Guide Pratique de Rééducation Vestibulaire
Guide Pratique de Rééducation Vestibulaire
Guide Pratique de Rééducation Vestibulaire
Hélène Grenier
Kinésithérapeute, service ORL, CHU de Limoges
2e édition
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de l’avancement rapide des sciences médicales, en particulier, une vérification indépendante des dia-
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Sommaire
Table des compléments en ligne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XI
Liste des abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIV
Conférences
Chapitre 1 – Anatomie et physiologie du système vestibulaire
Chapitre 2 – Vertiges positionnels paroxystiques bénins du canal postérieur
Chapitre 3 – Vertiges positionnels paroxystiques bénins du canal horizontal
Chapitre 4 – Vertiges positionnels paroxystiques bénins : protocole
diagnostique
Chapitre 5 – Approche de l’équilibration
Chapitre 6 – Névrite vestibulaire
Chapitre 7 – Suivi d’une névrite vestibulaire
Chapitre 8 – Tiroirs de la rééducation des déficits vestibulaires unilatéraux
brutaux
Chapitre 9 – Vestibulopathies bilatérales
Chapitre 10 – Déficits vestibulaires partiels
Chapitre 11 – Vertiges itératifs
Chapitre 12 – Chutes de la personne âgée
Chapitre 13 – Bilan vestibulaire du kinésithérapeute
Chapitre 14 – Conduite et surveillance d’une rééducation vestibulaire
Chapitre 15 – Pièges de la pathologie vestibulaire centrale
Vidéos
Chapitre 1 – Anatomie et physiologie du système vestibulaire
Diapositive 1-10
Oscillopsies.
Diapositive 1-20
Nystagmus physiologiques horizontaux.
Viii
Diapositive 1-24
Nystagmus physiologique vertical, tête tournée à droite.
Diapositive 1-25
Nystagmus physiologique vertical, tête tournée à gauche.
Chapitre 2 – Vertiges positionnels paroxystiques bénins du canal postérieur
Diapositive 2-13
Manœuvre de Sémont pour un VPPB du canal postérieur gauche.
Diapositive 2-19
Manœuvre d’Epley pour un VPPB du canal postérieur droit.
Diapositive 2-20
Manœuvre d’Epley à la tête du patient.
Diapositive 2-22
Manœuvre réalisée par A. Sémont pour un VPPB du canal postérieur gauche.
Chapitre 3 – Vertiges positionnels paroxystiques bénins du canal horizontal
Diapositive 3-14
Manœuvre de Baloh-Lempert pour un VPPB du canal horizontal.
Diapositive 3-22
Cupulolithiase du canal horizontal droit.
Diapositive 3-23
Œdème cupulaire du canal horizontal chez une femme enceinte (côté inconnu).
Chapitre 4 – Vertiges positionnels paroxystiques bénins : protocole
diagnostique
Diapositive 4-10
VPPB du canal antérieur gauche.
Diapositive 4-12
Manœuvre de Dix et Hallpike gauche avec rétropulsion.
Diapositive 4-14
Conversion d’un VPPB du canal postérieur gauche en un VPPB du canal horizontal
gauche.
Diapositive 4-15
VPPB multiple des canaux postérieur droit et gauche.
Diapositive 4-17
Phase secondaire dans le cas d’un VPPB du canal horizontal gauche.
Diapositive 4-20
VPPB post-traumatique.
Diapositive 4-22
Syndrome de Lindsay et Hemenway gauche.
Chapitre 6 – Névrite vestibulaire
Diapositive 6-7
Nystagmus horizontal rotatoire après labyrinthectomie droite.
ix
Diapositive 6-8
Névrite gauche au 2e jour.
Chapitre 7 – Suivi d’une névrite vestibulaire
Diapositive 7-10
HIT normal.
Diapositive 7-11
Déficit vestibulaire gauche révélé par un HIT positif.
Diapositive 7-13
Déficit gauche au 10e jour.
Diapositive 7-15
Névrite vestibulaire gauche au 10e jour.
Diapositive 7-17
Épreuves post-giratoires normales.
Chapitre 8 – Tiroirs de la rééducation des déficits vestibulaires unilatéraux
brutaux
Diapositive 8-3
Exercices de Tusa.
Diapositive 8-6
Cibles égocentrées.
Diapositive 8-7
Lecture tête mobile normale.
Diapositive 8-8
Lecture tête mobile trop difficile.
Diapositive 8-16
Les différents exercices de marche.
Diapositive 8-17
Plateau basculant.
Diapositive 8-22
Arrêts brusques au fauteuil de Sémont.
Diapositive 8-23
Rotations passives avec arrêts brusques et fixation.
Diapositive 8-24
Rotations actives au tabouret dans la lumière et en fixation.
Diapositive 8-25
Technique du point fixe utilisée par les danseuses étoiles.
Diapositive 8-30
Équilibre sur le seul vestibule.
Diapositive 8-31
Réalité virtuelle.
x
1 Prosper Menière, 1799-1862. En même temps que la maladie qu’il avait décrite a été détournée,
l’accent sur le premier « e » apparaissait.
2 Censés être provoqués par une lithiase dans les canaux semi-circulaires.
XIII
1
Anatomie et physiologie
du système vestibulaire
Nerf cochléaire
Trompe
d’Eustache
Tympan Vestibule
Le labyrinthe osseux présenté dans cette figure est celui d’un fœtus décédé 2 mois
avant la naissance. L’oreille interne est complètement ossifiée et facile à séparer
de l’os de membrane environnant tendre car non ossifié. On distingue : en bleu,
le canal semi-circulaire horizontal, en rouge, le canal semi-circulaire postérieur et
en blanc, le canal semi-circulaire antérieur. Ces trois canaux sont perpendiculaires
entre eux. Ils sont creux et s’abouchent dans un cube osseux également creux
appelé vestibule (V), d’où le nom de système vestibulaire. La cochlée n’est pas
visible car elle est restée soudée au crâne environnant.
Anatomie et physiologie du système vestibulaire 3
CC A
CH A
Utricule VI
CP A
Saccule CR
Cochlée
C’est une structure tubulaire enroulée sur elle-même, s’emboîtant exactement dans
les cavités osseuses précédentes. La cochlée ou limaçon a la forme d’un escargot. On
retrouve les trois canaux semi-circulaires membraneux. Les canaux antérieur et pos-
térieur présentent une partie commune : la crus commune par où s’échappent les
lithiases dans les manœuvres thérapeutiques pour VPPB. Chaque canal possède
une dilatation à l’une de ses extrémités : l’ampoule. Dans le vestibule osseux sont
situés deux sacs membraneux : l’utricule où s’abouche l’extrémité ampullaire des
canaux semi-circulaires, et le saccule qui s’abouche à l’extrémité de la cochlée.
De toutes ces structures font issus des nerfs : les nerfs ampullaires horizontal et
antérieur se joignent au nerf utriculaire pour former le nerf vestibulaire supérieur.
Le nerf ampullaire postérieur et le nerf sacculaire se rejoignent pour former le
nerf vestibulaire inférieur. Il existe deux types de névrite selon que l’un de ces
nerfs ou les deux sont atteints. Les nerfs vestibulaires supérieur et inférieur (VS et VI)
se rejoignent pour former le ganglion de Scarpa (ganglion vestibulaire dans la
4 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Canaux
semi-circulaires
Canal
Endolymphe cochléaire
Périlymphe
Utricule Saccule
Le labyrinthe membraneux est rempli d’endolymphe (en bleu) qui joue un rôle
essentiel dans le fonctionnement des canaux semi-circulaires. Elle est sécrétée sur-
tout au niveau de la cochlée, selon un flux continu. Ce flux s’échappe du saccule
et de l’utricule par deux minuscules canaux se rejoignant pour former le canal
endolymphatique. Celui-ci se termine par un sac situé dans un dédoublement de
la dure-mère où l’endolymphe est réabsorbée. Un défaut de réabsorption de l’en-
dolymphe est à l’origine de la maladie de Menière avec formation d’un hydrops
labyrinthique (cf. diapositive 11-2).
La périlymphe est un liquide issu du liquide cérébrospinal (LCS) qui remplit
l’espace entre le labyrinthe membraneux et l’os temporal (en gris). Elle joue un
rôle essentiel dans la physiologie de l’audition et un rôle d’amortisseur pour les
chocs et des vibrations pouvant perturber le vestibule membraneux. Il existe une
communication directe avec le LCS par le canal cochléaire (flèche rouge). Les
pathologies pressionnelles du LCS peuvent commencer par des manifestations
cochléovestibulaires.
Anatomie et physiologie du système vestibulaire 5
Zigzag (Yaw)
Arrière
Droit Gauche
CSCP 30
30 CSCH
A B
Plan des canaux semi-circulaires horizontaux.
A. Tête droite. B. Tête inclinée de 30°. CSCA : canal semi-circulaire antérieur ;
CSCH : canal semi-circulaire horizontal ; CSCP : canal semi-circulaire postérieur.
D’après : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
Les deux canaux horizontaux sont dans le même plan. Cette coplanarité explique
la grande sensibilité des canaux car elle est à la base d’un effet push pull (interac-
tion réciproque) (cf. diapositive 1-17), c’est-à-dire que dans une rotation, le canal
d’un côté est excité tandis que son coplanaire est inhibé. Concernant les canaux
horizontaux, leur plan commun n’est d’ailleurs pas horizontal mais basculé en
arrière de 30°. Pour les rendre horizontaux et donc parfaitement efficaces, il faut
pencher la tête de 30°. C’est nécessaire pour la marche et surtout pour la course
où il faut détecter les obstacles qui peuvent se présenter quelques mètres plus
loin. C’est pourquoi on l’appelle le plan de la piste terrestre.
CPD CPG
45
CAD CAG
Sourcils
Là, c’est plus compliqué. Sur cette vue endocrânienne, on voit que les deux
canaux antérieurs sont à angle droit, de même que les deux canaux postérieurs.
Par conséquent, un canal vertical antérieur n’est coplanaire qu’avec un canal ver-
tical postérieur du côté opposé, c’est-à-dire le canal antérieur droit avec le canal
postérieur gauche (plan du RALP : right anterior left posterior) et le canal antérieur
gauche avec le canal postérieur droit (plan du LARP : left anterior right posterior).
III III
Pédoncules
cérébraux
IV IV
VI VI
Protubérance
VIII
Bulbe
Sillon
X X
bulboprotubérantiel
Noyaux du vague
(troubles neuro-
végétatifs)
Faisceau vestibulospinal
(déviations lentes)
Appareil vestibulaire (côté droit).
D’après Sauvage JP. Révisions accélérées en ORL. Paris : Maloine ; 1987. Dessins : Carole Fumat.
U C
PEI
PEI
CA CA
I NA II
Mécanisme de la fonction canalaire.
I : la tête est droite et immobile. C : cupule ; CA : ampoule du canal semi-circulaire ;
NA : nerf vestibulaire au contact des cellules sensorielles dont les stéréocils (en rouge)
s’enchâssent dans la cupule ; U : utricule. II : le sujet effectue une rotation de tête
antihoraire d’environ 40° (RT). L’endolymphe (en bleu) a subi une poussée inertielle
horaire (PEI) déformant la cupule dont les cils se sont couchés dépolarisant les cellules
sensorielles à l’origine d’un message vestibulaire.
© Carole Fumat.
Les cellules ciliées ont la propriété d’être polarisées. À leur sommet, existe une
touffe de stéréocils (flèche rouge) dont un cil plus long, le kinocil placé latérale-
ment (flèche verte). Lorsque les cils s’inclinent vers le kinocil, la cellule est excitée.
Lorsque les cils s’inclinent du côté opposé au kinocil, la cellule est inhibée.
Cellule ciliée
Neurone efférent
Tonus excitation
inhibition Repos
Potentiels
daction
SR MR LR
IR
IO
IV
YG MLF MLF
AC BC
HC
VI
MV PC
VN
IR IO
III
IV
AC SV
HC
VI
PC
VN
Connexions oculomotrices des canaux semi-circulaires.
AC : canal antérieur ; BC : brachium conjonctivum ; HC : canal horizontal ; IO : oblique
inférieur ; IR : droit inférieur ; LR : droit latéral ; MLF : faisceau latéral médian ;
MR : droit médian ; MV : noyau vestibulaire médial ; PC : canal postérieur ; SO : oblique
supérieur ; SR : droit supérieur ; SV : noyau vestibulaire supérieur ; VN : noyau
vestibulaire ; YG : satellite vestibular nucleus.
© Dix MR, Hood JD. Vertigo. Chichester : John Wiley & Sons ; 1984.
12 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Chaque canal semi-circulaire à une connexion privilégiée avec les noyaux ocu-
lomoteurs. On peut donc le reconnaître au mouvement oculaire qu’il produit.
La figure est trop complexe pour être apprise par cœur. En revanche, les diaposi-
tives 4-2 à 4-4 et 4-9 montrent comment reconnaître le canal qui a été stimulé en
fonction du type de nystagmus qu’il a déclenché.
Nystagmus
Phase rapide
Phase lente
Muscles droits
++ – ++ – Noyaux du III
III III
FLM
++ ––
VI VI Noyaux du VI
– ++
NV NV Noyaux
vestibulaires
– ++ Neurones
afférents
primaires
–– ++
Ce mécanisme repose sur le fait que dans une rotation de la tête, un canal est
stimulé et son canal coplanaire est inhibé. Prenons l’exemple des canaux semi-
circulaires horizontaux vus de dessus. Dans une rotation de la tête vers la droite, le
canal droit stimule le noyau du VI gauche, induisant une rotation des deux yeux
vers la gauche (phase lente) par stimulation du muscle droit latéral gauche et du
muscle droit médial droit. En même temps, le canal gauche inhibe le noyau du VI
droit, empêchant la rotation des yeux vers la droite.
14 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Pour les canaux semi-circulaires horizontaux, ce mécanisme de push pull est pos-
sible car les courants endolymphatiques ampullipètes (se dirigeant vers l’ampoule)
sont stimulants et les courants endolymphatiques ampullifuges (de dirigeant vers
le canal) sont inhibiteurs. L’explication en est que pour les canaux horizontaux,
les kinocils sont du côté de l’ampoule. Ainsi, dans un courant ampullipète, les
stéréocils se couchent vers le kinocil, d’où la stimulation. Inversement, dans un
courant ampullifuge, les stéréocils se couchent en direction opposée du kinocil,
d’où une inhibition.
En position assise, dans l’obscurité, sous lunette vidéo infrarouge, les rotations
horizontales passives vers la droite déclenchent des nystagmus horizontaux droits,
et les rotations horizontales passives vers la gauche déclenchent des nystagmus
horizontaux gauches. Chaque sujet présente des nystagmus plus ou moins vifs,
mais dont les caractéristiques demeurent.
Anatomie et physiologie du système vestibulaire 15
A B
Courants endolymphatiques, tête tournée à droite.
Dans les mouvements verticaux, tête tournée à droite, le canal postérieur droit est
coplanaire du canal antérieur gauche. Lorsqu’on allonge le patient, on provoque
un courant ampullifuge excitateur dans le canal postérieur droit et un courant
ampullipète inhibiteur dans le canal antérieur gauche (A). Lorsqu’on redresse le
patient, on provoque un courant ampullifuge excitateur dans le canal antérieur
gauche et un courant ampullipète inhibiteur dans le canal postérieur droit (B).
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins : Carole Fumat.
En ce qui concerne les canaux verticaux, les kinocils sont du côté du canal. Par
conséquent, dans un courant ampullifuge, les stéréocils se couchent en direction
du kinocil, provoquant une stimulation. Au contraire, les courants endolympha-
tiques ampullipètes se dirigeant vers l’ampoule provoquent une inhibition.
En résumé, voici ce qui se passe pour les canaux verticaux quand on bascule le
patient en arrière, la tête tournée à droite de 45° : il est produit un courant ampul-
lifuge stimulant dans le canal postérieur droit et un courant ampullipète inhibi-
teur dans le canal antérieur gauche coplanaire. Le push pull est respecté.
gauche). Là encore, les nystagmus sont disparates entre les sujets d’autant plus
que surviennent des secousses horizontales liées au fait de déviations horizontales
inappropriées.
En pratique
1. Pour les canaux semi-circulaires horizontaux, dans une rotation hori-
zontale de la tête vers la droite, on stimule le canal horizontal droit, et
dans une rotation horizontale vers la gauche, on stimule le canal hori-
zontal gauche.
2. Pour les canaux semi-circulaires verticaux, lorsqu’on allonge le patient,
on provoque une excitation du canal postérieur situé du côté vers
lequel la tête est tournée et lorsqu’on redresse le patient, on provoque
une excitation dans le canal antérieur du côté opposé à celui vers la tête
est tournée.
Le système otolithique
Structure (diapositive 1-27)
Utricule Saccule
Macule utriculaire.
Source : Sans A, Dechesne CJ, Demêmes D. The mammalian otolithic receptors : a complex morphological and biochemical
organisation. In : Tran Ba Huy P, Toupet M, editors. Otolith function and disorders. Basel : Karger ; 2001. p. 1 -14. Dessins :
Carole Fumat.
Le système comporte deux macules qui sont des épaississements des parois de
l’utricule et du saccule. La macule utriculaire est plutôt horizontale et la macule
sacculaire est plutôt verticale.
MC
CS
CaCO3 Vecteurs
Densité : daccélération
2,6
Macules otolithiques.
CS : cellules sensorielles ; MO : membrane otolithique ; O : cristaux de carbonate de
calcium ; S : striola.
Source de la figure du haut : Sans A, Dechesne CJ, Demêmes D. The mammalian otolithic receptors : a complex
morphological and biochemical organisation. In : Tran Ba Huy P, Toupet M, editors. Otolith function and disorders. Basel :
Karger ; 2001. p. 1-14. Dessins : Carole Fumat. En bas à gauche : Harada Y. The vestibular organs. SEM Atlas of the inner
ear. Amsterdam : Nishimura Kugler & Chedini ; 1988. En bas à droite : Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de
réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
Anatomie et physiologie du système vestibulaire 19
La couche profonde (CS) est celle des cellules ciliées comparables à celles des
canaux. Les cils sont engagés dans la membrane otoconiale (MO). Enfin, la couche
supérieure est celle des otolithes ou pierres d’oreille qui sont des cristaux de car-
bonate de calcium de densité 2,6. Chaque macule est divisée en deux parties par
un sillon, la striola (S). Pour la macule utriculaire, les kinocils sont disposés du côté
de la striola et du côté opposé pour la macule sacculaire. Ainsi, au sein de chaque
macule, un effet push pull est obtenu permettant de gérer indépendamment
l’équilibration de chaque moitié du corps. Enfin, si l’on arrache les otolithes de la
membrane otoconiale, chaque macule apparaît comme un champ de blé dont
les cils s’organisent en vecteurs d’accélération dirigés dans toutes les directions.
I II
Activité tonique
Imaginons une voiture arrêtée devant un feu rouge. Le feu passe au vert et le
conducteur accélère. Par inertie, les otolithes et la membrane otolithique sont
déportés en arrière. À la base des cellules cillées, l’activité tonique augmente.
Ensuite, la voiture roule à une vitesse uniforme (50 km/h en ville). Les cellules
ciliées se redressent et reviennent à leur activité de repos. Puis, la voiture arrive à
un feu rouge : coup de frein ! Otolithes et membrane otolithique sont déportés en
avant. Apparaît une inhibition des cellules ciliées avec baisse de l’activité tonique.
Toutes ces informations sont transmises aux centres.
20 Guide pratique de rééducation vestibulaire
A B I II
Ambiguïté otolithique.
Source figure de droite : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ;
2014. Dessins : Carole Fumat.
2
Vertiges positionnels
paroxystiques bénins
du canal postérieur
Les canaux postérieurs sont stimulés par les courants endolymphatiques ampul-
lifuges alors que les canaux horizontaux sont stimulés par les courants endo-
lymphatiques ampullipètes. Sur cette diapositive, à gauche, quand on allonge le
patient sur le dos, la tête tournée de 45° à droite, il se produit un courant endo-
lymphatique inertiel inverse qui s’éloigne de l’ampoule du canal postérieur droit
(ampullifuge). Le canal postérieur droit est stimulé. En même temps, il se produit
un courant endolymphatique inertiel qui se rapproche de l’ampoule du canal
antérieur gauche (ampullipète). Le canal antérieur gauche est inhibé. Le méca-
nisme de push pull peut alors s’exercer (cf. diapositives 1.8, 1.17 et 1.18).
Le sujet est allongé sur une table d’examen. On empoigne sa tête à deux mains. Puis, pour
un canal postérieur droit, on fait tourner la tête du patient de 45° vers la droite. Ensuite,
on l’allonge sur le dos de telle sorte que la tête arrive pendante au bord de la table (head
hanging position), la tête toujours tournée de 45° vers la droite.
CE
CP Pl
CE
CA an
m
éd
CA
ia
Plan médian de la tête n
Plan médian dude corps
la
tê
te
CP
CA
CP CA
CE
Alignement du canal postérieur droit sur le plan médian du corps (plan de bascule).
Vue de dessus. Tourner la tête de 45° vers la droite. CA : canal antérieur ; CH : canal
horizontal ; CP : canal postérieur.
Source : Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
Dessins : Carole Fumat.
26 Guide pratique de rééducation vestibulaire
La rotation de la tête de 45° vers la droite aligne le canal postérieur droit sur le plan
de bascule illustré par le plan médian du corps.
Après une latence d’au moins une seconde, se déclenche un nystagmus ayant
deux composantes : l’une verticale supérieure et l’autre torsionnelle (rotatoire),
antihoraire pour le côté droit et horaire pour le côté gauche. Son amplitude
est crescendo-decrescendo. Le nystagmus ne dure pas plus de 30 secondes. Il
réapparaît inversé au redressement et diminuerait en intensité si l’on répétait la
manœuvre, ce qu’il est inutile de faire tant ce nystagmus est caractéristique et
désagréable pour le patient.
La lithiase formée d’otolithes est située dans l’ampoule en a. Elle est bloquée par la
cupule. Quand on bascule le patient sur le dos, après un temps de latence d’une
à plusieurs secondes, la lithiase se décroche en a’ sous l’effet de la pesanteur. Puis
elle coule dans l’endolymphe en accélérant : c’est la phase crescendo du nystag-
mus. Ensuite, sa vitesse se stabilise quelques instants. Puis sa vitesse décroît et elle
s’arrête à mi-canal en b. C’est la phase decrescendo du nystagmus. Ce processus
théorique coïncide bien avec la genèse du nystagmus observé.
28 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Manœuvre de Sémont.
Source : Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
Dessins : Carole Fumat.
c d
a a’
A B C D
Manœuvre de Sémont pour un VPPB du canal postérieur droit.
A. Le patient est assis au bord du lit, face à soi ; faire tourner la tête de 45° du côté
gauche pour mettre son canal postérieur droit parallèle au plan biscapulaire. La
lithiase est bloquée en « a » contre la cupule de l’ampoule. B. Basculer le patient
vers sa droite dans le plan biscapulaire. La tête arrive dans une position couchée sur
l’épaule droite, avec une légère déclivité par rapport au thorax du fait de la hauteur
de la clavicule. L’oreille atteinte (côté droit, étoile) est placée en bas. Le nez est en l’air.
Sous l’effet de la pesanteur, la lithiase coule de « a’ en b » provoquant un courant
ampullifuge excitateur. Observer le nystagmus qui a été déclenché. Il est typique d’un
VPPB du canal postérieur droit, c’est-à-dire avec une composante verticale supérieure
et une composante torsionnelle antihoraire. Attendre quelques minutes pour que les
particules lithiasiques se rassemblent à mi-canal. C. Passage à la partie libératrice de
la manœuvre. Sans modifier la rotation de la tête, basculer l’ensemble tête et corps de
180° dans le plan biscapulaire pour coucher le patient sur son épaule gauche, jusqu’à
ce que la pommette du patient touche le matelas, le nez étant cette fois dirigé vers
le bas. L’oreille atteinte (côté droit) est cette fois placée en haut. Après un temps de
latence de quelques secondes, la lithiase tombe de « b’ en c » à l’entrée de la crus
commune. Elle déclenche encore un courant ampullifuge provoquant un vertige et
un nystagmus libératoire identique à celui déclenché par la manœuvre diagnostique.
