Cour-D'appel N°2121952 15 09 2022

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15 septembre 2022

Cour d'appel de Paris


RG n° 21/21952

Pôle 1 - Chambre 2

Texte de la décision

Entête

Copies exécutoiresREPUBLIQUE FRANCAISE

délivrées aux parties le :AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

COUR D'APPEL DE PARIS

Pôle 1 - Chambre 2

ARRET DU 15 SEPTEMBRE 2022

(n° , 9 pages)

Numéro d'inscription au répertoire général : N° RG 21/21952 - N° Portalis 35L7-V-B7F-CE27K

Décision déférée à la Cour : Ordonnance du 25 Novembre 2021 -Juridiction de proximité de Paris - RG n° 21-002237

APPELANTE

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LA VILLE DE [Localité 4], prise en la personne de Madame la Maire de [Localité 4], Mme [Y] [B], domiciliée en cette qualité
audit siège

Hôtel de Ville

[Localité 2]

représentée par Me Stéphane DESFORGES de la SELARL LE SOURD DESFORGES, avocat au barreau de PARIS, toque :
K0131

INTIMES

Monsieur [N] [H]

[Adresse 1]

[Localité 5]

(bénéficie d'une AIDE JURIDICTIONNELLE TOTALE numéro 2022008874 du 08/04/2022 accordée par le bureau d'aide
juridictionnelle de PARIS)

Monsieur [K] [X]

[Adresse 1]

[Localité 5]

Représentés et assistés par Me Matteo BONAGLIA, avocat au barreau de PARIS

(bénéficie d'une AIDE JURIDICTIONNELLE TOTALE numéro 2022008872 du 08/04/2022 accordée par le bureau d'aide
juridictionnelle de PARIS)

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COMPOSITION DE LA COUR :

En application des dispositions de l'article 805 du code de procédure civile, l'affaire a été débattue le 15 juin 2022, en
audience publique, les avocats des parties ne s'y étant pas opposés, devant Thomas RONDEAU, Conseiller, chargé du
rapport.

Ce magistrat a rendu compte des plaidoiries dans le délibéré de la cour, composée de :

Marie-Hélène MASSERON, Présidente de chambre

Thomas RONDEAU, Conseiller,

Michèle CHOPIN, Conseillère,

Qui en ont délibéré,

Greffier, lors des débats : Mme Mélanie PATE

ARRET :

- CONTRADICTOIRE

- par mise à disposition de l'arrêt au greffe de la Cour, les parties en ayant été préalablement avisées dans les conditions
prévues au deuxième alinéa de l'article 450 du code de procédure civile.

- signé par Mme Marie-Hélène MASSERON, présidente de chambre et par Saveria MAUREL, greffière présente lors de la
mise à disposition.

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Exposé du litige

*****

EXPOSÉ DU LITIGE

La Ville de [Localité 4] est propriétaire d'un immeuble situé [Adresse 1] à [Localité 5] qui a fait l'objet d'une promesse de
vente en date du 09 décembre 2019.

Informée de l'occupation des lieux par un certain nombre de personnes, la Ville de [Localité 4] a déposé plainte le 29
juillet 2021 et a fait constater par huissier le même jour l'occupation des lieux par M. [N] [H] et M. [K] [X].

Par acte d'huissier en date du 18 août 2021, la Ville de [Localité 4], représentée par son maire en exercice, a fait assigner
M. [H] et M. [X] devant le juge des contentieux de la protection du tribunal judiciaire de [Localité 4], statuant en référé,
aux fins de voir :

* ordonner, à défaut de départ volontaire, l'expulsion immédiate de M. [H] et M. [X], ainsi que celle de tous occupants de
leur chef, si nécessaire avec l'aide de la force publique,

* supprimer le délai de l'article L. 412-1 du code des procédures civiles d'exécution et le sursis à exécution de l'article L.
412-6 du même code,

* ordonner la séquestration du mobilier et du matériel garnissant lesdits lieux dans un garde-meubles aux frais, risques
et périls des défendeurs,

* condamner in solidum M. [H] et M. [X] au paiement d'une somme de 1.000 euros au titre de l'article 700 du code de
procédure civile, et aux dépens.

