Snabio 2023

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Liste des acronymes

ACSQDA Agence de Contrôle de la Sécurité Sanitaire et la Qualité des Aliments


AMAP Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne
ASH Autorité Sanitaire Halieutique
AT Assistance Technique
BNM Bureau des Normes de Madagascar
CABIZ Centre d’Agribusiness
CAFPA Centre d’Appui et de Formation Professionnelle Agricole
CASEF Croissance Agricole et de Sécurisation Foncière
CEFTAR CEntre de Formation de Techniciens Animateurs Ruraux
CMS Centre Multiplicateur de Semences
CNABio Commission Nationale sur l’Agriculture Biologique
CNFAR Conseil National pour la Formation Agricole et Rural
CNRE Centre National de Recherches sur l’Environnement
CNRIT Centre National de Recherches Industrielle et Technologique
CRFAR Comités Régionaux de la Formation Agricole et Rurale
CTD Collectivités Territoriales Décentralisées
CTHT Centre Technique Horticole de Tamatave
CTR Comité Technique de Rédaction
DOPAB Direction d’Appui aux Organisations des Producteurs et à l’AgroBusiness
DAPV Direction d’Appui à la Production Végétale
DFAPP Direction d’appui à la Formation Agricole et Professionnalisation des producteurs
et Pêcheurs
DPV Direction de la Protection des Végétaux
DRAE Direction régionale de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
DSV Direction des Services Vétérinaires
EDBM Economic Development Board of Madagascar
EFTA Ecole de Formation des Techniciens Agricoles
EPN Etablissement Public National
ESSA Ecole Supérieures des Sciences Agronomiques
FAR Formation Agricole et Rurale
FDA Fonds de Développement Agricole
FDAR Fonds de Développement Agricole Régional
FMFP Fonds Malgache de Formation Professionnelle
GEM Groupement des Entreprises de Madagascar
IFOAM International Federation of Organic Agriculture Movements
IGP Indication Géographique Protégée
ISO International Organization for Standardization

2
Liste des acronymes
LFI Loi de Finance Initiale
MINAE Ministère en charge de l’Agriculture et de l’Elevage
MEDD Ministère de l’Environnement et du Développement Durable
MEF Ministère de l’Economie et des Finances
MESUPRES Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
MFR Maison Familiale Rurale
MICC Ministère de l’Industrie, du Commerce et de la consommation
MID Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation
MSANP Ministère de la Santé Publique
MTTM Ministère des Transports, du Tourisme et de la Météorologie
OC Organisme Certificateur
OGM Organismes Génétiquement Modifiés
OP Organisation de Producteurs
PADAP Projet d’Agriculture Durable par une Approche Paysage
PRD Plan Régional de Développement
PRDR Plan Régional de Développement Rural
PSA Programme Sectoriel Agricole
PSAEP Programme Sectoriel Agriculture, Elevage, Pêche
PTF Partenaires Techniques et Financiers
PPP Partenariat Public Privé
SAC Schéma d’Aménagement Communal
SE/CNFAR Secrétariat Exécutif du Conseil National pour la Formation Agricole et Rurale
SNFAR Stratégie Nationale pour la Formation Agricole et Rurale
SIM Syndicat des Industries de Madagascar
SNAB Stratégie Nationale de l’Agrobusiness
SNABIO Stratégie Nationale de Développement de l’Agriculture Biologique
SOC Service Officiel de Contrôle des Semences et des Matériels végétales
SP Secteur Privé
SPG Systèmes Participatifs de Garantie
SQC Service de la Qualité et du Conditionnement
SRAT Schéma Régional d’Aménagement du Territoire
SYMABIO Syndicat Malgache de l’Agriculture Biologique
USCAB Unité de Supervision et de Coordination de l’action publique en faveur de
l’Agriculture Biologique
TTM Tranoben’ny Tantsaha Mpamokatra
TVAB Territoire à Vocation Agricole Biologique
ZIA Zone d’Investissement Agricole

3
Tableau 1. Calendrier des activités de concertation avec les parties prenantes 9

Tableau 2. Données sur l’évolution du bio de 2009 à 2020 17

Tableau 3. Gamme diversifiée de produits certifiés 18

Tableau 4. Tableau SWOT 33

Tableau 5. Indicateurs objectivement vérifiables (IOV) et source de vérification 116

Tableau 6. Ebauche de plan d’action à 5 ans 127

Figure 1. Présentation de la méthodologie 10

Evolution des superficies certifiées en bio à Madagascar


Graphique 1. 16
(à l’exception des terres de cueillette)

Graphique 2. Evolution du nombre de producteurs certifiés bio à Madagascar 17

Graphique 3. Evolution du marché alimentaire bio mondial de 1999 à 2019 (en milliards €) 19

Graphique 4. Principaux marchés bio en 2019 20

4
TABLE DES MATIÈRES

Liste des acronymes 2

1. Introduction 8

1.1. Rappel du contexte 8

1.2. Rappel de la méthodologie 8

2. Grands constats du secteur de l’agriculture biologique 11

2.1. Enjeux de l’agriculture à Madagascar et intérêt de l’agriculture biologique 11

2.2. Etat des lieux de l’agriculture biologique à Madagascar 15

2.3. Analyse SWOT du secteur de l’agriculture biologique 33

3. Justification de la Stratégie Nationale 34

4. Principes directeurs 35

5. Vision et objectifs 37

5.1. Vision de l’agriculture biologique 37

5.2. Objectifs généraux et spécifiques 38

6. Axes stratégiques et activités prioritaires 39

6.1. Axe 1. Système de gouvernance 40

6.1.1. Commission Nationale sur l’Agriculture Biologique créée et opérationnelle 43

6.1.2. Unité de Supervision et de Coordination de l’action publique en faveur de l’Agriculture 45


Biologique créée et opérationnelle
6.1.3. Observatoire de l’agriculture biologique mis en place et opérationnel 47

6.1.4. Mettre en place un appui institutionnel pour renforcer la représentation des différents 50
acteurs du secteur de l’agriculture biologique
6.1.5. Cahier des charges et label national sur l’agriculture biologique élaborés 51

6.1.6. Concept de Territoires à Vocation Agricole Biologique règlementé 55

6.1.7. Soutien aux dynamiques régionales de développement de l’Agriculture Biologique 61

6.2. Axe 2. Mesures de soutien au développement du bio 64

6.2.1. Territoires à Vocation Agricole Biologique créés 64

5
6.2.2. Appuis à la conversion et à la production en agriculture biologique disponibles 67

6.2.3. Intrants bio disponibles et accessibles 69

6.2.4. Soutiens aux investissements dans l’agriculture biologique disponibles 74

6.2.5. Ecoulement des produits bio facilité 78

6.2.6. Coût de la certification réduit 84

6.3. Axe 3. Communication/ sensibilisation/ promotion 92

6.3.1. Concept d’agriculture biologique connu 93

6.3.2. Avantages et intérêts de l’agriculture biologique reconnus 94

6.3.3. Production issue de l’agriculture biologique valorisée 97

6.4. Axe 4. Appui-conseil, renforcement de capacités et recherche 99

6.4.1. Dispositif d’appui-conseil technique et d’accompagnement opérationnel 101

6.4.2. Modules de formation sur l’agriculture biologique enseignés 107

6.4.3. Connaissances traditionnelles de lutte biologique et d’amélioration de la production 110


formalisées et diffusées
6.4.4. Innovations et autres connaissances pour l’amélioration des rendements et de la 112
productivité du travail développées et diffusées
7. Indicateurs de résultat 116

8. Rôles et responsabilités des acteurs 118

8.1. Le secteur public 118

8.2. Le secteur privé 120

8.3. Les autres acteurs clés 120

9. Mécanismes de mise en œuvre 122

9.1. Elaboration de programmes opérationnels 122

9.2. Dispositif institutionnel de coordination 123

9.3. Dispositif de suivi-évaluation 123

10. Ebauche de plan d’action à 5 ans 125

6
Annexe 1. Documents consultés 130

Annexe 2. Liste des personnes et entités contactées et rencontrées 131

Liste des personnes et entités contactées et/ou rencontrées en entretien 131

Liste des entités membres et invitées aux réunions du Comité Technique de Rédaction 133

Liste des entités ayant participé aux ateliers de concertation régionaux 134

Annexe 3. Cartographie du secteur de l’agriculture biologique 136

Cartographie actuelle 136

Cartographie attendue après la mise en œuvre de la SNABIO 137

Annexe 4. Regroupement des produits par axe stratégique 138

Annexe 5. Entités en charge de l’application des textes règlementaires pouvant être


139
appliqués aux produits issus de l’agriculture biologique

Annexe 6. Eléments clés pour une étude sur le concept de TVAB 140

Annexe 7. Informations produites et/ou diffusées par l’Observatoire sur


147
l’agriculture biologique

Annexe 8. Eléments de coûts de certification tierce partie et SPG 148

Annexe 9. Exemple de Guide de valorisation « Ady gasy » 152

7
Après la loi sur l’Agriculture biologique,

1 Introduction l’élaboration d’une Stratégie Nationale de


développement de l’Agriculture Biologique
(SNABIO) a ainsi été identifiée par les parties
prenantes comme l’étape suivante pour une
action publique de soutien à l’agriculture
1.1 Rappel du contexte biologique. La SNABIO a pour objectif de fournir
un cadre de référence pour la mise en œuvre
Le Ministère en charge de l’Agriculture, de l’ensemble des actions et des moyens
permettant d’atteindre les ambitions du pays
de l’Elevage et de la Pêche (MINAE)
en matière de développement du secteur de
pilote depuis 2017 un processus de construction l’agriculture biologique. La mise en œuvre
d’un cadre institutionnel favorable au de la SNABIO reposera sur l’élaboration d’un
développement de l’agriculture biologique. Ce programme opérationnel s’appuyant sur le
processus a démarré avec la tenue des premières présent document, et qui constituera la prochaine
Assises Nationales de l’Agriculture Biologique étape du processus de construction du cadre
en décembre 2017 et a abouti à l’adoption institutionnel de l’agriculture biologique.
d’une loi sur l’Agriculture biologique (loi 2020-
003) par le parlement, puis sa promulgation par 1.2 Rappel de la méthodologie
le Président de la République le 9 juillet 2020.
La SNABIO a été élaborée avec l’appui
Ce processus témoigne de l’attachement de
du projet CASEF (Croissance Agricole et de
Madagascar à la préservation de l’environnement
Sécurisation Foncière) qui a permis de recruter
et des ressources naturelles et de sa volonté
deux consultants (international et national) sur la
de faire de l’agriculture biologique un levier de
période d’août à octobre 2020. La méthodologie
développement important en matière de sécurité
mise en œuvre par les consultants a reposé à
alimentaire et nutritionnelle et de lutte contre la
la fois sur une analyse documentaire extensive
pauvreté. Le secteur de l’agriculture biologique
(voir Annexe 1. Documents consultés), une
offre de nombreuses opportunités d’exportation,
quarantaine d’entretiens individuels auprès
avec un marché mondial en pleine expansion
d’une diversité de personnes ressource (voir
et une demande mondiale des consommateurs
Annexe 2. Liste des personnes et entités
en produits issus de ce mode de production
contactées et rencontrées), et une concertation
dépassant largement l’offre disponible. La loi
avec l’ensemble des parties prenantes.
établit différentes règles qui doivent désormais
être observées par toutes les parties prenantes
Parmi les documents consultés, celui produit
œuvrant dans le secteur.
par l’IFOAM en 2017 (les « Lignes directrices pour
Il est crucial pour cela, dans la perspective le soutien public à l’agriculture biologique1 ») a
d’un développement ambitieux de l’agriculture permis de s’appuyer sur de nombreux exemples
biologique, de mettre en place les actions de pays ayant mis en œuvre avec succès des
permettant aux parties prenantes d’être à actions de politique publique pour promouvoir
la hauteur de cette ambition suivant leurs et soutenir l’agriculture biologique. Ce sont
responsabilités et leurs fonctions. autant d’enseignements utiles pour la SNABIO,
qui montrent qu’il est possible d’avoir une action
publique déterminante sur le développement du
secteur et qui peuvent être adaptées au contexte
particulier de Madagascar.

1 Ces lignes directrices font partie de la Boîte à outils proposée par l’IFOAM pour des politiques publiques de soutien à l’agriculture
biologique. Elles distinguent les mesures encourageant l’augmentation de l’offre de produits biologique (push) et les mesures
encourageant l’augmentation de la demande de produits biologique (pull). On retrouve dans la présente stratégie des mesures proposées
par l’IFOAM mais présentées différemment, suivant les axes stratégiques définis en concertation avec les acteurs.

8
Le Comité Technique de Rédaction (CTR) qui avait été mis en place par le MINAE lors de l’élaboration de
l’avant-projet de loi sur l’agriculture biologique a de nouveau été mobilisé. Il est composé de représentants
de l’Administration, des organisations de consommateurs, des organisations professionnelles agricoles, de
la recherche agricole et des ONG ayant des compétences ou concernés par l’agriculture biologique. D’autre
part, deux ateliers de concertation régionaux ont été organisés qui ont regroupé chacun une quarantaine
de parties prenantes : le 15 octobre 2020 à Antsirabe et le 5 novembre 2020 à Toamasina. Enfin, un atelier
de restitution finale s’est tenu dans la capitale (22 décembre 2020).

La concertation avec les membres du CTR s’est traduite par six réunions organisées par le CASEF et le
MINAE qui ont permis des échanges très réguliers (voir Tableau 1). L’implication des membres du CTR dans
l’élaboration de la stratégie est considérée comme primordiale dans la mesure où ils seront les premiers
acteurs qui prendront part à sa mise œuvre. Pour les mêmes raisons, une réunion spécifique avec les
Partenaires Techniques et Financiers (PTF) a été organisée le 8 octobre 2020.

Les ateliers de concertation régionaux ont été animés par l’équipe de consultants, du MINAE (DAAB/
CPAR) et le personnel du CASEF, en mobilisant des méthodes participatives (world café, travaux de groupes).
Ils ont réuni chacun plus d’une trentaine d’entités différentes (voir Annexe 2. Liste des personnes et entités
contactées et rencontrées).

Tableau 1. Calendrier des activités de concertation avec les parties prenantes

Dates Réunions Contenu


Présentation de la mission d’expertise, de la démarche
03/09/2020 1 réunion du CTR
ère
méthodologique et du planning. Première présentation de constats
par l’équipe de consultants.
Proposition de vision et d’objectifs, présentation d’un arbre des
10/09/2020 2ème réunion du CTR
problèmes et d’une analyse SWOT.
Révision de l’arbre des problèmes, présentation de l’arbre des
17/09/2020 3ème réunion du CTR
objectifs.
Révision de l’arbre des objectifs, présentation d’une ébauche de
24/09/2020 4ème réunion du CTR
cadre logique et d’une cartographie du secteur.
Révision du cadre logique et discussion sur des points clé de la
01/10/2020 5ème réunion du CTR
stratégie en vue des ateliers de concertation régionaux.
Partage des premiers résultats sur l’état des lieux du secteur, les
08/10/2020 Réunion avec les PTF
objectifs, résultats attendus et les activités.
Co-construction de la finalisation de l’état des lieux et des principales
Atelier de concertation
15/10/2020 activités de la stratégie en mobilisant des méthodes d’animation
régional à Antsirabe
participative (world café, groupes de travail).
Réflexion collective sur la définition des mesures de soutien (axe
stratégique n°2) après présentation de l’état des lieux, afin d’aller
Atelier de concertation
05/11/2020 plus en détails sur les activités de la Stratégie les plus pertinentes
régional à Toamasina
au regard du profil des acteurs de Toamasina. Cet atelier reposait
également sur des méthodes participatives.
Présentation du Rapport final provisoire, collecte des observations
14/12/2020 6ème réunion du CTR
et commentaires.
Atelier de restitution Présentation du Rapport final, et recueil des commentaires et
22/12/2020
final observations.

9
Le processus de concertation mis en œuvre a permis de définir une vision consensuelle des enjeux et
axes de développement de l’agriculture biologique qui renvoie à la contribution du secteur aux grands
enjeux de développement du pays. Cette vision a guidé l’analyse diagnostique du secteur (arbre des
problèmes) et l’identification des objectifs généraux et spécifiques de la SNABIO (arbre des objectifs). Une
fois définis les activités et les produits/ extrants auxquels elles aboutissent et qui permettent d’atteindre
les objectifs (matrice de cadre de logique), ces activités ont été classées par grands axes stratégiques.
Cette structuration permet de regrouper ainsi des activités relevant d’un même domaine (par exemple la
gouvernance, l’appui-conseil, etc.) et d’éviter les redites, sachant qu’une même activité peut contribuer à
plusieurs objectifs.

L’ensemble de la méthodologie peut être résumé dans le graphe ci-dessous.

Figure 1. Présentation de la méthodologie

- Constats
- Vision, objectifs généraux et spécifiques
- Analyse SWOT
- Cartographie du secteur bio
- Arbre des problèmes - arbre des objectifs
- Axes stratégiques
- Rédaction et validation Document SNABIO

Après une présentation des grands constats du secteur (partie 2), de la justification de la stratégie (partie
3), des principes directeurs (partie 4), ainsi que de la vision et des objectifs de la stratégie (partie 5), le
présent document est articulé autour de quatre grands axes stratégiques (partie 6) :

La suite du document présente des indicateurs de résultat pour suivre l’atteinte des objectifs généraux et
spécifiques (partie 7), les rôles et responsabilités des différentes entités publiques et privées (partie 8), les
mécanismes de mise en œuvre (partie 9) et une ébauche de plan d’action à 5 ans (partie 10).

10
Grands constats du secteur de
2
l’agriculture biologique
2.1 Enjeux de l’agriculture à Madagascar et intérêt de l’agriculture
biologique

Le secteur agricole malagasy constitue l’un des moteurs de l’économie nationale avec 26,3 % du PIB
(PSAEP 2016-2020), et emploie environ 78% de la population active, représentant ainsi le premier secteur
d’activités du pays. L’agriculture à Madagascar est majoritairement le fait de petits producteurs (0,87 ha
en moyenne, PSAEP 2015) entretenant des systèmes de production diversifiés. Les parcelles tendent à
se morceler, avec de nombreux exploitants disposant de petites parcelles contigües dans les bassins de
production. Ils sont confrontés à des problèmes d’accès au marché, de faible valeur ajoutée de la production,
de bas niveau des prix au producteur ou de forte volatilité des prix pour certains produits de rente comme
la vanille. La grande majorité de ces producteurs ont ainsi des conditions de vie précaires (82% de la
population malgache vit en dessous du seuil de pauvreté de 1,25 USD par jour) et ont des difficultés à
assurer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ainsi un ménage sur deux est en situation d’insécurité
alimentaire temporaire ou saisonnière (PSAEP 2015).

11
L’essentiel des petits producteurs malagasy n’utilisent pas
ou très peu d’intrants chimiques de synthèse parce qu’il leur
est difficile financièrement de s’en procurer et/ou parce que
ces intrants ne sont pas toujours disponibles partout et au
bon moment. Il existe en outre tout un savoir-faire traditionnel
développé par les producteurs pour lutter contre les bio-
agresseurs et adventices par l’usage de produits naturels de
fabrication locale (appelés « ady gasy »). L’agriculture telle
que pratiquée par la majorité des producteurs malagasy
correspond donc aux principes de l’agriculture biologique de
non utilisation d’intrants chimiques de synthèse dangereux
et d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Cependant,
des intrants chimiques sont utilisés dans certaines filières
dans des proportions excessives et les problèmes de
pollution sont bien réels à Madagascar, notamment dans le
maraîchage en zones périurbaines. Les intrants chimiques
de synthèse utilisés sont principalement des engrais azotés
pour les céréales (riz et maïs) et des produits phytosanitaires
pour lutter contre la propagation de ravageurs et de maladies
(fongicides pour le maraîchage, traitement contre le varroa
des abeilles, etc.).

Or, la qualité des produits Bien que faiblement documenté, cette utilisation
phytosanitaires et surtout leur bonne excessive d’intrants chimiques est particulièrement forte
utilisation ne sont pas toujours assurées dans le maraîchage. Elle pose à la fois des problèmes de
du fait d’un manque de contrôle sur la santé publique pour les producteurs qui les manipulent
distribution de ces produits, l’existence de et pour les consommateurs en raison de la présence de
nombreux commerçants informels, une résidus de pesticides dans les aliments, et des problèmes
législation peu connue et non respectée environnementaux. Les risques de contamination des sols et
(entretiens ; Ecocert 2018). Dans un des ressources en eau en particulier ne sont pas négligeables
contexte où les producteurs ont une faible (Ecocert, 2018). Or la préservation de l’environnement et
maîtrise de l’utilisation des pesticides, la gestion des ressources naturelles sont d’autant plus
se posent des problèmes de surdosage, cruciales que Madagascar dispose d’une forte biodiversité
de non-respect des délais de traitement qui en font sa richesse sur les plans économiques, sociales
avant récolte, etc. et écologique.

12
L’enjeu principal du développement de l’agriculture le croire. Cette nécessité de transformer les
biologique à Madagascar consiste donc à reconnaître modes d’agriculture et de promouvoir le modèle
et à promouvoir des pratiques agricoles existantes qui de l’agriculture biologique ou agroécologique
n’utilisent pas d’intrants chimiques de synthèse et sont est d’autant plus cruciale dans un contexte de
respectueuses de l’environnement et des ressources changement climatique dont les effets se font
naturelles. Les pratiques agroécologiques peuvent déjà sentir. L’enjeu consiste donc à encourager
répondre également aux principes de l’agriculture l’adoption de pratiques agricoles biologiques
biologique, lorsqu’il n’y a pas d’utilisation d’intrants ou agroécologiques, certifiées ou non. La
de synthèse. En effet, l’agroécologie est fondée sur certification bio constitue néanmoins un outil
l’optimisation des fonctionnalités écologiques des permettant d’indiquer aux consommateurs que
agrosystèmes, et cherche ainsi à adapter les pratiques les produits qu’ils achètent sont conformes
agricoles aux capacités biophysiques du milieu. La avec les exigences de la norme « agriculture
valorisation de ces pratiques peut alors se faire à biologique ». En attestant du respect de cette
travers un système de certification, qu’il s’agisse d’une norme, qui se veut une norme de qualité, à
certification par tierce partie, c’est-à-dire en recourant chaque maillon de la filière et en permettant
à un organisme certificateur, ou d’une certification par une traçabilité des produits, elle contribue à
un Système Participatif de Garantie (SPG) reposant sur construire la confiance des consommateurs
l’évaluation par les pairs. Il est par ailleurs nécessaire à l’égard des produits issus de l’agriculture
de changer les méthodes de production qui nuisent à biologique. Il importe donc de remettre en
l’environnement et à la santé des populations, et qui de question des idées reçues, selon lesquelles
l’avis des experts sont plus répandues qu’on ne pourrait l’agriculture biologique ne peut être qu’une
niche face à l’agriculture conventionnelle
(qui resterait le modèle à suivre), ou bien que
l’agriculture à Madagascar est déjà biologique
de facto (par défaut).

13
Parce qu’elle s’inscrit dans une démarche Le concept de l’agriculture biologique
de qualité, l’agriculture biologique peut renvoie ainsi à de nombreux aspects du
contribuer à répondre à l’ensemble des enjeux développement durable : amélioration des
socioéconomiques, de santé publique, et revenus des producteurs, emplois, recettes en
environnementaux que connaît l’agriculture devises, aliments de qualité, sécurité alimentaire,
malgache aujourd’hui. Par ailleurs, le préservation de l’environnement et des ressources
développement de l’agriculture biologique est naturelles, des patrimoines oraux et des savoir-
aussi un moyen de saisir les opportunités d’un faire traditionnels, etc.
marché international en pleine expansion pour
des produits tropicaux biologiques.

La loi 2020-003 sur l’Agriculture biologique entend par agriculture biologique « un mode de production
agricole, d’élevage, forestier, aquatique ou issus de cueillette en zones naturelles […] qui trouve son originalité
dans le recours à des pratiques soucieuses du respect des équilibres naturels, limitant strictement l’utilisation
d’intrants chimiques de synthèse et excluant l’usage des Organismes Génétiquement Modifiés ». La loi
énonce également les quatre principes de l’agriculture biologique définis par la Fédération internationale
des mouvements de l’agriculture biologique (IFOAM) :

Le principe de santé : l’agriculture biologique doit soutenir et améliorer la santé des sols, des plantes,
des animaux, des hommes et de la planète, comme étant une et indivisible ;

Le principe d’écologie : l’agriculture biologique doit être basée sur les cycles et les systèmes
écologiques vivants, s’accorder avec eux, les imiter et les aider à se maintenir ;

Le principe d’équité : l’agriculture biologique doit être construite sur des relations qui assurent l’équité
par rapport à l’environnement commun et aux opportunités de la vie ;

Le principe de précaution : l’agriculture biologique doit être conduite de manière prudente et


responsable afin de protéger la santé et le bien-être des générations actuelles et futures ainsi que de
l’environnement.
Pour que les bénéfices de l’agriculture biologique puissent pleinement se réaliser à Madagascar, au profit
des petits producteurs, des entreprises du secteur privé (SP), de la population et de la préservation de
l’environnement, un ensemble cohérent d’actions doit être mis en place dans une approche interministérielle.
C’est ce à quoi s’emploie la présente SNABIO.

14
2.2 Etat des lieux de l’agriculture biologique à Madagascar
On peut faire remonter l’histoire de l’agriculture biologique à Madagascar aux années 1960, au moment
où le Centre Artisanal et Promotion Rurale CAPR TSINJOEZAKA, créé en 1963 entre autres par des jésuites
français, organisaient les premières séances de démonstration auprès des paysans quant à l’importance de
la matière organique et du compostage (Rajaonarison, 2004). Mais les premières opérations d’exportation de
produits certifiés « agriculture biologique » datent du début des années 1990 pour répondre aux demandes
d’entreprises importatrices européennes, prenant en charge la certification (Rajaonarison, 2004). Un
projet de réglementation nationale de l’agriculture biologique est également élaboré dès 1995 mais reste
sans suite. Le secteur a véritablement pris son essor dans les années 2010 en réponse à une vague de
commandes d’importateurs. Il s’est progressivement structuré autour des professionnels de l’exportation
et de différentes organisations professionnelles jusqu’à la création du Syndicat Malgache de l’Agriculture
Biologique (SYMABIO) en 2011. Il s’est également construit en s’appuyant sur la création d’un comité ad
hoc2 chargé de l’étude des plans d’action pour le développement de l’agriculture biologique à Madagascar
(2012), puis depuis quelques années sur une volonté politique de développer l’agriculture biologique pour
le marché national. Le développement du secteur en est à ses débuts en termes de superficies, nombre
d’opérateurs engagés, consommation nationale et construction d’un cadre réglementaire, politique et
institutionnel, mais la dynamique et le potentiel sont très importants.

‘‘Un secteur en plein essor en termes


de superficies et de producteurs certifiés bio’’
D’après les rapports FiBL-IFOAM3, l’évolution des
superficies certifiées en agriculture biologique a augmenté
d’environ 60% sur les cinq dernières années pour lesquelles
on dispose de données, entre 2014 et 2018, c’est-à-dire
une moyenne de 13% par an (Graphique 1. Evolution des
superficies certifiées en bio). Cette évolution n’est pas
linéaire et présente un pic très important en 2015. Ce pic
serait lié d’une part au fait que des terres en jachère et
en friche certifiées biologiques ont été comptabilisées
exceptionnellement en 2015, et d’autre part à une
diminution des superficies pour quelques produits tels
que les fruits tropicaux et subtropicaux (en particulier les produits issus de cueillette), le cacao et les
céréales (IISD, 2015).

Les superficies certifiées en agriculture biologique se situent depuis 2016 autour 60 000 ha, ce qui
représente aujourd’hui une part négligeable des superficies agricoles (moins de 0,2%). Cependant, pour
certains produits comme le cacao, les superficies certifiées en agriculture biologique représentent une part
très significative des superficies totales : 29,8% en 2018 (FiBL-IFOAM, 2020). Les superficies en agriculture
biologique pour les fruits tropicaux représentaient également 7,8% des superficies totales en 2017 mais
plus que 1,4% en 2018 (FiBL-IFOAM, 2020 et 2019).

2 Arrêté n° 20490/2012 du 26 juillet 2012.


3 Les données qui sont publiées dans les rapports FiBL-IFOAM pour le cas de Madagascar proviennent des seules données fournies par Ecocert. Les
données qui concernent les opérateurs se faisant certifier par d’autres organismes certificateurs ne sont donc pas pris en compte, ce qui sous-évalue de fait le
secteur, même si la grande majorité des produits et des opérateurs sont aujourd’hui certifiés par Ecocert.

15
Graphique 1. Evolution des superficies certifiées en bio à Madagascar (à l’exception des terres de cueillette)

D’après les dernières estimations de novembre 2020 produites par SYMABIO, le nombre
d’hectares cultivés certifiés en agriculture biologique aurait substantiellement augmenté et se
situerait autour de 80 000 ha (voir Tableau 2). La dynamique du secteur apparaît très forte en
référence aux années 2009 et 2019.

L’augmentation du nombre de producteurs certifiés en agriculture biologique est un autre


indicateur de la pénétration progressive du secteur bio à Madagascar. Ce nombre a plus que
doublé entre 2012 et 2018 en passant de 14 550 à 32 367 d’après les statistiques de FiBL-IFOAM (

16
Graphique 2. ). En cinq ans, de 2014 à 2018, il a ainsi augmenté d’environ 9% par an. Madagascar
se distingue dans les pays africains en la matière puisqu’il se situe au 6ème rang des pays africains
en termes de nombre de producteurs certifiés en 2018. Son classement progresse puisque le
pays était classé au 8ème rang en 2017 (FiBL-IFOAM, 2020 et 2019). Les dernières estimations du
SYMABIO indiquent que le nombre de producteurs certifiés aurait fait un bond particulièrement
important avec le chiffre d’environ 70 000 (voir Tableau 2).

Graphique 2. Evolution du nombre de producteurs certifiés bio à Madagascar

Tableau 2. Données sur l’évolution du bio de 2009 à 2020

Rubriques 2009 2019 2020


Surface plantée 14 069 Ha 62 800 Ha Env 80 000 Ha
Cueillette sauvage 72 498 Ha 8 000 Ha 13 750 Ha
Entreprises certifiées Bio 70 226 340
Nombre producteurs 4 289 67 800 Env 70 000

Source : SYMABIO.

17
‘‘Un secteur tiré par les exportations’’
La quasi-totalité de la production certifiée biologique est destinée au marché export. Les filières
d’exportation de produits issus de l’agriculture biologique répondent à une demande pour des produits
tropicaux à forte typicité en Europe et en Amérique du Nord.

La gamme des produits bio exportés est très large et a tendance à s’enrichir. Les produits phares sont
essentiellement des cultures de rente qui ont une longue histoire d’exportation : cacao, plantes aromatiques
et médicinales, huiles essentielles fruits, épices et condiments (vanille, girofle, etc.). Ces produits se
concentrent dans le Nord du pays et sur la côte Est, en particulier dans la région Atsinanana. Les plantes
aromatiques et médicinales constituent l’essentiel des superficies certifiées biologiques, en comptabilisant
près de 78% de ces superficies en 2018 et 45% en 2019 (données d’Ecocert), et Madagascar en est le
premier producteur mondial d’après FiBL (IISD, 2020). Madagascar est également le premier producteur
mondial de vanille certifiée biologique, de litchis biologiques et le deuxième producteur d’ananas biologique
(IISD, 2020). Loin de se concentrer sur quelques filières, la gamme des produits exportés a tendance à se
diversifier ces dernières années. Le SYMABIO souligne par exemple que les crevettes bio sont exportées en
2019 et 2020 alors que ce n’était pas le cas en 2009. Deux entreprises en cosmétique biologique et onze
entreprises en textile biologique sont également recensées en 2020 (Ecocert, SYMABIO).

Des initiatives pour exporter des produits vivriers tels que le riz rose biologique (variété dista), dont la qualité
gustative (sucrée et grasse) semble particulièrement appréciée des consommateurs aux Etats-Unis, ont
également été mises en œuvre4. L’interdiction des exportations de riz (décret n°2011-122 du 07 mars
2011), y compris le riz dista (il faut avoir une dérogation pour pouvoir exporter) à haute valeur économique,
dans l’objectif de contribuer à l’autosuffisance en riz constitue de ce point de vue une difficulté pour les
opérateurs. Cela révèle la difficulté de concilier et de trouver des compromis entre des objectifs politiques,
économiques, internes et externes.

Tableau 3. Gamme diversifiée de produits certifiés

Légumes Autres
Extraits de Fruits et
Huiles essentielles Epices frais et produits
plantes légumes
transformés exportés
Ylang‐ylang, vétiver,
Vanille,
palmarosa, patchouli,
cannelle,
Géranium, ravintsara; Miel, Sucre
poivre, girofle,
eucalyptus, mandravasarotra, Banane, de canne,
gingembre, Oléorésines, Haricots vert,
ravensara, niaouli, hélichryse, ananas Cacao, Café,
curcuma, eaux florales salade…
romarin, basilic, citronnelle, victoria, Riz, Textiles,
piment,
lemongrass, cannelle, poivre, Cosmétiques
baie rose,
girofle, gingembre, curcuma,
muscade
baie rose

Source : SYMABIO données novembre 2020.

4 Les paysans réunis au sein de la Confédération nationale « Koloharena » dans la région Alaotra Mangoro district d’Amparafaravola ont par
exemple bénéficié d’un appui de l’USAID pour être en mesure d’exporter du riz rose en Californie (Midi Madagascar 6/01/2017 ; Article 5/09/2017
https://matv.mg/exportation-le-riz-rose-biologique-cartonne-aux-etats-unis/)

18
Le nombre d’exportateurs opérant dans l’exportation de produits issus de l’agriculture biologique a
significativement augmenté ces dernières années en passant de 65 en 2015 à 155 en 2018 (FiBL-IFOAM).
Selon SYMABIO, le nombre total d’entreprises certifiées en agriculture biologique (exportation, production,
fourniture d’intrants, transformation, etc.) aurait encore fait un bond en passant à 340 en 2020.

Les exportations de produits bio impliquent des milliers de petits producteurs. Le Syndicat Malgache
de l’Agriculture Biologique (SYMABIO) estime en 2020 à environ 70 000 le nombre de producteurs
avec lesquels travaillent ses différents membres (coopératives agricoles, fournisseurs d’intrants,
transformateurs, distributeurs, exportateurs, organismes certificateurs). Les groupements de producteurs
sont généralement sous contrat avec les autres opérateurs du secteur (transformateurs, exportateurs),
certaines entreprises inscrivant ces contrats dans des démarches de Responsabilité Sociale des
Entreprises (RSE). L’entreprise d’exportation recourt à un organisme de certification tiers qui va certifier le
respect des exigences contenues dans la réglementation bio du pays importateur. L’exportateur s’engage
auprès de l’organisme certificateur et met donc en œuvre les activités de formation/ conseil auprès des
producteurs avec lesquels ils contractualisent pour assurer que les parcelles auditées respectent bien les
réglementations bio concernées.

La dynamique d’évolution du marché mondial du bio ces dernières années est très forte, à l’instar du
marché alimentaire bio qui a plus que triplé en 10 ans de 2009 à 2019 (source Agence BIO).

Graphique 3. Evolution du marché alimentaire bio mondial de 1999 à 20195 (en milliards €)

Source : Agence BIO

5 Valeur sous-estimée selon l’Agence Bio car les données ne sont pas disponibles pour tous les pays du monde.

19
Graphique 4. Principaux marchés bio en 2019

Comme le montre ce graphique, les Etats-Unis constituent le plus gros marché du bio et au sein de l’Europe la France
et l’Allemagne sont les pays les plus importants en matière de consommation de produits bio.

Source : Agence BIO

Madagascar a tiré parti de la tendance à


l’augmentation du marché en développant
ses exportations de produits biologiques et
en engrangeant des recettes d’exportation
de 55 millions d’euros en 2017 contre 22,6
millions d’euros en 2012 (SNAB, 2020). Le
pays a le potentiel pour profiter pleinement
des opportunités à venir en étant déjà bien
positionner sur plusieurs filières, telles que
la vanille, les plantes aromatiques, les huiles avantages comparatifs de Madagascar et de
essentielles et les épices, y compris le marché non gagner des parts de marché. Cela passe aussi
alimentaire (par exemple les cosmétiques) (IISD, par l’amélioration des différentes dimensions de
2020). Un facteur limitant aujourd’hui pour le la compétitivité non-prix (organisation, process
développement des exportations reste le nombre et contrôle qualité, services, institutions, etc.).
relativement faible de producteurs engagés Les entreprises pourraient alors contribuer
dans une démarche d’agriculture biologique. par leurs effets d’entraînement à accélérer la
L’enjeu pour les entreprises d’exportation est de professionnalisation et la qualité des opérations,
« massifier » le nombre de producteurs dans le en amont et en aval des filières agricoles.
bio pour un passage à l’échelle des exportations.
Au-delà de l’augmentation de l’offre, et face à
la concurrence de pays qui se positionnent sur
une part croissante des produits exportés par
Madagascar (par exemple le litchi au Mozambique
ou les épices en Asie), il est également impératif
pour les entreprises de valoriser au mieux les

20
‘‘Un marché domestique embryonnaire’’

Le marché domestique pour l’agriculture biologique


est quasi inexistant à Madagascar : les volumes
sont négligeables. Ils sont liés à des initiatives
d’approvisionnement des marchés de la capitale
dans le cadre de projets de développement et d’un
accompagnement par des ONG. Ces initiatives
s’inscrivent davantage dans le domaine de
l’agroécologie. On peut citer par exemple l’expérience
de ABCie, pour la vente de fruits et légumes frais issus
de parcelles de maraîchage en agroécologie en zone
péri-urbaine, dans le cadre du projet Profapan6 piloté
par l’ONG internationale AgriSud. ABCie dispose de
points de vente ouverts deux fois par semaine (mercredi
et samedi), et vend aussi ses produits dans les marchés
de la capitale ou via la vente en ligne. Cette expérience
est à notre connaissance la seule ayant reposé sur la
mise en place d’un Système Participatif de Garantie
(SPG) sur les pratiques agroécologiques.

De manière générale, le marché national en produits


certifiés biologiques est approvisionné par les
importations faites par les grandes surfaces s’agissant
principalement de produits d’épicerie alimentaire
certifiés selon la réglementation européenne (avec
une part importante de produits transformés de la
marque du distributeur : Jumbo Score, Leaderprice,
Shoprite, Casino, etc.). Il faut noter que Madagascar
reconnaît comme produits biologiques sur son
territoire les produits certifiés suivant les exigences des
règlementations américaine (NOP), japonaise (JAS) ou
européenne, ce qui facilite leur importation (IISD, 2020).
Les procédures de reconnaissance de l’équivalence
des règlementations nationales vers ces pays sont
très complexes. L’Union européenne a décidé dans
son nouveau règlement sur l’agriculture biologique7,
qui doit entrer en vigueur en janvier 2022, de mettre fin
au système de normes nationales considérées comme
équivalentes. Les produits exportés par Madagascar
devront donc continuer de respecter les règlementations
étrangères en étant certifiés par des organismes
certificateurs accrédités par ces pays8.

6 Projet de Professionnalisation des Filières Agricoles Périurbaines d’Antananarivo Nord, financé par l’Union Européenne.
7 Commission européenne. Le nouveau règlement sur la production biologique, 17 novembre 2017. https://ec.europa.
8 Il y a 12 Organismes Certificateurs autorisés par l’UE en date du 12 novembre 2020 à certifier des produits issus de l’agriculture biologique provenant de
Madagascar (sur les 12, il n’y a que 4 qui opèrent réellement dans le pays : Ecocert, Lacon, Bureau Veritaset CCPB).

21
On trouve par ailleurs une très faible part de Tamatave (bien que cela ne soit pas indiqué
de produits certifiés tierce partie et destinés à explicitement sur les étiquettes de ses produits).
l’exportation, qui pour de multiples raisons sont On peut citer également la société Guanomad qui
vendus sur le marché local (2% selon Ecocert fabrique de l’engrais biologique dont la totalité
2018). Une petite gamme de produits bio de la production est certifiée bio alors que 80%
nationaux – de type jus, confiture, condiments, de sa production est vendue sur le marché local
huiles essentielles, miel, etc. – commence et seulement 20% sont exportés. Pour la vente
à faire son apparition en vente directe, dans de ses produits auprès des producteurs, la
les supermarchés ou dans les magasins société dispose d’un réseau de revendeurs et de
d’entreprises. Il s’agit généralement d’entreprises boutiques sur les lieux de production.
qui écoulent localement une partie de leurs
produits destinés à l’exportation. Certaines Sans que ce soit documenté rigoureusement,
d’entre elles commencent à mettre en œuvre le nombre de produits se réclamant du bio sans
des stratégies naissantes de développement avoir fait l’objet d’une certification reconnue est
des ventes de produits issus de l’agriculture en augmentation (Ecocert 2018). Cette tendance
biologique sur le marché national. On peut citer est une forme de tromperie des consommateurs
HavaMad, producteur de jus et purées de fruits, et depuis la loi 2020-003, l’utilisation du terme
qui dispose d’une certification tierce partie pour biologique ou de termes équivalents sans
la majeure partie de ces produits et qui a lancé en certification est passible de sanctions.
fin d’année 2020 un produit destiné spécialement
pour le marché local dénommé « Miavaka »
(produit naturel non certifié mais qui pourra utiliser
la certification SPG). Il y a aussi Codal qui affiche
sur son site Internet vendre quelques produits
biologiques dans ses boutiques de la capitale et

22
d’une norme biologique malgache (IISD, 2020).
En outre, dans un contexte où la grande majorité
de la population vit en dessous du seuil de
pauvreté, le pouvoir d’achat de la population ne
leur permettrait pas de payer ce surcoût. C’est
d’ailleurs pour cette raison que les produits
certifiés biologiques sont considérés comme des
produits « de luxe ».

De fait, le marché national de l’agriculture


biologique est aujourd’hui un marché de niche
ciblant des consommateurs dont les motivations
d’achat de produits biologiques peuvent être
très diverses (sensibilité aux enjeux de santé,
d’environnement, de qualité des produits, volonté
de contribuer à des systèmes de production
jugés alternatifs, etc.). Le principal enjeu qui
Quelle que soit le type de certification ou la se pose alors est celui de rendre le bio plus
provenance des produits, les consommateurs accessible, ce qui est exprimé clairement dans
qui achètent des produits affichant des la volonté du MINAE de « démocratiser » le bio.
allégations sur l’agriculture biologique sont Il reste cependant nécessaire de documenter
des consommateurs aisés. La clientèle est la propension des consommateurs à payer la
constituée d’étrangers expatriés et de malgaches qualité des produits. Par ailleurs, l’idée que les
provenant des classes moyennes et supérieures produits issus de l’agriculture biologique soient
qui sont sensibilisés à l’agriculture biologique. nécessairement plus chers que les produits
Cependant, il n’existe pas à notre connaissance conventionnels, parce que les opérateurs font
de travaux sur le profil des consommateurs, leurs payer la qualité des produits (« prime bio ») et le
attentes, leurs perceptions du bio, ni d’ailleurs sur coût de la certification, est aussi à remettre en
les points de vente fournissant des produits issus question. Les producteurs souhaitent en effet
de l’agriculture biologique (magasins spécialisés, que leurs efforts pour respecter les exigences
grandes surfaces, marchés physiques, ventes en liées à un mode de production de qualité soient
ligne, quartiers aisés, populaires, etc.). rémunérés.

