Formes Brèves - Introduction - Formes Brèves. Au Croisement Des Pratiques Et Des Savoirs - Presses Universitaires de Rennes
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Presses
universitaires
de Rennes
Formes brèves | Cécile Meynard, Emmanuel Vernadakis
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Introduction : Formes
brèves. Au croisement
des pratiques et des
savoirs
Cécile Meynard et Emmanuel Vernadakis
p. 7-57
Entrées d'index
Mots clés :
formes brèves, littérature, médias, twitter, chroniques, fragment, cinéma
Keywords :
short forms, literature, media, twitter, chronicles, fragments, cinema
Texte intégral
1 On ne peut que constater de nos jours un paradoxe fondamental : la forme brève
semble à la fois omniprésente et méconnue (ou sous-estimée), ce qui lui confère
une certaine invisibilité.
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les trouve même dans des merceries6 sous l’appellation « miniature books7 ». On
peut se poser la question de la raison qui a suscité la création de ces volumes
miniatures. Leur taille minimale fait d’eux des objets personnels que l’on peut avoir
sur soi à tout moment. Cela se justifie pour les ouvrages religieux – à l’origine, les
plus représentatifs de ce type de mini-volumes – qui, dans ce contexte,
fonctionnent comme objets sacralisés. Et ce processus de sacralisation peut
s’élargir à l’ensemble des livres miniatures, du moins ceux destinés aux adultes. Les
Sonnets de Shakespeare, par exemple, s’ils sont dans un format réduit au
minimum, peuvent sembler d’une plus grande valeur pour certains lecteurs, voire,
déplacer l’intérêt de l’objet du contenu au format qui, du coup, devient un
« signe ». Il ne s’agit pas, bien sûr, de confondre les formes brèves avec la réduction
des dimensions du volume qui les contient8, mais de montrer que ces notions, de
forme et de fond s’articulent, sciemment ou non, et que, dans tous les cas, le petit
format appelle, toute proportion gardée, à des attitudes qui relèvent de l’oxymore :
l’appropriation de l’inaccessible9 à petit prix.
5 À la fin du xxe siècle, avec une crise financière qui s’impose à certains pays
européens, l’articulation entre format littéraire bref et petit format d’édition
devient plus systématique et plus visible grâce aux prix accessibles10 des livres de
poche à côté des tout petits formats. Aux mini-livres variés du passé, s’ajoutent
alors des nouvelles, publiées de plus en plus souvent de manière individuelle, hors
co-texte11. Aujourd’hui, plus largement, les formes brèves (nouvelles, aphorismes,
haiku, etc.) sont massivement diffusées par le numérique12.
6 De par ses origines et son évolution, la nouvelle est l’un des derniers genres
littéraires à occuper le marché du livre, qui était déjà bien développé lorsqu’elle a
été définie par Poe et s’est développée grâce au boom de la presse journalistique à
la fin du xixe siècle (dans d’autres formats que celui du livre, justement), ce qui
permet à Julian Murphet de la qualifier de forme « post-livre13 ». Il précise que du
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fait de son adaptation parfaite aux formats imposés par l’imprimerie en matière
d’édition, qui lui confère toutefois une certaine rigidité, le livre a du mal à faire face
à la diversification de formats textuels numériques et en ligne dont les avantages
sont d’être facilement accessibles et mis à jour, abordables, portables, facilement
stockables et d’avoir des capacités inter- et hypertextuelles, et éventuellement une
dimension multimédia. La nouvelle, par son polymorphisme et sa nature brève, a
dès son origine manifesté sa capacité à s’abstraire facilement du format livre et
parvient donc beaucoup plus aisément à s’adapter à ces nouveaux principes.
7 Sur le plan du contenu, à partir du xixe siècle, le public apprécie l’accès au savoir
par le biais du bref, ou plus précisément de l’abrégé, tel qu’il lui est proposé dans
les dictionnaires comme le Grand dictionnaire universel du xixe siècle de P.
Larousse. Au début du xxe siècle, les abrégés, les synthèses d’articles de science ou
de presse sont également plébiscités (l’un des plus célèbres étant évidemment le
Reader’s Digest qui, à partir de 1922 offre une sélection d’articles de fond ou de
divertissement tirés d’autres périodiques). Plus récemment, cet intérêt pour la
condensation du réel se confirme par des titres comme L’Histoire de France en
1000 citations (Michèle Ress, Eyrolles, 2011) ; Les Mots célèbres de l’Histoire
(Daniel Lacotte, Albin Michel, 2003) et bien d’autres. Il en va de même dans le
domaine de l’information et de la communication, avec la multiplication des flashs
d’information, l’invention des fils twitter, les échanges de SMS et autres MMS,
souvent jugés plus rapides et pratiques que les moyens traditionnels de
communication comme le courrier postal, narquoisement surnommé par les Anglo-
saxons snail mail, « courrier-escargot ».
8 Ce goût de l’abrègement se manifeste à une échelle plus large, celle de la société
tout entière. La disparition de la particule dans quelques centaines de noms de
famille en France à la suite de la Révolution14, marque, timidement, le début d’une
époque qui préfère les noms courts aux longs. Cette même tendance s’affirme
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d’abord aux États-Unis où nombre de noms longs d’immigrés d’origine non latine
se sont vus écourtés. C’est le cas d’Elia Kazanjoglou, réalisateur notamment du film
Un tramway nommé désir, mieux connu sous le nom d’Elia Kazan. Les Anglo-
Saxons utilisent volontiers les diminutifs Mickey, Lee, Bi, Lou, Vi, Jo pour
remplacer Michael, Eleonore, Beatrice, Louise, Valerie, Joëlle etc. En France, des
noms de lieux écourtés créent l’impression d’une élégance supérieure anglo-
saxonne comme c’est le cas de Saint-Tropez réduit en « Saint-Trop’« ou bien
d’établissements scolaires prestigieux (lycées « Stanislas » ou « Henri IV »
surnommés « Stan » ou « H IV » par « les intimes »). La réduction de la longueur
des noms propres atteint ses extrêmes limites par leur réduction à des initiales.
Cela s’est d’abord produit avec nombre de noms de pays puissants, comme « U.K. »
pour « United Kingdom », « U.S.A. » pour « United States of America »,
« U.R.S.S. » pour « Union des Républiques Socialistes Soviétiques »… Cette
pratique s’étend aussi, depuis le début du xxe siècle aux noms propres d’individus
dont certains, illustres, répondent à l’alignement d’une, deux ou trois initiales de
leur nom ou/et prénom. Ainsi, il est courant de faire référence à George Bernard
Shaw en le désignant par ses initiales, « GBS ». L’abréviation des noms de héros de
séries télévisées comme JR, des présentateurs de journal télévisé comme PPDA,
des philosophes comme BHL et même des princesses comme Lady Di, indique
l’emprise du bref sur le public. La réduction du nom ou du prénom à son initiale
semble devenir une marque de privilège qui, dans la société actuelle, reflète l’aura
de popularité du dénommé et témoigne d’une reconnaissance concrète.
9 Pour prendre une métaphore culinaire, pendant longtemps les formes brèves ont
été reléguées – et le sont encore dans certains cas : bandes-annonces, programmes
courts à la télévision, publicité, génériques de films, mises en bouche et entrées,
nouvelles écrites par des romanciers – au rôle d’apéritif, d’ouverture avant le plat
principal (le film, le journal télévisé, le roman…), destinés à faire patienter le
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destinataire et/ou à éveiller son intérêt, son désir. Mais de nos jours, force est de
constater que le public a pris véritablement le goût du bref et du fragmenté, au
point d’en faire parfois le centre de son intérêt au détriment des « plats
traditionnels » – en témoigne, pour filer la métaphore, le goût des buffets, des
tapas et autres plats asiatiques partagés, qui permettent de goûter un peu de tout
plutôt que de se contenter d’une seule saveur.
10 Si, selon Arthur Walton Litz, la structure de la fiction brève américaine
postmoderne fait écho à la discontinuité, à la fragmentation et à l’accélération qui
caractérisent notre civilisation depuis les années 197015, la modernité du bref a
toutefois été pointée du doigt depuis bien plus longtemps. Déjà en 1906, dans son
étude sur Charles Dickens, G. K. Chesterton l’explique au sujet de la nouvelle, mais
on serait tenté d’élargir son propos à l’ensemble des formes brèves : « Notre
attirance moderne pour la nouvelle n’est pas un épiphénomène ; elle est le signe
d’un sens réel de la fugacité et de la fragilité ; elle signifie que l’existence est
seulement une impression, et peut-être seulement une illusion16. » Présentée en
tant que qualité positive, la brièveté incarne ici une condition existentielle de la
modernité, un sens d’incertitude chronique qui s’inscrit dans un temps calculé en
intensité plutôt qu’en minutes ou en heures17, pour mesurer la fragilité du réel à
partir d’un cadre minimal d’artifice maximal. Et pourtant, ce que Chesterton
reconnaît ici comme signe caractéristique de l’attrait moderne pour le bref fait
curieusement écho aux stratégies des premiers poètes lyriques. Vingt-cinq siècles
auparavant, ils fuyaient eux aussi les déclarations explicites et effets de causalité
pour circonscrire l’intensité du temps par le biais d’images, ellipses et implications,
comme par exemple Sappho le fait dans ce célèbre poème : « La lune s’est couchée ;
les Pléiades aussi. Minuit. Les heures suivent leurs cours. Je reste seule sur ma
couche18. » Faut-il alors parler du caractère intemporel de la forme brève ou bien
considérer sa modernité comme un retour – un retour en force ? Élisabeth Gavoille
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17 C’est en premier lieu dans le domaine littéraire que les formes brèves semblent
vouées à rester au second plan, malgré leur diversité, elle aussi souvent méconnue
aujourd’hui. Quand on pense « littérature brève », on songe aussitôt à la nouvelle
ou au conte, en oubliant les autres formes, pourtant fort nombreuses, comme le
souligne par exemple Gérard Dessons :
[…] on recense sous cette terminologie : des discours formulaires, souvent
sapientiaux (adage, aphorisme, apophtegme, axiome, caractère, devise, dicton,
épitaphe, lieu commun, maxime, pensée, précepte, proverbe, réflexion, saillie,
sentence), des discours réduits, incomplets ou inachevés (bribe, esquisse, étude,
fragment, liste, note, remarque), des discours enchâssés, liés à une théorie de la
discontinuité (anecdote, citation, épigraphe, exemplum, topos), des discours
cryptographiques (charade, devinette, emblème, énigme), des discours « à effets »
(blague, blasphème, concetto, dédicace, épigramme, exemplum, injure, mot, trait
d’esprit, slogan, witz), des formes littéraires courtes (allégorie, almanach, ariette,
conte, dit, épître, fable, fabliau, haïku, lai, nouvelle, parabole, quatrain moral, short-
story). Cette liste n’étant pas, évidemment, exhaustive29.
