These Finale
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Thèse
En vue de l’obtention du diplôme de Doctorat en Sciences Economiques
Thème
Mes remerciements vont également aux membres du jury qui ont accepté la lourde tâche
d’évaluer ce manuscrit de thèse. Qu’ils soient assurés de ma profonde reconnaissance pour tout
le temps investi à sa lecture.
Cette thèse doit beaucoup aux nombreuses personnes qui m’ont encouragé, soutenu et
conforté au long de toutes ces années. Qu’elles trouvent dans ce travail l’expression de mes
plus sincères remerciements et ma profonde gratitude.
Dédicaces
A la mémoire de ma grand-mère.
A toute ma famille.
Conclusion…………………………………………………………………………………..240
Depuis la révolution industrielle, les combustibles fossiles ont été des composants
essentiels du développement et de la croissance économique mondiale. Actuellement, ils
représentent près de 80% de la consommation d’énergie dans le monde. D'après les prévisions
de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), cette situation restera similaire en 2035où les
énergies fossiles continueront à prédominer, très largement, par rapport aux autres sources
énergétique. Si l'énergie des combustibles fossiles, qui n'a jamais été aussi abondamment
consommée, éveille partout dans le monde de multiples inquiétudes objectivement fondées sur
les risques qu'elle fait courir à l'environnement et sur la menace d’épuisement. L’utilisation
excessive des combustibles fossiles pose donc des problèmes de la sécurité des
approvisionnements, en raison de leur caractère non renouvelables, et sources d’émission de
Gaz à Effet de Serre (GES). En raison de leurs réserves limitées, les ressources fossiles sont
analysables en termes de stocks, leur futur épuisement est justifié par le taux optimal
d’extraction (Hotelling 1931). La question de l’épuisement a été soulevé par H. Hotelling en
1931 dans la théorie des ressources épuisable qui explique que « l’exploitation d'une ressource
non renouvelable et non augmentable, conduirait, dans des conditions économiques stables par
ailleurs, à l'épuisement de la ressource ». Bien avant H. Hotelling, l’économiste classique W.S.
JEVONS s’est penché sur la raréfaction des ressources énergétique en s’intéressant à la question
de la rareté du Charbon en Grande Bretagne à la fin du dix-huitième siècle. Son analyse le
conduisait à conclure que la décroissance des réserves charbonnières constituait une menace
pour la croissance de l’économie du pays et pesait sur sa position concurrentielle. Quelques
1
Introduction générale
années après Hotelling, M.K. Hubert (1940) explique que la production pétrolière passera par
un maximum, puis commencera à décliner. Cette phase appelé le « Pic de la production
pétrolière » ou le « Pic Oïl », devrait se situer avant 2030 selon les prévisions de l’agence
internationale de l’énergie (AIE). La contrainte d’épuisement pose, donc, la problématique de
la gestion à long terme des ressources fossiles et alerte sur la sécurité et la continuité des
approvisionnements énergétiques dans le monde.
Jusqu’à l’évènement du premier choc pétrolier, la réflexion sur la gestion des ressources
fossiles et leur futur épuisement a été négligée en raison, notamment, de leur grande
disponibilité et des faibles prix qui leur étaient affectés [R. Gicquel, M. Gicquel 2016]. Au
début des années 1970, l’économie mondiale vient de connaitre près de trois décennies de forte
croissance : « les Trente Glorieuses ». Cette croissance repose entre autres sur l’accès à un
pétrole « abondant et bon marché ». Le premier choc pétrolier de 1973 s’est manifestée par la
hausse des cours et une perturbation de l’offre. Le cours des hydrocarbures n’est plus stable,
l’offre et la demande ne sont plus un paramètre crédible pour la fixation des prix, d’autres
éléments géopolitiques rentrent enjeux. En effet, le marché mondial de l’énergie est perturbé,
l’offre fossile n’est pas garantie à long terme, et constitue une menace pour la sécurité des
approvisionnements [Ferfari 2012]. Cette situation annonce la fin de la forte croissance
industrielle d’après-guerre, pose la question de la durabilité du système énergétique mondiale,
et en même temps elle soulève la problématique de la substitution énergétique.
2
Introduction générale
Faire des énergies alternatives la principale source d’énergie est un défi planétaire. Une
importance de plus en plus accrue leur est accordée, aussi bien par les pays industrialisés que
par les pays en développement. Des programmes de leur promotion et leur déploiement sont
mis en place par plusieurs pays du monde. Les stratégies mise en œuvre différent d’un pays à
un autre, selon les objectifs de la transition énergétique. Pour les pays industrialisés, le but est
de s’affranchir de leur dépendance vis-à-vis du pétrole dont les réserves sont détenues en
majorité par les pays en développement. Dans les pays émergents, elle vise à assurer un
accroissement des sources d’énergie compatible avec la montée en puissance des économies, à
travers le déploiement des énergies renouvelables. Les pays producteurs et exportateurs
d’hydrocarbures cherchent à « guérir » leurs économies de leur dépendance à la rente pétrolière.
S’ajoutes à ces considérations, la prise de conscience sur la question climatique qui est commun
à toutes les régions du monde. Mais quels que soient les objectifs fixés pour la promotion des
énergies renouvelables, toute la communauté internationale vise à réduire le prolongement de
l’usage des énergies fossiles, et cherche à synchroniser les rythmes de substitution énergétique
(court, moyen et long terme) dont les opérations sont déclenchées en fonctions des potentiels
énergétiques et des possibilités technologiques de chaque pays.
Dans ce travail, le cas de l’Algérie a été choisi. Un pays représentatif des caractéristiques
des pays en développement et producteurs d’hydrocarbures, qui a réorienté sa politique
énergétique vers la valorisation des énergies renouvelables par la mise en place d’un
programme pour leur développement à l’horizon 2030.
Avec ses 3500 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie est un des pays les plus riches
en potentiel énergétique renouvelable au monde. La transition vers un modèle basé sur les
énergies propres permettra un affranchissement progressif par rapport aux hydrocarbures,
autant pour la satisfaction des besoins énergétiques en interne que pour les exportations. Le
potentiel algérien en ressources renouvelables constitue un atout majeur qui pourra être valorisé
pour faire de l’Algérie un modèle et un exemple dans la région Maghreb-Méditerranée en
matière de production et d’exploitation de l’électricité verte.
4
Introduction générale
énergétique axée sur la mise en valeur des ressources inépuisables pour diversifier les sources
d’énergie et préparer la transition vers un nouveau système énergétique durable. C’est dans la
perspective de promouvoir les énergies renouvelables dans le cadre la nouvelle politique
énergétique nationale que s’inscrit notre recherche, son objectif fondamental est de répondre à
la question suivante :
Quelle est la stratégie qui a été mise en place pour promouvoir les énergies
renouvelables dans le cadre de la nouvelle politique énergétique Algérienne ?
Pour mieux répondre à notre problématique de recherche et pour mieux guider notre
démarche, nous avons été conduits à poser des hypothèses de recherche tirées de l’approche de
la transition énergétique par la matérialité. L’approche de la transition énergétique par la
matérialité propose d’investir dans les matières indispensables au développement des
technologies sur lesquelles se fonde la transition énergétique, et évoque la nécessité de la
disponibilité des ressources ainsi que les infrastructures énergétiques (réseaux, centrales etc.).
La dimension par la matérialité permet d’interroger l’éthique de la dimension énergétique et de
penser la disponibilité de certaines matières, de certaines ressources mais également les modes
d’agir et les nouvelles organisations pour converger vers un système énergétique durable.
[High, Smith, 2019].
Hypothèse 2 : L’Algérie a mis tous les moyens nécessaires pour promouvoir les énergies
renouvelables, il s’agit des moyens humains, techniques, financières, juridiques et
institutionnels.
Hypothèse 3 : Les moyens qui ont été mis en œuvre sont efficaces en se basant sur trois
principes :
5
Introduction générale
a) Une série de bases de données, de documents de référence et de sites spécialisés utilisant des
données probantes et suivant une démarche de classification. En premier lieu, on va s’intéressé
aux ouvrages de l’économie d’énergies plus particulièrement les renouvelables ainsi que les
revues spécialisées. Exemple des revues spécialisées de Centre Algérien des énergie
Renouvelable (C.D.E.R), les revues mensuelles de la société pétrolières algérienne Sonatrach,
la revue française « Energie » et la revue « Energie& Mines » du ministère de l’énergie et des
mines ;
6
Introduction générale
rapports du commissariat aux énergies renouvelables, ainsi que les rapports annuels d’activité
des entreprises opérant dans le secteur. Cette étape va nous permettre une évaluation objective
de la politique algérienne des énergies renouvelables.
L’objectif de notre recherche est de faire apparaitre le processus stratégique adopté, dans
le cadre de la nouvelle politique énergétique algérienne, pour la transition vers un nouveau
modèle énergétique basé sur ressources renouvelables. Notre étude s’attachera, ensuite, à
évaluer le choix des politiques incitatives de promotion des énergies renouvelables en terme de
projets réalisés et de capacité installés, et de voir leur impact sur la modification de la structure
énergétique du pays. Pour l’Algérie, un pays producteur du pétrole, les énergies nouvelles ont
un double enjeu, d’une part, assurer la sécurité énergétique pour le pays, d’autre part, financer
le développement économique et sociale, jusqu’à là, garantis par le secteur des hydrocarbures.
Notre travail s’interroge sur la capacité du nouveau modèle énergétique à rééquilibrer de la
structure énergétique du pays, et mettre en valeur le potentiel algérien en ressources
renouvelables, et à créer de la valeur pour l’économie nationale.
Notre recherche s’articulera autour de quatre chapitres, dont chacun fera l’objet d’un
rapport spécifique.
7
Introduction générale
ressources fossiles, faisant le lien entre les travaux de l’économie des ressources naturelles et
l’économie écologique sur la base des travaux de H. Hotelling et de M. Huber. En second lieu,
nous examinerons le contexte énergétique mondial en se penchant sur l’état de l’offre-demande
et les perspectives en termes de production, de consommation et d’investissement, pour pouvoir
dégager les éléments indispensables pour la réflexion sur les enjeux énergétiques globaux. La
connaissance de la situation énergétique dans le monde permet également d’identifier la fiabilité
du système énergétique mondial actuel en terme de soutenabilité, et de durabilité d’énergie.
Enfin nous aborderons la question de la transition énergétique pour examiner les possibilités de
transition vers d’autres sources d’énergie. Pour mieux conceptualiser le changement du système
énergétique, nous présenterons d’abord le cadre théorique de la transition énergétique, les
facteurs favorisant sa réalisation, ses enjeux, et ses contraintes, pour identifier par la suite sa
nécessité et son indispensabilité.
Le second chapitre offre un aperçu de l’état des lieux et les perspectives de la situation
énergétique en Algérie. Au premier plan, nous présenterons le secteur de l’énergie, et les étapes
marquantes de l’évolution de la politique énergétique nationale. Les entreprises qui opèrent
dans le secteur à savoir la Sonelgaz et la Sonatrach, le cadre juridique régissant les activités du
secteur depuis l’indépendance, un rappel historique de l’évolution de la politique énergétique
national depuis l’indépendance, feront l’objet d’une présentation détaillée dans ce chapitre. Au
second plan, nous analyserons le bilan énergétique national à travers les différents agrégats :
production, consommation, échanges, et transformation sur une période de dix années. Cette
analyse permettrait de connaitre l’évolution de la situation énergétique Algérienne à court,
moyen et long terme, Au final, cette évolution va nous conduire à dégager les prévisions de la
demande en énergie sur le long terme du pays, et constituera l’objet de la troisième section de
ce chapitre.
Le troisième Chapitre porte sur la stratégie élaborée pour le développement des énergies
renouvelable et de l’efficacité énergétique dans le cadre de la nouvelle politique énergétique
Algérienne. Ce chapitre débute par un aperçu général sur les différentes filières des énergies
renouvelables et leur situation dans le monde, en termes de capacités installées et en termes de
volumes d’investissements consentis. Ensuite, et après avoir présenté le potentiel en énergies
renouvelables dont elle dispose, on examine la stratégie algérienne de la transition énergétique
à travers les version du PNEREE. Cet examen nous mène à découvrir les moyens mis en œuvre
et les objectifs fixés, dans le cadre de la nouvelle politique énergétique, pour la promotion des
8
Introduction générale
Le quatrième Chapitre aborde les réalisations et les perspectives dans le secteur des
énergies renouvelables en Algérie. La première section sera consacrée à la présentation du
secteur pour identifier des grands acteurs qui y opèrent, distinguer ses caractéristiques et son
évolution pour connaitre les mécanismes d’encouragements et les modalités d’investissement,
et on termine par la présentation non exhaustive de sa contribution au mix énergétique national.
La seconde section évoque, en premier lieu, les réalisations en terme de capacités installées, ce
qui nous permettra d’examiner l’efficacité des moyens qui ont été mobilisés pour la promotion
des énergies renouvelables, et de vérifier si les objectifs tracés ont été atteints. En second lieu,
les réalisations sur le plan technologique pour mieux évaluer le taux d’intégration de l’industrie
national des énergies renouvelables. La troisième section explique les perspectives de
développement des projets d’énergies renouvelables à long terme, et formules une vision
générale sur la coopération énergétique. L’objectif est de mesuré la capacité d’intégration de
l’Algérie sur le plan régionale et internationale dans le secteur des énergies renouvelables.
Nous achevons notre travail par une conclusion générale qui relate les différents
résultats théoriques et empiriques auxquels notre recherche a abouti. Nous évoquons également
les voies de recherche nous semblant intéressantes à prolonger…
9
Chapitre I
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Introduction
La révolution industrielle, avec la conjonction de la machine à vapeur et de
l'exploitation du charbon, de la turbine et des grands barrages hydrauliques, puis du moteur à
explosion et du pétrole, démultiplie les capacités de production et de transport des produits
énergétiques : en moins d'un siècle, l'énergie est devenue l'une des composantes fondamentales
du développement industriel. Ce sont les crises de l'approvisionnement pétrolier des années 70
(les "chocs pétroliers") qui ont entraîné la prise de conscience que les ressources énergétiques
fossiles ne sont pas illimitées, que leur consommation sans précaution entraînerait leur
raréfaction et l'augmentation de leur coût. Au début de l’ère industrielle, les ressources
naturelles fossiles, en quantités abondantes, ont procuré une forte croissance économique au
niveau mondiale. Néanmoins, si elles sont un des grands piliers du développement économique
et sociale, elles présentent des stocks en quantité limitée, et s’épuisent dans le temps. Toutefois,
cette notion de disponibilité des ressources revêt différents aspects. En effet, si la disponibilité
physique des ressources au niveau de la croûte terrestre est un élément important pour évaluer
la disponibilité des ressources sur le long terme, d’autres aspects économiques
(protectionnisme, monopoles) ou géopolitiques (zones de conflit) sont également à prendre en
compte pour évaluer l’accès aux ressources à court ou moyen terme.
10
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
les pays occidentaux du fait des politiques mises en œuvre depuis les années 70, la poursuite
des tendances actuelles au niveau mondial conduirait à un doublement de la consommation
d'énergie à l'échelle de quelques décennies. Compte tenu de cette consommation croissante et
du caractère épuisables des ressources fossiles, il est apparu nécessaire de se doter de moyens
permettant d’appuyer les choix politiques et industriels visant à garantir la disponibilité des
ressources pour les générations futures.
Toutefois, cette notion de disponibilité des ressources revêt différents aspects. En effet,
si la disponibilité physique des ressources au niveau de la croûte terrestre est un élément
important pour évaluer la disponibilité des ressources sur le long terme, d’autres aspects
économiques (protectionnisme, monopoles) ou géopolitiques (zones de conflit) sont également
à prendre en compte pour évaluer l’accès aux ressources à court ou moyen terme. C’est
pourquoi, différents indicateurs ont été développés, afin de répondre à différents besoins en
termes d’évaluation en lien avec les ressources. On trouve des indicateurs visant à quantifier
l’extraction selon une grandeur intrinsèque à la ressource (masse ou énergie), des indicateurs
visant à évaluer l’impact de l’extraction en fonction de la rareté de la ressource ou encore des
indicateurs visant à évaluer les conséquences d’une extraction actuelle sur les possibilités
d’extraction future. D’un point de vue théorique, ces indicateurs trouvent leurs origines dans le
modèle de H. Hotelling (1931) développé dans la théorie des ressources épuisables, et du
modèle du Hubert développé dans la théorie du pic de la production pétrolière « Pic Oïl ».
11
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
cadre théorique permettant de mieux cerner ses différentes approches, ses enjeux et les facteurs
favorisants son déploiement.
La théorie économique s’est penché sur le caractère non renouvelable des ressources
fossiles en l’occurrence « La théorie des ressources épuisables » de H. Hotelling (1931)1, dont
l’objet est précisément de construire un indicateur de rareté économique. Le débat sur
l’épuisement d’une ressource se cristallise autour de la mesure de sa rareté : l’approche
géologique, avec ses ratios, s’oppose à l’approche économique, davantage centrée sur l’examen
des prix et des coûts de production. C’est cette seconde voie que nous allons explorer dans ce
chapitre avec l’examen de la règle d’Hotelling, une interprétation non exhaustive de la notion
de rente minière et théorie des ressources épuisables. Dans un premier temps, nous exposerons
la version formalisée du modèle. Dans un second temps, nous aborderons ses fondements, ce
qui nous permettra d’évaluer par la suite ses chances d’application. Nous examinerons, enfin,
le concept de « Peak Oïl » comme élément de validation de la règle.
Pour Ricardo, si la demande justifie la mise en culture des terres de fertilités différentes,
le prix sera égal au coût de production sur la terre la moins fertile 3,faisant apparaitre une rente
sur les autres terres égal à la différence entre le prix et son coût marginal de production. La
rente foncière agricole apparait, selon Ricardo, comme une prime de fertilité, de productivité
de la terre, puisque la terre la plus fertile perçoit une rémunération supérieure à celle de la terre
la moins fertile. La différence entre les revenus perçus constitue, pour RICARDO, la rente
1
Cette théorie va être développée en détail dans cette section.
2
D. RICARDO : « Des principes de l’économie politique et de l’impôt » Paris, Flammarion 1971.
3
C’est-à-dire les terres les moins fertiles demandent plus de capital et de travail.
12
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
« différentielle ». En d’autres termes, la rente est déterminée par le mécanisme des prix. Une
hausse de ces derniers, conséquente à un accroissement de la demande sur les biens agricoles,
permet de mettre en valeur les terres les moins fertiles à des coûts supérieurs et crée du coup
une rente pour les terres les plus fertiles. Autrement dit, s’il était possible de produire toute la
quantité souhaitée sur la terre la plus fertile, il n’y aurait plus de rente, car c’est la limitation de
la production pour les différentes superficies qui explique l’existence de la rente. Cela confirme
l’idée de Ricardo que la rente est essentiellement l’expression de la rareté.
4
Ce qu’on désigne d’une manière synthétique par la qualité de la ressource.
5
Gray, L.C. (1914). « Louer sous l'hypothèse d’épuisabilité. Revue trimestrielle d'économie N°28, Page 466.
13
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
l'exploitation minière. Cependant, il n'a pas bien montré la relation entre la marge intensive6 et
la rente. Il faudra attendre l'article qui ouvre d'autres voies, celui d’Harold Hotelling en 1931.
Pour mieux illustrer la différence entre rente minière et rente foncière, Hotelling, dans
son article, déploie qu’une unité de ressource extraite aujourd’hui ne peut plus être demain et
cette irréversibilité dans la décision impose à l’exploitant qui veut maximiser son profit de
prendre en compte toute la trajectoire d’extraction jusqu’à l’épuisement et pas seulement la
production courante comme dans le cas de la terre. Il ne peut plus être optimal d’égaliser le
revenu marginal au coût marginal d’extraction, car on négligerait le fait que la dernière unité
exploitée aujourd’hui pourrait procurait un bénéfice net en fin d’horizon que l’on peut sacrifier
si on l’exploite aujourd’hui. Il parait alors une rente égale à la différence entre le revenu
marginal et le coût marginal d’extraction qui ne provient que du caractère épuisable de la
ressource.
Le caractère épuisable des ressources non renouvelables pose, alors, la question de leur
évaluation et de leur substituions. Les développements qui suivent tenteront de répondre à cette
préoccupation.
6
La raison en est que le propriétaire d'une mine peut remettre à plus tard l'extraction et, ainsi, que l'extraction
aujourd'hui a un coût d'opportunité (ou coût d'usage) en terme d'extraction future.
7
Un caractère stable où le facteur temps n’étant pas déterminant.
14
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
L’élaboration en 1931 d’un modèle de gestion des ressources non renouvelables par
Harold Hotelling11 a remis en cause le caractère inépuisable des ressources naturelles non
renouvelables. Le modèle montre que l’exploitation efficace d’une ressource naturelle non
renouvelable et non augmentable conduirait, dans les conditions économiques stables par
ailleurs, à l’épuisement de la ressource. Une ressource naturelle est considérée dans l’absolu
comme un stock non renouvelable dont l’exploitation conduirait à son épuisement. Il en est
ainsi des combustibles fossiles (Pétrole, Gaz, Charon) qui existent en quantités limitées. La
rareté des énergies fossiles pose alors la question de leur remplacement et plus précisément du
8
JEAN BAPTISTE SAY, Economiste classique (1767 - 1932), il est l'auteur de la distinction tripartite
« production, répartition, consommation », devenue classique. Celle-ci sert de plan au « Traité d’économie
politique », son maître-ouvrage paru en 1803. Il est également connu pour la « loi des débouchés » ou Loi de
Say. En outre, il fut l'un des premiers économistes à étudier l’entreprenariat et les entrepreneurs, conceptualisés
comme organisateurs et moteurs du tissu économique.
9
JEVONS.W. S. (1865), « The coal question », Mac Milan and Co.
10
RICARDO D. « Des principes de l’économie politique et de l’impôt » Flammarion 1993.MALTHUS T.R.,
« Essai sur le principe de population » Garnier. Flammarion 1992.
11
Harold Hotelling (1895-1973 Statisticien et économiste américain. Il est principalement connu pour ses apports
théoriques en économie avec La loi de Hotelling en 1931, Il a également développé la méthode d'analyse en
composantes principales qui est largement utilisée en informatique et en statistiques.
15
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
coût de leur substitution. De la valeur attribuée à cette rareté dépendra la gestion optimale de la
période de transition.
Des économistes affirment que le jeu du marché peut aussi réguler la demande, la
raréfaction d'une ressource entraînant mécaniquement une hausse des prix qui elle-même se
traduit par une baisse de la demande et dans le même temps rend compétitive d'autres solutions
techniques. Pour savoir quel doit être le prix d’équilibre d’une ressource épuisable, il faut alors
faire intervenir le principe économique de l’arbitrage selon lequel deux actifs soumis au même
risque doivent rapporter le même taux de rendement. En effet, à tout instant, le propriétaire d'un
stock de ressources effectue un arbitrage: soit il vend maintenant, soit il vend plus tard ; c'est-
à-dire qu'il cherche le moment t qui maximise la valeur actuelle de son bien.
12
L’Article où il expose le modèle qui porte son nom (Modèle de Hotelling) repris dans un ouvrage « la théorie
des ressources épuisables et rente pétrolière » Eirik Schröder Amundsen, Economica 2016.
16
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Considérant16 que e -ytest la valeur présente actualisée d’un revenu monétaire acquis
après un temps t suivant un taux d’intérêt y fixe dans la durée. Selon le principe d’arbitrage17,
l’exploitant de la ressource restera indifférent entre offrir une unité de minerai au temps t0 en
Hotelling suggère que, dans un contexte de concurrence parfaite, le prix d’une ressource
non renouvelable doit évoluer en fonction du paramètre temps et du taux d’intérêt de telle sorte
que :
P= e –yt.
Cette égalité signifie qu’une quantité de minerai que l’on appelle q et pouvant être extraite
q= f (p, t)
13
Il aborde cette notion dans la section II intitulée « Free competition » de son article où il expose “la règle de
Hotelling”.
14
C'est-à-dire son prix de vente moins son coût d'extraction.
15
Au taux d’intérêt.
16
La présentation très sommaire de la règle de HOTELLING que nous développons ici a pour but de mettre en
exergue les principales conclusions dégagées par Hotelling.
17
Soit il vend maintenant, soit il vend plus tard ; c'est-à-dire qu'il cherche le moment qui maximise la valeur
actuelle de son bien.
17
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
T
T
∫= qdt ∫ =f (P0 e –yt, t)dt = a
0 0
f (P0 e –yt, T ) = 0
1. A l’équilibre le prix d’une ressource non renouvelable intègre une rente de rareté.
2. Le déclin progressif des gisements miniers dans le temps entraine un accroissement du prix
de façon telle qu’à la date d’épuisement T, le prix atteint un niveau P0e yt où la demande
s’annule.
18
En fonction des structures de marché en vigueur : concurrence, monopole.
19
Le progrès technique permet d’accroitre le volume des réserves prouvées, produire de l’information sur les
réserves probables ou possibles , réduire les coûts d’accès aux ressources.
20
Alors que la valeur de non-extraction est constituée par le coût d’opportunité de l’épuisement de la ressource,
qui pour la dernière unité produite doit égaler la valeur d’extraction.
18
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
temporairement la production. Ce qui lui permet de bénéficier d’une rente de rareté entrainant,
selon Hotelling, un prix qui augmente à un taux égal au taux d’actualisation au fur et à mesure
que la ressource se raréfie ; la limite étant atteinte lorsque le prix de cette ressource coïncide
avec le prix de son substitut. Il est possible, alors, d’en dégager la voie optimale d’évolution du
prix suivant la structure de marché prédominante : Deux cas son possible :
- Situation de concurrence pure et parfaite : dans ce cas le prix de la ressource
épuisable doit croitre au rythme du taux d’actualisation (ou taux d’intérêt réel) ;
- Situation de monopole : dans ce cas c’est la rente qui doit croitre au taux
d’actualisation.
Le premier modèle de prévision du "Peak Oïl" a été développé en 1940 par Marion King
Hubert23, afin de prévoir à partir de quelle date la production de pétrole commencera à décliner
aux USA. Cette courbe, qui prend en compte la production actuelle, les réserves identifiées et
les futures découvertes de pétrole. Le "Peak Oïl" représente, donc, le sommet de la courbe de
production de pétrole, c'est à dire le moment où la production de pétrole aura atteint son plus
haut niveau et commencera à diminuer (via l'épuisement des réserves de pétroles exploitables).
21
Existence d’un substitut abondant, absence d’incertitude sur la demande ultérieure, c’est-à-dire sur la date à
partir de laquelle les ressources seront épuisées, situation de concurrence pure et parfaite.
22
Appelé aussi le pic de « Hubert ».
23
Il a modélisé la courbe de la production d’une matière première donnée, en particulier celle du pétrole. Cette
théorie, appelé « le pic de Hubert » ou « Pic de de la production pétrolière » devient célèbre quand Hubert en fit
la présentation officielle à l’Américain Petroleum Institute en 1956.
19
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Hubert explique que le pic de production est la frontière entre la production cumulée et les
réserves prouvées.
Pour mieux illustrer la notion de réserve, il est utile de la distinguer de celle de ressource.
En économie d’énergie, les ressources sont constituées par les quantités d’hydrocarbures
contenues dans les gisements 24; tandis que les réserves correspondent au stock d’hydrocarbures
identifié, récupérable aujourd’hui ou exploitable ultérieurement, dans des conditions techniques
déjà mises en œuvre. La notion de « ressources » a donc un caractère général, contrairement à
celle de « réserves » qui est plus précise. La notion de réserves, pour une ressource non
renouvelable recouvre des aspects à la fois, géologique, techniques et économiques. Le point
de vue du géologue et celui de l’économiste ne coïncident pas quand il s’agit d’estimer les
réserves disponibles. Pour les géologues, le niveau des réserves est théoriquement fini, même
s’il n’est pas connu. L’économiste s’intéresse aux réserves techniquement exploitables et
économiquement rentables avec la technologie disponibles aujourd’hui 25[J. Percebois 2015].
Le concept de réserves recouvre, en effet, des grandeurs mesurables. Il est d’usage courant de
différencier entre réserves prouvées, réserves probables et réserves possibles.26
24
Ces quantités peuvent être récupérables ou non.
25
J. PERCEBOIS explique qu’on peut anticiper sur les technologies de demain qui permettra soit de réduire les
coûts soit d’accéder à de nouvelles découvertes.
26
Une classification assez rigoureuse de ces notions est suggérée par les organismes suivants : - AAPG : American
Association of Petroleum Geologists ; - SPE : Society of Petroleum Engineers ; - WPC : World Petroleum
Congress.
20
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
1. Les réserves prouvées : Ce sont des réserves découvertes, récupérables avec une forte
certitude27 et économiquement exploitables. Le niveau de ces réserves va évoluer au cours
du temps en fonction de deux paramètres essentiels : le prix du marché et de la
technologie disponible. Lorsque le prix du marché augmente le montant des réserves
prouvées s’accroit, le progrès technique, quant à lui, permet d’accéder à des ressources
inaccessibles jusqu’alors et d’en baisser en outre le coût d’accès ;
2. Les réserves probables : correspondent aux réserves découvertes mais non exploitées
dont les quantités sont estimées à partir de projections géologiques. Elles consistent en
une extrapolation de ressources potentielles fondée sur la connaissance des données
géologiques. Les ressources probables devraient être exploitables dans le future avec une
bonne probabilité et selon les moyens technologiques et les conditions économiques du
moment. On admet globalement que ces réserves ont, dans une hypothèse faible, peu de
chances d’être exploitables ;
3. Les réserves possibles : portent sur les quantités de pétrole dont la probabilité
d’existence est très faible. Ces réserves sont difficilement accessibles et demeurent
hypothétiques et suppose généralement des bouleversements technologiques importants.
Elles ne suscitent de l’intérêt qu’en cas de hausse durable des prix28, et d’avancées
technologiques probantes.
En plus de ces trois catégories de réserves, certains auteurs : [Philippe Bihouix, benoit
de Guillebon] parlent de réserves ultimes29 qui incluent en outre le potentiel géologique non
identifié.30
La notion de réserve est une notion complexe, les réserves d’un gisement31, en réalité,
ne sont effectivement connues qu’avec l’achèvement de l’exploitation. Les réserves peuvent
évoluer du fait de nouvelles découvertes ou du fait d’une réestimation (à la hausse ou à la
baisse) des réserves déjà connues. C’est pourquoi les prévisions énergétiques tablent
uniquement sur les réserves prouvées dont le volume varie en fonction des fluctuations des prix
27
Une probabilité de 95%.
28
Pour couvrir les coûts.
29
Philippe Bihouix, benoit de Guillebon : Quel future pour les métaux ? Raréfaction des métaux un nouveau défi
pour la société, Edition Sciences,2010.
30
Les réserves restant à découvrir, principalement dans les bassins insuffisamment explorés ou encore inexplorés.
31
Les réserves peuvent s'exprimer en quantité (aspect géologique) ou en nombre d'années de production pour une
année de référence donnée (aspect économique).
21
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
et du progrès technique32. Ces derniers sont, alors, un déterminant de la gestion des réserves
pétrolières, ce que des analystes essaient d’étayer à travers la théorie du « Peak Oïl ».
La théorie du « Peak Oïl », développée dans les années 50 par Hubert King, s’inscrit
dans le prolongement de la règle de Hotelling établie en 1931. Mais sur quoi repose précisément
cette théorie ? L’auteur fonde son approche sur l’hypothèse que la production d’un gisement de
pétrole est strictement fonction des quantités découvertes. Celle-ci parviendra à son maximum
dès lors que la moitié des réserves ultimes a été exploitée. En faisant la différence entre le
niveau de ces réserves et la quantité exploitée33, il est donc possible de fixer la date du « Peak
Oïl ». En d’autres termes, le pic de production pétrolière survient à partir du moment où les
volumes extraits sont égaux à ceux restant à extraire. Les partisans de cette thèse, autrement dit
de l’arrivée proche d’un pic de production, s’appuient sur l’argument que le renouvellement
des réserves dépend pour un tiers, à peine, des nouvelles découvertes, le reste, soit deux tiers,
étant obtenu par réévaluation des anciens gisements grâce notamment à une amélioration des
taux de récupération.34
Certes, des incertitudes pèsent toujours sur les échéances annoncées ; pourtant la prise
en compte d’une rente de rareté dans les anticipations de prix semble désormais s’imposer.
C’est, du reste, ce que suggère Hotelling dont l’analyse continue d’influencer beaucoup de
travaux relatifs à la théorie des ressources épuisables.
Au terme de cette section, nous constatons que la théorie des ressources épuisables de
Hotelling, articulée sur une approche en termes de rareté, explique dans une large mesure
l’attitude prudentielle face à l’épuisement future des ressources fossiles : En premier lieu, il a
montré le critère de la valeur actualisée constante du prix net, ou plus généralement, de la valeur
actualisée constante du profit marginal à chaque moment de la période d'extraction, pour une
32
Il y a trois manières d'augmenter les réserves : trouver de nouvelles ressources par l'exploration ou l'amélioration
de la connaissance géologique ; améliorer les techniques de production ; faire varier les conditions économiques.
33
Depuis la mise en œuvre de la production.
34
BABUSIAUX D., BAUQUIS P.R (2007). « Que Penser de la Raréfaction des Ressources Pétrolières et de
l’Evolution du Prix du Brut ? », Les Cahiers de l’Economie, IFP, Sept 2007.
22
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Du fait de leur caractère stratégique, les ressources énergétiques nécessitent une gestion
rationnelle à long terme en tenant compte des variables politiques qui interférent, selon la
conjoncture, avec les paramètres technico-économiques pour comprendre les anticipations des
acteurs sur le marché énergétique mondial. Pour mieux illustré cette problématique de la gestion
des ressources énergétiques à long terme et le comportement des acteurs sur les marchés
internationaux, il convient d’analyser le contexte énergétique mondial pour pouvoir trouver des
choix économiquement approuvables pour une transition vers d’autres sources énergétiques
non épuisables.