D. Le patient est relevé, le cou fléchi de 20° pour verticaliser la crus commune. Lors
du retour en position assise, la lithiase tombe dans l’utricule où elle sera dissoute. Le
patient peut alors avoir l’impression d’être projeté en avant et réagit par une violente
rétropulsion nécessitant de le tenir fermement.
Source : Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
Dessins : Carole Fumat.
30 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Cette manœuvre a été mal interprétée car on pensait qu’il fallait exercer un effet
catapulte brutal, ce qui est une cause possible d’échec. C’est pourquoi Sémont
lui-même la fait d’une manière différente (cf. diapositive 2-13).
Causes d’échec
Absence de position tête pendante (diapositive 2-15)
I II III
Échec en rapport avec une absence de position tête pendante.
I. La tête est en position pendante. La lithiase est parvenue en b, au sommet du canal à
2 mm en deçà de b (vue en III). II. La tête était restée à plat sur la table. La lithiase n’est
parvenue qu’en b’ (vue en III). Ces quelques millimètres manquent dans la manœuvre
libératrice et la lithiase repart vers l’ampoule au lieu de continuer son chemin dans le
canal postérieur (vue en III).
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
I II III
Échec en rapport avec une recherche de l’effet catapulte dans une manœuvre de
Sémont trop brutale.
I. La lithiase est arrivée en « b ». L’opérateur recherche un effet catapulte et applique
une forte accélération lors du début de la manœuvre. Cette recherche est contre-
productive car elle a un effet inertiel sur la lithiase qui la ramène vers l’ampoule du
canal (en b’). La manœuvre thérapeutique n’amène donc plus la lithiase en capacité de
retomber vers la crus commune.
D’après Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés. Dessins :
Carole Fumat.
32 Guide pratique de rééducation vestibulaire
On commence par pratiquer une manœuvre de Dix et Hallpike droite sur une
patiente assise, les jambes allongées sur le divan d’examen. La tête a été tournée de
45° vers la droite pour mettre le canal postérieur droit dans le plan de bascule. L’al-
longement sur le dos provoque un vertige et un nystagmus caractéristique d’une
stimulation du canal postérieur droit : vertical supérieur et torsionnel antihoraire.
On attend que le vertige et le nystagmus aient cessé. Sur le dos, on fait ensuite
tourner la tête de 90° vers le côté sain, c’est-à-dire vers la gauche. Dans ce mouve-
ment, il ne se produit aucun vertige. On demande ensuite à la patiente de se tour-
ner sur son côté gauche. On peut ainsi faire tourner la tête de 90° supplémentaires
vers la gauche. Après un petit temps de latence, le nystagmus précédent vertical
supérieur et torsionnel antihoraire se répète, témoignant de la poursuite du che-
minement de la lithiase dans le canal postérieur droit vers l’utricule.
34 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Manœuvre de Sémont
Ce sujet est illustré par la vidéo de la diapositive 2-22 .
Manœuvre réalisée par A. Sémont pour un VPPB du canal postérieur gauche.
CHAPITRE
3
Vertiges positionnels
paroxystiques bénins
du canal horizontal
Ce sont des VPPB très invalidants car survenant au lit, obligeant le patient à ne pas
rester allongé, à ne pas se retourner et à dormir en position demi-assise. Leur trai-
tement est aussi plus compliqué que pour le canal postérieur car il faut d’abord
comprendre quel côté est atteint.
Cochlée
Labyrinthe
postérieur
En position érigée, les canaux horizontaux sont stimulés par des rotations de la
tête dans le plan horizontal. En position couchée, ils sont stimulés dans le plan
vertical. Dans les deux cas, leur stimulation provoque des nystagmus horizontaux.
Vertiges positionnels paroxystiques bénins du canal horizontal 39
CA
CP
30º
CH
Assis
30º 30º
CA
CA
CP
CH
CH CP
En position érigée, tête droite, le plan du canal horizontal est incliné de 30° en
arrière (A). Cette inclinaison entraîne le fait qu’en position debout, pour horizon-
taliser le canal horizontal (CH), il faut fléchir le cou de 30° (B). En position cou-
chée, pour verticaliser ce canal horizontal, il suffit de rétrofléchir le cou de 60°(C).
Ainsi, quand le patient est couché sur le dos, le cou fléchi de 30°, les roulis du corps
provoquent des rotations des canaux horizontaux dans un plan vertical, soit vers
la gauche, soit vers la droite.
A B C
Manœuvre de roulis en décubitus.
Le canal semi-circulaire horizontal est vu par le vertex. Il est parfaitement vertical par
une flexion du cou de 30°. U : utricule.
D’après Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés. Dessins :
Carole Fumat.
Le canal semi-circulaire droit tourne en sens horaire (C) et en sens antihoraire (A)
dans un plan parfaitement vertical.
Z
OG Ut Ut OD
NYSTAGMUS DROIT
Nystagmus horizontal droit provoqué par rotation horizontale horaire grâce à une
stimulation ampullipète du canal horizontal droit.
OD : oreille droite ; OG : oreille gauche ; Ut : utricule.
D’après Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. Paris : Elsevier-Masson ; 2015. Dessins : Carole Fumat.
Sur cette figure, le patient est couché sur le dos et est vu par le vertex. C’est le canal
horizontal droit qui est atteint. Dans la première forme, la lithiase est placée dans
le bras postérieur du canal où elle se déplace librement lors des rotations de la tête
(canalolithiase). Dans la seconde forme, la lithiase est placée dans l’ampoule où
elle se déplace encore librement (ampulolithiase). Dans la troisième, la lithiase est
attachée à la cupule du canal (cupulolithiase). Dans cette dernière forme, on n’est
pas sûr qu’il s’agisse de lithiase formée d’otolithes dégénérés, il pourrait aussi bien
s’agir d’œdème de la cupule d’origine virale.
Forme antigéotropique
Forme géotropique
En position couchée, lorsque la lithiase est située dans le bras postérieur du canal,
les rotations droites et gauches de la tête provoquent des nystagmus horizontaux
qui battent vers le bas (nystagmus géotropiques). Dans ces mêmes rotations, il
peut s’agir de nystagmus qui battent vers le haut (antigéotropiques). Cette der-
nière possibilité arrive dans deux autres cas :
▪ lorsque la lithiase est située dans l’ampoule ;
▪ lorsque la lithiase est fixée à la cupule.
Vertiges positionnels paroxystiques bénins du canal horizontal 43
–
+
U U
U a'
b a
c
a''
af
ap
Canalolithiase droite.
U : utricule.
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Tous droits
réservés. Dessins : Carole Fumat.
Considérons une forme géotropique d’un canal horizontal droit où la lithiase est
dans la partie postérieure du canal horizontal en « a ». Dans une rotation gauche de
la tête, sous l’effet de la pesanteur, la lithiase tombe vers l’utricule (a’ → b) en déclen-
chant un courant endolymphatique ampullifuge (af) inhibiteur du canal droit (–), et
par conséquent un nystagmus horizontal gauche battant vers le bas. Au contraire,
dans une rotation droite de la tête, sous l’effet de la pesanteur, la lithiase tombe vers
l’ampoule (a’’ → c) en déclenchant un courant endolymphatique ampullipète (ap)
stimulant, et par conséquent un nystagmus horizontal droit battant encore vers le
bas puisque cette oreille est maintenant placée en bas. Un nystagmus horizontal
géotropique a donc bien été produit.
44 Guide pratique de rééducation vestibulaire
U U
U
a b c
En I, sur le dos, la lithiase est placée dans le bras postérieur gauche, schémati-
quement dans le prolongement de la cupule. En II, on réalise une rotation de la
tête vers la gauche. La lithiase tombe de a → b vers l’ampoule en produisant un
courant endolymphatique ampullifuge inhibiteur et donc un nystagmus gauche
géotropique. En III, on tourne la tête vers la droite. La lithiase tombe en c en pro-
duisant un courant endolymphatique endolymphatique ampullipète dirigé vers
l’ampoule et donc excitateur. Ce nystagmus qui bat vers la droite est encore géotro-
pique mais il désigne le côté atteint. Il est si violent qu’il peut même s’inverser,
confirmant qu’il indique bien le côté atteint.
Manœuvre de Brandt.
OD : oreille droite ; OG : oreille gauche.
D’après Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. © 2015 Elsevier Masson. Tous droits réservés. Dessins :
Carole Fumat.
46 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Elle est utile pour connaître le côté atteint dans une canalolithiase du canal hori-
zontal. Considérons le cas d’une canalolithiase située dans le bras postérieur du
canal horizontal droit. À partir de la position couchée sur le dos, la tête droite, on
relève le patient et on le fait s’incliner en avant comme s’il allait lacer ses souliers.
Au départ, la lithiase est en « a ». Après que le patient s’est penché en avant,
la lithiase coule en « b » en produisant un courant endolymphatique ampulli-
pète stimulant. Un nystagmus horizontal droit est alors généré battant vers le
côté atteint. Toutefois, cette manœuvre présente un inconvénient : l’envoi de la
lithiase dans l’ampoule d’où il sera plus difficile de la faire sortir. C’est la raison pour
laquelle il faut redresser le patient dès que le nystagmus démarre et avant que la
lithiase n’atteigne l’ampoule.
U d
c e
U
Forme
antigéotropique
A B C D
Manœuvre provocatrice.
Rangée du haut : patient vu par le vertex et sens du nystagmus. Rangée du bas :
canal horizontal droit vu par le vertex et direction des courants endolymphatiques
induits. U : utricule. La lithiase reste mobile avec la pesanteur mais reste prisonnière
de l’ampoule du canal horizontal (A). Si l’on tourne la tête du patient vers sa gauche
(B), on voit que la lithiase enfonce la cupule en direction ampullipète exerçant une
stimulation qui produit un nystagmus droit, donc vers le haut, soit antigéotropique.
Inversement, si l’on tourne la tête du patient vers sa droite (C), on voit que la lithiase
mobilise la cupule en direction ampullifuge exerçant une inhibition qui produit un
nystagmus gauche, donc battant vers le haut et encore antigéotropique.
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
Cette fois, le courant ampullipète survient quand la tête est couchée sur le côté
sain. C’est-à-dire que le côté atteint est celui sur lequel le patient se couche en
déclenchant le vertige le plus faible. C’est l’inverse de ce qui se passe pour une
forme géotropique. Ce peut être une source de désaccord avec le patient.
Vertiges positionnels paroxystiques bénins du canal horizontal 49
A B C
Manœuvre de Gufoni.
Le labyrinthe vestibulaire et le patient sont vus de face. La lithiase est bloquée dans
l’ampoule du canal horizontal de l’oreille gauche, séparée de l’utricule par la cupule.
Le canal horizontal a été trépané pour visualiser la lithiase (A). On commence
par plaquer l’oreille gauche sur la table d’examen (B) en position indifférente sur
l’oreille atteinte avec décélération brutale ; on attend que le nystagmus horizontal
antigéotropique s’arrête indiquant que les débris sont arrivés à la partie moyenne
du canal. On donne une brusque rotation de la tête vers la droite de 45°, nez en l’air
(C), ce qui déclenche encore un nystagmus antigéotropique signifiant que les débris
arrivent dans la partie postérieure du canal. Il faut encore finir par une manœuvre de
Baloh-Lempert classique vers la droite (non figurée ici). Mais, en cas d’échec, il ne faut
surtout pas insister (cf. infra).
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
50 Guide pratique de rééducation vestibulaire
A B C
Diagnostic d’une cupule lourde selon Bisdorf (Luxembourg).
Chez un patient couché sur le dos, la tête en position médiane, le diagnostic repose
sur la présence d’un nystagmus de position. En pareil cas (A), la cupule du canal
horizontal ne serait pas verticale mais oblique, parallèle à l’axe du rocher. Si l’on
dessine les vecteurs d’accélération en rapport avec la pesanteur (B), on constate que
l’on peut en distinguer deux. Le premier est dans le prolongement de la cupule et
est sans action sur elle. En revanche, le deuxième est perpendiculaire à la cupule. Il
exerce ainsi un effet ampullipète stimulant qui produit donc un nystagmus horizontal
battant vers le côté atteint et aussi longtemps que dure cette position. Pour arrêter
ce nystagmus de position, il suffit de donner une légère rotation de la tête de 20°
dans le sens de sa phase rapide, donc vers le côté atteint, pour aligner la cupule sur la
pesanteur (C).
Répétons qu’une cupule lourde peut être le résultat d’un œdème d’origine virale,
donc sans espoir de pouvoir décrocher une lithiase ! En pareil cas, plutôt que de
répéter des manœuvres risquant de déchirer la cupule et d’aggraver la situation,
mieux vaut prescrire une courte corticothérapie qui a toutes les chances d’être
efficace.
Vertiges positionnels paroxystiques bénins du canal horizontal 51
30° 45°
U U
Ap 30° 30°
U
G G=Cu
Cu
Cupulolithiase du canal horizontal droit.
I. Nystagmus de position sur le dos tête en rectitude battant vers le côté atteint.
II. Disparition du nystagmus de position lorsque la tête est tournée de 30° vers le côté
droit. III et IV. Nystagmus antigéotropique dans le roulis en décubitus latéral. Ap :
vecteur ampullipète excitateur ; Cu : plan de la cupule ; G : force gravitaire ; G = Cu :
cupule alignée sur la gravité.
Source : Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. Paris : Elsevier-Masson ; 2015. Dessins : Carole Fumat.
On commence par vérifier s’il existe un nystagmus spontané dans la position sur le
dos tête droite (I). Le cas échéant, on donne une petite rotation à la tête dans
le sens de sa phase rapide (ici vers la droite, II) pour vérifier que cette manœuvre
arrête le nystagmus. Le cas échéant, c’est une cupule lourde. Si l’on continuait la
rotation de la tête vers la droite, on verrait s’inverser le nystagmus pour battre à
gauche donc vers le haut (III). En pareil cas, il faut renoncer aux manœuvres thé-
rapeutiques et renvoyer ce patient au médecin traitant pour essai d’une courte
corticothérapie.
Cupulolithiase du canal horizontal droit.
La vidéo de la diapositive 3-22 illustre le cas d’une patiente qui présentait des
vertiges positionnels. On commence par une manœuvre de Dix et Hallpike gauche
qui provoque un nystagmus horizontal droit évoquant une forme antigéotro-
pique de VPPB. À plat dos, le nystagmus s’arrête, puis repart à droite. On suspecte
alors une cupule lourde du canal horizontal droit. Ce diagnostic est confirmé par
le fait qu’une petite rotation de la tête vers la droite arrête ce nystagmus de position.
52 Guide pratique de rééducation vestibulaire
On pratique une manœuvre de Gufoni droite qui échoue. On renonce donc aux
manœuvres thérapeutiques.
Œdème cupulaire du canal horizontal chez une femme enceinte (côté inconnu).
La vidéo de la diapositive 3-23 illustre le cas d’une patiente, enceinte, qui pré-
sentait aussi des vertiges positionnels. Tête tournée à droite, le nystagmus hori-
zontal bat à gauche. Puis tête tournée à gauche, le nystagmus horizontal bat à
droite. Or, ce terrain expose aux œdèmes comme des paralysies faciales. Une
courte corticothérapie s’est avérée efficace.
CHAPITRE
4
Vertiges positionnels
paroxystiques bénins :
protocole diagnostique
A B
C D
Manœuvres de Dix et Hallpike droite (A, B) et gauche (C, D).
Source : Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. Paris : Elsevier-Masson ; 2015. Dessins : Carole Fumat.
Cette manœuvre consiste à allonger sur le dos un patient qui était en position
assise, la tête tournée de 45°à droite ou à gauche pour le mettre en position cou-
chée, tête légèrement pendante par rapport aux épaules. Cette position, tête pen-
dante, peut être obtenue de deux façons : soit en plaçant un coussin sous ses
reins, soit en le manipulant en bout de table (cf. vidéo de la diapositive 2-20).
La manœuvre de Dix et Hallpike est positive lorsque l’on déclenche un vertige
apparaissant après un temps de latence d’une à plusieurs secondes et durant
moins d’une minute.
▪ C’est un VPPB du canal postérieur s’il survient un nystagmus contemporain
possédant une composante verticale supérieure. Si la tête avait été tournée à
droite, le canal postérieur en cause est situé du côté droit et le nystagmus pré-
sentait une composante antihoraire. Si la tête avait été tournée à gauche, le canal
postérieur en cause est situé du côté gauche et le nystagmus présentait une com-
posante horaire. La manœuvre thérapeutique est la manœuvre d’Epley ou de
Sémont (cf. chapitres 2 et 3).
▪ C’est un VPPB du canal antérieur s’il apparaît un nystagmus contemporain
possédant une composante verticale inférieure. Si la tête avait été tournée
à droite, le canal antérieur en cause est situé du côté gauche et le nystag-
mus présente une composante horaire. Si la tête avait été tournée à gauche,
le canal antérieur en cause est situé du côté droit et le nystagmus pré-
sente une composante antihoraire. La manœuvre thérapeutique est la
manœuvre de Sémont inversée (cf. diapositive 4-11).
Vertiges positionnels paroxystiques bénins : protocole diagnostique 55
Nystagmus
horizontaux
Canalolithiase
dans le bras
géotropiques postérieur
Canalolithiase
antigéotropiques
dans l’ampoule
1. S’il existe un nystagmus horizontal tant que dure cette position, c’est en faveur
d’une lithiase collée à la cupule (cupulolithiase) ou d’une cupule lourde (œdème
de la cupule du canal horizontal). L’anatomie montre que les cupules ne sont pas
sagittales mais parallèles à l’axe du rocher (cf. diapositives 3-17 et suivantes). En
décubitus dorsal strict, le plan de la cupule du canal horizontal n’est donc pas
vertical mais incliné d’environ 30° vers le côté opposé. Si une lithiase est collée à
la cupule, elle exerce des forces liées à la gravité qui peuvent être décomposées
56 Guide pratique de rééducation vestibulaire
P
CH
Plan mêdian
C
Pl
*
H
an CP CA
C
CP CP m
êd
êd
Plan biscapulaire
A
ia
*
C
CH CH n Plan sagittal du corps
de
Plan de bascule
la
de la tête
tê
P
te
* CA
C
CA
H
CA
C
CP
A
CH
C
45°
45°
III I II
Découverte d’un VPPB du canal antérieur.
I. Orientation du plan de bascule pour un VPPB du canal antérieur gauche.
II. Obtention de cette orientation par une rotation de 45° vers la droite dans la
manœuvre de Dix et Hallpike. III. Obtention de cette orientation par une rotation
de 45° vers la gauche dans la manœuvre de Sémont. CA : canal antérieur ; CH : canal
horizontal ; CP : canal postérieur.
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
Les circonstances du diagnostic sont toujours les mêmes. Par exemple, on veut
pratiquer une manœuvre de Dix et Hallpike avec une rotation de la tête de 45°
vers la droite. Après un temps de latence, un nystagmus se déclenche dont on
s’aperçoit qu’il n’est pas caractéristique d’un canal postérieur droit car il a une
composante verticale inférieure et une composante giratoire horaire incriminant
un côté gauche. C’est donc un canal antérieur gauche.
Lors du temps diagnostique d’une manœuvre de Sémont, le patient est assis face
à soi. On lui tourne la tête de 45° vers la gauche dans l’idée de rechercher un VPPB
du canal postérieur (CP) droit. On le bascule ensuite sur son côté droit, la tête
toujours tournée à gauche. La surprise est de déclencher un nystagmus ayant une
composante verticale inférieure et une composante torsionnelle horaire. C’est
donc un canal antérieur (CA) gauche.
▪ Dans le cas d’une manœuvre de Dix et Hallpike : on tourne la tête de 45°vers
la droite avant de basculer le patient sur le dos pour stimuler le canal antérieur
gauche.
▪ Dans le cadre d’une manœuvre de Sémont : on tourne la tête de 45°vers la
gauche et on bascule le patient sur son côté droit pour stimuler le canal antérieur
gauche.
58 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Sur la figure A, l’oreille interne gauche est vue de dos avec la crus commune au pre-
mier plan. La lithiase est bloquée dans l’ampoule du canal antérieur gauche. En B,
on a effectué une bascule sur le côté gauche du patient, nez en bas comme dans
le temps libératoire d’une manœuvre de Sémont. La lithiase sort de l’ampoule et
gagne la partie moyenne du canal antérieur gauche en créant un courant ampul-
lifuge stimulant avec un nystagmus horaire et vertical inférieur. En C, on a remis
le patient couché sur son épaule droite, nez en l’air, comme dans le temps initial
d’une manœuvre de Sémont. Dans le canal antérieur gauche, la lithiase poursuit
son chemin vers la crus commune en créant à nouveau un courant ampullifuge et
un nystagmus identique au précédent. Enfin, en D, on a remis le patient en posi-
tion érigée. Par gravité, la lithiase traverse la crus commune et tombe dans l’utricule
où elle sera réabsorbée. C’est un instant critique devant être contrôlé car le patient
peut déclencher des réactions brutales le faisant tomber en bas de la table.
En résumé, le terme de Sémont inversé correspond au traitement d’un VPPB anté-
rieur gauche en commençant par une manœuvre thérapeutique de Sémont pour
un VPPB du canal postérieur droit et en finissant par la manœuvre diagnostique
de Sémont pour un VPPB du canal postérieur droit.
60 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Chez cette femme, les manœuvres de Dix et Hallpike gauche et droite s’étaient
avérées normales. Toutefois, en la remettant en position érigée, il apparaissait
chaque fois une très forte rétropulsion très difficile à contrôler. En pareil cas, il faut
répéter les manœuvres de Dix et Hallpike. C’est ce que l’on fit chez cette patiente.
On déclencha alors le nystagmus typique d’un VPPB du canal postérieur gauche.
Il est difficile d’expliquer la raison de cette forte rétropulsion : probablement un
blocage initial de la lithiase dans l’ampoule ou à l’origine de la crus commune.
Cette troisième forme clinique concerne des cas de VPPB du canal postérieur où
après une manœuvre de Sémont ou de Epley, on a envoyé la lithiase non pas
dans l’utricule mais dans le canal horizontal. On se trouve alors amené à faire
une manœuvre libératrice de Baloh-Lempert avec l’avantage d’être certain du côté
atteint puisque c’était celui du canal postérieur initial.
Vertiges positionnels paroxystiques bénins : protocole diagnostique 61
Après avoir tourné la tête de 45°vers la droite, on a commencé par une manœuvre
diagnostique de Sémont en basculant le patient sur son épaule gauche. C’était bien
un VPPB du canal postérieur gauche avec ses composantes verticale supérieure et
torsionnelle horaire. On a enchaîné par la manœuvre libératrice de Sémont. Mais
là, ce fut un échec, aucun nystagmus libératoire n’apparut. On releva le patient
et on décida de recommencer. La manœuvre diagnostique de Sémont n’a alors
plus déclenché le beau nystagmus précédent, mais un violent nystagmus hori-
zontal prolongé géotropique battant vers la gauche. Après avoir remis le patient
à plat dos pour vérifier qu’il n’y avait pas de nystagmus de position impliquant
une cupulolithiase, on a pratiqué un roulis complet vers la droite qui déclencha
cette fois un faible nystagmus horizontal droit encore géotropique, confirmant
que l’on avait bien transformé le VPPB du canal postérieur gauche initial en une
canalolithiase du canal horizontal gauche et qu’il n’y avait plus qu’à poursuivre la
rotation de 180° vers le côté sain, c’est-à-dire vers la droite. Le patient fut revu le
surlendemain. Il confirma le succès clinique avec des manœuvres diagnostiques
devenues négatives.
Atteinte multiple
Ce sujet est illustré par la vidéo de la diapositive 4-15 .
