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ENVIRONNEMENT - SÉCURITÉ

Ti680 - Bruit et vibrations

Acoustique des salles


et de l'environnement

Réf. Internet : 42422 | 2nde édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Bruit et vibrations
(Réf. Internet ti680)
composé de :

Notions fondamentales en acoustique et vibrations Réf. Internet : 42522

Acoustique : mesures, contrôle, applications Réf. Internet : 42423

Acoustique des salles et de l'environnement Réf. Internet : 42422

Acoustique des transports Réf. Internet : 42523

Vibrations en milieu industriel, mesures, surveillance Réf. Internet : 42424


et contrôle

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Bruit et vibrations
(Réf. Internet ti680)

dont les exper ts scientifiques sont :

Stéphane DURAND
Maître de conférences à l’ENSIM (Ecole d’ingénieurs Le Mans Université),
responsable du groupe "Microsystèmes Acoustiques" (MicA) au sein du
Laboratoire d'Acoustique de l'Université du Mans

Serge LEWY
Directeur de recherche et chargé de mission à l'Office National d'Études et de
Recherches Aérospatiales (ONERA)

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Paul AVAN
Pour l’article : E5120

Michael BOCKHOFF
Pour les articles : R6030 – R6031

Thibaut CARPENTIER
Pour les articles : BR1150 – BR1152

Jean JACQUES
Pour les articles : R6030 – R6031

Jacques JOUHANEAU
Pour les articles : BR1005 – C3360 – BR1010 – BR1012 – BR1014 – C3362 – G2720

Thierry LOYAU
Pour les articles : R6030 – R6031

Mathias MEISSER
Pour l’article : C3365

Etienne PARIZET
Pour l’article : R6140

Gilles REIGNER
Pour les articles : R3112 – R3113 – R3114

Léon THIERY
Pour les articles : R6030 – R6031

Jean-Paul VIAN
Pour l’article : BR1100

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VI
Acoustique des salles et de l'environnement
(Réf. Internet 42422)

SOMMAIRE
Réf. Internet page

Échanges d'énergie sonore entre plusieurs locaux BR1005 9

Acoustique des salles C3360 15

Acoustique des salles C3360FOR 21

Guide méthodologique pour l'étude acoustique d'une salle. Approche systématique BR1010 23

Guide méthodologique pour l'étude acoustique d'une salle. Approche par modèles BR1012 25

Guide méthodologique pour l'étude acoustique d'une salle. Approche linéarisée BR1014 31

Traitement acoustique et insonorisation des bâtiments C3362 33

Réglementation acoustique des bâtiments C3365 43

Introduction à l'acoustique des auditoriums BR1100 51

Spatialisation sonore. Perception, captation et diffusion de scènes sonores BR1150 57

Spatialisation sonore. Réverbération artificielle BR1152 67

Rappels d'acoustique physique R3112 73

Mesures acoustiques en laboratoire. Bâtiment et environnement R3113 75

Mesures acoustiques in situ. Bâtiment et environnement R3114 77

Mesures en acoustique industrielle. Partie 1 R6030 81

Mesures en acoustique industrielle. Partie 2 : méthodes de mesure et de réduction du R6031 87


bruit
Effet du bruit sur l'homme G2720 93

Perception de l'intensité, de la hauteur et du timbre des sons E5120 97

Perception acoustique et qualité sonore R6140 101

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VII
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Référence Internet
BR1005

Échanges d’énergie sonore


entre plusieurs locaux

par Jacques JOUHANEAU


Professeur, ancien titulaire de la chaire d’Acoustique du CNAM

1. Échanges d’énergie réverbérée


entre deux locaux communiquant par une ouverture ................... BR 1 005 - 2
2. Incidence sur l’environnement de l’énergie rayonnée
par un local ................................................................................................ — 4
2.1 Transmission de l’énergie réverbérée d’un local vers l’extérieur............ — 4
2.2 Transmission des énergies dues aux champs directs et réverbérés ....... — 6
3. Étude des champs réverbérés stationnaires
dans plusieurs locaux couplés.............................................................. — 7
3.1 Couplage de trois locaux disposés en série .............................................. — 7
3.1.1 Source placée dans un local latéral................................................... — 7
3.1.2 Source placée dans le local central ................................................... — 8
3.2 Couplage de trois locaux disposés en parallèle ........................................ — 9
3.3 Couplage de plusieurs locaux (n > 3) ......................................................... — 10
3.4 Application des relations de couplage stationnaire
à quelques problèmes d’usage courant ..................................................... — 10
3.4.1 Influence du couplage dans une salle de grande longueur ............ — 10
3.4.2 Généralisation ..................................................................................... — 12
4. Étude des champs réverbérés transitoires
dans les locaux couplés.......................................................................... — 14
4.1 Décroissance temporelle du niveau sonore dans les salles couplées..... — 14
4.1.1 Équations fondamentales................................................................... — 15
4.1.2 Conditions initiales ............................................................................. — 16
4.1.3 Détermination des coefficients ε11 et ε12 .......................................... — 17
4.1.4 Détermination des coefficients ε21 et ε22 .......................................... — 17
4.2 Temps de réverbération de deux salles couplées ..................................... — 17
4.2.1 Premier cas τ11 > τ22 (ou h11 < h22).................................................... — 17
4.2.2 Deuxième cas : τ22 > τ11 (h22 < h11) ................................................... — 19
4.2.3 Troisième cas : τ11 = τ22 ...................................................................... — 20
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BR 1 005

a majeure partie des modèles relatifs à l’acoustique des salles reposent sur
L des relations applicables à un local unique isolé des salles voisines ou de
l’extérieur.
Dans la réalité, il n’est jamais possible de s’affranchir complètement des
échanges d’énergie sonore entre la salle étudiée et son environnement.
Toutefois, le fait de négliger les perturbations induites par ces échanges est
sans conséquence pour tout ce qui concerne la plupart des salles à vocation
culturelle du fait que ces salles sont généralement traitées pour limiter au
mieux les perturbations qu’elles peuvent subir ou induire.
En ce qui concerne les sites industriels, ces approximations ne sont plus
valables du fait que les aspects fonctionnels priment sur toutes les autres
Parution : octobre 2009

considérations (confort auditif et visuel, notamment) et qu’il est rarement pos-


sible d’optimiser l’isolation entre les différents compartiments qui constituent

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. BR 1 005 – 1

9
Référence Internet
BR1005

ÉCHANGES D’ÉNERGIE SONORE ENTRE PLUSIEURS LOCAUX ________________________________________________________________________________

ces sites. Par ailleurs, les niveaux de bruits induits par certaines industries sont
tels qu’il est impossible de les réduire sinon à des coûts exorbitants incompa-
tibles avec les budgets des entreprises concernées.
L’étude des échanges d’énergie sonore et l’optimisation des coûts se pré-
sente donc comme un problème important qui nécessite la mise en œuvre de
modèles spécifiques rarement traités dans les ouvrages classiques d’acous-
tique architecturale.
Pour combler cette carence, deux articles sont proposés :
– le présent article, relatif à la formulation mathématique des systèmes
couplés et aux modèles simplifiés qui en découlent ;
– un dossier sur les méthodologies spécifiques mises en œuvre dans
l’approche que nécessite l’optimisation des modèles complexes régis par un
trop grand nombre de variables [BR 1 010] [BR 1 012] [BR 1 014].
Ce premier article, relatif à la formulation mathématique des échanges éner-
gétiques, part des notions de base présentées dans l’article [C 3 360]
(paragraphe 5.1) et les développe en trois parties :
1. incidence sur l’environnement de l’énergie sonore rayonnée par un local ;
2. étude des échanges d’énergie stationnaire entre plusieurs locaux ;
3. étude des échanges transitoires d’énergie entre plusieurs locaux.

Notations et symboles Notations et symboles


Symbole Définition Symbole Définition
A absorption d’une salle (en m2) α coefficient d’absorption
absorption apparente d’une salle compte tenu ε densité moyenne d’énergie
Aapp
des effets de couplage εij densité d’énergie
c célérité de propagation des ondes sonores densité d’énergie instantanée réverbérée
εi
puissance apparente d’une source compte tenu dans le local i
Eapp
des effets de couplage ρ0 masse volumique de l’air
puissance d’une source sonore située τ constante de temps d’une salle
Ei
dans le local i τij constante de temps
f fréquence
fonctions de directivité respectivement
HD , HR
de la partie directe et de la partie rayonnée
ID intensité du champ direct 1. Échanges d’énergie
IR intensité du champ réverbéré réverbérée entre
k1 , k2
coefficients (ou facteurs) de couplage de deux
salles communicantes
deux locaux communiquant
kij
coefficient de couplage de la salle i induit par la par une ouverture
présence de la salle j
Lp niveau de pression acoustique ■ Relations fondamentales (rappels)
Lw niveau de puissance de la source On considère deux locaux voisins de volumes respectifs V1 et V2
p pression communiquant par une ouverture de surface Sc (figure 1).
Q facteur de directivité
coefficient de réflexion en pression (valeur
Rp
complexe)
Sc surface commune entre deux locaux 2
Scε1c Scε2c
TR temps ou durée de réverbération V1, A1, ε1 Sc
4 4
Vi volume du local i V2, A2, ε2
Wapp puissance apparente absorbée 1 (E1)

WR énergie réverbérée
X, Y, Z dimensions d’une salle rectangulaire Figure 1 – Locaux communiquant par une ouverture

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BR 1 005 − 2 est strictement interdite. − © Editions T.I.

10
Référence Internet
BR1005

_________________________________________________________________________________ ÉCHANGES D’ÉNERGIE SONORE ENTRE PLUSIEURS LOCAUX

On place dans la pièce 1 de volume V1 une source sonore de Et en introduisant :


puissance constante E1 .
Soit A1 l’absorption du local 1 exception faite de la surface k 2 = Sc /A 22 et k1 = Sc /A 11
commune Sc ,
les facteurs respectifs de couplage des locaux 2 et 1, on aura :
et A2 l’absorption du local 2 exception faite de la surface
commune Sc .
ε1 A1 + A 2 ε2
La fraction d’énergie absorbée, par seconde, par les parois du = et = k2
local 1 est : ε A 1+ k 2 A 2 ε1

A 1 ε1c / 4 Ainsi, l’effet de couplage entre les deux parties change l’absorp-
avec ε1 densité d’énergie dans le local 1 à un instant donné, tion de A1 + A2 en A1 + k2 A2 pour la salle source et A2 + k1 A1 pour
la salle réceptrice.
c célérité du son.
Seule une fraction k2 de l’absorption A2 intervient dans
La fraction d’énergie transmise au local 2 est : l’absorption totale. L’incidence de la présence du local 2 dépendra
donc essentiellement de la surface de couplage Sc et du traitement
S c ε 1c / 4 du local récepteur.
• Si A 2 ⬎⬎ Sc : k 2 → Sc /A 2 . L’absorption totale de A1 sera de
et de même pour le local 2, les fractions d’énergies absorbée et
l’ordre de A1 + Sc . Dans ce cas, Sc a le même effet qu’une fenêtre
transmise sont respectivement :
ouverte.
A 2 ε2 c / 4 et Sc ε2 c / 4 • Si A 2 ⬍⬍ Sc : k 2 → 1. L’absorption totale devient A1 + A2 . On
peut traiter l’ensemble comme un local unique.
Avec une source sonore située dans le local 1, on aura donc un Avec cette notation, les intensités réverbérées de chaque local
système défini par les équations d’équilibre des puissances en prennent la forme :
régime stationnaire :
E1 E1
c IR1 = et IR2 =
E1 = [A 1 ε1 + Sc ε1 − Sc ε2 ] pour le local source 1 A1 + k2 A 2  A1 A 2 
4 A1 + A 2 +  
 Sc 
c
et 0= [A 2 ε2 + Sc ε2 − Sc ε1] pour le local voisin 2
4
Lors du passage de deux à plusieurs locaux, les relations
Soit en posant A11 = A1 + Sc et A22 = A2 + Sc :
fondamentales qui viennent d’être décrites prennent une
forme plus complexe souvent mal adaptée à la résolution de
A 11 ε1 − Sc ε2 = 4E1 /c  problèmes concrets. C’est la raison pour laquelle on fait sou-
 (1) vent appel à une formulation permettant une interprétation
− Sc ε1 + A 22 ε2 = 0 
physique très simple des phénomènes.
La résolution du système donne : Cette formulation repose sur deux notions : l’absorption
apparente de la surface séparant deux locaux (ou deux parties
d’un même local) et la puissance ramenée de la salle source
 4 E1   4 E1 
A 22  Sc  dans la salle voisine qui est, également, une puissance appa-
 c   c  rente.
ε1 = et ε2 =
A 11 A 22 − Sc2 A 11 A 22 − Sc2 L’intérêt de cette présentation est qu’elle permet d’appliquer
tous les modèles relatifs aux salles uniques à des ensembles
d’où les valeurs d’intensité de champ réverbéré : constitués de plusieurs cellules. Chacune des cellules de cet
ensemble sera le siège d’une intensité acoustique égale au
E1 E1 rapport :
IR1 = et IR2 =
 Sc A 2   A1 A 2 
A1 +   A1 + A 2 +   In t en sit é ef f ec t ive d an s la salle j = p u issan c e ap p aren t e
 A 2 + Sc   Sc 
(o u ram en ée) d e la salle j / ab so rp t io n ap p aren t e d e la salle j

ε 2 Sc
et =
ε1 A 22 ■ Absorption apparente d’une surface de couplage
La puissance apparente absorbée par la surface de couplage est
Si l’on avait traité l’ensemble 1 + 2 comme un seul local égale à la différence des puissances échangées entre les deux
d’absorption A1 + A2, on aurait une valeur de densité : locaux, soit :

ε = [4E1 /c ]/[A 1 + A 2 ] c (ε ) c
Wapp = S c (ε1 − ε 2 ) = S c αapp 1
4 4
soit une différence que l’on peut exprimer par le rapport :
ε1 − ε2 A2
A1 + A 2 ou encore : α app = = 1− k 2 =
ε1 ε1 A 22
=
ε  A 2 Sc 
A1 +   Il en résulte que le coefficient de couplage k2 peut être assimilé
 A 2 + Sc  au coefficient de réflexion apparent de la surface de couplage.

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est strictement interdite. – © Editions T.I. BR 1 005 – 3

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BR1005

ÉCHANGES D’ÉNERGIE SONORE ENTRE PLUSIEURS LOCAUX ________________________________________________________________________________

L’absorption totale de la salle d’émission est alors :


2. Incidence
A 1app = A 1 + (1− k 2 ) Sc = A 1 + k 2 A 2 (2) sur l’environnement
Remarque 1 : la notion d’absorption apparente n’a de sens
de l’énergie rayonnée
(et d’intérêt) que vis-à-vis d’une source située dans la même
salle. Dans tout ce qui suit, l’indice « j app » s’appliquera exclu-
par un local
sivement à la salle d’indice j vue de l’intérieur.
L’expression Ajapp comprendra donc l’absorption propre des 2.1 Transmission de l’énergie réverbérée
parois de la salle j et celle des surfaces de couplage vues de
cette même salle :
d’un local vers l’extérieur
Une autre conséquence de la relation ε2 = k2 ε1 apparaît dans les
A japp = A j + ∑ ki Ai études prévisionnelles de transmission de bruit dans l’environ-
i≠ j nement.
La détermination des niveaux sonores dans un local dont on
connaît les caractéristiques d’absorption permet de prévoir les
niveaux sonores en différents points de l’environnement.
Remarque 2 : compte tenu de la remarque précédente, le
rapport des absorptions apparentes de deux locaux couplés Soit à déterminer le niveau sonore en un point P extérieur à un
peut s’écrire sous la forme : local contenant une source omnidirectionnelle située en M
(figure 3).
A 2app A 2 + k1 A 1 (A 2 A 11 + Sc A 1) A 22 Le local présente une ouverture de surface S, que l’on suppo-
= = sera assez éloignée de la source pour que l’on puisse négliger la
A 1app A1 + k2 A 2 (A 1 A 22 + S2 A 2) A 11
composante du champ direct par rapport à celle du champ réver-
béré.
Si ε1 est la densité d’énergie stationnaire du local, la puissance
■ Source équivalente dans le local récepteur
sortant par l’ouverture S sera, pour les faibles longueurs d’onde :
Pour certaines applications, il peut être utile de modéliser la pré-
sence de E1 dans le local source par une source fictive équivalente S ε1c S
ES = = E =k E (4)
dans [V2], c’est-à-dire chercher la puissance de la source E2 qui, 4 A 11 1 1 1
placée dans la salle réceptrice, donnerait le même niveau sonore
dans cette salle que celui induit par E1 (figure 2). Une partie de l’énergie est rayonnée en direction du point P dont
la position est déterminée par la distance d = SP et l’angle θ2
repéré par rapport à la normale à S (on suppose une symétrie
Système direct : une source de puissance E1 située dans la axiale) (figure 4).
salle 1 induit, dans la salle 2, une densité ε2 = k2 ε1 .
La pression quadratique mesurée au point P est celle d’une onde
Système réciproque : la même source E1 placée dans la directe située à la distance d d’une source de puissance k1 E1 . Elle
salle 2 induit, dans la salle 1, une densité ε1′ égale à ε2 . a pour expression :

 k E 
L’application du principe de réciprocité (E 2′ = E 1) conduit à :
p22 = ρ0 c  1 12  HR (θ2 )
 4 πd 
ε 2 = ε1′ = k1ε 2′ , d’où :

E 2 ε2
= = k1
E 2′ ε 2′
V1 Ω2 P
d
La source virtuelle de la salle 2 équivalente a donc une puis- (p2)
θ2
sance apparente : θ1 S
r
Ω1
E 2 = k1E 1 (3) M
(E1)
On définit E2 comme la puissance ramenée de la salle 1 à la
salle 2.
Figure 3 – Détermination de l’énergie sonore en un point P
à l’extérieur du local

,
E1 E2? E2=E1

V1,A1,ε1 HR (θ2) d P
(p2)
θ2
ε2=k2ε1 , Es=k 1E1
ε1 , , ε2
ε1=k1ε2
M
(E1)
Figure 2 – Application du principe de réciprocité à la détermination
de la puissance apparente d’une source fictive située dans le local
voisin du local source Figure 4 – Puissance rayonnée par l’ouverture

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


BR 1 005 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

12
Référence Internet
BR1005

_________________________________________________________________________________ ÉCHANGES D’ÉNERGIE SONORE ENTRE PLUSIEURS LOCAUX

l’égalité p 2 = p1′ entraîne :


Sc=S cos θ2 P
ε1'
(E1) H R (θ 2 ) = Q hR2 (θ 2 ) = 4 cos θ 2 (5)
θ2
S
Le champ réverbéré d’un local est rayonné sur l’extérieur sui-
Lp' = Lp' + 6
Lp ' R2 D2 vant la loi de Lambert.
1
θ2

Remarque 1 : le facteur 4 représente le facteur de directivité


Figure 5 – Application du principe de réciprocité à la détermination
du niveau de pression induite dans la salle par la source (E1) placée de la fonction cos θ2. En effet :
au point P
π/ 2
1 π /2 1  sin2 θ  1
HR (θ2) représente la fonction de directivité globale de la surface
Q −1 = cos θ2 2π
=
2 ∫0 cos θ sin θ dθ =
2  2 0
=
4
rayonnante S. Elle s’exprime en fonction du facteur de directivité Q
et de la fonction de directivité en pression hR (θ ) par le produit :

H R (θ 2 ) = QhR2 (θ 2 )
Remarque 2 : en appelant Lp ′ = Lw − 10 lg 4πd 2 le niveau
D2
Cette fonction, que l’on ne connaît pas a priori, dépend de la dif- sonore de l’onde directe arrivant devant l’ouverture et
fraction du champ réverbéré par l’ouverture, donc de la forme et
Lp ′ = Lp ′ + 6 le niveau sonore que donnerait une onde réver-
de la position de cette surface, par rapport aux parois extérieures R2 D2
du local et au sol, ainsi que de la longueur d’onde du signal émis. bérée de même efficacité, on constate que le niveau sonore en
M est le même que celui d’un local couplé par une surface
Il est cependant possible d’aller plus loin dans le traitement de Sc = S cos θ2 à un autre local dont le niveau de pression réver-
ce type de problème dès lors que la mesure in situ révèle une
bonne concordance entre les valeurs obtenues et les lois de la réci- bérée serait Lp ′ .
R2
procité. On a dans ce cas :
En effet, le champ réverbéré dans le local étant indépendant de
la directivité de la source, le principe de réciprocité peut s’appli- ε1′ = k1ε 2′ et Lp ′ = Lp ′ + 10 lg k1
1 R2
quer en plaçant au point P une source omnidirectionnelle, de puis-
sance E1, et en mesurant le champ réverbéré (p1′ ) dans la salle Ainsi, tout se passe comme si le local était « couplé » avec
(figure 5). un local fictif.
Dans le cas où les longueurs d’onde du signal sont plus petites Il suffit en pratique de transformer le champ direct, issu de la
que les dimensions de l’ouverture, on peut admettre, en première source virtuelle extérieure, en un champ réverbéré équivalent
approximation, que l’énergie qui pénètre dans le local (Ee ) est la (LpR = LpD + 6) agissant sur la surface de couplage apparente qui
fraction Ω2/4π de l’énergie totale rayonnée par la source, ce qui n’est autre que la projection de la surface réelle S sur la surface
revient à émettre l’hypothèse que la majeure partie de l’énergie normale à la direction de propagation (figure 6) :
diffractée par les bords de la fenêtre pénètre dans la salle.
Il en résulte que : Lp ′ = Lp ′ + 6 + 10 lg k1 cos θ 2
1 D2

 Ω2   S cos θ2   A 1 ε1′ c   S ε1′ c  A 11 ε1′ c avec k1 = S /(A1 + S ) :


Ee =   E1 =   E1 =   + =
 4 π   4 π d 2   4   4  4
Lp ′ = Lw − 10 lg (4πd 2 ) + 6
R2

D’où la pression quadratique réverbérée dans la salle :


Soit Lp ′ = Lw − 5 + 20 lg d
R2
 4E  (6)
 4 E1   S  et Lp ′ = Lp ′ + 10 lg k1 cos θ2
p1′2 = ρ0 c 2 ε1′ = ρ0 c  e  = ρ0 c  ⋅  cos θ2
 4 πd 2   A 11 
1 R2
 A 11 

correspondant à un niveau de pression :

 S cos θ 
Lp ′ = Lw − 10 lg 4 πd 2 + 6 + 10 lg  2 ε1’
 ε2’
1
 A 11 
Sc

Le niveau Lp ′ est donc le niveau cherché, et l’application du prin- Lp’


1
Lp ’ R2
cipe de réciprocité se traduit par l’égalité : 1

Lp 2 = Lp ′
1

Ainsi, dans le cadre des approximations qui ont été effectuées, Lp’ = Lw – 5 + 20 lg d
R2

on peut, en comparant les expressions de p1′2 et p 22 , trouver une Lp’ = Lp’ + 10 lg k1 cos θ2
évaluation de HR (θ2) : 1 R2

E1 E1 Figure 6 – Modèle équivalent donnant le champ de pression


p 22 = ρ0 c k1H R (θ 2 ) et p1′2 = ρ0 c 4 k1 cos θ 2 réverbérée induit dans un local par une source extérieure située
4πd 2 4πd 2 à une distance d de l’ouverture

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Référence Internet
C3360

Acoustique des salles

par Jacques JOUHANEAU


Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)

1. Généralités................................................................................................. C 3 360 - 2
1.1 Comportement du son dans une salle....................................................... — 2
1.2 Notion d’impédance d’une paroi................................................................ — 4
1.3 Modes propres de résonance d’une salle.................................................. — 5
1.4 Principes de l’acoustique géométrique ..................................................... — 7
1.5 Réflexion et absorption sous incidence rasante ....................................... — 8
2. Étude du champ réverbéré dans un local.......................................... — 9
2.1 Densité d’énergie d’une onde acoustique ................................................. — 9
2.2 Champ sonore réverbéré dans un local..................................................... — 10
3. Temps ou durée de réverbération d’un local ................................... — 12
3.1 Absorption d’une salle selon les hypothèses de Sabine.......................... — 12
3.2 Détermination du temps de réverbération d’un local
selon les hypothèses d’Eyring.................................................................... — 14
3.3 Fréquence de coupure d’une salle ............................................................. — 17
4. Méthodes de détermination des caractéristiques
acoustiques d’une salle.......................................................................... — 17
4.1 Évaluation des niveaux sonores dans un local ......................................... — 17
4.2 Mesure des coefficients d’absorption........................................................ — 19
5. Étude des champs réverbérés stationnaires
dans les locaux couplés ......................................................................... — 21
5.1 Échanges d’énergie réverbérée entre deux locaux communiquant
par une ouverture ........................................................................................ — 21
5.2 Transmission d’énergie réverbérée entre deux locaux séparés
par une cloison acoustiquement transparente ......................................... — 21
5.3 Traitement acoustique des locaux couplés ............................................... — 22
5.4 Ondes stationnaires dans les salles couplées........................................... — 24
Coefficients d’absorption de différents matériaux.
Critères d’évaluation de la qualité des salles ........................................... Form. C 3 360
Parution : février 1995 - Dernière validation : janvier 2015

ompte tenu de la complexité des lois physiques qui régissent les phéno-
C mènes de propagation, d’absorption et de diffraction par les obstacles,
l’étude de l’acoustique des salles ne peut être abordée qu’à partir de modèles
simplifiés reposant, tantôt sur des lois analogues à celles de l’optique géo-
métrique, tantôt sur des lois ondulatoires, tantôt sur des lois statistiques.
Lorsque ces modèles sont en défaut, on tente d’expliquer les phénomènes
observés en faisant appel à des distributions :
— temporelles, pour les régimes transitoires ;
— modales, pour les régimes permanents.
Ces distributions mettent en évidence les limites de validité des lois statistiques.
Dans les cas où la géométrie des salles devient trop complexe et où aucune
des approches précédentes ne donnent satisfaction, il devient nécessaire de faire
appel à des théories mettant en jeu des bilans d’échange d’énergie. Les lois qui
en résultent s’appliquent aussi bien aux différentes parties d’une même salle
qu’aux ensembles constitués de plusieurs locaux, juxtaposés ou non.

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Mais l’étude complète d’une salle attribue une importance croissante aux effets
perceptifs. Sa description passe par l’introduction d’un certain nombre de critères
susceptibles de traduire les différentes composantes entrant dans la définition
de la qualité des salles.

Notations et symboles 1. Généralités


Symbole Définition 1.1 Comportement du son dans une salle
A absorption totale d’une salle 1.1.1 Facteurs déterminants du champ acoustique
B–3 largeur de bande à – 3dB
Une source sonore placée dans un espace fermé rayonne en
c célérité de propagation des ondes sonores
général dans toutes les directions.
E périmètre relatif (= périmètre/surface) puissance du
son Les ondes sonores se propagent vers les limites du volume et
entrent en contact avec les parois ou les obstacles. Leur compor-
Ec énergie cinétique
tement obéit à des lois qui dépendent principalement des caracté-
Ep énergie potentielle ristiques du signal émis et de l’impédance des matériaux rencontrés.
f fréquence Les principaux facteurs qui interviennent dans la structure du
fc fréquence de coupure d’une salle champ rayonné sont (figure 1) :
f Imn fréquences propres d’une salle rectangulaire — la source sonore dont les caractéristiques fondamentales sont :
ID intensité dans un champ direct • répartition temporelle (signaux continus, intermittents, impul-
sionnels, etc.) ;
IR intensité du champ réverbéré • la composition spectrale (bande passante, spectre de raies,
k1 , k 2 coefficients de couplage de deux salles colorations, etc.) ;
communicantes • la puissance ou l’énergie rayonnée ;
ᐉ libre parcours moyen d’une salle • la directivité ;
LI niveau d’intensité acoustique — le milieu de propagation, en général l’air, supposé homogène
Lp niveau de pression acoustique et isotrope en l’absence de perturbations susceptibles de créer des
variations locales de pression (températures, hygrométrie, courants
Lw niveau de puissance de la source d’air) ou des dispersions (humidité, poussières, particules).
m (f) densité spectrale ou modale
Il est à noter que cette stabilité et cette homogénéité sont rarement
m coefficient d’atténuation des ondes sonores obtenues dans les locaux industriels (machines chauffantes, aéra-
M indice de recouvrement modal tion, pollution...) et, à un degré moindre, dans les salles de concert
pression (gradient de température dû à la présence du public) ;
p
facteur de directivité — la nature des parois et des obstacles. Selon la nature et la forme
Q
des obstacles rencontrés (murs, cloisons, tentures, auditoire...), le
r coefficient de réflexion comportement des ondes sonores est extrêmement variable. Il est
r0 rayon critique = rayon de réverbération régi par deux familles de lois : les lois de la diffusion et les lois de
R indice d’affaiblissement l’absorption.
᏾ constante de la salle Les effets de diffusion sont dus principalement à la superposition
des phénomènes de réflexion, réfraction et diffraction.
Rp coefficient de réflexion en pression (valeur complexe)
L’absorption résulte surtout de la réfraction-transmission à l’inter-
TR temps ou durée de réverbération
face de deux milieux et de toutes les formes de dissipation qui lui
Wa énergie absorbée sont associées.
WR énergie réverbérée
X, Y, Z dimensions d’une salle rectangulaire 1.1.1.1 Diffusion
z impédance acoustique spécifique réduite (valeur Nota : ne pas confondre la diffusion (en anglais scattering ) et la dispersion (en anglais
complexe) dispersion ). La dispersion est le phénomène de variation de la célérité du son en fonction
Z impédance acoustique spécifique (valeur complexe) de la fréquence. Bien que les milieux dispersifs soient en général dissipatifs, la dispersion
n’implique pas nécessairement une perte d’énergie.
α coefficient d’absorption
αE coefficient d’absorption énergétique moyen La diffusion du son est le résultat de tous les changements de direc-
tion des ondes sonores provoqués simultanément par les phéno-
αn coefficient d’absorption sous incidence normale
mènes de réflexion, de réfraction et de diffraction.
ε densité moyenne d’énergie
εi densité d’énergie instantanée Réflexion : changement de direction de l’onde sonore arrivant sur
une paroi sous incidence donnée et réfléchie suivant les lois de
ρ0 masse volumique de l’air
Descartes.
τ constante de temps d’une salle
τ coefficient de transmission d’énergie Réfraction : changement de direction de l’onde sonore dû aux
variations de la vitesse de propagation dans le milieu (fluides inho-
mogènes).
Diffraction : changements de direction de l’onde sonore provo-
qués par les obstacles (ou les inhomogénéités du milieu).

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L’absorption est due à plusieurs phénomènes pouvant se produire


simultanément : la réfraction, la transmission et la dissipation.
■ Réfraction et transmission
Les lois de réfraction due au passage d’un milieu homogène à un
autre sont analogues à celles de l’optique : le changement d’impé-
dance du milieu de propagation provoque un changement de célérité
du son et une variation de la direction du front d’onde.
Dans le cas où l’obstacle a une épaisseur finie (paroi), le pinceau
sonore diffracté peut se réfléchir sur la seconde surface et revenir
partiellement vers la première où il sera à nouveau réfracté/réfléchi,
rejoignant avec un retard τ la première réflexion directe de l’onde
incidente.
Il en résulte qu’une fraction de l’énergie peut être transférée dans
le matériau et s’y trouver en partie absorbée, en partie transmise
vers l’extérieur.
■ Dissipation
Les phénomènes de la dissipation interviennent à tous les niveaux.
Peu importante dans l’air, la dissipation devient prépondérante dans
la matière condensée et particulièrement à l’interface de deux
milieux. L’énergie acoustique finit toujours par se dissiper sous
forme de chaleur.
En pratique, absorption et diffusion interviennent simultanément
et la complexité des lois, mises en jeu au cours des multiples
réflexions successives qui se produisent après l’émission d’un son,
ne permet pas d’aborder l’acoustique des salles autrement que par
des méthodes statistiques.
Ces méthodes impliquent un choix de critères variés plus ou moins
complémentaires selon qu’ils s’appuient sur une approche géo-
métrique, ondulatoire, statistique ou perceptive des lois fondamen-
tales de l’acoustique des salles.

Figure 1 – Phénomènes de diffusion et d’absorption


1.1.2 Représentation simple
des ondes sonores dans un espace clos des phénomènes de propagation
1.1.2.1 Propagation d’une onde. Trajet d’un rayon
■ Réflexion spéculaire
On appelle lois de réflexion spéculaire, les lois de réflexion L’approche géométrique de l’acoustique des salles s’appuie essen-
analogues à celles de l’optique de Descartes. Ces lois permettent tiellement sur une représentation graphique des phénomènes de
d’établir des relations géométriques ou statistiques sur la répartition propagation.
du son dans un local. Elles sont à l’origine des méthodes d’analyse Dans le cas très simple d’une source omnidirectionnelle située
« par rayons sonores » ou par « sources images ». dans une salle parallélépipédique, le tracé des fronts d’onde atteint
Ainsi, dans l’hypothèse d’une source omnidirectionnelle placée très vite des dimensions rédhibitoires et n’est envisageable que pour
dans un local parfaitement réfléchissant de forme connue, il est pos- rendre compte des toutes premières réflexions. Le tracé s’effectue
sible d’étudier le champ sonore résultant : à partir des images de la source engendrées par réflexion spéculaire
— soit à partir du trajet suivi par un rayon ayant accompli un sur les parois, c’est la méthode des sources images.
nombre suffisant de réflexions (moyenne temporelle) ; Ainsi, dans la représentation bidimensionnelle de la figure 2, le
— soit à partir d’un grand nombre de rayons pris au hasard dans tracé des fronts d’onde devient inextricable au-delà de 100 ms.
toutes les directions et ayant effectué un nombre limité de réflexions La représentation des propagations dans un local s’effectue de
(moyenne spatiale). façon plus simple à partir d’un tracé de rayons. Chaque rayon, per-
Dans tous les cas, il est également possible de prendre en compte pendiculaire au front d’onde, peut être considéré comme l’image
les images des sources données par les parois et de tracer en tout d’un pinceau sonore infiniment fin et son trajet peut être suivi
point la résultante des rayons issus de chacune des sources réelles pendant un temps assez long.
et virtuelles. Dans le cas de la figure 3, le tracé du pinceau sonore peut se
■ Diffraction poursuivre bien au-delà de 300 ms.
Les lois de la diffraction caractérisent les perturbations du champ Cette représentation peut être effectuée de façon assez correcte
sonore dues à la présence d’un obstacle. Ces lois sont extrêmement par ordinateur. Il est possible alors de créer des modèles simplifiés
complexes et les méthodes analytiques permettant de calculer le dans lesquels un pinceau sonore part de la source avec une certaine
champ diffracté, à partir d’hypothèses simplificatrices (Fresnel, énergie et perd à chaque réflexion, sur une surface d’indice i, une
Sommerfeld, Keller...), ne sont applicables que pour des obstacles fraction αi de son énergie.
de forme simple (écrans semi-infinis, arêtes, sphères...). Le tracé d’un grand nombre de rayons (> 100 000) peut ainsi
donner une première idée du comportement du son dans la salle.
1.1.1.2 Absorption Ce mode de représentation est appelé méthode des rayons.
L’absorption est le résultat de la perte d’une fraction de l’énergie
sonore de l’onde incidente en contact avec une paroi ou un obstacle.
Cette absorption peut être nulle (réflexion parfaite) partielle ou totale
(ouverture sur un espace infini).

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Figure 4 – Représentation bidimensionnelle du trajet


de l’onde directe et des premières réflexions
dans un local à parois d’impédance infinie

de dissocier les différentes composantes du son. Le champ résultant,


observé au point M, est alors appelé champ diffus.
Figure 2 – Représentation bidimensionnelle de l’évolution
d’un front d’onde induit par une source monopolaire On distinguera donc (figure 5) :
dans un local de 10,2 m × 6,8 m × z — le champ direct dont la valeur ne dépend que des caractéris-
tiques de la source (niveau de puissance et directivité) et de la dis-
tance source-point de mesure ;
— le champ réverbéré qui comprend par définition :
• le champ des réflexions successives dont l’ensemble forme la
texture du son,
• le champ diffus dont on admettra, en première approximation,
qu’il est homogène et isotrope dans tout le volume du local à un
instant donné, c’est-à-dire constitué d’une infinité d’ondes planes
se propageant dans toutes les directions.
Il faut noter que si t D ne dépend que de la distance source-
récepteur, les durées t 1 , t 2 , ..., t n dépendent à la fois de cette dis-
tance et de la position relative de la source et du microphone par
rapport aux parois, donc du volume de la salle.

1.1.2.3 Propagation en régime transitoire


Si une source émet, à partir d’un instant t = 0 pris comme origine,
un son permanent de niveau constant, l’incidence des réflexions suc-
cessives se traduit par une suite d’échelons énergétiques.
Cette représentation cumulative permet de rendre compte de la
croissance progressive du son en un point donné de la salle. Le tracé
Figure 3 – Représentation bidimensionnelle du trajet correspondant (figure 16) sera en partie discontinu (premières
d’un rayon sonore dans le local de la figure 2 réflexions), en partie quasi continu (champ diffus). Une théorie statis-
tique permet de déterminer la valeur moyenne de cette courbe et
sa nature exponentielle (cf. § 2.2.3).
1.1.2.2 Propagation d’une impulsion sonore De même, à l’arrêt de la source, on observe une décroissance de
Dans une salle, le son issu d’une source émettrice se propage dans l’énergie sonore. Les lois de décroissance sont révélatrices de cer-
toutes les directions. taines propriétés de la salle, dont la durée de réverbération.
Pour effectuer le parcours d’un point source à un point d’obser- Pour éviter le caractère discontinu de la fonction de croissance
vation, il peut emprunter une infinité de trajets respectant les lois des sons, il est préférable de mettre en évidence les propriétés réver-
de la réflexion spéculaire (figure 4). bérantes de la salle, à partir de la fonction de décroissance.
Une source sonore S émet, à l’instant t = 0, une impulsion dans
une salle de volume V. Un microphone situé en M reçoit successi-
vement : 1.2 Notion d’impédance d’une paroi
— le signal porté par l’onde directe D, atténué par la divergence
sphérique et l’absorption de l’air. Ce signal arrive en M au temps Les lois de la réflexion spéculaire ne sont applicables que dans
t D = SM/c (c étant la célérité du son) ; les situations simples : sources omnidirectionnelles, salles rectan-
— le signal formé par la première des réflexions (celle qui a suivi gulaires, impédances des parois infinies, etc.
le plus court chemin). Ce signal, atténué par la divergence sphérique En réalité, les parois présentent toujours une impédance complexe
et l’absorption murale, arrive au temps t1 = (SR + RM)/c ; et il convient de bien connaître les limites de validité des hypothèses
— les signaux fournis par les réflexions d’ordre 1 (réflexion sur simplificatrices que l’on utilise.
une seule paroi), d’ordre 2 (réflexions sur 2 parois),..., d’ordre n,
constituent une série de raies dont la densité croît avec le temps Les lois physiques permettant de décrire les phénomènes de
tandis que leur amplitude décroît avec la distance parcourue, le réflexion seront étudiées en détail dans le paragraphe 4. Pour mieux
nombre de réflexions et la nature des matériaux rencontrés. Ces comprendre les notions introduites dans cet article, un bref rappel
réflexions arrivent (successivement) aux temps t 2 , t 3 , ..., t n . Quand des relations fondamentales est donné ici.
la densité des réflexions est trop importante, il n’est plus possible

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Soit Z = ρ0 cz, l’impédance acoustique spécifique d’une paroi et z


son impédance acoustique spécifique réduite.
Le coefficient de réflexion en pression d’une onde arrivant sous
incidence normale a pour expression :
Rp = (Z – ρ0 c )/(Z + ρ0 c ) = (z – 1)/(z + 1)
et le coefficient d’absorption sous incidence normale est défini par
le rapport :
αn = 1 – | R p | 2
D’où, en posant z = r + jx :
4r
α n = ---------------------------------
x 2 + ( r + 1 )2
Ainsi l’absorption est nulle sur les parois d’impédance infinie
(r → ∞) et sur les parois d’impédance nulle (r, x = 0).
De même pour une onde arrivant sous incidence oblique θ, on
a:
Rp (θ ) = (z cos θ – 1)/(z cos θ + 1)
4 r cos θ
d’où : α ( θ ) = ----------------------------------------------------------------------
-
( x cos θ ) 2 + ( r cos θ + 1 ) 2
Le coefficient d’absorption varie avec l’incidence de l’onde.
L’exemple de la figure 6 donne le tracé du coefficient α = f (θ ) pour
trois parois d’impédance réelle (x = 0) et trois valeurs de r : 1 ; 4 et 1/4.
La réflexion sur les parois aura plusieurs conséquences, dont les
plus importantes sont :
— l’apparition d’ondes stationnaires (cf. § 1.3) ;
— pour les ondes d’incidence normale :
• l’existence d’une vitesse nulle et d’un maximum de pression au
niveau des parois d’impédance infinie,
• la décroissance du niveau de pression avec la distance à la
paroi et la largeur ∆f de la bande du signal ;
— pour les ondes arrivant sous incidence aléatoire :
• l’existence d’un maximum de pression sur les parois,
• la décroissance de l’amplitude de l’onde avec la distance aux
parois.

1.3 Modes propres de résonance Figure 5 – Distribution temporelle schématique


d’une impulsion sonore (émise au temps t = 0)
d’une salle

1.3.1 Cas des parois d’impédance infinie

On considère une source située entre deux murs plans parallèles,


distants d’une longueur Z. L’onde parallèle aux parois aura, en pre-
nant comme repère un axe Oz perpendiculaire au front d’onde, une
amplitude vibratoire d’expression :
s (z ) = a sin (kz +γ )
Les conditions limites des parois imposent :
s (0) = s (Z ) = 0 d’où γ = 0 et a sin kZ = 0
soit kZ = n π et les fréquences propres générées par la présence des
deux parois seront données par :
c n
f n = ----- ------
2 Z Figure 6 – Variation théorique du coefficient d’absorption
d’une paroi d’impédance réelle avec l’angle d’incidence
Dans une salle parallélépipédique rectangulaire de dimensions
XYZ , l’élongation en un point quelconque de la salle est une fonction
isotrope de l’espace.

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D’où s (x, y , z ) = s x (x ) s y (y ) sz (z ) et l’équation d’ Helmholtz Les principales conséquences de cet effet sont :
(∇2 + k 2)s (x, y, z ) = 0 peut se décomposer en : — le déséquilibre de la balance spectrale ;
2
— la redondance temporelle qui induit un effet de bourdonnement
d 2 sx / d x 2 + k x sx = 0 désagréable (effet de tonneau) ;
— le masquage des régions moyennes du spectre (les fréquences
2
d 2 sy / d y 2 + k y sy = 0 basses sont les plus gênantes et entraînent une perte d’intelligibilité).
2
d 2 sz / d z 2 + k z sz = 0
1.3.2 Cas des parois d’impédance complexe
Les conditions limites des parois :
En général, l’impédance des matériaux qui recouvrent les parois
s (0, y, z ) = s (X, y, z ) = s (x, 0, z ) = ... = 0
d’une salle a un module élevé mais non infini. Le système d’ondes
conduisent alors à la solution : stationnaires est alors modifié, parfois dans des proportions impor-
tantes, en amplitude, en phase et même en fréquence.
s (x, y, z ) = A sin kx x sin ky y sin kz z
Quand l’impédance est réelle mais finie, on observe toujours un
et les fréquences propres de la salle sont données par la relation : maximum de pression p au niveau des murs, mais l’amplitude des
ondes stationnaires varie avec la distance aux parois (figure 8).
2 2 2
k2 = k x + k y + k z Quand l’impédance est imaginaire, la pression acoustique
entraîne une mise en vibrations des parois et la vitesse particulaire
avec k x = l π /X, k y = m π /Y et k z = n π / Z, (l, m et n = 0, 1, 2 ...) de l’onde n’est plus nulle sur leur surface.
d’où les fréquences propres : Le maximum de pression est alors localisé à une certaine distance
des murs. Enfin, la présence d’écrans (rideaux, panneaux mobiles,
c l2 m2 n2 parois meublées, etc.) provoque des discontinuités dans le champ
f lmn = ----- -------- + --------- + -------
2 X2 Y2 Z2 d’ondes stationnaires.
Ainsi les modes propres d’une salle rectangulaire comprennent :
— les modes propres fondamentaux des 3 systèmes « fermés
aux deux bouts » que constituent les parois parallèles f100 , f 010 et
f 001 ainsi que leurs harmoniques f l00 , f 0m0 et f 00n . Ce sont les modes
axiaux ;
— les modes combinés correspondant aux systèmes d’ondes
stationnaires perpendiculaires à l’une des parois. Soit f lm0 , f l0n et
f 0mn . Ce sont les modes tangentiels ;
— les modes obliques pour lesquels l , m et n sont différents de 0.
Tous ces modes ont une importance particulière en basse fré-
quence car ils constituent un réseau de raies discrètes (figure 7) qui
donnent à la salle une coloration difficilement acceptable sur le plan
perceptif. Les raies trop importantes ou trop « isolées » sont en effet
toujours perçues comme gênantes dans le domaine des basses fré-
quences où elles donnent à la salle un rendu sourd et confus.

Figure 8 – Distribution des pressions quadratiques


d’un système d’ondes stationnaires
entre 2 parois d’impédance complexe (Z = R + j X )

Figure 7 – Mode propre de résonance d’une salle rectangulaire


de 10,2 × 6,8 × 3,4 m

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Acoustique des salles

par Jacques JOUHANEAU


Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)

1. Coefficients d’absorption de différents matériaux................... Form C 3 360 - 1


2. Critères d’évaluation de la qualité des salles ............................. — 1
2.1 Critères de réverbération ....................................................................... — 1
2.2 Critères de clarté..................................................................................... — 1
2.3 Critères de distribution spatiale et localisation.................................... — 2
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Guide méthodologique
pour l’étude acoustique d’une salle
Approche systématique

par Jacques JOUHANEAU


Professeur, ancien titulaire de la chaire d’Acoustique du CNAM

1 Méthodologie fondamentale ................................................................. BR 1 010 - 2


1.1 Processus d’analyse..................................................................................... — 2
1.2 Processus de validation ............................................................................... — 3
2 Approche systématique.......................................................................... — 3
2.1 Amélioration de la qualité d’écoute ........................................................... — 3
2.1.1 Qualité du message sonore ............................................................... — 3
2.1.2 Réduction du bruit .............................................................................. — 4
2.2 Première phase : dégrossissage à partir de la mesure des courbes
de décroissance temporelle ........................................................................ — 4
2.2.1 Repérage des défauts majeurs .......................................................... — 4
2.2.2 Estimation de la durée de réverbération (TR) par bandes
de fréquences ............................................................................................... — 4
2.2.3 Évaluation des niveaux sonores ........................................................ — 4
2.2.4 Étude des couplages ........................................................................... — 4
2.3 Deuxième phase : mesures spécifiques ..................................................... — 5
2.3.1 Mesures de réverbération (TR60, EDT, TRI...) ................................... — 5
2.3.2 Mesure des niveaux sonores ............................................................. — 5
2.3.3 Mesure des distributions temporelles, modales et spatiales .......... — 5
2.3.4 Mesure des critères subjectifs à partir de la réponse
impulsionnelle .............................................................................................. — 5
2.3.5 Mesure des TR couplés aux points clés de la salle........................... — 5
2.4 Troisième phase : la modélisation.............................................................. — 5
2.4.1 Modèles traduisant l’existant ............................................................. — 5
2.4.2 Modèles prévisionnels........................................................................ — 5
2.5 Quatrième phase : réalisation et contrôle .................................................. — 6
2.6 Cinquième phase (éventuelle) : recherche et publication ........................ — 6
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BR 1 010

’acoustique des salles est une discipline qui exige la mise en œuvre de
L nombreuses connaissances dans des domaines très diversifiés. Le nombre
de variables qui conditionne une configuration donnée est considérable. Il
importe donc de les hiérarchiser et de sélectionner les plus pertinentes pour
une finalité donnée. Cette remarque est d’autant plus justifiée que les modèles
mis en jeu sont nombreux et, la plupart du temps, incompatibles.
La difficulté majeure que l’on rencontre en abordant cette discipline tient au
fait qu’aucun modèle physique ne peut décrire ou prédire le comportement
d’une onde sonore dans un espace clos (cf. [C 3 360] § 1.11).
Cette carence ne peut être compensée que par la mise en jeu d’une myriade
Parution : octobre 2009

de formules, tantôt géométriques, tantôt ondulatoires, tantôt statistiques,


tantôt psychophysiques, tantôt analogiques, tantôt empiriques...

