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GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

INTRODUCTION GENERALE: VILLES ET DEVELOPPEMENT DURABLE

« La situation actuelle des établissements humains dans le monde, telle


que décrite dans le troisième Rapport Mondial sur les Etablissements
Humains, est préoccupante » constate le Conseil Economique et Social des
Nations Unies dans son rapport préparatoire au Sommet de Johannesburg.
La population urbaine a été multipliée par vingt en cent ans pendant que la
population mondiale quadruplait. Les villes abritent trois milliards de
personnes et 20 millions de personnes s'y installent en plus chaque année. Le
nombre de métropoles de plus de 10 millions d'habitants est passé de 2 dans
les années 1950 à 21 en fin de siècle, auxquelles il faut ajouter une vingtaine
d'agglomérations de 5 à 10 millions d'habitants et plus de 250 de 1 à 5
millions. Ces concentrations tentaculaires et gigantesques se constituent très
rapidement en Amérique latine, en Afrique et en Extrême-Orient.
En ce début de siècle, trois latino-américains sur quatre vivent en ville,
treize des vingt et une mégalopoles mondiales sont asiatiques. 80 % de la
population vit en ville dans les pays développés. La moitié de la population
urbaine mondiale vit dans des villes de plus d'un million d'habitants.
Cette concentration des populations et des activités dans les zones
urbaines est désignée par le terme de métropolisation.
Son rythme et son ampleur inquiètent et préoccupent surtout dans les pays
du Sud : métropolisation rime avec paupérisation urbaine, renforcement des
inégalités sociales, augmentation des populations vivant dans des quartiers
subissant la marginalisation et le cumul des handicaps sociaux et
environnementaux.
La mise en place et l’exploitation des infrastructures
environnementales (eau, assainissement, déchets) peinent à répondent à des
besoins croissants rapidement: dans les pays industrialisés comme dans les
pays en développement, la pression écologique liée à la croissance forte de
la production de déchets solides devient un obstacle grave au développement
de conditions sanitaires viables à long terme.
La réponse aux besoins en logements et constructions, dans un double
souci d’équité sociale et de durabilité est insatisfaisante. La concentration
d’activités humaines augmente l’exposition des biens et populations aux
risques naturels et technologiques, aux crises environnementales
chroniques, et sanitaires (pollution de l’air, insalubrité, pénurie d’accès à
l’eau potable,..). L’utilisation rationnelle des sols fait défaut et l’espace se
fragmente. Les politiques mises en œuvre pour répondre aux besoins en
déplacements et en approvisionnement énergétique intègrent
insuffisamment les incidences environnementales qu’elles génèrent, globales
(émission de gaz à effet de serre, ..) ou locales.
Métropolisation et développement des zones rurales sont étroitement
interdépendants: nombre de zones rurales font l’objet d’un sous-
développement chronique lié aux migrations de population vers les villes, et à
l’exploitation irrationnelle des ressources naturelles. La consommation
urbaine génère de nouvelles pressions de plus en plus fortes sur les zones
rurales : l’extension des zones urbaines, l’intensification de la production de

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ressources alimentaires, l’augmentation de la fréquentation pour les loisirs et


le tourisme.
Freiner la métropolisation est le défi principal à affronter pour que les
établissements humains de demain soient viables: le développement des
villes moyennes et le maintien de l'habitat rural, grâce à un rééquilibrage
entre grandes villes et campagnes-villes moyennes doit permettre de
résoudre les difficultés écologiques et humaines des villes. La planification et
l’aménagement du territoire, dans un souci de solidarité urbain-rural,
s’impose.
L’étalement urbain y est considéré comme responsable des
dégradations environnementales et de la détérioration des conditions et de la
qualité de vie en ville. Les approches fonctionnalistes, type zonage, du
développement urbain, y sont considérées comme responsables de
l'étalement de la ville et de l'augmentation du nombre et de la longueur des
déplacements: la mixité des activités et des populations y est fortement
prôné.
Un Groupe Expert sur l'environnement urbain, de 40 experts
indépendants, est mis en place et lance en 1993 le Projet des villes durables
dont le rapport final préconise des principes et des instruments de gestion
urbaine durable dans différents champs : gestion des ressources naturelles,
économie urbaine, domaine social, mobilité et accessibilité, planification
territoriale, régénération urbaine, héritage culturel et tourisme.
Pour maîtriser ces différentes notions, cet enseignement sera structuré
de la manière suivante :

Chapitre 1 : La ville

Chapitre 2 : Le phénomène d’urbanisation dans le monde

Chapitre 3 : Les villes africaines

Chapitre 4 : Les nouvelles contraintes urbaines, les défis et


l’amélioration de la gestion

A la fin de ce cours, si toutes les matières inscrites au programmes sont


bien assimilées, les apprenants seront capables de s’acquitter correctement
des différentes tâches qui les attendent dans la gestion des espaces urbains
de nos pays en voie de développement.

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CHAPITRE I: LA VILLE

La ville est étudiée dans une branche de la géographie humaine


(appelée géographie urbaine) dont l'objet est l'étude géographique du
phénomène urbain. C'est donc à la fois l'étude de l'organisation spatiale de la
ville et de l'organisation des villes entre elles en réseaux urbains. Elle étudie
donc des thèmes comme l'urbanisation, les paysages urbains, les réseau
urbains, la situation, le site d'une ville et la ségrégation des populations en
son sein.

L'objet de la géographie urbaine est donc distinct de celui de l'urbanisme,


qu'elle utilise de même que la Sociologie urbaine, l'économie urbaine,
l'histoire et bien sûr la cartographie

1. DEFINITIONS

Une ville est une unité urbaine (un « établissement humain » pour
l'ONU) étendue et fortement peuplée (dont les habitations doivent être à
moins de 200 m chacune ; par opposition aux villages) dans laquelle se
concentrent la plupart des activités humaines : habitat, commerce, industrie,
éducation, politique, culture. Les principes qui gouvernent la structure et
l'organisation de la ville sont étudiés par la sociologie urbaine et l'urbanisme.

Critères de définition d’une ville

1. Le critère statistique est dépassé ; rassemblement humain sur une


surface restreinte ou, autrement dit, des hommes agglomérés en
nombre suffisant pour former une forte densité spatiale. Selon les pays,
ce critère est très variable, les comparaisons sont donc impossibles.
Ex. France : commune dont la population agglomérée dépasse 2000
hab. Le statut politique des villes varie d’un pays à l’autre.
2. Du point de vue géographique, le terme de ville recouvre deux sens :
 spatial : agglomération caractérisée par une certaine densité de
l’habitat et une population relativement nombreuse ; aspect
morphologique, mode d’occupation du sol.

 fonctionnel : la ville est un lieu d’échange, un nœud de flux de


personnes, de capitaux, de marchandises, de « culture »,
d’informations, d’idées, etc. Elle est l’élément fondamental de
l’organisation de l’espace, du fait qu’elle entretient des relations et
exerce une influence importante sur l’espace qui l’entoure.

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La ville est un système, c’est-à-dire un ensemble d’éléments en interaction


dynamique. Ce système, comprenant des sous-ensembles (hommes,
capitaux, marchandises), est complexe. Les parties du système n’évoluent
pas de la même manière, ni au même rythme.

3. Sur le plan social, la ville abrite des citadins, des gens qui ne travaillent
pas la terre. Cette notion a beaucoup évolué avec la société ; les
citadins vivants, très souvent, à la campagne, c'est-à-dire dans un
milieu rural. Il faut considérer, socialement, que l’homme utilise et
façonne la ville et réciproquement ! Le cadre urbain, l’ambiance
urbaine influent sur les habitants. La civilisation urbaine : pénétration
du mode de vie urbain dans le monde rural ; les citadins étant devenus
majoritaires dans le monde, et leur mode de vie s’est étendu à la quasi-
totalité de la population, même rurale de très nombreux pays.

La difficulté de la définition de la ville tient à ses propres caractéristiques :


une taille, mais également des fonctions diverses et surtout une autonomie
politique. Pour les géographes contemporains comme Pierre George, une
ville se définit comme « un groupement de populations agglomérées
caractérisé par un effectif de population et par une forme d'organisation
économique et sociale ».

On fait aussi souvent la distinction entre ville et village avec les activités
dominantes, en tenant compte de la population : la ville n'a pas une activité
essentiellement agricole ou artisanale, contrairement au village, elle a aussi
une activité commerciale, politique, intellectuelle. Avec cette définition, une
ville pourrait être plus petite qu'une agglomération fortement peuplée à partir
d'un réseau de communication.

4. Par le statut

En France, la différence entre une ville (plus exactement un bourg) et


un village est historique. Elle est une question de statut politique. Un village
désigne ordinairement une paroisse ou une partie de paroisse dont le
seigneur local assure la sécurité, la justice et l'administration, soit
directement, soit au moyen d'un procureur fiscal qui applique la coutume
locale.

L'appellation de ville repose par conséquent sur l'existence d'une


municipalité dont l'origine est soit un usage conservé depuis l'Antiquité, soit
un acte rédigé lors de leur fondation par le seigneur supérieur qui accorde à
tous ses habitants présents et à venir des coutumes, libertés ou des
franchises, c'est-à-dire un règlement d'administration publique qui vient
compléter la coutume locale.

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Àinsi, les appellations de ville, de bourg et de village se spécialisent


pour distinguer les agglomérations urbaines selon leur taille, les bourgs étant
des petites villes ou de gros villages établis à la campagne.

5. Par la population et densité de population

Le seuil à partir duquel on parle de ville varie selon les époques et les
pays. Il pose la question des représentations de la ville selon les pays. Les
statistiques des Nations unies montrent les différences de seuil entre les
instituts nationaux de statistiques (il en existe presque 200 à travers le
monde). Si en France ou en Allemagne, le seuil est de 2 000 habitants
agglomérés, il est au Danemark de 200, en Islande de 300, au Canada de
1 000, aux États Unis de 2 500, en Suisse et en Espagne de 10 000, au Japon
de 50 000. Les Nations unies se réfèrent quant à elles au seuil de
20 000 habitants. Une définition statistique internationale de la population
urbaine ne pas facile à déterminée.

La densité de population est un des critères possibles, qui est


notamment influé par la hauteur des bâtiments. En Europe, les urbains
occupent un pour-cent de la superficie totale du continent, mais leur
empreinte écologique s'étend bien au-delà de la surface des villes.

La ville consomme plutôt moins de ressources (renouvelables ou non-


renouvelables) par habitants que dans les zones de périurbanisation (grâce
notamment aux transports en communs, plus efficients et à de moindres
besoins de mobilité), mais dans les années 1990, une ville européenne d'un
million d'habitants consommait environ 11 500 t/jour de combustibles fossiles,
320 000 t d'eau et 2 000 t de denrées alimentaires, en produisant 25 000 t de
CO2, 1 600 t de déchets solides et en évacuant 300 000 t d'eaux usées.

2. TYPES DE VILLE

Malgré la diversité des situations, il est possible de dresser une typologie


des villes en se basant sur plusieurs critères :

1. Origine des villes

Différents facteurs ont présidé à la fondation ou au développement des


villes à travers l'Histoire. Voici quelques exemples.

 villes fondées au bord d'un cours d'eau (voie de communication fluviale


et point de franchissement) : Paris, Londres, Séville, Bagdad,
Budapest, Belgrade.

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 villes fondées sur un emplacement propice au développement d'un


port : Gênes, Istanbul, Beyrouth, Barcelone, Liverpool, Valparaiso,
Alger, La Havane, Chicago, Gdansk, Hambourg, Anvers, Amsterdam.

 villes fondées ou développées pour des motifs militaires : Toulon, Brest,


Volgograd, Ndjamena.

 villes développées par les activités commerciales : Bordeaux, Lübeck,


Venise, Bruges.

 villes développées par les activités industrielles : Dortmund,


Manchester, Pittsburgh, Détroit, Shenzhen.

 villes créées pour devenir une nouvelle capitale : Brasilia, Washington,


Canberra, Ottawa, Saint-Pétersbourg, Chandigarh, Abuja.

 villes fondées par des conquérants ou des colons : Marseille,


Alexandrie, Arles, Narbonne, Cologne, Kairouan, Le Caire, New York,
Québec, Rio de Janeiro, Le Cap, Bombay, Madras, Pretoria, Abidjan,
Vladivostok.

 villes développées du fait de la proximité d'une ressource naturelle :


Potosi, Manaus, Kimberley, Alice Springs, Kiruna.

2. Fonction principale exercée


 ville industrielle : le secteur secondaire occupe une part importante de
la population ; exemples : villes de la Ruhr, Wolfsburg, Shenzhen,
Anshan, Ciudad Juarez, Calcutta, Détroit, Katowice, etc.

 ville administrative : les capitales nationales ou des États fédérés ;


exemples : Yamoussoukro, Abuja, Bruxelles, Berlin, Washington DC,
Brasilia, Haye, Toronto etc.

 ville touristique : vivant du tourisme culturel (Paris, New York, Venise,


Barcelone, Bangkok), balnéaire (Nice, Miami, Cancún), thermal (Aix-les-
Bains, Évian-les-Bains, Spa, Karpov Var, Baden-Baden) ou hivernal
(Morzine, Courchevel, Chamonix, Davos).

 ville portuaire : qui s'est développée grâce à son port (Anvers,


Marseille, Singapour, Hambourg, Rotterdam, Hong Kong, Durban,
Abidjan, Dunkerque, Le Havre, Dakar, etc.)

 ville universitaire : Boston, Chicago, Oxford, Heidelberg, Grenoble,


Louvain-la-Neuve, Marbourg, Poitiers, Cambridge, Florence, etc.

 cité militaire (ville forteresse): Metz, Belfort, etc.


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3. La taille de la ville

Les grandes villes sont le produit de l'étalement urbain ainsi que de la


concentration des pouvoirs stratégiques de commandements dans de
multiples domaines (politique, administratif, économique, culturel, militaire,
etc.). On utilise généralement le terme de "métropole" pour les désigner.
Toutefois, de nouvelles expressions permettent de les distinguer, notamment
selon leur rayonnement au niveau mondial :

 Les mégapoles, villes de plus de 10 millions d'habitants

 Les mégalopoles et le réseau de l'archipel mégalopolitain mondial

 Les villes globales (Global Cites) ou villes mondiales, selon l'expression


de Saskia Sassent (1996), centres de la mondialisation.

 Les méta polis, selon l'expression de François Asche (1995), désignant


les très grandes villes dans lesquelles on observe une hyper-
concentration des pouvoirs de commandement et sa primauté dans la
hiérarchie des réseaux

4. La situation de la ville

Position de la ville vis-à-vis des éléments physiques ou économiques, et


particulièrement des moyens de communication. En consultant cartes et
atlas, vous trouverez de nombreux exemples. Les principaux types de
situation sont :

La centralité

Les capitales ont fréquemment une position centrale dans leur pays.
Les bourgs et petites villes placées au milieu d’une zone homogène où les
relations peuvent se faire dans toutes les directions sans obstacles (ville
centrale ou place centrale). Les villes « agricoles » au centre de leur
campagne.

Le contact

Les villes situées au contact de deux milieux ou régions différents mais


complémentaires. Les littoraux au contact terre-mer, là où un port a pu
s’installer. Les contacts montagne-plaine ou débouché de grandes vallées. …
ou au contact avec le désert : Ouarzazate, Tombouctou.

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Les croisements, les confluences

Situations particulières dans les vallées, des zones de passage,


confluences, ou fonds d’estuaire (lieu de rupture de charge). Les situations
d’embouchure ou de fond d’estuaire étant une situation encore plus
intéressantes grâce au contact fleuve et mer, continent et mer. Les
croisements ou nœuds de communications ferroviaires ou routiers.

La situation est difficile à interpréter et évolue au cours du temps. En


effet, la situation est d’origine géographique mais d’autres éléments doivent
intervenir pour qu’une ville se développe dans une « bonne » situation. Ainsi,
certaines confluences importantes n’ont donné naissance à aucune ville ou à
des villes insignifiantes. La position de Paris au centre d’une toile d’araignée
de voies de communication est le résultat de choix politiques plus que d’une
prétendue position géographique. La situation d’une ville dépend de l’histoire
politique et économique du pays. Le déplacement des frontières (Vienne
décentrée en Autriche) ou la création d’un équipement de transport (gare
TGV, autoroute, etc.) modifie la situation. La situation évolue donc dans le
temps.

5. Le site

S’oppose à la notion de situation, celle du site est à échelle locale et


non régionale ; elle concerne le cadre physique du lieu où est née la ville :
géologie, relief, climat, hydrologie. Les sites de défense sont particulièrement
fréquents.

La naissance de la ville est liée au site géographique mais la situation a joué


un rôle complémentaire.

Au fil du temps, la ville se développe en superficie, sur d’autres sites. Il faut


donc connaître le lieu originel de l’implantation de la ville pour pouvoir
comprendre le site. L’expression « site primitif » est celle que nous
retiendrons dans le cadre de ce cours.

6. Le plan

Le plan n’est pas caractéristique d’une époque mais bien plutôt d’une
certaine conception liée à divers types de civilisation. Outre la volonté
humaine ou le hasard, les contraintes locales du milieu physique ou celles de
l’environnement, les soucis de rentabilité financière et les préoccupations
sociales se reflètent dans le tracé général comme dans les détails du plan.
Celui-ci apparaît donc assez fidèlement comme le résultat de la combinaison
des grandes composantes du système urbain. Ainsi, on distingue en gros les
types de plan suivants :

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 Le plan en damier ;
 Le plan radioconcentrique ;
 Le plan linéaire ;
 Le plan sans plan ou le plan souple ;
 Le plan de prestige ; etc.

Dans les pays en développement, les villes se sont développées le plus


souvent sans plan on peut y trouver quelques traits communs tels que : une
large solution de continuité dans le tissus urbain accompagnant les voies
ferrées, les entreprises industrielles... ; les quartiers ont souvent des plans
différents en fonction des époques de construction ; les liaisons entre les
différentes parties de la ville sont médiocres ou mauvaises.

Le plan d’une ville est en quelque sorte le résumé de son histoire. On peut y
suivre les différentes étapes de son développement, la diversité des
conceptions dirigistes ou laxstes qui ont présidé à son évolution.

Il faut également noter que les villes sont subdivisées en quartiers dont la
fonction varie selon leur situation, leur utilisation, leur densité de population
et leur composition sociale.

En géographie urbaine, le quartier d'une ville se définit avant tout par une
physionomie qui lui est propre et le différencie de son environnement. Il peut
devoir cette physionomie à divers types de spécificités qui renvoient à :

 sa situation : on parle par exemple des quartiers centraux et des


quartiers périphériques d’une ville, des hauts et ses bas quartiers, etc.

 son bâti : on différencie par exemple quartiers anciens et nouveaux


quartiers

 ses fonctions : chaque ville a ses quartiers commerçants, son quartier


de gare, ses quartiers de sortie, ses quartiers de bureaux ou son CBD
(Central business district), ses quartiers résidentiels, etc.

 sa fréquentation et/ou ses résidants identifiés selon des critères


sociaux (on parle de quartiers populaires ou bourgeois, de quartiers
chics ou pauvres), culturels (quartiers chinois par exemple), religieux
ou encore sexuels (quartier gay).

 son image ou la symbolique qui lui est associée : on parle par exemple
de quartiers mal famés ou à l'inverse de beaux quartiers.

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3. TYPOLOGIE DES VILLES

On peut établir une typologie des villes :

 en fonction de leur taille (mesurée par le nombre d'habitants, ou


l'importance de la zone d'influence, ou leur rang dans la hiérarchie
urbaine : bourg, petite ville, ville moyenne, grande ville, métropole,
mégapole)

 en fonction de leur activité dominante (bourg agricole, ville industrielle,


ville commerciale, place financière, ville carrefour (ou nœud
ferroviaire, port, aéroport), ville administrative, ville universitaire, ville
touristique) ; on décrit toutes ces activités avec la notion de fonction
urbaine

 en fonction de leur plan (Plan hippodamie, plan radioconcentrique, plan


en damier, plan bipartite)

 en fonction de leur âge (villes antiques, médiévales, modernes,


contemporaines)

 en fonction de leur niveau de développement (villes des pays


développés, villes du Tiers-Monde) de la civilisation à laquelle elles
appartiennent (villes européennes, villes nord-américaines, villes
latino-américaines, villes musulmanes, villes indiennes, villes chinoises,
villes africaines),

 en fonction de leur croissance géographique : ville « verticale »


(Abidjan, Tokyo) ou horizontale (Los Angeles).

4. REPARTITION ET HIERARCHIE

Répartition

L'autre objet de la géographie urbaine est d'étudier la répartition des villes et


leur hiérarchie :

 il y a des villes pionnières (souvent villes minières) au milieu de zones


peu peuplées mais généralement les villes dans des régions de plaines
sans obstacle naturel ni frontière sont disposées régulièrement
(formant un réseau régulier tel que décrit par le géographe allemand
Walter Christallier)

 on trouve aussi fréquemment des villes alignées le long d'un littoral,


d'un piémont, d'une cuesta, d'un cours d'eau

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 enfin certaines régions très urbanisées de la planète sont des régions


urbaines, des conurbations, ou des mégalopoles qui regroupent des
populations importantes, une grande part de l'activité économique
mondiale et abritent la plupart des centres de décision planétaires.

Hiérarchie

Chaque État a son propre réseau urbain, dont l'organisation s'explique


le plus souvent par l'histoire (formation de l'état ancienne ou récente,
peuplement à partir d'un noyau initial de colonisation) et la structure politique
(état unitaire ou état fédéral). On distingue logiquement deux modèles : les
réseaux urbains centralisés et les réseaux urbains multipolaires et dans les
différentes villes on a différents centres à savoir le centre-ville, la ville centre,
le centre démographique et le centre historique.

Dans le langage courant, l'expression réseau urbain désigne les


infrastructures de voiries, de transport, de canalisations et câblage, etc.
propres à une agglomération.

Définition géographique

Une notion propre aux géographes est liée par contre aux concepts de

 Organisation des villes dans un pays.

 Morphologie des systèmes de villes.

 Hiérarchisation de l'espace.

Un réseau urbain se caractérise d'abord par le "semis urbain", c'est-à-dire


la répartition des villes dans l'espace et, les relations entre elles et l'influence
exercée par les villes sur les territoires.

On distingue plusieurs types de réseaux urbains :

 le réseau polarisé intégral (ou unipolaire) : Une ville principale domine


toutes les autres et concentre toutes les fonctions importantes. Les
relations se font principalement entre la ville principale et les villes
secondaires. les liaisons transversales sont rares. Exemple : Le réseau
urbain français est polarisé intégral autour de Paris.

On dit qu'un État a un réseau urbain centralisé lorsqu'il ne possède qu'une


métropole qui commande son territoire et remplit à la fois le rôle de
capitale politique, économique et culturelle du pays.

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La France en fournit un exemple : Paris concentre un sixième de la


population du pays, et c'est une ville sept fois plus peuplée que les deux villes
suivantes par la taille, Lyon et Marseille ; l'agglomération parisienne
concentre 90 % des sièges sociaux des entreprises, les deux tiers des
chercheurs, un tiers des étudiants, la quasi totalité des médias nationaux, une
grande partie de la création artistique, les plus grands musées ; l'organisation
centralisée de la France se lit sur une simple carte routière, qui montre que le
réseau routier français est centré sur Paris.

Ce modèle est le plus fréquent dans le monde. Il s'explique souvent par


l'ancienneté de l'existence d'un État centralisé et du choix de sa capitale.
C'est le cas de la France, du Royaume-Uni, du Portugal, de l'Autriche (avec la
particularité pour cet État que Vienne était jusqu'en 1918 la capitale d'un
empire beaucoup plus grand que l'État actuel).