VPPB multiple des canaux postérieur droit et gauche.
fortes stimulations. Sa présence présente un grand intérêt dans les VPPB du canal
horizontal en survenant du côté atteint. En effet, celui-ci déclenche un courant
ampullipète alors que le roulis du côté sain ne déclenche qu’un courant ampulli-
fuge plus faible. C’est donc un argument décisif pour déterminer le côté atteint. Le
mécanisme de cette inversion est discuté. Il pourrait s’agir d’un excès de sortie du
potassium à partir des cellules ciliées vers l’endolymphe inversant ainsi la polarité
de la stimulation.
Ce sujet est illustré par la vidéo de la diapositive 4-17 .
Phase secondaire survenant dans le cas d’un VPPB du canal horizontal gauche.
Cette jeune patiente avait été frappée par son compagnon. Sur la vidéo, on voit encore
les traces d’un hématome périorbitaire gauche. La surprise fut que c’était la manœuvre
de Dix et Hallpike droite qui était positive. L’interrogatoire a révélé que sous la violence
du choc, elle avait été brutalement projetée à terre sur l’oreille droite.
Il survient après une névrite du nerf vestibulaire (cf. chapitre 6). La forme clinique
particulière en cause est celle qui atteint le nerf vestibulaire supérieur et respecte
le nerf vestibulaire inférieur qui innerve le canal postérieur. Le nerf vestibulaire
supérieur innerve les canaux semi-circulaires antérieur et horizontal et l’utricule.
L’hypothèse anatomopathologique du syndrome de Lindsay et Hemenway est
que la macule otolithique utriculaire se désagrège et laisse échapper ses otolithes
qui tombent dans l’ampoule du canal postérieur dont le nerf ampullaire est resté
intact (flèche). Apparaît alors un VPPB typique qui peut persister des mois, voire
plusieurs années. Les manœuvres libératrices ne sont pas toujours efficaces ou
n’obtiennent qu’une régression transitoire.
Ce sujet est illustré par la vidéo de la diapositive 4-22 .
Syndrome de Lindsay et Hemenway gauche.
Cette patiente avait présenté une névrite vestibulaire gauche plusieurs années
auparavant. Depuis, elle ressentait de violents vertiges positionnels. Lors de la
consultation, elle présentait encore un HIT (head impulse test) positif qui témoi-
gnait de la persistance d’un déficit du canal semi-circulaire horizontal gauche
(cf. diapositives 7-7 à 7-9). Lors de la manœuvre de Dix et Hallpike gauche, on a
64 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Celle-ci a été réalisée après trépanation d’un canal semi-circulaire pour VPPB irréduc-
tible. Elle montre une masse otolithique qui flotte dans l’endolymphe.
CHAPITRE
5
Approche de
l’équilibration
L’homme est un bipède avec un centre de gravité haut perché, sur un polygone
de sustentation étroit. Dans ces conditions, se tenir érigé et se déplacer relève de
l’exploit. Les mammifères se lèvent et déambulent dès leur naissance. Le nouveau-
né humain en serait bien incapable. Il lui faut 2 mois pour tenir sa tête, 6 mois
pour tenir assis et plus d’un an pour faire ses premiers pas. Son équilibre n’est
mature que vers l’âge de 7 ans ; en revanche, sa plasticité lui permet ensuite de faire
un saut périlleux, du ski et de voler en kitesurf.
Réflexe myotatique
Définition (diapositive 5-3)
A
f
T
m
la
SS
f
Approche de l’équilibration 69
C’est la contraction réflexe d’un muscle lors de son propre étirement pour ajuster son
tonus et maintenir une posture. Dans un muscle, certaines fibres, les fuseaux, sont des
récepteurs proprioceptifs mesurant l’étirement et le degré de tension de ce muscle.
Ces fibres sont connectées au motoneurone du muscle correspondant par l’intermé-
diaire des cornes postérieures, puis des cornes antérieures de la moelle épinière. Ainsi
peut s’exercer une contraction de ce muscle. Ce réflexe est contrôlé et modulé par la
boucle gamma sous l’effet d’actions centrales supraspinales sensitives (SS), en particu-
lier vestibulaires.
L
MO
D M
FVSL
FVSM
EMG
Muscle gastrocnémien
Posturographie
A
L R
10 mm P
Phénomène de Tullio.
Son émis dans l’oreille gauche pathologique. Le patient est debout sur une plate-
forme de posturographie. Le son a une fréquence de 480 Hz et une intensité de 95 dB.
Après une latence de 22 ms apparaît : une OTR (ocular tilt reaction) comportant un
strabisme vertical avec un œil ipsilatéral positionné au-dessus de l’œil controlatéral
(hypertropie) et une inclinaison de la tête vers la droite ; une déviation du corps
en arrière et à droite mesurable en posturographie avec une latence de 80 ms
(contraction du muscle gastrocnémien enregistré en électromyographie [EMG] avec
une latence de 52 ms et du muscle tibial antérieur avec une latence de 47 ms).
D’après Brandt T. Vertigo, its multisensory syndromes. London : Springer-Verlag ; 2000. p. 108. Dessins : Carole Fumat.
Elle est illustrée par l’exemple d’une fracture de l’étrier (stapes dans la Terminologia
Anatomica) après un traumatisme auriculaire (Brandt, 2000). Une telle fracture pro-
voque le phénomène de Tullio ou vertige acoustique. Ce phénomène est produit par
un son fort envoyé dans l’oreille traumatisée. En même temps, une vidéonystagmos-
copie (VNS) enregistre une OTR (ocular tilt reaction) constituée par une inclinaison
de la tête vers le côté sain, une rotation des yeux vers le côté sain avec abaissement de
l’œil du côté sain, et une élévation de l’œil du côté atteint. En même temps, une élec-
tromyographie enregistre une excitation du muscle gastrocnémien et du muscle tibial
antérieur. Le patient est placé sur une plateforme de posturographie qui enregistre une
déviation vers l’arrière et vers l’oreille atteinte. Tous ces signes objectivent une excita-
tion réflexe otolithique concomitante à la stimulation sonore.
Approche de l’équilibration 73
A B C
Stratégies en réponse à des mouvements inattendus sur une plateforme.
D’après Horak Effects of neurological disorders on postural movement strategies in the elderly. In Vellas B, Toupet M,
Rubenstein L, Albarede JL, Christen Y, Eds. Falls, balance and gait disorders in the elderly. Paris : Elsevier ; 1992. p. 137-51.
Dessins Carole Fumat.
Le sujet est debout sur une plateforme qui effectue de brusques mouvements
vers l’arrière d’amplitude variable.
a. Le recul est léger et il suffit au sujet d’adopter une stratégie de cheville consis-
tant seulement à incliner tout le corps vers l’avant pour rétablir son équilibre.
b. Le recul est violent et pour rétablir son équilibre, le sujet doit adopter une
stratégie de hanche consistant à incliner en avant tout l’hémicorps supérieur
tandis que l’hémicorps inférieur s’incline vers l’arrière.
c. Pour éviter une chute imminente, le sujet doit adopter la stratégie du pas en
avant consistant à poser un pied en dehors de la plateforme.
74 Guide pratique de rééducation vestibulaire
pa pa
du s
du
en
s
ie
ie
en
tég
tég
av
ava
Stra
ant
Stra
nt
Stratégie Stratégie
de cheville de cheville
CG
CG
Sur le schéma de gauche, chez un sujet normal, chaque stratégie est représen-
tée par une surface conséquente centrée sur le centre de gravité. Sur le schéma
de droite, il s’agit d’un patient vestibulaire. Son équilibre ne tient plus que sur la
stratégie de cheville et la stratégie de hanche a disparu. On passe directement
à la stratégie du pas en avant. Ainsi peuvent s’expliquer un certain nombre de
chutes.
Approche de l’équilibration 75
L’existence de cette stratégie doit être admise par le patient. C’est souvent difficile.
Pour le convaincre, il faut le mettre debout et se placer derrière lui, prêt à le retenir
en cas de chute. Ensuite, on lui demande de lever la jambe droite. Le patient com-
mence alors instinctivement par anticiper en déportant le poids de son corps sur
la jambe gauche, et il lève la jambe droite seulement après. La prise de conscience
de ce phénomène est très efficace pour faire comprendre que tout déplacement
doit être anticipé sous peine de déséquilibre et de chute.
76 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Image attendue
Interaction visuo-proprio-vestibulaire.
© Carole Fumat.
Image attendue
???????? Vertige ?
A B C
Suppression de l’entrée visuelle et proprioceptive
Plateforme stabilisée
D E F
Évaluation des entrées sensorielles.
A-C. L’entrée proprioceptive est conservée. D-F. L’entrée proprioceptive est supprimée.
Dans les conditions C et F, l’entrée visuelle est supprimée sans bander les yeux. Dans
les conditions E et F, le sujet ne tient que sur son entrée vestibulaire.
Source : Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. © 2015 Elsevier Masson. Tous droits réservés. Dessins :
Carole Fumat. Adapté d’après : Nashner LM, Jacobson GP, Newman CW, Kartush JM. Computerized dynamic posturography.
In : Handbook of Balance Function Testing. St. Louis : Mosby ; 1996.
vestibulaire et les mesures posturographiques sont les fidèles reflets des atteintes
vestibulaires isolées.
Cet appareillage fournit une évaluation irremplaçable des entrées sensorielles inté-
ressées par l’équilibre. Malheureusement, son coût le rend hors de portée de la
plupart des centres de rééducation vestibulaire malgré la baisse des prix initiaux.
6
Névrite vestibulaire
CAI
D
M L V
Do
1 L
2 M
3 M
4 J
5 V
6 S
7 D
8 L
9 M
10 M
11 J
12 V
13 S
14 D
15 L
16 M
17 M
18 J
19 V
20 S
21 D
22 L
23 M
24 M
25 J
26 V
27 S
28 D
29 L
30 M
Lunettes de Frenzel.
Source : Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. © 2015 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
Il faut insister sur le fait que dans la névrite vestibulaire, on peut toujours à force
de persuasion mettre le patient debout les yeux ouverts. Au contraire, dans un
accident vasculaire cérébral, c’est impossible.
Névrite vestibulaire 85
* *
B
CPD CPG
CHD CHG
CAD CAG
A C
Chute Nystagmus
Déviations axiales Vertige
et segmentaires
Syndrome vestibulaire harmonieux droit.
L’étoile indique le côté atteint (côté droit). A. Signe de Romberg vestibulaire (déviations
posturales axiales) après un temps de latence, le sujet debout s’incline lentement vers
le côté lésé. B. Nystagmus horizontal rotatoire battant vers le côté sain. On désigne les
nystagmus par leur phase rapide et non par leur phase lente. Un syndrome vestibulaire
harmonieux se caractérise donc par un nystagmus battant en sens inverse des déviations
posturales lentes. C. Mécanisme du nystagmus horizontal rotatoire : tous les canaux
semi-circulaires du côté droit sont détruits et il n’y a donc plus de tonus vestibulaire de
ce côté. En revanche, du côté gauche resté sain, le tonus vestibulaire persistant génère des
phases lentes vers le côté lésé, donc des phases rapides battant vers le côté sain. Les phases
rapides caractéristiques des canaux semi-circulaires gauches s’additionnent, c’est-à-dire
pour le canal postérieur gauche : « un nystagmus horaire et vertical supérieur » + pour le
canal antérieur gauche : « un nystagmus horaire et vertical inférieur ». À noter que patient
voit tourner la pièce dans le sens de la phase rapide du nystagmus. CAD : canal antérieur
droit ; CAG : canal antérieur gauche ; CHD : canal horizontal droit ; CHG : canal horizontal
gauche ; CPD : canal postérieur droit ; CPG : canal postérieur gauche.
Source : Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. © 2015 Elsevier Masson. Tous droits réservés. Dessins :
Carole Fumat.
Le déficit vestibulaire est dit harmonieux parce que toutes les déviations lentes
battent vers le côté atteint, en l’occurrence vers la droite du patient. Ainsi,
les troubles de l’équilibre se manifestent par des chutes vers la droite (déviations
86 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Chez cette patiente, il n’y a aucun doute sur l’origine périphérique du nystagmus
car celui-ci était apparu à la suite d’une chirurgie destructive du labyrinthe droit.
Le lendemain de la chirurgie, est survenu un nystagmus horizontal rotatoire ayant
une composante horizontale gauche et une composante torsionnelle horaire.
Dans le regard vers la gauche, le nystagmus s’accélérait mais ne changeait pas
de sens. Dans le regard vers la droite, ne restait que la composante torsionnelle
horaire. La fixation du doigt a fortement diminué le nystagmus.
Névrite vestibulaire 87
OD chaud
OD froid
OG froid
OG chaud
B C
Irrigation du conduit
OD cumulée OD OG
auditif axterne droit
ND
31,4°/s 24,1°/s
Vestibule Vestibule
Droit Droit
Réchauffement Refroidissement
0 0
OG cumulée
24,9°/s NG 25,5°/s
Elle consiste à irriguer le conduit auditif externe de chaque côté avec une eau à
44 °C (épreuve chaude), puis avec une eau à 30 °C (épreuve froide). Les irrigations
durent 20 secondes et les nystagmus 2 à 3 minutes. On obtient ainsi quatre nys-
tagmus horizontaux qui durent chacun environ une minute (A) :
1. OD chaud : nystagmus droit pour l’épreuve chaude dans l’oreille droite (excitation) ;
2. OD froid : nystagmus gauche pour l’épreuve froide dans l’oreille droite (inhibition) ;
88 Guide pratique de rééducation vestibulaire
3. OG froid : nystagmus droit pour l’épreuve froide dans l’oreille gauche (inhibition) ;
4. OG chaud : nystagmus gauche pour l’épreuve chaude dans l’oreille gauche
(excitation).
Le logiciel supprime les phases rapides et fait une cumulée des phases lentes pour
chaque épreuve. Ainsi sont délimitées des surfaces correspondant à la réponse des
épreuves chaude et froide pour chaque oreille. Normalement, l’épreuve chaude
déclenche un nystagmus battant vers l’oreille irriguée et l’épreuve froide déclenche
un nystagmus battant du côté opposé à l’oreille irriguée. Ces nystagmus naissent du
fait que le réchauffement ou le refroidissement déclenchent des courants de convec-
tion dans le canal semi-circulaire horizontal du côté testé. Dans la position tête rétro-
fléchie de 60°, le canal horizontal devient vertical. Le réchauffement déclenche alors
un courant endolymphatique ascendant ampullipète stimulant. Le refroidissement
déclenche un courant endolymphatique descendant ampullifuge inhibiteur.
Les épreuves chaudes et froides sont réalisées pour chaque oreille. On obtient
ainsi 4 nystagmus enregistrés en totalité sous forme d’un graphique appelé
« cumulée » (B). Mais il est plus commode de reporter leurs paramètres (vitesse
et fréquence des phases lentes à l’acmé de la réponse) sur un diagramme appelé
papillon de Freyss (C). Les nystagmus vers la droite y sont notés positivement et
les nystagmus vers la gauche y sont notés négativement. Les épreuves chaudes
sont notées en rouge et les épreuves froides en bleu. Ce papillon permet de visua-
liser la réflectivité de chaque côté qui est la somme en valeur absolue des nystag-
mus obtenus à l’épreuve chaude et à l’épreuve froide. Normalement, si l’on rejoint
par une ligne rouge les valeurs obtenues aux épreuves chaudes et par une ligne
bleue celles obtenues aux épreuves froides, ces deux lignes doivent se croiser au
centre du diagramme. Sinon, il y a un décalage de leur point de croisement dont
la valeur correspond à la vitesse du nystagmus spontané contemporain.
Névrite vestibulaire 89
Tous les nystagmus battent vers la gauche. Les cumulées du côté droit sont
réduites à deux lignes superposées correspondant au nystagmus spontané. Du
côté gauche, la surface de réflectivité est diminuée et toute la surface représentant
la réponse est du côté des nystagmus battant vers la gauche. Les épreuves chaude
et froide sont incapables de modifier significativement le nystagmus spontané
dont la vitesse de la phase lente reste inchangée à 15,4 et 18,9°/seconde. Du côté
gauche, l’épreuve calorique chaude provoque un nystagmus gauche de 26,4°/
seconde et l’épreuve calorique froide est incapable de renverser le nystagmus
spontané qui reste gauche avec une vitesse de 6,3°/seconde vers la gauche. Le
90 Guide pratique de rééducation vestibulaire
2
Animaux libres
Animaux bloqués
1
Durée postopératoire en jours
0 2 7 14 21 30
Influence de la restriction d’activité sur la compensation vestibulaire centrale.
Source : Lacour M, Roll JR, Apaix M. Modifications and spinal reflexes in the alert baboon (Papio papio) following unilareral
vestibular neurotoly. Brain Res 1976 ; 113 : 255-69. © 2015 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
7
Suivi d’une névrite
vestibulaire
Il s’agit d’un suivi clinique pouvant être réalisé dans les cabinets des kinésithé-
rapeutes. L’idéal serait toutefois de disposer de lunettes de vidéonystagmosco-
pie en infrarouge et d’un fauteuil giratoire de Sémont pour réaliser des exercices
giratoires avec arrêts brusques. En principe, le diagnostic a été fait par le service
d’urgence qui a reçu le patient et qui l’a adressé au kinésithérapeute. Une épreuve
calorique est le minimum exigé pour cette prise en charge. Une telle rééducation
doit pouvoir être entreprise partout en France.
0 = =
0 0
0 0 = 0 =
0 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0
Degré I
En fixation Dans la lumière dans l'obscurité
Schéma représentant les nystagmus dans le regard médian, droit et gauche (point
de vue du patient) et vers le haut.
Correspondance des degrés du nystagmus droit en fixation, dans la lumière et dans
l’obscurité avec lunettes vidéo en infrarouge.
Source : Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. Paris : Elsevier-Masson ; 2015.
Suivi d’une névrite vestibulaire 95
0 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0
Sans refaire d’épreuve calorique, on peut utiliser trois tests cliniques très utiles
pour mettre en évidence un déficit vestibulaire droit latent :
■ le head impulse test vers la droite (HIT ou test impulsionnel céphalique) ;
■ deux tests déclenchant des nystagmus gauches :
• le secouage de la tête (head shaking test),
• les vibrations osseuses nécessitant un vibrateur.
Saccade
HIT normal
Ce sujet est illustré par la vidéo de la diapositive 7-10 .
HIT normal.
98 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Il n’y avait plus aucun nystagmus spontané. On a commencé par un HIT qui s’est
avéré encore positif vers la gauche. Ensuite, le secouage de la tête a déclenché
un net nystagmus horizontal droit. On a terminé par une étude des vibrations
osseuses à l’aide d’un vibrateur 100 Hz. Là encore, on a déclenché des deux côtés
un net nystagmus horizontal droit témoignant de la persistance du déficit ves-
tibulaire gauche datant de la névrite gauche survenue 10 jours auparavant. Le
résultat de ces trois tests a incité à poursuivre la rééducation.
Suivi d’une névrite vestibulaire 99
Chez cette patiente, l’épreuve calorique faite au 5e jour d’une névrite vestibulaire
gauche montrait une aréflexie gauche complète et une très faible prépondérance
directionnelle droite à la limite du significatif. Le papillon de Freyss, les courbes des
cumulées témoignaient d’une compensation rapide chez cette femme jeune. Au
10e jour, la vidéonystagmoscopie ne montrait aucun nystagmus ni dans la lumière
ni à la fixation.
Comme le montre la vidéo de la diapositive 7-15 , chez cette même patiente
le HIT est en revanche resté très positif vers la gauche. Le secouage de la tête a
déclenché un nystagmus droit. Le fait de coucher la patiente sur le côté droit
n’a déclenché aucun nystagmus (position de confort). En revanche, en la cou-
chant sur le côté gauche, on a déclenché un net nystagmus droit retrouvé en
rétroflexion de la tête. En conclusion, il n’y a pas eu de récupération vestibulaire
complète chez cette patiente. Des signes cliniques caractéristiques ont persisté et
la rééducation a dû être poursuivie.
Névrite vestibulaire gauche au 10e jour.
100 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Épreuve post-giratoire
Principe pour une rotation horaire (diapositive 7-16)
Rotation
uniforme
STOP
N=0
8
Tiroirs de la rééducation
des déficits vestibulaires
unilatéraux brutaux
2 1 3 2 1 3
3 1 2
Exercices de Tusa.
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
D’abord assis au bord du lit, le patient doit fixer une cible tenue par le kinésithé-
rapeute. Dans un premier temps, le patient doit tourner la tête d’un côté et de
l’autre en continuant à fixer la cible. Dans un deuxième temps, le kinésithérapeute
écarte la cible d’un côté et de l’autre et le patient doit continuer à fixer la cible tout
en tournant la tête du côté opposé à la cible (dissociation œil-tête).
La réalisation de ces exercices est présentée dans la vidéo de la diapositive 8-3 .
Exercices de Tusa.
A B
C D
Fixation d’une cible tenue à bout de bras.
A, B. En rotation. C, D. En alternance.
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
L’exercice consiste à :
■ prendre d’abord un appui large, les yeux ouverts et contrôler son équilibre pen-
dant 5, 10, 30 secondes ;
■ réduire progressivement la surface d’appui.
Tiroirs de la rééducation des déficits vestibulaires unilatéraux brutaux 107
Appui unipodal.
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
L’exercice consiste à prendre appui sur un pied puis sur l’autre, les yeux ouverts,
fermés, pieds nus, puis en chaussures, pendant quelques secondes, puis en chro-
nométrant.
108 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Travail de la marche
Marche simple (diapositive 8-13)
Marche simple.
Source : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
Le patient fait d’abord seulement quelques pas dans le couloir pour se sécuriser
et permettre l’appui des mains sur le mur en cas de soudaine perte d’équilibre.
Puis, avec autorité, pas décidé, tête haute, bras ballants, yeux ouverts puis fermés,
il allonge progressivement la distance.
Tiroirs de la rééducation des déficits vestibulaires unilatéraux brutaux 109
On place une petite pancarte au bout du couloir pour élargir le champ visuel. Puis
en dissociation œil-soma, le patient marche la tête tournée à gauche ou à droite.
Il s’agit d’un exercice difficile consistant à garder le cap.
110 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Plateau basculant
La réalisation de cet exercice est présentée dans la vidéo de la diapositive 8-17 .
Plateau basculant.
Tiroirs de la rééducation des déficits vestibulaires unilatéraux brutaux 111
On utilise un plateau qui ne bascule que dans un sens. Le patient monté dessus,
l’objectif est que le plateau bouge le moins possible. On lui demande en même
temps du mouvement de tête d’avant en arrière dans les bascules antérieures et
de droite à gauche dans les bascules latérales, d’abord les yeux ouverts puis les
yeux fermés. Il faut veiller à tenir le patient lorsqu’il descend du plateau.
Des mouvements de tête : oui, non, peut-être sont effectués sur des coussins
de mousse de 5 cm d’épaisseur : les yeux ouverts, puis les yeux fermés.
114 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Réalité virtuelle
Il s’agit d’un concept en devenir : le patient porte un masque lui permettant par
exemple de se croire sur un bateau voguant sur un océan déchaîné, comme l’il-
lustre la vidéo de la diapositive 8-31 .
Réalité virtuelle.
CHAPITRE
9
Vestibulopathies
bilatérales
Dans ce sujet, il faut admettre qu’il s’agit d’une pathologie vestibulaire sans ver-
tige, ce qui en rend le diagnostic difficile avec un risque très fort de passer à côté.
Cette absence de vertige est due à la symétrie parfaite des deux vestibules droit
et gauche. En revanche, on trouve d’importants troubles de la stabilisation du
regard et d’importants troubles de l’équilibre en diverses circonstances. C’est une
pathologie rare mais c’est un modèle de presbyvestibulie des personnes âgées.
Chez elles, il ne s’agit pas d’une destruction des deux labyrinthes vestibulaires mais
d’une dépression profonde de tout l’appareil vestibulaire. Le résultat est le même.
La presbyvestibulie fait l’objet du chapitre 12.
Tableau clinique
Symptômes (diapositive 9-1)
Le patient voit la scène visuelle trembler et s’agiter dès qu’il bouge la tête (cf. vidéo
de la diapositive 1-10). Mais comme c’est un symptôme visuel, on ne pense pas à
l’oreille. Il a des troubles de l’équilibre et chute dans l’obscurité car il ne tient plus
debout que sur la proprioception. C’est peut-être là l’explication des chutes chez
les personnes âgées (cf. infra).
