Origine Et Dynamique Des Ions Controlant La Mineralisation Des Eaux Des Sources Dans La Partie Amont de La Vallee de L Oued Labiod W Batna Algerie

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Hydroscience Journal

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Origine et dynamique des ions controlant la


mineralisation des eaux des sources dans la
partie amont de la vallee de L’oued Labiod, (W)
Batna, Algerie. Regions : Ichemoul, Arris, T’kout et
Ghassira

Nafaa Brinis, Ali Brahmia, Ahmed Hamel & Slimane Benhamida

To cite this article: Nafaa Brinis, Ali Brahmia, Ahmed Hamel & Slimane Benhamida (2021)
Origine et dynamique des ions controlant la mineralisation des eaux des sources dans la partie
amont de la vallee de L’oued Labiod, (W) Batna, Algerie. Regions : Ichemoul, Arris, T’kout et
Ghassira, LHB, 107:1, 1-10, DOI: 10.1080/27678490.2021.1974285

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LHB: HYDROSCIENCE JOURNAL
2021, VOL. 107, 1974285
https://doi.org/10.1080/27678490.2021.1974285

Origine et dynamique des ions controlant la mineralisation des eaux des


sources dans la partie amont de la vallee de L’oued Labiod, (W) Batna, Algerie.
Regions : Ichemoul, Arris, T’kout et Ghassira
a
Nafaa Brinis , Ali Brahmiab, Ahmed Hamelc and Slimane Benhamidad
a
Laboratoire de Mobilisation et Gestion des Ressources en Eau, Université Batna 2, ISTU, Géologie, Batna, Algérie ; bDpt de Géologie,
Université de Guelma, Guelma, Algérie ; cDirection des ressources en eau (DRE, Biskra, Algérie ; dAgence Nationale des Ressources
Hydrique (ANRH, Ouargla, Algérie

RESUME MOTS-CLES
Les sources sont nombreuses dans les Aurès. Elles constituent une opportunité aux populations Aurès ; Vallée Labiod ; facies
des montagnes ou le raccordement au réseau AEP est souvent difficile. Elles sont utilisées pour chimique ; carbonates ;
l’AEP, mais en majorité pour l’irrigation des cultures. Dans ce papier nous tentons de classer une gypse
vingtaine de sources pérennes et de chercher l’origine de la minéralisation en rattachant chaque KEYWORDS
classe à un contexte lithologique. Ces sources appartiennent à plusieurs familles chimiques dont Aures; Valley Labiod; Type of
les faciès apparents ne reflètent pas forcément les compositions lithologiques des aquifères water; carbonate; gypsum
correspondants. Ainsi, une eau carbonatée traversant des formations évaporitiques peut acquérir
un nouveau faciès, ce qui complique davantage les interprétations. La combinaison entre la
simulation thermodynamique, la statistique et l’hydrochimie a donné des résultats satisfaisants
sur l’identité chimique de ces eaux. Il s’agit, en effet, de deux familles : une des eaux carbonatées ;
dominante avec 63% des prélèvements. L’autre gypsifère avec 37% des échantillons contrôlés. Le
rapport rHCO3/rSO4 donne souvent des valeurs supérieures à 1 qui peuvent atteindre le seuil de
5. Les résultats indiquent que : Ca, SO4, HCO3 et Mg contrôlent la minéralisation des eaux. Les
phénomènes qui ont générés ces deux familles sont multiples et concernent essentiellement la
composition lithologique des aquifères ainsi que les mécanismes d’acquisition de la
minéralisation durant le parcours souterrain avant d’atteindre la surface.