18 Pour ce qui est de la fiction brève, celle-ci trouve ses origines dans la tradition orale
du mythe, du conte, de la fable30 et est, directement ou indirectement, à l’origine
des formes longues : de l’épopée, qui se constitue de séquences brèves mises en
« chants » (odes) « cousues ensemble » par des rhapsodes31, et du roman – qui
descend de l’épopée32. Les formes longues coexistent avec les formes brèves dans
un rapport que la critique moderne a souvent décrit comme antagoniste, au profit
des premières, surtout du roman. Les formes de fiction brève possèdent aussi leurs
lettres de noblesse (ancienneté, chefs d’œuvres, grands auteurs, théoriciens), et
font l’objet d’une production abondante et continue. Mais pour autant, la forme
brève semble, en tout cas en France, rester peu lue, peu reconnue par l’institution,
en grande partie oubliée des histoires littéraires, comme si elle ne pouvait se
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défaire d’un préjugé tenace à son égard, et ce même si elle est parfois revendiquée
par des auteurs et des critiques comme un genre33.
19 Il en va autrement dans les pays anglo-saxons, du moins pour la nouvelle. En
Grande-Bretagne, en particulier, malgré une évolution que la critique a souvent
considérée « à l’ombre du roman34 », la nouvelle s’affirme en effet comme genre à
part entière. Le rôle joué par les revues, surtout par la très influente The Yellow
Book vers la fin du xixe siècle, est essentiel dans la direction que la nouvelle prend
à l’époque du modernisme35. Aux États-Unis, l’émergence de la littérature coïncide
avec celle de la nouvelle en tant que genre littéraire national36. Définie par
Edgar Allan Poe à partir de la tradition de la romance en Europe37, elle devrait être
lue « d’un seul trait38 » et reposer sur un principe d’effet unique39. Loin d’y être
sous-estimée, elle constitue l’un des domaines d’excellence des auteurs lauréats du
prix Nobel dont les uns la cultivent avec virtuosité40 à côté d’œuvres plus longues,
et les autres la pratiquent de manière exclusive41.
20 Une accusation latente à l’égard de ces formats brefs est aussi celle de la facilité et
de la trop grande rapidité supposées dans l’exécution : en littérature, par exemple,
l’auteur ne prendrait pas le temps de développer ses idées, analyses, descriptions :
il schématiserait et styliserait trop. La critique est rarement explicite, mais de façon
sous-jacente, l’on comprend bien que dans l’esprit de ses contempteurs, un écrivain
ferait en somme des nouvelles par incapacité d’écrire des romans. Cette conviction
est si répandue chez le public que des auteurs la véhiculent eux-mêmes, avec plus
ou moins de sincérité. Ainsi, parmi les plus illustres, certains disent mépriser la
nouvelle, même s’ils en produisent d’excellentes. En 1929, F. Scott Fitzgerald
affirme détester écrire des nouvelles et n’en faire que six par an, juste pour pouvoir
ensuite composer tranquillement ses romans42. En effet, avant le krach de 1929, les
auteurs connus étaient mieux payés pour écrire une nouvelle qu’un roman43.
Anthony Burgess avoue aussi regarder la nouvelle avec dédain44. Il est vrai que
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parce qu’elles ne seraient pas importantes mais parce qu’elles ne sont pas
identifiées comme telles et donc encore moins nommées. De fait, les spécialistes de
domaines artistiques (arts du spectacle, peinture, photographie, cinéma,
audiovisuel, musique…) traitent plutôt d’autres notions qui sont intimement liées
(l’éphémère, le non finito, le fragment…), ou définissent leur objet d’étude en
recourant à d’autres notions que le bref (par exemple le court-métrage sera défini
en termes de durée). Certaines institutions muséales, s’intéressent aux nouvelles
productions artistiques brèves – mais encore une fois souvent de façon ciblée –,
tels le Centre Pompidou47 et le Musée d’Art moderne de la ville de Paris pour le
street-art ou le clip vidéo48, ou encore le Musée d’Art moderne et contemporain de
Saint-Étienne49.
22 Plusieurs études ciblées sur des thèmes précis ont ainsi été publiées50. Mais seul
l’audio-visuel et le domaine de la musique ont fait pour le moment l’objet de
publications un peu plus transversales51. Un intérêt bien réel semble toutefois se
faire jour depuis quelques années52, avec la publication des actes du colloque
Stratégies et pouvoirs de la forme brève53 qui comporte une section « Croisement
de formes brèves : texte et image », portant sur les emblèmes et la photographie.
Viennent aussi d’être publiés chez Classiques Garnier (2019) les actes du colloque
de Cerisy de 2015 Le format court : récits d’aujourd’hui54, qui comportait quelques
interventions sur des objets non-littéraires (le court-métrage, twitter, les
pictogrammes…). Et on attend avec impatience la publication du colloque « Les
formes brèves, de l’imprimé au numérique (xixe-xxie siècles) », qui s’est tenu en
mars 2017 à Dijon, sous la direction de Vincent Chambarlhac, Jean-Numa Ducange
et Julien Hage ; et vient enfin d’être publié le colloque « Formes brèves et
modernité » organisé à Nantes en janvier 2018 sous la direction de Walter
Zidaric55. Ils permettront une intéressante confrontation entre des formes brèves
appartenant à des champs disciplinaires des sciences humaines et sociales divers.
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23 Même si, dans ce champ des SHS, l’intérêt pour certaines formes brèves est plus
marqué de nos jours qu’il y a vingt ou trente ans, elles semblent devoir souffrir du
même manque de reconnaissance qu’en littérature, comme le montre par exemple
la remarque de Marie Vicet sur le vidéo-clip :
Pendant longtemps, et encore aujourd’hui, les réalisateurs de clip sont restés très
souvent inconnus du grand public – et d’autant plus à l’époque –, leur nom n’étant
pas indiqué lors de la diffusion du clip à la télévision. Jean-Paul Fargier et Christophe
Bargues56, en les citant un à un, les sortaient ainsi de leur anonymat. Ils leur
rendaient leur statut d’auteurs voire d’artistes. Et pour aller plus loin, reconnaître les
réalisateurs comme auteurs de leur clip permettait également d’admettre le clip
comme une œuvre ou un objet autonome, et non plus comme une simple forme
promotionnelle57.
24 Cette remarque pourrait valoir pour les courts-métrages, qui ont leur moment de
gloire au moment des festivals, mais disparaissent complètement du circuit de la
diffusion ensuite, ce qui nuit bien évidemment à leur notoriété. Ils restent d’ailleurs
d’un accès limité à un cercle assez fermé d’amateurs qui se rendront dans ces
festivals ou autres manifestations centrées sur le sujet, alors que jusque dans les
années 1960 – avant l’irruption de la publicité – ils faisaient l’ouverture des longs
métrages, ce qui leur donnait plus de visibilité. Ils étaient cependant souvent
désignés par les expressions « films de première partie » ou « complément de
programme58 », comme le rappellent Dominique Bluher et François Thomas. Ces
derniers soulignent que « cette terminologie atteste la situation de subordination
qui est presque toujours celle du court-métrage59 ». À cela s’ajoute le fait que le
court-métrage amateur, souvent au format 16 mm, pose un problème
supplémentaire pour la diffusion, les salles n’étant pas toujours équipées de
projecteurs adéquats.
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25 Généraliser la réflexion sur la « forme brève » aux autres domaines des sciences
humaines et sociales ne relève pas non plus de l’évidence, car là encore, elles n’ont
pas vocation à la prendre comme objet d’étude. La sociologie et les sciences de
l’information et de la communication font en ce sens exception car elles ont
développé tout un pan de leurs recherches autour du thème des nouvelles pratiques
générées par les nouveaux moyens de communication (internet, youtube, sms,
facebook, twitter…). La brièveté peut aussi intéresser les chercheurs d’autres
domaines disciplinaires comme cadre d’analyse ou comme outil. Ainsi que le
prouvent entre autres exemples les travaux en didactique ou en FLE, les liens entre
les formes brèves et l’enseignement sont toujours forts. Il est d’ailleurs à noter que
leur rôle dans l’éducation avait intéressé dans le passé quelques illustres
représentants du Grand Siècle. En effet, en 1668 à Versailles, Charles Perrault
imagine un labyrinthe comme un fragment de forêt « fort épais et touffu, coupé
d’un grand nombre d’allées qui se confondent les unes dans les autres60 ». En
suivant les instructions de l’auteur des Contes, André Le Nôtre crée ce Labyrinthe
de Versailles dans les limites du « Petit Bois Vert61 ». Décoré de 33 fontaines et 150
statues illustrant les fables d’Ésope62, ce labyrinthe combine l’émerveillement du
conte et la morale de la fable, qui figure sous forme de quatrain, devant chaque
fontaine et statue, dans un espace réduit, illustrant une esthétique du condensé :
« en quelque endroit qu’on se trouve on en voit toujours trois ou quatre [fontaines
et/ou statues] et souvent six ou sept à la fois63 ». Dominé par une logique du petit,
du bref et du condensé, ce cadre architectural contraste avec la grandeur qui
domine Versailles. Est-ce la raison pour laquelle Bossuet l’a choisi comme cadre
pédagogique pour l’éducation du Grand Dauphin64 dont il est le précepteur65 ? De
nos jours, dans le domaine de la pédagogie, on a toujours recours à des extraits
littéraires, contes, nouvelles, albums, BD etc. comme outils de travail ou encore à
des contes en langues minoritaires traduits vers la langue cible, à des affiches,
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27 Comme on le voit, les formes brèves ne suscitent pas l’intérêt en soi pour des
spécialistes d’histoire sociale et politique mais en tant qu’on peut les regrouper en
corpus représentatif du « parler » d’un groupe social, corpus qui pourra quant à lui
être étudié69.
28 Cette méconnaissance des formes brèves tient peut-être aussi et surtout à la
difficulté que l’on éprouve à les définir.
