Cours - Contrôle Interne
Cours - Contrôle Interne
Cours - Contrôle Interne
Crédit(s): 5
L'objectif de ce cours est de familiariser l'étudiant avec le contrôle interne dans l'entreprise
en ciblant trois objectifs principaux : la réalisation et l’optimisation des opérations, la
fiabilité des informations financières et la conformité aux lois et règlements en vigueur.
L'étudiant y apprendra à identifier les facteurs de risque internes et externes et à évaluer
leur impact sur l’atteinte des objectifs de l’entreprise. Il étudiera également les contrôles
susceptibles de prévenir ou de détecter les anomalies. Une attention particulière sera
apportée aux particularités du contrôle interne dans l’entreprise.
A la fin du cours, l'étudiant sera en mesure d'évaluer la conception, la mise en œuvre et
l'efficacité des contrôles internes et de recommander des solutions pratiques d'amélioration
des contrôles afin de mitiger les risques potentiels pouvant affecter la fiabilité des états
financiers, le respect des lois et de la réglementation en vigueur et la réalisation et
l'optimisation des opérations.
3
Références
10- Yaich, A. (2012). Les référentiels de contrôle interne. Les éditions Raouf Yaich,
Sfax, Tunisie.
4
Semaine Cours
5
CHAPITRE 1 -
PRESENTATION GENERALE DU CONTROLE INTERNE
Les définitions de Contrôle Interne sont nombreuses, mais l'accord se fait sur l'essentiel. Selon
l’ordre des experts comptables agrées Français (1977), "Le contrôle interne est l'ensemble des
sécurités contribuant à la maîtrise de l'entreprise. Il a pour but, d'un côté, d'assurer la protection,
la sauvegarde du patrimoine et la qualité de l'information, de l'autre l'application des
instructions de la Direction et de favoriser l'amélioration des performances. Il se manifeste par
l'organisation, les méthodes et procédures de chacune des activités de l'entreprise pour
maintenir la pérennité de celle-ci".
Selon l’Americain Institute of Certified Public Accountants (1978), "Le contrôle interne est
formée de plans d'organisations et de toutes les méthodes et procédures adoptées à l'intérieur
d'une entreprise pour protéger ses actifs, contrôler l'exactitude des informations fournies par la
comptabilité, accroître le rendement et assurer l'application des instructions de la Direction".
Selon le paragraphe 4 (c) de la norme ISA (International Standard of Auditing) 315 révisée,
"Le contrôle interne est un processus conçu, mis en place et supervisé par les personnes
constituant le gouvernement d’entreprise 1, la Direction et autre personnel, pour fournir une
1 La gouvernance d’entreprise a été définie par Charreaux (1997) comme étant ‘‘l’ensemble des mécanismes
qui ont pour effet de délimiter les pouvoirs et d’influencer les décisions des dirigeants, autrement dit, qui
‘gouvernent’ leur conduite et définissent leur espace discrétionnaire’’ (p. 421). Selon la norme ISA 260 de
l’IFAC, les personnes constituant le gouvernement d’entreprise sont les personne(s) ou organe(s) ayant la
6
assurance raisonnable quant à la réalisation des objectifs d’une entité en ce qui concerne la
fiabilité de l’information financière, l’efficacité et l’efficience des opérations, ainsi que leur
conformité avec les textes législatifs et réglementaires applicables".
Plus récemment, le rapport COSO 2013, publié en mai 2013, présente la définition suivante du
contrôle interne : Le contrôle interne est un processus mis en œuvre par le conseil, le
management et les collaborateurs d’une entité, destiné à fournir une assurance raisonnable
quant à la réalisation d’objectifs liés aux opérations, au reporting et à la conformité.
Le contrôle interne est destiné à aider à la réalisation d'une multitude d'objectifs regroupés en
cinq grandes catégories :
- Protection et sauvegarde du patrimoine de l'entreprise;
- Performance et optimisation des opérations;
- Qualité des informations;
- Conformité aux lois et réglementations en vigueur et autres règles adoptées par l'entreprise.
- La prévention et la détection d’erreurs et des fraudes.
responsabilité de surveiller la stratégie de l’entité et les obligations de celle-ci de rendre compte. Cette
responsabilité inclut la surveillance du processus d’élaboration de l’information financière.
7
La liste des risques encourus et préjudices possibles serait infinie et, par là même, l'objectif de
protection et de sauvegarde du patrimoine et des hommes est très large. Certes, l'action de
contrôle ne peut s'exercer avec la même efficacité contre les différents types de risques.
L'entreprise, tout au long, de sa vie, est exposée à une multitude de risque, dont l'importance
varie en fonction de leurs origines. Dans ce contexte, ces risques pourraient être regroupés en
trois grandes classes.
Tableau 1. Les principaux types de risque encourus par une entreprise
8
2. Performance et optimisation des opérations
Le contrôle interne poursuit un objectif d'amélioration des performances et aide à
l'identification des risques émergents et à la réalisation des changements nécessaires. Il aide
aussi au développement de la rigueur génératrice de performance.
10
C'est ainsi qu'une information trop tardive est impertinente voire même, dans certains cas,
nuisible.
4. Conformité aux lois et réglementations en vigueur et aux autres règles adoptées par
l'entreprise
Le respect des lois et des réglementations participe à l'objectif sécurité de l'entreprise, de ses
dirigeants, de son personnel, de ses clients et fournisseurs et constitue ainsi une condition
fondamentale de la pérennité de l'entreprise en évitant d'exposer ses activités à des poursuites
et des sanctions qui peuvent être graves.
Le contrôle interne vise à assurer en permanence la conformité de l'entreprise aux
réglementations applicables. Aussi, il a pour objectif d'assurer que les procédures pratiquées
sur le terrain respectent les différentes règles adoptées par l'entreprise.
11
Section 3 - Composants du système de contrôle interne
Un système de contrôle interne est composé de cinq éléments suivants :
- un environnement de contrôle ;
- une évaluation des risques ;
- des activités de contrôles ;
- une information et une communication ; et
- un pilotage.
12
incluent l’indépendance, l’expérience, le profil et l’implication et la pertinence des travaux de
ces organes.
Le style de management orienté vers les risques : Il s’agit de l’approche de la
direction pour appréhender et superviser les risques liés aux activités ainsi que les attitudes et
les actions de la direction à l’égard de l’information financière.
La structure organisationnelle appropriée : l’établissement d’une telle structure inclut la
mise en place des procédures de communication et d’information, la considération des postes
clés de responsabilité ainsi que les procédures de délégation des pouvoirs et d’attribution des
responsabilités.
Une politique générale sensibilisée au contrôle s'appuie sur des normes et procédures
appropriées, sur un code de conduite valorisant l'adhésion aux valeurs de l'organisation, sur une
conception des systèmes et une exploitation quotidienne adaptées à l'organisation et sécurisées,
et sur des valeurs humaines.