Origin and dynamics of ions controlling the mineralisation of water’s


spring of the upstream part of the Wady Labiod Valley, (W) BATNA,
Algeria. Regions: Ichemoul, Arris, T’Kout and Ghassira
ABSTRACT
There are several springs in the “Aures”. They represent an opportunity for mountain populations
where connection to the drinking water is difficult. They are used for human consumption, but
mostly for agriculture. In this paper we try to classify about twenty perennial springs and identify
the origin of the mineralisation by linking each class to a lithological context. These sources
belong to several chemical groups whose apparent type do not necessarily reflect the lithological
composition of the corresponding aquifers. Thus, a carbonated water passing through evaporitic
formations can acquire a new facies, which further complicates the interpretations. The combi­
nation of thermodynamic simulation, statistics and hydrochemistry has given satisfactory results
on the chemical identity of these waters. There are, in fact, two groups : one of the carbonated
waters ; dominant with 63% of samples. The other gypsum with 37% of the samples checked. The
rHCO3/rSO4 ratio often gives values superior than 1 which can reach the threshold of 5. The
results indicate that : Ca, SO4, HCO3 and Mg control the mineralisation of the water. The
phenomena that generated these two groups are multiple and mainly concern the lithological
composition of aquifers as well as the mechanisms of mineralisation acquisition during the
underground journey before reaching the surface.

1. Introduction
La dissolution des minéraux de la roche encaissante La région, objet de cette étude, est typiquement
dans l’eau, est le facteur prédominant qui contrôle la montagneuse avec ses reliefs et ses forets ; il s’agit de
composition chimique de ces eaux. L’étude hydrochi­ la partie nord de la vallée de l’oued Labiod qui appa­
mique des sources d’eau est relativement compliquée rtient au massif des Aurès, composante principale de
dans la mesure où leurs eaux traversent dans leurs l’Atlas saharien de l’Algérie orientale. Elle englobe les
parcours vers la surface des lithologies différentes. régions d’Ichemoul, Arris, T’kout et Ghassira.

CONTACT Nafaa Brinis [email protected] Laboratoire de Mobilisation et Gestion des Ressources en Eau, Université Batna 2, ISTU, Géologie,
Batna, Algérie
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2 N. BRINIS ET AL.

Figure 1. Situation géographique de la zone d’étude.

Administrativement cette région se trouve dans la affleurements qui concerne la zone d’étude. Les for­
wilaya de Batna aux frontières immédiates de la wilaya mations d’âge secondaire, notamment d’âge Crétacé
de Biskra au sud Figure 1. sont essentiellement carbonatées formant des
Les eaux de la vallée aboutissent en fin de parcours aquifères karstiques captifs à extension régionale sou­
dans le barrage de Foum El Gharsa. L’exutoire naturel vent multicouche à cause des intercalations mar­
est le chott Melghir au sud de Biskra. neuses, produisant des eaux de bonne qualité. Les
Morphologiquement le bassin se présente comme formations tertiaires contiennent des aquifères moins
une vallée allongée entre les grands reliefs de Dj. importants que ceux du secondaire, il s’agit de
Azreg (1937 m) et Dj.Zellatoo (1994 m) à l’ouest et l’Eocène inférieur constitué de calcaires à silex, d’âge
Dj. Ahmar Khadou à l’est. Yprésien–Lutétien inférieur comportant parfois des
L’ensemble de la vallée qui s’étend jusqu’aux terri­ formations gypsifères (Hamel, 2009). Son épaisseur
toires de la wilaya de Biskra est soumis à un climat très diminue du Nord vers le Sud où il se trouve enfouis
contrasté entre la partie nord, de type méditerranéen sous les dépôts de l’Oligo–Miocène à une profondeur
où la pluviométrie atteint 450 mm/an avec plus de 20 de 300 m. Le Miocène est formé de poudingues, sables
jours de neige durant l’année, et le sud caractérisé par et grés intercalés d’argiles. L’ensemble se termine par
un climat variant du subsaharien à aride enregistrant les conglomérats du Pliocène. Ce sont des dépôts de
une pluviométrie ne dépassant pas 200 mm/an. remplissage souvent en continuité avec les alluvions
Les sources sont très nombreuses sur les versants du Quaternaire. Ce dernier aquifère est en majorité
des montagnes et au milieu des collines de la zone libre.
d’étude. Elles constituaient, jadis, la seule ressource Du point de vu tectonique, la région a subi
en eau. Plusieurs d’entre elles n’existent plus à différentes phases orogéniques qui ont fait naître les
cause des pompages intensifs à partir du nombre structures synclinales et anticlinales, la phase
important des forages implantés dans la région ; Atlasique (Lutétien sup) et la phase post Miocène
d’autres dépendent de l’importance de la supérieur (Laffitte, 1939).
pluviométrie.
On s’intéresse dans ce papier à la classification
hydrochimique et statistique d’une vingtaine de 3. Matériels et méthodes
sources pérennes dans la région en tentant de suivre
L’échantillonnage a intéressé une vingtaine de sources
la dynamique des ions dissous dans l’eau et rattacher,
d’eau, dans le cadre d’une étude réalisée par la
éventuellement, chaque classe à une entité lithologique
SONATRACH (société nationale de transport et de la
bien déterminée.
commercialisation des hydrocarbures) pour le compte
de la Direction d’Hydraulique de la wilaya de Batna.
Les analyses ont été réalisées au laboratoire de
2. Contexte geologique et hydrogeologique
l’Agence Nationale des Ressources Hydriques
Le massif des Aurès constitue l’extrémité nord orien­ (ANRH) de Constantine.
tale de la chaîne Atlasique. La série stratigraphique Les sources ne sont pas toutes aménagées et donc
identifiée au niveau de la vallée de l’oued Labiod est les échantillons ont été pris après nettoyage de la zone
plus ou moins continue du Trias au quaternaire. La de prélèvement. Des exigences strictes ont été
Figure 2 est le résultat de l’assemblage de 4 cartes respectées pendant toute l’opération de prélèvement.
géologique (Batna, Barika, M’Ziraa et Biskra) au Concernant les paramètres sensibles tels que la
200 000 (Agence Nationale des Ressources température, la conductivité électrique (CE) et le pH,
Hydrauliques [ANRH], 2008), elle indique les ils ont été mesurés sur le terrain à l’aide d’une sonde
LHB: HYDROSCIENCE JOURNAL 3

