Bon Usage de La Prescription de Psychostimulants Chez L'enfant Et L'adolescent
Bon Usage de La Prescription de Psychostimulants Chez L'enfant Et L'adolescent
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Résumé : Le méthylphénidate (MPH) utilisé depuis plus de 50 ans reste actuellement le traitement de pre-
mière ligne dans le traitement médicamenteux du trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité
(TDAH). Ces dernières années, des traitements composites associant des formes à libération immédiate et
prolongée ont simplifié la prescription de cette molécule avec une seule prise par jour. Le MPH est réservé
aux enfants de plus de 6 ans, sans contre-indications, ayant des symptômes et un retentissement sévère
du TDAH, ou bien modéré si les interventions non médicamenteuses n’ont pas été suffisamment efficaces
ou sont refusées. Le traitement doit être intégré dans une prise en charge multimodale tenant compte
des comorbidités que l’on retrouve dans près de 50–90 % des cas. Le bilan préthérapeutique implique
une évaluation détaillée de l’histoire développementale, des comorbidités psychiatriques et somatiques,
ainsi qu’un examen clinique (incluant la mesure de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque).
Un avis spécialisé cardiologique avec un électrocardiogramme (ECG) n’est nécessaire qu’en cas de signes
d’alertes. Près de 70 % des sujets répondent à une première ligne de MPH et le traitement est globale-
ment bien toléré. Les effets indésirables habituels sont bénins et souvent transitoires. Les plus fréquents
sont les céphalées, les maux de ventre, et la perte d’appétit. Des troubles du sommeil ou des symptômes
dysphoriques peuvent aussi apparaître avec ce traitement et nécessitent une évaluation précise car il
peut s’agir d’effets indésirables mais aussi de troubles comorbides ou d’un diagnostic différentiel. Le MPH
est efficace chez les jeunes qui présentent des troubles du neurodéveloppement comorbide (trouble du
spectre de l’autisme, trouble du développement intellectuel), mais son utilisation doit être plus prudente.
Quand il est efficace, le traitement par MPH doit être maintenu et réévalué annuellement, généralement
à la faveur des grandes vacances.
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EMC - Psychiatrie 1
Volume 37 > n◦ 3 > juillet 2021
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-1072(21)41881-X
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au même âge [24] . Cet effet pourrait être dépendant de la dose contraire, le traitement par MPH est associé à un risque moins
administrée. Le retard de taille serait principalement manifeste élevé de développer des troubles liés à l’usage de substance à l’âge
les 3 premières années du traitement [37] . Le rythme de croissance adulte [44] .
tend ensuite à se normaliser et la taille est normalisée 2 ans après
l’arrêt du traitement. L’un des mécanismes du ralentissement de Épilepsie
croissance supposé serait l’inhibition de sécrétion d’hormone de
croissance observée en début de traitement psychostimulant. Il est Le MPH n’abaisse pas le seuil épileptogène. Les données concer-
courant de constater en pratique clinique une reprise de croissance nant l’utilisation du MPH chez des enfants traités pour une
rapide lors des arrêts des vacances supérieurs à 1 mois. épilepsie sont rassurantes [30] , on recherchera, dans tous les cas, un
antécédent épileptique et on demandera une consultation neuro-
Risque cardiovasculaire logique avec EEG en cas de suspicion.
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Tableau 3.
Dose initiale et titration des psychostimulants dans le traitement du TDAH (adapté de https://pharmacologie.sfpeada.fr/).