Mais ce modèle est également le plus fréquent dans le cas des États
africains, indépendants depuis une cinquantaine d'années seulement, et dont
le découpage date d'environ un siècle : on peut l'expliquer par le fait que
l'urbanisation de ces pays n'est que récente, et qu'elle se fait au profit
principal de la capitale.

Si on associe souvent un réseau urbain centralisé à un État unitaire, ce


n'est pas systématique : par exemple le Mexique et l'Argentine sont deux États
fédéraux dont le réseau urbain est dominé par une capitale géante.

 le réseau bipolaire : 2 villes principales organisent l'espace. Entre les


deux pôles il existe des relations de concurrence et de
complémentarité. Les échanges se font principalement sur l'axe reliant
ces 2 villes. Exemple : le réseau urbain espagnol avec Madrid et
Barcelone ou celui de la Région Centre avec Orléans et Tours.

 le réseau multipolaire : plusieurs villes d'importance équivalente se


partagent les fonctions dans une région. Il arrive qu'une des villes soit
plus importante que les autres mais sans étouffer ses voisines.
Exemple : la Bretagne. On dit qu'un État a un réseau urbain multipolaire
lorsqu'il possède plusieurs métropoles qui commandent son territoire.

Celles-ci peuvent soit chacune commander une région du pays, soit


remplir une partie seulement des fonctions de commandement (par exemple
la capitale politique est distincte de la capitale économique et culturelle dans
de nombreux États, comme l'Italie), ces deux aspects pouvant être
simultanés.

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L'histoire explique souvent cette organisation. L'Allemagne et l'Italie sont


des États de création récente (leur unification date du milieu du XIXe siècle),
et l'organisation politique en État fédéral favorise un réseau urbain
multipolaire (Inde, Allemagne). La colonisation d'un territoire immense à
partir des côtes explique également cette structure : c'est bien sûr le cas des
États-Unis d'Amérique, mais aussi du Brésil et de l'Australie.

On voit apparaître dans le champ de l'aménagement du territoire une


notion voisine, celle de polycentrisme, qui défend l'idée de la constitution de
plusieurs centres dans un territoire dépendant au départ d'un centre unique
ou prépondérant.

 le réseau linéaire : plusieurs villes d'importances variables se trouvent


le long d'un axe. ce système se caractérise par la faiblesse des
relations entre les différents pôles. Exemple : La Côte d'Azur en France.

NB : en changeant d'échelle, on change de type de réseau.


Exemple chacun des pôles d'un réseau bipolaire organise un petit
réseau unipolaire autour d'elle.

5. FONCTIONS URBAINES

Les fonctions urbaines sont l'ensemble des activités (économique,


politique et culturelle) d'une ville. Plus les fonctions urbaines sont
nombreuses et importantes, plus l'aire d'influence de la ville est vaste. L'aire
d'influence d'une ville correspond au territoire sur lequel vivent les personnes
qui ont recours aux services basés dans cette ville.

Le rayonnement d'une ville dépend du poids des fonctions urbaines qu'elle


accueille et de l'importance des fonctions de transport et de communication.

Le type et le développement des fonction urbaines permet de définir le


type de l'entité urbaine, du village organisé autour de ses commerces de
proximité, de sa mairie et de ses espaces de la vie sociale (place du marché,
lieu de culte), à la métropole caractérisée par la présence de fonctions
tertiaires supérieures dans le secteur bancaire, par le poids du secteur des
service aux entreprises, par la présence des lieux du pouvoir, parlement,
ministères ou organisations internationales par exemple, ou encore par
l'existence de lieux culturels majeurs comme des musées ou un opéra.

Quelques villes dont Tokyo, New-York, Londres et Paris disposent de


fonctions d'influence mondiale.

Liste des fonctions urbaines

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 Fonctions politiques : elles renvoient aux lieux du pouvoir politique, aux


sièges des institutions politiques dont l'échelon territorial (local,
régional, étatique, international) indique le niveau d'importance

 Fonctions économiques : on est amené à distinguer les secteurs


secondaire et tertiaire ; on met souvent l'accent sur les fonctions de
service aux entreprises pour caractériser les métropoles

 Fonctions culturelles : la présence des institutions et équipements


culturels sont des indicateurs des fonctions culturelles, mais il faut
rendre compte plus généralement d'une notion de foyer culturel qui
associe ville et culture ; on retient fréquemment comme marqueur
urbain la présence et le dynamisme des foires, expositions, congrès et
festivals qui contribuent aux fonctions culturelles des villes

 Fonctions de transport et de communication : la connectivité aux


réseaux de transport et de communication, mais aussi la masse des
flux, personnes, biens, informations, qui passent ou qui sont émis ou
reçus par la ville renseignent sur le niveau de ces fonctions

 Mixité fonctionnelle On parle de "mixité fonctionnelle" dans un quartier,


un lotissement ou un immeuble, lorsque plusieurs fonctions (ex: habitat
et commerce, en centre-ville) y sont représentées. Selon le degré de
mixité, on parle de "mixité fine" ou de "mixité grossière".

La mixité fonctionnelle est considérée comme un but urbanistique qui


s'oppose au découpage du territoire en zones fonctionnellement
différenciées ("zoning") qui a caractérisé la planification urbaine de l'après-
guerre. Elle est vue comme un élément important d'une "ville des courtes
distances" (qui favorise les transports doux) pour un développement urbain
soutenable.

Plutôt que de créer des "zones dortoirs" et des "zones d'activités"


séparées, ce qui augmente les distances à parcourir pour aller d'une fonction
à une autre et encourage l'usage de la voiture, l'objectif de mixité
fonctionnelle serait par exemple dans un quartier de rapprocher les
différentes fonctions des habitants de façon à ce que les fonctions utilisées le
plus fréquemment soient accessibles à pied ou en vélo à partir de la plupart
des habitations.

Un obstacle à certaines mixités fonctionnelles est l'incompatibilité de


certaines fonctions entre elles, en général lorsque des nuisances engendrées
par certaines fonctions ne sont pas ou peu tolérées par d'autres. (Par

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exemple, une activité industrielle qui est trop polluante ou qui produit trop de
nuisances sonores est peu compatible avec la proximité d'habitations.

6. LA CROISSANCE URBAINE

La croissance urbaine renvoie au phénomène d'urbanisation des


populations et des espaces. Avec la première révolution industrielle, les villes
concentrent de plus en plus d'habitants et s'étalent au détriment de l'espace
rural. La croissance des villes s'accompagne de mutations économiques et
sociales importantes. Aujourd'hui, l'urbanisation rapide concerne avant tout
les pays en voie de développement : on estime que chaque jour, 165 000
personnes dans le monde viennent s'installer en ville et nourrissent l'exode
rural. La forte croissance démographique explique également le
développement des villes des pays du Sud.

En 2006, la population urbaine totale est évaluée à 3,15 milliards d'urbains


sur 6,5 milliards d'être humains.

L'explosion urbaine pose des problèmes environnementaux : les grandes


métropoles souffrent de la pollution atmosphérique et polluent les cours d'eau
ou les mers.

 Dans les pays industrialisés

Au début du XXe siècle, Londres était la ville la plus peuplée du monde avec
6,5 millions d'habitants.

En 1950, Londres contenait 8.7 millions d'habitants, derrière New York et


ses 12.5 millions. Ce sont d'ailleurs à cette époque les deux seules mégapoles
(villes de plus de 8 millions d'habitants) de l'époque.

 Dans les pays en voie de développement

L'exode rural alimente largement la croissance urbaine dans les pays en


voie de développement. Certains pays comptent encore une majorité de
ruraux (Inde, Chine). Mais les villes attirent de plus en plus : elles offrent des
emplois moins contraignants et mieux payés que les campagnes (BTP,
industries, services divers). D'autre part, les révolutions vertes ont modernisé
l'agriculture et libéré de la main-d’œuvre pour l'économie urbaine. Les
campagnes sont souvent des foyers de misère et de guerre civile, en Afrique
sahélienne. La ville exerce un attrait sur les jeunes des campagnes : elle
représente bien souvent un lieu de loisirs, d'opportunités et de modernité. La
métropole est aussi une porte vers le monde avec ses possibilités
d'émigration, ses infrastructures de transport ou ses universités. Pourtant,
l'exode rural produit des déséquilibres et des difficultés. Beaucoup de ruraux

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déracinés résident dans les bidonvilles où règnent la pauvreté et la violence


(favelas au Brésil). Ces quartiers déshérités manquent d'équipements et de
services publics.

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CHAPITRE II : PHENOMENE D’URBANISATION DANS LE MONDE

Introduction

L'urbanisation est un phénomène démographique se traduisant par une


tendance à la concentration de la population dans les villes. Les seuils qui
séparent le monde urbain du monde rural varient très sensiblement au niveau
planétaire : l'annuaire de l'ONU recense en effet une centaine de définitions
différentes de la population urbaine. Tandis que la France, l'Allemagne, Israël
ou Cuba définissent la ville en retenant le seuil de 2 000 habitants
agglomérés, les États-Unis et le Mexique ont opté pour celui de
2 500 habitants. La barre est parfois fixée plus bas : 200 habitants agglomérés
suffisent en Suède pour parler d'unité urbaine et 1 000 au Canada. À l'inverse,
il faut 5 000 habitants en Inde, en Autriche ou au Cameroun, 10 000 habitants
au Portugal ou en Jordanie, 40 000 habitants en Corée du Sud et
50 000 habitants au Japon. La définition quantitative de la ville a donc ses
limites et requiert des critères moins formels.

La ville est devenue un élément moteur du système économique dans le


monde. Elle forme la plus grande part de la richesse nationale, concentre
l’essentiel des connaissances, de la culture, du pouvoir, de l’information et du
bien être des populations.

L’espace urbain abrite 3 à 4 congolais sur 10 à l’heure actuelle. Dans


moins d’un siècle, les 9/10ème des habitants de la planète vivront dans les
villes. L’économie de demain ne sera ni l’économie agraire ni même
l’économie industrielle ou post-industrielle. Elle sera l’économie des grands
ensembles urbains. La ville devient donc l’objet de la réflexion convergente
des plusieurs disciplines.

L’intérêt des notions d’économie urbaine pour les économistes n’est


plus à démontrer. Ce chapitre du cours est conçu essentiellement comme
instrument de travail pour des étudiants désireux de s’initier aux réalités
économique de la ville. L’accent sera placé principalement sur les
instruments d’analyse et le rôle des théories économiques en milieu urbain.

1. L'urbanisation dans le monde

Le monde connaît depuis le milieu du xxe siècle une très forte accélération de
l’urbanisation, qui se traduit par l'accroissement de la population, de la taille
et des activités des villes. Cependant, cette croissance urbaine pose de
nombreux problèmes, surtout dans les pays du tiers monde.

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Quelques chiffres

Taux d’urbanisation en 1999 dans le monde : 45 % ; dans le tiers monde : 40 %


; dans les pays développés : > 75 % ;

Taux annuel de croissance urbaine dans le monde : + 3 % par an (contre + 1,6


% par an pour la croissance démographique) Ë la population des villes
augmente beaucoup plus vite que la population totale.

Taux de croissance urbaine dans le tiers monde : + 3,5 % par an ; dans les
pays développés : + 1 % par an.

Nombre de villes > 10 millions d’habitants : 17, dont 11 dans le tiers monde.

Définitions

Ville : Concentration d’habitants (qui exercent des activités non agricoles) sur
un espace restreint.

Citadin ou urbain : Désigne les habitants de la ville.

Urbanisation : Développement des villes (par concentration croissante de la


population dans les villes).

Taux d’urbanisation : Proportion (exprimée en %) de la population totale d’un


pays vivant en ville.

Mégalopole : Concentration sur des centaines de kilomètres de plusieurs


grandes villes jointives. Il existe deux mégalopoles dans le monde : une sur la
côte est des États-Unis (de Boston à Washington), l’autre au Japon.

Périurbanisation : Dans les pays développés, phénomène d’étalement des


banlieues sur les campagnes autour de la ville.

Mégapole : Très grande ville.

Une accélération très rapide de l'urbanisation se produit depuis les années


50. C’est aujourd'hui un phénomène qui touche surtout le tiers monde, car
dans les pays industrialisés, le taux d’urbanisation, déjà très fort, a tendance
à stagner.

1. Une urbanisation récente et très importante

A. La population urbaine augmente très rapidement

La multiplication du nombre de villes au xxe siècle. Le monde compte de plus


en plus de villes, par la croissance d’anciens villages (ex. : Abidjan en

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Afrique) ou par des créations de toutes pièces (ex. : Brasilia, capitale du


Brésil).

Des rythmes de croissance très élevés. Depuis un siècle, la population


urbaine a augmenté dix fois plus vite que la population totale. On parle
d’explosion urbaine pour désigner cette très forte croissance. De ce fait, le
taux d’urbanisation a beaucoup augmenté. D’ici quelques années, la majorité
des hommes vivra en ville (45 % actuellement).

B. L’apparition d’un phénomène nouveau : les villes gigantesques

Le nombre de très grandes villes se multiplie. On en comptait en 1950 deux de


plus de 10 millions d’habitants (New York et Londres), contre 17 aujourd’hui.
De même, le nombre de villes de plus de 5 millions d’habitants a quintuplé
depuis 1950. Ainsi, ce sont avant tout les très grandes villes qui attirent les
hommes.

Les 10 plus grandes agglomérations du monde :

1. Tokyo (Japon) : 27 millions d’habitants


2. Mexico (Mexique) : > 20 millions
3. Sao Paulo (Brésil) : > 20 millions
4. New York (États-Unis)
5. Bombay (Inde)
6. Rio de Janeiro (Brésil)
7. Calcutta (Inde)
8. Séoul (Corée du Sud)
9. Djakarta (Indonésie)
10. Shanghaï (Chine)

Elles sont d’abord apparues dans les pays développés (Londres, New York),
en raison de l’industrialisation. Aujourd’hui, c’est dans le tiers monde qu’elles
se développent le plus : 17 des 20 plus grandes villes du monde y sont
situées. Mexico en constitue un exemple célèbre.

Les mégapoles du tiers monde connaissent de très nombreux et graves


problèmes : approvisionnement en eau, transports insuffisants, pénurie de
logements, insécurité, entassement, pauvreté, pollution.

2. Les causes de l’essor de l’urbanisation

A. Dans les pays industrialisés, un développement ancien

La plupart des villes des pays développés datent de plusieurs siècles. Elles
sont nées du commerce (lieu d’échanges, carrefour de voies de
communication) ou de l’industrie qui attire de la main-d’œuvre. Celles qui ont
en plus le statut de capitale ont connu un développement accéléré (Paris).

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Depuis quelques décennies, de nombreuses villes doivent leur essor au


développement du secteur tertiaire, qui se situe essentiellement en ville
(bureaux, commerces…). Les habitants s’installent donc en ville, à proximité
des emplois.

B. Dans le tiers monde, la croissance démographique et l’exode rural


nourrissent l’urbanisation

L’ensemble des pays du tiers monde connaît une très forte croissance de la
population depuis les années 50. Ce dynamisme démographique qui va se
poursuivre se répercute en ville. Les villes du tiers monde croissent donc
largement de manière naturelle, c’est-à-dire par la différence entre les
naissances et les décès.

De plus, la population du tiers monde est jeune : environ la moitié a moins de


15 ans. Les jeunes citadins feront à leur tour des enfants, contribuant ainsi à
maintenir une forte croissance de la population de la ville.

L’exode rural, qui désigne l’installation en ville de populations originaires de


la campagne, a cessé dans les pays industrialisés. En revanche, il est très fort
dans le tiers monde, où il contribue à accélérer la croissance urbaine :
environ la moitié des nouveaux citadins sont issus de la campagne.

L’exode rural, en plein essor, a plusieurs causes. Il s’agit tout d’abord de


paysans qui partent à la ville pour fuir la campagne et ses problèmes :

 famines ou malnutrition (en Inde)


 manque d’argent
 guerres (au Rwanda)
 manque de services de base (santé notamment)

Les nombreux inconvénients de la campagne incitent donc les habitants à


s’installer en ville.

Parallèlement, la ville attire les paysans. Elle représente l’espoir de trouver


un travail, de gagner de l’argent, de vivre mieux. La ville constitue également
un symbole de liberté et d’accession au mode de vie occidental.

3. Les différents visages de l’urbanisation à travers le monde

A. Dans les pays développés, une croissance urbaine ralentie

La situation des pays développés est originale : les villes n’attirent plus, mais
les taux d’urbanisation sont partout élevés. Par exemple, 75 % des Français et
95 % des Britanniques vivent en ville. Il s’agit de sociétés très urbanisées, où
le mode de vie le plus répandu est celui des citadins.

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GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

Les villes connaissent des évolutions particulières, qui se caractérisent par


l’essor des banlieues, lié au développement de l’automobile et des transports
en commun. Les habitants recherchent de l’espace et un cadre de vie
agréable, quitte à s’éloigner du centre-ville. Ce phénomène de desserrement
des villes s’appelle la périurbanisation. Il est particulièrement développé aux
États-Unis.

Les villes des pays développés sont très bien équipées en infrastructures :
transports en commun, approvisionnement en eau, évacuation des déchets,
services municipaux, hôpitaux…

Elles sont cependant confrontées à certains problèmes liés aux


concentrations de population et accentués par la crise économique :
l’insécurité, la pauvreté créant l’exclusion (personnes « sans domicile fixe »,
mendiants…).

B. L’explosion urbaine en cours dans le tiers monde

L’évolution des pays du tiers monde est bien différente. En effet, le


mouvement d’urbanisation y est en plein essor, la population des villes
augmentant beaucoup plus vite que la population totale. Cette très forte
croissance est appelée explosion urbaine pour souligner l’aspect rapide et
massif du phénomène.

De ce fait, cela pose de graves problèmes que les municipalités n’arrivent pas
à résoudre : logement (développement des bidonvilles), insécurité, manque
d’équipements (de santé, scolaires...).

L’explosion urbaine crée également des déséquilibres à l’échelle du pays,


entre les villes et les campagnes, ou entre les villes elles-mêmes.

L’urbanisation constitue un enjeu majeur pour le xxie siècle, car elle va


s’accélérer à l’échelle mondiale et poser de très nombreux problèmes. La
relative stabilité de la croissance des villes dans les pays développés ne doit
pas faire oublier l’importance et le caractère inquiétant de l’explosion urbaine
dans le tiers monde.

La démographie urbaine dépend de phénomènes tels que l'accroissement


naturel, l'exode rural et la rurbanisation.

Ensemble formé d'une ville-centre et de ses banlieues.

Conurbation : agglomération urbaine formée de plusieurs villes qui se sont


rejointes au cours de leur croissance, mais qui ont conservé leur statut
administratif (par exemple, Lille-Roubaix-Tourcoing).

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Mégalopole : très grande agglomération urbaine résultant du regroupement


de plusieurs conurbations. La plus ancienne est la Mégalopolis du nord-est
des États-Unis.

Mégapole : agglomération urbaine généralement peuplée de plus de


5 millions d'habitants.

Périurbanisation : phénomène d'extension urbaine se produisant à la


périphérie des villes, aux dépens de l'espace rural.

Réseau urbain monocentrique : réseau dominé par une métropole qui


concentre une forte proportion de la population et des activités
(« macrocéphalie »). La France offre un exemple de réseau urbain
monocentrique en raison du poids de Paris.

Réseau urbain multipolaire : réseau marqué par l'existence de plusieurs


métropoles en tête de la hiérarchie urbaine. C'est le cas de l'Espagne avec
Madrid et Barcelone, ou de l'Italie avec Rome, Milan, Turin et Naples.

Rurbanisation : développement de villages, aux noyaux souvent anciens,


situés à proximité de villes dont ils constituent des banlieues. La
rurbanisation, qui se traduit par la construction d'habitats individuels, est
particulièrement consommatrice d'espace.

1.1. Le tissu urbain

Bien que le développement des villes puisse parfois paraître anarchique,


celles-ci ont toujours une structure. Toutes ont un centre, qui s'individualise
par un paysage urbain particulier, qui draine quotidiennement des flux
considérables de population et qui recèle une partie substantielle de la
richesse nationale. D'un bout à l'autre de l'agglomération, le paysage et les
fonctions changent. Ainsi, les banlieues aisées contrastent fortement avec les
banlieues populaires, qui suscitent de plus en plus, en France notamment, un
mal de vivre (le « mal des banlieues »).

La ville rassemble une population sur un espace limité, occupé par des
constructions qui forment un tissu continu. Les activités y relèvent
principalement des secteurs secondaire et tertiaire. La ville répond en outre à
des besoins fondamentaux : permettre la rencontre des hommes et l'échange
des produits et services.

Elle est aussi un lieu de commandement politique et économique en même


temps que d'influence culturelle ; c'est de la ville-capitale que l'État contrôle
le territoire qu'il administre et c'est elle qui concentre les symboles de son
autorité. D'ailleurs, les capitales ont souvent une taille supérieure à celle des
autres centres urbains. Cela s'explique par la tendance à la centralisation.

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1.2. La pression urbaine sur l'espace

Les villes polarisent l'espace. Elles constituent des pôles d'attraction, des
centres de civilisation et des foyers d'innovation. Les moyens de
communication modernes tissent des liaisons essentielles entre les villes les
plus importantes. Cela leur permet de se trouver en relation, hiérarchisée, les
unes avec les autres et de constituer ainsi un réseau urbain, qui est un
maillage relativement complet dans les pays développés mais encore mal
défini dans les pays en développement. Dans ces derniers, une ville
tentaculaire (qui n'est pas toujours la capitale) attire souvent l'essentiel de la
population urbaine et de l'activité économique. C'est le cas du Caire, où l'on
recense près du tiers de la population urbaine égyptienne. Cette
« macrocéphalie » caractérise aussi l'Argentine, où Buenos Aires rassemble
plus du tiers de la population urbaine du pays, ou encore Lima au Pérou.

Les pays industrialisés n'échappent pas tous à un certain déséquilibre. La


France et le Royaume-Uni sont dans ce cas en raison du poids
démographique qui est celui de Paris et de Londres ; en Australie, Sydney et
Melbourne regroupent à elles seules 35 % des habitants. Les villes exercent
partout une forte influence sur le territoire, mais quelques métropoles
internationales jouent un rôle majeur dans l'organisation de l'espace mondial
en concentrant les pouvoirs de décision politiques, financiers et culturels à
l'échelle internationale : c'est la raison pour laquelle certaines d'entre elles
(New York, Londres, Paris ou Tokyo) sont qualifiées de « villes-monde ».

4. Cinq citadins sur dix dans le monde

A. Un phénomène récent

Au début du xixe s., 3 % seulement de la population mondiale résidait en ville.


Aujourd'hui où c'est le cas d'un homme sur deux et le taux d'urbanisation
continue d'augmenter partout dans le monde, mais à des rythmes différents :
moins de 0,7 % par an dans les pays industrialisés, plus de 2,4 % dans les
pays en développement. Le monde comptait moins de 90 millions de citadins
en 1800, 260 millions en 1900 et près de 3,5 milliards en 2010. Les villes sont
de plus en plus nombreuses et de plus en plus peuplées. En 1900, 16
agglomérations dépassaient le million d'habitants ; elles sont plus de 400
aujourd'hui, et le nombre d'agglomérations de plus de 10 millions d'habitants
est passé de 3 en 1975 à une vingtaine en 2010. La plus grande
agglomération, Tokyo, est située dans un pays développé mais la majorité des
agglomérations de plus de 10 millions d'habitants se situent dans les pays en
développement.