La situation énergétique mondiale constitue l'une des principales étapes de l'étude des
problèmes énergétiques globaux. La connaissance du volume des consommations d'énergie
dans le monde et de leurs évolutions est nécessaire pour pouvoir évaluer les tendances
d'ensemble à court et moyen terme ainsi que les pressions que cette demande peut exercer sur
les ressources. Tandis que l'examen des disparités régionales, tant en terme de consommations
que de productions, fournit les éléments indispensables pour la réflexion sur les enjeux
énergétiques globaux. La connaissance de la situation énergétique dans le monde permet
également d’identifier la fiabilité du système énergétique mondiale actuel en terme de
soutenabilité, et de durabilité pour pouvoir examiner, par la suite, les possibilités de transition
vers d’autres sources d’énergie.
2.1.1. L’offre
L’énergie fossile s’est imposée depuis près de 150 ans comme le ressort essentiel de
l’économie et de la création de richesse. À l’époque des « Trente Glorieuses », l’ensemble des
23
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Figure 1 : Part de l'approvisionnement énergétique mondial total par source 1973 et 2019.
16,10%
23,20%
30,90%
46,20%
35
Key World Energy Statistics, IEA – 2019.
36
L’Année du premier choc pétrolier mondial.
37
Key World Energy Statistics, IEA – 2019.
24
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
mondiale aux énergies carbonées et pose la question de sa soutenabilité, tant sur le plan
environnemental que sur celui de l’approvisionnement en matières premières. Si les réserves
mondiales d’énergies fossiles apparaissent abondantes au regard des besoins futurs, les
conditions de leur accès sont de plus en plus difficiles : les investissements en infrastructures
nécessaires pour l’utilisation des ressources sont massifs et le contexte géopolitique est par
nature incertain. La contrainte climatique devrait par ailleurs apparaître plus tôt que la
contrainte géologique.
2.1.2. La demande
38
1973, le début du premier choc pétrolier mondial, une période caractérisée par la hausse des prix du pétrole.
25
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Figure 2 : Part de la consommation finale mondiale totale par source, 1973 et 2019
1973 2% 2019
4%
13%
10%
14% 48% 40%
20%
9%
14% 10% 16%
39
BASIC désigne les pays suivants : Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine.
40
Dans sa publication World Energy Outlook 2019.
26
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Réserves
Réserves Production Nombres d’années de
mondiales
mondiales annuelle production à ce rythme
Ressources Energétiques en %
Selon les statistique de la compagnie BP, publiées dans BP Statistical Review of World
Energy 202041 , les réserves mondiales prouvées d'énergies conventionnelle (fossiles)
pourraient être estimées en 2019 à 945 Milliards de Tonnes équivalent pétrole (Tep), soit 80
ans de production au rythme actuel. Cette durée est très variable selon le type d'énergie : 53 ans
pour le pétrole, 49 ans pour le Gaz Naturel, et 139 ans pour le Charbon. Or, il est très peu
probable que la consommation reste stable puisque la forte croissance d’économies, notamment
les pays émergents, entraînent un accroissement régulier de la demande mondiale. L'Agence
internationale de l'énergie (AIE) prévoit un renforcement de la place dominante des énergies
fossiles dans le bilan énergétique mondial pour les prochaines années. Selon le scénario de
41
Statistical Review of World Energy : Une revue annuelle de la compagnie British Pétrolium, elle présente des
données énergétiques mondiales et analyses de l'année précédente. Elle fournit des informations complètes et
opportunes et des données objectives pour la communauté énergétique depuis 1952.
27
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
référence des perspectives énergétiques de l'AIE, la part des énergies fossiles dans la
consommation mondiale d'énergie pourrait même doubler.
Le contexte énergétique mondial est marqué par une instabilité des prix. Les tentions
géopolitique et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnel sont des facteurs
déterminants de cette instabilité. L'effondrement des prix du pétrole depuis 201442 ont engendré
une baisse des investissements de l'amont pétrolier dans le monde. Après avoir reculé de 24 %
en 2015, les capitaux investis « capex » dans l’exploration-production d’hydrocarbures
devraient encore baisser dans les prochaines années. Cette baisse des investissements est le
résultat direct de la baisse des prix du pétrole et des produits pétroliers sur le marché mondial.
Les experts énergétiques expliquent l'effondrement des prix par le recours à l'exploitation des
hydrocarbures non conventionnels, pétrole et gaz de schiste et les tentions géopolitique.
2.1.3.1. L’effet des hydrocarbures non conventionnel sur les prix de l’énergie
42
En Décembre 2014, le cours du pétrole baisse fortement (-19,7%), pour s’établir à 50.5§.
43
World énergie Outlook 2019.
28
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
44
Les guerres en Irak, en Syrie et en Libye
45
Perspectives énergétique mondiale (World Energy Outlook). Document de l'agence internationale de l'énergie
édition 2015.
29
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Le Gaz naturel : Avec une hausse de la consommation en continue, le Gaz naturel est le
combustible fossile qui a la croissance la plus rapide en raison de son faible émission de
carbone. La Chine et le Moyen-Orient sont les principaux foyers de croissance de la demande
en gaz, dépassant ainsi tous deux l'Union européenne en matière de consommation.
L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), prévoit une augmentation de la demande de gaz
d’environ 35 % à l’horizon 2040. La raison à cet engouement pour le gaz tient au fait qu’il
est une source d’énergie aux prix compétitifs et dont la gestion et le stockage sont aisés, ce
qui permet de faire face à l’intermittence des renouvelables. Mais cette expansion à plus long
terme est conditionnée par des politiques d’efficacité énergétique, et par la concurrence des
autres sources énergétiques, telles que l’hydrogène bas carbone et le bio-méthane.
L’hydrogène bas carbone suscite une vague d’intérêt, bien que sa production soit pour le
moment relativement coûteuse. L’injecter dans les réseaux gaziers serait un bon moyen de
permettre la montée en puissance des technologies de production et de réduire les coûts.
Le charbon : La part du charbon au sein du mix énergétique mondial est de plus en plus en
baisse même dans les régions où il est le plus utilisé à savoir les pays asiatiques. Les
prévisions de l’AIE prévoient que sa part dans le bouquet énergétique mondial passe en
dessous de 20 %46 à l’horizon 2040, et ce pour la première fois depuis la Révolution
46
World énergétique Outlook 2019.
30
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
La chine et l’inde vont être les moteurs de la future demande énergétique mondiale pour
les prochaines années selon les scénarios de l’AIE. Sous l’effet de la croissance démographique
et du développement économique, ces deux pays vont représenter plus de 50% de la demande
énergétique mondiale à l’horizon 2040.
La Chine : La Chine est qualifiée du poids lourd du secteur énergétique mondiale par les
analystes de l’AIE. Elle occupe toujours la première place de producteur et de consommateur
le plus important de charbon au monde. Elle déploie plus de capacité de production
d'électricité renouvelable que tout autre pays. D'ici aux années 2030, elle dépasse les États-
Unis pour devenir le plus grand consommateur de pétrole et représente un marché plus
important que l'Union européenne pour le gaz. En 2040, la demande énergétique totale de la
Chine est près de deux fois supérieure à celle des États-Unis.
31
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
entraînent une stabilisation, puis un pic des émissions de CO2 de la Chine vers 2030 d'après les
perspectives AIE.
Le risque d’épuisement des énergies fossiles en raison de leurs réserves limitées, et les
engagements de la communauté international pour le climat47, offrent des alternatives pour
accélérer l'utilisation des technologies de combustibles à faible émission de carbone. L'objectif
est l'augmentation de la part des énergies non fossile dans le mix énergétique mondiale de 19%,
aujourd’hui, à 25% en 2040. Le gaz naturel (énergie fossile qui produit moins de carbone) est
47
Réduction des émissions de carbone dans le cadre du Scénario à 1,5°C (%) décidé dans la COP 21.
32
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
la seule énergie à voir sa part augmenté dans les scénarios de l’AIE. La réduction du coût des
énergies renouvelables et les progrès des technologies numériques ouvrent d’immenses
possibilités pour la transition énergétique et la promotion des énergies alternatives.
Une des plus importantes conclusions de cette section est que le mix énergétique50
mondial reposera encore à près de 75% sur les énergies fossiles à l’horizon 2040 (contre 81,4%
48
Grâce à la baisse des coûts et à l'expérience européenne acquise en mer du Nord. Le potentiel technique de
l’éolien en mer est considérable, et équivaut à plusieurs fois la demande électrique actuelle. L’éolien en mer offre
des facteurs de capacité nettement supérieurs à ceux du solaire PV et de l’éolien terrestre, grâce à des turbines
toujours plus grandes, qui permettent de capter plus loin des côtes des vitesses de vent plus élevées et plus
régulières. D’autres innovations se profilent à l’horizon, notamment les éoliennes flottantes qui rendent
accessibles de nouvelles ressources et de nouveaux.
49
Selon l’Agence international de l’énergie (AIE) dans sa publication annuelle Outlook 2021.
50
Le terme de mix énergétique désigne la répartition des différentes sources d’énergies primaires utilisées pour
les besoins énergétiques dans une zone géographique donnée. Il inclut les énergies fossiles (pétrole, gaz naturel,
charbon), le nucléaire et les diverses énergies renouvelables.
33
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
en 2013). Pour la même période, le monde connaitra une hausse de la consommation d’énergie.
Cette hausse de la demande proviendrait entièrement des pays émergent notamment l’inde et la
chine, sujets à une forte croissance démographique et économique. Les émissions de CO2 liées
à l’énergie pourraient suivre l’évolution de la demande en 2040. Les tensions géopolitiques
causent un déséquilibre entre l’offre et la demande énergétique mondiale et rendent les prix
instables. Ce constat renseigne sur limites du système énergétique mondial actuel, basé sur les
ressources entièrement sur les ressources fossiles. Pour assurer la continuité des
approvisionnements en énergies, et pour garantir un développement durable prenant en compte
les changements climatiques, un changement du modèle énergétique est nécessaire.
Les travaux du GIEC51 ont montré que les émissions de gaz à effet de serre liées aux
activités humaines étaient responsables du changement climatique en cours. Selon leurs
projections, le réchauffement pourrait atteindre jusqu’à 6°C en moyenne à la surface du globe
à l’horizon 2100 en fonction des trajectoires d’émissions retenues.
51
Le Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), créé en 1988, a pour vocation
d’évaluer d'un point de vue scientifique l'influence de l'Homme dans le changement climatique, mais aussi d'en
mesurer les risques et de proposer des stratégies d’adaptation et d’atténuation.
34
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
décidé de se donner comme objectif de limiter la hausse des températures moyennes à 2°C à
long terme. Ceci requiert, avec une probabilité de 50 %, que la concentration atmosphérique en
gaz à effet de serre ne dépasse pas les 450ppm2 et que les émissions de gaz à effet de serre
soient divisées par deux par rapport à leur niveau de 1990 à l’horizon 2050, soit qu’elles soient
divisées par trois par rapport à leur niveau actuel.
52
Key World Energy Statistics, IEA – 2019.
53
Conférence de Paris de 2015 sur le climat du 30novembre 2015 au 11décembre 2015 en France.
35
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Figure 3 : Part des carburants dans les émissions de CO2 provenant de la combustion de
carburants, (1973 et 2019)
1973 2019
1,80% 0,10%
2,20%
0,90%
10,20%
2,50%
9,40%
24,70%
5% 26,80%
16%
23,20%
46,20%
30,90%
L’enjeu climatique requiert donc de moins recourir aux énergies fossiles, ce qui
nécessite de réduire la demande d’énergie et de développer davantage les énergies alternatives,
que sont aujourd’hui les énergies renouvelables. L’enjeu climatique incite par conséquent à un
changement radical du mix énergétique mondial qui doit toutefois être envisagé au regard des
autres enjeux énergétiques majeur en tenant compte des enjeux économiques et notamment de
compétitivité que les choix énergétiques impactent directement. Pour Atteindre les objectifs du
développement durable une mutation profonde et rapide à tous les niveaux du système
énergétique est nécessaire. Un large éventail de combustibles et technologies permettent
d’assurer l’accès à tous à des services énergétiques performants et économiquement rentables,
tout en conduisant à des réductions massives des émissions de Gaz à effet de serre.
36
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
nécessaire d'engager une transition vers un système énergétique faisant appel d'une manière
prédominante à des sources d'énergies propres et renouvelables.
Le concept de transitions énergétiques est apparu au lendemain des chocs pétroliers des
années 1970 dans un ouvrage portant sur la diversification du mix énergétique54 .Offrant une
perspective sur la dynamique des changements énergétiques et sociétaux, ce livre examine des
exemples historiques de transitions énergétiques du pétrole et du gaz naturel aux ressources
renouvelables ou à la fission nucléaire et évalue les implications des transitions énergétiques
pour les politiques énergétiques gouvernementales. En 2009, le concept de transition
énergétique est repris, en France, dans deux livres : « la Transition Energétique » par Michel
J.-F. Dubois [2009] et « Réussir la Transition énergétique » par Alexandre Rojey [2008]. Le
premier est d'avantage anthropologique et politique ; le deuxième est plus technico-
économique.
54
Lewis J. Perelman, August W. Giebelhaus, Mickael.D. Yokel (1981) «Energy Tansitions: Long Term
Perspectives » Routledge, 1981.
37
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
et pour désigner le remplacement souhaité d’une partie du nucléaire par « autre chose »
[Jancovici, 2012]. Certains auteurs associent les facteurs techniques pour expliquer la notion de
transition énergétique dans la mesure où, elle doit conduire à une profonde refonte des systèmes
sociotechniques énergétiques, [Kempf, 1998]. Bien que les facteurs techniques soient
importants, mais la transition énergétique engage les institutions, les systèmes politiques,
économiques et sociaux. Cette dimensions socio-économiques, spatiales et politiques qui la
définissent comme une « transition énergétique-rupture » dans la mesure où elle associe des
substitutions énergétiques majeures à des ruptures d’ampleur dans le système sociotechnique
établi [Du ruisseau, 2014].
Toutefois, quelle que soit la définition retenue, la transition énergétique vise à analyser
la manière de promouvoir une convergence vers un système énergétique plus durable. En outre,
elle cherche la modification de la structure énergétique par l’introduction des technologiques
des énergies renouvelables. Par ailleurs, l’analyse de la transition énergétique cherche étudier
les conditions, moyens et résultats de la modification du système énergétique actuel basé sur
les sources fossiles, épuisables par définition, vers un système nouveau qui fait appel à des
énergies nouvelles et renouvelables. L’objectif est d’assurer la sécurité des approvisionnements
et de la protection des externalités environnementales liées à l’utilisation des ressources
fossiles. Par condition on entend les prérequis techniques et institutionnels visant à favoriser la
transition vers les énergies renouvelables. Les moyens et les conséquences s’articulent à la fois
autour des instruments disponibles tant au niveau interne qu’externe et les conséquences
résultantes de la transition énergétique.
38
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
55
Thiam, Djiby-Racine, 2010. « Les énergies renouvelables décentralisées dans les pays en développement : Bilan
d'un projet de micro-réseaux au Sénégal », Energy Policy N° 35, Août 2010, pages 1615-1623.
56
Breukers. S, 2007. « La mise en œuvre de l'énergie éolienne dans le changement institutionnel : une comparaison
internationale » Energy Policy N° 35, p 2737 – 2750.
57
Appelée aussi le « néo-institutionnalisme » s'est construit à base des travaux des institutionnalistes américains
du début du XXe siècle (Thorstein Veblen, John R. Commons, Clarence Edwin Ayres). Il s’agit des normes qui
encadrent et régulent les comportements dans la coordination économique. Si c'est à partir des années 1970 que
la NEI a émergé, son acte de naissance est en fait l'article de Ronald Coase « The Nature of the Firme » qui date
de 1937. C'est à cette occasion que Ronald Coase introduira le concept de coût de transaction.
39
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
58
Dosi Giovanni « Changement technique et théorie économiques » Edité dans la série de Livre du laboratoire
d’économie et de Gestion (LEM), Ecole d’Etudes Supérieures Sant'Anna, Pise, Italie 1988.
59
Nelson R., Winter S.G. [1982], « Une théorie évolutionniste du changement économique », Presse universitaire
Harvard.
60
Christophe Beslay et Marie-Christine Zélem, « La sociologie de l’énergie : Gouvernance et pratiques sociales »
CNRS Éditions, 2015.
61
René Kempf, Derk Loorbach et Jean Rotmans, « La gestion de transition comme modèle pour gérer les processus
de co-évolution vers un développement durable » Revue internationale du développement durable et Écologie
mondiale, Volum14, N°1, 2007.
40
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
trajectoires vers des objectifs normatifs prédéfinis ». Par ailleurs, d’autres analystes62
introduisent la notion de l’apprentissage dans le processus de transition sociologique. Dans
l’objectif d’optimiser leur choix dans un processus dynamique, ils accordent aux agents
économiques certaines caractéristiques d’apprentissage leur permettant d’augmenter à la fois
leurs capitaux cognitif et technique.
En premier lieu, ces mécanismes visent à réduire les externalités négatives résultantes
de l’exploitation des énergies fossiles (système socio-économique non soutenable). Dans ce cas,
différentes politiques publiques sont privilégiées et variées entres instruments économiques et
instrument de « cap-and-trade »63. Les instruments économiques consistent en des politiques
fiscales (essentiellement des Taxes), de subvention et de mise en place des permis négociables
(entreprises et collectivités…). Les instruments de cap-and-trade visent quant à elles à
promouvoir la transition énergétique en privilégiant une approche basée sur les quantités. En
second lieu, les mécanismes de régulation technologique encourageant la transition énergétique
peuvent utiliser une politique de « demand pull »64mais également de « technology push »65.
En effet dans la théorie économique, notamment la théorie évolutionniste, les changements
technologiques sont influencés par les conditions de marché, autrement dit, il ne peut y avoir
de changement technologique que si les conditions de marché le permettent. Dans le domaine
62
Marleen Van de Kerkhof, Anna Wieczorek « Apprentissage et participation des parties prenantes processus de
transition vers la durabilité : considérations méthodologiques », Revue Prévision technologique et changement
social N°6 (du 01/07/2005) Volume 72 Pages733-747.
63
Un système de contrôle des émissions de carbone et d'autres formes de pollution atmosphérique par lequel une
limite supérieure est fixée sur la quantité qu'une entreprise ou une autre organisation donnée peut produire, mais
qui permet d'acheter une capacité supplémentaire à d'autres organisations qui n'ont pas utilisé la totalité de leur
quota.
64
Les innovations "market pull" ou "demand pull" (tirée par le marché/ la demande) sont des innovations qui
partent de besoins identifiés sur le marché. Il s’agit de trouver des applications à l'innovation mais de s'assurer
qu'elle permettra de se différencier suffisamment des concurrents.
65
Les innovations qui partent de l'invention technologique pour aller vers le marché. C'est implicitement le type
d'innovation qui fut en arrière-plan des travaux des économistes pendant longtemps. C'est dans ce cas que l'on
parlera d'innovation "technology push" ou "techno-push" (poussée par la technologie). Le point critique est alors
de trouver des applications pertinentes pour l'innovation.
41
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
énergétique le prix des énergies est la résultante d’une modification des conditions de marché,
alors que les changements technologiques s’assimilent à l’apparition de nouvelles formes de
paradigme technologiques favorisant les technologies propres.
66
Un outil d’analyse utilisé dans le cadre de l’Histoire des Techniques et des Sciences de l’innovation.
42
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
67
Désigne le chevauchement et l’implication d’autres secteurs dans la diffusion de la transition énergétique
68
Par exemple dans les pays industrialisés, les caractéristiques du secteur énergétique sont très largement
différentes de celles des pays en développement.
43
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
énergétique sont basées, essentiellement, sur la spécificité énergétique des pays développés.
Dans ce cas de figure, l’analyse de la transition énergétique doit prendre en compte la
caractéristique spécifique de pays en développement ou une partie de la population n’a pas
accès aux services énergétiques.
A partir de ces constats, nous avançons l’idée que la transition vers les énergies
renouvelables doit prendre en compte les spécificités économique, énergétique, et géographique
propre à chaque pays. Elle doit combiner à la fois des approches décentralisées (pour prendre
en compte les caractéristiques spatiales des zones enclavées) et centralisées afin de mettre les
pays en développement dans une dynamique de convergence socio-technologique plus
soutenable.
69
World Outlook Energy, AIE 2020.
70
Perspectives énergétiques mondiales (world Outlook Energy), AIE 2020.
44
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Sur le plan des réserves, les combustibles fossiles de la planète se renouvellent bien plus
lentement que leur vitesse de consommation actuelle, de sorte que leur épuisement doit être
envisagé. Ce fait est reconnu depuis le premier choc pétrolier en 1973, tant par les scientifiques
que par les industriels. Les découvertes de pétrole et gaz ont culminé vers 1960 et ont ralenti
de manière importante, et la baisse des investissements dans l'amont pétrolier est considérable.
Les scientifiques prévoient pour les prochaines années que le coût d’extraction s’élèvera alors
que la production commencera à décliner. Cette phase, appelée « pic pétrolier » ou « pic de
Hubert » du nom du géologue américain qui a formulé la théorie, devrait se situer avant 2030
selon les prévisions de l'AIE. La production de pétrole déclinant, cela impliquera une
augmentation des prix...à mettre en parallèle avec un besoin croissant de l'énergie dans le
monde.
71
C.Acket, Vaillant « les énergies renouvelables : Etat des lieux et perspectives » Ed Technip 2011,op-cite page 4.
45
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
énergies vertes. Selon les prévisions de AIE, la part des énergies fossiles dans le mix
énergétique mondial devrait passer de 80% en 2019 à 75% en 2040, au profit d'une progression
des énergies renouvelables.
72
Samuel Ferfari « Politique et Géopolitique de l'énergie » Edition Technip, Paris 2012 op-cite. page 88.
73
Samuel Ferfari « Politique et Géopolitique de l'énergie » Edition Technip, Paris 2012 op-cite page 88.
46
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Pour lutter contre le changement climatique, Il est plus essentiel que jamais pour les
scientifiques et les industriels et les autres parties prenantes de disposer d'une compréhension
claire de l'état du secteur énergétique à l’heure actuelle, afin d'identifier les changements
transitoires et cycliques, les tendances qui perdureront, les risques et opportunités qui peuvent
en découler, et les mesures à prendre pour créer un système énergétique plus sûr et plus durable.
Les engagements des sommets climatiques de l'ONU (COP 21 et COP 26) annoncent un nouvel
élan de transition vers un système énergétique plus efficace, à faibles émissions de carbone et
l'abondant de la tendance de dissociation de la relation entre émissions de CO2 et activité
économique, jusqu'à présent tout à fait perceptible.
La transition énergétique repose sur deux grands outils, l'efficacité énergétique et les
énergies nouvelles et renouvelables75. Elle présente des enjeux croisés notamment sur le plan
social et économique. Sur le plan économique l'objectif est de réduire la dépendance
énergétique, gagné en compétitivité et la création de l'emploi. Maîtriser le prix de l'énergie pour
lutter contre la précarité énergétique est un défi social à relever ; et en fin pour faire face aux
contraintes écologiques, elle doit réussir à réduire les émissions de gaz à effet de serre, et
maîtriser l'ensemble des impacts environnementaux et sanitaires76.
74
Philippe Naccache « Economie de l’environnement et développement durable ».Pearson 2013, op.cit. page 147
75
Alain Grandjean et Mireille Martini « Financer la transition énergétique dans le monde » Éd de l'Atelier, 2016.
76
Alain Grandjean et Mireille Martini « Financer la transition énergétique dans le monde » Éd de l'Atelier, 2016.
47
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Pour atteindre ces objectifs, la transition énergétique doit relever les défis suivant :
77
Haut Jean pierre « Comprendre l'énergie » L’Harmattan 2014, Op.cit. Page 79
78
Jeremy Rifkin, né le 26janvier1945aux Etats Unis ,essayiste américain, spécialiste de prospective économique et
scientifique. Il est également fondateur et président de la Fondation on Economic Trends (FOET) basée à
Washington.
48
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
- L'efficacité énergétique dite passive : qui concerne le bâtiment et consiste à éviter les
déperditions en renforçant la performance technique du bâtiment (isolation, doubles
vitrages, toiture...etc.) ;
79
Bruno Lapillonne « Le concept d'efficacité énergétique comme indicateur de performances énergétiques de
l'économie » Liaison Énergie Francophonie, no 34, .p. 4-7 ,1997
80
Jean-Pierre Hauet « Comprendre l’énergie : pour une transition énergétique responsable » L’harmatan 2014,
op.cit. page 82.
81
Jean Marie Chevalier " Comprendre le nouveau monde de l'énergie" Edition Maxima, Paris 2013.
49
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Le développement des énergies renouvelables permet d'éviter les risques associés aux
problèmes d'épuisement des ressources fossiles et les risques du changement climatique82. Elles
sont un axe majeur de la transition énergétique mais posent encore des problèmes de rentabilité
économique. Si elles n’ont pu s’imposer jusqu’ici, c’est en raison de leur coût de production
trop élevé par rapport aux autres sources d’énergies. Leur production s’avère encore plus chère
que les énergies des produits pétroliers. Leur manque de compétitivité face aux autres formes
d'énergie est justifié par les coûts très élevés de la technologie associée à leur production.
L’écart de coûts varie selon l’énergie considérée. Donc c’est un problème de compétitivité-coût
82
Bernard Durand, « Energie et environnement : les risques et les enjeux d'une crise annoncée » Les Ulis 2007.
50
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
qui handicape l’essor des énergies renouvelables, et c’est pour cette raison qu’il est nécessaire
d’élaborer une stratégie pour favoriser la compétitivité (coût-et technologie) des énergies
renouvelables dans l’objectif de s’imposer comme principales sources d’énergies. Des efforts
d'investissements en recherche et développement sont nécessaires pour les rendre plus
compétitives face aux énergies carbonées.
Les sources des énergies alternatives posent problème sur le plan de rentabilité
économique fasse aux énergies fossiles. Une période de transition prolongée sera nécessaire
pour inverser les parts des énergies fossiles et non fossiles dans le bilan énergétique mondial,
en partant du modèle actuel basé à 80% sur les énergies carbonées. Selon les prévisions de
l'AIE, l'évolution générale attendu prend la forme d'une courbe "sigmoïde", suivant une
évolution d'abord lente, accélérant ensuite jusqu'à un point d'inflexion, puis ralentissant en fin
de transition.
51
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
100
80
60
40
20
0
2000 2025 2050 2075
Pour inverser les parts respectives des énergies fossiles et non fossiles d'ici la fin du
siècle, il faut que le point d'inflexion se situe en 2050, avec une part des énergies renouvelable
dans le bilan énergétique mondiale de l'ordre de 50%. En fait, si la part des énergies vertes se
situe dans le monde entre 20 et 25% à l'horizon 2035, comme le prévoit l'AIE.il paraît difficile
de prévoir une part allant au-delà de 30 à 40% en 2050, même dans le cas d’un scénario très
favorable aux énergies nouvelles. La transition énergétique aboutissant à une large substitution
des énergies fossiles par des énergies nouvelles est à long terme. Même si elle est amorcée dès
à présent, elle ne s'achèvera sans doute qu'au-delà de 2100 selon les scénarios prévus et prouvés
par l'AIE. Ceci s'explique par la durée des amortissements des investissements dans le secteur
de l'énergie d'une manière générale et dans les renouvelables d'une manière particulière, qui
peut être de l'ordre de 50 ans. Néanmoins, la mise en place des plans d'actions stratégiques,
notamment l'amélioration de la technologie des énergies alternatives, pour le changement du
modèle énergétique dans le monde urge. Le rapport Stern 83a montré que plus les mesures
nécessaires seront prises tard, plus elles seront difficiles et couteuses à prendre.
83
Le rapport Stern est un compte rendu sur l'effet du changement climatique et du réchauffement global sur la
planète rédigée par l’économiste anglais Nicholas Stern pour le gouvernement du Royaume-Uni. Présenté le 30
octobre 2006.
52
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
Conclusion
La théorie des ressources épuisables évoquée dans ce chapitre ne suffit pas à elle seule
de donner un éclairage complet sur la raréfaction des ressources et les comportements des
acteurs sur les marchés énergétiques mondiaux, qui relèvent du champ de l’économique. La
problématique de la gestion des ressources énergétiques doit s’insérer dans une approche plus
large intégrant la gestion à long terme des ressources épuisables pour un équilibrage offre-
demande. Pour pouvoir déterminer, ensuite, les possibilités d’introduire d’autres ressources
renouvelables et non épuisables.
Ainsi, la sécurité des approvisionnements ne peut être assurée sans le déploiement des
ressources énergétiques non épuisables, qui constituent des substituts aux énergies fossiles. La
substitution énergétique doit conduire à la construction d’un nouveau système énergétique
durable et soutenable, basé sur les ressources renouvelables et non épuisables. Le modèle
énergétique actuel est arrivé à maturité, autrement dit, à l’épuisement, se fonde sur l’utilisation
des énergies de stock avec des réserves limitées, exploitées au sein d’un marché mondiale
régulé par des facteurs géopolitiques. La transition vers les énergies renouvelables est justifiée
par des facteurs qui remettent en cause le système énergétique actuel : la rareté mondiale de la
ressource amène à des conflits géopolitiques, l’opacité des informations disponibles se
répercute par l’instabilité des prix des ressources de stock sur les marchés de l’énergie. Enfin,
les coûts environnementaux engendrés par les ressources fossiles incitent à initier une transition
vers des énergies nouvelles dites de flux.
53
Chapitre I : La problématique d’épuisement des ressources fossiles et la nécessité de transition
énergétique.
La transition énergétique doit être abordée sous ses différentes approches en s’appuyant
principalement sur les progrès technologiques et la volonté politique au sens étendu, associant
gouvernements, populations, acteurs économiques, etc. Le processus de sa mise en œuvre
nécessite une focalisation sur le remplacement progressif des énergies fossiles par un mix
énergétique privilégiant les énergies renouvelables, ainsi que sur une réduction de la
consommation, une politique d’économies d’énergie et de réduction des gaspillages
énergétiques, notamment via l’amélioration de l’efficacité énergétique par une meilleure
maîtrise de la consommation.
54
Chapitre II
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Introduction
Depuis son indépendance, l'Algérie a consenti beaucoup d'efforts pour doter le pays d'un
secteur d'énergie performant afin d’assurer la couverture des besoins énergétiques du marché
national, répondre aux besoins de financement du développement économique et social du pays,
et consolider son rôle sur la scène énergétique mondiale͘. Ces efforts apparaissent sur tous les
segments de la chaîne pétrolière et gazière͘. De l’amont, par le renouvellement des réserves et
l’augmentation de la capacité de production, à l’aval par le développement des activités de la
transformation (raffineries, unités de liquéfaction de GNL et complexes pétrochimiques͘). Le
bilan des réalisations dans le domaine de l'énergie place l'Algérie au rang des pays les plus
importants sur le marché énergétique mondial. L'industrie pétrolière et gazière a pris une
dimension de taille internationale ce qui a permet à l'Algérie d'être classée 18e producteur de
pétrole au monde (3ème en Afrique), 9e producteur de gaz naturel (2ème en Afrique) et le 8e
exportateur de gaz naturel au monde (1èr en Afrique). En termes de réserves pétrolière,
l’Algérie occupe la 15ème place mondiale.
55
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
56
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
1.1.1. La population
Avec une population de 43,2 Millions d’habitants au 1er Janvier 2020, l’Algérie
enregistre une démographie dynamique, le taux d’accroissement naturel est de près de 2,2% par
an. La population algérienne se concentre en grande majorité dans les villes du Nord du pays,
la population urbaine est de 71.3%1.La densité populaire est de 17 habitants/km.²
Une des spécifiés démographique en l’Algérie est la jeunesse de sa population avec une
moyenne d’âge de 24 ans. La population en âge d’activité (15 à 59 ans) est de 62.5%. Le taux
d’activité de la population Algérienne est de 43.9%.
Selon les statistiques du FMI, publiées dans World Economic Outlook- 2018, l’Algérie
dispose du PIB par habitant le plus élevé d’Afrique du Nord (14 950 USD en parité de pouvoir
d’achat) et du quatrième PIB du continent africain (188,34 Mds USD en 2018). La richesse de
son sous-sol (pétrole et surtout gaz : 7ème exportateur mondial) conjuguée à la hausse des prix
1
Selon l’office national des statistiques : www.Ons.dz
57
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
des hydrocarbures sur les marchés internationaux au cours des années 2000 ont donné aux
autorités algériennes des moyens importants pour le développement de leur politique
économique et sociale. Les hydrocarbures ont représenté, en moyenne, sur la période 2002-
2018 : 98% des exportations du pays, 67% des recettes fiscales et ont contribué pour 35% du
PIB.
