Fiche 1

Définitions et contours
de l’Union européenne (UE)

I. L’Europe économique et monétaire avant la création de la Communauté

économique européenne (1957, la CEE, le traité de Rome) et de l’UE (1992, traité
de Maastricht)
II. Les contours de l’UE : une union politique, économique et monétaire
III. L’UE : une démographie
IV. L’UE n’est pas qu’une géographie (espace) mais aussi un territoire (politique)
V. L’UE : une union monétaire multinationale
VI. L’UE : un ensemble de traités
VII. L’UE : un partage des compétences en union monétaire

DÉFINITIONS

ӡ Union monétaire multinationale : C’est un accord international entre des États

souverains qui décident de l’usage exclusif sur leurs territoires d’une monnaie
commune ou unique, délèguent l’exercice de la souveraineté monétaire à une
institution supra nationale, et définissent les conditions de fonctionnement
de cette institution.
ӡ Traités européens : Ce sont des accords contraignants adoptés par tous les
États membres de l’UE. Ils définissent les objectifs poursuivis par l’Union,
les règles de fonctionnement des institutions européennes, les processus
décisionnels et les relations entre l’Union et les États membres. Toute action
entreprise par l’Union est fondée sur les traités. Ils sont modifiés pour rendre
l’UE plus efficace et transparente, pour préparer l’adhésion de nouveaux États
membres et pour ouvrir de nouveaux domaines de coopération.
ӡ TUE : C’est le traité de l’UE (il affirme les grands principes, 55 articles).
ӡ TFUE : C’est le traité de fonctionnement de l’UE (il précise les modalités).

L’UE date du traité de Maastricht en 1992, mais des accords entre pays
européens ont été signés depuis le xixe siècle. L’UE n’est pas qu’un espace
géographique c’est aussi un territoire politique.

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 I. L’Europe économique et monétaire avant
la création de la Communauté économique
européenne (1957 CEE, traité de Rome)
et de l’UE (UE 1992, traité de Maastricht)
1.1 La première mondialisation (au xixe siècle, 1850-1914)
Elle voit naître une coopération internationale par la création d’unions
internationales (UI), d’un système monétaire international de facto et de
politiques commerciales libre échangistes et/ou protectionnistes sous l’égide de
l’empire britannique. Alors que l’Europe embrasse la doctrine libre-­échangiste
(1817 : Théorie des avantages comparatifs de D. Ricardo, 1842 : 1re réduction
des droits de douane, 1846 : suppression des corn Law, 1849 : Révocation de
l’acte de navigation, 1860 : traité Cobden Chevalier), les USA s’engagent dans
une politique protectionniste jusqu’à la fin Seconde Guerre mondiale. Pour
P. Bairoch (victoires et déboires) le libre-échange devient « une goutte d’eau
dans un océan de protectionnisme ». Pour l’historien Craig Murphy (Histoire
de la gouvernance globale depuis 1850), la tâche de ces organisations en charge
de l’expansion de l’économie capitaliste de 1850 à 1914 sont la promotion de
l’industrialisation (échanges, normes, infrastructures, etc.) et la gestion des
conflits sociaux potentiels dans l’agriculture ou l’industrie. En 1815 le traité de
Vienne crée la commission pour la navigation sur le Rhin, des bases commer-
ciales transfrontalières sont à constater. En 1865 l’union télégraphique inter-
nationale voit le jour et en 1874 l’union postale universelle. De même en 1883
l’union internationale pour la protection de la propriété industrielle, et en
1884-1890 l’union internationale pour le transport des marchandises par le
chemin de fer. Ces UI ont permis le développement des entreprises qui ont fait
la seconde révolution industrielle dans les domaines de la chimie, de l’électri-
cité et de l’agroalimentaire. On assiste à une institutionnalisation intergou-
vernementale à l’échelle européenne.