Le diagnostic repose sur :
1. un HIT positif des deux côtés (cf. diapositives 7-7 à 7-9) ;
2. une aréflexie post-giratoire bilatérale (cf. diapositive 7-16) ;
3. un effondrement de l’acuité visuelle dynamique (cf. infra) ;
4. une aréflexie calorique bilatérale (cf. diapositives 6-9 et 6-10).
tort et à travers. Toutefois, les autres aminosides restent la seule solution dans
certaines infections très graves. On doit y penser en cas de troubles de l’équilibre
au sortir d’un séjour en réanimation pour méningite, métastases méningées.
■ Une intoxication par l’oxyde de carbone (CO) ou par des produits industriels
est également évocatrice.
■ Les fractures du rocher bilatérales et diverses pathologies neurologiques cérébel-
leuses sont plus rarement en cause mais il faut toujours avoir un avis neurologique.
■ Soulignons que l’étiologie reste inconnue dans 50 % des cas.
Cas clinique
Le patient présenté dans la vidéo de la diapositive 9-4 était un chef d’orchestre
réputé en musique classique. Il lui avait été impossible de continuer à diriger son
orchestre car dans ce mouvement de tête allant de la partition à ses musiciens,
tout était devenu trouble et illisible. Son épreuve calorique (diapositive 9-3) est un
désert de nystagmus. À aucun moment on ne peut réveiller ses vestibules.
D’emblée, on constate dans la vidéo de la diapositive 9-4 que le HIT était positif
des deux côtés. L’épreuve post-giratoire montre l’absence de nystagmus tant dans
les girations horaires que dans les rotations antihoraires. Tout concourt donc au
diagnostic de vestibulopathie bilatérale sévère et symétrique.
Le test HIT avait montré qu’après le mouvement, en cas de déficit du réflexe vestibulo-
oculaire, des over saccades permettaient de refixer la cible après le mouvement de tête
(cf. diapositives 7-7 à 7-11). Au cours du test d’AVD, les enregistrements très fins du
mouvement des yeux (ligne noire) ont montré qu’il existait aussi des covert sac-
cades survenant pendant le mouvement de la tête (ligne verte) pour aider l’acuité
118 Guide pratique de rééducation vestibulaire
visuelle. Ces covert saccades n’ont rien à voir avec le vestibule mais dépendent de
la proprioception des muscles oculomoteurs. Par conséquent, en cas de déficit
vestibulaire bilatéral, leur travail doit permettre d’améliorer la situation.
10
Déficits vestibulaires
partiels
Cas clinique
Un cas de déficit vestibulaire droit subaigu est illustré dans la vidéo de la diapo-
sitive 10-3 .
Déficit vestibulaire droit subaigu à 70 ans.
Cette femme ne présentait pas de vertiges mais seulement des chutes à répétition,
en particulier dans sa douche. Il n’y avait aucun nystagmus spontané. Le HIT était
très positif vers la droite avec des saccades évidentes évoquant un déficit vestibu-
laire droit. Puis, ces manipulations ont réveillé un nystagmus gauche équivalent
d’un nystagmus au head shaking en accord avec le déficit vestibulaire droit. Après
mise en décubitus dorsal, le nystagmus précédent a redémarré. Il n’a pas changé
de sens dans le décubitus latéral, ce qui élimine le diagnostic de cupulolithiase du
canal horizontal. Après avoir relevé la patiente, on a effectué un head shaking qui
a de nouveau mis en évidence le nystagmus gauche. L’épreuve giratoire horaire a montré
une bonne réponse du vestibule gauche à l’arrêt brusque : nystagmus horizontal
gauche durant 20 secondes. En revanche, l’épreuve giratoire antihoraire a montré
une faible réponse du vestibule droit à l’arrêt brusque : seulement 4 à 5 secousses
horizontales droites. On se trouve donc devant un tableau de déficit vestibu-
laire droit d’évolution progressive sans la grande crise inaugurale de la névrite. De
plus, cette patiente présentait une surdité de perception droite à l’audiogramme.
C’était donc une indication d’imagerie à la recherche d’un processus destructif
dans l’os temporal droit ou dans la fosse cérébrale postérieure droite.
L’IRM (diapositive 10-4) a effectivement montré la présence d’un neurinome de
l’acoustique droit élargissant et remplissant le conduit auditif droit mais débordant
à peine dans la fosse postérieure droite (flèches rouges). Compte tenu de la présence
d’importants troubles de la mémoire, on a décidé de ne pas recourir à la chirurgie mais
de se contenter d’une simple surveillance.
A B
IRM d’un neurinome acoustique droit.
A. Coupe axiale. B. Coupe frontale.
Déficits vestibulaires partiels 121
VI VS
CC A
CL A
A B
Utricule
CP A
Saccule CR
Cochlée
C D
Patchwork de microlésions.
A. Crêtes ampullaires des canaux semi-circulaires. B. Macules otolithiques. Ces lacunes
sont en rapport avec des microthromboses dans des territoires où la vascularisation
est de type terminal (C) ou en rapport avec des atteintes virales neuronales
incomplètes (D). CA : canal antérieur ; CC : crus commune ; CL : canal latéral ; CP :
canal postérieur ; VI : nerf vestibulaire inférieur ; VS : nerf vestibulaire supérieur.
D’après : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014. Dessins :
Carole Fumat.
1
2
3 G
4 D
5
6
7 G
8 G
9 D
10 D
11
12 H
13 AH
14
15
16 G
17 D
18 H
19 AH
Les vertiges sont notés sur un graphique en précisant leur intensité, la durée et
leur association à des nausées. On note aussi si ces sensations s’accompagnent
d’un nystagmus typique (T) ou atypique.
Son intérêt est de permettre de faire un HIT pour chacun des 6 canaux semi-
circulaires.
124 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Saccade
Canal Canal
postérieur postérieur
droit Bascule droit
en arrière
A B
Canal Canal
antérieur antérieur
droit droit
Canal Canal
postérieur postérieur
Retour
Bascule gauche gauche
en position
en arrière
assise
C D
Courants endolymphatiques, tête tournée à droite (plan du LARP [A, B], puis à gauche
(plan du RALP [C, D]).
Source : D’après : Sauvage JP. Vertiges. Manuel de diagnostic et de réhabilitation, 2e édition. Paris : Elsevier Masson ; 2014.
Dessins : Carole Fumat.
En ce qui concerne les canaux verticaux, faire un HIT manuellement est beaucoup
plus difficile. Les plans de stimulation du mouvement de tête sont des roulis dans
un plan vertical oblique situé à 45° du plan vertical médian. Deux difficultés sur-
viennent :
1. les canaux postérieurs sont coplanaires avec les canaux antérieurs du côté
opposé plan du LARP (A et B), et plan du RALP (C et D) ;
2. le roulis de la tête doit se faire sans mouvements horizontaux sous peine d’in-
troduire des déviations horizontales inopportunes.
La première conséquence est que les roulis doivent se faire dans un plan parfaite-
ment vertical. La solution est de se placer en arrière du patient et de faire rouler sa
tête sur son propre thorax. La deuxième difficulté est de se rappeler qu’on stimule
les canaux postérieurs ipsilatéraux à la rotation de la tête de 45° dans un roulis
de la tête vers l’arrière et les canaux antérieurs du côté opposé à la rotation de la
tête de 45° dans un roulis de la tête vers l’avant. Pour observer des saccades de
recentrage, il est difficile, voire impossible d’intégrer toutes ces données. On est
vite perdu devant tant de complexité que l’on peut amoindrir en s’appuyant sur
les manœuvres de Dix et Hallpike.
126 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Résumé
Raisonnons en termes de Dix et Hallpike (diapositive 10-15). En tournant la tête
de 45° vers la droite, on est dans le plan du LARP. Une bascule postérieure teste le
canal postérieur droit. En relevant le patient, on teste le canal antérieur gauche. En
tournant la tête de 45° vers la gauche, on est dans le plan du RALP. Une bascule
postérieure teste le canal postérieur gauche. En relevant le patient, on teste le
canal antérieur droit.
Plan du LARP =
Tête tournée de
45º à droite
Plan du RALP =
Tête tournée de
45º à gauche
Plan du LARP =
Tête tournée de
45º à droite
Plan du RALP =
Tête tournée de
45º à gauche
Canaux stimulés par les impulsions en fonction des plans et des mouvements
effectués.
D’après Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés. Dessins :
Carole Fumat.
Un exemple d’utilisation de HIT électronique par Olivier Dumas est proposé dans
la vidéo de la diapositive 10-17 . La patiente fixe une cible située à 45° à droite
ou à gauche du plan médian. L’appareil filme ses yeux et analyse leurs mouve-
ments par rapport à la cible. Il indique si l’on est resté dans le bon plan et mesure
le réflexe oculaire canalaire stabilisateur. C’est facile dans le plan horizontal. Dans
les plans verticaux, la tête roule sur le thorax de l’examinateur pour éviter les mou-
vements horizontaux et ne garder que l’impulsion verticale.
Principe du HIT électronique : filmer et analyser les mouvements de l’œil.
Vidéo aimablement fournie par Olivier Dumas, kinésithérapeute à Lyon.
128 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Covert saccades
Ce sont des enregistrements sophistiqués qui ont révélé que dans le HIT, il n’y avait
pas seulement des overt saccades (après le mouvement) pour compenser un défi-
cit mais aussi ces cover saccades (pendant le mouvement d’origine oculaire) sur
lesquelles on s’appuie pour favoriser la compensation (cf. diapositive 9-7).
11
Vertiges itératifs
Maladie de Menière
Hydrops endolymphatique (diapositive 11-2)
La maladie de Menière en représente le modèle complet. C’est une maladie rare bien
que pendant des dizaines d’années, tout était étiqueté « maladie de Menière ». Elle
était devenue synonyme de vertige d’origine périphérique. Actuellement, cette mala-
die procède d’un processus physiopathologique qui est l’hydrops endolymphatique
caractérisé par une inflation d’endolymphe (cf. diapositive 1-4) se manifestant par
des vertiges et par des symptômes auditifs. Il s’agirait d’un défaut de réabsorption de
l’endolymphe au niveau des voies endolymphatiques.
Cette maladie chronique dure de 5 à 10 ans. Elle évolue en deux phases :
■ la première est celle des crises récurrentes de quelques heures ;
■ puis, après plusieurs années, c’est la phase de Menière vieilli où la surdité
devient permanente et très sévère.
Quoi qu’il en soit, il faut comprendre que les patients présentant une maladie de
Menière éprouvent un handicap majeur. Ce n’est pas tant la durée cumulée des
crises qui est redoutable que la crainte de la survenue d’une nouvelle. Elle arrive à
l’improviste. Elle couche le patient par terre en sueurs et vomissant. Les patients
n’osent plus voyager ni aller au cinéma ou au théâtre. Au travail, il faut supporter
le regard des autres.
134 Guide pratique de rééducation vestibulaire
La crise débute par la sensation de plénitude d’une oreille, suivie d’un bourdon-
nement et enfin d’une surdité fluctuante sur les fréquences graves. La diaposi-
tive 11-3 présente le cas d’une patiente de 43 ans atteinte de maladie de Menière
gauche. En septembre, elle n’avait qu’une discrète surdité de 20 à 40 dB sur les
fréquences 250 et 500 Hz. Puis en octobre, lors de crises à répétition, dans l’oreille
gauche, les seuils auditifs sont devenus très bas avec une courbe horizontale
à moins de 70 dB respectant les fréquences aiguës 4 000 et 8 000 Hz. Enfin, en
novembre, elle va mieux et son audition est revenue aux seuils de septembre. En
résumé, devant des crises de vertiges à répétition, le diagnostic de Menière se fait
par l’association à des bourdonnements et à une surdité qui prédominent sur les
fréquences graves.
Traitement
Traitement médical (diapositive 11-4)
■ Les diurétiques en petites cures, tout comme la restriction hydrosodée, font
diminuer l’hydrops labyrinthique.
■ La flunarizine, la bétahistine obtiennent des résultats irréguliers.
■ La rééducation par habituation est préconisée par Alain Sémont (cf. diaposi-
tive 8-21) : stimulations passives et répétées par arrêts brusques au fauteuil rotatoire.
On espère que les capteurs vestibulaires diminuent leur réponse. Par expérience, chez
ces malades, ce type de rééducation est mal toléré.
10 10
5 5
0 0
Total 2-3 injections 4-5 injections
Résultats de la labyrinthectomie chimique par gentamicine dans la maladie de
Menière.
© Murofushi T, Halmagyi GM, Yavor RA. Intratympanic gentamicin in Ménière’s disease : results of therapy. Am J Otol 1997 ;
18 : 52-7.
136 Guide pratique de rééducation vestibulaire
12
Chutes de la personne
âgée
Rôle du vestibule
Chez le sujet âgé, en cas de chutes à répétition, le pronostic est sombre. Il est
classique de dire que si le patient ne se relève pas seul, il mourra dans l’année.
Les gériatres effectuent des bilans mais ils oublient souvent le bilan vestibulaire.
Certes, les chutes à répétition de la personne âgée sont plurifactorielles, mais il
existe un problème vestibulaire une fois sur trois. Sa prise en charge par le kinési-
thérapeute améliore le patient dans 30 % des cas.
Réactions de déséquilibre
Réaction de déséquilibre après le relevé de Dix et Hallpike chez un sujet âgé.
Comment l’oreille interne fait tomber les patients ? Ce n’est pas à cause de troubles
de l’équilibre, mais de réactions de déséquilibre. Dans la vidéo présentée en diapo-
sitive 12-1 , la patiente de 84 ans tombe constamment. L’enregistrement de l’œil
est en haut et la patiente est en bas. On commence par une manœuvre de
Dix et Hallpike droite qui ne montre rien. Toutefois en la redressant, on sent une
réaction de déséquilibre entre nos mains. Ensuite, on réalise une manœuvre de Dix
et Hallpike gauche et là, on obtient un minuscule nystagmus. Et en redressant la
patiente, elle se jette en arrière : pourquoi ? Parce qu’elle se croit projetée en avant.
Son oreille interne lui a communiqué une fausse information et elle a eu une réac-
tion complètement inappropriée. De plus, il y a un temps de latence qui implique
qu’elle ne fait pas la liaison avec le mouvement précédent. Elle se retrouve donc
par terre sans savoir ni pourquoi ni comment ! Ces personnes âgées, dans la plu-
part des cas, ne savent pas pourquoi elles tombent.
Dans la vidéo de la diapositive 12-4 , les HIT étaient tout d’abord normaux, il n’y
avait donc pas de vieillissement des vestibules. Pour soulager le dos au cours de la
manœuvre, un aide doit relever les jambes en même temps. On a ainsi déclenché,
après un temps de latence de quelques secondes, un nystagmus ayant deux com-
posantes : l’une verticale supérieure et l’autre torsionnelle antihoraire. Il s’agissait
donc d’un VPPB du canal postérieur droit typique. Il a duré plus longtemps que
chez un sujet jeune et a surtout changé de sens pour devenir horizontal droit
géotropique, évoquant une canalolithiase associée. Il est vrai que l’association de
plusieurs canaux est fréquente dans les VPPB des personnes âgées. Les Anglo-
Saxons appellent cela canalith jam.
Les manœuvres de Sémont ou d’Epley peuvent être aussi faciles à réaliser que chez
un sujet jeune mais elles peuvent s’avérer pénibles. Le fauteuil de Thomas Richard-
Vitton (diapositive 12-5) peut alors rendre de grands services même si nous n’en
avons pas l’expérience.
Chutes de la personne âgée 139
Vieillissement postural.
Le cou est en hyperextension permanente avec tractions sur les insertions musculaires
cervicales dont l’inflammation douloureuse perturbe les propriorécepteurs.
Source : Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. © 2015 Elsevier Masson. Tous droits réservés. Dessins :
Carole Fumat.
Parce qu’ils ne sont plus utilisés, les réseaux neuronaux entrent en dépression
(diapositive 12-9). Les influx nerveux ne passent plus. Au début, c’est réversible
mais ensuite, c’est définitif. Les conséquences sont l’émoussement des sensations
vestibulaires aux épreuves post-giratoires (vection) et le développement d’une
dépendance visuelle à l’âge de la cataracte.
Chutes de la personne âgée 141
l’obtention d’une IRM normale. Elle a été perdue de vue jusqu’en 2010, date où
elle s’est de nouveau présentée pour des chutes à répétition survenant dans le
cadre d’une démence vasculaire (MMSE – Mini mental state examination – à 20).
L’IRM (diapositive 12-16) a montré une atrophie du lobe frontal et de nombreuses
petites lacunes pontocérébelleuses.
A B
Évolution d’une maladie des microvaisseaux.
A. IRM d’une atrophie du lobe frontal. B. IRM de lacunes dans le tronc cérébral.
Exercices de Norré
13
Bilan vestibulaire du
kinésithérapeute
1 L 1 J 1 D
2 M 2 V 2 L
3 M 3 S 3 M
4 J 4 D 4 M
5 V 5 L 5 J
6 S 6 M 6 V
7 D 7 M 7 S
8 L 8 J 8 D
9 M 9 V 9 L
10 M 10 S 10 M
11 J 11 D 11 M
12 V 12 L 12 J
13 S 13 M 13 V
14 D 14 M 14 S
15 L 15 J 15 D
16 M 16 V 16 L
17 M 17 S 17 M
18 J 18 D 18 M
19 V 19 L 19 J
20 S 20 M 20 V
21 D 21 M 21 S
Le patient reste debout les pieds joints pour évaluer sa stabilité. En cas d’asymétrie
labyrinthique, il tombe du côté déficitaire. On peut sensibiliser ce test en faisant
monter le patient sur un tapis mousse épais.
1
3
8 7
4
2
Point de départ
Marche en étoile de Babinski.
Source : Sauvage JP, Grenier H. Guide de rééducation vestibulaire. © 2015 Elsevier Masson. Tous droits réservés. Dessins :
Carole Fumat.
On fait marcher le patient les yeux fermés de 3,5 m en avant, puis de 3,5 m en
arrière. En cas de déficit vestibulaire unilatéral, il décrit une étoile. Ce test n’est pas
souvent réalisable.
152 Guide pratique de rééducation vestibulaire
14
Conduite et surveillance
d’une rééducation
vestibulaire
15
Pièges de la pathologie
vestibulaire centrale
Ce deuxième piège concerne surtout les services ORL hospitaliers. On voit arri-
ver des patients en début d’après-midi adressés par le service des urgences pour
névrite vestibulaire. Mais à la contrevisite, l’infirmière signale que le patient tient
des propos incohérents. En réalité, il s’agit d’un hématome cérébelleux qui a évo-
lué en deux temps avec apparition secondaire de troubles de la conscience.
Pièges de la pathologie vestibulaire centrale 159
Dans ce cas, c’est une pathologie centrale (nystagmus de Nylen) qui prend le
masque d’une cupulolithiase. Lorsqu’on couche le patient sur l’oreille droite, on
déclenche un nystagmus horizontal gauche, puis lorsqu’on le couche sur son
oreille gauche, on déclenche un nystagmus horizontal droit. Cela pourrait certes
ressembler à une cupulolithiase du canal horizontal mais il manque le nystagmus
de position en décubitus dorsal tête droite, les nystagmus sont trop longs et le
vertige associé est minime. Enfin, les nystagmus apparaissent sans latence, durent
le temps de la position et sont exagérés par la fixation.
Il est difficile de s’imaginer qu’une malformation sévère puisse se révéler par des
poussées de déséquilibre à l’âge de 70 ans. C’est pourtant le cas d’une patiente qui
se plaignait de ne plus pouvoir skier en raison de troubles de l’équilibre : la VNS a
montré un net nystagmus vertical inférieur lors de la mise en décubitus dorsal et
l’IRM a confirmé la présence d’une malformation d’Arnold Chiari de type I.
Pièges de la pathologie vestibulaire centrale 161
Prescription type.
16
Tester ses connaissances
Ce chapitre ne doit pas être considéré comme un exercice pour évaluer les
connaissances mais comme un outil pédagogique incitant à revoir les diapositives
et les vidéos concernées dans une approche pratique et constructive.