DCI Classe Mécanisme Dose initiale Titration Dose max Doses disponibles
Autorisation en France
RITALINE LI® MPH Pic : 20–60 min 5 mg matin et 5 mg × 2 doses 60 mg/j 5, 10, 20 mg
Efficace 1–4 h midi initiales tous les (1,2 mg/kg/j) a
100 % LI–0 % LP (0,3 mg/kg/j) 3–7 j
RITALINE LP® MPH Pic : 20–60 min 20 mg × 2 doses 60 mg/j 20, 30, 40 mg
Efficace 6–8 h initiales tous les (1,2 mg/kg/j)
0 % LI–100 % LP 3–7 j
QUASYM LP® MPH Pic : 1–2 h 20 mg × 2 doses 60 mg/j 10, 20, 30 mg
Efficace : 8–10 h initiales tous les (1,2 mg/kg/j)
30 % LI–70 % LP 3–7 j
CONCERTA LP® MPH Pic : 20–60 min 18 mg ↑ 18 mg tous les 54 mg (< 13 ans) 18, 36, 54 mg
Efficace : 10–12 h 3–7 j 72 mg (≥ 13 ans)
22 % LI–78 % LP
MEDIKINET® MPH Pic : 20–60 min 5–10 mg × 2 doses 60 mg/j 5, 10, 20, 30, 40 mg
Efficace : 8–10 h initiales tous les (1,2 mg/kg/j)
50 % LI–50 % LP 3–7 j
Autres traitements (hors AMM ou avec ATU)
VYVANSE® DEX Pic : 60 min 20 mg 70 mg 20, 30, 40, 50, 60,
Efficace 10–12 h 70 mg
AMM : autorisation de mise sur le marché ; MPH : méthylphénidate ; TDAH : trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ; ATU : autorisation temporaire
d’utilisation ; DEX : dexamfétamine.
a
Considérer un passage de la forme LI à LP après 1–2 mois de traitement efficace pour une dose équivalente.
• prescription initiale hospitalière réservée aux spécialistes et ser- • surveillance de la tolérance : effets indésirables réévalués régu-
vices de neurologie, pédiatrie, psychiatrie et les centres du lièrement par un spécialiste :
sommeil ; ◦ mesure poids (tous les 3 mois < 10 ans), taille (tous les 6 mois),
• prescription limitée à 28 jours ; ◦ FC, TA chaque changement de dose et tous les 6 mois (repor-
• formulée en toutes lettres sur ordonnancier sécurisé ; ter dans les courbes),
• préciser sur l’ordonnance le poids de l’enfant et le nom de la ◦ pas de bilan biologique, ni d’ECG systématique, uniquement
pharmacie délivrant le traitement. si FC > 120, PAS > 95◦ percentile.
Elle nécessite un renouvellement annuel par un praticien Les consultations de suivis sont prévues tous les mois jusqu’à
hospitalier. Dans l’intervalle, elle peut être reconduite par le l’obtention d’une réponse optimale. Il est recommandé d’avoir
médecin-traitant, le pédiatre ou un psychiatre en libéral, qui sont des contacts téléphoniques avec les parents toutes les semaines
autorisés à modifier la posologie. Le rapport de 2017 de l’ANSM dans le mois qui suit la mise en place du traitement [18, 21] . Une
met également en évidence qu’environ 30 % des initiations de fois la réponse clinique obtenue, le suivi peut s’espacer tous les
traitement sont réalisées par des médecins libéraux, spécialistes et 3 mois la première année, puis tous les 6 mois. La surveillance
généralistes alors que la primo-prescription doit être réalisée par doit être plus fréquente en cas d’association à d’autres troubles du
un spécialiste hospitalier [2] . neurodéveloppement non stabilisés (ex : troubles du spectre de
l’autisme, tics, troubles spécifiques des apprentissages), de trouble
Mise en place du traitement psychiatrique comorbide, ou de pathologie somatique associée.
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Tableau 4. les années 1950, l’utilité des psychostimulants dans les troubles
Prises en charge du TDAH selon le niveau de sévérité et de résistance. dépressifs n’a jamais été montrée chez l’enfant et l’adolescent [47] .
Niveau 0 En ce qui concerne l’association entre TDAH et trouble bipo-
Évaluation détaillée, en particulier tenir compte laire, il est possible d’identifier, chez les adolescents au moins, un
- Troubles comorbides psychiatriques et neurodéveloppementaux sous-groupe de patients présentant une comorbidité authentique
(trouble anxieux, abus de substance, épilepsie, tics, etc.) dont le profil de réponse aux thymorégulateurs diffère de celui des
- Profil d’effets indésirables adolescents sans TDAH [48] . Le traitement par MPH doit être arrêté
- Problèmes éventuels de compliance, d’administration de prise en phase maniaque. Le traitement par MPH peut être instauré chez
multiples des patients bipolaires stabilisés sous traitement thymorégulateur.