13
les informations externes. La communication est l'outil indispensable pour la transmission de
l'information (notamment les directives de la Direction générale) et ses caractéristiques
essentielles sont l'efficacité et la clarté.
1.5. Le pilotage
Le système de pilotage permet de valider que le contrôle interne est efficace. Il doit intégrer le
traitement des faiblesses de contrôle interne détectées dans le but de renforcer l'atteinte des
objectifs.
14
Section 4 - Le contrôle interne et les autres contrôles dans l'entreprise
Plusieurs contrôles peuvent s'exercer au sein d'une entreprise : contrôle de gestion, contrôle
interne, ... etc. Comment peut-on les positionner par rapport au contrôle interne ?
2
Article 256 (bis) du CSC : La création d'un comité permanent d'audit est obligatoire pour :
- les sociétés faisant appel public à l'épargne à l'exception des sociétés classées comme telles du fait de l'émission
d'obligations ;
- la société mère lorsque le total de son bilan au titre des états financiers consolidés dépasse cinquante millions de
dinars au titre des états financiers consolidés) ;
-les sociétés qui remplissent les limites chiffrées fixées par décret relatives au total du bilan et au total de leurs
engagements auprès des établissements de crédit et de l'en-cours de leurs émissions obligataires (Vingt-cinq
millions de dinars).
Le comité permanent d'audit veille au respect par la société de la mise en place de systèmes de contrôle
interne performant de nature à promouvoir l'efficience, l'efficacité, la protection des actifs de la société, la fiabilité
de l'information financière et le respect des dispositions légales et réglementaires. Le comité assure le suivi des
travaux des organes de contrôle de la société, propose la nomination du ou des commissaires aux comptes et agrée
la désignation des auditeurs internes.
Le comité permanent d'audit est composé de trois membres au moins, désignés selon le cas par le conseil
d'administration parmi leurs membres. Ne peut être membre du comité permanent d'audit, le PDG ou le DG ou le
DGA. Les membres du comité permanent d'audit peuvent recevoir, en rémunération de l'exercice de leur activité,
une somme fixée et imputée selon les conditions mentionnées à l'article 204 du CSC relatif aux jetons de présence.
15
du système en fonction des évolutions enregistrées... L'audit interne évalue donc la maîtrise du
processus de contrôle interne.
16
CHAPITRE 2 - PRINCIPES GENERAUX DU CONTROLE
INTERNE D’UNE ENTITE
17
2. Le principe d'organisation
On ne peut maîtriser que ce qui est organisé. C'est à dire que l'organisation est la condition
naturelle du contrôle interne. Afin d'assurer un bon contrôle interne, l'organisation doit satisfaire
à cinq qualités: (1) Elle doit être bien conçue préalablement à sa mise en place; (2) Elle doit
être adaptée à l'entreprise et adaptable à son évolution; (3) Elle doit être constamment vérifiable;
(4) Elle doit être décrite; et (5) Elle doit respecter la séparation des tâches incompatibles.
2.1. L'organisation doit être conçue préalablement à sa mise en place
L'organisation doit être suffisamment étudiée, réfléchie et motivée avant sa mise en application.
2.2. L'organisation doit être adaptée à l'entreprise et adaptable à son évolution
Une organisation adaptée est une organisation en harmonie avec la taille de l'entreprise, la
nature de ses activités, ses objectifs et ses moyens. Il est nécessaire de prendre en considération
l'évolution de l'entreprise et de pouvoir adapter l'organisation à cette évolution.
2.3. L'organisation doit être vérifiée à son modèle théorique
L'organisation doit être vérifiable à tout moment pour pouvoir s'assurer que le modèle suivi en
pratique est conforme au modèle décrit dans les supports écrits (organigramme, manuel des
procédures, notes service,...etc.).
2.4. L'organisation doit être décrite sur des supports appropriés
Un document décrivant l'organisation est indispensable pour la mise en place des procédures et
leur maintien. Ce document est un outil de formation et d'information.
2.5. L'organisation doit respecter les fonctions incompatibles
Les travaux exécutés peuvent être classés en quatre principaux types de fonction: les fonctions
opérationnelles, les fonctions de conservations, les fonctions d'enregistrement et les fonctions
de contrôle.
18
Elles englobent tous les services qui détiennent des valeurs ou des biens pour les garder et tous
les services qui accèdent à ces valeurs et à ces biens, par exemple,:
- Caissier;
- Trésorier;
- Magasinier;
- Chauffeur livreur; et
- Responsable des archives.
19
- Le magasinier (conservation) est désigné comme responsable de l'inventaire physique de
son magasin (contrôle); et
- Le représentant commercial (autorisation) encaisse les factures (conservation).
3. Le principe d'intégration
Le contrôle interne se situe à tous les niveaux de l’entité : structure, organisation et procédures.
Aucune procédure ne doit échapper au contrôle interne. A défaut, la situation présentera des
faiblesses engendrant éventuellement une multitude des risques.
4. Le principe d'auto-contrôle
Les auto-contrôles permettent d'éviter la commission des erreurs et des fraudes ainsi que leur
détection en temps utile. Dans ce cadre, plusieurs techniques peuvent être envisagées :
- L’examen de bon sens (examen de vraisemblance) : il permet de détecter un bon nombre
d’erreurs par une simple observation et un examen logique de l'opération ou de ses résultats
(solde client créditeur, solde fournisseur débiteur, des ratios excessivement plus importants que
ceux des exercices antérieurs,...etc.)
- Le recommencement : C'est le recommencement d'un même traitement selon la même
méthode (double comptage, double vérification, double confirmation informatique avant
validation ou destruction,...etc.).
- Les recoupements : Il s'agit de la confirmation d’une information quelconque par d’autres
sources (grand livre ou balance, déclarations fiscales et sociales, journal de paie, journal de
mouvement de stocks, fiches clients tenues au service commercial…etc). La même information
peut être fournie par plusieurs sources. Aucune discordance ne doit pas être, par conséquent,
enregistrée.
- La revue des travaux : C'est le réexamen des travaux par une personne chargée de la
supervision (chef de mission, manager, chef du service de personnel, directeur financier,...etc.).
- Les moyens et mesures matériels : Il s'agit de des moyens et mesures matériels utilisés pour
arrêter les fraudes et détecter les anomalies (la pré-numérotation de tous les imprimés en
circulation, l’horloge pointeuse, caméra de surveillance,...etc.).
5. Le principe de permanence
Le principe de permanence implique que les procédures utilisées par l'entreprise doivent être
permanentes. Ce principe est logique car toute organisation nécessite une stabilité au niveau de
ses structures de façon à ne pas perdre du temps à l'adaptation du personnel et des machines
20
aux nouvelles procédures. Cependant, le respect de ce principe ne doit pas être à l'origine d'une
certaine rigidité qui entrave toute adaptation des procédures à l'évolution de l'environnement et
des techniques de travail.
