Elements de Construction Mixte - G. Masy
Elements de Construction Mixte - G. Masy
Elements de Construction Mixte - G. Masy
Eléments de construction
mixte
1. INTRODUCTION
D’une manière générale, un élément structural en construction est défini comme mixte s’il
associe deux matériaux de natures et de propriétés différentes. L’objectif d’une
construction mixte est de tirer, sur le plan mécanique, le meilleur parti de cette association.
Le cas le plus fréquent de construction mixte est celui associant l’acier et le béton. C’est ce
type de construction mixte qui est étudié dans ce chapitre.
La même idée de base est exploitée en béton armé. Les constructions mixtes offrent
toutefois un aspect spécifique : le rôle essentiel joué par la connexion, illustré très
simplement à la Figure 1-1, et qui doit assurer l’action composite de la section. Soit une
poutre fléchie simplement appuyée, constituée de deux sections rectangulaires identiques
superposées, respectivement sans liaison dans le cas (a) et parfaitement solidarisées dans le
cas (b).
Si on admet un comportement élastique, il est facile de montrer que pour une même valeur
de la charge, la présence d’une liaison parfaite entre les deux composants réduit les
contraintes normales maximales de moitié et divise la flèche par quatre.
En général, dans les constructions mixtes acier-béton, l’adhérence entre l’élément en acier
et celui en béton n’existe pas naturellement (ou est considérée comme tout à fait
négligeable), exception faite toutefois des colonnes mixtes et de certaines dalles mixtes
utilisant des formes particulières de tôles profilées. La solidarisation des deux matériaux
est obtenue au moyen d’organes de liaison, appelés connecteurs, fixés sur l’élément
métallique (goujons soudés, cornières soudées ou clouées, butées...) dont le rôle est
d’empêcher, ou à tout le moins limiter, le glissement tendant à se produire à l’interface
acier-béton sous l’effet des actions extérieures et de transmettre les efforts entre la partie
Chapitre 1- Introduction 2
acier et la partie béton de la section mixte. En fait, il existe plusieurs possibilités pour
caractériser la connexion :
La pratique actuelle en Europe montre clairement que la construction mixte peut être
compétitive, en terme de coût global, vis-à-vis tant des constructions en acier que des
constructions en béton. Pour les bâtiments à étages multiples, ceci est vrai notamment en
cas de grandes portées (12 à 15 m) entre colonnes, de dalles de longues portées ou encore
lorsqu’il s’agit de construire rapidement et simplement.
Dans le domaine des bâtiments, la solution mixte peut présenter des avantages mécaniques,
économiques et architecturaux.
Pour les planchers mixtes, la collaboration de la dalle avec les poutres métalliques permet :
De plus, l’utilisation de tôle nervurée pour planchers mixtes permet un gain de temps lors
de la construction du bâtiment. En effet, la tôle est utilisée comme coffrage perdu pour la
dalle en béton ce qui permet d’éviter le démontage des coffrages.
Chapitre 1- Introduction 3
a) Une augmentation importante de la résistance à l’incendie, ainsi que cela a déjà été
dit ;
b) Une augmentation de la résistance au voilement local de l’âme ;
c) Une augmentation de la rigidité flexionnelle de la poutre.
Dans les paragraphes suivants, on trouve l’essentiel des principes et règles d’application
pour le calcul des poutres, dalles et colonnes mixtes intervenant comme éléments
structuraux dans les bâtiments. Ces principes et règles d’application sont basés sur
l’Eurocode 4 Partie 1.1 dans la version adoptée en janvier 2005.
Chapitre 2- Caractéristiques des matériaux et facteurs partiels de sécurité 4
2.1. BETON
On utilise soit des bétons de masse volumique normale (ρ = 2400 kg/m3), soit des bétons
légers (ρ compris entre 1600 et 1800 kg/m3). Pour les premiers, le tableau 2-1 donne les
valeurs de trois caractéristiques essentielles pour les classes de résistance allant de C20 à
C50 :
— fck : résistance caractéristique à la compression sur cylindre mesurée à 28 jours ;
— fctm : résistance moyenne à la traction mesurée à 28 jours ;
— Ecm : module d’élasticité sécant pour les actions de courte durée.
Classe de
C20/25 C25/30 C30/37 C35/45 C40/50 C45/55 C50/60
résistance
fck (N/mm²) 20 25 30 35 40 45 50
Ecm (kN/mm²) 30 31 32 34 35 36 37
Sous des actions de longue durée (par exemple, le poids propre de la structure et des
superstructures et les surcharges permanentes), le béton subit, sous charge constante, une
déformation différée de fluage d’autant plus importante que le niveau de contrainte est
élevé, que l’humidité relative de l’environnement et l’épaisseur de la dalle sont faibles et
que les teneurs en ciment et en eau sont élevées. Dans les poutres mixtes, le fluage
provoque, au cours du temps une redistribution des efforts intérieurs : ainsi la dalle se
décharge d’une partie de ses efforts et les reporte sur la poutre métallique. Une manière
simplifiée de prendre en compte les effets du fluage dus aux actions de longue durée
consiste à réduire forfaitairement la valeur du module sécant Ecm. En général, on adopte la
valeur Ecm/2 ou Ecm/3.
retrait provoque un état d’autocontrainte dont la détermination peut être assez complexe
suivant les cas : simple détermination en section pour une poutre isostatique mais calcul
supplémentaire de réactions hyperstatiques dues au retrait dans le cas d’une poutre
continue. En général, dans le domaine du bâtiment, le retrait n’est que rarement pris en
compte dans les vérifications aux états limites ultimes. Le retrait peut devoir être pris en
compte dans le calcul des flèches aux états limites de service, en particulier s’il s’agit de
poutres isostatiques de grande portée.
Rappelons que le coefficient de dilatation thermique du béton est pour ainsi dire identique
à celui de l’acier de construction, à savoir de l’ordre de 10-5°C-1 , pour un béton léger, il
serait plutôt de l’ordre de 0,7. 10-5°C-1. Notons que l’effet d’une différence de température
entre la dalle et le profilé métallique dans une poutre mixte peut s’apparenter à un effet de
retrait de la dalle. Dans le domaine du bâtiment, les effets thermiques ne sont
habituellement pas pris en compte dans les vérifications aux états limites ultimes.
Le facteur partiel de sécurité γc appliqué au béton est destiné à couvrir les incertitudes sur
la dispersion des caractéristiques du matériau, sur les dimensions géométriques de
l’élément et sur le modèle de calcul de sa résistance. Il est normalement pris égal à 1,5.
Les règles de dimensionnement présentées dans ce document ne sont valables que pour les
bétons compris entre les classes C20/25 et C60/75 pour les bétons « normaux » et entre les
classes LC20/22 et LC60/66 pour les bétons «légers». Selon l’Eurocode 4, leur
caractérisation doit être réalisée selon les règles présentées dans l’Eurocode 2 dédicacé aux
structures en béton.
Le coefficient partiel de sécurité γs, appliqué à la résistance de l’acier d’armature est pris
égal à 1,15 (selon les recommandations de l’Eurocode 2).
Chapitre 2- Caractéristiques des matériaux et facteurs partiels de sécurité 6
L’Eurocode 4 couvre le calcul des éléments mixtes fabriqués à partir de sections en acier
de nuances S235, S275, S355, S420 et S460.
On utilise des tôles en acier galvanisé dont la limite d’élasticité du matériau de base fyp est
comprise entre 220 et 350 N/mm². En général, l’épaisseur des tôles est comprise entre 0,7
et 1,5 mm. Chaque face est protégée contre la corrosion par une couche de zinc d’épaisseur
0,02 mm environ (galvanisation à chaud). Le modèle de matériau à comportement
élastique - parfaitement plastique qui est utilisé pour les aciers de construction s’applique
également au matériau de base des tôles profilées.
Le coefficient de sécurité appliqué sur la résistance des tôles est le même que celui adopté
pour les aciers de construction, soit 1, et sera noté γap par la suite.
Chapitre 3- Les poutres mixtes 7
Une combinaison de ces deux configurations est également possible. La Figure 3-1
présente des sections transversales « typiques » de poutres mixtes.
Tout comme les poutres en acier, les poutres mixtes sont l’objet de vérifications à un
double titre :
• aux états limites ultimes (ELU);
• aux états limites de service (ELS).
Chapitre 3- Les poutres mixtes 8
Passons en revue les vérifications qu’il convient d’effectuer sous les combinaisons
d’actions aux états limites ultimes. Bien quelles soient, en principe, les mêmes pour un
bâtiment en construction mixte que pour un bâtiment en acier, il importe de distinguer le
stade de montage et le stade final de la construction. Pour le stade de montage, il convient
d’incorporer aux actions les surcharges de chantier appropriées.
concentrée ou d’une réaction (par exemple, au droit d’un appui lorsque l’âme
de la poutre métallique n’y est pas munie de raidisseurs transversaux).
Dans une poutre mixte, la contrainte normale dans la dalle n’est pas distribuée
uniformément sur la largeur de cette dalle ; elle est plus élevée au droit de la poutre
métallique et diminue au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la poutre et que l’on n’entre
pas encore dans la zone d’influence de la poutre voisine. Ce phénomène est connu sous le
nom de traînage de cisaillement (Figure 3-3 -contraintes CDE).
- bei = min (Le/8 ; bi) avec Le, en principe, la distance mesurée entre points
d’inflexion consécutifs du diagramme des moments de flexion mais, en pratique, pris égal
à une fraction forfaitaire de la portée de la poutre étudiée (cf. Figure 3-5).
Dans le cas d’une poutre sur deux appuis, la longueur Le est donc égale à la portée L de la
poutre. Pour des poutres continues, Le représentent la longueur forfaitaire de la plage des
moments positifs déterminée à partir de la Figure 3-5. On y distingue une largeur
collaborante de dalle sous moment de flexion positif, fondée sur une longueur Le
représentant forfaitairement la longueur de la plage des moments positifs et une largeur
collaborante sous moment de flexion négatif (au voisinage des appuis intermédiaires),
fondée sur une longueur Le, représentant forfaitairement la longueur de la plage des
moments négatifs.
Notons que, dans ce dernier cas, la largeur collaborante n’est constituée que des seules
armatures longitudinales (comprises dans cette largeur) si l’on admet que le béton ne
résiste nullement à la traction. On notera que les longueurs de référence Le de deux plages
adjacentes se chevauchent partiellement ceci s’explique par le fait que l’on a en pratique à
considérer non pas le diagramme des moments de flexion générés par une mise en charge
unique mais bien des diagrammes enveloppes qui présentent ce même type d’interférence.
Cette largeur collaborante sert à la fois pour la vérification de la résistance des sections
transversales et pour la détermination des propriétés élastiques de ces sections.
Lors de l’analyse globale des poutres mixtes, il importe éventuellement de tenir compte de
la capacité de rotation limitée des sections mixtes. On est donc amené à définir des classes
de section, à l’instar de ce qui se fait en construction métallique. Toutefois, les poutres
mixtes traitées dans le cadre de ce cours seront uniquement de classe 1, 2 ou 3 :
f y f ctm
A s ≥ s .A c avec s = δ. . . kc
235 f sk
avec:
- δ égal à 1,1 pour les sections de classe 1 et 1,0 pour les sections de classe 2 ;
- Ac l’aire efficace de la semelle en béton ;
- fy la valeur nominale de la limite d’élasticité de l’acier du profilé ;
- fsk la limite caractéristique des armatures ;
- fctm la résistance moyenne en traction du béton ;
1
- kc = + 0,3 ≤ 1 coefficient prenant en compte la distribution des
hc
1+
(2Z 0 )
contraintes immédiatement avant la fissuration ;
- hc épaisseur de la semelle de béton (béton se trouvant au-dessus des nervures dans
le cas d’une dalle mixte) ;
Chapitre 3- Les poutres mixtes 12
La classe d’une section mixte sera déterminée par la plus élevée des classes de ses
éléments constitutifs (semelles et/ou âme) comprimés. La classe de ces éléments
constitutifs sera éventuellement influencée par la présence du béton dans la section. Dans
l’Eurocode 4, des règles sont proposées afin de tenir compte de cette influence ; ces règles
sont décrites ci-après. Un organigramme schématisant la méthode de classification des
sections mixtes est donné à la Figure 3-6 à la fin de ce paragraphe.
Deux situations sont envisagées dans ce paragraphe: soit la semelle comprimée étudiée est
connectée à une dalle en béton, soit elle ne l’est pas.
La présence d’une dalle en béton connectée à la semelle comprimée peut avoir un effet
bénéfique sur le comportement de la semelle. En effet, la présence de cette dalle peut
prévenir tout risque de voilement de cette semelle. Pour que ce soit le cas, les connecteurs
doivent présenter un espacement approprié dans la direction longitudinale de la poutre :
- espacement inférieur à 22 ε tf pour une dalle pleine ;
- espacement inférieur 15 ε tf pour une dalle mixte avec nervures perpendiculaires à la
poutre.
- La poutre n’est pas partiellement enrobée : dans ce cas, il n’y a pas d’influence du béton
sur le comportement de la semelle et les limites d’élancement données dans l’Eurocode 3
pour les semelles en acier sont d’application (cf. cours de construction métallique).
- La poutre est partiellement enrobée : la présence de béton entre les semelles a un effet
favorable substantiel sur la stabilité de la semelle comprimée, à condition que les
recommandations suivantes soient respectées :
• le béton se trouvant entre les semelles doit être armé par des armatures
longitudinales et des étriers et/ou un treillis ; le rapport bc/b doit être compris entre
0,8 et 1(cf. Tableau 3-1);
Chapitre 3- Les poutres mixtes 13
• le béton est liaisonné à l’âme de la poutre en acier soit en soudant les étriers à l’âme,
soit au moyen d’armatures passant par des trous au travers de l’âme (diamètre
minimum: 6mm), soit en soudant des goujons sur l’âme (diamètre ≥10mm) ;
• l’espacement selon l’axe de la poutre entre les goujons ou les armatures traversantes
doit être inférieur à 400 mm et la distance entre la face intérieure des semelles et les
rangées de goujons ou d’armatures traversantes doit être inférieure à 200 mm. Si la
section en acier a une hauteur supérieure à 400 mm et que plusieurs rangées de
goujons ou d’armatures traversantes doivent être placées, un arrangement en
quinconce peut être utilisé.
Si ces conditions sont respectées, les limites de minceur données au Tableau 3-1 sont alors
d’application.
