Caritas in Veritate . Interaction Pour Le Développement Intégral de L'homme Et de La Société
Caritas in Veritate . Interaction Pour Le Développement Intégral de L'homme Et de La Société
Caritas in Veritate . Interaction Pour Le Développement Intégral de L'homme Et de La Société
UNITÉ DE RECHERCHE
SENS & CROISSANCE
«CARITAS
IN VERITATE».
Interaction pour
le développement intégral
de l'homme et de la société.
PR GIOVANNI ZANETTI
« Caritas in veritate ». Interaction pour le développement intégral de l'homme et
de la société. Pr Giovanni Zanetti.
La charité c’est tout. ... mais elle doit être entendue, confirmée et
pratiquée dans la lumière de la vérité; sinon elle risque de s'estomper
dans la sentimentalité. « Ce n'est que dans la vérité que l’amour
resplendit ». Défendre la vérité ...ce sont des « formes de charité ».
Il devient essentiel, cependant, donner un sens concret à la vérité et
à l’identifier ce qui doit être pratiquée pour donner à la charité le sens
souhaité. L'encyclique considère la vérité en terme de vocation:
la vérité comme adhésion au plan de Dieu sur chacun de nous ...
Jésus-Christ ... « ... purifie et libère de nos pauvretés humaines la
recherche de l'amour et de la vérité et il nous révèle en plénitude
l'initiative d'amour ainsi que le projet que Dieu a préparé pour
nous ».
La vérité permet aux hommes « de se rencontrer dans la
reconnaissance de la substance et de la valeur des
choses…Sans la vérité, la charité …dans le dialogue entre les
connaissances et leur mise en œuvre …est exclue des projets et
des processus de construction d’un développement humaine
d’envergure universelle. »
Confiance donc dans la vérité mais, aussi dans la raison comme une
voie disponible pour les êtres humains pour l'atteindre. La rationalité
n’est pas en conflit, mais ouverte à la transcendance pour saisir la
saine objectivité aux fins d’être capable d’une action positive. Il est
facile de deviner l'approbation et l'encouragement de la recherche
scientifique et sociale pour répondre aux besoins de cette vérité sur
laquelle l'action caritative peut trouver le fondement et la finalité. On
peut souligner à ce propos que cette partie d’encyclique est
liable à la reconsidération par Benoît XVI de l'affaire Galilée et sa
réévaluation récente de la pensée de Teilhard de Chardin. Dans
ce sens il semble que le Pape valorise les fondements rationnels
de la foi: vérité de la foi et de la raison dans la distinction et au
même temps dans la synergie des deux domaines cognitifs.
Il s'ensuit la préoccupation, présente dans une grande partie du
document, de trouver une synthèse entre le niveau optimal au quelle
tendre et la lecture objective de la réalité même dans les limites qui la
caractérisent.
Dans de nombreux endroits, y compris ceux qui investissent la
sphère économique, on peut trouver la finalité d'atteindre le soudage
de la réalité avec les objectifs recherchés et souhaités à la lumière de
la doctrine sociale de l'Eglise adressée au ... « service de la charité,
mais en vérité ».
Dans cette perspective, les deux critères justice et bien commun
guident l'action morale. La justice, c’est donner à chacun son dû de
plein droit, ceci s’entend comme première étape pour s’ ouvrir soi
même au «don», mais en soulignant qu’il s’agit d'un niveau minimum,
car le «don» va au-delà de ce niveau. Le bien commun est la
recherche du bien de « tous nous», comme ensemble composé
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d'individus, des familles et des groupes intermédiaires qui font partie
de la communauté sociale et qui seulement peuvent atteindre à ses
biens. Vouloir le bien commun est l’exigence de justice et de
charité.
Sur ces questions l’encyclique marque une continuité avec la pensée
de Paul VI, qui s'exprimait avant tout dans la Populorum progressio,
avec l'option claire pour le développement, naturellement conçu dans
un sens complet c'est-à-dire pas seulement comme croissance, mais
comme progrès spirituel outre que matériel, adressé à la personne
entendue dans toutes ses dimensions. Dans cette attention, plusieurs
fois répétée dans l'encyclique, du caractère nécessairement intégral
du développement il est possible d’associer la pensée de Jacques
Maritain et à celle de l’humanisme intégral de Paul VI.
