FR - Etude Monographique Sur La Demographie La Paix Et La Securite Au Sahel - Cas Du Burkina Faso
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DÉMOGRAPHIE, LA
PAIX ET LA SÉCURITÉ
AU SAHEL :
CAS DU BURKINA FASO
EQUIPE DE RÉDACTION
Ce document sur la démographie, la paix et la sécurité au Sahel est l’un des documents de travail
commandés par l’UNFPA WCAR pour faire la lumière sur les défis critiques avec des données et des
preuves et informer les interventions vers un environnement plus propice à la sécurité et au développement
au Sahel. Son contenu ne reflète pas nécessairement les points de vue de l’UNFPA.
Pour demander des exemplaires du document ou pour plus d’informations sur le document,
veuillez contacter UNFPA WCARO. Des documents sont également disponibles sur le site Web du
de l’UNFPA WCARO:
4 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
LIST OF TABLES
SIBLES ET ABREVIATIONS
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 5
SIBLES ET ABREVIATIONS
6 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
RESUMÉ EXECUTIVE
L’UNFPA WCARO a commandité une monographie en vue de la production du présent rapport ont
sur « Démographie, Paix et Sécurité » au Burkina été menées suivant essentiellement une revue
Faso pour alimenter les débats sur la relation documentaire.
entre démographie paix et sécurité nationale.
Dans la réalisation de la présente monographie, un
En effet, Il importe de noter que si les causes
certain nombre de difficultés ont été rencontrées.
directes de la majorité des confits et des crises
Ces difficultés ont trait à l’indisponibilité des
sécuritaires sont à explorer dans le chômage
données statistiques surtout les données sur la
et la pauvreté, la raréfaction des ressources,
part du budget du secteur de l’éducation, de la santé
l’ampleur des inégalités sociales et la mauvaise
et de la sécurité/défense dans le budget de l’Etat.
gouvernance, il urge de prendre en compte le
facteur démographique qui est d’ailleurs de plus A retenir
en plus évoqué dans la littérature qui a amplement
établi l’interrelation non encore quantifiée entre Quel est l’évolution de la situation démographique
démographie, paix et sécurité. au cours des soixante dernières années ?
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 7
dans son ensemble de 1960 à 1996. A partir de Depuis avril 2015, la situation sécuritaire s’est
1996, l’effet a commencé à diminuer jusqu’en 2020. considérablement aggravée avec les attaques à
répétition. La détérioration de la sécurité au Burkina
Le niveau global de la mortalité infanto-juvénile
Faso touche particulièrement les milieux ruraux,
a baissé de 360‰ de 1960 à 81.6 ‰ en 2015.
où 80 pour cent de la population active dépend du
La baisse globale est donc de 77,33%. Ce qui
pastoralisme et de l’agropastoralisme comme seul
correspond à une moyenne de 1,41% par an sur la
moyen d’existence.
période. Malgré cette baisse, le niveau de mortalité
infantile et juvénile reste élevé. En 2019, le Burkina Faso, était à la 104ème place
du Global Peace Index Report (GPI). Le pays
Au Burkina Faso, le taux de chômage des personnes
accuse une baisse de 26 points par rapport à
âgées de 15 ans ou plus est faible, mais en nette
l’année 2018. On note une grande détérioration de
augmentation au cours de 20 dernières années. Il
la situation de la paix au cours de ces dix dernières
est passé de 2,5% en 2000 à 6.4% en 2020. Ce faible
années, dans le pays.
niveau du taux de chômage ne doit pas occulter la
précarité de l’emploi qui est souvent observé dans Sur le plan social, le Burkina Faso vit une période
les pays en développement comme le Burkina Faso. trouble depuis 2016, marquée par deux phénomènes
: des revendications tous azimuts dans les secteurs
En 2014, l’incidence de la pauvreté monétaire était
socio-professionnels et un effritement de la
de 40,1% au niveau national. La pauvreté est un
cohésion sociale au sein des communautés
phénomène essentiellement rural. L’incidence
de pauvreté en milieu rural est en effet de 54,7% Quelles sont les répercussions des changements
contre 20,8% en milieu urbain. La pauvreté rurale démographiques et de l’insécurité sur le
contribue à 93% à l’incidence de pauvreté nationale. financement du capital humain : Une perspective
La contribution du milieu rural à la sévérité et à la nationale ?
profondeur de la pauvreté est au-dessus de 90%.
L’éducation figure en bonne place dans les priorités
Dans l’enseignement post-primaire et secondaire identifiées dans les documents d’orientation,
(de la classe de sixième à la classe de terminale), comme Plan national de développement
le taux brut de scolarisation a connu une hausse économique et social (PNDES) en cours.
en passant de 11,4% en 2000/2001 à 38,4% en
Cette priorité se traduit par une allocation
2017/2018, mais ce taux reste faible. Le taux
conséquente de ressources pour mettre en œuvre
brut de scolarisation des garçons est plus élevé
les programmes de développement de l’éducation.
que celui des filles au cours de la même période
On note que la part du budget de l’éducation dans le
l’ensemble post-primaire et secondaire. Sur cette
budget de l’Etat est passé de 19,5% en 2005 à 23,7%
période, l’indicateur a connu une hausse de 29,9
en 2019. En partant de ces éléments d’analyse, on
points chez les filles et 24 points chez les garçons.
remarque que le Burkina Faso a fait des efforts en
Certaines difficultés de la demande sociale et de termes d’allocation de ressources.
la sécurité en général et de la sécurité sociale en
Au Burkina Faso, les allocations budgétaires
particulier ont été attribuées à la répartition par âge
en faveur de la santé ont enregistré une hausse
de la population et certains risques de d’insécurité
importante. En effet, la part du budget de la santé
à l’évolution future de cette répartition.
dans le budget national est passées de 7,7% en
A l’instar de certains pays du Sahel et de 2005 à 13,1 en 2019 soit une hausse de l’ordre de
l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso, connaît un 41,2%. Le gouvernement burkinabè reste toujours
contexte sécuritaire de plus en plus difficile. très loin de l’engagement d’accorder 15% de son
8 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
budget national au secteur de la santé ; et ce, malgré La structure par âge de la population du Burkina
la barre de 10% franchie en 2017. Faso en 2040 présente encore, quel que soit le
scénario considéré, l’aspect d’une population
D’importants efforts ont été faits au cours des
jeune. La taille de la population du Burkina Faso en
trois dernières années par rapport aux périodes
2040, sera à moins d’un million près le double de
précédentes, dans le domaine de la défense et
son effectif de 2020 selon le scénario bas. Dans le
sécurité. Les allocations budgétaires du secteur de
scénario moyen l’effectif de la population burkinabé
la défense et sécurité sont en nette augmentation
de 2040 sera de 37 millions d’habitants. Dans le
de 2016 à 2019. La part du budget du secteur de
scénario haut, l’effectif de la population dépasserait
la défense et sécurité dans le budget de l’Etat est
le cap des 32 millions, soit une progression de près
passée de 7,87% en 2016 à 13,80% en 2019. Malgré
de 55,5% par rapport à 2020.
la bonne progression des allocations budgétaires
au secteur de la défense et sécurité, la part du Cette poussée démographique s’accompagne
budget de ce secteur dans le budget national reste d’une croissance urbaine tout autant importante. En
faible par rapport aux autres pays du G5 Sahel. En 2040, globalement un peu plus de 4 burkinabé sur
effet, selon les données de countryeconomy.com, 10 vivraient en ville, toute chose qui représente une
pour l’année 2018, la part du budget de la défense augmentation de 17 points du taux d’urbanisation
dans le budget national ressort à 8,01% contre de 2020.
14,64% pour le Tchad et 14,29% pour le Mali.
Quelles sont les stratégies mises en œuvre
Quelles sont les perspectives démographiques à ou envisagées pour contenir la dynamique
l’horizon 2040 ? démographique ?
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 9
la planification familiale ; (2) l’assurance maladie de l’économie et (iii) promouvoir l’emploi décent
universelle ; (3) la mise en œuvre du projet et la protection sociale pour tous, particulièrement
SWEDD ; (4) la création d’un Observatoire national pour les jeunes et les femmes. Ces objectifs
du dividende démographique et (5) la Politique stratégiques sont opérationnalisés par les plan et
Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle politiques sectoriels suivants : (1) le Plan National
(PNSAN). de Développement Sanitaire (PNDS) et (2) la
Politique sectorielle de l’éducation ;
Quelles sont les stratégies mises en œuvre ou
envisagées pour le développement du capital Quelles sont les stratégies mises en œuvre ou
humain ? envisagées pour accroître l’autonomisation des
jeunes y compris les femmes et les filles ?
