Utilisation Des Reseaux de Neurones Pour
Utilisation Des Reseaux de Neurones Pour
Utilisation Des Reseaux de Neurones Pour
θθθθθθθθθθ
THESE
1
Remerciements :
Cette étude s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet européen, Blast-Control, dont le
but a été de montrer l’impact de la fragmentation des roches à l’explosif sur l’ensemble du
cycle productif primaire d‘une carrière et d’avancer dans la compréhension de l’influence des
paramètres de tir sur la granulométrie résultante. Ce projet a été mené en collaboration avec
cinq partenaires : La société Nitro-Bickford (France), le groupe Lhoist (Belgique), le groupe
Calcinor SA (Espagne), Armines par le Centre de Géotechnique et d’Exploitation du Sous-sol
de l’Ecole des Mines de Paris, l’Université de Leoben (Autriche) par le département
d’ingénierie minière.
Je tiens à remercier particulièrement Monsieur Jacques Schleifer, mon directeur de
thèse, pour ses conseils.
Je tiens également à remercier Monsieur Moser, Monsieur Chavez et l’ensemble des
personnes ayant participé au projet Blast-Control pour l’accueil que j’ai reçu auprès de chacun
des partenaires.
Je remercie Monsieur Tessier, pour son aide sur l’ensemble de mon travail.
Je remercie également Catherine Bonhomme pour son aide.
Mes remerciements vont également à l’ensemble des personnes que j’ai croisé au
cours des années passées au sein du CGES.
2
TABLE DES MATIERES.
0. INTRODUCTION. .............................................................................................................................. 7
3
3. INCIDENCE DE LA GRANULOMETRIE SUR LES FLUX ET LES COUTS
D’EXPLOITATION.............................................................................................................................. 51
3.0. INTRODUCTION. ....................................................................................................................... 51
3.1. CALCUL DES PARAMETRES ECONOMIQUES. ................................................................... 51
3.1.1. LES COUTS DE PRODUCTION. ........................................................................................ 51
3.1.2. CALCUL DES FLUX MOYENS. ......................................................................................... 52
3.1.3. LA VALEUR D’UN STOCK ET LA VALEUR AJOUTEE. ............................................... 52
3.1.4. CALCUL DES FLUX « INSTANTANES ». ........................................................................ 54
3.1.5. LE DIAGRAMME FLUX-COUT-FRAGMENTATION...................................................... 54
3.2. LA FORATION ET LE MINAGE. .............................................................................................. 55
3.2.1. INTRODUCTION.................................................................................................................. 55
3.2.2. CARRIERE ALZO. ............................................................................................................... 55
3.2.3. CARRIERE DMD.................................................................................................................. 57
3.3. LE CYCLE CHARGEMENT-TRANSPORT-CONCASSAGE PRIMAIRE. ............................. 59
3.3.1. INTRODUCTION.................................................................................................................. 59
3.3.2. CARRIERE ALZO. ............................................................................................................... 60
3.3.2.1. DONNEES GLOBALES TIR PAR TIR. ........................................................................ 61
3.3.2.2. UTILISATION D’UN RESEAU DE NEURONES. ....................................................... 63
3.3.2.3. LE RESEAU DE NEURONE POUR LA CARRIERE ALZO. ...................................... 64
3.3.2.4. SIMULATIONS POUR LA CARRIERE ALZO............................................................ 65
3.3.3. CARRIERE DMD.................................................................................................................. 69
3.3.3.1. LES DONNEES BRUTES. ............................................................................................. 69
3.3.3.2. LE RESEAU DE NEURONE POUR LA CARRIERE DMD. ....................................... 72
3.3.3.3. SIMULATION POUR LA CARRIERE DMD. .............................................................. 73
3.4. BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................ 76
4
4.5.1.4.4. LA DIRECTION DU TIR. ....................................................................................... 93
4.5.1.4.5. RECAPITULATIF.................................................................................................... 94
4.5.2. LA CARRIERE DMD. .......................................................................................................... 95
4.5.2.1. LA CHARGE SPECIFIQUE........................................................................................... 95
4.5.2.2. L’APPRENTISSAGE...................................................................................................... 96
4.5.2.3. SIMULATIONS. ............................................................................................................. 96
4.5.2.4. LE NOMBRE DE RANGEES. ....................................................................................... 97
4.5.2.5. LES MINES DE PIED. ................................................................................................... 97
4.5.2.6. LA CHARGE SPECIFIQUE........................................................................................... 98
4.5.2.7. LA DIRECTION DU TIR. .............................................................................................. 98
4.5.2.8. RECAPITULATIF. ....................................................................................................... 100
4.6. BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................... 101
5
6
0. INTRODUCTION.
La productivité et la rentabilité d’une carrière à ciel ouvert sont-elles influencées par la
fragmentation des roches lors de l’abattage à l’explosif ?
Cette question, simple en apparence, est pourtant une interrogation permanente dans le
secteur de l’industrie minérale. Les outils permettant de quantifier cette influence n’existe pas ou
répondent à la question de manière partielle (ou partiale). L’objet de ce travail est donc
d’organiser les outils existants, de développer un système de collecte et d’analyse de données,
pour permettre le suivi sur une carrière, de la productivité, des coûts de production, … en
parallèle avec l’analyse de la fragmentation des roches lors de l’abattage à l’explosif. L’unité de
suivi de la production sera le tir, remplaçant les habituelles unités de temps (jour, mois,…).
Une autre question récurrente dans le secteur de l’industrie minérale est: Quelles sont
les modifications dans la réalisation des tirs qui permettent de modifier la courbe
granulométrique résultant d’un tir ?
La bibliographie est très riche sur ce sujet. De nombreux paramètres déterminants ont
été identifiés. De nombreuses méthodes d’évaluation existent. La principale difficulté réside
dans la détermination de la granulométrie « exacte » des tirs. Cette énième étude sur le sujet
devra donc être quantitative pour valider les choix techniques.
L’intérêt économique est bien réel, en calculant précisément les flux, les coûts
d’exploitation … pour l’ensemble du cycle de production d’une carrière, en corrélation avec la
granulométrie des tas issus des tirs d’abattage à l’explosif, on pourra déterminer un (ou des)
optimum de fragmentation pour une carrière, en ayant au préalable défini les besoins de la
carrière en terme de granulométrie.
Une approche par réseau de neurones sera largement utilisée dans ce travail pour
l’interprétation des données expérimentales tant pour l’étude des flux que pour l’étude des tirs
d’abattage à l’explosif.
Cette thèse a eu pour cadre le projet européen, BLAST CONTROL (BE97/4604). Cinq
partenaires ont été associés pour ce projet: Nitro-Bickford (fabricant d’explosifs, France),
Calcinor SA (carrière Alzo, Espagne), Groupe Lhoist (carrière des Dolomies de Marches les
Dames, Belgique), Armines-Ecole des Mines de Paris (France) par le Centre de Géotechnique
et d’Exploitation du Sous-sol, le Département d’Ingénierie et d’Economie Minière de l’Université
de Leoben (Autriche).
7
1. ACQUISITION ET STRUCTURATION DES DONNEES.
1.0. INTRODUCTION.
Le fil conducteur de ce travail est de construire un outil permettant l’analyse conjointe
d’une part des performances économiques (flux et coûts) d’une carrière et de la granulométrie
résultant du tir et d’autre part des paramètres techniques des tirs d’abattage à l’explosif et de la
granulométrie résultant du tir. Afin de répondre globalement à la question suivante : la pratique
du tir a t’elle une influence sur les performances économiques ?
Sur les carrières, les opérations étudiées seront les suivantes: Foration, Minage,
Chargement, Transport, Concassage primaire, on se limite donc à la chaîne primaire de
production.
Plutôt que de réaliser ce travail en coût réel, difficilement accessible, nous avons choisi
de calculer pour chaque opération se déroulant sur la carrière, et pour chaque tir, des unités
d’œuvres (heure, mètre…). Celles-ci, multipliées par un coût moyen annuel par unité d’œuvre
nous donneront le coût d’une opération pour chaque tir. Les flux pour chaque opération sur un tir
seront également calculés. Nous diviserons les unités d’œuvres par le volume (volume,
tonnage, …) traité. Le calcul des coûts d’exploitation et des flux dont on effectuera une
analyse « statistique » sera explicité au chapitre 3.
La granulométrie d’un tir sera déterminée à partir des informations collectées par le
système Fragscan-Camion (voir chapitre 2). Cette information sera complétée par la mesure de
la proportion de 0-30 mm après concassage primaire (sur des convoyeurs à bande après
criblage), lorsque celle ci est disponible sur un mode tir par tir.
Les paramètres techniques de tir suivants seront recueillis: La géométrie du tir
(espacement, banquette, hauteur), l’orientation du « plan » de foration par rapport aux
principales discontinuités géologiques, les explosifs utilisés (Type et quantité), la séquence et la
position de l’amorçage, le nombre de mine de pied, le nombre de rangées (voir chapitre 4).
On pourrait dérouler la réflexion sur la gestion des données depuis l’acquisition jusqu’aux
résultats à comparer d’un point de vue statistique mais il me semble plus logique de construire
la structure de la base de données à partir de ce que l’on veut étudier. Le choix de ce que l’on
souhaite comparer va automatiquement générer des contraintes. Elles vont se répercuter sur
l’organisation des données mais aussi sur leur mode d’acquisition. L’outil devra être le plus
universel possible, et s’appliquera à toute sorte de carrière. Au cours de cette réflexion, nous
chercherons les points critiques d’une telle structure. A partir de là, nous déterminerons
l’interface propre à chaque carrière qui permettra de « formater » les données acquises sur
chaque site.
Le fonctionnement des exploitations ALZO et DMD, qui ont servi de cadre à ce travail,
sera sommairement abordé puis le choix du diagramme de comparaison des performances
économiques sera explicité, il a été proposé par Ricardo Chavez de Nitro-Bickford. Suivra
l’explication des différents formats composant le squelette de la base de données et la façon de
transférer les informations depuis les données de terrain jusqu’aux informations sur un mode tir
par tir pour les opérations indiquées ci-dessus. Sera ensuite indiqué le diagramme de
comparaison de l’efficacité des tirs qui sera explicité aux chapitres 2 et 4.
8
dolomie à pendage faible et chimie très variable dont les usages industriels et agricoles sont
divers. Pour répondre aux besoins de leurs différents clients, les exploitants sont obligés à un
suivi rigoureux des teneurs en plusieurs éléments (Mg, Fe principalement). Cette obligation de
qualité impose qu’aucun mélange ne soit effectué entre les tirs avant le concassage primaire :
ce qui est un atout très appréciable pour ce travail. La carrière est exploitée sur deux postes,
mais l’installation de concassage fonctionne 24h/24h. Deux machines sont utilisées pour la
foration, la première exclusivement pour la foration verticale. Les conducteurs de foreuse ne
participent pas à l’opération de minage. L’équipe de minage réalise deux à trois tirs par
semaine, elle est également chargée de la purge manuelle des talus. Le chargement est réalisé
par deux chargeuses. Quatre tombereaux de 75 tonnes, un tombereau de 50 tonnes et un
tombereau de 35 tonnes constitue la flotte de transport. Ils ont pour charge l’alimentation du
concasseur primaire pour les matériaux destinés à un usage industriel (celui dont nous
effectuerons l’étude). Ils sont aussi chargés de l’alimentation de l’installation de production de
granulats et de l’alimentation d’un « stock de nuit ». La nuit le concasseur est alimenté par une
chargeuse. Au poste de concassage primaire, un opérateur surveille en permanence la chaîne
de production et note l’arrivée de chaque tombereau. Une entreprise sous traitante est
employée pour le décapage des terres et pour l’alimentation d’un trommel, production de
« petits » enrochements.
9
Figure 1.2.a.
0,8 8
EN EURO/TONNE
0,6 6
0,4 4
0,2 2
0 0
10 100 1000
Diamètre en millimètre
Figure 1.2.b.
Nous obtenons donc un troisième axe de comparaison des tirs, la granulométrie que
nous traduirons par une valeur moyenne du stock traité, figure 1.2.b. Il est évident que d’autres
paramètres (distance, organisation du transport, …) vont interférer dans cette représentation, le
traitement de ces « interférences » sera pour partie l’objet du chapitre 3.
10
peut appliquer dans de nombreux cas se heurte pourtant à deux difficultés : l’exhaustivité des
masses et celle des heures.
L’exhaustivité des masses: Peut-on être certain que tout le matériau d’un tir sera
transporté vers le concasseur primaire? Cela n’est en général pas le cas puisque les plus gros
blocs ayant un débouché en travaux hydrauliques sont triés au chargement et donc soustraits
au flux classique vers le concasseur primaire. Si l’on prend le cas de la carrière DMD, figure
1.3.a, on voit que les « fuites » sont encore plus nombreuses, tri des blocs, création d’un stock
tampon pour la nuit, flux vers une deuxième installation de concassage …
GISEMENT
FORATION
+
MINAGE
ABATTAGE
MECANIQUE
(BRH) CHARGEMENT
ET TRI DES BLOCS
STOCK
DE NUIT
TRANSPORT ALIMENTATION
(par une chargeuse)
Figure 1.3.a.
L’exhaustivité des heures: Dans le cadre d’un auto-pointage, on peut supposer que le
sérieux des chauffeurs dans cette opération de pointage va permettre une connaissance
exhaustive des heures affectées à chaque tir. Dans le cadre d’un pointage automatique ou semi-
automatique la fiabilité du capteur devra être totale pour garantir cette exhaustivité.
Ces difficultés nous montrent qu’il n’est pas possible de travailler de manière séparée sur
les unités d’œuvres (heures en général) et sur les volumes traités. C’est à dire qu’il est
nécessaire pour chaque opération, avant de calculer le total des unités d’œuvres et des
volumes, de vérifier qu’à chaque séquence de travail correspond effectivement un volume traité.
On entend par séquence de travail ou séquence de production une période de temps continue
où l’on va clairement identifier à la fois la durée effective de travail, la quantité de matériau traité,
la provenance du matériau et la personne, le groupe de personne ou l’engin qui travaille.
On arrive donc à une étape essentielle dans la structure d’acquisition et de traitement
des données avec une séquence de production comprenant :
Le type d’opération : chargement, transport…
L’affectation (à un tir).
Le type, le numéro et la configuration du véhicule (et/ou de l’équipe).
Le type et le nombre d’unité d’œuvre
Le type (unité) et le volume traité.
11
La sommation par opération, par véhicule va nous permettre d’obtenir les unités d’œuvres et les
volumes traités sur un mode tir par tir.
En principe il est tout à fait possible d’adjoindre à l’information par séquence une
composante de type granulométrique ou une autre caractéristique du matériau (couleur,
radioactivité, …), mais l’extrapolation de la courbe granulométrique dans le but de quantifier le
pourcentage de fines n’est possible qu’avec un nombre suffisant d’images qu’on ne retrouve pas
si l’on considère uniquement les données granulométriques correspondant à une séquence de
production (voir chapitre 2).
Dans le cadre d’une analyse des données par séquence et non plus tir par tir (voir
chapitre 3), on peut être amené à s’intéresser à la position de la séquence dans l’échelle du
temps. Dans ce cas on peut adjoindre à l’information par séquence les dates et heures de début
et fin de celle ci ; ceci étant facultatif pour le calcul des coûts et des flux.
1.4.1. LA FORATION.
Le calcul des coûts réels de foration nécessite la prise en compte de nombreux
paramètres: consommation en gas-oil, outil de foration, consommables, entretien,
amortissement de la machine, main d’œuvre… Il est rare, et également impossible, que cette
information soit recueillie sur un mode tir par tir. Nous devons donc définir nos unités d’œuvres
de manière plus simple. Il est certain qu’une affectation des heures de foration par machine et
par tir est tout à fait envisageable ce qui correspondrait aux séquences de production suivantes:
FORATION, affectation (n° du tir), type et numéro de la machine, durée de la séquence, volume
total du tir. Il pourrait y avoir plusieurs séquences par tir si le travail est fractionné et/ou effectué
par plusieurs machines. Cette affectation des heures doit être totalement rigoureuse et l’on doit
exclure par exemple les heures de transfert pour effectuer une comparaison objective des tirs.
Dans le cas des carrières ALZO et DMD, cette information n’est pas collectée. Nous
devons donc nous contenter des informations contenues dans les fiches de tir, c’est à dire le
linéaire de foration hors sur-profondeur. Cette donnée est très objective mais a tout de même
l’inconvénient de ne pas tenir compte des caractéristiques locales du matériau (altération,
faille,…). Pour être également plus objectif dans notre comparaison des tirs, il faudra distinguer
pour chaque tir les différents diamètres de foration utilisés mais aussi la foration sub-horizontale
et la foration sub-verticale où les rendements sont différents.
La séquence de production de foration sera donc la suivante:
FORATION.
Affectation (n° du tir).
Numéro et type de la machine.
Type de foration (verticale/horizontale) et diamètre de foration.
Linéaire correspondant de foration (unité d’œuvre).
Volume du tir.
12
Le volume du tir est celui calculé par le responsable du tir et il nous est transmis sur la fiche de
tir. Même si ce calcul de volume n’est pas toujours aussi précis que nous le souhaitons, il est
toujours réalisé par la même personne et de la même façon.
Lors du calcul final des coûts et des flux tir par tir, il faudra noter que le volume total du tir est
affecté à chaque séquence de production. Ainsi il est nécessaire de savoir qu’on se rapporte
toujours au volume total du tir. C’est pourquoi il faut ajouter un index montrant qu’il s’agit bien du
volume total du tir. En effet, il est pratique de rapporter le linéaire de foration horizontale, le
linéaire de foration verticale au volume total du tir pour mieux apprécier la part relative de
chacun des types de foration. Les coûts unitaires par unité d’œuvre correspondront donc à
chaque ensemble type de machine, type de foration et diamètre de foration. On peut bien sûr
adjoindre une information pour situer la séquence dans le temps mais cela ne représente pas un
caractère obligatoire.
1.4.2. LE MINAGE.
Là encore, il serait souhaitable de recueillir les heures de main d’œuvre pour la mise en
œuvre des explosifs (et pourquoi pas pour la conception des tirs). Mais cette information est
rarement disponible et, de plus, les temps incompressibles, par exemple de mise en sécurité
avant le tir, sont difficiles à estimer et à inclure dans un comparatif. C’est pourquoi on peut faire
le choix de ne retenir comme unité d’œuvre que les quantités de consommables (explosifs,
détonateurs …). Mais la part de main d’œuvre est loin d’être négligeable dans cette opération.
De plus le coût de mise en œuvre des explosifs est totalement différent pour un tir de relevage
et un tir classique. Le mode de conditionnement des explosifs est également à prendre en
compte. Je propose donc, en plus des unités d’œuvres par consommables, de travailler sur des
rendements moyens pour différents modes de mise en œuvre: Mine de pied et tir de relevage =
100 Kg/heure, mine sub-verticale = 300 Kg/heure, chargement par camion citerne = 600
kg/heure (Rendements approximatifs observés sur les deux carrières).
Le but n’est pas de calculer de manière exacte les coûts mais plutôt de se fixer des
ordres de grandeur pour faciliter la comparaison entre tirs. Le volume est le volume total du tir.
La séquence de production de minage à la forme suivante:
MINAGE.
Affectation (n° du tir).
Type d’unité d’œuvre (type d’explosif, de consommable ou main d’œuvre).
