Actualité Chimique NiMH V2021-05-27
Actualité Chimique NiMH V2021-05-27
Actualité Chimique NiMH V2021-05-27
Ni-MH
Judith Monnier, Junxian Zhang, Fermin Cuevas, Michel Latroche
Univ Paris Est Créteil, CNRS, ICMPE, UMR 7182, 2 rue Henri Dunant, 94320 Thiais, France
Résumé
Les batteries alcalines Ni-MH sont faites d’une cathode d’hydroxyde de nickel et d’une anode
d’hydrures métallique. La 1ère génération d’anodes de type LaNi5 absorbe 6 hydrogènes par
mole mais se corrode en milieu basique. La chimie permet de pallier cette limite en formant
des alliages multi-substitués surstœchiométriques donnant des capacités de 300 mAhg-1 sur
substituant les terres rares par du Mg, plus léger. Les batteries Ni-MH gardent ainsi leur place
dans les applications stationnaires et mobiles grâce à leur fiabilité, leur compacité, leur
*
Auteur correspondant
1
Abstract
The Ni-MH alkaline batteries are made of a nickel hydroxide cathode and a metal hydride
anode. The first generation of LaNi5-type anodes absorbs 6 hydrogens per mole but corrodes
cycles. Today, new alloys are developed by crystallographic intergrowths, they give
capacities 30% higher by substituting rare earths by lighter Mg. Ni-MH batteries thus keep
their full place in stationary and mobile applications thanks to their reliability, compactness,
2
1 - L’émergence des batteries nickel-métal hydrure.
Très vite après la découverte des premiers systèmes électrochimiques, la famille des
accumulateurs à électrolyte aqueux s’est élargie vers les milieux basiques. Ces derniers
permettent de stabiliser des hydroxydes de cuivre ou de nickel pouvant alors être utilisés
comme électrodes positives associées à des électrodes négatives à base de fer, cadmium ou
zinc. Le marché des systèmes alcalins va prendre son essor avec un brevet, proposé en 1899
fondation d’une société qui deviendra la SAFT AB. Ces accumulateurs sont constitués d’une
électrode positive d’hydroxyde de nickel et d’une négative de cadmium baignant dans une
solution de potasse KOH concentrée. Ils sont toujours utilisés aujourd’hui pour certaines
Les recherches se poursuivent alors pour améliorer la densité énergétique et la durée de vie et,
en 1967 à Genève, une électrode négative utilisant un alliage à base de titane et nickel,
premier hydrure métallique a une courte durée de vie et ne permet pas un usage industriel
mais les recherches se poursuivent notamment dans les laboratoires de Philips et au CNRS.
En 1970, l’alliage LaNi5, capable de stocker par voie solide-gaz plus de 6 atomes d’hydrogène
par unité formulaire (H/u.f.) est découvert puis rapidement testé comme électrode négative
[2–4] en milieu alcalin et finalement breveté en 1975 [5–7]. L’alliage binaire est cependant
sujet à une corrosion assez rapide et les études vont se multiplier pour identifier les
substitutions chimiques permettant de le stabiliser en milieu alcalin. Ces batteries Ni-MH ont
l’avantage de conserver l’électrolyte alcalin (KOH) ainsi que l’électrode positive d’hydroxyde
de nickel, développés pour les accumulateurs Ni-Cd, tout en permettant un gain important
d’énergie volumique passant de 120 Wh.L-1 pour Ni-Cd à 240 Wh.L-1 pour Ni-MH (Figure 1).
3
Figure 1 – Densités d’énergie volumiques et massiques des principales familles de batteries à électrolytes aqueux et
organiques.
consomment pas d’eau à l’inverse de celles du Ni-Cd, limitant les causes d’assèchement de la
batterie. Ceci explique le développement rapide des systèmes Ni-MH sur le marché dès 1989,
Une batterie Ni-MH utilise trois composants actifs : une cathode composée du couple
NiII(OH)2/NiIIIOOH, une anode formée par le couple M 0/MHx où M est un alliage métallique
un électrolyte alcalin. Les deux électrodes sont décrites en détails plus loin dans cet article.
L’électrolyte est une solution aqueuse d’hydroxyde de potassium KOH présentant une
conductivité ionique élevée (~0.6 S.cm-1) [8] à température ambiante pour une concentration
4
la transformation du composé métallique M en son hydrure MHx à l’électrode négative.
