Criminologie G3 2013
Criminologie G3 2013
Criminologie G3 2013
INTRODUCTION
La criminologie est une science relativement jeune née au 19ème siècle et dont
les fondateurs sont les trois savants italiens, à savoir :
- Cesare LOMBROSO, auteur de l’homme criminel, publié en 1876 (L’uomo délinquante)1 ;
- FERRI (1857-1929) ;
- GAROFALO, auteur du célèbre ouvrage « La criminologie » publié en 1885. C’est à lui que
revient la paternité du concept « Criminologie », attribué à tort par certains2 à Paul
TOPINARD (médecin français, 1830-1911), alors que ce dernier avait plutôt parlé de « la
criminalogie»3.
1 Cesare LOMBROSO (Professeur de médecine légale à Turin), publie un ouvrage qui connaît un
grand succès. Publié en 1876, il est réédité en 1878, puis apparaît en français en 1887 sous le
titre de « L’homme criminel ». C’est en 1880 que LOMBOSO, avec ses deux disciples (juristes
de formation), fonde la revue « Archives de Psychiatrie et d’anthropologie criminelle ». Pour
en savoir plus, lire Maurice CUSSON, La criminologie, 4ème éd., Hachette, Paris, 2010, pp.
35-36.
2 Comme Jean Constant, Eléments de criminologie, Liège, 1949, p. 9, Criminologie (notions
générales), cité par Raoul KIENGE-KIENGE INTUDI, Cours de Criminologie générale, 3ème
graduat, division B, Faculté de Droit/UNIKIN, année académique 2010-2011, p. 28.
3 D’après E. YAMARELLOS et G. KELLENS, Le crime et la criminologie, 1. De « adultère » à
pp. 81 et ss.
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Pour cette conception, la criminologie est une science pure qui se propose
l’étude des « causes » et des « lois » de la délinquance10.
9 SUTHERLAND-CRESSEY, Principes de criminologie, pp.11-32, cité par Raymond GASSIN, loc. cit
., p. 5.
10 CUCHE, cité par Raymond GASSIN, op. cit., p. 6.
11 Jean PINATEL cité par Raymond GASSIN, op. cit., p. 7.
12Op. cit., pp. 7-10.
13 Pour LOMBROSO, il existe un « type criminel (FERRI l’appellera « Criminel-né ». Celui-ci se
distingue de l’homme normal par une série de stigmates physiques et des traits
psychologiques (Sur le « type criminel » de LOMBROSO, voir sa théorie infra).
4
Cette conception fait du délit l’objet de la criminologie. C’est par rapport à elle
que DURKHEIM définit la criminologie de la manière suivante : « Nous constatons l’existence
d’un certain nombre d’actes qui présentent tous ce caractère extérieur que, une fois
accomplis, ils déterminent de la part de la société cette réaction particulière qu’on nomme la
peine. Nous en faisons un groupe sui generis, auquel nous imposons une rubrique
commune : nous appelons crime tout acte puni et faisons du crime ainsi défini, l’objet d’une
science spéciale, la criminologie »17.
Internationale de Strasbourg (1954), p. 26, cité par Raymond GASSIN, loc. cit., p. 8.
16 HEUYER, « Histoire des doctrines en Criminologie », in RICPT, 1950, p. 121, cité par
Raymond GASSIN, loc. cit., p. 8.
17 DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique, 13ème éd., 1956, p. 55, cité par R.
GASSIN, loc.cit., p. 8.
18R. GASSIN, op. cit., p. 9.
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déviance n’est pas une qualité de l’acte commis par une personne, mais plutôt une
conséquence de l’application par les autres, de normes et de sanctions à un
« transgresseur »19), définit autrement la criminologie. Celle-ci est une discipline qui a pour
objet l’analyse sociologique des mécanismes de la réaction sociale, de l’établissement de la
loi pénale à l’application des sanctions pénales, en passant par le fonctionnement de la
police, des parquets et des tribunaux, ainsi que les réactions des victimes, de l’entourage et
des médias… afin de montrer comment le système de la justice crée la délinquance20.
R. GASSIN dégage deux points qui sont les acquis de l’évolution de cette
querelle, tout en précisant le point en discussion, consistant à savoir l’influence de la
criminologie sur les deux disciplines précitées. Le point en distinction étant connu, il importe
19 Raymond GASSIN, op. cit., p. 11.
20Idem, p. 11.
21Ibidem, pp. 12-13.
22Ibidem, pp. 23-30.
23Ibidem, p. 13.
6
étudie les fonctions des sanctions pénales, les règles de leur exécution et les méthodes
utilisées dans leur application »29. Elle comprend : le droit d’exécution, la technique de
l’administration des institutions pénitentiaires et la thérapeutique criminelle. Les deux
premières branches relèvent respectivement du droit pénal et du droit administratif. La
troisième, c’est-à-dire la thérapeutique criminelle (ensemble des méthodes de traitement
utilisés pour prévenir la récidive), donne l’impression de se rattacher à la criminologie. En
réalité, il ne s’agit que de l’impression car les buts et méthodes de la thérapeutique
criminelle peuvent n’avoir « aucune correspondance réelle avec les données de la
criminologie »30.
Pour les uns, elle est une science pure (Cuche, H. LEVY-BRUHL). Pour les
autres, elle est une science appliquée (Enrico FERRI, sir Léon RADZINOWICZ).
Mais il convient d’affirmer que la criminologie est à la fois une science pure et
appliquée. Elle est donc à la fois théorique et pratique (Raymond GASSIN, SZABO, Jean
PINATEL, ELLEN BERGER). Pour ces auteurs, la criminologie doit être classée dans le
groupe des sciences complexes, avec la médecine. Dans la mesure où elles travaillent sur
des concepts exprimant les jugements de valeur : santé, maladie, guérison (médecine) et
crime, responsabilité, peine (criminologie), « elles ne sauraient être purement théorique et
n’ont de sens, au contraire, que par leurs applications pratiques »36.