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23
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BR1010

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE POUR L’ÉTUDE ACOUSTIQUE D’UNE SALLE _________________________________________________________________________

Le « raccord » de ces formules est une opération dont seuls les spécialistes
soupçonnent la complexité. Il en résulte que la seule façon d’être opérationnel
dans l’adaptation d’une salle à une finalité donnée est de connaître toutes les
lois relatives à l’acoustique architecturale et d’en maîtriser le choix et la mise
en œuvre. C’est le rôle de la méthodologie de permettre l’acquisition et la mise
en œuvre de cette maîtrise.
Dans cette perspective, trois méthodes seront proposées : l’approche
systématique [BR 1 010], l’approche par modèles [BR 1 012] et l’approche
linéarisée [BR 1 014].
L’approche systématique [BR 1 010] consiste à recenser, dans l’ordre chrono-
logique, toutes les étapes nécessaires à la caractérisation d’une salle. C’est la
démarche que doit savoir accomplir tout ingénieur acousticien chargé d’opti-
miser une salle pour une finalité donnée : écoute, isolation, insonorisation,
confort, etc.
L’approche par modèles [BR 1 012] part du principe inverse du précédent
dans la mesure où elle focalise l’étude sur les attributs majeurs de la salle.
Dans l’approche systématique, tous les éléments constitutifs de la salle ont, a
priori, la même valeur et vont se traduire par l’implication de nombreux
modèles. Le travail de l’acousticien consiste alors à jouer sur les compromis de
façon à déterminer ce que l’on pourrait, par commodité, appeler « le centre de
gravité des modèles ». Dans l’approche par modèles, les choix hiérarchiques
se font avant la modélisation, ce qui permet de réduire le nombre de modèles
mis en œuvre.
L’approche linéarisée [BR 1 014] consiste à analyser la salle dans une seule
perspective, c’est-à-dire pour une seule finalité. Cette finalité est cette fois
choisie, non pas en fonction d’une demande effective, mais en fonction de la
simplification potentielle du système de variables impliquées. Cela revient à se
donner une priorité qui ne s’appuie pas nécessairement sur l’une des données
du cahier des charges (celui-ci peut mettre en priorité des critères économi-
ques alors que la linéarisation fera appel à une variable psychophysique sans
pour autant compromettre le résultat final).
Cette approche est donc basée sur le principe de la priorité virtuelle, qui met
en exergue une variable facile à manipuler. Elle est plus simple que la précé-
dente dans la démarche mais exige tout autant, sinon plus, de connaissances
que les précédentes.
Cet article se propose de développer quelques exemples de l’approche
systématique.

1. Méthodologie fondamentale Le choix d’une linéarisation se justifie par :


– la simplicité de mise en œuvre ;
– l’universalité (elle s’applique à tous les systèmes) ;
La méthodologie pourrait être définie comme l’art de trouver la – l’analogie avec le mode de fonctionnement des processus
meilleure méthode pour résoudre un problème donné mais il faut mentaux (le cerveau linéarise toutes les informations qu’il reçoit
garder présent à l’esprit que, dans cette perspective, la notion de avant de les traiter).
« meilleure » est contradictoire du fait qu’elle est tributaire de
critères de priorité (meilleure en temps, en énergie, en coût, en Il est à noter que l’approche par modèles et l’approche linéarisée
retombées...). ne sont nullement antagonistes du fait que la seconde se déroule
elle-même en trois phases : la linéarisation, le paramétrage et la
Pour faciliter la lecture de cet article, il est opportun d’admettre modélisation.
l’équivalence entre méthodologie et optimisation des processus.
La linéarisation est l’art de réduire un problème complexe à une
Les processus concernés sont de deux ordres : seule dimension. Cette réduction ne supprime pas la complexité
– les processus d’analyse ; du problème, mais elle permet de le traiter séquentiellement à par-
– les processus de validation. tir d’un élément unique qui en constitue le tronc. Le choix de cet
élément peut être arbitraire mais il doit pouvoir faire l’objet d’une
seule question assortie d’une évaluation sur la durée et les moda-
1.1 Processus d’analyse lités nécessaires pour y répondre.
Les processus d’analyse font état des principales façons de L’intérêt de cette approche est qu’elle s’applique à toutes les
résoudre un problème donné, mais l’optimisation consiste à n’en situations et permet d’en maîtriser les différentes phases par une
développer qu’une seule : celle qui repose sur une modélisation analyse systématique des composantes impliquées dans la
adaptée ou mieux, sur une linéarisation. réponse à la question posée.

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Guide méthodologique pour l’étude


acoustique d’une salle
Approche par modèles
par Jacques JOUHANEAU
Professeur, ancien titulaire de la chaire d’Acoustique du CNAM

1. Exemple 1 : optimisation d’un paramètre (ici le TR) .................. BR1012 - 2


1.1 Analyse du TR avant traitement................................................................. — 2
1.2 Calcul du coefficient d’absorption optimal ............................................... — 2
1.3 Obtention d’un TR optimal ......................................................................... — 3
1.4 Méthode mathématique ............................................................................. — 4
1.5 Méthode graphique .................................................................................... — 4
1.6 Mise en pratique et ajustement ................................................................. — 5
2. Exemple 2 : choix d’un modèle.................................................. — 5
2.1 Caractéristiques du Palais Garnier ............................................................ — 5
2.2 Étude des bifurcations ................................................................................ — 7
2.3 Calculs de la configuration réduite............................................................ — 8
3. Exemple 3 : compensation de l’échec d’une loi classique......... — 10
3.1 Rappel de quelques données relatives au couplage de deux cellules ... — 10
3.2 Application au cas d’une salle longue. Modèle de base.......................... — 11
3.3 Confrontations expérimentales ................................................................. — 13
Pour en savoir plus .......................................................................................... BR 1010

ette approche est plus directe que l’approche systématique [BR1010] mais
C elle exige plus de maîtrise dans la mesure où elle ne fait pas appel qu’à
des connaissances spécifiquement acoustiques. Elle peut, selon les cas, consti-
tuer la première ou la dernière étape du processus de linéarisation qui sera
décrit dans la troisième partie de ce dossier [BR1014].
Pour bien comprendre l’intérêt de cette démarche, on l’illustrera par trois
exemples :
Le premier exemple est une simple tentative d’optimisation à partir d’un
modèle classique mais, à travers les difficultés rencontrées, on y verra appa-
raître la nécessité de faire des choix qui tendent par tous les moyens à réduire
le nombre de variables. C’est donc là une étape intermédiaire entre la première
approche (systématique – [BR1010]) et la troisième (linéarisée – [BR1014]).
Le deuxième exemple donne, à partir d’une simple comparaison de deux for-
mules de calcul d’un TR, un schéma type de bifurcation intervenant
couramment dans la plupart des modèles comparatifs.
Le troisième exemple montre comment l’échec d’un modèle classique peut
conduire à développer d’autres modèles et comment ces autres modèles
peuvent s’« enchaîner » pour donner lieu à des interprétations cohérentes sus-
ceptibles d’améliorer la compréhension des phénomènes physiques sous-
jacents.
Parution : avril 2010

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n’est pas idéal peut très bien être acceptée dans la mesure où elle
1. Exemple 1 : optimisation ne s’éloigne pas trop des limites de la fourchette optimale.
d’un paramètre (ici le TR) Il en résulte que le fil conducteur de ce traitement doit rester
orienté sur l’idée qu’un TR différent de sa valeur optimale (dans
une limite de ± 20 %) mais respectant les conditions d’équilibre
On se propose d’optimiser le temps de réverbération TR d’une
spectral est toujours préférable à un TR proche de sa valeur opti-
salle de réunion pouvant également être utilisée comme salle de
male mais présentant des émergences fréquentielles.
conférence. Cette salle a un volume V = 250 m3 et une surface de
parois S = 300 m2. ■ Recherche d’un équilibre spectral
La figure 1 a mis en évidence la nécessité de « régulariser » la
courbe de réponse fréquentielle et de traiter en priorité les bandes
1.1 Analyse du TR avant traitement centrées sur 125 Hz et 1 000 Hz. Une tentative de réduire l’atténua-
tion autour de 500 Hz doit également être envisagée.
La figure 1 représente l’analyse par bandes d’octave du TR de
cette salle. Dans une première étape, tous les calculs doivent être effectués en
Le tracé obtenu pourrait, pour une analyse plus fine, être décom- unités Sabine. Il est évident que, dans la recherche d’une homogénéité
posé en tiers d’octave, mais cette amélioration ne changerait rien de la répartition fréquentielle, les autres modèles (Eyring, Millington,
aux principes qui vont être mis en œuvre dans cette étude. Fitzroy…) n’apporteraient rien, sinon des complications inutiles.
Seul l’ajustement final du TR global pourra faire appel à des
méthodes plus élaborées.
■ Méthode classique
TR (s)
On décompose la surface totale des parois de la salle en deux
2 parties S = S0 + SM.
S0 est la superficie intouchable (surfaces déjà traitées, décors,
ouvertures, vitrages, chauffage-ventilation, etc.).
SM est la surface sur laquelle il est matériellement possible
d’effectuer le traitement.
1 On peut également, si nécessaire, définir le nombre de person-
TR optimal
nes correspondant à une occupation moyenne de la salle et intro-
duire un facteur Δa représentant le supplément moyen
d’absorption dû à la présence d’une personne.

0
1.2 Calcul du coefficient d’absorption
125 250 500 1k 2k 4k 8k f (Hz) optimal
Figure 1 – Analyse du TR par des bandes d’octave et comparaison
avec la répartition spectrale optimale correspondant à une destina- La méthodologie est la suivante :
tion donnée a) On détermine, pour chaque bande d’octave, l’absorption Sabine
correspondant aux valeurs mesurées en salle vide :

Les défauts majeurs observés sont, d’une part, l’écart avec le Ai = 0,16 V TRi
temps de réverbération optimal et, d’autre part, l’hétérogénéité de
la répartition spectrale. b) On modélise la valeur trouvée en effectuant la décomposition
Le traitement peut être conduit en deux temps : virtuelle :
– une étape de mise à niveau globale ;
Ai = S0 + SM
– une recherche d’équilibre des niveaux relatifs. 0 0

■ Mise à niveau globale On ajoute NΔa dans le cas où N personnes étaient présentes lors
La valeur globale du TR est certes importante dans la mesure où de la mesure.
elle définit la destination de la salle. Elle n’est cependant pas aussi On en déduit α0i le coefficient moyen d’absorption de la salle vide.
essentielle que l’équilibre spectral.
Si l’on connaît l’absorption des matériaux recouvrant SM, on
Il faut savoir accepter le fait que, dans les situations où l’optimi- peut directement évaluer
sation simultanée des niveaux absolus et relatifs n’est pas possi-
ble, on doit donner la préférence aux niveaux relatifs car une salle A0 = S0 α0 et AM = SM α0M
mal équilibrée en fréquence sera systématiquement source de fati- c) On évalue la différence ΔAi = Aiopt – Ai et on trace la courbe cor-
gue et de rejet à long terme, alors qu’une salle dont le TR absolu respondante (figure 2).

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Il est clair que dans l’exemple de la figure 2 l’antirésonance à


500 Hz impose un traitement très sélectif des bandes centrées sur
∆ Ai (m2)
125 Hz et 1 000 Hz, ce qui oriente les choix vers les diaphragmes
20 ou des résonateurs très peu amortis pour la première et vers les
panneaux perforés pour la seconde.

10 ■ Place disponible
Quand on part d’une situation existante, on dispose d’une marge
de manœuvre plus réduite que lors d’une construction initiale. Le
0 cahier des charges doit prendre en compte le fait que les usagers
acceptent difficilement une réduction de leur espace habitable et il est
évident qu’un résonateur de Helmholtz accordé sur 100 Hz occupe
-10 plus de place qu’un diaphragme réglé sur la même fréquence.
■ Compatibilité du matériau choisi avec l’activité du local
-20
Cette contrainte tombe sous le sens dans la plupart des situa-
tions d’usage courant et il n’est pas toujours nécessaire d’avoir
recours à une réglementation précise pour prendre les mesures
125 250 500 1000 2000 4000
adéquates. Tous les praticiens savent pertinemment éviter les
f (Hz)
matériaux fragiles pour les salles « tout public » ou les lieux expo-
Figure 2 – Analyse, par bandes d’octave, des écarts d’absorption, sés aux intempéries, les matériaux lourds dans les avions, les plas-
par rapport aux valeurs optimales, évalués à partir des tracés tiques près des sources de chaleur, etc.
de la figure 1.
■ Hygiène et sécurité
Les règles élémentaires d’hygiène et de sécurité interdisent un
grand nombre de combinaisons comme, par exemple, l’emploi
Tableau 1 – Détermination de l’efficacité spectrale d’un matériau poreux dans une salle qui doit être nettoyée chaque
du coefficient d’absorption du matériau idéal jour ou l’utilisation d’un matériau à combustion toxique dans un
pour le traitement complémentaire lieu public mais, là encore, bien que les pouvoirs publics soient
assez vigilants sur ce chapitre, certains choix relèvent davantage
Fréquence du bon sens que de la réglementation.
Grandeur ■ Coût
125 Hz 250 Hz 500 Hz 1 kHz 2 kHz 4 kHz
Contrairement aux impératifs précédents qui peuvent être res-
pectés moyennant un minimum de rigueur, les critères d’optimisa-
TRi 2,5 1,17 0,77 2,67 1,43 1,25
tion des coûts ne sont pas toujours évidents et la pratique
professionnelle veut que l’on préfère souvent mettre en œuvre un
Ai 16 35 52 15 28 32
matériau que l’on connaît bien (et dont on peut garantir les résul-
tats) que de prendre le risque de rechercher une solution plus
α0i 0,053 0,117 0,173 0,05 0,093 0,107 adaptée qui peut se révéler moins coûteuse si elle fonctionne du
premier coup, mais devenir hasardeuse si le temps passé à sa
Aopt 33 36 40 40 40 42 mise au point devient trop important.
ΔAi 17 1 – 12 25 12 10 Il faut cependant rester prudent sur le fait que les choix intuitifs
ne sont pas nécessairement les plus économiques et que seule
2ΔAi /S 0,027 0,013 – 0,16 0,333 0,16 – 0,133 une sérieuse étude préliminaire comparative peut conduire dans la
bonne direction.
αM 0,277 0,130 0,013 0,383 0,253 0,24 Cette préparation doit prendre en compte toutes les solutions
techniquement acceptables et les coûts qui en résultent : maté-
riaux, poses et déposes, et surtout les temps de mise au point,
d’adaptation et d’ajustement.
d) On en déduit la valeur idéale αMi que devrait avoir le matériau
recouvrant SM : La hiérarchie des contraintes varie d’une utilisation à l’autre : si,
pour une salle de théâtre, le critère de sécurité prime sur tous les
autres, celui du prix peut, dans certaines entreprises en situation
financière précaire, devenir l’élément de décision prioritaire.
Dans l’exemple cité, cette première phase conduit au tableau 1
C’est la raison pour laquelle la connaissance des mécanismes
établi dans l’hypothèse où la surface disponible (SM) est de 75 m2.
d’absorption doit être assez bien maîtrisée pour assurer une réelle
optimisation des processus et une gestion correcte des inévitables
compromis.
1.3 Obtention d’un TR optimal
De façon générale, on doit commencer cette seconde phase par
Une fois déterminé le profil à donner au coefficient d’absorption, la hiérarchisation des critères. Ce travail effectué, il est alors possi-
on recherche les matériaux les mieux adaptés au cahier des charges. ble de choisir les matériaux compatibles et de « modeler » la
courbe de réponse fréquentielle.
Ce choix s’effectue selon plusieurs critères dont les principaux
sont les suivants. Dans l’exemple choisi, le cahier des charges se compose de :
– salle de conférence (50 places) ;
■ Principes physiques mis en jeu – tout public ;
Il existe une relation étroite entre la nature du matériau et la – peinture obligatoire.
bande de fréquence à traiter. On retient comme critères prioritaires :
– sécurité (matériaux de classe 1) ;

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– revêtement muraux acceptant la peinture sans modification de six équations à trois inconnues (S1, S2 et S3) faisant appel à des
leur coefficient d’absorption, méthodes de résolution par moindres carrés.
– pas de laines minérales (sinon derrière des éléments totale- Dans ce cas, ce n’est pas la complexité de la résolution qui pose
ment fermés) ; problème, c’est son inadaptation à la dernière phase de
– acoustique pas trop dépendante du nombre de personnes (trai- l’opération : l’ajustement du modèle à la réalité du terrain.
tement des sièges et du sol) ;
C’est la raison pour laquelle une approche graphique est tou-
– ventilation insonorisée ; jours préférable, au moins dans un premier temps.
– bruit de fond faible.
En dehors de ces impératifs, les difficultés majeures que l’on
doit s’attendre à rencontrer sont liées aux irrégularités de la 1.5 Méthode graphique
courbe optimale de rattrapage (ΔAi). Plus les écarts entre deux
bandes de fréquences voisines sont importants, plus il faudra être Le tracé, sur un même graphique, des courbes d’absorption de cha-
vigilant sur la sélectivité du matériau. C’est ainsi que, dans l’exem- que matériau dont la valeur est multipliée par une fraction de la sur-
ple proposé (volontairement caricatural), le choix peut s’orienter face à traiter (Sm est décomposée arbitrairement en N intervalles
vers des panneaux fléchissants peu amortis (PF) pour le traitement égaux) permet d’approcher rapidement les valeurs optimales
des fréquences basses et des panneaux rigides perforés accordés d’absorption recherchée.
sur 1 000-2 000 Hz pour les fréquences élevées (PP1 et PP2). Plus
les matériaux seront sélectifs, plus on aura de chances d’éviter En posant : a
d’augmenter l’absorption de la bande centrée sur 500 Hz.
Après une première estimation des coefficients d’absorption on obtient un réseau de courbes paramétrées par ai qui permet de
de chacun de ces matériaux la dernière partie du travail pré- déterminer visuellement les coefficients à donner, a priori, à cha-
paratoire consiste à déterminer les surfaces respectives à leur cune des surfaces pour obtenir la répartition souhaitée.
donner. Dans l’exemple précédent, le tracé des courbes établies en décom-
posant la surface disponible en tranches de 10 m2 (Smj = Sm/7,5)
Tableau 2 – Valeurs des coefficients d’absorption donne respectivement : 2,2 pour a1, 3 pour a2 et 1,5 pour a3, ce qui
à donner aux matériaux devant entrer correspond aux surfaces partielles : Sm1 = 22 m2, Sm2 = 30 m2 et
dans la composition finale Sm3 = 15 m2 (tableau 3 et figure 3).

Fréquence (Hz)
Coefficient
d’absorption
125 250 500 1 000 2 000 4 000
Σ Ai (m2) 25
3a1 3a2
αopt 0,28 0,13 0,01 0,383 0,253 0,24
20 3a3
αm1= αPF 0,75 0,12

αm2= αPP1 0,12 0,75 0,25 0,12 2a1 2a2


15
2a 3
αm3= αPP2 0,25 0,63 0,6
10 a2
a1
La recherche directe d’un matériau possédant les valeurs opti- a3
males indiquées dans le tableau 2 est le plus souvent illusoire.
Dans le cas présent, on obtiendrait facilement les coefficients sou- 5
haités à 125 Hz avec du contreplaqué, ou à 1 000 Hz avec du plâtre
perforé, mais ces matériaux ne présentent pas une sélectivité fré-
quentielle suffisante pour être inactifs dans la bande d’octave cen- 0
125 250 500 1000 2000 4000
trée sur 250 Hz ou 500 Hz et il sera probablement préférable de f (Hz)
s’orienter vers des plaques perforées.
La dernière partie consiste à déterminer les surfaces respectives Figure 3 – Détermination graphique des surfaces respectives
à donner à chacun des matériaux. Ce calcul peut s’avérer être à donner aux trois matériaux choisis pour le traitement correctif
d’une accessibilité très variable : d’une simplicité extrême dans final du TR de la salle
certaines configurations, il peut atteindre une grande complexité
s’il est mal conduit.

1.4 Méthode mathématique Tableau 3 – Valeurs prévisionnelles relatives du TR


données par le traitement correctif
La méthode mathématique consiste à résoudre le système de six
équations suivant : Fréquence (Hz)
Grandeur
Aopt = S0 + S1 + S2 + S3 125 250 500 1 000 2 000 4 000
125 0 125 m1 125 m2 125 m3 125
2
Aopt 250 = S0 0 250 + S1 m1 250 + S2 m2 250 + S3 m3 250 2,2 a1… (m ) 16,5 2,8
Aopt 500 =…
3 a2… (m2) 4 22,5 7,5 4
Il est clair que l’application directe de ces relations pour chacune
1,5 a3… (m2) 4 9,5 9
des six bandes d’octave concernées, conduirait à un système de

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Enfin il convient de noter que l’ajustement des couvertures à


Tableau 3 – Valeurs prévisionnelles relatives du TR surfaces adjacentes (Sm1 ≠ Sm2 ≠ Sm3) est plus simple à effectuer
données par le traitement correctif que celui des surfaces combinées (pour lesquelles on a générale-
ment Sm1 = Sm2 ou Sm3).
Fréquence (Hz)
Grandeur Il est en effet toujours plus facile de mettre au gabarit une
125 250 500 1 000 2 000 4 000 courbe de réponse quand les éléments actifs sont indépendants
que quand ils sont couplés.
ΔAF… (m2) 16,5 2,8 4 11,8 21,9 25 C’est la raison pour laquelle les systèmes combinés doivent
être réservés aux cas de fortes contraintes limitatives (en place
(300 – 65)α0 12,5 27,4 40,7 0,383 0,253 0,24 notamment).
2
A total… (m ) 29 30,4 45 38 34 35

TR final… (s) 1,38 1,31 0,9 1,05 1,18 1,14 2. Exemple 2 : choix
Écart… (s) + 0,18 + 0,21 – 0,1 + 0,05 + 0,18 + 0,1
d’un modèle
Faire le choix d’un modèle est certainement l’une des opérations
On remarque qu’ici il n’est pas nécessaire de traiter toute la sur- les plus délicates de tous les processus d’optimisation.
face disponible (Sm1 + Sm2 + Sm3 = 67 m2 seulement sur les 75 m2 C’est cependant la clé de voûte de la plupart des recherches de
autorisés), mais il peut également arriver que la somme des surfa- solutions et l’outil fondamental du scientifique. Tout l’art de l’ingé-
ces partielles dépasse la surface accessible, ce qui conduit à cher- nieur consiste donc, non seulement à trouver le bon modèle, mais
cher une solution plus complexe faisant appel à des lois de aussi, et surtout, à lui faire dire les bonnes choses.
combinaisons.
Cette remarque est particulièrement adaptée à l’ingénieur en
acoustique des salles du fait qu’il se trouve constamment en pré-
La surface disponible (ou accessible) est l’ensemble des sence de lois établies sur des principes radicalement différents.
portions de parois sur lesquelles on peut disposer un matériau C’est ainsi que le champ acoustique dans un local peut être décrit
sans nuire aux caractéristiques fonctionnelles ou esthétiques aussi bien par des lois géométriques que par des lois ondulatoires
de la salle (cas de la baie vitrée par exemple). ou statistiques. De plus chacune de ces lois peut elle-même faire
appel à des modèles différents.

Dans le cas présent, une surface totale disponible de 50 m2 obli- Par exemple, les lois géométriques peuvent être développées à
gerait à rechercher une solution du type panneau fléchissant per- partir d’équations analytiques, de représentations en source ima-
foré avec deux diamètres de trous, double paroi ou structure en ges ou de méthodes de rayons.
nids d’abeilles. Pour couronner le tout, les évaluations de la qualité du résultat
La difficulté réside alors : obtenu peuvent être conduites à partir de critères physiques
comme la géométrie, le choix et la répartition des matériaux ou les
– dans le réglage précis des fréquences d’accord de chaque positions respectives des sources et du public ou à partir de critè-
système ; res subjectifs comme la qualité des transitoires, la couleur, le
– dans l’impossibilité de conserver la sélectivité fréquentielle rendu, la fusion, l’intimité, etc.
des panneaux aux basses fréquences en raison de l’amortisse-
ment induit par les perforations (la largeur active de la bande L’idée de départ est simple et classique. Connaissant les
centrée sur 125 Hz peut induire un excès d’absorption sur les caractéristiques géométriques et physiques de la salle, on
zones voisines) ; recherche la loi donnant le TR pour le confronter aux résultats
– dans la difficulté de trouver le bon équilibre des répartitions de de mesure.
la puissance absorbée entre les différentes régions du spectre. Pour illustrer le concept de dualité lié au choix du modèle, on
se propose de développer un exemple simple extrait d’une
étude sur la durée de réverbération du Palais Garnier (Opéra de
1.6 Mise en pratique et ajustement Paris).

Une fois le modèle optimisé, la dernière phase consiste à réali-


ser le projet, effectuer les mesures, et ajuster les éléments mis en 2.1 Caractéristiques du Palais Garnier
place pour obtenir le résultat final.
Concrètement, il n’est pas inutile, à chaque fois que la situation Les données relatives au Palais Garnier dans les années 1980
le permet, de conduire les mesures avant la fin du projet (après étaient les suivantes (figures 4 et 5) :
exécution de 80 % de la couverture totale). – plafond : dôme d’acier de 24 mm d’épaisseur ;
Ceci permet de mettre à profit les 20 % de surface résiduelle – murs : plâtre pour l’amphithéâtre et les parois visibles ;
pour affiner le travail ou pratiquer d’éventuels rattrapages. – plancher : bois (recouvert d’un tapis au fond du parterre) ;
– fosse : plancher sur tasseaux – murs en bois massif ;
Le choix et la proportion de surface de réserve dépendent évide- – tapis : dans les loges mais pas dans l’amphithéâtre ;
ment de l’incertitude liée à chaque modèle. – les loges sont recouvertes d’un drap damasquiné tendu à 1 cm
Dans l’exemple proposé il est plus difficile de prévoir correcte- du plâtre ;
ment les panneaux fléchissants que les plaques perforées. En – séparation des loges : 12,5 mm de bois recouvert de tissus
revanche, le mode de fixation de ces panneaux peut permettre un damasquiné ;
« rattrapage » en cours de pose alors que les résonances des pla- – partie arrière : antichambre séparée de la loge par une tenture
ques perforées ne pourront plus être corrigées à moins de modi- de velours ;
fier leur distance à la paroi ce qui implique leur dépose. – sièges en velours.

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Guide méthodologique pour l’étude


acoustique d’une salle
Approche linéarisée
par Jacques JOUHANEAU
Professeur, ancien titulaire de la chaire d’Acoustique du CNAM

1. Schéma méthodologique ...................................................................... BR1014 - 2


1.1 Distribution virtuelle des sources .............................................................. — 2
1.2 Définition de la clarté locale....................................................................... — 3
1.3 Recherche d’un compromis clarté-homogénéité ..................................... — 3
1.4 Choix d’une bande de fréquence............................................................... — 3
1.5 Détermination de l’angle d’ouverture ....................................................... — 4
1.6 Découpage du plan d’écoute ..................................................................... — 4
2. Stratégies d’élaboration du modèle................................................... — 4
2.1 Première méthode : les sources sont connues......................................... — 4
2.2 Seconde méthode : seul le site est connu ................................................ — 4
2.3 Choix des sources ....................................................................................... — 4
3. Conclusion................................................................................................. — 5
Pour en savoir plus .......................................................................................... BR 1010

ontrairement aux autres domaines de l’acoustique (comportement vibra-


C toire des sources, rayonnement, propagation, électroacoustique, etc.) qui
peuvent être correctement abordés à partir de lois physiques fondamentales et
de leur expression mathématique, l’acoustique des salles ne peut, en aucune
manière, faire l’objet d’une modélisation décrivant mathématiquement le
comportement du son dans une salle (cf. introduction de l’article [C 3360]).
Pour suppléer à cette carence, les différents chercheurs qui se sont intéressés
à cette question depuis l’Antiquité ont proposé une multitude de « petites
formules » d’origine diverse destinées à évaluer l’importance relative d’une ou
plusieurs variables en un point donné de la salle et pour une configuration
bien définie. C’est ainsi que l’on dispose aujourd’hui d’un jeu de relations
issues de considérations tantôt géométriques, tantôt statistiques, tantôt ondu-
latoires, mais le plus souvent empiriques ou psychophysiques.
Ces relations peuvent prédire la valeur d’une variable par différentes
méthodes, mais ne sont que rarement concordantes sur le résultat et, de toute
façon, quand elles le sont pour une configuration donnée, elles ne le sont plus
dès lors qu’on s’écarte un tant soit peu de cette situation de référence (dépla-
cement du point de mesure, de la bande de fréquence, variation du nombre
d’auditeurs, de la température …).
Il en résulte que la gestion de la multitude de relations spécifiques de l’acous-
tique des salles est une opération délicate qui demande, outre les connaissances
de ces différentes lois, une aptitude particulière à sélectionner les plus perti-
nentes et à effectuer correctement les transitions qui les séparent ou les
opposent. Si la difficulté rencontrée reste aisément contournable sur des petits
locaux, il n’en est pas de même pour les salles complexes qui demandent une
vision globale beaucoup plus conséquente. Nous avons vu dans les articles
[BR1010] et [BR1012] deux aspects d’une stratégie d’approche cohérente pour
l’optimisation de certains paramètres de l’acoustique des ensembles complexes.
Parution : avril 2010

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est strictement interdite. – © Editions T.I. BR1014 – 1

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C3362

Traitement acoustique
et insonorisation des bâtiments
par Jacques JOUHANEAU
Professeur au Conservatoire national des arts et métiers

1. Principes physiques mis en jeu


dans les mécanismes d’absorption..................................................... C 3 362 - 2
1.1 Principes généraux régissant les mécanismes d’absorption de paroi.... — 2
1.2 Étude et traitement des caractéristiques d’absorption d’une salle ......... — 10
2. Matériaux utilisés pour le traitement interne des salles.............. — 14
2.1 Diaphragmes................................................................................................ — 14
2.2 Résonateurs de Helmholtz .......................................................................... — 18
2.3 Matériaux poreux à texture rigide.............................................................. — 21
2.4 Matériaux poreux à parois déformables ................................................... — 24
2.5 Lois de combinaisons.................................................................................. — 27
3. Principes physiques mis en jeu dans la transmission
des ondes sonores à travers les parois.............................................. — 32
3.1 Transparence acoustique : notions générales........................................... — 32
3.2 Transmission des ondes planes à travers les parois planes .................... — 35
3.3 Traitement pratique des problèmes de transparence .............................. — 42
4. Annexe A : vibration des plaques ....................................................... — 47
4.1 Célérité des ondes de propagation dans les solides ................................ — 47
4.2 Modes propres d’une plaque posée ou encastrée.................................... — 48
4.3 Coefficient de raideur d’une plaque encastrée ......................................... — 48
Références bibliographiques ......................................................................... — 49

aisant suite à l’acoustique des salles [C 3 360] qui constitue une approche
F géométrique, ondulatoire et statistique des lois qui régissent le compor-
tement des ondes sonores dans les espaces clos, cet article présente les principes
physiques qui sous-tendent les phénomènes d’absorption et de transmission
ainsi que les approches concrètes qui peuvent en découler dans le traitement
acoustique des parois.
Plutôt que de présenter de façon classique les caractéristiques d’absorption
Parution : novembre 1996 - Dernière validation : janvier 2015

des différents types de revêtement, nous avons choisi de développer un modèle


physique très général, mais applicable à tous les matériaux.
Dans la première partie, le modèle proposé comprend une partie rigide et une
partie compliante. Il permet donc de rendre compte du comportement des absor-
bants dont la contribution dissipative due aux déformations structurelles (fibres
textiles, mousses poreuses, feutres, etc.) peut être négligée. Ce paragraphe est
complété par une méthode de « mise en forme » de la courbe de réponse de
la salle par mise en application des principes proposés.
La seconde partie reprend de façon plus détaillée les notions abordées
précédemment et examine successivement le calcul des diaphragmes, des réso-
nateurs, des plaques perforées et des structures poreuses faiblement défor-
mables ainsi que la plupart des combinaisons de ces différents éléments. Dans
chaque cas, quelques exemples concrets sont proposés.

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TRAITEMENT ACOUSTIQUE ET INSONORISATION DES BÂTIMENTS ______________________________________________________________________________

La troisième partie se présente comme une synthèse des principales lois phy-
siques qui interviennent dans les mécanismes de transmission des ondes sono-
res par les parois. Elle insiste sur l’importance des ondes de flexion et leurs
conséquences sur les phénomènes de coïncidence. Elle permet d’évaluer les prin-
cipales valeurs critiques qui constituent les points faibles des cloisons, des portes,
des vitrages...
L’incidence de ces lois sur l’efficacité des doubles parois est évoquée à l’aide
de quelques exemples caractéristiques.

Symboles et notations Symboles et notations

Symboles Désignation Symboles Désignation

a rayon des structures circulaires σ efficacité de rayonnement


amn coefficient caractéristique d’une plaque posée τ coefficient de transmission
bmn coefficient caractéristique d’une plaque encastrée χ coefficient de couplage
c célérité d’une onde ω pulsation
e distance d’un matériau à la paroi Γ coefficient d’encastrement
f fréquence ∅ admittance fréquentielle
h épaisseur d’un matériau
k nombre d’onde complexe
k nombre d’onde réel
km coefficient de raideur 1. Principes physiques mis en jeu
m
 longueur
masse
dans les mécanismes
p pression acoustique d’absorption
q débit
r résistance réduite d’un matériau
v vitesse vibratoire L’absorption est le phénomène résultant de la dissipation des
x réactance réduite d’un matériau ondes sonores. Cette dissipation peut se produire, soit au moment
où l’onde entre en contact avec une paroi ou un obstacle, soit en
z impédance réduite d’un matériau cours de propagation.
A absorption d’une salle La qualité acoustique d’une salle dépend, dans une large mesure,
B module de flexion des caractéristiques du champ réverbéré (niveau, durée, homogé-
D coefficient de dissipation néité, etc.). Le contrôle de cette qualité passe donc par la maîtrise
E puissance d’une source de tous les paramètres susceptibles de modifier l’absorption et par-
Ks facteur de structure ticulièrement ceux des matériaux qui constituent les parois de la
Lp niveau de pression acoustique salle.
Q facteur de qualité
R indice d’affaiblissement
REC résistance à l’écoulement 1.1 Principes généraux régissant
G coefficient de réflexion globale les mécanismes d’absorption de paroi
 coefficient de réflexion
′ coefficient de réémission
S surface de référence Dans tout ce paragraphe on cherchera à mettre en évidence le
TR temps de réverbération mode d’action des matériaux en fonction de leurs propriétés
V volume d’une salle physiques.
W énergie Pour mieux expliciter les phénomènes, on effectuera un certain
Z impédance d’un matériau nombre de simplifications en se plaçant dans des conditions parti-
α coefficient d’absorption culières, facilement identifiables (par exemple : onde plane sous
incidence donnée, champ parfaitement diffus, réaction locale, etc.)
η coefficient de viscosité dynamique
η facteur de perte Les situations intermédiaires seront analysées :
θ angle d’incidence de l’onde — soit par combinaison des lois obtenues dans les cas parti-
λ longueur d’onde culiers ;
ν coefficient de Poisson — soit en introduisant les lois relatives aux couplages de plu-
sieurs systèmes élémentaires ;
ρ masse volumique
— soit, dans les cas plus complexes, par la prise en compte de
σ porosité d’un matériau paramètres issus de résultats expérimentaux.

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1.1.1 Approximations 1.1.2 Grandeurs physiques mises en jeu


dans les mécanismes d’absorption :
Les principales simplifications apportées dans ce paragraphe sont un exemple
les suivantes :
■ Assimilation du champ direct à une onde plane Le phénomène d’absorption de paroi peut être analysé à partir
d’une décomposition laissant apparaître deux modes d’actions
Cette condition revient à considérer que la source est suffisam- distincts : la transmission et la dissipation.
ment éloignée des parois pour que les conditions de champ loin-
tain soient respectées [2]. Pour bien comprendre la non-linéarité de certaines réponses et
les problèmes liés à la recherche de compromis, il est nécessaire
Ces conditions sont : de faire ressortir les principales caractéristiques de chacun de ces
— front d’onde plan perpendiculaire à la direction de propagation ; modes.
— pression et vitesse en phase.
On notera cependant que ces conditions n’excluent pas la décrois- 1.1.2.1 Premier mode d’action : l’énergie transmise
sance de l’intensité en 1/r 2.
Pour qu’une paroi absorbe efficacement l’énergie d’une onde inci-
■ Assimilation du champ réverbéré à un champ parfaitement diffus dente, la première des conditions est que la puissance transmise à
l’obstacle soit maximale.
Cette simplification part du principe que la pression quadratique
réverbérée agissant sur une portion de paroi est la somme des Or cette puissance passe effectivement par un maximum quand
pressions quadratiques induites par une infinité d’ondes planes l’impédance rencontrée est réelle et égale à l’impédance caracté-
arrivant de toutes les directions et comprises dans un angle solide ristique du milieu, c’est-à-dire, dans les conditions de champ lointain,
de 2π stéradians [1]. à ρ0 c .
Quand la valeur de l’impédance de la paroi Z s’éloigne de ρ0c,
■ Hypothèse d’un déplacement normal des parois
le coefficient de transmission τ diminue suivant une loi quadra-
Sauf exception explicite (§ 2.4), on admettra que toutes les parois tique [1] :
sont à réaction localisée. Cette expression traduit le fait que
Z – ρ0 c 2
lorsqu’une onde de pression arrive sur un élément de paroi elle τ = 1 – ---------------------
provoque un déplacement normal de celle-ci quel que soit l’angle Z + ρ0 c
d’incidence.
L’énergie non transmise est réfléchie, ce qui conduit à introduire,
Cette condition, qui en toute rigueur n’est plus observée pour les dans un premier temps, un coefficient de réflexion  défini par la
ondes de flexion, s’appliquera également aux diaphragmes dans la relation :  = 1 – τ .
mesure où les débits acoustiques induits par leur mise en vibration
peuvent être correctement décrits à l’aide de modèles basés sur
des combinaisons de pistons plans encastrés. 1.1.2.2 Second mode d’action : l’énergie dissipée
Une fois dépassée (*) l’interface air-paroi, la dissipation d’énergie
■ Domaine fréquentiel de validité des relations établies
devient proportionnelle à la partie réelle de l’impédance rencontrée
Il reste tributaire du rapport entre la longueur d’onde et les dimen- et au carré de la vitesse vibratoire.
sions de l’élément de surface considéré. (*) La notion de « dépassement » doit être prise, ici, dans un sens purement virtuel. S’il
Les relations générales sont établies dans le cas où cette lon- est possible, en effet, de lui donner une représentation concrète dans le cas d’une laine
minérale, elle reste fictive en ce qui concerne un panneau rigide fonctionnant en flexion.
gueur d’onde est grande devant le diamètre moyen de la surface
de référence. À ce stade il convient de distinguer deux cas :
Cette condition revient à admettre que, lors de l’étude du dépla- — celui où l’impédance, dont la partie réelle constitue le terme
cement d’une fraction de paroi soumise à une pression d’onde de dissipation, est différente de l’impédance de paroi (cas des
plane arrivant sous incidence oblique, l’élément de surface consi- plaques perforées ou des matériaux poreux) ;
déré est suffisamment petit pour que la pression incidente soit en — celui où les deux impédances sont identiques (cas des
phase en chacun de ses points. diaphragmes).
Dans les cas utiles, les comportements des champs de plus faible Cette distinction est nécessaire dans la mesure où les méca-
longueur d’onde seront examinés pour expliquer les réponses spé- nismes de réflexion sont conditionnés par l’impédance de surface
cifiques de certains matériaux aux fréquences élevées. de la paroi tandis que les mécanismes de dissipation dépendent
plus spécifiquement de son impédance de volume.
■ Impédance mutuelle de rayonnement de deux éléments
de surface voisins négligée 1.1.2.3 Mise en évidence de la spécificité de chaque mode
Dans le cas d’une plaque perforée, chaque orifice se comporte d’action à l’aide d’un exemple mécano-acoustique
comme un résonateur de Helmholtz. L’air situé dans le col vibre Une illustration de la différence entre le phénomène de réflexion
comme un piston plan avec une amplitude qui dépend de la pression et celui de réémission peut être donnée par un modèle physique très
incidente des deux impédances de rayonnement (externe et interne) simple (figure 1).
et de l’impédance mutuelle de rayonnement de chaque paire de per-
forations prises deux à deux. Considérons un sol rigide (d’impédance infinie) percé à intervalles
réguliers de cavités, fermées par des systèmes masse-ressort dont
Généralement, l’impédance, de rayonnement externe est négli- la partie externe se comporte comme un piston plan circulaire encas-
geable devant l’impédance de rayonnement interne qui, elle-même, tré dans le sol.
est très grande devant les impédances mutuelles de rayonnement.
On place à une distance h0 au-dessus du sol une balle parfaite-
ment élastique.
Quand le lâcher s’effectue au-dessus de la partie rigide, elle
rebondit à une hauteur h1 ≈ h0 .

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Il en résulte que l’énergie perdue par chaque piston est la somme


de l’énergie dissipée par frottement et de l’énergie rayonnée :
W R0 = W RM + W RR

L’équation du bilan énergétique s’écrit :


mgh 0 = mgh 2 + W RM + W RR

Figure 1 – Dispositif utilisé pour la détermination du coefficient Énergies incidente réfléchie dissipée rayonnée
de réflexion globale d’une surface constituée de matériaux différents
En divisant chaque terme par l’énergie initiale (mgh0), on obtient :

1 =  + D + ′ (2)
Si l’on définit le coefficient de réflexion  1 du sol par le rapport
entre l’énergie potentielle de la balle à l’issue de son premier où  , D et ′ sont respectivement les coefficients de réflexion, de
rebond et l’énergie potentielle initiale on obtient : dissipation et de réémission des pistons.
 1 = mgh 1 /mgh 0 = h 1 /h 0 De cet exemple on retiendra principalement que le phénomène
de réflexion peut être indépendant du phénomène de réémission.
Si la balle tombe sur l’un des oscillateurs, le rebond se fera à une Cette différence se manifeste ici à la fois sur la nature des phé-
hauteur h2 < h1 et le coefficient de réflexion sera alors : nomènes et sur leur répartition temporelle.
 2 = h 2 /h 0 < 1 La réflexion directe s’effectue sous une forme purement méca-
nique et son effet est immédiat.
Si l’on admet que l’énergie dissipée au moment du choc est La réémission se produit sous forme d’énergie acoustique et son
négligeable, on peut affirmer que la différence d’énergie a été effet est différé dans le temps.
stockée sous forme d’énergie potentielle dans le ressort, d’où :
La distinction entre les deux phénomènes est particulièrement
mgh 0 – mgh 2 = ( 1 / 2 ) k m x 02 nette par le fait qu’il s’agit d’une excitation mécanique en régime
transitoire.
avec x0 déplacement maximal du piston provoqué par le choc, Dans le cas d’une excitation acoustique en régime permanent, la
km coefficient de raideur du ressort. différence sera plus difficile à mettre en évidence, mais son rôle
sera tout aussi important (principalement en ce qui concerne les
On peut ainsi définir un coefficient de transmission comme le phénomènes de directivité).
rapport de l’énergie transmise au piston à l’énergie incidente, soit :
Avant d’analyser le comportement spécifique des ondes acous-
( 1 / 2 ) k m x 02 h2 tiques, on peut compléter l’étude du modèle précédent en examinant
τ = 1 –  2 = -----------------------------
- = 1 – -------
- le cas où l’on dispose au-dessus du plancher précédent un grand
mgh 0 h0
nombre de balles que l’on lâche simultanément.
Après le choc, le système masse-ressort va osciller suivant une Nous définissons par σ = (N π a2/S ) la probabilité pour chaque
loi pseudo-sinusoïdale amortie d’équation : balle de tomber sur un piston et 1 – σ celle de tomber sur la surface
rigide.
x (t ) = x 0 exp (– λt ) cos (ω t + ϕ )
Dans ces conditions, le bilan énergétique s’écrit :
L’enveloppe de cette courbe est décrite par l’exponentielle
mgh0 = (1 – σ )mgh1 + σ mgh2 + σ WRM + σ WRR (+Wchoc)
(cf. article Vibrations [A 410] dans le traité Sciences fondamentales) :
xM = x 0 exp (– λ t ) Soit en divisant par mgh0 :

où λ = R /2 m représente le terme d’amortissement, proportionnel à 1 = ( 1 – σ )  1 + σ  2 + σ D + σ  ′ ( + θ choc )


la partie réelle de l’impédance de l’oscillateur (R0) et ω sa
pseudo-pulsation. θchoc étant l’énergie réduite perdue au moment du choc (sur le
sol ou sur les pistons).
Si l’on admet que la dissipation est assez faible pour que la
pseudo-pulsation ω soit égale à la pulsation propre ω 0 , on pourra Si l’on néglige θchoc (choc parfaitement élastique), on obtient à
considérer qu’à tout instant l’amplitude de la vitesse vibratoire du nouveau comme bilan global (avec  1 = 1) :
piston est égale à vM = ω 0 xM . 1 = 2 + D +  ′
L’énergie dissipée par le piston serait alors :
t t
[ W R0 ] 0t = 冕0
1
----- R 0 ω 02 x M
2
1
-R ω2 x 2
2 dt = ----
2 0 0 0
冕 0
exp ( – 2 λt ) dt
1.1.3 Mécanismes d’absorption-réflexion
sur les parois d’une salle
Au bout d’un temps infini, cette énergie dissipée doit être égale à
Pour des raisons qui vont apparaître tout au long de ce paragraphe,
l’énergie stockée d’où :
les salles traitées sont généralement constituées de parois à struc-
1 1 1 tures complexes dont le comportement acoustique varie avec la
[ W R0 ] 0∞ = ----- R 0 ω 02 x 02 --------- = ---- k m x 02 (1) nature du matériau et, par conséquent, avec la fréquence de l’onde
2 2λ 2
incidente.
Or R 0 contient principalement deux termes : un terme de frotte- Pour éviter l’introduction d’un trop grand nombre de dévelop-
ment fluide du piston (Rm ) et un terme de rayonnement (RR ). pements analytiques (un par type de matériau), il est préférable
d’établir un seul modèle de paroi et de modifier ses constantes de
façon à faire apparaître, au moment de l’application, le compor-
tement spécifique du matériau concerné.