La Figure 2 illustre le bilan des principales réactions ayant lieu au sein des électrodes de
secondaires en fin de charge (R4) et de décharge (R5). Par construction, la cathode est sous-
capacitive par rapport à l’anode ce qui implique que ces réactions secondaires ont toujours
fin de décharge. Ces dégagements de gaz sont à proscrire, d’une part parce qu’ils peuvent
entrainer une augmentation de pression dans un accumulateur étanche, d’autre part parce
des gaz formés. Ainsi, en fin de charge, le dioxygène produit à la positive est recombiné par
(R6)
De même, en fin de décharge, le dihydrogène produit à la positive réagit par réaction solide-
†
ENH : Electrode Normale à Hydrogène
5
(R7)
Grâce à ces recombinaisons, il est possible d’utiliser des accumulateurs étanches en limitant
accumulateurs restent équipés d’un évent de sécurité auto-obturant afin de prévenir tout
gonflement de l’élément.
Figure 2 - Schéma réactionnel d’une batterie Ni-MH montrant les réactions principales aux électrodes ainsi que les réactions
secondaires apparaissant en fin de charge et de décharge.
basique concentré. Un exemple avéré est celui de la famille ANi5 (A=lanthanide : La, Ce, Nd,
(R8)
Ces produits de corrosion sont effectivement observés sur les matériaux d’anodes avec une
corrosion est complexe. Il suppose le transport des ions A3+ depuis le cœur de l’alliage vers la
6
surface au travers de la couche de nickel. De fait, la dissolution de la terre rare crée un vide
métallique nanoporeux au sein de laquelle des canaux interconnectés se créent ouvrant ainsi
un chemin aux ions de terres rares. Cependant, les diagrammes de Pourbaix montrent que
l’ion A3+ ne se forme pas en solution fortement basique mais que d’autres espèces cationiques
mécanisme peut être décrit par la pénétration de l’anion OH- dans les nanocanaux de la
tour diffuser au travers des nanocanaux de nickel vers la surface où le pH plus élevé va
conduire à sa cristallisation en A(OH)3. Les OH- sont alors adsorbés sur la surface (0001) des
pour Ni-MH
Bien que des composés intermétalliques Ti-Ni aient été les premiers à être envisagés comme
matériaux d’anode [11], l’attention des chercheurs s’est vite focalisée sur le composé LaNi5 et
composition générale AB5. Dans cette formulation, A est un lanthanide et B est un métal de
transition de fin de série (Ni, Co, Cu…). La majorité de ces composés AB5 cristallisent dans
une structure hexagonale de type CaCu5 (Figure 3), où les atomes A (en bleu) occupent des
sommets dans le plan basal, tandis que les atomes B (en vert) occupent des positions
7
cristallographiques à la fois dans le plan basal et à mi-hauteur entre les plans basaux. La
structure cristalline du composé LaNi5 est caractérisée par sa grande stabilité face à des
modifications chimiques. Ainsi, le lanthane, élément A, peut être substitué par d’autres terres
rares (A’) et le nickel, élément B, par de nombreux métaux de transition (Fe, Co, Cu…) ou par
des éléments du bloc p tels que Al ou Si. Il est également possible, à l’équilibre
pour former des composés sur-stœchiométriques LaNi5+ jusqu’à = 0,4. Ces changements
n’altèrent pas l’ordre des atomes dans la structure, donnant lieu à des composés substitués
Lorsqu’un alliage de ce type insère des atomes d’hydrogène (en rouge Figure 3) à la suite de
la dissociation électrolytique de l’eau (R2), ils se placent dans les interstices tétraédriques de
de la pression d’hydrogène imposée. Pour les composés de type LaNi5, ces courbes
pas adaptée pour une utilisation comme anode dans des accumulateurs ouverts. Des
En particulier, la substitution du Ni (rayon métallique, rNi = 1.25 Å) par des atomes plus
volumineux tels que Mn (rMn = 1.35 Å) et Al (rAl = 1.43 Å) augmente le volume de maille du
8
-0,60
-0,75 décharge
MHx
-0,80
M
-0,85
M = LaNi4.5Mn0.5
charge
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (h)
Figure 3 : Courbes de potentiel en fonction du temps lors d’un cycle galvanostatique de charge/décharge d’une électrode
-1
négative de formulation LaNi4.5Mn0.5 (densité de courant 110 mAg ). L’alliage M forme l’hydrure MHx (x ~ 6) pendant la
charge. L’hydrure restitue l’hydrogène pendant la décharge. Lors du cyclage électrochimique, les atomes d’hydrogène (en
rouge) s’insèrent réversiblement dans l’alliage (La en bleu, Ni et Mn en vert) engendrant des variations de volume réversibles
dans la charpente métallique de type LaNi5.
