L'Ecologie Depuis Les Ronds Points
L'Ecologie Depuis Les Ronds Points
L'Ecologie Depuis Les Ronds Points
DEPUIS
LES RONDS-
POINTS
L’ÉCOLOGIE DEPUIS
L’écologie depuis les ronds-points
est publié par la Fondation de l’Écologie Politique
PENSER L’ÉCOLOGIE
DEPUIS LES CLASSES P.6
POPULAIRES
Grâce aux contributions de la recherche,
il faut tenter de (re)penser les conquêtes sociales
à l'heure de la transformation écologique.
« IL SE DESSINE
P.12 UNE POLITISATION
DU PROCHE »
ENTRETIEN AVEC ETIENNE WALKER
La géographie du mouvement des Gilets
Jaunes précise les contours d'un mouvement
périurbain mais aussi infra-urbain.
« POUR MAINTENIR
LEUR NIVEAU DE VIE,
JOSÉ ET SYLVIE RECOURENT
AU "SYSTÈME D" »
ENTRETIEN AVEC PIERRE BLAVIER
Un détour nécessaire par le quotidien
P.32
de ménages, qui, sans être pauvres,
se démènent pour maintenir leur niveau de vie.
LES GILETS JAUNES,
ANTI-ÉCOLOGISTES ?
PAR ALIX LEVAIN, SIMON PERSICO,
MAGALI DELLA SUDDA ET AL.
P.46 Loin des a priori des premières semaines,
ce bilan des recherches en sciences sociales
offre un éclairage précis du rapport
à l'environnement et l'écologie des Gilets jaunes.
"FIN DU MONDE,
FIN DU MOIS, P.72
MÊME COMBAT"
PAR CHLOÉ ALEXANDRE
Quelles convergences entre Gilets jaunes
et Marches Climat ? Quelles leçons
pour élargir la base militante et sociale
de la transition écologique et sociale ?
AVANT-PROPOS
PENSER
L’ÉCOLOGIE DEPUIS
LES CLASSES
POPULAIRES
Dans cette publication que vous tenez en main, Depuis est le
maître mot. Ni Dans, ni Pour. Depuis. Tout simplement. La Fon-
dation de l’écologie politique vous propose de prendre le temps
d’un détour par la vie de millions de personnes. Depuis les inéga-
lités sociales et territoriales, comme depuis des aspirations et des
quotidiens très politiques. Et d’essayer d’y déceler matière à (re)
formuler les conquêtes sociales à l’heure des chocs et de la trans-
formation écologique.
Pour ce faire, nous avons fait appel à celles et ceux qui, au long
court, donnent à voir la société française par-delà les récits po-
litiques déclinistes qui voudraient que les fractures françaises
soient inévitables. Ce sont avant tout des chercheuses et les cher-
cheurs, sociologues, géographes, politistes ou historiens, dont les
travaux n’arrivent peut-être pas assez souvent sur la table des res-
ponsables politiques, administratifs ou de la société civile.
C’est grâce à leur recherche que nous avons construit cette publi-
cation depuis le quotidien de celles et ceux qui le 17 novembre
2018 ont pris place sur les ronds-points, les péages ou échangeurs
autoroutiers. Ces milliers d’individus revêtant le gilet jaune fluo
pour faire voir et entendre, dans un premier temps, leur contesta-
tion de la hausse de la fiscalité sur les carburants.
AVANT-PROPOS 7
et centre-villes des métropoles, rejoints et remplacés par celles et
ceux, vivant là, qui subissent moins le coût du transport que celui
du logement. Ces mobilisations doivent donc s’inscrire dans une
analyse des conséquences d’un aménagement du territoire et de
politiques publiques qui ont organisé des millions de vies autour
et pour l’attractivité des plus grandes villes.
UN SENTIMENT DE DÉPOSSESSION
Mais cela ne doit pas effacer que le rapport des Gilets jaunes à
ces enjeux est contrasté, que les questions écologiques divisent
et que pour nombre d’entre eux, ouverts à la question, elles s’ac-
compagnent d’un sentiment de dépossession politique qui se ca-
ractérise par la co-existence de pratiques engagées, notamment
de consommation, quoique contraintes par les prix pour le bio, et
en même temps d’un rejet des différentes formes de labels écoci-
toyens, considérés comme des signes de domination symbolique.