6. Le principe d'universalité
Tous les biens (immobilisations corporelles, créances, avoirs, marchandises, biens immatériels
: information, savoir-faire, ...etc.) toutes les personnes et toutes les activités de l'organisation
sont soumises aux contrôles en tout temps et en tout lieu. Il n'y a pas de zone d'ombre pour le
système de contrôle interne. Toutefois, lorsqu'une procédure nécessite une discrétion
particulière (paie, coût de revient, etc.) le contrôle interne doit préserver cette discrétion sans
sacrifier son efficacité.
21
9. Le principe d'harmonie
Le contrôle interne doit être conçu en proportion de la taille de l'entreprise et en adéquation
avec ses risques, ses moyens, ses caractéristiques et son environnement particuliers.
22
CHAPITRE 3 - ORGANES RESPONSABLES ET LIMITES
DU CONTROLE INTERNE
23
1.1.2. La Direction Générale / le Directoire
La Direction Générale ou le Directoire sont chargés de définir, d’impulser et de surveiller le
dispositif le mieux adapté à la situation et à l’activité de la société. Dans ce cadre, ils se tiennent
régulièrement informés de ses dysfonctionnements, de ses insuffisances et de ses difficultés
d’application, voire de ses excès, et veillent à l’engagement des actions correctives nécessaires.
24
Section 2. Les limites du contrôle interne
25
Le dispositif de contrôle interne aussi bien conçu et aussi bien appliqué soit-il, ne peut fournir
une garantie absolue quant à la réalisation des objectifs de la société. La probabilité d’atteindre
ces objectifs ne relève pas de la seule volonté de la société. Il existe en effet des limites
inhérentes à tout système de contrôle interne.
26
CHAPITRE 4 - DOCUMENTATION DU CONTROLE
INTERNE
28
C'est aussi, un recueil de l'ensemble des instructions émises par la direction décrivant
notamment les circuits et les postes de travail. Il s'adresse à tous les acteurs et intervenants à
l'intérieur de l'entreprise quel que soit leur position hiérarchique, quelles que soient leurs tâches.
Généralement, le manuel des procédures doit vérifier les quatre exigences suivantes:
1. Les instructions doivent être détaillées: Le manuel des procédures doit respecter un
niveau de détails garantissant la bonne application des instructions.
2. Les instructions doivent être claires et précises: Les instructions sont dites claires
lorsqu'elles évitent les possibilités d'interprétation divergente. Elles sont précises
lorsqu'elles ne laissent aucun point important à l'ombre. Le manuel est généralement
structuré par cycle et les opérations relevant d'un même cycle doivent être décrites dans
des chapitres autonomes (le cycle est l'ensemble des actes effectués pour mener
l'opération à bien depuis son déclanchement jusqu'à son dénouement final et son
archivage).
Les principaux cycles qui pouvaient être traités dans un manuel sont les suivants:
29
Le cycle achat-fournisseur;
Le cycle vente-clients;
Le cycle de production;
Le cycle personnel-paie;
Le cycle investissement; et
Le cycle trésorerie.
3. Les instructions doivent être en harmonie avec les objectifs recherchés: Les instructions
doivent être en harmonie avec les objectifs poursuivis de l'entreprise. Le manuel des
procédures n'est qu'un simple moyen pour atteindre les objectifs du contrôle interne.
C'est ainsi par exemple, qu'il est inconcevable de porter au niveau du manuel des
procédures des instructions qui ne favorisent pas la sauvegarde du patrimoine ou le
respect de la réglementation en vigueur.
4. Les instructions doivent être pertinentes: IL est conseillé d'éviter les instructions
inutiles. Aussi, il est recommandé de ne pas inclure au sein du manuel les instructions
qui risquent de perturber l'utilisateur et rendre la compréhension des instructions plus
difficiles.
30
Le manuel des procédures doit suivre l'évolution des besoins et des risques de l'entreprise. C'est
ainsi que au niveau de sa présentation, le manuel doit toujours préciser la date de son entrée en
vigueur et les dates de ses mises à jour. La mise à jour du manuel des procédures est dictée par
l'évolution de l'entreprise, l'apprentissage et le perfectionnement de son personnel. Elle peut
être opérée au fur et à mesure des besoins. Cependant, une révision globale doit être envisagée
lorsque plusieurs mises à jour ont été effectuées, et en général à peu près tous les trois ans.
31
CHAPITRE 5 - LA MISE EN ŒUVRE DES
PROCEDURES DE CONTROLE INTERNE
32
Du point de vue du contrôle interne, les quatre fonctions suivantes (opérationnelle, de
conservation, d’enregistrement et de contrôle) doivent être séparées. En effet, le cumul de ces
fonctions expose l’entreprise à plusieurs risques tels que les détournements, les fraudes, les
erreurs, le gaspillage,…etc.
- Une définition claire des pouvoirs et des responsabilités des individus
Le contrôle interne doit définir les tâches, les pouvoirs et les responsabilités Pour chaque
membre de l’entreprise.
- Une formalisation des tâches, pouvoirs et responsabilités
La description des tâches, des pouvoirs et des responsabilités doit être faite par écrit. Cette
description est généralement traduite dans l’organigramme, les fiches de tâches, les notes de
service et le manuel des procédures.
- La mise en place d’un système de preuve et de supervision
Un contrôle réciproque de l’exécution des tâches doit être conçu. Ce contrôle consiste en la
comparaison d’une même information à partir de son accomplissement par deux personnes
différentes. Ce contrôle permet de détecter les erreurs et les fraudes éventuelles. En outre, une
procédure de supervision qui permet de s’assurer du bon accomplissement des différentes
fonctions doit être mise en place. Cette procédure consiste en un suivi de réalisation des
instructions et la revue des travaux. Elle doit être appliquée à toutes les fonctions exercées au
sein de l’entreprise afin de s’assurer que le système de contrôle interne fonctionne
effectivement.
33
3- Un personnel de qualité
La mise en place d’un système de contrôle interne suppose l’intervention d’un personnel
compétent et intègre. Ce dernier procure à l’entreprise une assurance quant à la bonne exécution
des procédures, des instructions de la direction, tâches et fonctions. Ainsi, une grande
importance doit être accordée au choix du personnel, sa formation et son évolution. Il faut donc
prévoir des procédures appropriées qui visent à assurer le recrutement des personnes
compétentes et intègres. Des programmes de formation doivent être prévus pour accentuer le
développement et la mise à jour des connaissances du personnel. En outre, une politique de
rémunération adéquate est de nature à motiver le personnel.
34
La maîtrise de l’entreprise dépend de la mise en place d’un bon système d’information. Un
tel système doit être inclue dans l’organisation et il doit remplir les qualités suivantes : (1) il
doit être exhaustif, (2) disponible en temps opportun, (3) utile et pertinent, (4) fiable et
vérifiable.
