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LES SECRETS DE
L'ALCHIMISTE
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DU MÊME AUTEUR

La robe d'Anna, Complicités, 1996


La Tzigadana, Hatier, 1986
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Lilas Voglimacci

LES SECRETS DE

L'ALCHIMISTE

Éditions Ramsay
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© Éditions Ramsay, Paris, 1997


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À Théodore,

mon alchimiste,
mon ange gardien,
monpère.
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Avant-propos

Il n'est certes pas fréquent de voir un professeur


de littérature, docteur ès lettres et romancière, se
proposer d'analyser un ouvrage en apparence si
facile qu'il peut s'acheter dans un supermarché.
Surtout, si ledit ouvrage a été décrié, voire ignoré
par l'ensemble de l'intelligentsia parisienne. On se
demande pourquoi le public, c'est-à-dire ses
innombrables lecteurs, en ont fait le succès inima-
ginable dont tout éditeur rêve dans ses nuits sans
sommeil.
L'Alchimiste de Paulo Coelho tient du mystère.
On ne sait trop d'où il vient, quand il a été traduit
et comment il a réussi à se faufiler, de cœur en
cœur, sur tous les meubles de chevet.

J'ai vu ce livre dans les mains des voyageurs


matutinaux du métro, je l'ai vu sur des lits d'hôpi-
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tal, sur les bancs du Luxembourg. Il est même


entré à l'école dans le sac à dos des collégiens. Je le
sais posé aussi sur les genoux d'une lectrice atten-
tive aux instants crépusculaires d'une très vieille
dame. Une amie me l'a offert. U n ami le lui avait
donné. Ce livre se partage avec ceux qu'on aime. Il
est tendu vers ceux à qui on veut du bien.
U n chef d'entreprise m'a « pris la tête » toute
une soirée avec Santiago le berger pour se laver de
l'URSSAF, de son découvert bancaire et de son
récent divorce.
Quand Lilas m'a dit qu'elle allait se pencher sur
le mystère, j'ai été surpris. Je la savais « spécialiste
de l'Imaginaire » et j'avais lu sa thèse surprenante
sur La Belle au Bois Dormant et ses romans où, der-
rière le style, le cœur fait éclater le parchemin pour
qui sait lire. L'Alchimiste était bien loin de son
amour pour Marcel Proust ; en revanche la ren-
contre mystérieuse d'un cœur et d'un livre ne pou-
vait qu'attiser sa curiosité, son envie de
comprendre.
Dans Les Secrets de l'Alchimiste, elle est allée
fouiller toutes les strates de la mémoire collective,
toutes les images emmagasinées depuis l'Histoire
sainte, les contes, le merveilleux que nous portons
en nous et malgré nous et que, finalement, notre
h o m m e contemporain, bousculé et solitaire,
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recherche dans l'amitié d'un livre venu du bout du


monde.
Elle nous livre là tout ce qu'elle a cueilli pour
nous dans ce livre si simple qu'il pourrait finale-
ment se révéler plus profond qu'il n'y paraît, puis-
qu'il a su faire naître de l'émotion au cœur de deux
millions de lecteurs en France et sans doute dix fois
plus à travers la planète.
L'auteur des Secrets de l'Alchimiste n'est ni
ennuyeuse ni bavarde, elle apporte des images, des
anecdotes qui sont aussi des explications. Au fil des
pages, à maintes reprises, je me suis surpris en
lisant son travail, comme le héros d'une série télé-
visée de naguère, à dire : « Bon sang, mais c'est
bien sûr ! » Car je n'avais rien vu !

DOMINIQUE BAUER
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Ceci est un conte de fées

Il était une fois Santiago, et ce ne fut que cette


fois-là.

Mais le miracle s'est reproduit des millions de


fois pour des lecteurs émus par un nouveau lan-
gage.
Pour une fois, et ce fut cette fois-là, la littérature
chantait la vie. Mieux, un écrivain inconnu à l'ac-
cent prophétique annonçait qu'il y a sûrement des
miracles quotidiens à accueillir du fond de nos
solitudes.
Ce récit a été recommencé en cinquante
langues, alors ce texte ne peut nous laisser sans
émerveillements.
On doit se rendre, et de bonne grâce, à
l'évidence : L'Alchimiste a quelques secrets.
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Alors, je lui adresse ma question. Quelle est la


recette magique d'une telle lecture ?

