Histoire Complete de Saint Paul, Apotre Et Docteur Des Nations 000000038 1
Histoire Complete de Saint Paul, Apotre Et Docteur Des Nations 000000038 1
Histoire Complete de Saint Paul, Apotre Et Docteur Des Nations 000000038 1
COMPLÈTE
DE
SAINT PAUL
A P O T R E E T D O C T E U R DES NATIONS
T I R E E S
P a r t i e des Auteurs canoniques, expliqués par les S S . Pères, par les Docteurs
Se les meilleurs Interprètes ;
P a r t i e des Traditions primitives ;
A c c o m p a g n é e de la Réfutation
des erreurs STRAUSS, RENAN, et
autnes semblables, Anciennes & Modernes.
Par M. L ' A B B É M A I S T K B
Chanoine honoraire de Troyes,, Professeur de Théologie, etc.,
JP A ^ î i l S
V. W A T E L I E Pij L l B R A I R E - i i D I T E UR j
iO^ Rus de SSVVBS) 10.
1 8 7 0
Biblio!èque Saint Libère
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V
P A L
:
L 'SMàst&is'c 18& stsiïï&tt M*t&n$ & les autres ouvrages de l'au-
teur ont été composés Se terminés, lorsqu'il occupait la chaire diocé-
sains de Théologie ; ils ont continué à être édités sous 1B même titre,
depuis qu'il réside d a n s la c u r e cantonale de Dampierre, au diocèse
de Troyes.
Le docte professeur a démontré p a r des raisons péremptoires,
p a r des preuves & des témoignages irrécusables, la réalité Se la vérité
des faits historiques de chacun des Douze Apôtres. Après trois siècles
d'obscurcissement, ces faits ont été heureusement remis en lumière,
pour l'instruction & l'édification des fidèles, qu'ils avaient déjà p r o -
curée durant quinze siècles. Bien que les nuages, amoncelés p a r
l'hérésie, n'aient p a s complètement obscurci notre atmosphère reli-
gieuse, ils ont toutefois voilé e n partie les rayons salutaires de ces
grands astres, destinés à éclairer les Nations & à les diriger dans la
voie de la vérité. Il importait donc q u e de nouveau la splendeur de
ceux qui, m ê m e étant dans le ciel, sont encore de$ Témoins fidèles de
Jésus-Christ, brillât intégralement aux veux des peuples, & révélât
plus manifestement à leurs r e g a r d s les magnifiques horizons de l'im-
mortalité hp.nrpusft & orlorieuse
Ces démonstrations, ces publications amples & circonstanciées,
réjouissent en général les sociétés, Se procurent, en particulier, le
bonheur des familles & celui de chaque membre qui les compose,
en faisant renaître, dans d e s coeurs désespérés ou abattus» pré-
cieuse & vivifiante lumière d e l'Espérance chrétienne.
E n publiant l'Histoire du grand Apôtre, & en m e t t a n t e n relief
l e s sublimes enseignements du Docteur des Nations, n o u s avons
p e n s é qu'il n e serait peut-être p a s h o r s de propos de les faire p r é c é -
d e r d e l'Exposé général de la Grande Christologie, tel qu'il a été
publié dans le Mémorial Catholique, p a r le Rédacteur en chef d e cette
R E V U E , & de r a p p e l e r ici de nouveau le titre d e ce grand ouvrage.
GRANDE CHRISTOLOGIE.
Il y a quelque temps déjà, nous avons eu entre les mains et nous avons
lu, en plusieurs de ses parties, et parcouru dans tout son ensemble, le ma-
nuscrit d'un ouvrage très étendu intitulé : Jésus-Christ avec ses preuves et
ses témoins, ou grande Çhnstologie prophétique et historicité, etc.
Cet ouvrage considérable, savant, bien ordonné et très solide est dû
aux patientes recherches, aux veilles d'un digne^curé de campagne dont
les studieux travaux et dont la vie, dévouée avant tout aux saintes sollici-
tudes du ministère paroissial, rappellent le pieux et docte abbé Gorini, et
font bénir la Providence qui suscite, en nos jours où le clergé est si
méconnu, tant de vénérables prêtres qui, du fond de leurs humbles pres-
bytères, se vouent à la défense de la vérité.
Nous fûmes frappé des labeurs qu'une telle œuvre a dû coûter à M. l'abbé
Maistre, curé de Dampierre, au diocèse de Troyes ; nous ne pûmes qu'ad-
mirer la masse de preuves et de témoignages qu'il a su accumuler et si
bien coordonner en faveur du divin Fondateur de notre sainte Religion,
de ses Apôtres et de tout le Christianisme, - et nous exprimâmes aussitôt le
désir de voir se rencontrer quelque libraire intelligent et assez courageux
pour entreprendre la publication d'un ouvrage aussi important et si propre
à combattre l'incrédulité.
Dans le même temps, on annonça la prochaine apparition d'un livre
dont nous lûmes le Prospectus dans une Revue Bibliog?'aphiÇ[ue qui se pu-
bliait a Bar-le-Duc, mais qui, depuis plus d'un an, a cessé de paraître.
Ce livre a pour titre r La Bible sans la Bible ou l'Histoire de l'Ancien et
du JYouveau Testament par les seuls témoignages profanes, par M. l'abbé
Gainet (1) ; et quelques personnes prétendirent que cet ouvrage avait des
rapports très directs avec celui dont nous avions examiné le manuscrit, et
(1) Depuis que ces lignes sont publiées, l'ouvrage de M. l'abbé Gainet a paru. Nous en
avons fait l'Examen critique dans la Revue des questions historiques, livraison de Janvier
186S, pp. 235-265. (Noie du rédacteur en chef du Mèmoriit cathoiïqwi).
Ml
III.
Les causes de l'incrédulité disparaîtraient nécessairement, a-l-on dit, si les
nombreuses et magnifiques preuves du christianisme, complètement obscur-
cies aujourd'hui, étaient mises en évidence dans des tableaux qui en seraien
UC
la véndique et lumineuse exposition.Or, c'est à une œuvre de ce genre, <I -,
durant vingt a n s , j ' a i travaillé avec assiduité) y consacrant les veilles et tout
le tetnps libre dont je pouvais disposer. J'ai r é u n i , dans un seul corps d'ouvra"
ge, en les abrégeant et en les condensant, toutes les preuves qui établissent
de la manière la plus forte la vérité historique, de même que le caractère
surnaturel et divin des faits évangéliques, le plus essentiel fondement du
christianisme, aujourd'hui le principal objet des attaques du rationalisme.
Le Livre intitulé : Jésus-Christ avec ses preuves et ses témoins ou Grande
y
Christologie prophétique
y et historique, etc., est disposé de telle sorte qu'il
offre au premier coup d'œil les motifs de foi les plus puissants, les plus irré-
cusables, les plus capables d'opérer une entière conviction. C'est u n résumé
compact de tout ce que tous les savants du monde chrétien ont jugé de plus
fort et de meilleur en fait de preuves concernant Notre Seigneur Jésus-Christ-
il renferme la matière d'environ 15 vol. in-8°.
Le trésor des titres de notre foi n'est pas d'un intérêt circonscrî l et médiocre)
temporaire et passager, local ou seulement national, mais bien d'un intérêt
majeur et souverain, constant et perpétuel, universel et illimité. Il donne
lieu à la plus éclatante démonstration de la divine réalité des faits qui préoc-
cupent et touchent au vif l'humanité tout entière. L'ouvrage qui renferme
ce thîsor et les preuves de notre foi, peut donc servir efficacement à réfuter
solidement les sophismes audacieux des Strauss, des ' R e n a n , des Littré et
s
autres auteurs semblables. Je ne vois point qu'on puisse les détruire par d e
moyens différents de ceux que j'ai si laborieusement préparés.
Les négations de ces adversaires de notre foi consistent à rejeter le réel
et le surnaturel de la vie de Jésus ; c'est là la pensée qui a été mise en vo-
gue parmi les hommes de notre temps : c'est aujourd'hui l'opinion qui a le
plus de prise sur leur esprit. Par elle, toute notre atmosphère intellectuelle a
été infectée de scepticisme et d'incroyance. Telle est la cause qui fait que
l'homme de nos jours n e veut ni ne peut accomplir aucune pratique religieuse,
quelque nécessaire qu'elle soit pour assurer ses destinées à venir. Dans son
incompréhensible et extra-naturelle ignorance, il a comme pitié de ceux qui
pratiquent la vérité, il les croit livrés à de vaines, bien qu'innocentes illu-
sions, sans s'apercevoir qu'il est lui-même enseveli dans les plus profondes
ténèbres et dans les ombres de la mort.
Chose triste ! l'erreur tient aujourd'hui à sa disposition tous les g r a n d s or-
ganes de la publicité, pour se produire facilement et ravager hardiment le
royaumede Dieu, tandis que la vérité a si peu d'hommes pour la défendre, pour
la sortir de l'obscurité où elle languit silencieuse et blessée. Qu'on produise
enfin à la lumière les trésors de l'Eglise j trésors de preuves et de vérités ca-
chés et enfouis depuis des siècles. Ces richesses sont abondantes et de bon
aloi : elles sont capables d'assujétir à la foi toute intelligence raisonnable, de
même que de réduire a u silence les incrédules savants, et, à plus fortô rai-
son des incrédules superficiels tel^ que ceux que nous voyons aujourd'hui
partout en Francs. Ces derniers soutiennent., ou plutôt se contentent d'é-
mettre seulement,contre Notre Soigneur Jésus-ChrisL, les assertions les plu*
audacieuses,les plus insultantes : et cela, sans daigner apporter aucune preuve
sérieuse. Us se complaisent dans la hardiesse de certaines opinions nouvelles,
dans l'éclat factice de certaines phrases élégantes, poétiques même ^ puis,
sans trop s'embarrasser du soin d'administrer la preuve, ils se persuadent,
qu'ils n'ont qu'à avoir confiance en notre bonhomie qui devra les croire sur
parole...
î\'est-il donc pas temps de réprimer enfin la téméraire loquacité de ces lan-
gues, ennemies de la vérité, et de les sommer d'apporter des preuves, «MI
lieu de frivoles et inconsistantes opinions ? Quint k 1 Eglise, elle a aujour-
d'hui, comme par le passé, ses armes fortement trempées, non pas détruites,
comme ou le croit,maïs restées inoccupées,et comme tenues en réserve don-;
ses arsenaux pour le jour du combat.
TV.
La Grande Çkrïstologic,ou Jésus-Christ avec ses preuves et ses témoins,
est le déploiement, à lu. fois large et complet, des armes offensives et dé-
fensives de la foi evangélique, de ces ressources séculaires, antiques commj
le monde, fécondes et inépuisables comme la vérité que possède l'Eglise,
non-seulement pour défendre sa croyance, mais encore pour l'établir, îa dé-
montrer et pour contraindre toute raison à l'admirer, a l'embrasser.
La vjue seule de ces démonstrations ehrislologiqueî. dont chacune est par
elle-même si forte et si multiple, serait déjà une éloquente réfutation des er-
reurs contemporaines, en même temps qu'un puissant nioy^tTcTinstruction.
Là sont réunis, outre quantité de textes, en 0, 7 et même 8 colonnes paral-
lèles, les divers genres de preuves et de témoignages formant ua concert
unanime et universel en faveur des faits évangéliques.
Deux grandes divisions principales partagent mon travail: 1° les Preuves
de Notre Seigneur Jésus-Christ 5 2 ° ses Témoins. Un mot de résumé sur cha-
cun de ces deux points ..
Chaque fait de Jésus-Christ est établi, prouvé par les Prophéties, la Syna-
gogue ancienne et moderne, les Auteurs canoniques, les Pères primitifs, le*
juifs infidèles et les hérétiques primitifs, et les païens : tous ces témoisnaces
sont comparés expliqués, corroborés les uns pur les autres ^ puis les preuves
rationnelles viennent à l'appui des précédentes L'histoire de Jésus-Chrisi
se trouve ainsi racontée démontrée par chaque espèce de preuves et de té-
moignages contenus dans chacune des six colonne». Oue ces colonnes soient
présentées de front ou successivement à la suite les unes des autres elles
n'en formeront pas moins un parallélisme réel et un faisceau infrangible.
« C'est une démonstration mathématique, » a déclaré un docte et illustre
Cardinal} et un écrasant ensemble de preuves en faveur de la vérité qu'on
ne trouve nulle part ainsi réunies et présentées avec une telle force, ont dit
plusieurs autres.
6
Il est diflicile, en effet, de se faire une idée de toute la richesse de maté-
riaux accumulés dans celte première partie. D'après une appréciation très
modérée, on y compte plus de quarante à cinquante mille preuves cl témoi-
gnage tirés tant des Saintes Ecritures que de plus de huit cents volumes de
tout genre, scrupuleusement et exactement indiqués.
La deuxième partie, Jésus-Christ avec ses Témoins, n'est pas moins soli-
dement établie et ne présente pas moins de force. Ces Témoins se divisent
en sept séries : 1° Sous l'Ancien Testament, qui a été l'annonce figurative du
Messie, tous les SS. Patriarches et les Prophètes qui, durant les quarante siè-
cles qui précédèrent la naissance temporelle du Christ, lui ont prophétique-
ment cl préfigurât!vement rendu le plus éclatant témoignage; 11° Sous le
iNouveau Testament, nous avons le témoignage des Puissances spirituelles ;
111' Les douze Apôtres sont les témoins oculaires des faits de Jésus-Christ.
L'histoire de chaque Apôtre est donnée : 1" d'après les récits scripluraircs suc-
cinlemenl commentés ; 2° d'après les récits traditionnels les plus ancienne-
ment cl les plus communément suivis dans l'Eglise ; 3° d'après les relations
0
et les paroles des Saints Pères ; IV Les soixante douze disciples du Sauveur
sont eucorc les témoins immédiats et oculaires des faits do Jesus-Chrisl.
L'histoire de chacun est composée d'après les divers récits ëvangéliques. tra-
0
ditionnels, palrologiques ; Y Sept h huit cents personnages historiques de la
primitive Eglise, témoins immédiats et oculaires des prodiges de Jésus-Christ
nu de ses Apôtres ; VI° Les femmes illustres des temps apostoliques. On pré-
sente uoe rYotîcc historique sur chacune d'elles; VII" enfin, les témoins pris
en dehors de l'Eglise, parmi les princes païens, les proconsuls, les magis-
trats, les philosophes et les hérétiques contemporains, tous attestant, à leur
manière, les faits ëvangéliques, etc.
Quelle nuée de témoins ! et de témoins irréprochables et dignes de foi, car
la plupart ont donné leur sang pour confirmer la vérité de leur témoignage 1
Que de preuves accompagnent l'affirmation catholique ! Quant à la négation
rationaliste, où sont ses preuves ? Elle n'en a pas une seule qui ait de la va-
leur. . .Telles sont les richesses de l'Eglise ; e t , sans compter les forces prin-
cipales qu'elle reçoit d'En-IIaut,telles sont ses armes naturelles par lesquelles
elle peut se défendre et répondre à ses adversaires d'autrefois comme à ses
adversaires d'aujourd'hui.
Je puis le d i r e : la Grande Chrisiologie est comme une voie nouvelle ou-
verte à travers des terres jusqu'alors insuffisamment explorées; elle montre
la valeur de la Preuve ou liaison évangélique; tous les anciens oracles des Pro-
phètes, tous les monuments y étant comparés et corroborés réciproquement,
elle met en pleine lumière les vérités catholiques. La science ecclésiastique
v puisera largement pour les besoins actuels de l'apologétique et de l'ins-
truction.
Celte publication jettera la plus vive lumière sur les origines du Christia-
iiiï>4ic» JcitiTctis lcL \ en le et Isi cîi\iîiil6 d b notre ^oi ri etunont cte prcscîitcGs tv\cc
> 1
jil"Liîs tic fôi*c6 et d ceint, réunion de tous fïiisccïmx de PIgu\gs^^/*0^jZï£?*
ft*2TICS et J\1Dctcttfsicsss^ de 1 icu^csItctti07\nçi£(2ST'i(xclittotitxçllcsp de I^rcu•*
vos Archéologiques et Scripturales, etc. , u e n t très à propos dans ce siècu.-
de doute, d'incrédulité et d é n é g a t i o n : elle répond parfaitement aux vues ex-
primées par le Chef de l'Eglise, dans ses Allocutions Consisloriales. Qui n'a
point é t e n d u lo cri douloureux et retentissant de N. S. P. le Pape Pie 1 \ .
signalant, naguère, les monstrueuses erreurs de tant de faux docteurs de n<>-
ire époque qui perdent les autres, après s'être perdus eux-mêmes?
« Ils ne craignent pas, dit-il, de proclamer que les Prophéties et les mî-
« rades, exposés dans les saintes Lettres, sont des fictions de poètes: qui:
» les mystères sacrés de notre foi sont le résumé des recherches Philosopln-
j ques; que las Livres divins des deux Testaments ne renferment que des
« mythes, et que Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même (chose horrible a dire),
a n'est qu'un mythe et une fiction. »
Dans sa vigilance, le Souverain Pontife fait, en conséquence, appel à la
milice Sacerdotale \ il exhorte de plus en plus, il eo:cite vicement les Pas-
v
leurs à réfuter,à renverser, tantôt par des discours, tantôt ])ar des écrit-
opportuns tant de perverses erreurs, gui aujourd'hui empoisonnent lt-s
fidèles*— Il demande et insiste, pour qu'ils s'appliquent à cela de toutes
leurs forces, et qu'ils y apportent tous leurs soins.
ï\'est-il pas juste, n'est-il pas nécessaire de répondre à cet appel du Pon-
tife Suprême ?_Et peut-on mieux y répondre que par un ouvrage qui sur-
passe deheaucoup toutes les Apologétiques anciennes et modernes, et qui est le
r
résumé le plus complet de tout ce que le monde chrétien a jugé de meillen
en fait de preuves sur Jésus-Christ?
VI-
Lcs preuves évangéliques, voilà ce qui fait le fond et par conséquent, la
valeur de \& Nouvelle Çhristologie. Il est certain que tout le fond de 1 ou-
vrage est bon, est excellent, puisque c'est celui qui a été exploité par les
anciens Pères_pbur les besoins de leur temps, cl, après eux, par tous le-^
Docteurs de l'Eglise, également selon la nécessité de chaque siècle.
J'ai principalement suivi la marche de Saint Cypnen, évèque de Carlhagu.
d'Eusèbe, évèque de Césarée, du célèbre Iluet, évêque d'Avranches. L his-
toire considère la Démonstration Evangélique de ce dernier, comme la
plus forte qui ait jamais paru dans l'Eglise \ depuis deux siècles, enefiet-
cet ouvrage a toujours passé pour tel. Or ce monument si fameux, n a que
deux colonnes parallèles de preuves, tandis que la Chrisiologie en présente,
ordinairement, six.
La démonstration de Iluet, qui n'est que celle de Saint Cyprien augmen-
tée, ne produit que des oracles non authentiqués, non expliqués, avec les
passages évangéliques qai s'y rapportent. —La Nouvelle Démonstration
Shristologinue apporte (dans les quatre colonnes surajoutées), les preuves
irréfragables de l'authenticité des "anciennes Prophéties, avec leur catholique
interprétation traditionnelle: deux conditions absolument nécessaires,eu égard
aux dispositions sceptiques de notre siècle. Dans celle-îà, |lcs divers oracles,
figurant dans chaque colonne, sont mêlés, sans avoir entre eux aucune liai"
s
o n ; et cela ne P a p a s empêché d'être supérieure à toutes Iss autres ; dans
s
YIÏ.
Si maintenant l'on veut bien considérer que cette forme est avantage usement
modifiée, et que ce fond s'est naturellement accru avec la progression du temps ;
qu'il a été enrichi de trésors nombreux ; qu'il se trouve aujourd'hui augmen-
té d'une valeur cinq ou six fois plus grande par l'accession de documents
rares et précieux, de nouveaux témoignages, très nombreux, on pourra fa-
cilement juger quelle est la "valeur intrinsèque et extrinsèque de l'ouvrage.
Les témoignages des anciens Auteurs sont produits textuellement, avec la
phrase originale, à la manière d'Eusèbe de Césarée, de Baronius dans ses
annales Ecclésiastiques, de Saint Liguori dans ses grands et petits Traités
cls Théologie tant aimés des savants comme des esprits peu cultivés. Ce mode
de composition empêche de faire dire à un auteur autre chose que ce qu'il a
réellement dit ou écrit. Généralement, les lecteurs, lettrés ou illettrés, ai-
m e n t mieux puiser aux sources mêmes. La doctrine ou la pensée est reproduite
plus naturelle, plus p u r e , plus agréable.
Dulcius ex ipso fonte bibuntur aqaœ.
Du reste, toute la science Apologétique, Scripturale, Théologique et Phi-
losophique, Historique et Traditionnelle, y est mise à la portée de toutes les
intelligences.» même les plus vulgaires.Si elle doit être utile aux savants, aux
hommes sérieux,qui voudront consulter l'Antiquité,elle sera en même temps
de nature à porter la conviction dans toutes les autres classes d'esprits,quels
qu'ils soient, quelque superficiels même qu'on les suppose. Tous suivront ce
9
grand débat avec au moins autant d'intérêt et de curiosité, qu'on en met or-
dinairement à lire, dans le compte-rendu d'une cause importante et célèbre,
les diverses dépositions des témoins, bien que le nombre de ceux-ci soil par-
fois considérable, et que chacun d'eux touche le même point, le même fait,
avec ses circonstances. Us y trouveront le dossier contenant les pièces justi-
ficatives des divers traits de l'histoire évangcîique, le journal du siècle de
Jésus et de ses Apôtres, des jugements et des opinions de celte époque.» tou-
chant les faits de Notre Seigneur.
Un apologiste récent M. Edouard Chassay, aaussi Irai té en raccourci le môme
7
sujet. Voici la différence essentielles qui existe entre son travail et la Chris-
tologie. M. l'abbé Chassay commente plus qu'il n'argumente. Sou ouvrage
est une explication plutôt qu'une démonstration. C'est une exégèse française
faite à l'instar de l'exégèse Allemande. Les faits du ÎNouveau Testament y sont
historiquement et successivement élucidés. Mais la grande Christologie fait
plus \ elle prend tous les principaux faits de l'Evangile, et les prouve ample-
ment, méthodiquement, d'après leur importance respective,non suivant leur
ordre historique, ni selon la forme exégélîque.
Le but direct auquel elle vise, est de détruire radicalement, et pour tou-
jours, le principe et les raisons de l'incrédulité Rationaliste, qui, aux yeux
d'un grand nombre de personnes du m o n d e , semble encore plausible, et qui,
p a r l a , les retient dans u n e pernicieuse indifférence. En effet, l'Indifféren-
lisme de nos jours est né de l'incrédulité, ou, en d'autres termes, de l'ab-
sence de foi chrétienne dans les esprits. Or, nous avons voulu que le spec-
tacle de tant de preuves positives, irréfragables de la vérité Evangélique, mit
en pleine évidence la déraison du Scepticisme contemporain, en faisant bril-
ler au grand jour la surnaluralité, en même temps que la certitude histori-
que, absolue,des faits de Notre Seigneur.
La méthode adoptée dans la composition de l'ouvrage,est, avons-nous dit,
y^celle des anciens Docteurs de l'Eglise. Ils nous tracent parfailemcnt la mar-
che à suivre dans la discussion ou dans l'exposition des Prophéties Messianiques*
Les plus savants IIébraïsants, ainsi que les l^almuds et les Targums^ nous
ont fourni d'excellentes preuves, extraites de l'enseignement Traditionnel
de l'ancienne Synagogue.
Les Traditions chrétiennes primitives devaient figurer dans la Christolo-
gie^ et corroborer la partie historique. Je n'y ait fait entrer que ce qui m'a
paru suffisamment établi, de bon aloi, eleonforms à la vérité historique,les
confrontations faites préalablement. En un mot.j'ai pris,dans les Traditions*
celles qui sont du premier et du second degré \ j'ai laissé celles qui ne son^
que du troisième ordre ou de t o u t a u t r e degré inférieur.
VII ï.
La partie historique surnaturelle ou miraculeuse, a été jointe à la partie-
historique purement humaine ou naturelle. Dans ses Vies des Saints^ u n
auteur bien connu fait profession de présenter surtout le côté naturel et hu-
10
m a i n , et, d abandonner, en j'arlie, le cùJé surnaturel. O r , les deux sont
indispensables.
Je inc suis contenté d'apporter, ou plutôt d'indiquer les témoignages qui
appuient chacune des traditions citées. — Je ne me suis point attaché à réfu-
ter longuement les objections sans nombre, que l'imagination pourrait sou-
lever pour des raisons plus ou moins légères. La plupart de ces difficultés ne
m'ont point paru sérieuses, ni mal aisées à résoudre. Voilà pourquoi j ' a i évité
d'accumuler les réfutations qui auraient grossi l'ouvrage démesurément, et
causé, sans profitj uue perte considérable de temps. J'aime assez cet axiome
Romain ; Faites luire le soleil : et d'elles-vie'mes les ombres se dissiperont /
c'est-à-dire démontrez clairement la vérité, et les objections s'évanouissent
d'elles-mêmes, sans qu'il soit besoin de les réfuter une à u n e , ex professo.
J'ai constamment préféré le sentiment le 2?lus ancien et le plus commun
dans l'Eglise. J'ai comparé plusieurs anciens monuments traditionnels, les-
quels, pris seul à seul et séparément, n'ont qu'une valeur médiocre* mais
considérés collectivement et dans leur analogie, ils présentent u n fond his-
torique presque toujours i d e n t i q u e ; — et, conséquemmcnt, muni de toute la
force historique des Relations ordinaires, dont nul ne pense à révoquer en
doute l'authenticité ou la véracité. Le notable avantage qui résulte de celte
comparaison est, non seulement d'obtenir u n e preuve nouvelle pour la vérité
des faits évangéliques, mais principalement de couper court à la fameuse
objection de la philosophie incrédule, qui voudrait insinuer et faire entendre
que les premiers chrétiens, auteurs des primitives traditions, n'étaient pas
sincères. Au reste les témoins et les ctuLorïlcs Que nous invoquons,sont, pour
la plupart, de savants théologiens, de très doctes Evêques de grands Docteurs,
dont la parole est d'un poids considérable dans le monde entier.
Nous dirons comme u n écrivain moderne 1res e s t i m é : « Ce que nous avons
trouvé de parfaitement démonstratif dans les anciens auteurs, qui ont traité
les mêmes p o i n t s , nous l'avons adopté.» Nous les suivons quelquefois pas à
pas,mais toujours en indiquanlles sources. Le plus souvent, après avoir cor-
rigé quelques inexactitudes et retranché des superfluilés, nous condensons
leurs arguments, nous les fortifions par de nouvelles preuves que nous appor-
t o n s à leur appui ; n o u s mettons de plus en plus en lumière les parties bien
exposées qui existent déjà depuis longtemps. De la sorte, les démonstrations
anciennes sont élucidées et fortement appuyées par les pièces nouvelles, par
les faits nouveaux et par des détails inédits, très curieux de la plus haute im-
portance et dont de récentes et laborieuses invesligations ont amené la décou-
verte. L'esprit se sent pleinement satisfait à la vue de tant de récils , de
monuments anciens et nouveaux, pleins d'attrait, empreints d'un cachet de
grandeur, et d'intérêt dramatique. Comparés enlr'eux , ils se soutiennent,
s'expliquent merveilleusement, et se démontrent les uns par les autres.
IX.
