Mots 3503
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Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/mots/3503
DOI : 10.4000/mots.3503
ISSN : 1960-6001
Éditeur
ENS Éditions
Édition imprimée
Date de publication : 1 juillet 2004
Pagination : 129-132
ISBN : 2-84788-057-7
ISSN : 0243-6450
Référence électronique
Pierre Fiala, « Marie-Anne Paveau et Georges-Elia Sarfati, Les grandes théories de la linguistique. De la
grammaire comparée à la pragmatique », Mots. Les langages du politique [En ligne], 75 | 2004, mis en
ligne le 23 avril 2008, consulté le 22 avril 2022. URL : http://journals.openedition.org/mots/3503 ;
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© ENS Éditions
Mots. Émotion dans les médias, n° 75, juillet 2004
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du palimpseste primitif, est moins envisagée par les auteurs comme une syn-
thèse réflexive et généralisante de l’empirisme comparatiste que comme le point
de rupture avec celui-ci, instituant au début du 20e siècle la linguistique en tant
que paradigme et, pour ainsi dire, norme de la modernité dans les sciences
humaines, redéfinissant de façon restrictive son objet, son domaine, ses limites,
ses instruments, ses méthodes. Après avoir exposé clairement les concepts de
la vulgate saussurienne et rappelé la première réception, plutôt mitigée, du Cours
de linguistique générale, dont seul Bloomfield aurait reconnu le caractère pro-
fondément novateur (p. 83), les auteurs s’attachent aux développements fran-
cophones du saussurisme, de Bally à Tesnière, en passant par Guillaume, aucune
de ces trois figures ne s’étant en fait profondément inspirée du saussurisme.
Deux chapitres consacrés aux fonctionalismes retracent ensuite avec précision
l’histoire européenne de la phonologie du Cercle de Prague (Troubetzkoï,
Jakobson), de la glossématique danoise (Hjelmslev), et des fonctionnalismes
allemand (Bühler), anglais (Halliday) et français (Martinet).
On sera surpris, en revanche, si l’on continue à penser que le milieu du
20e siècle, avec les travaux de Harris et de Chomsky, a ouvert une phase déci-
sive dans les sciences du langage, celle d’une modélisation effective et d’une
inscription possible dans les technologies informatiques et les problématiques
cognitives, de voir évoqués en un seul chapitre, intercalé, les « formalismes »
linguistiques, du descriptivisme bloomfieldien au générativisme chomskien,
en passant par le distributionalisme (Harris, Gross) et la tagmémique (Pike).
On y trouvera néanmoins un résumé synthétique gardant toute sa clarté, même
si les exemples sont ici réduits au minimum.
Sous les étiquettes de linguistiques énonciatives, discursives et pragmatiques,
trois chapitres occupent le dernier tiers du volume. Ils présentent les prolonge-
ments théoriques récents de propositions énoncées dans la seconde moitié du
20e siècle, souvent en contrepoint au structuralisme saussurien et aux divers for-
malismes alors dominants. Placées sous la multipaternité de Bakhtine, Bally,
Jakobson, mais surtout Benveniste, l’énonciation et ses multiples déterminations
intra- et extralinguistiques sont exposées à l’aide des synthèses qu’en a fournies
Catherine Kerbrat-Orecchioni et des développements théoriques bien distincts
qu’en ont tirés Oswald Ducrot dans sa pragmatique linguistique et Antoine Culioli
dans ses éléments de sémantique formelle. Le chapitre sur les approches dis-
cursives revient sur les notions incontournables de textualité, de genre et de condi-
tions de production, qu’on les aborde à travers la sémiotique littéraire barthésienne,
la sémantique greimassienne, l’analyse du discours harrissienne, assortie ou non
des principes althussériens ou foucaldiens, mais aussi à travers les approches
argumentatives, lexicologiques, lexicométriques ou la linguistique textuelle ada-
mienne. Les synthèses de Jean-Michel Adam, mais celles aussi de Dominique
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