Extrait 42422210
Extrait 42422210
III
Cet ouvrage fait par tie de
Bruit et vibrations
(Réf. Internet ti680)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Bruit et vibrations
(Réf. Internet ti680)
Stéphane DURAND
Maître de conférences à l’ENSIM (Ecole d’ingénieurs Le Mans Université),
responsable du groupe "Microsystèmes Acoustiques" (MicA) au sein du
Laboratoire d'Acoustique de l'Université du Mans
Serge LEWY
Directeur de recherche et chargé de mission à l'Office National d'Études et de
Recherches Aérospatiales (ONERA)
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Paul AVAN
Pour l’article : E5120
Michael BOCKHOFF
Pour les articles : R6030 – R6031
Thibaut CARPENTIER
Pour les articles : BR1150 – BR1152
Jean JACQUES
Pour les articles : R6030 – R6031
Jacques JOUHANEAU
Pour les articles : BR1005 – C3360 – BR1010 – BR1012 – BR1014 – C3362 – G2720
Thierry LOYAU
Pour les articles : R6030 – R6031
Mathias MEISSER
Pour l’article : C3365
Etienne PARIZET
Pour l’article : R6140
Gilles REIGNER
Pour les articles : R3112 – R3113 – R3114
Léon THIERY
Pour les articles : R6030 – R6031
Jean-Paul VIAN
Pour l’article : BR1100
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VI
Acoustique des salles et de l'environnement
(Réf. Internet 42422)
SOMMAIRE
Réf. Internet page
Guide méthodologique pour l'étude acoustique d'une salle. Approche systématique BR1010 23
Guide méthodologique pour l'étude acoustique d'une salle. Approche par modèles BR1012 25
Guide méthodologique pour l'étude acoustique d'une salle. Approche linéarisée BR1014 31
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VII
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Référence Internet
BR1005
a majeure partie des modèles relatifs à l’acoustique des salles reposent sur
L des relations applicables à un local unique isolé des salles voisines ou de
l’extérieur.
Dans la réalité, il n’est jamais possible de s’affranchir complètement des
échanges d’énergie sonore entre la salle étudiée et son environnement.
Toutefois, le fait de négliger les perturbations induites par ces échanges est
sans conséquence pour tout ce qui concerne la plupart des salles à vocation
culturelle du fait que ces salles sont généralement traitées pour limiter au
mieux les perturbations qu’elles peuvent subir ou induire.
En ce qui concerne les sites industriels, ces approximations ne sont plus
valables du fait que les aspects fonctionnels priment sur toutes les autres
Parution : octobre 2009
9
Référence Internet
BR1005
ces sites. Par ailleurs, les niveaux de bruits induits par certaines industries sont
tels qu’il est impossible de les réduire sinon à des coûts exorbitants incompa-
tibles avec les budgets des entreprises concernées.
L’étude des échanges d’énergie sonore et l’optimisation des coûts se pré-
sente donc comme un problème important qui nécessite la mise en œuvre de
modèles spécifiques rarement traités dans les ouvrages classiques d’acous-
tique architecturale.
Pour combler cette carence, deux articles sont proposés :
– le présent article, relatif à la formulation mathématique des systèmes
couplés et aux modèles simplifiés qui en découlent ;
– un dossier sur les méthodologies spécifiques mises en œuvre dans
l’approche que nécessite l’optimisation des modèles complexes régis par un
trop grand nombre de variables [BR 1 010] [BR 1 012] [BR 1 014].
Ce premier article, relatif à la formulation mathématique des échanges éner-
gétiques, part des notions de base présentées dans l’article [C 3 360]
(paragraphe 5.1) et les développe en trois parties :
1. incidence sur l’environnement de l’énergie sonore rayonnée par un local ;
2. étude des échanges d’énergie stationnaire entre plusieurs locaux ;
3. étude des échanges transitoires d’énergie entre plusieurs locaux.
WR énergie réverbérée
X, Y, Z dimensions d’une salle rectangulaire Figure 1 – Locaux communiquant par une ouverture
10
Référence Internet
BR1005
A 1 ε1c / 4 Ainsi, l’effet de couplage entre les deux parties change l’absorp-
avec ε1 densité d’énergie dans le local 1 à un instant donné, tion de A1 + A2 en A1 + k2 A2 pour la salle source et A2 + k1 A1 pour
la salle réceptrice.
c célérité du son.
Seule une fraction k2 de l’absorption A2 intervient dans
La fraction d’énergie transmise au local 2 est : l’absorption totale. L’incidence de la présence du local 2 dépendra
donc essentiellement de la surface de couplage Sc et du traitement
S c ε 1c / 4 du local récepteur.
• Si A 2 ⬎⬎ Sc : k 2 → Sc /A 2 . L’absorption totale de A1 sera de
et de même pour le local 2, les fractions d’énergies absorbée et
l’ordre de A1 + Sc . Dans ce cas, Sc a le même effet qu’une fenêtre
transmise sont respectivement :
ouverte.
A 2 ε2 c / 4 et Sc ε2 c / 4 • Si A 2 ⬍⬍ Sc : k 2 → 1. L’absorption totale devient A1 + A2 . On
peut traiter l’ensemble comme un local unique.
Avec une source sonore située dans le local 1, on aura donc un Avec cette notation, les intensités réverbérées de chaque local
système défini par les équations d’équilibre des puissances en prennent la forme :
régime stationnaire :
E1 E1
c IR1 = et IR2 =
E1 = [A 1 ε1 + Sc ε1 − Sc ε2 ] pour le local source 1 A1 + k2 A 2 A1 A 2
4 A1 + A 2 +
Sc
c
et 0= [A 2 ε2 + Sc ε2 − Sc ε1] pour le local voisin 2
4
Lors du passage de deux à plusieurs locaux, les relations
Soit en posant A11 = A1 + Sc et A22 = A2 + Sc :
fondamentales qui viennent d’être décrites prennent une
forme plus complexe souvent mal adaptée à la résolution de
A 11 ε1 − Sc ε2 = 4E1 /c problèmes concrets. C’est la raison pour laquelle on fait sou-
(1) vent appel à une formulation permettant une interprétation
− Sc ε1 + A 22 ε2 = 0
physique très simple des phénomènes.
La résolution du système donne : Cette formulation repose sur deux notions : l’absorption
apparente de la surface séparant deux locaux (ou deux parties
d’un même local) et la puissance ramenée de la salle source
4 E1 4 E1
A 22 Sc dans la salle voisine qui est, également, une puissance appa-
c c rente.
ε1 = et ε2 =
A 11 A 22 − Sc2 A 11 A 22 − Sc2 L’intérêt de cette présentation est qu’elle permet d’appliquer
tous les modèles relatifs aux salles uniques à des ensembles
d’où les valeurs d’intensité de champ réverbéré : constitués de plusieurs cellules. Chacune des cellules de cet
ensemble sera le siège d’une intensité acoustique égale au
E1 E1 rapport :
IR1 = et IR2 =
Sc A 2 A1 A 2
A1 + A1 + A 2 + In t en sit é ef f ec t ive d an s la salle j = p u issan c e ap p aren t e
A 2 + Sc Sc
(o u ram en ée) d e la salle j / ab so rp t io n ap p aren t e d e la salle j
ε 2 Sc
et =
ε1 A 22 ■ Absorption apparente d’une surface de couplage
La puissance apparente absorbée par la surface de couplage est
Si l’on avait traité l’ensemble 1 + 2 comme un seul local égale à la différence des puissances échangées entre les deux
d’absorption A1 + A2, on aurait une valeur de densité : locaux, soit :
ε = [4E1 /c ]/[A 1 + A 2 ] c (ε ) c
Wapp = S c (ε1 − ε 2 ) = S c αapp 1
4 4
soit une différence que l’on peut exprimer par le rapport :
ε1 − ε2 A2
A1 + A 2 ou encore : α app = = 1− k 2 =
ε1 ε1 A 22
=
ε A 2 Sc
A1 + Il en résulte que le coefficient de couplage k2 peut être assimilé
A 2 + Sc au coefficient de réflexion apparent de la surface de couplage.
11
Référence Internet
BR1005
k E
L’application du principe de réciprocité (E 2′ = E 1) conduit à :
p22 = ρ0 c 1 12 HR (θ2 )
4 πd
ε 2 = ε1′ = k1ε 2′ , d’où :
E 2 ε2
= = k1
E 2′ ε 2′
V1 Ω2 P
d
La source virtuelle de la salle 2 équivalente a donc une puis- (p2)
θ2
sance apparente : θ1 S
r
Ω1
E 2 = k1E 1 (3) M
(E1)
On définit E2 comme la puissance ramenée de la salle 1 à la
salle 2.
Figure 3 – Détermination de l’énergie sonore en un point P
à l’extérieur du local
,
E1 E2? E2=E1
V1,A1,ε1 HR (θ2) d P
(p2)
θ2
ε2=k2ε1 , Es=k 1E1
ε1 , , ε2
ε1=k1ε2
M
(E1)
Figure 2 – Application du principe de réciprocité à la détermination
de la puissance apparente d’une source fictive située dans le local
voisin du local source Figure 4 – Puissance rayonnée par l’ouverture
12
Référence Internet
BR1005
H R (θ 2 ) = QhR2 (θ 2 )
Remarque 2 : en appelant Lp ′ = Lw − 10 lg 4πd 2 le niveau
D2
Cette fonction, que l’on ne connaît pas a priori, dépend de la dif- sonore de l’onde directe arrivant devant l’ouverture et
fraction du champ réverbéré par l’ouverture, donc de la forme et
Lp ′ = Lp ′ + 6 le niveau sonore que donnerait une onde réver-
de la position de cette surface, par rapport aux parois extérieures R2 D2
du local et au sol, ainsi que de la longueur d’onde du signal émis. bérée de même efficacité, on constate que le niveau sonore en
M est le même que celui d’un local couplé par une surface
Il est cependant possible d’aller plus loin dans le traitement de Sc = S cos θ2 à un autre local dont le niveau de pression réver-
ce type de problème dès lors que la mesure in situ révèle une
bonne concordance entre les valeurs obtenues et les lois de la réci- bérée serait Lp ′ .
R2
procité. On a dans ce cas :
En effet, le champ réverbéré dans le local étant indépendant de
la directivité de la source, le principe de réciprocité peut s’appli- ε1′ = k1ε 2′ et Lp ′ = Lp ′ + 10 lg k1
1 R2
quer en plaçant au point P une source omnidirectionnelle, de puis-
sance E1, et en mesurant le champ réverbéré (p1′ ) dans la salle Ainsi, tout se passe comme si le local était « couplé » avec
(figure 5). un local fictif.
Dans le cas où les longueurs d’onde du signal sont plus petites Il suffit en pratique de transformer le champ direct, issu de la
que les dimensions de l’ouverture, on peut admettre, en première source virtuelle extérieure, en un champ réverbéré équivalent
approximation, que l’énergie qui pénètre dans le local (Ee ) est la (LpR = LpD + 6) agissant sur la surface de couplage apparente qui
fraction Ω2/4π de l’énergie totale rayonnée par la source, ce qui n’est autre que la projection de la surface réelle S sur la surface
revient à émettre l’hypothèse que la majeure partie de l’énergie normale à la direction de propagation (figure 6) :
diffractée par les bords de la fenêtre pénètre dans la salle.
Il en résulte que : Lp ′ = Lp ′ + 6 + 10 lg k1 cos θ 2
1 D2
S cos θ
Lp ′ = Lw − 10 lg 4 πd 2 + 6 + 10 lg 2 ε1’
ε2’
1
A 11
Sc
Lp 2 = Lp ′
1
Ainsi, dans le cadre des approximations qui ont été effectuées, Lp’ = Lw – 5 + 20 lg d
R2
on peut, en comparant les expressions de p1′2 et p 22 , trouver une Lp’ = Lp’ + 10 lg k1 cos θ2
évaluation de HR (θ2) : 1 R2
13
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Référence Internet
C3360
1. Généralités................................................................................................. C 3 360 - 2
1.1 Comportement du son dans une salle....................................................... — 2
1.2 Notion d’impédance d’une paroi................................................................ — 4
1.3 Modes propres de résonance d’une salle.................................................. — 5
1.4 Principes de l’acoustique géométrique ..................................................... — 7
1.5 Réflexion et absorption sous incidence rasante ....................................... — 8
2. Étude du champ réverbéré dans un local.......................................... — 9
2.1 Densité d’énergie d’une onde acoustique ................................................. — 9
2.2 Champ sonore réverbéré dans un local..................................................... — 10
3. Temps ou durée de réverbération d’un local ................................... — 12
3.1 Absorption d’une salle selon les hypothèses de Sabine.......................... — 12
3.2 Détermination du temps de réverbération d’un local
selon les hypothèses d’Eyring.................................................................... — 14
3.3 Fréquence de coupure d’une salle ............................................................. — 17
4. Méthodes de détermination des caractéristiques
acoustiques d’une salle.......................................................................... — 17
4.1 Évaluation des niveaux sonores dans un local ......................................... — 17
4.2 Mesure des coefficients d’absorption........................................................ — 19
5. Étude des champs réverbérés stationnaires
dans les locaux couplés ......................................................................... — 21
5.1 Échanges d’énergie réverbérée entre deux locaux communiquant
par une ouverture ........................................................................................ — 21
5.2 Transmission d’énergie réverbérée entre deux locaux séparés
par une cloison acoustiquement transparente ......................................... — 21
5.3 Traitement acoustique des locaux couplés ............................................... — 22
5.4 Ondes stationnaires dans les salles couplées........................................... — 24
Coefficients d’absorption de différents matériaux.
Critères d’évaluation de la qualité des salles ........................................... Form. C 3 360
Parution : février 1995 - Dernière validation : janvier 2015
ompte tenu de la complexité des lois physiques qui régissent les phéno-
C mènes de propagation, d’absorption et de diffraction par les obstacles,
l’étude de l’acoustique des salles ne peut être abordée qu’à partir de modèles
simplifiés reposant, tantôt sur des lois analogues à celles de l’optique géo-
métrique, tantôt sur des lois ondulatoires, tantôt sur des lois statistiques.
Lorsque ces modèles sont en défaut, on tente d’expliquer les phénomènes
observés en faisant appel à des distributions :
— temporelles, pour les régimes transitoires ;
— modales, pour les régimes permanents.
Ces distributions mettent en évidence les limites de validité des lois statistiques.
Dans les cas où la géométrie des salles devient trop complexe et où aucune
des approches précédentes ne donnent satisfaction, il devient nécessaire de faire
appel à des théories mettant en jeu des bilans d’échange d’énergie. Les lois qui
en résultent s’appliquent aussi bien aux différentes parties d’une même salle
qu’aux ensembles constitués de plusieurs locaux, juxtaposés ou non.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 3 360 − 1
15
Référence Internet
C3360
Mais l’étude complète d’une salle attribue une importance croissante aux effets
perceptifs. Sa description passe par l’introduction d’un certain nombre de critères
susceptibles de traduire les différentes composantes entrant dans la définition
de la qualité des salles.
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C3360
D’où s (x, y , z ) = s x (x ) s y (y ) sz (z ) et l’équation d’ Helmholtz Les principales conséquences de cet effet sont :
(∇2 + k 2)s (x, y, z ) = 0 peut se décomposer en : — le déséquilibre de la balance spectrale ;
2
— la redondance temporelle qui induit un effet de bourdonnement
d 2 sx / d x 2 + k x sx = 0 désagréable (effet de tonneau) ;
— le masquage des régions moyennes du spectre (les fréquences
2
d 2 sy / d y 2 + k y sy = 0 basses sont les plus gênantes et entraînent une perte d’intelligibilité).
2
d 2 sz / d z 2 + k z sz = 0
1.3.2 Cas des parois d’impédance complexe
Les conditions limites des parois :
En général, l’impédance des matériaux qui recouvrent les parois
s (0, y, z ) = s (X, y, z ) = s (x, 0, z ) = ... = 0
d’une salle a un module élevé mais non infini. Le système d’ondes
conduisent alors à la solution : stationnaires est alors modifié, parfois dans des proportions impor-
tantes, en amplitude, en phase et même en fréquence.
s (x, y, z ) = A sin kx x sin ky y sin kz z
Quand l’impédance est réelle mais finie, on observe toujours un
et les fréquences propres de la salle sont données par la relation : maximum de pression p au niveau des murs, mais l’amplitude des
ondes stationnaires varie avec la distance aux parois (figure 8).
2 2 2
k2 = k x + k y + k z Quand l’impédance est imaginaire, la pression acoustique
entraîne une mise en vibrations des parois et la vitesse particulaire
avec k x = l π /X, k y = m π /Y et k z = n π / Z, (l, m et n = 0, 1, 2 ...) de l’onde n’est plus nulle sur leur surface.
d’où les fréquences propres : Le maximum de pression est alors localisé à une certaine distance
des murs. Enfin, la présence d’écrans (rideaux, panneaux mobiles,
c l2 m2 n2 parois meublées, etc.) provoque des discontinuités dans le champ
f lmn = ----- -------- + --------- + -------
2 X2 Y2 Z2 d’ondes stationnaires.
Ainsi les modes propres d’une salle rectangulaire comprennent :
— les modes propres fondamentaux des 3 systèmes « fermés
aux deux bouts » que constituent les parois parallèles f100 , f 010 et
f 001 ainsi que leurs harmoniques f l00 , f 0m0 et f 00n . Ce sont les modes
axiaux ;
— les modes combinés correspondant aux systèmes d’ondes
stationnaires perpendiculaires à l’une des parois. Soit f lm0 , f l0n et
f 0mn . Ce sont les modes tangentiels ;
— les modes obliques pour lesquels l , m et n sont différents de 0.
Tous ces modes ont une importance particulière en basse fré-
quence car ils constituent un réseau de raies discrètes (figure 7) qui
donnent à la salle une coloration difficilement acceptable sur le plan
perceptif. Les raies trop importantes ou trop « isolées » sont en effet
toujours perçues comme gênantes dans le domaine des basses fré-
quences où elles donnent à la salle un rendu sourd et confus.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 3 360 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction
20
Référence Internet
C3360FOR
21
22
Référence Internet
BR1010
Guide méthodologique
pour l’étude acoustique d’une salle
Approche systématique
’acoustique des salles est une discipline qui exige la mise en œuvre de
L nombreuses connaissances dans des domaines très diversifiés. Le nombre
de variables qui conditionne une configuration donnée est considérable. Il
importe donc de les hiérarchiser et de sélectionner les plus pertinentes pour
une finalité donnée. Cette remarque est d’autant plus justifiée que les modèles
mis en jeu sont nombreux et, la plupart du temps, incompatibles.
La difficulté majeure que l’on rencontre en abordant cette discipline tient au
fait qu’aucun modèle physique ne peut décrire ou prédire le comportement
d’une onde sonore dans un espace clos (cf. [C 3 360] § 1.11).
Cette carence ne peut être compensée que par la mise en jeu d’une myriade
Parution : octobre 2009
23
Référence Internet
BR1010
Le « raccord » de ces formules est une opération dont seuls les spécialistes
soupçonnent la complexité. Il en résulte que la seule façon d’être opérationnel
dans l’adaptation d’une salle à une finalité donnée est de connaître toutes les
lois relatives à l’acoustique architecturale et d’en maîtriser le choix et la mise
en œuvre. C’est le rôle de la méthodologie de permettre l’acquisition et la mise
en œuvre de cette maîtrise.
Dans cette perspective, trois méthodes seront proposées : l’approche
systématique [BR 1 010], l’approche par modèles [BR 1 012] et l’approche
linéarisée [BR 1 014].
L’approche systématique [BR 1 010] consiste à recenser, dans l’ordre chrono-
logique, toutes les étapes nécessaires à la caractérisation d’une salle. C’est la
démarche que doit savoir accomplir tout ingénieur acousticien chargé d’opti-
miser une salle pour une finalité donnée : écoute, isolation, insonorisation,
confort, etc.
L’approche par modèles [BR 1 012] part du principe inverse du précédent
dans la mesure où elle focalise l’étude sur les attributs majeurs de la salle.
Dans l’approche systématique, tous les éléments constitutifs de la salle ont, a
priori, la même valeur et vont se traduire par l’implication de nombreux
modèles. Le travail de l’acousticien consiste alors à jouer sur les compromis de
façon à déterminer ce que l’on pourrait, par commodité, appeler « le centre de
gravité des modèles ». Dans l’approche par modèles, les choix hiérarchiques
se font avant la modélisation, ce qui permet de réduire le nombre de modèles
mis en œuvre.
L’approche linéarisée [BR 1 014] consiste à analyser la salle dans une seule
perspective, c’est-à-dire pour une seule finalité. Cette finalité est cette fois
choisie, non pas en fonction d’une demande effective, mais en fonction de la
simplification potentielle du système de variables impliquées. Cela revient à se
donner une priorité qui ne s’appuie pas nécessairement sur l’une des données
du cahier des charges (celui-ci peut mettre en priorité des critères économi-
ques alors que la linéarisation fera appel à une variable psychophysique sans
pour autant compromettre le résultat final).
Cette approche est donc basée sur le principe de la priorité virtuelle, qui met
en exergue une variable facile à manipuler. Elle est plus simple que la précé-
dente dans la démarche mais exige tout autant, sinon plus, de connaissances
que les précédentes.
Cet article se propose de développer quelques exemples de l’approche
systématique.
24
Référence Internet
BR1012
ette approche est plus directe que l’approche systématique [BR1010] mais
C elle exige plus de maîtrise dans la mesure où elle ne fait pas appel qu’à
des connaissances spécifiquement acoustiques. Elle peut, selon les cas, consti-
tuer la première ou la dernière étape du processus de linéarisation qui sera
décrit dans la troisième partie de ce dossier [BR1014].