Toutefois, la chute des cours mondiaux des hydrocarbures depuis la mi-2014 a mis en
exergue les vulnérabilités de ce modèle économique dépendant des hydrocarbures et porté par
la dépense publique. Le prix moyen du Sahara Blend (pétrole produit par l’Algérie) est passé
de 112,72 USD/bbl en juin 2014 à 31,3 USD/bbl en janvier 2016 pour remonter à 53,7 USD/bbl
en décembre 2016, et a eu pour conséquence une contraction du poids relatif des hydrocarbures
dans les exportations, le budget et la croissance du pays.
a. Le taux de chômage
En 2017 le taux de chômage est de 11.7%, avec une prévision de 13.2% pour 2018 et
14.04 pour 2019 selon World Economic Outlook- 20183.Ila enregistré une progression de
1.11% par rapport à son niveau de 2016 (10,5%),Le chômage est particulièrement élevé chez
les jeunes (26,7%)4, les femmes (20 %), et les diplômés (17,7 %).Le taux élevé et persistant du
chômage des jeunes témoigne du manque d’opportunités économiques en terme
d’investissements productifs et créateurs de richesses.
b. Indicateurs monétaires
Tableau 5 : Indicateurs monétaires 2014-2020
Indicateurs monétaires 2014 2016 2018 2019 2020
Dinar algérien (DZD) - Taux de change 102,78 116,43 135,73 133.53 144,85
annuel moyen pour 1 EUR
Source: FMI - World Economic Outlook 2018
2
Statistiques publiées sur le site internet de l’organisation des pays exportateurs de pétrole www.opec.org
3
World Economic Outlook- 2017 : Une publication du fond monétaire international
4
Source : L’office National des statistiques : www.Ons.dz
58
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Le dinar algérien (DZD) s’est déprécié de 20 %5 par rapport au dollar américain (USD)
et de3.8 % face à l’euro (EUR), et a permis de compenser en partie la chute de recettes
d’hydrocarbures. Son taux de change effectif réel demeure surévalué, en raison de
l’élargissement du différentiel d’inflation et de tensions sur les marchés des changes.
Une lecture des résultats sectoriels permet de constater les développements importants
pour l’industrie et les services. Le secteur agricole affiche un ralentissement de son rythme de
croissance qui est, à l’évidence, dû au comportement saisonnier du secteur. En terme de création
d’emploi, c’est l’industrie qui offre plus de postes de travail comparativement aux autres
secteurs, mais produit moins de valeur ajoutée par rapport aux services qui enregistrent par
ailleurs, une croissance annuelle de 2.2% alors que l’agriculture et l’industrie enregistre
respectivement 1% et 2%.
5
World Economic Outlook 2018.
59
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
60
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
61
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Les projets, les plans, les prévisions, le financement du budget, les importations et même
l’alimentation et les médicaments sont financés avec les ressources des hydrocarbures. Tout
6
www.https://www.energy.gov.dz
62
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
événement qui ébranlerait la demande internationale ou engendrerait une faiblesse durable des
prix du pétrole se traduirait par un fort amenuisement des gains à l’exportation et aurait des
conséquences dramatiques sur l’économie algérienne. Les hydrocarbures sont par excellence le
pilier de l’économie algérienne. Pour l’année 2017, les recettes d’exportation de pétrole et de
gaz ont atteint 33,067 milliards de dollars, par le secteur des hydrocarbures représentent 94.54%
des recettes d’exportation, 38% des recettes de l’Etat via la fiscalité pétrolière et 17,9 % du PIB.
Ce qui mène certains experts à assimiler la Sonatrach – entreprise publique d’exploitation de
ces ressources – à toute l’économie8.
Hydrocarbures
17,9% Agriculture
44,7% Industrie
12,4% manufacturiére
Batiment et trav
5,5% publics
12,1% Services
Source : établi selon les statistiques publiées par la banque d’Algérie dans son bulletin de statistique
trimestriel N°39 Septembre 2017.
7
Banque d’Algérie : Bulletin de statistique trimestriel N°39 Septembre 2017.
8
Déclaration à l’APS du ministre de l’énergie Abderrahmane Mebtoul, 24fevrier 2010.
63
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Toute politique énergétique est fondée sur les caractéristiques propres du pays qui la
met en œuvre : dotation en ressources énergétiques, climat, niveau de vie, structure de
l'économie, densité du territoire, taux de motorisation, taux d'électrification, etc. « La politique
énergétique peut être définie comme l’ensemble des objectifs retenus par la puissance publique
pour assurer l’approvisionnement énergétique du pays dans les meilleures conditions de coût
et de sécurité et des moyens réglementaires et incitatifs mis en œuvre pour l’obtention de ces
objectifs; objectifs et moyens étant coordonnés dans le respect des choix ».9
Une politique énergétique nécessite donc une vision globale de la gestion de l’ensemble
des sources d’énergies effectives et potentielles. Elle devra permettre de garantir, en
permanence, un arbitrage entre différentes contraintes. Ces considérations semblent être prises
en compte par la politique énergétique nationale qui s’articule sur un certain nombre de
principes directeurs.
9
PERCEBOIS.J: « Énergie et théorie économique : un survol », revue d’économie politique, n°111Novembre-
Décembre, 2001.
64
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
majorité à la France. Sur cette quantité, la part prélevée par le nouvel Etat Algérien s’élevait
à2,1 millions de tonnes soit 10,1 % de la production totale10. C’est dans ce contexte qu’a été
créée la Société Nationale de transport et de la commercialisation des hydrocarbures, la
Sonatrach. Ses missions ont été élargies à la recherche et à la transformation des
hydrocarbures par le décret de 1966, intégrant ainsi l’ensemble des opérations du secteur des
hydrocarbures.
b. La nationalisation de 1971
Depuis, le rôle des hydrocarbures n’a cessé de croitre pour devenir très tôt le pilier
principal sur lequel repose l’économie national. Ce rôle est double : assurer
l’approvisionnement en énergie du marché national et généré des recettes en devises pour
l’économie grâce à l’exportation.
10
M.CHATELUS : « Nouvelles orientations de la politique pétrolière Algérienne », revue Maghreb-Machrek, n°
166, 1999.
65
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
des usages industriels. Pour les endroits où ce dernier n’est pas accessible c’est le GPL qui viens
en appui et ce surtout pour l’usage domestique.
La hausse des prix du brut consécutif aux deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 a
contribué à augmenter la rente globale. Ce qui a permet le financement du développement
économique et social du pays. Cependant le retournement de la conjoncture pétrolière à partir
de 1982 et surtout l’effondrement des prix en1986 vont avoir des répercussions extrêmement
négatives sur l’Algérie dont les recettes tombent jusqu’à 5milliards de dollars en 1986 et 1988.
Les autres conséquences sur l’économie concernent la stagnation de la production pétrolière,
un blocage de l’investissement et une aggravation de la dette à court terme11. Cette situation a
engendré une réorientation de la stratégie Algérienne en matière d’hydrocarbures vers le
partenariat.
Sous la forte pression des événements, l’Algérie décide de faire évoluer sa législation
en matière des hydrocarbures. La promulgation de la loi N°86-14 a substitué à l’ordonnance du
12 Avril 1971 en vigueur jusqu’ici. C’est l’ouverture du marché Algérien des hydrocarbures
aux investisseurs étrangers. Cette loi avait introduit, en particulier, la formule de partage de la
production (PSC) qui permet de relancer le partenariat dans la l’exploration à un moment ou la
Sonatrach ne disposait ni des capacités financières ni des capacités technologiques pour
renouveler ces réserves.
En dépit de l’apport de la loi 86-14 (13 Contrats de recherche et d’exploitation ont été
signé)12, l’activité de recherche demeure insuffisamment développé au regard des potentialités
du pays. La Loi 91-21 est venue amender et compléter la Loi 86-14 pour introduire des
dispositions nouvelles à savoir la participation des compagnies pétrolières étrangères à
l’exploitations des gisements en production sous conditions que la Sonatrach conservera un
intérêt d’au moins 51 %, élargissement du partenariat aux gisement gaziers en plus des
incitations d’ordre fiscal.
La Loi91-21 est le seul dispositif législatif qui définis la pratique du partenariat pétrolier
en Algérie jusqu’au 2005 où une nouvelle Loi a été adopté puis modifiée et compléter en
11
Le montant de la dette est estimé à 25 millions de dollars en 1986.
12
https://www.energy.gov.dz
66
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
2006.Cette nouvelle loi, appelée la nouvelle loi sur les hydrocarbures, est une réponse à une
conjoncture internationale bien particulières.
a. L’amont pétrolier
67
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
b. L’Activité Transport
1.Transport par Canalisations : Un des objectifs fixés par Sonatrach pour accompagner le
développement de la production des hydrocarbures est l’extension de l’activité du transport
par canalisation. Dans le cadre de politique énergétique, sa mission principale est le
développement du réseau d’infrastructures de Transport par Canalisations, de Stockage, de
Chargement et Déchargement à travers les infrastructures portuaires à quai et en haute mer.
Elle assure le transport des hydrocarbures depuis les pôles de production au sud vers les
centres de consommation et de transformation au nord (marché national et exportation).
13
www.Sonatrach.dz
68
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Dans le cadre de son plan de développement à moyen terme 2019 – 2023, l’Activité
Transport par Canalisations va concentrer ses efforts sur de grands projets de gazoduc 18 pour
améliorer la capacité de transport par canalisation à 15 milliards de Cm3 par an à l’horizon
2023.
14
www.Sonatrach.dz
15
Système de transport par canalisation.
16
L’Algérie fourni plus de 90 milliards de mètres cubes chaque année, pour le Marché National et à l’Export à
travers les Complexes GNL et les Gazoducs à l’International.
17
Un réseau de pipes, oléoducs et gazoducs.
18
Tels que le gazoduc GR7 (Expansion du gazoduc Sud-Ouest GR5 48’’) d’une longueur de 343 kilomètres, situé
au sud de Hassi R’Mel. Ce projet assurera l’évacuation de la production additionnelle de gaz naturel issue de la
région du Sud-Ouest
69
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
19
Une nouvelle canalisation d’un diamètre de 48’’ et d’une longueur d’environ 200 kilomètres qui reliera l’arrivée
du Terminal d’El Aricha du STC GPDF à celui de Beni Saf du STC GZ4.
20
« Politique gouvernementale dans le domaine de l’énergie » Un document du Ministère de l’énergie, Septembre
2015.
70
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
En raison d’une forte demande sur les carburant, L’effort de la Sonatrach s’est focalisé sur
les projets d’investissement les plus créateur de valeur notamment par des actions de
modernisation, de mise à niveau et d’adaptation des processus aux avancées technologiques
récentes notamment des complexes de raffinage.
Dans le cadre de sa stratégie H2030, la compagnie nationale a lancé plusieurs projets dans
la zone de Skikda, qui vont contribuer la modernisation et la sécurisation des installations de
chargement du GNL, et à l’augmentation de la capacité de stockage du GNL. Pour le
renforcement de la fiabilité des complexes de liquéfaction du gaz naturel, GL1.Z et GL2.Z
situés dans la zone industrielle d’Arzew dans l’ouest de l’Algérie d’autre actions de
modernisation ont été entreprises.
21
Rapport d’activité de Sonatrach 2017.
71
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Depuis sa création, Sonatrach a investi dans l’acquisition d’une flotte maritime, un outil de
flexibilité pour l’Activité Commercialisation et un vecteur de création de valeur pour le
marché national et à l’exportation. Dans le cadre de sa nouvelle stratégie SH2030, la
compagnie pétrolière nationale vise à renforcer les approvisionnements du marché national,
mieux valoriser ses exportations et consolider son rang de fournisseur de premier ordre sur
la scène internationale. Pour mieux élargir son portefeuille de clientèle, Sonatrach compte
bien se diversifier aussi bien sur le plan géographique que sur le plan des montages
commerciaux et des outils de Commercialisation. Pour impulser cette nouvelle dynamique
de commercialisation des hydrocarbures, la Sonatrach s’appuie sur des atouts incontestables
à savoir : des réserves en hydrocarbures considérables, une position géographique
privilégiée dans le bassin méditerranéen.
Pour la branche électricité et Gaz, l’Algérie avait opté, dès son indépendance, pour une
politique visant le développement des infrastructures électriques et gazières. Cette politique
prévoit l'accès de la population à l'électricité et au gaz naturel comme une priorité absolue
faisant ainsi du secteur de l’énergie un service publique. L’objectif est de développer tous les
axes permettant de garantir la couverture à long terme, des besoins en électricité et en gaz du
pays, notamment par la diversification des sources d’énergie, le développement du parc de
production électrique et des infrastructures de transport et de distribution de l’électricité et du
gaz naturel. Le secteur a déployé beaucoup d’efforts en termes d’investissement pour le
développement des capacités de production et de transport et distribution, ainsi que de
confortement des infrastructures et réseaux électriques et gaziers.
72
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
concessionnaires sont transférées à EGA. Elles détenaient alors 90% des propriétés industrielles
électriques et gazières du pays.22
Une restructuration du secteur a été opérée après la promulgation de cette loi avec
comme résultat la création de la Commission de Régulation de l’électricité et du Gaz (CREG),
et la modification des statuts de l’opérateur historique Sonelgaz26qui a débouché sur la création
de nombreuses filiales au sein du groupe. Ces changements ont abouti à une séparation des
activités Production, Transport et Distribution de l’énergie électrique et la création de plusieurs
entreprises pour la gestion du secteur.
22
Historique de Sonelgaz, un document publié sur le site officiel de la société Sonelgaz : www.Sonelgaz.fr.
23
Idem
24
www.Sonelgaz.dz
25
La loi sur l’ouverture du secteur électrique à la concurrence : L’activité de production de l’électricité est ouverte
à la concurrence conformément aux dispositions de la loi n°02-01
26
La création de la société holding « Sonelgaz » Le Décret présidentiel n° 02-195 a transformé la Société
Algérienne de l’électricité et du Gaz en une société par actions (Sonelgaz SPA). Aujourd’hui, 100% du capital
social de la Sonelgaz appartient à l’État.
73
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Dans le cadre de politique énergétique pour la branche électricité, l’Algérie avait mis en
place dès les années 197027 des programmes pour la production et de la distribution d’électricité
dans l’objectif de l’électrification du pays. Programmes nationaux, régionaux ou spéciaux, ils
sont soutenus financièrement par l’État, à hauteur de 75% du coût global des projets et confiés
aux filiales de Sonelgaz en qualité de Maître d’Œuvre et de Maître d’ouvrages. Ces programmes
véhiculent la politique énergétique pour la branche électricité en matière de production et de
distribution.
27
1977 Plan National d'Electrification : c’est le premier pour l’électrification du pays réalisé par la Sonelgaz.
28
Partenariat entre la Sonelgaz et les producteurs indépendants.
74
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
-Les centrales hydrauliques : Dans ces centrales, l’énergie électrique est produite à partir des
turbines actionnées par une chute de l’eau provoquée par les vannes d’un barrage. Les usines
sont construites au pied des barrages. Elle est liée directement à la pluviométrie et reflète l’effet
de la sécheresse de ces dernières années. Elle représentait près de 6%29en 1985 de la production
totale contre seulement 1% actuellement.
-Les centrales thermiques : Dans ces centrales, la production d’électricité dispose quatre types
de centrales thématiques, à savoir : Turbine vapeur(TV), turbine gaz(TG), cycle combiné(CC),
et centrale diesel(CD).
a) Turbine vapeur : cette production représente environ 50 %30 de la production totale, elle
prédominait le parc de production au milieu des années 1990. Plusieurs types de
combustibles sont utilisés ; le gaz naturel, charbon, fuel, bois, gasoil. L’énergie est
produite à partir de l’eau chimique des combustibles qui se transforme en énergie ; cette
énergie chauffe l’eau qui se transforme en vapeur, la vapeur fait tourner la turbine et sa
rotation produit de l’énergie.
b) Parc de turbines à gaz : l’énergie est produite à partir des turbines qui fonctionnent en
utilisant un seul combustible, le gaz. L’énergie chimique du combustible se transforme
en énergie électrique.
c) Les centrales cycles combinés : sont une combinaison entre les turbines vapeurs et les
centrales turbinent gaz.
d) Les centrales Diesel : Dans les centrales diesel, l’énergie est produite par des moteurs
diesel utilisant des gasoils, entraînent directement un alternateur qui produit l’électricité.
e) Les énergies renouvelables31 : l’énergie est produite à base des panneaux solaires
photovoltaïques et les éoliennes.
29
www.CREG.dz
30
Selon le site du ministère des énergies et des mines : www.energy.gov.dz
31
La production d’électricité à base des énergies renouvelables va être détaillé dans le Chapitre 4.
75
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Tableau 9 : Evolution de l’énergie électrique produite 1980- 2017 (GWh), par type
d’équipement.
76
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
32
L’introduction de filière solaire et de l’éolienne dans la production de l’électricité
33
www.sonelgaz.dz.
34
Source : Ministère de l’énergie et des mines :https://www.energy.gov.dz
77
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
35
« La politique gouvernementale dans le domaine de l’énergie », un document du ministère de l’énergie,
Septembre 2015.
36
https://www.energy.gov.dz
37
Chiffre fournis par Sonelgaz : www.sonelgaz.dz
38
Selon les prévisions de Sonelgaz : www.sonelgaz.dz
78
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
G. Le transport d’électricité
Pour mieux satisfaire les besoins nationaux en électricité, l’Algérie avait mis en place un réseau
électrique dont la structure se décompose en trois systèmes, le réseau interconnecté national
(RIN) le pôle in Salah – Adrar – Timimoune (PIAT) et les Réseaux Isolés du Sud (RIS). La
gestion est confiée au Gestionnaire du Réseau de Transport de l’Electricité (GRTE).
31164
29233
27644
26496 27284
25385
23779
21616 22370
20562
19594
17583
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2020
H. La Distribution de l’Electricité
39
Selon le site du ministère de l’énergie et des mines : www.energy.gov.dz
79
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
lignes et des câbles moyens et basses tension, cette étape consiste à alimenter l’ensemble des
consommateurs finaux à partir des postes de transformations. Actuellement, la Sonelgaz est le
seul fournisseur d´électricité (produite par Sonelgaz ou par des producteurs indépendants),
activité qu´elle exerce au travers de ses filiales de distributions.
357158
328 996
316 539
[]
290 438
278 862
269 461
252 242 256 283 262 587
237 324 244 268
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2020
40
L’attribution de la concession se fait par décret exécutif sur proposition du ministre chargé de l’énergie, après
avis de la CREG. L’attribution de concessions de distribution se fait par voie d’appel d’offres lancé et traité par
la CREG. La concession est incessible.
80
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Sur les dix dernières années, la longueur des réseaux électricité (haute, moyenne et basse
tension) est passée de237 324 Km en 2007(il était de 23 844 Km en 1962) à 328 99641 Km en
2017 soit un taux de croissance de 33.7 % (3.33 par an). Les investissements consentis pour le
réseau de distribution ont permis une augmentation du taux d’électrification du pays (99% en
2017) et le nombre de clients en électricité a atteint 8, 81 millions en 2017.
La distribution du gaz a été prise en charge dans le cadre de la politique nationale visant
le développement des infrastructures électriques et gazières. Pour concrétiser cette politique
l’Etat a pris en charge le financement de la réalisation des réseaux de distribution, à travers des
plans et programmes initiés pour développer la distribution publique du gaz dont les objectifs
sont les suivants :
41
Ministère de l’énergie et des mines :https://www.energy.gov.dz
81
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Plan quinquennal 1980- 1984 : En effet, dans les années 80, deux plans de développement
quinquennaux ont permis d’augmenter le nombre de localités raccordées au réseau de gaz
naturel et alimentées par ce dernier. Dans le cadre de la politique nationale de la promotion
du gaz naturel, un premier plan quinquennal 1980 - 1984 financé intégralement par l’Etat a
bénéficié à 3742 localités.
Plan quinquennal 1985-1990 : Un deuxième plan quinquennal 1985- 1989 financé par un
crédit remboursable a permis l’alimentation de 53 localités.
Les programmes des années 1990 : Durant la décennie 1990 et malgré la situation difficile
du pays sur le plan financier marquée par l’application du programme d’ajustement
structurel43 du FMI, plusieurs programmes ont été met en place dans le cadre de la stratégie
de distribution du gaz naturel. Ces programmes financés 100% par l’Etat, ont permet
l’alimentation de 150 localités en gaz, regroupant plus de 800 000 abonnés. Ce nombre a
atteint le million au milieu des années 1990, à la faveur des programmes d’extension des
localités déjà alimentées et du raccordement d’autres agglomérations.
La nécessité d’accroître la pénétration du gaz naturel dans toutes les régions du pays
a poussé les autorités énergétiques à mettre en place un nouveau programme quinquennal de
distribution publique du gaz. Ce programme porte sur l’alimentation de 134 nouvelles
localités regroupant près de 237 600 foyers. Le mode de financement retenu dans ce
programme pénalisait beaucoup les localités éloignées des gazoducs 44.La quote-part était
trop élevée à cause du coût de revient du raccordement à la source d’arrivée du gaz naturel.
Face à cette situation, un nouveau mode de financement a été mis en place à partir de l’année
2000 dispensant les collectivités locales de toute participation.
Les programmes des années 2000 : Durant les années 2000 un premier programme triennal
2002-2004a été retenu. Le coût arrêté est de 35 milliards de dinars, le citoyen était appelé à
une participation forfaitaire de 10 000 dinars par abonné. Le mode de financement retenu
était à 100% à la charge de l’Etat pour le réseau de transport et les stations propane, à 50%
à la charge de SONELGAZ et à 50% à la charge de l’Etat pour le réseau de distribution. Au
terme de trois années, ce programme à permet de lancement des travaux dans 188 localités
(dont 7 extensions), pour le raccordement de plus de 358 000 foyers.
42
Algérie Energie, revue du ministère des énergies et de mines, N°10 Avril-Mai 2018.
43
Programme d’ajustement structurel du FMI suite à la cessation de paiement de la dette privée Algérien en 1993.
44
Un mode de financement qui a mis à contribution les collectivités locales et les citoyens.
82
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
A partir de 2005 plusieurs programmes financés à 100% par l’Etat ont été initié dans la cadre
d’un important programme pour la croissance économique du pays. Plus de 1 800 000
nouveaux foyers ont bénéficié de la distribution du Gaz.
Evolution du taux de pénétration en Gaz :A la fin de l’année 2017, ce sont plus de 1 85145
localités réparties sur 1 363 communes sur les 1 541 que compte le pays qui sont raccordées
au réseau gaz naturel. Le réseau de transport SONELGAZ est passé à 19 258 km de
canalisations (462 km en 1962). Tandis que le réseau de distribution publique a atteint une
longueur de 100 269 km à fin 2017. Le nombre de clients, toutes pressions confondues, est
de 5 267 105 clients à la fin 2017 (705 100 en 1969). Ainsi, et à la fin de l’année 2017, le
taux de pénétration du gaz naturel, sur le territoire national, avait atteint 60 %, grâce aux
différents programmes de distribution publique de gaz réalisés dans le cadre de la politique
énergétique nationale.
45
Algérie Energie, revue du ministère des énergies et de mines, N°10 Avril-Mai 2018.
46
https://www.energy.gov.dz
83
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
58
55 56
53
50 51
46 47
36
31
28
1962 2000 2005 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Les prix de l’énergie à la consommation dans toutes ses formes sont subventionnés par
l’Etat. Ils sont fixés sur la base de critères socio-économiques. Les subventions sont indirectes,
elles ne sont pas assurées à travers des transferts directs du budget de l’Etat mais par le biais
d’une réduction appliquée sur les bénéfices des sociétés étatiques de production, NAFTEC pour
les combustibles et SONELGAZ pour l’électricité et le gaz.
Le système des prix des produits énergétiques adopté en 1968, suite aux nationalisations
des sociétés étrangères de distribution avait pour objectif de garantir l’accès à un « besoin
élémentaire » à un prix abordable et lutter ainsi contre les inégalités en termes d’accès à
l’énergie d’une part, et assurer l’approvisionnement énergétique à bon marché des différents
secteurs de l’économie nationale et notamment l’industrie d’autre part.
L’Algérie a des prix de vente au détail des produits pétroliers et du gaz qui figurent
parmi les plus bas au monde, et ce, grâce aux subventions accordées au fuel, au gaz et à
l’électricité notamment. Ces subventions coûtent12 %48 du PIB (produit intérieur brut), et elles
47
Algérie Energie, revue du ministère des énergies et de mines, N°10 Avril-Mai 2018.
48
Statistique pour l’année 2017, publié dans le rapport du FMI sur les perspectives économiques de l’Algérie.
84
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
représentent 60% des subventions globales.« Le soutien des produits énergétiques absorbe 60%
des ressources consacrées par les pouvoirs publics aux subventions qui ne passent pas par le
budget de l’Etat ».49
Les prix bas de l’énergie ont entraîné une progression rapide de la consommation
d’énergie dans le pays et entraves toute politique d’efficacité énergétique à moyen et à long
terme. Une tarification énergétique appropriée est essentielle à la politique d’EE. Il a été
démontré empiriquement que les distorsions des prix résultant des subventions énergétiques
sont la raison clé d’une efficacité énergétique faible. De même, des prix énergétiques élevés
conduisent à un taux rapide d’amélioration de l’EE (Ellis, 2010).50
D’une certaine manière, le système des prix n’est qu’un instrument de la politique
énergétique. Son adaptation à la nouvelle configuration économique nationale, voire mondiale
est une inéluctable pour une meilleure rationalisation de l’utilisation de l’énergie.
49
Monsieur Abderrahmane Raouya, Ministre des Finances au cours de l’entretien accordé à la chaine III, de la
radio Algérienne, 02 juillet 2018.
50
Ellis, J. (2010), « L’effet de la réforme de la subvention des combustibles fossiles : examen de la modélisation
et des études empiriques », Document de travail de l'Initiative mondiale sur les subventions de l'Institut
international du développement durable, mars 2010.
85
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Les bilans énergétiques Algériens étaient établis sur la base du cadre comptable retenus
en 1975. Les tableaux de synthèse constituaient de simples tableaux d’utilisation des différentes
formes d’énergie (TUFE). A partir de 1991, les modifications suivantes ont été apportées :
Les bilans partiels de production (1.A et 1.B) regroupés par grande famille d’énergie :
- Combustibles liquides ; Combustibles gazeux ; Electricité.
Les tableaux de synthèse (2.A et 2.B) qui décrivent l’ensemble des opérations, production,
transformation et consommation.
51
Jean pierre Hansen-Jacques PERCEBOIS « Energie : Economie et politique » De Boeck 2015, opt-cite page 3
86
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
52
Le bilan énergétique Algérien National 2008, Op.cit. Page 11.
87
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Selon les statistiques du ministère des Energies et des Mines, l’Algérie dispose de
réserves prouvées conséquentes en hydrocarbures qui sont enfermées dans un peu plus de de
200 gisements sahariens dont, pour citer les plus important : 73 sont situés dans le bassin
d’Illizi, 57 dans le Sahara centrale 34 dans les bassins de Ghadamès-Rhoud Nouss et 31 dans
le bassin de Oued Mya.
Les chiffres des réserves réelles des différents pays producteurs sont difficiles à établir
car certains ne prennent en compte que les réserves prouvées alors que d'autres comptabilisent
aussi les réserves probables ou possibles. Mais si l'on se réfère à la publication la plus connue,
de la revue statistique de BP, l'évaluation des réserves prouvées d’hydrocarbures en Algérie se
présentent comme suit :
Aujourd’hui et selon les experts pétroliers, pour 3 barils équivalent pétrole produit un
seul est renouvelé. La moitié des réserves prouvées ont été produites et le restant des réserves
à trouver ne pourra être que « de taille moyenne et de plus en plus petites ».54 Cette situation
sera, de plus, conjuguée à une consommation nationale d’hydrocarbures de plus en plus forte
et une diminution des exportations à partir de 2022. En effet, dès 2022, selon l’ancien directeur
général de Sonatrach, il faudra s’attendre, très probablement, à ce que la rente pétrolière baisse,
alors qu’en 2030, l’Algérie ne pourra produire que des quantités lui permettant d’assurer son
autosuffisance.
53
BP Statistical Review of World Energy, juin 2017 : Une publication de firme britannique British Pétrolium.
54
L’ancien ministre et ancien P-DG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, Liberté 21/03/2012.
88
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
L’Algérie possède 2,4% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel (4500 milliards
dem3 fin2016), ce qui la place au 10e rang dans le monde et au 2e rang en Afrique derrière
le Nigeria. Au rythme de production actuel, l’Algérie devrait assurer son autosuffisance en
gaz pour les 60 prochaines années. La production de gaz primaire s’établit à 92 milliards de
mètres cubes, dont 60% proviennent des grands gisements d’Hassi R’mel. La production de
gaz naturel en association avec des partenariats étrangers représente 22% de la production
de gaz algérienne.
Les réserves de gaz naturel ont connu une hausse importante dès le début de la décennie
1990 (3300 milliards de mètres cubes à la fin de l’année 1990) avec les grandes découvertes
faites parallèlement à celles du pétrole. C’est le résultat de la révision de la loi 1986-14 sur les
hydrocarbures en 1991 (loi 1991-02), ce qui a permet l’élargissement de l’activité en association
pour les gisements gaziers. Depuis le début de la décennie 2000, elles ont été consolidées, selon
BP Statistical Review of World Energy2017 à 4500 milliards de mètres cubes à la fin de l’année
2016 malgré les volumes énormes qui ont été consommées sur le marché national et les volumes
exportés.
55
Le marché des hydrocarbures en Algérie, UBIFRANCE 2013.
89
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
durant les périodes 1980-1985 et 1985-1990, avec des taux respectifs de 3,7%56/an et 3,4%/an,
puis connaît un net ralentissement, 1% par an à peine de croissance, durant les années de
l’ajustement structurel 1990-1995.
Combustibles Totale
Pétrole GPL Electricité Solides : Bois par
Année Condensat
Brut aux/champs Primaire Année
56
Le Quotient le soir d’Algérie du Mercredi 3 décembre 2014 ; 2.4. Article intitulé : Consommation énergétique
nationale : que nous apprennent les chiffres ?
57
Bilan énergétique national 2016, Edité par le ministère des énergies et des mines.
90
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Selon les statistiques ci-dessus la production totale d’énergie primaire, de 2008 à 2018
est861279 Mtep. Elle était de 92296 Mtep en 2008 (TCAM -2,3%), soit une baisse de (-20%).
Cette baisse a concerné l’ensemble des produits, à l’exception l’électricité qui a évolué de
(141%) sur la période considérée (TCAM 9,19%).
0% 0%
11%
14%
74%
58
Bilan énergétique national 2016, Edité par le ministère des énergies et des mines.
59
Voire le tableau de la production d’énergie primaire de 2008-2018.
91
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
d’énergie dérivée par produit énergétique (en Mtep) de 2008 à 20018, c’est-à-dire les dix
dernières années.
Produits Electricité
GNL GPL Autres* Totale par Année
Année Pétroliers Thermique
2008 23788 11080 20500 1226 718 57312
2009 24201 11459 20704 1162 520 58046
2010 28325 11715 18252 1152 343 59787
2011 25995 13082 16129 1066 289 56561
2012 23626 56776 14321 909 324 95956
2013 24497 14114 14660 1029 68 54368
2014 31657 15265 16992 1389 71 65374
2015 30298 16362 15724 1282 58 63724
2016 29953 16860 14963 1316 - 63092
2017 29139 17743 15862 1386 85 64215
2018 30856 18171 13021 1244 1380 64672
Total par source 302 335 202 627 181 128 13 161 3 856 703 107
Evolution Quantité 7 068 7 091 -7479 18 662 7 360
2007/2016 % 29,71% 64% -36,48% 1,47% 92,20% 12,84%
TCAM 2,63% 5,07% -4,43% 0,14% 6,75 1,21%
*Y compris auto-producteurs /*Gaz de haut fourneau
Source : Réaliser par nous même à base des bilans énergétiques nationaux (2008-2018).
La production d’énergie dérivée était de 56 794Mtep en 2008, elle a atteint 64 681 Mtep
en 2018 soit une évolution de près de 14 % (1,16 % par an). C’est l’électricité thermique qui a
enregistré la plus hausse évolution (64%) suivie des produits pétroliers avec 29,71% et le GPL
avec 1,47%. Quant au GNL, son évolution est négative, -36% durant la période des dix
dernières années.
92
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
60
Kamel Ait Cherif, expert en Energie, Liberté 12/03/2019.
93
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Produits
Année Produits
Gaz Naturel électricité
pétrolier
2008 11517 6976 8 275
2009 12319 7728 8 414
2010 12272 8021 8 607
2011 12 871 9 251 9 258
2012 13 999 10 304 10 304
2013 14792 10562 10878
2014 14989 11207 10918
2015 15975 12248 11966
2016 15527 12654 12476
2017 15 338 13 655 13 270
2018 15 517 16 024 13 926
Variation Quantité 4000 9048 5651
2008/2018 % 34,73% 129% 68%
% dans la Consommation Finale 40 % 30% 30 %
T.C.A.M 3,02% 8,67% 5,40%
Source : Calculer à base des bilans énergétiques nationaux publiés par le ministère de l’énergie et des mines
Par type d'énergie, la consommation finale sur les dix dernières années a évolué de 129%
pour le gaz naturel suivis par les produits pétroliers (35%) et l’électricité (68%).On remarque,
à la lecture de ses statistiques du tableau ci –dessus, qu’en termes d’évolution sur la période
2008/20018 c’est le gaz naturel qui a plus évolué. Cette augmentation est induite par les besoins
croissants des clients de Sonelgaz, notamment ceux du secteur des ménages, et où le nombre
total d’abonnés a atteint 5,361 millions en 2017, soit plus de 345 mille nouveaux clients ; Notons
que près de 98%62de l’électricité est produite à partir du gaz naturel, et que plus de 60% de
l’énergie consommée par les ménages, c’est de l’énergie électrique.
61
Le bilan énergétique National 2017.
62
Commission de régulation de l’électricité et le Gaz : www.creg.gouv.dz.
94
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
035%
129%
068%
Secteurs d’activités
Année
Industrie et
Transport Ménages et Autres
BTP
2008 7 253 6 903 15 144
2009 7 382 10 869 12 653
2010 8 019 11 215 12415
2011 7 440 12 189 13 449
2012 7 948 13 372 15 075
2013 8 010 13 762 15 704
2014 8 238 14 551 16 579
2015 8 818 15 495 18 145
2016 9 242 15 057 18 584
2017 9 943 14 895 19 808
2018 10 450 15 281 22 414
Totale 28341 43548 179970
Variation Quantité 21088 36 645 164826
2008/2017 % 37 % 121 % 48%
TCAM 3,71% 8,27% 3,99%
Source : Elaboré à partir des Bilans énergétique nationaux (de 2008 à 2018) publiés par le ministère des énergies
et des mines (www.energy.gov.dz).Office National des Statistique (www.ons.dz) pour la démographie .
