Analphabetisme Et Consequences Cognitives-2
Analphabetisme Et Consequences Cognitives-2
Analphabetisme Et Consequences Cognitives-2
L’analphabétisme et ses
conséquences cognitives
2014
Ce dossier se penche sur les difficultés des analphabètes liées au fait qu’ils n’ont pas suivi un
apprentissage formel à l’école et s’interroge sur l’impact de la non-scolarisation sur la
structuration de leur pensée et sur leur mode d’apprentissage . Il a pour objectif de mettre en
lumière ces évidences qui n’en sont pas, d’une part par divers apports théoriques, et d’autre
part par des exemples concrets tirés de la pratique, compilés par Patrick Michel. En fin de
dossier, quelques pistes et ressources bibliographiques vous permettront d’approfondir ce sujet.
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Plusieurs éléments sont à la base de ces réflexions. Le colloque organisé par le Collectif
Alpha pour ses 40 ans, en 2013 avait pour titre « L’alphabétisation, c’est apprendre et
changer ». Mais qu’est-ce qui change ? Anne Chevalier, secrétaire générale de la CGé et
prof de maths, explique dans son intervention la différence entre les apprentissages
formels et les apprentissages quotidiens. Ce modèle est repris un an plus tard par Patrick
Michel, lorsqu’on lui demande de présenter les différentes formes d’analphabétisme et
ses conséquences cognitives lors d’une journée d’étude de Mineurs en Exil : « Les mineurs
primo-arrivants analphabètes : Quelles pistes de travail au sein du système scolaire et
procédural ? ». Il affine encore d’avantage sa réflexion quelques mois plus tard, pour la
présenter aux autres formateurs du Collectif Alpha, dans le cadre d’une journée de travail
sur les questionnements que suscitent chez eux leurs apprenants. A cette occasion, le
Centre de documentation a recensé des ressources bibliographiques sur les caractéristiques
d’un public non-scolarisé, ainsi que sur le passage de l’oral à l’écrit. De plus, une
comparaison entre la famille « ronde » et l’école « carrée » y a été présentée par Danielle
Mouraux, sociologue et collaboratrice de la CGé. C’est une des pistes parmi d’autres à
approfondir, que nous mentionnerons dans ce dossier.
Le présent document est donc une présentation de ces constats et réflexions, ainsi que de
différentes pistes à explorer. Son objectif est de servir de point de départ à un travail de
terrain d’identification des pratiques et des pistes d’actions qui permettent de tenir
compte des caractéristiques cognitives des personnes non scolarisées durant leur
apprentissage.
Etre analphabète, qu’est-ce que cela veut dire ? Même si des définitions plus nuancées
existent, tout le monde s’accorde sur le fait qu’on parle d’une personne qui ne sait ni lire
ni écrire, et que dans notre société basée sur l’écriture, cela constitue un réel handicap. Il
est cependant plus rare qu’on se penche sur l’impact réel de l’analphabétisme dans
diverses situations de la vie quotidienne, et plus spécifiquement dans l’apprentissage. En
effet, du point de vue cognitif, un analphabète et une personne scolarisée n’ont pas les
mêmes clés pour appréhender le monde. Ce qui ne veut pas dire que l’analphabète est
ignorant ou stupide ! C’est que les apprentissages qu’il a faits durant sa vie se sont
déroulés de manière différente, et lui ont donc donné une structure cognitive différente
de celle que l’on attend des adultes dans notre société.
Souvent, on définit les personnes analphabètes par rapport à ce qu’elles ne savent pas.
Pourtant, elles ne sont pas ignorantes, mais leur mode d’apprentissage était différent de
celui mis en place à l’école : il est généralement informel, lié à leur environnement
quotidien et adapté aux exigences de celui-ci1. C’est la prégnance de celui-ci lorsqu’ils
entament des cours formels qui pose problème.
Dans une société occidentale industrialisée comme la nôtre, passée par une centaine
d’années de scolarisation obligatoire, on considère comme naturel que, à partir de la
sortie de la petite enfance, la pensée sur le monde qui nous entoure, soit structurée :
- de façon cognitive (ce que je sais et non ce que je ressens par rapport aux choses),
- en reposant sur des catégories universelles (identiques pour tous, et non basées sur
mon expérience personnelle)
- et soutenues par la possibilité de laisser des traces qui peuvent être traitées, qui
peuvent être objets d’opérations distanciées de l’immédiat, c’est l’écriture.