La classification des âmes peut être influencée par la présence éventuelle de béton entre les
semelles. Pour que cela soit le cas, il faut que les conditions relatives à la liaison béton-âme
et au rapport bc/b énumérées au §3.1.3.1 soient respectées. Dans ce paragraphe, les deux
situations suivantes vont être envisagées ; soit il n’y a pas de béton entre les semelles ou le
béton entre les semelles ne respecte pas les conditions énumérées au § 3.1.3.1 (⇒ poutre
non partiellement enrobée), soit il y a du béton entre les semelles et ce béton respecte ces
conditions (⇒ poutre partiellement enrobée).
Les limites de minceur proposées dans l’Eurocode 3 sont d’application (cf. Tableau 3-2).
Cependant, selon l’Eurocode 4, une section transversale présentant une âme de Classe 3 et
des semelles de Classe 1 ou 2 peut être traitée comme une section de Classe 2 en
Chapitre 3- Les poutres mixtes 15
définissant une âme dite efficace en accord avec les règles de L’Eurocode 3 (cf. Cours de
construction métallique).
Une âme en acier de classe 3 peut être représentée par une âme efficace de classe 2 de
même section.
Notons que la classe d’une section mixte peut se modifier lorsque le moment de flexion
sollicitant change de sens : ainsi, dans une poutre continue non enrobée de bâtiment, une
section de classe 1 en zone de moments positifs peut couramment devenir de classe 2 ou 3
en zone de moments négatifs. En effet, sous moment positif, l’âme peut être totalement
tendue alors que, sous moment négatif, elle peut être partiellement ou totalement
comprimée selon la position de l’axe neutre plastique.
Pour le calcul des moments résistants, on adopte les hypothèses simplificatrices suivantes :
La cote z de l’axe neutre plastique (A.N.P) définie par rapport à la face supérieure de la
dalle (Figure 3-7), est donnée par :
z = Fa/( b+eff.0,85fck/γc) (3-3)
Cas 2 -Axe neutre de flexion plastique situé dans la semelle de la poutre en acier
L’axe neutre de flexion plastique se trouve localisé dans la section en acier si Fc< Fa. La
cote z de l’axe neutre plastique est donc supérieure à l’épaisseur totale de la dalle (hc + hp).
Pour que l’axe neutre plastique se situe dans la semelle d’épaisseur tf et de largeur bf, il
faut en plus que:
En effet, on ne change rien, du point de vue statique, en ajoutant aux efforts de la figure
3-8 deux résultantes Fa1 égales mais opposées, appliquées au centre de gravité de la partie
comprimée de la semelle ; l’équilibre de translation conduit alors à :
Cas 3 – Axe neutre de flexion plastique situé dans l’âme de la poutre en acier
L’axe neutre de flexion plastique se trouve localisé dans la hauteur de l’âme de la poutre en
acier si, simultanément :
Fc< Fa et Fa – Fc > 2.bf tf fy/γa (3-8)
Chapitre 3- Les poutres mixtes 19
Supposons pour simplifier, que l’axe neutre plastique se situe en dehors du congé âme-
semelle si on est en présence d’un profilé laminé. L’effort de traction Fa1 se trouve être
équilibré par une contribution similaire de traction disposée symétriquement par rapport au
centre de gravité de la section en acier. Il subsiste donc une zone d’âme de hauteur 2 zw,
d’épaisseur tw et soumise à la contrainte de calcul fy/γa pour équilibrer l’effort Fc. On a dès
lors:
zw = Fc/(2tw fy/γa) (3-9)
Une section mixte résiste principalement à un moment de flexion négatif via l’intervention
de la poutre en acier d’une part et des barres d’armature comprises à l’intérieur de la
largeur collaborante b-eff de dalle (sur appui intermédiaire), d’autre part, sous réserve que
ces barres soient correctement ancrées. Rappelons par ailleurs que ces barres doivent être à
ductilité élevée sous peine d’hypothéquer la valeur du moment de résistance plastique
(ductilité de classe B ou C — cf. § 3.1.3). En effet, dans une configuration normale de
section mixte, la dalle en béton est fissurée sur toute son épaisseur et l’axe neutre plastique
traverse la section de la poutre en acier. Deux cas sont envisagés selon que l’axe neutre
plastique se situe dans la semelle ou dans l’âme de la poutre. Introduisons les symboles
suivants :
Cas 1 – Axe neutre de flexion plastique situé dans la semelle de la poutre en acier
L’axe neutre de flexion plastique est situé dans la semelle en acier lorsque, simultanément :
Cas 2 -Axe neutre de flexion plastique situé dans l’âme de la poutre en acier
L’axe neutre de flexion plastique de la section mixte est situé dans l’âme de la poutre en
acier lorsque, simultanément :
Fa > Fs et Fa – Fs > 2.bf tf fy/γa (3-15)
Chapitre 3- Les poutres mixtes 21
Sous moment positif, lorsque le béton de la dalle est comprimé, l’utilisation de nuance
S420 et S460 impose une position de l’axe neutre plastique plus basse par rapport à la
position que ce dernier aurait si des nuances d’acier plus faibles étaient utilisées. Cela a
pour conséquence que, pour former une rotule plastique, la demande de déformation dans
les fibres supérieures du béton est beaucoup plus grande. Ce phénomène peut conduire à
une ruine du béton par déformation excessive avant d’atteindre la valeur du moment
plastique de la section.
C’est pour cette raison que, suivant la position de l’axe neutre plastique par rapport à la
fibre comprimée extrême du béton, un coefficient de réduction β (Figure 3-12) est imposé
à la valeur de moment plastique déterminé conformément aux règles de calcul présentées
précédemment.
Ce coefficient réducteur n’est à appliquer que ci la distance entre l’axe neutre plastique et
la fibre comprimée extrême du béton xpl est supérieur à 15% de la hauteur totale de la
section mixte h. Si la distance xpl est supérieure à 40% de h, le moment résistant n’est plus
calculé en fonction du moment plastique ; le moment résistant sera alors égal au moment
élastique de la section considérée.
Chapitre 3- Les poutres mixtes 22
Pour cette classe de section, il n’est plus possible de développer le moment plastique.
Cependant, pour les sections mixtes ayant les semelles de classe 1 ou 2 et l’âme de classe 3
(la section mixte est donc de classe 3), il est permis par l’Eurocode 4 de considérer une
section mixte de classe 2 équivalente en remplaçant l’âme de classe 3 par une âme
équivalente de classe 2. Il est donc permis, dans ce cas, de considérer que le moment
résistant est égal au moment de résistance plastique de la section réduite.
Dans les autres cas, le moment résistant sera pris égal au moment de résistance élastique.
Dans cette hypothèse, l’histoire de chargement pour les vérifications doit être prise en
compte : les contraintes associées au chargement appliqué en phase de construction doivent
être ajoutées aux contraintes associées au chargement appliqué en phase mixte. L’histoire
de chargement sera également influencée par le fait que la structure soit étayée en phase de
construction ou non.
Seules ces quelques généralités seront abordées dans le cadre de ce cours car les sections
mixtes de classe 3 sont peu utilisées dans le domaine des bâtiments mixtes. Très peu
d’informations sont d’ailleurs données dans la partie de l’Eurocode 4 dédicacée aux
bâtiments.
Toutefois, cette classe (et même une classe 4) peut être rencontrée dans le domaine des
ponts mixtes. Il convient dans ce cas de se reporter à la partie de l’Eurocode 4 réservée au
domaine des ouvrages d’art.
Pour les poutres mixtes, il n’existe actuellement pas de modèle mécanique simple pour
exprimer qu’une partie du cisaillement vertical est repris par la dalle. Cette contribution est
cependant sensible à certaines dispositions des connecteurs et à la fissuration de la dalle au
passage d’un appui intermédiaire dans une poutre continue. C’est pourquoi, en pratique, on
Chapitre 3- Les poutres mixtes 23
suppose que la dalle en béton ne participe pas à la résistance à l’effort tranchant et que
seule la poutre en acier ou partiellement enrobée reprend cet effort.
Dans ce cas, seule l’âme de la poutre en acier contribue à la reprise de l’effort tranchant.
La condition à satisfaire pour reprendre l’effort tranchant VEd, dans une section
essentiellement sollicitée à l’effort tranchant, est donc :
VEd ≤ Vpl.Rd
La résistance plastique Vpl.Rd est donnée par Av ( fy/√3)/γa où Av est l’aire de cisaillement
de la poutre métallique seule. Pour une poutre en I ou en H reconstituée soudée, Av est
strictement l’aire de l’âme; pour un profilé en I ou en H laminé, une partie des contraintes
de cisaillement est transmise par les semelles au voisinage immédiat des congés âme-
semelle, si bien que l’on peut adopter pour Av l’expression suivante:
Av = Aa-2 bf tf +(tw+2r) tf
où r est le rayon des congés (cf. cours de construction métallique).
Cette vérification simple n’est toutefois valable que si l’âme reste stable vis-à-vis du
voilement par cisaillement du panneau d’âme adjacent à la section vérifiée. Cela est le cas
si:
• h w /t w ≤ 72 pour une âme non raidie et non enrobée, avec hw la distance entre les
deux faces intérieures des semelles, tw l’épaisseur de l’ âme, = 235/f y et η un
coefficient pris égal à 1,2 ou 1,0 suivant que la nuance d’acier est inférieure ou non
à 460 N/mm² ;
31
• h w /t w ≤ k pour une âme raidie transversalement et non enrobée avec kτ , le
coefficient de voilement pris égal à :
kτ = 5,34 + 4,00(hw/a)² + kτst si a/hw ≥ 1 (3-18)
kτ = 4,00 + 5,34(hw/a)² + kτst si a/hw < 1 (3-19)
2 3
h I sl 2,1 I sl
avec kτst = 9 w 4 3 ≥ 3 (3-20)
a twhw t hw
où a représente a distance entre les raidisseurs et Isl le moment d’inertie des raidisseurs
transversaux par rapport à l’axe vertical du raidisseur. Le rapport a/hw est le rapport
d’aspect du panneau. Le terme kτst, relatif aux raidisseurs longitudinaux sera rarement
d’application, ce type de raidisseurs étant rarement utilisé dans le domaine des bâtiments.
Si ces conditions sur la minceur d’âme ne sont pas satisfaites, il faut substituer la résistance
ultime Vb.Rd au voilement par cisaillement à la résistance plastique Vpl.Rd.
Chapitre 3- Les poutres mixtes 24
Cette situation, assez fréquente dans les ponts mixtes, l’est moins dans le domaine des
bâtiments. La vérification consiste alors à contrôler que :
VEd ≤ Vb.Rd (3-21)
Pour le cas des poutres partiellement enrobées, la contribution du béton peut être prise en
compte dans le calcul de l’effort tranchant résistant à condition que les étriers soient
correctement liaisonnés à l’âme de la poutre en acier. Cette condition est nécessaire pour
assurer une bonne collaboration et une bonne répartition des efforts entre le béton et
l’acier.
Si tel est le cas, la distribution de l’effort tranchant en deux parties Va,Ed et Vc,Ed, agissant
respectivement sur la section acier et sur la section béton, peut se faire dans le même
rapport que celui relatif à la contribution de la section acier et de la section béton dans la
détermination du moment résistant Mpl.Rd. Ces efforts sollicitants devront ensuite être
comparés respectivement à la résistance du profilé acier Vpl,a,Rd et de la partie béton Vpl,c,Rd.
3.1.6.3. Interaction M -V
Dans le cas de poutres mixtes continues, les sections transversales sont sollicitées à la fois
par un effort tranchant VEd et un moment fléchissant MEd. L’expérience montre qu’il n’y a
pas de réduction sensible du moment résistant MRd tant que l’effort tranchant sollicitant de
calcul VEd ne dépasse pas 0,5 VRd.
Lorsque cette condition n’est plus satisfaite, il y a lieu de tenir compte d’un critère
d’interaction qui dépend du mode de résistance à l’effort tranchant. Soit VRd la résistance
de l’âme (résistance plastique avec éventuellement prise en compte du phénomène de
voilement par cisaillement), le critère est représenté par la courbe de la figure 3-13. Le
segment de droite BC correspond à la résistance VEd= VRd et la courbe AB est une
parabole d’équation :
2V
2
Dans cette équation, Mf.Rd est le moment résistant plastique de la section mixte réduite à
ses seules membrures (à savoir les semelles de la poutre en acier et la dalle.)
Remarque : le critère donné dans l’Eurocode 4 pour les sections mixtes de classe 1 ou 2
consiste à tenir compte de l’influence de l’effort tranchant sur la valeur du moment
résistant en calculant le moment de résistance d’une poutre dont l’âme aurait une valeur
réduite de la limite d’élasticité fyréd (figure 3-14) :
f yréd = (1 − ).f y / a (3-23)
avec :
2
2V
- ρ = Ed − 1 (si la section est une section mixte partiellement enrobée, le terme
V Rd
VEd/Vpl,Rd de cette expression doit être remplacé par Va,Ed/Vpl,a,Rd) ;
- VRd = min (Vpl,Rd ; Vb,Rd)
Il peut facilement être démontré que ce critère est identique au critère énoncé via la
formule 3-22.
Dans le cas d’une section de classe 3, le critère d’interaction reste le même mais l’entièreté
de la courbe ne peut être exploitée. En effet, pour ce type de section, le moment plastique
ne peut être développé et le graphe sera par conséquent limité aux valeurs de moment
inférieures ou égales au moment résistant MRd de la section (cf. Figure 3-15).
Dans le cas de poutres mixtes continues, le risque d’interaction effort tranchant- moment
apparaîtra principalement au niveau des appuis intermédiaires, c’est-à-dire sous moment
négatif. Dans ce cas, le calcul de Mf.Rd fera intervenir les propriétés des semelles de la
poutre en acier et des armatures de la dalle.
Pour pouvoir effectuer les vérifications de la résistance en section d’une poutre mixte, il
faut disposer de la distribution des moments fléchissants de calcul MEd et des efforts
tranchants de calcul VEd pour les différentes combinaisons d’actions à considérer aux états
limites ultimes.
L’analyse élasto-plastique d’une poutre continue, qui permet de prendre en compte les
imperfections locales et globales, le caractère réparti des zones fissurées et des zones
plastiques, le glissement (et éventuellement le soulèvement de la dalle) à linterface dalle-
poutre métallique et la rotation apportée par le voilement local au voisinage des appuis
intermédiaires, ne peut raisonnablement être mise en oeuvre que par voie numérique.