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2. Les plus grandes villes du monde

B. Un phénomène général

Au début du xixe s., la population européenne était encore majoritairement


rurale et les villes n'abritaient que 12 % de la population. La révolution
industrielle a modifié cette situation. La croissance économique a déclenché
le processus d'urbanisation et l'industrie, ayant des besoins sans cesse
accrus en main-d'œuvre, a soulagé les campagnes de celle qu'elles avaient
en surplus. L'urbanisation s'est traduite dans l'espace par l'étalement de la
ville ancienne et la création de banlieues. Ce phénomène, amorcé au
Royaume-Uni, s'est répandu en même temps que l'expansionnisme colonial et
s'est maintenu après la Seconde Guerre mondiale. La croissance urbaine
s'essouffle en Amérique du Nord, au Japon ou en Russie, tandis que dans les
vieux pays industriels comme le Royaume-Uni, l'Allemagne ou la Belgique, les
taux d'urbanisation ont atteint la saturation et les centres-villes tendent à se
désengorger au profit des campagnes proches des espaces urbains.

Depuis le début des années 1970, la majorité de la population urbaine


mondiale vit dans les pays en développement (51 %). Les disparités sont
importantes, mais le gonflement des villes est général. Les pays en
développement ne comptaient que 100 millions de citadins en 1900, près de
2 milliards en 2000 et 2,5 milliards en 2010. La poussée est donc forte : par
exemple, entre 1950 et 1995, la population urbaine de l'Asie méridionale et
orientale a quintuplé, celle de l'Afrique a été multipliée par 110. Les taux
d'urbanisation sont cependant très inégaux : 94 % au Venezuela, 78 % en
Libye, 63 % aux Philippines, 51 % au Nigeria, 50 % en Chine, 19 % au Rwanda.
Il convient de prendre en compte les différences d'échelle : en chiffre absolu,
les 50 % de Chinois vivant en ville représentent plus du double des habitants
des États-Unis.

2. Les facteurs d'urbanisation

urbaine des pays en développement est portée par la vague démographique.


L'exode rural persiste, mais le principal facteur de l'explosion urbaine réside
aujourd'hui dans le taux d'accroissement naturel des citadins, qui demeure
élevé en raison d'une fécondité encore forte et de la chute de la mortalité.
Bien qu'il existe une relation fondamentale entre croissance économique et
urbanisation, car celle-là génère un revenu qui profite surtout à la ville, le
processus de concentration ne dépend pas exclusivement de la croissance
économique. En Afrique ou en Amérique latine, l'urbanisation est consécutive
à la surpopulation des campagnes et à l'essor de la mécanisation agricole, qui
amplifie le chômage. L'idée que les agglomérations offrent de meilleures
perspectives d'avenir a entraîné un mouvement massif de migration vers les
villes, lequel a exercé une pression formidable sur les administrations
municipales, en les obligeant à fournir des services qu'elles arrivent à peine à
organiser.

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D. Une distribution contrastée

Les agglomérations sont inégalement réparties sur le globe.

Les principaux semis de villes s'observent dans la Mégalopole européenne et


en Asie (plaine Indo-Gangétique ; littoral du sud-est de la Chine et plaines de
la Chine du Nord). En Amérique, le peuplement urbain est moins dense et plus
récent. Partout ailleurs, le réseau urbain est clairsemé et de grands espaces
faiblement peuplés s'intercalent entre les villes.

Celles des pays du Sud sont soumises à la pression démographique : elles ne


peuvent offrir à tous les ruraux qui y affluent emplois, équipements et
logements sociaux. Selon l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), au
moins 600 millions de personnes vivent dans des zones urbaines où la pénurie
de services essentiels se fait sentir et où les logements sont insalubres. Les
problèmes d'environnement des agglomérations ne résultent pas tant de la
croissance démographique que de l'incurie des gouvernements face à une
évolution urbaine si rapide. En effet, presque tous les pays du Sud sont aux
prises depuis 1950 avec une démographie urbaine explosive. La population a
plus que décuplé à Abidjan, Khartoum, Kinshasa et Lagos en Afrique, Amman
et Séoul en Asie, Brasília en Amérique. Globalement, le rythme d'urbanisation
des pays du Sud s'est néanmoins ralenti, surtout depuis les années 1980. La
population d'un nombre élevé de grandes villes y est moins importante que
prévu. La principale raison en serait la stagnation économique : ce sont les
pays dont le revenu par tête d'habitant est le plus faible qui figurent aussi
parmi les moins urbanisés.

3. Les villes des pays en développement

A. Une croissance fulgurante

Entre 1970 et 1990, les nouvelles villes de plus de 10 millions d'habitants ont
été deux fois plus nombreuses dans les pays en développement que dans les
pays développés . En 2015, d'après les prévisions de l'O.N.U., 15 des 22 villes
qui auront plus de 10 millions d'habitants et 36 des 44 villes qui auront plus de
5 millions d'habitants devraient faire partie des pays en développement. C'est
dans ces villes en pleine croissance que se font jour les défis majeurs, qui
consistent à assurer un développement économique durable et à contribuer
au progrès social, tout en garantissant une plus grande solidarité entre les
habitants. La formation de mégapoles a le plus souvent pour conséquence la
prolifération des quartiers informels. Durant cette phase de transformation
rapide, les ressources humaines et les moyens financiers disponibles sont
insuffisants pour répondre aux besoins de populations majoritairement jeunes
du fait de la démographie galopante. Pourtant, c'est bien dans ces mégapoles
que se trouve le plus fort potentiel de dynamisme. Ainsi, l'agglomération de
São Paulo regroupe plus de 20 millions d'habitants, 40 % des industries et
45 % des dépôts bancaires du Brésil ; Bangkok fixe 11 % de la population
thaïlandaise et fournit 80 % du produit intérieur brut du pays.

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B. Un espace de contrastes

Les villes du tiers-monde se caractérisent par l'opposition permanente entre


l'extrême pauvreté et l'extrême richesse, se traduisant par la juxtaposition de
quartiers modernes, dont la population, majoritairement aisée, est
étroitement intégrée au « système-monde », et de zones d'habitat précaire,
où s'amasse un sous-prolétariat sans qualifications. Ces bidonvilles (favelas
au Brésil, barrios au Venezuela, slums en Inde par exemple) constituent la
réponse des habitants les plus déshérités à la pénurie de logements,
d'équipements et d'emplois et donnent aux villes un aspect semi-rural.
Aujourd'hui, plus d'un milliard d'hommes s'entassent dans des bidonvilles.
L'extension des bidonvilles aggrave considérablement les problèmes de
pollution. Il n'en reste pas moins que, même dans ce cadre de vie, le sort des
populations qui le partagent est souvent encore préférable à celui qu'elles
auraient à la campagne.

Le processus d'urbanisation apparaît à la fois comme une condition et une


manifestation du développement économique. Les villes ont une productivité
par habitant largement supérieure à celle des campagnes. L'économie
urbaine, dans les pays du Sud, est en effet caractérisée par la coexistence de
différents types d'activités, qui sont en interaction du fait de la mobilité de la
main-d'œuvre, de l'appartenance d'actifs d'une même famille à chacun d'eux,
de l'exercice simultané de plusieurs activités et de la consommation
quotidienne des ménages qui les sollicitent respectivement. Les entreprises
privées et publiques de même que les services publics forment la partie
« émergée » de l'économie, à côté d'une économie de proximité à faible
investissement en capital, populaire ou informelle, vouée à répondre à la
quasi-totalité des besoins essentiels de la majorité des citadins. Entre ces
deux pôles, de petites et moyennes entreprises, dont les dirigeants sont issus
tant du secteur moderne que du secteur informel de l'économie ou encore de
l'administration, constituent un milieu à part.

4. URBANISATION EN AFRIQUE

Deux grandes séries d'indicateurs peuvent être distingués: d'une part, des
indicateurs statiques comme le volume de la population urbaine et ses
caractéristiques; d'autre part, des indicateurs dynamiques qui mesurent les
changements observés, et notamment la croissance. Les relations entre ces
divers indicateurs sont faibles, et l'appréciation du degré d'urbanisation d'un
pays reste très subjective, car son évaluation reste fonction de l'indice choisi.
Tous ces indicateurs privilégient une approche macro-économique et ne
rendent pas compte de la diversité des situations citadines au sein d'une
même ville. Des analyses plus fines sont nécessaires au niveau des grandes
villes afin de mieux appréhender la diversité du tissu social, de mieux mettre
en rapport les équipements avec les populations concernées. Les urbanistes
attendent des démographes des données spatialisées à un niveau
relativement fin. Ces données sont déjà collectées par les Services de
statistiques nationaux (îlots de recensement, par exemple), mais elles ne sont

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pas restituées à un niveau aussi fin que le quartier ou l'îlot, ce qui permettrait
de mieux mettre en rapport équipements urbains et effectifs de population
concernée.

S'il est vrai que l'existence de villes est un phénomène très ancien en Afrique,
c’est néanmoins la colonisation qui lui a imprimé le caractère qu'elle connaît
encore de nos jours. Les grandes villes actuelles ont été fondées dans des
sites choisis en fonction de considérations liées aux besoins de la
colonisation. Les ports maritimes ont généralement été favorisés: Dakar,
Abidjan, Lagos, Luanda, etc., et la localisation des grands centres urbains
reste marquée par cette extraversion. Dès cette époque, les investissements
ont été concentrés dans des capitales où résidait l'essentiel des cadres
dirigeants de l'Administration coloniale. Cependant, ces villes coloniales
étaient essentiellement peuplées d’Africains. Ainsi, en 1926, Dakar, qui
pourtant rassemblait alors 38 pour cent de la population non africaine de
toute l'Afrique de l'Ouest francophone, ne comptait que huit pour cent de non
africains. Cette proportion a ensuite culminé à 13 pour cent en 1955 avant de
retomber à moins de deux pour cent en 1976. Comme le fait remarquer
Catherine Coquery (1988), «le choc colonial a constitué un élément décisif de
l'urbanisme africain contemporain par la juxtaposition et l'inévitable
interpénétration de deux modèles apparemment contradictoires: le (ou plutôt
les) modèle(s) autochtone(s) ancien(s), et le modèle spécifique
colonial/blanc/métropolitain». Le modèle colonial, sous prétexte
d'hygiénisme, a accentué le caractère ségrégatif de l'habitat et des quartiers
des villes africaines et il a imposé sa trame qui persiste aujourd'hui dans la
plupart des agglomérations (Massiah, Tribillon, 1988).

Les données présentées au tableau 1 sont des estimations, et doivent être


maniées avec beaucoup de prudence. Ce tableau présente pour chaque pays
l'effectif de population urbaine, la proportion d'habitants résidant en milieu
urbain (taux d’urbanisation), le taux de croissance annuel de population
urbaine, la population de la ville la plus peuplée du pays, et un indicateur
mesurant l’importance relative prise par la ville la plus peuplée du pays.

Le Maghreb est bien plus urbanisé que l'Afrique subsaharienne. En Afrique


noire, c'est l'Afrique centrale qui a le taux d'urbanisation le plus élevé, à
l'exception notable du Zaïre, où, bien que la ville de Kinshasa dépasse les
quatre millions d'habitants (en 1995), la majorité de la population vit en milieu
rural (71 pour cent). L'Afrique de l'Ouest côtière, caractérisée par une
concentration dans certaine villes portuaires, est aussi assez fortement
urbanisée. À l'opposé, le Sahel, toute la face orientale de l'Afrique et la zone
australe (à l'exception de l'Afrique du Sud et de la Zambie) le sont nettement
moins. Cependant, partout la croissance de la population urbaine est plus
élevée que la croissance naturelle.

En 1960, environ 15 pour cent de la population de l’Afrique de l’Ouest et


centrale résidait en milieu urbain; on peut estimer que cette proportion entre
34 et 37 pour cent en 1994. La situation est très variable suivant les pays.

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Compte tenu des réserves précédemment exposées concernant la difficulté


de connaître avec précision les effectifs de population urbaine, on peut
toutefois classer les pays de la façade atlantique de l’Afrique en cinq grand
groupes en fonction de leur taux d’urbanisation (Source WALTPS (Kalassa,
1994), estimation pour 1990):

Groupe I: Congo, Gabon.


Groupe II: Cameroun, Côte d’Ivoire, Sénégal, Centrafrique, Mauritanie,
Nigeria, Sao Tomé.
Groupe III: Bénin, Togo, Zaïre, Gambie, Ghana, Sierra Leone, Cap Vert,
Guinée équatoriale.
Groupe IV: Guinée, Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad, Liberia, Guinée Bissau,
Angola.
Groupe V: Burundi, Rwanda.
Le groupe I correspond aux pays ayant une proportion de population urbaine
supérieure à 50 %; il s’agit de deux pays d’Afrique centrale exportateur de
pétrole, le Congo et le Gabon. Le groupe II rassemble des pays où plus de 40
% de la population vit en ville; il s’agit pour la plupart de pays côtiers ayant
connu un certain dynamisme économique (Centrafrique et Mauritanie
semblant être deux cas particuliers). Le groupe III regroupe des pays dont la
proportion d’urbains est comprise entre 29 et 39 %. Le groupe IV rassemble
des pays faiblement urbanisés (un taux compris entre 20 et 28 %),
essentiellement des pays du Sahel intérieur. Enfin le groupe V comprend deux
pays particuliers, très densément peuplés, mais où la population urbaine est
d’environ cinq pour cent; il s’agit du Rwanda et du Burundi.

Les enquêtes du REMUAO confirment que les différences d'urbanisation sont


importantes entre les pays enclavés et les pays côtiers. Parmi les pays les
moins urbanisés du réseau figurent le Mali (où 25 % de la population réside en
ville) et le Niger (18 %). Les plus urbanisés sont, à des niveaux d'urbanisation
très proches, le Sénégal (41 %), la Mauritanie (41 %) et la Côte d'Ivoire (40 %).
La Guinée se situe à un niveau intermédiaire (32 %) (Bocquier, Traoré, 1995).

Tableau 1: Population urbaine (en millions), indicateurs d'urbanisation,


population de la première ville (en milliers) et indice de primatie.

Indicateurs Population Taux Taux de Population Indice


urbaine en d’urbanisation croissance de la ville de
1994 en 1994 (pour urbaine principale primatie
(millions) cent) 1990-1995 en 1990 (*)
(pour cent) (milliers)
MAGHREB
Algérie 15,0 55 3,8 3033 3,5
Égypte 27,5 44 2,6 8633 7,1
Libye 4,4 85 4,3 2595 2,2
Maroc 12,7 48 3,1 2815 2,4

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Tunisie 6,6 57 2,8 1741 3,7


AFRIQUE
ORIENTALE
Burundi 0,5 7 6,6 234 -
Kenya 7,3 27 6,8 1519 2,6
Ouganda 2,5 12 5,8 754 12,7
Rwanda 0,5 6 4,2 219 8,1
SAHEL EST
Djibouti 0,5 82 2,7 417 8,5
Erithrée 0,6 17 4,4 359 -
Éthiopie 7,0 13 4,7 1808 5,4
Somalie 2,3 25 2,5 779 -
Soudan 6,6 24 4,4 1944 6,5
OCÉAN
INDIEN
Comores 0,2 30 5,7 24 -
Madagascar 3,8 26 5,8 690 7,5
Maurice 0,5 41 1,2 158 -
Seychelles 0,03 54 2,9 35 -
AFRIQUE
AUSTRALE
Afrique du 20,5 50 2,9 2294 2,2
Sud
Angola 3,4 32 6,3 1642 4,6
Botswana 0,4 27 7,0 109 2,1
Lesotho 0,4 22 6,2 170 -
Malawi 1,5 13 6,2 310 5,0
Mozambique 5,0 33 7,4 1561 -
Namibie 0,5 36 5,9 149 -
Swaziland 0,3 30 6,2 47 -
Tanzanie 6,8 24 6,1 1436 4,9
Zambie 3,9 43 3,5 979 2,6
Zimbabwe 3,5 31 4,9 854 5,3
AFRIQUE
CENTRALE
Cameroun 5,7 44 4,9 1001 4,7
Centrafrique 1,3 39 3,4 474 10,8
Congo 1,5 58 4,9 793 2,00
Gabon 0,6 49 4,7 286 4,30
Guinée 0,2 41 5,9 30 6,58

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équatoriale
Sao Tomé 0,06 46 4,2 50 -
Zaïre 12,3 29 3,9 3455 4,60
PAYS DU
SAHEL
(CILSS)
Burkina Faso 2,5 25 11,2 681 4,40
Cap Vert 0,2 53 6,9 62 -
Gambie 0,3 25 6,2 209 7,26
Guinée 0,2 22 4,4 71 -
Bissau
Mali 2,8 26 5,7 738 7,27
Mauritanie 1,2 53 5,4 707 6,65
Niger 1,5 17 5,6 447 3,29
Sénégal 3,4 42 3,7 1613 8,55
Tchad 1,3 21 3,6 613 5,00
AFRIQUE DE
L’OUEST
CÔTIÈRE
Bénin 1,6 31 4,6 487 -
Côte d'Ivoire 5,9 43 5,0 2168 6,07
Ghana 6,1 36 4,3 1405 2,90
Guinée 1,9 29 5,8 1127 9,69
Liberia 1,3 44 4,6 670 8,52
Sierra Leone 1,6 35 4,8 649 6,85
Togo 1,2 30 4,5 513 10,00
Nigeria 41,7 39 5,2 5685 5,29
(*) Rapport de l’effectif de la ville la plus peuplée à celui de la seconde ville du
pays (les valeurs de l’indice données ici sont dues à F. Moriconi-Ebrard
(1993); elles portent sur des dates variables selon le pays, mais toujours dans
la décennie 1980).

Source: pour les quatre premières colonnes du tableau: Nations Unies, World
Urbanization

Prospects. The 1994 Revision, 1995; pour le Nigeria (dernière ligne du


tableau): Federal Republic of Nigeria, Official Gazette, 1992.

Certaines villes, comme Conakry ou Ouagadougou, ont connu ces dernières


années une croissance particulièrement rapide. Certes, avec la crise, de
nombreuses agglomérations ont vu leur croissance se ralentir, mais la
plupart des grandes capitales croissent encore au rythme d'environ quatre
pour cent par an, ce qui signifie un doublement de leur population en 17 ans.

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La croissance démographique naturelle (naissances et décès) contribue plus


que les migrations. Jusqu'à présent, il a été fort difficile de réorienter les flux
migratoires vers les villes secondaires ou vers le milieu rural. L’une des
raisons de l’échec de ces programmes de réorientation des flux réside dans
la méconnaissance de la complexité des mécanismes qui sous-tendent la
prise de décision de l’acte migratoire (Lututala, 1995).

La figure 2 permet de comparer le rythme de croissance et le taux


d’urbanisation de l’ensemble des pays africains. Deux axes figurent sur ce
graphique: le taux moyen de croissance de la population urbaine sur la
période 1990-1995, soit 4,38 pour cent, et la proportion d’urbains en 1995 en
Afrique, soit 34 pour cent. On distingue donc nettement les pays encore
faiblement urbanisé comme le Rwanda, le Tchad, et la Somalie dont le taux de
croissance de la population urbaine est inférieure à quatre pour cent par an.
D’autres pays sont également faiblement urbanisé mais leur rythme
d’urbanisation est particulièrement rapide; il s’agit en particulier du Burkina
Faso, mais aussi du Kenya, de la Gambie et de la Tanzanie. Certains pays déjà
urbanisé à plus de 40 pour cent gardent une croissance soutenue, comme la
Mauritanie et le Cameroun. Enfin, certains pays, dont la moitié de la
population est déjà urbaine, connaissent une croissance urbaine moins
soutenue, en particulier les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc). La
Libye constitue un cas particulier, la population de l’ensemble du pays étant
essentiellement concentrée dans quelques villes.

L'essentiel de la population urbaine africaine réside dans des villes de moins


de 500 000 habitants. Mais les villes millionnaires attirent une part croissante
de la population. En 1995, 36 pour cent de la population urbaine mondiale vit
dans des villes de plus de un million d'habitants, particulièrement en
Amérique du Nord (51 pour cent) et en Amérique latine (38 pour cent). Bien
que le phénomène soit plus récent en Afrique, il est déjà très accusé, puisque
cette proportion est de 32 pour cent en 1995, et atteindra probablement 39
pour cent en 2010. Cette concentration est particulièrement marquée en
Afrique du Nord.

2: Répartition en pourcentage de la population urbaine selon la taille


des villes et le taux d'urbanisation en 1995.

Taille (en millions)


Région
Plus de 5 1 à 5 0,5 à 1 Moins de 0,5 Taux d'urbanisation
Afrique de l'Est - 22 13 65 21,7
Afrique centrale - 36 12 52 33,2
Afrique de l'Ouest 13 14 10 63 36,6
Maghreb 13 30 5 52 45,9
Afrique australe - 35 11 54 36,6
AFRIQUE 8 24 10 58 34,4
ASIE 19 19 9 55 34,6

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AMÉRIQUE LATINE 20 18 10 52 74,2


AMÉRIQUE DU NORD 16 35 11 38 76,3
EUROPE 7 20 9 64 73,6
MONDE 15 21 9 55 45,2

Le nombre de villes millionnaires augmente. En 1995, sur l'ensemble du


continent, une trentaine d'agglomérations urbaines comptent plus d'un million
d'habitants. Les plus peuplées sont: Le Caire/Guizah (environ 10 millions
d'habitants), Lagos (huit millions), Kinshasa (4 millions), Alexandrie et Alger
(environ 3,5 millions chacune), puis viennent Casablanca, Tripoli, Abidjan et
Le Cap. Selon le BIT, au-delà d'un million d'habitants, la ville pose de
nombreux problèmes de gestion: par exemple, la rénovation des égouts du
Caire coûtera deux milliards de dollars (El Kadi, 1987). La ville africaine est
dévoreuse d'espace et, au fur et à mesure de son extension, les charges des
différents équipements urbains deviennent très lourdes du fait de la longueur
des réseaux: eau, assainissement, électricité, voies publiques, transports. En
Afrique subsaharienne, le phénomène urbain constitue une préoccupation
majeure, même dans le cas des centres urbains moins peuplés, car le rythme
de leur croissance démographique est sans rapport avec celui du
développement des capacités de production économique.

La macrocéphalie constitue une caractéristique majeure de l'urbanisation en


Afrique. Elle se traduit par le poids exorbitant d'une ville, généralement la
capitale du pays, au détriment des autres centres urbains. Moriconi-Ebrard
(1993) a calculé pour la plupart des pays un indice de primatie qui est le
rapport de taille entre la première et la deuxième ville du pays. Plus ce
rapport est élevé, plus le poids de la première ville est important (dernière
colonne du tableau 1). Parmi les pays déjà fortement urbanisés, le Sénégal et
la Côte d'Ivoire sont fortement macrocéphales. Mais ce n'est pas une règle
générale et, dans certains pays, il existe plusieurs grandes villes
(généralement deux), dont la capitale économique et la capitale politique, qui
sont alors en compétition sur le plan démographique. Le phénomène de
macrocéphalie s'accentue dans les pays où la primauté d'une ville existait
déjà dans les années 60. Au Gabon, par exemple, ce rapport passe de 1,8 à
4,3 entre 1950 et 1990.

Certaines villes comme Maputo, Nairobi ou Conakry ont connu ces dernières
années une croissance particulièrement rapide. Certes, avec la crise, de
nombreuses agglomérations ont vu leur croissance se ralentir, mais la
plupart des grandes capitales croissent encore au rythme d'environ quatre
pour cent par an, ce qui signifie un doublement de leur population en 17 ans.
La croissance démographique naturelle (naissances et décès) contribue plus
que les migrations. Jusqu'à présent, il a été fort difficile de réorienter les flux
migratoires vers les villes secondaires.