L’axe stratégique 2 du PNDES du Burkina Faso, est
consacré au développement du capital humain (Axe Plusieurs stratégies sont mises en œuvre ou
2 : développer le capital humain). Le PNDES vise, envisagées pour accroître l’autonomisation des
à travers cet axe stratégique, à agir rapidement jeunes y compris les femmes et les filles : (i)
sur la quantité et la qualité du capital humain, programme intégré d’autonomisation de la femme
ainsi que sur les possibilités et les conditions au Burkina Faso ; (ii) programme d’autonomisation
de la pleine valorisation dudit capital humain. économique des jeunes et des femmes (PAE/JF) et
En conséquence, l’Axe 2 se décline en objectifs (iii) stratégie nationale pour le renforcement du rôle
stratégiques qui sont entre autres : (i) promouvoir des femmes dans le processus de développement.
la santé des populations et accélérer la transition
démographique ; (ii) accroître l’offre et améliorer la
qualité de l’éducation, de l’enseignement supérieur
et de la formation, en adéquation avec les besoins
10 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
INTRODUCTION
1 Goldstone J. A., 2002. Population and Security: How Demographic Change Can Lead to Violent Conflict, Journal of international
affairs, Fall 2002, vol. 56, no. 1
2 ENSEA, UNFPA WCARO. La modélisation de la relation entre démographie, paix et sécurité 2020.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 11
Objectifs Elle s’est déroulée tout au long de cette analyse et
a porté sur :
L’objectif général de cette monographie est de
conduire une brève et succincte analyse sur la • les lois de finance et règlements budgétaires
relation entre démographie, paix et sécurité. ainsi que les exposés de motifs desdites lois;
Plus spécifiquement, il s’agit de : • le Plan National de Développement
Economique et Social (PNDES) ;
• Décrire le contexte sécuritaire au Burkina
Faso durant ces 5 dernières années ; • la stratégie nationale de sécurité intérieure ;
• Décrire le contexte/projection • les comptes nationaux de la santé du Burkina
démographique depuis 1960 à 2040 (taille Faso ;
et structure de la population en utilisant • les annuaires statistiques de l’éducation du
les données nationales) avec un focus sur Burkina Faso ;
l’évolution de la population scolaire 5-20 • les projections démographiques de
ans, l’évolution des jeunes actifs 15-34 ans, l’Institut national de la statistique et de la
et tout autre tranche d’âge pertinent ; démographie (INSD) ;
• Décrire l’évolution de la part du budget de la • les projections démographiques des Nations
santé dans le budget national (1960-2019) ; Unies ;
• Décrire l’évolution de la part du budget • les données de la Banque Mondiale (BM) ;
de l’éducation dans le budget national • l’analyse budgétaire globale sur le domaine
(1960-2019) : de la sécurité/défense au Burkina Faso ;
• Décrire l’évolution de la part du budget du • le papier de recherche sur l’état des lieux
ministère en charge de la défense et sécurité sur les inégalités multidimensionnelles au
dans le budget national (1960-2019) ; Burkina Faso3 (Kobiane, 2020)
• Faire des analyses croisées entre l’évolution • les recherches relatives aux questions de
du changement de structure de la population sécurité et paix au Burkina Faso, dans la
la demande sociale (éducation et santé) et sous-région, en Afrique ;
les problèmes de sécurité ;
• les documents de référence sur les questions
• Discuter des perspectives démographiques à de sécurité et paix au Burkina Faso, dans la
l’horizon 2040 et le rapprocher de la demande sous-région, en Afrique ;
sociale et des questions de paix et sécurité.
• les rapports et tout autre document sur les
questions de sécurité et paix au Burkina
Approches méthodologiques
Faso, dans la sous-région, en Afrique (rapport
Pour répondre à ces objectifs, une démarche d’activités, rapport de suivi, modules et
méthodologique a été adoptée. Les recherches rapports de formation etc.) ;
en vue de la production du présent rapport ont
été menées suivant essentiellement une revue Dans la conduite de la présente monographie, nous
documentaire. Cette revue documentaire avait pour avons rencontré un certain nombre de difficultés qui
finalité collecter les informations nécessaires à la ont trait à l’indisponibilité des données statistiques
présente monographie. surtout les données sur la part du budget du secteur
de l’éducation, de la santé et de la sécurité/défense
dans le budget de l’Etat.
3 Kobiane J-F. Etat des lieux des inégalités multi-dimensionnelles au Burkina Faso. 2020.
12 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
I EVOLUTION DU CONTEXTE SÉCURITAIRE, ENJEUX
DÉMOGRAPHIQUES ET FINANCEMENT DES SECTEURS
SOCIAUX
Entre 1960 et 2020, la population burkinabé a plus que quadruplé, passant 4 829 2894 habitants en 1960 à
21 510 1815 habitants en 2020 comme le montre le graphique 1. Cette évolution témoigne du dynamisme
de la population sur cette période.
L’observation démographique distingue en général des populations jeunes des populations vieilles, sur la
base de leur structure selon l’âge. Les populations jeunes se caractérisent par une proportion importante
d’enfants et d’adolescents (moins de 15 ans), alors que les populations vieilles comportent une forte
proportion de personnes du troisième âge (au-delà de 60 ans). Entre ces deux schémas typiques, il existe une
variété de situations. Les implications de chacune au plan économique, social et culturel sont différentes.
La répartition par âge de la population du Burkina n’a pas connu un changement sensible entre 1960 et
2005. Cela est le reflet de l’inertie de la structure par âge.
4 Unated Nations. Population Division. Department of Economic and Social Affairs. World Population Prospects 2019.
5 Institut National de la statistique et de la Démographie (INSD). Projections démographiques 2007-2020
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 13
GRAPHIQUE 1 : Evolution de la population Burkinabé entre 1960 et 2020
Source : A partir des estimations des Nations Unies et les données des recensements et des projections de l’INSD
ANNEE
REGION
1985 1996 2006 2010 2015 2020
BOUCLE DU MOUHOUN 911 736 1 174 456 1 442 749 1586748 1821059 2086333
CASCADES 257 553 334 303 531 808 613229 739497 880686
CENTRE 633 965 941 894 1 727 390 2043943 2532311 3080375
CENTRE-EST 661 182 853 099 1 132 016 1262783 1470903 1704810
CENTRE-NORD 729 189 928 321 1 202 025 1334860 1547565 1787082
CENTRE-OUEST 787 644 943 538 1 186 566 1310644 1510975 1737197
CENTRE-SUD 444 011 530 696 641 443 703358 804709 919681
EST 621 786 853 706 1 212 284 1369233 1615740 1891813
HAUTS - BASSINS 744 003 1 031 377 1 469 604 1660910 1961204 2297496
NORD 760 408 955 420 1 185 796 1306619 1502527 1724065
PLATEAU - CENTRAL 446 994 572 154 696 372 764 574 875910 1 002 106
SAHEL 521 911 708 332 968 442 1 086 250 1272545 1 481 543
SUD - OUEST 444 323 485 313 620 767 687 826 795 549 916 994
POPULATION TOTALE 7 964 705 10 312 609 14 017 262 15 730 977 18 450 494 21 510 181
Source : A partir des données des recensements et des projections de l’INSD
14 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
1.1.1.2 Evolution du niveau de fécondité entre 1960 et 2020
Le niveau de la fécondité a connu d’abord une hausse avant d’accuser une légère baisse comme le montre
le graphique 2. Ainsi le nombre moyen d’enfants par femme (ISF) est passé de 6,2 en 1960 à 7,3 en 1991
pour de nouveau baisser à 5.4 enfants en 2015.
Source : A partir des estimations des Nations Unies et les données des recensements, des EDS et des projections de l’INSD
L’allure de l’évolution du nombre d’enfants par femme en fin de vie féconde (ISF) au cours de la période
1960-2020 permet de distinguer trois phases :
• Entre 1960 et 1991, on note une augmentation assez nette du nombre moyen d’enfants par femme
qui s’est manifestée par un « gain » de 1,2 enfants par femme. Cette hausse est probablement le
produit d’une certaine amélioration des conditions sanitaires générales dans un contexte de progrès
de l’hygiène individuelle et collective. Ce constat de hausse de la fécondité après les indépendances
a été établi dans d’autres pays africains ;
• La période 1993-1999 correspond à une période de stabilité de la fécondité à un niveau encore élevé,
quoique légèrement inférieur à la période précédente. Sur cette période quinquennale, on observe
une « perte » de 0,5 enfant par femme entre 1991 et 1999.
• La dernière phase (1999-2020) semble confirmer le fléchissement amorcé précédemment.
On note que de 1960 à 2020 l’âge médian a varié de 19,1 ans en 1960 à 17,6 ans en 2020 en passant par
16,3 ans en 1995.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 15
GRAPHIQUE 3 : Evolution de l’âge médian entre 1960 et 2020
Source : A partir des estimations des Nations Unies. WPP 2019 et les données des recensements et des projections de l’INSD
Ce niveau de l’âge médian et cette allure est celle typique des populations jeunes dans lesquelles les
moins de 15 ans constituent une frange importante de la population. Autrement dit, au Burkina Faso la
moitié de la population est âgée de 0 à 17,6 ans en 2020. Ce niveau de l’âge médian est un marqueur de
la forte jeunesse de la population.
1.1.3 Evolution de la proportion des jeunes de moins de 25 ans, 5-20 ans de ceux âgés de 15-34 ans et
des moins de 15 ans
La population de moins de 25 ans a connu une augmentation régulière entre 1960 et 2020. Elle est passée
de 2 929 6246 en 1960 à 13 501 6257 en 2020. Cette population de moins de 25 ans a perdu en poids
depuis les année 2000 avec des proportions qui n’ont cessé de décliner dans la population totale, comme
cela s’observe sur le graphique 4.
6 Unated Nations. Population Division. Department of Economic and Social Affairs. World Population Prospects 2019.
7 Institut National de la statistique et de la Démographie. Projections démographiques 2007-2020
16 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
GRAPHIQUE 4 : Evolution de la taille et de la structure de la population de moins de 25 ans de 1960 à 2020
Source : A partir des estimations des Nations Unies. WPP 2019 et les données des recensements et des projections de l’INSD
1.1.3.2 Evolution de la population scolarisable 6-11 ans, 12-15 ans et 16-19 ans
de 1960 à 2020
La population scolaire de 6-19 ans a connu une augmentation régulière entre 1960 et 2020. Elle est passée
de 2 501 2888 en 1960 à 9 066 4599 en 2020. Cette population de 6-19 ans a perdu en poids au cours de la
période avec des proportions qui n’ont, de façon générale, décliner dans la population totale.
De façon générale, on note une augmentation des proportions de la population scolarisable 6-11 ans, 12-15
ans et 16-19 ans au cours de la période comme cela s’observe sur le graphique 5. En effet, les 16-19 ans
par exemple, sont passés de 15,01% de la population totale en 1960 à 16,59% en 2020. Toutefois, même si
la part relative de la population scolarisable connait une légère augmentation, l’effectif absolu continuera
de croître encore longtemps du fait de l’inertie des phénomènes démographiques.