Pour bien comprendre l’intérêt de cette démarche, on l’illustrera par trois
exemples :
Le premier exemple est une simple tentative d’optimisation à partir d’un
modèle classique mais, à travers les difficultés rencontrées, on y verra appa-
raître la nécessité de faire des choix qui tendent par tous les moyens à réduire
le nombre de variables. C’est donc là une étape intermédiaire entre la première
approche (systématique – [BR1010]) et la troisième (linéarisée – [BR1014]).
Le deuxième exemple donne, à partir d’une simple comparaison de deux for-
mules de calcul d’un TR, un schéma type de bifurcation intervenant
couramment dans la plupart des modèles comparatifs.
Le troisième exemple montre comment l’échec d’un modèle classique peut
conduire à développer d’autres modèles et comment ces autres modèles
peuvent s’« enchaîner » pour donner lieu à des interprétations cohérentes sus-
ceptibles d’améliorer la compréhension des phénomènes physiques sous-
jacents.
Parution : avril 2010
25
Référence Internet
BR1012
n’est pas idéal peut très bien être acceptée dans la mesure où elle
1. Exemple 1 : optimisation ne s’éloigne pas trop des limites de la fourchette optimale.
d’un paramètre (ici le TR) Il en résulte que le fil conducteur de ce traitement doit rester
orienté sur l’idée qu’un TR différent de sa valeur optimale (dans
une limite de ± 20 %) mais respectant les conditions d’équilibre
On se propose d’optimiser le temps de réverbération TR d’une
spectral est toujours préférable à un TR proche de sa valeur opti-
salle de réunion pouvant également être utilisée comme salle de
male mais présentant des émergences fréquentielles.
conférence. Cette salle a un volume V = 250 m3 et une surface de
parois S = 300 m2. ■ Recherche d’un équilibre spectral
La figure 1 a mis en évidence la nécessité de « régulariser » la
courbe de réponse fréquentielle et de traiter en priorité les bandes
1.1 Analyse du TR avant traitement centrées sur 125 Hz et 1 000 Hz. Une tentative de réduire l’atténua-
tion autour de 500 Hz doit également être envisagée.
La figure 1 représente l’analyse par bandes d’octave du TR de
cette salle. Dans une première étape, tous les calculs doivent être effectués en
Le tracé obtenu pourrait, pour une analyse plus fine, être décom- unités Sabine. Il est évident que, dans la recherche d’une homogénéité
posé en tiers d’octave, mais cette amélioration ne changerait rien de la répartition fréquentielle, les autres modèles (Eyring, Millington,
aux principes qui vont être mis en œuvre dans cette étude. Fitzroy…) n’apporteraient rien, sinon des complications inutiles.
Seul l’ajustement final du TR global pourra faire appel à des
méthodes plus élaborées.
■ Méthode classique
TR (s)
On décompose la surface totale des parois de la salle en deux
2 parties S = S0 + SM.
S0 est la superficie intouchable (surfaces déjà traitées, décors,
ouvertures, vitrages, chauffage-ventilation, etc.).
SM est la surface sur laquelle il est matériellement possible
d’effectuer le traitement.
1 On peut également, si nécessaire, définir le nombre de person-
TR optimal
nes correspondant à une occupation moyenne de la salle et intro-
duire un facteur Δa représentant le supplément moyen
d’absorption dû à la présence d’une personne.
0
1.2 Calcul du coefficient d’absorption
125 250 500 1k 2k 4k 8k f (Hz) optimal
Figure 1 – Analyse du TR par des bandes d’octave et comparaison
avec la répartition spectrale optimale correspondant à une destina- La méthodologie est la suivante :
tion donnée a) On détermine, pour chaque bande d’octave, l’absorption Sabine
correspondant aux valeurs mesurées en salle vide :
Les défauts majeurs observés sont, d’une part, l’écart avec le Ai = 0,16 V TRi
temps de réverbération optimal et, d’autre part, l’hétérogénéité de
la répartition spectrale. b) On modélise la valeur trouvée en effectuant la décomposition
Le traitement peut être conduit en deux temps : virtuelle :
– une étape de mise à niveau globale ;
Ai = S0 + SM
– une recherche d’équilibre des niveaux relatifs. 0 0
■ Mise à niveau globale On ajoute NΔa dans le cas où N personnes étaient présentes lors
La valeur globale du TR est certes importante dans la mesure où de la mesure.
elle définit la destination de la salle. Elle n’est cependant pas aussi On en déduit α0i le coefficient moyen d’absorption de la salle vide.
essentielle que l’équilibre spectral.
Si l’on connaît l’absorption des matériaux recouvrant SM, on
Il faut savoir accepter le fait que, dans les situations où l’optimi- peut directement évaluer
sation simultanée des niveaux absolus et relatifs n’est pas possi-
ble, on doit donner la préférence aux niveaux relatifs car une salle A0 = S0 α0 et AM = SM α0M
mal équilibrée en fréquence sera systématiquement source de fati- c) On évalue la différence ΔAi = Aiopt – Ai et on trace la courbe cor-
gue et de rejet à long terme, alors qu’une salle dont le TR absolu respondante (figure 2).
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BR1012
10 ■ Place disponible
Quand on part d’une situation existante, on dispose d’une marge
de manœuvre plus réduite que lors d’une construction initiale. Le
0 cahier des charges doit prendre en compte le fait que les usagers
acceptent difficilement une réduction de leur espace habitable et il est
évident qu’un résonateur de Helmholtz accordé sur 100 Hz occupe
-10 plus de place qu’un diaphragme réglé sur la même fréquence.
■ Compatibilité du matériau choisi avec l’activité du local
-20
Cette contrainte tombe sous le sens dans la plupart des situa-
tions d’usage courant et il n’est pas toujours nécessaire d’avoir
recours à une réglementation précise pour prendre les mesures
125 250 500 1000 2000 4000
adéquates. Tous les praticiens savent pertinemment éviter les
f (Hz)
matériaux fragiles pour les salles « tout public » ou les lieux expo-
Figure 2 – Analyse, par bandes d’octave, des écarts d’absorption, sés aux intempéries, les matériaux lourds dans les avions, les plas-
par rapport aux valeurs optimales, évalués à partir des tracés tiques près des sources de chaleur, etc.
de la figure 1.
■ Hygiène et sécurité
Les règles élémentaires d’hygiène et de sécurité interdisent un
grand nombre de combinaisons comme, par exemple, l’emploi
Tableau 1 – Détermination de l’efficacité spectrale d’un matériau poreux dans une salle qui doit être nettoyée chaque
du coefficient d’absorption du matériau idéal jour ou l’utilisation d’un matériau à combustion toxique dans un
pour le traitement complémentaire lieu public mais, là encore, bien que les pouvoirs publics soient
assez vigilants sur ce chapitre, certains choix relèvent davantage
Fréquence du bon sens que de la réglementation.
Grandeur ■ Coût
125 Hz 250 Hz 500 Hz 1 kHz 2 kHz 4 kHz
Contrairement aux impératifs précédents qui peuvent être res-
pectés moyennant un minimum de rigueur, les critères d’optimisa-
TRi 2,5 1,17 0,77 2,67 1,43 1,25
tion des coûts ne sont pas toujours évidents et la pratique
professionnelle veut que l’on préfère souvent mettre en œuvre un
Ai 16 35 52 15 28 32
matériau que l’on connaît bien (et dont on peut garantir les résul-
tats) que de prendre le risque de rechercher une solution plus
α0i 0,053 0,117 0,173 0,05 0,093 0,107 adaptée qui peut se révéler moins coûteuse si elle fonctionne du
premier coup, mais devenir hasardeuse si le temps passé à sa
Aopt 33 36 40 40 40 42 mise au point devient trop important.
ΔAi 17 1 – 12 25 12 10 Il faut cependant rester prudent sur le fait que les choix intuitifs
ne sont pas nécessairement les plus économiques et que seule
2ΔAi /S 0,027 0,013 – 0,16 0,333 0,16 – 0,133 une sérieuse étude préliminaire comparative peut conduire dans la
bonne direction.
αM 0,277 0,130 0,013 0,383 0,253 0,24 Cette préparation doit prendre en compte toutes les solutions
techniquement acceptables et les coûts qui en résultent : maté-
riaux, poses et déposes, et surtout les temps de mise au point,
d’adaptation et d’ajustement.
d) On en déduit la valeur idéale αMi que devrait avoir le matériau
recouvrant SM : La hiérarchie des contraintes varie d’une utilisation à l’autre : si,
pour une salle de théâtre, le critère de sécurité prime sur tous les
autres, celui du prix peut, dans certaines entreprises en situation
financière précaire, devenir l’élément de décision prioritaire.
Dans l’exemple cité, cette première phase conduit au tableau 1
C’est la raison pour laquelle la connaissance des mécanismes
établi dans l’hypothèse où la surface disponible (SM) est de 75 m2.
d’absorption doit être assez bien maîtrisée pour assurer une réelle
optimisation des processus et une gestion correcte des inévitables
compromis.
1.3 Obtention d’un TR optimal
De façon générale, on doit commencer cette seconde phase par
Une fois déterminé le profil à donner au coefficient d’absorption, la hiérarchisation des critères. Ce travail effectué, il est alors possi-
on recherche les matériaux les mieux adaptés au cahier des charges. ble de choisir les matériaux compatibles et de « modeler » la
courbe de réponse fréquentielle.
Ce choix s’effectue selon plusieurs critères dont les principaux
sont les suivants. Dans l’exemple choisi, le cahier des charges se compose de :
– salle de conférence (50 places) ;
■ Principes physiques mis en jeu – tout public ;
Il existe une relation étroite entre la nature du matériau et la – peinture obligatoire.
bande de fréquence à traiter. On retient comme critères prioritaires :
– sécurité (matériaux de classe 1) ;
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– revêtement muraux acceptant la peinture sans modification de six équations à trois inconnues (S1, S2 et S3) faisant appel à des
leur coefficient d’absorption, méthodes de résolution par moindres carrés.
– pas de laines minérales (sinon derrière des éléments totale- Dans ce cas, ce n’est pas la complexité de la résolution qui pose
ment fermés) ; problème, c’est son inadaptation à la dernière phase de
– acoustique pas trop dépendante du nombre de personnes (trai- l’opération : l’ajustement du modèle à la réalité du terrain.
tement des sièges et du sol) ;
C’est la raison pour laquelle une approche graphique est tou-
– ventilation insonorisée ; jours préférable, au moins dans un premier temps.
– bruit de fond faible.
En dehors de ces impératifs, les difficultés majeures que l’on
doit s’attendre à rencontrer sont liées aux irrégularités de la 1.5 Méthode graphique
courbe optimale de rattrapage (ΔAi). Plus les écarts entre deux
bandes de fréquences voisines sont importants, plus il faudra être Le tracé, sur un même graphique, des courbes d’absorption de cha-
vigilant sur la sélectivité du matériau. C’est ainsi que, dans l’exem- que matériau dont la valeur est multipliée par une fraction de la sur-
ple proposé (volontairement caricatural), le choix peut s’orienter face à traiter (Sm est décomposée arbitrairement en N intervalles
vers des panneaux fléchissants peu amortis (PF) pour le traitement égaux) permet d’approcher rapidement les valeurs optimales
des fréquences basses et des panneaux rigides perforés accordés d’absorption recherchée.
sur 1 000-2 000 Hz pour les fréquences élevées (PP1 et PP2). Plus
les matériaux seront sélectifs, plus on aura de chances d’éviter En posant : a
d’augmenter l’absorption de la bande centrée sur 500 Hz.
Après une première estimation des coefficients d’absorption on obtient un réseau de courbes paramétrées par ai qui permet de
de chacun de ces matériaux la dernière partie du travail pré- déterminer visuellement les coefficients à donner, a priori, à cha-
paratoire consiste à déterminer les surfaces respectives à leur cune des surfaces pour obtenir la répartition souhaitée.
donner. Dans l’exemple précédent, le tracé des courbes établies en décom-
posant la surface disponible en tranches de 10 m2 (Smj = Sm/7,5)
Tableau 2 – Valeurs des coefficients d’absorption donne respectivement : 2,2 pour a1, 3 pour a2 et 1,5 pour a3, ce qui
à donner aux matériaux devant entrer correspond aux surfaces partielles : Sm1 = 22 m2, Sm2 = 30 m2 et
dans la composition finale Sm3 = 15 m2 (tableau 3 et figure 3).
Fréquence (Hz)
Coefficient
d’absorption
125 250 500 1 000 2 000 4 000
Σ Ai (m2) 25
3a1 3a2
αopt 0,28 0,13 0,01 0,383 0,253 0,24
20 3a3
αm1= αPF 0,75 0,12
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TR final… (s) 1,38 1,31 0,9 1,05 1,18 1,14 2. Exemple 2 : choix
Écart… (s) + 0,18 + 0,21 – 0,1 + 0,05 + 0,18 + 0,1
d’un modèle
Faire le choix d’un modèle est certainement l’une des opérations
On remarque qu’ici il n’est pas nécessaire de traiter toute la sur- les plus délicates de tous les processus d’optimisation.
face disponible (Sm1 + Sm2 + Sm3 = 67 m2 seulement sur les 75 m2 C’est cependant la clé de voûte de la plupart des recherches de
autorisés), mais il peut également arriver que la somme des surfa- solutions et l’outil fondamental du scientifique. Tout l’art de l’ingé-
ces partielles dépasse la surface accessible, ce qui conduit à cher- nieur consiste donc, non seulement à trouver le bon modèle, mais
cher une solution plus complexe faisant appel à des lois de aussi, et surtout, à lui faire dire les bonnes choses.
combinaisons.
Cette remarque est particulièrement adaptée à l’ingénieur en
acoustique des salles du fait qu’il se trouve constamment en pré-
La surface disponible (ou accessible) est l’ensemble des sence de lois établies sur des principes radicalement différents.
portions de parois sur lesquelles on peut disposer un matériau C’est ainsi que le champ acoustique dans un local peut être décrit
sans nuire aux caractéristiques fonctionnelles ou esthétiques aussi bien par des lois géométriques que par des lois ondulatoires
de la salle (cas de la baie vitrée par exemple). ou statistiques. De plus chacune de ces lois peut elle-même faire
appel à des modèles différents.
Dans le cas présent, une surface totale disponible de 50 m2 obli- Par exemple, les lois géométriques peuvent être développées à
gerait à rechercher une solution du type panneau fléchissant per- partir d’équations analytiques, de représentations en source ima-
foré avec deux diamètres de trous, double paroi ou structure en ges ou de méthodes de rayons.
nids d’abeilles. Pour couronner le tout, les évaluations de la qualité du résultat
La difficulté réside alors : obtenu peuvent être conduites à partir de critères physiques
comme la géométrie, le choix et la répartition des matériaux ou les
– dans le réglage précis des fréquences d’accord de chaque positions respectives des sources et du public ou à partir de critè-
système ; res subjectifs comme la qualité des transitoires, la couleur, le
– dans l’impossibilité de conserver la sélectivité fréquentielle rendu, la fusion, l’intimité, etc.
des panneaux aux basses fréquences en raison de l’amortisse-
ment induit par les perforations (la largeur active de la bande L’idée de départ est simple et classique. Connaissant les
centrée sur 125 Hz peut induire un excès d’absorption sur les caractéristiques géométriques et physiques de la salle, on
zones voisines) ; recherche la loi donnant le TR pour le confronter aux résultats
– dans la difficulté de trouver le bon équilibre des répartitions de de mesure.
la puissance absorbée entre les différentes régions du spectre. Pour illustrer le concept de dualité lié au choix du modèle, on
se propose de développer un exemple simple extrait d’une
étude sur la durée de réverbération du Palais Garnier (Opéra de
1.6 Mise en pratique et ajustement Paris).
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C3362
Traitement acoustique
et insonorisation des bâtiments
par Jacques JOUHANEAU
Professeur au Conservatoire national des arts et métiers
aisant suite à l’acoustique des salles [C 3 360] qui constitue une approche
F géométrique, ondulatoire et statistique des lois qui régissent le compor-
tement des ondes sonores dans les espaces clos, cet article présente les principes
physiques qui sous-tendent les phénomènes d’absorption et de transmission
ainsi que les approches concrètes qui peuvent en découler dans le traitement
acoustique des parois.
Plutôt que de présenter de façon classique les caractéristiques d’absorption
Parution : novembre 1996 - Dernière validation : janvier 2015
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C3362
La troisième partie se présente comme une synthèse des principales lois phy-
siques qui interviennent dans les mécanismes de transmission des ondes sono-
res par les parois. Elle insiste sur l’importance des ondes de flexion et leurs
conséquences sur les phénomènes de coïncidence. Elle permet d’évaluer les prin-
cipales valeurs critiques qui constituent les points faibles des cloisons, des portes,
des vitrages...
L’incidence de ces lois sur l’efficacité des doubles parois est évoquée à l’aide
de quelques exemples caractéristiques.
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Figure 1 – Dispositif utilisé pour la détermination du coefficient Énergies incidente réfléchie dissipée rayonnée
de réflexion globale d’une surface constituée de matériaux différents
En divisant chaque terme par l’énergie initiale (mgh0), on obtient :
1 = + D + ′ (2)
Si l’on définit le coefficient de réflexion 1 du sol par le rapport
entre l’énergie potentielle de la balle à l’issue de son premier où , D et ′ sont respectivement les coefficients de réflexion, de
rebond et l’énergie potentielle initiale on obtient : dissipation et de réémission des pistons.
1 = mgh 1 /mgh 0 = h 1 /h 0 De cet exemple on retiendra principalement que le phénomène
de réflexion peut être indépendant du phénomène de réémission.
Si la balle tombe sur l’un des oscillateurs, le rebond se fera à une Cette différence se manifeste ici à la fois sur la nature des phé-
hauteur h2 < h1 et le coefficient de réflexion sera alors : nomènes et sur leur répartition temporelle.
2 = h 2 /h 0 < 1 La réflexion directe s’effectue sous une forme purement méca-
nique et son effet est immédiat.
Si l’on admet que l’énergie dissipée au moment du choc est La réémission se produit sous forme d’énergie acoustique et son
négligeable, on peut affirmer que la différence d’énergie a été effet est différé dans le temps.
stockée sous forme d’énergie potentielle dans le ressort, d’où :
La distinction entre les deux phénomènes est particulièrement
mgh 0 – mgh 2 = ( 1 / 2 ) k m x 02 nette par le fait qu’il s’agit d’une excitation mécanique en régime
transitoire.
avec x0 déplacement maximal du piston provoqué par le choc, Dans le cas d’une excitation acoustique en régime permanent, la
km coefficient de raideur du ressort. différence sera plus difficile à mettre en évidence, mais son rôle
sera tout aussi important (principalement en ce qui concerne les
On peut ainsi définir un coefficient de transmission comme le phénomènes de directivité).
rapport de l’énergie transmise au piston à l’énergie incidente, soit :
Avant d’analyser le comportement spécifique des ondes acous-
( 1 / 2 ) k m x 02 h2 tiques, on peut compléter l’étude du modèle précédent en examinant
τ = 1 – 2 = -----------------------------
- = 1 – -------
- le cas où l’on dispose au-dessus du plancher précédent un grand
mgh 0 h0
nombre de balles que l’on lâche simultanément.
Après le choc, le système masse-ressort va osciller suivant une Nous définissons par σ = (N π a2/S ) la probabilité pour chaque
loi pseudo-sinusoïdale amortie d’équation : balle de tomber sur un piston et 1 – σ celle de tomber sur la surface
rigide.
x (t ) = x 0 exp (– λt ) cos (ω t + ϕ )
Dans ces conditions, le bilan énergétique s’écrit :
L’enveloppe de cette courbe est décrite par l’exponentielle
mgh0 = (1 – σ )mgh1 + σ mgh2 + σ WRM + σ WRR (+Wchoc)
(cf. article Vibrations [A 410] dans le traité Sciences fondamentales) :
xM = x 0 exp (– λ t ) Soit en divisant par mgh0 :
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1.1.3.1 Réflexion d’une onde acoustique sur une surface L’impédance mécanique propre de chaque piston a pour expres-
rigide comprenant une distribution uniforme sion :
de cavités fermées par des pistons plans
Z ε = R m + j ( m ω – k m / ω ) = R ε + jX ε
Comme pour l’exemple traité au paragraphe 1.1.2.3, le matériau
choisi est constitué de deux parties de natures différentes compre- avec Rm coefficient de frottement ou résistance mécanique du
nant une surface d’impédance infinie percée de cavités circulaires, piston ; m est sa masse,
obstruées par des pistons plans (ou des membranes) de même rayon km son coefficient de raideur propre.
(figure 2).
À droite du piston, son impédance de charge est l’impédance de
Le modèle proposé n’ayant pour but que de comprendre la cavité :
nature des mécanismes intervenant à l’interface des parois, on se
placera dans le cas où un certain nombre d’hypothèses simplifica- Z c = k m /j ω = ρ 0 c 2 ( π a 2 ) 2 /j ω V
tives, détaillées au paragraphe 1.1.1, sont observées :
— source omnidirective assez éloignée de la paroi pour que les À gauche, l’impédance de charge est l’impédance de rayonne-
conditions de champ lointain soient respectées ; ment :
— onde arrivant sous incidence proche de la normale ; Z r = R r + jX r
— surface S de dimensions réduites par rapport à la longueur
d’onde ; Dans le cas du piston plan encastré, cette impédance est
— impédance mutuelle de rayonnement des pistons négligeable. égale [2] à :
2
La surface S comprend N pistons régulièrement espacés (soit n Z r = ρ 0 c π a [ R 1 ( 2ka ) + j X 1 ( 2ka ) ]
pistons par unité de surface). Chaque piston a une surface πa2.
Le rapport entre la surface des pistons et la surface totale est
donc : Quand la longueur d’onde est grande devant le rayon a
N π a2 (ka 1) on peut simplifier R1 et X1 :
σ = ----------------- = n π a 2 (3)
S
R1 (2ka ) ≈ k 2 a2/2
Sachant que les phénomènes de réflexion dépendent en premier
lieu de l’impédance de la surface, il est opportun de déterminer suc- X1 (2ka ) ≈ 8ka/ 3 π
cessivement l’impédance de chaque piston et d’en déduire l’impé- D’où Rr ≈ ρ0 π a4 et Xr ≈ 8 ρ0 a3 ω / 3 = mr ω.