Nombre d’unité d’œuvre (quantité ou heure).
Volume total du tir.
Le volume du tir est celui calculé par le responsable du tir et il nous est transmis sur la fiche de
tir. Même si ce calcul de volume n’est pas toujours aussi précis que nous le souhaitons, il est
toujours réalisé par la même personne et de la même façon.
1.4.3 LE TRANSPORT.
Les deux opérations chargement et transport sont dépendantes et nous verrons par la
suite que les séquences de chargement seront calculées dans les cas de figures traitées ici à
partir des cycles de transport. C’est pourquoi nous commencerons par décrire le mode
d’acquisition et de calcul des séquences de production de transport.
Pour le transport, la séquence de production générique choisie est la suivante:
TRANSPORT.
Numéro et type du véhicule,
13
Type et nombre d’unité d’œuvre.
Type de volume et nombre de volume transporté (nombre de cycle de transport ou
tonnage).
On ne tient pas compte des coûts réels en particulier le gasoil à cause de la difficulté de
l’affecter sur un mode tir par tir. Les unités d’œuvres sont bien entendues des heures mais on
peut tout à fait envisager une autre façon de comptabiliser le travail, par exemple, les kilomètres
parcourus. L’unité en général la plus appropriée pour dénombrer le volume traité est le nombre
de cycle de transport. Mais là aussi, c’est une question de convention, et l’on peut envisager de
comptabiliser les masses transportées si elles sont mesurées lors du transport, juste avant ou
juste après.
Dans le cas de nos deux carrières ALZO et DMD, c’est bien la connaissance du cycle de
transport qui est nécessaire. La durée d’un cycle peut être mesurée entre deux passages sur un
point fixe : le concasseur primaire, si l’on ne dispose pas d’un positionnement GPS. C’est le
choix qui a été fait sur les deux carrières. Le pointage est manuel sur la carrière DMD où un
opérateur note l’arrivée de chaque camion avec une précision de 15 minutes environ. Il n’y a
pas alors d’affectation à un tir. Dans le cas de la carrière ALZO, le chauffeur, à l’aide d’un
boîtier, prévient l’automate qui gère l’ensemble de l’installation de concassage primaire, de son
arrivée sur l’aire de déchargement. Son départ est automatiquement enregistré par l’automate.
Là, non plus, il n’y a pas directement d’affectation à un tir.
La gestion des affectations à un tir est différente pour les deux installations. Pour la
carrière DMD, le brigadier (chef d’équipe) note sur un agenda les plages de temps où
l’installation de concassage primaire reçoit tel ou tel tir (il n’y a jamais de mélange de tir). Pour la
carrière ALZO, le conducteur de l’installation de concassage primaire a une table d’affectation
dynamique des camions aux tirs qui est automatiquement et immédiatement transmise à
l’automate qui croise instantanément les informations de pointage et d’affectation.
Dans les deux cas, l’acquisition du cycle de transport, début et fin, et son affection à un
tir ne sont pas réalisées sur le même support. Cette situation nous éclaire sur la nécessité de
laisser aux exploitants la possibilité de gérer de manière distincte le pointage des cycles de
transport (et plus généralement tout cycle élémentaire de production) et l’affectation à un tir (et
d’ailleurs à tout autre mode d’affectation). Le pointage est à réaliser obligatoirement en direct
alors que l’affectation à un tir qui doit néanmoins être la plus précise possible, n’a pas
nécessairement à être réalisée en temps réel.
Il est, de plus, souhaitable de prévoir dans la structure d’acquisition et de traitement des
données une étape où l’on retrouve d’un coté l’affectation du véhicule et d’un autre coté, les
caractéristiques du cycle de transport, par exemple n° de camion, début du cycle, fin du cycle.
Nous obtenons donc deux niveaux supplémentaires dans la structure d’acquisition et de
traitement des données. C’est en premier lieu, d’une part, la table d’affectation des véhicules
aux tirs et d’autre part, le cycle de production élémentaire non affecté à un tir. Puis pour
remonter à l’information par séquence de production, il nous suffit de croiser les cycles de
production élémentaires et les plages d’affectation : ce qui nous permet d’obtenir des séquences
de transport élémentaires. Il faut ensuite sommer les séquences élémentaires directement
consécutives appartenant à la même affectation (même tir) et au même camion pour obtenir les
séquences de production de transport. Notons que cette information par séquence de
production de transport peut être associée à une information sur sa position dans le temps
(début et fin) de manière facultative.
14
PRESENCE DES TOMBEREAUX DANS L'AIRE DE DECHARGEMENT
5
N° de tombereau
4
3
2
1
0
08:30 08:45 09:00 09:15 09:30 09:45 10:00 10:15 10:30
AFFECTATION TOMBEREAU N°1 TIR 27A99 TIR 31A99
Figure 1.4.3.a.
La forme de ces informations sera la suivante:
Affectation: N° de tir, n° du véhicule, bornes extrêmes de l’affectation (basée sur l’heure de
déchargement du tombereau).
Cycle de production élémentaire: N° du véhicule, début et fin du cycle de production.
Séquence de production élémentaire de transport:
Affectation.
Numéro du véhicule.
Nombre d’unité d’œuvre de la séquence élémentaire (en général durée du cycle)
Début et fin de la séquence élémentaire.
Type et volume traité (un cycle en général).
La notion de type de volume et la nécessité de l’indiquer n’est pas évidente mais elle permettrait
par exemple de différencier deux matériaux ayant des masses volumiques différentes.
Séquence de production de transport:
TRANSPORT.
Affectation (n° de tir).
Numéro, type de véhicule et configuration.
Type et nombre d’unité d’œuvre.
Type et volume traité.
Début et fin de la séquence.
1.4.4. LE CHARGEMENT.
Sur les carrières DMD et ALZO, nous ne disposons d’aucune information directement
collectée concernant les volumes traités pour l’opération chargement. Nous devrons donc
utiliser l’information contenue dans les séquences de production élémentaires de transport, pour
calculer les séquences de production de chargement. Par contre, nous savons qu’il est
improbable que deux chargeuses travaillent en même temps sur un même tir.
15
La méthode de calcul des séquences de production de chargement est la suivante:
Prenons toutes les séquences de production élémentaires de transport affectées à un même tir
et qui se chevauchent. La séquence de production de chargement calculée aura alors comme
bornes extrêmes, les bornes extrêmes de toutes ces séquences de production élémentaires de
transport, figure 1.4.4.a. En ce qui concerne le volume traité nous devons distinguer tous les
types de camions chargés. C’est à dire que l’on obtiendra plusieurs séquences de production de
chargement ayant les mêmes bornes (et même durée) mais concernant chacune un type de
volume chargé.
Axe de temps
Tir n° 35A99
Camion n° 1
Séquences de
production
transport
Tir n° 35A99
chargement
production
Chargeuse n° 1
Tir n° 41A99
Chargeuse n° 2
Tir n° 35A99 + tir 41A99
Concasseur primaire
Figure 1.4.4.a.
Nous devrons donc faire attention lors de la sommation finale des unités d’œuvres. Ceci
implique la mise en place d’un index qui permettra de reconnaître les séquences de production
de chargement simultanée dont on ne peut sommer les unités d’œuvres (heures). On voit bien
ici l’intérêt de conserver l’information sur les bornes de la séquence de production pour éviter
d’additionner des plages de temps simultanées.
La séquence de production de chargement aura donc la forme suivante:
CHARGEMENT.
Affectation (n° de tir).
Numéro, type du véhicule et configuration (Cette information nécessitera d’obtenir la
configuration et l’affectation de chaque chargeuse sur la période considérée).
Type et nombre d’unité d’œuvre.
Type de volume et volume traité.
Début et fin de la séquence.
16
Cas de la carrière ALZO: On procède de la même manière que pour le passage des données de
transport aux données de chargement. L’information de base est la séquence de production
élémentaire de transport. Prenons toutes les séquences de production élémentaires de transport
qui se chevauchent mais qui n’ont pas nécessairement la même affectation (n° de tir). Alors la
séquence de production de concassage primaire calculée aura comme bornes les bornes
extrêmes de toutes ces séquences de production élémentaires de transport. De plus il y aura
une séquence par affectation (n° de tir) et par type de volume (type de camion), figure 1.4.4.a.
Le volume par type de volume sera sommé sur la séquence attribué à une même
affectation (n° de tir) même si les volumes ne proviennent pas nécessairement de l’affectation
en question.
Il n’y a pas de ventilation des masses et des heures au prorata des masses provenant
des différents tirs mais fusion des flux. On voit donc apparaître un biais dans la comparaison
des tirs mais il paraît inévitable dès qu’il y a mélange dans la provenance des flux.
La séquence de production de concassage primaire pour la carrière ALZO aura donc la forme
suivante:
CONCASSAGE PRIMAIRE.
Affectation (n° de tir).
Numéro, type de concasseur et configuration.
Type et nombre d’unité d’œuvre.
Type de volume et volume traité.
Début et fin de la séquence.
Cas de la carrière DMD: Sur cette carrière comme il est possible de distinguer les plages
d’affectation propre à un tir, il est proposé, en plus, de distinguer les périodes où le concasseur
concasse effectivement des périodes où il y a fonctionnement à vide.
Ce choix est réalisé dans l’optique de montrer de manière plus lisible l’influence de la
granulométrie sur le concassage primaire. Dans ce cas, le capteur utilisé est un capteur
d’intensité du courant électrique dont nous récupérons, à l’aide d’un automate, une information
moyennée sur cinq secondes. Le fonctionnement à vide est caractérisé par une valeur
nettement inférieure au fonctionnement en charge. Nous pouvons donc transformer ce signal
(intensité en fonction du temps) en un signal carré distinguant les plages de fonctionnement des
autres.
Pour les volumes traités, nous disposons de mesures sur des bascules dynamiques en
sortie de concassage et criblage primaire, (0-31,5) ; (31,5 - 300), ce qui nous donne par ailleurs
une information de la granulométrie en sortie de concasseur primaire. La séquence de
production de concassage primaire est donc obtenue de la manière suivante:
Sur la plage d’affectation à un tir, on cumule les plages de travail effectif de concassage
et également les volumes transportés par les bandes transporteuses.
La séquence de production de concassage primaire pour la carrière DMD aura donc la forme
suivante:
CONCASSAGE PRIMAIRE.
Affectation (n° de tir).
Numéro, type de concasseur et configuration.
17
Type et nombre d’unité d’œuvre (heures de travail effectif).
Type de volume et volume traité.
Début et fin de la séquence.
Là encore, on peut noter, dans la structure d’acquisition et de traitement des données, deux
niveaux inférieurs aux séquences de production de concassage primaire. Ceci concerne en
premier lieu les plages d’affectation à un tir (qui n’ont pas pour vocation de respecter les bornes
réelles de concassage) et les plages de travail effectif continus. Et en une deuxième étape, ces
plages de travail effectif sont affectées individuellement à un tir. Dans le cas des séquences de
production de concassage primaire (cas de la carrière DMD uniquement) il n’y a pas de bornes
de début et de fin de séquence de production de concassage primaire ou plutôt elles sont
facultatives et ne représentent pas la durée (nombre d’unité d’œuvre) de la séquence de
production. On voit donc qu’il faut prévoir de distinguer les bornes d’une séquence de travail, de
la durée effective de travail même si, dans de nombreux cas, la durée de travail correspond à la
différence entre les deux bornes.
1.5. RECAPITULATIF.
Trois sources d’informations sont donc utilisées pour l’étude du cycle de Chargement -
Transport - Concassage primaire. Il s’agit:
Du signal de présence des dumpers dans l’aire de déchargement.
Du signal d’intensité du concasseur primaire.
Des flux enregistrés sur les bascules dynamiques après concassage primaire.
! "
# $ % & ' ()& * (%
Figure 1.5.a.
L’ensemble de ces informations est collecté manuellement ou par l’automate qui gère
l’installation de concassage primaire, figure 1.5.a. Cet automate génère un fichier quotidien.
Pour le projet Blast-Control, ce fichier a été prénommé « CRUSHER FILE ». D’autres
informations ont été collectées sur ce fichier, en particulier les hauteurs de trémies avant
concassage primaire pour la carrière ALZO, pour répondre au besoin des carriers.
18
Dans le cas de la carrière DMD, ce fichier ne porte pas d’affectation au tir. Dans le cas
de la carrière ALZO, cette information est transmise à l’automate à l’aide d’un tableau
d’affectation dynamique (n° de camion <=> n° de tir).
D’un point de vue conceptuel, nous pouvons donc considérer que dans les deux cas,
nous avons, d’un coté une table d’affectation : tableau d’affectation du brigadier pour la carrière
DMD et une table d’affectation dynamique pour la carrière ALZO, et d’un autre coté, un fichier
de production non affecté à un tir. Pour dégager l’information essentielle contenue dans les
« Crusher files » nous pouvons extraire:
Les plages de présence camion, début et fin.
Les plages de travail continu du concasseur primaire, début et fin.
Les plages de marche continue des bascules dynamiques, début, fin et tonnage.
Soit:
Pour le TRANSPORT :
N° de camion, arrivée au concasseur primaire, départ du concasseur primaire.
Nous devons ensuite rechercher le début de cycle de transport de la « ligne » précédente de
présence du camion dans l’aire de déchargement pour obtenir un cycle complet de production,
soit :
N° de camion, début du cycle de transport, fin du cycle de transport.
Pour le CONCASSAGE :
N° du concasseur, début de concassage, fin de concassage.
Pour les BASCULES DYNAMIQUES :
N° de la bascule, début de passage de matériau, fin de passage de matériau, tonnage.
Nous devons ensuite croiser ces informations avec les plages d’affectation pour obtenir les
séquences de production. Ceci nous montre que pour toute opération, nous pouvons définir
plusieurs niveaux de données:
Des plages d’information continues.
19
(foration horizontale/verticale, chargement de bloc/tout venant …). Ceci permettant de choisir le
coût unitaire par unité d’œuvre.
Le type, le nombre d’unité d’œuvre et leur « sommabilité ». Par exemple pour une chargeuse, il
n’est pas possible d’additionner deux fois les mêmes heures (même début et fin de séquence de
production).
Le type de volume, le volume et sa « sommabilité ». Par exemple le nombre de détonateur est à
rapporter au volume du tir, de même pour la quantité d’explosif et pourtant on n’additionne pas
les volumes des deux séquences de production car c’est le volume total du tir.
La position de la séquence sur l’échelle du temps. Début et fin de la séquence.
N° de camion
Niveau dans la trémie
Figure 1.6.a.
Carrières DMD et ALZO, bascules dynamiques: Les documents techniques sur les bascules
dynamiques indiquent des précisions de l’ordre de 1 à 2 %. Atteindre cette précision est possible
mais uniquement si les bascules sont tarées très régulièrement. A l’entame du projet Blast
Control toutes les bascules dynamiques sans exception ont montré des dysfonctionnements
majeurs rendant inutilisables les données collectées.
En premier lieu, il y a eu un problème de saturation des bascules dynamiques, carrière
DMD figure 1.6.b, entraînant une sous estimation des flux et une impossibilité de déterminer le
% de fines après concassage primaire.
20
300
250
FLUX (Tonne/heure)
200
150
100
50
0
10:00:00 10:10:00 10:20:00 10:30:00 10:40:00 10:50:00 11:00:00
Figure 1.6.b.
Mais on peut noter aussi un problème de calage des bascules dynamiques, carrière
ALZO, figure 1.6.c, avec une incohérence des données avant et après réglage. La fiabilité de
tels instruments de mesure peut donc être largement remise en cause et si l’on souhaite s’en
servir comme tel on peut préconiser une vérification bi-mensuelle de ces instruments.
0,6 0,6
scale 1 scale 2
scale 3 xscale 1
xscale 2 xscale 3
0,5 0,5
0,4 0,4
0,3 0,3
0,2 0,2
0,1 0,1
0 0
15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 3 4 5 6 7 8
calendar week
Figure 1.6.c.
Carrières DMD et ALZO, Fragscan:
Trois types de dysfonctionnement de Fragscan ont pu être répertoriés (voir aussi 1.8) :
Choix inadéquat de l’algorithme de traitement de l’image.
Déclenchement intempestif de la prise de vue.
Eclairage non uniforme de la surface photographiée.
Pour repérer ces dysfonctionnements sur la donnée vectorielle, l’image n’étant pas en général
conservée, j’ai calculé trois indicateurs (sur l’information Fragscan en pixels) - Taille du bloc
maximum - Pente maximum entre deux classes granulométriques - Pente moyenne de la courbe
granulométrique (voir aussi chapitre 2). Les dysfonctionnements de Fragscan sont identifiés
lorsque la proportion d’image ayant une valeur « anormale » pour un indicateur est trop
importante. Par exemple pour le bloc maximum si la valeur est inférieure à 130 mm ou
supérieure à 900 mm, on peut suspecter un dysfonctionnement. La figure 1.6.d. illustre les choix
réalisés au niveau des pentes moyenne et maximum pour la carrière ALZO. A noter que les
21
images ne sont pas éliminées individuellement sur le seul critère de ces indicateurs mais aussi
par paquets sur les plages de temps où le nombre d’image erronée est trop important, figure
1.6.e. Sur le terrain, un certain nombre d’images erronées ont été repérées, les valeurs trouvées
sur les trois paramètres, taille de bloc maximum, pente moyenne et pente maximum, ont permis
de définir des coupures permettant de sélectionner les images à valider. Le caractère brutal de
ces coupures est atténué par le fait que les images sont éliminées ou conservées sur des
plages de temps continues importantes.
Pente maximum
Pente moyenne
Figure 1.6.d.
1400000
DMD 1999
FRAGSCAN CONTRÔLE QUALITE
1200000
Pente maximum
1000000
Données conservées
800000
600000
400000
200000
0
01/01/99 26/02/99 23/04/99 18/06/99 13/08/99 08/10/99
Figure 1.6.e.
Calcul des volumes : On peut aussi évoquer le problème de la précision dans le calcul des
volumes. Cela peut paraître trivial mais, par le retour d’expérience du projet Blast-Control, on
peut s’apercevoir que les erreurs d’estimation peuvent être très significatives (en particulier sur
les fiches de tir). C’est donc un point important à prendre en compte et il sera donc prudent de
ne comparer des masses que si elles procèdent du même mode d’acquisition et de calcul.
Précision de l’affectation: Une autre question peut être évoquée c’est la précision de l’affectation
d’un engin à un tir. Peut-on être sûr que chaque photo Fragscan, que chaque cycle de camion
est affecté au bon tir … Là encore on supposera le sérieux du travail d’affectation des flux à un
tir.
22
1.7. POSITIONNEMENT.
Ces informations, séquences de production, nous permettent de calculer des coûts et
des flux mais nous ne pouvons réellement les comparer alors que la position des tirs varie. Il est
donc nécessaire d’avoir une approche spatiale de ces séquences de production.
Pour la foration et le minage, nous pouvons nous contenter de la position du tir et de la
direction du plan de foration par rapport aux divers objets géologiques.
Pour le chargement, le transport et le concassage primaire, il est nécessaire d’avoir une
information sur le trajet qui conduit du tir au concasseur primaire.
