Applications Linéaires 1

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Chapitre 3.

Applications linéaires

I Dénitions et Exemples
Dénition Soient E et F deux K-espaces vectoriels et f une application de
E dans F.
On dit que f est linéaire si :
1. f (X + Y ) = f (X) + f (Y ), ∀X, Y ∈ E
2. f (αX) = αf (X), ∀X ∈ E , ∀ ∈ K
De façon équivalente, f est linéaire si et seulement si
f (αX + βY ) = αf (X) + βf (Y ), ∀X, Y ∈ E et ∀α, β ∈ K.
L'ensemble des applications linéaires de E dans F est noté LK (E, F ) ou plus
simplement L(E, F ).
Remarque Soit f une application de E dans F.
1. f (0E ) = 0F
En eet,
f (0E ) = f (0K .0E )
= 0K .f (0E )
= 0F

2. f (−X) = −f (X), ∀X ∈ E
En eet,
f (−X) = f (−1K .X)
= −1K .f (X)
= −f (X)

Dénition Soit f : E −→ F une application linéaire :


1. Si E = F , alors f est un endomorphisme.
2. Si F = K, alors f est dite forme linéaire.
Dénition
1. Soit f : E −→ F une application linéaire bijective, alors f est dite
isomorphisme.
2. Soit f : E −→ E un endomorphisme bijectif, alors f est dite
automorphisme.

1
Exemple 1 Soit E un K.e.v. Alors l'application
IdE : E −→ E
X 7−→ X , est un endomorphisme dit identité de E.

Exemple 2 Soit
f :R3 −→ R2
(x, y, z) 7−→ (x + y, x − z),
f est une application linéaire.
En eet, soient X = (x, y, z), Y = (x0 , y 0 , z 0 ) et α ∈ R
f (X + Y ) = f [(x, y, z) + (x0 , y 0 , z 0 )]
= f (x + x0 , y + y 0 , z + z 0 )
= (x + x0 + y + y 0 , x + x0 − z − z 0 )
= (x + y, x − z) + (x0 + y 0 , x0 − z 0 )
= f (X) + f (Y )

f (αX) = f (αx, αy, αz)


= (αx + αy, αx − αz)
= α(x + y, x − z)
= αf (X)

Donc f est une application linéaire.


Eexemple 3 L'application
g : R3 −→ R3
(x, y, z) 7−→ (x + y, x − z, y + z)
est un endomorphisme.
En eet :
• L'espace de départ est le même que l'espace d'arrivé.
• Soient X = (x, y, z), Y = (x0 , y 0 , z 0 ) et α ∈ R

g(X + Y ) = g[(x, y, z) + (x0 , y 0 , z 0 )]


= g(x + x0 , y + y 0 , z + z 0 )
= (x + x0 + y + y 0 , x + x0 − z − z 0 , y + y 0 + z + z 0 )
= (x + y, x − z, y + z) + (x0 + y 0 , x0 − z 0 , y 0 + z 0 )
= g(X) + g(Y )

2
g(αX) = g(αx, αy, αz)
= (αx + αy, αx − αz, αy + αz)
= α(x + y, x − z, y + z)
= αg(X)

Donc g est un endomorphisme.


Exemple 4
L'application
h : R4 −→ R
(x, y, z, t) 7−→ x − y + 2z + t
est une forme linéaire.
• L'ensemble d'arrivé est K
• Soient X = (x, y, z, t), Y = (x0 , y 0 , z 0 , t0 ) et α, β ∈ R

h(αX + βY ) = h(αx + βx0 , αy + βy 0 , αz + βz 0 , αt + βt0 )


= αx + βx0 − αy − βy 0 + 2αz + 2βz 0 + αt + βt0
= αx − αy + 2αz + αt + βx0 − βy 0 + 2βz 0 + βt0
= α(x − y + 2z + t) + β(x0 − y 0 + 2z 0 + t0 )
= αh(X) + βh(Y )

Ainsi h est une forme linéaire.

