18 Latero
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18 Latero
Latérodysmorphose mandibulaire
JM Salagnac
Résumé. – Les latérodysmorphoses mandibulaires regroupent des pathologies très variées. Selon leur
étiopathogénie, on distingue : les latérodysmorphoses d’origine mandibulaire pure, les latérodysmorphoses
entrant dans le cadre d’une asymétrie craniofaciale et les latérodysmorphoses secondaires à une pathologie
de voisinage. Elles s’accompagnent souvent de déformations secondaires au niveau de la face. Le diagnostic
des anomalies morphologiques de l’ensemble de la face et de la mandibule repose sur l’examen radiologique
qui comprend un orthopantomogramme et des téléradiographies de profil, de face, axiale. L’étude de ces
radiographies demande une méthodologie précise qui se trouve facilitée par un logiciel et une méthodologie
originale. Le diagnostic doit être aussi précoce et précis que possible. Le traitement doit être adapté à chaque
pathologie. Les traitements orthopédique et orthodontique ne sont jamais suffisants ; ils ne doivent jamais
provoquer de compensations dentoalvéolaires visant à réduire la malformation ; leur objectif est de rendre
congruentes les deux arcades pour le traitement chirurgical auquel ils seront associés. La chirurgie intervient
à différents niveaux de la mandibule en fonction de la pathologie initiale, mais des interventions
complémentaires au niveau de la face sont parfois nécessaires s’il existe des déformations secondaires
importantes.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
– les anomalies de position latérale de la mandibule appelées Peu de travaux ont été publiés depuis le rapport de la SFODF
latérodéviations ou latéroglissements mandibulaires, c’est-à-dire un (Société française d’orthopédie dentofaciale) en 1974. Notons
déplacement latéral de la mandibule jugé par rapport à un plan cependant les travaux de l’école lilloise en 1988 : Danguy,
sagittal médian de la face et qui, bien souvent, sous-entend par Delachapelle, Thilloy [4], de Ricketts [15] en 1995, et de Deblock et al [5]
rapport au maxillaire supérieur, mais la forme et les dimensions de en 1998.
la mandibule sont normales ou subnormales ; Le mot « latéromorphose » provient de later(o) du latin latus, lateris
qui signifie côté et du grec morph(o) morphé qui signifie forme.
– les latérognathies mandibulaires qui sont des anomalies osseuses,
L’adjectif latéral signifie de côté, sur le côté ; qui se rapporte au côté
basales. Elles sont elles-mêmes regroupées en deux catégories : celles
d’une chose. Littéralement « latéromorphose » signifie « forme de
dues à une anomalie de dimensions, de forme ou de volume de la
côté » où le caractère pathologique n’apparaît pas. Pour traduire
mandibule, celles dues à une asymétrie de la base du crâne qui
l’aspect pathologique de ces anomalies, il faut ajouter la racine
engendre une implantation asymétrique de la mandibule. Les deux
« dys » du grec dus qui signifie « difficulté, mauvais état ». Nous
causes peuvent coexister.
adoptons donc le terme « latérodysmorphose » en remplacement de
« latéromorphose ». Remarquons que la notion de déplacement
latéral n’existe pas dans ce terme et, par conséquent, les
Jean-Michel Salagnac : Docteur en chirurgie dentaire, docteur en sciences odontologiques, attaché au
service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale du professeur J Mercier du CHR de Nantes, 3, rue
latérodéviations mandibulaires, les latéropositions dues à des
Marceau, 44000 Nantes, France. asymétries de positions des articulations temporomandibulaires
Toute référence à cet article doit porter la mention : Salagnac JM. Latérodysmorphose mandibulaire. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Odontologie/Orthopédie
dentofaciale, 23-472-F-10, 2001, 13 p.
(ATM) ou à des luxations méniscales ne font pas partie des – Paralysie faciale unilatérale.
latérodysmorphoses ; elles sont néanmoins évoquées au titre du – Rétraction tissulaire cicatricielle (brûlure).
diagnostic différentiel.
– Insuffisance maxillaire transversale.
