Dictées Pour Les 3ème
Dictées Pour Les 3ème
Dictées Pour Les 3ème
Elle était bien. Elle aimait la lueur dont le poste baignait son salon, et dans les
longues soirées d’hiver il lui semblait même parfois qu’il diffusait de la chaleur.
Elle avait d’abord regardé son poste en égoïste, presque secrètement , puis, dès
qu’elle s’était sentie plus solide, dès qu’elle avait eu la certitude de connaître tout
le monde, sur toutes les chaînes, elle s’était, elle aussi, mise à discuter avec les
gens du village.
Une rentrée en sixième
Ma mère nous avait prévenus qu'elle ne pourrait pas nous accompagner, parce que la
petite sœur n'avait pas de robe convenable.
Nous partîmes donc tous les trois, mon père, mon frère et moi. Je
marchais à la droite de Joseph, tandis que Paul s'accrochait à sa main gauche.
Mon cartable, en tirant mes épaules en arrière, me faisait une poitrine
avantageuse, et les talons neufs claquaient sur le trottoir, encore encombré par les
poubelles matinales.
Mon père me signalait au passage les noms des rues, pour me mettre en
état de retrouver mon chemin. Ma mère devait m'attendre à la sortie du soir, mais,
à partir du lendemain, il me faudrait naviguer tout seul entre le lycée et la maison,
ce qui m'effrayait un peu.
Guy de Maupassant, Contes du jour et de la nuit
Sur la montagne blanche, le tas de maisons pose une tache plus blanche encore.
Elles ont l'air de nids d'oiseaux sauvages, accrochées ainsi sur ce roc, dominant ce
passage terrible où ne s'aventurent guère les navires. Le vent, sans repos, fatigue
la mer, fatigue la côte nue, rongée par lui, à peine vêtue d'herbe ; il s'engouffre
dans le détroit, dont il ravage les deux bords. Les traînées d'écume pâle,
accrochées aux pointes noires des innombrables rocs qui percent partout les
vagues, ont l'air de lambeaux de toiles flottant et palpitant à la surface de l'eau.
Salavina, Trente ans de Saint-Pierre (1909)
Août finissait, et l'on dînait déjà à la lueur des lampes, les portes ouvertes sur le
couchant vert, où nageait encore un fuseau de cuivre rose. La mer déserte,
d'un bleu-noir d'hirondelle, dormait, et quand les dîneurs se taisaient, on entendait
le petit flux lassé et régulier des marées de morte-eau. Philippe chercha, entre les
Ombres, le regard de Vinca, pour éprouver la force de ce fil invisible qui
les liait l'un à l'autre depuis tant d'années et les préservait exaltés et purs, de la
mélancolie qui accable les fins de repas, les fins de saison, les fins de journée.
Jean-Louis Étienne, Le marcheur du pôle (1986)
Le 10 mai 1986, Jean-Louis Étienne touche au but.
Ça y est, je suis passé ! Enfin…il serait exact, et surtout plus noble, de dire que la
banquise vient de m'ouvrir sa porte blanche, pour accéder jusqu'à son centre,
le pôle Nord, que les enfants canadiens appellent le pas du Père Noël, car ils savent
bien qu'il y habite.
Et moi, en contemplant la blancheur insensée de cet univers fabuleux, je
suis tout prêt à croire qu'ils ont raison, que je vais croiser son traîneau au détour
d'une crête enneigée, et que nous nous saluerons au passage !
J.-M.G. Le Clézio