En réplique, les défendeurs ont sollicité la mise hors de cause de M. [X], l'intervention volontaire de l'association 79
Cartier Bresson, le rejet des demandes, des délais, l'invitation à rencontrer un conciliateur de justice, leur donner acte
d'observations sur l'exécution provisoire.

Par ordonnance contradictoire du 25 novembre 2021, le juge des contentieux de la protection, en référé, a :

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- au principal renvoyé les parties à se pourvoir ainsi qu'elles aviseront mais, dès à présent ;

- invité les parties à rencontrer un conciliateur de justice du tribunal judiciaire de [Localité 4] ;

- déclaré irrecevable l'intervention volontaire de l'association 79 Cartier Bresson ;

- rejeté la demande de mise hors de cause de M. [X] ;

- constaté que M. [H] et M. [X] sont occupants sans droit ni titre des locaux situés [Adresse 1] à [Localité 5] ;

- ordonné, à défaut de libération volontaire des lieux, l'expulsion de M. [H] et de M. [X] ainsi que celles de tous occupants
de leur chef, avec si besoin est, le concours de la force publique, à compter de la signification par la Ville de [Localité 4] à
M. [H] et à M. [X] de l'acte de vente ou à défaut à l'expiration d'un délai d'un an à compter de la signification de la
présente décision ;

- rappelé que le sort du mobilier garnissant le logement est prévu par les articles L. 433-1 et suivants du code des
procédures civiles d'exécution ;

- débouté la Ville de [Localité 4] de sa demande de suppression du délai prévu par l'article L.412-1 du code des
procédures civiles d'exécution ;

- débouté la Ville de [Localité 4] de sa demande de suppression du sursis en période hivernale prévu par l'article L. 412-6
du code des procédures civiles d'exécution ;

- dit que conformément à l'article R. 412-2 du code des procédures civiles d'exécution, la présente décision sera
transmise par les soins du greffe au Préfet de [Localité 4] en vue de la prise en compte de la demande de relogement de
M. [H] ;

- débouté la Ville de [Localité 4] de sa demande au titre des frais irrépétibles ;

- condamné in solidum M. [H] et M. [X] aux dépens ;

- rappelé que la présente ordonnance est de plein droit exécutoire à titre provisoire.

Par déclaration du 13 décembre 2021, la Ville de [Localité 4] a relevé appel de cette décision, les deux numéros
d'enregistrement ayant donné lieu à jonction.

Moyens

Dans ses conclusions remises le 3 juin 2022, auxquelles il convient de se reporter pour plus ample exposé de ses
prétentions et moyens, la Ville de [Localité 4] demande à la cour, au visa des articles 32 et 122 du code de procédure
civile, des articles 834 et 835 du code de procédure civile, de l'article 544 du code civil, de :

- infirmer l'ordonnance de référé rendue par le juge des contentieux de la protection statuant en référés du tribunal
judiciaire de [Localité 4] le 25 novembre 2021 (RG n°12-21-002237), en ce qu'elle a accordé aux défendeurs des délais
avant qu'il soit procédé à leur expulsion des lieux occupés sans droit ni titre et en ce qu'elle a été déboutée de ses
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demandes de suppression des délais prévus aux articles L. 412-1 et L. 412-6 du code des procédures civiles d'exécution ;

statuant à nouveau,

- ordonner, à défaut de libération volontaire des lieux, l'expulsion sans délai de M. [H] et M. [X] et de tous occupants de
leur chef ;

- constater que les intimés sont entrés par voie de fait ;

- supprimer le bénéfice du sursis à exécution prévu à l'article L. 412-6 du code des procédures civiles d'exécution ;

y ajoutant,

- condamner M. [H] et M. [X] aux entiers dépens de l'instance, ainsi qu'au paiement d'une somme de 4.000 euros au titre
des frais irrépétibles qu'il serait inéquitable de laisser à la charge de la Ville de [Localité 4].