QCM
Questions
Généralités
Question 1
Le vertige se définit comme :
a. Une illusion de mouvement
b. Une perte de connaissance
c. Un déséquilibre à la marche
d. Des vomissements positionnels
e. Une pathologie de l’oreille externe
Question 2
La pathologie vestibulaire se reconnaît :
a. À l’interrogatoire
b. À l’examen oculaire
c. À l’examen neurologique
d. Par une prise de sang
e. À l’IRM
Question 3
Les canaux semi-circulaires membraneux :
a. Comportent une dilatation à leur extrémité
b. S’abouchent dans l’utricule
c. S’abouchent dans le saccule
d. N’ont aucune partie commune
e. Possèdent un nerf qui rejoint le ganglion de Scarpa
Question 4
Dans le conduit auditif interne, on trouve :
a. Le nerf olfactif
b. Le nerf oculaire commun
c. Le nerf facial
d. Le nerf auditif
e. Le nerf vestibulaire
Question 5
L’endolymphe :
a. Remplit le labyrinthe membraneux
b. Joue un rôle important dans le fonctionnement des canaux semi-circulaires
c. Est évacuée par le canal endolymphatique
d. Est réabsorbée dans le sac endolymphatique
e. N’a aucun rapport avec la maladie de Menière
Question 6
Les canaux semi-circulaires sont sensibles :
a. Aux mouvements uniformes
b. À la gravité
c. Aux rotations horizontales
d. Au tangage
e. Au roulis
Question 7
Les fonctions de l’appareil vestibulaire sont :
a. D’informer sur les mouvements de la tête
b. D’informer sur la position de la tête par rapport à la gravité
c. De stabiliser le regard au cours du mouvement
d. De stabiliser le corps en dépit des forces contraires
e. De stabiliser la pression artérielle en fonction de la position du corps
Tester ses connaissances 165
Question 8
En l’absence d’oreille interne :
a. Il apparaît des oscillopsies
b. Des chutes se produisent
c. Le mal de mer disparaît
d. Il apparaît une hypotension orthostatique
e. Il apparaît une baisse de la qualité de vie
Question 9
Polarisation des cellules ciliées :
a. Au sommet des cellules ciliées existe une touffe de stéréocils
b. Le kinocil est un cil plus long placé latéralement
c. Lorsque les stéréocils s’inclinent vers le kinocil, la cellule est excitée
d. Lorsque les stéréocils s’inclinent du côté opposé au kinocil, la cellule est inhibée
e. Il existe un tonus de repos qui augmente lorsque les stéréocils se couchent vers
le kinocil et qui diminue quand les stéréocils se couchent en sens inverse du
kinocil
Question 10
Stabilisation du regard au cours des mouvements de la tête :
a. Elle repose sur la genèse d’une rotation oculaire en sens contraire
b. Au-delà de 30°, un nystagmus est généré
c. Le nystagmus comporte des phases rapides de rappel
d. Les nystagmus sont dénommés par le sens de leurs phases lentes
e. Sur un tabouret tournant de 360° en sens horaire sont produits 12 nystagmus
gauches
Question 11
Le mécanisme de push pull ou interaction réciproque :
a. Fait qu’en tournant la tête, un canal est stimulé tandis que son canal coplanaire
est inhibé
b. Pour les canaux semi-circulaires horizontaux, les courants ampullipètes sont
stimulants
c. Pour les canaux semi-circulaires horizontaux, les courants ampullifuges sont
inhibiteurs
d. Pour les canaux semi-circulaires verticaux, les courants ampullifuges sont
stimulants
e. Pour les canaux semi-circulaires verticaux, les courants ampullipètes sont
inhibiteurs
166 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Question 12
Physiopathologie des VPPB (buoyancy theory) :
a. Des otolithes dégénérés sont tombés dans les canaux semi-circulaires et se
déplacent dans l’endolymphe en créant de violents vertiges lors des changements
de position de la tête
b. Cette théorie peut être confirmée par imagerie (scanner ou IRM)
c. Il existe un consensus mondial pour cette théorie confirmé par l’efficacité
immédiate de manœuvres thérapeutiques libératrices
d. Les mouvements déclenchants pour le canal postérieur sont : se lever et se
coucher sur le côté droit ou gauche
e. Les mouvements déclenchants pour le canal horizontal sont : se retourner
dans le lit à la fois du côté droit que du côté gauche
Question 13
Fréquence des VPPB :
a. Canal postérieur dans 90 % des cas
b. Canal horizontal dans 9 % des cas
c. Canal antérieur dans 1 % des cas
d. Les formes du sujet jeune sont souvent d’origine traumatique
e. La fréquence des VPPB augmente avec l’âge
Question 14
Manœuvre de Dix et Hallpike pour déclencher un VPPB du canal postérieur :
a. Le côté atteint est celui vers lequel on a tourné la tête de 45°
b. Le côté atteint est l’opposé de celui vers lequel on a tourné la tête de 45°
c. Pour un VPPB du canal postérieur gauche, on obtient un nystagmus torsionnel
antihoraire et vertical inférieur
d. Pour un VPPB du canal postérieur gauche, on obtient un nystagmus torsionnel
horaire et vertical supérieur
e. Pour un VPPB du canal postérieur droit, on obtient un nystagmus torsionnel
antihoraire et vertical supérieur
Question 15
Manœuvre de Sémont simplifiée pour déclencher un VPPB du canal postérieur :
a. Le côté atteint est celui vers lequel on a tourné la tête de 45°
b. Le côté atteint est l’opposé de celui vers lequel on a tourné la tête de 45°
c. Pour un VPPB du canal postérieur droit, on obtient un nystagmus torsionnel
antihoraire et vertical inférieur
Tester ses connaissances 167
Question 16
Manœuvre d’Epley pour traiter un VPPB du canal postérieur droit :
a. Assis, les jambes allongées sur un lit d’examen
b. Puis allongement sur le dos, la tête droite
c. Retournement de 45° vers le côté droit déclenchant vertige et nystagmus
d. Puis retournement de 90° vers le côté gauche : pas de nystagmus
e. Puis continuation du retournement vers la gauche de 90° supplémentaires
déclenchant un nystagmus libératoire
Question 17
Protocole d’examen pour diagnostiquer un VPPB :
a. Commencer par la manœuvre de Dix et Hallpike en plaçant un coussin sous
les reins, ou en le manipulant en bout de table pour obtenir une position tête
pendante
b. C’est un VPPB du canal postérieur s’il apparaît un nystagmus contemporain
possédant une composante verticale supérieure, faire une manœuvre d’Epley
c. C’est un VPPB du canal antérieur s’il apparaît un nystagmus contemporain
possédant une composante verticale inférieure
d. Si l’on déclenche un nystagmus horizontal qui dure autant que cette position,
c’est une cupulolithiase ou un œdème de la cupule : arrêter les manipulations
et prescrire une corticothérapie
e. Sinon faire une manœuvre de Baloh-Lempert
Question 18
Première approche – les réflexes :
a. Le réflexe myotatique est la contraction réflexe d’un muscle lors de son propre
étirement pour ajuster son tonus et maintenir une posture
b. Le réflexe myotatique est régulé par les centres facilitateurs (noyaux vestibulaires et
réticulée rostrale)
c. Le réflexe myotatique est réglé par les centres inhibiteurs (cervelet)
d. Si l’on effectue une destruction du cervelet chez un animal (décérébellation), il
apparaît une rigidité des muscles extenseurs
e. C’est un état qui peut être supprimé par une labyrinthectomie bilatérale
168 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Question 19
Réflexes vestibulospinaux :
a. Le faisceau vestibulospinal médian se connecte aux muscles du cou pour
générer des réflexes canalo-coliques
b. Ce faisceau est dans la continuité du faisceau longitudinal médian connectant
le vestibule aux noyaux oculomoteurs
c. Le faisceau vestibulospinal latéral se connecte à tous les muscles du tronc et
des membres pour générer des mouvements en sens inverses de ceux qui les
ont déclenchés
d. Les exercices de Tusa sont un travail de la coordination œil-tête
e. Les exercices de Tusa se font en synergie lorsque le mouvement de la tête com-
mande le mouvement des yeux ou en dissociation lorsque le mouvement des
yeux se fait en sens inverse du mouvement de la tête
Question 20
Deuxième approche – les stratégies :
a. Elles aboutissent à des patrons d’activité musculaire
b. Il y a les stratégies de stabilisation posturale
c. Il y a aussi les stratégies d’anticipation
d. La stratégie de cheville répond à de petites pertes d’équilibre
e. Les stratégies de hanche et du pas en avant répondent à d’importantes pertes
d’équilibre
Question 21
Notion de conflit sensoriel :
a. Chez un patient vertigineux, l’évaluation doit concerner les trois entrées
visuo-proprio-vestibulaires
b. L’idéal est de disposer de la posturographie computérisée
c. Elle commence par mesurer l’équilibre sur une plateforme stable dans un envi-
ronnement visuel normal
d. Puis elle mesure l’équilibre les yeux bandés
e. Enfin, elle mesure l’équilibre en vision et plateforme stabilisées par un méca-
nisme électronique
Question 22
Application à la rééducation vestibulaire :
a. Il y a un système compensateur qui se déclenche à partir du glissement rétinien
de l’image
b. En cas de déficit vestibulaire permanent, plus on a de vertiges et mieux on
compense
c. La rééducation par adaptation repose sur des exercices actifs répétés avec
feedback
Tester ses connaissances 169
Question 23
Évolution :
a. Les premiers jours, l’invalidité est quasi totale chez un patient alité qui ne peut
pas tenir debout, présente des nausées et vomit lors du moindre mouvement
b. La semaine suivante est marquée par une amélioration progressive : il peut
tenir assis et même aller aux toilettes à condition d’être accompagné
c. Les dernières semaines sont marquées par la persistance de vertiges positionnels et
des vertiges lors des mouvements rapides de la tête
d. La rapidité de cette régression n’est pas fonction de l’âge
e. Le mécanisme n’est identifié qu’au bilan effectué au 3e mois
Question 24
Le syndrome vestibulaire aigu associe :
a. Des vertiges permanents avec illusion de rotation
b. Des signes neurovégétatifs avec sueurs, nausées et vomissements
c. Un nystagmus qui est un mouvement oculaire comportant une phase lente
dirigée vers le côté sain et une phase rapide dirigée vers le côté atteint
d. Ce nystagmus est aboli par la fixation du doigt de l’examinateur
e. Ce nystagmus est augmenté quand on l’observe derrière des lunettes de
Frenzel
Question 25
L’épreuve calorique :
a. Consiste à irriguer le conduit auditif externe de chaque côté avec une eau à
44 °C (épreuve chaude) puis avec une eau à 30 °C (épreuve froide)
b. Pendant ces irrigations, la position tête est antéfléchie
c. Normalement, l’épreuve chaude déclenche un nystagmus battant vers l’oreille
irriguée et l’épreuve froide déclenche un nystagmus battant du côté opposé à
l’oreille irriguée
d. On obtient 4 nystagmus enregistrés en totalité sous forme d’un graphique
appelé « cumulée »
e. On peut aussi noter la vitesse ou la fréquence des phases lentes de ces nystag-
mus à l’acmé de leur réponse, sur un diagramme appelé papillon de Freyss
170 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Question 26
Résultats de l’épreuve calorique effectuée au 5e jour dans une névrite vestibulaire
droite :
a. Aréflexie calorique droite
b. Prépondérance directionnelle gauche
c. Nystagmus spontané gauche permanent
d. Du côté droit, la réflectivité se confond avec le nystagmus spontané
e. Avant le 5e jour, le cervelet réduit l’asymétrie vestibulaire et améliore spontané-
ment le confort du patient
Question 27
Causes de déficits unilatéraux brutaux :
a. Infection virale ancienne inconnue sans séroconversion virale récente
b. Infection contemporaine à virus varicelle-zona
c. Maladie de Lyme
d. Fracture du rocher ou labyrinthite infectieuse
e. Traitement destructif pour maladie de Menière
Question 28
Arguments diagnostiques en faveur d’un accident vasculaire cérébral :
a. Diagnostic difficile en cas de petite lésion limitée du tronc cérébral
b. Instabilité les yeux fermés très importante
c. Nystagmus s’inversant en fonction de la direction du regard
d. HIT normal
e. Surdité brusque contemporaine ipsilatérale
Question 29
Prise en charge des névrites vestibulaires :
a. Rencontre urgente avec le kinésithérapeute qui doit expliquer au patient que
plus il a des vertiges, plus vite il guérira
b. Arrêt des antivertigineux et des sédatifs au-delà des premières 48 heures
c. Commencer la réhabilitation le plus tôt possible sans préjuger si l’absence de
séquelles est le résultat d’une récupération spontanée ou de la compensation
d’une lésion vestibulaire irréversible
d. Suivre l’évolution sur le degré du nystagmus spontané et sur le HIT
e. Refaire une épreuve calorique au 3e mois
Question 30
Épreuve post-giratoire normale – principe :
a. Cette épreuve nécessite un fauteuil tournant permettant de bloquer brutalement
la rotation par un système de pédalier
Tester ses connaissances 171
b. Le patient doit avoir le cou fléchi de 30° pour horizontaliser les canaux
semi-circulaires horizontaux
c. Commencer par une mise en rotation uniforme d’un tour par seconde (1 Hz)
d. L’arrêt brusque en sens horaire déclenche normalement un nystagmus gauche
durant de 20 à 35 secondes
e. L’arrêt brusque d’une rotation en sens antihoraire déclenche normalement un
nystagmus droit durant de 20 à 35 secondes
Question 31
Utilisation des tiroirs :
a. Les exercices y sont classés en fonction de leur principe
b. Dans chaque séance, on en choisit quelques-uns pour s’adapter au patient en
fonction du stade de sa pathologie
c. Au début, le patient est alité et il faut seulement le persuader que plus tôt on
commence la rééducation et meilleurs seront les résultats
d. Commencer par des exercices de coordination œil-tête de Tusa avec cible
exocentrée immobile
e. Poursuivre par les exercices de coordination œil-tête de Tusa en dissociation
œil-tête
Question 32
1er tiroir – travail du « oui – non – peut-être » égocentré :
a. D’abord assis au bord du lit, reparamétrage des mouvements en fixant un stylo
tendu à bout de bras
b. Puis en position debout fixer le stylo, en tournant le tronc, en se baissant et en
se relevant
c. Ensuite, avec deux stylos : les regarder alternativement
d. Ensuite en marchant
e. Terminer avec une lecture tête mobile sauf si le patient porte des lunettes
double foyer
Question 33
2e tiroir – exercices de maintien postural et d’équilibre pour reparamétrer la vision
et la proprioception :
a. Prendre un appui large, les yeux ouverts et contrôler son équilibre pendant 5,
10, et 30 secondes
b. Réduire progressivement la surface d’appui
172 Guide pratique de rééducation vestibulaire
c. Osciller la tête d’abord doucement, les yeux ouverts, puis fermés puis plus
amplement et terminer par du « oui, non, peut-être »
d. Puis passage de la position talon à la position pointe des pieds
e. Il faut être progressif et recommander des moments de repos dans la journée
Question 34
Travail de la marche simple :
a. Prendre appui sur un pied puis sur l’autre les yeux ouverts en chronométrant
b. Idem, les yeux fermés, pieds nus, puis en chaussures
c. Quelques pas dans le couloir en se sécurisant par un appui des mains sur le
mur
d. Puis, avec autorité, yeux ouverts puis fermés
e. Allonger progressivement la distance avec et sans cible visuelle en gardant le
cap
Question 35
Objectifs de la rééducation :
a. Certains patients n’arrivent jamais à marcher en levant les pieds, tout en bou-
geant la tête avec les yeux fermés
b. L’objectif est que le patient sache faire tous les exercices
c. L’objectif est de travailler les exercices difficiles
d. Toujours rester à côté du patient pour le sécuriser
e. Pour les exercices à domicile, interdire ceux avec les yeux fermés
Question 36
3e tiroir – exercices giratoires :
a. Ils sont spécifiques du système vestibulaire
b. Ce sont des stimulations du canal horizontal
c. Les arrêts brusques passifs répétés au fauteuil de Sémont stimulent l’habituation
d. Les rotations actives au tabouret dans la lumière sont un travail d’adaptation
e. La technique du point fixe est utilisée en danse classique
Question 37
4e tiroir – exercices de sensibilisation :
a. Principe : diminuer progressivement les apports proprioceptifs et les apports
visuels
b. Supprimer les informations proprioceptives par des tapis de mousse de 5 cm
d’épaisseur
c. Effectuer des mouvements de tête les yeux fermés
d. Fausser les informations visuelles par des stimulations optocinétiques.
e. Installer le patient sur un plateau instable pour fausser la proprioception
Tester ses connaissances 173
Question 38
Caractéristiques de cette pathologie :
a. Les vertiges sont intenses
b. Le déséquilibre est intense
c. Les troubles de la stabilisation du regard sont minimes
d. Le HIT est positif des deux côtés
Question 39
Cause des vestibulopathies bilatérales :
a. Prescription de gentamicine (aminoside)
b. Intoxication par l’oxyde de carbone (CO) ou par des produits industriels
c. Fractures du rocher bilatérales
d. Presbyvestibulie
e. Inconnue dans 50 % des cas
Question 40
Rééducation des vestibulopathies bilatérales :
a. Rééducation par substitution
b. Utilisation de la vision et de la proprioception pour élaborer de nouvelles
stratégies comportementales
c. Travail des anticipations avec préhensions d’objets lourds
d. Travail des covert saccades (acuité visuelle dynamique)
e. Bon pronostic
Réponses
Généralités
Question 1
a
Question 2
a, b
174 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Question 3
a, b, e
Question 4
c, d, e
Question 5
a, b, c, d
Question 6
c, d, e
Question 7
a, b, c, d, e
Question 8
a, b, c, e
Question 9
a, b, c, d, e
Question 10
a, b, c, e
Question 11
a, b, c, d, e
Question 12
a, c, d, e
Question 13
a, b, c, d, e
Tester ses connaissances 175
Question 14
a, d, e
Question 15
b, e
Question 16
a, b, c, d, e
Question 17
a, b, c, d, e
Question 18
a, b, c, d, e
Question 19
a, b, c, d, e
Question 20
a, b, c, d, e
Question 21
a, b, c, d, e
Question 22
a, b, c, d, e
Question 23
a, b, c, e
Question 24
a, b, d, e
Question 25
a, c, d, e
176 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Question 26
a, b, c, d, e
Question 27
a, b, c, d, e
Question 28
a, b, c, d, e
Question 29
a, b, c, d, e
Question 30
a, b, c, d, e
Question 31
a, b, c, d, e
Question 32
a, b, c, d, e
Question 33
a, b, c, d, e
Question 34
a, b, c, d, e
Question 35
a, c, d, e
Question 36
a, b, c, d, e
Question 37
a, b, c, d, e
Tester ses connaissances 177
Question 38
b, d
Question 39
a, b, c, d, e
Question 40
a, b, c, d
À retenir
Chapitre 10
Déficits vestibulaires partiels
■ Tableau d’un déficit vestibulaire destructif unilatéral sans la grande crise inaugurale
de la névrite vestibulaire ; une cause tumorale doit être recherchée (neurinome de
l’acoustique).
■ Patchwork de microlésions vasculaires ou neurales ampullaires et maculaires
unilatérales ou bilatérales d’origine inconnue, parfois séquelles d’une crise ayant
duré moins de 24 heures.
■ Le bilan ORL instrumental classique est décevant.
■ Le bilan du kinésithérapeute comporte l’inventaire de Norré, soit 19 prises
de position.
■ À partir de ces constatations, un programme personnalisé d’exercices est éta-
bli, que le patient doit répéter chez lui : 5 fois chaque mouvement, 2 fois par jour
(rééducation par habituation).
Chapitre 11
Vertiges itératifs
Caractéristiques de cette pathologie
■ Ce sont des crises de vertige à répétition, intenses avec nausées et vomisse-
ments séparés par des périodes de retour à la normale.
178 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Chapitre 12
Chutes de la personne âgée – Rôle
du vestibule
Bilan vestibulaire systématique dans les chutes
à répétition des personnes âgées
■ Il met en évidence une anomalie vestibulaire une fois sur trois.
■ La chute est provoquée par une réaction de déséquilibre lors de certains mouve-
ments de la tête quand l’oreille interne fournit une fausse information.
■ Les manœuvres de Dix et Hallpike doivent être systématiques car souvent, ces
patients ne se plaignent pas de vertiges positionnels.
■ Les VPPB des personnes âgées concernent souvent plusieurs canaux (canalith
jam).
■ Les tests vestibulaires à haute vitesse (HIT) sont anormaux alors que les épreuves à
basse vitesse restent normales (épreuves caloriques et giratoires).
Tester ses connaissances 179
Chapitre 13
Bilan vestibulaire du kinésithérapeute
Histoire du vertige
■ Vertige rotatoire avec nausées et vomissements.
■ Instabilité en position érigée.
■ Caractère positionnel et changements de position en cause.
■ Ancienneté du vertige : névrite récente, névrite de plus de 3 mois.
■ Vertige par crises (fréquence, durée), association à des symptômes auditifs
(Menière, neurinome), activités perturbées et métier (handicap).
Tests vestibulospinaux
■ Romberg simple : le patient doit rester debout les pieds joints pour évaluer sa
stabilité ; en cas d’asymétrie labyrinthique, le patient tombe du côté déficitaire.
■ Romberg sensibilisé : le patient monte sur un tapis mousse épais.
Tester ses connaissances 181
■ Fukuda : on fait marcher le patient sur place les yeux fermés et les bras tendus :
40 pas en levant bien les genoux ; une déviation n’est significative qu’au-delà de 30°.
■ Marche en étoile de Babinski : on fait marcher le patient les yeux fermés alter-
nativement en avant et en arrière.
■ Test giratoire horaire avec arrêt brusque pour étudier l’oreille gauche : compter
la durée des nystagmus en secondes jusqu’à extinction ; test giratoire antihoraire
pour étudier l’oreille droite.
Chapitre 14
Conduite et surveillance d’une
rééducation vestibulaire
Principes de la rééducation selon quatre processus
■ Processus d’adaptation reposant sur des exercices actifs pour reparamétrer les
structures vestibulaires restantes ou pour recréer de nouveaux circuits.
■ Processus de substitution avec recours à la vision et la proprioception pour
remplacer le vestibule.
■ Processus de sensibilisation pour améliorer la fonction vestibulaire en pertur-
bant la vision et la proprioception.
■ Processus d’habituation pour forcer le vestibule à ne pas répondre, reposant sur des
stimulations passives répétées (Norré, arrêts brusques répétés au fauteuil giratoire).
Déroulement de la rééducation
■ Choisir une méthode progressive car les patients sont fatigables.
■ Forcer la vision et la proprioception.
■ Soulager les contractures et les douleurs cervicales secondaires aux vertiges.
■ Parler, dédramatiser et redonner confiance en soi.
■ Évaluer, féliciter même pour les petits progrès.
Objectifs à fixer
■ Pouvoir stabiliser le regard : lire un texte tout en oscillant la tête.
■ Pouvoir marcher droit devant soi dans la lumière et dans l’obscurité.
■ Pouvoir tourner en rond sans embardée.
■ Pouvoir rechercher des cibles situées derrière soi.
■ Pouvoir faire ses courses dans les grandes surfaces.
182 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Évolution favorable
■ Disparition des sensations vertigineuses et des nausées.
■ Disparition des déviations axiales.
■ Disparition des nystagmus sous lunette de Frenzel.
■ Disparition des déséquilibres aux mouvements brusques de la tête.
■ Reprise du sport et du travail comme avant.
Facteurs pronostiques
■ Précocité de la prise en charge.
■ Âge : meilleure plasticité chez le sujet jeune.
■ Type de lésion : dans le neurinome du VIII, la compensation se fait au fur et à
mesure.
■ Dans la maladie de Menière, la compensation n’a pas le temps de s’installer.
■ Facteurs de mauvais pronostic : polytraumatismes, erreurs médicamenteuses
(sédatifs), lésions associées (oculaires, orthopédiques, centrales et névrotiques).
Chapitre 15
Pièges de la pathologie vestibulaire
centrale
Infarctus latérobulbaire et cérébelleux
■ Syndrome de Wallenberg et infarctus dans le territoire de l’artère cérébelleuse
antéro-inférieure.
■ Vertiges prémonitoires survenant dans les mois précédant un authentique
accident vasculaire.
Tester ses connaissances 183
Hématome cérébelleux
■ Concerne les services ORL hospitaliers.
■ Les patients sont hospitalisés par le service des urgences pour névrite vestibulaire.
■ À la contrevisite, l’infirmier signale que le patient a des propos incohérents.
■ Apparition secondaire de troubles de la conscience.
■ Réfuter le diagnostic de névrite vestibulaire et suspecter une pathologie centrale.
17
Histoires cliniques
Histoire 1
Un trop beau VPPB
Une patiente de 47 ans a consulté pour une symptomatologie type VPPB depuis
48 heures. Elle se plaignait essentiellement de vertiges rotatoires peu intenses,
durant quelques secondes mais avec de fortes nausées survenant au lever, au
coucher et en se retournant dans son lit. L’examen n’a montré aucun nystagmus
spontané. La manœuvre de Dix et Hallpike gauche a déclenché un violent nys-
tagmus horizontal droit (agéotropique) sans temps de latence et très prolongé :
≥ 2 minutes. Le vertige contemporain était modéré et il a fallu questionner la
patiente pour qu’elle reconnaisse présenter une certaine sensation rotatoire. En
restant en décubitus dorsal, la rotation lente de la tête vers la droite déclenchait
cette fois un nystagmus horizontal gauche (encore agéotropique). Lorsque l’on
tournait à nouveau très lentement la tête de la patiente vers la gauche, le nys-
tagmus horizontal droit agéotropique durant encore plusieurs minutes réappa-
raissait. Il n’y avait aucun signe cérébelleux. L’audiogramme était normal. Dans les
antécédents, on trouvait seulement un épisode d’instabilité de quelques jours avec
céphalées, 10 ans auparavant.
L’électronystagmographie (ENG) (figure 17.1) faite le lendemain a montré un
nystagmus horizontal droit en latéroflexion gauche (LFG) et en décubitus latéral
gauche (DLG) qui ne s’accompagnait que d’un discret vertige. En LFD et en DLD,
le nystagmus horizontal devenait gauche. Il n’y avait aucun nystagmus en relevant
la malade. Le reste de l’ENG était normal, y compris les épreuves caloriques et les
épreuves rotatoires.
En conclusion, cette patiente semblait présenter le tableau d’un VPPB du canal
latéral de type agéotropique. On est resté surpris par son apparition si brutale,
contrastant avec un vertige simultané très faible. Une IRM a donc été demandée,
qui a révélé un petit cavernome situé entre l’hémisphère cérébelleux droit et le
vermis qui avait saigné (figure 17.2). L’épisode vertigineux datant de plus de 10 ans
correspondait vraisemblablement à un premier saignement. La patiente a été opé-
rée en stéréotaxie avec succès. Rappelons que le cervelet est capable d’utiliser des
informations otolithiques pour générer un nystagmus…
Guide pratique de rééducation vestibulaire
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186 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Histoire 2
Coton-tige et vertiges
L’accident est classique. La salle de bains est étroite. « Il » ou « elle » récure conscien-
cieusement son conduit auditif externe avec un coton-tige. Le conjoint pressé ouvre
la porte brutalement, heurtant le coude du bras qui tient le coton-tige. La douleur est
atroce. La surdité est immédiate et bientôt apparaissent des vertiges. L’oreille saigne.
La surdité est fluctuante avec des bruits hydriques. Les vertiges varient avec la position
du corps et le côté du décubitus. L’otoscopie est quasi impossible du fait de l’otorragie.
