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du corps et de la santé
(Diamaré, Cameroun)
avec la collaboration de
BOUBAKARY Abdoulaye
HADIDJA Konaï
F AKIH Ousmane
Dictionnaire peul
du corps et de la santé
(Diamaré, Cameroun)
Éditions KARTHALA
22-24, boulevard Arago
75013 Paris
à Faadimatu Boonyo
mayram Cere
et à Assia
Introduction
Méthode
Le lexique présenté ici comporte environ 1 500 entrées principales,
dont 375 verbes, et plus de 700 sous-entrées. Il a été recueilli au cours
d'enquêtes de terrain, menées en 2004-2006. Des enquêteurs se rendaient
sur le terrain avec un magnétophone à cassette, et interviewaient diverses
catégories de personnes sur un thème préalablement défini. Nous avons
retenu les catégories de personnes suivantes, qui nous sont apparues rapi-
dement comme les plus pertinentes: homme et femme du commun,
guérisseur et guérisseuse traditionnels, marabout, personnel de santé. Les
bandes étaient ensuite intégralement transcrites et traduites. C'est de là
qu'ont été tirées la majorité des phrases peules contenues dans l'ouvrage.
Nous avons aussi dépouillé les publications en langue peule (dialecte du
Diamaré).
Au cours de la rédaction des fiches (dans une base de données
informatisée), la langue était homogénéisée et corrigée, car nous avions le
souci de produire un ouvrage de référence dans le domaine de la santé, et
non pas de fournir un échantillonnage de la variabilité des usages linguis-
tiques dans le Diamaré. Ce n'est donc pas la variété véhiculaire de la
langue que nous avons retenue, mais la variété authentiquement peule,
fût-elle parfois teintée d'usages modernes.
Au fil des enquêtes, nous avons recueilli certains mots qui ne figurent
pas dans les dictionnaires actuels; nous les avons inclus ci-après même
s'ils n'ont pas de rapport particulier avec le thème de l'ouvrage.
Avertissement
Les données contenues dans ce livre ne constituent en aucun cas un
corpus valide du point de vue de la bio-médecine, même quand elles ont
été recueillies de la bouche de personnels de santé. Nous n'avons pas
voulu gommer les contradictions, ni même les conceptions manifestement
erronées de ce point de vue. De cette façon, nous pensons avoir fourni à
l'utilisateur un panorama réaliste des conceptions et représentations du
corps et de la maladie que se font les uns et les autres. À partir de là, il
sera plus facile de communiquer dans le domaine et d'éviter les malen-
tendus ou les ambiguïtés.
La partie concernant les traitements traditionnels des maladies ne
figure que très partiellement dans ce volume, car un autre ouvrage est en
cours de rédaction, consacré exclusivement à la pharmacopée. En annexe,
nous donnons à titre indicatif, l'inventaire d'un étal de guérisseur tel que
nous avons pu le relever à Maroua.
8
INTRODUCTION
Ordre alphabétique
L'ordre alphabétique du peul est le suivant: a, b, 6, c, d, cf, e, f, g, h, i, j,
k, l, m, n, l), 0, p, r, s, t, u, v, w, y, y; z. On voit donc que les prénasalisées
(mb, nd, ng, nj) et la nasale palatale (ny) n'ont pas de place attitrée: elles
sont interclassées respectivement parmi les mots à initiale « m » et « n ». On
ne tient pas compte de l'occlusive glottale à l'initiale: non seulement elle
n'est pas notée, comme le préconisent les recommandations de Bamako
(1966), mais l'ordre alphabétique l'ignore. Les voyelles longues sont
classées comme deux voyelles identiques qui se suivraient.
Abréviations
Catégories grammaticales des entrées du dictionnaire
cf se reporter à
CMAO Centres médicaux d'Afrique de l'Ouest
CSI centre de santé intégré
et al. et autres auteurs
ibid. même référence
I.e. c'est-à-dire
invar. invariable
IST infection sexuellement transmissible
litt. littéralement
MST maladie sexuellement transmissible
plur. pluriel
qqch. quelque chose
qqn quelqu'un
s.d. sans date de publication mentionnée
sing. singulier
syn. synonyme
var. variante
> donne
< vient de
* forme ancienne
1 opposition singulier/pluriel (en fulfulde)
Il expressions ouformes équivalentes
9
DICTIONNAIRE PEUL DU CORPS ET DE LA SANTÉ
Annexe
1 2 3 4 5 6 7 8 9
10 Il 12 13 14 15 16
17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30
31 34 35 36
32 37
33 38
10
INTRODUCTION
II
DICTIONNAIRE PEUL DU CORPS ET DE LA SANTÉ
Remerciements
C'est maintenant pour moi un plaisir que de remercier tous ceux qui,
tant au Cameroun qu'en France, m'ont apporté leur amitié, leur
compétence, leur soutien et leur aide tout au long de ce travail.
J'ai une pensée émue pour Alta Ibrâhîm Sow, qui est décédé à 1
1
possible.
13
Bibliographie sommaire
16
DICTIONNAIRE FULFULDE - FRANÇAIS
afotoooo
A
aamta(v.)
~ se réchauffer (après avoir eu froid)
adda-jamdi-o (n.c.)
« sœur aînée 1? »
~ femme libre (surnom plaisant) ; cf ajabaajo
Adda-jamdi, gite kelkel ba ngaajiri jamde !
La femme libre aux yeux écarquillés, semblables à des résidus de
tamisage de fer! (Jeu de mots entre jamdi et jamde.)
afoo (v.)
~ avoir son premier-né; cf dikkoo
19
·
agaaJo
agaajo / aga'en - o/I>e (n.) ; < wandaJa
~ vendeur ambulant de produits pharmaceutiques frauduleux; cf gülnoo-
wo led"d"e
Njarmi parasetamol bee kompirme ndamba daneeji di coodmi
haa aga'en.
J'ai avalé du paracétamol et des comprimés blancs contre le
'rhume', que j'ai achetés chez les vendeurs ambulants.
Nyawl>e duudDe don ngarda lopital bee ledde I>e coodata haa
aga'en. Be don njara de, de nafaay. Sey min don tawa mus-
kilaaji de ngaddanta nyawl>e. (Singoï Alawa, infirmier, Meskine,
25-03-04)
De nombreux patients viennent au dispensaire avec des
médicaments qu'ils ont achetés chez les vendeurs ambulants. Ils les
prennent, mais ils ne sont pas efficaces. Nous constatons qu'ils
n'apportent que des problèmes aux malades.
Miin agaajo, kartog lekki fuu don warda bee notis mum. To mi
janngi notis, mi hel>tan kuugal lekki man. To goddo tinndini
yam ko naawata MO, mi hel>tan nyawu maako. Suy, mi hokka
mo kurgun. (Alioum, 24 ans, vendeur ambulant de médicaments,
mandara, scolarisé jusqu'en sixième, Maroua, 18-03-04)
Moi, vendeur ambulant, chaque boîte de médicaments arrive (chez
moi) avec sa notice. Une fois que je l'ai lue, je sais à quoi sert le
médicament en question. Lorsque qqn m'explique ce qui lui fait mal,
je sais sa maladie. Ensuite, je lui donne le médicament.
ajabaajo /ajaba'en - o/I>e (n.); < arabe ['azab]« célibataire, non mariée»
~ femme libre; syn. adda-jamdi, tanndaajo / tannda'en; cf kecco-
ajabaajo
Ce terme d'origine arabe désigne les femmes libérées des liens du
mariage, soit par un veuvage, soit par un divorce. Il ne s'applique
donc pas aux jeunes filles non mariées. Dans le langage courant, il a
souvent un sens proche de« prostituée ». La femme libre, cependant,
à la différence de la prostituée européenne, est indépendante et n'a
pas de comptes à rendre à un souteneur.
- Tannel am ngeel jaajaalel ; duuda ferool>e, famda sul>tool>e !
- Ajaba'en bee worl>e ! (Devinette, cf Noye 1968)
- Mon petit savonnier se promène beaucoup; nombreux sont ceux
qui en font tomber les fruits, rares sont ceux qui les ramassent.
- Les femmes libres et les hommes.
(La femme libre, par définition, n'a pas de port d'attache, elle se
20
Alla
déplace donc fréquemment. Nombreux sont les hommes qui la
courtisent, mais il y a panni eux peu de candidats au mariage.)
21
Alhl
Woodi bee woodaa fuu Alla mari. (Prov.)
Richesse et pauvreté dépendent de Dieu. (Avoir et ne pas avoir
également, c'est Dieu qui le possède.)
Jawmiraawo hokki, Jawmiraawo hooci, barka laatanoo innde
Jawmiraawo ! (Job 1,21)
Dieu (le Seigneur) a donné, Dieu a repris, que le nom de Dieu soit
béni !
Alla wadda baroowo, wadda gidoowo, I>e mbi'ata. (Dou., prosti-
tuée, 26 ans, Hardé, Maroua, 17-01-06)
Dieu amène l'assassin, et il amène (aussi) le secoureur, dit-on.
To Alla ardini goââo dow luttul>e kam, sey 0 laatoo jiddere. (prov.)
Si Dieu accorde la première place à qqn, il doit pouvoir tout
supporter. (Litt. : Si Dieu a placé qqn en tête par rapport au reste, il
faut qu'il devienne un tas d'ordures.)
Jüre wi'i:« Alla âon boo, ndikka waande I>adoo ». (Prov.)
L'écureuil dit: « Dieu existe, bien sûr, mais il vaut mieux que la
termitière soit à côté ». (Un soutien puissant mais éloigné ne vaut
pas une aide modeste mais à portée de main.)
Mo yettataa Alla, nyaama-wulaajo. (prov.)
Celui qui ne remercie pas Dieu, c'est comme s'il brûlait sa nour-
riture. (C'est le comportement de l'ingrat qui est stigmatisé ici. Il ne
reconnaît pas la valeur de ce qu'on lui a donné.)
Alla suure cuurngal tigeere, hisne kacceenga maare. (Prov.)
Que Dieu te revête d'un vêtement (semblable à celui) de l'oignon,
(mais) qu'il te protège de sa mauvaise odeur. (On demande a Dieu
une protection renforcée, formée de couches multiples comme celles
de l'oignon, mais dénuée des inconvénients propres à l'oignon.)
Yamgo ko I>urata âum semmbe boo, âum yeddugo Alla. (Prov.)
Demander à Dieu ce qui dépasse vos capacités, c'est aussi lui
désobéir. (Il ne faut pas demander à Dieu des choses qui vous
dépassent.)
Alla wijataa wijaaye meere. (Prov.)
Dieu ne retourne pas sans raison les cornes de la vache aux cornes
tombantes. (Les infIrmités sont une punition divine.)
Dum Alla hisnata goââo SIDA, naa konndom.
C'est Dieu qui empêche (d'avoir) le SIDA, pas le préservatif.
Worl>e ngiâaa konndom. "Be mbi'e, na sey to Alla muuyi goââo
nyawata. (D., prostituée, 25 ans, Domayo, Maroua, 16-01-06)
Les hommes ne veulent pas de préservatif. Ils vous disent que qqn
ne devient malade que si Dieu le veut.
22
aninlater
alluha / alluhaaje - ka/oe (n.) ; < hausa [àllo] < arabe [1 W Q]
~ tablette coranique
Ndotti, sey nannda alluha.
Un vieux doit ressembler à une tablette coranique (i.e., comme la
tablette, pour tenir, il doit s'adosser à un mur).
• alluha njamndi
~ tablette coranique miniature en métal (généralement en fer, parfois en
cuivre) (Ces tablettes miniatures sont utilisées lors du traitement des
personnes possédées par des génies ginnaaji.)
Yiml>e feere d'on paddoo bee annde mal>l>e l>inngel pamarel ngel
lebbi mm malla tati nder reedu, baakin haa lebbi d'uud'm
hiddeeko ngel l>esdoo, ngam kisnuki baaweteengel en'ente.
Waato l>e kippa reedu bee annde. Be d'on kad'a rewl>e boo malla
worl>e danygo boo. (Dada Habiba, accoucheuse traditionnelle,
Meskine, 18-08-04)
Grâce à leur savoir magique, certaines personnes bloquent pendant
plusieurs mois éventuellement, l'évolution d'un fœtus/ embryon qui
a déjà deux ou trois mois, afin d'éviter à un enfant porté sur le dos
d'être victime de en'ente (la maladie infantile qui affecte un bébé
qui tète encore sa mère alors que celle-ci a une nouvelle grossesse).
C'est-à-dire que ces personnes tournent la grossesse à l'envers grâce
à leur science (i.e. ils/elles mettent le fœtus à l'envers pour
l'empêcher de se développer). Elles sont capables également
d'empêcher des femmes ou des hommes d'avoir des enfants.
25
apare( cewa)
Lorsque l'on emploie ce terme, on fait référence à l'alcool ou aux
stupéfiants.
26
ayHbe
appelle cancer.
arkol Cf ankol
awsa(v.)
~ être affaibli
ayiibe / ayiibeeji - nga/di (n.) ; < hausa [aiol] « faute »< arabe [' y b]
« honte»
~ tort, faute
27
ayna
Binngel maayi, ammaa daada maagel walaa ayiibe, ngam
nyawu man hurgataako.
L'enfant est mort, mais ce n'est pas la faute de sa mère, car la
maladie en question est incurable.
ayna (v.)
~ garder, protéger; surveiller, contrôler
azal- 0 (n.) ; < arabe cf [' j 1] « délai, temps fixé, durée de vie»
~ destin, mort
Gecfal bee azalluutataake. (Prov.)
La destinée et la mort, on n'y désobéit pas.
B
baaba / baabaaji - o/di (n.)
~ père
To baaba maayi, bappaanyo boo maya. (Prov.)
Si le père meurt, l'oncle paternel n'a qu'à mourir (aussi). (Une fois
le père mort, l'oncle paternel n'a plus d'utilité, puisque, même du
vivant du père, il n'est pas très attaché à ses neveux et nièces.)
Endam daada bee lJinngel kam, na baaba hawti dum. Baaba
aynata daada bee lJinngel; 0 yidi lJe lJe dido fuu. Ko debbo
yi'ata woni duuddum, ko numata woni pamarum. Debbo bee
lJinngel fuu, gorko mari lJe. Debbo boo, lJinngel tan 0 yidi. Doo
kam a laari baaba lJurata yidgo lJinngel. (Aladji Abdou, 50 ans,
marabout peul, Petté, 31-05-04)
L'affection de la mère pour l'enfant, c'est le père qui l'a scellée.
C'est le père qui veille sur la mère et l'enfant. Il les aime tous les
deux. La mère est au courant de (litt. : voit) beaucoup de choses
(concernant son enfant), mais sa réflexion est réduite (litt.: ce
qu'elle pense est peu). La femme et l'enfant, c'est le mari qui les
possède. Quant à la femme, elle n'aime que son enfant. Ainsi, tu
vois que c'est le père qui aime le plus l'enfant.
28
baasil-kok
Baaba-saare hon, taa ron. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Le père de famille se bat, (mais) n'hérite pas. (Ce que le père de
famille obtiendra, c'est par son courage au travail qu'il l'aura.)
Woodi mo ngondumi jonta, baaba-saareejo, ammaa gite maako
ouum. Sey min puooa huuwtinirgo konndom, ngam, tagu
anndaa, taa nyannde feere mi hel'Jra nyawu SIDA gal maako.
(Ky., 26 ans, prostituée, Domayo, Maroua, 22-01-06)
Il se trouve que je vis actuellement avec un père de famille, mais il
cherche trop les femmes. Il faut que nous nous mettions à utiliser le
préservatif, car, on ne sait jamais, il ne faudrait pas qu'un jour j'aie
le SIDA avec lui.
29
baatal
sant d'un laboratoire.
Innde gildi sonndaaru, baasil-kok.
Les 'gennes' de la tuberculose s'appellent« bacilles de Koch ».
• baatal oanninanngal
~ injection provoquant une anesthésie générale (litt.: piqûre qui fait
donnir)
Nyawoo mo waawataa baatal oanninanngal, &e tufa mo baatal
goongal.
Le patient qui ne supporte pas l'anesthésie générale, on lui fait une
autre injection.
• baatal nder i'al dungal
~ anesthésie péridurale (litt. : injection de l'os de l'extrémité inférieure de
la colonne vertébrale)
Nyawoo [00], &e tufa mo baatal [...] haa &aawo deydey lonkoyol
nder i'al dungal. Ndiyam man naasta nder maagal. Baawo man,
ceeketeeoo maatataa naawreenga, ngam reeta &anndu maako
gal les 000 fuu waatan. (Adamou Ousmanou, 48 ans, infInnier
peul, Maroua, 15-04-04)
Le patient, on lui fait une (...) injection dans la colonne vertébrale,
dans les vertèbres lombaires. Le liquide y pénètre. Ensuite, la
personne qu'on opère ne sent plus la douleur, parce que toute la
moitié inférieure de son corps est inerte.
• baatal ndiyam
~ perfusion (litt. : injection d'eau) ; syn. perfuyog
• baatal vat
~ vaccin antitétanique
~ produit injectable; syn. lekki tufeteeki
31
bab~d
To I>e d'on ceeka god'd'o, to I>e I>orti mo, I>e mballina mo dow
taabal, I>e cudda mo bee leppi dollaadi di ngalaa mukurol>ji. Sey
babal seekgo tan wangata. (Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier
peul,~aroua, 15-04-04)
Lorsque l'on opère qqn, après l'avoir déshabillé et couché sur la table
(d'opération), on le couvre avec des draps stériles lavés à 100° (litt. :
draps bouillis qui n'ont pas de microbes). Seul le champ opératoire est
visible.
balingoo (v.) ; < arabe (cf arabe tchadien [bâlix] « nubile, adulte », P. Jullien de
Pommerol 1999, p. 240)
~ atteindre l'âge de la puberté; syn. nyuufoo
'Bikkon feere to d'on balingoo, na kon ndaara koo hooseere kon
ndoondotoo.
Certains enfants, quand ils arrivent à l'âge de la puberté, ont l'impres-
sion qu'ils seraient capables de porter une montagne sur la tête.
balma(v.)
~ blesser à l'arme blanche
Jawmu saare balmi gujjo haa junngo, koo ngam 0 dam boo.
Le propriétaire de la maison a blessé le voleur à la main, bien qu'il
se soit échappé.
To I>e tuurtini bumd'o kam, na mo 0 hel>i fuu, 0 balman non.
Si l'on fait sortir un aveugle de ses gonds, il est capable de blesser
n'importe qui.
• tiggugo bantus
• poser des ventouses (litt. : planter des ventouses)
~ ventouse obstétricale
To I>esngu saati, min d'on naastina bantus, min kippa dow hoore
I>inngel, min pompa. (Yéwé, infirmier accoucheur, CMAü Meskine,
27-08-04)
Lorsque l'accouchement est difficile, nous introduisons une ven-
touse obstétricale que nous retournons sur la tête de l'enfant, et nous
faisons le vide en pompant (litt. : nous pompons).
barkanteewu Cf nyawu
basil- nga (n.) ; < français « bacille»
~ bacille; cf ngilngu
Tenne employé uniquement par les laborantins et certains personnels
médicaux. Pour le commun, se confond sous l'étiquette de gildi.
batte - de (n.)
~ traces (laissées par une maladie), séquelles, conséquences
Batte nyawu nguu kadi mo yargo kosam.
Suite à cette maladie, il ne peut plus boire de lait.
~ symptôme (pennettant de reconnaître une maladie)
baybaydi Cf waywayko
beccal/ becce - ngaVde (n.)
~ côte (anatomie)
Yiml)e l)e becce joweedidi maa toonyataako yam, sakko aan mo
beccal gootal !
Si les gens riches ne me cherchent pas noise, à combien plus forte
raison toi, qui es misérable! (Litt. : Les gens à sept côtes ne me
cherchent pas noise, encore moins toi qui n'as qu'une seule côte 1)
Mi don sonndoo haa becce am aaroo, de naawa. (Aminatou
Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum, 28-05-04)
Je tousse tellement que mes côtes se resserrent et me font mal.
INSULTES
Beccal baamma teema !
La côte de ton père!
Becce baamma !
Les côtes de ton père !
• becce hooseere
~ flanc de montagne (litt. : côtes de montagne)
34
bcd'cl
beero /weerl)e - o/lie (n.)
~ rebouteux; syn. jokkoowo
Beero haa Mura, bee gaadal 0 jokkata yewre.
Le rebouteux de Mora, c'est avec du Cissus quadrangularis qu'il
réduit les fractures.
beseze Cf baatal
bedakkanaayel / bedakkanaahon - ngel/kon (n.d.)
~ petit morceau (de tissu ou de natte)
35
benel
Beoel 000 nder reedu. Dum gildi disotoo haa hegre, tufa nde.
Kanji âûn, [)Orna fuu, min tawata nder mongorooje nyoloe.
Buubi ngaddata di haa nyaamdu. (Mana Galé, guérisseur,
Louggol-Mindif,21-05-04)
Le beoel se trouve dans la région épigastrique. Ce sont des vers qui
se fixent sur le foie et qui le piquent. Ceux-ci, la plupart du temps,
nous les trouvons dans les mangues pourries. Ce sont les mouches
qui les apportent dans la nourriture.
Liflifa, sey inou dawa nannga nga; to tokkake nanngugo nga
fajiri fuu, nga saayan nder IJanndu. (Baba Djimilla, 65 ans,
marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Le liOifa, on doit le « prendre» (i.e. le masser) tôt le matin; si on le
« prend» régulièrement chaque matin, il disparaîtra (en rentrant)
dans le corps.
Beoel oon noone dioorje : beoel gorgel bee beoel dewel. Beoel
gorgel 000, haa timmitorde becce woodi kuuogel feere, naa oum
ital kam, ammaa, ngel daneeyel tal. To ogel nyawi, ngel oon
juuta haa ngel yottoo jaabuuru goooo. To ngel yottake
jaabuuru, goooo yamditittaa. Beoel dewel boo, oon jooooo sera
becce. To a meemi ngel, a tawao ngel bana tamseere.
(Abdouramane Modibbo, guérisseur à Petté, 25-06-04)
Il Y a deux sortes de beoel: un b. mâle et un b. femelle. Le b.
mâle..., à l'extrémité des côtes, il y a une petite chose (appendice
xiphoïde) qui n'est pas vraiment un os, mais qui est toute blanche.
Quand elle est malade, elle s'allonge jusqu'à atteindre le nombril de
la personne. Quand le nombril est atteint, la personne ne peut (Plus)
guérir. Le beoel femelle, quant à lui, il réside à côté des côtes.
Quand on le touche, on a l'impression que c'est comme un beignet
plat de riz et de farine.
DIAGNOSTIC
To goooo woodi beoel, IJe ngula kusel abalay, IJe takkina mo,
beoel wangan. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 20-03-05)
Lorsque (l'on pense que) qqn souffre de beoel, on lui grille de la
viande de Patas (singe rouge), on la lui fait manger et le beoel se
manifestera.
36
bismoo
TRAITEMENT
To haa mi hurga broel, mi y"aran reedu nyawdo. To yJiy"am don
wurtoo, mi yigga toomndi suudu bee citta. Nden to dum simti
nder reedu ton, gildi dii pistotoo diga hegre, di naasta teteki.
Nden mi hokka mo sel)re daaleehi doUaaki 0 yara. Baawo don, 0
saaran gildi ôJi fuu, di don bana ndamba. (Mana Galé, guérisseur,
Louggol-Mindif, 21-05-04)
Pour soigner le bedel, je scarifie l'épigastre du patient. Lorsque le
sang coule, je frotte (sur les scarifications) de la suie et du piment.
Ensuite, lorsque cela a filtré dans l'épigastre, les vers se détachent du
foie et pénètrent dans les intestins. Alors, je donne à boire au
(patient) une décoction d'écorce fraîche de cancédrat. Après ça, il
évacue tous les vers dans une diarrhée, ils ressemblent à des
mucosités nasales.
birogs Cf burogs
birogsit Cf burogsit
bismoo (v.); < arabe; cf arabe tchadien [bismi] «invocation de Dieu» (abré-
viation de [bismillah])
~ prononcer la formule bismillaahi, « au nom de Dieu ! »
Walaa e ginnawol walaa. Koo nder suudu ngol naastan, caka
dammugal, dow be"itte. Ngol wara ngol sal)l)a, wallina I)inngel
37
maagol. To a wari haa mbaaloodaa nü, ngadaa bismillaahi, suy
ngollusitoo, ngol sotta. Kanjum I)e mbi'i to haa mbaaloodaa, sey
mbismoodaa. »
Il n'y a pas d'endroit sans djinn. Il pénètre même dans la maison, au
milieu de la porte, sur le lit. Il vient y étendre la couche de son
enfant. Dès que vous venez pour vous coucher, vous devez dire
« bismillâhi », alors il recule et vous laisse la place. C'est pour cela
qu'on dit qu'il faut, lorsqu'on va se coucher, prononcer la formule
« bismillâhi ».
biyye Cf wiyyere
bojji Cf boyol
bOne-o(n.)
.mallieu~souffrance
Bone, baaba hakkiilo. (Prov., cf Dahirou 2004, p. 51)
La souffrance est la mère (litt. : le père) de la sagesse.
Baawo bone, sey beldum.
Après la souffrance, le plaisir.
bu'a (v.)
~ chier, aller à la selle, déféquer; cf daaba
Le terme est considéré comme vulgaire en.fùlfulde.
« Pour se soulager de tout besoin (miction, défécation), on doit
s'assurer qu'on est à l'abri de tout regard. L'exigence de se soustraire
à la vue d'autrui est encore plus rigoureuse pour la femme. Celle-ci
doit disparaître complètement du regard des autres. Les selles font
l'objet de plus de dissimulation, pour l'homme comme pour la femme.
Il est préférable d'éviter de les faire hors de chez soi. Aussi prend-on
la précaution de consommer très sobrement des aliments, voire même
de s'en abstenir quand on se trouve en voyage, afin d'éviter de
compromettre son honorabilité suite à des indispositions digestives.
Cette précaution prise de camoufler l'acte de défécation se retrouve
même dans les jeux des enfants, qui sont ainsi conditionnés dès leur
bas âge. Il existe en effet un petit jeu qui consiste à couvrir de
railleries, en criant ooncoga, un des leurs surpris en train de déféquer
dans un endroit exposé aux regards. » (CERCP 1998, p. 51)
39
buddel
Bu'a 000, oyaama 000, sey dabba. (Prov.)
Chier et manger au même endroit, il n'y a que l'animal (à faire ça).
Fuoyake bu'aay, yi'aama semti. (Prov.)
Welle a retroussé son vêtement (mais) n'a pas chié: on l'a vu et il a
eu honte.
Fuoyake bu'aay maa semti, sakko fuoyake bu'i. (Prov.)
Retrousser son vêtement sans chier, cela fait honte, a fortiori
retrousser son vêtement et chier.
0000 bu'a morle-morle.
Welle chie des petites crottes.
~ en chier (vulgaire), en baver, en voir de toutes les couleurs
40
bu
bu'e - De (n.d.v.); < bu'a
~ excrément, merde, étron; cf soofe, nyaama
- Leggal doyYIi, baali ndoggi !
- Bu'e ! (Devinette)
- Un bois est tombé, les moutons ont bombé !
- L'étron!
(L'excrément, en tombant, fait fuir les mouches - sans doute pas
pour longtemps.) (Remarquer le jeu de mots entre doyYIi et ndoggi.)
- Mallum doyYoo, fdkkon Don mbooka !
- Bu'e ! (Devinette, Noye 1974, p. 300)
- Le marabout tombe, les enfants crient !
- L'étron!
(Cette devinette est particulièrement irrévérencieuse. Le marabout y
constitue une métaphore de l'étron, et ses élèves sont les mouches à
merde.)
Laamu kam, koo ngu bu'e, beloum. (Prov.)
Le pouvoir, même celui qu'on exerce sur ceux qui chient, c'est bon.
(Le proverbe fait allusion à la fonction du laamoo bu'e, litt. : « chef
des excréments », dont le rôle était de pourchasser ceux qui faisaient
leurs besoins n'importe où.)
To a faali bu'e, nden De kaccete. (Prov.)
Si tu prêtes attention à de la merde, c'est alors que tu vas la sentir
(litt. : qu'elle va t'empuantir).
Bu'e cukki caarol. (Prov.)
L'étron empêche la diarrhée de sortir. (Le puissant assure protection
au plus faible.)
Bu'e naawi mo. (Noye 1989, p. 45a)
Il fut pris d'un besoin pressant d'aller à la selle. (Litt.: les
excréments lui firent mal.)
• bu'e bosüde
~ selles trop molles
• bu'e caatude
~ selles dures
• bu'e dakamde
~ étrons, selles consistantes
• bu'e loorde
~ gros étrons, grosses selles
~ sécrétion solide
• bu'e noppi
~ cérumen (litt. : sécrétion des oreilles)
41
bulok /bulokji - oga/di (n.) ; < français « bloc»
~ bloc opératoire, salle d'opération; syn. suudu seekgo
• buros limce
~ brosse à habits
• buros nyii'e
~ brosse à dents en plastique
• buros pade
~ brosse à chaussures
• leggal buros
~ brosse à dents en plastique (litt. : bois brosse)
bu'rudu/bu'rudi-ndu/di(n.); cfbuurudu
43
buucoonde
buucoonde 1buucoode - ode/de (n.)
~ articulation du fémur à l'os iliaque
~ douleur à l'articulation du fémur et de l'os iliaque
buudoo(v.)
~ « marabouter» (qqn)
buuroo(v.)
~ être encore célibataire (pour une femme, à un âge où elle devrait
44
buurudu
nonnalement être déjà mariée)
Le sens de base de la racine verbale est «rester invendu, ne pas
trouver d'acheteur (pour une marchandise) )).
45
buutol
Buurudu lal>i !
Anus tranchant ! (Litt. : anus en couteau ! Se dit à un enfant qui use
trop rapidement ses fonds de culotte.)
Binngel ngeel, buurudu reeza !
Cet enfant a l'anus en lame de rasoir! (Ut supra.)
6aaca(v.)
~ boitiller
o oon I>aaca kosngal seooa seooa.
Il boitille un peu.
46
tlalina
• 6aawo daande
• nuque (litt. : partie postérieure du cou)
Ilaawo-suudu (n.c.)
« arrière de la maison »
~ toilettes, cabinets
Ilakka(v.)
~ enduire avec, mettre une couche de (onguent, pommade) sans frotter
To laatake yewre nde )'iye campiti, to mi 6akki gaadal ngaal, oe
njoototoo kalkal. (Amadou Taibé Boulama, guérisseur, Mogom-
Mindif, 24-05-04)
En cas de fracture comminutive, si je mets dessus une couche de ce
géophyte, (les os) reprennent leur place exacte.
Ilalee- (adj.)
~ noir, mélanoderme
Baleejo 6alwa-ngaandi !
Noir à l'esprit borné! (Litt. : noir qui est noir de cerveau.)
• waogo fianndu
~ prendre du poids, grossir
• digga-fiannduujo
~ personne qui a la peau douce
• hacca-fiannduujo
~ personne qui sent mauvais
~ personne qu'on ne peut sentir
• loora-fiannduujo
~ personne corpulente
48
oagtoo
• sewa-6annduujo
~ personne mince
• uppa-6annduujo
~ personne obèse (litt. : qui a le corps gonflé)
• waata-6annduujo
~ personne amorphe (litt. : qui a le corps mort)
Yüte tawataa waata-6annduujo. (Prov.)
Le feu n'atteint pas de personne amorphe. (Aussi amorphe soit-il,
l'amorphe ne l'est plus quand il est en danger.)
• wela-6annduujo
~ personne qui a bon caractère
6aga
~ épouser (une femme)
Oon mo walaa beembal eta. (Prov.)
Celui qui n'a pas de grenier doit acheter (son grain) au marché.
(L'homme qui n'est pas marié est obligé d'aller tout le temps
chercher des femmes.)
Bagôo nyannde juulde fuu 6agan nyidduôo. (Prov.)
Chaque homme qui se marie un jour de tète épousera un laideron.
(Le jour de la fête, toutes les femmes sont belles; même les plus
laides se donnent belle apparence.)
Wamnde 6aggal, nde acca 6agaaôo, nde yaha e daada saare.
(Eguchi 1974,p.96)
L'âne du mariage, il laisse la mariée et s'en va chez la première
épouse. (Autrefois, hommes et choses étaient transportés à dos
d'âne. Notamment lors des mariages, c'est cet animal qui portait la
mariée et ses effets. L'âne de cet énoncé est conforme à sa réputation
d'entêtement; au lieu de conduire la mariée où il doit la conduire, il
va ailleurs, et met la mariée en situation délicate.)
6agee(v.)
~ être mariée (femme)
I>ennda (v.)
~ mûrir
50
Ilenndina
Hakkee mongorooje âee oolâataa, goââo hel>tataa l>enndugo
maaje.
Du fait que ces mangues ne jaunissent pas (en mûrissant), on ne sait
pas quand elles sont mÛTes.
~ être mature, avoir atteint son plein développement
Rewl>e maranl>e haala yaake l>esnugo, âum rewl>e famarl>e
maranl>e duul>i ngattaa sappo e jowi maUa sappo e jeego, sey l>e
ayna l>e, ngam l>e l>enndaay, cuudi-l>ikkon mal>l>e l>enndaay.
(Yéwé, infirmier accoucheur, CMAü Meskine, 27-08-04)
Les femmes qui ont des problèmes lors de l'accouchement, ce sont
les jeunes femmes de moins de quinze ou seize ans, on doit veiller
de près sur elles, car elles ne sont pas matures, leur utérus n'est pas
mature.
~ être bien cuit
Benndugo nyiiri hokkan njamu l>anndu.
Une bonne cuisson de la boule procure la santé.
~ être « blindé» (immunisé contre le mauvais sort et la sorcellerie)
Benndugo gaynaako âoo wadi lal>i nyaamataa mo.
C'est grâce à sa protection magique que le berger n'est pas blessé
par le couteau. (Litt. : c'est le « blindage» du berger qui fait que le
couteau ne le mange pas.)
To a meemi hifinoore l>ennduâo, to a wadi saa'a, ndo"oâaa, to a
waâaay saa'a, ngaâaa ginnawol.
Si tu touches le bonnet de qqn qui est « blindé », si tu as de la
chance, tu tomberas par terre, si tu n'en as pas, tu deviendras fou.
51
fi(~rna
mauvais sort
Benndingo fianndu doo, ngam goddo yahan lesde godde, fie nelda
mo baate feere. Doo sey 0 hefia ledde karamde bee binndi, 0 jilla 0
yara, hoynanan mo. Karamde doo, ngam fie nanngataa de bee jun-
ngo. (Goggo Darndam, 65 ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
On assure une protection magique à qqn qui va dans des pays étran-
gers, (pour le cas où) on lui « envoie des aiguilles ». Pour ça, il faut
qu'il ait des remèdes interdits (par la religion) ainsi que des (rinçures
d')écrits (coraniques); il doit mélanger (le tout) et le boire, cela lui
fera du bien. Interdits, parce qu'on ne les prend pas à la main.
54
ficrnde
(Cependant,) s'il est bon, tout le reste sera bon, s'il est mauvais, tout
le reste sera mauvais.
Mi yidi mo haa nder 6ernde am.
Je l'aime de tout mon cœur.
De là découlent de nombreux composés ou dérivés:
• 6alwa-6erndeejo
~ qqn de méchant (litt. : personne noire de cœur)
• faaôa-6erndeejo
~ qqn d'irascible (litt. : personne étroite de cœur)
• feeco-6erndeejo
~ qqn de calme et d'indulgent (litt. : personne vaste de cœur)
• laa6a-6erndeejo
~ qqn d'honnête (litt. : personne propre de cœur)
• waata-6erndeejo
~ qqn de lâche ou de paresseux (litt. : personne morte de cœur / courage)
• wooôa-6erndeejo
~ qqn d'honnête (litt. : personne bonne de cœur)
• yaaja-6erndeejo
~ qqn de calme et d'indulgent (litt. : personne large de cœur)
• yoora-6erndeejo
~ qqn de courageux (litt. : personne sèche de cœur)
~ qqn de très méchant
Bernde rew6eere Hammadu mari; keyôum bee ôum he'aay
woyaneego fuu, 0 woyan non.
Hamadou est une femmelette (litt. : a un cœur de femme); il lui
suffit d'un rien pour pleurer.
~ 'cœur', siège de la pensée intime
Kubar 6ernde kam, diga haa yeeso janngete.
L'état du cœur se lit sur le visage. (Litt. : la nouvelle du cœur, c'est à
partir du visage qu'elle est lue.)
Bernde kam na ôum ganyo gondaaôo.
Le cœur, c'est un ennemi avec lequel on cohabite. (C'est du cœur
que proviennent les mauvaises pensées et les mauvaises intentions.)
Ko 0 numi haa 6ernde maako ?
À quoi pense-t-il en son for intérieur?
Bumôo ôon he6ta laawol bee njayawri 6ernde maako.
(Boubakary Abdoulaye, Maroua, 15-10-04)
L'aveugle retrouve son chemin grâce à sa lumière intérieure.
Be mbi'i ôum mistirüjo nyaami mo 6ernde.
On dit que c'est un sorcier qui lui a« mangé» le cœur.
55
l>esda
~ courage
• margo / woodgo llernde
~ être courageux, ne pas se laisser arrêter par les difficultés (litt. : avoir du
cœur / courage)
• margo llernde mbaroogaare
~ être intrépide (litt. : avoir un cœur de lion)
• wadgo llernde
~ faire le fier (litt. : faire le cœur)
56
6esngu
dokkande 6anndu semmbe, kuuje marde nafuuda haa 6anndu,
bana gertogal, tomat, nebbam, lee601, kusel fuu. Taa boo 0
manngoo kuuje bee salte. To 0 nyaamaay welko, kosam duu-
dataa, dam selban bana ndiyam, feere boo tekkan bana mbordi.
Sey to 0 yari lekki tawon hiddeeko dam jootoo, sinaa non, dum
mbaran 6inngel bee law. (Didja épouse Ousmanou, guérisseuse
peule, Dargala, 09-06-04)
Lorsqu'une femme est nouvellement accouchée, elle ne doit pas
manger de sauces fades, (mais) seulement des choses qui donnent de
la force au corps, des choses utiles au corps, comme le poulet, les
tomates, l'huile, le beurre et la viande. Elle ne doit pas non plus
avoir l'habitude d'employer des ustensiles sales. Si elle ne con-
somme pas des sauces savoureuses, elle n'aura pas beaucoup de lait,
il sera liquide comme de l'eau, ou parfois sera épais comme du pus.
Il faudra d'abord qu'elle prenne un remède avant qu'il redevienne
comme il faut, sinon, cela fera mourir l'enfant rapidement.
Ilesna (v.d.)
~ accoucher; cf danya
o ciki lebbi 6esnugo.
Elle est arrivée au terme de sa grossesse. (Litt. : elle a atteint le total
des mois de grossesse.)
To debbo 6esni, sey joodoo balde joweedidi nder suudu fudda
wurtaago.
La femme qui a accouché doit rester sept jours à l'intérieur de la
maison avant de sortir.
- Noy paamrataa hannde a 6esnan doo?
- Reedu am naawan, ndu waylitoo, 6inngel ürtoo. Mi naawra
6aawo jokka yeeso fuu. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère
mousgoum, Petté, 28-05-04)
- Comment sais-tu que tu vas accoucher aujourd'hui?
- Mon ventre me fait mal, il se retourne, le bébé bouge pour sortir.
J'ai mal du dos jusqu'au bas-ventre.
~ mettre au monde (une fille)
57
6esnina
6esnina (v.d.) ; < l)esna
~ faire accoucher
Burna rewIJe fuu mbi'a IJe ngiôaa gorko IJesnina IJe haa lopital;
gooto gooto non jaIJata wargo, ngam IJe mbi'a gorko tiimataa
debbo goÔôo. Kanjum wadi koo kilo fuu IJe ngiôaa wargo.
(Aïssatou Mal Dandi, csr de Meskine, 20-07-04)
La majorité des femmes disent qu'elles ne veulent pas qu'un homme
les fasse accoucher à l'hôpital; il n'yen a que quelques-unes à
accepter de venir parce qu'elles disent qu'un homme ne doit pas
regarder avec insistance la femme d'autrui. C'est pour cela qu'elles
ne veulent pas venir même à la consultation prénatale.
6eta (v.)
~ constiper
Ce verbe implique aussi l'idée de ballonnement.
Kosam ôon IJeta mo.
Le lait le constipe.
6etoo (v.)
~ être constipé et ballonné (pour le ventre)
To 0 yari kosam fuu, reedu maako IJetotoo.
Chaque fois qu'iVelle boit du lait, Welle est constipé(e).
6ewlita (v.)
var. : IJeylita
~ avoir des nausées
6ii-Aadama / 6i66e-Aadama
~ être humain (litt. : fils/fille d'Adam)
Bü-Aadama, âum taggere mboodi. (Prov.)
L'être humain est un serpent lové (litt. : un rouleau de serpent).
Walaa ko hey'"ata IJü-Aadama sey woodaa. (Prov.)
Il n'y a rien qui puisse satisfaire l'homme, sauf quand il n'a rien.
6ila (v.)
~ suspendre, accrocher
o IJilani yam gaari gal kine. (Bouba Djam, CMAO, Meskine, 26-
07-04)
Il m'a alimenté par une sonde nasale. (Litt. : il m'a suspendu de la
bouillie par le nez.)
• IJilgo perfIZyog / ndiyam / baatal
~ poser une perfusion (litt. : suspendre une perfusion)
59
fiinngel
6inngel/ 6ikkon (ou) 6ikkoy - ngeJ/kon (n.d.)
~ enfant (garçon ou fille)
Pamarel hannde, manngel janngo. (Prov.)
Le petit d'aujourd'hui est le grand de demain.
Sooba baaba, naa sooba I>inngel. (Prov.)
L'ami du père n'est pas l'ami de l'enfant. (Il ne peut y avoir les
mêmes relations entre le père et son ami qu'entre l'ami du père et
l'enfant.)
• I>inngel danyaangel / I>ikkon ndanyaakon
~ enfant nouveau-né
• I>inngel guttungel
~ bébé que l'on peut sortir au grand air (litt. : enfant séché)
• I>inngel maama
~ enfant élevé par ses grands-parents (litt. : enfant de grand-parent)
• 6inngel caalitinngel
~ enfant à tenne dépassé (litt. : enfant qui a fait plus que nécessaire)
~ fruit (d'un arbre ou d'une plante) (le pluriel est alors 6i66e et non 6ikkon)
~ (au pluriel) graines
~ intérieur (d'un fruit)
Dunya 6inngel mongoro; mboodaa e nyaamgo, ngel sola. (Prov.)
Le monde est (comme) un noyau de mangue; agréable à consom-
mer, mais il (vous) tombe (des mains). (On prend plaisir à sucer le
noyau de la mangue, mais il vous glisse généralement des mains
avant que vous ayez pu le finir.)
~ graine (à l'intérieur d'un fruit)
6ira (v.)
~ traire (un animal) ; tirer (du lait)
To kosam debbo wonnake, 0 dolla haako jammbal-joohi, 0 yara
o yarna 6iyiiko. Nden 0 6ira kosam ngondam nder endi maako.
o 6ira jur haa hoore maako naawa. (Djebba, ménagère, Maroua,
avril 2004)
Lorsque le lait d'une femme est mauvais, elle doit faire une décoc-
tion de feuilles d' Ocimum canum, en boire et en faire boire à son
enfant. Ensuite, elle doit tirer le lait qui se trouve dans ses seins. Elle
doit en tirer beaucoup, jusqu'à ce qu'elle ait mal à la tête.
61
lloccoonde
&occol dow &uudi (Dicton, Dahirou 2004, p. 51)
un coup de cravache sur un abcès
• &occol &aawo
~ colonne vertébrale (litt. : cravache du dos)
fioloo (v.)
~ peler (intransitif)
Goooo to nyawi tarzagüre yamditi, &anndu maako oon &0100.
Lorsque qqn guérit d'un tarzagüre, son corps pèle.
fioofia (v.)
~ désenfler, diminuer de volume
To innu yewi kesum, babal maajum &uuta tawon, swi, to oon
yamditani, ngal &oo&a.
Lorsque qqn se fait une fracture, l'endroit commence par enfler,
puis, quand cela guérit, l'endroit désenfle.
Be tufi yam baate waoan jeetati, nden &uudi dow hoore &oo&i.
(Oumarou Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
On m'a fait peut-être huit injections, puis l'enflure sur la tête a
diminué de volume.
62
lloyrc
600sta (v.)
~ écorcher, arracher la peau
6oostoo (v.)
~ s'écorcher
A anndi to yüte wuli ma junngo maUa kosngal, to a wadi ndiyam
haa babal ngaal, 600stoo [...]. (Mamaï Viatang, infirmier, chef de
CSI de Douroum, 20-08-04)
Vous savez que si vous vous êtes brûlé à la main ou à la jambe et
que vous versez dessus de l'eau, cela va faire partir la peau (litt. :
s'écorcher) (...).
6oroo (v.)
~ tomber (poils ou cheveux)
To ko'el-suka wadi 6inngel, [...] feere kam maa, gaasa [hoore
maagel] 60roo. (Astawabi, 55 ans, ménagère peule, Petté, 26-05-04)
Lorsqu'un enfant a le ko'el-suka, (...) parfois même, ses cheveux
tombent.
60sla (v.)
~ tordre
~ provoquer/subir une douleur analogue à une torsion
Bernde am don 60sla.
J'ai des crampes d'estomac. (Litt. : mon 'cœur' se tord.)
Gildi daneeji 60slan reedu, caarnan boo. (Ousmanou Hamarwabi,
guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Les ténias provoquent dans le ventre des douleurs analogues à une
torsion, ils donnent aussi la diarrhée.
63
[lU
et font sortir de l'eau. Ensuite, celle-ci descend dans la vessie. Les
reins sont comme un château d'eau. Lorsqu'ils sont pleins d'urine,
celle-ci descend dans la vessie. Quand la vessie est pleine, la
personne a envie d'uriner et elle va pisser.
6ula (v.)
~ sourdre, jaillir (eau)
~ être gorgé de lait (sein)
To 6inngel musini kosam daada mbonnidam, ngel saaran
ndiyam ndiyam, reedu maagel naawan, ngel ja6ataa musingo
fahin, suy endi daada 6ula keewa. (Aminatou Seïny, 18 ans,
ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
Lorsque l'enfant tète un mauvais lait maternel, il a une diarrhée très
liquide, il a mal au ventre et ne veut plus téter; ensuite, les seins de
sa mère se gorgent de lait et se remplissent.
6usoo (v.)
~ résister à la douleur, faire preuve d'endurance
Sey goddo 00 laatoo 0 6usotoodo.
Il faut que la personne en question soit résistante à la douleur.
• 6uudi giigal
~ enflure qui se produit aux articulations (notamment dans la région du
canal inguinal)
• 6uudi peewri ; syn. 6uudi juwe
~ enflure provoquée par le peewri (gonflement de type rhumatismal ou
arthritique)
64
fiuuta
«Rhumatisme articulaire avec enflure et inflammation, ainsi
dénommé (fmudi juwe) parce qu'on le soigne en l'incisant (yuwa :
transpercer)) Noye 1989, p. 416 b.
Caayoori ngonndi I>uutan bana I>uudi peewri. Ammaa, I>uudi
peewri wurtataako gal dow, sey ummaago koppi waogo les.
(Oumarou Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
Il existe un caayoori qui produit une enflure comme par exemple
l'enflure de peewri. Mais elle n'apparaît pas sur la partie supérieure
du corps, seulement à partir des genoux en descendant vers le bas.
Goooo amin to oon bee I>uudi juwe, min cuma mo bee Ial>i
gulki. [...] To I>e cumi pellel man, Iaral ittotoo, suy innu yammti.
(Oumarou Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
Lorsque qqn de chez nous a une enflure causée par le peewri, nous
la cautérisons avec un couteau brûlant. (...) Une fois qu'on a
cautérisé l'endroit, la peau s'en va et la personne est guérie.
• l>uuIe hoore
~ enflurede la tête, empêchant de voir et d'entendre (Noye 1989, p. 60b)
Appartient à la sous-catégorie de I>uudi caayoori.
~ abcès (produit par le caayoori)
Buudi to wam mbordi, waoaay alaama fusgo, I>e kooca
ragareyel bu'e pallaandi, I>e coofna, I>e kawta bee kilbu
nguIaaoam, I>e takka dow maari. Suy, oum woroa. To non
waIaa, I>e kooca I>e tappa nyewre bee kilbu, I>e coofna, I>e takka
dow hunnduko maari. Ko 0 takki dow ton man, nyaama Iaral
dowwaI, fooooya mbordi, suy hunnduko man tesa. (Ammaré, 62
ans, ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
Quand un abcès contient du pus, et qu'il n'a pas l'air d'être prêt à
percer, on prend le petit bout des crottes de margouillat, on les
mouille, on y ajoute du natron brûlé, avant de coller (le tout) sur le
centre (litt. : la bouche) de l'abcès. Puis (l'abcès) va mûrir. Dans le
cas contraire, on écrase un niébé avec du natron, on mouille ça et on
le colle sur le centre (de l'abcès). Ce que l'on colle dessus attaque la
peau de dessus (l'abcès), aspire le pus et (l'abcès) crève (litt. : sa
bouche perce).
6uuta (v.)
~ enfler localement (enflure douloureuse portant sur un secteur localisé
65
caagal
d'un membre ou d'une partie du corps) ; cf uppa
~ être enflammé, avoir une inflammation
Hallere am woore don uppi, hannde wadan balde jeego. Meere
non nde fuddi nde don naawa, 6aawo man, nde 6uuti. [...] Aran
kam, mi tammino dum caayoori wadi yam, njarmi ledde
caayoori, ammaa walaa daama. (Yaya D., hospitalisé à Petté, 28-
05-04)
L'un de mes testicules a enflé, cela va faire six jours aujourd'hui.
Sans aucune raison, il a commencé à me faire mal après s'être
enflammé. (...) Au début, je croyais que j'avais le caayoori, j'ai pris
les remèdes du caayoori, mais il n'y a pas eu d'amélioration.
Banndu am don 6uuti-6uuti, don nyaanya boo sedda sedda to
jemma wadi, ammaa ndu wulaay kam; sey 6uudi ndii don
6esdoo. Dum fuddi yam keenya fajira. Mi donno tappa birikje
zandarmeejo feere. Nden, teema simo naasti yam nder 6anndu.
Yim6e mbii kanjum nyaanyatammi. Dopta boo wii teema woodi
huunde gati yam, malla boo gildi gati yam, ammaa, naa simo
kam. (Bayang Globzana, patient, csr de Dargala, 14-06-04)
J'ai des boursouflures sur le corps et ça démange aussi un tout petit
peu la nuit, mais je n'ai pas de fièvre; il n'y a que cette enflure qui
augmente. Cela m'a pris hier matin. J'étais en train de fabriquer les
parpaings d'un gendarme. Alors, peut-être que le ciment m'est entré
dans le corps. Les gens m'ont dit que c'est ça qui me donne des
démangeaisons. L'infirmier, lui, m'a dit qu'il y avait peut-être qqch.
qui m'avait piqué (mordu), ou que des chenilles m'avaient piqué,
mais que ce n'était sûrement pas le ciment.
c
caagal/ caale - ngal/de (n.)
~ jonction entre les côtes et la colonne vertébrale
66
caavoori
Nyamaande bu'e, sey caarol. (Prov.)
Pour se venger d'un mal, on doit en rendre un pire. (Litt.: le
remboursement de la merde, (c'est) seulement la chiasse.)
To oum caarol SIDA, min tawan geeraaoe SIDA nder coofe nyaw-
00. Nyawu SIDA boo, en anndi hurgataako. (Malama Ngazara,
infirmier, CMAO, Meskine, 26-04-04)
Si c'est une diarrhée de SIDA, nous trouvons les 'germes' (litt.:
œufs) de SIDA dans les selles du patient. Le SIDA, nous savons que
cela ne se soigne pas.
71
caayoon
.
s'est dispersé (dans le corps), c'est cela qui cause le cancer; ce que
l'on entend (appeler) « cancer », c'est le caayoori.
To goooo hel>i lekki caayoori, 0 silla ndi malla 0 bu'a ndi, malla
boo ndi I>uuta I>e tuppa. (Boubakary, marabout, Doualaré, Maroua,
23-11-2004)
Lorsque qqn a pris le remède du caayoori, il l'évacue dans ses
urines ou dans ses selles, ou bien encore, il gonfle et on le perce.
• caayoori daande
~ angine (litt. : inflammation du cou); syn. nyawu daande 1
Goooo marna caayoori daande waawataa moogo koo oume, [...]
nder daande tan naawral woni. (Dankala, laborantin, Maroua, 05-
04-04)
La personne qui a le caayoori du cou/gorge ne peut rien avaler; (...)
c'est dans la gorge seulement que se trouve le mal.
Be oon kurgira caayoori daande bee moccuki balai malla boo
gaarawol, I>aawo man soofna ngol, suy 0 yara. (Abdouramane
Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
On soigne le caayoori du cou/gorge en faisant une incantation
coranique et en crachotant sur une foliole de palmier ou sur un fil,
puis on trempe dans l'eau (la foliole ou le fil) et (le malade) boit
(cette eau).
• caayoori enndu
~ inflammation du sein
• caayoori hoore
~ inflammation de la tête
• caayoori i'e
~ inflammation des os
Caayoori ngonanndi nder i'e, kayri ndiln seekata oe. (Baba
Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
L'inflammation qui se trouve dans les os, c'est elle qui cause une
douleur très forte et permanente (dans les os).
• caayoori noppi
~ otite (litt. : inflammation des oreilles)
Caayooje noppi, I>e oon kurgira oum bee yowtere ibbi. Wakkati
to I>e oon itta nde, koo to nyawoo man waawataa wa"aago, 0
hel>a jamo wa"anoo mo, itta nde. Ammaa, taa nde meema lesdi.
Be kuuwtiniran bee heccere man koo bee yoornde man fuu.
Yoornde kam, 0 hooca 0 dolia, 0 wadira mbusiri njigaari, 0
I>esda jal>l>e 0 yara. Innu to wadi bana nii, 0 yi'an boroe oon Ha.
Suy, noppi man njamdita. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule,
Dogba, 12-05-04)
L'otite, on la soigne avec du gui de Ficus sycomoros. Quand on le
72
caayoon
.
cueille, même si le malade ne peut pas grimper (dans l'arbre), il faut
qu'une personne en bonne santé y monte pour le lui cueillir.
Cependant, (le gui) ne doit pas toucher le sol. On emploie du (gui)
frais aussi bien que du sec. Le sec, on en fait un décocté avec lequel
on prépare une bouillie de sorgho rouge, on y ajoute du tamarin et on
boit (cette bouillie). Si l'on fait comme ça, on verra le pus s'écouler
(de l'oreille). Après, les oreilles seront guéries.
• caayoori nyiiye
~ carie dentaire avec abcès
TRAITEMENT
Haa I>e kurga caayoori nyüye, I>e oon ndolla haako lekki feere,
nyawoo 00 0 suddoo dow fayannde ndee, 0 mal>l>ita hunnduko
maako dow maare, suy gilm oon caama. (Daada Bouba, 35 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04).
Pour soigner la carie dentaire avec abcès, on fait bouillir une certaine
plante, le malade se couvre (avec un tissu) au-dessus de la marmite,
il ouvre la bouche au-dessus, puis les 'vers' tombent un à un.
Walaa e caayoori naawataa, gite, nyiiye... Feere 000, ngilkon
oon peeton peeton naasta nder nyiiye, oon nyaama nyaama nü
haa nyaama oam nyiiye go. To nyaami nü, doole koo oum
I>uuta, ngam ngilkon koon nyaanyan bana madam-calka, malla
sükre gonyotoo larel dowyel. Nü caayoori nyiiye wa'i, ammaa,
ndi walaa wakeere e ndi yaataa. (Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère
peule, Dogba, 22-09-04)
Il n'y a d'endroit où le caayoori ne fasse mal: les yeux, les dents...
Parfois, de tout petits vers pénètrent dans les dents, ils mangent
continuellement jusqu'aux nerfs des dents. Quand ils ont mangé
(ça), ça enfle obligatoirement, car ces petits vers grattent comme le
cancrelat ou le grillon qui rongent l'épiderme. C'est ainsi qu'est le
caayoori des dents, mais il n'y a pas d'endroit où il n'aille (se
loger).
Kurgun caayoori, mi tefa yowtere caski, mi sel>oya bol>ori, mi
hawta mi dolla. Nyawoo yara nyaloe mm tan. (Djougoudoum
Adji, guérisseur guiziga, Dourga-Godola, 01-06-04)
Pour soigner le caayoori, je cherche du gui de Faidherbia albida, je
vais chercher de l'écorce fraîche de Sterculia setigera, je mets tout
ça ensemble et je le fais bouillir. Le malade doit boire ça pendant
deux jours seulement.
~ furoncle (cf ngeemuure)
Le furoncle n'est qu'une manifestation locale du caayoori ou du
peewri.
Be oon tuppa caayoori to worm bee njamndi ngulaandi bee
73
ude
yiite. To wadi bana nii, caayoori hulan loortaago. (Goggo
Damdam, 65 ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
On perce le furoncle, quand il est mûr, avec un fer chauffé au feu. Si
l'on fait ainsi, le furoncle (caayoori) aura peur de revenir.
Yitere naawata yam. Dum fuodi boo daga dabbunde. Wakkati
haa oum fuooa, &uudi ummii diga dow hoore am haa jippii nder
gite, &uudi caayoori. Nde ndi jippii nder gite boo, oe ma&&i,
njaami lopital Dargala. Be tufi yam baate waoan jeetati, nden
&uudi dow hoore &oo&i. Sey lutti dow yitere, ammaa, ndi sottaay
dow ton haa caftumi ngarmi haa 000. Caayoori &uutan koo gal
toy fuu, ammaa ndi am gal hoore ndi yidi wangirgo. (Oumarou
Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
J'ai mal à l'œil. Cela a commencé à la saison froide. Lorsque cela a
débuté, une enflure douloureuse est partie de ma tête pour descendre
dans les yeux, une enflure de caayoori. Lorsqu'elle est descendue
dans les yeux, ils se sont fermés, et je suis allé au dispensaire de
Dargala. On m'a fait peut-être huit injections, puis l'enflure sur la
tête a diminué de volume. Il ne reste plus que (l'enflure) sur l'œil,
mais elle n'a pas bougé, si bien que j'en ai eu marre et que je suis
venu ici. Le caayoori peut provoquer une enflure n'importe où, mais
le mien, c'est sur la tête qu'il aime apparaître.
To haa &e kurga caayoori ngordi, &e ngaoa lee&ol dow yee-
raande maari. To nde fusi nde wurtoo [...], babal ngaal yamdita.
So naa non, to goooo wi'i 0 seeki haa wurtina nde, nde doggan,
nde dilla pellel feere. Bana nii boo, nde yamditittaa law. [...] Be
tuppa caayoori to ndi nanngi babal ngal wordi. To &e nguli bee
yiite, nge yaha nge sumpita babal ngal. (Abdouramane Modibbo,
guérisseur, Petté, 25-06-04)
Pour soigner le caayoori mâle, on met du beurre sur son œuf. Quand
il perce et qu'il sort (...), l'endroit guérit. Dans le cas contraire, si la
personne dit qu'elle l'a incisé (litt. : déchiré) pour le faire sortir, il va
s'enfuir et partir. Alors, il ne guérira pas rapidement. (...) On perce le
caayoori quand il affecte un endroit qui contient du pus. Si on le
cautérise (litt.: si on le brûle avec du feu), le feu transpercera
l'endroit.
DESCRIPTION
Caoawyel-dubbuoe, oum fuufre futtannde dow laral, oon yaha
yaajgo haa waoa bana taarde dow laral &anndu. Dum nyawu
nannganngu &ikkon adoohon dubbuoe na'i &aawo man kon
74
caklungol
ngüwataako. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul,
Dogba,28-04-04)
La « petite maladie de peau du fumier», c'est des petits boutons qui
forment une éruption sur la peau; ils vont en s'étalant jusqu'à
former un rond sur la peau. C'est une maladie qui affecte les enfants
qui transportent le fumier de vaches et qui ne se lavent pas après.
Cadawyel-dubbude, dum fuufre wurtotoo dow lJanndu goddo,
wada taarde bana waalde na'i. To nde wurtake, nde don
nyaanya, don nyaama gaasa boo. Dum sadawre fuddata dum.
(Haman et Sannda Ournarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
La « petite maladie de peau du fumier», ce sont des petits boutons
qui forment une éruption sur la peau; ils font des ronds qui
ressemblent à l'enclos à bétail. Quand ils sortent, ils font tomber
(litt. : ils mangent) les cheveux également. C'est le sadawre qui en
est la cause.
TRAITEMENT
Be don kurgira ngel bee yarki haa pellel man bee koskon
mbalJlJattu.
On la soigne en scarifiant l'endroit atteint avec des pattes de criquet.
Goddo tefa cakitittoongel rubbunde nagge, itta tis go, wuja haa
pellel cadooyel-dubbude. (Marna Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-
04)
La personne doit chercher la pointe qui couronne la bouse de vache,
en prendre un tout petit peu et en frotter l'endroit atteint par la
maladie en question. (Lorsqu'une vache bouse, le dernier lâcher est
constitué d'un petit berlingot qui vient se ficher au centre de la bouse
déjà étalée sur le sol.)
To cadawyel-dubbude nanngi innu, lJe don njülJa dubbude na'i
bee leelJol, lJe nguja haa pellel ngeel. (Haman et Sannda Oumarou,
guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
Lorsque la « petite maladie de peau du fumier» affecte qqn, on
mélange de la bouse de vache avec du beurre frais et l'on en frotte
l'endroit (atteint).
76
cii600wu
Nyawu cü600wu, oum hoddiroore. Daga 600yma boo ngu oon.
To ngu nanngi goooo, kusel oon rufa, fooya haa warta bana
leggel. (Bah Ua, 55 ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
La maladie de cü600wu, c'est une décision divine. Elle existe
depuis bien longtemps. Quand elle affecte qqn, sa chair fond (litt. :
s'écoule), il maigrit et devient (sec) comme une tige de bois.
• SIDA; cf SIDA
Nyawu cü600wu woodi gildi. Kanji ôJin njahata naata nder
ü'am innu, nden, di mbonna mo ü'am. Dokta'en oon yeewnoo
di « viris». To gorko hawti bee debbo maroo cü600wu, mana
boo gorko oon mari ngu, suy raa6a oya. Feere boo, to goooo
yahi lopital, 6e loowani mo yUyam maroo cü600wu, ngu raa6an
mo. Mana boo, to 6e yari goooo mana 6e pemmbi mo 0 oonno
bee cü600wu, to 6e pemmbi goooo feere nü bee reeza maajum,
suy ngu nanngan mo. Reeduujo to oon mari ngu, ngu raa6an
6inngel mum wakkati danygo. Wakkati 6esnugo 6e ndokka
debbo 00 leooe feere 0 mooa. To 0 oon mooa oe, nde go foti
6inngel daoa, nyawu nanngataa ngel. Ammaa, haa ko min
ngi'ata, nder 6ikkon nayon ndanyaakon, gootel tan wurtotoo
woodaa cü600wu. Feere boo, to 6e ngidi haa 6inngel hisa, 6e
ceeka daada, 6e ngurtina ngel. To 6e ngadi bana nü, ngel hisan
margo nyawu cü600wu nguu. (Dr Gottingar, médecin-chef de
l'hôpital de Bogo, 05-07-04)
La maladie du SIDA a des 'germes'. Ce sont eux qui pénètrent dans
le sang de la personne, puis ils lui altèrent (litt. : gâtent) le sang. Les
médecins les appellent « virus ». Si un homme a des relations
sexuelles avec une femme qui a le SIDA, ou si c'est l'homme qui l'a,
alors, elle/il contamine l'autre. Parfois, lorsque qqn va à l'hôpital et
qu'on lui transfuse (litt. : verse) du sang contaminé (litt. : ayant le
SIDA), il sera contaminé par (le SIDA). OU encore, lorsque l'on
scarifie qqn qui a le SIDA ou qu'on le rase, dès que l'on rase une
autre personne avec ce rasoir, elle sera contaminée (litt. : (le SIDA) la
saisira). Si une femme enceinte a le SIDA, celui-ci contaminera
l'enfant lors de l'accouchement. Au moment d'accoucher, on donne
à la femme divers médicaments à avaler. Si elle les prend, il se peut
parfois que l'enfant échappe (à la contamination) et que la maladie
ne l'affecte pas. Mais, d'après nos constatations, sur quatre
nouveaux-nés, un seul sortira indemne. Parfois, si l'on veut que
l'enfant échappe (à la contamination), on opère la mère et on le fait
sortir. Si l'on fait ainsi, (l'enfant) échappera au SIDA.
ORIGINE
Nyawu SIDA 6e mbi'ata jonta 000, fuu Alla jipplDI ngu.
Booyma, oum cü600wu 6e mbi'ata ngu. To ngu nanngi goooo,
77
oum oon woroa bee doggere boo. Innu oon timma-timma non,
waato 0 warta njokkon-njokkon.
La maladie du SIDA, comme on dit maintenant, c'est Dieu qui l'a
envoyée sur terre (litt.: qui l'a fait descendre). Autrefois, on
l'appelait cüfioowu. Quand elle affecte qqn, la personne a des
boutons infectés (litt. : elle mûrit) ainsi que la diarrhée. La personne
maigrit complètement, elle devient squelettique (litt. : elle devient
petites articulations petites articulations, Le. rien que des os).
Hanndeere ndee, en ngeewtan haala nyawu nguu fie mbi'ata
cüfioowu. Kangu nguun fiillata duniya hannde. Ngu walaa gal
men 000 fiooyma, ammaa, jonta 000, ngu sampitake her duniya
fuu. Gallesoe Nasaara'en ngu wanngiri. Haa samarooka'en boo
fie tawfie ngu, waato gorko maa sey bee gorko yaadata, debbo
boo bee debbo bana mum. Be tawfie ngu fahin haa wuykoofie
bee baate. Waato fie moofitoo fie jur. Gooto hooca baatal tufoo,
hokka feereejo boo tufoo, bana nü fie pat haa fie piilta. Sey nü
non nyawu cüfioowu naastiri fie. Nasaara'en ndaari, caka yimfie
limtuoen 000, nyawu ngootu fie mari. Be tuutan, fie caaran, fie
pooya foddeeko fie maaya. Daga duufii noogas, ngu wanngiri
haa mafifie. Sey hannde ngu jokki en haa 000. (Gueye, infirmier
CS! de Meskine, 24-06-04)
Aujourd'hui, nous allons causer de la maladie qu'on appelle SIDA.
C'est elle qui perturbe le monde actuellement. Elle n'existait pas
chez nous autrefois, mais maintenant, elle est répandue dans le
monde entier. C'est en Europe qu'elle est apparue. On la trouve
aussi chez les homosexuels, c'est-à-dire un homme qui va seulement
avec un homme, ou une femme (qui va) avec une femme comme
elle. On la trouve encore chez les drogués qui se piquent (litt. : ceux
qui se saoulent avec des piqûres). Ils se réunissent nombreux. L'un
prend une seringue et se pique, il la donne à un autre qui se pique, et
comme ça jusqu'à ce qu'ils aient fait le tour complet. Voilà
comment le SIDA entre en eux. Les Blancs ont constaté que, parmi
les gens que nous avons cités, c'est une seule maladie qu'ils ont. Ils
vomissent, ils ont la diarrhée, ils maigrissent avant de mourir.
Depuis vingt ans, (le SIDA) a fait son apparition chez eux. C'est
aujourd'hui seulement qu'il nous a rejoints ici. (Cette citation, tirée
d'un entretien éducatif conduit par un infirmier lors de consultations
prénatales, est typique de la mauvaise adaptation du message au
public visé. En effet, il ne s'adressait qu'à des femmes enceintes, a
priori peu concernées par la question de l'homosexualité, d'une part,
et qui ignorent même l'existence de drogués qui se piquent avec des
seringues. Ces considérations, ainsi que la prétendue origine
européenne de la maladie, ne peuvent que détourner l'attention des
femmes en question des vrais risques qu'elles encourent.)
78
ciifioowu
TRANSMISSION
Nyawu cülloowu oon naastira yimlle gal reeza, moollodal gorko
bee debbo, hokkugo goooo yUy"am to oam laaraaka booooum,
ngam yUy"am to oon mari ngu raallan goooo mo walaa ngu.
Debbo maroo reedu to oon mari ngu, raallan Ilinngel mum,
ngam yUy"am daada kanjam Ilinngel huuwtinirta. Ammaa, laabi
naastinandi nyawu nguu haa Ilinngel ouuodi. To luuwe nanngi
daada, ngel oon oallllita laawol wurtaago, oum naastan ngel,
malla boo haa tay"go jaabuuru. Doo kam sey paamon sonaa to
daada maagel oon mari nyawu nguu. Haa gal kosam boo, ngu
raallan wakkati Ilinngel to oon musina. (Gueye, infinnier, CSI de
Meskine, 24-06-04)
Le SIDA entre dans les gens par les lames de rasoir, les relations
sexuelles entre homme et femme, le don de sang lorsque celui-ci n'a
pas été bien contrôlé, car si le sang contient (le SIDA), cette maladie
contaminera la personne qui ne l'a pas. La femme enceinte qui l'a
contaminera son enfant, car c'est le sang de la mère qu'utilise
l'enfant. Mais les voies par lesquelles cette maladie pénètre dans
l'enfant sont multiples. Lorsque les douleurs saisissent la mère et
que l'enfant cherche le passage pour sortir, cela peut entrer en lui, ou
bien également lors de la section du cordon ombilical. Cela, nous
devons comprendre (que cela ne se produit) que si la mère a la
maladie. Par le lait aussi, (le SIDA) pourra contaminer l'enfant
lorsqu'il tète.
DIAGNOSTIC
Meere non walaa no goooo helltira cülloowu, sey to Ile njaari
nyawoo 00 haa daarorgaI. Ammaa, feere boo, to a mmi mo, a
heditake, a ü'i mo reedu, a laari her naawata mo, a laari sifa
maako, tuutgo, saargo, sonndaago bee nyaanyaago, bee duurgo,
a nanndinan ngu bee cülloowu. Ammaa, haa paamaa fakat, sey
to a yaari mo haa radiyo. (Amadou Roufaou, infinnier à l'hôpital
de Petté, 28-05-04)
Il n'y a pas moyen de reconnaître facilement le SIDA, sauf si l'on
conduit le malade à la radioscopie. Mais, parfois, si vous le regardez
attentivement, si vous l'écoutez (avec le stéthoscope), si vous lui
appuyez sur le ventre, si vous voyez là où ça lui fait mal, si vous
voyez son aspect, ses vomissements, sa diarrhée, sa toux, ses
démangeaisons et la durée (de sa maladie), vous penserez que cela
ressemble au SIDA. Mais pour en être absolument sûr, vous devez le
conduire à la radio.
TRAITEMENT
Lekki cülloowu [i.e. SIDA] cadki jamum, ammaa, to nyawu nguu
gasaay haa Ilanndu goooo, to 0 oon nyaama nyaamdu woondu,
79
ciHlO(rWU
odon hafida bee ledde Baleefie, ngu torrataa mo law. Worfie
ngu fiurata jaggugo law. [...] Ko fuddata ngu, dum gildi. To
reedu maako salake huunde, warta 0 don tuuta, 0 don saara. To
goddo nyawdo ngu, 0 moofiodake bee jamo, ngu raafian mo.
Kanjum wadi mbümi dum gildi. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 30-
04-04)
Il est très difficile de soigner le SIDA, mais, quand il n'est pas installé
depuis longtemps chez le malade, si celui-ci a une bonne
alimentation et qu'il se débrouille avec les remèdes indigènes, la
maladie ne le gênera pas rapidement. Ce sont surtout les hommes
que (le SIDA) maltraite rapidement. (...) Ce qui le cause, ce sont des
'vers'. Si l'estomac de la personne refuse certaine nourriture (litt. :
une chose), celle-ci vomit et a la diarrhée. Lorsque qqn souffre de
cette maladie et qu'iVelle couche avec une personne saine, la
maladie contaminera cette dernière. C'est pour cela que j'ai dit que
ce sont des 'germes' (qui la causent).
To reeduujo wari haa amin, ko min aartata laargo, to 0 woodi
nyawu cüfioowu malla gaaye. To min ndaari to 0 woodi ngootu
caka maaji, min ndokka mo lekki haa 0 hefia ngu de"ita.
(Atchibi Thérèse, aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
Lorsqu'une femme enceinte vient nous voir, la première chose que
nous examinons, c'est si elle a le SIDA ou la syphilis. Si nous
constatons qu'elle a l'une de ces maladies, nous lui donnons un
médicament pour qu'elle puisse la calmer.
COMPORTEMENT À ADOPTER VIS-À-VIS DE LA MALADIE
To haa fie ngaddana kala debbo fuu faddoode nyawu cüfioowu,
wadataako. Ammaa, kala debbo reeduujo fuu, to ngu meemi
mo, fie poti fie kada ngu yottaago fiinngel. Doo boo, sey to 0
warlawi lopital fie ndaari yUyam maako. Burna ko yimfie
paamaay kam, to fie ndaari goddo don tuuta, don saara, don
fooya, fie mbi'a dum cüfioowu. Ammaa, to gildi âIin kanji tan
naasti mo, na 0 walaa ciifioowu tawon. 0 don bana ngaaden, 0
nyaaman, 0 yaran, walaa ko sannjata haa maako. Be mbi'i to
goddo yidaa moofiodal jamum bee jananfie, dum laatataako
nyawu cüfioowu haa wada duufii jeedidi, koo ngam 0 don mari
gildi âIi nder fianndu maako boo. Onon boo, fie mbi'i min to on
ngari kilo, sey min ngaazina on dow haala nyawu ciifioowu. To
fie ndaari YUyam debbo 00 don bee maagu, fie mballita mo fie
ayna mo boo taa ngu naasta fiinngel maako. Waato, kala debbo
reeduujo fuu sey wada teste, ngam aynugo fiinngel maako taa
ngu naasta ngel. Rewfie feere boo ngidaa min paamana fie to fie
don bee gildi âIi na fie ngalaa. Taa fie kultora ngam walaa
paamando kuude maajum sey doktorjo daardo mo tan. 0
80
ciifioowu
wi'ataa ka boo koo moy a woodi gildi cül'Joowu. Sirri âon haa
maaka. To l'Je tawi gildi ôü haa maa, l'Je ndokkete lekki moâaa.
Nyannde luuwe nanngi ma boo, l'Je ndokkete godki moâaa. To a
danyi, woodi siro l'Je tammü hokkugo l'Jinngel maaâa boo yara.
To ngel wadi lebbi sappo e jeetati, l'Je ndaara y'Uy'"am maagel. "Be
tawan ngel, kangel kam, ngel walaa nyawu cül'Joowu. (Gueye,
infirmier CSI de Meskine, 24-06-04)
II est impossible de prévenir le SIDA auprès de chaque femme. Mais
chaque femme enceinte, si le SIDA l'a touchée, on peut empêcher
qu'il atteigne l'enfant. Là aussi, il faut qu'elle vienne vite au centre
de santé et qu'on examine son sang. Ce que les gens interprètent
mal, généralement, quand ils voient qqn vomir, avoir la diarrhée et
maigrir, ils disent que c'est le SIDA. Mais si ce sont seulement les
'vers/germes' du SIDA qui sont entrés en lui/elle, il/elle n'a pas
encore le SIDA. Il/elle est comme nous, il/elle mange, il/elle boit, rien
ne change en lui/elle. On dit que si qqn n'aime pas trop les relations
sexuelles hors couple (litt. : avec des personnes de l'extérieur), le
SIDA ne se manifestera pas (chez lui/elle) avant sept ans, même
s'il/elle a les 'vers/germes' du SIDA en lui/elle. Quant à vous, on
nous a demandé de vous donner des conseils relatifs au SIDA quand
vous venez à la consultation prénatale. Si l'on constate que le sang
de la femme est contaminé, on l'aide et on la surveille afin que (la
maladie) ne pénètre pas chez son enfant. C'est-à-dire, il faut que
chaque femme enceinte fasse le test (de dépistage) pour veiller à ce
que son enfant ne soit pas contaminé. Certaines femmes n'aiment
pas qu'on sache à propos d'elles si elles ont ces 'vers/germes' ou
non. Elles ne doivent pas avoir peur, car personne n'en sera informé
sauf l'infirmier qui les examine. Il ne dira à personne que vous avez
le SIDA. C'est une chose qu'on garde secrète. Si l'on trouve ces
'vers/germes' en vous, on vous donnera des remèdes à avaler. Le
jour où les douleurs vous prendront, on vous en donnera encore un
autre à avaler. Quand vous aurez accouché, il y a un sirop qu'on
pensera à donner à boire à votre bébé. Quand celui-ci aura dix-huit
mois, on examinera son sang. On constatera que lui n'a pas le SIDA.
