La Plus Precieuse Des Marchandises
La Plus Precieuse Des Marchandises
La Plus Precieuse Des Marchandises
des marchandises
Un conte
Jean-Claude Grumberg
Dossier par Virginie Manouguian
Agrégée de lettres modernes
Repères ............................................................................. 4
L’auteur ............................................................................. 6
Comprendre le texte
Comprend
Mon parcours de lecture
Vérifier sa compréhension du texte ................................... 94
Donner ses impressions de lecture .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
L’intrigue .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Bilan .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Prolonger la lecture
Groupement de textes :
Dénoncer les horreurs de l’Histoire ...................................... 1 22
La « Solution finale »
• Considérés par les nazis comme inférieurs, les Juifs sont d’abord
persécutés (port obligatoire de l’étoile jaune, interdiction d’accéder
à certains lieux…), puis détenus dans des camps de concentration.
ur
En
ce génoc
ide
Femmes
et enfants
déportés
en train dans
les camps
de la mort,
vers 1942,
photographie.
• À partir de 1942, les Juifs sont déportés dans des camps d’exter-
mination, comme celui d’Auschwitz, en Pologne (voir carte, p. 113).
Certains y sont soumis à des travaux forcés, la plupart des autres sont
directement assassinés dans des chambres à gaz. C’est la « solution
finale de la question juive », un génocide appelé « Shoah » (« catas-
trophe », en hébreu). On estime que les deux tiers de la population
juive de l’Europe occupée, soit cinq à six millions de personnes, ont
été exterminés.
6
erg 1947 1956 2019
Primo Levi, Alain Resnais, Jean-Claude Grumberg,
Si c'est un homme Nuit et Brouillard (film) La plus précieuse
1947 des marchandises
Le Journal d'Anne Frank
ne
e
Œuvres de l’auteur
Jean-Claude Grumberg a écrit une trentaine de pièces de théâtre,
dont plusieurs pour la jeunesse, toutes éditées chez Actes Sud-Papiers.
Notamment :
• L’Atelier (1979)
• Le Petit Chaperon Uf (2005)
Il a, en outre, publié aux Éditions du Seuil, dans « La Librairie
du xxie siècle » :
• Mon Père. Inventaire, suivi d’Une leçon de savoir-vivre (2003)
• Pleurnichard (2010)
• La plus précieuse des marchandises. Un conte (2019)
Ce dernier ouvrage a été couronné par de nombreux prix.
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À vous de jouer !
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Découvrir un film scénarisé
nc
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é c i e u s e
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La plu handises
m a r c
des
11
Chapitre 1
1 I
l était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûche-
2 ronne et un pauvre bûcheron.
3 Non non non non, rassurez-vous, ce n’est pas Le Petit
4 Poucet1 ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste
5 cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents aban-
6 donner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons…
7 Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand
8 froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s’abat-
9 tait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par
10 contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait,
11 autour de ce bois, la guerre mondiale.
12 La guerre mondiale, oui oui oui oui oui.
13 Pauvre bûcheron, requis2 à des travaux d’intérêt public
14 – au seul bénéfice des vainqueurs occupant villes, villages,
15 champs et forêts –, c’était donc pauvre bûcheronne qui,
16 de l’aube au crépuscule, arpentait3 son bois dans l’espoir
17 souvent déçu de pourvoir4 aux besoins de son maigre foyer.
13
1. Général et [...] caporal : grade le plus élevé et le moins élevé dans l’armée.
Ici, jeu de mots avec l’expression « intérêt général ».
14
15
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1. Inintelligibles : incompréhensibles.
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Chapitre 2
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1. Jeu de mots avec l’expression « naître sous une bonne étoile » (qui signifie
« naître dans des conditions très favorables, avoir de la chance ») et l’étoile jaune
que les Juifs étaient obligés de porter, cousue sur leurs vêtements.
2. Couper les cheveux en quatre : expression figurée qui signifie « se donner
du mal inutilement ». Il s’agit également d’un jeu de mots autour de la profession
du personnage (coiffeur).
3. Cliqueter : produire des petits bruits métalliques.
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1. Vaines : inutiles.