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1.1.3.1 Réflexion d’une onde acoustique sur une surface L’impédance mécanique propre de chaque piston a pour expres-
rigide comprenant une distribution uniforme sion :
de cavités fermées par des pistons plans
Z ε = R m + j ( m ω – k m / ω ) = R ε + jX ε
Comme pour l’exemple traité au paragraphe 1.1.2.3, le matériau
choisi est constitué de deux parties de natures différentes compre- avec Rm coefficient de frottement ou résistance mécanique du
nant une surface d’impédance infinie percée de cavités circulaires, piston ; m est sa masse,
obstruées par des pistons plans (ou des membranes) de même rayon km son coefficient de raideur propre.
(figure 2).
À droite du piston, son impédance de charge est l’impédance de
Le modèle proposé n’ayant pour but que de comprendre la cavité :
nature des mécanismes intervenant à l’interface des parois, on se
placera dans le cas où un certain nombre d’hypothèses simplifica- Z c = k m /j ω = ρ 0 c 2 ( π a 2 ) 2 /j ω V
tives, détaillées au paragraphe 1.1.1, sont observées :
— source omnidirective assez éloignée de la paroi pour que les À gauche, l’impédance de charge est l’impédance de rayonne-
conditions de champ lointain soient respectées ; ment :
— onde arrivant sous incidence proche de la normale ; Z r = R r + jX r
— surface S de dimensions réduites par rapport à la longueur
d’onde ; Dans le cas du piston plan encastré, cette impédance est
— impédance mutuelle de rayonnement des pistons négligeable. égale [2] à :
2
La surface S comprend N pistons régulièrement espacés (soit n Z r = ρ 0 c π a [ R 1 ( 2ka ) + j X 1 ( 2ka ) ]
pistons par unité de surface). Chaque piston a une surface πa2.
Le rapport entre la surface des pistons et la surface totale est
donc : Quand la longueur d’onde est grande devant le rayon a
N π a2 (ka  1) on peut simplifier R1 et X1 :
σ = ----------------- = n π a 2 (3)
S
R1 (2ka ) ≈ k 2 a2/2
Sachant que les phénomènes de réflexion dépendent en premier
lieu de l’impédance de la surface, il est opportun de déterminer suc- X1 (2ka ) ≈ 8ka/ 3 π
cessivement l’impédance de chaque piston et d’en déduire l’impé- D’où Rr ≈ ρ0 π a4 et Xr ≈ 8 ρ0 a3 ω / 3 = mr ω.
ω 2 / 2c
dance globale de la paroi. mr est homogène à une masse et sera défini par la suite comme
la masse (virtuelle ) de rayonnement ; sa valeur sera (8/3) ρ0 a3
1.1.3.2 Impédance d’un piston (ou d’un diaphragme)
fermé sur une cavité dans le cas d’une forme circulaire et (8 / 3) ρ0 (S/π)3/2 dans le cas
On considère une paroi rigide d’impédance infinie percée d’une d’une forme régulière (pas trop différente d’un cercle ou d’un
cavité cylindrique de rayon a. carré).
La cavité est fermée par une membrane fonctionnant en piston
plan (figure 3). Compte tenu des conditions de continuité des pressions (p0 = pε )
et des débits (q0 = Nq ε ) lors du passage de la section x = ε à la
section x = 0 on peut écrire que :
p0 pε Z0 Zε
- = --------------
-------- soit ---------
- = -------------------------
-
q0 Nq ε S2 N ( π a 2 )2

Figure 2 – Phénomènes de réflexion et de diffraction induits


par une onde plane tombant sous incidence quasi normale
sur une surface S d’impédance infinie contenant des résonateurs
plans encastrés Figure 3 – Notations utilisées pour déterminer l’impédance
d’une membrane fermée sur une cavité

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Il en résulte que l’impédance réduite (z0 = Z0 /ρ0 c S ) de la sur- Si l’on part du principe que le champ acoustique résultant de la
face S est liée à l’impédance réduite des pistons (z = Zε /ρ0 c π a2) réflexion sur une paroi est la somme de trois composantes : le
par la relation : champ direct, le champ réfléchi et le champ diffracté, il est néces-
saire, pour distinguer les deux derniers, d’introduire les notions de
z 0 = z /σ (4)
réflexion spéculaire (représentée par un coefficient p ) et de réé-
mission (représentée par un coefficient p′ ) tout en sachant que
1.1.3.3 Réflexion spéculaire et réflexion diffuse cette dernière va être la source principale de la réflexion diffuse.
■ Réponse de la paroi en régime transitoire
1.1.3.4 Détermination du coefficient d’absorption
Si la source émet une impulsion, celle-ci donnera lieu à une d’une surface soumise à une onde incidente plane
réflexion instantanée sur la surface S.
La pression exercée effectivement sur la surface S résulte de la
Le coefficient de réflexion énergétique est alors défini comme
présence simultanée de trois « pressions partielles » :
dans l’exemple de la figure 1.
— la pression de l’onde incidencte : pi ;
Au moment de la réflexion, chaque piston stocke une fraction de — la pression de l’onde réfléchie : pr ;
l’énergie incidente, puis la restitue en oscillant à sa — la pression de l’onde diffractée : pr’ :
pseudo-fréquence.
Son énergie résiduelle va donc être progressivement éliminée : p0 = pε = pi + pr + pr’ (5)
— par dissipation dans Rm ; et de même pour la vitesse vibratoire prise dans le plan x = 0 :
— par rayonnement.
v0 = vi + vr + v r ’ (6)
Au total, l’énergie restituée à la salle comprendra l’énergie réflé-
chie instantanée et l’énergie réémise par le piston. v0 étant lié à la vitesse vibratoire des pistons par la relation v0 = σ vε.
Les deux phénomènes ne peuvent et ne doivent pas être confon- Les relations fondamentales entre pression et vitesse particulaire
dus. sont, dans l’hypothèse où l’onde réfléchie est également plane et
La figure 4 donne une représentation schématique du phéno- normale à S :
mène de réflexion-réémission en régime impulsionnel et montre pi = ρ0 c vi et pr = – ρ0 c vr
bien la différence (temporelle) des deux mécanismes. Si l’on admet (ce qui n’est acceptable que pour les ondes situées
■ Réponse en régime stationnaire dans un plan très proche de S ) que l’onde diffractée est également
plane, on peut introduire :
Dans le cas où la source est harmonique la « séparation » du
champ réfléchi et du champ réémis est plus difficile à mettre en pr ’ = – ρ0 c v r ’
évidence. La pression effectivement exercée sur les pistons devra
prendre en compte, en amplitude et en phase, l’onde directe, l’onde Dans ce cas, le bilan des vitesses peut s’écrire :
réfléchie et l’onde réémise. Il devient donc impossible de traiter indé-
pi pr pr ′
pendamment les composantes énergétiques et de donner une forme v 0 = σ vε = -----------
- – -----------
- – -----------
-
utile aux coefficients de réflexion en intensité. ρ0 c ρ0 c ρ0 c
En revanche la différence entre l’onde réfléchie et l’onde réémise p pi + pr + pr ′ Z
apparaît dans la répartition spatiale. d’où -----ε- = σ ρ 0 c -------------------------------- = ---------ε2-
vε pi – pr – pr ′ πa
En effet, si l’onde réfléchie correspond bien à une réflexion spé-
culaire (faisceau issu de l’image de la source par rapport au et, en introduisant l’impédance réduite z de Z ε , on aboutit à :
plan z = 0), l’onde réémise par le piston possède sa directivité propre
[en l’occurrence une demi-sphère lorsque ka  1 car, dans ce cas z
p i + p r + p r ′ = ----- ( p i – p r – p r ′)
précis, R1 (2 k a ) = k 2 a 2/ 2 et Q = k 2 a2/R1 ≈ 2]. σ
Ce qui donne, en divisant les deux membres par pi :

z
1 + p + p′ = ----- ( 1 –  p – p′ )
σ

p et p′ étant respectivement les coefficients de réflexion et de


réémission en pression, on en déduit :

z –σ
p +  p′ = ---------------
z +σ
2z
p ε = p i ( 1 +  p + p′ ) = p i ---------------
z +σ (7)
pi pi 2
v ε = ------------- ( 1 – p – p′ ) = ---------- --------------
ρ0 c σ ρ0 c z + σ

1.1.3.5 Bilan des puissances


Connaissant :
la puissance transportée par le faisceau incident (la source est sup-
Figure 4 – Échogramme d’une réflexion impulsionnelle posée omnidirective) :
sur la paroi décrite à la figure 2
Ω E source Sp 2
- = ----------i-
E i = ----------------------
4πd 2 ρ0 c

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et la puissance dissipée dans les N pistons : Dans l’exemple précédent, ce coefficient s’exprime par :

E D = NRe [ Z ε ]v ε2 = NR m v ε2 = N ρ 0 c πa 2v ε2 z0–1 2 z –σ 2
α = 1 –  p +  p′ 2 = 1 – --------------- = 1 – -------------
z +1 z +σ
ou encore : E D = R 0v 02
qui s’écrit dans tous les cas : Cette définition n’est applicable, en toute rigueur, que dans des
conditions très particulières. Sa validité théorique est très limitée,
Sp i2 4r σ mais son utilisation pratique peut être étendue aux situations où
E D = ----------- ---------------------------------
- l’onde réémise est négligeable devant l’onde réfléchie.
ρ0 c [ r + σ ] 2 + x 2
Ainsi dans l’exemple développé plus haut, si l’on néglige le
on en déduit le coefficient de dissipation dans les N pistons : champ diffracté par les pistons on peut écrire :
ED 4r σ  p′  p ce qui entraîne :  G ≈ p 2 et, par conséquent :
D = ------
- = -------------------------------
- (8)
Ei ( r + σ )2 + x 2 α = 1 – p 2 .
ainsi que le coefficient de réflexion globale : Toutefois, il convient de noter que p est, le plus souvent, défini
G = 1 – D par le rapport (z 0 – 1 ) ⁄ (z 0 + 1 ) , ce qui revient à confondre p et
 G . L’incidence de cette confusion est plus théorique que pratique,
1.1.3.6 Définition du coefficient d’absorption d’un matériau
mais l’absence de distinction entre champ réfléchi et champ réémis
Dans le modèle précédent, l’énergie incidente de l’onde arrivant peut conduire à des erreurs plus conséquentes dès lors que le champ
sous incidence normale sur un matériau d’impédance réduite réémis n’est plus négligeable devant le champ réfléchi.
z0 = r0 + x0 ne peut prendre que deux formes :
— une forme dissipative ;
— une forme réverbérée (par réflexions diffuse et spéculaire). 1.1.4 Caractéristiques du coefficient d’absorption
Le coefficient d’absorption peut donc être assimilé au coefficient
de dissipation D introduit précédemment. L’étude précédente a montré que, dans l’hypothèse où le coeffi-
cient de réflexion globale était égal au rapport (z – σ ) ⁄ (z + σ ) , le
D’où une première définition : coefficient d’absorption dépendait de plusieurs paramètres dont
Le coefficient d’absorption d’un matériau est égal au rapport les plus importants sont :
de la puissance dissipée dans une portion de surface S du maté- — l’angle d’incidence de l’onde supposée plane (θ ) ;
riau à la puissance du faisceau incident limité par le contour de S. — la résistance « interne » (réduite) du matériau (r ) ;
Dans l’exemple précédent, ce rapport s’exprime par : — sa réactance « interne » (réduite) (x ) ;
— sa porosité (σ ).
ED 4r σ
α = ------
- = ----------------------------------
- Dans l’exemple développé au paragraphe 1.1.3, le coefficient
Ei ( r + σ )2 + x 2 d’absorption sous incidence normale avait comme expression :
De cette première approche, on retiendra que la puissance trans- 4r σ
α = -------------------------------
-
portée par le faisceau incident ( E i = Sp i2 / ρ 0 c ) n’est pas la puis- ( r + σ )2 + x2

sance reçue par S ( E 0 = Sp 02 / ρ 0 c ) , de même que la pression Sous cette forme, il apparaît clairement que le coefficient passe
par un maximum pour x = 0, c’est-à-dire quand la fréquence de
exercée sur S par le faisceau incident (pi ) n’est pas égale à la pres-
l’onde incidente coïncide avec la fréquence propre des pistons.
sion globale (p0) exercée sur cette même surface. Cette fréquence propre est donc la fréquence centrale de la bande
Une seconde méthode peut être introduite en définissant le coef- active du matériau (figure 5) ; elle est la solution de l’équation :
ficient d’absorption par le rapport :
km + ka
m ω + ρ 0c π a 2X 1 – ------------------
- = 0
Énergie incidente – Énergie restituée
α = ------------------------------------------------------------------------------------------------------- ω
Énergie incidente ρ0 c 2 ( π a 2 ) 2
avec ka = -------------------------------- ,
Cette définition est acceptable à la condition que le terme V
X1 ≈ mr ω
« restituée » prenne en compte, à la fois, l’onde réfléchie et l’onde
réémise. Soit :
Dans l’exemple précédent, ces deux ondes étant planes et spé- 1 km + ka
f 0 = ------- ------------------
- (9)
culaires, on peut introduire un coefficient de réflexion globale  G : 2 π m + mr
Énergie restituée à la salle À cette fréquence, l’expression de α se réduit à :
 G = --------------------------------------------------------------------------
Énergie incidente
4σr
D’où la seconde définition du coefficient d’absorption : α 0 = -------------------2- = 0 (10)
(r + σ)
Le coefficient d’absorption d’une portion de surface S est la
fraction d’énergie non restituée à la salle par cette surface, L’absorption due à la présence de ce matériau sera d’autant plus
importante que α0 sera plus élevé. Le maximum d’efficacité
soit : α = 1 –  G
d’absorption (figure 6) est donné par :
d α0 4σ(σ – r)
- = 0
---------- = -----------------------
dr ( r + σ )3

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Figure 5 – Variation du coefficient d’absorption Figure 6 – Variation de la valeur maximale du coefficient


d’un matériau avec la fréquence d’absorption d’un matériau avec sa résistance réduite

qui correspond à r = σ. La sélectivité est d’autant plus grande que r est plus faible. Il en
La valeur maximale de α0 obtenue dans ces conditions est : résulte que plus on amortit un diaphragme plus sa bande active
d’absorption s’élargit et plus son efficacité décroît.
( α 0 ) max = 1
Exemple : un panneau (1 m × 0,667 m) de contreplaqué de 1 cm
ce qui revient à dire que, quand l’impédance du matériau est égale d’épaisseur a pour constantes :
à l’impédance du milieu de propagation (vue du matériau), il y a E = 5,5 · 109 Pa, ρm = 600 kg/m3, σ = 0,07, B = 460,4 N · m et
absorption totale. Ce résultat est conforme au principe de l’adapta- ρs = 6 kg/m2.
tion d’impédance qui veut que la puissance transmise soit maximale Sa fréquence de résonance sous vide est de 45 Hz.
quand l’impédance de charge est égale à l’impédance de source. On le monte en diaphragme « posé » à 5 cm d’une paroi rigide.
On peut donc évaluer :
Rappelons que l’impédance du milieu de propagation est, pour 1,4 ⋅ 10 5 × 0,667
une onde plane, égale à ρ0 c (c’est-à-dire 1 en valeur réduite) et — sa raideur acoustique : k a = ------------------------------------------- =1,87 ⋅ 10 6 N ⋅ m –1 ;
0,05
que cette valeur ramenée de S sur la surface des pistons vaut — sa masse : m = ρsS = 6 × 0,667 = 4 kg ;
(N π a2/S ) ρ0 c, c’est-à-dire σ ρ0 c, soit σ en valeur réduite. On — sa raideur propre : keq = m (ω0v )2 = 3,2 · 105 N · m–1 ;
remarque en outre que dans le cas où S < πa2, on retrouve σ = 1.
Dans ce cas, α0 est simplement égal à 4 r /(r + 1)2. 8 ρ 0 S 3/2
— sa masse de rayonnement : ---------  ----- = 0,29 kg .
3  π
Le maximum d’efficacité d’absorption se situera autour de la fré-
1.1.5 Application à différents types de matériau quence :

1.1.5.1 Diaphragmes 1 3,2 ⋅ 10 5 + 1,87 ⋅ 10 6


f 0 = ------- ------------------------------------------------------ = 114 Hz
2π 4 + 0,29
Constitués par principe d’un seul piston de grandes dimensions
(X,Y ), le diaphragme peut être défini par : À cette fréquence, la longueur d’onde est d’environ 3 m et
X1 (2 ka ) = 0,63 ce qui se situe un peu au-dessus de la limite de
S = X Y ; N = 1 ; σ = 1 ; d’où Z 0 = Zε
l’approximation consentie sur mr et conduira à une fréquence
En introduisant : théorique légèrement plus basse.
m la masse du panneau (= ρs X Y ), Si l’on peut régler sa résistance d’amortissement à la valeur
mr sa masse de rayonnement (définie dans la remarque R0 = 410 × 0,667 = 273 N · s · m–1 son coefficient d’absorption théo-
rique sera de 1 à 114 Hz et de 0,5 à 124 Hz. Le panneau se comporte
du § 1.1.3.2) : (8/3) ρ0 (X Y/π)3/2, donc comme un résonateur très sélectif, ce qui n’est jamais le cas en
2
keq la raideur équivalente du piston (définie par k eq = m ω 0v ; pratique car les causes d’amortissement sont multiples : dissipation
mω0v étant la pulsation du piston sous vide), structurelle, fuites entre le panneau et les tasseaux, joints de raccords,
ka la raideur due à la compression d’air de la cavité etc.
(ka = ρ0 c 2 S 2/ V ) = ρ0 c 2 X Y/e,
Pour se rapprocher d’une situation plus réaliste, on peut attribuer une
on peut déterminer la pulsation ω0 à laquelle l’efficacité d’absorption résistance de 103 N · s · m–1 au diaphragme précédent. La variation fré-
du panneau sera maximale : quentielle théorique de son coefficient d’absorption prend alors l’allure
de la courbe a de la figure 7.
k eq + k a
ω0 = --------------------
m + mr 1.1.5.2 Résonateurs de Helmholtz

Le maximum d’absorption dépend essentiellement de la résis- Pour le résonateur de Helmholtz à col encastré (de rayon a et de
tance d’amortissement du système piston-cavité (r, sous forme longueur  ) les relations définies précédemment s’appliquent éga-
réduite) et vaut : lement à condition de prendre :

4r π a2
α 0 = ------------------2- N = 1; σ = --------- ; m = ρ 0 π a 2 ; mr = 8 ρ0 a 3 ⁄ 3
(r + 1) S
( π a2 )2
km = 0 ; k a = ρ 0 c 2 -----------------
Le piston sera d’autant plus absorbant que sa résistance d’amor- V
tissement sera proche de ρ0 c S (r = 1 correspond à Rm = ρ0 c S ).
On est bien en présence d’un phénomène d’absorption sélective
car α décroît au fur et à mesure que ω s’éloigne de ω0.

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Le maximum d’absorption est obtenu lorsque R0 se rapproche de


σ ρ0 c S (ou Rε de σ ρ0 c π a2).
Exemple : un panneau de 10 mm d’épaisseur dont le taux de per-
foration est de 10 % (a = 2 mm ; n = 8 000 trous/m2) est placé à 5 cm
d’une paroi rigide.
Sa fréquence d’absorption maximale devrait se situer aux alentours
de :

340 0,1
f 0 = ---------- --------------------------------------------------------------------------- = 707 Hz
2 π 0,05 [ 0,01 + ( 8 × 0,002 ⁄ 3 π ) ]
Pour obtenir un maximum de sélectivité à cette fréquence il faudra
que la résistance propre de chaque orifice ( R ε ) tende vers
5 · 10–4 N · s · m–1.
Figure 7 – Variation théorique des coefficients d’absorption
À l’inverse, une résistance de 5 · 10–3 N · s · m–1 limiterait le coeffi-
des cinq matériaux décrits au paragraphe 1.1.5
cient d’absorption à une valeur de 0,33.
La courbe c de la figure 7 donne la courbe d’absorption théorique de
ce type de matériau dans une configuration définie par ;
La pulsation propre du résonateur est alors :
Rε = 10–3 N · s · m–1 et σ = 0,1
πa 2
ω 0 = c ------------------------------------
V (  + 8a ⁄ 3 π ) 1.1.5.4 Matériaux poreux à texture rigide et pores ouverts
Exemple : une paroi constituée de parpaings creux, dont les cavi- Ce type de matériau peut être modélisé (ou réalisé) à partir d’un
tés de 1 500 cm3 communiquent avec l’extérieur par un orifice de panneau rigide percé d’un grand nombre de capillaires (plaque multi-
12 cm2, peut être étudiée prévisionnellement à l’aide du modèle perforée).
suivant :
L’impédance acoustique de chaque capillaire étant [1] :
a = 2 cm ;  = 2a ; V = 1,5 L
8ηh 4 ρ0 h
Ces valeurs laissent prévoir une pulsation de résonance voisine de : ----------4- + j ----- ---------2- ω
πa 3 πa

a on en déduit : Rε = 8 π η h ; m = (4/3) ρ0 h π a 2.
ω 0 = c ------------ = 1 300 rad · s –1 soit f 0 = 208 Hz
0,9V Par ailleurs, on a toujours : mr = (8/3) ρ0 a3 (ou 16/3) ρ0 a3 s’il y a
Cependant α0 dépend ici de σ ; ainsi pour σ = 0,1, on aurait : lieu de tenir compte du rayonnement arrière.
Comme km = ka = 0, l’absorption ne présente pas de maximum et
0,4r reste constante dans la limite de validité des relations établies
α 0 = -----------------------2-
( r + 0,1 ) c’est-à-dire : f < 4 · 10–6/a2 (qui correspond à la fréquence limite de
4 500 Hz pour les expressions donnant m et R0) et ka  1 qui est
En l’absence de matériau absorbant dans le résonateur (r = 0) on voit vérifié sur toute la bande audible.
que l’atténuation serait négligeable et le résonateur inefficace.
L’ a b s o r p t i o n s e r a m a x i m a l e p o u r r = σ , c ’ e s t - à - d i r e Exemple : une plaque d’épaisseur h = 2 mm, percée de
Rε = ρ0 c π a2 σ = 0,05 N · s · m–1. 2,8 · 104 capillaires au cm2 (rayon a = 30 µm) aura un coefficient de
porosité σ = 0,8
La courbe b de la figure 7 donne un exemple de la réponse en fré-
quence de ce type d’absorbant pour σ = 0,1 et Rε = 0,15 N · s · m–1. Rm = 9,35 · 10–7 N · s · m–1 → r = 0,81

1.1.5.3 Panneaux perforés m = 9,12 · 10–12 kg et mr = 9,2 · 10–14 kg → x = 8 · 10–6 ω


Un panneau perforé d’épaisseur h situé à une distance e d’une La courbe d de la figure 7 donne l’allure de la réponse en fréquence
paroi (cf. figure 17) est défini par le nombre de trous par unité de de ce type de matériau.
surface : n = N / S et le pourcentage de perforation : N π a 2 / S
c’est-à-dire σ. 1.1.5.5 Matériaux poreux à texture rigide et pores fermés
On a, comme dans le cas précédent : m = ρ 0 h π a 2 ; k m = 0 ; Ces matériaux ne se distinguent des précédents que par le fait
N ρ0 c 2 ( π a 2 ) 2 que les capillaires sont fermés en x = h (au lieu d’être ouverts).
mr = 8 ρ0a3/3 et k a = -----------------------------------
-. On démontre [1] [ou relation (13)] que la fermeture ajoute un
Se
terme de raideur (ka ) à l’impédance et divise les termes d’inertie et
Le panneau est supposé indéformable et Se /N représente le d’amortissement par un facteur 3, d’où :
volume situé derrière chaque trou.
Dans ces conditions, la pulsation d’efficacité maximale vaut : 8 4 8
R ε = ----- π η h ; m = ----- ρ 0 h π a 2 ; m r = ----- ρ 0a 3
3 9 3
N π a2 ρ 0c 2 π a 2 σ π a2
ω0 = - = c -----------------------------------------
--------------- ---------------------------------------------------------- et k a = ρ 0c 2 ---------
S e ( ρ0 h π a 2 + 8 ρ0 a 3 ⁄ 3 ) e [ h + ( 8a ⁄ 3 π ) ] h
on retrouve alors un maximum d’absorption correspondant à :

c 9
f 0 = --------- ---------------------------------------
2 π 4h ( h + 6a ⁄ π )

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mais ce maximum ne donne pas lieu à un phénomène de sélecti- utilisés à titre d’exemple et la figure 7 définit leur zone fréquentielle
vité fréquentielle dans la bande audible compte tenu de la valeur d’efficacité maximale.
trop élevée de f0 .
Exemple : en collant la plaque multiperforée de l’exemple pré-
cédent contre une paroi rigide, on obtient : 1.2 Étude et traitement des caractéristiques
Rε = 3,1 · 10–7 N · s · m –1 → r = 0,27 d’absorption d’une salle
m + mr = 3 · 10–12 kg et ka = 0,2 N · m–1 → x = 2,7 · 10–6 ω – 1,7 · 105/ω
1.2.1 Optimisation de l’acoustique d’une salle
la fréquence propre est rejetée au-delà de spectre audible (40 kHz), ce (traitement interne)
qui entraîne une courbe de réponse dont l’allure est celle de la courbe
e de la figure 7.
L’amélioration de la qualité d’écoute dans une salle comprend
deux aspects qui, malgré leur interdépendance, peuvent être abor-
1.1.5.6 Tableaux récapitulatifs dés séparément :
Le tableau 1 regroupe les différentes formes que peut prendre la — la définition d’une qualité sonore ;
relation (9) selon la nature du matériau utilisé. — la réduction du bruit.
Le tableau 2 montre le mode de détermination des coefficients (0)
d’absorption, sous incidence normale, des cinq formes de matériaux

Tableau 1 – Calcul de la pulsation propre de divers types de matériaux utilisés en absorption de paroi

mr km ka Pulsation d’efficacité
m Amortissement
maximale

Panneau cSX 1 ρ0 c 2 S k 11 e + ρ 0c 2S Sélectivité maximale


ρs S ρ 0 --------------- k11
fléchissant ω
---------------
e
- --------------------------------------------------------
m [ 1 + ( ρ 0 cX 1 ⁄ ωρ s ) ] pour Rm = ρ0 c π a 2

Résonateur 8 ρ0 c 2 ( π a2 ) 2 π a2 Sélectivité maximale


ρ0  π a 2 --- ρ 0 a 3 0
d’Helmholtz 3
-----------------------------
V
- -----------------------------------------
V [  + ( 8a ⁄ 3 π ) ] pour Rm = ρ0 c π a 2 σ

Panneau 8 N ρ 0c 2 ( π a 2 ) 2 σ Sélectivité maximale


perforé ρ0 h π a2 --- ρ a 3 0 ----------------------------------
- ----------------------------------------- pour Rm = ρ0 c π a2 σ
3 0 Se e [ h + ( 8a ⁄ 3 π ) ]
Valeur imposée
Matériau poreux 4 8 3k r
ouvert --- ρ h πa 2 --- ρ 0 a 3 0 kr -----------------------------------------
- 8
R m = --- π η h
3 0 3 4 ρ 0a 2 ( π h + 2a ) 3
Valeur imposée
Matériau poreux 4
--- ρ h πa 2
8
--- ρ 0 a 3 πa 2 9 8
fermé
0 ρ 0c 2 --------- ------------------------------------------ R m = --- π η h
9 0 3 h 4h [ h + ( 6a ⁄ π ) ] 3

(0)

Tableau 2 – Caractéristiques des cinq matériaux étudiés au paragraphe 1.1.5

␴ R⑀ m⑀ k⑀ ␳0 ␲ a 2 x f0 (Hz) r αmax

Panneau 1 277
fléchissant 1 1 000 4,29 2,19 · 10–6 273 0,1f – --------------- 114 3,66 0,67
f
Résonateur 8 · 10–5 41,5
d’Helmholtz 0,1 0,15 134,4 0,515 9,71 ⋅ 10 –4 f – ----------- 208 0,3 0,75
f
Panneau 108,8
0,1 10–3 1,78 · 10–7 3,52 5,15 · 10–3 2,17 ⋅ 10 –4 f – --------------- 707 0,2 0,88
perforé f
Matériau 1,4 ⋅ 10 5
poreux 0,8 9,3 · 10–7 9,2 · 10–12 (1) 1,16 · 10–6 5 ⋅ 10 –5 f – ---------------------- 5k 0,81 1
ouvert f

Matériau 2,74 ⋅ 10 4
poreux 0,8 3,1 · 10–7 3 · 10–12 0,2 1,16 · 10–6 1,7 ⋅ 10 –5 f – ------------------------- 40 k 0,27 0,75
fermé f

(1) Valeur résiduelle. Pour donner un aspect réaliste à la courbe, on prendra arbitrairement kε = 1 N · m –1

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Réglementation acoustique
des bâtiments

par Mathias MEISSER


Ingénieur des arts et Manufactures
Cet article est la version actualisée de l’article C 3 365v2 intitulé « Réglementation
acoustique des bâtiments » rédigé par Mathias MEISSER en 2014.

1. Principes de la réglementation acoustique des bâtiments ......... C 3 365v3 - 2


1.1 Obligations de résultats – Étude et mise en œuvre –
Contrôles a posteriori ................................................................................. — 2
1.2 Bâtiments soumis à des exigences acoustiques réglementaires ........... — 3
1.3 Domaines acoustiques visés...................................................................... — 4
1.4 Les textes et leur évolution – Raisons des modifications
ou remplacement de textes........................................................................ — 4
2. Listes des textes réglementaires ........................................................ — 7
3. Quelques valeurs de performances minimales imposées
aux bâtiments........................................................................................... — 13
3.1 Principales valeurs d’isolements acoustiques entre locaux
de l’immeuble (habitation ou tertiaire) ..................................................... — 13
3.2 Isolements acoustiques des bâtiments dans les secteurs affectés
par les bruits extérieurs.............................................................................. — 14
3.3 Niveaux de pression pondérés du bruit de choc standardisés
réglementaires (habitation et tertiaire) ..................................................... — 14
3.4 Niveaux limites de pression acoustique pondérés A dus
aux équipements du bâtiment ................................................................... — 14
3.5 Exigences de correction acoustique pour certains locaux ...................... — 15
4. Expressions des performances acoustiques des bâtiments
et éléments de construction ................................................................ — 17
4.1 Quelques rappels relatifs à l’utilisation du décibel .................................. — 17
4.2 Isolements acoustiques entre locaux ou entre l’extérieur et un local .... — 19
4.3 Niveaux de bruits de chocs ........................................................................ — 27
4.4 Niveaux de bruit d’équipements ............................................................... — 32
4.5 Indice d’évaluation de l’absorption acoustique d’un matériau αw ......... — 33
5. Conclusion................................................................................................. — 34
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. C 3 365v3

n France, la réglementation relative à la limitation du bruit dans les bâti-


E ments fixe des exigences correspondant à une qualité acoustique minimale
en fonction de la destination des constructions. C’est au maître d’ouvrage de
prendre en considération des circonstances particulières et éventuellement de
demander que soient réalisées des performances supérieures aux exigences
réglementaires. Cela devrait être notamment le cas lorsque le bâtiment prévu est
situé dans un environnement particulièrement calme.
La réglementation acoustique des bâtiments traite principalement les
constructions neuves, additions ou surélévations d’immeubles.
Les textes réglementaires relatifs aux caractéristiques acoustiques des bâti-
ments s’imposent à tous les constructeurs. Ces textes sont parsemés de
termes qui ne sont pas toujours compris de tous :
Parution : novembre 2021

– niveaux de pression acoustique ;


– décibels ;

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RÉGLEMENTATION ACOUSTIQUE DES BÂTIMENTS ________________________________________________________________________________________

– décibel pondéré A ;
– intervalles d’octave centrés sur une fréquence ;
– spectre de bruit ;
– isolement acoustique normalisé pour un bruit rose à l’émission ;
– isolement acoustique standardisé ;
– niveau de pression du bruit de choc standardisé ;
– durée de réverbération ;
– aire d’absorption équivalente…
Pendant trente ans, période qui sépare la première réglementation acous-
tique applicable aux bâtiments d’habitation (14 juin 1969) de la dernière
(30 juin 1999), les méthodes de prévision des performances acoustiques
d’un bâtiment se sont affinées, mais le vocabulaire utilisé, les unités et les
méthodes de calcul n’ont pas varié. Ainsi, les constructeurs ont pu se forger
des réflexes permettant d’adapter les moyens à mettre en œuvre aux obliga-
tions de résultats.
En 2000, il a été nécessaire de « traduire » les performances acoustiques des
bâtiments et des éléments de construction en « langage européen » précisé
dans les normes européennes d’application obligatoire. Il en a résulté une
modification de la terminologie acoustique, de l’expression des résultats et des
modes de calcul. Il nous a paru indispensable que cette présentation de la
réglementation acoustique des bâtiments montre les différences entre ce qui a
été pratiqué pendant trente ans et ce qui doit être utilisé maintenant. Nous
avons supposé toutefois que les notions de base, décibel, décibel A, spectre de
bruit étaient déjà acquises par le lecteur. Néanmoins, l’unité « décibel » étant
particulière, un rappel d’outils permettant sa manipulation sera fait.

1. Principes ■ Incertitude sur les résultats


Ainsi la « chaîne complète » objectifs à atteindre, étude, réalisa-
de la réglementation tion, contrôle est en place. Or chacune des étapes est affectée par
une incertitude :
acoustique des bâtiments – les méthodes de prévision plus ou moins sophistiquées utili-
sées par les concepteurs ne conduisent qu’à une estimation du
résultat probable ;
La démarche française visant à donner aux constructions une – les performances des matériaux mis en œuvre par les entre-
qualité acoustique minimale est originale par rapport à celle prises ne sont pas connues au décibel près, qu’elles soient issues
des autres pays européens : le maître d’ouvrage d’un immeuble de mesures en laboratoire, de l’expérience acquise ou qu’elles
d’habitation s’engage, dans son dossier de demande de permis soient communiquées par les fabricants ;
de construire, à respecter les règles générales de construction – la mise en œuvre est plus ou moins précise (respect des épais-
contenues dans le code de la construction et de l’habitation, seurs de parois, jonctions de matériaux différents, …) ;
le respect de ces règles pouvant être contrôlé par l’Administra- – les mesures de réception sont simplifiées.
tion en fin de travaux. En cas de non-conformités, le maître
d’ouvrage est condamné, notamment, à réaliser des travaux La liste des responsables des résultats est longue :
confortatifs. – le maître d’ouvrage qui s’engage à respecter le règlement ;
– le ou les concepteurs ;
– les fabricants de produits ;
– les laboratoires ;
1.1 Obligations de résultats – – les entreprises ;
Étude et mise en œuvre – – les contrôleurs.
Contrôles a posteriori Il faudrait ajouter « et le législateur » qui demande que le résul-
tat final obtenu à partir des mesures de réception, données au
En acoustique, le maître d’ouvrage s’étant engagé à respecter dixième de décibel, soit arrondi au décibel le plus proche et que,
les exigences réglementaires, fixées dans la majorité des cas si ce résultat se termine par 0,5 dB, on arrondisse au décibel le
sous la forme d’obligations de résultats, demande aux concep- plus proche « favorable à l’ouvrage ». S’il s’agit d’un isolement
teurs et entrepreneurs de prévoir et réaliser les dispositions per- acoustique qui doit être élevé, on arrondit vers le haut. Si c’est un
mettant de les obtenir, ce qui suppose une étude prévisionnelle niveau de pression acoustique qui doit être faible, on arrondit vers
et l’exécution des travaux prévus par cette étude. Lorsque la le bas.
construction est terminée, des mesures de contrôle a posteriori
peuvent être effectuées par l’Administration car, en acoustique, Exemple un résultat d’isolement acoustique de 52,5 dB sera
contrairement à d’autres domaines essentiels tels que l’isolation arrondi à 53 dB. Si le résultat avait été de 52,4 dB, il aurait été arrondi
thermique et la protection contre l’incendie, les mesures de à 52 dB : un dixième de décibel mesuré peut conduire à 1 décibel
réception sont possibles. d’écart sur le résultat final.

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Il a donc été décidé d’interpréter les résultats de mesures en peut pas maîtriser le bruit qui sera réellement émis dans les locaux
considérant une incertitude globale de 3 dB ou 3 dB(A). Dans les émission : la notion d’isolement acoustique suffisant n’existe pas
premiers textes réglementaires, jusqu’en 1994, cette incertitude car il suffit d’augmenter le niveau sonore dans le local d’émission
était appelée « tolérance » pour que le voisin soit gêné.
■ La mise en œuvre et l’incertitude La réglementation acoustique des bâtiments impose des perfor-
mances minimales pour ne pas être gêné dans le cas de l’utilisa-
L’exploitation de 160 configurations de constructions tradition- tion normale des locaux. Si ces performances minimales ne sont
nelles réalisées avec une mise en œuvre courante a montré que pas obtenues, les locaux testés pourraient être déclarés impropres
93 % des écarts « prévision – mesure » étaient compris entre – 3 et à leur destination.
+ 3 dB avec autant d’écarts positifs que négatifs (la moyenne des
écarts était de 0,06 dB).
Dans 50 cas de mise en œuvre soignée, 100 % des écarts étaient 1.2 Bâtiments soumis à des exigences
dans cette fourchette. acoustiques réglementaires
■ Utilisation de l’incertitude
■ Constructions à usage d'habitation
L’incertitude est à prendre en compte lors de l’interprétation
Le premier secteur qui a bénéficié d’une réglementation acous-
des résultats de mesures de réception. Elle n’est pas à utiliser
tique est celui des constructions neuves à usage d’habitation. Dès
dans les études prévisionnelles : tous les résultats prévisibles
1958, une notice technique du Centre Scientifique et Technique du
doivent être strictement conformes, voire supérieurs, aux valeurs
Bâtiment énonçait un certain nombre de contraintes acoustiques
exigées par la réglementation. On a bien besoin des 3 dB d’incer-
qu’il était recommandé de respecter dans les immeubles d’habita-
titude globale finale pour tenir compte des incertitudes de chaque
tion. Cette notice était rendue obligatoire pour les constructions
étape de la chaîne « prévision – mesure ».
réalisées avec l’aide de l’État par le CPTFMU (Cahier des Prescrip-
■ Remplacement des obligations de résultats par des obligations tions Techniques Fonctionnelles Minimales Unifiées). Elle préci-
de moyens sait la notion « d’isolement acoustique suffisant » imposé par un
décret du 22 octobre 1955.
Il est à noter que toutes les performances acoustiques ne sont
pas prévisibles ou mesurables. Dans les quelques domaines où Puis, le Code de l’urbanisme a mis en place pour tous les bâti-
c’est le cas, la réglementation remplace les obligations de résul- ments d’habitation, aidés ou non, la démarche « obligations de
tats par des obligations de moyens. résultats – engagement du demandeur du permis de construire –
contrôles a posteriori – sanctions en cas de non-conformité ». Cela
Par exemple, l’objectif visé dans la transmission du bruit d’une circu- s’est traduit, en 1969, par un décret « règles générales de construc-
lation commune vers un logement, une salle de classe ou une chambre tion applicables aux bâtiments d’habitation » et un arrêté qui fixait
d’hôtel est de réduire le bruit à l’émission dans la circulation par un trai- ces règles en matière d’isolation acoustique pour les bruits produits
tement acoustique pour que le bruit à la réception soit diminué. L’étude à l’intérieur de l’immeuble. L’arrêté de 1969 a été modifié en 1975
est possible grâce à des logiciels qui nécessitent une modélisation du pour tenir compte de l’expérience acquise.
cas à traiter qui peut être extrêmement complexe, notamment si la cir- Depuis, il y a eu, en 1978 un deuxième arrêté visant l’isolation
culation comporte des volumes couplés par les cages d’escaliers. Le des habitations vis-à-vis des bruits extérieurs de circulation rou-
législateur a préféré remplacer l’obligation de résultat par une obligation tière ou ferroviaire. Ces textes ont été révisés en 1994 pour l’arrêté
de moyens : l’introduction dans la circulation d’une aire d’absorption de 1969 modifié (ce qui a donné l’appellation NRA – nouvelle
équivalente proportionnelle à la surface au sol de la circulation. réglementation acoustique) et en 1996 pour l’arrêté de 1978.
On trouve un autre exemple dans la réglementation acoustique des En 1999, la NRA a fait l’objet d’une adaptation aux règles euro-
bâtiments d’habitation adaptée aux pratiques de construction dans les péennes, sans modification de la hauteur des exigences.
départements d’outre-mer. Dans ces départements, l’aération des loge-
Enfin, il a fallu attendre jusqu’en 2013 pour que l’arrêté de 1996,
ments et la recherche du confort d’été se font par des ouvertures en
relatif aux bruits extérieurs de trafic routier, ferroviaire ou aérien,
façade, sans fenêtres mais avec des ventelles pour assurer l’intimité.
soit lui aussi adapté aux règles européennes et complété par un
Dans ce cas, l’isolement acoustique entre logements voisins est quasi-
certain nombre de dispositions.
ment impossible à mesurer, la règle à appliquer pour réaliser ces
mesures étant de fermer les portes et les fenêtres. Une autre solution ■ Bâtiments autres que d’habitation
pour l’aération est d’équiper les ouvertures en façade par des fenêtres
et d’avoir recours à la climatisation des logements. Les ressources limi- Pour les bâtiments autres que d’habitation, il n’y a que les
tées en énergie électrique de ces départements interdisent cette incita- hôtels et les locaux de travail qui étaient soumis à des règles
tion à la climatisation généralisée. C’est pourquoi le texte réglementaire, fixées par arrêtés. Pour les hôtels, seuls ceux qui faisaient l’objet
pour ces départements, remplace les obligations de résultats par des d’une demande de classement devaient répondre aux exigences.
obligations de moyens (masses surfaciques de parois de séparation, dis- Quant aux locaux de travail, le but du texte était de réaliser une
tance entre deux ouvertures en façade de logements différents …). correction acoustique des locaux afin de protéger les travailleurs
contre les risques de surdité.
■ Prise en compte de la réglementation acoustique La loi du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit a
prévu deux séries de textes réglementaires :
Pour les opérations de logements dont la demande de permis
de construire a été déposée depuis le 1er janvier 2013, le maitre – l’un relatif aux établissements dans lesquels s’exercent des
d’ouvrage doit fournir à l’Administration une attestation de prise activités bruyantes, telles que la musique amplifiée ;
en compte de la réglementation acoustique à établir à l’achève- – l’autre relatif aux bâtiments autre que d’habitation.
ment des travaux (voir le § 1.4.3) Il en est résulté un décret et un arrêté du 15 décembre 1998 relatif
aux prescriptions applicables aux établissements ou locaux recevant
■ La réglementation et le confort du public et diffusant à titre habituel de la musique amplifiée à
Enfin, il faut préciser que la réglementation acoustique des bâti- l’exclusion des salles dont l’activité est réservée à l’enseignement de
ments ne vise par le confort des occupants ou des utilisateurs. Pour la musique et de la danse. De même un décret du 9 janvier 1995
approcher le confort, il faudrait que les exigences de performances relatif aux caractéristiques acoustiques de certains bâtiments autres
des bâtiments soient liées au niveau de bruit de fond dans les que d’habitation et de leurs équipements donne la liste des établis-
espaces occupés. Mais, même si c’était le cas, le constructeur ne sements qui seront soumis à des exigences : tout établissement

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d’enseignement, de santé, de soins, d’action sociale, de loisirs et ISO 140. Ce sont les comparaisons avec une courbe de référence
de sports, ainsi que les hôtels et établissements d’hébergement à qui ont été choisies.
caractère touristique. Pour la France, cela s’est traduit par l’obligation de modifier le
Depuis 2003, parmi les bâtiments autres que d’habitation, seuls vocabulaire utilisé auparavant et d’adapter les méthodes de
les établissements d’enseignement, de santé et les hôtels sont sou- calcul. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la NRA (nouvelle
mis à des obligations de résultats acoustiques fixées par arrêtés. réglementation acoustique) relative aux caractéristiques acous-
tiques des bâtiments d’habitation, datant du 28 octobre 1994 a été
remplacée par l’arrêté du 30 juin 1999, qui est, en quelque sorte,
Notons que rien n’est prévu pour les immeubles de la traduction en « langage européen » de cette NRA. Nous verrons
bureaux. C’est au maître d’ouvrage de définir la qualité acous- dans ce qui suit quelles sont les différences dans chacun des
tique qu’il souhaite. Pour l’aider dans cette tâche, l’AFNOR a domaines traités par la réglementation acoustique.
publié en 2006 la norme NF S 31-080 – Bureaux et espaces
associés – Niveaux et critères de performances acoustiques
par type d’espace. Cette norme propose les performances à 1.4.1 Caractéristiques acoustiques
satisfaire pour atteindre trois niveaux de qualité acoustique à des bâtiments d’habitation
choisir pour tout ou partie de l’opération.
■ Arrêté du 14 juin 1969 – Isolation acoustique dans les bâtiments
d’habitation
Il s’agit du premier texte réglementaire fixant des exigences
1.3 Domaines acoustiques visés acoustiques dans tous les immeubles d’habitation neufs.
Tous les arrêtés relatifs aux caractéristiques acoustiques des Les exigences d’isolation aux bruits aériens entre locaux de
bâtiments, du secteur de l’habitation ou du secteur tertiaire, fixent l’immeuble (article 1er) n’étaient pas exprimées sous la forme
des exigences dans les domaines suivants : d’isolements acoustiques : il était demandé de ne pas dépasser
– isolements acoustiques aux bruits aériens entre locaux à l’inté- dans les pièces de réception un niveau de pression acoustique en
rieur de l’immeuble ; dB(A) lorsqu’un bruit rose défini par son spectre (niveau sonore
– isolation vis-à-vis des bruits de chocs sur les planchers ; égal dans chaque intervalle de fréquences entre l’octave centré
– isolation des bâtiments vis-à-vis des bruits de l’espace extérieur : sur 125 Hz et l’octave centré sur 4 000 Hz) était produit dans
bruits de circulation routière ou ferroviaire, bruits d’avions ; l’immeuble, à l’extérieur du logement considéré.
– correction acoustique de certains locaux et aire d’absorption Très rapidement, les acousticiens ont traduit ce type d’exigence
acoustique minimale à prévoir dans les circulations internes au en isolement acoustique exprimé en dB(A) pour un bruit rose à
bâtiment ; l’émission (Voir § 4.2.6.1).
– limitation des bruits d’équipements de l’immeuble, qu’il s’agisse
d’équipements individuels ou collectifs ou d’équipements à fonc- À titre d’exemple, les exigences de l’arrêté correspondaient à un isole-
tionnement permanent ou intermittent. ment acoustique DnAT de 51 dB(A) en réception dans toutes les pièces
énumérées ci-dessous pour un bruit émis dans un autre logement.