Ko ngiâmi wiigo on, itton nder ko'e mon ko l'Je mbi'ata to goââo
mari nyawu cül'Joowu, 0 walaa kurgun, sey maaygo tan luttani
mo. To 0 wadi teste maako, l'Je tawi ngu âon haa maako, l'Je
mballitan mo, âum juttinan mo boo balâe, 0 maayataa bee law.
Kanjum ngiâmi wiigo on hannde ndee, ngam moy fuu sey waâa
hakkiilo haala nyawu cül'Joowu. Taata mal'Jl'Jaare haâa mo
waâgo teste maako. 0 acca kulol boo. No min ngidi kam, sey
kala garâo kilo fuu waâa teste mum. (Gueye, infirmier CSI de
Meskine, 24-06-04)
Ce que je veux vous dire, c'est d'ôter de votre tête ce que l'on dit
81
.. .
CUCl
lorsque qqn a le SIDA, (à savoir) qu'il ne peut se soigner (litt. : Welle
n'a pas de remède) et qu'il ne lui reste qu'à mourir. Si (la personne)
fait son test et qu'il se révèle positif, on va l'aider, cela allongera sa
durée de vie (litt. : ses jours) et elle ne mourra pas rapidement. Voilà
ce que je voulais vous dire aujourd'hui, afin que chacune fasse
attention au sujet du SIDA. Il ne faut pas que, par bêtise, (une femme)
n'aille pas se faire dépister. Elle ne doit pas avoir peur. Ce que nous
voulons, en fait, c'est que chaque femme qui vient à la visite
prénatale fasse son test.
82
cHle-naange
joortugo cille
pisser debout (litt. : faire couler en filet la pisse)
cille-naange (n.c.)
« urine (qui brûle comme le) soleil »
~ cystite, infection urinaire
~ bilharziose urinaire
cirit (adv.)
• (chier) de petites crottes, ou par petites quantités
To a ôon bee nyaamooji, a bu'ataa dakamôe, ôe ôon ngurtoo
cirit cirit non.
Si vous avez des oxyures, vous ne chiez pas des étrons, mais ça sort
en toutes petites quantités.
86
ciwto
SiwtuIJe barkante'en daga Alla. Baaba bec daada keIJan barka bee
jawdi. (Dada Mamma, accoucheuse traditionnelle, Zala, 12-08-04)
Les jumeaux sont bénis par Dieu. Leurs père et mère auront
bénédiction et richesse.
Teema to gorko moolJodake bee debbo mum 0 silli nde didi,
kanjum watta siwtuIJe. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
C'est peut-être lorsqu'un homme a des relations sexuelles avec sa
femme et qu'il éjacule deux fois que cela donne des jumeaux.
• siwtuIJe nannduIJe
• jumeaux homozygotes, jumeaux univitellins (litt.: jumeaux qui se
ressemblent)
• siwtuIJe IJe nanndaay
• jumeaux hétérozygotes, jumeaux bivitellins (litt. : jumeaux qui ne se
ressemblent pas)
Dum anniya Alla oon hokkata debbo siwtuIJe. To goddo woodi
dabare danygo siwtuIJe, 0 danyan siwtuIJe corok, ammaa, walaa
dabare maajum. [...] To debbo looti, hawti bee gorko, 0 reedan.
To dum lJinngel gootel, 0 meetataa lootgo, sey to 0 danyi.
Ammaa, to dum siwtuIJe, IJaawo haylugo maako bee hawtugo
bee gorko, to wadi lewru wooru, 0 lootan fahin ngam IJinngel
godngel, kanjum wadata haa 0 faama law. Bee non fuu, rewIJe
wodDe kam paamataa sam. [...] To IJinngel gootel, reedu debbo
saalataako lebbi jeenay, to IJesdi boo nyalde nay koo jowi;
ammaa to siwtuIJe kam, reedu maako cikan lebbi sappo. To
reedu siwtuIJe ciki lebbi jeedidi, 0 tampan, 0 waawataa
wancugo. [...] Danygo siwtuIJe nannduIJe, dum risku. To IJe
nanndaay boo, dum torra ngam IJe narrataa. Arano, maran
baaba, cakitiido boo maran daada, nden IJe kaajootiran. To
arano haIIi, 0 mbara daada, gerdinaado oya. To cakitiido haIIi, 0
mbara baaba, gerdinaado oya. Nden, IJe njoodoo bilaa baaba
bee daada hiddeeko IJe narra. Nden, kamIJe IJeen keIJata jawdi
baaba bee daada. SiwtuIJe ngonataa meere. Be don bee hikma.
Bee numooji maIJIJe ôIin, IJe mbardirta saaro'en maIJIJe. Foti IJe
mbumna goddo yaasi to mettini IJe IJernde. Been kam, baaba
umrataa IJe. [...] SiwtuIJe nannduIJe boo, IJe narran, IJe mardan
baaba bee daada fuu kalkal. Walaa 00 mo oya. Hikma maIJIJe
boo waddanan daada bee baaba rlsku. Ammaa, kamIJe boo, IJe
ngidaa saajoojo maIJIJe, IJe mbaran mo to 0 danyaama nü.
Baaba bee daada boo, taa mettina IJe IJernde, ngam gooto
maIJIJe, to IJernde metti, maayan meere non. [...] Be ngadanan
saaro'en maIJIJe ko ngidi, kamIJe boo IJe ngadan ko IJe ngidi. Be
koltina IJe Iimce nanndude, IJe ngidida IJe kalkal, IJe ngadana IJe
87
ciwto
al'aadaaji mal)l)e, I)e ndokka I)e kuuje feere feere jur, dokke
âeen cottinta kaUeeli mal)l)e. Koo to I)e mawni, I)e I)agan maUa
I)e I)agdana I)e nyalde woore. (Dada Habiba, accoucheuse
traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
C'est la volonté de Dieu qui donne à une femme des jumeaux. Si
qqn avait le moyen d'avoir des jumeaux, il ne mettrait au monde que
des jumeaux, mais ce moyen n'existe pas. (...) Si une femme s'unit à
un homme après avoir eu ses règles, elle sera enceinte. Si (elle est
enceinte) d'un seul enfant, elle n'aura plus de règles jusqu'à
l'accouchement. Mais en cas de grossesse gémellaire, après avoir eu
ses règles et s'être unie à un homme, au bout d'un mois, elle aura de
nouveau ses règles pour un autre enfant, c'est ce qui fait qu'elle
comprend rapidement (qu'elle aura des jumeaux). Malgré ça, il y a
des femmes qui n'y comprennent rien. (...) S'il y a un seul
enfant/embryon, la grossesse de la femme ne dépassera pas les neuf
mois, ou si cela les excède, ce sera de quatre ou cinq jours ; mais, en
cas de jumeaux, sa grossesse atteindra les dix mois. Quand une
grossesse gémellaire atteint les sept mois, (la mère) s'épuise et elle
ne peut plus se déplacer. Avoir des jumeaux qui se ressemblent, c'est
un gage de chance. S'ils ne se ressemblent pas, au contraire, c'est
une souffrance car ils ne s'entendront pas. Le premier s'attachera
(litt. : aura) au père, le suivant, à la mère, ensuite, ils seront jaloux
entre eux. Si le premier est méchant, il tuera sa mère qui est préférée
par l'autre. Si le suivant est méchant, il tuera son père, qui est préféré
par l'autre. Alors, ils resteront sans père et sans mère avant de se
réconcilier. Ensuite, ce sont eux qui auront les biens du père et de la
mère. Des jumeaux ne restent pas inactifs. Ils savent ce qu'ils font
(litt.: ils ont de la réflexion). C'est avec calcul qu'ils tuent leurs
géniteurs. Il arrive qu'ils rendent aveugle une personne extérieure (à
la famille) si celle-ci les a contrariés. Ceux-là, leur père ne peut les
commander. (...) Quant aux jumeaux qui se ressemblent, ils
s'entendent entre eux, ils s'attachent à leurs père et mère de façon
égale. Aucun n'a de préférence particulière. Leur action réfléchie
porte chance à leur mère et à leur père. Mais eux, cependant, ils
n'aiment pas leur puîné, ils le font mourir à la naissance. Leur père
et leur mère ne doivent pas non plus les contrarier, car s'il est
contrarié, l'un d'entre (les jumeaux) mourra sans raison particulière.
(...) Ils accomplissent les désirs de leurs parents, ceux-ci à leur tour
font ce que (les jumeaux) désirent. Ils leur procurent des vêtements
qui se ressemblent, ils les aiment de façon égale, ils leur font tout en
commun (litt. : ils leur font leurs coutumes), ils leur offrent des tas
de choses, et ce sont ces cadeaux qui les font modifier leur
comportement méchant. Quand ils sont devenus adultes, ils se
marient ou on les marie le même jour.
88
comn·
Siwtul>e feere, daga daada mal>l>e danyaay I>e, I>e ngaran I>e
ndaara pasali saare ndee. To I>e ndaari I>e mbaawan joooaago,
I>e ndanya I>e. Kaml>e I>e ndanyan I>e nde njoweedidi nder
ngeendam mal>l>e. To goooo I>illani I>e, I>e nanngan mo gite.
Sinaa to 0 tuubi hiddeeko I>e njoofa mo. Siwtube feere boo, I>e
oon ndaara haala nyawuuji nanngandi siwtul>e. Be ndaaran boo
ko waoata yeeso. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Certains jumeaux, avant que leur mère les mette au monde, viennent
examiner la situation de la famille. S'ils voient qu'ils peuvent y
demeurer, on les accouche (i.e. ils acceptent de venir au monde).
Eux, on les accouche sept fois dans leur existence. Si qqn les impor-
tune, ils le prennent aux yeux. Il lui faut demander pardon avant
qu'ils le relâchent. Certains jumeaux également sont spécialistes des
maladies des jumeaux. Ils prévoient aussi l'avenir.
Siwtul>e feere woodl)e, feere boo hanul>e ; kanjum wadi I>e mbi'i
ndikka to I>e kawti gorko bee debbo dow gorko bee gorko, mana
boo debbo bee debbo. (Bello, guérisseur traditionnel, Dogba, 24-
09-04)
Certains jumeaux sont bons, d'autres mauvais. C'est pour cela qu'on
dit qu'il vaut mieux des jumeaux dizygotes (litt. : s'ils réunissent
garçon et fille) que des jumeaux homozygotes (litt.: garçon et
garçon ou fille et fille).
Siwtul>e worl>e dioo kippidittaa kifinooje bee baaba mal>l>e.
Baaba hippoo hifinoore, I>e kippoo hifinoore, waoataa. Baaba
kam sey dilla, mana boo ciwtel gootel dilla. Ammaa waoataa I>e
dioo fuu I>e suka'en, I>e oon ngondi bee baaba gooto. Ammaa
rewl>e kam, walaa ko waoata. (Bello, guérisseur traditionnel,
Dogba, 24-09-04)
Deux jumeaux de sexe masculin ne peuvent porter de bonnet en
même temps que leur père. Que le père porte un bonnet et qu'ils
portent un bonnet, cela ne se fait pas. Soit le père meurt (litt. : s'en
va), soit l'un des jumeaux. Mais il est impossible qu'ils arrivent à
l'adolescence tous les deux leur père étant vivant. Pour ce qui est des
filles, il ne se passe rien.
89
coofe
coofe - ne (n.d.v.); < soofa
~ excreta (euphémisme; litt. : mouillures)
Les termes cille « urine» et bu'e « merde » sont considérés comme
indécents et on les remplace par les euphémismes suivants:
• coofe cewne
~ urine (litt. : mouillures fines)
• coofe looroe
~ selles (litt. : mouillures grosses)
Mi oon nana coofe.
J'ai envie d'aller aux toilettes.
90
cuutirgel
Cuti nyawnan pa()()ooje. Mbaalee nder sannge !
Les moustiques donnent le paludisme. Passez la nuit sous une
moustiquaire! (Message diffusé pour inciter la population à dormir
sous une moustiquaire. Le problème est que l'on dort volontiers sous
une moustiquaire pour se protéger des Culex, bruyants et à la piqûre
douloureuse, mais qu'en cas de présence d'Anophèles, très dan-
gereux mais indolores et non bruyants, on ne ressent pas la nécessité
de se mettre à l'abri.)
Woodi cufu, to ngu gati goddo, tooke maagu naasti nder y'liyam,
nden, dum nyawna mo nyawu pa()()ooje bee minizi. (Marnaï
Viatang, infirmier, chef de CSI de Douroum, 20-08-04)
Il existe un moustique, quand il pique (litt. : mord) qqn, son venin
pénètre dans (son) sang, puis, cela lui donne le paludisme ou la
méningite.
cukku - ngu (n.d.v.) ; < sukka
~ asthme; cf peewri-cukku
daaba(v.)
~ faire des selles (pour un nourrisson)
93
daande
un traitement (par voie orale), elle ne le fait pas pendant les six mois
(requis), dès qu'elle ressent un petit mieux, elle arrête de prendre les
médicaments.
• daama Fume
~ état de santé plus grave qu'on ne le dit (litt. : le mieux des Peuls)
Un Peul dira toujours que cela va mieux, même si la personne
concernée est à l'article de la mort. Cela fait partie du bon
comportement tel qu'il est régi par le pulaaku.
daaro / daarooji - nga/di (n.) ; < hausa [daa'fo] «grande cuvette ou grand
bol en cuivre jaune»
~ bassin, bassine
• daaro leeso / daarooji leece
~ bassin hygiénique (litt. : bassin de lit)
95
daaynindira
daaynindira (v.d.); < daayoo
~ espacer
dada (v.)
~ s'échapper
dajje-de
~ poison (d'origine naturelle), venin; cf tooke
dakam- (adj.)
~ significatif, consistant
ndiyam ndakamdam
une quantité d'eau significative
Naa dum huunde dakamre ndokkudaa yam, sakko mbi'aa yo a
wajatam.
Ce n'est pas une chose bien importante que tu m'as donnée,
comment peux-tu prétendre à ma reconnaissance ?
96
danngo
dakkaare - nde (n.d.v.); < dakkoo
~ malpropreté, manque d'hygiène
Daliila dakkaare, haa tuundi fudi haa daande maako. (Bouba-
kary Abdoulaye, Maroua, 03-08-04)
Welle est d'une telle malpropreté que la crasse sort de son cou!
Ko fuooata nyawu tanndaw, oum dakkaare daadiraalJe.
Ce qui cause le tanndaw, c'est le manque d'hygiène des mères.
danya(v.)
~ engendrer
Ndaa ko danyde, walaa ko yende. (Prov.)
Voilà un être avec qui on peut avoir des enfants, mais avec qui on ne
peut pas vivre. (Si l'on épouse une femme peule, on peut avoir de
beaux enfants, mais il est difficile de garder la mère.)
Lawlawku Maa bana mbasu maccuoo : danya, Fulfie naftoroo.
Ton comportement précipité ressemble à un pénis d'esclave: il
engendre (des enfants), (mais ce sont) les Peuls qui (en) profitent.
(Les enfants d'esclaves deviendront à leur tour des esclaves, au
service de leur maître.)
Daga to fiikkon danyaaka, gal baaba kon ngoni, ngam daada
kam oon bana iraada booro jafi-siga, waato 0 jafifioo Mani
baaba waoa fiinngel. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Avant que les enfants naissent, c'est du côté du père qu'ils se
trouvent, car la mère ressemble à un simple réceptacle (litt. : un sac
«prends et garde »), c'est-à-dire qu'elle accueille le sperme du père
qui fait l'enfant.
Dum gorko yaaranta debbo fiinngel. Haa gorko fiinngel woni.
Baawo baloe cappan nay, to 0 hawti bee debbo, 0 waoan reedu.
(Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
C'est l'homme qui amène l'enfant chez la femme. C'est chez
l'homme que se trouve l'enfant. Au bout de quarante jours, s'il
s'unit à la femme, elle sera enceinte.
To gorko silli nder debbo, oum yaha oum jooooyoo haa suudu
fiinngel, waoa y....i yam. Baawo baloe cappan nay, oum warta
heWere. To oum laatake morlere, kadi boo laatoo tayre kusel,
kadi boo oum laatoo koskon bee njuukon, bee ngiton. Waoa
lebbi jeenay foddeeko debbo danya. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba,
23-09-04)
Quand l'homme éjacule dans la femme, cela va rester dans l'utérus
et former du sang. Au bout de quarante jours, cela devient un caillot.
Ensuite, cela devient un morceau de chair, puis cela se transforme en
petits pieds, en petits bras et en petits yeux. Il faut neuf mois avant
que la femme mette au monde.
Haa Giziga'en waooofie kuli, fie oon ngaoa al'aada mafifie
ngam haa fie ndanya gorget malla dewel. Ammaa, mi anndaa
wodlJe kam. Feere, oum jaabanoo fie kuli mafifie hakkunde
mafifie bee Alla. Naa kala MOY fuu to wadi nii hefian non go.
98
danya
(Dada Habiba, accoucheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Chez les Guiziga faiseurs de sacrifices traditionnels, ils ont certaines
pratiques à eux pour avoir un garçon ou une fille. Mais je ne connais
pas d'autres (populations qui fassent ça). Parfois, ces pratiques
marchent entre eux et Dieu. Tout le monde ne pourra pas obtenir le
même résultat en faisant ainsi. (DH évoque des pratiques magiques
qui permettent de choisir le sexe du bébé à naître.)
Hannde mi danyaay. (Noye 1989, p. 72-73)
Jusqu'à présent, je (homme ou femme) n'ai pas eu d'enfant.
Goooo to danyi kam, koo maayi na majjaay. (Boubakary
Abdoulaye, Maroua, 22-10-04)
La personne qui a eu un enfant, même si elle meurt, elle ne disparaît
pas.
Danygo wonete lekki waade. (Boubakary Abdoulaye, Maroua, 22-
10-04)
Faire des enfants, voilà le remède à la mort.
Danya wanya na waoataako. (Boubakary Abdoulaye, Maroua, 22-
10-04)
Mettre au monde des enfants et les haïr, ça ne se fait pas.
~ mettre au monde (un garçon), donner naissance à (un garçon) (pour une
femme) Cf I>esna.
Dans la pratique actuelle, il y a peu de locuteurs à faire vraiment la
différence entre danya pour un garçon et I>esna pour une fille.
Innu maayan e danyi, maayataa e danyaa. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
On peut mourir là où l'on a donné naissance, mais pas où l'on est né.
(Une personne âgée pourra vivre avec ses enfants, il n'y a qu'eux qui
seront capables de l'aider.)
Bikkon am dioon ndanymi haa saare. Woodi debbo feere
keeddiodiraawo amin wallimmi feere maako fer. Walaa ko 0
I>orni haa junngo fuu, I>aade 0 hal>l>animmi reedu bee adikko. 0
oon biooa gal les haa 0 hel>a 0 wallita I>inngel wurtaago.
(Damdam Haman, CSI de Meskine, 29-06-04)
l'ai mis au monde mes deux enfants à la maison. Il y a une voisine à
nous, toute seule, qui m'a aidée. Elle n'avait pas de gants (litt. : elle
ne portait rien aux mains), mais elle m'a attaché le ventre avec un
foulard. Elle appuyait dessus vers le bas pour aider l'enfant à sortir.
Jaawal danyni rawaandu mbumkon. (Prov.)
Par précipitation, la chienne a mis bas des (chiots) aveugles. (Litt. :
la précipitation a fait mettre bas des petits aveugles à la chienne.)
(Les chiots sont aveugles à la naissance; cela est dû, dit-on
plaisamment, au fait que leur mère a été trop pressée de mettre bas et
99
danygol
qu'elle n'a pas attendu qu'ils soient à terme.)
• faddaago danygo ou faddaago reedu
~ pratiquer le planning familial (litt. : empêcher les naissances/empêcher
la grossesse)
Cette expression est à bannir si l'on veut faire la promotion du
planning familial. Voir daaynindira.
Mi meedaay faddaago reedu, ammaa mi don nana fie don mbi'a
baate bee ledde man don. Mün kam, mi meedaay numgo bana
nü, ngam fiikkon am njownjowndindiraay, mi haafiaay boo, kon
duudaay sakko mi faddoo danygo. (Doudou Farikou, ménagère
peule, 39 ans, Petté, 24-05-04)
Je n'ai jamais pratiqué le planning familial (litt. : empêché une gros-
sesse), mais j'entends dire qu'il y a des piqûres et des médicaments
pour ça. Quant à moi, je n'ai jamais eu cette idée, car mes enfants ne
s'empilent pas les uns sur les autres,je ne suis pas fatiguée (d'accou-
cher) non plus, (mes enfants) ne sont pas nombreux au point que
j'empêche une (nouvelle) naissance.
• fofgo danygo
~ induction de l'accouchement (litt. : provoquer la mise au monde)
danyorde Cf nyalaade
darja - ka (n.) ; < arabe [daraja] « rang»
var. : daraja
~ valeur; degré, stade
• darja nyawu
~ stade d'une maladie, niveau de gravité d'une maladie
100
davive ~'
darna (v.d.)
~ mettre droit, redresser
~ arrêter
• darnugo y.. .iy'"am
~ stopper une hémorragie (litt. : arrêter le sang)
daroo (v.)
~ être debout
Gujjo jooâIido oon wadi dariido darii wujji.
C'est un voleur assis qui a permis à qqn qui était debout de se tenir
debout et de voler. (Dicton qui signifie qu'un voleur emploie
souvent un complice qui détourne l'attention de sa victime.)
Darüdo to wi'i haa waaloo, do"otoo. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
Si la personne qui est debout veut se coucher directement, elle va
tomber. (Si l'on veut se coucher alors qu'on est debout, on
commence par se pencher, puis on s'agenouille, etc.)
Mo walaa ko mari, walaa e darü. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui qui ne possède rien n'a pas où se tenir. (Il n'a pas de place
dans la société.)
~ s'arrêter
dendene - de (n.)
~ polype nasal (?)
To goooo mari dendene, hoore maako naawan, oum yUyam
moolltii haa nder kine maako, oam wostataako; dam oon
moolltii haa deydey tiinde. Dum y....iyam nyawoam oaantii. Koo
ngoooam feere njamam wari, tawan oam oon oaanü, oam man
boo hellataa saaloo. To haa oam wurtoo, sey wogga paalla dow
tiinde maako. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul,
Dogba, 28-04-04)
Lorsque qqn a un polype dans le nez, il a mal à la tête; c'est le sang
qui s'est massé dans son nez et qui y stationne; cela se masse
jusqu'au niveau du front. C'est du mauvais sang qui est coagulé.
Même si d'autre bon sang vient, il trouvera celui-là qui stagne et il
ne pourra pas passer. Pour que le (mauvais sang) sorte, il faut frotter
un gros crapaud sur le front (du malade).
IDS
dir6a
comment les enfants pourraient-ils être en bonne santé?
dir6a (v.)
~ écraser, réduire en pâte
~ digérer (un aliment)
Reedu dirl)aay nyaamdu.
L'estomac n'a pas digéré. (Litt.: l'estomac n'a pas écrasé la
nourriture.)
Feere boo, nyaamdu lakasndu hawta bee naange. Gildi reedu
mbaawataa dirl)ugo, sey di tuuta, nden goooo 00 boo saara. (Mal
Saïdou Djakaou, guérisseur guiziga, Ligazang-Loubour, 23-05-04)
Parfois aussi, une nourriture insipide s'ajoute à (la chaleur du soleil).
Les vers intestinaux ne réussissent pas à digérer (litt. : écraser) (la
nourriture), alors ils la vomissent et la personne, elle, a la diarrhée.
diwna(v.)
~ trembler, grelotter, trembloter, frissonner
To dabbunde saati, yiml)e fuu mbaala diwnugo.
Quand la saison froide est rigoureuse, tout le monde passe la nuit à
grelotter.
To 0 yi'i debbo nü, 0 oon diwna non.
Dès qu'il voit une femme, il ne fait que trembler.
To nayeewu naasti nü, goooo oon diwna feere mum non.
Quand la vieillesse est arrivée, la personne ne fait que trembloter.
• diwnugo I)anndu
~ tremblement (physique)
106
doggina
dizanteri - nga (n.) ; < français « dysenterie»
~ dysenterie (à flagellés, amibienne ou bacillaire) ; cf eemoral
Terme employé par les personnels médicaux et par certains patients
qui les répètent. Pour le commun, on parle de eemoral.
Amü(), kanjum ()uri duudgo nder reedu. Di eumpitan tetekol,
wada dizanteri. (Ahidjo, infirmier à l'hôpital de Baga, 13-08-04)
Les amibes, c'est ce qu'il y a en grand nombre dans le ventre. Ils
percent l'intestin et provoquent la dysenterie.
doha(v.)
~ avoir envie de vomir, avoir la nausée; syn. sicca ; cf llernde
108
dolo
• doktor 6ikkon
~pédiatre
• doktor gite
~ ophtalmologue
• doktor hoore
~ psychiatre
• doktor laboratuwar
~ laborantin, laborantine
• doktor nyüy"e
~ dentiste
• doktor parmasin
~ pharmacien, pharmacienne
• doktor rew6e
~ gynécologue
dola (v.)
~ avoir faim (individuellement) ; cf weelo
Noye (1989, p. 85a) cite ce verbe à la voix passive: doleego.
Gildi ja16alji bee gildi daneeji, nder sompoode di njoodotoo. To di
ndoli, di mba"itoo haa 6ernde. Kanjum wadata goddo don nana
dolo meere meere. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Les ascaris et les ténias, c'est dans les gros ventres qu'ils demeurent.
Quand ils ont faim, ils remontent jusqu'au 'cœur' (zone épigas-
trique). C'est pour cela que la personne a faim sans raison.
doUa (v.)
~ faire bouillir
• leppi dollaadi
~ draps lavés à 100°
~ cuire à l'eau
~ faire une décoction de (plantes médicinales)
dolla-yara - ki (n.c.)
~ décoction à boire, décocté (litt. : [on] fait bouillir / [on] boit)
109
do"oo (v.) ; cf doWoo
doyya(v.)
var. : do"a
~ faire tomber
doyyoo(v.)
var. : do"oo
~ tomber, faire une chute, être entraîné à terre en perdant son équilibre; cf
yana
To leeso faadi, 6ü njanan do"otoo. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si le lit est étroit, le fils d'autrui tombera à terre. (S'il n'y a pas de
place pour tout le monde, ceux qui ne font pas partie du premier
cercle resteront dehors.)
dunya(v.)
~ repousser, écarter
III
duppa
Dunya gabde geeto. (ProY.)
La Yie est le tanin (litt. : gousses d'Acacia nilotica) du Yiyant. (C'est
la Yie qui tanne la peau de l'être Yiyant. Les cuirs à tanner passent
par trois bains successifs d'eau contenant des gousses d'Acacia
nilotica wabdere. Cf Tourneux et Yaya 1987, p. 155.)
D
d'aamol /d'aami - ngolldi (n.)
~ rate; cf. nanol
Daamol, d'um tayre non, nde d'on juuti, nde d'on bana yrlyam to
moo&take. (Abdouramane Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
La rate, c'est un simple morceau (de chair), allongé, qui ressemble à
du sang caillé.
Daamol d'on d'akkii meere non. Koo ngol waati boo, walaa ko
wad'ata. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
La rate est simplement plaquée comme ça. Même si elle ne
fonctionne plus, cela n'a pas d'importance.
Kuugal d'aamol, senndugo yrlyam mbood'd'am bee kallud'am.
Ngol nelda yrlyam mbood'd'am gal &ernde. Kallud'am boo,
huuwa kuugal feere. (Mal Hamadou, marabout, Bogo, 28-06-04)
Le rôle de la rate, c'est de séparer le bon sang du mauyais. Elle
enyoie le bon sang au cœur. Quant au mauyais, il a un autre rôle.
Kuugal d'aamol, moo&tugo gilobil-ruus baatdi. [...] To ngol
naawnake, &e itta ngol &e ngudina. Walaa ko wad'ata god'd'o, 0
maayataa [...]. Yim&e jur d'on nganca bilaa d'aamol haa reedu.
112
d"abba
Koo to « globules rouges» mbaati boo, di ndoyyoo nder
bonnjokru; IJaawo don, di ngurtoo gal bu'e. (Gaïvaï Ganava,
infinnier chef, CSI de Gazawa, 03-08-04)
Le rôle de la rate, c'est de rassembler les globules rouges morts. (...)
Si elle a été blessée, on l'enlève et on la jette. Il n'arrivera rien à la
personne, elle ne mourra pas (...). Beaucoup de gens se promènent
sans rate. Même si des globules rouges sont morts, ils tomberont
dans l'estomac, puis ils seront évacués avec les selles (litt.: ils
sortiront du côté des selles).
Daamol woni yenaande gilobil-ruus. To gilobil-ruus mbaati,
kangol namata di, ngam taa di njoodoo haa reedu. (Mamaï
Viatang, infinnier, chef de CSI Douroum, 20-08-04)
La rate est le cimetière des globules rouges. Quand les globules
rouges meurent, c'est elle qui les écrase pour qu'ils ne restent pas
dans le ventre.
oaanoo (v.)
~ donnir
oabba(v.)
~ poser une compresse chaude
113
oailila
~ apaiser, calmer, soulager
Ndaa suudu dabbugo naawe de lekki waawaay hurgugo fuu.
Voici la pièce où l'on soulage toutes les douleurs que les
médicaments n'ont pu guérir. (Dit d'une salle de kinésithérapie.)
dalllla(v.)
~ apaiser
To haa lopital kam, walaa kurgun maagu, ammaa 6e dabban
non.
À l'hôpital, il n'y a pas de remède pour cette (maladie), ils l'apaisent
seulement.
d"ed"d"a (v.)
•. étrangler
[Ngilngu] nguu d"on gelina yam non, sorkammi, mi sonndoo
seed"a, mi d"on nana bana to huunde d"ed"di god"d"o nü d"on jooôn.
(Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Ce (ver) n'arrête pas de me chatouiller, il m'étouffe, je tousse un
peu,je sens comme si quelque chose (m')étranglait sans lâcher prise.
d"eed"a (v.)
~ blesser superficiellement, érafler
• demngal el'eldu
~ langue de varan aquatique; métaphore : « hypocrite »
• demngal jaabanaangal
~ langue à laquelle (Dieu) répond; métonymie: «personne de bien qui
voit toutes ses demandes exaucées par Dieu »
• demngal mboodi
~ langue de serpent (belle à voir mais dangereuse); métaphore:
« hypocrite »
• demngal bumngal
~ jeteur de mauvais sorts (litt. : langue aveugle)
• dama-demngaljo
~ qqn qui s'exprime avec clarté (litt. : personne à la langue droite)
• digga-demngaljo
~ qqn de bienveillant dans ses paroles (litt. : personne à la langue douce)
• ramma-d"emngaljo
~ qqnde peu loquace (litt. : personne courte de langue)
• tedda-demngaljo
~ qqn doté d'une élocution lente (litt. : personne lourde de langue)
~ personne incapable de s'exprimer au moment où Hie faudrait
• wela-demngaljo
~ qqn de mielleux (litt. : personne à la langue douce)
~ voix (sens métonymique)
Mi don maata demngal Saali haa doo.
J'entends d'ici la voix de Sali.
~ façon de parler
117
d'ereewoJ
Demngal maako laa&aay.
Il parle mal. (Litt. : son parler n'est pas propre.)
Aliyum hooci âemngal baaba maako cee.
Alioum a pris exactement la façon de parler de son père.
~ (souvent au pluriel) mauvaises langues (dont les effets sont analogues à
ceux du mauvais œil)
Haa men enen juul&e, walaa mistiraaku nyaamgo goââo.
Demngal woni mistiraaku: « Wayne, a yi'an ! », Alla jaaboo.
Demngal ngaal, ko mbiiâaa fuu waâan. Malla ngaâaa haala bee
goââo, mbi'aa mo : « Alla meerte, Alla haâe belâum !» 0 huuca
o do"oo, 0 nafataa, kuuje maako kalki. Doo woni âemngal
nanngi, ammaa, dunya waddi mistiri'en.
Chez nous les musulmans, il n'y a pas de sorcellerie mangeuse
d'hommes. C'est la mauvaise langue qui constitue la sorcellerie:
« Un tel, tu vas voir! », et Dieu réalise ta menace (litt.: Dieu
répond). Cette mauvaise langue, tout ce qu'elle dit se réalise. Ou
bien, si tu fais une histoire avec qqn et que tu lui dises: « Que Dieu
te réduise à rien, que Dieu te prive de tout agrément ! » Il rentre chez
lui et il tombe, il ne peut (Plus) rien faire, tous ses biens sont perdus.
C'est dans un cas comme ça qu'on dit que la langue a attaqué (litt. :
pris), mais, le monde actuel a amené les sorciers.
To yim&e âon mbolwa kalluka dow goââo, âum jii&an mo.
Feere kam, goââo saawtan, dilla ladde. Ammaa, to goââo 00
wari haa am, mi daman mo. Ko &e mbolwata fuu yaalataa mo
sam. Mi se&a âemâewal bee nanniwal, mi suuma mo. (Mal Salé,
guérisseur, Mindif, 22-05-04)
Lorsque l'on dit du mal de qqn, cela le perturbe (litt. : l'embrouille).
Parfois, la personne devient folle et part en brousse. Mais, si cette
personne vient me voir, je l'arrête. Rien de ce qu'on a dit (d'elle) ne
l'atteindra. Je prends de l'écorce fraîche de âemâewal et de
nanniwal et je lui fais des fumigations.
Demâe ngoni e maako.
Il est victime des mauvaises langues. (Litt. : les (mauvaises) langues
sont sur lui.)
Demâe ngibbinan lekki dariiki maa, sakkonta &ii-Aadamaajo.
(Boubakary Abdoulaye, Maroua, 20-10-04)
Les mauvaises langues peuvent faire tomber même un arbre, à plus
forte raison une personne.
Demâe ngam &inngel maako garsa.
Les mauvaises langues ont provoqué le garsa chez son enfant.
dingina (v.d.)
~ bander, entrer en érection (mot tabou) ; cf. ummina
Cette douleur perçante qui se produit entre les côtes est attribuée à la
piqûre d'un ascaris (jaif)alwu).
Jaif)alji, kanji tufata baa becce, &e mbi'a dum disal.
Les ascaris, ce sont eux qui provoquent une douleur perçante aux
côtes, ce que l'on appelle « point de côté )).
Hakkee 0 doggi daga daayüdum baa disal disi MO.
Comme il est venu de loin en courant, un point de côté l'a
transpercé.
ooija(v.)
~ tousser (toux occasionnelle ou peu forte) ; cf. sonndoo
119
d'omka
borgne qui tourne la tête pour regarder.
Haa wuro wumlie, ookkulie laamlie.
Au pays des aveugles, les borgnes sont rois. (Proverbe français)
Dokko ganyo Alla.
Le borgne est ennemi de Dieu.
oomka-ka
~ soif
Weelo bee oomka oalilia wargo yam. (Noye 1989, p. IOOa)
La faim et la soif vont me faire mourir.
Innu munyan weelo, ammaa munyataa oomka.
On peut supporter la faim, mais pas la soif.
Mo oomka naawata kam, koo y"eewi faayaalo boo, wi'a oum
ndiyam.
Celui que la soif torture, même s'il aperçoit au loin un mirage, il dit
que c'est de l'eau.
~ désir sexuel
Domka debbo naawatammi.
Le désir de femme me fait souffrir.
120
eenloral
âoyngol/ âoydi - ngolldi (n.)
~ sommeil
Doyru teko iwataa daga nder fiernde, ammaa don nannga haa
kondondol. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-05-04)
La toux de la coqueluche ne provient pas de la poitrine (litt. : de la
région épigastrique), mais elle attaque au fond de la gorge.
âuwoo(v.)
~ s'abriter, se mettre à l'abri
eemoo(v.)
~ pousser en ahanant, faire des efforts pour expulser (selles, bébé) ; syn.
otta
Reeduujo eemoo haa soma foddeeko danya.
La femme se fatigue à pousser en ahanant avant d'accoucher.
eertoo (v.)
~ boiter du fait d'une différence de longueur entre les jambes
Kosngal maako jokki kam, ammaa 0 ôon eertoo.
Sa fracture de la jambe a été réduite, certes, mais il boite. (Litt. : sa
jambe est raboutée, certes, mais il boite.)
egzameg Cf ezameg
ekarter - nga (n.)
~ écarteur (instrument servant à maintenir écartées les lèvres d'une plaie,
les parois d'une cavité naturelle, les muscles au cours d'une amputation,
etc. (Quevauvilliers 2005, p. 162)
Woodi ekarter nga fie mafifiitirta reedu wakkati to fie ceeki
goôôo ngam haa fie kefia fie ndaara nder maaru. (Oumarou
Amadou Yaya, infirmier, hôpital de Maroua, 18-08-04)
122
emoroyid'
Il Y a les écarteurs avec lesquels on maintient le ventre ouvert (litt. :
on ouvre le ventre) lorsque l'on opère qqn, afin de pouvoir examiner
l'intérieur.
ela (v.)
~ blesser à la tête
Soobaajo maako eU mo bee hayre.
Son camarade l'a blessé à la tête avec un caillou.
elta (v.)
~ dresser (un animal)
~ éduquer (un enfant), le mettre dans le droit chemin
Haa wod1Je, fiygo doo wonataa nder eltugo I>inngel, nder
bononda dum woni; ammaa nasiya, kanjum woni booddum.
(Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Selon certains, les coups ne font pas partie des méthodes éducatives
(litt. : ne sont pas dans l'éducation de l'enfant), mais de celles qui
perdent (l'enfant) ; mais les bons conseils, voilà ce qui est bien.
enoam-oam (n.)
~ lait maternel; cf kosam
126
enteeki
Mi Ilagi budurwa nü enndu !
J'ai épousé une fille qui a une sacrée poitrine!
Budurwaajo hellaay gorko haa endi mbaali.
La fille n'a pas eu de mari avant que ses seins tombent.
A ndottiijo, daaya marlle endi Ile ngalaa ennam Ilee !
Tu es vieux; éloigne-toi de celles qui ont des seins mais pas
d'affection!
endi dariidi cir
des seins bien dressés
• faandu enndu / paali endi
~ un sein bien rond (litt. : une gourde de sein)
• fungo endi
~ apparition des seins (expression trop directe pour être employée en
société; cf iiwa)
• musingo enndu
~ téter
• namgo endi
~ écraser les seins
Pour favoriser la montée du lait, ou pour faciliter l'allaitement, on
pince le sein entre des tiges de mil ou entre des bâtons (bâton pour
remuer la boule, par exemple) ; deux sont placés dessous, et on fait
rouler l'autre dessus en appuyant, tout en versant de l'eau très
chaude dessus.
INSULTES
endi baaji
seins raplapla (litt. : seins en (forme de) lanières d'écorce)
endi mbeewa
seins (en pis) de chèvre
enta (v.d.)
~ sevrer
To haa daada enta Ilinngel, sey ngel wana duulli didi.
Pour qu'une mère sèvre son enfant, il faut qu'il ait deux ans.
To daada non enta Ilinngel mum, 0 wuja endi maako cirta.
Quand une mère sèvre son enfant, elle enduit ses seins de piment.
• Ilinngel entaangel / Ilikkon entaakon
~ enfant sevré
127
entuki
Enteeki maagel daga siwaa 000 duppini ngel.
Un sevrage trop précoce l'a rendu rachitique.
128
ezanlcg
les oxyures), j'en ai fait une décoction que j'ai bue avec de la
bouillie de sorgho rouge, mais cela n'a rien donné, ce ver n'a ni
augmenté ni diminué. Alors, j'en ai eu assez et je suis allé à
l'hôpital. (...) Quand j'ai vu le docteur, il a dit qu'il m'opérait. Et
moi, j'ai accepté. Ensuite, il m'a opéré des deux côtés, au bas-ventre.
(...) Chez nous, on travaille dur, on boit l'eau des mares et l'on ne
sait pas par où ces 'vers' entrent. Avant de venir à l'hôpital, on me
disait que c'était les 'vers' de la hernie (que j'avais).
CAUSES
Dum sukar fuooata erni. Dam moolJtoo moolJtoo haa uppa.
Bana to innu yari oam jur, 0 huuwataa kuugal koo ngaleewal,
haa nyaale maako fuu lJuuta, sey lJe ceeka. (Haman et Sannda
Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
C'est le sucre qui provoque la hernie. Il s'accumule en masse,
jusqu'à faire un gonflement. Si, par exemple, qqn boit beaucoup de
(boissons) sucrées, il ne pourra faire le moindre travail, même ses
aines gonfleront, et il devra être opéré.
To debbo wari waogo kilo, min kilotoo mo bilaa ceede jur. Min
oon njolJna mo teemerrewol bee booro bee reeta jey ezameg. [...]
Nde go, to debbo wari yolJi ceede kilo, 0 walaa oe ezamegji, 0
oon wi'a les maako oon nyaanya, kuuje daneeje oon ngurtoo
haa ton, min mbi'a mo 0 sooda suuset juuoe tan min ndaara
oum, min kelJana mo lekki kurganki mo. (Bernadette Godwé, CSI
de DougoÏ, Maroua, 07-09-04)
Quand une femme vient passer la visite prénatale, nous la lui faisons
sans qu'elle ait à payer une grosse somme. Nous lui prenons cinq cents
francs plus mille cinq cents pour les examens. (...) Parfois, lorsqu'une
femme vient, qu'elle paie la consultation mais qu'elle n'a pas l'argent
pour les examens et qu'elle dit que son sexe la démange, qu'il en sort
des choses blanches, on lui dit d'acheter des gants seulement; nous
examinons la chose et nous lui trouvons le remède qui la soigne.
129
faaldu
130
faarde
il vient d'en bas et se dirige vers le haut, car tout ce qui est à
l'intérieur sort à l'extérieur. Même le sang, il émerge du bas et se
dirige vers le haut. Si qqn ne comprend pas ce qu'on lui dit, on dit
« Voilà! Il n'a pas de tête (i.e. il n'est pas intelligent) ! » ou « Il n'a
pas de hakkiilo. »
Haa 6inngel he6a faama, 6e ke6ana ngel teeoeendu nder ladde
ndu tawetee, ndu oon süka jemma. To a nanngi ndu, goccitaa
lonngere loowaa ndu nder maare, tamaa, suy mooonaa 6inngel
bilaa waacitaago sam. Binngel mooa ndu bee yonki maaru. Ndu
yahan ndu waata nder reedu. Feere boo, 6e oon kawta oam
ganjannji bee binndi, 6e ngamra lekki faamu. Be puooan
waoango 6inngel lekki kü wakkati 0 fuom janngugo nü. MaUa
boo, sey to 6e tawi 0 takki, 6e ngaoana mo ki. Yim6e feere boo
oon njarna 6inngel ta66e. To 6e itti oe, 6e njoorna, 6e nama.
Suy, 6e njilla oum nder binndi ngel yara. (Gadjiwa, guérisseur,
Dogba, 30-04-05)
Pour que l'enfant ait de l'intelligence, on lui prend une cigale trouvée
en brousse et qui stridule la nuit. Quand vous l'avez capturée, coupez
une bouchée de « boule », enfoncez-y la, faites-en une boulette, puis
faites-la avaler tout rond à l'enfant (litt. : sans mâcher). L'enfant doit
l'avaler vivante. Elle ira crever dans son estomac. Parfois encore, on
mélange des racines de Mimosa pigra avec des « rinçures» d'écrits
coraniques et on fait avec ça un « remède» (qui donne) de l'intel-
ligence. On donne à l'enfant ce remède dès qu'il commence à étudier.
Ou bien, si l'on constate qu'il est « bouché» (litt. : collé), on le lui
administre (également). Certaines personnes font avaler à l'enfant des
bulbes de nénuphars. Une fois qu'on les a déterrés, on les fait sécher et
on les écrase. Puis, on mélange cela avec des « rinçures» d'écrits
coraniques pour qu'il le boive.
To 6inngel haari jamum, oum sargan mo janngugo, bana nü
y"akkugo gooro boo. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 30-04-04)
Quand un enfant se gave de nourriture, cela le gêne dans son étude,
de même que la consommation de noix de kola.
~ connaissance, compréhension, résultant de l'exercice de l'intelligence
To innu suklanake huunde jamum, 0 maranan nde faamu.
Si qqn porte beaucoup d'intérêt à qqch., il en acquerra la connais-
sance.
131
faasko
Nyawu metemetelde waoa paare paare dow boore.
La teigne provoque des taches blanches un peu partout sur la tête.
~ macule hypochromique de la lèpre
Innu to baaba mum kuturuujo no, kanyum boo oon nana
I>anndu mum oon seeka, maUa boo lamlame saoawre ngurtake,
paaroooe paaroooe mbanngi ber innu, 0 anndi nyawu
kuturaaku nanngi mo. (Bah Ila, 55 ans, berger peul, Mayo-
Kodjolé, 09-09-04)
La personne dont le père était lépreux, et qui sent son corps se
« déchirer », ou (qui voit) les taches blanches de la lèpre sortir, ou
des macules hypochromiques (taches blanches) apparaître sur elle
par-ci par-là, elle sait qu'elle est atteinte de la lèpre.
faasko - ko (n.)
~ poils pubiens (terme tabou) ; cf. lal>ruba
o fum faasko.
Welle a des poils au pubis.
132
t'ad'd'cre
Alla haodini fuu, (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum,
Petté, 28-04-05)
- Si tu veux éviter d'avoir un enfant, comment fais-tu ?
- Nous autres, au village, nous ne savons pas, nous devons venir
demander à Tante Anne-Marie, puisqu'elle a le médicament pour ça.
Si elle n'en a pas, tu dois te débrouiller comme ça (i.e. accepter les
grossesses comme elles viennent) tant que Dieu n'a pas mis un
terme (à ces grossesses).
faooa
~ assommer, faire perdre connaissance
Do"aago maako daga dow lekki faodi MO.
n s'est assommé en tombant du haut de l'arbre.
faooee (v.d.) ; < fad'd'a
~ être assommé, perdre connaissance, tomber dans le coma
Yim6e piyi gujjo haa 0 faooaa.
Les gens ont frappé le voleur au point qu'il a perdu connaissance.
• paoe juuta-teppereeje
~ chaussures à talons hauts
faloo (v.)
~ être bloqué, subir une constriction qui empêche de fonctionner
Bernde am oon faloo.
Je ressens une oppressionlconstriction cardiaque.
Reedu am oon faloo.
Je suis constipé. (Litt. : mon ventre est bloqué.)
~ avoir une occlusion (intestinale ou des voies urinaires)
135
fa ln d'a
[...] To hayre nyilJake gal cille tokkotoo, goââo 00, diga 0 âon
silla seââa seââa nü, haa âe acca wurtaago sam. Warta sey lJe
ceeka mo, lJe itta nde. Be âon mbi'a nyawu nguu boo
« falaago». [.••] To hayre nde falake, sey seekeego tan. (Amadou
Roufaou, infinnier, hôpital de Petté, 28-05-04)
(...) Si la pierre se fonne du côté par où passe l'urine, (voici ce qui
arrive à) la personne: elle commence par pisser par petites quantités,
pour finir par ne plus pisser du tout. Il ne reste qu'à l'opérer et à
enlever (le calcul). On appelle aussi cette maladie une occlusion (des
voies urinaires). (...) Si la pierre est bloquée, on doit obligatoirement
se faire opérer.
To reedu falake, âum tetekollJoslotoo. Ngoi tilJoo bana to goââo
halJlJi ngol. To min ceeki innu maajum, min pista ngol, feere
boo, min tawa pellel ngeel nyoU, sinaa min kuusa ngel, nden min
njokka di. (Oumarou Amadou Yaya, infinnier, hôpital de Maroua,
18-08-04)
Quand il y a une occlusion intestinale, c'est que l'intestin s'est
entortillé. Il est noué comme si on l'avait attaché. Lorsque nous
opérons qqn qui a ça, nous dénouons (l'intestin); parfois, nous
constatons que l'endroit est putréfié, nous l'excisons, puis nous
recousons (litt. : rejoignons) (les deux bouts de l'intestin).
famoa(v.)
~ être en trop petite quantité, manquer
• famâugo y1iy'"am
~ anémie (litt. : manque de sang)
farji - di (n.)
~ sexe féminin; cf kuttu
Ce tenne d'origine arabe pennet d'éviter le nom peul des organes
sexuels de la femme, ressenti comme extrêmement grossier.
fata (v.)
~ bouillonner (mannite de pâte)
~ gargouiller (ventre)
feoeendu Cf fedeengo
feera (v.)
~ éclater (spontanément), s'ouvrir (capsule végétale)
feewa(v.)
~ refroidir (intransitif)
137
fecwna
Ko wuli fuu feewan. (Prov.)
Tout ce qui est chaud se refroidira. (Au plus fort d'une mauvaise
situation, on doit se dire que les choses s'apaiseront un jour ou l'autre.)
fera (v.)
~ avoir l'esprit ouvert, être civilisé
Cooko perâo I)uran marâo kumüâo. (Prov.)
Celui qui n'a rien mais dont l'esprit est ouvert vaut mieux que celui
qui a et dont l'esprit est bouché.
fesa (v.)
~ faire une marque triangulaire sur la peau en y appliquant un fer chaud
~ faire des pointes de feu
139
fctta
fetta (v.)
~ éclater (abcès, pneu)
Nde huuduure doo fetti na, mbordi ili jur.
Quand la plaie infectée a éclaté, il s'en est écoulé beaucoup de pus.
feyyoo(v.)
~ survenir à l'improviste
Mi anndaa ko waddata nyawu nguu, ngu feyyotoo non.
Je ne sais pas ce qui provoque (litt. : amène) cette maladie, elle
survient à l'improviste.
fi600 (v.)
~ souffrir d'une rétention (de selles / d'urine), d'où être constipé, souffrir
d'une rétention d'urine
Goddo to filiake, 0 soofataa, sey lie ceeka mo ngam gaasawol
yaata faloo haa nder suudu-cille, sukka laawol maaje. (Abdou-
ramane Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
Lorsque qqn souffre d'une rétention d'urine, il ne pisse pas et on doit
l'opérer, car il y a un poil qui va s'incruster dans la vessie et qui
bouche le canal urinaire.
• filire sompis
~ difficultés urinaires causées par la gonococcie
fiua (v.)
~ tirer, lancer (une flèche, un caillou, etc.)
~ procurer une douleur lancinante
Hoore am don fida.
J'ai une douleur lancinante dans la tête.
140
fillinoo
fiifa (v.)
~ souffler par le nez pour faire sortir (la morve) ; se moucher; cf nyitta
Originellement, traduit le geste qui consiste à se comprimer une
narine avec le doigt et à souffler pour déboucher l'autre, ou à
comprimer les deux narines avec les doigts légèrement au-dessus des
ailes du nez, et à souffler pour les déboucher. Maintenant, le verbe
peut s'employer même si l'on se sert d'un mouchoir ou d'un tissu
pour se moucher.
Hakkee fIifgo ndamba bee juude, 0 I>oostidi kine maako fuu.
Il s'est tellement mouché avec les doigts (litt. : mains) qu'il s'est mis
le nez complètement à vif (litt. : il a complètement écorché son nez).
Goddo perdo nder leppol fiifata.
La personne civilisée se mouche dans un tissu.
fija (v.)
~ jouer, s'amuser
• fijirgo zakari
~ se masturber (homme) (litt. : jouer avec le pénis)
~ avoir des relations sexuelles (euphémisme)
Mi don ayna hoore am taa SIDA nannga yam. To a fijaay bee
worl>e jur kam, naa a don ayni hoore Maa ? (Dou., prostituée, 24
ans, Domayo, Maroua, 25-02-06)
Je me surveille, de peur d'attraper le SIDA. Si tu ne t'amuses pas
avec beaucoup d'hommes, n'est-ce pas que tu te surveilles?
fillinoo (v.)
~ gonfler au maximum (avec risque d'éclatement) ; cf uppa
Naawral ndamba huul>idinan I>anndu fuu muudum. Masalan,
hoore seekan, dam daande pillinoo, becce boo naawa. (Djebba,
malade, CSI de Makabaye, 24-03-04)
La douleur du ndamba recouvre tout le corps. Par exemple, la tête
se fend, les nerfs du cou sont prêts à éclater, les côtes également font
mal.
141
tina
tina (v.)
~ se réveiller
To innu yidi dawgo na, sey tina daga ba&&ol siwaa.
Si qqn veut partir de bonne heure, il doit se réveiller avant l'aurore.
Aartudo maa daanaago aartete tingo. (Prov.)
Celui qui s'endort avant toi se réveillera avant toi.
(La personne âgée a plus de connaissance que la plus jeune.)
tiya (v.)
~ battre, frapper
Haa wodl)e, tiygo doo wonataa nder eltugo &inngel, nder
bononda dum woni; ammaa nasiya, kanjum woni booddum.
(Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Selon certains, les coups ne font pas partie des méthodes éducatives
(litt. : ne sont pas dans l'éducation de l'enfant), mais de celles qui
perdent (l'enfant) ; mais les bons conseils, voilà ce qui est bien.
fofa (v.)
~ causer, provoquer
Yidgo janande fofata nguyka. (Boubakary Abdoulaye, Maroua,
25-10-04)
C'est la convoitise pour le bien d'autrui qui cause le voL
Yargo kosam lammudam fofani mo pa&&ooje.
Le fait de boire du lait fermenté lui a donné le paludisme.
Jillindirgo nyaamdu fofani mo naawral reedu.
Le mélange d'aliments lui a donné mal au ventre.
follitoo (v.)
~ pâlir
142
fooyrc
To a woodi gildi daneeji, a follitittoo, yeeso maa boo uppan.
(Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Quand vous avez le ténia, vous devenez pâle et votre visage gonfle.
• fooogo taba
~ fumer (litt. : aspirer du tabac)
foofa(v.)
~ respirer, inspirer
fooy'"a (v.)
~ maigrir
Mi fooyi mi warti bana kuoel, ammaa, reedu kam oon uppi non.
(Bouba Djam, CMAO, Meskine, 26-07-04)
J'ai maigri et je suis devenu comme un brin d'herbe, mais mon
ventre ne faisait qu'être enflé.
forta(v.)
~ tendre (la main, le bras, la jambe)
fortoo(v.)
~ s'allonger, s'étendre
DESCRIPTION
To goooo nyawi fuloodu, kusel reedu maako wurditoo, suy
tetekol wurtoo. Ndu oon nanngira goooo haa les reedu gal wut-
tudu nyaamru maUa nandu, koo maa gal guttuli mm fuu. [00'] To
144
fuJoodu
goooo seekaay ndu law, ndu mbaran, ngam tetekol wurtotoo,
nden nyobboo. To nyobboyake, pellel maajum nyolan, waoa
wurde, nden ko nyaamoaa fuu oon rufa nder reedu. (Hamadou
Yaya, 17 ans, aide-soignant guiziga, Meskine, 07-04-04)
Quand qqn a une hernie abdominale, les muscles de son ventre se
percent puis l'intestin sort. Cela affecte la personne au bas-ventre du
côté droit ou du côté gauche, ou même des deux côtés à la fois. (...)
Si l'on n'opère pas rapidement, (la hernie) peut être mortelle, parce
que l'intestin sort, puis se plie. Après être resté plié un certain temps,
l'endroit se décompose et il se forme un trou, puis tout ce que vous
mangez se déverse dans le ventre.
CAUSES
To 6e tayi jaabuuru, babal ngaal ma66aaki booooum, oum
uppan, laatoo fuloodu. Nden teteki ngurtoo gal ton. Feere boo, to
haa reedu goooo woodi wakeere tampunde, nde uppan, seeka
feere mum, nden teteki ngurtoo. [...] Sey 6e ngadda haa amin
min lorna min nyoota babal ngaal. (Chef de District de santé de
Mindif,21-05-04)
Lorsque l'on coupe le cordon ombilical et que l'endroit ne se
referme pas bien, cela gonfle et devient une hernie. Ensuite, les
intestins sortent par là. Parfois, si le ventre de la personne a un côté
faible, il gonfle et se déchire seul, puis les intestins sortent. (...) Il
faut qu'on l'amène chez nous pour que nous fassions rentrer
(l'intestin) et que nous cousions l'endroit.
Fuloodu oon waoa haa deydey nyaale, waato oum gildi 6uutata
[...] (Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier peul, Maroua, 15-04-04)
La hernie se localise à l'aine, c'est-à-dire que des vers produisent un
renflement (...)
Ko fuooata fuloodu, oum kuugal boneewal bee sooynde
nyaamgo booooum. Koo ndottaaku boo tampinan 6anndu, nden
oum waoa fuloodu. Haa les reedu 000, walaa kusel marngel
semmbe, sey nyar6aa6i paddotoo kuuje reedu. Haa derke'en
cuklanü6e haala rew6e, boo nyawan ngu, ngam nde weeti fuu,
6anndu ma66e oon tampani kuugal man. Tokkoo haa les reedu
ma66e boo tampa, waoa fuloodu. [...] Nyawu nguu oon nafar
dioorjo : ngootu oon warda bana fimtuoen ko saalii, dioa6u boo
oon warda daga maama'en goooo. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-
soignant guiziga, Meskine, 07-04-04)
Ce qui cause la hernie, c'est le travail pénible et le défaut
d'alimentation. Même la vieillesse fatigue l'organisme et (peut)
provoque(r) la hernie. Le bas-ventre n'a pas de muscles solides, il
n'y a que des peaux flasques qui retiennent le ventre. Même les
jeunes qui s'occupent des affaires avec les femmes l'attrapent, parce
145
fUlnat
que, chaque matin, leur corps est épuisé par cette activité. Cela va
jusqu'à ce que leur bas-ventre aussi soit épuisé et que cela donne une
hernie. (...) Cette maladie est de deux sortes: la première vient de la
façon que nous avons décrite ci-dessus, la deuxième est héréditaire.
funya (v.)
~ retrousser, retourner un repli cutané
funyoo(v.)
~ retrousser un vêtement
furtoo (v.)
~ avoir les yeux exorbités
fur- (adj.)
~ gris
• puro 1 furâulJe
~pauvre (litt. : (personne) grise, Le. qui n'a pas les moyens de se mettre
146
futtere
de l'huile sur le corps)
fusa
~ percer (pour un gros abcès)
futta (v.)
~ fonner des vésicules
Mi waddi I>inngel am ngel don saara, ngel don tuuta, ngel yidaa
nyiiri, koo gaari ngel yidaa. To ngel musini boo, ngel tuutda
dam fuu, haa hunnduko maagel futti. Wodl)e kam mbü dum
en'ente: ndaa boo ngel don mari duul>i mm bee reeta. Baaba
maagel wü dum pal>l>ooje. Fal>l>i ngel don bana nü, I>anndu don
timma, ammaa, tuure bee ngel salli musingo doo wam asaweere
jonta. Nde ndopta laari hunnduko maagel don futti, 0 wü dum
pal>l>ooje. (Aminatou Bouba, CSI de Dargala, 10-06-04)
J'ai amené ma fillette qui a la diarrhée, qui vomit et qui refuse de
manger; même la bouillie, elle n'en veut pas. Si elle tète, elle vomit
tout et des vésicules se sont fonnées dans sa bouche. Certains disent
que c'est le en'ente : voilà pourtant qu'elle a deux ans et demi. Son
père dit que ce sont les fièvres / le paludisme. Il y a longtemps
qu'elle est comme ça et qu'elle maigrit, mais pour ce qui est des
vomissements et du refus de téter, cela fait une semaine aujourd'hui
(que ça dure). Lorsque l'infinnier a vu sa bouche, il a dit que c'était
le paludisme.
On remarquera dans cet interview, le rapport que la mère établit
implicitement entre pal>l>ooje et fal>l>i.
fuufa(v.)
~ soufller (avec la bouche ou avec un soufllet)
~ pulvériser (un produit traitant)
• puufe muukaaje
~ éruption sèche (litt. : vésicules fermées)
• puufe wulweende
~ bourbouille, boutons de chaleur (litt. : vésicules de transpiration)
• daada puufe
~ bouton qui commande l'apparition des autres (litt. : mère des boutons)
fuuta(v.)
~ péter (tenue à éviter)
Goddo to nyaami haari fuu na fuutan.
Toute personne qui a mangé à satiété doit péter.
To a yakki gaJaaji, a yidi a salli fuu, na a fuutan.
Si vous mangez des pois de terre, que vous le vouliez ou non, vous
péterez.
Puutdo tikkani nando. (Eguchi 1974, p. 92)
Celui qui a pété s'est fâché contre celui qui l'a entendu.
149
fuyre
C'est ton pout, n'est-ce pas?
Le pout de Karl Waza !
Asta la fouilleuse,
La petite refouilleuse du sol!
Trouve-moi donc
Qui a fait ce petit prout!
C'est Damdam qui a fait ce petit prout
Au milieu du désert.
Dans cette traduction, nous avons employé le mot « pout» pour
traduire le fuljùlde ndul. Dans les deux cas, il s'agit d'un terme
enfantin iconique, évoquant le derrière et l'anus. De même, « prout»
a été utilisé pour traduire mber.
Ce petit texte est une comptine enfantine avec laquelle on cherche à
démasquer le responsable d'un pet. L'enfant qui récite le texte pointe
le doigt sur un enfant à chaque syllabe ou groupe de syllabes.
Celui / celle sur lequel / laquelle tombe la dernière ligne (caka
harde) est écarté(e) du groupe, et l'on reprend le test avec ceux qui
restent. Le dernier ou la dernière qui reste est considéré(e) comme
celui ou celle qui a pété. Welle se fait alors frapper par les autres et
doit s'enfuir pour leur échapper.
fuyre Cf fuyre
fuya(v.)
~ écraser entre ses ongles (puce, pou, bouton, point noir)
G
gaamaangel/ ngaamaakon - ngel/kon (n.d.v.) ; < waama
~ enfant/fœtus conçu
• gaamaangel faatiriingel
• mort-né frais, fœtus avorté
To goddo foodi henndu, koo ndu don bee saUe, de palotoo dow
gaasa go. (Adama Ousmanou, infirmier au CS! de Palar, Maroua,
08-09-04)
Lorsque l'on respire de l'air, même si celui-ci contient des saletés,
elles seront bloquées sur les poils.
151
gaaye
• gaasa les
• poils du pubis (litt. : pilosité d'en bas)
• gaasa naafki
• pilosité axillaire, poils des aisselles
TRAITEMENT
Be don nguja nebbam kaareeje haa fudna gaasa. Feere boo, I>e
don ngula leel>reehi kawta bee leel>ol, nguja dow hoore haa
gaasa fuda. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Pour faire pousser les cheveux, on oint (le cuir chevelu) d'huile de
karité. Parfois, on brûle du Stylosanthes fruticosa, on en mélange
(les cendres) avec du beurre frais et l'on en oint le cuir chevelu pour
faire pousser les cheveux.
Goddo wula daago ball 0 hooca ndoondi man, 0 jül>a bee leel>ol,
o wuja dow hoore maako haa juttina gaasa. Ammaa, jonta, I>e
mbü leel>ol kaccudum, I>e ngidaa, sey I>e ngada teema bee
fumat. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
On brûle une natte en folioles de palmier, on en prend la cendre, on
la malaxe avec du beurre et on en oint le cuir chevelu pour faire
allonger les cheveux. Mais, actuellement, on dit que le beurre frais,
ça sent mauvais, on n'en veut pas, et on met peut-être une pommade.
gaaye-de
~ syphilis (stade secondaire, caractérisé par des éruptions cutanéo-
muqueuses) ; cf kabba
DESCRIPTION
Les personnels de santé interviewés semblent confondre syphilis et
autres affections sexuellement transmissibles (comme la gonococcie).
Gaaye futtan bana tagamma puufe. Banndu fuu dum nanngata.
Futta bana iranda pute. Ammaa gal les innu d"um aartirta
tawon, dum wada puufe hiddeeko dum wa"oo dow I>anndu
maako. Nyawu nguu dum nyawu les. (Haman et Sannda
Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
La syphilis apparaît sous forme d'éruption cutanée. Tout le corps est
atteint. Cela donne de petits boutons semblables à des vésicules.
Mais cela commence par les parties génitales de la personne: cela
donne des vésicules avant de monter sur le (reste du) corps. C'est
une maladie sexuellement transmissible.
To gaaye nanngi goddo, haa dow zakari maako wurtinta puufe,
I>aawo man nannga gal nder boo. To goddo don soofa, 0 nanan
naawreenga ; koo 0 don mool>odoo bee debbo maako, 0 maatan
naawreenga. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-soignant guiziga,
Meskine, 06-04-04)
Lorsque qqn est atteint de syphilis, c'est sur sa verge que sortent des
152
gaddol
boutons, ensuite, cela attaque à l'intérieur. Lorsqu'il urine, il ressent
une douleur; de même, lorsqu'il couche avec sa femme, il ressent
une douleur.
Nyawu gaaye waoan kuuduhon haa dubbe debbo, oum
nyawnan boo. To I)e kurgaay ngu law, koo to 0 danyi, I)inngel
maako wurtotoo bee nyawu, feere kam ngel maayan. (Atchibi
Thérèse, aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
La syphilis donne de petites plaies dans le sexe de la femme, et cela
fait mal. Si on ne la soigne pas rapidement, lorsqu'elle accouchera,
son bébé naîtra avec la maladie, il pourra même mourir.
TRANSMISSION
Nyawu gaaye oon nannga mawl)e gal mool)odal. Ngu nanngan
worl)e bee rewl)e fuu. Ngu oon raal)a I)ikkon to kuuwtiniri
taawulji daadiraal)e mal)l)e. Kanjum I)e mbi'ata taa I)ikkon
kuuwtinira taawul saaro'en mal)l)e, ngam koo to woodi nyawu
dow ton boo, taa ngu raal)a I)e. To gorko nyawi gaaye, sey 0
hurga bee rewl)e maako fuu. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-
soignant guiziga, Meskine, 06-04-04)
La syphilis est contractée par les adultes lors de relations sexuelles.
Elle touche aussi bien les hommes que les femmes. Elle contamine
les enfants dans le cas où ils utilisent les serviettes de toilette de leur
mère. C'est pour cela que l'on dit que les enfants ne doivent pas se
servir de la serviette de leurs parents, de peur que, dans le cas où la
maladie serait dessus, elle ne les contamine. Quand un homme a la
syphilis, il doit se soigner en même temps que toutes ses femmes.
SÉQUELLES
Batte gaaye, to goooo acci ngu gasi haa muuoum, gaasa hoore
maako pat saaman, haoan mo danygo. Ammaa to 0 hurgake
daga law, walaa batte feere. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-soignant
guiziga, Meskine, 06-04-04)
Si qqn laisse la syphilis s'installer chez lui, comme séquelles, il
perdra ses cheveux et ne pourra plus avoir d'enfants. Mais s'il se
soigne tôt, il n'y a pas de séquelles particulières.
154
.
ganglrre
comme la graisse, la viande grasse, de peur qu'elle ne prenne (trop
de) poids. Si elle a une alimentation trop riche (litt. : si elle mange
des bonnes choses), cela gênera la sortie de l'enfant.
garsa-(l)- ka (n.)
~ « (...) faiblesse générale d(u) petit enfant attribuée au fait qu'il est trop
regardé par d'autres personnes» (Noye 1989, p. 132b)
Le mot vient probablement du tamashek (à moins que l'on ne puisse
prouver que cette langue l'a emprunté à une autre). Dans le Diction-
naire touareg du Mali de J. Heath (Paris, Karthala, 2006) on trouve
en effet [grersha] « mauvais œil, mauvaise langue ».
C'est le regard (trop) affectueux (gite gioooje) ou trop appuyé qui
est responsable de la maladie. Bien plus qu'une faiblesse générale,
elle peut entraîner de véritables infirmités. Elle commence à se
manifester aux yeux, sans provoquer de chassie ni les faire rougir.
Cependant, plusieurs des personnes interviewées disent que la
chassie est l'un des signes qui accompagnent le garsa. La maladie,
non mortelle, peut exceptionnellement toucher également des
adultes, chez qui elle provoque une paralysie des jambes (Marna
Kaitoum, ménagère, Dogba, 05-05-04). Il existe de nombreux grigris
pour protéger le bébé de cette affection. On peut aussi, avec du
kohol, lui tracer un petit trait noir vertical entre les sourcils.
La tendance, dans les centres de santé, est de réduire le sens de ce
mot à « conjonctivite ».
To innu danyi lJinngel booongel, sey 0 nyukka ngel taa daaroe
ngaoa ngel garsa.
Lorsque qqn a eu un bel enfant, il doit le cacher de peur que les
regards ne lui donnent le garsa.
DESCRIPTION
• garsa gite
• garsa oculaire
• garsa nguuroowa
• garsa déformant (cause des déformations du cou, de la bouche, de la
langue) (litt. : garsa qui fait pencher)
156
garsa
Nyawu garsa wuuran koo goddo mawdo.
Le garsa peut défonner même un adulte.
• garsa y'"akkoowa nder i'e
~ garsa qui provoque des douleurs intennittentes dans les os (litt. : garsa
qui croque les os)
Noone garsa nanngata &inngel, nafar tati. Garsa nguuroowa
don, garsa y'"akkoowa nder i'e don, bee garsa mboynoowa
&inngel, nga &e mbi'ata garsa gite. Gite &inngel don laa&i tal,
ammaa, a tawan gototti ngada mbordi-mbordi. Garsa nder i'e
boo, &inngel don woya non a anndaa ko woni nder maagel,
waatoo i'e don ceeka non ba tagamma to peewri nanngi mawdo.
Garsa nguuroowa boo, dum gite daada daarooje ngel haa wuura
ngel-daande.(Oubboré Saliou, 48 ans, ménagère guidar, Zileng-
Bappa, 12-03-04)
Il Ya trois sortes de garsa qui affectent l'enfant. Le garsa défonnant
(litt. : qui fait pencher), le garsa qui croque dans les os, et le garsa
qui fait pleurer l'enfant, c'est ce dernier que l'on appelle garsa des
yeux. Les yeux de l'enfant sont très blancs, mais on remarque de la
chassie purulente. Dans le cas du garsa dans les os, l'enfant ne fait
que pleurer sans que tu saches ce qu'il a, cela veut dire que ses os se
fendent comme dans le cas du peewri de l'adulte. Le garsa
défonnant, lui, ce sont les yeux de la mère qui regardent (l'enfant) si
bien que sa luette se défonne. (Oubboré Saliou, 48 ans, ménagère
guidar, Zileng-Bappa, 12-03-04)
CAUSES
To daada bee baaba don ndaara &inngel jamum, ngel nyawan
garsa. To a nyalli jalnugo ngel maUa fijgo bee maagel, ngel
nyawan garsa. Sey gataa newre junngo maa haa hooyna ka, si
naa non, ngel waala woygo ngam yiide baaba bee daada naasti
ngel. (Falmata Ousman, ménagère, Zileng-Bappa, 12-03-04)
Si une mère et un père regardent trop un bébé, il attrapera la maladie
(appelée) garsa . Si tu passes la journée à le faire rire ou à jouer avec
lui, il attrapera la maladie garsa. Il faut que tu te mordes la paume de
la main pour l'atténuer, sinon, (l'enfant) passera la nuit à pleurer
parce que le regard du père et de la mère sont entrés en lui.
Garsa daada maUa garsa baaba nanngata &inngel. Ammaa
daada &uran, ngam wakkati to 0 don ekkitina ngel jalgo, ngel
jalan jamum, suy ngel wada garsa ; ngam daada &urata jogaago
ngel. (Baba Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Le garsa de la mère ou celui du père affecte l'enfant. Mais celui de
la mère est le pire, car quand elle lui apprend à rire et qu'iVelle rit
beaucoup, iVelle fera le garsa ; en effet c'est la mère qui le/la tient le
plus (dans ses bras).
157
garsa
TRAITEMENT
Huunto06e don kuunta fajira bee asira, mocca ngel fajira bee
asira haa balde jeedidi malla jeetati garsa ittoo. Nyawu garsa
kam hurgataako haa lopital, sey haa wuro. (Oubboré Saliou, 48
ans, ménagère guidar, Zileng-Bappa, 12-03-04)
Les guérisseurs de garsa (litt. : les dénudeurs) dénudent (l'enfant)
matin et soir, crachotent sur lui matin et soir en prononçant des
formules, cela pendant sept ou huit jours afin que le garsa
disparaisse. La maladie de garsa ne se soigne pas à l'hôpital, mais
seulement au village. (Oubboré Saliou, 48 ans, ménagère guidar,
Zileng-Bappa, 12-03-04)
Garsa to wadi 6inngel, [...] to haa ka hurgoo, sey yaagorgol
maagel wurtoo bee armawal baaneewo yowa ngal dow 6aawo
daande maagel. (Ayya Farikou, 39 ans, ménagère peule, Petté, 07-
05-04)
Lorsqu'un enfant a le garsa, (...) pour soigner cette (affection), il
faut qu'une tante paternelle sorte avec un manche de houe et le pose
derrière le cou de (l'enfant).
Be don kurgira garsa sey bee binndi tan, malla boo moccugo.
Dum binndi « Laa hawla)) 6e mbinndata nde tati. To ka
sottaay, doo kam naa dum garsa. (Baba Djimilla, 65 ans, mara-
bout peul, Dogba, 07-05-04)
On soigne le garsa uniquement avec des écrits (coraniques) ou par
des incantations accompagnées de crachotements. Ce sont les
écritures de Laa hawla que l'on écrit par trois fois. Si la maladie ne
s'en va pas, alors, c'est qu'il ne s'agit pas de garsa.
Itta haako bee 6ikkon rima-jogoohi, hawta bee yIiye cakkinaade
haa labatuwa, doUa, yüwa 6inngel. To Alla muuyi, garsa acean
ngel. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
On prend des feuilles et des fruits de rima-jogoohi, on les associe à
des os jetés à l'abattoir, on fait bouillir et l'on lave l'enfant avec. Si
Dieu le veut, le garsa quittera l'enfant.
Be don kurgira garsa bee gaasa fiinngel ka 6e peni femmbugo
mo. Be motta hottollo hawtaade bee gaasa kaa, fie ka66ana
6inngel ngeel gaarawol haa po06e maagel. (Asta Fidjondé,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
On soigne le garsa avec les premiers cheveux qu'on lui a rasés. On
file ensemble du coton avec ces cheveux et on attache ce fil sur les
fesses (i.e. autour des reins) de l'enfant.
On emploie aussi le Commiphora africana pour soigner la maladie,
ainsi que des amulettes. D'après Gadjiwa (guérisseur, Dogba, 23-09-
04), on peut également soigner l'affection en lavant les yeux avec
une décoction de feuilles d'Acacia nilotica (gawaari) et de Cassia
158
giidal
goratensis (yaageehi). On peut encore prendre des fumigations au-
dessus de la vapeur de ce décocté.
159
giigal
gügal- ngal (n.) ; cf 6uudi
gülnoowo ledde / yiilnoolJe ledde - 0/6e (s.n.) ; < yillna
~ vendeur ambulant de remèdes ; cf agaajo
[...] giilnoowo leooe kaaooe wü: «To a tokkanake beloum, a
yahan Dursungo ! » (Boubakary Abdoulaye, 30 ans, peul, Maroua,
04-08-04)
(...) le marchand ambulant de médicaments amers dit: « Si vous
mangez régulièrement des bonnes choses, vous aboutirez (au
cimetière de) Doursoungo ! »
160
ginnawol
kangol namata di ngam taa di njooôoo haa reedu. (Mamaï
Viatang, infirmier, chef de CSI Douroum, 20-08-04)
La rate est le cimetière des globules rouges. Quand les globules
rouges meurent, c'est elle qui les écrase pour qu'ils ne restent pas
dans le ventre.
Gilobil-ruus ôon nder yIiyam I>anndu haa wakeere I>ernde.
Kanji âIin ustanta en nyawuuji haa I>anndu. Di ôon yakka
mukurol>ji haa nder YIiyam. Woodi mukurol>ji mawdi nyaaôdi
bana vibirogji bee gildi SIDA di mbaawan mbargo gilobilji âIi.
To di mbaati, goôôo maayan nyalaade woore, ngam kanji njogii
I>anndu heedi njamu. Haa goôôo nyaamanôo booôôum, gilobilji
maako maran semmbe. (Mamaï Viatang, infirmier, chef de CSI
Douroum, 20-08-04)
Les globules rouges se trouvent dans le sang du côté de l'estomac.