Il Importe d’ailleurs de souligner comment, justement sur cette
importante ouverture sur l’absolue nécessité du développement
(«L'idée d'un monde sans développement traduit une défiance à
l’égard de l'homme et de Dieu) émerge la préoccupation du Pape
d’associer réalité tangible et objectifs qui l’animent. Il est donc
important de souligner la prise de conscience du «nouveau», dans
lequel le développement est destiné à s’orienter, identifié dans
l'«explosion de l'interdépendance planétaire» avec ces risques
relatifs et ses forts points.
A la lumière de ce qui précède, la nécessité de trouver des solutions
nouvelles est soulignée, mais dans le respect absolu des contraintes
précises indiqués comme suit :
o ne faire pas augmenter de manière excessive et moralement
inacceptable les différences de la répartition des richesses ;
o poursuivre comme prioritaire l'accès à l'emploi, non seulement, se
ralliant à la dimension technologique (innovation de procédé),
mais aussi à l'ouverture à une vision à long terme;
o procéder avec plus de détermination dans le processus de
décolonisation.
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En abordant l’exigence de reconsidérer le système de la production
et de la distribution, l'attention du pape investit le rôle de l'économie.
Après avoir précisé une fois pour toutes que l’Eglise « a toujours
estimée que l’agir économique ne doit pas être considéré
comme antisocial », il souligne en même temps que, dans
l’économie, se produisent « les effets pernicieux du péché »; un
excès de considération d’autosuffisance, l’autonomie prétendue des
influences de nature morale, a poussé l'homme à l'abus de la
technique dans un sens destructeur. En fait, dans l'encyclique est
souligné la possibilité / nécessité d'une convergence dans la pratique
entre les sciences économiques et son l'évaluation morale «Les
coûts humains sont toujours aussi des coûts encore plus
économiques et les dysfonctionnements économiques
entrainent toujours des coûts humains».
Il retourne à émerger la grande synthèse, voulue par l'encyclique,
entre la lecture objective de la réalité et le niveau idéal. Dans ce sens,
il faut mettre en évidence :
o la reconnaissance, mais en même temps, la caractérisation du
rôle du marché qui «n'est pas de soi, et ne doit pas devenir, le
lieu de la domination du fort sur le faible. La société ne doit
pas se protéger du marché, comme si le développement de
ce dernier comportait IPSO FACTO l’extinction des relations
automatiquement humaines... le marché n'existe pas à l'état
pur ... n'est pas l'instrument qui doit être mise en cause, mais
l'homme, sa conscience morale et sa responsabilité
personnelle et sociale »;
o la réflexion sur la nature de la sphère économique, considérée «ni
éthiquement neutre, ni inhumaine et antisociale. Elle
appartient à l’activité de l’homme et, justement parce que
humaine, elle doit être structuré et organisée
institutionnellement de façon éthique »
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o de confirmer la nature soit de l'organisation économique, soit de la
finance, l’une et l’autre capables d’offrir des résultats à la fois
positifs et négatifs en fonction de l'usage qui en fait l'homme.
Dans l’identification du parcours finalisé à la construction éthique du
système économique, se pose le principe de la gratuité et du don; le
thème est extrêmement difficile et délicat dans le contexte d'un
monde de plus en plus impliqué dans un processus de globalisation.
L'indication dépasse le principe, bien que précieux qui est à la base
d'un exercice purement commutative de la justice ; en effet il ouvre
l’ardu défi de réaliser une justice distributive et sociale. L’indication
est en effet très raide, et a son aspect pratique dans l'inclusion du
principe de gratuité dans l’exercice d'un emploi productif et, en
définitive, dans la gestion pratique de l’appareil économique. En ce
qui concerne le marché, il est placé l’exigence, imposée par la
pratique de la solidarité, de puiser des énergies morales par d'autres
sujets. En fait, face au défi adressé à «promouvoir l'émancipation,
… pour le faire vraiment … le marché… ne peut pas compter
seulement sur lui- même, car il n’est pas en mesure de produire
de lui- même ce qui est au-delà de ses possibilités ».