Nous pouvons raisonner en considérant la position des différents stocks utilisés, la
chargeuse emprunte du matériau au tir et le place sur les dumpers - Les dumpers sont chargés
lors d’une séquence de production de chargement et décharge dans la trémie du concasseur
primaire - Le concasseur primaire est alimenté lors de séquence de production de transport et
fourni le matériau à l’installation de traitement des matériaux. On voit donc que chaque
séquence de production utilise un stock amont, lié à une séquence de production amont, et
produit un ou plusieurs stocks avals et ainsi de suite. Dans le cas d’une carrière on peut
schématiser cela de la manière suivante, figure 1.7.a.
GISEMENT
FORATION
+
MINAGE
ABATTAGE
CHARGEMENT MECANIQUE
ET TRI DES BLOCS (BRH)
TRANSPORT
CONCASSAGE PRIMAIRE
Figure 1.7.a.
Il est donc important de positionner ces stocks dans l’espace et également pour les
opérations de transport de définir le trajet d’une manière ou d’une autre. Dans les deux carrières
ALZO et DMD, nous disposons de l’information suivante: La position des deux trous de forage
externes (approximativement pour la carrière ALZO), la hauteur du front et son inclinaison, la
position du concasseur primaire, une mise à jour annuelle du plan de l’exploitation. Nous
pouvons donc « positionner » l’ensemble des séquences de production. Pour réduire le nombre
de paramètre à étudier au chapitre 3, le trajet de transport sera défini par la différence de
dénivelé entre l’aire de chargement et l’aire de déchargement et la distance horizontale du trajet
qui sera mesurée sur le plan. Il n’y a pas de trajet complexe sur ces carrières.
23
1.8. GESTION DES DONNEES FRAGSCAN.
L’information minimum que l’on peut attendre du système Fragscan est que, pour chaque
photo prise, la date et l’heure de prise de vue soit conservées, ainsi qu’un vecteur en surface
cumulé (pixels) correspondant à chaque dimension de « tamis » utilisé. Connaissant la surface
totale de l’image on peut aisément transformer ce vecteur en % de surface attribué à chaque
classe granulométrique préétablie. En plus de cette information, sont également conservés le
vecteur des classes granulométriques et le type de camion car la distance Caméra-Surface et le
rapport d’échelle peuvent varier (voir chapitre 2).
La prise de vue est déclenchée automatiquement par des capteurs (carrière ALZO) ou
manuellement par un opérateur (carrière DMD).
L’affectation à un tir est tout à fait possible mais ne présente pas un caractère
d’obligation. Sur la carrière DMD, le brigadier (chef d’équipe) met à jour en temps réel
l’affectation des images Fragscan par contre sur la carrière ALZO les données sont enregistrées
sans affectation à un tir.
Sur la carrière DMD, il n’y a donc pas de difficulté pour sommer les « images » Fragscan,
après en avoir vérifié la qualité, afin d’obtenir un vecteur en % de surface en fonction des
classes granulométriques et ce, pour chaque tir. Sur la carrière ALZO le problème est plus
complexe par l’arrivée de matériau en provenance de plusieurs tirs à la fois. Nous avons défini,
au sous-chapitre concernant le transport, des séquences de transports élémentaires. Nous
allons compléter les séquences de production élémentaires par une information sur la présence
du camion dans l’aire de déchargement, début et fin. Avec un peu de chance, on peut supposer
que la prise de vue Fragscan est déclenchée dans cette plage de temps.
Malheureusement les horloges des PCs qui déterminent l’heure de prise de vue
Fragscan et les plages de présence de camion dans l’aire de déchargement n’étaient pas
toujours synchronisées et les échelles de temps se sont « dilatées » de manières différentes. Si
on suppose que la « dilatation relative » des échelles de temps est faible sur une journée
(quelques secondes au maximum) alors il suffit de décaler l’échelle de temps de Fragscan pour
obtenir une synchronisation des plages de présence de camion dans l’aire de déchargement et
des images Fragscan sur une journée.
4
Occurence camion & Fragscan
3 n° de camion
occurrence
1 Fragscan
0
10:15:00 10:20:00 10:25:00 10:30:00 10:35:00 10:40:00 10:45:00
Heure
Figure 1.8.a.
D’un point de vue mathématique, si l’on considère la présence de camion comme un
signal binaire en fonction du temps et les prises de vue Fragscan comme des Dirac alors il nous
suffit de maximiser l’intégrale suivante:
24
St {f 1 (t) * f2 (t + ∆t)} dt
f1(t) signal de présence des camions.
25
1.10. BIBLIOGRAPHIE.
A.01. Peck, Hendricks, 1995. Total Mining System : An intelligent management,
production control and planning facility Mine planning and equipment selection.
Proceedings of the 4th International Symposium on Mine Planning and Equipment Selection,
Balkema : Calgary.
A.02. Chavez, Moser, Schleifer, 2000. An integrated control system for blasting and
production chain optimisation in open pit mining and quarrying. Explosives and blasting
technique. Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting Technique,
Balkema : Munich.
A.03. Wald, 1998. An overview of concepts of fusion of earth data. Future trends in remote
sensing, ENSMP, pp 385-390.
26
2. MODELISATION DES DISTRIBUTIONS GRANULOMETRIQUES.
2.0. INTRODUCTION.
L’objet de ce chapitre est d’utiliser au mieux les ressources de l’outil d’analyse d’image
Fragscan-Camion et d’approcher à l’aide d’un modèle statistique, la distribution granulométrique
réelle des échantillons étudiés.
On peut retenir quatre méthodes principales de mesure de la granulométrie:
La mesure par tamisage.
La mesure à la ficelle.
La mesure en nombre de bloc.
Les méthodes par analyse d’image.
Chacune a ses avantages et ses inconvénients et nous allons les décrire car elles vont nous
éclairer sur les moyens de passer de la mesure en général, qui pourra comporter divers biais, à
la granulométrie considérée comme réelle de l’échantillon.
Des modèles usuels utilisés dans le domaine de l’abattage à l’explosif seront ensuite
décrits. Puis nous passerons à l’élaboration d’un nouveau modèle dont la source de données
est le système Fragscan-Camion. Au préalable nous pointerons les qualités et les points faibles
d’un tel système.
Ce modèle sera basé sur l’utilisation de fonction statistique classique et sera illustré
également par des mesures réalisées par tamisage. La relation Surface-Energie, communément
admise, Steiner (B.32), nous permettra ensuite de passer du modèle granulométrique à un
modèle énergétique. Ce modèle énergétique décrivant une granulométrie sera utilisé au chapitre
4 pour mettre en relation les paramètres de tir et en particulier la charge spécifique et le résultat
du tir, la granulométrie exprimée dans ce modèle énergétique.
27
La méthode est la suivante: on cumule le nombre de blocs inférieurs à un diamètre D. On
trace ensuite dans un diagramme Log-Log les nombres de blocs cumulés en fonction des
diamètres. Dans la plupart des cas, la courbe obtenue est « linéaire » sur une large plage de
diamètre. La pente (et l’intersection avec l’axe des diamètres) est caractéristique de la
granulométrie étudiée.
Cette technique nous sera utile pour valider l’outil de mesure de la fragmentation par
analyse d’image Fragscan et en particulier dans l’amélioration des résultats obtenus au « Test
Latham ».
L’intérêt de cette méthode est de pouvoir travailler sur un échantillon tronqué ou sur un
échantillon où l’on ne peut accéder à certaines fractions granulométriques par l’effet de la
ségrégation, et notamment sur des mesures réalisées en surface d’échantillon. Cette technique
est donc intéressante car elle peut être mise en œuvre très simplement sur le terrain ou, à partir
de photographies, sur tout type d’échantillon.
Figure 2.1.2.a.
28
mesure est encore largement utilisée. Ce qui montre qu’elle permet, pour le moins, de comparer
des granulométries. C’est aussi une méthode économique en équipement mais fastidieuse à
mettre en œuvre.
Figure 2.1.3.a.
Si l’on considère un volume V, par exemple cubique de dimension L*L*L. ; et l’on
considère des éléments de volume horizontaux de type dS*L, alors la granulométrie de V est
exactement décrite par l’intégrale des granulométries de tous ces éléments de volume dS*L, si
ces granulométries ont été réalisées avec la méthode décrite ci-dessus (en utilisant le diamètre
réel des blocs).
En utilisant cette méthode à la surface d’un tas on commet plusieurs erreurs:
- La proportion de fine n’est pas mesurée mais on en donne une estimation
probablement assez aléatoire.
- On utilise comme échantillon une projection des n premiers centimètres du tas et non
une coupe (linéaire) du tas.
Les problèmes liés à la configuration de l’échantillon: ségrégation, répartition non
homogène des différentes classes granulométriques à l’intérieur du tas …, demeurent.
29
En considérant cette méthode comme une généralisation de la méthode de mesure à la
ficelle, on peut faire le raisonnement suivant:
Soit un volume V cubique de dimension L*L*L contenant un échantillon de bloc de
granulométrie G. Alors cette granulométrie est exactement décrite par la somme des
granulométries réalisées sur des éléments de volume horizontaux dz*L*L. On prend pour
chaque bloc les deux paramètres suivants: le diamètre D et la surface intersectée par l’élément
de volume de dz*L*L. En prenant une photographie à la surface du tas, on effectue donc une
projection des n premiers centimètres (voir aussi sous-chapitre 2.3.3.).
30
3
V le volume par trou (en m )
Modèle Kuz-Ram:
1/n
Xc = D50 / (0,693)
n = (2,2 - 14 * (B / d) * (1- w / B) * (1 + 0,5 * ((S / B) - 1))) * (L / H)
B = Banquette (m); S = Espacement (m); H = Hauteur (m); d = diamètre du trou (mm); w =
facteur de déviation (de 0,75 à 1,50 en m); L = hauteur de la charge (hors surprofondeur en m).
Il existe d’autres versions du modèle Kuz-Ram.
Ces lois empiriques que l’on ajuste au mieux sur les résultats de terrain sont encore
largement utilisées dans le domaine de l’abattage à l’explosif mais l’amélioration des moyens de
calcul numérique devrait conduire à l’utilisation d’approches mécaniques ayant des fondements
théoriques plus appropriés.
31
une surface D*D). A partir des données de l’échantillon réel, dont on connaît l’équation de
Rosin-Rammler (en masse), on prendra alors un modèle cubique (un bloc de diamètre D a un
volume de D*D*D). On supposera une densité de 2,7 et un poids total de l’échantillon de 200 kg.
La surface vue d’un bloc sera de D*D. On suppose que les blocs les plus importants sont
vus en priorité.
Sur l’ensemble des graphiques, exemple figure 2.3.1.a, on voit que la pente est identique
ce qui semble montrer que le système Fragscan compte correctement le nombre de bloc d’une
même taille mais qu’il affecte la surface trouvée à un diamètre erroné.
3
Nombre de blocs en log
2,5
1,5
0,5
0
20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180
D en mm
Figure 2.3.1.a.
Il suffit donc de trouver un modèle qui tienne compte de la densité, de la forme des
fragments, de la masse totale de l’échantillon, de la surface de la mesure, …et principalement
d’un biais « constant » dans la mesure du diamètre.
Ce modèle devrait donc être modifiable pour prendre en compte la configuration de
l’échantillon. En particulier, l’opérateur devra pouvoir juger de l’état de ségrégation du
tas : Total, partiel ou nul. Total, si les blocs les plus gros sont vus en priorité; Nul, si les blocs
vus sont représentatifs de l’ensemble de la granulométrie. Un simple décalage de 0,1 (dans
l’échelle logarithmique des diamètres) avec un modèle cubique, a permis d’obtenir les résultats
suivants, figure 2.3.1.b et 2.3.1.c, pour les photographies du test Latham. Il y aurait donc une
possibilité de « caler » le système Fragscan à partir d’un jeu de donnée relativement restreint.
60 Fragscan
Xc MODELE
50
40
30
20
10
10 20 30 40 50 60 70 80
Xc LATHAM (réel)
Figure 2.3.1.b.
32
Ceci n’étant pas l’objet de ce travail de thèse, nous nous contenterons d’utiliser comme
base de travail les résultats intermédiaires du système Fragscan, c’est à dire des courbes en
pourcentage cumulé de surface en fonction du diamètre du passant.
n, coefficient d'uniformité
3,5
Nouveau modèle
3,0
Fragscan
2,5
n MODELE 2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
n LATHAM (réel)
Figure 2.3.1.c.
33
Carrière DMD, Tir E6N3-338
1,0
0,8
0,6
Passant
0,4
Figure 2.3.2.a.
Un dernier biais a pu être détecté lors de l’étude du test Latham. Il est lié au phénomène
de seuillage, passage de l’image en 256 niveaux de gris à l’image binaire, et à la difficulté de
mesurer les classes granulométriques proches de la limite de détection de la caméra, la surface
cumulée attribuée à la plus petite classe granulométrique étant pratiquement constante (les
surfaces noires de l’image). Cet effet du seuillage est présenté en figure 2.3.2.b.
0,8
0,6
Passant
0,4
0,2
Limite de détection effective
0,0
10 100 1000
D en mm
Figure 2.3.2.b.
La sommation des images FRAGSCAN est aussi une source potentielle d’erreur. En effet
si on prend un camion de blocs de densité 1,9 et un camion de fine de densité 2,05, l’erreur en
masse est de 7,5 % pour un même volume. Ce biais sera néanmoins négligé.
Pour la suite de ce travail, et pour limiter au maximum les effets de ces divers biais, j’ai
fait le choix de n’utiliser que les mesures provenant d’un type de tombereau. Nous utiliserons
donc uniquement les tombereaux de 75 tonnes pour la carrière DMD et les tombereaux de 65
tonnes pour la carrière ALZO.
Sur la carrière DMD, la position de la caméra ayant changé en début d’année 2000, je
n’utiliserai que les résultats de l’année 1999.
34
2.3.3. MODELE EN SURFACE OU MODELE EN VOLUME.
La granulométrie d’un tas, fonction de répartition, est représentée par le pourcentage
cumulé en masse, en fonction du diamètre du passant. La difficulté, pour les méthodes par
analyse d’image, est le passage d’une mesure en surface à un résultat en volume et en masse.
Pour certains auteurs, le calcul des pourcentages passe par un décompte des blocs vus
en surface en fonction du diamètre passant, ils considèrent la masse totale de l’échantillon
comme la somme des masses de tous les blocs comptés. Les blocs peuvent être considérés
comme des sphères, des cubes ou tout autre type de volume.
Pour d’autres auteurs le pourcentage relatif d’une classe granulométrique est calculé par
le rapport de la surface affectée à une classe à la surface totale de l’image. C’est en quelque
sorte une généralisation de la méthode de mesure à la ficelle. En général, le pourcentage de
fine est évalué en utilisant la surface de l’image non affectée aux classes granulométriques
supérieures (comme pour la méthode de mesure à la ficelle), figure 2.3.3.a.
Figure 2.3.3.a.
Pour la suite de ce travail, nous utiliserons toujours comme base de travail le résultat en
pourcentage de surface, libre à chacun ensuite d’utiliser le modèle de son choix pour calculer la
courbe granulométrique en pourcentage cumulé de masse. Le pourcentage de fine ne sera pas
évalué à priori, sa détermination sera pour partie l’objet de la modélisation. Nous utiliserons
comme point de départ du calcul, pour le pourcentage de fine, la surface relative non affectée
aux classes granulométriques supérieures.
Ce choix, modèle en surface, n’est pas généralisable à toutes les configurations
d’échantillonnage et ne s’applique que si la ségrégation est considérée comme nulle. En
particulier le rapport entre surface et épaisseur de l’échantillon est à prendre en compte lors de
la détermination du modèle choisi.
35
du calcul sera la courbe calculée à partir des surfaces cumulées affectées à chaque classe
granulométrique. Les fines seront affectées d’une valeur, à savoir la surface de l’image non
affectée aux blocs plus grossiers, cette valeur n’étant qu’une base de départ pour le calcul du
modèle.
L’objet principal de ce modèle est la prise en compte des troncatures pour les fines et les
blocs; Cela sera un paramètre essentiel du modèle. On supposera que la ségrégation relative
des blocs compris entre 100 mm et 315 mm est négligeable, 2 à 2,5 dans l’échelle logarithmique
des diamètres. On supposera également que la distance Caméra - Surface du camion est
pratiquement constante.
TIR E1N3-362
CARRIERE DMD
FREQUENCE
10 100 1000
DIAMETRE EN MILLIMETRE
Figure 2.4.2.a.
Le choix du modèle a été guidé par l’étude des données disponibles. Un modèle rend
parfaitement compte des deux maximums, il est constitué par deux fonctions Log-normale
inversées l’une par rapport à l’autre, figure 2.4.2.b. Ces fonctions Log-normale, qui sont des
densités, sont continues et définies sur un demi-espace (nulle sur l’autre demi-espace).
Chacune d’entre elles est définie par trois paramètres; le premier paramètre constitue le
diamètre maximum (ou minimum) de la densité et les deux autres caractérisent l’étalement et la
moyenne relative de la densité.
36
A partir de ces trois paramètres on peut calculer une moyenne et un écart type classique
plus facilement utilisable pour une comparaison entre tir.
Pour que notre modèle soit une densité, le pourcentage relatif de chacune des populations doit
également être déterminé.
DENSITE
1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 2,6 2,8 3,0
Echelle logarithmique des diamètres
Figure 2.4.2.b.
Un dernier paramètre va nous permettre d’éluder les difficultés liées aux troncatures
(blocs et fines). Soit T, la somme du pourcentage des fines et blocs tronqués (ou invisible à
cause de la ségrégation), alors le pourcentage (100 - T) est affecté à l’ensemble des classes
granulométriques vu par le système Fragscan, voir figure 2.4.2.c.
Figure 2.4.2.c.
Le calcul des paramètres du modèle sera réalisé sur une feuille de calcul Excel en
utilisant la méthode des moindres carrés et un algorithme utilisant une méthode de descente de
gradient (préprogrammé sous Excel).
Gf = γ * f1 + (1 - γ) * f2
γ étant la proportion relative de chacune des deux populations.
37
0,5 2 2
f2 = {1/(w2 *β
β 2*(2*π
π) )}*exp[-{ln(w 2)-α
α2 } /{2*β
β 2 }]
w1 = Φ - ζ1, w2 = ζ2 - Φ.
Φ diamètre du fragment dans l’échelle logarithmique des diamètres, ζ1, α1, β 1 paramètres de la
fonction f1, ζ2, α2, β 2 paramètres de la fonction f2
Pour chaque population, f1 et f2, la moyenne µ est égale à exp(α+0,5∗β) et l’écart type σ est tel
2 2 2
que σ = µ *(exp(β -1)
Le dernier paramètre sera nommé, paramètre de troncature T.
Soit Ginit (Φ) la fonction à modéliser alors on aura à minimiser la somme suivante:
2
SΦ {[Gf (Φ)Φ)/
Φ) (1 - T)] - Ginit (Φ
Φ)}
Précisons ici que l’ensemble des calculs est réalisé dans l’échelle logarithmique des diamètres.
Pour des raisons pratiques, l’intégrale est discrétisé par pas de 0,01 dans l’échelle logarithmique
des diamètres. Les bornes de l’intégrale étant 2 et 2,5 (100 et 315 mm). L’ensemble de cette
méthode sera dénommé Fragscan-bis dans la suite de ce travail.
Outre les observations faites sur les résultats Fragscan-Camion sur les carrières, deux
articles principalement m’ont conforté dans cette hypothèse, modèle multi-modale et fonction
lognormale inverse pour la fonction f1.