2. Fagot : amas de petites branches de bois destinées à faire du feu.
3. Fébrilement : avec nervosité.
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42 bébés sur les images pieuses1, s’agite, hurle, serre les poings
43 les brandissant bien haut dans son désir de vivre, torturé
44 par la faim. Le paquet proteste et proteste encore.
45 Notre pauvre bûcheronne serre le petit être contre elle,
46 l’enfouissant sous ses fichus2 superposés, et la voilà qui se
47 met à courir et courir encore, serrant son trésor contre sa
48 poitrine. Soudain elle s’immobilise, elle sent une bouche
49 avide qui vient téter son maigre sein, puis cesse et hurle de
50 nouveau, s’agitant encore davantage, se débattant, criant,
51 hurlant. Il a faim, cet enfant a faim, mon enfant a faim. Elle
52 se sent devenue mère, à la fois heureuse et mortellement
53 inquiète. Comblée mais dépassée. La voilà mère, et mère
54 sans lait. Mon enfant a faim, que faire, que faire ? Pourquoi
55 le dieu du train de marchandises ne lui a-t-il pas fait don
56 de lait pour nourrir l’enfant qu’il lui offre ? Pourquoi ? À
57 quoi pensent donc les dieux ? Avec quoi veulent-ils que je
58 le nourrisse ?
59 Arrivé au logis, le petit paquet posé sur le lit se tortille
60 de plus belle, animé de l’énergie du désespoir et d’une faim
61 de loup pris au piège. Pauvre bûcheronne allume alors un
62 feu, verse de l’eau dans sa bouilloire, et cherche, cherche,
63 et cherche encore.
1. Pieuses : religieuses.
2. Fichus : pièces de tissu portées par les femmes sur les épaules, sur la tête
ou autour du cou.
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1. Éden : nom donné au paradis dans la Bible (Genèse), dans la tradition juive,
puis chrétienne.
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1. Harassé : épuisé.
2. Inassouvie : qui n’a pas été comblée.
3. Ciller : battre des cils. Ici, bouger.
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1. Je suis enfin devenue grosse de tes œuvres : je suis enfin tombée enceinte
de toi.
2. Mis bas : accouché (terme habituellement employé pour les animaux).
3. Quinze livres : environ 7,5 kilogrammes (une livre correspond
à 500 grammes environ).
4. Référence à la circoncision, excision pratiquée sur le sexe des garçons,
notamment dans certaines communautés religieuses.
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108 installe avec l’enfant que les dieux lui ont donnée à chérir.
109 Pauvre bûcheron entre sur ses talons et lui jette une peau
110 d’ours piquée et rongée par les mulots.
111 « Tiens ! Et va pas en plus te choper la crève !
112 – Moi les dieux me protègent », lui répond pauvre
113 bûcheronne.
114 L’enfant pleure encore dans un demi-sommeil.
115 Pauvre bûcheron en ressortant ordonne :
116 « Fais-la taire ! Sinon… »
117 Pauvre bûcheronne la berce encore, la serrant bien fort,
118 en lui couvrant le front de petits baisers tout doux. Elles
119 s’endorment ainsi toutes deux. Le silence s’installe, à peine
120 troublé par les ronflements tragiques1 provenant du nez du
121 pauvre bûcheron, et les soupirs d’aise s’élevant à l’unisson
122 de la petite marchandise, don de Dieu, et ceux de sa nouvelle
123 et aimante maman, toutes deux blotties sous la peau d’ours
rongée par les mulots.
38
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Chapitre 5
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Chapitre 6
1. Subsister : survivre.
42
1. Miliciens : civils armés collaborant avec les militaires, nazis dans ce contexte.
43
1. Malins : malfaisants.
2. Déchoir : s’abaisser.
44
67 « Qui va là ? »
68 Pauvre bûcheronne s’immobilise.
69 « Une pauvre bûcheronne », répond-elle d’une voix
70 tremblante.
71 La voix reprend :
72 « Que la pauvre bûcheronne ne fasse plus un pas ! »
73 Elle s’immobilise. La voix reprend :
74 « Que veut la pauvre bûcheronne ?
