Snabio 2023
Snabio 2023
Snabio 2023
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Liste des acronymes
LFI Loi de Finance Initiale
MINAE Ministère en charge de l’Agriculture et de l’Elevage
MEDD Ministère de l’Environnement et du Développement Durable
MEF Ministère de l’Economie et des Finances
MESUPRES Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
MFR Maison Familiale Rurale
MICC Ministère de l’Industrie, du Commerce et de la consommation
MID Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation
MSANP Ministère de la Santé Publique
MTTM Ministère des Transports, du Tourisme et de la Météorologie
OC Organisme Certificateur
OGM Organismes Génétiquement Modifiés
OP Organisation de Producteurs
PADAP Projet d’Agriculture Durable par une Approche Paysage
PRD Plan Régional de Développement
PRDR Plan Régional de Développement Rural
PSA Programme Sectoriel Agricole
PSAEP Programme Sectoriel Agriculture, Elevage, Pêche
PTF Partenaires Techniques et Financiers
PPP Partenariat Public Privé
SAC Schéma d’Aménagement Communal
SE/CNFAR Secrétariat Exécutif du Conseil National pour la Formation Agricole et Rurale
SNFAR Stratégie Nationale pour la Formation Agricole et Rurale
SIM Syndicat des Industries de Madagascar
SNAB Stratégie Nationale de l’Agrobusiness
SNABIO Stratégie Nationale de Développement de l’Agriculture Biologique
SOC Service Officiel de Contrôle des Semences et des Matériels végétales
SP Secteur Privé
SPG Systèmes Participatifs de Garantie
SQC Service de la Qualité et du Conditionnement
SRAT Schéma Régional d’Aménagement du Territoire
SYMABIO Syndicat Malgache de l’Agriculture Biologique
USCAB Unité de Supervision et de Coordination de l’action publique en faveur de
l’Agriculture Biologique
TTM Tranoben’ny Tantsaha Mpamokatra
TVAB Territoire à Vocation Agricole Biologique
ZIA Zone d’Investissement Agricole
3
Tableau 1. Calendrier des activités de concertation avec les parties prenantes 9
Graphique 3. Evolution du marché alimentaire bio mondial de 1999 à 2019 (en milliards €) 19
4
TABLE DES MATIÈRES
1. Introduction 8
4. Principes directeurs 35
5. Vision et objectifs 37
6.1.4. Mettre en place un appui institutionnel pour renforcer la représentation des différents 50
acteurs du secteur de l’agriculture biologique
6.1.5. Cahier des charges et label national sur l’agriculture biologique élaborés 51
5
6.2.2. Appuis à la conversion et à la production en agriculture biologique disponibles 67
6
Annexe 1. Documents consultés 130
Liste des entités membres et invitées aux réunions du Comité Technique de Rédaction 133
Liste des entités ayant participé aux ateliers de concertation régionaux 134
Annexe 6. Eléments clés pour une étude sur le concept de TVAB 140
7
Après la loi sur l’Agriculture biologique,
1 Ces lignes directrices font partie de la Boîte à outils proposée par l’IFOAM pour des politiques publiques de soutien à l’agriculture
biologique. Elles distinguent les mesures encourageant l’augmentation de l’offre de produits biologique (push) et les mesures
encourageant l’augmentation de la demande de produits biologique (pull). On retrouve dans la présente stratégie des mesures proposées
par l’IFOAM mais présentées différemment, suivant les axes stratégiques définis en concertation avec les acteurs.
8
Le Comité Technique de Rédaction (CTR) qui avait été mis en place par le MINAE lors de l’élaboration de
l’avant-projet de loi sur l’agriculture biologique a de nouveau été mobilisé. Il est composé de représentants
de l’Administration, des organisations de consommateurs, des organisations professionnelles agricoles, de
la recherche agricole et des ONG ayant des compétences ou concernés par l’agriculture biologique. D’autre
part, deux ateliers de concertation régionaux ont été organisés qui ont regroupé chacun une quarantaine
de parties prenantes : le 15 octobre 2020 à Antsirabe et le 5 novembre 2020 à Toamasina. Enfin, un atelier
de restitution finale s’est tenu dans la capitale (22 décembre 2020).