Figure 2. Géologie de la zone d’étude (ANRH, 2008).

Tableau 1. Caractéristiques statistiques des analyses physico- Tableau 2. Matrice de corrélation des paramètres chimiques
chimiques. mesurés.
Variable Minimum Maximum Moyenne Ecart-type CV% Ca Mg Na K HCO3 S04 Cl NO3 CE
Ca 44 356 137.37 72.37 52.69 Ca 1.000
Mg 7 88 25.90 19.39 74.89 Mg 0.321 1.000
Na 7 175 38.40 41.85 109.07 Na 0.513 0.877 1.000
K 1 3 1.50 0.61 41.51 K 0.534 0.716 0.878 1.000
HCO3 146 561 288. 89.77 31.17 HCO3 0.790 0.514 0.709 0.600 1.000
S04 48 566 204.20 148.51 72.74 S04 0.894 0.634 0.709 0.711 0.681 1.000
Cl 10 250 55.0 61.18 111.12 Cl 0.585 0.851 0.978 0.831 0.754 0.735 1.000
NO3 7 61 16.8 15.81 93.89 NO3 0.336 0.591 0.674 0.720 0.241 0.537 0.673 1.000
CE 423 2225 989.3 504.46 50.99 CE 0.837 0.760 0.889 0.826 0.827 0.936 0.914 0.615 1.000
pH 7 7.9 7.4 0.23 3.08
Teneurs exprimées en mg/l, CE en µS/cm, CV en % et pH sans unité.

Daniele et al., 2008) et ainsi les ions dominants ont fait


multi-paramètre de type HANNA (HI 9812-5). Les l’objet d’un traitement statistique par une corrélation
ions analysés au laboratoire sont le calcium, le simple (Tableau 2) pour identifier le degré de
magnésium, le sodium, le potassium, le chlorure, le dépendance entre eux, puis par une corrélation multi­
bicarbonate, le sulphate, et les nitrates (Tableau 1). ple en adoptant la classification ascendante
Les méthodes utilisées sont celles préconisées par hiérarchique (CAH) à l’aide du logiciel XLSTAT
(Rodier et al., 2009). La balance ionique entre cations 2007.1 -(version Demo) ; l’objectif est de déterminer
et anions est inférieure à 8%. les principaux facteurs qui contrôlent le chimisme de
Le dépouillement des résultats d’analyse a permis, ces eaux. Cette méthode statistique a été largement
tout d’abord, la détermination des faciès chimiques en appliquée pour enquêter sur des phénomènes de l’en­
utilisant le diagramme de piper (Ben Alaya et al., 2014 ; vironnement et les processus hydrogéochimiques à
4 N. BRINIS ET AL.