• L’analyse élastique, basée sur la théorie élastique classique des poutres, est
utilisable sous réserve d’homogénéiser les sections par le biais des coefficients
d’équivalence acier-béton ncourt_terme et nlong_terme selon la durée d’application des
actions ou éventuellement d’un coefficient d’équivalence unique nmoy. En fait,
compte tenu de l’importance de la perte de rigidité due à la fissuration du béton
dans les zones de moments négatifs d’une poutre mixte, on est amené à
distinguer l’analyse élastique non fissurée et l’analyse élastique fissurée.
Pour pouvoir effectuer une analyse rigide-plastique, les sections critiques (c’est-à-dire
celles où sont susceptibles d’apparaître des rotules plastiques) doivent être capables non
seulement de développer mais encore de maintenir leur moment résistant plastique jusqu’à
ce que, sous chargement monotone croissant, un mécanisme de ruine plastique apparaisse.
Ce mécanisme traduit une redistribution, entre sections, des moments fléchissants qui
s’effectue progressivement au fur et à mesure de l’apparition des rotules plastiques
successives. Les sections critiques doivent donc avoir une capacité de rotation suffisante.
Dans l’Eurocode 4, il n’existe pas encore de méthode simple permettant de prévoir les
rotations exigées dans les sections critiques. Dès lors, on y définit des conditions
d’application de l’analyse rigide-plastique en se basant sur les résultats, d’une part, d’essais
expérimentaux sur poutres et, d’autre part, de simulations numériques. Ces conditions sont
les suivantes :
• La nuance des éléments structuraux en acier ne dépasse pas S355 et l’acier utilisé
respecte certains critères de ductilité en accord avec l’Eurocode 3.
• Les assemblages poutre-colonne possèdent une capacité de rotation suffisante, ou le
moment résistant de ces derniers est au moins égal à 1,2 fois le moment plastique
résistant de la poutre connectée.
• Les sections où se forment les rotules plastiques sont de classe 1 et toutes les autres
sections de la poutre sont au moins de classe 2.
• Deux travées adjacentes d’une poutre mixte continue ne différent pas en longueur
de plus de 50% de la plus courte d’entre elles et la longueur d’une travée de rive ne
dépasse pas de plus de 15% celle de la travée adjacente (Figure 3-16)
• Tout risque de déversement de la poutre est exclu par des dispositions constructives
appropriées.
• Si, dans une travée donnée, plus de la moitié de la charge totale de cette travée est
concentrée sur une longueur inférieure ou égale au cinquième de la travée, la
distance de l’axe neutre à la face supérieure de la dalle ne dépasse pas 15% de la
hauteur totale de la section mixte où une rotule plastique est supposée se former
Chapitre 3- Les poutres mixtes 28
sous moment positif (une ruine prématurée par écrasement du béton est ainsi évitée
en section).
• Un maintien latéral efficace est assuré à chaque emplacement de rotule plastique.
Enfin, pour pouvoir réaliser une analyse rigide-plastique, la section de élément en acier de
la section mixte doit être symétrique par rapport à un plan parallèle au plan de l’âme ou des
âmes.
L’analyse élastique présente l’avantage d’être applicable à toute poutre continue quelle que
soit la classe des sections. Le problème se pose cependant de la prise en compte de la perte
de rigidité due à la fissuration du béton dans les zones de moments négatifs. L’effet de la
fissuration sur la redistribution des moments intervient avant l’atteinte de l’état limite de
service et il est plus important pour une poutre mixte que pour une poutre en béton armé
(en effet, dans cette dernière, il y a aussi fissuration dans les zones de moments positifs de
sorte que les rapports de raideurs sont moins affectés). Entre l’état limite de service et état
limite ultime de la poutre, La plastification plus ou moins complète des sections
transversales critiques, compliquée éventuellement du phénomène de voilement local,
contribue à la redistribution des moments.
Deux variantes d’analyse élastique sont autorisées par l’Eurocode 4 ; elles sont illustrées à
la Figure 3-17.
• L’analyse globale élastique non fissurée est effectuée avec une inertie flexionnelle
constante par travée cette inertie est calculée en supposant que le béton tendu n’est
pas fissuré, en homogénéisant la section par rapport à l’acier et en adoptant pour la
largeur efficace b+eff la valeur obtenue à mi-travée.
négligeant le béton tendu, mais en considérant les armatures situées dans la largeur
collaborante de la dalle b-eff déterminée sur appui. L’hypothèse d’une proportion
fixée a priori de la longueur fissurée simplifie grandement l’analyse puisqu’elle
permet d’éviter un processus itératif de détermination de cette longueur ; elle
procure une précision suffisante des résultats.
Il est pour ainsi dire impossible de déterminer précisément par le calcul la redistribution
des moments à appliquer au terme d’une analyse élastique. Cette redistribution consiste à
réduire les moments de flexion sollicitants dans les sections où le rapport entre moment
sollicitant et moment résistant est le plus élevé (en général, dans le domaine du bâtiment
pour lequel on a des poutres prismatiques, ces sections sont situées aux appuis
intermédiaires) et à augmenter par ailleurs les moments de flexion sollicitants de signe
opposé. Elle doit être opérée de manière à ce que l’équilibre reste respecté.
Pour autant que les conditions suivantes soient respectées, les valeurs de redistribution du
Tableau 3-3 peuvent être utilisées :
a) la poutre continue considérée fait partie d’un portique qui résiste aux efforts
horizontaux à l’aide de contreventements ;
b) la poutre est connectée aux colonnes via des assemblages rigides et pleinement
résistants ou via un tel assemblage d’un coté et via une rotule de l’autre;
c) la poutre sur chaque portée a une hauteur uniforme;
d) si la poutre est partiellement enrobée, la contribution des armatures en compression
dans le calcul des moments résistants est négligée et
e) le risque de ruine par déversement est négligeable.
Le tableau présenté ci-dessus est uniquement valable pour des aciers de nuance S355 ou
inférieure. Si de l’acier avec une nuance supérieure est utilisé, une redistribution des
moments est uniquement possible pour les sections de classe 1 ou 2. De plus, la
redistribution ne peut dépasser 30% pour une analyse non fissurée et 15% pour une analyse
fissurée, sauf s’il est démontré que la capacité de rotation des sections permet une plus
grande valeur.
Dans une poutre mixte avec dalle collaborante, il est normalement admis que la semelle
supérieure du profilé métallique est maintenue vis-à-vis du risque de déversement en raison
de sa connexion avec la dalle. Ceci implique néanmoins que cette connexion soit réalisée
correctement et que notamment la distance entre les deux rives de la dalle soit au moins
supérieure à la hauteur du profilé.
3.4.1. Généralités
Dans le domaine des bâtiments, leur vérification s’effectue exclusivement aux états limites
ultimes à l’exception toutefois du cas, très particulier, d’une connexion par boulons HR à
serrage contrôlé pour laquelle une vérification aux états limites de service (ELS) peut
s’avérer utile pour prévenir tout risque de glissement en service.
Par ailleurs, on est dispensé d’effectuer une vérification du soulèvement de la dalle lorsque
des connecteurs de type « goujon » sont utilisés, que ceux-ci ne sont pas soumis à une
traction directe et qu’en outre, ils présentent une résistance en traction (exercée
perpendiculairement à l’interface acier-béton) au moins égale 10 % de leur résistance au
cisaillement ; les goujons soudés à tête sont réputés satisfaire pleinement cette seconde
condition.
Parmi les connecteurs, on distingue les connecteurs ductiles et les connecteurs non
ductiles. Un connecteur est dit ductile lorsqu’il présente une capacité de déformation
suffisante en glissement pour justifier l’hypothèse simplificatrice d’un comportement
parfaitement plastique de la connexion en cisaillement. Si l’on fait référence à la courbe
effort de cisaillement-glissement (Figure 3-18) d’un connecteur donné, relevé lors d’un
essai sur éprouvette, dit essai ‘push-out”, la définition précédente implique que la courbe
présente une allure de type élastique-plastique avec un plateau de plasticité correspondant à
la résistance caractéristique PRk du connecteur et une capacité ultime de glissement su
importante. L’Eurocode 4 considère qu’une valeur de su supérieure ou égale à 6 mm
permet de qualifier le connecteur de ductile, sous réserve d’avoir un degré de connexion
suffisant en fonction de la portée des travées de la poutre (voir plus loin, à propos de la
connexion partielle).
L’expérience montre que l’exigence su ≥ 6 mm est remplie par les goujons soudés à tête
dont le diamètre est compris entre 16 et 25 mm si, une fois soudés, ils présentent une
hauteur totale au moins égale à quatre fois leur diamètre. Ceci vaut pour une dalle pleine
en béton. Une dalle mixte avec tôle mince profilée présente normalement une capacité de
glissement bien supérieure de l’ordre de 10 à 15 mm, pour autant toutefois que les goujons
débordent suffisamment des crêtes d’ondes de la tôle profilée.
D’autres connecteurs sont considérés comme ductiles les boulons HR, les cornières
soudées à aile élancée et les cornières formées à froid et clouées au pistolet. Par contre, des
connecteurs de type « butée » doivent être classés comme non ductiles, leur seule capacité
de déformation résultant de la déformation du béton comprimé au contact immédiat de la
butée.
Dans le cas d’une dalle pleine en béton, la résistance de calcul d’un goujon à tête soudé
présentant en pied un bourrelet de soudure normal est donnée par :
1
PRd = 0,8.f u .(d²/4)/ v (3-25)
1
PRd et PRd2 caractérisent respectivement les charges de ruine par cisaillement du goujon et
par écrasement local du béton au contact du goujon, avec:
Ces formules ne sont valables que si l’effort de traction dans les goujons reste inférieur ou
égal à 0,1 PRd.
En présence d’une dalle mixte, dont les nervures de la tôle profilée de la dalle sont
disposées perpendiculairement à l’axe de la poutre en acier (Figure 3.20), les formules
1
précédentes donnant les résistances PRd et PRd2 restent d’application à condition de ne pas
prendre fu plus grand que 450 N/mm² et de les multiplier par un coefficient de pénalisation
kt donné empiriquement par :
0,7 b 0 h sc
kt = − 1 ≤ k t, max (3.27)
n r h p h p
Figure 3-20 Goujon soudé avec dalle mixte (tôle perpendiculaire à l’axe de la poutre)
nr désigne le nombre de goujons dans une nervure au droit de l’intersection avec la semelle
supérieure de la poutre en acier ; la valeur de nr à introduire dans la formule de kt est
limitée à 2 même si on place plus de deux goujons par nervure.
Comme indiqué dans la formule 3-27, le facteur kt ne peut pas être supérieur au valeur
kt,max proposée au Tableau 3.4.
Chapitre 3- Les poutres mixtes 34
La formule proposée pour le calcul de kt ainsi que les valeurs limites proposées au tableau
précédent ne sont valables que si les conditions suivantes sont respectées :
• Les goujons sont placés dans des ondes ayant une hauteur hp inférieure ou égale à
85 mm et une largeur moyenne bo plus grande ou égale à hp ;
• Si les goujons sont soudés au travers de la tôle, le diamètre de ceux-ci ne peut pas
être supérieur à 20 mm ;
• Si une tôle préforée est utilisée, le diamètre des goujons ne doit pas dépasser 22
mm.
Dans le ces de nervures disposées parallèlement à l’axe de la poutre en acier (cas d’une
poutre de rive de plancher, par exemple), le coefficient de réduction kt est donné par
l’expression:
b0 h sc
k t = 0,6 − 1 ≤ 1 (3-28)
hp h
p
Figure 3-21 Goujon soudé avec dalle mixte (tôle parallèle à l’axe de la poutre)
Si les goujons sont supposés assurer la connexion entre tôle- béton pour la dalle et poutre-
dalle pour la poutre, l’interaction des forces agissant sur les goujons doit être prise en
Chapitre 3- Les poutres mixtes 35
compte. Pour vérifier des goujons soumis à une telle sollicitation, la formule suivante est
proposée:
Fl2 Ft2
+ ≤1 (3-29)
Pl,2Rd Pt,2Rd
avec
- Fl la force sollicitante de dimensionnement associée à la connexion poutre-dalle (≡ VlF –
cf.§3.4.3) ;
- Ft la force sollicitante de dimensionnement associée à la connexion tôle-béton (≡ Vt, Ed –
cf.§4.5.3.3) ;
- Pl,Rd la résistance de la connexion poutre-dalle avec prise en compte éventuelle des
coefficients de réduction kt ou kl ;
- Pt,Rd la résistance de la connexion tôle-béton correspondant à la ruine des goujons ou à
une ruine par excès de pression diamétrale dans la tôle (cf. §4.5.3.3).
L’Eurocode 4 permet d’utiliser d’autres types de connecteurs moins usuels, tels que
cornières, butées, crochets, arceaux, butées équipées de crochets ou arceaux... (Figure 3-22
et Figure 3-23).
Lorsque ces différents types de connecteurs sont utilisés, il convient également de prévoir
un système pour empêcher le soulèvement de la dalle par rapport à la poutre en acier (par
exemple armatures passées au travers de trou ( cf. Figure 3-22 et Figure 3-23).
Soit une poutre simplement appuyée (Figure 3-24) et soumise soit à une charge répartie de
calcul pd, soit à une charge concentrée de calcul Qq (le cas où les deux types de charge
agissent conjointement et les cas de charge plus complexes sont abordés plus loin).
On désigne par longueur critique Lcr de la poutre la longueur comprise entre deux sections
critiques successives, soit les longueurs AB et BC sur la Figure 3-24.
Le moment résistant plastique pouvant être atteint dans la section critique intermédiaire B,
il est facile de déterminer l’effort total de cisaillement longitudinal VLF exercé sur chaque
longueur critique. En effet, selon que le profilé en acier présente une résistance plastique
en traction plus faible ou plus forte que la résistance plastique de la dalle en compression,
VlF est donné par :
Les connecteurs étant supposés ductiles, ils autorisent une redistribution plastique de
l’effort rasant jusqu’à reprendre pratiquement tous le même effort PRd ; on en déduit le
nombre de connecteurs par longueur critique, nécessaire pour obtenir une connexion
complète :
Ces connecteurs peuvent être espacés uniformément sur chaque longueur critique si Lcr,
reste en deçà d’une certaine limite précisée plus loin.