De manière générale, les consommateurs L’expérience du SPG agroécologie dans le


malgaches considèrent que les produits qu’ils cadre du projet Profapan piloté par Agrisud
achètent sont des produits « naturels ». Le montre que l’assurance d’un niveau de prix au
raisonnement est le suivant : les produits achetés producteur plus élevé et plus régulier est une
proviennent de petits producteurs, ces derniers incitation importante pour les producteurs.
ne disposent pas de capacités financières pour Mais il faut aussi tenir compte des coûts de
acheter des intrants chimiques et utilisent production. En Ouganda par exemple, les produits
largement les « ady gasy », les produits sont donc certifiés SPG par le mouvement de l’agriculture
biologiques de facto. Les relations de confiance biologique NOGAMU sont souvent moins
entre les consommateurs et les vendeurs sont chers que les produits conventionnels parce
parfois considérées comme des garantes de que leurs coûts de production sont inférieurs,
la qualité des produits sans que ceux-ci soient particulièrement du fait qu’ils ne couvrent pas
certifiés biologiques. Dans ce cas, on comprend l’achat de produits phytosanitaires. Au Brésil, de
que le paiement de frais supplémentaires (une nombreux agriculteurs familiaux s’engagent dans
« prime bio ») pour l’achat d’un produit déjà l’agroécologie en portant des valeurs de solidarité
considéré comme naturel et de qualité, soit perçu et de lutte contre les inégalités qui les conduisent
comme injustifié. Ce « mythe de la pureté des à vendre leurs produits issus de l’agroécologie
aliments » est un défi de taille pour l’adoption moins chers que les produits conventionnels.

23
Les producteurs doivent néanmoins prendre en compte les limites de pouvoir d’achat des consommateurs
dans leur stratégie de commercialisation. Ils pourraient éventuellement être amenés à diversifier leurs
débouchés et ajuster leurs prix en fonction du profil des consommateurs : des prix élevés pour les ventes
auprès de consommateurs aisés, des prix stables pour les autres. L’autre contrainte pour les petits
producteurs est le coût de la certification par tierce partie, qui ne peut être répercuté sur le prix final du
produit (Bignebat and Vagneron, 2011). Dans ce contexte, le développement du bio sur le marché national
n’est possible qu’à travers la mise en place de systèmes de garantie type SPG. Ces systèmes sont plus
accessibles aux petits producteurs car moins exigeants en termes de documentation, traçabilité, mais
ils ne sont pas sans coûts et reposent notamment sur un travail bénévole important, lié à l’engagement
des acteurs (voir Annexe 8. Eléments de coûts de certification tierce partie et SPG). Ils nécessitent en
outre de nombreuses actions d’accompagnement (formation, relations de confiance, organisation de la
gouvernance, transparence, etc.) et leur pérennité peut être fragile, comme en témoigne l’expérience de
SPG à Madagascar dans l’agroécologie ou les expériences d’autres pays.

‘‘Une dynamique de l’agroécologie favorable au


développement de l’agriculture biologique’’
Le fait que Madagascar ait, en moyenne, un faible taux de
fertilisation chimique est généralement considéré comme
un atout pour le développement de l’agriculture biologique.
La pratique de l’agroécologie, qui « consiste à appliquer des
concepts et principes écologiques de manière à optimiser
les interactions entre les végétaux, les animaux, les humains
et l’environnement, sans oublier les aspects sociaux dont il
convient de tenir compte pour que le système alimentaire
soit durable et équitable » (FAO)9, est déjà bien répandue à
Madagascar ; ce qui est également perçu comme un atout.
De nombreux projets ont vulgarisé diverses techniques
agroécologiques (dont en particulier les techniques de
compostage, ou encore les associations de cultures ou les
associations cultures / élevage) et les résultats obtenus ont
permis de démontrer, selon les contextes biophysiques, que
l’utilisation d’intrants chimiques n’est pas une obligation pour
obtenir de bons rendements. Selon quelques producteurs dans
la région du Vakinankaratra qui pratiquent ces techniques,
la pratique de l’agroécologie peut arriver à concurrencer la
production conventionnelle en matière de rendement. Il faut
souligner cependant que cela dépend des spéculations, de
l’état initial des sols, de la durée d’adoption des pratiques, etc.
Il reste qu’en s’appuyant sur des techniques agroécologiques d’ores et déjà disponibles et directement
appropriables par les producteurs, l’intensification écologique peut atteindre des performances élevées
en comparaison de pratiques conventionnelles qui, le plus souvent, sont faiblement intensives en intrants
chimiques.

Alors que la définition de l’agriculture biologique est clairement établie dans des cahiers des charges
publics et privés depuis plusieurs décennies de par le monde, l’agroécologie a donné lieu à d’importantes
controverses quant à sa définition depuis une dizaine d’années, notamment autour de l’utilisation ou non
9 http://www.fao.org/agroecology/overview/fr/

24
d’intrants issus de la chimie de synthèse et du et peuvent coexister
type d’acteurs concernés (petits paysans versus
industriels et commerçants). Le processus de Pour l’association CEFFEL d’Antsirabe par
consultations mondial mené par la FAO entre exemple, seule la production de pomme de
2014 et 2018 a permis d’établir un consensus terre sur leur site d’expérimentation nécessite
autour de 10 éléments10. encore l’utilisation d’intrants chimiques, de
façon raisonnée, pour lutter contre le mildiou.
Bien que non explicite en matière d’utilisation En parallèle, l’association développe des
de produits chimiques et renvoyant à de multiples expérimentations à base de procédés naturels,
pratiques, l’agroécologie affiche cependant de façon à éliminer à terme, toute utilisation
une ambition holistique de préservation de la d’intrants chimiques. Le coût de la certification
biodiversité et des services écosystémiques, constitue cependant un frein et est pour le
d’entretien des paysages et de valorisation moment difficilement valorisable à travers la
des savoir-faire locaux. Bien que controversée vente sur le marché domestique. Actuellement,
dans ses multiples définitions, l’agroécologie les produits de l’association sont vendus sur
se distingue d’une logique agricole purement le marché communal, à prix similaires et sans
technique et commerciale (Sourisseau et al., distinction des produits conventionnels, mais
2018). Les acteurs qui défendent l’agroécologie elle fait aussi des livraisons dans des sociétés.
ont ainsi parfois tendance à l’opposer à La qualité des produits de l’association est
l’agriculture biologique, qui affiche clairement actuellement reconnue et appréciée (goût, aspect
une ambition de positionnement sur le marché visuel, plus longue durée de conservation) et elle
à travers l’utilisation d’un label, et qui de fait, n’a pas besoin de faire d’action de communication
historiquement a été plutôt saisie dans les pays ou marketing spécifique car ce sont les clients
du sud par des entrepreneurs visant des activités satisfaits qui le font pour elle. Durant le confinement
d’export. Dans une telle perspective, l’agriculture pour lutter contre le Covid-19, beaucoup de
biologique pourrait alors être considérée collecteurs sont venus s’approvisionner auprès
comme un premier pas vers l’agroécologie. des producteurs membres de l’association car
Certains promoteurs de l’agroécologie paysanne leurs produits supportaient mieux les conditions
dénoncent en particulier les formes d’agriculture de stockage et la durée de transport qui avaient
biologique dites de « substitution des intrants », considérablement augmenté. Il faut noter que
qui reproduisent le schéma de l’agriculture la qualité des produits est aussi un argument
conventionnelle (spécialisation, agrandissement, important mis en avant par les clients du SPG
industrialisation) en conservant le même type agroécologie dans la capitale.
d’itinéraires techniques, mais en remplaçant
simplement les intrants issus de la chimie de
synthèse par des intrants organiques autorisés
par la réglementation biologique.

Selon un autre point de vue, c’est au contraire


l’agriculture biologique qui est plus exigeante en
raison du refus de l’utilisation d’intrants chimiques
et de l’existence de systèmes garantissant que
les produits vendus aux consommateurs sont
effectivement biologiques ; et l’agroécologie
serait dans cette optique un premier pas vers
l’agriculture biologique. Ces positions révèlent
des différences de visions de l’agriculture
biologique mais elles ne sont pas contradictoires

10 Diversité, Cocréation et partage de connaissances, Synergies, Efficience, Recyclage, Résilience, Valeurs humaines et sociales, Culture et traditions alimentaires,
Gouvernance responsable, Économie circulaire et solidaire (http://ijsaf.org/index.php/ijsaf/issue/view/6).
25
Ce qu’il faut retenir est qu’il existe clairement des similitudes ou des synergies entre des pratiques
agroécologiques qui n’utilisent pas d’intrants chimiques et des pratiques agricoles biologiques s’inscrivant
dans une approche agroécologique. L’histoire et les acteurs de ces deux mouvements ne sont pas toujours
les mêmes mais se rejoignent sur une vision commune de l’agriculture qui combine la préservation des
cycles écologiques et le respect des écosystèmes pour une meilleure qualité de produits au consommateur
et une meilleure qualité de vie pour les producteurs. L’alliance entre agroécologie et agriculture biologique
apparaît donc stratégique.

En outre, le développement de Outre les contraintes de rendements et de main d’œuvre,


l’agriculture biologique et de l’agroécologie on peut souligner :
ne faisant pas usage d’intrants chimiques,
se heurtent bien souvent aux mêmes les problèmes d’accès à des terres dont on ne connaît
difficultés soulevées par les producteurs. pas l’historique en matière d’utilisation (ou non) d’intrants
La construction d’un arbre des problèmes chimiques,
avec les acteurs a ainsi particulièrement
mis en avant la perception d’une baisse la disponibilité et accessibilité insuffisante des intrants bio
potentielle des rendements et des revenus (semences, engrais, pesticides),
dès lors que l’on n’utilise plus d’intrants
chimiques ; même s’il est reconnu qu’à le problème de contamination des cultures en
moyen-long terme les rendements peuvent agriculture biologique par des polluants externes tels
à nouveau augmenter et de manière durable que ceux présents dans les moustiquaires imprégnées
avec la restauration naturelle de la fertilité (particulièrement avéré pour le stockage de la vanille),
des sols. La perception du coût de la main
d’œuvre apparaît également plus élevée et le coût de la certification tierce partie,
les pratiques demandent plus de temps et/
ou ont une pénibilité plus forte. Par exemple, la difficulté plus ou moins grande suivant les systèmes de
la question du mode de ramassage et du culture en matière de rotation culturale ou d’association
stockage de la biomasse végétale a été entre cultures (maraichage après riz, association arbres
soulevée. Ce besoin plus important de main fruitiers et cultures vivrières,…) de se passer, à court terme,
d’œuvre constitue un facteur limitant fort d’intrants chimiques, etc.
qui, combiné à d’autres contraintes, peut
décourager les producteurs à s’engager
dans ce mode de production.

26
Cela rejoint les conclusions du rapport IISD 2020 (citant notamment une étude de la GIZ de 2014 sur la
perception des inconvénients de la conversion à l’agriculture biologique par les producteurs sous contrat
avec Lecofruit) : diminution du rendement, maladies plus fréquentes qu’en conventionnel, quantité et
disponibilité limité des engrais, difficulté d’avoir des parcelles éligibles à l’agriculture biologique, traitements
phytosanitaires des ravageurs peu efficaces, charge de travail augmentée, besoin en fumier trop important,
parcelles contiguës ne permettant pas l’adoption de zones tampons évitant les contaminations, zones
périurbaines polluées par l’usage excessif de pesticides, etc. (IISD, 2020).

Enfin, si le développement de l’agroécologie est une tendance favorable au développement de l’agriculture


biologique, réciproquement, les mauvaises pratiques agricoles sont encore très répandues. L’usage excessif
de pesticides n’est qu’un exemple. Les pratiques de déforestation et de surexploitation des ressources
naturelles sont de fortes contraintes au développement de l’agriculture biologique.

‘‘Un secteur en voie d’institutionnalisation’’

De nombreux acteurs interviennent dans le


secteur de l’agriculture biologique : producteurs,
entreprises du secteur privé, organismes
certificateurs, ONG d’appui, consommateurs,
ministères, centres de recherche, partenaires au
développement (voir Annexe 3. Cartographie du
secteur de l’agriculture biologiqueErreur ! Source
du renvoi introuvable.). La structuration du secteur
autour d’institutions dédiées à l’agriculture
biologique est cependant récente.

Le SYMABIO a été créé en 2011 pour représenter


les opérateurs engagés dans le bio, c’est-à-dire
principalement aujourd’hui les entreprises de
production, fourniture d’intrants, transformation,
distribution, exportation de produits bio ainsi
que les organismes certificateurs. Il compte
aujourd’hui 60 membres. Le syndicat joue un rôle
déterminant dans la mise à l’agenda politique
de l’agriculture biologique à Madagascar et est
un partenaire majeur du MINAE. Il a coorganisé
avec le MINAE les premières Assises Nationales
de l’Agriculture Biologique en décembre 2017 et
le premier Salon de l’agriculture biologique en
novembre 2019, lequel a contribué à ce que la loi
2020-003 sur l’Agriculture biologique soit adoptée
en Conseil des Ministres le même mois.

27
Les organismes certificateurs qui certifient le caractère bio des produits agricoles exportés sont également
des acteurs incontournables du secteur. Ecocert est l’organisme certificateur historique à Madagascar,
dont le bureau est installé depuis plus de 20 ans dans le pays. Il est également membre du SYMABIO. Trois
autres organismes certificateurs opèrent dans le pays, Lacon depuis l’année 2000 initialement à travers
la certification de vanille bio, Bureau Véritas à travers la certification de produits issus de l’aquaculture
(crevettes principalement) et CCPB qui a commencé à intervenir dans le pays depuis cette année (2020).
Selon le SYMABIO, Lacon et CCPB sont en voie d’adhérer au syndicat.

Les organisations paysannes sont actuellement relativement peu visibles sur l’agriculture biologique,
principalement du fait d’un positionnement davantage affirmé sur la promotion de l’agroécologie. Elles
tendent cependant à défendre une agriculture biologique qui serait tournée vers le marché national, dans une
perspective de souveraineté alimentaire, et vers le soutien aux agriculteurs familiaux. Le fait que l’histoire
du bio à Madagascar soit associée aux filières d’exportation et à aux grosses entreprises spécialisées dans
l’export explique sans doute que les mouvements paysans ne s’y reconnaissent pas complètement et se
mobilisent davantage vers l’agroécologie.

Les ONG qui accompagnent les dynamiques paysannes s’inscrivent généralement aussi dans ce
mouvement de promotion de l’agroécologie. Plusieurs ONG ont cependant été à l’origine d’initiatives
favorables à l’agriculture biologique à travers par exemple la mise en place d’un SPG pour le marché
national (Agrisud avec le SPG agroécologie) ou de filières bio-équitables pour l’export (par exemple AVSF
sur le cacao dans la région de Diana, Ambanja, ou sur les épices dans les régions de la côte Est Analanjirofo
et Atsinanana).

Les associations de consommateurs se font le porte-voix des enjeux de santé publique liés à la qualité
des produits vendus sur le marché national et particulièrement ceux liés à la qualité sanitaire des aliments.
Elles disposent cependant de moyens très limités et peuvent difficilement organiser et se faire l’écho de
remontée d’informations de la part des consommateurs sur des cas de fraudes concernant l’utilisation
de l’appellation bio, ou contribuer à la sensibilisation des consommateurs sur le bio. Elles font cependant
partie des parties-prenantes engagées dans le processus d’élaboration du cadre législatif et politique sur
le bio depuis quelques années.

28
Au niveau des pouvoirs publics, le MINAE, et en son sein la Direction d’appui à l’agrobusiness (DAAB),
est en première ligne de l’appui au développement du secteur de l’agriculture biologique. La loi 2020-003,
dont le processus d’élaboration a été piloté par le MINAE de façon concertée avec l’ensemble des parties
prenantes du secteur, prévoit la mise en place d’institutions dédiées à l’agriculture biologique sous la tutelle
du MINAE qui permettront de renforcer le processus d’institutionnalisation du secteur. Le décret portant
sur l’interdiction d’importation, de distribution, de production et de vente des produits d’origine végétale ou
animale issus des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) qui a été porté par le Ministère auprès de
la Présidence en charge de l’agriculture et de l’élevage (ancienne appellation du MINAE) en 2018, constitue
également un élément de contexte favorable au développement de l’agriculture biologique. Le MINAE n’est
cependant pas le seul ministère concerné par l’agriculture biologique : la préservation de l’environnement,
la qualité sanitaire des aliments et le développement d’un secteur économique sur les territoires mobilisent
également les ministères de l’environnement, de la santé et de l’aménagement du territoire.

Il faut reconnaître que, pour l’heure, les actions et les instruments de soutien agricole mis en œuvre par
le MINAE visent essentiellement à augmenter la productivité et la production agricole par les méthodes de
production conventionnelles telles que le recours aux engrais minéraux et aux pesticides chimiques. En
particulier, l’urgence d’atteindre l’autosuffisance en riz dans un contexte de forte insécurité alimentaire,
temporaire ou saisonnière, et les objectifs en matière de production de maïs, conduisent à recourir aux

29
méthodes conventionnelles habituelles (itinéraire technique
avec semences améliorées) et à subventionner les engrais
minéraux11. Plus généralement, les missions prioritaires
du MINAE d’assurer l’autosuffisance alimentaire et de faire
de Madagascar un grenier alimentaire de l’Océan Indien
reposent sur une Agriculture modernisée, sans que soit
précisé à quoi renvoie cette agriculture (SNAB, 2020 ; IEM-
PGE, 2019). La SNAB souligne le fait que Madagascar a
un taux d’utilisation d’engrais parmi les plus faibles du
monde, ce qui est perçu comme une faiblesse pour la
productivité agricole et sous-entend qu’il faut augmenter le
niveau d’utilisation d’engrais, sans que soit précisé le type
d’engrais. Pour le développement de l’agriculture biologique
cette situation apparaît au contraire comme un atout.

L’agriculture biologique est présentée dans le PSAEP


comme un mode de production alternatif, au sein d’un
ensemble de pratiques agroécologiques, permettant de
contribuer à une agriculture durable. Il y a une volonté des
pouvoirs publics de développer ce mode production, qui
est manifeste dans le Contrat-Programme 2019 du MINAE
fixant un objectif de 20% de superficies additionnelles sous
label Bio. L’agriculture biologique est avant tout promue
comme une « niche », une filière ou un secteur agricole
spécifique à renforcer, elle ne renvoie pas à un objectif
global du MINAE explicitement affiché de réduire l’utilisation
d’intrants chimiques de synthèse. La SNAB, dans laquelle
s’inscrit la présente Stratégie, parle à cet égard de « niche
perlière du marché ‘bio’ » (SNAB, 2020).

Les centres de recherche et établissements de formation


ont des activités qui vont dans le sens de l’agriculture
biologique mais les activités qui visent spécifiquement le
développement de l’agriculture biologique sont minimes. Le
FOFIFA par exemple conduit des recherches participatives
sur les pratiques agroécologiques permettant d’éviter ou
de réduire l’utilisation d’intrants chimiques (amélioration
de la fertilité des sols, des systèmes de cultures et des
variétés pour résister aux insectes et aux maladies, etc.).
Le centre de recherche a également été sollicité par des
entreprises pour la fourniture de semences bio mais sans
demande précise pour la production de semences bio il est
difficile de pourvoir à court terme à de telles demandes.
Au niveau des établissements de formation, il existe
quelques cours sur le bio (par exemple dans le cadre de
la mention agriculture tropicale et développement durable
au sein de l’Ecole Supérieur des Sciences Agronomique de
l’Université d’Antananarivo : ESSA), mais pas de mentions

11 Le Contrat-Programme du MINAE 2019 fixe l’atteinte de l’autosuffisance en riz 500 000


tonnes additionnelles de paddy et l’objectif de 300 000 tonnes de maïs, notamment grâce à
la couverture des 22 régions par les distributeurs d’intrants et l’appui aux producteurs sous
itinéraire technique intensif (MINAE, Rapport Contrat-Programme 2019).
30
ou de modules d’enseignement spécifiques sur le bio.
La production et la diffusion de connaissances sur les
techniques en agriculture biologique sont donc des
enjeux majeurs pour le développement du secteur.

D’une manière générale, le système d’enseignement


et l’administration du secteur agricole ont été construits
autour de l’agriculture agrochimique (IISD, 2020). Cela
a produit des habitudes et une forme de verrouillage
de la politique agricole autour de mesures classiques
d’augmentation des rendements par l’utilisation
d’intrants chimiques de synthèse. Dans ce contexte,
les agents qui accompagnent les producteurs sur le
terrain étant eux-mêmes peu formés à l’agriculture
biologique, ils ne peuvent apporter correctement les
appui-conseils et la vulgarisation indispensables au
développement de l’agriculture biologique. Il n’existe
pas non plus une masse critique d’experts nationaux
sur le bio qui pourraient délivrer des formations auprès
des producteurs, notamment les producteurs leaders
pouvant démultiplier l’accompagnement.

La situation actuelle fait donc que les producteurs


qui souhaitent se lancer aujourd’hui dans le bio ne
bénéficient pas d’un appui-conseil technique suffisant
et plus généralement d’un accompagnement de
proximité expliquant ce qu’est le bio, les démarches à
suivre pour la certification, etc. Ce sont principalement
les Organisations Paysannes (OP) et les Organisations
Non Gouvernementales (ONG) qui assurent cet appui-
conseil technique et cet accompagnement. Faute
d’appui suffisant et d’ouverture vers des modes de
production alternatifs à l’agriculture conventionnelles,
les producteurs peuvent avoir tendance à maintenir
des habitudes de production qui ne sont pas toujours
durables. L’idée selon laquelle l’utilisation d’intrants
chimiques et l’unique moyen de lutte efficace contre
les nuisibles et d’augmentation des rendements est
également largement répandue.

Les Partenaires Techniques et Financiers (PTF)


ont un rôle déterminant dans le développement de
l’agriculture biologique en appui à l’Etat malgache.
Ils expriment un intérêt croissant pour le soutien à
l’agriculture biologique. Les projets et programmes des
PTF sur l’agriculture biologique sont encore balbutiants
dans la mesure où l’agriculture biologique commence
tout juste à être mis en avant dans les référentiels
politiques, mais ils ont apporté un soutien important
dans la mise en place du cadre législatif, réglementaire
et politique.

31
‘‘Un cadre législatif, réglementaire et politique
en cours de construction’’
La loi 2020-003 sur l’agriculture
biologique est un premier pas
important dans la construction
d’un cadre législatif. La continuité
politique et administrative qui est
à l’œuvre depuis quelques années
dans le pays a permis d’avancer
dans des délais relativement
courts sur l’élaboration d’un projet
de loi et aujourd’hui de décrets
d’application. L’engagement
des bailleurs de fonds (Banque
Mondiale, GIZ, FIDA, FAO
aujourd’hui pour la construction
du cahier des charges en 2021)
a également permis de soutenir
cette dynamique.

La construction d’un cadre politique permettant de développer le secteur de l’agriculture biologique


émerge également avec la présente SNABIO. De manière plus large, la durabilité de l’agriculture à travers
une meilleure intégration de l’environnement dans les activités de production est affichée comme une
préoccupation importante les documents de politiques agricoles. Ainsi, le PSAEP promeut la mise à
l’échelle des pratiques agroécologiques et mentionne l’agriculture biologique comme faisant partie de ces
pratiques12. La question de la qualité des intrants et de leur bonne utilisation est également mise en
avant dans le PSAEP13, bien qu’il n’y ait pas d’objectif explicite de promouvoir des engrais organiques
plutôt que minéraux ni d’objectif de réduire l’usage de pesticides chimiques. L’agriculture biologique étant
mentionnée dans le PSAEP il y a une cohérence entre le PSAEP et la SNABIO. Il est en effet important que
la SNABIO qui promeut une agriculture sans intrants chimiques ne rentre pas en contradiction avec une
politique plus générale d’encouragement à l’utilisation de ces mêmes intrants.

Par ailleurs, il faut souligner que l’élaboration de la SNABIO s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Nationale
d’Appui à l’Agrobusiness (SNAB). Dans la SNAB comme dans le PSAEP, la volonté est que le développement
du secteur agricole soit davantage tourné vers les investissements privés nationaux et étrangers. Les
actions visant à améliorer l’environnement des affaires, notamment l’accès au foncier en créant des Zones
d’Investissement Agricole (ZIA) pour attirer le secteur privé, y compris les producteurs, s’inscrivent dans
cette volonté (PSAEP 2015). Le PSAEP se donne ainsi comme objectif d’ici 2025 de créer deux millions d’ha
de zones d’investissement intégrées dans les stratégies nationales et régionales de l’aménagement du
territoire. Il est précisé que ces zones seront définies consensuellement avec les structures décentralisées
et la population locale et qu’elles devront avoir un schéma d’aménagement et de gestion concertée pour
préserver l’environnement (réalisation d’études d’impacts environnementaux).

12 Voir le « Programme 1 : Exploitation rationnelle et durable des espaces de production et d’exploitation des ressources » du PSAEP.
13 Voir le « Programme 4 : Amélioration de l’accès aux marchés nationaux et repositionnement de l’exportation » du PSAEP et en particulier le « sous-
programme 4.1 : Développer les marchés des produits Agricoles » qui consistent notamment à « améliorer la qualité, les normes, la traçabilité des intrants et des
produits Agricoles ».

32
2.3 Analyse SWOT du secteur de l’agriculture biologique
Le diagnostic présenté dans la section précédente permet d’établir le tableau suivant des principales
Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces du secteur de l’agriculture biologique (ou SWOT, Strengths,
Weaknesses, Opportunities, Threats) :

Tableau 4. Tableau SWOT

Forces Faiblesses
- Utilisation d’intrants chimiques limitée à - Utilisation intensive et non maîtrisée des intrants
certaines filières agricoles chimiques pour les produits maraîchers et fruitiers,
également souvent contaminés par des résidus
- Savoir-faire traditionnel (ady gasy)
agricoles et non agricoles (donc particulièrement
- Implication OP et ONG dans la sensibilisation difficiles à convertir en bio)
des producteurs (agroécologie et biologique)
- Méconnaissance du concept
- Existence d’un Syndicat reconnu par les
- Manque de recherche sur les rendements et la
autorités et les parties prenantes
maitrise des adventices et ravageurs en agriculture
- Exportateurs disposant généralement d’unités biologique
propres de pépinières
- Manque de disponibilité et d’accessibilité des
- Marché de la certification tierce partie en intrants bio
expansion
- Manque d’accès à des terres favorables pour le bio
- Reconnaissance mondiale de Madagascar pour
- Manque de programmes d’appui et
sa biodiversité unique
d’accompagnement aux producteurs dédiés à
l’agriculture biologique (bonnes et mauvaises
pratiques)
- Coût de la certification tierce partie élevé pour des
producteurs individuels
- Méconnaissance du marché national
- Perception des consommateurs que les produits
malagasy sont bio de facto
- Perception que le bio est pour les riches
- Utilisation abusive du terme bio
- Syndicat insuffisamment représentatif du secteur
amont et aval

Opportunités Menaces
• Croissance de la demande internationale pour le bio • Contradiction entre les orientations de politiques en
cas de crises alimentaires par exemple, qui risquent de
• Développement de l’écotourisme dans le pays
remettre en question le soutien à l’agriculture biologique
• Prise de conscience émergente des consommateurs pour booster la production
sur les bienfaits des produits naturels (associés au bio)
• Concurrence de produits importés certifiés Bio sur le
• Existence d’alternative de certification nationale moins marché local
chère pour les petits producteurs (SPG)
• PTF déjà disponibles pour accompagner et appuyer le
développement de la filière
• Existence de divers évènements internationaux pouvant
faire connaître les produits bio malgaches (Biofach)

33
Justification de la Stratégie
3
Nationale
Le rappel en première partie des enjeux de santé, environnementaux et socioéconomiques qui sont
associés à l’agriculture conventionnelle justifie l’importance à accorder au développement de l’agriculture
biologique comme mode de production durable. Mais la stratégie nationale de développement de l’agriculture
biologique ne vise pas seulement à apporter des solutions à un ensemble de problèmes, elle doit aussi
permettre de saisir des opportunités offertes par la dynamique du bio pour contribuer aux objectifs globaux
de développement du pays.

La volonté politique de promouvoir le développement feuille de route pour favoriser une prise de
de l’agriculture biologique s’est d’abord traduite par conscience de l’ensemble des acteurs et une
le processus de construction du cadre législatif du transition vers les changements souhaités.
secteur avec l’élaboration puis la promulgation d’une
loi sur l’Agriculture biologique. La définition de la Il ne s’agit pas d’un document technique
présente stratégie de développement de l’agriculture mais d’un référentiel politique qui doit ainsi
biologique marque la volonté d’avancer désormais permettre de prendre en compte des attentes
sur le plan politique et opérationnel pour développer exprimées par les parties prenantes lors de
l’agriculture biologique. La SNABIO fixe une vision à l’élaboration du projet de loi et auxquelles la
moyen terme pour le secteur, ainsi que des objectifs loi, de par sa nature, ne pouvait répondre. La
concrets à atteindre, et identifie les principaux axes SNABIO s’inscrit par ailleurs dans un ensemble
stratégiques d’activités à mettre en œuvre pour de référentiels politiques sectoriels (PSAEP,
atteindre ces objectifs. Elle vise des changements SNAB, etc.) et généraux qui visent à faire de
de pratiques, dans les façons de produire et de Madagascar une économie plus verte.
consommer, mais ces changements ne peuvent se
faire du jour au lendemain. La SNABIO donne une

34
4 Principes directeurs

La SNABIO est fondée sur un ensemble de principes directeurs qui ont guidé la définition de son contenu
et qui devront également encadrer son processus d’opérationnalisation et de mise en œuvre sur le terrain.

Cinq grands PRINCIPES DIRECTEURS ont ainsi été définis :


LA CONCERTATION AVEC L’ENSEMBLE DES PARTIES PRENANTES

Le secteur de l’agriculture biologique réunit un large panel d’acteurs, des opérateurs de la


production agricole jusqu’au maillon de la distribution, des consommateurs aux organisations
de la société civile plaidant pour un changement des modes de production et de consommation.
Les porteurs d’enjeux sont également nombreux, entre la santé, l’écologie, le développement
territorial, la croissance économique, etc. L’ensemble de ces voix différentes doit être entendu,
les visions du monde et de l’agriculture qu’elles portent doivent être explicitées et la recherche
de consensus facilitée.

L’INCLUSION DES PETITS OPÉRATEURS

L’agriculture biologique, en s’appuyant sur un label qui reconnaît le soin apporté à la qualité à
tous les stades de la production et de la distribution, peut offrir des marges significatives aux
opérateurs des filières. Dans un contexte où la pauvreté est massive, il est important que cette
amélioration des marges et des revenus puisse profiter avant tout aux exploitants familiaux
disposant de faibles superficies, aux petites et microentreprises de la transformation, aux
artisans, petits commerçants, etc. Il s’agit donc d’assurer que le développement du secteur
de l’agriculture biologique soit inclusif et permette véritablement d’améliorer les conditions
de vie des opérateurs les plus vulnérables. Ce principe d’inclusion est aligné avec le principe
d’équité inscrit dans la définition de l’agriculture biologique.

LA COORDINATION INTERMINISTÉRIELLE

L’agriculture biologique touche de nombreux enjeux et l’appui à son développement ne peut


concerner le seul secteur de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Il importe de mobiliser
aussi les secteurs de la santé, de l’environnement, du commerce, de l’aménagement du
territoire, du tourisme, etc. La gouvernance du secteur de l’agriculture biologique doit donc
reposer sur des mécanismes de coordination interministérielle permettant d’embrasser
l’ensemble des enjeux.

35
L’ADAPTATION AUX SPÉCIFICITÉS DU PAYS

Il convient selon ce principe de définir une ambition et des actions pour le développement du
secteur de l’agriculture biologique qui soient véritablement adaptées aux réalités du pays. Cette
adaptation est essentielle pour s’assurer que les acteurs du secteur comme la population en général
s’approprient la démarche du bio et que les actions envisagées puissent atteindre leurs objectifs.
Au-delà de bâtir la stratégie nationale sur la prise en compte des réalités du pays, l’enjeu est aussi
de construire un « modèle » malgache de l’agriculture biologique. Il ne s’agit donc pas de répliquer
ces expériences dont les contextes de mise en œuvre et les exigences peuvent être différentes de
la situation de Madagascar. Ceci étant, des échanges fructueux ont commencé d’être initiés entre
le MINAE et les acteurs de l’agriculture biologique au Maroc et en Tunisie. La SNABIO s’appuie
sur les enseignements tirés des expériences de ces pays, comme d’autres pays émergents ou en
développement, où l’agriculture biologique a fait des progrès remarquables.

LA PRISE EN COMPTE DE MESURES DE SAUVEGARDE SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE

Le respect de ce principe implique d’identifier et de prendre en compte les potentiels impacts


négatifs sur un plan social et environnemental de mesures prises en soutien au développement
de l’agriculture biologique. Par exemple, certaines mesures exigeant des capacités financières
ou techniques relativement élevées peuvent conduire à évincer les petits opérateurs et rentrer en
contradiction avec le principe d’inclusion. Du point de vue environnemental, au-delà du fait d’éviter
le recours aux intrants chimiques de synthèse et donc le risque de contamination des sols et des
eaux, il importe que le développement du bio n’entraîne pas une érosion de la biodiversité ou une
surexploitation de la ressource en eau pour l’irrigation par exemple.

36
5 Vision et objectifs

5.1 Vision de l’agriculture biologique


La vision de l’agriculture biologique portée par la
SNABIO fixe la contribution de ce secteur aux objectifs
globaux de développement du pays. Elle est définie
pour 10 ans, en cohérence avec l’horizon temporel
de la SNAB et donc au-delà de son plan d’action à
5 ans. Elle s’appuie sur la loi 2020-003 qui présente
une agriculture biologique devant être bénéfique aux
petits opérateurs et tournée à la fois vers le marché
export et le marché domestique. La vision de la
SNABIO renvoie ainsi à des considérations éthiques
soulignant l’importance de prendre en compte la santé
des consommateurs malgaches (au-delà des gains
économiques de l’exportation) et de démocratiser la
consommation de produits bio (alimentaires et non
alimentaires).

La vision de la SNABIO est formulée comme suit :

« Faire de l’agriculture biologique


un moyen de lutte contre la pauvreté,
de création d’emplois, d’amélioration
de la santé et de préservation de
l’environnement»

37
5.2 Objectifs généraux et spécifiques
La SNABIO se fixe comme objectif général de développer l’agriculture biologique à travers (1)
l’augmentation de la production agricole biologique, (2) l’augmentation du nombre d’opérateurs engagés
dans l’agriculture biologique et (3) l’augmentation de la consommation nationale de produits biologiques.

Chacun des objectifs généraux se décline


en objectifs spécifiques comme suit :

1 La production agricole biologique certifiée est augmentée

Les superficies dédiées à la production biologique sont augmentées

Les rendements et la productivité du travail en agriculture biologique sont améliorés

Des appuis/conseils techniques et un accompagnement à l’agriculture biologique sont disponibles

2 Le nombre d’opérateurs engagés dans l’agriculture biologique est augmenté

La démarche de production biologique est adoptée

La production biologique est valorisée et les revenus des petits opérateurs sont améliorés

3 Le marché national de produits certifiés biologique est développé

Le concept bio est connu et son utilité est reconnue

Les points de vente sont augmentés et le prix des produits issus de l’agriculture biologique est
accessible

Le principe d’inclusion des petits opérateurs permettant que le développement de l’agriculture biologique
leur soit bénéfique est transversal à l’ensemble de ces objectifs. Il se traduit dans l’orientation et les
modalités de mise en œuvre des actions proposées dans la stratégie.

38
Axes stratégiques et activités
6
prioritaires
La SNABIO est structurée autour de quatre axes stratégiques qui rassemblent chacun un ensemble d’activités, dont
les résultats attendus (ou produits/ extrants) contribuent à atteindre les objectifs spécifiques et généraux qui ont été
précédemment identifiés (voir Cartographie attendue après la mise en œuvre de la SNABIO

39
Annexe 4. Regroupement des produits par axe stratégique). Cette structuration en quatre axes stratégiques
vise à faciliter la présentation des activités et leur mise en œuvre en mettant en évidence les domaines et
les d’acteurs auxquelles elles renvoient. Mais c’est bien un ensemble cohérent d’activités qu’il convient de
mettre en œuvre : les quatre axes et les activités qu’ils regroupent sont complémentaires et l’efficacité de
la SNABIO reposera sur la mise en œuvre combinée de l’ensemble des mesures.

La mise en œuvre des activités relatives aux et la Tunisie, où le développement de l’agriculture


quatre axes stratégiques se fait cependant biologique a connu des progrès remarquables et
sur des pas de temps différents car toutes les les mesures de soutien mises en œuvre ont montré
activités ne pourront être mise en œuvre en leur efficacité.
même temps (voir l’ébauche de plan d’action sur
cinq ans). La définition de ces activités repose
sur l’état des lieux qui a été dressé du secteur
de l’agriculture biologique à Madagascar et sur
son analyse SWOT. Elle s’appuie également sur
l’exemple d’autres pays, particulièrement le Maroc

LES ACTIVITÉS DE LA SNABIO S’ARTICULENT DONC AUTOUR DES QUATRE AXES SUIVANTS :

6.1 Axe 1. Système de gouvernance


L’objectif de cet axe est de mettre en place un environnement législatif, réglementaire, institutionnel et
politique qui vise à gouverner et réguler le secteur de l’agriculture biologique. Les actions présentées ici
s’attachent aux aspects opérationnels de la construction de ce cadre.

Certes, la certification biologique est une démarche volontaire, néanmoins depuis l’adoption de la loi
sur l’agriculture biologique, différentes règles doivent être dorénavant observées par toutes les entités
et parties prenantes qui travaillent ou œuvrent dans ce secteur. Il est, par exemple, maintenant interdit
d’utiliser l’appellation « biologique », « organique », « organic », ou le diminutif « bio », dans l’étiquetage,
la publicité ou les documents commerciaux pour un produit donné s’il ne satisfait pas aux conditions de
production et garantie biologique fixées par la loi.

40
En plus des conditions spécifiques mentionnées dans la loi 2020-03, les produits issus de la production
biologique14 comme les produits conventionnels doivent aussi respecter les textes ci-après (liste non
exhaustive) :

Ordonnance n°86-013 relative à la législation phytosanitaire à Madagascar,

Ordonnance n°88-015 du 01 septembre 1988 relative à la politique d’exportation,

Loi n°97-017 du 17 octobre 2005 portant révision de la législation forestière,

Loi n°2011-002 du 15 juillet 2011 portant Code de la Santé, notamment sur le respect de la protection de la
santé des consommateurs concernant les denrées alimentaires consommées, distribuées, commercialisées
ou produites à Madagascar,

Loi n° 2015-014 du 19 juin 2015 sur les garanties et la protection des consommateurs,

Loi n°2017-048 du 08 février 2018 régissant la sécurité sanitaire des denrées alimentaires et de l’alimentation
animale,

Décret n° 2018 - 397 du 02 mai 2018 portant sur l’interdiction d’importation, de distribution, de production
et de vente des produits d’origine végétale ou animale issus des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM)

Loi n°2018-020 du 29 juin 2018 portant refonte de la loi sur la concurrence.

Au niveau institutionnel, concernant les entités publiques, la loi 2020-003 prévoit en ses articles 7 et 15
la création de deux nouvelles structures : une Unité ayant pour mission de superviser la mise en œuvre de
la loi, et de coordonner l’action publique en faveur de l’agriculture biologique et une Commission Nationale
sur l’Agriculture Biologique (CNABio). Des propositions d’avant-projet de décret portant application de la loi
et d’avant-projet d’arrêté portant création de l’Unité de Supervision et de Coordination de l’action publique
en faveur de l’Agriculture Biologique (USCAB) ont par la suite été élaborées par des consultants juristes. La
présente Stratégie s’appuie sur ces propositions pour identifier les actions à mettre en œuvre pour assurer
le bon fonctionnement de ces structures.

Concernant les entités privées, le SYMABIO constitue aujourd’hui l’interlocuteur du MINAE pour porter
la voix des opérateurs engagés dans le secteur de l’agriculture biologique. Il joue un rôle déterminant dans
la structuration du secteur et l’intérêt croissant des opérateurs pour ce secteur. Sa collaboration étroite
avec l’Administration, représentée par la Direction en charge d’Appui à l’Agro-business (DAAB15), a permis
l’élaboration et l’adoption de la loi ainsi que de réaliser des progrès importants dans le développement du
secteur. Actuellement, le SYMABIO ne représente cependant pas tous les acteurs du secteur. Se pose donc
la question de la représentation des autres intervenants du secteur de l’agriculture biologique, en particulier
les opérateurs de l’amont et les acteurs d’appui au développement agricole qui se positionnent sur
l’agroécologie ainsi que des organisations de producteurs s’engageant dans le bio. Cette question renvoie
aussi à la stratégie de développement du SYMABIO et pourrait ouvrir des réflexions sur son ouverture aux
autres acteurs, possiblement dans une démarche interprofessionnelle, la possibilité d’offrir des services
spécifiques, etc. Dans cette perspective, et sans présager des formes d’évolutions institutionnelles en
gestation ou qui résulteront des soutiens à venir, il est proposé dans la présente stratégie que des appuis
14 La SNABIO couvre les mêmes produits que ceux mentionnés dans la loi 2020-003 : « (a) Les produits végétaux et animaux non
transformés ; (b) Les produits végétaux et animaux transformés, dérivés des produits cités à l’alinéa précédent, et destinés à l’alimentation
humaine ou animale ; (c) Les huiles essentielles, huiles végétales, eaux florales et cire d’abeille, quelle que soit leur utilisation. Les dispositions de
la présente loi ne sont pas applicables aux produits de la pêche et de la chasse des animaux sauvages, ni aux produits cosmétiques et textiles. »
(article 4).
15 C’est la DAAB qui assure actuellement la fonction de suivi et de mise en œuvre des actions concernant l’agriculture biologique.

41
soient apportés à la structuration du secteur aux échelons régionaux et national, qu’ils soient impulsés
par les pouvoirs publics, les collectivités territoriales et/ou les acteurs du secteur de l’agriculture
biologique et de l’agroécologie.

Par ailleurs, en lien avec ce qui précède et dans Cet axe stratégique contribue aux objectifs
le sillage de l’élaboration de la Stratégie, il s’agira spécifiques de valorisation de la production agricole
d’accompagner les réflexions collectives à l’échelle biologique, d’augmentation des superficies dédiées
des régions pour que les parties prenantes soient en à l’agriculture biologique et d’amélioration de
mesure de décliner les orientations de la Stratégie l’accessibilité des produits biologiques. Il regroupe
nationale à ces échelons spatiaux et administratifs un ensemble d’activités qui devrait permettre
pour le développement de l’Agriculture Biologique. l’atteinte des résultats suivants :

Commission Nationale sur l’Agriculture


Enfin, il convient de prendre en compte dans le
1 Biologique (CNABio) créée et opérationnelle
paysage institutionnel en faveur de l’agriculture
biologique, la mise en place d’un Observatoire
Unité de Supervision et de Coordination de
de l’agriculture biologique. La présente Stratégie
prévoit donc la mise en place d’une telle structure
2 l’action publique en faveur de l’Agriculture
Biologique (USCAB) créée et opérationnelle
au service de l’ensemble des acteurs publics et
privés concernés par l’agriculture biologique et en
Cahier des charges et label sur l’agriculture
particulier des opérateurs du secteur. Il pourrait 3 biologique élaborés
ainsi constituer un véritable instrument de soutien
aux opérateurs et c’est pourquoi les propositions
Concept de territoires à vocation agricole
d’action concernant sa mise en place sont 4 biologique règlementé
développées dans l’axe sur les mesures de soutien
au secteur (point 6.2.5).