36 SZABO, « Criminologie, justice et société, in RICPT, 1971-1972, pp. 87-92, cité par Raymond
GASSIN, loc. cit., p. 28.
37 Raymond GASSIN, op. cit., p. 31.
38Ibidem, pp. 31-32 ; lire également Maurice CUSSON, op. cit., pp. 14-16.
9
Nous avons vu, dans la première section de cette introduction, que l’objet de
la criminologie est l’action criminelle. Celle-ci constitue donc l’objet de la recherche
criminologique (A) ; lequel, à cause de la nature de cette science (à la fois théorique et
pratique), appelle l’étude de la valeur scientifique des moyens de lutte contre la délinquance
(B).
A°/ L’action criminelle
1°/ Notion
L’action criminelle est une action humaine volontaire, elle est aussi une
conduite humaine spécifique.
Les faits humains, par contre, se caractérisent par leur intériorité et sont
subjectifs. Phénomènes subjectifs, les faits humains expriment la personnalité de leurs
auteurs. Ils ne peuvent donc être perçus de la même manière par tous les observateurs. En
outre, ils sont des signes de l’intériorité. Ce fait humain ainsi précisé est un acte volontaire.
Ceci implique que tous les comportements humains n’entrent pas dans le champ de l’action
criminelle. Ce sont les actes volontaires qui rentrent dans son champ. Ceux-ci supposent, de
la part de leur auteur, une représentation du but, c’est-à-dire du résultat à atteindre et les
moyens pour y parvenir. Ces actes volontaires sont de plusieurs catégories allant de
l’inaction à l’action préméditée, délibérée. Il est donc clair que les actes criminels sont des
actes volontaires. Il importe à présent d’étudier leur spécificité.
S’il est vrai que les actes criminels sont des actes volontaires (ce qui souligne
leur spécificité par rapport aux faits non volontaires de l’homme), il importe de se demander
ce qu’il faut entendre par crime du point de vue criminologique.
- La déviance
Pour les sociologues, elle est la transgression d’une norme sociale. Elle est
constituée par « les états et conduites qui violent les normes auxquelles les membres d’un
groupe tiennent au point de punir ceux qui les violent. L’individu qui adopte durablement une
conduite déviante a tendance à être un marginal, à moins qu’il ne le devienne : soit, au
départ, il est mal intégré au groupe dont il fait partie, ce qui le rend indifférent à la
réprobation, soit ses transgressions répétées le poussent aux marges du groupe »40.
Comme il ressort de cette conception, la déviance est une notion large qui
englobe la délinquance ; laquelle « sous toutes ses formes (…) est la déviance »41.
Mais telle n’est pas la définition que retiennent les juristes et les
criminologues qui admettent le rattachement du crime à la notion juridique d’infraction. Ici,
tout comportement qui s’écarte des règles sociales, mais qui n’a pas encore fait l’objet
d’incrimination est un comportement déviant.
- La délinquance
Pour ce qui est des intérêts ils sont au nombre de deux et sont relatifs aux
techniques de recherche ainsi qu’à la signification et à la portée des résultats obtenus grâce
à ces techniques. S’agissant de ces dernières, celles dites « cliniques » sont utilisées dans
les recherches sur le crime, phénomène individuel (phénomène qualitatif) ; alors que les
44Op. cit., pp. 38-39.
45Ibidem, p. 54.
46Raymond GASSIN, op. cit., p. 55.
47 Idem, p. 55.
12
Quant aux limites de la distinction, s’il est vrai que crime et criminalité sont
deux phénomènes distinctifs, il est tout aussi vrai qu’ils entretiennent d’étroites relations.
Elle s’examine autour de ce qu’il faut entendre par moyens de lutte contre la
délinquance et par valeur scientifique desdits moyens.
S’agissant des moyens juridiques, ils sont constitués par l’ensemble des
règles juridiques qui ont pour objet direct la guerre contre la délinquance et celle qui
contribuent indirectement à cette guerre. Les premières concernent le droit pénal. Les
secondes sont celles relatives aux autres disciplines juridiques (droit civil, droit de la santé,
droit administratif…). C’est ainsi que les règles du droit civil sur la garde ou l’adoption des
enfants luttent indirectement contre la délinquance. Quant aux moyens empiriques, ils sont
constitués par des mécanismes institutionnels : police, tribunaux, organes et instruments
d’exécution des sanctions51. Les différentes institutions de lutte contre la délinquance
constituent donc les moyens empiriques de lutte contre la criminalité. Mais, à côté des
institutions, il faut ajouter les pratiques privées, en marge des mécanismes institutionnels
officiels. C’est le cas des différentes associations œuvrant dans le cadre d’aide aux victimes
avant leur institutionnalisation52.
54Ibidem, p. 58.
55Op. cit., p. 59.
56 Sylvain SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie de la recherche scientifique, édition M.E.S.,
d’abord en n’énonçant que des propositions falsifiables par une constatation avec les
données de l’expérience, ensuite en s’inclinant devant les réfutations et les faits établis.