II Image et Noyau.Image d'une famille de


vecteurs
Dénition Soit f ∈ LK (E, F ).
1. On appelle noyau de f l'ensemble des éléments de E dont l'image par
f est nulle. On note
Ker(f ) = {x ∈ E : f (x) = 0F }
2. On appelle image de f l'ensemble des images des éléments de E par f.
On note
Im(f ) = {f (x) : x ∈ E}

Proposition Soit f ∈ LK (E, F ). Alors Ker(f ) est un sous- espace


vectoriel de E.

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Preuve
•f (0E ) = 0F , donc 0E ∈ Ker(f ).
• Soient X, Y ∈ Ker(f ) et α ∈ K.
f (X + Y ) = f (X) + f (Y ) = 0F + 0F = 0F , donc X + Y ∈ Ker(f ).
f (αX) = αf (X) = α.0F = 0F , ainsi αX ∈ Ker(f ).
Par conséquent, Ker(f ) est un s.e.v de E.

Proposition Soit f ∈ LK (E, F ). Alors Im(f ) est un sous-espace vectoriel


de F.

Preuve
•f (0E ) = 0F , donc 0F ∈ Im(f ).
• Soient Y, Y 0 ∈ Im(f ) et α ∈ K.
Il existe X et X 0 ∈ E tels que f (X) = Y et f (X 0 ) = Y 0 . On a :
Y + Y 0 = f (X) + f (X 0 ) = f (X + X 0 ) ∈ Im(f ) et
αY = αf (X) = f (αX) ∈ Im(f ).
Donc, Im(f ) est un s.e.v de F.

Remarque La dimension de Im(f ) est appelée rang de f et est notée


rg(f ). On a rg(f ) := dim(Im(f )).

Proposition Soit f ∈ LK (E, F ). Alors f est injective si et seulement si


Ker(f ) = {0E }.

Preuve
Supposons que f est injective.
Soit X ∈ Ker(f ). Alors on a f (X) = 0F = f (0E ). Comme f est injective,
alors X = 0E . Par conséquent, Ker(f ) = {0E }.
Supposons que Ker(f ) = {0E }.
Soient X et X 0 ∈ E tels que f (X) = f (X 0 ).
On a f (X) − f (X 0 ) = 0F , ainsi f (X − X 0 ) = 0F . Donc
X − X 0 ∈ Ker(f ) = {0E }, c'est à dire X = X 0 .
Par conséquent, f est injective.

Exemple
Considérons l'application linéaire suivante
f :R3 −→ R2
(x, y, z) 7−→ (x − 2y + z, x − z)

1. Déterminer Ker(f ) et Im(f ).


2. f est elle injective ? f est elle surjective ?

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Solution
1. Déterminons Ker(f ) et Im(f ).
•Ker(f ) = {X ∈ R3 : f (X) = 0R2 }.
Soit X = (x, y, z) ∈ Ker(f ). On a

X = (x, y, z) ∈ Ker(f ) ⇒ f (x, y, z) = 0R2


⇒ (x − 2y + z, x − z) = (0, 0)
⇒ x − 2y + z = 0 et x − z = 0
⇒ y = z et x = z

Ainsi X = (z, z, z) = z(1, 1, 1)


Posons U = (1, 1, 1). Par conséquent, Ker(f ) = vect{U }.
B = {U } est une famille génératrice de Ker(f ), constitué d'un seul vecteur
non nul. Donc, B = {U } est une base de Ker(f ) et dim(Ker(f )) = 1.
•Im(f ) = {f (X) : X ∈ R3 }.
Soit Y ∈ Im(f ). Il existe X = (x, y, z) ∈ R3 tel que Y = f (X). Ainsi

Y = f (x, y, z) ⇒ Y = (x − 2y + z, x − z)
⇒ Y = (x, x) + (−2y, 0) + (z, −z)
⇒ Y = x(1, 1) + y(−2, 0) + z(1, −1)

On pose V1 = (1, 1); V2 = (−2, 0) et V3 = (1, −1).


D'où Im(f ) = vect{V1 , V2 , V3 }
B = {V1 , V2 , V3 } est une famille génératrice de Im(f ).