AVANT-PROPOS 9
répartition des emplois, des inégalités de revenus, ou encore
une centralité de la voiture dans la vie de millions d’individus
? Avouons que le sujet a été peu traité. Peut-être parce qu’il y a
quelque chose de décourageant à questionner cinquante années
d’aménagement du territoire, de politiques publiques et de rap-
port à la croissance économique à tout prix. Il y a pourtant là l’un
des principaux chantiers politiques de la période.
Bonne lecture.
Kévin Puisieux
Directeur de la Fondation de l’Écologie Politique
ENTRETIEN
ÉTIENNE WALKER :
IL SE DESSINE
UNE « POLITISATION
DU PROCHE »
Étienne Walker est maître de Le mouvement des Gilets
conférences en géographie jaunes était-il une révolte
à l’Université de Caen du périurbain? Qui était
Normandie et membre du présent sur les ronds-points
laboratoire Espaces et Sociétés le 17 novembre 2018?
- UMR 6590 ESO Étienne Walker offre un
regard précis sur les ressorts
d’une mobilisation unique en
son genre et tisse les liens
entre lieux de mobilisation,
revendications et sociologie
des mobilisés.
Évreux (27)
«
seau, et même 46 % à moins de 5 km. On
a donc une mobilisation essentiellement DÉFENDRE
tournée vers l’infrastructure économique LA « CONDITION
routière, des flux, mais dans le proche. C’est AUTOMOBILITAIRE »,
d’abord une question d’accessibilité (tem- C’EST SE DONNER
porelle et économique), mais c’est sans
doute aussi un enjeu de « ré-assurance »
LA POSSIBILITÉ
pour ces GJ souvent primo-contestataires, DE CONTINUER DE
et pour qui la connaissance des espaces TRAVAILLER SANS
investis peut être un préalable à l’enga- AMPUTER LE FAMEUX
gement. C’est aussi bien sûr une question RESTE À VIVRE »
Argentan (61)
Source : Ministère de l’Intérieur | réalisation É. Walker
Manifestation
(N = 724)
Rond-point
(N = 473)
Assemblée
des assemblées
(N = 48)
Total base
Jaune vif
(N = 1324)
0 20 40 60 80 100
< 5 km [5 km ; 20 km] [20 km ; 50 km] [50 km ; 100 km] [100 km ; 200 km] > 200 km
«
marge des villes moyennes voire
des petites villes, assez rapidement LA MÉTROPOLISATION,
le mouvement investit les lieux du QUE L’ON PEUT
pouvoir et de la concentration des CONSIDÉRER COMME
richesses au cœur des plus grandes LE RÉSULTAT SPATIALISÉ
villes à statut au moins préfectoral.
Les GJ vont progressivement délais-
DE DÉCENNIES
ser les ronds-points, d’autant avec DE LIBÉRALISME
leur démantèlement par les forces ÉCONOMIQUE, ELLE EST
de l’ordre dès décembre parfois, REJETÉE PAR NOS DEUX
pour aller investir d’abord les lieux
de la consommation quotidienne
IDÉAUX-TYPES DE GJ »
tels que les centres commerciaux et les stations-service, lieux
à enjeux mobilitaires et de pouvoir d’achat. Ils vont ensuite inves-
tir le tissu productif lui-même en visant les Zones Industrielles ou
d’Activités, les dépôts pétroliers, les entrepôts logistique aussi, à la
fois lieux stratégiques et emblématiques des rapports de travail.
Et enfin, ils vont se tourner vers les lieux des pouvoirs constitués,
et notamment de l’administration, pour créer plus directement
le rapport de force. On se souvient de l’hôtel de préfecture du
Puy-en-Velay ou du ministère de l’agriculture, mais il y a eu aussi,
«
convergence ou ces désalignements
idéologiques ont pu donner lieu, ou ILS ASSUMENT TOUS
non, à des convergences réelles, là, DEUX D’ÊTRE EN CONFLIT
seules les études qualitatives mo- AVEC « EMMANUEL MACRON
bilisant des entretiens croisés ou
des observations ethnographiques
ET SON MONDE » »
PIERRE BLAVIER :
POUR MAINTENIR
LEUR NIVEAU DE VIE,
JOSÉ ET SYLVIE
RECOURAIENT
AU «SYSTÈME D»
Pierre Blavier est chargé de Avec ce détour par le quotidien
recherche au CNRS - Clersé. de celles et ceux qui se sont
Il est l’auteur de Gilets mobilisés durant les premières
jaunes : la révolte des budgets semaines du mouvement,
contraints (PUF, 2021) Pierre Blavier ouvre une
fenêtre sur cette classe
moyenne pas nécessairement
pauvre mais au budget
assurément contraint et ses
conséquences : la centralité
du «système D», son impact
sur les corps ou encore les
tensions liées à la place
grandissante de l’électronique
dans les voitures.