« Il s'appelait Santiago... »
Ainsi commencent les contes, ainsi commence
la belle histoire de ce berger visité par les songes,
protégé par la Vie. Cet enfant sans malice errant à
la recherche de sa part de chance.
Il ne faut pas s'y tromper, ce héros n'est pas un
chevalier courageux, une terreur musclée, un fou
de Dieu. C'est Candide aux portes du troisième
millénaire qui sait les leçons du précepteur Pan-
gloss sans avoir lu Voltaire.
C'est Don Quichotte qui connaît les malheurs
advenus à celui qui ne pouvait supporter la ren-
contre du Chevalier aux Miroirs.
Voir la brutalité du réel peut devenir mortel
pour celui qui rêve sa vie au lieu de la vivre.
Santiago ne refera pas le chemin du doute et des
apparences de son aîné. Le doux berger n'a pas la
triste figure de l'homme de la Manche, perdu dans
les arbres des moulins à vent. Il accomplira sa
quête sans valet, mais non sans compagnons.

Santiago, c'est le nom de saint Jacques.


C'est l'enfant d'un père qui le destinait à être
moine.
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C'est un petit berger du chemin de Compos-


telle.
Un esprit simple, visité en songe par un enfant.

Dans L'Alchimiste de Paulo Coelho les enfants


parlent aux enfants. En direct. Par la voie des airs.
C'est la vision des saints. Le souvenir implicite
d'une jeune fille qui gardait ses moutons à Dom-
rémy en écoutant les messages du ciel. Avec L'Al-
chimiste, chacun peut admettre qu'il lui reste une
part d'enfance et que le Royaume des cieux n'est
pas fermé.
Aujourd'hui, les images et les voix traversent
l'espace. Nous subissons le despotisme lumineux
des images dans la fenêtre lumineuse de la télé-
vision. On nous suggère ce que nous devons faire,
et le temps de demain, à distance. Et nous doute-
rions qu'un petit enfant de Fatima, ou de Tarifa,
ait des visions utiles à son devenir ?
L'Alchimiste va nous offrir le secours de
l'occulte. C'est un rendez-vous avec ceux qui
possèdent un pouvoir secret. Les personnages ?
L'auteur ? Le lecteur aussi ?
Quelque chose va être révélé qui nous touche au
plus intime : l'envie de croire à l'incroyable. Le
besoin de frôler ce que la raison défend d'appro-
cher.
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Un poète a pris la plume pour nous annoncer


que notre condition humaine n'est pas réduite.
Des mots, d'une espérance aussi vieille que le
monde, écartent les frontières du réel.
Et, nous ne pouvons nier, pour peu que nous
ayons gardé à l'esprit quelques hauts faits entrevus
dans les livres de notre petite école communale, ce
que l'Histoire nous enseigne : les Voix qui parlent
de destinée sont le plus souvent des Voies royales
pour entrer dans la Légende du Monde et celle des
hommes.
Avec le texte de Paulo Coelho, il nous est donné
d'écouter une belle et édifiante histoire.

C'était, il n'y a pas si longtemps de cela, en


Andalousie, un jeune garçon naïf et droit qui gar-
dait ses moutons...
Ce qui nous est rapporté ne sera jamais la réalité,
ce sera, bien davantage, la découverte progressive
des sources de la vérité.

Ouvrir la porte du sacré

Pour cette marche vers le puits des secrets, cha-


cun d'entre nous est tout d'abord invité au sacrifice
de ses brebis. Pour se mettre en route, il faut
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commencer par renoncer au troupeau de ses habi-