Il y a entre l'ouvrage dont nous exposons le plan et les productions d'agré-
m e n t de certains auleurs de notre temps, toute la différence qui existe entre
1
.un joli square ou parterre et un champ vaste cl fertile. Celui-ci n'est ni auss
/leuri, ni aussi r i a n t ; mais, en revanche, il est plus utile, cl il a incompa-
'1 '1
rablcment plus de valeur. Les esprits frholoSjles gens oi>if>, aimororst. niions
le premier; les esprits sérieux, les hommes qui veulent s'instruire donne-
ront la préférence au second. L'un, source de passagère dt '(cotation, n'est
souvent qu'un moyen de vaine distraction ; l'autre, source inépuisable d'abon-
dance et de richesses, procure le bonheur constant.
Où chercher, en effet, une plus utile moisson de preuves, une plus abon-
dante récolte de motifs de conviction et de foi ? Doutez-vous de la vérité de tel
ou tel fait de la vie de Jésus-Christ ? Lisez attentivement les arguments rela-
tifs à ce fait, et vous serez convaincu. — Doutez-vous de l'ensemble des faits
et des vérités évangéliques? Parcourez toutes les preuves, considérez leur
force générale, de même que la force particulière de chacune d'elles, et la
conviction la plus forte sera le résultat infaillible de cette lecture, faite avec
une volonté droite.
Mais vous êtes croyants ; aucun doute ne s'élève comme un nur.ge dans
votre esprit? Lisez néanmoins, et votre foi ira toujours croissant. Dans les
temps où nous sommes, nous avons besoin d'une foi héroïque. D'ailleurs,
1
quoi de plus propre à réjouir le chrétien que ce faisceau de preuves sans nom-
bre et indestructible venant fortifier, affermir ses saintes croyances?..
Car, nous le répétons, la Grande Christclogie est l'histoire de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ: -1° selon les antiques et innombi'ables oracles des Pro-
phètes Hébreux ; — 2° selon les Traditions anté-messianiques des Hébreux el
des divers peuples ; — 3° selon les huit autres Auteurs sacrés ou canoniques ;
•— 4" selon les Saints Pères et les auteurs primitifs ; — 5" d'après les héréti-
ques et les Juifs infidèles des premiers temps ; — 6° d'après les témoignages
des païens et des auteurs profanes ; — 7° d'après les divers monuments tra-
ditionnels primitifs, etc.
Tout esprit droit ne peut qu'être frappé, toute âme chrétienne ne peut
qu'être heureuse de voir environnés des rayons de la divinité et des flots de
l'évidence historique, le héros principal, JÉSUS-CIIUIST, — les héros secondaires,
•ses Apôtres,— ses premiers et véritables Témoins, les saints el illustres Per-
sonnages chrétiens du siècle de Jésus, — au nombre de plusieurs milliers, dont
njbus donnerons la vie, ou la notice biographique, en leur lieu. Tout ce qui
les touche, excite au plus haut degré notre curiosité, attire notre respectueuse
^ct affectueuse attention, ils sont tels que les exigent la raison et la foi,—
tels que les veulent la science cl la piété.
X.
On peut le dire, dans laGrande Christologie se retrouvent, en quelquesorte,
les Archives contenant les titres de noire foi. Je la compare volontiers à un
temple considérable, i m m e n s e , élevé à frais communs, à la gloire du Christ
et de tout le Christianisme. Les matériaux, qui entrent dans sa structure,
appartiennent à toute l'Eglise, à l'humanité tout entière; ils sonl extraits de
toutes les carrières, de tous les temps et de tous les lieux du monde. Chaque
Prophète, chaque Docteur y apporte sa pierre précieuse ; chaque peuple,
chaque siècle sa pari, sa déposition éclatante, el ce monument aux vastes
proportions porle bien le cachet de l'universalité.
Tous les genres de sciences, on l'a v u , y sonl réunis: la Théologie, la Philo-
12
sopliïo, l'Histoire, l'Archéologie, etc. j tout y est mis à la portée de tous les
esprits. Quelque considérable quo fût le nombre dû Témoignages, j e n'ai pas
cru devoir le diminuer. Il est bon qu'il reste démontré que le Christianisme
ne pèche point par défaut de preuves. Toutefois, si deux ou trois colonnes
suffisent à tel ou tel lecteur, il pourra passer outre et aller à la thèse suivante.
Il n'est pas nécessaire, dans ce cas,, qu'il lise tout ; mais il est très avantageux
que l'on sache que la quantité des preuves è parcourir excède les exigences
des rationalistes de notre époque, même les plus difficiles.
Telle est la Grande Christologie que nous annonçons. Si sa lecture n'a pas
toujours tout l'attrait de l'histoire,— dans la première partie surtout qui est
spécialement consacrée à la discussion et à la démonstration,-— elle l'offre,
du moins, dans la deuxième partie qui, tout en fournissant de nouveaux
motifs de conviction, est entièrement historique. La première partie présente
tout l'intérêt d'un grand et solennel débat ; la seconde, celui de plusieurs
drames également importants 5 et, lors même qu'en certain endroit la forme
d'argumentation semblerait un peu aride, néanmoins la gravité du sujet et le
profit qui en résulte, rendent presque insensible cet inévitable inconvénient.
Disons, en t e r m i n a n t , que ce grand ouvrage, qui a reçu l'approbation
ecclésiastique, a été, de plus, honoré d e l à bénédiction spéciale de N» S. P .
le Pape Pie IX : BENEDICATTE DETJS, ET DUÎIGAT coa TIÎUMET IATELLIGENTIAM TU AU ! . .
Telles sont les précieuses paroles que Sa Sainteté a envoyées à l ' a u t e u r , écrites
de sa propre main.
L abbé MAISTRE,
Curé de Dampierre {Aube)*
1. 2, COR. XI, 3.
2. S. Basil. De Hrginitale.
HISTOIRE
DE
S A I N T P A U L
APOTRE DES GENTILS
LIVR.E PREMIER
CHAPITRE I
ov
1- Dans le grec : XIXTSVSY** 4^i? '• Deluii calculum : J'ai donné mon
vote : Âct- xiii, 10¬
2- Tite-Live« — 3- S- Aug- 5cmi« 316, c 4.
L'an 3 4 , après la mort de S. Etienne, il s'éleva une grande
1
p e r s é c u t i o n contre l'église d e Jérusalem. Elle fut excitée
par les prêtres et les magistrats des Juifs, et Saul était celui
qui montrait le plus d ' a c h a r n e m e n t à perdre les disciples d e
Jésus-Christ et à ravager l'Église. Son faux zèle, comme
il l'avoue lui-même, lui fit j o i n d r e la cruauté a l'ignorance
et à l'infidélité, et le porta j u s q u ' à la fureur. Il entrait dans
les maisons, il e n tirait de force les hommes et les femmes,
il les chargeait de chaînes, et les jetait dans les prisons,
usant du pouvoir presque illimité qu'il avait reçu des P o n -
tifes ~. Il entrait également d a n s toutes les synagogues,
faisait b a t t r e de vendes, tous c e u x qui croyaient en J é s u s -
Christ, les traînait en prison, et employait tous les tourments
et les supplices pour les forcer à blasphémer le nom du
Christ
En u n mot, il n'y avait rien qu'il ne crut devoir faire
contre le n o m de Jésus-Christ. Le bruit des maux qu'il
faisait souffrir aux Saints dans Jérusalem, se répandit jusque
dans des villes très-éloignées, où son nom inspirait de la
s
terreur aux âmes chrétiennes les plus g é n é r e u s e s .
C'est à cette époque que plusieurs écrivains ecclésiastiques
rapportent ce q u e dit S. P a u l d a n s l'épître aux Hébreux* :
« Rappelez vous, leur dit il, le premier temps dans lequel vous
« avez été illuminés pur le baptême i vous avez soutenu de
« grands combats, et de grandes afflictions. Vous avez été les
« uns exposés devant tout le inonde aux injures et aux lour-
t ment s ; les autres, vous avez été les compagnons de ceux qui
« ont souffert de semblables indignités. Car vous avez compati
« à ceux qui étaient dans les chaînes, et vous avez vu avec joie
« tous vos b:ens pilles, sachant que vous avez au dedans d'au-
t très biens plus excellents qui ni périront jamais." Les Fidè-
les p e r d i r e n t , e n effet, leurs b i e n s dans cette persécution,
tant ceux qu'ils possédaient en c o m m u n , que ceux dont
1. Act. VHI, 1 et seq. — 2- Act. ix, i-2« — 3. Idem, vin, 3 ; xxn, 4; ix,
13-14. — 4. Hebr. x, 32-34» •
("[UBlrfucs-utis n e s'étaient pas encore défaits. Le soin q u e
S. Paul prit plus tard de recueillir des aumônes pour l e s
Chrétiens de J é r u s a l e m , montre assez à. quel dénument ils
avaient été réduits.
Cette fureur d e Saul à poursuivre les premiers Chrétiens
confirme le trait traditionnel que n o u s avons placé au cha-
pitre IV de l'histoire de S. Jacques-le-Mineur. Cet Apôtre
avait par ses prédications et par ses miracles amené à la
foi évangélique u n grand nombre de p r ê t r e s juifs, et était
sur le point de convertir à J.-C. des personnages très c o n -
sidérables de la Synagogue, avec u n e g r a n d e partie du p e u -
ple de Jérusalem. C'était avant le m a r t y r e de S. Etienne.
Lors donc que le Saint Évêque de Jérusalem et les Apôtres
eurent parlé d u r a n t sept jours devant le peuple et les p o n -
tifes, avec u n tel succès, q u e tous se disposaient déjà à re-
cevoir le baptême du Messie, « u n h o m m e ennemi, dit l'an-
1
cien auteur des histoires apostoliques , entra alors d a n s
le Temple avec u n t r è s petit n o m b r e de p e r s o n n e s , se m i t
à crier et à dire :
•— « 0 Israélites, q u e faites-vous? Pourquoi vous laissez-
« vous si facilemeut séduire? Pourquoi vous livrez-vous si
« précipitamment à des hommes m a l h e u r e u x , trompés p a r
« un magicien? »
Voyant que tout le peuple entendait ses p a r o l e s , et q u e
néanmoins l'évêque S. Jacques obtenait s u r lui l'avantage,,
il se mit à troubler l'auditoire, à exciter le tumulte et la
sédition ; de sorte q u e le peuple se trouva dans l'impossibi-
lité absolue d'entendre les paroles de l'Apôtre. P a r ses" cla-
m e u r s il jetait p a r t o u t l'agitation, il renversait tout ce qui
avait été disposé et mis en ordre avec beaucoup de peine ;
il accusait en m ê m e temps les prêtres. P a r ses reproches
et p a r ses injures, il soulevait tout le m o n d e . Et, semblable
à un h o m m e pris de frénésie, il excitait tous les Juifs à m e t -
t r e à mort les Apôtres :
C H A P I T R E III
CONVERSION DE SAUL,
l. Act. « , i-2»
choit de Damas*, il vit tout-a—coup, à l'heure de midi, venir
du ciel une grande lumière, plus brillante crue le soleil ; elle
l'environna lui et ceux Qui l'accompagnaient. Ils virent tous
1
cette lumière et tombèretit par terre, saisis de f r a y e u r .
Dieu voulut d'abord abattre l'orgueil et la fière obstination
dont Saul était rempli, afin qu'il reçut avec soumission et
avec humilité les ordres qu'il avait à lui donner. Il le fou-
s
droya pour le sauver, dit S. A u g u s t i n . Après qu,il eût ainsi
été terrassé, il entendit une voix Qui lui disait en langue
hébraïque :
— SauU Saùl. pourquoi me persécutez-vous ?
S.- Chrysostôme dit, que Dieu voulut que la lumière pré-
cédât la voix, afin que Saul frappé divinement par cette
lumière si éclatante, se calmât u n peu dans sa fureur, et
fût en état d'écouter ensuite la voix avec plus de docilité.
3
Et S. Ambroise le comparant dans l'égarement de son
esprit a u n loup qui court au milieu des ténèbres de la nuit,
dit qu'il fût comme aveuglé p a r la lumière qu'il vit tout-
à-coup briller à ses yeux. Il est remarquable que Jésus-
Christ n e lui dit pas : —• Croyez en moi, ou quelqu'au.tre
chose de cette n a t u r e . Mais il se contente de lui reprocher
la persécution qu'il lui fait j et il lui demande en quelque
4
façon, dit S. Chrysostôme , ce qui pouvait le porter à p e r -
sécuter sa personne dans ses membres ; voulant l'obliger
par là à faire réflexion sur l'injustice et la violence de sa
conduite..
y 5. Il répondit :
— Qui êtes-vous, Seigneur ?
Et le Seigneur lui dit :
— Je suis Jésus que vous persécutez. Il vous est dur de
regimber contre Vaiguillon.
i. Act. ix, 3 ; Jbid- xxn, 6' •— 2. Aug. Serin» l~o, c 6< — 3. S- Ambr. Dt
benedict' Patriarch>c. ull. — 4. S- Ghrys in Act. hom. 16, p. 181 ; S. Ang.
in Ps. 30-
y 6. Alors tout tremblant et tout effrayé, il dit :
t
— Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?
Voilà donc ce loup dévorant changé tout-à-coup en u n
agneau. Ne connaissant point encore celui qui parlait ; mais
se sentant néanmoins abattu sous la puissance de Dieu, il
l'appelle Seigneur, et lui demande qui il est ; effrayé d'en-
tendre qu'il persécute celui dont la lumière brille à ses
y e u x , dont la voix retentit à ses oreilles, lorsqu'il croit
rendre un très-grand service à Dieu en persécutant les
Disciples de Jésus. Mais sa frayeur fut extrême, lorque cette
voix lui dit : Je suis Jésus de Nazareth que vous persécutez.
3
Selon S. Hilaire ~ et S. A u g u s t i n il voyait en ce m o m e n t
Jésus-Christ qui lui apparaissait en personne. Ce sentiment,
adopté par Calmet, est confirmé p a r l'Écriture. Car Ananie
dira expressément, y. 17 : Mon frère Saul, le Seigneur
qui vous est apparu dans le chemin, m'a envoyé pour vous
rendre la vue. Quand S. Barnabe aura conduit le nouveau
converti devant les Apôtres, il leur racontera comment le
Seigneur lui est apparu sur la route, et au chap. x x n 14
Ananie lui dira • Dieu vous a prédestiné pour connaître sa
volonté afin que vous voyiez le JUSTE c'est-à-dire Jésus-Christ
et que vous entendiez la parole de sa bouche On m o n t r e aux
de la Terre-Sainte le lieu où S Paul fut renversé
à trois lieues de Damas vers le midi Et du t e m p s d e
<T 4
S Au ustin il y avait u n e église à l'endroit où il fut
converti
Le Christ, selon la réflexion de S. Chrysostôme, n e dit
pas à Saul, qu'il était Jésus ressuscité d'entre les m o r t s ; —
qu'il était Jésus assis à la droite d e Dieu le P è r e . Il n e lui
dit pas non plus, selon la r e m a r q u e de S. Grégoire, qu'il
était le Verbe É t e r n e l , né de Dieu avant tous les siècles
et le principe de toutes choses. Mais il lui déclare qu'il est
entière confiance .* que J.-C. est venu dans le monde sauver h's
pécheurs, entre lesquels je suis le premier. Mais j'ai reçu misé-
ricorde, afin que je fusse le premier en qui J.-C. fit éclater son
extrême patience, et que j'en devinsse connue un modèle et un
exemple à ceux qui croiront en lui pour acquérir la vie
éternelle.
Comme Saul avait passé trois j o u r s sans manger, et que
ses forces étaient abattues par suite de sa crainte, de son
affliction, ainsi q u e par la fatigue du chemin, il mangea alors,
et reprit ses forces (y. 19).
C'est ainsi qu'arriva la célèbre conversion de l'Apôtre des
Gentils, du P è r e spirituel de presque toute la terre. L'Eglise,
pour laquelle il a travaillé autant et pent-être plus que les
autres Apôtres, en a voulu h o n o r e r le moment par une fête
solennelle. Depuis plusieurs siècles, elle célèbre cette fête le
25 janvier, jour auquel on faisait, dès auparavant, une com-
mémoraison particulière de ce grand h o m m e apostolique, à
l'occasion d'une translation de ses reliques. La fête de sa
conversion se faisait en F r a n c e , il y a plus de onze siècles,
comme on le voit p a r u n ancien missel de l'Eglise gallicane.
Le Pape I n n o c e n t I I I ordonna d e l à célébrer solennellement.
Elle a été quelque t e m p s d'obligation dans la plupart des
églises d'Occident* et comme n o u s l'apprenons d'un concile
tenu à Oxford en 1222, sous le roi Henri III. elle était aussi
autrefois en Angleterre du n o m b r e des fêtes de précepte.
A l'époque de sa conversion, S. Paul avait environ
trente-six ans. Selon S. Augustin, il quitta ses biens, et,
lorsqu'il prêchait l'Evangile, il n e possédait rien. C'est pour-
quoi S. Chrysostôme l'appelle u n h o m m e pauvre.
On ne sait s'il était veuf ou s'il avait été envasé dans les
liens du mariage. Mais il est certain que, depuis ce moment,
il a fait profession, comme le dit S. Augustin, d'une conti-
n e n c e et d'une chasteté entière et parfaite.
CHAPITIiE IV
:
Saul prêche lEvangilii à Damas, on Arabti!, à J'. nis:ilern, à Tarse, sa ville
natale. — Etonnement général.
1
y. 49. Après avoir repris ses f o r c e s , Saul demeura quel-
ques jours avec les Disfiplt's qui étaient à Damas. — y 20. Et
il se mit aussitôt à prêcher Jésus dans les Synagogues assurant
qu'il était le fils de Dieu.
y. 21. Tous ceux qui l'écoutaient étaient ri^ns l'étonnement
et disaient :
— N'est ce pas là celui qui persécutait si cruellement dans
Jérusalem ceux qui invoquaient ce Nom, et qui est venu ici
pour les emmener prisonniers aux Princes des Prêtres ? Corn -
ment annonce-t-il donc maintenant la foi qu'il s'efforçait de
détruire f
y. 22. Mais Saulse fortifiait de plus en plus^ et confondait
les Juifs qui étai>'nt à Damas, leur démontrant p a r les
Ecritures, que Jé.sus était le Messie.
II se retira ensuite dans l'Arabie.
On ignore combien Saul resta de jours à Damas a p r è s s a
conversion. Mais il sut profiter de ce temps pour p r ê c h e r
J.-G. dans les Synagogues, avec u n e liberté et u n e force
extraordinaires. — Lui-même nous apprend, dans l'Epître
aux Galates % crue, après avoir p r ê c h é quelque t e m p s à
Damas, il alla en Arabie, c'est-à-dire dans cette partie d e
l'Arabie-Déserte, qui confine avec la Syrie, et qui n'est p a s
bien éloignée de Damas. Cette ville était alors sous la domi-
nation d'Arétas, u n des rois d'Arabie.
On n e sait pas ce que Saul fit dans l'Arabie ; et, c o m m e
S. Luc n'en parle point, on infère de son silence, qu'il n'y
i . S. Joan. vin. 59 et xn,36. — 2. Rom. vu, 36-36: Ad. xx, 23; xxi, 13,
— 3. Vide Hicron. et Chrysost. in cap. i, ad Galat. — 4. Act. ix. 27.
M* ^l'^t
y. 28. Paul demeura donc dans Jérusalem vivant avec eux '
2
et parlant avec force au nom du Seigneur . Il y séjourna seu-
lement quinze jours, et il n'y apprit rien de nouveau, p u i s -
q u e ayant été instruit par J.-C. m ê m e , il n'avait p a s besoin
de recevoir des h o m m e s a u c u n e nouvelle lumière. A p p u y é
du secours de Dieu, et confiant en son nom et en sa p r o t e c -
tion, il parlait hardiment et librement aux Juifs, et annonçait
l'Évangile et la Résurrection de J.-C.
y . 29-30. H parlait aussi aux Gentils et il disputait avec les
Grecs, et eux cherchaient un moyen de le tuer. — Ce que les
frères ayant reconnu, ils le conduisirent a Ccsarèe, et l'en-
voyèrent à Tarse.
Il ne craignit pas de parler aux Païens et aux Gentils, p a r c e
qu'il avait été établi particulièrement l'Apôtre des Gentils,
selon qu'il l'assure lui-même. Et il disputait en même temps
avec, les Grecs, c'est-à-dire avec les Juifs étrangers, ses a n -
ciens compagnons de foi et de synagogue qui, comme lui
n e demeuraient pas dans la Judée et qui parlaient la langue
grecque. Car il se croyait particulièrement obligé de d é t r o m -
p e r tous ces Juifs qui l'avaient vu longtemps dans la m ê m e
e r r e u r où ils étaient encore engagés. Mais, p a r c e q u e la
vérité qu'il défendait et les fortes preuves dont il l'appuyait,
les accablaient, ils cherchèrent le moyen de h tuer : ce qui
étaient, dit S. Chrysostôme % la m a r q u e la plus éclatante du
triomphe de la vérité, puisqu'on n'en venait à la violence,
que parce qu'on se sentait vaincu par la vérité. Ainsi, l a
crainte qu'eurent les fidèles qu'on n e fit mourir S. P a u l ,
avait fait a l'égard de S Etienne, et q u ' u n e n o u -
velle persécution n e s'élevât dans l'Église les porta à lui
persuader de sortir de Jérusalem d'où m ê m e ils le condui-
s i r e n t jusqu'à Césavée qui était le chemin de Cilicie et ils
Venvoyèrent à Tarse dans
plus d.6 sciônc© G l de s'wesse q u e n'en ivaient appris tous
in Acl.
les philosophes. Il p r ê c h a dans sa ville natale la vérité de la
foi, qu'il avait le b o n h e u r de connaître et d'enseigner. Il
s'occupa au ministère évangélique, sans avoir rien à craindre,
dans son pays et dans les lieux circonvoisins, jusque vers
l'an 4 1 , qu'il fut appelé à Àntioche.
CHAPITRE V
Saint Paul prêche à Antioche avec S. Barnabe.— II porte avec cet Apôtre, à
Jérusalem, les aumônes des premiers Chrétiens d'Antioclie.
CHAPITRE VI
Saul est ordonna apôtre et évoque, avec Barnabe, dans IV^liso d'Àntiochc.
— Sa mission. — Son ravissement merveilleux. —Ses dons surnaturels.
1. L Cor. ii, 10. — 2. Âcl- xxi, 10-11. — 3. Idem- xn, 23. — 4 . IMd. xm
et scq.
des Prophètes et des Docteurs, parmi lesquels étaient Barnabe,
et Simon qu'on appelait L E N O I R ; Lucius de Cyrène. Manahen,
frère de lait d'IIérode-le Têlrarque, et Saul.
y . 2. Or, pendant que ces Saints rendaient leur cu'te au
Seigneur, c'est-à-dire lui offraient le sacrifice eucharistique,
et Qu'ils jeûnaient, le Saint Ehprit leur dit :
— Séparez moi Saul et Barnabe pour l'oeuvre à laquelle je
les ai destinés, c'est-à-dire, pour l'apostolat,. p o u r p r ê c h e r
l'Évangile avec u n e pleine autorité.
y . 3. Alors, après qu'on eut jeûné et prié, p o u r q u e Dieu
donnât à son Église de bons ministres, — Siméon, Lucius et
Manahen, trois grands personnages de l'Église primitive,
trois éminents Prophètes et Docteurs, tous trois élevés à la
dignité épiscopale, imposèrent les mains à S. Paul et à
S. Barnabe, leur conférèrent l'ordre de l'Épiscopat, et, d a n s
cette ordination qui fut faite, c o m m e celle de S. Timothée,
1
p a r u n e révélation expresse du Saint-Esprit ; ils leur obtin-
r e n t les grâces nécessaires pour remplir dignement et
efficacement les fonctions d e l e u r ministère apostolique.
Cette ordination a constamment été dans l'Église le modèle
de toutes celles qui se sont faites dans la suite. On s'y dis-
pose par le j e û n e et par la prière, tant de la part des m i n i s -
t r e s q u e de la part de ceux qui reçoivent l'Ordination ; et
cette cérémonie si sacrée et si importante, se fait p e n d a n t
le t e m p s du saint Sacrifice
Après q u e les trois Evêques eurent ordonné Paul et
Barnabe, ils les envoyèrent, et leur donnèrent mission, p o u r
aller prêcher l'Évangile aux Gentils.
Selon plusieurs écrivains ecclésiastiques, et n o t a m m e n t
Baronius, ce fut en ce m ê m e t e m p s que S. Paul fut ravi au
3
troisième C i e l , et qu'il y entendit ces mystères, qu'il n'est
pas permis à l'homme de révéler. Il dit lui-même qu'il n e
sait s'il fut ravi en son corps, ou sans son corps, c'est-à-dire
s'il a été absolument s é p a r é de son corps, comme p a r u n e
1. Tliimjtli. iv, 13. — 2. //, Cor, xn, 2, 3, 4.
— 29 —
mort passagère \ ou s'il a été seulement élevé au-dessus des
sens par u n e extase et u n ravissement, qui suspendit m o -
mentanément son attention à tout ce qui se passait autour
de lui. C'est donc au troisième Ciel, qu'il apprit ces grandes
vérités, dont il avait u n e si profonde connaissance, qu'il
nous communique dans ses Épîtres. Il dit qu'il connut par
révélation, particulièrement le mvstère de la vocation des
1 2
G e n t i l s . Il vit les secrets du Ciel, disent les P è r e s , et la
splendeur de notre céleste Patrie. Il contempla les Choeurs
des Anges, et il entendit les Cantiques p a r lesquels ils célè-
brent la gloire du Créateur. Selon S. Augustin, il fut élevé
jusqu'à la vie et à la félicité des Esprits bienheureux, il fut
témoin de la vie, dont n o u s espérons vivre u n jour dans
l'Éternité II vit la ^loire de Dieu sans voile et sans énigme J
il vit Dieu m ê m e face à face autant q u ' u n e créature en est
capable
Ce ravissement de S. P a u l a été connu des Païens eux-
m ê m e s . Lucien *, dans son Dialogue Philopcttris qu'il com-
posa dans les t e m p s apostoliques, fait parler u n chrétien,
n o m m é Triéphon, et lui fait dire, qu'il avait été renouvelé
dans l'eau par ce célèbre Galilêen, qui avait été élevé dans les
airs jusqu'au troisième Ciel, où il avait appris de& choses
admirables.
Deux sortes d'hérétiques primitifs, les Caïniles et les
Gnostiques. parlent aussi d e ce ravissement de S. Paul, dans
deux livres, où ils enseignaient leurs e r r e u r s doctrinales, et
qu'ils avaient intitulés, les u n s ". L'élévation de S. Paul
(Anabaticori)] les autres : UApocalypse de S. Paul, S, Epi-
4 e
p h a n e , S. Augustin"', Sozomène , font mention de ces
ouvrages hétérodoxes, qui sont u n double monument irré-
cusable de l'authenticité des Épîtres du grand Apôtre et de
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
ÉVANGÉLISATION DE L'ASIE.
CHAPITRE I
C H A P I T R E II
9
Saint-Esprit. Et e n c o r e : Allez par tout le monde, prêchez
3
l'Evangile à toute créature. E n f i n : Il fallait que le Christ
souffrit, et Qu'il ressuscitât, et que l'on prêchât la pénitence
en son nom parmi toutes les nations, en commençant par
Jérusalem.