L’article de Zhukov (B.08), figure 2.4.2.d, qui décrit des résultats de broyage comme des
fonctions qui ressemblent à des fonctions log-normales inverses. De plus dans un diagramme
LOG-LOG les fonctions de répartition des fonctions log-normales inverses sont « linéaires » sur
une large plage de diamètre.
L’article de Gilvarry (B.13), figure 2.4.2.e, qui montre que les fonctions classiques de
Rosin-Rammler caractérisent mal les fractions granulométriques grossières, d’où l’intérêt d’un
modèle multi-modal. Dans cet article on calcule une différentielle dans le diagramme LOG-LOG
pour définir différentes populations de fragment. Une dérivation dans un diagramme semi-
logarithmique aurait permis de visualiser de manière plus intuitive les différentes populations.
38
Figure 2.4.2.d.
Figure 2.4.2.e.
39
2.5. ANALYSE DES GRANULOMETRIES.
0,6
Passant 100 mm après
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
Passant 100 mm avant
Figure 2.5.1.a.
0,4
0,3
0,2
0,1
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
Passant 100 mm avant
Figure 2.5.1.b.
Pour les données issues de la carrière DMD la relation d’ordre du passant à 100 mm
avant modélisation est conservée de façon normale après modélisation, avec tout de même un
point d’inflexion sur la courbe lorsque la proportion de fines devient importante.
Pour les données issues de la carrière ALZO, cette relation n’est pas conservée, c’est à dire que
deux points ayant un même passant à 100 mm avant modélisation pourront avoir un passant à
100 mm très différent après modélisation. Une explication de ce phénomène est qu’il existe
deux familles de granulométries distinctes dont le comportement diffère à la modélisation (et
probablement déjà au seuillage).
40
2.5.2. ESSAI SUR DES GRANULOMETRIES REELLES.
Le département d’ingénierie minière de l’université de Leoben (Autriche) nous a permis
d’utiliser pour ce travail des données issues de mesure par tamisage. Il s’agit de bloc de roche
de forme cubique (200 mm et 100 mm). L’explosif est placé dans un trou percé au centre du
cube. Après explosion, les fragments sont recueillis et tamisés suivant l’échelle suivante:
0,1 ; 0,25 ; 0,5 ; 1 ; 5 ; 10 ; 20 ; 31,5 ; 40; 50 ; 63 ; 80 ; 100 et 125 mm.
Dans l’échelle logarithmique cela correspond à des tamis allant de -1 à 2,10 environ avec des
pas de l’ordre de 0,30.
La méthode d’interpolation et de dérivation de Fragscan-bis donne les résultats
présentés en figure 2.5.2.a. et 2.5.2.b. Il convient de préciser que dans le cas de tamisage réel,
le paramètre de troncature n’a pas de raison d’être.
Pour la roche issue de la carrière ALZO, on voit nettement apparaître sur ces deux
courbes, courbe mesurée par le système Fragscan-Camion (Tir 20A99) et courbe de tamisage
des fragments issus d’un cube (200 mm), deux modes distincts. La présence de deux modes
pour les données issues de l’analyse d’image n’est donc pas un artefact de calcul et il est donc
probable que les distributions granulométriques issues de tir à l’explosif présentent dans la
plupart des cas plusieurs modes.
Tir 20A99
Cube 200 mm
DENSITE
1 10 100 1000
D en mm
Figure 2.5.2.a.
Pour le grès (Imberg), la charge en gramme est identique dans les deux configurations
(cube de 100 mm et cube de 200 mm). Ces deux courbes de tamisage présentent de manière
très lisible deux modes. Ces deux courbes présentent également des similitudes de formes qui
ne sont probablement pas le fruit du hasard.
41
Bloc 100 mm
Bloc 200 mm
Densité
1 10 100 1000
D en mm
Figure 2.5.2.b.
42
Tir en chambre calcaire
Mono-rangée
Multi-rangée
DENSITE
Figure 2.5.3.a.
La fonction f2 variant peu sur chacune des carrières, il est envisageable de la considérer
comme constante et de l’assimiler à une fragmentation « inéluctable », c’est à dire qu’elle pourra
être assimilable à une fragmentation limite.
Un deuxième paramètre va donc caractériser l’étalement de la courbe f1. Cet étalement
étant proportionnel à l’énergie utilisée pour la fragmentation, nous pouvons calculer un index
énergétique. Celui-ci utilise la relation liant l’énergie utilisée lors de la fragmentation à la surface
nouvelle créée, Steiner (B.32) et Ortiz (D.01). Le modèle utilisé pour le calcul de surface est un
modèle cubique. La fonction f2 étant peu variable, nous considèrerons la surface nouvelle
produite en supposant l’état initial du matériau « assimilable » en totalité à f2. De toute façon,
l’essentiel de la surface nouvelle créé concerne la population f1 quel que soit la courbe
granulométrique initiale choisie.
La relation Energie-Surface utilisée, figure 2.6.a, étant celle produite lors du travail de
Roland Ortiz sur le béton. Cette courbe caractéristique d’un matériau n’a été déterminée pour
les matériaux des carrières ALZO et DMD que récemment par l’université de Leoben et n’a donc
pas pu être utilisée pour ce travail.
43
Calculons les surfaces spécifiques correspondantes aux populations P1 et P2 pour une
tonne de matériau.
S1 = SΦ f1(Φ)Φ) ∗ 6 ∗ Φ ∗ Φ ∗ dΦΦ
S2 = SΦ f2(Φ)
Φ) ∗ 6 ∗ Φ ∗ Φ ∗ dΦ Φ
Si la surface initiale est assimilée en totalité à S2 alors la surface spécifique créée pour une
tonne de matériau lors de l’explosion est :
∆S = - S2 + ( γ * S1 + ( 1 - γ) * S2)
soit
∆S = γ * ( S1 - S2)
Or l’énergie réellement utilisée pour la fragmentation est à mettre en relation avec la surface
nouvelle créée, voir figure 2.6.a, soit :
Eu = R (∆
∆S)
Nous obtenons donc une énergie utile de fragmentation en Joule / tonne, index énergétique.
Etant donné l’utilisation d’une courbe correspondant à un autre matériau, le béton, nous
utiliserons cette énergie calculée uniquement comme un index de comparaison. Les relations
d’ordre entre les énergies calculées pour différentes courbes granulométriques étant conservées
même si les valeurs peuvent être assez éloignées de la réalité.
Figure 2.6.a.
Nous obtenons donc deux paramètres qui caractérisent la granulométrie d’un tir :
Index de fragmentation, γ, proportion de la population P1.
Index énergétique, Eu, énergie utilisée pour la création de nouvelle surface
spécifique.
On peut remarquer que les deux paramètres ne sont pas totalement indépendants.
44
2.7. LES RESULTATS DU MODELE GRANULOMETRIQUE.
Les données granulométriques ne sont pas aisées à manipuler d’un point de vue
statistique. Il s’agit dans la plupart des cas d’un vecteur (Tamis - Passant) ou de sa modélisation
(Passant = f(Φ)) qui est une fonction.
Dans le cas du modèle de Rosin-Rammler, les deux paramètres Xc et n le coefficient
d’uniformité permettent assez facilement de comparer des données granulométriques. Xc : le
diamètre caractéristique, donne la position relative de la courbe dans l’axe des diamètres. n est
à mettre en relation avec l’étalement de la courbe et la densité du matériau.
Dans notre cas, avec l’utilisation d’un nouveau modèle, on pourra revenir à des concepts
plus simples: D80, D50, D20 (diamètre pour lequel il y a 80%, 50% ou 20% de passant).
Toutefois, sachant que ce modèle est calculé dans l’échelle logarithmique des diamètres,
il nous faut conserver cette même logique. La position relative de la courbe sera donc donnée
par le D50 (exprimé dans l’échelle logarithmique des diamètres), l’étalement de la courbe sera
donné par le D80-D20 exprimé dans l’échelle logarithmique des diamètres.
Le diagramme, figure 2.7.1.a, D80-D20 en fonction du D50 pour données 1999 et 2000
montre que trois points se détachent nettement de la moyenne des autres tirs. Il existe donc,
pour le moins, deux populations à distinguer sur cette carrière. Pour les autres tirs, ce
diagramme ne permet pas de juger s’ils font partie d’une seule et même population.
La position sur la carrière des trois points atypiques du diagramme peut expliquer leur
faible D50 notamment. En effet, ces trois tirs sont situés sur une faille et dans un cône de
déjection.
1,0
D80-D20 dans l'échelle logarithmique
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
1,7 1,8 1,9 2,0 2,1 2,2 2,3
D50 dans l'échelle logarithmique
Figure 2.7.1.a.
Deux populations peuvent donc être distinguées, par un D50 supérieur ou inférieur à 1,9
(environ 80 mm) et un étalement (D80-D20) supérieur ou inférieur à 0,7.
Dans la population 1, les données varient de 1,9 à 2,2 environ pour le D50 et de 0,4 à 0,7 pour
le D80-D20.
Dans la population 2, le D50 varie de 1,8 à 1,9 et le D80-D20 est compris entre 0,75 et 0,95.
45
2.7.2. CARRIERE DMD.
Le diagramme, figure 2.7.2.a, D80-D20 en fonction du D50 pour les données 1999,
montre une faible corrélation entre le diamètre moyen et l’étalement de la courbe.
0,6
0,4
0,3
2,05 2,10 2,15 2,20 2,25
D50 dans l'échelle logarithmique
Figure 2.7.2.a.
Le D50 varie de 2,1 à 2,2 et le D80-D20 varie de 0,35 à 0,5. Les données sont donc
beaucoup moins variables que pour la carrière ALZO.
46
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
0,01 0,1 1 10 100
INDEX ENERGETIQUE
Figure 2.8.1.a.
Six autres points peuvent également être sortis de la population principale. Dans la figure
2.8.1.b, échelle normale pour l’index énergétique, ils sont indiqués comme ayant une géologie
distincte. Pour certains, la proximité (géographique) avec les trois points atypiques permet de
penser qu’ils sont également influencés par cette faille. Pour d’autres, l’existence de
karstifications nombreuses sur la carrière est une explication probable à leur position sur le
diagramme (le relevé de l’ensemble des karstifications n’a pas pu être réalisé de manière
totalement exhaustive). Pour cette carrière ALZO, nous distinguerons donc deux populations de
granulométrie de tir.
1
0,9
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 GEOLOGIE
DISTINCTE
0,1
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
INDEX ENERGETIQUE
Figure 2.8.1.b.
Une première population non influencée par des phénomènes géologiques.
Une deuxième population fortement, à très fortement, influencée par des phénomènes
géologiques.
Si l’on regarde plus précisément la première population, on distingue deux sous-groupes. Nous
verrons au chapitre 4 si la conception des tirs est la cause de ces différences. A noter que pour
cet industriel, la diminution de l’énergie de fragmentation, index énergétique, lors des tirs
à l’explosif est un objectif majeur car il correspondra à une diminution de la proportion de
fines générées lors du tir.
47
différences géologiques notables existent sur la carrière. Différences en fonction de la position
sur l’échelle stratigraphique, en fonction de la profondeur par rapport à la topographie initiale et
des développements plus ou moins importants suivant les secteurs du Karst.
0,7
INDEX DE FRAGMENTATION
0,6
0,5
Geologie distincte
0,4
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
INDEX ENERGETIQUE
Figure 2.8.2.a.
Comme pour la carrière ALZO, nous distinguerons donc deux catégories de tir:
Les tirs ou l’influence de phénomènes géologiques est négligeable.
Les tirs ou l’influence de phénomènes géologiques est significative.
L’étude statistique sera quelque peu difficile car il n’y aura plus qu’une quinzaine de tirs
« propres ». Dans le cas de la carrière DMD, l’objectif est d’augmenter la proportion de
roche fragmentée, index de fragmentation.
48
2.9. BIBLIOGRAPHIE.
B.01. Cailleux et Tricart, 1963. La granulométrie des blocs et galets. Initiation à l’étude des
sables et des galets, Centre de Documentation Universitaire,
B.02. Rosin, Rammler, 1933. The laws governing the fineness of powdered coal. Journal of
the institute of fuel, Vol 7, pp 29-36.
B.03. Chavez, Cheimanoff, Schleifer, 1996. Sampling problems during grain size
distribution measurements. Mémoire de thèse de l’ENSMP.
B.04. Blanchier, Mai 1994. Blocométrie et productivité du chargement. Revue de l’Industrie
Minérale « Mines et Carrières » pp 58-60.
B.05. Weber, Du Mouza, Romdhane-Bouden, Blanchier, Octobre 1988. La fragmentation
des roches à l’explosif en carrière. Revue de l’Industrie Minérale « Mines et Carrières » pp
27-31.
B.06. Parker, 1991. Some random notes on grain sorting. Grain sorting seminar, Switzerland,
pp 20-75.
B.07. Moser, Cheimanoff, Ortiz, Hochlodinger, 2000. Breakage characteristics in rock
blasting. Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting Technique,
Balkema : Munich, pp 165-170.
B.08. Zhukov, Mizonov, Filitchev, Bernotat, 1998. The modelling of grinding processes by
means of the principle of maximum entropy. Powder Technology, pp 248-253.
B.09. Diplas, 1991. Surface and subsurface granulometry. Grain sorting seminar,
Switzerland, pp 157-162.
B.10. Harris, September 1968. The application of size distribution equations to multi-event
comminution processes. Society of Mining Engineers, AIME, Transactions, Vol 241, pp 343-
357.
B.11. Lange, Ahrens, 1981. Fragmentation of ice by low velocity impact. Proc. Lunar
Planet. Sci., pp 1667-1687.
B.12. Gilvarry, 1961. Fracture of brittle solids, distribution function for fragment size in
single fracture. J. App. Physics, Vol 32, n° 3, pp 391-399.
B.13. Thornton, Kanchibotla, Bruton, Octobre 2001. Modelling the impact of rockmass
and blast design variation on blast fragmentation. Explo 2001. Proceedings of Explo
Conference on Blasting, Australian Institute of Mining and Metallurgy : Hunter Valley, pp 197-
205.
B.14. Kuznetsov, 2001. The mean diameter of the fragments formed by blasting rock.,
Soviet Mining Science. Vol 9, n°2, pp 144-148.
B.15. Hartmann, 1969. Terrestrial, lunar and interplanetary rock fragmentation. Icarus,
n°10, pp 201-213.
B.16. Santamarina, Morley, Franklin, Wang, 1996. Development and testing of a zooming
technique for fragmentation. Measurement of blast fragmentation. Proceedings of the
Workshop on Measurement of Blast Fragmentation, Balkema : Montréal, pp 133-139.
B.17. Diplas, 2000. Statistical approach to sediment sampling accuracy. Water ressources
research, Proceedings of the Workshop on Measurement of Blast Fragmentation, Balkema :
Montréal, vol 36, n°2.
49
B.18. Kellerhals, Bray, August 1971. Sampling procedures for coarse fluvial sediments.
Journal of the Hydraulics Division. Proceeding of the American Society of Civil Engineers, pp
1165-1180.
B.19. Rollins, Wang, 1990. Fragmentation prediction in bench blasting. Fragblast 90.
Proceedings of the 2nd International Symposium on Rock Fragmentation by Blasting, Australian
Institute of Mining and Metallurgy : Brisbane, pp 195-198.
B.20. Epstein, December 1948. Logarithmico-normal distribution in breakage of solids.
Industrial and engineering chemistry, pp 2289-2291.
B.21. Johnson, Kotz. Distributions in statistics: Continuous univariate distributions. New
York, Wiley, pp 212-231.
B.22. . Lange, Ahrens, 1981. Fragmentation of ice by low velocity impact. Proc. Lunar
Planet. Sci. 12B, pp 1667-1687.
B.23. Djordjevic, 1999. A two component model of blast fragmentation. The AusIMM
Proceeding, n° 2, pp 1-6.
B.24.Bond, December 1957. Comminution exposure constant by the third theory. Mining
Engineering, Transactions AIME, pp 1372-1376.
B.25. Charles. January 1957. Energy-Size reduction relationships in comminution. Mining
Engineering, Transactions AIME, pp 80-88.
B.26. Rascheeff, 1973. Etude de la fragmentation des roches au moyen d’explosifs.
Explosifs, n°3, pp 3-15.
50
3. INCIDENCE DE LA GRANULOMETRIE SUR LES FLUX ET LES COUTS
D’EXPLOITATION.
3.0. INTRODUCTION.
Au chapitre 1, la structure d’acquisition et de traitement des données a permis d’obtenir
des unités d’œuvres (heures, quantités d’explosifs, …) correspondant à des volumes traités et
ce pour les opérations suivantes: Foration, minage, chargement, transport et concassage
primaire. Pour le chargement, le transport et le concassage primaire dans un premier temps sur
des plages de temps continues et dans un second temps sur un mode global tir par tir.
Au chapitre 2 nous avons décrit les granulométries des tirs et à partir de la
décomposition de celles ci en deux populations de fragments nous avons pu en obtenir une
modélisation intégrale.
Il nous faut maintenant établir ou plutôt rechercher, un lien entre la performance de la
production, en termes de coûts et de flux, et le résultat du tir en termes de fragmentation.
Nous distinguerons deux sous-groupes d’opération :
Foration + Minage.
Chargement + Transport + Concassage primaire.
Dans la mesure ou dans chaque sous-groupe les performances des différentes opérations sont
strictement dépendantes les unes des autres.
Nous commencerons par calculer les coûts de production, les flux moyens, la valeur du
stock en cours d’élaboration qui nous servirons de base pour l’analyse « économique » des
données. Nous ferons un aparté pour un calcul de « flux instantané » qui nous permettra par la
suite de travailler sur des données où l’organisation du cycle Chargement + Transport +
Concassage primaire est très variable pour un même tir.
La comparaison des tirs pour le sous-groupe Foration + Minage, sera effectuée dans un
diagramme Coûts - Fragmentation classique.
La comparaison des tirs pour le sous-groupe Chargement + Transport + Concassage
primaire, sera effectuée sur un diagramme Flux - Coûts - Fragmentation dont le principe a été
proposé par Ricardo Chavez (Nitro-Bickford). La nécessité de « normaliser » le cycle de
production sera ensuite montrée et une solution sera proposée pour cela. La méthode d’analyse
choisie est un réseau de neurones, ce qui nous permettra d’extraire les informations essentielles
contenues dans les données disponibles. Des commentaires seront alors énoncés pour
proposer aux carriers des solutions pour optimiser leur organisation et leurs performances en
fonction de la fragmentation.
51
pour chaque opération, pour chaque tir, les coûts de production en Euro/tonne par la formule
suivante:
Σi (VTi) / Σi (UOi)
On voit bien apparaître un biais dans ce calcul. En effet, si, par exemple, on travaille avec un
échelon de transport dépareillé, comment « additionner » les heures de chaque type de
camion ? Nous nous intéresserons donc, de manière prépondérante, au flux de chargement, à
charge pour nous de décrire le plus précisément possible l’organisation du cycle Chargement +
Transport + Concassage primaire. Cela, par ailleurs, nous permettra de comprendre son
influence sur les rendements de production.
52
Valeur 0 [Gisement]
<< Foration + Minage
Valeur 1 [Stock abattu]
<< Chargement + Transport + Concassage primaire
Valeur 2 [Stock concassé]
Comme la granulométrie n’est pas toujours disponible au cours du cycle de production,
nous serons amenés à effectuer quelques simplifications. Une fonction Vi(Φ) sera proposé en
fonction de la position du fragment dans le cycle de production et du diamètre du fragment. i
sera la position dans le cycle de production, Φ le diamètre du fragment (voir Annexe).