42
6.1.1 Commission Nationale sur l’Agriculture Biologique créée et opérationnelle
La mise en place de la Commission Nationale
sur l’Agriculture Biologique (CNABio) est stipulée
dans la loi 2020-003 sur l’agriculture biologique.
L’article 15 de ladite loi mentionne : Il est institué
une « Commission Nationale de l’Agriculture
Biologique », rattachée au Ministère en charge de
l’Agriculture et de l’Élevage. Selon l’article 16 de la
même loi, la Commission Nationale de l’Agriculture
Biologique est un organe à consultation obligatoire
dont la mission est de contribuer à la mise en œuvre
de la politique nationale relative à l’Agriculture
biologique. La Commission rend, selon le cas, des
avis conformes ou simples.

Par rapport à la proposition de décret d’application


de la loi, spécifiquement concernant les modalités
de fonctionnement de la CNABio, il lui est possible
d’inviter aux réunions toute personne dont la
présence lui parait utile, en raison de son expertise,
de ses compétences, ou de ses intérêts dans les
domaines de la production biologique, des produits
agricoles et halieutiques et compte tenu des points
fixés à l’ordre du jour. Ainsi pour les questions en
rapport avec la délivrance des agréments des
Organismes Certificateurs et SPG, la CNABio pourra
faire appel, quand elle le juge nécessaire, à la
compétence des entités en charge de l’application
des textes règlementaires sur la sécurité sanitaire/
phytosanitaire, la protection des consommateurs, les règlements techniques et l’exploitation forestière (voir
la liste en Annexe 5. Entités en charge de l’application des textes règlementaires pouvant être appliqués
aux produits issus de l’agriculture biologique).

43
Pour la création et l’opérationnalisation de la CNABio, les activités à conduire sont précisées ci-dessous.

A1.1.1 Adopter le texte règlementaire de la CNABio et nommer les membres

La mise en place de la CNABio devra se faire à travers un texte règlementaire porté par le Ministère en
charge de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (décret). Une proposition de texte règlementaire a été
élaborée par les consultants juristes qui ont travaillé sur la conception de la loi.

Les éléments de cette proposition de texte en rapport avec la CNABio concernent : sa création, ses
attributions, sa composition, les modalités de désignation, de renouvellement des membres ainsi que son
fonctionnement. Elle renseigne aussi sur le système d’évaluation de la conformité des produits biologiques
ainsi que l’agrément des organismes certificateurs et SPG.

La proposition de texte règlementaire considère territoires à vocation agricole biologique (TVAB)


tous les éléments nécessaires pour assurer un tel que prévu par la loi (voir point 6.1.5) et le
bon fonctionnement de la CNABio. Concernant renforcement des formations et des recherches
sa composition, en plus des membres indiqués, sur l’agriculture biologique, la mobilisation de
il faut souligner qu’il serait pertinent de mobiliser ces trois Ministères est indispensable. Pour
aussi un représentant du Ministère en charge de la ne pas remettre en question le principe de
Santé publique, du Ministère en charge du service répartition paritaire entre représentants issus
foncier et de l’aménagement du territoire ainsi du secteur public et représentants issus du
que du Ministère en charge de l’enseignement secteur privé mis en avant dans la proposition
supérieur et des recherches. En effet, compte tenu de décret d’application de la loi, il est suggéré
des enjeux de santé publique, des actions à mettre que les représentants de ces ministères
en œuvre pour le développement de l’agriculture soient mobilisés comme entités ressources.
biologique, notamment la mise en place de Concernant par exemple l’adoption de textes

44
réglementaires sur la démarche de création des TVAB (voir point 6.1.4), il apparaît important que la CNABio
puisse consulter le Ministère en charge de l’aménagement du territoire pour rendre un avis simple sur ces
textes.

A1.1.2. Elaborer les procédures de fonctionnement de la CNABio

Les attributions dévolues à la CNABio sont nombreuses et de manière générale pourront être tout à fait
nouvelles pour certains membres. Chaque attribution renvoie au suivi et au respect de certaines règles
spécifiques que les membres peuvent ne pas connaître ou maîtriser. Le renforcement de capacités des
membres est donc important et cette activité est prévue dans l’axe stratégique 4 qui concerne l’appui-
conseil, le renforcement de capacités et la recherche.

L’élaboration de procédures de fonctionnement est également une étape importante pour assurer un bon
fonctionnement de la CNABio et faire preuve par la même occasion de transparence et d’équité, des valeurs
indispensables pour assurer un meilleur développement du secteur. En effet, l’existence de procédures
de fonctionnement claires est une étape indispensable pour fédérer les différents acteurs de la chaîne
de valeur. Il est important de rassurer tous les acteurs et toutes les parties prenantes qu’un traitement
égalitaire sera accordé concernant toutes les actions que devra mener la CNABio. Il faut donc prendre
le temps d’accompagner la CNABio en termes de renforcement de capacités, clarification des règles de
fonctionnement, recherche de mécanismes de financement, etc., ce qui peut prendre environ deux ans.

Période de mise
en œuvre (Année) Parties
N° Actions préconisées Chef(s) de file
1 2 3 4 5 prenantes

Adopter le texte règlementaire de la Membres


A1.1.1 MINAE
CNABio et nommer les membres CNABio
Elaborer les procédures de Membres
A1.1.2 MINAE
fonctionnement de la CNABio CNABio, AT, PTF

6.1.2 Unité de Supervision et de Coordination de l’action publique en faveur de l’Agriculture


Biologique créée et opérationnelle
La loi 2020-003 prévoit qu’une unité soit mise en place au sein du MINAE avec « pour mission de superviser
la mise en œuvre de la loi, et de coordonner l’action publique en faveur de l’agriculture biologique ». Dans la
proposition de décret d’application formulée par les consultants juristes qui ont travaillé sur l’élaboration
de la loi, il est prévu que cette unité prenne la dénomination d’Unité de Supervision et de Coordination de
l’action publique en faveur de l’Agriculture Biologique (USCAB) et qu’elle soit rattachée à la Cellule en charge
de la Coordination de l’appui aux Projets et aux Activités Régionales (CPAR). L’USCAB aura notamment
comme attributions de convoquer et superviser le travail de la CNABio et de collecter et publier les données
statistiques nationales sur l’agriculture biologique (article 7 de la loi). Le lien fonctionnel entre l’USCAB,
une unité au sein du MINAE pour guider l’action publique, et l’Observatoire sur l’agriculture biologique,
qui centralisera aussi des statistiques sur l’évolution du secteur mais sera davantage tourné vers les
opérateurs, devra être construit.

Le rang hiérarchique de l’USCAB au sein de la CPAR n’est pas précisé dans la proposition actuelle de
décret, mais il importe de tenir compte de son pouvoir de convocation d’une instance interministérielle
telle que la CNABio. Cette dernière réunissant des représentants de plusieurs ministères concernés par
l’agriculture biologique, l’USCAB sera amenée à interagir avec ces ministères. Si, à très court terme, il
apparaît plus réaliste et pragmatique de faire de l’USCAB un service rattaché à la CPAR, au même titre que

45
le Service des Statistiques Agricoles (StatAgri), son positionnement devrait évoluer à moyen-long terme
vers le rang d’une direction en charge des modes de production agricoles durables tels que l’agriculture
biologique et l’agroécologie. Les résultats attendus de la mise en œuvre de la SNABIO et la manifestation
de la volonté politique de soutenir ces modes de production justifieraient aussi que l’USCAB devienne une
direction au sein du MINAE, avec les moyens humains et budgétaires que cela implique.

A1.2.1. Adopter les textes règlementaires sur l’USCAB

Du point de vue règlementaire, la création d’une avant la création effective de l’USCAB, pendant cette
nouvelle structure au sein du Ministère, nécessite période, les attributions de l’USCAB seront assumées
l’adoption d’un décret16 de modification de son par la Direction en charge d’Agro-Business de la CPAR
organisation générale. C’est seulement après (proposition annoncée dans le décret d’application
l’adoption de ce décret qu’un arrêté peut être pris de la loi, spécifiquement celui concernant la mise en
par le Ministre chargé de l’agriculture, l’élevage et place de l’USCAB).
de la pêche pour définir de manière concrète les
missions et attributions de l’USCAB.

Etant donné que différentes activités de la


présente Stratégie pourront déjà être engagées
16 Décret n° 2019- 071 fixant les attributions du Ministre de
l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche ainsi que l’organisation générale
de son Ministère.

46
A1.2.2. Elaborer les procédures de fonctionnement de l’USCAB

Une des missions principales de l’USCAB est d’assurer la coordination de l’action publique en faveur de
l’agriculture biologique. Pour mener à bien cette mission elle doit disposer d’un système de fonctionnement
efficace permettant d’identifier clairement : qui fait quoi, comment, quand, avec quels moyens ?

Comme la CNABio, l’USCAB est une nouvelle structure qui a besoin de procédures de fonctionnement
claires et transparentes pour fédérer les différents acteurs du secteur de l’agriculture biologique. Cette
action est aussi de nature à mieux convaincre les Partenaires Techniques et Financiers de se mobiliser
pour accompagner le développement du secteur. En complément de l’élaboration des procédures, un
renforcement de capacité de l’équipe de l’USCAB doit être organisé. Les activités en rapport avec ce
renforcement de capacités sont présentées dans l’axe stratégique 4 : appui-conseil, renforcement de
capacités et recherche

Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Adopter les textes règlementaires sur Membres secteur
A1.2.1 MINAE
l’USCAB public CNABio
Elaborer les procédures de
A1.2.2 MINAE Staff USCAB, AT, PTF
fonctionnement de l’USCAB

6.1.3 Observatoire de l’agriculture biologique mis en place et opérationnel


Une façon de soutenir les opérateurs
du secteur de l’agriculture biologique et
d’encourager de nouveaux acteurs à s’y
engager est d’améliorer l’environnement
institutionnel en créant un dispositif
qui mette à leur disposition toutes les
informations qui leur sont utiles pour
mener leurs opérations. L’Observatoire
devra s’articuler avec l’USCAB, qui a pour
attribution de collecter et de publier des
données statistiques sur l’agriculture
biologique (article 7 de la loi 2020-003).
Il pourrait avoir pour mission de diffuser
largement les informations sur l’agriculture
biologique, et ainsi contribuer à sensibiliser
la population, appuyer les opérateurs et
aider à la prise de décision des pouvoirs
publics ou des PTF.

Comme prévu par la loi 2020-003 (article 18), les données statistiques et informations sur les opérateurs
certifiés par les organismes certificateurs ou garantis par les SPG devront être fournies au MINAE sur
demande. La collaboration avec le SYMABIO, les OP et d’autres services statistiques pertinents est
également essentielle. L’Annexe 7. Informations produites et/ou diffusées par l’Observatoire sur l’agriculture
biologique présente les différentes informations que pourrait produire, centraliser et diffuser l’Observatoire
pour répondre aux besoins de ses différents publics cibles.

47
La réflexion sur les termes de références de l’Observatoire a déjà été engagée par le SYMABIO et le
MINAE. Des propositions sont en cours de définition concernant la mission et les différentes fonctions
de l’Observatoire, ainsi que son contenu (informations collectées et diffusées) et son fonctionnement
opérationnel. L’expérience des Observatoires passés ou en cours, notamment au sein du MINAE, doit
être capitalisée pour alimenter la réflexion sur la création et la pérennisation de ce nouvel Observatoire,
concernant notamment son statut, son ancrage institutionnel, ses fonctions et son financement.

L’Observatoire peut avoir le statut question de la structuration et de la représentation


d’Etablissement Public National (EPN), comme du secteur, surtout si cette dernière évolue vers
c’est le cas par exemple de l’Observatoire National plusieurs organisations représentatives.
de l’Environnement et du Secteur Forestier. Le
statut d’EPN signifie que la structure est sous Pour la capitalisation des Observatoires déjà
la tutelle de plusieurs Ministères (au moins le existants, on peut signaler par exemple l’existence
Ministère technique et le Ministère en charge des au sein du MINAE d’un Observatoire opérationnel, qui
Finances et du Budget) et que sa création devra s’occupe du suivi des performances économiques
se faire par décret. Actuellement, l’Administration des filières au niveau de la « pêche et aquaculture ».
se donne comme objectif de faire des économies Cet Observatoire, dénommé « Observatoire
dans l’utilisation des ressources publiques et tend Economique de la Pêche et Aquaculture » (OEPA), est
à limiter ou supprimer les subventions. De ce fait, un établissement public à caractère administratif.
quelques EPN ont été dissouts et des projets de L’OEPA a pour mission de : être un outil permettant
fusion sont en cours de gestation. Pour défendre le aux acteurs du secteur « pêche et aquaculture »
statut d’EPN pour la mise en place de l’Observatoire de prendre des décisions ; être dépositaire des
sur l’agriculture biologique, il sera donc important données économiques du secteur « pêche et
de disposer de bons arguments et de l’adhésion de aquaculture » Malagasy, dans le respect de la clause
différentes parties prenantes qui pourront faire du de confidentialité des données individuelles des
lobbying si cela s’avère être indispensable. opérateurs économiques du secteur; apporter des
réflexions et des études économiques des filières au
Une autre piste à explorer est celle d’un niveau du secteur «pêche et aquaculture»; analyser
partenariat entre l’Etat et les organisations les évolutions des indicateurs économiques
professionnelles représentatives des opérateurs du stratégiques clés des filières au niveau du secteur;
secteur de l’agriculture. Le statut de l’Observatoire appuyer le ministère chargé de la pêche et des
peut s’inscrire dans une forme de cogestion entre ressources halieutiques à la détermination des
l’Etat et la profession agricole, qui est une modalité redevances annuelles issues de l’exploitation de la
possible expérimentée en France par exemple, ou filière crevettière.
d’autres formes plus souples de concertation entre
l’Etat et l’ensemble des différentes organisations Dans ce contexte, il apparaît nécessaire de
professionnelles représentatives (cogestion conduire les actions suivantes pour assurer la mise
pluraliste). Cette réflexion renvoie aussi à la en place puis la pérennisation de l’Observatoire.

48
A1.3.1. Conduire une étude sur la mise en place et la pérennisation de l’Observatoire

Cette étude devra en particulier :

Identifier les besoins en information des publics cibles ;

Préciser les termes de référence de l’Observatoire afin qu’il soit en mesure de réponde aux
besoins identifiés ;

Evaluer les besoins en ressources financières et humaines, sachant qu’il sera nécessaire de disposer
d’une masse critique de personnes, avec des profils différents et complémentaires de ceux des cadres
techniques du MINAE. Il importe par exemple d’avoir des compétences en matière de gestion de bases de
données ou de communication pour mettre en forme les informations de façon accessible et attractive
pour le grand public ;

Etablir l’organigramme de l’Observatoire et ses liens avec les structures d’appui et d’accompagnement en
agriculture biologique (le MINAE/USCAB, le MEDD, le MICC, etc.) ;

Identifier une structure d’hébergement au sein de l’Etat qui pourrait héberger l’Observatoire ;

Déterminer le statut juridique de l’Observatoire ;

Identifier des financements pour la mise en place puis pour la pérennisation de l’Observatoire.

Les PTF peuvent être mobilisés pour appuyer la réalisation de l’étude et pour l’opérationnalisation de
l’Observatoire. Pour assurer la pérennité et l’autonomie de l’Observatoire un mécanisme de financement
doit aussi être trouvé. L’étude devra ainsi faire des recommandations pour la mise en place d’un système de
redevances sur certains types de produits issus de l’agriculture conventionnelle ou sur le prix des produits
chimiques, selon l’application du principe pollueur-payeur. Ce principe est valable de manière générale
pour beaucoup d’autres mesures de soutien au développement de l’agriculture biologique (voir partie 9).

49
A1.3.2. Faire un appel à manifestation d’intérêt pour la mise en place de l’Observatoire

Les résultats de l’étude précédente permettront d’établir des termes de référence pour faire un appel à
manifestation d’intérêt et ainsi choisir le prestataire qui assurera la mise en place et le fonctionnement de
l’Observatoire.

Période de mise en
P a r t i e s
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file
1 2 3 4 5 prenantes

Conduire une étude sur la mise


M I N A E , MEDD, MICC,
A1.3.1. en place et la pérennisation de
SYMABIO PTF, SP, TTM
l’Observatoire
Faire un appel à manifestation
M I N A E , MEDD, MICC,
A1.3.2 d’intérêt pour la mise en place de
SYMABIO PTF, SP, TTM
l’Observatoire

6.1.4 Mettre en place un appui institutionnel pour renforcer la représentation des différents acteurs du
secteur de l’agriculture biologique
A1.4.1. Mettre en place un appui institutionnel pour renforcer la représentation des différents acteurs du
secteur de l’agriculture biologique.

Il est important que le secteur de l’agriculture biologique continue de se structurer pour assurer une
représentation de l’ensemble des opérateurs intervenant dans ce secteur. Si les opérateurs économiques
de l’aval disposent d’une représentation à travers le SYMABIO, des efforts sont à faire au niveau des
organisations paysannes (OP) et des acteurs d’appui qui s’engagent dans des démarches d’agriculture
biologique ou agroécologique et accompagnent les producteurs dans ce sens sur le terrain. Ces OP et ces
acteurs d’appui doivent être plus visibles dans le paysage institutionnel de l’agriculture biologique, ce qui
pose des enjeux de représentation pour interagir avec les pouvoirs publics. La Stratégie entend répondre à
cet enjeu en prévoyant la mise en place d’un appui institutionnel pour accompagner la structuration et la
représentation des OP et acteurs d’appui dans le secteur de l’agriculture biologique et de l’agroécologie, que
ce soit aux plans régionaux et national. Cet appui institutionnel pourra permettre de renforcer les initiatives
existantes (par exemple l’idée de démarche interprofessionnelle). Il s’agit de développer des capacités de
débats et de propositions de politique et d’actions de la part du secteur, de pilotage d’actions, de mise en
place de services aux opérateurs, etc. Il s’agit également d’assurer que les représentants des opérateurs
d’appui, et des OP qui seront désignés par la TTM pour siéger dans la CNABio puisse véritablement peser
dans les discussions.

Période de mise en
œuvre (Année) P a r t i e s
N° Actions préconisées Chef(s) de file
1 2 3 4 5 prenantes

Adopter le texte règlementaire de la Membres


A1.1.1 MINAE
CNABio et nommer les membres CNABio

Elaborer les procédures de Membres


A1.1.2 MINAE
fonctionnement de la CNABio CNABio, AT, PTF

Soutenir la représentation des OP, SYMABIO,


A1.4.1 différents acteurs du secteur de MINAE, TTM réseaux d’OP,
l’agriculture biologique ONG

50
6.1.5 Cahier des charges et label national sur l’agriculture biologique élaborés
Dans la loi 2020-003, en son article 13, il est stipulé que « l’Administration concernée établit, en
concertation avec les organisations du secteur biologique concernées, un cahier des charges biologique
national qu’elle soumet, dans les formes et les modalités prévues par voie règlementaire, à l’avis de la
Commission Nationale de l’Agriculture Biologique ». Au regard de la loi n°97-024 portant régime national
de normalisation et de la certification des produits, biens et services, et notamment du décret n°2004-316
fixant statut et organisation du Bureau des Normes de Madagascar (BNM), le BNM a probablement un rôle
à jouer. Comme cela a été fait par le Syndicat des Industries de Madagascar (SIM) pour l’élaboration de son
label « Malagasy ny Antsika », le BNM pourrait être un collaborateur du MINAE dans l’élaboration du cahier
des charges nationales sur l’agriculture biologique.

A1.5.1. Elaborer le cahier des charges et le label bio

Le cahier des charges sur l’agriculture biologique est défini par la loi 2020-003 comme une norme, ou
un ensemble d’exigences spécifiant les règles de production, préparation, et étiquetage s’appliquant aux
produits biologiques. L’enjeu du cahier des charges est de caractériser très précisément la nature des
pratiques mises en œuvre, de la production à la distribution, qui peuvent prétendre relever de l’agriculture
biologique. Il s’agit donc d’un document qui fixe des règles à tous les stades de la filière, y compris
l’étiquetage et les procédures d’évaluation de la conformité, pour répondre aux principes de l’agriculture
biologique. Le cahier des charges concerne à la fois la production végétale et la production animale, les
produits forestiers de cueillette, à la fois les produits d’exportation et les produits vivriers pour le marché
national. Il sera actualisé régulièrement, notamment pour prendre en compte les évolutions techniques,
sociétales, climatiques, etc. Ceci implique de prendre en compte dans l’élaboration du cahier des charges
un mécanisme de révision du cahier des charges, qui en précise la procédure et les responsabilités.

Il serait judicieux de commencer l’élaboration du cahier


des charges par des produits tels que les produits frais
maraichers et l’apiculture, ces filières ayant déjà une
expérience dans le domaine de l’agriculture biologique,
un fort potentiel de développement, et posant des enjeux
pour le SPG. Concernant la production animale, les règles
concernant la production miel peuvent être ainsi définies
dans un temps relativement court, sur les 5 ans de la
SNABIO, du fait de la forte expérience du pays en matière
51
d’exportation de miel biologique assouplissement des règles. Par pas les moyens de se conformer
et d’une forte consommation exemple, dans le contexte de à ces exigences. Des normes
nationale issue des productions Madagascar où l’agroécologie trop rigides ou restrictives
des petits producteurs, bien peut parfois renvoyer à une qui risqueraient de freiner la
souvent organisés. Il faut en approche quasi philosophique, croissance de l’agriculture
outre souligner que face à intensive en savoirs faire locaux biologique seraient par exemple
une certaine méfiance des et en connaissances écologiques, celles inspirées de contextes très
consommateurs à l’égard du miel tandis que l’agriculture biologique différents de ceux de Madagascar,
en raison de l’existence de miels peut renvoyer selon les acteurs comme les Etats-Unis ou l’Europe.
« trafiqués » (dilués par exemple), à une vision plus techniciste Les exigences doivent être
la certification nationale pourrait de la production agricole, les adaptées aux spécificités locales
à la fois garantir le respect des controverses peuvent être fortes. de Madagascar et tenir compte du
pratiques du cahier des charges Concernant la préservation de climat, des contraintes des petits
et d’autres caractéristiques l’environnement en particulier, agriculteurs, de leurs pratiques
telles que la pureté du produit. Le un cahier des charges se limitant agricoles traditionnelles, de
cahier des charges est évolutif à des prescriptions sur l’usage la disponibilité des intrants
et suivant les résultats obtenus d’intrants chimiques de synthèse biologiques, etc. (IISD, 2020).
dans son application pour le et des OGM ne permettrait
miel, il pourra être actualisé pas de répondre aux enjeux Le cahier des charges doit
pour d’autres filières animales, environnementaux de réduction également veiller à préserver
comme les produits laitiers, qui de la déforestation et d’érosion une certaine flexibilité dans
sont fortement consommés sur de la biodiversité ; une limite du les SPG qui est le gage de leur
le marché national et font face à cahier des charges que l’on trouve ancrage local et de leur capacité
des enjeux similaires au miel, ou dans bien des situations de par le d’adaptation aux spécificités du
bien l’aviculture. monde et qui conduit par exemple territoire dans lequel ils opèrent
à des exploitations en agriculture et des ménages agricoles qui les
L’élaboration d’un cahier des biologique à échelle industrielle exploitent. La reconnaissance
charges est souvent un exercice et monospécifiques. des SPG dans la loi est un
difficile car il peut révéler élément fort de leur légitimité,
d’importantes divergences Un enjeu important est de mais si elle se traduit par une
de vue concernant le niveau trouver le bon compromis entre homogénéisation des SPG en
d’exigence des pratiques à les niveaux d’exigence et une standardisant les processus de
proscrire ou les situations volonté de ne pas exclure les vérification de la conformité, elle
exceptionnelles justifiant un petits opérateurs qui n’auraient porte aussi le risque de réduire
les avantages de ce système. Ce
risque d’établir des procédures
trop centralisées et complexes,
qui entrave la création de SPG
au lieu de les encourager, est
d’autant plus présent qu’il
n’existe actuellement aucun SPG
sur l’agriculture biologique à
Madagascar (IISD, 2020).

Comme indiqué dans la loi


2020-003, le cahier des charges
doit être établi en concertation
avec les organisations du secteur
biologique concernées (article 13)
et en tenant compte à la fois des
exigences au niveau international

52
et des contraintes locales spécifiques de Madagascar (article 14). Il importe donc de se donner le temps
d’une concertation approfondie entre tous les acteurs concernés pour trouver le bon compromis sur le
niveau d’exigence. L’élaboration du cahier des charges doit être un exercice de co-construction d’une
vision politique de l’agriculture biologique, adaptée aux spécificités de Madagascar, et non pas seulement
un exerce technique en vue de commercialiser des produits agricoles et alimentaires.

Pour les travaux d’élaboration du cahier des charges, le MINAE en collaboration avec le BNM devra
constituer un comité technique composé de personnes reconnues et qualifiées dans le domaine de
l’agriculture biologique et de l’agroécologie, ainsi que des représentants des différentes entités issues du
secteur public et du secteur privé, des associations de consommateurs et d’organismes d’appui intéressés
par la norme.

Les acteurs concernés par le cahier des charges


devraient être ceux qui composent la CNABio
(ministères, organisations de producteurs,
organisations professionnelles, organismes
certificateurs, associations de consommateurs,
etc.). Parmi eux, les acteurs qui ont une forte
expérience de la certification tierce partie ont un
rôle clé à jouer dans la définition du cahier des
charges en mettant à profit leur connaissance
des exigences des importateurs. Il est également
crucial que l’élaboration du cahier des charges
s’appuie sur la mobilisation des réseaux de
connaissance en matière d’agroécologie existant
dans le pays (par exemple le GSDM). Les acteurs
de l’agroécologie qui portent des pratiques telles
que l’interdiction du brûlis ou le reboisement
obligatoire avec des essences endémiques ont
ainsi une contribution importante à apporter sur les
enjeux environnementaux du cahier des charges.
Enfin, l’expérience des organismes d’appui aux
producteurs (organisations de producteurs,
associations locales, ONGs, recherche, etc.)
dans des dynamiques d’organisation collective
telles que la structuration des filières ou des
démarches de certification autres que l’agriculture
biologique (agroécologie, équitable, etc.) sera
cruciale. Elle permettra en particulier de veiller
à la prise en compte des réalités locales et des
pratiques traditionnelles respectant les principes
de l’agriculture biologique. La communication
sur l’élaboration du cahier des charges sera
importante, de la part des pouvoirs publics
comme de la part des acteurs qui représentent ou
sont en proximité avec les opérateurs des filières,
afin que ceux qui souhaiteraient adopter la norme
puissent s’y préparer (voir axe stratégique 3).

53
A1.5.2. Réaliser une étude pour la mise en place d’un label bio

Le label Bio Madagascar sera le signe distinctif (avec un nom et un logo) pour identifier sur le marché
domestique les produits agricoles et alimentaires produits conformément au cahier des charges
nationales sur l’agriculture biologique. Le label (et son logo) reposera sur la définition du cahier des
charges et sera la propriété de l’Etat (MINAE). Les règles d’utilisation du logo, permettant de visualiser
que les produits ont reçu le label, devront être définies dans le cahier des charges. Par exemple, le logo
peut être utilisé si 95% et plus du contenu des produits est issu de l’agriculture biologique (ISSD, 2020).
Dans un contexte comme celui de Madagascar, où le concept d’agriculture biologique est encore peu
connu par la population, l’existence d’un visuel pouvant rappeler des messages positifs partagées
pendant des campagnes de communication est primordiale.

Comme pour le cas du Brésil, la mention de SPG ou Certification tierce partie peut être mentionnée
en-dessous du logo pour différencier le mode de certification utilisé. Les produits issus de ces deux
types de certification devront respecter tous les critères exigés pour la délivrance d’un label bio. La
seule différence devrait résider dans le fait que la certification SPG permet de vendre uniquement sur
le marché local et son coût est beaucoup moins cher que la certification tierce partie dont les produits
pourront être exportés17. Il est essentiel au stade d’émergence qu’est l’agriculture biologique sur le
marché national de mettre en confiance les consommateurs malgaches. Il s’agit de les assurer que le
cahier des charges national est exigeant et que la qualité des produits certifiés SPG n’est pas moins
bonne que celle des produits exportés. Outre le logo, les règles d’étiquetage définies dans le cahier des
charges devront préciser comment faire figurer sur les produits le nom de l’organisme certificateur et
celui du SPG (l’un comme l’autre étant agréé par l’administration).

Pour assurer une bonne coordination des travaux d’élaboration du cahier des charges du label

17 Exportation vers le pays ou le groupe de pays dont le référentiel a été utilisé pour la certification du produit (référentiel reconnu par Madagascar).

54
national, il est important de faire un inventaire de toutes les parties prenantes à consulter et à mobiliser
et de bien définir : qu’est ce qui a été déjà fait ? qui est responsable de quoi ? Quelle démarche il faut
entreprendre pour mettre en place un label bio ?

Bien que le label « Malagasy Ny Antsika » du SIM ne concerne que des produits transformés, il pourra être
utile de capitaliser sur les différentes démarches entreprises dans son élaboration, adoption et conduite de
la certification.

A1.5.3. Elaborer et adopter les textes règlementaires régissant le système de certification


nationale

Les textes règlementaires préciseront la procédure à suivre pour que, une fois les organismes certificateurs
ou les SPG accrédités ayant effectué leur travail d’évaluation de la conformité des pratiques des opérateurs
avec le cahier des charges, les opérateurs puissent apposer le label qui aura été défini. Cette procédure
devra être relativement simple et non coûteuse pour éviter l’exclusion de petits opérateurs.

Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Elaborer le cahier des charges et le BNM Membres
A1.5.1 MINAE,
label bio CNABio, OSC
Réaliser une étude pour la mise en BNM Membres
A1.5.2 MINAE,
place d’un label bio CNABio,SP, PTF
Elaborer et adopter des textes BNM Membres
A1.5.3 règlementaires régissant le système MINAE Secteur Public
de certification nationale CNABio

6.1.6 Concept de Territoires à Vocation Agricole Biologique règlementé


Le concept de Territoires à Vocation Agricole Biologique (TVAB) est inscrit dans la loi 2020-003. Les
activités définies dans la SNABIO visent à préciser la logique de création et de fonctionnement des TVAB :
conduire une étude sur le concept de TVAB (A1.3.1.) et élaborer un texte réglementaire reposant notamment
sur l’étude (A1.3.2).

A1.6.1. Conduire une étude sur le concept de TVAB

La création de TVAB répond à l’objectif d’augmenter les superficies disponibles pour l’agriculture
biologique et plus généralement de faire du développement de l’agriculture biologique un levier pour
un développement territorial durable. L’approche territoriale du développement de l’agriculture biologique
permet de ne pas seulement considérer un nombre d’ha, de producteurs ou de produit certifiés bio mais
aussi de voir comment ces éléments s’organisent spatialement et peuvent contribuer au développement
durable d’un territoire. Dans ces lieux de vie que constituent les territoires, il s’agit donc d’encourager
des dynamiques collectives autour de l’agriculture biologique ou de pratiques agroécologiques n’utilisant
pas d’intrants chimiques, qu’elles soient certifiées par tierce partie, SPG ou non certifiées, afin qu’elles
fassent « masse » à l’échelle de ces territoires. L’enjeu des TVAB n’est pas de créer des îlots ou enclaves
qui seraient sanctuarisés pour l’agriculture biologique, mais bien d’inscrire ces TVAB dans une dynamique
générale favorable à l’agriculture biologique sur l’ensemble du territoire national. La SNABIO se déclinera
ainsi dans des Stratégies Régionales de développement de l’agriculture biologique.

55
De nombreuses expériences de terrain autour La loi 2020-003 définit les TVAB comme
de l’approche paysage à Madagascar et d’autres des : « Territoires dans les cadres desquels des
approches dans d’autres pays se rapprochent de partenariats public-privés sont encouragés
ce concept de TVAB. Il est donc important qu’une pour faciliter le développement de la production
étude puisse capitaliser sur ces expériences biologique, et ce notamment dans les périphéries
nationales et internationales pour préciser le des aires protégées, les zones à forte propension
concept de TVAB et définir des procédures de à l’Agriculture biologique, ou encore les zones
mises en place et de gestion des TVAB. péri-urbaines au potentiel identifié pour
l’approvisionnement des marchés domestiques
Il est proposé dans la SNABIO que la création notamment en produits biologiques frais »
d’un TVAB se traduise par un statut juridique afin (Chapitre I, Section II). Ainsi, les TVAB s’inscriront
de formaliser la création d’une dynamique de prioritairement dans trois types de zones qui
développement territorial autour de l’agriculture renvoient à trois problématiques différentes de
biologique ou de l’agroécologie, de la même développement de l’agriculture biologique et de
façon qu’il existe un statut juridique pour les développement territorial :
aires protégées (visant davantage des enjeux de
conservation et de protection de l’environnement). en périphérie des aires protégées : la création de
Une fois la délimitation du territoire réalisée avec TVAB répond dans ce cas à un objectif principal de
les acteurs, il importe en effet de le sécuriser préservation de l’environnement autour des aires
pour y développer l’agriculture biologique ou protégées. Pour le Ministère de l’Environnement
l’agroécologie, et donc de conférer un statut de et du Développement Durable (MEDD), il s’agit en
TVAB. La délivrance du statut de TVAB implique effet d’orienter l’occupation des espaces autour
un système de gouvernance et de contrôle de la des aires protégées vers des activités agricoles
part de l’autorité territoriale pertinente qui gèrera biologiques qui auront un impact moindre que
le territoire, pour assurer que la zone reste bien l’agriculture conventionnelle et qui pourront ainsi
dans une dynamique d’agriculture biologique ou jouer un rôle de zone tampon ;
agroécologique.
en zone péri-urbaine : en plus de la préservation
de la biodiversité et d’autres services
écosystémiques comme la protection de la
ressource en eau, la création de TVAB contribuera
aussi à l’objectif d’approvisionnement des villes
en produits de qualité ;

dans des bassins de production où existe déjà


une dynamique de production et de transformation
agricole biologique principalement destinée à
l’exportation : dans ce cas, les TVAB viendront
soutenir les dynamiques existantes tout en
assurant d’un développement territorial inclusif
et respectueux de l’environnement.

Dans les TVAB autour des aires protégées,


des produits issus de l’agriculture biologique
(ex : le miel biologique) pourront être valorisés
(atouts à exploiter). Autour des villes, une
attention particulière pourra être accordée aux
cultures vivrières en agriculture biologique (riz,
maraîchage, etc.) en tenant compte des risques
possibles de polluants véhiculés par l’eau
souillée des villes et non traitée. Dans les TVAB

56
localisés dans les bassins où la production et la transformation agricole biologique sont déjà dynamiques,
les exportations de produits agricoles biologiques pourront être amplifiées. Ainsi, les TVAB peuvent être
associés à une ou plusieurs spéculations, spécifiques au territoire sélectionné.

La mise en place des TVAB pourra se faire suivant deux options :

Option A Option B
suite à un souhait d’un collectif d’acteurs suite à une volonté des pouvoirs publics avec
pratiquant déjà l’agriculture biologique ou l’appui de leurs partenaires de développer
souhaitant pratiquer l’agriculture biologique sur l’agriculture biologique dans une zone spécifique
une zone bien définie et qui voudrait protéger qui dispose des critères permettant de promouvoir
leur zone de production et aussi que l’on la démarche. La proposition d’attribution de
reconnaisse leur engagement. Cette option va de statut de TVAB proviendrait d’une initiative du
pair avec toutes les actions de sensibilisation, de pouvoir central ou des Collectivités Territoriales
renforcement de capacités des acteurs locaux et Décentralisées (Région, District, communes ou
d’appui à l’émergence de SPG. L’autorité locale intercommunalités), mais les acteurs locaux
(par exemple la commune ou la région) prend seront toujours consultés et, comme pour l’option
la décision d’attribuer le statut de TVAB après A, ce serait l’autorité locale qui aurait l’autorité
évaluation de la demande ; d’attribuer le statut de TVAB.

Dans les deux cas, la réussite du fonctionnement du concept de TVAB repose principalement sur
l’implication des communautés concernées (producteurs, transformateurs, consommateurs, citoyens,
autorités publiques, élus), une concertation effective des acteurs et sur des structures de gouvernance
locales (par exemple, autorité de gestion des bassins versants, Communautés de Base, etc.). Il faut en effet
qu’il y ait une volonté commune des acteurs locaux de faire de leur territoire un espace dédié à l’agriculture
biologique et à l’agroécologie. Cette volonté commune et cette vision partagée du futur du territoire peuvent
se traduire par des arrangements institutionnels (charte, convention, accord collectif, etc.) qui portent sur
l’agriculture biologique ou agroécologique avec leurs systèmes de garantie (certification tierce partie ou
SPG), mais qui voient aussi plus large et englobent d’autres aspects importants pour le développement
durable du territoire. Il peut s’agir de la gestion durable des ressources naturelles, du développement
socioéconomique inclusif, de l’accès aux services sociaux de base, du désenclavement, etc.

D’autre part, la notion de collectifs d’acteurs et de


concertation avec l’ensemble des acteurs du territoire est
essentielle dans la démarche de création des TVAB quelle
qu’en soit la voie. Concernant la voie A en particulier, ces
éléments doivent constituer des gardes fous pour éviter
que le processus de création ne soit accaparé par un
seul acteur dominant. Les modalités de prise d’initiative
et de concertation devront être précisées par l’étude.
Les structures locales de gouvernance sont également
fondamentales car elles doivent être en charge d’animer,
de piloter, d’organiser la production agricole biologique
dans le territoire, donc de faire le lien avec les opérateurs
privés et les autorités locales et finalement de mettre les
acteurs locaux au centre des TVAB. Elles devront donc
être renforcées dans le cadre de la création de TVAB pour
assurer ces fonctions. La communication sur les TVAB et les processus de concertation avec les acteurs
sont des facteurs déterminants pour trouver les bonnes structures de gouvernance.

57
Plus généralement, la création de TVAB pose de nombreux défis et implique de prendre des décisions
sur un ensemble d’éléments, sur lesquels l’étude sur le concept de TVAB devra faire des propositions : les
critères de classement des zones en TVAB (types de critères et priorisation), la délimitation précise des
TVAB en concertation avec les communautés concernées, la définition d’une vision partagée de l’évolution
de l’agriculture biologique sur le territoire, les appuis dont bénéficient les TVAB, les structures locales
gouvernance des TVAB et les mesures de sauvegarde à envisager.

L’Annexe 5. Entités en charge de l’application des textes règlementaires pouvant être appliqués
aux produits issus de l’agriculture biologique

Directions/service en charge de l’application


Ministère de Tutelle Documents délivrés
des textes, domaines de compétences

Direction en charge de la Protection des


Végétaux (DPV) Agrément sanitaire
Denrées alimentaires d’origine végétale
Ministère de l’Agriculture
destinées à la consommation humaine, à l’état Certificat sanitaire
et de l’Elevage brut ou traitées/transformées destinées à :
- L’exportation Permis d’importation
- L’importation

Direction en charge des Services Vétérinaires


Autorisation d’exportation et
(DSV)
certificat sanitaire
Denrées alimentaires d’origine animale et
Ministère de l’Agriculture
alimentation animale à
et de l’Elevage - L’exportation
Autorisation d’importation
- L’importation
Certificat sanitaire
- Marché local
Autorité Sanitaire Halieutique (ASH) Agrément sanitaire et certificat
Produits de la pêche et de l’aquaculture et les sanitaire
Ministère en charge produits qui en sont issus, et l’alimentation
de la Pêche et de aquatique à : Autorisation d’importation
l’Aquaculture - L’exportation
- L’importation Enregistrement sanitaire et
- Marché local certificat sanitaire

Agence de Contrôle de la Sécurité et de la


Qualité des Denrées Alimentaires (ACSQDA) Certificat d’Immatriculation
Ministère de la Santé Toutes denrées alimentaires, les compléments
Publique alimentaires et les additifs alimentaires Certificat de consommabilité
produits localement et importés avant mise
sur le marché local

Certificat de non contamination


Direction de la Protection Des Consommateurs
Ministère de l’Industrie, radioactive
(DPC)
du Commerce et de la
Toutes denrées alimentaires mises sur le
consommation marché local
Autorisation de mise en
commercialisation
Service de la Qualité et du Conditionnement
Ministère de l’Industrie,
(SQC) Certificat de Contrôle du
du Commerce et de la
Quelques produits d‘origine agricole pour Conditionnement et d’Origine
consommation l’exportation
Direction des Aires Protégées, des Ressources
Ministère de
Naturelles renouvelables et des Ecosystèmes
l’Environnement et du
(DAPRNE)
Développement Durable Produits forestiers

58
Annexe 6. Eléments clés pour une étude sur le concept de TVAB donne des pistes de propositions pour
chacun de ces éléments. Les enjeux de gouvernance des TVAB en particulier sont cruciaux : au-delà des
collectivités territoriales décentralisées (CTD), qui posent l’acte administratif d’octroyer ou de retirer le
statut de TVAB, la question est de savoir qui gère les appuis auxquels donne droit le statut de TVAB, qui suit
l’évolution des TVAB, sur la base de quels indicateurs, avec quels moyens de contrôle et de recours, etc.
L’Annexe présente également la façon dont est aujourd’hui abordée la question de la certification à l’échelle
des territoires, en s’appuyant sur les exemples de plusieurs pays. Elle précise ainsi la différence entre deux
démarches, qui peuvent être complémentaires : une démarche visant à encourager le développement de
l’agriculture biologique sur un territoire donné, en incitant notamment les acteurs du territoires à s’engager
dans des démarches de certification de leurs productions par tierce partie ou SPG (logique des TVAB telle
que proposée ici) ; une démarche visant la certification du territoire lui-même, qui implique le développement
d’un cahier des charges spécifique aux territoires (différent de celui concernant les produits agricoles et
qui devrait aller au-delà du nombre de producteurs et de superficies en bio) et d’un label « territoire bio ».
Actuellement, la certification de territoires est une réflexion encore à approfondir, qui pourra être envisagée
après la mise en place et la capitalisation de TVAB pilotes (voir point 6.2.1.).

A1.6.2. Elaborer un texte règlementaire sur les TVAB

Il est proposé qu’un texte réglementaire sur les Le texte règlementaire constituera en quelque
TVAB soit élaboré et adopté afin de préciser les sorte le cahier des charges des TVAB, c’est-
critères permettant de dire si tel territoire peut à-dire l’ensemble des critères que les zones
être créé comme TVAB ou non, la démarche de devront remplir pour pouvoir bénéficier d’un
création des TVAB (les deux voies possibles et la statut de TVAB. Ce cahier des charges devra être
nécessité de la concertation), les types d’appuis relativement léger et souple pour tenir compte
dont pourront bénéficier les TVAB et le système de la dimension temporelle et ne pas freiner
de gouvernance et de contrôle des TVAB. Ce texte les initiatives locales qui s’inscrivent dans une
arrivera en fin de processus sur la démarche des démarche de progrès vers l’agriculture biologique
TVAB, c’est-à-dire après l’étude sur le concept et un développement territorial durable. Ainsi, les
de TVAB, ainsi qu’après une étude de faisabilité critères de classement d’un TVAB (voir proposition
de TVAB pilotes et la création de ces TVAB en Annexe 5. Entités en charge de l’application des
pilotes (voir point 6.2.1.). L’élaboration du texte textes règlementaires pouvant être appliqués aux
pourra alors s’appuyer sur les recommandations produits issus de l’agriculture biologique
des études et les leçons tirées des expériences
pilotes. Il devra également être tenu compte de la
loi sur les Terrains à vocation spécifique en cours
de rédaction.