S. Paul évite de leur citer les p r o p r e s paroles de J.-C.
qui commande dans l'Evangile d'aller porter la parole divine
aux Gentils ; les Juifs rebelles auraient contredit son témoi-
1
gnage ; mais il cite I s a ï e qui, parlant du Messie, dit expres-
sément qu'il sera la lumière du Seigneur parmi les Gentils,
et qu'il sera leur Sauveur et leur Libérateur jusqu'aux extré-
mités du monde. Car, dit S. Paul, le Seigneur nous l'a ainsi
commandé, conformément à ce qui est prédit .*
JE VOLS AI ETABLI POUR ETRE LA LUMIERE DES UrENTILS
AFIN QUE VOUS SOYEZ LEUR SALUT JUSQU'AUX EXTRÉMITÉS
DE LA TERRE.
5
y . 48. Les Gentils entendant ceci , et ayant lieu d'espérer
de pouvoir entrer dans l'Eglise, sans être astreints à l'obser-
vation de la Loi Mosaïque, se réjouirent ; et Us glorifiaient la
parole du Seigneur : et tous ceux qui avaient été prédestinés à
la vie éternelle, embrassèrent la foi.
y . 49. Ainsi la parole du Seigneur se répandit dans tout le
pays.
y . 50. Mais les Juifs joignirent bientôt u n e persécution
effective à celle des paroles et des injures. Ils animèrent des
femmes dévotes, des personnes de qualité, et les principaux de
la ville, et ils excitèrent un soulèvement contre Paul et Bar-
nabe, et les chassèrent de leur pays.
i. Matth. xxviii, 19. •—2. Marc, vu, 15.— 3. Luc, xxiv, —4. Isaïe, xux, 6.
— 5. Act. XIH, 48-52.
t
4
y . 51. Alors Paul et Barnabe, ayant secoué contfe eux la
poussière de leurs pieds, ils partirent pour Icône. .
y. 52. Cependant les Disciples étaient remplis de joie et du
Saint-Esprit. Le traitement fait à leurs maîtres n'affaiblit ni
leur foi, ni leur courage, parce q u e ces violences de la p a r t
des Juifs, n'indiquaient q u e leur jalousie et leur défaite.
C H A P I T R E III
1. II, Cor. xi, 25. — 2. Asler. Moral, xn, p, 297 ; Greg. in Job. lib. xxxi,
c. 15 ', Clirysost. £fowi. xxxi. — 3. Âcl. xx, 24.
y . 20, Lorsque Paul et Barnabe eurent annoncé l'Evangile
dans cette ville de Derbé, et qu'ils eurent instruit beaucoup de
Disciples qu'ils avaient acquis à la foi, ils repassèrent à
Lystres, à Icône, et à Antioche de Pisidie, y . 2 1 , fortifiant le
courage des Disciples, les exhortant à persévérer dans la foi,
et leur remontrant que c'est par beaucoup de peines et d'afflic-
tions que nous devons entrer dans le lioyaunie de Dieu,
Ce n'est point assez d'avoir r é p a n d u la s e m e n c e de la
parole évangélique ; il faut l'arroser, il faut la cultiver, il
faut la garantir contre le froid et la tempête, et les b ê t e s
féroces. Les nouveaux convertis de ces villes d'Asie, exposés
qu'ils étaient au milieu des Juifs et des Païens, qui les p e r -
sécutaient et les affligeaient en toute manière, avaient besoin
d e secours et de consalation. L'Apôtre ne leur p r o m e t en ce
m o n d e ni douceurs, ni plaisirs, ni prospérités ; mais il l e s
affermit dans la foi, en leur m o n t r a n t que c'est par b e a u c o u p
d e peines et d'afflictions q u e n o u s devons entrer dans l e
royaume de Dieu vérité qui est inculquée dans toutes l e s
Ecritures et q u e S. Paul a soin de r e m e t t r e souvent d e v a n t
l
les yeux de ses Disciples . C'est la voie que J.-C. l u i - m ê m e
2
a s u i v i e : Nonne oportuit pati Christum, et ita intrare in
gloriam suam ? S. Barnabe, dans son Épitre catholique, cite
ces paroles comme ayant été prononcées par J.-C. .* Ceux
qui veulent jouir de ma vision et entrer dans ma gloire, doivent
me posséder par les afflictions et par les tourments. Ceux q u i
n e sont pas encore bien affermis dans la foi se r e b u t e n t
aisément, s'ils n e sont bien p e r s u a d é s de cette vérité fonda-
mentale du Christianisme.
y . 22. Les deux Apôtres ordonnèrent des Prêtres dans
chaque église avec des prières et des jeûnes, comme il s'était
3
pratiqué à l'ordination de S. P a u l et de S. B a r n a b e . C'était
principalement pour ordonner des évoques et des p r ê t r e s
dans chacune des églises qu'ils avaient fondées, qu'ils revin-
1. Rom. VIII, 17 ; II, Timoth., ii, 11-12; III, 12, etc. — 2. Luc, xxiv, 2G.
— 3. Acl. xui, 3.
rent parmi tant cle périls dans les villes de Lystres, d'Antioche
et d'Icône ; car comme ils se sentaient appelés ailleurs par
l'inspiration du Saint-Esprit, et qu'ils n e pouvaient veiller
par eux-mêmes au gouvernement de ces églises toutes n o u -
velles, ils jugèrent qu'il fallait leur donner des Chefs, des
Evêques et des P r ê t r e s , p o u r les soutenir et les conduire au
milieu de tant de dangers et d'ennemis qui les environnaient.
— Les Apôtres prièrent et j e û n è r e n t avec les fidèles avant
cette importante ordination, afin q u e ceux qui devaient faire
le choix des ministres, fussent éclairés des lumières de
l'Esorit de Dieu pour élire les plus capables et les plus
dignes, et afin q u e ceux qui seraient élus fussent remplis des
qualités pastorales nécessaires p o u r administrer ces primi-
tives paroisses. Après en avoir ordonné plusieurs avec ces
cérémonies q u e l'Eglise a observées dans la suite des âges,
ils les recommandèrent au Seigneur auquel ils avaient cru. Ce
qui m a r q u e q u e l e choix fut fait p a r m i les plus dignes d'entre
les Néophytes.
y . 2 3 . Ils traversèrent ensuite la Pisidie, et vinrent en
Pamphilie. y . 24. Là, ils annoncèrent laparole de Dieu à Pergc,
1
la p r e m i è r e ville de l'Asie-Mineure où ils avaient p r ê c h é
auparavant.
D e l à , ils descendirent à Àttalie, a u t r e ville de laPamphylie,
située p r è s de la Méditerranée,
•y. 25, Etant dans cette dernière ville, ils résolurent d'aller
dans l'Eglise de la Grande Antioche, où ils avaient été or-
donnés depuis deux ans, afin d'y r e n d r e compte de l'état de
leurs missions et du succès de leurs travaux apostoliques.
D'Attalie ils firent donc voile à Antioche de Syrie, d'où on les
avait envoyés, en les abandonnant à la grâce de Itieu, pour
VcBuvre qu'ils avaient accomplie.
y. 26. Lorsqu'ils y furent arrives^ ils assemblèrent l'Eglise,
et ils racontèrent combien Dieu avait fait de grandes choses
avec eux, les merveilles et les conversions qu'il avait opérées
CIIAPITïiE IV
CHAPITRE V
2
y . 1. O r , dans le temps que P a u l et Barnabe étaient
encore à Antioche de Syrie, quelques-uns qui étaient venus
de Judée ens"ignaient aux frères la doctrine suivante :
— Si vous n'êtes circoncis, suivant la pratique de la Loi de
Moïse, vous ne pouvez être sauvés.
Les Apôtres n'ont point eu de plus grand obstacle à s u r -
monter dans la prédication de l'Evangile pour l'établisse-
m e n t de la Religion chrétienne, q u e l'obstination des Juifs
m ê m e convertis à la foi. Ils étaient si attachés aux obser-
vances des cérémonies légales, qu'ils ne pouvaient se
résoudre à les quitter ; il se trouvait même parmi eux des
prédicateurs zélés qui leur persuadaient que l'Evangile n e
i . //, Cor. i, 8. — 2. Ad. xv, i et seq.
les sauverait point, à m o i n s qu'ils n e se soumissent à la
circoncision et aux autres observations mosaïques. S. Paul,
clans son EpUre aux Galates, s'élève contre ces faux Apô-
1
tres, parmi lesquels, selon S. E p i p h a n e , était Cérinthe, qui
fut depuis un fameux h é r é s i a r q u e et qui se fit le chef de
ce nouveau parti formé a u sein de l'Eglise si florissante
d'Antioche.
y . 2. Sur cela il s'éleva un grand trouble parmi les fidèles ;
Paul et Barnabe disputèrent longtemps et fortement contre ces
faux docteurs. P o u r t e r m i n e r cette difficulté, il fut résolu
que Paul et Barnabe et quelques-uns d'entre les autres, c'est-
à-dire du parti opposé, iraient à Jérusalem vers les Apôtres
et les Anciens, pour leur faire décider cette question.
9
S. Paul, dans YEpître aux Galates , nous apprend u n e
particularité qu'on n e lit point d a n s les Actes ; c'est qu'il sut
par révélation qu'il devait faire ce voyage, et qu'il le fit,
accompagné de Barnabe et de Tite, quatorze ans après le
premier voyage qu'il y avait fait e n suite de sa conversion.
Il n e voulut pas circoncire Tite, qu'il menait avec lui, tant
il avait confiance clans la bonté de la cause qu'il défen-
dait.
Au premier Concile, qui s e tint dans l'Eglise et qui était
présidé par S. P i e r r e , il y avait, outre le Prince des Apô-
tres, l'Evêque de Jérusalem, S. Jacques-le-Mineur, frère du
Christ, l'Evangéliste S. J e a n , S. P a u l et S. Barnabe, et, selon
S. Chrysostôme % quelques autres d'entre les Apôtres et les
soixante-douze Disciples. Il s'y trouva aussi des Prêtres ou
des Anciens, et plusieurs frères d e l'Eglise de Jérusalem,
qui n'avaient aucun droit d e suffrage au Concile, mais qui
y assistaient simplement c o m m e auditeurs.
y . 3. En faisant le voyage d'Antioche à Jérusalem, Paul
et Barnabe avaient été accompagnés à leur départ de beaucoup
de fidèles originaires de la capitale de Syrie, et en traversant
l. Gala t. n, 1-10.
clans les Actes des Apôtres. C'est q u e , avant son départ de
Jérusalem, S. P a u l exposa aux Apôtres et aux fidèles la doc-
trine qu'il avait j u s q u e là p r ê c h é e p a r m i les nations \ il con-
féra avec les principaux Chefs de l'Eglise sur quelques'points
importants et difficiles, q u e l e c o m m u n des fidèles n'était p a s
à môme de juger. Les Apôtres n e trouvèrent rien ni à cor-
riger, ni à ajouter à son enseignement ; ils virent avec joie
la grâce que Dieu lui avait d o n n é e ; ils reconnurent qu'il
avait été établi l'Apôtre spécial d e s nations, et Us lui don-
nèrent les mains, en signe d'une parfaite union. Ils lui
recommandèrent le soin des p a u v r e s de la Judée, et S. P a u l
s'acquitta avec zèle de cette commission, comme il nous
l'apprend dans ses Lettres
CHAPITRE VI
L ' a n c l o « T . - C S i . »
1.1, Cor. xvi, 1-2 et setj. — 2, Act. xv, 35 et seq. — 3. Galal. n, 11-14
et se 7 .
5
Antioche, il commença à se séparer des Gentils, et à ne plus
m a n g e r avec eux, donnant p a r là lieu de croire q u e l'obser-
vation de la Loi Ancienne était nécessaire, et détruisant en
quelque sorte ce qu'il avait défini au Concile de Jérusalem.
— L'exemple de S. Pierre fut suivi par les Juifs convertis,
et Barnabe m ê m e s'y laissait entraîner avec les a u t r e s . Mais
S. P a u l , craignant les suites de cet exemple, en reprit
S. Pierre lui résista en face, et lui dit devant tout le m o n d e ,
qu'il avait tort de vouloir obliger p a r son exemple les Gentils
à vivre suivant la loi des Juifs. Cet accident n e détruisit pas
la charité qui régnait entre les deux Ànôtres, et ne servit
qu'à l'édification de l'Église.
y. 38. Quelques jours après, l'Église d'Antioche étant con-
solée et affermie dans la foi, Paul dit à Barnabe : Retournons
visiter nos frères par toutes les villes où nous avons prêché la
parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont.
Les Eglises qu'ils avaient fondées ensemble étaient celles
de Chypre, de Pamphylie, de Pisidie et de Lycaonie, de
Salamine et de P a p h o s , de P e r g e , d'Icône, de Lystres, de
Derbé, d'Antioche de Pisidie, et d'autres villes. Le zèle de
S. Paul n e lui donnait aucun r e p o s . *
y . 37. Or, Barnabe voulait prendre et mener avec eux son
cousin Jean surnommé Al arc.
y. 38. Mais Paul, voyant ce désir de Barnabe, le priait
avec douceur de considérer qu'il n'était pas à propos de preti -
dre avec eux Celui qui les avait quittés en Pamphylie, et qui
ne les avait point accompagnés dans leur ministère. Ces raisons
d'inconstance et de légèreté de la part de Jean-Marc n e
firent p a s assez d'impression sur l'esprit de Barnabe j il
persista dans son sentiment, et S. Paul dans le sien, de
manière qu'ils se séparèrent. S. Chrysostôme soutient qu'ils
avaient raison chacun de leur côté, et n e veut pas q u e n o u s
décidions lequel des deux en avait le plus.
1. Porphyre et Julien-l'Apostat font mention de ces faits, dans le bat de
combattre la religion ; mais ils ne font qu'attester l'histoire des Apôtres,
sans nuire à la foi chrétienne.
y, 39. Il se fovïïici donc entre eux une contestation, oui fut
cause qu'ils se séparèrent l'un de Vautre .* Barnabe prit Marc
avec lui, et s'embarqua pour aller en Chypre.
Ce fut là u n e diversité d e sentiments qui n'est point
incompatible avec l'estime et la charité, ni m ê m e avec
l'amitié. S. Paul était plus ferme, et cherchait la justice.
S. Barnabe était plus indulgent et suivait plus le sentiment
de l'humanité et de la t e n d r e s s e . La sévérité de Paul fut
utile à Marc, parce qu'elle le rendit plus constant et plus
résolu ; la douceur de S. B a r n a b e fit qu'il n e tombât pas
dans le découragement et l e désespoir après sa première
faute, La Providence voulut q u e la division de sentiments
qui survint entre Paul et B a r n a b e , servit à la propagation
de l'Evangile et à l'édification d e l'Eglise ; car ces deux
grands hommes s'étant séparés, p a r c o u r u r e n t u n e plus
grande étendue d e pays, et éclairèrent u n plus grand n o m -
bre de provinces. Jean-Marc travailla constamment dans
la suite à l'œuvre de l'Evangile, et on croit que plus tard il
1
s'attacha à S. P a u l . Quant à S. B a r n a b e , il n'en est plus
fait mention dans les Actes, depuis cette époque.
y . 40-41. Alors Paul, ayant choisi SHas, partit avec lui de
la ville d"Antioche, après avoir été abandonné à la grdceâe
Dieu par les frères. Il alla p a r t e r r e d a n s les lieux qu'il avait
évangélisés auparavant. Avec Silas, il traversa la Syrie st la
Cilicle, pour se r e n d r e à Derbé, e n Lycaonie. Il confirmait
les Eglises par ses exhortations, et elles croissaient en fer-
veur et en nombre de jour en j o u r ; dans tous les lieux où
il passait, il recommandait de garder les règlements des Apô-
tres et des Anciens, selon qu'ils avaient été établis au Con>
cile de Jérusalem.
CHAPITRE VII
1
y. 1. Or, Paul arriva à Dcrbé, et ensuite à Lystres , deux
villes de la Lycaonie où il avait déjà prêché a u p a r a v a n t , Là
il rencontra un Disciple nommé Timothée, fils d'une femme
juive fidèle, et d'un père Gentil, et originaire de Lystres, selon
S. Chrysostome, Théodoret et la plupart des auteurs grecs
et latins.
y. 2. Les frères qui étaient à Lystres et ù Icône, rendaient
un témoignage avantageux du disciple Timothéc, c o m m e
a y a n t été élevé dans la vertu dès sa jeunesse p a r sa m è r e
2
Eunice, et p a r son aïeule, toutes deux pleines de f o i . Il
avait, en effet, appris les Saintes Lettres * dès son enfance ;
et il fallait q u e son mérite fut bien éclatant, puisque n o n -
seulement à Lystres, sa patrie, mais encore à Icône, on
parlait d e lui avec tant d'éloge.
y. S. Paul voulut donc qu'il vint avec lui : et ii le circoncit
à cause des Juifs qui étaient en ces lieux là; car tous savaient
que son père était Gentil.
Dans cette circonstance, P a u l fut bien aise de faire voir
a u x Juifs q u e , s'il avait refusé de circoncire Tite p o u r m o n -
t r e r q u e la Circoncision et les autres observances eje la Loi
Mosaïque n'étaient plus alors nécessaires, il n e les détruisit
p a s néanmoins comme mauvaises, mais reconnaissait q u ' o n
les pouvait encore pratiquer sans crime, jusqu'à ce que le
t e m p s les eut abolies peu à peu. L'utilité de la foi et de la
religion lui firent faire alors ce q u e l'avantage de la m ê m e
foi l'avait e m p ê c h é de faire dans d'autres conjonctures. Il
I. /, Cor. ix, 20. — 2. Orig. Hoïïi. ix, in Levil. Greg. Hom. iv, in Evang.
cl in Job. lib. xxvm,' c, G. — 3. Léo, Dû vocttt. Gcnl. lib. u, c. 3.
— GG —•
ÈVANGÉLISAT10N D E LÀ GRÈCE.
CHAPITRE 1
1. TCRTULL. Apolog,
conforme- aux lumières de la l'aison, à la justice, h la b o n n e
m o r a l e , au bon ordre. On pouvait aisément comprendre
q u e , loin de compromettre la paix des Etats, elle ne pouvait
q u ' a s s u r e r la tranquilité publique, puisque ses principes
r é p r i m e n t l'esprit de révolte, de division, la violence, l'am-
bition, l'impudicité, la corruption des m œ u r s . Les P r i n c e s
et les Magistrats qui la voulaient proscrire, au lieu de l ' a p -
puyer, agissaient donc non-seulement contre l'équité et ki
vérité, contre le droit divin et le droit naturel, mais encore
c o n t r e leur plus grand intérêt.
y . 22. Foulant aux pieds ces principes, le peuple accourut
en foule contre les Apôtres : et .'es magistrats ayant fait
déchirer leurs robes, commandèrent qu'ils fussent battus de
verges.
y . 2*3. Et après qnon leur eut donné plusieurs coups, ils les
mirent en prison, et ils ordonnèrent au geôlier de les garder
sûrement.
y . 24. Après avoir reçu cet o?'dre, et les avoir fait déchirer
de coups et flageller jusqu'au sang, jusqu'à l'excès, c o m m e
s'exprime S. P a u l , in plagis supra modum le geôlier les mit
dans une prison intérieure, c'est-à-dire dans un cachot, et
leur serra les pieds dans des ceps. Ces ceps ou entraves étaient
deux ais de bois qui, percés à diverses distances, se r é u n i s -
saient, et enfermaient dans des t r o u s les pieds des captifs.
Ceux-ci demeuraient alors couchés sur le dos, ayant les
j a m b e s étendues d'une manière très-gênante. La Loi appelle
celui qui est dans les ceps '. Ad malam mansioncm extensum.
et P r u d e n c e dit d e S. Vincent
« Lignoque plantas inscrit,
« Drvaricatis cruribus. »
Telles furent les horribles précautions que les adminis-
t r a t e u r s des prisons employèrent, pour s'assurer de la
personne des Apôtres. Buen n'avait été négligé. Mais q u e
p e u t la Puissance humaine contre la Puissance divine?
I . / / . COR. XI, 2 3 .
y . 25. Swr minuit, Pctul et Silas, n'étant mis en prières,
chantaient des hymnes a la louange de Dieu i et les prisonniers
les entendaie?it. Tant de souffrances et d'ignominies, loin de
les abattre, les avaient remplis de joie, et les portaient à
célébrer et à prier la miséricorde du Christ. Dieu entendît
les cris de se;ï serviteurs, et les exauça ostensiblement, à la
confusion des Païens.
y . 26. Tout à coup il se fit un si grand tremblement de terre,
que les fondements de la prison en furent ébranlés : toutes les
portes s'ouvrirent en même temps, et les liens de tous les pri-
sonniers furent rompus. C'est ainsi que le Christ releva la
gloire de ses Apôtres, ainsi q u e la vérité de son Evangile.
y . 27. Le geôlier, qui avait été fortement menacé pour le
cas où les prisonniers s'échapperaient de leur cachot, et qui
devait payer de la peine capitale l e u r évasion, si elle avait
lieu, se crut perdu à son réveil, voyant toutes les portes de la
1
prison ouvertes, il tira son épée, et voulut se tuer, s imaginant
que les prisonniers s'étaient sauvés.
y . 28. Mais Paul lui cria à haute voix :
— Ne vous faites point de mal, car nous voici encore tous.
y . 29. Alors le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra
dans le cachot, et tout tremblant se jeta aux pieds de Paul et
de Silas, ne doutant point q u e ce n e fut par leur mérite, et
pour m a r q u e r leur innocence, q u e Dieu avait fait ce mira-
cle. Il fut rempli d'admiration en considérant leur vertu et
leur bonté ; il était surtout étonné, de ce que, pouvant se
sauver, ils n e l'avaient pas fait, mais l'avaient rassuré, au
contraire, et l'avaient empêché de se percer de son épée,
dans le moment où n'ayant pu encore se reconnaître, il ne
voyiât point ce qu'étaient devenus ses prisonniers.
y . 30. Alors il les tira de ce cachot profond, ténébreux, et
leur dit '
— Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé?
Cet homme, qui avait déjà entendu parler de la religion
q u e prêchaient Paul et Silas, des miracles et des conver-
— 74 —
sions qu'ils avaient faits, en particulier de ce qui avait occa-
sionné leur incarcération, se souvint alors de toutes ces
choses, et prit, en conséquence, la résolution de se livrer à
des hommes dont la Sainteté était manifestée par de si écla-
t a n t s prodiges.
y . 31. Les Apôtres lui répondirent .*
— Croyez uu Seigneur Jésus, et vous serez sauvé, vous, et
voire famille ; c'est-à-dire croyez à l'Evangile, et faites p r o -
fession du Christianisme, qui est la religion de J.-C. ; il vous
enseigne la vanité des idoles, la vérité de la foi en u n seul
Dieu créateur du ciel et de la t e r r e , et en J.-C. Fils éternel
du Père, qui s'est incarné, est mort, est ressuscité pour
n o u s sauver. Croyez à cela, et observez ce qu'ordonne J.-C.
et vous obtiendrez le salut. Voilà ce q u e Paul et Silas v o u -
l u r e n t dire au geôlier p a r ces paroles '. Croyez en Jésus ; c'est
ce q u e les paroles suivantes m a r q u e n t également :
y . 32. Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, et à
tous ceux gui étaient dans sa maison, laquelle était située tout
p r è s des prisons.
y . 33. Et à cette même heure de la nuit, le geôlier les prit
avec lui. et il lava leurs plaies i car P a u l et Silas avaient été
flagellés inhumainement, et couverts de plaies et de san»'
p a r suite du commandement des Magistrats. Et aussitôt il
fut baptisé avec toute sa famille. Dieu leur donna à tous u n e
foi si éclairée et si vive, dans le peu de temps que P a u l leur
parla, qu'ils se trouvèrent en état de recevoir le b a p t ê m e ,
q u e l'Eglise n e donne régulièrement aux adultes, q u ' a p r è s
les avoir suffisamment instruits et éprouvés, conformément
au précepte de N.-S. qui commande d'instruire d'abord, et
d e conférer ensuite les Sacrements.
y . 34. L'Intendant des prisons les mena dès lors dans son
logement, et leur fit servir imc table. Paul et Snas étaient
épuisés de j e û n e s , de coups, de la p e r t e de leur sang. Gepeih
danl le geôlier se réjouissait avec toute sa maison de ce qu'il
avait cru en Dieu. Il n'était pas encore jour, lorsque cela se
75
passa, et les Apôtres r e n t r è r e n t dans leur prison, lorsqu'il
était encore nuit.
y . 35. Quand le jour fat venu, les Magistrats lui envoyèrent
dire par des huissiers, Qu'il laissât aller ces prisonniers. Car le
miracle qui était arrivé p e n d a n t la nuit en faveur des Apô-
tres, leur ayant été rapporté, ils avaient jugé qu'il était
prudent et juste de les faire sortir de prison,
y. 36. Aussitôt le geôlier vint dire à Paul :
— Les magistrats ont mandé qu'on vous mit en liberté ;
sortez donc maintenant, et vous en allez en paix.
y. 37. Mais Paul dit à ces huissiers :
•— Quoi! après nous woir publiquement battus de verges,
sans connaissance de cause, nous qui sommes citoyens romains,
ils nous ont mis en prison, et maintenant ils nous en font sor-
tir en secret ? Il n'en sera pas ainsi; il faut qu'ils viennent
eux-mêmes nous en tirer. t
1. Aug. lib. De LOÏIO viduitdtis c. xxn, nobis necessuriu est vita nostra,
ediis (lutem fuma nostra.
p r o c u r e r la gloire de son Maître et pour le progrès de la
religion. Il importait q u e les nouveaux convertis s u s s e n t
q u e leur Maître n e souffrait ni c o m m e u n criminel, ni c o m m e
u n séducteur, mais uniquement p o u r la justice, et p o u r
soutenir la cause de Dieu. Enfin, il était b o n q u e les P a ï e n s
reçussent la confusion que méritait leur injuste persécution,
l e u r violence '.
y . 38. Les huissiers rapportèrent cela aux Magistrats,
Ceux-ci eurent peur, en apprenant que Paul et Silas étaient
citoyens romains. Car ils savaient q u e les Lois romaines
vengeaient sévèrement la majesté du peuple romain, q u a n d
elle avait été outragée dans la personne de ses citoyens.
y . 39. Ils vinrent donc leur faire des excuses, et, les ayant
mis hors de la prison, ils les supplièrent de se retirer de leur
ville., p o u r n e pas aigrir le peuple, qui était indisposé contre
eux.
40. Alors Paul et Silas, au sortir de la prison, allèrent
citez Lydie, leur hôtesse, où ds trouvèrent Luc et Timothée.
et là ayant vu les frères assemblés, ils les consolèrent p a r le
récit de ce qui était arrivé, les exhortèrent à persévérer d a n s
la foi, puis partirent de Philippes, n e jugeant pas à propos
d e s'exposer s a n s nécessité à de nouvelles persécutions.
S. Paul passa encore par Philippes, en allant à Jérusalem,
cinq ou six ans après, et il écrivit aux Philippiens dix
a n s après son premier voyage. Les Philippiens furent
toujours t r è s attachés à S. Paul, et contribuèrent de l e u r s
biens à ses besoins dans plusieurs occasions. Ils lui e n -
2
voyèrent de l'argent deux fois à T h e s s a l o n i q u e , et u n e fois
3
à C o r i n t h e , et longtemps après, lorsqu'il était prisonnier à
Rome \
CHAPITRE II
Ibid. i, 7, 9.
— 79 —
Judée, ils eurent b e a u c o u p à souffrir de la part de leurs
concitoyens '.