- Risque de détournement ou d’abus Il n’existe pas de consensus sur le traitement du TDAH associé
- Préférence de l’enfant et de sa famille à un trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle. Plusieurs
Niveau 1 séries de cas ont souligné le bénéfice d’ajouter au MPH un anti-
Monothérapie par MPH psychotique à faible dose (rispéridone, aripiprazole) [49] . Plus
Titration avec MPH forme LI puis si nécessaire passage forme LP récemment, un essai contrôlé randomisé a mis en évidence un
Niveau 2 : si pas efficace à 6 semaines et/ou effets indésirables effet positif de l’ajout d’un inhibiteur spécifique de la recapture
intolérables de la sérotonine (ISRS) au traitement par MPH sur les symptômes
Changement pour un autre traitement par MPH d’irritabilité résistants [50] .
Au moins la moitié des enfants/ado dont les symptômes ne répondent
pas à un stimulant répondent à un traitement alternatif
Supplémenter un traitement MPH LP par dose ponctuelle de traitement
Troubles psychotiques
MPH LI Des symptômes d’allure psychotique ou maniaque (idées
Niveau 3 : alternative ou adjuvant, hors AMM ou ATU. Si pas persécutoires, hallucinations, euphorie) ont été décrits après
d’efficacité à 6 semaines ou mauvaise tolérance l’utilisation en pédopsychiatrie du MPH [51] . Toutefois, ces symp-
Changement pour un traitement non psychostimulant : atomoxétine tômes semblent liés soit à un surdosage [42] , soit à des problèmes
En 1re intention si abus de substance, à considérer en cas de tics ou somatiques intercurrents qui peuvent modifier la vigilance [52] . Il
trouble anxieux s’agit d’états psychotiques brefs (moins de 1 semaine) résolutifs
Ajouter au traitement par MPH un traitement par agoniste alpha-2 après arrêt du MPH. En conséquence, une attention particulière
(CLONIDINE, GUANFACINE)
doit être portée aux antécédents personnels de psychose brève tan-
Durée de traitement : à réévaluer annuellement [31] dis que l’état psychotique aigu constitue une contre-indication
au traitement. Les études longitudinales les plus récentes ne
AMM : autorisation de mise sur le marché ; LI : libération immédiate ; LP : libéra-
tion prolongée ; MPH : méthylphénidate ; TDAH : trouble déficit de l’attention retrouvent toutefois pas de risque majoré de développer un
avec ou sans hyperactivité ; ATU : autorisation temporaire d’utilisation. trouble psychotique à l’âge adulte lié à la prise de MPH chez les
jeunes avec un TDAH [53, 54] .
après 1 semaine, puis à effectuer une surveillance ECG après avis
cardiologique favorable sur la reprise du traitement. Troubles du sommeil
Les troubles du sommeil appréciés subjectivement et objecti-
Population particulière et formes vement par actigraphie ou polysomnographie sont fréquemment
associés au TDAH [36] . Les personnes avec TDAH non traité ont
comorbides plus de modifications du rythme circadien d’activité (somno-
lence diurne, retard d’endormissement, hyperactivité nocturne)
Troubles anxieux et conduites et de l’architecture du sommeil (parasomnie, phase REM réduite)
ainsi que des pathologies du mouvement (maladie des jambes
oppositionnelles sans repos) ou de la respiration (apnées obstructives du som-
La comorbidité du TDAH avec les troubles anxieux et les meil) associées au sommeil que la population générale. Chez les
conduites oppositionnelles est fréquemment décrite (respective- enfants avec TDAH et troubles du mouvement pendant le som-
ment plus de 30 % et plus de 40 %). meil chez lesquels le traitement par MPH s’est révélé inefficace,
Dans le cadre de troubles oppositionnels associés, le traite- l’utilisation d’un agoniste dopaminergique a montré son impact
ment adéquat du TDAH réduit dans un grand nombre de cas positif sur le trouble du mouvement comme sur les symptômes
les comportements agressifs réactifs qui se révèlent ainsi favorisés cognitifs du TDAH. De la même façon, le traitement adéquat
par le TDAH [26] . Dans les cas où les conduites oppositionnelles des apnées obstructives du sommeil amène une diminution des
traduisent une anxiété de séparation ou un trouble réactif de troubles attentionnels associés. Compte tenu de la grande fré-
l’attachement, un traitement non pharmacologique est conseillé. quence des pathologies du sommeil associées au TDAH, il est très
Des ouvrages grand-publics peuvent aussi être utiles pour aider les important de bien évaluer la qualité du sommeil avant la mise en
familles à se représenter les difficultés liées au TDAH et éviter des route du MPH, en utilisant au besoin un agenda de sommeil, voire
contre-attitudes [45, 46] . en effectuant un enregistrement actigraphique pendant 9 jours. La
En cas de troubles anxieux associés, il convient de traiter le mélatonine trouve sa place dans cette indication.
trouble psychiatrique le plus gênant en priorité. Il est possible
d’observer une majoration ou une diminution des symptômes Tics
anxieux sous MPH.