1.2 L’union latine, un accord (union) monétaire européen

qui débute au xixe siècle (1865-1927)
Le 23 décembre 1865, la Belgique de Léopold II, la France de Napoléon III,
l’Italie de Victor-­Emmanuel II et la Suisse signent une convention monétaire
à l’initiative de l’Empereur des Français. C’est la naissance de la première
union monétaire de l’Histoire : l’Union latine. Le principe en est simple : les
monnaies de référence de chaque pays de l’Union ont le même poids d’or fin
tout en gardant leur nom (franc français, franc suisse, lire…) et leur symbole
national. Ces monnaies et leurs subdivisions principales peuvent de la sorte
circuler indifféremment dans tous les pays de la convention : il devient possible
de payer à Bruxelles ou Paris ses achats avec des lires ou des francs suisses.
L’Union latine a fonctionné de manière très satisfaisante pendant plusieurs

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 décennies, illustrant le très haut niveau d’intégration atteint par l’Europe à la
fin du xixe siècle (cf. S. Berger, Notre première mondialisation). Ce fut l’une
des périodes où les Européens ont au plus haut point le sentiment d’apparte-

Fiche 1 • Définitions et contours de l’Union européenne (UE)

nir à une communauté de civilisation unie par des valeurs et des croyances
identiques. Ce sentiment s’est déjà rencontré au xiiie siècle (le temps des
cathédrales) et au début de la Renaissance. On l’a connu aussi à l’époque
de Jean Monnet et de la construction européenne et de nos jours en raison
de la guerre en Ukraine. Elle s’éteint le 1er janvier 1927.

1.3 L’UEP (Union européenne des paiements) de 1950 à 1958

Créée en 1950, sous l’influence de l’économiste américain R. Triffin, entre
pays de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE), l’UEP
est un organisme de compensation multilatérale (un clearing union). Les dettes
et les créances de chaque pays étaient centralisées, ce qui permettait d’effec-
tuer chaque mois les compensations et donc de réduire les coûts de l’échange
(c’était une période de dollar gap) par l’intermédiaire de la Banque des règle-
ments internationaux de Bâle (BRI). Au préalable chaque pays a dû déposer
une quantité d’or et de dollars (15 % de ces échanges extérieurs) et 350 millions
de dollars prélevés sur le fonds d’aide du plan Marshall. Ce système a permis
le règlement des échanges commerciaux alors que les monnaies n’étaient pas
convertibles entre elles. Le système a bien fonctionné et a permis la croissance
des échanges intra-­européens. Il prend fin avec le passage à la convertibilité
externe des monnaies européennes en 1958, une année après la signature du
traité de Rome en 1957, une année avant le dilemme de Triffin (1959) et l’adop-
tion du nouveau franc.

II. Les contours de l’UE : une union politique,

économique et monétaire
27 pays forment l’UE en 2022 après la sortie du Royaume-Uni. Elle comprend
la Belgique, la Bulgarie, la Tchéquie, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie,
l’Irlande, la Grèce, l’Espagne, la France, la Croatie, l’Italie, Chypre, la Lettonie,
la Lituanie, le Luxembourg, la Hongrie, Malte, les Pays-Bas, l’Autriche, la
Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Finlande et la
Suède. Elle comprenait 6 pays en 1957.
La zone euro comprend 19 pays : La Belgique, l’Allemagne, l’Estonie,
l’Irlande, la Grèce, l’Espagne, la France, l’Italie, Chypre, la Lettonie, la Lituanie,
le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, l’Autriche, le Portugal, la Slovénie, la
Slovaquie et la Finlande. Il existe un mécanisme de convergence monétaire (le
MCE II, Fiche 22). Il est destiné aux pays qui n’ont pas encore adopté l’euro.

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 Graphique 1.1 : L’évolution des membres de l’Union européenne

L’espace Schengen (signé en 1985 et entré en application en 1995)

Il regroupe 26 États européens en 2022 et autorise la libre circulation des
personnes et harmonise les contrôles des voyageurs en leur sein (suppres-
sion des contrôles aux frontières intérieures) tout en garantissant une protec-
tion renforcée aux frontières extérieures de cet espace. 22 des 27 États sont
membres de l’UE : Allemagne, Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas,
Autriche, Suède, Finlande, Espagne, Portugal, Italie, Grèce, Danemark, Estonie,
Lettonie, Lituanie, Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovénie, Slovaquie
et Malte. La Bulgarie, la Roumanie, Chypre et la Croatie n’y participent pas
encore. L’Irlande, quant à elle, bénéficie d’un statut particulier et ne parti-
cipe qu‘à une partie des dispositions Schengen, ainsi que 4 États associés non
membres de l’UE : l’Islande (1999), la Norvège (1999), la Suisse (2008) et le
Liechtenstein (2011).