Pendant le t e m p s que S. Paul séjourna au milieu d'eux,
il se conduisit envers eux t o u s c o m m e u n père, comme u n e
3
m è r e envers ses e n f a n t s . Dans l'amour qu'il ressentait pour
les fidèles de Thessalonique, il eut souhaité leur donner
non-seulement u n e pleine connaissance de l'Evangile, mais
encore sa propre vie. Il les exhortait, il les consolait, il les
conjurait de se conduire d'une m a n i è r e digne de Dieu et d e
3
la gloire à laquelle il les avait a p p e l é s . Il les instruisit de
plusieurs mvstères, et en particulier d e ce qui concerne
l'Antéchrist *. Il leur enseignait le travail manuel et leur en
r>
donnait l'exemple . Car quoiqu'il fut occupé à la prédication
de l'Evangile, il n e laissait p a s de g a ° n e r sa subsistance en
travaillant jour et nuit * il n e voulait être â charge à p e r -
P a r deux fois les Philippiens lui envoyèrent ce dont
B
il avait b e s o i n II établit dans l'Eglise de Thessalonique d e s
travailler au salut des autres pour les
{^ygj-^jp leurs devoirs et p o u r les gouverner selon l e
7
Sei°neur II logeait chez J a s o n l'un des Soixante-Douze
Disciples de N - S qui avait u n e d e m e u r e à Thessalo-
nique
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
1
y . 15. Or, ceux deBerée qui conduisaient S. Paul , l'accom-
pagnèrent et le menèrent jusqu'à Athènes, où ils le quittèrent,
après avoir reçu de lui l'ordre de dire à Silas et à Timothêe,
qu'ils le vinssent trouver au plus tôt, parce qu'il avait besoin
de leur ministère au milieu d'une si grande ville.
Athènes était alors la ville du m o n d e la plus célèbre. Elle
était l'Académie des plus beaux esprits, des hommes de let-
tres les plus habiles, et des plus illustres philosophes. De
toutes les parties de 1 Empire il se faisait un concours consi-
dérable dans ses Ecoles fameuses p a r les Sciences qui s'y
enseignaient. Depuis que cette ville se trouvait sous la puis-
sance des Piomains, ces maîtres du m o n d e , désoccupée des
affaires de la guerre et du négoce, elle n e songeait qu'a cul-
tiver la philosophie et toutes les plus belles connnaissances j
et elle acquit par là autant de réputation, qu'elle en avait eu
auparavant par la valeur de ses guerriers et par ses grandes
entreprises sur terre et sur mer. S. Paul n e pouvait choisir
.un plus beau théâtre, pour y p r ê c h e r 1 Evangile, ni un lieu
où les habitants fussent plus curieux de choses nouvelles,
et d'où sa doctrine put plus aisément et plus promptement
se répandre dans tout le monde. La capitale de la Grèce lui
présentait u n e foule de savants et d'esprits curieux, dont le
concours pouvait favoriser singulièrement la propagation d e
l'Evangile. Cette pensée l'enflammait d'ardeur.
CHAPITRE VI
1
naître, que je vous annonce .
1. Act. S V I I , 22 et seq.
2. Lucien, satirique païen, contemporain des Apôtres, a fait dans son dia-
logue, intitulé Philopalris, le portrait de saint Paul; il a fait également
allusion à ce trait de la prédication du môme Apôtre, quand il met dans la
bouche de Cfitiasces paroles, c. ix : » Je jure par le Dieu inconnu d'Athènes,
« qu'elle est restée vierge jusqu'à la décapitation. » Et ces autres mots du
chap. xxvni : « Quand nous aurons trouvé a Athènes le Dieu inconnu, nous
* nous jetterons à genoux, et, les mains levées au ciel, nous lui rendrons
« des actions de grâces, » (Voyez M. Drach. Earmon. tom. i, p. o41).
3. S. Paul, pour se disculper de l'accusation qui lui imputait l'introduc-
tion de nouvelles divinités, profite habilement de l'autel qu*. les Athéniens
avaient érigé au Dieu inconnu, et leur dit que ce n'est point faire une inno-
vation, que de leur faire connaître une divinité qu'ils adoraient déjà sans
la connaître.
Apres s'être ainsi justifié avec adresse et avec avantage, il prend de là
occasion de détruire les faux dogmes de leurs philosophes sur la théologie,
et de leur annoncer enfin Jésus-Christ, juge de tous les hommes. La manière
de démonstration qu'il emploie contre les Païens est différente de celle dont
il se servait contre les Juifs.
y . 24. Dieu gui a fait le monde et tout ce gui est dans le
monde, étant le Seigneur du Ciel et de la Terre, n'habite point
dans les temples bâtis de la main des hommes}
y . 25. Il n'est point honoré par les ouvrages de la main des
hommes, comme s'il avait besoin de ses créatures, lui gui donne
à tous la vie, la respiration et toutes choses.
y . 26. Il a fait naître d'un seul toute la race des hommes,
et il leur a donné pour demeure toute l'étendue de la terre,
ayant marqué l'ordre des saisons et les bornes de l'habitation
de chaque peuple.
T
%. 27. Afin qu'ils cherchassent Dieu, et qu'ils tâchassent de
le trouver, comme la main, et à tâtons, quoiqu'il ne soit
q v û c
C H A P I T R E VII
4. JfCor. ix, i, 19; II, ibid. it, 6, 12,7, 8, II, ibid. u, 10, 1 2 . — 2. I,
ibid. HI, 6.10, — 3. II, ibid. XH, 12.
sigiiis, et prodigiis, et virtutibus. Il y convertit Stéphane, ou
Etienne, et sa maison, qu'il appelle les prémices d'Achaïe
Il ne baptisa à Corinthe que cette famille, avec Grispus, dont
2
bientôt nous verrons la conversion et Caïus . Car, comme
il l'annonçait lui-même, il n'était p a s envoyé pour baptiser,
mais p o u r prêcher. Caïus était l'hôte de toute l'Eglise, parce
qu'il recevait chez lui tous les fidèles.
y . 5. Or, Quand Silas et Timothée furent venus de Macé-
doine, Paul s'employait à prêcher avec encore plus d'ardeur^ en
montrant aux Juifs que Jésus était le Christ.
Silas et Timothée, revenant de Thessalonique, vinrent le
trouver à Corinthe, et le comblèrent de joie par leur arrivée ;
car ils lui donnèrent des nouvelles du b o n état de l'Église de
Thessalonique, où ii les avait envoyés au moment de la
persécution.
Il écrivit sa première Lettre a u x fidèles de cette Eglise,
p e u de t e m p s après leur r e t o u r . C'est la p r e m i è r e d e s E p î t r e s
de S. Paul.
Comme ces Epitres Ganoniques s o n t p o u r tout le monde
pleines d'un intérêt majeur, et qu'elles nous font mieux
connaître le grand Apôtre, n o u s e n t r e r o n s dans de plus
amples détails à ce sujet.
Dans la première Epître aux Thessaloniciens, S. Paul
nous m o n t r e la manière douce, forte et affectueuse avec
laquelle il savait exhorter, encourager et affermir les Eglises
naissantes.
C'était l'an 52, la vingtième a n n é e a p r è s l'Ascension d e
N . - S . J . - C , S. Paul, comme nous l'avons vu, avait semé la
parole de l'Evangile au milieu des difficultés, des opposi-
tions et des peines de tout genre, p r o v e n a n t de la part des
Juifs infidèles. Cependant, en p e u d e t e m p s , cette divine
semence avait porté des fruits a b o n d a n t s et magnifiques.
Les plus distingués, les plus nobles habitants de la Métropole
e r
Chapitre I
D'après les SS. Pères, c'est un. grand mérite pour les
Thessaloniciens, d'avoir brillé et servi de modèles aux
Macédoniens, à cette nation considérable et illustre, qui
donna le jour à Alexandre-le-Macédonien, le plus fameux
des conquérants ; c'est un mérite plus grand encore, d'avoir
servi de modèles aux Achaïens, si célèbres p a r la sagesse,
par la science et par la philosophie d'Athènes et de Corin-
the ; mais le plus grand mérite des Thessaloniciens, c'est
d'avoir servi d'exemple à l'Univers entier, comme le témoi-
gne l'Apôtre en ces termes :
<l XIV. En effet, mes frères, ajoute VApôtre à ce sujet, vous êtes
d devenus les imitateurs des premières Eglises chrétiennes, des
« Églises de Dieu qui ont embrassé la foi dans la Judée ; car vous
«t avez souffert les incarcérations, la spoliation de vos biens, etles
<x mêmes persécutions de la p a r t de vos concitoyens que ces Églises
« ont souffertes de la part des Juifs, XV, qui ont tué le Seigneur
et Jésus, et les Prophètes, — qui nous ont persécutés, qui ne plai-
« sent point à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes,
« XVI, qui nous empêchent d'annoncer aux Nations la parole qui
« doit les sauver, en sorte que continuellement ils emplissent la
<c mesure de leurs péchés. Car la colère de Dieu est tombée sur
« eux pour jusqu'à la fin.
CL XVII. Aussi, ô frères, ayant été pour un peu de temps séparés
« de vous, de corps, non de cœur, nous avons désiré avec d'autant
a plus d'ardeur et d'empressement de vous revoir.
« C'est pourquoi nous avons voulu aller vous trouver : et moi
a Paul j ' e n ai eu le dessein plus d'une fois ; mais Satan, p a r ses
« émissaires, nous en a empêchés. »
CE XIX. Vous ne devez point être surpris de ce vif désir que nous
avons ressenti ; « car quelle est notre espérance, notre joie, et la
« couronne de notre gloire ? » Quel sera, au jour des récompenses,
le sujet de notre mérite, quelle sera la splendeur de notre cou-
ronne ? « N'est-ce pas vous qui l'êtes devant Notre-Seigneur Jésus-
«c Christ, au jour de son avènement ?
« XX. Oui, assurément, c'est vous qui êtes notre gloire et notre
«t joie. »
Chapitre III
« IV. Et dans le temps même que nous étions parmi vous, nous
« vous prédisions que nous aurions des afflictions à souffrir, comme
« nous en avons eu en effet, ainsi que vous le savez.
a V. Comme je ne pouvais donc pas rester plus longtemps dans
« l'ignorance de votre situation, je vous ai envoyé Timothée, pour
« reconnaître l'état de votre foi; car j'appréhendais que Satan, —
« le Tentateur, ne vous eut tentés et fait retomber dans l'idolâtrie :
Chapitre IV
Chapitre V
« n'est pas besoin, ô frères, que nous vous en écrivions ; II. parce
« q u e vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur doit
« venir comme u n voleur pendant la nuit. » Il surprendra les
méchants à l'improviste ; « III. car lorsqu'ils diront : Nous sommes
« en paix et en sûreté, ils se trouveront tout d'un coup surpris
« comme par une ruine imprévue, comme l'est une femme grosse
« p a r les douleurs de l'enfantement, sans qu'il leur reste aucun
«. moyen de se sauver. Quant à vous, ô frères, vous ne serez pas
« surpris de la sorte ;
« IV-V. Yous n'êtes pas dans les ténèbres, en sorte que ce
« j o u r puisse vous saisir comme un voleur : vous êtes tous des
« enfants de lumière, et des enfants du jour. Nous ne sommes point
« enfants de la nuit, ni des ténèbres.
a Ne dormons donc pas comme les autres du sommeil du péché ;
« mais veillons, et gardons-nous de l'enivrement du péché...
« Armons-nous en prenant pour cuirasse la foi et la charité, et
«c pour casque l'espérance du salut. Car Dieu ne nous a pas des-
« tines pour être des objets de sa colère, mais pour nous faire
« acquérir le salut par N.-S. J . - C , qui est mort pour nous, afin
« que nous vivions avec lui.
— 113 —
XI-XIII. Dans le reste d e sa première Epitre, S. Paul
donne des avis aux fidèles, il leur r e c o m m a n d e d'honorer
les Chefo de l'Église ; puis il t r a c e aux supérieurs leurs
devoirs envers ceux qu'ils sont appelés à diriger :
Chapitre ÏI
« IX-X. Il sera mis à mort cet Impie qui doit venir, accompagné
a de la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de
a signes et de prodiges trompeurs, et avec toutes les illusions qui
« peuvent porter à l'iniquité ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont
a pas reçu et aimé la vérité pour être sauvés.
« XI-XII. C'est pourquoi Dieu leur enverra des illusions si effi-
« caces, qu'ils croiront au mensonge; afin que tous ceux qui n'ont
« point cru à la vérité, mais qui ont consenti à l'iniquité, soient
« condamnés par un jugement de Dieu ; » quoi de plus juste, en
effet, que Dieu permette que ceux qui ont refusé de croire à la
vérité, tombent dans l'erreur et croient aux faussetés ? s
1. Gai. i, 23.
— 125 —
m e n t les philosophes de son t e m p s , rjui étaient alors à peu
p r è s tels qu'ils sont aujourd'hui. Il les regardait comme des
h o m m e s vains, enflés d'un orgueil insensé : Dicentes se esse
x
sapientes stulti facti sunt ', c o m m e des hommes immoraux
!
et abominables dans toute la rigueur du t e r m e . Il avertis-
sait les Chrétiens de se défier de leurs pompeuses leçons et
de leurs folles prétentions : Videts nequis vos decipiat pêf
3
philosophiam et ïnanem fallaciam . E u x , de leur côté, ne sont
pas restés dans le silence à, son sujet. Ils l'ont accusé d'en-
thousiasme ! — Le singulier enthousiasme que celui qui est
produit par la pleine certitude de la vérité évangélique, dont
il était le plus zélé adversaire ; qui subsiste durant tout le
cours de la vie, toujours sage, toujours conséquent, tou-
j o u r s le même dans t a n t d'écrits, d a n s tant de courses apos-
toliques, dans tant de souffrances, dans tant de persécu-
tions ; qui produit les v e r t u s les p l u s austères, les maximes
les plus pures, la doctrine la plus sublime, la charité la
plus ardente, la bienfaisance la plus é t e n d u e ! Que la philo-
sophie réussisse à former d e s enthousiastes de ce caractère,
et elle pourra disputer au christianisme l'empire des âmes.
Mais de tous ces vieux et dégoûtants pédagogues, qui ont froi-
dement et commodément s e m o n c e le genre humain par des
sentences de parade et d e m o r g u e lequel oserait se vanter
d'avoir eu l'ardeur l'activité la patience la persévérance
d'un Paul sa vertu réelle son abnégation complète et
notamment sa parfaite indifférence pour la °loire et le m é -
pris pour la calomnie et le respect p o u r le nom de séduC"
teur et celui d'homme vrai p o u r l'obscurité et la réputation?
Per gtoriam et ignobilitatem pet infamiam et bonam famQtn
ut seductores et veraces sicut qui ignoti et cogniti Non la
d'âme qui m e t tout cela de
leur était pas connue ; ils n en soupçonnaient pas même la
possibilité : elle eut anéanti leur fastueuse sagesse, s u s
avaient pu en goûter u n m o m e n t la divme impression. <—
CHAPITRE VIII
011A P l i lilii IX
1. Act. SVIIÎ, 12 et 5C(j. —2. Senec, lib. iv. Aiaf. qu. et Tacit. 'nnat xv.
— 135 —
y. 17. Alors tous, ayant saisi Sosthènes, chef d'une Synago-
gue, parce qu'il était chrétien, le battaient devant le tribunal,
sans Que Gallion s'en mit en peine.
Après cet événement, S. Paul demeura encore quelque
temps à Corinthe, et se disposa a partir pour l'Orient. Dieu
qui avait promis sa protection à cet Apôtre, ne permit pas
qu'en cette circonstance les Juifs Infidèles pussent rien
entreprendre de plus contre lui.
CHAPITRE X
i . /, Cor. xvi, l à .
— 138 -—-
CHAPITRE XI
CHA.PITRE XIÏ
3
11. Dieu, dit S. L u c , opérait alors des miracles extraor*
dinaires par les mains de Paul .* y. 12. jusque là même que les
mouchoirs et les linges qui avaient touché son corps, étant
appliqués aux malades, ils étaient guéris de leurs maladies, et
les esprits malins sortaient du corps des possédés.
1. Act. xx, 20, 21, 31. — 2. Ibid. ibid. — 3. idem, xix, 11 et seep —
— 143 —
S. Chrysostôme ajoute, q u e l'ombre de S. Paul, comme
celle de S. Pierre, guérissait les malades, et triomphait de la
l
mort . Il le dit en plusieurs endroits de ses homélies.
On prenait donc les mouchoirs ou les bandeaux de tète
de S. P a u l , et ses ceintures, et on les appliquait aux m a -
lades pour leur r e n d r e la santé. Selon Sanctius, on les pre-
nait en son absence et à son insu, lorsqu'il les avait quittés ;
mais, selon d'autres, on lui apportait des linges, pour le
p r i e r de les toucher seulement, alin de leur communiquer
la vertu miraculeuse de guérir les malades. Ainsi s'accom-
plissait la parole de N . - S . J . - C , qui avait dit q u e les Apôtres
feraient d'aussi c r a n d s miracles et m ô m e de plus grands
prodiges q u e ceux qu'il avait lui-même faits. Et néanmoins
de si grandes œuvres n e touchaient point les Juifs.
y . 13. Or, Quelques-uns des Exorcistes Juifs, qui allaient de
ville en ville exorciser les possédés pour gagner de l'argent,
voyant le pouvoir qu'avait S. P a u l sur les Démons par.le
nom de J . - C , eut reprirent d'invoquer le nom du Seigneur
Jésus sur ceux qui étaient possédés des malins esprits, quoique
eux-mêmes n'eussent point pour J.-C ni pour S. Paul le
respect qu'ils devaient l e u r r e n d r e . Alors ils dirent aux
Démons .*
— Nous vous conjurons par Jésus que Paul prêche!
Lorsqu'il était sur la t e r r e , le Sauveur avait souffert que
les Israélites m ê m e infidèles se servissent de son n o m pour
chasser les Démons ; et, c o m m e les Apôtres les en empê-
chaient, il avait r e c o m m a n d é aux siens de n e plus s'y oppo-
ser *. Qui n'est pas contre vous, disait-il, est pour vous. C'était
alors le t e m p s de faire éclater sa douceur. Mais, ce temps
passé, il n e voulut plus souffrir q u e les Juifs Infidèles abu-
sassent de son nom par vanité et p a r intérêt ; et il se servit
du Démon m ê m e pour en punir la profanation.
y . 14-15. Car le malin Esprit répondit à ceux qui faisaient
CHAPITRE XIII
i. II, Cor. xit, 14. •— 2. G(ll. IÎ'I 13, 13 ; Ibid. m, 2, 10. — 3. S. Curys.
In Galul. i, 1) p. 777.
— 147 —
salut des Galates, et dans le fait ils n ' e n avaient que pour
leurs propres intérêts. Car ils ne voulaient ruiner dans leur
esprit, rautorité d e S. P a u l , q u e pour y établir la leur et
pouvoir se glorilier devant les Juifs d'avoir obligé les Galates
à se faire circoncire. Ils en agissaient ainsi, afin d'éviter les
persécutions que les Juifs avaient soulevées contre ceux qui
mettaient toute leur confiance d a n s les mérites de la Croix,
et de la mort du Christ. Les Juifs Infidèles persécutaient
moins, en effet, ceux qui recevaient la Circoncision ; ils les
considéraient presque c o m m e autant de prosélytes. De plus,
les Païens eux-mêmes commençaient à persécuter les Chré-
tiens, au lieu qu'ils laissaient entièrement libres, dans
l'exercice de leur Pieligion, les Juifs et ceux des Chrétiens
qui passaient pour Juifs
Les Galates, originaires des Gaules, et encore incultes,
4
étaient alors très-sujets à se laisser s é d u i r e . Ils se laissè-
rent donc fasciner, selon l'expression de S. Paul, par cette
doctrine, qui, les r e n d a n t rebelles à la vérité, les faisait
déchoir de la grâce de J . - C , et les privait du fruit de tout
ce qu'il a fait pour le salut des h o m m e s . S. Paul s'opposa à
ce mal et leur dit la vérité, soit lorsqu'il alla chez eux pour
la seconde fois, soit qu'il leur eut envoyé quelqu'un de ses
Disciples. Mais cela n e servit qu'a le leur r e n d r e odieux.
Il fut donc obligé d e leur écrire u n e Lettre, où il fait p a -
raître u n zèle extraordinaire, proportionné à la grandeur du
mal qu'il avait à combattre, et qui était r é p a n d u dans toute
une nation. Il se voit obligé de relever d'autant plus son
Apostolat, qu'on faisait p l u s d'efforts pour le rabaisser. Il
fait voir qu'il ne tenait sa dignité et sa doctrine que de J . - C
irême, et montre néanmoins qu'il était parfaitement d'ac-
cord avec les autres Apôtres. Il déclare qu'il avait été obligé
de reprendre publiquement Céphas, de ce q u e sa trop
grande condescendance p o u r les Juifs, favorisait ces prédi-
cateurs du Judaïsme, qui voulaient imposer aux Gentils le
1. Gai. m, i.
— 148 —
joug de la Loi Mosaïque. Il r a p p o r t e ensuite plusieurs preuves
tirées d e l'Écriture pour détruire l'erreur des Galates et
l e u r m o n t r e r q u e nous n e devons plus être esclaves de la
Loi Ancienne, mais jouir de la liberté d e l à Nouvelle. 11 mêle
parmi ses instructions divers conseils, diverses exhortations,
pleines de zèle et de mouvement tout apostolique.
Il écrivit toute cette Lettre de sa main, lorsqu'il avait cou-
t u m e de dicter, et il l'envoya d'Ephèse aux Galate.s.
e r
Chapitre I
Ils ont voulu s'en servir pour combattre les lois de l'Église,
les canons et les règles des Conciles, et les décrets des
Souverains Pontifes, Mais l e u r mauvaise disposition les a
empêchés de remarquer que les t e r m e s qu'emploient S. Paul,
signifient u n évangile opposé à celui qu'il a annnoncé, et
non point des règles qui expliquent la foi, et la manière de
pratiquer les. préceptes de la Morale évangélique. En effet,
les décrets des Pontifes et d e s Conciles n e sont que l'ensei-
gnement explicite de ce qui est contenu implicitement dans
les Saintes Écritures ; ils n'ont rien de contraire à ce qu'elles
renferment, ils n ' e n sont q u e la déclaration ou l'interpréta-
tion mise à la portée de toutes les intelligences.
X. L'Apôtre, réfléchissant s u r l'excommunication qu'il
vient de prononcer contre les faux docteurs, partisans du
Judaïsme, voit parfaitement q u e , quelque ménagement qu'il
— 152 —
ait pris, elle v a offenser ces h o m m e s pleins d'orgueil ainsi
q u e leurs Disciples. Alors il se fait à lui-même cette question :
Chapitre II
Chapitre ïïî.
« Ceux donc qui sont enfants de la foi seront bénis avec le fidèle
« Abraham. »
— '161 —
a XVII-XVIII. Ce que je veux donc dire est que Dieu ayant fait
« une alliance, et l'ayant confirmée, la Loi Mosaïque, qui n'a été
* donnée que quatre cent trente ans après, n'a pu la rendre nulle,
« ni anéantir la promesse. — Car si c'est par la Loi que l'héritage
« nous est donné, ce n'est donc plus par la promesse ; cependant
« c'est par la promesse que Dieu l'a donné à Abraham. »
— 463 —
En effet, la Loi n ' a point accompli cette promesse de
l'universelle Bénédiction des nations et du peuple d'Israël ;
donc c'est en vertu de la p r o m e s s e et p a r la foi au Christ,
fils d'Abraham, îjue cette grâce doit être accordée un jour
aux vrais enfants d'Abraham, c'est-à-dire aux enfants de la
foi ou aux croyants dont A b r a h a m est appelé le père et le
modèle.
X I \ , Mais maintenant, s'il en est ainsi, c i-^f-ù-uire si la
bénédiction ou justification générale dos Gont;U aussi bien
que des Hébreux ne doit p a s avoir lieu par I? moyen de lu
Loi Mosaïque, on d e m a n d e r a tout naturellement à S.Paul :
— Pourquoi donc lu Loi ? Quid ipittir Lcx ? A qu<ij sert-elle ?
Elle e?t donc entièrement inutile *? L'Apôtre répond à cette
objection de la manière suivante :
— 167 —
que héritiers mineurs, semblables à des esclaves, assujettis
à la Loi Ancienne, comme à u n conducteur, servant Dieu
p a r crainte plutôt q u e p a r amour, — incapables de possé-
der l'héritage céleste et d'en jouir. Le Ciel était fermé pour
eux, et il n e pouvait leur être ouvert que p a r le Christ.
Mais, après l'Incarnation du Christ, non-seuîement nous
sommes deveuus par la grâce du saint Baptême enfants de
Dieu et héritiers du Ciel, c o m m e les Anciens Justes l'é-
taient devenus p a r leur foi au Messie à venir, et par l'Ob-
servation Mosaïque ; mais n o u s sommes devenus encore
(par cette m ê m e grâce de n o t r e Divin Sauveur) des enfants
de Dieu et des héritiers majeurs, adultes, libres et affran-
chis « servant Dieu, non p l u s p a r un sentiment de crainte
servile, mais par u n sentiment d'amour filial ; jouissant,
dès lors, du droit de notre filiation divine, et étant capables
d'entrer immédiatement d a n s la possession de l'héritage
céleste qui nous est promis.
De m ê m e que l'héritier, t a n t qu'il est enfant et inhabile,
n e gouverne pas les biens d e la maison, n e saurait toucher
à son propre héritage, et m ê m e n e s'appartient pas à lui-
m ê m e , mais est gouverné, avec ses biens héréditaires, p a r
des tuteurs et des p r o c u r a t e u r s ; — a i n s i , les Hébreux et les
Justes de l'Ancien T e s t a m e n t , t a n t qu'ils furent, pour ainsi
dire, à l'état d'enfance et d e minorité, d'ébauche et de com-
mencement, d'ignorance et d'imperfection intellectuelle et
morale, — tant qu'ils n e furent sages q u e charnellement, &
la manière des enfants, et qu'ils n e servirent Dieu que p a r
la crainte du châtiment, ils furent comme réduits en servi-
t u d e sous la Loi Mosaïque, assujettis à ses préceptes céré-
moniels, contemplant des signes extérieurs et matériels
sans comprendre le sens spirituel qui v était caché j -
n'ayant de goût et de désir que p o u r les biens temporels
promis aux Observateurs d e cette Loi. La Loi Mosaïque a
été donnée aux Juifs charnels, et p a r eux au m o n d e entier
comme contenant les p r e m i e r s éléments de la piété et les
rudiment^ de la vraie Religion Avec ses sicmes corporels
— 168 —
et ses Figures Prophétiques, elle maintenait dans l e devoir
ces esprits serviles, jusqu'à ce q u e , p a r le moyen d e ces
é l é m e n t s , elle les ait amenés à la connaissance du m y s t è r e
de J.-G. — S. Paul fait allusion aux enfants des Écoles é l é -
m e n t a i r e s , où on les oblige p a r force à a p p r e n d r e servile-
m e n t les lettres de l'Alphabet et les rudiments de la litté-
r a t u r e , s a n s qu'ils sachent quelle utilité ils retireront u n
jour de ces connaissances p r e m i è r e s .