Le MPH reste le traitement de première ligne même en cas
d’antécédents de tics chroniques ou de syndrome de Gilles de la
Troubles de l’humeur Tourette. Un suivi clinique plus fréquent s’impose alors. Devant
En cas d’épisode dépressif caractérisé d’intensité légère ou de la persistance des tics, la stratégie pharmacologique comprend la
trouble dépressif persistant, il est recommandé de commencer prescription d’une alternative au MPH (atomoxétine) ou l’ajout
par le traitement médicamenteux du TDAH. En cas d’épisode d’une nouvelle molécule (clonidine ou antipsychotique à faible
dépressif majeur d’intensité modéré ou sévère, il est recommandé dose) [20] .
de d’abord traiter la dépression. Dans tous les cas, il faut être
vigilant dans l’évaluation du risque suicidaire. Les psychostimu- Abus de substance
lants peuvent mimer et/ou aggraver des symptômes thymiques
comme une humeur dysphorique, des difficultés de sommeil et Les recommandations internationales soulignent l’intérêt des
de l’appétit. Bien qu’historiquement les amphétamines aient été alternatives aux psychostimulants (atomoxétine, agoniste alpha-
utilisées dans le traitement de la dépression chez l’adulte dans 2) en présence d’un TDAH associé à un trouble lié à l’usage de
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substance [18, 20, 21] . En cas de prescription de MPH, il faut préférer Conclusion
les formes LP aux formes LI. D’une façon générale, le traitement
par psychostimulant n’induit pas d’abus de substance. Les jeunes Le MPH est le traitement de première ligne dans le traitement
avec TDAH traités par psychostimulant ont un risque réduit de médicamenteux du TDAH. Des traitements composites associant
développer un abus de substance à l’âge adulte comparés aux des formes à LI et prolongée ont considérablement simplifié la
jeunes avec TDAH non traité par psychostimulant. prescription de cette molécule. Ce traitement est indiqué à par-
tir de l’âge de 6 ans chez les patients ayant des symptômes et un
retentissement sévère du TDAH, ou bien modérés si les interven-
Troubles sévères du neurodéveloppement tions non médicamenteuses n’ont pas été suffisamment efficaces
Les effets des psychostimulants sont globalement moins impor- ou sont refusées. Ce traitement doit toujours être intégré dans
tants chez les jeunes avec TDAH et un trouble du spectre de une prise en charge multimodale tenant compte des comorbidités
l’autisme (TSA). Certains effets indésirables (ex : humeur dyspho- fréquemment retrouvées.
rique) sont plus fréquents chez les jeunes avec TSA et TDAH traités
par psychostimulant. On peut en particulier observer une aug-
mentation des comportements ritualisés et des stéréotypies. La Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration
titration doit être faite à un rythme plus lent en suivant les mêmes de liens d’intérêts en relation avec cet article.
propositions thérapeutiques.
Une efficience intellectuelle limite est associée à une moins
bonne réponse au traitement par MPH. Là encore, il convient de Références
commencer le traitement par la plus petite dose en suivant les
mêmes propositions thérapeutiques. [1] Raman SR, Man KK, Bahmanyar S, Berard A, Bilder S, Boukhris T,
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L’utilisation de psychostimulant dans le traitement du TDAH Santé (ANSM). Méthylphénidate : données d’utilisation et de sécurité
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de 6 ans en France. De plus, avant 5 ans, le diagnostic est compli- [3] Polanczyk G, de Lima MS, Horta BL, Biederman J, Rohde LA. The
qué par la fréquence des comportements hyperactifs/impulsifs worldwide prevalence of ADHD: a systematic review and metaregres-
chez les très jeunes enfants [31] . Certaines études comme la Pres- sion analysis. Am J Psychiatry 2007;164:942–8.
