Note Pratique Sur Lharmonisation Du Traitement La Réévaluation Légale Prévue Par Larticle 19 de La LF2019
Note Pratique Sur Lharmonisation Du Traitement La Réévaluation Légale Prévue Par Larticle 19 de La LF2019
Note Pratique Sur Lharmonisation Du Traitement La Réévaluation Légale Prévue Par Larticle 19 de La LF2019
Version 1.0
Février 2020
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Le présent document a été élaboré par un groupe de travail issu de la commission des
normes du Conseil de l’Ordre des Experts Comptables de Tunisie
Le présent document a été approuvé par le Conseil de l’Ordre des Experts Comptables de
Tunisie par résolution n° 33/2020 du 06/05/2020.
Cette note pratique entre en vigueur pour les rapports émis par les commissaires aux
comptes à partir du 01/06/2020.
La commission des normes de l’Ordre des Experts Comptables de Tunisie élabore des
normes, des notes d’orientation et des notes pratiques couvrant le champ d’intervention des
experts comptables en Tunisie et applicables par l’ensemble des professionnels membres de
l’Ordre selon un processus de normalisation auquel prend aussi part le Conseil de l’Ordre,
qui supervise les activités de la commission des normes.
La commission des normes a pour objectif de servir l’intérêt public en établissant des normes
d’audit et d’assurance et des notes d’orientation connexes de haute qualité et en facilitant la
convergence des normes d’audit et d’assurance internationales et nationales, rehaussant
ainsi la qualité et la constance de la pratique et renforçant la confiance du public à l’égard de
la profession.
Copyright © 2020 Ordre des Experts Comptables de Tunisie (OECT). Tous droits réservés.
Cette note d’orientation est publiée sur le site de l’Ordre des Experts Comptables de Tunisie
qui en détient les droits d’auteur.
L’Ordre des Experts Comptables de Tunisie (OECT) décline toute responsabilité en cas de
préjudice découlant d’un acte ou du non-accomplissement d’un acte en raison du contenu de
la présente publication, que ledit préjudice soit attribuable à une faute ou à une autre cause.
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Préambule
Suite à l’institution du régime de la réévaluation légale des bilans des sociétés industrielles,
prévu par l’article 19 de la loi n°2018-56 portant loi de finances pour l’année 2019.
L’OECT a jugé utile de diffuser à ses membres cette note pratique, qui tend à harmoniser
l’impact de cette disposition sur les rapports d’audit de cette disposition, tout en rappelant le
traitement comptable approprié.
L’article 19 de la loi des finances pour 2019 a expressément accordé aux sociétés
industrielles un avantage fiscal leur permettant la réévaluation de certains actifs immobilisés
sous réserve de respecter les indices maximaux indiqués par le décret gouvernemental
n°2019-971.
Nous pouvons comprendre par une telle mesure, que dans un environnement caractérisé
par la hausse des prix des outils de production, le législateur a voulu intervenir pour
permettre à ces entreprises de maintenir leur capital physique et ainsi pouvoir renouveler
leurs outils de production en adoptant un modèle comptable proche de celui basé sur les prix
de remplacement, tel que prévu par le § 76 du cadre conceptuel.
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En l’absence d’un référentiel comptable tunisien qui traite de la réévaluation des
immobilisations corporelles, nous pouvons nous inspirer de la norme IAS 16 afin de
répondre à certaines de vos questions :
Les indices de réévaluation prévus par le décret gouvernemental n°2019-971 constituent des
indices maximaux, qui peuvent être retenus à condition que la valeur nette comptable de
l’actif réévalué selon ces indices ne dépasse pas sa juste valeur à la date de
réévaluation. La juste valeur d’un actif est le prix qui serait reçu de sa vente dans le cadre
d’une transaction normale entre des intervenants de marché à la date d’évaluation.
La juste valeur de l’actif réévalué devra être déterminée conformément à la norme IFRS 13,
donc en maximisant les données observables sur le marché et en utilisant des techniques
classées selon une hiérarchie à trois niveaux (par ordre croissant de priorité) :
1. Niveau 1 :Prix sur un marché actif pour un bien identique ; un marché actif est un
marché sur lequel ont lieu des transactions sur l’actif ou le passif selon une
fréquence et un volume suffisant.
2. Niveau 2 :Prix sur un marché actif pour un bien similaire, ajusté en fonction de
paramètres tels que l’emplacement ou l’état dans lequel se trouve l’actif, son
âge, …
3. Niveau 3 :Évaluation utilisant principalement des données non observables, la valeur
d’utilité peut être retenue dans cas.
La société devra divulguer et motiver, au niveau de ses notes aux états financiers, le non-
respect des dispositions de la Norme Comptable 5 et précisément l’utilisation de la juste
valeur et non pas du coût historique pour la présentation de certaines de ses immobilisations
corporelles. L’argument principal motivant cette dérogation est l’adoption d’une méthode qui
permet une meilleure présentation des opérations dans les états financiers de la société, tout
en faisant bénéficier la société de l’avantage fiscal prévu par l’article 19 de la loi des finances
pour 2019.