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Concentration d'hommes, la grande ville est aussi une concentration des


moyens de production de biens et de service. Les besoins des citadins
génèrent de multiples emplois de production et de services. Une des
conséquences de l'urbanisation rapide réside dans la difficulté d'accès à un
logement décent car la politique de logement social n’a pas atteint ses
objectifs en Afrique. Non seulement la production de logement est inférieure
aux prévisions et ne couvre pas la demande mais, de plus, leur prix rend ces
logements inaccessibles à ceux à qui ils étaient destinés: les logements soi-
disant sociaux deviennent la propriété des classes moyennes et aisées.
Quelles que soient les politiques suivies, on a l'impression d'aboutir au même
résultat dans la plupart des grandes villes africaines. Partout, on relève une
logique d'exclusion de l'accès au sol et au logement du plus grand nombre.

Cette inadéquation de la réponse à la question du logement n'est pas sans


conséquences démographiques. La diversité des situations démographiques
découle d'une fragmentation sociale accrue: différences de mortalité entre
quartiers, entre catégories sociales, etc. Les indicateurs démographiques
laissent percevoir la marginalisation croissante de certaines fractions de
populations urbaines: l'exclusion des pauvres se traduit par des différences
accrues de mortalité, tandis que les difficultés économiques poussent au
mariage plus tardif des hommes et des femmes en ville, et font évoluer la
composition des ménages.

5. Les perspectives de la population urbaine

Il subsiste encore de nombreuses lacunes dans le recueil des données


concernant l'urbanisation. La croissance de certaines villes est telle que les
limites administratives varient énormément d'une opération démographique à
l'autre; par ailleurs, la cartographie des quartiers spontanés est rarement
exhaustive, d'où des risques de sous-évaluation des effectifs de population.
La durée écoulée entre la collecte et la publication des résultats est parfois
tellement longue que les données publiées ne correspondent plus à la réalité
du moment: des quartiers ont été restructurés, d'autres quartiers se sont
particulièrement développés, etc. Le recensement a plus souvent une valeur
historique pour des villes à croissance rapide. L'approche de l'urbanisation
bute également sur la définition de la ville. La plupart des pays retiennent une
taille minimale en général très basse (5 000, voire 2 000 habitants), ou bien
dressent une liste des localités considérées comme urbaines, sans qu'il soit
toujours possible de connaître les critères de choix. La plupart de ces
critères ont pour inconvénient majeur de considérer comme urbains de gros
villages. Le critère de taille est certainement le moins mauvais à condition de
s'en tenir à un minimum acceptable (20 000 voire 50 000 habitants). Cette
diversité de critères rend difficile toute comparaison internationale.

Pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, nous disposons de plusieurs sources à


travers la compilation des recensements et les travaux menés par ILTA,
WALTPS et les perspectives établies par les Nations Unies. La variation des
rythmes des migrations et l’évolution des tendances démographiques rendent

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délicates les perspectives à moyen terme. Les évaluations sont certainement


plus fiables au niveau régional qu’au niveau d’un pays particulier. En effet,
lorsque l’on compare les évaluations préparés pour WALTPS (Kalassa, 1994
et 1996) et celles des Nations Unies (1995), les évaluations concernant les
effectifs de population sont voisins concernant la population totale pour la
plupart des pays, et relativement proche sur le total de population de la zone
d’étude: 257 millions pour WALTPS en 1990, et 264 millions pour les Nations
Unies, soit une différence de 2,8 pour cent. Les pays pour lesquels les écarts
sont importants sont, soit des pays en pleine crise politique entraînant des
déplacements de population (Angola, Sierra Leone), soit des pays où les
sources statistiques sont anciennes ou manipulées (Gabon, Centrafrique),
soit des pays de forte émigration où immigration internationale (Burkina Faso,
Mali, Côte d’Ivoire). Mais même lorsque les évaluations diffèrent, elles ne
dépassent guère un écart de 10 pour cent. Par contre, pour l’évaluation de la
population urbaine, les écarts sont plus importants provenant en partie déjà
d’une différence de définition (localités de plus de 5 000 habitants pour
WALTPS, définition nationale pour les Nations Unies) (tableau 3). Dans
l’ensemble, la proportion d’urbain trouvée par WALTPS est plus importante
que celle des Nations Unies en particulier pour le Nigeria où aucune des
évaluations n’a pu intégrer les résultats définitifs du recensement. Dans
l’ensemble de la zone d’étude, le taux d’urbanisation est donc évalué à 37
pour cent pour WALTPS (31 pour cent sans le Nigeria) et 31 pour cent pour
les Nations Unies (29 pour cent sans le Nigeria). Pour certains pays, les
écarts d’évaluation de la population urbaine atteignent, voire dépassent, les
20 pour cent. Ainsi, selon WALTPS, le total de population urbaine est moins
élevé au Burundi, au Liberia, au Cap-Vert et en Guinée équatoriale que selon
les évaluations des Nations Unies. Par contre, toujours selon les estimations
de WALTPS, la population urbaine est bien importante au Bénin, au Burkina,
au Congo et au Nigeria que ne le laissent supposer les données des Nations
Unies. Les évaluations sont à peu près concordantes pour quelques pays
seulement: le Togo, le Cameroun et le Niger.

Il est donc difficile de préciser pays par pays les effectifs de population
urbaine. Il est donc encore plus aléatoire de présenter des perspectives par
pays. La tendance reste à une croissance plus rapide de la population en
milieu urbain que celle du milieu rural. Cette croissance résultera de plus en
plus du seul mouvement naturel (entre 2,8 et 3,5 pour cent de croissance
naturelle par an suivant la structure de la population). Après une diminution
importante de la mortalité (en particulier infanto-juvénile) en milieu urbain à
partir des années 60. Il est possible que l’effet des programmes d’ajustement
ait un effet sur la santé publique, mais pour l’instant les indicateurs
démographiques ne traduisent aucune remontée de la mortalité des enfants.
Par contre, la fécondité commence à amorcer un déclin en milieu urbain.
Ainsi à Abidjan, la fécondité est passée de 6,4 enfants par femme (en 1980) à
4,1 enfants en 1994 (enquête EDS), soit une baisse de 33 pour cent, alors que
la fécondité en milieu rural est passée pour la même période de 7,4 à 6,4
enfants par femme.

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Tableau 3: Evaluation comparée des effectifs de population urbaine selon les


estimations de WALTPS et des Nations Unies.

Pays Population Population Différence Différence


urbaine urbaine selon d’évaluation relative
selon les Nations de l’effectif de d’évaluation de
WALTPS en Unies en population l’effectif de
1990 1990 urbaine population
(milliers) (milliers) urbaine
Burundi 284 345 -61 -21,48
Mali 1858 2193 -335 -18,03
Mauritanie 818 937 -119 -14,55
République 1022 1097 -75 -7,34
Centrafricaine
Rwanda 365 391 -26 -7,12
Guinée 1406 1484 -78 -5,55
Togo 1001 1005 -4 -0,40
Cameroun 4751 4643 108 2,27
Niger 1224 1177 47 3,84
Gabon 553 523 30 5,42
Sénégal 3112 2919 193 6,20
Côte d'Ivoire 5570 4841 729 13,09
Zaïre 12550 10506 2044 16,29
Tchad 1393 1138 255 18,31
Bénin 1690 1345 345 20,41
Burkina Faso 2051 1605 446 21,75
Congo 1640 1194 446 27,20
TOTAL AFRIQUE 41288 37343 3945 9,55
FRANCOPHONE
Liberia 577 1084 -507 -87,87
Sierra Leone 1100 1287 -187 -17,00
Ghana 4552 5107 -555 -12,19
Nigeria 45487 33808 11679 25,68
Gambie 285 209 76 26,67
TOTAL AFRIQUE 52001 41495 10506 20,20
ANGLOPHONE
Cap Vert 113 151 -38 -33,63
Guinée 102 126 -24 -23,53
équatoriale
Angola 2485 2602 -117 -4,71
Sao Tomé 48 50 -2 -4,17

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Guinée Bissau 252 191 61 24,21


TOTAL AFRIQUE 3000 3120 -120 -4,00
LUSOPHONE
TOTAL AFRIQUE 96289 81958 14331 14,88
ATLANTIQUE

Le sida tend à devenir la principale cause de décès des adultes en milieu


urbain. Il frappe dans l’ensemble une population active ayant bénéficié d'une
formation professionnelle. Si les répercussions économique et sociale du sida
sont importantes, l’impact de la maladie devrait toutefois rester faible en
termes de croissance démographique. Le Bureau of Census américain estime
qu’en Afrique le taux de mortalité risque de remonter à 20 pour mille en 2010,
pour décliner ensuite à huit pour mille à l’horizon 2020, la natalité passant
progressivement de 48 pour mille en 1985 à 35 pour mille en 2020. Selon leur
scénario, l’impact sur la croissance naturelle sera important entre 1995 et
2015. Sans sida la croissance naturelle (en moyenne pour l’ensemble de
l’Afrique) serait de 34 pour mille en 1995, 32 pour mille en 2005 et 29-30 pour
mille en 2015. Avec le sida, la croissance naturelle est ralentie, elle passe
pour les mêmes dates à respectivement 28 pour mille en 1995, 21 pour mille
en 2005 et 24 pour mille en 2015. L’impact sera très différent suivant les
villes. Il est déjà particulièrement fort à Abidjan, où l’on estime que 25 000
personnes seraient décédées du sida entre 1986 et 1992 (Garenne, 1995).

Selon les Nations Unies, en 2020 la population de la façade atlantique de


l’Afrique atteindrait plus de 600 millions d’habitants, dont 54 pour cent
d’urbains (Tableau 4). En Afrique francophone, le Rwanda et le Burundi
demeureraient parmi les moins urbanisés, alors que le Cameroun, le Gabon et
le Congo seraient parmi les pays les plus urbanisés, rejoints par le Sénégal et
la Mauritanie. Le Burkina connaîtra un taux d’urbanisation voisin de celui de la
Côte d’Ivoire de plus de 60 pour cent. Dans les pays anglophones et
lusophones, plus de la moitié de la population sera urbaine, à l’exception de la
Gambie et de la Guinée Bissau. Malgré un tassement du rythme de croissance
urbaine, la façade atlantique de l’Afrique sera majoritairement urbaine en
2020. Entre 1990 et 2020, cette région verra sa population urbaine multipliée
par quatre; c’est dire l’ampleur du phénomène, mais aussi les débouchés que
constituent les marchés urbains. Le tableau 4 donne les prévisions pays par
pays, mais il faut prendre ces chiffres comme des ordres de grandeur.
Plusieurs facteurs peuvent influencer ces perspectives: une transition
démographique plus rapide que prévu, des conflits dans certains pays et des
variations importantes des conjonctures économiques.

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Tableau 4: Perspectives de population urbaine en 2020 selon les estimations


des Nations-Unies (pays classés selon le taux d’urbanisation en 2020).

Pays Population Population Population Taux Taux Taux de


urbaine totale NU urbaine d'urbanisation d'urbanisation croissance
NU en en 2020 NU en en 1990 en 2020 annuel
1990 (milliers) 2020 population
(milliers) (milliers) urbaine
(1990-
2020)
Rwanda 391 14375 1808 5,6 12,6 5,2
Burundi 345 12103 2187 6,3 18,1 6,3
Niger 1177 19671 6394 15,2 32,5 5,8
Tchad 1138 11661 4026 20,5 34,5 4,3
Mali 2193 21822 10054 23,8 46,1 5,2
Bénin 1345 10843 5199 29,0 47,9 4,6
Togo 1005 8356 4054 28,5 48,5 4,8
Guinée 1484 13411 6640 25,8 49,5 5,1
République 1097 5773 3198 37,5 55,4 3,6
centrafricaine
Zaïre 10506 91752 52129 28,1 56,8 5,5
Côte d'Ivoire 4841 31732 19350 40,4 61,0 4,7
Burkina Faso 1605 19213 12180 17,9 63,4 7,0
Cameroun 4643 26014 16624 40,3 63,9 4,3
Gabon 523 2420 1618 45,6 66,9 3,8
Sénégal 2919 15327 10505 39,8 68,5 4,4
Mauritanie 937 4054 2871 46,8 70,8 3,8
Congo 1194 5010 3730 53,5 74,5 3,9
TOTAL
AFRIQUE
FRANCOPHONE 37343 313537 162567 27,8 51,8 5,0
Gambie 209 1937 866 22,6 44,7 4,9
Ghana 5107 34092 18473 34,0 54,2 4,4
Sierra Leone 1287 7893 4390 32,2 55,6 4,2
Nigeria 33808 214551 125126 35,2 58,3 4,5
Liberia 1084 6387 3924 42,1 61,4 4,4
TOTAL 41495 264860 152779 35,0 54,5 7,0
AFRIQUE
ANGLOPHONE
Guinée Bissau 191 1804 732 19,8 40,6 4,6
Angola 2602 23408 12156 28,3 51,9 5,3
Sao Tomé 50 202 130 42,0 64,4 3,2
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GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

Guinée 126 720 473 35,8 65,7 4,5


équatoriale
Cap Vert 151 680 524 44,3 77,1 4,2
TOTAL 3120 26814 14015 28,4 52,3 5,1
AFRIQUE
LUSOPHONE
TOTAL 81958 605211 329361 31,0 54,4 4,7
AFRIQUE
ATLANTIQUE

6. Les villes des pays industrialisés

Trois ensembles (États-Unis, Union européenne et Japon) forment la


« Triade » ou « oligopole mondial », qui produit plus de 70 % de la richesse de
la planète. Les fonctions de direction et d'innovation se concentrent dans des
mégalopoles, qui sont des « grappes » de villes réunies les unes aux autres
par des liens denses et multiples.

La mégalopole japonaise est la plus peuplée : elle se présente sous la forme


d'un réseau urbain linéaire de plus de 1 000 km, commandé par Tokyo et
Osaka. Mais la mégalopole du nord-est des États-Unis, qui s'étend de Boston
à Washington, constitue le premier centre décisionnel de la planète : avec
Washington et New York, elle comprend notamment la Maison-Blanche, le
Pentagone et la Bourse de Wall Street, ainsi que les institutions
internationales les plus importantes (O.N.U., Banque mondiale, F.M.I.).

A. La ville européenne

En Europe de l'Ouest, les villes rassemblent environ 75 % de la population, et


le tiers des citadins habite des agglomérations de plus de 1 million
d'habitants. Le taux d'urbanisation est plus faible en Europe de l'Est (69 %), et
la population urbaine y est moins concentrée dans les grandes
agglomérations, qui ne regroupent que 20 % des citadins. Alors qu'aux États-
Unis il n'existe une ville de plus de 10 000 habitants que tous les
48 kilomètres, cette moyenne s'abaisse à 13 km en Europe occidentale. Par
rapport à leur voisin, et surtout eu égard au dense semis de la « dorsale »
anglo-rhénane et italienne, la France, l'Espagne et l'Irlande apparaissent
relativement peu urbanisées, si l'on considère la distribution et la taille des
agglomérations.

La France se distingue en outre par l'hypertrophie de sa capitale. En effet, la


centralisation y est extrême : le rapport de taille entre l'agglomération
parisienne (qui regroupe près de 11 millions d'habitants) et l'agglomération
lyonnaise (1,5 million d'habitants) est de 1 à 7. Hormis Paris, aucune des
agglomérations françaises n'atteint 2 millions d'habitants et seules trois
d'entre elles (Lyon, Marseille et Lille) dépassent le million d'habitants.

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 38
GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

L'Allemagne, comme l'Italie, présente en revanche un réseau multipolaire.


Plusieurs métropoles se partagent les fonctions de commandement : ainsi, à
côté de Berlin, qui est à nouveau la capitale politique, Francfort fait office de
capitale financière, et cette dyarchie est complétée par le rôle que jouent des
capitales régionales comme Munich et Hambourg.

La ville européenne est souvent chargée d'histoire. Elle tire parti du


patrimoine architectural de son centre historique, qui lui vaut une prospère
activité touristique, mais il n'est pas toujours aisé d'adapter les vieilles villes
aux nouvelles conditions de travail.

Au xixe s., les préoccupations conjointes de maintien de l'ordre, d'hygiène


publique, d'urbanisme et de circulation ont modifié la fonctionnalité de
l'espace urbain pour tenir compte des exigences de l'industrialisation.

Au xxe s., la création de « villes nouvelles », au Royaume-Uni et en France, a


été un moment fort de la politique d'aménagement du territoire, destiné à
freiner la croissance des agglomérations londonienne et parisienne en
combinant résidences, espaces de travail et de loisirs et transports rapides.

À la différence de la ville américaine, la ville européenne ne souffre pas de la


désaffection du centre par les classes aisées ; celui-ci constitue toujours un
lieu privilégié de vie diurne et nocturne, même si, depuis quelques décennies,
les activités tertiaires sont de plus en plus transférées en périphérie (comme
à l'ouest de Paris, le quartier de la Défense, premier centre européen de
bureaux).

B. La ville nord-américaine

Presque tous les Américains du Nord sont urbanisés, les campagnes étant
elles-mêmes très largement influencées par le mode de vie de la ville. Aux
États-Unis, le taux d'urbanisation a dépassé les 50 % dès les années 1920.
Aujourd'hui, 8 habitants du pays sur 10 vivent dans une ville et 1 sur 2 dans
une ville millionnaire (qui a dépassé le million d'habitants). Les
18 agglomérations désignées comme CSMA (Consolidated Statistical
Metropolitan Areas, ou « zones urbaines aux données statistiques
consolidées ») regroupent plus de 100 millions de personnes et la
Mégalopolis du nord-est en rassemble à elle seule 45 millions.

Le réseau urbain est très dense dans le Nord-Est (New York, Boston,
Philadelphie, Washington, Baltimore), autour des Grands Lacs (Chicago,
Detroit, Cleveland), ainsi que dans le Sud-Est (Atlanta, Dallas, Houston,
Phoenix) et sur la côte Pacifique (Los Angeles, San Francisco, San Diego,
Seattle).

La croissance urbaine de la seconde moitié du xxe s. a façonné des paysages


urbains qui révèlent les limites du melting-pot. Certains quartiers, en effet,
sont à dominante ethnique (Chinatown, Harlem ou Little Sicilia à New York),

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 39
GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

ce qui renforce l'impression de « ghettoïsation ». De la banlieue au centre-


ville, le contraste est frappant entre la pauvreté des quartiers dégradés, où
vit une population exclue de la société de consommation, et l'opulence des
gratte-ciel (skyscrapers) des quartiers dits CBD (Central Business District),
consacrés aux affaires (Bourses, sièges sociaux de grandes entreprises et de
banques) et aux activités de standing (marketing, conseil juridique,
communication). Lieux de prédilection des « cols blancs », les CBD débordent
d'activité le jour mais sont déserts la nuit, durant laquelle il règne une
certaine insécurité.

Les banlieues (suburbs), quant à elles, s'étalent sur de très longues


distances. Elles sont nées d'une extension des limites urbaines favorisée par
la civilisation de l'automobile : les classes moyennes qui viennent y habiter
sont à la recherche d'espace, d'une fiscalité moins lourde et d'un refuge
contre les problèmes sociaux générateurs d'insécurité dans les centres-
villes. Depuis les années 1950, ces banlieues ont absorbé les deux tiers de la
croissance urbaine, alors que les Américains qui vivent dans des comtés
ruraux ou des localités de moins de 2 500 habitants sont environ 60 millions :
ces « rurbains » ne sont en fait que des citadins qui vivent à la campagne ; la
plupart d'entre eux travaillent en ville et sont astreints à des migrations
pendulaires entre leur domicile et leur lieu de travail.

Les villes des États-Unis ont un problème croissant d'endettement. L'exode


incessant des classes moyennes diminue les recettes fiscales et l'arrivée
massive des catégories sociales défavorisées grève les dépenses sociales.
Les effets de l'endettement se font sentir dans la détérioration des
équipements urbains, mais aussi dans les guérillas urbaines du type de celles
qui sont survenues en 1992 à Los Angeles (Californie), dans le quartier de
Watts. Les centre-ville font donc l'objet d'une politique de reconquête : les
forces de police sont accrues et les quartiers dégradés sont réhabilités afin
d'attirer à nouveau les classes aisées (le terme de gentryfication traduit ce
processus d'embourgeoisement économique et social). Dans ce cadre,
d'importantes opérations ont déjà été engagées : notamment à Detroit (celle
du Renaissance Center) et à Boston (celle du Government Center).

7. La croissance urbaine et ses conséquences

L'urbanisation est un phénomène universel et a connu une accélération


particulière en Afrique subsaharienne. Cette croissance forte s’est faite dans
un contexte économique particulier marqué, ces dix dernières années, par
des politiques de rigueur. Les effets des programmes d'ajustement structurel
ont certainement amplifié les mutations concernant les structures et les
comportements démographiques, ainsi que l'évolution des structures
familiales. L'ampleur de la diminution des revenus risque de rendre
inopérantes les régulations sociales opérées jusqu'à présent par les réseaux
sociaux de solidarité.

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GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

En Afrique, les politiques d'ajustement frappent de plein fouet les habitants


des villes depuis plusieurs années, et rendent plus précaires les stratégies
jusqu'ici mises en œuvre. Les classes moyennes sont à leur tour touchées par
la crise, le salariat concerne de moins en moins de personnes et les salariés
assurent de plus en plus difficilement leur rôle de distributeurs. Les embryons
de systèmes sociaux (systèmes de retraites, d’assurances sociales, de
logements sociaux, etc.) mis en place dans certains États se désagrègent.
Les jeunes, qui restent de plus en plus longtemps dépendants des aînés,
trouvent difficilement leur place. Les modes de solidarité, qui constituent
encore la soupape de sécurité face à la faillite de certains États, s’essoufflent
et ne serviront plus longtemps encore d’amortisseur aux conséquences de la
crise. Le désengagement de l’État a des effets directs sur les services
publics. L’éducation subit de plein fouet les conséquences de la crise alors
qu’elle constitue un des moteurs des transformations sociales. Dans les
villes, la paupérisation s’accroît, même si parfois l'intense circulation des
biens et des hommes en atténue la rigueur. La situation des migrants est
paradoxale. D'une part, ils sont confrontés à des risques de marginalisation et
d’exclusion dans les villes, bien que souvent le dynamisme de leurs réseaux
sociaux leur permette d'accéder plus rapidement à certaines ressources
urbaines concernant l'emploi ou le logement, d'autre part, ils constituent, à
leur lieu d’origine, une soupape à la crise grâce à leurs envois de fonds, et
sont vecteurs de changements sociaux.

Les populations adaptent leurs comportements économiques et sociaux à une


crise devenue chronique. Les réactions, les initiatives fourmillent. Les
groupes sociaux et les institutions de toute nature ont, dans le contexte de la
crise et de l'ajustement, des perceptions et des comportements nouveaux. La
ville constitue un fantastique terreau pour une remise en cause et une
réinterprétation de valeurs héritées et pour l'émergence de nouvelles valeurs.
Une culture urbaine se forge peu à peu. La ville favorise des processus
d'individualisation propices à une prise de conscience critique vis-à-vis de
certaines formes de solidarité, et à l'émergence de nouveaux liens sociaux
fondés sur l'adhésion individuelle. Espérons que les dynamiques nouvelles
fourniront une issue positive à la crise. Ces évolutions sociales vont aussi se
traduire par une évolution du comportement des consommateurs de produits
alimentaires: l’individualisation, le gain de temps dans la préparation, mais
aussi le recours aux produits locaux risquent de marquer la période à venir.