La Ville de [Localité 4] soutient en substance :

- qu'outre leur illégalité, ces occupations présentent un risque pour la sécurité des personnes en raison de la présence
d'amiante, risque accru par l'intention des occupants d'effectuer des travaux ;

- que leur premier juge a permis aux occupants de se maintenir dans les lieux jusqu'à ce qu'il leur soit signifié l'acte de
vente du bien, ou à défaut de signification de l'acte de vente, pendant un délai d'un an ;

- que le bénéficiaire de la promesse de vente et futur acquéreur de l'immeuble a rappelé que l'immeuble devait être cédé
libre de toute occupation ;

- qu'il ne saurait être accordé de délais pour quitter les lieux aux occupants qui ne justifient d'aucunes démarches
récentes pour trouver un logement ;

- que la demande de logement social produite en première instance le 20 février 2020 et d'une durée de validité d'un an,
n'a jamais été renouvelée et était donc périmée lorsque le premier juge s'est prononcé ;

- que les occupants ne justifient d'aucune diligence récente entreprise pour trouver un logement, de ce seul fait, il ne
saurait leur être accordé aucun délai ;

- qu'il ne saurait être accordé de délais pour quitter les lieux aux occupants lorsque l'occupation présente des risques
pour la sécurité des personnes ;

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- qu'en effet, de tels lieux sont inadaptés à l'usage d'habitation et encore moins à l'usage d'expositions impliquant
l'accueil d'un public ;

- qu'il n'a pas été tenu compte du risque lié à l'amiante ;

- que les seules activités attestées dans les lieux sont des soirées festives réunissant plusieurs centaines de personnes ;

- que le 20 novembre 2021, la police est intervenue pour l'organisation d'une fête sauvage dans les lieux, réunissant plus
de 250 personnes et également le 6 mars 2022 ;

- que les occupants accueillent du public en grand nombre dans les lieux, en l'absence de l'examen au titre de la sécurité
incendie prévu pour les établissements recevant du public ;

- que l'organisation d'événements festifs de ce type, réunissant un grand-nombre de personnes, contrevenait à


l'interdiction d'attroupements en lieux clos édictée par les pouvoirs public ;

- que cette occupation menace donc directement la réalisation du projet [Adresse 3], nécessitant la cession de
l'immeuble libre de toute location ou occupation quelconque ;

- qu'afin de justifier des délais aux occupants, le premier juge a relevé que les occupants réalisent des activités paisibles
et favorisant la production artistiques de personnes en grande précarité ;

- que de tels motifs sont parfaitement inopérants pour justifier l'octroi de délais, et sont au demeurant non prouvés ;

- que le premier juge a accordé des délais dont le terme est divisé en deux branches : la première étant constituée par la
signification de l'acte de vente du bien aux occupants et la seconde étant à défaut de réalisation de la première, un an à
compter de la signification ;

- que concernant la première branche, en permettant l'occupation sans droit ni titre jusqu'à la signification de l'acte de
vente aux occupants, le premier juge s'est immiscé dans les relations entre les parties à la promesse et menace
directement la bonne réalisation du projet ;

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- que la seconde branche qui consiste à accorder un délai d'un an à compter de la signification de la décision est la seule
susceptible d'être satisfaite mais qu'elle revient à accorder en réalité des délais de près d'un an et demi avec la trêve
hivernale ;

- que de tels délais sont injustifiés au regard des considérations déjà exposées, et en particulier de l'absence de toute
démarche de recherche de logement entreprise par les occupants et menacent directement la pérennité du projet
[Adresse 3] ;

- que les occupants sans droit ni titre sont entrés dans les lieux par voie de fait ;

- que le premier juge a manifestement fait preuve de partialité au bénéfice des occupants, dès lors qu'il se contente de
simples déclarations de la part des occupants mais soumet en revanche la Ville de [Localité 4] à l'obligation d'apporter
une preuve diabolique en exigeant qu'elle justifie que tous les accès auraient été sécurisés et de justifier qu'aucune
dégradation n'aurait été commise pendant deux ans ;

- que la Ville de [Localité 4] a fait procéder à la sécurisation des lieux, en faisant intervenir le 3 juin 2021 un serrurier pour
condamner le rideau métallique de l'issue de secours et renforcer l'entrée principale du local anciennement à usage de
bowling en posant un renforcement en U avec cadenas et une chaîne avec un second cadenas ;

- que le 27 juillet 2021, les agents de la Ville de [Localité 4] ont constaté que les serrures et cadenas avaient été changés,
et que la chaîne posée par les soins de la Ville avait été retirée ;

- que les occupants ont indiqué qu'ils possédaient toutes les clés d'accès au local, qu'ils avaient changé les canons des
serrures et les cadenas sur l'ensemble du site ;

- qu'ils n'ont pu entrer dans les lieux autrement qu'en commettant une voie de fait et qu'il conviendra par conséquent de
supprimer le bénéfice du sursis à exécution de l'article L.421-6 du code des procédures civiles d'exécution.