8 Unated Nations. Population Division. Department of Economic and Social Affairs. World Population Prospects 2019.
9 Institut National de la statistique et de la Démographie. Projections démographiques 2007-2020
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 17
GRAPHIQUE 5 : Evolution de la taille et de la structure de la population scolaire 6-11 ans, 12-15 ans et 16-19 ans
de 1960 à 2020
Source : A partir des estimations des Nations Unies. WPP 2019 et les données des recensements et des projections de l’INSD
Au Burkina Faso, une personne est dite jeune si elle a un âge compris entre 15 révolus et 35 ans exact10.
Cette tranche d’âge est celle retenue par l’Union Africaine (UA) et la Communauté Economique des Etats
de l’Afrique de L’Ouest (CEDEAO).
Les effectifs des jeunes actifs de 15-34 ans ont connu une augmentation régulière, passant de 1 599 168
en 196011 à 7 147 275 en 202012.
La situation démographique des jeunes de 15-34 ans au Burkina Faso reste marquée par un accroissement
continu et une forte représentativité numérique dans la population totale. En effet, la proportion des jeunes
dans la population totale est passée de 33,11% en 1960 à 33,23% en 2020. On note qu’au cours du temps,
les jeunes de 15-34 ans représentent près d’un tiers de la population et avec une prédominance féminine13.
18 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
GRAPHIQUE 6 : Evolution de la taille et de la structure de la population de jeunes actifs 15-34 ans de 1960 à 2020
Source : A partir des estimations des Nations Unies. WPP 2019 et les données des recensements et des projections de l’INSD
La population jeune du pays se caractérise par son extrême jeunesse. Sa structure par groupes d’âges
quinquennaux présente des proportions décroissantes de 15 ans à 34 ans révolus. En effet, avec 34,4%
de jeunes âgés de 15 à 24 ans et 27% âgés de 20 à 24 ans, les jeunes de moins de 25 ans constituent plus
de 60 % de la population jeune en 201714.
On note une tendance au rajeunissement de la population, phénomène qui se traduit par une augmentation
régulière des proportions de la population jeune (moins de 15 ans) au cours de la période 1960-2010
comme cela s’observe sur le graphique 2. En effet, les 0-14 ans sont passés de 41,3 % en 1960 à 48,0% en
2010. Cette situation s’expliquerait par le maintien de la fécondité à un niveau élevé au cours de la période,
associée au déclin de la mortalité infantile et juvénile15.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 19
GRAPHIQUE 7 : Evolution de la taille et de la structure de la population de moins de 15 ans de 1960 à 2020
Source : A partir des estimations des Nations Unies. WPP 2019 et les données des recensements et des projections de l’INSD
Cette population des enfants de 0-14 ans perd en poids au cours de la période 2010-2020 avec des
proportions qui ne cesseront de décliner dans la population totale comme l’indique le graphique 7. En
effet, la proportion de la population de moins de 15 ans dans la population totale passera de 46,2% en
2020 à 38,9% en 2040 en passant par 42,6% en 2030.
Le taux de dépendance des moins de 15 ans a connu une augmentation régulière entre 1960 et 1990. En
effet, d’une valeur de 73,3% en 1960, le taux de dépendance de dépendance des moins de 15 ans a connu
une augmentation régulière pour atteindre un maximum de 95,5% en 1990. De 1990 à 2020, ce taux de
dépendance a connu une baisse régulière pour atteindre 83,4% en 2020, comme l’indique le graphique 8.
20 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
1.1.4 Evolution du taux d’urbanisation de 1960 à 2020
Au Burkina Faso, le phénomène d’urbanisation est marqué par l’histoire, la vie politique, économique
et sociale du territoire. L’actuel réseau de villes prend en compte des centres précoloniaux ou nés de la
colonisation. Ces villes sous-tendent une urbanisation dans un contexte marqué par des découpages et
redécoupages successifs du territoire sur fond de décentralisation
Sources : A partir des données de INSD. RGPHs : 1960, 1975, 1985, 1996, 2006 et UN. WPP : 2019
La population urbaine s’est accrue depuis 1960 à nos jours en passant de 110 000 habitants en 1960, à
362 610 en 1975, 1 011 074 en 1985 pour atteindre 3 181 967 en 2006. Comme l’indique le graphique 9,
les citadins représentent ainsi respectivement 2,5%, 6,4%, 12,7%, 15,5% et 22,7% de la population totale
résidente en 1960,1975, 1985, 1996 et 2006. En 2019, on estime que 30,9% de la population Burkinabè vit
dans des villes, ce qui représente 6,2 millions de citadins.
Pendant longtemps, notre pays n’a pas mis en place de véritables politiques urbaines. Ce faisant,
la juxtaposition des interventions sectorielles non coordonnées, reflet d’une organisation étatique
centralisée, a tenu lieu de politiques. Dans ces conditions, on mesure toutes les difficultés des
villes à répondre durablement et de manière cohérente aux besoins de populations de plus en plus
nombreuses et exigeantes.
Par ailleurs, le taux d’urbanisation passera la barre de 50% à l’horizon 2050 et s’observera essentiellement
dans les deux principales villes du pays Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. La cohésion sociale dans les
villes du Burkina figure parmi les défis futurs à relever, étant donné que cette croissance n’est pas toujours
liée dans les villes à une croissance économique créatrice d’emplois.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 21
1.2 Défis associés à la forte croissance démographique et à la structure
de la population
Le ratio de soutien économique désigne la proportion des producteurs effectifs par rapport aux
consommateurs effectifs. Il mesure l’effet de la structure par âge sur la capacité de la population à
contribuer à la production16.
Le ratio de soutien économique a connu une baisse régulière entre 1960 et 1996. En effet, d’une valeur
de 49,5 producteurs effectifs pour 100 consommateurs effectifs en 1960, le ratio a connu une baisse
régulière pour atteindre un minimum de 43 producteurs effectifs pour 100 consommateurs effectifs en
1996. De 1997 à 2020, le ratio de soutien a connu une augmentation régulière pour atteindre 46% en 2020.
Source : A partir des données issues du Rapport Profil du Dividende Démographique du Burkina Faso.
Ainsi, la structure par âge de la population a eu des effets négatifs sur l’économie dans son ensemble
de 1960 à 1996. Cette période correspond à la période d’augmentation progressive des consommateurs
effectifs par rapport aux producteurs effectifs due principalement à une forte fécondité. En effet, l’Indice
synthétique de fécondité (ISF) est passé de 6,1 en 1960 à 7,3 enfants par femme en 1991 avant de décroître
à 6,8 enfants par femmes en 1996. A partir de 1996, l’effet a commencé à diminuer jusqu’en 2020. Cette
période correspondrait à celle où la population potentiellement active a fortement augmenté par rapport à
celle des inactifs pour cause de jeunesse. Ces résultats montrent que les prochaines années constituent
22 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
toujours une période de « bonus » démographique pour le Burkina Faso17. Il est a noté que pour le Burkina
Faso puisse espérer tirer le maximum de bénéfice de ce dividende démographique, il est nécessaire
d’investir dès à présent dans l’enfance, l »adolescence et la jeunesse.
Les comptes de transferts nationaux (NTA) permettent de produire une mesure, tant individuelle qu’agrégée,
de l’acquisition et de la répartition des ressources économiques aux différents âges. Ces comptes sont
destinés à comprendre la façon dont les flux économiques circulent entre les différents groupes d’âge
d’une population pour un pays et pour une année donnée (CREFAT, 2015). Ainsi, en recourant au rapport
sur le profil du dividende démographique du Burkina Faso élaboré en 2016
L’Etat et les ménages se partagent les rôles en matière de dépenses d’éducation. Le financement de
l’éducation reste essentiellement public et représente 66% de la consommation totale d’éducation ; il varie
d’un sous cycle à un autre : (i) l’éducation de base qui concerne les tranches d’âges 3-15 ans représente
67,3% de la consommation publique d’éducation ; (ii) la consommation publique d’éducation consacrée
à l’enseignement supérieur (tranches d’âges 19-30 ans) est de 13,6%.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 23
Profil agrégé en santé
Au niveau de la santé, les enfants de moins de cinq ans ont plus bénéficié des transferts de la part de l’Etat
en matière de santé. En fonction de l’âge, ces dépenses se situent entre 5 et 7 milliards. Entre 6 et 14 ans
ces dépenses sont d’environ de 1 milliard F CFA. A partir de 15 ans la consommation agrégée remonte à
plus de 2 milliards et baisse progressivement avec l’âge.
Le déficit du cycle de vie est calculé comme la différence entre la consommation et le revenu du travail.
Au Burkina Faso, les personnes déficitaires sont les personnes déficitaires sont les personnes de moins
de 25 ans ainsi que les personnes de plus de 66 ans. Les personnes qui dégagent un surplus sont celles
de 26-66 ans.
La demande sociale est très énorme et estimé à environ 2107,12 milliards de FCFA. Cette demande
sociale présente 34% du PIB. Globalement, le déficit du cycle de vie est estimé à 1 121,44 milliards de
FCFA représentant 18,1% du PIB en 2014. Ce déficit est observé chez les jeunes de moins de 25 ans et les
personnes âgées de plus de 66 ans. Les résultats montrent que le déficit à la jeunesse s’élève à 2 067,94
milliards F CFA soit 33,3% du PIB. Pour les plus de 66 ans, le déficit s’élève à 39,19 milliards F CFA soit
0,6% du PIB. En regardant la situation des enfants de moins de cinq ans, le déficit représente près du 1/3
du déficit total de la jeunesse.