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Tentative de définition
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connues, qu’il redessine en les interprétant, puis réinstalle in situ dans les rues des
villes103. De façon plus ludique, le CyKlop, artiste adepte du hacking urbain
(détournement de mobilier de ville), rappelle que le cyclope est un personnage
universel qui traverse les âges (on le trouve en Grèce, chez les Celtes, au Japon…) et
superpose à cet imaginaire celui de l’enfance, quand il transforme les potelets du
mobilier urbain en Legos à un œil104.
45 Il semble ainsi que, pour reprendre la formule de Gérard Dessons au sujet de la
brièveté dans la poésie moderne, « dire brièvement, ce n’est pas […] dire plus en
disant moins, c’est d’abord dire autrement105. » Et ce « dire autrement » propre à la
forme brève suscite ainsi une réception différente de la part du public par rapport à
la forme longue. La force de la forme brève naît de sa capacité de suggestion,
réveillant l’imaginaire du destinataire, qui peut quasiment construire une forme
longue à partir de ce riche substrat. La fin de la nouvelle de Barbey d’Aurevilly, « Le
dessous de cartes d’une partie de whist », le montre bien : « L’émotion prolongeait
le silence. Chacun restait dans sa pensée et complétait avec le genre d’imagination
qu’il avait, ce roman authentique dont on n’avait à juger que quelques détails
dépareillés106 ». La forme brève donne à rêver, à méditer, elle fait appel à la
subjectivité de chacun. L’« autrement » des formes brèves ne s’adresse pas aux
mêmes fonctions d’esprit que les constructions causales des formes longues. Plus
travaillées, plus concises, plus ramassées, pour accéder à notre perception, les
formes brèves, du moins dans le domaine artistique, font valoir des qualités
formelles qui touchent notre sens esthétique avant d’être comprises ; leur réception
procure une satisfaction immédiate même si le sens n’en est pas saisi. C’est
seulement dans un deuxième temps qu’elles atteignent notre conscience – si l’on se
donne la peine de les déchiffrer107.
46 Dans ce jeu entre fausse simplicité et réelle complexité, constitué d’allusions et de
références articulant l’implicite et l’explicite, la place et la fonction du récepteur de
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effet impliquer un discours et une conceptualisation, qui peuvent, quant à eux, être
de forme longue. On serait tenté de dire que plus la forme est brève, plus elle
nécessiterait d’effort pour la comprendre du côté du récepteur, et donc
d’accompagnement pour la rendre compréhensible du côté des critiques, ou du
créateur lui-même : la forme brève moderne appellerait ainsi de façon privilégiée le
métadiscours113.
50 Outre le fait qu’elle fait appel dans certains cas à un destinataire cultivé – ou du
moins qui partage la même culture – et prêt à « travailler », la forme brève peut
par conséquent parfois sembler indigeste ou du moins fatigante – et certains
lecteurs restent d’ailleurs significativement hermétiques à son charme. Dans le
domaine littéraire, on pense aux aphorismes et aux maximes, qu’il est difficile de
lire dans leur continuité du fait même de l’effet de condensation du sens en
quelques mots. Mais une nouvelle peut aussi, parce qu’elle est plus concentrée,
exiger une lecture plus attentive, donc lente, qu’une forme longue. De plus,
contrairement à une forme plus longue, la nouvelle s’empare de nous114, voire nous
coupe le souffle en ne nous laissant pas le temps de nous installer dans le rythme
confortable d’une histoire : elle nous laisse en suspens, presque frustrés. Claude
Pujade-Renaud dans un article publié en 1994 dans la Revue des Deux Mondes
souligne qu’« [à] la fin d’une nouvelle, le narrateur et ses personnages se retirent
sur la pointe des pieds, larguant le lecteur plus ou moins dans le vide et la
solitude115 ». Elle parle donc d’une « littérature de l’inconfort ». Chez Proust,
Bergotte s’abîme (au sens figuré et littéral, puisqu’il meurt sur place) dans la
contemplation du petit pan de mur jaune de la Vue de Delft de Vermeer. Cette
fascination, couplée à son état morbide, ouvre en lui un gouffre de réflexion sur
l’échec de sa littérature face à l’extraordinaire profondeur obtenue par la
superposition des couches de couleur qui font la « précieuse matière » de ce détail
apparemment insignifiant qu’est le « tout petit pan de mur jaune116 ».
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54 Il y a quelque chose d’immanent dans le bref, qui possède en soi ses propres
principes et les réinvente sans cesse123 : la brièveté fonctionne comme un
ouroboros, ce serpent mythique qui, pour croître, dévore sa propre queue qui
repousse éternellement124. Il en est de même du bref qui se nourrit de ses propres
principes pour en permettre par là-même le renouvellement. La critique a reconnu
cette immanence du bref dans la photographie : « À l’inverse de la peinture
classique […] la photo […] a ouvert une large brèche dans l’art. L’imaginaire a fait
place à la perception, le passé et la mémoire à la présence, le lointain mythique à la
réalité visible, la transcendance à l’immanence, et l’éternel à l’éphémère125. »
L’immanent et l’éphémère de la photographie trouvent leur place dans les textes
journalistiques qui leur font écho : articles, reportages, chroniques, dépêches… Les
journaux véhiculent des formes brèves qui, d’une certaine manière, sont
incompatibles avec l’idée même de longueur et de continuité : « Brève, claire,
anonyme, l’information juxtapose des nouvelles sans corrélation, sans unité entre
elles, contrairement au récit, que le narrateur composait en incorporant
l’évènement à sa vie et en le relatant comme sa propre expérience126. »
55 Ce lien entre photographie et journalisme par le biais du bref n’a pas manqué d’agir
sur la fiction du xxe puis du xxie siècle. Journalistes et correspondants de guerre,
rédacteurs de chroniques et de reportages avant de devenir écrivains, Stephen
Crane (1871-1900), puis – surtout – Ernest Hemingway (1899-1961), sont deux
maîtres de la nouvelle dont le style concis, presque télégraphique, elliptique et
cependant limpide, a imposé la brièveté au xxe siècle américain, mais aussi
européen, comme principe esthétique et stylistique incontournable. Cette
concision, qui émane du bref, fléchit aussi la stylistique du long : malgré
l’admiration de tous pour la phrase proustienne et le monologue intérieur joycien,
c’est le style concis « journalistique » de Hemingway que les écrivains du xxe siècle
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conserveront comme modèle pour leur prose, pas forcément brève, mais observant
la brièveté et la concision comme principes stylistiques.
56 Phénomène plus récent, c’est l’inventivité du « parler Net » qui frappe les
chercheurs127 : « didascalies numériques128 » (utilisation de smileys et autres signes
typographiques), « néologie », « néographie129 ». L’analyse pointue de cette
créativité montre que, si elle est brève en soi, cette forme d’expression peut viser
l’abrègement (par exemple LOL pour « Lots of Laughs ») mais pas toujours (voir
art. cité, p. 42, qui relève des cas d’augmentation comme « oki » pour « OK », ou
« suupppeeeer »).
57 La forme brève se prête aisément à être un lieu à la fois d’expérimentations
nouvelles et d’interrogation sur le monde et l’art, et en ce sens, elle peut
déstabiliser, voire inquiéter. Si l’on s’intéresse au champ littéraire, Jarlath Killeen
note qu’à l’inverse de la nouvelle, le roman réaliste est rassurant130. Par sa nature
narrative, il nous présente des structures temporelles ordonnées et progressives et
des personnages qui les intègrent parfaitement. L’histoire individuelle des héros et
le mouvement du temps historique s’entrelacent ainsi aussi harmonieusement que
possible au fil du temps. Par ce processus, le roman tente de dissiper notre peur du
temps – notre peur de l’inconnu. En effet, dans les romans, les événements du
passé ne sont ni aléatoires ni incompréhensibles, mais font plutôt partie d’une
réalité ordonnée au cours de laquelle la personnalité du héros et l’histoire nationale
se chargent de sens. En tant que genre, le roman se révèle ainsi rassurant pour le
lecteur, comme un outil qui conforte la confiance des individus dans les courants
sociaux dominants des sociétés établies. Parce qu’au fond, ce n’est pas seulement la
vision du passé offerte par le roman qui est rassurante ; celle de l’avenir l’est tout
autant : si le lecteur perçoit les évènements du passé comme pourvus d’un certain
sens, il présume que l’avenir sera structuré, lui aussi, de la même façon. Avec la
nouvelle, c’est tout le contraire. Selon le nouvelliste Irlandais Frank O’Connor, la
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différence fondamentale entre le roman et la nouvelle est que, dans cette dernière,
nous trouvons un sens profond et intense de la solitude humaine. O’Connor estime
que le protagoniste de la nouvelle est moins un individu qu’un « groupe de
population submergée » ; c’est-à-dire quelqu’un en dehors du courant social
dominant131.
58 En art, les contestations de la civilisation contemporaine s’expriment aussi
volontiers par les formes brèves. Les compressions de César (par exemple
« Ricard », 1962, Compression dirigée d’automobile) posent ainsi de véritables
questions : s’agit-il d’un condensé de notre société, ou au contraire d’un rebut de
cette même société qui serait élevé au rang d’œuvre d’art dans un esprit de
provocation similaire à celui de Duchamp ou des artistes du pop-art. C’était déjà le
cas du « porte-bouteilles » (ready-made, 1914), de Marcel Duchamp : cette
nouvelle conception de l’objet artistique, au-delà du simple jeu provocateur, nous
interroge sur ce que devient l’art lui-même dans nos sociétés modernes. Les artistes
comme le public ne peuvent plus penser l’art de la même façon, et les formes
brèves peuvent sans doute être dans ce contexte un moyen efficace d’expression et
d’appel à la réflexion du public.
59 Plus généralement, aujourd’hui le public semble s’emparer avec allégresse et
efficacité des formes brèves en allant à contre-sens des mass-médias, par le biais de
nouvelles formes et de nouveaux supports d’expression : micro-fictions, street-art,
slam, rap, vidéos de youtubers, diffusion de chansons sur des plateformes d’écoute
musicale qui permettent d’échapper aux maisons de disques, court-métrage, lieu
d’expression particulière pour du cinéma expérimental, clips vidéo, souvent
réalisés par des artistes plasticiens voulant tester de nouvelles formes et
possibilités. Marie Vicet se demande même, au sujet du clip vidéo, s’il ne s’agit pas
d’« une scénographie à contre-sens132 ». Ce phénomène de prise d’indépendance du
récepteur est sans doute accentué par la liberté de son parcours dans nombre de
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en faire un roman, Brightness Falls : la nouvelle serait une sorte de test pour voir si
quelque chose peut naître entre l’auteur et le texte, là où le roman demande du
temps et un investissement. Mais surtout, le nouvelliste, en s’intéressant surtout à
l’instant qui fait basculer du tout au rien, remet en question l’idée d’une totalité
bien organisée et instaure le doute.