Mais dès q u e le t e r m e de cette enfance et de cette m i n o -
rité eut été expiré, — dès q u e le t e m p s , m a r q u é p a r Dieu le
P è r e , p o u r que nous fussions mis en possession de la b é n é -
. diction et de l'héritage promis à A b r a h a m , p è r e des H é b r e u x
et d e s Gentils, fut accompli, Dieu envoya, comme il a été
dit, son Fils bien aimé, né de Ici fcïïiîne, assujetti à la Loi,
p o u r racheter tous les enfants des h o m m e s , pour en faire
des enfants de Dieu, pour les délivrer de la servitude d e
la Loi Mosaïque, pour les élever et les établir, au l a r g e ,
dans la vraie, dans la sainte liberté de la Grâce é v a n g é -
lique. Quel bienfait le Seigneur n o u s a accordé ! De quel
h o n n e u r il a daigné nous environner ! Nous étions des
esclaves enchaînés, il nous a r e n d u s libres ! Nous étions des
enfants de n a t u r e et de malédiction, et il a fait de n o u s des
enfants adoptifs des enfants de bénédiction, ses p r o p r e s
enfants !
« Et, parce que vous êtes ses enfants, ajoute VApôtre, ibid. iv,
« 6-7, Dieu a envoyé dans vos cœurs l'Esprit de son Fils, qui crie :
« ABBA, MON PÈRE ! Aucun de vous donc n'est plus esclave, mais
« fils. S'il est fils, il est aussi héritier par la grâce de Dieu. »
C'est-à-dire :
« Dieu a envoyé dans vos cœurs l'Esprit de son fils, » ou l'Esprit
Saint qui « procède du Fils, % aussi bien que du Père, afin que,
étant instruits et animés, comme J . - C , par cet Esprit Divin, vous
vous adressiez désormais à Dieu, non comme des esclaves qui
recourent avec des sentiments craintifs à leur Maître, mais comme
des enfants qui, pleins de sentiments d'amour et d'affection filiale,
ecourent à un père bien aimé. C'est cet Esprit qui crie en vous et
— 169 —
avec vous : « P è r e ! P è r e ! . . . — Notre Père, qui êtes dans les
« Cieux! » Il prie ainsi en vous et avec vous, comme il prie en
J.-C. même ; parce que votre filiation divine par adoption et par
l'elfet de la grâce, est semblable à la filiation divine, naturelle, de
J . - C , notre rédempteur et notre frère.
0 Chrétiens ! vous avez été dans le Baptême, revêtus de J . - C ,
Fils de Dieu, et vous avez reçu dans vos cœurs V Esprit-Saint. C'est
pourquoi, parmi vous, personne n'est plus esclave ni serviteur;
mais vous êtes tous des fils de la maison du Seigneur, des enfants
de Dieu même, et des enfants majeurs, adultes; libres.
De ce premier et grand principe découle une autre conséquence
en votre faveur. Que si, en effet, vous êtes des enfants de Dieu,
majeurs et adultes, il s'en suit que, par J.-C. vous êtes les frères
de J.-C. même et ses co-héritiers de plein droit, (c Qv.od si filius,
« et hccres pcr Deum. » D'ailleurs, le Saint-Esprit a été répandu
dans vos cœurs, comme une portion et comme un gage de cet
éternel et divin héritage. « Oui, dit S. Paul, Ephès. I, 14, vous
« avez été scellés du sceau de l'Esprit-Saint, qui a%ait été promis,
« lequel est le gage et les arrhes de notre héritage, qui est pignus
a heveditatis nostrce, jusqu'à la parfaite délivrance du peuple que
«. J.-C. s'est acquis pour la louange de sa gloire. »
« Saclious reconnaître, 6 Chrétiens, notre noblesse et notre
incomparable félicité ! Nous sommes, d'effet et de nom^ les enfants
du Dieu vivant, puisque, dans le Sacrement de la Régénération
* spirituelle, et dans celui du Banquet sacré de l'Eucharistie, nous
avons été réellement revêtus de J . - C , et véritablement nourris de
la substance corporelle et spirituelle du vrai Fils de Dieu, co-éternel
et consubstantiel à son Père Tout-Puissant. Nous sommes les en-
fants du Dieu vivant et véritable, puisque, dans le Baptême,
d'abord, et ensuite dans le Sacrement de la Confirmation, nous
avons reçu le Saint-Esprit, le Souverain Yivificateur, le Restaura-
teur universel. Quoi de plus heureux ! Quoi de plus magnifique !
Être appelés, et être réellement les fils de Dieu, être animés du
même esprit que le Christ, Auteur et Roi de cet Univers ; être
i;.ils héritiers du Royaume céleste et éternel, au même titre que
. avoir déj'x reçu les g^^es les plus précieux de notre droit
réel à hi bienheureuse immortalité • quelle di°*nité 1 Quelle admira
ble gloire ! — après un tel anoblissement, o heureux enfants de
Dteu ! 0 fortunes héritiers des Cieux ! Prenez garde de jamais
— u70 —
dégénérer" \ Dédaignez les choses de la terre, qui ne sont que des
biens transitoires ; aspirez constamment à la pleine et entière pos-
session de cet immortel héritage qui vous est préparé dans le Ciel.
Aimez le Père Céleste, servez-le avec un filial amour, et chaque
jour remerciez-le d'une si brillante destinée. Vivez d'une manière
digne de lui, digne de votre futur héritage et de vos glorieux titres
et privilèges. Que le sentiment de la fidélité soit sans cesse dans
votre cœur, et l'hymne de la reconnaissance sans cesse sur vos
lèvres ! »
Chapitre IV
i
a. XII. Soyez comme moi, mes frères, je vous en conjure, parce
« que j ' a i été comme vous. Vous ne m'avez jamais offensé en au-
« cune chose,
<Î XIII. \ o u s savez que je vous ai autrefois annonce l'Evangile
a parmi les persécutions et les afflictions de la chair, XIV. et que
« vous ne m'avez point méprisé ni rejeté, à cause de ces épreuves
ce que je souffrais dans m a chair ° mais vous m avez reçu comme
«.( un Ange de Dieu, comme J . - C . même. XV. Ou donc est mainte-
« nant le bonheur que vous trouviez a m'avoir avec vous? Car je
<t puis vous rendre ce témoignage, que vous étiez prêts de vous
« arracher les yeux, pour me les donner. XVI. Suis-je donc devenu
« votre ennemi, parce que je vous ai dit la vérité? XVII. Ils s'atta-
« client fortement à vous, non par le mouvement d'une bonne
ce affection, mais parce qu'ils veulent vous séparer de nous, afin que
« vous vous attachiez à eux. XVIII. Au reste, il est bon de s'atta-
« cher au bien en tout temps, et non pas seulement quand je suis
« présent. XIX. Mes petits enfants, pour qui je sens de nouveau les
« douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que J . - C . soit formé en
« vous. XX. Je voudrais maintenant être avec vous pour diversifier
« lues paroles suivant vos besoins ; car je suis en peine comment
« j e dois vous parler. »
CHAPITRE XIV
S, Paul fuit visiter les Eglises de la Grèce, avant de les aller visiter par
lui-même on personue.
r e
— Il cent sa I EpîlTC aux Corinthiens. —
Collecte dans l'Église de Corintîie.
1. I, Cor. iv, 18. — 2. îbid. xvi, 11. — 3. //, Ibid. xn, 18; i, 15, 16.
— 179 —
joie dans cette Église qu'il aimait tant, et qu'il n'en reçut
1
également q u e de la satisfaction .
C'est ce qu'il attendait de la miséricorde de Dieu, et avec
tant de confiance, q u e , en envoyant Tite à Corinthe, il lui
-
fit tout espérer d e la piété des Corinthiens. Il ne fut pas
trompé dans l'opinion avantageuse qu'il lui en avait donnée.
La Lettre, qu'il leur avait écrite dans u n e extrême affliction,
dans un s e r r e m e n t de c œ u r , et avec u n e grande abondance
de larmes, non p o u r les attrister, mais pour leur faire con-
naître la charité toute particulière qu'il avait pour eux,
produisit dans leurs coeurs les m ê m e s sentiments qui l'a-
vaient inspirée. Elle y causa de la tristesse, mais une tris-
tesse utile, et selon Dieu, qui n e leur donna pas la mort
comme la tristesse du monde, mais le salut et la vie q u e
8
nous procure u n e pénitence durable. Elle y produisit la
vigilance contre le vice, — la crainte des jugements de Dieu,
la satisfaction désirée p a r l'Apôtre. Ils témoignèrent, par
leurs larmes, leur désir de le revoir, leur zèle pour le
défendre, leur indignation contre les auteurs de la division
et des désordres, surtout contre l'incestueux, et le désir de
venger ce crime. Car tout le m o n d e se souleva contre ce
coupable, et le couvrit d'une confusion telle, que S. Paul la
regarda comme u n e satisfaction suffisante pour une faute
aussi scandaleuse.
Lors donc q u e Tite fut arrivé à Corinthe, les fidèles le
reçurent avec u n respect qui allait jusqu'à la crainte et au
3
t r e m b l e m e n t . Cet illustre ministre de J.-C. fut entièrement
satisfait de leur obéissance, et il ressentait dans ses entrailles
un redoublement d'affection pour eux. Mais on ne le put
jamais déterminer à rien recevoir d'eux *, parce qu'il vou-
lait marcher sur les traces de S. Paul, et suivre le même
s
esprit que lui. — Il commença, dès lors, à faire préparer
les aumônes que les Corinthiens voulaient envoyer à Jéru-
1. II, Cor. xn, 17, 23; iâ. n, 1.— 2. Ibid. vu, 10, £1.— 3. Ibid. vu, 15.
— 4, Ibid, xu, 18. —i>. Ibid. vin, 6, 10, et ix, 2.
— 1 8 0 ——
PREMIÈRE ÉPITRE
e r
Chapitre I
Chapitre II
i( Pour moi, mes frères, lorsque je suis venu vers vous pour
vous annoncer l'Évangile de J . - C , je n'y suis point venu avec les
discours élevés d'une éloquence et d'une sagesse humaine. Car je
n'ai point fait profession de savoir autre chose p a r m i vous que J . - C ,
et J . - C . crucifié. — Et tant que j ' a i été parmi vous, j ' y ai toujours
été dans un état de faiblesse, de crainte et de tremblement. Je n'ai
point employé, en vous parlant et en vous prêchant, les discours
persuasifs de la sagesse humaine, mais les effets sensibles de l'es-
prit et de la vertu de Dieu, afin que votre foi ne soit pas établie
sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. Nous
prêchons néanmoins la sagesse aux parfaits, non Ja sagesse de ce
monde, ni des princes de ce monde qui se détruisent : mais nous
prêchons la sagesse de Dieu, renfermée dans son mystère, cette
sagesse cachée, qu'il avait prédestinée et préparée avant tous les
siècles pour notre gloire ; — que nul des princes de ce monde n'a
connue puisque s'ils l'eussent connue, ils n'eussent jamais crucifié
— "182 —
le Seigneur de la gloire • — et de laquelle il est écrit : a Que l'œil
« n ' a point vu, que l'oreille n'a point entendu, et que le cœur de
« l'homme n'a jamais conçu ce que Dieu a préparé pour ceux qui
« l'aiment, D
e Mais pour nous, Dieu nous l'a révèle par son Esprit, parce que
l'Esprit de Dieu pénètre tout, même ce qu'il y a de plus cache dans
la profondeur de Dieu. Car qui des hommes connaît ce qui est dans
l'homme, sinon l'esprit de l'homme, qui est en lui? Ainsi, nul ne
connaît ce qui est en Dieu, que l'Esprit de Dieu.
« Or nous n'avons point reçu 1 esprit du monde, mais l'Esprit de
Dieu, afin que nous connaissions les dons que Dieu nous a faits \ et
nous les annonçons, non avec les discours qu'enseigne la sagesse
humaine, mais avec ceux que le Saint-Esprit enseigne, traitant
spirituellement les choses spirituelles. Or, l'homme animal n'est
point capable des choses qui sont de l'Esprit de Dieu ; elles lui
paraissent une folie, et il ne peut les comprendre, parce que c'est
p a r une lumière spirituelle qu'on doit en juger. Mais l'homme spi-
rituel juge de tout, et n'est jugé p a r personne. Car qui connaît
l'Esprit du Seigneur? Et qui peut l'instruire et le conseiller ? Mais
pour nous, nous avons l'Esprit de J.-C. »
C h a p i t r e III
Chapitre I V
« Yous êtes déjà rassasiés, DIT-IL, vous êtes déjà riches ; vous
régnez sans nous ; et plut à Dieu que vous régnassiez, afin que
nous régnassions avec vous ! Car il nie semble que Dieu nous traite,
nous autres Apôtres, comme les derniers des hommes, comme ceux
qui sont condamnés à la mort, nous faisant servir de spectacle au
monde, c'est-à-dire aux Anges e t aux hommes.
« Nous sommes fous pour l'amour de J.-C. ; mais vous autres,
vous êtes sages en J . - C . ; nous sommes faibles, et vous êtes forts ;
vous êtes honorés et nous sommes méprisés. Jusqu'à cette heure,
nous souffrons la faim et la soif, la nudité et les mauvais traite-
ments , nous n'avons point de demeure stable, nous travaillons
avec beaucoup de peine de nos propres mains ; on nous maudit, et
nous bénissons ; on nous persécute, et nous le souffrons ; on nous
dit des injures, et nous répondons par des prières : nous sommes
devenus comme les ordures du monde, comme les balayures qui
sont rejetées de tous.
« Je ne vous écris pas ceci pour vous causer de la honte ; mais
je vous avertis de votre devoir, comme mes très-chers enfants. Car
quand vous auriez dix mille maîtres en J . - C , vous n'avez pas
néanmoins plusieurs pères, puisque c'est moi qui vous ai engendrés
en J.-C. par l'Évangile. Soyez donc mes imitateurs, je vous en con-
jure, comme je le suis moi-même de J . - C . »
— 184 —
Chapitre V
Chapitre VI
C h a p i t r e VIÏ
« Pour ce qui regarde les choses dont vous m'avez écrit, dit-il,
je vous dirai qu'il est avantageux à l'homme de ne toucher à aucune
femme. — Néanmoins, pour éviter la fornication, que chaque
homme vive avec sa femme, et chaque femme avec son m a r i , que
le mari rende à sa femme ce qu'il lui doit, et la femme ce qu'elle
doit à son mari. Le corps de la femme n'est point en sa puissance,
mais en celle du mari ; de même le corps du mari n'est point en sa
puissance, mais en celle de sa femme. Ne vous refusez point
l'un à l'autre ce devoir, si ce n'est du consentement de l'un et de
l'autre pour un temps, afin de vous exercer à la prière ; et ensuite
vivez ensemble comme auparavant, de peur que le Démon ne prenne
sujet de votre incontinence pour vous tenter. Ce que je vous dis
comme une chose qu'on vous pardonne, et non pas qu'on vous com-
mande. Car je voudrais que vous fussiez tous comme moi: mais
chacun a son don particulier selon qu'il le reçoit de Dieu, l'un d'une
manière et l'autre d'une autre
« Quant aux personnes qui ne sont point mariées ou qui sont
veuves, je leur déclare qu'il leur est bon de demeurer dans cet état,
comme j ' y demeure moi-même.
« S'ils sont trop faibles pour garder la continence, qu'ils se m a -
rient, car il vaut mieux se marier que de brûler. — Quant à ceux
qui sont mariés, ce n'est pas moi, mais le Seigneur qui leur fait ce
commandement, qui est : Que la femme ne se sépare pas de son
mari, et que le mari de même, ne quitte point sa femme. »
Chapitre VIÏÏ - IX
Chapitre X - XII
e
C'est dans le XI Chapitre, que S. Paul rapporte l'histori-
que de l'Institution de l'Eucharistie, tel q u e J.-C. l'avait
appris h cet Apôtre, non par l'intermédiaire de quelque
homme ou d'un ange, mais immédiatement p a r lui-même.
Il commence cette narration dans ces t e r m e s , y . 23 :
Chapitre XIII-XVI
C H A P I T R E X."V
CHAPITRE XVI
Xj'eui ci o J . - O. rsv-rïs.
SECONDE ËPITRE
DK
Chapitre I «
que vous fuites pour nous ; afin que la grâce que nous avons reçue,
en considération de plusieurs personnes, soit aussi reconnue par
les actions de grâces que plusieurs en rendront pour nous. — Car
— 202 —
le sujet de notre gloire est le témoignage que nous rend notre
conscience, de nous être conduits dans ce monde, et surtout à votre
égard, dans la simplicité de cœur et dans la sincérité de Dieu, non
avec la sagesse de la chair, mais dans la grâce de Dieu. »
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
<I Y, Or, ajoute VApôtre, c'est Dieu même qui nous a formas
« pour cet état de gloire et d'immortalité ,* et qui pour gage tfa ce
<L grand bienfait, nous a donné son Esprit-Saint, »
Chapitre VI
r
Ce chapitre fait la leçon do YÉpttfC de S, Paul pour le I* Dimanche de
Carême. — Là même, il se trouve amplement expliqué.
Chapitre VII
Chapitre VIII
« Nous espérons que vous les recevrez bien, de même que « Tite
« qui est uni avec moi, et qui travaille comme moi pour votre salut,
« et nos autres frères qui sont les Apôtres des Églises, et la gloire
•« du Christ. »
— 223 —
C h a p i t r e IX
Chapitre X
«. Que par votre faute, moi qui jusqu'à présent ne nie suis con-
« duit parmi vous qu'avec humilité et retenue, je ne sois pas réduit
« à oser étant présent, et à exercer hardiment et avec intrépidité
« ma puissance sur quelques-uns d'entre vous, comme ils m'accu-
« sent de le faire étant absent et éloigné de vous. Ruyo auteni von
« ne prœsens audeam, per eam confidentiam qua existimi)>' auderc
a (absens) in quosdam...
— 225 —
« III. Car encore que nous vivions dans la chair, nous ne com¬
4 battons pas selon la chair.
a Car les amies de notre milice, et dont nous nous servons pour
« combattre, ne sont point charnelles, mais spirituelles, et t r è s -
« puissantes en Dieu, » c'est-à-dire très-efficaces par la vertu de
Dieu.
« XI. Que celui donc qui est dans cette persuasion, sache et
« considère qu'étant présents nous nous conduisons dans nos actions
« de la même manière que nous parlons dans nos lettres, étant
« absents. » Tel nous sommes de parole dans nos lettres, nous
trouvant absents, tel nous sommes dans nos actions et dans nos
paroles, quand il est nécessaire, lorsque nous nous trouvons
présents. •
« XII. Nous disons que nous sommes toujours semblables à
nous-mêmes. »
Gh.api.tre X I
« IV. En effet, dit-il, si celui qui vient vous prêcher, vous annon-
çait une autre doctrine touchant J . - C , plus parfaite que celle que
je vous ai annoncée, ou s'il vous faisait recevoir d'autres dons du
Saint-Esprit que vous n'avez point reçus par moi: — Ou si ce doc-
teur vous prêchait un autre Evangile plus excellent, plus riche en
pruznesses, que celui que vous avez embrassé, vous auriez raison de
le souffrir, de l'endurer quand il se vante et se préfère à nous. Mais
il n'en est pas ainsi.
« V. Car je ne pense pas avoir été inférieur en rien aux plus
grands d'entre les Apôtres. C'est-à-dire, je n'ai pas enseigné une
doctrine moins parfaite, je n'ai pas accompli des œuvres miracu-
leuses moindres que celles, je ne dis pas des faux apôtres, mais
— 234 —-
môme des premiers et des plus grands Apôtres, tels que PIERRE,
JACQUES et JEAN,
« VI. Car, bien que je sois grossier et peu instruit pour le lan-
g a g e , il n'en est plus de même pour la science. Mais nous nous
sommes fait assez connaître paruii vous en toutes choses ; » vous
avez vu que nous n'avons jamais agi au milieu de vous avec ruse
ou dissimulation ; nos discours et nos actions vous sont entière-
m e n t connus, et vous pouvez rendre vous-même, témoignage à ce
sujet; toujours nous nous sommes montré publiquement, ce que
nous sommes en réalité. »
« XIX. Car étant sages comme vous êtes, vous souffrez sans peine
« les imprudents.
« XX, Vous souffrez même qu'on vous asservisse, qu'on vous
« dévore, qu'on prenne votre bien, qu'on vous traite avec hauteur,
« qu'on vous frappe au visage. »
« XXVÏÏI. Outre ces maux extérieurs, le soin que j'ai des Églises
« attire sur moi une fouïe d'affaires qui m'assiègent tous les jours. »
Outre ces afflictions particulières, que j'ai mentionnées, une multi-
tude de difficultés qui surgissent dans les différentes Eglises et qui
me sont journellement présentées, m'accable continuellement. .
ce XXIX. Qui est faible, sans que je m'affaiblisse avec lui ? Qui
« est scandalisé, sans que je brûle ? »
Chapitre XII
« C'est pourquoi, dît-il, j ' a i prié trois fois îe Seigneur, afin que
cet Ange de Satan, ce démon impur,, se retirât de moi,
IX. Et le Seigneur m'a répondu : — Ma grâce vous suffit, car ma
puissance se perfectionne et éclate dans la faiblesse. — Je pren-
drai donc plaisir à me glorifier dans mes faiblesses, afin que la
puissance de J . - C . habite en moi. »
Dieu n était pas avec eux pour sanctionner par la leur doc-
— 253 —
trine. Les faux apôtres ont accusé S. Paul d'être inférieur aux
douze grands Apôtres de N.-S.; mais en gttoi leur a-t-il été
inférieur ? Il a, comme eux, opéré des prodiges de toutes
sortes, de premier ordre, de second et de troisième ordre ;
Dieu a fait éclater par ses m a i n s tous les miracles qui ont
accompagné les grands Apôtres, et, de plus, il a pratiqué
les mêmes v e r t u s , et n o t a m m e n t celle de patience, p a r
laquelle il a e n d u r é p a r m i les Corinthiens tous les genres
de souffrances et de persécutions. Ces preuves, qu'allègue
S. Paul devant les témoins m ê m e s des faits miraculeux qu'il
a opérés, sont l'une des plus puissantes démonstrations de
la vérité évangélique. Si les prodiges des Apôtres et ceux
de S. Paul en particulier e u s s e n t été faux, les Corinthiens,
qui n'en auraient vu a u c u n , n e l'eussent-ils pas démenti
aussitôt? Au lieu de revenir à lui, comme ils le firent e n -
suite, ne se seraient-ils pas de p l u s en plus détachés de lui,
comme d'un imposteur qui a u r a i t voulu appuyer sa doctrine
sur des miracles supposés? Seule, cette Épître, dont il est
impossible de contester l'authenticité, suffirait pour confon-
dre l'incrédulité moderne. L'attestation de ces miracles a
d'autant plus de force p o u r établir la foi chrétienne, qu'ils
sont rapportés ici par incident, c o m m e en passant, et dans
un but différent. Mais revenons à l'excuse de S. Paul.
« XVIII. J'ai prié Tite d'aller vous trouver, et j ' a i envoyé encore
« avec lui un de nos frères. Tite a-t-il tiré quelque chose de vous ?
« N'avons-nous pas marché sur les mêmes traces ? »
Chapitre XIII
c< X. Je vous écris ceci, étant absent, a lin do n'avoir pas lieu
« lorsque je serai présent, d'user avec sévérité de la puissance que
« le Seigneur m'a donnée pour édifier, et non pour détruire. »
CIIA PIT11E X V I I
Troisième voyage de S. Paul à. Curiistho el dans' les autres villes do la, Grèce.
— II rùeuoille les collectes prJj arées pour les pauvres Je Jérusalem. —
Il écrit à Corintinj l'Èpllrc aux Rotnitins.
l
y . 2 - 3 . S. P a u l , après avoir parcouru les principales villes
de la Macédoine, et avoir fait diverses exhortations aux fidèles
des divers lieux de cette province, vînt en Grèce, et surtout
en Achaïe, où il demeura trois mois, tant à Athènes qu'à Co-
rinthe, capitale de l'Achaïe. Selon sa promesse, il vint dans
cette dernière ville pour la troisième fois, selon qu'on l'a
expliqué. On n e sait pas distinctement ce qu'il y fît. Mais
5
S. Augustin, croit, sans doute d'après les lettres de S. P a u l ,
et d'après la tradition, qu'il y régla tout ce qui regarde la
célébration du sacrifice de l'Eucharistie ; qu'il v établit l'or-
dre que l'Église a observé depuis uniformément; et particu-
Uèrement, qu'on recevrait le corps du Seigneur à jeun, et
non dans le repas ordinaire, comme cela se pratiquait e n -
core lorsque S. Paul écrivit la p r e m i è r e fois aux Corinthiens.
i. Ad, xx, 2 et seq. — 2. Aug. Epis t. CXVIII, c. 6: 1, Cor. xi, 34, ; «-»
Copiera (tutem, cutn venaro disponain.
— 264 —
P e n d a n t le m ê m e temps, l'Apôtre visita toutes les Églises ;
il recueillit toutes les aumônes q u e l'on avait préparées,
p o u r être portées aux fidèles de Jérusalem.
Mais avant d'entreprendre le voyage de Jérusalem, et
étant encore à Corinthe, S. Paul écrivit son Épître aux R o -
mains. Ce qui montre entre autres qu'il l'écrivit dans cette
capitale de l'Achaïe, c'est que dans les salutations qu'il fait
aux Romains, il nomme diverses personnes de Corinthe.
et que cette Lettre fut portée à R o m e par Phébé ', diaco-
nesse de l'Église de Cenchrée, p r è s de Corinthe. Jamais on
ji'a formé aucun doute sur l'authenticité et la canonicité d e
2
cette É p î t r e .
Quoiqu'elle ait été écrite après plusieurs autres, on lui
assigne néanmoins le premier rang, à cause de l'importance
des matières dogmatiques et morales qui y sont traitées,
qu'à cause de la dignité de l'Église de Rome, à laquelle elle
fut adressée. Elle passe pour la plus sublime et la plus obs-
a
cure de toutes les Ëpîtres de S. P a u l . L'Apôtre S. P i e r r e ,
comme premier P a p e et premier Évèque de R o m e , lut cette
Épître, l'approuva et en fit m ê m e l'éloge devant la catho-
licité, tout en condamnant les fausses interprétations des
Hérétiques, et en reconnaissant, lui-même, la difficulté de bien
entendre ce haut enseignement inspiré par le Saint-Esprit :
Paul, notre très cher frère, dit-il, vous a, écrit selon lu sagesse
qui lui a été donnée, ainsi qu'il le fait dans toutes ses Lettres
dans lesquelles il y a certaines choses difficiles à entendre aux-
quelles des personnes peu instruites donnent un sens faux de
même qu'aux autres Écritures pour leur propre ruine
Le dessein de S. Paul dans cette Épître est de faire cesser
certaines divisions domestiques qui régnaient dans l'Église
Romaine *, et qui s'y étaient formées à l'occasion des faux
apôtres qui soutenaient que les Gentils convertis au Chris-
tianisme, devaient observer les cérémonies légales. De là on
en vint aux disputes et aux reproches entre les Juifs et les
\. liotn. xv. liî, 16. — 2. lbid, xv, 23, xsivy 27, — 1, lbid. w , 30, 31.
— 268 —~
q u e était alors si commune dans tout le monde, et si fami-
lière dans Rome, que les femmes m ê m e s l'entendaient et la
p a r l a i e n t . — N o u s allons en donner quelques extraits des
plus remarquables, avec le r é s u m é des parties qui ne
seraient pas reproduites. — Nous essaierons de dégager la
pensée dominante de S. Paul, des idées accessoires qui
souvent l'enveloppent, et qui font que l'idée principale nous
échappe fréquemment.
