Application Lineaire en Dimension Finie
Application Lineaire en Dimension Finie
Application Lineaire en Dimension Finie
1
1. Rang d'une application linéaire
n
! n n
(∗)
X X X
f (x) = f xi ei = xi f (ei ) = xi vi .
i=1 i=1 i=1
Donc, si elle existe, f est unique.
Existence. Montrons qu'une application dénie par l'équation (∗) est linéaire
et vérie f (ei ) = vi .
(1) Si (x1 , . . . , xn ) (resp. y = (y1 , . . . , yn )) sont les coordonnées de x (resp. y )
dans la base (e1 , . . . , en ), alors
n
! n
X X
f (λx + µy) = f (λxi + µyi )ei = (λxi + µyi )f (ei )
i=1 i=1
n
X n
X
= λ xi f (ei ) + µ yi f (ei ) = λf (x) + µf (y).
i=1 i=1
i=1
Par linéarité de f , on en déduit que
n
X
y = f (x) = xi f (ei ).
i=1
Dénition 1. La dimension de l'espace vectoriel Im f est appelée rang de f :
rg(f ) = dim Im f = dim Vect f (e1 ), . . . , f (en )
Exemple 2. Soit f : R3 → R2 l'application linéaire dénie par f (x, y, z) =
(3x − 4y + 2z, 2x − 3y − z). Quel est le rang de f ?
La matrice de f dans les bases canoniques est
3 −4 2
A= ,
2 −3 −1
les colonnes étant égales à f (e1 ), f (e2 ), f (e3 ) respectivement.
Le rang de f est donc égale au rang de A.
Estimons le rang sans faire de calculs .
Nous avons une famille de 3 vecteurs donc rg f 6 3.
Les vecteurs v1 , v2 , v3 vivent dans un espace de dimension 2 donc rg f 6 2.
f n'est pas l'application linéaire nulle donc rg f > 1.
Donc le rang de f vaut 1 ou 2.
Il est facile de voir que v1 et v2 sont linéairement indépendants, donc le rang
est 2 :
rg f = rg f (e1 ), f (e2 ), f (e3 ) = dim Vect(v1 , v2 , v3 ) = 2
Remarque : il est encore plus facile de voir que le rang de la matrice A est 2
en remarquant que ses deux seules lignes ne sont pas colinéaires.
1.3. Théorème du rang. Le théorème du rang donne une relation entre la di-
mension du noyau et la dimension de l'image d'une application linéaire.
Théorème 2 (Théorème du rang). Soit f : E → F une application linéaire entre
deux K-espaces vectoriels, E étant de dimension nie. Alors
dim E = dim Ker f + dim Im f
(1) Montrons l'existence d'un inverse à gauche. Soit f : Mn (K) → Mn (K) dé-
nie par f (M ) = M A.
(a) f est une application linéaire, car
f (λM + µN ) = (λM + µN )A = λf (M ) + µf (N ).
(b) f est injective : si f (M ) = O, cela donne M A = O. On multiplie cette
égalité par B à droite :
M AB = OB ou encore M = M I = O.
(c) Par le théorème 3, f est donc aussi surjective.
(d) Alors la matrice identité est dans l'image de f : il existe C ∈ Mn (K) tel
que
f (C) = I ou encore CA = I.
(2) Montrons l'égalité des inverses. Calculons CAB de deux façons :
(CA)B = IB = B et C(AB) = CI = C
donc B = C .
Mini-exercice.
(1) Soit f : R3 → R2 dénie par f (x, y, z) = (x − 2y − 3z, 2y + 3z). Calculer
une base du noyau de f , une base de l'image de f et vérier le théorème du
rang.
(2) Même question avec f : R3 → R3 dénie par f (x, y, z) = (−y+z, x+z, x+y).
(3) Lorsque c'est possible, calculer la dimension du noyau, le rang et dire si f
peut être injective, surjective, bijective :
Une application linéaire surjective f : R6 → R3 .
Une application linéaire injective f : R3 → R5 .
Une application linéaire surjective f : R7 → R7 .
Une application linéaire injective f : R9 → R9 .
2. Matrice d'une application linéaire
Dans cette section, tous les espaces vectoriels sont de dimension nie.
Soit f : E → F une application linéaire entre K-espaces vectoriels de dimension
nie.
On va noter
p la dimension de E et soit B = (e1 , . . . , ep ) une base de E .
n la dimension de F et soit B0 = (f1 , . . . , fn ) une base de F
On a vu que :
f est déterminée de façon unique par l'image d'une base de E .
Pour tout j , le vecteur f (ej ) s'écrit de manière unique comme combinaison
linéaire des vecteurs de la base B0 = (f1 , f2 , . . . , fn ) de F .
Il existe donc n scalaires uniques a1,j , a2,j , . . . , an,j tels que
a1,j
a
2,j
f (ej ) = a1,j f1 + a2,j f2 + · · · + an,j fn = .. .
.
an,j B0
Ainsi :
1 1 −1
MatB,B0 (f ) =
1 −2 3
1 1 −1
MatB,B0 (f ) =
1 −2 3
(2) On va changer la base de l'espace de départ et celle de l'espace d'arrivée.
