9), des biopolymères (10) ou des acides
ment leur attachement aux parois intravasculaires gras (11). La paroi de la bulle prolonge la durée
avec une affinité aux régions ciblées. de vie de la microbulle tout comme le gaz ren-
fermé dans la bulle. L’air, le nitrogène (12),
l’hexafluorure de soufre, et les perfluorocar-
Introduction bones (13, 14) ont tous été utilisés pour amélio-
rer la stabilité des bulles et prolonger ainsi la
Rôle des agents de contraste durée utile de l’examen échographique de
en imagerie ultrasonore contraste.
Un agent de contraste est par définition utilisé Les microbulles ciblées qui nous intéressent
pour altérer le contraste de l’image de façon à contiennent du perfluorocarbone ou de l’hexa-
aider l’opérateur à différencier tissu normal et fluorure de soufre encapsulé par une paroi de
tissu pathologique de manière non invasive. Ceci phospholipide ou de polymères. Les microbulles
peut être réalisé par l’amplification de la néovas- ont une taille moyenne comprise entre 2 et 5 µm
cularité de la région d’intérêt telle que la tumeur avec une rhéologie similaire à celle des globules
ou par l’identification spécifique du tissu patho- rouges. Sous l’activation ultrasonore, les micro-
logique en utilisant des agents de contraste ciblés bulles oscillent radialement et génèrent une
(voir chapitres précédents). nette amélioration du signal ultrasonore (15).
Fabrication d’agents
de contraste ultrasonore ciblés
La fabrication de microbulles consiste essentiel-
Fig. 1 - Étapes du transit intravasculaire des leucocytes
lement à mélanger la suspension aqueuse formée
menant à la capture, le roulage et leur adhésion induite par les par dissolution des composants de la paroi dans
molécules d’adhésion cellulaire durant le processus d’inflam- un solvant approprié. Le mélange est lyophilisé et
mation. Adapté de Miyasaka M, Kawashima H, Korenaga R et gardé à l’abri de l’humidité. Les microbulles sont
al. (1997) Involvement of selectins in artherogenesis: a pri- obtenues par une hydratation du mélange dans
mary or secondary event? Ann NY Acad Sci 811: 25-34. un solvant approprié.
Microbulles ciblées pour l’imagerie ultrasonore 323
Fig. 2 - Illustration schématique de l’imagerie ultrasonore avec des microbulles ciblées accumulées sur les récepteurs de
l’inflammation.
Fig. 3 - Schématisation de microbulles fonctionnalisées pour l’imagerie ultrasonore ciblée. Un agent de contraste contenant
des microbulles ayant une paroi biotinylée et une liaison avec le ligand via une conjugaison streptavidine.
324 Échographie de contraste
bulles fonctionnalisées en circulation a été testée fique au thrombus a été développé. Il est com-
également par le même groupe dans une étude in posé d’une paroi où est associé à sa surface un
vitro et confirmée par microscopie (28). peptide qui est destiné spécifiquement aux
Dans une autre étude, Lanza et al. ont récepteurs GPIIb/IIIa exprimés à la surface des
exploité l’interaction avidine-biotine pour cibler plaquettes activées. Cet agent produit ainsi une
des épitopes moléculaires spécifiques contenus amplification du signal ultrasonore en prove-
dans un modèle de thrombus de porcin (4). Ce nance du thrombus.
travail consiste en une approche de ciblage de la Dans notre laboratoire, nous avons développé
fibrine en trois étapes. Les thrombus ont été pro- une méthode de fonctionnalisation des micro-
duits in vitro et sont exposés à différents compo- bulles préformées avec des agents de ciblage pro-
sés en utilisant les conditions suivantes : duisant ainsi des microbulles stables, suffisam-
– les anticorps biotinylés anti-fibrine vont ment efficaces in vitro et in vivo (31). Ce produit
reconnaître et se fixer spécifiquement à la fibrine de contraste exprime à sa surface une immuno-
exprimée au niveau du thrombus ; globuline anti-E-sélectine lui permettant de
– ensuite l’avidine est ajoutée et va se conju- reconnaître les régions d’inflammations précoces
guer aux anticorps anti-fibrine biotinylés ; caractérisées par une expression anormale de
– est enfin ajoutée une émulsion non gazeuse l’E-sélectine au niveau des cellules endothéliales
contenant du perfluorocarbone encapsulé d’une activées. Des microbulles non fonctionnalisées
paroi lipidique biotinylée qui permet la fixation ne contenant pas de ligands ou contenant des
des microbulles aux complexes déjà préformés. ligands non spécifiques sont utilisées comme
L’accumulation des microbulles fonctionnalisées contrôle. Des expérimentations sont réalisées
sur le site d’intérêt produit une augmentation pour tester les performances d’adhésion de ces
significative de sa réflectivité comparativement microbulles sur des boîtes de cultures dont les
aux microbulles standards. surfaces reproduisent l’inflammation.
Dans l’étude présentée par Unger (30) et, La figure 5 présente les résultats de ces mani-
Schummann (23), un agent de contraste spéci- pulations à partir d’observations microscopiques.
Fig. 5 - Images microscopiques de plaques couvertes d’E-sélectine démontrant une rétention sélective des microbulles fonc-
tionnalisées et non fonctionnalisées et quantification de l’adhésion.