59
Directions/service en charge de
Ministère de Tutelle l’application des textes, domaines de Documents délivrés
compétences
Direction en charge de la Protection des
Végétaux (DPV)
Agrément sanitaire
Denrées alimentaires d’origine végétale
Ministère de l’Agriculture destinées à la consommation humaine,
Certificat sanitaire
et de l’Elevage à l’état brut ou traitées/transformées
destinées à :
Permis d’importation
- L’exportation
- L’importation
Direction en charge des Services
Autorisation d’exportation et
Vétérinaires (DSV)
certificat sanitaire
Denrées alimentaires d’origine animale et
Ministère de l’Agriculture
alimentation animale à
et de l’Elevage - L’exportation
Autorisation d’importation
- L’importation
Certificat sanitaire
- Marché local

Autorité Sanitaire Halieutique (ASH) Agrément sanitaire et certificat


Produits de la pêche et de l’aquaculture sanitaire
Ministère en charge et les produits qui en sont issus, et
de la Pêche et de l’alimentation aquatique à : Autorisation d’importation
l’Aquaculture - L’exportation
- L’importation Enregistrement sanitaire et
- Marché local certificat sanitaire

Agence de Contrôle de la Sécurité et


de la Qualité des Denrées Alimentaires
Certificat d’Immatriculation
(ACSQDA)
Ministère de la Santé
Toutes denrées alimentaires, les
Publique compléments alimentaires et les additifs
Certificat de consommabilité
alimentaires produits localement et
importés avant mise sur le marché local
Certificat de non contamination
Direction de la Protection Des
Ministère de l’Industrie, radioactive
Consommateurs (DPC)
du Commerce et de la
Toutes denrées alimentaires mises sur le
consommation marché local
Autorisation de mise en
commercialisation
Service de la Qualité et du Conditionnement
Ministère de l’Industrie,
(SQC) Certificat de Contrôle du
du Commerce et de la
Quelques produits d‘origine agricole pour Conditionnement et d’Origine
consommation l’exportation

Direction des Aires Protégées, des


Ministère de
Ressources Naturelles renouvelables et
l’Environnement et du
des Ecosystèmes (DAPRNE)
Développement Durable Produits forestiers

Annexe 6. Eléments clés pour une étude sur le concept de TVAB) ne doivent pas conduire à seulement
préserver des zones qui aujourd’hui sont favorables à l’agriculture biologique ou l’agroécologie.
Ils devraient également tenir compte des spécificités des types de zones, en considérant que les
critères en zones périurbaines peuvent être différents de ceux en périphérie des aires protégées
par exemple. Les zones périurbaines aujourd’hui polluées, considérées comme défavorables à
l’agriculture biologique ou plus difficiles à convertir en agriculture biologique ou en agroécologie,
devraient donc aussi être éligibles au statut de TVAB, justement pour pouvoir être réhabilitées. En
outre, le texte réglementaire peut être tout à fait compatible avec le développement de systèmes
de label privé issus de dynamiques d’acteurs locaux.

60
Le processus d’élaboration du texte réglementaire, ou « cahier des charges TVAB », devra se faire
de façon concertée et inclure, outre le MINAE (USCAB), les CTD et les collectifs locaux : Fokontany,
Commune, District, Région, Coopératives, Groupements. Il est aussi important d’identifier les
autres entités qui peuvent se trouver dans le territoire et dont les activités peuvent interférer avec
le mode de production biologique (par exemple, les entreprises qui rejettent des effluents polluant
les produits, les eaux d’irrigation, les ONG qui distribuent des moustiquaires imprégnées, etc.).
Ce processus de concertation implique l’organisation d’actions de communication sur les TVAB,
de sensibilisation ainsi que de renforcement de capacités des communautés, des CTD et des
ministères (voir axes 3 et 4).

Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
MEDD, MICC,
Conduire une étude sur le concept de
A1.6.1 MINAE MATSF, CTD,
TVAB
collectifs locaux
MEDD, MICC,
Elaborer des textes règlementaires
A1.6.2 MINAE MATSF, CTD,
sur les TVAB
collectifs locaux

6.1.7 Soutien aux dynamiques régionales de développement de l’Agriculture Biologique

Cette composante proposera d’appuyer les


processus de réflexions collectives pour aboutir
à l’élaboration de Stratégies régionales de
développement de l’Agriculture Biologique, en
tant que déclinaison de la présente SNABIO. Cette
action de planification s’appuiera sur l’élaboration
d’outils de base de données et de cartographie.

Dans cette perspective, il est proposé que


plusieurs ensembles régionaux soient priorisées
à titre pilote, en fonction de l’importance de
la pratique de l’agriculture biologique que ce
soit au regard de la demande sur les marchés
internationaux ou qu’il s’agisse de promouvoir
des systèmes de production et de mise en
marché ciblant les centres urbains, ou encore
qu’il s’agisse d’articuler les TVAB avec des
Aires Protégées où des pratiques d’agriculture
biologique participeraient à la préservation de la
biodiversité.

61
A1.7.1. Elaborer des Stratégies Régionales de développement de l’Agriculture Biologique

Dans le sillage de l’élaboration


de la SNABIO, il s’agira d’animer
une réflexion collective à l’échelle
des régions ciblées pour que
ces dernières disposent d’une
stratégie et de plans d’action pour
le développement de l’Agriculture
Biologique, soutenues par
l’ensemble des parties prenantes
régionales. Il s’agira d’élaborer
des documents de cadrage et
de référence pour orienter les
politiques dans les régions où le
développement de l’Agriculture
Biologique constitue une priorité.

De manière non exhaustive, ce processus aura vocation à identifier les zones à soutenir en priorité en
lien avec les demandes existantes ou à venir des marchés locaux, nationaux et internationaux, au regard
également des zones AB déjà existantes pouvant servir de base de départ pour étendre l’Agriculture
Biologique ou le besoin de mettre en place des zones AB tampons en périphérie des aires protégées. Il
s’agira aussi d’identifier et de localiser les facteurs impactant négativement l’adoption et/ou la certification
des pratiques agricoles biologiques et agroécologiques (contamination des produits par les produits
phytosanitaires, pollution des sols et des eaux par les usines ou l’expansion urbaine, usage de moustiquaires
imprégnées, etc.) et de proposer des mécanismes collectifs de régulation.

En toute logique, ces Stratégies Régionales de développement de l’Agriculture Biologique (SRABIO)


pourront mobiliser plusieurs registres : localisation des bassins de production et des TVAB appelés à
bénéficier d’appuis spécifiques, infrastructures (hard et soft), centres de formation et réseau de sites de
démonstration, etc.

Ils chercheront à s’intégrer de manière cohérente avec les orientations inscrites dans les différents
politiques régionales d’aménagement et de développement. Par exemple, les Schémas Régionaux de
l’Aménagement du Territoire (SRAT) recouvrant des associations d’agglomérations pourront servir de
cadres pour le déploiement de ces politiques territoriales favorables à l’Agriculture Biologique.

62
A1.7.2. Construire des bases de données et d’outils cartographiques régionaux

Par ailleurs, outre les données


relatives à la localisation
dynamiques des parcelles et
des zones de production AB, il
s’avèrera nécessaire également
de pouvoir disposer de données
de nature socioéconomique
sur le nombre, le genre, la
localisation des producteurs et
leurs organisations, ainsi que
les opérateurs engagés dans ce
mode de production vertueux.

Ainsi un outil numérique


décentralisée et accessible à tous
centré sur le suivi de l’Agriculture
Biologique facilitera le pilotage
Afin d’alimenter les processus de développement de l’Agriculture et l’appropriation des politiques
Biologique dans les régions, il sera indispensable de se doter d’outils régionales de développement de
d’information fiables, légers, facilement actualisables, prospectifs et l’Agriculture Biologique et leur
appropriés par les parties prenantes. déclinaison locale. Il constituera
une ressource nécessaire pour
En terme prospectif, dans une démarche régionale volontariste de concevoir des actions d’appui au
promouvoir l’Agriculture Biologique, il s’avèrera nécessaire de pouvoir développement de l’agriculture
localiser à l’échelle des régions les zones prioritairement concernées, biologique dans les régions en
identifiées de manière participative en fonction de différents critères identifiant les zones à soutenir
mobilisées dans le cadre de l’activité d’élaboration des SRABIO. en priorité, en organisant
la mobilisation de services
A l’échelle locale, un tel outil d’information sera nécessaire pour tels que le conseil agricole,
renseigner et suivre, à l’échelle des TVAB pilotes et des Schémas l’approvisionnement en semences
d’Aménagements Communaux des communes concernées, l’évolution biologiques et une assistance
des parcellaires relevant de l’Agriculture Biologique et agroécologique. à la certification biologique des
Cet outil intègrerait la localisation des zones avoisinantes porteuses de agriculteurs.
risques de contamination (rejets d’effluents, source et cours d’eau, etc.),
les zones porteuses d’enjeux en termes de maintien de la biodiversité
(aires protégées, etc.), les principaux bassins de consommation, etc.

Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Elaborer des Stratégies Régionales MEDD, MICC,
A1.7.1 de développement de l’Agriculture MINAE, Régions MATSF, CTD,
Biologique collectifs locaux
MEDD, MICC,
Construire des bases de données et
A1.7.2 MINAE, Régions MATSF, CTD,
d’outils cartographiques régionaux
collectifs locaux

63
6.2 Axe 2. Mesures de soutien au développement du bio
Cet axe stratégique rassemble l’ensemble des activités à visée opérationnelle, qui permettent de soutenir
financièrement et matériellement les opérateurs s’engageant dans le bio. Il répond ainsi aux objectifs
spécifiques d’inciter les opérateurs à adopter la démarche et partant le nombre d’opérateurs engagés dans
l’agriculture biologique, d’augmenter les superficies dédiées à l’agriculture biologique et d’améliorer les
rendements et la productivité du travail, qui renvoient à l’objectif général d’augmenter la production en
agriculture biologique. Il vise également à augmenter les points de vente sur le bio et à rendre le prix du bio
accessible pour contribuer à l’objectif général d’augmenter la consommation de produits biologiques sur
le marché national.

Les activités présentées dans cet axe stratégique ont les résultats attendus suivants :

1 Territoires à Vocation Agricole Biologique créés

2 Appuis à la conversion et à la production bio disponible

3 Intrants bio disponibles et accessibles

4 Soutiens aux investissements dans l’agriculture biologique disponibles

5 Ecoulement des produits bio facilité

6 Coût de la certification réduit

6.2.1 Territoires à Vocation Agricole Biologique créés


Dans les cinq ans à venir, sur la base de l’expérimentation des deux voies de création des TVAB et des
recommandations d’une étude de faisabilité des TVAB, au moins trois TVAB pilotes pourraient être créés,
représentatifs des types pré-identifiés dans la loi 003-2020. Dans cette perspective les activités suivantes
sont proposées.

64
A2.1.1. Faire un appel à manifestation d’intérêt pour les TVAB (option A)

Il s’agit ici de tester la voie de création des TVAB émanant directement d’une volonté des acteurs locaux,
voie endogène ou « bottom-up » qui est apparue importante à envisager lors des consultations menées
avec les acteurs régionaux pour l’élaboration de la SNABIO. Pour susciter et faire remonter des demandes
de création de TVAB de la part des acteurs locaux auprès des CTD, il est proposé d’organiser un appel à
manifestation d’intérêt (AMI) qui consistera en des actions de communication sur les TVAB, leurs objectifs,
les appuis auxquels ils pourraient donner lieu, comment s’organiser pour formuler des demandes de
création de TVAB, etc.

A2.1.2. Conduire une étude d’identification des zones potentielles pour les TVAB (option B)

Cette étude devra se faire sur la base des critères de classement qui auront été proposés dans l’étude sur
le concept de TVAB. Cette identification mobilisera l’administration centrale et les services déconcentrés
de plusieurs ministères, en particulier le MINAE, le MEDD, le MICC, le MATSF, ainsi que les PTF.

L’étude aboutira à une cartographie des zones potentielles pour la création de TVAB (base de données
géospatiale) et à une proposition de trois zones pour la création de TVAB pilotes. Il y a potentiellement
beaucoup de zones propices à la création de TVAB. On peut citer à titre d’exemple la zone de récolte des
haricots verts sur les Hauts Plateaux ou la zone de culture du curcuma bio autour de Anivorano Est (zone
de forte concentration de projets d’appui par ailleurs). Le SYMABIO a fait des propositions de zones à cibler,
en fonction des potentiels et des filières mises en œuvre par ses membres. La première région est celle de
Atsinanana (district Toamasina) où il y a 15 000 ha et 880 paysans qui cultivent une grande diversité de
produits pour l’export (cultures vivrières, litchis, poivre, riz palmier à huile, curcuma, cannelle sont ciblés)
autour de Tamatave. Il faut souligner néanmoins qu’il importera de prendre en compte les risques liés à
l’exposition de l’utilisation de pesticides avec la proximité du Port de Toamasina, très difficile à contrôler
car il n’y a pas de point d’accès unique et complexe en termes de gouvernance car il n’y a pas vraiment de
cohérence territoriale. La seconde région est celle de Diana (district d’Ambanja) où 5000 ha et 500 paysans
font essentiellement du cacao avec le Conseil National du Cacao (Stratégie SYMABIO).

A2.1.3. Conduire une étude de faisabilité de TVAB pilotes

L’étude de faisabilité fera des propositions sur le processus concerté de délimitation du TVAB, la structure
de gouvernance locale, les appuis nécessaires en fonction des problématiques de la zone (appui-conseil,
politique d’accès au foncier, disponibilité des bio-intrants, etc.). Elle consistera également à évaluer ex-
ante les impacts potentiels sociaux et environnementaux et à proposer les mesures idoines pour éviter
tout impact négatif. Cet exercice, suivant la méthodologie la mieux indiquée qui sera retenue, constitue un
garde-fou pour se prémunir d’éventuels effets pervers et inattendus (voir Annexe 5. Entités en charge de
l’application des textes règlementaires pouvant être appliqués aux produits issus de l’agriculture biologique

65
Directions/service en charge de l’application
Ministère de Tutelle Documents délivrés
des textes, domaines de compétences
Direction en charge de la Protection des
Végétaux (DPV)
Agrément sanitaire
Denrées alimentaires d’origine végétale
Ministère de l’Agriculture destinées à la consommation humaine, à
Certificat sanitaire
et de l’Elevage l’état brut ou traitées/transformées destinées
à:
Permis d’importation
- L’exportation
- L’importation
Direction en charge des Services Vétérinaires
Autorisation d’exportation et
(DSV)
certificat sanitaire
Denrées alimentaires d’origine animale et
Ministère de l’Agriculture
alimentation animale à
et de l’Elevage - L’exportation
Autorisation d’importation
- L’importation
Certificat sanitaire
- Marché local

Autorité Sanitaire Halieutique (ASH) Agrément sanitaire et


Produits de la pêche et de l’aquaculture et les certificat sanitaire
Ministère en charge produits qui en sont issus, et l’alimentation
de la Pêche et de aquatique à : Autorisation d’importation
l’Aquaculture - L’exportation
- L’importation Enregistrement sanitaire et
- Marché local certificat sanitaire

Agence de Contrôle de la Sécurité et de la


Qualité des Denrées Alimentaires (ACSQDA) Certificat d’Immatriculation
Ministère de la Santé Toutes denrées alimentaires, les
Publique compléments alimentaires et les additifs Certificat de consommabilité
alimentaires produits localement et importés
avant mise sur le marché local

Certificat de non
Direction de la Protection Des
Ministère de l’Industrie, contamination radioactive
Consommateurs (DPC)
du Commerce et de la
Toutes denrées alimentaires mises sur le
consommation marché local
Autorisation de mise en
commercialisation
Service de la Qualité et du Conditionnement
Ministère de l’Industrie,
(SQC) Certificat de Contrôle du
du Commerce et de la
Quelques produits d‘origine agricole pour Conditionnement et d’Origine
consommation l’exportation
Direction des Aires Protégées, des
Ministère de
Ressources Naturelles renouvelables et des
l’Environnement et du
Ecosystèmes (DAPRNE)
Développement Durable Produits forestiers

Annexe 6. Eléments clés pour une étude sur le concept de TVAB).

66
A2.1.4. Créer des TVAB pilotes

Le processus concerté de délimitation du TVAB sera conduit et le statut de TVAB sera conféré au
territoire ainsi délimité (commune, Fokontany, micro bassin versant, bassin versant plus grand, etc.). Il
faudra accompagner la création et l’animation de la structure de gouvernance locale appliquée au TVAB.
Ensuite, les appuis de diverse nature (technique, commerciale, de gestion, institutionnelle, etc.) pour les
opérateurs présents sur le territoire et pour ceux qui souhaitent s’y installer afin de développer des activités
autour de l’agriculture biologique, seront mis en place.

Dans le cadre de la politique foncière développée sur le territoire, cela implique de communiquer et
de sensibiliser les parties prenantes sur la volonté de développer l’agriculture biologique dans les TVAB
pilotes. Les opérateurs doivent être sécurisés quant à l’accompagnement et les appuis dont ils peuvent
bénéficier à long terme, avec en particulier un engagement interministériel pour viabiliser et fournir des
services publics dans les TVAB pilotes.

Période de mise en
N° œuvre (Année)
Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
d’action 1 2 3 4 5

Faire un appel à manifestation M I N A E , CTD, collectifs


A2.1.1
d’intérêt pour les TVAB (option A) MATSF locaux MEDD ,
MEDD, Services
Conduire une étude d’identification
M I N A E , déconcentrés,
A2.1.2 des zones potentielles pour les TVAB
MATSF CTD, collectifs
(option B)
locaux
S e r v i c e s
Conduire une étude de faisabilité de déconcentrés,
A2.1.3 MINAE
TVAB pilotes CTD, collectifs
locaux, MATSF
CTD, collectifs
locaux, opérateurs
A2.1.4 Créer des TVAB pilotes MINAE
d’appui, MATSF,
MEDD,

6.2.2 Appuis à la conversion et à la production en agriculture biologique disponibles


L’aide à la conversion et au maintien en agriculture biologique, sous la forme de subvention à l’hectare,
est une mesure classique de soutien au développement de l’agriculture biologique dans les pays européens.
Elle vise à compenser les pertes de revenus liées aux coûts du changement de pratiques agricoles, dans
l’attente que ces coûts soient pris en charge par le marché (prime bio en référence à un prix plus élevé). Il
s’agit d’un instrument de politique publique relativement coûteux dans la mesure où le niveau de subvention
doit être suffisamment élevé pour pouvoir réellement constituer une incitation à la conversion en agriculture
biologique. Le coût administratif d’un tel instrument et l’organisation qu’il implique (notamment en termes
de contrôle), pour les services qui gèrent l’aide (information sur les producteurs, critères d’éligibilité,
méthode de calcul, etc.) comme pour les producteurs qui la demandent, est également non négligeable.
Dans des pays à tradition d’intervention agricole forte, des alternatives au paiement individuel à l’hectare
peuvent être mises en place. L’Inde par exemple octroie une subvention de 275 €/ha pour trois ans à des
producteurs qui sont organisés dans des « clusters » et qui détiennent ensemble 50 ha ou plus de superficies

67
en agriculture biologique, pour les aider dans l’achat d’intrants bio ou la prise en charge de frais de collecte
et de transport (IFOAM, 2017).

A Madagascar, à la différence de l’Europe, l’enjeu de la conversion d’une agriculture conventionnelle


à base d’intrants chimiques à une agriculture biologique, se pose surtout de façon spécifique, pour
certaines filières comme le maraîchage et pour certaines zones. Compte tenu du contexte malgache et
du temps également pour pouvoir espérer un retour sur investissement, sans compter les différentes
complications pouvant survenir lors de la conduite des actions de conversion, les aides à la production en
agriculture biologique apparaissent plus pertinentes que les aides à la conversion. Celles-ci pourront être
préconisées lorsqu’il existe un besoin justifié par rapport à un marché identifié et substantiel. Pour certains
produits d’exportation par exemple, le marché est très dynamique et l’insuffisance de pratiques agricoles
biologiques peut constituer un goulot d’étranglement. De même, ces aides peuvent être mises à disposition
des opérateurs qui souhaitent se convertir en bio dans les zones où l’agriculture conventionnelle pose le
plus de problèmes en matière d’environnement et de santé publique, comme par exemple les zones de
maraichage en périurbain.

Deux activités sont ainsi proposées concernant les aides à la conversion et à la production en agriculture
biologique.

A2.2.1. Conduire une étude de recensement des parcelles à convertir en priorité

Dans la perspective d’un dispositif d’aide à la conversion ciblé sur quelques filières et zones (majoritairement
en conventionnel et orientées vers un
marché), il est proposé que le MINAE
commandite une étude d’analyse du
parcellaire agricole et de la qualité des
sols pour recenser les parcelles où les
enjeux de conversion se posent avec
le plus d’acuité. L’objectif de cette
étude est de pouvoir dimensionner le
dispositif d’aide ciblé qui sera proposé
aux producteurs (agro-entrepreneurs
comme exploitants familiaux) situés
sur les parcelles concernées. L’étude
sera circonscrite aux zones du territoire
national réputées les plus à risque
avec l’agriculture conventionnelle
(par exemple autour des grandes
villes) et pourra s’effectuer à l’échelle
des quelques communes les plus
concernées. Elle devra tenir compte
dans sa méthodologie du fait que l’historique des parcelles est généralement méconnu ou non maîtrisé. Au-
delà des aspects de qualité des sols, l’étude intégrera des données socioéconomiques au travers d’enquêtes
rapides auprès des producteurs (nombre de producteurs concernés, superficies, produits concernés, statut
foncier, etc.) et recueillera leurs points de vue et besoins en matière d’aide à la conversion. Il sera important
de tenir compte dans l’étude des résultats des nombreuses initiatives de soutien en agroécologie (zonage,
nombre de producteurs, superficies concernées, potentialité pour passer en agriculture biologique, etc.).
L’étude pourra également alimenter la réflexion du MINAE sur les zones pertinentes pour la création de
TVAB (selon la voie B). Elle sera effectuée en collaboration par les CTD et les Directions régionales du

68
MINAE. La communication sur les aides à la conversion en agriculture biologique et la démarche pour les
obtenir se concentrera sur les zones identifiées les plus à risque avec l’agriculture conventionnelle.

A2.2.2. Mettre à disposition une aide à la conversion et à la production des producteurs en


agriculture biologique

Cette aide peut consister en une aide financière et technique le temps de la conversion, ainsi qu’une
aide pour les opérateurs souhaitant s’engager dans la production agricole biologique et faisant face à des
coûts importants pour modifier leurs systèmes de production suivant les règles du cahier des charges sur
l’agriculture biologique. La convention de partenariat signée entre le SYMABIO et le programme national
d’appui à l’entrepreneuriat Fihariana propose déjà d’accompagner financièrement et techniquement
200 000 paysans pour une reconversion vers l’agriculture biologique18.

L’appui technique renvoie à l’ensemble des actions proposées dans l’axe stratégique 4 sur l’appui-
conseil, le renforcement de capacités des opérateurs et la recherche, en particulier l’élaboration d’un guide
technique pour la conversion en agriculture biologique, ainsi qu’un guide technique pour la production en
agriculture biologique.

Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
MEDD, MATSF,
Conduire une étude de recensement
A2.2.1 MINAE Régions, DRAE, SP,
des parcelles à convertir en priorité
SYMABIO, TTM
Mettre à disposition une aide à la
PTF, SP, SYMABIO ,
A2.2.2 conversion et à l’installation en MINAE, MEF
TTM
agriculture biologique

6.2.3 Intrants bio disponibles et accessibles


L’agriculture biologique consiste à développer une agriculture se basant sur les cycles et les systèmes
écologiques vivants et sur la production par les producteurs de leurs propres intrants agricoles, que ce soit
pour augmenter la fertilité organique des sols ou la lutte contre les ravageurs. Il existe en outre un marché
des intrants bio qui propose une alternative aux intrants chimiques de synthèse (substitution des intrants
chimiques par des intrants bio). Les intrants bio renvoient ici à la fois aux semences, engrais, pesticides
et provendes bio, ainsi qu’aux équipements et matériels spécifiques à la fabrication de ces éléments, tels
que des infrastructures de compostage. Les activités à mettre en œuvre pour que ces intrants soient
disponibles et accessibles à l’ensemble des opérateurs de l’agriculture biologique sont de plusieurs ordres.

18 Midi Madagasikara no. 11 248 du vendredi 25 septembre 2020.

69
A2.3.1. Créer des Centres de Multiplication de Semences (CMS) bio

Le développement de la production de semences bio de prébase et de semences de base est primordial.


Le règlement de l’Union européenne sur l’agriculture biologique, par exemple, exige qu’un producteur certifié
en agriculture biologique utilise des semences bio. Le développement des semences bio doit être effectué
par des centres de recherche tels que FOFIFA, qui ont les capacités de mettre en place des centres de
multiplication de semences bio. Ils pourront également contractualiser avec des producteurs de semences
pour démultiplier la disponibilité de semences bio. L’enjeu est de développer des semences locales
adaptées aux conditions biophysiques et climatiques spécifiques des territoires, et dont les performances
correspondent aux pratiques de production en agriculture biologique. Cette activité permettra aux centres
de recherche de répondre à la demande des entreprises qui souhaitent accéder à des semences, dans
le cadre de partenariats publics-privés, afin que celles-ci ne soient plus obligées comme aujourd’hui de
développer elles-mêmes des pépinières.

La production de semences paysannes est également


un enjeu important, en particulier pour l’autonomie des
producteurs vis-à-vis des fournisseurs de semences. Il faut
pouvoir certifier des semences paysannes comme bio dès lors
qu’elles ne sont pas traitées, et que leur obtention provient
de plantes non traitées suivant les règles de l’agriculture
biologique, au moins pour le marché national.

A titre d’exemple, au Brésil, des centaines de banques de


semences ont été créées grâce à une allocation budgétaire
(5,8 millions d’euros) visant à soutenir la conservation, la
multiplication, la distribution et la commercialisation des
semences et des plants. En outre, dans le cadre du programme
d’achat public alimentaire mis en place dans ce pays, l’Etat
a également soutenu l’achat de semences locales et de
variétés traditionnelles, à travers des commandes publiques,
qui étaient ensuite distribuées aux agriculteurs familiaux et à
leurs associations
(IFOAM, 2017).
La mise à
disposition de
banques de semences biologiques pour les producteurs, avec
éventuellement un travail de sélection et de test des semences
destinées à la production biologique est également une des
recommandations du rapport de l’IISD (2020).

Afin de soutenir le développement de l’agriculture biologique,


il est donc important de consacrer un financement pour les
centres de recherche, afin qu’ils mettent en place des CMS et

70
accompagnent la production de semences en milieu paysan. Le Service Officiel de Contrôle des Semences
et des Matériels végétales (SOC) du MINAE, qui est l’autorité́ compétente sur tout le territoire en matière de
contrôle et certification des semences végétales, est en première ligne de cette activité.

A2.3.2. Réaliser une étude sur le marché local des bio-intrants

Les acteurs rencontrés ont de manière générale exprimé l’idée que la priorité devait être donnée à la
production locale de bio-intrants (bio fertilisants, bio pesticides, provende) plutôt qu’à l’importation de bio-
intrants ou l’implantation d’investisseurs internationaux pour assurer le développement de l’agriculture
biologique. Cela nécessite donc que des mesures d’incitations soient mises en place pour favoriser les
investissements nationaux dans des unités de fabrication de bio intrants. Ces mesures peuvent inclure des
mesures de type « protection d’une industrie naissante » afin d’être en mesure de diminuer les importations
de bio-intrants. Les producteurs de compost peuvent par exemple être encouragés et recevoir un appui
leur permettant de développer leurs activités. L’encouragement à la fabrication locale de bio-intrants vise
en priorité les investissements réalisés sur l’exploitation
ou à des échelles territoriales telles que les communautés
villageoises, les SPG ou dans le cadre de TVAB. Mais il est
nécessaire également en complément d’encourager des
entreprises nationales à fabriquer et vendre des bio-intrants.
Cet encouragement passe aussi par un renforcement
du contrôle de l’utilisation des intrants conventionnels
pour mieux en documenter les dérives et les risques de
contamination et également davantage communiquer sur
ces risques (axes stratégiques 1 et 3).

Dans cette perspective, une étude sur le marché des bio-


intrants est nécessaire pour identifier les contraintes à la
fabrication locale de bio-intrants et dans quelle mesure
cela constitue un facteur limitant pour le développement
du secteur de l’agriculture biologique. L’étude devra
ainsi répondre à un ensemble de questions : quelles sont
les entreprises locales de production de bio intrants à
Madagascar et les points de distribution de ces intrants sur
le territoire, quelles sont les contraintes liées aux coûts de
production de bio-intrants, quels sont les besoins d’appui,
quels sont les importateurs de bio-intrants, quels sont les enjeux de compétitivité des entreprises locales,
etc. Elle permettra de produire et de mettre à disposition de l’ensemble des acteurs intéressés (par exemple
sur le site Internet de l’Observatoire) un répertoire des fournisseurs de bio-intrants.

L’étude devra plus particulièrement étudier la structure des coûts, la disponibilité des matières premières,
la qualité et le prix (ou accessibilité) des bio-intrants, ainsi qu’identifier les mesures d’atténuation
aux contraintes identifiées pour la fabrication locale de bio-intrants. Elle devra également faire des
recommandations sur les mesures d’incitation possibles pour encourager la fabrication de bio-intrants.
Plusieurs mécanismes peuvent être envisagés pour inciter les opérateurs à investir dans des unités de
compostage par exemple, et plus largement de production de bio fertilisants et de bio pesticides : des
subventions (par exemple pour l’installation de cuves de lombricompostage), des aides à la recherche
& développement, un fonds de démarrage ou une facilitation de crédit (IFOAM, 2017). Les mesures
spécifiques de soutien à la fabrication de bio intrants sont précisées plus bas concernant les soutiens aux
investissements dans l’agriculture biologique. L’étude devra aussi déterminer s’il est pertinent ou non de
mettre en place des mesures de protection douanière pour protéger la production locale de la concurrence
des importations.

71
S’il est important d’envisager toutes les aides possibles
pour favoriser la fabrication de bio-intrants par des opérateurs
nationaux, il faut aussi faire preuve de pragmatisme et veiller
avant tout à ce que le manque de bio-intrants ne devienne pas
un goulot d’étranglement pour le développement du secteur. Si
nécessaire, lorsque la production locale de bio-intrants n’arrive
pas à suivre l’évolution de la demande des opérateurs engagés
dans l’agriculture biologique, une piste à explorer pourrait être
de développer des partenariats entre investisseurs nationaux et
internationaux. L’implantation d’opérateurs internationaux dans
le cadre de partenariats peut permettre par exemple que des
actions soient entreprises pour privilégier l’emploi local, assurer
des formations, faire du transfert de technologie, etc.

Outre les incitations économiques et les aides matérielles aux


opérateurs, l’appui-conseil aux producteurs est déterminant
pour encourager et accompagner les producteurs à produire des
bio-intrants sur leurs exploitations, y compris en valorisant des
pratiques ady gasy (voir axe stratégique 4). A l’inverse, certaines
pratiques vont à l’encontre d’une démarche de production
locale de bio-intrants. Les acteurs consultés ont par exemple
souligné que le déboisement se traduisait par une insuffisance
des biomasses végétales pour pouvoir produire du compost
(souches, plantes auxiliaires, etc.). Les producteurs doivent
donc être sensibilisés à l’intérêt du reboisement et de manière
générale à toutes techniques nécessaires à production de
compost de qualité. La recherche a aussi un rôle majeur à jouer
dans les activités visant à développer et à rendre disponible des
intrants bio (axe stratégique 4).

A2.3.3. Faciliter la mise en place d’unités de stockage et de


transformation de bio-intrants

Outre les mesures d’incitations destinées aux opérateurs


individuels ou en groupements, l’Etat peut également faciliter
la mise en place d’unités de stockage et de transformation
d’intrants bio de plus grande échelle, pour un territoire donné
par exemple. Cette action est particulièrement pertinente à
envisager dans le cadre des soutiens apportés aux TVAB et
sous la forme de partenariats public-privé (PPP), permettant de
mobiliser des entreprises privées pour la construction de ces
unités.

A2.3.4. Subventionner les engrais bio

La mise à disposition d’engrais bio et leur plus grande


accessibilité implique d’une part de soutenir une offre locale
d’engrais bio et d’autre part de revoir les modalités actuelles de
subventionnement des engrais pour s’assurer qu’elles incluent

72
les engrais bio. Concernant l’offre locale d’engrais bio, des
mesures d’incitation destinées aux opérateurs souhaitant
investir dans l’agriculture biologique sont prévues (voir
point 6.2.4). Il s’agit particulièrement d’encourager l’achat
d’équipements permettant de fabriquer des fertilisants
bio au sein même des exploitations (source d’engrais
interne à l’exploitation) ou à l’échelle de regroupements
(communautés villageoises, SPG, TVAB). Pour la mise
à disposition d’engrais bio (externes à l’exploitation), la
recherche a un rôle important à jouer dans l’élaboration
d’engrais bio (voir axe stratégique 4). Il est important de
valoriser les résultats de recherches locaux et appuyer
les recherches des biofertilisants à base de matériaux
locaux. Les Centres de recherche Centre National de
Recherches sur l’Environnement (CNRE) et Centre
National de Recherches Industrielle et Technologique
(CNRIT) travaillent dans ce domaine et le MEDD est en
train de faciliter ce transfert de connaissances locales.

Les mesures de subventionnement des engrais doivent


également intégrer les engrais bio afin de les rendre plus
accessibles aux producteurs. Elles ne portent aujourd’hui
que sur des engrais minéraux et constituent donc un
encouragement à l’agriculture conventionnelle qui est peu compatible avec la volonté de développer
l’agriculture biologique.

Afin de ne pas envoyer de messages contradictoires aux producteurs, une part croissante des subventions
aux engrais doit être réservée à des engrais biologiques. Il en va de la cohérence des politiques pour assurer
que le soutien au développement de l’agriculture biologique ne soit pas contrecarré par des incitations à
conduire une agriculture conventionnelle. Les procédures de commande d’achat public d’engrais bénéficiant
de subventions devront donc être modifiées afin d’inclure progressivement dans le dispositif de plus en
plus d’engrais organiques. Les taux de subvention sur les engrais organiques peuvent également être plus
élevés que ceux des engrais minéraux destinés à l’agriculture conventionnelle.

A2.3.5. Augmenter le nombre de points de vente d’intrants bio

Outre le fait de rendre les intrants bio plus accessibles économiquement en les subventionnant, il est
important aussi d’améliorer leur accessibilité physique et de développer des points de vente à proximité
des producteurs. On pourra s’appuyer par exemple sur le programme « Dokany Moran’ny Mpamokatra »
(DMM), qui reçoit le soutien financier du Fonds de Développement Agricole (FDA) visant à financer les
services aux producteurs (SNAB, 2020). Le DMM consiste à développer dans chaque district des boutiques
d’intrants et de matériels agricoles à bas prix pour les producteurs, l’objectif serait que des intrants bio
soient disponibles dans ces boutiques. Ce programme est actuellement en cours de mise en place (SNAB,
2020).

73
Période de mise en
N° œuvre (Année)
Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
d’action
1 2 3 4 5
Créer des centres de multiplication
A2.3.1 MINAE (SOC) FOFIFA
de semences bio
Réaliser une étude sur le marché
A2.3.2 MINAE SP, PTF
local des bio-intrants
Faciliter la mise en place d’unités
A2.3.3 de stockage et de transformation de MINAE, MEF SP
bio-intrants
A2.3.4. Subventionner les engrais bio MINAE, MEF
Augmenter le nombre de points de
A2.3.5. MINAE SP
vente des intrants bio

6.2.4 Soutiens aux investissements dans l’agriculture biologique disponibles


Le développement de l’agriculture biologique nécessite pour les opérateurs des chaines de valeur
(producteurs, transformateurs, etc.) d’investir dans l’acquisition d’équipements ou de matériels spécifiques
à l’agriculture biologique, tels que des machines pour la fabrication du compost, le broyage, la découpe,
des filets de protection contre les insectes, des infrastructures de transformation, calibrage, emballage,
conservation, etc. (IFOAM, 2017). Les investissements concernent aussi les besoins additionnels en main
d’œuvre qu’implique le mode de production biologique, notamment pour l’aménagement des parcelles,
et le surcoût que cela représente. Il convient donc d’offrir aux opérateurs qui souhaitent se lancer dans
l’agriculture biologique ou l’agroécologie sans usage d’intrants la possibilité de bénéficier d’une aide
à l’investissement pour le développement de leurs opérations. En Tunisie par exemple, l’acquisition
d’équipements, instruments et moyens spécifiques à la production biologique est subventionnée à hauteur
de 30% depuis un décret de mars 2000 (n°2000-544, 6 mars 2000).

A2.4.1. Conduire une étude de faisabilité de la mise en œuvre de soutiens à l’investissement

Il est important de conduire une étude de faisabilité sur les mesures de soutien à l’investissement à mettre
en place, pour identifier les différents mécanismes de soutien possible, préciser les modalités d’octroi de
ces soutiens et leur financement. Au moins deux pistes sont identifiées et pourront être approfondies dans
la conduite de l’étude :

Octroi de facilités de crédit,


par exemple à travers un taux
préférentiel ou taux bonifié sur
des crédits bancaires pour les
investissements spécifiques
à l’agriculture biologique, sur
le modèle de la convention de
partenariat entre le SYMABIO
et le Programme Fihariana.
Une attention particulière est
donnée dans la SNABIO aux aides
délivrées aux micro et petites
entreprises ainsi qu’aux collectifs
(groupements de producteurs ou
coopératives) pour la construction

74
ou l’achat et la mutualisation d’équipements ou de matériels. Cela peut se concrétiser par exemple par
des taux d’intérêt relativement plus faibles pour eux. Les critères pour pouvoir bénéficier des facilités de
crédit peuvent être de plusieurs ordres : juridiques (être une entité formelle), techniques (disposer d’un
minimum de capacités techniques), financiers (capacité à rembourser), socio-économiques (taille de
l’entité, types de produits avec une attention accordée à ceux les plus pertinents pour les communautés
locales), environnementaux (capacité de l’investissement à préserver l’environnement).

On pourra s’appuyer sur l’exemple du crédit-bail qui est proposé aux coopératives agricoles dans le
cadre du Programme Fihariana. Dénommé « Zara iombonana », ce crédit-bail doit permettre de faciliter
l’acquisition de matériel pour améliorer la production au sein d’une coopérative agricole19. On peut envisager
de donner la priorité aux coopératives souhaitant louer du matériel pour développer la production agricole
biologique.

Cette ligne de crédit mise à disposition des opérateurs souhaitant investir dans l’agriculture biologique
peut constituer un mode de financement dégressif, au fur et à mesure de la rentabilité des investissements
et des demandes d’accès à cette ligne. Suivant ce principe de dégressivité, une entreprise pourrait bénéficier
de la ligne de crédit pour le montant total de son besoin de financement lors de la première demande, puis
d’un montant moindre lors d’une deuxième demande, etc. ; l’objectif étant de permettre au maximum de
structures de bénéficier de cette mesure. Il est par ailleurs pertinent d’envisager ce type de financement
de façon ciblée pour des zones particulières où il y a une volonté des acteurs de développer l’agriculture
biologique, par exemple dans les TVAB.

19 L’express de Madagascar, 12 septembre 2020. Madagascar : financement rural – crédit-bail pour les coopératives agricoles.
75
Subvention totale ou partielle des
investissements. Il est important de faire
ressortir ici des éléments concrets de
justification pouvant être présentés au
Ministère de l’Economie et des Finances (MEF)
de l’impact que ces aides pourront apporter
à l’économie. En Effet, à défaut de données
concrètes sur l’impact réel d’une subvention
ou d’un avantage fiscal quelconque au
développement d’une activité ou d’un secteur
et surtout de l’existence d’une retombée à
moyen/long termes sur les recettes de l’Etat, il
est quasi impossible de prétendre obtenir une
subvention de l’Etat. Il s’agit donc de donner à
voir auprès du MEF les externalités positives
de l’agriculture biologique en matière de santé
et d’environnement, au travers par exemple
d’indicateurs simples qu’il conviendrait
d’établir. On peut également mettre en avant le
fait que l’agriculture biologique a la capacité,
en comparaison avec l’agriculture conventionnelle et grâce à son système de certification, de quantifier
précisément les retours sur investissements en termes de nombre d’emplois créés par exemple. Ces
indicateurs doivent permet aux opérateurs de pouvoir disposer d’éléments concrets pour démontrer leur
impact socioéconomique et environnementaux et ainsi mieux défendre des demandes de subventions ou
d’appui (rapports techniques et argumentaire à produire sur les contreparties de l’aide à l’investissement).

Le FDA ou des programmes tels que PROSPERER, visant à apporter des subventions directes pour l’achat
de petits équipements agricoles (SNAB, 2020) peuvent être mobilisés pour ce deuxième type de soutien.
Le FDA a en particulier comme intérêt d’être déjà en appui à l’agroécologie par des subventions à ces
services agricoles et de donner un accès aux institutions de microfinance, qui sont parties prenantes de ce
mécanisme de financement.

Enfin, il faut souligner que le retour sur investissements


dans l’agriculture biologique pouvant nécessiter un
temps plus ou moins long suivant le type de produit
agricole et le lieu de production choisis, il est primordial
que les opérateurs disposent d’une bonne visibilité
quant au devenir de leurs investissements. C’est
particulièrement vrai dans les TVAB par exemple, où les
opérateurs présents comme ceux qui s’installent dans
le cadre de la politique foncière menée sur un territoire
donné, doivent avoir une sécurité foncière.

76
A2.4.2 Mettre en œuvre le mécanisme de soutien aux investissements

La mise en œuvre du mécanisme de soutien consistera à apporter les soutiens et appuis identifiés lors
de l’étape précédent aux producteurs, opérateurs et/ou acteurs qui en ont besoin pour le développement
d’agriculture biologique. Le MEF et les PTF sont des acteurs particulièrement clé de la mise en œuvre des
soutiens proposés.

Il faut aussi noter que les CTD ont un


rôle à jouer dans la mise à disposition
des équipements nécessaires à la
production de produits biologiques.
Par exemple, un maire peut investir
dans la construction d’installations de
compostage ou d’unités de fabrication
de bio fertilisants. Si on prend l’exemple
de la Commune Urbaine d’Antsirabe, la
Commune envisage d’investir dans une
unité de production de compost avec le
ramassage des ordures ménagères20. Le
Maire disposant d’expérience probante
en matière de développement de filière
agricole souhaite utiliser les engrais
produits pour améliorer les recettes de
la Commune, promouvoir l’utilisation
d’engrais organiques et aussi encourager et accompagner des producteurs dans l’amélioration de leurs
productions. La Commune étant propriétaire de plusieurs hectares de terrain, le Maire envisage aussi
d’utiliser les engrais qui vont être produits pour les valoriser en partenariat avec des producteurs ou
opérateurs privés. On peut également mentionner l’initiative de l’entreprise sociale et solidaire Le Relais à
Fianarantsoa qui gère les déchets de la ville et utilise les déchets organiques recyclables pour produire et
vendre du compost certifié « NOP Ecocert »21

Enfin, les Fonds communautaires villageois sont à valoriser et à développer pour encourager les
investissements collectifs dans le matériel ou les équipements nécessaires au développement de
l’agriculture biologique.

Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 5
Conduire une étude de faisabilité Institutions
A2.4.1 de la mise en œuvre de soutiens à MINAE, MEF Financières, PTF,
l’investissement SP, AT
Institutions
Mettre en œuvre les mécanismes de
A2.4.2 MINAE, MEF Financières, PTF,
soutien aux investissements
SP, AT, CTD

20 A noter à cet égard que la production de compost urbain avec des ordures ménagères peut comporter d’importants risques de pollution lorsqu’elle n’est
pas bien maîtrisée, avec la présence de produits tels que l’acide des batteries de voiture, l’huile de vidange, des résidus médicamenteux, etc.
21 L’Express de Madagascar 20/05/2020 : Valorisation des déchets – Le modèle du « Le Relais » sauve Fianarantsoa.