La valeur ajoutée sera calculée pour une opération ou un sous-groupe d’opérations par
la différence de la valeur du stock de matériau avant et après l’opération ou le sous-groupe
d’opération.
La valeur ajoutée pour la foration et le minage sera donc :
1,6 10
1,4
8
1,2
EN EURO/TONNE
1 6
0,8
0,6 4
0,4
2
0,2
0 0
10 100 1000
Diamètre en millimètre
Figure 3.1.3.a.
Pour la carrière Alzo, nous ne disposons pas de la granulométrie après concassage
primaire. Nous supposerons que les courbes granulométriques avant et après concassage
primaire sont identiques à une translation près sur l’axe des diamètres (dans l’échelle
logarithmique), figure 3.1.3.b.
53
Carrière ALZO
ESTIMATION DE LA COURBE GRANULOMETRIQUE
APRES CONCASSAGE PRIMAIRE
décalage de 0,5 en LogD
1
PASSANT CUMULE
0,8
0,6
0,4
Avant concassage
0,2 primaire
Après concassage
primaire
0
10 100 1000
Diamètre en millimètre
Figure 3.1.3.b.
54
3.2. LA FORATION ET LE MINAGE.
3.2.1. INTRODUCTION.
Quelle est l’influence des paramètres techniques de foration et de minage sur le résultat
du tir ? Comme nous l’avons vu au chapitre 1, nous ne disposons pas de données sur les
temps de foration et de mise en œuvre des explosifs. Nous avons donc fixé des ratios de
rendements qui nous permettent de calculer les coûts de production de la foration et du minage.
La table des coûts est présentée en annexe. Dans la mesure où la pratique des tirs a évolué sur
les carrières, nous allons étudier l’impact économique de la modification des paramètres de tir.
Nous ne chercherons pas à comprendre le « fonctionnement » du tir ce qui est l’objet du
chapitre 4.
2,20
VALEUR AJOUTEE (Euro/tonne)
2,00
1,80
Tirs classiques
Tirs de relevage
1,60
Autres tirs
Figure 3.2.2.a.
On voit sur les figures 3.2.2.a et b, que les tirs de relevage ont un coût de revient plus
élevé que les tirs classiques ce qui s’explique par un coût de foration horizontale plus élevé que
le coût de foration verticale et de même un coût de mise en œuvre des explosifs plus élevé.
Pour les autres tirs, maille réduite, l’influence de cette configuration ne semble pas être
significative.
55
2,00
1,80
Tirs classiques
1,70
Tirs de relevage
Autres tirs
1,60
Tirs à charge spécifique élevée
1,50
0 50 100 150 200 250 300 350
Charge Spécifique (g/tonne)
Figure 3.2.2.b.
On peut donc tirer deux enseignements de ces résultats pour la carrière ALZO:
Une maille plus symétrique n’apporte pas d’amélioration des tirs en terme de coût et de
valeur ajoutée.
Une augmentation de la charge spécifique, tirs à charge spécifique élevée, apporte une
amélioration de la valeur ajoutée avec en contrepartie une augmentation des coûts. Les tirs à
charge spécifique élevée améliorent la valeur ajoutée (presque 2 Euros/t) mais avec une
augmentation significative des coûts (>1 Euro/t). Les tirs classiques, avec une charge spécifique
de l’ordre de 75 g/t, ont un coût de 0,30 Euro/t et une valeur ajoutée de 1,75 Euro/t.
Si on détaille maintenant les coûts du minage en foration verticale, foration horizontale,
explosifs et consommables, mise en œuvre des explosifs, on voit, figure 3.2.2.c, que l’absence
de mine de pied conduit à une réduction significative des coûts, tirs 20A99 et 39A99, même si
l’on a réduit la maille sur ces deux tirs. Les tirs de relevage sont très coûteux en ce qui concerne
la foration et la mise en œuvre des explosifs. Pour les tirs classiques et les tirs à charge
spécifique élevée, le coût total du tir est en relation avec la consommation en explosifs. Pour
chaque catégorie, les tirs ont été classés par charge spécifique croissante.
1,6
Tirs à charge
1,4 MISE EN ŒUVRE EXPLOSIFS
spécifique élevée
EXPLOSIFS
1,2
COÛT (Euro/tonne)
FORATION HORIZONTALE
1,0
FORATION VERTICAL
0,8 Tirs de relevage
0,6 Tirs classiques
Autres tirs
0,4
0,2
0,0
32A99
27A99
29A99
25A99
53A99
37A99
20A99
39A99
48A99
26A99
38A99
44A99
40A99
35A99
Figure 3.2.2.c.
On peut retenir pour cette carrière l’ordre de grandeur des coûts du minage: Pour les tirs
classiques environ 0,32 Euro/tonne; Pour les tirs sans mines de pied environ 0,28 Euro/tonne;
56
Pour les tirs de relevage environ 0,5 Euro/tonne et pour les tirs à charges spécifiques
excessives plus de 1 Euro/tonne.
2,00
Tirs classiques
VALEUR AJOUTEE (Euro/tonne)
1,70
1,60
1,50
0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
COÛT TOTAL, Foration+Minage, (Euro/tonne)
Figure 3.2.3.a.
On voit sur la figure 3.2.3.a que pour les tirs classiques il n’y a pas de lien entre coût et
valeur ajoutée. Pour les tirs sur deux rangées, bien que le coût du minage ait augmenté, la
valorisation du gisement est nettement meilleure. Avec le jeu de coûts unitaires et de valeurs
des stocks intermédiaires choisis, on obtient pour un surcoût de 0,075 E/t une augmentation de
0,150 E/t de la valeur ajoutée.
1,90
VALEUR AJOUTEE (Euro/tonne)
Tirs classiques
1,80
Tirs sur deux rangées
Autres tirs
1,70
1,60
1,50
0 50 100 150 200 250 300
CHARGE SPECIFIQUE (g/tonne)
Figure 3.2.3.b.
Sur la figure 3.2.3.b, ce qui frappe c’est l’absence de relation entre charge spécifique et
valeur ajoutée, ceci étant dû à une forte variabilité de proportion des différents types d’explosifs.
On note aussi que les tirs sur deux rangées ont également comme conséquence des
57
consommations supérieures en explosifs. La figure 3.2.3.c nous montre la répartition des coûts
pour les différents types de tir.
0,6
Mise en œuvre des explosifs Autres tirs
Explosifs et consommables Tirs sur
0,5 deux rangées
Foration horizontale
Foration verticale
COÛT (Euro/tonne)
0,4 Tirs classiques
0,3
0,2
0,1
0
E6N3 338
E3N5 328
E5N13 356
E1N1 339
E1N3 362
E6N3 346
E3N4 355
E6N5 303
E3N2 360
E2N1 341
E6N17 337
E6N17 344
E5N15 334
Figure 3.2.3.c.
58
3.3. LE CYCLE CHARGEMENT-TRANSPORT-CONCASSAGE PRIMAIRE.
3.3.1. INTRODUCTION..
La bibliographie concernant l’influence de la fragmentation sur les rendements du
chargement, du transport et du concassage primaire est assez mince, le problème principal
étant l’appréciation objective de la granulométrie d’un tir. Toutefois, poste à poste, une opinion
« consensuelle » est communément véhiculée dans les articles.
Le chargement: Ce poste de travail est considéré par beaucoup d’auteurs comme très
influencé par le foisonnement et la granulométrie du tir mais il est également généralement
admis que la dextérité du conducteur peut totalement masquer toute autre influence.
Des études intéressantes, Moodley (C.08) et Michaud (C.09), mettent en évidence
l’incidence d’un index granulométrique sur le rendement du chargement. On voit également
souvent apparaître le terme de « Diggability », que l’on peut traduire par aptitude au
chargement, comme caractérisant la fragmentation d’un tir, figure 3.3.1.a d’après (C.02).
Figure 3.3.1.a.
Le transport: Sur ce poste de travail, il est peu d’auteurs qui se risquent à délivrer une opinion
claire (et quantifiée) sur le sujet. Selon Michaud (C.09), figure 3.3.1.b, la productivité du roulage
est sensiblement corrélée avec un index granulométrique probablement assimilable avec la
densité du matériau. Dans cet article, il apparaît que la productivité du cycle de roulage a été
assimilée à la quantité de matériau transportée par cycle. Le gain apporté par une granulométrie
plus étalée (et donc une plus forte densité) est montré. C’est donc une masse transportée par
cycle plus importante. Ceci ne signifie pourtant pas que la productivité ait augmenté car, pour
calculer un flux, il est nécessaire de connaître en sus de la masse transportée, la durée du cycle
de transport.
59
Figure 3.3.1.b.
Le concassage primaire: Là aussi, peu d’auteurs se sont risqués à quantifier l’influence de la
granulométrie sur le coût du concassage primaire. Tout d’abord les coûts fixes, amortissement
du matériel et fonctionnement à vide, sont tels qu’ils sont à eux seuls la part principale du coût
du concassage primaire. Toutefois il n’est pas inintéressant de regarder l’influence de la
granulométrie sur la consommation électrique. L’article de Moodley (C.08), figure 3.3.1.c, montre
que l’augmentation de la proportion de blocs génère une consommation électrique plus
importante.
Figure 3.3.1.c.
60
Sélection automatique des plages de temps ou cinq cycles de transport consécutifs d’un
même camion au minimum ont une durée constante.
Vérification manuelle que l’organisation est constante.
114 séquences ont pu être sélectionnées pour 13 tirs.
Nous allons commencer l’étude par les données globales tir par tir pour essayer
d’éclairer les modes d’organisation, les ordres de grandeur des coûts, puis nous passerons à
l’étude des séquences temporelles plus courte qui nous permettront d’extraire des résultats
quantifiés de l’influence de tels ou tels paramètres sur les flux et les coûts de production.
DIAGRAMME FLUX-COUT-FRAGMENTATION
5,0 2,0
4,5 VALEUR AJOUTEE 1,8
4,0 1,6
GEOLOGIE DISTINCTE
VALEUR AJOUTEE
3,5 1,4
(Euro/tonne)
COÛT TOTAL
COUT TOTAL
(Euro/tonne)
3,0 1,2
2,5 1,0
2,0 0,8
1,5 0,6
1,0 0,4
0,5 0,2
0,0 0,0
200 300 400 500 600 700 800 900 1000
FLUX DE CHARGEMENT (Tonne/heure)
Figure 3.3.2.1.a.
Par contre, il n’y a aucun lien entre valeur ajoutée, coût total ou flux de chargement : ce
qui est aussi prévisible étant donné l’importance sans doute relativement faible de la
fragmentation sur les flux et les coûts en comparaison avec les facteurs de distance ou
d’organisation par exemple.
On remarque sur la figure 3.3.2.1.b, l’influence de la distance sur les flux de transport
bien qu’au-delà de 1000 mètres les flux soient pratiquement constants. Sur la figure 3.3.2.1.c,
on voit qu’à des distances équivalentes les flux de chargement peuvent être très variables, 400
à 600 tonnes/heures à 1500 mètres par exemple, ce qui est le signe d’une organisation
différente.
61
600
FLUX DE TRANSPORT,
400
300
200
100
0
0 500 1000 1500 2000
DISTANCE HORIZONTALE (Mètre)
Figure 3.3.2.1.b.
1000
800
FLUX DE CHARGEMENT
(Tonne/heure)
600
400
200
0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
Figure 3.3.2.1.c.
Calculons maintenant un facteur d’organisation, Flux de chargement/ Flux de transport
(Cat 775 uniquement), on note sur la figure 3.3.2.1.d qu’il n’y a pas de volonté d’optimisation de
l’échelon de transport en fonction de la distance à parcourir.
3,0
FACTEUR D'ORGANISATION
2,5
2,0
1,5
1,0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
Figure 3.3.2.1.d.
62
Si l’on classe les tirs en fonction de la distance à parcourir, figure 3.3.2.1.e, hormis pour
les trois tirs proches du concasseur, on ne note pas de relation entre distance et coût total du
cycle de Chargement + Transport + Concassage primaire. Les coûts sur cette carrière oscillent
autour de 1,20 Euro/tonne.
1,60
CONCASSAGE
1,40 TRANSPORT
CHARGEMENT
1,20
COÛT (Euro/tonne)
1,00
0,80
0,60
0,40
0,20
0,00
20A99
21A99
25A99
36A99
28A99
38A99
35A99
23A99
49A99
48A99
40A99
53A99
32A99
29A99
39A99
47A99
26A99
Figure 3.3.2.1.e.
63
Le modèle neurométique choisi pour cette étude est un réseau multicouche et le mode
d’apprentissage est la rétro-propagation (back propagation). Il n’existe pas de méthode
« calculatoire » pour déterminer le nombre de couche et le nombre de neurones du réseau.
Cette détermination procède plus de l’expertise ou de l’intuition que d’un procédé déterministe.
Le nombre de variable d’entrée est fonction de l’organisation de la carrière, il n’est pas utile de
prendre en compte les données qui ne varient pas sur un site. Pour plus de détails sur les
réseaux de neurones, se reporter au chapitre 4 et à la bibliographie.
1200
SIMULATIONS (Tonne/heure)
1000
800
600
400
200
0
0 200 400 600 800 1000 1200
DONNEES (Tonne/heure)
Figure 3.3.2.3.a.
64
Le réseau a deux niveaux de neurones intermédiaires avec six et trois neurones. Les
résultats sont signifiants, figure 3.3.2.3.a, avec une bonne corrélation entre données et
simulations (150 000 cycles d’apprentissage).
1200
1000
FLUX DE CHARGEMENT
800
(Tonne/heure)
600
400
200
0
0 500 1000 1500 2000
Distance horizontale (mètre)
Figure 3.3.2.4.a.
La figure 3.3.2.4.a nous montre une variation des flux de chargement de 400 t/h entre
100 et 2000 mètres. On note aussi qu’au-dessous de 500 mètres le flux varie peu et de même
au-dessus de 2000 mètres.
Si on se place maintenant dans un diagramme Flux - Coût, figure 3.3.2.4.b, on voit que
les coûts varient du simple au double - 0,8 Euro/tonne à 1,6 Euro/tonne - ce qui montre bien
l’importance d’un positionnement adéquat du concasseur primaire dans une carrière.
65
EFFET DE LA DISTANCE
(100, 500, 1000, 1500, 2000 mètres)
2,0
1,6
COUT TOTAL
(Euro/tonne)
1,2
0,8
0,4
0,0
400 500 600 700 800 900 1000 1100
FLUX DE CHARGEMENT (Tonne/heure)
Figure 3.3.2.4.b.
L’organisation de l’échelon de transport: Trois distances de transport ont été choisies, 500, 1000
et 1500 mètres, avec un dénivelé proportionnel de 30 m pour 500 m. Le passant à 100 mm est
choisi égal à 44 % et le mois est juillet. Les organisations sont les suivantes: 1, 2 ou 3
tombereaux CAT 775 sans tombereau CAT 769; 1, 2 ou 3 tombereaux CAT 775 et un
tombereau CAT 769.
EFFET DE L'ORGANISATION
1,8
COUT TOTAL (Euro/tonne)
1,6
1,4
500 mètres
1,2 1000 mètres
1500 mètres
1,0
+ un 35 tonnes
0,8 + un 35 tonnes
+ un 35 tonnes
0,6
0 200 400 600 800 1000
FLUX DE CHARGEMENT (Tonne/heure)
Figure 3.3.2.4.c.
La figure 3.3.2.4.c, diagramme Flux - Coût, nous montre que le flux de chargement n’est
pas du tout proportionnel au nombre de camions mis en route. Par exemple, pour 1000 mètres
on passe de 450 tonnes/heures à 700 tonnes/heure quand on passe de 1 à 3 tombereaux CAT
775, sans doute y a t’il saturation de l’engin de chargement. L’apport d’un CAT 769
supplémentaire est faible de l’ordre de 50 tonnes/heures. On voit également que la configuration
3 tombereaux CAT 775 + 1 tombereau CAT 769 génère un surcoût significatif avec un faible
gain en terme de flux. Pour une distance de 500 mètres, l’augmentation du nombre de CAT 775
ne conduit pas à une diminution des coûts mais seulement à une augmentation des flux (d’où
l’intérêt du diagramme Flux - Coût).
Dans presque tous les cas, il est toujours souhaitable de préférer une organisation
uniquement avec des tombereaux de même type ce qui permet une augmentation des flux mais
aussi une diminution des coûts.
La fragmentation: L’indicateur de fragmentation choisi est le pourcentage de passant à 100 mm.
Sur les données disponibles celui ci varie de 25 à 60 % - au-delà de 50 % il s’agit de secteur de
la carrière que l’on peut distinguer d’un point de vue géologique. Pour les simulations nous
66
ferons varier cet indicateur de 10 à 70 %. L’organisation est constante, 3 tombereaux CAT 775 +
1 tombereau CAT 769, les distances horizontales de 500, 1000 et 1500 mètres avec un dénivelé
proportionnel (30 m pour 500 m).
EFFET DE LA GRANULOMETRIE
1200
1000
FLUX DE CHARGEMENT
800
(Tonne/heure)
600
1500 mètres
400
1000 mètres
200
500 mètres
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
GRANULOMETRIE: Passant à 100 mm (%)
Figure 3.3.2.4.d.
Sur la figure 3.3.2.4.d, L’impact de la granulométrie est signifiant et il ne peut s’agir d’un
artefact. On trouve une amélioration des flux de 200 tonnes/heures pour une variation de 10 à
70 % du passant à 100 mm, ou plus de 100 tonnes/heure pour une variation de 20 à 50 %
(variation réaliste au niveau de l’abattage à l’explosif).
L’influence de la granulométrie sur les flux est donc montrée. Toutefois on peut émettre
une réserve à ce résultat si encourageant. Contrairement à Michaud (C.09) qui a choisi de
calculer les flux à partir des masses transportées par cycle, nous avons fait le choix de travailler
à partir des durées de cycle en supposant les masses transportées par camion constantes. Le
flux étant un rapport entre masse et durée, si l’on suppose que la masse est constante alors une
augmentation des flux passent par une diminution de la durée du cycle de transport. Si au
contraire, on suppose la durée du cycle de transport comme constante alors une augmentation
des flux passe par une augmentation des masses transportées.
Soit deux tombereaux identiques chargés pour l’un avec des blocs et pour l’autre avec
un matériau plus hétérogène. Ils sont chargés d’un même volume de matériau. Pourtant le
chargement de bloc aura une densité de 1,9 environ alors que le matériau hétérogène aura une
densité de 2,05 environ. Si on prend comme hypothèse un volume identique de 27 m3 alors l’un
transportera 51,3 tonnes alors que l’autre transportera 55,35 tonnes. On peut donc supposer
que le tombereau ayant une charge inférieure ira plus vite et donc que la durée du cycle de
transport sera plus courte.
En faisant deux hypothèses différentes on arrive à deux conclusions opposées. La
densité du matériau est probablement corrélée avec les index granulométriques choisis
et donc lorsque la courbe granulométrique est plus « étalée », la densité augmente, la
masse transportée augmente et le tombereau ralentit. Au contraire lorsque le matériau
est moins fragmenté, la courbe granulométrique est moins « étalée », la densité diminue,
la masse transportée diminue et le tombereau accélère. L’opinion communément admise
d’une amélioration des flux pour des matériaux plus fins doit donc être largement
nuancée.