Dans leurs conclusions remises le 7 juin 2022, auxquelles il convient de se reporter pour plus ample exposé de leurs
prétentions et moyens, MM. [H] et [X] demandent à la cour de :

- confirmer l'ordonnance entreprise ;

- rejeter les demandes de la Ville de [Localité 4] au titre des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile.

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M. [H] et M. [X] soutiennent en substance :

- qu'ils ont établi leur résidence principale et artistique en juillet 2021 dans les locaux vides, inoccupés et librement
accessibles sis [Adresse 1] à [Localité 4] ;

- qu'ils occupent depuis lors paisiblement pour un usage d'habitation et afin d'y mener plusieurs projets d'intérêt social
et artistique ouverts sur le territoire francilien ;

- qu'ils ont entièrement nettoyé les lieux qui présentaient des traces de précédents squat et ont désinfectés les pièces de
vie dans lesquels ils se sont installés ;

- qu'ils ne contestent pas occuper un bien immobilier appartenant à la Ville de [Localité 4] mais demandent à la cour
d'inscrire sa jurisprudence dans le cadre fixé par la Cour européenne de sauvegarde des droits de l'Homme ;

- que l'appelante ne rapporte pas la preuve d'un acte positif de violence ou d'effraction ni son imputabilité aux intimés et
par conséquent ne parvient pas à caractériser une voie de fait ;

- qu'en effet, les lieux étaient librement accessibles à la date du 4 juillet 2021, qu'ils avaient déjà été squattés comme
l'attestent les pièces de l'appelante ;

- qu'au regard de la Cour européenne des droits de l'Homme, une expulsion ne peut être considérée comme nécessaire
dans une société démocratique que si elle correspond à un besoin social impérieux et qu'il convient, en toute hypothèse,
de confronter les intérêts en présence lorsque le juge se prononce sur les modalités de l'expulsion à intervenir ;

- qu'il n'existe pour l'heure aucune urgence pour la demanderesse d'obtenir la libération des lieux en litige, les locaux
étaient vacants et désaffectés depuis plus de deux ans, la promesse de vente expirait le 9 mars 2021 ;

- que le réitération de la promesse de vente n'est nullement conditionnée à la libération préalable des lieux litigieux ;

- que la conciliation des intérêts en présence doit conduire à l'allocation de plus amples délais.

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Motivation

SUR CE LA COUR

Selon l'article 835 du code de procédure civile, le président du tribunal judiciaire ou le juge du contentieux de la
protection peuvent toujours, même en présence d'une contestation sérieuse, prescrire en référé les mesures
conservatoires ou de remise en état qui s'imposent, soit pour prévenir un dommage imminent, soit pour faire cesser un
trouble manifestement illicite.

L'alinéa 2 précise que, dans les cas où l'existence de l'obligation n'est pas sérieusement contestable, ils peuvent accorder
une provision au créancier, ou ordonner l'exécution de l'obligation même s'il s'agit d'une obligation de faire.

Le trouble manifestement illicite ici visé s'entend de toute perturbation résultant d'un fait matériel ou juridique qui,
directement ou indirectement, constitue une violation évidente de la règle de droit.

L'occupation sans droit ni titre d'un immeuble est ainsi de nature à constituer un trouble manifestement illicite, ou, à
tout le moins, l'obligation de quitter les lieux est non sérieusement contestable.

Il faut aussi rappeler que l'expulsion est la seule mesure de nature à permettre à un propriétaire de recouvrer la
plénitude de son droit sur le bien occupé illicitement, l'ingérence qui en résulte dans le droit au domicile des occupants,
protégé par l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme, ne saurait être disproportionnée, eu égard à
la gravité de l'atteinte portée au droit de propriété.