68 Sándor Kiss, quant à lui, s’intéresse aux lais de Marie de France, ces poèmes
narratifs (qui, à l’origine, étaient chantés) pouvant être considérés comme les
précurseurs de la nouvelle en France. Il examine en particulier la façon dont le
récit, chez Marie de France, est structuré par la mise en place de différents types de
contrats amoureux entre les personnages : l’examen de ces conventions, explicites
ou non, permet également, en établissant un panorama des relations humaines à
l’époque de la courtoisie, de définir des catégories de récits et ainsi de mieux
comprendre comment s’organisent les douze nouvelles du recueil, la notion de
contrat permettant à l’écrivaine de mettre en place des effets d’échos, de variations,
voire d’opposition au sein du recueil.
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clore cette dernière sur une forme d’inachèvement, d’ouverture, qui sont en fait
paradoxalement sa perfection, sa complétude.
71 Élisabeth Vincent, dans « La forme brève, une autre dynamique
thérapeutique », présente quant à elle la démarche des thérapies brèves, qui
cherchent à analyser le « comment » du problème du patient plus que son
« pourquoi ». Il s’agit, sur quelques séances, d’amener d’abord ce patient à définir
la nature des difficultés rencontrées, puis, en lui proposant un cadre et des outils
adaptés qui souvent le désarçonnent (carnet de bord, lettre de colère…), de définir
avec lui des objectifs réalistes afin de lui permettre, en autonomie, de fractionner et
de désamorcer le problème.
72 Wendy Winn, dans « How to create short forms in communication by replacing
words with images : A pedagogical approach to universal design », rappelle que par
sa dimension synthétique et universelle, le pictogramme est une forme brève
particulièrement efficace, permettant de se passer de mots pour transmettre
rapidement et sans ambiguïté un message ou une information facile à comprendre
et à mémoriser. Après avoir présenté trois approches d’Universal design
(conception universelle), Wendy Winn propose des activités et projets
pédagogiques pour aider des étudiants à analyser, à concevoir et à tester eux-
mêmes des icônes dont la visée serait une communication universelle.
73 Gabrielle Reiner, dans « La princesse est indisposée, elle ne reçoit personne : un
exemple de forme brève centrée sur l’inachèvement dans le cinéma expérimental »,
procède à l’analyse de l’un de ses propres courts-métrages, La princesse est
indisposée, elle ne reçoit personne, qu’elle a scindé en six fragments,
correspondant à différents moments de la vie de personnages féminins. Elle
montre ainsi comment ces fragments interagissent tout en restant indépendants
dans un jeu sur la discontinuité et l’inachèvement, et en mettant en place
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linguistiques des headlines dans la presse anglophone, liées à leur brièveté même
(dix mots environ) et avoir comparé ces derniers à la particularité
communicationnelle bi-directionnelle imposée par le système de twitter, il
s’intéresse à la façon dont la presse traditionnelle tente de s’approprier ce nouvel
outil.
77 Anne Baillot, dans « 280 caractères, ou la privatisation de l’aphorisme »,
s’intéresse aussi à twitter, d’abord comme nouveau média et réseau social, qui
renouvelle par sa forme contrainte brève (280 caractères) la façon de s’exprimer et
de communiquer, puis en tant que ce nouveau format a fait l’objet d’une
appropriation du littéraire. Par sa capacité d’adaptation et de diffusion, il en
permet en effet le renouvellement : romans par tweets conçus par des auteurs, ou
plus souvent encore, aphorismes, sérieux ou non, formulés par des personnalités
sur leur compte.
78 François Hugonnier, dans « Poems and Poetics : L’anthologie en ligne de
Jerome Rothenberg », montre comment le poète contemporain Jerome
Rothenberg, tout en s’inscrivant dans une tradition, se montre particulièrement
innovant tant du point de vue du contenu, que de la forme et du support, la tenue
d’un blog lui permettant de créer une œuvre polyphonique et hybride articulant
extraits de poèmes, commentaires, fragments d’archives et courts récits
autobiographiques. Le court et le long, le fragment et la totalité, le continu et le
discontinu sont ainsi mis en relation par le geste poétique, chaque élément
s’enrichissant de l’écho des autres, dans une lecture qui peut être linéaire.
79 Violaine Bigot et Nadja Maillard-De La Corte Gomez, dans « Les
“chroniques” publiées sur facebook : l’écriture et la lecture entre brièveté et
longueur dans l’écriture en épisode sur les réseaux sociaux », s’intéressent aux
récits autobiographiques, rédigés sur Facebook par des jeunes femmes issues de la
migration sous forme de chroniques, et aux interactions qui se mettent en place
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avec et entre leurs lectrices. Elles étudient ainsi comme caractéristiques du genre
les effets produits par la tension entre brièveté d’écriture et de lecture et insertion
dans un système de séquençage long (épisodes inscrits dans des saisons), entre
quotidienneté et durée, entre écriture du détail quotidien et souci de dramatisation
narrative.
Fragment/inachevé
80 Partant d’objets divers (littéraires, picturaux, cinématographiques, langagiers et
philosophiques), les textes de la dernière section interrogent tout particulièrement
le rapport du format bref au fragment (objet intellectuel correspondant à une
forme physique restreinte, souvent résultant de la brisure d’une forme plus vaste,
s’inscrivant dans l’espace) et/ou à l’inachevé (objet intellectuel se rapportant à une
temporalité et au concept de la clôture et de l’achèvement).
81 Mario Farina adopte une perspective formaliste, dans « Short form and literary
aesthetics : fragmentation and unity », pour interroger la relation problématique
entre les notions de « forme », au sens classique d’« unité organique », et de
fragmentation, les œuvres littéraires tendant de plus en plus depuis le xixe siècle à
devenir des collages de brisures. À partir d’une réflexion philosophique générale
sur le concept de forme dans le domaine de l’esthétique, il montre comment ce
concept reste prégnant au xxe siècle où il semble prendre un caractère paradoxal de
complétude dans l’incomplétude – ou l’inverse.
82 Laura Torres-Zúñiga, dans « Fragments and fragmentation in Helen Simpson’s
short stories », s’intéresse à l’insertion de citations en vers dans les nouvelles de
Helen Simpson. Ces brefs fragments, non contents de donner une profondeur
intertextuelle aux récits, jouent un rôle dans la structure narrative même, par leur
potentiel épigrammatique sur le thème du sentiment de morcellement que subit la
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femme quand elle devient mère. Un dialogue s’établit ainsi entre les différents
niveaux de textes – citation, nouvelle, recueil.
83 Jacques Bouyer, dans « Pour une approche phénoménologique des nouvelles
chez Marios Hakkas », recourt à la phénoménologie pour analyser et expliquer la
mutation qui se produit dans les principes et le processus d’écriture des nouvelles
chez l’écrivain sur quelques années. De fait, le « je » de plus en plus présent dans
les textes s’avère un sujet mobile, changeant, jamais sûr de son identité, pris dans
une quête du sens qui passe par la prise de position chaque fois renouvelée d’un
corps percevant. Les nouvelles sont ainsi à interpréter comme autant d’entités qui
s’articulent elles-mêmes au sein d’un tout qui les englobe, la discontinuité de
l’écriture mimant elle-même par les éclats d’images et les fulgurances d’expression,
le mouvement d’un moi fragmenté.
84 Enfin, Françoise Daviet-Taylor, dans « “Schade”, le dernier mot de Paula
Modersohn-Becker », apporte la question de l’ultra-brièveté et de la condensation
maximale, en apportant un éclairage sur la formule synthétique et énigmatique à la
fois – « Schade », « Dommage » – prononcée par la jeune artiste Paula
Modersohn-Becker sur son lit de mort : la jeune femme saisit par ce seul mot la
totalité du temps qui lui a manqué pour achever sa vie et son œuvre. Dans une
approche à la fois philosophique et philologique, Françoise Daviet-Taylor analyse
donc les différentes étapes dans la pensée puis dans la langue qui ont mené à cette
formulation ultra-brève qui exprime la fulgurance de la prise de conscience
simultanée d’une totalité et d’un inachevé.
85 Dans leur diversité d’approches et d’objets mêmes, l’ensemble des textes présentés
ici permet, sinon de définir, du moins de cerner cette complexe notion de « forme
brève », qui tient à la fois du cadre intellectuel, du format, du support, et qui noue
des liens complexes avec d’autres notions connexes telles que le fragment,
l’inachevé ou l’éphémère.
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Notes
1. D’autant plus que, comme l’atteste l’expression « bref » dans le langage courant, le bref peut
introduire le conclusif. On se souviendra, par ailleurs, de la définition de l’épigramme, qui,
initialement était une inscription synthétisant de façon lyrique la vie d’une personne sur son
monument funéraire (Van Gorp, H. et al., Dictionnaire des termes littéraires, Paris, Honoré
Champion, 2001, « Epigramme », p. 176).
2. Ce concept de postmodernité tardive développé entre autres par J. Green (Late Postmodernism,
American Fiction at the Millenium, New York : Palgrave McMillan, 2005) prend la suite de celui de
postmodernité théorisé par Jean-François Lyotard (voir Lyotard, J.-F., La Condition postmoderne :
rapport sur le savoir, Paris, Éditions de Minuit, 1979, et, dans le domaine anglophone, Hutcheon,
L., The Politics of Postmodernism. London : Routledge, 1989).
3. Bourdieu, P., Sur la télévision, Cours au Collège de France, 1996, Paris, Éditions Raisons d’Agir,
2008, p. 31.
4. Voir par exemple dans Walton Litz, A., l’introduction aux nouvelles expérimentales
postmodernes de la dernière section de son anthologie, Major American Short Stories (Oxford :
Oxford University Press, 1980), dédiée notamment à John Barth et Donald Barthelme, p. 711.
