Lévi-Strauss ethnocentrisme
1. Que nous apprend l’étymologie des mots « barbare », « sauvage » ?
2. Relevez les phrases qui permettent de définir l’ethnocentrisme. Proposez votre propre
définition.
3. Que veut dire : « Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie » ? (Dernière
ligne)
1.
À l’origine, le terme « barbare » vient du grec ancien bárbaros, qui signifie « étranger ». Les
Grecs utilisaient ce terme pour désigner les peuples qui n’appartenaient pas à leur civilisation,
définie par leur langue et leur religion. Ils utilisaient ce mot pour les personnes dont ils ne
comprenaient pas la langue, ce qui ressemblait à un charabia « bar-bar » pour eux.
Plus tard, les Romains ont utilisé ce mot pour désigner les peuples qui se trouvaient à l’extérieur de
leur empire, dans le « Barbaricum », la « terre des Barbares ». Avec le temps, le sens du mot
« barbare » a évolué pour désigner les populations étrangères hostiles à l’Empire.
En français, le mot « barbare » a été emprunté au latin « barbarus » au 14e siècle. Il a d’abord été
utilisé pour désigner les peuples qui n’étaient pas chrétiens, comme les Vikings. À partir de la
Renaissance, il a pris le sens figuré, inculte, non civilisé. Plus récemment, son sens s’est élargi à cruel,
brutal ou sauvage.
Le mot français « sauvage » est d’origine latine. En latin, le mot « silva », qui signifie
« forêt », a formé l’adjectif « silvaticus », qui signifie « relatif à la forêt ; qui pousse naturellement
(en parlant des plantes) ». Le mot s’est déformé en « salvaticus », ce qui a donné « salvage » en
ancien français, lui-même devenu « sauvage ».
L’adjectif « sauvage » servait d’abord à qualifier une plante ou un animal vivant dans la forêt. Puis
son sens est devenu plus général, tous les animaux non domestiqués (qu’ils vivent ou non dans la
forêt), et toutes les plantes qui poussent naturellement, sans avoir été plantées par quelqu’un ; ont
été qualifié par ce terme. Au XIIe siècle, ce mot s’appliquait par exemple à un brigand qui vivait dans
les bois. Mais plus tard, l’idée de forêt a été oubliée, et le mot sauvage est devenu le contraire de
« civilisé ». On l’utilisait pour qualifier les personnes grossières, qui n’avaient pas de manières, ou qui
vivaient isolées. On s’en servait aussi pour qualifier les peuples considérés comme non civilisés par
les Occidentaux : par exemple les Sarrasins pendant les croisades, ou plus tard les Amérindiens lors
de la conquête de l’Amérique.
2.
Les phrases du texte qui permettent de définir l’ethnocentrisme :
a) « L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques
solides puisqu’elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés
dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes
culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles
auxquelles nous nous identifions. » (L1-5).
b) « Dans les deux cas, on refuse d’admettre le fait même de la diversité culturelle ; on préfère
rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous
laquelle on vit. » (L13-15).
c) « En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus « sauvages » ou « barbares
» de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le
barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. » (L25-27).
À partir de ces phrases, nous pouvons imaginer la définition suivante de l’ethnocentrisme :
L’ethnocentrisme est une manière de penser culturelle qui consiste à juger les autres cultures selon
les valeurs et normes de la sienne. Ce qui mène généralement à une vision erronée où nous
considérons notre propre culture comme meilleure ou normale tandis, que les autres cultures sont
considérées comme inférieures, sauvages ou barbares. L’ethnocentrisme peut conduire à un rejet de
la diversité culturelle et à la déshumanisation de ceux qui sont perçus comme différents.
3.
La phrase de Claude Lévi-Strauss, « Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie »,
signifie que l’idée de barbarie est souvent une projection de nos préjugés. C’est-à-dire, celui qui
traite un individu de barbare est souvent lui-même le véritable barbare, car il refuse de comprendre
et d’accepter les différences culturelles. Cette phrase est une critique de l’ethnocentrisme et un
appel à la compréhension de la diversité culturelles.