Cette situation économique est commune à la plupart des agglomérations


africaines. Trois facteurs d’atténuation des conséquences de la crise peuvent
être identifiés. Le secteur informel a peut-être moins souffert de la crise, mais
on peut s'interroger sur les limites de ses capacités d'absorption et du
devenir de ses débouchés quand l'ensemble des revenus urbains diminuent.
L'espace de vie des urbains est large et les liens avec la zone d'origine sont
toujours maintenus. La multi-résidence des familles, la non résidence des
épouses en ville, l'envoi des enfants dans les villes de l'intérieur, offrent
certainement encore des possibilités d'adoucir les conséquences des
diminutions des revenus et de maintenir la circulation de produits

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alimentaires entre membres de la famille. Les réseaux sociaux de solidarité


ont certainement amoindri les effets des compressions d'emplois et de
réduction des revenus.

8. Les défis de l'environnement urbain

A. La gestion d’une « économie parallèle »

Entre 1860 et 1900, la révolution industrielle a eu pour conséquence la


croissance rapide (de l'ordre de 2,3 % par an) des villes des pays de
l’hémisphère Nord. Entre 1950 et 1990, la taille des villes des pays en
développement a progressé de 4,4 % par an. Tandis qu'il a fallu environ 80
ans en Europe occidentale pour passer d'un taux d'urbanisation de 18 à 37 %,
cette évolution s'est faite dans les pays du Sud en 35 ans seulement.

L'afflux de ruraux et d'habitants de petits bourgs dans les villes avait pour
raison d'être l'amélioration de leurs conditions de vie. Mais la faible capacité
d'embauche du système productif a fait de bon nombre de migrants des
laissés-pour-compte et provoqué l’émergence d’un mode de production
urbains parallèles, que l'on appelle conventionnellement l'« économie
informelle » et que les statistiques incluent cependant dans le secteur des
services.

C. La gageure de l'équité sociale

Les villes ne connaissent pas toutes un développement économique


identique. Les pays industrialisés du Nord et du Sud sont de plus en plus
marqués par la généralisation d'un savoir-faire de pointe (nouvelles
technologies de l'information et de la communication, formation, marketing et
publicité, recherche-développement). Les entreprises se trouvent placées en
constante concurrence et, dans ce contexte, les aménageurs urbains ont à
relever un double défi qui s'apparente parfois à un dilemme : comment
concilier efficacité économique et équité sociale ?

Cherchant à se rapprocher des marchés pour mieux s'y adapter, les


entreprises opèrent des redéploiements internes et externes et, dans le cadre
de la mondialisation de l'économie, développent les accords de partenariat à
l'échelle planétaire. Il en résulte une diversification spatiale des implantations
et un renforcement des interdépendances entre les centres de décision et les
centres de production. Le choix des entreprises entre différentes
localisations est de plus en plus conditionné par l'environnement logistique
que leur offrent des sites urbains concurrents. C'est aux villes d'assurer cet
environnement par la fourniture d'équipements et de services à des
conditions concurrentielles. Mais les décideurs se doivent aussi de fournir de
façon indifférenciée équipements et services à toutes les catégories
d'usagers, ce qui se traduit souvent par des tarifications sociales inférieures
aux coûts d'équilibre.

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 42
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D. La maîtrise de l'hygiène publique

En Afrique subsaharienne, le phénomène d'« explosion » urbaine est souvent


perçu comme « incontrôlé ». Effectivement, l'augmentation du nombre de
citadins n'a pas eu pour corollaire l'extension des infrastructures essentielles
à l'environnement urbain : drainage des eaux pluviales, assainissement et
entretien de la voirie, amélioration de l'hygiène des habitations, construction
d'écoles et de centres de santé. Au demeurant, nombre de municipalités ne
possèdent qu'une capacité d'investissement très limitée. C'est pourquoi, dans
la plupart des agglomérations qui ont connu une croissance rapide, 30 à 60 %
de la population vit sur des sites d'habitation illégaux.

L'environnement subit une pression considérable. Les adductions d'eau


courante ne desservent qu'une infime minorité de la population et des
centaines de millions de personnes doivent utiliser une eau de qualité
douteuse pour la toilette, la cuisine, la vaisselle et la lessive. Plus des trois
cinquièmes des habitants des villes ne sont pas reliés aux réseaux publics
d'égouts. L'enlèvement des ordures ménagères et, en l'absence de
programme de reconversion, leur élimination posent d'autres problèmes
graves : dans les bidonvilles, elles s'accumulent dans les caniveaux et sur les
terre-pleins, et, pour ne prendre que l'exemple de l'Afrique subsaharienne,
seuls 10 à 20 % des déchets produits en ville sont collectés. Les germes
pullulent et les maladies respiratoires, exacerbées par la dispersion dans l'air
de polluants d'origine biologique ou chimique, sont parmi celles qui affectent
le plus les populations pauvres. Les femmes, qui manipulent l'eau pour
s'acquitter des tâches ménagères, sont particulièrement exposées.

E. Le mécontentement de la vie de banlieue

Alors qu'aux États-Unis la banlieue est le plus souvent la résidence d'adoption


des classes aisées et présente de ce fait un paysage spécifique, elle est en
Europe un espace socialement très différencié. À la périphérie des villes
européennes, les populations les plus en difficulté, issues en général de
l'immigration, se trouvent cantonnées à des zones d'habitation collectives
qu'ont fuies les familles qui disposent d'un niveau de vie suffisant pour
déménager. De ce fait, on constate une tendance à la « polarisation de la
misère », génératrice d'un fort sentiment d'exclusion sociale. Celui-ci affleure
de façon parfois violente, donnant lieu à des émeutes urbaines ou à des actes
de vandalisme largement relayés par les médias. Or, la représentation
médiatique de la banlieue sert avant tout à mettre en évidence ses
dysfonctionnements, ce qui véhicule son image sociale négative, occultant
l'accès au logement à loyer modéré – en dehors de toute considération
architecturale – qu'elle a apporté à des générations de familles.

Quant à l'élite des habitants de banlieue, elle se dit sujette au stress d'un
genre de vie qui pâtit des mauvaises conditions de transport et de circulation
ainsi que de nombreuses formes de pollution urbaine. Si le retour à la nature
et au terroir (le « ressourcement ») est en son sein une aspiration qui a déjà

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 43
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provoqué des changements de comportement, ceux-ci demeurent l'exception.


Cependant, la force du modèle de vie urbain, fondé sur une forte
consommation de biens et de services, est telle que cette élite tend à le
reproduire sur ses lieux de vacances, et en premier lieu dans les stations
balnéaires ou les stations de montagne à la mode, qui sont touchées à leur
tour par la fièvre de l'urbanisation.

4. Planification de la croissance urbaine

L’urbanisation accélérée que connait le monde contemporain rend de jour


en jour plus nécessaire une planification de la croissance urbaine. Ce sont là
les deux constats de notre époque.

A. L’explosion urbaine

La croissance des villes, déjà faite à l’époque de la révolution industrielle,


s’est très sensiblement accélérée au 20ème siècle. Alors que la population
mondiale augmentait de moitié entre 1900 et 1950, la population urbanisée
dans les villes de plus de 20.000 habitants s’est accrue dans le temps de
240% soit près de 5 fois plus.

Les causes de cette croissance urbaine sont les suivantes :

 L’accroissement démographique : les taux moyens de la croissance


annuelle de la population atteignent des valeurs élevées depuis le
boom démographique de l’après-guerre dépassant souvent 1% dans les
pays développés et 2 à 3% dans les pays en développement ;
 L’exode agricole et l’exode rural contribuent à renforcer la croissance
urbaine. En effet, à l’époque de la révolution industrielle, c’était la trop
faible productivité dans le travail de l’agriculture comparativement au
rendement élevé des industries qui expliquait en partie le départ des
paysans. Il semble de nos jours que c’est la production agricole trop
élevée pour une population paysanne excédentaire qui précipite
l’exode agricole. Des causes opposées produisent des effets
comparables.

B. Les implications de la croissance urbaine

 L’expansion spatiale des villes ou de l’espace urbain accompagné de la


consommation prodigieuse de l’espace également appelée la
croissance horizontale de la ville avec comme conséquences la
multiplication de problèmes pour l’aménagement de l’espace urbain.

 L’existence de la conurbation : phénomène qu’on trouve surtout dans


les pays développés qui peut aussi aboutir à la formation des
mégalopolis.

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 44
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 L’apparition des phénomènes des migrations de détente pour échapper


à toute forme de pollution en ville.

 La prolifération anarchique des banlieues ou des quartiers


périphériques.

Plusieurs chercheurs se sont penchés sur les liens qui existeraient entre
l’urbanisation, l’industrie et développement économique. Certains
économistes mettent en parallèles le taux d’urbanisation et trois indicateurs
du développement à savoir :

 la valeur ajoutée par l’industrie dans le P.N.B. en %,


 la consommation d’énergie par tête et
 le revenu par tête en dollars
Ces auteurs concluent à une assez bonne corrélation entre
urbanisation et développement. Cette relation est cependant plus faible avec
les indicateurs socioculturels qu’avec les indicateurs des revenus classiques.

Agglomération de plus de cinq millions d’habitant (1950-1970) se


présentent de la manière suivante :
 NEW YORK. 11.570.000 habitants,
 TOKYO . 11.540.000 habitants,
 SHANGAI .10.800.000 habitants,
 PARIS . 8.750.000 habitants,
 BUENOS AVERS .8.350.000 habitants
 PEKIN .7.570.000 habitants,
 LONDRE .7.380.000 habitants,
 MEXICO . 7.315.000 habitants,
 MOSCOU . 7.170.000 habitants,
 LOS ANGELES .7.030.000 habitants.

Les projections de l’an 2000 nous donnent d’autres chiffres avec


une autre classification dont Mexico vient en première position avec
30.000.000 hab.
La répartition de grandes métropoles est très inégale entre les
continents et ce classement est appelé à se modifier dans la mesure où ces
villes connaissent actuellement des taux de croissance fort inégaux. Cette
croissance des villes est relativement différente selon qu’on considère la
taille de ces villes. Les villes de taille moyenne ont une importance
stratégique dans l’équilibre de la croissance urbaine dans la mesure où elles
servent de relais aux grandes métropoles pour transmettre les impulsions de
la croissance économique et harmoniser les relations entre milieux urbains
et milieux ruraux.
Les villes moyennes ont un assez grand pouvoir attractif. Elles offrent
à leur habitant une qualité de vie urbaine parfois supérieure aux très grandes
agglomérations. Les petites villes jouent un rôle également et en dépit de
toute une série d’handicaps comme ce le cas de mono activité industrielle,

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 45
GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

l’étroitesse du marché l’emploi, l’exode des jeunes, la pauvreté des


équipements, les petites villes connaissent un dynamisme certain qui doit être
entretenu par une politique volontariste.

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GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

CHAPITRE III : LES VILLES AFRICAINES

INTRODUCTION

Pour mettre en exergue l’image de l’espace urbain des pays en


développement, nous avons étudié les villes africaines qui nous concernent
au plus point du fait que la République Démocratique du Congo, notre pays,
fait partie de ce continent.
L'image habituelle de l'Afrique est plutôt celle d'un continent rural et
inerte. Pourtant, même si les 2/3 de la population vivent encore dans les
campagnes, le processus d'urbanisation est l'un des plus rapides au monde
et la plus spectaculaire transformation survenue en Afrique depuis les années
50.
Au-delà des problèmes considérables qu'il leur faut tenter de
surmonter, les villes africaines sont des outils de l'échange marchand, des
lieux d'accumulation du capital, de brassage et d'innovation, des pôles de
développement.

I. EXPLOSION URBAINE ET LA MEGAPOLISATION

A. CONTINENT FAIBLEMENT, INEGALEMENT ET RECEMMENT


URBANISE

1°) La sous-urbanisation du continent

 Afrique : 1/3 de citadins en 1995 contre 50 % dans le monde


 12 % de la population totale du globe, mais 8 % seulement des citadins
du monde
 3 villes seulement parmi les 50 premières mondiales
Lagos Nigeria 10.3 millions d’habitants 15ème rg mondial
Le Caire Egypte 9.7 millions d’habitants 19ème rg mondial
Kinshasa Congo 4.2 millions d’habitants 42ème rg mondial
 42 villes millionnaires seulement en 2000
 Des taux d’urbanisation parfois spectaculairement bas : 8 % au Rwanda
et au Burundi, cas extrêmes il est vrai.

2°) Une urbanisation inégale

a) L’opposition Afrique noire et Afrique blanche

 taux d’urbanisation de 50 % en Afrique blanche contre environ 30 % en


Afrique noire

b) D’importants contrastes en Afrique noire

1. Des taux inégaux à échelle continentale :


 33 % en Afrique centrale
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GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

 37 % en Afrique occidentale
 22 % en Afrique orientale
2. Des taux inégaux à échelle régionale :
 Faible urbanisation de la frange sahélienne et des états enclavés
 Forte urbanisation du Gabon (70 %), largement liée aux contraintes
naturelles du milieu de la forêt dense équatoriale
 Plus forte urbanisation des états côtiers
 Afrique occidentale et littoral du golfe de Guinée, avec un taux de 40%
pour le Nigeria et les 3/5 de la population urbaine d’Afrique de l’Ouest
 La frange nord du continent (Maghreb)
3. A échelle plus fine, aucune généralisation possible
 La Zambie, état minier (cuivre) est assez urbanisée mais la Guinée,
autre état minier, n’a pas connu une forte urbanisation

3°) Une urbanisation récente, essentiellement littorale


Au début du siècle, l’urbanisation était insignifiante et dans les années
50, elle était à peine supérieure à 5 ou 6 %.
L’urbanisation africaine intègre cependant des héritages successifs et
reste très marquée par l'héritage colonial.

a) Le semis urbain précolonial reste modeste.


 Villes de la vallée du Nil : Memphis ou Thèbes remontant à l'Egypte
pharaonique
 Villes méditerranéennes : Carthage la phénicienne, Alexandrie
 Villes arabo-musulmanes établies entre le VIIème siècle et le XIème
siècle (Kairouan, Fès...)
 Villes de civilisations urbaines comme celles des Yorubas au SW de
l’actuel Nigeria
 Des villes commerçantes médiévales liées à des empires ou des
royaumes locaux en Afrique soudano-sahélienne et orientale

b) L’héritage colonial
Il remonte à l’Antiquité (phéniciens, grecs et romains en Afrique du
Nord) mais il est surtout lié à la colonisation européenne entre le XVIème et la
première moitié du XXème siècle.
1. Les fonctions de la ville coloniale:
 Organiser le commerce de traite (Douala au Cameroun, Abidjan en
Côte d’Ivoire)
 Assurer le commandement colonial administratif et militaire (Yaoundé
au Cameroun)
 Drainer les ressources de l’arrière-pays vers la côte au profit de la
métropole
2. L'impact sur les localisations urbaines
2.1. Une littoralisation très marquée :
 Les grandes villes africaines sont généralement situées sur les côtes
(Dakar), en situation de carrefour entre un interface maritime et un
ensemble continental, au débouché d’une voie ferrée le plus souvent.

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 En dehors des rivages des latitudes désertiques, la côte africaine est


régulièrement ponctuée de grandes villes qui jouent, avec leur port, le
rôle de tête de pont.
 Un reflet de l'origine coloniale des villes et de la dépendance
économique persistante de l'Afrique
2.2. Faible urbanisation de l'intérieur du continent
 Pas de vide urbain, mais une densité de grandes villes faible.
 Les métropoles africaines de l'intérieur mettent généralement en valeur
:
 L'organisation des Etats (position centrale d'Addis-Abeba, Nairobi),
 La proximité d'un cours d'eau (Khartoum, Kinshasa) ou d'un lac,
 La richesse en matières premières (Johannesburg) pour se développer.
2.3. Des sites de fondation divers
 Sur des sites anciens (Le Caire, Tunis, Alger, Antananarivo…)
 Sur des sites stratégiques portuaires pour les relations marchandes et
pour la protection sanitaire des populations européennes
 Rades naturelles près de promontoires salubres (Dakar, Conakry)
 Sites lagunaires (Lagos, Abidjan)
 Sites d’estuaires (Douala)
 Sites d’abri rocheux (Casablanca)
 Sur quelques points de rupture de charge dans l’intérieur,
 à l’extrémité ou sur le trajet des voies ferrées (Kampala, Nairobi,
Lusaka),
 à la jonction de la voie d’eau et de la voie ferrée, escales sur un fleuve
(Kinshasa, Kisangani, Brazzaville)
 Parfois sur un site minier : fondation de Johannesburg en 1886 avec la
ruée vers l’or.

c) Depuis les indépendances.


 La ville reste le lieu du pouvoir et la grande ville se trouve renforcée par
la fonction de capitale politique
 L’économie de traite accentue le processus (exportation
d’hydrocarbures, de produits agricoles et miniers) :
 Sur 31 villes millionnaires en 1997, 18 sont des ports maritimes qui
concentrent les investissements nationaux et internationaux.
 La dynamique des villes portuaires est supérieure à celle des autres
 Les investissements étrangers et une relative industrialisation
s’effectuent dans les plus grands foyers existants.

B. UNE CROISSANCE ACCELEREE : L’EXPLOSION URBAINE.

1°) La croissance urbaine la plus brutale au monde

a) Quelques indicateurs
1. L'essor urbain
 De 1950 à 1997, la population totale de l’Afrique a triplé et pendant le
même temps la population urbaine d’Afrique a été multipliée par 11.

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 Croissance spectaculaire de quelques grandes villes :


 Le Caire a gagné 7 millions d’habitants entre 1950 et 1990 et devrait
en compter 14.5 millions en 2015.
 Lagos compte 10.3 millions d’habitants en 1997 et devrait se trouver
au 3ème rang mondial en 2015 avec environ 24.4 millions
d’habitants.
 3 villes millionnaires en 1950 et une trentaine en 1995, qui
regroupent 32 % de la population citadine africaine.
 Un taux de croissance urbaine moyen d’environ 4.5 % l’an, ce qui
engendre un doublement de la population urbaine en 14 ans, et est
supérieur à l’Asie ou l’Amérique latine. Vers 2020, plus d’un africain sur
deux vivra en ville.
2. Le ralentissement actuel de la croissance
 La crise urbaine contemporaine engendre toutefois un certain
ralentissement de cette croissance.
 Exemples : Entre 1960 et 1990
 Abidjan est passée de 11% à 4% l'an de croissance
 Le Grand Caire de 4.1 % à 1.4 %

b) Quelques éléments de comparaison


 L’Afrique vit en un temps très court un processus que l’Europe a mis 2
ou 3 siècles à réaliser.
 La croissance urbaine de l’Afrique est trois fois supérieure à celle que
l’Europe à connue sous la révolution industrielle
 Le phénomène actuel est à peu près comparable à celui créé par les
grandes vagues d’immigration aux Etats-Unis, à cette grosse différence
près que l’industrialisation n’est pas le moteur de cette urbanisation.

2°) L’exode rural, moteur de croissance en déclin.

a) Un rôle majeur dans les décennies 1970 et 1980


 L’exode rural représentait 60 à 70% de la croissance urbaine en Afrique
noire (à
Douala, au Cameroun, 80 % des citadins sont nés en dehors de la ville)
 Les campagnes fonctionnent alors comme un gigantesque réservoir
d’hommes, mais les petites villes alimentent aussi un exode interurbain
vers les grandes
villes.
 Surcharge démographique des campagnes du fait de progrès trop
lents et du manque de terres
 Accélération des départs avec les sécheresses et l’insécurité
engendrée par les crises politiques
 Le pouvoir attractif de la ville est considérable :
 symbole de la modernité et de la richesse
 moindre pression de la tradition pour les jeunes
 de meilleurs équipements en matière de santé et d’éducation (Dakar
concentre 2/3 des médecins et 1/3 des hôpitaux du pays)

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 davantage d’opportunités en matière d’emploi


b) Un poids relatif moindre des migrations depuis les années 90
 Au Caire, celles-ci ne représentent déjà plus que 12 % du croît total
dans les années 1970.
 Dans certaines villes, un véritable exode urbain vers la campagne est
engendré par des facteurs répulsifs variables mais parfois cumulés :
 la crise de l'emploi,
 l’insécurité dans un contexte de guerre civile et de violence urbaine
 la détérioration des conditions de vie de certains citadins.
 Exemple : de 1988 à 1992, le solde migratoire entre Abidjan et les
campagnes ivoiriennes a ainsi été négatif.

3°) L'accroissement naturel, principal moteur actuel de peuplement urbain.

a) La mortalité s’est effondrée


 Considérable amélioration de la situation sanitaire et médicale dans
l’ensemble avec des taux de mortalité très bas, parfois inférieurs à 10
pour mille, et un recul général de la mortalité infantile,
 Une menace cependant à terme du fait du virus du Sida

b) La fécondité amorce un processus de diminution


 Le phénomène, limité aux grandes villes, est lié :
 aux transformations de la condition féminine (scolarisation, accès au
revenu monétaire, retard de l'âge du mariage, pratique de la
contraception)
 à certains comportements (espacement des naissances) consécutifs
à la baisse du revenu des ménages depuis le début de la décennie
1980.
 Il est tout de même d’une ampleur limitée : la plupart des villes
africaines ont un taux de fécondité supérieur à 3 et encore souvent à 5 !

c) La natalité demeure cependant encore forte


 La structure par âge est particulièrement jeune (majorité de moins de
20 ans dans toutes les agglomérations, et les 2/3 des citadins ont moins
de 25 ans…)
 Amplification probable de l’accroissement naturel à l’avenir, par inertie
démographique.

C. LES RESEAUX URBAINS AFRICAINS.


 Les Etats dotés d'un réseau urbain hiérarchisé sont peu nombreux.
 Les réseaux sont souvent embryonnaires, sans réelle hiérarchie,
laissant cohabiter une mégapole et quelques villes sans grande
autonomie (Togo, Tanzanie).
 Parfois, il y a absence totale de réseau mais macrocéphalie de la
capitale (Mali, Côte d'Ivoire).
 Pas de macrocéphalie généralisée

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 La macrocéphalie est un poids excessif de la ville capitale par rapport


aux autres villes
 Le poids relatif des plus grandes villes varie selon les pays : Conakry =
80 % des citadins de Guinée, mais Johannesburg = 14 % des citadins
d’Afrique du Sud.
 L’évolution est contradictoire selon les pays (augmentation du poids
relatif pour Dakar, Khartoum et diminution au Kenya, en Tanzanie, en
Afrique du sud).

1°) Des réseaux urbains de divers types

a) Des systèmes monocéphales


1. Poids démographique exagéré
 Sénégal, Tunisie, Côte d'Ivoire, Mali, Guinée, Madagascar...
 Des capitales au poids démesuré dans la plupart des pays africains,
regroupant, plus de 20 % de la population totale du pays, 30 à 60 % de
la population urbaine, étant 3 à 5 fois + peuplées que la seconde ville
 En Afrique sub-saharienne, il n'est pas rare que la métropole nationale
rassemble plus de la moitié de la population urbaine d'un pays :
 80 % pour Conakry en Guinée,
 100 % pour Banjul en Gambie !
2. Concentration des activités :
 Cumul des fonctions politiques, administratives et économiques et
 Unique ou principal point d'insertion du pays dans les flux
internationaux.
 La région de Dakar regroupe 90 % des activités industrielles
sénégalaises.
 Tananarive concentre 75 % des salariés de l'industrie et plus de 50 %
de ceux des services privés de Madagascar.

b) Des systèmes bipolaires :


 Forte primauté de la capitale politique en Egypte (Le Caire/Alexandrie)
ou en Libye (Tripoli/Benghazi),
 La capitale économique l'emporte sur la capitale politique au Maroc
(Casablanca/Rabat) ou au Cameroun (Douala/Yaoundé).

c) Des systèmes multipolaires hiérarchisés


 En Afrique du Nord (Algérie, Maroc)
 En Afrique australe,
 Au Nigeria,
 En République démocratique du Congo.
2°) Des réseaux urbains extravertis
 Localisation de la plupart des métropoles africaines en position littorale
ou sublittoral, au débouché des grands axes de communication (fleuve
ou voie ferrée).
 Dans les pays enclavés, localisation sur les axes qui conduisent vers
l'extérieur.