ω 2 / 2c
dance globale de la paroi. mr est homogène à une masse et sera défini par la suite comme
la masse (virtuelle ) de rayonnement ; sa valeur sera (8/3) ρ0 a3
1.1.3.2 Impédance d’un piston (ou d’un diaphragme)
fermé sur une cavité dans le cas d’une forme circulaire et (8 / 3) ρ0 (S/π)3/2 dans le cas
On considère une paroi rigide d’impédance infinie percée d’une d’une forme régulière (pas trop différente d’un cercle ou d’un
cavité cylindrique de rayon a. carré).
La cavité est fermée par une membrane fonctionnant en piston
plan (figure 3). Compte tenu des conditions de continuité des pressions (p0 = pε )
et des débits (q0 = Nq ε ) lors du passage de la section x = ε à la
section x = 0 on peut écrire que :
p0 pε Z0 Zε
- = --------------
-------- soit ---------
- = -------------------------
-
q0 Nq ε S2 N ( π a 2 )2
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Il en résulte que l’impédance réduite (z0 = Z0 /ρ0 c S ) de la sur- Si l’on part du principe que le champ acoustique résultant de la
face S est liée à l’impédance réduite des pistons (z = Zε /ρ0 c π a2) réflexion sur une paroi est la somme de trois composantes : le
par la relation : champ direct, le champ réfléchi et le champ diffracté, il est néces-
saire, pour distinguer les deux derniers, d’introduire les notions de
z 0 = z /σ (4)
réflexion spéculaire (représentée par un coefficient p ) et de réé-
mission (représentée par un coefficient p′ ) tout en sachant que
1.1.3.3 Réflexion spéculaire et réflexion diffuse cette dernière va être la source principale de la réflexion diffuse.
■ Réponse de la paroi en régime transitoire
1.1.3.4 Détermination du coefficient d’absorption
Si la source émet une impulsion, celle-ci donnera lieu à une d’une surface soumise à une onde incidente plane
réflexion instantanée sur la surface S.
La pression exercée effectivement sur la surface S résulte de la
Le coefficient de réflexion énergétique est alors défini comme
présence simultanée de trois « pressions partielles » :
dans l’exemple de la figure 1.
— la pression de l’onde incidencte : pi ;
Au moment de la réflexion, chaque piston stocke une fraction de — la pression de l’onde réfléchie : pr ;
l’énergie incidente, puis la restitue en oscillant à sa — la pression de l’onde diffractée : pr’ :
pseudo-fréquence.
Son énergie résiduelle va donc être progressivement éliminée : p0 = pε = pi + pr + pr’ (5)
— par dissipation dans Rm ; et de même pour la vitesse vibratoire prise dans le plan x = 0 :
— par rayonnement.
v0 = vi + vr + v r ’ (6)
Au total, l’énergie restituée à la salle comprendra l’énergie réflé-
chie instantanée et l’énergie réémise par le piston. v0 étant lié à la vitesse vibratoire des pistons par la relation v0 = σ vε.
Les deux phénomènes ne peuvent et ne doivent pas être confon- Les relations fondamentales entre pression et vitesse particulaire
dus. sont, dans l’hypothèse où l’onde réfléchie est également plane et
La figure 4 donne une représentation schématique du phéno- normale à S :
mène de réflexion-réémission en régime impulsionnel et montre pi = ρ0 c vi et pr = – ρ0 c vr
bien la différence (temporelle) des deux mécanismes. Si l’on admet (ce qui n’est acceptable que pour les ondes situées
■ Réponse en régime stationnaire dans un plan très proche de S ) que l’onde diffractée est également
plane, on peut introduire :
Dans le cas où la source est harmonique la « séparation » du
champ réfléchi et du champ réémis est plus difficile à mettre en pr ’ = – ρ0 c v r ’
évidence. La pression effectivement exercée sur les pistons devra
prendre en compte, en amplitude et en phase, l’onde directe, l’onde Dans ce cas, le bilan des vitesses peut s’écrire :
réfléchie et l’onde réémise. Il devient donc impossible de traiter indé-
pi pr pr ′
pendamment les composantes énergétiques et de donner une forme v 0 = σ vε = -----------
- – -----------
- – -----------
-
utile aux coefficients de réflexion en intensité. ρ0 c ρ0 c ρ0 c
En revanche la différence entre l’onde réfléchie et l’onde réémise p pi + pr + pr ′ Z
apparaît dans la répartition spatiale. d’où -----ε- = σ ρ 0 c -------------------------------- = ---------ε2-
vε pi – pr – pr ′ πa
En effet, si l’onde réfléchie correspond bien à une réflexion spé-
culaire (faisceau issu de l’image de la source par rapport au et, en introduisant l’impédance réduite z de Z ε , on aboutit à :
plan z = 0), l’onde réémise par le piston possède sa directivité propre
[en l’occurrence une demi-sphère lorsque ka 1 car, dans ce cas z
p i + p r + p r ′ = ----- ( p i – p r – p r ′)
précis, R1 (2 k a ) = k 2 a 2/ 2 et Q = k 2 a2/R1 ≈ 2]. σ
Ce qui donne, en divisant les deux membres par pi :
z
1 + p + p′ = ----- ( 1 – p – p′ )
σ
z –σ
p + p′ = ---------------
z +σ
2z
p ε = p i ( 1 + p + p′ ) = p i ---------------
z +σ (7)
pi pi 2
v ε = ------------- ( 1 – p – p′ ) = ---------- --------------
ρ0 c σ ρ0 c z + σ
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et la puissance dissipée dans les N pistons : Dans l’exemple précédent, ce coefficient s’exprime par :
E D = NRe [ Z ε ]v ε2 = NR m v ε2 = N ρ 0 c πa 2v ε2 z0–1 2 z –σ 2
α = 1 – p + p′ 2 = 1 – --------------- = 1 – -------------
z +1 z +σ
ou encore : E D = R 0v 02
qui s’écrit dans tous les cas : Cette définition n’est applicable, en toute rigueur, que dans des
conditions très particulières. Sa validité théorique est très limitée,
Sp i2 4r σ mais son utilisation pratique peut être étendue aux situations où
E D = ----------- ---------------------------------
- l’onde réémise est négligeable devant l’onde réfléchie.
ρ0 c [ r + σ ] 2 + x 2
Ainsi dans l’exemple développé plus haut, si l’on néglige le
on en déduit le coefficient de dissipation dans les N pistons : champ diffracté par les pistons on peut écrire :
ED 4r σ p′ p ce qui entraîne : G ≈ p 2 et, par conséquent :
D = ------
- = -------------------------------
- (8)
Ei ( r + σ )2 + x 2 α = 1 – p 2 .
ainsi que le coefficient de réflexion globale : Toutefois, il convient de noter que p est, le plus souvent, défini
G = 1 – D par le rapport (z 0 – 1 ) ⁄ (z 0 + 1 ) , ce qui revient à confondre p et
G . L’incidence de cette confusion est plus théorique que pratique,
1.1.3.6 Définition du coefficient d’absorption d’un matériau
mais l’absence de distinction entre champ réfléchi et champ réémis
Dans le modèle précédent, l’énergie incidente de l’onde arrivant peut conduire à des erreurs plus conséquentes dès lors que le champ
sous incidence normale sur un matériau d’impédance réduite réémis n’est plus négligeable devant le champ réfléchi.
z0 = r0 + x0 ne peut prendre que deux formes :
— une forme dissipative ;
— une forme réverbérée (par réflexions diffuse et spéculaire). 1.1.4 Caractéristiques du coefficient d’absorption
Le coefficient d’absorption peut donc être assimilé au coefficient
de dissipation D introduit précédemment. L’étude précédente a montré que, dans l’hypothèse où le coeffi-
cient de réflexion globale était égal au rapport (z – σ ) ⁄ (z + σ ) , le
D’où une première définition : coefficient d’absorption dépendait de plusieurs paramètres dont
Le coefficient d’absorption d’un matériau est égal au rapport les plus importants sont :
de la puissance dissipée dans une portion de surface S du maté- — l’angle d’incidence de l’onde supposée plane (θ ) ;
riau à la puissance du faisceau incident limité par le contour de S. — la résistance « interne » (réduite) du matériau (r ) ;
Dans l’exemple précédent, ce rapport s’exprime par : — sa réactance « interne » (réduite) (x ) ;
— sa porosité (σ ).
ED 4r σ
α = ------
- = ----------------------------------
- Dans l’exemple développé au paragraphe 1.1.3, le coefficient
Ei ( r + σ )2 + x 2 d’absorption sous incidence normale avait comme expression :
De cette première approche, on retiendra que la puissance trans- 4r σ
α = -------------------------------
-
portée par le faisceau incident ( E i = Sp i2 / ρ 0 c ) n’est pas la puis- ( r + σ )2 + x2
sance reçue par S ( E 0 = Sp 02 / ρ 0 c ) , de même que la pression Sous cette forme, il apparaît clairement que le coefficient passe
par un maximum pour x = 0, c’est-à-dire quand la fréquence de
exercée sur S par le faisceau incident (pi ) n’est pas égale à la pres-
l’onde incidente coïncide avec la fréquence propre des pistons.
sion globale (p0) exercée sur cette même surface. Cette fréquence propre est donc la fréquence centrale de la bande
Une seconde méthode peut être introduite en définissant le coef- active du matériau (figure 5) ; elle est la solution de l’équation :
ficient d’absorption par le rapport :
km + ka
m ω + ρ 0c π a 2X 1 – ------------------
- = 0
Énergie incidente – Énergie restituée
α = ------------------------------------------------------------------------------------------------------- ω
Énergie incidente ρ0 c 2 ( π a 2 ) 2
avec ka = -------------------------------- ,
Cette définition est acceptable à la condition que le terme V
X1 ≈ mr ω
« restituée » prenne en compte, à la fois, l’onde réfléchie et l’onde
réémise. Soit :
Dans l’exemple précédent, ces deux ondes étant planes et spé- 1 km + ka
f 0 = ------- ------------------
- (9)
culaires, on peut introduire un coefficient de réflexion globale G : 2 π m + mr
Énergie restituée à la salle À cette fréquence, l’expression de α se réduit à :
G = --------------------------------------------------------------------------
Énergie incidente
4σr
D’où la seconde définition du coefficient d’absorption : α 0 = -------------------2- = 0 (10)
(r + σ)
Le coefficient d’absorption d’une portion de surface S est la
fraction d’énergie non restituée à la salle par cette surface, L’absorption due à la présence de ce matériau sera d’autant plus
importante que α0 sera plus élevé. Le maximum d’efficacité
soit : α = 1 – G
d’absorption (figure 6) est donné par :
d α0 4σ(σ – r)
- = 0
---------- = -----------------------
dr ( r + σ )3
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qui correspond à r = σ. La sélectivité est d’autant plus grande que r est plus faible. Il en
La valeur maximale de α0 obtenue dans ces conditions est : résulte que plus on amortit un diaphragme plus sa bande active
d’absorption s’élargit et plus son efficacité décroît.
( α 0 ) max = 1
Exemple : un panneau (1 m × 0,667 m) de contreplaqué de 1 cm
ce qui revient à dire que, quand l’impédance du matériau est égale d’épaisseur a pour constantes :
à l’impédance du milieu de propagation (vue du matériau), il y a E = 5,5 · 109 Pa, ρm = 600 kg/m3, σ = 0,07, B = 460,4 N · m et
absorption totale. Ce résultat est conforme au principe de l’adapta- ρs = 6 kg/m2.
tion d’impédance qui veut que la puissance transmise soit maximale Sa fréquence de résonance sous vide est de 45 Hz.
quand l’impédance de charge est égale à l’impédance de source. On le monte en diaphragme « posé » à 5 cm d’une paroi rigide.
On peut donc évaluer :
Rappelons que l’impédance du milieu de propagation est, pour 1,4 ⋅ 10 5 × 0,667
une onde plane, égale à ρ0 c (c’est-à-dire 1 en valeur réduite) et — sa raideur acoustique : k a = ------------------------------------------- =1,87 ⋅ 10 6 N ⋅ m –1 ;
0,05
que cette valeur ramenée de S sur la surface des pistons vaut — sa masse : m = ρsS = 6 × 0,667 = 4 kg ;
(N π a2/S ) ρ0 c, c’est-à-dire σ ρ0 c, soit σ en valeur réduite. On — sa raideur propre : keq = m (ω0v )2 = 3,2 · 105 N · m–1 ;
remarque en outre que dans le cas où S < πa2, on retrouve σ = 1.
Dans ce cas, α0 est simplement égal à 4 r /(r + 1)2. 8 ρ 0 S 3/2
— sa masse de rayonnement : --------- ----- = 0,29 kg .
3 π
Le maximum d’efficacité d’absorption se situera autour de la fré-
1.1.5 Application à différents types de matériau quence :
Le maximum d’absorption dépend essentiellement de la résis- Pour le résonateur de Helmholtz à col encastré (de rayon a et de
tance d’amortissement du système piston-cavité (r, sous forme longueur ) les relations définies précédemment s’appliquent éga-
réduite) et vaut : lement à condition de prendre :
4r π a2
α 0 = ------------------2- N = 1; σ = --------- ; m = ρ 0 π a 2 ; mr = 8 ρ0 a 3 ⁄ 3
(r + 1) S
( π a2 )2
km = 0 ; k a = ρ 0 c 2 -----------------
Le piston sera d’autant plus absorbant que sa résistance d’amor- V
tissement sera proche de ρ0 c S (r = 1 correspond à Rm = ρ0 c S ).
On est bien en présence d’un phénomène d’absorption sélective
car α décroît au fur et à mesure que ω s’éloigne de ω0.
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340 0,1
f 0 = ---------- --------------------------------------------------------------------------- = 707 Hz
2 π 0,05 [ 0,01 + ( 8 × 0,002 ⁄ 3 π ) ]
Pour obtenir un maximum de sélectivité à cette fréquence il faudra
que la résistance propre de chaque orifice ( R ε ) tende vers
5 · 10–4 N · s · m–1.
Figure 7 – Variation théorique des coefficients d’absorption
À l’inverse, une résistance de 5 · 10–3 N · s · m–1 limiterait le coeffi-
des cinq matériaux décrits au paragraphe 1.1.5
cient d’absorption à une valeur de 0,33.
La courbe c de la figure 7 donne la courbe d’absorption théorique de
ce type de matériau dans une configuration définie par ;
La pulsation propre du résonateur est alors :
Rε = 10–3 N · s · m–1 et σ = 0,1
πa 2
ω 0 = c ------------------------------------
V ( + 8a ⁄ 3 π ) 1.1.5.4 Matériaux poreux à texture rigide et pores ouverts
Exemple : une paroi constituée de parpaings creux, dont les cavi- Ce type de matériau peut être modélisé (ou réalisé) à partir d’un
tés de 1 500 cm3 communiquent avec l’extérieur par un orifice de panneau rigide percé d’un grand nombre de capillaires (plaque multi-
12 cm2, peut être étudiée prévisionnellement à l’aide du modèle perforée).
suivant :
L’impédance acoustique de chaque capillaire étant [1] :
a = 2 cm ; = 2a ; V = 1,5 L
8ηh 4 ρ0 h
Ces valeurs laissent prévoir une pulsation de résonance voisine de : ----------4- + j ----- ---------2- ω
πa 3 πa
a on en déduit : Rε = 8 π η h ; m = (4/3) ρ0 h π a 2.
ω 0 = c ------------ = 1 300 rad · s –1 soit f 0 = 208 Hz
0,9V Par ailleurs, on a toujours : mr = (8/3) ρ0 a3 (ou 16/3) ρ0 a3 s’il y a
Cependant α0 dépend ici de σ ; ainsi pour σ = 0,1, on aurait : lieu de tenir compte du rayonnement arrière.
Comme km = ka = 0, l’absorption ne présente pas de maximum et
0,4r reste constante dans la limite de validité des relations établies
α 0 = -----------------------2-
( r + 0,1 ) c’est-à-dire : f < 4 · 10–6/a2 (qui correspond à la fréquence limite de
4 500 Hz pour les expressions donnant m et R0) et ka 1 qui est
En l’absence de matériau absorbant dans le résonateur (r = 0) on voit vérifié sur toute la bande audible.
que l’atténuation serait négligeable et le résonateur inefficace.
L’ a b s o r p t i o n s e r a m a x i m a l e p o u r r = σ , c ’ e s t - à - d i r e Exemple : une plaque d’épaisseur h = 2 mm, percée de
Rε = ρ0 c π a2 σ = 0,05 N · s · m–1. 2,8 · 104 capillaires au cm2 (rayon a = 30 µm) aura un coefficient de
porosité σ = 0,8
La courbe b de la figure 7 donne un exemple de la réponse en fré-
quence de ce type d’absorbant pour σ = 0,1 et Rε = 0,15 N · s · m–1. Rm = 9,35 · 10–7 N · s · m–1 → r = 0,81
c 9
f 0 = --------- ---------------------------------------
2 π 4h ( h + 6a ⁄ π )
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mais ce maximum ne donne pas lieu à un phénomène de sélecti- utilisés à titre d’exemple et la figure 7 définit leur zone fréquentielle
vité fréquentielle dans la bande audible compte tenu de la valeur d’efficacité maximale.
trop élevée de f0 .
Exemple : en collant la plaque multiperforée de l’exemple pré-
cédent contre une paroi rigide, on obtient : 1.2 Étude et traitement des caractéristiques
Rε = 3,1 · 10–7 N · s · m –1 → r = 0,27 d’absorption d’une salle
m + mr = 3 · 10–12 kg et ka = 0,2 N · m–1 → x = 2,7 · 10–6 ω – 1,7 · 105/ω
1.2.1 Optimisation de l’acoustique d’une salle
la fréquence propre est rejetée au-delà de spectre audible (40 kHz), ce (traitement interne)
qui entraîne une courbe de réponse dont l’allure est celle de la courbe
e de la figure 7.
L’amélioration de la qualité d’écoute dans une salle comprend
deux aspects qui, malgré leur interdépendance, peuvent être abor-
1.1.5.6 Tableaux récapitulatifs dés séparément :
Le tableau 1 regroupe les différentes formes que peut prendre la — la définition d’une qualité sonore ;
relation (9) selon la nature du matériau utilisé. — la réduction du bruit.
Le tableau 2 montre le mode de détermination des coefficients (0)
d’absorption, sous incidence normale, des cinq formes de matériaux
Tableau 1 – Calcul de la pulsation propre de divers types de matériaux utilisés en absorption de paroi
mr km ka Pulsation d’efficacité
m Amortissement
maximale
(0)
R⑀ m⑀ k⑀ 0 a 2 x f0 (Hz) r αmax
Panneau 1 277
fléchissant 1 1 000 4,29 2,19 · 10–6 273 0,1f – --------------- 114 3,66 0,67
f
Résonateur 8 · 10–5 41,5
d’Helmholtz 0,1 0,15 134,4 0,515 9,71 ⋅ 10 –4 f – ----------- 208 0,3 0,75
f
Panneau 108,8
0,1 10–3 1,78 · 10–7 3,52 5,15 · 10–3 2,17 ⋅ 10 –4 f – --------------- 707 0,2 0,88
perforé f
Matériau 1,4 ⋅ 10 5
poreux 0,8 9,3 · 10–7 9,2 · 10–12 (1) 1,16 · 10–6 5 ⋅ 10 –5 f – ---------------------- 5k 0,81 1
ouvert f
Matériau 2,74 ⋅ 10 4
poreux 0,8 3,1 · 10–7 3 · 10–12 0,2 1,16 · 10–6 1,7 ⋅ 10 –5 f – ------------------------- 40 k 0,27 0,75
fermé f
(1) Valeur résiduelle. Pour donner un aspect réaliste à la courbe, on prendra arbitrairement kε = 1 N · m –1
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Réglementation acoustique
des bâtiments
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– décibel pondéré A ;
– intervalles d’octave centrés sur une fréquence ;
– spectre de bruit ;
– isolement acoustique normalisé pour un bruit rose à l’émission ;
– isolement acoustique standardisé ;
– niveau de pression du bruit de choc standardisé ;
– durée de réverbération ;
– aire d’absorption équivalente…
Pendant trente ans, période qui sépare la première réglementation acous-
tique applicable aux bâtiments d’habitation (14 juin 1969) de la dernière
(30 juin 1999), les méthodes de prévision des performances acoustiques
d’un bâtiment se sont affinées, mais le vocabulaire utilisé, les unités et les
méthodes de calcul n’ont pas varié. Ainsi, les constructeurs ont pu se forger
des réflexes permettant d’adapter les moyens à mettre en œuvre aux obliga-
tions de résultats.
En 2000, il a été nécessaire de « traduire » les performances acoustiques des
bâtiments et des éléments de construction en « langage européen » précisé
dans les normes européennes d’application obligatoire. Il en a résulté une
modification de la terminologie acoustique, de l’expression des résultats et des
modes de calcul. Il nous a paru indispensable que cette présentation de la
réglementation acoustique des bâtiments montre les différences entre ce qui a
été pratiqué pendant trente ans et ce qui doit être utilisé maintenant. Nous
avons supposé toutefois que les notions de base, décibel, décibel A, spectre de
bruit étaient déjà acquises par le lecteur. Néanmoins, l’unité « décibel » étant
particulière, un rappel d’outils permettant sa manipulation sera fait.
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Il a donc été décidé d’interpréter les résultats de mesures en peut pas maîtriser le bruit qui sera réellement émis dans les locaux
considérant une incertitude globale de 3 dB ou 3 dB(A). Dans les émission : la notion d’isolement acoustique suffisant n’existe pas
premiers textes réglementaires, jusqu’en 1994, cette incertitude car il suffit d’augmenter le niveau sonore dans le local d’émission
était appelée « tolérance » pour que le voisin soit gêné.