24 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
1.1.5.4 Evolution annuelle des nouveaux demandeurs d’emploi et du taux de chômage au cours des
20 dernières années
De façon générale, on note une tendance à la hausse des demandes d’emploi. En moyenne les demandes
d’emploi enregistrées au niveau de l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE) se sont accrues entre 2002 et
2012 passant de 4 205 à 38 704. Mais entre 2012 et 2018, les demandes d’emploi enregistrées à l’ANPE
ont baissé de 57,1% passant de 38 704 à 16 619. Tenant compte des réalités du Burkina, il est à noter que
ces chiffres enregistrés formellement au niveau de l’ANPE, sont largement sous-estimés car une bonne
partie de la demande d’emploi s’exprime à travers des canaux informels
GRAPHIQUE 13 : Evolution du nombre des nouveaux demandeurs d’emploi au cours des dernières années
Au Burkina Faso, le taux de chômage des personnes âgées de15 ans ou plus est faible, mais en nette
augmentation au cours de 20 dernières années. Il est passé de 2,5% en 2000 à 6.4% en 2020. Ce faible
niveau du taux de chômage ne doit pas occulter la précarité de l’emploi qui est souvent observé dans les
pays en développement comme le Burkina Faso.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 25
GRAPHIQUE 14 : Evolution du taux de chômage au cours des 20 dernières années
Source : A partir des estimations du BIT et les données des enquêtes de l’INSD
En 2014, l’incidence de la pauvreté monétaire est de 40,1% au niveau national. La pauvreté est un
phénomène essentiellement rural. L’incidence de pauvreté en milieu rural est en effet de 54,7% contre 20,8%
en milieu urbain. La pauvreté rurale contribue à 93% à l’incidence de pauvreté nationale. La contribution
du milieu rural à la sévérité et à la profondeur de la pauvreté est au-dessus de 90%.
L’incidence de pauvreté est passée de 46,7% en 2009 à 40,1% en 2014, soit une baisse d’environ sept (07)
points. En milieu urbain tout comme en zone rurale, c’est le même constat qui se dégage, c’est-à-dire que
la pauvreté a connu une baisse significative. En ville, l’incidence de pauvreté est passée de 25,2% en 2009
26 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
à 13,7% en 2014, soit une baisse de douze (12) points). Dans les zones rurales, la pauvreté a connu une
baisse significative de cinq (05) points passant de 52,8% en 2009 à 47,5% en 2014.
Au-delà de l’évolution de la pauvreté, il existe des inégalités spatiales en termes d’accès à l’éducation
et à la santé. En effet, on note une persistance des inégalités spatiales malgré des progrès notables
dans l’accès à l’éducation. Des inégalités spatiales importantes d’accès à l’éducation au détriment du
milieu rural et des régions du Sahel et de l’Est existent encore18. On note également une amélioration
de l’accessibilité des services de santé, mais des inégalités régionales toujours importantes. Ainsi, il
ressort que 71,2% des ménages burkinabés sont dans des conditions d’accessibilité acceptable à la
santé avec des niveaux très faibles pour les régions du Sahel (53,2%), de la Boucle du Mouhoun (57,0%),
de l’Est (57,5%) et des Cascades (63%)19
Sur la période 2000-2018, le taux brut de scolarisation au primaire, au plan national, est passé de 45,9%
à 90,7%. De 2000 à 2014, le taux brut de scolarisation des garçons au plan national est resté supérieur à
celui des filles, mais la tendance s’est inversée en 2014/2015.
Dans le post-primaire (de la classe de sixième à la classe de troisième), le taux brut de scolarisation a
connu une hausse en passant de 15% en 2000/2001 à 52% en 2017/2018. Le taux brut de scolarisation
des garçons est plus élevé que celui des filles au cours de la période. Au secondaire (de la classe de
seconde à la classe de terminale), le taux brute de scolarisation est passé de 5,9% en 2000/2001 à 17,6%
en 2017/2018.
18 Kobiane J-F. Etat des lieux des inégalités multi-dimensionnelles au Burkina Faso. 2020.
19 Kobiane J-F. Etat des lieux des inégalités multi-dimensionnelles au Burkina Faso. 2020.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 27
1.1.5.7 Evolution du nombre d’élèves par enseignant (primaire et secondaire) au cours des 20
dernières années
Au Burkina Faso, le ratio élève/maitre a connu une baisse. En 2017/20018, cet indicateur dont la valeur
est de 49,1 reste acceptable par rapport à la norme nationale (moins de 50 élèves/maitre. De même,
l’augmentation des effectifs enseignants s’est accompagnée dans toutes les régions par une baisse
du ratio élève/maître. La baisse globale de l’indicateur au niveau nationale est de 3 points sur la période
2000-2010, ce qui pourrait supposer une amélioration de la qualité de l’encadrement due à une baisse de
la charge de l’enseignant.
GRAPHIQUE 17 : Evolution du nombre d’élèves par enseignant (primaire et secondaire) au cours des 20
dernières années
Dans l’ensemble du post-primaire et secondaire, le ratio élève/enseignant a connu une baisse de 7 point
sur la période 2000-2018 pour l’enseignement général. Il est passé de 64 en 2000/2001 à 57 en 2017/2018,
tandis que celui de l’enseignement technique a enregistré une baisse de 19 points en passant de 48 élèves/
enseignant à 29 élèves/enseignant sur la même période. Quel que soit le type d’enseignement, le nombre
d’élèves par enseignant est plus élevé à l’enseignement général qu’à l’enseignement technique.
Le taux de mortalité infantile (mortalité des enfants de moins d’un an) est passé de 182,3‰ en 1960 à
42,7‰ en 2015 soit une baisse de 76,6%. Ce qui correspond annuelle de 1,39%
La mortalité juvénile (mortalité des enfants de 1-4 ans) est passée de 217‰ en 1960 à 40,7‰ en 2015. On
enregistre donc une baisse totale de 81,24% sur toute la période. Ce qui correspond à une baisse moyenne
annuelle de 1,47%.
Le niveau global de la mortalité infanto-juvénile a baissé de 360‰ de 1960 à 81.6 ‰ en 2015. La baisse
globale est donc de 77,33%. Ce qui correspond à une moyenne de 1,41% par an sur la période.
28 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
GRAPHIQUE 18 : Evolution du niveau de mortalité des enfants de moins de 5 ans
Sources : A partir des données de INSD. RGPHs : 1960, 1975, 1985, 1996, 2006 et des EDS : 1993, 1998, 2003, 2010 et EMDS 2015.
1.1.5.9 Evolution du ratio nombre d’habitants par médecins en relation avec le seuil de l’OMS
Au Burkina Faso, le personnel technique (médical et paramédical) est insuffisant en quantité et en qualité
dans la plupart des formations sanitaires du système de santé, ce qui affecte la disponibilité et la qualité
des prestations offertes.
GRAPHIQUE 19 : Evolution ratio nombre d’habitants par médecins en relation avec le seuil de l’OMS
En 2018, le ratio nombre d’habitants par médecin était évalué à 1 pour 12 000 habitants alors que la norme
de l’OMS étant 1 médecin pour 10.000 habitants.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 29
A cela s’ajoute une inégale répartition de ces ressources humaines, accentuée par la difficulté de fidéliser
les agents dans les zones difficilement accessibles. 40% des médecins généralistes sont en activité
dans la seule Région Centre où se trouve seulement 14% de la population totale et seulement 12% des
médecins spécialistes exercent dans les 9 Centres Hospitaliers Régionaux (CHR). De plus, il faut préciser
que les médecins se consacrent également à de nombreuses tâches administratives, réduisant ainsi
leur disponibilité pour prodiguer des soins. Tel est notamment le cas des médecins directeurs centraux,
régionaux, des médecins chefs de districts.
1.1.5.10 Evolution du ratio nombre habitants par d’infirmiers en relation avec le seuil de l’OMS
En 2018, le ration nombre d’habitants par infirmiers était de 1 pour 2419 habitants alors que la norme de
l’OMS était d’un infirmier par 3 000 habitants. Même si ce ratio est inférieur à la norme OMS, on note une
inégale répartition sur le territoire. En effet, 50% des personnels infirmiers, et sages-femmes évoluent en
zone rurale ou réside 80% de la population.
GRAPHIQUE 20 : Evolution ratio nombre d’habitants par d’infirmiers en relation avec le seuil de l’OMS
L’instruction désigne la capacité pour un individu de savoir lire, écrire et expliquer. Le niveau d’instruction
fournit une indication sur la qualité des ressources humaines disponibles dans une population. L’instruction
constitue assurément un moteur de changement des mentalités et d’adoption de nouveaux comportements
démographiques, préalables à tout progrès économique. De fait, de nombreuses études ont mis à jour de
30 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
fortes corrélations entre le niveau d’instruction, en général mesuré par le nombre d’années d’étude, et les
variables démographiques telles que la fécondité, la mortalité et les migrations21.
En sens inverse, on peut envisager l’influence des variables démographiques sur l’éducation, qui elle-même
va influer sur la dynamique démographique. Si l’on part d’une situation de forte croissance démographique
annuelle, il va en résulter chaque année des générations plus nombreuses à scolariser. Ceci, en l’absence
d’investissements massifs dans le budget de l’éducation, va entraîner un faible taux de scolarisation, surtout
des filles. Celles-ci vont se marier tôt, d’où une fécondité élevée, source d’une croissance démographique
rapide. Le cercle vicieux sera ainsi bouclé.
En sens inverse, un investissement important de l’Etat dans le secteur de l’éducation va entraîner un recul
de l’âge au mariage, d’où une baisse de la fécondité renforcée par le fait que des femmes instruites utilisent
davantage la planification familiale22.
Au Burkina Faso, en se focalisant sur la population scolarisable (6-19 ans), on note que la taille de cette
population a connu une augmentation régulière entre 1960 et 2020 et elle se poursuivra jusqu’en 2040. Par
ailleurs, Les données du volet démographique de l’enquête multisectorielle continue réalisée en 2014 par
l’INSD soulignent un faible niveau d’instruction de la population de 15-49 ans. En effet, sur 100 hommes
de 15-49 ans, 59 sont sans instruction, 18 ont un niveau primaire et 23 ont atteint le secondaire et plus.
Sur 100 femmes de 15-49 ans, 72 sont san instruction, 12 ont le niveau primaire et 16 ont atteint le niveau
secondaire et plus23. Ce faible niveau d’instruction se matérialise avec 84,7% de jeunes non instruits en
milieu rural contre 37,5% en milieu urbain24.