1.4 Les textes et leur évolution – Raisons • Pour les bruits aériens, les locaux de réception considérés
des modifications ou remplacement étaient les pièces principales (séjour, chambres), les cuisines,
de textes salles d’eau et cabinets d’aisance. Les exigences étaient les
mêmes pour tous ces locaux.
Un récapitulatif de ces textes est donné dans les tableaux 1, 2, • Pour les bruits d’impacts (article 2), appelés actuellement
3, 4, 5, 6 et 7 du § 2. « bruits de chocs », seules les pièces principales étaient
considérées comme locaux de réception.
■ Avant le 1er janvier 2000, la France et les autres pays européens
• Pour les bruits d’équipements (article 3), il fallait lire le décret du
avaient l’habitude d’exprimer les performances acoustiques des
14 juin 1969, pour comprendre qu’il s’agissait des équipements
éléments de construction et des bâtiments sous la forme de
extérieurs au logement considéré et toutes les pièces des loge-
valeurs uniques issues de l’exploitation des courbes des perfor-
ments pouvaient être prises comme locaux de réception.
mances par intervalles de fréquences. Les méthodes utilisées en
France n’étaient pas les même que dans les autres pays : la France • Quant à l’article 4, il précisait les conditions de mesures – au
caractérisait les performances par des valeurs globales en décibels centre des locaux de réception dotés d’une durée de réverbé-
pondérés A (dB(A)), alors que la plupart des autres pays utilisaient ration de 0,5 seconde à toutes les fréquences –, et introduit une
des comparaisons avec des courbes de référence. Il n’y a pas de tolérance de 3 dB(A) à prendre en compte lors des mesures.
corrélation entre les résultats obtenus à l’aide des deux méthodes.
Avant le 1er janvier 2000, depuis la réglementation de juin 1969 Encadré 1 – Durée de réverbération
relative à l’isolation acoustique dans les bâtiments d’habitation,
les intervalles de fréquences utilisées dans les calculs des valeurs Quelle est la raison de l’introduction d’une durée de réverbé-
uniques obtenues en laboratoire commençaient au tiers d’octave ration de référence de 0,5 s à toutes les fréquences dans les
centré sur 100 Hz et se terminaient au tiers d’octave centré sur locaux de réception ?
5 000 Hz. Pour les valeurs uniques issues de mesures in situ, les Pour le même bruit à l’émission, le niveau de pression
calculs prenaient en compte les intervalles d’octave centrés sur acoustique mesuré dans le local de réception dépend des
125, 250, 500, 1 000, 2 000 et 4 000 Hz. Dans les autres pays les dimensions de ce local, mais aussi de la quantité de matériaux
calculs s’arrêtaient au tiers d’octave centré sur 3 150 Hz et à absorbants acoustiques qu’il contient, que ces absorbants
l’octave centrée sur 2000 Hz. soient liés au mobilier ou aux revêtements de parois. Le
■ À partir du 1er janvier 2000, il est obligatoire d’utiliser dans toute constructeur fournit un local de dimensions données, mais il
l’Europe les valeurs uniques et leurs méthodes de calcul précisées n’est pas responsable du mobilier qui sera introduit par l’occu-
dans la série de normes EN ISO 717, diffusées par l’AFNOR sous la pant et des revêtements de parois qui seront mis en place par
référence NF EN ISO 717. De même les méthodes de mesures en cet occupant. Il ne peut donc pas prévoir le niveau à la récep-
laboratoire et in situ sont définies dans la série de normes NF EN tion qui sera perçu pour le bruit à l’émission utilisé.

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du bâtiment extérieurs à ce logement (article 2) sont exprimées


Encadré 1 – Durée de réverbération (Suite) sous la forme d’isolements acoustiques normalisés en dB(A) pour
un bruit émis ayant un spectre rose (même niveau sonore dans
C’est pourquoi, à partir de l’isolement acoustique brut chaque intervalle d’octave). Ces exigences ont été augmentées de
constaté lors des mesures il faut calculer l’isolement acous- 3 dB(A) par rapport à celles des deux textes précédents.
tique qu’on aurait mesuré si le local avait eu les caractéris-
tiques acoustiques internes indiquées par le règlement. En Par exemple DnAT de 54 dB(A) au lieu de 51 dB(A) entre un loge-
France il s’agit d’une durée de réverbération de référence. ment et la pièce principale d’un autre logement.
Dans beaucoup d’autres pays, il s’agit d’une aire d’absorption
acoustique de référence (qu’on obtient à partir de la mesure Il est demandé une correction acoustique des circulations com-
de la durée de réverbération). munes de l’immeuble (article 3), sous la forme d’une obligation de
La durée de réverbération de 0,5 seconde dans tous les moyens (mise en place d’une aire d’absorption équivalente)
intervalles d’octave utilisés in situ est voisine de celle qu’on
mesure fréquemment dans une chambre à coucher normale- Remarque
ment meublée. Pour des raisons de possibilités techniques, il était difficile
Remarques : d’envisager une augmentation de 3 dB(A) entre une circula-
– la durée de réverbération de 0,5 seconde n’est pas un tion commune et une pièce principale d’un logement, surtout
objectif à atteindre par le constructeur. Il ne s’agit que d’une s’il n’y a que la porte palière pour passer de la circulation au
valeur de calcul ; séjour du logement. Il a donc été choisi, non pas d’augmenter
– le calcul de l’isolement acoustique dit « normalisé ou stan- l’exigence d’isolement acoustique mais de diminuer le bruit
dardisé », qu’on aurait si la durée de réverbération du local de émis dans la circulation par la mise en place d’une surface
réception avait été de 0,5 seconde, permet la comparaison des importante d’absorbants acoustiques dans cette circulation.
résultats obtenus avec les valeurs exigées par la réglementa-
tion. Il permet également de contrôler l’homogénéité des
Pour les bruits d’impacts sur le sol (article 4), l’exigence est ren-
résultats obtenus dans le même immeuble ou dans des
forcée de 5 dB(A).
immeubles similaires ;
– le raisonnement a été fait en pensant aux logements. Mais, Il est introduit des niveaux sonores à ne pas dépasser dans les
c’est cette même valeur de référence de 0,5 seconde qui est utili- pièces principales et dans les cuisines d’un logement pour les équipe-
sée si le local de réception est de grand volume avec une réver- ments individuels de chauffage ou de climatisation de ce logement.
bération réelle de fonctionnement beaucoup plus importante Pour les bruits d’équipements extérieurs au logement consi-
L’isolement acoustique qui est ressenti par l’occupant du déré, il n’est plus fait de distinction entre les équipements indivi-
local de réception est l’isolement acoustique brut (différence, duels et les équipements collectifs. En conséquence, les niveaux à
sans correction, entre le niveau sonore à l’émission et le niveau ne pas dépasser dans les pièces principales pour les équipements
sonore à la réception). individuels extérieurs au logement testé sont diminués de 5 dB(A)
par rapport aux anciens textes.
■ Arrêté du 22 décembre 1975 Il est exigé un isolement acoustique minimal vis-à-vis des bruits
extérieurs de circulation routière.
Cet arrêté a modifié les articles 1 (bruits aériens) et 3 (bruits
d’équipements) de l’arrêté du 14 juin 1969. ■ Les arrêtés du 30 juin 1999
• Pour les bruits aériens, il a conservé l’exigence en réception Ces arrêtés remplacent les arrêtés du 28 octobre 1994. Ils ne sont
dans les pièces principales et il a augmenté le niveau de pres- que leur transcription en termes de performances acoustiques, d’uti-
sion acoustique à ne pas dépasser dans les cuisines, salles lisation obligatoire en Europe à partir du 1er janvier 2000.
d’eau et cabinets d’aisance de 3 dB(A), ce qui revient à dimi-
nuer l’exigence pour ces locaux. Les niveaux d’exigences n’ont pratiquement pas été modifiés,
par contre l’expression des résultats a changé :
• Pour les bruits d’équipements, l’exigence reste la même pour
les niveaux mesurés en pièce principale, elle est diminuée de – les isolements acoustiques normalisés pour un bruit rose à
3 dB(A) dans les cuisines et elle est supprimée dans les l’émission DnAT exprimés en dB(A) qui étaient calculés en considé-
autres locaux (salles d’eau et cabinets d’aisance). rant les six intervalles d’octave de 125 Hz à 4 000 Hz sont rempla-
cés par des isolements acoustiques standardisés DnTA, exprimés
■ Les arrêtés du 28 octobre 1994 en dB à calculer en considérant les cinq intervalles d’octave de
• Le premier est relatif aux caractéristiques acoustiques des 125 Hz à 2 000 Hz (cf. § 4.2.6.2 et 4.2.6.3) ;
bâtiments d’habitation, le deuxième est relatif aux modalités – les niveaux de pression acoustique normalisés de bruits
d’application de la réglementation acoustique (c’est-à-dire d’impact LnAT exprimés en dB(A) sont remplacés par des niveaux
l’application du précédent). de pression pondérés du bruit de choc standardisés expri-
més en dB (cf. § 4.3.3.3) ;
Ces arrêtés ont été pris après une vaste concertation avec les – les niveaux de pression acoustique normalisés LnAT, exprimés
professionnels du bâtiment visant à réviser les exigences. en dB(A), pour les bruits d’équipements restent inchangés.
• L’arrêté « modalités d’application » reprend, en les dévelop- En ce qui concerne les isolements entre locaux, les modifications
pant, les dispositions des articles 4 des arrêtés de 1969 et 1975. apportées sont, non seulement dans les domaines du vocabulaire et
C’est lui qui précise la valeur de l’incertitude (appelée ancien- des unités à utiliser, mais également dans la valeur unique de l’iso-
nement « tolérance ») annoncée dans l’arrêté « exigences ». De lement. Pour la même configuration et les mêmes valeurs mesurées
plus, il précise que les mesures sont à faire en appliquant la dans les intervalles d’octave, l’isolement acoustique standardisé
norme NF S31-057 – vérification de la qualité acoustique des pour un bruit rose à l’émission est de 1 dB inférieur à la valeur en
bâtiments – parue en 1982 et abrogée en 2008 (cf. l’encart dB(A) de l’isolement acoustique normalisé ancien. Cela vient du fait
relatif au Conseil National du Bruit, page 8). que le bruit rose en dB(A) calculé entre l’octave 125 Hz et l’octave
• L’arrêté « caractéristiques acoustiques » introduit un certain 2 000 Hz est de 1 dB inférieur à celui calculé entre 125 et 4 000 Hz.
nombre de nouveautés. Par contre pour les bruits de trafic, les valeurs sont les mêmes.
Les exigences d’isolation acoustique entre les pièces d’un loge- En ce qui concerne les bruits de choc, il n’y a pas de corrélation
ment vis-à-vis des bruits aériens produits dans les autres locaux entre les valeurs anciennes en dB(A) et les valeurs des .

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Remarques Encadré 2 – Cas de lignes ferroviaires


Lorsque l’arrêté du 30 juin 1999 est paru, beaucoup de conventionnelles (Suite)
constructeurs ont cru que l’exigence d’isolement entre loge-
ments avait diminué, car elle était passée de 54 dB(A) en 1994 Pour les voies ferroviaires conventionnelles, la méthode for-
à 53 dB en 1999, alors qu’en fait le décibel d’écart est dû au faitaire peut conduire à un isolement de façade de 3 dB infé-
passage d’un DnAT à un DnTA. rieur à celui exigé pour les lignes ferroviaires à grande vitesse,
alors que la méthode précise aboutit à un isolement de 3 dB
de plus. Le constructeur n’a pas intérêt à utiliser la méthode
Nombreux sont ceux qui ont souri en constatant que l’isolement précise pour les voies ferroviaires conventionnelles.
acoustique DnAT était devenu un isolement DnTA, alors qu’il était • L’article 6 de l’arrêté du 30 mai 1996, modifié, décrit une
utile de différencier ces deux isolements car leur calcul est différent. méthode forfaitaire permettant de déterminer les exigences d’iso-
lements acoustiques de façades en fonction d’un certain nombre
1.4.2 Isolement acoustique des bâtiments de critères, notamment la distance de la façade à la voie et la
d’habitation dans les secteurs affectés catégorie de cette voie. La catégorie de la voie, quelle qu’elle soit
par le bruit : ayant été déterminée en appliquant les dispositions de l’article 4
de l’arrêté, le niveau de référence de la voie n’intervient plus.
■ Arrêté du 30 mai 1996 modifié par l’arrêté du 23 juillet 2013
• L’article 7 de l’arrêté du 30 mai 1996, modifié, décrit une
Cet arrêté remplace l’arrêté du 6 octobre 1978 modifié par méthode précise de détermination des exigences d’isolements
l’arrêté du 23 février 1983. acoustiques de façades des immeubles, soit par calcul, soit
L’arrêté du 30 mai 1996 modifié définit cinq catégories de voies ter- par des mesures acoustiques. Dans les deux cas, le niveau
restres ou ferroviaires, non plus en fonction de l’intensité du trafic, sonore au point de référence de la voie considérée, calculé ou
mais en fonction de niveaux sonores de référence diurnes ou noc- mesuré, est recalé sur la valeur correspondant à la catégorie
turnes observés en un point de référence en bordure de voie. Dans de voie donnée dans deux tableaux, l’un pour les voies rou-
une méthode forfaitaire de détermination des exigences d’isolements tières ou ferroviaires à grande vitesse, l’autre pour les voies
de façades, il précise de façon plus détaillée les correctifs à apporter ferroviaires conventionnelles. Les valeurs figurant dans les
en fonction de situations particulières (angle de vue de l’infrastruc- deux tableaux sont les valeurs moyennes utilisées dans
ture, présence d’écrans, de bâtiments faisant écran, de merlons…). l’article 4 pour déterminer les catégories de voies, soit 3 dB(A)
Il définit plus en détail les éléments de la méthode d’estimation de plus pour les voies ferroviaires conventionnelles que pour
précise du niveau sonore engendré par les infrastructures de les voies ferroviaires à grande vitesse. Il en résulte une exi-
transport, lorsque le maitre d’ouvrage décide de ne pas utiliser la gence d’isolement acoustique de façade plus élevée dans le
méthode forfaitaire qui, normalement, est plus contraignante que cas des voies conventionnelles. L’isolement acoustique de
la méthode précise. façade exigé ne dépendant que de la distance à la voie et de la
catégorie de celle-ci, il aurait fallu ne considérer que le pre-
Pour les voies ferroviaires conventionnelles, la méthode précise
mier tableau relatif aux voies routières et aux ligne ferro-
comporte une erreur qui conduit à la recommandation de ne pas
viaires à grande vitesse et modifier son titre « niveaux sonores
l’utiliser pour ce type de voie (voir l’Encadré 2).
pour les infrastructures routières ou ferroviaires ».
L’arrêté traite également les bruits d’avions pour lesquels il
exige des isolements acoustiques non plus pour un bruit rose à
l’émission, mais pour un bruit de type trafic routier.
Il ne comporte plus d’exigences relatives à la pureté de l’air et
1.4.3 Attestation de prise en compte
de confort thermique en saison chaude, ces problèmes étant
de la réglementation acoustique
actuellement traités par la réglementation thermique. ■ Origine de la démarche
Enfin, il donne des exigences applicables dans les départements
La réglementation acoustique pour les bâtiments d’habitation et
d’outremer.
les bâtiments tertiaires neufs impose des obligations de résultats
Un arrêté du 3 septembre 2013 illustrant par des schémas et qui pourront être contrôlées a posteriori.
des exemples les dispositions de l’arrêté du 30 mai 1996 modifié
est paru dans le bulletin officiel du ministère de l’Écologie, du Ces dernières années, il y a eu peu de contrôles acoustiques par
développement durable, des transports et du logement. Cet arrêté l’État dans les immeubles d’habitation et pratiquement aucun
n’est pas paru au Journal Officiel. dans les bâtiments du secteur tertiaire. Les quelques contrôles
effectués ont cependant permis de déceler un assez grand nombre
de non-conformités.
Encadré 2 – Cas de lignes ferroviaires Le Comité Opérationnel n° 1 du Grenelle de l’Environnement
conventionnelles (2007), chargé du thème « bâtiments neufs publics et privés », a
souligné la nécessité de garantir et de vérifier la qualité globale
Pour ces lignes, il est recommandé de ne pas utiliser la des bâtiments construits. Il a proposé notamment de mettre en
méthode précise décrite à l’article 7 de l’arrêté du 30 mai 1996, place une obligation pour les maitres d’ouvrage de procéder à des
modifié le 23 juillet 2013 ! autocontrôles acoustiques mis à la disposition de l’administration
• L’arrêté du 30 mai 1996, modifié, indique dans son article 4 d’une part et des occupants d’autre part.
les niveaux sonores de référence permettant de classer les
voies terrestres, routières ou ferroviaires en cinq catégories, la ■ Loi 2010-788 du 12 juillet 2010
catégorie 1 étant la plus bruyante et la catégorie 5 la moins « Un décret en Conseil d’État définit les conditions dans les-
bruyante. Pour les voies ferroviaires conventionnelles, les quelles, à l’issue de l’achèvement des travaux portant sur des bâti-
niveaux sonores de référence sont supérieurs de 3 dB à ceux ments neufs ou des parties nouvelles de bâtiment existant soumis
des lignes ferroviaires à grande vitesse pour être classées à permis de construire, le maitre d’ouvrage fournit à l’autorité qui
dans la même catégorie. Les voies ferroviaires convention- a délivré l’autorisation de construire un document attestant que la
nelles peuvent donc être classées dans la catégorie immédia- réglementation acoustique a été prise en compte par le maitre
tement inférieure à celle d’une voie routière ou d’une voie d’œuvre ou, en son absence, par le maitre d’ouvrage. »
ferroviaire à grande vitesse qui a le même niveau sonore de
La loi vise tous les bâtiments neufs soumis à une réglementa-
référence. C’est ce qu’on a appelé « le bonus ferroviaire ».
tion acoustique, qu’ils soient d’habitation ou du secteur tertiaire.

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________________________________________________________________________________________ RÉGLEMENTATION ACOUSTIQUE DES BÂTIMENTS

■ Décret n° 2011-604 du 30 mai 2011 – traduction des exigences en « langage européen » avec l’expres-
Ce décret ne vise que les bâtiments d’habitation neufs. sion des performances acoustiques par les valeurs uniques à utiliser
à partir du 1er janvier 2000 ;
Il introduit l’obligation de l’attestation dans les articles R. 111-4-2 à – les valeurs des exigences sont déterminées en tenant compte
4-5 du Code de la construction et dans l’article R. 462-4-2 du code de l’incertitude de 3 dB à utiliser lors de l’interprétation des résul-
de l’urbanisme. tats de mesures. Cette incertitude est introduite dans la circulaire
L’attestation est à joindre à la déclaration d’achèvement des interministérielle du 25 avril 2003, parue au journal officiel ;
travaux. – modulation de certaines exigences en fonction de l’expérience
acquise lors de l’application du texte précédent (notamment, dimi-
Le décret précise que cette disposition est applicable aux bâti-
nution de l’isolement acoustique entre salles de classe avec porte
ments d’habitation ayant fait l’objet d’une demande de permis de
de communication) ;
construire déposée à compter du 1er janvier 2013.
– plus grande précision dans les listes de locaux à considérer ;
■ Arrêté du 27 novembre 2012 – traitement particulier des écoles maternelles avec la prise en
compte de leur spécificité (salles de repos, portes avec des disposi-
Cet arrêté est relatif à l’attestation de prise en compte de la
tifs anti-pince doigts).
réglementation acoustique applicable en France métropolitaine
aux bâtiments d’habitation neufs.
Il précise le contenu de l’attestation qui s’appuie sur des constats 1.4.6 Limitation du bruit
effectués en phase d’étude et de chantier et, pour les opérations de dans les établissements de santé
plus de 10 logements, sur des résultats de mesures acoustiques.
L’arrêté du 25 avril 2003 vise la limitation du bruit dans tous les
Un modèle d’attestation est donné en annexe 1 de l’arrêté et une secteurs où peuvent se trouver les patients (salles de consultation,
méthodologie du choix des mesures acoustiques en annexe 2. zones d’hébergement …). L’isolement acoustique requis de 42 dB
Cette attestation a le mérite de rappeler au maître d’ouvrage entre deux chambres de malades peut sembler relativement
que l’acoustique d’un bâtiment doit être une préoccupation dès la faible, mais les enquêtes faites dans des hôpitaux montrent qu’un
conception de ce bâtiment et que la réalisation est une étape isolement trop élevé peut se traduire par un sentiment d’insécu-
importante à surveiller de près. La cohérence des résultats de rité du malade : il n’entend pas les voisins et, en cas de problème,
mesures avec les exigences réglementaires devant être effectuée il ne sera pas entendu.
en fin de chantier dans les opérations de plus de 10 logements L’isolement minimal à respecter permet toutefois de préserver
devrait alors être constatée. Il est à noter, au passage, la subtilité l’intimité.
du vocabulaire à utiliser. Pour les résultats de mesures réalisées à
la demande du maître d’ouvrage, on parle de « cohérences » avec
les exigences, alors que pour les mesures réalisées à la demande 1.4.7 Limitation du bruit dans les hôtels
de l’État, on parlera de « conformité » : seul l’État peut décréter la
conformité d’une opération aux exigences réglementaires. Heu- L’ancien arrêté relatif au classement des hôtels renvoyait aux
reusement les deux mots ont la même initiale et les lettres quali- règles applicables dans les bâtiments d’habitation, c’est-à-dire aux
fiant un résultat de mesure sont les mêmes : C pour conforme ou prescriptions de l’arrêté du 22 décembre 1975 qui demandait un
cohérent, CT conforme ou cohérent avec le secours de la tolé- isolement acoustique normalisé minimal DnAT de 51 dB(A) entre
rance (incertitude) et NC non conforme ou non cohérent. un logement et une chambre d’un logement voisin.
Dans l’arrêté du 25 avril 2003, seule la chambre et éventuelle-
ment sa salle de bains sont considérés comme locaux de réception
1.4.4 Caractéristiques acoustiques des bâtiments vis-à-vis des bruits émis dans tous les autres locaux de l’hôtel.
d’habitation neufs dans les départements L’isolement acoustique standardisé entre deux chambres voisines,
d’outre-mer DnTA de 50 dB, a été conservé et n’a pas suivi l’augmentation
de l’exigence d’isolement acoustique entre logements dans les
Les problèmes liés aux températures, à l’hygrométrie, aux sources
immeubles d’habitation.
d’énergie électrique, à la disponibilité des matériaux, aux habitu-
des constructives (notamment en matière d’aération des loge-
ments) limitent la possibilité d’appliquer dans ces départements
À retenir :
les exigences de la réglementation en vigueur en France métro-
– En France, la réglementation acoustique des bâtiments est
politaine.
sous la forme d’obligations de résultats pouvant être vérifiés
C’est la raison pour laquelle l’arrêté du 17 avril 2009 relatif aux par des mesures en fin de chantier
caractéristiques acoustiques des bâtiments d’habitation neufs – Une obligation de résultat suppose une étude prévision-
dans les départements de la Guadeloupe, de la Martinique, de la nelle possible et des mesures de contrôle réalisables
Guyane et de la Réunion, fixe le plus souvent des obligations de – Lorsque l’étude est trop complexe ou les mesures non réa-
moyens à la place d’obligations de résultats. lisables, l’obligation de résultat est remplacée par une obliga-
Ainsi, on trouve dans l’arrêté des masses surfaciques de plan- tion de moyens.
chers en maçonnerie, des distances minimales à respecter entre les – Une incertitude globale de 3 dB ou 3 dB(A) à utiliser lors
bords des ouvertures en façade de deux logements différents… de l’interprétation des résultats de mesures a posteriori est
prévue par les textes.
Par contre, on retrouve des obligations de résultats (allégées par
rapport à celles de la métropole) lorsqu’il s’agit de protéger le loge-
ment vis-à-vis des bruits de transports terrestres pour les infrastruc-
tures classées dans les trois catégories les plus bruyantes.
2. Listes des textes
1.4.5 Limitation du bruit dans les établissements
d’enseignement
réglementaires
Les principales modifications apportées par l’arrêté du 25 avril Dans cet article, il n’y aura aucun des textes réglementaires eux-
2003 qui a abrogé l’arrêté précédent du 9 janvier 1995 sont les mêmes. Dans les tableaux donnant la liste de ces textes, il y a une
suivantes : colonne réservée au numéro NOR du texte. Ce numéro permet à

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celui qui le souhaite d’avoir rapidement accès à la loi, au décret ou


à l’arrêté à consulter sur le site de Légifrance ; il suffit pour cela Encadré 3 – Le guide n° 6 du CNB
d’indiquer le numéro NOR du texte dans la case prévue à cet effet. (Conseil National du Bruit) (Suite)
Une autre possibilité pour consulter les textes est d’utiliser le
guide n° 6 du Conseil National du Bruit (CNB) « réglementation Après un préambule montrant aux constructeurs (maître
acoustique des bâtiments ». Ce guide contient, non seulement les d’ouvrage, architectes et bureaux d’études, entrepreneurs…)
textes, mais également des recommandations de la commission les risques qu’ils prendraient s’ils ne se préoccupaient pas de
technique du CNB pour les qualités acoustiques des bâtiments qui la qualité acoustique de leurs constructions, le guide est divisé
ne disposent pas d’une réglementation spécifique, ainsi que des en trois volets et une annexe.
avis de cette commission sous forme d’encarts relatifs aux diffi- • Volet A : Réglementation acoustique des bâtiments neufs :
cultés d’interprétation d’une exigence acoustique réglementaire.
– première partie : regroupement des textes réglementaires
Les tableaux récapitulatifs 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 regroupent les relatifs aux bâtiments d’habitation, aux établissements d’ensei-
textes par type de bâtiment ou par type d’activité. gnements, de santé ou aux hôtels ;
■ Bâtiments, extensions ou surélévations d’immeubles : – deuxième partie : isolement acoustique des bâtiments
dans les secteurs affectés par le bruit ;
– tableau 1 : bâtiments neufs d’habitation ;
– troisième partie : attestation de prise en compte de la
– tableau 2 : bâtiments neufs autres que d’habitation – établisse-
réglementation acoustique dans les bâtiments d’habitation ;
ments d’enseignement, de santé, hôtels ;
– tableau 3 : bâtiments existants d’habitation, d’enseignement, – quatrième partie : caractéristiques acoustique des bâtiments
de santé et hôtels. dans les départements d’outre-mer ;
– cinquième partie : textes à caractère plus général – locaux
■ Textes ayant des conséquences sur les bâtiments, en fonction de travail, bruits de voisinage, musique amplifiée, bruits et
des activités pratiquées : sons amplifiés.
– tableau 4 : Musique amplifiée, sons amplifiés ; • Volet B : Recommandations du CNB pour les bâtiments
– tableau 5 : comparaison des décrets « musique amplifiée » et sans réglementation spécifique
« sons amplifiés ; – première partie : établissements d’accueil d’enfants de
– tableau 6 : Bruit au travail ; moins de 6 ans (crèches, haltes-garderies) ;
– tableau 7 : Protection du voisinage.
– deuxième partie : établissements de sports ;
La première colonne des tableaux donne la référence du dernier
– troisième partie : résidences pour personnes âgées, dépen-
texte paru, la deuxième colonne indique la date de parution au Jour-
dantes ou non, résidences pour étudiants ou travailleurs, rési-
nal Officiel, la troisième précise le code NOR qui facilite la recherche
dences de tourisme, internats.
du texte notamment sur le site https://www.legifrance.fr, la qua-
trième rappelle l’objet ou le titre du texte et la cinquième cite, • Volet C : Bâtiments existants
notamment, les textes abrogés qui étaient en vigueur auparavant. – un décret et un arrêté récents (2016 et 2017) relatifs aux
La référence des textes abrogés peut s’avérer utile lorsqu’il y a travaux d’isolation acoustique en cas de travaux de rénovation
des problèmes acoustiques à traiter dans des bâtiments construits importants ;
alors qu’ils étaient en vigueur. – périodes pendant lesquelles les textes anciens étaient
d’application obligatoire.
Par exemple, pour les bâtiments d’habitation, il n’y a pas de réglemen-
tation acoustique applicable à ceux dont la demande de permis de • Annexe : articles des codes repérés dans les textes :
construire a été déposée avant le 1er juillet 1970 (date d’application de De nombreux textes officiels font référence à des articles
l’arrêté du 14 juin 1969). Pour les dépôts de demande de permis de de codes : Code de la construction et de l’habitation, Code de
construire entre le 1er juillet 1970 et le 6 juin 1976, c’est l’arrêté du l’environnement, Code de la santé publique, Code du travail,
14 juin 1969 qui s’applique. Entre le 7 juin 1976 et le 31 décembre 1995, Code de l’urbanisme. Lorsque c’est le cas, ces articles sont
c’est l’arrêté du 14 juin 1969, modifié par l’arrêté du 22 décembre 1975 repérés dans les textes par un nombre et sont reproduits à la
qui s’applique. Entre le 1er janvier 1996 et le 31 décembre 1999, on fin du guide, ce qui évite une recherche qui peut être relative-
devait appliquer l’arrêté du 28 octobre 1994 et depuis le 1er janvier 2000, ment longue.
on doit se référer à l’arrêté du 30 juin 1999, le dernier en date. Au cours de l’élaboration de ce guide, la commission tech-
nique du CNB a relevé un certain nombre de non-concordance
entre textes, de problèmes d’interprétation et de deux pro-
blèmes majeurs que nous évoquons ci-dessous.
Encadré 3 – Le guide n° 6 du CNB
• Références à la norme NF S 31-057 « vérification de la qua-
(Conseil National du Bruit)
lité acoustique des bâtiments » qui est annulée depuis le 9 mai
2008 et n’est plus distribuée par l’AFNOR. Aucun texte ne pré-
Dans ce guide, on trouve notamment toutes les exigences, à cise qu’elle est remplacée par le guide de mesures acoustique
jour, relatives à la qualité acoustique des bâtiments du secteur de la Direction Générale de l’Aménagement du Logement et de
habitation ou du secteur tertiaire neufs ou existants en France la Nature (DGALN) dont la dernière version date d’août 2014.
métropolitaine ou dans les départements d’outre-mer. Dans ce Au début de ce guide, il est écrit « en ce qui concerne les arrê-
vaste champ, il y a des trous qui devraient être comblés petit tés qui font référence à la norme NF S 31-057 pour la méthode
à petit. De plus, les textes évoluent et subissent des modifica- de contrôle, un texte précisera que le présent guide doit être
tions. C’est pourquoi, le guide « réglementations acoustiques utilisé. Pour certains bâtiments tertiaires (établissements
des bâtiments » n’a pas été imprimé ; une version imprimée d’enseignement, de santé et hôtels),… une extension à ce guide
est automatiquement datée et ne comporte pas les textes pos- est en cours de réalisation ». À ce jour, ni le texte annoncé, ni
térieurs à la date de publication. Il est consultable sur le site l’extension prévue ne sont faits.
du ministère de l’Environnement ou sur le site du CIDB.
(Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit). Il est • Une erreur dans la méthode précise d‘évaluation des isole-
mis à jour au plus tard un mois après la publication d’un nou- ments de façade soumise au bruit d’une ligne ferroviaire
veau texte officiel et le mois de mise à jour est indiqué en bas conventionnelle décrite dans l’arrêté du 30 mai 1996 modifié.
à droite de la première page. Ce point a été développé au § 1.4.2.

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Introduction à l’acoustique
des auditoriums
par Jean-Paul VIAN
Chef de la division Acoustique des salles (DAE), CSTB

1. Modélisation. Techniques de prévision .............................................. BR 1 100 - 2


1.1 Approche ondulatoire.................................................................................. — 2
1.1.1 Calcul analytique – Notion de mode ................................................. — 2
1.1.2 Calcul numérique – FEM/BEM ........................................................... — 3
1.2 Approche statistique.................................................................................... — 3
1.3 Approche géométrique ............................................................................... — 5
1.4 Maquettes acoustiques ............................................................................... — 6
1.5 Simulations sonores.................................................................................... — 7
1.6 Synthèse....................................................................................................... — 7
2. Notion de perception psychoacoustique .......................................... — 8
2.1 Perception d’une réflexion.......................................................................... — 8
2.2 Effet de réflexions multiples, réverbération .............................................. — 8
2.3 Intelligibilité de la parole............................................................................. — 9
3. Caractérisation de l’acoustique d’une salle ..................................... — 9
3.1 L’espace perceptif ........................................................................................ — 9
3.2 Évaluation subjective .................................................................................. — 9
3.3 Préférence des musiciens ........................................................................... — 10
3.4 Indices objectifs ........................................................................................... — 10
3.5 Techniques de mesure................................................................................. — 10
3.6 Recommandations pour une « bonne acoustique »................................. — 12
4. Les matériaux............................................................................................ — 13
4.1 Mesure du facteur d’absorption ................................................................. — 13
4.2 Matériaux poreux ........................................................................................ — 13
4.3 Résonateurs et membranes........................................................................ — 14
4.4 Matériaux diffusants.................................................................................... — 15
4.5 Exemples d’absorption de matériaux du bâtiment .................................. — 16
5. L’électroacoustique.................................................................................. — 16
5.1 Sonorisation des locaux publics ................................................................ — 16
5.2 Contrôle de la réverbération....................................................................... — 17
6. Applications à différents types d’espaces ....................................... — 18
6.1 Locaux d’habitation et bureaux.................................................................. — 18
6.2 Salles dédiées à la parole ........................................................................... — 18
6.3 Salles dédiées à la musique ....................................................................... — 18
6.4 Locaux publics sonorisés............................................................................ — 19
6.5 Moyens de transports et ateliers industriels ............................................. — 20
6.6 Salles polyvalentes...................................................................................... — 20
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BR 1 100

’acoustique des salles est un des domaines de l’acoustique qui suscite le


L plus d’intérêt parmi le public et les acousticiens eux-mêmes. Il se distingue
de la plupart des autres domaines de l’acoustique en ce que le son y est
envisagé sous son aspect positif : la communication, la culture, la musique,
alors qu’il est considéré dans beaucoup de domaines de l’acoustique sous son
aspect négatif, c’est-à-dire un bruit source de gêne, ce qu’il est malheureu-
Parution : octobre 2005

sement souvent. On associe volontiers l’acoustique des salles à un art pratiqué


de longue date, entouré parfois d’un certain mystère, comme en témoigne le

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INTRODUCTION À L’ACOUSTIQUE DES AUDITORIUMS _________________________________________________________________________________________

mythe de l’acoustique des théâtres antiques, entretenu du reste par certains


acousticiens. Pourtant, pour complexe que soit le problème de la propagation
du son dans une salle de spectacle, pour complexes que soient aussi les
phénomènes perceptifs qui président à l’appréciation que nous avons d’une
salle, les chercheurs en acoustique – notamment W.C. Sabine il y a environ un
siècle, puis l’école allemande depuis 50 ans – ont su développer des outils et
des méthodes qui permettent maintenant, d’obtenir des résultats fiables,
lorsque bien sûr elles sont utilisées avec les compétences nécessaires.
L’objectif de cet article est de donner un bref aperçu des bases théoriques
nécessaires pour comprendre les principaux problèmes de l’acoustique des
salles, et de présenter les outils et méthodes modernes couramment utilisés
pour maîtriser l’acoustique d’un lieu.

ψ est le potentiel des vitesses : v = – grad ( ψ ) ,


1. Modélisation. p = ρ0 d-------ψ- (ρ0 masse volumique de l’air en kg/m3).
Techniques de prévision dt
Si une source sonore placée en un point A de la salle émet une
impulsion de débit unitaire, le signal reçu au point B est appelé
Le praticien a besoin de méthodes et d’outils lui permettant de « réponse impulsionnelle » de la salle entre A et B (figure 14). La
faire le diagnostic d’une situation acoustique et de prescrire des notion de réponse impulsionnelle joue un rôle très important en
solutions. Comme nous allons le voir, la résolution de l’équation de acoustique des salles, nous y reviendrons. Malheureusement, la
propagation du son avec conditions aux limites complexes n’étant résolution directe du système d’équations n’est en pratique pas
quasiment jamais possible, on a recours à des modélisations qui possible, sauf dans un petit nombre de cas excessivement simple.
toutes présentent des limitations, mais qui sont heureusement fort
utiles. 1.1.1 Calcul analytique – Notion de mode
On décrit brièvement dans ce qui suit les modélisations utili-
sables en acoustique des salles, les outils qui permettent de les On peut exprimer la solution en faisant intervenir les « fonctions
mettre en œuvre, ainsi que leurs avantages et inconvénients et propres » ou modes (de résonance) de la salle. Dans le cas d’une
domaines d’applications respectifs. De nombreux ouvrages pré- salle parallélépipédique de dimensions L x L y L z , dont les parois
sentent en détail ces approches [1] [2] [4] [11]... sont rigides, les modes peuvent être aisément calculés. Leurs
L’objectif idéal serait de pouvoir prédire le champ acoustique en fréquences propres (résonances) sont alors :
tout point d’un espace, connaissant la géométrie de cet espace, les

n -----------
2L o
- + n ------------ o + n ------------ o
propriétés acoustiques des parois et les caractéristiques des 2 2 2
n c
x n c y n c z
sources sonores. fn = (2)
x 2L y 2L z
Le champ acoustique en tout point de l’espace est décrit par le
avec nx , ny et nz entiers positifs ou nuls.
couple ( p , v ) , dans lequel p est la pression acoustique, et v est
On distingue ainsi les modes :
la vitesse particulaire.
— axiaux : faisant intervenir une paire de parois (un seul nj non
nul), (figure 1) ;
— tangentiels : faisant intervenir deux paires de parois (2 des nj
1.1 Approche ondulatoire non nuls) ;
— obliques : faisant intervenir trois paires de parois (les 3 nj sont
C’est l’approche exacte, qui consiste à résoudre l’équation de non nuls).
propagation des ondes dans le volume V de la salle. Les conditions
On peut en déduire la densité de modes :
aux limites sur les parois S délimitant V sont exprimées par
exemple sous forme d’une admittance de paroi : dN f2V
---------- = 4π ------------- (3)
df c3
v (r , ω )
β ( r , ω ) = --------------------------- avec V = Lx ⋅ Ly ⋅ Lz volume de la salle.
p (r , ω )
Si l’on coupe la source sonore à l’instant t = 0, l’énergie
contenue dans chaque mode décroît selon une loi exponentielle :
Les sources peuvent être décrites par leur débit volumique
c’est la réverbération.
Q ( r , ω ). On a alors le système : Notons que lg (eαt ) est proportionnel à αt. La réverbération (ou
décroissance du niveau sonore exprimé en décibels) en fonction
Δψ + k 2 ψ = – Q ( r , ω ) dans V (a )  du temps est une fonction linéaire (figure 12).
 Nota : lg = log en base 10.
∂n ψ + i k β ( r , ω ) ψ = 0 sur S (b ) 
(1) Là encore, le domaine d’application de cette approche est en
pratique très restreint, car le problème est trop complexe pour que
où k = ω /c est le nombre d’onde (ω pulsation de l’onde, c célérité l’on puisse calculer les modes dans n’importe quelles géométrie et
du son), conditions aux limites. Seuls les quelques premiers modes peu-
∂n indique la dérivée normale à la paroi, vent être calculés dans des cas suffisamment simples (géométrie

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________________________________________________________________________________________ INTRODUCTION À L’ACOUSTIQUE DES AUDITORIUMS

Nœud de pression Ventre de pression


pour les modes pour les modes Mode
impairs pairs

p=0 Fréquence

n=2 Figure 2 – Recouvrement des modes


n=1
n=3 Par effet de moyenne, la réponse de la salle devient donc plus
uniforme en hautes fréquences. On peut alors appréhender les
Les parois rigides imposent: modes de façon statistique. Dans une bande de fréquences
vn = 0 et p = pmax contenant un grand nombre de modes d’amortissement similaire
(champ diffus), l’expression de la réverbération (pression quadrati-
que) est alors en moyenne dans le volume :
Figure 1 – Modes axiaux entre parois planes parallèles rigides
2
< p rms > V ≈ p 20 e – A c t /4 V (4)
élémentaire, et parois quasi-rigides). L’intérêt de cette approche est où A est une constante dépendant de l’amortissement moyen
donc en pratique restreinte aux salles de petites dimensions des modes,
(studios par exemple) pour lesquelles les premiers modes se 2
situent dans le domaine audible. p0 est à peu près constant sur un grand nombre de modes.
Il n’existe pas, pour les ingénieurs du bâtiment, d’outils opéra- Le temps de réverbération ou durée de réverbération T R (mesuré
tionnels capables de calculer la solution analytique à des situations en secondes) est défini comme le temps au bout duquel l’énergie
se rencontrant en pratique. Néanmoins, la notion de mode sonore décroît de 60 dB, c’est-à-dire dans un rapport 1 million :
(résonance) est souvent utilisée, surtout aux basses fréquences e–Act/4V = 10–6
dans des locaux de volume assez faible (studios d’enregistrement,
habitacles de transports...). V
⇒ T R = 0,16 ------ (s) (5)
A
1.1.2 Calcul numérique – FEM/BEM avec V volume de la salle,
Si la résolution analytique du système d’équations (1) est en A aire d’absorption équivalente définie par :
général hors de portée, on peut faire appel à l’ordinateur. La
méthode dite des « éléments finis » (FEM), consiste à discrétiser A = ∑ Si αi ( m2 )
l’espace en éléments de volume de petites dimensions (inférieures i :parois
à la plus petite longueur d’onde considérée) et à résoudre l’équation (0)
(0)

de propagation (1)a dans chaque élément de volume. Les conditions C’est la formule de Sabine, découverte voilà près d’un siècle par
aux limites (1)b sont alors partagées par les éléments adjacents à l’acousticien américain W.C. Sabine qui peut être considéré comme
l’élément considéré. Dans la méthode des éléments finis de le père de l’acoustique des salles moderne. C’est sans aucun doute
frontière (BEM), seul le contour entourant le volume est maillé et la formule la plus utilisée en acoustique des salles. En dépit de sa
la solution est obtenue sur ce contour. Le champ dans le volume simplicité, elle fourni une estimation de T R correcte si :
peut alors être obtenu à partir de la solution aux frontières. a) La géométrie de la salle est assez homogène, ainsi que la
Il existe de nombreux logiciels d’éléments finis sur le marché. Ils répartition des absorbants. Par exemple, il faut éviter d’utiliser
ont atteint des performances très intéressantes et leur utilisation cette formule pour des longs couloirs, ou pour une salle dans
devient de plus en plus fréquente en acoustique des salles de petit laquelle une paroi est totalement absorbante.
volume. Le nombre d’éléments de volume qui peuvent être b) Le temps de réverbération n’est pas trop petit, donc A pas
calculés croît à mesure que la puissance des ordinateurs aug- trop grand. En effet, on voit qu’avec cette formule T R ne tend pas
mente. Il est maintenant possible de calculer le champ acoustique vers zéro comme il le devrait, lorsque les parois tendent vers une
dans une petite salle jusqu’à des fréquences de quelques centaines absorption totale (A tend alors vers S, surface totale de parois). On
de hertz. Cette limite va être repoussée, mais probablement pas peut dans ce cas utiliser alors la formule d’Eyring :
assez dans un avenir prévisible pour couvrir toute la bande des
audiofréquences. On peut coupler une modélisation FEM/BEM aux V
T R = 0,16 --------------------------------------- (6)
basses fréquences avec une modélisation géométrique (§ 1.3) aux – S ln ( 1 – α )
hautes fréquences. Enfin, de nouvelles méthodes numériques
pourraient voir le jour prochainement et permettre de repousser les avec S surface totale des parois,
limites actuelles. α = A/S facteur d’absorption moyen des parois,
ln fonction logarithme népérien.
c) L’absorption de propagation reste négligeable en regard de
1.2 Approche statistique l’absorption aux parois (A ). L’absorption de propagation étant pro-
portionnelle à la distance parcourue et croissante avec la fréquence,
En fait, l’équation (3) est à peu près valable pour toute géo- cette restriction s’applique à un compromis entre la taille de la salle
métrie. La densité de modes croît donc avec le carré de la fré- et la fréquence. On peut toutefois remplacer le dénominateur de
quence et plus la fréquence augmente plus les modes se l’équation (5) par (A + 4 mV ) pour tenir compte de l’absorption de
recouvrent (figure 2). propagation. L’absorption de propagation en conditions ambiantes

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Tableau 1 – Absorption de propagation (dB/100 m) pour des conditions atmosphériques standards


(20 oC, 50 % d’humidité relative) dans les octaves 250 Hz à 16 kHz
Fréquence 250 Hz 500 Hz 1 kHz 2 kHz 4 kHz 8 kHz 16 kHz
Absorption .................... (dB/100 m) ≈0 0,28 0,5 1 2,8 9,7 34
m ...................................... (Np/m) (1) ≈0 0,000 64 0,001 2 0,002 3 0,006 5 0,023 0,081
(1) 1 Np (neper) = 8,685 890 dB.

Tableau 2 – Aire d’absorption de sièges (d’après Beranek [3])


Fréquence 62 Hz 125 Hz 250 Hz 500 Hz 1 kHz 2 kHz 4 kHz
Siège occupé ............................ (m2) 0,34 0,52 0,68 0,85 0,97 0,93 0,85
Siège inoccupé ......................... (m2) 0,28 0,44 0,60 0,77 0,89 0,82 0,70

(20 oC, 50 % d’humidité relative) et les valeurs de m correspondan-


tes sont données par le tableau 1. Ces valeurs tendent vers 0 dB aux |H | (dB) 0
basses fréquences.
Nota : à 16 kHz, l’absorption de propagation est en général supérieure à l’absorption aux – 10
parois et correspond à un temps de réverbération de 0,5 s environ quelle que soit la salle
considérée. – 20
En pratique, le principal facteur d’absorption dans les salles est
souvent le public et les sièges. Le tableau 2 donne un exemple – 30
d’absorption de sièges capitonnés. On trouvera d’autres exemples
dans [3] (tableau 8). – 40

Ainsi, le volume d’une salle est-il quasiment fixé par le nombre – 50


N de places et le temps de réverbération désiré :
— musique symphonique : – 60
0 1 000 2 000 3 000 4 000
V TRA
TR ≈2s ⇒ -------- = --------------
- ≈ 10 m 3 En bleu : bande fine
f (Hz)
N 0,16 En blanc : courbe intégrée sur 100 Hz
— théâtre :
Figure 3 – |H | en dB en champ lointain de la source
V TRA (normalisée par rapport à sa valeur maximale)
TR ≈1s ⇒ -------- = --------------
- ≈5 m3
N 0,16
L’acousticien allemand M. Schroeder a calculé la fréquence à par- Plus l’absorption des parois est faible, plus r 0 est petit et le
tir de laquelle on peut considérer que les modes se recouvrent suf- 2
fisamment pour que l’approche statistique soit valide. C’est la champ uniforme dans la salle, p rev ne dépendant quasiment pas
fréquence dite de Schroeder : de la distance r. Si la géométrie de la salle est telle qu’il n’y a pas
de direction de propagation privilégiée, le champ loin de la source
f S = 2 000 T/V ( Hz ) (7)
est dit diffus. C’est le cas idéal que l’on cherche à atteindre dans les
Exemple : pour une salle de volume V = 10 000 m3 et de temps de salles réverbérantes. La densité d’énergie acoustique en champ
réverbération T = 2 s, on obtient f S = 28 Hz. L’approche statistique est diffus vaut :
donc largement justifiée. 2
W r = p rms / ρ 0 c 2 (10)
Le champ sonore en un point d’une salle excitée par une source
sonore ponctuelle est : La figure 3 montre l’amplitude de la réponse fréquentielle |H |
d’une salle entre un point source et un point de réception situé
2 2 2
p rms = p dir + p rev (8) dans le champ diffus. Schroeder a montré que la distribution de |H |
2 Π0 suit une loi de Rayleigh : l’écart-type (normalisé à la moyenne) vaut
avec p dir = ρ 0 c --------------
- pression quadratique du champ direct, 0,523, et les pics de |H | les plus hauts sont 10 à 12 dB au-dessus
4π r 2 de sa moyenne.
2 Π0
p rev = 4 ρ 0 c --------- pression quadratique du champ réverbéré, La distance moyenne parcourue par une onde entre deux
A
r distance à la source, réflexions aux parois est appelée le libre parcours moyen. Son
expression pour un champ diffus est :
Π0 puissance acoustique de la source.
Nota : l’expérience montre que l’énergie réverbérée dépend en fait faiblement de la d = 4 V /S (m) (11)
distance à la source. Des modèles plus sophistiqués, tel celui de Barron et Lee [5], prennent
en compte ce phénomène.
L’approche statistique constitue la base de l’acoustique du bâti-
On définit alors le rayon de réverbération r 0 comme la distance ment (mesures d’isolement, d’absorption...). Elle est aussi large-
pour laquelle : ment utilisée en acoustique des salles pour estimer les niveaux
2 2
p dir = p rev sonores et les temps de réverbération, ainsi que dimensionner la
quantité d’absorbant dans une salle. Elle ne permet pas d’avoir
On obtient alors : accès à des critères plus fins dépendant du profil de décroissance
r0 = A /50 (m) (9) de l’énergie sonore, en particulier dans sa partie précoce.