La concertation avec les membres du CTR s’est traduite par six réunions organisées par le CASEF et le
MINAE qui ont permis des échanges très réguliers (voir Tableau 1). L’implication des membres du CTR dans
l’élaboration de la stratégie est considérée comme primordiale dans la mesure où ils seront les premiers
acteurs qui prendront part à sa mise œuvre. Pour les mêmes raisons, une réunion spécifique avec les
Partenaires Techniques et Financiers (PTF) a été organisée le 8 octobre 2020.
Les ateliers de concertation régionaux ont été animés par l’équipe de consultants, du MINAE (DAAB/
CPAR) et le personnel du CASEF, en mobilisant des méthodes participatives (world café, travaux de groupes).
Ils ont réuni chacun plus d’une trentaine d’entités différentes (voir Annexe 2. Liste des personnes et entités
contactées et rencontrées).
9
Le processus de concertation mis en œuvre a permis de définir une vision consensuelle des enjeux et
axes de développement de l’agriculture biologique qui renvoie à la contribution du secteur aux grands
enjeux de développement du pays. Cette vision a guidé l’analyse diagnostique du secteur (arbre des
problèmes) et l’identification des objectifs généraux et spécifiques de la SNABIO (arbre des objectifs). Une
fois définis les activités et les produits/ extrants auxquels elles aboutissent et qui permettent d’atteindre
les objectifs (matrice de cadre de logique), ces activités ont été classées par grands axes stratégiques.
Cette structuration permet de regrouper ainsi des activités relevant d’un même domaine (par exemple la
gouvernance, l’appui-conseil, etc.) et d’éviter les redites, sachant qu’une même activité peut contribuer à
plusieurs objectifs.
- Constats
- Vision, objectifs généraux et spécifiques
- Analyse SWOT
- Cartographie du secteur bio
- Arbre des problèmes - arbre des objectifs
- Axes stratégiques
- Rédaction et validation Document SNABIO
Après une présentation des grands constats du secteur (partie 2), de la justification de la stratégie (partie
3), des principes directeurs (partie 4), ainsi que de la vision et des objectifs de la stratégie (partie 5), le
présent document est articulé autour de quatre grands axes stratégiques (partie 6) :
La suite du document présente des indicateurs de résultat pour suivre l’atteinte des objectifs généraux et
spécifiques (partie 7), les rôles et responsabilités des différentes entités publiques et privées (partie 8), les
mécanismes de mise en œuvre (partie 9) et une ébauche de plan d’action à 5 ans (partie 10).
10
Grands constats du secteur de
2
l’agriculture biologique
2.1 Enjeux de l’agriculture à Madagascar et intérêt de l’agriculture
biologique
Le secteur agricole malagasy constitue l’un des moteurs de l’économie nationale avec 26,3 % du PIB
(PSAEP 2016-2020), et emploie environ 78% de la population active, représentant ainsi le premier secteur
d’activités du pays. L’agriculture à Madagascar est majoritairement le fait de petits producteurs (0,87 ha
en moyenne, PSAEP 2015) entretenant des systèmes de production diversifiés. Les parcelles tendent à
se morceler, avec de nombreux exploitants disposant de petites parcelles contigües dans les bassins de
production. Ils sont confrontés à des problèmes d’accès au marché, de faible valeur ajoutée de la production,
de bas niveau des prix au producteur ou de forte volatilité des prix pour certains produits de rente comme
la vanille. La grande majorité de ces producteurs ont ainsi des conditions de vie précaires (82% de la
population malgache vit en dessous du seuil de pauvreté de 1,25 USD par jour) et ont des difficultés à
assurer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ainsi un ménage sur deux est en situation d’insécurité
alimentaire temporaire ou saisonnière (PSAEP 2015).