III. L’UE : une démographie

Au 1er janvier 2022, l’UE à 27 pays compte 446,8 millions d’habitants (en 2021
elle comptait 447 millions d’habitants). Au cours de l’année 2020, la population
européenne diminue de 312 000 habitants (hors retrait du Royaume‑Uni), soit
–0,6 ‰. L’UE perd de sa population pour la deuxième fois depuis 1975 ; en 2011,

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 la baisse était de 718 000 habitants. Le solde naturel est négatif depuis 2012,
l’UE enregistrant plus de décès que de naissances. En 2020, année marquée
par la pandémie de Covid‑19, il atteint –1 139 000 contre –484 000 en 2019. Le

Fiche 1 • Définitions et contours de l’Union européenne (UE)

solde migratoire ne compense pas ce déficit. En 2020, la population augmente
dans dix‑huit pays et diminue dans neuf autres.

IV. L’UE n’est pas qu’une géographie (espace)

mais aussi un territoire (politique)
L’UE est un territoire politique constitué de nombreux accords. Elle n’est
pas qu’un espace géographique aux limites fluctuantes. Au-­delà l’UE, de la
zone euro, de l’espace Schengen et du conseil de l’Europe il faut distinguer
d’autres unions et/ou accords.
L’AELE : L’Association européenne de libre-­échange, est une association
d’États visant à établir une zone de libre-­échange en Europe formée en 1960.
L’accord de l’EEE est venu approfondir les relations entre certains États de
l’AELE (Islande, Liechtenstein et Norvège) et l’UE. La Suisse, après avoir parti-
cipé aux négociations et signé l’accord, ne l’a pas ratifié, à la suite d’un refus
exprimé par le peuple lors d’un référendum. Toutefois, depuis, la Suisse a
conclu des accords bilatéraux avec l’UE en dehors des mécanismes de l’Espace
économique européen.
L’espace économique européen : L’EEE a vu le jour en 1994 et a permis
d’étendre les dispositions de l’UE applicables à son marché intérieur aux pays
membres de l’Association européenne de libre-­échange (AELE).
Les accords GUAM : L’Organisation pour la démocratie et le développement
est une organisation internationale de coopération à vocation régionale regrou-
pant quatre États de l’ex-­Union soviétique : Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et
Moldavie. Cette organisation pro-­occidentale regroupe des États qui se sentent
menacés par la Russie.
Les accords d’association (AA) : Ce sont des accords entre l’UE et un pays
tiers créant un cadre de coopération entre eux. Il couvre les liens politiques,
commerciaux, sociaux, culturels et sécuritaires. La base légale de la conclusion
de l’accord d’association se trouve à l’article 217 du TFUE (partie V les accords
internationaux). Selon le SEAE (service européen pour l’action extérieure) les
pays doivent s’engager à avoir l’intention d’établir une coopération écono-
mique et politique étroite, à la création d’organes paritaires pour la gestion
de la coopération, compétents pour prendre des décisions qui lient les parties
contractantes, à respecter la clause de la nation la plus favorisée (CNPF qui date
des accords signés en 1860, traité Cobden Chevalier), à prévoir une relation
privilégiée entre l’UE et son partenaire, à respecter la clause sur le respect des
droits de l’homme et des principes démocratiques.

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 Graphique 1.2 : Les différentes unions

Supranational European Bodies-­en.svg ; Supranational European Bodies-­tr. svg : The Emirr ;

Wdcftravail dérivé NikNaks93 (d)derivative work : Damien Clauzel, .
CC BY 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/3.0>, via Wikimedia Commons.