5. Une édition en deux volumes des Fables de La Fontaine en mini format paraît chez Marpon et
Flammarion en 1890. En 1896, toute une collection de livres en petit format paraît chez Carouge
(« Ali Baba », « Aladin », les Fables de La Fontaine, de Fénelon et de Florian etc.). Voir B-livre-rare-
Book, https://www.livre-rare-book.com/displayImage/ENN/10614_1.jpg et https://cpb-us-
w2.wpmucdn.com/sites.udel.edu/dist/e/518/files/2012/08/19th_cent_french.jpg, consultés le
13 mars 2019.
6. En anglais « dry goods stores ». En 1906, l’éditeur américain Treherne & Co, par exemple,
imprime en petit format le théâtre et les Sonnets de Shakespeare en collaboration avec la maison
d’Horace Claflin, qui figure sur la page de garde en tant que diffuseur. Il s’agit d’une importante
chaîne de merceries qui a existé de 1890 à 1914.
7. Almanachs (Colgate and Company), livres illustrés pour la jeunesse (Breed, Butler & Co., Fisher
and Brother), recueils de poésie (Thomas Crowell Company) ou encore l’essentiel de Shakespeare
(Anthony Treherne and Co), la hauteur de ces volumes varie de trois à sept centimètres.
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8. Si les Sonnets de Shakespeare sont indubitablement des formes brèves, on ne peut pas en dire
autant de ses pièces qui, non-abrégées, peuvent durer plus de cinq heures.
9. L’inaccessible dans ce cas peut être d’ordre multiple : la protection qu’un livre sacré peut être
censé procurer au porteur pour les uns ; le sentiment d’appartenance à un groupe social associé au
livre et au savoir pour les autres, etc. En clair, c’est un signe d’allégeance idéologique rassurant que
l’on se procure pour sa satisfaction personnelle.
10. C’est le cas, par exemple, de la Grèce où, depuis 2010, les tout petits volumes, disponibles aussi
en ligne sur https://www.booksistor.gr/c/69/biblia-miniatoyres.html, ont trouvé une bonne place
sur les gondoles des librairies.
11. Les fictions brèves ne sont pratiquement jamais publiées isolées aux xixe et xxe siècles : elles font
partie d’un recueil ou bien d’une revue, d’un journal etc. – ce que l’on appelle « co-texte ».
12. Voir par exemple les sites d’auteurs (comme celui de l’auteur de microfictions du Venezuela,
Lenin Perez Perez, qui compte plus d’un demi-million d’abonnés
https://twitter.com/microcuentos), de professeurs, d’éditeurs, d’associations de création
collaborative, etc. Certains font même interagir des formes brèves entre elles comme le site
Microcuento, qui associe microfictions et photographies
(https://www.instagram.com/microcuento_/ ?hl =fr, consulté le 3 mars 2019). On pourra trouver
une liste de ces sites sur la page dédiée de l’ENSFR (European Network for Research in Short
Fiction http://ensfr.univ-angers.fr/).
13. Murphet, J., “Short story Futures,” The Cambridge History of the English Short Story,
Cambridge: CUP, 2006, pp. 598-614. « Post-livre » est notre traduction de sa formule « Post-
book ». L’analyse se trouve p. 599.
14. On peut relier bien sûr cette disparition de la particule à la peur d’être reconnus comme
aristocrates pendant la Révolution, mais le phénomène de réduction de la longueur des noms
déborde largement cette explication.
15. Walton Litz, A., op. cit., p. 713.
16. « Our modern attraction to the short story is not an accident of form; it is a sign of a real sense
of fleetingness and fragility; it means that existence is only an impression, and perhaps, only an
illusion. [...] We have no instinct for anything ultimate and enduring beyond the episode. »
(Chesterton, G. K., Charles Dickens, London: Methuen, 1906, p. 85.)
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17. Voir May, Ch., The New Short Story Theories, op. cit., p. xix.
18. Sappho, citée dans Brasillach, R., Anthologie de poésie grecque, Paris, Stock 1950, Fragment 74,
p. 95.
19. Stratégies et pouvoirs de la forme brève, É. Gavoille et Ph. Chardin (éd.), Paris, Kimé, 2017,
introduction, p. 11.
20. Musique et formes brèves, V. Cotro (éd.), Bern, Peter Lang, coll. « Études de musicologie »,
2018.
21. Berger, J., Ways of Seeing. London : Penguin, 1972, p. 10.
22. Rouillé, A., La Photographie, Paris, Gallimard, 2005, p. 29.
23. Ibid., p. 29-30.
24. Ibid., p. 126.
25. Si « le court métrage commercial subsiste grâce à la commandite publique ou privée et à l’aide
de l’État », il ne faut pas oublier qu’il ne représente qu’une minorité de la production face au
« documentaire de commande à usage interne » : films pédagogiques, scientifiques, médicaux, de
formation professionnelle, etc. (Le Court métrage français de 1945 à 1968 : De l’âge d’or aux
contrebandiers, D. Bluher et F. Thomas (dir.), « Introduction », Rennes, PUR, 2005, p. 10)
26. Poe, E. A., « […] requiring from a half hour to one or two hours in its perusal […] at one sitting
[…] », « Twice-Told Tales », reproduit dans Ch. May (ed.), The New Short Story Theories, Athens:
Ohio University Press, P. 61.
27. Source Wikipédia,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat %C3 %A9gorie :Festival_de_courts_m %C3 %A9trages_en_France,
consulté le 1er mars 2019.
28. Source Wikipédia,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_festivals_de_courts_m %C3 %A9trages_en_Europe,
consulté le 1er mars 2019.
29. Dessons, G., La Voix juste. Essai sur le bref, Paris, Éditions Manucius, coll. « Le marteau sans
maître », 2015, p. 25-28. On pourrait objecter que Gérard Dessons mêle de réelles formes brèves
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avec des traits et figures relevant plutôt de la rhétorique (le concetto par exemple), voire avec des
concepts plus abstraits (comme le witz).
30. Voir May, Ch. (ed.), The New Short Story Theories, op. cit., introduction, p. xvii.
31. Voir Van Gorp, H., et al., Dictionnaire des termes littéraires. Paris, Honoré Champion, 2001,
p. 180. Notons que « rhapsode » signifie celui qui coud les odes ensemble.
32. Hegel, par exemple, qualifie le roman comme l’actualisation « bourgeoise » et « moderne » de
l’épopée. Hegel, G. W. F., « La Poésie », dans L’Esthétique, tome 2, Paris, Le livre de poche, 1997 [1re
éd. 1835-1837], p. 569.
33. Voir les remarques d’Yvon Houssais dans le présent volume. On notera toutefois que si la
plupart des textes théoriques portent sur la nouvelle, certains critiques commencent à s’intéresser
aux formes brèves littéraires de façon globale. Voir par exemple Dessons, G., La Voix juste. Essai
sur le bref, op. cit. ; ou Roukhomovsky, B., Lire les formes brèves, Paris, Armand Colin,
coll. « Lettres Sup. », 2001.
34. Head, D., The Cambridge History of the English Short Story, Cambridge: Cambridge University
Press, 2016, p. 1.
35. Ibid., p. 5.
36. Walton Litz, A. (ed.), Major American Short Stories, op. cit., pp. 3-4. C’est le nouvelliste
irlandais Frank O’Connor (1903-1966), qui réitère l’idée selon laquelle les écrivains américains ont
élevé la nouvelle au niveau de « forme d’art nationale » dans son ouvrage séminal The Lonely Voice
(1963).
37. Telle qu’elle se développe notamment chez Goethe, Tieck ou Schlegel dont on reconnaît
l’influence chez Washington Irving et Nathaniel Hawthorne. Voir May, Ch., op. cit., p. xvi.
38. Voir supra, note 26.
39. May, Ch., op. cit., p. 522.
40. Comme Rudyard Kipling (1907), Rabindranath Tagore (1913), William Faulkner (1949),
Ernest Hemingway (1954), John Steinbeck (1962), Samuel Beckett (1969), Patrick White (1973),
Nadine Gordimer (1991), Toni Morrison (1993) et Doris Lessing (2007).
41. Comme Isaac Bashevis Singer (1978) et Alice Munro (2013).
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42. « I hate writing short stories, and only do my six a year to have leisure to write my novels »
(Turnbull, A., The Letters of F. Scott Fitzgerald, New York: Skribener, 1963, p. 206). Notre
traduction.
43. Voir Scofield, M., The Cambridge introduction to the American Short Story, Cambridge:
Cambridge University Press, 2006, note 2, p. 250.
44. Journal of the Short Story in English, no. 2, jan. 1984, pp. 31-47.
45. Formule employée par Marie Vicet, qui cite elle-même Jean-Michel Bertin, directeur artistique
et concepteur du trailer de l’exposition Playback (Musée d’art moderne de la ville de Paris) sur le
clip vidéo, disponible sur https://www.dailymotion.com/video/x3lkck, consulté le 3 mars 2019.
Voir Vicet, M., « Quelle place pour le clip vidéo au musée ? De sa reconnaissance muséale à sa
remise en question, à travers trois expositions françaises (1985-2007) », exPosition, 2 octobre 2017,
https://www.revue-exposition.com/index.php/articles3/vicet-clip-video-musee-expositions-
france/ %20, consulté le 28 février 2019. Les trois expositions en question sont Les Immatériaux
(1985), Paysage du clip (1985) et Playback (2007).
46. Voir la brève histoire de la mythologie grecque – 50 nuances de Grecs :
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-014936/50-nuances-de-grecs/ ou les bandes-annonces d’ARTE
https://www.youtube.com/channel/UC6pPabfGeIv-uQjZ6Z92yvA etc. toutes disponibles ensuite
sur YouTube.
47. Voir par exemple le dossier pédagogique sur le fragment réalisé par le Centre Pompidou-Metz à
l’occasion de l’exposition « Chefs-d’œuvre ? », disponible sur https://www.centrepompidou-
metz.fr/sites/default/files/images/dossiers/2010-11_chefs-doeuvre_approches.pdf, consulté le
12 mars 2019.
48. Voir Vicet, M., art. cité.
49. Voir le livre de Hegyi, L., Micro-narratives - Tentation des petites réalités, Paris, Flammarion,
2008, paru à l’occasion de l’exposition du même nom.