Chapitre 1er
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre I V
Chapitre V
« Ainsi, étant justifiés par la foi, ayons la paix avec Dieu par
J.-C. N.-S., qui nous a donné aussi entrée par la foi à cette grâce
de la réconciliation, en laquelle nous demeurons fermes, et nous
nous glorifions dans cette espérance, mais nous nous réjouissons
encore dans les afflictions, sachant que l'affliction produit la pa-
tience, la patience l'épreuve et l'épreuve l'espérance, laquelle ne
trompe point, parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos
coeurs par le Saint-Esprit, qui nous a été donné <c miraculeusement
« comme gage et comme preuve que Dieu nous aime et qu'il nous
a donnera très-certainement l'héritage céleste qu'il nous a promis. »
Chapitre VI
« Étant une fois morts au péché, nous ne devons plus vivre dans
le péché. Nous avons été baptisés en la mort de J.-C. ; nous avons
été ensevelis avec lui par le Baptême pour mourir au péché ; afin
que, comme J.-C. est ressuscité d'entre les morts par la gloire de
son Père, nous marchions aussi dans une vie nouvelle. Car si nous
avons été entés en lui par la ressemblance de sa mort, nous y
serons aussi entés p a r la ressemblance de sa Résurrection ; sachant
que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du
péché soit détruit, que désormais nous ne soyons plus asservis au
péché, et que nous vivions aussi avec J . - C , parce que nous savons
que J . - C , une fois ressuscité d'entre les morts, ne mourra plus, et
que la mort n'aura plus d'empire sur lui. Il en doit être ainsi de
nous-mêmes.
C h a p i t r e VIÎ
C h a p i t r e VIII
point dans la vie. Mais si J.-C. est en vous, quoique le corps soit mort
en vous à cause du péché (originel), l'esprit est vivant à cause de la
justice de J . - C , et jouira bientôt de la vie de la gloire avec J.-C... Si
vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si vous faites mourir par
l'Esprit Jes œuvres de la chair, vous vivrez. Tous ceux qui sont
conduits par l'Esprit de Dieu sont enfants de Dieu, comme l'atteste
ce même Esprit de Dieu ( y , 16) ; si nous sommes enfants, nous
sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu et co-héritiers de J . - C ,
pourvu toutefois que nous souffrions avec lui, afin que nous soyons
glorifiés avec lui. Que cette considération n'effraie personne, car les
souffrances de la vie présente n'ont point de proportion avec cette
— 278 —
gloire qui sera un jour découverte en nous. Elle sera si grande,
cette gloire, que les créatures même insensibles attendent avec un
vif désir la manifestation des enfants de Dieu, parce que, malgré
elles, elles sont asservies à la vanité et à la corruption ; jusqu'à
présent, elles soupirent, elles sont comme dans le travail de l'en-
funteinent ; mais alors elles participeront à la glorieuse liberté des
enfants de Dieu. Nous aussi, les Apôtres et les fidèles, qui possé-
dons les prémices de l'Esprit, nous gémissons, en attendant, l'elfet
de l'adoption divine, la rédemption et la délivrance de no.-, corps.
Mais le Saint-Esprit lui-même prie en nous par des gémissements
ineffables, « il nous soutient dans les souffrances, il nous justifie de
« plus en plus par elles : par elles enfin il nous glorifiera, surtout
« dans les cieux. » Par lui tout contribue au bien de ceux qui
aiment Dieu. Qui doue pourra jamais nous séparer de l'amour de
Dieu en J . - C . N . - S . ? . . . »
Chapitre IX
i
Chapitre X
« Ils ont du zèle pour Dieu, il est vrai, mais leur zèle n'est point
— 280 —
selon la science ; car ne connaissant point la justice qui vient de
Dieu, il ne se sont point soumis à Dieu, pour recevoir cette justice
qui vient de lui : justifies Dei non suut subjectif Car J.-C. est la lin
de la Loi Mosaïque, pour justifier tous ceux qui croient en lui...
Car l'Ecriture dit : tous ceux qui croient en lui ne seront pas con-
fondus. »
(( Je vous rendrai jaloux d'un peuple qui n'est pas votre jeuple,
et je ferai qu'une nation insensée deviendra l'objet de votre indigna-
tion et de votre envie. »
Chapitre X I
Ghapitre XII
2° Relativement au prochain :
C h a p i t r e XIII
Chapitre XIV
Chapitre X V
Et ailleurs :
« Nations, louez toutes le Seigneur ; Peuples, glorifiez-le tous !
« Que le Dieu d'espérance vous comble de joie et de pais dans
votre foi ! »
Chapitre X V I
CHAPITRE I
1. Act, x X j 3 et s&q.
290 —
De Philippes, S. Paul les pria de p r e n d r e le devant cl de
passer p a r m e r j u s q u ' à T r o a d e , où ils l'attendirent.
y. 5, Ceuoc-ci étant allés devant, dit S. L u c , nous attendirent
à Troade.
y. 6. Pour nous, après les jours des Asymes, ou après
POclave de P â q u e s , nous nous embarquâmes a Philippes, et
nous vînmes en cinq jours les trouvera Troade, ou nous en
demeurâmes sept.
y. 7. Le premier jour de la semaine, c'est-à-dire le diman-
che, les Disciples étant assemblés pour rompre le pain sacré do
l'Eucharistie, à l'heure ordinaire de l'assemblée et du sacri-
fice, sur les neuf heures du m a t i n , Paul qui devait partir U
1
C H A P I T R E II
0 ïï A. P ï 1 HRr I I I
Les liens do S. Paul son'» prédits à Tyr, par les Disciples de J.-C., et à
Césarco par !e prophète Àgiilius.
— Filles do S. Philppc prophétesscs i.
C H A P I T R E IV
l. A 't- XXI
— 296 —
n o u s allâmes avec Paul visiter Jacques-le-Mineur, fils de Marie,
cousin de Notre-Seigneur selon la chair, et évèque d e J é r u -
s a l e m . S. Paul se présenta chez lui, pour lui faire civilité,
p o u r lui rendre compte du succès de ses prédications ; c a r
ces deux Apôtres ne s'étaient p e u t - ê t r e p a s v u s depuis le
Concile de Jérusalem ; et enfin p o u r lui r e m e t t r e les aumônes
qu'il avait recueillies p o u r les pauvres de cette Enlise
C'était à S. Jacques d'en faire la distribution, c o m m e celui
q u i connaissait mieux leurs besoins. Tous les Prêtres de
Jérusalem s'assemblèrent chez leur évèque, 5 . Jacques ; tant
p o u r entendre ce que S . P a u l avait à dire t o u c h a n t ses
voyages et ses prédications, q u e pour se réjouir avec lui du
p r o g r è s de l'Évangile ; car la r e n o m m é e leur avait déjà
a p p r i s u n e partie de ce qu'il avait fait Ces P r ê t r e s sont
q u i aidaient S. Jacques dans ses fonctions et qui
saient le Sénat Ecclésiastique de l'Église de Jérusalem dont
il était Évèque.
E n effet, y . 19. après les avoir embrassés, S. P a u l leur ra-
1
conta en détail tout ce que Dieu avait fait par son mimsti e au
m i l i e u des nations.
y. 20. Ayant entendu toutes ces choses, ils en glorifièrent
DiêUy e t lui dirent :
CHAPITRE V
C H A P I T R E IV
1
v. 24, Le Tribun L y s i a s , qui n'entendait p a s i'hébrou,
n'avait p a s compris ce qiie S. P a u l avait dit dans son dis-
cours , mais jugeant par l'emportement du peuple, qu'il
avait dit quelque chose d'injurieux à la Loi ou à la nation,
il voulut savoir de lui-même ce qui en était j et, en consé-
q u e n c e , il commanda qu'on lui donnât la question, en le bat-
tant de verges, pour tirer de sa bouche ce qui les faisait ainsi
crier contre lui.
if. 2 5 . Mais quand on l eut lie, Paul dit à un centenier qui
était présent .*
— Yous est-il permis de battre de verges un Citoyen Romain,
et qui n a point ete condamne ?
Il était contre les Lois R o m a i n e s de fouetter un Citoyen
Romain. Porcia Lex (dit Gicéron)", ab omnium Civium Rotna-
norum corpore amovet (jlugella, item que Leges Sempronies). l\
est contre les Lois naturelles de toutes les nations de punir
u n h o m m e qui n ' a été ni entendu, ni condamné.
y. 26. Le Centenier, ayant entendu ces paroles de Paul, alla
trouver le Tribun, et lui dit '
— Que penseJS-vous faire ? Cet homme est Citoyen Romain.
y. 27. Le Tribun aussitôt vint a Paul, et lui dît :
— Etes vous Citoyen Romain ?
— Oui, lui répondit Paul, j e le suis.
e
I. Greg. Mac. lib. xxxrv ; floral, c. 4 ; et III part. Paslor&l., c. 23. •—
2. S. Thom. II, ii, QUŒSI. 37, art. n. ad 1.
— 308 —•
— Nous ne trouvons point de niai on cet howme. Que savons-"
nous si un Esprit ou un Ange ne lui aurait point parlé ?
L e s Pharisiens reconnaissaient q u e le Saint-Esprit, ou u n
Ange, ou l'âme de J . - C , avait p u parler et avait peuL-ôtre
1
parlé à S. Paul. Car, selon l e u r s p r i n c i p e s , les â m e s des
g e n s de bien devenaient semblables à dos Anges, tandis q u e
celles des méchants devenaient c o m m e dos démons.
y . 10. Le tumulte s*augmentant, et le tribun ayant peur que
Paul ne fut mis en pièces par ces gens-ta, il commanda qu'on
fit venir des soldats, pour l enlever d entre leurs mains et le
mener dans la forteresse. Il craignait qu'on n e lui fit u n crime
d'avoir a b a n d o n n é aux Juifs u n citoyen romain, et, d'un
a u t r e côté, il était p e r s u a d é q u e S. Paul n'avait rien fait qui
méritât la mort ou la prison.
C H A P I T R E VII
CHAPITRE VIII
survenu, nous l'a arraché d'entre les mains avec grande vio-
lence, y . 8. et il a ordonné que ses accusateurs viendraient
comparaître devant vous. Vous pourrez vous-même, en l'in-
terrogeant, reconnaître la vérité de toutes tes choses dont
nous Vaccusons. »
C H A P I T R E IX
CHAPITRE X
C H A P I T R E XI
•l. Sopp, Vie de J.-C. t. II, c. XL, p. 3î>0 ; — Solon S. Ciirysostonit,', t. VI,'
:
Jlom. xxx, p. 2G3, Paul était un homme de trois cou't es, qui néanmoins
touchait au ciel par l'élévation de son esprit.
Voyez aussi Lucien, In Philip, p. 122 ; Till. MéïïiOÏTCS, t. I, p. 32G
S. Procl., Oral, xix ; Nicepli., lib. II, p. 37 ; Baron., i.xix, n. 14, e t / / , Cpr» '
x, 10; F aller, Caléch. liisl. t. II, p. 101.
2. — Àçt. xxvj, et seq,
— 325 —
* menée dans Jérusalem parmi ceux de ma nation, elle est
* connue de tous les Juifs, car s'ils veulent rendre témoignage
* a la vérité ils savent Que j ai vécu en Pharisien, faisant pro—
« fession de cette secte, Qui est la plus approuvée de notre
* religion, y. 0. Et cependant on m oblige aujourd hui de
* paraître devant les Juges, parce Que j espère a la promesse
QUG Dieu a faite a nos pci es, y . 7. de laquelle nos dou^o
tribus, QUI servent Dieu nuit et jour, espèi eut obtenir l effet,
C est celte espérance, ô Hoi, QUI est le sujet de l accusation
« que les Juifs forment contre moi. f. S. Vous semble-t-U donc
* tticfoyablG Q^IXO J^i6tt vcssusciîc les HÏIQVLS^ O feciclclxzccoïxS}
^^^3 ^) ^31 ^'^3*^ X X O XXX X"ÏX ^3 JfXX (3t^} cX^3 t^XX ^3 XX Xfcî• * *^^ ^? î ^
* j avais cru d abord qu il n y avait tien que je ne dusse faii e
^ con^tre le no^ifh d^e JosU/S do ^^a%aretlh. y . 10» Et c est ce q^uc
^ j ut exécute dans Jérusalem, ou j ai mis en prison plusieurs
^ des Saints, après en avoir deiïiaïirlé et obtenu le pouvoir des
* Princes des Prêtres i et, lorsqu on les faisait mourir j y ai
* donne mon consentement et mon suffrage, y . 1 1 . J ai été
* souvent dans toutes les Synagogues^ ou, a force de tourments
« et de supplices, je les forçais de blasphémer ; et, étant trans-
« porté de fureur contre eux, je les persécutais jusque dans les
« villes étrangères. y. 12. Un jour donc que j'allais dans ce
« dessein à Damas, avec un pouvoir du Sauliédrni, et une per-
£ mission des Princes des Prêtres, y . 13. lorsque j'étais en
* chemin, ô Roi, je vis en plein midi briller du Ciel une lumière
« plus éclatante que celle du soleil, qui m'environna, et tous
* ceux qui m'accompagnaient, y . 14. Et étant tous tombés par
9 terre, j'entendis une voix qui me disait en langue hébraïque i
I t
Système Renan.
TI
Système Strauss.
C H A P I T R E XII
y. \ . Après qu'il eut clé résolu que Paul irait en Italie, et qu'on
le mettrait avec d'autres prisonniers entre les mains d'un
nommé JULIUS, centenier dans la cohorte appelée AUGUSTA,
célèbre dans les Légions Domaines.
y. 2. Nous montâmes sur un vaisseau d'Adrumète, ville de
la Mysie, et nous levâmes Vancre pour côtoyer les terres d'Asie,
ayant avec nous Aristirque, Macédonien de Thessalonique.
y . 3 . Le jour suivant, nous arrivâmes à Sidow, et le capi-
taine Julius, traitant Paul avec humanité, lui permit d'aller
voir ses amis, et de pourvoir lui-même à ses besoins. S. P a u l
visita les Chrétiens de Sidon, pour leur demander les secours
dont il avait besoin dans son voyage.
y. à. Etant partis de là, nous prîmes notre route au-dessous
de Chypre, parce que les vents étaient contraires.
y. 5. Et, après avoir traversé la mer de Cilicie et de Pam-
phylie, nous arrivâmes à Lystres de Lycie, y. 6. où le centenier
ayant trouvé un vaisseau d'Alexandrie, qui faisait voile en
— 333 —
Italie, il nous y fit embarquer. Ce vaisseau était chargé d e
froment qu'il m e n a i t d'Alexandrie à R o m e . On "sait q u e l e s
Romains tiraient beaucoup de grains de l'Egypte.
y. 7. Nous allâmes fort lentement durant plusieurs jours,
et nous arrivâmes avec grande difficulté' vis à-vis de Guide,
promontoire d'Asie; et parce que te vent nous empêchait d'a-
vancer, nous côtoyâmes Vile de Crète vers Salmonc, cap
oriental de l'île.
y. S. Et allant avec peine le long de la côte, nous abordâmes
à un lieu nommé BONS-PORTS, près duquel était la ville de
Thalasse.
y. 9. Mais parce que beaucoup do temps s'était écoulé, et que
la navigation devenait périlleuse, l& temps du jeûne solennel
des Juifs, qui tombait au 10 du mois de Tizri, c'est-à-dire
vers la fin du mois de s e p t e m b r e , étant déjà passé, comme
on n e devait p l u s a t t e n d r e de b e a u temps sur cette m e r ,
Paul donna cet avis à ceux qui n o u s conduisaient :
y . 1 0 . — Mes amis, leur dit-il, je vois que la navigation va
devenir très-fâcheuse et pleine de péril, non-seulement pour le
vaisseau et sa charge, mais aussi pour nos p e r s o n n e s et
nos vies.
y. 1 1 . Mais le centenier ajoutait plus de foi aux avis du
pilote et du maître du vaisseau qu'a ce que disait Paul.
y. 12. Et comme le port n'était pas propre pour hiverner\ la
plupart furent d'avis de se remettre en mer, pour tâcher de
gagner Phenice, qui est un port méridional de Crète, — qui
regarde les vents du couchant d hiver et d'etc, afin d'y passer
l hiver, ou p o u r n o u s y m e t t r e à couvert de la tempête et d u
mauvais t e m p s .
y. 1 3 . Le vent du midi commençant a souffler doucement, ils
pensèrent qu'ils viendraient à bout de leur dessein / et ayant
levé l'ancre d'Âsson, ils côtoyèrent de près Vile de Crète, pour
arriver de B o n s - P o r t s à P h é n i c e , où ils voulaient aborder.
y. 14. Mais il se leva peu après un vent impétueux d'entre le
levant et le Nord, qui donnait contre l'île j
y. 1 5 . Et comme il emportait le vaisseau, sans que nous
pussions y résister, on le laissa aller au gre du vent.
22
— 33-4 —
v. 16. Nous fûmes poussés au-dessous d une petite île, appelés
Caude, où nous pûmes à peine être maîtres de la chaloupe. • ••"
y. 17. Mais l'ayant enfin tirée à nous, les matelots em-
ployèrent toutes sortes de moyens, et lièrent le vaisseau par
dessous, craignant d'être jetés sur des bancs de sable. Ces
liens empêchaient quelquefois q u e les vaisseaux, tombant
de hauL avec leur charge, ne lussent défoncés. Ils abaissèrent
le mat, cl s abandonnèrent ainsi a hi mer.
y. 18. Et comme nous étions rudement battus de la tempête,
le jour suivant ils jetèrent les marchandises dans la mer, pour
diminuer le poids du vaisseau, et l'empêcher de couler à
fond.
v. 10. Trois jours après, ils y jetèrent aussi de leurs propres
mains, ics agrès du vaisseau, les a r m e s superflues, les p r o -
visions, et tout ce qu'on a d e r é s e r v e dans u n vaisseau, et
qui n'est p a s absolument n é c e s s a i r e d a n s la manoeuvre.
v. 20. Le soleil ni les étoiles ne parurent point durant plu-
sieurs jours : ce qui était très-incommode p o u r les mariniers;
car on se conduisait alors à la vue des astres. Et la tempête
ttait toujours si violente, Que nous perdîmes toute espérance de
nous sauver.
y. 2 1 . Mais parce qu'il y avait longtemps que personne n'avait
mangé, Paul se leva au milieu d'eux, et leur dit ;
•— Sans doute, mes amis, vous eussiez mieux fait de me
croire, et de ne point partir de Crète, pour nous épargner tant
de peine et une si grande perte, y. 22. Je vous exhorte néan-
moins à avoir bon courage, parce que personne ne périra,^ et il
n'y aura que le vaisseau de perdu, ir. 2 3 . Car cède nuit même
un Auge du Dieu, u qui je suis, et que je sers^ m'a apparia
y, 24". et m'a dit
CHAPITRE XIII
3
S. Paul arrive à Malte .
— Il est mordu d'une vipère, sans qu'il lui en arrive aucun mal. —•
Il est pris pour un Dieu par les Barbares.
— Il guérit le seigneur de l'île et plusieurs autres malades. —•
Après trois mois ils s'embarquent pour Rome.
— Us arrivent à Pouzzoles, et de là à Rome. —
S. Paul diiclaro au Juifs Io sujet da sa venue. — Il leur proche J.-C.
pendant deux ans.
s
« /Erata Princeps secat reque-ra Tigri . »
3
Il en n o m m e u n a u t r e le Centaure et u n a u t r e la Chimère,
p o u r de pareilles r a i s o n s . Le vaisseau q u i enleva Gani-
mède, s'appelait VAiglei e t celui qui enleva E u r o p e , le
« Puppique recurvoc
« Insilit, e t pictos verberat irnda Dcos. »
CHAPITRE I
r
Chapitre I°
a XII. Or, je désire que vous sachiez, mes frères, que ce qui
« m'est arrivé, a servi à un plus grand progrès de l'Evangile.
« XIII. En sorte que nies liens sont devenus célèbres dans tout
« le Prétoire ou dans toute la cour de l'Empereur, et partout ail-
ce leurs pour la gloire de J.-C. T>
<L XXVIII. Et afin que vous demeuriez intrépides parmi tous les
« efforts de vos adversaires, ce qui est pour eux le sujet de leur
a perte, et pour vous celui de votre salut, et cela vient de Dieu.
« XXIX. Car c'est une grâce qu'il vous a faite, non-seulement de
a ce que vous croyez en J . - C , mais encore de ce que vous souffrez
« pour lui ;
« XXX. Vous trouvant dans les mêmes combats où vous m'avez
a vu, et où vous entendez dire que je suis encore maintenant. »
C h a p i t r e II
« Que chacun ait égard, non a ses propres intérêts, mais à ceux
« des autres.
a V. Soyez dans la môme disposition et dans le même sentiment
« où a été J . - C . » N
& XII. Ainsi, mes très-chers frères, comme vous avez toujours
« été obéissants, ayez soin non-seulement, lorsque je suis présent
« parmi vous, mais encore plus en mon absence, d'opérer votre
« salut avec crainte et tremblement.
a XIII. Car c'est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire,
« selon qu'il lui plaît. »
C h a p i t r e IH
Chapitre I V
<c VIII. Enfin, nies frères, que tout ce qui est véritable et sincère,
« tout ce qui est honnête, tout ce qui est juste, tout ce qui est
« saint, tout ce qui peut vous rendre aimables, tout ce qui est de
« bonne édification et de bonne odeur, tout ce qui est vertueux, et
« tout ce qui est louable dans le règlement des mœurs, soit l'cn-
« tretien de vos pensées. »
CHAPITRE II
Ë P I T R E DE S. PAUL A PHILÉMON,
HOMME NOBLE & PUISSANT D E LA. VILLE DE COLOSSES) EN PIIIVYGIE,
ET CHRÉTIEN ILLUSTRE DES TEMPS APOSTOLIQUES.
EPITRE DU B . A P O T R E S. PAUL
AUX COLÛSSIENS.
Chapitre
R II* F XJ E X . I O N
Chapitre ï î
Chapitre ï ï î
c< Si donc, dit le Docteur des Nations, vous êtes ressuscites avec
J . - C , aimez, cherchez les biens du ciel, où J . - C , ressuscité et glo-
rifié, est assis à la droite de Dieu sur un trône sublime et éternel i
N'ayez de goût que pour les choses d'en haut, et non pour celles
d'ici-bas. Car vous ê t e s ' m o r t s p a r l e Baptême, aux choses mon-
daines, charnelles, corruptrices, passagères ; et le monde no voit
pas votre vie spirituelle et divine, par laquelle vous vivrez éternel-
lement dans la gloire céleste. Vous êtes morts au monde et aux
yeux des mondains, mais vous vivez pour la glorieuse immortalité
et aux yeux de Dieu, et votre vie est cachée en Dieu avec J.-C. Ce
principe de vie céleste, qui est en vous, reste présentement inconnu
des hommes, mais un jour il produira ses effets de puissance, de
vie et de gloire, et paraîtra avec éclat même devant les hommes.
« Lorsque J . - C , qui est votre vie, qui est le principe même de
— 3S0 —
votre régénération, de votre résurrection et de votre future immor-
talité, viendra à apparaître dans sa splendeur, vous apparaîtrez,
vous aussi, avec lui, dans la gloire, vous apparaîtrez semblables à
lui. Cm* nous savons, dil S. Jean, I. 3 , que au jour où le Christ
apparaîtra dans su gloire, nous serons semblables à lui : les effets
du principe de la vie glorieuse qui est en lui, et qui par lui nous a
été communiqué dans le Baptême, et surtout dans l'Eucharistie, se
développeront splendidement en nous comme en lui. Sciants quo-
niuiH) en lit cppdi'iici'ii. simiien ci criiiuis, •©
gloriu !...
Le Docteur des Nations recommande ensuite aux fidèles
l'accomplissement de leurs devoirs 1° envers le p r o c h a i n ;
2° envers Dieu ; 3° envers les m e m b r e s de leurs familles.
Suivons attentivement sa doctrine pleine d'une sagesse toute
divine.
mores en toutes choses » qui ne sont point contré Dieu ', & ear cela
est agréable au Seigneur. Pères, n'irritez point vos enfants, de
peur qu'ils ne tombent dans l'abattement. — Serviteurs, obéissez
on tout à ceux qui sont vos maîtres selon la chair, ne les servant
pas seulement lorsqu'ils ont l'œil sur vous, mais avec simplicité de
cœur, et avec crainte de Dieu, t c'est-a-dire, en agissant sous les
regards de Dieu qui voit toutes les choses jusqu'aux plus secrètes
pensées des cceurs^ « faites de bon cœur tout ce que vous faites,
comme le luisant pour le Soigneur et non pour les hommes, » c est-
a"du e, sci vez de bon ccoui vos maîtres comme si vous serviez J.—C.
en pei sonne et non des hommes , (t Sachant que vous recevrez du
Seigneur l'héritage du ciel pour recompense: c'est le Seigneur J.-C.
que vous servez. Vous recevrez une récompense tres-avantageuse et
très-distinguée, savoir l'héritage éternel des enfants de Dieu. Vos
maîtres temporels vous donnent pour vos services u n salaire modi-
que, et non pas leur héritage ; mais le Soigneur, vous donnera
pour récompense l'héritage céleste, non plus comme à des servi-
teurs, mais comme à ses enfants, si toutefois vous accomplissez ses
préceptes et que vous obéissiez à vos maîtres temporels. Quoi de
plus propre à vous porter à remplir vos offices avec promptitude,
avec soins, avec joie ?
« Or, celui qui ayit injustement, soit le serviteur infidèle envers
son maître, soit le maître dur et inexorable à l'égard de son servi-
teur, « celui-là recevra la peine due à son injustice ; car Dieu n'a
« point égard à la condition des personnes ; » il ne, redoutera pas
la puissance des maîtres iniques, et il n e se laissera pas fléchir par
la misère des serviteurs infidèles ; il condamnera les uns et les a u -
tres à la peine de la damnation éternelle, t>
Chapitre I V
CHAPITRE III
ÉPITRE DU B. A P O T R E S, PAUL
AUX HÉBREUX
01
Chapitre I '
C h a p i t r e II
De ce que J.-G. est plus grand que les Anges, il doit ctre
r e g a r d e connue le seul Souverain Législateur et comme
l'unique R é d e m p t e u r .
«. Or, nous voyons que Jésus, qui avait été rendu pour un peu de
temps inférieur aux Anges, a été couronné de gloire et d'honneur,
à cause de la mort qu'il a soufferte ; Dieu, par sa bonté, ayant
voulu qu'il mourut pour tous. Car il était bien digne de Dieu, pour
qui et par qui sont toutes choses, que, voulant conduire a la gloire
plusieurs enfants, il consommât et perfectionnât par les souffrances
celui qui devait être le Chef et l'Auteur de leur salut. Aussi celui
qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés viennent tous d'un mêi:.^
principe. C'est pourquoi il ne rougit point de les appeler ses frères,
en disant :
Chapitre III
« Vous donc, nies saints frères, qui avez part à la vocation cé-
leste, considérez Jésus, qui est l'Apôtre et lo Pontife de la religion
que nous professons ; qui est fidèle à celui qui l'a établi, comme
Moïse lui a été fidèle dans toute sa Maison... Moïse a été fidèle dans
toute la Maison de Dieu, comme un serviteur envoyé pour annoncer
au peuple tout ce qui lui était ordonné de dire ; mais J . - C , comme le
Fils, a Vautorité de Père et de Maître sur sa Maison, et c'est nous
qui sommes sa Maison, pourvu que nous persévérions jusqu'à la
fin dans la profession de la foi. C'est pour cela que le Saint-Esprit
a dit :
« Si vous entendez aujourd'hui sa voix, n'endurcissez point vos
« cœurs, » comme il arriva au temps du murmure qui excita ma
rolère, et au jour de la tentation dans le Désert, où vos Pères me
— 395 —
tentèrent, où ils voulurent éprouver ma puissance, et où ils virent
mes grandes œuvres miraculeuses. J'ai supporté ce peuple avec
peine et avec dégoût durant quarante ans, et j'ai dit en moi-même :
Ils se laissent toujours emporter à l'égarement de leur cœur ; ils
ne connaissent point mes voies ; c'est pourquoi je leur ai juré,
dans ma colère, qu'ils n'entreront point dans le lieu de mon repos.