75 – Du lait pour son enfant !
76 – Du lait pour son enfant ? »
77 On entend alors comme un rire sinistre.
78 Puis, après quelques grattements de bottes sur le bois
79 pourri, paraît un homme coiffé d’une chapka1 et armé d’un
80 fusil.
81 « Pourquoi ne lui donnes-tu pas du tien ?
82 – Je n’ai pas de lait, hélas. Et si cette enfant que tu
83 vois – elle sort l’enfant de sous son châle – n’a pas de lait
84 aujourd’hui, elle mourra.
85 – Ta fille mourra ? La belle affaire ! Tu en feras une autre.
86 – Je n’ai plus l’âge. Et puis cette enfant m’a été confiée
87 par le dieu du train de marchandises qui passe et repasse
88 sur la voie ferrée.
89 – Que ne t’a-t-il donné du lait avec ! »
45
1. Pis : mamelle.
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1. Vigueur : force.
2. Mesurette : petite dose.
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Chapitre 7
50
1. Taraudée : tourmentée.
2. En grommelant dans sa barbe: en marmonnant dans sa barbe sans être entendu.
3. Suppôt : ici, serviteur, complice.
4. Pourceaux : porcs.
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Chapitre 9
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Chapitre 10
1. Hutte : cabane.
2. Rapiécés : dont on a recousu le tissu troué.
3. Chancelante : qui manque d’équilibre.
4. Exultait : éprouvait et manifestait une joie extrême.
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Chapitre 11
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Chapitre 14
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44 La voix reprend :
45 « J’ai entendu des coups de feu, t’étaient-ils destinés ?
46 – Ils voulaient… ils voulaient… ils voulaient me la…
47 – Avance ! Marche sans crainte !
48 – Ils voulaient… » Pauvre bûcheronne est hors d’haleine.
49 Sa voix la fuit, ses jambes se brisent. Les renardeaux eux-
50 mêmes s’immobilisent, vaincus par les racines, les ronces
51 et la fatigue.
52 Pauvre bûcheronne voudrait tout dire à l’homme au fusil
53 à la chèvre et à la tête cassée, tout, des craintes, des sans-
54 cœur, de la hache aussi. Elle reprend avec difficulté :
55 « Ils voulaient… ils voulaient… alors pauvre bûcheron
56 avec sa hache les a… les a… »
57 L’homme apparaît.
58 « N’en dis pas plus, je connais la noirceur du cœur des
59 hommes, ton bûcheron et sa hache ont bien travaillé. Et
60 si tes tourmenteurs le justifient, je saurai à mon tour bien
61 travailler. »
62 Il fait glisser alors son fusil d’une épaule à l’autre puis
63 tend les bras.
64 « Confie-moi ta petite marchandise et suis-moi. »
65 Pauvre bûcheronne lui tend alors l’enfant que l’homme
66 au fusil à la chèvre et à la tête cassée reçoit avec douceur et
67 dignité comme il sied1 aux porteurs d’objets sacrés.
1. Sied : convient.
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72
73
Chapitre 17
74
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76
1. Volutes : spirales.
2. Baraque : construction provisoire, généralement faite de planches.
3. Amoncelés : entassés.
77
Chapitre 19
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1. Fief : domaine.
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81
77 qui lui furent refusés sur cette terre, qu’il les trouve là où les
78 dieux l’accueilleront. Elle eut une pensée pour les dieux du
79 train mais ne la formula pas, elle n’avait plus confiance en eux.
80 Elle savait que si l’enfant, son enfant avait survécu, ce
81 n’était pas grâce à eux, c’était grâce à la main la lâchant du
82 train sur la neige, grâce à la bonté de l’homme au fusil et à
83 sa chèvre. « Bénissez-les », conclut-elle.
84 Elle ramassa les quelques hardes1, enveloppa les fromages
85 fraîchement fabriqués et les ustensiles pour les faire dans le
86 châle de prière, puis, sa fillette à la main, sa chèvre tenue en
87 laisse, chargée comme un baudet2, elle se mit en marche. Ne
88 sachant où aller, elle se mit à marcher droit devant elle, vers
89 l’est, là où, dit-on, le soleil continue de se lever.