77
6.2.5 Ecoulement des produits bio facilité
A2.5.1. Réaliser des études de marché

On ne sait aujourd’hui quasiment rien du marché


national, que ce soit concernant les points de
vente ou la demande potentielle pour les produits
bio. On fait l’hypothèse que les achats de produits
bio par les consommateurs pourraient augmenter
significativement si les points de vente étaient
augmentés, mais cela reste à documenter. Il est donc
important de réaliser une étude de l’état des lieux des
points de vente existants, en priorité dans la capitale,
afin de mieux comprendre quels sont les canaux de
vente les plus dynamiques, les lieux où se concentrent
les points de vente et au contraire ceux où il y aurait lieu
de les développer. Les produits issus de l’agriculture
biologique peuvent être en effet vendus suivant plusieurs
canaux : grandes surfaces, magasins spécialisés,
marchés producteurs, paniers alimentaires, vente en
ligne, restaurants, hôtels, restauration collective, etc.
Les actions de promotion ponctuelles telles que le
Salon de l’agriculture biologique ou les foires sont aussi
des points de vente « éphémères » non négligeables en
termes de nombre de stands, volumes de vente mais
aussi de sensibilisation des consommateurs et de
stimulation de la demande.

Cette étude sur les points de vente devra être menée à fréquence régulière pour pouvoir en suivre
l’évolution. La diffusion large de l’étude auprès des opérateurs et la communication grand public sur
ses résultats doit contribuer à encourager les opérateurs à se lancer dans la vente de produits issus de
l’agriculture biologique, et à sensibiliser les consommateurs. Les autorités locales pourront également
se saisir des résultats de l’étude car elles ont un rôle important à jouer dans l’augmentation des points
de vente : stands sur des marchés publics existants, mise à disposition d’un local, infrastructures pour
un marché producteurs spécifique, etc.

D’autre part, l’étude sur le marché national


doit également permettre de documenter quel
est le profil des consommateurs, leurs habitudes
d’achat, leurs motivations, préoccupations,
etc. Cette étude s’appuiera sur une enquête
consommateurs, à réaliser en début de période
de mise en œuvre de la SNABIO, afin de disposer
d’une situation de référence (baseline). L’étude
doit couvrir en priorité la capitale et les villes
secondaires, là où le potentiel de marché est le
plus grand. Une deuxième étude avec enquête
consommateurs devra être effectuée en fin de
période de mise en œuvre pour mettre en évidence
les évolutions. Il serait pertinent de renouveler de
façon régulière par la suite.
78
Il serait judicieux que les enquêtes stratégique en maintenant une gamme diversifiée
consommateurs soient réalisées avec les de groupes de produits d’exportation (épices,
institutions de la recherche et de l’enseignement poivres, huiles essentielles, vanille, fruits et
supérieur. Cela permettrait de sensibiliser leurs légumes, etc.) plutôt que de se focaliser sur un
membres et d’accroître progressivement la masse nombre réduit de filières clés comme le font
critique d’experts, chercheurs, universitaires, beaucoup de stratégies, afin de se prémunir des
cadres qui sont connaisseurs des problématiques risques liés à la volatilité des cours internationaux.
du développement des filières biologiques et C’est une richesse pour Madagascar que d’avoir
agrologiques et en lien avec les pratiques de autant de filières engagées dans l’agriculture
consommation, notamment en milieu urbain. biologique. Cela rejoint la recommandation de
l’IISD (2020) d’avoir une stratégie diversifiée de
Concernant les marchés à l’export, des études commerce agricole à l’exportation.
de marché doivent être effectuées pour dresser
un état des lieux des avantages comparatifs des Les besoins des exportateurs sur les marchés
filières produites malgaches et mieux identifier à documenter en priorité devront être identifiés
les opportunités existantes et les marchés (océan indien, Europe, Etats-Unis, Japon, etc.) avec
porteurs. Ce travail de fonds doit permettre de le SYMABIO. Le MICC, l’agence de promotion des
soutenir les autorités malgaches et les opérateurs exportations, l’EDBM et la Chambre de commerce
économiques dans la définition et la mise en et d’industrie sont également parmi les acteurs
œuvre des stratégies commerciales, dans une en première ligne de cette activité. Ces études de
logique de compétitivité face à la concurrence marché doivent être réalisées régulièrement de
croissante sur les marchés internationaux. façon à fournir des informations commerciales
actualisées pour les opérateurs leur permettant
La présente Stratégie considère néanmoins d’adapter leurs stratégies commerciales aux
qu’il est important de raisonner cette priorisation
79
opportunités de marché. Elles peuvent être commanditées auprès de consultants ou bureaux d’études,
comme être réalisées par les agents au sein de l’USCAB qui seront dédiés à la mise en œuvre de la SNABIO
(IISD, 2020). Elles devront en tous les cas être mises à disposition des opérateurs, par exemple au travers
de l’Observatoire sur l’agriculture biologique.

A2.5.2. Promouvoir les circuits courts

La facilitation de l’écoulement des produits


issus de l’agriculture biologique va souvent
de pair avec la diminution du nombre des
intermédiaires. Ceci est d’autant plus
préconisé dans la démarche de production
en agriculture biologique qu’elle permet de
diminuer le risque de contamination des
produits et aussi de diminuer, ou en tous
les cas de ne pas augmenter, le travail de
l’organisme certificateur ; ce qui va avoir un
impact sur le coût de la certification et donc
au final sur le prix de vente des produits.

Quelques initiatives existent déjà et


devront être développées à grande échelle
concernant cette démarche de diminution
d’intermédiaires entre producteurs et
commerçants/distributeurs. C’est le cas par
exemple de la société Terrabio, qui a été créée
par la société Guanomad (fabricant d’engrais
biologiques certifié Ecocert). Il a été décidé
pendant la période de confinement d’aider les
producteurs à écouler leurs produits (fruits
et légumes). Terrabio dispose désormais
d’une boutique physique et fait aussi de
la vente en ligne ainsi que la livraison à
domicile. La commercialisation des produits
se fait sous appellation bio bien qu’ils ne
soient pas officiellement certifiés bio, faute
de système de certification pour le marché
national. Avec la promulgation de la loi sur
l’agriculture biologique cette appellation ne
pourra plus se faire sans certification. Des
techniciens de la société font cependant
bien un accompagnement des producteurs
pour une meilleure utilisation des engrais
biologiques et aussi du respect de la
démarche de production biologique.

80
Il en est de même pour la société ABCie fruits et légumes Madagascar qui est devenu le distributeur de
produits issus de la production agroécologique du projet Profapan géré par Agrisud dans sa première phase
de mise en œuvre. L’équipe d’AgriSud a formé les agriculteurs périurbains aux pratiques agroécologiques
et a développé une distribution en circuit court vers les marchés urbains et péri-urbains d’Antananarivo. Un
dispositif avec de Très Petites Entreprises (TPE) « collecteurs » dans les villages et d’autres spécialisées sur
les villes a été mis en place pour renforcer les relations commerciales avec les producteurs. Actuellement,
en plus de la commande en ligne, ABCie a aussi mis en place quelques lieux de vente de ses produits en
collaboration avec des particuliers et des restaurateurs, qui ont accepté, moyennant une commission de
vente, le dépôt et la vente de ses produits (ouverture des lieux de vente deux fois par semaine).

Outre les aides financières qui sont proposées aux opérateurs souhaitant investir dans du matériel,
des équipements ou de la main d’œuvre pour les activités agricoles biologiques (voir point 6.2.4), il est
important de fournir un accompagnement spécifique aux petites et moyennes entreprises qui visent le
marché national. Des services d’appui aux entreprises sont à envisager pour les accompagner dans les
démarches de certification par tiers ou SPG, renforcer leurs capacités techniques, fournir du conseil de

gestion, des études de marché, aider à participer à des salons nationaux, etc. L’ensemble de ces services
sont regroupés au niveau de l’axe stratégique 4 portant sur l’appui-conseil et le renforcement de capacités,
aussi bien pour le marché national que pour l’exportation. Plus précisément ici, l’Observatoire sur l’agriculture
biologique peut aussi offrir un service d’interface pour mettre en relation des producteurs et des opérateurs
de marché (collecteurs, commerçants, distributeurs), ainsi que ces acteurs avec des prestataires de
services. L’Observatoire peut ainsi comporter une base de données renseignant les informations sur les
producteurs. On peut s’appuyer à cet effet sur le Programme PROSPERER qui comprend des actions de mise
en relation des Opérateurs de Production (OP) avec les Opérateurs de Marché (OM). L’Observatoire peut

81
également mettre à disposition une base de données des prestataires de service offrant d’accompagner
des coopératives ou des entreprises à développer leurs activités en agriculture biologique pour le marché
national.

Les projets classiques de structuration des filières, visant à créer ou renforcer des connexions entre les
différents acteurs des chaines de valeur, notamment le lien producteurs-marchés, sont également des
instruments importants pour développer les filières clés de l’agriculture biologique (IFOAM, 2017).

Selon certains acteurs rencontrés, des à la fois sur du renforcement de capacités


démarches SPG impliquant les consommateurs organisationnelles (commercialisation collective,
ou d’autres opérateurs de l’aval des filières mutualisation d’équipements, système de suivi
sont des pistes intéressantes à explorer. A de la qualité, etc.) et de capacités techniques
titre d’exemple on peut citer les Associations (infrastructures de stockage, de transformation,
pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne etc.).
(AMAP), qui établissent un partenariat entre des
consommateurs et un ou plusieurs producteurs A2.5.3. Encourager la transformation des
en agriculture biologique. Dans les cinq ans produits issus de l’agriculture biologique
à venir, l’enjeu est de renforcer des filières
existantes en les aidant à développer leurs La transformation des produits issus de
volumes d’activités en agriculture biologique et l’agriculture biologique peut constituer un
non d’en créer de nouvelles, que ce soit à l’export débouché important pour les producteurs. Assurer
ou pour le marché national. L’intérêt du marché eux-mêmes tout ou partie de la transformation
national est qu’il y a moins de risque à cibler des peut faciliter l’écoulement de leurs produits si la
filières clés dans la mesure où la demande est demande porte principalement sur des produits
certes faible mais moins volatile que le marché transformés. Cette démarche est aussi un moyen
international. Les filières courtes, d’une manière pour eux de donner de la valeur ajoutée et de
générale de par le monde, semblent également diversifier l’offre de produits issus de l’agriculture
faire preuve d’une certaine résilience face à des biologique sur le marché national (IISD, 2020).
L’appui-conseil et l’accompagnement des
producteurs est pour cela nécessaire (axe
stratégique 4), de même que généralement des
investissements communautaires pour des
infrastructures de transformation.

Par ailleurs, avec son programme ODOF (One


District, One Factory), le Ministère en charge de
l’Industrie compte accompagner et faciliter la
mise en place d’unités de transformation dans
les 119 districts de Madagascar. Cette initiative
peut être une opportunité à développer pour
crises de grande ampleur, comme cela a pu être la valorisation des produits bio notamment
observé avec la crise du Covid-19. Enfin, il y a dans une perspective d’exportation de produits
moins de risque d’effondrement des filières en transformés certifiés, dont le prix de vente est
cas de retournement des cours internationaux, plus rémunérateur.
comme cela a pu se produire à Madagascar par
le passé lorsque les opérateurs ont concentré
leurs investissements sur quelques filières. Pour
le marché national, il est ainsi essentiel de cibler
les filières maraichères, en mettant l’accent

82
A2.5.4. Renforcer les contrôles pour créer la confiance des consommateurs

Pour mieux valoriser la production en agriculture biologique, il est aussi important de renforcer les
contrôles, aussi bien sur les produits conventionnels que sur les produits qui se réclament de l’agriculture
biologique. En effet, le contrôle des produits conventionnels va démontrer l’importance de suivre
scrupuleusement l’utilisation des intrants chimiques pour que les produits mis sur le marché ne nuisent
pas à la santé des consommateurs. A l’inverse, le contrôle des produits certifiés bio va montrer que ces
produits ont suivi tout un processus de certification qui s’appuie un système de qualité et de traçabilité,
ce qui est de nature à créer la confiance des consommateurs. Avant la sortie de la loi sur l’agriculture
biologique, la commercialisation sous appellation bio n’était pas encore considérée comme illicite car il n’y
avait pas de cadrage légal. Avec la promulgation de la loi, cette appellation est dorénavant règlementée et
des contrôles peuvent être effectués (articles 5 et 11 de la loi 2020-003).

La communication grand public sur la réalisation de ces contrôles et sur leurs résultats est importante
pour montrer que le gouvernement agit et pour sensibiliser la population sur la valeur ajoutée de la
certification bio, en complément des actions de communications qui seront réalisées sur les bienfaits des
produits issus de l’agriculture biologique.

A2.5.5. Développer les achats publics (ou commandes institutionnelles)

Les institutions gérées par l’Etat et


les CTD (ministères, écoles, hôpitaux,
prisons, etc.) constituent à travers
leurs commandes publiques un
marché très important et sécurisé
(moins soumis aux aléas des marchés
classiques) pour les opérateurs. De la
même façon que, de plus en plus, les
procédures d’achat public privilégient
les produits locaux, une disposition
portant sur les produits issus de
l’agriculture biologique constituerait
un soutien important aux opérateurs
du secteur de l’agriculture biologique
pour l’écoulement de leurs produits.
De par son envergure, un acheteur public peut davantage stimuler la demande et avoir un impact bien
plus significatif sur le secteur qu’une multitude de consommateurs qu’il faut d’abord sensibiliser. Le Brésil
est un des pays qui a le plus utilisé les achats publics comme mesure de soutien au développement de
l’agriculture biologique, avec beaucoup de succès, au travers de son programme d’achat alimentaire et son
programme national de restauration scolaire. Des règlementations au niveau des Etats et des municipalités
ont également été permis de décliner cette mesure au niveau local (IFOAM, 2017). A Madagascar, en portant
la SNABIO l’Etat montre qu’il est convaincu de l’intérêt de l’agriculture biologique et ses achats auprès des
opérateurs du secteur de l’agriculture biologique malgache pourraient avoir « valeur d’exemple » auprès
des consommateurs.

Cette stratégie doit cependant être progressive et il faut d’abord un minimum structurer les filières
locales pour qu’elles soient en capacité de fournir de gros volumes de produits agricoles biologiques avant
de passer d’importantes commandes. De ce point de vue, les achats au niveau local, par les municipalités
par exemple, peuvent être plus adaptés à la situation actuelle d’émergence du secteur de l’agriculture

83
biologique et être des moteurs de sa croissance pour le marché national.

Sur la période de mise en œuvre de la SNABIO, il est possible d’envisager dans le cadre des TVAB, et
particulièrement le TVAB pilote en zone périurbaine, l’expérimentation d’une procédure d’achat public
pour une institution (cantine scolaire par exemple). Cela implique entre autres de revoir les procédures
de marchés publics, de renforcer les capacités des opérateurs, au niveau du fonctionnement des filières
comme de la réponse aux appels d’offre, notamment pour les groupements de producteurs dans le cas de
circuits courts.

Enfin, l’écoulement des produits issus de l’agriculture biologique sera nécessairement facilité par
toutes les actions de promotion qui seront menées aussi bien pour le marché national que pour l’export
(voir axe stratégie 3). Le développement d’un agrotourisme à Madagascar, s’appuyant sur une demande
internationale croissante pour ce type de tourisme, peut également constituer un débouché qui encourage
les opérateurs des filières à s’engager dans ce mode de production et dans une démarche de certification.
Avec les projets de mise en place des TVAB, qui peuvent être portés par des municipalités ou des régions,
l’agriculture biologique peut contribuer au développement de l’agrotourisme, notamment par l’organisation
de visites de sites de production et la mise en place de marchés dédiés aux produits bio, avec éventuellement
des projets de développement de produits de terroir.

Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
A2.5.1 Réaliser des études de marché MINAE, MICC SP, PTF
MINAE, MICC,
A2.5.2 Promouvoir les circuits courts CTD, SP, PTF
SYMABIO
Encourager la transformation des
A2.5.3 produits issus de l’agriculture MINAE, MICC SYMABIO, SP, PTF
biologique
Renforcer les contrôles pour créer la
A2.5.4 MINAE, MICC MINAE, MSANP
confiance des consommateurs
Développer les achats publics (ou S t r u c t u r e s
A2.5.5 MINAE, MEF
commandes institutionnelles) publiques

6.2.6 Coût de la certification réduit


Selon l’ISO22, la certification est la procédure par laquelle une tierce partie donne une assurance écrite
qu’un produit, un processus ou un service est conforme aux exigences spécifiées dans un référentiel
(cahier des charges). La certification est donc un processus d’évaluation de la conformité qui aboutit à
l’assurance écrite qu’un produit, une organisation ou une personne répond à certaines exigences. En plus
du coût à payer pour l’audit de certification, le coût de la certification comprend aussi toutes les dépenses
à engager pour répondre aux exigences du référentiel. Cela peut nécessiter la mise en place d’une nouvelle
organisation, le recrutement d’un accompagnateur, l’achat de nouveaux matériels, etc. Selon le cas, ce coût
supplémentaire peut correspondre au même montant que le coût de la certification, sinon encore plus.

Pour le cas de la certification biologique, celle-ci peut être délivrée par un organisme certificateur,
ce qu’on appelle la certification par tierce partie (certification délivrée principalement pour les produits
destinés aux marchés à l’export), ou par le système participatif de garantie (SPG) pour le marché local (ou
les marchés d’export où les SPG sont reconnus, comme en Afrique de l’Est par exemple). Il y a actuellement
quatre organismes certificateurs (Ecocert, Lacon, Bureau Veritas et CCPB) qui opèrent à Madagascar. Le
SPG, lui, n’est pas encore opérationnel et n’a fait l’objet que de quelques expériences, avec des producteurs
22 Organisation internationale de normalisation (International Organization for Standardization).

84
engagés dans l’agroécologie ; c’est un des objectifs de la SNABIO que d’identifier les actions à mener pour
le mettre en place.

Les deux systèmes de certification, par tierce partie et SPG, ne sont pas concurrents mais au contraire
complémentaires, dans la mesure où ils ne visent pas les mêmes marchés. Les profils et les capacités
des acteurs concernés sont différents, les procédures d’évaluation de la conformité diffèrent, mais dans
un cas comme dans l’autre il y a un certain nombre de démarches à effectuer de la part des opérateurs.
Le SPG peut constituer pour certains producteurs une première étape de renforcement de capacités et
de professionnalisation quant au respect d’exigences de qualité vers une certification tierce partie pour
l’exportation (IFOAM, 2017).

1.1.1.1 Concernant la certification tierce partie

De l’avis des opérateurs, le coût de la certification


tierce partie est un des paramètres qui freine
le développement de l’agriculture biologique à
Madagascar. Pour Guanomad par exemple, le coût
de la certification représente 25% du coût de sa
production. Le coût élevé de la certification tierce
partie est considéré comme une des raisons qui
expliquent la quasi inexistence de produits locaux
certifiés bio vendus sur le marché domestique. En
effet, le pouvoir d’achat de la majeure partie de
la population ne lui permet pas de payer le coût
supplémentaire de la certification dans le prix final
du produit. Pour les marchés d’exportation, il faut
noter que pour certaines cultures, les opérateurs
sont obligés de se faire certifier deux fois s’ils
veulent exporter à la fois vers les Etats-Unis et vers
l’Union européenne, afin de répondre aux exigences
des règlementations bio de ces deux marchés. C’est
le cas de la grande majorité de la vanille et du cacao
biologiques et cette double certification augmente
le coût de la certification pour les opérateurs (IISD,
2020).

Pour pouvoir espérer une diminution du coût


de la certification, il est important d’identifier les
rubriques composant le coût de la certification et
sur lesquelles il est possible d’intervenir. L’Annexe
8. Eléments de coûts de certification tierce partie et SPG présente les différents postes du coût de
la certification tierce partie, ainsi que les leviers possibles que peuvent actionner les opérateurs et les
organismes certificateurs pour atténuer ce coût. Le coût de la certification peut également être amené à
recouvrir des services autres que ceux de l’inspection stricto sensu. Ecocert par exemple a ainsi annoncé
qu’il allait former gratuitement les entités intéressées sur l’agriculture biologique.

L’augmentation du nombre d’organismes certificateurs opérant dans un pays est également une tendance
qui devrait permettre d’elle-même de diminuer le coût de la certification, du fait des effets de concurrence.
Avec les actions de sensibilisation et de vulgarisation menées sur l’agriculture biologique, la demande

85
de certification devrait augmenter et cela devrait certification tierce partie à moindre frais, dans
inciter d’autres organismes certificateurs à la mesure où les coûts sont partagés entre les
venir opérer à Madagascar. Il est important de producteurs. L’intérêt est aussi que la certification
favoriser cette entrée de nouveaux organismes appartient aux groupements de producteurs. Des
certificateurs sur le marché malgache de la soutiens limités dans le temps dans le cadre
certification en veillant notamment à ce que les de projets du gouvernement et/ou des PTF
procédures d’installation et d’opération sur le peuvent par exemple prendre en charge la mise
territoire malgache ne soient pas trop lourdes et en place de systèmes internes de contrôle pour
complexes, et surtout respectent la procédure la certification de groupe. Cela peut être sous
d’agrément dorénavant prévu par la loi 2020-003. la forme de subventions aux groupements de
producteurs à hauteur d’un certain pourcentage
Du point de vue de l’action publique, le soutien des coûts de certification.
à la couverture des coûts de certification tierce
partie est une mesure classique de soutien Dans le cas de Madagascar, la certification
au développement de l’agriculture biologique tierce partie apparaît aujourd’hui hors de
(IFOAM, 2017). La plupart du temps, les mesures portée des producteurs, même organisés en
de soutien apportées aux opérateurs consistent groupements, en raison du coût des services
à rembourser les coûts de certification annuels mais aussi de l’ensemble des démarches à
à concurrence d’un certain pourcentage, bien effectuer. Pour ces opérateurs comme pour les
que certains pays comme les Philippines ou autres, et particulièrement pour les exportateurs,
le Costa Rica couvrent 100% des coûts de il n’existe pas à ce jour de mécanisme de soutien
certification (IISD, 2020). En Tunisie par exemple, à la certification tierce partie. A l’exception de
le gouvernement accorde une subvention de quelques projets qui ont pu, de façon ponctuelle,
70% des frais de certification et d’inspection aux prendre en charge une partie des coûts de
producteurs individuels (5000 Dinars/ an soit certification, les exportateurs doivent avancer
1800 USD) et groupes de producteurs (10000 la trésorerie pour couvrir tous les coûts fixes
Dinars/ an soit 3600 USD) sur un temps limité de liés à la certification avant d’être payés par les
5-7 ans, correspondant au temps de la conversion importateurs ayant passé commande.
en agriculture biologique.
Toutefois, il est enfin possible d’envisager
Le soutien à la certification peut également que les certificateurs offrent à terme un service
cibler certaines formes de certification de certification par tiers adapté au contexte
comme la certification de groupes, qui permet réglementaire malgache pour le marché national,
à des coopératives ou gros groupements qui soit moins onéreux et plus accessible
de producteurs de recourir aux services de que ce qui est exigé par les grands marchés
internationaux.

86
A2.6.1. Mettre en place une aide à la trésorerie pour la certification tierce partie

Une aide à la trésorerie peut être envisagée pour inciter les opérateurs des chaines de valeur à
s’engager dans la certification de leurs produits. Le dispositif pour délivrer cette aide pourrait se faire à
travers un fonds alimenté par une redevance sur les exportations et être géré par l’agence de promotion
des exportations mais aussi par un fonds revolving octroyer par les PTF. Ce dispositif bénéficierait aux
opérateurs des filières d’exportation devant recourir aux organismes certificateurs pour l’exportation de
leurs produits biologiques. Une avance de trésorerie peut être faite à concurrence d’un certain pourcentage
du chiffre d’affaire par exemple. Il est important que les critères d’éligibilité, les formalités administratives
pour accéder à cette aide, ainsi que les modalités de remboursement, soient relativement simples afin de
ne pas engendrer un travail administratif excessif pour les opérateurs, comme pour l’entité gérant l’aide.

1.1.1.2 Concernant la certification SPG

La mise en place de SPG, reconnus par la loi 2020-003


comme organismes d’évaluation de la conformité au même titre
que les organismes certificateurs, est aussi une alternative pour
diminuer le coût de certification concernant les produits à
commercialiser sur le marché local. Cela ne signifie pas
pour autant qu’il soit aisé et sans coût (en particulier en temps)
de mettre ce système (voir Annexe 8. Eléments de coûts de
certification tierce partie et SPG). Selon l’IFOAM (2008), le SPG
est un « système d’assurance qualité ancré localement. Il
certifie les producteurs sur la base d’une participation active des
acteurs concernés et est construit sur une base de confiance,
de réseaux et d’échanges de connaissances ». Les
modalités de fonctionnement des SPG sont très diverses selon
les situations, y compris au sein d’un même pays, notamment
en termes de formalisation des règles (règlement intérieur,
charte, etc.), de temps d’implication des acteurs, financement,
etc. On peut trouver aussi des expériences en cours de
SPG-hybride, comme c’est le cas en Nouvelle Calédonie, qui
consistent à mobiliser un auditeur venant d’un organisme de
certification externe pour intervenir chez un membre de SPG et ainsi donner plus de notoriété au label
Bio du SPG. Chaque SPG est en particulier façonné par les traditions locales, la dynamique et l’histoire
des mouvements paysans locaux ainsi que les capacités techniques et administratives des membres des
SPG (IISD, 2020). Dans la mesure où l’essentiel du travail est réalisé par les membres eux-mêmes, qui se
connaissent et tissent des liens de confiance à l’échelle d’un territoire, ce système apparaît plus adapté et
accessible aux petits producteurs ainsi qu’aux circuits courts sur le marché national. Il permet également
de sensibiliser les consommateurs en les impliquant dans le processus de certification.

Un autre avantage du SPG est de donner plus de marge de manœuvre aux petits producteurs. Souvent,
ceux-ci sont tenus, pour bénéficier d’un meilleur prix, de vendre l’ensemble de leur production à un
exportateur qui prend en charge les frais de certification, et de fait est ainsi le détenteur du certificat
biologique. S’ils vendent à un autre opérateur, ils ne bénéficient plus de la « prime bio », ce qui limite
leur pouvoir de négociation commerciale avec l’exportateur détenteur du certificat bio. Avec le SPG, ce
sont les petits producteurs qui détiennent le certificat bio et, en étant parties prenantes de l’organisation
des circuits de collecte et de distribution, ils maîtrisent également la répartition des marges et donc leurs
revenus (Lemeilleur et al, 2019).

87
L’ancrage local du SPG fait qu’il est
particulièrement judicieux de le penser par
rapport à un territoire particulier. Ce territoire
peut se caractériser, par exemple, par l’existence
d’une dynamique locale entre producteurs et
consommateurs qui sera favorable aux relations
de confiance indispensables qui doivent exister
entre les acteurs du SPG. Plus qu’un processus
de certification, le SPG vise en effet à instaurer
un processus d’apprentissage continu et
des échanges permanents au sein d’une
communauté locale d’acteurs. Cette fonction
d’apprentissage est particulièrement appréciée
par les producteurs, notamment dans des
contextes où les services de vulgarisation sont
insuffisants. Enfin, le SPG contribue également à
créer un tissu socioéconomique local durable sur
un territoire (Lemeilleur et al., 2019).

Le SPG doit être considéré, non pas comme


une fin en soi, mais comme un outil au service
d’un objectif de politique publique qui est le
développement de pratiques agricoles plus
durables, en l’occurrence par l’agriculture
biologique. Cet outil peut être saisi par des acteurs
locaux et dans ce cas l’Etat soutient financièrement, avec l’appui des bailleurs de fonds, la mise en place de
l’outil porté par cette dynamique locale. Mais il peut aussi être un outil de politique publique comme c’est le
cas en Inde. Dans ce pays, l’Etat a fait le choix de soutenir massivement les SPG, sans inscrire l’outil dans
une logique de marché et de rentabilité par rapport à une demande susceptible de payer une « prime » à
la qualité. Il s’agit d’un outil de politique publique pour traduire une volonté politique forte de transformer
le territoire et de préserver l’environnement et la santé en subventionnant directement l’utilisation de SPG
par les producteurs. Ainsi, un programme national de soutien au SPG de grande envergure est mis en place
depuis 2011 avec des objectifs ambitieux en matière de nombre de producteurs certifiés. Il s’appuie sur
une dynamique initiée quelques années plus tôt par des ONG, avec la mise en place de Conseils régionaux
sur l’agriculture biologique. Ce programme national produit des résultats spectaculaires avec des dizaines
de milliers de producteurs certifiés SPG. C’est le budget de l’Etat qui finance le programme, en couvrant
les couts de mise en réseau institutionnel, de surveillance et de contrôle, ainsi que la gestion des données.

Dans le contexte de Madagascar, la


mise en place de SPG pourra s’appuyer sur
l’existence d’initiatives locales qui engagent
déjà une communauté d’acteurs (producteurs
et consommateurs) autour d’un objectif de
systèmes de production et d’alimentation
durables (par exemple un marché paysan). Par
rapport aux entretiens réalisés avec Agrisud,
Terrabio et ABCie, il est possible d’engager
des démarches de mise en place de SPG bio
entre ces structures et les producteurs qui
travaillent avec eux. Pour le cas spécifique de
ABCie, à travers le programme Profapan une

88
démarche de mise en place de SPG « Produits Agroécologiques » a été déjà réalisée. Ce SPG s’est traduit en
particulier par l’élaboration d’un cahier des charges producteur et commerçant, d’un logo, et d’une marque
déposée à l’Office Malgache de la Propriété Intellectuelle (OMAPI). Compte tenu de l’expérience vécue lors
de la mise en œuvre du programme, la société ABCie dispose d’une bonne connaissance et compétence
qui peuvent être capitalisées dans la mise en place d’un SPG en agriculture biologique. De même, nous
pouvons mentionner le projet AFAFI Centre de l’UE qui démarre et qui porte sur le soutien au développement
de filières alimentaires et bois énergie pour approvisionner la capitale Antananarivo en produits de qualité.
Ce projet comprend une importante composante maraichage / arboriculture qui sera mis en œuvre par
l’organisation agricole nationale FIFATA en partenariat avec FERT et de laquelle la mise en place de SPG est
attendue. Enfin, il convient de souligner que La loi 2020-003 offre une importante souplesse pour permettre
une large diversité d’initiatives de mise en œuvre de SPG, qu’ils soient portés par des organisations de
producteurs, des ONG, des entreprises, des marchés de détail, des universités, des collectivités, etc.

A2.6.2. Mettre en place un mécanisme de financement accompagnant la création de SPG

La volonté politique de développer


la certification SPG pour développer
l’agriculture biologique sur le marché
national doit se traduire par un soutien
financier et un accompagnement à la
création de SPG. L’octroi de subventions
avec l’appui des partenaires techniques
et financiers est une mesure relativement
classique pour le démarrage des SPG.
Un tel dispositif pourrait s’inscrire
dans les systèmes existants (FDA ou
Fonds de Développement Local par
exemple) ou à travers le programme
d’un partenaire délivrant un soutien
technique et financier dans le cadre d’un
appel à propositions. Les bailleurs commencent à témoigner un intérêt sur le sujet (FAO, GIZ, FIDA, AFD) et
peuvent potentiellement soutenir des dispositifs SPG dans leurs zones de concentration d’intervention, à
l’initiative des parties prenantes concernées.

La définition précise du mécanisme de financement permettant une mise à l’échelle s’appuiera sur la
capitalisation des expériences de SPG pilotes. Il est ainsi proposé dans des délais ad hoc (i) la mise en
place d’un dispositif de partage et de mise en débat des connaissances et des savoir-faire développés au
niveau des différents SPG qui verront le jour et qui seront progressivement consolidés et (ii) la conception
d’outils «institutionnels» de soutien et de mise à l’échelle des SPG (à travers les FDAR, FDL, etc.) Il faut
souligner que le niveau de soutien peut être très variable suivant les modalités de fonctionnement des SPG
et en particulier la contribution des membres en ressources financières et en temps bénévole, sachant que
la philosophie des SPG correspond à une démarche d’engagement des acteurs (voir Annexe 8. Eléments de
coûts de certification tierce partie et SPG).

89
A2.6.3. Mettre en place des SPG pilotes

Le financement de projets pilotes pour introduire le concept de SPG est une mesure de soutien
relativement répandue. De tels projets doivent fonctionner un minimum de temps, souvent au moins trois
ans, pour assurer la pérennité financière des SPG une fois les projets terminés. L’envergure des projets
pilotes peut également être ajusté au montant du financement disponible – un projet pilote de SPG peut se
faire même avec une très faible enveloppe budgétaire (IFOAM, 2017). Pour éclairer sur les différents types
de coûts associés au SPG, l’expérience pilote de mise en place d’un SPG sur l’agroécologie par le Réseau
des Initiatives Agroécologiques du Maroc (RIAM) en partenariat avec le CIRAD (Lemeilleur et al., 2019) est
présentée dans l’Annexe 8. Eléments de coûts de certification tierce partie et SPG.

Il apparaît particulièrement judicieux d’envisager la mise en place de SPG dans les TVAB pilotes qui vont
être créés, en particulier selon l’option A partant de l’initiative de collectifs d’acteurs locaux. L’attribution
du statut TVAB à une zone particulière du territoire national implique en effet la mise à disposition d’appuis
pour faciliter la certification SPG (comme tierce partie). Dans les 3 ou 4 TVAB pilotes à proposer, des SPG
devraient ainsi être conçus, sous réserve de rencontrer l’intérêt des producteurs concernés en lien avec les
débouchés de marchés réels/potentiels.

Cette démarche n’est cependant pas exclusive dans la mesure où des SPG peuvent potentiellement
se déployer en tout lieu du territoire national et non pas seulement dans les TVAB. Ainsi, les bassins
de production périurbains de la capitale dans lesquels il est possible de s’appuyer sur des dynamiques
naissantes devraient prioritairement faire l’objet d’une attention spécifique pour le développement de
SPG. Cela implique une approche concertée entre les parties prenantes : organisations de producteurs
et entreprises porteuses des initiatives en cours (ABCIE) et à venir (AFAFI Centre), MINAE et DRAE, région
Analamanga et districts et communes rurales et ubraines, PTF.

Dans tous les cas, il


apparaît qu’une première
étape doit être consacrée
à promouvoir les SPG pour
susciter l’émergence et la
structuration d’initiatives
locales porteuses de SPG.
Les actions générales
de sensibilisation et
formation des acteurs
agricoles, des entreprises,
des collectivités et des
consommateurs qui sont
proposées dans l’axe 4
sont donc essentielles
pour contribuer à
l’émergence de SPG.
L’appui aux SPG doit
pouvoir aussi s’appuyer sur une sensibilisation, une information et la formation des acteurs potentiellement
concernés et/ou porteurs d’effet leviers tels que OP, syndicat d’entreprises, dispositifs d’appui au monde
agricole (prestataires, ONG, FDA/FDAR, etc.).

90
Après les actions de promotion des SPG et les
initiatives locales qu’elles auront pu susciter, il est
important d’accompagner la mise en place de SPG
pilotes par la réalisation d’une étude de faisabilité
qui permettra d’évaluer ces initiatives et de donner
toutes les chances de succès aux SPG pilotes afin
d’en déduire des recommandations pour une mise à
l’échelle de ces expériences. L’étude devra ainsi :

Evaluer le degré de structuration du collectif


potentiellement porteur du SPG, sa capacité
administrative et d’accompagnement de ses
membres,

Etudier quelles sont les filières où les enjeux


d’apprentissage sont les plus forts, et qui répondent
le plus au besoin d’approvisionner en produits
biologiques le marché national : analyse de marché,
identification des débouchés possibles, niveaux de
prix, systèmes de production dans la zone, etc. Ces
éléments peuvent s’inscrire dans une analyse large
de type diagnostic agraire, incluant une analyse
socioéconomique et sur la structuration des acteurs
dans la zone,

Etudier avec le porteur les diverses modalités


possibles de fonctionnement du SPG et la faisabilité de produire les documents et outils supports pour
le SPG (par exemple charte, règlement intérieur, formulaire de visites de contrôle, etc.). Ces éléments
permettent de formaliser qui contrôle qui, comment, quelle traçabilité, quelle sanction le cas échéant,
etc., ils sont donc importants pour assurer la crédibilité des SPG. La prise en compte de ces éléments
dans l’étude de faisabilité ne vise pas à opter pour l’une ou l’autre des modalités de fonctionnement, ni à
élaborer les documents et outils supports mais à étudier les capacités du porteur potentiel du SPG sur ces
différents éléments. L’élaboration des modalités de fonctionnement, des documents et des outils relève de
la construction du SPG elle-même et doit nécessairement être un processus participatif avec l’ensemble
des membres du SPG.

Etudier la possibilité de SPG hybrides comme en Nouvelle Calédonie, et de systèmes à deux SPG, un
pour la période de conversion et un hors période de conversion. Le cas de l’Inde qui a un un logo SPG vert
pour la période de transition et un logo SPG bleu hors transition est connu (IISD, 2020). Un tel système
existe aussi en Nouvelle Zélande, où un logo SPG avec la mention « en conversion » est proposé durant la
période de conversion de trois ans et un logo avec la mention « entièrement certifié » à l’issue de la période
de conversion23,

Identifier les mécanismes de financement possibles permettant d’encourager l’émergence de SPG (au-
delà de leur reconnaissance déjà effective dans la loi 2020-003),

Identifier les conditions minimums de fonctionnement des SPG que le MINAE devra définir par voie
réglementaire (art 18 de la loi).

23 https://www.organicfarm.org.nz/about/the-logo.

91
La mise en place de SPG prend du temps puisqu’il faut sensibiliser, former, construire les modalités de
fonctionnement du SPG, tester, ajuster, etc. pour que se construisent des relations de confiance et que
chaque acteur y trouve un intérêt (en particulier en matière d’apprentissage). Il faut par ailleurs prendre le
temps de s’assurer que l’acteur porteur d’une initiative locale se traduisant par un SPG (OP, association
locale, etc.) soit un minimum autonome pour pouvoir en assurer la pérennité au-delà de la durée d’un
projet, même si celui-ci peut être utile en phase de démarrage. Ce porteur joue en effet un rôle déterminant
pour sensibiliser les acteurs locaux, impulser les échanges et la réflexion entre acteurs. Un certain nombre
d’acteurs rencontrés sont néanmoins prêts à s’engager rapidement dans l’accompagnement de la mise en
place de SPG pilotes. Cette activité peut démarrer dès l‘année 1.

Période de mise
N° en œuvre (Année)
Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
d’action 1 2 3 4 5

Mettre en place une aide à la


M I N A E , SP, MICC, MEF,
A2.6.1 trésorerie pour la certification tierce
SYMABIO PTF, SYMABIO
partie
Mettre en place un mécanisme
MINAE, MEF, ONG, SP, Collectifs
A2.6.2 de financement accompagnant la
PTF locaux, TTM
création de SPG
ONG, SP,
Collectivités
M I N A E ,
A2.6.3 Mettre en place des SPG pilotes territoriales,
SYMABIO, CTD
Collectifs locaux,
TTM

6.3 Axe 3. Communication/ sensibilisation/ promotion


L’objectif de cet axe est de faire connaître ce qu’est l’agriculture biologique, quels avantages les acteurs
peuvent en tirer, l’existence de la Loi et plus généralement de toutes les actions publiques mises en place
en faveur de l’agriculture biologique. Il s’agit aussi de démystifier l’agriculture biologique aussi bien auprès
des producteurs, qui tendent généralement à penser que l’agriculture biologique est hors de leur portée,
que des consommateurs pour qui les produits issus de cette agriculture sont des produits de luxe.

Les activités présentées dans cet axe stratégique ont les résultats attendus suivants :

1 Concept d’agriculture biologique connu

2 Avantages et intérêts de l’agriculture biologique reconnus

3 Production issue de l’agriculture biologique valorisée

92
6.3.1 Concept d’agriculture biologique connu
Les activités à conduire pour atteindre ce résultat relèvent principalement des activités de communication,
dont la logique est d’informer les publics cibles (opérateurs, organisations professionnelles, grand public,
etc.).

A3.1.1. Elaborer une stratégie de communication

Il s’agit de définir suivant les publics cibles les canaux, les outils, et les périodes les plus appropriés
pour communiquer sur l’agriculture biologique. Toutes les actions prévues dans la SNABIO (annonce de
leur planification, lancement, résultats, etc.) peuvent faire l’objet d’un plan de communication mobilisant
différents supports (conférences de presse, journaux, télés, radios, sites Internet, réseaux sociaux, etc.).

La communication grand
public est en particulier
essentielle pour faire
connaître l’agriculture
biologique, mettre ce sujet
à l’agenda, et contribuer à
provoquer le débat public
et à déconstruire les idées
reçues sur cette question. Les
organisations de la société
civile ont un rôle important
à jouer pour communiquer
auprès des citoyens sur les
enjeux environnementaux et
sanitaires liés à l’agriculture
et l’intérêt de l’agriculture
biologique et de l’agroécologie
pour y répondre. Elles
entendent également
interpeller les pouvoirs publics
à travers des actions de plaidoyer sur l’effectivité de la mise en œuvre des actions publiques prévues pour
développer l’agriculture biologique.

Parmi les sujets sur lesquels communiquer, une attention particulière doit être accordée au cahier des
charges et au label sur l’agriculture biologique ainsi qu’à la mise en place de mécanismes de contrôle. Il
est important de bien expliquer à quoi correspond ce label, en quoi il s’agit d’une garantie de la qualité et
du caractère biologique du produit, qu’est-ce que les principes de l’agriculture biologique, son articulation
avec l’agroécologie, etc. Les messages sur le cahier des charges et le label doivent être clairs et facilement
compréhensibles pour les consommateurs. La stratégie de communication peut prévoir une enquête grand
public, auprès d’un échantillon représentatif de la population à l’échelle nationale, sur la connaissance du
concept d’agriculture biologique, quelles valeurs elle véhicule et à quels enjeux elle renvoie ou est associée.
Au niveau local, il sera également important de conduire des actions de communication sur les TVAB pour
susciter des initiatives locales.

93
Il faut noter que dans la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de l’Agrobusiness (SNAB), une campagne
de communication massive est prévue24. Comme pour la SNABIO, la Direction en charge de l’Agribusiness
est aussi le principal acteur dans la coordination des actions de communication et de sensibilisation de
la SNAB. Aussi, il est important, pour avoir une meilleure synergie des actions d’établir la stratégie de
communication sur l’agriculture biologique en tenant compte de ce qui est prévu ou défini dans le plan
d’action de la SNAB.

A3.1.2. Former les médias professionnels et grand public

La formation des journalistes est un élément incontournable d’une stratégie de communication pour faire
connaître auprès de ces acteurs ce qu’est l’agriculture biologique, s’assurer qu’ils en parlent correctement et
offrir une plus grande place à l’agriculture biologique dans l’espace médiatique. Des sessions de formation
doivent être organisées régulièrement à cet effet.

Période de mise en Chef(s) de


N° Actions préconisées œuvre (Année) Parties prenantes
file
1 2 3 4 5
SYMABIO, TTM,
Elaborer une stratégie de
A3.1.1 MINAE associations de
communication
consommateurs
Former les médias professionnels et
A3.1.2 MINAE PTF
grand public

6.3.2 Avantages et intérêts de l’agriculture biologique reconnus


L’objectif est ici de sensibiliser les publics cibles afin
qu’au-delà de l’information qui leur est apportée au travers
des actions de communication, il y ait des changements
de comportement. La sensibilisation des consommateurs
doit ainsi contribuer à améliorer la consommation de
produits issus de l’agriculture biologique, et celles ciblant
les opérateurs à encourager leur engagement dans le
secteur de l’agriculture biologique.