type LaNi5 substitué au manganèse (LaNi4.5Mn0.5, pression de plateau = 0,01 MPa à T.A.)
pendant un cycle galvanostatique est montrée Figure 3 [15]. Pendant la charge, on observe un
plateau de potentiel à -0,86 V vs. ENH. Ce plateau est l’équivalent électrochimique du plateau
métallique en hydrure. Dans cette expérience, le plateau s’étend sur environ 3 heures pour
atteindre une capacité de stockage de 330 mAh.g-1 à une densité de courant imposée de
110 mA.g-1. En décharge, on observe un plateau de potentiel à -0,73 V vs. ENH de la même
durée qui traduit la restitution complète de l’hydrogène inséré. La différence entre les
potentiels de charge et de décharge est principalement reliée à des limitations cinétiques dans
9
3.2 – Des compositions chimiques complexes pour des performances optimisées
composés dérivés de LaNi5 pour les batteries Ni-MH s’est focalisée sur la diminution du coût
de l’alliage et l’amélioration de sa durée de vie. De ce fait, en tirant le meilleur parti des effets
de substitution, les alliages commerciaux de type LaNi5 ont une formulation très complexe.
rares. L’utilisation du mischmétal obéit à des critères économiques car les procédés de
séparation des terres rares, dont les propriétés chimiques sont proches, restent onéreux. Pour
ce qui concerne la substitution triple du Ni, l’abaissement de la pression du plateau est atteint
par l’incorporation de Mn et d’Al, tandis que le choix du cobalt est guidé par la durée de vie.
Dès les premières études sur les propriétés électrochimiques du composé binaire LaNi5, il a
été constaté que la capacité réversible décroit de sa moitié en moins de 100 cycles [16]. La
différence de volume entre les phases métal et hydrure, est à l’origine de cette courte durée de
(R8). La substitution en cobalt s’est avérée une très bonne solution pour faire face aux
étapes, entrainant chacune des variations de volume plus faibles. Cela diminue les contraintes
sa décrépitation.
Les alliages multi-substitués Mm(Ni, Mn, Al, Co)5 présentent le meilleur compromis entre
10
capacité et durée de vie avec des valeurs proches de 300 mAhg-1 sur des centaines de cycles.
Toutefois, le cobalt reste un élément onéreux (10 mass. % du cobalt représentent 40% du coût
Mm(Ni, Mn, Al, Co, Fe)5+, pour lesquels les changements de volume de la maille lors de la
transition métal/hydrure sont amoindris, a été proposée [17]. Cette alternative a permis de
Une trentaine d’années de recherche (1970-2000) ont été nécessaires pour optimiser la
composition des alliages de type LaNi5 en tant que matériaux d’électrode négative des
batteries Ni-MH. Le composé binaire LaNi5, à la basse du concept, est ainsi devenu sur-
stabilité électrochimique, capacité, durée de vie et cout de l’alliage. Ceci explique le succès
En marge de la famille AB5, des composés type AB et AB2 ont également reçu beaucoup
d’attention. Les alliages AB et AB2 sont connus pour avoir une capacité d'absorption
d'hydrogène élevée mais une durée de vie limitée par la corrosion (Cuevas et al., 2001). Dans
les années 2000, une nouvelle génération d’anode est apparue [18,19]. Ces composés, basés
sur des structures d’intercroissance de couches [AB5] et [AB2] le long de l'axe c (cf figure en
encart), sont des alliages de type (A,Mg)Ni3 (AB3), (A,Mg)2Ni7 (A2B7) et (A,Mg)5Ni19 (A5B19),
unité de bloc d'empilement [20]. Ainsi, les structures des alliages A2B7 ou A5B19, obtenues par
combinaison des couches [AB2] et [AB5], offrent une capacité plus élevée que les alliages de
type AB5 ainsi qu'une meilleure durée de vie que les alliages AB2. De plus, la possibilité de
11
substituer partiellement dans la couche [AB2] l’élément A par du Mg, élément capacitif et très
Cette électrode découverte au début du XXème siècle est une cathode mise en œuvre dans de
nombreux systèmes alcalins (Ni-Fe, Ni-Zn, Ni-Cd, Ni-MH), elle reste aujourd’hui très
utilisée.