De plus, il résulte de l'article L. 412-3 du code des procédures civiles d'exécution que le juge peut accorder des délais
renouvelables aux occupants de lieux habités ou de locaux à usage professionnel, dont l'expulsion a été ordonnée
judiciairement, chaque fois que le relogement des intéressés ne peut avoir lieu dans des conditions normales, sans que
ces occupants aient à justifier d'un titre à l'origine de l'occupation.

Le juge qui ordonne l'expulsion peut accorder les mêmes délais, dans les mêmes conditions.

L'article L. 412-4 précise que la durée des délais prévus à l'article L. 412-3 ne peut, en aucun cas, être inférieure à trois
mois ni supérieure à trois ans. Pour la fixation de ces délais, il est tenu compte de la bonne ou mauvaise volonté
manifestée par l'occupant dans l'exécution de ses obligations, des situations respectives du propriétaire et de l'occupant,
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notamment en ce qui concerne l'âge, l'état de santé, la qualité de sinistré par faits de guerre, la situation de famille ou de
fortune de chacun d'eux, les circonstances atmosphériques, ainsi que des diligences que l'occupant justifie avoir faites en
vue de son relogement. Il est également tenu compte du droit à un logement décent et indépendant, des délais liés aux
recours engagés selon les modalités prévues aux articles L. 441-2-3 et L. 441-2-3-1 du code de la construction et de
l'habitation et du délai prévisible de relogement des intéressés.

En outre, selon l'article L.412-1 du code des procédures civile d'exécution, si l'expulsion porte sur un lieu habité par la
personne expulsée ou par tout occupant de son chef, elle ne peut avoir lieu qu'à l'expiration d'un délai de deux mois qui
suit le commandement, sans préjudice des dispositions des articles L.412-3 à L.412-7. Toutefois, le juge peut, notamment
lorsque la procédure de relogement effectuée en application de l'article L.442-4-1 du code de la construction et de
l'habitation n'a pas été suivie d'effet du fait du locataire, réduire ou supprimer ce délai.

Le délai prévu au premier alinéa de l'article L.412-1 du code des procédures civiles d'exécution ne s'applique pas lorsque
le juge qui ordonne l'expulsion constate que les personnes dont l'expulsion a été ordonnée sont entrées dans les locaux
par voie de fait.

Enfin, l'article L.412-6 du code des procédures civile d'exécution dispose que, nonobstant toute décision d'expulsion
passée en force de chose jugée et malgré l'expiration des délais accordés en vertu de l'article L.412-3, il est sursis à toute
mesure d'expulsion non exécutée à la date du 1er novembre de chaque année jusqu'au 31 mars de l'année suivante, à
moins que le relogement des intéressés soit assuré dans des conditions suffisantes respectant l'unité et les besoins de la
famille.

Par dérogation au premier alinéa de l'article L.412-6 du code des procédures civile d'exécution, ce sursis ne s'applique
pas lorsque la mesure d'expulsion a été prononcée en raison d'une introduction sans droit ni titre dans le domicile
d'autrui par voies de fait.

Le juge peut supprimer ou réduire le bénéfice du sursis mentionné au même premier alinéa lorsque les personnes dont
l'expulsion a été ordonnée sont entrées dans tout autre lieu que le domicile à l'aide des procédés mentionnés au
deuxième alinéa de l'article L.412-6.

En l'espèce, à titre liminaire, il sera observé qu'aucune des parties ne remet en cause en appel la circonstance que MM.
[H] et [X] occupent sans droit ni titre les lieux litigieux.

Ni l'appelante ni les intimés ne viennent en outre même contester le principe de la mesure d'expulsion.

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La Ville de [Localité 4] ne vient en effet contester :

- les délais accordés sur le fondement de l'article L. 412-3 précité ;

- le refus du premier juge de supprimer le délai de deux mois suivant le commandement de quitter les lieux résultant de
l'article L. 412-1 ;

- le refus du premier juge de supprimer le bénéfice du sursis en période hivernale par application de l'article L. 412-6.

Les intimés sollicitent eux la confirmation de l'ordonnance entreprise.

La cour statuera donc dans les limites de sa saisine, ainsi définie.

