La Loi Des Douze Tables

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La loi des Douze Tables (en latin : Lex Dvodecim Tabvlarvm ou plus simplement Dvodecim Tabvlae)

constitue le premier corpus de lois romaines écrites. Leur rédaction est l'acte fondateur du ius scriptum,
le droit écrit. Le corpus est rédigé par un collège de décemvirs entre 451 et 449 av. J.-C. L'apparition de
ces lois écrites marque une certaine laïcisation du droit romain, par rapport au ius oral pratiqué
auparavant.

Après un long conflit politique de neuf années, selon Tite-Live, trois représentants romains se rendent
à Athènes en 453 av. J.-C. afin de transcrire les lois de Solona 2. Les historiens modernes considèrent
toutefois que ce voyage n'a en fait jamais eu lieu mais reconnaissent que le projet romain a été
fortement influencé par l'isonomie propre à la démocratie athénienne et issu des réformes
clisthéniennes de 508 av. J.-C.1.

« La cité se trouva en effet face à deux hypothèses [...] d'organisation normative et d'ordonnancement
social, deux modèles alternatifs de souveraineté, pourrions-nous dire : l'un fondé sur le paradigme,
spécifiquement romain, du ius ; l'autre sur celui, grec et méditerranéen, de la lex. On peut sans abus
affirmer que le conflit eut des conséquences incalculables : de lui dépendit l'invention de la "forme
droit" dans le parcours de l'Occident. »

— Schiavone 2008, p.99

Création d'un décemvirat législatif[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Décemvir à pouvoir consulaire.

À leur retour supposé d'Athènes et des villes grecques d'Italie du suda 3, une commission extraordinaire,
les décemvirs législatifs à pouvoir consulaire (decemvir legibus scribundis consulari imperio), est créée
pour rédiger les lois (leges). Nommés pour un an, ils sont munis de l'imperium consulairea 4,2.

Rédaction de la loi des Douze Tables[modifier | modifier le code]

Affichage des tables de bronze portant la loi.

Les tables auraient été rédigées en deux fois, les dix premières en 450 av. J.-C. et les deux dernières
en 449 av. J.-C. Selon Strabon, les décemvirs romains ont été aidés dans la rédaction des douze tables
par Hermodore, un Éphésien, ami d'Héraclite d'Éphèse. Elles sont publiées la seconde année sur
le Forum Romain sur douze tables en bronzen 1. La seconde commission de décemvirs aurait tenté de
maintenir son pouvoir absolu, mais devant la sécession de la plèbe, retirée sur le Mont Sacré, et le
soulèvement de l'armée, elle aurait été contrainte à la démissiona 5. Certaines études
modernes3 remettent en cause ce récit : le second décemvirat ne serait jamais survenu et c'est celui
de 451 av. J.-C. qui aurait inclus tous les points controversés de la loia 6.

Selon les annalistes de l'époque augustéenne, les nouvelles lois dites « des Douze Tables » auraient été
approuvées par les comitia curiata. Les historiens modernes réfutent toutefois ce récit, considérant qu'il
s'agit d'une interprétation rétrospective qui fait remonter jusqu'à la Rome monarchique, voire
jusqu'à Romulus, le modèle républicain de la relation entre la lex et les comices4. L'inspiration grecque
est difficilement contestable, les sources concordant sur ce point : l'historien grec Denys
d'Halicarnasse évoque une double influence des lois grecquesn 2 et des coutumes romaines non écrites
(mos maiorum)a 7. Elle se manifeste principalement dans l'apparition de la peine compensatoire.

Contenu de la loi des Douze Tables[modifier | modifier le code]

Sources antiques[modifier | modifier le code]

Ni le texte complet, ni les six livres de commentaires faits par le juriste Gaius ne nous sont parvenus5. Le
texte original a probablement été détruit lors du sac de Rome de 390 av. J.-C., mais il nous est connu de
façon indirecte, notamment par le jurisconsulte Sextus Aelius Paetus Catus. Le texte a été reconstitué
par le biais de 230 mentions par des auteurs romains, collectées et discutées depuis la Renaissance5. Les
citations faites par des auteurs latins de ce texte ont néanmoins permis une reconstitution dont
l’authenticité n’est aujourd’hui plus contestée6,7.

Analyse moderne[modifier | modifier le code]

Représentation figurée de la loi des Douze Tables sur le fronton


du Tribunal administratif fédéral, à Leipzig.