Considérons les vecteurs
1 1 0
1 1
1 = 1 2 = 0 3 = 1 φ1 = φ2 =
0 1
0 1 1
On montre facilement que B0 = (1 , 2 , 3 ) est une base de R3 et B00 = (φ1 , φ2 )
est une base de R2 .
Quelle est la matrice de f dans les bases B0 et B00 ? On a :
f (1 ) = f (1, 1, 0) = (2, −1) = 3φ1 − φ2
f (2 ) = f (1, 0, 1) = (0, 4) = −4φ1 + 4φ2
f (3 ) = f (0, 1, 1) = (0, 1) = −φ1 + φ2
donc
3 −4 −1
MatB0 ,B00 (f ) = .
−1 4 1
Cet exemple illustre bien le fait que la matrice dépend du choix des bases.
2.1. Opérations sur les applications linéaires et les matrices.
Proposition 3. Soient f, g : E → F deux applications linéaires et soient B une
base de E et B0 une base de F . Alors :
MatB,B0 (f + g) = MatB,B0 (f ) + MatB,B0 (g)
MatB,B0 (λf ) = λ MatB,B0 (f )
Démonstration. Exercice.
Attention :
la matrice associée à la somme de deux applications linéaires est donc la
somme des matrices à condition de considérer les mêmes bases sur les
espaces de départ et d'arrivée pour les deux applications.
Idem avec le produit par un scalaire.
Soit G un autre espace vectoriel de dimension nie.
Proposition 4. Soient f : E → F et g : F → G deux applications linéaires et
soient B une base de E , B0 une base de F et B00 une base de G. Alors :
MatB,B00 (g ◦ f ) = MatB0 ,B00 (g) × MatB,B0 (f )
Calcul des g(f1 ), g(f2 ) et g(f3 ). Par dénition, g(fj ) correspond à la j -ème
colonne de la matrice B :
2
g(f1 ) = = 2g1 + 3g2
3 B00
De même
−1 0
g(f2 ) = = −g1 + g2 , g(f3 ) = = 2g2
1 B00 2 B00
Calcul de g ◦ f (e1 ) et g ◦ f (e2 ). Par linéarité :
g ◦ f (e1 ) = g(f1 + f2 ) = g(f1 ) + g(f2 ) = (2g1 + 3g2 ) + (−g1 + g2 ) = g1 + 4g2
g ◦ f (e2 ) = g(f2 + 2f3 ) = g(f2 ) + 2g(f3 ) = (−g1 + g2 ) + 2(2g2 ) = −g1 + 5g2
Ainsi
1 −1
C=
4 5
(2) Deuxième méthode. Utilisons le produit de matrices : on sait que C = BA.
Donc
1 0
2 −1 0 1 −1
MatB,B00 (g ◦ f ) = C = B × A = × 1 1 =
3 1 2 4 5
0 2
x1 !
x2
..
x
.
p
Démonstration.
Démonstration.
Or id−1
E = idE , donc
−1
PB,B0 = MatB,B0 idE = PB0 ,B .
(2) idE : (E, B00 ) → (E, B) se factorise de la façon suivante :
id id
(E, B 00 ) −→
E
(E, B 0 ) −→
E
(E, B).
Autrement dit, on écrit idE = idE ◦ idE . Cette factorisation permet d'écrire
l'égalité suivante :
MatB00 ,B idE = MatB0 ,B idE × MatB00 ,B0 idE ,
soit
PB,B00 = PB,B0 × PB0 ,B00 .
Exemple 11. Soit E = R3 muni de sa base canonique B. Dénissons
1 0 3 1 0 0
B1 = 1 , −1 , 2 et B2 = −1 , 1 , 0 .
0 0 −1 0 0 −1
Quelle est la matrice de passage de B1 vers B2 ?
On a d'abord
1 0 3 1 0 0
PB,B1 = 1 −1 2 et PB,B2 = −1 1 0 .
0 0 −1 0 0 −1
La proposition 8 implique que PB,B2 = PB,B1 × PB1 ,B2 . Donc on a
−1
PB1 ,B2 = PB,B1 × PB,B2 .
Après calcul de l'inverse, on trouve :
−1
1 0 3 1 0 0
PB1 ,B2 = 1 −1 2 × −1 1 0
0 0 −1 0 0 −1
1 0 3 1 0 0 1 0 −3
= 1 −1 1 × −1 1
0 = 2 −1 −1 .
0 0 −1 0 0 −1 0 0 1
Nous allons maintenant étudier l'eet d'un changement de bases sur les coor-
données d'un vecteur.
Soient B = (e1 , e2 , . . . , en ) et B0 = (e01 , e02 , . . . , e0n ) deux bases d'un même
K-espace vectoriel E .
Soit PB,B0 la matrice de passage de la base B vers la base B0 .
Pour x ∈ E , il se décompose en x = ni=1 xi ei dans la base B et on note
P
x1
!
x2
X = MatB (x) = .. .
x
.
nB
Ce même x ∈ E se décompose en x = dans la base B0 et on note
Pn 0 0
i=1 xi ei
x01
x02
X 0 = MatB0 (x) = .. .
.
x0n B0
Proposition 9.
X = PB,B0 ×X 0
1 0 3 1 0 −6 1 0 −3 1 0 0
B = P −1 AP = 2 −1 5 × −2 2 −7 × 2 −1 −1 = 0 2 0
0 0 1 0 0 3 0 0 1 0 0 3