L’IAS 16.77 précise que lorsque les immobilisations corporelles sont présentées à leur valeur
réévaluée, les informations suivantes doivent être mentionnées :
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Pour chaque catégorie d’immobilisations corporelles réévaluées, la valeur comptable
qui aurait été comptabilisée si les actifs avaient été comptabilisés selon le modèle du
coût.
Étant donné que les états financiers consolidés ne servent pas de base pour la
détermination du résultat imposable, ils ne sont pas concernés par la réévaluation légale.
Bien que la réglementation fiscale prévoie une durée minimale de 5 ans pour
l’amortissement de la valeur réévaluée, l’amortissement devra se baser sur la durée
d’utilité restante de l’immobilisation.
L’article 19 de la loi de finances pour la gestion de 2019 stipule que la réserve spéciale de
réévaluation ne doit être distribuée ni utilisée de n’importe quelle manière, même en cas de
cession de l’immobilisation, pendant une durée de 5 ans à compter de sa réévaluation, faute
de quoi elle sera imposée à l’IS.
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Les transferts de l’écart de réévaluation mentionnés au paragraphe IAS 16.41 sont
présumés être faits au gré de l’entité présentant l’information financière et non pas être
imposés par la norme. Les transferts de la rubrique « écarts de réévaluation » à la rubrique «
résultats non distribués » ne se font pas par le biais du résultat net. Il semblerait donc y avoir
3 options possibles pour le transfert de l’écart de réévaluation au niveau des résultats non
distribués :
1. Transférer l’écart de réévaluation aux résultats non distribués lors de la
décomptabilisation de l’actif.
2. Transférer une partie appropriée de l’écart de réévaluation aux résultats non distribués
au fur et à mesure de l’utilisation de l’actif, le reliquat (le cas échéant) étant transféré
lors de la décomptabilisation de l’actif.
3. Une autre option serait de ne pas procéder au transfert de l’écart. Cette option
donnerait toutefois lieu à la rétention permanente de la partie de l’écart de réévaluation
qui se rapporte aux actifs qui ont été entièrement amortis ou sortis.
Donc, c’est cette troisième option qui sera retenue lors de la cession d’une immobilisation
réévaluée avant une durée de 5 ans à compter de sa réévaluation.
Par voie de conséquence, l’auditeur est tenu de s’assurer que le traitement comptable de la
réévaluation des immobilisations est convenablement opéré. Ainsi, l’auditeur doit notamment
s’assurer que :
L’organe chargé de l’arrêté des états financiers a expressément autorisé une
dérogation aux prescriptions de la norme comptable NCT05 ;
L’entité auditée a convenablement déterminé la juste valeur des actifs
réévaluées ;
L’entité auditée a convenablement inventorié les actifs objet de la réévaluation ;
La réévaluation a été calculée conformément aux indices de réévaluation prévus
par le décret gouvernemental n°2019-971 et que la valeur nette comptable de
l’actif réévalué selon ces indices ne dépasse pas sa juste valeur à la date de
réévaluation ;
L’entité a divulgué et motivé, au niveau de ses notes aux états financiers, le non-
respect des dispositions de la Norme Comptable 5 et précisément l’utilisation des
indices de réévaluation prévus par le décret gouvernemental n°2019-971, dans la
limite de la juste valeur et non pas du coût historique pour la présentation de
certaines de ses immobilisations corporelles. L’arguments principal motivant cette
dérogation est l’adoption d’une méthode qui permet une meilleure présentation
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des opérations dans les états financiers de la société, tout en faisant bénéficier la
société de l’avantage fiscal prévu par l’article 19 de la loi des finances pour 2019 ;
L’entité a divulgué, au niveau de ses notes aux états financiers, la date d'entrée
en vigueur de la réévaluation, le recours ou non à un évaluateur indépendant
pour la détermination de la juste valeur, les méthodes et les hypothèses
importantes retenues pour estimer la juste valeur des immobilisations corporelles
et pour chaque catégorie d’immobilisations corporelles réévaluées, la valeur
comptable qui aurait été comptabilisée si les actifs avaient été comptabilisés
selon le modèle du coût.
Si la norme ISA 701 est applicable (cas des entités cotées ou cas des entités pour lesquelles
l’auditeur choisit d’appliquer cette norme) et si l’auditeur considère que la réévaluation des
immobilisations a constitué un élément important dans l’audit des états financiers de la
période considérée, cet élément doit être communiqué aux responsables de la gouvernance
au sein de l’entité auditée et une question clés d’audit doit être rajouté au niveau de son
rapport.
Dans les autres cas, un paragraphe d’observation, qui met en évidence cette réévaluation et
renvoie à la note aux états financiers relatives, doit être rajoutée au niveau du rapport de
l’auditeur.
3. Cas où la juste valeur des biens réévalués n’a pas été convenablement
documentée par l’entité
Si l’auditeur n’a pas été mesure de collecter des éléments probants suffisants et adéquats
pour la détermination de la juste valeur des immobilisations corporelles réévaluées, ou que
l’entité n’a pas convenablement documenté la juste valeur de ses immobilisations objet de
réévaluation, l’auditeur doit modifier son opinion et décrire au niveau du paragraphe
fondement de l’opinion l’incidence éventuelle de cette erreur sur les états financiers de
l’entité auditée.