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2 • SPÉCIFICATION

SELON LA MÉTHODE SA-RT

2.1 Introduction générale à la méthode SA-RT


La méthode SA-RT est une méthode d’analyse fonctionnelle et opérationnelle des
applications de contrôle-commande. Cette méthode permet de réaliser une des-
cription graphique et textuelle de l’application en termes de besoins, c’est-à-dire
de « ce que l’on a à faire » ou le « quoi » (What ?). Cette mise en forme du « cahier
des charges » de l’application est formelle dans le sens où la méthodologie (ensemble
des documents à élaborer) et l’expression (syntaxe graphique) sont définies. En
revanche, elle ne permet pas d’effectuer une vérification de propriétés de l’application
à partir des seules descriptions SA-RT. Des études ont été menées pour associer à la
méthode SA-RT des méthodes formelles afin d’apporter des possibilités de simulation
et de vérification. Une de ces méthodes est présentée à la fin du chapitre. Aucune
règle officielle ou normalisation n’a été mise en place pour la méthode SA-RT et son
utilisation. Par conséquent, il existe de nombreuses mises en œuvre de la méthode
SA-RT avec des différences plus ou moins importantes et aussi des extensions spé-
cifiques de la méthode. Ceci fera l’objet du dernier point traité dans ce chapitre.
Nous allons nous attacher à décrire la méthode SA-RT la plus générale et la plus
usitée, et correspondant à la méthodologie de développement d’une application de
contrôle-commande qui est l’objectif de cet ouvrage.
L’accroissement très important de la taille des logiciels développés dans les années 70
a conduit à mettre en place des méthodes d’analyse et de conception permettant
une meilleure réalisation et aussi une maintenance plus efficace dans l’exploitation
des logiciels. Le mot essentiel de ces méthodes est « structuration » dans le sens d’une
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

décomposition en éléments ou blocs fonctionnels pour un niveau d’analyse donné


et d’une décomposition hiérarchique cohérente entre les différents niveaux d’analyse.
Ces méthodes d’analyse ou de conception structurées conduisent naturellement à
la programmation structurée. La deuxième particularité commune à ces méthodes est
la description sous forme de flux ou flots de données, de contrôle ou autres. L’aspect
opérationnel de la description est alors visualisé par la propagation de ces flux.
Ainsi, nous trouvons la méthode SA-DT (Structured Analysis Design Technics) de
spécification d’un système qui permet d’exprimer un bloc représentant soit les
activités (fonctions) soit les données. Les flots entrants sont les données, un contrôle
ou des mécanismes (méthodes) et les flots sortants correspondent aux sorties de

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2 • Spécification 2.1 Introduction générale
selon la méthode SA-RT à la méthode SA-RT

données. Cette méthode très générale de description d’un système a été adaptée à
la spécification de logiciels avec la méthode très connue SA (Structured Analysis)
(figure 2.1).

Spécification Structured Analysis Design Technics


d’un système SADT (D.T. Ross, 1976)

Spécification
Structured Analysis
statique SA (E. Yourdon, T. Demarco, 1979)
d’un logiciel

Spécification
Structured Analysis Real Time
dynamique SA-RT (Ward/Mellor, 1985 ; Hatley/Pirbhai, 1986)
d’un logiciel

Extended Systems Modeling Language


ESML (W. Bruyn, R. Jensen, D. Keskar,
P. Ward-Boeïng, Hugues Aircraft, 1987)

Figure 2.1 – Positionnement chronologique de la méthode SA-RT.

L’analyse structurée SA, définie par E. Yourdon et T. Demarco, est une méthode
descendante par affinages successifs des traitements, appelés « process ». Les différents
diagrammes sont donc ordonnés hiérarchiquement en faisant apparaître pour les
derniers niveaux des fonctions élémentaires, appelées primitives élémentaires ou
« process » primitifs. Les différents outils composant cette méthode sont :
– diagrammes de transformations de données ou diagramme de flots de données
(DFD) ;
– dictionnaire de données ;
– spécifications des « process » primitifs.
Les diagrammes de flots de données sont construits à partir de quatre éléments
graphiques : traitement (cercle), flot de données (flèche), unité de stockage (traits
parallèles) et entité externe (rectangle) (tableau 2.1). À partir de ces éléments de base,
il est possible de décrire l’aspect fonctionnel d’une application par un diagramme flots
de données. Un exemple, présenté sur la figure 2.2, montre l’analyse d’une applica-
tion très simple de régulation de température avec trois entités externes, deux process
et une unité de stockage.
Remarque
Il est intéressant de noter que cette description graphique fonctionnelle d’une application à l’aide
de la méthode SA sera presque entièrement reprise dans la méthode SA-RT, montrant bien ainsi sa
dépendance chronologique.

Pour exprimer complètement le comportement de l’application, le diagramme flots


de données de SA manquait d’un moyen permettant de spécifier l’aspect opérationnel,

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2 • Spécification 2.1 Introduction générale
selon la méthode SA-RT à la méthode SA-RT

Tableau 2.1 – Les différents éléments graphiques de la méthode SA.

Fonction Signification Représentation graphique

Traitement ou process Unité de travail qui – Cercle ou bulle


réalise la transformation – Action décrite par :
Acquérir
des données d’entrée verbe + nom Mesures
en données de sortie

Flot de données Vecteur nommé reliant – Flèche en trait plein Mesures


deux process, sur lequel – Donnée nommée
circule un ensemble de
données de même nature

Unité de stockage Entité ou zone de – Deux traits parallèles


Mesures
ou réservoir rangement de données – Entité nommée

Entité externe Provenance, source ou – Rectangle


ou terminateur destination des données – Entité nommée Capteur

Tension lue Température Tension_commande

Acquérir Commander Résistance


Thermistance
température chauffage chauffante

Témoin
de chauffage
Température_consigne Commande_chauffage

Figure 2.2 – Exemple simple du diagramme flot de données de la méthode SA


correspondant à une application de régulation de température.

c’est-à-dire la description de l’enchaînement des différents process. Cette lacune


fut comblée par la création de méthode SA-RT (Structured Analysis-Real Time).
Deux groupes élaborèrent la méthode SA-RT avec des différences notables en termes
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de représentation : d’une part, la méthode établie par Ward et Mellor en 1985 qui
associe le fonctionnel et le contrôle dans un même diagramme et, d’autre part, la
méthode proposée par Hatley et Pirbhai en 1986 qui sépare le fonctionnel et le
contrôle. Mais ces deux vues de la même méthode restent très similaires en termes de
capacité d’expression de la spécification. Nous présentons dans cet ouvrage la
méthode SA-RT établie par Ward et Mellor en 1985.
Comme le montre la figure 2.1, la méthode SA-RT a continué à évoluer au sein
des entreprises en intégrant des besoins spécifiques à un domaine d’applications.
Ainsi, nous trouvons une méthode SA-RT, appelée ESML et utilisée dans l’avionique,
qui a été enrichie d’un point de vue flot de contrôle.

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2 • Spécification 2.2 Présentation de la syntaxe graphique
selon la méthode SA-RT de la méthode SA-RT

La méthode SA-RT intègre les trois aspects fondamentaux d’une méthode de spéci-
fication en mettant l’accent sur les deux premiers qui sont des points essentiels dans
les applications de contrôle-commande :
– aspect fonctionnel (ou transformation de données) : représentation de la trans-
formation que le système opère sur les données et spécification des processus qui
transforment les données ;
– aspect événementiel (piloté par les événements) : représentation des événements
qui conditionnent l’évolution d’un système et spécification de la logique de
contrôle qui produit des actions et des événements en fonction d’événements en
entrée et fait changer le système d’état ;
– aspect informationnel (données) : spécification des données sur les flots ou dans
les stockages. Ce dernier aspect qui est en général assez négligé dans ce type d’appli-
cation peut faire l’objet d’une description spécifique choisie au sein d’une entre-
prise.

2.2 Présentation de la syntaxe graphique


de la méthode SA-RT
Nous allons présenter la syntaxe graphique complète de SA-RT permettant d’élaborer
les différents diagrammes de la méthode. Cette syntaxe graphique très simple peut
être scindée en deux parties : la syntaxe graphique afférente à l’aspect fonctionnel
et la syntaxe dédiée à l’aspect contrôle ou événementiel.

2.2.1 Syntaxe graphique pour l’aspect fonctionnel


m Syntaxe graphique du processus fonctionnel
En premier lieu, nous trouvons le Processus fonctionnel ou Processus qui repré-
sente une transformation de données. Un ou plusieurs flux de données en entrées
sont traités pour donner un ou plusieurs flux de données en sortie (figure 2.3). Le
Processus est représenté par un cercle avec une étiquette ou label explicite formé de :
Étiquette_Processus = verbe (+ un ou plusieurs compléments d’objets) + numéro

m Syntaxe graphique du flot de données


Puis, nous avons le Flot de Données qui supporte ou transporte les valeurs d’une
certaine information à différents instants. Ce concept représente le cheminement
des données. Le flot de données est représenté par un arc orienté avec une étiquette
ou label explicite formé de (figure 2.4) :
Étiquette_Flot_de_Données = nom (+ qualifiant)
Les valeurs de ce flot de données sont supposées disponibles pendant tout le temps
où le processus producteur de ce flot est en mesure de les générer.
Le flot de données peut représenter aussi bien une donnée de type continu, codée par
un entier ou un réel (Température) qu’une donnée discrète codée par un booléen,

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2 • Spécification 2.2 Présentation de la syntaxe graphique
selon la méthode SA-RT de la méthode SA-RT

Lecture Écriture
de données de données
Étiquette
Processus
N

Transformation
de données

Exemples

Mesurer Commander Calculer


température vanne moyenne
1 2 3

Figure 2.3 – Processus fonctionnel de la méthode SA-RT.

Signal Température
température Mesurer mesurée
température
1

Signal Allumage
interrupteur Commander lampe
lampe
2
Distance
parcourue

Affichage
Calculer vitesse
vitesse
3

Top horloge

Figure 2.4 – Exemples simples de flots de données de la méthode SA-RT.


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exemple « Position_interrupteur ». Un flot de données peut décrire aussi bien une


donnée élémentaire ou unique, exemple « Température » qu’une donnée structurée
intégrant plusieurs données élémentaires, exemple la donnée « Pressions » qui est
composée de « Pression_huile » et « Pression_air ». Il est alors possible de faire appa-
raître l’étiquette du flot de données sous la forme suivante :
Étiquette_Donnée_Structurée = Étiquette_Donnée_1, Étiquette_Donnée_2
Une spécification détaillée de cette donnée, véhiculée par le flot de données, est faite
dans le Dictionnaire de données (voir ci-après).

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2 • Spécification 2.2 Présentation de la syntaxe graphique
selon la méthode SA-RT de la méthode SA-RT

_2
ée
Décomposition

nn
Do
Donné e Donné e Do Donné e Do
nn nn
ée ée
_1 _1

Donné e est envoy é Donné e _ 1 et Donné e _ 2 sont


Donné e _ 1 est extrait de Donné e
sur les deux flots extraits de Donné e
Do
nn
Regroupement

ée
Donné e Donné e _2 Donné e

_1

_1
ée
nn

ée
nn
Do

Do
Le flot Donné e s ’est enrichi Le flot Donné e est construit avec
Création alternative de Donné e les flots Donn é e _ 1 et Donné e _ 2
de Donné e _ 1

Figure 2.5 – Décomposition et regroupement des flots de données de la méthode SA-RT.

Ces flots de données peuvent se décomposer ou au contraire se regrouper lors des liai-
sons entre les processus fonctionnels dans le diagramme flot de données (figure 2.5).

m Syntaxe graphique du stockage de données

Le troisième élément graphique est le Stockage de Données qui modélise le besoin


de mémorisation d’une donnée de telle façon que sa valeur puisse être relue plu-
sieurs fois. Comme le flot de données auquel il est étroitement associé, il est nommé
par une étiquette ou label explicite formé de :
Étiquette_Stockage_de_Données = nom (+ qualifiant)
Le stockage de données est représenté par deux traits horizontaux encadrant l’éti-
quette définie ci-avant (figure 2.6). Les arcs « flots de données » arrivant ou partant
de l’unité de stockage ne sont pas étiquetés s’ils transportent les données mémorisées
complètes. Si une partie de la donnée est écrite ou lue, l’arc transportant de façon
partielle la donnée doit être étiqueté avec le nom de cette donnée.

Pression

Température
Paramètres_moteur Paramètres_moteur

Figure 2.6 – Unité de stockage de la méthode SA-RT.

Un exemple de diagramme flot de données intégrant ces trois éléments graphiques


de la méthode SA-RT (processus fonctionnel, flot de données et unité de stockage)
est présenté sur la figure 2.7.

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2 • Spécification 2.2 Présentation de la syntaxe graphique
selon la méthode SA-RT de la méthode SA-RT

Température_consigne*

Signal_température Mesurer Réguler Chauffage


température température
1 2

Température_mesurée

Afficher Affichage
température
3

Température_consigne*

Figure 2.7 – Exemple d’un diagramme flot de données de la méthode SA-RT.

Remarque
Pour des besoins de clarté graphique, un stockage de données peut être visualisé plusieurs fois sur
un diagramme flot de données en notant cette duplication par une « * ».