67
EFFET DE LA GRANULOMETRIE
(10 à 70% de passant à 100 mm)
2,0
1500 mètres
500 mètres
1,2
0,8
0,4
200 400 600 800 1000 1200
FLUX DE CHARGEMENT (Tonne/heure)
Figure 3.3.2.4.e.
Si on se place maintenant dans un diagramme Flux - Coût, figure 3.3.2.4.e, on peut donc
voir des variations de coûts de l’ordre de 0,4 Euro/tonne pour des variations de granulométrie de
10 à 70 % et environ 0,2 Euro/tonne de 20 à 50 % ce qui est la plage de variation de
granulométrie que l’on peut attendre du tir à l’explosif. Sans même parler de valeur ajoutée, on
peut donc envisager des surcoûts de l’ordre de 0,2 Euro/tonne dans le minage qui seraient
absorbés par une amélioration de la productivité du cycle Chargement + Transport +
Concassage primaire.
900
850
FLUX DE CHARGEMENT
800
(Tonne/heure)
750
700
650
600
10 20 30 40 50 60 70
POURCENTAGE DE PASSANT à 100 mm
Figure 3.3.2.4.f.
Intéressons nous maintenant au cas des 13 tirs sélectionnés, figure 3.3.2.4.f, nous
voyons donc que le flux de chargement est fortement corrélé avec la granulométrie (Distance de
1000 mètres, organisation 3 dumpers CAT 775 + un dumper CAT 769). De plus, figure
3.3.2.4.g, l’évolution de la valeur ajoutée est également positivement influencée par la
granulométrie. D’où l’intérêt de l’amélioration de la granulométrie des tirs pour accroître les flux
et diminuer les coûts de production.
68
1,30 5,0
COUT (Euro/tonne)
1,15 3,5
1,10 3,0
1,05 2,5
1,00 2,0
0,95 1,5
COUT (C+T+CP)
0,90 1,0
0,85 VALEUR AJOUTEE 0,5
0,80 0,0
600 650 700 750 800 850
FLUX DE CHARGEMENT (Tonne/heure)
Figure 3.3.2.4.g.
DIAGRAMME FLUX-COÛT-FRAGMENTATION
5,0 2,5
VALEUR AJOUTEE (Euro/tonne)
4,5 2,3
COÛT (Euro/tonne)
4,0 2,0
3,5 1,8
3,0 1,5
2,5 1,3
VALEUR AJOUTEE
2,0 1,0
COÛT
1,5 0,8
300 350 400 450 500
FLUX DE CHARGEMENT (Tonne/heure)
Figure 3.3.3.1.a.
69
Sur la figure 3.3.3.1.b, on note que les flux de transport (75 tonnes uniquement) sont en
rapport avec la distance de transport. Par contre, figure 3.3.3.1.c, on ne remarque pas de lien
entre flux de chargement et distance de transport.
300
FLUX DE TRANSPORT
250
(Tonne/heure)
200
150
100
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
DISTANCE HORIZONTALE (Mètre)
Figure 3.3.3.1.b.
500
FLUX DE CHARGEMENT
450
(Tonne/heure)
400
350
300
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
DISTANCE HORIZONTALE (Mètre)
Figure 3.3.3.1.c.
Si on calcule le facteur d’organisation suivant, flux de chargement / flux de transport
(Haulpack 75 tonnes uniquement) on note une volonté d’optimiser l’échelon de transport en
fonction de la distance à parcourir, figure 3.3.3.1.d. Ceci explique en partie l’absence de
corrélation entre parcours et flux de chargement.
70
3,5
FACTEUR D'ORGANISATION
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0 400 800 1200 1600 2000 2400 2800
DISTANCE HORIZONTALE (Mètre)
Figure 3.3.3.1.d.
On doit noter également la faible variabilité des flux de chargement qu’il faut sans doute
attribuer aux capacités limitées de l’installation de concassage primaire qui ne peut guère aller
au-delà. A noter également, figure 3.3.3.1.e, l’absence de corrélation entre coût de concassage
primaire et fragmentation, représentée ici par le pourcentage de passant à 100 mm. On peut
donc supposer une grande variabilité des caractéristiques mécaniques de la roche sur cette
carrière.
0,8
0,7
CONCASSAGE PRIMAIRE
0,6
(Euro/tonne)
0,5
COÛT DU
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
10 15 20 25 30 35 40 45
POURCENTAGE DE PASSANT A 100 mm
Figure 3.3.3.1.e.
Si l’on classe maintenant les tirs en fonction de la distance à parcourir, figure 3.3.3.1.f, on
ne note pas de relation entre distance et coût total du cycle de Chargement + Transport +
Concassage primaire. Les coûts totaux oscillent autour de 1,50 Euro/tonne.
71
2,5
CONCASSAGE
TRANSPORT
2,0 CHARGEMENT
COUT (Euro/tonne)
1,5
1,0
0,5
0,0
328 342 352 355 334 346 360 362 339 341 344 326 338 303 337 336 270
E3N5 E2N5 E6N17 E3N4 E5N15 E3N3 E3N2 E1N3 E1N1 E2N1 E6N17 E6N2 E6N3 E6N5 E6N17 E6N5 E6N14
TIRS
Figure 3.3.3.1.f.
72
500
450
Flux de Chargement
SIMULATIONS
(Tonne/heure)
400
350
300
300 350 400 450 500
Flux de chargement (Tonne/heure)
DONNEES
Figure 3.3.3.2.a.
EFFET DE LA GRANULOMETRIE
SIMULATIONS (15 et 35% de passant à 100 mm)
ETAGE 6 puis 5
550
500
450
FLUX DE CHARGEMENT
400
(Tonne/heure)
350
Figure 3.3.3.3.a.
Organisation de l’échelon de transport: Six configurations ont été retenues avec 1 à 3
tombereaux de 75 tonnes et 0 à 1 tombereau de 50 tonnes (les données concernant les
73
tombereaux de 35 tonnes étant trop peu nombreuses). La figure 3.3.3.3.b est un peu
surprenante, en effet elle montre que l’ajout d’un tombereau de 50 tonnes sur un échelon de
transport homogène n’améliore pas le flux de chargement. C’est à dire que le flux de
chargement avec 1, 2 ou 3 dumpers de 75 tonnes est identique au flux de chargement avec un
tombereau de 50 tonnes supplémentaire. L’impact de l’ajout d’un tombereau de 50 tonnes est
donc strictement nul en terme de flux et bien sûr négatif en terme de coût. A mon avis, l’échelon
de transport n’arrive pas à se cadencer lorsqu’il n’est pas homogène, les temps de chargement
et déchargement du petit tombereau étant différent. La vitesse moindre de ce tombereau est
peut être aussi à prendre en compte, celle-ci ralentissant la vitesse moyenne de l’échelon de
transport où les dépassements sont impossibles.
EFFET DE L'ORGANISATION
ETAGE 6 puis 5
550
500
450
FLUX DE CHARGEMENT
400
(Tonne/heure)
350
2 dumpers 75t
250
3 dumpers 75t
200 1 dumper 75t + 1 dumper 50t
Figure 3.3.3.3.b.
Lorsque 3 tombereaux de 75 tonnes sont mis en route, on note que le flux de
chargement est plafonné à 500 tonnes/heure ce qui est probablement la limite de capacité du
concasseur primaire. Le petit raidillon qui marque le passage de l’étage 6 à l’étage 5, pour une
configuration de 3 tombereaux, induit une baisse du flux de chargement significative de 25
tonnes/heure. Si l’on se place maintenant dans un diagramme flux coût pour ce même parcours,
figure 3.3.3.3.c, on voit bien que l’influence du choix de l’échelon de transport sur les coûts est
primordiale. Si l’on prend les valeurs extrêmes de coûts à même distance (environ 850 m), pour
une amélioration de 125 Tonnes/heure ceci entraîne une augmentation de coût de presque 0,4
Euro/tonne.
74
DIAGRAMME FLUX - COUT
ETAGE 6 puis 5
1,6
(CHARGEMENT+TRANSPORT)
1,5
1,4
COUT en Euro/tonne
1,3
1,2
1,1
1,0
1 dumper 75t
0,9
0,8 2 dumpers 75t
Figure 3.3.3.3.c.
Sur cette carrière où l’on travaille sur deux postes de chargement + transport et trois
postes de concassage (alimentation de nuit par une chargeuse à partir d’un stock tampon) le
plus important n’est pas nécessairement l’amélioration des coûts mais plutôt le maintien des flux
à un niveau maximum. On fait le choix de saturer le concasseur primaire plutôt que le transport
ou le chargement. Un changement de concasseur primaire n’est pas envisagé car l’ensemble de
l’installation de traitement des matériaux est dimensionné pour ce flux maximum et
l’investissement pour son remplacement est considéré comme trop important. Une autre voie
d’amélioration des coûts de production est la réduction des distances de transport. Par exemple
la position de la sortie de l’étage 6 implique le passage d’un raidillon et un trajet supplémentaire
d’environ 1000 mètres ce qui aurait pu être évité par un meilleur positionnement de la sortie de
l’étage 6. En dernier lieu on peut proposer à l’industriel la suppression des pauses à l’intérieur
des postes, ce qui se traduit par une non-alimentation du concasseur primaire pendant plus de
30 minutes et un décadencement de l’échelon de transport, avec par exemple l’adoption d’un
système de trois postes de 6 heures sans pause au lieu de deux postes de huit heures avec une
pause.
75
3.4. BIBLIOGRAPHIE.
C.01. Blanchier, Mai 1994. Blocométrie et productivité du chargement. Revue de l’Industrie
Minérale « Mines et Carrières », pp 58-60.
C.02. Hustrulid, 1999. The fragmentation system concept. Blasting principles for open pit
mining: General design concepts, Balkema, pp 24-61.
C.03. Kanchibotla., 2001. Optimum blasting? Is it minimum cost per broken rock or
maximum value per broken rock? Proceedings of Explo Conference on Blasting, Australian
Institute of Mining and Metallurgy : Hunter Valley, pp 35-40.
C.04. Nielsen, Kristiansen, 1996. Blasting-crushing-grinding: Optimisation of an
integrated comminution system. Proceeding of the 5th International Symposium on Rock
Fragmentation by Blasting, Balkema : Montréal, pp 269-277.
C.05. Hagan, 1983. The influence of controllable blast parameters on fragmentation and
mining costs. Proceeding of the 1st International Symposium on Rock Fragmentation by
Blasting, Balkema : Lulea, pp 31-51.
C.06. Peck, Hendricks, 1995.Total Minig System: An intelligent management, production
control and planning facility. Proceeding of the 4th International Symposium on Mine Planning
and Equipment Selection, Balkema : Calgary, pp 611-618.
C.07. Kumar, 1995. Study and analysis of problems and disturbances caused by oversize
boulders in a mine production system: a case study. Proceeding of the 4th International
Symposium on Mine Planning and Equipment Selection, Balkema : Calgary, pp 121-125.
C.08. Moodley, Cunningham, Lourens, 1996. Measuring the effect of blasting
fragmentation on hard rock quarrying operations. Proceeding of the 5th International
Symposium on Rock Fragmentation by Blasting, Balkema : Montréal, pp 353-360.
C.09. Michaud, Blanchet, 1996. Establishing a quantitative relation between post blast
fragmentation and mine productivity: a case study. Proceeding of the 5th International
Symposium on Rock Fragmentation by Blasting, Balkema : Montréal, pp 389-396.
C.10. Jodouin, 1994. Les réseaux neurométiques. Hermès.
C.11. Freeman, Skapura,1992. Neural Networks: Algorithms, applications and
programming techniques. Editions Addison-Wesley,
76
4. GEOLOGIE, PARAMETRES DE TIR ET DEGRE DE FRAGMENTATION DES
ROCHES.
4.0. INTRODUCTION.
Il n’est pas facile de dresser une liste totalement exhaustive des paramètres influençant
la fragmentation lors de l’abattage à l’explosif, la bibliographie est très foisonnante sur ce sujet.
La liste ci-dessous sera donc partielle et les influences des paramètres de tir seront examinées
dans le cadre de cette étude « statistique » dans la mesure ou ils ont évolué dans la pratique
des tirs sur les carrières DMD et ALZO.
La géométrie du tir (espacement, banquette, hauteur), la quantité d’explosif, la séquence
d’amorçage, la direction du tir par rapport aux plans de discontinuités du massif, les mines de
pied et le nombre de rangées seront donc étudiés. Dans un premier temps, quelques indications
bibliographiques seront données puis la méthode d’analyse utilisée, le réseau de neurones, sera
explicitée et les « informations contenues » dans les tirs disponibles seront extraites pour nous
permettre de comprendre le « fonctionnement » des tirs sur les carrières étudiées.
77
fragmentation à charge spécifique constante. Dans son article, Reichholf (D.26), passe en revue
différents paramètres mécaniques, (résistance à la compression, module de Young …) et
indique s’ils ont une influence ou non sur la fragmentation des roches. La notion de
« caractéristique intrinsèque » de la roche reliant la surface nouvelle créée à l’énergie de
fragmentation a été développé dans les travaux de Steiner entre autres, Ortiz (D.01) l’utilise
dans son travail de thèse concernant la fragmentation à l’explosif d’un béton. Cette
« caractéristique intrinsèque » d’une roche, que l’on retrouve également dans Charles (B.26),
doit être retenue pour l’élaboration d’un modèle énergétique de fragmentation. Elle traduit, en
quelque sorte, la cohésion du matériau et rend parfaitement compte des similitudes de
comportement d’un matériau à différentes échelles.
Dans nos deux cas d’études, la nature de la roche sera considérée comme constante.
Les zones des carrières où la nature géologique des roches est notoirement distincte, seront
« distinguées » dans l’étude statistique.
Figure 4.2.1.a.
En Kg/m3 ou Kg/tonnes, cet indicateur suffit à Kuznestov (B.14), et à d’autres, Stagg
(D.23), figure 4.2.1.a, pour estimer le D50 d’un tir. Il est évident pour tous qu’en augmentant la
charge spécifique on diminue le D50, le cas contraire ne pouvant être envisagé à priori.
Bien sûr, la nature de l’explosif est également à prendre en compte et c’est pourquoi on
travaille assez souvent en équivalent TNT où maintenant plus « rigoureusement » en utilisant
des énergies en MJ/tonne. On distingue également énergie de choc et énergie de gaz, énergie
en pied de charge, énergie en colonne.
On considère par ce paramètre de charge spécifique une répartition moyenne et
homogène de la charge dans le volume à abattre. On peut voir l’importance de cet index par
exemple dans les travaux de Kritiansen (D.24), figure 4.2.1.b, où il montre l’évolution de la
fragmentation en fonction de la charge spécifique pour des cubes de béton.
78
Figure 4.2.1.b.
4.2.3. L’AMORCAGE.
Dans les fiches de tir, la séquence d’amorçage et la position de l’amorçage ne sont pas
souvent indiquées, comme si on faisait à peu près toujours la même chose sur une carrière.
Cela a pourtant de l’importance comme le montre l’apport de l’amorçage fond de trou dans les
carrières, Thum (D.09).
L’amorçage est le plus souvent fond de trou, mais on voit encore de l’amorçage latéral
par cordon détonant notamment lorsque les trous sont très longs. On dit en général que lors
d’un amorçage fond de trou, l’efficacité du confinement de la charge explosive est nettement
améliorée.
Pour les micro-retards entre trous, on utilise en général un numéro par trou en sachant
bien que l’espacement des trous est aussi à prendre en compte. Des calculs numériques
permettent de montrer l’interaction des différentes ondes, Rossmanith (D.06), par contre les
études sur le terrain sont encore peu nombreuses quant à la démonstration d’une efficacité dans
la fragmentation des roches, Katsabanis (D.17) et Grant (D.12), figures 4.2.3.a et 4.2.3.b. Au
niveau de la maîtrise des vibrations les résultats sont plus probants, Bernard (D.14).
79
Figure 4.2.3.a.
Figure 4.2.3.b.
80
souhaitable pour une compréhension plus intuitive) mais sont calculés pour que les particularités
de chaque tir soient significativement distinguées.
Le vecteur de sortie sera le résultat du tir, la fragmentation, définie par deux paramètres
explicités au chapitre 2, le pourcentage de roches fragmentées, index de fragmentation, et
l’énergie de fragmentation, index énergétique.
4.3.1.2. LA FLECHE.
Le lien entre la hauteur du front, l’espacement des trous, la largeur de la banquette, de la
charge spécifique et le résultat du tir est intuitif. Ceci est couramment employé entre autre pour
obtenir des tirs à haut rendement de bloc où l’on réduit, par rapport à un tir courant,
l’espacement en conservant une charge spécifique comparable, Cappello (D.19). Cette
considération pratique, nous devons la traduire sous la forme d’une ou plusieurs quantités.
Nous prendrons le rapport Espacement (E) / Banquette (B) et le rapport Surface de la maille /
Hauteur (H) pour caractériser la symétrie du tir. Les deux index calculés seront exprimés en
Kg/M3 comme la charge spécifique. La formulation sera la suivante :
2
IF1 = CS * E / B = Mt / (B * H)
0,5 0,5 2
IF2 = CS * ( E * B ) / H = Mt / {(E * B) *H
E = espacement, B = banquette, H = hauteur du front, CS = charge spécifique, Mt = masse
totale des explosifs.
81
Malheureusement pour cette thèse, les données recueillies pour celle-ci ne comportent
pas l’utilisation de micro-retards électroniques. Les numéros de détonateur (électrique et nonel)
sont donc séparés par l’intervalle de temps habituel de 25 ms. Pourtant l’influence de ce
paramètre est connue. Il y a quatre choses à prendre en compte simultanément pour bien
rendre compte de cette influence:
L’espacement des trous, E.
Le micro-retard utilisé, µ.
La vitesse de propagation des ondes de choc, Vc.
Si Vf * µ < E / 3 alors IF = 0.
En considérant que si les fissurations se rencontrent, elles vont réduire le confinement des
charges et donc l’énergie transmise au massif. Si les retards consécutifs ne sont pas identiques,
on pourra effectuer une moyenne.
Nous discriminons donc les tirs de la manière suivante :
Soit t1 et t2 les instants de déclenchement des charges pour les trous voisins 1 et 2, µ = t2 - t1
alors :
Si la fissure provenant du trou 1 arrive au trou 2 avant que celui-ci ne soit déclenché, on
considère qu’il n’y a pas d’interaction, IF = CS.
Si les fissures se rejoignent à une distance du trou 2 supérieure à E/3, interaction maximum,
alors IF = 0.
Si les fissurations se rejoignent à une distance d inférieur à E/3 alors IF est proportionnelle au
rapport entre d et E/3 soit IF= CS * {(Vf * µ) - E / 3} / ( 2 * E / 3).
82
IF
CS
E/(3*Vf) E/Vf µ
Figure 4.3.1.2.a.
Index de choc:
L’interaction entre trous est calculée de la manière suivante:
Ei est la distance du trou i au trou pour lequel on fait le calcul ; 0,008 = 8 ms.
En considérant que plus l’arrivée des ondes de choc provenant des trous voisins est proche de
la détonation initiale plus l’énergie transmise au massif est importante. A noter qu’il n’y a pas de
décroissance de l’énergie en fonction de la distance et que le ∆t est considéré en valeur
absolue.