■ La mise en œuvre et l’incertitude La réglementation acoustique des bâtiments impose des perfor-
mances minimales pour ne pas être gêné dans le cas de l’utilisa-
L’exploitation de 160 configurations de constructions tradition- tion normale des locaux. Si ces performances minimales ne sont
nelles réalisées avec une mise en œuvre courante a montré que pas obtenues, les locaux testés pourraient être déclarés impropres
93 % des écarts « prévision – mesure » étaient compris entre – 3 et à leur destination.
+ 3 dB avec autant d’écarts positifs que négatifs (la moyenne des
écarts était de 0,06 dB).
Dans 50 cas de mise en œuvre soignée, 100 % des écarts étaient 1.2 Bâtiments soumis à des exigences
dans cette fourchette. acoustiques réglementaires
■ Utilisation de l’incertitude
■ Constructions à usage d'habitation
L’incertitude est à prendre en compte lors de l’interprétation
Le premier secteur qui a bénéficié d’une réglementation acous-
des résultats de mesures de réception. Elle n’est pas à utiliser
tique est celui des constructions neuves à usage d’habitation. Dès
dans les études prévisionnelles : tous les résultats prévisibles
1958, une notice technique du Centre Scientifique et Technique du
doivent être strictement conformes, voire supérieurs, aux valeurs
Bâtiment énonçait un certain nombre de contraintes acoustiques
exigées par la réglementation. On a bien besoin des 3 dB d’incer-
qu’il était recommandé de respecter dans les immeubles d’habita-
titude globale finale pour tenir compte des incertitudes de chaque
tion. Cette notice était rendue obligatoire pour les constructions
étape de la chaîne « prévision – mesure ».
réalisées avec l’aide de l’État par le CPTFMU (Cahier des Prescrip-
■ Remplacement des obligations de résultats par des obligations tions Techniques Fonctionnelles Minimales Unifiées). Elle préci-
de moyens sait la notion « d’isolement acoustique suffisant » imposé par un
décret du 22 octobre 1955.
Il est à noter que toutes les performances acoustiques ne sont
pas prévisibles ou mesurables. Dans les quelques domaines où Puis, le Code de l’urbanisme a mis en place pour tous les bâti-
c’est le cas, la réglementation remplace les obligations de résul- ments d’habitation, aidés ou non, la démarche « obligations de
tats par des obligations de moyens. résultats – engagement du demandeur du permis de construire –
contrôles a posteriori – sanctions en cas de non-conformité ». Cela
Par exemple, l’objectif visé dans la transmission du bruit d’une circu- s’est traduit, en 1969, par un décret « règles générales de construc-
lation commune vers un logement, une salle de classe ou une chambre tion applicables aux bâtiments d’habitation » et un arrêté qui fixait
d’hôtel est de réduire le bruit à l’émission dans la circulation par un trai- ces règles en matière d’isolation acoustique pour les bruits produits
tement acoustique pour que le bruit à la réception soit diminué. L’étude à l’intérieur de l’immeuble. L’arrêté de 1969 a été modifié en 1975
est possible grâce à des logiciels qui nécessitent une modélisation du pour tenir compte de l’expérience acquise.
cas à traiter qui peut être extrêmement complexe, notamment si la cir- Depuis, il y a eu, en 1978 un deuxième arrêté visant l’isolation
culation comporte des volumes couplés par les cages d’escaliers. Le des habitations vis-à-vis des bruits extérieurs de circulation rou-
législateur a préféré remplacer l’obligation de résultat par une obligation tière ou ferroviaire. Ces textes ont été révisés en 1994 pour l’arrêté
de moyens : l’introduction dans la circulation d’une aire d’absorption de 1969 modifié (ce qui a donné l’appellation NRA – nouvelle
équivalente proportionnelle à la surface au sol de la circulation. réglementation acoustique) et en 1996 pour l’arrêté de 1978.
On trouve un autre exemple dans la réglementation acoustique des En 1999, la NRA a fait l’objet d’une adaptation aux règles euro-
bâtiments d’habitation adaptée aux pratiques de construction dans les péennes, sans modification de la hauteur des exigences.
départements d’outre-mer. Dans ces départements, l’aération des loge-
Enfin, il a fallu attendre jusqu’en 2013 pour que l’arrêté de 1996,
ments et la recherche du confort d’été se font par des ouvertures en
relatif aux bruits extérieurs de trafic routier, ferroviaire ou aérien,
façade, sans fenêtres mais avec des ventelles pour assurer l’intimité.
soit lui aussi adapté aux règles européennes et complété par un
Dans ce cas, l’isolement acoustique entre logements voisins est quasi-
certain nombre de dispositions.
ment impossible à mesurer, la règle à appliquer pour réaliser ces
mesures étant de fermer les portes et les fenêtres. Une autre solution ■ Bâtiments autres que d’habitation
pour l’aération est d’équiper les ouvertures en façade par des fenêtres
et d’avoir recours à la climatisation des logements. Les ressources limi- Pour les bâtiments autres que d’habitation, il n’y a que les
tées en énergie électrique de ces départements interdisent cette incita- hôtels et les locaux de travail qui étaient soumis à des règles
tion à la climatisation généralisée. C’est pourquoi le texte réglementaire, fixées par arrêtés. Pour les hôtels, seuls ceux qui faisaient l’objet
pour ces départements, remplace les obligations de résultats par des d’une demande de classement devaient répondre aux exigences.
obligations de moyens (masses surfaciques de parois de séparation, dis- Quant aux locaux de travail, le but du texte était de réaliser une
tance entre deux ouvertures en façade de logements différents …). correction acoustique des locaux afin de protéger les travailleurs
contre les risques de surdité.
■ Prise en compte de la réglementation acoustique La loi du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit a
prévu deux séries de textes réglementaires :
Pour les opérations de logements dont la demande de permis
de construire a été déposée depuis le 1er janvier 2013, le maitre – l’un relatif aux établissements dans lesquels s’exercent des
d’ouvrage doit fournir à l’Administration une attestation de prise activités bruyantes, telles que la musique amplifiée ;
en compte de la réglementation acoustique à établir à l’achève- – l’autre relatif aux bâtiments autre que d’habitation.
ment des travaux (voir le § 1.4.3) Il en est résulté un décret et un arrêté du 15 décembre 1998 relatif
aux prescriptions applicables aux établissements ou locaux recevant
■ La réglementation et le confort du public et diffusant à titre habituel de la musique amplifiée à
Enfin, il faut préciser que la réglementation acoustique des bâti- l’exclusion des salles dont l’activité est réservée à l’enseignement de
ments ne vise par le confort des occupants ou des utilisateurs. Pour la musique et de la danse. De même un décret du 9 janvier 1995
approcher le confort, il faudrait que les exigences de performances relatif aux caractéristiques acoustiques de certains bâtiments autres
des bâtiments soient liées au niveau de bruit de fond dans les que d’habitation et de leurs équipements donne la liste des établis-
espaces occupés. Mais, même si c’était le cas, le constructeur ne sements qui seront soumis à des exigences : tout établissement
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d’enseignement, de santé, de soins, d’action sociale, de loisirs et ISO 140. Ce sont les comparaisons avec une courbe de référence
de sports, ainsi que les hôtels et établissements d’hébergement à qui ont été choisies.
caractère touristique. Pour la France, cela s’est traduit par l’obligation de modifier le
Depuis 2003, parmi les bâtiments autres que d’habitation, seuls vocabulaire utilisé auparavant et d’adapter les méthodes de
les établissements d’enseignement, de santé et les hôtels sont sou- calcul. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la NRA (nouvelle
mis à des obligations de résultats acoustiques fixées par arrêtés. réglementation acoustique) relative aux caractéristiques acous-
tiques des bâtiments d’habitation, datant du 28 octobre 1994 a été
remplacée par l’arrêté du 30 juin 1999, qui est, en quelque sorte,
Notons que rien n’est prévu pour les immeubles de la traduction en « langage européen » de cette NRA. Nous verrons
bureaux. C’est au maître d’ouvrage de définir la qualité acous- dans ce qui suit quelles sont les différences dans chacun des
tique qu’il souhaite. Pour l’aider dans cette tâche, l’AFNOR a domaines traités par la réglementation acoustique.
publié en 2006 la norme NF S 31-080 – Bureaux et espaces
associés – Niveaux et critères de performances acoustiques
par type d’espace. Cette norme propose les performances à 1.4.1 Caractéristiques acoustiques
satisfaire pour atteindre trois niveaux de qualité acoustique à des bâtiments d’habitation
choisir pour tout ou partie de l’opération.
■ Arrêté du 14 juin 1969 – Isolation acoustique dans les bâtiments
d’habitation
Il s’agit du premier texte réglementaire fixant des exigences
1.3 Domaines acoustiques visés acoustiques dans tous les immeubles d’habitation neufs.
Tous les arrêtés relatifs aux caractéristiques acoustiques des Les exigences d’isolation aux bruits aériens entre locaux de
bâtiments, du secteur de l’habitation ou du secteur tertiaire, fixent l’immeuble (article 1er) n’étaient pas exprimées sous la forme
des exigences dans les domaines suivants : d’isolements acoustiques : il était demandé de ne pas dépasser
– isolements acoustiques aux bruits aériens entre locaux à l’inté- dans les pièces de réception un niveau de pression acoustique en
rieur de l’immeuble ; dB(A) lorsqu’un bruit rose défini par son spectre (niveau sonore
– isolation vis-à-vis des bruits de chocs sur les planchers ; égal dans chaque intervalle de fréquences entre l’octave centré
– isolation des bâtiments vis-à-vis des bruits de l’espace extérieur : sur 125 Hz et l’octave centré sur 4 000 Hz) était produit dans
bruits de circulation routière ou ferroviaire, bruits d’avions ; l’immeuble, à l’extérieur du logement considéré.
– correction acoustique de certains locaux et aire d’absorption Très rapidement, les acousticiens ont traduit ce type d’exigence
acoustique minimale à prévoir dans les circulations internes au en isolement acoustique exprimé en dB(A) pour un bruit rose à
bâtiment ; l’émission (Voir § 4.2.6.1).
– limitation des bruits d’équipements de l’immeuble, qu’il s’agisse
d’équipements individuels ou collectifs ou d’équipements à fonc- À titre d’exemple, les exigences de l’arrêté correspondaient à un isole-
tionnement permanent ou intermittent. ment acoustique DnAT de 51 dB(A) en réception dans toutes les pièces
énumérées ci-dessous pour un bruit émis dans un autre logement.
1.4 Les textes et leur évolution – Raisons • Pour les bruits aériens, les locaux de réception considérés
des modifications ou remplacement étaient les pièces principales (séjour, chambres), les cuisines,
de textes salles d’eau et cabinets d’aisance. Les exigences étaient les
mêmes pour tous ces locaux.
Un récapitulatif de ces textes est donné dans les tableaux 1, 2, • Pour les bruits d’impacts (article 2), appelés actuellement
3, 4, 5, 6 et 7 du § 2. « bruits de chocs », seules les pièces principales étaient
considérées comme locaux de réception.
■ Avant le 1er janvier 2000, la France et les autres pays européens
• Pour les bruits d’équipements (article 3), il fallait lire le décret du
avaient l’habitude d’exprimer les performances acoustiques des
14 juin 1969, pour comprendre qu’il s’agissait des équipements
éléments de construction et des bâtiments sous la forme de
extérieurs au logement considéré et toutes les pièces des loge-
valeurs uniques issues de l’exploitation des courbes des perfor-
ments pouvaient être prises comme locaux de réception.
mances par intervalles de fréquences. Les méthodes utilisées en
France n’étaient pas les même que dans les autres pays : la France • Quant à l’article 4, il précisait les conditions de mesures – au
caractérisait les performances par des valeurs globales en décibels centre des locaux de réception dotés d’une durée de réverbé-
pondérés A (dB(A)), alors que la plupart des autres pays utilisaient ration de 0,5 seconde à toutes les fréquences –, et introduit une
des comparaisons avec des courbes de référence. Il n’y a pas de tolérance de 3 dB(A) à prendre en compte lors des mesures.
corrélation entre les résultats obtenus à l’aide des deux méthodes.
Avant le 1er janvier 2000, depuis la réglementation de juin 1969 Encadré 1 – Durée de réverbération
relative à l’isolation acoustique dans les bâtiments d’habitation,
les intervalles de fréquences utilisées dans les calculs des valeurs Quelle est la raison de l’introduction d’une durée de réverbé-
uniques obtenues en laboratoire commençaient au tiers d’octave ration de référence de 0,5 s à toutes les fréquences dans les
centré sur 100 Hz et se terminaient au tiers d’octave centré sur locaux de réception ?
5 000 Hz. Pour les valeurs uniques issues de mesures in situ, les Pour le même bruit à l’émission, le niveau de pression
calculs prenaient en compte les intervalles d’octave centrés sur acoustique mesuré dans le local de réception dépend des
125, 250, 500, 1 000, 2 000 et 4 000 Hz. Dans les autres pays les dimensions de ce local, mais aussi de la quantité de matériaux
calculs s’arrêtaient au tiers d’octave centré sur 3 150 Hz et à absorbants acoustiques qu’il contient, que ces absorbants
l’octave centrée sur 2000 Hz. soient liés au mobilier ou aux revêtements de parois. Le
■ À partir du 1er janvier 2000, il est obligatoire d’utiliser dans toute constructeur fournit un local de dimensions données, mais il
l’Europe les valeurs uniques et leurs méthodes de calcul précisées n’est pas responsable du mobilier qui sera introduit par l’occu-
dans la série de normes EN ISO 717, diffusées par l’AFNOR sous la pant et des revêtements de parois qui seront mis en place par
référence NF EN ISO 717. De même les méthodes de mesures en cet occupant. Il ne peut donc pas prévoir le niveau à la récep-
laboratoire et in situ sont définies dans la série de normes NF EN tion qui sera perçu pour le bruit à l’émission utilisé.
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■ Décret n° 2011-604 du 30 mai 2011 – traduction des exigences en « langage européen » avec l’expres-
Ce décret ne vise que les bâtiments d’habitation neufs. sion des performances acoustiques par les valeurs uniques à utiliser
à partir du 1er janvier 2000 ;
Il introduit l’obligation de l’attestation dans les articles R. 111-4-2 à – les valeurs des exigences sont déterminées en tenant compte
4-5 du Code de la construction et dans l’article R. 462-4-2 du code de l’incertitude de 3 dB à utiliser lors de l’interprétation des résul-
de l’urbanisme. tats de mesures. Cette incertitude est introduite dans la circulaire
L’attestation est à joindre à la déclaration d’achèvement des interministérielle du 25 avril 2003, parue au journal officiel ;
travaux. – modulation de certaines exigences en fonction de l’expérience
acquise lors de l’application du texte précédent (notamment, dimi-
Le décret précise que cette disposition est applicable aux bâti-
nution de l’isolement acoustique entre salles de classe avec porte
ments d’habitation ayant fait l’objet d’une demande de permis de
de communication) ;
construire déposée à compter du 1er janvier 2013.
– plus grande précision dans les listes de locaux à considérer ;
■ Arrêté du 27 novembre 2012 – traitement particulier des écoles maternelles avec la prise en
compte de leur spécificité (salles de repos, portes avec des disposi-
Cet arrêté est relatif à l’attestation de prise en compte de la
tifs anti-pince doigts).
réglementation acoustique applicable en France métropolitaine
aux bâtiments d’habitation neufs.
Il précise le contenu de l’attestation qui s’appuie sur des constats 1.4.6 Limitation du bruit
effectués en phase d’étude et de chantier et, pour les opérations de dans les établissements de santé
plus de 10 logements, sur des résultats de mesures acoustiques.
L’arrêté du 25 avril 2003 vise la limitation du bruit dans tous les
Un modèle d’attestation est donné en annexe 1 de l’arrêté et une secteurs où peuvent se trouver les patients (salles de consultation,
méthodologie du choix des mesures acoustiques en annexe 2. zones d’hébergement …). L’isolement acoustique requis de 42 dB
Cette attestation a le mérite de rappeler au maître d’ouvrage entre deux chambres de malades peut sembler relativement
que l’acoustique d’un bâtiment doit être une préoccupation dès la faible, mais les enquêtes faites dans des hôpitaux montrent qu’un
conception de ce bâtiment et que la réalisation est une étape isolement trop élevé peut se traduire par un sentiment d’insécu-
importante à surveiller de près. La cohérence des résultats de rité du malade : il n’entend pas les voisins et, en cas de problème,
mesures avec les exigences réglementaires devant être effectuée il ne sera pas entendu.
en fin de chantier dans les opérations de plus de 10 logements L’isolement minimal à respecter permet toutefois de préserver
devrait alors être constatée. Il est à noter, au passage, la subtilité l’intimité.
du vocabulaire à utiliser. Pour les résultats de mesures réalisées à
la demande du maître d’ouvrage, on parle de « cohérences » avec
les exigences, alors que pour les mesures réalisées à la demande 1.4.7 Limitation du bruit dans les hôtels
de l’État, on parlera de « conformité » : seul l’État peut décréter la
conformité d’une opération aux exigences réglementaires. Heu- L’ancien arrêté relatif au classement des hôtels renvoyait aux
reusement les deux mots ont la même initiale et les lettres quali- règles applicables dans les bâtiments d’habitation, c’est-à-dire aux
fiant un résultat de mesure sont les mêmes : C pour conforme ou prescriptions de l’arrêté du 22 décembre 1975 qui demandait un
cohérent, CT conforme ou cohérent avec le secours de la tolé- isolement acoustique normalisé minimal DnAT de 51 dB(A) entre
rance (incertitude) et NC non conforme ou non cohérent. un logement et une chambre d’un logement voisin.
Dans l’arrêté du 25 avril 2003, seule la chambre et éventuelle-
ment sa salle de bains sont considérés comme locaux de réception
1.4.4 Caractéristiques acoustiques des bâtiments vis-à-vis des bruits émis dans tous les autres locaux de l’hôtel.
d’habitation neufs dans les départements L’isolement acoustique standardisé entre deux chambres voisines,
d’outre-mer DnTA de 50 dB, a été conservé et n’a pas suivi l’augmentation
de l’exigence d’isolement acoustique entre logements dans les
Les problèmes liés aux températures, à l’hygrométrie, aux sources
immeubles d’habitation.
d’énergie électrique, à la disponibilité des matériaux, aux habitu-
des constructives (notamment en matière d’aération des loge-
ments) limitent la possibilité d’appliquer dans ces départements
À retenir :
les exigences de la réglementation en vigueur en France métro-
– En France, la réglementation acoustique des bâtiments est
politaine.
sous la forme d’obligations de résultats pouvant être vérifiés
C’est la raison pour laquelle l’arrêté du 17 avril 2009 relatif aux par des mesures en fin de chantier
caractéristiques acoustiques des bâtiments d’habitation neufs – Une obligation de résultat suppose une étude prévision-
dans les départements de la Guadeloupe, de la Martinique, de la nelle possible et des mesures de contrôle réalisables
Guyane et de la Réunion, fixe le plus souvent des obligations de – Lorsque l’étude est trop complexe ou les mesures non réa-
moyens à la place d’obligations de résultats. lisables, l’obligation de résultat est remplacée par une obliga-
Ainsi, on trouve dans l’arrêté des masses surfaciques de plan- tion de moyens.
chers en maçonnerie, des distances minimales à respecter entre les – Une incertitude globale de 3 dB ou 3 dB(A) à utiliser lors
bords des ouvertures en façade de deux logements différents… de l’interprétation des résultats de mesures a posteriori est
prévue par les textes.
Par contre, on retrouve des obligations de résultats (allégées par
rapport à celles de la métropole) lorsqu’il s’agit de protéger le loge-
ment vis-à-vis des bruits de transports terrestres pour les infrastruc-
tures classées dans les trois catégories les plus bruyantes.
2. Listes des textes
1.4.5 Limitation du bruit dans les établissements
d’enseignement
réglementaires
Les principales modifications apportées par l’arrêté du 25 avril Dans cet article, il n’y aura aucun des textes réglementaires eux-
2003 qui a abrogé l’arrêté précédent du 9 janvier 1995 sont les mêmes. Dans les tableaux donnant la liste de ces textes, il y a une
suivantes : colonne réservée au numéro NOR du texte. Ce numéro permet à
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C3365
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BR1100
Introduction à l’acoustique
des auditoriums
par Jean-Paul VIAN
Chef de la division Acoustique des salles (DAE), CSTB
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BR1100
n -----------
2L o
- + n ------------ o + n ------------ o
propriétés acoustiques des parois et les caractéristiques des 2 2 2
n c
x n c y n c z
sources sonores. fn = (2)
x 2L y 2L z
Le champ acoustique en tout point de l’espace est décrit par le
avec nx , ny et nz entiers positifs ou nuls.
couple ( p , v ) , dans lequel p est la pression acoustique, et v est
On distingue ainsi les modes :
la vitesse particulaire.
— axiaux : faisant intervenir une paire de parois (un seul nj non
nul), (figure 1) ;
— tangentiels : faisant intervenir deux paires de parois (2 des nj
1.1 Approche ondulatoire non nuls) ;
— obliques : faisant intervenir trois paires de parois (les 3 nj sont
C’est l’approche exacte, qui consiste à résoudre l’équation de non nuls).
propagation des ondes dans le volume V de la salle. Les conditions
On peut en déduire la densité de modes :
aux limites sur les parois S délimitant V sont exprimées par
exemple sous forme d’une admittance de paroi : dN f2V
---------- = 4π ------------- (3)
df c3
v (r , ω )
β ( r , ω ) = --------------------------- avec V = Lx ⋅ Ly ⋅ Lz volume de la salle.
p (r , ω )
Si l’on coupe la source sonore à l’instant t = 0, l’énergie
contenue dans chaque mode décroît selon une loi exponentielle :
Les sources peuvent être décrites par leur débit volumique
c’est la réverbération.