50. Voir, entre autres Porcile, F., Défense du court métrage français, Paris, Éditions du Cerf, 1965 ;
Évrard, J., Kermabon, J., Une encyclopédie du court métrage français, Crisnée, Éditions Yellow
Now, 2004 ; Méranger, Th., Le Court métrage, Éditions Cahiers du cinéma, coll. « Les petits
Cahiers », 2007 ; Jullier, L., & Pequignot, J., Le Clip : histoire et esthétique, Paris, Armand Colin,
2013 ; « Watching Music. Cultures du clip musical », Revue Volume !, Éditions Mélanie Seteun,
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2018/1 (14 :2) ; Buci-Glucksmann, Ch., Esthétique de l’éphémère, Paris, Galilée, 2003 ; Lorin, Cl.,
L’Inachevé, Grasset, 1984).
51. Voir Cheymol, J.-B., La Brièveté audiovisuelle, Paris, L’Harmattan, 2011 ; Les Formes brèves
audiovisuelles, Sylvie Perineau (éd.), Paris, CNRS Éditions, 2013 ; et Musique et formes brèves,
V. Cotro (éd.), Bern, Peter Lang, coll. « Études de musicologie », 2018.
52. À noter que nous menons depuis 2017 une vaste réflexion au sein de l’axe « Nouvelles et formes
brèves » de l’équipe d’accueil CIRPaLL, dont cet ouvrage est l’un des aboutissements. Ces travaux se
veulent un élargissement de ceux du CRILA sur la « short fiction », qui sont publiés depuis une
trentaine d’années dans le Journal of the short story in English (JSSE). En 2013, à l’initiative du
CRILA, de l’Université Catholique de Louvain et d’Edge Hill University en Grande Bretagne, une
Société savante européenne a été créée, l’European Network for Short Story Research (ENSFR). Un
réseau des chercheurs s’est ainsi constitué à l’échelle internationale autour du concept de « forme
brève », plusieurs manifestations scientifiques ont été organisées à Angers et dans plusieurs villes
européennes ; un volume collectif est prévu sur Les temps de la fulgurance. Forces et fragilités des
formes brèves ; et un colloque sur « Forme brève et adolescence » a été organisé les 19-21 juin 2019.
53. Stratégies et pouvoirs de la forme brève, É. Gavoille et Ph. Chardin (dir.), Paris, Kimé, 2017.
54. Voir le programme sur http://www.ccic-cerisy.asso.fr/formatcourt15.html, consulté le 12 mars
2019.
55. Publication dans le no 9 des Cahiers de L’AMo, Atlantide, sous la direction de W. Zidaric, 2019.
56. AGP, exposition Les Immatériaux, Box 94033/236 : « Projet et Devis pour un montage vidéo
sur les clips vidéo », de J.-P. Fargier et Ch. Bargues, non daté.
57. Vicet, M., art. cité.
58. Voir Le Court métrage français de 1945 à 1968 : De l’âge d’or aux contrebandiers, D. Bluher et
F. Thomas (dir.), « Introduction », Rennes, PUR, 2005, p. 10.
59. Loc. cit.
60. Perrault, Ch., « Le Labyrinthe de Versailles ». Disponible en ligne
http://misraim3.free.fr/divers2/le_labyrinthe_de_versailles.pdf, consulté le 19 mars 2019.
61. Heitzmann, A., « Sondages dans le bosquet de la Reine (ancien Labyrinthe) » disponible sur le
site du Château de Versailles,
https://books.openedition.org/pur/140163 52/65
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http://www.chateauversailles.fr/resources/pdf/fr/archeologie/bosquet_reine.pdf, consulté le
19 mars 2019.
62. Le Labyrinthe sera réalisé entre 1669 et 1674 au moment de la parution du premier volume des
Fables d’Ésope traduits par La Fontaine (l’ouvrage est dédié d’ailleurs au Dauphin). Ses statues et
fontaines, qui n’existent plus, sont représentées par Jacques Bailly, dans Le Labyrinthe de
Versailles (enluminures, manuscrit). Ouvrage disponible en ligne sur
http://parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/le-labyrinthe-de-versailles#infos-
principales consulté le 19 mars 2019.
63. Perrault, Ch., « Le Labyrinthe de Versailles », op. cit.
64. https://www.grandpalais.fr/fr/evenement/le-labyrinthe-de-versailles consulté le 19 mars 2019.
65. Mormiche, P., « Éduquer le Dauphin : exempla, image du père, éducation exemplaire ? »,
Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2014. Disponible sur
http://journals.openedition.org/crcv/12368, consulté le 19 mars 2019.
66. Voir Garcia, O., Wei, L. Translanguaging. Language, Bilingualism and Education. New York :
Palgrave, 2014.
67. Les Surnoms les plus célèbres de l’Histoire, Paris, Pygmalion, 2010.
68. Cohen, D., « La politique hétérogène du peuple », dans Vers une histoire sociale des idées
politiques, C. Gaboriaux, A. Skornicki (dir.), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du
Septentrion, 2017, p. 295-306. Citation p. 303.
69. Voir aussi Chambarlhac, V., « Quelques remarques sur la forme brève socialiste », billet publié
sur Hypothèse, synthétisant une courte communication dans un atelier consacré le 27 mai 2016 aux
formes brèves de l’imprimé au numérique, en amont du colloque du même nom organisé à Dijon,
les 16 et 17 mars 2017. Accessible sur https://eurosoc.hypotheses.org/files/2016/07/Formes-
br %C3 %A8ves-partie-1.pdf, consulté le 28 février 2019.
70. Par exemple, l’« empaquetage » de bâtiments, de monuments, voire de paysages par Christo
s’offre à la fois comme œuvre monumentale (la taille des lieux emballés est grande, tout comme le
nombre de mètres de toile, de câble et de structure métallique est considérable) et comme art
éphémère. On peut aussi penser aux gigantesques trompe-l’œil de l’artiste JR qui crée des illusions
d’optique sur la pyramide du Louvre : la mise en place est longue, avec de nombreux bénévoles,
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o
n 19, numéro thématique « Le texte : de la théorie à la recherche », 1972, p. 105-114. Citation
p. 105.)
75. Même si l’on ne parvient pas à une définition normative des formes brèves, on tentera de mettre
en lumière leurs applications, leurs effets pour définir ces formes par ce qu’elles font plutôt que par
ce qu’elles sont. Dans cette approche pragmatique, on peut envisager d’établir une typologie, plus
qu’une essence.
76. Sandras, M., « Formes poétiques brèves et temporalité », dans Poésie brève et temporalité,
M. Andro-Ueda, T. Takemoto, J. Walker (dir.), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du
Septentrion, 2017, p. 21-32.
77. Bravo, F., « Stylistique des formes brèves », Littéralité 5. Figures du discontinu, Presses
universitaires de Bordeaux, 2007, p. 18-34. Citation p. 22.
78. L’écrivain Dominique Noguez fait remarquer avec ironie qu’il y a parfois des rapprochements un
peu excessifs entre ces différentes notions, par exemple dans le cas des aphorismes : « L’aphorisme
aspire à la concision. Mais la concision n’est pas nécessairement la simplicité. On peut être concis et
complexe, concis parce que complexe et réciproquement. Il y a des aphorismes de Chamfort que je
n’ai toujours pas compris. » (« De la brièveté en littérature (et en philosophie) : fragments,
épigrammes et aphorismes », conférence à l’Institut de recherche sur le Japon contemporain, le
17 mai 2010, disponible sur https://www.mfj.gr.jp/web/wp/WP-C-20-IFRJC-Noguez-10-07.pdf,
consulté le 12 mars 2019).
79. Pinguet, M., Le Texte-Japon, Paris, Seuil, 2009, p. 31.
80. Aubrit, J.-P., Le Conte et la nouvelle, Paris, Armand Colin, coll. « Cursus », p. 141.
81. Lorin, Cl., L’Inachevé, Paris, Grasset, 1984, introduction, « silence/violences », https://liseuse-
hachette.fr/file/17473 ?fullscreen =1#epubcfi(/6/6[ch01] !/4/20/102/5 :272, consulté le 12 mars
2019.
82. « Naissance de Miró » (1937), Donner à voir, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll.
« Bibliothèque de la Pléiade », I, 1968, p. 946-947.
83. Baudelaire, « Théophile Gautier », IV, dans L’Art romantique, Paris, Michel Lévy frères, 1868,
p. 175.
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84. Baudelaire, Correspondance, Lettre à Armand Fraisse, 18-19 février 1860, Paris, Gallimard,
coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, tome 1, p. 673.
85. Et la forme brève a aussi incontestablement gagné en autonomie, en littérature, notamment
avec l’apparition de sites dédiés aux formes brèves littéraires, qui permettent de s’abstraire de la
forme figée du livre imprimé ; en musique, on promeut souvent aujourd’hui le single, là où autrefois
on pensait « album » (dont le modèle peut être comparé à celui du recueil en littérature), ou dans le
domaine de l’image mobile. Antoine Gaudin a ainsi écrit sur le vidéoclip un article au titre
significatif : « Le vidéoclip : de la forme brève cinématographique au médium autonome », dans Les
Formes brèves audiovisuelles, S. Perineau (dir.), Paris, CNRS Éditions, 2013, p. 169-185.
86. Guillevic, E., Maintenant, Paris, Gallimard, NRF, 1993, p. 53.
87. Michel Delon affirme ainsi dans une belle formule que « l’univers du roman est
emblématiquement fermé sur lui-même, celui de la nouvelle fait jouer l’ombre et la lumière, le
visible et l’indicible » (Préface aux Crimes de l’amour de Sade, Paris, Gallimard, coll. « Folio
Classique », 2014, p. 6).
88. Miniature attribuée à Jean de Limbourg, Le Paradis terrestre, folio 25, dans Les Riches Heures
du Duc de Berry, vers 1410-1411, Musée de Condé, Ms. 65.
89. Pensée exprimée par Giorgio Vasari en 1568 (Les Vies des plus excellents architectes, peintres et
sculpteurs italiens, éd. et trad. A. Chastel, Champigneulles, Berger-Levrault, 1983, 2e éd.), tome III,
p. 86).
90. Comme le dit Michel Lafon dans « Pour une poétique de la forme brève », « la forme brève n’est
pas une forme solitaire, mais au contraire une forme solidaire » (« Pour une poétique de la forme
brève », (https://www.persee.fr/doc/ameri_0982-9237_1997_num_18_1_1237, p. 15).