Chapitre 3- Les poutres mixtes 37
Lorsque sur une longueur critique, le nombre de connecteurs N est choisi inférieur à Nf,
cette longueur et, par suite, la poutre sont en connexion partielle. Il en résulte que l’effort
total de cisaillement longitudinal transféré par la connexion sur la longueur critique
concernée a, au stade de la résistance ultime, une valeur réduite:
Vl(réd) = N PRd < VlF (3-32)
En effet, l’effort normal dans chaque partie, acier et béton, est limité à ± Vl(réd) . En ce qui
concerne le moment résistant réduit M+Rd(réd, on le détermine à la manière d’un moment de
résistance plastique M+pl.Rd(réd) en adoptant les distributions de contraintes par blocs
rectangulaires dans les différents matériaux. On distingue alors deux axes neutres
plastiques, l’un dans la dalle et l’autre dans le profilé en acier. La résultante de
compression dans la dalle ainsi que celle de traction dans le profilé doivent être identiques
et égales à Vl(réd) . On peut calculer les expressions des moments plastiques résistants
réduits M+pl.Rd(réd) de manière semblable au calcul du plein moment plastique mais en
remplaçant Fc par Vl(réd). On peut en déduire une relation analytique entre le moment
résistant réduit M+pl.Rd(réd) et le nombre de connecteurs N sur la longueur critique. Dans un
diagramme M+pl.Rd(réd) =f(N/Nf), cette relation se traduit par la courbe ABC de la Figure 3-
25. Le rapport N/Nf est désigné comme le degré de connexion de la longueur critique
désignée. Il est évident que lorsque N(AB) est différent de N(BC), c’est le degré de connexion
le plus faible des longueurs critiques AB et BC qui est déterminant pour la poutre.
En particulier, pour N/Nf =1 (connexion complète), le moment résistant n’est plus réduit et
est égal à M+pl.Rd ; pour N/Nf =0 (absence de connecteurs), le moment résistant réduit est le
moment de résistance plastique de la poutre métallique seule, Mapl.Rd. Le point B de la
courbe repère le stade où l’axe neutre du profilé métallique se trouve juste au niveau de la
jonction âme-semelle ; on peut démonter la continuité de la pente de la courbe en ce point.
Il est également possible de démontrer que la courbe ABC est toujours convexe ; dès lors,
Chapitre 3- Les poutres mixtes 38
on peut utiliser une méthode simplifiée sécuritaire, consistant à remplacer la courbe ABC
par la doite AC. Cela revient à calculer le moment résistant réduit à l’aide de la simple
relation linéaire suivante :
M+pl.Rd(réd) = Mapl.Rd + N/Nf (M+pl.Rd - Mapl.Rd) (3-34)
Par ailleurs, si le degré de connexion est trop bas, la courbe ABC (ou sa simplification AC)
cesse d’être valable parce que la ruine se produit alors par rupture des connecteurs (dont la
méthode de calcul ci-dessus postule une ductilité globale qu’ils ne peuvent offrir) et non
plus par la formation d’une rotule plastique en section critique. Cette limite dépend de la
portée de la poutre, de la géométrie de la section mixte et de la limite d’élasticité de l’acier.
On dispose des formules suivantes :
• Limite pour connexion avec goujons d’une hauteur hsc plus grande ou égale à 4 fois
le diamètre et d’un diamètre compris entre 16 et 25 mm
• pour les profilés en acier dont l’aire de l’aile inférieure est égale à trois fois l’aire
de l’aile supérieure :
pour Le≤ 20m (N/Nf)min = 1-(355/fy)(0,30-0,015Le)
pour Le > 20m (N/Nf)min = 1 (3-36.a-b)
Le représente la longueur dans la zone de moment positif entre deux points de moment nul
exprimée en m. Cette valeur peut être estimée à partir de la figure 3-5. Dans le cas d’une
poutre simplement appuyée, Le = L.
Le cas de profilés en acier avec l’aile inférieure (Aai) plus grande que l’aile supérieure
(Aas) mais avec Aas < Aai < 3Aas peut également être étudié partir de ces formules en
faisant simplement une interpolation linéaire.
Si toutes ces conditions sont respectées, les formules suivantes peuvent alors être utilisées
pour déterminer les rapports limites.
pour Le≤ 25m N/Nf)min = 1-(355/fy)(1-0,04Le) ≥ 0,4
pour Le > 25m (N/Nf)min = 1 (3-37.a-b)
Chapitre 3- Les poutres mixtes 39
Jusqu’ici, on a considéré des cas de chargement simples de poutres. Lorsque des charges
concentrées de valeurs relativement élevées se trouvent appliquées à la poutre
concomitamment à une charge répartie, on doit introduire des sections intermédiaires de
vérification sous ces charges concentrées parce qu’elles correspondent à des discontinuités
dans le diagramme d’effort tranchant et s’assurer que le nombre de connecteurs est
suffisant dans chacun des intervalles ainsi définis à l’intérieur d’une longueur critique.
Le dimensionnement de la connexion dans le cas d’une poutre continue est plus complexe
que dans celui dune poutre simplement appuyée. Ceci est le résultat des effets de la flexion
négative au voisinage des appuis intermédiaires. Les sections au droit de ces appuis sont
des sections critiques supplémentaires et doivent être contrôlées. Ce contrôle se heurte à la
diminution de la rigidité de flexion due à la fissuration de la dalle et à la tendance de l’axe
neutre à remonter dans l’âme en acier, par suite de la présence de l’armature de la dalle.
Ceci peut entraîner un changement de classe de la section en acier. Dans ces conditions, le
champ d’application de l’analyse plastique est beaucoup plus limité. Pour les poutres
continues, la nécessaire redistribution plastique des moments impose de disposer de
ductilité ; c’est pourquoi, on n’envisage ici que des connexions ductiles.
Avant d’enter plus dans les détails, il faut noter ce qui suit:
• Même quand une analyse élastique est utilisée pour une poutre continue
(éventuellement avec redistribution forfaitaire des moments sur appuis), le calcul
plastique de la connexion n’est pas exclu dans la mesure où les sections aux
extrémités d’une longueur critique sont au moins de classe 2, ces sections étant
capables de développer le moment de résistance plastique sans risque de voilement
local.
• Dans les zones sous moments de flexion négatifs, un dimensionnement en
connexion partielle est difficile à contrôler vis-à-vis des capacités de rotation
requises pour les sections au droit des appuis intermédiaires, même si ces sections
sont de classe 1 . Aussi, en conformité avec l’Eurocode 4, Il est préférable de ne
pas autoriser une interaction partielle dans les zones de moments négatifs afin de
limiter le risque de voilement local de l’acier.
• Dans les zones sous moments de flexion positifs, alors que les sections au droit des
appuis intermédiaires sont de classe 2, 3 ou 4, une connexion partielle est
généralement suffisante parce que le moment de flexion maximal positif dû aux
actions de calcul peut être relativement inférieur au moment de résistance plastique
Mpl.Rd . Cette situation impose qu’on utilise une analyse globale élastique.
Considérons le cas simple de chargement d’une poutre continue, tel celui représenté à la
Figure 3-26. La méthode de dimensionnement peut aussi bien s’appliquer en connexion
complète qu’en connexion partielle. A la ruine, un mécanisme plastique complet se produit
puisque les sections sont de classe 1 ; le moment fléchissant atteint la résistance ultime de
Chapitre 3- Les poutres mixtes 40
la section dans chacune des rotules plastiques formées. Si on désigne par M +pl,réd et M-pl les
moments de résistance plastiques respectivement sous flexion positive et sous flexion
négative, la charge ultime est donnée par :
M pl+ ,réd L + M pl− d
Q=
d(L − d)
On peut donc déduire de cette relation la valeur de Fc+ ,réd soit Fc+ ,réd = N(BC).PRd-Fs , ainsi
que la valeur du moment ultime positif réduit M +pl,réd . Considérant alors la longueur critique
d’extrémité AB qui est seulement sous flexion positive, le nombre requis N(AB) de
connecteurs résulte de la relation :
Vl(AB) = N (AB) PRd = Fc+ ,réd soit N (AB) = Fc+ ,réd /PRd = N (BC) − Fs /PRd
connexion. Cette limite peut être évaluée à partir des formules vues pour les poutres
isostatiques en utilisant les valeurs Le relatives à la zone de moment positif (cf Figure 3-5).
La courbe de M pl+ ,réd en fonction de N est ici encore convexe. On peut également adopter
une méthode simplifiée pour exprimer la charge Q en fonction du degré de connexion, de
la charge ultime de la poutre en acier seule et de la charge ultime Qu. On a ainsi:
Q = Qapl + N/Nf (Qu-Qapl). Comme on l’a déjà fait, Q peut être calculé en fixant le nombre
et la distribution des connecteurs. On peut évidemment procéder de manière inverse ; Q
étant fixé, on détermine le nombre N de connecteurs.
Les développements ci-dessus ont été effectués à partir d’un cas simple ; les mêmes
principes peuvent être appliqués à des cas plus complexes. La relation utilisée pour
calculer la charge ultime sera différente et la définition des longueurs critiques en relation
avec le mécanisme plastique moins évidente.
Pour les poutres de classe 2, seule une analyse élastique avec redistribution forfaitaire des
moments de flexion peut être utilisée. Le moment plastique ne pourra donc pas être atteint
en travée et on travaillera donc nécessairement en connexion partielle. La courbe de Q en
fonction de N n’est pas identique à celle que l’on a obtenue pour des sections de classe 1 et
qui résultait de l’analyse plastique. Cependant en pratique, on peut utiliser une droite
semblable à A’C’ qui est du côté de la sécurité. Le degré de connexion est ainsi donnée par
la relation N/N f = (Q d − Q apl )/(Q u − Q apl ) où Qu et Qapl doivent être déterminés en
utilisant analyse globale élastique.
Les différentes règles ne seront pas énumérées dans le cadre de ce cours car elles sont
nombreuses et dépendent du type de connecteur utilisé.
Où hsc est la hauteur totale d’un goujon, d’ le diamètre de sa tête et st l’entraxe des deux
goujons.
La contrainte de calcul par unité de longueur, νEd, peut être déterminée en prenant l’effort
de cisaillement longitudinal de calcul par unité de longueur de la poutre et en le divisant
par la longueur de la surface de rupture considérée hf.
A sf f yd Ed h f
> (3-39)
sf cot
avec
- Asf/sf déterminé en accord avec la Figure 3-29
- θ l’angle entre la bielle de compression dans le béton et l’axe longitudinal de la poutre.
Cet angle est généralement pris égal à 45°.
Cette formule n’est cependant applicable que dans le cas où la poutre mixte collabore avec
une dalle pleine en béton. Si la poutre collabore avec une dalle mixte avec tôle nervurée,
l’Eurocode 4 propose un certain nombre de régies supplémentaires:
• si une tôle nervurée avec une connexion de type mécanique ou une connexion par
frottement et avec ses ondes perpendiculaires à l’axe de la poutre est utilisée et si
cette tôle est continue au passage de la semelle supérieure de la poutre en acier,
alors, sa contribution à la résistance pour une surface de rupture de type a-a peut
être prise en compte de la façon suivante:
A sf f yd Ed h f
+ A p f yp,d > (3-40)
sf cot
A sf f yd Ppb,Rd Ed h f Ppb,Rd
+ > avec > A p f yp,d (3-41)
sf s cot s
où Ppb,Rd est la résistance d’un goujon connecteur soudé au travers de la tôle supposé
comme un appui et s est l’entraxe longitudinal entre deux goujons connecteurs. Dans
cette formule, il est supposé qu’il n’a qu’un goujon sur la largeur de la semelle de la
poutre; s’il y en avait plusieurs, Ppb,Rd serait à multiplier par le nombre de goujons
présents.
Chapitre 3- Les poutres mixtes 45
Enfin, une section minimale d’armatures transversales est toujours nécessaire de manière à
reprendre tous les efforts secondaires de cisaillement non évaluables par le calcul.
L’Eurocode 4 recommande, pour les dalles pleines, d’utiliser une aire minimale
d’armatures uniformément réparties égale 0,08 √fck/fyk de l’aire du béton dans le sens
longitudinal ; la même proportion vaut pour les dalles mixtes en ne considérant que le
béton situé au-dessus des nervures (lorsque celles-ci sont perpendiculaires à la poutre),
mais en ayant la possibilité d’inclure la contribution de la tôle profilée dans cette
proportion.
3.5.1. Généralités
Les exigences relatives aux poutres mixtes sous les combinaisons d’actions aux états
limites de service portent sur le contrôle des flèches, de la fissuration du béton et
éventuellement des vibrations. En bâtiment, des exigences précises présentent souvent un
caractère conventionnel, de sorte que l’on cherche, chaque fois que cela est possible, à
éviter de faire une analyse de structure ou de sections. Par exemple, les effets du retrait du
béton sur les flèches ne sont à prendre en compte que pour des poutres simplement
appuyées dont le rapport de la portée à la hauteur totale de la section dépasse 20. Dans une
optique similaire, il est admis de simplifier les analyses élastiques en adoptant un
coefficient d’équivalence unique n = Ea/(Ec/2) pour le module sécant du béton qui associe
les déformations différées par fluage (sous les actions à Long terme) et les déformations
élastiques instantanées.
L’Eurocode 4 adopte pour valeurs admissibles des flèches les valeurs proposées dans
l’Eurocode 0. Les flèches sont déterminées en utilisant une analyse élastique
conformément au § 3.2.2.
Par contre, le calcul des flèches d’une poutre continue nécessite de tenir compte de la
fissuration du béton dans les zones de moments négatifs, des plastifications partielles de
l’acier sur appuis intermédiaires et éventuellement de l’interaction partielle.
Chapitre 3- Les poutres mixtes 46
• Réduire par un facteur multiplicatif f1 les moments négatifs sur appuis, ceux-ci
ayant été calculés en utilisant l’inertie de flexion “non fissurée” EaI1 sur toute la
longueur d’une travée. Cette méthode n’est valable que pour des poutres avec
sections critiques de Classe 1, 2 ou 3. Le facteur f1 peut être pris égal à 0,6 de
manière conservative, ou plus précisément suivant: f1 = ((EaI1)/(EaI2))-0,35 >0,6
lorsque la charge uniformément répartie par unité de longueur est la même sur
toutes les travées et que les longueurs de ces travées ne diffèrent pas entre elles de
plus de 25%.
• Une méthode plus précise consiste à utiliser une analyse globale élastique
“fissurée’ comme celle déjà vue pour les vérifications aux ELU mais relative cette
fois aux combinaisons d’actions aux ELS ; aucune réduction des moments sur
appuis ne doit évidemment être effectuée dans ce cas (voir tableau 3-3).