Q ( r , ω ). On a alors le système : Notons que lg (eαt ) est proportionnel à αt. La réverbération (ou
décroissance du niveau sonore exprimé en décibels) en fonction
Δψ + k 2 ψ = – Q ( r , ω ) dans V (a ) du temps est une fonction linéaire (figure 12).
Nota : lg = log en base 10.
∂n ψ + i k β ( r , ω ) ψ = 0 sur S (b )
(1) Là encore, le domaine d’application de cette approche est en
pratique très restreint, car le problème est trop complexe pour que
où k = ω /c est le nombre d’onde (ω pulsation de l’onde, c célérité l’on puisse calculer les modes dans n’importe quelles géométrie et
du son), conditions aux limites. Seuls les quelques premiers modes peu-
∂n indique la dérivée normale à la paroi, vent être calculés dans des cas suffisamment simples (géométrie
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BR1100
p=0 Fréquence
de propagation (1)a dans chaque élément de volume. Les conditions C’est la formule de Sabine, découverte voilà près d’un siècle par
aux limites (1)b sont alors partagées par les éléments adjacents à l’acousticien américain W.C. Sabine qui peut être considéré comme
l’élément considéré. Dans la méthode des éléments finis de le père de l’acoustique des salles moderne. C’est sans aucun doute
frontière (BEM), seul le contour entourant le volume est maillé et la formule la plus utilisée en acoustique des salles. En dépit de sa
la solution est obtenue sur ce contour. Le champ dans le volume simplicité, elle fourni une estimation de T R correcte si :
peut alors être obtenu à partir de la solution aux frontières. a) La géométrie de la salle est assez homogène, ainsi que la
Il existe de nombreux logiciels d’éléments finis sur le marché. Ils répartition des absorbants. Par exemple, il faut éviter d’utiliser
ont atteint des performances très intéressantes et leur utilisation cette formule pour des longs couloirs, ou pour une salle dans
devient de plus en plus fréquente en acoustique des salles de petit laquelle une paroi est totalement absorbante.
volume. Le nombre d’éléments de volume qui peuvent être b) Le temps de réverbération n’est pas trop petit, donc A pas
calculés croît à mesure que la puissance des ordinateurs aug- trop grand. En effet, on voit qu’avec cette formule T R ne tend pas
mente. Il est maintenant possible de calculer le champ acoustique vers zéro comme il le devrait, lorsque les parois tendent vers une
dans une petite salle jusqu’à des fréquences de quelques centaines absorption totale (A tend alors vers S, surface totale de parois). On
de hertz. Cette limite va être repoussée, mais probablement pas peut dans ce cas utiliser alors la formule d’Eyring :
assez dans un avenir prévisible pour couvrir toute la bande des
audiofréquences. On peut coupler une modélisation FEM/BEM aux V
T R = 0,16 --------------------------------------- (6)
basses fréquences avec une modélisation géométrique (§ 1.3) aux – S ln ( 1 – α )
hautes fréquences. Enfin, de nouvelles méthodes numériques
pourraient voir le jour prochainement et permettre de repousser les avec S surface totale des parois,
limites actuelles. α = A/S facteur d’absorption moyen des parois,
ln fonction logarithme népérien.
c) L’absorption de propagation reste négligeable en regard de
1.2 Approche statistique l’absorption aux parois (A ). L’absorption de propagation étant pro-
portionnelle à la distance parcourue et croissante avec la fréquence,
En fait, l’équation (3) est à peu près valable pour toute géo- cette restriction s’applique à un compromis entre la taille de la salle
métrie. La densité de modes croît donc avec le carré de la fré- et la fréquence. On peut toutefois remplacer le dénominateur de
quence et plus la fréquence augmente plus les modes se l’équation (5) par (A + 4 mV ) pour tenir compte de l’absorption de
recouvrent (figure 2). propagation. L’absorption de propagation en conditions ambiantes
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3
R3d
oRn
ndf
ola
lapf
dpu
Difffraction
Di fraction
ndu
Diffraction
inoto
eccti
Dif
Di ffusion
fusion
fflel
Diffusion
Réé
R
RRééflflexxio
ionndd
e elala ho
sc r Éc
snceène
è
mRu1 Réverb
verbéération
Réverbération
n u dmuur
od
eioxni
éfleflx
RRé
Son direct
Son direct
R2
uurrR 2
u
d umm
d
n
ioctnio
flReécftle
Ré
Figure 4 – Son direct, premières réflexions, et illustration de quelques phénomènes d’acoustique des salles (adapté de Beranek [4])
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Spatialisation sonore
Perception, captation
et diffusion de scènes sonores
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sonore. Dans les environnements virtuels (jeux vidéo, réalité virtuelle), elle permet
de simuler des sources sonores dans l’espace autour de l’auditeur et elle participe
à la sensation d’immersion.
Selon les domaines d’application et les cas d’usage, l’objectif de la spatialisa-
tion sonore est tantôt de capter et restituer des scènes sonores ou des espaces
acoustiques existants, tantôt de créer virtuellement des expériences auditives
avec une dimension sonore immersive. Pour ce faire, les procédés mis en
œuvre exploitent des réseaux de transducteurs électroacoustiques (enceintes,
casque, microphones) et des algorithmes de traitement du signal audio, et ils
visent à produire soit un rendu réaliste (« objectivement précis »), soit une illu-
sion plus artistique (« perceptivement plausible »).
Les systèmes de diffusion sonore spatiale cherchent, d’une part, à simuler des
indices de localisation spatiale pour des sources sonores virtuelles arbitrairement
placées dans l’espace et, d’autre part, à produire des effets de réverbération artifi-
cielle qui contribuent à la création d’un espace sonore immersif. Les techniques
disponibles peuvent être classées en trois grandes familles : des approches dites
« perceptives » qui reposent sur des modèles de l’audition humaine pour créer
l’illusion d’un phénomène acoustique (positionnement d’une source « fantôme »
dans l’espace 3D, ou effet de réverbération qui paraît « naturelle »), des approches
par échantillonnage qui consistent à mesurer un champ acoustique en un
ensemble discret de positions puis à le restituer par des techniques de convolution,
des approches par modèles physiques qui visent à synthétiser, dans une certaine
zone de l’espace, un champ acoustique précisément maîtrisé et conforme aux lois
de propagation des ondes. Chacune de ces approches présente des avantages et
des inconvénients, en termes de complexité, de coût (de calcul ou d’équipements),
de précision, de nombre d’auditeurs, etc. C’est pourquoi il est fréquent, en pratique,
d’utiliser des techniques hybrides qui combinent plusieurs approches.
Après quelques rappels des principaux mécanismes psychoacoustiques parti-
cipant à la perception de l’espace sonore, cet article propose un panorama des
techniques de synthèse de sources spatialisées et de prise de son multicanal
[BR 1 150] ; la réverbération artificielle sera traitée dans l’article [BR 1 152].
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BR1150
ciée dans l’espace perceptif. Par exemple, plusieurs événements expériences psychophysiques afin d’étudier les différents facteurs mis
sonores peuvent engendrer un unique événement auditif ; c’est le en jeu. Ces études ont utilisé des dispositifs expérimentaux permet-
cas notamment dans un système stéréophonique où deux ondes tant de manipuler les différences interaurales de temps et d’intensité
sonores peuvent provoquer la perception d’une unique source – dite (ainsi que les caractéristiques fréquentielles et temporelles des sti-
« fantôme » – et dont la position ne correspond pas nécessairement muli), en vue de déterminer la sensibilité relative des mécanismes
avec les positions des sources physiques réelles. Les dissimilitudes physiologiques à ces indices. Ces protocoles permettent typiquement
entre le monde physique et le monde auditif peuvent être com- de produire des percepts spatiaux entendus le long de l’axe interau-
plexes et elles peuvent également être influencées par d’autres ral, avec une sensation droite/gauche souvent limitée « dans la
modalités sensorielles (vision, proprioception, etc.). tête » ; on parle de « latéralisation » des sources sonores. Ces pro-
tocoles expérimentaux s’intéressent généralement à mesurer des
seuils de discrimination tels que l’angle minimum audible (Minimum
Audible Angle) défini comme la déviation angulaire minimale pour
1.1 Localisation de sources sonores laquelle la majorité des sujets est capable de percevoir un déplace-
ment de l’événement auditif, ou des biais de localisation (différence
■ Théorie unifiée de la localisation binaurale : « Duplex theory » entre la direction de la source sonore et la direction moyenne de
La localisation d’un son dépend de nombreux facteurs tels que les l’événement auditif).
caractéristiques acoustiques de la source et de l’espace sonore. Dans
un souci de simplicité, nous présentons ici des résultats élémentaires
concernant la localisation d’une source réelle en champ libre. Ces 1.1.1 Différences interaurales de temps
résultats ont généralement été obtenus lors d’expériences avec des (ou de phase)
signaux simples (sons purs ou bruits filtrés) étudiés en conditions de
laboratoire (écoute dichotique au casque ou écoute naturelle en
chambre anéchoïque). La généralisation de ces résultats à des situa- Les différences interaurales de temps (Interaural Time Diffe-
tions plus complexes doit se faire avec prudence. Les principaux rence, ITD) [33], [311], [34], [221], [241], [109], [293], [184]
indices psychoacoustiques permettant l’estimation de direction angu- [TE 5 180] désignent le décalage de temps d’arrivée d’une onde
laire d’une source sonore sont liés aux différences relatives perçues sonore aux oreilles gauche et droite.
par les oreilles gauche et droite (et provoquées par la présence de la
tête). Ces différences dites « interaurales » et les mécanismes d’audi-
tion binaurale ont été tout d’abord mis en évidence par Lord Rayleigh Une source située dans le plan médian (figure 1) induit une ITD
[232] qui, le premier, a démontré le rôle dual des différences inter- proche de zéro, par symétrie des trajets source-oreilles. En
aurales (d’intensité et de temps) dans sa Duplex theory. Dans la revanche, une source décalée du plan médian provoque une diffé-
seconde moitié du XXe siècle, de nombreux auteurs ont conduit des rence de marche. Par exemple, une onde plane provenant de
Plan vertical
interaural Plan sagittal
Plan horizontal Ax
em
éd y
ian
ural
Axe intera
ϕ
Axe vertical
Plan médian
a b
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400 tion dans le domaine des basses fréquences, jusqu’à 1,5 kHz
environ, domaine dans lequel le système auditif est sensible aux
300 différences de phase (Interaural Phase Difference, IPD).
200
1.1.2 Différences interaurales de niveau
100
Les différences interaurales de niveau (Interaural Level Diffe-
0 rence, ILD) [33], [311], [34], [221], [241], [109], [293], [184]
0° 30° 45° 60° 90° 120° 135° 150° 180°
[TE 5 180] sont un autre indice essentiel pour la perception de
Azimut ϕ (deg) la direction. Pour une source située hors du plan médian, la
pression acoustique à l’oreille du côté opposé (dite « controla-
Figure 2 – ITD pour un modèle de tête sphérique de rayon térale ») est atténuée, principalement en hautes fréquences, en
a = 8,75 cm (l’angle d’azimut ϕ est ici exprimé en degrés)
raison du masquage par la tête. À l’inverse, la pression à
l’oreille la plus proche (dite « ipsilatérale ») est amplifiée, dans
l’azimut ϕ dans le plan horizontal induit, en champ libre, une diffé- une certaine mesure.
rence de marche telle que :
+ 18 dB
250 Hz
500 Hz
1 kHz
+ 15 dB 2 kHz
5 kHz
+ 12 dB
ILD (dB)
+ 9 dB
+ 6 dB
+ 3 dB
0 dB
0° 30° 45° 60° 90° 120° 135° 150° 180°
Azimut ϕ (deg)
Figure 3 – ILD pour un modèle de tête sphérique, parfaitement rigide, de rayon a = 8,75 cm, pour une source située en champ lointain
60
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BR1150
devant a). Pour des longueurs d’onde grandes par rapport aux dimen- traux) utiles pour la localisation par le système auditif. Les HRTF
sions de la tête, le masquage est négligeable, et l’ILD est alors faible et dépendent de la position (r,θ,ϕ) de la source, de la fréquence f et de
presque indépendante de ϕ. Lorsque la fréquence augmente, la dépen- l’anatomie de l’individu. Lorsque la source sonore est située dans le
dance directionnelle devient plus complexe en raison des interfé- champ lointain, les HRTF varient très peu avec la distance, et la
rences entre les trajets diffractés et l’ILD peut prendre des valeurs dépendance en r est généralement omise.
importantes. L’ILD joue ainsi un rôle efficace pour la localisation à des
Les HRTF sont un outil fondamental pour l’étude de l’audition spa-
fréquences supérieures à 1,5 kHz, lorsqu’elle varie significativement
tiale et pour la technique de spatialisation binaurale (§ 2.3) ; elles font
avec la direction azimutale ϕ. Le modèle de tête sphérique fournit une
l’objet de très nombreuses études. En particulier la problématique de
interprétation qualitative de certains mécanismes de localisation
l’individualisation, c’est-à-dire l’obtention de HRTF adaptées à un indi-
(confirmée par des expériences psychoacoustiques), bien que les phé-
vidu, fait l’objet d’importantes recherches depuis au moins les années
nomènes acoustiques sur une tête réelle soient nettement plus com-
1990 [177], [178], [179], [192], [311]. En effet, l’écoute binaurale avec
plexes, en raison notamment de la présence du pavillon de l’oreille.
des HRTF non individualisées peut donner lieu à divers artefacts,
notamment des erreurs de localisation surtout pour les sources en
1.1.3 Cône de confusion élévation, des confusions avant-arrière, une perception internalisée
(dans la tête) et des colorations spectrales indésirables.
Conformément à la théorie duplex, ITD et ILD constituent les
deux indices prédominants pour la localisation de sources sonores,
respectivement dans les domaines des basses et des hautes fré- Acquisition des HRTF
quences. Pour autant, ces deux indices ne sont pas suffisants pour
déterminer de façon univoque la direction d’incidence. En effet, il
Les HRIR peuvent être obtenues directement par une
existe nombre de positions qui conduisent à des valeurs ambi-
mesure acoustique [300], [311], [184], [192]. La mesure se fait
guës de ces indices. Par exemple, les sources situées dans le plan
généralement dans une chambre anéchoïque, en utilisant
médian génèrent des valeurs d’ITD et ILD nulles ; or nous pou-
comme source sonore un haut-parleur placé dans le champ
vons distinguer des sources en avant ou en arrière, ainsi qu’en
lointain (typiquement 2 m). Des microphones miniatures sont
élévation. De même, deux sources symétriques par rapport au
introduits à l’entrée ou à l’intérieur du canal auditif. La mesure
plan vertical interaural, par exemple aux azimuts 45° et 135°, pro-
doit être répétée pour toutes les directions (θ,ϕ) d’intérêt, cou-
duisent des ITD et ILD identiques (en faisant l’approximation
vrant idéalement l’ensemble de la sphère autour de l’auditeur.
d’une tête sphérique). Plus généralement, il existe des surfaces
Ces mesures sont délicates, fastidieuses et les conditions
sur lesquelles les indices interauraux sont constants. Dans l’hypo-
d’invariance temporelle et de répétabilité sont difficiles à
thèse d’un modèle de tête sphérique, ces surfaces sont des cônes,
garantir avec des sujets humains.
dits « cônes de confusion », centrés sur l’axe interaural et ayant
pour sommet le centre de la sphère. Pour une tête réelle, ces On utilise également des têtes artificielles (dummy head)
contours iso-ITD ou iso-ILD sont plus complexes, et ils dépendent qui sont des mannequins visant à reproduire les caractéris-
de la fréquence. Il a été montré que les ambiguïtés directionnelles tiques acoustiques et anatomiques (buste, tête et pavillons)
peuvent être résolues grâce à des informations dynamiques [285], « moyennes » d’une population [284], [311], [184] (Recom-
[299], de légers mouvements de la tête tels que des rotations mandation ITU-T P.58). Parmi les produits existants, le man-
autour de l’axe vertical provoquant des variations d’ITD et d’ILD. nequin KEMAR (Knowles Electronics Manikin for Acoustic
Research) a été utilisé dans de nombreux travaux.
Différentes bases de données de HRTF mesurées sur des
1.1.4 Indices spectraux mannequins ou des sujets humains sont disponibles (voir par
De nombreuses études ont montré que la perception en élévation exemple [311] p. 64, ou [267] p. 140). Elles comportent généra-
ou dans la dimension avant-arrière est également permise par des lement quelques dizaines (voire centaines) d’individus, et
indices monauraux, c’est-à-dire issus de l’information d’une seule quelques centaines (voire milliers) de directions spatiales.
oreille [298], [45], [176], [51], [31], [130], [39], [290]. Les principaux Depuis 2015, la plupart des bases de données sont disponibles
indices monauraux sont les indices spectraux causés par les phéno- au format standardisé SOFA AES-69 (Spatially Oriented
mènes de réflexion et diffraction de l’onde sur la tête et les oreilles : Format for Acoustics) [165] qui facilite l’interopérabilité.
en raison des réflexions et résonances sur le pavillon, le spectre du Étant donné la complexité de la mesure acoustique, plu-
signal source est modifié en entrant dans le canal auditif (les réso- sieurs autres approches ont été proposées pour obtenir des
nances provoquent des pics et des creux à différentes fréquences) et HRTF. Citons par exemple l’utilisation de modèles géo-
ces modifications dépendent de la direction d’incidence. Ces indices métriques simples paramétrés par des données anthropo-
spectraux sont principalement efficaces au niveau de l’oreille ipsila- métriques [83], [5], [82], [3], [4], [192], [311], ou le calcul
térale, dans la région des hautes fréquences (au-dessus de 4 kHz) et numérique par des méthodes d’éléments finis [138], [136],
pour des signaux à large bande. Puisqu’ils dépendent de critères [134], [198], [199], [287], [135], [90], [311], ce qui requiert un
anatomiques, tels que la structure fine des pavillons, les indices maillage détaillé de la morphologie de l’auditeur.
spectraux sont très variables d’un individu à l’autre.
61
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sommation » (summing localization) [33], [272], [241], [91] [TE 5 180] : de 1,3), et l’exposant α dépend de divers facteurs (de l’individu et
aux oreilles de l’auditeur, la superposition des champs sonores des conditions expérimentales) [316], [314], [315]. Malgré de nom-
des sources se traduit par une sommation des signaux, et le breuses études, les mécanismes auditifs de perception de la dis-
système auditif ne fait plus de discrimination des différentes tance sont aujourd’hui encore assez mal compris.
composantes. Ce mécanisme psychoacoustique reste valable en
présence de plus de deux émetteurs [311] et il est à la base de
la stéréophonie et des techniques de pan-pot par différences
d’amplitudes (§ 2.1). 1.2 Impression spatiale
1.1.6.2 Effet de précédence La localisation des sources sonores ne constitue qu’un volet
de la perception spatiale d’une scène sonore. La section précé-
Lorsque le décalage temporel entre les deux sources dépasse dente a essentiellement abordé la perception de la position de
une milliseconde, le principe de localisation par sommation est la source, en conditions anéchoïques. À cela il faut ajouter
progressivement remplacé par l’effet de précédence [114], [286], l’influence de l’environnement sur les attributs spatiaux de
[160], [32], [33], [311], [241], [154], [6] [TE 5 183] et la localisation l’événement auditif, puis la perception de l’espace. Cette orga-
de l’événement auditif est dominée par la position de la pre- nisation, sur le plan perceptif, est proche de la structure tempo-
mière source. L’effet de précédence, aussi appelé « effet de relle de l’effet de salle observé dans les espaces clos, avec
Haas » ou « loi du premier front d’onde », est un mécanisme de une onde directe suivie de réflexions précoces puis d’un
fusion temporelle et spatiale qui s’applique lorsque plusieurs champ réverbéré tardif [147] [TE 5 183] [BR 1 100] [BR 1 152].
répétitions successives d’un même son arrivent dans une fenêtre L’ensemble des aspects spatiaux contribuant à la perception de
temporelle d’environ 1 à 40 ms, et lorsque le niveau des répéti- l’espace sonore peut être rassemblé sous le terme générique
tions ne dépasse pas celui du premier front d’onde de plus de 10 d’impression spatiale. Les phénomènes subjectifs liés à l’impres-
ou 15 dB. Dans ce cas, la localisation perçue est celle du premier sion spatiale ont fait l’objet de nombreuses recherches, menées en
front d’onde (la présence des itérations suivantes peut cepen- particulier par des acousticiens ou des psychoacousticiens pour
dant induire un léger biais dans la direction apparente) ; l’événe- l’étude de la qualité acoustique des salles (de concert) [24], [6],
ment auditif fusionne la(les) répétition(s) suivante(s), avec une [14], [13], [33], [111], [242], [98], [161]. Nous ne donnons ici
augmentation de la largeur apparente et de la sonie perçues qu’une description très succincte de certains attributs considé-
(l’énergie des répétitions secondaires étant intégrée). Cet effet rés comme importants.
s’applique principalement aux sons transitoires et il facilite la
localisation d’une source en milieu réverbérant (la direction du
son direct n’étant pas altérée par les réflexions). Si le décalage 1.2.1 Influence de l’environnement
temporel dépasse 40 à 50 ms, ou si le niveau de la source secon- acoustique sur la perception
daire augmente au-delà d’un certain seuil, des échos distincts spatiale de la source
sont perçus.