Pour cet index nous considérons qu’il y a interaction entre deux trous 1 et i si l’onde de choc
provenant du trou i arrive au trou 1 avec un décalage ∆t (∆t = µ + Vc / Ei) par rapport à la
détonation du trou 1 inférieur à 8 ms. Cette valeur de 8 ms est souvent choisie pour déterminer
si les amorçages sont simultanés ou non dans la pratique.
Si ∆t = 0, l’interaction est maximum ICi = CS (calcul théorique seulement car il faut que µ = 0 et
Ei = 0).
IC
CS
8 ms ∆t
Figure 4.3.1.3.b.
L’ensemble des trous voisins devra être sommé et on y ajoute celui pour lequel on fait le calcul.
83
IC = CS + Σi (ICi).
IC=CS*(1+2*((0,008–0,007)/0,008))=CS*1,25
Figure 4.3.1.3.c.
Si la configuration varie, on effectue une moyenne sur l’ensemble des trous.
Figure 4.3.1.4.a.
84
IP = CS * (nb de mine verticale/ nb de mine horizontale), s’il y a des mines de pied.
IP = 2 * CS, s’il n’y en a pas.
Cette formulation permet de nettement différencier les tirs ayant une mine de pied par
mine verticale ( IP = CS ) des tirs n’ayant pas de mine de pied ( IP = 2 * CS). S’il y a plus d’une
mine de pied par mine verticale alors le confinement des charges explosives décroît. Donc une
formulation qui permet de traduire cette décroissance est la suivante :
IP = CS * (nb de mine verticale / nb de mine horizontale).
E B
IR = (E*E)/(E*B)
Figure 4.3.1.7.
85
l’intérieur de chaque carrière supposée homogène d’un point de vue « géologique », si la
direction des tirs, par rapport aux discontinuités géologiques, peut, de manière significative,
influencer le résultat du tir.
A partir de l’étude géologique réalisée par le MUL (Leoben), il a donc été nécessaire de
sélectionner une ou deux séries de plan ayant à priori une influence sur le résultat du tir. Cet
éclairage est très restrictif et assez peu naturaliste, car il s’attache plus à mettre en équation le
gisement qu’à le décrire précisément.
Sur la carrière ALZO, l’étude géologique a mis en évidence six familles de discontinuités
sur le site (diaclases, stratification, …). Nous ne retiendrons que la stratification comme
paramètre géologique significatif. Ce choix peut paraître totalement arbitraire lorsque l’on visite
la carrière, car pour les autres discontinuités les plans sont parfois plus nombreux et moins
espacés, mais ce plan de stratification est un plan de glissement très important et dès que cela
est possible le front de taille reprend naturellement ce pendage. L’étude géologique montre
également la présence de zones karstifiées et d’un cône de déjection au niveau d’une faille. Les
tirs correspondants à ces zones seront distingués par un index d’état de la roche (assez
subjectif mais qui permettra aussi de caler le réseau de neurones).
De prime abord, la géologie de la carrière DMD semble moins complexe que celle de la
carrière ALZO. Le pendage est sub-horizontal et il y a deux familles de diaclases qui
« marquent » la géométrie de la carrière, voir photographies en annexe. Pourtant la composition
chimique de la roche et l’épaisseur des bancs sont très variables et cela a probablement de
l’importance au niveau du comportement mécanique de la roche mais nous n’en tiendrons pas
compte pour limiter le nombre d’index.
Les paramètres géologiques retenus seront donc les suivants:
La direction des deux familles de diaclases, qui sont pratiquement à 90°.
Le calcul de cet index géologique sera basé sur le produit vectoriel des vecteurs normaux des
différents plans considérés.
IG = P ^ F * CS = sin α * CS.
P vecteur unitaire normal à la discontinuité géologique.
F vecteur unitaire normal au plan de foration.
α angle formé par les deux vecteurs.
P
α
Figure 4.3.2.a.
Nous considérons donc que les discontinuités jouent un rôle de réflecteur dans la
propagation des ondes. C'est-à-dire que si le plan de foration et les plans de discontinuités sont
parallèles, l’explosif sera inefficace (IG = 0), par contre si le plan de foration est perpendiculaire
86
aux plans de discontinuités l’efficacité de l’explosif sera améliorée (IG = CS). Les plans de
discontinuités propageant de manière importante les effets de l’explosion dans cette
configuration. Dans le cas intermédiaire la formule IG = sin α * CS traduit le plus ou moins
grand parallélisme du plan de foration et des plans de discontinuités.
Soit un jeu de vecteur d’entrée Xi, les index de tir et géologique, correspondant à un jeu
de vecteur de sortie Yl, les deux paramètres de fragmentation. Alors on associe l’entrée et la
sortie par un jeu de matrice comme ci dessous.
87
M1 * Xi + B1 = λj ; Lj = φ (λj )
M2 * Lj + B2 = λk ; Lk = φ (λk )
M3 * Lk + B3 = γl ; Yl = φ (γl )
φ étant la fonction sigmoïde, φ (x) = 1 / (1 + exp ( -x)), qui pour tout x réel donne un φ (x)
appartenant à ] 0,1 [ . M1, M2 et M3 étant les matrices de poids et B1, B2 et B3 étant les
matrices de biais.
Le nombre de couches intermédiaires, deux dans le cas présenté ci-dessous, est fixé par
le concepteur du réseau de neurones en fonction de la non-linéarité attendue du jeu de
données, de son intuition quant au comportement des roches vis à vis de la fragmentation à
l’explosif et de l’étude attentive des données disponibles, les cas particuliers en priorité.
Les valeurs des coefficients des différentes matrices seront fixées lors de la phase dite
d’apprentissage.
L’intérêt de la méthode est principalement qu’elle ne présuppose pas du comportement
qu’aura la roche à la sollicitation mécanique auquel elle est soumise. Aucune contrainte
mécanique n’est calculée, les caractéristiques mécaniques de la roche ne sont pas incluses
dans le modèle. Le réseau de neurones va mettre en relation au travers d’une interpolation, des
données expérimentales concernant d’une part la configuration du tir et d’autre part le résultat
du tir, la granulométrie. Pour une roche et une carrière, c’est l’ensemble des données
expérimentales disponibles qui va créer un modèle implicite entre Entrées, paramètres de tir, et
Sortie, granulométrie.
On ne va pas expliquer les phénomènes mécaniques très complexes auxquelles sont
soumises les roches. Mais modestement, dans un domaine restreint des variables de tir et de
granulométrie, nous allons construire une fonction d’interpolation qui nous permettra ensuite
d’étudier l’évolution de la fragmentation d’une roche (dans une carrière) en fonction des
variations de paramètre de tir. C’est une approche pragmatique qui va permettre de résoudre
des cas concrets et aider le praticien dans ces choix.
88
neurones présenté ci avant en ayant pris soin au préalable de vérifier les capacités d’un tel
réseau à l’apprentissage et à la simulation sur des données connues, phase de validation.
0,50
0,45 TIRS COURANTS
0,40 TIRS DE RELEVAGE
INDEX ENERGETIQUE
0,35 GEOLOGIE DISTINCTE
0,30 AUTRES TIRS
0,25
0,20
0,15
0,10
0,05
0,00
0 50 100 150 200 250 300 350 400
CHARGE SPECIFIQUE en g/m3
Figure 4.5.1.1.a.
4.5.1.2. L’APPRENTISSAGE.
Cette opération va permettre de fixer les valeurs des coefficients dans les différentes
matrices. On part d’un jeu de valeurs aléatoires dans les matrices et l’on compare le résultat
obtenu à la réalité. L’erreur calculée est ensuite rétro-propagée (Back-propagation) dans
l’ensemble des matrices.
Soit Pi-Yi (valeur réelle - valeur calculée) l’erreur calculée sur le iéme composant du
vecteur de sortie alors l’erreur sur le ième neurone de la dernière couche du réseau de
neurones est Ei = Yi * (1 - Yi) * (Pi - Yi), et à l’aide du paramètre d’apprentissage µ on va pouvoir
ajuster les paramètre αij et β i pour le niveau précédent, les matrices M3 et B3 :
∆αij = µ * Lkj * Ei
∆β i = µ * Ei
Et ainsi de suite pour les couches précédentes. Pour plus de détails on pourra se reporter à la
bibliographie.
Après un certain nombre de cycles d’apprentissage, on peut considérer que la phase
d’apprentissage est terminée. On peut également choisir de définir une erreur totale maximum
en deçà duquel on considère l’apprentissage comme terminé. Dans le cas présent, le nombre
de cycle d’apprentissage a été fixé à 100 000 et l’erreur totale maximum n’a pas été fixée.
89
1,0
0,9
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
DONNEES
0,3
0,2 SIMULATIONS
0,1
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.2.a.
La figure 4.5.1.2.a montre les résultats obtenus pour les 28 tirs sélectionnés pour cette
phase d’apprentissage. Certains points sont assez mal rendus, erreur de 0,05 sur l’index de
fragmentation, erreur de plus de 0,05 sur l’index énergétique mais on peut être assez satisfait
que les points « extrêmes » dans toutes les directions soient assez bien rendu ce qui nous
permettra d’effectuer des simulations « fiables » jusqu’à ces extrémités.
Globalement, on peut être satisfait car l’on va pouvoir étudier des variabilités de 0,2 dans
l’axe de l’index énergétique, et de 0,3 dans l’axe de l’index de fragmentation ce qui correspond
environ à une différence de 16 % sur le passant à 100 mm, tir 53A99 (33,48 %) et tir 48A99
(49,33 %).
4.5.1.3. LA VALIDATION.
Cette étape du travail a pour but de montrer que la structure du réseau de neurones a
été bien choisie et que celui-ci est capable de « prédiction » vérifiable par rapport à des données
existantes. Compte tenu du faible nombre de tirs disponibles pour l’analyse, on ne pourra pas
être trop exigeant sur les résultats.
Le choix des données qui vont servir à cet apprentissage de la phase de validation est le
suivant : un quart des données (7) seront simulés à partir d’un apprentissage comprenant
uniquement les autres données (21) et on vérifiera si il y a une bonne adéquation entre
simulations et données réelles.
Au niveau de l’index énergétique et de l’index de fragmentation on peut donc considérer
que les points sont correctement rendus, figure 4.5.1.3.a.
0,8
INDEX DE FRAGMENTATION
0,7
0,6
0,5
0,4
DONNEES
0,3
SIMULATIONS
0,2
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.3.a.
90
4.5.1.4. SIMULATIONS.
Les schémas de tir sur la carrière ALZO sont assez étonnants. Le tir courant est
constitué de la manière suivante:
Maille de 4,5 par 7 (espacement * banquette).
Hauteur de 25 mètres environ.
3 mines de pied pour 2 mines verticales.
Amorçage de deux trous voisins sur le même numéro de micro-retard.
Nous allons faire varier sur les 14 tirs correspondants à ce schéma certains paramètres pour
entrevoir qu’elles sont les choix potentiellement intéressant qui s’offrent à nous pour
« améliorer » les tirs. A noter que pour cette carrière, il faut réduire au maximum la valeur
de l’index énergétique et donc réduire la proportion de matériau fin (0-30 mm).
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
DONNEES, 2 trous/numéro
0,2
SIMULATIONS, 6 trous/numéro
0,0
0 0,1 0,2 0,3
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.1.a.
Cette indication est intéressante car elle montre que l’on peut obtenir des gains très
significatifs par modification de la séquence d’amorçage. C’est peut être une justification à
l’emploi des micro-retards électroniques pour cette carrière. Ce résultat sera à confirmer étant
donné le faible nombre de données qui varient suivant ce paramètre.
91
L’augmentation de 10% permet une diminution de l’index énergétique de 0,05 et de 0,05
environ sur l’index de fragmentation, figure 4.5.1.4.2.a. Au contraire, une diminution d’énergie
entraîne une augmentation inverse.
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
DONNEES
0,2
SIMULATIONS, + 10% d'explosifs
0,0
0 0,1 0,2 0,3
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.2.a.
Ce résultat, bien que surprenant, peut être expliqué par le fait que sur cette carrière, on
travaille avec des quantités d’explosifs « trop » faibles, de l’ordre de 200 g/m3. Le confinement
de cet explosif est donc trop important, ce qui peut expliquer qu’une augmentation de l’énergie
réduise le confinement des charges et donc que globalement l’énergie transmise au massif
diminue. Ce comportement atypique est valable pour des charges allant de 180 à 350 g/m3. Au-
delà il est probable que l’on retrouve un comportement plus classique de l’explosif (en deçà de
180g/m3 on risque surtout l’échec de tir).
4.5.1.4.3. LA MAILLE.
L’importance de la forme de la maille dans le tir à l’explosif n’est plus à démontrer. Dans
le cas présent, la maille « classique » est assez dissymétrique 4,5 mètres d’espacement pour 7
mètres de banquette. De part la hauteur des fronts et les effets arrières de tir, il paraît difficile de
diminuer la banquette hormis pour les tirs d’une hauteur très inférieure à la moyenne. On ne
peut donc jouer que sur l’espacement. Sans modifier la charge spécifique, on fait varier
l’espacement de 3,5 à 5,5 mètres. On obtient une modification importante du résultat. Pour une
maille de 5,5 * 7 l’index énergétique augmente de 0,1 et l’index de fragmentation de 0,1. Pour la
maille de 3,5 * 7, l’index énergétique sera diminué de 0,1 et l’index de fragmentation de 0,2 ,
figures 4.5.1.4.3.a et 4.5.1.4.3.b.
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
DONNEES, maille 4,5 * 7
0,2
SIMULATIONS, maille 5,5 * 7
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.3.a.
92
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
Figure 4.5.1.4.3.b.
Ces résultats montrent que la production de blocs est favorisée par une maille
dissymétrique. Dans le cas de la carrière ALZO, il n’est donc pas souhaitable de réaliser des
mailles « carrés ». Il est au contraire envisageable de passer à une maille de 3 * 7 même si les
résultats ne devraient pas être aussi spectaculaires que ne le laisse présager le réseau.
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
DONNEES, direction
quelconque
0,2
SIMULATIONS, direction // à la
stratification
0,0
0 0,1 0,2 0,3
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.4.a.
Donc le choix de la direction du front de taille est déterminant quant au résultat du tir.
Mais on doit savoir que l’on ne peut pas toujours choisir la direction du tir et que dans le cas de
la carrière ALZO, choisir cette direction « optimale » présente des risques en terme de stabilité
des talus. Même ci cela peut sembler un choix intéressant, il est souhaitable de faire évoluer le
tir d’une autre manière en utilisant les autres paramètres de tir. Par contre dans une étude
statistique, ce paramètre doit être explicité sous peine de contresens dans l’interprétation des
résultats.
93
4.5.1.4.5. RECAPITULATIF.
Nous avons montré l’intérêt de la modification de quelques index de tir sur la
fragmentation, essayons maintenant de quantifier plus précisément cet impact. Pour cela,
prenons un tir courant, tir n° 25A99, et faisons évoluer un à un les paramètres.
Pour l’énergie, on voit que la courbe obtenue, figure 4.5.1.4.5.a, a une plage de variation
très étendue, plus de 0,2 dans l’index énergétique et presque 0,3 sur l’index de fragmentation.
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
150 g/m3
0,6
0,4
0,2
400 g/m3
0,0
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.5.a.
On voit également qu’au-delà de 250g/m3 les variations sont faibles. Des données
supplémentaires au-delà de 400 g/m3 aurait probablement montré un point de rebroussement.
En tout état de cause, on peut proposer à l’industriel de travailler en règle générale dans une
plage de charge spécifique de 300 à 400 g/m3 et de conduire quelques essais au-delà en
faisant attention au risque de projections.
Pour la direction de tir, on peut voir sur la figure 4.5.1.4.5.b son influence sur les
paramètres de fragmentation. Une variation de 0,05 sur l’index énergétique (et de 0,05 sur
l’index de fragmentation). On voit également, sur ces graphiques, l’impact de la formulation de
l’index géologique en particulier du sinus sur la forme de la courbe.
0,1
0,2
Figure 4.5.1.4.5.b.
94
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
7 par 7
0,6
0,4
0,2
3 par 7
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.5.c.
Pour la maille, une variation de 3 * 7 à 6 *7, figure 4.5.1.4.5.c, permet un changement notable
dans les index de fragmentation, 0,4 dans l’axe énergétique, 0,5 sur l’index de fragmentation.
Rappelons que pour cette simulation la charge spécifique est constante. Dans le cadre de
nouveaux essais, on pourrait envisager une maille, par exemple de 3 * 7, en faisant également
varier la charge spécifique autour de 350 g/m3.
Pour les délais, les résultats bien que très stimulants, sont quand même à considérer avec
prudence, figure 4.5.1.4.1.a, le nombre de points évoluant pour ce paramètre étant faible.
Globalement on voit l’intérêt du choix d’un réseau de neurones pour l’interprétation de
données de tir d’abattage à l’explosif qui auraient été difficile à comprendre et « interpoler »
sans l’aide de cette technique.
95
0,50
0,45
0,40
INDEX ENERGETIQUE
0,35
0,30
0,25
0,20
TIRS COURANTS
0,15
GEOLOGIE
0,10
DISTINCTE
0,05 AUTRES TIRS
0,00
0 200 400 600 800 1000
CHARGE SPECIFIQUE en g/m3
Figure 4.5.2.1.a.
4.5.2.2. L’APPRENTISSAGE.
Réalisé dans les mêmes conditions que pour la carrière ALZO, nombre de cycle fixé à
100 000, on peut être satisfait de la bonne adéquation entre données et simulations, figure
4.5.2.2.a, même si le faible nombre de données ne garantit pas la fiabilité des simulations qui
vont suivre.
0,8
INDEX DE FRAGMENTATION
0,7
0,6
0,5
DONNEES
0,4
SIMULATIONS
0,3
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.2.2.a.
Globalement, on va pouvoir étudier une variation de 0,2 sur l’index énergétique et de
0,25 pour l’index de fragmentation. Notre objectif sur cette carrière étant de parvenir à
augmenter de manière significative le pourcentage de roche fragmentée, index de
fragmentation. Rappelons tout de même que tous les blocs « oversize » ne sont pas vus par
Fragscan ni extrapolés par le modèle Fragscan-bis, voir chapitre 2, et que l’on peut toujours se
poser la question: Est-ce que le pourcentage de blocs vus suit la même tendance que le
pourcentage de bloc « oversize » réel ?
4.5.2.3. SIMULATIONS.
Le schéma de tir classique sur la carrière DMD est le suivant:
Maille de 7 * 6,2 (espacement * banquette).
Hauteur variant de 12 à 18 mètres.
96
Une mine de pied par mine verticale.
Amorçage fond de trou nonel avec des retardateurs de 25 ms entre trous.
Nous allons faire varier sur les tirs correspondants, les paramètres de tir ayant été
significativement modifiés dans la pratique des tirs sur les données disponibles. C’est à dire:
Le nombre de rangées.
Le nombre de mines de pied.
La charge spécifique.
Ensuite nous tenterons d’expliquer le comportement de ce massif rocheux vis à vis d’une
augmentation de la charge spécifique en fonction de la direction du tir.
0,70
INDEX DE FRAGMENTATION
0,65
0,60
0,55
0,50
DONNEES, une rangée
0,45
SIMULATIONS, deux rangées
0,40
0 0,1 0,2 0,3 0,4
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.2.4.a.
