Cours Droit Du Travail
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Cours Droit Du Travail
I- Introduction générale
Le licenciement :
Selon l’article 35 du code de travail marocain :
L’employeur ne peut mettre fin au CDI que sur la base d’un motif valable, lié à
l’inaptitude du salarié, { sa conduite ou { un motif lié aux nécessités du fonctionnement
de l’entreprise.
Notion de « Motif valable »
Cette notion constitue une protection contre les licenciements abusifs. Pour être valable,
le motif doit être exacte, précis et objectif.
Motifs non valables
L’article 36 du Code de travail marocain énumère les motifs non valables pour licencier :
1- l’affiliation syndicale
2- la participation à des activités syndicales en dehors des heures de travail
3- le fait de se porter candidat { un mandat de délégué des salariés, de l’exercer ou
l’avoir exercé
4- le fait d’avoir déposé une plainte ou participé { des actions judiciaires contre
l’employeur
5- la race, la couleur, le sexe, la situation conjugale, les responsabilités familiales, la
religion
6- L’handicap dans la mesure où il ne fait pas obstacle { l’exercice d’une fonction
adéquate
Motifs valables
Motif lié à l’inaptitude du salarié :
- inaptitude physique ou mentale
- inadaptation aux innovations technologiques liées au fonctionnement de son poste
- manque de dynamisme
- insuffisance professionnelle
- incapacité de réaliser des objectifs généralement atteints par tout salarié occupant ce
poste
Motifs liés à la conduite du salarié :
Faute grave : elle justifie la rupture immédiate du contrat de travail. Elle rend
impossible le maintien du salarié dans l’entreprise. Elle prive le salarié du bénéfice du
préavis et de l’indemnité de licenciement.
L’art. 39 C. Tv. marocain a énuméré les fautes considérées comme graves :
1- le délit portant atteinte { l’honneur, { la confiance et mœurs
2- la divulgation d’un secret professionnel
3- le fait de commettre les actes suivants dans l’établissement :
+ le vol
+ l’abus de confiance
+ l’ivresse publique
+ la consommation de stupéfiants
+ l’agression corporelle
+ l’insulte grave
+ le refus du salarié d’exécuter un travail de sa compétence
+ l’absence injustifiée du salarié pour plus de 4 j ou 8 demi journées pendant une
période de 12 mois.
+ la détérioration grave des équipements, des machines ou matières premières par le
salarié
+ toute forme de violence ou agression dirigée contre un salarié, l’employeur ou son
représentant
La procédure
La procédure { suivre diffère selon qu’il s’agit de faute légère ou faute grave
➢ la procédure en cas de faute légère (art. 37 c. Tv.)
L’employeur peut prendre l’une des sanctions suivantes :
1- l’avertissement
2- le blâme
3- un deuxième blâme ou la mise à pied pour une durée n'excédant pas huit jours
4- un troisième blâme ou le transfert à un autre service ou, le cas échéant, à un autre
établissement, le lieu de résidence du salarié étant pris en considération.
➢ la procédure en cas de faute grave (art. 61 à 65 c. Tv.)
1- Audition du salarié : avant de prendre sa décision l’employeur doit entendre le
salarié. Ce dernier peut être accompagné par un délégué de personnel ou représentant
syndical.
2- Un procès verbal d’audition est dressé par la direction de l’entreprise. Il est signé par
les deux parties et une copie est remise au salarié. En cas de refus de poursuivre, il y a
recours { l’inspecteur du travail.
3- La décision de licenciement est remise au salarié en mains propres contre reçu ou
envoyée par LRAR dans un délai de 48h.
4- La décision de licenciement doit être adressée { l’agent chargé de l’inspection de
travail.
Motif lié au fonctionnement de l’entreprise : Licenciement économique (ou pour
motifs structurels et technologiques)
Définition : Contrairement au licenciement précédent qui est individuel il s’agit ici le
plus souvent d’un licenciement collectif
Il s’agit de difficultés économiques que l’entreprise ne peut surmonter par d’autres
moyens que le licenciement. Exemples :
- crise financière grave mettant en péril l’avenir de l’entreprise
- diminution durable de l’activité économique de l’entreprise
- situation du marché : baisse saisonnière ou structurelle de la demande ou perte d’une
importante clientèle au profit de la concurrence
Procédure :
1- Consultation des représentants de personnel
- Entreprises occupant 10 salariés et plus : informer les délégués du personnel et les
syndicats un mois avant.