326 Échographie de contraste
La section (A) montre qu’en l’absence de ligands se faire entre la fonction thiol du ligand et la
de ciblage, les microbulles n’adhèrent pas sur les fonction maleimide retouvée dans le complexe
plaques couvertes d’E-sélectine. Les microbulles maleimide-PEG-lipide préformé et incorporé
fonctionnalisées avec des ligands non spécifiques dans la paroi. Le groupement maleimide situé à
(MOPC-21 MB) adhèrent très faiblement, alors l’extrémité libre du PEG permet de réaliser une
que l’utilisation des microbulles contenant de liaison covalente extrement stable entre la fonc-
l’immunoglobuline 1.2B6 dirigée contre l’E- tion thiol du ligand et la fonction maleimide
sélectine engendre une augmentation de l’adhé- associée à la paroi des microbulles (fig. 7).
sion de près de cinq cents fois, voir graphe sec-
tion (B). Ces résultats démontrent que les micro-
bulles peuvent être fonctionnalisées pour adhérer Imagerie de l’inflammation
à des épitopes moléculaires spécifiques. D’autres
expérimentations de ces microbulles ciblées sont par liaison non spécifique
utilisées pour visualiser de manière non invasive Il existe en général deux approches de ciblage :
l’expression de l’E-sélectine dans un modèle d’in- passive et directe. Bien que l’imagerie de l’expres-
flammation cardiaque chez la souris (fig. 6). sion moléculaire soit mieux contrôlée avec les
méthodes directes, il est aussi possible de cibler
Fonctionnalisation covalente certaines régions du lit vasculaire avec des micro-
Nous donnons ci-dessous un exemple de fonc- bulles dont les parois ne sont pas fonctionnali-
tionnalisation covalente des microbulles. La liai- sées. Des cibles telles que le foie, la rate, l’endo-
son de ligand de manière covalente est réalisée à thélium et les leukocytes ont démontré une accu-
partir de microbulles préformées ayant au préa- mulation de microbulles après injection intravei-
lable incorporé au niveau de la paroi des dérivés neuse. Alors que les mécanismes d’accumulation
de phospholipides qui sont eux-mêmes fonc- des microbulles dans ces régions ne sont pas clai-
tionnalisés pour recevoir le ligand. Typiquement, rement établis, les propriétés chimiques ou élec-
un groupe fonctionnel peut être attaché à une trostatiques des parois des microbulles semblent
des parties terminales du PEG, alors que l’autre jouer un rôle important dans leur rétention dans
extrémité est attachée à une molécule lipidique la microcirculation. Le ciblage passif ou non spé-
d’ancrage incorporée dans la paroi. La liaison des cifique a été rapporté par Lindner et al. (32) qui
ligands sur la paroi des agents de contraste peut ont observé que les microbulles d’albumine ou
Fig. 6 - Images ultrasonores parasternales en petit axe démontrant l’amélioration du contraste myocardique grâce aux
microbulles fonctionnalisées et dirigées spécifiquement sur les molécules d’E-sélectine. Imagerie effectuée à 14 MHz, IM
= 0,24 en mode CPS : 1) images en mode B avant injection des microbulles ; 2) images en mode CPS avant injection des
microbulles ; 3) images en mode CPS immédiatement après injection des microbulles fonctionnalisées démontrant une
amélioration du contraste dans le ventricule gauche ; 4) images démontrant la rétention importante des microbulles dans le
myocarde indiquée par un fort signal ultrasonore du muscle cardiaque.
Microbulles ciblées pour l’imagerie ultrasonore 327
de lipides sont retenues dans le muscle cardiaque microbulles pour l’imagerie moléculaire avec les
suite à l’ischémie et une reperfusion post-isché- ultrasons. Les microbulles de gaz peuvent être
mique. Cette approche a été testée par les mêmes fonctionnalisées pour cibler une région spécifique
chercheurs pour imager l’inflammation en afin d’amplifier le signal ultrasonore renvoyé par
exploitant la propriété non spécifique de phago- cette région. La circulation répétée de ces micro-
cytose des leucocytes en utilisant des microbulles bulles peut également servir non seulement pour
contenant dans leur paroi de la phosphatidylsé- visualiser ces régions mais aussi pour une déli-
rine. Dans une étude clinique présentée par vrance de thérapeutiques sélective.
Blomley et al, (33), les microbulles de Levovist®
ont montré une persistance reproductible dans le
foie donnant l’opportunité pour une meilleure Remerciements
identification des cirrhoses du foie.
Le ciblage direct décrit précédemment est basé Ce chapitre est dédié à la mémoire du professeur
sur la fonctionnalisation des parois des micro- Martin J.K. Blomley. L’auteur remercie égale-
bulles en utilisant des ligands sélectifs tels que les ment les collègues de l’ « Imperial College
peptides, les anticorps monoclonaux, les fragments London », particulièrement Julia Halter, Kevin
d’anticorps ou de petites molécules inhibitrices. La Chetty, Jo Boyle, Ellen McConnel et Philippe
fonctionnalisation des parois des microbulles per- Muckett ; Steven Tracy et K. Dresher de
met leur accumulation dans le site d’intérêt et par l’Université du Nebraska Medical Center,
conséquent une amplification du signal ultraso- Nebraska, USA.
nore du tissu pathologique concerné.
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