Parallèlement, un système de documentation de qualité doit être conçu et mis en place au sein
de l’entreprise. Ce système repose sur des méthodes et des procédures écrites, claires et
précises ; des rapports financiers et de gestion mis à la disposition des actionnaires et des autres
tiers et un manuel de procédures qui décrit les postes de travail, les documents, les opérations
ainsi que leur mode de circulation à l’intérieur de l’entreprise.
- Il faut disposer d'un support approprié pour exprimer le besoin: il s'agit généralement d'une
demande d'achat (DA) ou d'un document équivalent;
- Le besoin doit être approuvé par un niveau hiérarchique suffisant (direction générale, contrôle
budgétaire,...etc.);
35
2. Phase de consultation des fournisseurs
- Il faut d'abord fixer les formes de consultation (appel d'offres, consultation restreinte ou achat
direct sans consultation) en fonction de la nature des articles ou de la prestation et de leur
montant, en respectant les dispositions légales pour les entreprises publiques;
Consultation restreinte: 3 fournisseurs au moins sauf s'il n'existe qu'un ou deux fournisseurs
sur le marché;
- Consultation ouverte (ou appel d'offres);
- Pour les entreprises publiques, la loi définit la forme de la consultation (restreinte ou
publique) en fonction de la nature des achats ou des prestations et de leur montant;
- Lorsque le bien ou le service sollicité comporte des caractéristiques techniques, la société
peut établir un cahier de charges qui définit à la fois, les obligations des parties contractantes
et les caractéristiques du bien ou de la prestation. Ce cahier de charges engage le fournisseur
retenu.
- L'entreprise doit définir les organes qui seront chargés de sélectionner les fournisseurs, en
fonction de la nature des biens et services, de leur montant et en respectant la législation
pour les entreprises publiques. Ces organes peuvent être soit des commissions, soit des
responsables;
- Les organes chargés de sélectionner les Frs doivent présenter des garanties suffisantes
d'objectivité;
- Ces organes doivent dépouiller (étudier) correctement les offres des fournisseurs;
- Le tableau comparatif des offres doit être bien établi et doit comparer des critères objectifs
de comparaison des offres;
- Pour les entreprises publiques, il y a trois types de commissions: commissions d'ouverture
des plis; commissions de dépouillement et commissions du choix du fournisseur. Leur
composition dépend de la nature et du montant des achats et prestations.
- La décision du choix du F. et les motifs de ce choix doivent être portés, soit sur la tableau
comparatif, soit dans un PV. distinct signé par les membres ayant sélectionné le fournisseur;
- L'exécution de la décision de choix du F. doit être faite sous forme d'un bon de commande
(BC) ou d'une convention;
- Il faut que les bons de commande soient numérotés, signés par une personne pouvant engager
l'entreprise et signés par le F. en guise d'acceptation de la commande;
36
- S'il s'agit d'une convention, il faut qu'elle soit datée, signée par les deux parties et enregistrée;
- Le bon de commande ou la convention doit comporter une indication précise sur la nature et
les caractéristiques des biens commandés ou la nature et l'étendue des prestations, ainsi que
les prix convenus;
- Il faut adresser rapidement le bon de commande ou la convention au Fr., assurer son suivi et
sa relance.
- L'entreprise doit d'abord désigner les personnes et les organes chargés de réaliser les
contrôles qualitatifs ou quantitatifs;
- Ces personnes et ces organes doivent être surtout qualifiés pour le contrôle qualitatif;
- Les factures F. doivent être reçues par le bureau d'ordre ou un service courrier qui doit
apposer un cachet d'arrivée et un numéro d'arrivée sur la facture et sa photocopie qui
sera remise au fournisseur en guise de décharge;
- Le bureau d'ordre peut apposer le cachet original sur un exemplaire et le cachet copie
sur les autres exemplaires (pour éviter les doubles enregistrements et les doubles
paiements);
- Les factures sont adressées par la suite à la fonction achat qui réalise un contrôle
arithmétique et un contrôle documentaire;
- La fonction achat doit conserver une copie de tous les documents dans le dossier achat
(facture, BR, BC, DA, tableau comparatif, demande de prix,...etc.);
- La comptabilité garde une copie de la facture qu'elle classe dans le dossier individuel
du fournisseur concerné dans la partie: "factures en instance de règlement"; et
- Lorsque la facture est totalement payée, il faut l'annuler par la mention "payée";
- Une fois signée, la pièce de règlement ne doit jamais retourner à la personne qui l'a
préparée et elle doit être communiquée au bureau d'ordre qui se charge de la remettre
au F. contre décharge;
ii. Le service commercial doit s’assurer que ces bons comportent une identification précise
des articles commandés
- Évaluation des coûts de la commande par une cellule analytique ou par un logiciel de
gestion de la production ;
39
- Passation d’un bon de commande définitif ou conclusion d’une convention avec le
client ;
2. Phase de la livraison
i. La livraison doit être soigneusement préparée, ( préparation des articles à livrer, préparation
du moyen de transport, aviser le client,...etc.)
ii. La livraison doit faire l’objet de document approprié (bon de livraison "BL" et le cas échéant
un bon de sortie). Ces documents doivent être:
- Pré-numéroté et établi en un nombre d’exemplaires suffisants ;
- Portant référence du bon de commande;
- Portant code, montant, et indication précise des articles livrés ; et
- Le "BL" doit être établi en 4 exemplaires:
Une copie pour le client;
Une copie pour le besoin de la facturation (cette copie sera agrafée à une copie
de la facture et adressée à la comptabilité);
Une copie pour mettre à jour les stocks; et
Une copie pour la souche: celui qui émet le titre doit garder toujours une copie
(condition toujours utile).
40
iii. Il est toujours souhaitable de contrôler le "BL" par une personne indépendante préalablement
à la livraison, notamment en le rapprochant avec le bon de commande ("BC") du client ;
iv. L'entreprise doit disposer de la décharge du client en guise de reconnaissance de la réception
de la marchandise. Cette décharge est matérialisée par la signature et le cachet du client sur une
copie du "BL".
Il est toujours souhaitable de contrôler et de suivre l’exécution des commandes clients : cette
tâche peut être confiée à une cellule de suivi sur la base d’un registre de suivi des commandes
comportant :
- Numéro du B.C
- Date de la commande
- Référence du client
- montant de la livraison
- date prévue de livraison
- date effective de livraison
- N° B.L
- Montant du B.L.
- date de réception par le client
- écart entre délai de livraison prévu et délai effectif
- date de la facture
- Numéro de la facture
- montant de la facture
- observations.
3. Phase de facturation
i. Toute livraison doit être rapidement et correctement facturée.