11
L’essentiel des petits producteurs malagasy n’utilisent pas
ou très peu d’intrants chimiques de synthèse parce qu’il leur
est difficile financièrement de s’en procurer et/ou parce que
ces intrants ne sont pas toujours disponibles partout et au
bon moment. Il existe en outre tout un savoir-faire traditionnel
développé par les producteurs pour lutter contre les bio-
agresseurs et adventices par l’usage de produits naturels de
fabrication locale (appelés « ady gasy »). L’agriculture telle
que pratiquée par la majorité des producteurs malagasy
correspond donc aux principes de l’agriculture biologique de
non utilisation d’intrants chimiques de synthèse dangereux
et d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Cependant,
des intrants chimiques sont utilisés dans certaines filières
dans des proportions excessives et les problèmes de
pollution sont bien réels à Madagascar, notamment dans le
maraîchage en zones périurbaines. Les intrants chimiques
de synthèse utilisés sont principalement des engrais azotés
pour les céréales (riz et maïs) et des produits phytosanitaires
pour lutter contre la propagation de ravageurs et de maladies
(fongicides pour le maraîchage, traitement contre le varroa
des abeilles, etc.).
Or, la qualité des produits Bien que faiblement documenté, cette utilisation
phytosanitaires et surtout leur bonne excessive d’intrants chimiques est particulièrement forte
utilisation ne sont pas toujours assurées dans le maraîchage. Elle pose à la fois des problèmes de
du fait d’un manque de contrôle sur la santé publique pour les producteurs qui les manipulent
distribution de ces produits, l’existence de et pour les consommateurs en raison de la présence de
nombreux commerçants informels, une résidus de pesticides dans les aliments, et des problèmes
législation peu connue et non respectée environnementaux. Les risques de contamination des sols et
(entretiens ; Ecocert 2018). Dans un des ressources en eau en particulier ne sont pas négligeables
contexte où les producteurs ont une faible (Ecocert, 2018). Or la préservation de l’environnement et
maîtrise de l’utilisation des pesticides, la gestion des ressources naturelles sont d’autant plus
se posent des problèmes de surdosage, cruciales que Madagascar dispose d’une forte biodiversité
de non-respect des délais de traitement qui en font sa richesse sur les plans économiques, sociales
avant récolte, etc. et écologique.
12
L’enjeu principal du développement de l’agriculture le croire. Cette nécessité de transformer les
biologique à Madagascar consiste donc à reconnaître modes d’agriculture et de promouvoir le modèle
et à promouvoir des pratiques agricoles existantes qui de l’agriculture biologique ou agroécologique
n’utilisent pas d’intrants chimiques de synthèse et sont est d’autant plus cruciale dans un contexte de
respectueuses de l’environnement et des ressources changement climatique dont les effets se font
naturelles. Les pratiques agroécologiques peuvent déjà sentir. L’enjeu consiste donc à encourager
répondre également aux principes de l’agriculture l’adoption de pratiques agricoles biologiques
biologique, lorsqu’il n’y a pas d’utilisation d’intrants ou agroécologiques, certifiées ou non. La
de synthèse. En effet, l’agroécologie est fondée sur certification bio constitue néanmoins un outil
l’optimisation des fonctionnalités écologiques des permettant d’indiquer aux consommateurs que
agrosystèmes, et cherche ainsi à adapter les pratiques les produits qu’ils achètent sont conformes
agricoles aux capacités biophysiques du milieu. La avec les exigences de la norme « agriculture
valorisation de ces pratiques peut alors se faire à biologique ». En attestant du respect de cette
travers un système de certification, qu’il s’agisse d’une norme, qui se veut une norme de qualité, à
certification par tierce partie, c’est-à-dire en recourant chaque maillon de la filière et en permettant
à un organisme certificateur, ou d’une certification par une traçabilité des produits, elle contribue à
un Système Participatif de Garantie (SPG) reposant sur construire la confiance des consommateurs
l’évaluation par les pairs. Il est par ailleurs nécessaire à l’égard des produits issus de l’agriculture
de changer les méthodes de production qui nuisent à biologique. Il importe donc de remettre en
l’environnement et à la santé des populations, et qui de question des idées reçues, selon lesquelles
l’avis des experts sont plus répandues qu’on ne pourrait l’agriculture biologique ne peut être qu’une
niche face à l’agriculture conventionnelle
(qui resterait le modèle à suivre), ou bien que
l’agriculture à Madagascar est déjà biologique
de facto (par défaut).