91. « To know the vintage and quality of a wine one need not drink the whole cask », The Complete
Works of Oscar Wilde, vol. IV, Criticism. Intentions, Oxford : Oxford University Press, 2007, p. 146.
Notre traduction.
92. Pierre Tibi la qualifie de « figure-mère » (« La nouvelle : essai de compréhension d’un genre. »,
dans Aspects de la nouvelle, II, Cahiers de l’université de Perpignan, 18, premier semestre 1995,
p. 9-76. Citation p. 62-69).
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93. Roukhomovsky, B., Lire les formes brèves, Paris, Armand Colin, coll. « Lettres Sup. », 2001,
« Introduction », p. 8.
94. Voir en particulier la définition de l’épiphanie littéraire par James Joyce: « By an epiphany he
meant a sudden spiritual manifestation, whether in the vulgarity of speech or of gesture or in a
memorable phase of the mind itself. He believed that it was for the man of letters to record these
epiphanies with extreme care, seeing that they themselves are the most delicate and evanescent of
moments » dans Stephen Hero, Th. Spencer (ed.), New York: New Directions Press, 1944, pp. 210-
211). Traduction : « Par épiphanie, il entendait une soudaine manifestation spirituelle se traduisant
par la vulgarité de la parole ou du geste ou bien par quelque phase mémorable de l’esprit même. Il
pensait qu’il incombait à l’homme de lettres d’enregistrer ces épiphanies avec un soin extrême, car
elles représentaient les moments les plus délicats et les plus fugitifs. » (Joyce, J., Stephen le héros,
dans Œuvres, I, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1982, p. 511.)
95. Voir par exemple l’histoire des publicités pour Ricoré, rappelée par Véronique Richebois le
19 septembre 2016 dans Les Échos executives, « Ricoré revient aux sources de la saga », disponible
sur https://business.lesechos.fr/directions-marketing/communication/publicite/0211291982662-
ricore-revient-aux-sources-de-la-saga-214137.php, consulté le 16 mars 2019. Walter Zidaric nous
avait aussi parlé des effets d’écho entre les différentes publicités pour le parfum Jean-Paul Gautier
« Le Mâle », lors d’un workshop (Angers, 30 septembre 2016, non publié à ce jour).
96. Voir Grimal, P. « Isis », « Dionysos », « Orphée » p. 238, 126-128 et 332-333, dans Dictionnaire
de la mythologie grecque et romaine, Paris, PUF, 1969. Nous renvoyons aussi aux réflexions de
Françoise Daviet-Taylor et Laurent Gourmelen qui font l’analyse des deux significations du mot,
comme partie d’un tout brisé et disparu, et élément constitutif d’une œuvre conçue dès l’origine
comme fragmentaire (Fragments. Entre brisure et création, F. Daviet-Taylor et
L. Gourmelen [dir.], Rennes, PUR, coll. « Nouvelles Recherches sur l’Imaginaire », 2016, « Avant-
propos », p. 7-21).
97. Par exemple, The Quotable Oscar Wilde (Sheridan Morley (ed.), Philadelphia : Running Press
Miniature Edition, London, 2013), se sert de l’esprit de repartie de l’écrivain pour en présenter le
portrait à travers des citations issues de l’ensemble de son œuvre. Plus récemment, Le Petit livre des
Papas présente la paternité à travers une centaine de citations d’auteurs de l’Antiquité jusqu’au
temps présent (Paris, MiniLibri, 1999).
98. Baudelaire, Œuvres complètes, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », 1995, p. 161.
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99. Les Anglo-Saxons utilisent le terme « anthology series » pour désigner une série de radio, de
télévision ou de livres qui présente une nouvelle trame d’histoire et des personnages différents dans
chaque épisode ou chaque saison, mais qui ont un lien par le thème qu’elles traitent toutes.
100. Outre l’intertextualité, le symbole, l’image, la citation, l’encodage intersémiotique
(intermédialité), l’hétéroglossie sont quelques-uns parmi les procédés de condensation de sens les
plus courants. Par ailleurs, la poétique du nom propre ouvre également une voie royale à la
condensation de sens en faisant souvent du nom propre une microfiction ou une métafiction. C’est
déjà le cas dans les histoires bibliques où, par exemple, le sens du nom d’Isaac, qui signifie en
hébreu « rira », annonce plusieurs moments du récit : Abraham, Sarah et leurs servantes rient
lorsque l’annonce leur est faite que Sarah, déjà vieille femme, accouchera d’un enfant (Isaac,
précisément). Le père et le fils rient à la fin de l’histoire lorsque la vie d’Isaac est épargnée, et le nom
d’Isaac prend alors tout son sens. (Genèse, XVII, 12-17 et Ouaknin, M.-A., Le Livre des prénoms
bibliques et hébraïques, Paris, Albin Michel, 1997 p. 138.) Le nom propre comme élément de
condensation de sens se retrouve d’ailleurs dans de nombreux titres d’œuvres (brèves ou non
d’ailleurs), en particulier dans la littérature (Jacques le fataliste, René, Hérodias, Aurélien…).
101. Et l’on pense en particulier au formidable appareil d’érudition des nouvelles d’un Borges par
exemple.
102. Voir par exemple la synthèse sur le sujet par U. Heidmann et J.-M. Adam, dans Textualité et
intertextualité des contes. Perrault, Apulée, La Fontaine, Lhéritier…, Paris, Classiques Garnier,
coll. « Lire le xviie siècle », 2010. Les contes « détournés » ou « inversés » sont légion dans la
littérature contemporaine, pour la jeunesse comme pour les adultes.
103. Voir l’article de Liliane Louvel, sur la réinterprétation d’œuvres du Caravage, de Pasolini ou de
Rimbaud par Ernest Pignon-Ernest dans les rues des grandes villes contemporaines, dans des
œuvres éphémères dont seul demeurera le souvenir imprimé sur des photographies (« Suaires de
papier : Ernest Pignon-Ernest. Interventions et recouvrance », Caliban, French Journal of English
Studies, no 25, 2009, L’art de la ville, p. 501-512).
104. Voir Pujas, S., Street art. Poésie urbaine, Paris, Tana éditions, 2015, p. 29. La 4e de l’ouvrage
rappelle aussi cette profondeur poétique du street-art : « Les artistes adeptes du détournement
urbain ont l’art de déceler une silhouette dans un banal poteau, une banquise au bord d’un égout,
une fenêtre dans un mur de brique. Ils savent métamorphoser un espace publicitaire en parenthèse
poétique, faire naître un sourire d’un panneau signalétique. Ils n’ont pas oublié les rêveries de
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l’enfance, et construisent une histoire sur un détail infime. » Ajoutons qu’à cette profondeur voulue
par le créateur peut s’ajouter un écho subjectif du côté du récepteur qui, en l’occurrence, en lien
avec sa culture, pourra par exemple établir un rapprochement entre les réalisations du CyKlop et la
tradition des bornes de forme quadrangulaire, le plus souvent en marbre, indiquant des noms de
voies dans les villes antiques (Grèce, puis Rome), surmontées d’une tête d’Hermès et pourvues d’un
sexe, qui appartenaient elles aussi à un mobilier urbain, celui de l’Antiquité.
105. Dessons, G., « La notion de brièveté », La Licorne, 1991, no 21, p. 3-12.
106. Barbey d’Aurevilly, Les Diaboliques, Paris, Gallimard, coll. « Folio classique », 2003, p. 231.
107. On peut prendre l’exemple de cet aphorisme paradoxal : « Il n’y a que deux tragédies dans la
vie : l’une est de ne pas satisfaire son désir ; l’autre de le satisfaire » (Oscar Wilde, L’Éventail de
Lady Windermere, acte III : « In this world there are only two tragedies. One is not getting what
one wants, and the other is getting it »). Sa réception procure une satisfaction immédiate et suscite
le sourire, même si le sens n’en est pas forcément immédiatement saisi.
108. Formule utilisée par Rachel Panckhurst, dans « Short Message Service (SMS) : typologie et
problématiques futures », dans Polyphonies, pour Michelle Lanvin, Université Paul-Valéry
Montpellier 3, 2009, p. 33-52. Disponible sur https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-
00443014/document, consulté le 17 mars 2019.
109. « Quelle place pour le clip vidéo au musée ? », art. cité.
110. Voir par exemple Le Portrait d’un Chartreux du peintre primitif flamand Petrus Christus
(1446), qui met en scène autour du portrait du moine un cadre en trompe-l’œil sur lequel est posée
une mouche qui semble ne pas être dans le tableau mais sur lui. Il ne faut pas oublier par ailleurs la
valeur symbolique de la mouche, qui introduit dans le tableau la thématique de la mort.
111. Cette stratégie volontaire de la part de l’auteur de laisser son destinataire en suspens est un
principe bien connu, notamment sous le nom de cliffhanger, que l’on trouve à la fin de certains
romans, mais qui est surtout commun aux romans-feuilletons, aux séries télévisées et à certains
films, ou à la bande dessinée. Si la plupart du temps, le cliffhanger permet de relier les formes
brèves entre elles en créant un effet d’attente, il peut ne pas aboutir sur une résolution, comme dans
la version director’s cut de Blade Runner de Ridley Scott en 1992.
112. Noguez, D., « De la brièveté en littérature (et en philosophie) : fragments, épigrammes et
aphorismes », conférence à l’Institut de recherche sur le Japon contemporain, le 17 mai 2010, art.
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cité.
113. Voir les réflexions de Laurence Corbel dans « Le Discours à l’œuvre », introduction à Le
discours de l’art, Rennes, PUR, 2013, p. 15-38. Voir notamment p. 29, où elle relève la
multiplication des discours des artistes sur leur art depuis les années 1960-1970, « indissociable de
l’apparition de nouvelles formes d’art, de nouvelles pratiques artistiques (par exemple les
performances, les installations in situ, les œuvres dématérialisées) ».