Concernant en premier lieu les délais accordés au visa de l'article L. 412-3 du code des procédures civiles d'exécution, il
sera observé, nonobstant les activités associatives réalisées sur les lieux :

- que les intimés observent valablement que la particulière urgence à obtenir la libération immédiate des lieux n'est pas
établie, étant notamment observé que le versement d'une indemnité que la ville attribue à un retard lié à la présence des
intimés n'est pas établi par les pièces versées (notamment la délibération du conseil municipal des 22 et 23 mars 2022,
pièce 22), MM. [H] et [X] rappelant que le projet global sur le site prévoit une prise de jouissance en 2025 ;

- que M. [H] justifie être bénéficiaire du RSA et demandeur d'un logement social depuis le 20 février 2020 (pièce 6),
demande actualisée en 2021 (pièce 10) ;

- que, de plus, le technicien de la ville (pièce 21) a constaté la présence sur les lieux d'extincteurs, de plans d'évacuation
et d'alarme incendie, ce que corroborent les pièces des intimés (pièce 7-2) de sorte que la dangerosité des locaux sur ce
point n'est pas établie ;

- que, s'agissant de la présence d'amiante, il est opposé à la ville un dossier de diagnostics techniques (pièce 7-2) ne
relevant pas la présence d'un matériau dégradé ;

- que les locaux sont également assurés ;

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- que la décision entreprise a en outre à juste titre apprécié les divers intérêts en présence, dans la mesure où la
réalisation de la vente permettrait une expulsion plus rapide des occupants.

Aussi, le délai d'un an de délai a été exactement apprécié par le premier juge, d'autant que la condition alternative
susmentionnée pour expulser en cas de la vente des locaux est de nature à garantir l'exercice par la ville des attributs
liés à son droit de propriété.

S'agissant en deuxième lieu du délai de deux mois de l'article L. 412-1 du code des procédures civiles d'exécution, il faut
indiquer :

- que ce délai ne s'applique pas lorsque le juge qui ordonne l'expulsion constate que les personnes dont l'expulsion a été
ordonnée sont entrées dans les locaux par voie de fait ;

- qu'il faut donc, dans ces circonstances, établir que MM. [H] et [X] sont entrés dans les lieux par voie de fait, ce qui
suppose, de leur part, un acte matériel positif, de violence ou d'effraction, ayant permis leur introduction dans le bien ;

- qu'ici, il n'est pas établi que les intimés ont pénétré par violence ou effraction dans les lieux, ce qui ne saurait résulter
uniquement de leur présence dans les lieux ni des constatations postérieures à leur entrée dans les lieux ;

- que les intimés rappellent aussi que le procès-verbal de difficultés dans le cadre de la promesse vente (pièce 15
appelante) indique que "le store permettant l'accès au local avait été cassé plusieurs semaines avant l'occupation illégale
des lieux" et que "la ville n'a pris aucune mesure pour y remédier ou pour réparer le système de fermeture" ;

- que c'est dès lors à juste titre que le premier juge a entendu maintenir l'application des dispositions de l'article L. 412-1.

Enfin, en troisième et dernier lieu, quant au bénéfice du sursis en période hivernale résultant de l'article L. 412-6 du code
des procédures civiles d'exécution, la cour relève là aussi que l'absence de voie de fait démontrée imputable aux intimés
commande qu'il puisse bénéficier des délais protecteurs pendant l'hiver, tels qu'il résulte de cette disposition.

Ainsi, au regard de l'ensemble de ces éléments, il y a lieu de confirmer l'ordonnance entreprise, en ce compris le sort des
frais et dépens de première instance exactement réglé par le premier juge.

La Ville de [Localité 4] succombant en son appel, il ne sera pas fait application des dispositions de l'article 700 du code de
procédure civile à hauteur d'appel et la partie appelante sera condamnée aux dépens d'appel.

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Dispositif

PAR CES MOTIFS

Confirme l'ordonnance entreprise en ses chefs soumis à la cour ;

Y ajoutant,

Dit n'y avoir lieu à application de l'article 700 du code de procédure civile à hauteur d'appel ;

Condamne la Ville de [Localité 4] aux dépens d'appel.

LE GREFFIER LA PRESIDENTE

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