L’existence de logiciel de gestion des ventes permettent de réaliser, de manière automatique,
plusieurs objectifs de contrôle interne tels que :
Rapidités de facturations : au cas où les B.L sont saisis ou édités par informatique, la
facture sera générée automatiquement;
41
Contrôle de la disponibilité de articles livrés (le système va refuser toute commande
relative à des articles qui n'existent pas en stocks);
Contrôle de l’exactitude des articles livrés;
Exemple :
Contrôle automatique des plafonds de crédit par le client : dans le cadre d’un système
où l’ordinateur n’acceptera pas une vente à crédit lorsque le plafond du crédit est
dépassé;
Contrôle automatique des réductions accordées au client : l’ordinateur n’acceptera pas
un taux de remise supérieur à un plafond fixé d’avance;
Rapidité au niveau des calculs (totaux, remises, taxes,...etc.).
iii. Puisque la facture doit être communiqué sans retard au client, il importe qu’elle soit
contrôlée par un service indépendant ( service contrôle des fracturations ) ou une personne
indépendante, avant même l’intervention de la fonction comptable ( sauf si l'entreprise dispose
d'un logiciel informatique adéquat). Ces contrôles doivent porter sur:
Conformité des articles facturés avec ceux livrés ( rapprochement facture / BL);
Conformité des prix avec ceux pratiqués par l’entreprise
(rapprochement facture/ liste des prix );
Conformité des prix avec ceux convenus avec le client (rapprochement facture /
convention ou offre de prix dûment signée );
42
Vérification de l'autorisation des réductions accordées;
vérification arithmétique de la facture et de la régularité des taxes retenues effectuées.
iv. La réception effective de la facture par le client, doit être matérialisée par sa signature et son
cachet sur la copie de la facture.
43
Le circuit de recouvrement est généralement le suivant :
- La fonction recouvrement ramène le chèque du client et lui remet un reçu; et
- remet le chèque et une copie du reçu à la trésorerie contre décharge.
- Quel que soit l’entreprise, l’existence d’un acte de recouvrement qui s'effectue auprès
du client engendre inéluctablement des risques de détournement du produit du
recouvrement. L'unique solution à ce risque est de procéder à des relances
indépendantes, c'est à dire, réalisées par des personnes indépendantes de la fonction
recouvrement auprès des clients; et
- Pour éviter qu’un chèque soit détourné, il est conseillé de remettre un cachet de non-
endossement à celui qui reçoit le premier le chèque.
Ce cachet doit être apposé au dos du chèque sous la forme par exemple de: "pour dépôt à l'ordre
unique de la société X".
1- Procédure d’embauche
- La direction doit arrêter un programme d’embauche pour l’année à venir. Les offres de
recrutement doivent être établies en rapport avec le programme. A défaut, toute
embauche doit être autorisée par une autorité compétente.
- La sélection du personnel doit être faite sur la base des critères bien définis.
3- Le contrôle du travail
- L’entreprise peut utiliser une horloge pointeuse, un système de vidéosurveillance afin
d’assurer un contrôle efficace des heures de travail.
- Le responsable des ressources humaines doit établir un relevé des absences avec
mention des motifs. Un relevé du personnel en congés payés doit être préparé
mensuellement.
45
4- L’établissement de la paie
- Une personne autre que celle qui prépare les salaires doit vérifier le relevé des absences,
les congés payés, les retenues d’impôt, les avances, les prêts et assure le contrôle
arithmétique.
6- la comptabilisation de la paie
- L’entreprise doit tenir un livre de paie qui doit être systématiquement rapproché de la
comptabilité.
- Les déclarations de sécurité sociales et les déclarations fiscales doivent être rapprochées
avec la comptabilité. Les écarts trouvés doivent être justifiés.
7- la sécurité du travail
- Des mesures de sécurité doivent être mises en place pour lutter contre les accidents de
travail et prévenir les maladies professionnelles.
46
CHAPITRE 6- LA DEMARCHE DE L'ÉVALUATION
D'UN SYSTEME DE CONTROLE INTERNE
47
La confirmation de la compréhension du système de contrôle interne: L'auditeur
s'assure qu'il a bien compris les procédures en vérifiant la description qu'il a reçue et
met en œuvre à cette fin des tests de conformité (vérification de l'existence du système).
Évaluation préliminaire du contrôle interne: L'auditeur procède à une première
évaluation du contrôle interne. Il l'a fait normalement sur la base d'un questionnaire. Il
détermine à ce niveau les points forts théoriques du contrôle interne et les points faibles
théoriques du contrôle interne.
La confirmation de l'application des points forts: L'auditeur cherche à s'assurer que les
points forts sont appliqués de façon permanente. Il met en œuvre des tests de
permanence.
48
Schéma 1: Schéma global de la démarche d'évaluation d'un système de contrôle interne
=
Tests de Conformité
(Vérification de la compréhension du
système)
Tests de Permanence
(Vérification de l'application Non
permanente des points forts)
Forces Faiblesses
49
2. Saisie et compréhension des procédures du contrôle interne
La saisie et la bonne compréhension des procédures constituent une étape très importante au
sein de la démarche de l'auditeur dans son évaluation du contrôle interne, dans la mesure où
elles conditionnement la réussite de celui-ci dans son travail d'évaluation, et indirectement les
résultats de toutes la mission d'audit.
Pour mener à bien ses activités, l'auditeur est amené à découper l'entreprise en cycles ou
modules.
Le découpage de l'entreprise en cycles ou modules permet de saisir les procédures par types
d'opérations de leur naissance à leur dénouement (achat, vente,...etc.). Ce découpage varie d'une
entreprise à l'autre. Néanmoins, il existe des constantes entre les différentes entreprises, ce qui
permet de distinguer "les cycles types" suivants: achats, ventes, investissements, paie, stocks et
trésorerie.
2.2. Moyens à mettre en œuvre pour saisir les procédures de contrôle interne
Cette prise de connaissance consiste à recenser tout ce qui peut aider l'auditeur à apprécier les
systèmes, procédures et méthodes de l'entreprise.
Documents internes à l'entreprise:
- Organigrammes, diagrammes;
- Circuits de documents;
- Descriptions de postes;
- Manuels de procédures; et
- Rapports des auditeurs internes.
Documents externes à l'entreprise:
- Dossier constitué par l'expert-comptable ou le commissaire aux comptes lors d'une précédente
intervention; et
- Rapports rédigés par d'autres professionnels.
50
2.2.2. Conversation d'approche
La principale difficulté de cette technique se situe au niveau de la synthèse à faire à la suite des
entretiens. Si l'entreprise étudiée est relativement petite, ce travail reste simple. Si, au contraire,
elle est importante, et les activités variées et complexes, la masse des informations recueillies
oralement est difficile à exploiter. Il apparaît qu'au-delà d'un certain seuil, la conversation
devient une démarche peu empirique qui doit être délaissée au profit de techniques plus
élaborées.
Les questionnaires se présentent habituellement sous deux formes: l'une simplifié qui ne motive
pas d'autre réponse que le oui ou le non appelés questionnaires fermés et l'autre plus complète,
qui entraîne nécessairement des observations détaillées dénommés questionnaires ouverts.