1
Dans la pratique, on constate cependant que bien des analphabètes ont eu des contacts à différents degrés avec un
apprentissage plus formel, que ce soit à l’école coranique ou en ayant suivi quelques années d’école primaire…
2
Typologie adaptée par Patrick Michel de celle présentée par Anne CHEVALIER, secrétaire générale de la CGé et prof
de math, au colloque du Collectif Alpha « L’alphabétisation, c’est apprendre et changer » : http://www.collectif-
alpha.be/article260.html
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C’est donc une évidence dans notre tête de personne scolarisée que l’on va fonctionner de
cette sorte. Cela s’est tellement ancré en nous durant nos années d’école et de
socialisation, qu’on ne s’interroge même plus sur la possibilité de concevoir différemment
certaines choses. Or, les analphabètes vont fonctionner autrement. Et cela, même pour
un formateur expérimenté en alphabétisation, cela demande encore et toujours un long
travail d’étonnement permanent…
- À l’espace
- Au temps
- Au langage
« C’est notre imaginaire qui crée notre environnement, différent pour chacun,
d’où les conflits d’utilisation de l’espace et du temps. »3
Dans les cours d’alphabétisation, les formateurs sont régulièrement confrontés à des
réactions inattendues. Les exemples concrets ci-dessous, concernant le rapport à l’espace,
au temps et au langage, ont été compilés par Patrick Michel, qui en propose une analyse à
l’aide du modèle présenté ci-dessus.
3
Le fil d’Ariane. Résumé des relations homme/environnement / LEROY Claude, site web de la Ligue Française de
Santé Mentale, 2005, p.33, point 5.4 : « La représentation de l’espace » ( http://www.lfsm.org/ariane/ )
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LE RAPPORT A L’ESPACE
Que dit-elle ? Elle a mentionné ces places car elles sont les plus importantes pour elles,
c’est là où elle trouve l’amitié et les soins.
Analyse :
- Prévalence du particulier sur l’universel : elle indique les lieux importants pour elle
- Prévalence de l’affectif sur le cognitif : elle n’a mis que les lieux qui sont connotés
positivement d’un point de vue affectif, et non d’autres lieux du quotidien (le
marché…)
4
Les trois premiers exemples sont tirées de BOUGHA LI Mohamed; TILLION Germaine, La représentation de l'espace
chez le Marocain illettré, Afrique Orient, 1988.
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Que dit-il ?
- Les trois maisons sont celles de ses trois amis intimes et il a mis l’école à l’intérieur
car « elle forme mon fils qui deviendra quelqu’un ».
- Il n’a pas indiqué son lieu de travail car c’est un travail dur et il ne s’entend pas
avec son patron.
- Il a mis sa propre maison à l’extérieur car il n’aime pas les gens d’Ouarzazate et ne
se sent pas de cette ville.
Analyse : Cette représentation de l’espace est une construction mentale sans lien avec la
réalité géographique mais structurée par l’affectivité.
Analyse : On serait tenté d’expliquer cette carte par une sorte de fantaisie ignorante du
forgeron, alors qu’ici aussi l’expérience personnelle et l’affectivité qui s’y attache
structurent sa représentation de l’espace.
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Il a été demandé de réaliser un dessin représentant la terre dans l’univers dans un cours
d’alphabétisation du Collectif Alpha, dans un groupe dit « fort » (des personnes qui parlent
correctement français et se débrouillent déjà pour lire et écrire des textes simples).
Par contre, dans d’autre cas cela peut présenter un réel handicap, avec des conséquences
très graves, comme par exemple lors de la défense d’un dossier de demande d’asile.
Pour vérifier l’exactitude des dires d’un demandeur d’asile lorsqu’il explique son parcours,
on va lui demander des informations géographiques : dessiner un plan ou expliquer un
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itinéraire. Mais une personne non scolarisée n’utilisera pas les mêmes repères que ceux
attendus par son interlocuteur. Lui demande des données géographiques universelles,
qu’il considère comme non falsifiables puisque, selon lui, elles sont identiques pour
tous. Mais le demandeur d’asile va répondre en se basant sur sa perception personnelle et
affective de la situation, et donc différente de celle d’autres personnes. Il pourra alors
être considéré comme un menteur, car manquant de « précision », et sa demande d’asile
risque de ne pas être acceptée.
Exemple de la jeune kenyane devant dessiner son village.
Lors de son audition pour obtenir l’asile, une fille mineure non accompagnée doit donner des
informations sur son village. On lui demande (peut-être dans l’idée de l’aider) de faire un
dessin de son village, de représenter sa maison et d’ensuite indiquer où se trouve la maison de
sa grand-mère. Désemparée face à cette feuille de papier, la petite finit par se lever et pointer le
doigt devant elle en disant : « C’est par là ! ».
- Dans un cadre artistique et urbanistique sur le rapport à l’espace urbain, elle peut
réaliser des « cartes mentales » dans lesquelles l’expérience personnelle et
l’affectif occupent une grande place.
Ci-dessous, des cartes mentales réalisées dans une activité des Ateliers Urbains5, où l’on
distingue clairement la grande variété des centres d’intérêts (parcs, écoles, bars, vélos…)
et des modes de représentations, plus ou moins éloignées de la réalité géographique.