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BR1100

________________________________________________________________________________________ INTRODUCTION À L’ACOUSTIQUE DES AUDITORIUMS

3
R3d
oRn
ndf
ola
lapf
dpu
Difffraction
Di fraction

ndu
Diffraction

inoto
eccti
Dif
Di ffusion
fusion

fflel
Diffusion

Réé
R
RRééflflexxio
ionndd
e elala ho
sc r Éc
snceène
è
mRu1 Réverb
verbéération
Réverbération
n u dmuur
od
eioxni
éfleflx
RRé
Son direct
Son direct
R2
uurrR 2
u
d umm
d
n
ioctnio
flReécftle

Figure 4 – Son direct, premières réflexions, et illustration de quelques phénomènes d’acoustique des salles (adapté de Beranek [4])

1.3 Approche géométrique


L’approche statistique ne permet pas de prévoir la séquence tem-
porelle des réflexions parvenant à l’auditeur. Or, cette séquence est
perceptivement très importante en acoustique des salles (§ 2).
L’approche géométrique est essentiellement temporelle. C’est la
plus intuitive et la plus ancienne, puisqu’elle était déjà pratiquée
M
par les Grecs et les Romains pour concevoir les théâtres antiques.
Elle est basée sur une analogie avec l’optique. Elle consiste à
considérer que le son se propage en ligne droite et se réfléchit
comme la lumière selon les lois de l’optique géométrique. À l’aide S
d’une règle et d’un rapporteur, elle permet de déterminer l’orien-
tation des surfaces réfléchissantes (murs latéraux, plafond, réflec-
teurs suspendus...) de façon que l’énergie sonore soit distribuée de On peut observer un trajet sonore
la manière voulue (figure 4). simple allant du point source S
au point de réception M en se réfléchissant
De nos jours on utilise l’ordinateur au moyen duquel on est sur un mur.
capable de tirer un très grand nombre de rayons depuis la source
(≈ 100 000 rayons) et de les suivre dans leurs réflexions sur les
parois de la salle, dont la géométrie a été discrétisée en un certain Figure 5 – Exemple d’une salle de géométrie simple discrétisée
nombre de facettes planes (quelques dizaines à plusieurs en facettes
centaines) comme l’illustre la figure 5. À chaque réflexion sur une
paroi, le rayon perd une fraction de son énergie, selon le coeffi-
cient de réflexion affecté aux différentes facettes. La séquence quences. Il est cependant possible de coupler ce type de modèle
obtenue des réflexions parvenant au récepteur est appelée écho- avec la théorie géométrique de la diffraction (TGD) dans les cas où
gramme. Elle est proche du carré du module de la réponse impul- la diffraction est critique.
sionnelle entre la source et le récepteur (figure 6). Il existe sur le marché un certain nombre de logiciels utilisant les
Une alternative équivalente consiste à considérer la somme des principes de l’approche géométrique. Le début de la réponse
contributions correspondant à chacune des sources images impulsionnelle est calculé à l’aide de l’approche géométrique et la
(figure 7). fin (t > 200 ms environ) selon une approche statistique, les calculs
Statistiquement, la densité d’échos parvenant au récepteur varie géométriques devenant alors trop lourds et de plus en plus
avec le carré du temps. Au bout d’un certain délai (100 à 400 ms imprécis.
typiquement), elle est telle que l’on peut considérer les échos sous Le logiciel Epidaure du CSTB, fut l’un des premiers logiciels de
un angle statistique. C’est la réverbération, au sens du § 1.2. ce type sur le marché. Il utilise la méthode des cônes consistant à
Les principales faiblesses de l’approche géométrique résident considérer des cônes circulaires centrés sur les rayons issus de la
dans la difficulté à modéliser la diffraction et la réflexion diffuse sur source et à sommer les contributions de tous les cônes qui
les surfaces non planes. La modélisation des sources sonores est, contiennent le point récepteur. Epidaure permet de calculer des
elle aussi, délicate. Les problèmes de diffraction et de diffusion temps de réverbération, des échogrammes, des cartes de différents
limitent notoirement la précision des résultats dans les basses fré- critères tels que, niveau sonore, intelligibilité, clarté...

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BR1150

Spatialisation sonore
Perception, captation
et diffusion de scènes sonores

par Thibaut CARPENTIER


Ingénieur de recherche CNRS
STMS Lab (sciences et technologies de la musique et du son) – CNRS, IRCAM, Sorbonne
Université Paris, France

1. Perception de l’espace sonore ............................................................ BR 1 150 - 2


1.1 Localisation de sources sonores................................................................ — 3
1.2 Impression spatiale..................................................................................... — 6
2. Synthèse de sources virtuelles............................................................ — 7
2.1 Approches perceptives ............................................................................... — 7
2.2 Approches physiques ................................................................................. — 10
2.3 Approche binaurale .................................................................................... — 22
2.4 Approche acousmatique ............................................................................ — 23
2.5 Quelques considérations pratiques........................................................... — 23
3. Captation de scènes sonores ............................................................... — 24
3.1 Microphones directionnels......................................................................... — 24
3.2 Prise de son stéréophonique ..................................................................... — 25
3.3 Prise de son multicanale ............................................................................ — 27
4. Réseaux compacts de haut-parleurs à directivité variable.......... — 32
5. Technologies pour la spatialisation sonore ..................................... — 32
5.1 Formats de production et diffusion ........................................................... — 32
5.2 Protocoles de transmission audio ............................................................. — 33
5.3 Outils pour la spatialisation ....................................................................... — 33
6. Glossaire .................................................................................................... — 33
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. BR 1 150

n acoustique et en musique, on caractérise généralement les sons selon leurs


E propriétés de durée, hauteur, timbre et intensité. Outre ces attributs, les sons
s’organisent également dans l’espace. La spatialisation est l’étude du son dans sa
dimension spatiale. Plus précisément, la spatialisation sonore s’intéresse à l’ana-
lyse, à la synthèse et à la transformation des propriétés du son qui contribuent à
l’impression d’espace et à la sensation d’immersion. Ce champ d’études s’appuie
sur des recherches fondamentales et des avancées technologiques issues de plu-
sieurs disciplines scientifiques : acoustique, traitement du signal, informatique,
psychoacoustique et cognition. La spatialisation sonore, parfois appelée « audio
3D », « audio spatial », « son multicanal », ou encore « acoustique virtuelle », est
un domaine de recherche en plein essor et qui trouve des applications, indus-
trielles ou grand public, dans de nombreux secteurs : production audiovisuelle
(musique, cinéma, radio, vidéo 360°), spectacle vivant (sonorisation), jeux vidéo,
Parution : novembre 2022

réalité virtuelle, installations sonores, simulations acoustiques, etc. Par exemple,


en mixage de musique, la spatialisation est utilisée pour répartir dans l’espace les
différents instruments afin de favoriser leur intelligibilité et la clarté de la scène

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BR1150

SPATIALISATION SONORE ___________________________________________________________________________________________________________

sonore. Dans les environnements virtuels (jeux vidéo, réalité virtuelle), elle permet
de simuler des sources sonores dans l’espace autour de l’auditeur et elle participe
à la sensation d’immersion.
Selon les domaines d’application et les cas d’usage, l’objectif de la spatialisa-
tion sonore est tantôt de capter et restituer des scènes sonores ou des espaces
acoustiques existants, tantôt de créer virtuellement des expériences auditives
avec une dimension sonore immersive. Pour ce faire, les procédés mis en
œuvre exploitent des réseaux de transducteurs électroacoustiques (enceintes,
casque, microphones) et des algorithmes de traitement du signal audio, et ils
visent à produire soit un rendu réaliste (« objectivement précis »), soit une illu-
sion plus artistique (« perceptivement plausible »).
Les systèmes de diffusion sonore spatiale cherchent, d’une part, à simuler des
indices de localisation spatiale pour des sources sonores virtuelles arbitrairement
placées dans l’espace et, d’autre part, à produire des effets de réverbération artifi-
cielle qui contribuent à la création d’un espace sonore immersif. Les techniques
disponibles peuvent être classées en trois grandes familles : des approches dites
« perceptives » qui reposent sur des modèles de l’audition humaine pour créer
l’illusion d’un phénomène acoustique (positionnement d’une source « fantôme »
dans l’espace 3D, ou effet de réverbération qui paraît « naturelle »), des approches
par échantillonnage qui consistent à mesurer un champ acoustique en un
ensemble discret de positions puis à le restituer par des techniques de convolution,
des approches par modèles physiques qui visent à synthétiser, dans une certaine
zone de l’espace, un champ acoustique précisément maîtrisé et conforme aux lois
de propagation des ondes. Chacune de ces approches présente des avantages et
des inconvénients, en termes de complexité, de coût (de calcul ou d’équipements),
de précision, de nombre d’auditeurs, etc. C’est pourquoi il est fréquent, en pratique,
d’utiliser des techniques hybrides qui combinent plusieurs approches.
Après quelques rappels des principaux mécanismes psychoacoustiques parti-
cipant à la perception de l’espace sonore, cet article propose un panorama des
techniques de synthèse de sources spatialisées et de prise de son multicanal
[BR 1 150] ; la réverbération artificielle sera traitée dans l’article [BR 1 152].

virtuelles) qui seront présentées au chapitre suivant. Elles serviront


1. Perception de l’espace également à évaluer (perceptivement) les mérites des différentes
sonore approches de spatialisation.
D’un point de vue psychoacoustique, l’audition spatiale englobe
■ Audition spatiale plusieurs effets perceptifs : la localisation des sons (c’est-à-dire la
capacité à estimer la position de sources sonores), la sensation
d’externalisation, la largeur apparente des sources, la sensation
L’audition spatiale (spatial hearing) désigne l’ensemble des d’enveloppement, les phénomènes de masquage spatial, etc. De
attributs spatiaux de la perception auditive, c’est-à-dire les attri- très nombreuses études expérimentales ont montré que les capaci-
buts (et les phénomènes) auditifs qui permettent d’accéder à la tés des humains à localiser un son dépendent de plusieurs facteurs,
connaissance de l’espace environnant un individu. Autrement dit, tels que la position de la source sonore et ses caractéristiques
l’audition spatiale se réfère à la capacité à percevoir des événe- acoustiques. On peut en outre constater des performances diffé-
ments sonores dans l’espace tridimensionnel dans lequel nous rentes selon les individus. Aussi, les facultés de localisation (et les
vivons. mécanismes d’estimation) ne sont pas les mêmes pour la direction
d’une source sonore – angle d’incidence dans un repère de coordon-
nées sphériques – et pour sa distance – dimension radiale du repère
D’un point de vue évolutif, cette aptitude est nécessaire pour la sphérique. Dans l’estimation de direction angulaire, l’acuité de loca-
survie (détection acoustique de dangers ou localisation de lisation (des êtres humains) est généralement maximale dans la
proies) ; aujourd’hui, cette faculté est exploitée pour détecter la zone frontale et dans le plan horizontal ; les capacités de localisation
provenance d’événements sonores dans des situations critiques sont moindres dans les autres secteurs de la sphère auditive. La per-
(par exemple circulation routière), pour s’orienter dans des ception de la distance dépend principalement de facteurs tels que
espaces réverbérants ou pour séparer plusieurs sources sonores les caractéristiques acoustiques de la source sonore et de l’environ-
concurrentes afin d’améliorer la communication entre individus. nement (ainsi que leur connaissance préalable).
L’audition spatiale a été l’objet de nombreuses recherches et
études expérimentales [33], [18], [50], [311], [269], [34], [35], [36], ■ Événement sonore ou auditif
[44], [76], [221], [293], [218], [10] [TE 5 183].
Dans l’étude de la perception humaine, il est important de distin-
Dans ce chapitre, nous rappelons brièvement quelques concepts guer le domaine physique et le domaine perceptif. Blauert [33], par
fondamentaux d’audition spatiale, en lien avec la perception audi- exemple, fait la distinction entre un événement sonore, c’est-à-dire
tive de l’espace et la sensation d’immersion. Ces notions sont à la l’onde de pression acoustique qui résulte d’une source physique, et
base de certaines des techniques de diffusion (synthèse de sources un événement auditif, c’est-à-dire la représentation qui lui est asso-

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____________________________________________________________________________________________________________ SPATIALISATION SONORE

ciée dans l’espace perceptif. Par exemple, plusieurs événements expériences psychophysiques afin d’étudier les différents facteurs mis
sonores peuvent engendrer un unique événement auditif ; c’est le en jeu. Ces études ont utilisé des dispositifs expérimentaux permet-
cas notamment dans un système stéréophonique où deux ondes tant de manipuler les différences interaurales de temps et d’intensité
sonores peuvent provoquer la perception d’une unique source – dite (ainsi que les caractéristiques fréquentielles et temporelles des sti-
« fantôme » – et dont la position ne correspond pas nécessairement muli), en vue de déterminer la sensibilité relative des mécanismes
avec les positions des sources physiques réelles. Les dissimilitudes physiologiques à ces indices. Ces protocoles permettent typiquement
entre le monde physique et le monde auditif peuvent être com- de produire des percepts spatiaux entendus le long de l’axe interau-
plexes et elles peuvent également être influencées par d’autres ral, avec une sensation droite/gauche souvent limitée « dans la
modalités sensorielles (vision, proprioception, etc.). tête » ; on parle de « latéralisation » des sources sonores. Ces pro-
tocoles expérimentaux s’intéressent généralement à mesurer des
seuils de discrimination tels que l’angle minimum audible (Minimum
Audible Angle) défini comme la déviation angulaire minimale pour
1.1 Localisation de sources sonores laquelle la majorité des sujets est capable de percevoir un déplace-
ment de l’événement auditif, ou des biais de localisation (différence
■ Théorie unifiée de la localisation binaurale : « Duplex theory » entre la direction de la source sonore et la direction moyenne de
La localisation d’un son dépend de nombreux facteurs tels que les l’événement auditif).
caractéristiques acoustiques de la source et de l’espace sonore. Dans
un souci de simplicité, nous présentons ici des résultats élémentaires
concernant la localisation d’une source réelle en champ libre. Ces 1.1.1 Différences interaurales de temps
résultats ont généralement été obtenus lors d’expériences avec des (ou de phase)
signaux simples (sons purs ou bruits filtrés) étudiés en conditions de
laboratoire (écoute dichotique au casque ou écoute naturelle en
chambre anéchoïque). La généralisation de ces résultats à des situa- Les différences interaurales de temps (Interaural Time Diffe-
tions plus complexes doit se faire avec prudence. Les principaux rence, ITD) [33], [311], [34], [221], [241], [109], [293], [184]
indices psychoacoustiques permettant l’estimation de direction angu- [TE 5 180] désignent le décalage de temps d’arrivée d’une onde
laire d’une source sonore sont liés aux différences relatives perçues sonore aux oreilles gauche et droite.
par les oreilles gauche et droite (et provoquées par la présence de la
tête). Ces différences dites « interaurales » et les mécanismes d’audi-
tion binaurale ont été tout d’abord mis en évidence par Lord Rayleigh Une source située dans le plan médian (figure 1) induit une ITD
[232] qui, le premier, a démontré le rôle dual des différences inter- proche de zéro, par symétrie des trajets source-oreilles. En
aurales (d’intensité et de temps) dans sa Duplex theory. Dans la revanche, une source décalée du plan médian provoque une diffé-
seconde moitié du XXe siècle, de nombreux auteurs ont conduit des rence de marche. Par exemple, une onde plane provenant de

Plan vertical
interaural Plan sagittal

Plan horizontal Ax
em
éd y
ian
ural
Axe intera

ϕ
Axe vertical

Plan médian
a b

Figure 1 – Repère sphérique lié à la tête de l’auditeur

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(valide pour ) qui fournit une approximation plus précise


700 de l’ITD perçue (figure 2). L’ITD dépend peu de la fréquence, mais
modèle de Woodworth essentiellement des dimensions anatomiques de la tête ; elle varie
600 champ libre donc d’un individu à l’autre. Pour une valeur moyenne, on consi-
dère généralement un rayon a ≈ 8,75 cm, ce qui conduit à une
500 ITD ≈ 600 µs pour une source sur le côté (ϕ = ± 90°). L’ITD consti-
tue un indice binaural efficace pour la perception de la latéralisa-
ITD (μs)

400 tion dans le domaine des basses fréquences, jusqu’à 1,5 kHz
environ, domaine dans lequel le système auditif est sensible aux
300 différences de phase (Interaural Phase Difference, IPD).

200
1.1.2 Différences interaurales de niveau
100
Les différences interaurales de niveau (Interaural Level Diffe-
0 rence, ILD) [33], [311], [34], [221], [241], [109], [293], [184]
0° 30° 45° 60° 90° 120° 135° 150° 180°
[TE 5 180] sont un autre indice essentiel pour la perception de
Azimut ϕ (deg) la direction. Pour une source située hors du plan médian, la
pression acoustique à l’oreille du côté opposé (dite « controla-
Figure 2 – ITD pour un modèle de tête sphérique de rayon térale ») est atténuée, principalement en hautes fréquences, en
a = 8,75 cm (l’angle d’azimut ϕ est ici exprimé en degrés)
raison du masquage par la tête. À l’inverse, la pression à
l’oreille la plus proche (dite « ipsilatérale ») est amplifiée, dans
l’azimut ϕ dans le plan horizontal induit, en champ libre, une diffé- une certaine mesure.
rence de marche telle que :

Ce phénomène de masquage et diffraction dépend de la fréquence


et de la direction d’incidence, et on évalue l’ILD (en dB) par :
ϑ
où 2a est la distance entre les deux récepteurs et c la célérité du son. ϑ
ϑ
Les ITD mesurées en pratique sont supérieures à ces valeurs. où pL et pR désignent la pression acoustique aux oreilles gauche et
En modélisant la tête de l’auditeur par une sphère, Woodworth a droite, et ϑ ≡ (θ,ϕ) est la direction d’incidence de l’onde. En première
ainsi proposé la formule : approximation, on peut modéliser la tête par une sphère rigide diffrac-
tante de rayon a, ce qui permet d’évaluer analytiquement pL et pR en
deux points diamétralement opposés. La figure 3 présente les résul-
tats pour une source sonore en champ lointain (r suffisamment grand

+ 18 dB
250 Hz
500 Hz
1 kHz
+ 15 dB 2 kHz
5 kHz

+ 12 dB
ILD (dB)

+ 9 dB

+ 6 dB

+ 3 dB

0 dB
0° 30° 45° 60° 90° 120° 135° 150° 180°
Azimut ϕ (deg)

Figure 3 – ILD pour un modèle de tête sphérique, parfaitement rigide, de rayon a = 8,75 cm, pour une source située en champ lointain

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devant a). Pour des longueurs d’onde grandes par rapport aux dimen- traux) utiles pour la localisation par le système auditif. Les HRTF
sions de la tête, le masquage est négligeable, et l’ILD est alors faible et dépendent de la position (r,θ,ϕ) de la source, de la fréquence f et de
presque indépendante de ϕ. Lorsque la fréquence augmente, la dépen- l’anatomie de l’individu. Lorsque la source sonore est située dans le
dance directionnelle devient plus complexe en raison des interfé- champ lointain, les HRTF varient très peu avec la distance, et la
rences entre les trajets diffractés et l’ILD peut prendre des valeurs dépendance en r est généralement omise.
importantes. L’ILD joue ainsi un rôle efficace pour la localisation à des
Les HRTF sont un outil fondamental pour l’étude de l’audition spa-
fréquences supérieures à 1,5 kHz, lorsqu’elle varie significativement
tiale et pour la technique de spatialisation binaurale (§ 2.3) ; elles font
avec la direction azimutale ϕ. Le modèle de tête sphérique fournit une
l’objet de très nombreuses études. En particulier la problématique de
interprétation qualitative de certains mécanismes de localisation
l’individualisation, c’est-à-dire l’obtention de HRTF adaptées à un indi-
(confirmée par des expériences psychoacoustiques), bien que les phé-
vidu, fait l’objet d’importantes recherches depuis au moins les années
nomènes acoustiques sur une tête réelle soient nettement plus com-
1990 [177], [178], [179], [192], [311]. En effet, l’écoute binaurale avec
plexes, en raison notamment de la présence du pavillon de l’oreille.
des HRTF non individualisées peut donner lieu à divers artefacts,
notamment des erreurs de localisation surtout pour les sources en
1.1.3 Cône de confusion élévation, des confusions avant-arrière, une perception internalisée
(dans la tête) et des colorations spectrales indésirables.
Conformément à la théorie duplex, ITD et ILD constituent les
deux indices prédominants pour la localisation de sources sonores,
respectivement dans les domaines des basses et des hautes fré- Acquisition des HRTF
quences. Pour autant, ces deux indices ne sont pas suffisants pour
déterminer de façon univoque la direction d’incidence. En effet, il
Les HRIR peuvent être obtenues directement par une
existe nombre de positions qui conduisent à des valeurs ambi-
mesure acoustique [300], [311], [184], [192]. La mesure se fait
guës de ces indices. Par exemple, les sources situées dans le plan
généralement dans une chambre anéchoïque, en utilisant
médian génèrent des valeurs d’ITD et ILD nulles ; or nous pou-
comme source sonore un haut-parleur placé dans le champ
vons distinguer des sources en avant ou en arrière, ainsi qu’en
lointain (typiquement 2 m). Des microphones miniatures sont
élévation. De même, deux sources symétriques par rapport au
introduits à l’entrée ou à l’intérieur du canal auditif. La mesure
plan vertical interaural, par exemple aux azimuts 45° et 135°, pro-
doit être répétée pour toutes les directions (θ,ϕ) d’intérêt, cou-
duisent des ITD et ILD identiques (en faisant l’approximation
vrant idéalement l’ensemble de la sphère autour de l’auditeur.
d’une tête sphérique). Plus généralement, il existe des surfaces
Ces mesures sont délicates, fastidieuses et les conditions
sur lesquelles les indices interauraux sont constants. Dans l’hypo-
d’invariance temporelle et de répétabilité sont difficiles à
thèse d’un modèle de tête sphérique, ces surfaces sont des cônes,
garantir avec des sujets humains.
dits « cônes de confusion », centrés sur l’axe interaural et ayant
pour sommet le centre de la sphère. Pour une tête réelle, ces On utilise également des têtes artificielles (dummy head)
contours iso-ITD ou iso-ILD sont plus complexes, et ils dépendent qui sont des mannequins visant à reproduire les caractéris-
de la fréquence. Il a été montré que les ambiguïtés directionnelles tiques acoustiques et anatomiques (buste, tête et pavillons)
peuvent être résolues grâce à des informations dynamiques [285], « moyennes » d’une population [284], [311], [184] (Recom-
[299], de légers mouvements de la tête tels que des rotations mandation ITU-T P.58). Parmi les produits existants, le man-
autour de l’axe vertical provoquant des variations d’ITD et d’ILD. nequin KEMAR (Knowles Electronics Manikin for Acoustic
Research) a été utilisé dans de nombreux travaux.
Différentes bases de données de HRTF mesurées sur des
1.1.4 Indices spectraux mannequins ou des sujets humains sont disponibles (voir par
De nombreuses études ont montré que la perception en élévation exemple [311] p. 64, ou [267] p. 140). Elles comportent généra-
ou dans la dimension avant-arrière est également permise par des lement quelques dizaines (voire centaines) d’individus, et
indices monauraux, c’est-à-dire issus de l’information d’une seule quelques centaines (voire milliers) de directions spatiales.
oreille [298], [45], [176], [51], [31], [130], [39], [290]. Les principaux Depuis 2015, la plupart des bases de données sont disponibles
indices monauraux sont les indices spectraux causés par les phéno- au format standardisé SOFA AES-69 (Spatially Oriented
mènes de réflexion et diffraction de l’onde sur la tête et les oreilles : Format for Acoustics) [165] qui facilite l’interopérabilité.
en raison des réflexions et résonances sur le pavillon, le spectre du Étant donné la complexité de la mesure acoustique, plu-
signal source est modifié en entrant dans le canal auditif (les réso- sieurs autres approches ont été proposées pour obtenir des
nances provoquent des pics et des creux à différentes fréquences) et HRTF. Citons par exemple l’utilisation de modèles géo-
ces modifications dépendent de la direction d’incidence. Ces indices métriques simples paramétrés par des données anthropo-
spectraux sont principalement efficaces au niveau de l’oreille ipsila- métriques [83], [5], [82], [3], [4], [192], [311], ou le calcul
térale, dans la région des hautes fréquences (au-dessus de 4 kHz) et numérique par des méthodes d’éléments finis [138], [136],
pour des signaux à large bande. Puisqu’ils dépendent de critères [134], [198], [199], [287], [135], [90], [311], ce qui requiert un
anatomiques, tels que la structure fine des pavillons, les indices maillage détaillé de la morphologie de l’auditeur.
spectraux sont très variables d’un individu à l’autre.

1.1.5 Fonctions de transfert de la tête (HRTF) 1.1.6 Localisation en présence


de sources multiples
Le canal de transmission acoustique entre une source (fixe et en
champ libre) et les deux oreilles d’un individu peut être vu comme un 1.1.6.1 Localisation par sommation
système linéaire et invariant dans le temps. Un tel système est
entièrement caractérisé par sa réponse impulsionnelle, qui décrit Lorsque deux sources émettent des signaux fortement cohérents
l’ensemble des effets de filtrage entre la source et les oreilles. Cette et que le décalage temporel entre ces deux signaux est faible (de
paire de réponses impulsionnelles (une pour chaque oreille) est appe- l’ordre de une milliseconde), les deux sources « fusionnent » et
lée Head-Related Impulse Responses (HRIR). Sa fonction de transfert, créent un événement auditif unique appelé « source fantôme » ou
calculée par transformation de Fourier, est appelée Head-Related « source virtuelle », ou encore « image sonore virtuelle ». La locali-
Transfer Functions (HRTF). Les HRTF traduisent l’ensemble des phé- sation perçue dépend des positions des deux émetteurs ; par
nomènes acoustiques (réflexions, diffraction) résultant de l’interaction exemple, pour un décalage temporel nul et à niveau égal, la source
de l’onde sonore avec l’anatomie de l’auditeur (tête, torse, pavillons). fantôme est généralement perçue à mi-chemin entre les deux
Elles consignent donc toutes les informations (ITD, ILD, indices spec- émetteurs. Ce phénomène est appelé « principe de localisation par

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sommation » (summing localization) [33], [272], [241], [91] [TE 5 180] : de 1,3), et l’exposant α dépend de divers facteurs (de l’individu et
aux oreilles de l’auditeur, la superposition des champs sonores des conditions expérimentales) [316], [314], [315]. Malgré de nom-
des sources se traduit par une sommation des signaux, et le breuses études, les mécanismes auditifs de perception de la dis-
système auditif ne fait plus de discrimination des différentes tance sont aujourd’hui encore assez mal compris.
composantes. Ce mécanisme psychoacoustique reste valable en
présence de plus de deux émetteurs [311] et il est à la base de
la stéréophonie et des techniques de pan-pot par différences
d’amplitudes (§ 2.1). 1.2 Impression spatiale

1.1.6.2 Effet de précédence La localisation des sources sonores ne constitue qu’un volet
de la perception spatiale d’une scène sonore. La section précé-
Lorsque le décalage temporel entre les deux sources dépasse dente a essentiellement abordé la perception de la position de
une milliseconde, le principe de localisation par sommation est la source, en conditions anéchoïques. À cela il faut ajouter
progressivement remplacé par l’effet de précédence [114], [286], l’influence de l’environnement sur les attributs spatiaux de
[160], [32], [33], [311], [241], [154], [6] [TE 5 183] et la localisation l’événement auditif, puis la perception de l’espace. Cette orga-
de l’événement auditif est dominée par la position de la pre- nisation, sur le plan perceptif, est proche de la structure tempo-
mière source. L’effet de précédence, aussi appelé « effet de relle de l’effet de salle observé dans les espaces clos, avec
Haas » ou « loi du premier front d’onde », est un mécanisme de une onde directe suivie de réflexions précoces puis d’un
fusion temporelle et spatiale qui s’applique lorsque plusieurs champ réverbéré tardif [147] [TE 5 183] [BR 1 100] [BR 1 152].
répétitions successives d’un même son arrivent dans une fenêtre L’ensemble des aspects spatiaux contribuant à la perception de
temporelle d’environ 1 à 40 ms, et lorsque le niveau des répéti- l’espace sonore peut être rassemblé sous le terme générique
tions ne dépasse pas celui du premier front d’onde de plus de 10 d’impression spatiale. Les phénomènes subjectifs liés à l’impres-
ou 15 dB. Dans ce cas, la localisation perçue est celle du premier sion spatiale ont fait l’objet de nombreuses recherches, menées en
front d’onde (la présence des itérations suivantes peut cepen- particulier par des acousticiens ou des psychoacousticiens pour
dant induire un léger biais dans la direction apparente) ; l’événe- l’étude de la qualité acoustique des salles (de concert) [24], [6],
ment auditif fusionne la(les) répétition(s) suivante(s), avec une [14], [13], [33], [111], [242], [98], [161]. Nous ne donnons ici
augmentation de la largeur apparente et de la sonie perçues qu’une description très succincte de certains attributs considé-
(l’énergie des répétitions secondaires étant intégrée). Cet effet rés comme importants.
s’applique principalement aux sons transitoires et il facilite la
localisation d’une source en milieu réverbérant (la direction du
son direct n’étant pas altérée par les réflexions). Si le décalage 1.2.1 Influence de l’environnement
temporel dépasse 40 à 50 ms, ou si le niveau de la source secon- acoustique sur la perception
daire augmente au-delà d’un certain seuil, des échos distincts spatiale de la source
sont perçus.
L’environnement acoustique, et en particulier les réflexions pré-
1.1.7 Perception de la distance coces, a une forte influence sur la perception spatiale de la source.
Cette influence a déjà été évoquée en parlant de l’effet de précé-
Outre la localisation directionnelle, la perception de la distance dence et de la perception de la distance de la source.
est un autre élément important de l’écoute spatiale. Le système
Un autre aspect important est le phénomène de largeur appa-
auditif exploite plusieurs indices pour estimer la distance d’une
rente de source (Apparent Source Width, ASW), ou spaciousness
source [33], [311], [241], [221], [242] [TE 5 183] ; parmi eux :
(intraduisible), qui caractérise l’extension spatiale perçue. Cet effet
– le niveau sonore. En champ libre, la pression acoustique d’élargissement de l’événement auditif dépend principalement de
varie de façon inversement proportionnelle à la distance (donc la direction d’incidence et du niveau relatif des réflexions précoces
diminue de 6 dB à chaque doublement de distance) ; plusieurs latérales. Les études ont montré une corrélation entre la largeur
études ont montré qu’un jugement absolu de distance est peu apparente de source et le critère de la corrélation interaurale
fiable ; les jugements relatifs sont plus précis. Aussi, une fami- binaurale (InterAural Cross Correlation, IACC) qui mesure le degré
liarité avec la source sonore permet une meilleure estimation de de similarité entre les signaux des deux oreilles, notamment dans
la distance ; une fenêtre temporelle d’environ 80 ms après le son direct. Les
– l’effet des réflexions et de la réverbération de la salle, en parti- systèmes de spatialisation des sons donnent aussi lieu à une cer-
culier le rapport son direct sur son réverbéré ; taine étendue spatiale de la source virtuelle qui peut être vue
comme un flou spatial (spatial blur) engendrant une incertitude de
– le contenu spectral. L’absorption de l’air agit comme un filtre localisation.
passe-bas ; la diminution des hautes fréquences peut être interpré-
tée comme une augmentation de la distance. Cet effet agit essen-
tiellement pour de très grandes distances, par exemple avec le son
de la foudre ;
1.2.2 Perception de la salle
– des indices binauraux, notamment des variations d’ILD pour
Au cours de la propagation du son dans la salle, les réflexions
des sources en champ proche de la tête.
deviennent de plus en plus denses et elles finissent par ne plus
La perception de la distance est généralement beaucoup moins être intégrées à l’événement auditif de la source, mais elles for-
précise que la perception directionnelle. La précision dépend en ment un événement auditif propre à la salle. Cette impression de
outre de plusieurs facteurs (nature des signaux et de l’environne- l’espace sonore se traduit par une sensation de « présence » de la
ment, etc.). Des études expérimentales ont montré que le système salle, de ses dimensions, et d’enveloppement.
auditif a tendance à sous-estimer de manière significative les dis-
tances pour les sources sonores au-delà de 1,6 m, et surestime ■ Taille apparente de la salle
généralement les distances pour les sources à une distance
physique inférieure à environ 1,6 m. Ceci suggère que la distance La sensation d’intimité (intimacy) ou de présence fait référence
perçue n’est pas toujours identique à la distance physique r. La à l’impression d’être dans un espace clos de plus ou moins
relation entre ces deux quantités est assez bien modélisée par une grandes dimensions. La perception de la taille de la salle est prin-
fonction de la forme où κ est une constante (de l’ordre cipalement liée au temps d’arrivée des réflexions précoces.

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■ Enveloppement de l’auditeur
L’enveloppement de l’auditeur (listener envelopment, LEV) défi-
nit l’impression subjective d’être immergé dans un champ réverbé-
rant [43], [112], [168]. Là où l’élargissement de la source dépend de
la distribution spatiale de l’énergie précoce, la sensation d’enve- L R
loppement dépend de la distribution spatiale de l’énergie tardive
(après 80 ms). On fait ainsi la distinction entre l’enveloppement ϕ
par la source et l’enveloppement par la salle. Pour autant, les deux
notions ne sont pas totalement indépendantes, une augmentation
de l’enveloppement pouvant entraîner une moindre sensibilité à la
largeur apparente de la source. ϕ0 = 30°

À retenir

– L’audition spatiale englobe plusieurs effets dont la localisa-


tion des sources sonores et la perception de l’environnement
acoustique.
– La localisation des sources repose principalement sur des
indices binauraux (ITD prédominantes en basses fréquences et
ILD prédominantes en hautes fréquences), des indices monau-
raux (utiles notamment pour la perception en élévation) et des Figure 4 – Système de diffusion stéréophonique
indices dynamiques.
– Les HRTF consignent l’ensemble des indices. Elles dépendent
ou
fortement de la morphologie et sont donc très variables d’un
individu à l’autre.

Pour éviter des variations indésirables de niveau selon la direc-


2. Synthèse de sources tion ϕ, ce qui est particulièrement crucial lors de mouvements de
la source, on impose en outre un critère de normalisation ; par
virtuelles
exemple garantit une normalisation en puissance
(figure 6) et est recommandé pour des salles légèrement réverbé-
2.1 Approches perceptives rantes [216], [319], [324].

Par rapport à une source réelle, la reproduction stéréophonique


2.1.1 Stéréophonie donne un résultat tout à fait plausible, avec toutefois des diffé-
rences perceptibles en termes de largeur de source, coloration ou
Issu des travaux d’Alan Blumlein au début des années 1930, le localisation [223], [272]. Grâce au principe de sommation
dispositif stéréophonique (ou « 2.0 ») est le système de panora- (§ 1.1.6.1), la localisation perçue est robuste et précise, particuliè-
mique le plus répandu. Il exploite deux canaux situés devant rement dans le domaine des basses fréquences. Pour un auditeur
l’auditeur et écartés de 2 ϕ0 = 60° (figure 4). Le point d’écoute centré, les indices ITD et ILD induits sont consistants jusqu’à res-
idéal, au sommet du triangle équilatéral, est appelé le sweet pectivement 1 kHz et 2 kHz environ [216], [224], [154]. En
spot. La distance entre l’auditeur et les haut-parleurs n’est pas revanche, lorsque l’auditeur est excentré, l’image virtuelle est
imposée rigoureusement, mais on préconise parfois qu’elle soit localisée sur le haut-parleur le plus proche, en raison de l’effet de
de l’ordre de 2 m. Pour reproduire un signal source s(t), précédence.
l’approche utilise des différences de niveau et/ou de temps
entre les deux haut-parleurs [158], [159], [220], [224], [216], En principe, le panoramique d’intensité génère un phénomène
[272], [84], [241], [319], [128], [203], [101] ; ceux-ci sont alimen- spectral de filtrage en peigne, puisque le même signal arrive aux
tés par des signaux x1(t) et x2(t) tels que : x1(t) = g1 s(t – t1) et oreilles depuis plusieurs haut-parleurs ; cet effet est toutefois
x2(t) = g2 s(t – t2). minime [154], [216] et édulcoré par la réverbération du local
d’écoute.
2.1.1.1 Stéréophonie par différence d’intensité
La stéréophonie d’intensité (amplitude panning) utilise unique- 2.1.1.2 Stéréophonie par différence de temps
ment des différences de niveaux (t1 = t2 = 0). En augmentant
La stéréophonie par différence de temps (parfois dite « stéréo-
l’amplitude du signal envoyé vers un haut-parleur, la localisation
phonie de phase ») se base sur un décalage temporel entre les
perçue de la source fantôme (§ 1.1.6.1) se décale vers ce haut-
haut-parleurs. La source virtuelle se déplace alors vers le haut-
parleur. On appelle loi de panoramique (panning law) la relation
parleur qui émet en premier, en vertu de l’effet de précédence.
mathématique qui permet d’estimer la direction perçue ϕ en fonc-
Un décalage d’environ 1 ms est nécessaire pour décaler l’image
tion des gains d’alimentation g1, g2. Différentes lois de panora-
tout à fait à droite ou à gauche (ϕ = ± 30°). Toutefois ceci dépend
mique ont été formulées et offrent des résultats satisfaisants,
de la nature du signal et les indices binauraux induits (ITD et
validés par des tests d’écoute ; en particulier, les lois des sinus ou
ILD) dépendent de la fréquence. L’ambivalence des indices de
des tangentes (figure 5) [23], [61], [220], [216], [319] sont fréquem-
localisation en basses et hautes fréquences produit des sources
ment adoptées :
virtuelles peu stables [65], [158], [159], [222], [128], [241], [224].
Ce flou de localisation peut parfois être utile, en tant qu’effet,
mais pour un contrôle précis de la direction des sources vir-
tuelles, la stéréophonie d’intensité est généralement privilégiée.

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20 log10 (g1/g2) (dB)

+ 60 tan
sin
+ 50

+ 40

+ 30

+ 20

+ 10

ϕ
– 30° – 20° – 10° + 10° + 20° + 30°
– 10

– 20

– 30

– 40

– 50

– 60

Figure 5 – Loi des tangentes et des sinus pour un système stéréophonique (ϕ0 = 30°)

1
g1
g2
0,9

0,8

0,7

0,6
Amplitude

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0
– 30° – 20° – 10° 0° + 10° + 20° + 30°
ϕ

Figure 6 – Gains des haut-parleurs pour un système stéréophonique (ϕ0 = 30°), selon la loi des tangentes, et avec normalisation en puissance

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Il est en principe possible de combiner stéréophonie par diffé-


rence d’intensité et de temps. Cependant, il est difficile de maîtriser
la balance entre les indices de localisation induits et celle-ci
C
semble dépendre de la nature des signaux. Il n’y a pas de consen-
sus quant aux relations à appliquer pour contrôler la position
d’une source virtuelle par association de différences de temps et
d’intensité [241], [126], [319]. L R

2.1.1.3 Limitations
Les principales limitations de l’approche stéréophonique sont
les suivantes :
– elle présente une zone d’écoute très restreinte et la localisation 30°
et le timbre se dégradent rapidement lorsque l’auditeur s’écarte du
sweet spot, et en particulier s’il s’éloigne de l’axe médian entre les 110° ± 10°
haut-parleurs ;
– elle peut seulement produire des images fantômes situées
entre les deux enceintes (–ϕ0 ≤ ϕ ≤ ϕ0). Ceci limite notamment la
création d’un effet de réverbération enveloppante ;
– elle ne permet pas de contrôler la proximité des événements
auditifs ; ils sont toujours perçus « derrière » les haut-parleurs (arc
en pointillés sur la figure 4).

2.1.1.4 Compatibilité avec une écoute au casque


Ls Rs
L’approche stéréophonique offre également des résultats
acceptables lorsque les signaux sont présentés sur casque, au
lieu de deux haut-parleurs. Les deux situations d’écoute sont
pourtant très différentes puisque, lors d’une écoute au casque,
les trajets croisés (cross-talk), c’est-à-dire la contribution de
l’émetteur gauche vers l’oreille droite (et réciproquement), sont
absents. En conséquence, les différences d’intensité ou de Figure 7 – Dispositif « 5.0 » ou « 5.1 » (le canal de basses fré-
temps entre les canaux se traduisent directement en indices quences n’est pas représenté)
interauraux [224], [2], [241]. Si l’image spatiale est globalement
préservée, les événements auditifs sont perçus « dans la tête » (in-
head). Cette internalisation s’explique notamment par l’absence
d’indices dynamiques de localisation (variations des indices ITD
1
et ILD lors de légers mouvements de l’auditeur) lors de l’écoute
au casque.
2
2.1.2 Extensions multicanales
p
Pour pallier les limitations de la stéréophonie, différents dis- L
u1
positifs multicanaux – employant plus de deux haut-parleurs –
ont été proposés [77], [278], [224], [241], [246]. Dans le domaine u2
3
du cinéma, le système « 5.1 » (cinq haut-parleurs et un canal
basses fréquences) (figure 7) est utilisé depuis le milieu des g1 u1
g2 u2
années 1970 ; il a été standardisé dans les années 1990 (recom-
mandation ITU-R BS.775-3), puis déployé pour des usages
domestiques. Les haut-parleurs latéraux, situés à ± 110° (et par-
fois appelés « canaux surround »), contribuent essentiellement à
la production « d’ambiances » ou d’effets d’enveloppement. En
raison du large écartement entre les haut-parleurs, le standard Figure 8 – Principe du VBAP 2D (le segment actif, pour la source
virtuelle, est représenté en pointillés bleus)
5.1 est mal adapté pour la création de sources virtuelles locali-
sées sur les côtés ou à l’arrière. D’autres systèmes dérivés ont
encore été proposés, en ajoutant plus de haut-parleurs (par
exemple le standard « 7.1 »). Pour les applications musicales ou ■ Vector-Base Amplitude Panning (VBAP)
les installations multimédias, l’emploi de dispositifs standardi- Pour un dispositif horizontal de L haut-parleurs, on identifie tout
sés est loin d’être systématique et on utilise divers dispositifs d’abord le « segment » actif selon la direction de la source vir-
horizontaux de haut-parleurs, répartis de façon plus ou moins tuelle (figure 8). En notant u1, u2 les directions (vecteurs uni-
uniforme (hexagone, octogone, etc.) selon les contraintes logis- taires) des deux haut-parleurs adjacents, le vecteur p pointant
tiques. Pour toutes ces configurations horizontales, il est pos- vers la source virtuelle s’écrit p = g1u1 + g2u2, où g1 et g2 sont les
sible d’étendre le principe stéréophonique et de construire des gains d’alimentation des haut-parleurs. On peut donc écrire, sous
lois de panoramique valables pour toutes les directions forme matricielle, pT = g U12 avec g = [g1 g2] et U12 = [u1 u2]T.
(0 ≤ ϕ ≤ 360°) : en fonction de la direction ϕ souhaitée, on Les gains se déterminent en résolvant cette équation par inver-
applique des différences d’intensité aux signaux des deux haut- sion matricielle T .
parleurs adjacents. On parle alors de « panoramique par
paires » (pairwise panning). La formulation la plus communé- Comme pour la stéréophonie conventionnelle, une normalisation
ment employée est celle de Vector-Base Amplitude Panning est ensuite appliquée pour maintenir une puissance constante. Dans
(VBAP) [214] qui généralise la loi des tangentes (§ 2.1.1.1). des conditions idéales, c’est-à-dire dans une salle strictement

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Spatialisation sonore
Réverbération artificielle
par Thibaut CARPENTIER
Ingénieur de recherche CNRS
STMS Lab (sciences et technologies de la musique et du son) – CNRS, IRCAM, Sorbonne
Université Paris, France

1. Signature acoustique d’un espace ..................................................... BR 1 152 - 2


2. Approches électromécaniques ............................................................ — 3
3. Approche par convolution (ou par échantillonnage) .................... — 4
3.1 Réponse impulsionnelle ............................................................................. — 4
3.2 Techniques de convolution en temps réel................................................ — 5
3.3 Limitations de l’approche convolutive ...................................................... — 6
4. Approches algorithmiques (réseaux de retards) ............................ — 7
4.1 Réverbérateurs de Schroeder .................................................................... — 7
4.2 Réseaux de retards rebouclés (FDN) ......................................................... — 8
4.3 Réseaux de guides d’ondes ....................................................................... — 9
4.4 Filtres parcimonieux ................................................................................... — 9
4.5 Modulation temporelle des réseaux de retards ....................................... — 10
4.6 Réflexions précoces .................................................................................... — 10
5. Approches par modèles physiques .................................................... — 12
5.1 Méthodes ondulatoires............................................................................... — 12
5.1.1 Calcul numérique par éléments finis................................................ — 12
5.1.2 Différences finies dans le domaine temporel (FDTD) ..................... — 12
5.2 Méthodes d’acoustique géométrique (GA)............................................... — 13
5.2.1 Méthode des sources-images (ISM)................................................. — 14
5.2.2 Méthode du lancer de rayons ........................................................... — 16
5.2.3 Méthode de la radiosité..................................................................... — 17
6. Conclusion................................................................................................. — 18
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. BR 1 152

a réverbération artificielle consiste à ajouter à un signal sonore un effet qui


L émule les phénomènes de réverbération acoustique d’un espace. Cette
pratique est apparue nécessaire dès les prémices de la musique enregistrée et
diffusée ; en effet, les prises de son en studio et l’utilisation de microphones de
proximité produisent des sons qui, dépourvus d’environnement acoustique,
paraissent « secs » et non naturels. Aussi, de nombreuses techniques ont été
développées pour produire un effet convaincant de réverbération artificielle.
Dans le domaine de la production audiovisuelle (mixage de musique ou de
films), l’utilisation de réverbération artificielle est devenue incontournable pour
susciter une sensation d’acoustique perceptuellement « plausible » ou simple-
ment pour créer un espace sonore « plaisant», voire un effet sans véritable
souci de réalisme (par exemple : réverbération infinie) [12] [13] [105].
Les techniques de réverbération artificielle servent également dans les applica-
tions de réalité virtuelle, les jeux vidéo et les outils de modélisation architecturale
pour simuler – avec plus ou moins de réalisme – des environnements acoustiques.
On parle alors d’« acoustique virtuelle » ou d’« auralisation ». Ce terme est
employé par analogie avec la visualisation ; il désigne les procédés qui visent à
Parution : février 2023

rendre audible, à partir de données mesurées ou modélisées, le champ sonore

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produit par une (ou des) source(s) dans un espace, en simulant l’expérience
auditive en un point d’écoute [54] [117] [44] [TE 5 914].
Dans l’article [BR 1 150] nous dressons un état de l’art des techniques per-
mettant le contrôle spatial de sources virtuelles dans un environnement ; ici
nous présentons les différentes approches pour produire des effets de réverbé-
ration artificielle. Ces deux composantes, étroitement liées, sont essentielles
pour développer des applications convaincantes de spatialisation sonore.