Les questionnaires sont souvent précédés de guides opératoires qui permettent de les préparer
afin qu'aucune question essentielle ne soit omise. À la limite, les guides opératoires peuvent
servir de questionnaires.
Faciles d'emploi les questionnaires garantissent qu'aucun point fondamental à examiner n'est
oublié. En revanche, il y a lieu de se méfier du caractère standard des listes types qui sont à
adapter aux entreprises en cause. La liste des contrôles possibles est généralement établie par
cycle et permet de réaliser une analyse quasi exhaustive des processus de contrôles internes.
Commandes
Existe-t-il un système de déclenchement automatique des commandes lorsque les stocks
arrivent à une quantité minimum?
Si oui, les quantités minima sont-elles revues régulièrement en fonction des besoins réels
de la fabrication?
Les commandes de biens et services ne sont-elles passées que sur la base de demandes
d'achats établies par des personnes habilitées?
Chaque service demandeur dispose-t-il d'un budget de dépenses prévisionnelles?
Des bons de commandes sont-ils établis systématiquement?
Si oui, sont-ils:
- pré numérotés?
- établis en quantités et en valeur?
- signés par un responsable, au vu de la demande d'achat?
Existe-t-il une liste des fournisseurs autorisés, pour les achats courants?
Si oui, est-elle:
- approuvée par un responsable?
- régulièrement mise à jour?
Les prix proposés sont-ils comparés avec le marché?
Existe-t-il une procédure permettant d'éviter les commandes excessives?
La société exerce-t-elle un contrôle sur les cadeaux et autres avantages accordés aux
acheteurs par les fournisseurs?
Les procédures de contrôle des achats sont-elles revues périodiquement par les auditeurs
internes ou autres personnes indépendantes du service achat pour s'assurer que la
politique de la société est bien appliquée?
Services
Courier Achats Comptabilité Trésorerie
Opérations
Mme. A Mr. B Mme. Mme. Mr. E Mr. F
C D
Arrivée des factures X
Apposition cachet
X
contrôle
Comparaison facture/bon
X
de commande
Vérifications calculs et
X
additions
Indication du bon à payer X
Regroupement des
X
factures
Comptabilisation des
X
factures
Préparation avis de
X
paiement
Préparation chèques
X
fournisseurs
Comptabilisation état des
X
règlements
Classement état des
X
règlements
Deux techniques de base peuvent être mises en œuvre par l'auditeur pour saisir un dispositif de
contrôle interne: le mémorandum et le diagramme de circulation.
2.3.1. Le mémorandum
53
Par ailleurs, cette approche est recommandée pour des cas simples. Dans les autres cas,
l'utilisation d'autres techniques est nécessaire.
Un diagramme est une représentation graphique d'une suite d'opérations dans laquelle les
différents documents, postes de travail, de décisions, de responsabilités, d'opérations sont
représentés par des symboles réunis les uns aux autres suivant l'organisation administrative de
l'entreprise.
En général, on peut dire que l'utilisation de cette méthode présente plus d'avantages que
d'inconvénients. S'agissant des inconvénients, ils sont de deux ordres:
- D'une part, cette méthode ne permet pas toujours de saisir l'ensemble des procédures. Certaines
opérations sont difficiles à décrire graphiquement.
- D'autre part, la méthode est plus longue à mettre en œuvre. Elle nécessite chez l'auditeur de la
logique et de l'expérience.
Pour ce qui est des avantages, l'utilisation d'un diagramme permet d'acquérir une connaissance
approfondie du dispositif étudié et d'en déceler très rapidement les principales forces et
faiblesses.
Une fois que sont établis pour un module, les diagrammes de circulation ou le mémorandum,
l'auditeur doit s'assurer que les procédures telles qu'il les a perçues, sont bien celles qui existent
dans l'entreprise. Ça sera l'objet des tests de conformité. L'objectif de l'auditeur, à ce niveau, est
de s'assurer qu'il a saisi correctement le contrôle interne de l'entreprise. Il doit, donc, prendre
une à une les différentes procédures qui figurent dans son mémorandum ou dans son diagramme
de circulation et de vérifier que sa description est conforme à la réalité.
Le premier travail de l'auditeur sera d'identifier, sur la description qu'il entend contrôler, les
principaux cycles d'opérations à tester.
L'auditeur vérifie pas à pas la réalité du déroulement de chaque cycle d'opérations. Avant
d'examiner les modalités de son contrôle, il faut insister sur la nécessité de suivre la procédure
du début jusqu'à la fin. Il est fondamental que l'auditeur teste le circuit dans son ensemble et
non seulement en partie.
En ce qui concerne les modalités pratiques de ce test, on peut les aborder de deux manières:
54
3.2.1. L'observation directe ou la confirmation verbale
Elle consiste à entrer en contact avec les différents exécutants qui interviennent dans la
procédure contrôlée, afin, d'une part, de s'en faire confirmer le déroulement, et d'autre part, de
vérifier l'existence les éléments matériels qui sont impliqués par sa mise en œuvre (les
différents documents, visa, signature,...etc.).
L'auditeur à partir d'un document retrace son cheminement suivant l'ordre indiqué sur le
diagramme de circulation (ou le mémorandum) en vérifiant les différentes opérations
effectuées.
Exemple 1
Le diagramme de circulation indique que tout bon de commande est émis après création, par
une personne autorisée, d'une demande d'achat signée. Le test de conformité consistera à
s'assurer pour quelques factures reçues que:
- À factures correspondent des bons de commandes et des demandes d'achats signés; et
- La signature est celle d'une personne autorisée.
Exemple 2
Tableau 3: Exemple d'application de test sur les achats (facture 12235)
Opérations Observations
Comparaison facture/bon de X Facture 12235/Commande 1272
commande
Vérifications calculs et additions X Visa
Comptabilisation facture X Opération 2337
Préparation avis de paiement X
Préparation chèque X Chèque 3634
Comptabilisation état règlement X État 212
X = Procédure conforme au diagramme
3.3. L'importance quantitative du test
L'importance quantitative qu'il convient de donner à cet examen dérive directement de l'objectif
des tests. Il s'agit de vérifier que la procédure en cause existe et non qu'elle est bien appliquée
d'une façon permanente.
Exemple
55
Si l'auditeur veut vérifier qu'à un stade donné de la procédure, un tampon doit être appliqué sur
une facture, il lui suffira de prendre une ou deux factures pour contrôler que le tampon s'y trouve
bien.
En revanche, contrôler que le tampon se trouve toujours sur la facture est l'objet des tests de
permanence.
Ainsi, l'importance quantitative du test doit être limitée à l'examen d'un petit nombre
d'opérations. En principe, une seule transaction est même suffisante pour apprécier la réalité du
système. Cependant, si ce système comporte plusieurs variantes, il est indispensable de tester
chacune d'entre elles.
A ce stade de l'évaluation du contrôle interne, les points forts dégagés sont des points forts
théoriques ou de conception, car l'auditeur n'a pas encore confirmé l'application permanente
de ces points. Il va tester leur application effective en mettant en œuvre les tests de
permanence.