L’environnement acoustique, et en particulier les réflexions pré-
1.1.7 Perception de la distance coces, a une forte influence sur la perception spatiale de la source.
Cette influence a déjà été évoquée en parlant de l’effet de précé-
Outre la localisation directionnelle, la perception de la distance dence et de la perception de la distance de la source.
est un autre élément important de l’écoute spatiale. Le système
Un autre aspect important est le phénomène de largeur appa-
auditif exploite plusieurs indices pour estimer la distance d’une
rente de source (Apparent Source Width, ASW), ou spaciousness
source [33], [311], [241], [221], [242] [TE 5 183] ; parmi eux :
(intraduisible), qui caractérise l’extension spatiale perçue. Cet effet
– le niveau sonore. En champ libre, la pression acoustique d’élargissement de l’événement auditif dépend principalement de
varie de façon inversement proportionnelle à la distance (donc la direction d’incidence et du niveau relatif des réflexions précoces
diminue de 6 dB à chaque doublement de distance) ; plusieurs latérales. Les études ont montré une corrélation entre la largeur
études ont montré qu’un jugement absolu de distance est peu apparente de source et le critère de la corrélation interaurale
fiable ; les jugements relatifs sont plus précis. Aussi, une fami- binaurale (InterAural Cross Correlation, IACC) qui mesure le degré
liarité avec la source sonore permet une meilleure estimation de de similarité entre les signaux des deux oreilles, notamment dans
la distance ; une fenêtre temporelle d’environ 80 ms après le son direct. Les
– l’effet des réflexions et de la réverbération de la salle, en parti- systèmes de spatialisation des sons donnent aussi lieu à une cer-
culier le rapport son direct sur son réverbéré ; taine étendue spatiale de la source virtuelle qui peut être vue
comme un flou spatial (spatial blur) engendrant une incertitude de
– le contenu spectral. L’absorption de l’air agit comme un filtre localisation.
passe-bas ; la diminution des hautes fréquences peut être interpré-
tée comme une augmentation de la distance. Cet effet agit essen-
tiellement pour de très grandes distances, par exemple avec le son
de la foudre ;
1.2.2 Perception de la salle
– des indices binauraux, notamment des variations d’ILD pour
Au cours de la propagation du son dans la salle, les réflexions
des sources en champ proche de la tête.
deviennent de plus en plus denses et elles finissent par ne plus
La perception de la distance est généralement beaucoup moins être intégrées à l’événement auditif de la source, mais elles for-
précise que la perception directionnelle. La précision dépend en ment un événement auditif propre à la salle. Cette impression de
outre de plusieurs facteurs (nature des signaux et de l’environne- l’espace sonore se traduit par une sensation de « présence » de la
ment, etc.). Des études expérimentales ont montré que le système salle, de ses dimensions, et d’enveloppement.
auditif a tendance à sous-estimer de manière significative les dis-
tances pour les sources sonores au-delà de 1,6 m, et surestime ■ Taille apparente de la salle
généralement les distances pour les sources à une distance
physique inférieure à environ 1,6 m. Ceci suggère que la distance La sensation d’intimité (intimacy) ou de présence fait référence
perçue n’est pas toujours identique à la distance physique r. La à l’impression d’être dans un espace clos de plus ou moins
relation entre ces deux quantités est assez bien modélisée par une grandes dimensions. La perception de la taille de la salle est prin-
fonction de la forme où κ est une constante (de l’ordre cipalement liée au temps d’arrivée des réflexions précoces.
62
Référence Internet
BR1150
■ Enveloppement de l’auditeur
L’enveloppement de l’auditeur (listener envelopment, LEV) défi-
nit l’impression subjective d’être immergé dans un champ réverbé-
rant [43], [112], [168]. Là où l’élargissement de la source dépend de
la distribution spatiale de l’énergie précoce, la sensation d’enve- L R
loppement dépend de la distribution spatiale de l’énergie tardive
(après 80 ms). On fait ainsi la distinction entre l’enveloppement ϕ
par la source et l’enveloppement par la salle. Pour autant, les deux
notions ne sont pas totalement indépendantes, une augmentation
de l’enveloppement pouvant entraîner une moindre sensibilité à la
largeur apparente de la source. ϕ0 = 30°
À retenir
63
Référence Internet
BR1150
+ 60 tan
sin
+ 50
+ 40
+ 30
+ 20
+ 10
ϕ
– 30° – 20° – 10° + 10° + 20° + 30°
– 10
– 20
– 30
– 40
– 50
– 60
Figure 5 – Loi des tangentes et des sinus pour un système stéréophonique (ϕ0 = 30°)
1
g1
g2
0,9
0,8
0,7
0,6
Amplitude
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
– 30° – 20° – 10° 0° + 10° + 20° + 30°
ϕ
Figure 6 – Gains des haut-parleurs pour un système stéréophonique (ϕ0 = 30°), selon la loi des tangentes, et avec normalisation en puissance
64
Référence Internet
BR1150
2.1.1.3 Limitations
Les principales limitations de l’approche stéréophonique sont
les suivantes :
– elle présente une zone d’écoute très restreinte et la localisation 30°
et le timbre se dégradent rapidement lorsque l’auditeur s’écarte du
sweet spot, et en particulier s’il s’éloigne de l’axe médian entre les 110° ± 10°
haut-parleurs ;
– elle peut seulement produire des images fantômes situées
entre les deux enceintes (–ϕ0 ≤ ϕ ≤ ϕ0). Ceci limite notamment la
création d’un effet de réverbération enveloppante ;
– elle ne permet pas de contrôler la proximité des événements
auditifs ; ils sont toujours perçus « derrière » les haut-parleurs (arc
en pointillés sur la figure 4).
65
66
Référence Internet
BR1152
Spatialisation sonore
Réverbération artificielle
par Thibaut CARPENTIER
Ingénieur de recherche CNRS
STMS Lab (sciences et technologies de la musique et du son) – CNRS, IRCAM, Sorbonne
Université Paris, France
67
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BR1152
produit par une (ou des) source(s) dans un espace, en simulant l’expérience
auditive en un point d’écoute [54] [117] [44] [TE 5 914].
Dans l’article [BR 1 150] nous dressons un état de l’art des techniques per-
mettant le contrôle spatial de sources virtuelles dans un environnement ; ici
nous présentons les différentes approches pour produire des effets de réverbé-
ration artificielle. Ces deux composantes, étroitement liées, sont essentielles
pour développer des applications convaincantes de spatialisation sonore.
0,4
■ Signature acoustique d’un espace : réponse impulsionnelle
0,2
En supposant que l’environnement considéré se comporte
comme un système linéaire et invariant, son empreinte acous- 0
tique, c’est-à-dire l’ensemble des transformations entre une source – 0,2
sonore et un récepteur (microphone), est caractérisée par sa
réponse impulsionnelle (figure 1). Dans la plupart des espaces – 0,4
clos, l’empreinte acoustique est constituée d’un son direct, de – 0,6
réflexions précoces et de la réverbération tardive (§ 3.1). Les
– 0,8
réverbérateurs artificiels visent à simuler cette empreinte acous-
tique, soit en tant qu’effet artistique, soit pour produire une expé- –1
0 250 500 750 1 000 1 250 1 500
rience immersive convaincante. Ils sont une composante essentielle
Temps (ms)
des applications de spatialisation sonore.
a représentation en échelle linéaire
■ Le chapitre 2 présente un bref historique des méthodes de réver-
bération électromécaniques. Les chapitres suivants sont dédiés 0
aux approches numériques. Les méthodes (numériques) de réver-
– 10
bération artificielle peuvent être organisées en trois grandes caté-
Amplitude (logarithmique)
68
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BR1152
Simulation numérique
Signal anéchoïque
haut-parleurs), d’interactivité (simulation d’un auditeur ou de sources électromécaniques qui transforment un signal électrique entrant
en mouvement), etc. C’est pourquoi il est fréquent, en pratique, d’uti- en une excitation vibratoire transmise à un ressort en hélice. À
liser des techniques hybrides qui combinent plusieurs approches. l’autre bout du ressort, un autre transducteur convertit les oscilla-
tions du ressort en un signal électrique « réverbéré » qui pourra
être additionné au signal sec d’entrée. En fonction de ses caracté-
ristiques (raideur, taille), chaque ressort produit une série d’échos
2. Approches d’amplitude décroissante. En combinant différents ressorts, en
série ou en parallèle, il est possible de générer un profil d’échos
électromécaniques similaire à l’empreinte acoustique d’un espace. La décroissance
énergétique des échos peut être contrôlée par des mécanismes
d’amortissement, par exemple en ajustant l’immersion des res-
■ Chambres d’écho sorts dans des bains d’huile.
Dès les années 1920, des studios se sont équipés de chambres Les réverbérateurs à plaque (plate reverb), apparus dans les
d’écho (echo chamber), salles réverbérantes dans lesquelles un signal années 1950, reposent sur un principe similaire : une fine plaque
sec est diffusé par un haut-parleur, puis ré-enregistré par des micro- métallique est suspendue en tension dans un caisson ; elle est
phones. Le signal ainsi réverbéré (wet) est ensuite ajouté au signal excitée ponctuellement par un actionneur électrodynamique
sec (dry). Les caractéristiques de la chambre d’écho (généralement proche de son centre et les vibrations induites sont captées par un
construite sans surfaces parallèles de sorte à éviter les ondes station- ou des microphone(s) de contact. Une seconde plaque, poreuse et
naires et les phénomènes indésirables de flutter echo), les positions parallèle, peut être approchée ou éloignée de la plaque vibrante
des microphones et du haut-parleur (généralement dans un coin, de pour modifier l’amortissement des vibrations et en conséquence
sorte à exciter un grand nombre de modes) et l’ajout de tentures ou varier la durée de réverbération.
matériaux absorbants assurent un certain contrôle de la réverbéra- Au fil du temps, les réverbérateurs électromécaniques ont
tion. Cette approche produit une réverbération naturelle, mais elle est connu diverses améliorations techniques qui ont permis de nuancer
coûteuse, encombrante et peu flexible. leurs sonorités singulières (densité d’écho, dispersion des ondes) et
de produire des effets de réverbération d’espace convaincants. Tou-
■ Réverbérateurs à ressorts et à plaques
tefois, leur usage est resté cantonné aux studios, en raison de leur
Pour pallier ces inconvénients, différents dispositifs électromé- encombrement, de leur coût, de leur complexité d’utilisation et de
caniques ont été conçus dans les années 1930 à 1980. Les réver- maintenance. Ils ont depuis été remplacés par des réverbérateurs
bérateurs à ressorts (spring reverb) utilisent des transducteurs numériques.
69
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BR1152
Énergie
T0
(échelle
logarithmique)
T60
– 60 dB
Seuil de bruit
Temps
Son Échos Réverbération
direct précoces tardive
a représentation schématique d’un échogramme
Modale
Fréquence
de Schroeder
T60
proportionnelle à 2000
V
≈ 20 à 100 Hz Géométrique Statistique
Fréquence
70
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BR1152
5
20
0 10 0
15
– 20 – 20 40
20
– 40 – 40
25 60
– 60 – 60
dB
dB
30
– 80 – 80
35 80
– 100 – 100
40
– 120 100
– 120
45
1k 2k 0 1k 2k 0
4k 500 50 4k 500 120
6k 1 000 6k 1 000
8k 1 500 8k 1 500
10k 2 000 55 10k 2 000
16k 2 500 16k 2 500
Fréquences (Hz) Temps (ms) Fréquences (Hz) Temps (ms)
a b
Figure 4 – Relief de décroissance énergétique d’une réponse impulsionnelle de salle (a) avant débruitage, la limite temporelle où le bruit devient
prédominant est représentée en tireté blanc et (b) après débruitage par prolongation du profil de décroissance
71
72
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R3112
et les limites de validité apparaissent dès que l’incertitude devient plus grande
que le phénomène à mesurer. C’est ce dernier aspect, l’aspect purement
physique, les bases de la théorie de la production et de la propagation des sons
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R3112
que nous allons aborder dans le présent article [R 3 112]. Nous appliquerons
alors plus particulièrement cette première partie à l’environnement et au
bâtiment avec l’étude des mesures en laboratoire [R 3 113] et in situ [R 3 114].
En effet, après des décennies d’évolution assez lente au regard d’autres disci-
plines, l’acoustique du bâtiment est en plein essor. C’est le résultat conjugué de
l’évolution des technologies métrologiques et informatiques mais aussi d’une
demande certaine et de la réglementation qui en découle.
1. Phénomènes et mesure
Lorsqu’une particule d’air est déplacée de sa position d’équilibre,
il se produit une hausse locale temporaire de pression ∆p par rap- Intensité I
port à la pression atmosphérique P 0 . Avant de rejoindre sa posi- sur un élément
ment
tion d’équilibre, cette particule transmet la perturbation aux de surface dS
particules adjacentes. La propagation de ce cycle de compression Source ponctuelle
et dépression constitue l’onde sonore. de puissance W
La grande variété de sons que nous pouvons détecter en tant
qu’être humain ou avec des appareils de mesure signifie que nous
devons être capables de décrire une large gamme de pressions Surface
sonores, vitesses particulaires, fréquences et intensités. En admet- sphérique S
tant que les fréquences perceptibles s’étendent de 20 Hz
à 20 000 Hz, nous avons ainsi un facteur multiplicatif de 103. Pour
leur part, l’écart entre la pression sonore minimale perceptible et
le seuil de la douleur est dans un rapport de 107, ce qui représente Figure 1 – Puissance acoustique W produite par une source
un rapport entre les énergies ou les intensités de 1014. Pour cette omnidirectionnelle placée au centre d’une surface sphérique
raison, et afin de préserver un écart en pourcentage constant pour de rayon r
la description et la mesure de ces quantités qui correspond à notre
perception, nous utilisons une échelle logarithmique. Nous repre-
nons ainsi un sous-multiple de l’unité définie par le physicien
G. Bell dans d’autres circonstances : le décibel dB. Dans le cas d’une source quelconque directionnelle, l’intensité
variera sur l’ensemble de la surface S considérée et la puissance
acoustique W rayonnée est trouvée par intégration sur la
La théorie acoustique et les mesures s’y rapportant n’ont pas surface S :
toujours évolué en même temps. Ainsi, Lord Rayleigh a établi à
la fin du XIXe siècle l’ouvrage fondamental « Theory of
sound » [1]. Puis, au début du siècle, l’évolution de l’électronique
W = 冕冕 S
Id S (1)
a lentement permis d’associer les mesures avec la théorie, avec Dans le cas de la figure 1, l’intégration sur la sphère donne :
par exemple le premier microphone à condensateur inventé par
E. C. Wente en 1915. Le matériel évolue beaucoup en niveau tech- W = 4πr 2 I (2)
nique et la mesure et l’analyse du bruit et des vibrations, étroi-
tement liées, sont de plus en plus complexes mais grandement Comme toute puissance, la puissance acoustique s’exprime en
facilitées. watts.
Le niveau de puissance acoustique L W est défini comme suit :
Lors de la réalisation de mesures acoustiques, l’important n’est
W
pas tant le résultat que de savoir ce que l’on mesure et ce à quoi L W = 10lg ------------ (3)
l’on espère aboutir. Nous allons donc dans un premier temps W0
aborder la physique présente derrière des expressions parfois bien
simples. Il s’exprime en dB référence W 0 , avec W 0 = 10–12 W.
Afin de simplifier les expressions, nous n’allons pas exprimer le Nous voyons ainsi qu’un doublement de la puissance acoustique
son comme la variation locale de pression citée précédemment correspond à une augmentation de 3 dB de son niveau.
(∆p ), mais comme une pression.
2.2 Intensité
2. Niveaux et décibels Deux paramètres sont importants lors de la propagation sonore :
la pression p (ou plutôt les hausses et baisses locales par rapport
à la pression atmosphérique) et la vitesse des particules d’air v qui
2.1 Puissance oscillent autour d’un point d’équilibre. L’intensité acoustique I
constitue l’intégration temporelle des deux. Elle est aussi équiva-
Une source sonore rayonne une puissance et une portion de lente à la quantité d’énergie transmise en moyenne par seconde
celle-ci se propage dans le fluide qui l’entoure. La puissance acous- dans la direction de propagation à travers une surface unité.
tique est l’énergie émise par unité de temps (figure 1). L’intensité acoustique s’exprime en watts par mètre carré. Cette
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R3113
1. Conditions nécessaires
Microphone,
préamplificateur
et câble
1.1 Pour la chaîne de mesure
Pistonphone Analyseur pour
Un schéma du matériel de base pour les mesures acoustiques en ou calibreur le traitement
fréquence est donné par la figure 1. du signal
Aujourd’hui, hormis les mesures vibratoires, les mesures acousti-
ques sont dans la plupart des cas réalisées avec des microphones.
Ceux-ci doivent être associés à d’autres appareils pour pouvoir fonc- Figure 1 – Schéma du matériel de base pour les mesures acoustiques
tionner (préamplificateur, alimentation...). en fréquence
En plus de particularités technologiques, nous pouvons retenir
trois caractéristiques essentielles pour cette chaîne microphonique :
la sensibilité, le diagramme de rayonnement, la courbe de réponse
en fréquence. Il va de soi qu’il faut choisir une chaîne adaptée aux Chaque élément de la chaîne de mesure comporte une précision
mesures que l’on souhaite réaliser (on ne réalisera pas une mesure donnée. Celle-ci peut varier en fonction de la classe de l’appareil.
de puissance acoustique de réacteur d’avion avec un micro hyper- Pour des mesures suffisamment précises, il est conseillé de prendre
sensible, par exemple). des appareils de classe 0 ou 1 [5], ce qui conduit à une précision
maximale d’ensemble de ± 0,7 dB. On considère généralement que
Celle-ci est complétée par un dispositif permettant l’analyse la précision globale de l’ensemble d’une chaîne de mesure acous-
fréquentielle du signal mesuré. Il s’agit d’un sonomètre ou d’un ana- tique est de l’ordre de 1 dB.
lyseur, ou de tout autre système comportant un convertisseur ana-
logique-numérique, exploité par des logiciels de traitement du Pour une bonne analyse, et la crédibilité qui l’accompagne, il est
signal adéquats (transformée de Fourier). nécessaire de contrôler périodiquement l’ensemble de ces éléments
et d’assurer la traçabilité de ces contrôles, mais aussi de l’ensemble
Il faut ainsi dans un premier temps définir un spectre de pression des autovérifications effectuées, comme à chaque calibrage par
sonore : exemple. Cela permet aussi d’effectuer à chaque mesure un cali-
+∞
2π
1
S ( ω ) = ---------- 冕 –∞
p ( t ) cos ( ω t ) dt (1)
brage simple (avec un pistonphone à 250 Hz ou avec un calibreur à
1 000 Hz par exemple) et d’étendre avec assurance le résultat à
l’ensemble du spectre mesuré par report des courbes d’étalonnages
La répartition d’énergie par bande de fréquence induit la pression périodiques, disponibles pour chaque élément.
équivalente suivante :
ω2
Pf 1 f 2 = 冕
ω1
S ( ω ) cos ( ωt )d ω (2)
1.2 Pour le laboratoire
Les bandes d’analyse ∆f, différence entre les deux bornes f 2 et f 1 ,
se définissent comme suit : Lors de la mesure d’éléments de bâtiment (fenêtres, planchers,
plafond...), la transmission acoustique ne doit bien sûr s’effectuer
f2 ∆f
— octaves : log 2 -------- = 1 , ce qui conduit à f 2 = 2 f 1 et --------- = 1, que par l’échantillon testé. L’énergie inhérente aux autres types de
f1 f1 transmissions (cf. [R 3 114, § 1.1]) se doit d’être bien inférieure.
avec la fréquence centrale de bande d’octave égale à f c = 2 f 1 ; Il faut ainsi veiller aux points suivants.
f2 1 — Absence de transmissions latérales : cette condition est fonda-
— tiers d’octaves : log 2 -------- = ------ , ce qui conduit à f 2 = 3 2 f 1 et
f1 3 mentale pour la mesure d’éléments à hautes performances (murs
∆f lourds doublés, parois multiples...). Il est nécessaire de les mesurer
--------- = 3 2 – 1. La fréquence centrale d’une bande tiers d’octave est
f1 pour obtenir l’indice d’affaiblissement maximal mesurable par
6 bande tiers d’octave.
quant à elle égale à f c = 2 f 1.
— Champ acoustique homogène : plusieurs sources sonores sont
Enfin, ce système doit être complété par une source sonore per-
nécessaires et leurs positions doivent être qualifiées (en cellule
mettant l’étalonnage de l’ensemble. Avant toute mesure acoustique,
d’émission pour uniformiser la diffusion aux basses fréquences,
une mesure du niveau de celle-ci permet de faire les corrections
mais aussi en réception pour la mesure des temps de
nécessaires pour les mesures suivantes. Les appareils les plus
réverbération) ; un balayage microphonique évite aussi la multipli-
courants sont :
cité de microphones, mais le diamètre de rotation doit être impor-
— le pistonphone : un petit piston se déplace dans une paroi de tant aux basses fréquences.
la cavité dans laquelle est aussi inséré le microphone (volume de
quelques cm3 ). Son mouvement est généralement assez lent et — Bon isolement de la cellule de réception par rapport à
conduit donc à un étalonnage à une fréquence basse (≈ 250 Hz) ; l’extérieur : cela permet d’obtenir un bruit de fond suffisamment bas
— le calibreur : le principe est le même, sinon que le piston est et permet d’obtenir une grande dynamique sans être obligé
remplacé par une membrane, l’inertie de celle-ci permettant l’émis- d’engendrer de très forts niveaux sonores en émission.
sion d’une fréquence plus importante (≈ 1 000 Hz). Sa précision est — Conditions limites des échantillons en rapport avec leur masse
généralement moins bonne, de par l’électronique de production du surfacique et leur montage réel. Ainsi, un mur lourd monté dans un
bruit située en amont et l’impédance propre de la membrane du noyau léger n’aura pas du tout la même transparence acoustique
microphone testé. que celui-ci monté dans un cadre ou noyau présentant un bon écou-
La bande de fréquence examinée s’étend généralement de 100 lement d’énergie vibratoire.