La consommation finale par secteur d’activité de 2008 à 2018, présentée dans le tableau
ci-dessus, reste dominée par la demande du secteur des « Ménages & autres » avec164 826
95
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Ktep, suivi par le transport avec 43548 Ktep, et enfin le secteur industriel avec 28 341 Ktep.
Mais en termes d’évolution sur la période, c’est le secteur des transports qui plus évolué avec
129% (T.C.A.M. 8.27%), la consommation des ménages 48 % (T.C.A.M 3.99%) et l’industrie
BTP a enregistré une évolution de 37% (T.C.A.M 3,71%). Du point de vue de l’affectation de
cette consommation, nous constatons que l’essentiel est consommé par les ménages (179 970
Ktep sur dix ans) et le transport (43 548 Ktep sur dix ans), sans retour de plus-value ou de
richesse quelconque, alors que le secteur de l’industrie, créateur de valeur et de richesse pour
l’économie nationale, présente une faible consommation dans le bilan énergétique national par
rapport à d’autres secteurs d’activité (28 341 Ktep sur dix ans).
37%
121% 48%
63
A base du tableau N° 10.
64
Selon les prévisions de l’AIE sur l’Algérie, réalisées en 2019.
96
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
demande énergétique pour les prochaines années, la prochaine section va se pencher sur les
perspectives de consommation électriques et gazières à l’horizon 2030.
Les prévisions de la demande d’énergie électrique sur la période 2013-2030, ont été
réalisées sur la base de la méthodologie définie par le décret exécutif n° 09-25 du 25 janvier
65
L’électricité et le gaz sont les produits énergétiques les plus consommés notamment par les ménages
66
Terme Anglo-Saxon qui désigne les solutions de substitution.
97
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
200967, fixant les outils et la méthodologie d’élaboration du programme indicatif des besoins
en moyens de production d’électricité. Les principales hypothèses utilisées pour le Scénario
retenu, sont :
1- Hypothèses macro-économiques
A). La population
Sur la période 1999 – 2013, la croissance démographique est de 1,88%68 par an Son
évolution sur la période 2014-2023 et 2024-2030, respectivement est de 2,05% et de 1,8%.
Ainsi, et au rythme de cette évolution, la population Algérienne sera de plus de 53 millions
d'habitants à l’horizon 2030. Le tableau suivant donne, l’historique de la population, sur la
période 1999 - 2013 ainsi que son évolution sur la période 2014 - 2030.
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
29,97 30,42 30,88 31,36 31,86 32,36 32,91 33,48 34,10 34,5 35,6 36,3 37,1 37,9 38,9
2014 2015 2016 2017 2018 2020 2022 2023 2025 2027 2029 2030
39,5 40,3 41,1 42,0 42,8 44,6 46,5 47,4 49,1 50,9 52,8 53,7
Le taux d’accroissement Annuel Moyen (TAAM) est de 2,05% sur la période (2014-2023)
Source : Office national des statistiques (ONS.)
B) Taux d’occupation du logement (TOL)
67
Le décret fixe les outils et la méthodologie d'élaboration du programme indicatif des besoins en moyens de
production d'électricité. Publié au journal officiel de la République algérienne le 25 Janvier 2009.
68
Source : Office national des statistiques (ONS).
98
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
En 2013 Le parc logement occupé a atteint 7 969 985 unités (y compris l’auto-
construction estimée à hauteur de 19 025 (unités)69. Le taux de croissance global est de 3,6%
par rapport à 2012, se traduisant par une livraison de 277 020 unités. Cette évolution du parc
logements a permis d’enregistrer une amélioration du TOL, qui est passé de 4,93 personnes par
logement en 2012 à 4,86 personnes par logement à fin 2013. Les hypothèses de TOL
considérées à l’horizon 2030, pour le scénario retenu sont les suivantes :
Les projections en terme de livraisons de logements sont indiquées dans le tableau ci-après et
ce, selon le scénario retenu
Tableau 22 : Les prévisions de livraison de logements (2014 - 2030)
Sur la base de ce qui précède et pour le scénario retenu, les livraisons de logements sont
supposées évoluer sur la période d’étude comme suit :
69
Source : Ministère de l’Habitat.
99
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Afin de prendre en compte, les actions d’efficacité énergétique, il sera considéré deux
scénarios différents :
Partant d’un PIB (Produit Intérieur Brut) de 2,8% en 2013, les hypothèses considérées
par scénario jusqu’à l’horizon 2030, sont les suivantes :
Prévisions 2014-2030
PIB 4.0 %
100
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
La Production d’électricité sur le RIN à l’horizon 2030 sera de 141089 Gwh, son taux
moyen d’évolution est de 5,7% sur l'ensemble de la période, par sous périodes, les taux se
présentent comme suit :
- 7,2 % sur la période (2013 - 2018) ;
- 5,5 % sur la période (2018 - 2023) ;
- 4,8 % sur la période (2023 - 2030).
La demande sur le RIN sera de 123 362 Gwh en 2030, évoluera à raison de 6,3% par an sur la
période. Par sous périodes, les croissances attendues sont :
- 7,9 % sur la période (2013 - 2018) ;
- 6,0 % sur la période (2018 - 2023) ;
- 5,3 % sur la période (2023 - 2030).
Conclusion de l’étude
70
L’électricité produite à base des turbines à Gaz représente 95% de la production globale.
101
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Scénario 1 Ecarts
Scénario de Scénario 2
D’Efficacité
Année
Référence D’Efficacité Scénario 1 Scénario 2
Energétique
Energétique D’Efficacité D’Efficacité
Energétique Energétique
2013 54875 54875 54875
2020 88 251 88 251 88 251
2025 111 504 108 483 105 462 3 021 6042
2030 141 089 133 608 129 867 7 481 11 222
71
En raison des politiques d’austérités menées depuis la chute des prix du pétrole en 2014.
102
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Tableau N°28 : Evolution de la production électrique RIN sur la période (2013 -2030)
Selon les différents scénarios (GWh)
Ecarts
Année Scénario de Scénario 1 Scénario 2
Référence D’efficacité D’efficacité Scénario1 Scénario 2
Energétique Energétique d’efficacité d’efficacité
Energétique Energétique
2013 54 875 54 875 54 875 - -
2020 88 251 88 251 88 251
2025 111 504 108 483 105 462 3 021 6 042
2030 141 089 133 608 129 867 7 481 11 222
L’étude que nous présentons dans cette sous- section est réalisée par la commission de
régulation de l’électricité et le Gaz (CREG). Elle a été publiée dans un document officiel en
janvier 2019 intitulé : programme indicatif d’approvisionnement du marché national en gaz
naturel 2019-2028. L’objectif est d’évalué les capacités de production nécessaires à la
satisfaction des besoins du marché national en gaz naturel pour les dix prochaines années. Nous
avons repris cette étude car, elle a été réalisée par un organisme officiel, et elle a été validée par
le ministère Algérien de l’énergie et des mines.
Source : Programme indicatif d’approvisionnement du marché national en gaz naturel 2019-2028. Un document
de la commission de régulation d’électricité et gaz publié. Janvier 2019.
103
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Source : Programme indicatif d’approvisionnement du marché national en gaz naturel 2019-2028. Un document
de la commission de régulation d’électricité et gaz publié. Janvier 2019.
72
Chiffre publié sur le site internet www.Sonelgaz.dz
73
L’unité de dessalement d’eau de mer située à Arzew d’une capacité de 90000 m3 et de la nouvelle centrale
électrique de Skikda d’une capacité de 825 MW.
104
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Source : Programme indicatif d’approvisionnement du marché national en gaz naturel 2019-2028. Un document
de la commission de régulation d’électricité et gaz publié. Janvier 2019.
La demande gazière des centrales électrique serait de 28Gm3 selon le scénario fort soit
une croissance annuelle de 3.4%. Selon le scénario moyen, elle serait de 23 Gm3 soit une
croissance annuelle 2.2%. Elle serait de 20 Gm3soit une croissance annuelle de 1.0% selon le
scénario faible.
Source : Programme indicatif d’approvisionnement du marché national en gaz naturel 2019-2028. Un document
de la commission de régulation d’électricité et gaz publié. Janvier 2019.
105
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Source : Programme indicatif d’approvisionnement du marché national en gaz naturel 2019-2028. Un document
de la commission de régulation d’électricité et gaz publié. Janvier 2019.
Les prévisions de la demande de gaz pour le secteur industriel à l’horizon 2028 sont de
l’ordre de 20 Gm3 pour le scénario fort soit une croissance annuelle de 7.5%, pour scénario
moyen 17Gm3 soit une croissance annuelle de5.9% .17Gm3pour le scénario faible soit une
croissance moyenne de 5.4%.
106
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
31%
36%
8% 25%
Selon le graphe ci-dessus, 92% du cumul serait consommé par les centrale électrique
(CE), la distribution publique(DP), et l’industrie. L’autoconsommation représenterait 8% de la
consommation nationale.
Conclusion de l’étude
Selon l’étude présentée dans cette section (perspectives de la consommation du gaz à
l’horizon 2028) :
La consommation nationale se situerait l’horizon 2028 entre 61et 76Gm3.
Elle est estimée à 67Gm3 dans le cas du scénario moyen, soit une croissance annuelle
moyenne de 4,5%. Cette évolution est tirée par :
L’industrie : Pour l’activité industrielle la consommation du Gaz Naturel passerait de 10
Gm3en 2019 à 17 Gm3en 2028 avec un TCAM de 9%. Cette croissance est due à
l’apparition de nouveaux projets industriels et le résultat d’une croissance économique.
La Consommation de la distribution publique (DP) : Elle passerait de 13 Gm3 en 2019
à 21Gm3 en 2028 soit un taux de croissance annuel moyen de 5,2%. Cette croissance sera
le résultat de la concrétisation des différents programmes du développement de la
distribution publique du Gaz notamment dans les zones rurales.
La consommation des centrales électriques, La consommation des centrales électrique
pour la production d’électricité passerait de 19 Gm3en 2019 à 23 Gm3 en 2028, avec un
T.C.A.M de 2.2%.
107
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
En conclusion de cette étude, nous avons constaté que la majeure partie de la demande
Gazière à l’horizon 2028 est liée à la consommation des centrales électriques et à la distribution
publique du Gaz, qui représenterait respectivement 36% et 31%de la consommation globale à
l’horizon 2028. D’où l’urgence d’une substitution énergétique et d’une diversification des
sources de production d’électricité. Comme vu dans la première partie de cette étude, la
demande d’électricité est en croissance rapide, pour des raisons déjà cité (voire partie 1 de cette
étude) et la forte consommation d’électricité va induire automatique une tendance à la hausse
de la consommation Gazière. Le besoin en gaz naturel cumulé pour le marché national sur la
période étudiée (2018-208) s’élèverait à 560Gm3 (équivalent à 3600 Mboe)74. Un double défi
pour le secteur gazier est apparu : satisfaire la distribution publique notamment les ménage75 et
la satisfaction des besoins des centrales électrique pour la production de l’électricité. Face à
cette situation, l’introduction d’autres formes d’énergies dans le mix énergétique nationale est
une nécessité, les énergies renouvelables.
74
Mboe : million barils d'équivalent pétrole.
108
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Conclusion
L’analyse du bilan énergétique national, sur les dix dernières années, nous a permet de
constater que la demande énergétique croit régulièrement pour répondre aux besoins d'une
population qui augmente et dont le niveau de vie progresse. La Croissance démographique et
l'un des déterminants importants de la consommation énergétique en Algérie. L’augmentation
de la consommation d’énergie est en proportion avec l’augmentation de la population. La
structure de la consommation finale par secteur d’activité reste dominée par la demande du
secteur des « Ménages & autres » 43%, (4% par an), sans retour de plus-value ou de richesse
quelconque, suivi par le transport 35%, (3% par an), alors que le secteur de l’industrie, créateur
de valeur et de richesse pour l’économie nationale, consomme 22% (2% par an) du bilan
énergétique national. Par type d'énergie, la consommation finale est dominée par les produits
pétroliers (38%) suivis par le gaz naturel (27%) et l’électricité (20.64), mais en termes
d’évolution sur la période 2007/20016 c’est le gaz naturel qui a plus évolué avec (98%). Notons
que près de 98%8 de l’électricité est produite à partir du gaz naturel, et que plus de 60% de
l’énergie consommée par les ménages, c’est de l’énergie électrique.
Les prévisions de la demande énergétique à l’horizon 2030, montre que les besoins de
l’Algérie seront en progression notamment pour l’électricité et le gaz. Pour faire face au niveau
de la demande prévue dans les différents scénarios étudiés, l’Algérie doit préparer sa transition
énergétique, d’abord par un modèle de consommation basé sur les économies d’énergies et
l’efficacité énergétique, ensuite par un modèle de transition énergétique basé sur les énergies
renouvelables pour assurer la diversification des sources d’énergie, qui seront des constituants
importants dans le mix énergétique, afin de garantir un approvisionnement durable en énergie
pour le pays.
109
Chapitre II : La situation énergétique Algérienne : état des lieux et perspectives
Un programme national a été mis en place depuis 2011 pour leur développement, et leur
introduction du système énergétique nationale. Le prochain chapitre aborde en détail la stratégie
Algérienne qui a été mise en place pour le déploiement des énergies renouvelables et leurs
enjeux pour la nation.
110
Chapitre III
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Introduction
Dans ce chapitre, un aperçu général sur les énergies renouvelables et leur situation dans
le monde, en termes de capacités installées et en termes de volumes d’investissements
consentis, va être présenté en première section. En deuxième section, et après avoir présenté le
111
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
112
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Cette section est consacrée à la présentation des EnR, il s’agit de leur définition et de
leur caractéristiques, leurs différentes filières, en fin la tendance mondiale en termes
d’investissements, de capacités installées, et de production d’électricité de sources
renouvelables.
« Une énergie est dite renouvelable lorsqu’elle est prélevée sur des flux naturels et non
sur des stocks qui ne se reconstituent pas, les énergies renouvelables peuvent être donc être
extraite de l’environnement, ce qui ne veut pas dire en quantité illimitées pour une période ou
à un moment donné ».1
1. Elles sont des énergies de flux : Contrairement aux énergies fossiles qui sont des énergies
de stocks, les énergies renouvelables sont des énergies de flux. Elles se présentent sous forme
de flux d'énergie plus au moins variables dans l'espace et dans le temps. Elles sont générées
par la nature, il s’agit par exemple du vent, du rayonnement solaire et des mouvements de
l’eau. Leur exploitation n’a pas de limites puisqu’elles se renouvellent naturellement ;
2. Elles sont largement disponibles : Les énergies renouvelables sont accessibles sur
l’ensemble de planète notamment pour le vent et le soleil. Elles ne sont pas épuisables par
l'usage qu'on peut en faire. Leur flux annuel en un lieu donné ou au niveau mondial peut en
revanche varier assez sensiblement d'une période à une autre (sécheresse, canicule, etc.) et
évoluer à long terme avec le climat terrestre (réchauffement climatique) ;
1
Jean pierre Hansen-Jacques PERCEBOIS « Energie : Economie et politique » De Boeck 2015, op.cit. page 568
2
Mise gratuitement par la nature.
113
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
3. Elles sont produites par na nature : Elles sont produites par la nature, l’énergie hydraulique
est issue des cours d’eau, des barrages et des marées. L’énergie éolienne tire parti de la force
du vent L’énergie thermique et le photovoltaïque utilisent l’énergie dégagée par les
rayonnements solaires ; La biomasse résulte de l’exploitation forestière et des déchets
agricoles ; Le biogaz est issu de la fermentation des déchets ménagères et industriels La
géothermie exploite la chaleur naturelle de la terre ; La pile à combustible utilise l’énergie
produite par la réaction chimique de l’hydrogène avec l’oxygène.
3
C.Acket, J Vaillant « Les énergies renouvelables : Etat des lieux et perspectives » Ed Technip2011, op.cit. p.23
114
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Les deux chocs pétroliers de 1973 et 19794 ont porté un coup très dur aux économies
occidentales. La hausse subite des prix des hydrocarbures a engendré une prise de conscience
de la dépendance de l’économie des pays industrialisés envers les énergies non renouvelables.
Une brusque effervescence mondiale a eu lieu à partir des deux chocs pétroliers afin de favoriser
le développement des énergies renouvelables. De nombreux scientifiques se tournent vers
l’amélioration et la recherche de techniques solaire performantes. Des associations militent pour
le développement des énergies renouvelables. Les gouvernements encouragent financièrement
toutes les initiatives en ce sens.
L’intérêt pour les énergies renouvelables est justifié par la sécurité énergétique durable.
Les énergies fossiles, pétrole et gaz essentiellement, sont épuisables ce qui signifie que la
sécurité des approvisionnements en énergie n’est pas assurée et elle n’est pas garantie à long
terme. A partir des années 80, d’autres considérations, liées à l’environnement et au
réchauffement climatique, s’ajoutent pour favoriser le recours aux énergies alternatives.
Les deux crises énergétiques de 1973 et 1979 sont à l’origine des perturbations qu’a
connues le marché mondial de l’énergie. Le cours des hydrocarbures n’est plus stable, l’offre
et la demande ne sont plus un paramètre crédible pour la fixation des prix, d’autres éléments
géopolitiques rentrent enjeux.
A partir de ce constat, une transition énergétique s’imposait pour les pays du monde. Le
recours aux énergies propres est devenu incontournable et inéluctable.
1.1.4. Les avantages et les inconvénients des sources des énergies renouvelables
a. Les avantages
4
Deux crises de nature politiques vont entrainer de très fortes augmentation du prix de pétrole : en 1973 à
l’occasion de la guerre du kippour entre Israël et les pays Arabes, le prix posté passe de 3à 7$ en octobre, puis à
plus de 10$ par baril fin décembre (le prix réel de transaction est alors de 7 ou 8$ : En 1979, la crise iranienne,
avec le départ de shah d’Iran et arrivée au pouvoir le ‘Imam Khomeiny, se traduit par une forte augmentation du
prix du pétrole qui atteint 35$ par baril.
115
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Cependant, il faudrait bien noter qu’il existe plusieurs sources d’énergies renouvelables et que
chacune a ses avantages et ses inconvénients qui lui sont plus ou moins propres.
L’énergie solaire a comme principal avantage d’avoir un rendement élevé, de pouvoir
couvrir jusqu’à 50% des besoins énergétiques en zones tempérées, et de convenir aux
endroits même les plus isolés.
L’énergie biomasse a pour elle l’avantage d’émettre des quantités de gaz à effet de serre
relativement faible et qui sont d’ailleurs inférieure en termes de volume au gaz carbonique
que le bois a capté aux cours de sa vie. En outre elle est relativement bon marché et contribue
au développement local.
L’énergie éolienne est la définition même de ce qu’on peut appeler une énergie propre, sans
rejet et sans déchet, elle permet en outre de désenclaver sur le plan énergétique les sites les
plus isolés. Grâce un bon coefficient de performance, elle assure aussi une très bonne
indépendance énergétique.
b. Les inconvénients
D’un point de vue plus spécifique, on pourra dire que les principaux inconvénients de
l’énergie alternatives sont : des rendements trop corrélés aux aléas climatiques et un retour sur
investissement très long au vu des cours actuels des sources d’énergies fossiles/fissiles.
Pour l’énergie éolienne, est tributaire du vent. L’énergie biomasse de même que l’énergie
géothermique ont comme inconvénient de ne pas pouvoir être exploitées intensivement, au
risque de déséquilibrer durablement l’équilibre écologique de la zone d’exploitation.
Sur un plan purement économique, le coût de production des énergies renouvelables est
trop élevé. Leur contribution minime dans le bilan énergétique mondiale est le résultat de
manque de compétitivité par rapport à d’autres formes d’énergie. Les coûts élevés de la
technologie nécessaire pour la production et l’exploitation d’une énergie nouvelle engendre une
perte de compétitivité par rapport à l’énergie fossile. La nécessité d'un appoint en cas
d'indisponibilité de la source, il faut souvent qu'une autre énergie prenne le relais, imposant des
surcoûts quelquefois conséquents.
116
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Dans cette sous-section nous présenterons les différentes filières des EnR et leur
utilisation.
1
Jean François Sacadura « Initiation aux transferts thermiques », Lavoisier, Paris, 1993 op.cit. : page 18
6
Jean Pierre Hansen-Jacques Percebois, « Energie : Economie et politique » 2èm Edition, Edition de Boeck
2015(op.cit. : page 590)
117
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Elle tire son nom « d’Eole », le nom donné au dieu du vent dans la Grèce antique.
L’énergie éolienne est l’énergie tirée du vent au moyen d’un dispositif dit éolienne ou
aérogénérateur1, puis il là transforme en électricité. La mise en œuvre de l’énergie éolienne est
d’abord fonction des conditions climatique et géographiques, et notamment le régime des vents,
et ensuite des conditions de faisabilité aussi bien technologique que financière. La ressources
éolienne est présente quasiment partout sur Terre, son énergie sur l’ensemble du globe est
estimée à 5.106 Twh/h par an.
1.2.3. La Biomasse
7
Jean Pierre Hansen-Jacques PERCEBOIS « Energie : Economie et politique » 2ème Edition, Edition de Boeck
2015.
118
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
prospèrent les espèces vivantes qui la produisent n’est pas dégradé et que la production continue
y est assurée la biomasse est toujours renouvelable.
Le schéma ci-dessus présente les différentes filières des énergies renouvelables et leur
utilisation. La présentation détaillée par filière voire
ENERGIE SOLAIRE
Thermique
(Chauffe-eau solaire,
Utilisation Passive Distillation, production
production de
Photovoltaïque Distillation,
(Bio climatisation) la vapeur d’eau)
(Électrification rurale de la vapeur d’eau
Eoliennes
Bois Energie Biogaz Sup. à 2 m/s
HtesTemp. (Pompage
Biocarburants 150° à 320°C Mécanique)
(Production Basse Temp.
d’électricité) 50° à 90°C Aérogénérateurs
(Chauffage urbain, Sup. à 6 m/s
serres, thermalisme
…)
Moyenne Temp.
90° à 150°C
(Chauffage urbain et eau chaude sanitaire
Source : Le guide Algérien des énergies renouvelables, une publication du ministère de l’énergie et des mines,
édition de 2007.
119
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Environ 3008 milliards USD sont investis annuellement au niveau mondial ces dernières
années (moins de 50 milliards USD par an en 2004)9. Selon les prévisions de l’I.R.E.N.A, les
investissements annuels dans les énergies nouvelles doivent tripler pour atteindre 800 milliards
USD d'ici 2050. Etant devenues une proposition d'investissement convaincante, les EnR
bénéficient d’un cadre politique favorable en raison de la volonté des gouvernements de mettre
la transition énergétique au cœur de la croissance économique, et le souhait de garantir un
développement durable pour les prochaines années. Les flux de capitaux énergétiques, que ce
soit publics ou privés, s’accentuent en raison de la rentabilité des projets d’énergies
renouvelables. Les coûts technologiques de certaines filières continuent de baisser, et le coût
de production d’électricité verte de certaines sources est de plus en plus compétitif. Selon le
rapport Le rapport Global Trends in Renewable Energy Investment202010, École de Francfort-
PNUE a dévoilé que la compétitivité des coûts des énergies renouvelables a, également,
augmenté de façon spectaculaire. D’ailleurs, le coût de l’électricité a diminué de 81% pour le
solaire photovoltaïque depuis 2009. Celui de l’éolien terrestre a baissé de 46%.
8
Le rapport Global Trends in Renewable Energy Investment2020, École de Francfort-PNUE (Programme des
nations unies pour l’environnement).
9
Selon Le rapport Global Trends in Renewable Energy Investment2020, pour l’Année 2018, les investissements
renouvelables dépassent les investissements fossiles d'un facteur de trois.
10
Le rapport Global Trends in Renewable Energy Investment est publié annuellement depuis 2007. Il est
commandé par le Programme des Nations Unies pour l'environnement en coopération avec le Centre
collaborateur École de Francfort-PNUE pour le financement du climat et de l'énergie durable et produit en
collaboration avec Bloomberg NEF. Le rapport est soutenu par le ministère fédéral allemand de l'environnement,
de la conservation de la nature et de la sûreté nucléaire.
120
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
350
315,1
300,3
300 280 280,2 282,2
264,7 265
250 239,9
213 211,7
200
155,7
146,5
150
120,02
100 88,2
60,4
50 40,1
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Source : Le rapport Global Trends in Renewable Energy Investment2020, École de Francfort-PNUE
La baisse des coûts technologiques engendre des disparités en termes du volume des
investissements entres les différentes filières d’industrie des EnR. Certaines filières enregistrent
des volumes d’investissements plus importants que les autres et drainent des capitaux de
différentes sources de financements. Pour mieux détailler ces disparités, nous allons présenter
les investissements par filière technologique pour identifier les plus attractives.
121
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
28 20
45
123 Solaire
Eolien
Biomasse
1067 1369
Hydroélectricité
Biocarburants
Géothermie
Totale 2700 Millairs $
11
Calculé à base des données du graphe N° 7
122
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Cette sous-section examine le volume des investissements en EnR par pays ces dix
dernières années (2010-2019). L’objectif est de déterminé les pays qui financent le plus de
projets d’énergies renouvelables, et pour ensuite d’établir un lien entre investissements et
capacités installées. On a procédé par une analyse par pays 15, pour mieux examiner l’état
d’avancement de leurs projets d’énergies renouvelable et de la transition énergétique. Selon les
différentes études menées par les différents organismes spécialisés16, les pays qui investissent
le plus dans les énergies vertes sont : la Chine, les USA, le Japon, et les pays du continent
Européen.
12
“Global Landscape of Renewable Energy Finance, 2020”, Un rapport, co-développé par l'Agence internationale
pour les énergies renouvelables (IRENA) et l'initiative de politique climatique, fournit des recommandations
exploitables aux décideurs politiques et autres parties prenantes pour augmenter les investissements et mobiliser
des capitaux dans le secteur.
13
L'effet de levier désigne l'utilisation de l'endettement pour augmenter la capacité d'investissement d'une
entreprise, d'un organisme financier.
14
IRENA and CPI (2020), Global Landscape of Renewable Energy Finance, 2020, International
Renewable Energy Agency, Abu Dhabi.
15
Les pays qui enregistrent le grand volume d’investissement dans les projets d’énergies renouvelables dans le
monde.
16
L’agence Internationale de l’énergie(AIE), Agence internationale des énergies renouvelables(IRENA),
Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et la R.E.N 21 (Renewables 2019 Global Status
Report).
123
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Le graphe ci-dessus présente les vingt principaux pays qui investissent le plus dans les
projets énergétiques renouvelables, allant de la Chine pour un total de 818 milliards de dollars
à la Corée du Sud avec 15,3 milliards de dollars. L’analyse montre que la majorité (83%)
d’investissements dans les énergies renouvelables, lors de la dernière décennie, provenaient et
coulaient de trois pays - la Chine, les États-Unis et le Japon qui représentent 53%du volume
global investis.
L’Allemagne, avec 183.4 milliard de $ (7%), viens en quatrième position mais reste le
leader Européen avec 26 %. Les pays17 du moyen Orient et Afrique du Nord, Asie du Sud et
Afrique subsaharienne n’ont attiré que 15%18 du total des investissements dans les énergies
renouvelables.
17
Ils n’ont pas été pris en considération dans ce le rapport du PNUE en raison du faible volume de leurs
investissements
18
IRENA and CPI (2020), Global Landscape of Renewable Energy Finance, 2020, International Renewable Energy
Agency, Abu Dhabi
124
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
19
La capacité de production d'énergie renouvelable est mesurée comme la capacité de production nette maximale
des centrales électriques et autres installations qui utilisent des sources d'énergie renouvelables pour produire de
l'électricité.
20
Calculé par nous même à partir des données de IRENA (2020) (statistiques du graphe 8).
125
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
forte pénétration des énergies renouvelables dans le système énergétique mondial. Leur
introduction dans les politiques énergétiques de plusieurs pays est un facteur déterminent pour
la transition vers un nouveau modèle de consommation basé sur les ressources renouvelables.
La baisse des coûts de certaines technologies de la filière des renouvelables à encourager
d’avantage la croissance des installations.
Afin de mieux illustrer les capacités installées en détaille, nous les présenterons par
technologiques pour distinguer celles qui sont le plus avancées par rapport aux autres.
21
Calculé à partir des données de IRENA (2020), Renewable Energy Statistics 2020 The International Renewable
Energy Agency, Abu Dhabi.
126
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Selon le graphe ci-dessus, c’est le solaire et l’éolien qui enregistre le taux d’évolution le
plus important comparativement aux autres sources d’EnR. Cette tendance à la hausse de ces
deux sources est justifiée par la baisse des coûts22, et la rapidité de la mise en services de projet
d’EnR, liés à leurs technologies. La production d’électricité renouvelables a tendance à être de
trois à six mois pour le solaire photovoltaïque, neuf mois ou plus pour l'éolien terrestre, mais
deux à trois ans pour l'éolien offshore, et trois ans environ pour la biomasse, valorisation
énergétique des déchets, solaire thermique, géothermique et petits projets hydroélectriques.
22
Coûts liés à leurs technologies.
23
Haron Wajsbrot, « Le nucléaire doublé par les éoliennes et les panneaux solaires », le journal Les Echos du 28
septembre 2020.
127
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
qui pourrait être un premier élément de la transition vers un nouveau modèle de consommation
d’énergie dans le monde.
Tableau 30 : La production d’électricité d’origine renouvelable (Mwh) 2015-2019.
Source renouvelable primaire 2015 2016 2017 2018 2019
Hydroélectricité 1099 1129 1156 1177 1189
Eolien (On et Offshore) 416 467 514 564 623
Solaire (PV+Scp) 222 296 389 489 586
Biomasse 97 105 111 117 124
Géothermie 12 12 13 14 15
Total 1846 2009 2183 2361 2537
Source : IRENA « renewable energy statistics 2020 ».
La part des énergies renouvelables dans la production d’électricité a marqué une forte
croissance ces cinq dernières années. Cet essor s’appuie principalement sur l’éolien et le solaire
photovoltaïque en raison des progrès techniques enregistré par ces deux filières et la baisse des
coûts de la technologie. Leur évolution respective est de 49% et 167% sur la période 2015-
2019. L’hydroélectricité malgré sa domination en termes de quantité produite (1189 MW
en2019) son taux d’évolution reste faible avec 8.19% sur la période considérée. La biomasse
est la géothermie leur contribution dans le mixte électrique mondial reste globalement faible
avec respectivement 124 MW et 15 MW
006% 001%
018%
024% 52%
128
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
dans le monde. Néanmoins, cette part a enregistré une baisse considérable comparativement à
l’année 2015 où elle représentait 60%. L’électricité éolienne (23%) et solaire photovoltaïque
(18%) entre 2015 et 2019. Quant à la contribution de la biomasse et la géothermie à la
production d’électricité renouvelable, elle reste faible avec respectivement 5% et 0.60 % en
2019.
Avec un territoire de 2 381 741 de Km² (composé de 86% de désert saharien), l’Algérie
possède le champ solaire le plus important au monde25.L’ensoleillement annuel moyen du pays
est évalué à 350026 heures, avec une moyenne d’ensoleillement de 6,57 kWh/m2/jour. Le
24
Les Coûts des technologies du solaire PV et de l’éolienne terrestre.
25
Algerian Renewable Energy Resource Atlas, Un document du le Cendtre des énergies renouvelbe (CDER) 1st
edition 2019.
26
Le guide algérien des EnR, Une publication du ministère de l’énergie et des mines, Edition 2007.
129
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
potentiel solaire algérien est équivalent à un volume de37 00027milliards de mètres cubes, soit
plus de 8 fois les réserves de gaz naturel du pays, à la différence que le potentiel solaire est
renouvelable, contrairement au gaz naturel.
Tableau 31 : Potentiel solaire algérien en durée d’ensoleillement et en énergie reçue (moyenne)
A la lecture du tableau nous constatons que l’énergie reçue quotidiennement sur une
surface horizontale de 1 m2 est de l’ordre de 5 KWh sur la majeure partie du territoire national,
soit près de 1700 KWh/m2/an au Nord et 2263 KWh/m2/an au sud du pays. La durée
d’insolation sur la quasi-totalité du territoire national dépasse les 2000 heures annuellement et
atteint les 390028 heures (hauts plateaux et Sahara) comme le montre la carte solaire ci-dessus
Source : Atals Solaire Algérien,Un document du le Cendtre des énergies renouvelbe (CDER) 2002.
27
Ambassade de Belgique, Mission Economique « L’essentiel de l’activité économique en Algérie », page 4, 2010
28
Ministère de l’énergie et des mines : https://www.energy.gov.dz/
130
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Le potentiel solaire en Algérie est promoteur et sa promotion constitue l'un des axes
majeurs de la politique énergétique nationale. Il présente des données favorables et
prometteuses pour la production d'électricité. Par ailleurs, il peut être une solution à certaines
régions isolées où se pose le problème d'utilisation de l'énergie fossile. Ce qui favorisera
l'équilibre économique ville-compagne, verrou essentiel de sous-développement des pays en
voie de développement. Toutefois, le programme d'utilisation de l'énergie solaire exige un
accroissement de recherches scientifique et des investissements lourds.
Avec une topographie et un climat très diversifié, la ressource éolienne en Algérie varie
beaucoup d'un endroit à un autre. En effet, le relief algérien est subdivisé en deux zones
géographiques distinctes : Le Nord méditerranéen est caractérisé par un littorale de 1200Km et
un relief montagneux, représenté par deux chaines l'Atlas tellien et l'Atlas Saharien. Entre elles,
s'intercalent des plaintes et les hauts plateaux d'un climat continental. Le Sud, quant à lui, se
caractérise par un climat Saharien.