A3.2.1. Organiser une campagne de sensibilisation auprès


des consommateurs

La préparation d’une campagne de sensibilisation doit


être mûrement réfléchie, en particulier concernant les
messages à délivrer aux consommateurs et comment les
délivrer. La sensibilisation sur l’agriculture biologique peut
en effet porter sur de nombreux aspects : l’environnement,
la salubrité des aliments, la qualité générale des
produits, etc. Il faut donc trouver les arguments les plus
convaincants et les plus efficaces pour le changement de
comportement. D’après les acteurs rencontrés, il serait
pertinent de faire valoir auprès des consommateurs les aspects « Santé » et « Environnement ».

24 SNAB 2020, 4.3.1 Présentation de la stratégie P41.

94
La sensibilisation peut se concentrer sur les
avantages des produits issus de l’agriculture
biologique, l’apport de ce mode d’agriculture pour
le développement durable du pays, mais peut
aussi, a contrario, sensibiliser sur les risques liés
à l’utilisation d’intrants chimiques dangereux.

Le choix du moment auquel réaliser la campagne


de sensibilisation est également primordial
(IFOAM, 2017). Il est nécessaire qu’un minimum
d’offre de produits biologiques soit disponible
à un prix accessible et que les consommateurs
puissent trouver aisément ces produits avant de
les sensibiliser sur leurs bienfaits. Il convient donc
d’attendre qu’une règlementation nationale sur
l’agriculture biologique soit établie, avec un label
et un logo permettant de clairement distinguer
les produits biologiques des autres produits,
et que des SPG soient mis en place avant de
lancer une campagne de sensibilisation. Sur les
cinq ans à venir, il est raisonnable d’envisager
une campagne de sensibilisation. Elle pourra
être renouvelée par la suite pour pouvoir suivre
l’évolution de la consommation nationale de
produits de l’agriculture biologique.

Dans la conduite de la campagne, compte tenu de


leurs missions, les associations des consommateurs
seraient un partenaire important à considérer et avec
qui il faudrait travailler.

Dans un premier temps, la campagne de


sensibilisation sera menée sur une durée précise
(plusieurs semaines ou mois) et mobilisera de
façon cohérente une diversité de supports de
communication : programmes TV et radios, journaux,
réseaux sociaux, site Internet, affiches, brochures,
etc. Par la suite, des actions de sensibilisation
pourront être réalisées de manière périodique (ou
suivant d’autres critères à établir) pour maintenir une
présence dans les médias et les échanges.

Bien souvent, les campagnes de sensibilisation


auprès des consommateurs visent à la fois à faire
prendre conscience des avantages des produits
issus de l’agriculture biologique et à promouvoir des
produits locaux. Dans ce cas, le MICC peut être en
première ligne. Lorsque ce sont plutôt des arguments
autour de la santé des consommateurs qui sont
mis en avant, le MSANP apparaît en première ligne
(IFOAM, 2017).
95
A3.2.2. Organiser une campagne de sensibilisation auprès des opérateurs du secteur

Pour les producteurs en particulier, la


campagne de sensibilisation peut focaliser
ses messages sur la dangerosité des intrants
chimiques pour leur propre santé et celle des
autres lorsqu’ils sont mal maîtrisés et utilisés,
le coût plus élevé des engrais chimiques par
rapport aux engrais biologiques, la possibilité
d’avoir des rendements corrects, etc. De la
même façon que pour les consommateurs, le
moment de lancement de la campagne doit être
choisi avec soin : il faut à la fois sensibiliser
relativement tôt pour susciter une prise de
conscience et un intérêt pour l’agriculture
biologique, et attendre que les dispositifs d’appui-conseil et d’accompagnement ainsi que les mesures
de soutien se mettent en place. Au-delà d’une campagne nationale sur des messages généraux quant à
l’usage des produits chimiques et l’intérêt de l’agriculture biologique, il serait particulièrement judicieux
de réaliser des campagnes plus ciblées sur les zones de création des TVAB et des SPG pilotes, où vont se
concentrer les appuis. Les messages pourront alors être adaptés aux zones concernées (périurbaine ou en
proximité d’aires protégées par exemple) et les DRAE pourraient dans ce cas être impliquées.

Comme pour la campagne de


sensibilisation ciblant les consommateurs,
cette campagne pourra se faire de manière
assez importante au début (par rapport
à l’utilisation de moyens, supports et de
budget), mais il est aussi nécessaire de
maintenir un certain niveau d’information
pour continuer à interpeller les opérateurs
(ceux qui sont déjà dans la production en
agriculture biologique comme les nouveaux
à convaincre). La communication pourra
aussi être réalisée, quand cela sera jugé
opportun, à travers des newsletters, des
bulletins d’information électroniques ou en
version physique.

Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
MICC, MSANP,
Organiser une campagne de
MEDD, SYMABIO,
A3.2.1 sensibilisation auprès des MINAE
associations de
consommateurs
consommateurs
Organiser une campagne de TTM, MICC,
A3.2.2 sensibilisation auprès des opérateurs MINAE/ DRAE MSANP, MEDD,
du secteur SYMABIO

96
6.3.3 Production issue de l’agriculture biologique valorisée

Il existe une grande diversité d’actions


de promotion possibles des produits issus
de l’agriculture biologique, comme on peut
le voir dans d’autres pays : un jour ou une
semaine de l’agriculture biologique, des
foires, des prix, etc.

A3.3.1. Organiser des manifestations sur l’agriculture biologique


A Madagascar, l’expérience du 1er salon bio Compte tenu du succès de cet évènement, à
coorganisé par le MINAE et le SYMABIO, avec défaut de l’organisation d’autres évènements
l’appui de la GIZ, du CASEF et de Rindra, a montré de même envergure, il devrait être envisagé de
l’intérêt de ce type d’événements pour promouvoir systématiser l’organisation de ce salon au moins
les produits issus de l’agriculture biologique. une fois tous les deux ans. Pour les manifestations
L’expérience a été un succès pour les opérateurs au niveau des régions, une foire pourra être
qui ont pu substantiellement augmenter leurs organisée chaque année en accompagnement
ventes et pour le public, venu en nombre. des actions de sensibilisation, de communication
sur les opportunités et avantages de la production
en agriculture biologique.

97
A3.3.2. Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de promotion des produits agricoles biologiques « Made in
Madagascar »

La promotion des produits issus de l’agriculture biologique à Madagascar doit également se faire à l’étranger,
il s’agit de vendre l’image d’un pays soucieux de l’environnement et d’un développement durable (« marketing
pays »).

Madagascar bénéficie en effet déjà d’une


réputation au niveau mondial en termes
de biodiversité hors normes, avec un taux
d’endémisme très élevé : près de 80% pour la flore
(orchidées noire et blanche, palmiers, Ravinala,
baobabs, Népenthès, plantes médicinales, …) et un
taux encore plus élevé pour la faune (site EDBM).
Il s’agit donc de jouer sur cette réputation, cette
image de nature exceptionnelle pour valoriser
les produits issus de l’agriculture biologique, et
particulièrement l’homéo-pharmacie de produits
naturels et les cosmétiques par exemple.

Il est important de mettre en avant dans la promotion des produits bio « made in Madagascar » cette
spécificité du pays en matière de biodiversité, mais également les efforts du pays pour s’engager dans la
voie de l’agriculture biologique et modérer l’utilisation d’intrants chimiques dans le pays. Cette démarche
de valorisation et de commercialisation des produits bio doit être associée à des initiatives déjà en place
pour faire la promotion des produits Vita malagasy.

A3.3.3. Soutenir la participation des opérateurs à des événements internationaux sur l’agriculture biologique

La participation des opérateurs à des manifestations sur l’agriculture biologique au niveau international
fait partie de la stratégie de promotion des produits bio Made in Madagascar et doit être programmée. Elle
permet d’attirer l’attention sur ce que propose le pays, d’assurer une bonne visibilité des produits malgaches
et de développer le marché à l’exportation. Avec l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM), la
participation de plusieurs sociétés exportatrices certifiées bio au Salon Biofach doit être maintenue.

L’organisation et le financement de missions commerciales d’opérateurs étrangers dans le pays pour


faire visiter des sites de production de produits biologiques, montrer le savoir-faire du pays, établir des
relations d’affaires, etc. est aussi une façon de promouvoir le bio (IFOAM, 2017).

Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
SP, OP,
Organiser des manifestations sur M I N A E , associations de
A3.3.1
l’agriculture biologique SYMABIO, consommateurs
MICC
Elaborer et mettre en œuvre une
M I N A E ,
stratégie de promotion des produits
A3.3.2 S Y M A B I O , SP, EDBM
agricoles biologiques « Made in
MICC
Madagascar »
Soutenir la participation des
M I N A E ,
opérateurs à des événements
A3.3.3 S Y M A B I O , SP, EDBM
internationaux sur l’agriculture
MICC
biologique

98
6.4 Axe 4. Appui-conseil, renforcement de capacités et recherche

Le développement de l’agriculture
biologique nécessite de renforcer les capacités
de l’ensemble des opérateurs du secteur et de
les accompagner à faire en sorte que leurs
pratiques soient conformes aux principes
de l’agriculture biologique. L’appui-conseil
technique sur l’amélioration des pratiques et
plus généralement l’accompagnement à la
démarche de l’agriculture biologique pour les
opérateurs qui souhaitent s’y engager sont
indispensables. Au niveau des producteurs,
avec le désengagement de l’Etat, les
dispositifs de vulgarisation classiques avec
l’appui des techniciens locaux de l’agriculture
ont été délaissés, et les Centres de Service
Agricole (CSA) n’ont pas pris la relève de
façon entière satisfaisante (IISD, 2020 ; SNAB,
2020). De ce point de vue, les Centres d’appui en Agribusiness (par exemple CABIZ), qui prévoient la vente
d’intrants et petits équipements agricole ou l’information-conseil aux producteurs, constituent des lieux
importants pour délivrer de l’appui-conseil sur l’agriculture biologique. De même, les fournisseurs locaux
de services de proximité, à l’instar des PSP (Prestataires de Services de Proximité) liés avec les FDAR,
qui ont beaucoup contribué à la diffusion des pratiques agroécologiques, peuvent être mobilisés pour la
diffusion des pratiques liées à l’agriculture biologique, moyennant en amont des formations et des appuis
techniques. Enfin, il convient de prendre en compte les connaissances, les savoir-faire et les capacités
d’innovation des agriculteurs en matière agroécologique.

Les opérateurs des filières, comme l’ensemble générations d’opérateurs, techniciens locaux,
des acteurs qui interviennent en fonction support cadres techniques du MINAE à l’agriculture
(techniciens locaux du MINAE, OP, ONG, recherche, biologique et à l’agroécologie sans usage
etc.), doivent être formés dans les cinq ans à venir sur d’intrants chimiques en mettant en avant
l’agriculture biologique et l’agroécologie sans intrants l’importance de réviser les curricula dans
chimiques. Des sessions de formation doivent être les établissements d’enseignement agricole.
mises en place à grande échelle pour des effets tangibles Il s’agit d’élaborer une offre de formation
immédiats. Elles ont néanmoins des limites car doivent (continue et diplômante) sur l’agriculture
être renouvelées fréquemment compte-tenu du turn biologique qui permettra de développer les
over des acteurs, et sont coûteuses lorsqu’elles sont compétences des techniciens, ingénieurs
délivrées à l’échelle nationale. Même s’il est possible en agriculture et agronomes, dont le pays a
de réduire les coûts en les concentrant sur les zones besoin dans ce domaine.
de création de TVAB et SPG pilote, elles ne sont pas
suffisantes pour répondre au défi d’un changement de
paradigme chez les acteurs de l’agriculture, habitués
au seul modèle de l’agriculture conventionnelle. Il est
nécessaire, conformément à la loi 2020-003, de revoir
les cursus de formation et de conseils et de former en
amont les techniciens et les ingénieurs en agriculture.
La SNABIO a donc pour ambition de préparer les futures

99
Par ailleurs, la loi 2020-003 mentionne que la Stratégie nationale doit reposer sur la promotion de
programmes nationaux de recherche en matière d’agriculture biologique. Cela implique de revoir les
orientations et le budget de la recherche agricole, qui depuis toujours ont été dédiés en priorité à l’agriculture
conventionnelle. La recherche agronomique par exemple s’est concentrée sur la production de semences
améliorées adaptées à l’agriculture conventionnelle et sur le développement d’itinéraires techniques
basés sur l’usage d’engrais minéraux et de pesticides chimiques. L’incitation à conduire des travaux sur
l’agriculture biologique et l’agroécologie sans usage d’intrants chimiques doit donner la priorité à une
recherche participative, à visée opérationnelle de type recherche-action, qui permettra d’articuler la recherche
avec l’appui-conseil et la formation (par exemple à travers, entre autres, des champs de démonstration).
L’enjeu est de stimuler et de soutenir les travaux de recherche et les innovations (techniques, sociales,
organisationnelles) sur l’agriculture biologique en orientant davantage le financement de la recherche vers
ce secteur. Cela passe par exemple par des appels à projets incitatifs dont les termes de référence peuvent
orienter les travaux vers l’agriculture biologique.

L’évolution des établissements de formation et des


structures de recherche vers davantage d’activités sur
l’agriculture biologique peut aussi s’appuyer sur des
conventions de partenariat ou des contrats programmes
entre les établissements ou la recherche et des organisations
professionnelles. Ces contrats permettent de fixer des
objectifs, la mise en place de dispositifs expérimentaux en
centres de recherche, en centres de formation et en milieux
paysans, et de contribuer à une meilleure appropriation et
utilisation des résultats de la recherche ainsi qu’à l’insertion
des étudiants sur le marché du travail.

100
Cet axe stratégique rassemble donc des actions qui doivent permettre de répondre aux objectifs
spécifiques de mettre à disposition de l’ensemble des acteurs un appui-conseil et un accompagnement sur
l’agriculture biologique, et d’améliorer les rendements et la productivité du travail. L’ensemble des actions
doit aboutir aux résultats suivants :

1 Réseaux locaux de praticiens de l’agroécologie et de l’agriculture biologique opérationnels

2 Dispositif d’offre en appui-conseil et en accompagnement opérationnels,

3 Modules de formation sur l’agriculture biologique enseignés

4 Connaissances traditionnelles de lutte et d’amélioration de la production bio formalisées et diffusées

5 Innovation et connaissance pour l’amélioration des rendements et la productivité du travail développées et diffusées

6.4.1 Dispositif d’appui-conseil technique et d’accompagnement opérationnel


Les actions à conduire pour obtenir ce résultat sont les suivantes.

A4.1.1. Construction de réseaux agroécologiques et biologiques d’échanges de savoir-faire et de capitalisation

Sous le pilotage du MINAE/ Direction


d’appui à la formation agricole et
professionnalisation des producteurs et
pêcheurs (DFAPP), une action particulière
portera sur le déploiement de mécanismes
spécifiques de partage de connaissances,
d’innovation et d’élaboration des
bonnes pratiques agroécologiques et
biologiques concernant particulièrement
les producteurs et productrices, leurs
organisations et les organismes
d’appui conseil publics (STD) et privés
(conseillers agricoles et formateurs des
ONG, des dispositifs d’appui des OP, des
entreprises, des centres de formation,
etc.) auquel on pourra également
ajouter les chercheurs. Il s’agira de valoriser les savoirs et les connaissances déjà acquises à travers des
mécanismes de mise à l’échelle et de traiter les contraintes techniques spécifiques existantes constituant
des freins à la production biologique et agroécologique.

Selon la densité des acteurs présents sur ces thématiques, les dispositifs proposeront des maillages des
territoires régionaux en s’appuyant sur des sites pilotes proposés par les différentes parties prenantes et
intégrant les parcelles de démonstration des centres de formation et de la recherche.

Des conventions collectives pourront être élaborées précisant les objectifs du réseau, et les actions
concrètes qui seront conduites en respectant le principe central de « réponse à la demande » des parties
prenantes au regard des contraintes auxquelles ils sont confrontés.

101
A4.1.2. Identifier les besoins en appui-conseil et en accompagnement

Sous le pilotage du MINAE/ Direction d’appui à la formation agricole et professionnalisation


des producteurs et pêcheurs (DFAPP), l’objectif est de faire remonter les besoins en appui-
conseil et en accompagnement de l’ensemble des opérateurs, et particulièrement les
producteurs, en particulier dans les zones de création des TVAB et SPG pilotes. Il peut s’agir
de besoins techniques sur les pratiques de l’agriculture biologique aux différentes étapes des
filières ciblées (sur la production avec des besoins spécifiques aux contextes agro-pédo-
climatiques, la conservation, transformation, etc.), mais aussi de besoins sur les démarches à
effectuer pour la certification, la façon de promouvoir les produits, etc. Les représentants de ces
opérateurs et organismes d’appuis à ces opérateurs (OP, chambre d’agriculture, organisations
professionnelles telles que le SYMABIO, ONG, etc.) devront pour cela s’engager à interroger
leurs membres et faire remonter les informations auprès du MINAE. Les programmes d’appui-
conseil et d’accompagnement des producteurs pourront alors être conçus de façon à répondre
précisément aux besoins de renforcement de capacités des opérateurs.

A4.1.3. Elaborer des guides techniques pour la production et la conversion en agriculture


biologique

Il existe déjà des expériences d’élaboration de guides techniques sur l’agriculture biologique
et l’agroécologie qu’il faut capitaliser et sur lesquelles il est possible de s’appuyer pour élaborer
les guides. Dans cet exercice de capitalisation, une attention particulière doit être accordée à
la prise en compte par ces guides des pratiques locales et des spécificités agroécologiques du
territoire. Les établissements d’enseignement technique et le FOFIFA doivent être impliqués
dans l’élaboration de ces guides. Les producteurs seront formés à partir de ces guides qui
devront être largement diffusés auprès des acteurs qui assurent un accompagnement de
proximité des producteurs (techniciens locaux, OP, TTM, etc.).

Concernant le format de ces guides et des matériels didactiques à utiliser, il est important
de tenir compte de la spécificité d’une grande partie de la population cible, qui ne savent pas
lire, écrire et/ou compter. Des supports visuels en vidéo, en dessin ou image devraient de ce
fait être privilégiés.

A4.1.4. Organiser et délivrer des sessions de formation pour les accompagnateurs des opérateurs

De format court, ces sessions de formation pourront s’inscrire dans le cadre d’une formation
continue (avec délivrance d’un certificat). Elles pourront être délivrées par les centres de formation
et devront s’adresser en premier lieu aux accompagnateurs de proximité des opérateurs, qui
pourront ensuite démultiplier les formations auprès de leurs membres et bénéficiaires. La priorité
peut être donnée aux zones de création des TVAB et SPG pilotes. Ces accompagnateurs sont très
divers : il s’agit aussi bien des techniciens locaux, que des chambres d’agriculture (Tranoben’ny
Tantsaha Mpamokatra, TTM), du SYMABIO, des OP, des paysans prestataires locaux, des ONG,
etc. L’enjeu est de développer au sein de ces structures d’accompagnement une masse critique
de compétences sur les pratiques en agriculture biologique, ainsi que sur les modalités d’appui-
conseil.

102
Les compétences à développer chez les accompagnateurs ne
sont pas seulement techniques et portant sur les pratiques de
production, conservation, transformation, etc. Les consultations
avec les acteurs régionaux ont montré l’importance également
de former par exemple les techniciens locaux à : faire le suivi et
le contrôle du respect du cahier des charges, aider dans la tenue
administrative des documents sur les parcelles, et plus généralement
dans la gestion et la comptabilité, accompagner dans la démarche
de qualité, traçabilité et certification, renforcer les producteurs
bio en compétences marketing (appui à l’accès au marché), etc.
Dans le cadre du SPG agroécologie d’Agrisud, l’accompagnement
marketing et commercial des opérateurs a été un élément important
des appuis continus apportés aux opérateurs.

Par ailleurs, il est également nécessaire d’organiser des sessions


de formation pour les cadres techniques des ministères concernés,
et particulièrement pour les agents du MINAE au niveau central
comme au niveau des services déconcentrés (les DRAE), et des
CTD. C’est en effet tout un nouveau paradigme de la production
agricole qu’il s’agit de diffuser dans l’ensemble du MINAE et sur
le terrain pour pouvoir véritablement opérer des changements
dans l’orientation de la stratégie agricole gouvernementale (IISD,
2020). Les personnes qui vont être mobilisées dans les instances
dédiées à l’agriculture biologique, telles que l’USCAB et la CNABio,
doivent bénéficier de formations sur l’agriculture biologique ou
l’agroécologie sans usage d’intrants chimiques.

103
A4.1.5. Renforcer les capacités des membres de la CNABio et du personnel de l’USCAB

Il convient de renforcer les compétences des acteurs institutionnels qui vont être impliqués dans
le pilotage de la SNABIO et plus généralement dans la définition et le suivi des actions publiques
favorables à l’agriculture biologique. Des sessions de formation et de renforcement de capacités
devront donc être organisées pour les agents qui vont être affectés à l’USCAB au sein du MINAE
ainsi que pour les acteurs de la CNABio. De telles sessions ont déjà été organisées par exemple
sur les politiques publiques d’appui à l’agriculture biologique, animées par l’IFOAM dans le cadre
du processus d’élaboration de la loi 2020-003 sur l’agriculture biologique.

De par leur attribution, les membres de la Des sessions de formation sur l’agriculture
CNABio auront à analyser des dossiers très biologique devront aussi être organisées dans les
techniques et par la suite à donner des avis territoires, auprès des personnels des directions
conformes qui vont lier l’autorité décisionnaire. régionales de l’agriculture. Elles devront être ouvertes
Il serait de ce fait impératif que tous les aux acteurs locaux et aux élus des collectivités
membres puissent disposer des compétences territoriales décentralisées (CTD), afin de contribuer
et connaissances nécessaires pour mener à à créer une dynamique favorable à l’agriculture
bien leurs missions. La mobilisation d’un budget biologique à l’échelle des territoires, en particulier
pérenne dédié au CNABio est indispensable à son dans la perspective de création de TVAB.
fonctionnement, en particulier pour sa mission de
consultation de l’ensemble des parties prenantes,
qui exige de pouvoir prendre en charge les frais
de participation des acteurs à des réunions
nationales.

La formation et le renforcement de capacités des agents de l’USCAB, des


membres de la CNABio et des autres acteurs institutionnels au niveau local pourront
comprendre les domaines ci-après :

Le concept de l’agriculture biologique, ses avantages et contraintes

Le cahier des charges agricole biologique

La conversion biologique

La certification biologique (les systèmes de certification tierce partie et SPG)

Les activités et positions des principaux acteurs du secteur

104
A4.1.6. Fournir les moyens et les outils nécessaires
aux techniciens locaux agricoles

De nombreuses modalités d’appui-conseil A Madagascar, le soutien de l’Etat et des PTF,


ou vulgarisation existent pour encourager les à travers des projets de développement, devra
producteurs à adopter des pratiques respectant équiper les accompagnateurs (techniciens
les principes de l’agriculture biologique et ont locaux du MINAE, OP, prestataires locaux
déjà été expérimentées à Madagascar : visites fournisseurs de services aux paysans, ONG, etc.)
d’exploitation, champs de démonstration, pour leur permettre d’assurer leur rôle d’appui-
champs école, etc. En Tunisie par exemple, l’Etat a conseil avec succès auprès des producteurs.
fortement investi dans la vulgarisation pour faire Il s’agit de leur fournir les guides techniques
décoller le secteur de l’agriculture biologique et le (sur la conversion en agriculture biologique, les
modèle des champs école a été largement utilisé. pratiques traditionnelles répondant aux principes
Il s’est révélé être un outil efficace pour former de l’agriculture biologique, etc.) et le matériel
les producteurs aux pratiques de l’agriculture nécessaire à leurs séances d’appui-conseil.
biologique (IFOAM, 2017). L’expérience montre que les méthodes d’appui-
conseil ciblant des collectifs de producteurs
et reposant sur leur implication directe et
l’apprentissage réciproque tel que les échanges
de paysans à paysans, sont particulièrement
efficaces (IFOAM, 2017). Cela peut se concrétiser
à Madagascar par exemple par : des échanges
internes /externes entre TTM et les DRAE,
l’installation de modèles/vitrines pour inspirer
les producteurs, la formation par les pairs sous
forme de mentoring ou de paysans relais, etc.

A4.1.7. Mettre en place un centre de services sur


l’agriculture biologique pour les entreprises au sein
de l’Observatoire

Sur la base de l’identification des besoins


des opérateurs (activité A4.1.1), un dispositif
d’appui spécifique aux entreprises désireuses
de s’engager dans une démarche d’agriculture
biologique pourrait être mis en place pour les
accompagner dans cette démarche. Ce dispositif
s’adresserait à tout type d’entreprise, quel que
soit son positionnement dans la chaine de
valeur (agro-entrepreneurs, assembleurs ou
Différentes actions ont été aussi engagées et transformateurs, exportateurs), son statut et sa
réalisées par des ONG qui font la promotion de taille (donc y compris les très petites entreprises
l’agroécologie. Compte tenu de ce qui a été déjà à l’interface entre l’informel et le formel).
développé et présenté par ailleurs concernant Fonctionnant comme un centre de services,
la place que pourrait avoir l’agroécologie dans l’objectif du dispositif est d’accompagner les
le développement de l’agriculture biologique, entreprises aussi bien pour leurs opérations
il est de ce fait très important de bien exploiter
et capitaliser les savoir-faire et expériences
existants avec ce modèle de production.
105
d’activités sur le marché national. Pour les entreprises, l’avantage est de trouver en un lieu unique un
ensemble de services à leur disposition.

Le dispositif pourrait en particulier fournir des services d’information (par exemple sur les procédures
d’accès aux mesures de soutien), d’accompagnement personnalisé (notamment pour la certification), de
formation, de mise en relation (Business 2 Business), d’appui pour des voyages d’affaires, etc. Plutôt que de
créer une nouvelle structure dans un paysage institutionnel amené à se densifier avec l’USCAB, la CNABio
et l’Observatoire, il est proposé – sur la période de 5 ans de mise en œuvre de la SNABIO – de loger ce
dispositif au sein de l’Observatoire. Une articulation serait à rechercher avec des structures comme l’agence
de promotion des exportations et l’EDBM. Les entreprises auraient ainsi facilement accès aux informations
de l’Observatoire (études de marché, textes réglementaires, etc.), à des conseils à l’exportation, des appuis
pour des voyages à l’étranger, les frais de participation à des événements sur l’agriculture biologique au
niveau national (Salon de l’agriculture biologique) ou international (BioFach), un accompagnement sur les
questions de qualité, traçabilité, certification, aides financières, etc.

Enfin, les sessions de formation précédentes devront permettre de renforcer une expertise nationale sur le
bio qui pourra également être mise à disposition des entreprises, comme des pouvoirs publics. Un répertoire
d’experts/ prestataires pourra ainsi être constitué et actualisé au fur et à mesure des sessions de formation
et des réformes des cursus dans les établissements de formation professionnelle et académique. Cette
activité rejoint la recommandation de l’IISD (2020) d’établir une base de données publique regroupant des
experts/ formateurs accrédités pour offrir un soutien technique et au niveau des procédures de certification
auprès de l’ensemble des opérateurs.

Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Construction de réseaux
agroécologiques et biologiques OP, TTM,
A4.1.1 MINAE/DFAPP
d’échanges de savoir-faire et de SYMABIO, ONG
capitalisation
Identifier les besoins en appui- OP, TTM,
A4.1.2 MINAE/DFAPP
conseil et en accompagnement SYMABIO, ONG
Elaborer des guides techniques pour FOFIFA, CTHT,
A4.1.3 la production et la conversion en MINAE EFTA, CEFTAR,
agriculture biologique CAFPA, ESSA, MFR
Organiser et délivrer des sessions de
TTM, SYMABIO,
A4.1.4 formation pour les accompagnateurs MINAE
OP, ONG
des opérateurs
Renforcer les capacités des membres Membres CNABio,
de la CNABio et du personnel de MINAE Personnel USCAB,
l’USCAB AT, PTF
Fournir les moyens et les outils
A4.1.6 nécessaires aux techniciens locaux MINAE, DRAE OP, TTM, ONG
agricoles
Mettre en place un centre de services
A4.1.7 sur l’agriculture biologique pour les MINAE SYMABIO, PTF
entreprises

106
6.4.2 Modules de formation sur l’agriculture biologique enseignés

Les curricula dans les établissements de


formation continue et diplômante doivent
être révisés pour intégrer davantage de
cours sur l’agriculture biologique dans les
cursus enseignés. Cette action s’adresse
à tous les établissements d’enseignement
technique et aux universités qui forment les
futurs techniciens en agriculture et cadres
du secteur agricole : EFTA, CEFTAR, CAFPA,
ESSA, mais aussi les Maisons Familiales
Rurales (MFR), les collèges agricoles FIFATA/
FERT, les centres de formation spécialisée,
etc. Ces structures délivrent déjà des cours
sur l’agriculture biologique mais de façon
insuffisante en comparaison de ce qui existe
sur l’agriculture conventionnelle. Il faut
souligner que la diffusion de connaissances
sur l’agriculture biologique ou sur les
approches agroécologiques qui n’utilisent
pas d’intrants chimiques, est également utile
pour les acteurs amenés à travailler dans
le secteur de l’agriculture conventionnelle.
Au-delà des aspects techniques sur les
pratiques en agriculture biologique ou en
agroécologie, l’enjeu est aussi de mettre en
avant l’intérêt de l’agriculture biologique pour
rapprocher des savoirs sur la production et
sur la consommation.

La révision des curricula devra tenir compte de la Stratégie Nationale pour la Formation Agricole et Rurale
(SNFAR), qui a été adoptée en 2012 par Madagascar. La SNFAR accompagne une vision globale qui repose
sur la réduction de la pauvreté, laquelle passe par un accroissement significatif du PIB agricole, tenant
compte des principales fonctions de l’Agriculture. Un des principaux objectifs identifiés dans le SNFAR est
de : former (formation initiale, perfectionnement) des (i) techniciens de terrain aptes à accompagner les
changements au niveau des exploitations et de leurs organisations, et leur intégration au sein des filières,
(ii) des techniciens spécialisés aptes à assurer l’insertion de l’agriculture malgache dans l’économie de
marché tout en respectant les exigences environnementales et de sécurité sanitaire, et (iii) des formateurs
aptes à transmettre des connaissances aux futurs agents qui accompagneront les exploitations agricoles.

107
A4.2.1. Effectuer une étude sur les besoins et l’offre de formation existante (continue et diplômante) sur
l’agriculture biologique

Comme habituellement en matière d’ingénierie la FAR – CRFAR). De manière opérationnelle, le


de formation, il convient tout d’abord d’identifier CNFAR dispose d’un Secrétariat Exécutif dont
les besoins de formation, afin de s’assurer la responsabilité comprend l’élaboration et la
que les connaissances et les compétences soumission au CNFAR d’un plan réaliste, basé
délivrées sont utiles, adaptées aux spécificités sur une maîtrise permanente de l’offre et de
régionales pour ce qui est des formations locales la demande de formation, sur la nécessité de
et correspondent aux exigences du marché de proposer des dispositifs efficients, qui apportent
l’emploi dans le secteur de l’agriculture biologique. des solutions concrètes aux besoins actuels et
D’autre part, il faudra réaliser un état des lieux futurs du secteur. Il assure le suivi de la mise
des enseignements existants sur l’agriculture en œuvre de ce plan d’action, en lien avec les
biologique et l’agroécologie sans usage d’intrants institutions nationales et décentralisées de la
chimiques en recensant les cours actuels dans FAR. Aussi, le SE/CNFAR devrait être associé
les établissements, puis identifier les manques dans le processus de conduite de l’étude sur les
et les besoins de renforcement des cursus sur besoins et l’offre de formation.
l’agriculture biologique et l’agroécologie.
Dans la conduite de l’étude, quelques éléments
L’étude devra s’appuyer sur les préconisations spécifiques seront à considérer, notamment :
de la SNFAR. Il fait mention dans ce document que le besoin de former des niveaux master en
les décisions d’ordre stratégiques, règlementaires agroécologie (intégrant les différentes dimensions
et opérationnelles seront prises de manière du sujet : agro, éco/marché, nutrition/santé,
concertée au sein de cadre partiaires national conso, environnement, politiques publiques)
(Conseil National pour la Formation Agricole et pour préparer sur le sujet les cadres des secteurs
Rurale) et décentralisés (Comités Régionaux de publics et privés de demain.

108
A4.2.2. Elaborer et délivrer des modules de formation pour les étudiants

Les contenus des modules de formation


sur l’agriculture biologique dans les
établissements de formation existants
devront être élaborés sous la responsabilité
du MINAE/ DFAPP pour ce qui concerne les
centres de formation agricole. En fonction des
établissements et de leur choix en matière
d’enseignement sur l’agriculture biologique,
deux options sont possibles pour délivrer les
modules de formation. La première option
est de les intégrer (de façon obligatoire ou
optionnelle) à des enseignements existants,
avec l’objectif de diffuser des connaissances
de base sur les principes de l’agriculture
biologique et de l’agroécologie sans usage d’intrants chimiques. La seconde option est de constituer des
modules spécifiques bien identifiés dans lesquels les connaissances sont plus approfondies. En Inde par
exemple, quasiment toutes les universités agricoles délivrent des cours sur l’agriculture biologique, plus
ou moins approfondis et certaines universités ont créé des départements spécialisés sur l’agriculture
biologique. En Tunisie, des cours sur l’agriculture biologique sont obligatoires dans tous les instituts
supérieurs d’agronomie, des programmes de master en agriculture biologique ont été développés ainsi
qu’un programme pour la formation professionnelle continue destinée aux acteurs du secteur (IFOAM,
2017).

Des modules de formation peuvent faire l’objet de conventions de partenariat entre un acteur du
secteur privé ou une organisation d’appui d’une part et les écoles et centres de formation d’autre part.
Dans le domaine de l’agroécologie par exemple, on peut souligner l’existence d’un partenariat entre le
MINAE/ DFAPP et le GSDM pour construire le référentiel de certificat de spécialisation pour les conseillers
spécialisés en agriculture de conservation et en agroécologie. Ce référentiel est appliqué dans les écoles
de l’EFTA25. Des partenariats de type de PPP sont également particulièrement pertinents dans le cas où
une entreprise a besoin de compétences précises, et est prête à investir dans la formation puis à recruter
des jeunes à l’issue de leur formation. Dans ce cas précis, la sélection des écoles ou centres de formation
amenés à élaborer et à délivrer ce type de modules de formation peut se faire de façon compétitive après
appel à manifestation d’intérêt et sur la base de termes de référence précis.

Comme pour la conduite de l’étude sur les besoins et offre de formation existante, le SE/CNFAR devrait
aussi être associé dans la conduite de cette activité. En particulier, il pourra identifier les établissements
publics ou privés qui devraient intégrer des modules de formation sur l’agriculture biologique.

Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Effectuer une étude sur les besoins
OP, SYMABIO,
et l’offre de formation existante
MINAE, SE/ EFTA, CEFTAR,
A4.2.1 (continue et diplômante) sur
CNFAR CAFPA, ESSA,
l’agriculture biologique et sur les
MFR,
besoins de renforcement
Elaborer et délivrer des modules de MINAE, SE/ EFTA, CEFTAR,
A4.2.2
formation pour les étudiants CNFAR CAFPA, ESSA, MFR

25 Journal Madagascar. GSDM-EFTA : des techniciens en agriculture de conservation et en agroécologie certifiés. 21 avril 2019.

109
6.4.3 Connaissances traditionnelles de lutte biologique et d’amélioration de la production formalisées
et diffusées

Le secteur de la recherche doit davantage


orienter ses travaux vers les pratiques
traditionnelles de lutte biologique et vers les
itinéraires techniques respectant les principes de
l’agriculture biologique. Il s’agit de documenter
leurs bénéfices, en s’appuyant sur les pratiques
locales mais aussi celles menées ailleurs dans
des contextes agro-pédo-climatiques similaires,
en matière de respect de l’environnement, de
rendement, de productivité du travail, de revenus,
etc. L’enjeu est de valider ces pratiques en
démontrant scientifiquement (production de
preuves) leur capacité à contribuer aux grands
enjeux de développement du pays. Ces travaux
de recherche permettront ainsi de reconnaître,
valoriser et renforcer les savoirs traditionnels, notamment la pharmacopée ady gasy, qui est d’une grande
valeur pour le développement de l’agriculture biologique dans le pays.

Les activités à mettre en place pour cela consistent à augmenter les financements de la recherche
pour des travaux dédiés à l’agriculture biologique
et/ou à réorienter les financements existants
vers ces travaux. C’est donc l’agenda et les
priorités de la recherche qui doivent être modifiés,
en consultation avec les acteurs du secteur
de l’agriculture biologique et de l’agroécologie
n’utilisant pas d’intrants chimiques. Des guides26
(exemple : annexe 9) concernant l’utilisation de la
pharmacopée ady gasy ont été déjà élaborés et
diffusés auparavant. Il serait aussi important de
faire des recherches bibliographiques, des enquêtes
pour inventorier ce qui a été déjà fait, revalider les
méthodes par rapport aux connaissances actuelles
et assurer par la suite la formalisation et la diffusion de ces méthodes.

A4.3.1. Renforcer les structures de recherche menant une recherche participative et valorisant les
connaissances traditionnelles

Plusieurs centres de recherche et universités mènent déjà des travaux sur l’agriculture biologique
ou l’agroécologie, et particulièrement sur les pratiques traditionnelles correspondant aux principes de
l’agriculture biologique. On peut citer le FOFIFA ou bien le CTHT pour les travaux sur l’horticulture. L’enjeu
dans les cinq ans à venir est donc d’amplifier la dynamique d’intégration de l’agriculture biologique dans
les travaux des établissements existants. Les acteurs rencontrés ont par exemple indiqué que le FOFIFA
pourrait valoriser les ady gasy en faisant en sorte qu’ils soient homologués27 et constituent un référentiel.

26 Fanomezan-danja ny fomba Ady Gasy (valorisation ady gasy) 2ème édition 2003 – Voarisoa – Ezaka - Ilo
27 L’homologation doit être faite en conformité avec les textes en vigueur dans les pays d’importation.

110
Il y a par exemple des besoins en infrastructures, équipements pour les stations de recherche, champs
de démonstration, laboratoires, etc. Un accent particulier doit être mis sur les CMS. La recherche est en
première ligne pour le développement de semences adaptées aux différents territoires agroécologiques
du pays et aux pratiques de production agricole biologique (voir l’action A2.3.1 dans l’axe stratégique 2).
Ces dispositifs de recherche et d’analyse peuvent être mis en place en lien avec la création des TVAB (voir
Annexe 5. Entités en charge de l’application des textes règlementaires pouvant être appliqués aux produits
issus de l’agriculture biologique

Directions/service en charge de
Ministère de Tutelle l’application des textes, domaines de Documents délivrés
compétences
Direction en charge de la Protection
des Végétaux (DPV)
Agrément sanitaire
Denrées alimentaires d’origine
Ministère de l’Agriculture végétale destinées à la consommation
Certificat sanitaire
et de l’Elevage humaine, à l’état brut ou traitées/
transformées destinées à :
Permis d’importation
- L’exportation
- L’importation
Direction en charge des Services
Autorisation d’exportation et certificat
Vétérinaires (DSV)
sanitaire
Denrées alimentaires d’origine
Ministère de l’Agriculture
animale et alimentation animale à
et de l’Elevage - L’exportation
Autorisation d’importation
- L’importation
Certificat sanitaire
- Marché local
Autorité Sanitaire Halieutique (ASH)
Produits de la pêche et de Agrément sanitaire et certificat sanitaire
l’aquaculture et les produits qui
Ministère en charge
en sont issus, et l’alimentation Autorisation d’importation
de la Pêche et de
aquatique à :
l’Aquaculture - L’exportation Enregistrement sanitaire et certificat
- L’importation sanitaire
- Marché local

Agence de Contrôle de la Sécurité


et de la Qualité des Denrées
Alimentaires (ACSQDA) Certificat d’Immatriculation
Ministère de la Santé Toutes denrées alimentaires, les
Publique compléments alimentaires et les Certificat de consommabilité
additifs alimentaires produits
localement et importés avant mise
sur le marché local

Direction de la Protection Des Certificat de non contamination


Ministère de l’Industrie,
Consommateurs (DPC) radioactive
du Commerce et de la
Toutes denrées alimentaires mises
consommation sur le marché local Autorisation de mise en commercialisation

Service de la Qualité et du
Ministère de l’Industrie,
Conditionnement (SQC) Certificat de Contrôle du Conditionnement
du Commerce et de la
Quelques produits d‘origine agricole et d’Origine
consommation pour l’exportation

Direction des Aires Protégées, des


Ministère de
Ressources Naturelles renouvelables
l’Environnement et du
et des Ecosystèmes (DAPRNE)
Développement Durable Produits forestiers

111
Annexe 6. Eléments clés pour une étude sur le concept de TVAB). Ils peuvent faire partie des appuis
proposés dans le cadre de ces TVAB, afin de répondre aux demandes des régions ou d’organisations
professionnelles.

A4.3.2. Créer des appels à projets dédiés aux connaissances traditionnelles et à l’agriculture biologique

Une façon d’inciter les équipes de recherche à faire porter davantage leurs travaux sur les connaissances
traditionnelles et la façon dont elles peuvent contribuer au développement de l’agriculture biologique est
d’effectuer des appels à projets spécifiques sur ce sujet. Le Fonds national de recherche du Ministère
de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESUPRES) ou d’autres fonds compétitifs
peuvent être mobilisés pour cela. Il est important que dans les termes de référence de ces appels à projets,
les questions de recherche sur l’agriculture biologique appréhendent ce mode d’agriculture et d’alimentation
dans toutes ses composantes : socioéconomiques, culturelles, politiques, etc. et pas seulement techniques
et biophysiques. Des équipes de recherche pluridisciplinaires peuvent ainsi être mobilisées.

Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Renforcer les structures de recherche
menant une recherche participative M I N A E ,
A4.3.1 FOFIFA, CTHT…
et valorisant les connaissances MESUPRES
traditionnelles
Créer des appels à projets dédiés aux Chercheurs,
M I N A E ,
A4.3.2 connaissances traditionnelles et à Opérateurs,
MESUPRES
l’agriculture biologique Accompagnateurs

6.4.4 Innovations et autres connaissances pour l’amélioration des rendements et de la productivité du


travail développées et diffusées
Outre la valorisation des pratiques existantes,
il importe également de soutenir les projets de
recherche appliquée visant à concevoir avec
l’ensemble des opérateurs des filières des
innovations techniques et organisationnelles
autour de l’agriculture biologique, et à diffuser ces
innovations auprès de ces opérateurs.

A4.4.1. Lancer des appels à projets pour la recherche et l’innovation sur l’agriculture biologique

La recherche agronomique joue un rôle important pour documenter les techniques de production en
agriculture biologique et agroécologie sans usage d’intrants chimiques, qui permettent d’améliorer les
rendements et la productivité du travail. Il faut pouvoir démontrer que les rendements en agriculture
biologique peuvent être satisfaisants et surtout bien plus durables que ceux obtenus en agriculture

112
conventionnelle car préservant la qualité des sols. et appuyer les recherches sur les biofertilisants
Cela implique de mettre en place une recherche à base de matériaux locaux. Le Centre National
agronomique de longue durée, qui tienne compte de Recherches sur l’Environnement et le
des temps de restauration de la fertilité des sols Centre National de Recherches Industrielles et
associés à l’agriculture biologique. Les travaux Technologiques travaillent dans ce domaine et
sur la complémentarité élevage et production le MEDD est en train de faciliter ce transfert de
végétale, ou une meilleure utilisation des connaissances locales.
déjections animales pour améliorer la fertilité
organique sont de ce point de vue essentiels pour
le développement de l’agriculture biologique.