Dans le cas de poutre non étayée, en ce qui concerne la plastification partielle de l’acier
des poutres mixtes continues sous combinaison d’actions aux ELS (relativement fréquente
au niveau de la semelle inférieure lorsque la construction n’est pas étayée), il est possible
d’en traduire l’effet sur les flèches en utilisant un deuxième facteur de réduction f2 des
moments sur appuis. L’Eurocode 4 indique de prendre f2 = 0,7 lorsque la plastification est
causée par des combinaisons d’actions, une fois le béton durci (c’est le cas courant), et 0,5
lorsque la plastification se produit déjà sous le seul poids du béton déjà coulé.
On peut dés lors calculer la flèche à mi-portée d’une travée quelconque de poutre continue
à l’aide de la formule suivante:
[ ( − −
) ]+
f = 0 1 − Cf 1 f 2 M A + M B /M 0 (3-42)
avec
C = 0,6 pour une charge uniformément répartie (C = 0,5 pour une charge
concentrée à mi-travée)
Par ailleurs, il faut tenir compte de l’influence éventuelle du glissement à l’interface acier-
béton sur les flèches. En interaction complète (ou plus que complète), cette influence est
totalement négligeable (flèche notée δf). En interaction partielle, l’augmentation des
flèches peut ne pas être négligeable et dépend du mode de construction. Pour calculer la
flèche amplifiéeδ, on peut utiliser la formule simple suivante :
[ ( )(
= f 1 + k 1 − N/N f . a ]
/ f − 1) (3-43)
avec
N/Nf ≥ 0,4
et:
Pratiquement inévitable dans les zones de béton tendu, la fissuration est due aussi bien aux
déformations imposées contrariées (retrait du béton, déplacements d’appui) qu’aux actions
directes de service. Il n’est nécessaire de contrôler cette fissuration que dans des situations
où elle met en cause le bon fonctionnement et la durabilité de la structure. Un critère
d’aspect peut également être pris on considération.
Lorsqu’aucune mesure n’est prise pour tenter de limiter l’ouverture des fissures du béton
sur la face supérieure de la dalle d’une poutre mixte, il convient de prévoir à l’intérieur de
la largeur collaborante de la dalle un pourcentage d’armature longitudinale au moins égal à
Il importe également de prolonger les barres d’armature sur une longueur égale au quart de
la portée de part et d’autre d’un appui intermédiaire ou de la demi-portée pour un porte-à-
faux. Par ailleurs, en présence d’une dalle mixte, on n’intègre habituellement pas la
contribution de la tôle profilée dans les pourcentages précédents. Lorsqu’il est jugé
nécessaire de limiter la largeur des fissures dues aux seules déformations imposées
contrariées, on peut adopter comme aire minimale d’armature longitudinale l’aire donnée
par la formule suivante:
(A s ) min = k s k c f ct,eff A ct / s (3-44)
où :
1
kc = + 0,3 ≤ 1,0
1 + (h c /2z 0 )
Act aire de la partie de dalle qui est en traction (pour la largeur efficace beff-) ;
fct résistance moyenne du béton en traction au moment où la fissuration est sensée se
produire (au-delà de 28 jours, on peut prendre fct = 3 N/mm2);
σs contrainte maximale autorisée dans l’armature immédiatement après la fissuration.
D’une part, il convient d’avoir σs<fsk/γs afin que l’armature reste élastique lors de la
première fissuration ; d’autre part il est d’autant plus facile de limiter la largeur des
fissures que l’on utilise des barres d’armature à haute adhérence et que le diamètre de
Chapitre 3- Les poutres mixtes 49
ces barres est plus petit. Le tableau relatif aux barres à haute adhérence (Tableau 3-5)
précise la valeur à adopter pour σs en fonction du diamètre des barres et de la largeur
wk admise pour les fissures (comprise entre 0,2 et 0,4 mm).
Selon l’Eurocode 4, au moins la moitié de la section d’armature minimale requise doit être
placée entre la mi-hauteur de la dalle et la face soumise à la déformation de traction la plus
forte.
3.5.4. Vibrations
Dans des conditions de service, il peut être important de limiter les vibrations provoquées
par des machines et des oscillations dues à la résonance harmonique, en ayant des
fréquences propres de la structure ou de parties de la structure suffisamment différentes de
celles de la source d’excitation.
Pour effectuer une analyse des fréquences et modes propres de vibration d’un plancher
mixte de bâtiment, il est admis d’utiliser les caractéristiques des sections mixtes non
fissurées, avec le module sécant d’élasticité Ecm pour un chargement à court terme. Dans
cette analyse, on peut négliger les effets du glissement à l’interface acier-béton.
Chapitre 3- Les poutres mixtes 50
La fréquence propre fondamentale d’une poutre mixte simplement appuyée peut être
évaluée à l’aide de la formule simple suivante
1 g
f=
2
Compte tenu que g =9810 mm/sec², on a:
f= 15,8/√δ
En ce qui concerne les planchers, sur lesquels les personnes marchent normalement
(bureaux, habitations,...), ainsi que les parkings, il convient de ne pas avoir une fréquence
propre fondamentale f inférieure à 3 Hz. Dans le cas des planchers de gymnase ou de salle
de danse, il convient de ne pas avoir une fréquence propre f inférieure à 5 Hz.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 51
4.1. Introduction
4.1.1. Définition
Une dalle mixte est constituée d’une tôle d’acier nervurée recouverte d’une dalle en béton
armé (Figure 4-1). Après durcissement du béton, elle se comporte comme un élément
structural mixte acier-béton collaborant.
Il existe une grande variété de tôles nervurées utilisées dans la construction des dalles
mixtes (Figure 4-2). On distingue plusieurs types de tôles qui varient par la forme, la
hauteur et l’entre-axe des nervures, par la largeur des tôles, par leur mode de recouvrement
latéral, par les moyens de raidissage des parois planes constituant le profil et enfin par les
dispositifs de connexion mécanique assurant la liaison entre la tôle en acier et le béton. Ces
tôles présentent notamment les particularités suivantes :
• Leur épaisseur varie de 0,7 à 1,5 mm, mais se situe le plus souvent entre 0,75 et 1
mm
Chapitre 4- Les dalles mixtes 52
Ces tôles sort obtenues par profilage à froid. Celui-ci consiste en une succession de mises à
forme progressives par passage, dans une série de galets, d’une bande d’acier laminée et
généralement galvanisée. Le profilage provoque un certain écrouissage de l’acier avec, pour
résultat, un accroissement des caractéristiques de résistance moyenne de la section. En
général, on obtient une limite d’élasticité d’environ 300 N/mm2 pour une bande mère de
nuance S235.
Pour assurer la liaison acier-béton dans la dalle mixte, la tôle nervurée doit pouvoir
transmettre le cisaillement longitudinal (effort rasant) à l’interface entre l’acier et le béton.
La simple adhérence entre la tôle d’acier et le béton n’est pas considérée comme suffisante
pour créer un comportement de plancher mixte. Dés lors, une liaison efficace doit être
assurée par un ou plusieurs des moyens suivants (Figure 4-3) :
Une liaison mécanique, obtenue par déformations locales des parois de la tôle
profilée sous forme d’indentations ou de bossages ;
Une forme de profilage appropriée (à nervures rentrantes), qui peut assurer un
transfert de cisaillement par frottement ;
Des ancrages disposés seulement dans les zones d’extrémité mais en combinaison
avec a ou b ;
Une déformation des nervures à leurs extrémités, destinée à jouer le même rôle que
des ancrages d’extrémité mais uniquement en combinaison avec b.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 53
Il est utile de prévoir des armatures passives dans la dalle de béton pour l’une et/ou l’autre
des raisons suivantes :
La quantité d’armatures placées dans les deux directions principales de la dalle ne devrait
pas être inférieure à 80 mm²/m ; l’espacement de celles-ci ne devrait pas excéder 2 fois
l’épaisseur totale de la dalle (h à la Figure 4-3) ou 350 mm.
Toutes les armatures placées à la partie inférieure de la dalle doivent être positionnées de
manière à permettre un compactage correct du béton.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 54
Des armatures de répartition peuvent être placées au sommet des nervures de la tôle
profilée. La longueur et le recouvrement des armatures satisfont les prescriptions habituelles
relatives au béton armé.
4.1.5. Prescriptions
L’épaisseur hors tout de la dalle mixte, h, sera au moins de 80 mm. L’épaisseur de béton hc
par dessus la surface plane passant par le sommet des nervures de la tôle ne sera pas
inférieure à 40 mm afin d’assurer la non fragilité de la dalle et un enrobage suffisant des
armatures. Si la dalle assure une action mixte avec la poutre sur laquelle elle repose ou si
elle joue un effet diaphragme, l’épaisseur totale h est au moins de 90 mm et hc ne sera pas
inférieure à 50 mm.
La taille nominale des granulats utilisés dans le béton dépend de la plus petite dimension de
l’élément de construction dans lequel le béton est coulé. Elle ne sera pas supérieure à la plus
petite des valeurs ci-dessous :
• 0, 40 hc
• b0/3 , où b0 représente la largeur moyenne des nervures (prise égale la largeur
minimale si les nervures sont à forme rentrante - cf Figure 4-3)
• 31,5 mm (tamis C 31,5).
Ces critères visent à garantir que le granulat puisse pénétrer aisément dans les nervures.
Les conditions d’appui, sur les supports provisoires, des tôles d’acier profilées utilisées
comme coffrage doivent être vérifiées, par exemple conformément aux dispositions reprises
au paragraphe 9.2.3 de l’Eurocode 4. De plus, l’appui des dalles mixtes doit avoir une
largeur minimale de 75 mm pour des assises régulières, telles que la semelle d’une poutre
en acier ou en béton, de 100 mm pour des assises moins régulières, telles que briques ou
parpaings.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 55
Le comportement mixte apparaît lorsque les composantes de la dalle mixte, à savoir la tôle
profilée en acier, le béton durci et les armatures additionnelles réagissent à la manière d’un
élément de construction unique. A cet égard, la tôle profilée doit être capable de transmette
le cisaillement horizontal existant aux surfaces de contact entre la tôle et le béton.
Sous l’action des charges extérieures, la dalle prend une déformée de flexion et des
contraintes de cisaillement se développent à l’interface acier-béton.
Si la liaison entre la dalle en béton et la tôle profilée en acier est parfaite, c’est-à-dire si les
déformations longitudinales de la tôle et de la face adjacente du béton sont égales, on parle
d’interaction complète entre le béton et la tôle. Lorsqu’il existe un déplacement longitudinal
relatif entre la tôle et le béton adjacent, il s’agit d’une interaction incomplète. La différence
entre le déplacement longitudinal de l’acier et celui du béton adjacent est caractérisée par un
déplacement relatif unitaire, appelé glissement.
Le comportement des dalles mixtes peut être décrit à partir d’un essai de chargement
standardisé : la dalle mixte disposée sur deux appuis d’extrémité est chargée
symétriquement par deux charges concentrées P appliquées aux ¼ et ¾ de la portée (Figure
4-4). En désignant par δ la flèche de la dalle à mi-portée, le diagramme P-δ (charge-flèche)
est une bonne représentation du comportement de la dalle sous charge. Ce comportement
dépend beaucoup du type de la liaison entre le béton et la tôle (forme, bossage,
connecteurs,…)
• Le micro-glissement local, non visible à l’oeil nu parce que très faible, qui permet la
mobilisation des efforts de liaison ;
• Le macro-glissement global de l’interface, mesurable et visible, qui dépend du type
de connexion.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 56
La rigidité de la dalle mixte, représentée par la pente de la première partie de la courbe P-δ
N’est pas la même pour les trois types de comportement. Elle est maximale pour une
interaction complète et minimale pour une interaction nulle.
• La liaison physico-chimique, toujours faible mais présente quel que soit le type de
profil ;
• La liaison par frottement qui se développe dès que les micro-glissements
apparaissent;
• La liaison par accrochage mécanique, qui est mobilisée après les premiers
glissements et dépend de la forme de l’interface acier-béton.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 57
La ruine d’une dalle mixte à tôle profilée collaborante peut se produire suivant l’un des
types de ruptures présentés ci-après (Figure 4 - 6).
Figure 4-6 Types de rupture pour une dalle mixte sur appuis d’extrémité
La rupture de la dalle mixte prend l’une des manifestations suivantes (Figure 4-7)
Figure 4-7
La nature fragile ou ductile de la rupture dépend des propriétés de la liaison entre l’acier et
le béton. Alors que les dalles avec tôle à profil ouvert ont un comportement plutôt fragile,
celles avec tôle à profil rentrant révèlent un comportement plutôt ductile. Cette remarque
n’est pas générale. Les producteurs de tôles profilées améliorent les caractéristiques de
comportement par différents moyens mécaniques tels la réalisation de bossages et creux
dans les faces des tôles et l’utilisation de formes en queue d’aronde. Les connecteurs
ponctuels, tels que goujons et cornières, ont également une influence sur la nature de la
rupture.
On considère généralement qu’un comportement de type fragile est moins sécurisant qu’un
comportement ductile. La tendance est donc d’adopter des valeurs des coefficients partiels
de sécurité plus importants pour le calcul des dalles mixtes à comportement fragile que pour
celui des dalles mixtes à comportement ductile.
Deux situations de risque bien distinctes doivent être envisagées lorsqu’on dimensionne une
dalle mixte.
La vérification correspond à la situation où la tôle seule reprend les charges de poids propre
(béton frais) et de chantier. On tient compte de la présence des éventuels étais.
Les vérifications des tôles profilées en acier à l’état limite ultime et à l’état limite de service
sont effectuées conformément aux codes applicables aux éléments minces, par exemple la
partie 1.3 de l’Eurocode 3. On tient compte de manière appropriée des effets des bossages
et/ou des indentations sur la résistance et les caractéristiques des sections droites.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 59
Pour le calcul à l’état limite ultime, le projeteur considère l’ensemble des charges agissant
sur la tôle profilée :
Les charges de construction représentent le poids des ouvriers ainsi que du matériel de
bétonnage et tiennent compte de tout impact ou toute vibration pouvant survenir en cours de
construction. L’Eurocode 1 indique de prendre une charge de 1,5 kN/m2 à l’intérieur d’une
zone quelconque de 3 m par 3 m couvrant à la fois la charge caractéristique de construction
et l’effet de mare. A l’intérieur de la zone restante, la charge caractéristique de construction
est de 0,75 kN/m2. Ces charges s’ajoutent au poids propre de la dalle. Les charges de
construction sont positionnées de manière à occasionner le moment fléchissant et/ou l’effort
tranchant maximal (Figure 4-8).