Proposition Soit f ∈ LK (E, F ). Alors les assertions suivantes sont


vériées :
1. Si f est injective et la famille {Uj }j∈J de E est libre, alors la famille
{f (Uj )}j∈J de F est libre.
2. Si f est surjective et la famille {Uj }j∈J est génératrice de E, alors la
famille {f (Uj )}j∈J est génératrice de F.
En particulier si f est bijective l'image d'une base de E est une base de F.
Preuve
1. Supposons que f est injective et que la famille {Uj }j∈J est libre. Pour
toute sous-famille extraite {Uα1 , ..., Uαp }, considérons la sous-famille
{f (Uα1 ), ..., f (Uαp )}. La relation λ1 f (Uα1 ) + ... + λp f (Uαp ) = 0F

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implique f (λ1 Uα1 + ... + λp Uαp ) = 0F , c'est à dire
λ1 Uα1 + ... + λp Uαp ∈ Ker(f ). Comme Ker(f ) = {0E }, donc
λ1 Uα1 + ... + λp Uαp = 0E .
Ce qui implique que λ1 = ... = λp = 0, car {Uj }j∈J est libre.
Par conséquent, {f (Uj )}j∈J est libre.
2. Supposons que f est surjective et la famille {Uj }j∈J est génératrice de
E.
Soit y ∈ F . Il existe alors x ∈ E tel que f (x) = y . Comme {Uj }j∈J
est génératrice de E, alors x = λ1 Uβ1 + ... + λn Uβn . Ce qui implique
que y = f (x) = λ1 f (Uβ1 ) + ... + λn f (Uβn ).
Ainsi y est une combinaison linéaire d'éléments de la famille
{f (Uj )}j∈J . Par conséquent, {f (Uj )}j∈J est une famille génératrice
de F.
Corollaire Soient f ∈ LK (E, F ) et {ε1 , ..., εn } une base de E. Alors on a :
1. f est injective ⇔ {f (ε1 ), ..., f (εn )} est libre.
2. f est surjective ⇔ {f (ε1 ), ..., f (εn )} est une famille génératrice de F.
3. f est bijective ⇔ {f (ε1 ), ..., f (εn )} est une base de F.
Théoréme Deux espaces vectoriels de dimension nie sont isomorphes si et
seulement si ils ont la même dimension.
Preuve Soient E et F deux espaces vectoriels de dimension nie.
Supposons qu'il existe un isomorphisme ϕ de E dans F. Soit
B = {U1 , ..., Un } une base de E. Alors on a {f (U1 ), ..., f (Un )} est une base
de F. Ainsi les bases ont le même nombre de vecteurs.
Par conséquent, on a dim(E) = dim(F ).
Supposons que dim(E) = dim(F ).
Soient {e1 , ..., en } une base de E et {ε1 , ..., εn } une base de F. Considérons
l'application ϕ : E −→ F dénie par f (ei ) = εi , ∀i ∈ {1, ..., n}.
Il est clair que ϕ est bijective et linéaire.
Théorème(du rang)
Soient E et F deux espaces vectoriels de dimension nie et f ∈ LK (E, F ).
Alors on a dim(E) = rg(f ) + dim(Ker(f )).
Preuve Supposons que dim(E) = n, dim(Ker(f )) = p et montrons que
dim(Im(f )) = n − p.
Soit {U1 , ..., Up } une base de Ker(f ). Il existe V1 , ..., Vn−p ∈ E tels que
{U1 , ..., Up , V1 , ..., Vn−p } soit une base de E.
Montrons que {f (V1 ), ..., f (Vn−p )} est une base de Im(f ).