Cette situation dénote la forte demande d’éducation et le manque d’investissement massif dans le budget
de l’éducation au Burkina Faso. Ce constat risque de ne pas évoluer positivement au vu du contexte
économique et sécuritaire actuel.
Ce rôle fondamental de l’éducation, donc de l’école dans la construction de la paix et de la sécurité est
d’ailleurs précisé de façon explicite dans le préambule de l’UNESCO « la guerre prenant naissance dans
l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix.
« Cette devise est un guide qui doit inspirer l’école pour une véritable éducation à la paix qui passe par
l’exercice de la citoyenneté à l’école. Et pour ce faire l’école doit socialiser au sens large du terme, en
luttant contre les discriminations, en intégrant (école intégratrice) ; l’on doit y apprendre à vivre ensemble
dans le respect des règles communes et dans le souci de promouvoir les valeurs de justice, de tolérance,
de solidarité, les vertus du dialogue, l’exemplarité (l’action).
Le défi de l’emploi et les inégalités en Afrique en général et Burkina Faso en particulier sont inextricablement
liés aux facteurs démographiques25. En effet, le pays connaît une croissance régulière de la population
jeune active de 15-34 ans, donc une croissance régulière et de plus en plus de la demande d’emploi.
21 Marc PILON. Défis du développement en Afrique subsaharienne. L’éducation en jeu. Les Editions du CEPED
22 Marc PILON. Défis du développement en Afrique subsaharienne. L’éducation en jeu. Les Editions du CEPED
23 Institut National de la Statistique et de la Démographie. Enquête multisectorielle continue, module démographique et de
santé de 2015
24 Institut National de la statistique et de la Démographie. Recensement général de la population et de l’habitation de 2006
(RGPH-2006).
25 Allocution de M. Abdalla Hamdok, Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), au
Conseil exécutif de l’Union africaine. Janvier 2017.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 31
Chez les groupes spécifiques comme les jeunes, le taux de chômage, au sens large comme au sens du
BIT, reste élevé. Selon l’Enquête nationale sur l’emploi et le secteur informel (ENESI) réalisée en 2015, ce
taux est estimé à 5,6% au sens large et 2,9 % au sens du BIT dans la population jeune26.
Sur le plan économique, le manque d’emploi et l’extrême pauvreté dans laquelle baigne les populations
poussent certains à s’enrôler dans les rangs des terroristes afin de subvenir à leurs besoins. C’est le cas
de certaines zones comme le Sahel et l’Est du pays qui ont été pendant des décennies abandonnées en
infrastructures. Il n’était pas rare d’entendre que « si tu fais, je te fais affecter au Sahel ou dans la Gnagna
profonde ». Par exemple, l’étude sur les inégalités au Burkina réalisée en 2020 révèle que la région du
Sahel, l’une des plus touchées par le terrorisme, est non seulement l’une des régions où l’incidence de la
pauvreté est faible, mais aussi l’une des régions où le niveau des inégalités (santé, éducation, emploi, eau
potable, …) est faible et a connu la plus grande baisse entre 2003 et 2014. Les régions de l’Est et du Sahel
sont parmi les moins scolarisées du pays27.
La cohésion sociale dans les villes du Burkina figure parmi les défis futurs à relever, étant donné la
forte croissance de la population urbaine du pays au niveau des villes principales et secondaires. En
effet, issue de plusieurs facteurs (exode rural, déplacé internes, migration internationale et croissance
démographique), cette croissance n’est pas toujours liée dans les villes à une croissance économique
créatrice d’emplois et à la bonne gouvernance. Des milliers de personnes se retrouvent ainsi obligées de
survivre dans des conditions déplorables, ce qui amènent certain à s’enrôler dans le grand banditisme et
dans les rangs des terroristes afin de subvenir à leurs besoins. Malgré ce constat, lorsque les principes
de redevabilité sociale et d’utilisation rationnelle des ressources sont mis en œuvre, les populations se
sentent davantage concernées pour la gestion de la cité, ce qui contribuerait également à améliorer la
cohésion sociale.
A l’instar de certains pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso, connaît un contexte sécuritaire
de plus en plus difficile. Longtemps préservé, le pays enregistre une dégradation progressive de sa situation
sécuritaire. Depuis avril 2015, la situation sécuritaire s’est considérablement aggravée avec les attaques
26 Institut National de la statistique et de la Démographie. Enquête nationale sur l’emploi et le secteur informel (ENESI) réalisée
en 2015
27 Kobiane J-F. Etat des lieux des inégalités multi-dimensionnelles au Burkina Faso. 2020.
32 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
à répétition. Du 4 avril 2015 au 5 février 2019, le Burkina a enregistré 201 attaques terroristes dont 120
contre les positions des forces de défense et de sécurité (FDS) et 81 contre d’autres cibles28.
La détérioration de la sécurité au Burkina Faso touche particulièrement les milieux ruraux, où 80 pour cent
de la population active dépend du pastoralisme et de l’agropastoralisme comme seul moyen d’existence29.
Les attaques terroristes ont occasionné 558 décès dont 446 civils et 112 éléments des FDS, 272 blessés
dont 143 FDS et 129 civils30.
Depuis la fin de l’année 2018, la recrudescence des violences perpétrées par des groupes armés non
identifiés et l’augmentation des conflits intercommunautaires, en particulier dans les régions du Sahel,
Centre-Nord, Nord et Est ont considérablement touché les populations.
Dans ces régions, la violence a causé des déplacements sans précédent dans l’histoire du pays. Selon
le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation, relayé par le Bureau de la coordination des
affaires humanitaires (OCHA), environ 220 000 personnes sont déplacées dans ces régions depuis le
début du mois de juin 2019, s’ajoutant aux 26 000 réfugiés de la crise malienne déjà présents dans le
pays depuis 201131.
C’est dans un tel contexte que l’Etat burkinabè, soucieux de trouver une réponse adéquate aux défis
sécuritaires, a voulu, à travers le forum national sur la sécurité tenu les 24, 25 et 26 octobre 2017, sous le
thème : « Garantir la paix et la sécurité pour un développement durable du Burkina Faso : la nécessité d’une
réforme du secteur de la sécurité », faire un état des lieux de la sécurité en perspective de l’élaboration d’une
politique nationale de sécurité. En avril 2018, le Gouvernement marqua aussi son accord pour la conduite
d’un processus de formulation d’une stratégie nationale de prévention de l’extrémisme violent. Par ailleurs,
en décembre 2018, l’état d’urgence a été décrété dans plusieurs provinces tandis qu’en janvier 2019, les
ministres de la défense et de la sécurité ont été remplacés à la suite d’un remaniement ministériel. Depuis
février 2018, le président de la République, Roch KABORE, assure la présidence tournante du G5 Sahel.
La recrudescence des attaques terroristes, outre les régions de l’Est, du Nord et du Sahel, s’est étendue
dans les régions du Centre-Nord, de la Boucle du Mouhoun. En conséquence de la fréquence des attaques,
l’activité économique en général et les secteurs de l’éducation, de la santé, du tourisme et des transports
en particulier ont été affectés. Elles induisent par ailleurs de nouvelles charges pour le budget de l’Etat à
travers notamment, le financement des dépenses de fonctionnement des Forces de défense et de sécurité
28 Lefaso.net, consulté le 16 juin 2019, à 12h46. Récapitulatif des attaques terroristes au Burkina Faso réalisé sur la base du bilan
officiel des communiqués du Ministère de la Défense Nationale et des Anciens combattants, des chiffres publiés par United Nations
Office for the Coordination of Human affairs (UNOCHA), Human Right Watch et contenus dans le dossier presse 03.02.2019 contre
l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC)
29 FAO. Note de plaidoyer conjoint. Investir dans le secteur agricole pour assurer une sécurité alimentaire durable et améliorer la
cohésion sociale en milieu rural. Juillet 2019
30 Lefaso.net, consulté le 16 juin 2019, à 12h46. Récapitulatif des attaques terroristes au Burkina Faso réalisé sur la base du bilan
officiel des communiqués du Ministère de la Défense Nationale et des Anciens combattants, des chiffres publiés par United Nations
Office for the Coordination of Human affairs (UNOCHA), Human Right Watch et contenus dans le dossier presse 03.02.2019 contre
l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC)
31 FAO. Note de plaidoyer conjoint. Investir dans le secteur agricole pour assurer une sécurité alimentaire durable et améliorer la
cohésion sociale en milieu rural. Juillet 2019
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 33
sur le théâtre des opérations d’une part, et le renforcement de leurs capacités opérationnelles avec des
équipements adéquats d’autre part6.
Entre autres réponses aux menaces terroristes, le Gouvernement burkinabè a mis en place un nouveau
mécanisme de motivation des forces de défense et de sécurité sur le théâtre des opérations. Des actions
sont également en cours pour assurer une plus grande efficacité dans la prise en charge des blessés et
l’indemnisation des familles et ayants droits des victimes. A toutes ces actions s’ajoutent évidemment
les efforts d’équipement des forces de défense et de sécurité en matériel adéquat.
En 2019, le Burkina Faso, était à la 104ème place du Global Peace Index Report (GPI)32. Le pays accuse
une baisse de 26 points par rapport à l’année 2018. On note une grande détérioration de la situation de la
paix au cours de ces dix dernières années, dans le pays. En effet, le Burkina Faso a connu une détérioration
de son classement au GPI, passant de la 51ème place mondiale en 2011 à la 104ème place en 2019.
GRAPHIQUE 21 : Evolution du Global Peace Index (GPI) les dix dernières années
Sur le plan social, le Burkina Faso vit une période trouble depuis 2016, marquée par deux phénomènes :
des revendications tous azimuts dans les secteurs socioprofessionnels et un effritement de la cohésion
sociale au sein des communautés.