L’hydroxyde de nickel Ni(OH)2 est un composé lamellaire, formé de feuillets NiO2 entre
lesquels viennent s’intercaler les atomes d’hydrogène. Les feuillets sont liés entre eux par des
interactions de type Van-der-Walls, de faible force de liaison, facilitant ainsi les variations de
rhomboédrique P-3m1. La forme α-Ni(OH)2 • x H2O cristallise dans le groupe d’espace P-31m
et diffère de la forme β par la présence de x molécules d’eau (0.4≤x≤0.7) intercalées entre les
significativement pour passer de 4.64 Å à 8.0 Å, induisant une diminution des interactions
entre les feuillets et une perte d’orientation entre eux le long de l’axe c. En théorie, α-Ni(OH)2
donne une meilleure capacité électrochimique que β-Ni(OH)2 (de l’ordre de 10%) mais en
Ni(OH)2 est donc la forme privilégiée pour les cathodes de batteries alcalines.
Ce composé a une structure très proche de β-Ni(OH)2. Il est composé de feuillets NiO2,
cristallise dans le même groupe d’espace P-3m1 et adopte une structure de type CdI2. Ces
12
similarités structurales permettent de mettre en jeu un mécanisme d’intercalation-
désintercalation topotactique du proton entre les couches NiO2 induisant peu de changements
de 4.64 à 4.84 Å au cours de l’oxydation. Toutefois, comme pour Ni(OH)2, NiOOH existe
sous forme d’un polymorphe -NiOOH qui peut apparaître par surcharge électrochimique de
dans l’espace interfeuillets d’ions alcalins (K+) et de molécules d’eau. Comme pour la phase
α-Ni(OH)2, cette intercalation d’espèces supplémentaires (qui peuvent être variées : OH-,
SO42-, CO32-…) se traduit par un écartement des feuillets jusqu’à 7 Å et une décohésion
préférentiellement la phase réduite α-Ni(OH)2, dont l’écartement des feuillets est comparable
(7 Å). Ce couple -NiOOH/α-Ni(OH)2 a théoriquement une capacité plus élevée que le couple
β-NiOOH/β-Ni(OH)2 (respectivement 1,5 e- échangé pour /α contre 1 e- pour β/β) mais il
limite son intérêt comme matériau d’électrode. La coexistence de ces différentes phases α-
Ni(OH)2, β-Ni(OH)2, β-NiiOOH, et γ-NiOOH rend le système assez complexe à décrire mais
il peut être schématiquement expliciter par le diagramme proposé par Bode et al. [28,29]
(Figure 4). De ces travaux, il apparait que le couple fonctionnant à la cathode est composé des
13
Ni(OH)2/NiOOH : le potentiel de ce couple électrochimique est légèrement supérieur (de
90 mV) à celui de la fenêtre électrochimique de l’eau (1,23 V). Ainsi, en circuit ouvert, une
réaction parasite (R1+R4) peut se mettre en place au niveau de la cathode et entraîner une
autodécharge de l’accumulateur. Cette difficulté peut encore être contournée en jouant sur la
chimie de la cathode. Ainsi, la substitution d’une petite proportion du nickel contenu dans
l’autodécharge. Pour des raisons économiques (Co étant un métal coûteux), le cobalt est
souvent ajouté en surface sous la forme d’un coating apportant la même protection en limitant
le contact direct entre la phase au nickel et l’électrolyte. D’autres métaux peuvent être utilisés
comme le zinc, le cadmium, le bismuth ou encore l’ytterbium avec la recherche des mêmes
effets protecteurs.
Figure 4 - Schéma réactionnel de Bode [28,29] montrant les relations existant entre les différents polymorphes (β,γ)-NiOOH
et (α,β)Ni(OH)2 en fonction du degré d’oxydation n du nickel (en ordonnée) et de la distance interfeuillets d (en abscisse).
Le processus d’effet mémoire est un mécanisme parfois observé dans certains accumulateurs.