tudes. Accepter de les abandonner.
Mais qu'est-ce que le « sacrifice », quand on
veut bien lui enlever son cortège d'images de souf-
france ?
Au sens exact du mot cela veut dire tout simple-
ment « entrer dans le sacré ».
Voilà, le premier mot de bienvenue dans le récit
de Paulo Coelho est : « Entrez, s'il vous plaît, dans
le sacré. »
D'ailleurs, dès que s'ouvre le livre, à la première
page de L'Alchimiste, le sacré nous est une étape sur
la route de Jésus.
Marthe et Marie entourent le Christ. Nous
sommes dans l'Orient du Nouveau Testament,
dans l'Évangile selon saint Luc, et le fils de Dieu
enseigne qu'il est une position d'attente pour
entendre la parole qui va être proférée. La vérité va
naître des mots qui seront offerts à tous ceux qui
savent se taire pour écouter les paraboles.
C'est une « invitation au voyage » qui se place
sous la protection des anges et des saints.
Les « correspondances », qui vont « orienter » le
message vers un univers de signes baptisés par la
lumière de l'or, sont plus complexes, plus mysté-
rieuses qu'il n'y paraît.
Après l'allusion au texte biblique, le texte de
Paulo Coelho, qui n'est pas encore tout à fait le
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conte de Santiago, reçoit un second écho littéraire :


les mythes grecs, convoqués à leur tour, viennent
suspendre leur énigme à l'initiale de l'ouvrage.
Paulo Coelho reprend l'histoire de Narcisse.
Cette image de Narcisse admirant son reflet au
bord de l'eau du lac est tout à fait capitale pour
notre lecture. En effet, ce prologue nous permet de
rencontrer en personne, et en première ligne, le
personnage de l'Alchimiste. C'est un lecteur, lui
aussi.
Ici, c'est la version poétique et personnelle
d'Oscar Wilde que le Maître du Grand Œuvre
découvre. L'écrivain anglais auteur d'un superbe
texte intitulé l'Enfant de l'étoile. Celui-là même qui
écrivit dans le célèbre Portrait de Dorian Gray une
parabole du temps éternisé dans l'homme plus que
dans l'art. Cet écrivain, lui aussi alchimiste, on le
devine en face de la jeunesse inaltérée de son nar-
cissique Dorian ; il peut, mieux qu'un autre,
converser avec le mystérieux héros de Paulo
Coelho.
Les caravanes ont porté jusqu'au Prince des
Sables une parole écrite ailleurs et autrefois dans
un livre, mais qui fait entendre la voix de la Nature
quand elle dialogue avec les hommes. Alors, c'est
en plein désert que l'eau parle. Mirage de la lec-
ture.
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On lit, dans ce prologue qui parle de reflets,


d'échos, de miroirs où tout se réfléchit, le discours
du lac au-dessus duquel Narcisse venait contem-
pler son image. On entend les divinités des bois
pleurer Narcisse. Les murmures et les images s'ap-
pellent, se dédoublent. Dès lors, l'alchimiste de
Paulo Coelho et nous-même sommes enveloppés
par les vies chuchotantes des êtres qui nous répon-
dent.

La nature est un temple où de vivants piliers


Laissentparfois sortir de confusesparoles ;
L'homme y passe à travers desforêts de symboles
Qui l'observent avec des regardsfamiliers.

Il y a dans l'œuvre de Paulo Coelho le bruit de


ces « confuses paroles » dont Charles Baudelaire se
laissait délicieusement troubler. Dans ce récit fabu-
leux que nous allons lire, elles essaient simplement
de se dévoiler en un langage plus clair.

Entrons sur la pointe des pieds dans ce royaume


de la fiction, comme dans ces écrans du virtuel ou
dans les séries d'images d'une bande dessinée. En le
faisant, nous acceptons, le temps d'une lecture, de
croire que d'autres univers existent à côté de celui
où nous vivons. En les entrevoyant, nous pourrons
peut-être mieux répondre aux mystères des ques-
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tions que chaque vie pose. Il faut accepter de se


laisser prendre par la main, d'être éclairé.
Le conteur va nous promener, sans vouloir
jamais être vraisemblable ni logique, d'un bord de
la Méditerranée à l'autre. Sans égard pour le temps
qui court à sa vitesse propre. Dans cette durée sans
calcul qui rythme le pas des aventuriers, sur les
chemins du Graal ou sur ceux de l'or prédestiné au
berger d'Andalousie avec lequel nous faisons
connaissance.
Avant de pénétrer dans les arcanes du conte qui
nous attend aux portes de Tarifa, laissons flotter
n o t r e i m a g i n a t i o n , c ' e s t - à - d i r e f r ô l o n s d ' u n s o u f f l e

n o t r e p l a i s i r d e l e c t e u r s . C r é d u l e s . R a v i s .