« En effet, nous voyons qu'ils ne purent y entrer, à cause de
leur incrédulité et de leurs péchés. Prenez donc garde, mes frères,
(pie quelqu'un de vous ne tombe dans un dérèglement de cœur et
dans une incrédulité qui le sépare du Dieu vivant. »
Chapitre IV
Chapitre V
« Car tout Pontife, étant pris d'entre les hommes, est établi
pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin qu'il offre
des dons et des sacrifices pour les péchés, et qu'il puisse être
touché d'une, juste compassion pour ceux qui pèchent par ignorance
et par erreur, comme étant lui-même environné de faiblesse. Et
c'est ce qui l'oblige à offrir le sacrifice de l'expiation des péchés
aussi bien pour lui-même que pour le peuple.
« Or nul ne s'attribue a soi-même cet honneur ; mais il faut y
être appelé de Dieu, comme Aaron. Ainsi J.-C, ne s'est point élevé
de lui-même à la dignité de Souverain Pontife ; mais il l'a reçue de
celui qui lui a dit : « Vous êtes le Prêtre Éternel, selon l'ordre de
« Melchisédcch. » Aussi durant les jours de sa chair, de sa vie
temporelle, ayant offert, avec un grand cri et avec des larmes, ses
— 397 —-
prières et ses supplications à celui qui pouvait le tirer de la mort,
il a été exaucé, à cause de son humble respect pour son Père- Et,
quoiqu'il fut le Fils de Dieu, il n'a pas laissé d'apprendre l'obéissance
par tout ce qu'il a souffert 5 et étant entre dans la consommation
de sa gloire, il est devenu l'Auteur du salut éternel pour tous ceux
qui lui obéissent, Dieu l'ayant déclaré Pontife, selon l'ordre de
Melchisédecb. »
Chapitre VI
« Car il est impossible, dit-il, que ceux qui ont été une fois
éclairés, qui ont goûté le don du Ciel, qui ont été rendus partici-
pants du Saint-Esprit, qui se sont nourris de la parole de Dieu et
de l'espérance des grandeurs du siècle à venir, et qui, après cela,
sont tombés, il est impossible, dis-je, qu'ils se renouvellent par la
pénitence, parce qu'autant qu'il est en eux, ils crucifient de nou-
veau le Fils de Dieu, et l'exposent à l'ignominie. Car lorsqu'une
terre, étant souvent abreuvée des eaux de la pluie qui y tombe,
produit des herbages propres à ceux qui la cultivent, elle reçoit la
bénédiction de Dieu. Mais quand une terre ne produit que des
ronces et des épines, elle est en aversion à son maître, elle est
menacée de sa malédiction, et à la fin il y met le feu.
<& Or, nous avons une meilleure opinion de vous et de votre salut,
frères bien aimés, quoique nous parlions de la sotte. Car Dieu n'est
pas injuste pour oublier vos bonnes œuvres et votre charité. Mais
t
Chapitre VII
C h a p i t r e VIII
« Ayez soin de faire toutes choses selon le Modèle qui vous a été
« montré sur la montagne. »
« Mais quant à notre Pontife, il a reçu une Sacrificaturc d'autant
plus excellente qu'il est lo Médiateur d'une meilleure Alliance, et
qui est établie sur de meilleures promesses. \2 Ancienne ne pro-
mettait que des mens terrestres, passagers ; la Nouvelle promet les
biens du Ciel et un Royaume éternel. Aussi Dieu blâmant ce que
la première a de défectueux, il en annonce la future abrogation par
le Messie, lorsqu'il dit (Jérém. xxxi) :
« ïl viendra un temps, où j e ferai une nouvelle Alliance avec la
« Maison d'Israël et de Juda, non selon l'alliance que j ' a i faite avec
« leurs Pères (au temps de la sortie d'Egypte), et dans laquelle ils
c ne sont point demeurés fidèles... Mais voici l'alliance que j e ferai :
— 401 —-
« J'imprimerai mes lois dans leur esprit, et j e les écrirai dans leur
<<. cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon Peuple. »
« En appelant cette Alliance une Nouvelle Alliance t il a montré
que la première se passait et vieillissait ; or, ce qui se passe et
vieillit est proche do sa fin. »
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
« Or la foi est ce qui nous rend présentes les choses qu'on es-
père, et ce qui nous convainc de celles qu'on ne voit point. C'est
par la foi que les anciens Pères ont reçu de Dieu un témoignage si
avantageux dans l'Écriture. C'est par la foi que nous savons que
— 405 —
le monde a été fait par la Parole de Dieu, et que tout ce qui est
visible a été formé, n'y ayant rien auparavant que d'invisible.
« C'est par la foi que Abel offrit à Dieu une hostie plus excel-
lente que celle de Gain, et qu'il est déclaré juste, Dieu lui-même
rendant témoignage qu'il a accepté ses dons ; c'est à cause de sa
foi qu'il parle encore après sa mort.^
« C'est par la foi que Enoch a été enlevé du monde, afin qu'il
n e mourut pas ; en sorte qu'on ne l'y a plus vu, parce que Dieu
l'avait transporté ailleurs. Car l'Ecriture lui rend ce témoignage,
qu'avant d'avoir été ainsi enlevé, il plaisait à Dieu. -— Or il est
impossible de plaire à Dieu sans la foi ; car pour s'approcher de
Dieu, il faut croire, d'abord, qu'il y a un Dieu, et qu'il récompen-
sera ceux qui le cherchent.
CL C'est par la foi que Noc, ayant été divinement averti de ce qui
devait arriver, et appréhendant ce qu'on ne voyait point encore,
bâtit l'Arche pour sauver sa famille; et en la bâtissant condamna
le monde, et devint l'héritier de la justice qui naît de la foi.
« C'est par la foi que- celui qui reçut depuis le nom d ' A b r a h a m ,
obéit en s'en allant dans la terre qu'il devait recevoir pour héri-
tage, et qu'il partit sans savoir où il allait. C'est aussi par la foi que
Sara, étant stérile, obtint Isaac. C'est par la foi qu'Abraham offrit
lsaac, lorsque Dieu voulut le tenter ; il offrait son fils unique,
l'objet des promesses divines, à l'égard duquel il avait été dit :
(ha race qui portera votre nom et celle qui naîtra d'Isaac). Mais
il pensait en lui-même que Dieu pourrait bien le ressusciter après
sa m o r t ; et ainsi il le recouvra comme d'entre les morts, en figure
de la résurrection do J.-C.
« C'est par la foi qu'isaac donna à Jacob c t à E s a ù une bénédiction
qui regardait l'avenir »
« C'est par la foi que Jacob bénît chacun des enfants de Joseph,
et qu'il s'inclina profondément devant le bâton de commandement
que portait son fils. »
« C'est par la foi que Moïse renonça à la qualité de fils de la fille
d.e Pharaon, et qu'il aima mieux être affligé avec le peuple Dieu,
que de jouir du plaisir si court qui se trouve dans le péché ;
jugeant que l'ignominie de J.-C. était un plus grand trésor que
toutes les richesses de l'Egypte, parce qu'il envisageait la récom-
pense...
— 400 —
« C'est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent par
terre, après qu'on en eût fait le tour pendant sept j o u r s .
< Que dirai-je davantage ? Le temps ne manquera, si je veux
parler encore de Gédéon, de Barrac, de Samson, de Jephté, de
David, de Samuel et des Prophètes, qui par la foi ont conquis les
royaumes, ont accompli Injustice, ont reçu l'effet des promesses, ont
fermé la gueule des lions, ont arrêté la violence du feu, ont évité
le tranchant de l'épéc, ont été guéris do leurs maladies, ont été rem-
plis de force dans les combats, ont mis en fuite les armées des
étrangers ; et ont rendu aux femmes leurs enfants, les ayant r e s -
suscites après leur mort. Ï>
a Tous ces saints sont morts dans la foi, n'ayant point reçu les
biens que Dieu leur avait promis, mais les voyant et comme les
saluant de loin, et confessant qu'ils étaient voyageurs et étrangers
sur la terre, » car ceux qui parlent de la sorte font voir qu'ils
cherchent leur patrie ; non leur patrie terrestre, mais une patrie
meilleure, qui est celle du ciel.
Chapitre XII
C h a p i t r e XIII
CHAPITRE IV
_ ^ r __ _______ r
e r
Chapitre I
Chapitre XI
Chapitre l ï ï
C h a p i t r e IV
Chapitre V
Chapitre V I
ARCHEVÊQUE DE CRETE
C1
. Chapitre I '
Chapitre II
« Mais pour vous, instruisez votre peuple d'une manière qui soit
digne de la saine doctrine : enseignez aux vieillards à être sobres,
chastes, prudents, et à se conserver purs dans la foi, dans la
charité et dans la patience. — Apprenez de même aux femmes
avancées en âge à faire voir dans tout leur extérieur une sainte
modestie, à n'être point médisantes, ni sujettes au vin ; mais à
donner de bonnes instructions, en inspirant la sagesse aux jeunes
femmes, et en leur apprenant à aimer leurs maris et leurs enfants,
à avoir une conduite réglée, à être chastes, sobres, attachées à leur
ménage, bonnes, soumises à leurs maris, afin que la parole de
Dieu ne soit point exposée au blasphème. — Exhortez aussi les
jeunes gens à être sobres, — les serviteurs h être bien soumis à
leurs maîtres, à leur complaire en tout, à ne les point contredire,
à ne détourner rien de leur bien, mais à leur témoigner en tout
une entière fidélité, afin qu'en toutes choses ils fassent honneur à la
doctrine de Dieu notre Sauveur.
« Car la grâce de Dieu, notre Sauveur, a paru à tous les hom-
mes, et elle nous a appris que, renonçant à l'impiété et nux passions
mondaines, nous devons vivre dans le siècle présent, avec tempé-
rance, avec justice et avec piété, étant toujours dans l'attente de la
béatitude que nous espérons et de l'avènement glorieux de notre
grand Dieu et Sauveur J.-C. — Prêchez ces vérités. Exhortez et
reprenez avec autorité ; que nul ne vous méprise. »
432 -
Chapitre III
CHAPITRE v
1
Lu tradition r a p p o r t e q u e Pierre parcourut l'Illyrie, c'est-
à-dire tous les pays que les anciens comprenaient sous ce
nom, et qu'il prêcha l'Evangile jusqu'en Styrie : c'est pour
cela que nous trouvous des évêchés très-anciens dans ces
contrées.
Paul, revenant d'Asie, vers l'an Ci, rencontra Pierre à
Corinthe, et tous deux allèrent ensemble à Rome, comme
l'écrit un ancien et célèbre écrivain, qui touchait aux t e m p s
apostoliques, S. Denys de Corinthe, clans sa Lettre aux
Romains, citée p a r Euscbe(//is£. i. % c. 25) ; arrivés à Rome,
les deux grands Apôtres joignirent leurs efforts, comme l'as-
2
s u r e S. A s t é r i u s , et s'employèrent avec zèle à instruire les
Juifs dans leurs Synagogues et à gagner à J.-C. les Païens
auxquels ils prêchaient l'Évangile dans les forums et dans
les assemblées publiques,
De R o m e , Paul entreprit enfin le voyage d'Espagne, qu'il
se proposait de faire depuis si longtemps, afin de porter
jusqu'aux dernières limites de l'Occident en Europe la
lumière de l'Evangile \ car il y avait aussi en Espagne beau-
coup de Juifs, qui s'y étaient établis déjà avant la conquête
des Romains, avec les négociants Carthaginois. Notrc-
Seigneur lui-même avait r e c o m m a n d é à ses Apôtres de
m e t t r e la main à la c h a r r u e , sans regarder par derrière le
chemin qu'ils avaient fait, mais d'aller toujours en avant.
C'est là ce que S. Paul, en particulier, s'était proposé.
CHAPITRE VI
1
Les P è r e s nous assurent que Dieu avait révélé à S. Paul,
vers cette époque, q u e la fin de sa vie était proche, et qu'il la
couronnerait par le martyre. Sa Seconde Epitre à Timothée le
donne à entendre, et c'est pour cela q u e clans cette Épître il
témoigne tant de joie et u n e confiance si extraordinaire.
S. Athanasc dit q u e Dieu lui avait révélé positivement qu'il
souffrirait le martyre à Rome, et que, après cette révélation,
au lieu de s'éloigner de R o m e , il s'y rendit avec joie, car il
regardait la mort comme un gain.
« Il revint dans la capitale du m o n d e , au c o m m e n c e m e n t .
de l'an 65 de J.-C. Il y trouva encore S. Pierre, qui était de
retour de divers voyages, il s'unit de nouveau au Prince des
Apôtres pour travailler à la conversion des Romains. Il se
servait de différents moyens pour communiquer à tous les
grands biens qu'il, leur annonçait, il leur donnait u n e c o n -
naissance pure et exacte de Dieu, leur exposait les saintes
règles de la vertu et de la morale chrétienne, les éloignait
des danses profanes, de l'ivrognerie et de tous ces plaisirs
sensuels, causes d e fimpudicité, et auxquels néanmoins les
peuples et les princes avaient un attachement prodigieux.
Aussi Néron ne put-il voir sans indignation qu'on introduisit
dans Rome une vie si sage et si p u r e , lui qui eut mieux aimé
p e r d r e l'Empire qu'abandonner ses plaisirs. Il employa donc
C H A P I T R E VII
i. Voir 2 Tim.
2tt
— 430 —
mour, et que tous ceux qui veulent vivre avec piété en J . - C ,
doivent être persécutés, comme il le voyait dans l'exemple
m é m o des premiers Ministres de l'Evangile. Il l'avertît de n e
point oublier ce qu'il a appris de lui, de ne point s'étonner
d'en voir quel»]ues-uns s'éloigner de la vérité, mais de la
p r ê c h e r avec ardeur, de s'opposer fortement à ceux qui la
combailent, cl qui doivent en venir jusqu'au point de ne
pouvoir plus souffrir la. saine doctrine, et de chercher de
faux docteurs qui llattent leurs passions.
Ce qui lui fait souhaiter la présence de S. Timothée, c'est
que, à l'exception do S. Luc, il n'a plus auprès de lui aucun
de ses anciens Disciples ou collaborateurs. Il avait laissé
Erastc et Tropbime dans d'autres villes. Démas l'avait aban-
donné, pour se livrer à l'amour du siècle, et était parti pour
Thessalonique. Grescent était dans les Gaules, et Tite, en
Dalmalie. Il avait, tle plus, envoyé Tycbîcus à Ephôse. Il
y avait sans doute à h o m e u n grand n o m b r e de Chrétiens,
é m i n e n t s p a r la ferveur de leur foi, comme par la lumière de
leur piété et par le généreux mépris qu'ils faisaient de toutes
les choses du m o n d e : ces fidèles n e manquaient pas de lui
donner toute la consolation et tout le secours qu'ils pou-
vaient. Mais il fallait à l'Apôtre plusieurs de ses Disciples
et de ses collaborateurs p r è s de lui, t a n t pour l'aider
dans lo ministère évangôlique qu'il no négligeait pas, môme
dans les forx, qu'a fin de consoler les lidèlcs et d'empê-
cher les troubles qui pourraient arriver dans l'Église après
sa mort
Il lui parle de Philétus et d'Hyménéc, qui s'étaient égarés
du sentier de la foi, et qui corrompaient plusieurs personnes
par de fausses doctrines, en soutenant que la résurrection
était déjà accomplie ; car, n e reconnaissant point d'autre
résurrection que celle par laquelle on ressuscite du péché à
la grâce, ils niaient celle des corps. — On voit que ces deux
hérésiarques s'étaient, dès lors, p a r u n e anticipation singu-
lière, placés au point de vue des Mythiques modernes, en
niant la résurrection et la béatitude futures, et en prétendant
que Tune et l'autre consistaient à bien saisir et à réaliser ici-
Chapitre I « r
C h a p i t r e II
<i Fortiflez-vous donc, ô mon fds, par la grâce qui est en J.-C. ;
et gardant ce que vous avez appris de moi devant plusieurs témoins,
donnez-le en dépôt à des hommes fidèles qui soient eux-mêmes
capables d'en instruire d'autres. Souffrez constamment les peines
du ministère comme un bon soldat de J.-C. Celui qui est enrôlé au
service de Dieu, ne s'embarrasse point dans les affaires séculières
pour ne s'occuper qu'à plaire à celui qui l'a enrôlé. Celui qui
combat dans les jeux publics n'est couronné qu'après avoir com-
battu selon la loi des combattants. Un laboureur qui a bien t r a -
vaillé doit le premier avoir p a r t à la récolte des fruits.
« Pour J.-C. je souffre beaucoup de maux, jusqu'à être dans
les chaînes comme un scélérat; mais la parole de Dieu n'est
point enchaînée. Aus&i j ' e n d u r e tout pour l'amour des Elus, afin
qu'ils acquièrent, aussi bien que nous, le salut qui est en J.-C. avec
la gloire du Ciel. C'est une vérité très-assurée, que si nous mou-
— i<J4 —
ions avec J . - C , nous vivrons aussi avec lui. Si nous soutirons avec
lui, nous régnerons aussi avec lui. Si nous le renonçons, il nous
renoncera aussi. Annoncez cela, et prenez-en le Soigneur à témoin.
Ne vous amusez point à des disputes, qui ne sont bonnes qu'à per-
vertir ceux qui les écoutent. — Mettez-vous en état de paraître
devant Dieu comme un bon Ministre digne de son approbation, qui
ne fait rien dont il ait sujet de rougir, et qui sait bien dispenser la
parole de vente.
« I* uyez les lïèrv lignes, qui tiennent des discours vains et pro-
fanes; car ils croîtront de plus en plus dans 1 impiété, et leur
doctrine, comme la gangrène, gâtera peu à peu ce qui est sain. De
ce nombre sont Hyménée et Philète, qui se sont écartés de la vérité,
en disant que la résurrection est déjà arrivée, et qui ont ainsi ren-
versé la foi de quelques-uns. Mais « le Seigneur connaît ceux qui
« sont à lui, » Dans une grande Maison, il y a des vases d'honneur
et des vases d'ignominie. Quiconque se garde de ces hérésies sera
un vase d'honneur.
« Fuj'ez les passions des jeunes gens, qui sont la vaine gloire,
V ambition, les voluptés charnelles, et suivez la justice, la foi, la
charité et la paix avec les fidèles. Invitez les questions qui sont sans
raison et sans sagesse ; un serviteur ne s amuse point u contester ;
niais il doit îcpicudrc avec douccui ceux qui îosistcnt a la véiite,
dans l'espérance que Dieu pourra leur donner un jour 1 esprit dé
pénitence, pour la leur luire connaître, et qu ainsi ils sortiront des
Iueges et de la servitude de Satan. ))
C h a p i t r e III
Chapitre I V
CHAPITRE VIII
Succès de la prédication do S. Paul à Rome.
— Des personnages de la Cour se convertissent a Jésus.
Insurrection et conversion de l'Echanson de Néron.
— Les officiers de la Cour, après s'être déclarés
Chrétiens, sont incarcérés.
A.ix d o J . - C. G3—GG-GO»
0 JT iV x T l i t I'J i A.
N«rou laiir.fi un nouvel lidit du persécution contre lus adorateurs
du Cfirist-llui. — Cruautés exercées contre eux.
— Km on lt* populaire. — Nouvelle comparution de S. Paul devant César. —
On Iti conduit au supplice.
tiGnxiGïilL cIG cli oit toub 1GS i oy^uiïiGSj ^1^^ 1G£j distï*il3Ufî d
cjui il lui pltXrt (juî Gst 1G ïïi&itFG toutGS IGS victoirGSj
7 Ù.&
"tï*l^^XXjl^)£ 1
lî3 ^ 11 {3f?l/ S^3Ul ï^Ol IÏÏV^Ll*î C
îïl-)!C> dtlïlS 1 ï^t^ïl*XUl/^î •
Après ce discours, P a u l fut conduit a u supplice.
29
— 440 —
C HAPI THE X
orgueil.
H o m m e s de c œ u r et de sens, sachez qu'on a faussement
partagé entre plusieurs la divinité ; il n'y a qu'un Dieu, de
qui dépendent toutes choses : qu'un seul Seigneur J . - C , par
qui toutes choses ont été faites; qu'un seul Esprit-Saint, qui
vivifie et conserve toutes choses ; toutes choses obéissent à
ce Dieu unique '. il n'y a point de division dans la Divinité ; il
n'y a pas plusieurs Dieux. Examinez attentivement, ô
Romains, d'où provient ce désaccord, comment s'est fortifié,
s'est accru ce dissentiment, qui a donné origine à cette multi-
plicité, non pas d e dieux, mais de misérables et monstrueuses
déités. Ce qui leur a donné l'origine, c'est q u e plusieurs ont
YOUIU devenir princes, t y r a n s et dominateurs, non de leurs
passions et de leurs vices, "mais des hommes leurs semblables
et leurs frères. Plongés dans les épaisses ténèbres de l'igno-
rance, en même t e m p s q u e enflés par u n vain orgueil, les
h o m m e s s'imposèrent à eux-même pour dieux, des hommes
misérables, du pouvoir desquels ils relevaient. Ils sont
devenus semblables à eux, leur ont déféré les honneurs
dûs à Dieu seul, dans le b u t d'éviter u n e m o r t fâcheuse. De
plus, u n grand n o m b r e d'entre les h o m m e s , n'ayant point
voulu cunnaître et adorer Dieu, furent livrés à leurs p a s -
sions volupteuses, effrénées, et ont accompli des œuvres
que les lois romaines elles-mêmes punissent comme exécra-
bles ; en eux s'est réalisé à la lettre ce qui est écrit dans les
Saints Oracles '. Que ceux QUI font ces idoles et ces dieux, leur
deviennent semblubles ! Ils se sont fait des dieux misérables,
et ils sont devenus misérables comme eux ; ils sont t o m -
bés dans u n e telle infamie, qu'ils ont dit à u n e tige d'arbre :
tu es 7iott'e Dieu ! et à la pierre '. Viens à notre secours ! Us
adorent le bois dont les débris ont servi à les réchauffer I
A ces paroles, la foule qui l'écoutait, éleva la voix et
dit en gémissant :
— Nous sommes dans l'erreur ! nous avons péché ! nous
avons agi avec injustice ; ô Docteur du salut, ô vous qui
— 449
enseignez la voie d e la vérité et de l'inunortalité ^soyez-
nous favorable, afin que n o u s soyons délivrés des filets du
péché, et que n o u s puissions échapper à ce feu qui doit
consumer le m o n d e et brûler les pécheurs infortunés et les
méchants !
CHAPITRE XI
^^CîlTS tlï 11^^(31 6 2 "V O S ^)tlS O U "\ O U & "\ OVllIï TïC)\n.k5 ^ OVTS <!CCî^)îî1
t . S. Grégoire, 1. tu, ép. xxx, p. 568, cité dans Baronius, an 68, n. 10,
parle dans une lettre de ce linge y ni fut miraculeusement rendu à sainte
Plautilla.
1. Ce lieu est appelé aux Eaux Salvicnncs par S. Grégoire, l. xn, opist. ix,
p. 110. Ce grand Pape, à t]ni ce lieu appartenait, h-donna depuis à l'Eglise
où reposait le corps do l'Apôtre. Ibid.
2. D'après Nicépliore, 1. ii, c. xxxvi, S. Pierre et S. Paul furent marty-
risés l'an 37, après l'Ascension de J.-C, c'est-à-dire l'an 70 de J . - C
— 454 —
du corps, le n o m hébreu d e N . - S . J.-C. retentit clairement
aux oreilles des assistants ; et du corps de l'Apôtre, il jaillit
!
s u r les vêtements du soldat comme u n e eau de l a i t , puis le
sang coula ensuite.
Quant au voile qui lui couvrait les yeux, il disparut au
m o m e n t où quelqu'un voulait s'en saisir. Au m ê m e instant,
1 odeur lîi plus suave embauma, l'air, cl une lumière éblouis-
sante et surnaturel le éclata aux veux dey mortels, qui n en
pou\ aient soutenir la vrve intensité.
A cette vue tous ceux qui étaient présents, admirèrent avec
étonnement comment Dieu faisait briller sa grâce dans son
bienheureux Apôtre j ils louaient et glorifiaient sans cesse le
Seigneur J . - C , le reconnaissant pour B.oi Invincible 6t
Immortel, tel que l'avait fait connaître Paul, le magnifique
Docteur et Maître des Nations.
Parthenius et P h é r é t a s , qui avaient fait hâter la m o r t de
l'Apôtre, se mirent en route pour s'en retourner. Arrivés à
la porte de la ville, ils y trouvèrent Plautilla, qui louait et
glorifiait le Seigneur au sujet de tout ce qu'elle avait entendu
et vu p a r l'entremise de son Saint Apôtre. — Us lui d e m a n -
dèrent avec u n air de moquerie et de dérision pourquoi
elle n e se couvrait point la tête avec le voile qu'elle avait
p r ê t é à Paul.
La dame chrétienne, animée du feu de la foi, leur répondit
avec u n e magnanimité digne de la grandeur de sa naissance
et de son â m e chrétienne :
— Hommes vains et infortunés, leur dit-elle, ô vous qui
ne pouvez croire m ê m e ce q u e vous voyez d e vos yeux et ce
que vous touchez de vos mains, — je le possède, en effet,
et véritablement, le voile q u e je lui avais présenté : main-
tenant qu'il est empourpré d e son sang, il est plus précieux
qu'auparavant. L'Apôtre fidèle est venu du Ciel, escorté
d'une multitude innombrable d'hommes vêtus d e blanc, et il
CHAPITRE XII
CHAPITRE XIIJ
ClIAPITJtE XIV
INF1UMA.
Le catéchumène Crilias, dans le dialogue Phllopatris de
Lucien, le représente chauve et ayant le nez aquilin. Voici
lu texte do cet auteur contemporain :
QiutUd'o cniin me GitUkeus ille convenit recalvaster, naso
aijuilo, qui lertium usijue <id cosluin per aerem ingressus est,
quoique optimet et pulcherrimu sunt inde didicit i per aquas nos
reuov.ttil, in Beatorum vexligiu insislere fecit, et ex impiorum
regioviibus nos veduxit ~.