Dans le monde du travail, les trois (03) dernières années enregistrèrent des revendications sociales
portant sur la quête de l’amélioration des conditions de vie et de travail particulièrement dans les secteurs
de l’éducation, de la sécurité, de la santé et des finances. Face à la montée de la tension sociale, le
gouvernement a, aux fins d’y apporter une réponse, conclu avec les partenaires sociaux concernés un
ensemble de protocoles d’accords dont l’incidence financière s’est avérée importante.
32 Institute for Economics & Peace (IEP). Global Peace Index Report (GPI), 2019
34 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
Au niveau communautaire, le Burkina Faso qui était réputé de sa relative cohésion sociale nonobstant
la soixantaine d’ethnies, la pluralité des confessions religieuses, enregistre de plus en plus, des conflits
ouverts intercommunautaires et intra-communautaires. En effet, depuis 2016, des crises communautaires
ont éclatées au Burkina Faso pour des motifs divers. Si pour certaines telles que celles qui opposent
généralement cultivateurs et éleveurs, l’occupation foncière peut en être l’origine, pour d’autres, la chefferie
coutumière, les suspicions relativement aux attaques terroristes s’érigent en explication. Il en est ainsi
des conflits communautaires à Barani, dans la région de la Boucle du Mouhoun, à Yirgou dans la région
du Centre-Nord, à Orodara, dans la région des Hauts-Bassins, à Banfora dans la région des cascades etc.
La montée des conflits communautaires coïncide avec la dégradation progressive de la sécurité33.
L’éducation figure en bonne place dans les priorités identifiées dans les documents d’orientation, comme
le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) clôturé en 2010 et Programme national de
développement économique et social (PNDES) en cours.
Cette priorité se traduit également par une allocation conséquente de ressources pour mettre en œuvre
les programmes de développement de l’éducation. Aussi, l’analyse de l’évolution des dépenses en matière
d’éducation au cours des dernières années permet d’apprécier les efforts consentis à tous les niveaux.
On remarque que la part du budget de l’éducation dans le budget de l’Etat est passé de 19,5% en 2005 à
23,7% en 2019 comme l’indique le graphique ci-dessus.
GRAPHIQUE 22 : Evolution de la part du budget de l’éducation dans le budget national au cours des 15 dernières
années
Source : A partir des données de la Banque Mondiale et des données de l’annuaire statistique de l’enseignement primaire 2016/2017
33 Centre d’Information, de Formation, et d’Etudes sur le Budget (CIFOEB). Analyse budgétaire globale sur le domaine de la
sécurité/défense
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 35
1.1.8 Evolution du budget et des dépenses effectives de santé de 2000 à 2020
Au Burkina Faso, les allocations budgétaires en faveur de la santé ont enregistré une hausse importante.
En effet, la part du budget de la santé dans le budget national est passée de 7,7% en 2005 à 13,1 en 2019
soit une hausse de l’ordre de 41,2%.
GRAPHIQUE 23 : Evolution de la part du budget de la santé dans le budget national au cours des 15 dernières années
Source : A partir des données des comptes nationaux de la santé et de l’annuaire statistique du Ministère de la santé
Les allocations budgétaires du secteur de la défense et sécurité sont en nette augmentation de 2016 à
2019. La part du budget du secteur de la défense et sécurité dans le budget de l’Etat est passée de 7,87% en
2016 à 13,80% en 2019. D’importants efforts ont été faits au cours des trois dernières années par rapport
aux périodes précédentes. En effet, les allocations du ministère de la défense ont progressé en moyenne
de 25,84% contre 2,08% pour la période 2013-2015 et 12,86% sur la période 2010-2012. L’année 2018 a
connu la hausse la plus importante des allocations budgétaires du ministère de la défense de 48,98%34.
La forte hausse des allocations au profit du secteur de la défense et sécurité s’explique par la nécessité
de renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense pour faire face au terrorisme qui menace
l’intégrité du territoire. En 2019, les efforts d’allocations en faveur du secteur de la défense et sécurité
nationale se poursuivent avec une prévision de 209,73 milliards de FCFA. Comparativement aux allocations
de 2018, c’est une progression de 23,41%.
34 Centre d’Information, de Formation, et d’Etudes sur le Budget (CIFOEB). Analyse budgétaire globale sur le domaine de la
sécurité/défense
36 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
GRAPHIQUE 24 : Evolution de la part du budget du secteur de la défense et sécurité dans le budget national au
cours des dernières années
1.1.10 Analyse croisée de l’évolution des budgets et des dépenses effectives du secteur de la santé, de
l’éducation et de la défense
Le Burkina Faso, à l’instar de la plupart des pays du monde, s’est engagé à atteindre l’Education pour tous
(EPT). À cet effet, plusieurs efforts ont été déployés pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques
éducatives soutenables. C’est ainsi que l’éducation a occupé une place importante dans les politiques de
développement du Burkina Faso depuis 2000.
L’initiative de mise en œuvre accélérée (IMOA) de l’Éducation pour tous connue sous l’appellation de
Fast Track Initiative (FTI) qui est un partenariat mondial évolutif, créé en 2002 à la suite du consensus
sur le développement réalisé à la conférence de Monterrey36, après plusieurs études dans le cadre de
cette initiative, est parvenu à la conclusion que l’ensemble des pays qui avaient réussi à développer
véritablement leur système éducatif consacraient au moins 20% de leurs ressources budgétaires au
secteur de l’éducation.
En partant de ces éléments d’analyse, on remarque que le Burkina Faso a fait des efforts en termes
d’allocation de ressources. En effet, la part du budget de l’éducation dans le budget de l’Etat est passée
de 19,5% en 2005 à 23,7% en 2019.
35 Centre d’Information, de Formation, et d’Etudes sur le Budget (CIFOEB). Analyse budgétaire globale sur le domaine de la
sécurité/défense
36 Yombo Paul Diabouga and Bagnikoué David Bazongo, « Le financement de l’éducation au Burkina Faso : le défi de la scolarisation
primaire universelle », Revue internationale d’éducation de Sèvres
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 37
1.1.10.2 Secteur de la santé
Lors du sommet des chefs d’Etat à Abuja, en 2001, les Etats africains se sont engagés à accorder 15%
de leurs budgets nationaux au secteur de la santé. Au Burkina, le même engagement fort a été renouvelé
pour amoindrir la souffrance des couches les plus vulnérables : femmes et enfants.
C’est ainsi qu’excepté la période 2010-2014, la part du budget de la santé dans le budget de l’Etat a
régulièrement augmenté ces dernières années. Mais ces bonnes intentions sont loin d’être une réalité. C’est
le constat établi par le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB) et l’UNICEF
qui suivent de très près ces questions. Ces deux structures tirent cette conclusion du travail scientifique
mené par le consultant, Saturnin Koné qui a travaillé sur le thème suivant : « Analyse des allocations
budgétaires aux secteurs sociaux, destinées à la réalisation des droits de l’enfant et de la femme dans le
budget-programme 2017 de l’Etat ».
De ce rapport, il ressort que 16 ans après, le gouvernement burkinabè reste toujours très loin de
l’engagement d’accorder 15% de son budget national au secteur de la santé ; et ce, malgré la barre de
10% franchie en 201737.
Malgré la bonne progression des allocations budgétaires au secteur de la défense et sécurité, la part du
budget de ce secteur dans le budget national reste faible par rapport aux autres pays du G5 Sahel. En effet,
selon les données de countryeconomy.com, pour l’année 2018, la part du budget de la défense dans le
budget national ressort à 8,01% contre 14,64% pour le Tchad et 14,29% pour le Mali. Le Burkina Faso reste
donc le pays du G5 Sahel dont la part du budget alloué au secteur de la défense et sécurité est la plus faible.
37 UNICEF. Analyse des allocations budgétaires aux secteurs sociaux, destinées à la réalisation des droits de l’enfant et de la
femme dans le budget-programme 2017 de l’Etat. Rapport 2017.
38 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
II PERSPECTIVES DÉMOGRAPHIQUES ET IMPLICATIONS
POUR LA DEMANDE SOCIALE ET LA STABILITÉ
NATIONALE,
L’état actuel de la population (notamment sa structure par âge et par sexe, le niveau des indicateurs de
mortalité et de fécondité, …) exerce une influence décisive sur les perspectives de population dans un
futur plus ou moins proche. La théorie de la transition démographique fournit un cadre d’interprétation et
d’analyse de l’évolution de la population.
La population du Burkina Faso a connu une croissance rapide depuis son accession à l’indépendance.
Estimée à 4,3 millions d’habitants en 1960, elle était de 14 017 262 selon les résultats du RGPH réalisé
fin 200638. La population burkinabé a donc plus que triplé en 46 ans. La lecture à la fois transversale et
chronologique de la situation démographique du Burkina Faso souligne une forte poussée démographique
avec un taux d’accroissement intercensitaire qui a connu une hausse entre 1985 et 1996 (2,4%) d’une part
et entre 1996 et 2006 (3,1%) d’autre part.
Elle est la résultante d’une baisse de la mortalité engagée depuis 1960 et une stabilisation voire un léger
décrochage du niveau de fécondité entamé au cours de la fin de la décennie 1990. Cette situation a pour
conséquences un potentiel d’accroissement démographique encore élevé qui se traduit par une forte
jeunesse de la population. Au vu de l’évolution et du niveau actuel de fécondité et de mortalité, le Burkina
Faso est à la deuxième phase de la transition démographique.
La mortalité au Burkina Faso est en recul. Cette baisse de la mortalité, entamée depuis la période coloniale
avec les grandes campagnes d’éradication des grandes endémies (paludisme, onchocercose, …) s’est
38 INSD. Recensement général de la population et de lhabitation (RGPH) de 2006, analyse des résultats définitifs, Thème 2 : Etat
et structure de la population
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 39
poursuivie par les efforts en matière d’offre de services de santé et le renforcement des programmes de
santé. Les résultats suivants ont été enregistrés :
• recul de la mortalité générale : le taux brut de mortalité est passé de 32 ‰ en 1960 à 14,8 ‰ en 1996 ;
• la baisse de la mortalité infanto-juvénile : la mortalité infanto-juvénile est passée de 269 ‰ en 1960 à
184 ‰ en 2003, la mortalité infantile reculant de 182, ‰ à 83 ‰, soit une diminution de près de 55 %.