29
Carlo Rubbia est un physicien Italien, prix Nobel de Physique 1984.
131
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Source : Algerian Renewable Energy Resource Atlas, Un document du le Cendtre des énergies renouvelbe
(CDER) 1st edition 2019.
30
Le Guide Algérien des énergies renouvelables, Une publication du ministère de l’énergie et des mines, édition
2007
31
Les cahiers du CREAD N°969- 2011.
132
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
D'après le tableau ci-dessus, par exemple pour une hauteur de 30m, on trouve à Adrar
87132maisons électrifiées par l'énergie éolienne pour une consommation de 2 KWh/h par
maison. En plus, on constate que la wilaya d'Adrar est la plus ventée par rapport à d'autres
mentionnées dans le tableau ci-dessus. Cette source d'énergie renouvelable peut être valorisée
dans la production d'électricité, notamment, pour les zones rurales où l'accès à l'énergie fossiles
est très difficile en raison d'un relief défavorable.
32
Sonatrach News N° 14Novembre 2008
33
La Commission économique des Nations Unis, bureau pour l’Afrique du Nord, le secteur des énergies
renouvelables en Afrique du Nord, septembre 2012.
133
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Source : Algerian Renewable Energy Resource Atlas, Un document du le Cendtre des énergies renouvelbe
(CDER) 1st edition 2019
Plus au Sud, l’Algérie, dispose d'un vaste réservoir géothermique qui s’étale sur plus de
700,000 km. Ce réservoir, appelé « Nappe Albienne » est exploité à travers des forages à plus
de 4 m3/s. L’eau de cette nappe se trouve à une température moyenne de 57 °C. Si on associe
le débit d’exploitation de la nappe albienne au débit total des sources thermales, cela
représenterait, en termes de puissance, plus de 700 MW34.
34
Le Guide Algérien des énergies renouvelables, un document du ministère des énergies et des mines, Edition
2007
134
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Des études sur le gradient thermique ont permis d'identifier trois zones dont le gradient
dépasse les 5°C/100m35 :Zone de Relizane et Mascara ;Zone d’Aïne Boucif et Sidi Aïssa ; Zone
de Guelma et Djebel El Onk. La compilation des données géologiques, géochimiques et
géophysique a permis d'identifier plus de deux cent (200)36sources chaudes qui ont été
inventoriées dans la partie Nord du Pays. Un tiers environ (33%) d'entre elles ont des
températures supérieures à 45°C. Il existe des sources à hautes températures pouvant atteindre
118°C à Biskra.
35
Bulletin des Energies Renouvelables N°5, juin 2004.
36
Source : ministère de l’énergie et des mines.
37
Algerian Renewable Energy Resource Atlas, Un document du le Cendtre des énergies renouvelbe (CDER) 1st
edition 2019.
38
Un document édité par le Centre des énergies renouvelables (CDER), 2019.
39
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 2016
135
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Tableau 35 : Part de chacune des ressources renouvelables retenue dans PNEREE 2011
ETAPE ACTION
Réalisation de projets pilotes totalisant une capacité de 110 MW pour tester les
2011-2013
différentes technologies ;
Début du déploiement du programme avec une l’installation d’une puissance totale de
2014-2015
près de 650 MW.
Déploiement à l’horizon 2020 d’une capacité minimale de 4600 MW, dont 2600 MW
2016-2020 sont destinés au marché intérieur et 2000 MW à l’exportation.
40
Adopté par le Gouvernement en date du 3 février 2011.
41
Ceci étant sur la base d’une estimation de l’évolution de la puissance installée préalablement établie.
42
Programme des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, un document élaboré par le ministère de
l’énergie et des mines, Mars 2011.
136
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Le Programme (PNEREE) de 2011 a été révisé en 2015. Il est apparu dans sa phase
expérimentale et de veille technologique, des éléments nouveaux et pertinents sur la scène
énergétique, aussi bien nationale qu’internationale, nécessitant sa révision. Parmi ces éléments,
il convient de citer :43
1. Une meilleure connaissance du potentiel national en énergies renouvelables à travers les
études engagées, lors de cette première phase, notamment les potentiels solaire et éolien ;
2. La baisse des coûts des filières photovoltaïque et éolienne qui s’affirment de plus en plus sur
le marché pour constituer des filières viables à considérer (maturité technologique, coûts
compétitifs …) ;
3. Les coûts de la filière solaire thermique qui restent élevés associés à une technologie non
encore mature notamment en termes de stockage avec une croissance très lente du
développement de son marché.
De ce fait, un nouveau programme 2015-2030 est donc élaboré. Il est composé de cinq
axes : le premier, porte sur le développement des énergies renouvelables, le second sur le
développement de l'efficacité énergétique et des économies d'énergie. Les capacités
industrielles à développer pour accompagner le programme font l'objet du troisième axe. Le
quatrième est consacré à la recherche & développement. En fin, le cinquième aborde le cadre
juridique et réglementaire.
2.2.2.1. Les objectifs du PNEREE 2015 par filière énergétique à l’horizon 2030
43
Programme de développement des EnR et de l’efficacité énergétique, un document du ministère des énergies et
des mines, Janvier 2016.
44
Idem.
137
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Selon les objectifs tracés par les autorités Algériennes, ce programme porte sur le
développement du photovoltaïque et de l’éolien à grande échelle. L’introduction du solaire
thermique (CSP) ainsi que les filières de la biomasse, de la cogénération et de la géothermie
interviendra graduellement.
Le tableau suivant donne les capacités cumulées du programme EnR, par type et phase,
sur la période 2015 - 2030 :
45
Energies nouvelles, renouvelables et maitrise de l’énergie : une publication du ministère des énergies et des
mines, Janvier 2016.
138
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
46
Un choix dicté par le contexte énergétique national
47
Programme des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique-un document du ministère des énergies et
des mines Janvier 2016.
139
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
- Bâtiment : 30 MTEP ;
- Industrie : ≈ 30 MTEP ;
- Transport : 16 MTEP (en essence et gasoil).
Dans le secteur du transport, l’opération de substitution des carburantes essences et
gasoil par le GPL et le GNC, induirait une consommation supplémentaire de ces derniers, de
près de 17 millions de TEP, déductible du bilan global des économies d’énergies.
Les capacités et types d’énergies renouvelables seront installés selon les spécificités de
chaque région :
1. Région du Sahara, pour l’hybridation des centrales diesel existantes et l’alimentation des
sites éparses compte tenu de l’important potentiel solaire et éolien existant au niveau de
cette région ;
2. Région des Hauts Plateaux, pour son potentiel d’ensoleillement et d’exposition au vent,
avec la disponibilité de terrains. ;
3. Région du littoral selon la disponibilité des assiettes de terrain avec l’exploitation de tous
les espaces où des potentiels renouvelables existent.
Par ailleurs, les besoins complémentaires pour d’autres domaines d’application font
partie, également, de la capacité totale du photovoltaïque prévue dans le programme, tels que
le résidentiel, l’agriculture, le pompage, les ressources en eau, l’industrie, l’éclairage public et
les services.
48
Programme des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique-un document du ministère des énergies et
des mines Janvier 2016.
140
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Cette loi, adoptée en 1999, trace le cadre général de la politique nationale dans le
domaine de la maîtrise de l’énergie et défini les moyens d’y parvenir. Elle consacre le
développement des énergies renouvelables et leur utilisation en instituant le Programme
National de Maîtrise de l’Energie (PNME). A cet effet, la promotion des énergies nouvelles y
est inscrite comme l’un des outils de la maîtrise de l’énergie à travers les économies d’énergies
conventionnelle qu’elle permet de réaliser.
Dans le cadre de cette loi un Fonds National de Maîtrise de l’Energie (FNME) a été
institué. Il finance les projets de maîtrise de l’énergie. Des actions touchant les énergies
renouvelables sont prévues pour être financées dans ce cadre au titre du plan National de
Maîtrise de l’Energie (PNME). Il s’agit d’opérations touchant les secteurs résidentiel et tertiaire.
Les actions et projets inscrits dans le cadre du PNME sont réalisés grâce à l’apport du
Fonds National de Maîtrise de l’Energie (FNME) qui vise à promouvoir aussi bien le marché
national de la maîtrise de l’énergie que les projets d’ER. En application de cette loi, une stratégie
et un dispositif institutionnel ont été mis en place, s’articulant autour de :
141
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
En application des dispositions de cette loi, des tarifs préférentiels pour l’électricité
produite à partir des EnR sont prévu (tarifs de rachat), la prise en charge du raccordement des
installations et l’octroi d’une prime verte variant entre 100 et 300% du coût du KWh.
3. La loi n° 04-09 du 14 Août 2004, relative à la promotion des énergies renouvelables dans
le cadre du développement durable
Les pays où les énergies renouvelables se sont développées rapidement ont tous
appliqués des politiques de soutien volontaristes pour encourager et inciter les acteurs
économiques à investir dans ces filières qui sont encore peu compétitives par rapport aux filières
classiques. Ces politiques consistent en la mise en place des mécanismes d'encouragement pour
la promotion et le développement des énergies nouvelles et renouvelables. Avant de présenter
les mécanismes d’encouragements prévus dans PNEREE, nous avons jugé utile de rappeler les
indications sur les mécanismes de soutiens au EnR appliqués au niveau mondial.
142
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Le système de prix garantis (Feed in Tariff) est une structure incitative qui impose aux
compagnies d’électricité l’achat de l’électricité renouvelable produite par les producteurs situés
sur leur zone de desserte͕ ă un tarif fixe͕ décidé par les pouvoirs publics et garanti sur une certaine
période͘. Les tarifs de rachat sont garantis pour une période allant de 15 à 20 années, l’objectif
est de garantir l’amortissement de l’investissement initial. Afin de suivre et d'encourager les
baisses des coûts des différentes techniques, un mécanisme de dégressivité tarifaire est parfois
prévu, selon lequel le prix (ou le tarif) des nouvelles installations diminue au cours du temps
par rapport à celui des précédentes.
Le mécanisme des prix d’achat peut être établi selon un principe de prix total fixe de
rachat « fixed feeds in tariffs »49 ou selon le principe d’un prix additionnel appelé en anglais
« fixed premium systems »50 qui correspond à un prix additionnel au prix de l’électricité
conventionnelle. Jacques PERCEBOIS précise que pour la réussite du système (feed in
tarifs) «Ces prix devraient logiquement refléter le coût marginal à long terme de l’électricité
verte en y intégrant un taux de profit raisonnable et ils doivent être suffisamment incitatifs pour
rendre les investissements dans le secteur attractifs ».51Jacques PERCEBOIS précise que pour
la réussite du système (Feed in tarifs) «ces prix devraient logiquement refléter le coût marginal
à long terme de l’électricité verte en y intégrant un taux de profit raisonnable et ils doivent être
suffisamment incitatifs pour rendre les investissements dans le secteur attractifs ».52.
L'objectif des tarifs de rachat est de garantir aux producteurs d'énergie renouvelable
leurs prix de vente par des contrats de long terme ce qui faciliterait les investissements dans la
production d'énergie verte. Ces prix garantis sont généralement supérieurs aux prix de marché,
une compensation est versée aux acquéreurs de ces énergies (en général les fournisseurs
d'électricité) afin de leur compenser le surcoût d'achat par rapport aux prix de réel de marché.
La mise en place des tarifs d'achat garantis permettrait, en outre, de pousser les
constructeurs à baisser les coûts des filières renouvelables pour les ramener au niveau des coûts
des filières classiques͘. Une fois cet objectif atteint͕ les Feed in Tariff n’auront plus d’utilité et
49
C’est le cas des systèmes autrichiens, français et allemands.
50
Comme c’est la pratique au Luxembourg et aux Pays-Bas.
51
J. Percebois : « la promotion des énergies renouvelables : prix garantis ou marché de certificats verts », cahier de
recherche du C.R.E.D.E.N, n° 04.10.50 , 25 octobre 2004.
52
J. Percebois : « la promotion des énergies renouvelables : prix garantis ou marché de certificats verts », cahier de
recherche du C.R.E.D.E.N, n° 04.10.50 , 25 octobre 2004.
143
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
peuvent être abandonnés l'exemple de ce qui est advenu pour le solaire photovoltaïque en
Allemagne͘.
Le système de tarifs d’achat garantis n'est qu’un outil de politique énergétique que les
pouvoirs publics peuvent utiliser afin d’atteindre les objectifs définis. Ils sont appelés ă évoluer
dans le temps en fonction des réalisations͘ dans les installations du renouvelables.
53
Pour garantir l’origine renouvelable de l’électricité produite. La "garantie d’origine " concerne : la source
d'énergie, les dates et lieux de production, et (pour les installations hydroélectriques) la capacité.
54
Jouant en quelque sorte un rôle de prime.
55
Les certificats verts(CV) sont des titres (prime)octroyés pour la production d’électricité dite "verte".
144
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Les certificats verts sont en principe des instruments de marché basés sur une incitation
à produire au moindre coût.
Au début, dans tous les pays du monde les EnR ont été déployés massivement grâce aux
mécanismes de soutien comme les Tarifs de rachat et les Compléments de rémunération (primes
sur les prix de marché). Les programmes de soutiens ont commencé à peser lourdement sur le
budget des Etats. De nouvelles formes de subventions ont été trouvées. En conséquence, un
revirement important est apparu entre 2010 et 2016, passant du système de Tarif de rachat et de
complément de rémunération à un système concurrentiel, basé sur le concept de marché :
Ce système consiste en les appels d’offres à l’investissement pour les installations
énergétiques de sources renouvelables. Ils sont lancés par les pouvoirs publics et les producteurs
intéressés doivent fournir deux indications : la puissance qui peuvent installer, d’une part, le
prix du Mwh qu’ils souhaitent obtenir pour rentabiliser l’installation, d’autre part. Les offres
ensuite seront classées par ordre de prix demandé croissant. Les meilleures offres seront
retenues jusqu’à concurrence du volume de MW ou Mwh souhaité. Deux systèmes de
rémunération sont alors prévu dans le mécanisme : les enchères à « prix limité »56et les enchères
à « prix demandé ».57
Dans le cadre du PNREE 2015 c’est le système dit de « tarifs d’achat garantis » qui a
été met en place, « garantissant aux producteurs d’énergie renouvelable de bénéficier de tarifs
leur octroyant une rentabilité raisonnable de leur investissement sur une durée d’éligibilité de
56
Avec ce système tous les offreurs retenus reçoivent le même prix garanti pour le Mwh injecté au réseau et ce,
durant toute la période mentionnée dans l’offre.
57
Les producteurs retenus au terme de l’appel d’offre reçoivent le prix qu’ils ont demandé et non le prix limité.
58
Dans son ouvrage « Energie : Economie et politiques, 2ème Edition » Edition de Boeck 2015.
145
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
20 ans pour le solaire et l’éolien et 15 ans pour la cogénération »59. Au-delà de cette durée, les
installations ne peuvent plus bénéficier de ces encouragements car ayant été amorties mais la
production sera cependant rémunérée au tarif de l’énergie conventionnelle. Le fond national
des énergies renouvelables (F.N.E.R.C) supportera les surcoûts engendrés par ces tarifs au titre
des coûts de diversification ; Ainsi, les coûts supplémentaires générés par le renouvelable ne
seront pas répercutés sur les consommateurs. Par ailleurs, le distributeur qui achète cette énergie
au tarif d’achat garanti se fait donc compenser à hauteur de la différence entre le tarif d’achat
garanti et un tarif de référence qui est le prix moyen de l’électricité conventionnelle.
Cette procédure des tarifs d’achat garantis (Feed-in-Tariffs), n’a pas donné des résultats
attendus. Selon le rapport60du (C.E.R.E.E), ce mécanisme n’a donné lieu à aucun début
d’exécution d’installation bien que ses fondements juridiques et réglementaires aient été
finalisés et longuement muris auprès des éventuels investisseurs, une nouvelle procédure basée
sur les appels d’offre est venue la remplacer ».
Pour mieux encourage les investissements dans le secteur des énergies renouvelables,
les autorités algériennes ont procédé au changement de stratégie61 d’encouragement en
substituant au tarif d’achat garanti le mécanisme d’appel d’offres (aux enchères et à
investisseurs), motivé principalement par le prix et la maîtrise des volumes62. En effet, un décret
exécutif daté du 26 février 2017 instituant l’appel d’offres comme mécanisme d’encouragement
a été publié dans le journal officiel. Le texte précise ainsi que les appels d’offre en question
couvrent la conception, la fourniture d’équipements, la construction et l’exploitation
d’installations de production d’électricité à partir de sources renouvelables, ainsi que la
commercialisation de l’électricité produite. Les appels d’offres sont ouverts à tous les investisseurs
sous condition de réalisation d’un projet industriels. Le décret exécutif régissant les appels d’offre
prévoit deux (02) formes :
a. L’appel d’offres à investisseurs : C’est le ministère de l’énergie et des mines qui est chargé
du lancement des appels d’offres à l’investissement. Il peut charger un organisme ou une
59
PNREE 2015, édité par le ministère des énergies et des mines, janvier 2016.
60
« Transition Energétique en Algérie : Leçons, Etat des Lieux et Perspectives pour un Développement Accéléré
des Energies Renouvelables, (Edition 2020) » : Commissariat aux Energies Renouvelables et à l’Efficacité
Energétique, Premier Ministre, Alger.
61
Le changement a été effectué par la publication dans le journal officiel du 05 mars 2017 du décret exécutif 17-
98 du 26 février 2017.
62
Il s’agit des capacités à installer en EnR.
146
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
b. L’appel d’offres aux enchères : L’appel d’offres aux enchères est lancé par la C.R.E.G. Il
couvre de petites capacités : installations produisant des quantités d’énergie entre 10 et 20 GWh
par site et par an. Le volume ou la capacité à lancer aux enchères est proposé par la CREG et
fixé par le ministre des énergies et des mines. Les acquisitions et les choix des sites sont du
ressort de l’investisseur. La réalisation des installations d’évacuation et de raccordement aux
réseaux sont prise en charge par l’investisseur. Dans le cadre de l’appel d’offres aux enchères,
il est prévu qu’en cas de non épuisement du quota par le candidat offrant le prix du kWh le plus
bas, les autres peuvent bénéficier du reliquat pour autant qu’il aligne leur prix sur celui du
premier.
Parmi les mécanismes de soutien, les Appels d’offres restent le meilleur moyen pour
encourager et propulser le développement des projets d’énergies nouvelles et renouvelables en
donnant les sécurités financières adéquates aux investisseurs. Cependant, Les pays du monde
cherchent à trouver un moyen efficace et à moindre coût pour engager ce développement à
grande échelle, et pour cela beaucoup de nations considèrent les appels d’offre comme étant la
solution et un moyen efficace pour promouvoir les énergies vertes.
Les appels d’offres se distinguent des autres mécanismes de soutiens aux EnR par les
caractéristiques suivantes :
1. Le principal apport des appels d’offres et de révéler les vrais prix et coûts des projets à travers
l’introduction de la concurrence tout en laissant au secteur privé les opportunités de profitabilité
qu’ils recherchent ;
147
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
2. Si trois types d’appels d’offres existent (ouvert, restreint et mix), la procédure générale est
similaire : l’autorité publique informe le marché sur un projet spécifique de développement des
ER et demande au secteur privé de déposer leurs offres de prix et quantité, accompagné
d’informations commerciales, financières et sociales sur la façon dont ils vont développer le
projet ;
3. Ensuite le(s) gagnant(s) de l’appel d’offres est/sont sélectionné(s), soit sur la base d’une seule
offre soit après différentes étapes de négociations, dépendamment du type d’appel d’offres. Une
fois que le gagnant, ou le groupe de gagnants est sélectionné, un contrat est signé entre l’autorité
publique et les acteurs privés pour une durée de 20 ou 25 ans généralement. Les phases de
construction et d’exploitation peuvent alors commencer ;
4. Plusieurs types de contrats existent, cependant le plus commun est le contrat d’achat
d’électricité (CAE), en raison de sa grande flexibilité et de son adaptabilité. Des nombreux
contrats signés entre l’autorité publique et les compagnies durant le processus, le CAE est le
plus important car il permet de sécuriser les flux de paiement durant toute la durée du projet.
Ce contrat fixe également les détails de construction, exploitation, maintenance, production
etcetera de la centrale de production. Par ailleurs, il inclut souvent les pénalités pour les
investisseurs ou le secteur public en cas de manquement aux obligations, les conditions dans
lesquelles les producteurs d’électricité peuvent ne pas remplir leur devoir en cas de force
majeure ou de rupture du contrat par l’achet ;
5. Globalement, le processus de la mise en place d’un premier appel d’offres prend environ 2
ans. Lorsqu’un pays à déjà mis en place des appels d’offres, cela peut prendre seulement
quelques mois pour établir un nouvel appel d’offres. Dans tous les cas, le résultat sera un projet
fiable pour les deux parties avec une durée d’exploitation de 20 ou 25 ans.
63
IRENA and CEM (2015), Renewable Energy Auctions – A Guide to Design.
148
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Avantages Inconvénients
Révélation des coûts Coûts de transaction
L’introduction de la concurrence dans le processus Relativement élevés pour le privé et le public, en raison
permet d’obtenir des prix plus bas. de l’importante préparation exigée pour répondre aux
appels d’offres ou les gérer.
Flexibilité : Sous-construction et délais
Adaptable à chaque cas dans chaque pays, peu importe Les projets en cours et annulés font perdre les
le modèle de marché et peut inclure des clauses de investissements préalables aux investisseurs. Les délais
peuvent rendre les offres originales caduques si les
développement socioéconomique local. conditions politico-économiques changent.
Stable & transparent : Concurrence déficiente
Désengagements clairs et des responsabilités pour Possibilité de sous-estimation des coûts par le privé, ou
chaque parti ainsi que des sécurités légales pour les d’offre agressive pour remporter l’appel d’offres rendant
investisseurs. Favorise les investissements dans les le projet non profitable. Les offres agressives peuvent
pays également écarter les petits investisseurs et laisser un
oligopole de grandes compagnies choisir les prix.
Meilleure sureté pour les gouvernements : Autres risques
Peuvent sélectionner les prix et les quantités Facteurs de marché extérieurs, coûts de réseau et délais de
d’EnR. connexion, requêtes de développement local trop lourde,
Améliore la planification du réseau : analyse de l’impact environnementale, pauvreté dans la
L’implémentation programmée permet à l’autorité gestion du projet
de planifier le développement du réseau, la
connexion des centrales et permet une meilleure
prédictibilité de la production
Source : IRENA and CEM (2015), “Renewable Energy Auctions”
Les procédures d’appels d’offres sont un moyen très efficace pour développer les projets
d’énergies renouvelables, plusieurs pays du monde les ont adoptés comme unique mécanisme
d’encouragement. Ils présentent plusieurs avantages, et les risques mentionnés dans le tableau
ci-dessus peuvent être évités relativement aisément selon l’étude de l’IRENA. En effet, le
processus et les contrats découlant des appels d’offres doivent être dument préparés et rédigés,
soit par une autorité publique expérimentée, soit par un conseiller externe. Cela permet de poser
des garanties pour les acteurs privés et publiques à travers la réduction des risques pour les
investisseurs et les acheteurs : l’autorité publique obtient un prix bas et connait les quantités et
le planning de développement ; les compagnies sont rassurées grâce à une possibilité
d’investissement fiable, à prix fixes et sur une durée longue et connue.
149
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
des mesures réglementaires ont été mis en place, elles consistent en l’octroi de subventions pour
couvrir les surcoûts induits sur le système électrique national. Les lois de finance instituent des
mécanismes de financement spécifiques aux énergies renouvelables.
Ainsi, la loi de finances complémentaire (L.F.C) de 2011, prévoit que le pourcentage de
la redevance pétrolière consacrée au financement des actions et projets inscrits dans le cadre de
la promotion des énergies renouvelables et de la cogénération passe de 0,5%64 à 1%.Un fonds
national pour les énergies renouvelables et la cogénération (F.N.E.R.C) a été établi par la loi de
finances 2010. L'article 63 de la loi indique qu'un compte relatif à ce fonds est ouvert dans les
écritures du Trésor et alimenté à hauteur de 0,5% par la fiscalité pétrolière.
64
Le PNEREE 2015, éditer par le ministère des énergies et de mines, Janvier 2016.
65
Est l'une des dénominations d'un réseau de distribution d'électricité dit « intelligent », c'est à dire utilisant des
technologies informatiques d'optimisation de la production, de la distribution et de la consommation, et
éventuellement du stockage de l'énergie, pour rendre plus efficient l'ensemble des mailles du réseau électrique,
du producteur au consommateur final afin, selon ses initiateurs, d’améliorer l'efficacité énergétique de
l'ensemble.
150
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Pour accompagner et réussir son PNEREE 2015, l’Algérie envisage de renforcer ses
capacités aussi bien sur les plans industriel et technique que sur les plans de l’ingénierie et de
la recherche. Il existe des entreprises déjà impliquées dans la production de biens d’équipement
et de services en matière d’EnR et d’E.E (les détails en Chapitre 4). L’objectifs est d’investir
dans tous les segments créateurs de valeurs et à les développer localement ou en partenariat
avec les entreprises étrangères.
151
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
juridique et réglementaire fixé dans le PNREE 2015, ainsi que les mécanismes66de soutiens aux
EnR seront maintenus. En effet, dans le cadre du programme gouvernemental 2020, le secteur
des EnR est identifié comme source de croissance économique et il occupe une place importante
dans le plan d’action du gouvernement qui se focalise sur « le triptyque d’un renouvellement
économique basé sur la sécurité alimentaire, la transition énergétique et l’économie
numérique ». Le nouveau programme du gouvernement pour la transition énergétique vise la
diversification des sources d’énergies à travers le développement des énergies renouvelables,
et la promotion de l’efficacité énergétique en tant qu’action complémentaire de grande
importance pour un réalisé des économies d’énergies. A travers ce programme, l’Algérie
cherche à s’affranchir progressivement de la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures67et
amorcer une dynamique de la valorisation de ses sources renouvelables disponible localement
et en abondance comme le solaire dont le pays détient un des meilleurs potentiel au monde. La
démarche, s’articule en fait sur les considérations Suivantes :68
66
L’évolution vers les appels d’offres sera maintenue.
67
Qui représentent 99% de la consommation nationale d’énergie et 98% des exportations.
68
Transition Energétique en Algérie : Leçons, Etat des Lieux et Perspectives pour un Développement Accéléré
des Energies Renouvelables, (Edition 2020) » : Commissariat aux Energies Renouvelables et à l’Efficacité
Energétique, Premier Ministre, Alger.
69
Hors réseau (non connecté au réseau électrique national)
70
La nouvelle société de distribution, née en 2017 du regroupement de l’ensemble des quatre anciennes filiales
régionales de Sonelgaz (SDA, SDC, SDO et SDE).
152
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
connecté au réseau. Concernant le volet développement des énergies renouvelables en hors réseau
(productions autonomes), le plan d’action du gouvernement comprend :71
1. La réalisation d’une capacité cumulée de 1000 MW à l’horizon 2030, dont la moitié avant
2024 et ce à l’aide de moyens de production autonomes mais sans aucune indication des
moyens d’accompagnement en matière de stockage ;
2. Promouvoir la maitrise locale de l’énergie ;
3. Renforcer le cadre réglementaire en incluant la certification obligatoire des installateurs,
l’agrément des bureaux d’études impliqués et définir les mécanismes financiers aidant au
développement des énergies renouvelables en hors réseau.
71
Transition Energétique en Algérie : Leçons, Etat des Lieux et Perspectives pour un Développement Accéléré
des Energies Renouvelables, (Edition 2020) » : Commissariat aux Energies Renouvelables et à l’Efficacité
Energétique, Premier Ministre, Alger.
72
Transition Energétique en Algérie : Leçons, Etat des Lieux et Perspectives pour un Développement Accéléré
des Energies Renouvelables, (Edition 2020) » : Commissariat aux Energies Renouvelables et à l’Efficacité
Energétique, Premier Ministre, Alger.
153
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Actuellement, 98% de la demande énergétique Algérienne est satisfaite par les énergies
fossiles (Contre 30% pendant les années 70)73.Les énergies renouvelables ne contribuent que
01% dans le bilan énergétique national74. Quelle est l'avenir énergétique de l'Algérie à l'horizon
2030 ? Les énergies renouvelables sont un des éléments de réponse à cette question.
73
Revue Algérienne de l’énergie N°1 Janvier 2015
74
Ministère de l’Energie : www.enrgy.gov.dz
75
Tewfik Hasni, Colloque national sur la sécurité énergétique organisée par le Club énergie de l’Association des
anciens diplômés de l’Institut algérien du pétrole (AIED-IAP), février 2015.
154
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
76
Le Guide Algérien des énergies renouvelables, Document édité par le ministère des énergies et des mines,
Edition de 2007.
77
Kamel Ait Cherif, Expert en énergie, Journal LIBERTE du 09/10/216.
155
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
1. La subvention d'énergie
78
Revue Algérienne de l’Énergie N° 2 Février 2015.
79
Ministère de l’économie et des finances
80
Consommation d’énergie finale en Algérie 2000-2012, un document de de l ‘Agence Nationale pour la
Promotion et la Rationalisation de l’Utilisation de l’Energie (APRUE).
156
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Le recours aux subventions généralisées des prix de l'énergie a pour objectifs de fournir
une protection sociale, garantir l'accès à l'énergie pour toutes les couches sociales, et partager
la richesse des hydrocarbures. Les subventions à l'énergie pèsent sur les finances publiques des
Etas. Elles créent, en outre, des distorsions qui nuisent à l'économie par l'importance des
budgets consacrés à leurs couvertures.
5 300 milliards de dollars sont dépensés, Chaque année dans le monde, par les Etats
pour soutenir les énergies fossiles, soient10 millions de dollars par minute selon les statistiques
du Fonds monétaire international (FMI). Ces subventions sont qualifiées, par l’institution de
Breton Wood, comme une "Entreprise onéreuse"81 , leur suppression permettrait des rentrées
fiscales supplémentaires, une réduction des émissions de gaz à effet de serre et une meilleure
compétitivité des énergies renouvelables. En effet, selon les experts du FMI, les énergies
fossiles sont rendues artificiellement moins chères que leur coût réel, décourageant
l’investissement dans les énergies renouvelables.
« Les prix de l’énergie à la consommation dans toutes ses formes sont subventionnés
par l’Etat. Ils sont fixés sur la base de critères socio-économiques. Les subventions sont
indirectes, elles ne sont pas assurées à travers des transferts directs du budget de l’Etat mais
par le biais d’une réduction appliquée sur les bénéfices des sociétés étatiques de production,
i.e. NAFTEC pour les combustibles et SONELGAZ pour l’électricité et le gaz. »82
81
Subvention à l'énergie en Moyen orient et Afrique du Nord : Enseignement pour la réforme -publication du FMI
Mars2014.
82
Fonds monétaire international, les subventions de l’électricité des pays envois de développement.
157
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Dans les prochaines années, avec les progrès technologiques attendus, les énergies
renouvelables deviendront plus compétitives et dépendront moins des subventions,
expliquent les experts de la BAD.
83
Information publiée par le ministère des finances reprise par le Quotidien économique " Chiffre d'affaire" du 29
Janvier 2016.
84
Programmes des nations unis pour le développement.
85
Les coûts indirects qui sont liés à l'utilisation des énergies fossiles.
158
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
développement fixé par les Nations Unis »86. L'accès à l'énergie est ainsi devenu une priorité
dans de nombreux pays, et se trouve de plus en plus souvent avancé comme une priorité des
gouvernements et des états qui multiplient des initiatives et programmes d'actions.
Un des avantages des énergies renouvelables est leur dispersion dans l’espace. Elles
peuvent, par conséquent, être utilisées partout où elles se trouvent. Du fait de cet avantage, le
rôle qui est dévolu aux énergies renouvelables, dans le cadre de la politique énergétique
nationale, « est de répondre à la demande énergétique sur les sites isolés et loin des réseaux
d’électricité et de gaz naturel »87.L'Algérie, à l'instar des autre pays en développement, est
confrontée au problème d'accès à l’énergie, surtout pour certains sites isolés au sud et les zones
rurales où le relief est difficile.
Une première expérience a été une réussite au sud du pays. Dans le cadre du programme
national d'électrification, Sonelgaz a introduit la filière solaire photovoltaïque pour 20 villages
isolés du sud dans le but d'impulser l'utilisation des énergies renouvelables et non polluantes.
86
L'Accès à l’énergie : Etat des lieux et perspectives. Document d’E.N.E.A Consulting, une société de conseil en
énergie et développement durable pour l’industrie. Juillet 2004.
87
Extrait du Guide Algérien des énergies renouvelables op cite p 4, Edition de 2007.
88
La consommation domestique.
159
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Selon les objectifs fixés dans le PNREE, l’Algérie, prévoit d’atteindre un taux
d’intégration des capacités industrielles de 80% dans le solaire photovoltaïque et de 50% dans
le solaire thermique et dans l’éolien, sur la période 2015-2020589. Sur la période 2021-2030, le
taux d’intégration devrait être supérieur à 80%. Actuellement les capacités industrielles existent
en Algérie. Elles sont portées par les filiales de la Sonelgaz et les entreprises privées. Certains
projets sont en partenariat avec les entreprises étrangères qui détiennent la technologie et le
savoir-faire de l’industrie du renouvelables.
La mise en œuvre du PNEREE, à l’horizon 2030, est une opportunité pour disposer
d’une industrie Algérienne du renouvelable. Des investissements importants sont nécessaires
sur toute la chaîne de valeur des énergies renouvelables. La réalisation d’un tel programme
créerait des opportunités d’investissements et ne manquera pas de générer une demande
importante dans les activités suivantes :
89
Le programme des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (2015), Un document publié par la
Sonelgaz : www.Sonelgaz.dz.