Ce sont eux qui diminuent en nous les maladies. Ils mangent les
microbes (qui sont) dans le sang. Il existe des microbes gros et forts,
comme les vibrions (cholériques) et les 'germes' du SIDA, qui
peuvent tuer ces globules. Quand ils sont morts, la personne décède
en un seul jour, car ce sont (les globules rouges) qui détiennent la
santé de l'organisme. Chez une personne qui mange bien, les
globules (rouges) ont de la force.
ginnaacfo /yinnaalJe - o/I>e (part.v.) ; < yinnee, < arabe [jinn] « djinn,
génie»
~ fou, folle
Le mot est dérivé du mot arabe jinn, «génie ». La folie est une
affection provoquée par un ou des génies qui s'empare(nt) de la
personne.
Innu yiôaa danygo ginnaaôo, ammaa yidi laargo ginnaaôo ôon
fija. (Prov., Modibo Bello Amadou)
On n'aime pas être le père ou la mère d'un fou (litt. : mettre au
monde un fou), mais on aime regarder jouer un fou. (Il y a des
choses que l'on n'aimerait pas faire soi-même, mais on est content
qu'il y ait des gens à le faire à sa place.)
gorsi Cf ngilngu
gotottol/ gototti - ngoIldi (n.)
~ chassie, sécrétion visqueuse collant les cils et les paupières
To l>inngel nyawi garsa, ngel waalan woygo, ngel nyallan woygo.
Gite maagel uppa, fiuuta, ammaa oe ngattaa gototti. To oe ngadi.
gototti kam, oum nyawu Alla, naa oum garsa. (Aladji Abdou, 50
ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Quand un enfant a le garsa, il pleure nuit et jour. Ses yeux enflent et
gonflent, mais ils ne forment pas de chassie. S'ils en ont, il s'agit
d'une maladie ordinaire, mais pas de garsa.
• gotottol mbordi-mbordi
~ chassie purulente
168
gut
guddo /wuddu6e - o/IJe (n.d.a.) ; < wudd-
~ estropié (manchot, unijambiste)
Weeti weli, bumâo e pannyaali, guddo e geyaali. (Prav.)
La matinée est bonne: l'aveugle tâtonne et l'unijambiste se dandine.
(Dès qu'il fait jour, chacun retrouve ses activités habituelles.)
bumâo mo daarorâe, guddo mo kalagaaje
un aveugle à lunettes, un manchot à bracelets (expression employée
pour décrire une situation où les choses sont à l'inverse de ce
qu'elles devraient être).
gurtaaki Cf wurtoo
gurwullol/ gurwulli - ngol/di (n.)
~ bourrelet de graisse au niveau de la ceinture ou sur les hanches
Banndu maako fuu ngurwuUo, mbi'aa paa6a nayeewa.
IVelle est couvert(e) d'énormes bourrelets de graisse, on dirait un
gros vieux crapaud. (Insulte)
169
guugu
guugu - nga (n.)
~ zizi (langage enfantin) ; syn. ciiCÎ
• haabu ndaneewu
~ barbe de maïs blanche
haaoa(v.)
~ être amer
haaje - nga (n.) ; < arabe [1). w j], cf arabe tchadien [hâja] « besoin»
~ besoin, envie
• waogo haaje mum ; syn. humtugo haaje
~ faire ce que l'on a prévu de faire
~ faire ses besoins (aller aux toilettes)
~ éjaculer (euphémisme)
haala - ka (n.)
~ parole
Buroo ma haala ja6tete jawdi baaba maa. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
Celui qui te dépasse en bagout t'arrachera l'héritage (litt. : les biens)
de ton père.
171
haali
Haala maako ndiyam silaawo.
Sa parole, c'est (comme) de l'eau dans un panier. (On ne peut se fier
à ce qu'iVelle dit.)
Aartuka aarti, cakitiika maayri mone. (Prov.)
La première (parole) est là pour commencer, (mais) c'est dans la
dernière que se dévoile (litt. : meurt, i.e. termine) ce qu'on a sur le
cœur. (In cauda venenum.)
Nan arana. (Prov.)
Écoute la première (parole)! (Quand on vous fait plusieurs
propositions, prenez la première et ne compliquez pas les choses en
allant de l'une à l'autre.)
Mi waawataa haala ngoota bana gimol bumoo.
Je n'aime pas entendre toujours la même chose, comme une
rengaine d'aveugle. (On ne peut accepter indéfiniment les mêmes
explications ou admettre les mêmes excuses.)
Wi'i wi'i kam, sey huucana jawmum.
Il ne faut pas se fier aux on-dit, mais remonter à la source de
l'information. (Litt. : le on-dit on-dit, il faut qu'il retourne chez son
propriétaire.)
• ouuoa-haalaajo
~ personne qui parle trop
172
haara
haana(v.)
~ être convenable, convenir, être bien
Innu anndi kaanngol non, ha66ata waandu 60ggo1 her reedu.
(Dicton)
La personne sait bien ce qu'il convient (de faire), (mais) elle attache
la corde du singe au ventre. (Normalement, on attache un animal par
le cou, mais pour plus de sûreté, dans le cas du singe, on le ceinture
au ventre.)
Koo moy to sakkan kaanngol, 0 sakkan tekke. (Prov., Modibo
Bello Amadou)
Celui qui s'adresse à son interlocuteur avec respect, fournit les bases
d'une relation agréable. (Litt. : Toute personne qui place dessous une
(parole) convenable, il place en dessous des coussinets de portage.)
(Kaanngol est accordé avec le mot konngol, « parole », qui est
sous-entendu; il crée avec lui une sorte de jeu de mots virtuel.)
haara (v.)
~ être rassasié, avoir mangé et bu à satiété
Nyaamâo ko nyaamâaa, anndi ko kaarâaa. (Prov.)
Celui qui a mangé ce que tu as mangé sait de quoi ton ventre est
rempli.
Nyaamü haaraay, 6üri boo haarataa. (Prov.)
(Celui qui) a encore faim après avoir mangé, (ce n'est pas) en raclant
le fond (de la marmite) qu'il sera rassasié.
To a hokki kaarâo, joga sawru. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si tu donnes (à manger) à celui qui n'a plus faim, prends un bâton!
(En effet, celui qui n'a plus besoin de rien fera la fine bouche sur
tout ce qu'on pourra lui présenter.)
Mo luttaay haaraay. (Prov.)
Celui qui n'a rien laissé (dans le plat), (c'est qu')il n'est pas rassasié.
(La politesse veut qu'on laisse au moins une part de nourriture dans
le plat commun à la fin du repas. On peut cependant ne rien laisser
du tout. Le proverbe peut signifier que celui qui n'est pas capable de
satisfaire ses propres besoins est incapable de subvenir à ceux de qqn
d'autre.)
To daada nyaamaay haari, âum waâan nyawu haa suudu-
6inngel, ngel teetoo kangel boo. (Mme Oubbo, Zileng-Bappa, 01-
06-04)
Lorsque la mère (femme enceinte) ne mange pas à satiété, cela cause
une maladie dans l'utérus et l'enfant lui-même se détache.
~ être enceinte (langage détourné)
173
haarannde
Debbo 00 haari.
La femme est enceinte.
haartoo (v.)
~ cracher après s'être raclé la gorge; cf tuuta
Gildi sonndaaru oon ngü100 nder henndu tan. Feere nyawoo
ngu, to haartake tuuti haa lesdi, oum jiUootiran bee coUaaje.
(Amadou Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Les germes de la tuberculose se déplacent (litt.: se promènent)
seulement dans l'air. Parfois, lorsqu'un tuberculeux se racle la gorge
et crache par terre, cela se mélange avec la poussière (de l'air).
To mi yehi kilo, I>e mbaUina yam dow taabal, I>e poonda reedu
am I>e ndaara, I>e kal>l>a junngo boo. (Zakiatou Ousmanou,
brodeuse peule, 19 ans, csr de Dougoï, Maroua, 27-07-04)
Quand je vais à la consultation prénatale, on m'allonge sur une table,
on me mesure le ventre et l'on prend ma tension.
~ faire un pansement
To woodi kuuduuje, mi hal>l>a.
S'il y a des plaies, j 'y mets des pansements.
Huuduure sookre non, min oon lalla nde foddeeko min kal>l>a
nde. To laatake oum huuduure marnde mbordi, min ceeka nde
174
bakkiHo
tawon, min ngurtina ndi. Baawo man, min kalJlJa nde kayre
boo. (Djidda Haman, aide-soignant, Dogba, 03-05-04)
Une plaie simple, nous la lavons avant d'y mettre un pansement. S'il
s'agit d'une plaie infectée, nous l'incisons d'abord et nous en faisons
sortir le pus. Ensuite, nous y mettons également un pansement.
hacitoo
~ prendre le repas du matin
Koo moy her waali hacitittoo. (Prov.)
Chacun déjeune là où il a passé la nuit. (On doit se contenter de ce
que l'on a à sa portée.)
haftoo(v.)
~ se lever brusquement
~ se réveiller en sursaut
175
hakkiilo
To goooo oon yerdü saa'i malla gooro, maran hakkiilo saa-
tungo ; 0 6ernan meere meere. (Mamaï Viatang, infirmier, chef de
CSI de Douroum, 20-08-04)
Si qqn aime trop le thé ou la noix de kola, il aura un hakkiilo dur ; il
se fâchera sans raison.
Tagu to naati callungol du66e, darnde moootoo, hakkiilo kam
mooataako. (Prov., Modibo Bello Amadou; Tourneux et Yaya
1998, p. 82)
Celui qui pénètre dans une forêt de palmiers doum, sa taille y sera
engloutie, mais pas son intelligence. (Un pauvre parmi les riches ne
peut compter se faire remarquer par sa richesse; en revanche, il
pourra rivaliser d'intelligence avec eux.)
Sonndu oon dow lekki boo, hakkiilo kam her nyaande. (Prov.)
L'oiseau est perché sur un arbre, mais il a l'attention sur la baIe.
Hakkiilo am ittake [•.•]. (Noye 1989, p. 145a)
J'avais perdu connaissance (litt. : mon esprit s'était enlevé).
Naastee hakkiilo moooon ! (Noye 1989, p. 145a)
Reprenez vos esprits (calmez-vous)! (Litt.: entrez dans votre
hakkiilo.)
Ndikka waatango leooe puufeteed"e hakkiilo, dow nyawgo.
Mieux vaut manier avec précaution les produits à pulvériser
(pesticides) plutôt que d'être malade. (Litt. : mieux vaut faire
attention aux produits à pulvériser plutôt que d'être malade.)
Ndottiijo sey juttina hakkiilo.
Le vieux doit réfléchir à long terme (Litt. : le vieux doit allonger son
hakkiilo.)
Ngaatanee gorko 00 hakkiilo, 0 gujjo.
Faites attention à ce type, c'est un voleur.
Hakkiilo koo juorugo biriiji 0 walaa.
Il/elle n'a même pas assez d'intelligence pour griller des arachides.
(Insulte)
Hakkiilo innu nder hoore woni, numo boo nder 6ernde sigotoo.
(Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
L'intelligence de la personne, c'est dans la tête qu'elle se trouve, et
les pensées, c'est dans le cœur qu'elles sont stockées.
Hakkiilo haa nder ngaandi woni. To haa paamaa goooo woodi
hakkiilo, daga haa kuuoe maako ke6tataa, 0 yaawataa, 0 oon
waoa kuugal fuu bee de"eende. [.•.] Taaskitanaago huunde, haa
hakkiilo oum woni: goooo feere siftoran ngam 0 oon mari
ngaandi ndaneeri, goooo feere boo siftortaa ngam ngaandi
maako 6aleeri. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul,
Dogba, 27-04-04)
176
hakkiilo
Le hakkiilo, c'est dans le cerveau qu'il se trouve. Pour savoir si qqn
en a, c'est d'après ses actions que tu le comprendras, il ne se presse
pas, il fait tout ce qu'il a à faire avec calme. (...) La mémoire, c'est
dans l'esprit (hakkiilo) qu'elle se trouve; un tel se souvient parce
qu'il a un cerveau blanc, un tel ne se souvient pas parce qu'il a un
cerveau noir.
Haa hakkiilo l)inngel woota, sey nder janngirde. Waato l)e kawta
lesdi juulirde jeedidi feere feere juml)aaje bee binndi. Be ngafa
l)inngell)e njarna ngeI.To ngel jal)ataa yargo, l)e taka haako bee
kawte dee malla boo l)e ngadan nder mbusiri. Binngel ngeel no
hoore maagel saati doo fuu, ngel wartan nder hakkiilo maageI.
(Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Pour restaurer le hakkiilo d'un enfant, il n'y a de solution qu'à
l'école coranique. Par exemple, on mélange de la terre de sept
mosquées principales différentes (litt.: mosquées où l'on fait la
prière du vendredi) avec des rinçures d'écrits coraniques. On force
l'enfant à boire (cela). S'il ne veut pas, on prépare une sauce avec le
mélange (qu'on vient de décrire), ou on l'incorpore dans de la
bouillie. L'enfant, aussi têtu qu'il soit, retrouvera son hakkiilo.
To debbo danyi, sey 0 nyaama ledde l)e mbi'ata koode-iwaahi
bee leggal-tooke. 0 itta haako maaje, 0 loowa, to 0 don wadana
l)inngel nguldam tom haa cika lewru. Bana nü, ngel maran
hakkiilo duudngo. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-05-04)
Quand une femme met au monde un enfant, il faut qu'elle con-
somme des plantes que l'on appelle Celosia trigyna et Strophantus
sarmentosus. Elle prend des feuilles de ces plantes et les met dans
l'eau lorsqu'elle en chauffe pour (laver) l'enfant, et ce pendant un
mois. De cette façon, l'enfant aura beaucoup de hakkiilo. (On peut
être swpris de voir entrer dans la composition de ce bain une plante
extrêmement toxique, utilisée pour faire le poison de flèches. Plus
swpris encore d'apprendre que la mère doit en consommer.)
To l)inngel don tokkü takkugo galaaji, dum l)esdan hakkiilo.
(Mana Hododok, guérisseur, Godola, 09-04-04)
Si un enfant a l'habitude de manger des pois de terre, cela lui
augmentera le hakkiilo.
• hakkiilo didorwo
~ état de dérangement mental n'allant pas jusqu'à la folie (litt. : esprit
divisé par deux) ; par euphémisme, désigne la folie
• ittaago hakkülo
~ perdre connaissance, s'évanouir
177
halla
To a rimndi dimngal, walaa ko yaali ma, sey njowaa memla.
(Prov., Hamadou Bouba, 22-03-06)
Si tu as chargé une charge (sur un âne) et que tu t'en fiches, il faut
que tu poses par-dessus une demi-mesure (de grain). (Il ne faut
jamais être d'une désinvolture totale dans ce que l'on fait, mais
toujours prévoir une petite marge de sécurité, une provision supplé-
mentaire quelconque.)
hamya(v.)
~ masser en pétrissant (un bourrelet adipeux, par exemple, ou une
induration)
To gildi [jamalji] nyilJi haa lJernde, dum wadan ndinkiri. [•..] To
dum wadi ndinkiri, sey goddo manngoo hamybgo lJernde mum.
(Marna Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-04)
Lorsque les vers (ascaris) ont construit (leur demeure) dans la zone
épigastrique, cela crée une plaque dure. (...) Quand cela a formé une
plaque dure, la personne doit se masser en permanence la zone
épigastrique.
To haa lJe kamy'"a nanol, sey to ngol pamarol. To ngol wadi
lJinngel, lJe kamy'"a ngol fajira to lJinngel ngeel fini daga ngel
179
hara
hacitaaki. To goââo meemi nü, tawan ngol ngol âon waalli bana
sawru nder reedu, ammaa, to goââo mawni, hamy"ugo hurgataa
ngol. (Abdouramane Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
On ne masse une rate douloureuse que lorsqu'elle est petite. Si elle
affecte un enfant, on la masse le matin au réveil de l'enfant, avant
qu'il déjeune. Si on la palpe, on constate qu'elle ressemble à un
bâton posé dans le corps, mais, quand la personne est devenue .
grande, le massage ne la guérit pas.
hara(v.)
~ ronfler
harka (v.) ; < arabe [Q r k], cf. arabe tchadien [haraka] «bruit, vacarme]
~ faire du bruit; syn. cf Cata
hawta(v.)
~ réunir, rassembler
~ s'accoupler
180
hayre
hayla - ka (n.) ; < hausa [hailàa] « menstruation» <arabe [1}. y q] « menstrues»
~ règles, menstrues (mot savant et donc euphémique); cf yi'a; syn.
al'aada, lootgol, tuundi
To debbo hawtaay bee gorko, geeraade maako tan naatata nder
suudu-lJinngel. Hayla go wara laUa suudu nduu. (Adama Ous-
manou, infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Quand une femme n'a pas eu de relation sexuelle avec un homme,
seuls ses ovules pénètrent dans l'utérus. Les règles viennent donc
nettoyer l'utérus.
To debbo )""al)l)ini lewru, waato to hayla maako waraay haa
lewru saalake, 0 faama 0 wadi reedu. (Aminatou Seïny, 18 ans,
ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
Quand une femme a dépassé le mois, c'est-à-dire si ses règles ne
sont pas venues quand le mois est passé, elle doit comprendre
qu'elle est enceinte.
• daraago hayla
~ ménopause (litt. : arrêt des règles)
hayru /hayruuji- o/di (n.) ; < arabe [x y r], arabe tchadien [xêr] « bien, bonheur»
• chance (sens voisin de saa'a)
he cc- (adj.)
~ frais, tendre, vert, non mûr
• kuuje kecce
~ « choses fraîches »
Sous cette appellation sont classés tous les aliments (fruits, légumes,
céréales) fraîchement récoltés (comme les arachides nouvelles, le
maïs nouveau, le sorgho nouveau, carottes, aubergines amères) ou
pas tout à fait mûrs (mangues vertes, goyaves vertes)... que l'on a
l'habitude de consommer crus comme des friandises. Tous ces
aliments, qui ne sont pas arrivés totalement à maturité et qui
contiennent un excès de « fraîcheur», sont nuisibles à la santé
lorsqu'on les consomme en l'état.
hedoo(v.)
~ écouter
hella (v.)
~ frapper avec le plat (de la main, par exemple, ou d'une planche, d'un
livre etc.)
184
heulldu
Hellan debbo maa, taa hellan waaye. (Prov.)
Applaudis ta femme, n'applaudis pas ta maîtresse. (Prodigue des
encouragements à ton épouse seulement.)
• hellugo juucfe
~ frapper des mains, battre des mains, applaudir
helnya (v.)
~ couper les ongles de (qqn), tailler les ongles de (qqn)
MawlJe 1J00yma mbi'ata lJe kelnyataa lJikkon keccon ngam taa
kon laatoo nguyon. [...] Ammaa woodi no lJe ittirta pecfeeli
lJikkon. Be njo"inana kon nyorgo marngo gawri malla boo
njaareendi, suy kon cfon laanya, bana nü, pecfeeli maakon
ittotoo. (Asta Fidjondé, ménagère, Dogba, 22-09-04)
Les grandes personnes d'autrefois disaient qu'on ne coupe pas les
ongles des bébés de peur qu'ils ne deviennent voleurs. (...) Mais il y
avait une façon d'enlever les ongles des enfants. On posait devant
eux un van contenant du milou du sable grossier; puis, ils
remuaient (ça avec la main) et, de cette façon, leurs ongles
s'enlevaient.
helnyoo (v.)
~ se tailler les ongles
Helnyaago haa abooki'en foti jaanyana gocfcfo nyawu SIDA.
En se faisant tailler les ongles chez les colporteurs, on peut attraper
le SIDA.
To )1iyam huuwi nder lJanndu, doole cfam loroo haa lJernde haa
cfam hoo'a henndu laalJndu feere. (Adama Ousmanou, infirmier
au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Lorsque le sang a joué son rôle dans l'organisme (litt. : a travaillé
dans le corps), il doit obligatoirement retourner au cœur pour
reprendre de l'oxygène (litt. : pour prendre d'autre air propre).
~ air comprimé
~gaz
185
heure
~ oxygène; syn. osizen, henndu laal>ndu
To ceekoowo don seeka, minin danninool>e, min don gal hoore mo
I>e ceekata. Min don ndokka mo henndu wallitanndu mo foofgo.
(Adamou Ousmanou, 48 ans, infinnier peul, Maroua, 15-04-04)
Lorsque le chirurgien opère, nous, les anesthésistes, nous sommes à
la tête de celui qu'on opère. Nous lui insufflons (litt. : donnons) de
l'oxygène pour l'aider à respirer.
~ esprit de la brousse, proche des djinns
~ folie légère (euphémisme)
o wadi henndu.
Il/elle perd un peu la boule. (Litt. : il/elle est devenue vent.)
186
hcY:vcrc
oajje kuucitan dow hegre ; to Ile njaawoaaki hurgugo oon man,
oum wulan hegre maako, 0 maaya. Feere boo, bana lekki
hottoUo, to goooo yari, neelli seooa, wulan mo hegre, 0 maaya.
Koo to goooo 00 oomka nanngi mo jur, 0 hellaay ndiyam yargo,
hegre maako yooran, nden 0 maaya. Kagser hegre kam, naa
oum huuduure bana haa Ilernde; kayre kam, nde wulan bee
wulgo. Kanjum nde hurgataako. (Mamaï Viatang, infirmier, chef
de csr de Douroum, 20-08-04)
Ce qui fait pénétrer le cancer dans le foie, c'est, par exemple, ceux
qui aiment boire de l'alcool et qui en boivent régulièrement, alors,
cela leur brûle le foie. Lorsqu'une personne a été mordue par un
serpent (litt. : a été touchée [euphémisme]), le venin se dirige vers le
foie; si on ne la soigne pas rapidement, cela lui brûle le foie et elle
meurt. Parfois encore, si qqn absorbe par exemple des pesticides
destinés au cotonnier, son foie se dessèche et il meurt. Même si qqn
a très soif et qu'il n'a pas d'eau à boire, son foie va se dessécher et il
mourra. Le cancer du foie, ce n'est pas une plaie comme (le cancer
de) l'estomac; (le cancer du foie) produit une sensation de brûlure
(litt. : brûle avec brûlure). C'est pourquoi il est incurable.
187
hid'a
hida(v.)
~ interrompre (la respiration)
o hidi poofae maako.
Il a interrompu sa respiration.
hidoo(v.)
~ s'interrompre (pour la respiration)
Poofae maako kiaake.
Sa respiration s'est interrompue.
To goaao hoydi nder aoyngol lJe aon muuki mo, malla boo
hoore maako muti nder ndiyam, poofae maako kiaotoo, 0
haftoo.
Lorsque qqn rêve dans son sommeil qu'on l'empêche de respirer ou
qu'il a la tête sous l'eau, sa respiration s'interrompt et il se réveille
en sursaut.
hiika (v.)
~ respirer bruyamment et avec difficulté
[To lJinngel aon mari ndamba,] to ngel aon foofa, ngel aon
hüka, a aon maata wilJlJere maagel aon waaa hurr, hurr, hurr.
(Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
(Lorsque le bébé a le ndamba,) il respire bruyamment et avec
difficulté, on entend sa poitrine faire hour, hour, hour !
hiinya (v.)
~ examiner sous toutes les coutures (en regardant ou en palpant)
Hiinya hünyitoo jaanyana goaao tawgo tolJlJe lJaleeje nder
kosam lJiraaaam. (Prov.)
À force d'examiner et de réexaminer, on trouvera des points noirs
dans le lait frais.
hiira (v.)
~ veiller, passer la première partie de la nuit
~ s'amuser la nuit (implique la fréquentation de bars et de filles pour un
homme, et inversement)
To weeti nü, mi dilli sippoygo haa kolbos. Jemma boo, mi
hüroya. (Ky., 26 ans, prostituée, Domayo, Maroua, 22-01-06)
Dès qu'il fait jour, je vais tenir une cabine téléphonique (litt. : je vais
vendre au détail dans une cabine téléphonique). La nuit, je vais
m'amuser.
188
hisa
hinere / kine - nde/de (n.)
~ narine
(Pour le sens du pluriel, voir sous kine.)
hippa(v.)
~ tourner à l'envers, retourner
• hippugo reedu
~ bloquer momentanément le développement du fœtus dans le ventre
maternel
L'idée est que l'on retient l'enfant prisonnier sous un récipient
retourné; cette opération magique est effectuée par les marabouts.
Be don paddoo to debbo yidaa danygo, malla safti, maUa boo yidi
daaynindirgo 6ikkon, bee kippuki reedu. Sey maUum'en 6een
paamata dum. (Ramatou, 25 ans, ménagère mofou, Petté, 25-05-04)
On bloque (la grossesse) si la femme ne veut pas d'enfant, ou si elle
en a suffisamment, ou encore si elle veut espacer les naissances, en
tournant le ventre à l'envers. Seuls les marabouts peuvent savoir
comment faire ça.
hippoo (v.)
~ se coucher sur le ventre
hisa (v.)
~ éviter (un danger), échapper à (un danger)
189
hofifiudu
Ndikka hula hisa, dow worda helJee. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Mieux vaut avoir peur et s'en tirer que de jouer au brave et se faire
avoir.
holllludu-ndu (n.)
~ occiput
hoddee(v.)
~ être sevré
Ko lJinngel ngeel hoddaa, ngel nyaamataa, sey ngel don woya non.
Depuis que cet enfant est sevré, il ne mange pas, il ne fait que de
pleurer.
• le'el hofru
~ rotule (litt. : petite écuelle du genou)
hommba(v.)
~ ourler, coudre un ourlet
~ cicatriser
190
hoore
Banndu maako woondu, nde huuduure ndee hommbi law.
Son organisme est sain (litt. : son corps est bon), puisque la plaie a
cicatrisé rapidement.
hooloo (v.)
~ avoir confiance en, se fier à
Bee nyawu SIDA, taata goââo hooloo sifaaji sam.
Avec le SIDA, il ne faut absolument pas se fier aux apparences.
hoondu / kooli - ndu/di (n.)
~ doigt
Naawreenga hoondu fiurdan naawgo.
Le mal au doigt est le plus douloureux.
• hoondu simarru, syn. [koolel] cimatel
~ auriculaire
• hoondu caka-kooliiru
~ médius (litt. : doigt au milieu des doigts)
• hoondu sappordu
~ index (litt. : doigt avec lequel on pointe)
• hoondu wordu / hoondu baabaaru
~ pouce (litt. : doigt mâle / doigt père)
191
hoore
Hoore am don fida.
J'ai des élancements dans la tête.
Hoore am don seeka.
J'ai très mal à la tête. (Litt. : ma tête se déchire.)
Hoore gooro naawatammi.
Le manque de noix de kola me donne mal à la tête. (Litt. : c'est la
tête de kola qui me fait mal.)
Mi yidaa wayYeego hoore.
Je n'aime pas que l'on se fiche de moi (litt. : être monté sur la tête,
i.e. que l'on me monte sur la tête).
dakam haa caka hoore
un plaisir (que l'on ressent) jusqu'au milieu du crâne (peut se dire
notamment de la jouissance sexuelle)
• hoya-hooreejo
.. personne qui porte bonheur / chance (litt. : à la tête légère)
Hoya-hooreejo suumtani yam luumo am.
Mon premier client m'a porté chance. (Litt. : un porte-chance a été le
premier à mon marché.)
• yoora-hooreejo
.. qqn de tenace, de têtu (litt. : personne sèche de tête)
.. qqn qui a la tête dure (rien de ce qu'on lui dit n'entre dans sa tête)
~ extrémité supérieure
• hoore mbasu ; syn. funcere
.. gland du pénis
~ intelligence (métaphore)
o mari hoore.
Welle est intelligentee).
o walaa hoore.
Welle n'a pas d'intelligence.
~ maux de tête
hoore pa&&ooje
maux de tête causés par le 'paludisme'
Hoore pa&&ooje naawan &aawo, &aawo daande [...] (Mal Djamo,
38 ans, commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
Les maux de têtes causés par le 'paludisme' (sont accompagnés de)
maux de dos et de nuque...
to hoore man don wartiwartina
si les maux de tête reviennent en permanence
• hoore wuttuduure
.. migraine (litt. : maux de tête relatifs à un côté)
192
hoore
Dum gildi hoore naawata nde gal wuttudu. Be oon mbi'a oum
hoore wuttuduure, ngam to hoore innu oon naawa, wuttudu
wooru tan naawata. Wuttudu nduya boo koo ko maatata.
(Haman et Sannda Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
Ce sont les « vers de la tête )) qui font mal (à la tête) d'un côté. On
dit que c'est la migraine, car, lorsque la personne a mal à la tête, un
seul côté (lui) fait mal. L'autre côté, lui, ne ressent rien du tout.
~ expression du réfléchi
Koo moy oon hal>ana hoore mum.
Chacun se débrouille pour soi.
o wari hoore maako.
Il s'est fait du mal à lui-même. (Litt. : il a tué sa tête.)
o waoanaay hoore maako maa, sakko 0 waoane.
Il ne l'a même pas fait pour lui-même, à plus forte raison il ne le fera
pas pour toi.
To a yiiwotoo nde weeti fuu, a laafnan hoore maa [...]
(Fadimatou, Maroua, 03-04-04)
Si vous vous lavez chaque matin, vous vous appauvrirez (...).
Mi yidi hoore am.
Je tiens à la vie. (Litt. : j'aime ma tête.)
• aynugo hoore
~ se surveiller (litt. : surveiller la tête)
Mi oon ayna hoore am taa SIDA nannga yam. To a fijaay bee
worl>e jur kam, naa a oon ayni hoore maa ? (Dou., prostituée, 24
ans, Domayo, Maroua, 25-02-06)
Je me surveille, de peur d'attraper le SIDA. Si tu ne t'amuses pas
avec beaucoup d'hommes, n'est-ce pas que tu te surveilles?
• nanngugo hoore
~ se contrôler (litt. : saisir la tête)
• yoofgo hoore
~ ne pas se contrôler (litt. : relâcher la tête)
~ (de sa) propre initiative
To a yahani hoore maa l>uran.
Si tu Yvas de toi-même, ça vaudra mieux.
Naa miin wii mo 0 wara, kanko oon wari bee hoore maako.
Ce n'est pas moi qui lui ai dit de venir, c'est lui qui est venu de sa
propre initiative
~ autonomie
Debbo maraay hoore mum, sakko 0 yaha kilo bilaa anndaangal
gorko maako. (Élisabeth Kaltoumi, CSI de Makabay, Maroua, 23-
06-04)
193
La femme n'est pas autonome (litt. : ne possède pas sa tête), comment
pourrait-elle donc aller à la visite prénatale à l'insu de son mari !
~ personne humaine
Alla accu hoore maa jam !
Que Dieu t'accorde la paix!
baroowo ko'e
assassin (litt. : tueur de têtes)
Hoore waalli.
La personne est décédée. (Litt. : la tête est couchée.)
Kosde njahan haa hoore waalotoo. (Prov., Boubakary Abdoulaye,
Maroua)
Les pieds vont là où la personne (litt. : la tête) se couchera. (Ce sont
vos propres pas qui vous conduisent à l'endroit où vous mourrez.)
~ bonne santé
194
hoyd'a
Hoore gannga kura !
Tête de gros tamtam !
Hoore harde!
Tête chauve! (litt. : tête de terrain stérile)
Hoore saIJIJo poola !
Tête chauve! (litt. : tête de nid de pigeon)
Hoore tapaare !
Tête énorme! (litt. : tête de rocher)
hoowee(v.)
~ être épousée pour la première fois
mo hoowaaka y"amoo layaaru IJesngu (Dicton; Dahirou 2004,
p.41)
la (fille) qui n'a jamais été épousée et qui demande un grigri pour
l'accouchement
hottollo - ko (n.)
~ coton
hottollo suuwaako nder ankol
coton imbibé d'alcool
hoyoa(v.)
~ rêver
To a yidi fewre, waala hoyau. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si tu aimes le mensonge, couche-toi et rêve !
To innu don numa dow huunde malla boo 0 yeewtani nde ko
ouudi bee naange, jemma to 0 oaanake, 0 hoyoan ko 0 numata
bee ko 0 nyalli yeewtango.
Si qqn pense à qqch. ou qu'il en parle beaucoup dans la journée, la
nuit, quand il dort, il rêvera à ce à quoi il pense et à ce dont il a passé
la journée à parler.
Koo goooo mawoo to nyalli laargo kuuje, jemma to 0 oaanake,
o diwtoran malla boo 0 hoyoa kuuje oee. Bana nü, IJinngel
keccel boo, kuuje gonoe nder reedu daada maagel, to ngel oon
laarta oe, ngel diwtora, sey to kuuje dunya ngari cottini kuuje
195
hovâa
'"
ngellaaranno nder reedu daada maagel. Ammaa, no I)e mbi'ata
ngel laari Annabo'en, 000 kam fuu oum deftere fume rewl)e.
Dum bolwe meere non. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul,
Petté, 31-05-04)
Même un adulte, s'il passe la journée à voir des choses, la nuit,
pendant qu'il dort, il sursautera ou il rêvera de ces choses. De même,
le petit bébé également, s'il revoit les choses qui se trouvent dans le
ventre de sa mère, il sursaute; (il en est ainsi) jusqu'à ce que les
réalités du monde extérieur ne viennent se substituer à ce qu'il
voyait dans le sein maternel. Mais, quand on dit que (le bébé) a vu
les prophètes, tout cela, ce sont des histoires de bonnes femmes. Ce
ne sont que de simples paroles.
Goooo to oon hoyoa na'i, I)e mbi'i mistiri'en. Dawaadi boo, I)e
mbi'i oum oemoe banndüko'en, koo I)e manan mo, koo I)e
kuoan mo, malla boo koo I)e ngeewtan innde maako non. To
innu hoydi mboodi gati mo, oum mistirüjo, koo 0 nanngaay mo,
o oon wolwa innde maako, ngam to innu hoydiri mboodi, oum
oemngal goooo dow maako. To innu hoydi kusel, puccu,
wamnde, fijirde, koyool ngool weelaa. Naa woooaay, ammaa
oum mayyüti. To goooo hoydi oon fija, 0 yahan 0 saanoya. To 0
hoydi giri dankali boo, oum genaale. To 0 hoydi waagaare
gawri, oum mayyüti, koo 0 saanoyaay boo, 0 fotootiran bee
mayyüti 00. To 0 hoydi 0 oon maha loope, fuu oum mayyüti, 0
yahan 0 saanoya. Ammaa to goooo hoydi nyiindere mum soli,
naa yeewtino ka naange, naa nde oon naawa mo, 0 hultori taa
nde sola, 000 kam hooreejo maako mal maayan. (Asta Fidjondé,
60 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Quand on rêve de vaches, on dit que ce sont les sorciers (qui rôdent
autour de soi). Les chiens, on dit que ce sont les langues des
membres de la famille, soit qu'ils disent du bien de vous, soit qu'ils
disent du mal de vous, soit simplement qu'ils prononcent votre nom.
Quand on rêve qu'on a été mordu par un serpent, c'est un sorcier,
même s'il ne vous a pas encore attrapé, il prononce votre nom, car
lorsque l'on rêve de serpent, cela veut dire que la langue de qqn est
sur soi. Quand on rêve de viande, de cheval, d'âne, de jeu, ce n'est
pas un bon rêve. Non que ce soit mauvais, mais (cela annonce) des
funérailles. Quand on rêve que l'on joue, (cela veut dire) qu'on va
aller présenter ses condoléances (à des gens en deuil). Quand on rêve
de billons de patates douces également, (il s'agit) de tombes. Quand
on rêve de bottes de mil, il est question de deuil, même si l'on ne se
rend pas aux salutations (de deuil), on se trouvera face à ces
funérailles. Quand on rêve que l'on fait une construction en terre, il
s'agit aussi de funérailles, et l'on ira y présenter ses condoléances.
Mais si qqn rêve qu'il a perdu une dent, qu'il n'avait pas parlé de ça
196
bula
au cours de la journée (précédente), qu'elle ne lui fait pas mal, et
qu'il a peur qu'elle tombe, une personne importante de la famille va
sûrement mourir.
hu66a(v.)
~ (s')allumer, (s')enf1ammer
~ être brûlant de fièvre
Haa ko anndumi, to goââo nyawi sonndaaru, 0 sonndotoo I>urna
fuu jemma jemma, I>anndu hul>l>an, 0 wulinan boo. (Amadou
Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
D'après ce que je sais, lorsque qqn souffre de la tuberculose, il
tousse surtout la nuit, son corps est brûlant et il transpire.
hula(v.)
~ avoir peur (de), craindre, redouter
Ko kulataa to faarti ma, a dooflotoo mo cemtataa. (Prov.,
Modibo Bello Amadou)
Sous l'emprise de la peur, tu peux oublier les convenances. (Litt. : Si
ce qui te fait peur te pourchasse, tu pourras bousculer qqn que tu
respectes.)
Sukkunde suuâataa kulâo. (Tourneux et Yaya 1998, p. 422)
Le fourré ne cache pas le poltron. (La personne peureuse n'aura pas
confiance, même si elle bénéficie de la meilleure protection.)
197
humoo
To mo mbeewa hulaay yaago jemma, mo fowru boo hulataa.
(Prov., Modibo Bello Amadou)
Si celui qui a une chèvre n'a pas eu peur de marcher la nuit, celui qui
a une hyène n'aura pas peur non plus.
humoo(v.)
~ être bouché, avoir l'esprit lent et lourd
Cooko penfo I>uran maroo kumüoo. (Prov.)
Celui qui n'a rien mais dont l'esprit est ouvert vaut mieux que celui
qui a et dont l'esprit est bouché.
198
hurga
Hunnduko sukkar/mannda, 6ernde kilbu.
Bonnes paroles, mauvais cœur (litt. : bouche sucrée/salée, cœur de
natron, Le. hypocrite)
Laskal hunnduko ha66ata jawmum.
La personne qui tient des propos provocateurs est elle-même la
source de ses malheurs. (Litt. : c'est la mauvaiseté de la bouche qui
attache son propriétaire.)
Diga nyawu nguu nanngi mo, hunnduko 0 foofrata.
Depuis qu'il a cette maladie, c'est par la bouche qu'il respire.
• margo hunnduko
~ tenir habituellement des propos provocateurs (litt. : avoir la bouche)
~ être capable de se défendre en cas d'accusation
• margo kunnduae mm
~ tenir un double langage (litt. : avoir deux bouches)
~ lèvre
• hunnduko dow
~ lèvre supérieure
• hunnduko les
~ lèvre inférieure
~ extrémité
• hunnduko enndu
~ mamelon (litt. : extrémité du sein)
~ émergence du bourbillon
INSULTES
Hunnduko maa nyaama bu'e.
Que ta bouche mange de la merde! (Malédiction légère à l'adresse
de qqn à qui l'on en veut pour une raison ou pour une autre.)
Juuta-hunnduko / Juuta-ko !
Museau de singe! (litt. : longue bouche)
• huuduure sookre
~ plaie non infectée
TRAITEMENT
Booyma, yim6e ôon kurga huuduure bee lesdi ceôaandi ndi 6e
ukkata nder maare.
Autrefois, on soignait une plaie avec de la terre tamisée que l'on
versait dedans. (Boubakary Abdoulaye, Maroua, 26-08-04)
Kuuduuje ôon nafar feere feere. Huuduure wonnde ôon nee6a
haa waôa 6ikkon. Be ôon kurgira ba ôee ôoo bee haako lekki 6e
mbi'ata gapappi. Be una ko, 6e cammina nder maare. Dum
naawan kam, ammaa to innu munyi, nde takkoo, 6aawo man
nde yoora. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
Il existe toutes sortes de plaies. L'une d'elles dure au point de se
201
huuntoo
multiplier (litt. : faire des enfants). On soigne celle-ci avec la feuille
d'un arbre appelé gapappi. On la pile et on en répand (la poudre)
dans (la plaie). Cela fait très mal, certes, mais si vous le supportez,
(la plaie) va se refenner (litt. : se coller), puis sécher.
huusa(v.)
~ couper un morceau (de viande)
• huusgo jaabuuru
• couper le cordon ombilical
To haa &e kuusa jaabuuru &inngel danyaangel, sey annduoo
jokkere maajum; &e kuusataa koo toy fuu. (Sadou Bongo,
guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Pour couper le cordon ombilical d'un nouveau-né, il n'y a que celui
qui en connaît la jointure ; on ne coupe pas n'importe où.
huuwa(v.)
~ travailler
~ lancer un mauvais sort à (qqn)
Bekuuwimo.
On lui a lancé un mauvais sort.
• i'al&aawo
• colonne vertébrale (litt. : os du dos)
• i'al daande
• vertèbres cervicales (litt. : os du cou)
To Pal daande yewi, sey maaygo, oum hurgataako. (Marna
Garandji, 44 ans, infinnier toupouri, Maroua, 12-04-04)
Lorsque les vertèbres cervicales sont brisées, c'est la mort, cela ne se
guérit pas.
202
iltirasou
ii'arn / ü'arnji (ou) üyarn / iiyarnji - daldi (n.) ; cf y1iy"am
üda(v.)
~ produire un bruit continu
üwa(v.)
~ avoir les seins qui commencent à pousser (terme décent enfulfulde)
• apare iltirasog
~ appareil à ultrasons
Min njamna apare iltirasog haa yüte Sonel. Min msa zeg haa
maaga. Baawo don, min takka hoore zeg haa babal sil6ere. Nden
dum hoytina dam 6anndu, dum naawata cil6üdo 00 fahin. Kala
fajiri fuu, min ngaâana mo âum, haa nyannde kosngal maako
yammti. (Hodébné Ruben, aide-soignant, CMAü Meskine, 27-04-04)
On branche l'appareil à ultrasons sur le courant électrique. Nous
fixons dessus une plaque de zinc (?). Ensuite, nous appliquons
l'extrémité de la plaque de zinc à l'endroit de l'entorse. Alors, cela
décontracte les muscles, et le blessé (litt.: la personne qui a
l'entorse) n'aura plus mal. Tous les matins, nous lui appliquons ce
traitement jusqu'à la guérison de son pied.
203
innde
innde /inde - nde/d"e (n.)
~ nom
Be coomtataa innde mawôo.
On n'appelle pas un aîné par son nom propre. (CERCP 1988, p. 43)
• innde soorude
~ nom commercial (litt. : nom de vente)
~ espèce
[ ] Rubbunde am ndee, inôe leôôe fuu, woodaa ko walaa haa ton.
( ) Dans mon crottin (dit l'éléphant), toutes les espèces d'arbres se
retrouvent sans exception. (Noye 1976, pp. 52-53.)
~ réputation
innu - 0 (n.) ; < hausa [ibnùu] « fils» < arabe [ibn] « fils»
~ personne humaine, être humain; cf god"d"o
To les reedu debbo oon naawa, min loowa ispekllom nder dubbe
maako. (Vina Albert, laborantin, Makabaye, 06-09-04)
Lorsqu'une femme souffre du bas-ventre, nous introduisons un
speculum dans son vagin (litt. : dans ses fesses).
istatoskop Cf tetekop
isterokop - nga (n.) ; < français « streptocoque»
var. : istirotokok
~ streptocoque
isteteskop cf tetekop
istirotokok cf isterokop
ittiroum - dum (n.d.v.); < itta
~ outil pour enlever
• ittiroum gi'e
~ pince à écharder
205
iveende
0/
Raa ndotti'en wuro kam, a tawan cuudi lafJe mafJfJe don mari
ittirdum gi'e.
Chez les vieux du village, vous remarquerez que les fourreaux de
leurs couteaux comportent une pince à écharder.
• ittirdum ngel-daande
~ instrument chirurgical avec lequel on pratique l'uvulectomie
jaabuujo/jaabu'en-o/fJe
~ personne qui a une hernie ombilicale
jaanya(v.)
~ ramener (des animaux du pâturage)
~ causer, provoquer
jagga(v.)
~ atteindre un seuil élevé de gravité chez (qqn) (pour une maladie)
207
jala
~ rendre impuissant (sexuellement) (euphémisme)
Nyawu nanngi mo haa ngu jaggi mo 0 fuodi maaygo.
Il a été pris par la maladie au point qu'elle l'a rendu impuissant et
qu'il est mort ensuite.
jala (v.)
~ rire; se moquer de
Le rire ne peut se donner libre cours dans la société peule, qu'entre
égaux. Dans les autres cas, il sera interprété comme un manque de
respect ou comme une moquerie.
To Pullo jali kam, sey nganyaandi.
Quand le Peul rit, en fait, c'est d'un rire méchant (litt. : seulement de
méchanceté).
Doondüoo jalataa geftiroo. (Prov.)
Ce lui qui porte une charge ne doit pas se moquer de celui qui a
laissé tomber (la sienne).
jamna(v.)
~ incendier
• jamnugo ladde
~ faire un feu de brousse, mettre le feu à la brousse
jeedoo (v.)
~ se taire
jibbina (v.)
~ engendrer, mettre au monde; cf danya
JUJa
jüja - ka (n.d.v.) ; < jüjoo
~ infIrmité; cf nyawu
To innu oon mawna, jüja maako boo oon yaha tullititgo.
Au fur et à mesure que la personne vieillit, son infIrmité s'aggrave.
jiijoo (v.)
~ être infIrme, estropié, handicapé
To innu jüjake kam, na nakkasa wadÏ.
Lorsque qqn est infirme, il a sûrement qqch. qui manque (dans le
corps).
jimmitoo (v.)
~ se pencher sur
Rewl>e oon mbi'a l>e ngioaa gorko jananno jimmitoo dow
mal>l>e. (Djamila Haman, CS! de Dougoï, Maroua, 27-07-04)
Les femmes disent qu'elles ne veulent pas qu'un homme autre que
leur mari (litt. : un homme étranger) se penche sur elles.
210
jokkoowo
Jobaajo to fantini, tuggu koppi poton. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
Si un attardé mental agit de façon anormale (litt.: exagérée),
agenouille-toi à sa hauteur. (Il ne faut pas hésiter à agir dans le
même registre que lui; s'il t'insulte, insulte-le; s'il te lance des
pierres, lance-lui-en aussi, etc. )
211
jonte-jenlnul
jonte-jemma - oe (n.c.)
« les fièvres de la nuit»
~ perlèche, érosion inflammatoire avec fissure des commissures labiales
Pour la soigner, on conseille de boire du lait fermenté mélangé à des
bourgeons apicaux tendres, pilés ou non, de Capparis sepiaria.
(Abdourahamanou et al. 1995)
joodOO(v.)
~ s'asseoir ; rester
Ko mawoo jooôIi y-eewi, 6inngel darii y-eewataa. (Prov., Dahirou
2004,p.l0)
Ce que l'adulte réussit à voir assis, l'enfant ne peut l'apercevoir étant
debout.
Jahanoo nyaaman geoal jooôIioo. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui qui marche peut manger la part de celui qui est assis.
Ko saalii, to baaba oon jooôIi, 6inngel fotaay jooooo jümta mo,
mana boo 6e njoooodoo.
Auparavant, quand le père était assis, l'enfant ne pouvait pas
s'asseoir plus haut que lui, ni s'asseoir avec lui.
To goooo oon jooôIi, a fotaay ndaroooaa dow maako; mana
njooooooaa potaa bee maako, mana boo koo leestata ber 0 jooôIi.
Lorsque qqn est assis, vous ne pouvez rester debout devant lui; ou
bien vous vous asseyez au même niveau que lui, ou bien plus bas
que lui.
joorda(v.)
~ saliver, baver
To [nyawu paooe] nanngi innu, 0 eftoo 0 do"oo, 0 oon joorda
boo. (Boubakary, marabout, Doualaré, Maroua, 23-11-04)
Quand (l'épilepsie) s'empare d'une personne, celle-ci se dresse et
retombe, elle bave également.
• yiidugo juuoe
~ donner un pot-de-vin (litt. : se voir / se rencontrer avec les mains)
Nano loota nyaamo, nyaamo loota nano. (prov., Dahirou 2004, p. 54)
La gauche lave la droite, la droite lave la gauche.
• junngo dow junngo
~ de main en main
• junngo e junngo
~ la main dans la main
214
juulnoo
Mi wi'a daada lJinngel taa 0 fijira ngel meere meere, taa boo
juud"e d"uud"a dow maagel.
Je dis à la mère de l'enfant de ne pas jouer avec lui à tout moment, et
qu'il n'y ait pas non plus trop de personnes à le manipuler.
~ générosité (main qui donne)
Junngo suuranan lJalel. (Prov.)
La générosité (vis-à-vis d'autrui) est une protection (pour soi).
Junngo lJiran koo kosam mbarooga. (Prov., Boubakary Abdoulaye,
Maroua, 20-10-04)
En donnant, on peut arriver à traire même une lionne.
• saata-junngo
~ pingre, avare (litt. : qui a la main dure)
kabba -- ka (n.) ; < cf hausa [Raabaa] « douleur ressentie dans tout le corpS»
~ syphilis au stade tertiaire
Il n'existe pas de terme générique englobant les trois stades de la
syphilis. Le kabba est conçu comme une maladie distincte de la
syphilis (au stade caractérisé par des éruptions cutanéo-muqueuses),
mais cependant lié par un lien de causalité.
Kabba, Qum nyawu ngu timmataa. Dum gaaye ndimata ngu. To
gaaye nanngi innu 0 hurgake, kabba boo nannga mo koppi, 0
waawataa yaago. JokkuQe fuu naawan. (Haman et Sannda
Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
La syphilis tertiaire est une maladie qui ne finit pas. C'est la syphilis
de stade secondaire qui en est la cause. Quand la syphilis secondaire
a affecté une personne et que celle-ci est guérie, la syphilis de stade
tertiaire l'affecte aux genoux: elle ne peut plus marcher. Elle a mal à
216
I{aloo
toutes les articulations.
Caayoori oon asli dioorjo. [...] Dioal>ri, I>e oon mbi'a ndi
kal>l>orgel. Kayri boo haa daande goooo ndi woni, ndi nanngira
boo gal nder. Haa yaasi kam, koo ko goooo yi'ataa, ammaa gal
nder, goooo waawataa moogo, koo ndiyam 0 waawataa yargo.
(Abdouramane Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
Il Y a deux espèces de caayoori. (...) Le deuxième s'appelle kal>-
I>orgel» (litt. : jouguet). Lui, c'est au cou qu'il se trouve et il attaque
aussi par là. De l'extérieur, il est invisible, mais, à l'intérieur, la
personne ne peut pas avaler, elle ne peut même pas boire de l'eau.
217
kalsiyonl
08-09-04)
Lorsque l'on respire de l'air, même si celui-ci contient des saletés,
elles seront bloquées sur les poils.
219
kapsol
kapsol/ kapsolji - nga/di (n.) ; < français « capsule»
• gélule
Yimlle don nyawndoo kuuduuje [marde mbordi] bee kapsol nga
lle coodata haa aga'en. Be kooca kuroori kapsol man, lle ukka
nder huuduure man haa nde hella nde yoora. (Djidda Haman,
aide-soignant, Dogba, 03-05-04)
Les gens soignent les plaies (infectées) avec des gélules qu'ils
achètent chez les vendeurs ambulants. Ils prennent la poudre
contenue dans la capsule et la versent dans la plaie afin qu'elle
puisse sécher.
karfa - ka (n.); < arabe [~arf] « tranchant (d'un couteau, d'une épée))
• sortilège, opération magique destinée à désunir deux personnes qui,
jusqu'alors, étaient en bons termes (mari/épouse, père/fils, mère/fille,
patron/employé, etc.)
• séparation de deux personnes liées par alliance, parenté, amitié, etc.,
obtenue par des moyens magiques (par exemple en incorporant de la
poudre de feuilles d'indigotier llaleerüho dans la sauce consommée par
l'une des personnes)
kawda-ka (n.)
~ grigri qui protège contre les flèches et les balles
Haa lJe ngada kawda, lJe don kawta alooru bee lJiI)lJe golommbi,
lJiI)lJe saginaaje, lJiI)lJe lJale-lJaleehi, lJe nama dum bee bu'e
njamndi. Be kooca kuroori ndii, lJe ngada layaaru. To goddo
lJili ndu, koo dume helJataa mo. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 20-
03-05)
Pour faire une protection magique contre les flèches et les balles, on
associe un pique-bœuf avec des graines de Stereospennum kunthi-
anum, de saginaahi, de lJale-lJaleehi et on pile (le tout) avec des
scories de fer. Avec cette poudre, on fait un grigri. Celui qui le porte
au cou, rien (aucun projectile) ne pourra l'atteindre.
• kawsu juude
~ gants en caoutchouc, gants isolants (litt. : caoutchouc pour les mains)
kawyeejo Cf kayweejo
221
kayweejo
kayweejo /kaywe'en - o/IJe (n.); < hausa [hauyaa] « petite houe»
var. kawyeejo
~ villageois, villageoise
Pour le Peul citadin, c'est le prototype de l'imbécile ou, du moins, de
l'ignorant.
Kayweejo reedu kaywaawu ; yaara gertogal mum luumo, sooda
liddi. (Prov.)
Villageois, ventre de sacoche d'âne! Il emporte sa poule au marché
(pour la vendre) et achète du poisson! (On se défait d'un bien de
qualité pour en acquérir un inférieur. Noter le jeu de mots
kayweejo/kaywaawu)
keeci - di (n.)
~ reins, bas du dos
Be anndi waandu don bee daande, IJe mbada IJoggol e keeci. (Prov.)
On sait que le singe a un cou, (mais) on lui passe une corde aux
reins. (Normalement, on attache un animal par le cou, mais dans le
cas du singe, pour plus de sûreté, on lui passe une corde autour des
reins.)
222
kelnyoowo / helnyoolJe - o/I>e (n.d.v.) ; < helnya
~ tailleur d'ongles
Le tailleur d'ongles parcourt les rues avec son matériel de manucure/
pédicure (petits ciseaux, alcool, eau de Javel, éponge).
Helnyool>e nder wuro 000 fuu yaasi lesdi en.
Les tailleurs d'ongles de toute la ville sont des étrangers.
kiikook (interj.)
~ onomatopée imitant le bruit de la respiration de l'enfant atteint de
coqueluche (chant du coq) ; cf teko
To &inngel maa ôon mari teko, a nanan ngel ôon sonndoo non,
maataa boo nder ton 'kükook l', suy &aawo man ngayraa nango
ngel ôon sonndoo, ngel waaloo zin! (Dada Bouba, 35 ans,
ménagère peule, Dogba)
Si votre enfant a la coqueluche, vous l'entendez qui ne fait que
tousser, (et dans ses quintes de toux), vous saisirez « kiikoo ! », puis,
vous ne l'entendrez plus tousser, il s'évanouit.
Nde nyawu nguu fuodi yam, njaami kilinik Dugoy. Baawo man,
6e neldi yam Miskin.
Dès que j'ai ressenti les premières atteintes de cette maladie [litt. :
dès que cette maladie m'a commencé(e)], je suis allé(e) à la clinique
de Dougoy. Ensuite, on m'a envoyé(e) à Meskine.
Hurgaago haa kilnik, caatoum.
C'est cher de se soigner dans une clinique.
oe
kine - (n.) ; < hinere; (en fait, historiquement, hinere est un singulatif tiré du
pluriel kine ; [P. Gottschligg, communication personnelle])
~nez
228
kod'o
Haaje kine foofaango. (Prov.)
La raison d'être du nez, c'est la respiration.
Margo kine, kanyum jey foofaango. (Prov.)
Si l'on a un nez, c'est pour respirer (et non pour faire joli).
• leggal kine
~ os du nez (litt. : bois du nez)
INSULTES
o walaa kine ba caaongu.
Il n'a pas plus de nez qu'une bête crevée.
Biira kine maa oon pagtii bana gaduuru 000 !
Tu as des narines énonnes comme celles d'un porc!
Kine yaa maa !
Le nez de ta mère !
fagtoo-kine
qui a le nez évasé (litt. : qui est largement ouvert du nez)
kine fuufordu
nez très long (litt. : nez de grande flûte)
kine mbamnga comnga
nez de bourrique fatiguée
kine ndamba
nez morveux
kine tunkusa
nez plat (litt. : nez de tourteau d'arachide)
232
kolcra
(Pour cela, on mélange dans le Coca un sachet-dose de Nescafé.)
kolara Cf kolera
kolbos / kolbosji - nga/di (n.) ; < anglais
~ cabine téléphonique, « cali-box» ; syn. cuurel telefon
To weeti nü, mi dilli sippoygo baa kolbos. Jemma boo, mi
biiroya. (Ky., 26 ans, prostituée, Domayo, Maroua, 22-01-06)
Dès qu'il fait jour, je vais tenir une cabine téléphonique (litt. : je vais
vendre au détail dans une cabine téléphonique). La nuit, je vais
m'amuser (litt. : veiller).
DESCRIPTION
Nyawoo kolera tuutan, saaran. Caarol maako bana kodde
daneeje tal, malla ndiyam maaroori. Banndu maako wulaay.
(Mahama Idrissa, 51 ans, infirmier mandara, Maroua, 09-04-04)
Le malade atteint de choléra vomit et a la diarrhée. Sa diarrhée
ressemble à de la farine blanche ou à de l'eau de riz. Il n'a pas de
fièvre.
TRANSMISSION
Ko bokkata kolera, oum nyaamgo kuuje kecce oe lallaaka yaake
duumoI. To gildi oon nder ton, goooo nyaami, nga nannga mo
tan. Yiml)e feere boo mbu'ataa dow calka, l)e mbu'a baa maayo.
To goooo yari ndiyam maayo, kolera raal)a mo. [...] To goooo
saari baa pellel meere, buubi njoooake dow ton, di cotti di
njooooyake dow nyaamdu malla dow junngo goooo, to 0 lootaay
juuoe maako 0 nyaami, ngu raal)a mo. (Maharna Idrissa, 51 ans,
infirmier mandara, Maroua, 09-04-04)
Ce qui donne le choléra, c'est de manger des choses crues et non
lavées à la saison des pluies. Si (ces choses) contiennent des
'germes' et que qqn les consomme, il attrapera le (choléra).
Certaines personnes ne chient pas dans les toilettes, mais dans le
mayo. Si qqn boit de l'eau du mayo, il attrapera le choléra (litt. : le
choléra l'infectera). (...) Lorsque qqn fait la diarrhée à même le sol,
les mouches se posent dessus et partant de là, elles vont se poser sur
de la nourriture ou sur la main de qqn ; si cette personne ne se lave
233
koloba
pas les mains avant de manger, il attrapera le (choléra).
kolora Cf kolera
kompirme /kompirmeeji - nga/di (n.) ; < français« comprimé»
~ comprimé; syn. kinin, mooeteeki
• kompirme SIDA; syn.lekki (nyawu) SIDA
~ antirétroviraux (litt. : comprimé(s) / remède du SIDA)
237
konngol
(l'amour) avec le préservatif. Avant que vous partiez, donc, vous
devez lui dire de vous donner l'argent (pour acheter) le préservatif,
ou (lui demander) s'il en a. Il refuse, il ne veut pas. Il vous dit que
lui, il veut coucher avec vous sans protection, que vous êtes belle,
qu'il ne doute pas de vous. Si vous n'êtes absolument pas d'accord,
allez-vous en, et lui aussi qu'il s'en aille. Si vous ne refusez pas,
faites donc (l'amour) sans protection. Il faut qu'une femme ait ses
propres préservatifs, sinon, les hommes feront (litt.: auront) ce
qu'ils veulent.
~ berlingot d'alcool de mauvaise qualité
Ce conditionnement bon marché distribué par certains commerçants
permet même à de jeunes enfants de consommer de l'alcool. Nous
avons vu des présentoirs de cette marchandise disposés à leur portée,
directement sur le trottoir.
kooye - de (n.)
~ faim matinale; cf weelo
Haa yaasi wuro, bee mbaalndi (je ngewrata kooy'"e.
Au village, c'est avec de la «boule» qui a passé la nuit que l'on fait
son petit déjeuner (litt. : que l'on rompt la faim matinale).
240
kosaln
à sortir, mais cela n'atteindra pas l'extérieur du pénis, cela prendra
une autre route et deviendra du pus. De même, s'il couche avec la
femme de qqn, qu'il n'a pas fini de lui verser son sperme et qu'on
les trouve ensemble, alors, il se lève et s'enfuit avec le reste du
sperme dans le pénis. Ce reste (de sperme) bifurquera et s'en ira
devenir du pus. Quand le sperme est devenu pus, cela va former une
boule (dure) comme une pierre. Quand cela arrive à sept, cela
bouche l'urètre. Même les selles ne peuvent pas sortir. Alors, la
personne dit qu'il s'agit d'une occlusion. Lorsque le sperme bifurque
et pénètre dans la vessie, il se mélange avec l'urine et les empêche
de sortir. Il ne sort que du pus. Il a l'impression qu'il y a comme du
sable là-dedans. Cela fait mal. Si cela dure, cela (lui) rongera petit à
petit le pénis. En cas d'occlusion, après une nuit sans pisser et sans
chier, il mourra.
PRÉVENTION
To a yidi hisgo koros, sey kulanaa hoore maa, maUa kuuwraa
bee kawsu, maUa boo, to a hawti bee debbo, to a timmini,
ummooaa njahaa IJaawo-suudu, laUaa zakari maa. To Alla
muuyi, a hisan ngu. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur
peul, Dogba, 27-04-04)
Si tu veux éviter la gonococcie, tu dois te méfier ou employer un
préservatif, ou bien encore, lorsque tu t'es uni à une femme, quand
tu as fini, tu vas à la toilette rincer ton pénis. Si Dieu le veut, tu
l'éviteras.
TRAITEMENT
To goooo Don silla mbordi, mi dolla seIJre dukuuhi-ladde bee
seereehi, hokka mo 0 yara. [...] To oum fiIJre sompis, 0 dolla
seIJre tanni bee dadi urdi-sulaalJe bee haako gannye, 0 yara.
Dum fistoo mo, neeIJataa sam. Baawo Don, 0 saaran jur haa 0
foo)'a. (Mal Aladji Abba, guérisseur, Dir, 24-05-04)
Lorsque la personne pisse du pus, je lui fais prendre une décoction
d'écorce fraîche d'Annona senegalensis et de Combretum molle. (...)
En cas de difficultés urinaires causées par la gonococcie, (le malade)
doit prendre une décoction d'écorce fraîche de Balanites aegyptiaca,
de racines d'Hyptis spicigera et de feuilles d'Azadyrachta indica.
Cela le libérera sans délai. Ensuite, il aura une forte diarrhée au point
de maigrir.
241
- Le lait! (Devinette, Noye 1971, p. 69)
To 6inngel fuodi musingo, reedu maagel naawan tawon, ngam
gildi mbooftinaay, sakko ma to aartiri kosam nagge. To kosam
daada wurtaaki law, sey 6e ndolla kosam nagge 6e ndokka ngel,
to naa non kam, ngel maayan. To 6e ndokki ngel boo, saa'i ngel
fuooata yargo kosam daada, reedu maagel naawan masin.
Goongel maa waoan ndamba, daliila kosam nagge oaam, to
oam dollaaki jur. To reedu maagel oon naawa, 6e t066ana ngel
ndiyam coofnaaoam bee haabüru, wujana ngel oaaleejam haa
jaabuuru, t066ana ngel njumri nder hunnduko, waoana daada
fuu bana nii. (Didja, épouse Ousmanou, guérisseuse peule, Dargala,
09-06-04)
Quand le bébé commence à téter, il commence par avoir mal au
ventre car (ses) vers (cf koyoowu) ne sont pas habitués (au lait),
encore moins s'il commence à boire du lait de vache. Si le lait de la
mère ne monte pas rapidement (litt. : ne sort pas vite), on doit faire
bouillir du lait de vache pour l'enfant, sinon, il mourra. Si on lui
donne (du lait de vache), quand il se mettra à téter sa mère, il aura
très mal au ventre. Certains auront un ndamba, parce que le lait de
vache n'aura pas été bien bouilli. Quand le bébé a mal au ventre, on
lui instille (dans la bouche) un macéré de Momordica charantia, on
lui frotte le nombril avec de l'huile de caï1cédrat, on lui verse
quelques gouttes de miel dans la bouche et on fait de même à la
mère.
• kosam daada ; syn. cf enoam
~ lait maternel
242
kosanl
joodii babal gootal non dow njamndi maajum yuufa. (Aladji
Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
On peut aussi prendre et faire chauffer un fer au feu. On fait tomber
dessus quelques gouttes de lait. S'il est sain, il glisse par terre, mais
s'il est mauvais, il ne glisse pas, il reste sur place sur le fer et
bouillonne.
To kosam debbo wonnake, endi maako l')Dlan jur jur, kosam
maako warta bana ndiyam; to goooo mettake oam, maatan
bana citta. Koo 0 hooci nyuunyu 0 loowi nder maajam, ngu
waatan. (Mamma, hospitalisée avec son bébé à Bogo, 28-06-04)
Lorsque le lait d'une femme est gâté, ses seins coulent beaucoup,
son lait devient comme de l'eau; si l'on y goûte, on dirait du piment.
Même si on y plonge une fourmi Pachycondyla, elle crève.
CAUSES
Bikkon am oon torriree bee enoam am. Mi anndaa to oum
sayoaan, to oum nyawu nanngata kon. Ko paamanmi kam, oum
sayoaan, ngam, to mi danyi I>inngel debbo, oum tullan. (Dada
Bouba, 35 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Mes enfants souffrent de mon lait. Je ne sais si c'est un diable ou une
maladie qui les prend. Ce que je crois, c'est qu'il s'agit d'un diable,
car, lorsquej'accouche d'une fille, cela empire.
Kosam daada feere oon wonnoo to lewru oon daroo, goooo
feere, to ndu wadi leelewal ; goooo feere boo, to ndu oon muta,
ndu wadi nyil>re. (Adji, ménagère, Dogba, 24-05-04)
Le lait de certaines mères se gâte lors de la lune ascendante
(nouvelle lune), pour d'autres, c'est à la pleine lune (litt. : lorsqu'elle
luit); pour d'autres encore, c'est à la fin du mois lunaire (litt. :
lorsqu'elle se couche) et que la nuit est noire.
Be oon mbi'a to lewru wari daraago bee to ndu wari timmugo,
wurde oon sukkitoo haa enndu debbo. [...] Woodi buroe dow
hunnduko endi. Gal maaje kosam wurtotoo to debbo I>esni. To
oe cukkitake wakkati daraago lewru malla boo mutki maaru,
kosam debbo wonnotoo. (Mamma, hospitalisée avec son bébé à
Bogo, 28-06-04)
On dit que, lors de la lune ascendante ou à la fin du mois lunaire, un
trou se forme dans le sein de la femme. (...) Il Y a des trous sur les
mamelons. C'est par là que sort le lait lorsque la femme accouche.
S'ils se débouchent à l'apparition ou à la disparition de la lune, le lait
de la femme se gâte. (Par ce trou coule en abondance un liquide qui
ressemble à de l'eau. C'est lui qu'on appelle « mauvais lait» et qui
donne la diarrhée à l'enfant.)
To debbo yal>l>ake kuuje goooe malla 0 nyaami nyaamdu feere,
oum wonnan mo kosam. Yal>l>aago bana nyaande gawri,
243
kosam
dubbuoe bamoe maUa dubbuoe pucci, oum wonnan kosam. [...]
Nyaamdu boo, bana takkkugo mbay kecca, maUa nyaamgo
haako lakasko, 000 fuu wonnan kosam. (Mamma, hospitalisée
avec son bébé à Bogo, 28-06-04)
Si une femme enjambe certaines choses ou mange certaine nour-
riture, cela lui gâte son lait. Le fait d'enjamber par exemple de la
baIe de sorgho, du crottin d'âne ou de cheval, cela gâte le lait. (...)
Pour ce qui est des aliments, manger du manioc cru, par exemple, ou
une sauce insipide, tout cela gâte le lait. (De même, la consom-
mation d'aubergine amère kuyta, selon Asta Fidjondé, ménagère
peule, Dogba, 22-09-04.)
To debbo oon bee 6inngel musinangel, saa'i feere kosam maako
wonnotoo, waato oam selba, feere boo oam tekka bana mbordi.
To oam warti bana nii, oum nee6ataa mbargo 6inngel. Ko
waoata oum boo, debbo 0 oon takka birüji kecci, kanjum
tekkinta kosam bana mbordi. [...] Feere boo, daada nyaamataa
haako welko. Kosam oaam selba bana ndiyam. Dam walaa
nafuuda gal 6inngel. Kanjum boo saarnan ngel, ngel tampan,
suy ngel maaya. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-05-04)
Quand une femme a un bébé au sein, il arrive que son lait se gâte,
c'est-à-dire qu'il devient trop fluide ou bien qu'il est épais comme
du pus. Quand il devient comme ça (i.e. trop épais), cela ne tarde pas
à faire mourir l'enfant. Ce qui provoque cela, c'est que la mère
mange des arachides fraîches, c'est ça qui rend le lait épais comme
du pus. (...) Parfois aussi, la mère ne mange pas de bonne sauce. Le
lait devient fluide comme de l'eau. Il n'est pas nourrissant (litt. : n'a
pas d'utilité) pour l'enfant. C'est cela qui lui donnera la diarrhée, il
s'affaiblira, puis il mourra.
TRAITEMENT EN CAS DE LAIT DE MAUVAISE QUALITÉ
To haa 6e nyawnda âam, 6e kooca lesdi ngonanndi les ndoondi
kaatinoe. Be njilla ndi bee ndiyam nder laalawal, 6e nguja dow
enm maako. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum, Petté,
28-05-04)
Pour soigner le (mauvais lait), on prend de la terre qui se trouve sous
la cendre du foyer. On la mélange avec de l'eau dans le tesson de
calebasse et l'on enduit les seins de (la mère avec la boue obtenue).
Debbo mo kosam mum wonnii, 0 defa haako kosamhi bee haako
baggamhi, 0 hawta bee kusel hegre bee nebbam, 0 nyaama
baakin baloe mm, nden kosam maako meetataa wonnaago sey
to 6inngel maako mawni. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-05-04)
La femme dont le lait est gâté doit cuire des feuilles de kosamhi et
de Cochlospermum tinctorium; (puis) elle y ajoute du foie et de
l'huile, et elle consomme cela pendant environ deux jours; ensuite,
244
kosam
son lait ne pourra plus se gâter avant que son enfant ait grandi.
Kuugal jammbal-joohi gootal non: Ile nyawndirta kosam
mbonniioam. Leooe feere boo oon, masalan bana silamkatiihi,
dukuuhi, yowtere dundeehi, sellre ceekeehi, yowtere nammaa-
reehi, itta dolla, daada yiiwoo, yama Ilinngel. Ceekeehi daneehi
fuu, Ile cella Ile ndolla, Ile ciiwa, daada yiiwoo, yara, yama
Ilinngel boo, yiiwa ngel. Feere boo oon kofelhi, Ile njilla bee
njumri, Ile mustina Ilinngel. Be oon cella kaabi-koonaahi Ile
ndolla Ile njama Ilinngel. (Baba Djimilla, 65 ans, marabout peul,
Dogba, 07-05-04)
L' Ocimum canum sert à une seule chose: soigner le mauvais lait. Il
existe également d'autres remèdes, comme Chrozophora senegalensis,
le papayer, le gui de Ficus platyphylla, l'écorce fraîche de Ficus ingens,
le gui de Bauhinia rufescens ; on en fait une décoction, la mère se lave
avec et en fait boire à l'enfant. Le Ficus thonningii également, on en
prend l'écorce fraîche que l'on fait bouillir, (puis) on verse le décocté
(en empêchant les parties solides de passer), la mère se lave avec, en
boit, en fait boire à l'enfant et le lave avec. Parfois, il y a aussi le
Trichilia emetica; on le mélange avec du miel et on le donne à l'enfant
avec le doigt. On prend de l'écorce fraîche de Commiphora kerstingii
que l'on fait bouillir et que l'on fait boire à l'enfant.
To kosam debbo wonnake, 0 dolla haako jammbal-joohi, 0 yara 0
yama Iliyiiko. Nden 0 Ilira kosam ngonoam nder enrn maako. 0
Ilira jur haa hoore maako naawa. Baawo man, to kosam oaam
Iluli nii, oam woo'tan. (Djebba, ménagère, Maroua, avril 2004)
Lorsque le lait d'une femme est mauvais, elle doit faire une décoc-
tion de feuilles d' Ocimum canum, en boire et en faire boire à son
enfant. Ensuite, elle doit tirer le lait qui se trouve dans ses seins. Elle
doit en tirer beaucoup, jusqu'à ce qu'elle ait mal à la tête. Ensuite, le
lait qui sortira sera redevenu bon.
To kosam daada wonnake, hella nammaareehi bee jammbal-
joohi, hawta dolla, lummba Ilinngel. (Ayya Farikou, 39 ans,
ménagère peule, Petté, 07-05-04)
Lorsque le lait de la mère est altéré, on prend (des feuilles de)
Bauhinia rufescens et d'Ocimum canum que l'on fait bouillir
ensemble, et l'on assoit l'enfant (dans le décocté).
To debbo Ilesoo oon seka kosam maako yirn wonnaago, 0 doUa
haako nalle, 0 yara, 0 yiiwoo, 0 lalla enrn maako. (Astawabi, 55
ans, ménagère peule, Petté, 26-05-04)
Quand une accouchée pense que son lait va se gâter, elle doit faire
bouillir des feuilles de henné, boire (le décocté) et se laver avec, et
. .
nncer ses sems avec.
To kosam [daada] wonnake, 0 hooca jammbal-joohi koo joorki
245
kosanl
koo kecci, 0 doUa bee kilbu, 0 yara, 0 laUa endi maako. (Adji,
ménagère, Dogba, 24-05-04)
Lorsque le lait (de la mère) est mauvais, elle prend de l'Ocimum
canum soit sec soit frais, elle le fait bouillir avec du natron, (puis)
elle boit (le décocté) et se lave les seins avec.
Min d'on kad'a daada 6ikkon'en yarnugo kon led'd'e Balee6e. [00']
Burna led'd'e 6e kuuwrata fuu, d'um haala kosam. Be mbi'a
kosam ma66e wood'aay, maUa boo d'am timmi, sey 6e ndoUa
led'd'e maajum 6e njara, 6e njarna kon, asee 6e anndaa d'um
torran kon. To 6e ngari haa amin, min tawa kosam ma66e
walaa ko wadi d'am. Burnal nyawuuji 6e limtata haa fattude
d'oo fuu, min d'on tawa d'um sooynde nyaamdu tan wad'ta di.
(Atchibi Thérèse, aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
Nous interdisons aux mères de faire boire à leurs enfants les remèdes
indigènes. (...) La plupart des remèdes qu'elles utilisent concernent
le lait. Elles disent que leur lait n'est pas bon ou qu'il est tari,
qu'elles doivent préparer le remède adapté, le boire et le faire boire
aux enfants; en fait, elles ignorent que cela les fait souffrir. Quand
elles viennent nous voir, nous constatons que leur lait est normal. La
plupart des maladies que l'on recense au quartier, nous constatons
qu'elles sont causées par la sous-alimentation seulement.
To kosam debbo wonnake, 0 hooya 6ikkon duukuuje, 0 hawta
bee gawri majeeri, 0 nama, 0 wadira gaari bee kuroori maajum,
o yara. To 0 wadi saa'a kam, kosam maako wootan. (Mamma,
hospitalisée avec son bébé à Bogo, 28-06-04)
Lorsque le lait d'une femme est gâté, elle doit prendre des graines de
papaye avec du sorgho repiqué à grains blancs, écraser (le tout) et en
faire une bouillie qu'elle boira. Si elle a de la chance, son lait
redeviendra bon.
[To kosam daada wonnake], 0 he6a haako gaadal tinyeerewal, 0
una bee gawri majeeri, 0 harnoo gaari, 0 yara haa 0 haara,
ammaa, 0 yarnataa 6inngel. Baawo man, endi maako laa6an tal,
suy 0 hokka 6inngel maako musina. (Dada Bouba, 35 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
(Lorsque le lait de la mère est « gâté »), elle doit se procurer les
feuilles d'un géophyte qui ressemble à l'oignon, les piler avec du
sorgho repiqué à grain blanc, en faire une bouillie qu'elle boira
jusqu'à satiété, cependant, elle n'en fera pas boire à l'enfant.
Ensuite, ses seins deviendront très « propres », et elle (les) donnera à
téter à l'enfant.
Be d'on kurgira to kosam wonnake bee haako gillaahi maUa boo
haako dukuuhi. Danyd'o itta ko, doUa, yara, laUa endi mum.
(Asta Fidjondé, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
246
En cas de mauvais lait, on soigne avec des feuilles de Kigelia
africana ou de Carica papaya. L'accouchée en prend, les fait
bouillir (dans de l'eau), boit le décocté et se lave les seins avec. (On
notera que ces deux végétaux, le « saucissonnier» et le papayer ont
des fruits dont la forme évoque celle des seins.)