Du ius à la lex[modifier | modifier le code]

On parle parfois de « codification et de laïcisation du droit », qui passe de ce qui est permis par
la religion à ce qui relève du « droit civil » (ius civile)8. La plus grande partie des lois est en effet
consacrée au « droit privé » (ius privatum) et à la procédure civile (le lege agere (it)) : il ne s'agit en
aucun cas d'une « charte constitutionnelle » ou d'une organisation des pouvoirs publics. Une partie
importante concerne les crimes et les peines.

En fait, les spécialistes s'accordent à souligner les différences majeures séparant ce texte d'un code de
loi au sens moderne. Toutefois, on observe bien un passage du ius non-écrit, incarné par
les responsa orales des pontifes, à la loi écrite (lex), donc publique et « laïque », au sens que l'écriture de
ces lois vise à amoindrir le rôle religieux des pontifes9. L'idée de mettre par écrit le droit est en effet liée
à l'idéal grec d'isonomie, c'est-à-dire d'égalité devant la loi, issu des réformes clisthéniennes de 508 av.
J.-C., et au fondement de la démocratie athénienne1. Ces réformes conduisent à l'éloignement du
concept de nomos vis-à-vis du thesmos et de la themisn 3. Le nomos prend son sens moderne d'une loi
dictée par la politique, d'un dispositif unifiant la loi, l'écriture et la « laïcité »10. La lex vient ainsi traduire
ce sens moderne du nomos, par opposition au ius ancien et secret10.

Les historiens modernes constatent toutefois que la séparation avec la religion n’est pas totale, car la loi
contient encore des prescriptions rituelles sur les funérailles ou des traces du châtiment par la
consécration aux dieux : « Si un patron commet une tromperie à l’égard d’un client, qu’il soit homo
sacer »a 8. Ils soulignent néanmoins l’effort de modernisation et même de laïcisation par rapport aux lois
de l’époque royale. À la condamnation divine se substitue la réparation, si possible convenue entre les
parties11.

Apports politiques et juridiques[modifier | modifier le code]

Pour les crimes politiques, la loi impose une nouvelle procédure, menée sous l'instruction
des questeurs (comissia). Une des dispositions de la loi a fait débat par son excès. Le débiteur de
plusieurs créanciers peut, selon certains, être découpé en autant de morceaux que de créanciers (partes
secanto)a 9. Mais la disposition n'aurait que peu, voire jamais, été appliquée en raison de son manque
d'intérêt évident pour les créanciers.

La limitation de l'imperium consulaire se fait essentiellement dans le domaine de la justice. Toutefois, la


loi n'apporte pas l'égalité juridique entre la plèbe et les patriciens car les procédures sont gardées
secrètes. L’ajout des deux dernières tables maintient une stricte séparation entre les deux classes, car
elle interdit le mariage mixte entre plébéiens et patriciensa 10. Par l’interdiction des mariages mixtes,
le patriciat semble avoir la volonté arrêtée de séparer juridiquement deux ordres qui ne l’étaient
jusqu’alors que par un état de fait.

Elle n’apporte enfin aucune satisfaction aux revendications agraires de la plèbe, ni aucun avantage
politique concret, comme l’accès aux magistratures.

Malgré ce premier succès de la plèbe, le projet de la « loi des Douze Tables » échoue finalement. Les
prêtres, qui doivent désormais interpréter le ius en fonction de ces lois écrites, enferment le texte dans
un réseau complexe d'interprétations, faisant prévaloir le responsum sur la lex12. De nouveau, le savoir
des experts s'impose, en s'appuyant sur un modèle jurisprudentiel, au détriment d'un accès immédiat
aux lois publiques, conduisant ainsi vers un système oligarchique12.

Transcription Traduction

si in ius vocat, ito. ni it, Si l'on cite quelqu'un en justice, qu'il y aille. S'il
antestamino. igitur em n'y va pas, que l'on appelle des témoins.
capito.a 11,a 12 Seulement ensuite, qu'on le capture.
si calvitur pedemve struit,
S'il esquive ou fuit, qu'on le capture.
manum endo iacito.a 13

si morbus aevitasve vitium S'il y a maladie ou vieillesse, qu'on lui fournisse


escit, iumentum dato. si nolet, une bête de somme. S'il n'en veut pas, qu'on ne
arceram ne sternito.a 14 le couvre pas.

assiduo vindex assiduus esto. Qu'à un propriétaire foncier soit garant un autre
proletario iam civi quis volet propriétaire foncier. Qu'à un prolétaire soit
vindex esto.a 15 garant n'importe quel citoyen qui le veut bien.

