Dégel&pd Prague
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Prague »
Introduction
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baissèrent. Seulement, deux ans plus tard marque le retour de la collectivisation ; la mort de
Zápotocký et l’arrivé au poste de président de la Tchécoslovaquie de Novotný renforce le
retour à une politique proche du Stalinisme, avec notamment le retour à la centralisation.
Entre les années 1950 et les années 1960, les Tchécoslovaquie suivait plutôt une politique de
la « consommation », à l’instar de l’Europe occidentale. Nous pouvons ajouter que cette
période a permis le développement du travail féminin en Tchécoslovaquie, dans la mesure où
le revenu du foyer dépendait du nombre d’actifs dans celle-ci. Les années 1950 sont
également marquées par l’arrivée du Rock and roll en Tchécoslovaquie, et en 1967, ce sont
près de 300 000 Tchécoslovaques qui peuvent se rendre en Occident. La période qui précède
le Printemps de Prague est donc déjà tournée vers l’Occident, et vers une politique de plus en
plus libérale. En cela, les situations initiales entre le Dégel soviétique et le Printemps de
Prague sont bien différentes, et nous expliquons cela par la position de la Tchécoslovaquie
comme le pays soviétique le plus en occident, tandis que l’URSS en était le plus à l’Orient ;
tout ceci, renforcé par le fait que le premier chronologiquement permet, en grande partie, la
réalisation du second.
Nous pourrions penser que les volontés derrière le Printemps de Prague reposaient sur celles,
ou du moins se plaçaient dans la continuité de la politique mise en place par Chruščov ; nous
allons donc montrer les ressemblances et dissemblances.
Chruščov, une volonté réformatrice venant d’en haut, sans faire l’unanimité. À la mort
de Staline, le 5 mars 1953, il organise la chute du chef de la sécurité, Lavrentiy Beria, et
devient peu après premier secrétaire du parti. À ce titre, il consolide lentement son pouvoir au
détriment du président du Conseil des ministres, Malenkov, jusqu'à ce qu'il parvienne à
l'évincer en 1955 et à le remplacer par son allié Nikolaï Boulganine. Trois ans plus tard, lors
du 20e congrès du parti communiste de l'URSS, il prononce un discours sur le culte de la
personnalité et ses conséquences, dans lequel il critique les crimes de Staline. Ce discours est
si révolutionnaire qu'il n'est pas publié à l'époque. Il ordonne également la libération de
millions de prisonniers du goulag, et, pour cette raison, il fut considéré comme un traitre pour
d’autres membres du parti. En outre, et afin d’atténuer au moins la crise du logement, il
ordonne la construction de maisons préfabriquées d'austérité, connues sous le nom de
« Khrouchtchevki » (Хрущёвка), et encourage l'amélioration de l'approvisionnement en
nourriture de la population. Il commence, avec d'autres, à assouplir soigneusement le régime
militaro-policier qui, sous Staline, était sévère, ce qui permettra un peu plus tard un
assouplissement similaire dans les satellites soviétiques de l'époque. Toutefois, il n'hésite pas
à réprimer violemment le soulèvement hongrois de 1956, qu'il considère comme un
dangereux précédent contre-révolutionnaire et une menace pour les membres du Pacte de
Varsovie dans le contexte de la guerre froide. En 1957, il évite la première tentative de coup
d'État contre lui et fait expulser les conspirateurs autour de Molotov, Malenkov et
Kaganovitch, des plus hautes fonctions du parti.
En politique étrangère, Chruščov instaure et poursuit une politique de "coexistence" entre le
capitalisme et le communisme et entre en conflit avec la Chine maoïste. Malgré sa
contribution indéniable à la modération du régime totalitaire de l'Union soviétique, il est resté
fidèle aux schémas de l'idéologie marxiste-léniniste tout au long de sa vie. Il croyait
fermement à la victoire finale du communisme et aux "commodités socialistes", ce qui l'a
amené à faire des déclarations publiques dans ce sens ainsi qu’à soutenir les insurgés de
gauche dans le monde entier. Pendant son mandat, la crise dite des Caraïbes a éclaté en 1962 à
la suite du déploiement de missiles soviétiques de moyenne portée à Cuba, que Khrouchtchev
a utilisé comme réponse au déploiement de missiles américains en Turquie et en Italie, des
États membres de l'OTAN. La tentative d'augmenter la production agricole, c’est-à-dire le
labourage des terres incultes et des steppes en friche fut, par ailleurs, un échec.