Le mot « transversal » (du latin transversus, de trans, à travers et
versus, tourné, qui est disposé en travers, implique donc une étude – Hypertrophie linguale (syndrome de Wiedemann-Beckwith,
de la largeur c’est-à-dire des deux côtés de la mandibule. Ainsi, dans angiome lingual, langue grosse et basse de certaines prognathies
certaines pathologies coexistent des latérodysmorphoses et des mandibulaires).
anomalies transversales (qui peuvent être symétriques ou non) et – Dysplasie fibreuse.
où la mandibule peut présenter ou non des déviations par rapport
– Pathologie tumorale (la parotide par exemple).
au plan sagittal médian, ce qui permet de classer dans les
latérodysmorphoses mandibulaires certaines pathologies qui n’y ¶ Diagnostic différentiel
figurent pas habituellement (syndrome de Pierre Robin, syndrome
d’Hanhart, syndrome de Jussieu, hypertrophie massétérine…). Pour les latérodéviations mandibulaires dans lesquelles la forme de
Nous proposons comme définition de latérodysmorphose : anomalie la mandibule est normale ou subnormale, il s’agit d’un trouble
de forme ou de dimensions ou de volume affectant un ou deux côtés positionnel et fonctionnel, il faut distinguer les latérodéviations par :
de la mandibule et s’accompagnant le plus souvent, mais non – obstacle occlusal : syndrome de Cauhepe et Fieux, prolatéro-
obligatoirement, d’une déviation latérale de la mandibule par déviation avec articulé inversé d’une incisive par exemple, contact
rapport au plan de symétrie du visage. Nous adoptons la prématuré entraînant une déviation du chemin de fermeture de la
classification suivante (cf infra). mandibule. Il convient de traiter dès que possible ces anomalies
pour ne pas risquer une évolution vers une latérodysmorphose ;
– luxation méniscale ;
Classification des latérodysmorphoses – asymétrie d’implantation des ATM dans laquelle la forme et les
dimensions de la mandibule sont souvent subnormales.
¶ Latérodysmorphoses d’origine mandibulaire pure Remarque : les dissymétries des parties molles sont exclues de ce
ou prédominante travail.
– Par hypercondylie unilatérale ou bilatérale asymétrique.
– Par hypocondylie unilatérale ou bilatérale asymétrique. Méthodologie d’étude
– Par dysplasie condylienne. des latérodysmorphoses
– Par ankylose temporomandibulaire.
– Par latérogénie. EXAMEN CLINIQUE
– Par hypertrophie massétérine dissymétrique. – L’examen direct du visage peut déceler une dissymétrie, mais ne
permet pas d’en préciser le siège exact, la dissymétrie cutanée
– Par latérognathie essentielle. observée à la partie basse du visage ne témoignant pas
nécessairement de l’importance de la dissymétrie osseuse
¶ Latérodysmorphoses entrant dans le cadre sous-jacente.
d’une asymétrie faciale ou craniofaciale – L’observation de la situation du menton doit se faire en position de
ou cervico-cranio-faciale repos et dents serrées. En effet, dans les latérodysmorphoses avec
déviation latérale du menton, celui-ci est dévié en position de repos
Avec déviation latérale du menton et dents serrées.
– Syndrome du premier arc brachial : – L’observation intrabuccale et sur les moulages de la situation des
points interincisifs supérieur et inférieur l’un par rapport à l’autre et
– dysostose mandibulofaciale (syndrome de Treacher Collins) ; par rapport au plan de symétrie du visage et des arcades dentaires,
– microsomie hémifaciale (syndrome de Goldenhar). la comparaison des côtés droit et gauche de la voûte palatine par
rapport au raphé médian, des rapports dentaires transversaux, de
– Torticolis congénital. l’orientation du plan d’occlusion, de l’inclinaison des procès
– Syndrome de Klippel-Feil. alvéolaires, la recherche de facettes d’abrasion anormales par leur
étendue et par leur localisation, peuvent orienter le diagnostic mais
– Syndrome asymétrique craniofacial.
ne sont jamais suffisants.
– Hémihypertrophie faciale. – L’examen fonctionnel comporte trois éléments importants : la
– Hémihypotrophie faciale. recherche de la relation centrée, l’observation des trajets d’ouverture
et de fermeture mandibulaire et l’observation des mouvements des
– Scoliose dorso-cervico-craniofaciale.
condyles ; ces éléments orientent la recherche de l’étiologie de la
latérodysmorphose.
Sans déviation latérale du menton
– Syndrome d’Hanhart. EXAMEN PHOTOGRAPHIQUE
– Syndrome de Jussieu. Les photographies devraient être réalisées en position de repos et
– Syndrome de Robin. dents serrées, selon un protocole strict et reproductible, mais elles
sont incapables de révéler la nature exacte de la dissymétrie osseuse
sous-jacente.