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 Origine des ces localisations un héritage de la colonisation :


exploitation des richesses naturelles par et pour les métropoles
européennes.
 un effet de l’économie de traite contemporaine : exportation de
produits bruts ou peu transformés.

3°) Vers un rééquilibrage des réseaux

a) Tendance au recul de la macrocéphalie


Il est engendré par :
 la saturation des plus grandes villes,
 le ralentissement de leur accroissement naturel,
 la réduction de leur solde migratoire,
 des politiques de décentralisation
 Création de nouvelles capitales intérieures, telles que Yamoussoukro
en Côte d’Ivoire ou Abuja au Nigeria (Opérations de prestige à la
réussite incertaine parfois)
 Multiplication des circonscriptions administratives, création de
nouveaux chefs-lieux, dissémination de l’industrie

b) Densification actuelle des réseaux


 Emergence généralisée de villes petites et moyennes favorisées par
des politiques visant à freiner l'afflux des ruraux vers les grandes
métropoles saturées
 Croissance généralement supérieure des villes moyennes à celle des
métropoles désormais
 Des effets positifs :
 progrès de l'encadrement administratif des campagnes,
 essor des échanges intérieurs, diffusion des activités industrielles,
très modeste encore, hors des grands ports ou capitales.

II. L’ESPACE URBAIN : EXPANSION ET CONTRASTES.

A. L’ETALEMENT DE LA VILLE AFRICAINE, DEVOREUSE D’ESPACE.


La croissance peut se réaliser de plusieurs manières
 par densification du tissu urbain préexistant
 par extension verticale
 par formation de villes satellites en périphérie
 par extension périphérique, ce qui est le cas le plus fréquent et
généralisé
Le Caire est étiré sur 46 kms du Nord au Sud et sur 35 kms d’Est en Ouest
Abidjan, qui couvrait 2700 hectares en 1963 compte désormais plus de 20 000
hectares urbanisés…

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1°) L'importance des quartiers d'habitat spontané

a) Un phénomène lié à la pénurie de logements généralisée.


 Insuffisance des programmes publics (grands ensembles,
lotissements...)
 Logements sociaux, rares et inabordables pour la plupart des
habitants,
 D’où un recours généralisé à l’habitat précaire.
 précarité matérielle : manque de stabilité, de solidité, d'étanchéité
des constructions
 précarité juridique : terrains occupés et construits illégalement.
 Aujourd’hui, la croissance des villes africaines se fait majoritairement
selon un processus illégal : l’espace ainsi occupé représenterait 40 %
de la surface urbaine et logerait 70 % des citadins.

b) Les types d’habitat précaire :


1. les logements vétustes taudifiés des vieux centres
 densification par occupation des terrasses
 adjonction illégale d’étages aux immeubles
 Au Caire occupation des cimetières et nécropoles : 350 000 personnes
y vivraient
2. les bidonvilles
 localisation
 près des centres et des zones d'emploi (ports, usines...),
 dans des espaces inconstructibles, insalubres, inondables, pollués
ou soumis à de graves nuisances (proximité d’un grand axe de
circulation, décharge).
Toutefois les villes d’Afrique sont relativement peu bidonvillisées, moins
qu’en Amérique latine ou en Asie, les formes d’habitat précaire étant très
variées.
3. les quartiers d'habitat individuel spontané et anarchique
 à la périphérie des villes,
 sans le moindre confort moderne,
 sans la moindre autorisation officielle,
 construction de type traditionnel (case) ou moderne (parpaings, toits
de tôle, matériaux de récupération) avec une évolution fonction des
rentrées d’argent (adjonction de pièces ou de bâtiments)
4. un point commun : le sous-équipement.
 insuffisance de la voirie
 carence des infrastructures : électricité, adductions d’eau, évacuation
des eaux usées, évacuation des ordures
 sous-équipement en matière de santé et d’éducation, manque d’espace
de jeux

c) Spécificité des paysages urbains


1. Horizontalité de la ville
 Etalement à l’infini de toits de tôle ou à terrasse

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 Phénomène lié aux habitudes culturelles des populations, mais aussi à


la précarité de l'habitat et à une occupation du sol mal maîtrisée.
 Caractère semi-rural assez fréquent : maison entourée d’arbres et
parfois d’un jardin, animaux de basse-cour.
2. Nuances régionales
2.1. En Afrique de l’Ouest francophone, l’habitat de cour
 Habitat de plain-pied
 La cour est une unité physique, mais c’est aussi une unité sociale : la
maisonnée, avec plusieurs ménages, des propriétaires et des
locataires, des classes moyennes paupérisées et de nouveaux

d’atténuation des contrastes sociaux.


 Un système très évolutif (rajout de pièces, de vérandas, de bâtiments)
2.1. En Afrique du sud: “ les townships ” de l’Apartheid, à l’écart de la ville
 Cadre politique de l'Apartheid, avec développement séparé et
casernement racial selon plusieurs catégories (indiens, “ coloured ”,
africains)
 Quartiers spontanés interdits et rasés dans les années 50, remplacés
par les "townships", avec étalement horizontal mais séparation des
différentes unités par des bandes d’au moins un kilomètre
 Réservés aux africains
 Maisons sommaires les "matchbox houses", ("maisons boîte
d'allumettes"), généralement surpeuplées
 Le plus célèbre : Soweto, avec deux millions d'habitants
 Les "Hôtels" sont des alignements de longs bâtiments-dortoirs pour
travailleurs célibataires noirs, à proximité des usines

2°) L’impossible maîtrise de l'urbanisation par les autorités

a) Des initiatives publiques certes


1. Une tentative d'aménagement métropolitain, l'exemple du Caire :
 Politique d'urbanisation fondée sur la construction de villes nouvelles
depuis la publication du schéma-directeur du Grand Caire en 1970.
 Les villes nouvelles dites "vraies" situées à plus de 50 km de la capitale
doivent apporter une autonomie fonctionnelle et des régimes fiscaux
favorables aux investisseurs stimulent localement l'emploi (Dix de
Ramadan et Sadate située à 90 kms)
 les villes satellites dans un rayon de moindre importance (Six Octobre,
Quinze de Mai) prolongent l'étalement urbain tout en bénéficiant des
infrastructures de transport modernes développées au Caire.)
En ce qui concerne la protection de l'environnement, les autorités du Caire
ont développé un programme de lutte contre la pollution atmosphérique
2. Dans les villes d’Afrique Noire
 Aménagement du quartier des Deux-Plateaux à Abidjan
 politiques de freinage de la croissance des grandes villes
 en renforçant les niveaux inférieurs de la hiérarchie urbaine

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 en procédant à des opérations de transfert de compétences


administratives (création de nouvelles villes capitales : Côte d’Ivoire,
Nigeria)
 en dotant les extensions urbaines périphériques d'une véritable
autonomie administrative avec les effets induits pour leur équipement
(exemple de la ville de Pikine au nord-est de Dakar).
3. Dans les villes de l’apartheid
 Deux logiques orientent le devenir territorial des villes issues de
l'apartheid : la logique du marché et celle de l'intervention publique.
 Certains quartiers réservés aux blancs sont devenus accessibles aux
noirs, indiens et métis les plus fortunés.
 Les townships restent isolés et peuplés de noirs pauvres, premières
victimes de la violence urbaine qui s'est emparée de la ville sud-
africaine (criminalité, réseaux de gangs
 A la périphérie des villes se développent des centres commerciaux
fréquentés par classes aisées et les classes moyennes parmi lesquelles
on voit se développer la mixité raciale et un désir de nouer des liens
sociaux.
3. Amélioration ou création d'infrastructure :
 autoroutes intra-urbains d'Abidjan,
 ligne de métro du Caire

b) Les réactions des pouvoirs publics face à l’urbanisation sauvage


 Recours à la force de certains régimes pour libérer des terrains
irrégulièrement occupés (politique “ déguerpissement ”) ; politique plus
douce du “ déménagement ” maintenant
 Le plus souvent désormais régularisation de la situation a posteriori
 En accordant des titres d'occupation aux habitants.
 En consolidant le bâti
 En améliorant services et équipements

c) Un urbanisme du laisser-faire le plus souvent


 Plans d'urbanisme rares, souvent irréalistes, rarement appliqués, sans
compter les méfaits de la corruption et du clientélisme qui détournent
les programmes de leurs destinataires initiaux.
 L'urbanisation reste généralement sauvage et anarchique avec
croissance incontrôlée, démesurée et désordonnée des périphéries
 La gestion foncière à la périphérie des villes se heurte aux pratiques
illégales sur les terres de l’Etat ou aux droits coutumiers des villages
périurbains sur lesquels s'exercent aujourd'hui la pression foncière :
les chefs villageois négocient la terre en fonction des opportunités sans
que les lots soient viabilisés et enregistrés dans un dispositif de
réglementation de l’occupation du sol.

3°) L’étalement de la grande ville sur les espaces ruraux et agricoles


 L’extension périphérique des villes africaines peut s’effectuer au
détriment des espaces agricoles sur le littoral méditerranéen et les

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bords du Nil ou dans les dépressions maraîchères inter dunaires au


nord de Dakar
 empiétement sur les meilleures terres
 consommation d’une partie de l'eau nécessaire à l'irrigation.
 En Afrique intertropicale, où l'eau ne manque pas, il y a parfois
interpénétration des espaces urbains et agricoles : on trouve des
jardins maraîchers en plein centre des capitales
 Quelques formes de périurbanisation dans les espaces ruraux proches
des grandes
villes bien desservis par la route : des citadins aisés préfèrent résider dans
des
villages et effectuer chaque jour le trajet entre leur domicile et leur lieu de
travail.

B. DUALITE ET CONTRASTES DE L’ESPACE URBAIN.


 Pas de ségrégation spatiale claire opposant centre et périphérie, ou
encore quartiers riches et quartiers pauvres : des poches de pauvreté
jouxtent des îlots fortunés, classes moyennes et pauvres peuvent se
côtoyer dans les cours d’Abidjan
 Pas de ségrégation ethnique systématique : le peuplement des
quartiers de Brazzaville est à base ethnique, mais les cours locatives
d’Abidjan sont pluriethniques.
 La structure de la ville africaine ne répond pas à un modèle
systématique, uniforme et généralisable ; le seul caractère commun
semble être le fractionnement de l’espace urbain.
1°) Ville blanche et ville indigène
Le fractionnement de l’espace urbain est un phénomène que l’on peut
observer partout en Afrique, mais qui a été poussé jusqu’à la caricature en
Afrique australe par les politiques d’Apartheid, la ségrégation sociale se
superposant ici à une ségrégation raciale institutionnalisée.

a) La ville européenne :
 anciens quartiers blancs de la ville coloniale que l’on reconnaît,
 au site plutôt en hauteur, mieux drainé, mieux aéré, plus sain
 à l'agencement rationnel des rues et des espaces,
 à l'allure générale des bâtiments (immeubles à étage),
 à la voirie bien équipée.
 quartiers résidentiels anciens du centre, souvent formés de
somptueuses villas, reconquis par les élites locales et où vivent grands
commerçants et hauts fonctionnaires, protégés par des gardiens
armés.
 quartiers résidentiels nouveaux, plus ou moins luxueux, construits en
périphérie sur les sites les plus agréables (collines, front de mer…)
 quartier des affaires
 vieux centres modernisés jouant aujourd’hui le rôle de vitrine
internationale

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 quelques exceptions avec des centres hérissés de gratte-ciel


(Lagos, Abidjan, Kinshasa, villes d’Afrique du sud)

b) La ville africaine
1. Le centre indigène
 En Afrique du Nord la ville africaine précoloniale correspond à la
Médina à
Tunis ou Casablanca (la Casbah à Alger), elle présente une forte densité, un
plan complexe de ruelles et d’impasses, on y trouve des maisons sans
ouverture sur la rue, des mosquées et les souks.
 En l'absence de ville précoloniale, la ville indigène se compose d'un
habitat proche de l'habitat rural, le "village", au plan géométrique ou
anarchique
 quartiers anciens, surpeuplés, dégradés et paupérisés, en milieu
généralement plus insalubre
2. Les extensions récentes périphériques
 les grands ensembles de type HLM caractérisent plutôt l’Afrique du
Nord
 les lotissements sont la solution généralement retenue pour faire face à
la croissance urbaine, avec une forme géométrique et un quadrillage
régulier, des différences de densité, de finition des logements et
d’équipements collectifs en fonction des niveaux de revenus variés des
habitants.
 Les quartiers illégaux

2°) Le dualisme ville "légale" et la ville "illégale".

a) La ville légale
Elle relève des normes occidentales, avec l'héritage de la période
coloniale et comprend plusieurs quartiers distincts.
 Le centre politique, administratif et les quartiers des services
marchands, de la finance et de l'import-export
 grandes avenues bordées d'immeubles à étage,
 carrefours et parcs ayant conservé des monuments rappelant le
passé colonial
 Les quartiers résidentiels des classes aisées
 Les quartiers de logements sociaux, détournés au profit des classes
moyennes et des fonctionnaires de l'Etat, mais souvent dégradés :
 lotissements de maisons d'un seul niveau ou immeubles de type HLM
 reflux de ces populations vers la périphérie où l'Etat entreprend
parfois de planifier l'extension urbaine en viabilisant des lots et en
construisant des lotissements (Dakar-Yoff, Abidjan, Douala)

b) La ville illégale
1. Type d’habitat
 Quartiers d'habitat populaire accueillant la grande majorité des
citadins rejetés de la ville moderne

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 Habitat autoproduit sur des espaces "illégaux" négociés auprès


d'intermédiaires urbains ou auprès des chefs coutumiers des villages
de la périphérie urbaine
2. Evolution
2.1. Possibilité d'amélioration ultérieure dans le cadre d’opérations planifiées
:
 Légalisation de la tenure du sol
 Restructuration des réseaux : des habitats précaires auto-construits
sont restructurés avec l'aide de la Banque mondiale (desserte en eau et
électricité, voirie hiérarchisée, assainissement)
2.2. Tendance à la fragmentation urbaine.
 Complexification de l’espace urbain avec une marqueterie de quartiers.
 A l’échelle des quartiers, juxtaposition d'îlots au peuplement différent,
mettant en place des associations et des institutions locales, et ayant
des relations de plus en plus faibles entre eux.
 Fréquent regroupement par origine ethnique ou régionale en Afrique
noire
 Présence d’espaces vides, en attente d’urbanisation entre les
opérations de lotissement effectuées au gré des opportunités d’achat
de terrain (et non en fonction d’une véritable planification)
Un processus d’atomisation semble donc menacer les sociétés citadines
africaines.

3°) La diversité des grandes villes africaines

a) La grande ville arabo-musulmane


 Le Caire, Alger, Tunis, Casablanca.
1. Des fonctions urbaines relativement diversifiées
 Prédominance du tertiaire
 Essor du tourisme
 Balnéaire, ce qui renforce l'urbanisation côtière de Tunisie et du Maroc
 Culturel dans l'intérieur avec mise en valeur du patrimoine
architectural et archéologique
 Consolidation des activités industrielles
 Tradition textile
 Industrie lourde, chimique, sidérurgique ou pétrolière
 Industries diversifiées dans les plus grandes villes
2. Les Médinas en centre ville, centres historiques
 Rues étroites et sinueuses, maisons aveugles sur l'extérieur et ouvrant
sur une cour intérieure
 Fonction défensive autrefois : enceinte fortifiée et portes
 Fonction religieuse importante : la mosquée est le pôle principal
 Fonction commerciale avec le souk, marché arabe (commerce de
détail)
 Tendance à la paupérisation
 Des efforts ponctuels de rénovation (Tunis)
3. Dédoublement du centre avec une ville moderne à l'européenne,

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 urbanisme à l'européenne, mais avec un cachet local (terrasses,


avenues bordées de palmiers)
 Fonction de commandement avec tertiaire de haut niveau
 une inspiration américaine maintenant (gratte-ciel des bords du Nil au
Caire, corniche de type californien à Alexandrie)
4. Etalement des banlieues le long des axes de communication

b) Les grandes villes sahéliennes


 Capitales macrocéphales au caractère semi-rural : Bamako
 Cités caravanières : Djenné, Gao, Tombouctou, avec un mélange de
traditions locales et d'influences arabo-musulmanes, des maisons de
terre séchée
 Kano, troisième ville du Nigéria, ancienne capitale d'un royaume
Haoussa médiéval, au vieux centre fortifié

c) Le grand port maritime de l'Afrique occidentale et du golfe de Guinée :


 Dakar, Abidjan, Lagos, Douala.
 Urbanisme largement hérité de la période coloniale
 Une attraction sur des populations de pays voisins plus pauvres
 Une importance primordiale des activités informelles dans un contexte
de crise multiforme
 Un essor désormais moindre que les villes secondaires, de taille plus
moyenne
 Variante : les grands ports fluviaux d'Afrique centrale : Brazzaville,
Kinshasa.

d) Les grandes métropoles d'Afrique australe :


 Johannesburg, Le Cap, Harare
 Ségrégation raciale manifeste renforcée par une législation foncière
d'apartheid
 Aujourd'hui, bien que l'apartheid soit aboli, le plan des villes reste
marqué par cet héritage et les clivages raciaux subsistent

III. LES VILLES AFRICAINES : DES PROBLEMES DIFFICILES A GERER, MAIS


DES MOTEURS DU DEVELOPPEMENT.

 Les villes africaines traversent une crise qui s'est approfondie dans les
années depuis les années 80 du fait de l'explosion urbaine mais surtout
de l'effondrement de l'économie de rente (baisse du cours des produits
agricoles et miniers et des recettes d'exportation, déséquilibres
financiers et austérité accrue en réponse, appauvrissement des
campagnes mais aussi des classes moyennes victimes des économies
budgétaires et de la diminution du nombre des fonctionnaires)
 La ville reste cependant un vecteur essentiel du développement :
 les grandes villes africaines fournissent 60% du PIB du continent
 leur productivité est largement supérieure à celle des campagnes

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A. LA DUALITE DE L'ECONOMIE URBAINE.

1°) L'économie formelle.

a) Les activités modernes : le rôle marginal du salariat


1. L'industrie : un rôle marginal:
 10 à 15 % des emplois en Afrique noire,
 20 % dans les villes arabo-islamiques.
 Concentration géographique très liée à l'outil portuaire
 Traitement des produits primaires pour l'exportation ou activités de
substitution d'importation
 Une situation de fragilité face à la concurrence internationale dans le
cadre de la mondialisation
2. Le tertiaire : 70 à 80 % des emplois.
 Des professions supérieures sous-représentées,
 Des fonctionnaires généralement en surnombre, mais en diminution
 Commerce et transports, très représentés, avec une foule de micro
tâches permettant de répondre à la fois à la demande croissante
d'emploi et aux faibles moyens financiers des consommateurs.

b) Les activités traditionnelles : une ampleur croissante


 innombrables petits commerces de détail (alimentation, quincaillerie...)
 marchés traditionnels, notamment les souks des villes arabo-
islamiques,
 artisanat de services florissant (réparation, récupération, entretien,
transport...)
 artisanat de production dans le (bâtiment, vêtement, chaussure,
meuble, quincaillerie etc.)
 activités agricoles périurbaines ou intra-urbaines,
 maraîchage à la périphérie des agglomérations,
 jardins potagers à l'intérieur de celles-ci.

2°) Le secteur informel

a) Définition et nature de l'économie informelle


 Ensemble des activités qui échappent à tout enregistrement fiscal,
statistique, juridique ou comptable.
 Des activités très diverses : commerces ambulants ou exercés à même
le trottoir, artisanat offrant des produits fabriqués avec des matériaux
de récupération, services multiples : gardiens de voiture, laveurs de
pare-brise, cireurs de chaussures, coiffeurs de plein air.
 Une ampleur considérable : 60 à 80 % des actifs urbains vivraient de
ces activités fondées sur des rapports de parenté, de clientèle ou
d'ethnie
 Une très faible productivité
 Une illustration de la débrouillardise des nouveaux arrivants et des
liens de solidarités

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b) Deux sous-types d'économie informelle


1. L'informel " bas de gamme"
 économie de "survie" des familles, économie de la marge, de
l'exclusion,
 une concurrence de plus en plus féroce du fait du nombre de citadins
touché par la crise
2. un informel "haut de gamme" :
 micro-entreprises fonctionnant en liaison étroite avec les entreprises
formelles pour qui elles peuvent travailler en sous-traitance, ou dont
elles écoulent les fabrications.
 De véritables entrepreneurs qui réinvestissent les surplus financiers
dans le capital fixe
 Un rôle intégrateur (apprentissage, pépinière d'entreprises)

c) Un rôle dans l'économie urbaine très débattu.


 Rôle négatif ?
 concurrence déloyale pour les sociétés formelles et frein à leur
développement
 importante source d'évasion fiscale
 Rôle positif ?
 une réponse adaptée au faible pouvoir d'achat des citadins
 une réponse au chômage, un amortisseur social de la crise
 il toucherait au moins 20 % des actifs et 50 % des jeunes adultes.
 Au début des années 90 on recensait officiellement 9 millions de
sans-emploi officiels, au sens du B.I.T. En 1998, on en compte 28
millions.
 une “ pépinière ” d'entreprises qui, lorsqu'elles réussissent, entrent
dans les circuits économiques classiques ?

B. LES DYSFONCTIONNEMENTS DE LA VILLE AFRICAINE.

La gestion de l’espace urbain est particulièrement difficile en Afrique et


les nombreux problèmes qui se posent sont en fait aggravés par la pauvreté.
Les villes africaines sont des villes de pays sous-développés, ce qui rend très
difficile une maîtrise convenable des problèmes : la ville n’est que le reflet et
le cadre d’une crise beaucoup plus générale

1°) Le problème de la circulation et des flux intra-urbains:

a) Une Situation préoccupante :


 une circulation automobile souvent frappée d’asphyxie,
 des encombrements énormes et un engorgement qui peut parfois aller
jusqu’à la paralysie pendant plusieurs heures, comme à Lagos
 Beaucoup de déplacements à pied

b) Un problème majeur aggravé par :

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 L’étalement systématique de l’habitat


 La configuration du site parfois : franchissement d’un fleuve, présence
de lagunes, modelé de collines.
 Le rejet en périphérie des classes populaires qui doivent effectuer de
longs déplacements journaliers vers le centre pour y exercer leurs
activités marchandes.
 L’insuffisance des moyens de financement pour l’aménagement
d’infrastructures adaptées
 L’insuffisance des transports collectifs :
 crise de la plupart des sociétés publiques de bus,
 réseaux de tramway ou de métro rarissimes, et trop coûteux
 relais par le secteur artisanal souvent informel (ex : taxi-motos, taxis
collectifs)

2°) Les problèmes de l’eau, de l’énergie, des ordures.

a) L’approvisionnement en eau potable


 Problème aigu là où elle fait défaut, en Afrique méditerranéenne et
sahélienne : il faut alors recourir à des solutions couteuses et
complexes, avec des captages lointains, des forages dans les nappes
fossiles, le pompage dans les fleuves, la création de barrages de
retenue.
 Problème moindre en Afrique tropicale humide, mais s’y pose tout de
même le problème de la qualité de l’eau et de sa distribution
 Insuffisance des réseaux de distribution, accentuée par l’étalement
croissant de la ville
 Les logements équipés d’eau courante sont rares
 Dans les quartiers légaux les citadins disposent de bornes-fontaines,
mais dans les quartiers illégaux on se ravitaille dans les marigots, par
des puits non protégés de la pollution ou encore par des corvées de
portage
 A Dakar, le taux de branchement à l'eau potable est de 30 %, sans
pouvoir préciser s’il s’agit de desserte à domicile ou aux bornes
fontaines publiques.

b) L'évacuation des eaux usées et des ordures ménagères :


 Le traitement des eaux usées dépasse les capacités financières des
villes et le sous-équipement est notoire ; l’égout est le plus souvent à
ciel ouvert ; les gîtes larvaires sont ainsi multipliés
 Des associations de quartier se sont créées parfois pour financer
l'achat de charrettes destinées à la collecte des ordures ménagères ;
souvent celles-ci sont brûlées à l'air libre dans la ville
 Une large contribution aux mauvaises conditions sanitaires avec une
mortalité infantile très révélatrice des carences en équipement

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 63
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c) Le problème énergétique
 Couverture très partielle du réseau de distribution d’électricité et
fréquence des branchements sauvages en centre-ville
 Surconsommation de bois
 la consommation de bois de feu utilisé pour les besoins domestiques
(cuisson des aliments) ne cesse de croître.
 des camions surchargés de charbon de bois ravitaillent les ménages
urbains pour couvrir des besoins qui ont été multipliés par 2 en dix
ans à Dakar, ce qui correspondrait à la disparition de 30 000 ha de
forêt.