Avec de tels algorithmes, il est ainsi possible d’émuler certains cri-


1. Signature acoustique tères acoustiques reconnus comme étant pertinents pour la per-
d’un espace ception de l’acoustique d’un lieu ;
– les approches par modèles physiques (§ 5) cherchent à simuler,
objectivement, les phénomènes acoustiques dans une salle (réelle ou
■ Phénomène de réverbération virtuelle), afin de prévoir sa réponse impulsionnelle. Cela nécessite
une modélisation détaillée de la géométrie du lieu, des propriétés des
surfaces et des caractéristiques des émetteurs et récepteurs. Le réa-
La réverbération acoustique désigne la rémanence d’un son
lisme de la simulation dépend de la précision des modèles employés.
dans un espace après l’interruption de la source sonore. Cet effet
En pratique, il est souvent nécessaire de recourir à des modèles
de réverbération résulte de l’interaction des ondes sonores, au
approximatifs pour réaliser les calculs en un temps raisonnable.
cours de leur propagation, avec l’environnement.
Chacune des méthodes présente des avantages et des inconvé-
nients, en termes de complexité, de coût de calcul, de précision, de
Le phénomène de réverbération dépend essentiellement des flexibilité (adaptation au format de restitution – sur casque ou sur
caractéristiques de la source (puissance, directivité, contenu spec-
tral et temporel), du milieu de propagation (en général l’air) et de
la nature des parois et des obstacles et de la géométrie du lieu. Le
son réverbéré véhicule ainsi à l’auditeur une empreinte acoustique
de l’espace, caractéristique de l’architecture et des objets présents. 1
Plusieurs types d’environnements produisent des effets de réverbé- 0,8
ration distincts et clairement identifiables : petits locaux, salles de
0,6
concert, cathédrales, forêts, montagnes, espaces urbains, etc.
Amplitude (linéaire)

0,4
■ Signature acoustique d’un espace : réponse impulsionnelle
0,2
En supposant que l’environnement considéré se comporte
comme un système linéaire et invariant, son empreinte acous- 0
tique, c’est-à-dire l’ensemble des transformations entre une source – 0,2
sonore et un récepteur (microphone), est caractérisée par sa
réponse impulsionnelle (figure 1). Dans la plupart des espaces – 0,4
clos, l’empreinte acoustique est constituée d’un son direct, de – 0,6
réflexions précoces et de la réverbération tardive (§ 3.1). Les
– 0,8
réverbérateurs artificiels visent à simuler cette empreinte acous-
tique, soit en tant qu’effet artistique, soit pour produire une expé- –1
0 250 500 750 1 000 1 250 1 500
rience immersive convaincante. Ils sont une composante essentielle
Temps (ms)
des applications de spatialisation sonore.
a représentation en échelle linéaire
■ Le chapitre 2 présente un bref historique des méthodes de réver-
bération électromécaniques. Les chapitres suivants sont dédiés 0
aux approches numériques. Les méthodes (numériques) de réver-
– 10
bération artificielle peuvent être organisées en trois grandes caté-
Amplitude (logarithmique)

gories qui, quoiqu’elles reposent sur des paradigmes différents, – 20


peuvent toutes être appréhendées et analysées par la réponse
impulsionnelle équivalente (figure 2) : – 30
– les approches par échantillonnage (§ 3) consistent à restituer la – 40
signature acoustique d’un lieu en réalisant le filtrage, par convolu-
tion, d’un signal sonore par la réponse impulsionnelle. Ceci suppose – 50
donc d’avoir préalablement acquis, par une mesure acoustique
– 60
in situ, cette réponse impulsionnelle. Puisque celle-ci consigne
l’ensemble des informations du canal acoustique entre l’émetteur – 70
et le récepteur, le procédé permet une écoute virtuelle réaliste de
l’espace considéré. Toutefois nous nuancerons l’authenticité du – 80
résultat en détaillant les contraintes inhérentes à la mesure acous- 0 250 500 750 1 000 1 250 1 500
tique (§ 3.1) ;
Temps (ms)
– les approches algorithmiques (§ 4) visent à générer, par des
b représentation en échelle logarithmique (dB)
procédés de traitement du signal, un effet qui ressemble, qualitati-
vement, à une réverbération naturelle. À l’aide de retards et de fil-
trages, ces techniques synthétisent des signaux qui approchent les Figure 1 – Exemple de réponse impulsionnelle d’une salle (en ordon-
principales caractéristiques d’une réponse impulsionnelle de salle. née : pression sonore normalisée à son amplitude maximale)

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Simulation numérique

Mesure acoustique in situ Réponse impulsionnelle Extraction de critères Paramétrisation perceptive


acoustiques

Réverbérateur à convolution Réverbérateur algorithmique

Signal anéchoïque

Figure 2 – Différentes approches pour la réverbération artificielle

haut-parleurs), d’interactivité (simulation d’un auditeur ou de sources électromécaniques qui transforment un signal électrique entrant
en mouvement), etc. C’est pourquoi il est fréquent, en pratique, d’uti- en une excitation vibratoire transmise à un ressort en hélice. À
liser des techniques hybrides qui combinent plusieurs approches. l’autre bout du ressort, un autre transducteur convertit les oscilla-
tions du ressort en un signal électrique « réverbéré » qui pourra
être additionné au signal sec d’entrée. En fonction de ses caracté-
ristiques (raideur, taille), chaque ressort produit une série d’échos
2. Approches d’amplitude décroissante. En combinant différents ressorts, en
série ou en parallèle, il est possible de générer un profil d’échos
électromécaniques similaire à l’empreinte acoustique d’un espace. La décroissance
énergétique des échos peut être contrôlée par des mécanismes
d’amortissement, par exemple en ajustant l’immersion des res-
■ Chambres d’écho sorts dans des bains d’huile.
Dès les années 1920, des studios se sont équipés de chambres Les réverbérateurs à plaque (plate reverb), apparus dans les
d’écho (echo chamber), salles réverbérantes dans lesquelles un signal années 1950, reposent sur un principe similaire : une fine plaque
sec est diffusé par un haut-parleur, puis ré-enregistré par des micro- métallique est suspendue en tension dans un caisson ; elle est
phones. Le signal ainsi réverbéré (wet) est ensuite ajouté au signal excitée ponctuellement par un actionneur électrodynamique
sec (dry). Les caractéristiques de la chambre d’écho (généralement proche de son centre et les vibrations induites sont captées par un
construite sans surfaces parallèles de sorte à éviter les ondes station- ou des microphone(s) de contact. Une seconde plaque, poreuse et
naires et les phénomènes indésirables de flutter echo), les positions parallèle, peut être approchée ou éloignée de la plaque vibrante
des microphones et du haut-parleur (généralement dans un coin, de pour modifier l’amortissement des vibrations et en conséquence
sorte à exciter un grand nombre de modes) et l’ajout de tentures ou varier la durée de réverbération.
matériaux absorbants assurent un certain contrôle de la réverbéra- Au fil du temps, les réverbérateurs électromécaniques ont
tion. Cette approche produit une réverbération naturelle, mais elle est connu diverses améliorations techniques qui ont permis de nuancer
coûteuse, encombrante et peu flexible. leurs sonorités singulières (densité d’écho, dispersion des ondes) et
de produire des effets de réverbération d’espace convaincants. Tou-
■ Réverbérateurs à ressorts et à plaques
tefois, leur usage est resté cantonné aux studios, en raison de leur
Pour pallier ces inconvénients, différents dispositifs électromé- encombrement, de leur coût, de leur complexité d’utilisation et de
caniques ont été conçus dans les années 1930 à 1980. Les réver- maintenance. Ils ont depuis été remplacés par des réverbérateurs
bérateurs à ressorts (spring reverb) utilisent des transducteurs numériques.

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SPATIALISATION SONORE ___________________________________________________________________________________________________________

le récepteur, qui arrive après un temps de propagation T0, et est


3. Approche par convolution atténuée par la divergence sphérique et l’absorption du milieu), des
(ou par échantillonnage) échos précoces ou premières réflexions (sur les objets et les sur-
faces proches), puis le champ réverbéré tardif ou « queue » de
réverbération (réflexions d’ordres supérieurs dont la densité devient
si grande qu’il n’est plus possible de distinguer les différents échos).
3.1 Réponse impulsionnelle
L’onde directe renseigne sur la direction d’incidence. Les réflexions
■ Anatomie d’une réponse impulsionnelle précoces, qui dépendent de la géométrie de salle et de la position de
Dans un milieu de propagation acoustique tel qu’une salle, le la source et du récepteur, jouent un rôle fondamental dans la sensa-
canal de transmission entre un émetteur et un récepteur peut, en tion d’enveloppement et la perception de la largeur apparente des
première approximation, être considéré comme un système sources (voir [BR 1 150], § 1.2). L’impression de réverbérance est liée
linéaire et invariant dans le temps. Ce système est donc entière- au champ réverbéré tardif.
ment caractérisé par sa réponse impulsionnelle h(t), qui lie le
signal émis x(t) au signal reçu y(t) par : La réverbération tardive peut être considérée comme caractéris-
tique de la salle elle-même (indépendamment de l’émetteur et du
(1) récepteur). Elle dépend essentiellement de son volume et des pro-
priétés absorbantes des surfaces. Après un certain temps caractéris-
Cette réponse impulsionnelle (RI) consigne les contributions de tique appelé « temps de mélange », et au-dessus d’une fréquence
l’émetteur (caractérisé par sa position et son diagramme de limite dite « de Schroeder », la densité d’échos (par unité de temps)
rayonnement), de la salle (définie par sa géométrie et les proprié- et la densité de modes (dans la réponse en fréquence de la salle)
tés des parois et obstacles) et du récepteur (caractérisé par sa sont si grandes que l’on peut modéliser la réverbération tardive
position et son diagramme de directivité). sous la forme d’un processus aléatoire gaussien, filtré par une enve-
La figure 3 présente un archétype d’échogramme de salle. De loppe exponentiellement décroissante. Son énergie décroît de façon
nombreux travaux en acoustique des salles [60] [29] [9] [3] [7] [15] exponentielle, et on appelle « temps de réverbération T60 » la durée
[69] [62] [BR 1 100] [C 3 360] ont montré qu’il est pertinent, tant d’un nécessaire pour que l’intensité diminue de 60 dB. Cette modélisation
point de vue physique que perceptif, de décomposer cette réponse statistique de la réverbération tardive sera à la base des réverbéra-
en trois segments : une onde directe (trajet direct entre la source et teurs algorithmiques (§ 4).

Énergie
T0
(échelle
logarithmique)

T60

– 60 dB
Seuil de bruit

Temps
Son Échos Réverbération
direct précoces tardive
a représentation schématique d’un échogramme

Temps de mélange proportionnel à √V


≈ 50 à 100 ms Temps

Modale
Fréquence
de Schroeder

T60
proportionnelle à 2000
V
≈ 20 à 100 Hz Géométrique Statistique

Fréquence

b domaines de validité des modélisations modale, géométrique et statistique

Figure 3 – Anatomie d’une réponse impulsionnelle de salle

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Relief de décroissance énergétique Relief de décroissance énergétique, après débruitage


0 0

5
20
0 10 0
15
– 20 – 20 40
20
– 40 – 40
25 60
– 60 – 60
dB

dB
30
– 80 – 80
35 80
– 100 – 100
40
– 120 100
– 120
45
1k 2k 0 1k 2k 0
4k 500 50 4k 500 120
6k 1 000 6k 1 000
8k 1 500 8k 1 500
10k 2 000 55 10k 2 000
16k 2 500 16k 2 500
Fréquences (Hz) Temps (ms) Fréquences (Hz) Temps (ms)

a b

Figure 4 – Relief de décroissance énergétique d’une réponse impulsionnelle de salle (a) avant débruitage, la limite temporelle où le bruit devient
prédominant est représentée en tireté blanc et (b) après débruitage par prolongation du profil de décroissance

■ Techniques de mesure d’entrée, il provoque un effet indésirable de réverbération « infinie ».


Plusieurs techniques ont été proposées pour débruiter une RI [38]
Historiquement, la réponse impulsionnelle d’une salle était obtenue
[16]. Par exemple, une approche perceptivement pertinente consiste à
par une mesure directe, en excitant la salle par une impulsion sonore
tronquer le relief de décroissance énergétique (energy decay relief) à
(coup de pistolet à blanc, éclatement d’un ballon, claquoir, etc.)
l’instant où le bruit devient prédominant, puis à le prolonger par une
[BR 1 100]. Ces techniques offrent une mauvaise répétabilité ; elles
réverbération synthétique (bruit blanc gaussien filtré par une enve-
sont agressives pour les opérateurs et présentent un risque de satura-
loppe temps-fréquence appropriée) [49] (figure 4).
tion des microphones car une grande énergie acoustique doit être
déployée pour obtenir un rapport signal sur bruit (RSB) satisfaisant. ■ Maquettes à échelle réduite
Elles ont ensuite été remplacées par des méthodes indirectes ou
« pseudo-impulsionnelles » qui consistent à estimer la réponse impul- Lors de la conception architecturale d’une salle, les acousticiens
sionnelle de la salle, après excitation par une séquence pseudo- ont parfois recours à des modèles réduits qui s’appuient sur le
aléatoire dont l’autocorrélation est un Dirac. Des séquences de principe de similitude acoustique [6] [29] [60] [BR 1 100] : les lon-
longueur maximale (Maximum-Length Sequence, MLS) [98] ou des gueurs d’onde dans la maquette doivent être transformées selon
codes de Golay ont notamment été employés [40]. Ces méthodes le rapport d’échelle 1/ν (typiquement ν = 10 ou ν = 50). Bien que la
offrent une bonne immunité au bruit de fond (éventuellement aux conception et la mesure de maquettes soulèvent un certain
bruits impulsionnels) mais sont peu robustes vis-à-vis des non- nombre de défis techniques, il est possible d’obtenir des RI utili-
linéarités ou des variations temporelles (fluctuations des conditions sables pour l’auralisation [83] [121] [37].
atmosphériques, mouvement de personnes dans la salle, dérive
d’horloge numérique, etc.). Depuis les années 2000, la méthode de
référence est celle du sinus glissant (sine sweep ou chirp) [25] qui 3.2 Techniques de convolution
consiste à exciter la salle par un signal sinusoïdal dont la fréquence en temps réel
varie temporellement pour balayer l’ensemble du spectre. Le signal
capté par le microphone est ensuite convolué par l’inverse du signal La réverbération d’un signal x par une réponse impulsionnelle h
d’excitation pour obtenir la réponse impulsionnelle du système. La s’obtient par la convolution de x par h. Cette opération de convo-
méthode procure un meilleur rapport signal sur bruit que les autres lution est équivalente au filtrage de x par le filtre à réponse
approches et permet, lors de la phase de déconvolution, de séparer impulsionnelle finie (RIF) h [E 3 160] [R 1 101]. Pour des durées de
les éventuelles distorsions harmoniques et la réponse linéaire. Le RSB réverbération usuelles, une seconde ou plus, le nombre Nh de
peut aussi être amélioré en augmentant le niveau d’excitation ou en coefficients de h est très grand et une réalisation directe du fil-
allongeant la durée du sinus d’excitation (sous réserve de respecter trage dans le domaine temporel engendre un coût de calcul rédhi-
l’hypothèse d’invariance dans le temps) [103] [75] [76]. bitoire. Il est alors plus efficace d’utiliser une transformation de
Fourier rapide (Fast Fourier Transform, FFT), la convolution dans
■ Post-traitement le domaine temporel étant équivalente à la multiplication des
Les réponses impulsionnelles captées acoustiquement sont tou- spectres complexes dans le domaine fréquentiel. Dans le cadre
jours soumises à divers artefacts de mesure causés notamment par le d’applications audionumériques en temps réel, le signal d’entrée x
bruit de fond dans la salle ou le bruit électrique des instruments de n’est pas connu à l’avance, mais obtenu au fil de l’eau, typique-
mesure (amplificateur ou convertisseur analogique-numérique) [45] ment par blocs de B échantillons. La convolution par FFT s’opère
[18] [70] [17]. Ce bruit de mesure est problématique dans les applica- alors par superposition de blocs successifs, via une technique de
tions de réverbération artificielle : il se manifeste comme un signal overlap-save ou overlap-add (figure 5).
non décroissant qui prolonge la queue de réverbération naturelle de Ce simple tampon de superposition induit cependant une latence
la RI (voir figures 3 et 1b). Lors de la convolution avec un signal d’entrée-sortie qui n’est pas acceptable pour ces applications en

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R3112

Rappels d’acoustique physique

par Gilles REIGNER


Maître de conférences associé au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers)
Docteur en acoustique physique de l’Université Pierre-et-Marie-Curie
Responsable du développement et de la recherche au CEBTP
(Centre expérimental de recherches et d’études du Bâtiment et des Travaux Publics)

1. Phénomènes et mesure .......................................................................... R 3 112 - 2


2. Niveaux et décibels ................................................................................. — 2
2.1 Puissance...................................................................................................... — 2
2.2 Intensité ........................................................................................................ — 2
2.3 Vitesse particulaire ...................................................................................... — 3
2.4 Niveau de pression acoustique .................................................................. — 3
2.5 Relations entre les différents niveaux acoustiques .................................. — 3
2.6 Somme, soustraction et moyennage des niveaux acoustiques .............. — 3
3. Modèles élémentaires de propagation et de champ acoustique — 4
3.1 Ondes planes et ondes sphériques ............................................................ — 4
3.1.1 Caractérisation de l’onde plane......................................................... — 4
3.1.2 Caractérisation de l’onde sphérique ................................................. — 4
3.1.3 Grandeurs énergétiques associées à une onde sphérique,
en champ lointain ............................................................................... — 4
3.1.4 Cas particulier d’une source en fonction de son environnement... — 5
3.2 Champ diffus................................................................................................ — 5
3.2.1 Pression acoustique en un point du champ diffus .......................... — 5
3.2.2 Intensité acoustique en champ diffus ............................................... — 5
3.2.3 Intensité acoustique incidente sur un plan....................................... — 5
3.2.4 Fréquence délimitant un champ diffus ............................................. — 6
3.3 Analyse de la dissipation acoustique : phénomènes d’absorption......... — 6
3.3.1 Principes .............................................................................................. — 6
3.3.2 Prise en compte de dissipations au cours de la propagation –
absorption atmosphérique ................................................................ — 6
3.3.3 Dissipation dans des milieux poreux................................................ — 7
3.3.4 Interface entre deux milieux – Réflexion réfraction......................... — 7
3.3.5 Application au tube à ondes stationnaires ....................................... — 8
4. Système masse-ressort .......................................................................... — 8
4.1 Principe......................................................................................................... — 8
4.2 Application aux bruits aériens.................................................................... — 9
4.3 Application aux bruits de chocs ................................................................. — 9
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. R 3 115

’acoustique comprend une variété de domaines à l’approche et aux


L techniques très différentes. En ce qui concerne la perception des sons, une
incertitude apparaît, celle qui est due à la variabilité individuelle. Les évé-
nements d’origine acoustique s’imposent à l’être humain sans qu’il lui soit pos-
sible de les éviter. La perception auditive se reporte ainsi sur l’acoustique
physiologique, tout en sachant que toutes les lois définissant les relations psy-
chologiques entre grandeurs physiques et sensations sont des lois statistiques
Parution : décembre 2003

et les limites de validité apparaissent dès que l’incertitude devient plus grande
que le phénomène à mesurer. C’est ce dernier aspect, l’aspect purement
physique, les bases de la théorie de la production et de la propagation des sons

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 3 112 − 1

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R3112

RAPPELS D’ACOUSTIQUE PHYSIQUE ______________________________________________________________________________________________________

que nous allons aborder dans le présent article [R 3 112]. Nous appliquerons
alors plus particulièrement cette première partie à l’environnement et au
bâtiment avec l’étude des mesures en laboratoire [R 3 113] et in situ [R 3 114].
En effet, après des décennies d’évolution assez lente au regard d’autres disci-
plines, l’acoustique du bâtiment est en plein essor. C’est le résultat conjugué de
l’évolution des technologies métrologiques et informatiques mais aussi d’une
demande certaine et de la réglementation qui en découle.

1. Phénomènes et mesure
Lorsqu’une particule d’air est déplacée de sa position d’équilibre,
il se produit une hausse locale temporaire de pression ∆p par rap- Intensité I
port à la pression atmosphérique P 0 . Avant de rejoindre sa posi- sur un élément
ment
tion d’équilibre, cette particule transmet la perturbation aux de surface dS
particules adjacentes. La propagation de ce cycle de compression Source ponctuelle
et dépression constitue l’onde sonore. de puissance W
La grande variété de sons que nous pouvons détecter en tant
qu’être humain ou avec des appareils de mesure signifie que nous
devons être capables de décrire une large gamme de pressions Surface
sonores, vitesses particulaires, fréquences et intensités. En admet- sphérique S
tant que les fréquences perceptibles s’étendent de 20 Hz
à 20 000 Hz, nous avons ainsi un facteur multiplicatif de 103. Pour
leur part, l’écart entre la pression sonore minimale perceptible et
le seuil de la douleur est dans un rapport de 107, ce qui représente Figure 1 – Puissance acoustique W produite par une source
un rapport entre les énergies ou les intensités de 1014. Pour cette omnidirectionnelle placée au centre d’une surface sphérique
raison, et afin de préserver un écart en pourcentage constant pour de rayon r
la description et la mesure de ces quantités qui correspond à notre
perception, nous utilisons une échelle logarithmique. Nous repre-
nons ainsi un sous-multiple de l’unité définie par le physicien
G. Bell dans d’autres circonstances : le décibel dB. Dans le cas d’une source quelconque directionnelle, l’intensité
variera sur l’ensemble de la surface S considérée et la puissance
acoustique W rayonnée est trouvée par intégration sur la
La théorie acoustique et les mesures s’y rapportant n’ont pas surface S :
toujours évolué en même temps. Ainsi, Lord Rayleigh a établi à
la fin du XIXe siècle l’ouvrage fondamental « Theory of
sound » [1]. Puis, au début du siècle, l’évolution de l’électronique
W = 冕冕 S
Id S (1)
a lentement permis d’associer les mesures avec la théorie, avec Dans le cas de la figure 1, l’intégration sur la sphère donne :
par exemple le premier microphone à condensateur inventé par
E. C. Wente en 1915. Le matériel évolue beaucoup en niveau tech- W = 4πr 2 I (2)
nique et la mesure et l’analyse du bruit et des vibrations, étroi-
tement liées, sont de plus en plus complexes mais grandement Comme toute puissance, la puissance acoustique s’exprime en
facilitées. watts.
Le niveau de puissance acoustique L W est défini comme suit :
Lors de la réalisation de mesures acoustiques, l’important n’est
W
pas tant le résultat que de savoir ce que l’on mesure et ce à quoi L W = 10lg ------------ (3)
l’on espère aboutir. Nous allons donc dans un premier temps W0
aborder la physique présente derrière des expressions parfois bien
simples. Il s’exprime en dB référence W 0 , avec W 0 = 10–12 W.
Afin de simplifier les expressions, nous n’allons pas exprimer le Nous voyons ainsi qu’un doublement de la puissance acoustique
son comme la variation locale de pression citée précédemment correspond à une augmentation de 3 dB de son niveau.
(∆p ), mais comme une pression.

2.2 Intensité
2. Niveaux et décibels Deux paramètres sont importants lors de la propagation sonore :
la pression p (ou plutôt les hausses et baisses locales par rapport
à la pression atmosphérique) et la vitesse des particules d’air v qui
2.1 Puissance oscillent autour d’un point d’équilibre. L’intensité acoustique I
constitue l’intégration temporelle des deux. Elle est aussi équiva-
Une source sonore rayonne une puissance et une portion de lente à la quantité d’énergie transmise en moyenne par seconde
celle-ci se propage dans le fluide qui l’entoure. La puissance acous- dans la direction de propagation à travers une surface unité.
tique est l’énergie émise par unité de temps (figure 1). L’intensité acoustique s’exprime en watts par mètre carré. Cette

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74
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R3113

Mesures acoustiques en laboratoire


Bâtiment et environnement
par Gilles REIGNER
Maître de conférences associé au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers)
Docteur en acoustique physique de l’Université Pierre-et-Marie-Curie
Responsable du développement et de la recherche au CEBTP
(Centre expérimental de recherches et d’études du Bâtiment et des Travaux Publics)

1. Conditions nécessaires .......................................................................... R 3 113 - 2


1.1 Pour la chaîne de mesure ........................................................................... — 2
1.2 Pour le laboratoire ....................................................................................... — 2
1.3 Incertitudes de mesure................................................................................ — 3
2. Mesures essentielles pour le bâtiment .............................................. — 3
2.1 Mesure de la transmission des niveaux de bruit de chocs ...................... — 3
2.2 Mesure de l’indice d’affaiblissement acoustique des produits ............... — 3
2.3 Mesure du coefficient d’absorption des matériaux
et des niveaux de puissance....................................................................... — 4
2.3.1 Absorption acoustique en incidence normale :
mesure par tube à ondes stationnaires ............................................ — 4
2.3.2 Absorption acoustique en champs diffus :
mesures en salle réverbérante .......................................................... — 4
2.3.3 Différentes formules existantes pour l’absorption acoustique
en champ diffus .................................................................................. — 5
2.3.4 État stationnaire d’un champ diffus. Mesures de puissance
acoustique ........................................................................................... — 6
3. Mesures complémentaires .................................................................... — 6
3.1 Mesure du module d’élasticité ................................................................... — 6
3.1.1 Par mesure des modes de flexion d’une poutre libre
(modèle de Timoshenko) ................................................................... — 7
3.1.2 Par mesure de l’impédance mécanique ........................................... — 7
3.1.3 Détermination du facteur de perte .................................................... — 8
3.2 Rigidité dynamique ..................................................................................... — 8
3.2.1 Mesurage............................................................................................. — 8
3.2.2 Exemple de résultat de mesure......................................................... — 8
3.3 Précision de mesure .................................................................................... — 8
Pour en savoir plus ............................................................................ Doc. R 3 115

près avoir rappelé les bases de la théorie de la production et de la propa-


A gation des sons dans un premier article [R 3 112], nous allons appliquer ces
bases à l’environnement et au bâtiment avec l’étude des mesures en laboratoire
dans ce présent article [R 3 113] et l’étude des mesures in situ dans l’article sui-
vant [R 3 114].
Pour la définition des symboles, le lecteur se reportera en [R 3 112].
Les mesures en laboratoire concernent essentiellement les produits ou sys-
tèmes, que l’on souhaite qualifier indépendamment de leur environnement.
Ainsi, les essais en laboratoire se différencient des essais in situ, dans le sens
où les conditions d’essais sont théoriquement parfaitement maîtrisées, ce qui
permet de qualifier un produit et non pas un ouvrage dans sa totalité.
Parution : décembre 2003

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R3113

MESURES ACOUSTIQUES EN LABORATOIRE ________________________________________________________________________________________________

1. Conditions nécessaires
Microphone,
préamplificateur
et câble
1.1 Pour la chaîne de mesure
Pistonphone Analyseur pour
Un schéma du matériel de base pour les mesures acoustiques en ou calibreur le traitement
fréquence est donné par la figure 1. du signal
Aujourd’hui, hormis les mesures vibratoires, les mesures acousti-
ques sont dans la plupart des cas réalisées avec des microphones.
Ceux-ci doivent être associés à d’autres appareils pour pouvoir fonc- Figure 1 – Schéma du matériel de base pour les mesures acoustiques
tionner (préamplificateur, alimentation...). en fréquence
En plus de particularités technologiques, nous pouvons retenir
trois caractéristiques essentielles pour cette chaîne microphonique :
la sensibilité, le diagramme de rayonnement, la courbe de réponse
en fréquence. Il va de soi qu’il faut choisir une chaîne adaptée aux Chaque élément de la chaîne de mesure comporte une précision
mesures que l’on souhaite réaliser (on ne réalisera pas une mesure donnée. Celle-ci peut varier en fonction de la classe de l’appareil.
de puissance acoustique de réacteur d’avion avec un micro hyper- Pour des mesures suffisamment précises, il est conseillé de prendre
sensible, par exemple). des appareils de classe 0 ou 1 [5], ce qui conduit à une précision
maximale d’ensemble de ± 0,7 dB. On considère généralement que
Celle-ci est complétée par un dispositif permettant l’analyse la précision globale de l’ensemble d’une chaîne de mesure acous-
fréquentielle du signal mesuré. Il s’agit d’un sonomètre ou d’un ana- tique est de l’ordre de 1 dB.
lyseur, ou de tout autre système comportant un convertisseur ana-
logique-numérique, exploité par des logiciels de traitement du Pour une bonne analyse, et la crédibilité qui l’accompagne, il est
signal adéquats (transformée de Fourier). nécessaire de contrôler périodiquement l’ensemble de ces éléments
et d’assurer la traçabilité de ces contrôles, mais aussi de l’ensemble
Il faut ainsi dans un premier temps définir un spectre de pression des autovérifications effectuées, comme à chaque calibrage par
sonore : exemple. Cela permet aussi d’effectuer à chaque mesure un cali-
+∞


1
S ( ω ) = ---------- 冕 –∞
p ( t ) cos ( ω t ) dt (1)
brage simple (avec un pistonphone à 250 Hz ou avec un calibreur à
1 000 Hz par exemple) et d’étendre avec assurance le résultat à
l’ensemble du spectre mesuré par report des courbes d’étalonnages
La répartition d’énergie par bande de fréquence induit la pression périodiques, disponibles pour chaque élément.
équivalente suivante :
ω2
Pf 1 f 2 = 冕
ω1
S ( ω ) cos ( ωt )d ω (2)
1.2 Pour le laboratoire
Les bandes d’analyse ∆f, différence entre les deux bornes f 2 et f 1 ,
se définissent comme suit : Lors de la mesure d’éléments de bâtiment (fenêtres, planchers,
plafond...), la transmission acoustique ne doit bien sûr s’effectuer
f2 ∆f
— octaves : log 2 -------- = 1 , ce qui conduit à f 2 = 2 f 1 et --------- = 1, que par l’échantillon testé. L’énergie inhérente aux autres types de
f1 f1 transmissions (cf. [R 3 114, § 1.1]) se doit d’être bien inférieure.
avec la fréquence centrale de bande d’octave égale à f c = 2 f 1 ; Il faut ainsi veiller aux points suivants.
f2 1 — Absence de transmissions latérales : cette condition est fonda-
— tiers d’octaves : log 2 -------- = ------ , ce qui conduit à f 2 = 3 2 f 1 et
f1 3 mentale pour la mesure d’éléments à hautes performances (murs
∆f lourds doublés, parois multiples...). Il est nécessaire de les mesurer
--------- = 3 2 – 1. La fréquence centrale d’une bande tiers d’octave est
f1 pour obtenir l’indice d’affaiblissement maximal mesurable par
6 bande tiers d’octave.
quant à elle égale à f c = 2 f 1.
— Champ acoustique homogène : plusieurs sources sonores sont
Enfin, ce système doit être complété par une source sonore per-
nécessaires et leurs positions doivent être qualifiées (en cellule
mettant l’étalonnage de l’ensemble. Avant toute mesure acoustique,
d’émission pour uniformiser la diffusion aux basses fréquences,
une mesure du niveau de celle-ci permet de faire les corrections
mais aussi en réception pour la mesure des temps de
nécessaires pour les mesures suivantes. Les appareils les plus
réverbération) ; un balayage microphonique évite aussi la multipli-
courants sont :
cité de microphones, mais le diamètre de rotation doit être impor-
— le pistonphone : un petit piston se déplace dans une paroi de tant aux basses fréquences.
la cavité dans laquelle est aussi inséré le microphone (volume de
quelques cm3 ). Son mouvement est généralement assez lent et — Bon isolement de la cellule de réception par rapport à
conduit donc à un étalonnage à une fréquence basse (≈ 250 Hz) ; l’extérieur : cela permet d’obtenir un bruit de fond suffisamment bas
— le calibreur : le principe est le même, sinon que le piston est et permet d’obtenir une grande dynamique sans être obligé
remplacé par une membrane, l’inertie de celle-ci permettant l’émis- d’engendrer de très forts niveaux sonores en émission.
sion d’une fréquence plus importante (≈ 1 000 Hz). Sa précision est — Conditions limites des échantillons en rapport avec leur masse
généralement moins bonne, de par l’électronique de production du surfacique et leur montage réel. Ainsi, un mur lourd monté dans un
bruit située en amont et l’impédance propre de la membrane du noyau léger n’aura pas du tout la même transparence acoustique
microphone testé. que celui-ci monté dans un cadre ou noyau présentant un bon écou-
La bande de fréquence examinée s’étend généralement de 100 lement d’énergie vibratoire.
à 5 000 Hz, mais peut sous certaines conditions (comme la validité — Facteur de perte total de l’élément à tester suffisant : la fixa-
du champ acoustique mesuré) être étendue (50 à 10 000 Hz, par tion et l’encastrement des éléments lourds peut ainsi être insuffisant
exemple). Ces mesures sont traditionnellement réalisées en tiers (cas des systèmes flexibles), ce qui va augmenter le temps de réver-
d’octave. bération structurale, donc diminuer le facteur de perte total. On a

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R3114

Mesures acoustiques in situ


Bâtiment et environnement
par Gilles REIGNER
Maître de conférences associé au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers)
Docteur en acoustique physique de l’Université Pierre-et-Marie-Curie
Responsable du développement et de la recherche au CEBTP
(Centre expérimental de recherches et d’études du Bâtiment et des Travaux Publics)

1. Mesures bâtiment .................................................................................... R 3 114 - 2


1.1 Différents types de transmission................................................................ — 2
1.2 Mesure de l’isolement acoustique normalisé et du niveau
de bruit de choc ........................................................................................... — 2
1.2.1 Application de la norme française .................................................... — 2
1.2.2 Application des normes européennes .............................................. — 3
1.2.3 Limites de mesures ............................................................................ — 4
1.3 Mesure des transmissions latérales........................................................... — 4
1.3.1 Approche normative........................................................................... — 4
1.3.2 Principe de mesurage......................................................................... — 4
1.4 Mesures acoustiques intensimétriques ..................................................... — 5
1.4.1 Expression de l’intensité à partir de mesures de pression ............. — 5
1.4.2 Conditions de mesurages .................................................................. — 5
1.4.3 Limites de mesure .............................................................................. — 5
1.4.4 Applications ........................................................................................ — 6
1.5 Mesures vibratoires..................................................................................... — 6
1.5.1 Appareillage ........................................................................................ — 6
1.5.2 Expression d’un champ acoustique
à partir de mesures vibratoires ......................................................... — 6
1.5.3 Application .......................................................................................... — 7
2. Mesures environnementales ................................................................. — 7
2.1 Conditions atmosphériques nécessaires................................................... — 7
2.2 Mesures acoustiques sur ouvrages routiers ............................................. — 8
2.2.1 Méthode impulsionnelle .................................................................... — 8
2.2.2 Méthode de perte par insertion......................................................... — 9
2.3 Mesures de niveaux sonores et d’émergence .......................................... — 10
2.3.1 Valeurs mesurées et calculées........................................................... — 10
2.3.2 Caractéristiques particulières d’un bruit........................................... — 10
2.3.3 Exemple............................................................................................... — 10
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. R 3 115

près avoir rappelé les bases de la théorie de la production et de la propa-


A gation des sons dans un premier article [R 3 112], nous avons appliqué ces
bases à l’environnement et au bâtiment avec l’étude des mesures en laboratoire
dans l’article précédent [R 3 113]. Dans cet article [R 3 114], nous nous intéres-
sons aux mesures in situ.
Pour la définition des symboles, le lecteur se reportera en [R 3 112] et [R 3 113].
Parution : décembre 2003

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77
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R3114

MESURES ACOUSTIQUES IN SITU _________________________________________________________________________________________________________

1. Mesures bâtiment
Alors que les mesures en laboratoire concernent essentiellement
les produits ou systèmes, les essais « in situ » qualifient un
ouvrage dans sa totalité. Pour comprendre les résultats d’une
mesure, il est donc nécessaire dans un premier temps de
comprendre les différents chemins de transmission existants.

Émission
mission
1.1 Différents types de transmission Réception

L’étude des transmissions latérales nécessite à elle seule plu-


sieurs thèses et nous n’allons pas beaucoup développer ce vaste
sujet.
Dans la réalité, il existe deux types de transmissions acoustiques
(figure 1) :
— les transmissions par voie directe : il s’agit du séparatif, que
nous avons étudié dans [R 3 113] ;
— les transmissions par voie indirecte.
Ces dernières sont divisibles en deux catégories :
Transmission directe
— les transmissions parasites ; il s’agit des ponts phoniques par
les faux-plafonds, les gaines techniques... ; Transmission latérale
— les transmissions latérales. Transmission parasite
De nombreux ouvrages traitent des généralités sur ce sujet,
comme celui sur l’amélioration acoustique des logements du
Figure 1 – Différents types de transmission existant
CATED [20]. Concernant l’analyse des couplages dans les struc-
avec une jonction verticale [19]
tures, de nombreux travaux ont été effectués, qui utilisent là
encore l’analyse modale ou la SEA (Statistical Energy Analysis ).
On peut citer ceux de Guyader, Boisson et Lesueur [21] et surtout
les récentes normes européennes fournissant des codes de calcul
pour la performance des bâtiments à partir de la performance des Le bruit à l’émission est généralement un bruit, rose ou blanc. Il
produits [22] [23]. faut veiller à ce que le niveau L 2 demeure 10 dB au-dessus du bruit
de fond dans toutes les bandes de fréquences.
Contrairement à ces analyses très générales, d’autres publica-
tions sont spécifiques. On trouve ainsi l’étude commune ITBTP Pour le bruit de chocs, il suffit de placer une machine à chocs
(Institut Technologique du Bâtiment et des Travaux Publics) – UTC normalisée au sol et de mesurer dans la pièce du dessous, d’à côté
(Université Technologique de Compiègne) menée en 1985 sur les ou autre. L’expression du niveau de bruit de chocs normalisé est
transmissions acoustiques latérales dans les maisons à ossature alors :
bois [24].
T
 
L nT = L i – 10 lg ----------
T0
(2)

1.2 Mesure de l’isolement acoustique Li est mesuré suivant [R 3 112], équation (12).
normalisé et du niveau de bruit de choc
1.2.1.2 Calculs globaux

1.2.1 Application de la norme française Ils permettent par une grandeur unique de caractériser un iso-
lement entre locaux, un niveau global.
Ainsi, l’isolement acoustique normalisé, exprimé en dB(A) est
1.2.1.1 Expressions calculé comme suit :
Nous allons dans un premier temps nous référer à la norme DnAT = XE – XR (3)
française NF S31.057 [25], encore largement employée. Nous
sommes en présence d’expressions comparables à celles obtenues XE et XR représentent respectivement les niveaux sonores
en laboratoire. Ainsi, l’isolement acoustique normalisé DnT , d’émission et de réception, calculés pour un bruit de référence :
exprimé par bande de tiers ou d’octave, caractérise la différence
de pression acoustique mesurée dans deux locaux, dont l’un m

 
( S j + C j ) /10
comprend une source de bruit : XE = 10 lg ∑ 10 (4)
j =1
T
D nT = L 1 – L 2 + 10 lg --------- (1)
T0
m

∑ 
( S j – D nT + C j ) /10
avec l’isolement brut D = L 1 – L 2 et T 0 la durée de réverbération de XR = 10 lg 10 j (5)
référence (0,5 s). j =1

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78
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R3114

________________________________________________________________________________________________________ MESURES ACOUSTIQUES IN SITU

Les valeurs de pondération A (correction Cj ) sont les suivantes :

j 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Fréquence tiers d’octave 100 125 160 200 250 315 400 500 630
Cj (dB) – 19,1 – 16,1 – 13,4 – 10,9 – 8,6 – 6,6 – 4,8 – 3,2 – 1,9

j 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Fréquence tiers d’octave 800 1 000 1 250 1 600 2 000 2 500 3 150 4 000 5 000
Cj (dB) – 0,8 0 0,6 + 1,0 + 1,2 + 1,3 + 1,2 + 1,0 + 0,5

Les valeurs du spectre de référence Sj sont les suivantes :


— pour un bruit routier (bruit global de 70 dB(A)) :

j 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Fréquence tiers d’octave 100 125 160 200 250 315 400 500 630
Sj (dB) 66 66 66 65 65 63 62 61 61

j 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Fréquence tiers d’octave 800 1 000 1 250 1 600 2 000 2 500 3 150 4 000 5 000
Sj (dB) 61 60 59 59 58 56 54 52 50

— pour un bruit rose : 80 dB pour toutes les bandes tiers tuent une méthodologie « d’expertise », et remplacent les normes
d’octave. françaises NF S 31-054 et 31-056. Ces normes sont plus exigeantes
Le niveau de bruit de chocs normalisé s’exprime quant à lui de en termes de mesurage.
la manière suivante : Les formules précitées sont globalement les mêmes, seule
m

 
( L nT + C j ) /10 l’expression des indices globaux change.
L nAT = 10 lg ∑ 10 j (6)
j =1 Ainsi, les expressions (1) et (2) demeurent pour la mesure, tandis
que leurs appellations deviennent :
1.2.1.3 Position des appareils de mesure — L ′nT au lieu de LnT pour le niveau de bruit de choc ;
Les positions de l’unique microphone de mesure sont les — Dn,T à la place de DnT pour l’isolement.
suivantes :
— à une hauteur de 1 m 50 pour une pièce ; Les calculs des indices globaux sont calqués sur ceux des
— pour les isolements de façade, à 2 m de celle-ci, au droit et au mesures en laboratoire (cf. [R 3 113, § 2.2]), prenant au passage
centre de la portion de façade mesurée ; une indexation « w » (Dn,T,w pour l’isolement acoustique standar-
— au tiers de la diagonale d’une pièce, du côté opposé aux disé et L ′nT , w pour le niveau de bruit de choc standardisé).
fenêtres et opposé à la source de bruit.
Pour ce qui est des correspondances entre indices européens et
La source de bruit doit quant à elle être placée de la manière indices français, distinguons les deux types de mesure :
suivante :
— bruits de chocs : il n’existe pas de correspondance entre L ′nT , w
— face au coin d’une pièce ;
— pour les isolements de façade, à 7 m minimum de celle-ci avec et LnAT ;
un angle d’azimut nul, inclinée vers l’élément mesuré : — bruits aériens : nous devons définir le nouvel indice d’iso-
• positionnée au sol pour simuler un trafic routier, lement acoustique standardisé pondéré DnT,A , correspondant
• positionnée en l’air (tenue par une grue...) pour simuler un tra- presque typologiquement à celui de l’équation (3) (mais au calcul
fic aérien ; très différent). Celui-ci se calcule comme tel :
— pour une machine à chocs, elle doit être placée dans la mesure
du possible en un seul point proche du centre des pièces. • bruit rose : DnT,A = Dn,T,w + C
• bruit route : DnT,A,tr = Dn,T,w + Ctr
1.2.2 Application des normes européennes
On constate alors généralement que :
1.2.2.1 Généralités DnT,A = DnAT – 1
Nous nous référons ici aux normes NF EN ISO 140 pour les
mesures et aux normes NF EN ISO 717 pour les calculs, qui consti- DnT,A,tr = DnAT (route)

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R6030

Mesures en acoustique industrielle.


Partie 1

par Michael BOCKHOFF


Ancien Ingénieur au Centre technique des industries mécaniques (CETIM) à Senlis
Jean JACQUES
Ingénieur à l’Institut national de recherches et de sécurité (INRS) à Paris
Thierry LOYAU
Institut national de recherches et de sécurité à Nancy
et Léon THIERY
Ingénieur à l’Institut national de recherches et de sécurité à Nancy

Ce texte est la version révisée de l’article rédigé en 1995 par Claude AZAIS,
Jean-Pierre GUILHOT, Pierre JOSSERAND et Michel WILD

1. Caractéristiques des bruits ................................................................... R 6 030 - 2


1.1 Caractéristiques physiques ......................................................................... — 2
1.2 Caractéristiques physiologiques................................................................. — 5
2. Instruments de mesure acoustique ..................................................... — 8
2.1 Chaîne de mesure ....................................................................................... — 8
2.2 Mesure des bruits fluctuants....................................................................... — 16
2.3 Analyse de spectre....................................................................................... — 21
2.4 Appareil de mesure spécifique : l’intensimètre ......................................... — 24
2.5 Mesure des bruits ........................................................................................ — 26
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. R 6 030

ans la première partie de ce dossier sur l’acoustique industrielle, nous


D allons définir les grandeurs acoustiques utilisées pour caractériser le
bruit, puis on s’intéressera aux instruments de mesure : microphones, sono-
mètres, dosimètres exposimètres, intensimètres.
Le second dossier [R 6 031] traitera des méthodes de mesure et de réduction
du bruit.
Parution : décembre 2008

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MESURES EN ACOUSTIQUE INDUSTRIELLE.PARTIE 1 ______________________________________________________________________________________

Symboles et notations 1. Caractéristiques des bruits


Symbole Unité Définition 1.1 Caractéristiques physiques
A m2 aire d’absorption équivalente 1.1.1 Caractéristiques d’une source de bruit
Une source peut être caractérisée par le niv eau de pression
c m/s célérité du son acoustique qu’elle produit à une distance donnée. Ce niveau
dépend de la nature de la source ainsi que des conditions de pro-
f Hz fréquence pagation (conditions aux limites imposées par les parois d’un
local, par exemple).
I W/m2 intensité acoustique
Il paraît plus commode de caractériser cette source par une gran-
I0 W/m2 intensité acoustique de référence deur énergétique : la puissance acoustique fournie par la source.
(égale à 10–12 W/m2) Dans le cas général d’une source sonore complexe, on devra
donner la puissance acoustique en fonction de la fréquence, c’est-
LI dB niveau d’intensité acoustique à-dire donner son spectre de fréquences.
Par ailleurs, une source a en général des directions d’émission
Leq , T dB niveau continu équivalent sur la durée T
privilégiées pour lesquelles la puissance émise est plus impor-
LEX , d dB niveau d’exposition quotidienne tante. On aura souvent besoin de la caractériser par son dia-
(durée 8 h) gramme de directivité.

Lpc dB niveau de pression acoustique de crête 1.1.1.1 Spectre de puissance acoustique


■ La puissance acoustique W(watts) d’une source peut s’écrire :
Lp dB niveau de pression acoustique
: :
W = ∫ p (u ⋅ n) dS
LW dB niveau de puissance acoustique S
avec p (Pa) valeur efficace de la pression,
m kg/m2 masse surfacique :
u (m/s) vitesse acoustique (instantanée) d’une particule,
:
p Pa pression acoustique efficace n normale à la surface S,
S (m2) surface fermée entourant la source.
p0 Pa pression acoustique de référence
(2 × 10–5 Pa) C’est le flux de l’intensité acoustique à travers la surface S.
:
Le vecteur intensité acoustique I se définit par :
p (t) Pa pression acoustique instantanée : :
I = pu
Q .......... coefficient de directivité Si l’on est suffisamment éloigné de la source (plusieurs longueurs
d’onde), l’onde peut être assimilée à une onde plane. On démontre
A m2 constante acoustique du local
que, dans ce cas particulier, il existe une relation de proportionnalité
R dB indice d’affaiblissement acoustique entre la pression et le module de la vitesse, donnée par :
p /u = ρ c
T s période, constante de temps,
durée d’intégration avec ρ (kg/m3) masse volumique du milieu,
c (m/s) célérité du son dans le milieu.
Tr s durée de réverbération
■ On peut définir alors l’intensité acoustique d’une onde plane
u m/s vitesse acoustique par la relation :
p2
I=
W W puissance acoustique ρc

W0 W puissance acoustique de référence Notons que la grandeur intensité acoustique ainsi définie repré-
(10–12 W) sente la valeur moyenne, pendant une période, de la puissance
traversant une unité de surface perpendiculaire à la direction de
w W/Hz densité spectrale de puissance acoustique propagation.
La puissance acoustique W s’obtient en réalisant une intégration
α .......... facteur d’absorption sur une surface entourant la source :
: :
α0 .......... facteur d’absorption à l’incidence normale W = ∫ I ⋅ n dS
S
α ......... facteur d’absorption moyen ■ Il est d’usage d’exprimer la puissance acoustique d’une source
sous la forme d’un niveau de puissance acoustique (décibels) :
λ m longueur d’onde
W
ρ kg/m3 masse volumique LW = 10 lg
W0
τ ......... facteur de transmission avec W0 = 10–12 W puissance acoustique de référence, le symbole
L venant de l’anglais level (niveau).
τ .......... facteur de transmission moyen
Le décibel est le niveau de puissance acoustique pour
ω rad/s pulsation lequel W/W0 = 101/10.