... ceux qui se portent caution d'un emprunt par


... vades ... subvades ...a 15
engagement oral ... les cautions en second ...

nex ... forti sanati ... — nexo Que ceux qui sont engagés
solutoque, forti sanatique (par nexum ou mancipium) et ceux qui sont
idem jus esto.a 16 dégagés aient le même droit.

rem ubi pacunt, orato.a 17 S'ils s'accordent, qu'on le proclame.

ni pacunt, in comitio aut in


S'ils ne s'accordent pas, qu'ils exposent leur cas
foro ante meridiem caussam
au comitium ou au forum avant midi. Que tous
coiciunto. com peroranto
deux soient présents pendant les exposés.
ambo praesentes.a 17

post meridiem praesenti litem Après midi, qu'on adjuge l'objet du litige à celui
addicito.a 17,a 18,a 19 qui est présent.

si ambo praesentes, solis


Si tous les deux sont présents, que le crépuscule
occasus suprema tempestas
mette fin au litige.
esto.a 17,a 18,a 19

... une grave maladie ... ou un jour fixé avec


. morbus sonticus ... aut status dies
un ennemi ; ... si l'un ou l'autre de ces
cum hoste ... quid horum fuit unum
empêchements est un obstacle pour le
iudici arbitrove reove, eo dies
juge, l'arbitre ou l'accusé, que le jour soit
diffissus esto.a 20,a 21
différé.

cui testimonium defuerit, is tertiis Que celui à qui le témoignage a manqué


diebus ob portum obvagulatum aille interpeller à haute voix son adversaire
ito.a 22 trois jours devant sa porte.

de rebus M aeris plurisve D On se défie pour 500 as pour les affaires


assibus, de minoris vero L assibus d'une valeur minimale de 1 000 as, et de 50
sacramento contendebatur.a 23 as pour les affaires de valeur moindre.

at si de libertate hominis
controversia erat, tamen ut L S'il y a controverse sur la liberté d'un
assibus sacramento individu, l'enjeu est limité à 50 as.
contenderetur.a 23

... per iudicis postulationem


... l'action en pétition de juge ...
agebatur ...a 24

Selon Gaius, concernant l'« action en pétition de juge », la procédure est plus ou moins la suivante :

« "Je dis que, en vertu de ton engagement, tu dois me donner 10 000 sesterces. Je te demande si tu
l'admets ou le nies." Si l'adversaire affirmait ne rien devoir, le demandeur disait alors : "Puisque tu nies,
je te prie, préteur, de désigner un juge ou un arbitre." Ainsi dans ce genre d'action, on pouvait nier sans
s'exposer à une pénalité. La même loi prescrivit d'employer cette procédure en matière de partage de
succession [...] »

— Gaius, Institutes, IV, 17

Tite-Live, dans son récit de l'épisode de Verginia en 449 av. J.-C., précise que la liberté provisoire existe
en vertu de la loi des Douze Tables, seule loi alors existante :

« Les défenseurs de Virginie [...] demandent au décemvir [Appius Claudius Sabinus] [...] selon la loi
d'accorder la liberté provisoire. »

— Tite-Live, Histoire romaine, 44 [archive], 11-12

Une fois la dette reconnue et l'affaire jugée


aeris confessi rebusque iure
en procès légitime, qu'il y ait 30 jours de
iudicatis XXX dies iusti sunto.a 25
délai légal.

Ensuite, qu'il y ait finalement main mise


post deinde manus iniectio esto.
<manus injectio> sur lui. Qu'on le conduise
in ius ducito.a 25
devant le juge.

ni iudicatum facit aut quis endo S'il n'exécute pas le jugement ou si personne
eo in iure vindicit, secum ducito, ne se porte garant pour lui en justice, que le
vincito aut nervo aut compedibus créancier l'emmène avec lui, l'attache avec
XV pondo, ne maiore aut si volet une corde ou avec des chaînes d'un poids
minore vincito.a 25 minimum de 15 livres, davantage s'il le veut.