13
Parce qu’elle s’inscrit dans une démarche Le concept de l’agriculture biologique
de qualité, l’agriculture biologique peut renvoie ainsi à de nombreux aspects du
contribuer à répondre à l’ensemble des enjeux développement durable : amélioration des
socioéconomiques, de santé publique, et revenus des producteurs, emplois, recettes en
environnementaux que connaît l’agriculture devises, aliments de qualité, sécurité alimentaire,
malgache aujourd’hui. Par ailleurs, le préservation de l’environnement et des ressources
développement de l’agriculture biologique est naturelles, des patrimoines oraux et des savoir-
aussi un moyen de saisir les opportunités d’un faire traditionnels, etc.
marché international en pleine expansion pour
des produits tropicaux biologiques.
La loi 2020-003 sur l’Agriculture biologique entend par agriculture biologique « un mode de production
agricole, d’élevage, forestier, aquatique ou issus de cueillette en zones naturelles […] qui trouve son originalité
dans le recours à des pratiques soucieuses du respect des équilibres naturels, limitant strictement l’utilisation
d’intrants chimiques de synthèse et excluant l’usage des Organismes Génétiquement Modifiés ». La loi
énonce également les quatre principes de l’agriculture biologique définis par la Fédération internationale
des mouvements de l’agriculture biologique (IFOAM) :
Le principe de santé : l’agriculture biologique doit soutenir et améliorer la santé des sols, des plantes,
des animaux, des hommes et de la planète, comme étant une et indivisible ;
Le principe d’écologie : l’agriculture biologique doit être basée sur les cycles et les systèmes
écologiques vivants, s’accorder avec eux, les imiter et les aider à se maintenir ;
Le principe d’équité : l’agriculture biologique doit être construite sur des relations qui assurent l’équité
par rapport à l’environnement commun et aux opportunités de la vie ;
14
2.2 Etat des lieux de l’agriculture biologique à Madagascar
On peut faire remonter l’histoire de l’agriculture biologique à Madagascar aux années 1960, au moment
où le Centre Artisanal et Promotion Rurale CAPR TSINJOEZAKA, créé en 1963 entre autres par des jésuites
français, organisaient les premières séances de démonstration auprès des paysans quant à l’importance de
la matière organique et du compostage (Rajaonarison, 2004). Mais les premières opérations d’exportation de
produits certifiés « agriculture biologique » datent du début des années 1990 pour répondre aux demandes
d’entreprises importatrices européennes, prenant en charge la certification (Rajaonarison, 2004). Un
projet de réglementation nationale de l’agriculture biologique est également élaboré dès 1995 mais reste
sans suite. Le secteur a véritablement pris son essor dans les années 2010 en réponse à une vague de
commandes d’importateurs. Il s’est progressivement structuré autour des professionnels de l’exportation
et de différentes organisations professionnelles jusqu’à la création du Syndicat Malgache de l’Agriculture
Biologique (SYMABIO) en 2011. Il s’est également construit en s’appuyant sur la création d’un comité ad
hoc2 chargé de l’étude des plans d’action pour le développement de l’agriculture biologique à Madagascar
(2012), puis depuis quelques années sur une volonté politique de développer l’agriculture biologique pour
le marché national. Le développement du secteur en est à ses débuts en termes de superficies, nombre
d’opérateurs engagés, consommation nationale et construction d’un cadre réglementaire, politique et
institutionnel, mais la dynamique et le potentiel sont très importants.