56
1- le contrôle compensatoire
une défaillance dégagée à ce niveau peut être compensé par un contrôle alternatif ou
compensatoire à un autre niveau et ne doit pas, donc, être considérée définitivement
comme une défaillance; et
2- le contrôle révélateur
Il est toujours utile d'appuyer dans la mesure possible les défaillances constatées par des
contrôles révélateurs qui ont pour objectif de démontrer que les risques découlant des
faiblesses théoriques se sont effectivement réalisés. Ces contrôles révélateurs vont
rendre les points dégagés plus évidents.
Concrètement, lorsqu’il existe une procédure défaillante, des anomalies peuvent se
produire. Le contrôle révélateur permet de révéler les défaillances et de procéder ainsi
à leur analyse afin d’éviter ou au moins de limiter leurs impact sur les états financiers.
Exemple
Supposons que le comptable ne contrôle pas la séquence numérique des bons de livraison, ce
qui implique une faiblesse qui engendre un risque de non facturation de certaines livraisons. Or
le contrôle compensatoire stipule que le service d'audit interne est chargé de contrôler la
séquence numérique des bons de livraison.
Remarque
Même si l'auditeur n'arrive pas à démontrer la réalisation des risques découlant des faiblesses.
Celles-ci doivent rester comme telles car:
- l'auditeur travaille sur un échantillon et rien ne garantit que le risque n'est pas réalisé au niveau
du reste de la population; et
- même si l'auditeur contrôle l'ensemble de la population rien ne garantit que le risque ne va pas
se réaliser par la suite.
4.2. Les moyens à mettre en œuvre pour réaliser l'évaluation préliminaire du contrôle
interne
Elle consiste à ce que l'auditeur analyse visuellement les procédures saisies et dégage leurs
forces et leurs faiblesses.
Cette approche n'est pas très recommandée car elle comporte notamment un risque d'oubli.
57
Ce sont des questionnaires fermés élaborés de manière à ce que une réponse négative signifie
l'existence d'une faiblesse (sauf s'il existe un contrôle compensatoire).
Les questionnaires sont généralement établis à partir d'un "guide opératoire" (sorte d'aide-
mémoire souvent volumineux) qui réalise une compilation des problèmes qui peuvent se poser
les plus fréquemment dans une entreprise.
Exemple :
Réponses
Questions Oui Non
(forces) (Faiblesses
Un document de sortie est-il établi pour chaque marchandise livrée?3
Toutes les marchandises livrées sont-elles facturées4?
Les prix de vente sont-ils contrôlés?
Est-ce qu'il y a un contrôle arithmétique des factures?
L'utilisation de ces questionnaires aboutit à une classification des points de contrôle en deux
catégories:
Les points forts: ils correspondent aux points positifs et indiquent que l'entreprise
dispose théoriquement de mesures appropriées pour atteindre les objectifs du contrôle
interne; et
Les points faibles: par opposition aux points forts, ils correspondent aux réponses
négatives aux différentes questions et concernant une ou plusieurs défaillances au
niveau du système de contrôle interne.
3
Le bon de sortie va servir pour les inventaires: question relative aux moyens.
4
Question relative aux objectifs: toutes les marchandises sont livrées.
58
Cette méthode consiste à:
Exemple
Le recensement des objectifs constitue la première étape de la méthode des contrôles clés. Dans
ce cadre, il convient de distinguer deux types d'objectifs:
- Les objectifs communs à toutes les entreprises indépendamment de leurs activités, de leurs
dimensions et des moyens de traitement de l'information dont il dispose: des questionnaires par
objectif standard (ou type) sont élaborés et constituent un guide opératoire pour l'auditeur;
- Les objectifs spécifiques à chaque entreprise: l'auditeur doit rechercher et identifier les
objectifs spécifiques de l'entreprise auditée.
5
Rapprochement entre les dates des bons de livraisons et celles des factures.
59
Suivant les objectifs définis, l'auditeur doit rechercher à travers les procédures saisies, les
moyens mis en œuvre par l'entreprise pour atteindre ces objectifs.
Selon le cas, l'auditeur:
- mentionne les divers moyens utilisés par l'entreprise pour atteindre les objectifs du
contrôle interne;
- indique l'unique moyen utilisé par l'entreprise pour atteindre les objectifs du contrôle
interne; et
- constate l'absence de moyens utilisés par l'entreprise pour atteindre les objectifs du
contrôle interne.
Appréciation des moyens mis en œuvre par l'entreprise pour atteindre les objectifs du
contrôle interne
Cette troisième étape va amener l'auditeur à juger la qualité des moyens mis en œuvre par
l'entreprise pour atteindre les objectifs du contrôle interne. L'auditeur va classer les contrôles
clés en quatre catégories:
- Les points jugés "très fort" (TF): ils se trouvent dans le cas où l'entreprise dispose de
plusieurs moyens jugés adéquats pour atteindre les objectifs fixés;
- Les points jugés "fort" (F): dans ce cas, l'entreprise ne dispose que d'un seul moyen
pour atteindre les objectifs fixés;
- Les points jugés "faibles" (Fb): cette situation correspond au cas où l'entreprise ne
dispose pas des moyens pour atteindre les objectifs, mais, il reste toujours possible de
mettre en œuvre des moyens existants (les documents existent mais la procédure de
contrôle n'est pas mise en œuvre); et
- Les points jugés "très faible" (TFb): cette situation correspond à des défaillances
importantes au niveau des procédures appliquées. Le contrôle s'avère impossible à
réaliser en raison de l'absence des documents.
Exemple :
L'entreprise n'établit aucun document lors de la livraison des marchandises, ce qui rend l'atteinte
de l'objectif de contrôle de la facturation de l'ensemble des livraisons impossibles.
Les objectifs des tests de permanence est de s'assurer que les points forts théoriques ou de
conception sont appliqués de manière permanente.
60
Les tests de permanence ne vont concerner que les points jugés très forts ou forts lors de
l'évaluation préliminaire du contrôle interne. Ils concernent également les contrôles
compensatoires identifiés à la suite de la découverte des points faibles de conception.
Généralement, la vérification de l'application permanente de ces points nécessite des tests d'une
certaine ampleur.
Il n'est pas possible de donner des indications précises sur l'étendue de ces tests de permanence.
L'appréciation de cette étendue est laissée au libre choix de l'auditeur en fonction des
circonstances. Néanmoins, nous pouvons énoncer les règles suivantes:
Dans le cadre du contrôle de permanence, l’auditeur testera dans quelle mesure les procédures
du contrôle interne qui figurent sur les supports théoriques, sont bien appliquées dans la réalité.
Ainsi, l’auditeur procède par sondage.