à 5 000 Hz, mais peut sous certaines conditions (comme la validité — Facteur de perte total de l’élément à tester suffisant : la fixa-
du champ acoustique mesuré) être étendue (50 à 10 000 Hz, par tion et l’encastrement des éléments lourds peut ainsi être insuffisant
exemple). Ces mesures sont traditionnellement réalisées en tiers (cas des systèmes flexibles), ce qui va augmenter le temps de réver-
d’octave. bération structurale, donc diminuer le facteur de perte total. On a
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R3114
1. Mesures bâtiment
Alors que les mesures en laboratoire concernent essentiellement
les produits ou systèmes, les essais « in situ » qualifient un
ouvrage dans sa totalité. Pour comprendre les résultats d’une
mesure, il est donc nécessaire dans un premier temps de
comprendre les différents chemins de transmission existants.
Émission
mission
1.1 Différents types de transmission Réception
1.2 Mesure de l’isolement acoustique Li est mesuré suivant [R 3 112], équation (12).
normalisé et du niveau de bruit de choc
1.2.1.2 Calculs globaux
1.2.1 Application de la norme française Ils permettent par une grandeur unique de caractériser un iso-
lement entre locaux, un niveau global.
Ainsi, l’isolement acoustique normalisé, exprimé en dB(A) est
1.2.1.1 Expressions calculé comme suit :
Nous allons dans un premier temps nous référer à la norme DnAT = XE – XR (3)
française NF S31.057 [25], encore largement employée. Nous
sommes en présence d’expressions comparables à celles obtenues XE et XR représentent respectivement les niveaux sonores
en laboratoire. Ainsi, l’isolement acoustique normalisé DnT , d’émission et de réception, calculés pour un bruit de référence :
exprimé par bande de tiers ou d’octave, caractérise la différence
de pression acoustique mesurée dans deux locaux, dont l’un m
( S j + C j ) /10
comprend une source de bruit : XE = 10 lg ∑ 10 (4)
j =1
T
D nT = L 1 – L 2 + 10 lg --------- (1)
T0
m
∑
( S j – D nT + C j ) /10
avec l’isolement brut D = L 1 – L 2 et T 0 la durée de réverbération de XR = 10 lg 10 j (5)
référence (0,5 s). j =1
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R 3 114 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
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Référence Internet
R3114
j 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Fréquence tiers d’octave 100 125 160 200 250 315 400 500 630
Cj (dB) – 19,1 – 16,1 – 13,4 – 10,9 – 8,6 – 6,6 – 4,8 – 3,2 – 1,9
j 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Fréquence tiers d’octave 800 1 000 1 250 1 600 2 000 2 500 3 150 4 000 5 000
Cj (dB) – 0,8 0 0,6 + 1,0 + 1,2 + 1,3 + 1,2 + 1,0 + 0,5
j 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Fréquence tiers d’octave 100 125 160 200 250 315 400 500 630
Sj (dB) 66 66 66 65 65 63 62 61 61
j 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Fréquence tiers d’octave 800 1 000 1 250 1 600 2 000 2 500 3 150 4 000 5 000
Sj (dB) 61 60 59 59 58 56 54 52 50
— pour un bruit rose : 80 dB pour toutes les bandes tiers tuent une méthodologie « d’expertise », et remplacent les normes
d’octave. françaises NF S 31-054 et 31-056. Ces normes sont plus exigeantes
Le niveau de bruit de chocs normalisé s’exprime quant à lui de en termes de mesurage.
la manière suivante : Les formules précitées sont globalement les mêmes, seule
m
( L nT + C j ) /10 l’expression des indices globaux change.
L nAT = 10 lg ∑ 10 j (6)
j =1 Ainsi, les expressions (1) et (2) demeurent pour la mesure, tandis
que leurs appellations deviennent :
1.2.1.3 Position des appareils de mesure — L ′nT au lieu de LnT pour le niveau de bruit de choc ;
Les positions de l’unique microphone de mesure sont les — Dn,T à la place de DnT pour l’isolement.
suivantes :
— à une hauteur de 1 m 50 pour une pièce ; Les calculs des indices globaux sont calqués sur ceux des
— pour les isolements de façade, à 2 m de celle-ci, au droit et au mesures en laboratoire (cf. [R 3 113, § 2.2]), prenant au passage
centre de la portion de façade mesurée ; une indexation « w » (Dn,T,w pour l’isolement acoustique standar-
— au tiers de la diagonale d’une pièce, du côté opposé aux disé et L ′nT , w pour le niveau de bruit de choc standardisé).
fenêtres et opposé à la source de bruit.
Pour ce qui est des correspondances entre indices européens et
La source de bruit doit quant à elle être placée de la manière indices français, distinguons les deux types de mesure :
suivante :
— bruits de chocs : il n’existe pas de correspondance entre L ′nT , w
— face au coin d’une pièce ;
— pour les isolements de façade, à 7 m minimum de celle-ci avec et LnAT ;
un angle d’azimut nul, inclinée vers l’élément mesuré : — bruits aériens : nous devons définir le nouvel indice d’iso-
• positionnée au sol pour simuler un trafic routier, lement acoustique standardisé pondéré DnT,A , correspondant
• positionnée en l’air (tenue par une grue...) pour simuler un tra- presque typologiquement à celui de l’équation (3) (mais au calcul
fic aérien ; très différent). Celui-ci se calcule comme tel :
— pour une machine à chocs, elle doit être placée dans la mesure
du possible en un seul point proche du centre des pièces. • bruit rose : DnT,A = Dn,T,w + C
• bruit route : DnT,A,tr = Dn,T,w + Ctr
1.2.2 Application des normes européennes
On constate alors généralement que :
1.2.2.1 Généralités DnT,A = DnAT – 1
Nous nous référons ici aux normes NF EN ISO 140 pour les
mesures et aux normes NF EN ISO 717 pour les calculs, qui consti- DnT,A,tr = DnAT (route)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 3 114 − 3
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Ce texte est la version révisée de l’article rédigé en 1995 par Claude AZAIS,
Jean-Pierre GUILHOT, Pierre JOSSERAND et Michel WILD
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W0 W puissance acoustique de référence Notons que la grandeur intensité acoustique ainsi définie repré-
(10–12 W) sente la valeur moyenne, pendant une période, de la puissance
traversant une unité de surface perpendiculaire à la direction de
w W/Hz densité spectrale de puissance acoustique propagation.
La puissance acoustique W s’obtient en réalisant une intégration
α .......... facteur d’absorption sur une surface entourant la source :
: :
α0 .......... facteur d’absorption à l’incidence normale W = ∫ I ⋅ n dS
S
α ......... facteur d’absorption moyen ■ Il est d’usage d’exprimer la puissance acoustique d’une source
sous la forme d’un niveau de puissance acoustique (décibels) :
λ m longueur d’onde
W
ρ kg/m3 masse volumique LW = 10 lg
W0
τ ......... facteur de transmission avec W0 = 10–12 W puissance acoustique de référence, le symbole
L venant de l’anglais level (niveau).
τ .......... facteur de transmission moyen
Le décibel est le niveau de puissance acoustique pour
ω rad/s pulsation lequel W/W0 = 101/10.
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■ On pourrait envisager de faire une analyse fine de cette puis- L’opération inverse reste délicate. On peut toutefois faire l’hypo-
sance en utilisant des filtres de faible largeur (1 Hz). Le résultat thèse (si le spectre ne comporte pas de fréquences pures) que la répar-
obtenu serait une densité spec trale de puissance acoustique w (f) tition spectrale est uniforme dans la bande considérée, et écrire que :
en watts par hertz.
W (Δf1) = w (f ) Δf1 et W (Δf 2 ) = w (f ) Δf 2
Le plus souvent, on utilise des filtres d’analyse en fréquence d’où :
relativement larges (filtres d’octave ou de tiers d’octave (§ 2.3.1), et Δf1
l’on dispose d’un nombre restreint de résultats (de 8 à 24) pour LW (Δf 2 ) = LW (Δf1) − 10 lg
caractériser la source, mais on effectue aussi des analyses en Δf 2
bandes 1/N d’octave (avec N jusqu’à 24). On peut vérifier aisément à l’aide de cette relation que, dans le
cas d’une répartition spectrale uniforme, le niveau mesuré par un
analyseur en bandes de fréquence de largeur une octave est supé-
L’octave est l’intervalle logarithmique, en base binaire, de
rieur de 5 dB environ à celui qu’on avait obtenu avec un analyseur
deux fréquences dont le rapport est égal à 2 :
par bandes de tiers d’octave.
1 octave = lb (f1/f 2 ) avec f1/f 2 = 2
1.1.1.2 Diagramme de directivité
avec lb logarithme en base 2.
Nous avons raisonné jusqu’à présent sur la puissance totale
émise par la source, sans tenir compte du fait qu’il existe des direc-
■ La puissance acoustique totale W est la somme des puissances
tions privilégiées suivant lesquelles le rayonnement acoustique est
mesurées dans chacune des bandes d’analyse et exprimées en
plus important. Ce cas correspondait à une source omnidirection-
watts.
nelle émettant suivant une direction donnée, une densité angulaire
Dans le cas où la source est connue par son niveau de puissance de puissance :
acoustique, il convient de calculer la puissance par la relation : dW W
=
dΩ 4π
W
= 10LW / 10 avec Ω angle solide.
W0
Le coefficient de directivité Q d’une source quelconque suivant
puis de sommer et enfin de calculer le niveau de puissance acous- une direction donnée est, par convention, le rapport de la puis-
tique total de la source. sance émise dans cette direction à celle émise par une source
omnidirectionnelle de même puissance totale.
Exemple
On appelle diagramme de directivité de la source la surface
On dispose du spec tre de puissa
nce a
c r b
oustique pa andes
construite en portant une longueur égale à la valeur du coefficient
d’oc
ta nt (figure 1) :
ve suiva
de directivité suivant la direction considérée, cela pour toutes les
f (Hz) 125 250 500 1 000 2 000 directions de l’espace.
LW (dB ) 65 70 70 75 60 Le diagramme de directivité d’une source omnidirectionnelle est
W/ W0 3,16× 10 6 107 107 16 × 107
3, 106 donc une sphère de rayon unité (Q = 1).
Total :W/W0 = 5,576 × 10 7 Dans le cas général, on ne sait pas représenter simplement ce
diagramme, sauf si la source présente un axe de symétrie ; sa
Niveau global :LW = 77,5 dB
représentation dans un plan est alors très aisée.
Nota : les fréquences f sont les fréquences centrales des bandes d’octave (§ 2.3). Notons que la directivité d’une source dépend de la fréquence ;
il serait donc nécessaire de connaître le diagramme de directivité
Ce calcul pourrait être effectué de proche en proche à l’aide de la source pour chacune des bandes de fréquence considérées
d’abaques de sommation des niveaux exprimés en décibels. Le dans le spectre (figure 2).
calcul direct est préférable : on évite ainsi d’accumuler des erreurs
de calcul qui, au bout de nombreuses opérations, peuvent Un cas particulier important est celui où les dimensions de la
atteindre ou dépasser le décibel. source sont petites devant la distance à laquelle on s’intéresse au
niveau sonore. Si la source est supposée omnidirectionnelle, on
On constate qu’il est possible de passer simplement d’un prendra :
spectre de puissance acoustique mesuré par bandes de tiers
• Q = 2 si la source est posée sur un plan réfléchissant ;
d’octave (ou moins) au spectre par bandes d’octave, par addition
des puissances des bandes de fréquence constituant la bande • Q = 4 si la source est posée à l’angle de deux murs ;
d’octave considérée. • Q = 8 si la source est posée dans un coin d’une pièce.
Nous constatons que, alors qu’il est aisé de donner le spectre de
puissance acoustique d’une source, il est plus difficile de donner
son diagramme de directivité (sauf dans le cas d’une source
présentant un axe de symétrie). Dans la plupart des cas, on s’inté-
resse au niveau sonore en champ réverbéré, et seule la première
de ces données sera considérée.
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Alors :
I p2
LI = 10 lg = 10 lg
I0 ρ c I0
p
LI = 20 lg = Lp
p0
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mω
R0 = 20 lg
2ρc
Rd = R0 − 10 lg (0, 23 R0 )
Figure 3 – Différence entre le niveau d’intensité acoustique
et le niveau de puissance acoustique d’une source en fonction Cette relation, bien que donnant des résultats différant de
de la distance quelques décibels des résultats pratiques, ne serait-ce qu’à cause
des hypothèses simplificatrices qui ont permis de l’établir, peut se
révéler d’un emploi commode dans les calculs de prévision acous-
Cette relation est habituellement tracée en Lp – LW sous la forme tique.
du réseau de courbes de la figure 3.
1.1.2.5 Transmission entre deux locaux
On remarque que :
– près de la source, le champ direct l’emporte (droite de pente – Un cas pratique intéressant est celui où la source sonore se situe
6 dB par doublement de la distance) ; dans un local où elle crée un niveau sonore Lp1 et où l’on s’inté-
– au-delà d’une certaine distance, seul est à prendre en compte resse au niveau sonore Lp2 induit dans un local adjacent. Si S (m2)
le champ réverbéré ; il est indépendant de la position de l’observa- est la surface de la paroi de couplage et A (m2) la constante
teur. acoustique du local de réception (§ 1.1.2.2), on démontre que :
Ces considérations nous seront d’une grande utilité dans l’étude S
du traitement acoustique des locaux industriels. Lp 2 = Lp1 − Rd + 10 lg
A
A pplication numérique : cons idér
onsu ne s ou r
ce r ayonnantdans
avec Rd (dB) indice d’affaiblissement acoustique en champ diffus
la bande d’oct av e 500 Hz u n niveau de pu is
s ance acou stique
de la paroi.
LW = 70 dB (soit W = 10–5 W), pla cée dans un a telier de dimensions
2 3
10 × 20 × 5 m (soit S = 700 m et V = 1 000 m ). On note que le niveau sonore induit dans le local de réception
croît avec la surface de couplage et décroît quand on augmente
Le facteur d’absorption moyen des parois est égal àα = 0,1 donc
l’absorption du local.
A = 78 m2. Le niveau sonore en champ réverbéré est égal à:
Dans le cas où la paroi se compose de plusieurs panneaux de
Lp = LW +(Lp − LW ) = 70+(− 13) = 57 dB masses différentes (portes, fenêtres, etc.), chaque panneau étant
ce résultat pouvant être obtenu soit par le calcul, soit par les courbes caractérisé par sa surface Si et son facteur de transmission τi , les
de la figure 3. puissances acoustiques transmises par chacun des éléments vont
s’ajouter. On peut encore utiliser la relation précédente, à
1.1.2.4 Transmission à travers une paroi (loi de masse) condition de définir un facteur de transmission moyen :
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p2
Lp = 10 lg
p02
avec :
p0 = 2 × 10−5 Pa
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1. Méthodes de mesure Simultanément, si possible, mais en tout état de cause sur des
échantillons temporels semblables, seront déterminés les niveaux
de crête maximaux.
1.1 Mesures en milieu industriel Pour les postes de travail mobiles, la meilleure solution consiste
à utiliser un exposimètre individuel qui, porté par le salarié, four-
Le mesurage de l’exposition au bruit sur les lieux de travail fait nira le Leq ainsi que les dépassements des valeurs limites de la
l’objet de la norme ISO 9612 qui, il y a quelques années, a été reje- pression crête. Il existe en général, pour ce type d’appareils, un
tée en tant que norme européenne, les États membres ayant sou- logiciel d’exploitation qui permet la mise en mémoire des résultats
haité unanimement conserver en la matière leurs normes sous forme d’un fichier informatique, ainsi que diverses représen-
nationales. Mais en mai 2009, la norme NF EN ISO 9612 a finale- tations des phénomènes mesurés.
ment vu le jour, montrant une évolution de la politique des États
membres qui abandonnent leur méthode nationale au profit d’une
méthode européenne unique. 1.1.2 Exploitation des mesures
Pour le moment, en France, lorsque les mesures ont pour but la
protection de l’audition, elles sont effectuées en LAeq . La méthode Elle consiste à comparer les résultats aux exigences légales.
est définie par la norme NF EN ISO 9612 et les mesures, lorsqu’il Il est possible, mais difficile, d’obtenir une prévision d’apparition
s’agit d’une mise en demeure de l’Inspection du travail, doivent de la surdité professionnelle quand on connaît l’âge du sujet, le
être effectuées par un organisme accrédité conformément à la loi. nombre d’années pendant lesquelles il a été exposé au bruit et ses
En ce qui concerne la réglementation relative à la protection des audiogrammes durant cette période (voir norme NF S 31-013).
travailleurs contre le bruit, il faut se référer à la directive euro-
péenne (2003/10/CE) qui est applicable depuis juillet 2006.
L’arrêté du 30 août 1990 pris pour l’application de l’article 1.2 Mesure du bruit dans l’environnement
R. 235-11 du code du travail concerne la construction ou l’aménage-
ment des locaux de travail où doivent être installés des machines et
des bâtiments industriels
appareils susceptibles de soumettre les travailleurs à un niveau
d’exposition sonore quotidienne supérieur à 85 dB(A). Dès lors qu’il Deux réglementations contrôlent les émissions sonores dans
est établi que la réverbération, évaluée par une méthode d’acous- l’environnement d’une installation :
tique prévisionnelle, provoque une augmentation du niveau d’expo-
– l’arrêté no 30-02 du 23 janvier 1997 régissant les installations
sition quotidienne égale ou supérieure à 3 dB(A), les parois doivent
classées (cet arrêté remplace les arrêtés du 1er mars 1993 et 20
recevoir une correction acoustique par matériaux absorbants.
août 1985) ;
– le décret no 95-08 du 18 avril 1995 sur les bruits de voisinage.
1.1.1 Utilisation de sonomètres
ou d’exposimètres Ces textes se basent sur l’évaluation objective d’une situation
acoustique à partir de grandeurs mesurables. Pour caractériser la
La méthode de mesure la plus simple consiste à utiliser un réalité complexe d’une situation sonore, on a retenu un indicateur
sonomètre intégrateur qui fournira le LAeq ,TD correspondant à la global : le niveau sonore équivalent sur une période de référence.
durée effective de la journée de travail, puis à faire le calcul de : Celui-ci, mesuré à partir d’un sonomètre intégrateur, intègre les
variations du bruit (en dynamique et en spectre) sur la période.
TD C’est sur cette grandeur que s’exercent les exigences réglemen-
LEX ,d = LAeq ,TD + 10 lg
28 800 taires. Les principes de limitation font intervenir deux notions :
ou à faire effectuer ce calcul par le sonomètre si cela est possible. – un niveau limite constituant un seuil à ne pas franchir : le bruit
est limité de manière absolue ;
Lorsque le poste quotidien est constitué de plusieurs tâches, le
LAeq,Ti de chaque tâche sera déterminé, avec sa durée, et le calcul – une restriction d’émergence sanctionnant l’élévation du niveau
s’effectue selon la formule : ambiant en présence du bruit de l’équipement : le bruit est limité
de manière relative.
∑ 100 ,1Li ⋅Ti
LAeq ,TD = 10 lg Ces deux démarches cohabitent actuellement, avec toutefois
∑Ti une prépondérance pour la deuxième. La caractérisation de la
situation sonore initiale dans laquelle s’insère une installation est
puis le LEX,d est déterminé comme indiqué plus haut. de ce fait primordiale.
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L’arrêté du 20 août 1985 encadrait, jusqu’à l’arrêté du 1er mars Zone résidentielle urbaine 55 dB(A)
1993, toutes les installations classées qu’elles soient soumises à
autorisation ou à déclaration. Zone résidentielle urbaine ou suburbaine, avec 60 dB(A)
quelques ateliers ou centre d’affaires, ou avec
L’arrêté du 23 janvier 1997 concerne les installations classées des voies de trafic terrestre, fluvial ou aérien
soumises à autorisation. Il s’applique aux installations nouvelles à assez importantes ou dans les communes
partir du 1er juillet 1997 (à l’exception de certaines activités indus- rurales, bourgs et hameaux agglomérés
trielles). Il analyse la nuisance générée par l’installation classée par
un double critère : Zone à prédominance d'activités commerciales, 65 dB(A)
industrielles ou agricoles
• critère d’émergence caractérisant l’élévation du niveau
sonore induit par le fonctionnement de l’installation, l’émer- Zone à prédominance industrielle (industrie 70 dB(A)
gence étant définie comme la différence de niveau sonore lourde)
dB(A) entre le bruit ambiant, établissement en fonctionne-
ment, et le bruit résiduel ;
L’appréciation du niveau limite est effectuée après étude
• critère de niveau limite fonction de la nature de l’urbanisation
d’impact sur la zone considérée lorsque l’installation est à l’arrêt. Il
aux alentours de l’installation (cf. arrêté du 20 août 1985).
peut donc être variable et modulé sur le pourtour de la propriété.
L’arrêté du 23 janvier 1997 privilégie l’approche en terme
d’émergence à celle en termes de limite d’émission sonore. Ainsi,
1.2.2 Dispositions particulières : chaufferies
il impose des niveaux acoustiques en limite de propriété tels que
l’émergence sonore dans les zones à émergence réglementée ne
Un arrêté du ministère de l’Industrie du 3 juin 1978 stipule que le
dépasse pas de 5 à 6 dB(A) selon les niveaux sonores résiduels
niveau de pression acoustique du bruit engendré par une chauffe-
pour les périodes diurnes de 7 h à 22 h (hors dimanche et jours
rie ne doit pas dépasser 50 dB(A) à une distance de 2 mètres des
fériés) et 3 à 4 dB(A) pour les périodes nocturnes de 22 h à 7 h
façades de tous les bâtiments d’habitation et des bureaux environ-
(dimanche et jours fériés compris). On note un niveau sonore
nants.
maximal admissible de 70 et 60 dB(A) respectivement.