Pour aborder les rapports des individus (même scolarisés !) avec l’espace urbain, la
technique des cartes mentales, développée dans les années 60 par l’urbaniste
américain Kevin Lynch, est utilisée dans de nombreuses universités. Cette piste est
aussi préconisée Claude Leroy6, qui considère cette technique comme étant
« beaucoup plus efficace que la méthode des questionnaires et interviews, car elle
révèle des phénomènes plus profonds, plus inconscients que le langage ».
5
Explication du projet : http://www.ateliers-urbains.be/projet/cartes-mentales , autres exemples de cartes mentales :
http://expo.ateliers-urbains.be/index.php?/bruxxel/cartes -mentales/
6
Le fil d’Ariane. Résumé des relations homme/environnement / LEROY Claude, site web de la Ligue Française de
Santé Mentale, 2005. Disponible en ligne : http://www.lfsm.org/ariane/
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LE RAPPORT AU TEMPS
Analyse : L’apprenant avait bien compris que cette maison avait été décorée en 1900 et il
en avait déduit, dans une logique du particulier où on ne se situe pas dans un système de
repères historiques, que le motif de la décoration représentait la réalité de l’époque.
Lors d’une visite, on voit une photo avec un enfant de 8 ans dans une mine. On explique que
cette photo a été prise vers 1860, et qu’en 1886 une loi a interdit le travail des enfants. Le
formateur demande, curieux : « C’était il y a combien d’années à peu près ? » Une jeune
guinéenne de 19 ans, primo-arrivante, se concentre pour effectuer un calcul et répond : « 30
ans » C’est une éternité pour une femme de 20 ans ! Par contre des hommes du groupe, plus
âgés, résidant en Belgique depuis bien longtemps, disent : « Non, non… sûrement 100 ans ! »
Lorsqu’on pose la question « Quand as-tu commencé à venir au Collectif Alpha ? », on obtient
souvent des réponses du type : « C’était avant la naissance de mon cousin mais après le
mariage de ma sœur. »
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Comme pour les repères géographiques, les repères temporels sont considérés comme des
« valeurs sûres », garants de la crédibilité du récit d’un demandeur d’emploi ou d’asile.
Mais lorsqu’il faut ordonner les événements de manière séquentielle en utilisant le langage
des heures, des dates, des mois, des années… ils n’y arrivent pas : leur récit est taxé de
non crédible et leur personne de menteuse.
Lors d’un entretien dans le cadre de sa demande d’asile, une jeune fille congolaise explique
son parcours, et raconte qu’elle est allée de Goma à Kinshasa en voiture. Pour vérifier la
crédibilité de son récit, on lui demande combien d’heures a duré le trajet. Mais cela n’évoque
rien chez elle, et elle donne donc une réponse au hasard, pour faire plaisir à son interlocuteur
dont la demande lui paraît saugrenue. Mais sa réponse, « 3 heures » (alors que les villes sont
distantes de plus de 1500 km à vol d’oiseau !), la fait passer pour une menteuse.
D’autre part, cette ignorance peut être mise à profit par des employeurs pour exploiter
ces personnes, en leur comptabilisant moins d’heures de travail que celles qu’ils prestent
par exemple.
Une apprenante travaille dans un magasin. Le formateur s’étonne de la voir travailler si
longuement et s’enquiert de son contrat de travail. Il y est stipulé qu’elle travaille 8 heures par
jour, alors que dans les faits, elle reste bien plus longtemps que cela, près de 10 heures par jour.
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D’autre part, outre notre culture, nous ne sommes pas tous identiques à la base. La
gestion mentale nous apprend que certaines personnes sont plus sensibles et à l’aise dans
un cadre spatial et d’autres dans un cadre temporel. Ceci qui influence largement leur
manière d’appréhender les choses : de percevoir, d’évoquer, de mémoriser, de
comprendre…7
Espace : Certaines personnes, bien qu’étant scolarisées, auront du mal à se repérer dans
l’espace, sur une carte et disent « je n’ai aucun sens de l’orientation ».
Temps : Mon professeur de latin était atterré par la question d’un de ses élèves, de 14 ans : « Et
vous monsieur, vous les avez bien connus les romains ? » Pourtant, étant scolarisé (qui plus est
en latines, réputées pour leurs « bons élèves »), il a bénéficié de cours d’histoire…
Les unités de temps et d’espace sont des repères construits par l’homme. Ils doivent donc
être transmis : leur utilisation doit faire l’objet d’un apprentissage, ainsi que d’une
utilisation pratique régulière.
7
La gestion mentale constitue une piste intéressante pour comprendre le fonctionnement cognitif lors des apprentissages,
mais nous ne la développerons pas dans ce document-ci. Plus d’infos : http://www.ifbelgique.be
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faire des calculs d’intervalles. Tout cela est impossible sans passer de l’affectif au cognitif,
du particulier à l’universel, du concret à l’abstrait… C’est ce qui s’apprend à l’école.