• la hausse de l’espérance de vie à la naissance témoigne de ces progrès sanitaires sur la période
: le gain annuel moyen en espérance de vie a été de 0,58 ans. Entre 1960 et 1985, ce gain a été de
0,67 ans et entre 1985 et 1996, il a été de 0,48 an.
La fécondité reste élevée. Elle était estimée à partir des résultats du dernier recensement (INSD, 2009 a)
à 5,4 enfants par femme en 2015. Les estimations antérieures dont on dispose indiquent qu’elle a d’abord
augmenté, pour décroître légèrement ensuite. Elle est ainsi passée de 6,1 enfants par femme en 1960, à
6,7 en 1975, à 7,2 en 1985, puis à 6,8 en 1996, pour retrouver en 2006, un niveau, 6,2 enfants par femme
quasi identique à celui de 1960. Selon les résultats du profil du dividende démographique, la fenêtre
d’opportunité du dividende démographique a été ouverte en 1996.
Si l’on s’en tient au niveau général de la fécondité, les divers indicateurs montrent que celle-ci a aussi
connu une certaine baisse. L’ISF est passé de 7,2 à 6,2 enfants par femme, soit une « perte » d’un enfant
entre 1985 et 2003.
La baisse de la fécondité s’est accompagnée d’un vieillissement du calendrier : l’âge moyen à la maternité
est passé de 28,2 ans en 1960 à 29,7 ans en 2003. Cette modification du calendrier de la fécondité est
le fait de la baisse progressive de la contribution des jeunes filles (15-19 ans) à la fécondité totale. Sur
la période, les taux de fécondité des filles de 15-19 ans sont passés de 182 ‰ en 1960 à 130 ‰ en 2003.
La taille de la population du Burkina Faso en 2040, sera à moins d’un million près le double de son effectif
de 2020 selon le scénario bas. Dans le scénario moyen l’effectif de la population burkinabé de 2040 sera
de 37 millions d’habitants. Dans le scénario haut, l’effectif de la population dépasserait le cap des 32
millions, soit une progression de près de 55,5% par rapport à 2020.
Cette poussée démographique s’accompagne d’une croissance urbaine tout autant importante. En
2040, globalement un peu plus de 4 burkinabé sur 10 vivraient en ville, toute chose qui représente une
augmentation de 17 points du taux d’urbanisation de 2020.
40 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
TABLEAU 3: Evolution de l’état et structure par âge de la population et des principaux indicateurs
démographiques à l’horizon 2040
Scenarii
Fécondité
TBN (‰) 36,6 30,2 23,9 39,6 35 30,3 42,5 39,8 37,4
ISF 4,7 3,6 2,7 5,2 4,4 3,7 5,7 5,3 4,9
Mortalité
Espérance à la naissance 61,5 64,8 67,6 61,5 64,8 67,6 61,5 64,7 67,5
TBM (‰) 8,6 6,9 6,0 8,8 7,1 6,1 9,0 7,3 6,2
TMI (‰) 73,6 61,9 52,1 73,6 61,9 52,1 73,6 61,9 52,1
TM-5 (‰) 108,8 88,7 72,6 108,8 88,7 72,6 108,8 88,7 72,6
Population (Millions)
Pourcentage des 0-4 ans 3,4 3,7 3,7 3,7 4,5 5,2 4 5,3 7
Pourcentage des 5-14 ans 6 6,9 7,4 6,2 7,7 9,2 6,3 8,5 11,3
Pourcentage des 15-64 ans 11 15,4 20,4 11 15,6 21,3 11 15,7 22,3
Pourcentage des 65 et + 0,6 0,9 1,3 0,6 0,9 1,3 0,6 0,9 1,3
% Population urbaine 31,3 39,6 48,7 31,3 39,6 48,5 31,2 39,5 48,4
Source : INSD. Recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) de 2006, analyse des résultats définitifs, Thème 16
: Projections démographiques
Le niveau de la fécondité varie différemment selon le scénario considéré à l’horizon 2040. Le TBN marque
alors une baisse considérable comprise entre 4 et 10 points selon les scénarii. Sa valeur en 2040 est donc
de 37,4‰ pour le scénario haut, 23,9‰ pour le scénario moyen et 30,3‰ pour le scénario bas.
L’ISF amorce également une décroissance. La plus forte pente désigne le scénario bas dont la valeur de
l’ISF passe de 4,7 en 2020 à 2,7 en 2040. Le scénario moyen marque une baisse d’un peu plus d’un point
passant à 3,7. L’ISF généré par le scénario haut est quasi stable (4.9) avec seulement une diminution de
0,6 point en l’espace de 20 ans.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 41
La mortalité par âge spécifique notamment le taux de mortalité infantile marque une baisse plus
conséquente d’un peu plus de 21,5 points en 2040, fixant sa valeur à 52,1‰ contre 73,6‰ en 2020. Au
cours de la même période, la mortalité infanto juvénile passerait de 108,8‰ à 72,6‰ pour l’ensemble
des scénarios.
GRAPHIQUE 25 : Evolution du rapport de dépendance de la population du Burkina Faso de 2020 à 2040 selon les
trois types de scénarios : bas, moyen et haut
Source : A partir des données du Recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) de 2006, analyse des résultats
définitifs, Thème 16 : Projections démographiques
• Santé : accroître les infrastructures, les effectifs du personnel sanitaire, améliorer la qualité du
personnel, réduire les prix des médicaments et mettre en œuvre l’IEC/santé.
• Sécurité alimentaire : développer l’agriculture et diversifier la production alimentaire.
42 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
• Sécurité et protection sociale : l’extension de la protection sociale, le renforcement de toutes les
formes de solidarité et d’assistance sociale, la création de mutuelles et de groupements associatifs,
la prise en charge des personnes invalides par la sécurité sociale.
• Education : la diminution des coûts de scolarité, l’accroissement des structures scolaires,
l’amélioration des conditions de travail des enseignants et la réforme des programmes
d’enseignement.
• Pauvreté et exclusion : la création d’emplois rémunérateurs ou d’activités génératrices de revenus,
la promotion de l’autosuffisance alimentaire, le renforcement de la solidarité sociale.
• Emploi et chômage : le développement de la formation professionnelle, l’accès au crédit, la
réalisation d’infrastructures économiques de base et la mise en place de mécanismes de solidarité.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 43
III POLITIQUES ET PROGRAMMES EN COURS ET
PERSPECTIVES POUR UNE RÉPONSE DURABLE AUX
PROBLÈMES DE FRAGILITÉ ET D’INSÉCURITÉ
L’objectif stratégique 2.1 « promouvoir la santé des populations et accélérer la transition démographique »
du plan national de développent économique et social (PNDES), est consacré l’accélération de la transition
démographique, donc à contenir la dynamique de la population.
Pour ce faire, les interventions seront d’assurer l’accès universel des populations aux services de
planification familiale de qualité. Un accent particulier sera mis sur les jeunes et adolescents, afin de réduire
de façon substantielle, leur contribution à la fécondité générale qui est de 11%. À cet effet, les actions
prioritaires consisteront à assurer progressivement la gratuité des services de planification familiale,
sensibiliser les populations, adresser la question du mariage des enfants, lutter contre les grossesses
non désirées, spécifiquement en milieu scolaire et adopter des mesures en vue de désamorcer la «bombe
démographique»39.
• Gratuité de la planification familiale : depuis 2017 le Burkina Faso s’est lancé dans un processus de
gratuité de la planification familiale dans le but d’améliorer les conditions de vie des familles grâce
à l’espacement des naissances et un meilleur accès des femmes et jeunes filles à la contraception.
• Assurance maladie universelle : le Burkina Faso a adopté une loi portant régime d’assurance maladie
universelle (RAMU) obligatoire. L’opérationnalisation du RAMU s’est matérialisée par la création de
la caisse nationale d’assurance maladie universelle (CNAMU) qui est destinée exclusivement aux
populations civiles.
• Mise en œuvre du projet SWEDD : Le projet d’Autonomisation des Femmes et Dividende
Démographique au Sahel -Sahel Women’s Empowerment and Demographic Dividend (SWEDD) a été
lancé en novembre 2015 dans sept pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad
44 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
et Benin) avec le soutien financier de la Banque mondiale, l’appui technique du Fond des Nations
Unies pour la population (UNFPA) et de l’Organisation Ouest Africaine pour la Santé (OOAS) pour
accroître l’accès des femmes et des adolescentes à la santé sexuelle et reproductive, notamment la
planification familiale volontaire et la santé maternelle. Cette initiative régionale améliore également
la santé et la nutrition des enfants, renforce l’éducation des filles et s’emploie à mettre fin au
mariage des enfants et à d’autres pratiques néfastes. L’objectif global de cette initiative répondant
à l’appel lancé par les Présidents des pays du Sahel, est d’accélérer la transition démographique, de
déclencher le dividende démographique et de réduire les inégalités de genre dans la région du Sahel.
• Création d’un Observatoire national du dividende démographique : Le Burkina Faso veut réduire la
vulnérabilité des populations et accompagner les pays du Sahel à réaliser davantage une croissance
économique soutenue à travers une transformation de la structure de la population. A cet effet, le
ministère en charge du Développement à officiellement lancé en 2017, un observatoire national du
dividende démographique, l’outil de veille informatique pour orienter la prise de décision et de suivi
des efforts du pays, vers l’atteinte du dividende démographique. La mise en place de cet observatoire
s’inscrit donc dans le cadre du projet SWEED.