114. Voir par exemple la déclaration d’Éric-Emmanuel Schmidt : « Si l’on peut utiliser le roman en
débarras fourre-tout, c’est impossible pour la nouvelle. Il faut mesurer l’espace imparti à la
description, au dialogue, à la séquence. La moindre faute d’architecture y apparaît. Les
complaisances aussi. Parfois, je songe que la nouvelle m’épanouit parce que je suis d’abord un
homme de théâtre. On sait depuis Tchekhov, Pirandello ou Tennessee Williams, que la nouvelle
convient aux dramaturges. Pourquoi ? Le nouvelliste a le sentiment de diriger le lecteur : il
l’empoigne à la première phrase pour l’amener à la dernière, sans arrêt, sans escale, ainsi qu’il est
habitué à le faire au théâtre. Les dramaturges aiment la nouvelle parce qu’ils ont l’impression qu’elle
ôte sa liberté au lecteur, qu’elle le convertit en spectateur qui ne peut plus sortir, sauf à quitter
définitivement son fauteuil. La nouvelle redonne ce pouvoir à l’écrivain, le pouvoir de gérer le
temps, de créer un drame, des attentes, des surprises, de tirer les fils de l’émotion et de
l’intelligence, puis, subitement, de baisser le rideau. » (Concerto à la mémoire d’un ange, Journal
d’écriture, Paris, Albin Michel, 2010, p. 209.)
115. Pujade-Renaud, Cl., « La nouvelle, c’est l’urgence. Une littérature de l’inconfort ? », juillet-août
1994, disponible sur https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-
content/uploads/2016/11/a778a0248669147b8832e17342a78b52.pdf, consulté le 15 mars 2019.
116. Proust, La Prisonnière, dans À la recherche du Temps perdu, Paris, Gallimard,
coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1988, tome III, p. 692.
117. Pascal, Les Provinciales, Lettre XVI, L. Cognet et G. Ferreyrolles (éd.), Paris, Bordas,
Classiques Garnier, 1992, p. 311.
118. La question de la difficulté de faire bref ne semble pas se poser pour la communication par
tweets ou SMS, qui, malgré la limitation en nombre de signes et en termes d’espace pour chaque
message, laisse en réalité la possibilité de faire long sans effort en multipliant ces messages. Il en va
autrement toutefois dans de nombreuses situations analysées par les sciences de l’information et de
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la communication, qui relèvent d’un véritable défi : il faut ainsi beaucoup de travail pour produire
un pitch (environ trois mn) de présentation de soi efficace et convaincant. Et tous les chercheurs
seront d’accord pour affirmer combien il est compliqué de présenter sa thèse ou plus généralement
sa recherche en 180 secondes, ce qui amène à identifier les points les plus essentiels et à évoquer
des aspects techniques de son domaine de spécialité en termes brefs et compréhensibles.
119. Interview d’E. Hemingway par George Plimpton dans The Paris Review: « I always try to write
on the principle of the iceberg. There is seven-eighths of it underwater for every part that shows.
Anything you know you can eliminate and it only strengthens your iceberg. It is the part that doesn’t
show. » (dans The Paris Review, 1958. Disponible sur
https://www.theparisreview.org/interviews/4825/ernest-hemingway-the-art-of-fiction-no-21-
ernest-hemingway, consulté le 10 mars 2019). Notre traduction : « Je tente toujours d’écrire selon le
principe de l’iceberg. Pour une partie émergée, il y en a sept sous l’eau. Tout ce que vous savez, vous
pouvez l’éliminer, et cela ne fait que renforcer votre iceberg. C’est la partie non visible. »
120. Voir Laroche-Signorile, V., « Le 22 septembre 1985, Christo emballe le Pont-Neuf », Le
Figaro.fr « Histoire », 18 septembre 2015,
http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2015/09/18/26010-20150918ARTFIG00300-le-22-
septembre-1985-christo-emballe-le-pont-neuf.php, consulté le 12 mars 2019.
121. Harmat, A.-M., et al., La Nouvelle en Europe. Destins croisés d’un genre au xxe siècle.
Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2014, p. 316.
122. Retentissant chez Emerson dans Nature (1836), le désir de renouveler participe amplement à
l’importance que la nation américaine reconnaîtra à la nouvelle dont les premiers échantillons par
Irving, Hawthorne, Poe et Melville illustrent déjà la formule répandue plus tard par Ezra Pound :
« make it new ». Voir Scofield, M., The Cambridge Introduction to the American Short Story,
op. cit., p. 6.
123. Voir les contributions d’Anne Baillot et de Florent Moncomble, dans cet ouvrage, qui montrent
bien les processus d’inventivité linguistique des formes brèves, telle qu’elle se manifeste dans les
sciences de l’information et de la communication.
124. Elle est ainsi un lieu particulièrement propice à la métalepse, procédé défini par Genette
(Figures III, 1972 ; Métalepse. De la figure à la fiction Paris, Éd. du Seuil, coll. « Poétique », 2004),
dans lequel des éléments d’un récit franchissent le seuil qui le sépare d’un autre récit qu’il contient
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ou qui le contient, par un principe de mise en abyme qui constitue une infraction au pacte
fictionnel. C’est le cas dans Continuité des parcs de Julio Cortazar, où l’on ne comprend qu’à la fin
de la nouvelle que le personnage lisant l’histoire du projet d’un meurtre par une femme et son
amant est précisément celui qui va être assassiné. Il en existe des équivalents dans l’art, comme le
célèbre Drawing hands d’Escher (1948), représentant deux mains qui se dessinent mutuellement.
125. Rouillé, A., « Micropolitiques de l’art », Édito du 7 octobre 2016, sur Paris-art (site consacré à
l’art contemporain à Paris), https://www.paris-art.com/edito-andre-rouille-micropolitiques-de-l-
art/, consulté le 10 mars 2019.
126. Benjamin, W., Charles Baudelaire, un poète lyrique à l’apogée du capitalisme, Paris, Payot,
1982, p. 43 et 154, cité par A. Rouillé, op. cit., p. 129.
127. Voir la synthèse sur le sujet par Rachel Panckhurst, dans « Short Message Service (SMS) :
typologie et problématiques futures », art. cité.
128. Voir Mourlhon-Dallies, F., Colin, J.-Y., « Des didascalies sur l’internet ? », dans Internet,
communication et langue française, J. Anis (dir.), Paris, Hermès, 1999, p. 13-30.
129. « [L]a néologie (créativité lexicale : essentiellement l’utilisation de langues étrangères –
souvent des anglicismes dans nos corpus – ou de verlan) et la néographie (nouvelle orthographe) »
(Panckhurst, R., art. cité, p. 39).
130. Killeen, J., “Wilde’s Aphoristic Imagination,” in Irish Writers in their Times. Oscar Wilde,
Dublin: Irish Academic Press, pp. 1-21 (citation p. 7). Cette réflexion émane d’une synthèse de
travaux de George Levine, Paul Ricœur et Kathleen Blaney. Voir Levine, G., The Realistic
Imagination: English Fiction from Frankenstein to Lady Chatterley, Chicago: the University of
Chicago Press, 1981, pp. 3-22; Ricoeur, P., « Personal Identity and Narrative Identity », Oneself as
Another, trad. K. Blaney, London, University of Chicago Press, 1992; et enfin Jameson, F., The
Political Unconscious: Narrative as a Socially Symbolic Act, Ithaca, NY: Cornell University Press,
1981, p. 30.
131. Ce développement est proposé dans le chapitre introductif de Frank O’Connor, The Lonely
Voice: A study of the Short Story, Cleveland: The World Publishing Co., 1963, pp. 3-25.
132. « Quelle place pour le clip vidéo au musée ? De sa reconnaissance muséale à sa remise en
question, à travers trois expositions françaises (1985-2007) », art. cité.
https://books.openedition.org/pur/140163 62/65
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133. Voir par exemple les analyses de Julian Murphet, pour qui la transmédialité de la nouvelle fait
disparaître la distance qui existe entre les arts visuels et les arts textuels (art. cité, p. 609). Voir aussi
les actes du séminaire Territoires du récit bref. De l’image dans la fiction à l’imaginaire en science-
fiction (2014-2016) publié sur le site Fabula (https://www.fabula.org/colloques/index.php ?
id =5060, consulté le 25 mars 2019), notamment l’introduction « Territoires du récit bref :
présentation » d’Y. Iehl et J. Nimis, (https://www.fabula.org/colloques/document5215.php,
consulté le 25 mars 2019), dans laquelle ils soulignent « à quel point le récit bref est devenu, en
raison de sa plasticité, un terrain d’expérimentation où se reflètent des évolutions majeures
affectant actuellement l’ensemble du champ littéraire et artistique », surtout dans le champ de la
science-fiction littéraire qui donne notamment une place particulière aux phénomènes
d’hybridation, d’iconotexte et d’adaptation cinématographique.
134. Louvel, L., Verley, Cl., Introduction à l’étude de la nouvelle, Toulouse, Presses universitaires
du Mirail, coll. « Amphi 7 », 1993, p. 25.
135. Voir « Watching Music. Cultures du clip musical », Revue Volume !, Éditions Mélanie Seteun
2018/1, 14 : 2.
136. Dick Higgins, inventeur du concept d’« intermedia » (The Intermedia Essay, The Something
Else Newsletter, vol. I, no. 1, New York : Something Else Press Ed., 1966), a créé la « poésie
concrète » et la « poésie visuelle » dans les années 1960.
137. Février, É., « Cat ‘N’ Mouse » de Steven Millhauser : un cartoon linguistique », dans colloque
en ligne sur Fabula, Circulations entre les arts. Interroger l’intersémioticité, 2016. Disponible sur
http://www.fabula.org/colloques/document3912.php, consulté le 13 mars 2019.
138. Adrien, M., Bouchet, M., Vincent-Arnaud, N., « Horizons intersémiotiques : interroger
l’hybridité des arts », dans Circulations entre les arts. Interroger l’intersémioticité, op. cit.
Disponible sur http://www.fabula.org/colloques/document3822.php, consulté le 13 mars 2019.
139. Adrien, M., Bouchet, M., Vincent-Arnaud, N., art. cité. Ils reprennent une formule de Liliane
Louvel, dans L’œil du texte : Texte et image dans la littérature de langue anglaise, Toulouse,
Presses universitaires du Mirail, 1998, p. 62.
Auteurs
https://books.openedition.org/pur/140163 63/65
06.01.2024, 22:27 Formes brèves - Introduction : Formes brèves. Au croisement des pratiques et des savoirs - Presses universitaires de Rennes
Cécile Meynard
CIRPaLL (EA 7457), université d’Angers
Du même auteur
Emmanuel Vernadakis
CIRPaLL (EA 7457), université d’Angers
Du même auteur
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06.01.2024, 22:27 Formes brèves - Introduction : Formes brèves. Au croisement des pratiques et des savoirs - Presses universitaires de Rennes
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