Les superficies certifiées en agriculture biologique se situent depuis 2016 autour 60 000 ha, ce qui
représente aujourd’hui une part négligeable des superficies agricoles (moins de 0,2%). Cependant, pour
certains produits comme le cacao, les superficies certifiées en agriculture biologique représentent une part
très significative des superficies totales : 29,8% en 2018 (FiBL-IFOAM, 2020). Les superficies en agriculture
biologique pour les fruits tropicaux représentaient également 7,8% des superficies totales en 2017 mais
plus que 1,4% en 2018 (FiBL-IFOAM, 2020 et 2019).
15
Graphique 1. Evolution des superficies certifiées en bio à Madagascar (à l’exception des terres de cueillette)
D’après les dernières estimations de novembre 2020 produites par SYMABIO, le nombre
d’hectares cultivés certifiés en agriculture biologique aurait substantiellement augmenté et se
situerait autour de 80 000 ha (voir Tableau 2). La dynamique du secteur apparaît très forte en
référence aux années 2009 et 2019.
16
Graphique 2. ). En cinq ans, de 2014 à 2018, il a ainsi augmenté d’environ 9% par an. Madagascar
se distingue dans les pays africains en la matière puisqu’il se situe au 6ème rang des pays africains
en termes de nombre de producteurs certifiés en 2018. Son classement progresse puisque le
pays était classé au 8ème rang en 2017 (FiBL-IFOAM, 2020 et 2019). Les dernières estimations du
SYMABIO indiquent que le nombre de producteurs certifiés aurait fait un bond particulièrement
important avec le chiffre d’environ 70 000 (voir Tableau 2).
Source : SYMABIO.
17
‘‘Un secteur tiré par les exportations’’
La quasi-totalité de la production certifiée biologique est destinée au marché export. Les filières
d’exportation de produits issus de l’agriculture biologique répondent à une demande pour des produits
tropicaux à forte typicité en Europe et en Amérique du Nord.
La gamme des produits bio exportés est très large et a tendance à s’enrichir. Les produits phares sont
essentiellement des cultures de rente qui ont une longue histoire d’exportation : cacao, plantes aromatiques
et médicinales, huiles essentielles fruits, épices et condiments (vanille, girofle, etc.). Ces produits se
concentrent dans le Nord du pays et sur la côte Est, en particulier dans la région Atsinanana. Les plantes
aromatiques et médicinales constituent l’essentiel des superficies certifiées biologiques, en comptabilisant
près de 78% de ces superficies en 2018 et 45% en 2019 (données d’Ecocert), et Madagascar en est le
premier producteur mondial d’après FiBL (IISD, 2020). Madagascar est également le premier producteur
mondial de vanille certifiée biologique, de litchis biologiques et le deuxième producteur d’ananas biologique
(IISD, 2020). Loin de se concentrer sur quelques filières, la gamme des produits exportés a tendance à se
diversifier ces dernières années. Le SYMABIO souligne par exemple que les crevettes bio sont exportées en
2019 et 2020 alors que ce n’était pas le cas en 2009. Deux entreprises en cosmétique biologique et onze
entreprises en textile biologique sont également recensées en 2020 (Ecocert, SYMABIO).
Des initiatives pour exporter des produits vivriers tels que le riz rose biologique (variété dista), dont la qualité
gustative (sucrée et grasse) semble particulièrement appréciée des consommateurs aux Etats-Unis, ont
également été mises en œuvre4. L’interdiction des exportations de riz (décret n°2011-122 du 07 mars
2011), y compris le riz dista (il faut avoir une dérogation pour pouvoir exporter) à haute valeur économique,
dans l’objectif de contribuer à l’autosuffisance en riz constitue de ce point de vue une difficulté pour les
opérateurs. Cela révèle la difficulté de concilier et de trouver des compromis entre des objectifs politiques,
économiques, internes et externes.