- Entreprises occupant 50 salariés et plus : informer le comité d’entreprise.
2- solliciter du délégué régional l’autorisation de licencier : c’est une autorisation
délivrée par le gouverneur dans un délai max de 2 mois.
Certaines pièces doivent accompagner la demande :
- Rapport sur les motifs du licenciement
-Etat de la situation économique et financière de l’entreprise
- Rapport établi par un expert comptable ou un CAC
Le préavis :
Le préavis a pour objectif d’atténuer l’effet d’une brusque rupture des relations de
travail { l’initiative de l’employeur et de permettre au salarié licencié de chercher un
nouvel emploi.
Le préavis n’est exigé que lors de la rupture d’un CDI
Durée :
La détermination du délai de préavis dépend du grade et de l'ancienneté du salarié.
De 1 à 5 De 1 à 5 ans………………………………2
ans……………………………………..1 mois
mois
Indemnités de licenciement
Définition :
La rupture par l’employeur du contrat de travail engage pour celui-ci l’obligation de
payer au salarié une indemnité de licenciement, quelque soit le motif qui a justifié sa
décision.
L’indemnité de licenciement ne se confond pas avec les DI qui sont accordés en cas de
licenciement abusif
Conditions d’octroi :
1- il doit s’agir d’un licenciement. Une démission n’ouvre pas droit { cette indemnité
2- le salarié licencié pour faute grave ne peut prétendre à une telle indemnité.
Indemnités Ancienneté
Calcul de l’indemnité :
Le licenciement abusif :
Le droit de rupture du contrat doit être pratiqué sans abus.
En cas de rupture abusive du contrat de travail par l’une des parties, la partie lésée a le
droit de demander des dommages-intérêts.
La procédure :
- tentative de conciliation
- En cas d’échec de la tentative, le salarié pourra engager une action en justice pour
demander des DI.
La base de l’indemnité pour licenciement abusif : 1 mois et demi par année avec un
maximum cumulé de 36 mois
Le salaire
Notion de salaire
Aucune définition légale n’a été donnée au salaire.
Le salaire est « la contrepartie d’un travail effectué par un ouvrier ou un employé au
profit d’un employeur auquel il est lié par un contrat de travail ».
I- Fixation du salaire :
Selon l’article 345 du code de travail :
« Le salaire est librement fixé par accord direct entre les parties ».
le montant du salaire est, le plus souvent, déterminé par l’employeur en fonction de la
qualification reconnue au salarié { l’embauche.
SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti)
Selon l’article 356 c. Tv.
« le salaire minimum légal ne peut être inférieur aux montants fixés par voie
réglementaire ».
Aucun salaire ne peut être payé en dessous du salaire minimum.
Calcul : depuis le 1er juillet 2019
- Dans les activités non agricoles, le SMIG est calculé sur la base d’une rémunération
horaire :
Taux actuel 14,13 MAD /h
44 h / semaine (44 h/6 jours = 7,33 h / j 7,33 x 26 j travail = 190, 58 arrondi à 191 h)
191h / mois
SMIG mensuel : 2698,83 MAD / mois
- Dans les activités agricoles, le SMAG (Salaire Minimum Agricole garanti) est calculé sur
la base d’une rémunération journalière .
Taux actuel 73,22 MAD / jour (depuis le 1er juillet 2019).
II- Formes du salaire
Le salaire peut prendre l’une des formes suivantes :
A- Salaire au temps
Ce salaire ne tient compte que du temps passé au travail. Aucun autre élément n’est pris
en considération.
Il peut être horaire, journalier, hebdomadaire, bimensuel ou mensuel.
B- Salaire au rendement
Il est fixé en fonction des quantités produites, de l’économie de temps réalisé ou de
l’effort déployé par le salarié. Il peut prendre l’une des formes suivantes :
- Salaire aux pièces
- Salaire à la tâche
- Primes de rendement
C- Salaire en fonction du chiffre d’affaires
Le salaire est constitué d’un pourcentage du chiffre d’affaires réalisé par le salarié. C’est
un pourcentage des commandes fermes s’ajoutant au salaire fixe.