La traduction du principe de gratuité et de la logique du don dans la
normale activité économique, exige l’éclaircissement de certains
éléments clés
o la justice regarde toutes les étapes de l'activité économique;
o toute l’action économique a un caractère moral. Il s'ensuit que,
dans le moment historique actuel, les canons de la justice doivent
être respectés à partir du début, alors que le processus
économique prend place, pas après ou sur le côté;
o respect du besoin d'espace pour ceux qui choisissent d’appuyer
leurs actions sur des principes autres que le profit pur, sans
renoncer à produire ainsi une valeur économique.
Il s’agit de comprendre, ce qui n'est pas simple, comment il est
possible de concilier la logique du don, pour sa nature sans
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contrepartie, avec le caractère à la fois destructrice et constructrice
de l’activité productive. Dans la réalité il semble possible de ne
donner seulement que ce qui est en surplus des besoins pour la vie
et la subsistance. Il reste également à définir comment la logique du
don et de la gratuité doit être conciliée avec le profit, utile selon le
pape, «si, en tant que moyen, il est orienté vers un but qui lui
donne un sens relatif aussi bien quant à la façon de le créer que
de l’utiliser». Entendue dans ce sens, le profit reste essentiel tant au
niveau micro que macro-économique.
L'encyclique fournit une clé pour résoudre ces thèmes complexes
en soutenant l’opportunité ou mieux l’exigence que l'application du
critère de gratuité advienne dans le même déroulement du
processus de production plutôt que quand le processus est réalisé.
Il n'est pas simple de donner corps à telle indication si non sous forme
de sollicitation à tous ceux qui en sont des protagonistes, d'apporter sa
contribution sans intentions spéculatives, mais simplement en la
récupérant grâce à la production.
Le sens profond de la démarche se réfère à la promotion de la solidarité
comme dépassement de la logique commerciale de «donner pour
avoir» et de la logique juridique de «donner par devoir». L'intensité du
changement touche les producteurs c’est à dire l'entreprise, appelée à
dépasser la raison d'être, orientée à répondre uniquement à ceux qui
ont investi dans l’entreprise leurs capitaux, pour accepter de se sentir
responsable des parties du système qui interagissent avec elle, comme
les salariés, les créanciers, les clients, ou la société dans son ensemble.
En substance, l'encyclique accepte la transition du service vers les
actionnaires au service vers les stackeholders.
Dans la pratique, la réflexion du Pape aborde des questions délicates et
de forte actualité: telles celles, entre les nombreux thèmes (le document
papal touche un très large éventail de problèmes), la relocalisation, la
relation avec l'environnement, la question énergétique, l’affectation du
profit, la coopération internationale, le rôle des syndicats, la présence
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des associations des consommateurs, les lignes directrices pour une
finance correcte et responsable, les migrations, la globalisation.
Pour chacun des thèmes abordés retourne l’exigence de
l’intégration entre le niveau idéal et la nécessité d'être concret ; en
résumé, est de nouveau proposée la préoccupation de se déplacer
dans les limites imposées par la réalité. En offrent des exemples les
réflexions sur les délocalisations, bien sûr affectées par le départ des
lieux d'origine, mais dans le même temps, conscientes soit des
opportunités générées dans les lieux de relocalisation, souvent en
situation de déficit en terme de développement, soit de nouvelles
opportunités de croissance offertes aux premiers pour effet du maintien
ou de la promotion des capacités les plus avancées scientifiquement.
Dans le même esprit sont considérés les produits génétiquement
modifiés dont le potentiel de répondre aux états de nécessité de
beaucoup de gens est analysé. L'attention, portée à la duplicité des
aspects, intéresse pleinement les processus de globalisation qui
«convenablement conçu et gérés, offrent la possibilité d'une grande
redistribution de la richesse au niveau planétaire comme cela
n’était jamais présenté auparavant ; s’ils sont mal gérés, ils
peuvent au contraire faire croître la pauvreté et les inégalités, et
contaminer le monde entier ». " D’un coté est soulignée la grande
opportunité de faire sortir des peuples entiers de la pauvreté, et d'autre
part, sont mis en évidence les dangers et les grandes difficultés causés
par le processus de transition, surmontables par la compréhension de la
mondialisation de l'humanité dans la diversité et dans l’unité de toutes
ses dimensions, y compris celle théologique, afin de l’«orienter …en
termes de relation, de communion et de partage".