Légumes Autres
Extraits de Fruits et
Huiles essentielles Epices frais et produits
plantes légumes
transformés exportés
Ylang‐ylang, vétiver,
Vanille,
palmarosa, patchouli,
cannelle,
Géranium, ravintsara; Miel, Sucre
poivre, girofle,
eucalyptus, mandravasarotra, Banane, de canne,
gingembre, Oléorésines, Haricots vert,
ravensara, niaouli, hélichryse, ananas Cacao, Café,
curcuma, eaux florales salade…
romarin, basilic, citronnelle, victoria, Riz, Textiles,
piment,
lemongrass, cannelle, poivre, Cosmétiques
baie rose,
girofle, gingembre, curcuma,
muscade
baie rose
4 Les paysans réunis au sein de la Confédération nationale « Koloharena » dans la région Alaotra Mangoro district d’Amparafaravola ont par
exemple bénéficié d’un appui de l’USAID pour être en mesure d’exporter du riz rose en Californie (Midi Madagascar 6/01/2017 ; Article 5/09/2017
https://matv.mg/exportation-le-riz-rose-biologique-cartonne-aux-etats-unis/)
18
Le nombre d’exportateurs opérant dans l’exportation de produits issus de l’agriculture biologique a
significativement augmenté ces dernières années en passant de 65 en 2015 à 155 en 2018 (FiBL-IFOAM).
Selon SYMABIO, le nombre total d’entreprises certifiées en agriculture biologique (exportation, production,
fourniture d’intrants, transformation, etc.) aurait encore fait un bond en passant à 340 en 2020.
Les exportations de produits bio impliquent des milliers de petits producteurs. Le Syndicat Malgache
de l’Agriculture Biologique (SYMABIO) estime en 2020 à environ 70 000 le nombre de producteurs
avec lesquels travaillent ses différents membres (coopératives agricoles, fournisseurs d’intrants,
transformateurs, distributeurs, exportateurs, organismes certificateurs). Les groupements de producteurs
sont généralement sous contrat avec les autres opérateurs du secteur (transformateurs, exportateurs),
certaines entreprises inscrivant ces contrats dans des démarches de Responsabilité Sociale des
Entreprises (RSE). L’entreprise d’exportation recourt à un organisme de certification tiers qui va certifier le
respect des exigences contenues dans la réglementation bio du pays importateur. L’exportateur s’engage
auprès de l’organisme certificateur et met donc en œuvre les activités de formation/ conseil auprès des
producteurs avec lesquels ils contractualisent pour assurer que les parcelles auditées respectent bien les
réglementations bio concernées.
La dynamique d’évolution du marché mondial du bio ces dernières années est très forte, à l’instar du
marché alimentaire bio qui a plus que triplé en 10 ans de 2009 à 2019 (source Agence BIO).
Graphique 3. Evolution du marché alimentaire bio mondial de 1999 à 20195 (en milliards €)
5 Valeur sous-estimée selon l’Agence Bio car les données ne sont pas disponibles pour tous les pays du monde.
19
Graphique 4. Principaux marchés bio en 2019
Comme le montre ce graphique, les Etats-Unis constituent le plus gros marché du bio et au sein de l’Europe la France
et l’Allemagne sont les pays les plus importants en matière de consommation de produits bio.
20
‘‘Un marché domestique embryonnaire’’
6 Projet de Professionnalisation des Filières Agricoles Périurbaines d’Antananarivo Nord, financé par l’Union Européenne.
7 Commission européenne. Le nouveau règlement sur la production biologique, 17 novembre 2017. https://ec.europa.
8 Il y a 12 Organismes Certificateurs autorisés par l’UE en date du 12 novembre 2020 à certifier des produits issus de l’agriculture biologique provenant de
Madagascar (sur les 12, il n’y a que 4 qui opèrent réellement dans le pays : Ecocert, Lacon, Bureau Veritaset CCPB).