• La Politique Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNSAN) s’inspire des cadres et
principes internationaux, régionaux et nationaux. Il s’agit : (i) des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), (ii) des Directives volontaires du Cadre stratégique mondial pour la sécurité
alimentaire et la nutrition (CSA), (iii) des cinq Principes de Rome pour une sécurité alimentaire
mondiale durable, (iv) des Fora de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, (v) de la Déclaration de
Paris et du Programme d’actions d’Accra sur l’aide publique au Développement, (vi) du Mouvement
SUN pour mettre fin à la sous-nutrition, (vii) du Cadre Stratégique de sécurité alimentaire durable
dans une perspective de lutte contre la pauvreté, (viii) de la Politique agricole de l’Union (PAU) (ix)
du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA), (x) de la Politique
agricole de la CEDEAO (ECOWAP), (xi) de la Charte pour la prévention et la gestion des crises
alimentaires (version révisée 2012), (xii) la Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire (SNSA) ,
(xiv) du Programme national du secteur rural (PNSR), (xv) de la Politique nationale de la nutrition
(PNN), (xvi) de la Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS).
• La vision de la Politique Nationale de Sécurité Alimentaire du Burkina Faso s’énonce comme suit
: « assurer à tout moment, à l’ensemble des populations un accès équitable à une alimentation
équilibrée, suffisante et saine afin de contribuer à la réduction de la pauvreté, à la consolidation de
la paix sociale et à la réalisation d’un développement durable. ».
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 45
• OS 2.4 : promouvoir l’emploi décent et la protection sociale pour tous, particulièrement pour les
jeunes et les femmes.
Ces objectifs stratégiques sont opérationnalisés par les plan et politiques sectoriels suivants :
• Le Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) : ce plan a pour objectif général de réduire la
morbidité et la mortalité au sein des populations. Les objectifs intermédiaires sont : (i) accroître
la couverture sanitaire nationale ; (ii) améliorer la qualité et l’utilisation des services de santé ;
(iii) renforcer la lutte contre les maladies transmissibles et les maladies non transmissibles ; (vi)
réduire la transmission du VIH ; (v) développer les ressources humaines en santé ; (vi) améliorer
l’accessibilité financière des populations aux services de santé ; (vii) accroître les financements
du secteur de la santé ; et (viii) renforcer les capacités institutionnelles du ministère de la santé.
• La Politique sectorielle de l’éducation : l’objectif global poursuivi par cette Politique est d’assurer le
droit des citoyens à une éducation de qualité à travers un système éducatif inclusif, mieux adapté,
cohérent et fonctionnel. Cet objectif global est décliné en cinq objectifs stratégiques qui sont : (i)
accroitre l’offre d’éducation formelle ; (ii) améliorer la qualité des enseignements/apprentissages ;
(iii) renforcer la fourniture des services sociaux aux élèves et aux étudiants ; (iv) développer
l’éducation non formelle de la petite enfance, des adolescents, des jeunes et des adultes et (v)
améliorer le pilotage et la gestion du système éducatif
Plusieurs stratégies sont mises en œuvre ou envisagées pour accroître l’autonomisation des jeunes y
compris les femmes et les filles :
• Politique Nationale Genre : son objectif général est de promouvoir un développement participatif
et équitable des hommes et des femmes, en leur assurant un accès et un contrôle égal et équitable
aux ressources et aux sphères de décision, dans le respect de leurs droits fondamentaux. Les
objectifs spécifiques de la PNG sont de : (i) promouvoir des droits égaux et des opportunités égales
en termes d’accès et de contrôle des services sociaux de base ; (ii) promouvoir un développement
économique participatif, un accès et une répartition plus équitables des ressources et des revenus
; (iii) développer une participation égale des hommes et des femmes aux sphères de décision
à tous les niveaux ; (iv) promouvoir l’institutionnalisation du genre dans tous les domaines ;
(v) promouvoir un partenariat dynamique pour le genre et le développement et (vi) développer
les mécanismes d’information et de sensibilisation en direction de tous les acteurs pour un
changement de comportement et de mentalité en faveur de l’équité et de l’égalité dans les rapports
homme-femme.
• Programme intégré d’autonomisation de la femme au Burkina Faso : ce programme a pour
objectif (i) Promouvoir l’accès des femmes aux facteurs de production, (ii) Renforcer la formation
professionnelle des femmes à tous les niveaux, (iii) Développer des opportunités pour l’emploi,
l’auto emploi pour accroître les revenus des femmes, (iv) Réduire les violences faites aux femmes
et aux filles et (v) Assurer une participation effective des femmes aux sphères de décision.
• Programme d’autonomisation économique des jeunes et des femmes (PAE/JF) : l’Objectif principal
du PAE/JF est de contribuer à la réduction du chômage et du sous-emploi des jeunes et des femmes
au Burkina Faso. Plus spécifiquement, ce programme a pour objectifs (i) faire la promotion de
46 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
l’auto-emploi des jeunes et des femmes et (ii) assurer l’insertion socioprofessionnelle des jeunes
et des femmes.
• Stratégie nationale pour le renforcement du rôle des femmes dans le processus de développement.
Cette stratégie a pour objectif de (i) améliorer la situation socio-économique des femmes ; (ii)
mener une large sensibilisation sur le rôle des femmes dans tous les domaines et les sphères de
la vie économique et sociale ; (iii) renforcer la participation des femmes aux prises de décisions ;
(iv) éliminer les entraves sociales, culturelles et juridiques qui pèsent sur la femme et (v) éliminer
les entraves administratives et politiques.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 47
CONCLUSION
L’analyse de la situation sécuritaire et de la paix au Burkina Faso place la problématique des jeunes au
centre de toutes les préoccupations. Toute approche de solution passe par la résolution de cette question
fondamentale.
Les risques et les défis sécuritaires du pays au niveau interne et externe sont réels et ils dépassent les
capacités d’un seul État. En effet, les menaces transnationales ne peuvent être relevées que par une
approche globale et inclusive sur la base d’un partenariat dans un cadre d’intégration régionale ou bien
avec l’aide de la communauté internationale.
Pour la lutte contre le terrorisme, des aides au développement des régions où sévit le terrorisme, doivent
être adoptées comme solution. Mais cette mesure doit être générale et accompagnée par d’autres comme
l’investissement massif dans les secteurs de la santé, de l’éducation et la création d’emploi pour les jeunes,
pour espérer une possible solution.
Pour engranger les dividendes de la paix et la sécurité, il faut faire en sorte que les initiatives des jeunes,
les organisations de jeunes et les jeunes eux-mêmes puissent agir dans un environnement valorisant et
respectueux plutôt qu’inquisiteur ou répressif. Il existe des moyens politiques, financiers, juridiques et
sociaux pour optimiser et démultiplier les initiatives des jeunes et faire en sorte qu’ils puissent contribuer
pleinement à la paix et à la sécurité dans leur société. Les jeunes femmes et les jeunes hommes, et surtout
celles et ceux qui misent sur la paix et la prévention de la violence, devraient être considérés comme des
alliés incontournables dans la quête de la paix et de la sécurité.
Les activités des jeunes en matière de paix et de sécurité font le lien entre des domaines qui sont souvent
cloisonnés : développement, droits de l’homme, action humanitaire, paix et sécurité.
40 UNFPA. Les absents de la paix. Etude indépendante sur les jeunes, la paix et la sécurité
48 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
• Avant tout, il faut passer d’une approche sécuritaire guidée par les événements, souvent dans
l’urgence, à une approche de prévention globale de la violence, centrée sur la jeunesse. Le meilleur
moyen de prévenir la violence, notamment toutes les formes d’extrémisme violent, et partant, de
consolider et pérenniser la paix tout au long du continuum conflit-paix, est de lutter systématiquement
contre la violence de l’exclusion.
• L’approche préventive implique que les gouvernements et les organisations internationales
soutiennent en priorité, notamment en termes budgétaires, la force de résilience qui est celle de la
majorité des jeunes, au lieu de réagir exclusivement au risque que représente une minorité d’entre
eux.
• Les gouvernements et les organisations multilatérales doivent nouer des partenariats de confiance
avec divers acteurs issus de la société civile qui œuvrent en faveur de la paix et de la sécurité, en
particulier des organisations dirigées par des jeunes et pour des jeunes. Ces partenariats devront
être placés sous le signe de la sincérité et ne pas se cantonner à des mesures symboliques ou
superficielles.
Ces changements supposent de faire évoluer des mentalités et des pratiques profondément enracinées.
Il est donc impératif de faire fond sur la résolution 2250 pour mettre au point de nouvelles conventions
et pratiques sociétales concernant la jeunesse, la paix et la sécurité. Il est possible de prendre diverses
mesures à cet effet : (i)trouver des moyens d’inciter les gouvernements et les organisations multilatérales
à élaborer des systèmes où les jeunes ont toute leur place ; (ii) créer des mécanismes de dialogue et
de responsabilité contraignants pour les gouvernements ; (iii) organiser des cours de formation sur les
jeunes, la paix et la sécurité dans les organisations nationales et internationales et débloquer des moyens
supplémentaires ; (iv) faire en sorte que les sociétés s’approprient la résolution 2250 des Nations Unies,
et qu’elle soit complètement assimilée au niveau national.
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 49
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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l’Afrique (CEA), au Conseil exécutif de l’Union africaine. Janvier 2017.
Centre d’Information, de Formation, et d’Etudes sur le Budget (CIFOEB). Analyse budgétaire globale sur
le domaine de la sécurité/défense
Conseil national de population (CONAPO). Rapport national sur l’état de la population au Burkina Faso.
Bilan démographique de 1960 A 2005
FAO. Note de plaidoyer conjoint. Investir dans le secteur agricole pour assurer une sécurité alimentaire
durable et améliorer la cohésion sociale en milieu rural. Juillet 2019
Goldstone J. A., 2002. Population and Security: How Demographic Change Can Lead to Violent Conflict,
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Unated Nations. Population Division. Department of Economic and Social Affairs. World Population
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50 Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso
Étude Monographique sur la Démographie, la Paix et la Sécurité au Sahel : Cas du Burkina Faso 51
Demography, Peace and Security in the Sahel
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