On peut évaluer des quantités par adaptation, par l’expérience et la pratique (ex.: différencier
beaucoup et peu, un tas de 4 et un tas de 8…) Mais pour évaluer par des nombres (ex.: 51 et 52)
on doit aller à l’école pour apprendre ces nombres8 .
PISTE DIFFERENTE : Ce propos peut cependant être contrebalancé par les travaux de
Jean-Pierre Terrail dans son ouvrage « De l’oralité. Essai sur l’égalité des
intelligences » (La Dispute, 2009), qui cherche à dépasser une approche
scriptocentriste « qui consiste à imputer au langage et à la pensée des groupes non
ou peu lettrés les caractéristiques inverses de celles que l’on prête à la pensée
lettrée », de manière dichotomique. Il démontre que même en l’absence de la
moindre compétence en matière d’écriture, tout sujet parlant maîtrise
l’abstraction, le raisonnement logique et la réflexivité.
Quand on pense à ces élèves [qui sont censés avoir le moins de ressources linguistiques et culturelles],
on se demande ce qui leur manque, qui expliquerait leurs difficultés. Je me suis demandé pour ma part
ce qu’ils ont, que l’école pourrait utiliser pour les conduire au succès9 .
Sans entrer dans le débat sur la capacité d’abstraction des personnes non-scolarisées, on
peut cependant dire que :
- une personne qui a grandi dans une société avec des règles différentes et/ou n’a pas
été scolarisée n’a pas eu l’occasion d’apprendre celles-ci par la pratique et/ou
formellement ;
- pour que cette personne puisse se débrouiller dans une autre société, il faut donc
qu’elle bénéficie d’un apprentissage formel de ces codes et de l’occasion de les
mettre en pratique.
Cela demande aux formateurs de prendre conscience du fait qu’il existe différentes
manières d’envisager les choses et de prendre de la distance par rapport à ce qui leur
semble évident (les codes qu’ils ont appris ayant été complètement intégrés).
8
Extrait de la vidéo de la conférence de André Tricot « Apprentissages à l'école maternelle, incidents et formels. La place
du jeu », ESENESR, 2014. http://www.esen.education.fr/fr/ressources -par-type/conferences-en-ligne/detail-d-une-
conference/?idRessource=1519&cHash=729e7c5919&p =1
9
« Langage et égalité des intelligences », entretien avec Terrail : http://www.democratisation-scolaire.fr/spip.php?article51
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Le rapport au langage
Outre le rapport à l’espace et au temps, le rapport au langage des personnes non-
scolarisées est différent, structuré autour de l’oral et non de l’écrit. Dans une société
comme la nôtre, où l’écrit est omniprésent et considéré comme indispensable, cela
amène un autre lot de difficultés et de malentendus… En effet, il s’agit de développer non
seulement des compétences techniques (geste graphique, correspondance
graphophonétique, vocabulaire, grammaire, orthographe…), mais également d’acquérir
une nouvelle manière de structurer sa pensée, un nouveau rapport au langage 10.
Dans le cadre scolaire, on fait fréquemment appel à des exemples. Ces exemples, bien
qu’ils puissent nous sembler concrets, sont en réalité abstraits. En effet, il ne s’agit pas
de situations réelles et existantes, mais d’exemples pédagogiques, détachés du quotidien
des apprenants. Même s’ils sont inspirés de leur quotidien, ils existent uniquement pour
l’exercice, et la résolution de l’exercice n’aura aucun lien ni impact sur les activités
quotidiennes des apprenants…
André Tricot souligne que la particularité et la difficulté des apprentissages scolaires par
rapport aux apprentissages par la pratique est que la connaissance apprise ne colle pas
directement à ce qu’on fait, à l’activité. Lorsqu’on donne un problème à résoudre à l’école,
ce qui importe vraiment n’est pas de le résoudre mais d’identifier des informations et
procédures au travers de celui-ci. De plus, ces nouveaux savoirs ne sont pas destinés à être
utilisés tout de suite, mais serviront à construire d’autres connaissances11 .
Patrick Michel a remarqué, dans les exemples ci-dessous, que ce langage pédagogique
existant au sein de l’institution scolaire n’est pas appréhendé de la même manière par les
apprenants, non-scolarisées, que par le formateur.
10
Voir par exemple les travaux de Jack GOODY, entre autre dans Pouvoirs et savoirs de l'écrit , La Dispute, 2007.