Bref, les problèmes posés reflètent la pauvreté et illustrent la crise


urbaine. Toutefois les populations y font face et s'efforcent de trouver des
solutions : petits métiers des transports collectifs, porteurs d'eau, ramassage
des ordures par charrette…etc.

3°) Le problème sanitaire

a) Le SIDA, fléau des grandes villes africaines


 2 à 5 % des femmes enceintes sont séropositives dans les villes
d’Afrique de l’Ouest,
 5 à 7 %, en Afrique centrale, plus de 20 % en d’Afrique de l’Est.

b) Les maladies de la pauvreté sont les plus répandues


 Diarrhées, rougeole, fièvre jaune et autres maladies tropicales
 Elles sont accentuées par la malnutrition, par l’insuffisance des
budgets de santé et le sous-équipement cruel des hôpitaux (où les
patients doivent parfois apporter avec eux médicaments et
désinfectants…)

4°) L’insécurité et la violence urbaines.

 L’insécurité sanitaire plane sur les quartiers d’habitat spontané


 L’insécurité foncière menace les familles récemment installées.
 La violence urbaine
 Bandes armées se livrant au pillage organisé, ce qui confère à des
villes comme Johannesburg et Lagos une solide réputation
d’insécurité ou milices constitués de jeunes citadins désœuvrés
lancés à la conquête du pouvoir (Freetown, Brazzaville, Bangui)
 Liée à la pauvreté généralisée, à la crise urbaine, à l’impossible
intégration d’une masse énorme de jeunes adultes et d’adolescents,
ce qui crée un climat social tendu et très instable pouvant dégénérer
en émeutes à la faveur de mesures impopulaires ou maladroites ou
d’une flambée des prix des produits de première nécessité.
 Entre nationaux (islamisme radical au Caire ou à Alger, guerre
urbaine à Brazzaville)

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 Entre autochtones et étrangers dans les cités cosmopolites (Lagos,


Abidjan où les immigrés d'autres états africains sont périodiquement
l'objet de violence qui les obligent à s'enfuir)
La pauvreté limite les rentrées fiscales et freine la construction des
nouveaux équipements qui pourraient améliorer les conditions de vie du plus
grand nombre. Le problème semble d’autant plus insoluble que la pauvreté
s’est encore accrue depuis une vingtaine d’années.

C. LES RICHESSES ET LES ATOUTS DES VILLES POUR LE


DEVELOPPEMENT.

1°) Des relations villes-campagnes spécifiques


Les grandes villes sont accusées de pomper le monde rural et de
stériliser les espaces non urbains. Qu’en est-il ?

a) Le ravitaillement alimentaire des villes


 En partie par les importations (pour 30 % en Afrique subsaharienne et
même plus de 50% en Afrique septentrionale), ce qui peut être une
source d'appauvrissement pour les espaces ruraux enclavés et
concurrencés par les importations alimentaires à meilleur coût.
 En partie par l’autoproduction vivrière sur des parcelles intra-urbaines
ou en périphérie. Des ceintures maraîchères se forment de plus en plus
autour des villes pour leur ravitaillement et les zones rurales
concernées par la commercialisation des surplus dans les villes a
tendance à s'élargir.

b) Une contribution à la modernisation des campagnes environnantes


1. Les flux publics
 Beaucoup de grandes villes donnent plus qu’elles ne reçoivent de la
part des
Etats.
 Ex : Abidjan fournit 54 % du budget de l’Etat, mais ne reçoit que 25 %
des dépenses publiques.
2. Les flux privés :
 Croisement des flux
 Les initiatives citadines concourent à la modernisation des campagnes.
 Des citadins investissent dans leur village d’origine : écoles,
dispensaires, routes goudronnées...
 ils contribuent à la modernisation de l’agriculture par diffusion de
nouvelles semences.
3. Le rôle de la demande urbaine
 La demande urbaine en produits vivriers est un facteur de
transformation des agricultures africaines : on passe des cultures
vivrières à du vivrier marchand à condition de pouvoir ramasser,
stocker, transporter les surplus.

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 65
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 Le rôle des pouvoirs publics s’avère, là, primordial pour la réalisation


des infrastructures qui correspond à la demande massive des
villageois.

2°) la ville, lieu d'échanges et de socialisation.


 Un espace privilégié du changement social par le contact avec le
monde extérieur et la diffusion de la connaissance, lieu de création,
d'innovation.
 Un espace d'expression de solidarités cependant mises à mal par la
crise
 Entre le jeune migrant et le village d'origine : transferts directs en
numéraire ou en nature (plats alimentaires) ou indirects (tutorat,
hébergement, cérémonies).
 Entre les habitants d'un même quartier
 Le lieu de l'investissement pour les pays riches, la mondialisation ayant
des effets positifs sur les services de haut niveau : banques, assurance,
informatique

Bref, l'étude des villes africaines conduit donc à une conclusion


nuancée. L'Afrique est entre tous les continents le plus pauvre, et
l'urbanisation brutale a engendré des problèmes multiples liés à des
infrastructures incomplètes ou congestionnées. Il ne faut cependant pas
sombrer dans le misérabilisme, et la ville africaine apporte au total plus de
bien-être que le monde des campagnes et elle contribue à la création et à la
modernité pour le futur du continent.
Les villes africaines sont à la fois des pôles de développement et les
révélateurs des problèmes du développement.
Le phénomène urbain est en Afrique à la fois massif et irréversible, et la
croissance urbaine démesurée.
C'est là un véritable défi pour l'avenir.

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CHAPITRE IV : NOUVELLES CONTRAINTES DU DEVELOPPEMENT URBAIN,


DEFIS ET AMELIORATION DES MODES DE GESTION

1. CONTRAINTES ECONOMIQUES ET FINANCIERES

Actuellement, le cap de la moitié de la population mondiale vivant en ville a


été dépassé , et les prévisions estiment à deux tiers la part de la population
qui vivra en ville en 2025.

On observe :

Dans les pays développés :

 un développement urbain quantitatif modeste,


 un développement qualitatif important : augmentation du nombre de
mètres carrés nécessaires à chaque habitant, travailleur ou résident,
 un renouvellement des infrastructures,
 de plus en plus de déplacements entre agglomérations, ou à l'intérieur
de chaque agglomération,
 un appauvrissement relatif des centres.

Dans les pays en développement :

 diminution très nette des revenus des centres, véritables crises des
centres urbains
 la population des villes augmente rapidement.
 le nombre de nouveaux urbains est de 70 millions par an, dont une très
forte proportion dans les pays en développement.
 grandes disparités de pays à pays.
 l'urbanisation rapide des pays en développement est un phénomène
transitoire et non exponentiel.

1. Le développement urbain, une chance à saisir ?

Dans tous les pays on observe une courbe dont la forme est identique : le
revenu par habitant augmente avec la taille de la ville.

PIB des grandes villes du monde en l'an 2000, en milliards de


dollars, et comparaisons

Tokyo 1440 France 1429


New York 1050 Chine 1064
Los Angeles 620 Brésil 607
Paris 510 Inde 471
Chicago 400 Australie 394
Osaka, San Francisco 380 Pays-Bas 365

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Washington 310 Afrique sub-saharienne 313


Boston 260 Russie 250
Hong-Kong 180 Turquie 200
Séoul, Toronto, Mexico 150 Indonésie 150
Sao Paulo 110 Grèce 112
Singapour 100 Egypte 100
Bangkok, Istanbul 60 Pakistan 65
Shanghai 50 Pérou 54
Le Caire 33 Maroc 36
Manille 25 Vietnam 26
Jakarta 16 Tunisie 20

Les conversions en dollars ont été faites selon les recommandations de la


Banque Mondiale

Ces données donnent la production des villes, aux prix du marché, donc
représentent une certaine capacité d'achat.

2. Gouvernance et développement urbain

Les avantages des villes sont potentiels, contingents à leur bonne gestion.

Les composantes de cette bonne gestion sont d'une part un environnement


de qualité, ensuite une bonne gestion du transport et enfin la maîtrise de
l'étalement urbain.

3. Facteurs explicatifs de la productivité des villes

La taille effective du marché de l'emploi peut être appréhendée : .

 du point de vue du travailleur,


 du point de vue de l'entreprise.

La productivité est expliquée par la taille effective du marché de l'emploi,


avec une élasticité de 0,2. Cela signifie qu'en augmentant la taille effective du
marché de l'emploi de 10%, on augmente la productivité de 2%.

Ensuite la taille effective du marché de l'emploi est elle-même expliquée,


d'une part par la taille totale du marché de l'emploi, donc de la taille de la ville,
avec une élasticité de 1, ensuite par la rapidité d'accès avec une élasticité de
1,6, et enfin de façon inverse par l'étalement avec une élasticité de -1,2.

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 68
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En conclusion, dans un contexte de bonne gestion, le phénomène urbain


s'avère positif d'un point de vue économique puisqu'il induit une meilleure
productivité et donc des revenus plus élevés par habitant.

Cependant d'autres contraintes d'ordre environnemental et social peuvent


entraîner une dégradation de la qualité de vie en ville avec des répercussions
sur les capacités de production. Seule une bonne gouvernance pourra éviter
les pièges inhérents à toute croissance urbaine et transformer en atouts, les
contraintes générées par les évolutions démographiques et/ou les effets de
sprawl non maîtrisés.

2. Le phénomène d'étalement urbain et la croissance des villes

L'étalement urbain, que l'on observe sur tous les continents, n'est pas un
phénomène nouveau. Avec des modalités qui varient en fonction des facteurs
géographiques, sociaux et sociétaux, cette forme de la croissance des villes
présente cependant quelques aspects qui semblent universels.

La terminologie elle-même est variée, ce qui souligne la complexité des


processus de croissance périphérique des agglomérations et donc la
difficulté à aboutir à une qualification de ce phénomène.

1. Le développement des villes dans le monde

Sur tous les continents, on observe une baisse relative des taux de
croissance urbaine moyens depuis 20 ou 30 ans, comparés à ceux des
décennies précédentes. Cette tendance à la baisse de la croissance
démographique devient plus flagrante lorsque l'on raisonne à périmètre
constant, car partout se manifeste un processus général d'expansion
spatiale. L'avancée de la tâche urbaine le long des axes de communication
précède souvent le modèle d'étalement en tâche d'huile par remplissage des
espaces vides.

Au-delà de ces formes globales de l'étalement urbain, les modes d'expansion


périphérique s'avèrent très divers en termes de type d'habitat, de mode de
peuplement, de processus de protection du bâti, de type de construction, de
catégories sociales concernées. En dépit de contextes géographiques,
socioculturels et politiques très contrastés d'une métropole à l'autre, on
retrouve cependant des processus d'expansion urbaine similaires.

Dans les métropoles des pays en développement :

 une urbanisation informelle des périphéries comme pratique populaire(


ex : lotissements clandestins, occupations illégales de terrains),
 une périurbanisation qui peut résulter d'un développement planifié (ex :
quasi-villes satellites de Delhi),
 un mouvement de déconcentration des classes aisées en périphérie
lointaine.

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GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

Dans les grandes métropoles des pays industrialisés :

 une extension urbaine éloignée et discontinue liée à la diffusion de


l'usage de l'automobile,
 un développement de l'habitat individuel.

2. Facteurs de la périurbanisation

Les raisons de l'étalement urbain sont bien sûr fortement influencées par le
contexte géographique et culturel de chaque agglomération. Néanmoins, on
peut en dégager quelques aspects qui semblent communs à tous les cas
étudiés.

3. Rôle du transport et les facteurs sociologiques dans l'étalement


urbain

Le phénomène a été permis par :

 le développement des transports modernes,


 le développement de la voiture individuelle.

L'éloignement des centres urbains et cette forte augmentation de la


motorisation révèlent des modes de vie dans lesquels il y a une dissociation
entre espaces de vie, de travail, de loisir, donc une forte mobilité
géographique des individus

4. Influence de l'habitat individuel

Au niveau sociologique, on peut s'intéresser aux motivations des ménages qui


quittent les centre-ville ou qui s'en éloignent encore un peu plus :

 la recherche toujours plus loin d'un foncier moins cher,


 volonté forte d'accéder à la propriété,
 une offre faible de quartiers denses et d'habitat collectif,
 la représentation favorable de la maison individuelle au niveau de nos
sociétés,
 exigence accrue en matière de confort.

3. DEFIS MAJEURS

Les démarches de développement durable sont focalisées sur


l’amélioration des techniques de construction et de conception des
infrastructures urbaines (voiries, réseaux d’eau, etc.). Elles ne s’intéressent
guère à l’amélioration de l’exploitation des bâtiments et de ces
infrastructures. L’univers de la gestion urbaine semble méconnu par les
promoteurs du développement durable, hormis la gestion des déchets.
Nous voudrions montrer ici que l’amélioration de la gestion urbaine
constitue un enjeu majeur du développement urbain durable. En effet, le

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 70
GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

déficit de gestion urbaine entraîne une dégradation rapide des bâtiments et


des espaces urbains et réduit leur durabilité. Ce déficit de gestion génère des
charges d’investissement considérables, car il conduit à engager des
opérations de rénovation urbaine très coûteuses pour enrayer ces processus
de dégradation.
Dans la mesure où le développement durable est censé réduire les
inégalités et favoriser la cohésion sociale et la citoyenneté, on verra
également que la médiocrité de la gestion urbaine des quartiers d’habitat
social contribue également à dévaloriser les habitants, aggraver les
processus de ségrégation sociale et déstructurer l’espace public.
Signalons au passage que la gestion urbaine intègre à notre sens
l’ensemble des activités de gestion de l’habitat, des infrastructures urbaines
et des équipements.
Les défis auxquels les décennies à venir devront s’attaquer pour que
l’aménagement du territoire, le développement des villes et des campagnes
permettent aux établissements humains d’être viables sont de plusieurs
ordres:

1. Défi de la gouvernance urbaine et de la gestion urbaine :


l’insuffisance de partenariats établis

Les villes se voient confier, ou devraient se voir confier, de plus en plus


de responsabilités : dans une perspective de développement durable, cette
décentralisation vise à mieux répondre aux besoins des citoyens. Elle impose
une modification des mécanismes de prise de décision locale, voire une
modification du mode de gestion locale. Une nouvelle gouvernance locale,
basée sur la négociation entre collectivités locales, partenaires et citoyens
s’impose. Le transfert de ressources des Etats aux collectivités et la
promotion d’un réel pouvoir politique locale de décision sont nécessaires,
pour que les collectivités aient des moyens d'agir face aux attentes exprimées
par leurs habitants.
Cette nouvelle gouvernance locale exige de redéfinir des partenariats
appropriés : la mise en place de structures décisionnelles ou participatives
nouvelles, ouvertes à la population et aux partenaires institutionnels et privés,
posent la question de la redéfinition du rôle de chaque partenaire et en
particulier de l'Etat. La représentation politique directe des populations les
plus démunies dans les processus de décision locales doit être confortée
partout dans le monde.
Si la bonne gestion urbaine s’est développée de par le monde, il reste
encore beaucoup de progrès à faire : grâce au soutien d’institutions des
Nations Unies comme le PNUD (Programme des Nations Unies pour le
Développement), nombre de gouvernements locaux ont ainsi adoptés des
mesures pour que s’instaure plus de transparence dans les affaires publiques
locales et développer une culture de responsabilisation des administrations
locales. Ces initiatives sont à poursuivre et étendre.

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 71
GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

2. Défi de l’insuffisance des ressources humaines et financières.

L’insuffisance de ressources freine la diffusion des bonnes pratiques, la


création de partenariats forts pour s’attaquer aux enjeux de la durabilité
urbaine, les traduire concrètement au travers de politiques et projets, et
développer l’implication citoyenne pour donner aux personnes démunies la
possibilité de participer pleinement aux décisions. Dans nombre de pays, le
secteur des infrastructures (transports, eau potable, …) a fait l’objet de
réformes pour attirer les capitaux qui font cruellement défaut. Mais en dépit
des efforts et progrès, le nombre de personnes qui n’ont pas accès aux
services de base dans les zones urbaines continue de croître.

3. Défi d’un logement pour tous et de la participation des


populations démunies aux processus de décision

Le lien entre métropolisation et insalubrité en matière de logement est


de plus en plus marqué : faute de planification urbaine, nombre de métropoles
voient leurs habitants s’installer dans des endroits indésirables voire
dangereux.
Faute de terrains disponibles, du fait des spéculations foncières, du fait
également de réglementations locales souvent défavorables au plus pauvres,
les implantations sauvages (type bidonvilles..) continuent de croître
rapidement partout dans le monde. Ces implantations s’installent au mépris
de toute prudence, dans les zones les plus exposées aux risques naturels
(inondations, éboulements de terrain, ..) ou technologiques (activités
industrielles à risques,…). La sécurité d’occupation (garantie de pouvoir
résider à terme à un même endroit) n’est correctement garanti pour les
populations les plus pauvres, ni dans les villes, ni dans les campagnes.
Lorsque l’urbanisation est rapide, l’insécurité des droits fonciers
fragilise les plus pauvres.

4. Défis de l'aménagement urbain durable : forme et planification


urbaine

Les villes s’étalent, se diluent, consomment de plus en plus d'espace,


incitent à un usage immodéré de l'automobile par un zonage éloignant les
zones d’habitat des zones d’activités, de commerce et de loisirs. Les villes
deviennent lieux de surconsommation énergétique, de congestion urbaine, de
bruit et nuisances. L'étalement urbain est synonyme de besoins accentués en
termes de réseaux d'assainissement, de transport, d'approvisionnement en
eau, en électricité, etc. besoins inégalement remplis selon les quartiers,
créant des zones d'exclusion. L'étirement des villes rend difficile le
développement de solutions alternatives favorables à l'environnement telles
que les transports collectifs ou les réseaux de chaleur, qui demandent une
densité urbaine minimum. Socialement parlant, la ville éparpillée renforce la
fragmentation sociale: la ville éclatée n'autorise plus le brassage des
populations, les rencontres entre habitants; elle engendre l'isolement.

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 72
GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

Face à ces constats, la Commission européenne prône la ville


compacte, en opposition au modèle nord-américain de villes éclatées,
concept d’ores et déjà expérimenté par plusieurs
villes européennes (Londres, Milan, le Rastadt hollandais..) qui repose sur
 la défense de la mixité fonctionnelle et sociale dans les usages du sol,
pour réduire les besoins de déplacements et lutter contre la
ségrégation sociale ;
 la densification du bâti, en comblant les espaces interstitiels et en
réutilisant les friches urbaines;
 la limitation de l'éparpillement résidentiel par la maîtrise foncière des
terrains, le contrôle de la consommation et de l'usage des sols ;
 la reconquête des espaces publics, dont les espaces verts ;
 le renforcement de l'urbanisation autour des points de forte
accessibilité, en particulier près des dessertes de transports publics
pour localiser les activités économiques et l’habitat à proximité des
voies de communication et des réseaux de transport en commun ;
 la densification des réseaux de transport en commun et des réseaux
hydrologiques de surface. La ville s’organiserait alors autour de
plusieurs pôles mis en réseau par des transports publics, et entre
lesquels des espaces verts intermédiaires constitueraient des poumons
verts (point de vue de chercheur).

5. Défi d'une mobilité durable

Les métropoles, et les villes souffrent du mal de la circulation


automobile et de son cortège de nuisances : alors que les déplacements
routiers ont drastiquement augmenté, les agglomérations urbaines voient
chuter la part du transport collectif et des vélos dans l'ensemble des
déplacements. Peu de décideurs ont le courage d’une politique volontariste
des transports orientée vers la réduction de la circulation automobile. Et
pourtant, le défi d’aujourd’hui et de demain est bien de faire évoluer les
pratiques de chaque citoyen, par la diminution de la mobilité et la maîtrise des
besoins de déplacement, et le transfert de l’automobile vers des modes de
déplacements plus respectueux de l'environnement.

6. Défi de l'écogestion des ressources naturelles, de l'énergie et


des déchets.

La ville peut être comparée à un écosystème qui, pour vivre, croître, se


régénérer, extrait des ressources dans le milieu naturel, en assimile une
partie, et une fois celles-ci utilisées, transformées, consommées, les rejette
dans le milieu. Dans une perspective de développement durable, la ville devra
prélever le moins possible et réduire au maximum ses rejets, en évitant tous
les gaspillages, en développent le recyclage des produits et la réutilisation
des déchets. Le défi de demain sera donc :
 avant tout de réduire la production de déchets, en croissance
extrêmement rapide dans tous les pays du monde, et de favoriser leur
utilisation en tant que ressources,
Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 73
GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

 de limiter la consommation énergétique des villes,


 d’assurer l'assainissement des eaux pluviales et résiduaires et
d'économiser cette ressource rare ou la recycler,
 d’associer le secteur de la construction aux efforts en faveur du
bouclage des cycles écologiques,
 de gérer les espaces naturels, garants d'un équilibre écologique au
sein des villes.

7. Le défi de la durabilité socio-économique

Les collectivités locales disposent de leviers d'actions en matière


d'emplois, d'aide et de concertation avec les entreprises locales, ou de
renforcement du lien social. Les collectivités locales devront s’impliquer plus
pour soutenir, impulser le secteur de l’économie sociale et solidaire, aider à
la création de structures d'insertion, créer des gisements d'emplois
environnementaux et sociaux (gestion des espaces publics et naturels, du
patrimoine culturel et architectural, revitalisation économique des quartiers,
rénovation urbaine, rénovation ou réhabilitation des logements, traitement
des déchets, réhabilitation de terrains dégradés, recyclage ou récupération
des déchets, services à la personne, animations socioculturelles).
L’implication des collectivités sur les champs sociaux sera à développer dans
le monde: logements à caractère social, réhabilitation de quartiers, accès
égal aux services sanitaires et urbains, délivrance d'aides matérielle,
alimentaire ou financière, amélioration de la sécurité...