To kosam wonnake, mi itta haako dukuuhi, mi wogga dow enm
debbo 00. Taa boo 0 yeewnoo innde haako koo, ngam to 0
yeewnake, ko nafataa fahin. Mi ittoya fahin boo lekki beldamhi,
mi doUa, 0 yara bee fJinngel maako baakin nyalde mm. Nden
dam wootan. (Didja épouse Ousmanou, guérisseuse peule, Dargala,
09-06-04)
Si le lait est « gâté », je cueille des feuilles de papayer et je les frotte
sur les seins de la femme. Il ne faut pas qu'elle prononce le nom de
cette feuille, car, si elle le faisait, elle perdrait son efficacité. Je vais
encore cueillir la plante Abrus precatorius, je la fais bouillir, elle et
son enfant en boivent (le décocté) pendant environ deux jours. Puis,
(le lait) redevient bon.
TRAITEMENT EN CAS DE LAIT TROP PEU ABONDANT
Sooynde nyaamdu timminta kosam. To debbo yim dam fJula,
sey 0 harnoo mbusiri 0 yara nde weeti fuu, taa 0 senndira bee
maari. Besnudo mo walaa kosam, hooya haako dubaaho hecco,
o nama bee kilbu, 0 jiifJa bee ndiyam, 0 siiwa, suy 0 yara ndiyam
man, 0 laUa enm maako. Nden, 0 tofJfJa fJinngel maako boo.
Feere boo, fJe don coofna mannda haako, fJe njara seeda nde
weeti fuu haa kosam fJula. (Adji, ménagère, Dogba, 24-05-04)
C'est le manque de nourriture (i.e. une alimentation insuffisante) qui
fait tarir le lait. Si la femme veut avoir (du lait), elle doit préparer
une bouillie et la consommer chaque matin, sans interruption. La
nouvelle accouchée qui n'a pas de lait doit prendre des feuilles
fraîches de Balanites aegyptiaca, les écraser avec du natron,
mélanger le tout dans de l'eau, verser doucement de façon à laisser
la partie solide au fond du récipient, et boire le liquide (ainsi obtenu),
puis se frotter les seins avec. Ensuite, elle doit aussi en faire tomber
quelques gouttes (dans la bouche de) l'enfant. Parfois, on mouille du
sel de cuisine et l'on en boit un peu chaque matin pour avoir du lait.
• kosam goggog
~ lait en boîte
Jotta doo, doole fJinngel nyawa, ngam ngel hefJataa ndollam, sey
kosam daada maagel, sey ndiyam fJaleejam haa ngel yaha lebbi
baakin tati nay fJe ndokka ngel mbusiri cookri malla marndi
sukar, malla hanndeere ndee, mbusiri cookri bee maaroori. Be
don mbi'a maaroori don mari vitamin. Margo vitamin kam
walaa ko fJuri njigaari, muskuwaari bee muuri; kanjum
247
kosngal
waddata njamu I>inngel keccel. (Oubboré Saliou, 48 ans, ménagère
guidar, Zileng-Bappa, 12-03-04)
Actuellement, l'enfant est malade obligatoirement, car il ne prend
pas de bouillon de sorgho natroné, mais seulement le lait de sa mère
et de l'eau pure jusqu'à trois ou quatre mois où on lui donne de la
bouillie simple ou sucrée, ou encore, de nos jours, de la bouillie
simple avec du riz. On dit que le riz est riche en vitamines. Pour ce
qui est des vitamines, rien ne vaut le sorgho pluvial rouge, le sorgho
repiqué et le petit mil hâtif. Voilà ce qui procure la santé au bébé.
• caka kosde
~ sexe (euphémisme; litt. : entre les jambes)
Min don ndaara caka kosde reedu'en fuu haala nyawuuji goddi.
(Bernadette Godwé, CS! de Dougoï, Maroua, 07-09-04)
Nous examinons également le sexe des femmes enceintes relati-
vement à certaines maladies.
• daande kosngal
~cou de pied
248
• danki kosngal ou lJaawo kosngal
~ dessus du pied (litt. : le hangar du pied ou le dos du pied)
• aaroo-kosdeejo
~ (personne) aux jambes arquées (litt. : (qqn) qui est arqué de jambes)
252
kuttu
kusel/ kuselji - ngel/di (n.)
~ viande
Kusel keccel bee liddi kecci, taata neelia nder guldum.
Il ne faut pas que la viande et le poisson frais restent exposés à la
chaleur.
• kusel lianndu (cf dadol)
• muscles
To y1iyam hooci henndu oder liernde, dam jippoo nder kusel
lianndu. (Adama Ousmanou, infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-
09-04)
Lorsque le sang a pris de l'oxygène (litt. : de l'air) dans le cœur, il
descend dans les muscles.
• kusel nderyel
• viscères (d'une personne); abats (d'un animal); (litt.: chair de
l'intérieur)
kuttu-paUaandi (n.c.)
« vagin de margouillat»
~ mycose infectée localisée à la pliure des orteils des enfants
laa6a (v.)
~ être propre
Mi laal>aay.
J'ai mes règles (femme). (Euphémisme; litt. : je ne suis pas propre.)
255
laafud"o
laafuôo /laafufie - o/lJe (part.v.); < laafa
~ pauvre, personne démunie
Mo walaa ngel mum boo, debbo mum maama mum, ledde mum
bambammbe, haako mum follere. (Prov.)
Celui qui n'a pas un sou vaillant (litt. : qui n'a pas sa toute petite
chose), sa femme est (comme) sa grand-mère (i.e. elle le prend pour
un gamin), son bois (de feu), le Calotropis, sa sauce, l'oseille de
Guinée.
Laafudo, dum yelleere, tappa goola. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
Le pauvre, c'est une noix de palmier doum: on tape dessus et on la
grignote.
laalaata (v.)
~ dépérir, faire dépérir
Nyawu nguu laalaati mo haa mün maa, mi don nefa mo.
La maladie l'avait fait tellement dépérir que même moi, j'éprouvais
de la répulsion face à elle. (L'interviewée parlait de sa tante.)
laara (v.)
~ voir, regarder, examiner
o oon laarammi bee gite faasiküje.
Il me regarde d'un air espiègle.
YimlJe mbaalan laargo fijirde haa yolnde laamdo.
Les gens passent la nuit à regarder la danse devant la chefferie.
Haa mi laare.
Je vais t'examiner. (Dit par un médecin ou un infirmier à un patient.
Dans le français local, on dit : « Je vais te consulter ».)
o yehi laargo ndopta.
Il est allé voir/consulter un médecinlinfmnier.
• laargo debbo
~ examiner une femme, notamment pratiquer un toucher vaginal
(euphémisme employé en milieu hospitalier)
• laargo gîte
~ (dans le cadre de la consultation prénatale) examiner la conjonctive
pour déceler d'éventuels signes d'anémie (litt. : examiner les yeux)
Min oon ndaara gite reedu'en haala y'liyam. (Bernadette Godwé,
CSI de Dougoï, Maroua, 07-09-04)
Nous examinons les yeux des femmes enceintes, relativement à
256
l'anémie (litt. : relativement au sang).
• laargo santimeetir
~ contrôler la dilatation du col de l'utérus (litt. : regarder les centimètres)
To debbo luuwaaoo wari, waato daga oum fuom naawgo mo
seooa seooa, min ndaara deydey santimeetir noy 0 mari.
(Amadou Haman, infirmier accoucheur, hôpital provincial, Maroua,
26-08-04)
Lorsqu'une femme qui a des douleurs arrive, c'est-à-dire dès qu'elle
commence à avoir un peu mal, nous contrôlons la dilatation de son
col d'utérus.
• laargo to woodi ko lutti nder reedu
~ pratiquer une révision utérine (litt. : regarder s'il reste quelque chose
dans le ventre)
• laawol moolJodal
~ vagin (litt. : voie de l'union)
• laawol poofne
~ voies respiratoires (litt. : voie de la respiration)
• laawol sillugo ou laawol cille
~ urètre (litt. : canal de l'urine)
[000] debbo 00, [000] 0 non mari laabi mm feere feere, laawol
moolJodal bee laawol sillugoo (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-
soignant guiziga, Meskine, 07-04-04)
(...) La femme (...) a deux canaux séparés, le vagin et l'urètre.
258
laboratuwar - nga (n.) ; < français « laboratoire»
~ laboratoire d'analyses; cf suudu
• goddo laboratuwar / yim6e laboratuwar ; syn. lincitoowo nyawuuji
~ laborantin, laborantine
Yim6e laboratuwar 6een cenndindirta gildi.
Ce sont les laborantinsllaborantines qui distinguent les « gennes / vers».
lalla (v.)
~ raser
To a laari 6e la6i deerdaa joordum, aan yaaw soofnu hoore
maa! (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si tu vois qu'on a rasé ton frère à sec, va vite te mouiller la tête, toi!
lallruha - ka (n.)
~ poils pubiens; syn. faasko
To 6inngel fudffi nyuufaago, la6ruha boo fudda fuufgo.
Dès que l'enfant commence sa puberté, les poils pubiens com-
mencent aussi à pousser dru.
259
laddeejo
• malJlJugo goooo ladde
~ empêcher (magiquement) qqn de prospérer (litt. : fermer la brousse à
qqn)
lakkitoo (v.)
~ avoir les dernières convulsions qui précèdent la mort
260
lanl
lalla (v.)
~ laver (des ustensiles)
~ nettoyer (une plaie, les seins, la zone génito-urinaire)
• lallugo reedu (debbo)
• faire un curage utérin (à une femme), une révision utérine, ou un
curetage utérin (suite à un avortement)
Burna fuu, sey to debbo rufi reedu nde mm malla nde tati
foddee (je lalla reedu maako, ngam woodi ko luttata nder ton.
Yaake to (jinngel nyoli nder reedu boo, (je oon lalla. Feere to
walaa ko lutti geleg nder ton, (je oon ngurtina bee junngo,
ammaa to lutti jur, (je ngurtinira bee jamoe. (Amadou Haman,
infirmier accoucheur, hôpital provincial, Maroua, 26-08-04)
La plupart du temps, il faut qu'une femme ait avorté deux ou trois
fois avant qu'on ne lui fasse un curage utérin, car il y a des résidus
(dans l'utérus). Lorsque le fœtus s'est décomposé dans le ventre, on
fait aussi un curage. Parfois, s'il ne reste pas grand chose (dans
l'utérus), on le fait sortir à la main, mais s'il reste beaucoup (de
résidus), on les fait sortir avec des (outils) métalliques.
Be tufimmi baate, suy (jinngel acci dimmbaago nder reedu.
Baawo baloe seeoa, ndu rufi. Baawo oon, (je lallanimmi haa
lopital, ngaomi reedu wonndu woondu. (Dada X, csr de Meskine,
01-07-04)
On m'a fait des injections, et le fœtus a cessé de bouger dans mon
ventre. Quelques jours plus tard, j'ai avorté. Ensuite, ils m'ont fait
un curetage utérin à l'hôpital et j'ai eu autre grossesse normale (litt. :
une autre grossesse bonne).
Nde njaami lopital mannga, limtanmi (je ko saalii, suy (je mbi'i
(je lallan reedu nduu haa ndu woota. NU non, (je naastini
huunde feere nU nder reedu am, (je oon kefa, (je oon kefa.
Naawreenga kam taa yam! Dum naawimmi waanee luuwe.
Baawo oon, (je ka(j(ji ndu, suy )1iyam oon wurtoo, oon wurtoo.
(Dada X, CSl de Meskine, 01-07-04)
Quand je suis allée à l'hôpital provincial, je leur ai expliqué en détail
ce qui s'était passé, et alors ils m'ont dit qu'ils allaient me faire un
curetage utérin pour que (l'utérus) redevienne en bon état. Ainsi
donc, ils ont introduit quelque chose dans mon ventre et ils
grattaient, grattaient. La douleur, je ne t'en parle pas! Cela m'a fait
plus mal que d'accoucher! Après, ils m'ont attaché le ventre et je
saignais abondamment.
lamlame - oe (n.)
~ taches blanches sur la peau
Il peut s'agir de simples mycoses, rattachées à tarzagiire. Si l'on
désigne par là des taches de lèpre, on doit préciser lamlame
saoawre.
Innu to baaba mum kuturuujo no, kanyum boo oon nana
IJanndu mum oon seeka, malla boo lamlame saoawre ngurtake,
paaroooe paaroooe mbanngi ber innu, 0 anndi nyawu
kuturaaku nanngi mo. (Bah Ila, 55 ans, berger peul, Mayo-
Kodjolé, 09-09-04)
La personne dont le père était lépreux, et qui sent son corps se
«déchirer », ou (qui voit) les taches blanches de la lèpre sortir, ou
des macules hypochromiques (taches blanches) apparaître sur elle,
elle sait qu'elle est atteinte de la lèpre.
lamma(v.)
~ être acide; être salé; être piquant
Mannda wiitataako : « Mi lammuoo ». (Prov.)
Le sel ne dit pas de lui-même qu'il est salé.
Wulweende naasti yam gite, oon lamma.
La sueur m'est entrée dans les yeux et ça (me) pique.
262
• taret dowyel
~ épiderme (litt. : petite peau de dessus)
[...] Ngilkon koon nyaanyan bana madam-calka, malla sükre
gonyata larel dowyel. (Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère peule,
Dogba, 22-09-04)
(...) Ces petits vers grattent comme le cancrelat ou le grillon qui
rongent l'épiderme.
lata (v.)
~ donner des coups de pied
I)atataa, latataa, nafataa, ndikka gata, lata, nafa. (Eguchi 1974,
p.92)
(Plutôt que) ce qui ne mord pas, qui ne donne pas de coups de pieds
et qui ne sert à rien, mieux vaut ce qui mord, ce qui donne des coups
de pied et qui sert à qqch. (On parle ici de la femme. À une femme
d'une docilité parfaite mais qui ne fait rien, il vaut mieux préférer
une femme agressive et méchante, mais qui rend des services.)
(Remarquer le rythme de cet énoncé: trois anapestes / ndikka / trois
fois deux brèves.)
laya (v.)
~ se propager (dans l'organisme ou dans un groupe)
L'idée est celle d'une propagation analogue à celle d'une plante
rampante ou lianescente.
Nyawu SIDA nder IJanndu layan.
Le SIDA est une maladie évolutive.
263
hoore. Jonta, to gorko oon bee layaaji, to hooci debbo, di koUan
mo, les maako 000 y"ummataako to debbo oon bee nyawu. [...]
Rewl>e feere boo oon mari layaaji taa l>e ndeeda. Be kawtan bee
gorko nde l>e ngidi fuu, l>e ndeedataa, sey to &e itti layaaji âü.
Layaaji non ngam SIDA, mi anndaa, ammaa worl>e kam oon ngaoa
layaaji faddoode mal>l>e ngam di paddotoo nyawu bana gaaye bee
gono. (Mi., 25 ans, prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
On ne met pas d'amulette pour se protéger du SIDA. Si l'on en met,
c'est pour se protéger des mauvais sorts. Maintenant, quand un
homme a des gris-gris, s'il « prend» une femme, ils lui révéleront des
choses sur elle (litt. : ils la lui montreront) et il ne bandera pas si la
femme est malade. (...) Il Y a aussi des femmes qui ont des gris-gris
pour ne pas tomber enceintes. Elles peuvent coucher avec un homme
autant de fois qu'elles le veulent, elles ne seront pas enceintes, à moins
qu'elles n'ôtent ces gris-gris. Un vrai gris-gris contre le SIDA, je n'en
connais pas, mais les hommes font des gris-gris de protection pour se
prémunir de maladies comme la syphilis et la gonococcie.
laya (v.)
~ boiter
Aali lay"aay maa, yaataa juulirde, sakko nde layi. (Prov.)
Même quand il ne boitait pas, Ali n'allait pas à la mosquée, à plus
forte raison quand il boite.
• lekki coofnaaki
~ macéré (litt. : remède mouillé)
• lekki cuurneteeki
~ remède fumigatoire (litt. : remède à être enfumé)
• lekki doggere
~ antidiarrhéique (litt. : remède de la courante)
• lekki dollaaki
~ décocté, décoction (litt. : remède bouilli)
266
sur la route)
• lekki âaanaago
~ somnifère (litt. : remède pour dormir)
• lekki âanningo
~ produit pour anesthésie générale, anesthésique général (litt. : remède
pour faire dormir)
• lekki âemâe
~ remède contre les mauvais sorts (litt. : remède des langues)
• lekki eemoral
~ anti-amibien
• lekki gildi
~ vermifuge (litt. : remède des vers)
• lekki hoore
~ aspirine, paracétamol (litt. : remède de la tête)
• lekki mistiri'en
~ remède anti-sorcellerie (litt. : remède des sorciers)
• lekki naawreenga
~ antalgique (litt. : remède contre la douleur)
267
lekki
• lekki nafoohi / leooe nafooje
~ remède efficace
• lekki ndamba
~ remède contre les affections des voies respiratoires supérieures
• lekki nyaanyaare
~ médicament antiprurigineux (litt. : remède de la démangeaison)
.Iekki (nyawu) SIDA; syn. kompirme SIDA
~ antirétroviraux (litt. : remède / comprimé(s) du SIDA)
Les personnes infectées par le VIH ne prononcent qu'avec réticence
le mot SIDA. En français, elles parleront de «calmants» pour
désigner les antirétroviraux, et en fulfulde, elles emploieront le mot
lekki ou kompirme sans autre précision.
• lekki nyiiy"e
~ remède contre les maux de dents
• lekki palJlJooje
~ antipaludéen
• lekki sillJere
~ produit anti-inflammatoire (litt. : remède de l'entorse)
• lekki tufeteeki / leooe tufeteeoe ou lekki tufi-tufi / leooe tufi-tufi
~ médicament injectable; syn. baatal
• lekki woowo
~ bleu de méthylène (litt. : remède de woowo)
To lJe malJlJi goooo ladde, 0 walaa kelJal koo gal toy fuu. To haa
lJe ngaoa lekki kü boo, lJe kooca lesdi kosoe maako, malla boo
268
her pellel 0 silli. MalJlJeego ladde wadan goddo ba didorjo,
ammaa, dum laatantaako mo bana nyawu. (Gadjiwa, guérisseur,
Dogba, 28-04-04)
Lorsque l'on « ferme la brousse à qqn », il ne gagne rien nulle part.
Pour faire ce « fétiche », on prend de la terre dans ses empreintes de
pas ou à l'endroit où la personne a uriné. Le fait d'être victime de ce
mauvais sort pourra perturber mentalement la personne, mais cela ne
se transformera pas pour elle en maladie.
~ drap
les (adv.)
~ en bas, en bas de
Employé comme euphémisme pour désigner les « parties hon-
teuses». « Le les se compose des organes génitaux et de l'orifice
anal. Il doit être maintenu caché en tout lieu et en tout temps. Ainsi,
l'on remarquera que c'est un geste automatique de se couvrir le sexe,
ne serait-ce que de la main, si on se sent exposé au regard d'autrui.
La femme, même en se lavant, doit avoir un morceau de pagne sur
269
lesdi
elle. (...) Tout ce qui sort du les (pet, urine, selles) est considéré
comme une souillure déshonorante. » (CERCP 1998, p. 49-50)
« Le sexe et tout ce qui a rapport au sexe n'est pas désigné par son
propre nom, mais par des euphémismes, des périphrases ou des mots
étrangers (mots arabes notamment, comme zakari pour le sexe mâle
et farji pour le sexe femelle), bien que le sexe, les faits et les actions
liés au sexe aient leurs noms propres en langue peule.» (CERCP
1998,p.53)
Ko les nyaamni ko dow, subaana! (Prov.)
Si (la bouche) du bas nourrit celle du haut, Dieu nous en garde !
(I.e.: Dieu nous préserve de la prostitution !)
Koo moy tokkanü les leesan. (Prov.)
Celui qui est après le sexe s'abaisse. (Litt. : quiconque est après le
bas s'abaissera.)
To les god'd'o waati daga danyeeki maako, d'oo kam, dabare
walaa. Ammaa, to 0 d'on hal>a bee god'd'o nanngi mo les, nden d'e
calli huuwgo malla koo laruura ngod'nga, d'oo kam mi waawan
deydey d'e kuuwa. Mi d'on mari l>iI)l>e led'd'e semmbe-debboohi
bee teppel-foondu namaad'e. 0 tokkoo yargo bee gaari tum haa
asaweere, fajira bee asira, nden 0 acca. Doo to neel>i, d'e ngartan
bee hakkillo. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-05-04)
Lorsque le sexe d'une personne ne fonctionne pas de naissance, en
ce cas, il n'y a rien à faire. Mais si au cours d'une bagarre, qqn lui a
saisi le sexe et qu'ensuite ça refuse de fonctionner, ou pour toute
autre raison, alors, je peux bien faire en sorte que ça fonctionne. Je
possède des graines en poudre de Crossopteryx febrifùga et de
Chrysanthellum americanum. (La personne) doit en prendre réguliè-
rement dans de la bouillie pendant une semaine, matin et soir, puis
arrêter. Au bout de quelque temps, ça reviendra progressivement.
• les reedu
.le bas-ventre
04)
Ce jour-là, je m'éveillai le matin et je sentis une chose qui s'attachait
sur ma poitrine. Cette chose s'enroulait depuis le haut de ma poitrine
jusqu'à aller atteindre tout mon cou. Cela m'a seulement laissé avec
un hoquet.
To haa 6e ndarna Iikkirre goooo, 6e kulna mo. Feere kam, to
6ernde maako tayi nü, nde accan.
Pour arrêter le hoquet chez qqn, on lui fait peur. Parfois, dès que (la
personne) sursaute, cela s'arrête.
likkiya (v.)
~ hoqueter, avoir le hoquet
limce - ôe (n.)
var. : lumce
~ vêtements
loggita Cf laggita
lojita (v.d.) ; < loja
~ entrer dans l'œil de (qqn) (pour un corps étranger)
Gite am naawaay, walaa boo ko lojiti yamo
Je n'ai pas mal aux yeux et aucun corps étranger n'y est entré.
looftoo (v.)
~ prendre un lavement
loota (v.)
~ laver (habits, mains, pieds...)
• lootgo reedu
~ purger, être laxatif (litt. : laver le ventre)
273
lootgol
~ avoir ses règles (euphémisme)
To lewru darake debbo lootaay nii, 0 annditan 0 reedu.
Si un mois se passe sans qu'une femme voie ses règles, elle sait
qu'elle est enceinte.
Rew&e feere, deedi ma&&e don naawa to &e don loota. [...] Dum
gildi jal&alji taggotoo haa les deedi ma&&e, hada yIiyam wurtaago.
To &e njari leâde naawral reedu, gildi dii campitoo laatoo kusel
nder &alli ma&&e. (Djebba, ménagère, Maroua, avril 2004)
Certaines femmes ont mal au ventre quand elles ont leurs règles. (...)
Ce sont les ascaris qui s'enroulent dans leur bas-ventre et qui
empêchent le sang de sortir. Si (ces femmes) prennent le remède
contre le mal de ventre, ces vers se dispersent et se transforment en
chair dans leur organisme. (I.e., les ascaris sont digérés par le corps,
qu'ils contribuent à nourrir.)
Ce nom pour les règles est construit sur la racine pour « laver )).
Baaldal debbo bee gorko &aawo lootgol fuddata &inngel, ngam
lootgol ngool lallata suudu-&inngel. (Yéwé, infIrmier accoucheur,
CMAü Meskine, 27-08-04)
Ce sont les relations sexuelles entre un homme et une femme après
la période des règles qui sont à l'origine de l'enfant, car les règles
rincent l'utérus.
To debbo don maandii lootgol maako, to lewru ya&&itini nii, 0
faaman 0 don bee reedu. (Zakiatou Ousmanou, brodeuse peule, 19
ans, CSI de DougoÏ, Maroua, 27-07-04)
Si la femme se souvient exactement (de la date) de ses règles, dès
qu'un mois est dépassé, elle sait qu'elle est enceinte.
loowa(v.)
~ verser (dans un contenant)
[...] Haa lopital mannga, &e kooyan yIiyam haa baaba malla haa
daada, &e loowana ngel. (Bimoutch Ndjidda, 44 ans, infIrmier
guiziga, Dogba, 27-04-04)
(...) À l'hôpital provincial, ils prennent le sang du père ou de la mère
et le lui transfusent.
Feere boo, to gocfcfo yahi lopital, &e loowani mo iiyam marcfo
cii&oowu, ngu raa&an mo. (Dr Gottingar, médecin-chef de l'hôpital
de Bogo, 05-07-04)
Parfois, lorsque qqn va à l'hôpital et qu'on lui transfuse (litt. : verse)
274
JopitaJ
du sang contaminé (litt. : ayant le SIDA), il sera contaminé par (le
VIH).
~ introduire (une sonde, un speculum, un corps étranger...)
To les reedu debbo âon naawa, min loowa ispekilom nder dubbe
maako. (Vina Albert, laborantin, Makabaye, 06-09-04)
Lorsqu'une femme souffre du bas-ventre, nous introduisons un
speculum dans son vagin (litt. : dans ses fesses).
To âum mawâo boo, mi hamy'"a haako kaccu-kaccunga bee
mannda-kiiki, mi loowana mo gal dubbe haa neella, wula âe
booââum booââum hiddeeko 0 itta, nden âum yamditan.
(Djougoudoum Adji, guérisseur kanouri, Dourga-Godola, 01-06-04)
Dans le cas d'un adulte (atteint d'oxyurose), je froisse des feuilles de
Cassia occidentalis avec du sel mannda-kiiki, je lui fourre ça dans
les fesses (pour qu'il le garde) pendant un bon moment, et que cela
lui chauffe très fort l'anus (litt. : les fesses) avant qu'il l'enlève, puis,
ça guérit.
looyoo(v.)
~ avoir des spasmes comme pour vomir, sans toutefois vomir; cf tuuta
• lopital pamara
~ centre de santé (litt. : petit hôpital)
Jonta 000, caooum baa debbo wara I)esna gal lopital mannga
non. To 0 wari boo, woodi sababu 0 mari, sinaa non, sey 0
fuodira gal lopital pamara foddee 0 yottoo baa amin. Sey to
buunde man saati jamum I)e ngerl>ititta mo baa amin. (Amadou
Haman, infirmier accoucheur, hôpital provincial, Maroua, 26-08-04)
Actuellement, il est difficile qu'une femme vienne directement
accoucher à l'hôpital provincial. Si elle y vient, c'est qu'elle a un
problème, autrement, elle commencera par un centre de santé avant
d'arriver chez nous. C'est seulement lorsque le cas est très difficile
qu'on nous le transfère.
'Burna fuu, rewl)e y'"ummataako ngara ndanya baa lopital
mannga, ngam I)e ndaara baala ceede. 'Be mbi'a oe ouudi
jamum, maUa I)e coodan kuuje danyruoe ouuooe jamum.
276
Ammaa, gallopitalhon pamaron, 6e yamataa 6e ceede geleg, 6e
6uraay yamgo 6e booro. Ndaarmi boo anndu6e kuuoe oee
ngalaa haa ma66e. To 6e ndanyni 6e 6e ndaari 6inngel jippa-
taako, malla y1iyam oon rofa jur, 6e ngadda 6e haa amin 000.
A yi'i foddee 6e njottoo nn, yIiyam timmi. Bana woodi debboojo
6e ngaddunoo balaaoe caallioe, y1iyam maako timmi. 0 wari,
min mballini mo dow taabal, 0 waoaay koo minit cappan tati 0
maayi. Ammaa, 6uma ko mbari mo kam, hiddeeko min oa66ita
y1iyam nannduoam bee oam maako, nee6i. Gorko boo walaa
ceede. Kanjum bososel maayde maako. Hawti boo 6e nee6i bee
maako haa lopitalyel go. (Amadou Haman, infinnier accoucheur,
hôpital provincial, Maroua, 26-08-04)
La plupart du temps, les femmes ne décident pas de venir accoucher à
l'hôpital provincial pour des raisons d'argent. Elles disent que c'est
trop cher ou qu'elles devront acheter trop de fournitures pour
l'accouchement. En revanche, dans les centres de santé, on ne leur
demande pas une somme conséquente, on ne leur demande pas plus
de mille francs. Mais je constate que chez eux, il n'y a pas de
spécialistes. Quand ils les accouchent et qu'ils constatent que l'enfant
ne descend pas ou qu'il y a hémorragie, ils nous les amènent. Tu
comprends qu'avant même qu'elles arrivent ici, elles n'ont plus de
sang. Par exemple, il y a une femme qu'on nous a amenée les jours
passés, elle n'avait plus de sang. Quand elle est arrivée, nous l'avons
allongée sur la table, mais elle est morte en moins de trente minutes.
Cependant, la cause principale de sa mort, c'est que cela a pris du
temps avant que nous trouvions du sang compatible avec le sien. Son
mari également n'avait pas d'argent. Voilà la cause de sa mort.
S'ajoute à cela le fait qu'ils ont traîné au centre de santé.
• lopital pirive
~ centre de santé privé, clinique
Haa lopital pirive, to innu huuwataa booooum, 6e ngurtina mo.
(Maïramou Ibrahim, clinique de la CNPS, 14-07-04)
Dans les centres de santé privés, si qqn ne fait pas bien son travail,
on le renvoie.
lummba(v.)
~ baigner, donner un bain à
lummboo(v.)
~ être au milieu
• lummbaago debbo
~ coucher avec une femme (euphémisme)
luuou - ngu (n.) ; < arabe [1 w tl « homosexuel» (du nom biblique de Lot)
~ homosexualité
(Au départ, ne désigne que l'homosexualité masculine; actuel-
lement, a été étendu à l'homosexualité féminine.)
Sardiiji lesdi Kamaru kadi kuugalluudu.
Les lois camerounaises interdisent la pratique de l'homosexualité.
• gadoowo luudu / wadoo6e luudu
~ homosexuel, lesbienne
luuwee(v.)
~ ressentir les douleurs de l'accouchement, être en travail
279
luwal
To debbo luuwaaoo wari, waato daga oum fuodi naawgo mo
seooa seooa, min ndaara deydey santimeetir noy 0 mari.
(Amadou Haman, infirmier accoucheur, hôpital provincial, Maroua,
26-08-04)
Lorsqu'une femme qui a des douleurs arrive, c'est-à-dire dès qu'elle
commence à avoir un peu mal, nous contrôlons la dilatation de son
col d'utérus (litt. : combien de centimètres elle a exactement).
maandoo (v.)
~ se souvenir exactement de
To debbo oon maandii lootgol maako, to lewru ya66itini nii, 0
faaman 0 oon bee reedu. (Zakiatou Ousmanou, brodeuse peule, 19
ans, CSI de DougoÏ, Maroua, 27-07-04)
Si la femme se souvient exactement de (la date de) ses règles, dès
qu'un mois est dépassé, elle sait qu'elle est enceinte.
maata(v.)
~ sentir, se sentir (goût, odeur)
Mannda maati haa haako koo.
Il y a trop de sel dans cette sauce. (Litt. : le sel se sent dans cette sauce.)
(En français local, on dirait : « le sel est dosé dans la sauce là ». 11
faut donc se méfier lorsqu'on veut utiliser le verbe « doser» dans
son sens en français standard: il ne sera pas compris comme « déter-
miner la dose d'un médicament », mais comme « donner ou mettre
une forte dose de ».)
~ ressentir (une douleur)
Dume maatataa ?
De quoi souffres-tu 7 (Litt. : qu'est-ce que tu ressens 7)
281
ma
Wadi nyaloe tati ko Ilinngel fuodi maatugo reedu.
Voilà trois jours que l'enfant a commencé à avoir mal au ventre.
Min oon kurgira nyawlle foddee ko Ile maatata. (Bello Yous-
soufa, chef du CSI de Dargala, 15-06-04)
Nous soignons les malades d'après ce qu'ils ressentent. (Nous
donnons aux patients un traitement symptomatique.)
maaya(v.)
~ mourir; cf faatoo, yana
Pullo maayran mbaala-mbaala. (Prov., Yaya Daïrou, Maroua)
Un Peul doit mourir comme un mouton. (Le mouton meurt sans
bruit.)
Hulgo maaygo haoataa maaygo. (Prov., Modibo Bello Amadou)
La peur de la mort n'empêche pas de mourir.
Yerima yidi laamu, yioaa baaba maaya. (Prov.)
Le prince (fils du chef) veut le pouvoir, (mais) ne veut pas que son
père meure. (Pour avoir une chose, on doit renoncer à une autre.)
Karammbaanüjo aartan nyawoo maaygo. (Prov.)
Celui qui s'occupe de ce qui ne le regarde pas mourra avant le
malade.
Mo maayaay na ylima esum. (Prov.)
Celui qui n'est pas mort verra un jour ou l'autre son parent par
alliance. (Tant qu'on est vivant, on peut avoir l'espoir de faire qqch.)
Daga to luttani goooo baloe cappan nay haa 0 maaya, dabbaaji
bee leooe fuu anndi.
Dès qu'il ne reste plus que quarante jours à vivre à qqn, les animaux
(bétail) et les arbres le savent tous.
Yaa jam maa, taa Iladam, sakko mi laatoo sababu timmitingo
ma!
Va tranquillement, ne t'approche pas de moi, de peur que je ne sois
la cause de ta mort! (phrase adressée par les arbres ou les animaux à
une personne dont ils savent qu'il ne lui reste plus longtemps à
vivre.)
To baloe debbo timmi kam, to haa 0 Ilesna koo haa lopital, koo
haa saare, fuu na 0 maayan. Walaa huunde feere anndumi kam.
Dum Alla hoddiri non. (Mme Agathe, CSI de Dougoï, Maroua, 27-
07-04)
Lorsqu'une femme a vécu les jours qu'elle avait à vivre (litt.:
lorsque les jours de la femme sont finis), qu'elle accouche à l'hôpital
ou à domicile, de toute façon elle mourra. Je ne connais rien d'autre.
C'est Dieu qui en décide.
282
tuaf)
maayarle - de (n.) ; < maaya
~ mortalité importante, nombreuses morts
Innu to maayi, koo nyawu nguye mbari mo, Ile kuuna junngo
bee leppol, feere Ile ngaoa haa kooli tati junngo agulaawo, Ile
cena maayoo. Be ngaoana mo nanngaroam, Ile ngogga nyiiye
maako bee koolel cakaayel kuunaangel. Baawo man, Ile ngiiwa
Ilanndu man fuu, Ile kuuna junngo to Ile oon ngogga mo bee
saabulu, Ile oon ndufa ndiyam daga hoore haa jippoo Ilanndu
fuu. [...] Gorko feewnataa debbo, debbo boo feewnataa gorko,
ammaa to Ilinngel, peewnuoo fuu kal. (Goggo, ménagère peule,
Dogba,04-05-04)
Quand qqn est mort, de quelque maladie que ce soit, on enveloppe la
main avec un tissu, parfois on enveloppe trois doigts de la main
gauche et on purifie le mort. On lui fait les ablutions (rituelles), on
lui frotte les dents avec le majeur protégé (par une bande de tissu).
Ensuite, on lui lave tout le corps, on protège (également) la main
lorsqu'on le frotte avec du savon, (puis) on lui verse de l'eau depuis
la tête jusqu'à tout le corps. (...) Un homme ne peut faire la toilette
mortuaire d'une femme, et une femme non plus ne peut faire la
toilette mortuaire d'un homme, mais quand il s'agit d'un enfant,
n'importe qui peut lui faire sa toilette mortuaire.
ma66a(v.)
~ fermer, couvrir
283
mafi(iita
• malJfmgo god'd'o ladde
~ empêcher(magiquement) qqn de prospérer (litt. : fermer la brousse à
qqn)
To lJe malJlJi god'd'o ladde, 0 walaa kelJal koo gal toy fuu. To haa
lJe ngad'a lekki kü boo, lJe kooca lesdi kosd'e maako, malla boo
her pellel 0 silli. MalJlJeego ladde wad'an god'd'o ba did'orjo,
ammaa, d'um laatantaako mo bana nyawu. (Gadjiwa, guérisseur,
Dogba, 28-04-04)
Lorsque l'on « ferme la brousse à qqn », il ne gagne rien nulle part.
Pour faire ce « fétiche », on prend de la terre dans ses empreintes de
pas ou à l'endroit où la personne a uriné. Le fait d'être victime de ce
mauvais sort pourra perturber mentalement la personne, mais cela ne
se transformera pas pour elle en maladie.
• malJlJititgo noppi
~ ouvrir les oreilles (dans le sens de « bien écouter»)
284
Inakiyas
MafJmafJtere, Cuutere nder dedo. (Prov.)
L'hésitation, un pet (enveloppé) dans une peau d'animal. (Le pet
enveloppé dans une peau y reste prisonnier. De même, celui qui
tergiverse est incapable d'agir.)
maja(v.)
~ se contracter involontairement et de façon anormale (paupière), cligno-
ter, tressaillir
To yitere goddo don maja, fJe mbi'i malla 0 yi'an mo 0 wayri
laargo, malla boo 0 woyan.
Lorsque qqn clignote des yeux, on dit qu'il va voir une personne
qu'il n'a pas vue depuis longtemps, ou qu'il va pleurer.
To debbo reedi kesum, 0 nanan reedu maako don maja, waato
to 0 waalake, 0 wadi siriw, 0 maatan ndu don wada mut mut
mut haa deydey suudu fJinngel. (Mme Oubbo, Zileng-Bappa, 01-
06-04)
Quand une femme est nouvellement enceinte, elle sent son ventre se
contracter involontairement, c'est-à-dire que, quand elle est couchée
tranquillement, elle sent qu'il fait mou! mou! mou! dans l'utérus.
285
tuant
.
de se faire opérer).
Debbo gaôanôo makiyas, to I>e ceeki mo, 0 yamditittaa.
La femme qui se décolore la peau, lorsqu'on l'opère, elle ne guérit
pas (Le. la cicatrisation ne se fait pas).
~ produit (lait, lotion, pommade) destiné à éclaircir la peau; syn. nebbam
makiyas
• wujjaago makiyas
~ s'enduire (la peau) avec des produits éclaircissants
mani - 0 / nga ; < hausa [màniyYli] « spenne »< arabe [minan] « spenne »
~ spenne (tenne correct); syn. rare nudTa
Mani, ôum mbosam. [...] To a walaa mani, a danyataa. To a
wa"ake debbo, mani ngaan cillataa yaha haa debbo waôa
I>inngel. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Le spenne, c'est de la moelle. (...) Sans spenne, tu n'auras pas
d'enfant. Lorsque tu couches avec une femme, c'est ce spenne que
tu éjacules et qui va dans la femme pour faire un enfant.
Kala debbo mo Alla ôawaay ôum danygol fuu lootan. Lootol
ngool boo y1wan diga I>anndu debbo 00. Nden, to 0 hawti bee
gorko, nudTa gorko naastan nder suudu-I>inngel, y"'Iiy'"am debbo
boo wurtotoo yaasi. Kanjum fuôôata I>inngel. To debbo 00 ôon
loota, suudu-I>inngel mal>l>itoo, nudTa gorko naasta ton, ammaa,
to 0 lootaay kam, suudu-I>inngel mal>l>itittaako. To mal>l>itaaki
boo, nudTa gorko hel>ataa laawol naastirgo suudu-I>inngel. (Dada
Mamma, accoucheuse traditionnelle, Zala, 12-08-04)
Toute femme à qui Dieu ne refuse pas d'avoir des enfants, a des
règles. Ces règles proviennent du corps de la femme. Ensuite, si elle
s'unit à un homme, le spenne de l'homme pénètre dans l'utérus, le
sang de la femme sort également. C'est cela qui sera à l'origine de
l'enfant. Lorsque la femme a ses règles, l'utérus s'ouvre, le spenne
de l'homme y entre, mais, si elle n'a pas de règles, l'utérus ne
s'ouvre pas. S'il ne s'ouvre pas, le spenne de l'homme ne trouvera
pas de passage pour entrer dans l'utérus.
286
Goôôo meeôaay mannda, mannda siwtoo, haako mum wela.
(Prov., Modibo Bello Amadou)
Pour qqn qui n'est pas habitué au sel, le sel est sans importance, (et il
trouve que) sa sauce est savoureuse.
Marwa (n.p.)
~ Maroua
Marwa ngura, adda gure,
Mbaawaa ngaraa,
Maraa ngaraa.
Mbaalooôaa e njaareendi,
Nyaamaa maaroori,
Njalaa nganyaandi.
Maroua, la ville, sœur aînée des villages,
Viens-y avec ton savoir,
Viens-y avec ton avoir,
Couche-toi dans le sable,
Mange du riz,
Et ris méchamment.
(Les habitants de Maroua affectionnent les nourritures de luxe (riz),
passent leur temps couchés sans rien faire, à dire du mal des autres.)
Marwa yidÏ ginnaaôo, yiôaa danygo ginnaaôo.
Maroua aime (voir) le fou, (mais) n'aime pas en mettre au monde.
287
111aw(fo
Marwa I>ü reeza, lal>an oeeOataa.
Maroua est une petite lame de rasoir, qui rase alors qu'elle ne coupe
pas. (Le rasage avec une lame qui ne coupe pas est douloureux.)
mayyiiti - 0 (n.) ; < arabe [m w t], cf arabe tchadien [mayyit] « mort, décédé »
~ deuil, cérémonie consécutive à un décès, qui se déroule après l'inhu-
mation
To innu hoydi kusel, puccu, wamnde, fijirde, hoydirgo oum
weelaa. Naa woooaay, ammaa oum mayyüti. (Asta Fidjondé, 60
ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Quand on rêve de viande, de cheval, d'âne, de jeu, ce n'est pas un
bon rêve. Ce n'est pas que ce soit mauvais, mais (cela annonce) des
funérailles.
mayya(v.)
~ cligner des yeux (mouvement involontaire)
[Diga I>e ceeki yam yitere], walaa ko maatanmi, sey babal I>e
meemi maatanmi oon naawa ; to mi may)1 nii, nde oon gata.
(Didjatou Amadou, 60 ans, ménagère peule, Petté, 27-05-04)
(Depuis que l'on m'a opérée de l'œil), je ne ressens rien, sinon que
l'endroit que l'on a touché me fait mal; lorsque je cligne des yeux,
288
1l1basu
Ge ressens) un élancement (dans cet œil) (litt. : il se mord).
289
Mbasu woni baaba-saare.
C'est le pénis qui est le père de famille. (Si le mari n'assure pas son
« devoir conjugal », il n'aura aucune autorité chez lui.)
digga-mbasu
dont le pénis est doux au toucher
juuta-mbasu
dont le pénis est long
ramma-mbasu
dont le pénis est (trop) court
waata-mbasu
impuissant (litt. : dont le pénis est mort)
INSULTES
basel koolel cimatel
zizi de la taille d'un vermicelle (litt. : petit pénis (de la taille) du petit
doigt)
Mbasu wamnde !
Pénis d'âne!
290
Bagrugo bee deenfum, oum mbooa.
Le fait de se marier avec son frère / sa sœur est un interdit.
me'a(v.)
~ bégayer
meece-de
~ rougeole
293
kon ngüwoo feere, sey to wadi nyaloe tati hiddeeko kon ngilwoo
bee ndiyam non. (Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala,
09-06-04)
Il est facile de reconnaître la rougeole. Des boutons de chaleur sortent
sur le corps de la personne, elle tousse beaucoup, son corps chauffe, sa
tête chauffe, elle vomit, ses yeux deviennent rouges également. Si
vous trouvez une personne ou un enfant en cet état, n'ayez aucune
hésitation, il s'agit de la rougeole. C'est une maladie qui affecte
principalement les petits enfants. Je n'en connais pas la cause, mais, si
elle touche un seul (enfant) dans le quartier, il faut laver tous les autres
à titre préventif. Elle ne sévit qu'en saison sèche.
On l'appelle « maladie de l'administration» (i.e. maladie exigeant la
mise en quarantaine) car on doit isoler (litt. : enfenner) le malade
dans une pièce jusqu'à ce que son état s'améliore. Pour soigner cette
(maladie), je cherche des drageons de jujubier (Ziziphus spina-
christi), j'y ajoute des tamarins, des « carpes» Oreochromis sèches,
je pile ça, je le mets dans de l'eau et je lave (le malade avec ce
macéré). Il ne doit manger que de la sauce d'Hibiscus sabdariffa
sans sel de potasse ni sel de cuisine. Il ne doit pas goûter le moindre
mets savoureux.
(Pour en protéger les enfants) je possède du crottin d'éléphant; j'en
trempe dans une calebasse et je lave les enfants avec ça à l'aurore.
Ils ne doivent se laver avec rien d'autre, et ce n'est qu'au bout de
trois jours qu'ils peuvent se laver avec de l'eau ordinaire.
TRAITEMENT TRADITIONNEL
To goooo nyawi meece, Ile takana mo haako wanko bee cukkuri.
Feere boo, 0 nyaama parawe jooroe, malla boo cuurnaaoe. 0
yüwataako, sey to oe puuti. Be kaoan mo nyaamgo kuuje
newsuoe bee kusel. Be oon coofna jalllle bee tiueere Ile tollllana
mo nder gite, ngam taa 0 oaanoo, daada puufe oee wurtoroo
nder gite. To nde wurtorake gal gite, 0 wuman. Ammaa sey
naange non Ile tollllanta mo, jemma kam Ile kaoataa mo
oaanaago. To meece oee koyoe, baloe joweedidi nü, goooo
fuooan yiiwaago bee nyaamgo ko 0 yidi fuu. To meece oee caati,
goooo jooootoo baakin baloe sappo e nay hiddeeko Ilanndu
maako fuooa Iloltaago. To ndu fuodi Iloltaago, 0 hooca yallllo, 0
doUa, 0 yllwoo, suy nyawu nguu timmi. Feere boo, to wakkati
puufe oee ngurtodake, Ile nama njigaari, Ile njülla kuroori
maari bee ndiyam, Ile nguja mo. Meece feere boo, to puufe
ngurtake, nden oe lortake, oe naasti, 000 kam meece oee
kalluoe jamum, ngam to oe lorake nder Ilanndu, hurgugo oe
caatan jamum. Yimlle kam iUan tammunde hurgugo mo.
(Marna Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-04)
Lorsque qqn a la rougeole, on lui prépare une sauce de Ce/tis
294
nlcece
integrifolia avec du sel de potasse. Autrement, il doit manger des
Tilapia secs ou passés rapidement sur le feu (litt. : fumés, mais il ne
s'agit pas ici de poisson fumé). Il ne doit pas se laver avant l'éruption
des boutons. On l'empêche de manger des choses huileuses ainsi que de
la viande. On trempe des tamarins avec des oignons et l'on instille des
gouttes (de cette macération) dans les yeux (du malade) pour qu'il ne
dorme pas et que la « mère des boutons )) ne sorte pas par les yeux. Si
elle sort par les yeux, (le malade) deviendra aveugle. Cependant, on ne
lui instille ces gouttes que pendant la journée, la nuit, on ne l'empêche
pas de dormir. Si la rougeole est bénigne, au bout de sept jours environ,
le malade recommencera à se laver et à manger ce qu'il désire. Si la
rougeole est grave, la personne restera environ quatorze jours avant que
son co1ps ne commence à peler. Quand il commence à peler, (le
malade) doit faire bouillir des feuilles de tamarinier et se laver avec le
décocté, ensuite, la maladie est guérie. Parfois, au moment où a lieu
l'éruption de boutons, on écrase du sorgho rouge, on mélange la farine
obtenue avec de l'eau et l'on en frotte (le malade). Parfois encore,
quand l'éruption a lieu, elle fait demi-tour et rentre (dans le co1ps) ;
alors, cette rougeole est très grave, car si elle retourne dans le co1ps, il
est très difficile de la soigner. On perd l'espoir d'une guérison.
To puufe meece calake wurtaago, goooo hooca nama tigeere,
suy yiggana lJinngel dow lJanndu. Nden, lJe cudda ngel ngam taa
henndu meema ngel. To henndu ftyi ngel, puufe oee
ngurtidittaako. To waali nü, puufe oee fuu oe ngurtodottoo.
Malla boo, goooo nyaanca maarooga haa nga wooja coy, suy
loowa ndiyam nder ton. To oam yuuft nü, 0 süwa oam, 0 yarna
lJinngel ngeel. Kanjum boo wurtinan puufe. (Djebba, ménagère,
Maroua, avril 2004)
Lorsque les papules de la rougeole refusent de sortir, on écrase de
l'oignon et l'on frotte le c01ps de l'enfant avec. Puis on le couvre
pour que les courants d'air ne le touchent pas. Si un courant d'air le
touche (litt. : frappe), les papules ne pourront pas sortir en totalité.
Après une nuit, toutes les papules sortiront. Ou bien, on porte à
incandescence du sable fin et l'on verse de l'eau par-dessus. Après
ébullition, on la filtre et on la fait boire à l'enfant en question. Cela
fera également sortir les papules.
To nyawu meece nanngi goooo, 0 yarataa ndiyam peewoam, sey
nguloam. To 0 yari peewoam, 0 maayan. Be malJlJa mo nder
suudu. Nyüri maako boo, sey haako foDere bee parawe jooroe.
o nyaamataa cukkuri sam. Saa'i feere boo, gite maako mboojan
coy, nden, sey lJe tolJlJana mo ndiyam foDere nder maaje. To lJe
tolJlJanaay mo, 0 wuman. Nyawu meece nanngataa goooo nde
didi. To nanngi nde woore, meetataa sam. (Mana Hododok,
guérisseur, Godola, 9-04-04)
295
nlccma
Lorsque qqn attrape la rougeole, il ne doit pas boire d'eau froide,
mais seulement de l'eau chaude. S'il boit de l'eau froide, il mourra.
On l'enferme dans une chambre. Comme nourriture, il ne doit
prendre que de la sauce d'oseille avec des carpes sèches. Il ne doit
pas du tout consommer de sel végétal. Parfois, ses yeux deviennent
très rouges; alors, on doit y instiller des gouttes de jus d'oseille. Si
on ne le fait pas, il deviendra aveugle. La rougeole ne s'attrape pas
deux fois. Une fois qu'on l'a eue, cela ne recommence plus.
TRAITEMENT MODERNE
To 6inngel nyawi meece, min oon mbi'a daada maagel waoana
ngel gaari maatundi biriiji bee sukar, 0 nyaamna ngel boo kuuje
beloe, ngam 6urna nyawuuji bana ôrl 000 fuu, oum sooynde
nyaamdu woondu waoata di. (Yaya, infirmier, hôpital de Bogo,
29-06-04)
Quand un enfant a la rougeole, nous disons à sa mère de lui faire de
la bouillie avec suffisamment d'arachide et de sucre, et de lui faire
manger de bonnes choses, car, la plupart des maladies de ce genre
sont dues à une sous-alimentation.
meema(v.)
~ toucher, palper
To haa 6e kamya nanol, sey to ngol pamarol. [...] To goooo
meemi nii, tawan ngol ngol oon waalii bana sawru nder reedu,
ammaa, to goooo mawni, hamyugo hurgataa ngol. (Abdou-
ramane Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
On ne masse une rate douloureuse que lorsqu'elle est petite. (...) Si
on la palpe, on constate qu'elle ressemble à un bâton posé dans le
corps, mais, quand la personne est devenue grande, le massage ne la
guérit pas.
melyindoo (v.)
~ sortir et rentrer la langue plusieurs fois
To (jinngel nyawi nyawu huutooru, ngel fooyan, ngel oon
melyindoo, nanndita bee huutooru. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba,
20-03-05)
Lorsqu'un enfant a la 'maladie du varan', il maigrit, il sort et rentre
la langue de façon irrépressible, il ressemble au varan.
297
metta
Feere boo, lJe tappa hurnaaho lJe kawta bee kilbu, lJe nguja dow
hoore maagel. Be oon ngula lJikkon baskooje, nama kon, nguja
dow hoore maagel. Be oon y"ara dow metemetelde man bee
koskon mbalJlJattu. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
On soigne la teigne avec de nombreux remèdes. Autrefois, l'enfant
atteint de teigne allait voler à sa tante paternelle un morceau de cale-
basse à prendre la boule dans la marmite; on le brûlait, on mélangeait
la cendre avec du beurre frais et on lui en frottait le cuir chevelu.
Parfois, on bat des feuilles de jujubier (Ziziphus spina-christi), on les
mélange avec du natron et on lui en frotte le cuir chevelu. On grille
des gombos, on les écrase et on lui en frotte le cuir chevelu. On sca-
rifie la partie atteinte par la teigne en se servant de pattes de criquets.
metta (v.)
~ être fade, sans saveur
~ être Îa.ché
Goooo feere, to lJernde mum metti nli, foti 0 maaya ngam
yny"am moolJtotoo nder maare, lJaawo oon, foti nde feera, 0
maaya. (Mal Abdou, guérisseur peul, Bogo, 01-07-04)
Certaine personne, dès qu'elle se Îa.che (litt. : dès que son cœur est
Îa.ché), il se peut qu'elle meure car son sang se masse dans le cœur,
ensuite, il se peut qu'elle ait une crise cardiaque (litt. : que (le cœur)
éclate) et qu'elle meure.
müjoo(v.)
~ hésiter, craindre
Jaroowo semtataa, mlijataako.
L'ivrogne n'a ni pudeur ni crainte.
müra(v.)
~ trotter (insectes)
~ avoir des fourmillements, des picotements; cf mooy"ooy"o
298
· ..
nnnizi
~ picoter
Nyawu fuddiri yam gal hoore, I>aawo man, I>anndu am don
naawa, suy kosde njal>i don müra non. (Oubbo Abdou, 45 ans,
ménagère peule, Petté, 27-05-04)
Ma maladie a commencé par la tête, puis, j'avais mal partout,
ensuite, mes jambes s'y sont mises et j 'y ressens des fourmillements.
299
luinizi
Goooo maroo minizi, 0 wi'ete 0 oon tuuta, tuure man boo
wardan bee caarol marngol ü'am. 0 &esdan wiigo ma daande
maako naawan, hoore seekan, ammaa haa tabitina fakat oum
minizi, sey laara coofe maako bee ü'am maako. (Yaya Haman,
infinnier guiziga, 27 ans, Meskine, 07-04-04)
Celui qui a la méningite, il vous dit qu'il vomit, et que ses
vomissements sont accompagnés de diarrhée sanguinolente. Il vous
dira encore qu'il a mal au cou, que sa tête lui fait horriblement mal,
mais, pour établir de façon certaine qu'il s'agit de méningite, il faut
pratiquer un examen de selles et de sang (du patient).
To &inngel oon mari minizi, oum sargan nguoumre maagel ; ngel
warta ngel oon saara non. A foti nanndidinaa ngu bee nyawu
feere. (Yaya Haman, infirmier guiziga, 27 ans, Meskine, 07-04-04)
Quand un enfant a la méningite, cela lui dérange la fontanelle; il ne
fait qu'avoir la diarrhée. On peut confondre (la méningite) avec une
autre maladie.
To laatake minizi jaggi goooo, ngu accan batte, waato ngu
mbaran reeta &anndu goooo, wuttudu man huuwataa fahin.
(Yaya Haman, infinnier guiziga, 27 ans, Meskine, 07-04-04)
Si la méningite est sévère, elle laisse des séquelles, par exemple, elle
peut paralyser la moitié du corps, ce côté ne fonctionnera plus.
DIAGNOSTIC
To minizi nanngi innu, hoore mum naawa, daande daroo ciro To
bana &inngel pamarel, nguoumre oon uppa, ammaa to mawoo,
nde uppataa. Baade hoore naawa haa gonm ila. To min ndaari
bana nü, min mballina mo, min &agta kosoe maako dow. To
oum naawaay mo, naa oum minizi, ammaa, to oum naawi mo,
oum minizi. Nyawu minizi nanngan diga ngaandi goooo, tokkoo
oaool &aawo haa nannga kosoe. To min tawi kosoe maako
&agtataako, min pogsona haa &aawo maako, min poooa ndiyam
nder Pal &aawo maako. To min tawi oam warti bana mbordi,
fakat oum minizi, ngam ndiyam ngondam nder i'al &aawo, to
woodaa nyawu, oam ndaneejam. (Yaya, infinnier, hôpital de
Bogo, 29-06-04)
Quand la méningite attaque qqn, il a mal à la tête et il a le cou raide.
Quand il s'agit d'un bébé, sa fontanelle enfle, mais, chez les grands,
elle n'enfle pas. En fait, (le patient) a mal a la tête au point qu'il
verse des lannes. Quand nous voyons cela, nous l'allongeons et nous
lui soulevons les jambes. Si cela ne lui fait pas mal, ce n'est pas la
méningite, mais si cela lui fait mal, c'est la méningite. La méningite
attaque depuis le cerveau, poursuit par la moelle épinière jusqu'aux
jambes. Si nous constatons que ses jambes ne se soulèvent pas, nous
lui ponctionnons le dos, nous aspirons le liquide de sa colonne
300
· .
rnlnYlraaWO
vertébrale. Si nous constatons qu'il est devenu comme du pus, à
coup sûr, il s'agit de méningite, car le liquide qui se trouve dans la
colonne vertébrale, en l'absence de maladie, est blanc (i.e. incolore).
TRAITEMENT
To nyawu daande nanngi &inngel, daande maagel don darii cir,
nde dimmbataako sam. Be don kurga ngu bee arge. To &e ke&i
ngurtotoodam aran, &e ndokka &inngel woo&a seeda, nden, &e
ngujana ngel daande maageI. To &e ngadi bana nii, ngel
yamditan, koo ngel yahaay 10pitaI. (Djebba, ménagère, Maroua,
avril 2004)
Si la méningite affecte un enfant, son cou devient raide, il ne peut
plus du tout bouger. On soigne (la méningite) avec de l'alcool (de
fabrication artisanale). Une fois que l'on s'est procuré du cœur de
chauffe (premier alcool à sortir de l'alambic lors d'une distillation),
on en donne un peu à boire à l'enfant, puis, on lui frotte le cou avec.
Si l'on fait ainsi, (l'enfant) guérira même s'il ne va pas à l'hôpital.
305
olÎsti riij0
la bouche, vous ne le pourrez pas. Je suis obligé de l'enfumer avec un
remède avant que cela le relâche un peu. Parfois, vous trouverez que
la personne se déplace (i.e. vaque à ses occupations), mais qu'elle se
plaint du cœur. Parfois, la personne est couchée, elle a mal à la tête,
elle a le corps brûlant, ou toutes ses articulations sont sans force. Dans
tous les cas où nous faisons des constatations de ce genre, nous
pensons que ce sont les sorciers (qui sont en cause). Parfois, vous
trouverez la personne couchée comme si elle était morte. Lorsque je
l'enfume avec un remède, elle se lève en demandant: «Que se passe-
t-il ?» Tout cela, c'est l'œuvre des sorciers.
To mistirüjo nyaami goôôo, 0 tuutataa mo, sey to ko 0 fuômri
nyaamgo mo wam baakin lebbi mm. Ngam kusel maako daga 0
nanngi ngel, 0 ôon sigi ngel, haa ngel nyoli. Koo to 0 tuuti mo,
goôôo man nafataa, 0 maayan. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans,
guérisseur peul, Dogba, 27-04-04)
Lorsqu'un sorcier a mangé qqn et qu'il ne le relâche pas (litt. : qu'il
ne le vomit pas), c'est seulement quand il s'est passé environ deux
mois depuis qu'il a commencé à le manger. Car sa chair, depuis qu'il
s'en est emparé, il la garde (dans la terre) jusqu'à ce qu'elle
pourrisse. Même s'il le relâche (alors), il ne sera plus en bon état et il
mourra. (Si le sorcier garde sa victime plus de deux mois, elle est
définitivement perdue.)
Kaaramaajo, haa lJernde goôôo 0 nanngata. Nanaa goôôo 00
ôon sinka lJernde, nde ôon naawa meere non, walaa ko 0
nyaami. Sey to mi waôani mo leôôe, mi faaman kadi ôum
mistiri'en nanngi mo. Lekki kü boo, bee aalali, malla boo
yowtere baôaadi, 0 hawta 0 waôa layaaru, suy 0 lJila haa
lJanndu maako, malla haa limce maako. (Gadjiwa, guérisseur,
Dogba,30-04-04)
Le sorcier attaque la personne au 'cœur'. Vous apprenez que qqn se
plaint du 'cœur', qu'il lui fait mal sans raison, alors qu'il n'a rien
mangé (de nocif). Il faut que je lui fasse des philtres magiques pour
savoir si ce sont des sorciers qui s'en sont pris à lui. Ce philtre (est
composé) de (racines de) Securidaca longepedunculata et de gui de
Commiphora africana ; il rassemble (ces ingrédients) et en fait une
amulette, puis il l'accroche sur lui ou sur ses vêtements.
Mistiri'en feere ôon nannga lJernde. Kanjum wam to lJe nanngi
goôôo, 0 woyran lJernde maako, nde ôon naawa bana nde
yuppotoo ; goôôo feere, ôum aartirana mo hoore naawa, lJaawo
man, ôum huucita haa lJernde. (Mme Iya, ménagère, Zileng-
Bappa, 06-11-04)
Certains sorciers attaquent (litt.: saisissent) le 'cœur'. C'est
pourquoi, quand ils ont attaqué qqn, (celui-ci) souffre du 'cœur'
(litt.: il pleure avec son cœur), il lui fait mal comme s'il se
306
lnistiriijo
renversait; chez une autre personne, cela commence par un mal de
tête, puis, cela retourne au 'cœur'.
DÉTECTION DU SORCIER
To kaaramaajo nanngi goooo, Ile cuurni mo lekki, 0 feCtan mo
[...]. To nyaamaaoo 00 oon waalii, Ile koo'a gaadal ceembal, Ile
tappa ngal bee ~uIl)e yiite, bee gawri majeeri, Ile loowa oum
nder korel kesel bee ndiyam, Ile ngoollna mo, tollllana mo haa
noppi boo seeoa, suy 0 feCta nyaamoo mo. (Gadjiwa, guérisseur,
Dogba, 30-04-04)
Lorsqu'un sorcier a pris qqn, on enfume (sa victime) avec un
remède, et il le dénoncera (...). Quand la victime est couchée, on
prend du Ossus quadrangularis, on l'écrase (litt. : on le frappe) avec
des braises ainsi qu'avec du sorgho repiqué à grains blancs, on verse
cela dans une petite louche neuve et on y ajoute de l'eau, on le lui
fait boire, on lui en verse quelques gouttes dans les oreilles, puis il
dénonce celui qui l'a « mangé ».
To Ile nanngi mistiriijo, Ile piyra mo bee leooe bambammbe,
ngam leooe feere fuu, 0 yoofataa. Baawo to Ile njarni mo bone,
sey 0 defa foDere, 0 laanya bee junngo maako, 0 nyaamna
nanngaaoo maako. To 0 mistiriijo, 0 nanataa yiite. To 0 wadi
bana nü, 0 tuuti Ilernde ndee. Feere boo, 0 lalla les maako bee
naafoe maako, 0 yarna goooo 00 mo ° nyaami. (Gadjiwa,
guérisseur, Dogba, 30-04-04)
Lorsqu'on arrête un sorcier, on le frappe avec des bois de Calotropis
procera, car (si c'est avec) d'autres bois, il ne relâchera pas (sa
victime). Après qu'on l'ait fait souffrir, il faut qu'il prépare une sauce
d'Hibiscus sabdariffa (oseille de Guinée), qu'il la remue à la main et
qu'il la fasse manger à sa victime. S'il est sorcier, il ne sent pas la
brûlure (litt. : le feu). S'il fait ainsi, (c'est qu')il a relâché (litt. : vomi)
le 'cœur' (de sa victime). Parfois, il rince son sexe et ses aisselles et
fait boire (l'eau de rinçage) à la personne qu'il a« mangée ».
To mistiriijo wii 0 nyaamataa, Ile njaara mo yolnde laamoo, Ile
nanngina mo, Ile caawa mo ba maayoo, sey lutta hoore tan. Be
ngadda tonteere, 0 hunoo : to mi mistiriijo, Alla, reedu am uppa
ba toontere. Baawo man, 0 taha nde bee oemngal maako. Bana
nii, to 0 meeti nyaamgo nii, reedu maako uppa, suy 0 maaya.
Si un sorcier dit qu'il n'en est pas un (litt. : qu'il ne mange pas), on
le conduit à l'entrée de la concession du chef, on lui fait les ablutions
rituelles, on l'emballe comme un mort, en ne laissant voir que la tête.
On apporte le tambour de la chefferie pour qu'il prête serment
dessus: « Si je suis sorcier, par Dieu, que mon ventre gonfle comme
un tambour! » Ensuite, il doit le lécher avec la langue. De cette
façon, dès qu'il recommencera à pratiquer la sorcellerie (litt.: à
307
luocca
manger), son ventre gonflera et il mourra.
PROTECTION CONTRE LA SORCELLERIE
Haala mistiraaku oum goonga, ngam to a nani 6e mbi'i wayne
mistirüjo, yar lekki. To a yari ki, a yehi haa oakki maako, to 0
mistirüjo fuu, 0 sottotoo penel ngeel. To a he6i lekki kü a jo"ini,
koo paatuuru boo waran nyaama ki, ngam ndu hulan haala
mistiri'en. (Baba Aladji, guérisseur, Lopéré, Maroua, 26-11-04)
Les affaires de sorcellerie sont à prendre au sérieux, et si vous
apprenez qu'un tel est sorcier, prenez un remède. Quand vous
l'aurez bu et que vous irez près de lui, s'il est vraiment sorcier, il
quittera l'endroit. Si vous possédez ce remède et que vous le posez
(quelque part), le chat lui-même viendra le manger, car (lui aussi)
redoute la sorcellerie.
mocca(v.)
~ crachoter sur (qqn ou sur soi-même) en prononçant des formules
(magiques ou coraniques), à des fins thérapeutiques ou pour se protéger
des êtres malfaisants (sorciers ou 'diables')
Be oon kurgira garsa sey bee binndi tan, mana boo moccugo.
[...] To ka sottaay, 000 kam naa oum garsa. (Baba Djimilla, 65
ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
On soigne le garsa uniquement avec des écrits (coraniques) ou par
des incantations accompagnées de crachotements. (...) Si la maladie
ne s'en va pas, alors, c'est qu'il ne s'agit pas de garsa.
Be oon kurgira caayoori daande bee moccuki balol mana boo
gaarawol, 6aawo man soofna ngol, suy 0 yara. (Abdouramane
Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
On soigne le caayoori du cou/gorge en faisant une incantation
coranique et en crachotant sur une foliole de palmier ou sur un fil,
puis on trempe dans l'eau (la foliole ou le fil) et (le malade) boit
(cette eau).
moda(v.)
~ avaler, prendre par voie orale
308
ITIOOVOOVO
,,"' a:
moo6oo(v.)
~ se rassembler, se réunir
~ avoir des relations sexuelles (euphémisme)
moosindoo (v.)
~ avaler sa salive
moyta(v.)
~ caresser
mukkoo(v.)
~ mettre (qqch.) dans la bouche
~ microscope
laardugo bee mukuroskop
examiner au microscope
Min kooca coofe looroe, min njilla bee ndiyam, njo"ina nder
mikiroskop. Suy min njurnoo min ndaara gildi maajum. (Sali,
laborantin, Dogba, 27-04-04)
Nous prenons les selles, nous les diluons dans de l'eau et nous les
posons dans le microscope. Puis, nous regardons à travers et nous
observons les 'germes' qu'elles contiennent.
mumta(v.)
~ essuyer, torcher
mumtoo(v.)
~ s'essuyer, se torcher
munya(v.)
~ patienter, avoir de la patience, être patient
312
nUlS Hl a·
Dido ngewata tummude. (Prov.)
C'est à deux qu'on casse une calebasse. (Si une seule personne se
fâche et qu'elle ne trouve personne en face d'elle pour faire de
même, il n'y aura pas de dégât.)
Jaawal to rimi, gootel; munyal, kanyum, siwtan. (Prov., Modibo
Bello Amadou)
Si la rapidité met bas, (elle donne) un seul petit; la patience, elle,
donne des jumeaux.
munyu-munyu (adv.)
~ en grattouillant
Nyaamooji don ngurtoo nyaama ndunna munyu-munyu.
Les oxyures sortent pour manger l'anus en grattouillant.
mura (v.)
~ sucer (qqch.) en (le) mettant entièrement dans la bouche; cf musina
To (je ta'ani (jinngel ngel-daande, (je murna ngel mannda-kiiki.
(Dada Bouba, 35 ans, ménagère peule, Dogba)
Quand on coupe la luette d'un enfant, on lui fait sucer du sel
mannda-kiiki.
~ pratiquer une fellation
Be mbi'i koo murgo hokkan SIDA. Booyma, mi don mura
cookum, jotta doo sey bee konndom murananmi (je. (Mn., 25
ans, prostituée, Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
On dit que même la fellation donne le SIDA. Auparavant, je
pratiquais des fellations sans protection, (mais) maintenant, je ne la
leur fais qu'avec préservatif.
muuda(v.)
~ manger (qqch. de tendre ou de granuleux)
Bikkon feere boo don muuda lesdi, doo fuu nyawnan tanndaw.
(Habiba Garga, 54 ans, ménagère daba, Zileng-Bappa, 31-03-04)
Certains enfants également mangent de la terre, ça aussi, ça donne le
tanndaw.
muuka(v.)
~ fermer la bouche et le nez de (qqn) avec la main, boucher les voies
respiratoires
Lorsque qqn s'est évanoui, pour le faire revenir à lui, on lui bouche
les voies respiratoires.
315
naangc
naange - nge (n.)
~ soleil
naasta (v.)
~ entrer dans
~ reprendre leur place (fragments d'os fracturé)
naawa(v.)
~ faire mal à (qqn)
Dume naawete ?
De quoi souffres-tu? (Litt. : qu'est-ce qui te fait mal ?)
Naawôum hurgata naawôum.
On guérit le mal par le mal. (Litt. : c'est ce qui fait mal qui soigne ce
qui fait mal.)
~ faire mal (intransitif), être douloureux, être pénible
• naawrallJaawo
~mal dedos
• naawrallJanndu (cf lJanndu)
~ douleur dans tout le corps
• naawrallJernde
~ douleurs dans la poitrine (litt. : douleur de cœur/épigastre)
~ peine, douleur morale
• naawral gite
~ conjonctivite
• naawral hoore
~ maux de tête; migraine
• naawral nyüye
~ maux de dents
• naawreenga lJaawo
~mal de dos
• naawreenga lJernde
~ douleur dans la région épigastrique (litt. : douleur de cœur/épigastre)
nafa(v.)
~ être utile, servir, rendre service
~ être rentable
~ être efficace
317
nakan
I)atataa, latataa, nafataa, ndikka gata, lata, nafa. (Eguchi 1974,
p.92)
(Plutôt que) ce qui ne mord pas, qui ne donne pas de coups de pieds
et qui ne sert à rien, mieux vaut ce qui mord, ce qui donne des coups
de pied et qui sert à qqch. (On parle ici de la femme. À une femme
d'une docilité parfaite mais qui ne fait rien, il vaut mieux préférer
une femme agressive et méchante, mais qui rend des services.)
nakan - nga (n.) ; < cf arabe tchadien [anxara'] « avoir très peur, s'inquiéter»
~ anxiété, angoisse, sentiment d'impuissance
To goddo mettini ma 6ernde, hakkiilo maa fiyake, a he6aay ko
ngaddaa mo, nakan ngaan naawete. (Mal Abdou, guérisseur peul,
Bogo,01-07-04)
Lorsque qqn t'a énervé (litt. : t'a fâché le cœur), tu es interloqué
(litt. : ton esprit est frappé), tu es incapable de lui faire qqch., c'est ce
sentiment d'impuissance qui te fait souffrir.
Nakan maaygo 6iyüko suklü mo.
L'angoisse (causée par) la mort de son fils / de sa fille le taraude.
o fuu maako nakan, hannde balde tati baali maako njaanyaay.
Il est mort d'angoisse, voici trois jours que ses moutons ne sont pas
rentrés.
nana (v.)
~ percevoir (un son ou une odeur), sentir, entendre
'Be don mbi'a dabbaaji don nana ko maaydo wi'ata, sinaa
6i66e-Aadama'en bee ginnaaji ngoni nanataa ko 0 wi'ata.
On dit que les animaux entendent ce que le mort dit; il n'y a que les
humains et les djinns qui n'entendent pas ce qu'il dit.
Aran to 6e don nyaanca kusel, daga to a don naasta saare ndee,
a nanan uureenga.
Autrefois, quand on grillait de la viande, avant même d'entrer dans
la concession, vous en sentiez la bonne odeur.
Nofru nanan ko wanyi.
L'oreille peut entendre ce qui l'indispose (litt. : ce qu'elle déteste).
~ comprendre
To 6anndu wuli, 6uran noppi nango. (Prov., Boubakary
Abdoulaye,Maroua,28-10-04)
La peur (provoquée par un châtiment ou une expérience négative
récents) a plus d'efficacité que les simples paroles que l'on peut
vous adresser. (Litt. : le corps qui a eu chaud comprend mieux que
les oreilles.)
~ prêter l'oreille à (qqn / qqch.)
318
To a oon nana ko yim6e mbi'ata, a luttan feere maa.
Si tu prêtes l'oreille aux on-dit, tu resteras seulee).
319
nanol
DESCRIPTION
Nyawu nanol uppinan yeeso I>inngel, sewnan koskon, mawninan
reedu boo.
La maladie de la rate fait gonfler le visage de l'enfant, lui amincit les
jambes et lui fait gonfler le ventre également.
DIAGNOSTIC
To [nanol] don naawa goddo, I>anndu maako suurtan; feere
boo, I>inngel fooyan ; to I>e meemi reedu maagel wakeere nandu,
a tawan dum saati. To I>inngel don darü, dum meemataako, sey
to ngel don waalii nyobbü kosde hiddeeko paamaa dum.
(Singhoï Ousmane, infirmier, Meskine, 05-04-04)
Lorsque (la rate) fait souffrir qqn, son corps est brûlant, parfois,
l'enfant maigrit; si l'on touche son ventre du côté gauche, on
constate que c'est dur. Lorsque l'enfant se met debout, on ne peut
palper la chose, il faut qu'il soit allongé avec les jambes repliées
pour qu'on la détecte.
CAUSES
Nanol haa daamol ngol nanngata. To nyaamdu salake, gildi
ngara cornoo les maagol; ngol uppa, ngol mawna, suy reedu
I>etoo. To haa ngol hoyna, sey goddo hel>a leel>ol, hayna ngol,
yara, ngol hoynan. Koo ndottiijo, koo derkeejo wadan daama.
[...] Ko fuddata ngol, dum nyaamdu, ngam nyaamdu wonndu
feewndu, wonndu boo wonnÜDdu. Kuude rewl>e don
cenndindira; nyüri kecciri wadan nyawu reedu, non mbusiri
kecciri boo. Goddo non ngi'aa mo gole don uppi, mbi'aa 0 haari,
asee maa nyiiri kecciri 0 nyaamata, 0 don bee nyawu reedu.
(Baba Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Nanol affecte la rate. Lorsque la nourriture est refusée (par
l'organisme), les vers viennent se glisser dessous (la rate) ; elle enfle,
elle augmente de volume, puis le ventre se bouche. Pour soulager (la
rate), il faut prendre du beurre frais, le faire fondre et le boire, elle sera
soulagée. Vieux ou jeune, (chacun) ira mieux. (...) Ce qui provoque (la
rate douloureuse), c'est l'alimentation, à savoir une nourriture froide
ou une nourriture avariée. Les femmes ne font pas toutes leur travail
(i.e. la cuisine) de la même façon; une boule mal cuite fera mal au
ventre, de même une bouillie mal cuite. Vous voyez qqn qui a les
joues gonflées, vous diriez qu'il est rassasié, alors qu'il mange une
boule mal cuite et qu'il a une maladie de ventre.
To a nyaami huunde nde daamol yidaa, wadan nanoi. Nanol,
dum gildi naastata les daamol, I>aawo man, di I>agta ngoi.
Daamol don disi haa becce goddo, gildi don ciil>oo yUyam
maako. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Quand on mange qqch. que la rate n'aime pas, cela provoque des
320
nanot
douleurs de rate. La rate douloureuse, ce sont des 'vers' qui
pénètrent sous la rate et qui, ensuite, la soulèvent. La rate se coince
(entre) les côtes de la personne, et les 'vers' lui sucent le sang.
To l'Jinngel pamarel ngel cikaay lebbi tati, to l'Je njami ngel gaari
bee biriiji, ngel wadan nanol. Koo derkeejo boo, to don yerdii
biriiji kecci, 0 nyawan nanol. To l'Jinngel woodi nanol, reedu
maagel don uppi tum, ngel yidaa nyaamdu. Y"rlyam l'Janndu
maagel boo don l'Jalwi sedda. To ngel don jala, reedu nduu
naawan mo. To ngel doggi, ngel nanan naawreenga reedu gal
wakeere nande. Ngam maajum l'Je yeewni nyawu nguu nanol.
To mi hamyl reedu maagel, mi meeman huunde saatunde bana
hayre nder reedu, wakeere nande. (Djougoudoum Adji, guérisseur
guiziga, Dourga-Godola, 01-06-04).