160
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
4. Les micros activités constituant les réseaux de sous-traitance : Il s’agit des activités de
fabrication d’accessoires, de services connexes et de logistique.
161
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
B. Sur le plan quantitatif : les offres de formation disponibles ne couvrent pas tous les besoins
en formation, apprentissage et perfectionnement qui seront générés par les investissements
prévus. Ces besoins se rapportent aux technologies et procédés industriels, modes de
management, modes de commercialisation, normes de sécurités, normes d’homologation et
exigences réglementaires et environnementales. Tous ces domaines représentent autant
d’opportunités d’investissements en infrastructures de formation spécialisée, Ingénierie de
formation spécialisée et conception de programmes adaptés.
Le nombre et les types d’emplois que l'on peut créer dans le secteur des ER varient selon
le type d’énergie (solaire, éolienne), le type de conditions du cadre économique et législatif
qu’offre le pays et le niveau de développement des sous-secteurs connexes .D’après un rapport
de (Irena)90, le secteur des ER a employé 9,8 millions de personnes dans le monde en
2016.La plupart des emplois sont liés aux activités d’installation, au fonctionnement et à la
maintenance des projets d’ER. Le potentiel d’emplois futurs dans le secteur des ER est moins
lié à la nature du processus de production d’énergie lui-même qu’aux activités connexes de
recherche et développement, d’études conseils, de promotion de l’énergie et du mécanisme de
contrôle de l’énergie.
Les emplois dans le secteur des ER peuvent être classés en emplois directs (production
ou génération d’énergie, installation, construction de sites, maintenance) et en emplois
indirects (ventes, études conseils, formation). Généralement le nombre d’emploi diffère selon
la chaine de valeur des énergies renouvelable comme le souligne le rapport de BAD sur l’emploi
des jeunes dans le secteur des ER au Maghreb. « Les types d’emplois peuvent être divisés en un
nombre plus élevé d’emplois à court terme (dans les phases de démarrage, de construction et
90
Rapport de l’Agence internationale des énergies renouvelables(IRENA) sur la création d’emploi dans le secteur
des énergies renouvelables dans le monde. Mai 2017. Publié sur le site web : www.irena.org.
162
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
d’installation) et un nombre plus petit d’emplois permanents à moyen et long terme (dans les
domaines de la maintenance, de la promotion, de la formation ».91
91
Le secteur des énergies renouvelables et l’emploi des jeunes en Algérie, Libye, Maroc, Tunisie- un document
de la Banque africaine de développement (BAD) 2015.Opcit. Page 34.
92
Un Mégawatt = un million de watts (le watt, c’est la quantité d’électricité soutirée chaque seconde (=puissance))
93
Desertec Energy (Dii 2013): The Economic Impacts of Desert Power. Socio-economic aspects of an EUMENA
renewable energy transition. Munich: Dii GmbH
94
Promotion de l’emploi à travers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans la région MENA, une
étude réalisée par la Coopération allemande au développement - GIZ 2013.
163
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Les investissements consentis dans les EnR offrent des opportunités d'emploi en amont
et en aval de la chaîne de valeur de la filière. L'adoption généralisée des technologies d'énergie
renouvelable, par plusieurs pays, a permet la création de environ 11,5 95 millions d'emplois
(direct et indirect) dans le monde96. L'Asie représentait 63 % du total des effectifs du secteur
des énergies renouvelables à l’échelon mondial. L’industrie du Solaire photovoltaïque emploi
3,8 millions de personne dans le monde et domine les autres filières des énergies inépuisables
en terme de création d’emploi.
L’essentiel des emplois énergétiques se trouve dans les pays asiatiques (Chine et l’inde).
La Chine reste le leader avec une part de 38% du total mondial en raison de l’importance du
volume de ses investissements dans les EnR. Le Brésil avec 1,2 million d’emploi arrive en
deuxième position suivis de l’Inde avec 824000 Emploi, en majorité dans le solaire. Les États-
Unis abritent environ 755600 emploi énergie renouvelable. Enfin, les emplois dans 28 membres
de l’Union européens sont estimés à 1,397 million, une grande partie dans la filière bioénergie.
Le graphe ci-dessus montre l’évolution des emplois, par technologie, crées dans les EnR
à l’échelle mondiale de 2012 à 2019.
95
Statistiques arrêtée à l’année 2019, selon l’agence IRENA.
96
Septième édition de la série Énergies renouvelables et emplois, édition 2020
97
L’Allemagne reste le plus grand employeur du renouvelable dans l’Union européenne.
164
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Figure 29 : l’évolution des emplois, par technologie, crées dans les EnR à l’échelle
mondiale de 2012 à 2019.
98
Promotion des jeunes et des femmes dans l’économie verte en Algérie, une étude réalisée par la Coopération
allemande au développement - GIZ en Algérie, Mars 2012.
165
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Tableau N°41 : Les prévisions de création d’emplois associées à la capacité à installer dans
le secteur des ER en Algérie
2020 2025 2030
Capacité Produite 46000MW 120000MW 22000MW
Nombre d’emplois Prévisionnels 52000 137000 252000
Source : GIZ Algérie, Mars 2012
Selon l’étude qui a été réalisé par la coopération Allemande au développement (Giz
Algérie) sur l’employabilité et entrepreneuriat pour les jeunes et les femmes dans l’économie
verte en Algérie, les emplois qui seront susceptibles d’être crées suite à la réalisation du
PNEREE dans le secteur des énergies renouvelables concerneraient les activités suivantes : la
production industrielle, l’ingénierie et les études, les travaux de réalisation, les travaux
d’entretien et de maintenance, les micros activités constituant les réseaux de sous-traitance, et
la formation. Ces activités, qui constitueraient un tissu industriel des énergies renouvelable en
Algérie, nécessiteraient des profils suivant :
- Chef de projet en énergie renouvelable ;
- Technicien de développement des énergies renouvelables ;
- Electrotechnicien en énergie renouvelable ;
- Électricien de maintenance des systèmes solaires photovoltaïques ;
- Ingénieur commercial en énergie renouvelable ;
- Conseiller technique de système solaire ;
- Ingénieur génie climatique ;
- Ingénieur thermicien ;
- Ingénieur génie électrique ;
- Monteur d’installation solaire ;
- Nettoyeur d’installations solaires photovoltaïques ;
- Chef de projet spécialisé dans les fondations d’éoliennes ;
- Electrotechnicien spécialisé dans les générateurs ;
- Responsable d’exploitation de ferme éolienne.
166
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
L’Algérie, à l’instar des autres pays en voie de développement, fait face à une
problématique environnementale complexe : une situation hydrique difficile (une disponibilité
en eau inférieure à 1000 m3/habitant/an)99, Une désertification qui affecte plus de 85% de la
surface total du pays, un capital forestier assez limité ;la pollution engendrée par une forte
urbanisation et une concentration des activités économiques sur le littoral ne cesse de croître
(transport généralisé, insuffisance des infrastructures de traitements des déchets et des eaux
usées, particulièrement au niveau des industries. Les émissions de gaz à effet de serre (GES),
même si leur niveau demeure faible par rapport au niveau international100, ont significativement
augmenté pour atteindre 130.36 M tonnes en 2015101 (Elles étaient de 3.3 M tonnes en
2010).Cette augmentation est due essentiellement au développement du parc automobile et de
l’activité industrielle, conjuguée à de faibles niveaux d’efficacité énergétique et de
développement des énergies renouvelables.
99
Modes de consommation et de production durables en Algérie : état des lieux, Une ’étude menée par le CNTPP
dans le cadre du programme européen SWITCH MED avec l’appui du PNUE, Septembre 2015.
100
L’Algérie est classée 39eme sur les 58 pays représentant 90% des émissions dans le monde, au
CCPI/2015(Climate Change Performance Index). Les émissions de GES Algérienne représentent 0.34% des
émissions des pays concernés.
101
Algeria : Indicators for 2015, AIE 2015.
167
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Transport
Résidentiel et
19% commerce
42%
Agriculture forêt
pêche
21%
Emissions fugitives
12% 4%
Industrie
2%
manufacturière et
Industrie
énergetique
Source : Modes de consommation et de production durables en Algérie : état des lieux, Une ’étude menée par le
CNTPP dans le cadre du programme européen SWITCH MED avec l’appui du PNUE, Septembre 2015.
168
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Depuis le début des années 2000, l’Algérie a formalisé une prise de conscience sur les
enjeux environnementaux et de développement durable, et notamment au travers :
Aujourd’hui, l’ensemble de ces instruments font l’objet d’une évaluation dans le cadre
de la mise en place d’un nouveau plan stratégique permettant des actions de deuxième
102
L’Algérie a ratifié toutes les conventions internationales liées au développement durable et en rapport avec les
MCPD et notamment : La Convention Internationale sur l'intervention en haute mer en cas d'accident entraînant
ou pouvant entraîner une pollution par les hydrocarbures. La Convention Cadre des Nations Unies sur le
Changement Climatique. La Convention des Nations Unies sur la Biodiversité. Le protocole de KYOTO à la
convention cadre des nations unies sur les changements climatiques. La Convention de Bâle sur le contrôle des
mouvements, transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination. Le protocole de Montréal et ses
amendements sur la protection de la couche d’ozone. Convention de Stockholm sur les Pops.
169
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
103
Atlas Mondiale des énergies, Edition 2014.
104
Gille Bonafi, consultant et expert du Comité Intergouvernemental des Experts de l’ONU, extrait de son
intervention lors du Colloque international sur la transition énergétique en Afrique « L'Algérie "peut devenir le
premier producteur mondial en électricité solaire ». APS 02/10/2016.
170
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
secteur industriel correspond à environ 1,8 à 2,0%105du PIB national. Les activités industrielles
et les transports constituent les premiers secteurs consommateurs d’énergie. Par ailleurs, elles
sont une source majeure de pollutions.
Les émissions de GES sont, en règle générale, d’autant plus importantes que la
consommation d’énergie est élevée car, il y a une corrélation forte entre les quantités d’énergies
consommées et les quantités de CO2 produites [Bernard Duran2007]. Le fait de la domination
des énergies fossiles dans notre approvisionnement énergétique, et le poids de leurs externalités
sur l’économie nationale, font clairement apparaitre les enjeux des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique sur le plan environnemental et du développement durable en Algérie.
105
Industrie et économie verte en Afrique du Nord : enjeux, pratiques et enseignements, un document de la
commission économique des Nations Unis, Bureau pour l’Afrique du nord, Septembre 2015.
106
Les coûts qui sont engendré par la pollution et les émissions de GES.
107
Ministre des énergies et des mines, Noureddine BOUTERFA, colloque international sur la transition
énergétique en Afrique, Alger Octobre 2016.
171
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
La valorisation des déchets est généralement considérée comme une solution préférable
à l'élimination des déchets. « Les déchets non traités présentent une source de pollution non
négligeable, notamment, les décharges, les centres d’enfouissement techniques, les rejets
industriels… A cet effet, la valorisation des GES (gaz à effet de serre) émis par ces déchets à
des fins énergétique (sous forme de biogaz) est envisageable »108. Certains déchets domestiques
peuvent être valorisés par récupération des matières premières qui les constituent. D’autres
peuvent être utilisé pour produire de l’énergie. L’énergie produite à base de traitement des
déchets est désignée par le terme de « Biomasse ». Un des atouts de cette filière est la production
de Biogaz à base des déchets ménagers. Les voies de valorisation du Biogaz sont : chaleur seule,
électricité seule, cogénération, carburant automobile, injection dans le réseau de gaz naturel.
108
Majda Amina AZIZA « Perspectives de développement de la bioénergie Algérie » Bulletin des Energies
Renouvelables - N° 17, 2010.
172
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
Conclusion
En Algérie, les énergies renouvelables constituent une alternative réelle aux énergies
fossiles. Vu le potentiel dont il dispose le pays, ces sources d’énergies durables sont à même de
répondre à ses besoins énergétiques actuels et futurs, et de soutenir une croissance économique
durable. Avec ses 3500 heures d’ensoleillement dans l’année, l’Algérie dispose d’un meilleur
potentiel solaire dans le monde et un potentiel éolien qui n’est pas négligeable. Pour mieux
valoriser ses ressources renouvelables et les transformer en sources d’énergie, une nouvelle
réorientation de la politique énergétique s’est opérée, depuis 2011, par la mise en place d’un
programme de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique à
l’horizon 2030.
En plus d’être une alternative en énergies fossiles, les énergies renouvelables présentent
plusieurs enjeux pour le pays. Elles permettent de conserver les réserves fossiles qui sont en
voie d’épuisement, de garantir la sécurité énergétique en diversifiant les options
d’approvisionnement sur le long terme. Sur le plan économique, leur développement permet
l’émergence de nouvelles activités industrielles, et autres services nécessaires aux projets des
EnR. Le développement d’un tissu industriel national, à travers les entreprises, permettrait la
création de nouveaux emplois directs et indirects. Les impacts environnementaux et les
externalités négatifs dues à la consommation des combustibles fossiles vont être réduits.
173
Chapitre III : La stratégie Algérienne de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique.
grand défi à venir pour l’Algérie est de réussir sa transition vers un nouveau système
énergétique plus soutenable basé sur les ressources renouvelables. La mise en œuvre du
PNEREE permettrait l’émergence d’un nouveau secteur, celui des énergies nouvelles, source
d’approvisionnement énergétique et créateur de valeur pour l’économie national.
174
Chapitre IV
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Introduction
Comme expliqué dans le chapitre précédant, L’Algérie a réorienté sa politique
énergétique vers la valorisation des sources d’énergies renouvelables à travers la mise en place
d’un programme pour leur déploiement dans la structure énergétique du pays. En choisissant
d’investir massivement dans les EnR et de l’efficacité énergétique, l’Etat Algérien vise à
instaurer un modèle énergétique durable, où l’efficacité serait un élément déterminant. À travers
le PNEREE, plusieurs projets ont été lancés depuis 2011, notamment dans la filière solaire et
éolien où la compétitivité - coûts est plus importante comparativement aux autres filières.
Plusieurs structures ont été mises en place, et sont destinées à encadrer la mise en œuvre des
programmes d’actions déjà lancés et leurs états d’avancement respectifs, notamment en termes
d’arrangements institutionnels et réglementaires. Plusieurs projets ont été réalisés ou encours
de réalisation, et constituent un premier pilier d’un secteur qui commence à se structurer de
manière effective dans le pays.
C’est sur la base d’entretiens réalisé avec des responsables de certains organismes
intervenants dans le secteur des EnR, et selon les données assez actualisées de différents
organismes nationaux et internationaux, reflétant au mieux la réalité du secteur des énergies
renouvelables et de l’efficacité énergétique en Algérie, qu’une analyse sereine est menée dans
ce chapitre afin d’évaluer les réalisations en termes de capacités installées, et en terme du taux
d’intégration de l’industrie locale des EnR. Dans ce contexte, une analyse objective de diverses
contraintes réglementaires et structurelles pour l’essor des énergies renouvelables en Algérie a
été abordée. Les perspectives de développement, les synergies et les opportunités de partenariat
dans le cadre de la coopération régionale et internationale sont également soulignées. Des
175
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
recommandations sont faites pour réduire les barrières au développement et l’émergence d’un
véritable secteur des énergies renouvelables en Algérie.
176
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Les différents textes réglementaires adoptés au cours des dernières années (loi sur la
maîtrise de l’énergie, loi sur la promotion des énergies renouvelables dans le cadre d’un
développement durable, loi sur l’électricité,)2ont donné un essor pour le secteur en lui offrant
un cadre juridique favorable pour son développement et la réalisation d’infrastructures y
afférentes. Le lancement du programme de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique, le PNEREE 2011 et sa version révisée en 2015, a donné une dynamique
nouvelle pour l’émergence effective du secteur des énergies renouvelables et de l’efficacité
énergétique en Algérie.
Dans cette section nous donnerons un aperçu général sur le secteur Algérien des énergies
renouvelables. Il s’agit, en premier lieu, de présenter les principaux acteurs institutionnels qui
le composent et qui contribuent à son développement, les entreprises qui y opèrent ; et en
second lieu son évolution et ses caractéristiques. En fin, nous aborderons sa contribution dans
mix énergétique National.
1. Le ministère de l’énergie : D’une manière générale, le ministère des énergies et des mines
élabore les politiques et stratégies de recherche, de production et de valorisation des
1
Ce programme a mobilisé une capacité globale de 344 KWc.
2
La loi n° 99-09 du 28 juillet 1999 relative à la maîtrise de l’énergie incluant la promotion des énergies
renouvelable et la création du fonds national dédié à leur développement (FNER) 2 , ainsi que la loi n° 04-09 du
14 août 2004 relative à la promotion des énergies renouvelables dans le cadre du développement.
177
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
1. D’assurer la mise en œuvre des politiques et des stratégies nationales dans les domaines
de la transition énergétique et des énergies renouvelables et de définir les moyens
juridiques, humains, financiers et matériels nécessaires ;
2. De proposer, en relation avec les secteurs concernés et en conformité avec le programme
du gouvernement, le modèle énergétique basé sur les économies d’énergie, les énergies
renouvelables et un mode de consommation et de production d’énergie durable ;
3. De développer et de valoriser les énergies renouvelables ;
4. De développer et de promouvoir la maîtrise de l’énergie et de la substitution inter-énergétique.
3
Le Décret exécutif n° 20-322 du 22 novembre 2020 fixant les attributions du ministre de la transition énergétique
et des énergies renouvelables.
4
Tirer journal officiel de la république algérienne n° 69 du 22 novembre 2020 fixant les attributions du ministre de
la transition énergétique et des énergies renouvelables.
178
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
5
Source : le site officiel du Commissariat aux énergies renouvelables à l’efficacité énergétique
(CEREFE)http://www.cerefe.gov.dz
6
Idem.
179
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
7
Créé par décret présidentiel en 1985
8
C’est la loi n° 99- 09 du 28 juillet 1999 relative à la maîtrise de l’Energie, qui détermine les missions de l’Aprue
9
Relative à l’électricité et à la distribution du gaz par canalisations.
10
CDER est un Centre de Recherche, issu de la restructuration du Haut-commissariat à la Recherche, créé le 22
mars 1988.
180
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
11
Le CRTSE est un prolongement des entités suivantes : Unité de Développement de la Technologie du Silicium
(UDTS, arrêté du 24 Janvier 1988- UDTS-CDTA 1988-2012), Laboratoire des Matériaux Solaires (LMS-Centre
de Développement des Matériaux 1984-1988) de l’ex. Commissariat aux Energies Nouvelles (CEN) évoluant
ensuite en Haut-commissariat à la Recherche), Laboratoire des Cristaux et Couches Minces (LCCM-Centre des
Sciences et de la Technologie Nucléaire 1972-1984) et Laboratoire de Physique de IEN (1962-1972).
12
Information recueillie sur le site officiel du CRTSE : https://crtse.dz.
181
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
1. Le groupe ABB : Le groupe ABB à travers sa filiale italienne, a construit pour le compte de
SKTM une centrale Solaire photovoltaïque mis en service en 2014 Située dans la wilaya de
Ghardaïa, elle dispose d'une capacité de 1 100 KWc en 4 tranches, chacune correspondant à
une technologie différente. Cette ferme photovoltaïque servira de démonstrateur pour
SKTM.
2. ABENGOASOLAR : Est une société espagnole, elle opère en Algérie dans le cadre 'un
contrat de partenariat avec la société NEAL13, portant sur la réalisation d'une centrale solaire
hybride. Cette centrale est située à Hassi R'mel et dénommée SPP (Solar Power Plant One),
première du genre en Algérie, est en exploitation depuis juillet 2011.Elle est d'une capacité
total 150 MW : 30 MW sont obtenus à l'aide de 224 panneaux solaires thermique au total, le
reste étant assuré par des turbines à Gaz à cycle combiné.
3. YINGLI : Leader Chinois du photovoltaïque, a signé au début 2014 un contrat avec SKTM
pour l’installation en groupement avec sa compatriote SINOHYDRO de 320 MW de
panneaux photovoltaïques répartis sur 19 sites. Ces centrales solaires ont été mises en
services entre 2015 et 2017.
4. BELECTRIC : est une entreprise Allemande, en Décembre 2013 a été désigné par S.K.T.M
pour réaliser 80 MW de panneaux photovoltaïques sur 4 sites du Nord du pays. Ces centrales
ont été livrées entre 2015 et 2017.
13
C’était une Société par actions détenue par Sonelgaz, Sonatrach et SIM (Le groupe Semoulerie Industrielle de la
Mitidja), respectivement à raison de 45 %, 45 % et 10 %. Une filiale de Sonelgaz qui n’opère plus dans le
renouvelable. Elle a été dissoute en 2012.
182
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
de production d'électricité, elle contrôle 54%14 des capacités installées, le reste étant
propriété de société ayant un lien capitalistique partiel avec Sonelgaz. Tous les aspects
énergétiques passent par ce groupe énergétique public.
Deux filiales du groupe interviennent sur le marché des EnR.
SKTM :est une filiale15 de Sonelgaz, en charge de la production d'électricité à partir des
énergies renouvelables, son siège social est basé à Ghardaïa. Créée le 07 avril 2013, par scission
de la société SPE, elle s'occupe aussi des réseaux électriques isolés du Sud (Sites non
interconnectés). Les centrales photovoltaïques acquises depuis 2014 et la ferme éolienne à
Adrar font partie du parc de production de SKTM. La société est née dans un contexte de prise
de conscience de l’urgence du changement du modèle énergétique national en introduisant
d’autres sources d’énergies renouvelables non épuisables. L’épuisement des ressources
énergétiques traditionnelles, le pétrole, le gaz naturel entre autres, le recours aux énergies
propres, n’est plus une question de choix mais beaucoup plus une question de devenir des
nations. D’autant plus que l’Algérie jouie d’un potentiel solaire des plus importants de par le
monde, et d’un potentiel éolien également non négligeable, ajoutés à l’étendue de son territoire,
lui permettant d’implanter les ouvrages de production d’électricité par les procédés
renouvelables sans encombre.
14
Le bilan énergétique Algérien 2015-Document du ministère des énergies et des mines.
15
Dont le capital est souscrit entièrement par la holding Sonelgaz.
16
Informations recueillies sur le site internet de la société SKTM : www.sktm.dz
17
Idem.
183
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
1. ALSOLAR : est une société privée développant ses activités dans les Energies
renouvelables sur l'ensemble du territoire national. Elle s'est spécialisé dans le Solaire,
essentiellement dans l'électrification rurale par Kit Solaire, l'éclairage de panneaux
publicitaires avec de l'énergie solaire, l'électrification photovoltaïque centralisé et le
pompage solaire. Elle assure le commerce et l'installation des équipements solaires. Depuis
2014, l'entreprise a commencé à développer une nouvelle activité dans le pompage éolien.
2. ALPV : Créée sur la base d’une ancienne entreprise de traitement des métaux et d’injection
de plastic, l'entreprise privée ALPV est spécialisée dans la production de panneaux
photovoltaïques. Elle est la première entreprise à ouvrir une usine de fabrication de panneaux
photovoltaïques "Made in Algérie ». Cette dernière est basée à Tlemcen. L'usine est dotée
d’une ligne moderne modulable d’encapsulation de modules photovoltaïques possédant une
capacité de production de 12 Millions Watt Annuellement19. A sa création en 2010, SARL
ALGERIAN PV COMPANY se positionne comme une entreprise industrielle fournissant
18
Source : www.Sonelgaz.dz.
19
Source : le site officiel de l’entreprise http://alpvcompany.com
184
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
5. THERMOCAD : L’entreprise privée TERMOCAD est basée à Bejaïa, produit des chauffe-
eau solaires. Elle présente sur le marché Algérien des chauffe-eau solaire de marque
THERMOSIPHON avec des capacités différentes.
20
Norme de certification de l’industrie photovoltaïque appliquée en Algérie.
21
Source le site officiel de l’entreprisehttp://www.condor.dz
22
Forme d’alliance entre entreprise du même secteur et de la même activé.
185
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
produire 30 MW23 par an de panneaux solaires photovoltaïques de type NICE, une technologie
innovante qui utilise une nouvelle technique d’encapsulation des cellules solaires. Dans le cadre
de ce projet, Aurès solaire ambitionne d’être, non seulement, un leader national dans le domaine
des énergies renouvelables et notamment dans le photovoltaïque, mais aussi et surtout, un
exportateur de panneaux solaires vers tous les pays du monde, tant que sa production répondra
à toutes les normes mondiales en vigueur. Le but principal d’Aurès solaire est de jouer un rôle
important dans la réalisation du programme de la transition énergétique en contribuant à la
construction du tissu industriel des énergies renouvelables.
Pour une meilleure coordination entre tous les acteurs24du secteur, et pour mieux
renforcer les capacités de développement des compétences industrielles dans les domaines
des EnR ; un cluster de l’énergie solaire a été créé en mois de Juin 2017. Ce cluster regroupe
les entreprises25qui interviennent sur tout le long de la chaine de valeur de la filière des
renouvelables ainsi que les institutions publiques.
L’objectif principal d’un cluster est de développer des opportunités, des synergies entre
les différents acteurs, de diffuser les bonnes pratiques et d’améliorer la compétitivité des
23
Le site officiel de l’entreprise www.http://www.aures-solaire.com
24
Il s’agit des bureaux d’études, les développeurs, les fabricants, les fournisseurs, les installateurs, les acteurs de
la formation professionnelle, les acteurs de la recherche et des universités, etc.) qui entendent contribuer au
développement de la filière énergie solaire ;
25
Il s’agit des entreprises privées du droit Algérien et des joint-ventures entre entreprises Algériennes et étrangères.
26
Mickael Porter « Avantage Compétitif » Edition Dunod 1981.
186
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
entreprises membres. Il permet d’ouvrir les horizons de son activité, de développer des contacts,
de faciliter l’accès aux marchés publics, d’échanger régulièrement avec les acteurs-clé de la
filière.
D’une manière générale, les services proposés par les clusters correspondent aux
besoins des entreprises en matière d’information, de veille, de formation et d’innovation.
Le cluster de l’énergie solaire est 4ème cluster industriel après ceux des boissons, de la
mécanique de précision et de l'économie numérique déjà en activité. Il regroupe les entreprises
de la filière solaire.
Le cluster de l’énergie solaire a été créé dans un contexte de valorisation des ressources
renouvelables par la mise en place d’un programme de développement des énergies
renouvelables et de l’efficacité énergétique. La réussite de ce programme nécessite une
intégration industrielle et technologique sur toute la chaîne de valeur de filière des EnR. La
création d'un cluster est le moyen le plus approprié pour lancer, dans des délais courts, des
rencontres professionnelles et opérationnelles pour un examen de toutes les propositions et de
toutes les initiatives permettant la mise au point et le renforcement d'un programme industriel
et technologique puissant et diversifié, dédié à la réussite du programme national des EnR et de
l’efficacité énergétique. C’est pour répondre à ces considérations que des acteurs du secteur
économique se sont associés pour créer un cadre de concertation sous la forme d’un cluster
dédié à l’énergie solaire.
Pour mieux présenter ce cadre, nous essayerons de s’intéressé a ses objectifs, ses
missions, ses axes stratégiques et les différents membres qui le composent.
27
Boukhalfa Yaïci, Président du Cluster Energie Solaire « Aperçu sur l’industrie algérienne du solaire. Faciliter la
transition énergétique : saisir les opportunités, relever les défis, 1èreJournée Algéro-Allemande de l’Energie 24
Avril 2018, Alger.
187
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Nous présenterons ici les missions du cluster telles quelles sont définies par les
membres29qui le composent :
28
Le site officiel du cluster : www.ces.algerie.org
29
Il s’agit des entreprises qui composent ce cluster.
188
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Les axes stratégiques poursuivis par le cluster sont en accord avec les objectifs affichés
par le pays dans le cadre de la mise en œuvre du programme du développement des EnR. Le
cluster développe ses activités selon deux axes stratégiques :
1. Stratégie industrielle : La stratégie industrielle du cluster consiste en le développement et
le renforcement des activités devant concourir à la mise en place d’une véritable industrie
nationale des EnR. Cette vision stratégique vise à déployer les nouvelles technologies y
compris celles destinées aux réseaux intelligents pour une meilleure intégration dans la
filière des renouvelables.
2. Stratégie énergétique : Les produits et services issus de l’industrie nationale des EnR
constitueront une base pour produire l’énergie verte dont a besoin notre économie pour
prospérer, contribuer à la couverture de la demande interne en énergie et dégager des
excédents pour l’exportation. Cette vision stratégique cherche à rendre accessible le recours
aux EnR par les différentes strates de la société (ménages, agriculteurs, industries, etc.)
189
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Le Cluster est organisé en groupement31 sans capital social. Il s’agit des entreprises
opérant dans la filière des énergies renouvelables, leur association est régit par le
droit32Algérien.
Le C. E. S est organisé selon un règlement intérieur et des statuts adoptés lors de
l’Assemblée Générale Constitutive du 14/06/201733. L’assemblée générale (AG) est composée
de trois catégories de membres : les membres fondateurs (MF), les membres adhérents (MAD)
et les membres associés (MAS). Les M.A.S sont les autres entités formées par les universités,
les écoles, les centres de recherche, les associations professionnelles, etc. qui possèdent des
voix consultatives.
La gestion du CES est assurée par un Conseil d’administration (C.A) par délégation de
l’Assemblée Générale (AG). Le CA élit un Président pour un mandat de 3 ans. Sur le plan
financier, un Commissaire au Compte (CAC) est chargé de certifier les comptes du Cluster.
1. Liste des membres du CES : Le cluster est composé des entreprises nationales qui sont des
membres fondateurs, et les autres entreprises qui sont des entreprises en joint-venture avec
les entreprises Algériennes, et en fin les membres associés, à l’exemple des entités de la
R&D à l’exemple des entités de la R&D (CDER et CRTSE) ainsi la DGPME du Ministère
de l’Industrie et des Mines.
2. Les membres fondateurs (MF) : Les membres fondateurs du cluster sont des entreprises du
droit Algérien qui interviennent généralement en Amont de la chaine de valeur des énergies
renouvelables, principalement dans la production des panneaux solaires photovoltaïque :
ALPV, Aurès Solaire, Condor Electronics, Enie, ER2, Innova Contracting, Innova
Solar, IRIS.JC.Ind, Mekénergie et Sungy
30
Le site officiel du cluster : www.ces.algerie.org
31
Il s’agit de groupement d’entreprises qui compose le cluster.
32
Articles 796 à 799 bis 4 du code de commerce fixant les conditions de création et de fonctionnement applicables
au Groupement.
33
Source :Le site officiel du cluster : www.ces.algerie.org
190
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
B) Les membres associés (MAS) : Il s’agit des entités de la R&D (CDER et CRTSE) ainsi
la DGPME du Ministère de l’Industrie et des Mines.
Pour mieux encourager les investissements dans le secteur, les autorités algériennes ont
mis en place, dans le cadre de la stratégie de développement des EnR et de l’efficacité
énergétique, un fonds national pour les énergies vertes et la cogénération(FNE). Il est alimenté
par une redevance sur les hydrocarbures de l’ordre de 1% 35. Il permettra de subventionner les
investissements et le fonctionnement d’installations exploitant les EnR et la cogénération.
Apres avoir adopté un mécanisme d’encouragement basé sur les tarifs d’achat garantis37
où le producteur d’énergies renouvelables bénéficie ainsi de tarifs d’achat qui sont garantis pour
une durée de 20 ans pour les installations en photovoltaïque et en éolien, L’Algérie a procédé
au changement des modalités d’investissement en optant pour la procédure d’appels d’offres
34
Source : Le Ministère des énergies et des mines
35
Selon le programme des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique 2015, un document du ministère
des énergies et des mines, janvier 2016.
36
Prévu dans la loi de finance2019 article 37.
37
Il consiste en la garantis de vendre l’électricité produite à la compagnie nationale Sonelgaz.
191
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
(détaille en chapitre 03). En Mars 2017, un décret exécutif 38 régissant les appels d’offre a été
publié dans le journal officiel de la république Algérien, il prévoit deux (02) formes :
1. L’Appel d’offres à investisseurs : C’est le ministère de l’énergie et des mines qui est chargé
du lancement des appels d’offres à l’investissement. Il peut charger un organisme ou une
entreprise publique de la préparation et du traitement de l’appel d’offres. L’Appel d’offres à
investisseurs est prévu pour de grandes capacités d’investissement39. L’une des conditions
majeures pour la participation à l’appel d’offres sera de proposer en parallèle du projet
énergétique, un projet industriel sauf décision conjointe contraire du Ministre chargé de
l’énergie et du ministre chargé de l’industrie40.Les conditions techniques, économiques,
pratiques et financières seront fixées au travers du cahier des charges de l’appel d’offres. Les
entreprises publiques qui y prennent part, seules ou en partenariat, aussi bien pour le projet
énergétique qu’industrielle, sont désigné par le ministère de l’énergie. Les sites d’implantation
sont identifiés préalablement. La réalisation des installations d’évacuation et de raccordement
aux réseaux est à la charge de l’investisseur.
2. L’appel d’offres aux enchères : L’appel d’offres aux enchères est lancé par la C.R.E.G. Il
couvre de petites capacités : installations produisant des quantités d’énergie entre 10 et 20
GWh41 par site et par an. Le volume ou la capacité à lancer aux enchères est proposé par la
CREG et fixé par le ministre des énergies et des mines. Les acquisitions et les choix des sites
sont du ressort de l’investisseur. La réalisation des installations d’évacuation et de
raccordement aux réseaux sont prise en charge par l’investisseur. Dans le cadre de l’appel
d’offres aux enchères, il est prévu qu’en cas de non épuisement du quota par le candidat
offrant le prix42 du kWh le plus bas, les autres peuvent bénéficier du reliquat pour autant
qu’il aligne leur prix sur celui du premier.