¶ Latérodysmorphoses secondaires à une pathologie
de « voisinage »
EXAMEN ÉLECTROMYOGRAPHIQUE
– Atteinte tissulaire (maladie de Romberg, poliomyélite
Il est peu utilisé en pratique courante, une asymétrie d’activité
unilatérale…).
musculaire est en faveur d’une étiologie musculaire de la
– Irradiation faciale unilatérale. latérodéviation mandibulaire Dahan [3].
2
Odontologie/Orthopédie dentofaciale Latérodysmorphose mandibulaire 23-472-F-10
Tableau I. –
Mouvements parasites Tangage autour d’un axe transversal Roulis autour d’un axe antéropostérieur Rotation autour d’un axe vertical
Face Dissymétries artificielles Sans conséquences Distorsions d’image ; faux rapports verticaux
Axiale Distorsions d’image ; faux rapports antéropostérieurs Dissymétries artificielles Sans conséquences
Remarque : le tangage et la rotation rendent l’interprétation du cliché impossible. Pour une étude de symétrie, un cliché sans mouvement parasite peut être utilisé.
3
23-472-F-10 Latérodysmorphose mandibulaire Odontologie/Orthopédie dentofaciale
*
A
*
B
1 A, B. 1. Appréciation du niveau de l’angle mandibulaire/rachis ; 2. double contour mandibulaire ; 3. image d’une hémimandibule incluse dans l’autre.
Téléradiographie de profil
Tableau II. –
Bien qu’elle ne permette ni l’étude transversale ni l’étude de la
symétrie de la mandibule, elle demeure indispensable pour Signes radiologiques de bonne Signes de mouvements parasites
l’appréciation de l’architecture craniofaciale dans sa globalité, des orientation en incidence frontale en incidence frontale
relations mandibulomaxillaires, des relations mandibulocrâniennes, - La ligne supérieure des rochers se - La ligne supérieure des rochers se
des relations mandibulorachidiennes. C’est l’incidence de choix pour trouve au niveau de la suture trouve au-dessus ou au-dessous de la
l’étude (fig 1) : ethmoïdomaxillaire (bord suture ethmoïdomaxillaire
médiosupérieur de l’apophyse
– de la situation de l’angle mandibulaire par rapport au rachis pyramidale du maxillaire) - Un côté paraît plus large que l’autre,
cervical supérieur (notamment par rapport à l’angle antéro-inférieur - La distance entre le plafond de l’orbite donnant l’impression d’une dissymétrie
et le menton doit être la même sur le transversale
de C2) dans les latérodysmorphoses mandibulaires par anomalie cliché de profil et de face
verticale d’une ou des deux branches montantes de la mandibule ; - La distance entre le bord des incisives
inférieures et le menton doit être la
– des décalages sagittaux d’une branche montante par rapport à même sur le cliché de profil et de face
l’autre ;
– pour la recherche de l’image d’un double contour sans intersection Lorsqu’il existe une symétrie crânienne, les points et structures
des branches montante et horizontale de la mandibule qui serait un suivants sont alignés de haut en bas : la sommet du crâne : point
signe pathognomonique des latérognathies mandibulaires pour SC, l’apophyse crista galli : point ethmoïdien central (Ec), la lame
Choquin [9]. perpendiculaire de l’ethmoïde, la suture intermaxillaire, le centre de
l’apophyse ondontoïde (Od), le point interincisif supérieur, le point
Téléradiographie de face interincisif inférieur, le point menton (Me). Le segment SC-Ec
Elle est souvent réalisée en position d’intercuspidation terminale ce correspond à la voûte du crâne, le segment Ec-ENA correspond à
qui peut faire apparaître des fausses asymétries mandibulaires qui l’étage supérieur de la face, le segment ENA-Me correspond à l’étage
sont en réalité des anomalies de position mandibulaire. Nous inférieur de la face (fig 2). Dans beaucoup d’asymétries cranio-facio-
partageons l’avis de Deblock, Groshens-Royer et Counot-Nouqué [5] mandibulaires, l’alignement de ces trois secteurs n’existe plus.
de réaliser les téléradiographies frontales en relation centrée. Elle ne Cependant, le secteur base de la crista galli lame perpendiculaire de
permet de juger de la position réelle de la mandibule par rapport au l’ethmoïde n’est pas, ou peu, affecté, aussi l’axe vertical de la croix
maxillaire supérieur et par rapport au crâne qu’à cette condition. est positionné sur ce segment. Normalement, ces trois segments sont
Remarque : cette incidence permet de comparer la forme, l’orientation confondus avec l ’axe vertical de la croix. Ainsi les déviations des
et les dimensions transversales des branches montantes, mais ne trois segments par rapport à l’axe de la croix apparaissent nettement.
permet pas d’apprécier les dimensions antéropostérieures des Ce procédé est particulièrement intéressant dans les grandes
branches montantes et horizontales (tableaux II, III, IV). asymétries où, comme le souligne Talmant [16], « il n’y a plus de plan
de symétrie ».