L’Accord de libre-­échange centre européen (ALECE) est un accord

­ conomique entre des pays du Sud-­Est de l’Europe. À l’origine, complément
é
économique du groupe de Visegrad, l’ALECE a pour objectif de faciliter l’inté-
gration de ses membres dans l’UE et dans l’OTAN. Formé en 1992, ses membres
actuels sont l’Albanie, la Bosnie-­Herzégovine, la Macédoine, la Moldavie, le
Monténégro, la Serbie et le Kosovo.
L’Union Économique Eurasiatique (UEE)-Russie-­Biélorussie-­Kazakhstan-­
Arménie-­Kirghizistan – est une zone de libre-­échange entre la Russie, la
Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie et le Kirghizistan, instauré le 1er janvier
2015. De plus certains territoires participent à une union douanière (La Turquie,
les principautés de Monaco et de Saint Marin). Enfin plus récemment l’UE a
conclu un accord avec la Grande-Bretagne (Fiche 6).
Les accords politiques sont nombreux : AA (Accord d’association), AC : Accord
de coopération, ACE : Accord de coopération économique, ACDC : Accord sur
le commerce, le développement et la coopération, AGPC : Accord global de
partenariat et de coopération, APC : Accord de partenariat et de coopération,
APE : Accord de partenariat économique, APCE : Accord de partenariat et de
coopération économique, ASA : Accord de stabilisation et d’association, AEMEA :

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 Accord euro-­méditerranéen établissant une association, ALE : Accord de libre-­
échange, ALECA : Accord de libre-­échange complet et approfondi, EEE : Espace
économique européen, UDUE : Union douanière de l’UE.

Fiche 1 • Définitions et contours de l’Union européenne (UE)

V. L’UE : une union monétaire multinationale
(Fiche 21)
L’histoire est marquée par de nombreuses unions monétaires. C’est un
mouvement massif dans l’histoire (Olzak, 1978). Elles prennent en général
deux formes distinctes. Une union monétaire nationale qui définit les condi-
tions d’exercice de sa souveraineté monétaire ou alors une union monétaire
multinationale qui associe des États souverains. Au-­delà de l’union latine
et le l’UEP, l’intégration monétaire de l’UE a connu différents épisodes : le
rapport Werner (1969), le serpent monétaire (1972-1979) et le SME (système
monétaire européen 1979-1998) (Fiche 21). L’UE avant 2011 ressemblait à une
simple union monétaire à l’image de l’union latine ou d’une union scandi-
nave sans les mécanismes de gouvernance resserrés mis en place par la suite
(Fiches 17 et 25).

VI. L’UE : un ensemble de traités

Les principaux traités sont les suivants (du plus récent au plus ancien) :
traité de Lisbonne (TUE + TFUE), traité de Nice, traité d’Amsterdam, traité
sur l’UE (traité de Maastricht), Acte unique européen, traité de fusion (traité
de Bruxelles), traité de Rome : traités CEE et Euratom, traité instituant la
Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA).

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Traité de Maastricht
- Mise en place de l'Union Économique et
Le traité CECA monétaire
Signé à Paris - Mise en place du pilier de la politique
Marché commun du charbon et de étrangère et de sécurité commune (PESC) +
l'acier : pilier de la coopération dans le domaine de la
- suppression des droits de douane justice et des affaires intérieurs (JAI)
et des restrictions quantitatives à la - Cela en plus du pilier communautaire Traité de Nice
libre circulation des produits, Traités de fusion Instauration de la Procédure de codécision - Un commissaire par État membre
- interdiction des mesures des exécutifs des trois Citoyenneté européenne - Extension du vote à la majorité
discriminatoires et des subventions communautés CECA, CEE Principes de subsidiarité et de proportionnalité qualifiée et la codécision s'applique à
ou aides accordées par les États et Euratom intégrés. ces votes

1951 1957 1965 1986 1992 1997 2001 2007

Les traités de Rome Acte unique Européen Traité d'Amsterdam Traité de Lisbonne
- Celui instituant la - Procédure de coopération en Compétences de la communauté sont - UE obtient la personnalité juridique
Communauté Économique faveur du Parlement européen renforcées : santé publique et Conseil européen et BCE deviennent des
Européenne (CEE) : fixe comme mis en place. protection du consommateur, la institutions
objectif l'instauration d'un - Majorité qualifiée au sein du citoyenneté de l'UE, la lutte contre la - Un droit de retrait est instauré
marché intérieur conseil pour les questions fraude, la coopération douanière, droit - Un président pour le conseil européen d'un
- Celui instituant la relatives au marché intérieur d'asile, de l'immigration... mandat de deux ans et demi
Communauté Européenne de - Création d'un Haut représentant de l'Union
l'Énergie Atomique (Euratom) pour les affaires étrangères et la politique
de sécurité
Graphique 1.3 : Les grands traités de l’Union européenne

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