38
Le décret exécutif n°17-98 du 26 février 2017, a été publié dans le Journal Officiel de la République algérienne
le 5 mars 2017. Ce décret a pour objectif de présenter la procédure d’appel d’offres concernant la production des
énergies renouvelables et de cogénération, ainsi que leur intégration dans le système national
d’approvisionnement en énergie électrique.
39
Essentiellement la construction des centrales solaires ou éoliennes.
40
Mme. Bouali Amel, « Cadre réglementaire de l’encouragement des énergies renouvelables en Algérie,
Communication lors de la 1ère journée Algéro – Allemande de l’énergie, Le 24 Avril 2018.
41
Idem.
42
Est le prix concurrentiel le moins cher.
192
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
1.2.2.1. Détails réglementaires encadrant la mise en place d’un futur appel d’offres
1. La règle 51/49 % : La règle 51/49 %, instaurée par la loi de finances de 2009, régit les
investissements étrangers en Algérie. Cette règle détermine le partage du capital social entre
les partenaires locaux et les investisseurs étrangers de la manière suivante :
Il est à noter que les cahiers des charges de certains Appels d’offre internationaux
peuvent prévoir l’obligation, pour les soumissionnaires étrangers, d’investir dans le cadre d’un
partenariat, dans la même branche d’activité, avec une entreprise nationale ayant un capital à
majorité Algérienne.
43
Loi relative à l’électricité et à la distribution du gaz par canalisations et ses textes d’application.
193
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
4. Coûts et conditions de transmission : Les coûts de transmission sont établis par la CREG
et devront être entièrement couvert par le consommateur. Les conditions générales de
transmission sont établies dans un accord passé avec le GRTE45 préalablement approuvé par
la CREG.
5. Accès au terrain : La plupart des terrains disponibles appartiennent à l’Etat et sont mis à
disposition aux investisseurs privés. L’Agence National d’Intermédiation et de Régulation
Foncière (ANIREF) a pour rôle d’identifier les terrains disponibles. Dans le cadre d’un appel
d’offres pour le développement de projets d’énergies renouvelables, les sites d’installation
seront désignés par le ministre sur proposition de la CREG. Les coûts liés à la concession
devront être pris en charge par le développeur de projet et sera établi au cas par cas en
fonction de la localisation du projet.
44
La loi relative à l'électricité et à la distribution du gaz par canalisations.
45
GRTE (Spa), filiale du Groupe SONELGAZ, a été créée le 1er janvier 2004, conformément à cette loi et
enregistrée sous l’appellation « SONELGAZ Transport de l’Electricité, GRTE Spa » en septembre 2004. A cet
égard, le Gestionnaire dispose d’une autorisation d’exploiter le réseau de transport délivrée par le ministère de
l’énergie et des Mines, après avis de la Commission de Régulation de l’électricité et du gaz (CREG).
46
Mme. Bouali Amel « Cadre réglementaire de l’encouragement des énergies renouvelables en Algérie »1ère
journée Algéro –Allemande de l’énergie organisé par le Ministère de l’Energie Le 24 Avril 2018.
194
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
b. Après la mise en service (et pendant leur durée de vie) : Après la mise en service des
installations, des contrôles périodiques sont effectués pour la vérification du maintien des
caractéristiques initiales de l’installation, et pour prouver que les quantités injectées sont
d’origine renouvelable. Des contrôles imprévus : qui peuvent être effectués à tout moment, sur
demande de la CREG, notamment lors de la constatation d’anomalies ou de disfonctionnement
sur les mesures de comptage. Il est à noter que ces contrôles sont effectués par des experts ou
organismes habilités. Ces contrôles sont suivis par la CREG qui se charge de l’habilitation des
experts ou organismes pour une période de 03 ans. La liste des experts et organismes de
contrôle de la certification d’origine habilités est publiés par la commission(CREG). Durant la
période transitoire ce sont les auditeurs énergétiques qui assurent le contrôle de la certification
de l’origine. Il débouche sur l’octroi d’un certificat de conformité attestant que les quantités
produites et facturées sont d’origine renouvelable.
Toutes les caractéristiques du secteur cité dans cette sous-section consistent en des
mesures prises par les autorités Algériennes en faveur du développement et de l’évolution du
secteur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. En effet, des mesures
douanières et fiscales48ont été prises pour encourager les investissements et de ce fait impliqué
les opérateurs privés dans la réalisation de projets d’énergies renouvelables.
Le marché des énergies renouvelables est en plein essor dans plusieurs pays du
monde. Augmenter la part des énergies renouvelables au futur mix énergétique est devenu une
priorité majeure de plusieurs nations. Les pays cherchent à diversifier leurs sources d’énergies
dans un contexte de demande énergétique en forte croissance. Selon BP Statistical Review of
World Energy 2020, les sources renouvelables commencent à s’introduire dans le mixte
47
La certification de garantie d’origine de l’électricité produite.
48
La réduction des droits de douanes et de la TVA à l’importation des équipements nécessaires aux projets
d’énergies renouvelables.
195
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
énergétique mondiale d’une manière progressive. Néanmoins, les combustibles fossiles restent
dominants dans la production d’électricité à l’échelle mondiale. Pour l’Année 2019, la
production mondiale d'électricité a atteint 27004.7TWh. En termes de parts de production, les
combustibles fossiles représentaient 62,8% de la production mondiale brute totale d’électricité,
les centrales hydroélectriques 15,6% ; centrales nucléaires,4% ; les énergies renouvelables
10.4%. Dans cette sous-section nous intéresserons au cas Algérien en présenterons la
contribution du secteur des énergies renouvelables dans le mix énergétique Algérien. Nous
intéresserons à la part d'énergie renouvelable dans la puissance installée et dans la production
d’électricité (connectées au réseau et hors réseau).
L’Algérie est le premier marché de l’électricité au Maghreb, avec une production totale
(y compris l’autoproduction) qui a atteint en 2020 76,7 TWh49 et un taux de pénétration du
réseau électrique de 99,4%. Le groupe public Sonelgaz détient le monopole de la distribution
et du transport de l’électricité. Il contrôle directement ou indirectement plus de 80% de la
production électrique nationale.
En Algérie, Malgré un potentiel énorme en énergie renouvelables, leur part dans le bilan
énergétique national demeure faible. En effet, les EnR ne contribuent que de 1% dans la
49
Chiffre publié par la compagnie Sonelgaz sur son site internet www.Sonelgaz.dz
196
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Selon les dernières statistiques51 publiées par l’agence internationale des énergies
renouvelables ( I.R.E.NA) la part des énergies vertes dans la puissance globale installée
d’électricité est de 2.8% en 2020. Un TCAM de 4% est enregistré cette dernière décennie (2011-
2020). Cette évolution a été plus remarquable à partir 2014, soit l’année de la réception et de la
mise en service des premières centrales produisant de l’électricité à base du solaire
photovoltaïque et de l’éolien.
50
Pour l’Année 2018
51
Renewable capacity statistics 2021 International Renewable Energy Agency IRENA (2021), Abu Dhabi.
197
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Figure 33 : L’évolution de la part des EnR dans la puissance installée d’électricité (2011-
2020)
Aujourd’hui, la puissance installée d’électricité reste dominée par les sources fossiles
Leurs part relative n’a pas baissé sur la dernière décennie ; elles restent encore prépondérantes,
bien que les installations d’énergies de ressources renouvelables commencent à se mettre en
place dans le pays. La puissance installée d’électricité en Algérie est constituée principalement,
de centrales utilisant le gaz comme énergie primaire dans la production d’électricité.
Cette section vise à donner un aperçu global et détaillé de l’ensemble des réalisations
effectives relevant du domaine des énergies renouvelables en Algérie, notamment depuis le
lancement du premier PNEREE en 2011.Il s’agit en premier lieu, de la présentation des
capacités installées52 dans le cadre des deux programmes : 2011 et 2015, en second lieu les
réalisations sur le plan technologique pour mieux évaluer l’intégration de l’industrie nationales
des renouvelables. En fin, nous aborderons les contraintes au développement du secteur des
énergies alternatives en Algérie.
52
Connectées au réseau et hors réseau.
198
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Selon les statistiques publiées par le ministère de l’énergie et des mines, la phase
d’expérimentation du programme des EnR53 a connu la réalisation de plusieurs projets et
actions, il s’agit notamment de l’installation des centrales de production d’électricité d’origine
solaire photovoltaïque et éolienne. Les installations en énergies renouvelables en Algérie sont
de deux catégories : celles connectées au réseau54 et celles qui ne le sont pas. La puissance
installée va être évaluée séparément pour chacune des installations pour mieux comparé par
rapport aux objectifs fixés initialement.55
Dans le cadre du planning des réalisations du PNREE 2011, il a été prévu l’installation
d’une capacité totale de 110 MW. En effet, sur l’ensemble des projets pilotes attendus, seules
trois réalisations ont vu le jour avec une puissance globale de 36.3 MW soit :
1. La centrale hybride (gaz-solaire thermique) de Hassi-Rmel, avec 25 MWc de solaire
thermique à concentration CSP (mise en service en 2011).
2. La centrale photovoltaïque (PV) de 1.1 MWc de Ghardaïa, englobant les quatre technologies
PV, avec et sans poursuite du soleil (mise en service en 2014).
3. La centrale éolienne de 10.2 MWc de Kabertène (Adrar), englobant 12 aérogénérateurs de
puissance nominale de 850 KW chacun (mise en service en 2014).
Pour le reste des réalisations, seul un programme totalisant 343 MWc56 de centrales
solaires photovoltaïques a été lancé début 2014, sous forme de projet en EPC (Engineering,
Procurement & Construction), par SKTM. Celle-ci, ayant pour missions principales
l’exploitation des réseaux d’énergie électriques isolés du sud (production en conventionnel) et
des énergies renouvelables pour l’ensemble du territoire national. C’est dans ce contexte que
dix centrales solaires photovoltaïques totalisant 265 MW et réparti en trois lots (Est, Centre et
Ouest) ont été réalisées au niveau des hauts plateaux, alors que dix autres l’ont été dans le cadre
du lot sud (78 MW).
53
Il s’agit du programme de 2011 et la version révisée de 2015.
54
Il s’agit du réseau électrique national qui appartient à la compagnie nationale, Sonelgaz
55
Objectifs fixés dans les deux PNEREE (2011 et 2015) concernent que les installations connectées au réseau
nationale d’électricité.
56
Depuis leur mise en service 1850 GWh56 (1765 GWh Photovoltaïque et 84 GWh Éolien) ont été produits.
199
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Au même titre que la première version du programme (PNREE 2011), le planning tracé
dans le cadre du PNREE 2015 n’a été ni suivi ni même vu un début d’application quelconque.57
En effet, la seule activité visible sur le terrain dans le domaine des énergies renouvelables dans
le pays depuis 2015 est la réception (étalée jusqu’en 2017) des centrales solaires
photovoltaïques totalisant 343 MW du programme lancé en 2014 par SKTM (voir section
2.1.1). En plus de SKTM, Sonatrach, dans le cadre de sa stratégie SH 2030 58, a mis en service
en 2018 une première centrale solaire photovoltaïque de 10 MWc à Ouargla (Bir Rebaa Nord),
qui vise à déployer une capacité totale de 2300 MW en énergie solaire à l’horizon 2030.
Le Tableau ci-dessus résume l’ensemble des installations dans le secteur des énergies
nouvelles réalisées en Algérie à la fin de l’année 2019. C’est installations relèvent toutes du
PNREE 2011.
Tableau N° 45 : Les installations dans le secteur des énergies nouvelles réalisées en Algérie à
la fin de l’année 2019
57
Jusqu’ au début de l’année 2021.
58
SH 2030 : la stratégie de la Sonatrach à l'horizon 2030.
200
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
2.1.1.3. Tendances de la capacité installée connecté au réseau par source (en MW)
Les données sur les capacités électriques renouvelables présentées dans ce tableau
représentent la capacité maximale nette de génération des centrales électriques et autres
installations utilisant des sources d'énergies renouvelables pour produire de l'électricité. Les
données reflètent la capacité installée et connectée à la fin de l'année civile.
Tableau 46 : tendances de la capacité installée connecté au réseau par source (en MW)
Source 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 TCAMe
Hydroélectricité 228 228 228 228 228 228 228 228 228 228 0
Eolienne 10 10 10 10 10 10 0
SCP 25 25 25 25 25 25 25 25 25 25 0
Total 253 253 253 264 312 482 663 686 686 686 15%
Source: IRENA (2020), Renewable Energy Statistics 2020 The International Renewable Energy Agency, Abu
Dhabi.
e
: Calculé par nous-même.
A la lecture de statistiques publiées dans le tableau ci-dessus, le total installé en EnR est
de 686 MW à la fin de l’année 2019. C’est dans la filière solaire le photovoltaïque qu’on a
enregistré une tendance très élevée des capacités installées, avec 448 MW et un T.C.A.M de
173% suivie de l’hydroélectricité avec 228 MW, et en fin l’éolien avec 228Mw. Pour ce qui est
du total des installations à la fin de l’année 2020, selon les statistiques 59 publiées par l’agence
internationale des énergies renouvelables (y compris hydroélectricité) ont atteint 686 MW et un
T.C.A.M de 15%. Le potentiel important dont dispose le pays dans le solaire et l’éolien a poussé
59
IRENA (2021), Renewable capacity statistics 2021 International Renewable Energy Agency (IRENA), Abu
Dhabi
201
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
les pouvoirs publics à accorder une priorité d’investissement60 pour ces deux filières. C’est un
choix stratégique pour le développement des ressources renouvelables porté par les deux
versions du PNEREE (2011.2015). Ceci explique le nombre élevé de centrales installées,
solaires et éoliennes, comparativement à d’autres filières d’énergies renouvelables qui sont
carrément négligées.
Figure 34 : l’évolution de la capacité installée en MW (2011-2020)
60
Priorité d’investissement dans le cadre du programme national des énergies renouvelables et de l’efficacité
énergétique.
61
IRENA (2020), Renewable Energy Statistics 2020, The International Renewable Energy Agency, Abu Dhabi.
202
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Source 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 TCAMe
Hydroélectricité 173 378 389 98 193 145 72 56 117 -6%
Eolienne 1 19 19 19 160 255%
PV 1 14 205 374 374 339%
SCP 103 193 193 197 148 134 186 133 5%
Total Solaire 103 193 193 198 162 339 560 507 37%
Total 173 481 583 291 391 327 431 635 784 28%
Source : Agence internationale des énergies renouvelables (Irena)
e
: Calculé par nous même
Le graphe ci-dessous illustre l’évolution des quantités produites (en Gwh) d’énergie
renouvelables par source (y compris l’hydroélectricité) de 2010 à 2018.
62
Dont l’Algérie.
203
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Les installations hors réseaux sont des installations de production autonome d’électricité
à base de sources renouvelables. L’énergie électrique produite est consommée par le producteur
lui-même d’une manière autonome. Les programmes63 de développement des énergies
renouvelables et de l’efficacité énergétique n’as pas fixé d’objectifs pour ce type d’installations
car elles ne sont pas connectées au réseau électrique national. Le manque de références
réglementaires quant à leur réalisation rend difficile l’établissement d’un bilan précis en la
matière. Néanmoins, le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique
(CEREE) a publié, dans son rapport sur la transition énergétique en Algérie, les résultats des
réalisations par secteur en matière d’installations solaires photovoltaïques hors réseaux.
63
Il s’agit du PNEREE 2011 et de la version révisée de 2015.
204
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Les informations illustrées dans le tableau ci-dessus montrent que pratiquement tous les
secteurs ont plus ou moins intégré, à divers degrés, les énergies renouvelables dans leurs plans
de développement respectifs. Ceci étant soit pour satisfaire la demande en électricité de
certaines applications isolées, pour lesquelles l’accès au réseau de distribution est difficile ou
trop coûteux64, soit dans le but d’assurer une certaine autonomie à l’aide d’une production
locale destinée à des besoins précis.
64
C’est le cas du ministère de l’intérieur qui souhaite réduire la facture d’électricité des collectivités locales qui
est très couteuse.
205
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
développement rural ainsi que des installations de systèmes solaires et éoliens pour le pompage
d’eau, notamment pour les puits de parcours pour l’abreuvement du cheptel.
2.1.2.1. Tendances de la capacité installée hors réseau par source (en MW)
Le tableau ci-dessous présente les capacités installées hors réseau par source d’énergies
renouvelables en Algérie de 2011 à 2020.
Tableau 49 : Tendances de la capacité installée hors réseau par source (en MW)
PV 1 100 49 100 219100 400 000 423 000 423000 423 000
Autres EnR 10 200 10 200 10 200 10 200 10 200 10 000 10 000
Total 11 300 59 300 229 300 410 200 433 000 433 000 433 000 84%
Source: IRENA (2021), Renewable capacity statistics 2021 International Renewable Energy Agency (IRENA),
Abu Dhabi
Selon les statistiques de l’I.R.N.A publiées dans son bilan annuel des capacités
installées dans le monde en 2021, le total des installations hors réseau, en Algérie, a enregistré
un T.C.A.M de 84% sur la période allant de 2014 à 2020. Elles étaient de 11300 Mw en 2014
pour atteindre 433000 en 2020. La tendance de leur évolution n’est pas différente de celles qui
sont connectées au réseau électrique national. En effet, c’est la filière solaire photovoltaïque
qui enregistre plus de capacités installées avec une croissance de près de 422000 MW65 sur les
sept dernières années. Les avancées technologiques dans la filière et le taux d’intégration
industriel très élevé atteint par le pays ont encouragé les administrations, les ministères, les
collectivités locales, les entreprises et autres particuliers privés à faire ce choix stratégique pour
la réalisation de leurs projets d’électrification par les sources renouvelables. L’essor de
l’industrie des panneaux solaires et autres équipements nécessaires aux projets d’énergies
renouvelables en Algérie a rendu les coûts de production de l’électricité verte plus compétitifs
et la filière photovoltaïque plus attractive comparativement aux autres sources d’énergies
renouvelables.
65
Chiffre obtenu à base des données du tableau 49.
206
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Cette section nous a dévoilé que, selon le bilan global des réalisations dans le secteur
des énergies renouvelables (connectées au réseau ou hors réseau, montre), l’Algérie n’a réalisé
qu’environ 411 MWc en comptabilisant l’ensemble des projets liés aux énergies renouvelables.
Les installations en mode raccordé au réseau sont de 390 MWc (Tableau 12), soit environ 95%
du total ; En mode autonome près de 21 MWc (Tableau 9) ont été installées dont la part ne
représente que 5% ù du total.
Une analyse globale des réalisations montre que l’objectif tracé pour la première phase66
du PNREE dans sa deuxième version révisée de 2015 n’est pas atteint. Il a été prévu d’installer
4000 MW, alors que la capacité installée à ce jour (2020) est d’environ 10%67 de ce qui a été
prévu soit 390 Mw68. Il est à signaler que les réalisations dans le secteur des énergies
renouvelables ont vu le jour sous le PNREE 2011 alors que la version 2015 n’a enregistré aucun
projet concret à signaler.
66
La première phase du PNEREE 2015 allant de 2015-2020.
67
Ce pourcentage ne prend pas en considération les installations hors réseau qui ne sont pas prévu dans les deux
versions du PNEREE (2011 et 2015).
68
Ce chiffre ne prend pas en compte les capacités hors réseau car elles n’ont pas d’objectifs bien précis dans les
deux PNEREE.
207
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Dans cette sous-section nous essayerons de présenter un état des lieux de l’industrie des
énergies renouvelables en Algérie, et le taux d’intégration atteint par le pays sur tout le long de
la chaine de valeur de la filière des renouvelables. L’implication des entreprises qui lui sont
affiliées quant au développement industriel du domaine, leur capacité de production et de
contribution au développement industriel seront détaillés. La politique d’importation des
équipements nécessaires aux projets énergétiques renouvelables sera abordée. L’objectif de
cette sous-section est de savoir si l’Algérie a réussi à mettre en place une véritable industrie des
énergies renouvelables tel que prévu dans le PNREE 2015 : « Pour accompagner et réussir le
programme de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique,
l’Algérie envisage de renforcer le tissu industriel pour être à l’avant-garde des mutations
positives, aussi bien sur les plans industriel et technique que sur les plans de l’ingénierie et de
la recherche ».69
69
Extrait du chapitre III « Développement des capacités industrielle » du PNEREE 2015.
208
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
La chaine de valeur présentée par M. Porter est un outil d’analyse stratégique permettant
d’identifier, au sein d’une entreprise ou d’une organisation, les différentes activités clés
créatrices de valeur pour le client et génératrices de marge pour l’entreprise. Cet outil s'intéresse
à une question fondamentale de la performance d'une entreprise : Comment la valeur est-elle
créée au sein de l'organisation ? L'exploitation de cette donnée permet de localiser les gisements
de valeur. Elle met en exergue le comportement des coûts et les sources de différenciation. Ce
type d'analyse est la base d'une stratégie performante. Elle oriente l'allocation de moyens pour
développer des avantages concurrentiels et s'imposer ainsi sur ses marchés.
Les différentes étapes de la chaîne de valeur70 telle que présentée par M. Porter se
présente comme suit :
70
«STRATEGOR»4éme edition, Edition DUNOD Opt-cite page 82.
209
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Nous présenterons ici la Chaine de valeur des EnR pour pouvoir énumérer et regrouper
les différentes activités par étapes de cycle de vie des projets de la filière.
La chaine de valeur du secteur de l’énergie renouvelable est assez complexe. Elle est
répartie entre six segments : Planification des projets, manufacture, réalisation, connexion au
réseau, exploitation et enfin démantèlement. Pour chacune de ces étapes la nature des acteurs
économiques, ainsi que leur modèle économique diffèrent.
210
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
compétences techniques avérées des intervenants. Les acteurs locaux sont indispensables
pour l’accomplissement de cette étape. En effet, les acteurs publics d’une part, lorsqu’il
s’agit d’autorisations (normes, agréments, cadre de régulation...) ; mais aussi les acteurs
privés concernant les juridictions, les entités agréées par le secteur.
3. Réalisation : C’est l’étape des installations qui comprend l’ensemble des travaux de pré-
construction et de constructions des installations. Les entreprises locales sont fortement
sollicitées durant cette étape (travaux de préparation des sites, de génie civil,
d’infrastructure, d’assemblage…).
71
AKBI Amine, « La sous-traitance dans le secteur des énergies renouvelables », Le bulletin des énergies
renouvelables N° 41. CDER, 2017
72
Selon l’Agence IRENA, cette phase peut durer jusqu’à une vingtaine d’années.
211
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Cette présentation simplifiée n’aborde que les aspects communs des projets d’énergies
renouvelables. Les intervenants et les phases du projet peuvent varier en fonction du type de
technologie, mais aussi de la taille du projet. Finalement, le développement des EnR se fait avec
la contribution d’un large éventail d’entreprises sur toute la filière.
Nous présentons ici les entreprises qui occupent toute la chaine de valeur de la filière
solaire photovoltaïque depuis la Recherche & Développement (R&D) jusqu’à l’exploitation &
la maintenance (O&M) des centrales solaires74 photovoltaïques, qu’elle soit de petites ou de
grandes puissances. Ces entités sont accompagnées par des assureurs et des financiers.
73
Les emplois crées sont des emplois durables, contrairement aux emplois de la phase des installations qui sont
des emplois temporaires.
74
Les centrales solaires sont destinées à produire de l’énergie électrique de grande ampleur par l’entremise de la
vente de l’électricité via les réseaux de distribution ou de transport existants ou via des micro- réseaux isolés
212
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
pour les agglomérations et pour l’agriculture pouvant alimenter des superficies de plusieurs milliers d’ha (pour
des exploitations ou des périmètres agricoles).
213
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
détiennent le marché. Il s’agit de la Société ALPV, Condor Electronics, Aurès Solaire, et ENIE
Electronics.
1. La société ALPV dispose d’une unité d’encapsulation opérationnelle depuis juillet 2011.Sa
capacité de production est de 12 MW/an. Elle se situe dans la région de Tlemcen, à
Chetouane. Elle produit des panneaux à cellules polycristallines de puissances comprises
entre 245 et 255 W avec des rendements de 15% à 15,7%.
2. Condor : la filiale électronique et électroménagère du groupe privé Benhamadi, a mis en
service en 2013 une unité de production de panneaux photovoltaïques (encapsulation des
cellules) d’une capacité de 50 MW/an.
3. Aurès Solaire : Une joint-venture qui dispose depuis Avril 2017 d’une usine
d’encapsulation à Batna de 86 000 panneaux Aurès Solaire ont une puissance de 250W et
sont produits avec des cellules polycristallines.
4. ENIE : l’entreprise Nationale des industries électroniques (ENIE), affiliée au groupe
public Elec El Djazair, a créé en 2016 une ligne d’encapsulation qui devrait lui permettre
de produire annuellement 15 à 20 MW en panneaux photovoltaïques. Les divisions Solar
ENIE proposent aussi divers composants tels que les onduleurs convertisseurs et des
batteries.
Le tableau ci-dessus présente un récapulatif de la production de panneaux solaires
photovoltaïques en Algérie.
CONDOR
AURES ENIE TOT
Fabrication de panneaux PV ALPV ELECTRO
SOLAIRE ELECTRONICS AL
NICS
Capacités de production 12 30 130 18 190
annuelle (MWC)
Capacités produites (MWc) 18,9 15 33,9
Lieu de production Aïn Yagout, Bordj Bou
Tlemcen Sidi Bel Abbes
Batna Arreridj
Source : CEREFE (2020) : Transition Energétique en Algérie : Leçons, Etat des Lieux et Perspectives pour un
Développement Accéléré des Energies Renouvelables, (Edition 2020) : Commissariat aux Energies Renouvelables
et à l’Efficacité Energétique, Premier Ministre, Alger.
214
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
D’autres acteurs industriels se sont impliqués dans les équipements hors panneau
photovoltaïque appelés BoS (Balance of System)75.Il s’agit des industries de l’acier galvanisé
et du câble toutes sections confondues. Certaines Entreprises comme SPS- Panneaux
Sandwichs et Amimer Energie ou Enicab sont déjà actives sur ce marché. On peut encore citer
le cas de Schneider Electric Algérie pour la partie protection électrique.
Pour mieux illustrer l’implication des entreprises nationales dans les projets d’énergies
renouvelables, le tableau ci-dessous définit le phasage de la construction d’une centrale et les
différents acteurs intervenant sur le long de la chaine de réalisation.
Tableau 51 : L'expertise des acteurs locaux dans l'EPC (Engineering - Procurment &
Construction)
Phase d’engineering -Les études se concentrent sur les Les entreprises -Les centrales
Etude de conception et bilans d’énergie, leurs évolutions d’ingénierie solaires peuvent aller
d’ingénierie des dans le temps y compris au pas de -Autil, -Amimer de quelques MW
centrales solaires l’heure. energie (Mégawatts) à
hybrides y compris le -Le design de la centrale hybride Les entreprises de dizaines de MW ;
réseau de distribution solaire – diesel, un stockage par soutien (finance / - Un réseau électrique
batterie est possible. assurances) : est aussi prévu.
-Toutes les études (électrique, -Tell markets
mécanique, génie civil, etc.) sont - Cash assurances
menées
-Toute les études économiques
sont menées (investissement,
rentabilité, financement, etc.)
75
La balance du système (en anglais : Balance of System, également connue sous l'acronyme BOS) comprend tous
les composants d'une installation photovoltaïque à l'exception des panneaux photovoltaïques.
215
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
216
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Bien que les besoins de panneaux photovoltaïques soient relativement limités jusqu’en
2013 (Moins de 5MW/an), les importations Algériennes ont connu une augmentation
progressive jusqu’en 2011, avant une baisse sensible en 2012. Néanmoins, en 2014 un bon
« gigantesque » a été réalisé à la faveur du programme de construction, pour SKTM, de 23
fermes solaires totalisant 343 MW et dont les livraisons se sont étalées entre 2015 et 2017. Les
importations ont été multipliées par 26 entre 2013 et 2016 pour atteindre un maximum à 164
Millions d’euros en 2015.En 2016, un net recul est observé puisque les achats se situaient à près
de 20 Millions d’euros, la plupart des équipements sont destiné à SKTM ayant été acquis les
deux années précédentes.
76
La certification se fait en collaboration avec le Laboratoire Américain, National Renewable Energy Laboratory
(NREL)
77
Référentiel de vérification des modules photovoltaïques en Avis Technique.
78
Information disponible à la fin de l’année 2017.
217
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
180,00
164,00
160,00
140,00
120,00
100,00
100,00
80,00
60,00
40,00
17,00 20,00
20,00 15,00 16,00
10,00 11,00
0,00
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
218
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
En générale, les achats des entreprises publiques telles que Sonelgaz se font par avis
d’appel d’offres publiés dans la presse. Cependant, il arrive que les achats se fassent par des
contrats de gré à gré. Dans le secteur des EnR, une marge de préférence nationale de 25 % est
accordé au produit local et / aux entreprise de droit Algérienne, dont le capital est détenu par
les nationaux résidents, ou à la part Algérienne des soumissions quand le soumissionnaire est
un groupement d’entreprises de droit Algérien et d’entreprise étrangères79. Les cahiers
des charges de certains Appels d’offre internationaux peuvent prévoir l’obligation, pour les
soumissionnaires étrangers, d’investir dans le cadre d’un partenariat, dans la même branche
d’activité, avec une entreprise nationale ayant un capital à majorité Algérienne.
Dans le cas des acheteurs publics, et notamment de Sonelgaz, le recours aux Appels
d’offres sera généralement la règle pour les grands projets. Au niveau des droits de douane et
de la TVA, le législateur a séparé l’assemblage d’un panneau photovoltaïque d’un panneau PV
importé fini. En rendant le module photovoltaïque éligible au dispositif CKD1, un différentiel
79
Le Guide des investissements Algérien 2015.
219
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
au niveau du coût de production est créé rendant le prix du module photovoltaïque assemblé en
Algérie compétitif par rapport au même produit importé ;
Compte tenu de l’ampleur des investissements dans les projets d’EnR, la contribution
du secteur privé est fondamentale pour le financement de la mise en œuvre du programme
national d’EnR et de l’efficacité énergétique. Toutefois, la participation du secteur privé se
heurte à de multiples barrières notamment celles qui sont liées à la réglementation. Le cadre
réglementaire et législatif mis en place pour le développement de projets d’EnR est une
contrainte pour l’investissement plus particulièrement pour les projets de production
d’électricité. En effet, les opérateurs privés peuvent produire de l’électricité mais ils ne peuvent
pas injecter au réseau électrique national qui reste la propriété de la Sonelgaz. Pour remédier à
cette contrainte, le cadre réglementaire prévoit le contrat d’achat garantis81 de l’électricité
produite par la compagnie Nationale. Dans ce cas, même avec les conditions de rentabilité les
plus intéressantes, les projets ne peuvent pas voir le jour.
Autre barrière pour l’investissement privé dans le secteur des énergies renouvelables est
la forte subvention aux énergies conventionnelles (fossiles) qui rend la rentabilité de certaines
filières d’EnR faible pour les opérateurs économiques privés.
80
Information obtenue auprès du C.E.S
81
Feed in tariffs.
220
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Les coûts élevés d’accès au financement82 des grands projets est une contrainte majeur
pour l’investissement notamment pour les petites et moyennes entreprises. Dans de telles
conditions, les systèmes de financement conventionnels (banque, etc.) sont souvent insuffisants
pour lancer les projets d’énergies renouvelables, d’où la nécessité de mesures de financement
spécifique permettant de tenir compte des caractéristiques propres de ces projets. L’implication
des opérateurs privés dans le développement de projets d’énergies renouvelables permettrait,
non seulement l’amélioration de la qualité de l’offre énergétique, mais encouragerait aussi la
création d’emploi et la protection de l’environnement.
Il existe en Algérie des centres de recherches qui travaillent en synergie avec l’industrie
pour l’atteinte des objectifs d’intégration des ER dans le mix énergétique au cours des
prochaines Années. Les structures de R&D dont disposent ces centres ne répondant pas aux
besoins spécifiques du pays. L’essor des énergies renouvelables passe impérativement par une
intégration industrielle laquelle nécessite des moyens financiers et humains pour mieux
répondre aux exigences de l’industrie des énergies renouvelables.
En plus de manque de moyens, les programmes de recherche sur les EnR n’impliquent
pas les industriels, les opérateurs économiques, les bureaux d’études et les universités. Il
n’existe pas de liaison entre toutes les structures pour mieux coordonner leurs synergies et créer
ainsi de la valeur tout au long de la chaîne requise pour les projets d’énergies renouvelables, en
termes de production de matériaux et composants, construction, exploitation et maintenance.
Les structures existantes en matière de R&D dans le pays s’inscrivent dans des logiques
nationales, alors que les enjeux technologiques, économiques et sociaux au niveau mondial
impliquent une réponse régionale. Les moyens financiers et humains nécessaires ne peuvent
être réunis que dans le cadre d’une stratégie régionale83 de R&D, en partenariat avec des
structures similaires.
82
Les systèmes de financement conventionnels (banque.) sont insuffisants pour lancer les grands projets d’EnR
83
Méditerranéenne, africaine et Arabe.
221
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Malgré la création d’un cluster qui regroupe toutes les entreprises de l’industrie des
EnR, le taux d’intégration demeure faible par rapport aux objectifs fixés dans le PNEREE. Les
contraintes de financement et les barrières à l’investissement ont fait que l’industrie des
énergies renouvelables en Algérie est en phase de démarrage d’où le recours à l’importation.
Dans cette section nous présenterons les perspectives de développement des EnR à
l’horizon 2035 en termes de production d’électricité verte et d’installations industrielles,
perspective d’intégration ainsi les opportunités de coopération régionale.