Quand à un bébé de moins de trois mois on fait boire de la bouillie à
l'arachide, il aura la rate douloureuse. Même un garçon, s'il aime
manger des arachides crues, il aura la rate douloureuse. Lorsqu'un
enfant a la rate douloureuse, son ventre est gonflé en permanence et il
n'a pas d'appétit. Son sang également est un peu noir. Quand il rit, il a
mal au ventre. Quand il court, il ressent une douleur au ventre du côté
gauche. C'est pour ça qu'on appelle cette maladie (maladie) « de
l'organe allongé du côté gauche ». Si je lui masse le ventre, je sens au
toucher une chose dure comme un caillou dans le ventre, du côté
gauche.
CONSÉQUENCES
Batte man haa l'Jinngel, ngi'aa reedu maagel mawni, koskon don
cewi, yeeso boo don uppi. Nyawu man wadan, innu nyaami
nyaamaay fuu, reedu don toonti ba balogre. (Goggo, ménagère
peule, Dogba, 04-05-04)
Ses conséquences chez l'enfant : on voit son ventre grossir, ses
petites jambes mincissent, et son visage enfle. Avec cette maladie,
que l'on mange ou non, le ventre est gonflé comme un ballon.
To goddo hurgaaki booddum, nanol man don mawna haa hada
mo foofgo, dum yaran yliyam boo. Kuuje nder reedu kel'Jataa
feecaago. (SinghoÏ Ousmane, infirmier, Meskine, 05-04-04)
Si (le patient) n'est pas bien soigné, la rate grossit au point de gêner
la respiration; cela provoque aussi une anémie (litt. : cela boit le
sang). Les organes internes n'ont plus la place pour être à l'aise.
TRAITEMENT
Be don yara reedu ngam hurgugo nanol, ammaa sey waawl'Je
dum yarata haa deydey babal ngol woni. Nanol man acea
siifJaago yliyam goddo. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
On scarifie le ventre pour soigner la rate douloureuse, mais il n'y a
que les spécialistes à scarifier exactement là où se trouve la rate. La
321
nanol
rate cesse (alors) de sucer le sang de la personne.
Be oon nannga nanol man Iliooa haa ngol sampitoo. (SinghoÏ
Ousmane, infirmier, Meskine, 05-04-04)
On saisit la rate douloureuse et on appuie dessus jusqu'à ce qu'elle
soit ramollie.
To haa Ile kamya nanol, sey to ngol pamarol. To ngol wadi
Ilinngel, Ile kamya ngol fajira to Ilinngel ngeel fini, daga ngel
hacitaaki. To goooo meemi nii, tawan ngol ngol oon waalii bana
sawru nder reedu, ammaa, to goooo mawni, hamyugo hurgataa
ngol. (Abdouramane Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
On ne masse une rate douloureuse que lorsqu'elle est petite. Si elle
affecte un enfant, on la masse le matin au réveil de l'enfant, avant
qu'il déjeune. Si on la palpe, on constate qu'elle ressemble à un
bâton posé dans le corps, mais, quand la personne est devenue
grande, le massage ne la guérit pas.
Nanol, sey innu dawa nannga ngol; to tokkake nanngugo ngol
fajiri fuu, ngol saayan nder Ilanndu. (Baba Djimilla, 65 ans,
marabout peul, Dogba, 07-05-04)
La rate douloureuse, on doit la «prendre» (i.e. la masser) tôt le
matin; si on la «prend» régulièrement chaque matin, elle
disparaîtra (en rentrant) dans le corps.
Mi kurgiroo Ilinngel am nanol bee yowtere bambammbi. Nde
unmi nde, kawtumi bee kosam, njarnumi ngel, suy ngol itti.
Feere boo, Ile oon yara nanol, Ile ngula ngol bee yiite. Be kooca
cannjol Ile cumpita ngol, Ile ngaoa hottollo, Ile mburwa bee
semmbe haa yiite waoa, suy Ile njo"ina ngol haa babal nanol
woni. Anndulle oon mbi'a dow gite nanol ngool Ile njo"inta.
(Astawabi, 55 ans, ménagère peule, Petté, 26-05-04)
J'ai soigné mon enfant de nanol avec du gui de Calotropis procera.
Une fois que je l'ai pilé et associé à du lait et que je le lui ai fait
boire, (la maladie) est partie. Parfois, on scarifie la rate et on y fait
des pointes de feu (litt. : brûle avec du feu). On prend une tige de
Sesbania pachycarpa, on évide (le bout) et l'on y met du coton,
(puis) on la fait tourner énergiquement (en frottant l'une contre
l'autre les paumes de la main) jusqu'à ce que cela s'enflamme, puis
on pose (le bout de la tige enflammée) à l'emplacement de la rate.
Les initiés disent que c'est sur les yeux de la rate qu'ils la posent.
Mi hokka nyawoo nanol mannda-kiiki 0 mura nyaldere, ngam
haa sankita tamre wonnde nder reedu maako. Janngo man, mi
yara mo bee reeza. Yliyam Ilaleejam fuu wurtoo. Nden mi
yiggana mo toomndi suudu, oum yamditan. (Djougoudoum Adji,
guérisseur guiziga, Dourga-Godola, 01-06-04)
Je donne au malade qui a la rate douloureuse du sel mannda-kiiki
322
pour qu'il en suce pendant une journée afin de disperser le rond qui
se trouve dans son ventre. Le lendemain, je le scarifie avec une lame
de rasoir. Tout le sang noir sort. Puis je lui frotte dessus de la suie, et
cela guérit.
To haa mi hurga nanol, mi yara babal ngaal bee reeza kesel, mi
tigga luwal, mi fooda y....i yam, mi wurtinira dam gal maagal.
Nden, mi woodi eedo unaako, 0 mura, nden 0 saara nyawu nguu.
(Hamadou Amada, guérisseur, Gazawa, 04-05-04)
Pour soigner la rate douloureuse, je scarifie l'endroit avec une lame
de rasoir neuve, je pose une ventouse en come et j'aspire le sang que
je fais sortir par là. Ensuite, j'ai des feuilles de Scferocarya birrea
pilées que (le patient) doit sucer, puis il évacue la maladie par une
diarrhée.
• ndamba peewri
~ rhume provoqué par un coup de froid
327
ndanecrî gîte
Dum gilm hoore ngaoata ndamba. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba,
23-09-04)
Ce sont les 'vers' de la tête qui produisent la morve.
Ndamba, na oum mannda &ikkon.
La morve, c'est le sel des enfants.
~ glaires
o oon tuuta ndamba-ndamba.
Welle vomit des glaires.
• caarol ndamba
~ diarrhée glaireuse (litt. : diarrhée de mucosités)
329
ndcwaaku
ndewaaku - ngu (n.d.) ; < rew-
~ qualités féminines
o walaa ndewaaku.
Elle n'a pas les qualités qu'on attend d'une femme.
330
ndiyanl
Ndiga lJaaru baaji. (Prov.)
L'avare est un carquois en écorces. (On ne peut prendre de flèches
dans un tel carquois, car elles restent accrochées aux aspérités des
parois en écorce.)
Mo hokkaay ma lJuraay ma. (Prov., Hamadou Bouba, Maroua, 22-
03-06)
Celui qui ne te donne rien n'est pas supérieur à toi. (C'est par sa
générosité que l'on peut faire preuve de supériorité.)
• ndiyam cookam
~ eau simple (sans adjonction de quoi que ce soit; litt. : eau vide)
• ndiyam dampel
~ eau de forage
• ndiyam digiiwol
~ eau qui se trouve dans le fossé dont on a extrait la terre nécessaire pour
l'élévation de la diguette (champ de sorgho repiqué)
• ndiyam kalludam
~ eau non potable (litt. : eau mauvaise)
• ndiyam luggere
~ eau de marigot
• ndiyam maayo
~ eau du fleuve (puisée dans le cours du fleuve)
• ndiyam ndaneejam
~ pertes blanches (litt. : eau blanche)
331
ndiyam
Rewl>e feere mbi'a ndiyam ndaneejam don rufa her mal>l>e. Doo
kam fuu laarani nyawuuji nanngandi farji rewl>e. (Maïramou,
assistante gynécologue, hôpital provincial, Maroua, 25-08-04)
Certaines femmes disent qu'elles ont des pertes blanches (litt. : que
de l'eau blanche coule d'elles). Tout cela a trait aux maladies des
organes génitaux des femmes.
• ndiyam okoloore
~ eau des petites mares artificielles creusées dans les champs de sorgho
repiqué
• ndiyam tangi
~ eau minérale en bouteille (à l'origine, eau minérale de marque Tangui)
• ndiyam tiyo
~ eau du robinet
• ndiyam maaroori
~ eau de riz (eau de cuisson du riz)
~ jus (de fruit)
• ndiyam hoyoro
~ décoction de sépales d' Hibiscus sabdariffa rouge, karkadé
• ndiyam leemun
~ jus de citron (sucré)
~ liquide
334
ncbbaUl
Goddo mawdo non, to 0 duppudo, ndaaraa mo bana Ilinngel.
Il/elle est adulte, mais comme iVelle est d'apparence frêle, on le/la
prendrait pour un(e) enfant.
• nebbam daaleejam
~ huile de caïlcédrat
• nebbam kaareeje
~ huile de karité (fabriquée plus au sud)
• nebbam Hddi
~ huile de poisson
335
ncd'(faaku
• nebbam makiyas
~ produit (lait, lotion, pommade) destiné à éclaircir la peau;
syn. makiyas
• nebbam masarji
~ huile de maïs (fabriquée à Ngaoundéré)
• nebbam palme
~ huile de palme (fabriquée dans le sud du pays)
nefa (v.)
~ éprouver de la répulsion pour (qqch. ou qqn)
nelda(v.)
~ envoyer
Seuls les personnels médicaux savent que les vers sont contagieux.
Pour le commun des mortels, nul ne sait comment on les attrape. Ils
font partie des affections que toute personne a dès sa naissance.
Yimlle oon mbi'a nder Iliraaoam malla yakkugo birüji kecci
goooo hellata gildi. (Yaya, infirmier, Bogo, 28-06-04)
Les gens disent que c'est (en buvant) du lait frais ou en mangeant
des arachides crues que l'on attrape des vers.
Gildi ndaallan, ngam di ngoodi geeraaoe. To goooo meemi
huunde marnde geeraaoe maaji, nden 0 lootaay juuoe maako, 0
meemi nyaamdu, 0 nyaami ndu, oum raallan mo. (Yaya,
infirmier, Bogo, 28-06-04)
Les vers sont contagieux, car ils ont des œufs. Lorsque qqn touche
quelque chose qui a leurs œufs, qu'il ne se lave pas les mains et qu'il
touche de la nourriture et la mange, cela l'infectera.
VARIÉTÉS DE VERS
Nafar gildi oon jur. Woodi jallJi, daneeji, jallJi mardi kunnduoe
didi, jallJi cillandi nyaamooji. (Boubakary, marabout, Doualaré,
Maroua, 23-11-2004)
Il existe de nombreuses sortes de vers. Il y a les ascaris, les ténias,
les ascaris à deux bouches et les ascaris qui pissent des oxyures.
• gildi Ilanndu
~ vers du corps
• gildi Ilaawo
~ litt. : vers du dos; ce sont des ascaris qui sont censés aller se loger dans
la région lombaire.
To gildi oon naawa goooo Ilaawo, 0 nanan bana ngo oon nyooti.
Yaake feere boo, di ndarna Ilaawo ngo daroo ciro Kurgun man
kam, sey 0 oalllla seereehi, 0 duufa digga tilik, 0 hella holsere 0
dolia, 0 hooya kuroori duufre go, 0 sammina nder nebbam 0
343
ngilngu
dimmba, 0 tokkoo yargo jemma fuu. (Goggo Damdam, 65 ans,
guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
Lorsque les vers font mal au dos, on ressent comme si le dos « se
coud» (i.e.: cela pique et réduit la mobilité). Parfois, ils rendent le
dos complètement raide. Pour soigner cette (affection), il faut
chercher du Combretum molle et le réduire en poudre en le pilant;
on prend aussi une patte (d'animal) que l'on cuit à l'eau, ainsi que la
poudre (de Combretum) écrasée dans un mortier, on la saupoudre
dans la graisse (du bouillon de patte) et on agite; on boit cela
régulièrement toutes les nuits.
Gildi ja16alji, I>aawo di nanngata. To di nanngi goddo I>aawo,
haa joodoo maa bone, haa yaha maa bone non. Di naasta ylye
I>aawo, suy di nyoota. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Les ascaris, c'est au dos qu'ils attaquent. Quand ils attaquent le dos,
pour s'asseoir, c'est un problème, pour marcher c'est un problème.
Ils pénètrent dans les os du dos, puis ils les cousent.
• ngilngu I>ernde
~ ver de la poitrine/région épigastrique
Nom donné à l'ascaris quand il sort des intestins pour aller attaquer
la région épigastrique et pulmonaire. Le 'ver' logé dans cette partie
du corps est notamment responsable de l'asthme (peewri-eukku).
To peewri-cukku don naawe, woodi ngilngu nanngete I>ernde.
Suy, to a joodake nii, a don foofa bee bone, a don hiika non.
(Femme inconnue, Lopéré, Maroua, 25-11-04)
Lorsque vous souffrez de l'asthme, il y a un ver qui vous a attaqué
au 'cœur'. Ensuite, dès que vous vous asseyez, vous respirez avec
difficulté, vous respirez très difficilement.
Mi don nana huunde don yiiloo nder I>ernde am. Nde don tufa
yam bana to goddo hooyl duweere don tufammi I>ernde. Nde
daga nyannde ngilngu nguu wurtorii gal hunnduko am, I>ernde
acci I>illugo yam. (Ibrahim Ahmadou, hospitalisé à Petté, 23-06-04)
Je sentais quelque chose qui se promenait dans ma poitrine (région
épigastrique). Cela me piquait comme si qqn avait pris une alène et
me piquait la poitrine. À partir du jour où ce ver est sorti par ma
bouche, j'ai cessé d'avoir mal à la poitrine (litt. : le 'cœur' a cessé de
me déranger). (Le patient a précisé auparavant qu'il s'agissait d'un
ascaris.)
To innu, gildi don naawa mo I>ernde, 0 hooca sel>re maUa dadol
bakureehi, 0 hawta bee kilbu laaciijam, 0 soofna, 0 yara. Dum
kurgun gildi musinandi I>ernde. (Ammaré, 62 ans, ménagère
peule, Dogba, 12-05-04)
Lorsque les vers provoquent des douleurs épigastriques, on doit
prendre de l'écorce fraîche ou une racine de bakureehi qu'on
344
ngHngu
associe à du natron d'aspect fibreux, on fait tremper (le tout) et l'on
boit (le macéré). Voilà le remède des vers qui sucent le 'cœur'.
To goooo Ilernde muuoum oon naawa, na a anndaa to oum
mistiriijo nyaami mo malla to oum gildi Ilillata mo. Nden mi
hokka mo gaadal mistiraaku. To mi yi'i oum accaay Ilillugo mo,
mi hokka mo lekki gildi Ilernde. (Sadou Bongo, guérisseur,
Dogba,29-04-04)
Lorsque qqn souffre de douleurs épigastriques (litt.: a mal au
«cœur/région épigastrique »), tu ne peux pas savoir si c'est un
sorcier qui l'a mangé ou si ce sont les 'vers' qui le dérangent. Alors,
je dois lui donner le géophyte de la sorcellerie (Cissus
quadrangularis). Si je constate que cela ne cesse pas de le gêner, je
lui donne le remède des« vers de l'épigastre ».
Bana ko anndumi kam, oum gildi peootoo Ilernde, nyaama nde,
waoa nde buroe buroe. To goooo yaawaay, oum mbaran mo
law. Burna man, to goooo wooftini reedu mum nyaamdu bee
saa'iije, Ilaawo oon 0 tokkitinaay, nden to saa'i wadi bana ko
woowa, gildi mboyan, di ngidi nyaamdu. To di ngiilake nder
teteki haa neelli di kellaay nyaamdu, di disoo nder Ilernde, loga
nde. So naa to goooo nyaami nyaamdu welndu, nden buroe go
malllloo. To oe mallllaaki, taa 0 nyaama huunde bee cittaaje,
ngam to meemi Ilernde, wulan bana yiite. To ouudi, mbaran
Ilernde ndee. Nden, 0 maayan ngam gildi dii luttan ton. To haa
lopital kam, walaa kurgun maagu, ammaa Ile oabban non. Miin
kam, to mi hooci kilbu laaciijam, mi dolli bee nduuda bee oadi
wajaalo, mi yarna mo . Nden, oum mbaran gildi pediidi haa
Ilernde go fuu. (Mal Aladji Abba, guérisseur, Dir, 24-05-04)
D'après ce que je sais, ce sont les vers qui s'accrochent à l'épigastre
('cœur'), le mangent et y font des trous un peu partout. Si la
personne ne se dépêche pas (de se soigner), cela la tuera rapidement.
La plupart du temps, si la personne a habitué son estomac à manger
à heures (régulières) et qu'elle n'a pas respecté (ces horaires), si
l'heure habituelle arrive, les vers vont pleurer (car) ils veulent
manger. S'ils se baladent dans les intestins pendant un certain temps
sans trouver de nourriture, ils se fixeront à l'épigastre ('cœur') et le
creuseront par-dessous. Si la personne mange une bonne nourriture,
alors, les trous se refermeront. S'ils ne se referment pas, (la per-
sonne) ne doit pas manger une chose pimentée, car si cela touche
l'épigastre, cela brûlera comme du feu. S'il y a beaucoup (de
piment), cela tuera la personne. Puis elle mourra parce que les vers
vont rester là (dans le 'cœur'). À l'hôpital, il n'y a pas de remède
pour cette maladie, ils l'apaisent seulement. Quant à moi, après avoir
pris du natron fibreux, je le fais bouillir avec une grosse larve de
coléoptère et des racines de Cymbopogon giganteus, et je fais boire
345
ngilngu
ça (au malade). Alors, cela tue tous les vers accrochés à l'épigastre.
Gildi don musina yam l>ernde.
J'ai des tiraillements dans l'estomac. (Litt. : les vers me sucent dans
la région épigastrique.) (On dit cela lorsque l'on n'a pas mangé le
matin et que l'estomac se rebiffe. On pense que ce sont les vers qui
se manifestent à l'intérieur parce qu'on ne leur a rien donné à
manger.)
Gildi don disii haa l>ernde am.
J'ai un point de côté. (Litt.: les vers se sont enfoncés dans mon
épigastre.)
• ngilngu ciil>oowu / gildi ciil>ooji ; syn. moderne ankilostom
~ ver suceur (ankylostome), ver hématophage
347
ngilngu
• gildi weelo
~ « vers de la faim» (vers qui provoquent des gargouillements dans le
ventre d'une personne affamée)
Il semble qu'ils soient parfois assimilés aux ankylostomes (gildi
cül>ooji).
Dum gildi weelo I>e tagdata innu bee maaji. To di nyawni goooo,
o walaa semmbe. 0 oon furoa boo. 0 walaa haaje nyaamgo fuu.
Kanji boo di oon takkü dow I>ernde. [...] To I>e kirsi mbaala, a
yi'an gildi âIi oon takkü dow maraara maaga. (Hawa Saïdou,
guérisseuse, Palar, Maroua, 25-03-05)
C'est avec les « vers de la faim» que l'on naît. Lorsqu'ils rendent
qqn malade, la personne est sans force. Elle pâlit également. Elle n'a
aucun appétit. Ce sont eux qui se collent à l'estomac. (...) Quand on
égorge un mouton, vous pouvez voir ces vers collés sur ses tripes.
• gildi yesre
~ vers du bas-ventre
~ ver intestinal (on peut préciser: ngilngu reedu
349
ngilngu
• ngilngu ndaneewu / gildi daneeji)
~ trenia (ténia), ver solitaire (litt. : ver blanc) ; le nom est généralement uti-
lisé au pluriel, du fait probablement qu'il s'évacue sous forme d'anneaux
multiples (penteUi). La forme du pluriel désigne aussi la treniase.
Dum gildi daneeji 6e mbi'ata oon mari gite. (Hawa Saïdou,
guérisseuse, Palar, Maroua, 25-03-05)
Ce sont les ténias qui ont des yeux, dit-on.
Sey goooo manngiioo yargo kosam 6iraaoam marata gildi
daneeji. Naa nder kosam di ngoni, ammaa kosam oaam laatoy-
too gildi daneeji. (Haman et Sannda Oumarou, guérisseurs, Dogba,
21-03-05)
C'est seulement la personne qui boit sans arrêt du lait frais qui a le
ténia. (Ce ver) ne se trouve pas dans le lait, mais c'est le lait qui se
transforme en ténia.
Goooo nyaaman gildi daneeji nder kusel nagge ngel defaaka
booooum, ammaa, sey to nagge woodino gildi daga aran. Nder
haako salak ko lallaaka booooum, nde go, goooo wapootiran
bee maaji. Naa oum gildi goooo nyaamata, ammaa, oum
geeraaoe maaji; to goooo nyaami oe, oe njaha, oe petta nder
reedu mum, suy, oum wurtina gildi daneeji. (Yaya, infIrmier,
Bogo, 28-06-04)
On absorbe (litt. : mange) des ténias avec de la viande de bœuf mal
cuite, mais seulement si le bœuf (en question) en avait auparavant.
Dans la salade mal lavée, parfois, on pourra occasionnellement (litt. :
par hasard) en rencontrer. Ce ne sont pas les vers que l'on absorbe,
mais leurs œufs; lorsqu'on les absorbe, ils vont éclore (litt. : éclater)
dans son ventre puis donner des ténias.
To a woodi gildi daneeji, a foUitittoo, yeeso maa boo uppan.
(Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Quand vous avez le ténia, vous devenez pâle et votre visage gonfle.
To goooo oon bee gildi daneeji, 0 nyaamataa, reedu maako
uppan, 0 saaran, gildi dii oon ngurtoo nder bu'e. Be ndaarataa
nyawu gildi daneeji haa laboratuwar, ngam koo nyawoo, to 0
laari nn, 0 anndi 0 woodi gildi daneeji. Di oon ngurtoo ta'e ta'e
nder bu'e, ammaa, daadaare maaji kam oon haa nder reedu
takki nder tetekol. (Bajavak Wechenek, 37 ans, infIrmier mafa,
Maroua, 15-04-04)
Lorsque qqn a le ténia, il ne mange pas (i.e. il n'a pas d'appétit), son
ventre gonfle, il a la diarrhée, les vers sortent dans les excréments.
On n'examine pas cette parasitose en laboratoire, car celui qui l'a, il
lui suffit de regarder pour savoir qu'il a le ténia. Il sort par tronçons
dans les excréments, mais la partie principale (litt. : la partie mère,
i.e. la tête) est dans le ventre et colle à l'intestin.
350
Gildi jalfialji bee gildi daneeji, nder sompoode di njooootoo. To di
ndoll, di mba"itoo haa 6ernde. Kanjum waoata goooo oon nana
dolo meere meere. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Les ascaris et les ténias, c'est dans les gros ventres qu'ils demeurent.
Quand ils ont faim, ils remontent jusqu'au 'cœur' (zone
épigastrique). C'est pour cela que la personne a faim sans raison.
• ngilngu (n)jaI6alwu / gildi jal6alji (cf jal6alwu ; var. jal6u / jal6i ;
syn. ngilngu mbooeewu) cf ndinkiri
~ ascaris (litt. : ver en forme de germe)
Gildi booeeji oon mari kunnduoe bee dubbe ceeboe bana jalfial.
(El-Hadj Kaou Hamadjoda, 50 ans, infirmier peul, Maroua, 22-04-04)
Les ascaris ont une bouche et une queue (litt. : des fesses) étroites
comme un germe (de graine).
Gildi jalfialji oon mari kunnduoe didi. Kanji ôün tufata innu
nder reedu, waato di oon disoo nder kusel 6anndu, di oon bana
mbalku. "Burna fuu, haa becce di disotoo. (Baba Djimilla, 65 ans,
marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Les ascaris ont deux bouches. Ce sont eux qui piquent dans le ventre,
c'est-à-dire qu'ils se fixent dans la chair, ils ressemblent à la sangsue.
La plupart du temps, c'est au niveau des côtes qu'ils se fixent.
To gildi jal6alji nanngi goooo, di naawan mo haa 0 wulina. Di
njooooo bana wowlere nde weeti fuu. Daadaare ndee boo oon
haa caka cak reedu goooo haa jaabuuru. (Boubakary, marabout,
Doualaré, Maroua, 23-11-2004)
Quand qqn a des ascaris, ils le font souffrir au point de lui donner de
la fièvre. Ils se mettent en une sorte de boule tous les matins. Leur
siège se trouve exactement au milieu du ventre, au nombril.
Nyawu gildi jal6alji raa6an, ngam to innu maroo di bawli,
buubi meemoy coofe maako, ngari njoooake dow nyaamdu ; koo
innu jamo to 0 nyaami ndu nii, di naastan mo. MaUa boo, coofe
maroe gildi man meemi ndiyam njareteeoam; 000 boo innu
man he6an di. Di oon nder salak boo [...]. (El-Hadj Kaou
Hamadjoda, 50 ans, infirmier peul, Maroua, 22-04-04)
L'ascaridiose est contagieuse; en effet, quand une personne atteinte
va aux toilettes, les mouches touchent ses selles, puis elles vont se
poser sur la nourriture; il suffit qu'une personne en bonne santé en
mange pour être infestée. Ou bien, des selles contenant des vers
entrent en contact avec l'eau à boire; là aussi, la personne en
attrapera. (Ces vers) se trouvent aussi dans la salade (...)
"Be oon kurgira gildi jal6alji bee se6re seereehi. Goooo una nde,
jii6a nde nder njumri, 0 hacitiroo fajira fuu. Bana nii 000, gildi
dii ke6ataa dawgo nyawna 6ernde maako. To gildi nyi6i haa
6ernde, oum waoan ndinkiri. Nyawu nguu 6e tufata bee yüte.
351
ngilngu
Ammaa to goooo tokkake yargo lekki, gildi dii ke6ataa nyi6go
haa 6ernde maako. (Marna Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-04)
On soigne les ascaris avec de l'écorce fraîche de Combretum molle.
On la pile, on la mélange avec du miel et on déjeune avec cela tous
les matins. De la sorte, les vers ne pourront pas faire mal au 'cœur'
(région épigastrique) très tôt le matin. Lorsque les vers ont construit
(leur demeure) dans la zone épigastrique, cela crée une plaque dure.
Cette affection, on la traite par des pointes de feu (litt. : on la perce
avec du feu). Mais si la personne boit régulièrement le remède, les
vers ne pourront pas construire (leur demeure) dans son 'cœur'.
To gildi ja16alji tiggake goooo kap, sey 0 he6a kilbu laacnjam, 0
soofna 0 yara. To 0 yari nn, gildi âIi njoofan mo. Gildi mbaatataa
kam, ammaa di ndogga di cuuooo nder teteki goooo. (Djebba,
ménagère, Maroua, avril 2004)
Lorsque les ascaris se sont fixés sur qqn, il doit prendre du natron
fibreux, le mettre dans de l'eau et boire (ça). Une fois qu'il l'aura bu,
ces vers le lâcheront. Ils ne crèveront pas, certes, mais ils s'enfuiront
et iront se cacher dans les intestins de la personne.
Jotta 000, nder daande am mi oon nana bana ngilngu ja16alwu
woni nder reedu 000. Kangu wurtii nder reedu, ngu majji, ngu
he6taay huucugo.Mi oon sonndoo, nde goo mi tuuta, ammaa,
ngu salii wurtaago sam. Aran haa oum fuooa yam, fiaawo
daande am oon naawa, mi fotaay mi turoo, ammaa jotta 000, mi
oon nana bana puye ngoni nder daande ndee. Mi oon tokkoo
mukkaago mannda-kiiki nammi bee bakke bee sukar. To oum
ngilngu kam fuu, ngu accan. [...] Ngu oon gelina yam non,
sorkammi, mi sonndoo seeoa, mi oon nana bana to huunde
oeodi goooo nn oon jooâIi. To a goslake nii, bana ngu oon dilla.
(Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Actuellement, je sens dans mon cou comme un ascaris intestinal
(litt. : qui est dans le ventre). Il est sorti du ventre, il s'est égaré et ne
peut plus rentrer chez lui. Je tousse, parfois je vomis, mais il refuse
absolument de sortir. Avant que cela ne débute en moi, j'avais mal
derrière le cou, je n'arrivais pas à me pencher, mais maintenant, je
sens comme des boutons à l'intérieur du cou. Je suce régulièrement
du sel mannda-kiiki que j'écrase avec du gratin de « boule» et du
sucre. Si c'était un ver (que j'avais), il aurait cessé (de
m'importuner). (...) Il n'arrête pas de me chatouiller, il m'étouffe, je
tousse un peu, je sens comme si quelque chose m'étranglait sans
lâcher prise. Si vous vous contorsionnez un peu, vous diriez qu'il
s'en va.
• gildi gornyooji
~ vers qui provoquent des coliques
352
Gildi gornyooji caarnataa, tuutnataa, di gornyan non. Di ngidaa
marsanaago joonde, ngam di kaUanan innu, di kadan mo foofgo.
(Goggo Damdam, 65 ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
Les vers qui provoquent des coliques ne donnent pas la diarrhée, ils
ne font pas vomir, ils donnent des coliques seulement. Ils ne veulent
pas autoriser une position assise prolongée, en effet, ils sont
méchants avec la personne et l'empêchent de respirer.
~ larve d'insecte
~ chenille, larve de papillon (Lépidoptères)
~ parasite (décelé au microscope), micro-organismes (bacille, bactérie,
amibe) (cf amiiIJ, tirikomonas)
~ virus
~ germe (infectieux) (i.e. micro-organisme)
• gildi SIDA
~ virus du SIDA (litt. : 'vers' du SIDA)
• gildi sonndaaru
~ bacille de Koch (litt. : 'vers' de la tuberculose)
355
nouvccre
b '"
nguyeere - nde
~ déformation (bosse) du haut de la colonne vertébrale qui apparaît chez
les jeunes enfants
TRAITEMENT
On fait des pointes de feu tout au long de la colonne vertébrale en
commençant au niveau des cervicales. On utilise pour cela une tige
de Sesbania pachycarpa (cannjol) dont l'extrémité a été enflammée
par friction dans une tige d' Hibiscus cannabinus (gabaywol) sèche.
nisfioo (v.)
~ aspirer par le nez, priser
YimfJe feere gal kine nisfJotoo taba.
Il y a des gens qui prisent le tabac.
To a facci ndiyam haa nisfJoodaa a nani dam kaccudam, dam
nanngataa. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Si tu verses un peu d'eau pour que tu l'aspires par le nez et que tu
sentes qu'elle pue, (cette eau) ne convient pas pour les ablutions.
356
.
llJCCnOOwo
To hoore fJinngel salake wurtaago, l'Je ngara fJe poonda bee njamndi.
Si la tête de l'enfant ne veut pas sortir, on essaie avec les forceps.
358
Koo 6anndu am fuu noppi, mi ja6ataa ko 0 wi'i.
Même si mon corps n'était qu'oreilles, je n'accepte pas ce qu'il a dit.
No nofru fantiri fuu, 6urataa luwal. (Prov.)
Aussi longue que soit l'oreille, elle ne pourra pas dépasser la come.
Banndu 6uran noppi nango. (Prov.)
Le corps est plus sensible que les oreilles. (Les coups sont plus
douloureux que les remontrances.)
Nofru nanan belngol, nanan naawngol. (Prov.)
L'oreille peut entendre (aussi bien) une parole agréable (qu')une
parole désagréable.
Mawnugo noppi kam, wonataa a nanoowo.
Nde noppi 6uri hoore kam, a yi'aay wamnde naa ? (Sannda
Oumarou.)
Avoir de grandes oreilles n'est certes pas preuve d'intelligence.
Quand les oreilles dépassent la tête, tu n'as pas vu (ce qui arrive,
dans le cas de) l'âne?
Be fuu 6e potan bana noppi wamnde.
Ils se valent tous, comme les oreilles d'un âne. (Aucun ne vaut
mieux que l'autre.)
• noppi 6ernde
~ oreillettes du cœur, cavités cardiaques, atrium droit et atrium gauche
• noppi bojel
~ oreilles très fines (i.e. très sensibles au bruit; litt. : oreilles de lièvre)
• noppi hayre
~ dur d'oreille (litt. : oreilles de pierre)
~ têtu, désobéissant
• ma66ititgo noppi
~ écouter attentivement (litt. : ouvrir les oreilles)
• margo nofru
~ avoir l'oreille musicale (litt. : avoir 1'oreille)
• margo noppi
~ avoir l'oreille fine (litt. : avoir des oreilles)
• faaoa-noppiijo
~ un peu dur d'oreille (litt. : qui al'oreille étroite)
• mo walaa noppi
~ sourd (litt. : qui n'a pas d'oreilles)
INSULTES
yaaja-noppi
qui a les oreilles en feuilles de chou (litt. : large d'oreilles)
juuta-noppi
oreillard (litt. : qui a de longues oreilles)
359
nofru
noppi koosay
oreilles rondes (litt. : oreilles en forme de beignets de niébé)
Pulel pentaangel noppi koosay !
Petit Peul blanc aux oreilles rondes! (Litt. : petit Peul peint à oreilles
en forme de beignets de niébé !)
PATHOLOGIE
• naawral noppi
~ maux d'oreilles, otite
CAUSES
Caayoori fuooata naawral noppi, ngam to ndi oon nder Ilanndu,
ndi oon wanca, hettira gal dow, nannga noppi bee nyiiye.
(Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
Le caayoori provoque les maux d'oreilles, car quand il se trouve
dans le corps, il se promène, se dirige vers le haut et prend les
oreilles et les dents.
TRAITEMENTS
Yimlle oon kurgina nyawu noppi bee lekki ki Ile tiggata haa les
giramje. Be kooca haako Ile ngula, Ile piooa nder noppi. [...] Be
oon ngula hottoUo suudu sonndu, ndoondi man, Ile coofra bee
ndiyam, Ile tolllla nder nofru. Be oon kooca bileeji teeku, Ile
ngula, Ile coofna ndoondi bee ndiyam, Ile tolllla nder nofru.
(Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
On soigne les maux d'oreilles avec une plante que l'on repique au
pied des jarres à eau (Cissus quadrangularis ?). On en prend les
feuilles, on les chauffe et on en presse (le jus) dans les oreilles. (...)
On brûle du coton (provenant) d'un nid d'oiseau; la cendre, on la
mouille avec de l'eau et on en met quelques gouttes dans l'oreille.
On prend des plumes de paon, on les brûle, on mouille la cendre
avec de l'eau et on en met quelques gouttes dans l'oreille.
Bee nebbam biriiji, Ile oon kurga noppi. Suudu yowru nder gese
Ile taya, Ile ngula, Ile kooca ndoondi man, Ile njilla bee ndiyam,
tolllla nder nofru. Hoowowre nde Ile mbi'ata rawaandu-gese, Ile
tilya oum Ile ngaoa nder nofru. (Ammaré, 62 ans, ménagère
peule, Dogba, 12-05-04)
On soigne les oreilles avec de l'huile d'arachide. Le nid du soui-
manga (que l'on trouve dans les) champs, on le coupe, on le brûle,
on prend ses cendres que l'on mélange à de l'eau et l'on en met
quelques gouttes dans l'oreille. L'insecte que l'on appelle forficule,
on l'écrase entre les doigts et on met (ça) dans l'oreille.
Be oon ndoUa dawaadi-gese tolllla nder nofru, oum nafan.
Booyma'en boo oon kooca baaji leece kewe, Ile ngula Ile ngaoa
nder noppi. (Ayya Farikou, 39 ans, ménagère peule, Petté, 07-05-04)
360
nufnoo
On fait cuire à l'eau des forficules et l'on met quelques gouttes (du
liquide obtenu) dans l'oreille, cela est efficace. Les gens d'autrefois
prenaient aussi les lanières d'écorce des lits en bambou; ils les
faisaient brûler et mettaient (la cendre) dans les oreilles.
Daaleejam kam wallan koo to nofru don naawa fuu, to fie tofifiini,
ndu hurgotoo. (Didja, épouse Ousmanou, guérisseuse peule, Dargala,
09-06-04)
L'huile de caïlcédrat sert aussi contre les maux d'oreille; quand on y
en instille, l'oreille guérit.
nufnoo (v.)
~ renifler, flairer, sentir de près
To fie mbii ma: «Nufna, nufna ! » fuu, haccaay. (Prov.)
Si on te dit tout à coup: « Sens, sens! », c'est que ça ne sent pas
mauvais. (Si la chose sent vraiment mauvais, on n'a pas besoin de te
le dire, tu l'auras remarqué par toi-même. Le proverbe se dit lorsque
qqn énonce comme une révélation une chose que n'importe qui peut
voir ou comprendre.)
361
OUilla
numa(v.)
~ penser, réfléchir
nyaama(v.)
~ manger
362
nya,nna
à ne pas parler la bouche pleine. Quand les (Peuls) prennent ensemble
un repas (ils mangent dans un plat commun), chacun doit se servir
uniquement dans la partie de la nourriture qui se trouve juste devant
lui (...). Il faut éviter de se servir plus que les autres, par exemple
prendre plus de viande ou tripoter la sauce pour chercher les meilleurs
morceaux. Les convives éviteront de porter au même moment la main
dans la calebasse de nourriture. La paume de la main ne doit pas
intervenir dans la préhension de la bouchée; mieux, la boulette de
nourriture est pincée entre trois doigts: pouce, index et majeur. (...) En
règle générale, quand la nourriture est servie, c'est le chef de famille
qui découvre le récipient et se sert le premier. De même, c'est lui qui
invite à prendre les morceaux de viande. La formule utilisée pour la
circonstance est Ndaree ne, 'regardez donc!'
Le (Peul) ne prend pas ses repas dans des lieux publics, mais
toujours à l'entrée du saare.
(...) Hommes et femmes ne mangent pas ensemble, surtout quand ils
sont unis par des liens conjugaux ou des rapports d'alliance.
Cependant, le temps et l'âge peuvent atténuer cette règle. Ainsi, on
peut se permettre de manger avec son jeune beau-frère; une bru peut
finir par manger avec sa belle-mère; toutefois, il ne peut jamais
arriver que les époux mangent ensemble. » (CERCP 1988, p. 60-61)
On ajoutera qu'une femme n'a pas le droit de prendre, dans la même
bouchée, de la boule et de la vainde ou du poisson. Elle doit alterner,
en commençant par de la boule; de toute façon, elle prendra un
nombre réduit de bouchées de viande ou de poisson.
Be nyaamataa dow laawol.
On ne mange pas sur la voie publique. (CERCP 1988, p. 43)
To nyaami haaraay, fJüri boo haarataa. (Prov., Boubakary
Abdoulaye, Maroua, 29-07-04)
Si manger n'a pas rassasié, gratter le fond (de la marmite) ne le fera
pas (davantage).
Eftu, waddu kam : «Mi waawataa!» Jood"a nyaam : «Mi
timmini! »(Prov., Modibo Bello Amadou)
Soulève ça et apporte-le: «Je n'en suis pas capable! » Assieds-toi
et mange: «J'ai fini! » (Il y a beaucoup plus de volontaires pour
venir manger que pour donner un coup de main. On ne se fait pas
prier pour venir manger et on expédie rapidement la nourriture.)
To a hulan ko nyaamete, a hefJataa ko nyaamaa. (Prov.)
Si tu as peur de ce qui peut te manger, tu n'auras rien à manger.
To nagge numti ko nyaamanno duumol, waatan ceed"u. (Prov.)
Si la vache se souvenait de ce qu'elle mangeait à la saison des
pluies, elle crèverait à la saison chaude.
363
nyaanul
Nyaama ngam wuura, naa wuura ngam nyaama.
Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger.
Goooo feere nyaamataa reedu-nder mbaala.
Certains ne mangent pas d'abats de mouton.
[...] To kilo bee tansiyog [reeduujo] oon lJesdoo, dokta'en kelJan
ko lJe mbi'ata [mol gal ko laarani ko 0 nyaamata bee ko 0 accata
ngam taa lJinngel loora jamum. To 0 oon nyaama beloum,
sargan ngel wurtaago. (Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier peul,
~aroua, 15-04-04)
Si le poids et la tension (de la femme enceinte) montent (trop), les
personnels de santé sauront quoi (lui) dire en ce qui concerne ce
qu'elle doit manger et ce à quoi elle doit renoncer pour que l'enfant
ne grossisse pas trop. Si elle a une alimentation trop riche (litt. : si
elle mange des bonnes choses), cela gênera la sortie de l'enfant.
Baawo to a danyi, to a woodi ceede, njahaa taabal haa tasa ; to a
walaa boo, nyaamaa lakasko maa! (Aminatou Seïny; 18 ans,
ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
Après avoir accouché, si tu as des sous, tu vas à l'étal (de boucher) à
la gare routière; si tu n'en as pas, tu manges ta sauce insipide
(comme d'habitude) !
PHYSIOLOGIE
To a nyaami nyaamdu, ndu oon yaha haa nder ndeera, nden,
oum laatoo bu'e. To laarani bana kuuje kaaooe malla beloe,
oum huucan haa kaadkaaongeI. Kangel ngeel simtinta dajje
maagel haa nder suudu bu'e, nden oe nyola, oe ngurtoo, oe oon
kacca. Bana to goooo nyaami jonta, nden 0 tuuti nder wakkati
man, nyaamdu nduu haccataa, ngam kaadkaaongel helJaay
simtingo dajje maageI. (Mal Hamadou, marabout, Bogo, 28-06-04)
Quand vous consommez de la nourriture, celle-ci va dans l'estomac,
puis cela devient des excréments. S'il s'agit de choses amères ou
sucrées, cela retourne dans la vésicule biliaire. C'est elle qui instille
son poison dans le rectum, puis (les excréments) pourrissent, sortent,
et puent. Si qqn vient de manger et qu'il vomit sur-le-champ, cette
nourriture (vomie) ne pue pas, car la vésicule biliaire n'a pas eu le
temps d'y instiller son poison.
To goooo nyaami, nyaamdu nduu naastan nder reedu. Woodi
masinji nder ton nama ko 0 nyaami. Coowoowri tokkoo gal
teteki haa wurtoo yaasi gal rummoodu. Nafoojum boo sankitoo
nder reedu ton, masalan bana to a wujani lJanndu nebbam.
(Dada ~amma, accoucheuse traditionnelle, Zala, 12-08-04)
Lorsque qqn mange, la nourriture pénètre dans le ventre. Il y a là-
dedans des moulins qui écrasent ce que (la personne) a mangé. Le
contenu de l'estomac poursuit (son chemin) par les intestins jusqu'à
364
nya~Hna
365
nyaanldu
Abdoulaye, Maroua)
Celui qui a des oxyures ne mangera plus ce qu'il mangeait. (Prov.)
Litt. : celui qui est mangé par des (vers) mangeurs, ne mangera pas
ce qu'il mangeait. (Le sens caché de ce proverbe est que l'homme
qui a des oxyures ne pourra plus faire l'amour comme avant, car il
est devenu impuissant.)
• nyaamgo gaasa
~ coucher avec une femme (litt. : manger des poils)
~ manger (qqn) dans le cadre de la sorcellerie
• nyaamaaoo
~ victime de la sorcellerie (litt. : (personne) mangée)
• nyaamdu lakasndu
~ une nourriture insipide (et donc peu nourrissante)
• nyaamdu Nasaara
~ nourriture moderne (litt. : manger du Blanc)
To 0 oon nyaama nyaamdu Nasaara, innu marataa semmbe, sey
faya, waoa nü ndeera bee I)ello. Waatoo 0 doggataa 0 daoa, 0
nanngataa buunde 0 disna, 0 noddataa debbo baa 0 saftina mo.
Tati dii fuu ngalaa ber maako. [...] 0 waawataa koo yaago bee
kosoe, y1iyam oon oaantü. (Bah na, 55 ans, berger peul, Mayo-
Kodjolé, 09-09-04)
Si qqn a une alimentation « moderne », il n'aura pas de force, il
366
nyaanlOtn\ li
engraissera seulement et aura une bedaine avec de la mauvaise
graisse. Par exemple, il ne pourra ni courir ni se sauver, il ne pourra
pas attraper un animal et l'immobiliser, il ne pourra pas appeler une
femme et la satisfaire (sexuellement). Ces trois choses lui font
défaut. (...) Il ne peut même pas marcher à pied, son sang se coagule.
• nyaamdu welndu
~ une nourriture savoureuse (et donc nourrissante)
• sooynde nyaamdu
~ sous-alimentation (litt. : manque de nourriture)
368
nyaanl00\\U
To giidi nyaamooji neelli haa goââo, les maako tampan.
Si un homme a des oxyures depuis longtemps, son sexe sera affaibli.
TRAITEMENT
Koo goââo mawâo fuu, nyaamooji nanngan mo. 0 âallllita
haabüru, 0 morla, 0 looftoo. To nafaay, 0 soofna celle âaaleehi,
liitaahi bee kayarlaahi, 0 lummboo 0 yara.
Même un adulte peut avoir des oxyures. (En ce cas), il doit chercher
(des feuilles de) Momordica charantia en faire des boulettes et les
mettre en suppositoires. Si cela ne marche pas, il doit faire tremper
dans l'eau des écorces fraîches de caï1cédrat, de Ficus polita et de
Daniellia oliveri, se baigner dans le macéré et en boire. (Habiba
Garga, 54 ans, ménagère daba, Zileng-Bappa, 31-03-04)
'Be itta sellre eeri, Ile ndoUa, Ile lummba Ilinngel nder ton, malla
boo, Ile coofna sellre eeri unaande man, Ile kawta bee Iliraaâam
malla penndiiâam, Ile njilla Ile njarna ngel. (Ayya Atikou, 45 ans,
ménagère peule, Dogba, 07-05-04)
(Pour traiter les oxyures), on prend de l'écorce fraîche de
Sc/erocarya birrea que l'on fait bouillir, et on fait asseoir l'enfant
dans (la décoction) ; ou bien on mouille cette écorce fraîche pilée, on
associe (le macéré) à du lait frais ou fermenté, on mélange (le tout)
et on le fait boire (à l'enfant).
Goâoo âon hurga giidi nyaamooji bee llil>lle baskooje. 0 hooya
oe, 0 nyaanca, 0 yakka deydey fajira. 'Baawo man, 0 suumoo 0
nyaamataa koo âume haa wakkati njamndi sappo to wadi. 0
maatan reedu maako âon wurwa. To reedu nduu iirtake
boooâum, 0 nanan bana doggere. Nden 0 yaha 0 jooâoo haa
lesdi meere non, haa 0 hella 0 laara giidi gurtotoodi nder maako.
To 0 saari timmi, 0 yara ngulâam. To 0 yari nii, nyaamooji boo
timmi. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 30-04-04)
On soigne les oxyures avec des graines de gombo. On les grille et on
les mange le matin. Ensuite, on jeûne et on ne mange rien jusque
vers dix heures (du matin). On sent (alors) que cela tournoie dans
son ventre. Quand le (contenu du) ventre a été bien retourné, on
ressent comme une diarrhée (qui vient). Alors, on va s'accroupir sur
un endroit dégagé de façon à voir les vers qui sortent. Quand on a
fini sa diarrhée, on boit de l'eau chaude. Alors, il n'y a plus
d'oxyures (dans le ventre).
To gildi ngasi haa goââo, 0 tefa llil>lle jaalle 0 una 0 hooca
kuroori 0 jilla nder nyaamdu. To 0 nyaami, âum hurgan gildi
nyaamooji. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 30-04-04)
Lorsque les vers se sont installés durablement chez la personne, elle
doit chercher des jujubes sauvages (Ziziphus mauritiana), les piler et
mélanger leur poudre dans la nourriture. Lorsque l'on consomme (ce
369
nyaanya
mélange), cela soigne l'oxyurose.
To dum &inngel, mi woodi pompo jey pompugo ngel. Mi hamy"a
haako kaccu-kaccunga, wada nder ndiyam bee saabul. Mi rufa
nder pompo go, nden mi naastina nder dubbe maagel. Mi
pompa ndiyam, dam naasta nder dubbe, nden, dum ittan, dum
nyaanyataa ngel fahin. To dum mawdo boo, mi hamy"a haako
kaccu-kaccunga bee mannda-kiiki, mi loowana mo gal dubbe
haa nee&a, wula de boodd"um bood"d"um hiddeeko 0 itta, nden
d"um yammtan. (Djougoudoum Adji, guérisseur kanouri, Dourba-
Godola,01-06-04)
Dans le cas d'un enfant, j'ai une poire pour lui faire un lavement. Je
froisse à la main des feuilles de Cassia occidentalis et je les fais
macérer dans de l'eau savonneuse. Je remplis la poire (avec ce
macéré) et je l'introduis dans ses fesses. Je pompe le liquide, il
pénètre dans les fesses, puis (les vers) s'enlèvent, ça ne le démangera
plus. Dans le cas d'un adulte, je froisse des feuilles de C.
occidentalis avec du sel mannda-kiiki, je lui fourre ça dans les
fesses (pour qu'il le garde) pendant un bon moment, et que cela lui
chauffe très fort l'anus (litt. : les fesses) avant qu'il l'enlève, puis, ça
guérit.
nyaanya (v.)
~ démanger
Naastugo ndiyam salte nyaanyan &anndu.
Le fait d'entrer dans de l'eau sale donne des démangeaisons.
Mod"go navakin jur nyaanyan god"d"o.
Le fait de prendre trop de Nivaquine provoque des démangeaisons.
Baawo man, nguleenga nannga laral, d"um fud"d"a nyaanygo mo.
Ensuite, la transpiration attaque la peau, cela commence à le
démanger.
~ gratter
Reedu am d"on nyaanya gal nder ton, wam puufe boo gal yaasi
ngam mi d"on nyaanya baba) ngaal. (Biyé Goïgoï, CSI de Godola,
01-07-04)
J'ai des démangeaisons dans le ventre (autour de l'ombilic), ça
donne des boutons à l'extérieur car je gratte l'endroit.
nyaanyoo (v.)
~ se gratter
Koo don naawa mo, 0 don nyaanyoo haa laatoo kuuduuje.
Bien que cela lui fasse mal, il se gratte au point que cela se
transforme en plaies.
To tarzagiire maako warti, 0 don nyaanyoo haa wadda y1iyam.
Quand son tarzagiire revient, il se gratte jusqu'au sang.
A don nyaanyoo bana gaddo tenm.
Tu te grattes comme celui qui a des poux.
371
nyarl)a~ll)ol
nyawa(v.)
~ être malade, attraper une maladie
Koo moy, nyannde to nyawi nü, don tefa noy nyawndortoo tan.
Chacun, dès qu'il est malade, cherche seulement comment se faire
soigner.
• nyawdo / nyawlJe
• malade
• nyaw-nyawdo / nyaw-nyawlJe
• maladif, qui est toujours malade
• nyawu hamfurde
~ 'maladie du céphalophe' de Grimm, ou céphalophe couronné, Cepha/o-
phus (Sy/vicapra) grimmia (Linné, 1758) CEPHALOPHINAE
To debbo reeduujo laari hamfurde, mana 0 yaaBi haa nde saalii,
mana 0 yi'i nde non 0 hultori, to 0 danyi, Binngel maako maran
nyawu hamfurde. Nyawu man waoan ngel oon diwa, ngel oon
wama bana maare. Kurgun man kam, sey Be kooca, Be kaBBana
ngel hologru mana boo laaci tuutuuru hamfurde. Suy, nyawu
375
nyawu
man ittoo. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba, 12-05-04).
Si une femme enceinte voit un céphalophe, ou si elle pose le pied là
où il est passé, ou si elle a eu peur en le voyant, lorsqu'elle mettra au
monde (un enfant), celui-ci aura la 'maladie du céphalophe'. Cette
maladie le fera sauter et danser comme (le céphalophe). Pour soigner
ça, il faut prendre un sabot ou des poils du toupet du céphalophe et
l'attacher (au cou de) l'enfant. Alors, la maladie disparaîtra.
Woodi nyawu &e mbi'ata nyawu hamfurde. Ngu don bana say-
daanu. Feere to a wari, a tawan &inngel maa don tiggi gite, ngel
ga"inoo, ngel yoora kolog, haa mbi'aa ngel maayi. (Ousmanou
Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul, Dogba, 27-04-04)
Il y a une maladie que l'on appelle 'maladie du céphalophe'. Elle
ressemble à une possession diabolique. Parfois vous trouvez votre
enfant avec le regard fixe, il se raidit, il se dessèche complètement au
point qu'on le dirait mort.
• nyawu henndu
~ folie légère (litt. : maladie du vent)
• (nyawu) buutooru
~ marasme (A.M. Schônenberger et G. Parietti 2001), (litt. : maladie du
varan, Varanus exanthematicus exanthematicus Bosc., SQUAMATAE).
« Maladie des tout petits enfants, marasme, cachexie des petits enfants
(jusqu'à 2/3 ans, provoquant une flaccidité de la peau, comparable à
celle du varan)) (Noye 1989, p. 177b).
Nyawu huutooru haa nannga &inngel sey to daada maagel yaa&i
haa ndu waati ; maUa boo, to daada maagel yi'i ndu non hultori,
dum yaha dum nannga daada, &aawo man dum yottoo &inngel.
Ammaa to 0 nanngi ndu 0 nyaami, walaa ko wadata. [...] Hid-
deeko haa daada nyaama ndu, sey &e ngurtina huunde feere
jokke-jokke haa noorol &aawo maaru. Be njuboo kuukon man
&e &ilana &inngel haa daande, suy ngel yamdita.
To non walaa, &e kirsa ndu, &e kooca la&i &e kirsiri ndu doo, &e
mballina dow &inngel man, &e mbi'a &e kirsi huutooru nduu. Be
kooca &e kawta ledde &e njarna &inngel, &e ngüwa ngel. Be
mbi'a &e njaari &inngel &e kirsi huutooru. (Ammaré, 62 ans,
ménagère peule, Dogba, 12-04-04)
La 'maladie du varan', pour qu'elle affecte un enfant, il suffit que sa
mère ait marché sur l'endroit où (un varan) est mort; ou bien qu'elle
ait eu peur en en voyant un, (alors, la maladie) attrape la mère, puis
elle atteint l'enfant. Mais si (la mère) capture (le varan) et le mange, il
n'arrivera rien. (...) Avant que la mère le mange, on doit extraire des
vertèbres de (l'animal) (litt.: une chose articulée dans la colonne verté-
brale). On les assemble et on les suspend au cou de l'enfant, puis il se
rétablit.
376
u
Sinon, on égorge le (varan), on prend le couteau avec lequel on l'a
égorgé et on le pose sur l'enfant: on dit qu'on égorge le varan. On
compose un remède que l'on fait boire à l'enfant et (avec lequel) on le
lave. On dit qu'on a emmené l'enfant et que l'on a égorgé le varan.
DESCRIPTION
Feere koo Ilinngel yotti yaago, nyawu man hadan ngel yaago.
Koo ngel don nyaama, Ilanndu maagel 100rataa, sey ngel don
sülloo non. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba, 12-04-04)
Même si l'enfant est à l'âge de marcher, cette maladie l'en
empêchera. Quoi qu'il mange, il ne grossit pas, il ne fait que de
s'anémier.
To Ilinngel nyawi nyawu huutooru, ngel fooyan, ngel don
mely1ndoo, nanndita bee huutooru. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba,
20-03-05)
Lorsqu'un enfant a la 'maladie du varan', il maigrit, il sort et rentre
la langue de façon irrépressible, il ressemble au varan.
• nyawu jüja ou nyawu poliyo
~ poliomyélite (litt. : maladie de l'infirmité)
Cette appellation de nyawu jiija, bien que courante, est peu satis-
faisante. En effet, il existe des infirmités congénitales, d'autres qui
découlent d'accidents divers, cérébraux ou traumatiques, qui ne sont
donc pas provoquées par un poliovirus.
• nyawu junngo
~ maladie envoyée par sorcellerie (litt. : maladie de la « main»)
• nyawu kuturu
~ lèpre (syn. cf sadawre)
377
nyawu
• nyawu laral Ilanndu
~ maladie de peau, dennatose (litt. : maladie de la peau du corps)
• nyawu layanngu
~ maladie évolutive (litt. : maladie lianescente)
• nyawu les
~ maladie sexuellement transmissible (euphémisme; litt. : maladie d'en bas)
Jonta kam, gaaye majji. Dum Yaa Jawmiraawo oon majjini oe.
Wakkati nde oe eggi, yimlle puodi nango wayne oon mari
sompis, feere boo cülloowu. Hannde kam, sompis daaytake ; to
nyawu les nanngi goooo nü, oum cülloowu, ngam nyawuuji man
fuu oon bee yaake maaji. Zaman Ilooyma, oum gaaye Ilurata
Ilillugo yimlle no. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul,
Dogba, 28-04-04)
Actuellement, la syphilis a disparu. C'est le Seigneur qui l'a fait
disparaître. Au moment où elle est partie définitivement, on a
commencé à entendre qu'un tel a une gonococcie, un autre le SIDA.
Aujourd'hui, la gonococcie a reculé, (mais) si qqn attrape une MST,
c'est le SIDA, car toutes les maladies ont leur temps. Autrefois, c'est
la syphilis qui dérangeait le plus les gens.
Burnal fuu haa moollodal yimlle kellata nyawu SIDA.
La plupart du temps, c'est au cours de relations sexuelles que l'on
attrape le SIDA.
• nyawu marngu gildi
~ maladie avec 'vers'
• nyawu naawngu
~ maladie douloureuse
• nyawu ngartanngu
~ maladie chronique (litt. : maladie qui revient)
Nyawu sukar, oum nyawu ngartanngu, ngam to goooo woodi
ngu, 0 accataa yargo lekki foddee baloe maako, 0 accataa boo
378
nyawu
aynugo nyaamdu maako.(Amadou Roufaou, infinnier, hôpital de
Petté, 28-05-04)
Le diabète est une maladie chronique, car, lorsque qqn l'a, il doit
prendre un médicament à vie, et il ne doit pas cesser de surveiller
son alimentation.
• nyawu njeenu
~ maladie sexuellement transmissible (euphémisme) (litt.: maladie de
l'adultère)
• nyawu nyii'e (cf nyiindere)
~ carie dentaire (litt. : maladie de dents)
YimfJe cfon kurgira nyawu nyii'e bee lecfcfe jur. Gocfcfo cfon doUa
cfam jaafJi, wusfJoo. Gocfcfo doUa cfam sipakareehi, wusfJoo.
Gocfcfo doUa mannda fite, wusfJoo. Gocfcfo doUa cfam cafJfJulli
gorki, wusfJoo. Gocfcfo ticfcfa aspuro maUa sukar nder nyiindere
ndee. Gocfcfo saawa cfaccere fJuuski nder hottoUo, jo"ina dow
nyiindere ndee. (Goggo, ménagère à Dogba, 03-05-04)
On soigne la carie dentaire avec de nombreux remèdes. On fait une
décoction avec des racines de jujubier sauvage (Ziziphus mauritiana)
et on se rince la bouche avec. On fait une décoction de racines de
sipakareehi et on se rince la bouche avec. On fait bouillir de l'eau
avec du sel de cuisine et on se rince la bouche avec. On fait une
décoction de racines d'un Ximenia americana qui ne donne pas de
fruits et on se rince la bouche avec. On presse un comprimé
d'aspirine ou un morceau de sucre dans la dent. On enveloppe de la
gomme de Combretum nigricans dans du coton et on pose (cet
emplâtre) sur la dent.
• nyawu pacfcfe (cf facfcfere)
~ épilepsie (litt. : maladie des évanouissements)
• nyawu reedu
~ diarrhée (litt. : maladie de ventre)
DESCRIPTION
Nyawu sukkar to nanngi goooo, 0 yaran ndiyam jur, 0 siUan boo
jur. Banndu maako to wadi huuduure, nde yamditittaa bee law.
Ammaa nyawu nguu, naa oum nyawu sukkar bana yimfie
mbi'ata 000, [yimfie oon ngaoa bana sey to goooo nyaami
sukkar jur ngu nanngata mo], oum nyawu ngu sukkar fiesdotoo
nder Y"uyam goooo. To dopta'en ndaari nder Y"uyam oam, fie
tawan sukkar oon ouudi. (Amadou Roufaou, infirmier, hôpital de
Petté,28-05-04)
Quand le diabète affecte une personne, elle boit beaucoup d'eau, elle
urine aussi beaucoup. Si elle a une plaie, celle-ci ne guérit pas vite.
Cette maladie n'est pas une maladie du sucre comme on le dit, (les
380
nyawu
gens font comme si la maladie ne s'en prenait qu'à ceux qui
mangent beaucoup de sucre), c'est une maladie où le sucre augmente
dans le sang de la personne. Lorsque les médecins examinent ce
sang, ils constatent qu'il contient trop de sucre.
Nyawu sukar oon feere feere. Nannganngu oaamol, kangu
wi'etee « insulino-dépendant». Feerewu boo, fofoodu maagu nder
hoore goooo. Kanjum kam laarani haala kilo ndiyam nder
6anndu. Goooo to oon silla, 6anndu oon timma. Koo ndok-
kuoaa mo lekki nyawu sukar « insuline» maa, nafataa mo.
(Amadou Roufaou, infinnier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Il Y a diverses sortes de diabète. Celui qui attaque la rate, c'est lui
que l'on dit « insulino-dépendant». L'autre, son origine se trouve
dans la tête. Il est relatif à la quantité d'eau (contenue) dans le corps.
Quand la personne urine, elle devient très maigre. Même si vous lui
donnez le remède du diabète (à savoir) de l'insuline, cela ne lui
servira à rien.
Goooo nyawoo nyawu sukar sillan law law, 0 oomoan boo law,
o maatataa dolo boo. 'Banndu wulan, teddan. (Mal Saïdou
Djakaou, guérisseur guiziga, Ligazang-Loubour, 23-05-04)
La personne atteinte de diabète pisse très souvent, elle a souvent soif
et ne ressent pas la faim. Elle est fiévreuse (litt. : son corps chauffe)
et se sent fatiguée (litt. : son corps est lourd).
To goooo nyawi nyawu sukar, 6anndu maako fuu naawan, gite
maako ngi'ataa booooum, 6anndu oon teddi, 0 soofan law law,
fahin mooyooyo boo nanngan mo, 0 oon maata oomka.
(Hamadou Bouba, infinnier laborantin, CMAü Meskine, 05-05-04)
Lorsque qqn a du diabète, il a mal partout, il ne voit pas bien, il se
sent lourd (litt.: son corps pèse), il pisse très souvent, il a des
fourmillements et il a soif.
Dum nyawu sukar fuooani yam huuduure, nde salii yamdititgo
haa oum tayi yam hoondu. Kangu ngu nanngataa koo moy fuu,
sinaa ustuoo duu6i. Dum nyaamgo sukar jur jur fuooata ngu.
[...] To nyannde nyawu sukar nanngi goooo, 6anndu maako fuu
waoan mooyooyo. To huuduure wadi mo boo, nde yamditittaa
sey nde oon Ha ndiyam tum. (Baba Aladji, guérisseur, Lopéré,
Maroua, 26-1 1-04)
C'est le diabète qui m'a causé un ulcère (litt. : une plaie, elle refuse
de guérir) au point de me couper un doigt (de pied). Ce (diabète)
n'affecte pas n'importe qui, mais seulement celui/celle qui a un âge
avancé (litt. : dont les années (à vivre) ont diminué). C'est une forte
consommation de sucre qui le provoque. (...) Le jour où qqn attrape
le diabète (litt. : où le diabète attrape qqn), il a des founnillements
dans tout le corps. S'il a une plaie, celle-ci ne guérit pas et ne fait
381
nyawu
que de suinter.
CAUSES
Jotta doo, ngam a woodi sunku, a don tokkii nyaama kusel
payngel bee sukar deydey asaweere, fakat a nyawan nyawu
sukar. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Maintenant, sous prétexte que tu as de l'argent, si tu manges
continuellement de la viande grasse et du sucre pendant une
semaine, à coup sûr tu auras du diabète.
Woodi nder 6anndu innu ye6re sukiantoonde haala jo"itingo
duudgo sukar. Woodi kilo deydey no sukar wonata nder YIiy'"am.
Huunde sukiantoonde haala kilo sukar, mi don seka dum
daamol. Nder daamol ngool, pellel feere don sukianoo jippingo
sukar to dam duudi nder 6anndu. Feere boo, bana to goddo
doggi jur, huunde feere wadan mo, 6e don mbi'a dum
« ipogilisemi », ngam sukar ustake jamum. Daamol ha6da
jo"itina dam kalkal. Nyawu sukar, daamol nanngata. To ngol
nyawi, sukar don yiiloo nder 6anndu goddo fuu, koo nder
y1iy'"am, koo nder cille, fuu dam don heewi. Kanjum torrata
yim6e. (Amadou Roufaou, infinnier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Il Y a dans le corps de la personne une partie qui s'occupe d'équi-
librer la quantité de sucre. Il doit y avoir une proportion exacte de
sucre dans le sang. La chose qui se charge de la question de propor-
tion de sucre, je pense que c'est la rate. Dans la rate en question, il y
a un endroit particulier qui s'occupe de faire descendre le (taux de)
sucre s'il y en a trop dans l'organisme. Parfois, lorsque qqn a beau-
coup couru, par exemple, il lui arrive quelque chose que l'on appelle
« hypoglycémie», parce que le (taux de) sucre a trop diminué. La
rate tente de le rétablir exactement. Le diabète, c'est la rate qu'il
affecte. Si elle est malade, le sucre se balade dans tout l'organisme,
que ce soit dans le sang ou dans les urines, tout en est plein. C'est
cela qui fait souffrir les gens.
TRAITEMENT / PRÉVENTION
To nyawu sukar don gal daamol, nyawdo ngu don mari sukar
jur nder 6anndu maako. Be kadan mo nyaamgo nyaamduuji
mardi sukar, ngam to 0 don nyaama di, 0 maayan. Be kadan mo
kala huunde marnde sukar fuu. Ammaa, kuuje feere, to sukar
duudaay nder ton, 0 nyaaman sedda. Yaake feere boo, to ledde
o yarata duudi nder 6anndu maako, huunde 6e mbi'ata
« ipogilisemi », waato sukar famditi nder 6anndu maako, sey 6e
ndokka mo kuuje marde sukar, haa 0 warta bana naane.
(Amadou Roufaou, infinnier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Lorsque le diabète affecte la rate, le malade a trop de sucre dans
l'organisme. On lui interdit de manger des aliments sucrés, car, s'il en
382
nyu
mange, il va mourir. On lui interdit tout ce qui contient du sucre. Mais,
certains (aliments) qui ne contiennent pas beaucoup de sucre, il peut
en manger un peu. Parfois, si le médicament qu'il prend est en quan-
tité excessive dans son organisme, ce que nous appelons « hypogly-
cémie », c'est-à-dire qu'il y a un déficit de sucre dans son organisme,
on doit lui donner des aliments sucrés pour qu'il se rétablisse.
Dopta wi'i yam mi âon mari nyawu sukar. [...] 0 hadi yam
nyaamgo kuuje marâe sukar, maaroori, 6ulumji, 6i66e leââe,
ammaa 0 wi'i mi nyaama gawri kiiândi kam. To ndi hoociraama
haa ladde, waâan baakin lebbi nay, ngam to non kam, ndi
woodaa sukar. 0 hokkaay yam sarti. (Hamandjoda, hôpital de
Petté,27-05-04)
Le « docteur» m'a dit que j'ai le diabète. (...) Il m'a interdit de
manger des choses sucrées, (comme) le riz, les ignames, les fruits,
mais il m'a dit de manger du vieux sorgho. Si on l'a rapporté de la
brousse (du champ), il doit passer environ quatre mois (avant de
pouvoir être consommé), de cette façon, il ne contient pas de sucre.
Il ne m'a pas fixé de délai (pour arrêter ce régime).
To innu nyaami sukar jur, sey 0 dimmboo, 0 waâa espor haa 0
he6a sukar âam sankitoo nder 6anndu maako. Bana yim6e
doggan6e meere meere âoo, 6e ngattaa nyawu sukar ngam
sukar âaam he6ataa mo06taago nder 6aUi ma66e. (Amadou
Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Si qqn mange beaucoup de sucre, il faut qu'il bouge, qu'il fasse du
sport pour que le sucre puisse se disperser dans son corps. Les
personnes qui courent pour courir (i.e. les sportifs), ils ne déve-
loppent pas de diabète parce que le sucre ne peut s'accumuler dans
leur corps.
To goââo nyawi nyawu sukar, mi se6a nel6i, mi una, mi hokka
mo 0 nyaama bee nyiiri baakin asaweere. (Mal Saïdou Djakaou,
guérisseur guiziga, Ligazang-Loubour, 23-05-04)
Lorsque qqn a le diabète, je prends de l'écorce fraîche de Diospyros
mespiliformis que je pile et je lui donne ça pour qu'il le consomme
avec de la boule pendant environ une semaine.
nyidda(v.)
~ être sale, malpropre
383
nviindere
.:
386
besoin. Nous, c'est notre argent que nous voulons.
nyillle - oe (n.)
~ mucosités nasales, morve; cf ndamba
Daga kine maa fuu nyilIJe, mün mi oon waoa haaje am.
Tu avais encore la morve au nez que j'étais (déjà) émancipé.
nyitta (v.)
~ moucher (qqn) ; cf fiifa
Daada oon nyitta IJinngel mum.
La mère mouche son enfant.
nyittoo (v.)
~ se moucher
387
nyuufoo
« Laar lee, 00 000 oon timma, oum SIDA timminta mo, hunnduko
maako furdi». (A., prostituée, Domayo, Maroua, 16-01-06)
C'est au quartier qu'on entend parler du SIDA. Cela alimente les
ragots (litt. : c'est devenu comme des ragots): «Regarde un peu,
celui-ci/celle-ci est en train de fondre, c'est le SIDA qui le/la fait
maigrir, il/elle a les lèvres grises.
nyuufoo (v.)
~ atteindre l'âge de la puberté (garçon ou fille) ; syn. balingoo
To IJinngel fuodi nyuufaago, laIJruha boo fuooa fuufgo.
Dès que l'enfant commence sa puberté, les poils pubiens com-
mencent aussi à pousser dru.
I)
gaa600 (v.)
~ bâiller
Ndotti gaaIJoo, bone loowoo. (Prov.)
Le vieux bâille et la souffrance pénètre (en lui). (Les deux phéno-
mènes sont concomitants et permanents.)
A oon gaaIJoo, oum weelo naa, malla ooydi ?
Tu bâilles de faim ou de sommeil ?
Woodi kuungel feere pamarel nder daande, deydey to goooo
gaaIJake 000, a oon yi'a ngel, oum ngel-daande. (Aladji Abdou,
50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Il Ya une petite chose dans la gorge, que l'on voit lorsque qqn bâille,
c'est la luette.
ga"ina Cf nay)'tna
388
gatannde
garol/ gari - ngolldi (n.d.v.) ; < garoo
~ beauté
gata-v. (v.)
~ mordre
• gatannde rawaandu
~ morsure de chien
gaya(v.)
~ désigner (qqn ou qqch.) à (qqn) en pointant la langue dans sa direction
Ce geste n'est pas considéré comme particulièrement élégant, il est
donc peu recommandé. Les femmes en sont les principales utili-
satrices.
o gay1 soobaajo maako.
Elle a fait un geste de la langue à l'intention de sa camarade.
gayy1na (v.)
var. : ga"ina
~ provoquer des convulsions (épilepsie, éclampsie; litt. : faire se raidir)
390
gelina (v.d.)
~ chatouiller
[Ngilngu] nguu oon gelina yam non [...]. (Asta Fidjondé, 60 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Ce (ver) n'arrête pas de me chatouiller (...).
goIJa(v.)
~ courber
Nyawu peewri na gol)an goooo.
Le peewri courbe la personne.
goccita (v.)
~ prendre un morceau (de « boule») à la main
~ prendre une part (de qqch.) à la main
gola (v.)
~ pourrir, se décomposer, se putréfier
Huuduure ndee goli.
La plaie s'est putréfiée.
gonyoo(v.)
~ ronger
[...] Ngilkon koon nyaanyan bana madam-calka, malla sükre,
gonyotoo larel dowyel. (Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère peule,
Dogba, 22-09-04)
(...) Ces petits vers grattent comme le cancrelat ou le grillon et
rongent l'épiderme.
goocfa (v.)
~ avoir une crampe
To joonde juuti, goooo goooan.
Si on reste longtemps en position assise, on aura une crampe.
Kiistawol debbo bee gorko mum bee waaye mum. Gorko wi'i
dilli jahaangal. Suy debbo maatinoy waaye mum na gorko mum
391
uornya
walaa oon. Waaye wari naasti bee debbo. Be nani gorko warti.
Suy waaye wa"ü dow loogaaje. Gorko naasti suudu, suy oon
waalü bee debbo mum. Waaye go somi 6ilaago fuodi wi'igo :
« Mi goodi, mi goodi ! ». Debbo ta66iti : « Ayye goodi am, haa
njaami fuu tokkooaa yam, mbaranaa yam gorko am!» Gorko,
nango bana nü non falti wadi yaasi, doggi. Bana nü waaye jippü,
suy wurtü dilli. (Boubakary Abdoulaye, Maroua, 29-10-04).
Histoire d'une femme, de son mari et de son amant. Le mari dit qu'il
partait en voyage. Alors, la femme envoya prévenir son amant que
son mari n'était pas là. L'amant vint et entra dans la maison avec la
femme. Ils entendirent que le mari était de retour. Alors, l'amant
monta sur le support du toit de la maison. Le mari entra dans la
maison puis il coucha avec sa femme. L'amant était fatigué de rester
suspendu et il se mit à dire: «J'ai une crampe [mi goodi], j'ai une
crampe ! » La femme reprit: «Ah bon, mon goodi, partout où je
vais, tu me suis et tu me tues mon mari ! » Le mari, dès qu'il
entendit cela, se leva d'un bond et s'enfuit en courant. De cette
façon, l'amant descendit, puis il sortit et s'en alla.
gornya (v.)
~ donner des coliques; cf ngilngu
Be mbi'i yam nyaamgo citta gornyan reedu. (Aminatou Seïny, 18
ans, ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
On m'a dit que manger du piment donne des coliques.
Mi oonno hüra haa jenngi, sey nanmi bana reedu am oon
gornya, jaka boo oum luuwe. Nde naastumi nii, 6esnumi tan.
(Élisabeth Kaltoumi, CS! de Makabay, Maroua, 23-06-04)
J'étais en train de veiller tard dans la soirée lorsque j'ai ressenti
comme des coliques, alors que c'était les douleurs de l'accou-
chement. Dès que je suis entrée (dans la maison), j'ai accouché.
gornyoo (v.)
~ avoir des coliques
392
ordonas
o
oberze / oberzeeji - nga/di (n.) ; < français « auberge »
~ auberge, petit hôtel (faisant souvent office d'hôtel de passe)
To mi fottani gorko 0 wi'a 0 woodi haaje am, 0 yaarammi min
njaroya, sey nü non, min ndilIa oberze. Min ngaata konndom
min mbaalda, 0 yofiammi ceede am. (Mr., 14 ans, prostituée,
Domayo, Maroua, 03-03-06)
Sije plais à un homme et qu'il dit qu'il a envie de moi, il m'emmène
boire, puis, nous partons à l'auberge. Nous mettons un préservatif et
nous couchons ensemble, puis il me paie.
oUa (v.)
~ pousser en ahanant, faire des efforts pour expulser (selles, bébé) ; syn.
eemoo
Min mbi'a danyanao 00 otta haa helJa lJinngel maako wurtoo.
(Gorsou, infirmier accoucheur à l'hôpital de Bogo, 02-07-04)
Nous disons à la femme qui accouche de pousser en ahanant pour
que son enfant sorte.
Haa ottugo boo, danynoowo 00 ham yam ottugo bee law. Sey
nde 0 meemi 0 yi'i lJinngel lJadake wurtaago 0 y'"ami yam mi otta
kadi. Sey nü non ottumi nde mm nii, lJinngel wurtii. (Isabelle
Kaltoumi, CSI de 11akabay, 11aroua, 20-06-04)
Pour ce qui est de pousser, l'accoucheur m'a interdit de pousser trop
tôt. C'est seulement après avoir constaté au toucher que l'enfant était
près de sortir qu'il m'a demandé de pousser. Dès que j'ai ainsi
poussé deux fois, l'enfant est sorti.