Il traduit le fait qu’une batterie régulièrement cyclée entre l’état complétement chargé et un
état de décharge intermédiaire (sans jamais atteindre l’état complètement déchargé), présente
14
une perte de capacité correspondant à la différence entre cet état intermédiaire et l’état
fonctionnement et qu’il s’y limitait. L’effet est surtout observé dans les batteries Ni-Cd où il a
été attribué à des phénomènes de croissance de petits cristaux de cadmium, réduisant ainsi
rapporté dans certains cas pour les batteries Ni-MH bien que dans une moindre mesure [30].
cas de cyclages très réguliers et il peut être contré par une utilisation rationnelle de la batterie
batteries (BMS Battery Management System) pour les applications industrielles de forte
technologies d'électrode très optimisées. Les capacités pratiques atteignent des valeurs très
proches des valeurs théoriques pour ce type d’électrode positive. Des voies d’amélioration
Les batteries Ni-MH sont des systèmes électrochimiques sûrs, propres et robustes. Elles sont
de densités d’énergie supérieures à celles des batteries Pb-acide et Ni-Cd alcalines, tout en
15
dans ces batteries Ni-MH est surpassée par celle des Li-ion. Ceci est principalement dû au
potentiel limité des batteries Ni-MH (1,3 V) par rapport à celui des batteries Li-ion (3-4 V) en
L’utilisation d’un électrolyte aqueux dans les batteries Ni-MH fait à la fois leur faiblesse et
leur force. Les avantages des systèmes aqueux sont leur sécurité et leur très haute conductivité
ionique. Par rapport à la technologie Li-ion, cela rend moins exigeante la mise en forme des
le marché des accumulateurs alcalins Ni-MH reste porteur dans les applications stationnaires
et mobiles nécessitant une forte énergie volumique, une durée de vie élevée, une absence de
stationnaires, les batteries Ni-MH sont principalement utilisées pour l'éclairage de sécurité et
dans la durée (4–10 ans) et capables d’opérer à des températures élevées (40–55°C) en
batteries Ni-MH intégrant une technologie bipolaire ont été récemment déployées par
l’entreprise suédoise Nilar pour le stockage et la distribution de l'énergie solaire [31]. Des
packs de batteries capables de stocker jusqu'à 30 kWh d'énergie avec une tension de sortie de
125 V ont été assemblés par cette compagnie. Ces packs font partie d’un système intelligent
nommé « Energy Hub », chargé d’optimiser le flux d'énergie entre les panneaux solaires,
dessous d'un certain niveau, le stockage d'énergie intervient pour assurer l’équilibrage en
16
tension du réseau électrique. Des batteries Ni-MH ont également été développées au Japon
majeur lorsqu’il est significativement alimenté par des énergies intermittentes [32].
Dans le cadre des applications mobiles, les batteries Ni-MH ont trouvé des marchés
Heavy Industries » a développé un système à grande échelle d'alimentation par batteries Ni-
MH nommé Gigacell® [32]. Ce système stocke une énergie de 5,4 kW.h grâce à l’association
de 2250 cellules électrochimiques. Leur assemblage permet d’accumuler une charge de 150
A.h (module de 75 cellules en parallèle chargeant 2 A.h) pour une tension de sortie de 36 V
(30 modules en série). Le système fournit une densité de courant stable au régime 3C avec
une bonne stabilité au niveau de la cellule pendant au moins 11000 cycles. Un tel système a
été utilisé dans le réseau ferroviaire japonais pour la récupération de l’énergie de freinage de
trains et, en cas de panne de courant de l’alimentation générale, pour le déplacement des
rames entre deux stations. Cette dernière approche a été aussi employée pour s’affranchir de
l’utilisation des catenaires dans la ligne 1 du tramway de Nice lors du passage des places
fourni par l’entreprise SAFT, stockant 13,6 kWh avec une puissance de sortie de 200 kW
Volkswagen, Ford…) ont choisi des batteries Ni-MH pour leurs voitures hybrides. Les
hybride Toyota Camry, un pack de batteries Ni-MH équipe également la voiture à hydrogène
Toyota Mirai. Ce pack, avec un poids de 29 kg, accumule 1,6 kWh d’énergie avec une tension
17
de sortie de 245 V. Son rôle est de récupérer de l’énergie lors de la décélération pour apporter
Une trentaine d’années après leur commercialisation, les batteries Ni-MH sont des systèmes
de stockage matures mais encore perfectibles. Les propriétés de l’électrolyte ont été
aujourd’hui des performances très proches des rendements théoriques attendus pour le couple
/ mais des progrès seraient toutefois possibles en termes de densité d’énergie si l’on
parvenait à stabiliser le couple /. Finalement, l’électrode négative représente l’élément qui
permettrait d’augmenter la capacité. La durée de vie peut être améliorée par une réduction de