90 Sur la route elle croisa des centaines de tanks et des
91 camions étoilés de rouge. Elle traversa des villages en ruine,
92 et, s’arrêtant enfin sur la place de l’un d’entre eux, choisis-
93 sant une ruine qui lui parut confortable, elle s’y installa. Elle
94 étala le châle de prière sur un pan3 de mur encore debout,
95 y disposa ses quelques fromages rescapés et attendit les
96 chalands4, sa fille confortablement installée sur ses genoux,
97 tandis que la chèvre broutait un reste de talus5.
82
Chapitre 20
83
84
85
86
1. Elle faisait déjà l’article : elle vantait déjà les mérites de ses fromages.
2. Pionnière d’élite : membre des Pionniers, organisation de jeunesse
communiste, dont elle a le grade le plus élevé.
87
113 son épouse –, on dit donc qu’il vit cette photo, qu’il crut
114 reconnaître son épouse et sa propre mère, on dit même
115 qu’il écrivit au magazine d’État Jeunesse et Joie pour entrer
116 en contact avec la pionnière d’élite, Maria Tchekolova, qu’on
117 présentait comme la pionnière la plus méritante parce que
118 fille d’une pauvre femme, une pauvre bûcheronne illettrée
119 devenue marchande de fromages.
120 Non, on ne sait rien, ou du moins je n’ai rien entendu
121 dire moi-même, sur le succès ou l’échec de la tentative que
fit l’ex-père des jumeaux. On ne sait donc pas, et on ne saura
jamais, s’il a pu ou non retrouver enfin sa fille.
88
Épilogue
89
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91
93
94
7 Si vous pouviez écrire une lettre à l’auteur pour lui poser
des questions, lesquelles formuleriez-vous ?
95
Parcours 2
Relevez les énumérations dans l’évocation du train. Que révèlent-elles
des espoirs de pauvre bûcheronne ?
96
97
t-ce que le
es
’
nég
Qu
implicitement ?
99
100
w
U
de l’auteu
Un conte pour réfléchir r
101
Vocabulaire
Coup de pouce Le zeugma consiste
1 Identifiez les figures de styles à coordonner dans un groupe verbal
présentes dans les phrases deux éléments différents sur le plan
de la syntaxe et du sens. En grec,
suivantes. Aidez-vous
zeûgma signifie «attelage».
d’un dictionnaire si nécessaire.
102
a. « Fallait-il les laisser naître ainsi sous une bonne étoile jaune ? » (p. 19, l. 14-15)
e. « Pauvre bûcheron se levait avant l’aube afin de donner tout son temps
et toutes ses forces de travail à la construction de bâtiments militaires
d’intérêt général et même caporal. » (p. 14, l. 37-39)
Activités orales
3 À l’origine, les contes étaient transmis oralement. À votre tour,
faites une lecture expressive d’un chapitre du récit.
103
104
105
Lecture d’images
Observez attentivement les images pages 26, 32 et 56
et répondez aux questions suivantes.
À vous de jouer !
Réalisez une bande-annonce
Vous êtes réalisateur(trice) et devez, par groupes de six à
huit élèves, imaginer la bande-annonce d’une adaptation du conte.
Étape 1Réalisez d’abord un storyboard : déterminez trois moments
clés du conte, puis découpez-les en plans. Illustrez-les ensuite par
des images, accompagnées de courts textes.
Étape 2 Distribuez les différents rôles techniques (cadreur,
106
Le réalisateur
Charlie Chaplin, né en 1889, est un acteur, réalisateur, producteur
et compositeur britannique. Devenu célèbre grâce au cinéma
muet et burlesque, il signe en 1940 son premier film parlant avec
Le Dictateur, dans lequel il parodie Hitler et dénonce les mesures
antisémites durant la Seconde Guerre mondiale.