• Étude de la symétrie générale de la tête en incidence frontale Ils sont construits et tracés de couleurs différentes comme suit
L’étude de la symétrie verticale et transversale s’effectue par (fig 2) :
comparaison des côtés droit et gauche par rapport à une croix dite – le supérieur à partir du point Ec situé à l’union de la lame criblée
croix de symétrie (fig 2). et de la lame perpendiculaire de l’ethmoïde et d’un point de la lame
4
Odontologie/Orthopédie dentofaciale Latérodysmorphose mandibulaire 23-472-F-10
Tableau III. – Structures utiles à l’étude de symétrie visibles sur une incidence frontale.
Mandibule :
- ATM : cavité glénoïde visible
condyle temporal : visible
condyle mandibulaire : rarement visible
- ramus : très visible
- corpus : très visible
- denture : incisives centrales supérieures et inférieures bien visibles
5
23-472-F-10 Latérodysmorphose mandibulaire Odontologie/Orthopédie dentofaciale
3 Étude de la symétrie
transversale et verticale par
comparaison de la situation
des points repères droits et
gauches.
Clp
FM
Na
M
Pts
Ct
Cp
Pti
Od NP ENA
la
is
ls
ia
4 Étude de la symétrie
par comparaison des struc-
tures droites et gauches à
SC 5 Correspondance des
points de l’analyse de profil
l’axe vertical de la croix
sur la vue frontale.
de symétrie ; le double
contour visualise la dissy-
métrie.
FM FM
M M
CT
CT
CP CP
NL NL
Od
NP
ENA
Go
Go
Pa
Pa
6
Odontologie/Orthopédie dentofaciale Latérodysmorphose mandibulaire 23-472-F-10
C3 C3 C3 C3
C1 C1 C1 C1
MC
FM FM FM FM
M M M M
C2 C2 C2 C2
CT CT C4 CT
CT
CP CP CP CP
NL
F5 NL NL NL
F1 F1
Od Od
NP NP
ENA ENA
F3 F3
F6 F6
Go Go
Go Go
Pa Pa
Pa Pa
F5
F7 F7
Mo Mo
ENA
Mx Mx
Ms Ms
Mi
Mi
perpendiculaire de l’ethmoïde, vomer, tubercule antérieur de l’atlas, La branche transversale de la croix de symétrie est placée soit au
basion, centre de l’odontoïde, point occipital postérieur. Cette ligne niveau des apophyses ptérygoïdes pour étudier la symétrie
est divisée en trois segments (fig 9), ce sont : d’implantation des maxillaires supérieur droit et gauche, soit au
– segment antérieur : crête frontale interne-ENP (épine nasale niveau des ATM pour étudier la symétrie de leur implantation sur
postérieure) ; la base du crâne.
– segment moyen : voméro-occipital (partie postérieure du vomer- L’étude de la symétrie des structures se fait soit :
basion), ce segment est généralement le moins affecté par les – par comparaison de la situation de points anatomiques
dissymétries ; homologues par rapport à l’axe médian antéropostérieur de
– segment postérieur : basion-occipital postérieur. symétrie ;
Aussi la branche verticale de la croix est-elle placée sur le segment – par comparaison (après tracé) des structures homologues par
moyen. rapport à l’axe médian antéropostérieur de symétrie.
7
23-472-F-10 Latérodysmorphose mandibulaire Odontologie/Orthopédie dentofaciale
Tableau V. –
Signes radiologiques de bonne orientation en incidence axiale Signes de mouvements parasites en incidence axiale
1. La crête frontale doit coïncider avec le plan sagittal médian (représenté par la lame 1. Tangage : défaut le plus fréquent dû à un manque de déflexion de la tête :
verticale de l’ethmoïde et le vomer) - le basion se projette dans la moitié postérieure de l’image de l’odontoïde
- les faces vestibulaires des incisives supérieures ne sont pas au même aplomb du
2. Les faces vestibulaires des incisives supérieures doivent déborder autant l’image frontal que sur la vue latérale
radiologique du frontal que sur la vue latérale - la distance entre les bords libres des incisives supérieures et inférieures n’est pas la
même que sur la vue latérale
3. La distance entre les bords libres des incisives supérieures et inférieures doit être la 2. Roulis : la crête frontale est déviée (à droite ou à gauche) par rapport au plan sagittal
même en incidence axiale et latérale médian.