Il est important de noter que l’utilisation de l’élément « stockage de données » peut


correspondre à deux cas :
– mémorisation ou représentation des constantes du système ;
– mémorisation de valeurs de données partagées entre deux ou plusieurs processus
désynchronisés (consommation et production des données à des instants ou des
rythmes différents).

m Syntaxe graphique de la Terminaison


Enfin, le dernier élément graphique, utilisé dans cet aspect fonctionnel, est la Termi-
naison, ou encore appelée « bord de modèle », qui représente une entité extérieure
échangeant des données avec le système modélisé. Une terminaison peut donc être
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une entité logicielle (programme, base de données…) ou matérielle (capteurs,


actionneurs, console opérateur…). Représentée par un rectangle, elle est nommée
par une étiquette ou label explicite formé de (figure 2.8) :
Étiquette_Terminaison = nom (+ qualifiant)

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2 • Spécification 2.2 Présentation de la syntaxe graphique
selon la méthode SA-RT de la méthode SA-RT

Signal Production
Capteur de données

Commande Consommation
Actionneur de données

Figure 2.8 – Terminaison ou « bord de modèle » de la méthode SA-RT.

2.2.2 Syntaxe graphique pour l’aspect contrôle


Dans les diagrammes flot de données, le déclenchement de l’exécution des processus
de transformation de données peut être lié au rythme d’apparition des données
entrantes (diagramme piloté par les données : data-driven). Mais, dans le cas de la
spécification des applications temps réel, il est préférable d’avoir un contrôle de ces
transformations de données piloté par des conditions externes comme l’occurrence
d’événements (event-driven) (figure 2.9). Cette vue dynamique du modèle impose
la mise en place de la partie contrôle : processus de contrôle et flot de contrôle

Pilotage de l’exécution
Événement
Pilotage de l’exécution

Donnée_1 Donnée_1
Processus Processus
1 Donnée_3 1 Donnée_3
Donnée_2 Donnée_2

(a) (b)

Figure 2.9 – Pilotage de l’exécution d’un processus fonctionnel :


(a) piloté par les données et (b) piloté par les événements.

m Syntaxe graphique du processus de contrôle

Le Processus de contrôle représente la logique du pilotage des processus fonctionnels.


Il génère l’ensemble des événements qui vont activer ou désactiver les processus fonc-
tionnels. En retour, les processus fonctionnels fournissent au processus de contrôle
tous les événements nécessaires aux prises de décision. Le processus de contrôle ne
peut en aucun cas gérer des données.
Le Processus de contrôle est représenté par un cercle en pointillé avec une étiquette
ou label explicite formé de (figure 2.10) :
Étiquette_Processus_Contrôle = verbe (+ un ou plusieurs compléments) + numéro

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2 • Spécification 2.2 Présentation de la syntaxe graphique
selon la méthode SA-RT de la méthode SA-RT

Contrôler Piloter Gérer


température vanne moteur
1 2 3

Figure 2.10 – Processus de contrôle de la méthode SA-RT.

m Syntaxe graphique du Flot de contrôle

Le Flot de Contrôle transporte les événements ou informations qui conditionnent


directement ou indirectement l’exécution des processus de transformations de
données. Le flot de contrôle est représenté par un arc orienté pointillé avec une éti-
quette ou label explicite formé de (figure 2.11) :
Étiquette_Flot_de_Contrôle = nom (+ qualifiant)

Température

Déclenchement
Vérifier Contrôler
température chauffage
1 2
Trop_chaud

Température_consigne

Figure 2.11 – Exemple simple d’une partie contrôle


liée à une partie fonctionnelle de la méthode SA-RT.

Les événements, fournis par le processus de contrôle, sont généralement liés à


l’activation ou à la désactivation des processus fonctionnels. Aussi, ces événements
spécifiques ont été formalisés et prédéfinis :
– E pour Enable (activation) ;
– D pour Disable (désactivation) ;
– T pour Trigger (déclenchement).
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Les deux premiers événements sont utilisés ensemble « E/D » pour piloter un processus
fonctionnel de type « boucle sans fin » ou périodique, c’est-à-dire que le processus
de contrôle doit lancer l’exécution de ce processus avec l’événement « E » et ensuite
peut l’arrêter avec l’événement « D ». L’événement « T » est utilisé pour activer un
processus fonctionnel de type « début-fin » ou sporadique, c’est-à-dire que le pro-
cessus de contrôle doit lancer l’exécution de ce processus avec l’événement « T » et
ensuite le processus s’arrête à la fin de son exécution sans intervention du contrôle.

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2 • Spécification 2.3 Les diagrammes flot de données
selon la méthode SA-RT

2.3 Les diagrammes flot de données


2.3.1 Présentation d’un exemple simple d’application de contrôle-commande
Afin d’illustrer la méthodologie au fur et à mesure de la présentation, nous allons
présenter un exemple simple qui va être décliné en détail au cours de cet ouvrage.
Considérons un système de freinage automobile qui est constitué d’une part d’un
ensemble classique composé d’une pédale de frein (demande de freinage) et d’un frein
(actionneur de freinage) et d’autre part d’un système ABS (Anti-blocking Brake System).
Un capteur de glissement de roues est associé à ce système ABS. Pour simplifier, le
fonctionnement de l’ABS est basé sur un arrêt du freinage dès qu’un glissement est
détecté sur les roues, et cela même si la demande du conducteur est toujours effective.
Le conducteur a la possibilité d’activer ou non ce système ABS à l’aide d’un bouton
spécifique (bouton à deux positions stables : interrupteur). Un voyant permet de lui
indiquer l’activation du système ABS. En revanche, il n’est pas possible de désactiver
le système ABS en cours de freinage, c’est-à-dire pendant l’appui sur la pédale de frein.
La spécification fonctionnelle de cette application à l’aide de la méthode SA-RT va
s’effectuer en plusieurs étapes :
– diagramme de contexte ;
– diagramme préliminaire ;
– diagrammes de décomposition.

2.3.2 Diagramme de contexte d’une application


Le diagramme de contexte est une première étape extrêmement importante puis-
qu’elle va définir le contexte et l’environnement extérieur du système piloté. Nous
pouvons la considérer comme le contrat de réalisation entre le concepteur et son
client. Les bords de modèle ou terminaisons vont apparaître uniquement dans ce
diagramme. Les descriptions précises de ces terminaisons, ainsi que des données
ou éventuellement des événements entrants ou sortants de ceux-ci, sont à la charge
du donneur d’ordre. Un exemple générique d’un diagramme de contexte est donné
sur la figure 2.12.
Nous trouvons un et un seul processus fonctionnel, numéroté « 0 », qui traduit
l’application à réaliser effectivement par le concepteur. Autour de ce processus fonc-
tionnel, un ensemble de bords de modèles fournit ou consomme les données ou
événements de cette application. Ces bords de modèles peuvent donc être les éléments
physiques suivants :
– capteurs (thermocouples, dynamomètres, etc.) ;
– actionneurs (résistances chauffantes, vannes, etc.) ;
– opérateur(s) lié(s) à des capteurs (interrupteurs, potentiomètres, etc.) ;
– systèmes d’affichage (lampes, diodes, écran d’ordinateur, etc.) ;
– système de stockage ou de sauvegarde externe (disque, bande magnétique, etc.) ;
– système d’impression (imprimante, dérouleur papier, etc.) ;
– …

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2 • Spécification 2.3 Les diagrammes flot de données
selon la méthode SA-RT

Opérateur 1

Consigne_1
Capteur 1 Donnée_E_1 Donnée_S_1 Actionneur 1

Donnée_E_2 Piloter Donnée_S_2


Capteur 2 application Actionneur 2
0
Donnée_S_3
Capteur 3 Donnée_E_3 Actionneur 3
Affichage_1

Écran

Figure 2.12 – Diagramme de contexte générique de la méthode de spécification SA-RT.

L’ensemble des données ou événements échangés avec l’extérieur du « processus fonc-


tionnel », qui représente l’application, constitue les spécifications d’entrées et de
sorties de l’application. La description de ces entrées/sorties sera faite dans le diction-
naire de données (§ 2.5).
Dans l’exemple simple d’un système de freinage automobile (§ 2.3.1), le diagramme
de contexte est constitué du processus fonctionnel « Contrôler système freinage 0 »
et de cinq bords de modèles (figure 2.13) :
– terminaison « Pédale de frein » fournissant la donnée « Demande_freinage » ;
– terminaison « Bouton d’activation de l’ABS » fournissant la donnée « Activation_
ABS » ;
– terminaison « Capteur de glissement » fournissant la donnée « Glissement_roue » ;
– terminaison « Système de freinage » consommant la donnée « Commande_
freinage » ;
– terminaison « Voyant ABS » consommant la donnée « Affichage_ABS ».
Ce diagramme de contexte définit parfaitement l’interface entre le concepteur et le
client, c’est-à-dire les données à fournir ou à générer. La suite du travail d’analyse

Conducteur
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Pédale de frein Demande_freinage Mise_en_marche

Commande_freinage
Système de freinage
Contrôler
Bouton activation ABS système
Activation_ABS freinage
0 Voyant ABS
Affichage_ABS

Capteur glissement Glissement_roue

Figure 2.13 – Diagramme de contexte de l’application « système de freinage automobile ».

37
2 • Spécification 2.3 Les diagrammes flot de données
selon la méthode SA-RT

va donc se situer dans l’expression du processus fonctionnel à réaliser : « Contrôler


système freinage 0 ».

2.3.3 Diagramme préliminaire et diagrammes de décomposition


Le premier niveau d’analyse est représenté par le diagramme préliminaire. Ce
diagramme préliminaire est la première décomposition du processus à réaliser pré-
senté dans le diagramme de contexte. À ce niveau, le diagramme représente la liste
« graphique » des processus fonctionnels nécessaires à l’application sans se soucier
de l’enchaînement (séquence d’exécution).
Le nombre de processus fonctionnels, composant ce diagramme préliminaire, doit
être limité pour avoir une meilleure lisibilité : 5 à 9 maximum.
Dans ce cadre, nous pouvons aussi trouver un motif générique permettant de décrire
une fonction simple ou complexe de contrôle-commande en la divisant selon les
trois éléments de base, soit :
– un processus d’acquisition ;
– un processus de traitement (loi de régulation) ;
– un processus de commande.
Selon l’application, tout ou partie de ce diagramme flot de données générique peut
être présent pour chaque chaîne de contrôle-commande impliquée dans le niveau
d’analyse en cours d’élaboration. Ce diagramme flot de données générique peut être
utilisé au niveau du diagramme préliminaire ainsi que dans les niveaux d’analyse
suivant des diagrammes de décomposition.

Donnée_lue

Capteur_1
Actionneur_1
Acquérir Traiter Donnée_calculée Commander
donnée donnée actionneur
1 2 3

Capteur_2 Autre_Donnée_1 Actionneur_2

Autre_Donnée_2

Figure 2.14 – Décomposition fonctionnelle générique.

Le passage des données entre les processus fonctionnels peut être réalisé selon les
besoins avec les deux méthodes de base : flots de données direct (exemple entre les
processus 2 et 3) ou unité de stockage (cas des processus 1 et 2).
Ainsi, dans l’exemple simple d’un système de freinage automobile (§ 2.3.1), le dia-
gramme préliminaire est constitué de cinq processus fonctionnels (figure 2.15). Au
niveau de cet exemple simple, nous n’avons pas une décomposition fonctionnelle
aussi complexe que l’exemple générique présenté précédemment : seules les parties

38
2 • Spécification 2.3 Les diagrammes flot de données
selon la méthode SA-RT

Acquérir
demande Niveau_freinage
Demande_freinage freinage
1
Commande_freinage
Commander
Détecter État_glissement freinage
glissement 3
Glissement_roue de roue
2

Lire Afficher
État_bouton_ABS
bouton état bouton
ABS Affichage_ABS
Activation_ABS ABS
4

Figure 2.15 – Diagramme flot de données préliminaire de l’application


« système de freinage automobile ».

acquisition et commande sont présentes dans le cas du contrôle-commande du


freinage et du bouton ABS.
Nous pouvons souligner immédiatement la cohérence obligatoire entre le diagramme
de contexte (figure 2.13) et ce diagramme préliminaire au niveau des flots de données
entrants et sortants.
Le passage des données entre les processus fonctionnels est effectué de façon directe.
Il est important de noter que la donnée « Niveau_freinage » est de type entier ou
réel alors que les données « Etat_glissement » et « Etat_bouton_ABS » sont de type
booléen. Cela va entraîner dans la suite de cette analyse une modification de ce
diagramme préliminaire.
Cette décomposition fonctionnelle en diagrammes flots de données peut se pour-
suivre en raffinant de plus en plus la description des processus fonctionnels
(figure 2.16). Chaque diagramme de décomposition, associé à un processus fonc-
tionnel – numéroté « N » – du diagramme hiérarchiquement supérieur, est réfé-
rencé au niveau des processus fonctionnels par des numéros « N.x ».
L’exemple simple « système de freinage automobile » choisi pour illustrer la métho-
dologie n’est pas assez complexe pour justifier la décomposition d’un des processus
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

fonctionnels. Donc tous les processus fonctionnels du diagramme préliminaire de


la figure 2.15 sont des processus primitifs.
Lorsqu’il n’y a plus d’intérêt à décomposer un processus, celui-ci est appelé pro-
cessus primitif et doit être décrit par une spécification sous forme textuelle, tabulaire
ou graphique (voir ci-après).
Nous pouvons énoncer les deux premières règles de cohérence de cette décompo-
sition hiérarchique :
– l’ensemble des flots entrants et sortants du processus décomposé doit se retrouver
dans le diagramme de décomposition de ce processus avec les mêmes typages
(données ou événements) ;

39
2 • Spécification 2.3 Les diagrammes flot de données
selon la méthode SA-RT

Diagramme de contexte

Capteur1 a
Contrôler c
système Actionneur
0
Capteur2 b

Diagramme préliminaire

Processus
c
a Processus 3 Légende
1 d e

Processus
2
: Processus
Processus
Stockage b à décomposer

Diagramme de décomposition : Processus


Processus
primitif

a Processus
1.1 f d
Processus
1.2
Stockage

Figure 2.16 – Décomposition hiérarchique en diagramme flots de données


de la méthode d’analyse SA_RT.