S'il le veut, qu'il vive à ses propres frais. S'il


si volet suo vivito, ni suo vivit, qui
ne vit pas à ses propres frais, que celui qui le
eum vinctum habebit, libras faris
tiendra dans les chaines lui donne une livre
endo dies dato. si volet, plus dato.a
25 de farine par jour. S'il le veut, qu'il donne
plus.

erat autem ius interea paciscendi


À défaut d'arrangement, le débiteur était
ac, si pacti forent, habebantur in
retenu dans les chaines soixante jours.
vinculis dies sexaginta.a 26

inter eos dies trinis nundinis


Durant cet intervalle, à trois marchés
continuis ad praetorem in
consécutifs, qu'on le conduise au comice et
comitium producebantur,
l'on rappelait chaque fois à haute voix le
quantaeque pecuniae iudicati
montant de sa condamnation.
essent, praedicabatur.a 26

tertiis autem nundinis capite Au troisième marché, ils étaient punis de la


poenas dabant, aut trans Tiberim peine capitale, ou ils allaient au-delà du
peregre venum ibant.a 26 Tibre pour être vendus à l'étranger .

Au troisième jour du marché, que les parts


tertiis nundinis partis secanto. si
soient coupées. S'ils <les créanciers> en
plus minusve secuerunt, se fraude
coupent trop ou pas assez, que cela ne porte
esto.a 27
pas à préjudice.

adversus hostem aeterna Contre un ennemi, le droit de propriété est


auctoritas <esto>.a 20 toujours valide.

cito necatus insignis ad Que soit vite tué l'enfant atteint d'une
deformitatem puer esto.a 28 difformité manifeste.

si pater filium ter venum duit, Si le père vend <loue> trois fois son fils, que le
filius a patre liber esto.a 29,a 30 fils soit libéré de son pèren 4.

Qu'il ordonne à sa femme d'emmener ses


illam suam suas res sibi habere
affaires <en cas de divorce>, et qu'elle rende
iussit claves ademit, exegit.a 31
les clefs.

concepisset in decem mensibus L'enfantement doit avoir lieu dans les dix
gigni hominem.a 32 mois.

À propos de la dernière condition, Ulpien précise :

« L'enfant qui est encore dans le sein de sa mère est admis à la succession ab intestat [...] L'enfant né
après les dix mois de la mort de son père n'est point admis à sa succession légitime. »

feminas, etiamsi perfectae aetatis


Les femmes, même majeures, restent en
sint, in tutela esse ... exceptis
tutelle ... à l'exception des vierges Vestales.
virginibus Vestalibus.a 33

mulieris, quae in agnatorum


Les biens de la femme qui est en tutelle des
tutela erat, res mancipii usucapi
agnats ne peuvent être usucapés comme
non poterant, praeterquam si ab
biens mancipables, excepté s'ils ont été
ipsa tutore <auctore> traditae
livrés par elle avec l'autorisation du tuteur.
essent.a 34

Ce que l'on aura ordonné par testament,


uti legassit super pecunia tutelave
quant à son argent, ou pour la conservation
suae rei, ita ius esto.a 35
de son bien, doit être exactement exécuté.

si intestato moritur, cui suus


Si une personne meurt sans testament et
heres nec escit, adgnatus
sans héritiers, l'agnat le plus proche hérite.
proximus familiam habeto.a 36

si adgnatus nec escit, gentiles S'il n'y a pas d'agnats, que les membres de la
familiam habento.a 37 gens héritent.

quibus testamento ... tutor datus Si le testament ne désigne pas de tuteur, les
non sit, agnati sunt tutores.a 38 agnats deviennent tuteurs.

si furiosus escit, adgnatum Si quelqu'un est fou furieux et qu'il n'a pas
gentiliumque in eo pecuniaque de gardien, son agnat le plus proche a
eius potestas esto. l'autorité sur lui et son patrimoine.

... ast ei custos nec escit ...a 39 ... mais il n'y aura pas de gardien pour lui ...

prodigo interdicitur bonorum On interdit au prodigue l'administration de


suorum administratio.a 40 ses biens.

prodigum, cui bonis interdictum Le prodigue ou le fou, auquel on a ôté


est, in curatione iubet esse l'administration de ses biens, est sous la
agnatorum.a 40 curatelle de ses agnats.

civis Romani liberti hereditatem Qu'on défère au patron la succession de


patrono defert, si intestato sine l'affranchi, citoyen romain, mort sans
suo herede libertus decesserit.a 41 testament et sans héritiers.

ea, quae in nominibus sunt, ... Les dettes passives et actives du défunt ne
ipso iure in portiones hereditarias sont point divisibles, car elles sont de plein
divisa sunt.a 42 droit divisées en portions héréditaires.

aes alienum hereditarium pro Les dettes de la succession sont divisées


portionibus quaesitis singulis ipso proportionnellement par un pacte entre les
iure divisum.a 43 héritiers du débiteur.