ENTRETIEN AVEC ÉTIENNE WALKER 33
P eut-on dresser un portrait-robot du Gilet jaune,
notamment celui des ronds-points ?
Ce qu’on peut dire c’est que les Gilets jaunes, du moins ceux qui
se rassemblent au cours des premières semaines du mouvement
depuis le 17 novembre 2018 jusque début janvier 2019, sont ma-
joritairement issus de ce qu’on pourrait appeler les milieux popu-
laires de la France contemporaine. Il faut préciser cette catégori-
sation en indiquant quels secteurs d’activité étaient représentés
Du côté des hommes, on retrouve les ouvriers de l’industrie et
d’autres professions manuelles, des fonctionnaires de catégorie
C, ceux qu’on appelle couramment des cantonniers, et parmi ces
ouvriers de l’industrie, des mécaniciens qui travaillent dans des
garages mais aussi dans des industries. Des chauffeurs vont être
très présents également, et c’est là qu’il faut ouvrir au pan fé-
minin avec aussi des chauffeuses. Les femmes étaient présentes
dans ce mouvement, sans donner d’estimations on peut dire
qu’elles étaient sous-représentées par rapport aux hommes mais
néanmoins très présentes à travers les métiers dits du care. Ce sont
toutes les personnes qui travaillent dans l’aide à domicile, comme
assistantes de services hospitaliers (ASH), des infirmières et aus-
si des chauffeuses et des vendeuses dans la région où j’étais. En
termes socioprofessionnels c’est vraiment cela les Gilets jaunes
même s’il faudrait préciser et indiquer par exemple qu’il y avait
une forte présence de motards sur les ronds-points bien que ce
ne soit pas une catégorie socioprofessionnelle. Ce qui relie ces
professions, en tout cas c’est l’hypothèse que j’ai défendue, c’est
l’usage de la voiture, ce sont de grandes utilisatrices du secteur
routier et de la circulation routière.
Le mouvement des Gilets jaunes était-il une révolte
de la France périphérique ?
Je n’utiliserais pas l’expression de « France périphérique » en tant
que telle parce que je trouve que c’est difficile de voir à quoi elle
renvoie ou correspond, a priori des territoires assez divers. En re-
vanche, ce qu’on peut dire, c’est que par rapport à une mobilisa-
tion comme Nuit Debout qui avait eu lieu deux ans auparavant
en 2016 et était plutôt une mobilisation en métropole, même s’il
y a eu des Nuit Debout dans des villages, là les Gilets jaunes c’est
vraiment une mobilisation de proximité et dans des territoires
qui sont effectivement plus à distance des grandes métropoles.
C’est donc vrai que c’est majoritairement un mouvement périur-
bain. Avec le géographe Etienne Walker, nous avons montré que
les Gilets jaunes se rassemblaient dans des lieux urbains, dans
des préfectures, dans des sous-préfectures mais qu’ils habitaient
dans des zones qui se situaient tout autour et qu’on appelle main-
tenant le périurbain. Il faut insister sur le fait que contrairement
à ce que laisse entendre l’expression “France périphérique”, il
y a en réalité des territoires périurbains. Ils sont relativement va-
riés en termes de marché du travail, de services publics, de dy-
namisme de la région et tout simplement d’ancrage régional. Le
point commun entre toutes les mobilisations c’est qu’il s’agissait
de personnes habitant autour ou étant assez éloignées des métro-
poles, à la frontière de l’urbain et du rural, c’est plutôt de là que
venaient les Gilets jaunes.