L’empirisme s’incarne dans la méthode scientifique entendue comme démarche explicite et
ordonnée de vérification, d’hypothèses. Cette méthode impose une exigence d’objectivité, un
combat constant contre l’intrusion des considérations normatives, idéologiques ou
d’opportunité dans la démarche ou les conclusions (…). La recherche empirique entretient un
dialogue constant avec le travail théorique qui interprète ses résultats et les intègre dans un
ensemble cohérent. Une théorie peut être définie comme un système de propositions
vérifiables, non contradictoires et compatibles avec les connaissances déjà acquises. Elle
sert à rendre compte d’un phénomène, l’expliquer, le rendre intelligible. Elle vise à rendre la
réalité accessible à l’esprit, c’est pourquoi elle tend à la concision, à la simplicité et même à
l’élégance. La criminologie contemporaine ne se réduit ni à une seule théorie ni aux théories
d’écoles opposées, mais à plusieurs théories, chacune visant à rendre compte d’un aspect
du phénomène criminel : théorie du délit, du délinquant, du milieu criminel, de la victime, du
contrôle social… »60.
b°/ La mise en œuvre de la recherche empirique fondamentale
Elle est l’application des principes ci-haut développés. Elle se réalise à travers
la méthode chronologique et topologique61. La première, la méthode chronologique, est « un
modèle qui décrit les diverses opérations intellectuelles et matérielles que le chercheur doit
accomplir successivement pour réaliser concrètement sa recherche. Elle compte cinq
étapes interdépendantes bien que distinctes, à savoir : la position du problème, l’élaboration
du cadre de référence, la construction du modèle opératoire, la collecte des données,
l’analyse et l’interprétation des résultats. Quant à la méthode topologique, elle « consiste à
projeter (…) dans l’espace », les diverses étapes de la méthode chronologique. Elle se réalise
autour de quatre pôles : pôle épistémologique, pôle théorique, pôle morphologique et pôle
technique.
64Ibidem, p. 81.
65Ibidem, p. 82.
66Loc. cit., p. 81.
67Loc. cit., p. 82.
68Ibidem, p. 83.
16
• La recherche évaluative est une recherche « qui s’interroge sur la valeur scientifique des
mesures de lutte contre la délinquance ». Cette évaluation peut porter sur les traitements
appliqués aux délinquants, sur les programmes de prévention de la criminalité ou encore
sur les institutions pénales. Elle peut se faire avant et/ou après le changement pour voir
s’il faut nécessairement entreprendre et apprécier la pertinence de celui-ci une fois
exécuté. Les types de recherche évaluative en criminologie sont au nombre de trois :
- La recherche expérimentale « qui suppose la constitution délibérée d’une
situation d’expérimentation, est très rarement réalisée en raison des contraintes
pratiques, scientifiques et éthiques qui s’y oppose »71.
- La recherche quasi-expérimentale est fréquemment utilisée. Il en est ainsi de
l’évaluation de l’effet intimidant de la peine de mort dans un pays qui l’abolit puis
la rétablit.
- L’analyse de variation naturelle. Exemple, dans une unité d’observation, faire
l’évaluation de l’effet intimidant des sanctions en comparant la variation naturelle
des taux de criminalité et celle des niveaux des peines prévues et appliquées.
• La recherche de changement a pour but les conseils pour l’action. « Elle peut avoir deux
sortes d’objectifs. Les premiers concernent la nature et le contenu des mesures de lutte
contre la délinquance ; il s’agit alors de rechercher les modifications à apporter, « quant
69Ibidem, p. 84.
70Idem, p. 84.
71Loc. cit., p. 85.
17
au fond, à l’état de choses existant »72. S’agissant des seconds, ils portent sur les
techniques utilisées en criminologie appliquée, comme par exemple, les tests
psychologiques.
Elles peuvent être classées en trois groupes. Et selon leur ordre d’importance,
on retient :
72Ibidem, p. 86.
73Ibidem, p. 89.
18
l’organisme qui dresse ces statistiques. Aussi sont-elles publiques (encore appelées
officielles), quand elles sont dressées par des organismes officiels (divers ministères) ; et
privées (encore appelées scientifiques) lorsqu’elles sont établies par des chercheurs.
• La criminalité légale, est l’ensemble des condamnations prononcées par les Cours et
Tribunaux ;
• La criminalité apparente est l’ensemble des faits de criminalité portés à la connaissance
des autorités de police (criminalité apparente policière) et des organes judiciaires de
poursuite (criminalité apparente de poursuite) ;
• La criminalité réelle est l’ensemble des infractions effectivement commises.
74Ibidem, p. 90.
75Idem., p. 90.
76Ibidem, p. 91.
77Loc. cit., p. 91.
19
et il existe, entre la criminalité réelle et apparente un chiffre non connu appelé chiffre noir de
la criminalité ou criminalité cachée. L’on distingue : le chiffre noir absolu (constitué des
infractions totalement cachées ; c’est-à-dire, celles qui ne sont ni perçues, ni qualifiées
comme infractions) ; le chiffre noir relatif (constitué des infractions perçues mais non
signalées à la police) ; le chiffre gris (constitué des infractions connues de la police mais
dont les auteurs ne sont ni identifiés, ni poursuivis)
L’on s’est posé la question de savoir, laquelle de ces deux types de criminalité
est proche de la criminalité réelle. Alors qu’au 19è S les statistiques judiciaires, les seules
connues, étaient considérées comme étant proches de la criminalité réelle, aujourd’hui ce
sont les statistiques policières qui ont cette considération.
Elles portent sur les victimes des infractions qui donnent les témoignages à
partir des interrogations auxquelles on les soumet. Nées aux USA comme celles d’auto
confession, les enquêtes de victimisation avaient initialement un double objectif qui
demeure encore aujourd’hui : la connaissance du volume et de la structure de la criminalité
réelle, ainsi que les motifs d’abstention en cas de non signalement à la police. A ces
objectifs traditionnels, s’ajoutent d’autres objectifs nouvellement assignés à ces enquêtes,
notamment l’objectif clinique (elles recherchent « les mécanismes psycho-sociaux à la base
du phénomène de victimisation »81).
81Ibidem, p. 100.
82Idem, p. 100.
21
83En criminologie, cohorte signifie l’ensemble d’individus qui, par rapport à la délinquance,
sont repérables dans le temps, en fonction d’un élément commun (condamnation ou libération
dans une même période par exemple).
23
psychologiques et fonctionnels.