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• Soit α1 , ..., αn−p ∈ K tels que α1 f (V1 ) + ... + αn−p f (Vn−p ) = 0F .
Ainsi on a f (α1 V1 + ... + αn−p Vn−p ) = 0F .
Ce qui implique que α1 V1 + ... + αn−p Vn−p ∈ Ker(f ). Il existe alors
β1 , ..., βp ∈ K tels que α1 V1 + ... + αn−p Vn−p = β1 U1 + ... + βp Up . Donc on a
α1 V1 + ... + αn−p Vn−p − β1 U1 − ... − βp Up = 0E .
D'où α1 = ... = αn−p = −β1 = −... = −βp = 0, car la famille
{U1 , ..., Up , V1 , ..., Vn−p } est libre. Ainsi {f (V1 ), ..., f (Vn−p )} est libre.
• Soit y ∈ Im(f ).
Il existe alors x ∈ E tel que y = f (x). Comme x ∈ E , alors il existe
α1 , ..., αp , β1 , ..., βn−p ∈ K tel que
x = α1 U1 + ... + αp Up + β1 V1 + ... + βn−p Vn−p .
Ainsi on a :

y = f (α1 U1 + ... + αp Up + β1 V1 + ... + βn−p Vn−p )


= f (α1 U1 + ... + αp Up ) + f (β1 V1 + ... + βn−p Vn−p )
= 0F + f (β1 V1 + ... + βn−p Vn−p )
= β1 f (V1 ) + ... + βn−p f (Vn−p )

Ce qui implique que {f (V1 ), ..., f (Vn−p )} est une famille génératrice de
Im(f ).
Par conséquent, {f (V1 ), ..., f (Vn−p )} est une base de Im(f ).
Enn dim(E) = rg(f ) + dim(Ker(f )).

Corollaire Soient E et F deux K-e.v de même dimension nie et


f ∈ LK (E, F ). Les assertions suivantes sont équivalentes :
1. f est injective
2. f est surjective
3. f est bijective

Preuve Il sut de montrer que 1) est équivalente à 2).


1) =⇒ 2). Supposons que f est injective.
D'après le théorème du rang, on a
dim(F ) = dim(E) = dim(Ker(f )) + dim(Im(f ))
= dim(Im(f ))

Ainsi F = Im(f ), donc f est surjective.


2) =⇒ 1). Supposons que f est surjective.

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D'après le théorème du rang, on a
dim(E) = dim(Ker(f )) + dim(Im(f ))
= dim(Ker(f )) + dim(F )
= dim(Ker(f )) + dim(E).

Ainsi dim(Ker(f )) = 0, donc on a Ker(f ) = {0E }. Ce qui implique que f


est injective.
Par conséquent, on a 1) ⇔ 2).

III Opérations sur les applications linéaires


1. Soit E un K-espace vectoriel et A un ensemble non vide. L'ensemble
des applications f : A −→ E est muni d'unbe structure d'espace
vectoriel sur K par les lois :
f + g : A −→ E et λf : A −→ E
x 7−→ f (x) + g(x) x 7−→ λf (x).
En particulier LK (E, F ) est un sous-espace vectoriel de l'espace
vectoriel des applications f : E −→ F .
2. LK (E, F ) muni des lois :
f + g : A −→ E et λf : A −→ E
x 7−→ f (x) + g(x) x 7−→ λf (x).
est un espace vectoriel.
3. Compositions des applications linéaires
Soient E, F et G trois K-e.v. Soient f, h ∈ LK (E, F ) et
g, k ∈ LK (F, G).

(a) g ◦ f ∈ LK (E, G)

(b) g ◦ (f + h) = g ◦ f + g ◦ h

(c) (g + k) ◦ f = g ◦ f + k ◦ f

(d) g ◦ (λf ) = λg ◦ f
4. Soit f ∈ LK (E, F ) bijective. Alors f −1 est linéaire.
En eet, on a : f −1 : F −→ E
Soient Y, Y 0 ∈ F , il existe alors X, X 0 ∈ E tels que Y = f (X) et
Y 0 = f (X 0 ) car f est surjective.
On a X = f −1 (Y ) et X 0 = f −1 (Y 0 ). Soit α, α0 ∈ K, on a :

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f −1 (αY + α0 Y 0 ) = f −1 (αf (X) + α0 f (X 0 ))
= f −1 (f (αX + α0 X 0 ))
= αX + α0 X 0
= αf −1 (Y ) + α0 f −1 (Y 0 )

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