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R6030

_______________________________________________________________________________________ MESURES EN ACOUSTIQUE INDUSTRIELLE.PARTIE 1

■ On pourrait envisager de faire une analyse fine de cette puis- L’opération inverse reste délicate. On peut toutefois faire l’hypo-
sance en utilisant des filtres de faible largeur (1 Hz). Le résultat thèse (si le spectre ne comporte pas de fréquences pures) que la répar-
obtenu serait une densité spec trale de puissance acoustique w (f) tition spectrale est uniforme dans la bande considérée, et écrire que :
en watts par hertz.
W (Δf1) = w (f ) Δf1 et W (Δf 2 ) = w (f ) Δf 2
Le plus souvent, on utilise des filtres d’analyse en fréquence d’où :
relativement larges (filtres d’octave ou de tiers d’octave (§ 2.3.1), et Δf1
l’on dispose d’un nombre restreint de résultats (de 8 à 24) pour LW (Δf 2 ) = LW (Δf1) − 10 lg
caractériser la source, mais on effectue aussi des analyses en Δf 2
bandes 1/N d’octave (avec N jusqu’à 24). On peut vérifier aisément à l’aide de cette relation que, dans le
cas d’une répartition spectrale uniforme, le niveau mesuré par un
analyseur en bandes de fréquence de largeur une octave est supé-
L’octave est l’intervalle logarithmique, en base binaire, de
rieur de 5 dB environ à celui qu’on avait obtenu avec un analyseur
deux fréquences dont le rapport est égal à 2 :
par bandes de tiers d’octave.
1 octave = lb (f1/f 2 ) avec f1/f 2 = 2
1.1.1.2 Diagramme de directivité
avec lb logarithme en base 2.
Nous avons raisonné jusqu’à présent sur la puissance totale
émise par la source, sans tenir compte du fait qu’il existe des direc-
■ La puissance acoustique totale W est la somme des puissances
tions privilégiées suivant lesquelles le rayonnement acoustique est
mesurées dans chacune des bandes d’analyse et exprimées en
plus important. Ce cas correspondait à une source omnidirection-
watts.
nelle émettant suivant une direction donnée, une densité angulaire
Dans le cas où la source est connue par son niveau de puissance de puissance :
acoustique, il convient de calculer la puissance par la relation : dW W
=
dΩ 4π
W
= 10LW / 10 avec Ω angle solide.
W0
Le coefficient de directivité Q d’une source quelconque suivant
puis de sommer et enfin de calculer le niveau de puissance acous- une direction donnée est, par convention, le rapport de la puis-
tique total de la source. sance émise dans cette direction à celle émise par une source
omnidirectionnelle de même puissance totale.
Exemple
On appelle diagramme de directivité de la source la surface
On dispose du spec tre de puissa
nce a
c r b
oustique pa andes
construite en portant une longueur égale à la valeur du coefficient
d’oc
ta nt (figure 1) :
ve suiva
de directivité suivant la direction considérée, cela pour toutes les
f (Hz) 125 250 500 1 000 2 000 directions de l’espace.
LW (dB ) 65 70 70 75 60 Le diagramme de directivité d’une source omnidirectionnelle est
W/ W0 3,16× 10 6 107 107 16 × 107
3, 106 donc une sphère de rayon unité (Q = 1).
Total :W/W0 = 5,576 × 10 7 Dans le cas général, on ne sait pas représenter simplement ce
diagramme, sauf si la source présente un axe de symétrie ; sa
Niveau global :LW = 77,5 dB
représentation dans un plan est alors très aisée.
Nota : les fréquences f sont les fréquences centrales des bandes d’octave (§ 2.3). Notons que la directivité d’une source dépend de la fréquence ;
il serait donc nécessaire de connaître le diagramme de directivité
Ce calcul pourrait être effectué de proche en proche à l’aide de la source pour chacune des bandes de fréquence considérées
d’abaques de sommation des niveaux exprimés en décibels. Le dans le spectre (figure 2).
calcul direct est préférable : on évite ainsi d’accumuler des erreurs
de calcul qui, au bout de nombreuses opérations, peuvent Un cas particulier important est celui où les dimensions de la
atteindre ou dépasser le décibel. source sont petites devant la distance à laquelle on s’intéresse au
niveau sonore. Si la source est supposée omnidirectionnelle, on
On constate qu’il est possible de passer simplement d’un prendra :
spectre de puissance acoustique mesuré par bandes de tiers
• Q = 2 si la source est posée sur un plan réfléchissant ;
d’octave (ou moins) au spectre par bandes d’octave, par addition
des puissances des bandes de fréquence constituant la bande • Q = 4 si la source est posée à l’angle de deux murs ;
d’octave considérée. • Q = 8 si la source est posée dans un coin d’une pièce.
Nous constatons que, alors qu’il est aisé de donner le spectre de
puissance acoustique d’une source, il est plus difficile de donner
son diagramme de directivité (sauf dans le cas d’une source
présentant un axe de symétrie). Dans la plupart des cas, on s’inté-
resse au niveau sonore en champ réverbéré, et seule la première
de ces données sera considérée.

1.1.2 Propagation du son


1.1.2.1 Propagation en champ libre
Si l’observateur se situe à une distance assez grande de la
machine (plusieurs fois les dimensions de celle-ci), on peut suppo-
ser la source ponctuelle.
■ Si la source est omnidirectionnelle et si l’on peut négliger
l’absorption par le milieu (cas des distances inférieures à la
Figure 1 – Exemple de spectre de puissance acoustique d’une source centaine de mètres dans l’air), la puissance se répartit également

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83
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MESURES EN ACOUSTIQUE INDUSTRIELLE. PARTIE 1 ______________________________________________________________________________________

Alors :
I p2
LI = 10 lg = 10 lg
I0 ρ c I0
p
LI = 20 lg = Lp
p0

avec p0 pression de référence égale à ρc I0 arrondie par


convention à la valeur 2 · 10–5 Pa.
Ce dernier résultat est désigné par Lp : niveau de pression
acoustique. C’est cette grandeur qui sera toujours utilisée pour
exprimer un résultat acquis par la mesure, à l’exclusion des résul-
tats de mesure obtenus par intensimétrie.

1.1.2.3 Niveau sonore en espace clos


Dans un espace clos, on peut considérer que l’intensité acous-
tique est la somme de deux termes :
– le champ direct :
W
I =Q
4πr 2
– le champ réverbéré dû à toutes les ondes ayant subi une ou
plusieurs réflexions sur les parois avant d’atteindre l’observateur.
Si chaque élément de paroi est caractérisé par son facteur
d’absorption α (rapport de la puissance absorbée à la puissance
incidente), on peut définir une aire d’absorption équivalente A
Figure 2 – Exemple de diagramme de directivité : caractéristiques donnée par :
directionnelles typiques d’un haut-parleur
A = ∑ α i Si = αS
sur une sphère de rayon r et l’intensité acoustique, c’est-à-dire la
puissance moyenne traversant une surface perpendiculaire à la avec αi facteur d’absorption de l’élément de surface Si ,
direction de propagation, s’écrit : S surface totale des parois,
W α facteur d’absorption moyen de la pièce.
I=
4πr 2 On démontre que l’intensité du champ réverbéré est donnée par
avec I (W/m2) intensité acoustique, la relation :
W (W) puissance acoustique, 4W
I=
r (m) distance à la source. A
■ Si l’on tient compte du coefficient de directivité Q de la source, A
on peut écrire : avec A = constante acoustique du local.
W 1− α
I =Q A et donc α peuvent soit être évalués directement (dans le cas
4πr 2
d’une prévision acoustique), soit être calculés en fonction de la
On appelle parfois, cette intensité acoustique champ direct, car il durée de réverbération Tr du local. Cette durée de réverbération
s’agit d’une onde qui s’est propagée directement de la source à correspond au temps que met le niveau sonore à décroître de
l’observateur, par opposition à toutes les ondes ayant subi une ou 60 dB après interruption de la source et est donnée par la formule
plusieurs réflexions sur des obstacles. de Sabine :
1.1.2.2 Expression du niveau d’intensité acoustique V
Tr = 0,16
De même que pour la puissance acoustique, il est d’usage A
d’exprimer l’intensité acoustique sous la forme du niveau d’inten-
sité acoustique en décibels (dB) : avec Tr (s) durée de réverbération,
V (m3) volume de la salle,
I
LI = 10 lg A (m2) aire d’absorption équivalente.
I0
avec I0 intensité de référence, égale à 10–12 W/m2. L’intensité acoustique à la distance r de la source s’écrit alors :

Remarque : à moins d’utiliser un dispositif spécifique de  Q 4


I= + W
mesure (§ 2.4), le niveau d’intensité acoustique n’est pas  4 πr 2 A 
accessible par la mesure directe. Dans les autres situations, on
a recours à une approximation pour accéder à L à partir de la Si l’on introduit le niveau d’intensité acoustique (dB), la relation
seule grandeur simplement mesurable : la pression acoustique. précédente s’écrit :
Cette approximation consiste à généraliser à l’ensemble des
situations la relation valable dans le cas de l’onde plane :  Q 4
LI − LW = 10 lg  +
p2  4 πr 2 A 
I=
ρc
où A et r sont exprimés respectivement en m2 et en m.

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Dans le cas considéré, on démontre que :


R0 = 20 lg
2ρc

avec R0 (dB) indice d’affaiblissement acoustique à l’incidence


normale,
m (kg/m2) masse surfacique de la paroi,
ω = 2 πf (rad/s) pulsation de l’onde incidente,
ρ (kg/m3) masse volumique de l’air,
c (m/s) célérité du son.
On constate que l’indice d’affaiblissement acoustique augmente
de 6 dB par doublement de la masse ou par doublement de la
fréquence, c’est-à-dire que l’isolement acoustique est d’autant
meilleur que la fréquence est grande et/ou que la masse surfaci-
que des murs est grande.
■ Dans le cas pratique de locaux fermés, on peut faire l’hypothèse
que le champ réverbéré est un champ diffus (c’est-à-dire que
l’énergie acoustique arrive également suivant tous les angles
d’incidence), et l’on calcule un indice d’affaiblissement acoustique
en champ diffus Rd donné par la relation :

Rd = R0 − 10 lg (0, 23 R0 )
Figure 3 – Différence entre le niveau d’intensité acoustique
et le niveau de puissance acoustique d’une source en fonction Cette relation, bien que donnant des résultats différant de
de la distance quelques décibels des résultats pratiques, ne serait-ce qu’à cause
des hypothèses simplificatrices qui ont permis de l’établir, peut se
révéler d’un emploi commode dans les calculs de prévision acous-
Cette relation est habituellement tracée en Lp – LW sous la forme tique.
du réseau de courbes de la figure 3.
1.1.2.5 Transmission entre deux locaux
On remarque que :
– près de la source, le champ direct l’emporte (droite de pente – Un cas pratique intéressant est celui où la source sonore se situe
6 dB par doublement de la distance) ; dans un local où elle crée un niveau sonore Lp1 et où l’on s’inté-
– au-delà d’une certaine distance, seul est à prendre en compte resse au niveau sonore Lp2 induit dans un local adjacent. Si S (m2)
le champ réverbéré ; il est indépendant de la position de l’observa- est la surface de la paroi de couplage et A (m2) la constante
teur. acoustique du local de réception (§ 1.1.2.2), on démontre que :
Ces considérations nous seront d’une grande utilité dans l’étude S
du traitement acoustique des locaux industriels. Lp 2 = Lp1 − Rd + 10 lg
A
A pplication numérique : cons idér
onsu ne s ou r
ce r ayonnantdans
avec Rd (dB) indice d’affaiblissement acoustique en champ diffus
la bande d’oct av e 500 Hz u n niveau de pu is
s ance acou stique
de la paroi.
LW = 70 dB (soit W = 10–5 W), pla cée dans un a telier de dimensions
2 3
10 × 20 × 5 m (soit S = 700 m et V = 1 000 m ). On note que le niveau sonore induit dans le local de réception
croît avec la surface de couplage et décroît quand on augmente
Le facteur d’absorption moyen des parois est égal àα = 0,1 donc
l’absorption du local.
A = 78 m2. Le niveau sonore en champ réverbéré est égal à:
Dans le cas où la paroi se compose de plusieurs panneaux de
Lp = LW +(Lp − LW ) = 70+(− 13) = 57 dB masses différentes (portes, fenêtres, etc.), chaque panneau étant
ce résultat pouvant être obtenu soit par le calcul, soit par les courbes caractérisé par sa surface Si et son facteur de transmission τi , les
de la figure 3. puissances acoustiques transmises par chacun des éléments vont
s’ajouter. On peut encore utiliser la relation précédente, à
1.1.2.4 Transmission à travers une paroi (loi de masse) condition de définir un facteur de transmission moyen :

■ Considérons une onde plane, sinusoïdale, de pulsation ω (rad/s),


τ =
∑ Si τ i
tombant à l’incidence normale sur une paroi infinie, dénuée d’élas-
ticité et caractérisée par sa masse surfacique m (kg/m2). ∑ Si
Nous pouvons caractériser cette paroi par son facteur de et : 1
transmission : Rd = 10 lg
W τ
τ = 2
W1 1.2 Caractéristiques physiologiques
avec W1 puissance acoustique de l’onde incidente,
Comme toute mesure, la mesure d’un niveau sonore n’a d’inté-
W2 puissance acoustique de l’onde transmise. rêt qu’en fonction du but recherché.
On peut aussi définir un indice d’affaiblissement acoustique R La mesure physique de l’intensité acoustique par bandes de
(dB) par la relation : fréquence (octave ou tiers d’octave), si elle est très utile dans le
1 cas d’une prévision ou d’un traitement acoustique, ne peut pas
R = 10 lg
τ être une fin en soi. Le niveau résultant doit être interprété en

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termes de sensation auditive, ce qui impose l’utilisation d’unités


représentatives soit de la sensation auditive, soit de la gêne
produite par un bruit, soit du risque (de perte d’audition en parti-
culier) dû à l’exposition à ce bruit.
Les études de psychoacoustique montrent que la sensation
engendrée par un son ne varie pas proportionnellement à l’inten-
sité acoustique. Le modèle classique introduit une loi logari-
thmique et justifie l’usage du décibel.
L’exposition au bruit est caractérisée par le niveau de pression
acoustique Lp (en décibels) en un point donné :

p2
Lp = 10 lg
p02

avec :
p0 = 2 × 10−5 Pa

Lp se définit comme étant dix fois le logarithme de base 10 du


rapport du carré de deux pressions, dont celle du dénominateur
représente environ le seuil liminaire audible à 1 kHz en son pur, en
champ libre, en écoute binauriculaire et en onde plane.

1.2.1 Sensation auditive. Courbes de pondération


On peut essayer de savoir dans quelle mesure la sensation audi-
tive due à un son pur dépend de la fréquence de ce son. Si l’on
porte la valeur du niveau sonore nécessaire pour obtenir une Figure 4 – Lignes isosoniques normales pour des sons purs écoutés
sensation égale à celle d’un son dit de référence, on obtient un en champ libre (réseau de Robinson et Dadson)
réseau de courbes isosoniques. Le réseau de Robinson et Dadson
représenté à la figure 4 a été normalisé (NF ISO 226).
Ce réseau n’est valable qu’en valeur moyenne, pour des indivi-
dus otologiquement sains et jeunes ; il faut donc s’attendre en pra-
tique à une dispersion importante des résultats.
On peut toutefois en déduire que l’oreille est moins sensible aux
fréquences graves et aux fréquences aiguës, et ce d’autant plus
que le niveau est faible. C’est l’origine des courbes de pondération
des sonomètres (§ 2.1.2) : ces courbes appelées A, B et C, normali-
sées (NF EN 61672-1, CEI 61672-1), représentent les réponses de
filtres insérés dans les sonomètres et destinés à donner une
lecture de l’appareil de mesure représentative de la sensation audi-
tive (figure 5).
La courbe de pondération D a une origine un peu différente et
est exclusivement utilisée pour évaluer la gêne due au bruit des
aéronefs.
Notons que la tendance actuelle semble être à l’utilisation de la
courbe A dans la majorité des mesures.

1.2.2 Gêne due aux bruits


Figure 5 – Courbes de pondération normalisées des sonomètres
1.2.2.1 Bruits stationnaires
En fait, la sensation n’est pas un des critères les plus importants Notons que les résultats obtenus et exprimés en NR présentent,
dans les mesures acoustiques ; il semble plus utile de se préoccu- dans le cas des bruits industriels, une certaine concordance avec
per de la gêne due aux bruits. Malgré la difficulté que l’on éprouve les niveaux sonores pondérés par la courbe A de la figure 5 [la
à définir de façon précise cette notion, des courbes d’évaluation mesure en dB(A) étant généralement supérieure de 5 dB à la
du bruit ont pu être normalisées (ISO 1996-1) (figure 6), ainsi que valeur NR], ce qui incite à utiliser le niveau sonore pondéré A pour
des méthodes d’évaluation (NF S 31-010). la mesure de la gêne due aux bruits.
Leur emploi est le suivant : on fait une analyse du bruit par
bandes d’octave entre 31 et 8 000 Hz. On reproduit ce spectre sur le 1.2.2.2 Bruits fluctuants
réseau de courbes de la figure 6, et l’on prend comme valeur repré- Dans le cas de bruits dont le niveau sonore évolue en perma-
sentative du bruit le paramètre de la courbe la plus élevée qui tou- nence au cours du temps, on peut utiliser les résultats précédents
che un point du spectre. Le résultat s’exprime en NR (noise rating ). à condition de remplacer la valeur du niveau sonore par le niveau
On peut ainsi définir des valeurs à ne pas dépasser suivant continu équivalent Leq (§ 2.2.1). Ce niveau peut être défini comme
l’usage du local, ainsi que des termes correctifs à ajouter, tenant le niveau sonore du bruit stationnaire qui, appliqué pendant la
compte du type de bruit rencontré (bruit intermittent, impulsif, pré- même durée que le bruit fluctuant, aurait fourni la même énergie
sence de sons purs, etc.). acoustique (ISO 1996-1 ; NF S 31-010).

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Mesures en acoustique industrielle


Partie 2 : méthodes de mesure
et de réduction du bruit

par Michaël BOCKHOFF


Ancien ingénieur au Centre technique des industries mécaniques à Senlis
Jean JACQUES
Ingénieur à l’Institut national de recherches et de sécurité (INRS) à Paris
Thierry LOYAU
Institut national de recherches et de sécurité à Nancy
et Léon THIERY
Ingénieur à l’Institut national de recherches et de sécurité à Nancy
Ce texte est la version révisée de l’article rédigé en 1995 par Claude AZAIS,
Jean-Pierre GUILHOT, Pierre JOSSERAND et Michel WILD

1. Méthodes de mesure ............................................................................... R 6 031 - 2


1.1 Mesures en milieu industriel....................................................................... — 2
1.2 Mesure du bruit dans l’environnement des bâtiments industriels .......... — 2
1.3 Mesures sur les engins de chantier ............................................................ — 3
1.4 Mesure de la puissance acoustique ........................................................... — 7
2. Spécifications acoustiques des machines ........................................ — 9
2.1 Exigences essentielles de la directive « machines » relatives au bruit ... — 9
2.2 Articulation entre normes de type B et de type C ..................................... — 9
2.3 Normes de type B sur l’émission sonore des machines .......................... — 9
2.4 Bruit dans les normes de type C ................................................................. — 10
2.5 Codes d’essai acoustique ............................................................................ — 10
2.6 Démarche à suivre pour la conception ...................................................... — 11
2.7 Mesures préalables...................................................................................... — 11
2.8 Cahier des charges des machines .............................................................. — 12
2.9 Réception acoustique .................................................................................. — 12
3. Méthodes de réduction des niveaux sonores en milieu
industriel ..................................................................................................... — 12
3.1 Réduction des niveaux sonores dans un atelier........................................ — 12
3.2 Réduction de la transmission acoustique entre deux locaux................... — 13
3.3 Protection individuelle ................................................................................. — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. R 6 032

a protection des individus contre les nuisances sonores met en œuvre un


L certain nombre de mesures réglementaires liées à la nature du problème
rencontré :
Parution : décembre 2009

– nuisances au poste de travail et risque de surdité à long terme ;


– bruit d’environnement et gêne de voisinage.

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MESURES EN ACOUSTIQUE INDUSTRIELLE _______________________________________________________________________________________________

Ces normes et règlements encadrent aussi bien la conception des appareils


de mesure que leur utilisation.
Dans le présent texte, qui fait suite au dossier « Mesures en acoustique
industrielle. Partie 1 », nous étudierons les méthodes de mesure. Enfin, nous
présenterons les principes physiques permettant de réduire les bruits en milieu
industriel par le traitement des machines ou celui des locaux.

Le lecteur se reportera utilement à l’article [R 3 112] Rappels d’acoustique physique dans la


base documentaire Mesures et Contrôle, aux articles de la rubrique Son et image dans le
traité Télécoms des Techniques de l’Ingénieur et à l’article Réglementation acoustique des
bâtiments [C 3 365] des Techniques de l’Ingénieur.

1. Méthodes de mesure Simultanément, si possible, mais en tout état de cause sur des
échantillons temporels semblables, seront déterminés les niveaux
de crête maximaux.

1.1 Mesures en milieu industriel Pour les postes de travail mobiles, la meilleure solution consiste
à utiliser un exposimètre individuel qui, porté par le salarié, four-
Le mesurage de l’exposition au bruit sur les lieux de travail fait nira le Leq ainsi que les dépassements des valeurs limites de la
l’objet de la norme ISO 9612 qui, il y a quelques années, a été reje- pression crête. Il existe en général, pour ce type d’appareils, un
tée en tant que norme européenne, les États membres ayant sou- logiciel d’exploitation qui permet la mise en mémoire des résultats
haité unanimement conserver en la matière leurs normes sous forme d’un fichier informatique, ainsi que diverses représen-
nationales. Mais en mai 2009, la norme NF EN ISO 9612 a finale- tations des phénomènes mesurés.
ment vu le jour, montrant une évolution de la politique des États
membres qui abandonnent leur méthode nationale au profit d’une
méthode européenne unique. 1.1.2 Exploitation des mesures
Pour le moment, en France, lorsque les mesures ont pour but la
protection de l’audition, elles sont effectuées en LAeq . La méthode Elle consiste à comparer les résultats aux exigences légales.
est définie par la norme NF EN ISO 9612 et les mesures, lorsqu’il Il est possible, mais difficile, d’obtenir une prévision d’apparition
s’agit d’une mise en demeure de l’Inspection du travail, doivent de la surdité professionnelle quand on connaît l’âge du sujet, le
être effectuées par un organisme accrédité conformément à la loi. nombre d’années pendant lesquelles il a été exposé au bruit et ses
En ce qui concerne la réglementation relative à la protection des audiogrammes durant cette période (voir norme NF S 31-013).
travailleurs contre le bruit, il faut se référer à la directive euro-
péenne (2003/10/CE) qui est applicable depuis juillet 2006.
L’arrêté du 30 août 1990 pris pour l’application de l’article 1.2 Mesure du bruit dans l’environnement
R. 235-11 du code du travail concerne la construction ou l’aménage-
ment des locaux de travail où doivent être installés des machines et
des bâtiments industriels
appareils susceptibles de soumettre les travailleurs à un niveau
d’exposition sonore quotidienne supérieur à 85 dB(A). Dès lors qu’il Deux réglementations contrôlent les émissions sonores dans
est établi que la réverbération, évaluée par une méthode d’acous- l’environnement d’une installation :
tique prévisionnelle, provoque une augmentation du niveau d’expo-
– l’arrêté no 30-02 du 23 janvier 1997 régissant les installations
sition quotidienne égale ou supérieure à 3 dB(A), les parois doivent
classées (cet arrêté remplace les arrêtés du 1er mars 1993 et 20
recevoir une correction acoustique par matériaux absorbants.
août 1985) ;
– le décret no 95-08 du 18 avril 1995 sur les bruits de voisinage.
1.1.1 Utilisation de sonomètres
ou d’exposimètres Ces textes se basent sur l’évaluation objective d’une situation
acoustique à partir de grandeurs mesurables. Pour caractériser la
La méthode de mesure la plus simple consiste à utiliser un réalité complexe d’une situation sonore, on a retenu un indicateur
sonomètre intégrateur qui fournira le LAeq ,TD correspondant à la global : le niveau sonore équivalent sur une période de référence.
durée effective de la journée de travail, puis à faire le calcul de : Celui-ci, mesuré à partir d’un sonomètre intégrateur, intègre les
variations du bruit (en dynamique et en spectre) sur la période.
TD C’est sur cette grandeur que s’exercent les exigences réglemen-
LEX ,d = LAeq ,TD + 10 lg
28 800 taires. Les principes de limitation font intervenir deux notions :
ou à faire effectuer ce calcul par le sonomètre si cela est possible. – un niveau limite constituant un seuil à ne pas franchir : le bruit
est limité de manière absolue ;
Lorsque le poste quotidien est constitué de plusieurs tâches, le
LAeq,Ti de chaque tâche sera déterminé, avec sa durée, et le calcul – une restriction d’émergence sanctionnant l’élévation du niveau
s’effectue selon la formule : ambiant en présence du bruit de l’équipement : le bruit est limité
de manière relative.
 ∑ 100 ,1Li ⋅Ti 
LAeq ,TD = 10 lg   Ces deux démarches cohabitent actuellement, avec toutefois
 ∑Ti  une prépondérance pour la deuxième. La caractérisation de la
situation sonore initiale dans laquelle s’insère une installation est
puis le LEX,d est déterminé comme indiqué plus haut. de ce fait primordiale.

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_______________________________________________________________________________________________ MESURES EN ACOUSTIQUE INDUSTRIELLE

1.2.1 Installations classées


Zones considérées LAeq,T
La loi no 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations clas- Zone d’hôpitaux, de repos, aires de protection 45 dB(A)
sées pour la protection de l’environnement définit les dispositions des espaces naturels
applicables aux installations soumises à autorisation ou à déclara-
tion selon la nature des dangers qu’elles représentent pour leur Zone résidentielle, rurale ou suburbaine, avec 50 dB(A)
environnement (le bruit figurant parmi les nuisances recensées). faible circulation de trafic terrestre, fluvial

L’arrêté du 20 août 1985 encadrait, jusqu’à l’arrêté du 1er mars Zone résidentielle urbaine 55 dB(A)
1993, toutes les installations classées qu’elles soient soumises à
autorisation ou à déclaration. Zone résidentielle urbaine ou suburbaine, avec 60 dB(A)
quelques ateliers ou centre d’affaires, ou avec
L’arrêté du 23 janvier 1997 concerne les installations classées des voies de trafic terrestre, fluvial ou aérien
soumises à autorisation. Il s’applique aux installations nouvelles à assez importantes ou dans les communes
partir du 1er juillet 1997 (à l’exception de certaines activités indus- rurales, bourgs et hameaux agglomérés
trielles). Il analyse la nuisance générée par l’installation classée par
un double critère : Zone à prédominance d'activités commerciales, 65 dB(A)
industrielles ou agricoles
• critère d’émergence caractérisant l’élévation du niveau
sonore induit par le fonctionnement de l’installation, l’émer- Zone à prédominance industrielle (industrie 70 dB(A)
gence étant définie comme la différence de niveau sonore lourde)
dB(A) entre le bruit ambiant, établissement en fonctionne-
ment, et le bruit résiduel ;
L’appréciation du niveau limite est effectuée après étude
• critère de niveau limite fonction de la nature de l’urbanisation
d’impact sur la zone considérée lorsque l’installation est à l’arrêt. Il
aux alentours de l’installation (cf. arrêté du 20 août 1985).
peut donc être variable et modulé sur le pourtour de la propriété.
L’arrêté du 23 janvier 1997 privilégie l’approche en terme
d’émergence à celle en termes de limite d’émission sonore. Ainsi,
1.2.2 Dispositions particulières : chaufferies
il impose des niveaux acoustiques en limite de propriété tels que
l’émergence sonore dans les zones à émergence réglementée ne
Un arrêté du ministère de l’Industrie du 3 juin 1978 stipule que le
dépasse pas de 5 à 6 dB(A) selon les niveaux sonores résiduels
niveau de pression acoustique du bruit engendré par une chauffe-
pour les périodes diurnes de 7 h à 22 h (hors dimanche et jours
rie ne doit pas dépasser 50 dB(A) à une distance de 2 mètres des
fériés) et 3 à 4 dB(A) pour les périodes nocturnes de 22 h à 7 h
façades de tous les bâtiments d’habitation et des bureaux environ-
(dimanche et jours fériés compris). On note un niveau sonore
nants.
maximal admissible de 70 et 60 dB(A) respectivement.

1.2.3 Installations non classées


Niveau de bruit de 22 h à 7 h,
de 7 h à 22 h, Le contrôle des nuisances sonores au voisinage d’une installa-
ambiant y compris
sauf dimanches tion non classée est régi par le décret no 95-08 du 18 avril 1995
(incluant le bruit dimanche et jours
et jours fériés relatif à la « lutte contre les bruits de voisinage ». Celui-ci remplace
de l’établissement) fériés
le décret no 88-523 du 5 mai 1988 sans en modifier les principes.
supérieur Pour toute activité pouvant porter atteinte à la tranquillité du voisi-
à 35 dB(A) nage, I’infraction est constituée lorsque l’émergence du bruit parti-
6 dB(A) 4 dB(A)
et inférieur ou égal culier en cause vis-à-vis du bruit ambiant dépasse un certain seuil.
à 45 dB(A) L’émergence est fixée à 5 dB(A) en période diurne (7 h-22 h) et à
3 dB(A) en période nocturne (22 h-7 h), seuils qui peuvent être
supérieur
5 dB(A) 3 dB(A) pondérés en fonction de la durée d’apparition du bruit objet de la
à 45 dB(A)
plainte (cf. tableau 1).
Il est complété par l’arrêté du 10 mai 1995 relatif aux modalités
de mesure des bruits de voisinage, selon la norme NF S 31-010,
Les zones à émergence réglementées sont définies et figées à relative à la caractérisation et au mesurage des bruits de l’environ-
partir de l’état d’urbanisation constaté à la date de l’autorisation. nement.
Ce sont :
– l’intérieur des immeubles habités ou occupés par des tiers,
existant à la date de l’arrêté d’autorisation, de l’installation en tout 1.3 Mesures sur les engins de chantier
point de leurs parties extérieures les plus proches (cour, jardin,
terrasse) ; Lorsqu’on parle du bruit des engins de chantier, trois démarches
– les zones constructibles définies par des documents opposa- sont à distinguer en fonction de l’objectif visé.
bles aux tiers à la date de l’arrêté d’autorisation ; • La mesure du bruit émis dans l’environnement dans des
– l’intérieur des immeubles habités ou occupés par des tiers qui conditions de fonctionnement normalisées permet de comparer
ont été implantés après la date de l’arrêté d’autorisation, dans les différentes machines entre elles et d’évaluer leur conformité à des
zones constructibles définies ci-dessus et leurs parties extérieures limites réglementaires ou commerciales. Le présent article traite
éventuelles les plus proches. surtout cet aspect en se focalisant sur les dispositions de la direc-
tive européenne 2000/14/CE qui régit en Europe le bruit de tout
Le contrôle de ces émergences est effectué par l’application de matériel utilisé à l’extérieur des bâtiments : domaine d’application,
la norme NF S 31-010 de décembre 1996, par des niveaux de pres- buts visés selon les matériels, rôles et responsabilités des diffé-
sion acoustique équivalents pondéré LAeq,T . rents acteurs, mesure et déclaration du bruit.

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MESURES EN ACOUSTIQUE INDUSTRIELLE _______________________________________________________________________________________________

existent pour lesquelles des difficultés techniques majeures ont été


Tableau 1 – Valeurs critiques d’émergence reconnues, justifiant un report de l’abaissement. La liste réactuali-
en fonction des durées cumulées d’apparition sée des limites (voir tableau 2) constitue la pièce principale de la
du bruit particulier objet de la plainte directive 2005/88/CE.
Durée cumulée Émergence Par ces textes 63 matériels sont concernés au total, dont 6 ne se
Émergence limite
d’apparition du bruit limite de jour distinguent que par leur motorisation (moteur à combustion
de nuit de 22 h 00
particulier au cours de 7 h 00 interne ou électrique). 22 sont regroupés dans l’article 12 (déclara-
à 7 h 00
de la période à 22 h 00 tion des niveaux avec respect de limites), 41 dans l’article 13
(dB(A))
de référence (dB(A)) (déclaration seule).
La nouveauté de cette réglementation réside dans les faits
30 s < T ⭐ 1 min 14 12 suivants :
• Désormais, le fabricant seul est responsable de sa déclara-
1 min < T ⭐ 2 min 13 11
tion. Il n’y a plus de passage obligé par un laboratoire agréé
pour effectuer les mesures d’homologation.
2 min < T ⭐ 5 min 12 10
• Un contrôle est néanmoins prévu par des organismes notifiés
qui doivent valider les méthodes de mesure et les résultats
5 min < T ⭐ 10 min 11 9 des fabricants et réaliser des mesures dans certains cas.
• Tous les niveaux déclarés sont des valeurs garanties (dans un
10 min < T ⭐ 20 min 10 8
sens statistique du terme, voir § 1.3.1.3).

9 7 L’utilisateur néophyte de la directive peut trouver une aide utile


20 min < T ⭐ 45 min
dans le guide qui a été publié par l’Office des publications offici-
elles des Communautés européennes (position sur le guide pour
45 min < T ⭐ 2 h 8 6 l’application de la directive 2000/14/CE du Parlement européen et
du Conseil concernant le rapprochement des législations des États
2h< T ⭐4h 7 5 membres relatives aux émissions sonores dans l’environnement
des matériels destinés à être utilisés à l’extérieur des bâtiments,
4h < T ⭐8h 6 4 Luxembourg : Office des publications officielles des Communautés
européennes, 2002, ISBN 92-894-3940-8).
T>8h 5 3
■ Le rôle des organismes notifiés
Les organismes notifiés ne sont concernés que par les matériels
• La mesure du bruit engendré en situation réelle est nécessaire soumis à limite (article 12). Leur mission comporte deux volets :
si l’on veut évaluer les nuisances auxquelles sont exposés les rive- – avant la mise sur le marché, valider les déclarations des fabri-
rains, par exemple au voisinage d’un chantier urbain. Cet aspect cants. S’il s’agit d’une vérification à l’unité, effectuer des mesures
sera traité plus brièvement et on se limitera essentiellement à évo- afin de valider la conformité du matériel ;
quer les principales difficultés. – lors de la production, veiller au maintien de la conformité des
• Le bruit au poste de travail doit être mesuré si l’on veut évaluer matériels à la directive.
l’exposition de l’opérateur pour définir d’éventuels moyens de pro- En pratique, avant la mise sur le marché, le fabricant choisit un
tection. Les procédures de mesure et les documents de référence, organisme notifié sur la liste publiée au JO des Communautés
notamment les directives « Machines » et « Agents physiques », ne européennes (voir par exemple http://europa.eu.int/comm/enter-
seront pas présentés ici. prise/newapproach/legislation/nb/notified_bodies.htm). Ensuite, il
choisit l’une des quatre procédures possibles :
1.3.1 Directive européenne 2000/14/CE relative – annexe VI, contrôle interne de la production :
au bruit émis dans l’environnement • première procédure : l’organisme contrôle périodiquement
les mesures que le fabricant a effectuées au cours de la pro-
1.3.1.1 Dispositions générales duction,
• deuxième procédure : l’organisme effectue lui-même des
■ Domaine d’application
mesures à intervalles aléatoires ;
La directive 2000/14/CE qui date du 8 mai 2000 a été transposée – annexe VII, vérification à l’unité ;
en droit français au 18 mars 2002. Initialement, elle prévoyait
– annexe VIII, assurance de la qualité complète.
seulement deux périodes :
• Phase 1 : du 3 janvier 2002 au 2 janvier 2006 ;
1.3.1.2 Mesures de bruit
• Phase 2 : à partir du 3 janvier 2006, ■ Mesures initiales
mais aujourd’hui, le principe d’une révision tous les quatre ans Avant de mettre un matériel sur le marché, le fabricant doit
semble acquis. Une première modification, qui n’a changé ni la déterminer son niveau de puissance acoustique pondéré A à partir
structure ni l’esprit du document de base, est apparue avec la des niveaux de pression acoustique relevés sur un contour fermé
directive 2005/88/CE du 14 décembre 2005. en champ libre. Comme normes de base, sont admises aussi bien
La directive 2000/14/CE a instauré l’obligation pour les fabricants l’ISO 3744:1995 que l’ISO 3746:1995, mais en cas de litige c’est la
(ou leurs mandataires établis dans la Communauté si le matériel première qui doit être utilisée.
est fabriqué hors Europe) d’apposer l’indication du niveau de puis- Pour les petites machines (plus grande dimension < 8 m), le
sance acoustique pondéré A de leurs matériels, avec le marquage contour de base préconisé est un hémisphère avec six positions de
« CE », de façon visible sur les machines. Pour certains matériels, microphones (et éventuellement six positions supplémentaires).
la directive spécifie en plus un niveau limite. Conformément au Son rayon r doit être égal ou supérieur au double de la plus
texte initial, lors du passage à la phase 2, ces limites ont été révi- grande dimension du parallélépipède de référence, il est arrondi à
sées à la baisse de 2 à 3 dB(A). Toutefois, quelques exceptions la plus proche des valeurs supérieures suivantes : 4, 10, 16 m. Pour

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Tableau 2 – Article 12, limites réactualisées (directive 2005/88/CE)


Puissance nette installée P Niveau admissible de puissance acoustique
(kW) (dB/1 pW)
Puissance électrique Pel
(kW) (1)
Type de matériel
Masse m de l’appareil Phase I à compter Phase II à compter
(kg) du 3 janvier 2002 du 3 janvier 2006
Largeur de coupe L
(cm)

Engins de compactage (rouleaux compacteurs vibrants P ⭐8 108 105 (2)


et plaques et pilonneuses vibrantes)
8 < P ⭐ 70 109 106 (2)

P > 70 89 + 11 lg P 86 + 11 lg P (2)

Bouteurs, chargeuses, chargeuses- P ⭐ 55 106 103 (2)


pelleteuses sur chenilles
P > 55 87 + 11 lg P 84 + 11 lg P (2)

Bouteurs, chargeuses, chargeuses-pelleteuses


sur roues, tombereaux, niveleuses, compacteurs P ⭐ 55 104 101 (2) (3)
de remblais et de déchets de type chargeuse,
chariots élévateurs en porte-à-faux à moteur
à combustion interne, grues mobiles, engins
de compactage (rouleaux compacteurs non vibrants), P > 55 85 + 11 lg P 82 + 11 lg P (2) (3)
finisseurs, groupes de puissance hydraulique

Pelles, monte-matériaux, treuils de chantier, P ⭐15 96 93


motobineuses
P > 15 83 + 11 lg P 80 + 11 lg P

Brise-béton et marteaux-piqueurs à main m ⭐15 107 105

15 < m < 30 94 + 11 lg m 92 + 11 lg m (2)

m ⭓ 30 96 + 11 lg m 94 + 11 lg m

Grues à tour 98 + lg P 96 + lg P

Groupes électrogènes de soudage et de puissance Pel ⭐ 2 97 + lg Pel 95 + lg Pel

2 < Pel ⭐ 10 98 + lg Pel 96 + lg Pel

10 > Pel 97 + lg Pel 95 + lg Pel

Motocompresseurs P ⭐15 99 97

P > 15 97 + 2 lg P 95 + 2 lg P

Tondeuses à gazon, coupe-gazon/coupe-bordures L ⭐ 50 96 94 (2)

50 < L ⭐ 70 100 98

70 < L ⭐ 120 100 98 (2)

L > 120 105 103 (2)


(1) Pel pour les groupes électrogènes de soudage : courant de soudage conventionnel multiplié par le voltage de charge conventionnel pour la plus faible valeur
du taux de travail donnée par le fabricant.
Pel pour les groupes électrogènes de puissance : énergie primaire selon la norme ISO 8528-1:1993, point 13.3.2.
(2) Les chiffres de la phase II sont indicatifs uniquement pour les types de matériels suivants :
– rouleaux compacteurs à conducteur à pied ;
– plaques vibrantes (> 3 kW) ;
– pilonneuses vibrantes ;
– bouteurs (sur chenilles d’acier) ;
– chargeuses (sur chenilles d’acier > 55 kW) ;
– chariots élévateurs en porte-à-faux à moteur à combustion interne ;
– finisseurs équipés d’une poutre lisseuse comportant un dispositif de compactage ;
– brise-béton et marteaux-piqueurs à main à moteur à combustion interne (15 < m < 30) ;
– tondeuses à gazon, coupe-gazon/coupe-bordures.
Les chiffres définitifs dépendront de la modification de la directive à la suite du rapport visé à l’article 20, paragraphe 1. En l’absence de modification, les
chiffres de la phase I resteront applicables durant la phase II.
(3) Pour les grues mobiles monomoteurs, les chiffres de la phase I demeurent applicables jusqu’au 3 janvier 2008. Au-delà de cette date, les chiffres de la
phase II s’appliquent.