Quant au plan physiologique, le criminel est atteint par une insensibilité qui
atrophie ses sentiments de pitié et de compassion. Il n’a pas de remords, il est égoïste, cruel
et superstitieux. Il est porté au tatouage et à parler en argot.84
Elle est à la fois positive et négative. S’il est vrai que cette théorie a le mérite
historique de rompre avec la conception abstraite du criminel des classiques, introduisant
ainsi dans l’étude du criminel la méthode positive et expérimentale et proposant une
explication du phénomène criminel à partir de la personnalité du délinquant, il n’est pas
moins vrai qu’elle a reçu de vives reproches.
Déjà en 1886, Gabriel TARDE souligne la relativité du crime aussi bien sur le
plan chronologique que spatial. Il ne peut donc avoir un type criminel, c'est-à-dire une
catégorie naturelle, à même de fonder l’explication du crime dans le temps et dans l’espace.
En 1913, GORING démontre que le type criminel n’existe pas. Il n’y a aucune différence entre
le crâne d’un criminel et celui d’un non criminel, ni moins encore de stigmate distinctif chez
le criminel. A la suite de DURKHEIM, les sociologues réfutaient l’hypothèse de l’anomalie
biologique du délinquant. Et ceux qui la soutenaient ne voyaient pas cette anomalie dans
l’atavisme ou l’épilepsie mais plutôt dans d’autres explications (névrose, dégénérescence).
LOMBROSO n’a pas tenu compte des facteurs sociaux de l’action criminelle.
Elle est fondée sur les écrits de Marx et Engels et s’est intéressé aux relations
entre le crime et le milieu économique. Selon la doctrine marxiste, « la criminalité est un
« sous-produit » du capitalisme comme les autres anomalies sociales »85. Elle est une
réaction contre les injustices sociales, d’où sa prédominance dans le prolétariat. Celle-ci
connaitrait une diminution considérable dans une société socialiste. A la suite de Marx,
cette théorie économique de la criminalité ira jusqu’à soutenir que le socialisme amènerait
la disparition totale de la criminalité.
Cette école explique les aspects par l’imitation. Comme l’écrit Raymond
GASSIN87, elle « considère que les rapports sociaux ne sont que des rapports
interindividuels et que ceux-ci sont régis par ce fait social fondamental qu’est l’imitation.
Chez l’individu, l’imitation explique des fonctions psychologiques telles que l’habitude et la
mémoire. Sur le plan des rapports sociaux, c’est encore par le jeu de l’imitation que
s’organise et se développe la vie sociale ». Ainsi, selon TARDE, la conduite de chacun est
dictée par les coutumes acceptées par son milieu. Ce qu’il fait (voler, tuer…) est le résultat de
l’imitation.
85Idem
86 Cité par Raymond GASSIN, op.cit, p.127.
87Op.cit, pp.127-128
25
Pour FERRI, le crime est un phénomène complexe déterminé par des facteurs
criminologiques multiples. Ceux-ci se combinent différemment selon les délinquants.
S’agissant des facteurs à l’origine du crime, FERRI en retient trois :
Ils sont une variété de facteurs exogènes. Il peut s’agir du climat, de la nature
du sol, de la production agricole…
88Idem, p.128
26
- Les trois autres catégories sont les délinquants d’habitude, les délinquants
d’occasion et les criminels passionnels.
- Les criminels d’habitude, encore appelés criminels par habitude acquise, c’est
la catégorie de ceux qui le sont devenus à cause des conditions sociales, particulièrement
défavorables, dans lesquelles ils ont évolué en particulier dans leur enfance et leur
adolescence90. Mais il faut y ajouter les facteurs endogènes. En effet, selon FERRI, les
facteurs sociaux, aussi défavorables soient-ils, ne conduisent à la délinquance d’habitude
que s’il y a un précédent anthropologique.
Sur les aspects positifs, FERRI est le premier à mettre en évidence la théorie
multifactorielle de la délinquance et de proposer ainsi l’individualisation de la sanction
pénale. Toutefois, certains aspects de sa théorie ont fait l’objet de deux critiques négatives
au niveau de la classification des facteurs criminogènes et au niveau de celle des
délinquants.
Elles vont être étudiées dans leurs traits communs et leurs orientations
diverses.
Elle est axée autour des théories traditionnelles et certaines théories récentes.
92Ibidem, p.132
93Ibidem, p.133
94Ibidem, 135
28
95Ibidem, p.136
96Idem,p.136.
97Ibidem, p.137
98Idem, p.137
99Idem, p.137
29
Elle explique la délinquance à partir des facteurs sociaux. Avec GASSIN, nous
les regroupons dans deux tendances : les théories des facteurs sociaux de la délinquance et
celles des facteurs sociaux du respect de la loi pénale.
- La théorie marxiste-léniniste
culture, sont à l’origine du taux élevé de la criminalité dans les pays occidentaux
industrialisés.
L’on notera qu’à la suite de Sutherland, certains criminologues ont soit tenté
de perfectionner, soit de généraliser cette théorie. Il en est ainsi de Ronald Akers avec la
théorie de l’apprentissage social et Robert Clark avec celle de groupes de référence.
105Ibidem, p.142
106Ibidem, p.146
107Ibidem, p.147
31
Pour cet auteur, les hommes respectent les lois parce qu’ils sont contraints
par un certain nombre de liens sociaux (degré d’attachement de l’adolescent à son
environnement immédiat et aux institutions. Acceptation des objectifs conventionnels de la
grande société ; participation aux activités sociales et ; croyance dans la validité des règles
sociales et morales)108.
- L’explication psychanalytique
108Idem, p.147
109Ibidem, p.148
110Ibidem, pp.148-149
111Ibidem, p.151
32
l’agressivité et l’indifférence effective »112. Chaque individu a ces quatre traits moins ou très
accentués. Cependant, chez les délinquants, soit l’un d’eux est excessivement accentué et
domine tout le comportement, soit les quatre se cumulent et entraînent le passage à l’acte
criminel.