Le soutien à la recherche agronomique doit La recherche et l’innovation doivent aussi


également être orienté vers l’innovation en matière porter sur des aspects socioéconomiques, tels
de semences et d’intrants biologiques. Il a par que la productivité du travail (à la fois le temps
exemple été mentionné durant les rencontres avec de travail et sa pénibilité), les marchés, les
les acteurs locaux qu’il y a un manque de matériel mesures de politiques publiques, etc. Il est donc
végétal à forte biomasse pour la production de important là-encore de stimuler une recherche
compost, un intrant important pour la production pluridisciplinaire sur l’agriculture biologique, qui
agricole biologique ou en agroécologie, celle-ci permettent aussi d’aborder tous les maillons
pouvant constituer une étape pour le passage des chaines de valeur et non pas seulement la
vers l’agriculture biologique. Les financements production (le maillon de la transformation est
de la recherche doivent également permettre par exemple essentiel). Il faut encourager les
de valoriser les résultats de recherches locales travaux qui étudient les multiples dimensions de

113
la qualité des produits issus de
l’agriculture biologique : sanitaire,
nutritionnelle, organoleptique,
résistance face aux aléas
(climat, maladies, nuisibles),
conservation, etc.

Les appels à projet doivent


permettre de renforcer les
moyens humains et matériels
des centres de recherche actuels
pour qu’ils soient en mesure de
conduire les travaux de recherche
et d’innovation sur l’agriculture
biologique et l’agroécologie
n’utilisant pas d’intrants chimiques. Ces appels doivent aussi inciter les centres de recherche à porter une
attention particulière aux modalités de diffusion de leurs innovations auprès des opérateurs concernés afin
de s’assurer que ces innovations seront appropriées et adoptées.

A4.4.2. Réaliser une étude sur les problèmes de contamination des filières biologiques par des polluants
externes

La loi 2020-003 indique que la mise en place de


la Stratégie doit reposer notamment sur une « étude
d’impact environnemental et socio-économique,
pour les filières biologiques domestiques et
d’exportation, des obligations d’utilisation ou
d’exposition aux pesticides de synthèse dans les
zones de production biologique et la mise en place
de plans d’action pour mitiger les impacts négatifs »
(article 8). Il est en effet important de documenter
les problèmes de contamination des filières par
des polluants externes qui sont soulevés de façon
récurrente par les acteurs du secteur et qui posent
d’importantes difficultés pour le processus de
certification. Le cas des polluants liés à l’utilisation
des moustiquaires imprégnées a été évoqué, de
même que, pour le riz, les polluants véhiculés par
l’eau souillée des villes et non traitée. Des travaux
ont ainsi montré que la pollution des eaux et des
rizières autour de la capitale atteignait des niveaux
rendant l’agriculture urbaine problématique pour la
santé humaine28. En milieu rural, il est nécessaire de
mieux documenter les problèmes de pollution des
eaux et des sols, et de résidus de pesticides dans les
aliments, qui résulteraient d’itinéraires techniques
mal maîtrisés et/ou de produits de mauvaise
qualité et qui contamineraient des parcelles en
agriculture biologique. Il s’agit de caractériser ces
28 https://www.rfi.fr/fr/afrique/20201118-madagascar-les-
scientifiques-alertent-la-pollution-sols-et-lair.

114
polluants externes, d’identifier à quelles pratiques (agricoles ou non) ils sont associés, voir s’il existe
des mesures d’encouragement à ces pratiques (par exemple des subventions aux engrais minéraux), et
proposer des solutions pour résoudre ces problèmes de contamination. Ce problème de contamination ne
se pose pas seulement au niveau des systèmes de production et il serait nécessaire que l’étude prenne
également en compte les pollutions en aval, au niveau de la collecte, du transport, du stockage, de la
transformation, etc.

Les résultats de l’étude doivent servir à prendre des décisions pour que les solutions recommandées
puissent effectivement être mises en œuvre et pour susciter une prise de conscience des opérateurs des
filières. C’est à l’étude de faire des propositions de modalités précises de la façon dont ses résultats vont
être instruits (atelier, task force, etc.).

Période de mise en
N° œuvre (Année)
Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
d’action
1 2 3 4 5
Lancer des appels à projets pour
M I N A E ,
A4.4.1. la recherche et l’innovation sur FOFIFA, CTHT…
MESUPRES
l’agriculture biologique

Réaliser une étude sur les problèmes


MESUPRES,
de contamination des filières
A4.4.2. MINAE M E E D ,
biologiques par des polluants
Chercheurs, AT
externes

115
116
117
8 Rôles et responsabilités des acteurs
Le développement de l’agriculture biologique est un projet multi-acteurs. Il engage aussi bien des
entités privées que des entités publiques, relevant pour ces dernières de plusieurs secteurs (agriculture,
environnement, santé, commerce, aménagement du territoire, etc.). La mise en œuvre et l’atteinte des
objectifs définis dans la Stratégie dépendent en grande partie de l’implication effective de tous ces acteurs,
suivant les actions et les niveaux d’intervention. On peut regrouper l’ensemble des acteurs dans trois
grandes catégories :

Le secteur public, qui comprend l’Etat central et ses services déconcentrés, ainsi que les autres entités
publiques concernées par l’agriculture biologique,

Le secteur privé, avec à la fois les organisations professionnelles qui représentent les entreprises à
tous les maillons de la filière (de l’agrofourniture à la distribution, les services financiers, etc.) et les
organisations de producteurs,

Les autres acteurs clés, qui regroupent les CTD, la société civile, les médias et les PTF.

8.1 Le secteur public


La forte implication de l’Etat
et de ses démembrements est
primordiale pour le succès de la
Stratégie. On l’a vu dans d’autres
pays, cette implication jusqu’au
plus haut sommet de l’Etat est
déterminante pour développer de
manière significative le secteur de
l’agriculture biologique. C’est le cas
par exemple de la Tunisie, qui est
considéré comme le pays africain
le plus développé en matière de
production agricole biologique.
Le niveau d’engagement de l’Etat
dans ce secteur se traduit par un
soutien public fort, en particulier
via la mobilisation de ressources publiques permettant des niveaux significatifs de subvention au bénéfice
des opérateurs. La responsabilité de l’Etat est donc à la fois de mettre en place un environnement politique,
juridique et institutionnel favorable au développement de l’agriculture biologique, mais également de
réguler le secteur, et de mobiliser les ressources nécessaires pour le soutenir.

Le MINAE est le ministère chef de file responsable de la mise en œuvre de la Stratégie, avec en son sein
la DAAB qui pilote la Stratégie (jusqu’à la mise en place de l’USCAB), et différentes directions ou services
qui sont en charge de certaines activités (DAPV, DAVPE, DPV, DSV, DFAPP,, SOC, DCVPH). De nouvelles
instances dédiées à l’agriculture biologique vont être créées sous sa tutelle (CNABio, USCAB), mais le
portage politique de la SNABIO doit concerner l’ensemble du MINAE et ne pas être réservé à quelques
entités dédiées.

118
Par ailleurs, la mise en œuvre de la Stratégie
implique d’autres ministères et la coordination
interministérielle visant à assurer une cohérence
des actions entre ministères est un élément clé
de la réussite. Le MEDD joue un rôle de premier
plan du fait que l’objectif de préservation de
l’environnement est constitutif des principes de
l’agriculture biologique. En outre, certaines filières
de l’agriculture biologique, telles que les épices
ou les huiles essentielles, tombent en partie sous
la gestion des ressources forestières (IISD, 2020).
Le MINAE et le MSANP sont en première ligne
des activités concernant la sécurité sanitaire des
aliments avec la DPV, la DSV, l’ASH et l’ACSQDA
ainsi que la sensibilisation des consommateurs
sur les aspects de santé. La coordination entre le
MINAE et le MSANP est essentielle pour trouver
une solution au problème fréquemment soulevé
par les opérateurs de l’agriculture biologique de
la contamination chimique de leurs produits par
des moustiquaires imprégnées. La lutte contre le
paludisme est évidemment un enjeu majeur et il
est nécessaire de le poursuivre tout en évitant les
contaminations.

Le rôle du MICC dans la mise en œuvre de


la Stratégie porte plus particulièrement sur le
processus d’élaboration de la norme nationale
avec le BNM, la répression des fraudes avec la
Direction de la Protection des Consommateurs
(DPC) et la régulation du commerce avec le
Service de la Qualité et du Conditionnement
(SQC). Plusieurs mesures de soutien aux
opérateurs (études de marché, données de
l’Observatoire, etc.) impliquent également
le MICC. L’engagement du MATSF est, lui,
déterminant pour le développement territorial
de l’agriculture biologique, en particulier pour la
création des TVAB et en lien avec le Ministère des
Transports, du Tourisme et de la Météorologie MEF des retours importants des investissements
(MTTM) pour tout ce qui relève du développement dans le secteur de l’agriculture biologique.
d’un « bio-tourisme ». Le MESUPRES porte
la responsabilité d’établir un programme de Les services techniques déconcentrés des
recherche et d’enseignement supérieur qui ministères, en étant au plus près du terrain, sont les
accorde davantage de place à l’agriculture maillons indispensables à l’opérationnalisation de
biologique et à l’agroécologie sans intrants la Stratégie. De par leur connaissance des acteurs
chimiques. Enfin, la mobilisation des ressources et des activités agricoles sur leur territoire, les
publiques nécessaires à la mise en œuvre de la DRAE ont en particulier un rôle déterminant dans
Stratégie, en particulier concernant les mesures la mise en œuvre de certaines activités, comme
d’incitation économique aux opérateurs des l’appui-conseil et le renforcement de capacités
filières agricoles reposera sur la conviction du

119
des producteurs. Les techniciens locaux de l’agriculture sont des acteurs clé de la diffusion de pratiques
agricoles durables telles que celles reposant sur l’agriculture biologique ou l’agroécologie (IISD, 2020).

Outre les ministères, un certain nombre d’entités publiques ont leur rôle à jouer dans la mise en œuvre
des activités identifiées dans les axes stratégiques de la SNABIO : l’EDBM qui est rattaché à la Présidence
de la République, les Centres de recherche et les établissements d’enseignement ou de formation (FOFIFA,
CTHT, EFTA, CEFTAR, CAFPA, ESSA, MFR et collèges agricoles FIFATA/FERT -ces derniers étant considérés
dans la SNFAR mais délivrant un enseignement privé), et toutes les structures publiques qui peuvent faire
le choix dans leurs approvisionnements alimentaires de privilégier des produits locaux et biologiques
(hôpitaux, écoles, etc.).

8.2 Le secteur privé


Le secteur privé regroupe l’ensemble des opérateurs qui, quel que soit leur profil (exploitants familiaux,
microentreprises artisanales, petites-moyennes ou grandes entreprises, etc.), vont influer par leurs activités
le long des filières sur la dynamique du secteur agricole biologique.

Les entreprises

Le SYMABIO a jusqu’à présent joué un rôle majeur aux côtés du MINAE dans le développement du secteur
et continuera de le faire en étant pleinement engagé dans la mise en œuvre de bon nombre d’activités
de la SNABIO, en particulier dans ses axes stratégiques 2 et 3. L’implication d’autres organisations
représentatives du secteur privé, telles que le SIM ou le Groupement des Entreprises de Madagascar
(GEM), est également importante pour encourager les entreprises à investir dans les différents maillons
de la production de produits issus de l’agriculture biologique. Les entreprises de l’aval (agroalimentaire et
distribution) contribuent également au développement du secteur à travers leurs approvisionnements en
produits agricoles biologiques ou agroécologiques, que ce soit pour leurs activités professionnelles, et/ou
dans le cadre de leurs politiques de RSE (par exemple pour leurs restaurants d’entreprises).

Les organisations paysannes (OP) et les chambres d’agriculture de Madagascar (TTM)

Rien ne pourra se faire sans la mobilisation, la plus large possible, des producteurs agricoles et la
contribution forte des organisations paysannes faitières et des chambres d’agriculture dans la mise en
œuvre de la SNABIO. Ces structures représentatives ont un rôle décisif à jouer dans la mise en débat
et la promotion auprès de leurs membres des principes de l’agriculture biologique ou de l’agroécologie,
la sensibilisation sur les intérêts de l’agriculture biologique, et l’accompagnement technique afin que
l’agriculture biologique ne soit plus perçue comme inaccessible. Les OP font partie de nombreux réseaux :
le CNAF (Comité national agriculture familiale) ou le SIF (plateforme sur le foncier).

8.3 Les autres acteurs clés


Les Collectivité territoriales décentralisées

Les CTD ont une responsabilité cruciale pour assurer que l’agriculture biologique contribue pleinement
au développement socioéconomique des territoires, conformément à la vision portée par la SNABIO. Les
Régions sont notamment particulièrement impliquées dans le processus d’élaboration des Stratégies
régionales de développement de l’agriculture biologique, et plus particulièrement dans la création des TVAB
et de promotion sur leurs territoires de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Elles pourront
mettre en œuvre des actions de soutien au développement de l’agriculture biologique (par exemple la mise
à disposition d’infrastructures de marché, stockage, etc.). Elles ont également le mandat pour articuler le
développement de l’agriculture biologique avec les activités économiques présentes sur leurs territoires

120
(en matière de tourisme par exemple), au travers des Schémas Régionaux d’Aménagement du Territoire.
De même avec le programme One District One Factory (ODOF) du MICC, les Districts ont un rôle primordial
pour le développement de l’agriculture biologique à travers la facilitation de l’installation d’industries de
transformation de produits issus de l’agriculture biologique. Un débouché qui devrait motiver les producteurs
à adopter ce mode de production. En ce qui concerne les Communes, elles sont les structures qui sont
les plus proches de la population (hormis les Fokontany) et qui peuvent de ce fait assurer une meilleure
sensibilisation des producteurs, contribuer ou faciliter la construction d’infrastructures communes telles
que magasins de stockage d’intrants, cuves de lombricompostage, unités de compostage.

La société civile

Les associations de consommateurs, associations citoyennes ou autres organisations de la société


civile, ont une responsabilité dans la mise en œuvre de la SNABIO pour toutes les actions qui touchent le
grand public. Elles sont le relais des préoccupations des citoyens en matière d’environnement, de santé,
d’emploi, etc. qui sont autant d’arguments pour promouvoir l’agriculture biologique. Elles ont également un
rôle clé dans le renforcement de la prise de conscience de la population quant aux problèmes de pollution
et de santé liés aux pratiques actuelles de l’agriculture conventionnelle, et des avantages que représente
l’agriculture biologique face à ces problèmes. Les associations de défense des consommateurs ont par
ailleurs un rôle spécifique de protection des consommateurs contre des pratiques qui nuisent à la santé
humaine et contre les fraudes dans le commerce qui trompent les consommateurs sur la qualité des
produits. Quelques groupements et associations ont été mobilisés dans l’élaboration de la loi et la SNABIO,
il est important de continuer de les impliquer dans la mise en œuvre de la SNABIO et dans la mesure du
possible d’identifier aussi des associations ou ONGs qui ont la capacité de toucher un grand nombre de
publics ou un type de cibles spécifiques.

Les médias

Il y a un enjeu fort de communication grand public dans la SNABIO pour faire connaître ce qu’est
l’agriculture biologique, informer les citoyens de ses avantages, des mesures prises par les pouvoirs
publics pour développer le secteur comme de toutes les actions réalisées par les autres acteurs. Les
médias ont donc un rôle essentiel pour contribuer à susciter l’intérêt de la population et des opérateurs
pour l’agriculture biologique et leur donner des clés de compréhension de ce que recouvre ce concept. Ils
peuvent aussi être un outil pour les citoyens et les opérateurs pour relayer leurs préoccupations, animer
le débat public et faire du plaidoyer. Les médias aussi sont un outil qui permettraient de clarifier certaine
mauvaise perception, notamment « le mythe de la pureté des aliments » (IISD 2020). Certaines personnes
qui ne travaillent pas en agriculture s’imaginent que l’ensemble des cultures sont « naturelles ». Cette
perception des consommateurs peut constituer un obstacle à l’acceptation de l’agriculture biologique au
pays.

Les partenaires techniques et financiers

Les PTF, qu’il s’agisse des bailleurs de fonds, organisations internationales, assistants techniques ou ONGs
de développement, sont incontournables dans la mise en œuvre de la SNABIO. A travers les projets qu’ils
mettent en œuvre et l’engagement des ONG aux côté des acteurs locaux, en particulier pour accompagner
et renforcer les capacités des petits opérateurs, les PTF jouent un rôle déterminant. Ils ont déjà beaucoup
contribué à la mise à l’agenda de l’agroécologie et au développement des pratiques agroécologiques
sur le terrain. La présente Stratégie donne un cadre de référence pour poursuivre ces activités autour de
l’agroécologie et pour les articuler avec les pratiques de l’agriculture biologique, dans une démarche ou non
de certification. Les bailleurs de fonds ont en outre un rôle important dans la mobilisation des ressources
permettant de financer les activités de la Stratégie, en complément des ressources publiques et privées.

121
9 Mécanismes de mise en œuvre
Cette partie présente les mécanismes à établir pour assurer le suivi de la mise en œuvre de la Stratégie,
identifier les ajustements éventuels et évaluer les résultats de la Stratégie. Ils comprennent :

les programmes opérationnels de mise en œuvre de la Stratégie

le dispositif institutionnel de coordination,

le dispositif de suivi-évaluation.

9.1 Elaboration de programmes opérationnels


La présente Stratégie fixe
les grandes orientations
stratégiques à suivre avec
une vision sur 10 ans pour
développer le secteur de
l’agriculture biologique à
Madagascar. Elle propose
une ébauche de plan d’action
à 5 ans. Ce plan regroupe
l’ensemble des activités qui
sont jugées nécessaires
à mettre en place pour
atteindre les objectifs fixés
par la Stratégie. A très court
terme, le plan d’action à 5
ans devra être consolidé sur
la base de cette ébauche.
Les activités devront être
affinées et leur mise en
œuvre précisée, en identifiant en particulier des cibles à atteindre, si possible à court terme (1-3 ans) et
moyen terme (3-5 ans) de la même façon que pour la SNAB.

Ainsi, concernant par exemple l’objectif d’augmentation des superficies dédiées à la production agricole
biologique (objectif spécifique 1), la cible pourra être plus ambitieuse que celle fixée dans le Contrat-
Programme du MINAE 2019 de 20%, en considérant que les actions mises en œuvre dans la Stratégie
produiront leurs effets. Il sera bon cependant également d’étudier les tendances passées pour ne pas
fixer des cibles trop élevées1. L’élaboration d’un Programme National de Développement de l’Agriculture
Biologique aura donc pour objectif d’opérationnaliser la SNABIO en fixant les cibles à atteindre et en
détaillant la proposition de plan d’action et de budget, présentée dans la partie suivante. Concernant les
TVAB, sur la période de 5 ans, il apparaît raisonnable de se donner comme cible la cible la création d’au
moins trois TVAB. La création d’un SPG pilote dans chacun des TVAB, en particulier dans l’objectif de
développer l’approvisionnement de marchés urbains en produits issus de l’agriculture biologique, est aussi
une cible réaliste et n’exclut pas des SPG hors TVAB.

1 D’après les statistiques FiBL-IFOAM et SYMABIO, sur les 5 dernières années, les superficies cultivées certifiées bio sont passées d’environ 60 000
ha en 2016 à 80 000 ha en 2020, soit une augmentation de 33% sur la période, et de 7% en moyenne par an.

122
Il est par ailleurs prévu que la SNABIO se décline au niveau régional avec l’élaboration de Stratégies
Régionales de développement de l’agriculture biologique. Il sera particulièrement utile de relier ce processus
aux activités prévues dans la SNABIO concernant la création de TVAB.

9.2 Dispositif institutionnel de coordination


Conformément à la loi 2020-003, l’USCAB est l’unité
qui a pour mission de « coordonner l’action publique en
faveur de l’agriculture biologique » (article 7). Elle aura
donc la responsabilité du suivi de la mise en œuvre
de la SNABIO. La CNABio, qui est un organe multi-
acteurs composé de représentants des principales
entités publiques et privées concernées par l’agriculture
biologique, a pour mission de « contribuer à la mise en
œuvre de la politique nationale relative à l’Agriculture
biologique » (article 16). L’USCAB pourra convoquer
la CNABio pour effectuer des points réguliers sur la
mise en œuvre de la SNABIO, faire état de difficultés
éventuelles et demander un avis sur des ajustements
éventuels. Compte tenue la composition des membres
de la CNABio, cette démarche serait très utile pour
assurer une meilleure implication des différentes parties
prenantes.

Jusqu’à la mise en place effective de l’USCAB et de la


CNABio, le suivi de la mise en œuvre de la SNABIO est
assuré par la DAAB au sein du MINAE.

9.3 Dispositif de suivi-évaluation


La réussite de la mise en œuvre de la Stratégie exige
un suivi régulier et des évaluations périodiques afin de procéder aux ajustements nécessaires. Il est pour
cela nécessaire de mettre en place un dispositif de suivi-évaluation, qui permette de disposer de « balises »
pour s’assurer de l’effectivité des activités proposées, de l’atteinte des objectifs et ainsi guider le pilotage
de la Stratégie.

Il importe de trouver le juste


équilibre entre la volonté d’avoir un
outil de pilotage précis et le risque de
construire un outil trop complexe pour
être véritablement opérationnel. Des
indicateurs ont été proposés dans la
partie précédente pour chaque activité et
peuvent constituer une base de réflexion
pour la construction de ce dispositif
de suivi-évaluation. L’élaboration du
programme de mise en œuvre de la
Stratégie devra cependant intégrer la
proposition d’un dispositif complet de
suivi-évaluation. Eventuellement, une

123
sélection d’indicateurs clés pourra être effectuée afin de disposer d’une grappe d’indicateurs (par exemple
ceux reposant sur les données statistiques du secteur et alimentant l’Observatoire), plus facile à utiliser
pour le pilotage au jour le jour de la Stratégie. Ils pourront être régulièrement présentés par l’USCAB aux
réunions du CNABio.

La Stratégie pourra faire l’objet d’une Le dispositif de suivi-évaluation impliquera


évaluation à mi-parcours pour faire un état l’ensemble des acteurs concernés dont les rôles et
de son avancée et de son plan d’action, ainsi responsabilités ont été présentés plus haut, pour
qu’à l’issue de la période de mise en œuvre de qu’ils puissent alimenter le dispositif en informations
5 ans. Elle pourra être révisée en fonction des et contribuer à son bon fonctionnement.
résultats de l’évaluation. L’Observatoire étant
une structure clé dans la collecte des différentes
données et statistiques sur le secteur, il doit être
associé dans la finalisation du dispositif de suivi-
évaluation.

Le dispositif de suivi-évaluation devra être


logé au sein de l’USCAB. Il est en effet prévu
parmi ses attributions celles de coordonner la
conception, la mise en œuvre et l’évaluation de
toute stratégie, programme et plan ayant pour
objectif de développer l’agriculture biologique
à Madagascar. L’USCAB pourrait être chargé
concrètement de produire des rapports annuels
sur la mise en œuvre de la SNABIO et un rapport
d’évaluation à l’issue des 5 ans, à discuter lors de
réunions de travail de la CNABio.

124
10 Ebauche de plan d’action à 5 ans
Le passage de la définition de la présente Stratégie à sa mise en œuvre effective sur le terrain repose
nécessairement sur la mobilisation de financements. Les activités proposées, et qui restent à affiner dans
le cadre du futur programme de mise en œuvre de la Stratégie, ne nécessitent cependant pas toutes des
financements additionnels importants. L’enjeu du financement est aussi de réfléchir à comment réorienter
des financements existants vers le secteur de l’agriculture biologique, en faisant preuve de réalisme quant
aux capacités de financement des différents acteurs concernés. Le financement de la SNABIO résultera
beaucoup des arbitrages budgétaires qui seront effectués par chacun des acteurs pour accorder plus
d’attention à l’agriculture biologique, et non pas seulement d’une augmentation générale des financements.
En outre, plusieurs activités importantes relevant notamment de l’axe stratégique n°1 sur le système de
gouvernance ne nécessitent pas de financements supplémentaires.

Le financement de la mise en œuvre de la SNABIO pourra reposer sur les efforts et la contribution de
différents acteurs, au premier rang desquels l’Etat, mais aussi les PTF, les CTD et le secteur privé.

Le budget national

La volonté politique de l’Etat de soutenir le développement de l’agriculture biologique, à travers la loi


2020-003 et aujourd’hui une Stratégie, doit se traduire par un effort budgétaire. La part de l’agriculture
dans les dépenses budgétaires totales est aujourd’hui de 1,9%, très loin de l’objectif du CAADP de 10%
fixé dans la Déclaration de Maputo en 2003 et réitéré à Malabo en 2014 (MINAE, SNAB 2020). Au-delà de
l’impératif de relever substantiellement le budget de l’agriculture, il importe aussi que dans l’enveloppe
budgétaire consacrée à l’agriculture, une part plus importante soit allouée au développement de l’agriculture
biologique. Les besoins de financement concernent les investissements à réaliser pour mettre en œuvre
les activités, en particulier les mesures de soutien, mais aussi des dépenses de fonctionnement. Il est en
effet nécessaire de prévoir un budget de fonctionnement par exemple pour l’USCAB et la CNABio qui seront
créées sous la tutelle du MINAE (un minimum annuel garanti).

Les besoins de financement pour mettre en œuvre l’ensemble des activités de mise en œuvre de la
SNABIO doivent être intégrés dans la Loi de Finance Initiale (LFI) de 2021 ou à défaut dans la Loi de Finance
Rectificative (LFR). Cela démontrera auprès des
partenaires un signal fort de l’engagement de
l’Etat pour développer le secteur.

L’appui des Partenaires Techniques et


Financiers

La contribution des PTF au financement de la


mise en œuvre de la SNABIO, à travers les différents
fonds mis à disposition au niveau du MINAE
(SNAB, 2020) et les projets de développement, est
un élément clé pour la réussite de la Stratégie. Il
existe déjà des projets d’appui à l’agroécologie
qui permettent de sensibiliser les producteurs
aux principes d’une agriculture s’appuyant sur
les services écosystémiques et de structurer des

125
filières autour de produits issus de l’agroécologie. Ces projets sont tout à fait convergents avec les activités
de la SNABIO. Certains partenaires au développement ont par ailleurs exprimé leur volonté d’appuyer
les efforts du gouvernement et des opérateurs des filières, en particulier SYMABIO, pour contribuer à
développer l’agriculture biologique à Madagascar. La présente Stratégie offre un cadre sur lequel il est
possible d’aligner les propositions de projets et programmes des PTF.

La contribution des CTD

Les CTD ont un rôle à jouer dans la mobilisation des ressources financières pour contribuer à ce que
la SNABIO devienne une réalité tangible pour les populations qui sont sur leurs territoires. Les choix
d’investissements qu’ils opèrent peuvent être davantage orientés vers l’agriculture biologique. Les Région,
District, Commune, Fokontany doivent utiliser au maximum les marges de manœuvre dont ils disposent
pour soutenir le développement de l’agriculture biologique, en particulier à l’échelle des zones du pays qui
recevront le statut de TVAB. Les moyens mobilisés pour investir dans des infrastructures de marché, de
stockage, de transformation ou pour réaliser des actions de promotion de l’agriculture biologique peuvent
significativement contribuer à la mise en œuvre de la Stratégie.

Les ressources du secteur privé

Le secteur privé, qu’il s’agisse des entreprises, coopératives, exploitants familiaux, investit déjà du capital,
des savoirs, du travail dans le développement de l’agriculture
biologique ou de pratiques agroécologiques sans usage d’intrants
chimiques. Les banques et institutions de microfinances sont
également des acteurs du secteur privé essentiels pour faciliter
les crédits d’investissements dans l’agriculture biologique. Outre
l’appui de ces acteurs, une première piste possible de réflexion
pour renforcer la mobilisation des ressources privées serait par
exemple d’appliquer le principe pollueur- payeur. La taxation
des pratiques polluantes viendrait financer les mesures de
soutien au développement de pratiques agricoles vertueuses
pour l’environnement telles que l’agriculture biologique ou
l’agroécologie. Au Costa Rica par exemple, 0,1% des taxes sur le
carburant vont au secteur de l’agriculture biologique (IISD, 2020).

Une deuxième piste de réflexion est d’envisager la création d’un


fonds de soutien à l’agriculture biologique qui serait alimenté
par une redevance sur les exportations de produits agricoles
biologiques. Cette réflexion pourrait s’appuyer sur l’exemple
des entreprises qui paient une cotisation de 1% de leurs masses
salariales brutes pour développer la formation professionnelle2.
Cela implique une augmentation de l’assiette fiscale par le
développement des exportations. Enfin, la piste des financements
innovants reposant sur les fonds climatiques (par exemple des crédits carbone, fonds vert) est à creuser.
Ces fonds visent à rémunérer les producteurs pour le maintien de services écosystémiques et peuvent être
également mobilisés pour financer des mesures de soutien à l’agriculture biologique et à l’agroécologie.
Le Costa Rica est de nouveau un exemple intéressant. Il a mis en place un programme qui rémunère les
producteurs pour chaque ha de ressources forestières et hydriques préservées, de terres reboisées, ou
pour le maintien de systèmes agroforestiers (IISD, 2020).

2 Fonds Malgache de Formation Professionnelle - Loi n°2017-025, et en application du Décret N° 2018 – 1509, suivi de l’Arrêté ministériel n° 911/2019.

126
Tableau 6. Ebauche de plan d’action à 5 ans

Période de mise en
N° d’action Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
œuvre (Année)
1 2 3 4 5
1. Axe 1 Système de gouvernance

1.1. Commission Nationale sur l’Agriculture Biologique créée et opérationnelle


Adopter le texte règlementaire de la
A1.1.1 MINAE Membres CNABio
CNABio et nommer les membres
Elaborer les procédures de Membres CNABio, AT,
A1.1.2 MINAE
fonctionnement de la CNABio PTF
1.2. Unité de Supervision et de Coordination de l’action publique en faveur de l’Agriculture Biologique créée et opérationnelle
Adopter les textes règlementaires sur Membres secteur
A1.2.1 MINAE
l’USCAB public CNABio
Elaborer les procédures de
A1.2.2 MINAE Staff USCAB, AT, PTF
fonctionnement de l’USCAB
1.3. Observatoire de l’agriculture biologique mis en place et opérationnel
Conduire une étude sur la mise en place
A1.3.1. MINAE, SYMABIO MEDD, MICC, PTF, SP
et la pérennisation de l’Observatoire
Faire un appel à manifestation d’intérêt
A1.3.2 MINAE, SYMABIO MEDD, MICC, PTF, SP
pour la mise en place de l’Observatoire
1.4. Appui institutionnel pour le renforcement de la représentation des différents acteurs du secteur de l’agriculture biologique
Soutenir la représentation des différents
OP, SYMABIO,
A1.4.1 acteurs du secteur de l’agriculture MINAE, TTM
réseaux d’OP, ONG
biologique
1.5. Cahier des charges et label national sur l’agriculture biologique élaborés
Elaborer le cahier des charges et le label Membres CNABio,
A1.5.1 MINAE
bio OSC, BNM, PTF
Réaliser une étude pour la mise en place Membres CNABio, SP,
A1.5.2 MINAE
d’un label bio PTF, BNM, PTF
Elaborer et adopter des textes
Membres Secteur
A1.5.3 règlementaires régissant le système de MINAE
Public CNABio , BNM
certification nationale
1.6. Concept de Territoires à Vocation Agricole Biologique règlementé
Conduire une étude sur le concept de MEDD, MICC, MATSF,
A1.6.1 MINAE
TVAB CTD, collectifs locaux
Elaborer des textes règlementaires sur MEDD, MICC, MATSF,
A1.6.2 MINAE
les TVAB CTD, collectifs locaux
1.7. Dynamiques régionales de développement de l’Agriculture Biologique soutenues
Elaborer des Stratégies Régionales
MEDD, MICC, MATSF,
A1.7.1 de développement de l’Agriculture MINAE, Régions
CTD, collectifs locaux
Biologique
Construire des bases de données et MEDD, MICC, MATSF,
A1.7.2 MINAE, Régions
d’outils cartographiques régionaux CTD, collectifs locaux
2. Axe 2. Mesures de soutien au développement du bio
2.1. Territoires à Vocation Agricole Biologique créés
Faire un appel à manifestation d’intérêt CTD, collectifs locaux
A2.1.1 MINAE, MATSF
pour les TVAB (option A) MEDD, MICC
S e r v i c e s
Conduire une étude d’identification des
déconcentrés, CTD,
A2.1.2 zones potentielles pour les TVAB (option MINAE, MATSF
collectifs locaux,
B)
MEDD, MICC
S e r v i c e s
Conduire une étude de faisabilité de TVAB déconcentrés, CTD,
A2.1.3 MINAE
pilotes collectifs locaux,
MEDD, MICC, MATSF
A2.1.4 Créer des TVAB pilotes MINAE, MATSF CTD, collectifs locaux

127
Période de mise en
N° d’action Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
œuvre (Année)
1 2 3 4 5
2.2. Appuis à la conversion et à la production en agriculture biologique disponibles
MEDD, MATSF,
Conduire une étude de recensement des
A2.2.1 MINAE Régions, DRAE, SP,
parcelles à convertir en priorité
SYMABIO, TTM
Mettre à disposition une aide à la
A2.2.2 conversion et à l’installation des MINAE, MEF PTF, SP, SYMABIO
producteurs en agriculture biologique
2.3. Intrants bio disponibles et accessibles
Créer des centres de multiplication de
A2.3.1 MINAE (SOC) FOFIFA
semences bio
A2.3.2. Subventionner les engrais bio MINAE, MEF
Augmenter le nombre de points de vente
A2.3.3 MINAE SP
d’intrants bio
Réaliser une étude sur le marché local
A2.3.4 MINAE
des bio-intrants
Faciliter la mise en place d’unités de
A2.3.5 stockage et de transformation de bio- MINAE, MEF SP
intrants
2.4. Soutiens aux investissements dans l’agriculture biologique disponibles
Conduire une étude de faisabilité de la mise I n s t i t u t i o n s
A2.4.1 en œuvre de soutiens à l’investissement MINAE, MEF Financières, PTF, SP,
dans agriculture biologique AT
Mettre en œuvre un mécanisme de I n s t i t u t i o n s
A2.4.2 soutien aux investissements dans MINAE, MEF Financières, PTF, SP,
l’agriculture biologique AT, CTD
2.5. Ecoulement des produits bio facilité
A2.5.1 Réaliser des études de marché MINAE, MICC SP, PTF
MINAE, MICC,
A2.5.2 Promouvoir les circuits courts CTD, SP, PTF
SYMABIO, TTM
Encourager la transformation des
A2.5.3 MINAE, MICC SYMABIO, SP, PTF
produits issus de l’agriculture biologique
Renforcer les contrôles pour créer la
A2.5.4 MINAE, MICC MSANP
confiance des consommateurs
Développer les achats publics (ou
A2.5.5 MINAE, MEF Structures publiques
commandes institutionnelles)
2.6. Coût de la certification réduit
Mettre en place une aide à la trésorerie SP, MICC, MEF, PTF,
A2.6.1 MINAE
pour la certification tierce partie SYMABIO
Mettre en place un mécanisme de
ONG, SP, Collectifs
A2.6.2 financement accompagnant la création MINAE, MEF, PTF
locaux, TTM
de SPG
MINAE, SYMABIO, ONG, SP, Collectifs
A2.6.3 Mettre en place des SPG pilotes
CTD locaux,TTM
3. Axe 3. Communication, sensibilisation, promotion
3.1. Concept d’agriculture biologique connu
SYMABIO, OP,
A3.1.1 Elaborer une stratégie de communication MINAE associations de
consommateurs
Former les médias professionnels et
A3.1.2 MINAE PTF
grand public
3.2. Avantages et intérêts de l’agriculture biologique reconnus
MINAE, MICC,
Organiser une campagne de sensibilisation Associations de
A3.2.1 MSANP, MEDD,
auprès des consommateurs consommateurs
SYMABIO
Organiser une campagne de MINAE, MICC,
A3.2.2 sensibilisation auprès des opérateurs du MSANP, MEDD, OP
secteur SYMABIO

128
Période de mise en
N° d’action Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
œuvre (Année)
1 2 3 4 5
3.3. Production issue de l’agriculture biologique valorisée
SP, OP, associations
Organiser des manifestations sur
A3.3.1 MINAE, SYMABIO, de consommateurs
l’agriculture biologique
MICC
Elaborer et mettre en œuvre une stratégie
MINAE, SYMABIO,
A3.3.2 de promotion des produits agricoles SP, EDBM
MICC
biologiques « Made in Madagascar »
Soutenir la participation des opérateurs
MINAE, SYMABIO,
A3.3.3 à des événements internationaux sur SP, EDBM
MICC
l’agriculture biologique
4. Axe 4. Appui-conseil, renforcement de capacités et recherche
4.1. Dispositif d’ appui-conseil technique et d’accompagnement opérationnel
Construction de réseaux agroécologiques
OP, TTM, SYMABIO,
A4.1.1 et biologiques d’échanges de savoir-faire MINAE/DFAPP
ONG
et de capitalisation
Identifier les besoins en appui-conseil et OP, TTM, SYMABIO,
A4.1.2 MINAE
en accompagnement ONG
Elaborer des guides techniques pour la FOFIFA, CTHT, EFTA,
A4.1.3 production et la conversion en agriculture MINAE CEFTAR, CAFPA,
biologique ESSA, MFR
Organiser et délivrer des sessions de
TTM, SYMABIO, OP,
A4.1.4 formation pour les accompagnateurs des MINAE
ONG
opérateurs
Membres CNABio,
Renforcer les capacités des membres de
A4.1.5. MINAE Personnel USCAB, AT,
la CNABio et du personnel de l’USCAB
PTF
Fournir les moyens et les outils
A4.1.6 nécessaires aux techniciens locaux MINAE, DRAE OP, TTM, ONG
agricoles
Etablir un répertoire d’experts/
prestataires pouvant être mobilisés pour
A4.1.7 MINAE SYMABIO
l’appui-conseil auprès des opérateurs et
pour des expertises
4.2. Modules de formation sur l’agriculture biologique enseignés
Effectuer une étude sur les besoins et OP, SYMABIO, EFTA,
l’offre de formation existante (continue et CEFTAR, CAFPA,
A4.2.1 MINAESE/CNFAR
diplômante) sur l’agriculture biologique ESSA, MFR, MINAE/
et sur les besoins de renforcement DFAPP, SE/CNFAR
Elaborer et délivrer des modules de EFTA, CEFTAR, CAFPA,
A4.2.2 MINAE, SE/CNFAR
formation pour les étudiants ESSA, MFR
4.3. Connaissances traditionnelles de lutte biologique et d’amélioration de la production formalisées et diffusées
Renforcer les centres et structures de
recherche reconnus pour leurs travaux de M I N A E ,
A4.3.1 FOFIFA, CTHT…
recherche participative et de valorisation MESUPRES
des connaissances traditionnelles
Créer des appels à projets dédiés aux C h e r c h e u r s ,
M I N A E ,
A4.3.2 connaissances traditionnelles et à O p é r a t e u r s ,
MESUPRES
l’agriculture biologique Accompagnateurs
4.4. Innovations et connaissances pour l’amélioration des rendements et de la productivité du travail développées et diffusées
Lancer des appels à projets pour la
M I N A E ,
A4.4.1. recherche et l’innovation sur l’agriculture FOFIFA, CTHT…
MESUPRES
biologique
Réaliser une étude sur la caractérisation
MESUPRES, MEED,
A4.4.2. des polluants externes et sur les solutions MINAE
Chercheurs, AT
pour y remédier

129
ANNEXE 1. DOCUMENTS CONSULTÉS

AFD (Agence Française de Développement). SYMABIO, Projet d’appui à l’élaboration de territoires à vocation d’Agriculture

biologique.

Agence BIO, L’Agriculture Bio dans le monde, Les carnets internationaux de l’Agence BIO – Edition 2020

Bignebat, C. and Vagneron, I., 2011. Private certification in the Madagascar lychee export chain: business-driven or donor-driven

dynamics. Proposition de communication aux 5èmes Journées de recherches en sciences sociales, AgroSup Dijon, les 8 et 9

décembre 2011. Document confidentiel.

Commission européenne. Le nouveau règlement sur la production biologique, 17 novembre 2017. https://ec.europa.eu/

commission/presscorner/detail/fr/MEMO_17_4686

Ecocert consulting, 2018. Mise en place de la norme nationale Agriculture biologique à Madagascar – Rapport d’expertise –

Phase I - Janvier 2018

FiBL and IFOAM, The world of organic agriculture – Statistics and emerging trends, 2015.

IEM-PGE, 2019. Initiative Emergence Madagascar – Politique Générale de l’Etat 2019-2023.

IFOAM, 2017. Guidelines for public support to organic agriculture.

IFOAM, 2008. One earth, many hands. IFOAM Annual Report. Bonn, Germany: International Federation of Organic Agriculture

Movements, 28.

IISD, 2020. Etude des risques et des opportunités liées au développement d’une norme nationale d’agriculture biologique et de la

labellisation biologique à Madagascar. Document de travail.

Lemeilleur, S., Sermage, J. at Mellouki, A., 2019. Système Participatif de Garantie pour un label agroécologique au Maroc.

Alternatives Rurales (7), décembre 2019.

MINAE, 2020. Stratégie nationale d’agribusiness à Madagascar. Version finale août 2020. Avec la contribution financière de la

coopération allemande et de la GIZ.

MINAE-CASEF. Rapport final de prestation des consultants juristes national et international. Janvier-mars 2020. Rapport soumis

par Alan Behaja et Joelle Katto-Andrighetto.

MINAE « Vers l’autosuffisance alimentaire et l’émergence d’un secteur Agricole moderne ». Rapport Contrat-Programme 2019.

Ministère de l’Agriculture, Document de Stratégie Nationale pour la Formation Agricole et Rurale, Avril 2012.

Présidence de la République. Loi n° 2020-003 sur l’Agriculture biologique à Madagascar.

PSAEP, Programme Sectoriel Agriculture, Elevage, Pêche – Plan National d’Investissement Agricole 2016-2020. Juin 2015.

Rajaonarison, A. H., 2004. L’agriculture biologique à Madagascar depuis 1960. Mémoire de fin d’étude en vue de l’obtention du

diplôme de Masters of Science in « Agriculture and Rural development ». Laulanié Green University, Madagascar.

Ramamonjisoa Tojo David, sept 2019. Diagnostic des textes juridiques régissant la filière huiles essentielles à Madagascar avec

l’appui du PIC

Randriamihajasoa Eddy, Rapport Analyse, évaluation et identification des besoins de renforcement du système national

d’information et de communication entre les parties prenantes de la sécurité sanitaire des aliments à Madagascar, Programme

EDES - My Partner/ Avril 2015.

Sourisseau, J.-M, Bélières, J.-F., Marzin, J., Salgado, P., Maraux, F., 2018. Les moteurs du développement de l’agro-écologie en

Afrique subsaharienne : illustration sur les Hautes Terres malgaches, in Côte, F.-X, Poirier-Magona, E., Perret, S., Roudier, P.,

Rapidel, B., Thirion, M.-C. (coordination éditoriale), La transition agro-écologique des agricultures du Sud.

SYMABIO, Cadrage Stratégique 2019-2021.