chool ADHD Treatment Study (PATS) ont cependant montré un [4] Question au sénat. Question écrite no 13689 de M. Claude Raynal Aug-
mentation des prescriptions de produits psychostimulants aux enfants
bénéfice d’un traitement par MPHI à LI entre 0,15–1 mg/kg par
dits « hyperactifs ». Paris: Journal Officiel du Sénat; 2021.
jour sur des enfants entre 3 et 6 ans [55] . [5] Guilé J-M. Trois angles de compréhension des troubles attentionnels
Les symptômes de TDAH peuvent persister à l’âge adulte dans et de l’instabilité psychomotrice : neuronal, cognitif et psychique.
près de deux tiers des cas [11] . Un diagnostic de TDAH nécessite que Perspect Psy 2011;50:42–8.
les symptômes aient commencé avant 12 ans. Dans ces situations, [6] Gonon F, Guilé J-M, Cohen D. Le trouble déficitaire de l’attention avec
un traitement par MPH peut être prolongé à l’âge adulte [18, 56] . hyperactivité : données récentes des neurosciences et de l’expérience
Toutefois, les situations dans lequel le diagnostic n’est pas posé nord-américaine. Neuropschiatrie Enf Adolesc 2010;58:273–81.
dans l’enfance sont plus délicates, compte tenu des problèmes [7] Faraone SV. The pharmacology of amphetamine and methylpheni-
posés par un diagnostic rétrospectif. date: relevance to the neurobiology of attention-deficit/hyperactivity
disorder and other psychiatric comorbidities. Neurosci Biobehav Rev
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Interactions médicamenteuses [8] Guilé JM. Psychostimulants. EMC - Psychiatrie. 37-218-A-32. 2012:
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La coprescription d’un antidépresseur ISRS est généralement [9] Volkow ND, Wang GJ, Newcorn JH, Kollins SH, Wigal TL, Telang F,
bien tolérée. Une étude décrit une possible augmentation du et al. Motivation deficit in ADHD is associated with dysfunction of the
risque épileptogène [57] . En raison de la valeur prédictive possible dopamine reward pathway. Mol Psychiatry 2011;16:1147–54.
des anomalies EEG infracliniques [58] , certains auteurs recom- [10] Vaidya CJ, Austin G, Kirkorian G, Ridlehuber HW, Desmond JE, Glo-
mandent d’effectuer un EEG prétraitement chez les patients ver GH, et al. Selective effects of methylphenidate in attention deficit
à risque d’épilepsie et de mettre en place une consultation hyperactivity disorder: a functional magnetic resonance study. Proc
spécialisée en cas d’anomalies. Le traitement avec IMAO est Natl Acad Sci USA 1998;95:14494–9.
habituellement considéré comme une contre-indication à la pres- [11] Cortese S. Pharmacologic treatment of attention deficit–hyperactivity
cription de psychostimulants, en raison notamment du risque disorder. N Engl J Med 2020;383:1050–6.
d’hypertension artérielle (HTA) [59] . Une attention particulière doit [12] Greenhill LL, Halperin JM, Abikoff H. Stimulant medications. J Am
être portée au risque de troubles de la repolarisation (allongement Acad Child Adolesc Psychiatry 1999;38:503–12.
[13] Teicher MH, Polcari A, Foley M, Valente E, McGreenery CE, Chang
QT à l’ECG) chez les sujets recevant une combinaison de MPH et
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3e intention après le MPH et l’atomoxétine dans le traitement M, et al. Pharmacogenetics of methylphenidate response in attention
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du TDAH selon les recommandations anglaises [18] . Il n’existe
porter gene (SLC6A3). Am J Med Genet B Neuropsychiatr Genet
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fétamine. Il présente l’avantage de ne nécessiter qu’une prise et al. Molecular imaging genetics of methylphenidate response in
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• Le bupropion : utilisé dans le traitement de la dépression et de [17] HAS. Conduite à tenir en médecine de premier recours devant un enfant
l’anxiété. ou un adolescent susceptible d’avoir un trouble déficit de l’attention
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Bon usage de la prescription de psychostimulants chez l’enfant et l’adolescent 37-218-A-32
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