– la numérotation des différents processus fonctionnels doit intégrer le numéro du


processus fonctionnel analysé « N » sous la forme « N.x » ;
– les stockages doivent apparaître dans tous les diagrammes où les processus les utili-
sent.

2.3.4 Conclusion
La décomposition hiérarchique fonctionnelle, explicitée dans ce paragraphe, est la
base de la méthode d’analyse SA-RT. Mais l’aspect temporel ou plus exactement le
contrôle de l’enchaînement dans l’exécution de ces différents processus fonctionnels
n’est pas décrit au travers de ces diagrammes flots de données. Ceci va donc faire
l’objet d’un complément au niveau de ces diagrammes par l’aspect « contrôle ».

40
2 • Spécification 2.4 L’aspect contrôle de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

2.4 L’aspect contrôle de la méthode SA-RT


2.4.1 Mise en place du processus de contrôle
Le processus de contrôle, tel que nous l’avons déjà explicité dans le paragraphe 2.2.2,
va permettre de spécifier l’enchaînement des différents processus fonctionnels de
l’application. Ainsi, ce processus de contrôle va être positionné dans le diagramme
préliminaire et dans les diagrammes de décomposition s’ils existent.

m Flots de contrôle et diagramme de contexte

Nous pouvons souligner qu’il ne peut pas exister de processus de contrôle au niveau
du diagramme de contexte puisqu’un seul diagramme fonctionnel est représenté.
En revanche, il est tout à fait possible d’avoir des flots de contrôle au niveau de ce
diagramme de contexte entre les terminaisons et le processus fonctionnel. Ces flots
de contrôle, correspondant à des signaux tout ou rien, doivent être réservés à des
signaux particuliers ne nécessitant aucun processus fonctionnel particulier (acqui-
sition, mise en forme…). Ainsi, nous pouvons citer les événements externes tels
que « frappe clavier », « click souris », « interrupteur de mise sous tension », etc.
Pour préciser de façon plus complète ces notions de signaux et d’événements, nous
pouvons considérer qu’un signal nécessite une acquisition (scrutation périodique
par exemple) et une mise en forme minimum. Le résultat de ce « prétraitement »
peut alors effectivement devenir un événement. La figure 2.17a illustre cette diffé-
rence signal/événement en considérant l’exemple d’un interrupteur. Le signal élec-
trique fourni par l’interrupteur tout ou rien peut être considéré comme un événement

Signal_interrupteur Acquérir Événement_interrupteur


(a) interrupteur
6

Processus fonctionnel

Bord de modèle

Signal_interrupteur Circuit Événement_interrupteur


(b)
anti-rebond
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Signal_interrupteur

Événement_interrupteur

Figure 2.17 – Méthodes de prise en compte d’un signal électrique afin de réaliser une trans-
formation données-événements : (a) processus fonctionnel dans le diagramme préliminaire,
(b) circuit électronique visualisé au niveau du diagramme de contexte.

41
2 • Spécification 2.4 L’aspect contrôle de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

s’il est directement compréhensible par le système informatique, par exemple


connexion à une ligne d’interruption. Dans le cas contraire, il nécessite une lecture
régulière et une mise en forme pour être intégré à la logique du programme. Il est
important de noter que ces processus de mise en forme des signaux afin de trans-
former une donnée en un événement peuvent parfois être remplacés de façon beau-
coup plus facile et efficace par un circuit électronique (figure 2.17b).
Dans le cas de l’exemple simple du système de freinage automobile (§ 2.3.1), le dia-
gramme de contexte peut être enrichi d’un flot de contrôle émanant d’un nouveau
bord de modèle « Conducteur » qui fournit un flot de contrôle « Mise_en_marche »
au processus fonctionnel (figure 2.18).

Conducteur

Pédale de frein Demande_freinage Mise_en_marche

Commande_freinage
Système de freinage
Contrôler
Bouton activation ABS système
Activation_ABS freinage
0 Voyant ABS
Affichage_ABS

Capteur glissement Glissement_roue

Figure 2.18 – Diagramme de contexte complet


de l’application « système de freinage automobile ».

Rappelons que l’ensemble des flots entrants et sortants de l’unique processus fonc-
tionnel du diagramme de contexte doit se retrouver dans le diagramme préliminaire
y compris les flots de contrôle s’ils existent.

m Processus de contrôle et diagramme préliminaire

Nous allons donc implanter un processus de contrôle dans le diagramme préliminaire


afin de coordonner l’exécution des différents processus fonctionnels. Les concepts
et les règles de mise en place de ce processus de contrôle sont identiques dans le cas
des diagrammes de décomposition. Ce processus de contrôle va donc interagir
avec un processus fonctionnel pour lancer ou activer son exécution et, en retour, le
processus fonctionnel fournira si nécessaire un événement indiquant le résultat de
son traitement afin de donner des informations utiles aux changements d’états du
contrôle. Nous pouvons ainsi illustrer cette interaction entre le processus de contrôle
et les processus fonctionnels selon le schéma générique utilisant la décomposition
fonctionnelle complète présentée sur la figure 2.14. Rappelons que l’événement
couplé « E/D » est utilisé pour piloter un processus fonctionnel de type « boucle
sans fin » et l’événement « T » est utilisé pour activer un processus fonctionnel de type
« début-fin ». Dans cet exemple de la figure 2.19, deux processus fonctionnels,
supposés de type « début-fin », sont activés l’un après l’autre par le processus de
contrôle par un événement « T » et envoient un événement de fin d’exécution vers

42
2 • Spécification 2.4 L’aspect contrôle de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

Autre_Donnée_2
Traiter
donnée
Donnée_lue 2
Donnée_calculée

Traitement_terminé T

Capteur_1 Actionneur_1
T E/D
Acquérir Contrôler Commander
donnée application actionneur
1 6 3
Capteur_2
Actionneur_2
Acquisition_terminée
Mise_en_marche

Figure 2.19 – Schéma générique de l’interaction


entre le processus de contrôle et les processus fonctionnels.

ce même processus de contrôle. Le troisième processus fonctionnel, activé par un


événement « E/D », est lié à la commande des actionneurs, qui doit être faite en
continu, soit type « boucle sans fin ».
Concernant cette mise en place d’un processus de contrôle dans un diagramme
préliminaire, nous pouvons faire plusieurs remarques :
– Un diagramme préliminaire ne doit contenir qu’un seul processus de contrôle.
En effet, il est difficilement concevable d’avoir plusieurs organes de contrôle-
commande pour une seule application, pour des raisons de cohérence.
– Un diagramme préliminaire, ou, a fortiori, un diagramme de décomposition, peut
ne pas avoir de processus de contrôle. Dans ce cas, tous les processus fonctionnels
sont supposés s’exécuter en même temps avec pour seule règle celle des flots de
données.
– Un processus fonctionnel peut ne pas être connecté au processus de contrôle.
Dans ce cas, il est supposé être activé au démarrage de l’application et ne jamais
s’arrêter. Aussi, pour augmenter la lisibilité, il est préférable de le connecter au
processus de contrôle avec un événement de type « E/D » et de l’activer définitive-
ment au début de l’application en utilisant l’événement « E ».
Dans le cas de l’exemple du système de freinage automobile, le diagramme préli-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

minaire, représenté sur la figure 2.15, va être modifié pour intégrer un processus de
contrôle. En particulier, les deux flots de données « Etat_glissement » et « Etat_
bouton_ABS » de type booléen deviennent des événements envoyés respectivement
par les processus fonctionnels « Détecter glissement roue » et « Lire boutons ABS ».
Nous obtenons alors le diagramme préliminaire complet de la figure 2.20.
Cet exemple de diagramme préliminaire, présenté sur la figure 2.20, doit faire
l’objet de plusieurs remarques qui sont généralisables à la réalisation d’un diagramme
préliminaire quelconque. Ainsi, nous pouvons noter :
– Tous les différents processus fonctionnels sont liés au processus de contrôle par
des flots de contrôle de type « E/D » ou « T ». Le choix de l’un ou l’autre de ces

43
2 • Spécification 2.4 L’aspect contrôle de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

Acquérir
demande
Demande_freinage freinage Pa Niveau_freinage
s_
1 de
_f
re
in

Fr
ag Commande_freinage
e

ein
Commander

ag
freinage

e
3
E/D
E/D
e_
Pas_d ent
m
Détecter glisse
glissement E/D Contrôler
Glissement_ de roue application
roue 2 G li s s 6
em ent E/D

T Afficher
acti

état bouton
S_

vé ABS
AB

cti Affichage_ABS
n _a 5
no
Lire S_
AB
bouton
Activation_ABS ABS Mise_en_marche
4

Figure 2.20 – Diagramme préliminaire complet


de l’application « système de freinage automobile ».

événements est fait, comme nous l’avons déjà vu, en fonction de la structure de
fonctionnement interne du processus fonctionnel : processus de type « boucle
sans fin » ou de type « début-fin ».
– Certains processus fonctionnels possèdent des retours d’exécution vers le processus
de contrôle. Dans ce cas, il est souhaitable d’expliciter les événements indiquant
le résultat du traitement, par exemple « ABS_activé ». Ces événements pour-
raient être caractérisés par des variables de type booléen ; ainsi l’absence d’occur-
rence de l’événement « ABS_activé » pourrait être interprétée comme NON
(« ABS_activé ») – NON étant l’opération booléenne. Mais, dans beaucoup de
cas, il est préférable pour des raisons de clarté opérationnelle, de faire apparaître
les deux événements possibles : « ABS_activé » et « ABS_non_activé ».
– Il ne faut pas oublier de connecter les flots de contrôle du diagramme précédent
réalisé dans l’analyse descendante, par exemple l’événement « Mise_en_marche »
du diagramme de contexte.
La mise en place du processus de contrôle au niveau d’un diagramme préliminaire
ou d’un diagramme de décomposition avait pour but d’exprimer l’exécution ou
l’enchaînement des processus fonctionnels. L’objectif n’est pas complètement atteint
puisque le diagramme flot de données ainsi complété ne reflète pas cette exécution.
Il est nécessaire d’ajouter cette information supplémentaire décrivant le fonction-
nement du processus de contrôle, cela se traduit généralement par un diagramme
état/transition que nous allons décrire dans le paragraphe suivant.

44
2 • Spécification 2.4 L’aspect contrôle de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

2.4.2 Diagramme état/transition


m Représentation d’un diagramme état/transition

Dans le cas où un diagramme flots de données possède un processus de contrôle,


la compréhension de ce diagramme de flot de données, tracé à un certain niveau
d’analyse, nécessite une description ou spécification du processus de contrôle.
Cette spécification, représentant l’aspect comportemental ou temps réel de l’appli-
cation, peut être faite de diverses manières : diagramme état-transition, table état-
transition, matrice état-transition ou éventuellement un grafcet.
La représentation la plus courante est le diagramme état-transition, ou automate
synchronisé, qui est composé de quatre éléments (figure 2.21) :
– état courant correspondant à un fonctionnement précis du système, en parti-
culier à un état des processus fonctionnels (exécution ou non) ;
– événement : occurrence d’un événement émanant d’un processus fonctionnel
vers le processus de contrôle qui va provoquer le franchissement de la transition
et donc faire changer l’état du système ;
– action : occurrence d’un événement émanant du processus de contrôle vers un
ou plusieurs processus fonctionnels pour les activer (« E » ou « T ») ou les désac-
tiver (« D »). Ces actions caractérisent l’effet du franchissement de la transition ;
– état suivant correspondant au fonctionnement après les actions faites par le
processus de contrôle en direction des processus fonctionnels.

État courant

événement
action

État suivant

Figure 2.21 – Représentation de base


d’une cellule élémentaire d’un diagramme état/transition.

Pour illustrer cette description du processus de contrôle avec un exemple très géné-
rique, reprenons le diagramme préliminaire de la figure 2.19 qui représente la
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

coordination d’un système acquisition-traitement-commande par un processus de


contrôle. La figure 2.22 montre la séquentialité évidente de l’exécution d’une telle
application. À propos de ce diagramme état/transition, nous pouvons faire les
remarques générales suivantes :
– Les noms des différents états atteints par le système explicitent l’état de fonction-
nement du système. Ces états ne doivent pas en principe être des états fugitifs.
– Les événements intervenant au niveau de la transition entre ces états doivent
tous appartenir au diagramme préliminaire et réciproquement tous les événements
du diagramme état/transition doivent être représentés dans le diagramme préli-
minaire.

45
2 • Spécification 2.4 L’aspect contrôle de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

État repos

Mise_en_marche
<E> 3
<T> 1

Phase d’acquisition

Acquisition_terminée
<T> 3

Phase de traitement

Traitement_terminé
<T> 1

Figure 2.22 – Représentation du diagramme état/transition


du processus de contrôle du diagramme préliminaire de la figure 2.19.