Nde njaami lopital peetel, lJe mbi'i ko ham lJinngel wurtaago,
ngam mi yiaaa ottugo. Mi halJdi boo. Be aon lJiaaa reedu nduu,
lJe mba"oo dow maaru, lJe lJiaaa, lJe lJiaaa. Be naastina junngo
haa les am, lJe pooaa. Fuu aum salli non. Y'rly'"am aaam aon rufa
non. Doktor'en danynoolJe lJee, lJe ngaaan sappo, lJe cannji...
haa lopital peetel lJe mbaawaay sam. (Rabiatou Saïdou, CSI de
394
Meskine, 28-06-04)
Quand je suis allée au centre de santé, on m'a dit que si l'enfant ne
sortait pas, c'était parce que je ne poussais pas. J'ai pourtant fait mon
possible. Ils m'appuyaient sur le ventre, ils montaient dessus, ils
appuyaient, ils appuyaient. Ils mettaient la main dans mon vagin, ils
tiraient. Cela ne voulait pas venir. Le sang ne faisait que de couler.
Les infirmiers accoucheurs étaient à dix, ils se relayaient..., au centre
de santé, ils n'ont rien pu faire.
395
paIJ600jc
on estime que le 'paludisme' est une maladie inéluctable qui revient
annuellement avec la saison des pluies. Il est réactivé par la
consommation de nourritures «humides / fraîches / acides» (maïs
frais, lait frais, lait fennenté, bouillie fennentée, mangues vertes,
oseille de Guinée, arachides nouvelles, etc.) La consommation de
fruits frais ou de vivres nouvellement récoltés (maïs, arachides) peut
être considérée comme une métonymie pour « saison des pluies ».
Le paludisme n'est jamais conçu comme une maladie inoculée par
un moustique. Par ailleurs, aucune distinction n'est faite panni les
moustiques, et ceux dont on se plaint généralement sont les Culex.
Les campagnes de prévention au cours desquelles on recommande
de donnir sous une moustiquaire n'ont donc pas beaucoup de chance
de rencontrer un grand succès, à moins qu'elles ne soient
accompagnées des explications nécessaires. En effet, les anophèles
ne causent pas de gêne particulière au donneur, on n'a donc aucune
raison de s'en protéger en entrant sous une moustiquaire. Autrement
dit, on n'acceptera de dormir sous moustiquaire que lorsqu'on se
trouve dans un endroit infesté de Culex.
Les moustiquaires qui sont distribuées aux femmes enceintes sont
par ailleurs inadaptées (trop basses: on ne peut tenir assis dessous).
Le 'paludisme' fait aussi partie des maladies qui peuvent être
envoyées par sorcellerie.
Pal>l>ooje fuu oum nyawu masüboowa, ammaa, ndikka SIDA
fahin dow pal>l>ooje, ngam kanga kam, nga fal>l>inan goooo
seeoa. (Mi., 25 ans, prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06) .
Le paludisme est aussi une maladie maudite, mais mieux vaut encore
le SIDA, car lui, il laisse vivre quelque temps (litt.: fait durer la
personne un peu).
Pal>l>ooje oon ukkoo dow yiml>e bee hoore tol>o.
Le paludisme s'abat sur les gens sans prévenir au début des pluies.
To duumol naasti nü, mi oon bu'i-jogü bee pal>l>ooje, sey to
peewol acci. (Maïramou Youssoufa, patiente au CSI de Dargala, 10-
06-04)
Dès le début de la saison des pluies, je redoute le paludisme, jusqu'à
la fin du froid humide.
Ko fuooata sababuuji haa I>esngol debbo, oum huuwgo kuuoe
caatuoe. [...] Yaake feere boo, pal>l>ooje ouudi haa I>anndu,
kanjum wadi min tokkotoo aynugo reedu'en daga to I>e ndeedi
kesum. (Atchibi Thérèse, aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
Ce qui cause des problèmes lors de l'accouchement de la femme,
c'est le fait d'effectuer de durs travaux. (...) Parfois encore, elle est
fortement impaludée (litt. : le paludisme est abondant dans le corps),
voilà pourquoi nous surveillons continuellement les femmes
enceintes dès le début de la grossesse (litt.: depuis qu'elles sont
396
enceintes nouvellement).
DESCRIPTION
Goôôo feere, paIJIJooje mballinan mo; goôôo feere boo, ôe
mballintaa mo : 0 ôon tuuta, 0 ôon saara. Feere boo, hoore
maako ôon seeka, 0 ôon tuuta, jokkuôe fuu ôon mbaati. Ammaa
fuu ôum gildi puôôata ôe. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 20-03-05)
Telle personne, le paludisme l'alite; telle autre, il ne l'oblige pas à
se coucher, (mais) elle vomit et elle a la diarrhée. D'autres fois
encore, (la personne) a de violents maux de tête, elle vomit et toutes
ses articulations sont paralysées. Mais dans tous les cas, ce sont les
vers qui sont à l'origine (du paludisme).
PaIJIJooje naawan hoore, naawan IJaawo, naawan IJaawo
daande, jokkuôe pat naawan non, 0 diwnan jaangol. (Goggo,
ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Le paludisme donne des maux de tête, de dos et à la nuque; toutes
les articulations sont très douloureuses, et (le patient) tremble de
froid.
To nyawIJe ngari lopital, IJe mbi'a hoore naawata IJe; wodIJe
boo ôon mbi'a ôum paIJIJooje non naawata IJe; goôôo ôon
rüwa ; goôôo boo, reedu mum ôon naawa ; goôôo boo jokkuôe
mum fuu naawan, IJanndu fuu seekan. Be fuu, IJe mbi'a Ôum
paIJIJooje non. (Sannda Haman, infirmier, Pitoaré, le 10-03-04)
Quand les malades arrivent au centre de santé, ils disent qu'ils ont
mal à la tête; certains disent que c'est le paludisme qui les fait
souffrir; l'un a la diarrhée; un autre a mal au ventre; un autre a mal
à toutes les articulations et tout son corps se fend (i.e.: il a mal
partout). Tous ceux-là disent que c'est le paludisme.
To goôôo wari, min ndaara to IJanndu maako ôon wula, maUa
to 0 ôon diwna, koo boo 0 ôon tuuta keefam, malla boo hoore
maako ôon naawa, nden waôata hakkiilo amin nanngata haala
paIJIJooje, min yama yiiyam kadi. (Hamadou Ahmadou, 28 ans,
agent de santé guiziga, Maroua, 09-03-04)
Lorsque qqn arrive et que nous voyons que son corps chauffe, ou
qu'il tremble, voire même qu'il vomit de la bile ou qu'il a mal à la
tête, nous pensons alors au paludisme et nous demandons (un
examen) de sang.
Nde yimIJe ôon nana haa wuro IJe ôon mbi'a to hoore maa ôon
naawa, IJanndu maa fuu naawan, kosôe ôon ceeka, ôum
paIJIJooje, wakkati to IJe maati bana nii ôoo, IJe mbi'a ôum
paIJIJooje ; walaa nyawu feere IJe mbi'ata, sey paIJIJooje non.
Comme les gens entendent dire au village que si tu as mal à la tête,
que tu as mal partout et que (les os de) tes jambes se fendent, c'est
du paludisme, lorsqu'ils ressentent la même chose, ils disent qu'il
397
pao6ooje
ont le paludisme et rien d'autre, uniquement le paludisme. (Yaya
Raman, infinnier guiziga, 27 ans, Maroua, 25-03-04)
To innu yehi lopital, kala nyawuuji fuu, pa&&ooje; feere innu
ga"inoo, gite purtoo, saaran, tuutan, &e [doktor'en] mbi'a
pa&&ooje. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Quand qqn se rend à l'hôpital, quelque maladie qu'il ait, (on lui dit
que) c'est le paludisme; parfois la personne a des convulsions, les
yeux exorbités, la diarrhée, vomit, on (Le. les infmniers) dit que
c'est le paludisme.
To innu wadi pa&&ooje, 0 tuuta keefam, 0 saara. Nanndu
pa&&ooje dee doo &e mbi'ata boodde. Ammaa, to pa&&ooje
nanngi ma, a tuutaay, a saaraay, keefam don loofti nder &anndu
maa, kanjum jaanyata sawoora. (Bah Ila, 55 ans, berger peul,
Mayo-Kodjolé,09-09-04)
Lorsque qqn a les fièvres, il vomit de la bile et il a la diarrhée. C'est
ce genre de fièvres que l'on dit bonnes. Mais, si lles fièvres
t'affectent et que tu ne vomis ni n'as la diarrhée, la bile rentre dans
ton corps, et c'est ça qui cause la 'jaunisse'.
To pa&&ooje caati, hunnduko goddo futta, 0 don diwna haa 0
faddeezin.
Quand l'accès palustre est sévère, il sort des boutons sur les lèvres
du malade, et il tremble jusqu'à ce qu'il tombe dans le coma.
To goddo don bee pa&&ooje, gite maako ngaylitittaako bana
mardo sawoora. To 0 nyaami boo koo sedda, 0 wuttataako, 0
tuutan. Naawral &anndu fuu gootel bee sawoora. Laabi
nyawuuji dli gootel. Di nanngataa ceedu, sey duumol. (Mal
Aladji Abba, guérisseur, Dir, 24-05-04)
Lorsque qqn a le paludisme, ses yeux ne changent pas (de couleur)
comme ceux de qqn qui a la jaunisse. S'il mange, ne serait-ce qu'un
peu, il n'a pas le ventre enflé, (mais) il vomit. Il a mal partout
comme dans le cas de la jaunisse. Ces deux maladies se ressemblent
(litt. : les voies de ces maladies sont une). Elles ne sévissent pas en
saison chaude, mais en saison des pluies seulement.
• pa&&ooje &ikkon
~ fièvres infantiles; cf nyündere > nyiikon-suwa
Pa&&ooje &ikkon don nannga kon bee duumol. A tawan kon don
pooy1, feere kam, haa kon maaya. Gaasa hoore woojan, to kon
mettake nyiiri, kon tuutan. Sey gaari bee biriiji. Banndu don
wula jaw. Koo lopital ma hurgataa, &aade dabban non. [...]
Feere boo, to &inngel daga ngel don waawee, ngel don to&ra tum
tum haa daada maagel, ngel nyawan meere meere. Nyawu nguu
kam foti min mbi'a ngu jey &ikkon diga nyalaade haa duu&i
sappo e jowi. (Djougoudoum Adji, guérisseur kanouri, Dourga-
398
~:..
b C
Godola, 01-06-04)
Les fièvres infantiles affectent les enfants à la saison des pluies.
Vous constaterez qu'ils maigrissent, parfois il se peut qu'ils meurent.
Leurs cheveux rougissent, lorsqu'ils goûtent de la « boule », ils
vomissent. (Ils ne peuvent absorber) que de la bouillie à l'arachide.
Leur corps chauffe énormément. Même à l'hôpital, on ne peut les
soigner, en réalité, on ne peut que les soulager. (...) Également, si,
dès l'époque où il est porté sur le dos, il prend souvent la pluie sur sa
mère, (l'enfant) tombera malade très facilement. Nous pouvons
appeler cette maladie (fièvres) infantiles (pour des enfants âgés) de
quelques jours à quinze ans.
To duumol IJenndi kam fuu, yaake njigaari IJadake saawtugo,
yommbe maari ngadi galye bana dadi, ammaa di ndukkataa
loope kam, don mari ndiyam bana gubudo, nden, mi itta jur
yommbal ngaal, mi yoorna, mi unda bee albacce, mi jilla bee
leeIJol bee hudo ko IJe yeewnotoo teppel-poola, mi IJakkana
IJinngel ngeel haa hoore. Nden, haa duumol ngool timma, ngel
sinkataa paIJIJooje. To IJe keIJtaay, IJe njaari ngel lopital boo,
feere kam maaya, ngam ngel heIJataa daama. (Djougoudoum
Adji, guérisseur kanouri, Dourga-Godola, 01-06-04)
Vers la fin de la saison des pluies (litt. : lorsque la saison des pluies
est mûre), au moment où le sorgho rouge est sur le point de réaliser
son exsertion paniculaire, et que sa tige a formé des racines
adventices (litt.: capsules semblables à des racines mais qui ne
touchent pas le sol), et qu'elle a une sève (gluante) comme celle du
Cerathoteca sesamoides, alors, je ramasse beaucoup de ces tiges, je
les fais sécher, je les pile avec de l'ail, je mélange ça avec du beurre
frais et avec une plante qu'on appelle Chrysanthellum americanum
et j'enduis la tête de l'enfant avec (cette préparation). Alors, jusqu'à
la fin de la saison des pluies, l'enfant ne se plaindra pas de fièvres. Si
(les parents) ne se sont pas rendu compte (de l'état de leur enfant) et
qu'ils l'emmènent à l'hôpital, parfois il meurt, car il n'obtiendra (là-
bas) aucune amélioration (de son état).
• paIJIJooje caatude
~ accès palustre sévère, palu neurologique (litt. : fièvres dures)
399
pal}l)ooje
CAUSES RECONNUES EN MILIEU TRADITIONNEL
Kosam penndüoam waoan pa6600je. Kaluuji fuu bana ko
nanndi biriiji kecci, masarji, ngaoan pa6600je. (Boubakary
Abdoulaye, Maroua, 02-08-04)
(La consommation de) lait fennenté cause le paludisme. Toutes les
choses que l'on mange en dehors des repas, comme les arachides
nouvelles, les (épis de) maïs, provoquent le paludisme.
Kosam fuooata pa6600je, ammaa na bee kosam 6e nyawndotoo
oe. [...] Masarji boo ngaoan pa6600je, kanjum sey to duumol
naasti pa6600je ngartata. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule,
Dogba, 12-05-04)
C'est le lait qui provoque le paludisme, mais c'est avec le lait qu'on
le soigne. (...) Le maïs (frais) aussi donne le paludisme, voilà
pourquoi c'est seulement quand arrive la saison des pluies que le
paludisme est de retour.
Pa6600je, yaake maaje to wari, goooo to yari kosam oam
ja6aay mo, oum waoan pa6600je. Goooo boo gaari mbaalndi
na ndi lamman, to 0 yari ndi nii, 0 wadi oe. (Mal Saïdou, 65 ans,
marabout peul, Boula, 09-09-04)
Lorsque la saison du paludisme arrive, si qqn boit du lait qui ne lui
convient pas, cela lui donnera le paludisme. Si qqn boit de la bouillie
qui a passé la nuit et qui est (devenue) acide, il l'attrape.
Pa6600je kam na bee nder duumol bana ngonoen jonta nü.
Kanje Nasaara'en mbi'i oum cuti; moodi66e boo mbi'i nyawu
fa6600re ou'um, moodibbo Umaru wi'i haa nder yilte
jahannamaaye Yaa Jawmiraawo hooy1 ngu, 0 sakkini her
yim6e, 0 loowi her 6i66e-Aadama'en. Nyawu fa6600re ou'um,
to nanngi innu, walaa ko welotoo mo sey 0 waaloo her naange
mana boo 0 aytinoo yilte. Haa yilte Ana hooy1 nyawu pa6600je
nguu 000. To innu oon yaha nder naange, fa6600re maako
wartan malla boo, to oon aytinoo yilte, nder maako 60lwan, 0
maaya. Ngu yioaa yüte, ngu yioaa naange. Bana no ndiwnirtaa
jaangol nii, naastaa nder suudu maaos, mbaaloooaa dow tiggo
maa cuddoooaa mayyaafIire maa. To nde he'aay ma boo,
mbi'aa debbo maa mana boo 6ikkon maa kooca dawrawol maa
6e cudde mbaaloooaa. Ammaa, yaha her naange waaloo aytinoo
yilte, innu man 0 torrotoo ngam bana mbiinomaami her yiite
Yaa Jawmiraawo hoo'i nyawu pa6600je nguu 000. (Bah na, 55
ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Le 'paludisme' (sévit) à la saison des pluies comme où nous sommes
maintenant. Lui, les Blancs disent que ce sont les moustiques (qui le
causent); les savants musulmans quant à eux disent que le
paludisme... modibo Oumarou dit que c'est dans le feu de l'enfer
400
que notre Seigneur l'a pris et qu'il l'a jeté sur les hommes, qu'il l'a
versé sur les humains. Le paludisme, quand il affecte qqn, il n'y a
rien qui plaise à (cette personne), sauf de se coucher au soleil ou de
se réchauffer au feu. C'est dans le feu (de l'enfer) que Dieu a pris
cette maladie du 'paludisme'. Lorsque qqn va au soleil, son
'paludisme' revient, ou s'il se réchauffe au feu, l'intérieur (de son
corps) fond et il meurt. (Cette maladie) n'aime pas le feu, n'aime pas
le soleil. Alors que tu trembles de froid, tu rentres dans ta maison, tu
te couches sur ton lit et tu te couvres avec ton drap. Si cela ne te
suffit pas, tu dis à ta femme ou à tes enfants de prendre ta gandoura
pour qu'ils te couvrent (avec) et que tu te couches. Mais, (celui qui)
va se coucher au soleil ou se réchauffer au feu, il peinera, parce que,
comme je te l'ai dit, c'est dans le feu (de l'enfer) que le Seigneur a
pris cette maladie du 'paludisme'.
Kosam lJiraaoam, kosam gongog, dolla saayi famdina oam yara,
haako follere lammunde, 000 fuu waoan palJlJooje. (Bah Ha, 55
ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Le lait frais, le lait en boîte, le thé bouilli (mélangé à) trop peu de lait
(litt. : on bout le thé et qu'il y ait trop peu (de lait) et qu'on le boive),
les feuilles acides d' Hibiscus sabdariffa, tout ceci cause le
'paludisme'.
PalJlJooje kam na naatgo duumol, hoore duumol, yakkugo
kalukaluuji naastidandi bee duumol, bana biriiji kecci, yaalooje,
kurci, aan kam, kuuje kecce kecce oee nii, malla boo penndii-
oam. Fuu oum waoan palJlJooje. (Mal Djamo, 38 ans, commer-
çant peul, Maroua, 10-09-04)
Le 'paludisme' (se manifeste) avec l'arrivée de la saison des pluies,
au début de la saison des pluies, (quand on) mange les premiers
fruits de la saison, comme les arachides, les aubergines amères, les
concombres, bref, ces genres de choses fraîches, ou encore le lait
fermenté. Tout ceci cause le 'paludisme'.
CAUSES RECONNUES EN MILIEU HOSPITALIER
Dum cuti ndokkata innu palJlJooje. To a woodi oe, cufu gati
maa, ngu gati goooo feere mo walaa palJlJooje, oe ndaalJan mo.
Nder ii'am gildi palJlJooje ngoni. Cuti oon kooya gildi palJlJooje
nder ndiyam maayo malla boo nder ndiyamji baalotoodi dow
laabi. (Dr Gottingar, médecin-chef à l'hôpital de Bogo, 05-07-04)
Ce sont les moustiques qui donnent le paludisme. Si tu as (le palu-
disme), qu'un moustique te pique (litt. : te morde) et qu'il pique une
autre personne qui n'a pas le paludisme, elle sera infectée (litt. : (le
paludisme) l'infectera). C'est dans l'eau que se trouvent les « germes /
vers» du paludisme. Les moustiques attrapent les « germes / vers» du
paludisme dans l'eau du fleuve ou dans les eaux stagnantes des rues.
401
pal) e
Hunnduko cufu don sewi bana baatal. To naasti nder ü'am,
luttan geeraade gilm pafJfJooje nder maajam. Nden, gilm âIi
nyawna pafJfJooje.
Le rostre (litt.: la bouche) du moustique est pointu comme une
seringue. Quand il entre dans le sang, il y laisse des œufs de 'vers'
de paludisme. Ensuite, ces larves donnent le paludisme.
CONSÉQUENCES
PafJfJooje don mbara yimfJe. Dum nyawu kallungu, nyawu
mbaroowu. To a dali fafJfJoore her maa, nde rima sawoora.
PafJfJooje to nanngi ma, de tuutnaay ma de caarnaay ma,
kanjum wi'etee sawoora uppinannga reedu. (Bah lia, 55 ans,
berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Le 'paludisme' tue les gens. C'est une maladie grave, une maladie
mortelle. Si tu laisses en toi (sans traitement) le 'paludisme', il
engendrera une jaunisse. Si le 'paludisme' t'affecte et qu'il ne te fait
ni vomir ni avoir la diarrhée, c'est ce qu'on appelle une jaunisse qui
fait enfler le ventre.
TRANSMISSION
PafJfJooje ndaafJan to yUyam yimfJe mdo ngootam. (Goggo,
ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Le 'paludisme' se transmet entre deux personnes de même sang.
(Litt. : le paludisme est contagieux si le sang de deux personnes est
identique.)
PRÉVENTION TRADITIONNELLE
To haa goddo hisa pafJfJooje, sey 0 hooca seereehi, 0 sammina
nder saayi malla boo nder mbusiri, suy 0 yara. Koo nder kusel
gulaangel fuu, 0 samminan 0 yakka. Dum fuu maajum dum
limtumi doo, sey to dum guldum, naa nder peewdum. (Mal
Saïdou, 65 ans, marabout peul, Boula, 09-09-04)
Pour éviter le 'paludisme', on doit prendre (de l'écorce en poudre)
de Combretum molle et en saupoudrer le thé ou la bouillie. Même la
viande grillée, on l'en saupoudrera. Tout ce que j'ai énuméré, il faut
que cela soit chaud et non à l'état froid.
Kala fJinngel gaajiyel, to cikaay duufJi sappo e mm, pafJfJooje
fJikkon nanngan ngel nde duumol wam fuu. Sey mi una teppel-
poola bee albacce, jilla bee leefJol, nden mi wujana ngel dow
hoore. Sey to wam balde tati hiddeeko ngel fudda yiiwaago.
Bana nü haa hitaande ndee saaloo, ngel nyawataa pafJfJooje. To
ngel tokkitini wadgo bana nü haa ngel ciki duufJi sappo e mm,
ngel meetataa nyawgo pafJfJooje sam, haa foddee balde maagel
dow dunya. YimfJe maatanfJe nyawu nguu fuu, ngam fJe
kurgaaki aran daga fJe fJikkon. (Mana Hododok, guérisseur,
402
paollooje
Godola, 9-04-04)
Tout dernier-né (garçon ou fille) qui n'a pas atteint ses douze ans, les
fièvres infantiles l'affecteront à chaque saison des pluies. Je dois
piler du Chrysanthellum americanum avec de l'ail, mélanger ça avec
du beurre frais et en frotter la tête de l'enfant. Celui-ci ne doit pas se
laver pendant trois jours. De cette façon, pendant toute la saison des
pluies, il n'aura pas de fièvres/'paludisme'. S'il continue à faire ainsi
jusqu'à l'âge de douze ans, il n'aura jamais de 'paludisme' de toute
sa vie. Tous ceux qui souffrent de cette maladie, c'est parce qu'ils ne
se sont pas soignés préalablement depuis l'enfance.
TRAITEMENT TRADITIONNEL
Booyma, I>e oon ndefa nyüri gawri cinngirri namaandi, jilla bee
kosam, nyaama. Suy pal>l>ooje taya. Ammaa, jonta kam, koo I>e
ndefi bana nü, pal>l>ooje tayataa ngam oe caati jamum. (Goggo,
ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Autrefois, on cuisait de la boule de farine de Sorghum aterrimum, on
la mélangeait avec du lait et on la consommait. Ensuite, le
'paludisme' cessait. Mais, maintenant, même si on fait cette
préparation culinaire, le 'paludisme' ne s'arrêtera pas car il est
devenu très sévère.
Kurgun pal>l>ooje, oum wa"ingo kosam penndüoam dow yüte.
Baawo to oam waywi, ukkaa kuroori gawri nder ton. Koocaa
kaynaa leel>ol, talliraa nyiiri go bee maagol. To innu wadi
bannii, suy pal>l>ooje boo koyni. (Marna Kaltoum, ménagère,
Dogba, 05-05-04)
Pour soigner le 'paludisme', (il suffit de) mettre du lait fermenté au
feu. Après ébullition, vous versez de la farine de mil dedans. Vous
faites fondre du beurre, (puis) vous mangez cette « boule» en en
trempant les morceaux dans du beurre. Quand l'on fait ainsi le
'paludisme' diminue (devient moins lourd).
Lekki pal>l>ooje, yiml>e feere oon kooca mballina kosam pen-
ndiioam, fajira I>e tol>l>a cukkuri cimtinaandi nder ton, nyawoo
man yara, baakin baloe tati. Suy pal>l>ooje taya. Lekki godki
boo oon, to yaake duumol waddi hoore: I>e tel>a jaajiije
joweedidi. Goooo yakka mooa. Hitaande man, pal>l>ooje maako
hoynan. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Pour soigner le 'paludisme', certains prennent du lait fermenté qu'ils
laissent passer la nuit; le matin, ils y mettent quelques gouttes de sel
liquide que le malade doit boire pendant environ trois jours. Alors, le
'paludisme' s'arrête. Il y a encore un autre remède, à l'approche de
la saison des pluies: on cueille sept fruits de Capparis spp. On les
mâche et on les avale. Cette année-là, on n'aura pas de 'paludisme'
grave (litt. : son paludisme sera allégé).
403
Hoore pal>l>ooje, I>e don ndefa nyüri bee kosam lammudam, I>e
kayna leel>oll>e tallira ndi. Kanjum I>e mbi'ata nyüri kosam. [...]
To I>e ndefi nyüri bee kosam, duul>i, pal>l>ooje njaaltataa innu
man. To hoore man don wartiwartina, waato hannde nde
naawa, janngo nde naawataa, fal>l>i-janngo nde naawa, 000 sey
goodo dawa wada jahaangal nde acca naawgo. (Ammaré, 62 ans,
ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
Pour les maux de tête causés par le paludisme, on cuit une « boule»
avec du lait aigre (Le. on cuit la farine dans du lait aigre, et non dans
de l'eau comme on le fait pour une « boule » normale), on chauffe
du beurre frais et on la trempe dedans. C'est ça qu'on appelle
« boule au lait ». (...) Si l'on fait de la boule au lait, le paludisme ne
reviendra pas chez la personne avant des années. Si les maux de tête
reviennent en permanence, par exemple aujourd'hui on a mal à la
tête, demain on n'a pas mal, le surlendemain on a mal, alors, il faut
partir en voyage de bonne heure le matin pour que cela cesse.
To duumol naasti nü, pal>l>ooje boo naasti. Lekki maaje, goooo
hooca haako mura-tuuta, wula ko her yüte, I>idda yara. Suy a
senndiri bee pal>l>ooje. To oe ngartan boo, sey mardo balde.
(Bah na, 55 ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Quand la saison des pluies est arrivée, le paludisme aussi fait son
apparition. Son remède consiste à prendre des feuilles (fraîches) de
Strychnos innocua ; on les chauffe au feu et on les presse et on boit
(le jus). Alors, vous êtes débarrassé du paludisme. S'il revient
cependant, ce ne sera pas avant l'année prochaine.
Mi hurgan pal>l>ooje bee haako gannyi hawtaade bee kaccu-
kaccunga, bee daandi-maayo. To a dolli ledoe oee tati, lummbaa
I>inngel nder ton haa ngel hel>a cuuroe maajum naasta ngel
booodum. To a tokkindiri bana nü baloe tati, ngel yamditan.
(Djabba, ménagère, Maroua, avril 2004)
Je soigne le paludisme avec des feuilles de neem associées à (celles
de) Cassia occidentalis et d'Ipomoea asarifolia. Après avoir fait
bouillir ces trois plantes, faites asseoir l'enfant dedans de façon à ce
que la vapeur le pénètre bien. Si vous poursuivez ainsi pendant trois
jours, (l'enfant) guérira.
To haa mi hurga pal>l>ooje, mi nama I>ikkon gannyi, dam jaal>i,
sel>re andakeehi, mi hawta, mi doUa. Mi hokka nyawdo 0 yara.
(Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Pour soigner le paludisme, j'écrase des graines de neem, des racines
de jujubier sauvage (Ziziphus mauritiana), de l'écorce fraîche de
Boswellia dalzielii, je mélange le tout et je le fais bouillir. Je fais
boire ça au malade.
404
TRAITEMENT MODERNE
To lJe kooci yUyam lJe ndaari darja nyawu, min ndokka lekki
deydey semmbe maagu, to oum saati, min lJila baate ndiyam. (Ha-
madou Ahmadou, 28 ans, agent de santé guiziga, Maroua, 09-03-04)
Après qu'on ait fait une prise de sang et que l'on ait observé le degré
de la maladie, nous administrons un médicament en fonction de la
gravité du mal, et si le cas est grave, nous faisons une perfusion.
YimlJe feere paamataa to lJinngel Don tuuta, lJanndu Don wula
000, oum palJlJooje. KamlJe to lJinngel nyawi nü, sey lJe njaawa
yarnugo ngel leooe BaleelJe. Hiddeeko nden go, gildi palJlJooje
boo tampini ngel. Haa to ngel tampi jamum, lJe ngadda ngel
lopital. Haa amin boo, min ngalaa kurgiroum fuu muuoum, sey
oum yama yaarugo ngellopital mannga. Foddeeko lJe njaara ngel
boo, feere ngel maaya haa laawol. Ngam haa lopital mannga, lJe
kooyan y'Uyam haa baaba maUa haa daada, lJe loowana ngel.
(Bimoutch Ndjidda, 44 ans, infirmier guiziga, Dogba, 27-04-04)
Certains ne comprennent pas que, si un enfant vomit, que son corps
chauffe, il s'agit de paludisme. Eux, lorsque l'enfant a ce genre de
maladie, ils se dépêchent de lui faire avaler des remèdes indigènes.
Entre-temps, les 'germes' du paludisme l'affaiblissent. C'est quand
il est (déjà) trop affaibli qu'ils l'emmènent au centre de santé. Quant
à nous, nous n'avons pas tout ce qu'il faut pour soigner ça, cela
exige qu'on conduise (l'enfant) à l'hôpital provincial. Mais avant
qu'on l'y conduise, il meurt parfois en route. Car, à l'hôpital
provincial, ils prennent le sang du père ou de la mère et le lui
transfusent (litt. : versent).
Burna yimlJe lJe njalJataa hooceego yiiyam ngam laargo palJ-
1J00je, lJe Don numa lJe koocan Dam haa lJe ndaara nyawu SIDA.
La plupart des gens qui refusent qu'on leur prenne du sang pour leur
faire la goutte épaisse, c'est parce qu'ils pensent qu'on va leur faire
un test de dépistage du SIDA.
panne Cf faddere
405
pappala
Palanin famiyal, dum daaynindirgo danygol.
Le planning familial, c'est l'espacement des naissances.
parmagana Cf parmagat
parmasin /parmasinji - nga/di (n.) ; < français « pharmacie»
var. : parmasi 1parmasüji
~ pharmacie
• cippoowo haa parmasin
~ pharmacien (litt. : vendeur au détail en pharmacie)
• doktor parmasin
~ pharmacien (litt. : 'docteur' de pharmacie)
406
p('ctinen~ev~ol
pees-guus - nga
~ pince-gouge (pince à bords tranchants utilisée pour resequer des
esquilles osseuses ou des cartilages (Quevauvilliers 2005, p. 367)
Bee pees-guus min tayrata i'e to laatake oe ceelli jamum.
(Oumarou Amadou Yaya, infirmier, hôpital de Maroua, 18-08-04)
Avec la pince-gouge, nous coupons les os s'il arrive qu'ils
présentent des esquilles (litt. : qu'ils sont très pointus).
409
,
pt'CWn
Le peewri survient lorsque qqn dort dehors sur le sol parce qu'il fait
chaud à l'intérieur de la maison après une pluie; il va avoir le
peewri. Si qqn se lave avec de l'eau froide qui ne lui convient pas, il
aura le peewri. Ensuite, il sentira son corps se « fendre », ses
articulations se « déchirer ». En tout cas, c'est dans son corps qu'il
en Jugera.
Waalaago haa peewoum maUa wallina ndiyam dow danld yara,
000 nü he)'1 to f)anndu maa yioaa oum nii, waoan peewri. (Mal
Saïdou, 65 ans, marabout peul, Boula, 09-09-04)
Dormir au froid ou faire passer la nuit à de l'eau sur le hangar et la
boire, cela suffit si ton corps ne le tolère pas, à donner le peewri.
Ko hokkata peewri, oum tokkindirgo yüwaago peewoam fajira,
waalaago yaasi, maUa tof)rugo. Masalan, waabiliire dumpi ma a
oon dura, a walaa laafaare, a walaa leeda-ndiyam. MaUa boo a
tof)ri, a hef)aay ittugo limce dow f)anndu maa haa oe njooriri
non. Bana nü 000 nii naastinan peewol nder f)anndu. Feere boo,
sakkingo beoakkanayel daago dow lesdi non waaloo. Doo fuu
jaanyan peewri, ammaa gal men 000, peewri peewri non oum
haaoata. Masalan, bana lesdi fommbina 000, to peewri man
neef)i her goooo seeoa nii, warta peewri cukku. Ngi'aa innu oon
foofra dow dow. To 0 yaawaay 0 hurgi nii, oum mbaran mo,
ngam poofoe Idootoo. (Mal Djamo, 38 ans, commerçant peul,
Maroua, 10-09-04)
Ce qui donne le peewri, c'est de se laver régulièrement le matin
avec de l'eau froide, de dormir dehors ou de mouiller sous la pluie.
Par exemple, une grosse pluie s'est abattue sur vous pendant que
vous paissiez les troupeaux alors que vous n'aviez ni parapluie ni
imperméable. Ou bien, vous avez pris une pluie, vous n'avez pas pu
vous changer et vos vêtements ont séché sur vous.
Cela suffit à faire pénétrer le froid dans le corps. Parfois, (il suffit)
d'étendre un petit bout de natte dehors et de s'y allonger. Tout cela
provoque le peewri, mais par chez nous, cela s'arrête au stade du
simple peewri. Cependant, comme au Sud, si le peewri dure un peu
chez la personne, il se transforme en peewri cukku (asthme). Vous
voyez la personne respirer avec difficulté (litt. : dessus dessus). Si
elle ne se dépêche pas de se soigner, cela la fera mourir, car sa
respiration se bloquera.
TRAITEMENT
Lekki peewri, goooo hooca daandi-maayo, doUa yara, yiiwoo.
Kooli nder maayo, Id ndiyam dabbata les mum, sef)a Id, doUa,
yara, yiiwoo. To goooo man wari yiiwaago, 0 wujoo leef)oI. Bana
nii, leooe peewri boo. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba,
12-05-04)
410
1)('(~Wn ·
Comme remède contre le peewri, on doit prendre de l'Ipomoea
asarifoUa, en faire une décoction, la boire et se laver avec. On
écorce du Mitragya inermis (qui pousse) dans le maayo et a passé
toute la saison des pluies dans l'eau, on en fait une décoction que
l'on boit et avec laquelle on se lave. Une fois qu'on s'est lavé, on
s'enduit de beurre frais. Voilà les remèdes de peewri.
Lekki peewri kam, koocaa tinyeeje daneeje joweedidi, ndollaa
bee safraari. To 6enndi, cakkinaa lee601 nder ton, suy, yakkaa
tinyeeje oee. Doo oum maagani peewri. (Goggo, ménagère,
Dogba, 03-05-04)
Comme remède contre le peewri, vous prenez sept oignons blancs et
vous les cuisez à l'eau avec du sorgho jaune. Quand c'est cuit, vous
jetez du beurre dedans et vous mangez ces oignons. Voilà le remède
contre le peewri.
To peewri nanngi goooo, sey 0 mooa lee6i.
Quand on a le peewri, il faut avaler des boulettes de beurre frais.
To goooo oon yara nebbam Hodi, peewol nanngataa mo. (Gaw
Abdou, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Celui qui boit de l'huile de poisson ne sera pas victime du peewri.
Lekki peewri, nebbam na'i. Kaynaaoam ke6aa bee njumri
seeoa, kawtaa bee kilbu laaciijam ngulaaoam, njü6aa oum fuu,
suy, accaa oum oaantoo. Baawo man, tokkoooaa nyaamgo.
Walaa ko 6uri kawte oee haa peewri. (Mal Saïdou, 65 ans,
marabout peul, Boula, 09-09-04)
Le remède de peewri, c'est le beurre de vaches. Une fois qu'il est
fondu, trouve un peu de miel, ajoutes-y du natron fibreux brûlé,
malaxe le tout et laisse-le reposer. Ensuite, manges-en régulièrement.
Rien n'est meilleur que ces compositions (pour guérir) le peewri.
To oum peewri peewri non, to a manngake lee6i nii, a senndiran
bee maari, non-non yakkugo tinyeeje boo, ngujoooaa oe to a
oon waaloo. Feere boo, koocaa mooaa albacce, nafan peewri.
Ngujaa lee601 dow hoore, oum kaccuoum kam, ammaa, to innu
yidi njamu mum, sey waoa non, to a to6ri malla to a oon waaloo
dow lesdi peewndi haa ke6aa kisaa nyawu peewri. (Mal Djamo,
38 ans, commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
En cas de simple peewri, si vous (mangez) habituellement des
boulettes de beurre frais, vous vous en débarrasserez; de même, (si
vous) mangez des oignons et vous en frottez au moment de dormir.
D'autre part, vous pouvez avaler de l'ail, cela est bénéfique en cas
de peewri. Vous pouvez vous frotter la tête avec du beurre frais, cela
pue, certes, mais quand on désire être en bonne santé, on doit faire
comme ça, si vous vous êtes fait mouiller par la pluie ou si vous êtes
couché sur un sol humide, afin de pouvoir éviter d'avoir le peewri.
411
pecwri-cukku
Ko laarani haala peewri, yiml>e oon itta yal>l>o, I>e ndoUa ko haa
ko tuuta, suy yara. To oum I>inngel boo, lummba ngel nder
ndiyam man baakin asaweere. Nde lummbuoaa ngel fuu, a tawan
ndiyam man sannji noonde. Bana nü, to Alla hoyni kam, ngel
yamditan. (Mal Djamo, 38 ans, commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
En ce qui concerne le peewri, on prend des feuilles de tamarinier, on
les fait bouillir jusqu'à ce qu'elles dégorgent, puis on boit (le
décocté). Dans le cas d'un enfant, on le trempe dans cette eau
(régulièrement) pendant environ une semaine. Chaque fois que vous
le trempez (dans cette eau), vous constaterez que celle-ci change de
couleur. De cette façon, si Dieu le soulage, il guérira.
Lekki peewri, ki oon tawee haa nder weendu ndu ndiyam
muuoum sakitittoo timmugo. Be oon mbi'a ki kooli. Be kooya
oadi maaki bee sel>re maaki, I>e ndolla, I>e mal>l>a fayannde ndee.
To nyawoo 00 0 pamaro, I>e nguja I>anndu maako leel>ol, I>e
ngasa I>e njo"ina fayannde nder ngaska, 0 wara, 0 daroo, 0
sankita kosoe maako dow maare. [...] Be cudda mo bee leppol,
nden, I>e mal>l>ita fayannde, cuurkaaji gurtotoodi ukkoo dow
maako,o foofa di. [...] Leel>ol boo jogotoo ko nafata haa lekki kü,
naastida bee maaki nder I>anndu maako. To oum peewri kam,
ndi wurtotoo. (Abdouramane Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
Le remède de peewri se trouve dans une mare qui tarit tardivement
(litt. : qui soit la dernière à tarir). Il s'appelle Mitragyna inermis. On
prend ses racines et son écorce et on les fait bouillir dans une
marmite couverte. Si le malade est un enfant, on lui enduit le corps
de beurre frais, et on creuse un trou où l'on dépose la marmite;
(l'enfant) se met debout, jambes écartées, au-dessus de la marmite.
(...) On le couvre avec un drap, puis on ouvre la marmite, les vapeurs
qui en sortent l'enveloppent et il les respire. (...) Le beurre retient la
partie utile du remède et pénètre avec elle dans son corps. S'il s'agit
bien de peewri, il va sortir.
413
penpeno
penpeno /fenfenl)e - o/I)e ; < feDa
~ primipare (litt. : personne qui fait (telle chose) pour la première fois) ; cf
afoo
Lorsque ce mot est employé dans l'absolu, il désigne une primipare.
414
pifiol- ngol (n.d.v.) ; < fl6a
~ constriction (litt. : fait de nouer)
• pi60l 6ernde
~ sensation d'oppression cardiaque / épigastrique
• piyal naange
~ insolation
Dum wancugo nder naange ceeou fuooata nyawu piyal naange.
(Bogno Ndjidda, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
C'est le fait de se promener au soleil de la saison chaude qui cause
l'insolation.
416
poocoo
évacuera dans une diarrhée (litt. : elle les chiera en diarrhée).
poocoo (v.)
~ être atteint d'hydrocèle
To doomru poocake, riba paatuuru. (Prov.)
Si le rat est atteint d'hydrocèle, le bénéfice en est pour le chat.
417
poofde - de (n.d.v.); < foofa
~ respiration
Poofde lJinngel don taya ngartao
La respiration de l'enfant s'interrompt et reprend (apnées).
• lornugo poofde
~ expirer, renvoyer l'air inspiré (litt. : faire faire demi-tour à la respi-
ration)
~ rythme cardiaque (d'un fœtus)
Ce nom n'a cours, sous ses formes les plus proches du français,
qu'auprès des personnels médicaux, pour lesquels il peut désigner à
la fois l'organe et les maladies qui peuvent l'affecter. Pour le
commun des mortels, le nom de posta désigne exclusivement
l'adénome ou le cancer de la prostate.
Purostat, oum I>ooel feere gonngel haa les uppoodu oder
« ireetir », ngel oon bana ndeppu. Kangel yaata mawna, sukka
laawol cille. Goooo to waoaay saa'a, ngellaatoo kagser. (Ahidjo,
infirmier à l'hôpital de Bogo, 13-08-04)
La prostate est une petite masse dure qui se trouve sous la vessie,
dans l'urètre; elle ressemble à un pois de terre. C'est elle qui va
grandissant et qui bouche le passage de l'urine. Si la personne n'a
pas de chance, cela se transforme en cancer.
• nyawu purostat, ou purostat
~ adénome de la prostate, et/ou cancer de la prostate
420
puldebbo
tionnellement, on mange dans un plat commun en respectant un
certain ordre. L'apparition de l'assiette individuelle a modifié les
comportements. Chacun peut désormais se goinfrer dans son
assiette. Noter le jeu de mots pula /pulaaku)
raalla (v.)
~ être contagieux
~ transmettre une maladie
~ infecter
Joooodaago bee baaooo raafiete mbuustu.
La compagnie d'un paresseux est contagieuse. (Litt. : rester avec un
paresseux te contaminera (avec) une intinnité.)
Nyawuuji feere, to haa ndaafia goooo, sey to yUyam mafifie
ngootam, fie ngondi boo babal gootal. Nyawuuji bana ndamba,
ngaadiga, meece, teko, di fuu maaji di ndaafian to yimfie fiee oon
mari yIiyam ngootam. To laatake yIiyam mafifie feere feere boo,
koo fie oon mbaalodi, gooto oon sonndoo, koo fie njardi taasayel
gootel, ngu raafiataa mo. Ammaa, to yIiyam mafifie ngootam, to
poofoe mafifie piyootiri, ngu raafian ; to 0 sonndake dow maako,
ngu raafian mo. (Marna Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-04)
Certaines maladies ne sont contagieuses que si les personnes ont le
même sang et qu'elles vivent ensemble en un même lieu. Des
422
raafia
maladies comme ndamba, la varicelle, la rougeole, la coqueluche,
toutes sont contagieuses lorsque les personnes ont le même sang. Si
leurs sangs diffèrent, même s'ils dorment ensemble et que l'un
tousse, même s'ils boivent dans un même récipient, ils ne se
transmettront pas la maladie. Mais s'ils ont le même sang et que
leurs souffies s'entrechoquent, ils s'infecteront (mutuellement); si
l'un tousse sur l'autre, ce dernier sera infecté.
Nyawoo sonndaaru raa()an jamo to ()e oon ngondi nokkuure
woore. To ()e nyaamdan, ()e mbaaldan, nyawoo man boo oon
sonndoo, haa nder kaartudi maako, gildi oon, di naastan innu
jamo; suy, nyawu man raa()a mo. (Noël Djavaï, infirmier,
Meskine, 01-04-04)
La personne atteinte de tuberculose transmet la maladie à la
personne saine si (toutes deux) habitent ensemble. Si elles mangent
ensemble, si elles dorment ensemble et que la personne malade
tousse, il y a des germes (infectieux) dans ses crachats, qui pénètrent
dans la personne saine; alors, la maladie l'infecte.
Dum nyawu moo()odal naawata yam. [...] Dum goram raa()i yam
ngu, ammaa kanko, 0 ja()ataa wargo lopital. 0 wii yam sey mün
on, mi soodana min leooe. (Patiente, csr de Dargala, 10-06-04)
Je souffre d'une maladie vénérienne. (...) C'est mon mari qui m'a
infectée, mais lui, il ne veut pas venir au centre de santé. Il m'a dit
que c'est à moi seule d'acheter les médicaments pour nous deux.
Mbümi mün kam teema ngam nawliraa()e ouudlJe nder saare
ouuodini nyawuuji, waato to gooto mari nyawu nü, raa()an
luttu()e. Ceerceerle bee teeteele boo ouudi jamum. (Bernadette
Godwé, csr de Dougoï, Maroua, 07-09-04)
Moi je me dis que c'est peut-être parce qu'il y a de nombreuses
coépouses dans la famille que les maladies (sexuellement transmis-
sibles) sont si nombreuses, c'est-à-dire que dès que l'un/l'une a une
maladie, il/elle la transmet au reste. Les mariages et les divorces à
répétition abondent également.
Jamo to oon nyaamda bee nyawoo sonndaaru, raa()an mo.
La personne en bonne santé qui mange avec un tuberculeux, cela
l'infectera.
To reeza tay1 goooo maroo SIDA, wari tay1 jamo, nga raa()an
mo, ngam y1iyam ma()()e hawti. (Kt., 24 ans, prostituée, Domayo,
Maroua, 22-02-06)
Si une lame de rasoir coupe qqn qui a le SIDA et qu'il arrive qu'elle
coupe (ensuite) une personne bien portante, cette dernière sera
infectée, puisque leurs sangs se seront mélangés.
423
radivo
"
radiyo / radiyooji - nga/di (n.) ; < français « radio»
~ radiographie, radioscopie
To haa fie kefita kosngal man jokkina malla jokkaay, fie ngada
radiyo.
Afin de savoir si (la fracture de) la jambe est réduite ou non, on fait
une radio.
To radiyo holli gasde daneeje, dum pilmoneer. To dum düdi
daneeji boo, dum pinemoni. Burogsit boo, min tawan dadi
jogüdi bumsude doo njooftake, di ndaayotiraay jur. (Chef de
district de santé de Mindif, 21-05-04)
Si la radio montre des trous blancs, il s'agit d'une pneumopathie. Si
ce sont des traits blancs, (il s'agit) d'une pneumonie. Quant à la
bronchite, nous constatons que les «conduits» qui tiennent les
poumons sont relâchés, et ils ne sont pas très écartés (litt. : éloignés
entre eux).
~ appareil à radiographie / radioscopie; syn. daarorgal
ranee- (adj.)
~ blanc de peau, leucoderme
Daneejo, yitere fiiraadam ! (Eguchi 1974, p. 99)
Blanc, à l'œil blanc comme le lait frais! (Éloge à l'adresse d'un
Européen ou d'une personne à peau extrêmement claire.)
Daneejo ranwa-ngaandi !
Blanc à l'intelligence parfaite! (Litt. : blanc au cerveau blanc.)
reeda(v.)
~ être enceinte; cf haara, reedu, waama
Mi don huuwtinira bee konndom ngam taa mi reeda tan, ngam
mi danyan meere meere. (Mm., 25 ans, prostituée, Kakataré,
Maroua, 23-01-06)
J'utilise le préservatif pour ne pas tomber enceinte, car je tombe très
facilement enceinte.
TRAITEMENT
Be don yara 6inngel ngam haala naawral reedu. Be don yara
tati wuttudu nandu, tati gal nyaamru, didi boo haa caka, suy
yiiyam 6aleejam kurum wurtoo. YUyam man daam wonete
bososel naawreenga reedu maagel. (Aminatou Seïny, 18 ans,
ménagère mousgoum, 28-05-04)
On fait des scarifications à l'enfant pour le problème de mal de
ventre. On fait trois scarifications à gauche, trois à droite et deux au
milieu; ensuite, il y a du sang noir qui sort. C'est ce sang qui est la
cause de son mal de ventre.
Goddo to reedu mum don yakka, 0 doUa haako goyof, 0 yiiwoo,
o jilla ko bee haako fore, 0 nyeda ndiyam man to waywi, 0 6esda
sukar, 0 yara. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Lorsque qqn ressent des pincements douloureux dans le ventre, il doit
faire bouillir des feuilles de goyavier et se laver avec le décocté ; puis
il mélange (le reste) avec des feuilles d'Eucalyptus, il en puise un peu
lorsque ça a bouilli, il ajoute du sucre et il boit (le décocté).
To reedu don naawa, dum gildi, to ja16alji, to daneeji. Ko
fuddata di boo, to reedu goddo salake nyaamdu. Gildi feere
piIJan, goddi tuutnan, goddi caarnan, goddi taadan, goddi boo
yakkan. (Baba Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Quand on a mal au ventre, ce sont les vers, soit les ascaris, soit le
ténia. Ce qui les provoque, c'est lorsque l'on mange qqch. que le
ventre refuse. Certains vers constipent, d'autres font vomir, d'autres
provoquent la diarrhée, d'autres ceinturent (le ventre), d'autres
encore provoquent des douleurs lancinantes.
INSULTES
reedu mbaggu
gros bidon (litt. : ventre de tambour)
reedu mbulku
bedon (litt. : ventre de canari à eau)
reedu petengewru
ventre de crapaud (qui se gonfle)
lugga-reeduujo
gourmand (litt. : personne au ventre profond)
426
reedu
Lugga-reeduujo kam, ko halldanta fuu kayru nduun. (Bouba-
kary Abdoulaye, Maroua, 01-11-04)
Le gourmand, toute l'activité qu'il déploie, c'est pour son ventre.
kawyeejo reedu kaywaawu
paysan pansu comme une besace d'âne (litt. : villageois au ventre
(en fonne de) besace à âne)
~ estomac
To wakkati nyaamgo wadï, innu nyaamaay, reedu siwtataako.
Banndu innu âon siry'"a ndiyam, nden reedu kam âon nama koo
walaa ko woni nder maaru boo. Yaake to ndu âon woggootira
cookum, huuduure waâa nder ton. To goââo nyaami nyaamdu,
ndu yehi ndu meemi pellel ngeel, 0 nanan naawâum. Kanjum Ile
mbi'ata Ilernde âon wula. (Adama Ousmanou, infinnier au CSI de
Palar, Maroua, 08-09-04)
Quand vient l'heure de manger et que la personne ne mange pas,
l'estomac ne reste pas au repos (pour autant). L'organisme secrète
(litt. : envoie un jet) de liquide (dans l'estomac), puis celui-ci broie
même s'il ne contient rien. Lorsque (l'estomac) se frotte à vide, une
plaie s'y fonne. Lorsque la personne mange et que la nourriture va
toucher cet endroit, elle ressent une douleur. C'est cela qu'on appelle
« brûlure d'estomac» (litt. : l'épigastre brûle).
Reedu, kayru woni Ilaaru. To ndu haaraay, innu waawataa
waâgo koo âume. To goââo nyaami huunde dakamre, kayru
jallata ndiyam maare. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Le ventre, c'est lui le carquois. Lorsqu'il n'est pas rassasié, on ne
peut rien faire. Lorsque la personne a mangé qqch. de savoureux,
c'est lui qui en reçoit le suc.
~ ventre, siège des bas instincts et des contraintes physiologiques
To innu tokkitanake reedu mum, semtan.
Si qqn suit (les exigences de) son ventre, il se retrouvera dans des
situations humiliantes (litt. : il aura honte).
Koo moy hallana reedu muuâum.
Chacun se bat pour son propre ventre.
~ grossesse
Joonde woore hokkataa Ilü korâo reedu. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
Ce n'est pas en restant assise sur place que la fille de l'esclave est
tombée enceinte.
Debbo am reedu. Il 0 âon bee reedu.
Ma femme est enceinte. Il Elle est enceinte.
Hitaande fuu debbo 00 reedu.
Chaque année, cette femme est enceinte.
427
reedu
Debbo feere to bee reedu, yeeso mum laal>ta tal ; to a yi'i mo nn,
a anndi. (Habiba Daddoum, CSI de Meskine, 21-06-04)
Quand certaines femmes sont enceintes, leur visage devient très
clair; dès que vous les voyez, vous savez (qu'elles sont enceintes).
Ko paammi miin kam, to l>inngel l>illataa daada mum, oon
waalli siriw non nder reedu, 000 kam ngel dewel; ammaa, to
gorgel kam, ngel dampan, ngel ficitittoo boo nder reedu. (Mme
Oubbo, Zileng-Bappa, 01-06-04)
D'après ce que je crois savoir, lorsqu'un enfant ne dérange pas sa mère
et qu'il reste tranquille dans le ventre, là, c'est une fille; mais quand
c'est un garçon, il donne des coups de pied et il remue dans le ventre.
Reedu maako rufi / wonnake.
Elle a fait une fausse couche (avortement spontané). (Litt.: son
ventre s'est versé / s'est gâté.)
To debbo yal>l>ini lewru, waato to hayla maako waraay haa
lewru saalake, 0 faama 0 wadi reedu. To wadi bana nn, lewru
waranndu haa jokka 000, tuure kam accataa mo sam; sey to
ndu saalake oum accata. [...] Hunnduko enndu reeduujo l>alwan
kurum, mawnan boo. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère
mousgoum,Petté,28-05-04)
Quand une femme a dépassé le mois, c'est-à-dire si ses règles ne sont
pas venues quand le mois est passé, elle doit comprendre qu'elle est
enceinte. S'il en est ainsi, le mois suivant jusqu'au prochain, les
vomissements ne la lâchent pas; ils ne la laisseront que quand (le
deuxième mois de grossesse) sera passé. (...) Les mamelons d'une
femme enceinte deviennent très noirs et grossissent également.
Sey to l>e maati reedu fuodi gatgo l>e, l>e ngarata kilo.
Elles ne viennent à la consultation prénatale que lorsqu'elles
ressentent les premières contractions (litt. : que le ventre commence
à les mordre).
Kilo laaran no l>inngel mawnirta haa nder reedu. Be kel>tan boo
to l>inngel woni nder reedu malla huunde non woni nder maaru.
Ngam nyawu non boo uppinan reedu. Mo anndaa kam wi'a 0 oon
bee reedu. Rewl>e ouudDe oon ngara haa 000, min tawa oum
nyawu woni haa mal>l>e. Goooo feere jooooo duul>i didi bee
maaru, accataa wiigo reedu non 0 mari, ngam ndu oon mawni,
asee boo oum nyawu. (Gueye, infirmier, CSI de Meskine, 24-06-04)
La consultation prénatale concerne la façon dont l'enfant grandit
dans le ventre. (Les infirmiers) comprennent également s'il y a un
enfant dans le ventre ou si c'est quelque chose (d'autre). En effet une
simple maladie peut faire enfler le ventre. Celui qui n'est pas au
courant dira que (la femme) est enceinte. Il y a beaucoup de femmes
qui viennent ici et nous trouvons que c'est une maladie qu'elles ont
428
rceduujo
en elles. (Une femme) pourra rester deux ans avec ça sans cesser de
dire qu'elle est enceinte, car (son ventre) a pris du volume, alors
qu'en fait il s'agit d'une maladie.
• hoocugo / waogo reedu
~ tomber enceinte (litt. : prendre / faire une grossesse)
Baawo entuki maako seooa non, 0 hooci reedu.
Très peu de temps après avoir cessé d'allaiter, elle est tombée
enceinte.
To a hooci reedu, sey ngerdoooaa IJinngel ngeel. Taa ngel
wartane donngal. Sey maraa dabare mawningo ngel. (Bernadette
Godwé, CSI de DougoÏ, Maroua, 23-07-04)
Lorsque tu tombes enceinte, il faut que tu acceptes l'enfant avec
plaisir. Il ne faut pas qu'il devienne pour toi un fardeau. Il faut que tu
aies le moyen de l'élever.
• reedu IJinngel gootel
~ grossesse simple (litt. : grossesse d'un seul enfant)
• reedu siwtuIJe
~ grossesse gémellaire (litt. : grossesse de jumeaux)
reena
~ attendre
Mo reenataake, ndikka reena.
Celui qui n'est pas attendu, mieux vaut qu'il attende.
~ protéger, veiller sur
433
rcen-hoore
Mi reeni hoore am, tekke am pamare.
Je me tiens à l'écart, je n'ai guère de moyens. (Litt. : je protège ma
tête, mes hardes sont peu nombreuses.)
434
regilye
faddanoo 6inngel margo nyawu nguu, ngam danyno06e haa
saare feere oon taya jaabuuru 6inngel bee reeza puungel.
(Hamidou Adji, 35 ans, aide-soignant mofou, CSI de Makabay,
Maroua,06-09-04)
Lorsqu'une femme enceinte arrive à la consultation prénatale, nous
lui injectons le vaccin antitétanique pour empêcher l'enfant d'avoir
cette maladie, car certainee)s accoucheurs/accoucheuses à domicile
coupent le cordon ombilical de l'enfant avec une lame rouillée.
To 6e yari goooo malla 6e pemmbi mo 0 oonno bee cü600wu, to
6e pemmbi goooo feere nü bee reeza maajum, suy ngu nanngan
mo. (Dr Gottingar, médecin-chef de l'hôpital de Bogo, 05-07-04)
Lorsque l'on scarifie qqn qui a le SIDA ou qu'on le rase, dès que l'on
rase une autre personne avec ce rasoir, elle sera contaminée {litt. : (le
SIDA) la saisira).
[Kurgoowo] hooci reeza kiiongel haa 0 yarda yam koolel. 0 tawi
hakkiilo am ja6aay ka. Suy 0 wi'i 6inngel maako yaha waddana
mo paketre reeza haa nder suudu dow ballis. Binngel ngeel yehi
waddi. 0 takkiti paketre 0 hooyi reezayel gootel, 0 ma66iti. Suy
o yari koolel ngeel. To yIiyam fuom wurtaago nü, 0 rufa ndiyam
nguloam dow ton 0 hamya. (Chez le guérisseur de Mikiri, 2005)
(Le guérisseur) a pris une vieille lame de rasoir pour me scarifier le
petit doigt. Il s'est rendu compte que je n'étais pas d'accord. Alors, il
a dit à son fils d'aller lui chercher un paquet de lames dans sa
chambre, sur la valise. L'enfant en a apporté. (Le guérisseur) a défait
le paquet et a pris une lame et a ouvert (son emballage). Puis il a
scarifié ce petit doigt. Dès que le sang a commencé à couler, il a
versé dessus de l'eau chaude en massant.
To reeza tayi innu maroo SIDA, fotootiri goooo feere boo ngel
tayi oum, SIDA raa6an mo, ammaa, sey to yIiyam ma66e oon
yaadi. Sonaa non kam, nanngataa mo. (Go., prostituée, 25 ans,
Hardé, Maroua, 18-01-06)
Si une lame de rasoir coupe une personne infectée par le SIDA, et
qu'il arrive qu'une autre se blesse avec, elle sera infectée par le SIDA
(litt. : le SIDA le « contagionnera»), mais seulement si leurs sangs
s'accordent. Sinon, il n'y aura pas d'infection.
~ douleurs provoquées par des lames de rasoir envoyées dans le corps par
sorcellerie; cf baatal > baate
rijja (v.)
~ être âpre (au goût)
rima (v.)
~ fructifier
~ mettre bas (pour une femelle d'animal)
Dans un sens figuré, le verbe peut s'employer en parlant d'humains.
436
rubbere
Ko ndimoaa teddataako ma. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Ce que tu as mis au monde ne te pèse pas. (La charge des enfants
n'est pas lourde pour ceux qui les ont mis au monde.)
rim-(adj.)
~ libre
Midimo.
J'ai mes règles (femme). (Euphémisme; litt. : je suis libre. Cf loota)
rona(v.)
~ hériter
To a bee jawdi a yioaa fie ndone, sooo moota kiionga. (Prov.,
Modibo Bello Amadou)
Si tu as des biens et que tu ne veux pas d'héritiers, achète une vieille
voiture. (La remise en état et l'entretien de celle-ci consommera tout
ton avoir.)
437
rufa
• margo rubberde
~ être attirante sexuellement (litt. : avoir de la fesse)
• yirlugo rubberde
~ onduler du postérieur (litt. : tourner la fesse)
~ au pluriel : derrière, cul; sexe masculin ou féminin (euphémisme),
région urogénitale (euphémisme)
To innu wadi sawoora, ngorgaaku boo 0 seedi bee mum. Koo
ndaa debbo, walaa ko ngaoataa. Dubbe nafataa. A oon naastina
oe nder debbo, oe oon naasta, malla boo, to dubbe gorko man
lukki dubbe debbo nii, oe mbaata. (Bah Ila, 55 ans, berger peul,
Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Lorsque qqn a la 'jaunisse', sa puissance sexuelle l'abandonne
également. Même si voici une femme (devant toi), tu ne pourras rien
faire. Le sexe ne fonctionne pas. Tu essaies de le faire entrer dans la
femme et il rentre (chez lui), ou bien, si le sexe de l'homme (tente
de) donner un coup au sexe de la femme, il est sans force.
Woodi worlle jur oon mbeltinoroo yam. WodDe feere oallllititte
ngam haa Ilage ; wodDe feere oallllititte ngam dubbe maa. (An.,
prostituée, 20 ans, Domayo, Maroua, 25-03-06)
Il Y a beaucoup d'hommes qui me draguent. Les uns vous cherchent
en vue de vous épouser; les autres vous cherchent pour vos « fesses ».
• dubbe meere
~ tout nu (litt. : le derrière sans rien)
To mo semtataa wa"ake lekki, sey mo dubbe meere jippinta mo.
(Prov.)
Si une personne sans pudeur monte à un arbre, seul qqn de tout nu
peut le faire descendre. (Vis-à-vis de qqn qui n'a pas de pudeur,
seule une personne qui en a encore moins peut intervenir.)
INSULTES
Ndubba unordu !
Gros cul de mortier !
dubbedanko
cul en caoutchouc (femme très portée sur le sexe)
rufa (v.)
~ verser à terre (un liquide ou un solide liquide)
Ko rufi fuu oftidittaako. (Prov., Boubakary Abdoulaye)
Il n'est pas possible de récupérer tout ce qui tombe par terre. (Il y a
des choses qui tombent par terre et qu'on ne peut récupérer.)
Yiiyam oon rufa jur.
Il y a une forte hémorragie. (Litt. : le sang coule beaucoup.)
438
rufa
• rufgo geeraaôe
~ pondre des œufs
• rufgo reedu
~ avorter (volontairement; litt. : verser à terre le ventre/la grossesse)
Woodi rew&e feere ôon ngara ndaara doktor haa &e ndufa
deedi. WodDe mar&e deedi lebbi didi mana tati ôon ngara,
ammaa &e cuuôotoo. Be nja&ataa nananaa &e haala ma&&e. Be
mbi'a doktor &e ngidi rufgo reedu, nde kanko boo 0 anndi bee
lekki kiye &e ndufrata mana jamôe ôeye &e ngurtinirta &inngel.
Ammaa, kuuôe ôee kam, na &aawo kuugal.
Il y a des femmes qui viennent consulter le médecin pour avorter.
Certaines viennent avec une grossesse de deux ou trois mois, mais
elles se cachent. Elles ne veulent pas qu'il y ait des gens qui
entendent ce qu'elles disent. Elles disent au médecin qu'elles veulent
avorter, car c'est lui qui sait avec quel médicament elles peuvent
avorter ou avec quels outils on peut extraire l'enfant. Mais cette
activité (ne se pratique) qu'après (les heures officielles de) travail.
Haa lopital, to &e nani a yidi rufgo reedu, &e nanngete, &e ngada
haala bee maa mana boo &e ndokkee lekki jahanki jo"ina
&inngel ngeel boodôum. Bana nü kuude ma&&e. Be ndokkataa
ma lekki jahanki mbara &inngel. (Élisabeth Kaltoumi, CSI de
Makabay, Maroua, 23-06-04)
Au centre de santé, si l'on apprend que tu veux avorter, on t'attrape
et on te fait des histoires ou on te donne un médicament qui va aller
stabiliser l'enfant comme il faut. Voilà comment ils font. Ils ne te
donneront pas de médicament qui ira tuer l'enfant.
Seydaan rufan debbo reedu, non lekki boo godôo modan rufa
reedu, walaa ko walaa kadi. (Nafissa Djibiri, CSI de Meskine, 24-
06-04)
C'est le diable qui fait avorter la femme, ça peut aussi être le remède
qu'on avale, toutes les méthodes existent.
~ se renverser
~ avorter (spontanément)
439
ru fa
ndu rufan. Malla boo, to 0 wadi haaje maako 0 timmini, 0 oon
waalii dow maako, to 0 wadi reedu, ndu rufan. (Sadou Bongo,
guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Lorsqu'un homme couche avec une femme et que ses jambes ne sont
pas placées toutes les deux de la même façon, que l'une se trouve
entre celles de la femme et que l'autre se trouve à l'extérieur, si (la
femme) tombe enceinte, elle avortera. Ou bien, s'il a fini d'éjaculer
(litt. : s'il a fait son besoin et a terminé) et qu'il se couche sur elle, si
elle tombe enceinte, elle avortera.
'Be mbi'i taa oaw debbo reeduujo sakko reedu maako rufa.
Reeduujo, ko 0 laari fuu 0 yidi, naa yioannde maako, ammaa
yioannde I>inngel. Saa'i feere, debbo danyi I>inngel oon jogü
kusel. Nyaamdu ndu 0 nyaamataano, I>inngel doolan mo 0
nyaama to ngel oon haa reedu. (Dada Habiba, accoucheuse
traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
On dit qu'il ne faut rien refuser à la femme enceinte de peur qu'elle
avorte. La femme enceinte, tout ce qu'elle voit, elle le veut: ce n'est
pas sa volonté, mais celle de l'enfant. Il est arrivé qu'une femme
mette au monde un enfant qui tenait de la viande (en main). La
nourriture qu'elle ne mangeait pas, l'enfant l'obligeait à en manger
quand il était dans son ventre.
To saa'i I>inngel siwaa tageego, to woodi ko daada wadi, ngel
feetotoo daga jaabuuru, nden yIiyam rufa. (Dada Habiba,
accoucheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Lorsque l'enfant n'est pas encore entièrement formé (litt. : créé), s'il
arrive que sa mère a fait (telle ou telle chose qu'elle n'aurait pas dû
faire), (l'enfant) se détache du cordon ombilical et l'embryon a'LOrte
(litt. : le sang se verse).
Reeduujo, to I>ernde mum metti, reedu mum rufan. To 0 feri
I>inngel jirlaahi, 000 boo, reedu maako rufan. To 0 modi lekki
aga'en, reedu maako rofan. To 0 rookake ma nyaamdu a
hokkaay mo, reedu maako rufan. To 0 nyaami kuuje nyoloe,
oum mbaran I>inngel nder reedu. Taata boo 0 I>adoo yüte
ouuonge bana dollool>e giya bee arge. Taa 0 foooa taba ngam
cuuroe oee kel>an I>inngel boo. [...] To reedu debbo rufi, yIiyam
maako ustotoo jur, oam rofan. Dum neel>ataa bee mbargo mo.
Haa wakeere jaabuuru, 0 maatan naawreenga ngam haa ton
semmbe I>inngel woni; ngam man I>e njarnata mo njumri.
Debbo feere boo, to yIiyam aarti wurtaago, I>inngel saloo
wurtaago, sey I>e ceekoya mo. (Dada Habiba, accoucheuse
traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Si une femme enceinte se tache, elle avortera. Si elle lance qqch.
pour faire tomber un fruit de Kigelia africana, en ce cas également,
440
saabul
elle avortera. Si elle avale le remède (abortif) des vendeurs
ambulants, elle avortera. Si elle te demande qqch. à manger (qui lui
fait envie) et que tu ne le lui donnes pas, elle avortera. Si elle
consomme des choses avariées, cela tuera le fœtus. Il ne faut pas non
plus qu'elle s'approche d'un grand feu comme celui des brasseuses
de bière et d'alcool. Elle ne doit pas fumer de tabac, car la fumée
atteindrait aussi le fœtus. (...)
Si une femme avorte, son sang diminue beaucoup, elle saigne
beaucoup (litt. : il se verse). Cela ne tardera pas à la faire mourir.
Elle ressent une douleur du côté de l'ombilic, car c'est de là que le
fœtus tire sa force; c'est pour cette raison qu'on lui fait boire du
miel. Pour certaines femmes, si c'est du sang qui sort en premier, le
fœtus refusera de sortir et on devra aller l'opérer.
s
, , ..
saa a /saa aaJl- ka/di (n.) ; < arabe [s ' d] > [sa'âda] «chance, bonheur»
~ chance ponctuelle, qui survient au moment souhaité; aubaine
441
saabulde
Ndopta wii yam mi yiiworoo bee ndiyam laaf)(fam bee saabul
lootirgo limce.
L'infirmier m'a dit de me laver avec de l'eau propre et du savon de
ménage.
• saabul tuwalet
~ savon de toilette
• saabul yiiworaago ou saabul yiiworde
~ savon de toilette (litt. : savon avec lequel on se lave)
saakoo (v.)
~ se disperser
Les remèdes amers ont pour propriété de disperser dans le corps
certaines maladies comme le sawoora; par suite de dilution dans
l'organisme, la maladie devient alors inoffensive. En revanche, il est
extrêmement dangereux de provoquer la dispersion d'autres affec-
tions, comme le caayoori, qui voient alors leur nocivité accrue.
To caayoori fmuti, wadi yitere, wordi, Ile tuppa ndi, suy mbordi
wurtoo ; ammaa, haa lopital, (je tufa baate, Ile ndokka lekki ndi
saakoo. To ndi saakake, kanjum fuooata kagser; nanataa kagser
000, oum caayoori. (Femme inconnue, Lopéré, Maroua, 25-11-04)
Lorsque le caayoori a gonflé, qu'il a fait émerger le bourbillon et
qu'il a fait du pus, on le perce, et le pus sort. Mais, à 1'hôpital, on fait
des piqûres, on donne un médicament et il se disperse. Une fois qu'il
s'est dispersé (dans le corps), c'est cela qui cause le cancer; ce que
tu entends appeler « cancer », c'est le caayoori.
saaloo (v.)
~ passer
o saalake jam.
Sa grossesse s'est bien passée. (Euphémisme; litt.: elle est bien
passée.)
saara(v.)
~ avoir la chiasse, avoir la diarrhée; cf dogga
Ce verbe est considéré comme grossier enfulfulde.
442
saata
Caarando reenataa ngaska bu'e. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui qui a la diarrhée n'attend pas (d'être rendu) aux latrines.
Diga mi acci nyaamgo, mi hel>aay saargo, ngam walaa ko woni
nder reedu am. (Maïramou Youssoufa, patiente au Centre de santé
intégré de Dargala, 10-06-04)
Depuis que j'ai cessé de manger, je n'ai pas pu avoir la diarrhée, car
je n'ai rien dans le ventre.
Odon saara I>aleejum kurum.
Il a une diarrhée très noire.
Odon saara haako-haako.
Welle a une diarrhée verte.
Odon saara ndamba-ndamba.
Welle a une diarrhée glaireuse.
Odon saara ndiyam-ndiyam.
Welle a une diarrhée liquide (comme de l'eau).
Odon saara nguufo-nguufo.
Welle a une diarrhée mousseuse.
Odon saara y""Iiy'"am.
Welle a une diarrhée hémorragique.
443
saawa
~ rendre un son mat
To min ngadi otoskop, min tappa bee juuoe dow wifJfJere. To
oon saati bana leggal, oum pinemoni. (Chef de district de santé de
Mindif,21-05-04)
Lorsque nous utilisons le stéthoscope, nous tapons avec les mains
sur la poitrine. Si le son est mat (litt. : si c'est dur) comme (lorsque
l'on frappe sur) du bois, c'est une pneumonie.
saawa
~ emballer, envelopper
o saawi huuduure maako ngam taa buubi meema nde.
n a enveloppé sa plaie pour éviter que les mouches n'y touchent.
Ko nga saawi nga haccata. (Dicton)
Cela pue ce qui est emballé à l'intérieur. (Litt. : ce que cela emballe,
c'est cela que ça pue.) (Les mauvaises actions faites en cachette
finissent par transpirer à l'extérieur.)
sa6600 - (v.)
~ être fréquent, être répandu (maladie)
Dum nyawu kallungu cafJfJiingu.
C'est une maladie grave et répandue.
sada (v.)
~ être difficile
~ coûter cher, avoir de la valeur; être important
Goooo 00, 0 caooo ; a hefJataa ngiidaa bee maako meere.
Ce type est important; tu ne peux pas réussir à le voir facilement.
Hoore sadi, naa hufineere,
Daande sadi, naa toggoore,
444
sad'awre
Haddorde sadi, naa sirla,
Kosngal sadi, naa paoe, (...)
Junngo sadi, naa montur. (Cf Eguchi 1974, p. 89)
La tête est importante, pas le bonnet,
Le cou est important, pas la toge,
La ceinture (taille) est importante, pas la culotte,
Le pied est important, pas les chaussures, (...)
La main est importante, pas la montre.
To haa lJe kurga sad'awre lJaleere, lJe kooca selJre nemi, lJe
nama, lJe njiilJa bee leelJol, lJe nguja dow pellel gurtinngel
sad'awre. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Pour guérir le « sad'awre noir», on prend de l'écorce fraîche de
Diospyros mespiliformis, on l'écrase, on la malaxe avec du beurre
frais et on en frotte la partie malade.
Haa yimlJe feere, sad'awre lJaleere hokkan lJe barka ; to nde y1wi
gal dow, nde jippake gal les, nde riskinan lJe. (Sadou Bongo,
guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Chez certains, le sad'awre lJaleere apporte la chance; s'il com-
mence par (affecter) le haut (du corps) et qu'il descend, il les rendra
riches. (Mais si la maladie se propage dans le corps dans le sens
contraire, de bas en haut, elle n'a pas cet effet bénéfique.)
Be d'on kurgira sad'awre bee selJre nemi. Be ndolla nde bee
gawri safraari. Baawo man, lJe ndufa lekki, lJe kooca gawri, lJe
nama ndi, lJe ngaara ndi mbusiri. To mard'o nyawu nguu yari
nii, 0 yamditan, falJlJataa sam. (Abdouramane Modibbo, guéris-
seur, Petté, 25-06-04)
On soigne le sad'awre avec de l'écorce fraîche de Diospyros mespi-
liformis. On la fait bouillir avec du sorgho repiqué à grain jaune.
Ensuite, on jette le décocté et les écorces (litt. : le remède), on prend
le sorgho, on l'écrase et on en fait une bouillie. Dès que la personne
atteinte du sad'awre la boit, elle guérit en peu de temps.
• sad'awre nyiiwaare
~ éléphantiasis (litt. : sad'awre d'éléphant)
• sad'awre raneere
~ mycose qui provoque des plaques blanches sur la peau (litt. : sad'awre
blanc)
• sad'awre wod'eere
~ lèpre mutilante (stade avancé de la maladie) (litt. : sad'awre rouge) ; cf
kuturaaku
Sad'awre wod'eere, to nanngi innu, kooU maako fuu taYdan. Naa di
tayan, di mutan non. (Haman et Sannda Oumarou, Dogba, 21-03-05)
La lèpre mutilante, lorsqu'elle affecte qqn, tous ses doigts vont tomber
(litt. : se couper). Non pas tomber, mais s'enfoncer (dans la main).
Innu to baaba mum kuturuujo no, kanyum boo d'on nana
447
saggita
IJanndu mum oon seeka, malla boo lamlame saoawre ngurtake,
paaroooe paaroode mbanngi her innu, 0 anndi nyawu kutu-
raaku nanngi mo. [...] Nyawu saoawre, dum huunde roneteende.
(Bah Ila, 55 ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
La personne dont le père était lépreux, et qui sent son corps se
« déchirer », ou (qui voit) les taches blanches de la lèpre sortir, ou
des macules hypochromiques (taches blanches) apparaître sur elle,
elle sait qu'elle est atteinte de la lèpre. (...) La lèpre, c'est une
maladie (litt. : chose) héréditaire.
Sadawre wooeere, oum nyawu Alla non, walaa ko fuooata nde.
(Gaw Abdou, Lopéré, Maroua, 24-11-04)
La lèpre mutilante est une maladie sans cause connue (litt. : maladie
de Dieu seulement) ; il n'y a rien qui la provoque.
sakoo (v.)
~ filtrer, se filtrer (liquide épais)
Le résultat du filtrage est lui-même épais.
To ii'am yottake nder l)ooye, oam sakoo. (Adama Ousmanou,
infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Lorsque le sang atteint les reins, il se filtre.
salmitoo (v.)