L ' A l c h i m i s t e d e P a u l o C o e l h o e s t u n t e x t e q u i

l a i s s e s e l e v e r u n v e n t n o u v e a u d a n s l ' é c r i t u r e d e s

h i s t o i r e s q u i d o n n e n t d u b o n h e u r . U n a i r c h a u d ,

c h a r g é d e s y m b o l e s , t o u t c h u c h o t a n t d e n o m s q u i

f o n t é c h o à n o t r e b e s o i n d ' i n s o u c i a n c e . P a r

e x e m p l e , l e L e v a n t , v e n t d u s u d , e s t l ' u n e d e s

g r a n d e s r e n c o n t r e s q u e f e r a S a n t i a g o l e p è l e r i n . L e

n o m d e c e v e n t q u i s e l è v e a u - d e s s u s d e s p a g e s e s t

l à c o m m e l e p a r t i c i p e p r é s e n t d ' u n e g r a m m a i r e d e

l ' E s p é r a n c e d u j o u r t o u j o u r s p r ê t à n a î t r e .

S i q u e l q u ' u n s ' e n v a o b s t i n é m e n t v e r s l e s p r e -

m i e r s r a y o n s d u s o l e i l , n e l e f a i t - i l p o i n t p o u r

s ' é l o i g n e r d e s o m b r e s d e l a M o r t ?
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La lecture devient un jeu de découvertes


joyeuses, jubilatoires : les mots reprennent leur
fonction poétique.

Avec ce récit quelque chose se passe aussi, de


façon discrète mais indiscutable ; la parole n'est
pas ressentie comme un objet d'analyse médicali-
sée. C'est-à-dire que le psychologue, ou l'analyste,
n'a plus le premier rôle dans la lecture de l'âme. La
psyché est rendue à la vie des profanes que nous
sommes. Le sacré se joue, non plus sur un divan,
mais sur le sable de la belle grande plage des contes
merveilleux. On voit les mots s'inscrire tranquille-
ment dans le reniement des freudismes faciles. Le
passé et l'avenir sont dessins ou desseins qu'aucune
culpabilité ne viendra entacher. Un vent, qui est
« levant », nous emmène au bout du monde. La
parole partagée n'est pas un objet de science ni la
révélatrice de secrets honteux. Le mot n'est plus
fautif ou sournoisement « lapsus », il énonce dou-
cement à l'oreille une vérité à la fois infinie et
accessible.
Ceux qui parlent sont souvent inspirés par une
lumière. Les mots ne sont plus malades. Ce ne sont
plus des médecins qui doivent nous en guérir.
Il semble qu'avec cet ouvrage s'ouvre un temps
où les mots jouent à faire de la transparence, une
ère du vocable poète et prophète à la fois. Un
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lexique moins ésotérique mais aussi digne que les


plus inoubliables paraboles. Car l'origine du mot
« parole », c'est justement en latin parabolare :
« dire en images ».

Dans un univers moderne tel que le nôtre, et


sous tous les cieux, l'image est devenue, paraît-il,
maîtresse du monde.
Voilà un petit livre de quatre sous qui parle
avec simplicité de la rencontre avec le Destin, la
Fortune et, ne nous en déplaise, avec l'Amour. Il
parle une langue qui ressemble à la nôtre et qui
pourrait bien appartenir à tous nos souvenirs
soudain devenus réseaux de sens. Comme des fils
tissant les histoires entendues ici ou là avec nos
images personnelles prises au piège de nos émo-
tions.
Il n'y a que deux genres d'ouvrages qui appar-
tiennent à cette race de livres. Les contes et la
Bible.

Là où l'on entrevoit le pays des merveilles

Dans ces écrits qui viennent de la profonde


mémoire de l'homme, il n'est pas question d'in-
trospection. Le miroir n'inspecte pas les replis de
l'esprit et les fonctionnements de la pensée, voire
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les secrets de l'âme. Le chemin est toujours celui de


la découverte du visage invisible du monde.
Comme si la flamme des tableaux de Georges de
La Tour venait soudain éclairer l'ouverture par
laquelle l'infini parvenait jusqu'à nous.