PNREE 2011 : Dans le cadre du PNREE 2011, il a été prévu un taux de 40 % de capacité
de production d’électricité d’origine renouvelable à l’horizon 2030. Ceci étant sur la base
d’une estimation de l’évolution de la puissance installée préalablement établie (Graphe 10)
et présentée par le Ministère de l’Energie et des Mines (M.E.M), qui a tablé sur une
consommation annuelle globale à terme de 150 TWh/an84. L’objectif était d’assurer une
capacité de production d’électricité renouvelable de 12000 MW, dont 10000 MW seraient
dédiés à l’exportation.
84
Selon le CREG. : https://www.creg.dz/index.php/operateur/producteurs-de-l-electricite/ energies-
renouvelbales/mecanisme-d-encouragement130.
222
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
PNEREE 2015 : Dans le cadre du PNEREE version révisée de 2015, l’objectif tracé est
l’installation d’une capacité de 22000 Mw toute source confondue. Une plus grande part a
été donné au solaire photovoltaïque en raison de la baisse des coûts technologique sur les
marchés internationaux.
Tableau n°52 : les capacités à installés à l’horizon 2030.
PV 13 575
Eolienne 5 010
SCP 2 000
Cogénération 400
Biomasse 1 000
Géothermie 15
Total 22 000
Source : PNREE 2015.
Le programme sera principalement solaire (PV : 62% et CSP : 9%) et éolien (23%) mais
aussi biomasse (4%), cogénération (2%) et géothermie (0,09%).
223
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Ces installations qui rentrent dans le cadre la nouvelle stratégie de transition énergétique
à l’horizon 2035 seront réalisé à base de la procédure d’appels d’offre fixé par Le décret exécutif
n° 17-98 du 26 Février 2017 (JO n°15 paru le 5 Mars 2017), définissant la procédure d’appel
d’offre pour la production des énergies renouvelables ou de cogénération et leur intégration
dans le système national d’approvisionnement en énergie électrique. Parmi ces projets, il y a
lieu de citer celui du Ministère de l’Energie (4050 MWc)86,Creg (150 MWc) et SKTM/Sonelgaz
(50 MW c).
85
Hors réseau (non connecté au réseau électrique national)
86
Selon la rapport CEREE 2020.
224
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Part des EnR 2025 Part des EnR 2030 Part des EnR
2035
20
% 27
%
40%
60%
80 73
% %
87
Source ; ministère de l’énergie et des mines https://www.energy.gov.dz
88
Source ; ministère de l’énergie et des mines https://www.energy.gov.dz
89
Trois appels d’offres sont prévus : Il s’agit des 4050 MWc du ministère de l’énergie, 1050 MWc du CREG, et
50 MWc de SKTM/Sonelgaz
90
Désigne une société.
225
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
autorités privilégient le développement d’une filière industrielle qui produirait localement des
CES.
3.3.1. Le solaire photovoltaïque
L’objectif tracé pour cette filière est d’atteindre, un taux d’intégration de 50% à long
terme. Le pays dispose déjà d'une certaine expérience et des capacités de production de tous les
composant de la filière solaire thermique (C.S.P).Pour les industries du verre, des capacités
importantes existent en Algérie, la compagnie CEVITAL détiennent une capacités de
production du verre miroir pour C.S.P de 3 lignes de 600, 700 et 900/tonnes par jours92.
La filière solaire thermique ne sera développée qu'à partir de 2021, c'est à dire lors de la
deuxième période de la réalisation du programme des énergies renouvelables. Pour le
développement des capacités industrielles, sur la période 2021 - 2030, il est prévu de
promouvoir le partenariat, avec les entreprises étrangères, pour la mise en œuvre de projets pour
le renforcement des capacités d’engineering93 , de conception, de procurèrent et de réalisation
pour la fabrication d’équipements intervenant dans une centrale C.S.P par des moyens propres.
91
Le PNEREE 2015, éditer par le ministère des énergies et de mines, Janvier 2016.
92
La commission économique des Nations Unis pour l'Afrique du Nord.
93
Les capacités de savoir-faire industriel.
226
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
3.3.3. L’Eolien
L’objectif fixé pour l’éolien est d’atteindre à terme, 50% d’intégration industrielle
locale. Le taux d’intégration devrait être supérieur à 80% sur la période 2021-2030, grâce au
développement d’un réseau de sous-traitance nationale ainsi que la maîtrise des activités
d’engineering.
Etant un acteur majeur de l’industrie du solaire Algérien, nous nous sommes intéressés à
la stratégie et autre action menées par le C.ES pour son développement et l’élargissement de sa
contribution dans l’intégration industrielle. En effet, Régulièrement le plan d’action est mis à
jour pour tenir compte de l’évolution du marché, de la technologie, de la réglementation, etc.
en considérant trois objectifs fondamentaux :
Parmi les actions phares prévues pour les prochaines années, nous citons la mise en
œuvre d’une roadmap d’intégration nationale devant porter le taux actuel de 5/7% à 25%95 sur
une période de 3 ans à travers : la transformation du verre extra clair (découpe, perçage et
trempe) et l’extrusion, la transformation de l’aluminium, la fabrication du verre extra clair.
Cette roadmap, en cours d’élaboration, est tributaire de la mise en place d’un plan
d’action effectif et la mise en œuvre d’un environnement favorable aux EnR. Au-delà de cette
perspective, la fabrication de la cellule photovoltaïque pourrait être envisagée.
94
Le bilan des réalisations en énergies renouvelables Algérie, un document du ministère des énergies et des mines,
2015.
95
Information publié sur le site internet du cluster d’énergie solaire : www.clustersolaire-algeria.com
227
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Sources :www.clustersolaire-algeria.com
L’intégration industrielle est une condition sine qua non pour le développement des
projets d’énergies renouvelables. Un des objectifs du CES pour les prochaines années est de
faire passer le taux d’intégration nationale de 7% à 25%96 sur une période de 3 années, Créer
les conditions favorables pour un marché pérenne et durable en mesure d’attirer de nouveaux
investissements nationaux ou étrangers.
96
Source : Acteur de la transition énergétique en Algérie, un document publié par le CES Mars 2020
97
Hydrocarbures, solaire et éolien…selon les pays.
228
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
richesse créée) plaident en faveur d’une action collective à l’échelle régionale pour la mise en
œuvre de la transition énergétique qui permettrait de garantir la continuité des
approvisionnements en énergie et d’assurer un développement durable.
Une politique de coopération régionale doit viser comme objectif de créer les meilleures
conditions de coopération entre les pays et de favoriser le développement à grande échelle et à
moindre coût des énergies renouvelables, en tirant partie des opportunités d’intégration et de
complémentarités régionales.
Plusieurs initiatives ont été lancées pour la coopération dans le domaine des énergies
renouvelables au niveau régional, dont l’Algérie est partie prenante. Nous essayerons de
présenter, dans cette section, les structures opérantes dans le développement des capacités en
EnR ainsi que toutes les perspectives de coopération pour le développement des EnR et la mise
en œuvre de la transition énergétique.
3.4.1. Les objectifs de la politique de coopération régionale dans le secteur des EnR
98
L’Algérie est concernée par la coopération au niveau de l’Afrique du Nord (U.M.A), le monde Arabe, le continent
Africain.
229
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
La politique de coopération régionale dans les projets d’EnR peut compléter ou faciliter
l’adoption de politiques nationales en créant de la valeur ajoutée par les complémentarités qui
peuvent exister entre les différents partenaires. L’élaboration de la politique régionale en
matière d’énergies renouvelables doit être intégrée à l’ensemble des politiques et stratégies
nationales actuellement en vigueur au niveau régional. Pour mieux atteindre ses objectifs, la
coopération régionale doit s’articuler autour de plusieurs axes stratégiques.
En se basant sur des études qui ont été menées par plusieurs organismes spécialisés100,
nous avons essayé de résumer les principaux axes stratégiques de la politique de coopération
régionale en EnR.
99
Extrait des recommandations de la commission économique des nations unis pour l’Afrique « Politique de
coopération régionale pour le développement des énergies renouvelables en Afrique du Nord »
100
CEA, CEDEAO, RCEE. IRENA et IMEDR.
230
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Au-delà des structures nationales, il existe plusieurs institutions qui œuvrent pour le
développement de la coopération régionales101 dans les énergies renouvelables. Ces réseaux,
dont l'Algérie est membre, jouent un rôle important en matière de renforcement des capacités
(institutionnelles et humaines) et d’appui à la mise en œuvre des stratégies nationales des
énergies renouvelables. Parmi ces institutions, on citera notamment :
Dans le cas de l’Algérie, il s’agit de la coopération dans le cadre de l’Union du Maghreb, Union pour la
101
231
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
compris tarifs de rachat, audits énergétiques, labellisation, codes réseau (grid codes) Bourses
pour jeunes chercheurs.
2. MEDREC : Centre Méditerranéen des Energies Renouvelables, basé à Tunis, a été lancé par
le Ministère Italien de l’Environnement et du Territoire. Aujourd’hui il implique les
Etablissements Internationaux et Gouvernementaux de l’Algérie, de l’Egypte, de la Libye, du
Maroc et de la Tunisie. Le centre est le point focal du Programme Méditerranéen des Energies
renouvelables (MEDREP).
Objectifs et thématique
Formation et diffusion de l’information ; développement des projets pilotes
Principales activités liées au développement des capacités et à la R&D
Étude sur l'identification des besoins en renforcement des capacités en EnR en Afrique du
nord (2009-01-10) Cycle de formation sur le CES Programme de renforcement des capacités
sur l'MDP.
232
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Objectifs et thématique
Elle fournit des analyses de pointe sur les coûts et les avantages des énergies renouvelables,
ainsi que des recommandations politiques.
Principales activités liées au développement des capacités et à la R&D
Elle encourage la gestion des connaissances, l’innovation technologique et le
renforcement des capacités de développement de projets d’énergies renouvelables.
Il est à noter que d’autres structures régionales opèrent dans le développement de projets
d’énergies renouvelables dont l’Algérie n’est pas membre, n’ont pas été développées dans cette
sous-section. C’est le cas de l'Institut Méditerranéen des Energies Renouvelables (IMEDER)
qui travaille pour les pays de l’Union pour la Méditerranée.
3.4.4. Les principales initiatives pour la coopération régionale dans le secteur des
énergies renouvelables
Les pays du Maghreb font face à des défis similaires dans le domaine énergétique. Ils
doivent répondre à une forte demande interne en énergie satisfaite, majoritairement, par les
énergies fossiles. Cela s’est traduit par le lancement de projets de développement des EnR dans
tous les pays de l’U.M.A. Depuis 2009 (l’Algérie à partir de 2011), des investissements
102
L’adhésion est ouverte aux États membres des Nations Unies et aux organisations intergouvernementales
d’intégration économique régionale qui sont désireuses et en mesure d’agir conformément aux objectifs et aux
activités énoncés dans les présents Statuts.
103
Pour pouvoir être membre de l’Agence, une organisation intergouvernementale d’intégration économique
régionale doit être constituée d’États souverains dont l’un au moins est membre de l’Agence et ses États membres
doivent lui avoir transféré leurs compétences dans l’un au moins des domaines relevant des attributions de
l’Agence.
233
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
significatifs ont ainsi été réalisés. Toutefois, de nombreux obstacles en termes de financement,
de formation, de recherche-développement et, d’intégration industrielle sont apparues.
Les solutions à ces obstacles ne pourront être apportées que dans le cadre d’une véritable
stratégie régionale de coopération qui doit être favorisée par de nombreuses opportunités et de
multitudes de complémentarités existantes. En Outre, des règles communes pour la création
d’un marché intégré des EnR et l’établissement de partenariats innovants, notamment sur le
plan du développement des capacités, de l’échange d’expériences et du transfert de
technologies. Actuellement, la région de l’U.M.A est considérée comme la moins intégrée du
monde en matière d’énergies renouvelables alors qu’elle dispose d’atouts significatifs :
potentiel en main d’œuvre jeune, expériences avérées dans les domaines du chauffe-eau solaire,
de la technologie PV et de l’éolien.104
104
La coopération énergétique dans les énergies renouvelables en Afrique du Nord.
105
Le COMELEC est le Comité Maghrébin de l’Electricité qui a pour objet : (a) de promouvoir le commerce de
l’électricité entre ses pays membres en développant les interconnexions intermaghrébines (réalisation d’une
autoroute électrique en 400 kV) et (b) de faciliter le processus d’intégration du marché maghrébin au marché
Européen dans un contexte de libéralisation progressive.
106
Politique de coopération régionale pour le développement des énergies renouvelables en Afrique du Nord, un
Rapport de la commission économique pour l’Afrique (CEA) bureau Afrique du nord, Décembre 2013.
234
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Les pays Arabes ont adopté, dans le cadre de la LEA, la Stratégie des Energies
Renouvelables (2010-2030), Sur la base des ambitions annoncés par les Etats membres. Le
secteur des énergies renouvelables se développe depuis de nombreuses années dans les pays de
LEA, Cependant, la pénétration des ER dans le mix énergétique reste faible107.La stratégie
prévoit d’augmenter le taux pénétration des EnR dans les systèmes énergétique nationaux. Elle
comprend cinq objectifs spécifiques :108
- Améliorer la sécurité énergétique par la diversification des ressources énergétiques ;
- Utiliser l'abondance des ressources en EnR dans la région et remédier à la pénurie des
ressources en eau ;
- Répondre aux besoins de développement nationaux et régionaux ;
- Conserver le pétrole et le gaz naturel en tant que réserves stratégiques ;
- Contribuer à résoudre les problèmes environnementaux.
Pour atteindre ces objectifs, les pays de LEA prévoient, dans le cadre de leur stratégie
des EnR, un certain nombre de mesures clés109 :
- L’adoption de politiques nationales et régionales visant la mise en place d’un environnement
attractif pour le développement des technologies des énergies renouvelables ;
107
Selon la CEA il est de l’ordre de 3%.
108
Politique de coopération régionale pour le développement des énergies renouvelables en Afrique du Nord, un
Rapport de la commission économique pour l’Afrique (CEA) bureau Afrique du nord, Décembre 2013.
109
Politique de coopération régionale pour le développement des énergies renouvelables en Afrique du Nord, un
Rapport de la commission économique pour l’Afrique (CEA) bureau Afrique du nord, Décembre 2013.
235
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
La mise en œuvre de cette stratégie va nécessiter une action concertée des Etats membres
de la Ligue Arabe et des organisations régionales et internationales notamment le RCREE,
l’union arabe d’électricité, et IRENA.
110
Estimé à un investissement mondial annuel de près de 280 milliards de dollars (IRENA, 2017)
111
Le PSM prévoit la production de 20 GW en énergies renouvelables à l’horizon 2020 et le développement du
réseau méditerranéen d’interconnexion électrique qui devrait à plus long terme, servir de base à l’établissement
d’un réseau Euro-méditerranéen.
236
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
scientifique et universitaire dans le domaine des ER), et autres accords existants entre l’UE et
certains pays de l’Afrique du Nord comme l’Algérie, offrent des cadres et d’actions communes,
susceptibles d’améliorer la coopération technique ( technologique) et financière pour un
développement d’un marché régional de l’électricité et la construction d’un réseau électrique
euro-méditerranéen. Ce qui ouvrira la voie à la coopération et partenariats pour l’émergence de
filières industrielles régionales dans une logique de coproduction des EnR.
1. U.M.A-UE
La coopération entre les pays de l’union du Maghreb avec les pays de l’union
européenne concerne, essentiellement, le projet de l’intégration des marchés de l’électricité de
l’Algérie, la Tunisie et le Maroc avec celui de l’UE. Les premières actions de cette coopération
consistent en l’harmonisation des cadres réglementaires et législatifs ainsi que le renforcement
des infrastructures pour la création d’un marché maghrébin viable de l’électricité. Ce partenariat
énergétique entre les pays de l’U.M.A et l’union européenne se réalise dans le cadre du
COMELEC et MEDREG112 pour Intégration des Marchés Maghrébins de l’Electricité (IMME).
En plus de MEDREG d’autres initiatives comme MED-TSO20 sont engagés dans
l’établissement d’une Communauté Méditerranéenne de l'énergie en mettant en place un
schéma directeur des interconnexions électriques en Méditerranée à l'horizon 2030. MEDREG,
a développé une stratégie globale 2020-2030 qui vise à créer les conditions de la mise en place
d'une Communauté méditerranéenne de l'énergie.
112
MEDREG est l'association des Régulateurs méditerranéens de l'énergie, qui rassemble 27 régulateurs
d’énergie de 22 pays, couvrant l'Union européenne (UE), les Balkans et la région MENA : Albanie, Algérie,
113
Signé le 22 avril 2002 et entré en application le 1er septembre 2005. Dans le cadre de l’application de cet accord
d’association, un Mémorandum d'Entente a été signé, par les deux parties, le 07 juillet 2013, suivi par la
signature, le 13 mars 2017, à Bruxelles, d’une convention de coopération financière.
237
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
budget 11millions114 d’euros avec un cofinancement parallèle d’un million d’euro de la partie
algérienne L’acquisition d’équipements (logiciels, appareils de mesure et vérification,
laboratoires d’essais, etc.) sera financée, par l’UE, à travers un ou deux marchés de fournitures,
pour un montant total de 300 000115 Euros.
Elle travaille dans l’objectif de créer un marché de l’électricité verte entre l’Afrique du
Nord, le Moyen-Orient et l’Europe. Son nouveau plan d’action « Power : Getting Started »
publié en juin 2013 présente les activités futures de DII qui travaillera sur les conditions cadres
politiques, les sites adéquats, le développement du marché de l’électricité, les lignes de transport
et les impacts socio-économiques des EnR sur la région.
L’Algérie, après l’échec des premières négociations, est intéressée par la coopération
avec le consortium allemand Dii Desert Energy (Desertec), afin de renforcer les capacités de
production d’énergie d’origine renouvelables. Pour l’Algérie, les objectifs principaux de cette
coopération portent sur l’initiation et la réalisation des études techniques et économiques pour
mieux profiter des potentiels solaires et éolien dont elle dispose, et généraliser les EnR. La
promotion des projets communs de développement des EnR au niveau national et international
et la promotion en commun de la recherche dans le domaine de la fabrication, de l’installation,
de l’exploitation et du stockage des EnR. Il s’agit également de l’examen en commun des voies
et moyens pour l’accès aux marchés extérieurs pour l’exportation de l’électricité d’origine
renouvelables et le renforcement du partenariat en termes de formation dans les industries des
énergies renouvelables et le transfert du savoir-faire et de la technologie.
114
Un financement dans le cadre de la mise en œuvre de la politique algérienne de développement des énergies
renouvelables (EnR) et de l’efficacité énergétique (EE).
115
Source : ministère de l’énergie et des mines
116
Dii (Desertec Industrial Initiative) est créée en 2009, elle a fini par se dissocier de DII. L’Initiative Industrielle
est passé de 17 partenaires à trois seulement : L’Allemand RWE, le saoudien Acwa Power ET LE Chinois State
Grid.
238
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
239
Chapitre IV : Réalisations et perspectives du secteur des énergies renouvelables Algérien
Conclusion
Le secteur des énergies renouvelables en Algérie est à peine émergent, malgré
l’existence d’un tissus d’entreprise intervenant sur le long de la chaine de valeur de la filière,
sa contribution au mix énergétique est toutefois assez marginale puisqu’elles ne représentaient
que 0.02% du mix énergétique en 2019 (solaire et éolien essentiellement), le reste étant
composé de gaz naturel et du pétrole. Pourtant le pays dispose d’un potentiel suffisant pour
réduire la dépendance aux énergies fossiles notamment pour les différents services fournis par
l’électricité comme l’éclairage, la climatisation, le chauffage et les télécommunications…
L’Absence d’une vision stratégique pour la mise en œuvre du programme national des
énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique a fait que le pays a raté la première étape
de sa transition énergétique. L’objectif tracé pour la période 2015-2020 n’est pas atteint, et il
n’est pas exclu qu’à l’horizon 2030 la production de 37% de l’électricité verte, comme prévu
dans le dit-programme, ne peut être assurée. Le non recours à une stratégie de coopération et
de partenariat a empêché l’Algérie d’une part, de bénéficier des transferts technologiques et du
savoir-faire étranger au niveau régional et international, et d’autre part, de réduire le coût global
de son projet qui est évalué à plus de 60 Milliards de Dollars.
Malgré la création d’un cluster qui regroupe toutes les entreprises de l’industrie des
EnR, Les contraintes de financement et les barrières à l’investissement ont fait que l’industrie
des énergies renouvelables en Algérie est restée en phase de démarrage.
240
Conclusion générale
Conclusion générale
Dans un contexte énergétique mondial marqué par une utilisation massive des énergies
fossiles, la mise en place d’une stratégie cohérente visant à modifier le système énergétique
actuel, arrivée à maturité, est nécessaire. Le développement économique, technologique et la
hausse de la population mondiale sont des facteurs favorisant la hausse de la consommation
d’énergie dans le monde. La satisfaction de la demande en énergies fossiles nécessitera de
242
Conclusion générale
remplacer les gisements existants, par de nouvelles découvertes, ce qui entraînera un besoin
d’investissements importants dans l’amont pétrolier et gazier. La réalisation de ces
investissements est un facteur clé de l’équilibre offre-demande à moyen terme. En d’autres
termes, le principal problème n’est pas la disponibilité des ressources dans le sous-sol, mais la
réalisation en temps utile des investissements nécessaires à la mise en valeur de ces gisements,
pour augmenter la durée de vie des réserves.
Le regain d’intérêt pour les ressources naturelles, dont l’épuisement appelle des
solutions alternatives, doit être accompagné par des politiques d’efficacité et de sobriété
énergétique où les économies devront apprendre à être plus efficaces dans l’utilisation de
l’énergie et moins dépendantes des combustibles fossiles. La dégradation environnementale
provoquée, notamment, par le réchauffement climatique et l’émission de gaz à effet de serre,
soulève la problématique de choix énergétiques plus rationnels pour la collectivité, c'est-à-dire,
socialement soutenable. Nous atteignons aujourd’hui les limites du modèle énergétique actuel
fondé sur l’exploitation massives des combustibles fossiles sans la prise en compte des coûts
sociaux et environnementaux (externalités) qui sont associés à leur production. Si nous
choisissons le développement viable et un accès équitable à l’énergie, alors une refonte du
système énergétique est inéluctable. La sécurité et la continuité des approvisionnements en
énergie ne peut être assurée que par la transition vers un nouveau modèle faisant appel aux
ressources renouvelables.
243
Conclusion générale
moyen terme, est d’arrivé à établir un mix énergétique privilégiant une domination progressive
des énergies vertes, pour atteindre ensuite un déploiement massif et généralisé des ressources
renouvelables. La mise en œuvre de la transition énergétique doit permettre l’émergence d’un
système énergétique plus durable et plus soutenable ce qui permettrait une sécurité des
approvisionnements en énergie et la limitation des gaz à effet de serre.
Dans le deuxième chapitre, l’étude sur les principaux indicateurs économiques du pays
ont révélé que l’Algérie enregistre une démographie dynamique, un PIB par habitant faible
comparativement aux potentialités économiques du pays avec un taux de chômage très élevé et
une dépendance aux hydrocarbures qui représentent 35% du PIB national. Le secteur de
l’énergie occupe une place prédominante dans l'économie nationale. Il est basé sur une
conciliation entre la satisfaction des besoins énergétiques internes, et constituent une source de
revenus importante pour le pays. La politique énergétique mené depuis la nationalisation des
hydrocarbures va dans le sens d’encouragement de la consommation par les subventions de
l’énergie qui pèsent sur les finances publiques du pays.
244
Conclusion générale
245
Conclusion générale
Le Chapitre trois nous a permis également d’identifié les enjeux qui sont liés au
développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Ces enjeux sont
économiques, énergétiques, technologiques et environnementaux. Sur le plan énergétique,
l’insertion des énergies renouvelables dans mix énergétique national se traduirait par une
économie d’énergies fossiles notamment le Gaz naturel dont la quantité est évaluée à 300
milliards de m3 à l’horizon 2030. Les quantités économisées vont servir de surplus qui sera
destiné à l’exportation. Le déploiement des énergies renouvelables permet également de réduire
les inégalités en terme d’accès à l’énergies notamment dans les zones rurales et les zones isolées
du sud du pays. Le développement d’un tissu industriel des EnR qui va générer près de 252 000
emplois est l’enjeu économique principal des EnR en Algérie. Sur le plan du développement
durable, la substitution des énergies fossiles par les renouvelables contribuera à la protection de
l’environnement par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui coûte à l’Algérie
annuellement 7% de son PIB. S’ajoute les engagements internationaux de l’Algérie pour le
climat (protocole de Kyoto) qui oblige le pays à réduire la consommation et l’utilisations des
fossiles au profit des renouvelables. Enfin, et d’une manière globale, l’enjeu principal du
déploiement des énergies renouvelables est, en premier lieu, de faire émerger un secteur
stratégique qui va garantir la sécurité énergétique pour le pays, et qui constituerait une source
246
Conclusion générale
Quatrième chapitre de notre thèse est consacré à notre étude empirique à savoir les
réalisations et les perspectives dans le secteur des énergies renouvelables en Algérie. On a
essayé d’évaluer la stratégie de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité
énergétique, mise en œuvre depuis 2011. D’une part, notre étude s’est focalisée sur les capacités
installées et les quantités d’électricité verte produites, ce qui nous a permet de dégager le taux
de contribution des EnR au mix énergétique national. D’autre part, on a analysé les réalisations
technologiques qui nous ont dévoiler le taux d’intégration national. Enfin, nous avons analysé
les perspectives du développement du secteur, ceci nous a fait découvrir les capacités dont
dispose le pays pour atteindre ses objectifs à l’horizon 2030-2035, et ses opportunités en termes
de coopération régionale et internationale.
Le manque d’efficacité des moyens mobilisés, l’absence d’une vision stratégique pour
la mise en œuvre PNEREE, et la focalisation sur une approche purement technique de la
transition énergétique, ont fait que le pays a raté la première étape de son programme de
développement des EnR. L’objectif tracé pour la période 2015-2020 n’est pas atteint, et il n’est
pas exclu qu’à l’horizon 2030 la production de 37% de l’électricité verte, comme prévu dans le
dit-programme, ne peut être assurée. Pour tenter de combler ce grand retard un nouveau
programme de développement des énergies renouvelables a été lancé en 2019 avec l’objectif
de réaliser une capacité de 16.000 MW à l’horizon 2035, et ce, exclusivement à base de solaire
photovoltaïque. 94% produits par des centrales solaires connectées au réseau électrique
national, dont une première tranche de 4.000 MWc est à réaliser à l’horizon 2024 et les 6%
restants sont à déployer en mode autonome à l’horizon 2030.
247
Conclusion générale
Le débat sur la transition énergétique n’est pas clos dès lors que l’on prend en
considération le processus de sa mise en œuvre. Un consensus semble prendre forme autour de
l’urgence de construire un nouveau paradigme associant efficacité énergétique et efficacité
sociale. Cela signifie qu’il faut repenser les normes d’exploitation de l’énergie dans le sens de
l’amélioration du bien-être de l’ensemble de la population du globe et la protection de
l’environnement. A cet effet, il convient, d’une part, de parvenir à satisfaire la demande
mondiale d’énergie, et d’autre part, utiliser rationnellement l’énergie de façon à réduire la
consommation sans compromettre le développement. Aujourd’hui, la transition énergétique est
devenue incontournable pour répondre aux besoins croissants en énergie, atténuer les risques
liés à la tendance à la baisse des réserves des énergies fossiles qui affectent les marchés et
248
Conclusion générale
réduire les émissions de Gaz à effet de serre. Par conséquent, ces limites, assez proche, doivent
nous obliger à nous tourner vers d’autres façons de produire de l’énergie.
249
Bibliographie
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ANNEXE 1
Guide d’entretien avec le Commissaire aux énergies renouvelables et
l’efficacité énergétique
Nom : YASSA
Prénom : Noureddine
Introduction et présentation
Q5 : Quelles sont les difficultés rencontrées par les entreprises formant le Cluster ?
Questionnement
Q1 : pouvez-vous nous présentez le CDER ?
Q3 : Est- ce qu’il dispose de tous les moyens nécessaires pour mener à bien ses missions ?
Conclusion……………………………………………………………………………………53
Chapitre II : La situation énergétique en Algérie : état des lieux et
perspectives
Introduction………………………………………………………………………………… . 55
Section 1 : Généralités sur la situation énergétique en Algérie……………………………57
1.1. Contexte général de l’Algérie : Principaux indicateurs socio-économiques……...57
1.1.1. La population…………………………………………………………………...57
1.1.2. Les indicateurs de croissance économique…………………………………......57
1.1.3. Indicateurs socio-économiques .......................................................................... 58
1.2. Présentation du secteur de l’énergie en Algérie…………………………………...59
1.2.1. Cadre juridique et institutionnel ........................................................................ 61
1.2.2. Le secteur de l’énergie dans l’économie nationale…………………………… 62
1.3. La politique énergétique en Algérie………………………………………………64
1.3.1. La notion de politique énergétique…………………………………………… 64
1.3.2. La branche hydrocarbures………………………………………………………64
1.3.2.1. Les lignes directrices de la politique énergétique……………………………..67
1.3.3. La branche électricité et distribution de Gaz naturel…………………………...72
1.3.3.1. La branche électricité ...................................................................................... 73
1.3.3.2. La distribution du Gaz naturel………………………………………………..81
1.4. La Politique des Prix des Produits Energétiques………………………………….85
Section 2 : l’analyse du bilan énergétique Algérien ............................................................ 85
2.1. Présentation du bilan énergétique Algérien ………………………………………86
2.1.1. La notion du bilan énergétique………………………………………………….86
2.1.2. Structure et cadre comptable du bilan ................................................................ 86
2.1.3. Taux de conversion……………………………………………………………..87
2.1.3.1. Cas de l’électricité…………………………………………………………….87
2.2. L’analyse des indicateurs énergétiques ................................................................ 88
2.2.1. L’état des réserves .............................................................................................. 88
2.2.1.1. Les réserves pétrolières ................................................................................... 88
2.2.2.1. Les réserves Gazières ...................................................................................... 89
2.2.1.3. Hydrocarbures non Conventionnels…………………………………………. 90
2.2.2. L’état de la Production………………………………………………………….90
2.2.2.1. La production d’énergie primaire (Mtep)………………………………........ 90
2.2.2.2. La production d’énergie dérivée (Mtep)………………………………………92
2.2.3. L’état de la consommation……………………………………………………...93
2.2.3.2. Consommation d’énergie par habitant………………………………………..94
2.2.3.3. La consommation finale d’énergie primaire par produit énergétique…………95
2.2.3.4. Consommation finale d’énergie primaire par secteur d’activité………………96
Section 3 : Prévision de la demande énergétique à l’horizon 2030………………………..97
3.1. Prévision de la demande d’électricité à l’horizon 2030…………………………..98
3.1.1. Prévision de la demande électrique à l’horizon 2030 sur le R.I.N……………101
3.1.1.2. Les prévisions de la production de l’électricité sur le R.I.N………………... 101
3.1.1.2. Les prévisions de la demande de l’électricité sur le R.I.N…………………..102
3.2. Prévision de la demande de Gaz Naturel à l’horizon2030……………………….104
3.2.2. Les prévisions de la demande Gazière du marché national……………………105
3.2.3. Les prévisions de la demande des centrales électriques………………………106
3.2.5. Les prévisions de la demande de l’industrie…………………………………..107
Conclusion…………………………………………………………………………………..109
Annexes
Bibliographie
Tables des matières
Résumé
La transition énergétique vise à étudier les conditions, moyens et conséquences de la
modification des structures de production énergétique existantes basées sur les technologies
fossiles vers celles intégrant les technologies propres. L’analyse de la transition énergétique
propose une architecture institutionnelle, technologique, sociologique, réglementaire et
managériale favorisant la convergence vers un système énergétique durable à travers la
diffusion et l’adoption des technologies renouvelables.
Cette thèse porte sur la stratégie qui a été mise en place pour promouvoir les EnR dans
le cadre de la nouvelle politique énergétique Algérienne. Dès 2011, L’Etat a mis en place un
programme de transition vers les sources d’énergies renouvelables. L’objectif de notre thèse est
double : faire apparaitre la stratégie permettant de converger vers un nouveau modèle
énergétique durable, d’une part, et évaluer le choix des politiques incitatives au déploiement
des énergies renouvelables en terme de projets réalisés et de capacités installées, d’autre part.
Notre recherche montre que les résultats obtenus, jusque-là, sont en deçà des objectifs
assignés à ce programme notamment une maigre contribution des sources d’énergies
renouvelables dans le bilan énergétique nationale et une faible diversification des sources
énergétique du pays.
Mots clés Mots : Politique énergétique, énergies renouvelables, transition énergétique,
efficacité énergétique, développement durable.
Summary
The energy transition aims to study the conditions, means and consequences of
modifying existing energy production structures based on fossil technologies towards those
integrating clean technologies. The analysis of the energy transition proposes an institutional,
technological, sociological, regulatory and managerial architecture promoting convergence
towards a sustainable energy system through the dissemination and adoption of renewable
technologies.
This thesis focuses on the strategy that has been put in place to promote renewable
energies within the framework of the new Algerian energy policy. In 2011, the State set up a
transition program towards renewable energy sources. The objective of our thesis is twofold: to
reveal the strategy making it possible to converge towards a new, more sustainable energy
model, on the one hand, and to evaluate the choice of incentive policies for the deployment of
renewable energies in terms of installed capacities, on the other hand.
Our research shows that the results obtained, so far, are below the objectives assigned
to this program, in particular a meager contribution of renewable energy sources in the national
energy balance and a weak diversification of the country's energy sources.
التنمية المستدامة، كفاءة الطاقة، انتقال الطاقة، الطاقات المتجددة، سياسة الطاقة:الكلمات المفتاحية