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les machines plus grandes, on choisira un contour parallélépipédi- s’oriente progressivement vers le concept de la norme ISO 7574-4
que avec une distance de mesure d = 1 m. Aucune correction avec quelques simplifications dans la formulation. Il en résulterait
d’environnement n’est admise : K2A = 0. alors l’expression suivante pour K :
Au-delà de ces dispositions générales, l’annexe III de la directive
précise pour chaque matériel, tantôt par description détaillée tan- K = 1, 5σ t
tôt par renvoi sur des normes, les dispositions spécifiques, notam-
ment en ce qui concerne les conditions de fonctionnement durant avec σt écart type total (σ R2 + σ prod
2 )1/2 ,
l’essai. σR écart type de reproductibilité. On utilisera la valeur
Si à ce stade le fabricant dispose déjà de plusieurs exemplaires indiquée dans le tableau proposé par les organismes
du matériel, il peut déterminer les niveaux de puissance acoustique notifiés,
d’un échantillon afin d’estimer l’écart type de production (voir σprod écart type de production donné par le produit de sprod
§ 1.3.1.3) par l’équation suivante : (à déterminer par le fabricant de l’équipement) et d’un
facteur de sécurité SF qui tient compte du nombre n
1 n de spécimens étudiés. SF varie de 1,5 (n = 5-7) à 1,0
sprod = ∑(L − LWA )2
n − 1i =1 WAi
(n ≥ 20).
En principe, l’écart type de production devrait être représentatif
avec n nombre de spécimens étudiés, de la totalité de la série dans laquelle on a prélevé les échantillons
testés et dont peuvent être issus également les spécimens d’un
LWAi niveau de puissance acoustique du spécimen numéro éventuel contrôle. Dans la pratique, il est évident que lors des
i, mesures initiales, le fabricant ne peut pas encore disposer d’élé-
LWA moyenne arithmétique des n niveaux de puissance ments suffisamment pertinents pour déterminer sprod avec
acoustique. précision. Il se contentera alors d’une estimation, par exemple à
partir des paramètres standard que préconise la norme ISO 4871. Il
■ Mesures périodiques peut également utiliser une valeur obtenue pour une production
précédente de matériels similaires ou pour une présérie si elle
Lorsqu’un matériel est mis sur le marché, le fabricant doit
existe. (Le guide recommande alors de procéder à des mesures
prendre toutes les mesures nécessaires pour que le procédé de
sur au moins cinq spécimens.)
fabrication assure la conformité du matériel avec la documentation
technique et la déclaration initiale. Cela implique généralement Si, au cours des mesures périodiques, la valeur garantie est
des mesures périodiques de bruit pour contrôler la constance des dépassée à cause d’une variation de production plus forte que pré-
paramètres suivants : vue, le fabricant doit corriger son procédé de fabrication afin de
– niveau de puissance acoustique (moyenne de la production) ; remettre en conformité le matériel. Si la correction s’avère impos-
sible ou insuffisante, la valeur garantie doit être ajustée à la
– incertitude statistique due aux variations de production,
hausse. A contrario, si la variation de production est plus faible
et pour remédier à d’éventuelles dérives. La méthode des mesures qu’attendue, la valeur garantie peut être révisée à la baisse.
(normalisées ou simplifiées) ainsi que leur périodicité restent à
l’instigation du fabricant ou de son organisme notifié (selon la pro-
cédure choisie, les mesures sont effectuées soit par le fabricant, 1.3.2 Bruits engendrés en situation réelle
soit par l’organisme notifié). La directive n’exige que la mise à dis-
position d’une documentation technique qui consigne les résultats 1.3.2.1 Mesure du bruit
des contrôles et les mesures de correction éventuellement mises
En France le bruit émis par des chantiers, c’est-à-dire des sites
en œuvre.
où un ensemble d’équipements fonctionne en situation réelle, n’a
■ Cas particulier de la déclaration à l’unité pas encore fait l’objet d’une réglementation particulière ni d’une
normalisation dédiée. Pour caractériser donc un tel site, qu’il soit
Lorsqu’un matériel n’existe qu’en un seul exemplaire et pour les simple (ouverture d’une tranchée pour pose de canalisation, par
petites séries, le fabricant peut opter pour la « vérification à exemple) ou plus complexe (construction d’immeuble, de voies de
l’unité ». Dans ce cas, les mesures de bruit sont toujours effectuées transport ou d’ouvrages) on peut être tenté de se référer aux
selon les méthodes spécifiées dans la directive, mais c’est l’orga- méthodes de mesure détaillées dans la directive 2000/14/CE. Mal-
nisme notifié qui s’en charge et qui délivre un certificat individuel heureusement, on se heurtera très vite à des obstacles de taille.
de conformité pour chaque matériel.
La principale difficulté provient du fait qu’en situation réelle, le
bruit résultant est engendré en partie seulement par les machines
1.3.1.3 Déclaration du bruit
(M), mais aussi par les procédés (P) : déplacement de matière, mou-
Il est nécessaire de déterminer et de maintenir le niveau de puis- vement des engins, chocs, etc. Or, les méthodes préconisées par la
sance acoustique garanti. La directive définit le niveau de puis- directive ne prennent en compte que le bruit de la machine, qualifié
sance acoustique garanti comme « le niveau de puissance de surcroît dans des conditions censées être représentatives du
déterminé par des mesures en incluant les incertitudes liées aux fonctionnement réel, mais qui peuvent s’avérer majorantes dans
variations de la production et aux procédures de mesure ». Cela certains cas et minorantes dans d’autres.
conduit à une relation dont la forme générale est indiquée dans Pour une machine donnée, le bruit résultant (M + P) peut être
l’équation suivante : mesuré :
– soit pendant le fonctionnement normal du chantier si les per-
LWA garanti = LWA mesuré + K
turbations dues au bruit des autres machines restent négligeables ;
– soit dans un environnement équivalent, plus facile à contrôler,
Ni le concept statistique à retenir ni les règles pratiques d’échan-
en reproduisant de manière réaliste les conditions du procédé.
tillonnage pour déterminer le terme K ne sont spécifiés dans la
directive. Et quant au guide, il fournit bien les instruments statis- Mais s’il est encore envisageable de déterminer ce bruit résul-
tiques de base, mais il se garde bien de prendre une position claire tant (M + P), il est généralement très difficile de séparer le bruit (M)
sur les incertitudes de mesure. Cela fait que le débat reste toujours dû aux machines et composants seuls du bruit (P) lié au procédé,
ouvert. Néanmoins, la réflexion au sein des organismes notifiés de hiérarchiser les contributions respectives et donc d’envisager

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Effet du bruit sur l’homme

par Jacques JOUHANEAU


Professeur titulaire de la chaire d’Acoustique au Conservatoire des arts et métiers

1. Définitions relatives au bruit ................................................................ G 2 720v2 - 2


2. Effets auditifs du bruit ........................................................................... — 3
2.1 Gêne .............................................................................................................. — 3
2.2 Perte d’audition due au bruit ...................................................................... — 5
3. Effets non auditifs du bruit ................................................................... — 7
3.1 Stress physiologique ................................................................................... — 7
3.2 Perturbations physiologiques dues au bruit.............................................. — 9
4. Autres perturbations non auditives .................................................... — 11
4.1 Effets du bruit sur le sommeil ..................................................................... — 11
4.2 Effets du bruit sur la performance .............................................................. — 12
5. Théories sur les mécanismes d’action du bruit ............................... — 13
.
6 Conclusion.................................................................................................. — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. G 2 720v2

e toutes les agressions que l’homme subit dans son environnement quo-
D tidien, le bruit représente, sans conteste, le facteur le plus présent, le plus
répandu et le plus insidieux. Soupçonné depuis plusieurs décades d’être res-
ponsable de divers troubles physiologiques et physiques, le bruit a fait l’objet
d’approches et de recherches multiples visant à comprendre ses modes
d’action et ses mécanismes. En dépit de ces travaux, le bruit reste aujourd’hui
l’une des nuisances les plus mal connues aussi bien sur le plan de ses effets
sur l’individu que sur celui de ses répercussions économiques et sociales.
Cette méconnaissance repose en premier lieu sur la difficulté de mesurer les
conséquences réelles – à court, moyen ou à long terme – de l’agression sonore
sur des organismes susceptibles de s’adapter et donc de masquer tout ou
partie de ces effets. Elle est renforcée par le fait que le bruit comporte un grand
nombre de composantes subjectives et qu’à ce titre il peut être perçu de façons
très différentes d’un individu à l’autre avec des réactions variables donnant
lieu à des interprétations trop souvent contradictoires ou ambiguës.
Parution : octobre 2008

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EFFET DU BRUIT SUR L’HOMME ________________________________________________________________________________________________________

1. Définitions relatives Tableau 1 – Classification du bruit


au bruit Classification selon le niveau
< 40 dBA Calme : zone résidentielle,
La première des ambiguïtés qui caractérisent la notion de bruit salle de conférences, hôpital...
apparaît au niveau même de sa définition.
40 à 60 dBA Modéré : circulation normale,
Selon les auteurs, le bruit est un phénomène tantôt physique, bureau collectif, restaurant...
tantôt subjectif, ce dernier aspect pouvant être pris dans son sens
perceptif aussi bien que culturel. 60 à 80 dBA Bruyant : forte circulation, atelier,
café...
Pour la Commission électrotechnique internationale (CEI), le > 90 dBA Intense : avion, atelier très bruyant,
bruit est un « son ayant généralement un caractère aléatoire armes à feu...
sans composantes bien définies ».
Classification selon la structure
Pour les ouvrages classiques (Larousse, Robert), le bruit est Structure spectrale Infrasons
défini en référence à la musique, ce qui, dans la perspective des
conditions de travail, serait bien difficile de justifier : « Ensemble Très basses fréquences
de sons sans harmonie », « phénomène dû à une superposition de Basses fréquences
vibrations diverses non harmoniques », ou « ce qui, dans ce qui
est perçu dans l’ouïe (sic) n’est pas senti comme son musical ». Médium
Seuls les Anglo-Saxons se placent délibérément dans la pers- Aigus
pective des effets perturbateurs du bruit. Ils le définissent comme
un « son jugé indésirable par le sujet qui le reçoit » s’attachant Stridents ou suraigus
essentiellement à la réponse et non plus au stimulus qui la pro-
voque. Ultrasons
Pour être la plus générale, cette définition reste cependant en Structure temporelle Bruits continus stables
deçà des réalités. Elle néglige une des composantes majeures de la (cf. arrêté du 12 août (fluctuations ≈ 2 dB)
perception : l’habituation. En effet, l’homme, grâce à ses facultés 1975, [Doc. G 2 720v2])
d’adaptation, se révèle apte à intégrer le bruit comme une compo- (figure 1) Bruits fluctuants (fluctuations > 2 dB)
sante familière de son environnement et à en atténuer (voir Bruits de niveau variable
supprimer ?) le caractère agressif. Le son ne représente plus, dans
ce cas, une entité indésirable et la question essentielle reste de Bruits intermittents
savoir si cette forme de « neutralisation » ne s’effectue pas au détri- (pics de durée 5 1 s)
ment d’autres équilibres fondamentaux de l’organisme. En d’autres
termes : quel peut être le coût physiologique de l’adaptation au Bruits impulsifs (pics de durée < 1 s)
bruit ? Bruits impulsifs quasi stables
Il est à noter, par ailleurs, que le qualificatif « indésirable » (impulsions successives de durée
s’oppose aux idées contenues dans les définitions françaises à < 0,2 s et d’amplitude ≈ 2 dB)
connotation plus musicale. La non-harmonie (selon Larousse) ou
Classification selon l’effet
la non-musicalité (selon Robert) sont des notions très restrictives
qui négligent la dimension introduite par le concept de nuisance Bruits gênants Action psychologique ou psychique
sonore. C’est précisément cette subjectivité – facteur très limitatif entraînant parfois des variations phy-
qui intervient à l’encontre de toutes les lois de quantification – qui siologiques
ne permet pas de conclure sur l’importance de la structure du bruit
dans son action sur l’homme. Bruits stressants Modifications de l’état d’équilibre
physiologique. Effets auditifs et non
Ainsi, ce qui est considéré comme signal – vecteur d’information
auditifs réversibles
– pour les uns sera perçu comme bruit pour les autres. La musique
du voisin est presque toujours indésirable même chez un sujet pour Bruits traumatisants Effets irréversibles.
qui la musique ne l’est pas. Le contexte peut avoir plus d’impor- Lésions auditives, troubles
tance que la nature du signal et cette relativité est probablement à physiologiques ou psychiques graves
l’origine des multiples paradoxes qui régnent dans le domaine des
effets du bruit. Ceux-ci peuvent être illustrés de façon bien symbo-
lique par la citation de Léopold Ier qui définissait la musique, avec Le ministère de la Santé les a définis sur la base d’observations
ou sans humour, comme « le plus coûteux de tous les bruits ». statistiques, en fonction de leur émergence au-dessus du niveau
Ainsi, les classifications habituelles du bruit selon ses moyen ambiant : de + 3 dB la nuit et de + 5 dB le jour ;
composantes structurelles (niveau, spectre, caractère impulsionnel – les bruits stressants qui provoquent des modifications de l’état
ou stationnaire, etc.) se sont-elles toujours révélées impuissantes à d’équilibre physiologique du sujet. Leur action agressive concerne
traduire l’interaction bruit-santé et à établir les relations aussi bien le récepteur auditif que l’ensemble de l’organisme.
dose-réponse susceptibles de quantifier l’effet du bruit. C’est la Toutefois, leur action reste réversible ;
raison pour laquelle depuis plusieurs décennies, les chercheurs
s’orientent vers des méthodes permettant de hiérarchiser les bruits – les bruits traumatisants qui provoquent, cette fois, des pertur-
selon leurs effets sur l’organisme. bations ou des lésions irréversibles. Leur action peut se situer :
Dans cette perspective, ils sont amenés à distinguer trois classes • au niveau du système auditif où ils entraînent des pertes
de bruit (tableau 1 et figure 1) : définitives d’audition,
– les bruits gênants qui exercent une action sur certaines • au niveau de l’organisme où ils peuvent être la cause de
fonctions psychiques ou même physiologiques. troubles psychiques ou physiologiques graves.

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________________________________________________________________________________________________________ EFFET DU BRUIT SUR L’HOMME


Niveau L

Niveau L

Niveau L
> 2 dB
" 2 dB

Temps t Temps t Temps t

a bruit stable b bruit fluctuant c bruit de niveaux variés

#1s <1s
< 0,2 s
Niveau L

Niveau L

Niveau L
# 0,2 s

Temps t Temps t Temps t

d bruit intermittent e bruit impulsif f bruit impulsif quasi stable

Figure 1 – Différents types de bruits selon l’arrêté du 12 août 1975

Il est également d’usage de séparer l’étude des conséquences


du bruit sur l’audition de celle des effets généraux sur l’organisme. 20
Niveau de pondération (dB)

L’importance des effets du bruit sur l’homme sera donc analysée


ici en deux parties : les effets auditifs et les effets non auditifs.

0
2. Effets auditifs du bruit C B, C
A

N B
2.1 Gêne – 20
Les échelles de sonie qui caractérisent l’intensité subjective des A
sons perçus peuvent être obtenues soit par comparaison d’un son
pur de fréquence quelconque avec un son de 1 000 Hz donnant la
même sensation de niveau (échelle des phones), soit par – 40
20 100 1 000 10 000
comparaison, deux à deux, de sons de même fréquence dont l’un
donne une sensation de niveau double de l’autre (échelle des Fréquence (Hz)
sones). Les deux formes d’analyse font apparaître des propriétés
de non-linéarités de perception d’intensité par rapport au niveau Figure 2 – Courbes de pondération utilisées pour la mesure des niveaux
physique du stimulus. sonores (d’après Kryter, 1970 [6])

Ainsi un son de 60 dB à 2 000 Hz sera-t-il jugé deux fois plus


intense qu’un son de 50 Hz de même niveau. L’évaluation de la nuisance subjective a été introduite sur les
mêmes principes que l’évaluation de la sonie exprimée en sones
(cf. encadré 1). Cette nuisance est exprimée en noys.
C’est précisément pour tenir compte de cet effet de filtrage audi-
tif que des courbes de pondération ont été introduites. Leur rôle Exemple : de même qu e le s
on de 2 sones est jugé deux fois plus
consiste à moduler l’enveloppe spectrale du signal physique de intense que le son de 1 sone,le son de 2 noys serajugé deux fois
façon à lui donner grossièrement la forme compensatoire de la plus bruyant qu’un son de 1 noy.
distorsion apportée par l’oreille. Pour traduire le fait que la
concavité de la courbe varie avec l’intensité du son, les auteurs ont Le tracé des courbes d’égale nuisance (figure 3) conduit à l’intro-
proposé des courbes de pondération susceptibles de rendre duction d’une nouvelle pondération N qui correspond à la courbe
compte des différents facteurs intervenant dans la distorsion audi- d’isonuisance de 40 noys.
tive. En pratique, trois niveaux de pondération sont utilisés
(figure 2) : la courbe A, correspondant approximativement à la La courbe N (figure 2) ramenée à 0 dB à 1 000 Hz, par transla-
fonction de transfert inverse des courbes d’égale sensation des tion, constitue la courbe de pondération D1 qui deviendra D2 (= D)
sons peu intenses et, de même, les courbes B et C pour les sons pour les bruits large bande [6], ou D3 coïncidant avec la fonction
de moyenne et de forte intensité. de transfert d’un simple circuit RC (figure 4
).

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EFFET DU BRUIT SUR L’HOMME ________________________________________________________________________________________________________


Niveau de pression acoustique de bande (dB)

140 20

Niveau de pondération (dB)


130
D1 , D 2 D3
noys
0
120 250
D1
200
150 D2
110 125
100 – 20
80 D3
100 60
50
40
90 30 – 40
20 100 1 000 10 000
20
80 15 Fréquence (Hz)

10
70 7,5 Figure 4 – Courbe d’isonuisance à 40 noys

5
60 À partir de la valeur de N (exprimée en noys), il est possible de
3 calculer le niveau de bruit en PNdB (Perceived Noise Level ) :
50 2 L PNdB = 10 log2 N + 40 = 33, 3 lg N + 40
Pour tenir compte des différences de niveaux de gêne dus à la
40 1 répartition spectrale du bruit, l’estimation de la nuisance peut,
également, s’effectuer à partir de diagrammes fréquentiels. On
0,5 compare alors le spectre de bruit à des courbes de niveau par
30
0,1
octave dont l’intensité décroît avec la fréquence pour tenir compte
de la sensibilité de l’oreille. Le niveau de bruit s’évalue alors à
20
partir de l’indice NR (Noise Rating ). Ce niveau est déterminé en
reportant le spectre par octave du bruit sur le réseau de courbes et
10 en relevant l’indice de la courbe se plaçant à la limite supérieure
du maximum du spectre.
0 Il est à noter que, lorsque l’on compare les niveaux de bruit
20 5 100 2 5 1 000 2 5 10 000 exprimés en dBA, dBC ou en PNdB, on constate parfois des dif-
Fréquence (Hz) 20 000 férences importantes même pour des bruits présentant le même
indice NR (niveaux en dBC de la figure 5 ). Des formules empi-
Figure 3 – Courbes d’égale nuisance riques de transferts d’unités ont été établies. Parmi les plus utili-
sées, citons (LA et LC étant les niveaux pondérés A et C) le PNdB et
le LL (Loudness Level ) tels que :

Encadré 1 1
PNdB = (3 LA + LC ) + 12 (en dB)
4
Courbes d’isosonie en phones LL = 0, 4 LC + 0, 6 LA + 11 (en phones)
On compare le niveau d’un son pur de fréquence f à un son La principale composante du bruit – après son niveau – est sa
pur de référence de 1 000 Hz. Un son de 100 Hz devra durée. L’estimation de la nuisance dans un environnement bruyant
atteindre environ 70 dB pour donner une sensation de niveau doit pouvoir tenir compte de la variabilité des bruits en niveau,
identique à celle d’un son de 1 000 Hz de 60 dB : le son de mais également en durée.
100 Hz a un niveau subjectif de 60 phones. Pour prendre en compte l’intégration dans le temps, de
Courbes d’isosonie en sones nombreuses propositions ont vu le jour. Elles sont toutes basées
On attribue à un son pur de 1 000 Hz à 40 dB la valeur de sur le principe de la sommation temporelle :
1 sone. On cherche le niveau donnant une sensation deux fois
plus intense (soit environ 50 dB) et on lui attribue la valeur de 1 +∞ LPNdB
T ∫−∞
L = 10 lg 10 10 (dt )
2 sones. On procède de même avec un son donnant une
sensation deux fois moindre (environ 32 dB) et on lui attribue La plus usitée est le niveau équivalent.
la valeur 0,5 sone, etc.
Courbes d’isobruyance ■ Niveau équivalent ou Leq
Lignes d’égale bruyance par sone d’après Kryter et Parson Conformément à la norme AFNOR NF S 31-013 É valuation de
(1963). l’exposition au bruit en milieu professionnel et estimation du défi-
cit auditif, induit par le bruit, de populations exposées ou à la
recommandation ISO 1999 (cf. partie Normalisation [G 2 720v2]), la
Ainsi, à partir de la sonie de chaque bande 1/3 d’octave i
mesure des bruits fluctuants (sonomètres intégrateurs ou dosi-
exprimée en noys (ni), il est possible de déterminer la sonie totale
mètres) s’effectue par le calcul de l’énergie sonore (LA) totale reçue
N par l’expression :
pendant un temps T :
N (noys) = nM + 0,15 ( ∑ ni − nM )  1 T LA (t ) 
LAeqT = 10 lg  ∫ 10 10 dt 
avec nM valeur de ni la plus élevée. T 0 

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E5120

Perception de l’intensité,
de la hauteur et du timbre des sons

par Paul AVAN


Professeur
Laboratoire de biophysique sensorielle
Faculté de médecine. Université d’Auvergne (Clermont-Ferrand)

1. Sonie............................................................................................................. E 5 120 - 3
1.1 Seuil différentiel d’intensité......................................................................... — 3
1.2 Influence de la fréquence............................................................................. — 3
1.2.1 Seuils auditifs ...................................................................................... — 3
1.2.2 Courbes isosoniques........................................................................... — 3
1.3 Croissance de la sensation de sonie en fonction du niveau physique .... — 4
1.4 Sonie et pathologie cochléaire : le recrutement ........................................ — 4
1.5 Sonie et audition binaurale ......................................................................... — 5
1.6 Facteurs temporels influant sur la sonie .................................................... — 5
1.7 Codage de la sonie dans le système nerveux auditif ................................ — 6
1.8 Sonie des sons complexes. Notion de bande critique .............................. — 7
1.8.1 Seuil auditif et contenu spectral......................................................... — 7
1.8.2 Sonie et contenu spectral ................................................................... — 7
2. Notion de hauteur..................................................................................... — 8
2.1 Codage(s) de la fréquence dans le nerf auditif
et dans les voies auditives........................................................................... — 8
2.2 Seuil différentiel de fréquence .................................................................... — 9
2.3 Propriétés de la hauteur selon la nature du son considéré ...................... — 9
2.3.1 Sons purs ............................................................................................. — 9
2.3.2 Sons complexes périodiques ............................................................. — 10
2.3.3 Conséquences pour le codage de la hauteur.................................... — 10
2.4 Cas des sons harmoniques avec fondamentale absente.......................... — 10
2.5 Cas des sons inharmoniques ...................................................................... — 10
3. Notion de timbre....................................................................................... — 11
3.1 Définition....................................................................................................... — 11
3.2 Rôle du profil énergétique du spectre ........................................................ — 11
3.3 Rôle des fluctuations temporelles............................................................... — 11
4. Conclusion .................................................................................................. — 11
Références bibliographiques .......................................................................... — 12

P our caractériser physiquement un son pur, il suffit de préciser trois paramè-


tres de l'onde de pression associée : l'amplitude de celle-ci (dont dépendent
sa puissance acoustique surfacique et son niveau en décibels), sa fréquence ou
sa période et, enfin, sa phase, dans le référentiel temporel choisi. Un son pério-
dique nécessite une description un peu plus complexe dans le domaine tempo-
rel, mais l'analyse de Fourier permet aisément de décomposer, de manière
unique, l'onde de pression en une somme de composantes harmoniques, dont
Parution : novembre 1998

les fréquences sont toutes multiples de la fréquence fondamentale ; l'amplitude


et la phase de chacune d'elles permettent de caractériser, complètement et de

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E5120

PERCEPTION DE L’INTENSITÉ, DE LA HAUTEUR ET DU TIMBRE DES SONS _________________________________________________________________________

manière unique, le son considéré. Enfin, il est possible de généraliser la


méthode de décomposition par transformée de Fourier, à un son complexe quel-
conque, en obtenant des composantes qui ne sont plus nécessairement à des
fréquences discrètes, ni multiples d'une fondamentale donnée.
Cette analyse de type spectral a depuis longtemps semblé pertinente lorsque
l'on s'intéresse à la perception des sons par l'intermédiaire du système nerveux
auditif. En effet, avant de mener à bien l'étape de transduction qui permet au
nerf auditif de véhiculer des influx nerveux organisés en fonction de la structure
physique du son excitateur, la cochlée effectue une analyse des sons qui aboutit
à trier les excitations mécaniques selon un principe de tonotopie : les composan-
tes du son à différentes fréquences font entrer en résonance, selon des mécanis-
mes complexes, des sections différentes de la membrane basilaire le long de
laquelle sont réparties les cellules sensorielles. La tonotopie, qui fournit une
sorte de spectre du signal sonore parvenu à la cochlée, est ensuite respectée
tout au long des voies auditives jusqu'au cortex.
Pour un son pur, l'intuition permet aisément de relier les sensations associées
à la perception et les grandeurs physiques qui leur ont donné naissance : la sen-
sation de force sonore, encore appelée sonie ou sonorie (qui fait dire qu'un son
est plus ou moins fort) semble naturellement liée à l'amplitude, à la puissance
ou au niveau du son ; la sensation de hauteur (que l'on exprime par les adjectifs
« grave » ou « aigu ») apparaît étroitement liée à la fréquence. Il est plus délicat
de donner une description subjective d'un son complexe, même périodique, et
l'on est rapidement amené à introduire des notions tournant notamment autour
de ce que l'on appelle le timbre du son. Enfin, le système nerveux central pos-
sède une certaine aptitude à pousser l'analyse d'un son jusqu'à des tentatives
d'identification de sa source, à partir des caractéristiques perçues : c'est une ten-
dance naturelle de tenter de remonter du timbre d'un son à la nature de l'instru-
ment qui l'a produit. Néanmoins, l'établissement de relations générales entre les
caractères physiques et perceptifs des sons a été une tâche fort laborieuse pour
les psychoacousticiens, depuis la première moitié du XIX e siècle. Elle est impar-
faitement achevée, et l'on ignore encore de nombreux détails cruciaux en ce qui
concerne les bases physiologiques sous-jacentes à ces relations : les câblages
intermédiaires entre la cochlée, en périphérie, et les centres supérieurs ont été
élucidés anatomiquement assez récemment, et leur physiologie reste d'une
complexité qui défie vite l'analyse.
Pourquoi s'intéresser à ces paramètres psychoacoustiques : principalement
parce que leur connaissance permet de définir les caractéristiques que doivent
présenter les sons pour servir de support à la communication et véhiculer de
l'information acoustique intelligible. C'est la raison pour laquelle la psycho-
acoustique a, de tous temps, été un carrefour pour des scientifiques issus de la
physique, des télécommunications et du traitement du signal (von Helmholtz,
Graham Bell, Barkhausen, von Bekesy, Stevens, Zwicker, Blauert, etc.).
Nous nous proposons d'examiner dans cet article quelques-unes des proprié-
tés les plus importantes des sensations de sonie, de hauteur et de timbre, au
moins dans le cas de sons relativement simples, purs ou périodiques en parti-
culier, et nous ne tenterons d'aborder que prudemment quelques hypothèses
concernant les modèles physiologiques à visée explicative. Nous détaillerons
quelques conséquences perceptives des pathologies auditives les plus couran-
tes et aborderons à cette occasion quelques problèmes liés à l'appareillage audi-
tif.

Pour de plus amples renseignements sur les mécanismes auditifs, le lecteur pourra
consulter les références [1] [2].

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E5120

_________________________________________________________________________ PERCEPTION DE L’INTENSITÉ, DE LA HAUTEUR ET DU TIMBRE DES SONS

1. Sonie
Seuil différentiel (dB)

10
Par définition, la sonie est l'intensité subjective d'un son,
autrement dit, elle correspond à la sensation de force sonore.

Pour un son pur de fréquence donnée, située dans l'intervalle de


2
fréquences audibles bien sûr (20 - 20 000 Hz chez l'homme), le sys-
tème auditif normal présente une large dynamique, entre le seuil de Bruit blanc
perception du son et le seuil de douleur, niveau au-dessus duquel 1
non seulement la perception est douloureuse, mais le son est poten- Son pur 1 kHz
tiellement dangereux pour la cochlée quelle que soit la durée
d'exposition. Entre ces deux limites, le système auditif évolue dans 0 20 40 60 80 100
son élément normal, ce qui est très étonnant lorsque l'on considère Niveau acoustique (dB SPL)
qu'il existe une différence d'un facteur 106 entre les pressions (ou
1012 entre les puissances acoustiques surfaciques) correspondant
aux deux seuils cités plus haut, soit encore de 120 décibels (dB). En Figure 1 – Seuil différentiel d’intensité
fait, l'échelle physique linéaire de pressions (en pascals) ou de puis- en fonction du niveau de référence
sances (en W/m2) est très mal appropriée à la description de
l'échelle des sensations de force sonore. L'introduction de l'échelle
des décibels est devenue systématique en acoustique en partie pour le seuil différentiel d'intensité varie très peu autour de 1 dB. L'exis-
cette raison. tence d'un rapport de Weber constant déborde du cadre de la per-
Rappelons que le niveau en décibels d'un son pur de pression p et ception de la force sonore et s'applique à d'autres perceptions ; pour
de puissance acoustique surfacique W est : rester dans le domaine auditif, une loi analogue régit le seuil diffé-
rentiel de fréquence (cf. § 2).
L = 20 lg p ¤ p 0 = 10 lg W ¤ W 0

avec p0 et W0 références arbitraires. 1.2 Influence de la fréquence


L'échelle est dite en dB SPL (sound pressure level ), lorsque l'on
prend, comme référence pour p0, une pression de 2 ´ 10 Ð5 Pa, ce
qui correspond à une valeur de W0 égale à 10–12 W/m2. Ces valeurs 1.2.1 Seuils auditifs
de référence sont proches du seuil auditif moyen normal de
l'homme à 1 000 Hz, dans l'intervalle de fréquence où l'audition est Le seuil auditif fournit un premier exemple de sonie fixée facile à
la plus sensible. manipuler (il correspond à la transition entre l'absence de sensation
et l'existence d'une sensation liminaire). La détermination du seuil
auditif est un test de routine en clinique, l'audiométrie tonale limi-
naire. Ce test utilise un audiomètre avec un casque calibré, permet-
1.1 Seuil différentiel d’intensité tant la présentation de sons purs dont on choisit la fréquence (en
général, graduée par octaves, 62, 125, 250, 500 Hz, etc, et parfois par
Avant d'aborder les tentatives de quantification de la sensation de demi-octaves, notamment autour de 4 000 Hz, pour une analyse
sonie, il est intéressant de commencer par caractériser la plus petite moins grossière des seuils), et dont on fait varier le niveau par pas
différence de niveau physique entre deux stimulus, capable de don- de 5 dB, par exemple, dans le sens croissant à partir d'un niveau
ner lieu à une variation de la sensation de force sonore. Ce problème inaudible. Le son est envoyé dans l'un des écouteurs du casque, et
correspond à la recherche du seuil différentiel d'intensité. Notons le seuil est défini comme le premier niveau ayant fait répondre le
qu'en résolvant ce problème on reste dans le domaine du stimulus sujet, qui a pour consigne de signaler la détection du son dès le
physique. La sensation n'intervient que dans la mesure où elle subit niveau le plus faible où il le perçoit. En dB SPL, le seuil moyen
la plus petite variation dont un sujet puisse se rendre compte. obtenu entre 1 000 et 4 000 Hz dans un échantillon de sujets normo-
entendants est proche de 0. En revanche, les seuils aux autres fré-
La loi mise en évidence, dite loi de Weber (1846), possède un quences diffèrent nettement de cette valeur. Ils dépassent 0 aux fré-
énoncé très simple, bien que légèrement approximatif : quences plus élevées, ainsi qu'au-dessous de 1 000 Hz, pour
lorsque le seuil différentiel d'intensité D I, autour d'une intensité atteindre par exemple 11 dB SPL à 500 Hz, ou encore 45 dB SPL à
de référence I, est exprimé en unités linéaires, le rapport de Weber, 125 Hz, 13 dB SPL à 8 000 Hz (écouteur TDH 39 Telephonics). Cette
D I/I, est constant. dépendance illustre notamment la dépendance fréquentielle des
Il en résulte qu'en utilisant le décibel comme unité de niveau contributions de l'oreille externe et moyenne à la transmission des
acoustique, le seuil différentiel d'intensité est constant et égal à : sons vers la cochlée.
Pour faciliter les relevés et la lecture des audiogrammes tonaux
10 lg ( I + DI ) ¤ I = Cte liminaires, on exprime le plus souvent le niveau d'audition par rap-
port aux valeurs normatives établies pour chaque fréquence audio-
Ce résultat apporte une légitimité supplémentaire à l'échelle des
métrique, sur des échantillons contrôlés de grande taille, en dB dits
décibels en montrant qu'elle est adéquate à la description de l'inten-
HL (Hearing Level ). Les audiomètres cliniques sont toujours calibrés
sité du stimulus physique, dans la perspective de sa détection par le
en dB HL, et les seuils normaux sont donc toujours 0 quelle que soit
système auditif et en tenant compte de ses propriétés psychophy-
la fréquence.
siologiques.
La figure 1 représente une détermination expérimentale de
ce seuil en fonction de la pression acoustique en dB SPL [3]. On 1.2.2 Courbes isosoniques
voit que, pour un son pur, le seuil différentiel d'intensité diminue en
fait régulièrement avec le niveau acoustique, passant d'environ 2 dB La notion d'isosonie est plus générale. Elle apparaît lorsque l'on
autour de 20 dB SPL, à 0,4 dB aux forts niveaux. Pour un bruit blanc, compare deux sons de fréquence différente, par exemple 1 000 Hz et

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R6140

Perception acoustique
et qualité sonore

par Étienne PARIZET


Professeur
Laboratoire Vibrations-Acoustique (INSA Lyon)

1. Outils de prise de son............................................................................. R 6 140 –3


2. Méthodes de tests perceptifs............................................................... — 4
2.1 Estimation de grandeur .............................................................................. — 4
2.2 Évaluation absolue ...................................................................................... — 4
2.3 Méthode des différentiels sémantiques .................................................... — 5
2.4 Comparaisons par paires............................................................................ — 5
2.4.1 Résolution du problème .................................................................... — 6
2.4.2 Mise en œuvre de la méthode........................................................... — 7
2.5 Évaluation comparée .................................................................................. — 8
2.6 Mesure de similarités.................................................................................. — 8
2.7 Catégorisation.............................................................................................. — 9
2.8 Analyse de verbalisations........................................................................... — 9
2.9 Conclusion : quelle méthode choisir ?....................................................... — 10
3. Indicateurs perceptifs ............................................................................ — 10
3.1 Sonie............................................................................................................. — 10
3.2 Acuité............................................................................................................ — 12
3.3 Force de fluctuation et rugosité.................................................................. — 13
3.4 Émergence fréquentielle............................................................................. — 14
4. Conclusion ................................................................................................. — 15
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. R 6 140

endant longtemps, la problématique de l’ingénieur acousticien était de réduire


P le bruit émis par l’objet en cours de développement, en partant du principe que
cette réduction du niveau de bruit entraînerait une réduction de la gêne. Ce principe
est bien sûr souvent vérifié ; mais, dans certains cas, il peut être plus efficace de
ne travailler que certains aspects du timbre du bruit, ce qui améliore le ratio entre le
coût du traitement acoustique et son efficacité perceptive. Par ailleurs, le bruit émis
par l’objet peut également être source d’information pour l’utilisateur : ainsi, dans
une automobile, le claquement de la portière doit-il être suffisamment sonore pour
que le passager sache que cette portière est bien fermée.
On parle ainsi de la notion de qualité acoustique, qui représente l’adéquation
entre ce qu’évoque le bruit de l’objet et l’image générale que ses concepteurs veu-
lent lui donner.
Pour améliorer cette qualité acoustique, des démarches d’analyse perceptive
peuvent être mises en œuvre ; elles constituent un utile complément aux métho-
des classiques de caractérisation et d’optimisation vibratoire et acoustique.
Ces études perceptives ont les objectifs suivants :
Parution : décembre 2006

— tout d’abord, identifier les aspects du timbre favorable à la qualité acoustique


du produit (ou ceux étant la cause de la gêne ressentie par les auditeurs). Cette

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R6140

PERCEPTION ACOUSTIQUE ET QUALITÉ SONORE _____________________________________________________________________________________________

connaissance aide le concepteur du produit à, par exemple, sélectionner rapide-


ment les meilleures voies d’amélioration du produit ;
— ensuite, mettre au point des indicateurs fiables de la perception du bruit,
qui peuvent servir à la définition de cahiers des charges de nouveaux produits.
La difficulté réside dans le fait que la relation entre le son, grandeur physique
telle qu’on la mesure (ou calcule) classiquement, et son appréciation par un
auditeur est souvent complexe. Le processus peut être schématisé par la repré-
sentation de la figure A.
Tout d’abord, comme il sera expliqué plus loin, le son capté par les tympans de
l’auditeur est différent de celui mesuré par un microphone. Ce signal est ensuite
interprété par l’auditeur, qui tente de reconnaître la source qui l’a émis ; cette
phase de reconnaissance est essentielle, car un son ne peut être considéré indé-
pendamment du phénomène lui ayant donné naissance.
La troisième phase consiste, pour l’auditeur, à déterminer, même de façon
implicite, quelques caractéristiques prégnantes du son (qui peut apparaître fort,
régulier, aigu, etc.).
Cette connaissance lui permet d’apprécier le bruit, cette phase étant éminem-
ment subjective, puisque les influences du contexte et de l’expérience préalable
de l’auditeur sont très importantes. Dans le domaine du bruit d’environnement,
on sait, par exemple, que certains ont une plus grande susceptibilité au bruit que
d’autres, sans que cela puisse être expliqué par des différences de fonctionne-
ment du système auditif.
Enfin, ce processus se termine par une réaction de l’auditeur, adaptation de
son comportement (ce qui peut arriver si un bruit interprété comme un mauvais
fonctionnement est détecté par un conducteur) ou expression de son désagré-
ment. Là encore, cette réaction dépendra fortement de la personnalité du sujet.
La difficulté de l’approche est que cette réaction est la seule donnée accessible
depuis l’extérieur du sujet. Il est donc important que les méthodes utilisées lors
de tests perceptifs soient non biaisées, c’est-à-dire que les résultats qu’elles
fournissent soient de bons indicateurs de la perception des auditeurs ayant par-
ticipé au test.
La mise en œuvre d’une démarche d’analyse perceptive demande d’utiliser
des connaissances issues de différents domaines scientifiques :
— psychologie expérimentale, qui aide à la définition de tests perceptifs et à
l’analyse de leurs résultats ;
— sciences cognitives, en raison des liens entre l’activité perceptive d’un sujet
et l’ensemble de ses activités mentales (mémoire, raisonnement, prise de déci-
sion par exemple) ;
— acoustique physiologique, car de nombreux phénomènes perceptifs peu-
vent s’expliquer par le fonctionnement du système auditif périphérique (jusqu’à
l’oreille interne) ;
— traitement du signal, permettant les modifications et l’analyse des signaux
enregistrés.
Ce document présentera les différents outils utilisés par l’analyse perceptive :
dispositif de prise de son et de restitution, méthodes de tests, indicateurs
perceptifs.

Son Réaction

Son capté par l´auditeur Appréciation

Identification Caractérisation

Figure A – Représentation de la perception acoustique

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102
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R6140

_____________________________________________________________________________________________ PERCEPTION ACOUSTIQUE ET QUALITÉ SONORE

1. Outils de prise de son 25


dB +45
20
+90
Un microphone de mesure à l’emplacement d’une personne ne
donne pas une image précise du son qui parviendra aux oreilles de 15
cet auditeur. En effet, le champ sonore est modifié par la présence 10
du corps humain d’une façon qui dépend de la fréquence et de la
direction d’incidence du son. La tête est un obstacle naturel efficace 5 +135
aux fréquences supérieures à 1 500 Hz, des réflexions se produisent +0
0
sur les épaules de l’auditeur et, dans les fréquences élevées, dans le
pavillon de l’oreille. Ces modifications varient selon l’incidence du –5
son. D’autres sont en revanche indépendantes de cette incidence : il 0,2 0,3 0,5 0,7 1,0 1,4 2 3 4 5 7 10
s’agit des résonances du conduit auditif qui amplifient les fréquen- kHz
ces voisines de 2 500 Hz ; cette fréquence correspond au mode quart
d’onde d’un tube cylindrique ouvert à une extrémité (le pavillon) et Figure 1 – Fonctions de transfert de l’oreille externe,
fermé à l’autre (le tympan) par lequel on peut, en première approxi- pour différentes incidences du son en champ libre (d’après Buser P. et
mation, représenter le conduit auditif. Imbert M. – Audition, éd. Hermann (1987)
Ces deux sortes d’effets se combinent pour donner les fonctions
de transfert auditives (head-related transfer functions). La figure 1
montre les fonctions de transfert mesurées entre un microphone au
niveau du tympan et ce microphone au même endroit mais en
l’absence de l’auditeur, pour différentes incidences d’une onde dans
le plan horizontal.
Pour enregistrer un son d’une manière représentant mieux un
auditeur, la méthode la plus couramment utilisée consiste à se servir
d’un mannequin acoustique. Le principe du dispositif est de repro-
duire les éléments du corps modifiant le champ d’une façon dépen-
dant de l’incidence de l’onde. Le mannequin comprend donc un
torse, une tête éventuellement simplifiée et des pavillons ; un micro-
phone est placé à l’entrée de chaque conduit auditif (figure 2).
La restitution des signaux enregistrés par ce dispositif se fait en
général par des casques de haute précision (notamment électrostati-
ques). On obtient ainsi un dispositif audioconforme (qui permet à un
auditeur d’entendre ce qu’il aurait entendu s’il avait été placé dans
la situation). Un article de synthèse de H. Möller [1] explique les dif-
férentes conditions devant être respectées par les éléments de la
chaîne (mannequin et casque) pour obtenir cette audioconformité.
Figure 2 – Exemple de mannequin acoustique (doc. Cortex)
Des études ont montré la bonne précision de ce dispositif. Ainsi,
Möller et al. [2] ont enregistré des signaux émis par des haut-
parleurs autour de mannequins acoustiques dans une chambre ané-
choïque. Plus tard, des sujets écoutant ces signaux par un casque Les avantages apportés par l’utilisation d’un dispositif d’enregis-
devaient les localiser dans l’espace. Les résultats montraient des trement et de restitution audioconforme tel qu’un mannequin
taux d’erreurs légèrement supérieurs à ceux obtenus lors d’une acoustique sont nombreux :
expérience de localisation réelle (l’auditeur étant lui-même dans la — les participants d’un test d’évaluation peuvent être soumis
chambre anéchoïque). On obtenait un nombre intermédiaire exactement aux mêmes stimulus. Cela est bien sûr possible dans la
d’erreurs lorsque chaque sujet entendait, au casque, les signaux réalité pour certains cas (par exemple, des appareils électroména-
préalablement enregistrés sur lui-même lorsqu’il était placé au gers qui peuvent être placés dans une salle devant un auditeur).
milieu des haut-parleurs. Un mannequin acoustique constitue ainsi Mais, pour des automobiles, par exemple, il est très difficile d’être
un ensemble de fonctions de transfert moyennes et les construc- sûr que tous les sujets, dès leur installation dans l’habitacle, expéri-
teurs ont longuement recherché les géométries constituant la menteront exactement les mêmes conditions de fonctionnement de
meilleure moyenne. la voiture ;
L’expérience de Möller était assez exigeante ; pour des applica- — la comparaison entre différents produits est beaucoup plus
tions industrielles d’amélioration de la qualité sonore, la précision facile. Là encore, s’il est aisé d’éteindre un aspirateur et d’en mettre
d’enregistrement au mannequin acoustique semble suffisante. un autre en marche dans une salle, faire passer rapidement un sujet
d’une voiture à l’autre est plus délicat ;
Exemple : nous avons réalisé une étude consistant à demander à — l’archivage des signaux (par exemple, lors de la disponibilité
différentes personnes, installées en position de conducteur dans des de modèles concurrents) est extrêmement simple ;
automobiles à l’arrêt, d’indiquer la vitesse maximale du ventilateur du — enfin, un signal enregistré sur un prototype peut être modifié
système de régulation thermique de l’habitacle dont le bruit leur sem- dans le domaine fréquentiel (par filtrage numérique) ou temporel
blait acceptable. Le bruit à chaque vitesse ayant été enregistré par un (en atténuant certains événements), de façon à simuler des modifi-
mannequin, l’expérience a été répétée en laboratoire, les sujets écou- cations du produit. L’écoute du signal modifié permet d’apprécier
tant les signaux enregistrés. Pour toutes les voitures testées, les répar- immédiatement si ces modifications seraient pertinentes.
titions des auditeurs selon les vitesses du ventilateur étaient très
proches [2]. Une étude similaire mais plus complexe, menée au Labo- Néanmoins, un tel dispositif n’est pas parfait et il ne faut pas en
ratoire de mécanique et d’acoustique du CNRS, a obtenu des résultats masquer les inconvénients :
du même ordre : malgré quelques différences, les résultats de tests en — certains auditeurs peuvent être déroutés ou gênés par le casque
laboratoire étaient proches de ceux obtenus lorsque les auditeurs se (par son inconfort propre ou par le fait que le son ne change pas lors-
trouvaient réellement dans la voiture. que l’on tourne la tête). Pour pallier ce problème, on peut envisager

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PERCEPTION ACOUSTIQUE ET QUALITÉ SONORE _____________________________________________________________________________________________

des dispositifs de restitution transaurale, qui utilisent des haut- 2.1 Estimation de grandeur
parleurs après un filtrage adéquat des signaux de sorte que chaque
oreille de l’auditeur soit soumise au bruit réellement enregistré par le
mannequin ; Cette méthode a été très largement utilisée pour l’estimation du
— si le niveau des basses fréquences (au-dessous de 60 Hz envi- niveau subjectif de bruits. Son principe est de demander directement
ron) est élevé, elles sont également perçues par l’ensemble du corps, à l’auditeur d’attribuer une valeur proportionnelle à sa sensation. Il
ce que ne permet pas évidemment un casque. Dans ce cas, il est utile est possible de présenter à l’auditeur un stimulus de référence auquel
de mettre en œuvre, en complément du casque, un haut-parleur spé- une valeur imposée (par exemple 10) est attribuée ; ainsi, si un son
cialisé dans les très basses fréquences (sub-woofer), qui recrée cette test semble deux fois plus fort que cette référence, l’auditeur devra
perception. Pour des bruits de véhicules industriels, nous avons pu lui attribuer la valeur 20. Mais de telles expériences peuvent aussi
montrer [3] que cela améliore la fidélité de la restitution ; en revan- être menées sans référence.
che, le réglage d’un tel système est complexe (en raison des modes
acoustiques du local dans lequel est placé l’auditeur, qui nécessitent On obtient ainsi une échelle de rapport de sensation. Cette
une correction du signal émis par le sub-woofer) ; méthode, largement répandue pour des études perceptives fonda-
— une situation est le plus souvent multimodale : le conducteur mentales (avec des sons de laboratoire parfaitement contrôlés) est
d’une automobile est soumis à du bruit, mais aussi à d’autres stimu- plus rarement mise en œuvre lorsque l’on s’intéresse à des bruits
lus (visuels, vibratoires, etc.). Des interactions entre toutes ces réels [6].
modalités existent, ce qui fait que les évaluations du bruit écouté au
casque dans un laboratoire peuvent différer de ce que peut décrire un
conducteur dans la situation réelle complexe ; 2.2 Évaluation absolue
— enfin, l’auditeur de signaux enregistrés est passif alors que,
dans la réalité, ses actions modifient le comportement de l’objet et
donc le bruit émis. L’auditeur doit évaluer un caractère sonore ; la question posée peut
Exemple : il a été vérifié [Hashimoto] que des sujets pouvant en être, par exemple « le son est-il agréable ? ». La réponse de l’auditeur
laboratoire modifier un bruit d’automobile (au moyen d’un synthétiseur peut être donnée sur une échelle continue sur laquelle ne figurent que
temps réel contrôlé par l’auditeur) ont des réactions différentes de les labels extrêmes (par exemple « pas du tout agréable » et
celles d’auditeurs subissant les mêmes sons. « extrêmement agréable ») ou sur une échelle discrète ou continue
présentant différents niveaux intermédiaires (on parle alors d’échelle
Cependant, ces limites ne doivent pas faire oublier l’intérêt d’un catégorielle).
mannequin acoustique et les progrès qu’un tel système a permis
Différentes études [7] ont montré qu’une échelle catégorielle à
d’obtenir dans les études portant sur des bruits d’objets industriels.
cinq niveaux, dont un niveau neutre (comme celle représentée ci-
dessous), est particulièrement adaptée.

2. Méthodes
de tests perceptifs Pas du tout
fort
Légèrement Moyennement
fort fort
Très
fort
Extrêmement
fort

Rappelons que ces tests peuvent avoir des buts divers : évaluer
l’acceptabilité du son d’un prototype, comparer celui-ci à des modè-
Quelques précautions doivent être prises pour la mise en œuvre
les concurrents ou, de façon plus générale, identifier les dimensions
d’une telle méthode. Tout d’abord, il convient de favoriser la mise en
sonores (c’est-à-dire les aspects du timbre) intervenant dans la per-
situation de l’auditeur, en lui expliquant le type de sons qu’il aura à
ception du bruit produit par un type d’objets particulier.
évaluer, le mode de fonctionnement des objets lors des enregistre-
De très nombreuses méthodes, dont certaines sont issues des ments, la position du mannequin acoustique et en précisant bien la
recherches plus fondamentales en psychophysique (voir une très utile tâche qu’il devra accomplir. Cette découverte du contexte du test
introduction dans [5]), sont alors disponibles. Leur complexité de s’accompagne d’une présentation de l’ensemble des sons. Ensuite,
mise en œuvre, de même que les résultats qu’elles peuvent fournir, il est prudent, pour éliminer un possible effet d’ordre, de rendre
peuvent être très différents. Nous ne citerons que quelques-unes de aléatoire l’ordre de présentation des sons lors du test, cet ordre
ces méthodes : variant pour chaque auditeur. Une répétition des évaluations est
— estimation de grandeur ; souhaitable, si cela ne conduit pas à une durée trop longue du test.
— évaluation absolue ; Enfin, il est préférable de laisser à l’auditeur la plus grande liberté
— différentiels sémantiques ; dans le déroulement du test, pour faciliter ses évaluations ; cela
— comparaisons par paires ; passe notamment par la possibilité qui lui est octroyée d’écouter
— évaluations comparées ; chaque son autant de fois qu’il le juge nécessaire et de lui laisser le
— analyse multidimensionnelle ; temps de donner sa réponse. Cette liberté de l’auditeur fait que des
— catégorisation ; procédures dans lesquelles plusieurs personnes sont, en même
— descriptions verbales. temps, exposées aux mêmes sons ne sont pas recommandables.
En particulier, nous ne parlerons pas des méthodes d’analyse sen- L’analyse des résultats est ici très simple : pour chaque bruit, les
sorielle utilisées très souvent dans d’autres domaines (notamment évaluations des différents auditeurs sont transformées en nombres
l’agroalimentaire [32] [33] [34] [35]). Rappelons seulement que ces (par exemple de 0 à 1) et constituent des tirages d’une variable aléa-
démarches consistent à, d’une part, faire caractériser les produits de toire dont on peut calculer un estimateur de la valeur moyenne et de
façon objective par un petit nombre d’experts, de sorte à obtenir le l’incertitude sur celle-ci. Des méthodes d’analyse de variance (en
profil sensoriel du produit, puis à interroger des clients (non entraî- mesures répétées) permettent alors d’apprécier la signification des
nés) du simple point de vue hédonique. Ces méthodes sont peu utili- différences entre les valeurs moyennes de chaque son.
sées pour des études acoustiques ; il nous semble cependant qu’elles De telles analyses nécessitent un nombre minimal d’auditeurs
ne sont pas indispensables ici, car l’expérience montre qu’on peut (une trentaine). Auparavant, il peut être utile de rechercher si le
obtenir ces profils sensoriels en interrogeant des auditeurs non entraî- groupe d’auditeurs ne peut pas être scindé en groupes de person-
nés, grâce à certaines des procédures exposées ci-dessous. nes ayant des appréciations différentes ; différentes techniques exis-

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