Cette action permet (à des cohéritiers) de


haec actio (familiae herciscundae)
cesser d'être en commun <pour la
proficiscitur.a 44
succession>.

Table VI : biens

cum nexum faciet mancipiumque, Lorsqu'on fait nexum (prise de possession)


uti lingua nuncupassit, ita ius esto.a ou mancipium (cession), et qu'on le déclare
45
oralement, le droit est donné.

satis esset ea praestari, quae


essent lingua nuncupata, quae qui Il suffit de fournir ce qui a été
infitiatus esset, dupli poenam formellement déclaré, et celui qui a trompé
subiret, a iuris consultis etiam est condamné à la peine du double.
reticentiae poena est constituta.a 46

usus auctoritas fundi biennium


<L'usucapion> des biens mobiliers se fait
est, ... ceterarum rerum omnium ...
par an, celui des maisons par deux ans.
annuus est usus.a 47

tignum iunctum aedibus vineave sei Nul ne doit détacher les poutres des
concapit ne solvito.a 48 bâtiments ou des vignes d'autrui.

viae latitudo in porrectum octo La largeur du chemin doit être de huit


pedes habet, in anfractum, id est pieds en ligne droite et seize dans les
ubi flexum est, sedecim.a 49 virages.

Que les chemins privés soient bordés de


amsegetes vias muniunto :
pierres <par leur propriétaire>. Sinon, par
donicum lapides sunt: ni munierint,
défaut, <les autres> peuvent faire passer
qua volent jumenta agito.a 50
les animaux où ils veulent.

si aqua pluvia nocet ... iubetur ex Si l'eau pluviale <d'une autre propriété>
arbitrio coerceri.a 51 cause des dommages <à un
propriétaire> ... <le propriétaire> peut en
appeler à un juge.

Si un ruisseau passant à travers un lieu


si per publicum locum rivus aquae
public forme un aqueduc et nuit à un
ductus privato nocebit, erit actio
particulier, celui-ci dispose d'une action
privato, ut noxa domino sarciatur.a
52 visant à garantir la réparation du tort ainsi
causé.

ut XV pedes altius rami arboris Que les arbres soient élagués jusqu'à 15
circumcidantur.a 53 pieds.

si arbor ex vicini fundo vento Si un arbre frappé d'un coup de vent


inclinata in tuum fundum ist, de penche de la propriété voisine sur la vôtre,
adimenda ea recte agere potes.a 54 vous avez une action pour le faire abattre.

ut glandem in alienum fundum On peut ramasser le gland tombé sur la


procidentem liceret colligere.a 55 propriété d'autrui.

Table VIII : délits civils

qui malum carmen


Celui qui prononcera un maléfice ...
incantassit ...a 56

... res capite ... si quis ... peine capitale ... pour celui qui a soit récité
occentavisset sive carmen publiquement, soit composé des vers, qui
condidisset, quod infamiam attireraient sur autrui le déshonneur ou
faceret flagitiumve alteri.a 57 l'infamie.

Si on a estropié un autre et qu'on n'a pas


si membrum rupsit, ni cum eo
conclu d'accord à l'amiable avec la victime,
pacit, talio esto.a 58,a 59
que la peine du Talion soit appliquée.

manu fustive si os fregit libero, Si quelqu'un casse les os d'un autre à la main
CCC, si servo, CL poenam subito ou grâce à une massue, que la peine soit de
si iniuriam faxsit, viginti quinque 300 sesterces, si c'est un esclave, 150, s'il a fait
poenae sunto.a 60 un simple mal, vingt-cinq.

Transcription Traduction

Hominem mortuum in Urbe ne L'homme mort, qu'on ne l'ensevelisse ni ne le


sepelito neve urito. brûle dans la ville.

Qui coronam parit ipse La couronne obtenue par la bravoure soit,


pecuniave eius honoris virtutisve sans qu'il y ait délit, placée sur le corps de
ergo arduitur ei ... celui qui l'a gagnée [traduction à revoir]

Neve aurum addito. At cui auro


Qu'on n'ajoute pas d'or ... celui qui a les dents
dentes iuncti escunt. Ast in cum
reliées par de l'or, si avec cet or on l'enterre
illo sepeliet uretue, se fraude
ou le brûle, que ce soit sans délit.
esto.