Le film Vi
s io n n e z l
as
En Tomania, un jeune barbier juif regagne son salon
équ ence
dans un ghetto après des années d’absence. Amnésique,
il ignore les discriminations anti-juives instaurées
par Adenoid Hynkel, le dictateur, auquel notre barbier
ressemble étrangement…
1 Comment le spectateur comprend-il que le barbier retrouve
son salon après plusieurs années ?
2 Que signifient les inscriptions en lettres blanches sur les vitrines
des magasins ? Par qui sont-elles inscrites et pourquoi ?
3 En quoi cette scène est-elle comique ? Selon vous, pourquoi
le réalisateur choisit-il l’humour pour évoquer la discrimination
des Juifs ?
107
109
LE PÈRE
Au début du récit, le père des jumeaux est étudiant en méde-
cine. Raflé avec sa femme et ses enfants, il est interné dans
le camp de Drancy. Dans le train qui les conduit ensuite vers
les camps de la mort, il se saisit d’un des jumeaux qu’il jette
du train, enveloppé d’un châle de prière, pour le confier à pauvre
bûcheronne. À l’arrivée au camp d’extermination, sa femme,
Dinah, et son fils, Henri, sont tués ; lui est assigné à la tonte
des déportés. Survivant à la libération des camps, il retrouve
par hasard sa fille, à la fin du conte ; il la reconnaît immédiate-
ment, mais décide de ne pas lui dévoiler son identité.
110
111
LE BOIS
L’action du conte se situe dans un grand
bois, dont la situation géographique n’est
pas clairement précisée. C’est un lieu froid
et hostile, et peu de gens y vivent : un couple
de bûcherons et, dans un lieu plus sombre et
reculé, un homme et sa chèvre.
LE TRAIN
Le bois est traversé par une ligne de chemin de fer
sur laquelle circule des trains de marchandises,
qui ne sont autres que des convois nazis en route
pour les camps de la mort. Les personnes sont
transportées dans des wagons à bestiaux, dans
des conditions plus que sommaires.
112
Suède
Danemark Lituanie
URSS
Royaume-Uni
Pays-Bas Allemagne Pologne
Belgique Auschwitz
Tchécoslovaquie
Drancy
Autriche
France Suisse Hongrie Roumanie
Croatie
Italie Bulgarie
Espagne
Frontières avant la guerre Troisième Reich Pays cités dans le récit
Trajet du train
LES CAMPS
Le train circule d’ouest en est (de la France à la
Pologne) dans l’Europe occupée par l’Allemagne
nazie durant la Seconde Guerre mondiale. En février
1943, le train qui emporte la petite marchandise,
son frère jumeau et ses parents part de la gare de
Bobigny, près du camp d’internement de Drancy,
en région parisienne, où ils se trouvaient depuis
plusieurs mois. Après un voyage de trois jours dans
des conditions inhumaines, ils parviennent « au cœur
de l’enfer, son terminus » : le camp d’extermination
d’Auschwitz, en Pologne. Le nom du camp n’est
jamais cité, mais le narrateur évoque la Pologne,
et l’on sait que les convois au départ de Drancy
avaient pour destination prioritaire Auschwitz.
Le père des jumeaux survit jusqu’à la libération du
camp par l’armée soviétique en janvier 1945. Il est
ensuite conduit jusqu’à un camp de regroupement,
où les rescapés étaient recueillis.
113
La pauvre femme supplie son mari d’adopter l’enfant. Il refuse d’abord mais,
peu à peu, finit par l’aimer et par la considérer comme sa propre fille. De son
côté, le père de la petite fille, à son arrivée au camp d’extermination, a perdu
sa femme et son fils, et a été affecté à la tonte des déportés.
114
À vous de jouer !
Quel moment de l’histoire vous a particulièrement marqué(e)
ou ému(e) ? Expliquez pourquoi.
115
Activité 1, p. 118
116
2 Un ancrage historique
a. Des dates et des lieux précis b. L’évocation de la
Des dates (Noël 1942, 2 mars 1943, Seconde Guerre mondiale
5 mars au matin…) et des lieux La guerre est explicitement
(Drancy, Bobigny-Gare…) sont mentionnée, de même que
évoqués, ce qui ancre le conte, certains de ses acteurs :
au cadre spatio-temporel les « verts-de-gris » (les
indéterminé, dans une période Allemands), les « rouges »
historique précise. (les Soviétiques)…
117
Réponses : b • a • d • c – b • d • c • e • a • f.