travers le monde (Ahoussi et al., 2010 ; Amadou et al., entre la teneur en ions chlorures de la solution
2014 ; Belkhiri et al., 2010 ; Brinis et al., 2015 ; considérée avec la plus petite teneur en ions chlorures
Montcoudiol et al., 2015 ; Ngouala Mabonzo, 2020 ; observée dans l’ensemble des solutions (Gallali, 1980).
Templ et al., 2008) Enfin, quelques couples chimiques ont été
Par ailleurs, l’équilibre eau-roche est atteint testés pour faire ressortir certains phénomènes relatifs
lorsque l’indice de saturation IS = 0. Si IS>0, à la dynamique simultanée de ces ions.
l’eau est sursaturée, la précipitation des minéraux
est nécessaire pour atteindre l’équilibre, par contre
si IS<0, l’eau est sous-saturée, la dissolution des
4. Résultats et discussion
minéraux est nécessaire pour atteindre l’équilibre
(Yidana et al., 2008). Il est important d’étudier cet La projection de ces résultats sur le diagramme de
indice pour vérifier l’état des minéraux dans l’eau. Piper à l’aide du logiciel « Diagrammes » (Simler,
Pour cela, une simulation à l’aide du logiciel 2012) Figure 3 laisse apparaitre deux familles :
PHREEQC, (Demirel & Güler, 2006 ; Parkhurst
& Appelo, 2013) a été réalisée. ● Une famille des eaux carbonatées avec un faciès
Pour suivre la dynamique des différents bicarbonaté calcique représentant 63% de l’ensem­
paramètres de la minéralisation et leur évolution ble des prélèvements. Le rapport rHCO3/rSO4
par rapport à la concentration globale dans l’eau, varie entre 1.2 et 4.7 et est dans 75% des cas
nous avons calculé le facteur de concentration dont supérieur à 1.5.
l’estimation se fait en utilisant un traceur chimique. ● Une famille des eaux évaporitiques ; le faciès
Il fait partie de la composition chimique des eaux caractéristique est sulfaté calcique, ce qui
étudiées et ne doit pas participer à des phénomènes représente 37% des échantillons analysés. Le rap­
de précipitation ou d’échange avec la roche port rHCO3/rSO4 varie dans la totalité des sources
réservoir. Ceci peut se traduire par la relation sim­ entre 0.5 et 0.9.
ple de proportionnalité entre la molalité de ce tra­
ceur à l’état initial et sa molalité à l’état final On remarque par ailleurs que les eaux évaporitiques
(Barbiero, 1992) sont caractérisées par des conductivités élevées contra­
Les ions chlorures sont généralement utilisés irement aux eaux carbonatées (Figure 4).
comme traceur chimique pour déterminer l’état de Enfin, le calcul du coefficient de corrélation entre
concentration ou de dilution d’une eau. Cela signifie l’activité des ions en mmol/l (simulation à l’aide Phreeq.
que pour classer une série de solutions en fonction de C) avec le TDS confirme l’influence des ions Ca, Na, K,
leur concentration, on utilise généralement le quotient HCO3, Cl et SO4 sur le chimisme des eaux (Figure 5).

Figure 3. Représentation graphique sur le diagramme de Piper des résultats d’analyse.


LHB: HYDROSCIENCE JOURNAL 5

Figure 4. Impact de la dissolution des différentes roches sur la Conductivité électrique.

Figure 5. Coefficient de corrélation (r) entre activité ionique et TDS.