11
André TRICOT, « Apprentissages à l'école maternelle, incidents et formels. La place du jeu », ESENESR, 2014 – vidéo
de la conférence : http://www.esen.education.fr/fr/ressources -par-type/conferences-en-ligne/detail-d-une-
conference/?idRessource=1519&cHash=729e7c5919&p =1
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Exemples et analyse de réponses à des exercices par des personnes non scolarisées
12
Fichiers de lecture édités par PEMF : http://www.pemf.fr/site/index.php?clef=PEM F_ARTICLE_ DETAIL&id =196
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On voit à travers ces exemples qu’il y a une logique à l’œuvre. Sans questionner la
personne, on peut interpréter sa feuille en termes d’incompétence, d’ignorance… Alors
que la raison des erreurs se trouve ailleurs : dans une prévalence de l’expérience
personnelle concrète sur une certaine distance abstraite induite par le langage écrit
« scolaire ». En effet, dans une société scolarisée, les gens ont été habitués à traiter des
éléments écrits entre eux, et non en fonction d’une réalité extérieure concrète liée à
leur propre expérience.
Dans les fichiers Freinet, on nous demande de traiter un texte par rapport à un dessin (même
absurde) et non par rapport à notre propre connaissance de ce dont il est question dans le texte.
Pour l’apprenant qui découvre la grammaire, cela pose un certain nombre de problèmes,
comme le montrent les exemples ci-dessous, collectés et analysés par Patrick Michel.
- Fatiha cherche le mot « maintenant » et met une croix sur « matin » car c’est ce qui
ressemble le plus au mot « maintenant » dans ce tableau.
Les choses se compliquent encore plus lorsqu’on demande de mettre une croix sur demain
matin, sur hier matin, etc.
13
Ils ont parfois la possibilité de bénéficier d’une crèche pour leurs enfants afin de pouvoir suivre leur formation.
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Autre exemple : un tableau récapitulatif des frais de transports mensuels pour une
apprenante qui travaille comme nettoyeuse à domicile dans le cadre des titres service.
Bien que les astérisques donnent des informations supplémentaires censées le rendre plus
compréhensible, ce tableau est extrêmement complexe pour une personne non scolarisée.
Outre la compréhension du concept de double entrée, il requiert des opérations
mathématiques telles que le calcul d’intervalles, entre le chiffre au compteur avant et
après le trajet. Et cela se complique encore plus quand le travailleur doit déduire de cela
le trajet qui effectue pour conduire son enfant à l’école…
Que ce soit pour lire un horaire de tram, remplir un horaire ou consulter un journal de
classe, ces tableaux sont omniprésents dans les actions les plus banales de la vie
quotidienne. Pour se débrouiller dans notre société, leur utilisation est une base
indispensable. En effet, notre société va toujours plus vers le cognitif, l’abstrait,
l’universel, l’écrit au détriment de l’affectif, du concret, du particulier et de l’oral.
Avant, si on voulait acheter un ticket de train, se renseigner sur un horaire, on allait au guichet.
Maintenant, tout nous pousse à utiliser des machines, qui demandent la maîtrise d’une foule
de connaissances au niveau du langage écrit, de l’espace et du temps.
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Patrick Michel et d’autres travailleurs du Collectif Alpha vous proposent quelques pistes à
explorer, à essayer de transposer dans la pratique quotidienne, et à enrichir de
nouveaux constats et réflexions.
Nous avons vu dans ce dossier l’importance du dialogue avec les apprenants pour mieux
comprendre ce qui nous semble être, de prime abord, une réponse erronée ou incongrue.
14
Voir les ouvrages référencés dans notre catalogue en ligne sous le mot -clé « erreur » : www.cdoc-alpha.be
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C’est une adaptation de celle présentée par Anne Chevalier, de la CGé 15, elle-même
inspiré par les travaux de Danielle Mouraux autour du passage de la logique familiale,
qu’elle qualifie de « ronde », à la logique scolaire, qu’elle qualifie de « carrée ».
Cette approche, basée sur les études réalisées avec des classes de l’école maternelle, ne
sera pas abordée plus en profondeur ici, mais vous pouvez lire ses écrits :
15
Dans son intervention au colloque du Collectif Alpha « L’alphabétisation, c’est apprendre et changer » :
http://www.collectif-alpha.be/article260.ht ml
16
http://www.changement-egalite.be/spip.php?article983#.VFog BhbOUwo
17
http://www.changement-egalite.be/IMG/pdf/Pratiques_enseignantes.pdf
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La gestion mentale offre une analyse très élaborée des différents modes de
fonctionnement mentaux qui rentrent en jeu dans tout apprentissage. Et ce
indépendamment de la culture, de la scolarité ou de l’environnement social (bien que
ceux-ci puissent encourager ou restreindre l’un ou l’autre penchant naturel).
C’est une piste à explorer, mais qui ne sera pas abordée plus en profondeur ici. Cependant,
il existe une abondante littérature sur le sujet, ainsi que des formations18.
Le formateur doit utiliser cette nouvelle connaissance pour adapter son cours afin de
travailler sur les éléments qui coincent.