S. Chrysostùmc, luisant allusion à sa petite taille, dit dans
u n e homélie :
3
<.( Qui tricubitalis est, et coelum attingit l II n'avait que
« trois coudées, et il atteignait le ciel ! »
4
Les Crocs, dans leurs m e n é e s , S. P r o c l u s , P . C. d e C . P . ,
d a n s un sermon, Nicéphore '\ dans son Histoire Ecclésiasti-
Mais plut à Dieu que, dans les Juifs restés infidèles, il n'y
eut eu que cette ignorance d e b o n n e foi et ces préjugés ! S'il
en eut été ainsi, Dieu leur e u t accordé, comme à Paul, la
grâce de reconnaître le Juste p a r excellence et de voir la
vérité, fut-ce m ê m e miraculeusement. Dans ces Juifs, restés
incrédules, il y eut donc plus que de l'ignorance, plus q u e
— —
des préjuges ; il y eul- une résistance réfléchie, injuste, u n e
rébellion passionnée, à l'évidence de la foi évangélicpie : les
Juifs, d'ailleurs, en ont trop souvent donné la preuve. L ' a c -
complissement sous leurs yeux de lous les oracles qui leur
dépeignaient leur Messie-Sauveur, les miracles sans n o m b r e
et si éclatants do cet Homme-Dieu, opérés sous leurs regards,
u n e inimité d'autres signes célestes, leur présentaient la
vérilé dans toulo sou évidence,; ils ont tout rejeté; ils ont
volontairement Icrmé les yeux à la lumière. Voila la cause
unique p o u r laquelle Dieu n e les a point appelés à la foi,
comme leur illustre F r è r e et Docteur, l'Apôtre S. Paul.
Il n'est personne au m o n d e qui n'admire la sincérité pleine
et entière de cet Apôtre, ainsi q u e sa parfaite sagesse. Or, il
a été placé et donné aux nations p o u r être, devant elles, le
témoin de la résurrection de J . - C , de ses merveilles cfc de
sa glorieuse séance à la droite du Tout-Puissant au plus
haut des Cicux. Son témoignage s u r la vérité des faits évan-
tïéliquos, s u r la Résurrection de Jésus qu'il a plusieurs fois
vu dans sa gloire, sur toutes les autres choses miraculeuses
qu'il a, vues et entendues cl qu'il atteste, est donc le témoi-
gnage le plus vrai et le plus indestructible.
S. Paul est u n témoin extraordinaire et hors ligne. R a p -
pelons-nous qu'il a appris tout l'Évangile, non des hommes ni
par Vintermédiaire des hommes, mais immédiatement de J.-C.
même ; q u e son Evangile, ayant été confronté à Jérusalem
avec celui de Pierre et des autres Apôtres, il s'est t r o u v é
parfaitement identique. Nous e n avons u n e preuve d a n s la
doctrine Eucharistique, q u e J.-C. lui-même lui avait ensei-
gnée c o m m e le r e s t e ; Ego enim accepi à Domino guod et
tradidi vobis. Tout y est pleinement conforme aux a u t r e s
Evangiles.
Nou-scuicmcnl S. Paul a été témoin oculaire de la gloire
miraculeuse et céleste du Messie-Jésus, de m ê m e q u e des
œ u v r e s prodigieuses dos a u t r e s Disciples et Apôtres ; m a i s il
a encore été lui-même un thaumaturge extraordinaire, il a
— 409 —
opéré lui-même des prodiges considérables et sans n o m b r e .
Nous l'avons vu ; chose extrêmement remarquable ! S. Paul a
été miraculeusement p r o m u h l'Apostolat universel des Na-
1
tions, par qui? P a r des hommes '? Non, niais par Jésus glorifié,
par Jésus régnant dans la gloire du royaume céleste, par Jésus
le Christ assis au plus h a u t des cieux, à la droite de la
Souveraine Majesté de Dion, son Père, vivant et gouvernant,
l'Univers avec Lui et avec le Saint-Esprit dans les siècles
des siècles. — Quel h o n n e u r pour cet Apôtre excep-
tionnel ï
Que dirons-nous de ses miracles'? Ecoutons plutôt ce qu'il
en dit lui-même ) sachons apprécier l'affirmation, si modeste,
d'un si sage Témoin parlant de ses propres couvres mira-
culeuses, en présence de l'empire Romain qui le voyait et _
qui l'écoutait avec attention :
— Je n'oserais vous parier, dit-il aux Romains, x v , 18-19, de
ce Que J.—G. a fait pour moi, pour amener les Nations à l'obéis-
sance de la foi, par la parole et par les œuvres, par la vertu des
miracles et des prodiges, invirtule signorum et prodigiorum, et
par la puissance surnaturelle du Saint-Esprit ; de sorte que
par ces m o y e n s j'ai porté l'Evangile du Christ dans cette
grande étendue de pays Qui est depuis Jérusalem jusqu' à I'Illyrie.
Il dit cela devant les contemporains, témoins de ses p r o -
diges. Les faits, connus de tout le monde, parlent pour lui
et r e n d e n t témoignage à la vérité d e ses paroles. Quel illus-
t r e ministre et témoin de son Evangile Dieu s'est suscité au
milieu des Nations ! Admirons avec quelle vérité J.-C. en
personne lui avait dit, dès le début (Aet. x x v i . 16) :
— Je suis Jésus, que vous persécutez. Mais levez-vous et
tenez-vous debout car je vous ai apparu, afin de vous établir
le Ministre et le Témoin des choses que vous avez vues, et de
celles également que je vous montrerai en vous apparaissant
encore, en plusieurs circonstances.
Ad hoc enim apparui tibi, ut constituant te Minisirum et
TESTEM eorum quw vidisti et eorutn quibus apparebo tibi.
S. Paul a donc été l'un des plus grands témoins de J.-C. ;
— 470 . —
il a donné les plus invincibles p r e u v e s de la vérité évan-
gélique.
Un Incrédule do notre époque voudrait quo, comme lui,
b . Paul, sans entrer dans aucune discussion, se fut contenté
d'arrondir quelques phrases banales, plus ou moins poéti-
ques, plus ou inoins sonores et vides de doctrine, au lieu do
présenter, comme a fait le grand Apôtre, d'excellentes r a i -
sons, et d'engager une sérieuse lutte contre les Juifs, contre
les Hérétiques et contre les Philosophes sans foi et s a n s
mœurs.
Mais notre Incrédule ne s'aperçoit donc pas que sa d o c -
trine, à lui, n'a ni solidité, ni rationalité, précisément parce
qu'elle m a n q u e de preuves. Il n e s&it donc pas quo, p o u r
cette raison, son argumentation est ce qu'il y a de plus futile
au monde. Et maintenant, dans son aveuglement, il ose
r e p r o c h e r à S. Paul d'avoir fortement abordé la controverse
et la démonstration ! Il ose se plaindre de ce que l'Apôtre,
en excellent Docteur, a assis sur d'irrécusables preuves les
bases de la Théologie Chrétienne ! Quelle téméraire et folle
audace 1 II approuverait S. Paul, si, comme lui, il eut for-
mulé un langage sceptique, vague, indéterminé ; tandis q u e
notre Apôtre a, au contraire, u n e parole vive, incisive,
plus pénétrante que le glaive acéré ; tandis q u e le grand
Docteur des nations affirme avec u n e précision théologique
rigoureuse les vérités fondamentales du Christianisme, et les
démontre, tant par u n témoignage personnel irrécusable,
que par u n e argumentation doctrinale irrésistible.
Remercions Dieu d'avoir r e n d u éclatante cette vérité.
Autant les adversaires de l'Évangile sont frivoles et insensés
dans leur négation, autant les premiers Témoins et Ministres
de J.-C. sont forts de raison d a n s leur affirmation évan-
gélique.
— 471 —
P a r la grâce divine, par sa sainteté et par ses immenses
mérites, l'Apôtre SAINT PAUL est devenu l'un des premiers
P r i n c e s de la Cour Céleste, que chaque fidèle révère et
invoque spécialement et n o m m é m e n t , au commencement et
à, la fin de chaque jour :
Confiteor Deo, B. M. V.,... Sanctis Apostolis Pelvo et
Paulo,... Ideo precor B. il/.Sonet os Apostolos Petrumet
Paulum,... orare pro me ad Dominum Deum nostrum.
DE
L ' A P O T R E S A I N T P A U L
Par BOSSUET.
PUlLlVIlËHb P O I î s T
31
_ 478 _
ne sait rien q u e ce qui choque, q u e ce qui scandalise, q u e
ce qui parait folie et extravagance. Gomment donc peut-il
espérer qu,c ses auditeurs soient persuadés? Mais, grand
Paul, si la doctrine q u e vous enseigne/ est si étrange et si
difficile, cherchez du moins des t e r m e s polis, couvrez des
fleurs de la rhétorique cette face hideuse de votre Evangile,
et adoucissez son austérité par les charmes de votre élo-
quence. A Dieu n o plaise ! répond ce grand h o m m e , q u e j e
mêle la sagesse humaine à la sagesse du r-ils de Dieu ; c'est
la volonté de m o n Maître q u e m e s paroles n e soient pas
moins rudes q u e m a doctrine paraît incroyable : Non inper-
suasibilibus humanoi sapienticu verbis. C'est ici qu'il nous faut
entendre les secrets de la Providence. Elevons nos esprits,
Messieurs, et considérons les raisons pour lesquelles le P è r e
Céleste a choisi ce Prédicateur sans éloquence et sans a g r é -
ment, pour p o r t e r par toute la t e r r e , aux Domains, aux
G r e c s , aux Barbares, aux petits, aux g r a n d s , aux Rois
m ê m e s , l'Evangile de J.-C.
P o u r p é n é t r e r u n si grand mystère, écoutez le grand Paul
lui-même, qui, ayant représenté a u x Corinthiens combien
ses prédications avaient été simples, e n rond cette raison
admirable : C'est, dit-il, que nous vous prêchons une sagesse
gui est cachée, que les Princes de ce monde n'ont pas reconnue :
Sapientuun quee abscondita est. (Jbid.) Quelle est cette sagesse
cachée? Chrétiens, c'est J.-C. m ê m e . Il est la sagesse du
P è r e ; mais il est u n e sagesse incarnée, qui, s'étant couverte
volontairement de l'infirmité de la chair, s'est cachée aux
1
grands de , la terre par l'obscurité de ce voile. C'est donc
une sagesse cachée, et c'est s u r cela quo s'appuie Je raison-
n e m e n t de l'Apôtre. Ne vous étonnez pas, nous dit-il, si,
prêchant une sagesse cachée, m e s discours n e sont point
ornés des lumières de l'éloquence. Cette merveilleuse lai-
blesse, qui accompagne la prédication, est u n e suite de
l'abaissement p a r lequel m o n Sauveur s'est anéanti, et comme
il a été h u m b l e en sa p e r s o n n e , il veut l'être encore dans
son Évangile...
D'après cette admirable doctrine de l'Apôtre, il est bien
aisé de comprendre que la prédication des Apôtres, soit
qu'elle sorte toute vivante de la b o u c h e de ces grands
h o m m e s , soit qu'elle coule dans leurs écrits, pour y être
— 479 —
portée aux âges suivants, n e doit rien avoir qui éclate. Car,
m e s frères, n'entendez-vous p a s , selon la pensée de S. P a u l ,
que ce Jésus, qui nous doit paraître et dans sa chair, et dans
sa parole, veut ê t r e humble et dans l'une et dans l'autre?
De là ce rapport admirable e n t r e la personne de J.-C. et
la parole qu'il a inspirée. Lac est credentibus, cibus est intel-
ligenlibus. La chair qu'il a prise a été infirme, la parole qui
le prêche est simple : nous adorons en notre Sauveur la
bassesse mêlée avec la g r a n d e u r . Il on est ainsi de sou
Ecriture, tout y est grand et tout y est bas ; tout y est riche
et tout y est pauvre ; et en l'Evangile, comme en J . - C , ce
que l'on voit est faible, et ce q u e l'on croit est divin. Il y a
des lumières dans l'un et dans l'autre; mais ces lumières,
dans l'un e t d a n s l'autre, sont enveloppées de nuages ". en
Jésus, p a r l'infirmité de la chair ; et en l'Écriture divine, p a r
la simplicité de la lettre. C'est ainsi q u e Jésus veut être prê-
ché et il dôdahme pour sa parole, aussi bien q u e pour sa
personne, tout ce q u e les h o m m e s admirent.
N'attendez donc pas de l'Apôtre, ni qu'il vienne flatter les
oreilles p a r des cadences harmonieuses, ni qu'il veuille
charmer les esprits par d e vaines curiosités. Ecoutez ce
qu'il dit l u i - m ê m e : Nous prêchons une sagesse cachée i nous
prêchons un Dieu crucifié. Ne cherchons pas tic vains o r n e -
m e n t s à ce Dieu, qui rejette tout l'éclat du monde. Si notre
simplicité déplaît aux superbes, qu'ils sachent que nous vou-
lons leur déplaire, que J . - C dédaigne leur faste insolent, e t
qu'il ne veut être connu q u e des humbles. Abaissons-nous
donc à ces h u m b l e s ; faisons-leur tics prédications, dont la
bassesse tienne quelque chose de l'humiliation de la Croix, e t
qui soient dignes de ce Dieu, qui n e veut vaincre q u e par la
faiblesse.
C'est pour ces solides raisons q u e S. Paul rejette tous les
artifices de la rhétorique. Son discours, bien loin de couler
avec cette douceur agréable, avec cette égalité tempérée q u e
nous admirons dans les orateurs, parait inégal et sans suite
à ceux qui n e l'ont p a s assez p é n é t r é ; et les délicats de la
t e r r e qui ont, disent-ils, les oreilles fines, sont offensés d e
la dureté de son style irrégulicr. Mais, m e s frères, n'en r o u -
gissons p a s . Le discours d e l'Apôtre est simple ; mais les
pensées sont toutes divines. S'il ignore la rhétorique, s'il
— 480 —
méprise la philosophie, J.-C. lui tient lieu de tout, et son
n o m , qu'il a toujours à la b o u c h e , ses mystères qu'il traite
si divinement, r e n d r o n t sa simplicité toute puissante. Il ira,
cet ignorant dans l'art de bien dire, avec cette locution
rude, avec cette phrase qui sent l'étranger, il ira en cette
Grèce polie, la m è r e des philosophes et des orateurs ; et,
malgré la résistance du monde, il y établira plus d'Églises
q u e Platon n'y a gagné de Disciples par celte éloquence qu'on
a crue divine. Il prêchera Jésus dans Athènes, et lo plus
savant do ses Sénateurs passera do l'Aréopage eu l'école de
ce Barbare. Il poussera encore plus loin ses conquêtes, il
abattra aux pieds du Sauveur la majesté des faisceaux r o -
mains en la personne d'un Proconsul, et il fera trembler
dans leurs tribunaux les juges devant lesquels on le cite.
Homo m ê m e e n t e n d r a sa voix, cl un jour colle ville maî-
tresse se tiendra bien plus honorée d'une lettre du style d e
Paul adressée à ses citoyens, que de tant de fameuses haran-
gues qu'elle a entendues d e son Gicéron.
1
Et d'où vient cela, Chrétiens ? C'est q u e Paul a des moyens
pour persuader q u e la Grèce n'enseigne pas et que R o m e
n'a pas appris. U n e puissance surnaturelle, qui se plaît de
relever ce que les superbes méprisent, s'est r é p a n d u e et
mêlée dans l'auguste simplicité d e ses paroles. De là vient
que nous admirons dans ses admirables Epîlrcs u n e certaine
vertu plus q u ' h u m a i n e , qui persuade contre les règles, ou
plutôt qui ne persuade pas t a n t qu'elle captive les e n t e n d e -
m e n t s ) qui n e flatte pas les oreilles, mais qui porte ses
coups droit au c œ u r . De m ê m e qu'on voit u n grand fleuve
qui retient encore, coulant dans la plaine, cette force vio-
lente et impétueuse, qu'il avait acquise aux montagnes d'où
il tire son origine ; ainsi cette vertu céleste, qui est contenue
dans les écrits d e S. Paul, m ê m e dans cette simplicité de
style, conserve toute la vigueur qu'elle apporte du ciel, d'où
elle descend.
C'est par cette v e r t u divine que la simplicité de l'Apôtre
a assujetti toutes choses. Elle a r e n v e r s é les idoles, établi
la Croix de Jésus, persuadé à u n million d'hommes de mou-
rir pour en défendre la gloire ; enfin, dans ses admirables
Épîtres, elle a expliqué de si grands secrets, qu'on a vu les
plus sublimes esprits, après s'être exercés longtemps dans
— 481 —-
les plus h a u t e s spéculations où pouvait aller la philosophie,
descendre d e cette vainc h a u t e u r , où ils se croyaient élevés,
pour a p p r e n d r e à bégayer h u m b l e m e n t dans l'école de J.-C.,
sous la discipline de Paul.
Aimons donc, aimons, Chrétiens, la simplicité de Jésus ;
aimons l'Evangile avec sa bassesse, aimons Paul dans son
style r u d e , et prohtons d'un si grand exemple. No regardons
pus les prédications comme un divertissement de l ' e s p r i t ;
n'exigeons pas des prédicateurs les agréments de la r h é t o -
rique, mais la doctrine des Ecritures. Que si notre délica-
tesse, si notre dégoût les contraint à chercher des o r n e -
ments étrangers pour n o u s attirer par quelque moyen à
l'Evangile du Sauveur Jésus ; distinguons l'assaisonnement,
de la nourriture solide. Au milieu des discours qui plaisent,
n e jugeons rien de digne de nous q u e les enseignements
qui édifient, et accoutumons-nous à aimer tellement J.-C.
tout seul dans la p u r e t é naturelle de ses vérités toutes saintes,
que nous voyions encore régner dans l'Église cette p r e m i è r e
simplicité, qui a fait dire au divin Apôtre : Cum infirmor,
tune potens sum Je suis puissant, parce que je suis faiblei
m e s discours sont forts, parce qu'ils sont simples; c'est leur
simplicité innocente qui a confondu la sagesse h u m a i n e .
Mais, grand Paul, ce n'est pas assez : la puissance vient a u
secours de la fausse sagesse; je vois les persécuteurs qui
s'élèvent. Après avoir fait des discours, où votre simplicité
persuade, il faut vous p r é p a r e r aux combats, où votre fai-
blesse triomphe ; c'est m a seconde partie.
DEUXIÈME POINT
TROISIÈME POINT
AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR
EXPOSÉ GÉNÉRAL DE LÀ G r a n d e Christologie. . . .
PREFA.CE I
L I V R E P R E M I E R
CHAPlTliE Iw
CHAPITRE II
CHAPITRE III
Conversion de Saul 10
— 492 —
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
De la tentation de S. Paul 30
CHAPITRE VHI
Des principales vertus que pratiquait S. Paul 32
>¥ «
LIVRE S E C O N D
ËYÀNGÉLISA-TION DE L'A.SIE
e
CHAPITRE I r
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CI I API 1 LE VI
S. Paul et S. Humai ié se séparent il AnlAoche. — Silas ac-
compagne le premier, et Jean-Marc le second. . *. . 01
CHAPITRE VII
Timothée s'attache à S. Paul, — Visite des églises d'Asie.
— Dieu ouvre un nouveau champ au zèle et aux travaux
de S. Paul 64
L I V R E TROISIÈME
CHAPITRK l e
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
S. Paul à Bérée. — Genre et succès de sa prédication. . . 81
CHAPITRE V
S. Paul à Athènes. — Motifs de sa comparution devant
l'Aréopage 83
CHAPITRE VI
Discours de S. Paul devant les Juges de l'Aréopage. — Il
reçoit par Timothée des nouvelles de la chrétienté de
Thessalonique 87
CHAPITRE VII
S. Paul à Corinthe. — Il loge chez Aquila. •— Il travaille
des mains. — Il proche devant les Juifs et devant les
Grecs. — Il écrit deux Epîtres à l'Eglise de Thessalonique.
— An 52. — Eloge des Épîtres de S. Paul. — Itéiîitation
des perfides insinuations de AI. Renan et des autres incré-
dules, anciens et modernes 90
CHAPITRE VIII
S. Paul loge à Corinthe chez Titus-Justus. — Il abandonne
les Juifs pour s'appliquer à la conversion des Gentils. —
Ses succès 131
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
Voyage de S. Paul à Éphèse, et de là à Jérusalem. — Retour
du même Apôtre à Ephèse par Antioche et par l'Asie-
Mineure. — S. Apollon à Ephèse et à Corinthe. . . . 135
CHAPITRE XI
S. Paul baptise et confirme douze catéchumènes d'Éphèse.
— 495 —
— Descente du Saint-Esprit. — Apollonius de Thyane à
Ephèse. — Comment l'Apôtre du Christ combat ce minis-
tre de Satan 138
CHAPITRE XII
CHAPITRE XIII
CHAPITRE XIV
CHAPITRE XV
Sédition à Éphèse contre S. Paul. — L a Diane des Éphésiens.
-— L'Apôtre retourne dans la Grèce 193
CHAPITRE XVI
S. Paul à Philippes, en Macédoine. — Il écrit de là sa
Seconde Epitrc aux Corinthiens 198
CHAPITRE XVII
Troisième voyage de S. Paul à Corinthe et dans les autres
villes de la Grèce. — Il recueille les collectes préparées
pour les pauvres de Jérusalem. — 11 écrit à Corinthe
YJCpitre aux Romains 263
496
LIVRE QUATRIÈME
u r
CHAPITRE I
CHAPITRE II
CHAPITRE III
Les liens de S. Paul sont prédits à T J T par les Disciples de
J . - C , et à Césarée par le Prophète A<rubus. — Filles de
Philippe, Prophétessos 293
CHAPITUE IV
CHAPITRE V
Discours de S. Paul devant les habitants de Jérusalem. — Il
raconte sa conversion et su mission pour prêcher aux
Gentils, — Les Juifs demandent sa mort avec des cris de
rage 301
4
CJlAPITIîK VI
y. Paul l'ait valoir ses droits de citoyen Romain.-— il parle
en présence du Sanhédrin. —Il est outragé par l'ordre du
Grand-Prêtre. — Il divise le Grand-Conseil et tourne les
Pharisiens contre les Sadducéens. — On le ramène dans
la Tour Autonia 304
407
CH A PITRE Vil
Les Juifs entreprennent d'assassiner S. Paul.— Le comman-
dant de ht garnison de Jérusalem le fait conduire à Césarée. ?08
CHAPITRE VIIf
Tcrtnllus, uvomt des Juifs, accuse S . Paul devant Félix. —
S. Paul s(! déliMid rl réfute son nilversairn, — Il parle de
lu justice, de la diastole et du jugement dernier, et fait
trembler le (ïonvenieur Félix 312
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
Le Roi Agrippa II ct*Ba sœur Bérénice, après s'être entre-
tenus avec Festus de l'ApOtre S. Paul, le font comparaître
en leur présence 321
CHAPITRE XI -
Discours de S. Paul devant le Itoi Agrippa. — Récit de sa
conversion. — Sentiment de Festus. — Agrippa reconnaît
l'innocence de l'Apotrc. 324
CHAPITRE Xll
S. Paul part pour Rome. — Description de sou voyage. —
Tempête (pu s'élève : le vaisseau se brise : tous se sauvent. 332
CHAPITRE X1J(
S. pjtul arrive ii ihilte. — Jl est mordu d'une vipère, sans
qu'il lui en arrive aucun mal. — 11 est pris pour un Dieu
par les Barbares. — Il guérit le Seigneur de l'île et plu-
sieurs autres malades. — Après trois mois ils s'embar-
quent pour Rome. — Us arrivent n Poiuzoles, et de là à
Rome. — S. Paul déclare ;uix Juifs le sujet de sa venue.
— 11 leur prêche .1.-(.'. pendant deux ans. . . . . . . 337
— 498 •—
LIVRE CINQUIÈME
CHAPITRE l e
S. Paul parmi les Prétoriens de Rome. — Il travaille à con-
vertir les Juifs et les Païens de la Capitale de l'Empire. —
Il leur écrit, afin de leur témoigner sa reconnaissance, pour
les exhortera s'attacher fermement à J . - C , à vivre comme
de vrais enfants do lumière et comme des astres parmi les
Païens qui les environnent.—Relations de l'Apôtre S.Paul
avec le Philosophe Sénèque. — liaisons qui appuient cette
tradition 348
CHAPITRE II
S. Paul convertit Onésime. — Lettre de l'Apôtre à Philémon
en faveur d'Onésime. — S. Paul écrit son Epitre aux
Colossicns, dans le but de b;s prémunir contre les fausses
doctrines des Gnostiqucs. des Philosophes Orientaux, con-
cernant les Eons ou Esprits (pue les Hérésiarques plaçaient
au-dessus même de J.-C. — L'Apôtre rappelle aux lidèles
leurs devoirs envers Dieu, envers le prochain, et à l'égard
de leurs familles 366
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
S. Paul retourne en Orient, prêche en Crète, y établit Évèque
S. Tite, ordonne S. Timothée Evèque d'Ephcse, écrit à
l'un et à l'autre, pour leur marquer les qualités que doit
avoir un Evèque, et pour leur indiquer les avis qui con-
viennent aux personnes de de toute condition 410
— 499 —
CHAPITRE V
S. Paul de retour à Rome. — Son voyage en Espagne, —
Néron persécute l'Église. '•— Monument de cette sanglante
persécution 423
CHAPITRE VI
Retour de S. Paul à. Rome. —11 convertit des personnes de
la Cour impériale. — 11 combat, avec S. Pierre, Simon-lc-
Magicien. — Sa captivité. — Onésipliore 426
CHAPITRE VII
S. Paul écrit sa Seconde Épitre à Timothée et celle aux
Ephesiens. — Il prie son Disciple de le venir voir dans la
prison Mamertine. — II l'exhorte une dernière fois à s'ac-
quitter de tous les devoirs d'un Evoque et d'un Docteur
zélé. — Il combattes Judaïsants e l l e s autres Hérésiarques
de l'époque. — Il prédit sa mort prochaine et son glorieux
martyre 429
CHAPITRE VIII
Succès de la prédication de S. Paul à Rome. — Des person-
nages de la Cour se convertissent à Jésus. — Résurrection
et conversion de réchanson de Néron. — Les officiers de
la Cour, après s'être déclarés Chrétiens, sont incarcérés. 438
CHAPITRE IX
Néron lance un édit de persécution contre les adorateurs du
Christ-Roi. — Cruautés exercées contre eux. — Emeute
populaire. *— Nouvelle comparution de S. Paul devant
César. — On le conduit au supplice 442
CHAPITRE X
S. Paul, allant au lieu du martyre, convertit les soldats qui
l'y conduisent, avec une multitude de citoyens Romains,
qui l'avaient écouté. . • 446
CHAPITRÉ XI
S . Puni refuse do se soustraire ù la mort. — Les bourreaux
r
convertis. — Plautilla. — L'A nôtre est mnrt} risc. — Pro-
diges qui signalent cet événement et qui font connaître la
gloire de S. Paul 449
CHAPITRE XII
Apparitions de S . Paul si Néron, aux trois officiers et aux
Disciples 455
CHAPITRE XIII
Date du martyre de S . Paul. — Châtiment de Néron. —
Vénération des fldi'lcs et de S . Grégoire-le-Grand pour les
Reliques de S . Paul, — Le voile de Plautilla, refusé à
l'Impératrice Constantinc par le Pape S . Grégoire-Ic-
Grand. — Gloire des chaînes des Apôtres 458
CHAPITRE XIV
Portrait de S . Paul. — Grandeur de ses vertus, de ses t r a -
vaux. —Mérite de ses Écrits. — Valeur de son témoignage.
l
— Indication dos M e s de cet Apôtre 4G2
CHAPITRE XV
Panégyrique de l'Apotre S . Paul, par Bossuet. — Ce dis-
cours est une démonstration de la divinité de l'Apostolat
d»; S . P : \ u l — Il montre comment le grand Apôtre, dans
v
F I N D E LA T A B L E