«
lègues travaillant en sciences
sociales qui était de situer les LES DIFFÉRENTES
difficultés socioéconomiques ENQUÊTES MONTRENT
des Gilets jaunes. C’était diffi- QU’ON EST LOIN D’AVOIR
cile parce que, d’un côté, les en-
jeux socioéconomiques étaient
UNE POPULATION ISSUE
DES FRANGES LES PLUS
très présents au sein des Gilets
jaunes, que ce soit par exemple PAUVRES DE LA SOCIÉTÉ »
ENTRETIEN AVEC PIERRE BLAVIER 35
par la revendication de plus de justice sociale ou de supprimer
la taxe sur le carburant. D’un autre côté, les différentes enquêtes
montrent qu’on est loin d’avoir une population issue des franges
les plus pauvres de la société, en tout cas si l’on considère les indi-
cateurs officiels dont on dispose et notamment ceux de l’Institut
National de la Statistique et des études économiques (INSEE). On
s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de personnes qui tra-
vaillaient sur les ronds-points, avec certes un taux de chômage
un peu plus élevé que dans la société française, mais disons qu’on
n’a pas à faire à la grande pauvreté, qui était aussi présente mais
non majoritaire. Dans le livre j’essaie de résoudre ce paradoxe, en
tout cas de fournir une proposition d’explications, en faisant le
budget de famille d’un ménage de Gilets jaunes que j’ai eu l’oc-
casion de rencontrer sur les ronds-points. J’ai essayé de faire ce
budget de manière assez précise en prenant en compte les enjeux
monétaires mais aussi l’ensemble des manières non-monétaires
qui permettent à un ménage de joindre les deux bouts. Cette dé-
marche met en lumière des enjeux d’aménagement du territoire,
de politiques publiques, mais aussi de goûts. Et donc j’ai essayé de
rendre compte de cela le lien avec ce qu’il se passait sur les ronds-
points qui était lié à des enjeux de conditions et de modes de vie.
« IL Y A PROBABLEMENT
ENTRE 30 ET 50 %
DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE
QUI SERAIT CONCERNÉE
PAR CES TENSIONS. »
CONCLUSION
Ces résultats offrent deux pistes prometteuses pour ouvrir les
perspectives sur les écologies populaires. Premièrement, ils
peuvent amener à repenser le lien entre certains des principaux
conflits structurels des systèmes politiques d’Europe occidentale.
Les GJ montrent que le clivage de classe, considéré comme en
déclin depuis le début des années 1990 (Franklin 1992; Elff 2007),
peut prendre de nouvelles formes et est désormais tout sauf in-
dépendant d’autres clivages liés à l’environnement (Persico 2014)
ou à la nature démocratique des régimes politiques ouest-euro-
péennes (Bedock et al. 2022). De même que les préoccupations
relatives aux inégalités économiques sont devenues centrales au
sein du mouvement climatique (Alexandre et al. 2021; voir éga-
lement Lann et al. 2021), la prégnance de la crise écologique et
le caractère redistributif des politiques environnementales ont
joué un rôle important dans la mobilisation des personnes défa-
vorisées dans le mouvement social des GJ. Les questions de « fin
de mois » se distinguent de moins en moins de celles de « fin du
monde ».
LE COLLECTIF :
Cette note est issue d’une recherche menée dans le cadre de l’axe
« Gilets jaunes et problèmes environnementaux : écologies, ré-
pertoires d’action, configurations des mobilisations » (coordina-
tion scientifique : Alix Levain) du projet de recherche Approches
pluridisciplinaires du mouvement des Gilets jaunes, financé par
l’Agence nationale de la recherche (ANR, coordination scienti-
fique : Magali Della Sudda). L’atelier organisé par Magali Della
Sudda et Fabrice Flipo « Gilets jaunes : vers un environnementa-
lisme des pauvres ? » qui s’est tenu à Paris en 2020 a permis d’ini-
tier un programme de recherche collectif sur ce sujet.
Jaune Vif (PI: Magali Principales zones Enquête en face à face basée
Della Sudda, Tinette urbaines fran- sur un questionnaire de 33
Schnatterer et Ca- çaises, petites questions, menée auprès
mille Bedock, Centre villes et villages ; de 1 477 participants à des
Emile Durkheim, voir novembre 2018 - blocages ou à des manifes-
Collectif d’enquête avril 2019 tations au cours des 21 «va-
sur les Gilets jaunes, gues» des GJ.
2019)
1 Tiberj, Vincent. Les citoyens qui viennent: comment le renouvellement générationnel transforme la politique en
France. 1re édition. Le lien social. Paris: Puf, 2017.
2 L’espace des mouvement sociaux repose sur une dynamique d’interdépendance entre les mouvements sociaux :
les liens peuvent relever de la compétition pour l’attention, de l’hostilité vis-à-vis des revendications, de l’inspi-
ration de méthode ou encore de coalition dans un but commun. Voir Mathieu, Lilian. « L’espace des mouvements
sociaux ». Politix n°77(11), 2007.
3 « Convergence » est employé ici au sens générique. Pour une réflexion plus poussée voir Sénac, Réjane. Radi-
cales et fluides: les mobilisations contemporaines. Paris: les Presses de SciencesPo, 2021.