130
ANNEXE 2. LISTE DES PERSONNES ET ENTITÉS CONTACTÉES ET RENCONTRÉES

Liste des personnes et entités contactées et/ou rencontrées en entretien

N° Structure Nom et Prénoms Fonction


1 ABcie RAMAHAROMANANA Ando Gérant
Agence Française de Chargée de projets Développement Rural
2 BERNARD Amélie
Développement et Pêche
Agence Française de Chargé de projets Agriculture,
3 TISSOT Rémi
Développement Développement Rural et Pêche
4 AGRISUD ANDRIANIMPANANA Daniel Coordonnateur Technique
5 AGRISUD LEPAGE Adrien Coordonnateur - Représentant
6 CASEF Atsinanana RAFANOMEZANTSOA Andrianantenaina Expert en Agribusiness
7 CASEF National RANDRIANARIVELO Alain Assistant en Agribusiness
Spécialiste en Agribusiness et
8 CASEF National RASAMIZANANY Sahondra
Gouvernance Filières
9 CASEF Vakinakaratra RAHERIARIVONY Fenotanjona Expert en Agribusiness
10 CCPB RAFARALAHINIRINA Mario Auditeur/Inspecteur Bio
11 CEFFEL RANDRIANASOLO Ida Directrice
Coalition Paysanne de
12 RANDRIANONY Louis Raymond Secrétaire Général
Madagascar
13 Commune Urbaine Antsirabe RASAMIMANANA Honoré Maire
Business Developer – Madagascar &
14 ECOCERT BERTHELOT Etienne
East-Africa
15 ECOCERT RANDRIANARISOA Sandra Directrice Générale
Ecole Supérieure des Sciences Enseignant - chercheur Mention
16 Agronomiques, Université RANDRIAMIHANTA Tiana Herimanana «Agriculture Tropicale et Développement
d’Antananarivo Durable
17 FEKRITAMA RAKOTOVAO Baritia Directeur Exécutif
18 FOFIFA RABARY Bodovololona Chercheuse, PCA Plateforme Haricot
19 GIZ MAROTSIHOARANA Norah Conseillère Technique
20 GIZ Prada FELKOETTER Feldkoetter Chef de Projet
21 GUANOMAD NOARSON Ramiakajato Technicien TERRABIO
22 GUANOMAD RAKOTOARIVELO Ialimandimby Coordinatrice RSE
Responsable Qualité, Recherche et
23 GUANOMAD RAKOTOBE Vahatra
Développement
24 GUANOMAD RAMAROLAHY Sahondrasoa Directrice Commerciale pi
25 HAVAMAD JACQUE Adrien Associé Gérant
Auditeur/Inspecteur Bio, Fairtrade,
26 Indépendant RANDRIANANTOANDRO Ramy
Globalgap
Ancien Spécialiste Gouvernance filière
27 IRAM LIAGRE Laurent
CASEF, lors de l’élaboration de la loi
Ministère de l’Agriculture et de Collaboratrice Directeur d’Appui à la
28 Dr ANDRIAMASIHERINJANAKOLO
l’Elevage Valorisation des Produits Elevage
Ministère de l’Agriculture et de
29 Dr RASOARIMALALA Harimanana Directrice des Services Vétérinaire
l’Elevage
Ministère de l’Agriculture et de
30 RABEMIAFARA Lahatra Directeur de la Protection des Végétaux
l’Elevage
Ministère de l’Agriculture et de Chef de Service du Développement de la
31 RAKOTOMAINTY Haintsoa Nirina
l’Elevage Transformation des Produits Agricoles
Ministère de l’Agriculture et de
32 RAKOTONIAINA Herisoa Marinà Directrice d’Appui à l’Agrobusiness
l’Elevage
Ministère de l’Agriculture et de Directrice d’Appui à la Production
33 RAMANANJANAHARY Harivony
l’Elevage Végétale

131
N° Structure Nom et Prénoms Fonction
Ministère de l’Agriculture et de
34 RAMAROZATOVO Ninah Collaboratrice Technique CPAR
l’Elevage

Ministère de l’Agriculture et de Directeur d’Appui à la Valorisation des


35 RAOELINA Bruno
l’Elevage Produits Elevage
Directrice de l’Unité de Coordination
Ministère de l’Environnement et
36 BAOHANTA Rondro Harinisainana de la Recherche, de l’Education et de la
du Développement Durable
Formation
Ministère de l’Industrie,
37 du Commerce et de la RAFANOMEZANTSOA Gilchrist Directeur du Commerce Intérieur
Consommation
Ministère de l’Industrie,
Chargée d’études Service de la Qualité et
38 du Commerce et de la RAHARINOSY Lantomalala
du Conditionnement
Consommation
Ministère de l’Industrie,
Chef de Département Normalisation
39 du Commerce et de la RAKOTO Mamitiana
Bureau des Normes de Madagascar
Consommation
Ministère de l’Industrie,
40 du Commerce et de la RAKOTOMALALA Faniry Chef de Service Appui au Label
Consommation
Ministère de l’Industrie,
Chef de Service de la Qualité et du
41 du Commerce et de la RANDRIANARISON Didier
Conditionnement
Consommation
Ministère de l’Industrie,
Directeur Général Bureau des Normes de
42 du Commerce et de la RAZAFIMAHAFALY Séraphin
Madagascar
Consommation

43 OSO Farming LGA ANDRIAMAMPIANINA Maryse Directrice Déléguée

Solidarité Corporative des


44 Agriculteurs Eleveurs et RAMIARAMANANA Marie Urbain Secrétaire Exécutif
Protection des Consommateurs
Syndicat malgache de
45 RAMAMONJISOA Erica Secrétaire Exécutif
l’agriculture biologique

Syndicat malgache de
46 ETANCELIN Gaëtan Président
l’agriculture biologique

Union des Professionnels


47 des Fruits et Légumes de RAHAINGOALISON Tiana Présidente
Madagascar

132
Liste des entités membres et invitées aux réunions du Comité Technique de Rédaction
ACSQDA : Agence de Contrôle Sanitaire de la Qualité des Denrées Alimentaires (MSANP)

AGRISUD International

AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières

BNM : Bureau des Normes de Madagascar (MICC)

CIRAD : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement

CNCA : Comité National du Codex Alimentarus

CNRE : Centre National de Recherches sur l’Environnement (MESUPRES)

DAAP : Direction d’Appui à l’Agrobusiness

DAPV : Direction d’Appui à la Production Végétale (MINAE)

DAVPE : Direction d’Appui à la Valorisation des Produits Elevage (MINAE)

DPV : Direction de la Protection des Végétaux (MINAE)

DSV : Direction des Services Vétérinaires (MINAE)

DUCREF : Direction de l’Unité de Coordination de la Recherche, de l’Education et de la Formation (MEDD)

ECOCERT : Organisme de Contrôle et de Certification par Tiers

ESSA : Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (MESUPRES)

FOFIFA : Département de recherche agronomique

GARDUC : Groupement d’Analyse et de Réflexion pour la Défense des Usagers et des Consommateurs

IPM : Institut Pasteur de Madagascar

RNDC : Réseau National de Défense des Consommateurs

SCAEPC : Solidarité Corporative des Agriculteurs Eleveurs et Protection des Consommateurs

SMABIO : Syndicat Malgache de l’Agriculture Biologique

SQC : Service de la Qualité et du Conditionnement (MICC)

TTM : Tranoben’ny Tantsaha Mpamokatra

133
Liste des entités ayant participé aux ateliers de concertation régionaux

AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières


REGION VAKINANKARATRA ECOFARM

CEFFEL : Conseil Expérimentation Formation en Fruits et Légumes

FCA Vakinankaratra

CFFAMMA : Centre de Formation et d’Application du Machinisme Agricole

FDA : Fonds de Développement Régional

Coeur de forêt

FIFAMANOR : Fiompiana Fambolena Malagasy Norvezianina

Commune Rurale Ambano Antsirabe II

FIFATA : Fikambanana Fampivoarana ny Tantsaha

Commune Urbaine Betafo

FOFIFA : Centre de Recherche

Commune Urbaine d’Antsirabe

Fromage Ny Antsika

Coopérative Manda

ONG Ilo Aina Madagascar

CPM : Coalition Paysanne de Madagascar

ORN : Office Régional de Nutrition Vakinakaratra

CASEF National

PAPAM Vakinankaratra

CASEF Régional

Plateforme Lait

CSA Iavoko Betafo

Plateforme Paoma Vakinakaratra

DAAB : Direction Appui à l’Agrobusiness MINAE

Région Vakinakaratra

Direction Régionale MINAE

SEFAFI Tombontsoa

Direction Régionale MEED

SOAFIARY

Direction Régionale MICC

TMK : Tanora Maneho Kanto

134 YMCA : Young Men’s Christian Association


Agricoop AVSF
REGION ATSINANANA
Direction Régionale MICC

ATOP PADAP

EFFA Toamasina

CASEF National

FOFIFA : Centre de Recherche

CASEF Régional Atsinanana

GEVM : Groupement des Exportateurs de Vanille de Madagascar

CASEF Régional Vakinankaratra

INSUCO AT CASEF

CCPS GIZ

PADAP : Projet d’Appui à l’agriculture Durable par une Approche Paysage

Chambre du Commerce et de l’Industrie Toamasina

PROSPERER Régional

Commune Rurale Fanandrana

RCCE : Réseau des Coopératives du Commerce Equitables

Coopérative Fanohana

Savonnerie Tropicale Huilerie de Melville

Coopérative Taratra Fenerive Est

Société Jacarandas

CTHT : Centre Technique Horticole Toamasina

Société NATEMA

DAAB : Direction de l’Appui à l’Agrobusiness MINAE

Société Qualitymad

Direction Régionale MINAE

Société SASM

Direction régionale MATSF

SYMABIO : Syndicat Malgache de l’Agriculture Biologique

Direction Régionale MEED

TTM : Tranoben’ny Tantsaha Mpamokatra Atsinanana

Université de Toamasina

135
ANNEXE 3. CARTOGRAPHIE DU SECTEUR DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Cartographie actuelle

136
Cartographie attendue après la mise en oeuvre de la SNABIO

137
ANNEXE 4. REGROUPEMENT DES PRODUITS PAR AXE STRATÉGIQUE

Objectifs spécifiques Produits / Extrants


Commission Nationale sur l’Agriculture Biologique créée et
opérationnelle
La production bio est valorisée
USCAB créée et opérationnelle
Axe gouvernance

Observatoire du bio créé


Les superficies dédiées à la production bio sont
Concept de territoires à vocation agricole biologique règlementé
augmentées
Système de certification national opérationnel
Système d’inspection, de contrôle et de surveillance du
La production bio est valorisée
système de certification et des produits opérationnel
Coût de la certification réduit
Les superficies dédiées à la production bio sont Territoires à vocation agricole biologique exploités
augmentées Appui à la conversion et à la production bio disponible
Axe Mesures de soutien au
développement du bio

Intrants bio disponibles et accessibles


Les rendements et la productivité du travail en
agriculture bio sont améliorés Soutiens aux investissements dans l’agriculture biologique
disponibles
La démarche de production bio est adoptée Ecoulement des produits bio facilité
La production bio est valorisée Observatoire du bio opérationnel
Les points de vente sont augmentés et le prix du
Coût de la certification réduit
bio est accessible
/ sensibilisation/
Communication

Le concept bio est connu et son utilité est


Concept d’agriculture biologique connu
promotion

reconnue
Axe

Avantages et intérêts de l’agriculture biologique reconnus


La démarche de production bio est adoptée
Production issue de l’agriculture biologique promue
Connaissances traditionnelles de lutte et d’amélioration de la
Les rendements et la productivité du travail en production bio formalisées et diffusées
Axe Appui / conseil et

agriculture bio sont améliorés Innovation et connaissance pour l’amélioration des rendements
recherche

et de la productivité agricole développées et diffusées


Dispositif d’offre en appui-conseil et accompagnement
Des appuis/conseils techniques et un opérationnel
accompagnement au bio sont disponibles
Modules de formation sur l’agriculture biologiques enseignés

138
ANNEXE 5. ENTITÉS EN CHARGE DE L’APPLICATION DES TEXTES RÈGLEMENTAIRES
POUVANT ÊTRE APPLIQUÉS AUX PRODUITS ISSUS DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Directions/service en charge de
Ministère de Tutelle l’application des textes, domaines de Documents délivrés
compétences
Direction en charge de la Protection
des Végétaux (DPV)
Agrément sanitaire
Denrées alimentaires d’origine
Ministère de l’Agriculture végétale destinées à la consommation
Certificat sanitaire
et de l’Elevage humaine, à l’état brut ou traitées/
transformées destinées à :
Permis d’importation
- L’exportation
- L’importation
Direction en charge des Services
Autorisation d’exportation et
Vétérinaires (DSV)
certificat sanitaire
Denrées alimentaires d’origine
Ministère de l’Agriculture
animale et alimentation animale à
et de l’Elevage - L’exportation
Autorisation d’importation
- L’importation
Certificat sanitaire
- Marché local

Autorité Sanitaire Halieutique (ASH)


Agrément sanitaire et
Produits de la pêche et de
certificat sanitaire
l’aquaculture et les produits qui
Ministère en charge
en sont issus, et l’alimentation
de la Pêche et de Autorisation d’importation
aquatique à :
l’Aquaculture - L’exportation
Enregistrement sanitaire et
- L’importation
certificat sanitaire
- Marché local
Agence de Contrôle de la Sécurité
et de la Qualité des Denrées
Alimentaires (ACSQDA) Certificat d’Immatriculation
Ministère de la Santé Toutes denrées alimentaires, les
Publique compléments alimentaires et les Certificat de consommabilité
additifs alimentaires produits
localement et importés avant mise
sur le marché local
Certificat de non
Direction de la Protection Des
Ministère de l’Industrie, contamination radioactive
Consommateurs (DPC)
du Commerce et de la
Toutes denrées alimentaires mises
consommation sur le marché local
Autorisation de mise en
commercialisation
Service de la Qualité et du
Ministère de l’Industrie,
Conditionnement (SQC) Certificat de Contrôle du
du Commerce et de la
Quelques produits d‘origine agricole Conditionnement et d’Origine
consommation pour l’exportation
Direction des Aires Protégées, des
Ministère de
Ressources Naturelles renouvelables
l’Environnement et du
et des Ecosystèmes (DAPRNE)
Développement Durable Produits forestiers

139
ANNEXE 6. ELÉMENTS CLÉS POUR UNE ÉTUDE SUR LE CONCEPT DE TVAB

La certification territoriale est une tendance forte du


développement de l’agriculture biologique ces dernières années.
De plus en plus de pays souhaitent certifier des pans de leurs
territoires pour reconnaître les efforts particuliers réalisés sur
ces territoires en matière de préservation de l’environnement et
de développement d’une agriculture biologique. On peut citer
par exemple le cas de Zanzibar, qui a décidé de faire de ses îles
principales Unguja et Pemba des îles biologiques en mettant en
avant leurs avantages comparatifs en matière de biodiversité et de
tourisme. Il n’existe cependant pas aujourd’hui de standards sur ce
que recouvre la certification territoriale en agriculture biologique et
ce sujet est en réflexion au sein de l’IFOAM.

Les expériences développées dans certains pays montrent la


certification territoriale est souvent associée au développement
d’un tourisme spécifique (éco-tourisme, agrotourisme). Dans le
cas des Territoires à Vocation Agricole Biologique (TVAB) inscrits
dans la loi 2020-003 sur l’agriculture biologique à Madagascar,
les consultations avec les acteurs montrent que cette dimension
touristique est également importante. Les TVAB peuvent être
un outil pour le développement d’un « bio-tourisme » impliquant, l’approvisionnement des structures
touristiques (hôtels, auberges, restaurants) en produits bio, notamment en circuits courts, comme cela se
fait ailleurs, par exemple en Tunisie. Cependant, les TVAB peuvent avoir leur raison d’être même s’ils ne
renvoient pas à une logique commerciale. Les enjeux de préservation de l’environnement, en périphérie des
aires protégées ou ailleurs, peuvent se suffire à eux-mêmes, l’agriculture biologique pouvant être vue avant
tout comme un mode de production respectueux des écosystèmes et non pas (seulement ou en priorité)
comme une filière de niche répondant aux besoins des marchés nationaux et internationaux.

Pour chacun des éléments clés à prendre en compte dans l’étude sur le concept de TVAB, des propositions
sont faites ci-dessous.

LA DÉFINITION DE CRITÈRES DE CLASSEMENT DE ZONES EN TVAB

Il s’agit de définir, avec l’ensemble des acteurs et des ministères concernés, les critères qui permettront
de conférer le statut de TVAB à une zone donnée (de la même façon qu’un statut d’aires protégées est
attribué à certaines zones), ainsi que leur priorisation. Ces critères peuvent renvoyer à des dynamiques
locales d’agriculture biologique déjà existantes, un potentiel touristique autour d’aires protégées, des
caractéristiques agro ou pédoclimatiques particulières (par exemple des zones indemnes ou à faible
présence de nuisibles), etc. L’ensemble de ces critères constitueront le « cahier des charges des TVAB ».

Une liste de critères a été proposée par les acteurs locaux lors des ateliers de concertation régionaux
menés pour l’élaboration de la présente stratégie. Ils ont été regroupés par grandes rubriques et peuvent
servir de base à la réflexion sur le cahier des charges, sachant qu’il faut garder à l’esprit le fait que le cahier
des charges doit être souple et adapté à chaque type de zones :

140
Critères biophysiques et Critères Critères Critères de développement de
géographiques socioéconomiques environnementaux l’agriculture biologique
Nombre de ménages Expériences avérées dans
Altitude pour éviter les
agricoles bénéficiaires l’agriculture biologique
contaminations croisées (les plaines
Impact socio- Priorisation des Recensement des
subissant les effluents composés
économique positif zones réputées les exploitations conventionnelles
d’intrants chimiques des parties en
(amélioration des moins polluées (non bio), adhésion des
altitude)
revenus pour les acteurs Cadre exploitations agricoles non bio
Analyse pédologique
locaux) règlementaire des à la démarche, incitation des
Géolocalisation des producteurs pour
Gestion des contraintes investissements producteurs à adopter le mode
choisir les zones pertinentes
pour les habitants dans (pas d’impact de production bio
Proximité avec les exportateurs/
la périphérie environnemental Identification des sites en
zones d’intervention des exportateurs
Zones de concertation négatif) tenant compte des projets/
Accessibilité aux marchés/proximité
multi-acteurs programmes sur l’agriculture
avec les marchés (périurbains, …)
dynamique biologique

LA DEMANDE DE TVAB PAR LES ACTEURS LOCAUX (OPTION A)

L’étude devra préciser les modalités de demandes


de création de TVAB par les acteurs locaux. Après avoir
fait connaître le concept de TVAB auprès des acteurs
locaux à travers des actions de communication et de
sensibilisation sur l’ensemble du territoire national, il
s’agit de réceptionner les manifestations et candidatures
émanant de groupements d’acteurs locaux souhaitant
être déclarés TVAB (Candidats TVAB). L’évaluation de la
demande peut se faire au niveau local par les autorités
compétentes (Fokontany, Commune, District, Région)
et avec la consultation des groupements (Coopératives,
Groupements, Candidats TVAB). Dans le cadre des
expériences pilotes, les dossiers de candidature TVAB
seront envoyés avec recommandations des structures
locales vers l’Administration centrale (mais ce ne devrait
plus être le cas une fois le texte réglementaire donnant le
cadrage général des TVAB adopté). Celle-ci devrait faire
une proposition pour le suivi et le respect du cahier des
charges TVAB. Le texte d’attribution du statut de TVAB
(par exemple par arrêté) est élaboré en adéquation avec
l’évaluation faite par les structures locales, ou bien des
observations/ recommandations sont faites si l’évaluation
ne permet pas d’attribuer le statut de TVAB.

LA DÉLIMITATION OU LE ZONAGE DES TVAB EN CONCERTATION AVEC L’ENSEMBLE DES ACTEURS CONCERNÉS
(OPTION B)

Dans ce cas, la démarche inverse est suivie, du niveau central au niveau local : l’Administration centrale
identifie des zones qui peuvent être déclarées TVAB suivant les critères définis de façon concertée. Elle fait
une proposition pour le suivi et le respect du cahier des charges et élabore un dossier pour le soumettre
pour étude au niveau des structures locales. L’évaluation de la demande se fait en mobilisant les structures
locales (Région, District, Commune, Fokontany, Coopératives, Groupements, Candidats TVAB).

141
Une fois les zones sélectionnées (bassin versant, commune, district, zone autour d’une aire protégée,
etc.), leur délimitation géographique précise doit se faire de façon concertée avec l’ensemble des acteurs
présents dans la zone (OP, associations, ministères, etc.). Il ressort des concertations avec les acteurs que
la délimitation du territoire selon un découpage administratif n’est pas le plus pertinent et qu’un découpage
géographique ferait plus de sens. L’enjeu – le défi – est de réaliser une délimitation pragmatique, qui doit
faire sens pour les acteurs locaux et reposer sur un consensus social et politique. Le pays pourra s’appuyer
pour cet exercice sur l’approche paysage développée dans le cadre du projet PADAP (Projet d’Agriculture
Durable par une Approche Paysage)3 qui vise à établir avec l’ensemble des acteurs territoriaux des Plans
d’Aménagement et de Gestion du Paysage. Les expériences d’élaboration des Schémas d’aménagement
communaux (SAC) qui suivant une approche participative mobilisent l’ensemble des acteurs territoriaux,
pourront également servir d’éléments de référence et de capitalisation.

LA CONCERTATION AVEC LES COMMUNAUTÉS CONCERNÉES

Que le TVAB soit créé selon l’option A ou B, la concertation avec les acteurs du territoire est essentielle.
La cartographie des TVAB doit s’appuyer sur la participation des acteurs locaux pour faciliter leur adhésion
à l’agriculture biologique (cartographie participative). Au-delà des actions de communication grand
public visant à susciter des demandes de création de TVAB émanant des acteurs locaux, il importe que
les occupants d’un territoire donné ciblé comme TVAB maîtrisent le sujet de l’agriculture biologique. Des
formations simples et compréhensibles doivent être organisées à cet effet.

3 [Une ligne de présentation.]

142
LA DÉFINITION D’UNE VISION PARTAGÉE SUR LE territoriale adossée à un label territoire bio, le
TERRITOIRE cahier des charges devra s’appuyer sur des
critères spécifiques aux territoires qui permettent
Quelle que soit l’option suivie pour l’attribution d’apprécier un niveau de développement de
du statut de TVAB, il est important d’inscrire cette l’agriculture biologique sur le territoire voire plus
action dans une démarche de progrès à l’échelle du généralement de qualité environnementale. Ces
territoire quant au développement de l’agriculture critères pourront par exemple être empruntés
biologique. Les acteurs territoriaux devront à l’écologie des paysages : couverture arborée,
être accompagnés pour s’accorder sur la place diversité et densité des arbres, ressources en eau,
que pourrait avoir l’agriculture biologique sur etc. Il s’agit donc de critères différents de ceux
leur territoire et sur des cibles à atteindre dans existants pour les producteurs individuels. Ce
un horizon donné (en termes de superficies, de sont aussi des critères différents de ceux qui sont
nombre d’opérateurs certifiés bio, etc.). Dans définis pour identifier une zone comme TVAB : si
cette optique, Madagascar pourra s’appuyer dans le cadre d’un « territoire bio » les critères du
sur les démarches de prospective territoriale cahier des charges doivent permettre d’apprécier
qui visent à produire une vision partagée du et de reconnaître par un label les efforts réalisés
territoire dans un horizon donné, et qui ont déjà par les acteurs locaux pour atteindre une certaine
été expérimentées sur l’agroécologie. qualité de leur territoire, les critères des TVAB, eux,
doivent permettre d’identifier les zones où des
appuis vont être mis en place pour accompagner
les acteurs locaux à développer l’agriculture
biologique. La reconnaissance des efforts de
ces acteurs locaux devrait en toute logique venir
dans un second temps.

La réflexion sur les démarches de certification


territoriale n’est donc pas simple car il s’agit de
définir un cahier des charges avec des critères
spécifiques au territoire et des procédures
d’évaluation de la conformité également
spécifiques. Aujourd’hui, les exemples de
territoires certifiés biologiques sont beaucoup
Cette démarche de progrès doit permettre de liés au développement de l’agrotourisme. Le
tracer une trajectoire du territoire en matière de développement de l’agriculture biologique
développement de l’agriculture biologique pour contribue au développement de l’agrotourisme sur
que, progressivement, les opérateurs présents sur les territoires, et ce dernier est aussi une stratégie
le territoire s’engagent dans cette démarche ou pour encourager l’agriculture biologique. Les
continuent de réaliser des pratiques respectant projets de « territoires bio » ou de « villages bio »
les principes de l’agriculture biologique. A sont souvent portés par des municipalités ou
court terme, dans les 5 ans à venir, l’objectif des régions qui utilisent l’agriculture biologique
est d’engager la réflexion sur les possibilités de comme un argument marketing de promotion
définir une procédure de certification territoriale de leurs territoires. Cette démarche peut être
permettant, à terme, de délivrer un label « territoire rapprochée de celle qui existe pour les Indications
bio ». Géographiques Protégées (IGP). La certification
territoriale s’inscrit également dans une
La démarche d’un cahier des charges mouvance de développement d’ « écovillages »,
permettant de caractériser la « qualité d’un « écoquartiers » ou « écorégions », où au-delà de
territoire » en matière d’agriculture biologique l’agriculture biologique et de l’écotourisme les
et de reconnaître les efforts des acteurs pour autorités locales entendent également porter une
atteindre cette qualité est un peu différente de réflexion sur l’énergie, la gestion des ressources,
celle des TVAB. Dans le cas d’une certification etc.

143
L’Italie a par exemple développé le concept de dynamique collective de développer l’agriculture
Biodistrict depuis une vingtaine d’années et une biologique. Les cibles à atteindre peuvent
de ses régions a mis en place une réglementation apparaître relativement basses (par exemple 10
qui reconnaît ce concept. Le Biodistrict est à 20% de producteurs certifiés bio), mais l’enjeu
défini comme un espace géographique où les est qu’elles soient significativement supérieures
acteurs locaux (producteurs, citoyens, autorités, à la moyenne nationale et que les territoires
etc.) s’accordent sur d’une gestion durable qui les atteignent puissent ainsi se distinguer
de leur territoire, au travers en particulier le des autres. La mise en place d’un SPG peut
développement d’une production et d’une constituer un premier pas vers la certification bio
consommation biologique. Les critères inscrits d’un territoire dans la mesure où il s’agit d’une
dans la réglementation pour qualifier un territoire dynamique collective ancrée localement. Mais
de Biodistrict s’appuient sur un pourcentage comme pour le SPG, le concept de territoire bio
d’opérateurs certifiés et une superficie minimum implique de faire face aux défis inhérents à toute
en bio (IFOAM, 2017). action collective, reposant sur la coopération
entre divers acteurs, la confiance, la solidarité,
Dans cette expérience comme dans d’autres, la etc.
logique n’est pas d’attribuer un label « territoire
bio » à des territoires qui seraient 100% bio, mais LES APPUIS DONT BÉNÉFICIENT LES TVAB
davantage de reconnaître une volonté et une
Une fois identifiées et délimitées des zones
particulièrement favorables au développement
de l’agriculture biologique, la logique de création
des TVAB est de concentrer les appuis auprès
des acteurs de ces territoires pour effectivement
développer l’agriculture biologique et l’alimentation
qui va avec. Les appuis peuvent concerner :

la mise en place de centres d’appui et de formation,


ou la délivrance de sessions de formation,

la disponibilité et l’accessibilité aux moyens et


techniques de production bio (semences bio, bio
fertilisants, équipements, etc.),

un Kit ou pack d’installation en agriculture


biologique (avec par exemple du petit matériel),

la facilitation de la certification pour les acteurs qui sont dans le TVAB, en particulier le SPG afin
d’assurer des liens entre TVAB et SPG et de créer une dynamique de certification sur le territoire,

la mise en place de marchés (ou stands) dédiés aux produits de l’agriculture biologique, d’unités de
transformation, d’emballage, etc.,

des aménagements tels que pistes, irrigation, etc.

des installations à usage communautaire pour sécuriser les produits agricoles des contaminations
post-récolte (le cas des contaminations avec les moustiquaires est souvent soulevé), sans que cela ne
crée de conflits d’intérêt entre les opérateurs qui travaillent dans le TVAB,

des facilités de crédit pour les investisseurs.

144
Les ateliers de concertation régionaux ont également souligné l’importance
d’avoir un cadre règlementaire incitatif pour les opérateurs, à travers un régime
fiscal incitatif lié à la zone : par exemple la sécurisation foncière, une exonération ou
un allègement de taxe douanière sur les importations de matériels ou équipements
nécessaires à la production agricole biologique, des exonérations ou allègements
fiscaux pour les entreprises qui investissent dans le développement de l’agriculture
biologique, un système de prime et de récompense à la performance, etc.

Les différents appuis sont à réfléchir en fonction des politiques déployées à


l’échelle des territoires, notamment pour ce qui concerne le foncier. Les politiques
d’accès au foncier peuvent par exemple mobiliser l’outil « Zones d’Investissement
Agricole (ZIA) ». Les appuis à l’agriculture biologique peuvent aussi être articulés
avec une politique d’approvisionnement des établissements publics en agriculture
biologique, ou bien une politique de développement touristique (prestations
touristiques plus durables). La mise en œuvre de ces politiques pourra se faire
dans le cadre de Partenariats Publics Privés (PPP) qui permettent d’encourager
les investissements des OP et d’entreprises spécifiques au secteur de l’agriculture
biologique. Les Schémas Régionaux de l’Aménagement du Territoire (SRAT)
recouvrant des associations d’agglomérations pourront servir de cadres pour le
déploiement de ces politiques territoriales favorables à l’agriculture biologique. Le
TVAB peut être un atout commercial pour les collectivités, à valoriser de la même
façon que les IGP.

LA GOUVERNANCE DES TVAB

Il s’agit de mettre en place une structure de gouvernance locale avec l’ensemble


des acteurs des territoires (comité local, association de territoire, autorité de gestion
des bassins versants, Communautés de Base ou Vondron’Olona Ifotony comme dans
le cas des aires protégées, coopératives, etc.) pour réaliser le zonage, s’entendre
sur une vision partagée du territoire, et gérer les appuis et les investissements en
faveur de l’agriculture biologique. La forme que prendra la structure de gouvernance
est d’autant plus cruciale dans le cas de l’option B de création des TVAB, que cette

145
option se rapproche des mécanismes de création d’aires protégées. Or les difficultés liées aux aires
protégées, lorsque les populations se voient imposées de nouvelles règles à des fins de conservation de
l’environnement et que l’approche tend à se résumer à du contrôle et de la coercition, sont bien connues.
Il importe donc de veiller à tirer les leçons des difficultés que l’on rencontre souvent dans les COBA ou les
VOI qui sont des structures de gestion locale pour la conservation.

Le défi est de disposer d’une structure porteuse locale avec des capacités de gestion, une légitimité et
une transparence suffisante pour assurer une gouvernance du territoire. Cette structure pourrait également
être impliquée dans la certification SPG au sein du TVAB. A cet égard, les OP et les coopératives peuvent
porter un SPG et, étant bien enracinées dans le territoire, peuvent également assurer la gouvernance d’un
TVAB.

LES MESURES DE SAUVEGARDE

Conformément au principe d’inclusion de la SNABIO (voir les principes directeurs), la création de TVAB doit
bénéficier aux petits producteurs et en tout état de cause ne pas leur nuire. Les risques environnementaux
liés à l’implantation d’unités de transformation ou de conditionnement (notamment en périphérie des aires
protégées) doivent également être évalués et des mesures de réduction de ces risques doivent être prises
le cas échéant.

146
ANNEXE 7. INFORMATIONS PRODUITES ET/OU DIFFUSÉES PAR L’OBSERVATOIRE
SUR L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE

L’Observatoire vise plusieurs publics cibles : opérateurs des filières, consommateurs, étudiants,
chercheurs, pouvoirs publics, partenaires au développement, grand public (i.e. tout citoyen souhaitant
avoir des informations sur l’agriculture biologique).

En fonction des besoins des publics cibles, l’Observatoire pourra fournir divers types d’informations :

Statistiques d’évolution du secteur à Madagascar : nombre de producteurs, autres opérateurs, superficies, production,
exportations en volume et valeur, etc. (base de données),

Localisation des productions agricoles biologiques (base de données géolocalisée),

Identification des acteurs du secteur (organisation de producteurs, SYMABIO, ONG, Ministères, etc.),

Textes règlementaires, mesures de soutien et procédures pour y accéder, etc.,

Informations techniques (guides),

Informations socioéconomiques (ex profil des opérateurs),

Modalités pour la certification (tierce partie et SPG), contact des organismes certificateurs,

Répertoire des opérateurs/intervenants du secteur pour faciliter les mises en relation et amorcer des relations
commerciales (base de données) : groupements de producteurs, entreprises de fourniture d’intrants, de
transformation, de distribution, organismes certificateurs, associations de consommateurs, etc.,

Evolution du marché national et international (prix, analyse de l’offre et de la demande, études de marché, enquêtes
sur la connaissance du concept bio et la reconnaissance de son utilité…),

Etudes de marché par filières, analyse de la compétitivité, stratégie marketing,

Travaux et données de recherche,

Rapports d’analyse d’impact socioéconomique, sanitaire et environnemental,

Veille sur les contraintes et les règlementations étrangères en matière d’agriculture biologique.

Cet Observatoire fonctionnera donc comme un centre de ressources numériques, permettant de stocker
toutes les informations existantes sur le secteur de l’agriculture biologique à Madagascar et à l’international,
de gérer des bases de données, et d’animer un site Internet. La transparence, la sécurité des données et
l’accessibilité des données sont cruciales pour le bon fonctionnement de l’Observatoire.

Concernant le suivi des marchés (au niveau national comme à l’export), qui permettra aux opérateurs
de mieux cibler leurs marchés et les produits à fort potentiel sur lesquels se positionner, une procédure de
remontée des informations est à établir. Pour le marché national, un dispositif peut être mis en place avec
les commerçants et les municipalités qui gèrent les marchés pour effectuer un suivi régulier des ventes
(volumes et prix) de produits biologiques. Pour les marchés à l’export, la collaboration avec les organismes
certificateurs sera essentielle.

147
ANNEXE 8. ELÉMENTS DE COÛTS DE CERTIFICATION TIERCE PARTIE ET SPG

CERTIFICATION TIERCE PARTIE

D’après les acteurs rencontrés, le coût de la certification tierce partie comprend notamment (liste non
exhaustive) :

Les contrôles annuels et inopinés (basés en général sur le nombre de jours de mobilisation)

Les déplacements

Les analyses

Les certificats d’inspection et de transaction (Certificat of Inspection/ Commercial Transaction -COI/CT).

Les acteurs rencontrés indiquent que les frais de déplacements


peuvent entrainer un surcoût important car ils peuvent représenter
jusqu’à 30% du montant du devis de certification. Il faut rajouter à cela
aussi le temps de mobilisation de l’auditeur, surtout s’il faut plusieurs
jours de déplacement pour arriver jusqu’au site de production. En
plus du coût de la certification proprement dit à payer auprès de
l’organisme certificateur, l’opérateur doit aussi prendre en compte
d’autres coûts nécessaires pour la mise en place des procédures, des
enregistrements, des traçabilités.

Selon les informations données par les acteurs, une diminution du


coût de la certification tierce partie peut être possible en jouant sur
les différents leviers suivants, qui relèvent de l’action des opérateurs
et de celle des organismes certificateurs :

Réaliser une certification de groupe,

Assurer une bonne préparation de la venue des auditeurs et du


respect du cahier des charges pour éviter des coûts supplémentaires
(analyse des produits, audit complémentaire, contrôle inopiné, …),

Augmenter le nombre de demandes de certification (cela permettrait aux organismes certificateurs de


mieux répartir les charges sur chaque devis de certification)

Mutualiser les coûts (organisation d’un programme d’audit sur le terrain de plusieurs opérateurs)

Demande de certification d’une parcelle de production avec possibilité de rajout de produits déjà cultivés
dans la parcelle

Demande de certification de toute la chaîne de production (de la production à l’exportation).

Concernant le coût inhérent à l’accompagnement, les opérateurs peuvent se regrouper en association et


mobiliser un nombre limité d’accompagnateurs pour minimiser le coût. L’intervention peut alors être plus
efficace car les personnes peuvent capitaliser les expériences obtenues à travers leurs interventions dans
les différentes structures de l’association. Compte tenu du niveau assez faible des producteurs en matière
d’éducation scolaire, il est important de les intégrer dans une coopérative ou un groupement afin de les
148
inciter à adopter les bonnes pratiques. Des personnes mandatées par la coopérative ou le groupement
peuvent aussi les appuyer dans la tenue des enregistrements et des traçabilités. De manière générale, ce
sont ces enregistrements et traçabilités qui constituent les premières difficultés des producteurs dans
la constitution du dossier de demande de certification. Pour encore davantage minimiser les coûts, un
renforcement de capacités par les accompagnateurs locaux apparaît nécessaire, pour les aider à tenir
des cahiers de culture. Inciter les producteurs à se mettre en coopérative est une façon de les pousser à
tenir ces cahiers dans la mesure où il y a une exigence de tenue d’historique des cahiers de culture dans le
fonctionnement d’une coopérative.

SPG

De manière générale, les expériences de SPG Frais de labellisation : analyse de résidus,


sont portées par des ONGs, des gouvernements, impression et envois de certificat,
des intellectuels ou des leaders de mouvements
sociaux dans un pays. Chaque modèle présente Frais de gestion/ secrétariat du SPG : pour traiter
des avantages et des inconvénients. 10 producteurs, il fallait compter environ 5 jours
de travail. Les producteurs contribuent à la prise
Au Maroc, le SPG sur l’agroécologie est porté en charge de ce coût par les frais d’adhésion, qui
par des intellectuels (agronomes, producteurs sont relativement faibles. Une cotisation de 50
néo-ruraux, consommateurs de la classe euros environ par an permet de couvrir les jours de
moyenne marocaine ou binationale) à l’origine du secrétariat, les frais de photocopies et de contrôle
Réseau des Initiatives Agroécologiques du Maroc des résidus. En pratique, le travail de secrétariat est
(RIAM). Entre un quart et un tiers des producteurs fait de manière bénévole, les cotisations alimentent
certifiés sont néanmoins des petits agriculteurs donc le compte du RIAM
familiaux. Les consommateurs des produits
agroécologiques sont aussi des intellectuels soit Frais de salle de réunion : le RIAM a pu offrir la salle
de classe moyenne soit de classe aisée, qui sont en s’appuyant sur une convention qu’il avait avec
non seulement avertis des risques des produits l’université,
phytosanitaires sur la santé et l’environnement
mais peuvent également payer beaucoup plus Frais d’assistance technique : l’expérience a pu
cher les produits biologiques comparés aux bénéficier de la mise à disposition d’un expert du
produits vendus dans les souks. L’engagement Cirad financé par ailleurs sur un autre projet.
des intellectuels urbains et néo-ruraux dans le
SPG est un acte politique fort, qui a l’ambition
d’expérimenter des formes de gouvernance
horizontale, de démocratie participative dans
un système en auto-gestion et de se distinguer
d’une certification marchande promue par les
pouvoirs publics.

L’expérience de mise en place du SPG par le


RIAM en partenariat avec le CIRAD (Lemeilleur et
al., 2019) a montré que les principaux postes de
coût pour la mise en place d’un SPG étaient les
suivants :

149
Les enseignements tirés de
cette expérience pilote montrent
que la dynamique peut être
relativement rapide (2 ans) et
que, comme dans toute action
collective, la facilitation du
travail par l’assistance technique
a été déterminante. Il s’est agi
de faciliter, et non d’organiser
directement ou « faire à la
place de », pour s’assurer de
la pérennité de la dynamique.
Certains coûts comme la salle
de réunion et l’assistance
technique ont pu, dans cette
expérience, être couverts grâce
à d’autres projets, mais il ne
faut pas négliger le temps de
travail bénévole qu’implique
ce dispositif, qui repose sur
l’engagement des acteurs. Aujourd’hui, l’enjeu pour e RIAM est de faire entrer davantage d’agriculteurs
familiaux. Ceux qui sont déjà impliqués l’ont été par le biais de producteurs leaders politiques dans la
région. Ce type de personnes ressources apparaît comme de bons catalyseurs, comme peuvent l’être
également les coopératives.

Concernant le modèle économique du SPG, il y a


certainement un effet de seuil pour que le SPG puisse
se passer du temps de travail bénévole. En France par
exemple, les Commissions Mixtes d’Agrément et de
Contrôle (COMAC), composées de producteurs (ou de
transformateurs) et de consommateurs, dans le cadre de
l’association Nature et Progrès atteignent autour de 50 à
60 producteurs et sont en capacité de payer un salarié,
souvent à temps partiel. Mais le fait de se passer du temps
de travail bénévole n’est pas véritablement un objectif
essentiel des SPG.

Les exemples de SPG portés par des ONGs (comme


c’est souvent le cas en Afrique de l’Ouest et en Asie du
Sud-Est), ont l’avantage de pouvoir s’appuyer sur des
ressources financières et techniques, mais la limite
souvent observée est le manque d’appropriation par les
producteurs du système.

Dans les exemples portés par les gouvernements


comme en Inde, les producteurs sont rapidement intégrés
dans le système et ce sont bien les pairs qui font les visites
(tel que c’est écrit dans le règlement). Mais le coût pour
l’Etat est considérable, à la fois en termes d’organisation
et de subvention pour chaque producteur qui s’implique.
L’avantage est qu’il s’agit d’une vraie politique volontariste

150
pour la transition agroécologique et que toute la population a accès aux produits de qualité à des prix
abordables sur les marchés locaux. L’inconvénient de cette approche top-down est qu’il y a un fort risque de
manque d’appropriation du système
et que le jour où cette politique
volontariste s’arrête, tout s’arrête.

Enfin les exemples portés


par les intellectuels et leaders
de mouvements sociaux sont
intéressants pour différentes raisons.
Ils concernent avant tous les pays
développés (France, USA, Espagne,
Italie, Nouvelle-Zélande, Australie,
ainsi que Brésil, Argentine, Sri
Lanka...) et les pays andins. Dans ces
pays, le SPG n’est pas qu’un moyen
de certification, il est clairement un
positionnement politique. A la fois
pour dire qu’il n’est pas acceptable que ce soit les producteurs qui produisent de manière vertueuse qui
doivent payer, et parce qu’au travers du SPG, il y a l’idée de partager des taches pour préserver et renouveler
un bien collectif. Ce concept fonctionne particulièrement bien en Amérique Latine, où la notion d’action
collective et de « commun » est bien développée dans toutes les couches de la société.

Concernant les mesures de soutien à la mise en place de SPG pilotes, on peut identifier plusieurs pistes
possibles :

La mise à disposition de facilitateurs qui vont faciliter l’émergence de projets ou initiatives et assurer une délégation de
compétences aux porteurs des initiatives,

L’octroi d’une subvention pour couvrir les frais de mise en place du SPG,

L’appui à la commercialisation : cela peut être d’avoir accès à des places de marché pour créer un marché paysan, des
marchés institutionnels, la mise en place d’une plateforme de commercialisation, etc. Ce type de plateforme existe aussi
par exemple au Sri Lanka avec Good Market, qui recense tous les marchés existants, y compris les ventes en ligne, et toute
l’information expliquant comment s’engager dans l’agriculture biologique en tant que producteur ou consommateur.

Il est important que la subvention de démarrage (publique ou dans le cadre d’un projet financé par des
PTF) comme l’accompagnement technique ne se substituent pas à la recherche d’un modèle économique
permettant d’assurer la pérennité du SPG. La dépendance aux subventions externes, et la perte d’autonomie
qu’elle peut engendrer, font partie des risques liés au développement de SPG. Une des pistes de réflexion
pour atténuer ce risque est de promouvoir les partenariats avec des instituts de recherche ou des universités,
comme l’illustre le cas du RIAM. La transmission des savoirs de ces experts vers les producteurs est
dans ce cas primordial pour ne pas affecter les principes de participation, d’horizontalité et de partage des
connaissances propres aux SPG (IISD, 2020).

151
ANNEXE 9. EXEMPLE DE GUIDE DE VALORISATION ‘‘ ADY GASY ’’

152
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
ET DE L’ELEVAGE

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