4.1. Analyse statistique des paramètres mesurés exemple, les eaux qui traversent les terrains
évaporitiques se chargent plus rapidement en sels dis­
L’analyse statistique cherche à déceler la variabilité des
sous que les eaux qui traversent des terrains carbonatés.
teneurs dans l’espace (coefficient de variation « CV% »)
ainsi que les liaisons (corrélation simple et multiple)
pouvant exister entre les paramètres mesurés et donner 4.1.2. Corrélation simple (élément à élément)
par conséquent une approche sur la dynamique spatiale Un essai de corrélation (Tableau 2) des différents
de ces paramètres. paramètres étudiés a mis en évidence une relation
étroite entre Ca, Mg, Na, SO4, Cl et la conductivité
électrique (CE). Cette relation se traduit par des coeffi­
4.1.1. Statistique descriptive cients de corrélation se rapprochant de « 1 ». Les liens
Le tableau1 ci-après présente un résumé de la statis­ significatifs peuvent être probablement attribués à des
tique descriptive des paramètres mesurés. On admet origines communes de certains de ces éléments.
qu’un CV inférieur à 50% témoigne d’une certaine
homogénéité dans l’amplitude des teneurs observées
entre valeurs minimales et maximales ce qui veut dire 4.1.3. Corrélation multiple
que les valeurs observées sont proches de la moyenne Puis ces résultats ont fait l’objet d’un traitement statis­
calculée. Par contre, les paramètres présentant un CV tique par la méthode de la Classification Ascendante
supérieusr à 50% indiquent une grande déviation par Hiérarchique (CAH) à l’aide du logiciel XLSTAT
rapport à la moyenne de l’ensemble des observations. 2007.1 cha (version Demo).
On remarque que l’écart à la moyenne (CV%) est
considérable pour la totalité des éléments (à l’exception 4.1.4. Classification des variables
du pH). Le pourcentage de l’écart avoisine 100 % de la Le graphique de la classification des variables Figure 6
valeur de la moyenne et même le dépasse parfois. Ce montre le regroupement des variables dans deux
coefficient donne déjà une idée sur la variabilité de la ensembles principaux ; le premier englobant les sul­
répartition spatiale des paramètres étudiés ; ceci peut phates, le calcium, les bicarbonates et la conductivité
être expliqué surtout par l’appartenance des eaux à des électrique. Ce groupe contrôle la minéralisation des
aquifères différents dont le lessivage des roches eaux des sources étudiées et représente l’influence
traversées ne se fait pas de la même manière. Par principale sur la conductivité. En effet, les faciès
6 N. BRINIS ET AL.

Figure 6. Classification ascendante hiérarchique des variables.

bicarbonaté et gypsifère sont dominants. Le deuxième 4.2.1. Dynamique du sodium


groupe englobe les variables ; chlorure, sodium, L’observation du graphique de la Figure 8 montre que
magnésium et potassium. Ces ions sont moins impor­ la dynamique du sodium suit parfaitement celle de la
tants en teneurs que ceux du premier groupe. concentration globale, ceci peut être expliqué par l’or­
igine commune de cet ion et les chlorures (la halite).
4.2. Dynamique des ions avec le facteur de
4.2.2. Dynamique des bicarbonates et du calcium
concentration (FC)
Les diagrammes de concentration Figure 9 indiquent
On sait que l’importance du paramètre TDS reflète que les eaux se trouvent déjà riches et saturées en
celle de la concentration des ions dans l’eau. calcium et bicarbonate au début de la concentration
Le diagramme Figure 7 montre que la droite de (Fc = 1), toutefois, on remarque que la pente de la
l’évolution du log (TDS) est presque parallèle à celle du droite caractérisant la dynamique du Ca est plus
log (facteur de concentration) (r « TDS/FC » = 0,8275) et importante que celle des bicarbonates ce qui laisse
se fait selon la même pente, ceci confirme la possibilité supposer qu’en plus de la calcite, le Ca est généré par
d’utilisation des chlorures comme traceur pour le suivi de une autre source, il s’agit ici probablement, du gypse
la concentration globale. (sulphates de calcium).

Figure 7. Relation entre TDS et facteur de concentration.


LHB: HYDROSCIENCE JOURNAL 7

Figure 8. Diagramme de concentration du sodium.

Figure 9. Diagrammes de concentration du calcium et bicarbonates.

Figure 10. Relation facteur de concentration et indice de saturation de la calcite.