C’est une urgence. L’exploration chirurgicale découvre : une plaie du conduit auditif
externe (figure 17.3), une perforation tympanique dans le quart postérosupérieur du
tympan, une luxation et une fracture de la platine de l’étrier avec fuite de périlymphe.
Parfois un simple colmatage suffit à empêcher l’évolution vers la perte totale de l’audi-
tion et une stapédectomie avec obturation de la fenêtre ovale par une greffe d’aponé-
vrose temporale permet d’enrayer cette évolution.
Mieux vaut éviter les cotons-tiges.
Histoire 3
Névrite vestibulaire ou infarctus cérébelleux ?
Les services d’urgences sont concernés par ces patients qu’on leur amène allongés sur
un brancard, incapables de se lever, un haricot placé à côté d’eux pour parer aux vomis-
sements. Dans les premières heures, il faut distinguer une névrite vestibulaire d’un acci-
dent vasculaire cérébelleux ou du tronc cérébral et répondre à ces trois questions :
1. Y a-t-il un nystagmus horizontal rotatoire ?
2. Y a-t-il des signes neurologiques ?
3. Y a-t-il un syndrome vestibulaire déficitaire unilatéral ?
Figure 17.3 Plaie du conduit auditif externe gauche par coton-tige ayant retroussé
la peau jusqu’au tympan.
Source : Sauvage JP. Guide d’ORL – Clinique et thérapeutique. © 2016 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
188 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Après avoir répondu à ces trois questions, on peut choisir d’envoyer ou non le
patient à l’imagerie pour une IRM de diffusion.
■ Le nystagmus spontané doit être recherché en faisant regarder au plafond pour
supprimer la fixation.
■ L’examen neurologique complet est excessif. En l’occurrence, il faut surtout
demander s’il y a une dysphonie ou une dysphagie et rechercher des signes céré-
belleux ou une atteinte des nerfs crâniens.
■ En revanche, un déficit vestibulaire unilatéral peut être recherché à mains nues :
1. faire fixer au patient le nez du praticien au cours de petites rotations
rapides de la tête et noter, dans la direction opposée au nystagmus spon-
tané, l’existence de petites secousses de rattrapage (test impulsionnel
céphalique angulaire – HIT) ;
2. imprimer une dizaine de rotations rapides la tête dans les deux sens (head
shaking test) et noter s’il y a une amplification du nystagmus spontané ;
3. appliquer des vibrations osseuses sur les mastoïdes (test vibratoire osseux)
et constater une amplification du nystagmus spontané.
Si tout concorde : par exemple un nystagmus spontané gauche, amplifié par le head
shaking test et le test vibratoire et d’autre part des secousses de rattrapage dans la
rotation gauche au test impulsionnel : il n’y a plus qu’à hospitaliser ce patient en
ORL en demandant que l’on convoque le kinésithérapeute aussi vite que possible.
S’il n’a pas été observé de nystagmus spontané horizontal rotatoire unidirection-
nel, si les trois tests précédents sont négatifs et si le patient est complètement désé-
quilibré, alors c’est un bon candidat pour l’imagerie.
Bien sûr, il y a quelques pièges, sinon, la médecine ne serait pas un art.
Histoire 4
Détour par l’ORL
Une patiente de 36 ans, adressée aux urgences pour vertiges, a été hospitalisée
en ORL sur la foi d’un scanner normal. Elle avait présenté, une semaine aupara-
vant, un premier épisode de vertige ayant duré quelques minutes suivi d’un malaise
d’une heure avec nausées, douleurs latérocervicales droites et parésies dans la main
droite. Dans la semaine précédente, il y a eu trois épisodes semblables. Depuis
48 heures, elle était instable avec algies cervicales droites croissantes. L’otoscopie
était normale et il n’y avait ni nystagmus spontané, ni nystagmus positionnel. Le
head shaking ne provoquait aucun nystagmus. Toutefois, l’interne qui l’a examinée
a été frappé par l’importance de l’instabilité posturale car la patiente tombait dès
que l’on tentait de la faire lever avec élargissement du polygone de sustentation
et latéropulsion droite. Il a fait appel à un neurologue complaisant qui a été alerté
par l’importance de l’instabilité et des douleurs cervicales. Une IRM a été réalisée
en urgence. En séquence Flair (fluid attenuation inversion recovery) a été repérée
une minuscule zone sur la partie latérale du plancher du IVe ventricule témoi-
gnant d’un infarcissement datant probablement de plusieurs jours (figure 17.4).
Une séquence de diffusion a éclairé cette zone témoignant d’un œdème persistant.
Histoires cliniques 189
Histoire 5
Se méfier d’un nystagmus vertical inférieur pur à la manœuvre de Dix et
Hallpike
Les vertiges positionnels paroxystiques bénins du canal semi-circulaire antérieur
sont rares. Le diagnostic repose sur la découverte à la manœuvre de Dix et Hallpike
d’un nystagmus dont la composante rapide est verticale inférieure et torsionnelle
[1]. Une difficulté est que le canal antérieur gauche est interrogé en faisant une
manœuvre de Dix et Hallpike à la recherche d’une canalolithiase du canal posté-
rieur droit. En cas de canalolithiase du canal antérieur gauche, la réponse serait
alors un nystagmus dont la composante rapide est verticale inférieure mais aussi
horaire (du point de vue de l’observateur) au lieu d’être antihoraire comme si
c’était une réponse du canal postérieur droit.
190 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Trijolet et al. ont rapporté le cas d’une jeune patiente de 30 ans, qui présentait un vertige
positionnel paroxystique (c’est-à-dire survenant par crises) depuis plus d’un an [2]. Des
manœuvres dites « libératoires » avaient été effectuées sans succès. La manœuvre de Dix et
Hallpike droite mettait en évidence un nystagmus provoqué vertical inférieur pur survenant
sans latence et prolongé. Il n’y avait pas d’inversion au retour à la position assise. L’audition et
les épreuves caloriques étaient normales. Un nystagmus vertical inférieur pur étant insuffi-
sant pour affirmer la présence d’une canalolithiase du canal antérieur, une origine centrale a
été suspectée et une IRM avec injection demandée. Elle a révélé une masse kystique compri-
mant le IVe ventricule. Après exérèse neurochirurgicale, l’anatomopathologie a conclu qu’il
s’agissait d’un kyste dermoïde du IVe ventricule. En postopératoire, tous les vertiges ont dis-
paru. Les auteurs insistent sur le fait qu’il faut se méfier en cas de nystagmus provoqué ver-
tical inférieur pur, souvent central, surtout lorsque le nystagmus ne présente pas de latence,
qu’il est inépuisable ou prolongé au-delà d’une minute, qu’il ne s’inverse par au retour en
position assise et que le vertige l’accompagnant est faible.
Histoire 6
À chacun ses nystagmus
Tous les nystagmus ne sont pas vestibulaires : il faut en laisser aux ophtalmologues.
Habituellement, on ne peut pas se tromper car le nystagmus congénital essentiel
donne un nystagmus horizontal pendulaire dans toutes les directions du regard, y
compris dans le regard vers le haut ou le bas. Mais il peut être aussi à ressort et le
patient peut ignorer son état.
■ Premier piège : un déficit visuel perceptif peut induire un nystagmus. Une
consultation ophtalmologique est indispensable si le patient n’est pas déjà suivi.
■ Deuxième piège : certains nystagmus congénitaux peuvent rester longtemps
méconnus parce qu’une adaptation se développe au cours de la maturation
visuelle. Le cerveau stabilise l’image en déclenchant de petites saccades rame-
nant sans cesse l’image fixée sur la fovéa et en prélevant des instantanés dès
qu’elle se projette dessus. Une désadaptation soudaine peut alors survenir à
l’occasion d’un traumatisme crânien, d’un traitement sédatif ou d’un épisode
fébrile et c’est peut-être à cette occasion qu’on l’observera.
■ Troisième piège : certains nystagmus congénitaux n’apparaissent qu’en fixation
monoculaire (comme au cours d’une VNG). C’est un nystagmus à ressort dit
« latent » qui bat dans la direction de l’œil fixateur. Il peut être méconnu jusqu’à ce
que soit pratiqué un examen ophtalmologique évaluant chaque œil séparément.
On reconnaît le caractère congénital à quelques traits :
■ l’absence d’oscillopsies malgré l’importante amplitude du nystagmus (les nys-
tagmus pendulaires acquis sont très mal supportés) ;
■ la persistance du sens horizontal du nystagmus dans le regard vers le haut (un
nystagmus vertical imposerait la pratique d’une imagerie) ;
■ l’augmentation de la fréquence du nystagmus lors de la fixation au loin ;
■ l’association à des oscillations de la tête ou à un léger torticolis présent depuis
l’enfance…
Bonne chance !
Histoires cliniques 191
Histoire 7
Relations entre vertige et migraine
La migraine pourrait être la deuxième cause de vertige après les VPPB. Même si cette
opinion n’est pas partagée par tous les auteurs, la conviction qu’il y a une relation forte
entre migraine et vertige se renforce progressivement. La notion de « vertige migrai-
neux » ou « vestibulopathie migraineuse » ou encore « migraine vestibulaire » repose
sur le concept que la « marche migraineuse » pourrait se développer vers le tronc céré-
bral au lieu de se faire d’arrière en avant, c’est-à-dire du cortex visuel au cortex sensi-
tif puis phasique. Il existe quatre tableaux cliniques dont seuls les deux premiers sont
reconnus par l’International headache society.
1. La crise vertigineuse appartient à l’aura d’une migraine basilaire.
2. Le vertige paroxystique bénin de l’enfant est un équivalent migraineux au même
titre que certaines douleurs abdominales.
3. Le vertige migraineux proprement dit est constitué de vertiges rotatoires épiso-
diques, de vertiges positionnels et d’accès de pseudo-ébriété qui sont différents
des auras migraineuses. Le diagnostic repose sur la coexistence d’au moins une
crise de vertiges avec des symptômes migraineux typiques survenant sur un ter-
rain migraineux personnel et familial. L’idéal est d’enregistrer des nystagmus de
type central au cours de la crise. Il convient surtout d’éliminer une autre cause
par l’examen neurologique et le bilan ORL.
4. Enfin, certains états migraineux sont susceptibles de retentir directement sur
l’oreille interne et d’induire un VPPB classique ou de mimer les stades précoces
de la maladie de Menière avec ses symptômes auditifs, sa plénitude de l’oreille,
ses acouphènes et son hypoacousie fluctuante sur les fréquences graves.
Malheureusement, il n’existe pas de test objectif permettant de prouver la respon-
sabilité de la migraine. Seule l’efficacité des traitements antimigraineux agissant en
même temps sur les vertiges peut emporter la conviction.
Histoire 8
VPPB et VTT
Dans tous les pays montagneux, s’est développé un sport où des VTTistes témé-
raires dégringolent les sentiers de montagne à toute allure et sautent de rocher
en rocher dans de spectaculaires compétitions. Un article décrit le cas de 4 sujets
qui se sont présentés dans le service ORL de Berne avec une symptomatologie de
VPPB apparue quelques heures après une telle course en montagne mais pas plus
éprouvante que d’habitude et en tout cas sans chute ni traumatisme crânien [3]. Il
s’agissait de vertiges déclenchés par le fait de lever la tête, de se coucher ou de se
retourner dans le lit. L’un d’entre eux ne pouvait dormir que la tête surélevée par
3 ou 4 oreillers. Ils présentaient tous une manœuvre de Dix et Hallpike positive
d’un côté avec nystagmus torsionnel associé à un nystagmus horizontal géotro-
pique caractéristique de l’association d’un VPPB du canal postérieur et d’un VPPB
du canal horizontal ipsilatéral. Pour l’un de ces patients, les vertiges étaient apparus
plusieurs fois dans les mêmes conditions. Deux d’entre eux ont été traités par des
manœuvres de Sémont. Les deux autres ont guéri spontanément.
192 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Les traumatismes crâniens sont une cause classique de VPPB [4], souvent multica-
nalaire. Qu’en est-il des vibrations, des chocs et des traumatismes cervicaux subis
par ces audacieux sportifs du fait de l’inertie céphalique ? L’étude sur des modèles
mécaniques avec des marqueurs montre que dans un saut d’environ 38 cm, la roue,
au moment de l’impact, est soumise à une décélération de 4 g. La tête et les épaules
ne sont soumises qu’à une décélération de 2 g du fait des amortisseurs du VTT.
Les accélérations-décélérations auxquelles sont soumis les organes otolithiques
sont équivalentes à de multiples « coups du lapin ». Il y a donc lieu de penser que
les otolithes finissent par être arrachés des macules pour constituer des canaloli-
thiases multiples.
Histoire 9
Vertiges de l’été
L’été, il n’y a pas que le vertige de l’amour. L’oreille interne, elle aussi, part en
vacances. Dans les bagages de l’estivant, il y a parfois déjà une oreille malade et
donc un vertige en puissance. Ailleurs, ce sont les mauvaises rencontres qu’il faut
craindre : virus et bactéries. Le choix des loisirs implique aussi de choisir son vertige.
L’accident classique est celui des patients ayant une otite chronique. Une poussée
de labyrinthite peut survenir à l’occasion d’une baignade. C’est souvent la circons-
tance de découverte d’une otite chronique cholestéatomateuse. Tout autre est le
vertige du baigneur en eau froide lorsqu’un tympan est percé d’un côté, réalisant
une véritable épreuve calorique.
Il y a encore les vertiges épidémiques dont la preuve de l’origine virale n’est pas tou-
jours facile à établir. Bien que ces épidémies soient plus fréquentes au printemps et à
l’automne, il est parfaitement possible de les rencontrer en plein été. On peut en rap-
procher la maladie de Lyme, les rickettsioses et le typhus des promiscuités estivales.
La plongée sous-marine est certainement le sport où l’oreille est la plus menacée,
tant dans sa partie moyenne qu’interne : otite barotraumatique, coup de piston
de l’étrier, forçage cérébrospinal responsables de fuites périlymphatiques et, à la
remontée : vertige alternobarique ou accident de décompression.
N’oublions pas non plus que dans le coup de chaleur, le vertige associé aux cépha-
lées est le principal signe d’alarme de l’hyperpyrexie dangereuse.
Enfin, le retour ne va pas sans quelques troubles de l’équilibre. Dans le mal
de débarquement, après une longue croisière, dès qu’elle est à terre, l’oreille
interne se croit encore en bateau. La reprise de travail ne va pas non plus sans
les vertiges de l’angoisse et de la dépression réactionnelle à l’idée de retrouver
son supérieur, ses collègues et/ou ses clients.
Histoire 10
Agoraphobie n’est pas folie
En présence d’une personnalité névrotique, la tentation est d’évoquer un vertige
psychogénique. Certains sujets sont agoraphobiques parce qu’ils se sentent ébrieux
dans certaines circonstances visuelles, par exemple : traversées de grands espaces,
Histoires cliniques 193
lumières scintillantes des supermarchés, certains ciels nuageux, arbres couchés par
le vent, circulation sur une route plantées d’arbres et ensoleillée. Il s’agit soit de
perte de repères, soit de stimulations optocinétiques intenses interprétées comme
un mouvement de soi.
Tous ces patients ne sont pas des malades psychiatriques.
On peut d’abord considérer qu’il s’agit de conflits sensoriels entre les appareils
vestibulaires et visuels par sursimulations visuelles entraînant des nausées compa-
rables au mal de mer. Dans le terrain migraineux, il existe ainsi des hypersensibili-
tés expliquant la photophobie, la phonophobie et le mal des transports dont ces
sujets sont classiquement atteints.
D’autres patients présentent une authentique lésion vestibulaire bien compen-
sée. Mais cette compensation se fait par des substitutions visuelles. Ils sont donc
beaucoup plus sensibles aux anomalies qu’apportent ces stimuli. Il y a dépendance
visuelle.
On a décrit le syndrome de désorientation de l’automobiliste. Les personnes concer-
nées racontent que, surtout sur autoroute, elles ont l’impression que leur auto
s’incline, change de trajectoire et n’obéit plus aux commandes. L’épisode se déroule
souvent au sommet d’une côte ou à l’occasion d’un dépassement alors qu’elles
n’avaient plus de repères visuels. Il peut aussi s’agir de la négociation d’une courbe
ou de la rotation autour d’un rond-point alors que la force centrifuge agissait sur
les otolithes. Là encore, on peut se trouver devant une authentique lésion vestibu-
laire plus ou moins bien compensée. C’est qu’en effet, la posture non physiologique
de la conduite automobile exacerbe les anomalies d’une asymétrie vestibulaire du
fait d’une déprivation sensorielle liée à l’absence de sensations proprioceptives
(coussins mous, voire agités de vibrations).
En revanche, s’il n’y a aucun antécédent vestibulaire et peu de sensations d’incli-
naison et de déviation, il faut rechercher des arguments en faveur d’une crise de
panique : paresthésies périorales et sensation d’oppression thoracique.
Histoire 11
Plaidoyer pour le vertige cinétique
Le vertige cinétique serait un vertige ressenti au cours du mouvement. Pour les
puristes, ce n’est pas un vertige car il n’y a pas d’illusion de mouvement. On reste
donc dans le domaine de l’oscillopsie. Pourtant, ce sont des manifestations orphe-
lines fréquentes d’un dysfonctionnement caché du réflexe vestibulo-oculaire. Aux
antipodes du grand vertige rotatoire spontané, ce sont des symptômes du stade
compensé : brefs flous visuels, brusques impressions de décrochage du regard
interprétées par le patient comme de soudaines pertes d’équilibre. Leur survenue
en traversant une rue et en tournant vivement la tête à gauche et à droite pour
vérifier que la voie est libre est une circonstance évocatrice.
Le schéma universitaire serait une illusion de scène visuelle qui bouge en marchant.
Mais combien de patients entrent dans ce tableau convenu ? Même si dans la plu-
part des cas, l’examen clinique ou instrumental objective un déficit vestibulaire
194 Guide pratique de rééducation vestibulaire
unilatéral sévère, les oscillopsies restent à l’état abortif. C’est que le patient utilise
une stratégie d’évitement, ou une stratégie de substitution par des saccades d’anti-
cipation ou par son système de poursuite oculaire. Ainsi, sa plainte reste faible en
dépit d’un déficit vestibulaire majeur. L’épreuve calorique peut rester muette car
ne testant que le canal latéral. C’est dans cette circonstance que le test d’acuité visuelle
dynamique prend tout son intérêt en révélant une symptomatologie visuelle latente
(cf. diapositives 9-5 et 9-7).
Ainsi, gardons les oscillopsies pour ce qu’elles sont et vive le vertige cinétique qui
survient lors du mouvement, aux côtés de ses complices : le vertige de positionne-
ment qui apparaît transitoirement après le mouvement et le vertige de position
qui dure tant que la position est maintenue. Restent le vertige des hauteurs et le
vertige de l’amour, mais ceci est une autre histoire.
Histoire 12
Vertiges et cancer
Les cancers ORL ont une extension locorégionale qui peut suivre les voies ner-
veuses en empruntant les canaux et les trous des nerfs crâniens. C’est surtout vrai
pour les cylindromes et les adénocarcinomes.
Une patiente âgée de 64 ans s’est présentée avec une paralysie faciale gauche
incomplète d’apparition progressive. L’examen ORL a retrouvé la cause en palpant
un nodule ferme, infiltrant la peau, situé dans la parotide juste à l’émergence du nerf
facial au niveau du trou stylomastoïdien gauche. C’était un adénocarcinome qui
a nécessité une parotidectomie totale avec sacrifice du nerf facial et un curage
ganglionnaire qui s’est avéré positif. Une radiothérapie a complété la chirurgie.
La réhabilitation de la paralysie faciale a occupé tous les mois suivants. Après
plus d’un an, la patiente s’est plainte d’une baisse d’audition du côté gauche
avec vertiges. Un scanner de l’os temporal gauche a été considéré comme nor-
mal. Ces troubles ont été mis sur le compte de l’irradiation de l’oreille interne.
Mais, 5 mois après, la surdité gauche est devenue totale. La radiothérapie a encore été
incriminée. Puis, presque 3 ans après la chirurgie initiale, une instabilité chronique inva-
lidante s’est installée. Les épreuves caloriques ont montré une aréflexie gauche avec un
discret nystagmus spontané horizontal gauche prenant une forte composante verticale
supérieure dans la position de Rose, en rétroflexion et en se relevant. L’IRM a montré
que le conduit auditif interne était rempli par une masse qui débordait dans la fosse
postérieure (figure 17.5). Une exploration du conduit auditif interne a été réali-
sée par voie translabyrinthique et la biopsie a confirmé qu’il s’agissait bien de
l’adénocarcinome initial.
En reprenant le scanner de l’année précédente, on s’est aperçu qu’on n’avait pas
noté l’élargissement de la première portion de l’aqueduc de Fallope gauche. Le can-
cer avait donc remonté le nerf facial, puis occupé tout le conduit auditif interne et
détruit le paquet acoustique. Enfin, il avait atteint la fosse postérieure en donnant
des signes vestibulaires centraux. La patiente est décédée au cours de la 5e année
postopératoire.
Histoires cliniques 195
A B
Figure 17.5 Scanner : envahissement du conduit auditif interne, coupes axiale (A)
et coronale (B).
Histoire 13
L’interne avait-elle eu la berlue ?
Une patiente de 75 ans aux antécédents d’hypertension artérielle et de rectocolite
hémorragique récemment en poussée a brutalement présenté un vertige rotatoire
intense avec instabilité. Dans la nuit, les vertiges se sont aggravés avec vomisse-
ments et diarrhée. Adressée aux urgences, elle était incapable de tenir debout.
L’examen neurologique était normal. L’interne d’ORL a observé sous lunette de
Frenzel un nystagmus horizontal rotatoire gauche dans le décubitus latéral droit.
Les index déviaient à droite. La patiente a logiquement été hospitalisée avec le dia-
gnostic de névrite vestibulaire droite.
La surprise a été qu’au matin, les épreuves caloriques n’ont montré qu’un léger
déficit calorique droit de 15 % (figure 17.6) et qu’en VNG, on a eu la surprise d’enre-
gistrer un nystagmus horizontal spontané droit de degré II dans l’obscurité au lieu
et place du nystagmus gauche observé la nuit précédente (figure 17.7). Ce nystag-
mus horizontal droit était encore retrouvé dans l’antéflexion de la tête et dans la
latéroflexion gauche où il devenait aussi vertical inférieur (figure 17.8). Enfin, les
stimulations vibratoires mastoïdiennes déclenchaient aussi des deux côtés un nys-
tagmus horizontal droit. Tout se passait donc comme si en position assise, on était
en présence d’un déficit vestibulaire gauche.
■ Alors, l’interne avait-elle eu la berlue ? Et bien non ! En effet, en décubitus
dorsal, latéral droit et lors du redressement, le nystagmus devenait vertical
supérieur avec une composante horizontale gauche très nette (figure 17.9).
Tout se passait donc comme si en décubitus dorsal, on était en présence
d’un déficit vestibulaire droit.
■ Tout a régressé en 5 à 6 jours.
■ Quelques jours après, l’IRM a montré une ectasie anévrismale de la terminaison du
tronc basilaire estimée à 5,6 mm (figure 17.10). En cas d’antécédents de rectocolite
hémorragique et plus généralement dans les pathologies inflammatoires intesti-
nales, on sait que les accidents vasculaires cérébraux et les vascularites sont plus
fréquents [5].
196 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Vitesses lentes
204 s
Figure 17.7 Nystagmus spontané droit dans l’obscurité et le regard médian (dans
le cadre vert, on trouve les autres positions du regard le patient étant assis).
Histoires cliniques 197
Figure 17.8 Nystagmus droit en latéroflexion gauche (dans le cadre, on trouve les
autres positions de la tête le patient étant assis).
En conclusion, cette patiente a présenté une vascularite du tronc basilaire avec isché-
mie hémodynamique bilatérale et partielle dans le territoire des deux artères labyrin-
thiques. En position érigée, le déficit hémodynamique portait sur le vestibule gauche,
surtout sur le canal horizontal et le canal antérieur. En décubitus dorsal, le déficit hémo-
dynamique portait sur le côté droit avec en plus une ischémie sur l’artère vestibulaire
postérieure avec atteinte du canal postérieur gauche s’exprimant par des nystagmus
verticaux supérieurs. Malheureusement, on ne dispose pas en VNG des composantes
torsionnelles, ce qui nous aurait aidés à préciser à chaque fois les côtés atteints.