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l’entreprise comme institution préposée à la production et à la
distribution de la richesse. La nécessité de s'appuyer sur l'innovation
technologique, pas seulement dans les processus de production, mais
dans la découverte et l'introduction de nouveaux produits, ont déclenché
un processus, qui est encore en progrès, de croissance de sa taille, de
l’élargissement des besoins financiers et de l'assouplissement des
contraintes que la lient à des territoires spécifiques. La complexité du
phénomène, inévitable en substance, peut rendre particulièrement ardu
de donner corps aux principes de gratuité et de don, où est le spécifique
du document papal. Une indication précieuse en telle perspective
ressort de la demande « d'éviter que le motif de l'EMPLOI DES
RESSOURCES FINANCIERES soit spéculatif et cède à la tentation
de rechercher seulement un profit à court terme, sens rechercher
aussi la continuité de l’entreprise à long terme, son service précis à
l’économie réelle et son attention à la promotion, de façon juste et
convenable, d’initiatives économiques y compris dans les pays qui
ont besoin de développement ».
D’ailleurs la nécessité demeure incontestable que la société soit en
mesure de se maintenir et produire les ressources afin que tout cela
puisse se vérifier, de manière à permettre le maintien des emplois et des
niveaux de richesse atteint, en vue également de réaliser de nouveaux
investissements pour créer des conditions progressives. Face à ces
questions l'encyclique ouvre à l’innovation en soutenant que
« l’entrepreneuriat a et doit toujours plus avoir UNE
SIGNIFICATION PLURIVALENT » venant à surmonter la dichotomie
entrepreneur privé de style capitaliste et manager d'état, pour s’ouvrir à
une entreprenariat capable de permettre au travailleur d'offrir sa propre
contribution. Est placé de cette manière la semence d’un esprit
d'entreprise qui va au-delà de la distinction populaire entre privé et
public et ouvert au transfert de compétences entre le monde des
organisations sans but lucratif et celui des organisations à but non
lucratif. La référence explicite à ces formes d'organisation de la
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production n'est pas une nouveauté dans le milieu des documents
pontificaux ; ils semblent apporter une réponse à l'exigence de l’activité
économique « qui ne peut faire abstraction de la gratuité, qui répand
et alimente la solidarité et la responsabilité pour la justice et pour
le bien commun auprès des ses différents sujets et acteurs ».
Conformément à l'approche, toutefois, destinée à faire concorder
l'objectif idéal avec la réalité tangible, les mêmes organisations ne sont
pas présentées comme des formes exclusives, mais qui coexistent et
travaillent dans un marché « sur lequel des entreprises qui
poursuivent des buts institutionnels différents puissent agir
librement, dans des conditions équitables. À côté de l’entreprise
privée tournée vers le profit, et des différents types d'entreprises
publiques, il est opportun que les organisations productrices qui
poursuivent des buts mutualistes et sociaux puissent s’implanter et
se développer ». De leur confrontation réciproque devrait découler une
sort d’hybridation des comportements d’entreprise, préliminaire d’une
civilisation de l’économie dans laquelle peuvent exister et agir des
initiatives entrepreneuriales qui, sans nier le profit, soient capables d’aller
au- delà de la logique de l'échange des équivalents et du profit comme
but en soi.
Il est clair que ces organisations exigent l'approbation et l’action
d’autorités politiques adéquates qui agissent au-delà du niveau national.
L'encyclique se fait charge aussi de ces thèmes, mais à ce point,
l'économiste arrête sa réflexion en tenant dûment compte des
compétences nécessaires. Il convient néanmoins de souligner que,
selon Benoît XVI, la religion chrétienne et les autres religions peuvent
apporter leur contribution au développement seulement si Dieu trouve
sa place aussi dans la sphère publique, avec référence en particulière
aux valeurs culturelles, sociales, économiques et, en particulier
politiques. L’exclusion de la contribution de l’apport religieux comme, à
l’opposé, le fondamentalisme, sont tous les deux à rejeter comme
obstacles à une coopération efficace entre la raison et la foi religieuse.
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« La raison a toujours besoin d’être purifiée par la foi (y compris la
raison politique, pour ne pas se croire toute puissant) ... la religion a
toujours besoin d'être purifiée par la raison (sous peine de ne pas
être en mesure de montrer son visage humain réel). La rupture de ce
dialogue a un prix très lourd au regard du développement de
l'humanité.»
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