D'ailleurs, le voyage de Santiago est un mode


d'emploi pour devenir cette flamme. Comme on
apprend par imprégnation, la familiarité avec la
lumière peut faire de nous des enfants de lumière.
Cela veut dire que l'on porte déjà en soi l'étincelle
et l'écho que l'on a, extérieurement, cessé d'être.
Pour pénétrer dans le sacré, il est possible de se
destiner à être ermite au désert, moine dans un
couvent du Tibet ou d'Auvergne. Mais ce qui est
peut-être beaucoup plus vrai c'est qu'il suffit sim-
plement de voir au-delà des apparences. Et surtout
d'entendre les murmures de l'univers tout autour
de soi, et en soi. Le lac pleure la mort de Narcisse
parce que les yeux de l'homme renvoyaient à l'eau
fidèle son image et la preuve de son existence. Le
lac de toutes les solitudes parle de l'absence d'un
regard qui abolit le dialogue. Il suggère aussi que la
morale des mythes et des fables n'est pas celle que
l'on a voulu nous faire croire.
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Dans ce livre un secret veut se dé-livrer.


Une offrande pleine de surprises. Un texte qui
donne sans rien demander en échange.
C'est, au-delà des phrases et de l'histoire d'un
berger d'Andalousie, le cadeau de la carte, mysté-
rieuse et accessible cependant, du Chemin de Vie.
C'est la route du Petit Poucet, celle de Cendrillon,
et celle de la Fille aux mains coupées.
Ce qui va nous être révélé tout au long de cette
route, c'est qu'en marchant on fait avancer l'être
en soi tandis qu'il se cherche dans les pays décou-
verts. Ce qui est traversé au fil des heures, c'est la
Vie. Le berger chemine à l'intérieur de lui-même.
Il n'y aura pas de regrets, de régression, ni de
retard.
Mais le temps qui nous fait si peur, et que nous
ressentons comme si court, ne va désormais plus se
compter aux aiguilles de la fatalité, mais au rythme
d'une musique intime qui guide le destin et la
chance.
Pour réussir le voyage, il faut d'abord faire le
« vide ». Sortir de l'« ego » si plein, si lourd. Puis se
projeter dans l'espace le plus éloigné des fortifica-
tions qui nous protègent si bien que nous ne
voyons pas au-delà d'elles.
Une fois entré dans cette dimension sans
mesures calculables, le temps se dissout et ouvre
tranquillement les chemins du labyrinthe des
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secrets. Au point que sans mal, le plus humble


enfant de la planète pourra comme les plus grands
sages chevaucher le vent ; mieux, devenir le vent à
son tour.
Enfin, Santiago marche devant nous à la décou-
verte du Beau.
Tous les voyages ont cette destination.
Dans les contes, l'image se concrétise parfois
dans le visage d'une jeune fille au cœur pur. Si un
jour l'Être en nous choisit de se mettre en mouve-
ment, c'est pour aller à la rencontre de l'Amour.
C'est donc bien de l'aventure suprême dont il
sera question ici.
Le propos devient alors profond et grave comme
un rêve qui se transforme en réalité. Il suffit de lais-
ser s'ouvrir une à une toutes les issues du moi pour
communier avec la vérité du monde. Flotter sur les
eaux matricielles de la Terre et du Ciel.
Devenir ce que l'on espérait être : un enfant des
étoiles.
Le Pèlerin illuminé de retour de Campo-Stelle.

En route pour la découverte de ce que recèle,


révèle cet ouvrage qui parle si doucement de la Joie
et de la Chance.
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Il se nommait Santiago...

D'abord, et indéniablement, c'est un roman


d'initiation, un livre de quête. C'est-à-dire un véri-
table conte des merveilles.
Un de ces récits qui invitent le lecteur à retrou-
ver des émotions naïves. Un texte qui nous mène
par le bout du nez, ou le bout du cœur, et qui fait
semblant de croire que nous ne savons pas à
l'avance ce qui va arriver.
Avec l'Alchimiste, on est un lecteur d'âge tendre.
Dès le début, l'auteur nous met en situation de lui
accorder notre confiance. On attend du mystère,
des retournements de situation, des mots et des
gestes magiques : la toute-puissance de la poésie.
Le secret de notre pouvoir d'être humain et surhu-
main tout à la fois.
Si l'on veut bien écouter le bruit que font les
mots des fées dans notre mémoire, on va
comprendre ce qui se passe dans les territoires de
notre imaginaire visités par ce petit Andalou guidé
par un écrivain-conteur.
Les contes sont souvent accompagnés du très
délicieux vocable de « merveilleux » ou entourés de
la présence non moins troublante du complément
du nom « fées ».
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Attardons-nous une seconde sur la pointe du


diamant qui fait chatoyer la baguette des dames
des sources et des sylves.
Qu'est-ce donc qu'un conte ? Et de quelle
manière l'Alchimiste répond-il à la grande tradition
de ce genre littéraire ?