– Les actions du processus de contrôle sur les processus fonctionnels sont notées
par « < E ou D ou T > + numéro ou nom du processus fonctionnel ». Il peut y avoir
plusieurs actions de ce type associées à une seule transition.

Mise en marche
<E> 1
<D> 5
Pas de freinage
demandé

Freinage
<T> 4
<E> 3

Test
Pas de freinage Pas de freinage Pas de freinage
ABS
<D> 3 <D> 3 <D> 3
<D> 2 <D> 2 ABS_activé ABS_non_activé
<E> 5 <D> 5
<E> 2

Freinage Freinage
avec ABS sans ABS

Glissement Pas de Glissement


<D> 3 <E> 3

Pas de freinage
(ABS)

Figure 2.23 – Première représentation du diagramme état/transition du processus de contrôle


« Contrôler application » du diagramme préliminaire de l’application « système de freinage
automobile » : comportement non conforme.

46
2 • Spécification 2.4 L’aspect contrôle de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

Si nous considérons l’exemple du système de freinage automobile, une solution pos-


sible du diagramme état/transition du processus de contrôle « Contrôler application »
du diagramme préliminaire est présentée sur la figure 2.23. Ce diagramme état/
transition explique le comportement de l’application.
Une analyse rapide de cet exemple simple montre une incohérence dans ce compor-
tement ; en effet, l’état initial de l’application « Pas de freinage demandé » n’est
sensible qu’à l’occurrence de l’événement « Freinage » provenant du processus fonc-
tionnel 1 « Acquérir demande freinage ». Le bouton d’activation ou de désactivation
du système ABS avec le voyant associé n’est pris en compte que lors d’un freinage
(événement « Freinage »). Ce comportement ne correspond pas à un fonctionnement
correct du système où le conducteur doit accéder à cette fonction et voir son résultat
en dehors de la phase de freinage. En effet, avec un tel diagramme état/transition,
le conducteur ne peut voir la modification du voyant ABS qu’en actionnant la pédale
de frein.
Un deuxième diagramme état/transition propose un autre comportement de l’appli-
cation plus conforme aux spécifications d’un tel système. Ce diagramme état/tran-
sition, présenté sur la figure 2.24 (page suivante), montre clairement les deux fonc-
tionnements du système en cas de freinage avec le système ABS activé ou sans le
système ABS. Dans ce cas du diagramme état/transition, le conducteur voit immé-
diatement la modification du voyant ABS lors de l’appui sur le bouton ABS.
Une modification au niveau des événements d’activation par le processus de contrôle
a été effectuée pour le processus 4 « Lire bouton ABS ». Dans le diagramme préli-
minaire de la figure 2.20, l’événement est de type « T ». Or, dans le nouveau dia-
gramme état/transition de la figure 2.24 par rapport au premier diagramme de la
figure 2.23, cet événement est de type « E/D ». Il est très important de noter que,
pour conserver la cohérence entre les diagrammes d’analyse, c’est-à-dire le diagramme
préliminaire et le diagramme état/transition du processus de contrôle, il est indis-
pensable de modifier le diagramme préliminaire de la figure 2.20 comme le montre
la figure 2.25, page suivante.

m Règles générales d’élaboration d’un diagramme état/transition


L’exemple simple traité précédemment montre de façon évidente qu’il est indis-
pensable de conduire en parallèle d’une part la réalisation du diagramme prélimi-
naire au niveau de la mise en place du processus de contrôle et d’autre part la
construction du diagramme état/transition de ce processus de contrôle. En effet, que
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

ce soit au niveau des événements d’activation ou de désactivation issus du processus


de contrôle, ou pour les événements provenant des processus fonctionnels, il est
nécessaire de les mettre en place dans le diagramme préliminaire au fur et à mesure
de la construction du diagramme état/transition. Aussi, à la fin de ce travail, nous
devons vérifier impérativement que tous les événements du diagramme préliminaire
ont été utilisés et uniquement ceux-ci.
D’autre part, le passage d’un état à un autre dans un diagramme état/transition peut
être réalisé par l’occurrence d’un événement ou de la combinaison logique de plu-
sieurs événements. Il est donc possible d’utiliser les opérateurs de la logique com-
binatoire pour grouper les événements : ET, OU, NON. Dans ce cas, il faut être
vigilant pour ne pas diminuer fortement la lisibilité du diagramme qui représente

47
2 • Spécification 2.4 L’aspect contrôle de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

Mise en marche
<E> 1, <E> 4, <D> 5

État initial
et test ABS

ABS_activé ABS_non_activé
<E> 5 <D> 5

ABS_non_activé
<D> 5
ABS activé ABS non activé
pas de freinage pas de freinage
ABS_activé
<E> 5
Freinage Pas de freinage Freinage Pas de freinage
<E> 3, <E> 2 <D> 3, <D> 2 <E> 3 <D> 3

Freinage Freinage
avec ABS sans ABS

Glissement Pas de Glissement


<D> 3 <E> 3

Pas de freinage
(ABS)

Figure 2.24 – Deuxième représentation plus correcte du diagramme état/transition du processus


de contrôle « Contrôler application » du diagramme préliminaire de l’application « système de
freinage automobile ».

Contrôler Contrôler
Application Application
6 6
e

T E/D

é
tiv
cti

ac
_a

ée ée
S_
S

v v
cti cti
AB

AB

_a _a
on on
S_n S_n
Lire AB Lire AB
bouton bouton
ABS ABS
4 4
Activation_ABS Activation_ABS

Figure 2.25 – Modification du diagramme préliminaire de l’application « système de freinage


automobile » de la figure 2.20 pour garder la cohérence avec le diagramme état/transition de
la figure 2.24.

48
2 • Spécification 2.5 Spécification des processus primitifs
selon la méthode SA-RT

État 1

e1 ET e2 NON (e3)
<E> 3 <D> 1

État 2

e3 OU e4 e5 ET (e1 OU e3)
<E> 6 <D> 1

État 3

Figure 2.26 – Exemple d’utilisation de combinaisons logiques d’événements.

le fonctionnement de l’application (figure 2.26). Aussi, il est fortement déconseillé


d’utiliser des combinaisons « complexes » d’événements comme celui du passage
de l’état 3 à l’état 2 de la figure 2.26. Ainsi, se limiter à la combinaison de deux évé-
nements semble être une règle de bon compromis : lisibilité et puissance d’expression.

2.5 Spécification des processus primitifs


Le processus du diagramme de contexte étant numéroté « 0 », les processus du dia-
gramme préliminaire seront notés 1, 2, 3… Les processus de ce diagramme flot de
données sont ensuite décomposés si nécessaire et décrits par des diagrammes flot
de données, appelés diagrammes de décomposition. Ainsi, la décomposition du
processus « 1 » donnera naissance à des processus numérotés « 1.1, 1.2, 1.3… ».
Lorsque le processus fonctionnel est suffisamment simple, c’est un processus primitif ;
il doit être décrit par une spécification sous forme textuelle (spécification procédu-
rale, par précondition et postcondition), tabulaire ou graphique. La méthode SA-RT
n’étant pas normalisée et sans indication particulière concernant la spécification des
processus primitifs, les utilisateurs décrivent ces processus fonctionnels selon les
méthodes usitées dans l’entreprise.
Une des méthodes de spécifications de processus fonctionnels, la plus usitée et adaptée
à ce domaine, est celle qui s’appuie sur une spécification procédurale. Celle-ci se
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

décline en 6 mots-clés :
– « E/ données : Nom_flots_de_données… » : liste des flots de données en entrée
du processus fonctionnel ;
– « E/ événements : Nom_flots_d’événements… » : liste des flots d’événements en
entrée du processus fonctionnel, c’est-à-dire en général « E/D » ou « T », ou
éventuellement les événements produits directement par les bords de modèle ;
– « S/ données : Nom_flots_de_données… » : liste des flots de données en sortie du
processus fonctionnel ;
– « S/ événements : Nom_flots_d’événements… » : liste des flots d’événements en
sortie du processus fonctionnel ;

49
2 • Spécification 2.5 Spécification des processus primitifs
selon la méthode SA-RT

– « Nécessite : » : liste des contraintes sur les données en entrée du processus


fonctionnel ;
– « Entraîne : » description algorithmique du traitement à réaliser.
Dans le cas de l’exemple simple « système de freinage automobile », nous allons
considérer le processus fonctionnel 1 « Acquérir demande de freinage ». La descrip-
tion procédurale de ce processus est la suivante :

Processus_fonctionnel : Acquérir demande freinage


E/ données : Demande_freinage
E/ événements : E/D
S/ données : Niveau_freinage
S/ événements : Freinage, Pas_de_freinage
Nécessite : Demande_freinage = 0
Entraîne :
Faire toujours
Acquérir Demande_freinage
Émettre Niveau_freinage vers Processus 3 (Commander freinage)
Si Demande_freinage > 0
Alors Émettre Freinage vers Processus de contrôle 6
(Contrôler freinage)
Sinon Émettre Pas_de_freinage vers Processus de contrôle 6
(Contrôler freinage)
Finsi
Fin faire

Il est aussi possible de faire une spécification de type pré et postcondition sur le
modèle suivant :
– « Précondition : » : liste des flots de données ou d’événements en entrée du pro-
cessus fonctionnel ave les conditions associées.
– « Postcondition » : liste des flots de données ou d’événements en sortie du pro-
cessus fonctionnel ave les conditions associées.
Donc, dans le cas de l’exemple simple « système de freinage automobile », nous avons
le processus fonctionnel 1 « Acquérir demande de freinage » spécifié de la façon
suivante :

Processus_fonctionnel : Acquérir demande freinage


Précondition :
Demande_freinage est fourni et Demande_freinage = 0
E est fourni
Postcondition :
Niveau_freinage est fourni
Freinage est fourni si Demande_freinage > 0
Pas_de_freinage est fourni si Demande_freinage = 0

50
2 • Spécification 2.6 Spécification des données
selon la méthode SA-RT

2.6 Spécification des données


Au fur et à mesure de la réalisation des différents diagrammes flots de données
(diagramme de contexte, diagramme préliminaire et diagrammes de décomposition),
un ensemble de données et d’événements est défini. Les données et les événements,
qui interviennent à tous les stades du modèle, sont alors réunis dans un dictionnaire
de données.
De la même manière que, pour la spécification des processus primitifs, il n’y a pas de
méthode imposée, les utilisateurs spécifient les données selon les méthodes person-
nalisées dans l’entreprise. Pour cet aspect informationnel de SA-RT, nous allons
décrire deux méthodes qui peuvent répondre à des besoins simples de spécifications
des données : représentation textuelle et représentation graphique. Des méthodes
plus complexes et plus formelles existent et sont nécessaires si les données au niveau
de l’application ont une place importante en nombre ou en complexité.

2.6.1 Représentation textuelle des données


La spécification des données de manière textuelle peut utiliser une notation précise
comme celle basée sur la notation BNF (Backus-Naur Form) décrite dans le
tableau 2.2.

Tableau 2.2 – Notation B.N.F. permettant de spécifier les données.

Symbole Signification

=… Composé de…

*……* Commentaire

+ Regroupement sans ordre

{……} Itération non bornée

n{……}p Itération de n à p

(……) Optionnel
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

" ……" Expression littérale

(…|…) ou (…/…) Ou exclusif

Ainsi, nous pouvons proposer une description de chaque donnée ou événement de


la façon suivante :
– Donnée ou événement à spécifier = désignation.
– Rôle : description fonctionnelle de la donnée ou de l’événement.
– Type : description du codage, domaine de valeurs, etc.

51
2 • Spécification 2.6 Spécification des données
selon la méthode SA-RT

La désignation de la donnée ou de l’événement peut être faite avec quelques mots


prédéfinis : signal en entrée, signal en sortie, événement en entrée, événement en
sortie, donnée interne, événement interne ou composition formée d’un ensemble
des éléments précédents.
La formalisation de la représentation est limitée, mais elle permet toutefois d’avoir
une description homogène et précise de l’ensemble des données ou des événements.
En particulier, cette représentation permet d’exprimer la composition entre plusieurs
données ou événements. Ainsi, nous pouvons donner les quelques exemples suivants :
– Opérateur de composition « = » et opérateur de séquence « + »
Pression = Pression_air + Pression_huile
– Opérateur de sélection « [ ] » et ou exclusif « | » ou « / »
Pression = [Pression_calculée/Pression_estimée]
– Opérateur d’itération « { } » et avec bornes
Pressions = 1{Capteur_pression}5
– Opérateur indiquant le caractère optionnel « ( ) »
Température = Capteur_température + (Valeur_par_défaut)
Pour l’exemple simple « système de freinage automobile » qui nous intéresse, le
dictionnaire de données est assez limité puisque nous avons seulement 6 données
et 7 événements. Ainsi, nous obtenons :

Demande_freinage = Signal en entrée


Rôle : donne un signal proportionnel à l’appui sur la pédale de frein
Type : entrée analogique codée de type entier sur 8 bits, conversion :
[0-5V] -> [0-255]
Activation_ABS = Signal en entrée
Rôle : donne la position de l’interrupteur ABS
Type : entrée numérique de type booléen
Glissement_roue = Signal en entrée
Rôle : donne l’état du glissement de la roue
Type : entrée numérique de type booléen
Affichage_ABS = Signal en sortie
Rôle : permet d’allumer le témoin d’ABS (lampe ou LED)
Type : sortie numérique de type booléen
Commande_freinage = Signal en sortie
Rôle : permet de commander le frein
Type : sortie analogique de type entier codée sur 8 bits, conversion :
[0-255] -> [0-10V]
Mise en marche = Événement en entrée
Rôle : indique la mise en marche du véhicule
Type : entrée numérique de type booléen

52
2 • Spécification 2.6 Spécification des données
selon la méthode SA-RT

Niveau_Freinage = Donnée interne


Rôle : donne la valeur du freinage à transmettre au frein
Type : entier codée sur 8 bits
Freinage, Pas_de_freinage = Événements internes
Rôle : indique l’appui ou non du conducteur sur la pédale de frein
Type : type booléen (vrai : freinage demandé et faux : pas de freinage)
ABS_activé, ABS_non_activé = Événements internes
Rôle : indique l’activation du système ABS par le conducteur
Type : type booléen (vrai : ABS activé et faux : ABS non activé)
Glissement, Pas_de_glissement = Événements internes
Rôle : indique l’état du glissement de la roue
Type : type booléen (vrai : glissement et faux : pas de glissement)

2.6.2 Représentation graphique des données


Une autre représentation des données et des événements, qui interviennent à tous les
stades du modèle, est une représentation graphique de type Jackson. Cette notation
est équivalente à la notation BNF. Nous pouvons donner quelques exemples simples
correspondant à ceux du paragraphe précédent, soit la représentation d’une séquence
ou d’un « ou exclusif » (figure 2.27), soit la représentation d’une itération avec ou
sans bornes (figure 2.28).