III - Composition du salaire :
A- Les éléments inclus dans le salaire :
Le salaire est composé de :
- Salaire de base
- Compléments ou accessoires
a- Le salaire de base
Il s’agit de la contrepartie du travail fourni.
b- Les compléments de salaire
1- Les avantages en nature : c’est une rémunération complémentaire donnée en nature
(nourriture, logement, chauffage, habillement, voiture de service…etc.) Exemple :
Chantiers qui se trouvent loin des agglomérations ; Hôtellerie et Restauration ; cas des
concierges.
2- Les gratifications : c’est une somme d’argent remise par l’employeur au salarié:
- soit parce qu’il lui a donné satisfaction en accomplissant normalement son travail, mais
aussi et surtout lorsqu’il a contribué { la prospérité de son entreprise (exercice
satisfaisant : prime de bilan, 13ème mois).
- soit { l’occasion d’événements familiaux intéressant le salarié (mariage ou naissance
d’un enfant)
3- Les primes : Une prime peut répondre { l’un des trois objectifs :
❖ rémunérer la stabilité du salarié dans l’entreprise (prime d’ancienneté et
d’assiduité). L’article 350 du code de travail dispose que tout salarié doit
bénéficier d’une prime d’ancienneté fixée dans les conditions suivantes :
- une augmentation de 5% du salaire après 2 ans de service
- une augmentation de 10% du salaire après 5 ans de service
- une augmentation de 15% du salaire après 12 ans service
- une augmentation de 20% du salaire après 20 ans de service
- une augmentation de 25% du salaire après 25 ans de service
❖ rémunérer un effort particulier imposé par la nature du travail (prime de
pénibilité : travail dans des conditions pénibles : froid, chaleur, travaux en
hauteur pour le bâtiment)
❖ rémunérer un effort particulier dans l’accomplissement du travail : primes
incitant le salarié à produire plus (prime de rendement).
IV- Paiement du salaire
A- Modalités de paiement
Le salaire doit être payé en monnaie ayant cours légal au Maroc.
Le versement du salaire est effectué en espèces pour les ouvriers et par chèque ou
virement pour les employés et les cadres.
Ps: Dès que le montant total de la rémunération excède 10.000 dhs le paiement du
salaire doit se réaliser par chèque ou virement.
B- Périodicité de paiement
Le salaire doit être payé :
- au moins deux fois par mois { 16 jours d’intervalle aux ouvriers
- au moins une fois par mois aux employés
Si le travail est aux pièces ou { la tâche ( où l’exécution doit durer plus de 15 jours) le
travailleur doit recevoir des acomptes chaque quinzaine et être payé intégralement dans
la quinzaine qui suit la livraison d’ouvrage.
C- Moment de paiement
Le paiement du salaire ne peut avoir lieu un jour où le salarié a droit au repos. Exception
: Entreprises des bâtiments et travaux publics (BTP).
Le paiement commence { l’heure indiquée et doit se terminer au plus tard 30 min après
l’heure fixée pour la fin du travail du salarié
F- Preuve de paiement
Il existe deux modes de preuve propres à la relation de travail et qui tendent à protéger
le salarié :
- Le bulletin de paye
- Le livre de paye
G- Protection de salaire
Pourquoi protéger le salaire ?
Au cours de l’exécution du travail le salaire peut se trouver menacé par certains dangers.
Ces dangers peuvent provenir soit :
1- de la part des créanciers de l’employeur lorsque le passif de ce dernier excède l’actif,
le salarié se trouve alors menacé de ne pouvoir recouvrer l’intégralité de la
rémunération.
2- de la part des créanciers du salarié lui-même qui pour se faire rembourser
l’intégralité de leurs créances, pourraient empêcher le versement du salaire entre les
mains du travailleur
3- de la part de l’employeur en utilisant la compensation lorsqu’il est créancier de son
employé.
a- protection à l’encontre des créanciers de l’employeur
• Le super privilège général :
Selon l’article 382 du code de travail les salariés bénéficient, pour le paiement des
salaires et indemnités dus par l’employeur du privilège de premier rang (super
privilège) institué sur la généralité des meubles de l’employeur.