Tableau VI. – Structures utiles à l’étude de symétrie visibles sur une incidence axiale.
Étage postérieur de la statique Étage moyen de l’implantation mandibulaire Étage antérieur de l’implantation maxillaire
Tableau VII. – Types de dissymétries que l’on peut étudier sur un cli- 9 La croix de symétrie
ché en incidence axiale. et les trois segments consti-
tuant l’axe de symétrie en
Antériopostérieure et transversale incidence axiale.
- du contour du crâne
- de la base du crâne
- de la situation de l’odontoïde/trou occipital
- des condyles occipitaux
- des pyramides pétreuses
- des tubérosités maxillaires
- des apophyses ptérygoïdes
- de l’implantation des ATM
- du corps de la mandibule
- des arcades dentaires supérieure et inférieure
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Odontologie/Orthopédie dentofaciale Latérodysmorphose mandibulaire 23-472-F-10
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23-472-F-10 Latérodysmorphose mandibulaire Odontologie/Orthopédie dentofaciale
De profil
Cette anomalie se caractérise par :
– une proéminence mentonnière du côté atteint ;
– un abaissement du bord basilaire ;
– un abaissement de l’angle mandibulaire en comparaison du côté
sain.
¶ Examen intrabuccal
13 Signes reconnaissables de l’hypercondylie sur une téléradiographie de profil. Dé-
L’occlusion dentaire présente des troubles plus ou moins sévères calage vertical des deux angles mandibulaires. Décalage vertical des deux bords basi-
selon les formes : laires.
– soit elle est peu perturbée, avec conservation des contacts – l’encoche rétrocondylienne est inexistante ;
dentaires ; le point interincisif inférieur n’est pas ou peu dévié par
– l’angle mandibulaire est abaissé du côté de l’hypercondylie ;
rapport au supérieur, les relations dentaires normales sont
conservées dans le sens transversal, mais il existe toujours une – une convexité globale du bord basilaire ;
obliquité du plan d’occlusion qui est abaissé du côté de – une disparition de l’encoche préangulaire ;
l’hypercondylie ;
– un abaissement plus important en regard de la région
– soit il existe une inocclusion dentaire homolatérale prédominante canine-prémolaire ;
dans la région prémolaire ; les courbures des surfaces occlusales
supérieure et inférieure sont perturbées, mais les relations – une diminution de la distance canal dentaire-bord basilaire ;
transversales sont peu modifiées ; – une augmentation de la distance apex des molaires-bord
basilaire ;
– soit les rapports dentaires transversaux sont inversés (plus ou
moins gravement) du côté opposé à l’hypercondylie. Dans les – quelquefois, une courbure apicale à concavité mésiale des
formes les plus sévères, il peut y avoir une inocclusion totale de la dernières molaires au niveau du maxillaire supérieur : un
région incisive à la région molaire. Les relations des points abaissement du plancher du sinus maxillaire et un abaissement
interincisifs sont alors fortement perturbées. de l’hémiarcade dentaire du côté de l’hypercondylie.
10
Odontologie/Orthopédie dentofaciale Latérodysmorphose mandibulaire 23-472-F-10
15 Signes reconnaissa-
bles de l’hypercondylie en
incidence axiale : hypertro-
phie condylienne droite, al-
longement de l’hémimandi-
bule droite et décalage des
points interincisifs supé-
rieur et inférieur.
Un traitement d’orthopédie dentofaciale ne peut empêcher – une inclinaison vers la gauche des axes des incisives inférieures ;
l’évolution des déformations dentoalvéolaires consécutives à – des rapports occlusaux transversaux conservés.
11
23-472-F-10 Latérodysmorphose mandibulaire Odontologie/Orthopédie dentofaciale
¶ Examen radiologique
Téléradiographie de face
– la dissymétrie transversale d’implantation des deux ATM ; 20 La téléradiographie en incidence frontale montre : un hypodéveloppement de la
branche montante droite, une ascension de l’angle droit/gauche, un allongement
– la dissymétrie des branches montantes ; du corps mandibulaire droit/gauche, une ascension du plan d’occlusion droit/gauche
et une ascension des territoires alvéolaires supérieur et inférieur du côté
– la dissymétrie des corps mandibulaires. de l’hypocondylie.
12
Odontologie/Orthopédie dentofaciale Latérodysmorphose mandibulaire 23-472-F-10
21 La téléradiographie en Références
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