Séquence Ou exclusif
Pression Pression

Pression Pression Pression Pression


air huile calculée estimée

Figure 2.27 – Représentation graphique d’une donnée :


séquence et « ou exclusif ».
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Itération Itération
Pression avec bornes Pression

Pression 1-5 Pression


! !
air air

Figure 2.28 – Représentation graphique d’une donnée :


itération avec ou sans bornes.

53
2 • Spécification 2.7 Organisation générale de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

2.7 Organisation générale de la méthode SA-RT


La description précédente nous a permis de présenter la méthode d’analyse SA-RT
dans sa globalité. Les traits essentiels de cette méthodologie hiérarchique descendante
résident dans la mise en avant des aspects fonctionnels et comportementaux (exé-
cution) de l’application analysée. L’aspect informationnel, description des données
au sens large du terme, est traité de façon minimale.
Le schéma de la figure 2.29 présente l’organisation générale de la méthode SA-RT
avec l’enchaînement des différentes étapes et l’ensemble des documents produits.
Nous pouvons ainsi décliner :
– Diagramme de contexte : premier diagramme flot de données permettant de
décrire l’environnement de l’application à développer.
– Diagramme préliminaire : diagramme flot de données présentant le premier
niveau d’analyse fonctionnelle de l’application.
– Diagrammes de décomposition : diagramme flot de données présentant les ana-
lyses des processus fonctionnels non primitifs.
– Spécifications des processus fonctionnels primitifs : spécification textuelle des
fonctions réalisées par les processus fonctionnels.
– Spécifications des processus de contrôle : diagrammes état/transition décrivant
le fonctionnement des processus de contrôle.
– Dictionnaire de données : liste exhaustive des données et des événements utilisés
dans la spécification.
Il est évident que l’ensemble de ces diagrammes doit être cohérent par rapport aux
deux points de vue :
– Cohérence de l’analyse :
• Diagramme de contexte, diagramme préliminaire, diagramme de décompo-
sition, spécification d’un processus primitif.
• Processus de contrôle dans un diagramme « flots de données », diagramme
état/transition du processus de contrôle.
– Cohérence de l’enchaînement des différentes étapes
• Données et événements correspondant entre deux diagrammes flots de données.
• Événements identiques entre un diagramme flot de données intégrant un pro-
cessus de contrôle et le diagramme état/transition du processus de contrôle.
Nous pouvons ainsi rappeler les différentes règles d’élaboration des diagrammes flots
de données que nous avons vues au cours des paragraphes précédents :
– Un seul processus fonctionnel et pas de processus de contrôle dans un diagramme
de contexte.
– Le nombre de processus fonctionnels, composant un diagramme préliminaire,
doit être limité de 5 à 9 maximum.
– Les stockages doivent apparaître dans tous les diagrammes où les processus les
utilisent.

54
2 • Spécification 2.7 Organisation générale de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

Diagramme de contexte

Diagramme X a
de contexte Système c
de Z
b contrôle
X

Diagramme préliminaire
Diagramme a h 4 g
préliminaire 1 3 c
d e
2 Diagramme E-T du 4
Diagramme E-T du 4
Spécification
b f des processus
de contrôle
Diagramme de décomposition
h
Diagramme de a k 1.4
décomposition 1.1
Spécif du 2
i 1.2 Spécif du 3
j d
1.3 Spécif du 1.1
Spécif du 1.2
Spécif du 1.3 Spécification
des processus
onna
ire des d
onné primitifs
Dicti es
Dictionnaire a = ..
...
des données
b = ..
...

Figure 2.29 – Organisation générale de la méthode SA-RT.

– Un seul ou aucun processus de contrôle par niveau de diagramme : diagramme


préliminaire ou diagrammes de décomposition.
– L’ensemble des flots entrants et sortants du processus décomposé doit se retrouver
dans le diagramme de décomposition de ce processus avec les mêmes typages.
– La numérotation des différents processus fonctionnels doit intégrer le numéro
du processus fonctionnel analysé « N » sous la forme « N.x ».
– Un processus fonctionnel peut ne pas être connecté au processus de contrôle.
Dans ce cas, il est supposé être activé au démarrage de l’application et ne jamais
s’arrêter.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

– Les événements intervenant au niveau de la transition entre les états du dia-


gramme état/transition doivent tous appartenir au diagramme flot de données et
réciproquement tous les événements du diagramme flot de données doivent être
utilisés dans le diagramme état/transition.
– Pas de flots de données entre les processus fonctionnels et le processus de contrôle.
– Pas de flots d’événements entre les processus fonctionnels.
Les deux dernières règles sont essentielles et, de façon plus générale, nous pouvons
décrire les possibilités de relations entre les différentes entités du modèle SA-RT par
le tableau 2.3 pour les flots de données et tableau 2.4 pour les flots de contrôle.

55
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

Tableau 2.3 – Liaisons flots de données entre les entités du modèle SA-RT.

Vers Processus Processus Unité Bord


De fonctionnel de contrôle de stockage de modèle

Processus fonctionnel OUI

Processus de contrôle NON NON

Unité de stockage OUI NON NON

Bord de modèle OUI NON OUI –

Tableau 2.4 – Liaisons flots de contrôle entre les entités du modèle SA-RT.

Vers Processus Processus Unité Bord de


De fonctionnel de contrôle de stockage modèle

Processus fonctionnel NON

Processus de contrôle OUI OUI

Unité de stockage NON OUI* NON

Bord de modèle OUI OUI OUI* –

* si le modèle intègre le stockage d’événements.

2.8 Exemples
Nous allons mettre en œuvre cette méthodologie d’analyse SA-RT pour quelques
exemples plus complexes que l’exemple décrit jusqu’à présent « système de freinage
automobile ». Toutefois, nous nous limitons à la description principale, c’est-à-dire :
diagramme de contexte, diagramme préliminaire avec un processus de contrôle et
diagramme état/transition du processus de contrôle.

2.8.1 Exemple : gestion de la sécurité d’une mine

m Présentation du cahier des charges

En plus de la gestion automatisée d’une mine, l’aspect sécurité est le point essentiel
de la gestion d’une zone d’extraction de minerai, située en sous-sol, avec une pré-
sence humaine. Nous allons limiter notre étude au système de gestion de la sécurité
qui concerne principalement le contrôle des deux fluides :
– Eau : les eaux de ruissellement sont évacuées par un ensemble de conduites vers
un lieu unique, appelé puisard. Le niveau de ce puisard, qui récupère toutes les

56
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

eaux, est contrôlé en permanence avec une évacuation à l’aide de pompes afin
de la maintenir entre deux valeurs de niveaux.
– Air : la ventilation des galeries de la mine est effectuée en permanence. Lors de
l’extraction, il peut se produire un accès accidentel à une poche de gaz comme
du méthane. Fortement toxique, la meilleure protection consiste à procéder à
l’évacuation de la zone ou de la mine entière sachant que le volume de méthane
n’est, a priori, pas connu. D’autre part si le niveau de méthane est élevé, il faut
éviter toutes les productions d’étincelles (moteur…).
Nous allons considérer un système simple de gestion de la sécurité de la mine vis-
à-vis de ces deux facteurs. Le pilotage de cet ensemble comprend donc les éléments
suivants (figure 2.30) :
– un capteur analogique de niveau d’eau, appelé LS (Level Sensor), pour détecter
les deux niveaux limites de régulation, soit le niveau bas (LLS, Low Level Sensor)
et le niveau haut (HLS, High Level Sensor) ;
– une pompe à eau à débit réglable permettant l’évacuation du puisard ;
– un capteur analogique du taux de méthane contenu dans l’air, appelé MS
(Methane Sensor) ;
– une interface vers l’opérateur pour affichage de l’alarme.

Console
opérateur

Système
Commande de contrôle
pompe

MS LS
Pompe
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

HLS

Puisard LLS

Figure 2.30 – Représentation schématique


de l’application de la gestion de l’aspect sécurité d’une mine.

57
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

La mine doit donc fonctionner tant que la sécurité maximale peut être maintenue.
Ainsi, les indications générales ou règles de fonctionnement sont les suivantes :
– Règle 1 : La pompe doit être mise en route si le niveau d’eau dépasse le niveau
maximum (LS > HLS). La pompe s’arrête dès que le niveau descend en dessous
de la valeur inférieure (LS < LLS).
– Règle 2 : Une alarme doit être lancée vers la console de l’opérateur dès que le
niveau limite du capteur MS est franchi afin de pouvoir opérer une évacuation
de la mine. Cette valeur limite est appelée MS_L1 (Methane Sensor Level 1).
– Règle 3 : La pompe ne doit pas fonctionner quand le niveau du capteur de
méthane (MS) est supérieur à une limite fixée MS_L2 (Methane Sensor Level 2)
avec la condition MS_L2 > MS_L1 afin d’éviter les risques d’explosion.
Dans cet exemple d’application simple, nous sommes donc en présence de deux lignes
de régulation : le contrôle du niveau de l’eau dans le puisard (règle 1) et le contrôle
du taux de méthane dans l’air (règle 2). L’interaction entre ces deux régulations se
situe au niveau de la commande de la pompe pour l’évacuation de l’eau du puisard
dont le fonctionnement est lié non seulement au niveau d’eau, mais aussi au taux
de méthane (règle 3).

m Analyse SA-RT

M Diagramme de contexte

Le premier niveau d’analyse consiste à élaborer le diagramme de contexte de l’appli-


cation. Ce diagramme, représenté sur la figure 2.31, intègre les quatre bords de
modèle correspondant aux deux entrées ou capteurs (capteur de méthane, capteur
de niveau d’eau) et aux deux sorties ou actionneurs (pompe, console opérateur). Il
est souvent nécessaire d’ajouter un événement de démarrage « Mise_sous_tension »
délivré par un bord de modèle « interrupteur ». Le processus fonctionnel initial 0
« Gérer sécurité mine » constitue l’application à réaliser. En résumé, en plus de

Interrupteur

Console Mise_sous_tension
opérateur
Pompe
MS

Commande_pompe
Gérer
sécurité
mine
0
Capteur LS Alarme Console
niveau eau
opérateur

Figure 2.31 – Analyse SA-RT de l’application de la gestion de l’aspect sécurité d’une mine :
Diagramme de contexte.

58
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

l’événement « Mise_sous_tension », nous avons quatre flots de données : deux entrants


(MS, LS) et deux sortants (Commande_pompe, Alarme). L’ensemble de ces flots doit
se retrouver dans le diagramme préliminaire : premier niveau d’analyse du processus
fonctionnel 0.

M Diagramme préliminaire et diagramme état/transition


Le diagramme préliminaire, présenté sur la figure 2.32, donne une analyse ou décom-
position fonctionnelle du processus fonctionnel initial 0 « Gérer sécurité mine ».
Cette analyse fait apparaître quatre processus fonctionnels de base et un processus
de contrôle permettant de séquencer l’ensemble. Nous pouvons vérifier la cohérence
des flots de données ou d’événements entrants ou sortants par rapport au dia-
gramme de contexte.
Les processus 1 (Acquérir capteur méthane) et 4 (Afficher alarme) concernent le
contrôle du taux de méthane dans l’air avec un processus d’acquisition et de compa-
raison aux niveaux de consignes (MS_L1, MS_L2) stockés dans une mémoire de
stockage « Niveaux_consignes_méthane » et un processus de commande pour déclen-
cher l’alarme.

Mise_sous_tension
MS_L1 dépassée
Afficher Alarme
Acquérir
MS alarme
capteur Consig
ne_resp E/D 4
ectée
méthane
1
E/D Contrôler
mine
5
Niveaux_ MS_L2 dépassée
Consignes_méthane
E/D

Niveaux_ Niveau_LLS
Consignes_eau E/D

Niveau_HLS Commande_pompe
Commander
pompe
3
LS Acquérir
capteur eau Vitesse_pompe
2
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Figure 2.32 – Analyse SA-RT de l’application de la gestion de l’aspect sécurité d’une mine :
Diagramme préliminaire.