Variant de 1 à 2 dans les données disponibles, nous allons voir sur la figure 4.5.2.4.a que cela
provoque une augmentation de l’index énergétique mais aussi, et de manière nette, une
augmentation de l’index de fragmentation. C’est donc une direction de recherche qui est à
explorer même si cela devait entraîner un bouleversement du mode d’exploitation.
97
0,70
INDEX DE FRAGMENTATION
0,65
0,60
0,55
0,50
DONNEES (1 mine de pied)
0,45
SIMULATIONS (2 mines de pied)
0,40
0 0,1 0,2 0,3 0,4
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.2.5.a.
0,70
0,65
INDEX DE FRAGMENTATION
0,60
0,55
0,50
0,45
0,40 DONNEES
0,30
0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.2.6.a.
98
attendait. Cela met donc en lumière la difficulté de trouver des index de tir pertinents, adaptés à
chaque cas spécifique de géologie.
0,2
0,4
Figure 4.5.2.7.a.
Toutefois la figure 4.5.2.7.b nous montre que le comportement atypique de ce massif
rocheux, vis à vis d’une variation de charge spécifique, est lié à la géologie de la carrière. En
effet les deux directions de diaclase sont clairement identifiées et on voit que dans ces deux
directions l’impact d’un doublement de la charge spécifique n’est pas identique ce qui s’explique
par l’espacement moyen entre les diaclases, un mètre environ pour la direction D1 et cinq
mètres environ pour la direction D2 .
0,2 0,4
Figure 4.5.2.7.b.
99
Si on se place maintenant dans ces deux directions, figure 4.5.2.7.c, on voit, par
exemple, que pour une augmentation de 100 % d’énergie l’impact est positif dans la direction D1
(direction la plus courante des tirs). Par contre dans la direction D2 l’impact est négatif, ceci
pouvant également être expliqué par le faible nombre de données disponibles dans cette
direction.
INDEX ENERGETIQUE
D1
0,30
0,25 D2
0,20
0,15
0,10
0,05
0,00
50 100 150 200 250
EXPLOSIF EN % PAR RAPPORT AU TIR E3N3-328
Figure 4.5.2.7.c.
4.5.2.8. RECAPITULATIF.
Les résultats pour la carrière DMD sont moins intéressants et convaincants que sur la
carrière ALZO. Ceci a deux causes principales :
Le faible nombre de données disponibles.
Le peu de variabilité des paramètres de tir.
En particulier la maille varie peu, les micro-retards sont constants, les directions de tir sont peu
nombreuses et il est donc difficile d’attribuer à un paramètre une influence incontestable, faute
de pouvoir extrapoler à partir d’un jeu de données trop constant.
La seule certitude que l’on peut avoir, c’est que le doublement des rangées apporte une
meilleure fragmentation. Par contre, l’effet d’une variation de charge spécifique, par exemple en
fonction de la direction du tir, laisse dubitatif. Ce que l’on peut dire, c’est que, sur cette carrière,
l’énergie explosive fournie n’a pas un rapport évident avec le résultat du tir. De nouvelles voies
doivent donc être explorées, en particulier les micro-retards faibles [0-5 ms], les tirs multi-
rangées, la suppression des mines de pied, les directions de tir et aussi pourquoi pas les tirs en
surface.
100
4.6. BIBLIOGRAPHIE.
D.01. Ortiz., 2000. Mise au point d’une loi de comportement et de fragmentation
dynamiques du béton soumis à une énergie explosive . Mémoire de thèse de l’ENSMP.
D.02. Batifoulier, novembre1971. Constatations pratiques sur les effets de l’explosif en
fonction du matériau rencontré. Revue de l’Industrie Minérale « Mines et Carrières ».
D.03. Aler, du Mouza., 1996. Measuring fragmentation efficiency of mine blasts.
Proceedings of the Workshop on Measurement of Blast Fragmentation, Balkema : Montréal, pp
257-263.
D.04. Weber, du Mouza, Romdhane-Bouden, Blanchier, octobre 1988. La fragmentation
des roches à l’explosif en carrière. Revue de l’Industrie Minérale « Mines et Carrières ». pp
27-31.
D.05. Rossmanith, Knasmillner, 1990. The role of rayleigh-waves in rock fragmentation.
Fragblast 90. Proceedings of the 2nd International Symposium on Rock Fragmentation by
Blasting, Australian Institute of Mining and Metallurgy : Brisbane, pp 109-116.
D.06. Rossmanith, 2000. The influence of delay timing on optimal fragmentation in
electronic blasting. Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting
Technique, Balkema : Munich, pp 141-147.
D.07. Petzold, Hammelmann, 2000.The second generation of electronic blasting systems.
Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting Technique, Balkema :
Munich, pp 159-164.
D.08. Mogi, Hoshino, Kou, 2000. Reduction of blast vibration by means of sequentially
optimized delay blasting. Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting
Technique, Balkema : Munich, pp 219-224.
D.09. Thum, 2000. Blasting techniques and explosives in the german quarry industry.
Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting Technique, Balkema :
Munich, pp 109-116.
D.10. Cervellera, mars 2002. Influence de l’amorçage sur le rendement de l’explosif. Les
Techniques de l’Industrie Minérale, n° 13, , pp 111-115.
D.11. Du Mouza, Hadj Hassen, mars 2002. Caractérisation du massif rocheux. Les
Techniques de l’Industrie Minérale, n° 13, pp 13-25.
D.12. Grant, 1990. Initiation Systems - What does the future hold? Fragblast 90.
Proceedings of the 2nd International Symposium on Rock Fragmentation by Blasting, Australian
Institute of Mining and Metallurgy : Brisbane, pp 369-372.
D.13. Hagan, 1983. The influence of controllable blast parameters on fragmentation and
mining costs. Proceeding of the 1st International Symposium on Rock Fragmentation by
Blasting, Balkema : Luléa, pp 31-51.
D.14. Bernard, avril 1994. Les vibrations dues aux tirs de mines: Méthode générale pour
prévoir les niveaux et calculer les plans de tir. Revue de l’Industrie Minérale « Mines et
Carrières ». pp 51-56.
D.15. Langefors, Kihlström, 1967. The modern technique of rock blasting. John Wiley &
sons, New York.
D.16. Maerz, Germain, 1995. Block size determination around underground opening using
simulations based on scanline mapping. Fractured and jointed rock masses, pp 27-33.
101
D.17. Katsabanis, Liu, 1996. Delay requirements for fragmentation optimization.
Proceedings of the Workshop on Measurement of Blast Fragmentation, Balkema : Montréal, pp
241-246.
D.18. Liu, Katsabanis, 1997. A numerical study of the effects of accurate timing on rock
fragmentation. International Journal of Rock Mechanics & Mining, Sci. Vol 34, n° 5, pp 817-835.
D.19. Cappello, avril 1994. Analyse tectonique et minage appliqués à la production
d’enrochement. Revue de l’Industrie Minérale « Mines et Carrières », pp 47-50.
D.20. Ouchterlony, Niklasson, Abrahamsson, 1990. Fragmentation monitoring of
production blast at MRICA. Fragblast 90. Proceedings of the 2nd International Symposium on
Rock Fragmentation by Blasting, Australian Institute of Mining and Metallurgy : Brisbane, pp
283-289.
D.21. Thum, 1971.Quantité d’énergie requise pour l’extraction et la fragmentation des
roches au moyen d’explosifs. Explosifs, n° 1, pp 6-27.
D.22. Thum, 1972.Technique et applications d’explosions progressives et controlées.
Explosifs, n° 2, pp 41-52.
D.23. Stagg, Rholl, Otterness, Smith, 1990. Influence of shot design parameters on
fragmentation. Fragblast 90. Proceedings of the 2nd International Symposium on Rock
Fragmentation by Blasting, Australian Institute of Mining and Metallurgy : Brisbane, pp 311-317.
D.24. Kristiansen, Kure, Vestre, Bergqvist., 1990. An investigation of heave and
fragmentation related to explosive properties. Fragblast 90. Proceedings of the 2nd
International Symposium on Rock Fragmentation by Blasting, Australian Institute of Mining and
Metallurgy : Brisbane, pp 83-90.
D.25. Cunningham, 2000. The effect of timing precision on control of blasting effects.
Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting Technique, Balkema:
Munich, pp 123-127.
D.26. Reichholf, Moser, 2000. The influence of rock and rock mass parameters on the
blasting result in terms of fragmentation. Proceedings of the 1st World Conference on
Explosives and Blasting Technique, Balkema : Munich, pp 171-178.
102
5. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES.
5.1. LA DEMARCHE.
Globalement la démarche adoptée dans ce travail a été de se servir de cas concrets,
carrières ALZO et DMD, pour construire une méthode, généralisable à la plupart des carrières,
d’évaluation des performances économiques et techniques en fonction de la granulométrie
résultant des tirs d’abattage à l’explosif.
Ceci s’articule donc autour de trois pôles :
L’estimation de la granulométrie.
La mesure des flux.
Les paramètres de tir.
Les données collectées sur le terrain n’ont pas nécessité d’investissements particuliers pour les
carriers hormis la mise en place d’une collecte en continu des mesures ordinairement réalisées
par les capteurs de production :
Bascules dynamiques sur bandes transporteuses.
Capteur de mesure de niveau dans la trémie d’alimentation.
Capteur d’intensité du concasseur primaire.
Capteur de présence de camion dans l’aire de déchargement.
Le système Fragscan - Camion a été installé, en plus, sur les deux carrières pour permettre les
mesures de granulométrie.
On voit donc qu’il n’y a pas, sur ce projet, de volonté de contraindre l’exploitation pour un
suivi plus rigoureux des flux mais plutôt, une volonté de s’adapter à l’existant et d’en tirer parti
au mieux.
A partir d’un traitement semi-automatique des données collectées sur le terrain, incluant
un contrôle qualité, nous avons obtenu les flux, la granulométrie, les paramètres de tir et cela
sur un mode tir par tir.
L’étape essentielle dans la mesure des flux étant la détermination de séquences de
production, définies sur des plages de temps continues pour lesquelles l’unité de production et
la configuration du travail ne varient pas.
L’estimation de la granulométrie résultant des tirs d’abattage à l’explosif à partir des
images collectées par le système Fragscan - Camion a nécessité la mise au point d’un nouveau
modèle. La distribution granulométrique résultant d’un tir est considérée comme la somme de
plusieurs populations de fragments.
La proportion de fragments invisibles à cause de la ségrégation ou triés avant la prise de
vue, étant calculée automatiquement à l’aide d’un paramètre de troncature.
Pour faire le lien entre granulométrie et flux et entre paramètres de tir et granulométrie,
une méthode d’analyse par réseaux de neurones a été retenue. Ces « boites noires » calculent
une « interpolation » des données à analyser et permettent d’évaluer l’influence de tel ou tel
paramètre d’entrée sur les paramètres de sortie des réseaux de neurones. Avec ces réseaux de
neurones, il est aussi possible de réaliser des simulations dont le but est d’aider les praticiens
dans leurs choix techniques.
103
5.2. LES RESULTATS.
Les résultats obtenus concernent les carrières ALZO et DMD. Ces conclusions ne sont,
par construction, pas généralisables à d’autres cas. En effet, l’analyse des données obtenues ne
se fonde pas sur des modèles de comportement ou de fonctionnement théorique mais sur une
analyse « statistique ».
Les « interpolations » réalisées mettent tout de même en évidence que le consensus
généralement admis dans la bibliographie sur les relations entre paramètres de tir et
granulométrie ou granulométrie et flux sur une carrière, peut être contredit sur des cas concrets
isolés.
Personnellement je pense tout de même que l’explication doit être trouvée dans les variations
de densité du matériau.
En ce qui concerne l’organisation de cette carrière, on peut dire que l’on ne sature pas
l’unité de concassage. Par contre, le flux de chargement est loin d’être proportionnel au nombre
de camions mis en route : ce qui laisserait supposer qu’il y a parfois saturation de la chargeuse.
104
L’utilisation d’un tombereau dépareillé par rapport aux autres tombereaux ne semble pas
ralentir l’échelon de transport. Par contre, le coût à la tonne transportée peut en être
sensiblement augmenté.
5.3. PERSPECTIVES.
Après nous être intéressé aux données fournies par le système Fragscan-Camion et,
comme nous l’avons indiqué au chapitre 2, dans une plage restreinte sur l’axe des diamètres, il
nous faut maintenant nous intéresser à des données exemptes de tout biais, qui nous
permettront de jeter des bases plus solides aux idées qui ont été avancées lors de ce travail de
thèse, chapitre 2.
Pour cela il est indispensable de disposer d’informations issues d’un travail de tamisage
manuel, long et fastidieux, mais indiscutable quant à la précision des mesures de tamisage.
Nous allons donc nous servir de deux sources de données issues des travaux de thèse de
Gerhard Reichholf, MUL, et Roland Ortiz, CGES, l’ensemble des résultats expérimentaux ayant
été collecté au sein de MUL.
Nous nous intéresserons d’abord à une série de tests qui ont consisté en la
fragmentation de cubes de différentes roches de 200 mm de coté avec une charge spécifique
approximativement constante. Puis nous reprendrons les expérimentations de Roland Ortiz
(D.01) d’un point de vue granulométrique uniquement. Celles-ci consistent en la fragmentation à
l’explosif de cylindre de béton, 235, 300 et 380 mm de diamètre, avec une charge explosive
constante et donc une charge spécifique croissante avec la décroissance des diamètres des
cylindres.
105
devenir des cubes de 200 mm de coté, percé en leur milieu d’un trou de 5 mm environ, celui-ci
étant rempli de PETN, les blocs sont explosés, les fragments recueillis et tamisés par le jeu de
tamis suivant: 100 µm, 250 µm, 500 µm, 1 mm, 5 mm, 10 mm, 14 mm, 20 mm, 31.5 mm, 40
mm, 50 mm, 63 mm, 80 mm, 100 mm, 125 mm.
C’est à partir de ces données brutes que notre travail commence. Il s’agit de procéder à
la transformation d’un vecteur décrivant la fonction de répartition du passant en fonction du
diamètre des tamis à une courbe (discrétisée) décrivant la densité en fonction du diamètre des
fragments.
La méthode de dérivation décrite au chapitre 2 est utilisée, ce qui nous permet d’obtenir
les courbes présentées en figures 5.3.1.a à 5.3.1.d pour les quatre roches choisies.
Le caractère multi-modal des différentes densités est évident.
GYPSE RIGIPS
P1
DENSITE
P0 P2
Figure 5.3.1.a.
CALCAIRE ALZO
P1
P2
DENSITE
Figure 5.3.1.b.
106
DOLOMIE DMD P3
DENSITE
P2
P1
Figure 5.3.1.c.
GRES IMBERG P2 + P3
DENSITE
P1
Figure 5.3.1.d.
A la lecture de ces figures, il apparaît clairement que la fragmentation à l’explosif conduit
à la production de différentes populations de fragments qui ne peuvent s’expliquer que par la
nature des roches et le mode de fragmentation.
Reprenons maintenant la bibliographie sur le sujet. Djordjevic (B.23) propose un modèle
bi-modal utilisant les fonctions de Rosin-Rammler, pour expliquer un « renflement » de la courbe
granulométrique dans le domaine des fines. On retrouve également ce type de courbe dans les
travaux de Roland Ortiz (D.01). Passons maintenant à une référence plus ancienne, Charles
(B.25) nous montre que chaque roche possède une « cohésion » différente ce qui se traduit par
une pente constante de la fonction de répartition dans un diagramme Log-Log. Si on se replace
dans le domaine des densités, on retrouve des fonctions ayant une allure de fonction Log-
Normal inversé. La constance de la pente se traduisant alors par un « écart type » constant pour
les fonctions Log-Normal inverses pour chaque type de roche.
La figure 5.3.1.e. (E.01), nous montre que la forme des courbes granulométriques est aussi
influencée par le mode de rupture. Deux points de vue sont donc à considérer simultanément, la
nature de la roche et la nature du concassage.
107
Figure 5.3.1.e.
Cylindre 235 mm
Cylindre 300 mm
Cylindre 380 mm
DENSITE
1 10 100
D en mm
Figure 5.3.2.a.
L’explosif est mis en place dans le cylindre dans un tube de verre prévu avant le coulage
du béton. La charge spécifique est décroissante en fonction du diamètre du cylindre. Les
fragments recueillis sont tamisés avec les tamis suivants:
100 µm, 250 µm, 500 µm, 1 mm, 5 mm, 10 mm, 14 mm, 20 mm, 31.5 mm, 40 mm, 50 mm, 63
mm, 80 mm, 100 mm, 125 mm.
Utilisons la encore la méthode de dérivation des fonctions de répartitions proposée au chapitre
2, nous obtenons 3 densités, incomplètes pour les diamètres 300 et 380 mm, figure 5.3.2.a.
A l’examen des trois courbes, figure 5.3.2.a, on peut voir qu’un modèle tri-modal, P1, P2
et P3 est nécessaire pour modéliser ces trois densités, figure 5.3.2.b. Dans la bibliographie, la
fonction P1 est toujours retrouvée avec un « écart type » constant pour un même matériau; donc
nous devons le vérifier et construire un modèle compatible.
108
Cylindre de 235 mm
P3
P2
DENSITE
P1
1 10 D en mm 100 1000
Figure 5.3.2.b.
La figure 5.3.2.c. montre qu’effectivement les densités P1 présentent un « écart type »
constant, ce qui se traduit par une pente constante de la fonction de répartition dans un
diagramme Log-Log. Ceci rejoint ce que l’on trouve dans la bibliographie.
1
Population P1
PASSANT
0,1
Cylindre 235 mm
Cylindre 300 mm
Cylindre 380 mm
0,01
1 10 100
D en mm
Figure 5.3.2.c.
Grâce à ces modèles, nous pouvons maintenant estimer l’énergie ayant engendré les
populations P1. Nous pouvons supposer que la configuration du tir a une incidence sur la
transformation de l’énergie explosive en variation d’énergie potentielle : la création de surface
spécifique est assimilable à la diminution d’une énergie potentielle. Cet éclairage nouveau
permettra, on peut le penser, d’affiner les modèles de fragmentation dynamique et de les
replacer dans le contexte plus général de la fragmentation des roches.
109
énergétique que sont les procédés de fragmentation. En décrivant mieux les processus de
fragmentation, on pourra mieux appréhender les réglages des procédés.
La mesure de la productivité et l’évaluation des performances pour les opérations de
chargement, transport et concassage primaire dans une carrière sont aussi un axe intéressant
de recherche. L’importance des interférences liées à la distance de transport, à l’organisation
avait un effet dissuasif pour entreprendre une démarche objective et quantitative. C’est une
erreur car les méthodes d’analyses tel que les réseaux de neurones permettent de
« s’affranchir » de tels obstacles. Ce sujet de recherche est aussi transposable au domaine de
la logistique.
110
5.4. BIBLIOGRAPHIE.
E.01. Lowrison, 1974. The size and shape of comminuted particules. Crushing and grinding:
The size reduction of solid materials, pp 67-99.
E.02. Tarasenko, 1996. Controlling the patterns of fragmentation in blasting and
mechanical crushing operations. Rock Fragmentation by blasting, Proceedings of the
Workshop on Measurement of Blast Fragmentation, Balkema : Montréal, pp 293-296.
111