118
Activité
3 Pauvre bûcheronne ramasse des papiers jetés du train,
qu’elle ne sait pas lire. Aidez-la à reconstituer le message
suivant en trouvant les lettres manquantes.
Les s s-cœ r o t un c u .
15 20
12
1 3 6 10
119
l e c t u r e
o n g e r l a
P r o l
121
1. Rauque : enrouée.
122
123
Scène 1
À l’orée d’un bois, non loin d’un village.
Un loup déguisé en garde municipal s’adresse au public.
Le loup. – Bonjour, bonsoir petits enfants, ici votre vieil oncle Wolf
qui raconte histoire bon vieux temps, histoire Petit Chaperon reron…
Chaperereuuaaaaah ! Histoire Petit Capuchon. Vous connaître ? Ça fait
rien, Wolf raconte quand même. Silence fixe repos ! Wolf commence. Il
5 y avait une fois non pas marchande foi dans ville de Foix il y avait une
fois petite fille village, tiens elle, arrive…
Paraît le Petit Chaperon vêtu de rouge qui s’adresse au public.
Petit Chaperon. – Bonjour bonjour je suis une petite fille de village
toujours vêtue de rouge si bien que tout le monde au village m’appelle
le Petit Chaperon…
10 Wolf (l’interrompant). – Papapapapapapapapapa pardon Petit
Capuchon !
Petit Chaperon. – Bonjour monsieur.
Wolf (portant une main à sa visière). – Caporal Wolf.
Petit Chaperon. – Enchantée, Chaperon Rouge.
15 Wolf. – Document !
Petit Chaperon. – Comment ?
Wolf. – Document ! Papiers papirs, laissez-passer ausweis permis séjour
carte immatriculation passeport carte grise verte bleue ! Exécution !
Petit Chaperon. – Pourquoi ? je passe ici tous les jours on me
20 demande jamais rien.
Wolf. – Aujourd’hui montre document tonton Wolf.
Petit Chaperon. – Pourquoi ?
Wolf. – Parce que loi.
Petit Chaperon. – Loi ?
25 Wolf. – Loi dit montre document, exécution rapide fixe repos !
124
125
247
126
Livres Jean-David
Morvan, Irena 1 – L E G H E T TO
1
(1947) L'histoire d'Irena
Flammarion, 1988 Sendlerowa,
résistante polonaise,
C’est l’histoire d’une femme ordinaire
Si c’est un homme
qui réalisa quelque chose d’extraordinaire,
dans des circonstances insensées,
pendant une période effroyable.
PRZYGODA...
est le témoignage
CODE PRIX GL54 85.1630.9
autobiographique
de Primo Levi (1919- de Varsovie.
1987) survivant du
camp d’extermination
d’Auschwitz où il fut déporté
Films
de février 1944 à janvier 1945. Steven Spielberg,
La Liste de
Simone Veil, Schindler, 1993
Une jeunesse au Ce film raconte
temps de la Shoah comment Oskar
Le Livre de Poche, 2010 Schindler, un
industriel allemand, parvint
Ce texte à visée
à protéger de nombreux Juifs en
pédagogique contient les faisant travailler dans son usine,
des extraits de la et à sauver de la mort près
biographie de Simone Veil, Une vie, d’un millier de déportés.
dans laquelle elle raconte notamment
sa déportation à Auschwitz, à l’âge Alain Resnais,
de seize ans. Nuit et Brouillard,
1956
Bandes dessinées Ce documentaire
sur la déportation
Sid Jacobson et Ernie Colón, et les camps de
La vie d’Anne Frank en bande concentration nazis
dessinée tire son nom du décret
du 7 décembre 1941, qui ordonne
Belin Éducation, 2021
la déportation de tous les ennemis
La Parure et autres nouvelles sur les apparences
e dess
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jeune fille juive allemande Sid Jacobs
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Bande dessin
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127
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