Un conte, c'est la littérature la plus familière.


C'est la première. Et même si nous n'avons pas une
bibliothèque pour la contenir, une grand-mère la
possède et nous la livre.
C'est le bruissement de tout ce qui se blottit
dans nos cachettes intimes. Cette mémoire singu-
lière qui se souvient de temps dont on a perdu la
mémoire objective. Ce sont les histoires du temps
passé. Celles de Ma Mère l'Oie. Celles qui s'écou-
tent et s'entendent auprès d'un feu de bois, un feu
de joie, un feu d'enfance et d'autrefois... D'autres
fois... Quand les oiseaux parlaient le même langage
que nous. Quand le temps était avant le temps.
Quand nous croyions que notre souffle était fait
de l'haleine des mots de Dieu.
Les contes, ce sont des histoires sérieuses et
importantes qui disent de façon simple ce qu'il y a
de plus compliqué à transmettre.
Comment, sans Poucet, expliquer que les
parents doivent perdre leurs enfants pour mieux les
retrouver ?
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Comment supporter que le loup violente la


petite fille coiffée de rouge, si l'on ne sait plus ima-
giner que la demoiselle étourdie va de la maison de
sa mère vers celle de sa grand-mère pour
comprendre ce qui est au début de tout. L'enfant
coiffée de rouges coquelicots va à la rencontre du
temps dévoreur des jeunes et des vieux. Mais, dans
le ventre terrible des Heures, un homme parfois
peut ouvrir une brèche pour laisser revenir au
monde les anciens et les petits enfants insouciants.
Qui aurait pu nous faire admettre qu'à peine
née, une délicieuse fillette soit jetée dans le som-
meil le plus invraisemblable pour un couvert
oublié sur la table de son baptême, sinon un écri-
vain-conteur qui chercherait à nous apprendre que
dormir longtemps n'est pas une fin définitive ? Et
que l'espace d'un bois dormant n'est que celui de
l'amour qui vient à son heure ?

Les paraboles conteuses sont la morale unique


de la joie et de la confiance dans l'homme immor-
tel.
Ce ne sont peut-être que des dessins en noir,
blanc et rouge aux couleurs de Blanche-Neige.
Mais on sait, après avoir entendu une seule fois le
conte de la princesse aux sept nains, que les cer-
cueils s'ouvrent sur le rire du bonheur. La résurrec-
tion attend les enfants qui passent à travers le
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Ce livre s'adresse d'abord à tous ceux qui ont


puisé dans le roman de Paulo Coelho, L'Alchimiste,
des joies, des forces, un réconfort inattendu.
Ensuite, à ceux qui, surpris par son exceptionnel
succès, se posent la question du Secret, de la
magie qui leur a échappé.
Lilas Voglimacci propose ici, dans une écriture
fluide et inspirée, son analyse éclairée des
clefs du bonheur que procure L'Alchimiste :
les ingrédients de la recette de l'or transmuté.
En puisant aux sources des contes, de la Bible,
du Grand Œuvre, voilà que Paulo Coelho a
réveillé les images enfouies dans la mémoire et
dans le cœur du lecteur, à son insu. L'Alchimiste
n'était qu'un conte, le texte de Lilas Voglimacci
l'est aussi... laissez-vous prendre par la main.

Lilas Voglimacci,
universitaire, est aussi
conteuse et écrivain (La
Tzigadzana, La Robe
d'Anna). Sa thèse sur
La Belle au Bois
D o r m a n t et son sens
aigu de la psychologie
la d é s i g n a i e n t tout
naturellement pour
r e n v o y e r au l e c t e u r
tous les miroitements
de la poésie du Savoir.
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