Quant aux modèles particuliers, il y a d’une part ceux qui attribuent un rôle
déterminant à la personnalité et, d’autre part ceux qui attribuent un rôle important à la
situation. Dans le premier groupe, l’on trouve des modèles objectifs et subjectifs. Les
modèles objectifs décrivent le passage à l’acte criminel « tel que l’observateur peut analyser
de l’extérieur la dynamique de la personnalité de l’agent »116.Le modèle de Jean PINATEL,
ci-haut analysé fait partie des modèles objectifs. Celui de KINBERG, pour qui, le passage à
l’acte délictueux est fonction de la relation s’établissant entre deux groupes de forces ; les
forces de pulsion et celles de résistance, n’est pas en reste. Les modèles subjectifs
décrivent le passage à l’acte délictueux « tel qu’il est vécu ou doit être vécu » par le
délinquant. Dans le second groupe, les circonstances sont déterminantes pour le passage à
l’acte délictueux. Tel est le cas de la victime, élément très essentiel du passage à l’acte.
112Ibidem, pp.151-152.
113Ibidem, p.156
114Idem, p.156
115Idem, p.156
116Idem, p.156
33
Son domaine d’étude est très étendu : « étude de la police, des organes de
poursuites, des juridictions, des institutions pénitentiaires et de rééducation…, dont il analyse
l’organisation, le fonctionnement, les méthodes d’action, le coût et l’efficacité »119.
117 Le terme anglais est traduit soit par « retenu » ou « inhibition », soit par « barrières » ou
« censure ».
118 Raymond GASSIN, op.cit, p.167 ; Maurice CUSSON, op.cit, pp.59-63
119 Raymond GASSIN, op.cit, p.169 ; Maurice CUSSON, loc.cit, pp.59-63
34
reprend par des tournures l’explication du crime donnée par Karl Marx. Le crime serait une
construction des groupes dominants pour se maintenir au pouvoir dans un Etat en
encadrant les individus et groupes considérés comme dangereux à une telle conservation.
Le système pénal serait l’arme imparable qu’utilise la bourgeoisie pour le maintien de « sa
suprématie sur les classes opprimées »120. Comme action, ce courant se veut militant,
combattant ; et propose le changement social et l’instauration d’une société post-capitaliste
(décriminalisation des infractions actuelles et incrimination des activités des puissants
comme l’impérialisme, le colonialisme etc.)121.
Elle cherche la compréhension du crime à partir des victimes ; voir leur rôle à
la genèse du crime. Comme on le sait, en dehors des crimes sans victimes directes, il existe
une relation entre crime et victime. Cette dernière est une condition nécessaire pour réaliser
des crimes contre les personnes et le patrimoine. Elle est soit une victime par imprudence
ou simplement une victime provocatrice.
PLAN SOMMAIRE
Il faut toutefois noter que ces divers éléments ne doivent pas être considérés
comme des facteurs criminogènes directs. Ce sont des facteurs qui contribuent à
l’altération de l’équilibre psychologique de l’individu, fragilisant ainsi le terrain.
S’il est vrai que le milieu est le monde environnant où se situe un individu, il
faut savoir qu’il est un phénomène dynamique et une ambiance vécue par l’homme tout en
étant un fait objectif. Comme phénomène dynamique, il est en interaction constante avec
l’individu et est modifié par son action tout en exerçant une influence sur lui. En tant qu’une
ambiance vécue par l’homme tout en étant un fait objectif, il lui donne toujours une
signification subjective.
126 Sur la génétique du comportement et la délinquance, lire Evariste LIKINDA BOFONDA, Les
mots de la bioéthique de A à Z (petit dictionnaire de bioéthique), CNB, Kinshasa, 2006 (inédit),
verba génétique du comportement ; Lire également Irénée MVAKA NGUMBU, La lutte contre
la néocriminalité procréatique en R.D.C. Esquisse de politique criminelle applicable dans un
domaine de bioéthique, Thèse de doctorat en Droit, UNIKIN, année académique 2010-2011, pp.
466-467.
38
géographique de vie des individus (ils intéressent la macro-criminologie) ainsi que le milieu
social, lui-même subdivisé en milieu social général (tous les citoyens de la société pour
toutes les conditions générales), et milieu social personnel (influe directement sur
l’individu). Il intéresse la micro-criminologie. Pour étudier l’influence du milieu sur la
délinquance, l’on distingue le milieu inéluctable, le milieu occasionnel, le milieu choisi ou
accepté et le milieu subi.
Le milieu inéluctable est celui dans lequel l’individu ne peut pas éviter de vivre
aussi bien du fait de sa naissance, de son environnement immédiat. Il en est ainsi de la
famille et de l’habitat ainsi que du voisinage.
C’est ainsi qu’une famille moralement sain peut exercer une influence
déterminante dans la formation du jeune délinquant si elle ne donne pas à l’enfant le
minimum d’affection et d’éducation nécessaire à une socialisation normale. C’est le cas d’un
enfant abandonné à sa naissance et qui manque des soins continus ; c’est également le cas
de l’enfant séparé de sa mère à la suite d’un cas de force majeure ou encore de celui qui vit
dans une famille où il y a absence de l’autorité paternelle équilibrant celle de la mère, etc.
S’agissant du foyer personnel, des études ont démontré son absence influe
sur la délinquance, surtout sur la délinquance grave ou d’habitude. En effet, parmi les
condamnés, le taux le plus élevé est celui des célibataires. L’on considère alors qu’un foyer
personnel, avec la présence des enfants, détourne de la délinquance. Mais encore faut-il
qu’il s’agisse d’un foyer équilibré. Le manque d’équilibre, notamment avec les conflits
conjugaux sont générateurs de délinquance tant pour les enfants que pour les parents
eux-mêmes. Pour les premiers, ils s’adonnent à la délinquance juvénile. Pour les seconds,
des coups et blessures, l’adultère, des agressions sexuelles, le vol…
Quant au milieu professionnel, l’on sait que l’absence du travail peut exposer
à la délinquance. Mais le milieu professionnel peut lui-même être criminogène. C’est le cas
du milieu d’affaire.