Les processus 2 (Acquérir capteur eau) et 3 (Commander pompe) concernent la


régulation du niveau d’eau dans le puisard avec un processus d’acquisition et de
comparaison aux niveaux de consignes (LLS, HLS) stockés dans une mémoire de
stockage « Niveaux_consignes_eau » et un processus de commande de la pompe.
Contrairement à la chaîne de régulation du taux de méthane où les deux processus
fonctionnels sont indépendants en termes de données, les deux processus fonction-
nels de la chaîne de régulation du niveau d’eau sont liés par le transfert d’une donnée
« Vitesse_pompe » qui est, par exemple, proportionnelle à la hauteur du niveau d’eau.

59
60
Mise_sous_tension
<E> Acquérir capteurs air
<E> Acquérir capteurs eau

Consigne respectée
<D> Afficher alarme
Fonctionnement
nominal
de la mine
selon la méthode SA-RT
2 • Spécification

Niveau HLS Niveau LLS


<E> Commander pompe <D> Commander pompe

État alerte
(consignes dépassées) Pompe
en marche

Niveau HLS ET NON (MS L2 dépasser) Chauffage_terminé Niveau HLS ET NON (MS L1 dépasser)
<E> Commander pompe <T> Analyser température <E> Commander pompe
<E> Afficher alarme

MS L1 dépassée Consigne respectée


<E> Afficher alarme <D> Afficher alarme
État alerte
(consignes dépassées)
et pompe en marche

Figure 2.33 – Analyse SA-RT de l’application de la gestion de l’aspect sécurité d’une mine :
Diagramme état/transition.
2.8 Exemples
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

Le processus de contrôle est lié aux différents processus fonctionnels par des événe-
ments qui sont mis en place en même temps que la réalisation du diagramme état/
transition de la figure 2.33. Ce diagramme état/transition, description du fonc-
tionnement du processus de contrôle 5 (Contrôler mine), comprend quatre états :
– fonctionnement nominal de la mine (niveau d’eau inférieur à HLS et taux de
méthane inférieur à MS_L1) ;
– pompe en marche (niveau d’eau supérieur à LLS) ;
– état alerte (consigne MS_L1 dépassée et niveau d’eau inférieur à HLS, ou consigne
MS_L2 dépassée et niveau d’eau quelconque) ;
– état alerte (consigne MS_L1 dépassée) et pompe en marche.
Nous pouvons remarquer que, dans ce diagramme état/transition complexe, nous
avons utilisé dans certains cas des combinaisons logiques de deux événements pour
passer d’un état à l’autre, par exemple « MS_L2_dépassée OU Niveau_LLS » pour
passer de l’état « État alerte et pompe en marche » à l’état « État alerte ».
D’autre part, ce diagramme état/transition fait l’hypothèse pour la surveillance du
taux de méthane que les événements « MS_L1_dépassée » et « MS_L2_dépassée » se
produisent toujours dans l’ordre cité et, lors du retour à la situation normale, l’évé-
nement « Consigne_respectée » est émis.

2.8.2 Exemple : pilotage d’un four à verre


m Présentation du cahier des charges
Un four pour la fabrication du verre fonctionne de façon continue aussi bien du
point de vue de l’approvisionnement en matières premières (sables) que du point de
vue de l’utilisation du produit (verre). En effet, le four doit rester en fonctionnement
permanent avec un niveau toujours suffisant de matières fondues à température
constante, une évacuation du trop plein étant prévue en cas d’attente prolongée
d’utilisation du verre. Cette application a été simplifiée afin de limiter l’analyse.
Le contrôle-commande de cette application est fait par l’intermédiaire de 3 capteurs
(capteur de température, capteur de niveau du four et capteur de détection de
l’arrivée de matières premières) et de 2 actionneurs (commande d’approvisionne-
ment en matières premières, chauffage du four). Nous avons donc comme précé-
demment deux chaînes de régulation : température et approvisionnement en sable.
Une représentation schématique de cette application est présentée sur la figure 2.34.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

L’acquisition de la température, à partir de capteurs de type thermocouple, doit se


faire à des moments réguliers en utilisant l’horloge temps réel interne du système.
Le traitement du « signal température » permet de faire un calcul précis de la tem-
pérature (approximation polynomiale correspondant au thermocouple) et lance
une tâche de commande de chauffage si la température du four est inférieure à la
température de consigne. Le principe de chauffage du four se fait à partir d’ondes
hautes fréquences pulsées. Ce chauffage est effectué pendant un temps fixé court
mais avec une intensité qui peut dépendre du chauffage nécessaire.
L’acquisition du niveau de matière est liée à l’interruption générée de façon apério-
dique par les tombées successives mais non régulières du sable détectées par le capteur.
Cette détection est réalisée par un capteur tout ou rien comme une cellule photo-

61
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

Capteur
détection sable

Capteur de niveau
Commande sable du four
d’approvisionnement

Capteur
de température

Chauffage
verre
du four

Figure 2.34 – Représentation schématique


de l’application de la gestion d’un four à verre.

électrique. Le paramètre « niveau de matière » va impliquer l’approvisionnement


ou non en matières premières en commandant la vitesse d’approvisionnement en
fonction du paramètre « niveau du four ». Mais cette régulation dépend aussi de la
valeur de la température. En effet, afin d’éviter une solidification du sable fondu, il
est nécessaire de limiter l’apport en matières premières si la température n’est pas
suffisante.

m Analyse SA-RT

M Diagramme de contexte
La première étape d’analyse consiste à élaborer le diagramme de contexte de l’appli-
cation. Ce diagramme, représenté sur la figure 2.35, intègre les six bords de modèles
correspondant aux trois entrées ou capteurs (capteur de température – thermocouple,
capteur de niveau de sable, capteur tout ou rien de détection d’arrivée du sable) et
aux deux sorties ou actionneurs (approvisionnement en sable, commande du four de
chauffage). Le dernier bord de modèle correspond à la console opérateur qui fournit
les deux événements : « Arrêt » et « Marche ». Ces événements ne sont utilisés que
pour le démarrage de l’application et éventuellement son arrêt. Le processus fonc-
tionnel initial 0 « Piloter four à verre » constitue l’application à étudier. En résumé,
en plus des deux événements précédemment cités, nous avons cinq flots de données :
trois flots entrants (Température, Niveau_sable, Arrivée_sable) et deux flots sortants
(Sable, Chauffage). L’ensemble de ces flots doit se retrouver dans le diagramme pré-
liminaire : premier niveau d’analyse du processus fonctionnel 0.

62
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

Console opérateur

Capteur de température
Arrêt Marche

Commande approvisionnement
Température
Sable
Piloter
Capteur de niveau four à verre
Niveau_sable 0
Chauffage

Arrivée_sable
Capteur Commande chauffage
de détection arrivée sable

Figure 2.35 – Analyse SA-RT de l’application de la gestion d’un four à verre :


Diagramme de contexte.

M Diagramme préliminaire et diagramme état/transition

Le diagramme préliminaire, présenté sur la figure 2.36, donne une analyse ou décom-
position fonctionnelle du processus fonctionnel initial 0 « Piloter four à verre ».
Cette analyse fait apparaître six processus fonctionnels de base et un processus de
contrôle permettant de séquencer l’ensemble. Nous pouvons vérifier la cohérence des
flots de données ou d’événements entrants ou sortants par rapport au diagramme de
contexte.
Les différents processus fonctionnels correspondent aux deux chaînes de régulation :
température (processus fonctionnels 1 à 3) et approvisionnement en sable (processus
fonctionnels 4 à 6). La régulation de la température suit exactement la décomposi-
tion fonctionnelle générique que nous avons vue (figure 2.14). Ainsi, les trois pro-
cessus fonctionnels de base existent : acquisition (1 – Acquérir température), traite-
ment (2 – Analyser température) et commande (3 – Chauffer four). Les deux unités
de stockage sont utilisées dans les deux cas classiques : soit pour la mémorisation
d’une constante (Température_consigne) soit pour une donnée partagée (Température_
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

mesurée). Dans ce dernier cas, nous pouvons noter que l’unité de stockage est utilisée
deux fois dans le diagramme et donc comporte une « * ».
Dans le cas de la régulation du niveau du sable, les trois processus fonctionnels mis
en œuvre ne correspondent pas exactement au modèle de décomposition générique
précédent ; mais nous avons uniquement deux processus fonctionnels : acquisition
(5 – Acquérir niveau), traitement et commande (6 – Analyser besoin sable). Nous
pouvons remarquer que ce dernier processus utilise pour élaborer la décision de
commande trois données : Niveau_consigne (constante placée dans une unité de
stockage), Niveau_mesurée (donnée fournie directement par le processus 5) et
Température_mesurée (unité de stockage partagée avec la chaîne de régulation de la

63
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

Température_*
mesurée Niveau_
Température
Marche consigne
Arrêt
Aquérir
température
1 Analyser sable
E/D
E/D besoin
Température_* sable
Réguler 6
mesurée four
T 7
Niveau_mesuré
Analyser T
température
2 Trop_froid
Sable_
T E/D tombé Analyser Niveau_sable
Commande_ niveau
5
chauffage
Chauffage_
Température_ terminé Détecter
consigne Chauffer arrivée
four sable
3 4

Chauffage Arrivée_sable

Figure 2.36 – Analyse SA-RT de l’application de la gestion d’un four à verre :


Diagramme préliminaire.

température). Le troisième processus utilisé dans cette régulation de niveau (4 –


Détecter arrivée sable) correspond en fait à un processus de déclenchement qui est
activé sur interruption liée à la donnée « Arrivée_sable ».
Le processus de contrôle (7 – Réguler four) est lié aux différents processus fonc-
tionnels par des événements qui sont mis en place en même temps que la réalisation
du diagramme état/transition de la figure 2.37. Ce diagramme état/transition, des-
cription du fonctionnement du processus de contrôle 7, comprend quatre états :
– état repos (attente de fonctionnement ou arrêt du four) ;
– fonctionnement nominal (four en fonctionnement et attente des événements
pour effectuer les régulations soit de température, soit de niveau de sable) ;
– chauffage du four (la température de consigne n’étant pas atteinte, un cycle de
chauffage est lancé) ;
– régulation du niveau de sable (une interruption due à la chute d’un paquet de
sable lance la régulation du niveau du four).
Nous pouvons remarquer que, dans ce diagramme état/transition simple, nous avons
utilisé un état stationnaire (Fonctionnement nominal) dans lequel l’application
reste et deux autres états plus transitoires dans lesquels l’application se situe en cas
de régulation de l’un des deux paramètres.
D’autre part nous pouvons noter la difficulté concernant la régulation du niveau
de sable ; en effet l’ajustement de l’approvisionnement en sable ne peut se produire

64
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

État repos

Marche Arrêt
<E> Acqérir température <D> Acqérir température
<T> Analyser température <D> Détecter arrivée sable
<E> Détecter arrivée sable

Chauffage_terminé Niveau_ modifié


<T> Analyser température <D> Analyser température

Fonctionnement
nominal

Trop_ froid Sable_tombé


<T> Chauffer four <T> Acquérir niveau
<E> Analyser besoin en sable

Régulation
Chauffage
niveau
du four
sable

Figure 2.37 – Analyse SA-RT de l’application de la gestion d’un four à verre :


Diagramme état/transition.

que si la mesure du niveau est effectuée, c’est-à-dire que le processus fonctionnel


« 5 – Acquérir niveau » est activé. Pour cela, il est nécessaire que la donnée « Arrivée_
sable » se produise pour qu’elle soit transformée en événement « Sable_tombé » par
le processus fonctionnel « 4 – Détecter arrivée sable ». Dans le cas contraire, la
régulation du niveau de sable ne peut s’exécuter, conduisant à un dysfonctionnement
de l’application. Ce problème est étudié au niveau de la conception décrite dans le
chapitre 3.

2.8.3 Exemple : Commande d’un moteur à combustion


m Présentation du cahier des charges

Le contrôle-commande d’un moteur à combustion est devenu de plus en plus com-


© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

plexe au fur et à mesure des besoins en rendement, consommation et pollution.


En effet, en plus de fournir une puissance mécanique en fonction de l’appui sur la
pédale de l’accélérateur, il est nécessaire d’avoir une optimisation de la consomma-
tion du véhicule en contrôlant les différents paramètres de la combustion (pression
air, température, mélange, allumage, etc.). D’autre part, la pollution du véhicule doit
être minimisée. Les différents états du moteur peuvent être présentés au conducteur
afin de le prévenir de sa consommation excessive ou de la pollution de son véhicule
pour qu’il effectue un changement dans son mode de conduite. L’ensemble de ces
paramètres moteur est géré par un calculateur spécifique. Actuellement, un véhicule
possède de nombreux calculateurs dédiés à des fonctions très diverses (freinage ABS,
gestion moteur, éclairage, climatisation, etc.). Ces différents calculateurs commu-

65
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

niquent entre eux par un bus de terrain comme CAN (voir chapitre 4) afin de par-
tager des informations et gérer ainsi le véhicule de façon cohérente.
Cette application de commande d’un moteur à combustion est représentée schéma-
tiquement sur la figure 2.38. Le contrôle-commande de cette application est fait par
l’intermédiaire de sept capteurs (pédale accélérateur, température air, pression air,
température eau, rotation vilebrequin et deux capteurs de pollution) et de quatre
actionneurs (injection essence, allumage, admission air, réinjection gaz échappement
ou brulés). Le calculateur est donc aussi relié au bus de communication CAN.