Dans les exemples cités plus haut (Le rapport au langage, p.16), on voit que les apprenants
n’ont pas spécialement de problème avec la matière que le formateur désire travailler par ces
exercices (la lecture, le pluriel, la négation…) mais bien avec le sens qu’ils donnent à ceux-ci.
- Trouver une autre matière de travailler ces matières qui fasse plus sens pour eux ?
… Sans pour autant rester coincés dans le concret et l’affectif…
- Travailler sur les notions d’« exercices » et d’« exemples » (en tant que situations
pédagogiques détachées de la réalité concrète et immédiate), afin qu’ils arrivent à
résoudre des exercices de manière abstraite ?
… Sans couper tout lien entre l’exercice et la mise en pratique en situation réelle …
18
If Belgique propose des outils, bibliographies et formations sur le sujet : http://www.ifbelgique.be
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Il existe également des pistes qui pourraient apporter des réponses à ces questions, mais
elles restent à explorer, adapter et tester…
- Mais sans y camper, c’est-à-dire en s’appuyant sur ce qui est connu de l’apprenant
pour aborder des situations complexes et des stratégies nouvelles.
- Amener les apprenants, dans une démarche collective, à réaliser des observations,
contradictions, comparaisons, analyses… afin de dégager des invariants qui
transcendent l’expérience concrète, de définir des concepts universels. C’est cela
qui débouche sur la maîtrise des codes et des langages symboliques.
19
Jeu basé sur les principes de la gestion mentale, développé par le projet européen Signesetsens sur la compréhension en
lecture. Téléchargeable : http://www.ifbelgique.be/site/index.php?option=com_content&task=view&id=111&Itemid=62
20
La vidéo de l’intervention et les actes du colloque sont disponibles en ligne : http://www.collectif-
alpha.be/article260.html
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- Les obstacles et les erreurs doivent être rencontrés et non évités dans les
séquences pédagogiques : c’est ce qui permet de les dépasser.
- Prendre du recul sur ce qu’on a fait pour s’interroger sur ce qu’on a appris.
Danielle Mouraux
Cela permet de prendre du recul par rapport à un discours qui nous guette tous : celui de
la culpabilisation de l’analphabète. « Il n’apprend pas », « Il ne fait pas d’effort », voire
« Il se fout de nous », « Il nous raconte des cracks », « Il nous ment »,… Autant de phrases
qui nient le problème fondamental : s’il n’apprend pas et que nous considérons qu’il
raconte des mensonges, c’est parce que nous ne nous rendons pas compte que nous ne
parlons pas le même langage, que nous évoluons dans des registres différents !
Patrick Michel souligne qu’il est tout à fait illusoire de penser qu’en un an ou
deux on va permettre à des analphabètes de se mouvoir dans l’univers des
codes abstraits qui régissent la vie de notre société, alors que chacun de nous a
mis plus de dix ans à les maîtriser plus ou moins bien !
De plus, les personnes qui découvrent la culture scolaire et écrite à l’âge adulte font face
à d’autres difficultés que les enfants qui rentrent à l’école primaire.
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C’est pourquoi nous allons passer en revue quelques différences entre les apprenants en
alphabétisation et les enfants face à l’apprentissage scolaire.
En Belgique, les registres de pensée mis en place par la scolarisation ont été étudiés par la
sociologue Danielle Mouraux. 22 Ses recherches mettent en évidence la différence entre le
fonctionnement de la famille, qu’elle qualifie de « ronde », et de l’école, « carrée », entre
l’ « enfant » et l’ « élève ». Ce modèle est utilisé dans l’analyse de sept séquences vidéo
21
http://www.gfen.asso.fr/actions/6e_rencontres_maternelle_2014
22
Voir les écrits de Danielle Mouraux : Entre rondes familles et école carrée, De Boeck, 2012 ; « Entre rondes familles
et Ecole carrée : le choc ?! » in Impolitique du TRACeS n°180, Changement pour l’Egalité : http://www.changement-
egalite.be/spip.php?article983#.VFogBhbOUwo et « Entre rondes familles et Ecole carrée : quelles pratiques
enseignantes ? » en annexe et http://www.changement-egalite.be/IMG/pdf/Pratiques_enseignantes.pdf
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Le lien entre milieu social et école est également abordé dans les recherches du sociologue
Pierre Bourdieu. Il constate que les enfants de milieu aisé réussissent mieux que ceux de milieu
précaire, mais que ceux qui réussissent encore mieux à l’école sont les enfants de profs.
Le manque de pratique en dehors des cours d’alpha est un réel problème rencontré par
bien des apprenants. S’ils n’utilisent pas au quotidien les connaissances acquises, ils ne
progressent pas beaucoup. Nombre d’entre eux n’ont pas l’occasion de pratiquer, car ils ne
vivent pas dans un milieu « lettré ». Les seules interactions dans le domaine de l’écrit se
déroulent souvent lors de situations hautement stressantes et désagréables (démarches
administratives…), et non dans un cadre sécurisant et positif (famille, amis…).