8. Le défi de la solidarité Nord-Sud

Le Sommet des villes Habitat II a été l'occasion de souligner


l’importance d’instaurer une solidarité internationale Nord-Sud, en
s’appuyant sur les collectivités locales, plus proches.
Dossier d’information pour Johannesburg: Aménagement et villes des
besoins concrets des populations : de nombreux contacts entre acteurs
locaux du Sud et du Nord y furent noués pour donner lieux à des partenariats
basés sur la réciprocité. Qu’il s’agisse d’actions de coopération
décentralisée, ou d’échanges d’expériences et de savoir-faire, la solidarité
Nord-Sud peut s’exprimer par des actions locales. Elle s’exprime dans
chaque cité en permettant aux ressortissants étrangers de participer à la vie
locale. Elle s’exprime dans chaque cité, lorsque la consommation devient
citoyenne : que les consommateurs des villes du Nord favoriseront le
développement du commerce équitable et la consommation de produits
réalisés dans les pays du Sud dans des conditions sociales, économiques et
environnementales décentes.

4. AMELIORATION DE LA GESTION URBAINE

1. Conception dominante techniciste et réductrice du développement durable

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Dans les pays développés, les promoteurs du développement durable


et tout particulièrement les écologistes tendent à développer une conception
techniciste extrêmement réductrice. Non seulement ils ne prennent guère en
compte les enjeux de cohésion sociale et de citoyenneté, qui devraient sous-
tendre les démarches de développement durable, mais ils tendent à limiter ce
champ d’action à la réduction des consommations d’eau et d’énergie et au
recyclage des déchets.
Paradoxalement, les spécialistes du développement durable ne se
préoccupent guère de la durabilité des constructions, des équipements et
des aménagements urbains. Or la réduction de la durabilité des
infrastructures urbaines, liée à la fois à leur conception initiale et au déficit de
maintenance, accélère leur dégradation, ce qui nécessite de les réhabiliter ou
de les renouveler fréquemment. Cette dégradation accélérée nécessite de
démolir les infrastructures existantes et de les reconstruire, ce qui entraîne
un gâchis considérable de matériaux et une énorme consommation d’énergie,
sachant en outre que la grande majorité de ces matériaux n’est pas recyclée.

2. Enjeu de la pérennité des investissements

Pour dépasser cette approche réductrice il est indispensable d’élargir


le champ du développement durable, en passant du développement durable
urbain au développement urbain durable. Contrairement aux apparences, ce
changement sémantique n’est pas un mauvais jeu de mot, mais recouvre un
véritable changement de conception du développement durable.
Le développement durable urbain se limite à appliquer les techniques
favorisant la réduction des consommations d’eau et d’énergie et le recyclage
des déchets au champ urbain. Le développement urbain durable vise plus
largement à accroître la durabilité des bâtiments et des aménagements
urbains, à réduire les coûts de construction et de gestion et la consommation
de matériaux, d’eau et d’énergie.
Il inscrit la temporalité comme référent majeur. Les économies
réalisées sont évaluées dans la durée, et donc vraiment en adéquation avec le
concept de développement durable. Cela conduit bien entendu à concevoir
les équipements en se fondant sur une approche en terme de coût global et
de consommation énergétique et matérielle intégrant la construction,
l’exploitation et le remplacement de ces équipements.
On conçoit aisément que le déficit d’entretien des équipements
entraîne leur dégradation et la réduction de leur durée de vie. Une mauvaise
organisation des systèmes de gestion accroît les coûts d’entretien. Si on
tarde en effet à repérer des dysfonctionnements techniques, des avaries
mineures peuvent générer des coûts de réparations considérables. C’est le
cas classique des fuites dans les toitures ou les réseaux d’eau, ou bien des
infiltrations dans les façades qui peuvent s’aggraver et entraîner des dégâts
très importants lorsqu’elles ne sont pas repérées et réparées rapidement,
jusqu’à provoquer de véritables sinistres. C’est aussi le cas trivial de la
formation des nids de poule qui peuvent s’étendre et nécessiter la réfection
entière des voieries s’ils ne sont pas bouchés régulièrement.

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On peut également évoquer la dégradation des bâtiments due à


l’humidité lorsqu’on n’entretient pas régulièrement les systèmes de
ventilation des sous-sols, des parties communes des immeubles et des
logements.
3. Réduction des consommations d’eau et d’énergie

L’amélioration de la gestion urbaine permet de réduire de manière


significative les consommations d’eau et d’énergie. On sait en effet que le
manque d’entretien des réseaux d’approvisionnement en eau entraîne en
moyenne une perte de 30% de l’eau potable.
Ajoutons à cela que l’état souvent déplorable des réseaux
d’assainissement peut provoquer la pollution des nappes phréatiques.
A travers des démarches de gestion astucieuses visant à sensibiliser
les habitants aux enjeux relatifs aux économies d’eau et d’énergie, il est en
outre possible de modifier leurs pratiques et de réduire sensiblement les
consommations.

4. Valorisation de nouveaux équipements au détriment de l’amélioration de la


gestion

Le peu d’importance accordée à l’amélioration de la gestion dans les


démarches de développement durable n’est que l’expression d’un
phénomène social et politique plus large, qui tend à valoriser la conception et
la réalisation de nouveaux équipements au détriment de l’amélioration de
l’entretien des équipements existants.
La gestion urbaine recouvre un ensemble d’activités profondément
dévalorisées car elles consistent à nettoyer, réparer, entretenir
régulièrement, pour ne pas dire inlassablement les infrastructures existantes.
Il s’agit d’activités répétitives apparemment simples qui paraissent peu
créatives, assurées pour une large part par des agents dont les métiers sont
également dévalorisés (agents de ménage ou d’entretien, éboueurs,
cantonniers, gardiens d’immeubles, etc.).
Or une analyse approfondie des activités de gestion urbaine montre
qu’elle repose sur des systèmes d’organisation complexes, car elles
nécessitent la coordination de multiples prestataires dont les logiques
d’action et les modes d’intervention sont très différents. Ces activités exigent
en fait beaucoup d’ingéniosité pour être réalisées efficacement. Leur
dévalorisation tient aussi au fait que la réparation d’équipements vétustes ne
permet pas de restaurer la qualité que peuvent offrir des appareils flambants
neufs et s’apparente souvent à du ravaudage.
Tous ces facteurs conduisent à privilégier la réalisation de nouveaux
équipements, car cette activité séduit à la fois les concepteurs, les ingénieurs
et les responsables politiques qui ont ainsi l’occasion d’innover, de créer de
nouveaux objets, alors qu’il ne font souvent que remplacer des
infrastructures existantes, sachant que ces nouveaux objets ne sont pas
toujours plus performants que ceux auxquels ils se substituent.

5. Gestion des budgets de fonctionnement et durabilité des équipements

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Le statut privilégié conféré aux nouveaux équipements au détriment de


leur gestion renvoie aux représentations sous-tendant les décisions
d’investissements et la gestion des budgets de fonctionnement et aux modes
d’articulation entre ces deux formes de rationalité économique.
La réalisation d’un nouvel équipement représente souvent un
investissement important (dont on mesure rarement la durabilité). Mais ce
genre d’investissement paraît en général aisément justifiable, car il se traduit
par la création d’un nouvel objet tangible, souvent innovant, parfois
prestigieux, qui peut marquer le paysage urbain. De ce fait ce genre
d’investissement offre une forte valeur ajoutée symbolique, indépendamment
de son utilité réelle.
Par contre les activités de gestion urbaine se limitent à préserver les
équipements existants, à maintenir leur durabilité. Elles ne semblent rien
créer de nouveau, de sorte que leur financement est souvent difficile à
justifier. Dans les représentations des gens qui disposent d’un bien, il est
difficile d’accepter d’avoir à dépenser de l’argent simplement pour que ce
bien continue à fonctionner. C’est pourquoi les budgets de fonctionnement,
qui permettent de financer la gestion urbaine, sont généralement limités. Ils
apparaissent comme un coût sans réelle contrepartie. Coût d’autant plus
difficile à accepter que les réparations qu’il permet de réaliser sont souvent
médiocres.
Plus profondément, la rationalisation de la société tend à développer
des représentations selon lesquelles les objets techniques fonctionnent tout
seul et sont inaltérables, et rend difficile le fait d’accepter qu’il faille les
entretenir en permanence .Ces processus sont aggravés par le fait que l’Etat
finance généreusement des investissements, et rarement les dépenses de
fonctionnement. Au cours des vingt dernières années les subventions des
pouvoirs publics à la réhabilitation des logements sociaux, qui pouvaient
atteindre jusqu’à 40 % des investissements, ont dissuadé les bailleurs
d’entretenir leur patrimoine. Désormais les programmes de rénovation
urbaine financés par l’Etat ont des effets similaires.
Nous fonctionnons dans un régime économique fondé sur des
représentations symboliques qui limitent les budgets d’entretien et qui
favorisent le financement des investissements .De ce fait il n’est pas rare que
l’on renonce à réparer certains équipements car on ne dispose pas des
budgets d’entretien nécessaires. Par contre on trouve aisément les moyens
d’investissement nécessaires pour les remplacer… alors que cela peut
représenter un coût 10 fois supérieur à leur entretien régulier. Cette
fascination pour ces investissements symboliques conduit actuellement à
détruire des immeubles qui pourraient aisément être restaurés moyennant
une amélioration de leur gestion. Dans le cadre de missions d’assistance à
certains bailleurs sociaux visant à améliorer la gestion urbaine, nous avons
pu ainsi requalifier des immeubles relativement récents promis à la
démolition. Ces immeubles s’étaient progressivement dégradés car leur
gestion avait été délaissée pendant des années.
C’est ainsi que les représentations associées aux budgets de
fonctionnement et aux investissements conduisent à réduire les moyens de

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gestion et à renouveler rapidement les équipements existants. La réduction


des moyens d’entretien accélère la dégradation des équipements, ce qui
réduit leur durabilité et justifie en retour la nécessité de réaliser des
investissements dispendieux pour les remplacer. Nous sommes donc dans un
système économique fondamentalement antinomique avec les principes du
développement durable, qui visent à accroître la durabilité des équipements.
De nombreux acteurs invoqueront le fait qu’il est souvent plus coûteux
de réhabiliter des équipements que de les démolir et d’en reconstruire de
nouveaux. Ils ont souvent raison, à ceci près qu’ils omettent de dire que les
coûts de réhabilitation sont effectivement très élevé… quand les équipements
concernés n’ont pas bénéficié d’un entretien digne de ce nom depuis leur
création, quand ils n’ont pas été purement et simplement laissés à l’abandon,
comme c’est le cas de certains quartiers d’habitat social.

6. Processus de conception des équipements et modes d’usage et de gestion

On a vu que les équipements urbains tendent à se dégrader rapidement


en raison du déficit des moyens, des systèmes de gestion et des
représentations économiques qui sous-tendent le financement de ces
activités et les décisions d’investissement. Mais cette dégradation accélérée
s’origine dans les modes de conception même, qui ne prennent pas en
compte ni les modes d’usage, ni les enjeux de gestion.
L’implantation des équipements entraîne souvent un gâchis d’espace
alors que l’économie du foncier urbanisé constitue un enjeu majeur du
développement durable : voieries surdimensionnées, grandes nappes de
parkings formant de véritables glacis, positionnement des bâtiments au beau
milieu des parcelles, multiplication des vides urbains et des espaces
résiduels inutiles, etc. Il est nécessaire de gérer et d’entretenir tous ces
espaces inutiles, ce qui accroît démesurément les coûts de gestion. Comme
les villes ont rarement les moyens de gérer ces espaces démesurés, ils
tendent à se dégrader rapidement, ce qui oblige à les rénover fréquemment
.A cela s’ajoute le fait que ces espaces sont souvent minéralisés, au lieu
d’être traités avec des revêtements absorbants, ce qui accroît les pertes
d’eau et les coûts de gestion des réseaux d’assainissement.
Comme la conception des espaces ne prend pas en compte les attentes
et les modes d’usage des habitants, ils sont inadapté à leurs pratiques et
ceux-ci respectent peu leur environnement et contribuent aussi à leur
dégradation. Cela va des cheminements piétons ne correspondant pas aux
pratiques des habitants, aux espaces confus ou inutiles dont l’usage n’est pas
clair, en passant par les parkings ou les containers à ordures mal
positionnés.
La multiplication des espaces résiduels à entretenir, la conception
d’espaces ou de locaux difficilement accessibles pour les agents d’entretien,
la création d’édicules en tous genres dont l’utilité est douteuse, la fragilité
des matériaux utilisés, accroissent à la fois les difficultés de gestion et les
coûts d’entretien. On peut prendre un exemple trivial : quand on voit une
prolifération d’espaces verts fragmentaires de quelques mètres carrés
chacun, inaccessibles avec une tondeuse, on se demande comment on peut

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les entretenir. A cela s’ajoute la conception d’espaces labyrinthiques


(favorisant au passage le développement de l’insécurité) et la confusion
fréquente entre les espaces privés et publics, qui ne permet pas de définir
clairement quels sont les acteurs qui doivent en assurer la gestion.
Les concepteurs ne tiennent pas compte du fait que la complexité et la
confusion des espaces accroissent les difficultés d’entretien, ce qui
décourage le personnel d’entretien qui tend alors à désinvestir son travail et
à laisser à l’abandon les espaces dont la gestion lui pose problème. Ce gâchis
tient pour une part au fait que les usagers sont rarement consultés lors de la
conception des projets urbains et ceux-ci ne reposent pas sur une analyse
des usages et du fonctionnement social urbain.
Mais il est encore plus lié au fait que les gestionnaires qui doivent
pourtant assurer l’exploitation et l’entretien futur des nouveaux équipements
sont rarement impliqués dans les processus de conception, ni même associés
à l’évaluation des avant-projets. Une nouvelle fois, ceci est du à la
dévalorisation de ces activités au regard du prestige accordé aux
concepteurs. Il est curieux de constater que ceux qui sont censés utiliser les
équipements, ceux auxquels ils sont destinés, et ceux qui doivent les faire
fonctionner et assurer leur pérennité, sont écartés de ces processus de
conception.
L’enjeu majeur du développement durable ne réside pas seulement
dans l’invention de nouvelles techniques moins polluantes et plus
performantes sur le plan énergétique mais également dans la transformation
de l’organisation des processus de conception et des processus de décision.

La réticence à transformer les modes d’organisation de la gestion


urbaine menace la pérennité des investissements
Bien que l’on puisse souvent déplorer la faiblesse des moyens
consacrés à la gestion urbaine résultant de sa dévalorisation, çà n’est
généralement pas le problème majeur. On se rend compte en effet qu’avec
des moyens similaires, certains quartiers sont relativement bien gérés, alors
que d’autres sont profondément dégradés, voire laissés à l’abandon.
Les compétences des responsables et des agents et surtout la
pertinence des modes d’organisation mis en place et les formes de
coopération entre les différents prestataires conditionnent largement
l’efficacité des moyens dont disposent les villes.
La tendance très française à pousser à outrance la spécialisation des
services, à balkaniser les modes d’intervention et à les cloisonner, réduit
fortement leur efficacité et accroit sensiblement les coûts de gestion. Cette
spécialisation forcenée multiplie les centres de décision, génère des cultures
professionnelles et des logiques d’action hétérogènes, dilue les
responsabilités et accroît les sources de conflit. Alors que l’on sait construire
des TGV, des fusées Ariane et des Airbus (certes avec certaines difficultés de
coopération), dans certaines
villes il faut plus de six mois pour enlever des épaves ou supprimer les
déchets accumulés sur un terrain vague.
Il est surprenant qu’il faille faire intervenir une dizaine de services
différents pour gérer un bout de rue : entretien des réseaux, des voieries, de

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GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

l’éclairage public, des espaces verts, services de ramassage des ordures


ménagères, des encombrants de la propreté. Les services propreté sont
souvent découpés en plusieurs unités: nettoyage à pied, en voiture, à cheval
(le dernier n’existe pas encore, mais çà ne saurait tarder).
Cette situation n’inquiète pas outre mesure les responsables qui
semblent parfaitement s’en accommoder. Il est en effet difficile de les
convaincre qu’il faut modifier en profondeur ces modes d’organisation
archaïques pour accroître leur efficacité.
Les démarches d’amélioration de la gestion urbaine sont souvent
timides et se limitent généralement à l’amélioration de certains modes
d’intervention .Cette réticence des dirigeants des organisations publiques à
modifier ces modes d’organisation, à recomposer et réorganiser les
différents services, est due au fait que cela nécessite de remettre en cause
les pouvoirs des responsables des différents services, les cultures
professionnelles et les modes de faire des agents, les modes de relations
entre les différents prestataires, etc.… Ils craignent de susciter des conflits
qu’ils ne parviendraient pas à maîtriser. Leurs craintes sont souvent
amplifiées par l’échec des tentatives de chargement qu’ils ont essayé
d’impulser. Or ces échecs sont souvent dus au fait qu’ils maîtrisent assez mal
les démarches de conduite du changement. Leur culture dans ce domaine est
souvent assez limitée.
Il ne suffit pas en effet d’imposer de nouveaux modes d’organisation
pour générer un processus de changement. On ne fait alors que renforcer
l’hostilité des agents, et ce genre d’approche est immanquablement voué à
l’échec, comme en témoignent les multiples tentatives de réforme des
services publics qui ont obéi à ce modèle. Il est en effet nécessaire d’associer
l’ensemble des responsables et des agents à ces démarches de changement,
mais également les usagers, et mettre en place des dispositifs de conduite de
projet et des processus de formation-action ambitieux, si on veut opérer des
transformations significatives.
On se rend compte que cette réticence face à la nécessité de
transformer les organisations assurant la gestion urbaine se traduit par une
dégradation des espaces urbains, qui menace la pérennité des
aménagements réalisés. Faute de pouvoir améliorer la gestion urbaine en
transformant les organisations qui la produise, on est donc amené à rénover
fréquemment ces infrastructures, en contradiction donc avec les impératifs
du développement durable.
L’engagement de véritables démarches de développement durable
nécessite donc de transformer en profondeur les organisations publiques en
charge de la gestion urbaine.
On a déjà vu que ces démarches exigent de modifier les processus de
décision et de conception. Les problèmes d’organisation sont donc au cœur
des enjeux de développement durable.

7. Incidence de la gestion urbaine sur le statut des habitants

La conception techniciste du développement durable qui prévaut en


France n’intègre pas les enjeux relatifs au fonctionnement social urbain

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concernant le statut conféré aux habitants, la ségrégation et la cohésion


sociale, ou le développement de l’insécurité. Ces questions sont pourtant au
cœur des principes fondateurs du développement durable.
Nos travaux de recherche montrent clairement que l’amélioration de la
gestion urbaine contribue de manière décisive à la revalorisation du statut
social des habitants et à la réduction de la ségrégation sociale. Le déficit de
la gestion urbaine entraîne une dégradation des espaces urbains qui se
traduit par une dévalorisation des quartiers concernés et de leurs habitants.
Cette dévalorisation conduit les couches sociales les plus favorisées (ou les
moins défavorisées) à quitter ces quartiers et à les stigmatiser, ce qui accroit
la ségrégation sociale.
La dégradation et la dévalorisation des quartiers est perçue comme un
manque d’attention, voire un abandon et une forme de mépris à l’égard des
habitants de la part des pouvoirs publics Ceux-ci perdent alors toute
confiance dans l’action des pouvoirs publics et tendent à désinvestir le
champ politique et ne se reconnaissent donc pas réellement comme des
citoyens à part entière.
La qualité de la gestion urbaine d’un quartier résulte en effet d’un
processus sociologique et politique assez général, qui conduit à ce que
l’attention des pouvoirs publics à l’égard des citoyens soit fonction de leur
statut social, contrairement aux principes d’égalité de l’idéal républicain
qu’ils proclament. Les différences de modes gestion des Etablissement
scolaires selon les quartiers dans lesquels ils sont implantés et des
populations qui les fréquentent attestent clairement ces différences
d’attention. Ceci tient au fait que les classes supérieures disposent de
capacités de pression sur les services publics beaucoup plus importantes
que les populations en difficulté. Mais c’est aussi lié à l’attitude des
responsables et des agents de ces services, qui tendent à intérioriser leurs
exigences On en a la preuve flagrante lorsque des couches moyennes ou
supérieures viennent s’installer dans des quartiers jusqu’alors dévalorisés,
dont la gestion urbaine est déplorable. En effet, comme par enchantement,
les pouvoirs publics s’efforcent alors d’améliorer la gestion de ces quartiers
La dégradation des quartiers résultant d’un déficit de la gestion urbaine
signifie également que les pouvoirs publics ont perdu la maîtrise de l’espace
public et ne sont pas en mesure d’assurer une régulation sociale de ces
espaces. Ceci entraîne un délitement des règles de vie collective et un
développement des tensions entre les habitants et de la délinquance.
On voit donc que la gestion urbaine est au cœur des enjeux de
citoyenneté et de ségrégation sociale et un élément majeur de la régulation
sociale de l’espace public, et donc du fonctionnement de la société. A ce titre
elle est donc un élément clé d’une conception sociétale du développement
durable. Malheureusement, la majorité des acteurs a une très faible
conscience de l’incidence des modes de gestion urbaine sur les processus
sociaux, car ils partagent une conception fonctionnelle de ces activités et
n’en perçoivent pas réellement les effets sociaux, les effets sur le
fonctionnement social urbain des quartiers. Il est donc indispensable de
modifier ces représentations de la gestion urbaine. Mais on a vu qu’il fallait

Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 81
GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

également faire évoluer la conception relativement techniciste du


développement durable pour intégrer ces enjeux.

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

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Gestion des espaces urbains dans les PED Prof. Pascal SOLOTSHI Muyunga Page 83
GESTION DES ESPACES URBAINS DANS LES P.E.D.

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE: VILLES ET DEVELOPPEMENT DURABLE ......... 1


CHAPITRE I: LA VILLE .................................................................................... 3
1.Définition ............................................................................................... 3
2.Historique.............................................................................................. 6
3.Situation et site des villes ....................................................................... 7
4.Plan ....................................................................................................... 8
5.Typologie .............................................................................................. 9
6.La ville : espace vivant ......................................................................... 10
7.Répartition et hiérarchie ...................................................................... 10
8.La croissance urbaine.......................................................................... 12
9.Fonctions urbaines .............................................................................. 13
CHAPITRE II : PHENOMENE D’URBANISATION DANS LE MONDE ............... 17
1.L'urbanisation dans le monde ............................................................... 17
2.Les facteurs d'urbanisation .................................................................. 24
3. Les villes des pays en développement ................................................. 25
4. L’urbanisation en afrique .................................................................... 26
5. Les perspectives de la population urbaine ........................................... 33
6. Les villes des pays industrialisés ......................................................... 38
7. La croissance urbaine et ses conséquences ........................................ 40
8. Les défis de l'environnement urbain ..................................................... 42
9. Planification de la croisance urbaine ................................................... 39
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CHAPITRE III : LES VILLES AFRICAINES .......................................................47


1. L’explosion urbaine et la mégapolisation ............................................. 47
2. L’espace urbain : expansion et contrastes. .......................................... 53
3. Les villes africaines : des problèmes difficiles a gérer, mais des moteurs
du développement. ................................................................................. 60
CHAPITRE IV : NOUVELLES CONTRAINTES DU DEVELOPPEMENT URBAIN,
DEFIS ET AMELIORATION DES MODES DE GESTION ...................................67
1. Contraintes économiques et financières .............................................. 67
2. Le phénomène d'étalement urbain et la croissance des villes .............. 69
3. Les défis majeurs ............................................................................... 70
4. L’amélioration de la gestion urbaine ................................................... 74
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE ...............................................................82
TABLE DES MATIERES .. ....... ..... ...........................................................84

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