~ crier en donnant, sous l'effet d'un cauchemar
448
sankita
salte / salteeji - nga/di (n.)
~ saleté, impureté, déchet
~ malpropreté
~ (au pluriel éventuellement) manque d'hygiène
Salteeji ngadan kuuduuje.
Le manque d'hygiène provoque des plaies.
Binngel keccel, to tie tatiake ngel nder gude salte, dum tiesdango
ngel nyawu. (Bernadette Godwé, infinnière, CSI de Dougoï,
~aroua,23-07-04)
Le nouveau-né, si on le reçoit (lors de l'accouchement) dans un tissu
sale, cela lui donnera davantage de maladies.
sankita (v.)
~ disperser
• sankititgo reedu
~ faire disparaître une grossesse
sappoo(v.)
~ montrer du doigt
~ pointer (avec le doigt ou un objet pointu)
Sappo sappataako fewre. (Prov.)
Dix (personnes) ne peuvent mentir à la fois. (Litt. : dix ne montrent
pas du doigt un mensonge. Jeu de mots entre sappo et sappataako.)
sarra (v.)
~ faire du mal à, blesser
450
sawoora
Har wicco sarri fuu, bee hoore ngo feoootiri. (Prov., Modibo
Bello Amadou)
Partout où une queue blesse, c'est qu'elle est rattachée à une tête.
(Une personne sans importance ne peut pas nuire à une autre à moins
d'être agie/manipulée par un puissant.)
satoo (v.)
~ asseoir (un bébé) sur ses jambes disposées en forme de siège, pour lui
permettre de faire ses besoins
457
s~nvru
saylee (v.)
~ être bête, idiot, stupide
seeka(v.)
~ déchirer, se déchirer
~ causer une douleur très forte et permanente
459
seka
Dum yami seekeego.
Cela exige une intervention chirurgicale.
Min mbaawataa seekgo yiml)e haa doo. To nyawdo wari, min
tawi nyawu maako deydey seekgo, sey min ngerl)a mo yeeso
waato haa I)uranl)e min. (Mamaï Viatang, infirmier, CS! Douroum,
06-05-04)
Nous ne pouvons opérer ici. Lorsqu'un malade arrive et que nous
constatons que sa maladie nécessite une opération, nous devons le
transférer, c'est-à-dire (l'envoyer) auprès de personnes plus
compétentes que nous.
To I)inngel don torroo nder reedu, haa poofde maagel I)e
ndaarata. To poofde I)uri teemerre bee cappan jeego malla
leesta dow teemerre bee noogas, sey I)e ceeka daada maagel.
(Amadou Haman, infirmier accoucheur, hôpital provincial de
Maroua, 25-08-04)
Lorsque le fœtus souffre dans le ventre, c'est à son rythme cardiaque
qu'on le constate. Si ce rythme dépasse les 160 ou s'il est inférieur à
120, on doit pratiquer une césarienne sur sa mère.
Min don ceeka rewl)e haa I)esngu to I)inngel joodaaki booddum,
bana to ngel waafake. To ngel don jooôti booddum, ngel loori
nder reedu boo, min don ceeka ngam ngel waawataa wurtaago
gal les. Malla boo to asaale debbo paaôt, min ceeka. Dow reedu
mal)l)e caka jaabuuru bee yahango gal les maako min ceekata.
(Hamidou Adji, 35 ans, aide-soignant mofou, CS! de Makabay,
Maroua, 06-09-04)
Nous césarisons les femmes lorsque le bébé est mal positionné, par
exemple s'il se présente de travers. S'il est dans une bonne position
mais qu'il est trop gros, nous faisons aussi une césarienne car il ne
pourra pas sortir par voie basse. Ou encore, si le bassin de la femme
est trop étroit, nous pratiquons une césarienne. C'est sur le ventre,
entre le nombril et le sexe que nous incisons.
~ inciser, faire une incision, débrider (un abcès)
seka (v.)
~ penser, émettre l'hypothèse que
Mi don seka 0 woodi SIDA.
Je pense qu'il/elle a le SIDA.
460
~ hésiter, avoir des doutes, soupçonner
Dum koyoum faamgo nyawu meece. Puufe wulweende
ngurtotoo haa lianndu goooo, 0 sonndotoo, lianndu maako
wulan, hoore wulan, 0 tuutan, gite boo mboojan. To a tawi
goooo maUa liinngel bana nü kam, taa sek sam, oum meece.
(Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Il est facile de reconnaître la rougeole. Des boutons de chaleur
sortent sur le corps de la personne, elle tousse beaucoup, son corps
chauffe, sa tête chauffe, elle vomit, ses yeux deviennent rouges
également. Si vous trouvez une personne ou un enfant en cet état,
n'ayez aucune hésitation, il s'agit de la rougeole.
sela (v.)
~ quitter la route principale, bifurquer
~ aller aux toilettes (euphémisme) ; syn. widdoo
semmbe - 0 (n.)
~ force, énergie
~ efficacité (d'un produit)
• famoa-semmbeejum
~ chose
peu efficace (litt. : (chose) petite / quant à sa force)
• cemmbiooum masin
~ chose très efficace
• cemmbiooum teema
~ chose à efficacité incertaine
sera-ka (n.)
~ côté, rebord, bord
sewa(v.)
~ être mince
sicca(v.)
~ avoir envie de vomir, avoir la nausée; syn. doha ; cf 6ernde
463
sida
SIDA âon, sey yimI'Je kakkila.
Le SIDA existe, on doit faire attention.
SIDA kam, âum masübo jippü dow yimI'Je. (As., prostituée, 21 ans,
Domayo, Maroua, 19-01-06)
Le SIDA, c'est une calamité qui s'est abattue sur les humains.
SIDA, âum nyawu toskaare meere. (Mn., 25 ans, prostituée,
Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
Le SIDA est une maladie très humiliante.
o nyaami leeda.
Il/elle est mort(e) du SIDA. (Euphémisme; litt. : iVelle a mangé du
sachet en plastique.) (Dans la région, le petit bétail crève souvent de
façon inattendue. Les animaux, trompés par la saveur « salée» des
sachets noirs en plastique abandonnés dans la nature, les ingurgitent,
s'occasionnant de la sorte une occlusion intestinale mortelle.)
Jotta âoo, to l'Je ngi'i goââo nyawi, âon timma nü, l'Je mbi'a âum
SIDA. (D., prostituée, 25 ans, Domayo, Maroua, 16-01-06)
Actuellement, quand on voit que qqn est malade et ne fait que
maigrir, on dit que c'est le SIDA.
Hunnduko marâo SIDA defoo wooja coy, gaasa hoore timma, l'Je
mbi'ata. (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
La bouche de celui/celle qui a le SIDA devient toute rouge (litt. : se
cuit et rougit très rouge), et Welle perd tous ses cheveux, dit-on.
Woodi ko goââo meedi yeewtugo yam, haa mi yam maa: to
goââo wari haa maa, nanngaa zakari maako bee semmbe;
maUa nga waata, malla boo bana a torri mo jamum; âoo âo
âoo, a faaman to 0 nyawâo. Goââo feere boo yeewti yam 0 wi'i,
haa mani gorko to rufi, a heI'Jtan ngam noone maaga feere
feere ; âoo boo goonga naa ? (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo,
Maroua, 17-01-06)
On m'a déjà dit qqch., et je voudrais te demander (ton avis) : si un
homme vient te trouver, attrape-lui fortement le sexe; ou bien il va
débander, ou bien encore, tu lui feras très mal; alors là, tu sauras
qu'il est malade. Qqn d'autre m'a dit que, (en examinant) le spenne,
tu sauras d'après sa couleur si l'homme est malade (litt.: tu
comprendras parce que sa couleur est différente) ; est-ce vrai?
[YimI'Je âon mbi'a l'Jurna fuu l'Jikkon rewI'Je marata SIDA.]
Ammaa, no debbo heI'Jri nyawu SIDA fuu, haa gorko 0 tawi ngu, to
warti gal mool'Jodal. Ko l'Je kaI'Jata haa l'Je mbi'a fuu, rewI'Je l'Juran
njeenu. Nyawu nguu laatataako nü feere maako kanko debbo 00
hel'Ji ngu. (D., prostituée, 25 ans, Domayo, Maroua, 16-01-06)
(On dit que c'est surtout les jeunes filles qui ont le SIDA.) Mais la
seule façon dont une femme peut avoir le SIDA, c'est chez un homme,
si du moins le SIDA vient par voie sexuelle. Tout ce que l'on cherche à
464
dire, c'est que les femmes s'adonnent davantage à la prostitution (que
les hommes). Or il est impossible que la femme l'ait seule.
Noy ja6rumi SIDA don kam, soobiraa6e am 6uran noogas 6e
ngancidanmi, SIDA hooci. Wakkati man doo, mi donno wanca
waanee, gure gure njahanmi, ammaa mün kam, saa'a non. Alla
wadda baroowo, wadda gidoowo, 6e mbi'ata. Ke6mi 6e te'i
yam, ammaa, mi nana 6e mbi'i, 6e nganciditta go, SIDA nanngi
wayne, fa66a fa66a, yeg maayi. (Dou., prostituée, 26 ans, Hardé,
Maroua, 17-01-06)
La façon dont j'ai reconnu que le SIDA existe: il a pris plus de vingt
de mes compagnes avec qui je me « promenais». À l'époque, je me
« promenais» trop, j'allais de ville en ville, mais moi, j'ai eu de la
chance. Dieu amène l'assassin, et il amène (aussi) le secoureur, dit-
on. J'ai réussi à me marier, mais j'entends dire que, (parmi) celles
avec qui je me « promenais», le SIDA a pris une telle, et ainsi de
suite, elles sont toutes mortes.
Be don mbi'a hannde 6e ke6i lekki SIDA, janngo 6e mbi'a kaay !
lekki kii walaa. Taa yim6e nja6a lekki SIDA don. (W., 22 ans,
prostituée, Baoliwol, Maroua, 22-01-06)
On dit aujourd'hui qu'on a un remède (qui soigne) le SIDA, demain
on dit non, il n'en existe pas. Il ne faut pas que les gens croient qu'il
existe un remède qui soigne le SIDA.
Doktor'en ngoodi lekki koynanki SIDA, ammaa, 6e don coora ki
ceede duudde. (Mm., 25 ans, prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Les « docteurs» ont un remède pour soulager le SIDA, mais ils le
vendent très cher.
ORIGINE
Na Nasaara'en ngaddani en SIDA, bee baadi be pijiditta. Ngilngu
nguu haa nder }1iyam woni. Be mbi'i ngu don jooôrl dow
}1iyam bana ngeeraakon. (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo,
Maroua, 17-01-06)
Ce sont les Blancs qui nous ont apporté le SIDA: ils « s'amusent»
avec des singes! Le 'ver' (du SIDA) se trouve dans le sang. On dit
qu'il est posé sur le sang comme de petits œufs.
SIDA, dum nyawwa non Alla jippini, dum masiibo tan. (Mi., 25
ans, prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Le SIDA est une grande maladie que Dieu a envoyée sur terre (litt. : a
fait descendre), c'est une vraie malédiction.
Alla jippini nyawu SIDA daliila njeenu duudi dow duniya.
Dieu a envoyé sur terre (litt. : a fait descendre) le SIDA parce qu'il y
a trop d'adultère en ce monde.
465
sida
TRANSMISSION
Feere 6e mbi'a SIDA oon haa nyaamdu, feere 6e mbi'a kaay !
walaa haa nyaamdu. Nyannde mi nanoo 6e oon mbi'a koo
kolora wartan SIDA. Jonta kam, sey goooo jooooo non. To maayi
boo, AUa hoddiri ! Tum 6e cannjan haala. Tagu waawan naa ?
Haa tele, 6e kollu6e nyannde gorko maroo SIDA foti jooooo bee
debbo, 6e kawta, 6e ndanya 6ikkon, SIDA raa6ataa. Doo 000,
naa ginnawol ? Mün kam, kam6e anndi ton. Be koUi boo foddee
6agon, sey ngaoon teste, ammaa haoataa on 6aggo, a raa6ataa
gorko maa boo. Naa faasikaare ma66e naa? (Mi., prostituée, 25
ans,lCakatué,Maroua, 23-01-06)
Parfois, on dit que le SIDA se trouve dans les aliments, parfois on dit
non, pas dans les aliments. Un jour j'ai entendu dire que même le
choléra se transformait en SIDA. Maintenant, il faut se résigner. Si on
meurt, c'est Dieu qui le décide. Ils (i.e. ceux qui diffusent des
informations relatives au SIDA) changent leurs discours en
permanence. Que faire? Un jour, ils ont montré qu'un homme qui a
le SIDA peut demeurer avec sa femme, faire l'amour et avoir des
enfants sans leur transmettre la maladie. Cela, n'est-ce pas de la
folie? Moi, ça ne me concerne pas. Ils ont aussi expliqué que, avant
de vous marier, vous devez faire un test de dépistage, mais que cela
ne vous empêchera pas de vous marier et que vous ne donnerez pas
non plus la maladie à votre mari. N'est-ce pas de la mystification de
leur part?
Ko hokkata SIDA, oum to mani wor6e kawti jur haa nder debbo.
(lCt., prostituée, 24 ans, Domayo, Maroua, 22-02-06)
Ce qui donne le SIDA, c'est quand il y a plusieurs spermes d'hommes
à la fois dans la femme.
To wancuru ouudi, 00 000 hooce, oya hooce, koo to Alla hoynani
ma SIDA, manüji njahandi kawta haa les reedu maa, ngaoante
nyawu ngonngu feere. (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo, Maroua,
17-01-06)
Quand tu te prostitues fréquemment et que tel te prend, tel autre te
prend, même si Dieu écarte de toi le SIDA, les spermes qui vont
s'accumuler dans ton bas-ventre vont te donner une autre maladie.
To a waooyaay gallu, SIDA nanngataa ma. Koo noy maa, sey to
woodi 600stüoo wakkati kawtuoon, SIDA nanngata goooo. (Hb.,
prostituée, 16 ans, Hardé, Domayo, 18-01-06)
Si vous allez faire des bêtises, vous aurez le SIDA. Mais de toute
façon, il faut que (l'un des partenaires) ait une blessure superficielle
au moment où vous couchez ensemble pour avoir le SIDA.
466
Ko hokkata SIDA kam, to on kawti bee gorko yrl)'"am mon yaadi
[000]0 (C., prostituée, 24 ans, Lopéré, Maroua, 23-01-06)
Ce qui donne le SIDA, c'est quand vous avez des relations sexuelles
avec un homme dont le sang correspond au vôtre (...)
Mi meeooo nango to yrl)'"am yimfie feere feere, koo fie kawti
bilaa konndom, SIDA nanngataao (Mn., 25 ans, prostituée,
Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
J'ai déjà entendu dire que si des personnes ont (l'une et l'autre) un
sang différent, même si elles couchent ensemble sans préservatif,
elles n'auront pas le SIDA.
Sey to hoorre goooo nyawi 0 nyawatao (R., 24 ans, prostituée,
Domayo, Maroua, 16-01-06)
C'est seulement quand l'étoile (personnelle) de qqn est malade qu'il
peut être malade.
SIDA oum nyawu mbarannguo Ko hokkata ngu boo, oum kuuje
ta)'"anoe goooo, masalan reeza, hawtugo bee gorkoo [000] Burna
haa men 000, oum rewfie marata SIDA, ngam fie cippan ko'e
mafifieo Jemma, yaa lee haa Dow-Maayo 000, ngi'aa fiikkon
rewfie oon tali dow buuwol ndeena kiliyago Feere'en njafiataa
hawtugo boo bee konndomo (W., 22 ans, prostituée, Baoliwol,
Maroua, 22-01-06)
Le SIDA est une maladie qui tue. Ce qui la donne, ce sont les objets
tranchants, comme la lame de rasoir, ainsi que les relations sexuelles
avec un homme. (...) Chez nous, ce sont surtout les femmes qui ont
le SIDA, car elles se vendent. La nuit, tu n'as qu'à aller à Domayo
voir les filles alignées sur la rue, attendant les clients. Certaines
également refusent de faire l'amour avec un préservatif.
To reeza tayi goooo maroo SIDA, wari tayi jamo, nga raafian
mo, ngam yii)'"am mafifie hawtio (Kt., 24 ans, prostituée, Domayo,
Maroua, 22-02-06)
Si une lame de rasoir coupe qqn qui a le SIDA et qu'il arrive qu'elle
coupe (ensuite) une personne bien portante, cette dernière sera
infectée, puisque leurs sangs se seront mélangés.
Woodi yaapenndo am feere nyawi SIDAo Uaa oum fuooa mo
kam, kosoe njahataa, 0 furdi tal; naane boo ajabaajo kamo 0
timmi, 0 oon sonndoo, 0 saarataa kam, hunnduko boo oon
woojao Uaa lopital, fie mbi'i mo sey 0 nyaama kuuje beloeo
Ammaa, nde 0 gaonoooo haala bee bappa maako haala babal,
fie mbi'i oum siirio Nyawu nguu laalaati mo haa miin maa, mi
oon nefa moo Booyma 000, mi oonno yaha lootana mo defana
moo Nde nyawu nguu tulliti, accumi yaago fuu haa maakoo (Mn.,
25 ans, prostituée, Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
J'avais une tante maternelle qui avait le SIDA. Quand ça lui a pris,
467
sida
elle ne pouvait plus marcher, sa peau était devenue toute grise;
avant, aussi, c'était une « femme libre ». Elle a maigri, elle toussait
fortement, cependant elle n'avait pas la diarrhée, mais sa bouche
était rouge. À l'hôpital, on lui a dit de manger de bonnes ·choses.
Mais, comme elle avait une dispute avec son oncle paternel à propos
d'un terrain, on a parlé de mauvais sort. La maladie l'avait fait
tellement dépérir que même moi, j'éprouvais de la répulsion face à
elle. Avant, j'allais lui faire sa lessive et sa cuisine. Quand la
maladie s'est aggravée, j'ai complètement cessé d'aller la voir.
RÉACTION DU MALADE INFoRMÉ DE SA MALADIE
Koo jonta mi woodi SIDA mi anndaa, mi jooootoo koo ko
waoatammi, ammaa to mi anndi mi woodi nga, mi maayan daga
law. (Hb., prostituée, 16 ans, Hardé, Domayo, 18-01-06)
Actuellement, même si j'avais le SIDA sans le savoir, je pourrais vivre
sans problèmes, mais si je savais que je l'ai, je mourrais rapidement.
Koo onon, wancoofie haala SIDA ngaa, to fie mbi'i on on ngoodi
nga, ka jooootoo nder fiemde mon, ka timmataa sam, ka hokkan
on numo waanee. Huunde to a nyawi meere maa, a oon numa
kanka tan, sakko to fie mbü maa direk SIDA oon haa maa. Doo
kam, sey maaygo non. (Mi., 25 ans, prostituée, Kakataré, Maroua, 23-
01-06)
Même vous, qui vous baladez pour parler du SIDA, si l'on vous dit
que vous l'avez, cela va vous obséder perpétuellement (litt. : cela
restera dans votre cœur, cela ne finira pas). Cela vous donnera
beaucoup de souci. Même si tu as une maladie banale, tu ne penseras
qu'à ça, à plus forte raison si l'on te dit de manière abrupte que le
SIDA est en toi. En ce cas, il n'y a plus qu'à mourir.
To a yehi a waooyi teste fie mbü maa SIDA oon, na daga siwaa
non, a maayan ; ndikka to a oon )"ira nga non, maaya a anndaa.
(Da., prostituée, 24 ans, Domayo, Maroua, 24-01-06)
Si tu vas faire le test de dépistage du SIDA et qu'on te dit qu'il est
positif, tu mourras avant même que l'heure en soit venue; mieux
vaut pratiquer la politique de l'autruche (litt. : appuyer sur le SIDA
pour l'immobiliser) et mourir sans savoir.
Mün kam, koo fie tawi SIDA haa am, taa fie mbi'ammi. Ndikka
fie mbi'ammi mi sooda lekki kazaa bee kazaa, mi mooa. [...]
Ndikka fie mbi'ammi yoo : « Nyawu nguu, min ndokkete lekki
mooaa ki, yioaa hawtugo bee gorko ». Sonndaaru boo, naa fie
oon mbi'a bana nü naa? Dum haoataa goooo neodïngo ma.
Ndikka fie pewa seeoa nder ton, fie mbi'a goooo yamditan to
jafii haala mafifie. Doo kam, fiernde jafian seeoa. (Mi., 25 ans,
prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Moi, si l'on découvre que j'ai le SIDA, il ne faut pas me le dire.
468
sida
Mieux vaut qu'on me dise d'acheter tel et tel médicament et de les
prendre. (...) Mieux vaut qu'on me dise que les relations sexuelles
sont contre-indiquées dans le cas de la maladie pour laquelle on me
donne des médicaments à prendre. Pour la tuberculose aussi, ne dit-
on pas comme ça? Cela n'empêchera personne de vous respecter. Il
vaut mieux qu'ils mentent un peu à ce sujet et qu'ils disent à la
personne qu'elle va guérir si elle suit leurs indications. Ainsi, on
aura l'esprit un peu tranquille.
To mi tawi mi woodi SIDA, mi wartataako kam ; mi sennda nga
sadaka; IJikkon maa, accu mi danya kon non. Naa innu hokki
yam nga naa? Enen BaleeIJe, sey haUeende. (Mm., 25 ans,
prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Si par hasard j'avais le SIDA, je ne me suiciderais sûrement pas, je le
distribuerais à tout venant (litt.: je le partagerai (comme) une
aumône); même les enfants, ne t'en fais pas, je les mettrais au
monde (sous-entendu: je n'avorterais pas sous prétexte qu'ils
risquent d'être infectés par la maladie). N'est-ce pas quelqu'un qui
me l'a donné? (i.e.: on m'a donné le SIDA, pourquoi ne le donnerais-
je pas à mon tour?) Nous, les Noirs, (nous agissons) par pure
méchanceté.
RÉACTION DE L'ENTOURAGE DU MALADE
Nyannde, IJe don yama debbo feere haa tele ; 0 wi'i jonta doo, to
a nyawi sonndaaru, IJe ndoggataa ma, to a nyawi kagser, yimIJe
ndoggataa ma, IJe ngudintaa ma, gorko maa faasitittaa yidgo
maa. To a nyawi nyawu sukar, yimIJe maa ngudintaa ma,
ammaa, to a nyawi SIDA, a senndiri bee beldum fuu, IJe don
ndogge non, gorko maa walaa haaje maa. [...] Sonndaaru
raaIJan, IJe ngi'ataa, nyawu sukar haa maayaa ngu ittataako haa
maa•.., ammaa SIDA kam, to a woodi, bana jonta jonta
malaa'ikaajo don wara ittugo ma yonki. (Mi., 25 ans, prostituée,
Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Un jour, on interviewait une femme à la télévision. Elle disait que,
maintenant, si vous avez la tuberculose, on ne vous fuira pas, si vous
avez le cancer, les gens ne vous fuiront pas, on ne vous rejettera pas,
votre mari continuera à vous aimer (litt. : ne changera pas d'avis à
t'aimer). Si vous avez le diabète, votre famille ne vous rejettera pas,
mais si vous avez le SIDA, vous n'aurez plus aucun plaisir, on vous
fuira tout simplement, votre mari n'aura plus envie de vous. (...) La
tuberculose est contagieuse, mais ça ne les dérange pas (litt. : ils ne
le voient pas [comme un problème D, le diabète ne vous lâchera pas
avant la mort... , mais le SIDA, quand vous l'avez, c'est comme si
l'ange (de la mort) venait sur-le-champ vous ôter la vie.
• caarol SIDA
~ diarrhée du SIDA
469
sifa
To dum caarol SIDA, min tawan geeraade SIDA nder coofe.
Nyawu SIDA, en anndi ngu hurgataako. (Malama Ngazara,
infirmier, CMAü Meskine, 26-04-04)
En cas de diarrhée (provoquée par le) SIDA, on trouve des
'vers/germes' du SIDA dans les selles. La maladie du SIDA, on sait
que c'est incurable.
siftora (v.)
~ se rappeler (une chose qui s'est éloignée dans la mémoire); cf taskoo,
numtoo
sigoo(v.)
~ stocker, mettre en réserve, épargner
Siga ledde dee hiddeeko asaweere warannde !
Mets ces remèdes de côté jusqu'à la semaine prochaine!
Ciga-cigaalo I>uran kel>a-kel>aalo. (Prov.)
Celui qui épargne (chaque jour) dépassë celui qui trouve (chaque
jour).
• sigaago goddo fcere maako
~ isoler (un patient) (litt. : garder qqn tout seul)
470
,.
sun
.
siiIJoo (v.)
~ sucer (en aspirant), aspirer
Ngilngu cül)oowu don sül)oo YIiyam. (Oumarou Hamarwabi,
guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Le ver hématophage suce le sang.
~ vider de sa substance
Nyawu sül)ake mo.
La maladie l'a vidé.
• sül)aago saa'i
~ boire du thé (en l'aspirant bruyamment)
473
süwa(v.)
~ verser (un liquide) en un filet de façon que les solides contenus dedans
restent dans le premier récipient
~ filtrer (de l'eau) ; cf sakoo
sillJa (v.)
~ causer une entorse ou une luxation
Aksidag sillli yam kosngal.
L'accident m'a causé une entorse à la cheville.
~ subir une entorse ou une luxation
Junngo am sillli.
J'ai une entorse au poignet. (Litt. : ma main a subi une entorse.)
sillJoo (v.)
~ avoir une entorse
474
silla
Kosngal am sillJake wakkati ngaomi aksidag.
J'ai eu une entorse au pied lors de mon accident.
silla (v.)
~ pisser, uriner (le verbe est considéré comme grossier en fulfu/de) ; cf
soofa
'Binngel silli yam.
L'enfant a pissé sur moi.
Mi waawataa cillolleeso ngool.
Je n'admets pas cette façon de pisser sur le lit. (I.e.: je n'admets pas
que l'on manque à ses engagements.)
A kalluoo. Alla halke bana cille sonndu !
Tu es méchant. Que Dieu te fasse disparaître comme l'urine de
l'oiseau!
°
'Be mbi'i to goooo yari giya, saa'i malla gaari fuu, sillan jur.
To goooo yari, oum naastan nder reedu, ndu hooca nafoojum,
celeboum boo malla ndiyam luttuoam naastan nder suudu-cille.
To heewi, goooo yaha silla. (Dada Habiba, accoucheuse tradition-
nelle, Meskine, 18-08-04)
On dit que lorsque qqn boit de la bière, du thé ou de la bouillie, il
pisse beaucoup. Lorsque qqn boit, (le liquide) pénètre dans le ventre,
qui en retient la partie utile; la partie fluide ou le liquide restant
pénètre dans la vessie. Quand (celle-ci) est pleine, la personne doit
aller pisser.
sillugo be"itte
faire pipi au lit
sillugo dardarnde
pisser debout (litt. : pisser de sa hauteur)
sillugo joojoonde
. .
pisser accroupI
sillugo dawoe mum
pisser sur ses jambes (litt. : pisser sur ses cuisses)
sillugo dubbe mum
pisser sur soi (litt. : pisser (sur) ses fesses)
~ éjaculer, émettre du sperme
[...] To a wa"ake debbo, mani ngaan cillataa yaha haa debbo
waoa lJinngel. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
(...) Lorsque tu couches avec une femme, c'est ce sperme que tu
éjacules et qui va dans la femme pour faire un enfant.
sillugo debbo
baiser une femme (grossier en fuljù/de comme en français)
475
siHirde
sillirde / cilliroe - nde/de (n.d.v.); < silla
~ méat urétral (litt. : endroit par où on pisse)
simta (v.)
~ couler goutte à goutte
sinka (v.)
~ se plaindre de
Kala cinkando reedu fuu, sey min ndaara coofe loorde mum haa
apare, ngam min ke&ta gildi diyeeji naawata mo. (Sidi Bouba,
laborantin, CSI de Domayo, Maroua, 21-04-04)
Toute personne se plaignant du ventre, nous devons lui faire un
examen de selles au microscope afin de savoir quels sont les vers qui
la font souffrir.
476
sol)()undu
sirya(v.)
~ envoyer un jet de salive entre les dents
~ envoyer un jet de liquide (avec une seringue, etc.)
sohaaru
.. toux persistante, tuberculose; cf sonndaaru
sohoo (v.)
.. tousser en permanence (toux légère) ; cf sonndoo
so.üita (v.)
.. éclaircir (transitif)
o sojjiti larai maako. cf makiyas
Elle s'est éclairci le teint. (Litt. : elle a éclairci sa peau.)
(En français local, on dirait: elle a fait le maquillage.)
so.üitoo (v.)
.. éclaircir de teint, être de teint clair, pâlir
Binngel feere, baaba I)aleejo, daada booeejo, I)e kawta, I)inngel
mal)l)e sojjitoo. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Il Ya des enfants dont le père est noir et la mère brune; ils s'unissent
et leur enfant aura le teint clair.
sola (v.)
.. tomber seul, se détacher seul, avorter (intransitif)
Irin reedu'en I)ee, suuno mal)l)e manngo; to I)e ndaari huunde a
hokkaay I)e nde, oum wartan haa I)inngel mal)l)e ; feere ngel
sola, feere boo ngel waoa sul)al)re. (Aïssa Tchari, animatrice à
l'hôpital de Bogo, 13-08-04)
Certaines femmes enceintes ont des envies très fortes; si elles voient
une chose que tu ne leur donnes pas, cela retombera (litt. : reviendra)
sur leur enfant. Parfois, celui-ci avortera (litt. : tombera seul), parfois
il aura des envies (nrevus, taches sur la peau).
soma (v.)
.. être fatigué
478
smnpis
To 0 huuwi seeoa nü, 0 somi.
Dès qu'il travaille un peu, il est fatigué.
sompoode - nde
~ gros ventre
Gildi jall)alji bee gildi daneeji, nder sompoode di njoodotoo.
(Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Les ascaris et les ténias, c'est dans les gros ventres qu'ils demeurent.
485
sonnda~lru
ans, infinnier guiziga, Dogba, 27-04-04)
La bronchite (l'infirmier venait de diagnostiquer cette affection chez
un enfant), c'est dans la poussière qu'elle prend la personne. Elle
(bronchite) pénètre dans les poumons et s'y installe. Lorsque
l'enfant a respiré les 'gennes', ils pénètrent dans les poumons et cela
fait du pus à l'intérieur. C'est cela qui fait tousser l'enfant. (...) Elle
prend également les adultes. Les enfants n'ont pas beaucoup de
défenses immunitaires (litt. : de soldats du corps), mais l'adulte en a.
Si la maladie est entrée dans un enfant de cinq ans et en dessous, elle
le dérange beaucoup, car il n'a pas de défenses immunitaires.
Gildi sonndaaru oon ngiiloo nder henndu tan. Feere nyawoo
ngu, to haartake touti haa lesdi, oum jillootiran bee coUaaje. To
jamo foofi henndu nduu, 0 nyawan sonndaaru. [...] Nder coUaaje
oee, gildi oon nder ton. To 0 foofi, di tokkoo gal daande, di
ndilla gal bumsuoe, suy di mboroa. [...] Nyawu sonndaaru
raafiataa gal nyaamdu, koo a oon nyaamda bee maroo nyawu
nguu, sey gal foofgo tan ngu raafiata. (Amadou Roufaou,
infinnier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Les gennes de la tuberculose se déplacent (litt.: se promènent)
seulement dans l'air. Parfois, lorsqu'un tuberculeux se racle la gorge
et crache par terre, cela se mélange avec la poussière (de l'air). Si
une personne saine respire cet air, elle aura la tuberculose. (...) C'est
dans cette poussière que se trouvent les gennes de la tuberculose. Si
qqn la respire, ils passent par la gorge, ils se rendent aux poumons,
puis ils donnent du pus. (...) La tuberculose ne s'attrape pas par la
nourriture, même si vous mangez avec un tuberculeux, elle s'attrape
seulement par les voies respiratoires.
TRAITEMENT
To sonndaaru nanngi goooo, sinaa to Alla hurgi mo, ngam koo
haa lopital, sey 0 jooooo lebbi jeego'o ngu fuooa hoynugo. To
haa fialeefie boo, sinaa to Alla wapü mo bee lekki boodki, sinaa
non, caooum ngu hurgoo. (Boubakary, marabout, Doualaré,
Maroua, 23-11-04)
Lorsque qqn a la tuberculose, à moins que Dieu ne le guérisse,
même si (il va) à l'hôpital, il doit y rester six mois avant de voir son
état s'améliorer. Dans le cas des traitements indigènes (litt. : chez les
Noirs), il faut que Dieu lui fasse trouver un bon remède, sinon, la
maladie se guérira difficilement.
To fie ndokki goooo lekki sonndaaru Id lebbi didi haa 0 mooa, 0
yejjiti 0 diwi moogo Id, nyawu nguu foti dartoo. To ngu dartake
boo, oum laatotoo 0 oon mari sonndaaru haa foroy. (Amadou
Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Si l'on donne à qqn un médicament contre la tuberculose à prendre
486
o
pendant deux mois, qu'il l'oublie et qu'il saute une prise, la maladie
peut reprendre. Et si elle reprend, il se peut qu'il ait (alors) une
tuberculose incurable.
• sonndaaru bumsuoe
~ tuberculose pulmonaire (terme employé uniquement en milieu mé-
dical ; ne fait pas sens pour le commun)
• sonndaaru I>ikkon
~ coqueluche (litt. : toux rebelle des enfants) ; syn. teko
• sonndaaru fitinaaru
~ broncho-pneumonie (?) (litt. : toux rebelle)
sonndoo (v.)
~ tousser fortement, avoir une toux incoercible
soobaajo / soobiraa6e - o/l)e; < kanuri [*siiba] > [siiwa] « ami, cama-
rade» ; < arabe [~ 1). b] « ami, camarade, compagnon»
~ ami, camarade; cf sappaajo
487
SOOf11
• soobaajo daande bee hoore
~ amiee) intime (litt. : ami du cou et de la tête)
soofa (v.)
~ être mouillé, se mouiller
To a soofi kam, yüwa lJuri. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si tu es mouillé, lave-toi (carrément), ça vaut mieux! (Autant aller
jusqu'au bout d'une action timidement engagée.)
~ aller aux toilettes (euphémisme) ; syn. sela, widdoo
Mi yidi soofgo.
J'ai besoin d'aller aux toilettes.
soofna-yara - ki (n.c.)
« (on) mouille / (on) boit»
~ macération à boire
sook- (adj.)
~ vide, nu
Dokta'en kadi goooo waaloo cooko, ngam lJurna waalotoolJe
bilaa limce, nyawuuji nanngata.
488
sosilina
Les médecins/infirmiers interdisent que l'on se couche nu, car la
plupart de ceux qui dorment sans vêtements tombent malades (litt. :
les maladies les prennent).
A warti liingu keccu.
Tu es nu comme un ver. (Litt.: tu es devenu un poisson frais.)
(Expression codée et détournée.)
• sooynde nyaamdu
~ manque de nourriture
Wakkati to duumol naasti, sooynde nyaamdu wartirta kuuje fuu
buutu, sey nyaamdu tan saaondu.
Quand commence la saison des pluies, le manque de nourriture rend
toutes les choses bon marché, seule la nourriture est chère.
~ sous-alimentation
To fiinngel nyawi meece, min oon mbi'a daada maagel waoana
ngel gaari maatundi biriiji bee sukar, 0 nyaamna ngel boo kuuje
beloe, ngam fiurna nyawuuji bana âIi 000 fuu, oum sooynde
nyaamdu woondu waoata di. (Yaya, infirmier, hôpital de Bogo,
29-06-04)
Quand un enfant a la rougeole, nous disons à sa mère de lui faire de
la bouillie avec suffisamment d'arachide et de sucre, et de lui faire
manger de bonnes choses, car, la plupart des maladies de ce genre
sont dues à une sous-alimentation.
sorkoo (v.)
• avaler de travers, s'étouffer
Yaake feere, to fie oon njarna fiinngel, ngel oon sorkoo, ngam fie
cukki kine maagel fie njooftaay law ; ammaa, to fie oon cukkita
law, ngel sorkataako. Be mbicca ndiyam peewoam dow maagel
haa ngel hefia ngel yara law. (Marna Kaltoum, ménagère peule,
Dogba, 05-05-04)
Parfois, quand on fait boire un enfant, il s'étouffe (avale de travers)
parce qu'on lui bouche le nez trop longtemps (litt. : sans le relâcher
vite), mais, si on le débouche vite, l'enfant ne s'étouffe pas. On jette
sur lui de l'eau froide pour le faire boire vite.
sos6ina (v.d.)
• donner naissance par éclosion à
489
Gildi ndufa geeraaoe nder teteki, geeraaoe man cosllina
ngilkon.
Les vers pondent des œufs dans l'intestin, et ces œufs donnent
naissance à de petits vers.
sotta (v.)
~ se déplacer
~ céder à une médication (maladie)
Be oon kurgira garsa sey bee binndi tan, malla boo moccugo.
[...] To ka sottaay, 000 kam naa oum garsa. (Baba Djimilla, 65
ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
On soigne le garsa uniquement avec des écrits (coraniques) ou par
des incantations accompagnées de crachotements. (...) Si la maladie
ne s'en va pas, alors, c'est qu'il ne s'agit pas de garsa.
sufta (v.)
~ sevrer
Koo to Ilinngel suftaama ngel acci musingo, taata daada maagel
waawa ngel, sinaa non, ngel nyawan en'ente. (Didja épouse
Ousmanou, guérisseuse peule, Dargala, 09-06-04)
Même quand un enfant est sevré et qu'il a cessé de téter, sa mère ne
doit pas le porter sur le dos, sinon, il aura le en'ente.
490
susaar
sukar - ôam (n.) ; < arabe [sukkar] « sucre» « langues indo-iraniennes)
~ sucre; cf nyawu
sulmoo (v.)
~ se laver le visage
suma(v.)
~ cautériser
Goôôo amin to ôon bee Iluudi juwe, min cuma mo bee lalJi
gulki. (Oumarou Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
Lorsque qqn de chez nous a une enflure causée par le peewrl, nous
la cautérisons avec un couteau brûlant.
surya(v.)
~ avoir la diarrhée (pour les nourrissons)
• wa"aago susaar
~ monter à plus de deux sur une moto
~ monter en surnombre dans un véhicule
• waôgo susaar
~ être en surcharge (véhicule)
~ surcharger (un véhicule)
491
susetc
susete / suseteeji - nga/di (n.)
~ société, firme
• suudu feewndu
~ pièce
climatisée (i.e. salle d'opération; litt. : pièce froide)
• suudu goonga
~ l'au-delà (litt. : la case de la vérité)
• suudu nyawndaago
~ salle de soins (point de vue du patient) (litt.: chambre où l'on se
soigne)
• suudu nyawndugo
~ salle de soins (point de vue du soignant) (litt. : chambre où l'on soigne)
• suudu siga
~ magasin de stockage (syn. magazeg) (litt. : case de réserve)
• suudu cille
~ vessie (litt. : réceptacle de l'urine)
492
suuno
• suudu coowoowri (cf ndeera)
~ estomac ou gros intestin (litt. : réceptacle du bol alimentaire)
• suudu geeraaoe
~ ovaire (litt. : compartiment des œufs)
• suudu gite
~ orbite
• suudu mani
~ vésiculeséminale (conçue comme un réceptacle; litt. : compartiment
du sperme)
• suudu nyawu
~ le gîte de la maladie (endroit où la maladie est installée dans le corps)
• dammugai suudu-6inngei
~ col de l'utérus (en tant qu'orifice; litt.: porte du compartiment de
l'enfant)
suunee (v.)
~ convoiter
~ être envieux, avoir une forte envie
Cuunaanga hawti e kaajaanga.
Le gros frustré a rencontré la grosse en manque. (Insulte) (Moquerie
à l'adresse d'un couple fondé de part et d'autre sur une frustration
sexuelle. Employé métaphoriquement pour stigmatiser des gens dont
l'entente ne repose que sur l'appât d'un gain.)
493
suurnoo
grossesse et auquel on attribue des avortements, s'il n'est pas
assouvi, ainsi que certaines lésions de la peau chez le bébé).
Irin reedu'en Ilee, suuno malllle manngo ; to Ile ndaari huunde a
hokkaay Ile nde, oum wartan haa Ilinngel malllle; feere ngel
sola, feere boo ngel waoa sullallre. (Aïssa Tchari, animatrice à
l'hôpital de Bogo, 13-08-04)
Certaines femmes enceintes ont des envies très fortes; si elles voient
une chose que tu ne leur donnes pas, cela retombera (litt. : reviendra)
sur leur enfant. Parfois, celui-ci avortera (litt. : tombera seul), parfois
il aura des envies (nrevus, taches sur la peau).
Yügo jey suuno. (Prov., Modibo Bello Amadou)
La vue engendre la convoitise. (Litt. : voir, pour la convoitise)
Suuno Daada Banka wa"ini sikaare, dillani njanandi. (Prov.)
Par fringale, Dada Banka a mis sa marmite au feu et est partie
(manger) la nourriture d'une autre (femme). (Ce faisant, D.B. risque
de retrouver le contenu de sa propre marmite brûlé.)
suurta (v.)
~ être brûlant, avoir une forte fièvre
La température se ressent à distance, sans même que l'on touche le
corps du malade.
Banndu l>inngel don suurta.
L'enfant a le corps brûlant de fièvre.
suutoo (v.)
~ prendre un lavement
Lekki gildi, koocaa kofelhi, coofnaa, loowaa nder cuutirgel.
Jemma to a wari waalaago, cuutoodaa. (Bah lia, 55 ans, berger
peul, 11ayo-Kodjolé, 09-09-04)
Le remède des vers (intestinaux) : tu prends du Trichilia emetica (en
495
suwaakeewal
poudre), tu le mouilles et verses (le liquide) dans une poire à
lavement. Le soir, quand tu vas te coucher, prends un lavement.
sowaakeewal Cf siwaakeewal
soyre /coye - nde/oe (n.)
var. : suY're
~ omoplate
ta'a (v.)
var. de taY'a
~ couper, se couper
~ interrompre, s'interrompre
• taabal seekgo
~ table d'opération
taaskoo (v.)
~ garder en mémoire, se souvenir de ; cf siftora, numtoo
Dokta wii yam mi jardo ndiyam kalludam, ammaa mün boo mi
taaskaaki sam.
L'infirmier m'a dit que j'avais bu une eau non potable, mais moi, je
ne m'en souvenais pas du tout.
Doptor'en mbi'i yam dum taasiyog naawata yam. [...] Rawani, nde
njaami haa amin, nga nanngi yam. Hoore am don yilla non, suy
nga wallini yam pap ; mi don jooâIi nii non. Deerdam hooci yam,
waddimmi lopital. Mi anndaa ko fuddi nga kam. Daada-fJikkon'en
kam maa mbi'a dum haraka, ammaa, nde tagu kam danyaay, sey
laamu Alla tan. (Damdam, ménagère peule, Petté, 27-05-04)
497
Les « médecins» m'ont dit que c'est la tension (i.e. hypertension)
qui me fait souffrir. (...) L'an passé, alors que j'étais allée chez nous,
cela m'a prise. Ma tête tournait, puis cela m'a obligée à rester
couchée d'un coup; je suis restée comme cela seulement. Ma sœur
m'a emmenée à l'hôpital. Je ne sais pas ce qui a causé cette
(maladie). Des mères de famille pourraient dire que c'est le vacarme,
mais quand on n'a pas eu d'enfants (comme moi), (cela est dû)
seulement au pouvoir de Dieu.
Nyawu taasog kallungu. NeeIJataa bee mbargo goddo. To
metteeli duuâl, uppinan IJernde. Yrlyam ngondam nder IJernde
fuu daantoo haa babal gootal, huuwataa. Feere IJernde ndee
fetta, nden goddo maaya. (Mal Saïdou Djakaou, guérisseur
guiziga, Ligazang-Loubour, 23-05-04)
L'hypertension est dangereuse. Elle ne met pas longtemps à tuer
qqn. Quand on a beaucoup de soucis, cela fait enfler le cœur. Tout le
sang qui se trouve dans le cœur se coagule en un seul endroit, ça ne
fonctionne plus. Parfois, le cœur éclate et la personne meurt. (Ce
guérisseur préconise, pour soigner l'hypertension, une décoction
d'écorce fraîche de Sterculia setigera (bolJori) et de fruits d'Hoema-
tostaphis barteri (tursuuje).
ta600 (v.)
~ recevoir dans les deux mains ouvertes ou dans un récipient à large
ouverture
Binngel keccel, to IJe taIJake ngel nder gude salte, dum IJesdango
ngel nyawu. (Bernadette Godwé, infirmière, CSI de Dougoï,
Maroua,23-07-04)
Le nouveau-né, si on le reçoit (lors de l'accouchement) dans un tissu
sale, cela lui donnera davantage de maladies.
taga (v.)
~ créer
To Alla tagi ma a gorko, ko keIJdaa fuu, huuwu lee !
To Alla tagi ma a debbo, ko keIJdaa fuu, IJagu lee !
To Alla tagi ma a gujjo, tora Alla 0 hoynane ! (Sannda Oumarou)
Si Dieu t'a créé homme, tout ce que tu trouves (à faire), fais-le!
498
tammoo
Si Dieu t'a créée femme, tout ce que tu trouves (à épouser), épouse-le!
Si Dieu t'a créé voleur, supplie-le de diminuer (ta propension au vol) !
Tagaaoo heyantaa tagaaoo. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Une créature ne peut satisfaire une créature.
°
tagu - (n.d.); < taga
~ créature humaine
~ quelqu'un, on
To tagu hal>i haa joma nyiiwa, sey ruuma aawgo saabeere baaji.
(Prov.)
Si qqn veut prendre un éléphant dans un piège à lacet, il doit passer
la saison des pluies à semer un champ de plantes à fibres.
taha (v.)
~ lécher
Sey rawaandu bee paatuuru nyaamdata bee taago, ammaa
goooo l>iira bee junngo mum.
Seuls le chien et le chat finissent leur nourriture en léchant, mais la
personne racle (le fond de l'assiette) avec la main.
• rewl>e tahootirool>e kutti mal>l>e
• lesbiennes (très grossier; litt. : femmes qui lèchent mutuellement leurs
vulves)
On dit que, l'épidémie de VIHlsIDA ayant privé les prostituées d'une
bonne partie de leur clientèle, celles-ci se regroupent et vivent
ensemble en pratiquant l'homosexualité.
taka(v.)
~ préparer (une sauce pour accompagner la « boule »)
499
tamnda
tamnda (v.d.) ; < tama
~ tenir le poing fermé, tenir dans le poing fermé
tampa(v.)
~ être très affaibli
503
taualawal
Be kuuwtiniran celie kaaooe bee dijjuoe tan. (Falmata Ousman,
ménagère, Zileng-Bappa, 12-03-04)
En ce qui concerne la maladie appelée tanndaw, on rassemble un
bout d'écorce fraîche de cai1cédrat, d'Acacia nilotica et de Sclero-
carya birrea, on les fait bouillir, (puis) on baigne l'enfant (dans le
décocté) et on lui en fait boire. On n'utilise que des écorces amères et
âcres. (Falmata Ousman, ménagère, Zileng-Bappa, 12-03-04)
Kurgun tanndaw, yimlie oon kawta selire andakeebi bee selire
garseebi, lie ndoUa liennda, lie ngiiwa liinngel, lie njarna ngel
baakin baloe tati baa yabango baloe jeedidi. (Baba Djimilla, 65
ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Pour soigner le tanndaw, on associe l'écorce fraîche de Boswellia
dalzielii, de Commiphora africana, on les fait bien bouillir, puis on
lave l'enfant avec (la décoction) et on lui en fait boire de trois à sept
jours environ.
Be oon kurgira tanndaw bec daandi-maayo. To lie ndolli di bee
ndiyam, lie acca oam oam feewta, suy lie lummba ngel. Be oon
kawta eeri bee kardi lie ndoUa baa modda. Suy lie njilla bee
kosam liiraaoam, lie njama ngel. Dum ittan gildi nyaamooji
ngel maatata, ammaa ittataa tanndaw kam. (Aladji Abdou, 50
ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
On soigne le tanndaw avec Ipomoea asarifolia. Après en avoir fait
bouillir dans de l'eau et l'avoir laissé refroidir, on fait asseoir
l'enfant dedans. On associe Sc/erocarya birrea avec kardi que l'on
fait bouillir jusqu'à ce que cela épaississe. Ensuite, on le dilue avec
du lait frais et on le fait boire à l'enfant. Cela supprime les oxyures
que l'enfant ressent, mais cela ne supprime pas le tanndaw.
504
tarzagiire
tagsiyog, tagso cf taasog
tarzagiire /tarzagiije - nde/d"e ; < kanuri [~rzagi] > [~rzayi] «eczéma»
~ dermatoses d'origines diverses (allergiques, éventuellement) ; mycoses;
syn. sad"awre lJaleere ; cf saoawre
Le mot vient du kanuri (~rzail) «eczéma» (Cyffer 1994, p. 226), qui
est construit certainement sur la racine arabe [z r qJ qui signifie « bleu»
en arabe littéraire et «noir» dans l'arabe du Tchad, par exemple (voir
lullien de Pommerol 1999, p. 218, [azrag] «noir). Cette étymologie est
d'autant plus vraisemblable que cette affection, chez une personne
mélanoderme, provoque un noircissement de l'épiderme.
Dans le vocabulaire de la biomédecine, le mot voit son sens réduit à
celui de «mycose» (cf Schônenberger et Parietti 2001). D'après
Bah lIa (voir interview ci-dessous), cette affection se manifesterait à
la suite d'un événement déclenchant (consommation de nourritures
spécifiques). Il existe de nombreux traitements traditionnels du
tarzagiire, et l'on conseille d'en essayer plusieurs, jusqu'à ce que
l'on trouve celui qui marche. Cette affection est innée et universelle:
chacun naît avec. Elle peut se manifester ou non au cours de
l'existence, en fonction de facteurs déclenchants.
Kala lJii-Aadamaajo fuu woodi caayoori bee tarzagiire nder
lJanndu. To dum halli, dum wurtoo dow lJanndu. (Dada Bouba,
35 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Chaque être humain possède en lui le caayoori et le tarzagiire.
Lorsqu'ils s'aggravent, ils sortent sur le corps.
DESCRIPTION
Dans un premier temps, la maladie se manifeste sur la peau par des
démangeaisons (prurit) et cela peut aller jusqu'à des vésicules
remplies d'un liquide clair. Si elle n'est pas soignée à ce stade, la
maladie «entre dans le sang» et ne peut plus être soignée par la
médecine traditionnelle; elle provoque alors de graves infirmités,
conduisant à la mort.
YimlJe fuu ngoodi tarzagiire nder lJanndu. Nde don nafar feere
feere mm. Woore wadan huuduure tan, feere dOO boo wada
nyaanyaare. Hokkannde nyaanyaare dOO, wadan babal lJanndu
innu gata, nyaanya; nden pellel ngeel lJalwa kurum, kayre
ndeen nanngata lJanndu fuu. Wadannde huuduure boo, lJanndu
innu fuu futta, 0 nyaanyoo, nden dum laatoo huuduure.
(Boubakary, marabout, Doualaré, Maroua, 23-11-2004)
Tout le monde a le tarzagiire dans le corps. (Le tarzagiire) est de
deux sortes. L'un donne seulement des plaies, l'autre provoque des
démangeaisons. Celui qui donne des démangeaisons fait qu'un
endroit du corps pince et démange; ensuite, cet endroit noircit
505
tarzagiire
complètement; c'est ce tarzagüre qui affecte le corps en entier.
Dans le cas de celui qui provoque une plaie, le corps se couvre de
petits boutons, la personne se gratte, puis cela devient une plaie.
To tarzagüre don wanga haa goddo, fuddam maare, lJanndu
maako furda tal, nden, 0 nana jokkude maako don naawa, suy
nde wurtoo bee nyaanyaare. Wonnde boo, to lJanndu innu furdi
nü, puufe ngurtoo, nden dum wada bana wulannde yüte. Nder
lJanndu maako boo don wula jaw bana mardo palJlJooje. 0
nanan lJanndu nduu don gata boo. Tarzagiire woore ndee, en
don mbi'a nde rewre, didalJre boo worde. (Boubakary, marabout,
Doualaré, Maroua, 23-11-2004)
Quand le tarzagiire apparaît chez qqn, au début, son corps devient
tout gris, il ressent des douleurs dans les articulations, puis (la
maladie) sort accompagnée de démangeaisons. Dans l'autre (forme
de tarzagiire), dès que le corps est devenu gris, des petits boutons
sortent et cela donne une sensation de brûlure. L'intérieur du corps
également chauffe comme quand on a le palJlJooje (accès de fièvre
palustre ou autre). (Le malade) ressent également des douleurs
lancinantes. Le premier tarzagüre, nous le disons « femelle », le
deuxième, « mâle ».
To innu don mari tarzagüre, munyataa guldum, ammaa peewol
dabbunde koo wada noy, 0 munyan. (Goggo, ménagère peule,
Dogba, 03-05-04)
Lorsque qqn a le tarzagüre, il ne supporte pas la chaleur, mais quel
que soit le froid de la saison sèche et froide, il le supporte.
Tarzagüre wadan puufe dow laral, feere boo nyaanya non.
(Baïnou Priscilla, 38 ans, aide-soignante lakka, Maroua, 21-04-04)
Le tarzagüre donne des boutons sur la peau, parfois, il donne des
démangeaisons seulement.
Nyawu tarzagüre, to nyawndaaka wakkati ngu saalaaki dow
laral, ngu yottotoo nder yUy'"am. To ngu naasti nder yUy'"am, ngu
saatan jamum, ngam minin kam, min mbaawataa hurgugo ngu,
sey nyawdo ngu yaha lopital. [...] To goddo acci haa ngu gasi
nder lJanndu muudum, kanko oon tefi waade bee hoore maako,
ngam to ngu falJlJi nder lJanndu, ngu nyobban dadi. Nde jur,
tarzagüre don nyobba goddo, 0 waaloo, warta bana lJinngel, haa
nde safta nde wara mo. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur
peul, Dogba, 28-04-04).
Le tarzagüre, si on ne le soigne pas lorsqu'il n'a pas dépassé le
stade cutané, il va jusque dans le sang. Lorsqu'il est entré dans le
sang, il devient très grave; nous, en effet, nous ne pouvons le
soigner, il faut que le malade aille à l'hôpital. (...) Si la personne
laisse (le tarzagiire) s'installer dans son corps, c'est qu'il cherche
506
lui-même la mort, car si (cette maladie) reste longtemps dans le
corps, elle plie les nerfs/vaisseaux. Souvent, le tarzagüre plie la
personne, elle se couche et redevient comme un enfant, jusqu'à ce
que (la maladie) finisse par le tuer.
Tarzagiire waâan kuuduuje ammaa kutataa; kosâe lJalwa,
juuâe lJalwa, deydey dabbunde âum wartata. Ammaa, gulâum
kam âum wangataa. (Dada Bouba, 35 ans, ménagère peule, Dogba,
22-09-04)
Le tarzagiire provoque des plaies mais ne mutile pas (à la différence
de la lèpre); les jambes noircissent, les bras noircissent, et c'est à la
saison froide que cela se produit. Mais, en saison chaude, cela
n'apparaît pas.
Feere tarzagüre âon wurtoo bana kuuduuje, waâa nyaanyaare
[feere, haa yIiyam wurtoo haa lJanndu], juuâe bee kosâe fuu
lJalwa. (Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Parfois, le tarzagüre sort sous forme de plaies et provoque des
démangeaisons (parfois, (cela va) jusqu'à faire saigner), bras et
jambes noircissent.
To tarzagüre nanngi goââo, 0 nyaanyotoo, lJaawo man âum
futta. Pellel ngeel pat lJalwa kurum. Kosâe fuu 1J01t00. Baawo
daande goââo warta ba huutooru. Feere boo waâa kuuduuje.
[...] To tarzaglire saati, nde laatotoo saâawre. (Gaw Bello,
guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Lorsque le tarzagiire affecte une personne, elle se gratte, ensuite,
cela donne des vésicules. Tout l'endroit devient très noir. Les deux
jambes pèlent. La nuque de la personne devient comme (la peau du)
varan blanc. Parfois, cela donne des plaies. (...) Lorsque le
tarzagiire s'aggrave, il devient saâawre.
CAUSES
Hiddeeko tarzagiire wanga, sinaa to innu 00 nyaami huunde nde
nde wanyi, nden lJanndu maako boo salake huunde ndee. Dum
kuuje bana kusel mbeewa, liâdi muulJalaaji, kosam lJiraaâam,
biriiji kecci, ngurtinta tarzagiire. Ammaa, biriiji joordi kam
ndokkataa innu tarzagüre. (Boubakary, marabout, Doualaré,
Maroua, 23-11-2004)
Le tarzagiire ne se manifeste pas avant que la personne ne mange
une chose qui lui (i.e. tarzagiire) répugne; alors, l'organisme refuse
cette chose. 11 s'agit de choses comme la viande de chèvres, les
silures séchés, le lait frais, les arachides fraîches, qui font sortir le
tarzagiire. Mais les arachides sèches ne le provoquent pas.
YimlJe feere nyaamataa kusel mbeewa. To lJe nyaami koo seââa,
ngel waâan lJe tarzagiire. Wodl)e boo nyaamataa liâdi
muulJalaaji ngam taata di ngaâa lJe tarzagiire. (Baïnou Priscilla,
507
tarzagiire
38 ans, aide-soignante lakka, Maroua, 21-04-04)
Certaines personnes ne mangent pas de viande de chèvre. S'ils en
consomment ne serait-ce qu'un peu, cela leur donne le tarzagüre.
D'autres ne consomment pas de silures de peur que cela ne leur
donne le tarzagüre.
Ko waoata tarzagüre, oum nebbam birüji, kusel mbeewa, kusel
lelwa ngel gaw'en pioata haa ladde. Kuuje oee 000 narrataa bee
tarzagüre. (Bah Ila, 55 ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Ce qui provoque le tarzagüre, c'est l'huile d'arachide, la viande de
chèvre, la viande de la gazelle que les chasseurs tirent en brousse.
Ces choses ne font pas bon ménage avec le tarzagüre (i.e. l'obligent
à se manifester).
To goooo oon bee tarzagüre 0 nyaami kusel mbeewa, 6anndu
maako nyaanyan, feere waoa kuuduuje. MaUa boo, to goooo
nyaami kusel ndabba 6aleewa, oum hokkan mo tarzagüre.
(Mamaï Viatang, infirmier, CSl Douroum, 06-05-04)
Si qqn a le tarzagüre et qu'il mange de la viande de chèvre, il aura
des démangeaisons et parfois des plaies. Ou bien, si l'on mange de la
viande d'animal noir, cela vous donnera le tarzagüre.
TRAITEMENT
Leooe hurgugo sawoora ouuooe, ammaa, sinaa to lekki ja6i
goooo, ki hurgataa mo. (Boubakary, marabout, Doualaré, Maroua,
23-11-04)
Il Ya de nombreux remèdes qui soignent le sawoora, mais, à moins
que le remède ne convienne à la personne, il ne la soignera pas.
Burna leooe kurganoe tarzagüre fuu, oum wuja-wujaaje bee
dolla-yaraaje, ngam yaasi waata, nder boo yamdita. (Haman et
Sannda Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
La plupart des remèdes qui soignent le tarzagüre sont des onguents
et des décoctions, car (avec eux) la partie externe (de la maladie)
meurt, tandis que la partie interne guérit.
Be oon kurgira tarzagiire bee kawtuki ce6e andakeehi,
konkeehi bee kayarlaahi. Be ndoUa ce6e leooe oee, goooo
tokkoo yüwaago haa yamdita. Be oon kurgira boo bee yowtere
ngalbühi. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 28-04-04)
On soigne le tarzagüre avec un mélange d'écorces fraîches de
Boswellia dalzielii, de Detarium senegalense et de Daniellia oliverio
On fait une décoction de ces écorces et la personne se lave avec
jusqu'à la guérison. On soigne aussi (cette affection) avec du gui de
Vitex doniana.
Kurgun tarzagüre sey goooo waoa leooe jur, ngam naa gooti
non nafata nde. Ki 0 nani fuu, 0 waoan, 0 yaran, 0 yiiwotoo, 0
suurnotoo, kadi walaa no walaa foddeeko 0 hawra bee ja6anki
508
mo. (Mal Djamo, 38 ans, commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
Le remède du tarzagiire exige que l'on prenne plusieurs médecines,
car ce n'est pas une seule qui en viendra à bout. Toutes celles dont
on entendra parler, on les prendra, on les boira, on se lavera avec et
on en fera des fumigations; en effet, il n'y aura pas de solution avant
que vous ne trouviez le remède qui vous convienne.
Mi ittoya leggel aalali, mi wadda haako yara-huda bee leelJi, mi
doUa, nyawdo tarzagiire yara nyalde mm, nden nde ittoo. (Mal
Aladji Abba, guérisseur, Dir, 24-05-04)
Je m'en vais chercher une jeune tige de Securidaca longepe-
dunculata, j'apporte des feuilles de yara-huda ainsi que des
boulettes de beurre frais et je fais bouillir (le tout); le malade
souffrant de tarzagiire doit boire (cette décoction) pendant deux
jours, puis la maladie disparaît.
Kurgun tarzagiire, mi seIJoya biskeehi, mi tefoya bakureeje, mi
yoorna, mi una, mi tefa dacce kojoli, mi doUa dum fuu. Nyawdo
tokkoo yargo asaweere tan. (Djougoudoum Adji, guérisseur
guiziga, Dourga-Godola, 01-06-04)
Pour soigner le tarzagiire, je vais prendre de l'écorce fraîche de
Ficus glumosa, je' vais chercher des fruits de Sarcocephalus
latifolius, je les fais sécher, je les pile, je vais chercher de la gomme
d'Anogeissus leiocarpus et je fais bouillir tout ça. Le malade doit en
boire régulièrement pendant une semaine seulement.
Haako nofru-be'el bee pattarlaahi, mi doUa, mi yiiwa nyawdo
tum baakin nyalde mm. Baawo don, mi teIJoya jowte goyof bee
jowte ibbi, nden mi doUa, 0 yara haa cika asaweere. To dum
tarzagiire, dum hurgotoo. (Ousmanou Hamarwabi, guérisseur
peul, Dargala, 09-06-05)
Je fais bouillir des feuilles d' Ipomoea eriocarpa et d'Acacia
polyacantha, et je lave le/la malade à de nombreuses reprises
pendant deux jours. Ensuite, je vais chercher du gui de goyavier et
de Ficus sycomorus; je les fais bouillir et (le/la malade) boit ça
pendant une semaine. S'il s'agit de tarzagiire, cela va guérir.
509
tawtaw
tawtaw - nga (n.) ; < hausa [tautàu] « araignée à longues pattes; maladie de peau
réputée causée par le contact avec cette araignée»
~ impétigo ou eczéma infecté autour du lobe et du lobule de l'oreille; syn.
nokk.ooyel sera nofro
tedda(v.)
~ peser, être lourd
tedka(v.)
~ hurler, pousser des hurlements (bébé)
510
teko - ngo (n.)
• coqueluche; syn. ndamba derke'en, sonndaaru I>ikkon; cf kükook
DESCRIPTION PAR DES INFIRMIERS
Nyawu teko, bumsud'e nanngata. Ngu wad'a I>inngel ngeel
sonndoo haa ngel tuuta yUyam. Koo kaartudi maagel fuu d'on bee
YIiyam. Doo kam foti wona bumsud'e maagel ngam kuuduuje.
(Hammawa Djouldé, infirmier, Dogba, 10-05-04)
La coqueluche, c'est les poumons qu'elle affecte. Elle oblige l'enfant
à tousser jusqu'à cracher du sang. Même ses crachats contiennent du
sang. Il se peut qu'il ait des plaies aux poumons.
To I>inngel footi henndu bee collaaje, fud'd'anan ngel teko.
(Hammawa Djouldé, infirmier, Dogba, 10-05-04)
Si l'enfant respire de l'air poussiéreux, cela peut être le point de
départ d'une coqueluche.
DESCRIPTION PAR DES MARABOUTS
Teko, d'um nyawu ngad'anngu hitaande hitaande. Be d'on mbi'a to
ngo nanngaay god'd'o daga I>inngel, koo to naywi, ngo naastan mo.
Naa I>ikkon tan ngo nanngata, koo ngam I>urna fuu kankon boo.
[...] To teko wam god'd'o, 0 d'on sonndoo, ammaa naa ndey fuu 0
sonndotoo, sey to lewru wari daraago. To 0 d'on sonndoo, 0 nanan
« huu ! » haa daayd'um, ngam poofd'e maako d'on taya to 0 son-
ndake jamum. Kanjum d'um watta bana god'd'o luuyata. Nde lewru
darii fuu, d'um fud'mta haa lebbi joweedim d'um tammii timmugo.
Nde woore boo god'd'o watta d'um, wattaa nde mm. To timmini,
timmi. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
La coqueluche est une maladie qui revient chaque année. On dit que,
si elle n'a pas atteint qqn dans l'enfance, elle l'atteindra même
quand il sera vieux. Il n'y a pas que les enfants qu'elle affecte, même
si ce sont eux les principales victimes. (...) Quand qqn a la
coqueluche, il tousse fortement, mais pas en permanence, seulement
à la nouvelle lune. Lorsque la personne tousse, elle entend un
« hou» qui vient de loin, car sa respiration s'interrompt quand elle a
beaucoup toussé. C'est à cause de cela qu'on dirait que la personne
siffle. À chaque nouvelle lune, cela reprend et ce n'est qu'au bout de
sept mois que cela s'arrêtera sans doute. On ne l'attrape qu'une seule
fois, pas deux. Quand c'est fini, c'est pour de bon.
Doyru teko iwataa daga nder I>ernde, ammaa d'on nannga haa
kondondol. Gite boo mboojan. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-
05-04)
La toux de la coqueluche ne provient pas de la poitrine (litt. : de la
région épigastrique), mais elle attaque au fond de la gorge. Les yeux
(du malade) rougissent également.
511
CAUSES
To teko wangi haa nokkuure, nanngidan I>ikkon fuu, bana
henndu yaarata nga. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté,
31-05-04)
Quand la coqueluche fait son apparition quelque part, elle attrape
tous les enfants, on dirait que c'est le vent qui l'apporte.
Ndopta wi'i to henndu yoorndu hawti bee caayoori daande bee
ndamba ka hurgaaka, kanjum hawtata rima teko. (Alioum
Saibou, CSI de Godola, 01-07-04)
L'infirmier a dit que si un vent sec se conjugue à une
« inflammation» du cou et à un « rhume» non soigné, c'est cela qui
s'assemble pour donner la coqueluche.
To bu'e gertogal naasti nder reedu goooo, 0 nyawan teko. Ngam
feere kam, bu'e oee oon mari nebbamji bee salteeji. Kanjum on
nyawnata mo. Woodi l>iI)l>e leooe haa ladde oe I>e mbi'ata biriiji-
waynaal>e. To I>inngel yakki oe jur nn, ndiyam maaji maUa
nebbam maaji mool>totoo haa babal yookoode, nden ngel mara
teko. (Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Lorsque des fientes de poule pénètrent dans le ventre de qqn, il aura
la coqueluche. Car parfois, ces fientes contiennent des matières
grasses et des saletés. C'est cela qui le rendra malade. Il existe des
fruits sauvages que l'on appelle «arachides des bergers». Si un
enfant en mange beaucoup, leur jus ou leur huile s'accumuleront au
niveau de la thyroïde, puis il aura la coqueluche.
DIAGNOSTIC
No min paamirta nyawu teko oon haa I>inngel, ngel sonndotoo.
Sonndaaru man boo nanndaay bee ndu ndamba. Binngel man
sonndoo haa poofoe maagel taya. Feere boo, y1iyam mbooeejam
wanga nder gite maagel, ngel tuutan,walaa ko ngel waawata
moogo. Banndu maagel oon suurta. (Hammawa Djouldé,
infirmier, Dogba, 10-05-04)
Nous diagnostiquons la coqueluche chez un enfant par sa toux. Cette
toux, en effet, ne ressemble pas à celle de ndamba. L'enfant tousse
tellement que sa respiration se coupe (apnée brève). Parfois, ses
yeux s'injectent de sang rouge, il vomit et ne peut rien avaler. Son
corps est brûlant.
To goooo nyawi teko, 0 oon sonndoo. Min ngoodi masin nga min
njo"inta dow I>ernde maako haa min paamra. To 0 oon
sonndoo, walaa maatugo ndamba ; I>ernde maako oon siika ba
siikre, gite mbooja. (Yaya Baya, 31 ans, aide-soignant guiziga,
Meskine, 19-03-04)
Lorsque qqn a la coqueluche, il tousse. Nous avons un appareil que
nous posons sur sa poitrine (région épigastrique) pour savoir. Quand
512
tcko
il tousse, cela n'est pas comme le ndamba ; sa poitrine pousse des
cris stridents comme ceux du grillon, ses yeux sont rouges.
CONSÉQUENCES
To nyawu teko jaggi, oon oala batte jur: lJinngel maran
tampere to ngel mawni, waato to ngel huuwi seeoa nii, ngel somi,
ngel marataa semmbe jur. Kuugal pamaral nii ngel oon foofa
dow dow. (Hamaoua Djouldé, infirmier, Dogba, 10-05-04)
Quand la coqueluche est sévère, elle laisse de nombreuses séquelles :
l'enfant souffrira de faiblesse quand il sera grand, c'est-à-dire que,
dès qu'il travaillera un peu, il sera fatigué, il n'aura pas beaucoup de
force. Pour un tout petit travail, il s'essoufflera.
TRAITEMENT
YimlJe oon njarna lJikkon nyawkon teko ndiyam oam pooli
masar mbuuli nder mum. Liodi fuu di lJe mbi'ata boynaaji, lJe
ndefa di, lJe nyaamna. Feere boo, lJe kooca, lJe njaara lJinngel
haa les enndu nagge, lJe lJira kosam nder hunnduko maagel ngel
yara. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
On fait boire aux enfants atteints de coqueluche de l'eau dans
laquelle des pigeons domestiques se sont ébattus. On cuit aussi des
poissons appelés protoptères et on les leur fait manger. Parfois, on
emmène l'enfant sous le pis d'une vache, on lui trait du lait dans la
bouche pour qu'il en boive.
Be oon nyawndoo teko bee nyaamnugo lJinngel man pallaandi
kadabannaari. Feere boo, lJe ndefana ngel gite nagge, oum
hooyna, ammaa, haa teko timma, sey to kurbanaani piiri. [Daga
kurbanaani ciwaa], nyawu man timmataa, hooynan non, ngam
to lewru darake, ngu fuodita, to ndu daraaki, oum oon hooyni.
(Marna Kaltoum, ménagère peule, Dogba, 05-05-04)
On soigne la coqueluche en faisant manger à l'enfant un margouillat
mâle. Parfois, on lui cuit des yeux de vache, cela améliore (son état),
mais, pour que la coqueluche s'arrête, il faut (attendre la saison où)
les termites ailés s'envolent. (Tant qu'il n'y aura pas eu de termites
ailés), la maladie ne cessera pas, elle diminuera seulement, car, à la
nouvelle lune, elle reprendra, et lorsque la nouvelle lune sera passée,
le mal s'améliorera.
Leooe paddotoooe teko oon, kurganoe ngu boo oon. To ngu wadi
goooo, lJe kooya mboynaawu, ngu lallaaka, lJe taya lJe ndefana
lJinngel nyaama. To ngel sonndake, ngel tuutan ndamba man pat.
[...] Mi yidi wiigo mboynaawu ngu lallaaka, waato marngu
1J0tokorooji mum. To goooo yidi faddaago ngu boo, itta haako
lJuuski solko haa lesdi, ammaa haako ko gildi cumpitaay. Be
kooca ko, lJe mbinnda dow maako, lJe ngaoa karse, lJe lJilana
lJinngel. Bana nii, kangel kam ngel waoataa teko, koo to ngel
513
waaldi bee lJikkon markon teko. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout
peul, Petté, 31-05-04)
11 existe des remèdes qui préviennent la coqueluche, il en existe aussi
qui la soignent. Si qqn l'a, on prend un protoptère non lavé, on le
coupe et on le fait cuire pour l'enfant afin qu'il le mange. Après avoir
toussé, il vomira toutes ces mucosités (qu'il a en lui). (...) Je veux dire
par« un protoptère non lavé », (un protoptère) qui a ses viscosités. Si
l'on veut prévenir (la coqueluche), on prend des feuilles de
Combretum nigricans / fragrans qui sont tombées par terre, mais des
feuilles qui n'ont pas été trouées par des 'vers'. On écrit dessus (des
versets coraniques) et l'on en fait des amulettes emballées dans des
fils, et on les suspend (au cou de) l'enfant. De cette façon, il n'aura pas
la coqueluche, même s'il dort avec des enfants qui l'ont.
Ledde teko duudde jamum. Masalan pallaandi kadabannaari, lJe
ndefa ndi, lJe ndokka lJinngel nyaama. W oodi huunde lJe ittata
haa hunnduko puccu deydey lJe lJilata jamde ; hudo fedotoo ton
doo, kanko lJe coofna lJe njarna ngel. Be don njarna lJinngel
ndiyam pooli masar boo ; paalo bambammbe lJe itta ko, lJe loowa
ndiyam nder ton, lJe acca ko ko mbaala dow danki, fajira lJe
njarna ngel. Be coppoo dam ibbe haa wada luggere haa endam
daam wurtoo nü, lJe kelJa sedda, lJe njarna ngel. Doo fuu kurgun
teko. (Dada Bouba, 35 ans, ménagère peule, Dogba)
Il y a de très nombreux remèdes contre la coqueluche. Par exemple, le
gros mâle du margouillat, on le fait cuire et on le donne à manger à
l'enfant. Il y a quelque chose que l'on enlève de la gueule du cheval, à
l'endroit où l'on fixe le mors (litt. : les fers) ; l'herbe qui est accrochée
là, on la fait tremper dans l'eau et on fait boire (ça) à l'enfant. On fait
aussi boire à l'enfant l'eau des pigeons domestiques (i.e. l'eau où
s'ébrouent les pigeons) ; on prend des fruits creux (litt. : de grosses
gourdes) de Calotropis procera, on y verse de l'eau (à l'intérieur), on
les laisse passer la nuit sur le hangar, et, le matin, on fait boire (leur
eau) à l'enfant. On coupe à la hache des racines de Ficus sycomorus
de façon à y faire un creux pour que le lait en sorte; on en prend un
peu et on le fait boire à l'enfant. Tout cela soigne la coqueluche.
Mi don hurgira sonndaaru teko bee hoore ndaw. Mi dollida nde
bee leelJol bee pinndi barkeehi, mi hokka nyawdo 0 yara.
(Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Je soigne la toux de la coqueluche avec une tête d'autruche. Je la fais
bouillir avec du beurre frais et des fleurs de Piliostigma reticulatum,
et je fais boire ça au malade.
telloo (v.)
~ se coucher sur le dos
Be kadan reedu'en hippaago malla tellaago. (Aïssa Tchari, ani-
514
t('ppcrc
matrice à l'hôpital de Bogo, 13-08-04)
On interdit à la femme enceinte de se coucher sur le ventre ou sur le
dos.
Be kadi yam waalaago teUoo ngam taa jaabuuru I>inngel taggoo
haa daande maagel. (Habiba Daddoum, CSI de Meskine, 21-06-04)
On m'a interdit de me coucher sur le dos de peur que le cordon
ombilical ne s'enroule autour du cou du bébé.
515
teroal
~
tesa (v.)
~ percer (pour des vésicules, pour un abcès)
Paali tarzagiire tesi.
Les vésicules de tarzagüre ont percé.
fawyere to tesi
à la rupture de la poche des eaux
521
teyaatir
teyaatir / teyaatirji - nga/di (n.) ; < français « théâtre»
~ théâtre, pièce de théâtre, saynète
Woodi yiml)e don ngada teyaatirji haa I)e annditina yiml)e SIDA
don.
n y a des personnes qui font des pièces de théâtre pour faire
comprendre aux gens que le SIDA existe.
Koo teyaatirji I)e ngadata dow buuwol doo maa, mi nanoytaa.
Haalaaji a faamataa I)e mbolwata. To bee fulfulde maa, ndikka.
(Dou., prostituée, 24 ans, Domayo, Maroua, 25-02-06)
Même les saynètes qu'ils font dans la rue, je ne vais pas les écouter.
Ce sont des paroles qu'on ne comprend pas qu'ils disent. Si c'était
enfulfulde, ce serait mieux.
tigga (v.)
~ fixer, planter
• tiggugo gite
~ avoir le regard fixe
tügoo (v.)