C’est le milieu où le délinquant est plongé une fois arrêté, jugé et condamné à
la réclusion criminelle à temps ou à perpétuité. Ce milieu (prison et l’ensemble du système
de justice pénale) peut conditionner la récidive du délinquant, renforçant ainsi sa
personnalité ou le dissuader. Tout dépend de l’usage qu’on en fait.
40
Qu’entend-t-on par cette notion et quels sont les facteurs qui la modèlent ?
A°/ Notion
Il en retient trois :
- La naissance et le développement d’un mythe dévalorisant. Il s’agit d’un trait fondamental
de l’évolution vers le passage à l’acte. Le délinquant en puissance doit, pour commettre le
délit, préalablement détruire les aspects sympathiques de la victime en la dévalorisant ;
c’est-à-dire effacer en lui tout ce qui peut le porter à une affection de sa victime, de telle
sorte que le crime contre elle parait simplement comme un juste retour de ce qu’elle
mérite. C’est ainsi que dans le meurtre passionnel, l’individu, aimé jadis est accusé de tous
les défauts ; et dans le vol, le criminel fait du propriétaire un usurpateur ;
- La collaboration consciente du criminel à l’apparition du mythe dévalorisant. L’individu ne
s’enfonce dans « les attitudes criminogènes qu’à mesure qu’il y consent ». C’est « comme
s’il assistait (…) à la dérive de ses fonctions supérieures, dérive qui le guide vers des
situations où il devient de plus en plus difficile de faire marche arrière »133.
- Le caractère non spécifique de la dévalorisation. C’est le manque de spécificité de ce
mythe dévalorisant qui, dans le crime, n’est qu’un cas particulier d’un phénomène plus
général que l’on retrouve dans les guerres, dans la propagande politique (…) où, pour
détruire ou neutraliser l’adversaire, on s’efforce d’abord de le dévaloriser auprès des
132Ibidem, p. 390.
133Ibidem, p. 392.
44
AAA
AA AAB
A ABA
AB
ABB
B BAA
BA
BAB
BB
BBB
BBB
46
Commentaire :
Il en existe cinq. Nous les subdivisons en deux groupes : les trois premières
caractéristiques et les deux dernières caractéristiques.
- L’action humaine ne survient pas subitement : elle a une histoire ; elle grandit et se
développe ;
- « Les circonstances qui déterminent le mouvement vers l’action selon une voie
particulière comprennent (…) les propriétés de la personne et celle de la situation ». Ainsi,
le développement de l’action est différent pour une même personnalité selon la
situation ; et la même situation n’entraîne pas le même type de développement d’action
selon la personnalité136 ;
- Même si une étape est un antécédent nécessaire pour une autre, le passage d’une étape
à l’autre n’est pas entièrement déterminé par les antécédents.
C’est avec raison que Raymond GASSIN écrit : « Toutes les actions criminelles
ne sont pas les mêmes »137. Il ne peut en être autrement. Parce que, d’une part, tous les
délinquants n’ont pas une même personnalité ; d’autre part, les actes criminels qu’ils
commettent variant en fonction de motivation d’un criminel à un autre, ne sont pas de même
nature. Il importe donc d’étudier successivement les typologies de délinquants (Chapitre I)
et les typologies de délits (Chapitre II).
Il est vrai que chaque délinquant est unique. Il n’est pas moins vrai que les
délinquants présentent, selon les catégories, « un minimum des caractères communs,
au-delà de leur diversité »138. Les typologies présentées sont nombreuses. Dans ce cours,
nous analysons les grands types de délinquants selon « la littérature criminologique et la
pratique judiciaire ».
Cette catégorie regroupe les aliénés, les débiles mentaux, les caractériels, les
pervers ainsi que les alcooliques et les toxicomanes.
Cette typologie est aussi bien juridique que criminologique. Ce sont des
déments pénalement irresponsables. Ils peuvent être rangés dans deux catégories : les
déments atteints de troubles de l’intelligence et de la conscience ; et les aliénés frappés des
maladies mentales évolutives.
137Ibidem, p. 411.
138Ibidem, p. 412.
48
La démence stricto sensu (notion plus étroite pour les psychiatres que pour
les juristes), est un état survenant après que l’individu ait d’abord parcouru les étapes
normales de l’évolution intellectuelle. Il se produit plus tard un affaiblissement général
progressif et lent des facultés ; puis le déficit devient irréversible. L’individu rentre dans un
état d’inconscience et devient comme un arriéré mental. Dans ce groupe, on distingue la
démence sénile (génératrice de vols et délits sexuels) ; la paralysie générale d’origine
infectieuse (qui provoque la perte de sens morale et entraîne le vol à l’étalage, l’abus de
confiance, la grivèlerie…) ; la démence traumatique due à certaines blessures ou
commotions cérébrales (traumatismes/ chocs graves/ lésions/lésions graves du cerveau).
normalité médiocre (Q.I = 0,80 à 0,89) »142. Contrairement aux débiles profonds qui sont
signalés par l’entourage comme des insuffisants intellectuels, les débiles légers et les
subnormaux ne sont signalés comme tels qu’en passant par un diagnostic ou un examen
mental.
Dans ce groupe nous étudions les caractériels, les pervers, les alcooliques
ainsi que les toxicomanes.
A°/ caractériels
amoral, non intimidable, qui fait le mal par plaisir, cruel, insincère, inintégrable, égocentrique,
jaloux, envieux, agressif »145. Les pervers sont des récidivistes inamendables ; des « durs »
qui deviennent les « chefs de bandes criminelles »146.
145Idem, p. 426.
146Ibidem, p. 427.