Vers la fin, soit à partir du log FC entre 1 – 1.4, (lorsque 4.2.3. Dynamique des sulphates
les eaux deviennent plus concentrées), la courbe de ten­ L’évolution des sulphates est illustrée dans le dia­
dance du calcium semble s’incurver légèrement indi­ gramme de la Figure 11 qui trace une évolution
quant ainsi sa participation à des précipitations ou simultanée avec log (FC). Le nuage de points
annonçant l’existence d’autres phénomènes provoquant présente à la fin de la concentration pour une
sa diminution dans les eaux. Alors que celle des bicarbo­ valeur du log (FC) entre 1.2 à 1.4 une diminution
nates est relativement stable. semblable dans une certaine limite à celle
Pour mieux comprendre ce qui se passe réellement et remarquée dans le diagramme du calcium.
faire ressortir tous les phénomènes possibles, nous De même que pour la calcite, le diagramme
avons utilisé l’indice de saturation (SI) de la calcite Figure 12 qui trace la combinaison de l’indice de
(CaCO3) que nous avons combiné dans le même gra­ saturation du gypse avec le facteur de concentra­
phique avec le facteur de concentration (Figure 10). Le tion montre que le nuage de points s’oriente au
résultat montre : départ vers un équilibre puis revient à un état de
sous-saturation.
● Au début de la concentration les eaux sont
équilibrées à légèrement sous-saturées par rap­
port à la calcite (SI entre −0.05 à+0.06), 4.2.4. Dynamique du magnésium
● Puis elles tendent vers la saturation avec l’augmen­ Concernant le magnésium, Figure 13, on remarque que
tation de la minéralisation jusqu’à un seuil de son diagramme de concentration suit grossièrement le
SI = 1.17. facteur de concentration, cependant, on note une
● Enfin, elles ont tendance à revenir vers l’état diminution puis une légère augmentation de sa
d’équilibre avec la calcite (SI = 0.34). concentration.
8 N. BRINIS ET AL.

Figure 11. Diagramme de concentration des sulphates.

Figure 12. Relation facteur de concentration et indice de saturation du gypse.

Figure 13. Diagramme de dynamique du magnésium.

L’importance du calcium masque l’apparition du chargent en profondeur par les minéraux de la disso­
faciès magnésien. Schoeller, 1962 ; explique ce lution des roches carbonatées. Arrivant en surface,
phénomène dans ses études « Dans les dolomies les deux tendances peuvent se remarquer :
phénomènes sont du même genre que dans les calcaires. Première tendance : Les eaux sortent directe­
Mais, d’une manière générale, il semble que le rapport ment dans les calcaires et le caractère carbonaté
rMg/rCa soit plus petit dans l’eau que dans les roches, en est conservé (63 % des eaux prélevés sont de
particulier dans les calcaires dolomitiques. La calcite est, faciès carbonaté). Effectivement, les points
en effet, plus soluble que la dolomite. » concernés par ce faciès émergent dans des affleure­
Rappelant, par ailleurs, que cet ion (Mg) provient ments carbonatés notamment ceux d’Ichemoul et
à la fois des roches carbonatées et évaporitiques et Arris (Figure 2).
participe souvent à des échanges de base. Deuxième tendance : Ces eaux se diluent en
entrant en contact avec les eaux des roches
gypsifères, et participent par l’occasion à la dilution
4.3. Discussion
de ces dernières. Il s’agit des points qui émergent dans
La dynamique du calcium, des sulphates, de la calcite les affleurements tertiares ou les formations quater­
et du gypse indique une concentration des eaux en sels naires notamment ceux des régions de T’kout et
puis une dilution. Nous pensons que les eaux se Ghassira (Figure 2).
LHB: HYDROSCIENCE JOURNAL 9

Figure 14. Relation (Ca+Mg) vs (SO4+HCO3).