23
http://www.changement-egalite.be/spip.php?article2720#.VFzsSBY086Y. Le document pdf de l’analyse contient les
liens vers les vidéos.
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Un adulte a donc déjà élaboré et renforcé de nombreuses connexions durant sa vie. Les
« défaire », les remettre en question n’est donc pas toujours évident.
En tant que formateur en alpha, on peut se rendre compte de la difficulté éprouvée pour prendre
de la distance de nos représentations lorsqu’on se retrouve face à la logique des apprenants.
Durant leur formation en alpha, les apprenants doivent donc non seulement acquérir une
nouvelle forme de structuration de la pensée mais aussi changer, prendre de la distance
avec leur mode de fonctionnement habituel. C’est là toute la difficulté de leur
apprentissage, qui demande un accompagnement pédagogique spécifique et réfléchi.
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Lire plus au sujet des neurosciences : GAUSSEL Marie ; REVERDY Catherine, Neurosciences et éducation : la
bataille des cerveaux, Dossier veille de l’IFE n°86, sept. 2013. Téléchargeable sur : http://ife.ens-
lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=86&lang=fr
25
Calcul et raisonnement mathématique, CLAP, 1979, retranscrit et actualisé par le Groupe de Travail Maths de Lire et
Ecrire en Communauté Française, mars 2012, p.6
L’analphabétisme et ses conséquences cognitives Page 31 sur 38
J’ai envie de faire un texte mais j’ai un peu de problèmes à la maison en ce moment. Donc
je ne peux pas faire bien en ce moment. Même écrire un bon texte, je crois que je ne peux
pas faire ça. Donc j’arrête là. (Un apprenant)
L’analphabétisme et ses conséquences cognitives Page 32 sur 38
Tout au long de ce dossier, différentes pistes à explorer ont été mentionnées, sans entrer
dans les détails (chacune d’elle mériterait un dossier complet). Voici un récapitulatif de
celles-ci, assorti de références bibliographiques.
Ce n’est pas une liste exhaustive : vous êtes libres d’y ajouter vos suggestions et de
nous en faire part : [email protected]
C’est à l’école maternelle que l’enfant apprend à devenir élève, c’est-à-dire à construire
les attendus sociocognitifs de l’école, à découvrir les concepts, processus et normes en
vigueur dans une société scolarisée.
Entre rondes familles et école carrée ... l'enfant devient élève / MOURAUX Danielle, De
Boeck, 2012.
Cote : ENS SOC mour
Mots-clés : RELATION ECOLE ET FAMILLE ; SOCIOLOGIE ; MILIEU INSTITUTIONNEL ;
PSYCHOLOGIE DE L'APPRENTISSAGE
Des pistes et des outils destinés à éclairer les acteurs de l'éducation, professionnels et parents au sujet des
relations entre l'École et les Familles et à les aider à prendre conscience de ce qui s'y joue.
Voir aussi, du même auteur, l'article dans l’Impolitique du TRACeS n°180 : Entre rondes familles et
Ecole carrée : le choc ?! http://www.changement-egalite.be/spip.php?article983#.VCJzbxbegwo
Et Entre rondes familles et Ecole carrée : quelles pratiques enseignantes ?
http://www.changement-egalite.be/IMG/pdf/Pratiques_enseignantes.pdf
Dialogue n°154, 150, 134 : « Pour que la Maternelle fasse école » / GFEN (Groupe
Français d’Education Nouvelle), oct. 2014, oct. 2013, oct. 2009.
Actes des colloques organisés par le GFEN. « Il est important de travailler sur les apprentissages de l’école
maternelle, car « son rôle est fondamental pour faire accéder à une posture d'élève, en particulier pour les
enfants qui ne sont pas en connivence avec les pratiques scolaires, ses modes de faire et de dire »
LA GESTION MENTALE
L’étude des « gestes » que l’on accomplit dans notre tête, et qu’on ne fait pas tous selon
la même logique. La technique du dialogue pédagogique permet d’identifier les manière s
dont l’interlocuteur appréhende les choses.
If Belgique : http://www.ifbelgique.be/
Association qui propose des outils, bibliographies et formations sur le sujet.
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La gestion mentale : Un autre regard, une autre écoute en pédagogie / EVANO Chantal,
Nathan, 1999.
Cote : PEDA COGN eva
Mots-clés : GESTION MENTALE ; STRATEGIE D'APPRENTISSAGE
Téléchargeable (épuisé en librairie) : http://gestion-mentale.ch/?page_id=877
La gestion mentale constitue une approche efficace pour aider à rechercher l'origine des incompréhensions et
blocages vécus en classe. L'inventaire des habitudes mentales contractées par chacun depuis son enfance
permet de mieux se connaître, de prendre conscience de ses points forts et de ses limites et d'en tenir
compte. Cet ouvrage propose donc aux enseignants de découvrir leur propre " profil pédagogique " et d'aider
leurs élèves à faire de même, pour que tous apprennent à pleinement utiliser leurs potentialités.