198 Guide pratique de rééducation vestibulaire
A B
Depuis un an, la patiente a cumulé les poussées de rectocolite. Elle a encore pré-
senté deux épisodes d’instabilité de plusieurs jours. Puis, malgré le traitement anti-
coagulant, est apparue une instabilité systématique lorsqu’elle se levait trop bruta-
lement. L’histoire n’est certainement pas finie.
Histoire 14
Mélange implosant
Un patient âgé de 62 ans nous a été adressé pour grands vertiges aigus rotatoires
survenant depuis 2 ans. Chaque crise l’obligeait à arrêter son activité, voire à se cou-
cher en attendant que tout disparaisse. Dans le courrier du médecin traitant, on a
appris que l’examen cardiaque était normal ainsi que le doppler. L’IRM ne montrait
pas de processus expansif de la fosse postérieure. Son seul antécédent était une
hypertension artérielle traitée par Célectol® (céliprolol) et Zanidip® (lercanidipine).
Ce patient avait déjà consulté un ORL : l’audiogramme et la VNG avec épreuves
caloriques et giratoires étaient normaux.
L’interrogatoire a révélé que l’épisode de vertige rotatoire initial était survenu au
cours d’un déjeuner « arrosé ». Il s’était effondré en se levant pour aller chercher un
plat. Tous les vertiges survenus depuis étaient brefs, ne duraient que 1 à 2 secondes
mais étaient systématiquement suivis de syncope. Le patient se réveillait dès qu’il
atteignait la position allongée. Ces épisodes survenaient aussi en sortant de sa voi-
ture, en tordant le cou pour faire un créneau, en se relevant brutalement après
avoir travaillé à genoux dans son jardin.
En VNS, il n’y avait qu’un discret nystagmus vertical inférieur sans vertige dans les
positions en décubitus. Couché, la pression artérielle était à 130/80 mmHg et le
pouls à 75 aux bras droit et gauche. Immédiatement après le lever, la pression arté-
rielle s’élevait à 150/90 mmHg et le pouls à 80 au bras droit et 160/90 mmHg avec
un pouls à 83 au bras gauche. Après 10 minutes de station debout, la pression arté-
rielle retombait à 130/80 mmHg. Le patient à qui on a alors demandé s’il se sentait
Histoires cliniques 199
bien nous a répondu qu’il ne risquait rien car il était 17 h et que tous les vertiges
avec malaises survenaient le matin.
L’examen de l’ordonnance de son médecin a révélé qu’il prenait trois médicaments
le matin :
1. de la tamsulosine LP (Omix®), indiquée pour les symptômes fonctionnels de
l’hypertrophie prostatique : un comprimé à la fin du petit-déjeuner. L’effet
indésirable majeur de ce médicament est l’hypotension orthostatique pouvant
conduire à des syncopes ;
2. de plus, cet effet était potentialisé par un antihypertenseur antagoniste du calcium :
la lercanidipine (Zanidip®) qui s’administre aussi au petit-déjeuner ;
3. enfin, l’effet hypotenseur de la lercanidipine était potentialisé par l’association
d’un bêtabloquant : le céliprolol (Célectol®) qui s’administre de préférence avant
le petit-déjeuner.
Ainsi, ces trois comprimés pris le matin avant 9 h potentialisaient leurs effets hypo-
tenseurs jusqu’en début d’après-midi, surtout en cas de vasodilatation abdominale
qui peut survenir au cours d’un déjeuner alcoolisé. On était donc probablement
en présence d’une hypotension orthostatique iatrogénique avec bourdonnement
d’oreille prémonitoire, vision floue, douleurs dans la nuque et le dos (coat hanger
pain) et… vertige !
On a décidé qu’il prendrait la tamsulosine LP (Omix®) le soir. Après 2 mois, les ver-
tiges et les syncopes ne se sont plus reproduits. La présence du nystagmus vertical
inférieur positionnel était plus inquiétante car elle pourrait suggérer une patholo-
gie centrale encore infraclinique du type atrophie multiple systémique fragilisant
déjà le système autonomique.
Histoire 15
Le nystagmus à l’heure de la vidéo
La VNS a changé notre façon de voir les nystagmus car sur l’écran, l’image reste
orientée de la même façon que le patient soit assis, couché ou la tête en bas. Des
expressions telles que géotropique ou antigéotropique ne vont donc plus de soi.
Pour les nystagmus rectilignes, ce n’est pas grave. Les nystagmus verticaux restent
orientés vers le haut et le bas du patient. Pour les nystagmus horizontaux, c’est
un peu plus difficile, il faut les regarder comme on regarde une radiographie pul-
monaire : un nystagmus gauche pour le malade, c’est un nystagmus droit pour
l’observateur et inversement. Mais pour le nystagmus rotatoire (ou mieux, torsion-
nel) : ça se complique. Dans le VPPB, le bon vieux nystagmus géotropique roulant
vers le bas perd de son sens. Où est donc le bas ? Certes, on pourrait revenir à
l’ancienne dénomination « nystagmus rotatoire droit ou gauche » en ne considé-
rant que la direction du pôle supérieur de l’œil. Mais quand on souhaite voir le
sens du nystagmus provoqué au cours d’une manœuvre de Dix et Hallpike chez
un malade qui crie, cligne ou ferme les yeux, c’est dans un éclair qu’il faut voir une
petite portion de l’œil qui n’est pas forcément le pôle supérieur. Alors, pourquoi
200 Guide pratique de rééducation vestibulaire
refuser les termes d’horaire et d’antihoraire ? Nous avons appris à lire l’heure depuis
l’enfance et c’est instinctif. Il suffit de retenir que les nystagmus antihoraires ne
peuvent être produits que par des canaux verticaux droits et que les nystagmus
horaires ne peuvent être produits que par des canaux verticaux gauches (phases
rapides, bien sûr). Cependant, il reste quelques esprits physiologistes chagrins qui
voudraient que le sens horaire ou antihoraire soit défini par rapport au patient et
non par rapport à l’observateur. Mais, chers collègues, comment lisez-vous l’heure
à votre bracelet-montre ? Dessus ou par en dessous du poignet ? Ne compliquons
donc pas tout, c’est déjà assez difficile !
Histoire 16
Rééducation à mains nues
Peut-on réellement penser que tous les kinésithérapeutes de France vont s’équiper
de matériels de rééducation vestibulaire à 15 000 € pièce ? Peut-on réellement penser
que seuls une vingtaine de centres en France seraient habilités à prendre les vertiges en
charge ? Ces appareils et ces investissements sont nécessaires pour comprendre ce que
l’on fait, pour mesurer notre action, pour apprendre à poser des indications. Et finale-
ment mettre au point des protocoles rationnels utilisables partout en France à la ville
comme à la campagne. Mais pour cela, il faut travailler ensemble. Il est quand même
dommage que dans le pays où a été découverte la manœuvre de Sémont, aucune étude
clinique multicentrique recevable avec groupe contrôle et évaluation des résultats en
aveugle n’ait jamais été faite pour en démontrer l’efficacité. Pour cela, il a fallu encore
compter sur les Américains et seulement pour la manœuvre d’Epley. Mais d’autres
chantiers devraient s’ouvrir. En collaboration avec les gériatres, les ORL ont un rôle
essentiel à jouer dans les vertiges, troubles de l’équilibre et chutes des personnes âgées.
Trop souvent oubliée, l’oreille interne a sa place dans le mouvement et le schéma cor-
porel. Là plus qu’ailleurs, des protocoles simples sont à tester. Mais il faut « mettre les
mains dans le cambouis », prendre les patients à bras-le-corps pour leur faire retrouver
un statut vestibulaire correct.
Sous contrôle du kinésithérapeute, les exercices sont à répéter à la maison avec
l’aide la famille : travail de l’équilibre et coordination œil-tête. Tout est objet
d’études cliniques multicentriques. Le kinésithérapeute possède un bilan qui lui est
propre et différent du bilan médical. C’est l’aptitude à mobiliser les corps avec le
petit doigt. C’est enfin une prise en main mentale du patient. Même les protocoles
de motivation sont à perfectionner et à travailler comme on travaille la publicité à
la télévision. Des résultats spectaculaires et inespérés seront obtenus à condition
que le kinésithérapeute soit présent, s’occupe physiquement de ces patients âgés
sans se contenter de les laisser seuls à attendre devant une machine.
Histoire 17
Vertige cataménial
Une patiente âgée de 38 ans a présenté depuis 3 mois, à 3 reprises, une période de
vertiges d’une dizaine de jours comportant des accès de pseudo-ébriété. Chaque
Histoires cliniques 201
période débutait 48 heures avant les règles. D’abord, apparaissaient des céphalées
frontales bilatérales, puis survenaient une crise de vertige rotatoire, des troubles
de l’équilibre et quelques nausées pendant 1 à 2 heures. Le paracétamol était inef-
ficace. Les jours suivants, apparaissaient des accès de pseudo-ébriété avec sensa-
tion d’être en bateau, sans symptômes auditifs. Dans les antécédents, il y avait une
maladie de Crohn en rémission depuis 10 ans. Le médecin traitant pensant à un
syndrome prémenstruel avait prescrit de la spironolactone sans résultats. L’IRM
récente n’a montré aucune lésion de la fosse postérieure.
Lors de l’examen, la patiente était en période prémenstruelle. Elle s’est présentée,
les yeux plissés, manifestement photophobique. L’interrogatoire a révélé qu’un dis-
positif intra-utérin avait été mis en place 6 mois auparavant car elle ne supportait
plus la contraception orale qui lui déclenchait de violentes céphalées. On a encore
noté des migraines ophtalmiques à l’adolescence et un terrain migraineux chez la
mère. En VNS et en VNG, on a trouvé un nystagmus horizontal de position dans le
décubitus latéral de type agéotropique devenant horizontal droit lors de la remise
en position érigée. À noter une composante verticale inférieure en décubitus laté-
ral droit (figures 17.11 et 17.12). Ces nystagmus étaient accompagnés de faibles
sensations vertigineuses. Un diagnostic de « vertige migraineux » a été évoqué et
un triptan prescrit.
Trois jours après, la patiente a téléphoné pour demander si elle pouvait reprendre
le Tanganil® (acétyl-leucine) car, si elle n’avait plus de céphalées, elle gardait les
sensations de tangage dans un contexte de grande fatigue. Revue en urgence, on a
constaté que le nystagmus de position avait disparu. Mais en pleine consultation,
elle a éclaté en sanglots. Elle ne dormait plus, sa vie professionnelle était précaire,
sa vie sentimentale mouvementée et la charge de ses enfants insupportable. La
prescription d’un inhibiteur spécifique de la recapture de la sérotonine a apporté
une amélioration spectaculaire. Depuis 6 mois elle n’a pris son triptan qu’occasion-
nellement.
En conclusion, la relation avec la vie génitale est classique dans la migraine cata-
méniale. Ici, on peut légitimement parler de vertige migraineux. Reste que les
symptômes n’auraient pas dû persister au-delà des règles. La présence d’un terrain
anxiodépressif est fréquent dans cette pathologie et le manque de sommeil consé-
cutif explique la prolongation des symptômes. Concernant le nystagmus de posi-
tion enregistré au cours de la crise, son caractère prolongé, l’absence de vertiges
concomitants, les changements de direction avec la position sont en faveur de son
origine centrale, ce qui est en adéquation avec la migraine.
Histoire 18
On vous l’avait déjà dit
Un patient âgé de 58 ans a présenté depuis un an une dizaine d’accès vertigineux
rotatoires intenses ne durant pas plus de 2 minutes, presque toujours précédés
d’un acouphène dans l’oreille droite. Plusieurs examens neurologiques et un bilan
cardiologique se sont avérés normaux. L’examen en VNS a mis en évidence un nys-
tagmus vertical inférieur spontané retrouvé dans toutes les prises de position et ne
changeant jamais de sens. L’audiogramme n’a montré qu’un discret scotome à la
fréquence 4 000 Hz du côté droit et une discrète surdité sur les fréquences aiguës
du côté gauche (figure 17.13). L’IRM a mis en évidence une image au niveau de la
lame tectale, latéralisée à gauche, près de la ligne médiane, intéressant le colliculus
inférieur (figure 17.14). Cette image était en hypersignal en T1, ce qui a orienté
vers une nature graisseuse. Le diagnostic le plus probable est celui d’un lipome de
la lame tectale. Cette localisation est une voie de passage pour les voies auditives,
visuelles et cérébelleuses, ce qui peut expliquer les symptômes du patient. En tout
cas, ce n’est pas une malformation vasculaire.
Le nystagmus vertical inférieur spontané est un nystagmus typique de l’origine cen-
trale. Il est souvent attribué à la malformation d’Arnold-Chiari mais il est aussi fré-
quemment retrouvé dans les lésions cérébelleuses (down beat nystagmus syndrome
où il peut d’ailleurs rester idiopathique). Les lipomes et les kystes épidermoïdes
Histoires cliniques 203
sont les plus fréquentes des tumeurs rares du conduit auditif interne et de l’angle
pontocérébelleux. Les lipomes, bien qu’étant des lésions bénignes, peuvent infiltrer
les structures nerveuses et s’avérer d’exérèse délicate. Il a été décidé d’exercer une
simple surveillance et de refaire une IRM un an plus tard pour juger de l’évolutivité.
Histoire 19
La dictature des anatomistes
À partir de quelles dates le canal semi-circulaire « horizontal » est-il devenu
« externe » puis « latéral » ? Pour Politzer (1883), prophète de l’otologie, c’était le
« canal horizontal ». Le dictionnaire usuel des sciences médicales (1892) hésita :
« … le canal externe (canal horizontal de quelques auteurs)…». Pour les anatomistes,
c’était tantôt un canal demi-circulaire « externe » (Testut, 1899), tantôt un canal
horizontal (Poirier, 1904). Baldenweck (1928) se laissa impressionner : « le canal hori-
zontal encore dit canal externe ». De Aubry (1944) à Pialoux (1957), pour les ORL, le
canal resta longtemps « horizontal ». Pourtant, les anatomistes revinrent en force :
Rouvière en 1959 avec un : « canal demi-circulaire externe », Legent (1984) et surtout
Guerrier (1988) qui enterra le canal horizontal sous les coups de la mondialisation de
l’anatomie. Dans la « nomenclature internationale », il fut rebaptisé « canal latéral ».
Pourquoi cette aversion de l’horizontalité ? Est-ce une réminiscence impudique ?
Ou réellement un contresens anatomique, au prétexte qu’on ne dort pas debout ?
Ce canal est dans un plan incliné de 30° en arrière. Mais André Thomas (1940)
avait bien montré qu’en position érigée, lorsque le regard est porté de quelques
mètres en avant, le canal horizontal devenait réellement horizontal et que c’était
là, le plan de « la piste terrestre ». Ne serait-il pas imprudent de courir dans la
forêt en regardant l’horizon sans voir le tronc d’arbre sur lequel on va s’affaler ? Ce
canal doit bien avoir quelque chose de spécial puisqu’au cours de l’évolution, il est
apparu plus tard que les canaux verticaux (chez les chondrichtyens ou poissons
cartilagineux). Ce sont les canaux semi-circulaires horizontaux qui sont stimulés
quand on traverse la rue et ce sont les canaux semi-circulaires verticaux qui sont
204 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Histoire 20
VPPB : faut-il prendre des précautions après les manœuvres ?
L’objectif d’une méta-analyse [6] a été de savoir si la prescription de précautions
(restrictions) après les manœuvres thérapeutiques effectuées pour VPPB augmen-
tait l’efficacité dans les suites immédiates. Les auteurs ont réalisé cette méta-analyse
à partir de 6 études regroupant 523 patients ayant été traités pour VPPB unilaté-
ral du canal postérieur objectivé par une manœuvre de Dix et Hallpike positive.
Ces 6 études ont été choisies parmi 158 études en langue anglaise traitant de la
question. Les critères de choix étaient les suivants : pas de forme multicanalaire,
la manœuvre thérapeutique utilisée devait être soit une manœuvre de Sémont,
soit une manœuvre d’Epley, l’efficacité devait être objectivée par une manœuvre
de Dix et Hallpike négative, l’étude devait comporter deux groupes : un à qui l’on
prescrivait des « restrictions » pendant quelques jours après la manœuvre théra-
peutique et l’autre pas ! Les restrictions prescrites étaient « ne pas lever la tête »
dans toutes les études. Étaient associés : « éviter » les rotations de la tête (5 études),
éviter le coucher sur le côté atteint (4 études), ou encore l’obligation de porter une
minerve souple (2 études). La durée de ces restrictions variait de 1 à 7 jours.
L’âge variait de 22 à 88 ans avec une moyenne de 54,5 ans et le sex-ratio était de
2 femmes pour un homme. Le suivi moyen était de 3 à 7 jours avec une moyenne
de 5,5 jours. Toutes les études utilisaient au moins deux types de restriction. L’effi-
cacité globale a été de 88,5 % pour le groupe « avec restrictions » et de 83,6 %
pour le groupe « sans restrictions ». Le résultat n’était donc pas significativement
influencé, qu’il y ait eu ou non prescription de restrictions tout type confondu.
L’analyse ne trouve pas non plus de différence significative entre les divers types de
restriction. Le port d’une minerve élève le taux d’efficacité à 90,7 % mais ce n’est
pas non plus significatif.
En conclusion, pour les auteurs, cette absence de différence tient au fait qu’en
pratique, pour les patients, ces restrictions sont inapplicables, sauf peut-être la
minerve.
Histoire 21
Vertiges allergiques ?
Le patient a toujours raison mais comment garder son calme devant une personne
qui réclame une désensibilisation pour ses vertiges ? Cette année-là, lors des aller-
gies habituelles de printemps de ce patient, les éternuements lui déclenchaient un
vertige violent mais bref avec, en même temps, une sensation de pesanteur du côté
gauche. Il n’avait pas fait la relation avec le très grand vertige rotatoire qu’il avait
206 Guide pratique de rééducation vestibulaire
présenté fin janvier et qui l’avait obligé à s’aliter pendant 10 jours. La régression
avait été progressive avec vertiges positionnels résiduels.
La VNS a montré un nystagmus très net, battant du côté gauche sauf lors du head
shaking où il devenait droit. On a alors invoqué qu’il avait d’abord présenté une
névrite vestibulaire gauche (nystagmus droit au head shaking) qui avait ensuite
évolué vers un hydrops labyrinthique gauche avec un nystagmus battant vers le
côté atteint : recovery nystagmus gauche.
Ce recovery nystagmus ou « nystagmus de récupération » (Mac Lure, 1978) fait
partie des discussions et des polémiques qui font le charme de la pathologie vesti-
bulaire. Ainsi dans cette hypothèse, chez ce patient, les vertiges déclenchés par les
éternuements représentent le signe de Hennebert, c’est-à-dire un vertige déclen-
ché par une hyperpression : le transfert d’un coup de pression passant de la caisse
du tympan à l’oreille interne. Par exemple, en cas de fistule labyrinthique post-
traumatique, un nystagmus peut être déclenché par la simple compression digitale
du conduit auditif externe. Ce signe est aussi rencontré dans certaines maladies de
Menière en crise.
Une autre explication pourrait être le phénomène de Bechterew (1883). La destruc-
tion des organes vestibulaires du côté gauche d’un animal entraîne un nystagmus
droit (controlatéral) et une déviation du corps gauche (ipsilatérale). Ce nystagmus
disparaît en quelques jours par compensation centrale. Dans un deuxième temps, si
l’on détruit ses organes vestibulaires du côté droit, il apparaît un nystagmus gauche
(controlatéral) et une déviation corporelle droite (ipsilatérale). Pourtant, l’animal
n’a plus aucun vestibule. Ce fait expérimental est la preuve du phénomène de com-
pensation centrale d’un déficit vestibulaire unilatéral. Certes, il peut se rencontrer
en cas de maladie de Menière bilatérale mais ce n’était pas le cas de notre patient.
Revenons à notre patient allergique. Il a finalement été pratiquement soulagé et a
repris la conduite automobile.
En conclusion, lorsqu’un nystagmus bat en sens inverse de ce que l’on attend, le
spécialiste trouve toujours une bonne raison.
Histoire 22
Ces cas qui pourraient nous empêcher de dormir
Un patient âgé de 78 ans a consulté pour des crises de vertige dont une en voiture
alors que son épouse conduisait. Il a eu l’impression d’être culbuté en avant pen-
dant 30 secondes. Un autre épisode était survenu alors qu’il était assis sans bouger.
Cette fois-là, il s’était senti tourner horizontalement, pendant 30 secondes. Il ne se
rappelle plus avoir exécuté un mouvement de tête avant l’apparition de ses crises.
Il y a eu aussi des crises moins intenses survenues alors qu’il était allongé.
L’otoscopie était normale avec, à l’audiométrie, une presbyacousie bilatérale. La
manœuvre de Dix et Hallpike droite a déclenché un violent vertige et un nystag-
mus vertical supérieur pur survenant après un temps de latence de 5 secondes et
durant 30 secondes. Ensuite, la manœuvre de Dix et Hallpike gauche a aussi déclen-
ché un nystagmus vertical supérieur pur s’accompagnant également de vertiges,
Histoires cliniques 207
Histoire 23
Enfin une maladie de Menière !
Odette, 69 ans, est suivie pour hypertension artérielle et presbyacousie bilatérale
sur les fréquences aiguës. Son histoire est la suivante :
■ 2017 : crise rotatoire de 4 heures avec vomissements.
■ 2018 : acouphène et hypoacousie droite d’aggravation progressive.
■ 2021 : nouvelle crise de vertige de 90 minutes sans aggravation de la surdité.
– Mars à septembre : une crise par semaine avec nausées.
– Septembre : chute brutale suivie d’un vertige de 15 minutes.
■ 2022 :
– Janvier : crises d’instabilité, peur de tomber.
– Été : une crise vertigineuse rotatoire ayant duré plusieurs heures, aggravation
de la surdité de perception droite avec bourdonnement dans l’oreille droite
lors de la crise vertigineuse. IRM demandée par le médecin traitant : absence
de neurinome.
■ Octobre : examen dans le service. Hypoacousie droite prédominant sur les
graves avec bourdonnement droit permanent (figure 17.15). Prépondérance
directionnelle droite au calorique et aux épreuves giratoires (figure 17.16).
Les crises de vertiges récurrentes ne durent au maximum que quelques heures et
témoignent d’un syndrome vestibulaire irritatif droit avec nystagmus unidirection-
nel droit battant vers le côté du déficit calorique accéléré par le secouage de la tête
(head shaking) (figure 17.17). Les signes vestibulaires sont en faveur d’un hydrops
labyrinthique droit associé à des symptômes auditifs droits prédominant sur les
208 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Figure 17.15 Audiogramme montrant une surdité sur les fréquences graves du
côté droit.
L’atteinte sur les aigus correspond à la presbyacousie retrouvée du côté gauche.
Figure 17.17 VNG. Nystagmus droit de 7,3°/s déclenché par le head shaking.
Histoire 24
Vertige en avion
Un patient adepte passionné de la plongée et de la chasse sous-marine, après une
semaine en Martinique à exercer son sport favori, a brutalement ressenti, dans
l’avion qui le ramenait à Paris, vers 7 000 m d’altitude et alors qu’il ne faisait aucun
mouvement, un vrombissement dans l’oreille droite avec depuis, surdité totale. En
même temps, sont apparus des vertiges avec déséquilibre. Apparemment, il était le
seul dans l’avion à éprouver ces symptômes. De retour en métropole, son médecin
lui a prescrit des corticoïdes. Il a été reçu à la consultation ORL de notre service
4 jours après son retour. Le tympan était normal. Il n’y avait pas de signe de fis-
tule. Il existait une surdité en plateau du côté droit mais fluctuante avec présence
de réflexes stapédiens normaux. Le point essentiel a été de pouvoir déclencher
des nystagmus dans le décubitus dorsal mais sans aucun temps de latence. À la
manœuvre de Dix et Hallpike droite, on a d’abord pensé à un VPPB gauche avec
son nystagmus horaire, sa composante verticale supérieure et au redressement, sa
composante verticale inférieure. Mais à la manœuvre de Dix et Hallpike droite, on
a obtenu exactement le même nystagmus. On a alors évoqué un VPPB du canal
antérieur gauche associé. Mais là, manque de chance, il y avait bien une compo-
sante verticale inférieure, elle aussi obtenue au redressement.