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P > 70 89 + 11 lg P 86 + 11 lg P (2)
m ⭓ 30 96 + 11 lg m 94 + 11 lg m
Grues à tour 98 + lg P 96 + lg P
Motocompresseurs P ⭐15 99 97
P > 15 97 + 2 lg P 95 + 2 lg P
50 < L ⭐ 70 100 98
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les machines plus grandes, on choisira un contour parallélépipédi- s’oriente progressivement vers le concept de la norme ISO 7574-4
que avec une distance de mesure d = 1 m. Aucune correction avec quelques simplifications dans la formulation. Il en résulterait
d’environnement n’est admise : K2A = 0. alors l’expression suivante pour K :
Au-delà de ces dispositions générales, l’annexe III de la directive
précise pour chaque matériel, tantôt par description détaillée tan- K = 1, 5σ t
tôt par renvoi sur des normes, les dispositions spécifiques, notam-
ment en ce qui concerne les conditions de fonctionnement durant avec σt écart type total (σ R2 + σ prod
2 )1/2 ,
l’essai. σR écart type de reproductibilité. On utilisera la valeur
Si à ce stade le fabricant dispose déjà de plusieurs exemplaires indiquée dans le tableau proposé par les organismes
du matériel, il peut déterminer les niveaux de puissance acoustique notifiés,
d’un échantillon afin d’estimer l’écart type de production (voir σprod écart type de production donné par le produit de sprod
§ 1.3.1.3) par l’équation suivante : (à déterminer par le fabricant de l’équipement) et d’un
facteur de sécurité SF qui tient compte du nombre n
1 n de spécimens étudiés. SF varie de 1,5 (n = 5-7) à 1,0
sprod = ∑(L − LWA )2
n − 1i =1 WAi
(n ≥ 20).
En principe, l’écart type de production devrait être représentatif
avec n nombre de spécimens étudiés, de la totalité de la série dans laquelle on a prélevé les échantillons
testés et dont peuvent être issus également les spécimens d’un
LWAi niveau de puissance acoustique du spécimen numéro éventuel contrôle. Dans la pratique, il est évident que lors des
i, mesures initiales, le fabricant ne peut pas encore disposer d’élé-
LWA moyenne arithmétique des n niveaux de puissance ments suffisamment pertinents pour déterminer sprod avec
acoustique. précision. Il se contentera alors d’une estimation, par exemple à
partir des paramètres standard que préconise la norme ISO 4871. Il
■ Mesures périodiques peut également utiliser une valeur obtenue pour une production
précédente de matériels similaires ou pour une présérie si elle
Lorsqu’un matériel est mis sur le marché, le fabricant doit
existe. (Le guide recommande alors de procéder à des mesures
prendre toutes les mesures nécessaires pour que le procédé de
sur au moins cinq spécimens.)
fabrication assure la conformité du matériel avec la documentation
technique et la déclaration initiale. Cela implique généralement Si, au cours des mesures périodiques, la valeur garantie est
des mesures périodiques de bruit pour contrôler la constance des dépassée à cause d’une variation de production plus forte que pré-
paramètres suivants : vue, le fabricant doit corriger son procédé de fabrication afin de
– niveau de puissance acoustique (moyenne de la production) ; remettre en conformité le matériel. Si la correction s’avère impos-
sible ou insuffisante, la valeur garantie doit être ajustée à la
– incertitude statistique due aux variations de production,
hausse. A contrario, si la variation de production est plus faible
et pour remédier à d’éventuelles dérives. La méthode des mesures qu’attendue, la valeur garantie peut être révisée à la baisse.
(normalisées ou simplifiées) ainsi que leur périodicité restent à
l’instigation du fabricant ou de son organisme notifié (selon la pro-
cédure choisie, les mesures sont effectuées soit par le fabricant, 1.3.2 Bruits engendrés en situation réelle
soit par l’organisme notifié). La directive n’exige que la mise à dis-
position d’une documentation technique qui consigne les résultats 1.3.2.1 Mesure du bruit
des contrôles et les mesures de correction éventuellement mises
En France le bruit émis par des chantiers, c’est-à-dire des sites
en œuvre.
où un ensemble d’équipements fonctionne en situation réelle, n’a
■ Cas particulier de la déclaration à l’unité pas encore fait l’objet d’une réglementation particulière ni d’une
normalisation dédiée. Pour caractériser donc un tel site, qu’il soit
Lorsqu’un matériel n’existe qu’en un seul exemplaire et pour les simple (ouverture d’une tranchée pour pose de canalisation, par
petites séries, le fabricant peut opter pour la « vérification à exemple) ou plus complexe (construction d’immeuble, de voies de
l’unité ». Dans ce cas, les mesures de bruit sont toujours effectuées transport ou d’ouvrages) on peut être tenté de se référer aux
selon les méthodes spécifiées dans la directive, mais c’est l’orga- méthodes de mesure détaillées dans la directive 2000/14/CE. Mal-
nisme notifié qui s’en charge et qui délivre un certificat individuel heureusement, on se heurtera très vite à des obstacles de taille.
de conformité pour chaque matériel.
La principale difficulté provient du fait qu’en situation réelle, le
bruit résultant est engendré en partie seulement par les machines
1.3.1.3 Déclaration du bruit
(M), mais aussi par les procédés (P) : déplacement de matière, mou-
Il est nécessaire de déterminer et de maintenir le niveau de puis- vement des engins, chocs, etc. Or, les méthodes préconisées par la
sance acoustique garanti. La directive définit le niveau de puis- directive ne prennent en compte que le bruit de la machine, qualifié
sance acoustique garanti comme « le niveau de puissance de surcroît dans des conditions censées être représentatives du
déterminé par des mesures en incluant les incertitudes liées aux fonctionnement réel, mais qui peuvent s’avérer majorantes dans
variations de la production et aux procédures de mesure ». Cela certains cas et minorantes dans d’autres.
conduit à une relation dont la forme générale est indiquée dans Pour une machine donnée, le bruit résultant (M + P) peut être
l’équation suivante : mesuré :
– soit pendant le fonctionnement normal du chantier si les per-
LWA garanti = LWA mesuré + K
turbations dues au bruit des autres machines restent négligeables ;
– soit dans un environnement équivalent, plus facile à contrôler,
Ni le concept statistique à retenir ni les règles pratiques d’échan-
en reproduisant de manière réaliste les conditions du procédé.
tillonnage pour déterminer le terme K ne sont spécifiés dans la
directive. Et quant au guide, il fournit bien les instruments statis- Mais s’il est encore envisageable de déterminer ce bruit résul-
tiques de base, mais il se garde bien de prendre une position claire tant (M + P), il est généralement très difficile de séparer le bruit (M)
sur les incertitudes de mesure. Cela fait que le débat reste toujours dû aux machines et composants seuls du bruit (P) lié au procédé,
ouvert. Néanmoins, la réflexion au sein des organismes notifiés de hiérarchiser les contributions respectives et donc d’envisager
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e toutes les agressions que l’homme subit dans son environnement quo-
D tidien, le bruit représente, sans conteste, le facteur le plus présent, le plus
répandu et le plus insidieux. Soupçonné depuis plusieurs décades d’être res-
ponsable de divers troubles physiologiques et physiques, le bruit a fait l’objet
d’approches et de recherches multiples visant à comprendre ses modes
d’action et ses mécanismes. En dépit de ces travaux, le bruit reste aujourd’hui
l’une des nuisances les plus mal connues aussi bien sur le plan de ses effets
sur l’individu que sur celui de ses répercussions économiques et sociales.
Cette méconnaissance repose en premier lieu sur la difficulté de mesurer les
conséquences réelles – à court, moyen ou à long terme – de l’agression sonore
sur des organismes susceptibles de s’adapter et donc de masquer tout ou
partie de ces effets. Elle est renforcée par le fait que le bruit comporte un grand
nombre de composantes subjectives et qu’à ce titre il peut être perçu de façons
très différentes d’un individu à l’autre avec des réactions variables donnant
lieu à des interprétations trop souvent contradictoires ou ambiguës.
Parution : octobre 2008
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Niveau L
Niveau L
> 2 dB
" 2 dB
#1s <1s
< 0,2 s
Niveau L
Niveau L
Niveau L
# 0,2 s
0
2. Effets auditifs du bruit C B, C
A
N B
2.1 Gêne – 20
Les échelles de sonie qui caractérisent l’intensité subjective des A
sons perçus peuvent être obtenues soit par comparaison d’un son
pur de fréquence quelconque avec un son de 1 000 Hz donnant la
même sensation de niveau (échelle des phones), soit par – 40
20 100 1 000 10 000
comparaison, deux à deux, de sons de même fréquence dont l’un
donne une sensation de niveau double de l’autre (échelle des Fréquence (Hz)
sones). Les deux formes d’analyse font apparaître des propriétés
de non-linéarités de perception d’intensité par rapport au niveau Figure 2 – Courbes de pondération utilisées pour la mesure des niveaux
physique du stimulus. sonores (d’après Kryter, 1970 [6])
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140 20
10
70 7,5 Figure 4 – Courbe d’isonuisance à 40 noys
5
60 À partir de la valeur de N (exprimée en noys), il est possible de
3 calculer le niveau de bruit en PNdB (Perceived Noise Level ) :
50 2 L PNdB = 10 log2 N + 40 = 33, 3 lg N + 40
Pour tenir compte des différences de niveaux de gêne dus à la
40 1 répartition spectrale du bruit, l’estimation de la nuisance peut,
également, s’effectuer à partir de diagrammes fréquentiels. On
0,5 compare alors le spectre de bruit à des courbes de niveau par
30
0,1
octave dont l’intensité décroît avec la fréquence pour tenir compte
de la sensibilité de l’oreille. Le niveau de bruit s’évalue alors à
20
partir de l’indice NR (Noise Rating ). Ce niveau est déterminé en
reportant le spectre par octave du bruit sur le réseau de courbes et
10 en relevant l’indice de la courbe se plaçant à la limite supérieure
du maximum du spectre.
0 Il est à noter que, lorsque l’on compare les niveaux de bruit
20 5 100 2 5 1 000 2 5 10 000 exprimés en dBA, dBC ou en PNdB, on constate parfois des dif-
Fréquence (Hz) 20 000 férences importantes même pour des bruits présentant le même
indice NR (niveaux en dBC de la figure 5 ). Des formules empi-
Figure 3 – Courbes d’égale nuisance riques de transferts d’unités ont été établies. Parmi les plus utili-
sées, citons (LA et LC étant les niveaux pondérés A et C) le PNdB et
le LL (Loudness Level ) tels que :
Encadré 1 1
PNdB = (3 LA + LC ) + 12 (en dB)
4
Courbes d’isosonie en phones LL = 0, 4 LC + 0, 6 LA + 11 (en phones)
On compare le niveau d’un son pur de fréquence f à un son La principale composante du bruit – après son niveau – est sa
pur de référence de 1 000 Hz. Un son de 100 Hz devra durée. L’estimation de la nuisance dans un environnement bruyant
atteindre environ 70 dB pour donner une sensation de niveau doit pouvoir tenir compte de la variabilité des bruits en niveau,
identique à celle d’un son de 1 000 Hz de 60 dB : le son de mais également en durée.
100 Hz a un niveau subjectif de 60 phones. Pour prendre en compte l’intégration dans le temps, de
Courbes d’isosonie en sones nombreuses propositions ont vu le jour. Elles sont toutes basées
On attribue à un son pur de 1 000 Hz à 40 dB la valeur de sur le principe de la sommation temporelle :
1 sone. On cherche le niveau donnant une sensation deux fois
plus intense (soit environ 50 dB) et on lui attribue la valeur de 1 +∞ LPNdB
T ∫−∞
L = 10 lg 10 10 (dt )
2 sones. On procède de même avec un son donnant une
sensation deux fois moindre (environ 32 dB) et on lui attribue La plus usitée est le niveau équivalent.
la valeur 0,5 sone, etc.
Courbes d’isobruyance ■ Niveau équivalent ou Leq
Lignes d’égale bruyance par sone d’après Kryter et Parson Conformément à la norme AFNOR NF S 31-013 É valuation de
(1963). l’exposition au bruit en milieu professionnel et estimation du défi-
cit auditif, induit par le bruit, de populations exposées ou à la
recommandation ISO 1999 (cf. partie Normalisation [G 2 720v2]), la
Ainsi, à partir de la sonie de chaque bande 1/3 d’octave i
mesure des bruits fluctuants (sonomètres intégrateurs ou dosi-
exprimée en noys (ni), il est possible de déterminer la sonie totale
mètres) s’effectue par le calcul de l’énergie sonore (LA) totale reçue
N par l’expression :
pendant un temps T :
N (noys) = nM + 0,15 ( ∑ ni − nM ) 1 T LA (t )
LAeqT = 10 lg ∫ 10 10 dt
avec nM valeur de ni la plus élevée. T 0
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Référence Internet
E5120
Perception de l’intensité,
de la hauteur et du timbre des sons
1. Sonie............................................................................................................. E 5 120 - 3
1.1 Seuil différentiel d’intensité......................................................................... — 3
1.2 Influence de la fréquence............................................................................. — 3
1.2.1 Seuils auditifs ...................................................................................... — 3
1.2.2 Courbes isosoniques........................................................................... — 3
1.3 Croissance de la sensation de sonie en fonction du niveau physique .... — 4
1.4 Sonie et pathologie cochléaire : le recrutement ........................................ — 4
1.5 Sonie et audition binaurale ......................................................................... — 5
1.6 Facteurs temporels influant sur la sonie .................................................... — 5
1.7 Codage de la sonie dans le système nerveux auditif ................................ — 6
1.8 Sonie des sons complexes. Notion de bande critique .............................. — 7
1.8.1 Seuil auditif et contenu spectral......................................................... — 7
1.8.2 Sonie et contenu spectral ................................................................... — 7
2. Notion de hauteur..................................................................................... — 8
2.1 Codage(s) de la fréquence dans le nerf auditif
et dans les voies auditives........................................................................... — 8
2.2 Seuil différentiel de fréquence .................................................................... — 9
2.3 Propriétés de la hauteur selon la nature du son considéré ...................... — 9
2.3.1 Sons purs ............................................................................................. — 9
2.3.2 Sons complexes périodiques ............................................................. — 10
2.3.3 Conséquences pour le codage de la hauteur.................................... — 10
2.4 Cas des sons harmoniques avec fondamentale absente.......................... — 10
2.5 Cas des sons inharmoniques ...................................................................... — 10
3. Notion de timbre....................................................................................... — 11
3.1 Définition....................................................................................................... — 11
3.2 Rôle du profil énergétique du spectre ........................................................ — 11
3.3 Rôle des fluctuations temporelles............................................................... — 11
4. Conclusion .................................................................................................. — 11
Références bibliographiques .......................................................................... — 12
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E5120
Pour de plus amples renseignements sur les mécanismes auditifs, le lecteur pourra
consulter les références [1] [2].
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98
Référence Internet
E5120
1. Sonie
Seuil différentiel (dB)
10
Par définition, la sonie est l'intensité subjective d'un son,
autrement dit, elle correspond à la sensation de force sonore.
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100
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R6140
Perception acoustique
et qualité sonore
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101
Référence Internet
R6140
Son Réaction
Identification Caractérisation
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102
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R6140
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Référence Internet
R6140
des dispositifs de restitution transaurale, qui utilisent des haut- 2.1 Estimation de grandeur
parleurs après un filtrage adéquat des signaux de sorte que chaque
oreille de l’auditeur soit soumise au bruit réellement enregistré par le
mannequin ; Cette méthode a été très largement utilisée pour l’estimation du
— si le niveau des basses fréquences (au-dessous de 60 Hz envi- niveau subjectif de bruits. Son principe est de demander directement
ron) est élevé, elles sont également perçues par l’ensemble du corps, à l’auditeur d’attribuer une valeur proportionnelle à sa sensation. Il
ce que ne permet pas évidemment un casque. Dans ce cas, il est utile est possible de présenter à l’auditeur un stimulus de référence auquel
de mettre en œuvre, en complément du casque, un haut-parleur spé- une valeur imposée (par exemple 10) est attribuée ; ainsi, si un son
cialisé dans les très basses fréquences (sub-woofer), qui recrée cette test semble deux fois plus fort que cette référence, l’auditeur devra
perception. Pour des bruits de véhicules industriels, nous avons pu lui attribuer la valeur 20. Mais de telles expériences peuvent aussi
montrer [3] que cela améliore la fidélité de la restitution ; en revan- être menées sans référence.
che, le réglage d’un tel système est complexe (en raison des modes
acoustiques du local dans lequel est placé l’auditeur, qui nécessitent On obtient ainsi une échelle de rapport de sensation. Cette
une correction du signal émis par le sub-woofer) ; méthode, largement répandue pour des études perceptives fonda-
— une situation est le plus souvent multimodale : le conducteur mentales (avec des sons de laboratoire parfaitement contrôlés) est
d’une automobile est soumis à du bruit, mais aussi à d’autres stimu- plus rarement mise en œuvre lorsque l’on s’intéresse à des bruits
lus (visuels, vibratoires, etc.). Des interactions entre toutes ces réels [6].
modalités existent, ce qui fait que les évaluations du bruit écouté au
casque dans un laboratoire peuvent différer de ce que peut décrire un
conducteur dans la situation réelle complexe ; 2.2 Évaluation absolue
— enfin, l’auditeur de signaux enregistrés est passif alors que,
dans la réalité, ses actions modifient le comportement de l’objet et
donc le bruit émis. L’auditeur doit évaluer un caractère sonore ; la question posée peut
Exemple : il a été vérifié [Hashimoto] que des sujets pouvant en être, par exemple « le son est-il agréable ? ». La réponse de l’auditeur
laboratoire modifier un bruit d’automobile (au moyen d’un synthétiseur peut être donnée sur une échelle continue sur laquelle ne figurent que
temps réel contrôlé par l’auditeur) ont des réactions différentes de les labels extrêmes (par exemple « pas du tout agréable » et
celles d’auditeurs subissant les mêmes sons. « extrêmement agréable ») ou sur une échelle discrète ou continue
présentant différents niveaux intermédiaires (on parle alors d’échelle
Cependant, ces limites ne doivent pas faire oublier l’intérêt d’un catégorielle).
mannequin acoustique et les progrès qu’un tel système a permis
Différentes études [7] ont montré qu’une échelle catégorielle à
d’obtenir dans les études portant sur des bruits d’objets industriels.
cinq niveaux, dont un niveau neutre (comme celle représentée ci-
dessous), est particulièrement adaptée.
2. Méthodes
de tests perceptifs Pas du tout
fort
Légèrement Moyennement
fort fort
Très
fort
Extrêmement
fort
Rappelons que ces tests peuvent avoir des buts divers : évaluer
l’acceptabilité du son d’un prototype, comparer celui-ci à des modè-
Quelques précautions doivent être prises pour la mise en œuvre
les concurrents ou, de façon plus générale, identifier les dimensions
d’une telle méthode. Tout d’abord, il convient de favoriser la mise en
sonores (c’est-à-dire les aspects du timbre) intervenant dans la per-
situation de l’auditeur, en lui expliquant le type de sons qu’il aura à
ception du bruit produit par un type d’objets particulier.
évaluer, le mode de fonctionnement des objets lors des enregistre-
De très nombreuses méthodes, dont certaines sont issues des ments, la position du mannequin acoustique et en précisant bien la
recherches plus fondamentales en psychophysique (voir une très utile tâche qu’il devra accomplir. Cette découverte du contexte du test
introduction dans [5]), sont alors disponibles. Leur complexité de s’accompagne d’une présentation de l’ensemble des sons. Ensuite,
mise en œuvre, de même que les résultats qu’elles peuvent fournir, il est prudent, pour éliminer un possible effet d’ordre, de rendre
peuvent être très différents. Nous ne citerons que quelques-unes de aléatoire l’ordre de présentation des sons lors du test, cet ordre
ces méthodes : variant pour chaque auditeur. Une répétition des évaluations est
— estimation de grandeur ; souhaitable, si cela ne conduit pas à une durée trop longue du test.
— évaluation absolue ; Enfin, il est préférable de laisser à l’auditeur la plus grande liberté
— différentiels sémantiques ; dans le déroulement du test, pour faciliter ses évaluations ; cela
— comparaisons par paires ; passe notamment par la possibilité qui lui est octroyée d’écouter
— évaluations comparées ; chaque son autant de fois qu’il le juge nécessaire et de lui laisser le
— analyse multidimensionnelle ; temps de donner sa réponse. Cette liberté de l’auditeur fait que des
— catégorisation ; procédures dans lesquelles plusieurs personnes sont, en même
— descriptions verbales. temps, exposées aux mêmes sons ne sont pas recommandables.
En particulier, nous ne parlerons pas des méthodes d’analyse sen- L’analyse des résultats est ici très simple : pour chaque bruit, les
sorielle utilisées très souvent dans d’autres domaines (notamment évaluations des différents auditeurs sont transformées en nombres
l’agroalimentaire [32] [33] [34] [35]). Rappelons seulement que ces (par exemple de 0 à 1) et constituent des tirages d’une variable aléa-
démarches consistent à, d’une part, faire caractériser les produits de toire dont on peut calculer un estimateur de la valeur moyenne et de
façon objective par un petit nombre d’experts, de sorte à obtenir le l’incertitude sur celle-ci. Des méthodes d’analyse de variance (en
profil sensoriel du produit, puis à interroger des clients (non entraî- mesures répétées) permettent alors d’apprécier la signification des
nés) du simple point de vue hédonique. Ces méthodes sont peu utili- différences entre les valeurs moyennes de chaque son.
sées pour des études acoustiques ; il nous semble cependant qu’elles De telles analyses nécessitent un nombre minimal d’auditeurs
ne sont pas indispensables ici, car l’expérience montre qu’on peut (une trentaine). Auparavant, il peut être utile de rechercher si le
obtenir ces profils sensoriels en interrogeant des auditeurs non entraî- groupe d’auditeurs ne peut pas être scindé en groupes de person-
nés, grâce à certaines des procédures exposées ci-dessous. nes ayant des appréciations différentes ; différentes techniques exis-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
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