Table XI : mariage[modifier | modifier le code]

CONVBIA PLEBI CVM PATRIBVS SANXERVNT.

Transcription Traduction

conubia plebi cum patribus sanxerunt.a Le mariage entre un plébéien et un


61
patricien est prohibé.

adversus eum, qui hostiam emisset nec Contre celui qui aurait acheté un
pretium redderet ; item adversus eum, animal sans en acquitter le prix ;
qui mercedem non redderet pro eo contre celui qui ne paierait pas la
iumento, quod quis ideo locasset, ut somme afférente à la bête donnée en
inde pecuniam acceptam in dapem, id location, à cette condition que l'argent
est in sacrificium, impenderet.a 62 retiré fût employé à une offrande.

Si un esclave se rend coupable de vol


si servo furtum faxit noxiamve noxit.a
ou commet un délit ... l'action est
63
préjudiciable.

Si quelqu'un revendique faussement


si vindiciam falsam tulit, si velit is ... tor
un bien ... trois juges sont nommés ...
arbitros tris dato, eorum arbitrio ...
la sanction du dommage est le double
fructus duplione damnum decidito.a 64
de la valeur du bien.

Sommaire

1. Les facteurs et fondements de cette première source de droit écrit qu'est la loi des Douze
Tables

2. Les changements essentiels qu'elle a déclenchés

Extraits
[...] Dès cette date, Rome entre dans une période d'apogée où de nombreuses sources de droit
apparaissent. Avant tout, comprenons que les Patriciens ne sont pas la seule population de Rome même
s'ils sont considérés comme la descendance de ses pères fondateurs ; les Plébéiens sont à leur côté,
mais, comme nous avons pu le comprendre, sont écartés de la République et ne sont que partiellement
citoyens. Dans cette dynamique, en quoi la loi des Douze Tables sera-t-elle capitale et tant vénérée par
les Romains ? [...]

[...] Par ailleurs, le droit prétorien qui a été avec la jurisprudence la source du droit la plus importante à
la fin de la République est lui aussi dû à la loi des Douze Tables puisqu'il en a une évolution. En effet,
l'édit du préteur accorde de nouveaux pouvoirs tels que le fait d'ouvrir des actions pour des cas
nouveaux. Une nouvelle procédure, plus simple et plus moderne, s'en inspire également puisqu'elle sera
écrite. Pour toutes ces raisons, la loi des Douze Tables est belle est bien vénérée par les Romains et ce, à
juste titre puisqu'elle a été capitale dans l'histoire du droit. [...]

[...] Un des pontifes devait alors interpréter la volonté divine pour décider si oui ou non il ouvrait une
action afin que le citoyen soit jugé. Ainsi comprenons-nous qu'avant la loi des Douze Tables, le droit
romain était un droit religieux : le FAS. Ces pontifes interprétaient des augures, des signes des dieux, et
elles n'étaient en rien ni rationnelles, ni justes. D'autant plus que ce FAS n'était pas publié et qu'il était
naturellement inconcevable pour eux que les citoyens en aient connaissance. [...]

[...] En effet, elles contiennent deux principaux types de disposition à savoir dans un premier temps les
règles de procédures pour faire valoir son droit en justice suivie de quelques droits consacrés. La
première table est ainsi fondamentale puisqu'elle porte sur les éléments qui permettent aux consuls de
déterminer s'ils doivent ouvrir ou non une action ; le verbe devoir est bien en accord avec les principes
vus en partie les consuls n'ayant aucune alternative possible. On peut citer la première partie de la table
I : Si quelqu'un est cité en justice, qu'il y aille. S'il n'y va pas, que l'on appelle des témoins. Ensuite qu'on
s'en saisisse. [...]

[...] Ainsi est née la jurisprudence, ce que nous appelons aujourd'hui la doctrine. La loi des Douze Tables
a donc en ce sens apporté bien plus que davantage de clarté et de justice : elle a permis aux auteurs de
réfléchir sur le droit, de le faire sans cesse évoluer, de l'améliorer. La loi étant formulée sous la forme de
règles générales, ils vont imaginer des solutions en l'interprétant et chaque nouveau cas pourra être pris
en compte par la justice. [...]