Bus CAN
Commande de réinjection Capteur pression
Calculateur
gaz échappement collecteur air Communication
avec les autres
calculateurs

Commande
admission air (papillon)
Capteur pédale
accélérateur

Capteur
Commande
pollution
injecteur
en amont Capteur
pollution
en aval

Commande allumage

Capteur température eau Capteur vitesse de rotation du villebroquuin

Figure 2.38 – Représentation schématique


de l’application de la commande d’un moteur à combustion.

Excepté les deux capteurs de pollution amont et aval, la loi de régulation du moteur
à combustion prend en compte l’ensemble des données d’entrée et élabore les dif-
férentes sorties de commande. Nous n’analyserons pas cette loi de commande qui
présente une relative complexité et correspond à une spécificité constructeur pour
un type de moteur donné. Ainsi, l’élaboration de la loi de commande du moteur à
combustion est considérée comme une « boîte noire » fonctionnelle qui utilise un
ensemble de données en entrée (Paramètres_moteur_entrée) et qui fournit des don-
nées en sortie (Paramètres_moteur_sortie). Les données sur la pollution ne sont pas
utilisées dans ce calculateur ; mais elles sont fournies par l’intermédiaire du réseau
de communications à un autre calculateur, par exemple, pour affichage.

66
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

m Analyse SA-RT

M Diagramme de contexte
Le diagramme de contexte de l’application est représenté sur la figure 2.39. Il donne
les 11 bords de modèles correspondant aux sept entrées ou capteurs et aux quatre
sorties ou actionneurs, énumérés précédemment. Nous avons ajouté un bord de
modèle correspondant à la connexion au bus CAN et un bord de modèle représentant
l’action du conducteur. Le dernier bord de modèle fournit les deux événements :
« Arrêt » et « Marche ». Pour le bord de modèle du bus CAN, nous supposons que
les communications bidirectionnelles sont identifiées : en sortie (Com_S) et en entrée
(Com_E).

Capteur accélérateur

Conducteur
Ac

Bus CAN

Capteur pression air



r at
eu
P_

_S _E
ai
r

Capteur température air


T_ om om
air C C Commande allumage

ge
u ma
Capteur température eau T_eau All
Piloter
moteur Commande injecteur
sse Injecteur
Vite 0
Capteur vitesse
E En
n_ tré
io e_a
ll ut En ir
S

Po Commande admission air


n_

tré
tio

Capteur pollution entrée


e_
ga
llu

z_
Po

Capteur pollution sortie Commande admission gaz brûlés

Figure 2.39 – Analyse SA-RT de l’application de la commande d’un moteur à combustion :


Diagramme de contexte.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Le processus fonctionnel initial 0 « Piloter moteur » constitue l’application à étudier.


En résumé, en plus des deux événements précédemment cités (Arrêt, Marche),
nous avons 13 flots de données : huit entrants (Accélérateur, P_air, T_air, T_eau,
Vitesse, Pollution_E, Pollution_S, Com_E) et cinq sortants (Allumage, Injecteur,
Entrée_air, Entrée_gaz_b, Com_S). L’ensemble de ces flots doit se retrouver dans le
diagramme préliminaire : premier niveau d’analyse du processus fonctionnel 0.

67
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

M Diagramme préliminaire et diagramme état/transition


Le diagramme préliminaire, présenté sur la figure 2.40, donne une analyse ou
décomposition fonctionnelle du processus fonctionnel initial 0 « Piloter moteur ».
Cette analyse fait apparaître neuf processus fonctionnels de base et un processus de
contrôle permettant de séquencer l’ensemble. Malgré le regroupement de certaines
fonctions d’acquisition ou de commande, le nombre de processus fonctionnel de
cette première décomposition correspond à la limite fixée pour avoir une bonne
compréhension globale du diagramme flots de données. Nous pouvons remarquer
que les processus fonctionnels 6, 7 et 8 auraient pu être regroupés car ils sont
déclenchés en même temps. Ce travail de regroupement est effectué en partie au
niveau de la conception étudiée dans le chapitre 3.
Nous pouvons vérifier la cohérence des flots de données ou d’événements entrants ou
sortants par rapport au diagramme de contexte de la figure 2.39. Afin d’augmenter
la lisibilité du diagramme, nous avons utilisé des unités de stockage de données
complexes, ou encore appelées énumérées, dans le sens où elles intègrent un ensemble
ou groupe de données. Comme nous l’avons déjà présenté, deux unités de stockages
renferment les paramètres en entrée du moteur, excepté les données pollutions
(Paramètres_moteur_entrée) et les paramètres en sortie du moteur (Paramètres_
moteur_sortie).

Accélérateur
Com_S
Arrêt
Marche
Paramètres_* Com_E
moteur_entrée Acquérir
accélérateur
1 Communiquer
P_air bus CAN
E/D 9
T_air Acquérir
Messages*
paramères E/D E/D
moteur Contrôler
T_eau moteur
2 T Allumage
10 Commande
Paramètres_* E/D allumage
Moteur en entrée T 8

Acquérir
Paramètres_*
vitesse T moteur_sortie
E/D Commande_ T
3 Commander
s se prête
Vite
injection
Messages* 7
Lire Élaborer Injecteur
capteur commande
pollution moteur Commander
_E 4 5 Entrées gaz Entrée_air
on
lluti 6
Po
_S

Paramètres_* Paramètres_* Entrée_gaz_b


ion

moteur_entrée moteur_sortie
ut
ll
Po

Figure 2.40 – Analyse SA-RT de l’application de la commande d’un moteur à combustion :


Diagramme préliminaire.

68
2 • Spécification 2.8 Exemples
selon la méthode SA-RT

Une autre unité de stockage est dédiée aux messages (Messages). Cette unité de stoc-
kage est un peu particulière par rapport aux autres unités de stockage. En effet, en
entrée, nous avons une file gérée de façon FIFO ou à priorité et, en sortie, la file
est gérée de manière FIFO.
Remarquons que toutes ces unités de stockages sont dupliquées au niveau de ce
diagramme et donc notées avec une « * ».
Le processus de contrôle (10 – Contrôler moteur) est lié aux différents processus
fonctionnels par des événements qui sont mis en place en même temps que la
réalisation du diagramme état/transition de la figure 2.41. Nous avons simplifié le
fonctionnement de ce processus de contrôle en supposant que les processus fonc-
tionnels d’acquisition étaient lancés au début de l’exécution (1, 2, 3 et 4) et four-
nissaient les données de façon périodique ; en particulier le processus fonctionnel
« 1 – Acquérir accélérateur » fournit régulièrement l’événement État_accélérateur
qui déclenche l’élaboration de la loi de commande à partir de toutes les données
d’entrée acquises. Lorsque la commande est prête, le processus « 5 – Élaborer com-
mande moteur » déclenche l’ensemble des processus fonctionnels de commande
(6, 7 et 8). Enfin, le processus fonctionnel 9 de communication gère périodique-
ment les messages au niveau réception et émission.

État repos
marche arrêt
<E> 1 <D> 1
<E> 2 <D> 2
<E> 3 <D> 3
<E> 4 <D> 4
<E> 9 <D> 9
État attente

État_accélérateur Commande_prête
<T> 5 <T> 6
<T> 7
<T> 8
Élaboration
contrôle
moteur

Figure 2.41 – Analyse SA-RT de l’application de la commande d’un moteur à combustion :


© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Diagramme état/transition.

Nous pouvons remarquer que, dans ce diagramme état/transition très simple, nous
avons utilisé uniquement deux états actifs en plus de l’état repos : Un état attente
qui est périodiquement interrompu par l’événement « État_accélérateur » et un état
correspondant à l’élaboration de la loi de commande du moteur à combustion.

69
2 • Spécification 2.9 Extensions de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

2.9 Extensions de la méthode SA-RT


2.9.1 Extensions de la syntaxe graphique de la méthode SA-RT
Comme nous l’avons déjà dit précédemment en introduction de cette méthode
d’analyse SA-RT, la description non formelle des applications est très abstraite et ne
permet pas dans beaucoup de cas de spécifier précisément certaines fonctions ou
certaines données. D’autre part, la méthode n’étant pas normalisée, il est tout à fait
possible d’étendre la méthode afin d’offrir plus d’expressivité. Aussi de nombreuses
entreprises ont adapté la méthode à leurs besoins et ajouté des éléments graphiques
pour exprimer des spécifications plus précises. Nous présentons dans ce chapitre
deux de ces extensions très utilisées : une extension concernant les flots de données
et une extension pour les événements. Ces extensions sont intégrées dans la méthode
« ESML++ » développée dans le cadre de la société Boeing. Cette méthode, utilisée
pour les développements des applications de contrôle-commande du domaine de
l’avionique, est une méthode SA-RT enrichie.

m Extensions liées aux flots de données

Une syntaxe graphique plus complète permet de préciser les flots de données discrets
ou continus. Ainsi, l’analyse des flots de données permet et, donc oblige, de distin-
guer un flot de données discret (arc orienté simple comme précédemment) et un flot
de données continu (arc orienté avec une double flèche). Mais, dans ce cas, où la
richesse d’expression des données véhiculées par ces flots est augmentée, il est
nécessaire de préciser la sémantique attachée à cette nouvelle description. Or deux
types de sémantique peuvent être attachés aux flots de données (figure 2.42) :
– Sémantique 1 :
• Flot de donnée discret : valeur discrète de donnée (type booléen) ;
• Flot de donnée continu : valeur continue de la donnée (type entier ou réel).
– Sémantique 2 :
• Flot de donnée discret : donnée consommable ou lisible une fois (existence de
la donnée à des temps discrets) ;

Utilisateur
Distance_parcourue

Calculer Affichage_vitesse Valider Nom_valide


vitesse conexion
3 3

Top_horloge Entrée_nom

Sémantique 1 Sémantique 2

Figure 2.42 – Extension de la syntaxe graphique des flots de données


selon deux sémantiques.

70
2 • Spécification 2.9 Extensions de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

• Flot de donnée continu : donnée continuellement disponible (existence per-


manente de la donnée).

m Extensions liées aux événements

Comme pour les flots de données, une syntaxe graphique plus complète permet de
préciser les flots d’événements discrets ou continus. Ainsi, l’analyse des flots d’évé-
nements permet et, donc oblige, de distinguer un flot d’événements discret (arc
orienté simple comme précédemment) qui concerne des événements consommables
ou lisibles une seule fois (existence à des temps discrets). De même un flot d’évé-
nements continu (arc orienté avec une double flèche) décrit un événement conti-
nuellement disponible (existence permanente).
Il est important de noter que les événements prédéfinis « E, D, T » sont des événe-
ments discrets, envoyés à chaque fois pour activer ou arrêter un processus fonctionnel.
En revanche, un flot d’événements continu permet au processus de contrôle de tester
en permanence le résultat d’un processus fonctionnel qui est indépendant du pro-
cessus de contrôle (figure 2.43).

Température

Mesurer Climatiser E/D


Trop chaud
température enceinte
2 3

T_consigne

Figure 2.43 – Extension de la syntaxe graphique des flots d’événements.

De même, pour les stockages de données, le stockage d’événements modélise le


besoin de mémorisation d’un événement de façon à ce que son occurrence soit uti-
lisée plusieurs fois. Comme le flot d’événements auquel il est étroitement associé,
il est nommé par une étiquette ou label explicite formé de :
Étiquette_Stockage_événements = nom (+ qualifiant)
et il est représenté par deux traits parallèles en pointillés (figure 2.44).
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Consigne_dépassée Jetons disponibles

Figure 2.44 – Extension de la syntaxe graphique de SA-RT :


Stockages d’événements.

71
2 • Spécification 2.9 Extensions de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

2.9.2 Méthode SA-RT et méthode formelle : projet IPTES


m Introduction

La méthode SA-RT, qui vient d’être présentée dans les sections précédentes, est
une méthode de spécification simple avec un langage graphique très compréhensible
par un utilisateur. Cette facilité d’expression a un inconvénient majeur, celui de
pouvoir conduire à des ambiguïtés. En effet, lors de l’analyse d’une application,
basée sur la méthode SA-RT, la réalisation des différents diagrammes flots de données
reflète l’idée du concepteur au travers d’un langage simple, limité et très abstrait.
Ainsi, deux utilisateurs peuvent avoir exprimé deux analyses différentes sous la
forme d’un même diagramme flots de données SA-RT. Pour lever cette ambiguïté,
il est nécessaire de disposer d’un outil formel qui offre un moyen d’expression précis
et qui peut être validé.
Ainsi, il est possible d’utiliser en complément ou en parallèle de cette méthodologie
SA-RT, un modèle formel comme des automates à états finis ou des réseaux de
Petri. Ces modèles présentent l’avantage d’être rigoureux au niveau de l’expression
et d’être analysable mathématiquement. En revanche, ces modèles sont en général
complexes et d’une lisibilité faible. Aussi le projet européen IPTES (Incremental
Prototyping Technology for Embedded Real-Time Systems), dont les résultats ont été
présentés en 1998, a voulu donner une sémantique à la méthode SA-RT basée sur les
réseaux de Petri. Nous pouvons schématiser cette association par le graphique de la
figure 2.45. Ainsi, la méthode SA-RT peut être vue comme l’interface de la méthode
d’analyse globale avec un langage graphique de haut niveau pour exprimer la spé-
cification, c’est l’interface utilisateur. Directement liée à ce modèle graphique, nous
trouvons la correspondance dans le modèle formel apporté par les réseaux de Petri
qui constituent le noyau fonctionnel, c’est-à-dire la partie permettant d’exécuter
ce modèle graphique représentant la spécification.
L’utilisateur décrit sa spécification avec la syntaxe graphique SA-RT et, de façon
automatique, le modèle formel, basé sur les réseaux de Petri, se construit. Cela permet
ensuite une analyse mathématique de la spécification : simulation et vérification.
Pour atteindre ce but, il est nécessaire d’avoir une traduction unique d’un modèle
vers l’autre.