Comme l’auditeur ne peut pas effectuer un contrôle intégral de toutes les opérations réalisées
par l’entreprise en raison du coût et du timing. Il ne s’agit pas de tout vérifier pour s’assurer
que les procédures du contrôle interne sont effectivement appliquées, il devra s’aider de la
technique de sondage pour mettre en évidence les anomalies éventuelles.
Il est à noter que l’auditeur doit prévoir d’effectuer des sondages sur la totalité de la période
concernée par la mission d’audit. Ce sondage s’applique à toutes les procédures du contrôle
interne.
L’auditeur peut utiliser les techniques de sondages empiriques ou les sondages statistiques. Ce
choix dépend du coût de la technique, la taille de la population choisie et l’extrapolation des
résultats obtenus à l’ensemble de la population.
61
Ce sondage se base sur des formules mathématiques et statistiques. L'auditeur choisira au hasard
son échantillon. Pour ce faire l'auditeur doit:
- connaître la loi de probabilité de la variable aléatoire;
- fixer une marge tolérable d'erreur ou son intervalle de confiance;
- calculer la taille de l'échantillon correspondant;
- exécuter le test; et extrapoler les résultats du test à l'ensemble de la population.
Remarque :
La technique de sondage statistique suppose le respect d’une démarche claire. Il s’agit
de :
- la définition des objectifs et de la population étudiée
- le choix de la technique de sondage
- le détermination de la taille de l’échantillon (échantillon représentatif/ taux
d’anomalies acceptable)
- le sélection de l’échantillon
- l’étude de l’échantillon
- l’extrapolation des résultats de l’échantillon.
5.3. Les moyens à mettre en œuvre pour réaliser les tests de permanence
La mise en œuvre d'évaluation préliminaire par la méthodes "des contrôles clés" a permis de
dégager les points jugés très forts et les points jugés forts. Les tests de permanence par
"contrôles clés" vont permettre de vérifier la mise en œuvre des moyens pour ces points.
L'approche des tests de permanence par "contrôles clés" permet à l'auditeur de garder toujours
à l'esprit les objectifs et les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs du contrôle
interne.
62
Référence Référence
Temps Temps
au point Travail à faire au papier
prévu réel
fort du travail
Contrôler le rapprochement global entre les
quantités expédiées et les quantités facturées
Point TF sur la base des ventes de l'exercice en
1 sélectionnant un mois de chaque trimestre.
Ce programme de travail par la mise en œuvre des tests de permanence est élaboré par le
superviseur d'une mission d'audit et exécuté par ses collaborateurs.
Il s'agit de programmes conçus quel que soit l'entreprise. Ces programmes de travail couvrent
généralement les cycles ou modules communs à toutes les entreprises, où les objectifs de
contrôle interne sont semblables.
Après l'exécution des tests de permanence, l'auditeur sera en mesure de procéder à l'évaluation
définitive du contrôle interne.
63
À l'issue de la mise en œuvre des tests de permanence, l'auditeur aura dégager:
L'auditeur doit procéder à l'analyse des faiblesses, déterminer leur impact sur sa démarche
d'audit final et élaborer un rapport sur le contrôle interne.
Les faiblesses décelées dans le système du contrôle interne peuvent engendrer des risques qu'il
convient d'analyser en profondeur en fonction de: leurs causes (origines) ; leurs formes (erreurs
arithmétiques, omission, double enregistrement, double règlement,...etc.); et leurs
conséquences: l'auditeur doit juger si les faiblesses dégagées touchent à la gestion et ne sont
pas en conséquence en rapport direct avec la sincérité et la régularité des états financiers. Pour
cette catégorie des faiblesses, l'auditeur doit les signaler à la direction de l'entreprise afin de lui
permettre d'améliorer sa gestion.
Il doit également déceler les faiblesses qui sont en rapport avec l'objectif de sincérité et de
régularité des états financiers. Pour cette deuxième catégorie de faiblesses, l'auditeur doit
décider de la nature des tests de validation sur les comptes concernés par la faiblesse (l'étendue
des tests et la date de leur mise en œuvre).
Exemple :
Si l'auditeur constate l'absence de contrôle de la séquence numérique des bons de livraison et
découvre des omissions au niveau de la facturation de certaines livraisons. Il doit être conscient
des risques associés à cette faiblesse et il aura l'attitude suivante:
- Pour vérifier la proposition d'exhaustivité des ventes, l'auditeur adoptera d'abord un test
de validation globale: Stock Initial + Production - Ventes = Stock Final Théorique;
- L'auditeur va rapprocher, par la suite, le stock final théorique avec le stock final réel et s'il
trouve des différences, elles ne pouvaient résulter que des livraisons non facturées (ou
aussi détournement);
- Pour déterminer les expéditions non facturées, il peut rapprocher les quantités qui
apparaissent sur le rapport annuel des services d'expédition avec les quantités qui
apparaissent sur le rapport de service "facturation"; et
- Pour vérifier les soldes des comptes clients, il peut décider de circulariser les clients (lettre
de confirmation de solde).
L'établissement d'un rapport sur le contrôle interne doit respecter les principes suivants:
Les points dégagés doivent être classés par volets: système d'information (A), outils de
gestion (B), cycle achat (C),...etc.;
Au niveau de chaque volet, les points doivent être classés selon leur importance relative;
et
Pour chaque point, il faut préciser: la faiblesse, les risques inhérents à cette faiblesse,
les cas de réalisations de ces risques résultant des contrôles révélateurs, les
recommandations et les commentaires des responsables concernés de la société.
Faiblesse: nous avons noté l'absence d'un rapprochement systématique entre les bons
de livraisons et les factures correspondantes.
Risque: cette faiblesse ne permet pas de s'assurer que les factures ont été établies
conformément aux livraisons effectives et engendre des risques de facturation erronée,
de sous-facturation ou de sur-facturation.
Contrôle révélateur: nous avons procédé à la technique de rapprochement sur-indiquée
sur la base d'un échantillon de 40 factures. Ce test a permis de dégager les factures
erronées présentées dans le tableau suivant:
N◦ de la facture Bon de livraison Anomalie constatée
n◦
65
L’évaluation du contrôle interne constitue une étape nécessaire dans le processus de contrôle
des états financiers. Si, l’auditeur trouve que le contrôle interne est fiable, satisfaisant et
fonctionne sans anomalies significatives, il pourra par conséquent, établir un programme de
contrôle prévoyant un allégement des vérifications au niveau des comptes. A ce titre, l’auditeur
procèdera à des examens analytiques et à des tests de validité.
En revanche, si l’évaluation du contrôle interne révèle que les procédures conçues et utilisées
sont défaillantes et ne présentent pas les sécurités requises, l’auditeur est amené à élargir son
champ d’investigation au niveau des comptes annuels en prévoyant des contrôles plus
approfondies. A ce titre, l’auditeur doit multiplier les sondages et les tests de validité et recourir
à d’autres techniques telles que la confirmation directe, l’examen analytique et le contrôle
documentaire. Le programme de contrôle des comptes sera donc plus élargi.
66