En octobre 1964, il est écarté du pouvoir par des membres éminents de la nomenklatura
soviétique qui se sentent menacés par les réformes administratives et les transferts de
personnel constants sous son règne. Après sa chute, il est accusé de "volontarisme", de
"subjectivisme" et de "solutions hâtives". Sous le nouveau Premier secrétaire Leonid Brešněv,
toutes les tentatives de réforme s'enlisent jusqu'au milieu des années 1980. Nous ajouterons
juste que Chruščov s'est rendu quatre fois en Tchécoslovaquie, en 1954, 1957, 1961 et en
1964. Ses relations avec ce pays étaient plutôt bonnes.
D’ailleurs, la mort de Staline et celle de Gottwald en Tchécoslovaquie, l’arrivée de
Chruščov en URSS ne change rien en Tchécoslovaquie. Mais, Le 5 janvier 1968, Dubček est
élu secrétaire du Parti communiste de Tchécoslovaquie. Plus tard, le 22 mars 1968, Antonín
Novotný démissionne de son poste de président de l'État et, le 30 mars, est remplacé par
Ludvík Svoboda. Le vendredi 5 avril, le Comité central du Parti communiste tchécoslovaque
(PCT) approuve le « Programme d'action libéral du PCT », qui prévoit une plus grande liberté
de la presse et une plus grande orientation de l'économie vers les biens de consommation,
libéralisant ainsi partiellement l'économie. Toutefois, le "rôle dirigeant du parti communiste"
devait être maintenu. C’est ce que nous avons nommé, a posteriori, le communisme « à visage
humain ». Bien que le Programme d'action stipule qu'il doit être mis en œuvre sous la
direction du parti communiste, l'opinion publique presse le parti de procéder rapidement à des
réformes. Les citoyens radicaux se font beaucoup plus entendre : des polémiques
antisoviétiques sont publiées dans la presse, les sociaux-démocrates tentent de former un parti
distinct et de nouveaux clubs politiques sont fondés. Les membres conservateurs du parti
réclament des mesures répressives, mais Dubček fait preuve de retenue et réaffirme le rôle
prépondérant du Parti communiste de Tchécoslovaquie. Lors d'une réunion du Parti
communiste de Tchécoslovaquie en avril, Dubček annonce un "programme d'action"
politique. Mais l'une des réalisations réformistes les plus importantes du Printemps de Prague
est l'assouplissement de la censure en février 1968 et son abolition complète le 4 mars
(officiellement confirmée par la loi n° 84 du 26 juin 1968, première abolition de la censure
dans l'histoire de la République tchèque). Le 27 juin 1968, un manifeste rédigé à l'initiative de
plusieurs membres du personnel de l'Académie tchécoslovaque des sciences (CSAS) par
l'écrivain et journaliste Ludvík Vaculík (membre du Parti communiste de Tchécoslovaquie)
est publié, sous le titre Deux mille mots (Dva tisíce slov). Vaculík y critique les éléments
conservateurs au sein du Parti communiste de Tchécoslovaquie, freinant les réformes et
suggère également que les citoyens eux-mêmes tentent activement de faire passer le
programme de réformes. Face à cela, les élites et dirigeants du pays s’opposent à ce
programme.
Si nous avons, brièvement, énoncé les différents éléments majeurs de ces réformes initiées en
Tchécoslovaquie et en URSS, il nous semble que les volontés n’étaient pas similaires, ce qui
fut mis en place non plus. De plus, il semble que cette amorce de réforme en URSS est restée
liée au pouvoir, dans le sens où c’étaient des volonté et actions mises en place par ceux à la
tête du Parti, ceux qui dirigeaient l’URSS ; au contraire, en Tchécoslovaquie, ces volontés de
réformes et de changement furent aussi celles du peuple tchécoslovaque.
Le Printemps de Prague s’est déroulée quatre années après la période que nous
connaissons sous les termes de « Dégel soviétique », ou comme une tentative de coexistence,
face à la montée de l’armement, et le risque de guerre nucléaire, dans un contexte de guerre
froide. Si la première période a grandement permis la mise en place de la seconde, et que
toutes deux montrent une certaine volonté de libéralisation de la vie de l’Etat et de son peuple,
de grandes différences subsistent. D’une part, le contexte est différent : les périodes et les
situations géographiques, ainsi que la place dans les rapports de force mondiaux ne sont pas
les mêmes. Chruščov introduit ces réformes afin de pallier aux mauvais côtés de la politique
de Staline, mais tente également de calmer les tensions avec les USA, tout en poursuivant une
politique de partielle libéralisation économique. C’est là que réside grandement les
différences : les réformes de Chruščov étaient principalement économiques, tandis que celle
de Dubček-Svoboda étaient également culturelles.
Il nous semble également que les répercutions du Printemps de Prague sur le monde sont plus
grandes, et s’inscrit également dans une dynamique de jeunesse à échelle mondiale ; comme
nous le dit Jacques Rupnik dans son article portant sur les lectures possibles du Printemps de
Prague, cette dynamique est celle également portée par les étudiant ⸱e ⸱s français ⸱es en mai,
ceux en Pologne en mars et d’autres jeunes à Berlin la même année.
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