Ces valeurs sont des minima ; elles ne sont pas nécessairement suffisantes pour représenter
l’effet d’impact ou un amoncellement local de béton excessif ou encore des charges dues au
pompage ou à l’acheminement du béton par canalisation. Le projeteur doit veiller à inclure
l’ensemble des possibilités de charges dans son projet. Par exemple, il faut démontrer par
essais ou par calculs que, sans le béton, la tôle est capable de résister à une charge
caractéristique de 1 kN répartie sur une surface carrée de 300 mm de coté, ou bien à une
charge caractéristique linéique disposée perpendiculairement aux nervures de 2 kN/m, sur
une largeur de 0,2 m; cette charge représente le poids propre d’un ouvrier.
Figure 4-8
Lors des vérifications à l’état limite de service, la flèche de la tôle sous l’action de son poids
propre et du poids de béton frais, mais à l’exclusion des charges de construction, est limitée
à L/180 où L représente la portée utile entre les appuis.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 60
Si la flèche δ au centre de la tôle, produite par l’action conjointe de son poids propre et de
celui du béton frais, est supérieure à 1/10 de l’épaisseur totale de la dalle, il convient
d’inclure l’effet de mare dans le calcul de la tôle d’acier, par exemple en supposant dans le
calcul que l’épaisseur nominale du béton est augmentée de 0,7.δ sur la totalité de la portée.
Les flèches peuvent êtres fortement réduites par l’utilisation d’étais provisoires, les étais
étant considérés alors comme des appuis.
En pratique, pour les bâtiments à usage courant, les variations de température ne sont pas
prises en compte.
4.3.2.1. Flèche
Les flèches limites recommandées par l’Eurocode 3 sont L/250 sous l’ensemble des charges
appliquées à la dalle mixte et L/300 sous l’effet combiné des charges variables et de toutes
les déformations différées. Four les dalles comportant des éléments de construction fragiles
(pavages, cloisons...), cette dernière limite est portée à L/350.
Il n’est normalement pas nécessaire d’inclure la flèche de la tôle due à l’action conjointe de
son poids propre et du poids du béton frais, dans cette vérification de la dalle mixte. En
effet, cette flèche existe déjà lorsqu’on effectue les travaux de complément de constructions
(cloisons, pavages, châssis de portes et fenêtres...) et n’ont pas d’influence néfaste directe
sur le comportement de ces éléments. De plus, la partie inférieure de la dalle est le plus
Chapitre 4- Les dalles mixtes 61
souvent équipée d’un faux plafond qui masque les flèches trop importantes. La seule
considération pouvant infirmer cette simplification est d’ordre esthétique.
En pratique, on distingue, d’une part, les travées intermédiaires des dalles continues et
d’autre part, les travées de rive pour les dalles continues et les travées des dalles sur appuis
simples d’extrémité. Pour le calcul de la flèche dans une travée intermédiaire, on fait
normalement les approximations suivantes :
Le moment d’inertie flexionnelle est pris égal à la moyenne des valeurs relatives
respectivement à la section fissurée et la section non fissurée ;
Pour le béton de densité normale, on utilise une valeur du coefficient d’équivalence n
qui est la moyenne des valeurs respectives pour les effets à long terme et à court terme
(cf. § 4.5.4).
Pour les travées de rive, le glissement d’extrémité entre la tôle d’acier et le béton peut avoir
un effet significatif sur la flèche. Dans le cas d’un comportement non ductile, le glissement
et la ruine peuvent presque coïncider, ce qui impose de considérer le glissement comme un
état limite ultime. Dans celui d’un comportement semi-ductile ou ductile, le glissement
induit simplement une majoration de la flèche.
La jonction tôle-béton a un comportement dit ductile si la charge de ruine dépasse de plus
de 10% la charge provoquant un glissement d’extrémité mesuré de 0,1 mm. Si la charge
maximale pouvant être supportée par la dalle est supérieure à la charge donnant une flèche
égale à L/50, c’est cette dernière qui sera considérée comme charge de ruine pour cette
vérification.
L’ouverture des fissures dans les zones de moment fléchissant négatif des dalles continues
peut être vérifiée à partir des principes de l’Eurocode 2. Pratiquement, pour les bâtiments à
usage courant ne subissant pas d’agressions particulières (humidité, atmosphère
corrosive...), on admet une ouverture de fissure de 0,3 mm. Si cette limite est dépassée, il
faut prévoir des armatures de répartition des fissures; leur détermination se fonde sur les
méthodes habituelles de béton armé.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 62
Lorsque les dalles continues sont calculées comme des dalles à travées isostatiques, l’aire de
la section transversale de l’armature anti-fissuration ne doit pas être inférieure à 0,2 % de
l’aire de section transversale du béton situé au-dessus des nervures dans le cas d’une
construction non étayée et à 0,4% de cette aire dans le cas d’une construction étayée.
Pour l’analyse globale de la tôle seule, l’Eurocode 4 fait référence à l’Eurocode 3 partie 1-3
traitant le dimensionnement des éléments en acier formés à froid.
Généralement, les fabricants de tôles fournissent des tableaux reprenant :
L’application de méthodes d’analyse élastique convient pour la vérification des états limites
de service et les états limites ultimes. Les méthodes d’analyse plastiques ne doivent être
envisagées que pour la vérification aux états limites ultimes.
Il n’est pas nécessaire de vérifier la capacité de rotation des rotules plastiques dans le cas
d’une analyse plastique si les armatures utilisées sont de classe C (c’est-à-dire, armatures à
haute ductilité) et si la portée n’est pas supérieur à 3 m.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 63
Une dalle continue peut toujours être calculée comme une succession de dalles
indépendantes simplement appuyées. Si tel est le cas, une armature nominale minimale doit
cependant être prévue en face supérieure au droit des appuis intermédiaires (cf. § 4.3.2.3).
Lorsque les charges sont réparties de manière uniforme, ce qui est fréquemment le cas, ou
de manière linéaire perpendiculairement à l’axe des nervures, les largeurs collaborantes
correspondent à la largeur totale de la dalle. Lorsque les charges sont ponctuelles ou
disposées de manière linéaire parallèlement l’axe des nervures, l’Eurocode 4 donne
quelques indications pour la détermination des largeurs collaborantes qui sont bien sur plus
faibles que la largeur de la dalle.
Afin d’assurer la répartition des charges ponctuelles ou linéaires sur la largeur considérée
comme utile, une armature transversale doit être placée sur la tôle ou dans le béton par-
dessus la tôle. Cette armature transversale est calculée à partir des moments fléchissants
transversaux, selon les règles du béton armé. On peut utiliser une armature transversale
forfaitaire (sans calcul) si les charges d’exploitation caractéristiques n’excèdent pas 7,5 kN
pour les charges concentrées et 5 kN/m² pour les charges réparties. Cette armature
transversale doit présenter une aire de section d’au moins 0,2 % de l’aire de béton situé au-
dessus des nervures sur la largeur collaborante considérée ; par ailleurs, des longueurs
d’ancrage minimales doivent être prévues au-delà de cette largeur. L’armature prévue pour
d’autres actions peut respecter tout ou partie de la règle.
Le cas de charge relatif à la situation, de chantier est l’un des plus critiques. La tôle, qui est
un élément mince, doit résister seule aux charges de chantier et au poids du béton frais.
La vérification des tôles profilées en phase de chantier ne fait pas l’objet de règles
particulières dans l’Eurocode 4. On se reportera utilement au cours de structures à parois
minces et à la partie 1.3 de l’Eurocode 3 pour l’ensemble des indications concernant ce
sujet.
Weff
M Rd = f yp (4-1)
ap
Le calcul des flèches est effectué en prenant l’inertie efficace du profil de la tôle précisée
plus haut. La flèche d’une tôle sous charges réparties disposées en damier (Figure 4-9) est
obtenue par la formule :
5 1
=k pL4 (4-2)
384 EI eff
Le coefficient k vaut:
4.5.3. Vérification des sections mixtes aux états limites ultimes (ELU)
Dans les zones de moment fléchissant positif, on tient compte de la présence d’armatures
supplémentaires tendues pour l’évaluation de la résistance de la dalle mixte.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 65
Dans épaisseur de la dalle (au-dessus des crêtes de la tôle), on peut trouver des armatures
anti-fissuration, dont la section minimale est prescrite par les codes, ou des armatures
destinées à transmettre la traction sous moment négatif. Ces armatures, qui sont
normalement comprimées sous moment positif, sont habituellement négligées pour
l’évaluation de la résistance en section sous flexion positive.
La résistance en traction du béton tendu est admise nulle. La résultante de traction Np dans
la tôle d’acier, déterminée à partir des caractéristiques de la section efficace d’acier Ap, est
équilibrée par la résultante de compression Ncf, dans le béton, déterminée sur base de
l’épaisseur de béton comprimé x, de la largeur b de la dalle et de la résistance de calcul du
béton suivant les caractéristiques du béton
On a :
f yp
Np = Ap (4-3)
ap
et
0,85 f ck
N cf = bx (4-4)
c
et
A p f yp
ap
x= (4-5)
0,85bf ck
c
z = dp -0,5 x (4-6)
Chapitre 4- Les dalles mixtes 66
M +pl.Rd = N p z (4-7)
c’est-à-dire :
L’aire efficace Ap de la tôle d’acier est la section nette, obtenue à partir de l’épaisseur nette
(c’est-à-dire après déduction de l’épaisseur de la galvanisation, normalement 2 x 0,020 =
004 mm), et déduction faite au besoin des largeurs correspondant aux indentations et
embossements.
Figure 4-10 Distribution plastique des contraintes – Cas de l’axe neutre plastique dans le
béton en flexion positive
Si l’axe neutre plastique intercepte la tôle nervurée, une partie de la tôle en acier doit être
comprimée pour maintenir l’équilibre en translation de la section.
A titre de simplification, on néglige totalement la présence du béton -bien sûr s’il est tendu
mais aussi s’il est comprimé - compris à l’intérieur des nervures.
Tel que présenté à la Figure 4-11, le diagramme des contraintes peut être divisé en deux
sous-diagrammes représentant chacun une partie du moment résistant de calcul Mpl,Rd :
Le premier diagramme correspond à l’équilibrage de l’effort Ncf , qui représente cette fois la
résistance de calcul de la dalle de hauteur hc , par un effort de traction partiel Na dans la tôle.
Le bras de levier z est déterminé à partir de la distribution des surfaces de tôle. Il dépend
des caractéristiques géométriques du profil. Il y correspond un moment Ncf .z. On verra plus
loin que l’on peut calculer z de manière approchée.
Figure 4-11 Distribution plastique des contraintes avec axe neutre plastique de la section
mixte (a.n.p.) dans le profilé en acier (moment positif)
Certains auteurs ont proposé une formule approchée liant Mpr, moment plastique réduit (de
calcul) de la tôle à Mpa , moment plastique (de calcul) de la section efficace de la tôle seule.
Cette formule, calibrée à partir d’essais sur huit types de profils de tôle, s’écrit :
N cf
M pr = 1,25M pa 1 − ≤ M pa (4-11)
A p f yp
ap
f ys
As
x= s
(4-14)
f ck
0,85b 0
c
Si z est le bras de levier des résultantes Ns et Nc, le moment résistant de calcul est alors :
−
A s f ys
M pl; Rd = z (4-15)
s
Il est en outre nécessaire de vérifier que les armatures sont suffisamment ductiles pour
permettre des rotations suffisantes dans les sections plastifiées. Les armatures de la classe
500 actuellement disponibles sur le marché sont en général satisfaisantes à cet égard, pour
autant toutefois que l’épaisseur de la dalle de béton ne soit pas trop grande.
Une méthode semi empirique normalisée, dite méthode m-k, présentée ci-après. Celle-ci ne
fait pas référence à la résistance moyenne τu, mais recourt à un artifice consistant à utiliser
l’effort tranchant vertical Vt,Ed pour contrôler la ruine par cisaillement horizontal le long de
la longueur de cisaillement Ls. La relation directe entre l’effort tranchant (vertical) et
l’effort de cisaillement (longitudinal) ne sait être établie que dans le cas d’un comportement
élastique ; si le comportement est élastoplastique ou plastique, le relation n’est plus aussi
évidente et on use alors de la méthode m-k, qui est une approximation développée sur base
de considérations pratiques.
Une méthode dite méthode de la connexion partielle constitue une alternative à la méthode
m-k. Si elle est plus satisfaisante du point de vue du modèle de fonctionnement, son
utilisation est toutefois limitée aux tôles à comportement ductile et devient problématique
dans le cas de très faibles degrés de connexion.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 70
La méthode m-k
La méthode semi-empirique m-k est basée sur les résultats d’une analyse dimensionnelle.
On recherche une formulation paramétrique linéaire dans laquelle interviennent les
paramètres déterminants du phénomène, soit:
VLR = F(f ck , L , d p , b, A p , Vt )
Le Figure 4-14 fournit la droite m-k, déterminée à partir de six essais de dalles répartis en
deux groupes, pour un type donné de tôle profilée. On remarque que l’ordonnée verticale
représente un terme ayant la dimension d’une contrainte et qu’elle est déterminée à partir de
l’effort tranchant vertical total Vt incluant le poids propre de la dalle. L’abscisse est un
nombre pur, rapport de la section d’acier de la tôle à la surface de cisaillement longitudinal.
En multipliant ce terme par fy/τu, on obtient, en liaison avec l’axe vertical, un rapport direct
de la capacité de la tôle à transmettre effort de cisaillement longitudinal.
Selon l’Eurocode 4, l’effort tranchant sollicitant maximum de calcul Vt,Ed pour une dalle
mixte de largeur b ne peut excéder la résistance de calcul au cisaillement longitudinal VL.Rd
obtenue selon :
Ap 1
VL.Rd = b.d p m + k (4-16)
bL s VS
Chapitre 4- Les dalles mixtes 71
Celle formule nécessite donc la détermination des coefficients m et k par des essais
standardisés. Les valeurs m et k, qui dépendent du type de tôle profilée et des dimensions de
la section de la dalle, sont en principe fournies par les fabricants de tôles profilées
(exemple : m = 130,8 N/mm2 et k = 0,0459 N/mm2).