147 Raymond GASSIN, loc.cit., p. 427, précise que cette crise est généralement passagère. Et sous la
crise, « le malade se perd dans un brouillard de la pensée. Il n’a plus la conscience de ses
actes ni, par suite le souvenir de ceux-ci une fois la crise passée. Souvent le recul du
conscient s’accompagne d’une émergence de l’inconscient qui provoque des délires
hallucinatoires ».
148Idem, p. 427.
149Ibidem, pp. 427-428.
51
A°/ Définition
150Ibidem, p. 428.
52
§1 Critère de distinction
La distinction entre ces deux catégories repose sur l’idée fondamentale selon
laquelle le jeune délinquant est une personnalité en formation (en cours de socialisation)
alors que le délinquant adulte a une personnalité déjà formée. Les conséquences juridiques
c’est l’irresponsabilité pénale des premiers qui doivent bénéficier des mesures à même
d’assurer leur socialisation ; les adultes sont pénalement responsables et on doit leur
infliger les peines.
§2 Critique de la distinction
L’on s’est inquiété sur le fondement de cette distinction et les études menées
ont démontré la relativité de ladite distinction. En effet, s’il est vrai que pour la majorité de
mineurs la délinquance est une sorte d’accident (délinquance commune152), pour certains,
qui s’y engagent très tôt, c’est une manifestation de l’altération profonde de leur
personnalité. Ceux-ci s’enracinent dans la criminalité (délinquance distinctive153).
151Ibidem, p. 431.
152 L’expression est de FRECHETTE et LEBLANC, professeurs à l’Ecole de criminologie de
l’Université de Montréal, qui ont mené une étude sur la délinquance juvénile (près de vingt
ans de recherche), cités par Raymond GASSIN, op. cit., pp. 432-433).
153Idem.
53
Les crimes peuvent être classé par rapport à leur motivation (Section I), par rapport
au nombre des participants (Section II) et par rapport aux systèmes de comportement de
criminel. Cette dernière typologie, dégagée par surtherland et Gressey va être ignorée dans ces
développements.
C’est celle dégagée par Jean PINATEL qui retient quatre catégories : le crime
primitif, le crime utilitaire, le crime pseudo-justicier et le crime organisé. Pour le besoin
académique, nous les étudions en couple.
Alors que le premier est caractérisé par la satisfaction d’un intérêt personnel, le
second est désintéressé.
C’est le crime accompli pour se libérer d’une situation dont le délit apparait comme
la seule issue. Il présente quatre caractères : il suppose toujours que le criminel s’est trouvé dans
une situation spécifique ou dangereuse ; il est très souvent limité à une seule forme de délit ou
dirigé contre une seule personne ou un groupe de personnes précises ; il est l’aboutissement
d’une crise ayant franchi les étapes décrits par De GREEF154 ; il se développe tant contre les
personnes (meurtre pour s’approprier d’une fortune ou pour se libérer d’une personne gênante)
que contre les biens, son domaine privilégié.
Ici, l’auteur du crime cherche à rétablir, par celui-ci, ce qu’il croit être la justice dans
le domaine des relations privées ou publiques. Il faut préciser qu’il y a toujours un sentiment de
vengeance plus ou moins intense et un mélange de l’altruisme, des raisons idéologiques et des
processus de compensation.
cas des auteurs d’attentats politiques, du conspirateur). Le délit prophylactique (celui dont
l’auteur sait que son acte est illégal tout en étant convaincu d’éviter un grand mal ou de réaliser
un grand bien à travers cet acte : l’euthanasie en est l’exemple) ; le délit symbolique (celui qui en
souffre les conséquences n’est pas directement lié au criminel : un enfant qui vole un objet de
son maître de l’école sans nul besoin, parce que à ses yeux, ce dernier a une certaine
154 L’acquiescement mitigé, l’assentiment formulé et la crise proprement dite.
155 Il passe par les trois étapes décrits par De GREEFF, en y ajoutant deux étapes de plus, à savoir : le
processus de réduction et celui dit suicide. Le premier réduit la victime à une abstraction
responsable, la seconde pousse le délinquant à s’éliminer (ces deux processus caractérisent
l’homicide de passionnel).
54
ressemblance avec son père qu’il admire, craint et hait) ; le délit revendicatif (dont l’auteur se fait
défenseur d’une affaire où il n’est pas directement impliqué) ; le délit libérateur ou d’aventure (qui
nait de l’insatisfaction de la vie quotidienne, du malaise que sa monotonie détermine et de
l’angoisse qui en résulte. C’est le cas d’emprunt de voiture par des jeunes en bande) ; le délit
auto-punitif ou par sentiment de culpabilité (un acte pseudo-justicier dirigé contre soi-même par
l’entremise d’un acte qui atteint directement autrui).
- La réaction explosive est liée soit à un accès brusque de colère, soit à une accumulation
affective de sorte que la moindre occasion provoque une réaction disproportionnée. C’est le
cas de celui qui tue les membres de sa famille par haine accumulée ;
- Les actions en court-circuit sont les œuvres des débiles mentaux. C’est le cas de pyromane
incendiaire ou de certaines voleuses de grands magasins.
A°/ Définition
Le crime commis isolement est celui dont l’idée initiale, la préparation éventuelle et
l’exécution sont l’œuvre d’un seul individu. Le criminel se limite à ses propres ressources
matérielles et intellectuelles.
158Ibidem, p. 441.
159Idem, p. 441.
160Idem.
56
CONCLUSION
Il est impossible de mettre fin à la criminalité. Mais la guerre contre le crime est
toujours constante. Celle-ci se fait par des mécanismes à caractère pénal et ceux de prophylaxie
sociale. La réponse pénale est étudiée en droit pénal de fond et de forme. Les autres mécanismes
juridiques sont également étudiés dans diverses disciplines particulières. Dans cette conclusion,
nous voulons mettre l’accent sur la prévention de la criminalité avant d’ouvrir le débat sur les
problèmes criminels actuels.
pénale qui, par son intimidation générale due à la menace de la peine, arrête, non seulement
les impulsions criminelles d’un délinquant primaire potentiel mais aussi celles d’un
récidiviste.