LES NEUROSCIENCES
apportent des éléments de réponse aux mécanismes de construction des connaissances par les élèves, des
pistes de recherche sur l'origine de certains troubles de l'apprentissage et permettent d'envisager les enjeux
liés à la petite enfance sous un nouvel angle. Ce dossier évoque également les répercussions issues de la
fascination et du pouvoir « scientifique » qu'exerce la neuro-imagerie sur le public, les enseignants et les
décideurs, avec par exemple la volonté de certains neuroscientifiques de transférer les résultats de leurs
recherches en salle de classe et de former les enseignants aux méthodes pédagogiques les plus efficaces.
Cette « neurophilie » peut également être à l'origine de mauvaises interprétations des résultats de
recherche, appelées ici neuromythes.
L’ABSTRACTION
De l'oralité : Essai sur l'égalité des intelligences/ TERRAIL Jean-Pierre, La Dispute, 2009.
Cote : DIV SC-HUM
Mots-clés : DISCRIMINATION EN EDUCATION ; RELATION ECOLE ET FAMILLE ; CULTURE DE
L'ECRIT ; PENSEE ; LINGUISTIQUE ; PSYCHOLOGIE DE L'APPRENTISSAGE ; SOCIOLOGIE DE
L'EDUCATION ; RELATION ORAL ECRIT
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Ce qui intéresse l’auteur, c’est tout ce dont la pensée humaine est capable quand elle ne dispose pas du
support de l’écriture. Il se propose d’examiner les ressources intellectuelles liées à l’oralité en positif et non,
comme c’est souvent le cas, en négatif par rapport à l’écriture, c’est-à-dire comme ne disposant pas des
pouvoirs conférés à la pensée par l’écrit. Outre la critique de l’ethnocentrisme et du scriptocentrisme, il
s’attaque à l’impensé de la « théorie du handicap socioculturel », principale légitimation des inégalités
scolaires. Il démontre que, même en l’absence de la moindre compétence en matière d’écriture, tout sujet
parlant maîtrise l’abstraction, le raisonnement logique et la réflexivité. Adoptant une démarche
pluridisciplinaire (recherches de terrain, ethnologie, histoire, sociologie, psychopédagogie, linguistique), il
défend l’égalité des intelligences et le principe du « tous capables ».
L’espace
Les illettrés et l'espace graphique / GIRODET Marie-Alix; FRAENKEL Béatrice, CEPI, 1989.
[Ressource électronique sur notre catalogue en ligne : www.cdoc-alpha.be ]
Mots-clés : SPATIALISATION; ECRITURE
Les illettrés éprouvent de grandes difficultés à appréhender les normes graphiques et l’organisation spatiale
des données fournies par de nombreux documents de la vie courante : tickets de caisse, plans, tableaux à
double entrée... Une hiérarchisation pédagogique des compétences des illettrés et des analphabètes est
possible sur le critère de maîtrise de l’espace graphique.
Le fil d’Ariane. Résumé des relations homme/environnement / LEROY Claude, site web
de la Ligue Française de Santé Mentale, 2005.
En ligne : http://www.lfsm.org/ariane/
Ce texte a pour ambition de présenter une vue synthétique des relations de l’homme avec son environnement
en développant les processus de la construction du réel par le sujet. C’est une étude d’éco -éthologie
humaine, discipline transversale qui a le mérite de pouvoir croiser de nombreuses connaissances sur le
« fonctionnement des hommes par rapport à leur milieu », enrichie d’une compilation de divers travaux de
référence de multiples auteurs d’autres spécialités. Une comparaison des comportements dans diverses
cultures permet d’affirmer que le fonctionnement de chaque homme est unique à travers des processus
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relationnels identiques pour tous. Ce sont ces processus qui sont décrits, et qui permettent à chacun de se
poser des questions sur ses connaissances. On ne trouvera dans ce travail aucune « recette de cuisine » mais
des ouvertures.
Le temps
ANALYSES DE L’ILLETTRISME
Qui est illettré ? : Décrire et évaluer les difficultés à se servir de l'Ecrit / BESSE Jean-
Marie, PETIOT-POIRSON Karen, PETIT CHARLES Emanuèle, RETZ, 2003.
Cote : EVA PRAT bess
Mots-clés :
Trois parties à cet ouvrage de synthèse :
1. A la rencontre des personnes en difficulté sur l'écrit ;
2. Caractéristiques des personnes en difficulté sur l'écrit ;
3. Sortir de l'illettrisme et une importante bibliographie et liste de documents.
L'auteur y présente une méthode originale : le DMA : diagnostic des modes d'appropriation de l'écrit