Pour une charge uniformément répartie sur une dalle simplement appuyée de portée L, Ls
vaut L/4. Cette valeur s’obtient en égalant l’aire du diagramme de l’effort tranchant, relatif à
la charge uniformément répartie, à celui relatif à deux forces concentrées (de résultante
totale identique à celle de la charge répartie) disposées symétriquement à la distance Ls des
appuis. Si la dalle simplement appuyée est soumise à deux charges égales et disposées
symétriquement, Ls est égal à la distance entre la charge appliquée et l’appui le plus proche.
Pour tout autre type de chargement, Ls s’obtient en divisant le moment maximum par la
valeur du plus grand effort tranchant adjacent aux supports de la travée considérée.
Dans le cas d’une dalle mixte dimensionnée comme continue, le calcul de Ls s’effectuera
pour chacune des travées individuelles considérées comme simplement appuyées avec une
portée équivalente ; cette portée est prise égale à
0,8L pour des travées internes;
0,9L pour des travées externes.
La droite relative au cisaillement longitudinal (Figure 4-15) n’est valable qu’entre certaines
limites. En effet, selon la portée de la poutre, il est possible d’observer l’un des trois modes
de ruine définis auparavant.
Dans le cas où la résistance au cisaillement longitudinal d’une dalle est insuffisante, il est
possible de l’augmenter en disposant des ancrages aux extrémités de la dalle, soit sous
forme de connecteurs, soit simplement par déformation locale des nervures (fig. 4.3 d).
L’Eurocode 4 permet de prendre en compte l’amélioration de comportement induit par de
tels ancrages d’extrémité (chapitre 9.7.4 de l’Eurocode 4)
La méthode m-k est un outil adéquat pour de faibles portées et lorsque la connexion a plutôt
un comportement fragile. Pour pouvoir exploiter le comportement ductile des connexions
maintenant disponibles grâce à de bonnes connexions mécaniques et des portées plus
longues, il est nécessaire d’utiliser la méthode de la connexion partielle expliquée ci-après.
Aussi, lorsque des ancrages d’extrémité seront utilisés, on préférera la méthode de la
connexion partielle qui permet d’intégrer, assez facilement, l’effet de ces ancrages dans le
comportement de la connexion.
Les développements sont semblables à ceux qui seront décrits plus en détails dans le
paragraphe traitant de la connexion des poutres. Cependant, les dimensions géométriques de
la tôle étant fixées, cela ne permet pas de moduler la connexion partielle en choisissant le
nombre de connecteurs comme cela peut se faire pour les poutres mixtes. Les méthodes
exposées dans la partie relative aux poutres mixtes ne sont donc pas directement
transposables ; les développements spécifiques aux dalles mixtes sont présentés ci-après.
Cette méthode permet de déterminer l’effort Nc transmis de la tôle à la dalle en béton dans
une section transversale se situant à une distance x d’un appui. Sans ancrage d’extrémité, la
résistance en flexion de la dalle mixte au niveau d’un appui d’extrémité est égale à la
résistance de la tôle vu que, à cet endroit, aucun effort n’a pu être transmis à la dalle en
béton armé. Dans n’importe quelle section à une distance x de l’appui d’extrémité, l’effort
transmis à la dalle en béton peut être déterminé en fonction de la valeur τu représentant
l’effort de cisaillement ultime transmissible à l’interface « tôle-béton » par unité de surface
(déterminé par essai).
N cf
N cf = b.L cf . u, Rd = N cf ⇒ L cf =
u, Rd .b
Pour Lx ≥ Lcf la connexion est complète et la résistance la flexion (rupture de type I) est
déterminante.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 73
Si ce n’est pas le cas, il est possible d’ajouter des ancrages d’extrémité; dans ce cas, l’effort
dans la dalle de béton au niveau de l’appui d’extrémité n’est plus nul mais est égal à l’effort
transmissible par les ancrages d’extrémité. Le moment résistant au niveau de cet appui ne
vaut donc plus le moment résistant de la tôle mais un moment qui lui est supérieur.
Ancrages d’extrémité
Le seul cas complètement couvert par l’Eurocode 4 est le cas des goujons à tête. Pour que
ces derniers constituent un ancrage d’extrémité pour la dalle mixte, il faut qu’ils soient
soudés au travers de la plaque an acier. Il convient alors que la résistance de calcul Ppb.Rd
d’un goujon soit prise égale au minimum de :
Ppb,Rd = kϕ.dd0.t.fyp,d
Chapitre 4- Les dalles mixtes 74
avec
• kϕ = 1+a/dd,0 ≤ 6,0 ;
On associe une ruine de type III à l’épuisement de la résistance à l’effort tranchant vertical.
Ce type de ruine, qui se rencontre quand on utilise des tôles profilées à système de bossages
assez performant, se produit par cisaillement du béton sous effort tranchant et fissuration
oblique à la manière d’une poutre en béton armé. La fissure se propage suivant des
directions à 45° par rapport au plan moyen de la dalle dans la zone soumise au cisaillement.
La résistance de calcul au cisaillement vertical VRd,c d’une dalle mixte sur une largeur égale
à la distance entre les axes des nervures peut être déterminée au moyen de la relation
suivante recommandée par l’Eurocode 2:
(
VRd,c = C Rd,c k(100 l f ck )1/3 + k 1 cp ).b d ≥ (V
0 min + k1 cp )b 0 d (4-17)
avec
CRd,c = 0,18/γc
200
k= 1 + ≤ 2,0 avec d = dp hauteur moyenne de la dalle en béton exprimée en
d
mm (Figure 4-17) ;
A
l = sl ≤ 0,02 avec b0 la largeur moyenne des nervures de béton (largeur
b0d
minimale pour profil de tôle rentant) et Asl la section d’armature de traction
comprise dans la largeur b0 et ayant un ancrage suffisant -dans notre cas, Asl inclura
la section efficace de la tôle comprise dans la largeur b0 ;
fck est la résistance caractéristique du béton exprimée en N/mm² ;
k1=0,15
σcp = NEd/Ac ≤0,2 fcd avec NEd la force axiale dans la section due au chargement
(exprimée en Newtons) et Ac, la section de béton comprise dans la largeur b0
exprimée en mm² ;
vmin = 0,035 k3/2fck1/2.
Chapitre 4- Les dalles mixtes 75
Sous une charge concentrée de forte intensité, une rupture de la dalle peut se produire par
poinçonnement, c’est-à-dire par cisaillement vertical sur le pourtour de la zone
d’application de la charge. La Figure 4-18 représente une telle éventualité.
(
Vp,Rd = C Rd,c k(100. l f ck )1/3 + 0,10. cp )C d ≥ (V
p min + k1 cp )C p d (4-18)
avec
La flèche de la dalle mixte sous charge de service est calculée en utilisant une méthode
d’analyse élastique et an considérant une valeur moyenne des inerties respectivement des
sections fissurée et non fissurée. On tient compte, si nécessaire, des éventuels glissements
aux extrémités des dalles (cf. § 4.3.2.2).
Dans une section dont la partie tendue du béton est supposée fissurée, telle celle présentée à
la Figure 4-19 sous moment positif, le moment d’inertie Icc de la section fissurée s’obtient
selon :
2
xc
bx c
bx 3c 2 + A (d − x ) 2 + I
I cc = + p p c p (4-19)
12n n
avec
Ip : inertie de la section efficace de la tôle profilée ;
n: coefficient d’équivalence (voir plus loin) ;
xc : position du centre de gravité par rapport à la face supérieure de la
dalle obtenue par la formule :
nA p 2bd p
xc = 1+ − 1 (4-20)
b nA p
Figure 4-19 Calcul des inerties en section fissurée et non fissurée (moment positif)
Chapitre 4- Les dalles mixtes 77
Dans une section sous moment positif dont la partie tendue du béton est supposée non
fissurée, le moment d’inertie Icu de la section s’obtient selon :
2
h
bh c x u − c 2
3
bh c 2 b 0 h 3p b 0 h p h
I cu = + + + h t − x u − p + A p (d p − x u ) 2 + I p
12n n 12n n 2
(3-21)
Où xu =ΣAj zi /ΣAi est la position du centre de gravité par rapport à la face supérieure de la
dalle.
n0 + n∞
n= (4-22)
2
La valeur de n0 est facilement obtenue en divisant le module élastique de l’acier Ea par le
module élastique du béton à cours terme Ecm. Cependant, pour le calcul de n∞ , l’Eurocode 4
ne donne pas d’informations suffisamment claires.
Ce coefficient peut être estimé de façon approchée, via a formule Ea/Ec avec Ec égal à
Ecm/2 ou Ecm/3.
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 78
5.1. INTRODUCTION
Les colonnes mixtes sont classées en deux types principaux : les colonnes partiellement ou
totalement enrobées de béton et les colonnes en profils creux remplis de béton.
La Figure 5-1 présente différents exemples de colonnes mixtes ainsi que les symboles utilisés
dans ce chapitre.
Les colonnes totalement enrobées de béton sont constituées d’un profil noyé dans du béton et
recouvert d’une épaisseur minimale de béton (Figure 5-1 a).
Les sections creuses remplies de béton peuvent être circulaires ou rectangulaires (Figure 5-1,
d-f). Le béton est confiné à l’intérieur du profil avec, pour résultat, une résistance accrue à la
compression.
Les colonnes mixtes présentent de nombreux avantages. Ainsi, par exemple, une section
transversale de faibles dimensions extérieures peut reprendre des charges très élevées, ou
bien, comme cela a déjà été mentionné dans l’introduction au cours, différentes sections
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 79
Dans le cas de sections creuses remplies de béton, l’acier sert aussi de coffrage perdu cela
permet, par exemple, de réaliser en premier lieu le montage de la charpente métallique d’un
bâtiment, puis, en second lieu, de pomper du béton pour remplir les profils creux. Cela
permet un gain de temps et de coût appréciable lors du montage. De plus, cette section d’acier
enveloppe permet au béton d’atteindre des résistances plus élevées. Dans le cas de tubes
circulaires remplis de béton, l’acier, en confinant le béton, assure un rôle de frettage qui
provoque une augmentation de la charge portante globale ; l’influence du frettage et de la
relaxation du béton peut alors être généralement négligée, ce qui n’est pas le cas pour les
profils enrobés de béton. A l’inverse, l’enrobage complet d’une section en acier permet
généralement de satisfaire aux exigences relatives à la plus haute classe de protection contre
l’incendie sans exiger de mesures complémentaires.
Pour les sections partiellement enrobées, aussi bien que pour les sections creuses remplies de
béton, les prescriptions en matière d’incendie nécessitent un renforcement supplémentaire.
Les sections partiellement enrobées présentent l’avantage de servir de coffrage lorsqu’elles
sont placées horizontalement ; le remplissage par le béton se fait évidemment en deux étapes,
le profil étant retourné 24 heures après le premier bétonnage. Pour éviter toute
désolidarisation du béton, il est parfois nécessaire d’utiliser des goujons connecteurs ou des
armatures reliées directement ou indirectement au profil métallique. Un autre avantage
important des sections partiellement enrobées est le fait qu’après bétonnage, des faces d’acier
restent apparentes et peuvent être utilisées pour réaliser l’assemblage de poutres.
La première est une méthode générale qui impose de prendre explicitement en compte les
effets du second ordre et les imperfections. Cette méthode peut notamment s’appliquer à des
sections de colonnes qui ne sont pas symétriques ainsi qu’à des colonnes de section variable
sur leur hauteur. Elle nécessite l’emploi d’outils de calcul numériques et ne peut être
envisagée que si l’on dispose des logiciels appropriés.
La seconde est une méthode simplifiée utilisant les courbes de flambement européennes des
colonnes en acier qui tiennent implicitement compte des imperfections affectant ces colonnes.
Cette méthode est en pratique limitée au calcul des colonnes mixtes présentant une section
doublement symétrique et uniforme sur leur hauteur.
Les deux méthodes sont fondées sur les hypothèses classiques suivantes:
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 80
Il y a une interaction complète entre la section en acier et la section de béton et ce, jusqu’à la
ruine
Les imperfections géométriques et structurales sont prises en compte dans le calcul ;
Les sections droites restent planes lors de la déformation de la colonne.
La présence de béton correctement tenu en place dans les sections totalement enrobées
prévient le voilement local des parois du profil en acier si l’épaisseur d’enrobage de béton est
suffisante. Celle-ci ne peut dès lors être intérieure au maximum des deux valeurs suivantes :
40 mm
1/6 de la largeur b de la semelle du profil en acier.
Cet enrobage destiné à empêcher tout éclatement prématuré du béton doit être armé
transversalement.
Pour les autres types de colonnes mixtes, à savoir les sections partiellement enrobées et les
sections creuses remplies de béton, l’élancement des parois du profil en acier doit satisfaire
les conditions suivantes :
Les sollicitations transmises par les assemblages des poutres doivent être transférées aux
parties acier et béton de la colonne mixte. Ce transfert dépend du type d’assemblage utilisé et
s’effectue suivant un trajet qui doit être clairement identifié. La longueur de transfert p est
normalement prise inférieure à deux fois la dimension transversale minimale (d) ou à L/3
(voir ci-après), L étant la longueur de la colonne. Pour les calculs, il est recommandé que la
résistance au cisaillement à l’interface acier-béton ne soit pas prise supérieure aux valeurs
suivantes :
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 81
Ces valeurs ne sont valables que si la surface d’acier au niveau de l’interface acier-béton
n’est pas peinte ni recouverte de graisse, d’huile, de calamine ou de rouille non adhérentes.
Dans le cas de sections complètement enrobées, ces valeurs ne sont applicables que si
l’enrobage Cz, est supérieur ou égal à 40 mm.
Ces valeurs ne sont toutefois qu’indicatives. En effet, d’une part, le mode de conception de
l’assemblage poutre-colonne influe grandement sur la valeur de la résistance au cisaillement
et, d’autre part, les effets d’autofrettage, de confinement et de frottement sont intimement liés
au type d’assemblage utilisé.
Dans le cas particulier d’une colonne mixte avec profil en H enrobé de béton, et lorsque la
résistance naturelle au cisaillement n’est pas suffisante, il est possible d’utiliser des
connecteurs de type goujon, soudés sur l’âme, et de tenir compte, en supplément de la
résistance PRd des goujons, d’un frottement entre l’acier et le béton (le placement de goujons
correcteurs sur les semelles est interdit pour des raisons de résistance à l’incendie). Ce
frottement supplémentaire agissant uniquement sur les faces internes des semelles peut être
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 82
supposé égal à µPRd/2 sur chacune d’elles, où µ, coefficient de frottement entre l’acier et le
béton, peut, en première approche, être pris égal à 0,50. Il dépend également du degré de
confinement du béton situé entre les semelles du profil. Sa prise en compte n’est autorisée
que si la largeur entre semelles est inférieure aux valeurs (en mm) indiquées la Figure 5-3.