L’examen vestibulaire n’a retrouvé aucun nystagmus spontané dans la lumière
comme dans l’obscurité (figure 17.18). La manœuvre de Dix et Hallpike droite
a déclenché un nystagmus horaire pur avec composante horizontale droite à la
fin et nystagmus vertical inférieur lors du redressement, avec peu de vertiges. La
manœuvre de Dix et Hallpike gauche a déclenché un nystagmus horaire et vertical
supérieur et devenant encore vertical inférieur au redressement. En position de
Rose, le nystagmus rotatoire horaire s’est arrêté spontanément.
En plongée, les accidents de désaturation vestibulaire sont classiques par aéroem-
bolisme. Le responsable est l’azote : N2. Un des mécanismes invoqués est celui de
microbulles ou de bulles dans les tissus et les liquides labyrinthiques. Le pire, c’est
quand ce phénomène se situe au niveau du système artériolaire de l’oreille interne
210 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Rose
DLD DLG
Figure 17.18 Mécanisme des nystagmus produits par les mouvements dans le plan
vertical.
Inhibition des canaux verticaux lors de la mise en décubitus latéral gauche (DLG),
droit (DLD), et en position de Rose (sur le dos tête légèrement pendante). Au
redressement, excitation d’un ou des deux canaux verticaux produisant un nystagmus
vertical inférieur.
(embole artériel de bulles de N2). Les lésions sont importantes et souvent défini-
tives. C’est moins grave quand les bulles se forment dans les liquides labyrinthiques
(dégazage intralabyrinthique). En conséquence, après des exercices de plongée, on
recommande d’observer une période de repos de plusieurs jours avant de prendre
l’avion. Le patient a ici commis une erreur : l’horaire du départ de l’avion ayant été
repoussé de 24 heures, il n’a pas résisté à une petite plongée supplémentaire. Mais
dans l’avion, à 7 000 m d’altitude, les petites bulles de N2 se sont formées dans
le vestibule gauche et ont circulé dans le labyrinthe postérieur pendant près de
21 jours avant de disparaître spontanément sans séquelles.
Si la cause a été identifiée, il restait à expliquer les nystagmus positionnels. Le siège
de la surdité a montré que la ou les bulles étaient situées dans l’oreille interne
droite. On peut même préciser qu’elle(s) étai(en)t au sein d’un ou des deux canaux
verticaux droits puisqu’en couchant le patient, on déclenchait un nystagmus d’in-
hibition torsionnel horaire. En le redressant, la bulle changeait de direction pour
déclencher un nystagmus d’excitation vertical inférieur avec annulation de ses
composantes antihoraires.
En conclusion, imaginer que des bulles d’azote flottent dans les canaux semi-circulaires
verticaux en créant des nystagmus spécifiques est ingénieux, réjouissant mais peut-être
faux ! Il existe d’autres théories : celle des interactions entre les canaux semi-circulaires et
le système otolithique par exemple où les macules otolithiques bloqueraient les canaux
semi-circulaires dans certaines situations. Restons prudents.
Histoires cliniques 211
Histoire 25
L’âge n’est pas une maladie
Un patient alerte de 88 ans est adressé pour vertiges positionnels depuis 6 mois ayant
commencé un matin en se levant par un grand vertige suivi d’une chute sur le sol.
Il s’était relevé immédiatement mais était resté instable pendant 3 jours. Depuis, il a
continué à faire de grandes marches, mais doit se lever chaque matin précautionneuse-
ment et présente toujours des vertiges en levant la tête, par exemple pour regarder un
oiseau. Il n’y a pas eu d’aggravation récente de sa surdité en rapport avec des trauma-
tismes sonores. Un pacemaker a été posé 2 ans auparavant.
VNS
■ HIT négatif vers la gauche mais positif vers la droite.
■ Pas de nystagmus spontané dans l’obscurité sauf dans le regard gauche.
■ Manœuvre de Dix et Hallpike droite : après une seconde de latence, apparition
d’un net nystagmus horizontal gauche crescendo-decrescendo très prolongé,
persistant dans la remise en position assise.
■ Manœuvre de Dix et Hallpike gauche : cette fois, aucun nystagmus.
■ Redressement : de nouveau nystagmus horizontal gauche, persistant lors de
la mise en décubitus dorsal.
■ Mise en décubitus latéral droit : de nouveau nystagmus gauche mais moins vif
que la première fois.
■ Remise en décubitus latéral droit : de nouveau nystagmus horizontal gauche.
■ Redressement en position assise : de nouveau nystagmus horizontal gauche et
déséquilibre.
■ Head shaking : net renforcement du nystagmus horizontal gauche.
VNG
■ Épreuve calorique : hyporéflexie droite avec prépondérance directionnelle
gauche.
■ Nystagmus horizontal gauche présent dans de nombreuses prises de position
prenant une composante verticale supérieure en décubitus dorsal.
■ Forte prévalence gauche aux épreuves giratoires (burst) avec indice de fixation
oculaire à 1 %.
Imagerie
Scanner avec injection complètement normal.
Synthèse et conclusion
C’était un déficit vestibulaire périphérique partiel droit avec note centrale datant
de 6 mois dont témoignent (figure 17.19) :
1. un nystagmus unidirectionnel gauche associé à un HIT droit positif ;
2. un head shaking provoquant un nystagmus horizontal gauche ;
3. des épreuves caloriques déficitaires droites.
212 Guide pratique de rééducation vestibulaire
A B
C D
Références
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antérieurs. Rev Laryngol Otol Rhinol 2005 ; 125 : 257‒62.
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CHAPITRE
18
Épistémologie
des vertiges
A B
Figure 18.1 Labyrinthe auriculaire en dissection (A) et vu au scanner (B).
Et les vertiges ?
Il a fallu attendre le xixe siècle pour reconnaître ce 6e sens et sa pathologie : Pierre-
Jean-Marie Flourens (1794-1867) et Prosper Menière (1799-1862) (figure 18.2).
Pourtant, le mot vertige est connu depuis l’Antiquité. Dans les textes anciens, on
retrouve le discours de nos patients, c’est-à-dire une foule de symptômes et pas
seulement « l’illusion de mouvement » que l’on enseigne aux étudiants actuels.
218 Guide pratique de rééducation vestibulaire
A B
Figure 18.2 Naissance du vertige.
A. Pierre Flourens (1794-1867), l’académicien tortionnaire de pigeons. B. Prosper
Menière (1799-1862) qui a sorti les vertiges des épilepsies.
Source : Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
▪ Leur deuxième point commun est qu’une partie de chaque système contrôle
l’autre partie par l’intermédiaire des centres.
● Pour l’audition, les cellules ciliées internes amplifient leur réponse en
déclenchant les phénomènes actifs des cellules ciliées externes par une boucle
cochléo-olivo-cochléaire.
● Pour les informations vestibulaires, le principe est analogue. Par exemple,
pour le canal semi-circulaire horizontal, se retourner dans son lit donne la
même réponse qu’en traversant la rue en tournant la tête à droite et à gauche
pour vérifier qu’aucune voiture n’est à l’horizon. C’est là qu’interviennent les
projections otolithiques directes sur le cervelet et de là sur le noyau vestibulaire
pour indiquer que l’on est en position couchée et non en position debout et
que l’on peut se rendormir tranquillement (figure 18.3).
F IC
NV
IO N
NF
A B C
D E F
Conclusion
Chaque spécialité médicale possède son histoire. En ORL, il n’y a pas que l’otologie.
Il y a aussi le labyrinthe ethmoïdal merveilleusement illustré de planches par Zuc-
kerkandl (1895). En laryngologie, nous avons le chanteur d’opéra Manuel Garcia
Épistémologie des vertiges 223
Junior (1805-1906) examinant ses cordes vocales à l’aide de petits miroirs laryn-
giens. Ces histoires ne sont ni du folklore ni de la nostalgie. Ce sont le témoignage
d’une immense curiosité inspirée du xviiie siècle et ayant explosé au xxe. À l’époque
de l’imagerie, du laser, de la chirurgie endoscopique et de l’implantation cochléaire,
l’ignorer serait comme foncer à 130 km/h sur un pont qui soudain s’écroule.
En 1877, à l’Académie des sciences, il remit à Claude Bernard une note résumant
sa théorie des fonctions du système des canaux semi-circulaires, comme organe
périphérique du sens de l’espace. Sa théorie fut publiée en 1878 sous le titre
« Recherches expérimentales sur les fonctions des canaux semi-circulaires et sur
leur rôle dans la formation de la notion de l’espace ». Une partie de cet ouvrage
était consacrée à la réfutation expérimentale des hypothèses erronées de Goltz,
Mach et Breuer ressuscitant les sens défunts, comme le sens de rotation.
Pour Elie de Cyon, Les erreurs sont contagieuses comme les maladies, elles se pro-
pagent avec la vitesse d’un éclair et sont difficiles à dissiper. La vérité, elle, n’est pas
contagieuse. Son rétablissement ne se fait jour et ne triomphe qu’après de longs
combats. En résumé, il tirait trois déductions de sa théorie du sens de l’espace :
1. si les trois canaux semi-circulaires servent pour l’orientation dans les trois direc-
tions de l’espace, les animaux ne possédant que deux paires de canaux, comme
les lamproies, ne doivent pouvoir s’orienter que dans deux directions. C’est ce qu’il
vérifia dans des expériences sur des lamproies ;
2. les non-vertébrés, qui ne possèdent pas du tout de canaux semi-circulaires,
ne peuvent s’orienter que grâce aux saccules de leurs oreilles. Les recherches sur
l’orientation des crustacées ont confirmé cette déduction ;
3. si leur système de canaux semi-circulaires est hors de fonction, les sourds-
muets ne doivent connaître ni le vertige, ni le mal de mer. Cette dernière déduc-
tion fut depuis confirmée par les observations et expériences de James Strehl,
Bruck et autres.
Une découverte montra chez les souris japonaises que la dégénérescence du laby-
rinthe était la véritable base anatomique de leurs mouvements et de leurs danses
forcées. Cette découverte a expliqué leurs danses si étranges et leurs troubles
d’orientation. L’éminent Pr Paul Ehrlich, prix Nobel de physiologie en 1908, réus-
sit à produire des souris dansantes, en leur injectant une préparation arsenicale,
l’arsacétine. Il montra que chez ces animaux, il existait une dégénérescence pro-
noncée du nerf vestibulaire . Sa conclusion fut que « Leurs troubles d’orientation ne
peuvent s’expliquer qu’à l’aide de la théorie de Cyon sur les fonctions du labyrinthe ».
« Mon assistant, le docteur Karlefors, nota d’abord que le vertige n’apparaissait que
lorsqu’elle se couchait sur son côté droit. Quand elle faisait cela, il apparaissait un
violent vertige rotatoire. La crise durait environ 30 secondes et était accompagnée
de violentes nausées. Si, immédiatement après l’arrêt des symptômes, on tournait à
nouveau la tête de la patiente vers la droite, aucun vertige n’apparaissait plus. Pour
provoquer une nouvelle crise de cette façon, il fallait d’abord qu’elle reste pendant
quelque temps soit sur le dos, soit tournée du côté gauche. » [5]
A B
Membrane de la
fenêtre ronde A B
Toupet pour VPPB. Tous avaient été soumis à une rééducation vestibulaire parti-
culière par Sémont, kinésithérapeute. Parmi ces 146 patients, 123 avaient été guéris
par une seule manœuvre, les autres lors de deux séances suivantes. Au cours du
congrès, Sémont pratiqua sa manœuvre. La salle, amusée, n’y croyait pas. Dans le
livre des résumés distribué au cours du symposium, on trouve 10 photographies
d’Alain Sémont effectuant sa démonstration sur une patiente pour un VPPB du
canal postérieur droit. Les photographies 1, 2, 5, 6, 7, 8, 9 et 10 correspondent exac-
tement à la description qu’il en a faite dans le rapport à la Société française d’ORL
sur les vertiges positionnels publié en 2007 (figure 18.10). En 1985, tous les ingrédients
étaient présents pour faire le diagnostic de VPPB et avoir un traitement efficace en
une seule séance. Il faut toutefois comprendre que les auteurs restaient bloqués sur
l’hypothèse d’une lithiase collée à la cupule du canal postérieur qu’il fallait désagréger.
1 2 3
3 4 5
6
Figure 18.10 Manœuvre de Sémont par Alain Sémont.
Manœuvre complète pour un vertige positionnel paroxystique bénin du canal
postérieur droit. 1, 2. Le patient est couché sur son épaule droite tête en position
indifférente (manœuvre provocatrice). Le nystagmus antihoraire démarre (phase
rapide vue de l’observateur). 3. Rotation de la tête de 45° vers le haut, nez en l’air
pour augmenter la pente et accélérer le nystagmus antihoraire. Arrêt du nystagmus.
Attendre plusieurs minutes dans cette position. 4. Mise à nouveau de la tête en
position indifférente. 5. Bascule sur l’épaule gauche, la tête toujours en position
indifférente. Après une période de latence, le nystagmus antihoraire redémarre.
Il n’a pas changé de sens. 6. Rotation de la tête de 45° vers le bas, nez en bas pour
augmenter la pente et accélérer le nystagmus antihoraire jusqu’à son arrêt. 7. Relever
le patient. La lithiase peut finir sa course dans la crus commune et déclencher une
violente réaction du patient qui se jette en arrière se croyant projeté en avant.
Source : Sémont A. Manœuvre libératoire de Sémont. In Sauvage JP, Chays A, Gentine A, eds. Vertiges positionnels. Rapport
SFORL 2007 © SFORL.
En 1993, très efficace mais mal comprise en France, la manœuvre de Sémont était
encore considérée comme la réponse à une lithiase du canal postérieur collée à
sa cupule. La cause amusante de la persistance de cette erreur provenait du fait
qu’en France, on dénommait les nystagmus provoqués en fonction de la gravité :
nystagmus géotropiques et antigéotropiques. Ainsi, le nystagmus permettant le
234 Guide pratique de rééducation vestibulaire
A B
2
1
1
2
A B
Figure 18.13 Manœuvres diagnostique (A) et thérapeutique (B).
1. Macule utriculaire. 2. Cupule du canal postérieur.
Source : Toupet M. Évolution à long terme de 186 vertiges paroxystiques positionnels bénins traités par la manœuvre.
Vertiges 93, Arnette : Paris ; 1994. p. 59-90.
236 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Otoscopie
Le microscope de consultation peut être utilisé chez un patient assis (figure 18.17)
ou allongé. Il est surtout destiné à l’otoscopie. Le grossissement utile est de 4 à
16. L’intensité de l’éclairage permet d’apprécier la transparence de la membrane
tympanique. Les microscopes sur pied permettent d’examiner un enfant allongé
et d’effectuer de petits gestes opératoires.
Le résultat de l’otoscopie peut être normal (figure 18.18) ou témoigner d’une
otite chronique (figure 18.19) : présence d’otalgies, d’otorrhée purulente, sangui-
nolente et de fièvre. En particulier, les labyrinthites bactériennes avec syndrome
vestibulaire aigu succèdent le plus souvent à une otite chronique cholestéatoma-
teuse connue de longue date ayant même nécessité de multiples gestes chirur-
gicaux (évidements pétromastoïdiens et tympanoplasties). En cas de poussée de
réchauffement, les germes en cause sont le pneumocoque, le staphylocoque
et Haemophilus influenzae avec leurs risques méningoencéphaliques. Ce sont
des urgences ORL nécessitant une hémoculture. La labyrinthite est souvent la
conséquence d’une fistule labyrinthique. Après une antibiothérapie adaptée et
un examen tomodensitométrique pour évaluer les dégâts osseux, une éven-
tuelle éradication chirurgicale complémentaire doit être envisagée en milieu
spécialisé.
242 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Bilan audiométrique
L’association d’une surdité aux vertiges rétrécit le champ des hypothèses diagnos-
tiques. L’otoscopie a été effectuée sous microscope en position assise. La décou-
verte d’une otite chronique impose d’emblée la recherche d’un signe de la fistule
avec enregistrement du nystagmus provoqué.
A B
OD C
+z
I–V
I–V
OG 1 ms
ITI-V
Figure 18.20 Tracés des potentiels évoqués auditifs.
Oreille droite (OD), tracé normal : les cinq ondes sont présentes avec un écart I-V
à 4,2 ms. Oreille gauche (OG), surdité rétrocochléaire avec une onde I de latence
identique au côté droit et une onde V très retardée avec un écart I-V égal à 5,3 ms.
Forte suspicion de neurinome de l’acoustique gauche.
Source : Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
Vidéonystagmographie
C’est une méthode d’oculographie consistant à enregistrer les mouvements
linéaires de l’œil en analysant une image de l’iris en vidéo infrarouge. En VNG, on
enregistre le mouvement d’un seul œil : celui du côté de la caméra. L’autre œil est
soit ouvert dans la lumière avec ou sans fixation oculaire, soit mis dans l’obscurité
à l’aide d’un cache. Il faut souligner que les mouvements torsionnels de l’œil ne
sont pas enregistrés en pratique courante, ce qui fait que les nystagmus générés
par les canaux semi-circulaires verticaux ne sont étudiés que par leur composante
verticale. N’ayant pas de notion sur le sens du mouvement torsionnel, on ne sait
jamais quel est le côté qui a généré le nystagmus.
Les mouvements de l’œil sont enregistrés dans le sens horizontal et dans le sens
vertical. Pour un mouvement horizontal, la ligne de base représente l’œil en posi-
tion médiane. Si l’œil se déplace vers la droite, le tracé s’infléchit vers le haut. Si
l’œil se déplace vers la gauche, le tracé s’infléchit vers le bas. Pour l’enregistrement
des mouvements verticaux, si l’œil se déplace vers le haut, le tracé s’infléchit vers
le haut. Si l’œil se déplace vers le bas, le tracé s’infléchit vers le bas (figures 18.22 et
18.23). Une calibration préalable permet de mesurer exactement l’angle de rota-
tion de l’œil et la pente de la courbe représente la vitesse du mouvement de l’œil.
Protocole
Évaluation du système saccadique, du système de poursuite oculaire
et du système optocinétique
C’est une évaluation du système oculomoteur purement visuel.
▪ Les saccades sont des mouvements rapides de l’œil qui permettent d’aller
quasi instantanément d’une cible visuelle à une autre. Pour les enregistrer, on fait
apparaître le point lumineux d’un côté et de l’autre de l’écran.
▪ Dans la poursuite oculaire, l’œil doit suivre le point qui se déplace latéralement
sur l’écran à une vitesse sinusoïdale lente et régulière.
▪ Enfin, pour les réflexes optocinétiques, le stimulus visuel consiste en stries ver-
ticales défilant dans le sens horizontal (figure 18.24) puis dans le sens vertical.
248 Guide pratique de rééducation vestibulaire
125 250 500 1000 2000 4000 8000 125 250 500 1000 2000 4000 8000
0 0
10 10
20 20
30 30 RINNE
RINNE
40 40
50 50
60 60
70 70
80 80
90 90
100 100
110 110
120 120
A B
125 250 500 1000 2000 4000 8000 125 250 500 1000 2000 4000 8000
0 0
10 10
20 20
30 30
40 40
50 50
60 60
70 70
80 80
90 90
100 100
110 110
120 120
C D
Figure 18.21 Surdités unilatérales significatives dans les vertiges.
A. Audition normale. B. Surdité de transmission (Rinne négatif avec conduction
osseuse meilleure que la conduction aérienne dans les otites chroniques). C. Surdité
de perception prédominant sur les fréquences aiguës (Rinne positif avec conduction
aérienne meilleure que la conduction osseuse et Weber latéralisé du côté sain dans le
neurinome de l’acoustique). D. Surdité de perception prédominant sur les fréquences
graves (maladie de Menière). En traits noirs : conduction aérienne ; en crochets et
grisés : conduction osseuse.
Source : Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
Mouvement de l’œil
Mouvement de l’œil
vers la gauche
vers la droite
A
Mouvement de l’œil
Mouvement de l’œil
Œil en position
vers le haut
vers le bas
médiane
Œil tourné t
vers le haut Abaissement
(élévation de l’œil) de l’œil
B
Figure 18.22 Enregistrement des mouvements de l’œil.
A. Dans le sens horizontal. B. Dans le sens vertical. Les nystagmus vestibulaires sont
des nystagmus à ressort comportant deux mouvements de l’œil de sens inverse,
d’amplitudes égales mais de vitesses différentes : la phase lente, d’origine vestibulaire, et
la phase rapide, brusque mouvement de rappel qui est d’origine centrale. C’est le sens de
la phase rapide qui détermine celui du nystagmus. Si la phase rapide bat du côté droit,
c’est un nystagmus droit et inversement. L’enregistrement d’un nystagmus à ressort
horizontal droit est un tracé en dents de scie en fonction du temps (cf. figure 18.23).
La vitesse du mouvement de l’œil se mesure par la tangente de l’angle α, soit le rapport
A/t (A exprimé en degrés d’excursion de l’œil et t exprimé en secondes).
Source : Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
Dessins : Carole Fumat.
D
ide
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A
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a Nystagmus gauche horizontal
n
Ph
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Ph
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ide
ide
240.0
Se
ns
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120.0 ora
ntih
nsa
Se
00.0
Changement
de sens
–120 de rotation
–240
Mouvement de l’œil
–360
Œil
Cumulée
Fauteuil
Figure 18.26 Cumulée des mouvements oculaires au cours d’une épreuve giratoire
par bursts.
Effectuée dans la lumière (VVOR), la compensation des mouvements du fauteuil est
complète. Dans l’obscurité (VOR1), la réduction de la compensation témoigne de la
suppression de l’effet optocinétique. Une deuxième mesure (VOR2) témoigne d’une
bonne reproductibilité. L’inhibition quasi complète des nystagmus par la fixation
(IFO) témoigne d’un bon fonctionnement cérébelleux.
Source : Sauvage JP. Vertiges : manuel de diagnostic et de réhabilitation. © 2020 Elsevier Masson. Tous droits réservés.
252 Guide pratique de rééducation vestibulaire
Interprétation
Mise en évidence d’une asymétrie vestibulaire
Devant un vertige, la première démarche est de rechercher une asymétrie entre les
deux côtés. L’existence d’un nystagmus spontané est déjà le témoin d’une asymé-
trie tonique entre les côtés droit et gauche induite par une lésion. Dans une névrite
Épistémologie des vertiges 253
Conclusion
Trois cas de figure schématique sont possibles.
▪ on trouve à la VNG un nystagmus unidirectionnel spontané et provoqué avec
une hyporéflexie du côté de la direction des phases lentes de ce nystagmus,
avec une prépondérance directionnelle aux épreuves caloriques et rotatoires du
côté opposé. Les autres systèmes fonctionnant normalement, l’hypothèse la plus
vraisemblable est qu’il s’agit d’une lésion extra-axiale, par exemple une névrite
vestibulaire ;
▪ on trouve à la VNG un nystagmus spontané uni- ou multisens, une augmenta-
tion significative de l’indice de fixation oculaire et des troubles des trois systèmes :
saccadique (hypermétrie), de poursuite oculaire lente (baisse des gains) et opto-
cinétique (effondrement bilatéral). Il s’agit vraisemblablement d’une lésion intra-
axiale affectant le tronc cérébral et/ou le cervelet. Le nystagmus spontané peut
d’ailleurs être en rapport avec une lésion au niveau du noyau vestibulaire ou avec
une désinhibition cérébelleuse unilatérale ;
Épistémologie des vertiges 255
Références
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