• En dehors du critère de la majorité, l’on distingue la prévention générale de la prévention
spécifique. La première s’attaque aux facteurs généraux du phénomène à prévenir (elle porte
donc sur l’ensemble des situations à même d’enflammer le phénomène) alors que la seconde
s’intéresse aux facteurs précis.
• Catherine BLATIER168 fait une autre distinction très proche de celle-ci. Elle oppose la
prévention universelle à la prévention ciblée. La première concerne une collectivité assez
large. La seconde sélectionne les personnes à risque soit en raison de caractéristiques
personnelles (type indiqué), soit en raison de caractéristiques liées au milieu de (type
sélectif). Ceci démontre que la prévention ciblée se subdivise en prévention indiquée et
prévention sélective.
• En tenant compte de l’implication dans la réalisation des activités en vue de la prévention, on
oppose la prévention passive à la prévention active. La dernière s’implique par des activités
concrètes pour éviter le phénomène indésirable, alors que la première s’active à avertir en
édictant des mesures de prévention sans s’engager dans la réalisation des activités
concrètes pour éviter le phénomène indésirable.
• Habituellement, l’on retient une distinction tripartite de la prévention : la prévention primaire, la
prévention secondaire, et la prévention tertiaire. La première s’intéresse à la modification des
facteurs criminogènes ou des conditions de l’environnement physique et social global ». La
seconde s’active à l’intervention préventive auprès de personnes, groupes ou populations à
risque de délinquance, préalablement identifiés. La troisième vise à éviter la récidive. Elle
intervient auprès des personnes bien identifiées et utilise des mécanismes de réadaptation
sociale, d’assistance psychologique ou de neutralisation par des actions individualisées.
• Une autre distinction oppose la prévention sociale à la prévention situationnelle. Celle-là vise
les facteurs sociaux qui ont conduit au passage à l’acte ; et celle-ci s’intéresse à
l’environnement immédiat dans lequel se produisent certains délits. Elle s’attaque aux
situations pré-criminelles et aux occasions de commettre des crimes. La prévention sociale
est subdivisée en prévention communautaire et prévention développementale. Alors que
celle-ci s’attaque à l’amélioration de la situation sociale de la population et sur la situation
microsociale de certains groupes, celle-là combine la prévention situationnelle et la
prévention individuelle.
• A cette longue liste s’ajoute la distinction entre la prévention défensive et la prévention
émancipatrice. Celle-ci est celle de la confiance et de l’intégration. Celle-là est celle de la peur
et de l’exclusion.
Mais que font les criminologues face aux problèmes criminels actuels ? Cette
question qui s’analyse en travaux dirigés n’est pas sans importance car la criminalité
contemporaine, ou celle qu’on peut qualifier de criminalité post moderne n’est pas absente de la
société congolaise. C’est le cas de la délinquance de masse contre la propriété ; les violences
sexuelles ; les marchés criminels et les réseaux mafieux (importation et exportation de la drogue
par exemple) ; le terrorisme, la cybercriminalité, la néocriminalité procréatique.
BIBLIOGRAPHIE
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à l’épreuve des faits, Paris 2006
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PINATEL, 3ème édition’ Dalloz, Paris, 1975
- CUSSON, M., La criminologie, 4ème éd., Hachette, Paris, 2010.
- GASSIN, R., Criminologie, 3ème édition Dalloz, Paris,1994.
- KASONGO MUIDINGE MALUILO, P.C., Cours de Prophylaxie criminelle : “Questions approfondies de
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Faculté de Droit, UNIKIN, année académique 2007-2009
- KIENGE-KIENGE INTUDI, R., Cours de Criminologie générale, 3ème graduat, division B, Faculté de
Droit/UNIKIN, année académique 2010-2011.
- LE GRAIN, M. (éd.), REY-DEBOVE, J., Le Robert quotidien, Dictionnaires LE ROBERT/ DICOROBERT,
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- MVAKA NGUMBU, I., La lutte contre la néocriminalité procréatique en R.D.C. Esquisse de politique criminelle
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2010-2011.
- SHOMBA KINYAMBA, S., Méthodologie de la recherche scientifique, édition M.E.S., Kinshasa, 2007.
59
INTRODUCTION 1
Section I. Définition et objet de la criminologie 1
§1. Diversité des définitions de la criminologie 1
A°/ Diversité des définitions en extension 2
B°/ Diversité des définitions en compréhension 3
§2. L’objet spécifique de la criminologie 5
A°/ Le domaine de la criminologie 5
B°/ Le contenu de la criminologie 7
Section II. La méthode de la criminologie 8
§1. L’objet de la recherche criminologique 8
A°/ L’action criminelle 8
B°/ Valeur scientifique des moyens de lutte contre la délinquance 11
§2. La logique de la recherche criminologique 12
A°/ La logique de la recherche fondamentale 13
B°/ La logique de la recherche criminologique appliquée 15
§3. Les techniques de recherche criminologique 16
A°/ Les techniques d’approche de la criminalité 17
B°/ Les techniques d’approche du phénomène individuel 21
Section III. Les grandes théories criminologiques 21
§1. Les premières explications scientifiques du phénomène criminel 22
A°/ Les explications anthropologiques 22
B°/ Les premières explications de type sociologique 23
§2. Les explications modernes de l’action criminelle 26
A°/ Les explications étiologiques contemporaines 26
B°/ Les théories de l’acte criminel 31
C°/ Les théories de la criminologie dite la réaction sociale 32
D°/ La criminologie victimologique 33
PLAN SOMMAIRE 34
CONCLUSION 58
BIBLIOGRAPHIE 60
TABLE DES MATIERES 61