~ s'appuyer contre
tümeelO-ko (n.)
~ sourcils
tikka (v.)
~ se fàcher
tira (v.)
~ tendre en tirant (la peau d'un tambour, par exemple)
~ être ballonné (ventre)
Reedu don tiri non, wada bana ngilngu daga reedu waata nder
I)ernde. (Damdam, ménagère peule, Petté, 24-05-04)
Le ventre est ballonné et fait comme si un ver se dirigeait du ventre
vers l'épigastre.
522
to65a
tirikomonas - ngu (n.) ; < français « trichomonas»
~ trichomonas (protozoaire flagellé)
Ce parasite est classé parmi les gilm, mais il n'est connu que dans
les laboratoires d'analyse et dans les établissements de santé.
tofifia (v.)
~ verser goutte à goutte, instiller
Wodl)e mbi'i f>e oon njaha cooda paalon haa parmasin, tof>f>a
nder gite maf>f>e. Ammaa, miin kam, mi meeoaay koo nyalde.
Mbi'imi taa mi waoa nii oum tuUita. (Didjatou Amadou, 60 ans,
ménagère peule, Petté, 27-05-04)
523
tofifiitannde
Certains disent qu'ils vont acheter des flacons en pharmacie pour
mettre des gouttes dans leurs yeux. Mais moi, je ne l'ai jamais fait.
Je me disais que je ne devais pas le faire de peur que (la maladie) ne
s'aggrave.
• tol>l>itande gîte
~ collyre
• tol>l)itande hunnduko
~ gouttes pour instillations buccales (par exemple, vaccin antipoliomyé-
litique)
• tol>l>itande kine
~ gouttes pour instillations nasales
• tol>l>itande noppi
~ gouttes pour instillations auriculaires
524
tufa
donnera le tétanos dans la plaie.
toora (v.)
~ faire plus mal
top (intens.)
~ très (acide)
mongoroore heccere lammunde top
une mangue verte très acide
torra (v.)
~ importuner, déranger, faire souffrir
Lekki kii torri mo.
Ce remède l'a fait souffrir.
Bikkon am oon torriree bee enoam am. (Dada Bouba, 35 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Mes enfants souffrent de mon lait. (Litt. : mes enfants sont dérangés
par mon lait.)
torroo (v.)
~ souffrir, être importuné
Na[at]oo aljanna maayataa torrataako.
Qui entre au Paradis ne meurt pas et ne souffre pas. (Haafkens 1983,
p.342-343)
tufa (v.)
~ piquer, percer (avec une épine, une aiguille)
~ faire une piqûre, une injection
Be oon ndokka yam leooe mooeteeoe, ngam tufa-tufaaje mbari
yam asaangalfiooyma. Koo yummaago, mi waawataa. Kanjum
wadi fie acci; jonta kam, baate ndiyam oee fie fiilataa fuu, sey
mooeteeki tan. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum,
Petté, 28-05-04)
On me donne des médicaments à avaler, car les piqûres répétées
m'ont paralysé la hanche, autrefois. Je ne pouvais même pas me lever.
Pour cette raison, ils ont arrêté (les piqûres), et maintenant, on ne me
525
tutird'um
fait même pas de perfusions, mais (on me donne) seulement des
médicaments à prendre par voie orale.
~ vacciner par injection
~ provoquer une douleur perçante
JaIllaIji, kanji tufata haa becce, Ile mbi'a oum disal.
Les ascaris, ce sont eux qui provoquent une douleur perçante aux
côtes, ce que l'on appelle « point de côté ».
tuila (v.)
~ empirer, s'aggraver
Bikkon am oon torriree bee enoam am. [...] Ko paamanmi kam,
oum sayoaan, ngam, to mi danyi l>inngel debbo, oum tullan.
(Dada Bouba, 35 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Mes enfants souffrent de mon lait. (...) Ce que je crois, c'est qu'il
s'agit d'un diable, car, lorsque j'accouche d'une fille, cela empire.
turum-turum (adv.)
~ flou
• yiigo turum-turum
~ voir flou
527
tuundi
- Halagaare am ndee, nde wodnde, mi sakkina nde, mi meetataa
yaaltugo nde.
- Tuude ! (Devinette, Noye 1974, p. 300)
- J'ai une belle bague; je la jette et ne repasserai jamais (la prendre).
- Le crachat !
• tuundi 6anndu
~crasse
tuuta(v.)
~ vomir; cf looyoo
• tuutgo yrlyam
~ vomir du sang
• tuutgo bee yrlyam
~ avoirdu sang dans ce que l'on vomit
• tuutgo tuude (cf haartoo)
~ cracher de la salive
tu}Ya(v.)
~ saigner du nez
Yewre to meemi hoore, haala man saati jamum, masalan innu
tuy'yan masin [...]. (Mana Garandji, 44 ans, infinnier toupouri,
Maroua, 12-04-04)
En cas de fracture du crâne, l'affaire est très compliquée, la personne
saigne abondamment du nez, par exemple (...).
u
ummina (v.d.) ; < ummoo
var. : yummina, y1mmina, immina
~ faire lever
~ avoir une érection (euphémisme)
ummoo(v.)
var. de yummoo, y1mmoo, immoo
~ se lever, démarrer (intransitif)
Jonta, to gorko don bee layaaji, to hooci debbo, di kollan mo, les
maako doo yummataako to debbo don bee nyawu. (Mi., 25 ans,
prostituée, Kakataré, Maroua, 23 -0 1-06)
Maintenant, quand un homme a des grigris, s'il «prend» une
femme, ils lui révéleront des choses sur elle (litt.: ils la lui
montreront) et il ne bandera pas si la femme est malade.
uppa(v.)
~ enfler, gonfler (enflure non douloureuse portant sur un membre ou sur
toute une partie du corps) ; cf 6uuta, fIllinoo
To kosde bee geese reedu'en don uppi, 6e don mari anemi.
Waato bana wiigo, yiiyam famditi haa 6alli ma66e. Min kooca
tagsiyog ma66e, to min tawi yliyam ma66e famdi, min njaara
6e haa dopta winndana 6e ledde haa 6e ke6a y"Iiyam 6esdoo.
(Atchibi Thérèse, aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
Si les femmes enceintes ont un œdème des jambes ou du visage, c'est
qu'elles sont anémiées. C'est-à-dire qu'elles ont (trop) peu de sang.
Nous leur prenons la tension, et si nous constatons qu'elles ont (trop)
peu de sang, nous les emmenons chez le docteur pour qu'il leur
ordonne des médicaments qui leur permettent d'augmenter leur sang.
To debbo mardo nyawu gaddol ciki lebbi 6esnugo, hoore maako
seekan, ngi'aa kosde maako uppi, to a tiggi koolel dow maaje,
tawaa luggere lofitake, 000 kam hollinan dum gaddol. (Adamou
Ousmanou, 48 ans, infirmier peul, Maroua, 15-04-04)
Quand une femme atteinte d'éclampsie est arrivée au terme de sa
grossesse, elle a très mal à la tête, vous voyez que ses jambes ont
530
uzura
enflé (œdème sous-cutané) et si vous plantez un doigt dedans, vous
constaterez qu'il y laisse une marque en creux (signe du godet), ce
sont les symptômes (annonçant) l'éclampsie.
urdi / urie - ndi/oe (n.) ; < arabe [' t r] « parfum» (métathèse des deux dernières
consonnes)
• parfum
• urdi nyaandi
• parfum très fort
Kooy"aa gaadal ceembal, unaa ngal bee kaadam, njillaa nder
urdi nyaandi. To a yi'i debbo mo ngiddaa, ngujaa ndi nder
junngo maa, nanngaa mo daande junngo. (Gadjiwa, guérisseur,
Dogba, 28-04-04)
Prenez du Cissus quadrangularis, pilez-le avec de l'ocre rouge,
mélangez (le tout) avec un parfum fort. Quand vous voyez la femme
que vous désirez, enduisez-vous la main (avec ce parfum) et prenez
(la femme) par le poignet.
uuma(v.)
• gémir
To ndotti uumi, nder mum nyoll. (Prov.)
Si un vieux se plaint, c'est qu'il a déjà beaucoup supporté. (Litt. : si
un vieux gémit, c'est qu'il est pourri en dedans.)
uuwa(v.)
• enterrer (qqn), inhumer
To IJe don uuwa maaydo, IJe kuucitina yeeso maako gal fuunaange,
IJe mballina hoore maako gal fommbina, wuttudu nyaamru galles.
Kanjum IJe mbi'ata to innu waalorake fommbina e woyla, 0
maayan. (Asta Fidjondé, ménagère, Dogba, 22-09-04)
Lorsqu'on enterre un mort, on oriente son visage vers l'Est, on pose sa
tête vers le Sud, et son côté droit dessous. C'est pour ça qu'on dit que,
si qqn se couche (la tête) au Sud et (les pieds) au Nord, il va mourir.
uzura - nga (n.) ; < arabe ['udf] « excuse » > arabe tchadien [udur] « contre-
temps, empêchement »
• anomalie, défaut
To a meemi IJanndu IJinngel, ndu don wula, ngel don woya,
hollini ngel bee uzura.
Si tu touches le corps de l'enfant, qu'il est chaud et que (l'enfant)
pleure, c'est le signe qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
531
valise
v
vakse /vakseeji - nga/di (n.) ; < français « vaccin»
~ vaccin ; cf baatal, tarol
Les gens attribuent généralement à l'injection et à la perfusion un
pouvoir soignant supérieur à celui du comprimé ou de la prescription à
prendre par voie orale. Paradoxalement, ils sont très réticents face à la
vaccination. À notre avis, l'explication à cette apparente incohérence
dans le comportement s'explique facilement. En effet, lorsque l'on se
rend au centre de santé (mis à part le cas de la visite prénatale), c'est
pour y trouver un soulagement rapide à un mal. La vaccination, elle,
est censée prévenir un mal virtuel et hypothétique. La personne ne
ressent donc aucune nécessité à subir hic et nunc ce genre de traite-
ment préventif, ni à en faire bénéficier ses enfants. En outre, les patho-
logies contre lesquelles on vaccine ne sont pas forcément reconnues
dans la nomenclature traditionnelle (poliomyélite, par exemple).
On dit aussi que les agents qui passent de maison en maison pour
vacciner les enfants, lors de campagnes de vaccination, n'ont pas
une grande expérience et qu'ils ne savent pas vraiment faire des
injections. Par ailleurs, les parents ne sont pas informés préala-
blement des effets secondaires potentiels qui suivront la vaccination
(fièvre, diarrhées, vomissements); ils lui attribuent donc un effet
négatif immédiatement constatable.
Le fait également que la vaccination soit gratuite la rend suspecte aux
yeux de certains: peut-on avoir quelque chose de bon sans payer?
Cependant, lorsque le danger est perceptible par tout un chacun
(dans les cas d'épidémies de choléra ou de méningite), comme tout
le monde peut en voir physiquement les victimes, il n'y a aucune
réticence face à la vaccination, bien au contraire.
Il y a encore toutes les folles rumeurs qui se réactivent périodi-
quement (certains vaccins sont envoyés par les Américains pour
stériliser les femmes ou inoculer des maladies telles que le SIDA,
etc.) (Voir Tiokou Ndonko, Flavien et Schmidt-Ehry, Bergis, 2000,
Les vaccins stérilisants au Cameroun: Étude rétrospective d'une
rumeur 1Sterilising Vaccines in Cameroon: A Retrospective survey
ofrumour (sic), Yaoundé, Clé, 92 / 90 p.)
RewI'Je feere ngioaa wargo kilo teema worl'Je maI'JI'Je kaoata l'Je,
maUa boo l'Je nduganaaki l'Je l'Je ngara, ngam worl'Je feere oon
mbi'a to l'Je tufi debbo baate goooe feere, oum hokkan mo
nyawuuji bana masalan rufgo reedu. (Isseyé Madeleine, CSI de
Meskine, 29-06-04)
Certaines femmes ne veulent pas venir à la visite prénatale peut-être
parce que leur mari les en empêche ou qu'il ne les autorise pas à
532
"cerru
venir, car certains hommes disent que l'on fait aux femmes certaines
injections (Le. vaccins) qui leur donnent des maladies, comme
l'avortement, par exemple.
Wakkati en I>ikkon, na nyawuuji jur I>e mbolwanino ; jonta I>e
kel>i vakse maaji. Dum hoynani I>ikkon koon. Kanjum SIDA boo,
to I>e don kal>a bana nyawuuji I>ikkon, nga hoynan. (ML, 25 ans,
prostituée,lCakataré,Maroua, 23-01-06)
Quand nous étions enfants, il y avait des tas de maladies dont on
parlait; à l'heure actuelle, elles ont leurs vaccins. Cela soulage les
enfants. Le SIDA, si l'on se bat comme (on l'a fait) pour les maladies
infantiles, il deviendra moins grave.
~ vaccination; syn. vaksinasog
Paddee nyawuuji I>ikkon bee vakse ; ndikka faddaago nyawuuji
bee vakse dow nyawndaago di.
Protégez les enfants contre les maladies par la vaccination ; mieux
vaut prévenir les maladies que de les guérir.
vaksina (v.)
~ vacciner; cf yara
Kuugal am laarani reedu'en. Mi yeewtan bee mal>l>e, mi
waazotoo I>e boo haala vaksingo I>ikkon mal>l>e to I>e I>esni.
(Aïssa Tchari, animatrice à l'hôpital de Bogo, 13-08-04)
Mon travail concerne les femmes enceintes. Je m'entretiens avec
elles et je les conseille aussi au sujet de la vaccination de leurs bébés
quand elles accouchent.
vat Cf baatal
veerru /veerji - ndu/di (n.) ; < français « verre »
var. : veer
~ verre
533
vibiroJ]
vibirog /vibiroqji - nga/di (n.) ; < français « vibrion»
~ vibrion cholérique
Woodi mukurolJji mawdi nyaaddi bana vibirogji bee gildi SIDA
di mbaawan mbargo gilobilji. (Mamaï Viatang, infirmier, chef de
CSII>ouroum,20-08-04)
Il existe des microbes gros et forts, comme les vibrions (cholériques)
et les 'germes' du SIDA, qui peuvent tuer les globules (rouges).
w
wa'a (v.)
~ être (de telle ou telle façon)
« Waa ba mbaami » caôôum.
Il est difficile pour toi d'arriver à ma hauteur. (Litt. : « Sois comme
je suis» est difficile.)
Waa ba mbaami, a wonnortaake.
Sois comme je suis, et il ne t'arrivera pas de mal.
535
waaloo
comme certaines activités de magie noire. Elle est par ailleurs répri-
mée par la loi camerounaise.
waata(v.)
~ crever (pour un animal; très vulgaire et insultant quand on le dit d'une
personne)
~ être paralysé (membre)
waawa(v.)
~ porter sur le dos
To haa fiinngel oaanoo, sey daada maagel waawa ngel.
Pour qu'un enfant s'endorme, il faut que sa mère le porte sur le dos.
Waawam taata meemam ndunna, waoataa. (Prov.)
Porter qqn sur le dos sans lui toucher les fesses, c'est impossible!
(Litt.: « Porte-moi sur le dos sans me toucher le derrière» est
impossible.)
536
\"a ê:l ZI Il a
Reeduujo to oon waawa fiinngel, ngel duppan.
Si une femme enceinte porte sur le dos un bébé, celui-ci sera
rachitique.
Koo to fiinngel suftaama ngel acci musingo, taata daada maagel
waawa ngel, sinaa non, ngel nyawan en'ente. (Didja épouse
Ousmanou, guérisseuse peule, Dargala, 09-06-04)
Même quand un enfant est sevré et qu'il a cessé de téter, sa mère ne
doit pas le porter sur le dos, sinon, il aura le en'ente.
waaya(v.)
~ roter
wada(v.)
~ faire
Dume wadmaa ?
De quoi souffres-tu? (Litt.: qu'est-ce qui te fait?) (Dans cette
expression, on comprend que le patient est agi par une maladie.)
Likkirre don wada yam.
J'ai le hoquet. (Litt. : le hoquet me fait.)
• wadgo goddo
~ faire du mal à qqn
• wadango goddo
~ faire du bien à qqn
wafa(v.)
~ coincer la tête de (qqn) entre les jambes ou sous le bras (c'est ainsi que
l'on immobilise le bébé pour le gaver)
538
wama
waflaare / gaflaaje - nde/oe (n.)
~ oreiller, coussin
• waflaare I)inngel
~ garniture périodique (euphémisme) (litt. : oreiller de l'enfant)
wagg- (adj.)
~ qui n'a pas encore atteint sa taille maximale
wakkoo(v.)
~ mettre sur/à l'épaule
Dum nyawu kosam woni nyawu I)ikkon am. To ngu oon tuutna,
oon saarna kon, ngu wallintaa kon [...]. (Dada Bouba, 35 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
C'est la « maladie du lait» qui touche mes enfants. Si elle les fait
vomir, si elle leur donne la diarrhée, elle ne les oblige pas à rester
couchés (00')
wama(v.)
~ danser
539
wamarde
Dans le cas de certains traitements des affections mentales, le devin-
médium prescrit à la patiente des séances de danse pour satisfaire les
génies responsables de la maladie.
To mi wardi bee geegeeru, bee ledoe am, mi yüwa debbo maroo
ginnaaji, mi suuma mo lekki am. Gamndeteedo 00, 0 taskitoo bee
limce daneeje bilaa sallabi, bilaa toggoore, 0 sanca gaasa boo.
Baawo oon, 6e ngadda mbuuloore bee sawru njamndi, 6e njo"ina
sera. Fahin, 6e ngadda birüji ca'aadi, puy"aadi bee noomeeri, 6e
ndufan oum dow nyorgo. Be nama maaroori, 6e njilla nder kosam
penndiioam nder tummude, 6e njo"ina gal sera. To mi fuodi fiygo
geegeeru am, marcfo ginnawol fuu ummoo oon wama. Saa'i feere
boo, 0 wamataa, sey to mi sannji fiyre baakin nde didi malIa nde
tati hiddeeko 0 wama. Fiyre oon feere feere, nde cappanoe
joweenay e joweenay. (Ardo Banana, Zala, 12-03-04)
Lorsque j'arrive avec ma vièle monocorde et mes remèdes, je lave la
femme possédée et je l'enfume avec mon remède. Celle que l'on
doit faire danser doit se préparer (en mettant) des vêtements blancs,
sans mouchoir de tête et sans tunique, elle doit également se
détresser les cheveux.
Ensuite, on apporte un chapeau de paille et un bâton en fer et on
pose ça à côté. On apporte encore des arachides grillées, des
amandes de Balanites et du sésame, que l'on verse sur un van. On
pile du riz que l'on mélange (cru) dans une calebasse de lait
fermenté, et l'on pose ça à côté. Lorsque je commence à jouer de ma
vièle, toute (femme) possédée se lève et se met à danser. Parfois, elle
ne danse pas à moins que je ne change d'air peut-être deux ou trois
fois. Il y a divers airs, quatre-vingt-dix-neuf.
wanca(v.)
var. : waanca
~ se promener
~ se prostituer (euphémisme), mener une vie dépravée (euphémisme)
wapoo(v.)
~ trouver par hasard
Goddo foti hel>ra nyawu SIDA gal mool>odal ngal walaa
konndom bee gaporaado ngu.
On peut « attraper» le SIDA par une relation sexuelle non protégée
(litt. : qui n'a pas de préservatif) avec un/une partenaire infecté(e)
(litt. : avec qqn qui l'a trouvé par hasard).
542
wartoo (v.d.) ; < wara
~ se suicider
Mün kam, to 6e mbii yam mi woodi SIDA, sonaa mi mbartoo, aume
yeeaugo nafatammi? (As., prostituée, Domayo, Maroua, 19-01-06)
Moi, si l'on me dit que j'ai le SIDA, je n'ai plus qu'à me suicider; à
quoi bon vivre?
weelee (v.)
~ avoir faim
No mbeelorâaa fuu, a wi'ataa fayannde « kaawu» !
Aussi affamé que tu sois, tu n'appelleras pas la marmite « oncle
maternel » ! (Prov., Eguchi 1974, p. 91.) Cf le proverbe créole: Pa
kriyé chen bopè pou zo ! « N'appelle pas le chien « beau-père» pour
(avoir) des os ! »
Baraago beembal kewngal nafataa beelaaâo. (Prov.)
S'adosser à un grenier plein ne sert à rien à l'affamé.
To debbo belaaâo danyi, 6inngel maako boo laatotoo pamarel.
(Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Si une femme mal nourrie (litt. : affamée) met au monde un enfant,
celui-ci aussi sera petit.
544
weia
Weelo, ngo jurgina ndotti'en, ngo woyna lJikkon. (Boubakary
Abdoulaye, Maroua, 10-03-05)
La faim fait asseoir les vieux avec les mains sur la tête (signe de
deuil), et elle fait pleurer les enfants.
weia (v.)
~ être savoureux, bon au goût; être sucré; cf lakas-
Il n'est pas bon de ne consommer que des «bonnes nourritures»
(nyaamdu welndu / nyaamdu woondu ou kuuje beloe), c'est-à-
dire des nourritures bien grasses et bien assaisonnées. Le savoureux
(beloum) doit toujours être contrebalancé par l'amer (kaaooum).
Les bonnes nourritures sont à réserver aux femmes nouvellement
accouchées, notamment. Les travailleurs manuels (agriculteurs,
manœuvres, etc.) qui devraient bénéficier de ce type d'alimentation
n'ont pas les moyens de se l'offrir.
Haako welko nii, Jaalige helJa jur feho? Nden kam, ko welaa.
To ko welko kam, Jaalige helJataa. (Cf Eguchi 1974, p. 88)
Une bonne sauce comme ça, Djaligué en aura-t-il une grande
marmitée? Si c'est le cas, c'est qu'elle n'est pas fameuse. Si elle
l'était, Djaligué n'en aurait pas. (Djaligué est un esclave. L'esclave,
par principe, n'a pas droit aux bonnes choses.)
To a tokkanii beloum, a yaama Dursungo. Sawoora woooaay.
(Chant de vendeur ambulant de lekki sawoora, Maroua)
Si tu es trop après les bonnes choses, tu iras un de ces jours (au
cimetière de) Doursoungo. La jaunisse n'est pas une bonne chose.
Anndugo beloum beloum; sooynde anndugo beloum boo
beloum. (Prov.)
Connaître ce qui est bon est bon; ne pas connaître ce qui est bon est
bon aussi. (Chacun doit se contenter de ce qu'il a à son niveau, que
celui-ci soit élevé ou non.)
Koo moy yidÏ beloum/booooum, sooda, mara laara. (Prov.)
Celui qui veut du bon / du beau, qu'il en achète voir. (Celui qui
recherche du sexe, qu'il prenne femme et il verra les problèmes qui
vont avec.)
Welko timmintaa nyiiri. (Eguchi 1974, p. 80)
Ce n'est pas parce que la sauce est délicieuse que la « boule» finit.
(Litt. : la bonne sauce ne fera pas finir la boule.)
~ être plaisant, donner du plaisir
545
\\'cUinoroo
A don nana yimlle don maayda daliila SIDA, mbi'aa a suklantoo
beldum minit mm ? (D., prostituée, 25 ans, Domayo, Maroua, 16-
01-06)
Tu apprends que les gens sont tous en train de mourir du SIDA, et tu
oserais dire que tu t'intéresses à deux minutes de plaisir?
wicca(v.)
~ asperger ou éclabousser (qqn ou qqch.) avec (un liquide ou un solide
liquide)
Wakkati danygo, to llinngel wurtake, Ile mbicca ngel ndiyam
(Goggo Damdam, 65 ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
Au moment de la naissance, lorsque l'enfant est sorti, on l'asperge
avec de l'eau.
widdoo(v.)
~ contourner (une maison, par exemple)
~ aller aux toilettes (euphémisme) ; syn. sela, soofa
546
~~.
\""0· ·UUl
Mi yidÏ widdaago.
J'ai envie d'aller aux toilettes.
winnda(v.)
~ écrire, prescrire par écrit
• winndango goooo lekki
~ rédiger une ordonnance pour qqn
wofoo(v.)
~ être incapable de se lever ou de se relever (animal trop faible)
Mi wofake ba nagge ceeou.
Je suis incapable de me relever, comme une vache à la saison chaude.
wogga(v.)
~ brosser, frotter énergiquement (pour faire partir qqch.) ; syn. yigga
• woggugo nyii'e ; syn. yiggugo nyii'e
~ (se) brosser les dents
547
wokoloore
Wo"ina wo"ina wonni l:)ü waandu. (Prov.)
À trop vouloir rendre beau le petit singe, on l'a rendu laid.
wolwa(v.)
~ parler
548
woowo
wonna(v.)
~ gâter, abîmer
~ déflorer (hors mariage)
woo6a(v.)
~ boire par petites quantités
To (je ke(ji [arge] ngurtotoooam aran, (je ndokka (jinngel woo(ja
seeoa, nden, (je ngujana ngel daande maagel. (Djebba, ménagère,
~aroua,avriI2004)
Une fois que l'on s'est procuré du cœur de chauffe (premier alcool à
sortir de l'alambic lors d'une distillation), on en donne un peu à
boire à l'enfant, puis, on lui frotte le cou avec.
wooka(v.)
~ crier
woowa(v.)
~ être habitué, avoir l'habitude de
Ndikka mboowaanga e mbooftinteenga. (Prov., ~odibo Bello
Amadou)
~ieux vaut (un mal) auquel on est habitué qu'(un mal) auquel il va
falloir s'habituer.
Les interviews ci-dessous tendent à montrer que woowo n'est pas conçu
comme une maladie de la gencive, mais des dents. Il semble donc qu'il
s'agisse d'un fort entartrage entraînant corrélativement une gingivite.
Woowo (jalwinan nyii'e. To goooo gati huunde bee nyii'e maroe
woowo, yiiyam wurtotoo; oe naawan boo. 0 mukkataako
huunde wulnde koo seooa. (Djougoudoum Adji, guérisseur
kanouri, Dourga-Godola, 01-06-04)
Le woowo fait noircir les dents. Lorsque qqn mord sur qqch. avec des
dents atteintes de woowo, cela saigne et elles font mal également. La
personne ne peut mettre dans la bouche la moindre chose chaude.
TRAITEMENT
'Be kurgira woowo bee giggirki nyiiye bee mannda-kiiki, bee
dubbuoe na'i. 'Be oon nguufa maciyaaje (je kawta bee kilbu.
(Goggo Damdam, 65 ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
549
word"a
On soigne la gingivite en ponçant les dents avec du sel mannda-
küki et de la bouse de vache. On garde dans la bouche des graines
d'Hibiscus sabdariffa associées à du natron.
To 6e ngaddi nyawdo woowo, mi tefa mannda-kiiki, mi wogga
nyü'e maako. Koo to yUyam don Ua go, mi accataa woggugo, sey
to de laa6i taI. Nden, mi yiggana mo kilbu laacüjam ngam haa
mbara naawreenga. To mi yigganaay mo koo nyalde mm, 0
waawataa nyaamgo. To mi yiggi kam, 0 nyaaman to nee6i.
(Djougoudoum Adji, guérisseur kanouri, Dourga-Godola, 01-06-04)
Lorsqu'on amène un malade atteint de woowo, je cherche du sel
mannda-küki et je lui ponce les dents avec. Même si cela saigne, je
n'arrête pas de frotter jusqu'à ce que les dents soient très blanches.
Puis, je lui frotte (dessus) du natron fibreux de façon à stopper (litt. :
tuer) la douleur. Si je ne lui en frotte pas pendant deux jours, il ne
pourra pas manger. Si je lui en frotte, il pourra manger sans tarder.
woya(v.)
~ pleurer
Ko woynata 6inngel kam, naa nyawu tan. Seydan boo don hulna
ngel, malla boo jalna ngel, haa ngel woya. (Falmata Ousman,
ménagère, Zileng-Bappa, 12-03-04)
Ce qui fait pleurer l'enfant, ce n'est pas uniquement la maladie. Le
diable aussi peut lui faire peur, ou le faire rire, si bien qu'il pleure.
Taa woy mboynaami.
Ne pleure pas sinon je vais pleurer. (Litt. : ne pleure pas que cela
(ne) me fasse pleurer.)
• woyrugo 6ernde, hoore, reedu etc.
~ souffrir du 'cœur', de la tête, du ventre, etc. (litt. : pleurer avec...)
550
\VIIJJa
Ce terme s'oppose à gaâa-maayo, qui désigne les habitants du sud
du Cameroun, les Sudistes.
Asli kam, ko torrata woyla-maayo'en, âum palJlJooje bee gildi.
(Bah Ha, 55 ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Évidemment, ce qui fait le plus souffrir les Nordistes, c'est le
'paludisme' et les vers (intestinaux et autres).
wudd- (adj.)
~ estropié, mutilé
Junngo wuddo nyaanyataa lJaawo.
Un bras estropié ne peut gratter le dos. (Prov., Dahirou 2004, p. 36)
wuja(v.)
~ oindre, passer une pommade, un onguent, frotter avec un médicament
liquide
To wujgo kam, wuj korial maaâa. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Tant qu'à frotter, frotte ta propre jambe (litt. : partie antérieure de la
jambe).
Dow wujgo korlaljanannal, ndikka wujgo korial mum. (Prov.)
Plutôt que de frotter une jambe étrangère, mieux vaut frotter sa
propre jambe. (Charité bien ordonnée commence par soi-même.)
Mo Alla wuji furâataa. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui dont Dieu prend soin ne connaîtra pas la pauvreté. (Litt. : celui
que Dieu frotte (avec de l'huile) ne deviendra pas gris.)
wujja (v.)
~ voler, dérober
Walaa mo wujjataa, sey mo nanngaaka ;
walaa mo hoo'ataa, sey mo nanngaaka. (Sannda Oumarou)
Il n'y a personne qui ne vole, il y en a seulement qui ne se font pas
prendre;
il n'y a personne qui ne pique, il y en a seulement qui ne se font pas
prendre.
(Tout le monde vole, mais certains ne se font pas prendre, et ce sont
eux que l'on dit honnêtes.)
Booyma'en Iiinataako lJinngel gal gaâa mahol ngam taa ngel
wujja to ngel mawni. (Asta Fidjondé, ménagère, Dogba, 22-09-04)
Les gens d'autrefois ne se passaient pas un enfant par-dessus un
mur, par crainte qu'il ne vole quand il serait devenu grand.
MawlJe 1J00yma mbi'ata lJe kelnyataa lJikkon keccon ngam taa
kon laatoo nguyon. (Asta Fidjondé, ménagère, Dogba, 22-09-04)
Les grandes personnes d'autrefois disaient qu'on ne coupe pas les
ongles des bébés de peur qu'ils ne deviennent voleurs.
551
willa
wula (v.)
~ brûler
• gulaaâo mo degire arana
~ brûlé au premier degré
wuma(v.)
~ être aveugle
• wumgo oemngal
~ être un jeteur de sorts, avoir le mauvais œil (litt. : être aveugle de la
langue)
553
wurde
Gazawa, 03-08-04)
Ce sont les poumons qui donnent de l'oxygène (litt. : de l'air) au
cœur pour que celui-ci puisse répartir le sang (dans l'organisme). Ce
sont eux qui retiennent tout le sang sale que le cœur rejette (litt. : fait
sortir). Lorsque (ces) impuretés se sont accumulées en quantité, c'est
cela qui donne le « rhume» (ndamba). Les poumons prennent l'air
à l'extérieur par le nez. Parfois, cet air aussi est sale et rend la
personne malade. Si qqn fume du tabac, la fumée s'accumule dans
ses poumons et les perce, ils ne pourront plus capter l'air.
To henndu naasti nder bumsude, dam feere kooy'"an osizen
njaara nder I>ernde. Kayre boo, nde senndana YUy'"am. To
yIiy'"am hooyi henndu woondu, dam wurtina hallundu. (Adarna
Ousmanou, infIrmier au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Lorsque l'air entre dans les poumons, certains conduits prennent
l'oxygène et le conduisent au cœur. Lui, il répartit (l'air) dans le
sang. Lorsque le sang a pris le bon air, il éjecte le mauvais.
Bumsude loowi ndiyam.
(IVeIle) a les poumons pleins de sérosités (litt. : d'eau).
• burde kine
~ narines (litt. : trous de nez) ; cf hinere
To I>inngel loori [...], min ceeka [daada] min ngurtina ngel gal
dow. (Adamou Ousmanou, 48 ans, infIrmier peul, Maroua, 15-04-04)
Lorsque l'enfant est (trop) gros, nous pratiquons une césarienne
(litt. : nous opérons la mère) et nous l'extrayons par voie haute.
• aarta wurtina balawal / kosde
~ se présenter par l'épaule / par les pieds (bébé à la naissance)
554
wuttoo
wurtoo / ngurt- (v.)
~ sortir
• gurtaaki suudu 6inngel
~ prolapsus vaginal (litt. : sortie du compartiment de l'enfant)
• wurtoraago junngo
~ se présenter par l'épaule (lors de l'accouchement) (litt. : sortir par les
bras)
• wurtoraago kosd'e
~ se présenter par le siège (lors de l'accouchement) (litt. : sortir par les
pieds/jambes)
wusI>OO(v.)
~ se rincer la bouche
Haa 6e kurgira nyawu nyü'e, yim6e feere ngus600 mannda.
Pour soigner les caries dentaires, certaines personnes se rincent la
bouche avec de l'eau salée.
wutta (v.)
~ se sécher (après avoir été mouillé par la transpiration ou par l'eau)
To a yiiwake, taa ngurtood'aa pellel man sey to a wutti.
Une fois que vous vous êtes lavé, ne quittez pas l'endroit avant
d'être sec.
Binngel wutti. (Noye 1989, p. 396a)
Le bébé s'est fortifié. (Le nouveau-né est fragile et on ne peut
l'exposer au soleil ou au vent. Au bout d'une quarantaine de jours,
on considère qu'il a suffisamment« séché» pour pouvoir sortir.)
wuttOO(v.)
~ avoir le ventre gonflé, être ballonné
To gildi reedu disake haa becce di calü sottaago, reedu god'd'o
wuttotoo. 0 nyaami bee 0 nyaamaay fuu, 0 d'on haari non,
6anndu maako d'on timma. Dum gildi fofata nyawu nguu.
(Astawabi, 55 ans, ménagère peille, Petté, 26-05-04)
Quand les vers du ventre se fixent sur les côtes et refusent de s'en
aller, le ventre de la personne gonfle. Qu'elle mange ou qu'elle ne
mange pas, elle est rassasiée, et elle maigrit (litt. : son corps finit).
Ce sont les vers qui causent cette maladie.
To god'd'o d'on bee sawoora, jokke juud'e fuu d'on yakka, 0 d'on
faama y1iyam maako d'on yarta. 0 waawataa nyaamgo nyiiri.
To 0 nyaami sed'd'a, 0 wuttotoo. (Mal Aladji Abba, guérisseur, Dir,
24-05-04)
Lorsque qqn a la jaunisse, il a des élancements aux poignets, il se
555
wuttudu
rend compte que son sang diminue. Il ne peut manger. S'il mange un
peu, il a le ventre ballonné.
wuufa(v.)
~ garder (qqch.) dans la bouche sans (l')avaler, chiquer
wuura(v.)
~ vivre
Tammunde wuurni geeto. (Prov., Modibo Bello Amadou)
C'est l'espoir qui fait vivre.
wuusta(v.)
~ être infIrme
wuyka(v.)
~ s'enivrer, se saouler, se droguer
WuykoolJe salisog don ndaara fIlmeeji wakkati to lJe poodi nga.
Kanjum wadi feere malJlJe non ngi'aa lJe don njala malla boo lJe
don ndiwa mbooka.
Ceux qui se droguent à la colle (litt. : ceux qui se saoulent à la colle)
voient des tas de fIlms quand ils la respirent. C'est pour cela que
vous voyez qu'ils rient seuls, ou qu'ils sautent en criant.
• wuykoolJe bee baate
~ drogués qui se piquent (consommateurs de drogues injectables)
• wuykoolJe nislJi-nislJi
~ personnes qui se droguent en inhalant des produits toxiques
• yabana debbo
~ coucher avec une femme (euphémisme; litt. : se rendre à une femme)
557
yanl-
yam- (adj.) ; < arabe Ü mm] « repos, bien-être, paix»
~ en bonne santé
Ajamo naa?
Comment vas-tu? (Litt. : es-tu en bonne santé ?)
Haa amin, goooo fotaay wi'a fakat oum huunde kazaare fuo-
oani mo nyawu nguu. [••.] Nyalde woonde, to goooo he&i &ag-
take, 0 jamo; to 0 waawaay &agtaago boo, na 0 yamoaay.
(Abakar Ibrahim, hospitalisé à Petté, 24-06-04)
Chez nous, personne ne peut dire avec certitude que c'est telle chose
qui lui a donné telle maladie. (...) Si, un jour, la personne arrive à se
mettre debout (le matin), c'est qu'elle est en bonne santé; mais si
elle ne le peut pas, c'est qu'elle n'est pas en bonne santé.
yana(v.)
~ tomber d'un endroit élevé, être entraîné d'un lieu élevé à un lieu bas
quand ce qui retenait ou soutenait vient à manquer; cf do"oo
~ perdre connaissance
o yani.
Il est mort. (Euphémisme)
yara(v.)
~ boire, consommer un liquide ou un semi-liquide
To goooo yari ndiyam, oam naasta nder reedu haa babal nyiiri,
nden masinji kooca vitamin fuu, luttuoam bee salte fuu dilla
nder suudu-cille. To oe moolJtake jur, oe ngurtoo gal lesre.
(Dada Mamma, accoucheuse traditionnelle, Zala, 12-08-04)
Lorsque qqn boit de l'eau, elle pénètre dans le ventre jusqu'à
l'endroit (où se trouve) la nourriture, puis, des moulins (en) retirent
les vitamines (i.e. la partie nutritive) ; le reste de l'eau sale s'en va
dans la vessie. Lorsque (l'urine) s'est amassée en quantité, elle sort
par le sexe. (L'eau est donc considérée comme un adjuvant de la
digestion. Elle rince la nourriture écrasée par les moulins internes, en
emportant les impuretés ou les choses indigestes.)
Haa 000 kam na maayo manngo ; waraay yiiwaago boo, waran
yargo kam. (Prov.)
Ici, c'est un grand fleuve; si l'on n'y vient pour se laver, on y vient
pour boire. (Il ne faut pas dire: Fontaine, je ne boirai pas de ton eau.)
Yarana reedu, huucana hoore.
C'est destiné au ventre, mais ça remonte à la tête. (Litt. : Boire pour
le ventre et ramener à la tête.) (Il s'agit de l'alcool.)
• yargo bone
~ souffiir (litt. : boire la souffrance)
• yargo henndu
~ prendre l'air (litt. : boire l'air)
Daada fala 6inngel mum caka kosoe, waata hoore maagel gal
dow, sukka kine haa ngel he6a ngel yara booooum. (Ayya
Atikou, 45 ans, ménagère peule, Dogba, 07-05-04)
La mère bloque l'enfant entre ses jambes, immobilise sa tête (en la tour-
nant) vers le haut, et elle lui bouche le nez pour qu'il puisse bien boire.
Dunya 600yma, naa ndu jotta. Booyma no 000, a wafan 6inngel
Maa njarnaa ngel bee semmbe, walaa ko waoata ngel. Sey ngel
6esda Margo semmbe. Ammaa jotta, a fotaay, ngam to a oon
yarna ngel, ndollam naasti gal kine nii, ngel sorkotoo haa ngel
ittoo hakkiilo. (Falmata Ousman, ménagère, Zileng-Bappa, 12-03-04)
Autrefois, ce n'était pas comme maintenant. Autrefois, tu pouvais lui
bloquer la tête (entre tes jambes) et le forcer à boire, il ne lui arrivait
rien (de mal). Il prenait des forces seulement. Mais maintenant, si tu
le forces à boire, l'eau de sorgho natronée lui entre par le nez, il
s'étouffe (suite à une fausse route) au point de s'évanouir.
(Cf ndollam)
Yaake feere, to 6e oon njarna 6inngel, ngel oon sorkoo, ngam 6e
cukki kine maagel 6e njooftaay law ; ammaa, to 6e oon cukkita
law, ngel sorkataako. Be mbicca ndiyam peewoam dow maagel
haa ngel he6a ngel yara law. Be njilla ndollam bee lee601, haa
ngel he6a ngel waoa 6anndu. (Marna Kaltoum, ménagère peule,
Dogba, 05-05-04)
Parfois, quand on fait boire un enfant, il s'étouffe (avale de travers)
parce qu'on lui bouche le nez trop longtemps (litt. : sans le relâcher
vite), mais, si on le débouche vite, l'enfant ne s'étouffe pas. On l'as-
perge d'eau fraîche pour qu'il puisse boire rapidement. On mélange de
l'eau natronée avec du beurre frais pour qu'il puisse grossir.
Be oon ngafa 6inngel ngam ngel ja6ataa yargo bee hakkiilo
maagel ; sey 6e cukka kine 6e njarna ngel. Burna fuu kam, ngam
haa ngel he6a ngel haara booooum. [...] Be oon cukka 6inngel
kine ngam haa ngel mooa, 6e oon ndufa ngel peewoam, to haa
ngel wooka nü, ngel ma66ita hunnduko, ngel mooa. A oon anndi
boo 6inngel hulan peewoam, kanjum ngel wookata. To 6e nanngi
kine boo, ngel foofataa, suy ndollam oon naasta non haa ngel
haara. (Astawabi, 55ans, ménagère peule, Petté, 26-05-04)
On bloque la tête de l'enfant parce qu'il ne veut pas boire de son
560
yeeraande
plein gré ; il faut lui boucher le nez pour le faire boire. La plupart du
temps (si l'on fait ça), c'est pour qu'il puisse être bien rassasié. (...)
On bouche le nez de l'enfant pour qu'il avale, et on verse sur lui de
l'eau froide pour qu'il crie, qu'il ouvre la bouche et qu'il avale. Vous
savez que l'enfant redoute l'eau froide, c'est pour cela qu'il crie.
Quand on lui bouche le nez, il ne respire pas, et la bouillie de sorgho
pénètre (dans son estomac) de façon à ce qu'il soit rassasié.
• yarnirgo kine
~ faire boire par le nez
CONSEILS
Mi wi'a daada fiikkon'en bee kofiru fie njarnirta kon. Taa fie
ngafa kon, dum woodaay, dum jaanyanan kon nyawu nder bum-
sude. Kon conndotoo boo. Be njarnira kon seeda seeda, haa kon
cafta. (Atchibi Thérèse, aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
Je dis aux mères qu'il faut faire boire les enfants au gobelet. Elles ne
doivent pas leur bloquer la tête, cela n'est pas bon, cela leur causera
des affections pulmonaires. Ils tousseront également. On doit les
faire boire petit à petit jusqu'à ce qu'ils aient leur suffisance.
yawa(v.)
~ être insatisfait de, ne pas se contenter de
Mo yawi e woni, widdoo laara. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui qui n'est pas satisfait (de l'endroit) où il est, qu'il aille faire un
tour (ailleurs) pour voir.
Ko waawa yawa. (Prov.)
On ne se contente jamais de ce qu'on sait faire. (Litt. : ce qu'on sait
faire, on (en) est insatisfait.) (On a toujours envie de plus.)
561
yeeraallde
Certaines personnes, notamment dans les milieux médicaux, utilisent
le mot geeraade pour désigner les amibes et autres parasites décelés
par examen au microscope. D'autres, en ce cas, parlent plutôt de gildi
et réservent l'appellation « œufs» aux véritables œufs de parasites.
- Suudu suka muukaaru.
- Yeeraande !
La case du garçon est sourde-muette.
- L'œuf! (Devinette; Noye 1974, p. 298)
(Le sourd-muet n'a ni bouche (parole) ni oreilles (audition) ; l'œuf
n'a aucun orifice.)
Gujjudo yeeraande wujjan nagge. (Prov.)
Qui a volé un œuf volera un bœuf.
• geeraade gildi
~ œufs de vers (décelés en laboratoire)
~ ovule
Le tenne est employé en milieu médical, mais aussi par les accou-
cheuses traditionnelles. Au pluriel (geeraade), il désigne les ovaires.
To a nani debbo don hayla, yeeraande feetake wari joodake haa
suudu-6inngel. Nden, dum sa6na yIiyam, ngam maatingo debbo
00, suudu-6inngel don ma66iti. Nyannde to 0 hawti bee gorko,
dum ma6600 haa to dum wangini 6inngel. [...] To yeeraande
wonnde nder suudu-6inngel he6i nudra gorko, dum ma6600,
fuddira laatoo }1iyam, hoore, wangina reedu, wada kosde bee
juude fuu, hiddeeko ngel wurtoo yaasi. (Dada Habiba, accou-
cheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Si tu apprends qu'une femme a ses règles, c'est qu'un ovule s'est
détaché et est venu se poser dans l'utérus. Ensuite, cela fait saigner,
afin d'avertir la femme que l'utérus est ouvert. Le jour où elle s'unit
à un homme, cela se referme jusqu'à ce qu'un enfant apparaisse. (...)
Si l'ovule qui se trouve dans l'utérus reçoit le sperme d'un homme,
(l'utérus) se refenne, et ça commence par devenir un embryon (litt. :
du sang), une tête, le ventre apparaît, des jambes et des bras se
forment également, avant que (l'enfant) sorte.
Minyiraayel woni yeeraande feetotoonde daga nder reedu,
naasta nder suudu-6inngel. Dum fuddan nder ton bana jey
gertogal boo. Koo to 6inngel mawni, ciki lebbi jeenay boo, dum
don suddi ngel nder reedu ton. (Dada Habiba, accoucheuse
traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Le placenta est l'œuf/ovule qui se détache du ventre et qui entre dans
l'utérus. Tout part de là comme pour la poule. Même quand le fœtus
est devenu grand et a atteint les neuf mois, c'est ça qui le recouvre
dans le ventre.
562
veeso
.:
yeeyoo(v.)
~ tourner la tête pour regarder
yeh- Cf yeet-
Geleme ba gorko !
Mollets d'homme! (Insulte à l'adresse d'une fille dont le physique
est plutôt masculin)
• yelemre juoogo
• triceps brachial (litt. : mollet du bras)
564
yc\vre
yerfia(v.)
~ pousser pour faire tomber ou pour faire avancer
yewa(v.)
~ briser, casser
~ se fracturer
To ndottiijo yewi, jokkataa. Sey min ngerllita mo wuro 0 hall-
doya, maUa boo to 0 dugake, min kallllana mo yewre ndee,
ammaa bilaa seekgo kam. (Mana Garandji, infil1llier toupouri, 44
ans, Maroua, 12-004-04)
Lorsqu'un vieux se fait une fracture, cela ne se ressoude pas. Nous le
renvoyons simplement au quartier pour qu'il se débrouille, ou bien,
s'il est d'accord, nous lui immobilisons (litt.: attachons) cette
fracture mais sans opérer.
l'al yewi yehi sumpiti laral, wadi huuduure.
L'os s'est cassé et a percé la peau, faisant une plaie (fracture ouverte).
~ rompre
• yewgo nanngardam
~ rompre la pureté rituelle (litt. : rompre l'ablution rituelle)
• yewgo suumaye
~ rompre le jeûne
TRAITEMENT TRADITIONNEL
To goddo yewi, Ile y'"eewnoo yam. To mi yottake, mi woodi gaadal
565
yc\vre
ceembal-lal>el, mi wujana mo. Nden, no ngaôanmi kosngal maako
fuu, 0 maatataa naawreenga sam. Ylye oee naastan feere maaje to
bee gaadal ngaal kam. To laatake yewre nde y.ye campiti, to mi
I>akki gaadal ngaal, oe njoototoo kalkaL To woodi y1yal ngal
waraay, wurde wangan haa ton, nden, sey mi tefoya ngaL To mi
jokki, mi wujanan mo Iaral gertogal bee IJellere mboodi culanndi.
Suy 0 d"aanoo, 0 maatataa naawreenga. Mi woodi mbosam ndaw. To
mi tol>l>i haa babal yewre nde jokkaaki boOOoum, y1ye maajum
pistoo feere maaje bilaa meemgo. Koo goooo jamo, to 0 yidi jokki-
taago, 0 tol>l>a mbosam man haa jokkere I>anndu maako, oe cenndi-
ndiran. (Amadou Taibé Boulama, guérisseur, Mogom-Mindif, 24-05-04)
Lorsque qqn s'est fracturé, on m'appelle. Quand j'arrive, j'ai un
géophyte (gaadal-lal>el) avec lequel je frotte la personne. Ensuite,
quelle que soit la chose que je vais faire à sa jambe, (la personne) ne
sentira absolument rien. Les os vont se remettre en place tout seuls si
j'emploie ce géophyte. En cas de fracture comminutive, si je mets
dessus une couche de ce géophyte, (les os) reprennent leur place
exacte. S'il y a un os qui manque (litt. : qui n'est pas allé), il va
apparaître un trou à cet endroit; il faut alors que j'aille chercher (le
bout qui manque). Quand j'ai rebouté, je frotte (la personne) avec de
la peau de poulet et de la graisse de naja. Ensuite, elle s'endort sans
souffrir. J'ai de la moelle d'autruche. Sij'en mets quelques gouttes sur
une fracture mal réduite, les os vont de dessouder sans qu'on y touche.
Même si une personne en bonne santé veut se déboîter une
articulation, elle n'a qu'à se mettre quelques gouttes de moelle
(d'autruche) sur l'articulation, celle-ci va se déboîter.
To haa mi jokka yewre, aran kam mi hal>da mi hawtindira y1ye
gewoe booooum. Baawo oon, mi hirsa gertogaI. To mi I>ori ngal,
mi juoa ngal, suy mi itta laral maagal, nden, mi I>akka haa pellel
yewre ndee, maUa boo mi tefa l>eUere culanndi, nden mi I>akka
hiddeeko mi hal>l>a, ngam oum jokkan yewre law. Nden, I>e
yakkina mo gertoooe malla agoygoyooji. To wadi asaweere fuu,
mi wara mi fista mi laara to nde jootake booooum e mi hal>l>itoo
feere. (Ardo Banana, Zala, 12-03-04)
Pour réduire une fracture, d'abord je tâche de bien rebouter les os
fracturés. Ensuite, j'égorge une poule. Après l'avoir plumée, je la
grille et j'enlève sa peau; ensuite, je l'applique sur l'endroit fracturé,
ou bien je cherche de la graisse de naja que j'applique avant de mettre
un bandage, car cela accélère la formation du cal (litt. : cela joint la
fracture vite). Puis on fait manger (au patient) du poulet ou des
grenouilles. Au bout d'une semaine, je viens défaire (le bandage) pour
voir si la (fracture) s'est remise en bonne place et je refais le bandage.
566
a
TRAITEMENT MODERNE
Yewre to meemi hoore, haala man saati jamum, masalan innu
toWan masin; to min ndaari ko nanndi bana nü, min ngerlJa
yeeso gal Yahunnde. Tagamma caklum mi, min mbaawataa hur-
gugo. (Mana Garandji, 44 ans, infinnier toupouri, Maroua, 12-04-04)
En cas de fracture du crâne, l'affaire est très compliquée, la personne
saigne abondamment du nez, par exemple; quand nous constatons
quelque chose de ce genre, nous transférons (le cas) à Yaoundé. Des cas
compliqués comme cela, par exemple, nous ne pouvons les soigner.
Ledde nafar jur min ndokkata yewlJe, ngam feere i'al foti yewa
yaha sumpita IaraI, wada huuduure. Doo sey min ndokka lJe
Iekki naawral yewre bee naawral huuduure fuu. Min tofan lJe
baate ngam naawreenga hoore, min ndokka lJe antibiyotik gal
ko Iaarani kuuduuje. (Mana Garandji, 44 ans, infinnier toupouri,
Maroua, 12-04-04)
Il Y a beaucoup de médicaments que nous donnons aux personnes
victimes de fractures (litt. : aux fracturés), car parfois il se peut que
l'os se soit cassé et ait percé la peau, faisant une plaie. Alors, nous
devons leur donner un remède (pour soulager) la douleur de la
fracture et celle de la plaie. Nous leur injectons aussi qqch. contre les
maux de tête et nous leur donnons des antibiotiques pour les plaies.
Burnal kam fuu, min don mbi'a yewlJe lJe nyaama nyaamdu
marndu kalsiyom. Dum don tawee nder lJilJlJe Iedde de anndu-
den, masalan dukuuje. Dum don tawee boo nder i'e, nder
geeraade fuu don. Woodi Iekki ki lJe modata marki kalsiyom.
Be yakka gertoode boo. Doo kam dum wallitan jokkugo i'e.
(Mana Garandji, 44 ans, infinnier toupouri, Maroua, 12-04-04)
Le plus souvent, nous disons aux victimes de fractures de manger
des aliments contenant du calcium. Cela se trouve dans les fruits que
nous connaissons, comme les papayes. Cela se trouve aussi dans les
os et dans les œufs également. Il y a un comprimé qui contient du
calcium. Qu'ils mangent aussi des poulets grillés. Cela aide à
ressouder les os.
• yewre nde ylye campiti
~ fracture comminutive (litt. : fracture dont les os se sont dispersés)
~ rupture
• yewre nanngardam
~ rupture de la pureté rituelle (litt. : rupture d'ablution rituelle)
• yewre suumaye
~ rupture du jeûne (en français local, on parle de « casser le jeûne»)
yi'a (v.)
~ voir
567
vid·a
<!
568
yiitoo
yioannde 1 gioaale - nde/oe (n.d.) ; < yiâa
~ volonté, chose voulue
Reeduujo, ko 0 laari fuu 0 yidi, naa yioannde maako, ammaa
yiuannde 6inngel. (Dada Habiba, accoucheuse traditionnelle,
Meskine, 18-08-04)
La femme enceinte, tout ce qu'elle voit, elle le veut: ce n'est pas sa
volonté, mais celle de l'enfant.
569
vnwa
,.;
YÜwa(v.)
~ laver (qqn)
Mi woodi bu'e ngeelooba, mi soofna, mi yüwa nyawoo ngaadiga
nyaloe mm. (Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-
06-04)
J'ai du crottin de chameau, je le trempe dans l'eau et je lave le
malade atteint de varicelle pendant deux jours (avec cette eau).
yÜWOO(v.)
~ se laver, faire sa toilette (en français local: « se baigner»)
yirla (v.)
~ tourner
• yirlugo po066e
~ rouler les hanches
• dow yitere
~ conjonctive de la paupière supérieure de l'œil (litt. : dessus de l'œil)
• les yitere
~ conjonctive de la paupière inférieure de l'œil (litt. : dessous de l'œil)
Les yitere maako ranwiti.
Il/elle a la conjonctive pâle. (Litt. : le dessous de ses yeux est devenu
blanc.)
• mbeldi gite
~ acuité visuelle
• holtingo gite
~ regarder des choses neuves/nouvelles (litt. : vêtir les yeux)
573
yokoll-
~ renflement central
Caayoori wadi yitere / hunnduko.
Le bourbillon du furoncle a émergé. (Litt. : l'inflammation a fait un
œil/une bouche.)
~ au sens métaphorique, désigne le fait de voir une personne en chair et en os
Yaa tawoy MO, yitere semtete.
Va le trouver, il ne pourra te refuser la chose en face. (Litt. : c'est
l'œil qui a honte.)
Gite cemtete. (prov.)
C'est la présence de la personne (en face de soi) qui crée la honte
(chez elle ou chez soi).
~ mauvais œil (au pluriel)
Gite nanngi MO.
n a été victime du mauvais œil.
• gite pidooje
~ sorcellerie des yeux (litt. : yeux lanceurs)
« Lorsque celui qui dispose de ces yeux regarde quelque chose avec
insistance, le mal se réalise sans qu'il le veuille. Le mal est inévi-
table si (le sorcier en question) a une pensée mauvaise en regardant
cette chose. » (Djinguini et Holtedahl2001, p. 79, note)
INSULTES
Büra gite yaalooje !
Espèce d'yeux d'aubergine!
gitecüwam
yeux troubles (litt. : yeux de l'excédent d'eau que l'on enlève d'une
marmite)
gite galaaji
yeux qui roulent sans arrêt (litt. : yeux de pois de terre)
gite leggal
yeux sans pudeur (litt. : yeux de bois)
gite paal>a njaal>aanga
yeux exorbités (litt. : yeux de gros crapaud écrasé)
ngito paUaanga
gros yeux de gros margouillat
tiggoo-gite
(personne) au regard fixe
yokoll- (adj.)
~ qui est presque un adulte physiquement
574
yoofta
yonki- ki (n.v.)
~ souffle vital, âme; vie
[...] yonki kiin boo, to oon wurtoo, y1wa gal les, waoa dow [...]
(Baba Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
(...) le souffle vital également, s'il sort, il vient d'en bas et se dirige
vers le haut (...)
Yonki oon joodii haa noppi fiernde. (Mal Abdou, guérisseur peul,
Bogo, 01-07-04)
Le souffle vital réside dans les oreillettes du cœur.
Doktor'en feere cuklantaako danyanfie booooum, oum waooo
fie bana oum naawataa fie, ammaa fie anndaa dow yonki innu
woni. (Damdam Haman, CS! de Meskine, 29-06-04)
Certains infirmiers ne s'occupent pas bien des femmes en travail ; ils
ont l'impression que (ces femmes) ne souffrent pas, ils ignorent que
la personne est entre la vie et la mort (litt. : au bord de la vie).
yontee(v.)
~ avoir une fièvre accompagnée de maux de tête
Banndu am yoofti.
Je suis sans force. (Litt. : mon corps est relâché)
~ résonner, sonner creux
To min ngadi otoskop, min tappa bee juuoe dow wififiere. [...]
To oon yoofti [...], min paaman oum laarani bumsuoe, waato
wadi ngaska, malla boo nyaamtake. (Chef de district de santé de
Mindif,21-05-04)
575
yookoodc
Lorsque nous utilisons le stéthoscope, nous tapons avec les mains
sur la poitrine. Si (le son) résonne (litt. : sonne creux), nous savons
que cela concerne les poumons, c'est-à-dire qu'il y a une caverne
(litt. : un trou) ou (que le poumon) se détruit (litt. : se mange).
yulkitoo (v.)
~ s'enfoncer, s'affaisser
Ngudumre yulkiti.
La fontanelle s'est affaissée.
yaafa(v.)
~ être hydropique
yal)l)oo (v.)
~ enjamber
Be oon mbi'a to goooo ya&&ake dasinorgol mboodi, 0 waoan
ginnawol. (Mal Aminou, marabout bonnetier, Doualaré, Maroua,
23-11-04)
On dit que si qqn enjambe une trace de serpent, il devient fou.
To a ya&&ake goooo oon waalii, a hoocan nyawu maako.
(Boubakary Abdoulaye, Maroua, 11-05-05)
Si vous enjambez une personne couchée, vous prendrez (sur vous) sa
maladie.
Binngel baraajalla yabbake mallum mum gal wuttudu ; gaasa
maaru fuu warti ndaneeha.
Un petit élève d'école coranique a enjambé son maître d'un côté;
ses cheveux du même côté sont tous devenus blancs.
yakka(v.)
~ croquer
~ manger (qqch. de croquant)
~ produire une douleur intennittente, de type pincement
yeewa(v.)
~ apercevoir de loin, voir de loin, regarder de loin
yeewnoo (v.)
~ appeler par son nom
yegoo(v.)
~ se dresser sur la pointe des pieds
580
",. ,.
yuyanl
Y'üyam yiilti mo hoore.
Le sang lui a fait perdre la tête. (En parlant d'un assassin.)
To haa naastaa saare hesre, sey ndufaa y1iyam ngam oum
faddotoo masübooji, oum mafJfJitan dammuoe kefJal boo.
Avant d'entrer dans une concession neuve, vous devez verser du
sang (i.e. sacrifier un animal) pour barrer la route au malheur, cela
ouvrira également les portes de la chance.
Ii'am yaarata nyaamdu bee henndu nder fJanndu innu. Kanjam
hokkata oadi innu semmbe. (Adama Ousmanou, infirmier au CSI
de Palar, Maroua, 08-09-04)
C'est le sang qui conduit la nourriture et l'oxygène dans l'orga-
nisme. C'est lui qui donne aux muscles (leur) force.
To y....iyam ouudi haa goooo, min mbi'an mo 0 nyawoo. Banndu
maako teddan, 0 nyawan meere meere, 0 yioaa naange. To yU-
yam famdi haa fJanndu boo, goooo 00 nyawoo, 0 walaa
semmbe, fJanndu maako oon furoa; min mbi'an mo 0 oon bee
nyawu anemi. (Mamaï Viatang, infirmier, chef de CSI de Douroum,
20-08-04)
Lorsque qqn a trop de sang, nous lui disons qu'il est malade. Il se sent
lourd (litt.: son corps est pesant), il tombe malade à la moindre
occasion, il n'aime pas le soleil. Lorsque le sang est en quantité insuf-
fisante dans le corps également, la personne est malade, elle n'a pas de
force, son teint devient gris; nous lui disons qu'il/elle est anémié(e).
Walaa nyawu y1iyam kam, ammaa, woodi nyawuuji heedi
fJanndu, to goooo nyawi di nii, di ustan y1iyam. (Mamaï Viatang,
infirmier, chef de CSI de Douroum, 20-08-04)
Il n'existe pas de maladie du sang, certes, mais il y a des maladies
relatives au corps, qui lorsqu'on les a, diminuent (la quantité du) sang.
Min oon ndaara gite reedu'en haala y1iyam. (Bernadette Godwé,
CSI de Dougoï, Maroua, 07-09-04)
Nous examinons les yeux des femmes enceintes relativement à
l'anémie (litt. : relativement au sang).
Yaake feere, yUyam debbo reeduujo oon ila, darataako. Dum
minyiraawo takkitii. (Atchibi Thérèse, aide-soignante, hôpital de
Petté,27-05-04)
Parfois, la femme enceinte a une hémorragie (litt. : le sang de la
femme enceinte coule et ne s'arrête pas). C'est dû au placenta qui
s'est décollé.
Burna ko mbari [debbo 00] kam, hiddeeko min oafJfJita y1iyam
nannduoam bee oam maako, neefJi. (Amadou Haman, infirmier
accoucheur, hôpital provincial, Maroua, 26-08-04)
La cause principale de la mort (de cette femme), c'est que cela a pris
du temps avant que nous trouvions du sang compatible avec le sien
581
".. /"
yuyanl
(litt. : du sang qui ressemble au sien).
Burna yimlJe lJe njalJataa hooceego yUyam ngam laargo palJ-
1J00je, lJe oon numa lJe koocan oam haa lJe ndaara nyawu SIDA.
La plupart des gens qui refusent qu'on leur prenne du sang pour leur
faire la goutte épaisse, c'est parce qu'ils pensent qu'on va leur faire
un test de dépistage du SIDA.
Be mbi'i pooooowo taba bee jaroowo giya marataa yuyam
laalJoam. To fotootiri haa lJe lJesdana goddo yliyam, lJe koo-
cataa dam malJlJe. (Dada Habiba, accoucheuse traditionnelle,
Meskine, 18-08-04)
On dit que celui/celle qui fume du tabac ou qui boit de la bière n'a
pas un sang pur. S'il arrive qu'on fasse une transfusion sanguine à
qqn, on ne prendra pas leur sang.
e yUyam mbeloam
~ sang « sucré » (qui confere à son détenteur un bon caractère)
e yUyam kaaooam
~ sang amer (qui échappe ainsi à l'influence des sorciers)
e lJennda-YIÎyamjo
~ personne bien physiquement et moralement (litt. : dont le sang est bien
cuit)
e famdugo yIÎyam
~ être anémié (litt. : avoir trop peu de sang)
Y"llyam maako famditi.
Welle est anémié(e). (Litt. : son sang est trop peu.)
e haadgo yIÎyam
~ ne pas constituer une proie intéressante pour les sorciers (litt. : avoir le
sang amer)
Mün, yIÎyam am kaadoam, mistirüjo nyaamataa yam.
Moi, j'ai le sang amer, le sorcier ne peut pas me « manger».
elaska-YIÎyamjo
~ importun, personne qu'on n'a pas envie de voir (litt. : au sang insipide),
e cooroowo yliyam / sooroolJe yIÎyam
~ vendeur de sang
e waata-YIÎyamjo
~ personne sans énergie (litt. : au sang mort)
e wela-YlÎyamjo
~ personne aimée de tous (litt. : au sang sucré)
e yaadugo yIÎyam
~ avoir même sang (litt. : aller ensemble quant au sang)
582
~. ,.
yuyam
Ko hokkata SIDA kam, to on kawti bee gorko yüyam mon yaadi
[...]. (C., prostituée, 24 ans, Lopéré, Maroua, 23-01-06)
Ce qui donne le SIDA, c'est quand vous avez des relations sexuelles
avec un homme dont le sang correspond au vôtre (...)
De la qualité du sang (chaud/froid) dépend le degré d'activité de la
personne.
Y'üyam huuwnata fJanndu goÔôo. Goôôo feere ôon mari yüyam
ngulôam. Koo pindinôaa mo jonta, 0 huuwante kuugal booôngal.
Goôôo feere ôon mari yüyam peewôam. Koo haa 0 huuwa,
fJanndu maako ôon waati, 0 yaawataa waôgo ngal bee law.
(Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul, Dogba, 27-04-04)
C'est le sang qui fait fonctionner le corps. Telle personne a un sang
chaud. Même si vous le réveillez à l'instant, il vous fera un bon
travail. Tel autre a un sang froid. Quoi qu'il se mette à faire, son
corps est amorphe, il ne se dépêche pas.
Min ôon ceeka rewfJe marfJe yiiyam moofJtiiôam haa nder
reedu. To fJinngel naastan nder rennga, tokkotoo laawol
muuôum ammaa to ngel wari ngel darake caka-cak laawol, ngol
fetta, yüyam looftoo nder reedu daada. Dum yami seekeego.
(Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier peul, Maroua, 15-04-04)
Nous opérons les femmes qui ont une hémorragie interne. Lorsque
l'enfant (en fait l'embryon) pénètre dans l'utérus et qu'il emprunte
son passage (litt. : qu'il suit sa route [i.e. qu'il emprunte la trompe de
Fallope]), s'il s'arrête en plein milieu et que la trompe (litt. : la route)
éclate, le sang se répand à l'intérieur du ventre de la femme. Cela
nécessite une intervention chirurgicale.
• loowango goôôo yiiyam ou fJesdango goôôo yüyam
~ faire à qqn une transfusion sanguine
Mi yiôaa hokkeego ylÏyam ngam fJaawo ôon, to mi yamditi,
dokkuôo yam ôam yawotoo yam.
Je ne veux pas qu'on me donne du sang, car, si je guéris, celui qui
m'en aura donné me méprisera.
YimfJe feere kulan hokkugo ylÏyam mafJfJe, ngam fJe numa fJe
maayan.
Il y a des gens qui ont peut de donner leur sang car ils croient qu'ils
vont mourir.
~ embryon
To saa'i fJinngel siwaa tageego, to woodi ko daada wadi, ngel
feetotoo daga jaabuuru, nden yiiyam rufa. (Dada Habiba,
accoucheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Lorsque l'enfant n'est pas encore entièrement formé (litt. : créé), s'il
arrive que sa mère a fait (telle ou telle chose qu'elle n'aurait pas dû
583
yîya
faire), (l'enfant) se détache du cordon ombilical et l'embryon avorte
(litt. : le sang se verse).
y1ya(v.)
~ presser, appuyer sur
Doptorjo danynuoo yam oon wallitammi, 0 oon y1ya reedu am
haa fiinngel wurtii. (D. B., ménagère peule, 19 ans, CSI de Dougoï,
~aroua,26-07-04)
L'inftrmier qui m'a accouchée m'aidait beaucoup en appuyant sur
mon ventre jusqu'à ce que l'enfant soit sorti.
yooga(v.)
~ être hydropique
yoya(v.)
~ être rusé, être malin, avoir une intelligence débrouillarde
584
zint~kolok
Yoyrugo yoyoo, ndikka wügo mo: «Suddam asirri ». (Cf Eguchi
1974,p.81)
Plutôt que d'essayer d'être plus malin que le malin, mieux vaut lui dire:
« Ne dévoile pas mes secrets!» (Il n'est pas possible de surpasser
certaines personnes en ruse, alors, il vaut mieux leur faire allégeance.)
z
zakari - 0 (n.) ; < arabe [gakar] « pénis»
~ pénis, verge ; cf mbasu
Ce terme d'origine arabe permet d'éviter le nom peul de cet organe,
qui est ressenti comme extrêmement grossier.
Semmbe zakari fuu haa kalle woni. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba,
23-09-04)
Toute la force du pénis réside dans les testicules.
To worl)e ngioaa bee konndom, miin boo mi yioaa. Be cigoo zakari
ngaa ton! (Hl., 15 ans, prostituée, Hardé, Maroua, 17-01-06)
Si les hommes ne veulent pas utiliser de préservatif (quand on
couche ensemble), moi non plus je ne veux pas (coucher avec eux).
Ils n'ont qu'à garder leur pénis!
zig (adv.)
~ évanoui, dans le coma
To pal>l>ooje caati, hunnduko gonno futta, 0 non diwna haa 0
fannee zig.
Quand l'accès palustre est sévère, il sort des boutons sur les lèvres
du malade, et il tremble jusqu'à ce qu'il tombe dans le coma.
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INDEX FRANÇAIS-FULFULDE
INDEX FRANÇAIS-FULFULDE
o
p
obèse cf 6anndu
occiput: ho66udu paix :jam
occlusion: faloo palabre: haala
odeur (mauvaise -) : kacceenga pâle (teint -) : pollitol
odeur corporelle (mauvaise -) : cunal pâlir: follitoo, sojjitoo
œdème cf uppa palper: meema
œil: yitere paludisme: pa6600je
œsophage: kondondol, mocforgol pansement: pasma (2)
œuf: yeeraande pansement (faire un -) : ha66a, pasma ( l)
oindre: wuja pansement adhésif cf takkircfum
ombre, ombrage: cfowdi papa-poule: mbabbaajo
ombre portée: mbeelu papier (feuille de -) : cfereewol
omoplate: suyre papier (petit -) : cfereeyel
omoplate saillante formant bosse : cuya papier hygiénique: mumtirgal, mum-
ongle: fecfeengo torgal
ongles (couper les -) : helnya papule: fuufre, fuyre
ongles (se couper les -) : helnyoo paracétamol: parasetamol
ongles (tailleur d'-) : kelnyoowo paralysé (être -) cf waata
opération (pratiquer une -) : seeka paralysé(e) des membres inférieurs:
opération chirurgicale: ceekgol ngurdigiijo
opérer : seeka paralysie d'un membre: jiijannde
ophtalmique (collyre, pommade-) parasite: ngilngu
cf lekki parasite du cuir chevelu: tenngu
ophtalmologue cf doktor parent cf 6ii
oppression cardiaque cf pi601 paresseux cf 6ernde
orbite cf suudu parfum: urdi
ordonnance: ordonas parler: wolwa
oreille (lobule de 1'-) : de6lekeere parler (façon de -) : cfemngal
oreille: nofru parole: haala, wolde
oreille à (prêter 1'-) : nana parole blessante: konngol
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INDEX FRANÇAIS-FULFULDE
tailler les ongles (se -) : helnyoo toilettes (aller aux -): sela, soofa,
tailleur d'ongles: kelnyoowo widdoo
taire (se -) : jeeooo toise: kuultorga-darnde
talc: fawda tombe: yenaande
talon: teppere tomber: doyyoo
talon (induration au -) cf teppel tomber (cheveux, poils) : 60roo
taux: kilo tomber (faire -) : doyya
teigne: metemetelde tomber d'un endroit élevé: yana
teint pâle: pollitol tomber seul: sola
teinture de Dakin: viyole tomber sur: yanta
température : nguleenga torche-cul : mumtirgal, mumtorgal
température élevée : guloum torcher: mumta
tendon: c:faool torcher (se -) : mumtoo
tendon d'Achille: coddungol tordre : 60sla
tendre (la main, la jambe) : forta tort : ayiibe
tendre en tirant (la peau) : tira torticolis : IJa'el
ténesme: eemoral toucher: meema
ténia cf pentellu toucher soi-même (se -) : meemtoo
ténia (anneau de -) : pentellu toucher vaginal cf laara
ténia (tête du -) : daadaare toupet de cheveux: tuutuuru
tenir à l'écart (se -) : reentoo tourner : yirla
tensiomètre: tat)siyomeetir ; cf apare tourner à l'envers: hippa
tension: taasOIJ tourner la tête pour regarder: yeeyoo
tension (prendre la -) : ha66a tousser: oojja
tension nerveuse: mettam-6eram tousser en permanence: sohoo
tension psychologique excessive: tousser fortement: sonndoo
mettam-6eram toux: ooyru
tergiversation : ma6ma6tere toux incoercible (avoir une -) :
terme (à -) cf 6inngel sonndoo
terme dépassé à -) cf 6inngel toux persistante : sohaaru
terrain : lesdi toux rebelle : sonndaaru
terre: lesdi toxique (produit -) : lekki
test de dépistage du SIDA : teste traces (laissées par une maladie) : batte
testicule: hallere, cf 6occoonde, haloore, trachée : kondondol
wokoloore traîner au lit le matin : weetora
tétanos: tetanos, cf tooke traire : 6ira
tête: hoore traitement: nyawndiigu
tête (blessure à la -) : eloodu traiter (un malade) : hurga
tête (ver de la -) : ngilngu tranchées utérines: luuwe
tête du ténia: daadaare tranquillité: de"irre, jam, yeeweende
téter : musina transférer (un patient) cf yer6a
tétin : kullugal transfusion sanguine (faire une -)
théâtre: teyaatir cf loowa
thermomètre: termomeetir transmettre une maladie (à) : raa6a
thorax antérieur: wi66ere transmission (de maladie) : daa60ral
thorax postérieur cf caagal transpiration: nguli, wulweende
thyroïde (glande -) : yookoode transpirer : wulina
tirer (du lait) : 6ira travail (d'accouchement) : luuwe
tirer (lancer) : floa travail (être en -) : luuwee
toilette (faire sa -) : yiiwoo travailler: huuwa
toilette mortuaire (faire la -) : feewna tremblement: diwna
toilettes : 6aawo-suudu trembler: diwna
612
INDEX FRANÇAIS-FULFULDE
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Achevé d'imprimer en septembre 2007
sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery
58500 Clamecy
Dépôt légal : septembre 2007
Numéro d'impression: 708098
Imprimé en France
L'auteur a mené, au Nord-Cameroun, une rech rche dans le domaine
de la santé, portant ur les conception et représentations du corps et de
la maladie en fulfulde (langue peu le). Il Il aussi abord é les te rmes concer-
nant la psych ologie et les val 'urs de la sociét é, dans la me su re ou il. ont
un rapport ave c le co rps. L'approche es t de typ e encyclopéd ique, c t 1 s
e ntrée ' so nt illu str êes d' ex traits d ' intervi '\Vs ou d'autres ci tations. e n
langue orig inale et en traducti on . L' auteur n'a pas herch é à iliruiucr le s
con tradi ctions entre les dits de s uns et des autres pour cn tirer un tab leau
art ifici ellement uni fié. Il s' en d é ' age donc un sys tème un peu flou, sa ns
doute, mais un systeme quand mêm e, bien représcntati r de la réalité.
L' ou vrage vise prin cip al ment : rép ondre aux besoin s de com muni-
cation e ntre pc o nnels de . aillé et pa tients, not amment dan les
dom aines de la pr év ntion du SIDA. de la lutte contre le paludi: me e t la
tubercul ose. La conn aissanc e des sémi ologie ' populaires e st très imp or-
tante, e n effet. dan ' la peropective d'un amé lioration des re lations entre
personnels de santé et li, ager. .
La langue pc ule est 1<1 lan gu e véhic ula ire de la rég io n. C' es t la
langue supra-ethnique par e cellence. De par so n hi toirc. elle ne refl èt e
pas uniquement la culture pe ulc telle que l' on peut la rencontrer au M ali
ou au Niger. Par le biai de l'as imilation culturelle et religieuse, de
nombreux g roupes «a utoc hto ne ' » so nt deven u ' peul ' au co urs de s
deux siècles écou lé . En retour, ces non-Peul. d' irigine ont impo rté
dan la cultu re pc ule une partie de leur conception. ct de leurs pra-
tiques. On peut donc estimer, de ce point de vue , que la langue peule du
Diamar é porte maintenant une sorte de cu lture synthétique ou sync ré -
tique, représentative il la foi s de s trad itions peulcs ct des traditions
« païen nes » de la r égion,
Dictionnaires et langues
Collection dirigée par Henry Tourneux
ùIfQAM IU n C ,.
mH"'tU ltMo! 'bl
la francophon ie
1 Il
9 78 28 45 869 17 2
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ISBN : 978 -2-84586-917-2