la vitesse de corrosion des alliages et la teneur en terres rares peut être minimisée. En effet, les
lanthanides présentent les inconvénients d’avoir une masse molaire élevée, une forte criticité
et des coûts très volatils sur les marchés internationaux. Aujourd’hui, de nombreux travaux de
recherche sont en cours pour recycler au mieux les principaux métaux utilisés dans les
accumulateurs Ni-MH [33] : terres rares, Ni et Co. En parallèle au recyclage, des recherches
visent le remplacement des terres rares par d’autres métaux. A court terme, le développement
section 3.4), suit cette direction. A long terme, le but ultime serait de s’affranchir
seulement à réduire le prix des accumulateurs Ni-MH mais aussi à augmenter la capacité
massique du stockage, au-delà de 500 mA.h.g-1, grâce à l’incorporation de métaux légers tels
que le magnésium et le titane. Cette voie très prometteuse se heurte toutefois à la forte
corrosion des métaux légers, éléments électropositifs, en milieu KOH. Des solutions existent,
18
tels que le dépôt en surface de couches de protection à base des métaux nobles ou de
membranes type Nafion®, mais les avancées dans ce domaine sont pour l’instant restreintes à
des études fondamentales. Dans les composés d’intercroissances A2B7 et A5B19, le magnésium
qui substitue partiellement les atomes A de la couche [AB2] conduit à de fortes augmentations
Des travaux récents [36] ont aussi montré que la durée de vie des accumulateurs Ni-MH
pouvait être prolongée. Leur longévité est liée à la corrosion qui réduit la capacité de
hauteur 0.1 L d’O2 par gramme d’alliage corrodé, peut être utilisée pour rééquilibrer les
électrodes et reconstituer l'électrolyte par réaction avec H2 pour reformer de l’eau. Une
6 – En conclusion
Les matériaux et principes des batteries Ni-MH ont été source d’inspiration de nouveaux
concepts dans le domaine du stockage électrochimique. Des chercheurs français ont ainsi
démontré que les hydrures, matériaux d’anode des batteries Ni-MH, peuvent aussi être
utilisées dans des batteries Li-ion à la fois comme anodes et comme électrolytes solides
ont vu récemment le jour dans les laboratoires de recherche, le but étant principalement
d’accroitre leur performance en termes de densité d’énergie. Des chercheurs suédois ont
proposé [39] de remplacer l’électrode positive Ni(OH)2 par des oxydes métalliques ayant pour
fonction de réduire de l’air en milieu KOH aqueux. L’idée de ce concept est de développer
19
des batteries air-MH en s’affranchissant de l’électrode positive conventionnelle. Des valeurs
respectivement) ont pu être obtenues à l'échelle du laboratoire. Des chercheurs japonais [40]
ont développé une batterie hybride Ni-MH/Ni-H2 étanche fonctionnant sous pression de
réaction solide-gaz. La courbe PCT du métal hydrurable est caractérisée par un plateau de
batterie. Cet accumulateur permet d’augmenter de 50% l’énergie spécifique de la batterie Ni-
MH. Aux Etats Unis, le remplacement de l’électrolyte alcalin aqueux par des liquides
ioniques a été proposé [41]. Le but est d’élargir la fenêtre électrochimique de l’eau pour
augmenter la densité d’énergie de la batterie en utilisant des cathodes à haute potentiel. Des
mélanges liquides ioniques/acide acétique (LI-AA) ont été employées pour augmenter la
Toutes ces recherches offrent de larges possibilités de progression des systèmes alcalins qui
stationnaire et embarqué.
20
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Figure proposée en encart :
Illustration schématique de la formation des composés d’intercroissance de type (An+mB5n+2m) obtenue par l’empilement
d’unités de base [AB5] et [AB2] selon l’axe cristallographique c. Pour m=2, en variant n de 1 à 3, on obtient successivement
les phases stables AB3 (n=1), A2B7 (n=2) et A5B19 (n= 3). Chacune de ces phases cristallise sous deux formes
cristallographiques : hexagonale (2H, P63mc) et rhomboédrique (3R, R-3m). La différence entre les deux polymorphes réside
dans l’empilement de couches [AB2] qui alternent les formes MgCu2 et MgZn2 pour la 2H alors que la 3R n’implique que le
type MgCu2. Ainsi, deux unités de blocs suffisent pour décrire la structure 2H quand trois blocs sont nécessaires pour former
la structure 3R. Ces structures présentent l’intérêt de pouvoir accueillir des atomes de magnésium sur le site A des couches
[AB2], conduisant à une meilleure stabilité de l’hydrure et une masse molaire réduite par comparaison aux alliages binaires.
Ces matériaux sont aujourd’hui développés comme anodes dans les batteries Ni-MH de forte capacité.
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