Pourquoi nous pensons que les eaux du faciès Le magnésium aurait donc un rôle dans le chi­
gypsifère se mélangent (diluent) avec les eaux misme des eaux des sources étudiées en dépit de son
carbonatées avant leur émergence ? La réponse réside absence parmi les faciès dominants.
dans le rapport « rHCO3/rSO4 » qui varie entre 0.5 et 4.7
; ce qui veut dire que dans certains cas, les bicarbonates
dépassent de 5 fois la teneur des sulphates, alors que dans 5. Conclusion
les eaux gypsifères étudiées, la teneur en sulphates ne
La vallée de l’oued Labiod fait partie du massif des
dépassent pas, dans les meilleurs des cas, le double des
Aurès dans l’atlas saharien au nord-est algérien ou
bicarbonates. D’autant plus que les teneurs en sulphates
le paysage est façonné dans des calcaires qui appa­
ne sont pas vraiment importantes (SO4 moy = 204 mg/l)
rtiennent à plusieurs niveaux géologiques, notam­
malgré la présence des roches gypsifères qui normale­
ment d’âge secondaire (maestrichtien, turonien,
ment, une fois traversées par les eaux atteignent très
albien, aptien . . .) dont les compositions minérales
rapidement de hautes teneurs en CaSO4 allant très sou­
ainsi que le mode de fissuration ne sont pas totale­
vent jusqu’à saturation dépassant dans tous les cas les
ment identiques. S’ajoutant à cela les passages mar­
teneurs en CaCO3. (Schoeller, 1962)
neux, parfois argileux qui caractérisent ces niveaux
Nous remarquons que le phénomène de dilution qui
et la présence de formations évaporitiques notam­
contrôle la concentration du calcium, des bicarbonates
ment dans les niveaux d’âge tertiaire (oligocène,
et des sulphates ne semble pas affecter le magnésium. La
lutétien) ; tous ces facteurs font que les sources
position de cet ion le chimisme des eaux étudiées est un
d’eau de ce massif présentent plusieurs groupes
peu ambiguë : Il présente un coefficient de corrélation
chimiques en relation avec cette lithologie, pouvant
avec les chlorures de l’ordre de 0.8. Il se place, aussi,
être regroupées dans deux familles principales :
dans le même groupe avec ces derniers ainsi que le
carbonatée (63%) et gypsifère (37%).
sodium et le potassium dans la classification ascendante
hiérarchique (CAH) ce qui laisse supposer la possibilité Le traitement statistique confirme la présence de
de son évolution avec les chlorures, or un essai de ces groupes et met en évidence un coefficient de varia­
combinaison dans le même graphique de ces deux tion (CV) très important témoignant d’une variabilité
ions (chlorures et magnésium) ne semble pas indiquer de la distribution des teneurs de ces ions dans les eaux.
une dépendance ; par contre, la représentation de la Toutefois, la corrélation entre ces éléments indique
relation r(SO4+HCO3) – r(Ca+Mg), Figure 14 donne une dépendance entre Ca, Mg, Na, SO4, Cl et la
un alignement parfait du nuage des points. conductivité électrique (CE).
Les eaux dans leur ascendance à partir des profon­ La manière selon laquelle se fait la dynamique
deurs contiennent mais à des faibles teneurs du des éléments chimiques indique une concentration
magnésium, une fois proche de la surface, elles se des eaux en sels puis une dilution. En effet, les eaux
chargent davantage, en contact avec les terrains se chargent en profondeur par les minéraux de la
gypsifères en magnésium ainsi que d’autres éléments. dissolution des roches carbonatées, arrivant en sur­
En effet, « Il est à remarquer que l’augmentation du face, les eaux peuvent sortir directement dans les
SO4 entraîne non seulement une augmentation du calcaires et le caractère carbonaté est conservé (63
calcium, mais aussi du magnésium, le gypse renfermant % des eaux prélevés sont de faciès carbonaté), ou se
toujours une proportion plus ou moins grande de Mg. diluent en entrant en contact avec les eaux des
D’ailleurs, une fois la saturation de CaS04 atteinte, Ca roches gypsifères, pauvres en bicarbonates, et par­
ne peut plus augmenter. Seul MgSO4 peut encore se ticipent par l’occasion à la dilution des eaux con­
dissoudre » (Schoeller, 1962). tenues dans ces roches.
10 N. BRINIS ET AL.

Le magnésium qui n’apparaît pas comme faciès Daniele, L., Bosch, A. P., Vallejos, A., & Molina, L. (2008, June
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