Résumé du document
En relatant le fait que, plus de trois siècles après la publication de la loi des Douze Tables, les écoliers
l'apprenaient encore par cœur, Cicéron nous illustre tout le prestige ainsi que l'importance qu'elle a pu
avoir aux yeux des Romains.
En -509, le Royaume, dont les Romains se souviendront quasi exclusivement de la tyrannie des rois,
prend fin. Et pour cause, le dernier Roi, Tarquin le Superbe, est chassé par le Sénat qui se jure de ne plus
jamais accepter la présence d'un roi, quel qu'il soit. Il crée ainsi la Respublica, la République, où tous les
pouvoirs sont organisés à son profit, c'est-à-dire au profit des Patriciens. Dès cette date, Rome entre
dans une période d'apogée où de nombreuses sources de droit apparaissent.
Avant tout, comprenons que les Patriciens ne sont pas la seule population de Rome même s'ils sont
considérés comme la descendance de ses pères fondateurs ; les Plébéiens sont à leur côté, mais, comme
nous avons pu le comprendre, sont écartés de la République et ne sont que partiellement citoyens.

commentaire

de la loi des XII Tables : a) les principes généraux et le contenu de la loi des XII Tables. Cette loi permet
tout d'abord de fixer la règle de droit qui jusque là était un droit coutumier. Désormais, le droit est écrit
et la loi des 12 tables permet de parvenir au concept de l’abstraction de la règle de droit. Cela signifie
que le droit à un caractère général et qu’il s’applique à un nombre indéterminé de cas et à personne en
particulier. Selon tous les spécialistes, l’étape de

de payer la somme promise ou d’acquitter la peine fixée par la loi, qui faisait

réellement l’objet du litige.

Le perdant devra alors s’acquitter de sa faute vis à vis de son cocontractant lésé.

Cette procédure dure jusqu’à la fin de la République mais subit la concurrence

d’autres procédures.

La condictio est une procédure dite des actions de la loi, mais elle est née bien

après la loi des Douze Tables. Elle fonctionne comme les précédentes sur l’absolue

nécessité de choisir l’action définissant le litige.

D’autres Actions de la loi des Douze Tables consistent à sanctionner différemment.

La iudicis arbitrive postulatio est une création des décemvirs. Elle intervient pour
sanctionner des stipulations, et la litis contestatio y est aussi une phase centrale.

Mais elle intervient beaucoup plus tôt, il n’est pas nécessaire de procéder à un défi,

un pari juré. Après les affirmations contradictoires, les parties sollicitent directement

de la part du magistrat la désignation d’un juge pour trancher le litige. Le juge n’est

qu’un simple particulier, investi par le consul du pouvoir de prononcer un jugement

exécutoire d’après les termes de la litis contestatio. Le particulier investit se

comporte comme un juge pour juger de l’authenticité du litige et un arbitre, pour

déterminer la compensation qui sera due au justiciable lésé.

La pignoris capio ou prise de gage est une procédure d’exécution. La loi dans

certains cas limitativement énumérés, autorise le créancier à saisir un bien du

débiteur. Le créancier compte par ce biais sur le versement de la part du débiteur

d’une somme libératoire, qui sera supérieur au montant de la dette initiale.

La manus injectio est une contrainte par corps. Elle est utilisée pour contraindre le

perdant à s’exécuter. Après une période de trente jours suite au jugement, le

gagnant peut à nouveau trainer le perdant devant le magistrat. Le créancier peut

alors se saisir du débiteur, qui peut alors soit s’exécuter, soit être aidé par un

citoyen secourable en soulevant une opposition contre le jugement effectué. Il

commence alors avec le créancier un nouveau procès. Si personne ne vient en

aide, le consul prononce l’addictio : cela signifie que le débiteur est remis au

créancier. Il le garde enchainé pendant soixante jours, période durant laquelle il doit

trois fois emmener son débiteur pour susciter sa libération. L’idée est celle d’un

rachat de la dette par un citoyen. Si à la fin de cette période, personne n’a souhaité

acquitter la dette, le créancier peut alors le vendre en tant qu’esclave ou le mettre à

mort. Les romains préfèrent alors à ce moment-là imposer au débiteur une

exécution sur sa personne, un travail compensatoire jusqu’à ce que ce dernier

vienne à l’équivalent de la dette qui était celle du débiteur

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