Interface utilisateur Noyau formel d'exécution

Langage graphique
Langage machine
de haut niveau
pour l'analyse
pour la spécification

Méthode SA-RT Réseaux de Petri

Figure 2.45 – Représentation schématique


de l’association d’un modèle formel avec la méthode SA-RT.

72
2 • Spécification 2.9 Extensions de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

m Principes généraux

La méthode SA-RT, utilisée pour ce projet, correspond à celle décrite précédemment


avec toutefois l’extension à des flots de données discrets et continus suivant la
sémantique 2 (§ 2.9.1).
Les réseaux de Petri ont de nombreuses variantes : abréviations et extensions. Les
réseaux de Petri choisis pour ce projet sont des réseaux de Petri autonomes ayant
les principales caractéristiques suivantes :
– Association des données et des événements aux jetons.
– Jeton correspondant à une variable typée.
– Places typées.
– Association à chaque transition :
• Un prédicat lié aux places en amont de la transition ;
• Une action.
– Transition temporisée suivant le modèle Merlin et Farber [∂min, ∂max] où t0 est la
date de sensibilisation de la transition :
• Franchissement de la transition après le temps t0 + ∂min ;
• Franchissement de la transition avant le temps t0 + ∂max.
En partant de ces hypothèses sur les modèles utilisés, nous avons donc une traduction
ou correspondance entre tous les éléments syntaxiques du modèle SA-RT et un
réseau de Petri. Toutefois, afin de simplifier cette présentation, les éléments traduits
font abstraction de la modélisation temporisée des transitions qui a été présentée
précédemment, c’est-à-dire que toutes les transitions présentées dans la suite sont
considérées comme des transitions immédiates, soit [0,0] avec la notation du modèle
Merlin et Farber.
En premier, pour les flots de données, nous trouvons le modèle d’un flot de données
discret, qui sont des données consommables ou lisibles une fois, sur la figure 2.46
et le modèle d’un flot de données continu, qui sont des données continuellement
disponibles, sur la figure 2.47. Ces deux représentations réseaux de Petri nécessitent
deux places (Vide et Valeur) et trois transitions (Écrire_donnée_vide, Écrire_donnée
et Lire_donnée). La place « Vide » désigne une donnée qui n’a jamais été produite
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Écrire_donnée_vide Vide

Processus Donnée Processus


A B
Valeur
1 2

Écrire_donnée Lire_donnée

Figure 2.46 – Traduction d’un flot de données discret de la méthode SA-RT


par un réseau de Petri.

73
2 • Spécification 2.9 Extensions de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

Écrire_donnée_vide Vide

Processus Donnée Processus


A B
Valeur
1 2

Écrire_donnée Lire_donnée

Figure 2.47 – Traduction d’un flot de données continu de la méthode SA-RT


par un réseau de Petri.

(cas flot continue) ou qui a été consommée (cas du flot discret). Cette place possède
un jeton à l’initialisation. Dans le cas du flot de données continu, à la première écri-
ture de la donnée la place « Vide » perd son jeton et la place « Valeur » sera ensuite
toujours marquée. En revanche, dans le cas du flot de données discret, le franchis-
sement de la transition « Lire_donnée » fait passer le jeton de la place « Valeur » à la
place « Vide ».
La modélisation de l’unité de stockage, représentée sur la figure 2.48, est plus simple
d’un point de vue réseau de Petri. Ainsi, nous avons une place « Stockage », intégrant
un jeton représentant la donnée, et les deux transitions correspondant à l’écriture
et à la lecture (Écrire_donnée et Lire_donnée). En revanche, dans le but d’obtenir
un modèle formel précis, une sémantique particulière est associée au jeton décrivant
l’état de la donnée selon la lecture ou non de cette donnée. L’enregistrement dans
l’unité de stockage comprend deux champs : la donnée elle-même et son état
(tableau 2.5). Après chaque écriture, la donnée a un état déclaré nouveau qui peut
donc être utilisé par le processus fonctionnel qui lit cette donnée.

Donnée Écrire_donnée Lire_donnée


Stockage

Figure 2.48 – Traduction d’une unité de stockage de la méthode SA-RT


par un réseau de Petri.

Tableau 2.5 – Caractérisation du contenu de l’enregistrement


dans l’unité de stockage du modèle SA-RT.

Donnée État

Initialement Non définie Ancien


Après « Écrire_donnée » Définie Nouveau
Après « Lire_donnée » Définie Ancien

74
2 • Spécification 2.9 Extensions de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

La modélisation d’un processus fonctionnel est relativement complexe dans le sens


où il peut posséder de nombreuses entrées et sorties en termes de flots de données.
La figure 2.49 décrit un cas général avec des entrées de type flot discret, flot continu
et unité de stockage. Ainsi, nous avons en entrée un flot discret (Donnée_d_1),
deux flots continus (Donnnée_c_1 et Donnée_c_2) et deux unités de stockages
(Donnnée_s_1 et Donnée_s_2). En sortie, nous trouvons deux flots discrets
(Donnée_d_1 et Donnée_d_2), un flot continu (Donnée_c_1) et une unité de stockage
(Donnée_s_3).
Le processus fonctionnel est décrit par deux places qui représentent les deux états
possibles : en exécution ou traitement (place « Exécution ») et à l’arrêt (place « Oisif »).

Do
nn _2
ée _d
_d ée
_1 nn
Do 3
e_d_
Donnée_c_1 onné
Processus D
Donnée_c_2 A
1 Donnée_c_3

Donnée_s_1

Donnée_s_2 Donnée_s_3

Donnée_d_1
Donnée_d_2

Suppression
Exécution Donnée_d_3

Donnée_c_1 Fin

Donnée_c_3
Oisif
Donnée_c_2
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Donnée_s_3
Lancement
Donnée_s_1

Donnée_s_2

Figure 2.49 – Traduction d’un processus fonctionnel de la méthode SA-RT


par un réseau de Petri.

75
2 • Spécification 2.9 Extensions de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

Trois transitions permettent de modéliser le fonctionnement du processus : une


transition « Lancement » au démarrage de l’exécution qui fait passer le jeton de la
place « Oisif » à la place « Exécution », et une transition « Fin » à la fin de l’exécution
qui fait passer le jeton de la place « Exécution » à la place « Oisif ».
Une transition supplémentaire est ajoutée : « Suppression ». En effet, une hypothèse
fondamentale, concernant les flots de données discrets, est mise en exergue sur cet
exemple. Le flot de données discret ne peut être consommé qu’une seule fois pendant
l’exécution d’un processus fonctionnel ; par conséquent une transition supplé-
mentaire (« Suppression ») est nécessaire pour éliminer les flots de données discrets
arrivées pendant l’exécution.
La modélisation du processus de contrôle est très complexe et déborde largement
le propos de cet ouvrage. Le lecteur intéressé pourra se reporter aux documents de
référence cités dans la bibliographie en fin d’ouvrage.

m Exemple simple
La difficulté de ce genre de modélisation par élément est le recollement des différents
modèles lors de l’analyse d’une application complète. Il n’est pas possible d’ajouter
ou de juxtaposer les modèles de chaque élément d’une application sans analyser
l’ajustement de deux modèles l’un à la suite de l’autre. En effet, dans notre cas, les
transitions ou les places situées aux limites des modèles doivent se lier avec le modèle
précédent ou suivant.
Nous allons étudier cet aspect sur un exemple simple composé de deux processus
fonctionnels (Processus A et Processus B) et d’une unité de stockage, appelée
« Donnée_s » (figure 2.50). Ces éléments sont liés par des flots de données discrets.
D’autre part des flots de données discrets arrivent sur les deux processus fonctionnels
(Donnée_a et Donnée_b) et un flot de données discret est émis (Donnée_c).

Donnée_s

Donnée_a Processus Processus Donnée_c


A B
1 2
Donnée_s

Figure 2.50 – Exemple d’un diagramme flots de données de la méthode SA-RT


pour appliquer la transformation en réseaux de Petri.

La traduction de ce diagramme flot de données est représentée sur la figure 2.51.


Ce réseau de Petri est composé de 11 places et de 7 transitions. Nous pouvons immé-
diatement remarquer que nous retrouvons les différentes places correspondant aux
modèles initiaux de chaque élément. Ainsi, les deux processus fonctionnels « Proces-
sus A » et « Processus B » possèdent chacun les deux places : « A_Exécution » et
« A_Oisif » pour le processus A et « B_Exécution » et « B_Oisif » pour le proces-

76
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

Donnée_a_vide A_Exécution B_Exécution Donnée_c_vide


T_1 T_4 T_6

T_3 Donnée_s
selon la méthode SA-RT
2 • Spécification

A_Oisif B_Oisif

Donnée_a_valeur T _ 2 T_5 T_7 Donnée_c_valeur


Donnée_b_vide

Donnée_b_valeur

Figure 2.51 – Traduction du diagramme flots de données de la figure 2.50 en réseaux de Petri.
2.9 Extensions de la méthode SA-RT

77
2 • Spécification 2.9 Extensions de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

sus B. L’unité de stockage est modélisée par une seule place « Donnée_s » comme
le montre le modèle initial de la figure 2.48. En se basant sur le modèle générique
de la figure 2.46, les trois flots de données discrets sont représentés chacun par deux
places, soit, par exemple pour le flot de données « Donnée_a » du modèle SA-RT :
« Donnée_a_vide » et « Donnée_a_valeur ». En résumé nous pouvons noter que,
lors de la traduction d’un diagramme flots de données de SA-RT en un réseau de
Petri, il y aura toujours un nombre de places égal à la somme des places des modèles
génériques des différents éléments du diagramme SA-RT.
En revanche, nous pouvons constater que les transitions sont partagées entre les
différents éléments modélisés. Considérons le cas du raccordement du flot de don-
nées « Donnée_a » au processus fonctionnel A. La transition T_2 représente à la fois
la transition « Lire_donnée » du modèle du flot de données discret et la transition
« Exécution » du modèle d’un processus fonctionnel. De même la transition T_1
représente à la fois la transition « Écrire_donnée » du modèle du flot de données
discret et la transition « Suppression » du modèle d’un processus fonctionnel. La
dernière transition T_3, attachée à la modélisation du processus fonctionnel « Proces-
sus A », correspond en même temps à la transition « Fin » du modèle générique
d’un processus fonctionnel et à la transition « Écrire_donnée » du modèle de l’unité
de stockage « Donnée_s ». Nous pouvons répéter cette constatation pour l’ensemble
du réseau de Petri.
Le réseau de Petri, qui est l’exact modèle du diagramme flots de données SA-RT,
peut être utilisé pour vérifier certaines propriétés de la spécification comme la non
occurrence de l’exécution simultanée de deux processus fonctionnels, le chemine-
ment des données, etc. Une fonction de simulation peut être réalisée à l’aide du
modèle formel réseau de Petri sous-jacent aux diagrammes SA-RT. Dans ce cadre,
le réseau de Petri est analysé en traçant le graphe de marquages dans le cas de tran-
sition immédiate (modèle [0,0] de Merlin et Farber), c’est-à-dire l’évolution de la
position des jetons dans le réseau. Si le modèle des transitions temporisées est pris
compte l’analyse est réalisée à l’aide d’un graphe des classes. En parallèle avec cette
évolution des jetons correspondant à l’activation ou non de l’action associée à la place,
il est alors possible de visualiser l’activité au niveau du diagramme flots de données
SA-RT. Prenons l’exemple précédent, le marquage présenté sur la figure 2.51 cor-
respond à un moment de l’exécution où nous avons les éléments suivants :
– pas de donnée sur le flot de données discret « Donnée_a » entrant ;
– le processus fonctionnel « Processus A » en exécution ;
– une donnée présente dans l’unité de stockage « Donnée_s » ;
– une donnée présente sur le flot de données discret « Donnée_b » entrant ;
– le processus fonctionnel « Processus B » en arrêt ;
– pas de donnée sur le flot de données discret « Donnée_c » sortant.
Par conséquent, il est possible de visualiser ces différents états sur le diagramme
flots de données initial, représenté sur la figure 2.50. Cette visualisation peut être
animée et donc ainsi permettre au concepteur de voir le déroulement de l’exécution
de diagramme flots de données SA-RT. Cette visualisation est schématisée sur la

78
2 • Spécification 2.9 Extensions de la méthode SA-RT
selon la méthode SA-RT

figure 2.52 qui reprend la figure 2.50 avec une marque symbolisant l’activité d’un
processus fonctionnel ou la présence d’une donnée.

Donnée_s

Donnée_a Processus Processus Donnée_c


A B
1 2
Donnée_s

Figure 2.52 – Visualisation de l’exécution d’un diagramme flots de données


en utilisant le réseau de Petri.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

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