4 www.francetvinfo.fr/economie/automobile/essence/tribune-politiques-de-tous-bords-prenez-vos-responsabilites-
l-appel-de-23-ong-sur-la-hausse-de-la-fiscalite-ecologique_3028879.html
5 www-liberation-fr./debats/2018/12/03/gilets-jaunes-venez-marcher-pour-le-climat_1695741/
6 L’importance de la question sociale au sein du mouvement climat n’est cependant pas consensuelle. Si c’est
un mouvement très majoritairement orienté à gauche, il existe une opposition entre une aile modérée et une aile
plus radicale, tant dans le rapport aux modes d’actions et aux institutions, qu’à la comptabilité entre capitalisme,
justice sociale et écologie. Ces positions reflètent en partie les différences de statut social. Voir Alexandre, Chloé,
Simon Persico, Florent Gougou et Erwan Lecoeur, Rapport descriptif de l’enquête sur le mouvement climat, Labora-
toire Pacte, 2021, halshs-03342838 , version 1.
7 Coulangeon, Philippe et al., La conversion écologique des Français: contradictions et clivages. Le lien social.
Paris: Puf, 2023.
8 Comby, Jean-Baptiste, et Sophie Dubuisson-Quellier. Mobilisations écologiques. La vie des Idées. Paris: Puf, 2023.
9 Quelques manifestations convergentes, à Paris, auront lieu le 8 décembre 2018 et le 21 septembre 2019. De
plus, un collectif nommé « les Gilets citoyens » se forme à l’occasion du Grand Débat, s’appuyant sur des soutiens
issus des deux mouvements avec l’intention de faire vivre le triptyque de revendication « Démocratie – Écologie –
Justice sociale », qui pèsera sur la création de la Convention Citoyenne pour le Climat.
10 Les deux enquêtes sont centrées sur les sympathisants de chacun des deux mouvements sociaux, qu’ils aient
participé in situ ou non. Les répondants potentiels ont été ciblés et sollicités à travers les réseaux sociaux (via
les groupes Facebook nationaux et locaux de Gilets jaunes ; et via les groupes Facebook en lien avec l’écologie et
l’environnement ainsi que les communautés Facebook et Instagram d’associations partenaires). 6000 répondants
se sont reconnus et ont participé à l’enquête Gilets jaunes entre décembre 2018 et novembre 2019 (en deux
vagues). 10000 répondants se sont reconnus et ont participé à l’enquête Mouvement Climat entre novembre 2019
et mars 2020.
11 Della Sudda, Magali, et Christine Guionnet. « Nuit Debout, Gilets jaunes : quoi de neuf à l’horizon des mouve-
ments sociaux ? » In Nouvelle sociologie politique de la France, Paris: Armand Colin, 2021.
12 Ce portrait de la mobilisation en France est relativement similaire aux participants des marches climats chez
nos voisins européens. Voir Wahlström, Mattias, Piotr Kocyba, Michiel De Vydt et Joost de Moor, “Protest for a future:
Composition, mobilization and motives of the participants in Fridays For Future climate protests on 15 March, 2019
in 13 European cities”, Scuela Normale, 2019.
13 On peut citer comme exemple classique l’effet « patrimoine » sous-jacent à un effet d’âge : Il est fréquent de
trouver que plus on est âgés plus on est orienté politiquement à droite. Pourtant, cette relation est grandement
médiatisée par le niveau de patrimoine, qu’on accumule dans le temps, donc avec l’âge.
14 Référencé dans le graphique comme « MIP environnement », MIP pour Most Important Issue. Il s’agissait pour
le répondant de sélectionner l’enjeu le plus important selon lui pour le pays, parmi une liste définie.
15 Référencé dans le graphique comme « MIP économie », MIP pour Most Important Issue. Il s’agissait pour le
répondant de sélectionner l’enjeu le plus important selon lui pour le pays, parmi une liste définie.
16 En effet 35 % des Gilets jaunes se disent prêts à réduire leur niveau de vie pour l’environnement ; 27 % se
classent à gauche ; 29 % ont participé à au moins 6 « actes ».
17 En effet 22 % des Manifestants climat se disent très critiques du fonctionnement de la démocratie ; 24 % se
classent comme très populistes ; 33 % sont très en faveur de davantage de redistribution sociale.
18 Rappelons aussi que l’étude porte sur le soutien d’un mouvement social à une autre, mais qu’il n’y avait pas de
question directe sur l’opportunité d’un mouvement convergent conçu comme tel.
19 Notamment le fait de se positionner à droite de l’échiquier politique pour ne prendre qu’un seul exemple.