La section transversale de la colonne est constante et présente une double symétrie sur toute
la hauteur de la colonne;
Le rapport entre la hauteur et la largeur de la section mixte doit être compris entre 0,2 et 5,0 ;
La contribution relative de la section en acier à la résistance de calcul de la section complète,
à savoir δ = (Aafy/γa)/Npl.Rd, est compris entre 0,2 et 0,9 (Npl.Rd étant déterminé via la formule
5-1 ou 5-2 du § 5.6.1 suivant le cas) ;
L’élancement réduit λ de la colonne mixte, défini au § 5.6.2, ne dépasse pas la valeur de
2,0 ;
Pour les sections totalement enrobées, les épaisseurs d’enrobage de béton satisfont les
conditions suivantes :
- dans le sens y: cy ≤ 0,4 b
- dans le sens z: cz ≤ 0,3 h.
Il est permis d’utiliser une épaisseur d’enrobage plus importante (par exemple pour
assurer une résistance suffisante à l’incendie) mais il convient, aux fins de calcul,
d’ignorer le supplément d’épaisseur d’enrobage par rapport aux valeurs maximales ci-
dessus.
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 83
L’aire de la section transversale d’armatures introduite dans les calculs ne peut dépasser 6 %
de la section de béton. Pour des raisons de résistance à l’incendie, il est quelquefois
nécessaire de mettre en oeuvre des sections d’armature plus importantes que celles indiquées
ci-dessus il n’est toutefois tenu compte que de 6 % pour le calcul de la résistance de la section
mixte.
fy f ck f sk
N pl.Rd = A a + A c .0,85 + As (5-1)
Ma c s
fy f ck f sk
N pl.Rd = A a + Ac + As (5-2)
Ma c s
Aa, Ac, et As sont les aires respectives de la section transversale de la section en acier, du
béton et de l’armature.
Le confinement du béton remplissant un profil creux, quelle que soit la forme de celui-ci, est
source d’une augmentation de la résistance du béton; celle-ci est prise en compte en
remplaçant la valeur 0,85 fck par fck.
Pour une section creuse à section circulaire remplie de béton, une autre augmentation de
résistance à la compression provient du frettage de la colonne de béton. Elle n’est effective
que si le profil creux en acier est circulaire et suffisamment rigide pour s’opposer
efficacement au gonflement du béton comprimé sous l’effet de la compression axiale. Cette
augmentation de résistance n’est donc pas permise pour un tube rectangulaire parce que ses
faces planes se déforment sous l’effet du gonflement du béton.
Des calculs ont montré que les conditions de rigidité minimale sont réalisées lorsque
l’élancement réduit de la colonne mixte constituée d’un tube circulaire rempli de béton ne
dépasse pas 0,5 et que le plus grand moment fléchissant de calcul admis, Mmax.Ed calculé par
la théorie du premier ordre, ne dépasse pas 0,1 NEdd où d représente le diamètre extérieur de
la colonne et NEd l’effort de compression sollicitant de calcul.
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 84
On peut alors calculer la résistance plastique de calcul à la compression d’une colonne mixte
faite d’une section creuse circulaire remplie de béton par la relation :
fy f ck t fy f sk
N pl.Rd = A a a + Ac 1 + c + As (5-3)
Ma c d f ck s
e
c = c0 1 − 10 (5-4)
d
e
a = a0 + (1 − a0 )10 (5-5)
d
Pour e> d/10, on doit adopter ηc =0 et ηa.=1,0. Dans les relations de ηc et ηa ci-dessus, les
facteurs ηc0 et ηa0 ne sont rien d’autre que les valeurs de ηc et ηa pour une excentricité e
nulle. Ils sont donnés en fonction de l’élancement réduit (voir § 5.6.2) selon :
2
c0 = 4,9 − 18,5 + 17 ≥0 (5-6)
a0 = 0,25 (3 + 2 ) ≤ 1 (5-7)
L’élancement réduit de la colonne mixte pour le plan de flexion considéré est donné par:
N pl.Rk
= (5-8)
N cr
où Npl.Rk est la valeur de l’effort normal résistant plastique Npl.Rd calculé en posant tous les
facteurs partiels de sécurité γa, γc et γs égaux à 1,0.
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 85
La charge élastique critique Ncr d’une colonne mixte est calculée selon :
²(EI)eff
N cr = (5-9)
L2fl
Pour les charges de courte durée, la rigidité élastique de flexion effective (EI)eff de la section
transversale d’une colonne mixte vaut :
avec
Ia, Ic et Is. inerties flexionnelles respectives, pour le plan de flexion considéré, du profil en
acier du béton (supposé non fissuré) et de l’armature ;
Ea et Es modules d’élasticité respectifs du matériau constituant le profil en acier et de
l’acier d’armature ;
Ecm module sécant du béton
Ke facteur de correction pouvant être pris égal à 0,6.
Dans le cas d’application de charges de longue durée, la rigidité flexionnelle du béton est
déterminée en remplaçant le module d’élasticité du béton Ecm par une valeur minorée Ec,eff
calculée comme suit :
1
E c,eff = E cm (5-11)
1 + (N G,Ed /N Ed )ϕ t
où NG,Ed est la fraction de la charge axiale NEd qui agit de manière permanente. Le coefficient
ϕt est un coefficient de fluage déterminé à partir des recommandations de l’Eurocode 2 ; pour
un béton chargé pour la première fois à 30 jours et soumis à une contrainte de compression
inférieur à 0,45.fck (30 jours), ϕt = 1.
La colonne mixte présente une résistance au flambement suffisante si, pour chacun des plans
de flambement, l’effort axial de calcul NEd est tel que :
Les courbes de flambement applicables aux colonnes mixtes sont indiquées au Tableau 5-1. Il
est possible de calculer la valeur de χ par la formule suivante :
1
[ ]
= ≤1 (5-13)
2 1/2
φ + φ² −
avec :
[
φ = 0,5 1 + α (λ − 0,2) + λ
2
] (5-14)
La courbe d’interaction précitée a une forme non linéaire; cependant, il est permis, par
l’Eurocode 4, de substituer cette courbe par une ligne polygonale en considérant
successivement diverses positions particulières de l’axe neutre plastique dans la section droite
et en calculant pour chacune de ces positions, la résistance de la section droite à partir de
l’hypothèse des blocs de contrainte, ce qui, à partir des deux équations d’équilibre de
translation et de rotation, fournit le couple (M,N) des efforts résistants concomitants (point A,
B, C et D) :
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 89
Point C: résistance en flexion identique à celle associée à la situation du point B mais avec
une résultante non nulle en compression
Nc = Npm,Rd = Ac.0,85 fck/γc (section enrobée de béton)
= Ac. fck/γc (section creuse rempile de béton)1
Mc = Mpl,Rd
Point D : moment résistant maximum
ND = ½ Npm,Rd = ½ Ac.0,85 fck/γc (section enrobée de béton)
= ½ Ac. fck/γc (section creuse rempile de béton)1
fy f 1 f
MD = W pa . + W ps . s + W pc .0,85. ck
γa γs 2 γc
Wpa, Wps, Wpc . sont, pour la configuration étudiée, les modules de résistance plastique
respectivement du profil en acier, de l’armature et du béton.
t fy
1
fck doit éventuellement être affecté d’un facteur ou 1 + c s’il s’agit d’une section creuse
d f ck
circulaire avec un élancement ≤ 0,5 et un rapport e/d < 0,1 où e est l’excentricité du chargement
MEd/NEd et d le diamètre extérieur du tube.
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 90
Dans le cadre de la méthode simplifiée, les efforts sollicitant la colonne peuvent être
déterminés via une analyse élastique linéaire. Dans l’analyse structurale, la rigidité
flexionnelle à considérer pour les colonnes est la suivante :
(EI) eff, II = K 0 (E a I a + E s I s + K e, II E cm I c )
où
- Ke,II est un coefficient de correction égal à 0,5
- K0 un coefficient de calibration égal à 0,9.
Les effets des charges à long terme sur la valeur du module de Young du béton peuvent
également être pris en compte via l’expression 5-11 comme décrit au § 5.6.2.
Supposons que les effets du second ordre globaux (dus à la déformation latérale de la
structure) peuvent être négligés ; c’est la cas lorsque le multiplicateur critique du portique αcr
est supérieur à 10, celui-ci ayant été déterminé en considérant, pour les colonnes, la rigidité
flexionnelle (EI)eff,II.
Dans ce cas, il convient tout de même de tenir compte de l’imperfection initiale existant au
niveau de la colonne et de l’influence locale du second ordre géométrique au niveau de la
colonne, à savoir l’amplification des moments de premier ordre existant dans la colonne.
Si ce n’est pas le cas, l’Eurocode 4 propose de prendre des valeurs forfaitaires pour
l’imperfection initiale proposées au Tableau 5-1 (valeur e0).
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 91
L’influence des effets du second ordre, quant à elle, peut être prise en compte de manière
approchée en appliquant au moment maximum de calcul de premier ordre MEd, le facteur
multiplicateur k1 et au moment relatif à l’imperfection MEd,imp le facteur multiplicateur k2 (si
l’imperfection initiale doit être prise en compte) donnés par la formule suivante :
avec:
Le moment maximum à considérer pour l’ensemble des vérifications avec prise en compte de
l’imperfection et des effets du second ordre locaux sera donc égal à :
Si les effets du second ordre globaux ne peuvent être négligés, il conviendra alors de réaliser
une analyse élastique linéaire au second ordre ou une analyse non linéaire complète
demandant des outils numériques appropriés. L’Eurocode 4 autorise la réalisation d’analyses
élastiques au second ordre mais ne donne aucune information quant à la manière de les
réaliser.
Il est permis de retenir comme hypothèse simplificatrice que l’effort tranchant transversal de
calcul VEd est entièrement repris par la seule section en acier. Alternativement, on peut le
répartir entre la section en acier et le béton (respectivement Va,Ed et Vc,Ed) ; dans ce cas,
l’effort tranchant repris par le béton est déterminé de la manière indiquée dans l’Eurocode 2.
La répartition de l’effort tranchant entre l’acier et le béton peut être déterminée de la façon
suivante, à défaut d’une méthode d’analyse plus précise :
Va,Ed = VEd.(Mpl,a,Rd/Mpl,Rd)
Vc,Ed = VEd.- Va,Ed
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 93
où Mpl,a,Rd et Mpl,Rd sont respectivement les moments résistants de la section en acier seul et
de la section mixte.
L’interaction entre l’effort tranchant et le moment ne doit être prise en considération que si la
part de l’effort tranchant reprise par la section en acier Va,Ed est supérieure à 50 % de la
résistance plastique au cisaillement de la section en acier :
Vpl,a,Rd = Avfyd/√3
Si tel est le cas, il en sera tenu compte en opérant une réduction des contraintes normales
limites dans les zones soumises à un effort tranchant significatif. Cette réduction des
contraintes normales dans les zones cisaillées peut être remplacée, pour la facilité des calculs,
par une diminution de la limite élastique de dimensionnement fyd de la (des) paroi(s) du profil
en acier reprenant l’effort tranchant.
(1-ρ)fyd (5-19)
La valeur de ρ est déterminée conformément au § 3.1.6.3. Sur base de cette limite d’élasticité
réduite, la méthode donnée précédemment pour déterminer la courbe d’interaction de la
section transversale peut être appliquée sans restriction.
La méthode de calcul est illustrée schématiquement à la Figure 5-6 pour une flexion selon un
axe « y » de ta section considérée. La résistance au flambement de la colonne mixte
comprimée axialement est χNpl.Rd . Le facteur χ incorpore à la fois l’influence de
l’élancement et celle des imperfections. La colonne mixte ne peut bien sûr supporter une
charge axiale de compression supérieure à χNpl.Rd. A cette dernière, la courbe d’interaction
permet d’associer un moment de flexion µ kMpl,y,Rd.
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 94
Lorsque le moment de flexion et l’effort axial ne sont pas proportionnels, ce qui signifie
notamment que le moment de flexion My,Ed n’est pas uniquement le résultat d’un
excentrement de l’effort axial NEd, il semble prudent de borner la valeur de µ à l’unité. Il
paraît en effet contre-indiqué d’accepter un moment de flexion supérieur au moment résistant
et agissant concomitamment avec un quelconque effort axial dont la condition d’occurrence
est indépendante de celle du moment de flexion. Cette borne de µ n’a pas de raison d’être s’il
existe une dépendance directe entre M et N ; c’est notamment le cas d’une colonne isolée non
soumise à des charges transversales entre ses extrémités.
Le moment sollicitent M *y,Ed est déterminé via l’expression 5-18. Le coefficient αM vaut 0,9
pour les aciers S235 et S355 et 0,8 pour les aciers S420 et S560 ; ce coefficient de réduction
tient compte des simplifications qui sont sous-jacentes à la méthode de calcul. Ainsi, la
courbe d’interaction a été établie indépendamment de toute limite sur les déformations du
béton.
Chapitre 5- Les colonnes mixtes 95
Lorsqu’une colonne mixte est soumise à compression et à flexion biaxiale, il faut en premier
lieu vérifier la résistance sous compression accompagnée de flexion monoaxiale, et ce, dans
chacun des plans de flexion.
Cette vérification ne suffit toutefois pas et il importe de lui adjoindre une autre vérification,
relative au comportement biaxial.
Selon l’Eurocode 4, il convient de prendre en compte les imperfections (si la condition 5-15
n’est pas respectée) uniquement dans le plan où la ruine est attendue. Cela dit, en principe, il
faudra tenir compte des imperfections dans les deux plans car il est difficile de prédire le plan
de ruine (approche sécuritaire).
et
M *y,Ed M *z,Ed
+ ≤ 1,0 (5-23)
µ dy M pl, y,Rd µ dz M pl,z,Rd
BIBLIOGRAPHIE
Construction métallique et mixte acier-béton : Tome 1, Calcul et
dimensionnement selon les Eurocodes 3 et 4, -Jacques Brozzetti , Pierre
Bourrier (Broché - 29 juin 1999) APK, Editions Eyrolles
Eurocode 2
Eurocode3
Eurocode4
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