21
On trouve par ailleurs une très faible part de Tamatave (bien que cela ne soit pas indiqué
de produits certifiés tierce partie et destinés à explicitement sur les étiquettes de ses produits).
l’exportation, qui pour de multiples raisons sont On peut citer également la société Guanomad qui
vendus sur le marché local (2% selon Ecocert fabrique de l’engrais biologique dont la totalité
2018). Une petite gamme de produits bio de la production est certifiée bio alors que 80%
nationaux – de type jus, confiture, condiments, de sa production est vendue sur le marché local
huiles essentielles, miel, etc. – commence et seulement 20% sont exportés. Pour la vente
à faire son apparition en vente directe, dans de ses produits auprès des producteurs, la
les supermarchés ou dans les magasins société dispose d’un réseau de revendeurs et de
d’entreprises. Il s’agit généralement d’entreprises boutiques sur les lieux de production.
qui écoulent localement une partie de leurs
produits destinés à l’exportation. Certaines Sans que ce soit documenté rigoureusement,
d’entre elles commencent à mettre en œuvre le nombre de produits se réclamant du bio sans
des stratégies naissantes de développement avoir fait l’objet d’une certification reconnue est
des ventes de produits issus de l’agriculture en augmentation (Ecocert 2018). Cette tendance
biologique sur le marché national. On peut citer est une forme de tromperie des consommateurs
HavaMad, producteur de jus et purées de fruits, et depuis la loi 2020-003, l’utilisation du terme
qui dispose d’une certification tierce partie pour biologique ou de termes équivalents sans
la majeure partie de ces produits et qui a lancé en certification est passible de sanctions.
fin d’année 2020 un produit destiné spécialement
pour le marché local dénommé « Miavaka »
(produit naturel non certifié mais qui pourra utiliser
la certification SPG). Il y a aussi Codal qui affiche
sur son site Internet vendre quelques produits
biologiques dans ses boutiques de la capitale et
22
d’une norme biologique malgache (IISD, 2020).
En outre, dans un contexte où la grande majorité
de la population vit en dessous du seuil de
pauvreté, le pouvoir d’achat de la population ne
leur permettrait pas de payer ce surcoût. C’est
d’ailleurs pour cette raison que les produits
certifiés biologiques sont considérés comme des
produits « de luxe ».
23
Les producteurs doivent néanmoins prendre en compte les limites de pouvoir d’achat des consommateurs
dans leur stratégie de commercialisation. Ils pourraient éventuellement être amenés à diversifier leurs
débouchés et ajuster leurs prix en fonction du profil des consommateurs : des prix élevés pour les ventes
auprès de consommateurs aisés, des prix stables pour les autres. L’autre contrainte pour les petits
producteurs est le coût de la certification par tierce partie, qui ne peut être répercuté sur le prix final du
produit (Bignebat and Vagneron, 2011). Dans ce contexte, le développement du bio sur le marché national
n’est possible qu’à travers la mise en place de systèmes de garantie type SPG. Ces systèmes sont plus
accessibles aux petits producteurs car moins exigeants en termes de documentation, traçabilité, mais
ils ne sont pas sans coûts et reposent notamment sur un travail bénévole important, lié à l’engagement
des acteurs (voir Annexe 8. Eléments de coûts de certification tierce partie et SPG). Ils nécessitent en
outre de nombreuses actions d’accompagnement (formation, relations de confiance, organisation de la
gouvernance, transparence, etc.) et leur pérennité peut être fragile, comme en témoigne l’expérience de
SPG à Madagascar dans l’agroécologie ou les expériences d’autres pays.
Alors que la définition de l’agriculture biologique est clairement établie dans des cahiers des charges
publics et privés depuis plusieurs décennies de par le monde, l’agroécologie a donné lieu à d’importantes
controverses quant à sa définition depuis une dizaine d’années, notamment autour de l’utilisation ou non
9 http://www.fao.org/agroecology/overview/fr/
24
d’intrants issus de la chimie de synthèse et du et peuvent coexister
type d’acteurs concernés (petits paysans versus
industriels et commerçants). Le processus de Pour l’association CEFFEL d’Antsirabe par
consultations mondial mené par la FAO entre exemple, seule la production de pomme de
2014 et 2018 a permis d’établir un consensus terre sur leur site d’expérimentation nécessite
autour de 10 éléments10. encore l’utilisation d’intrants chimiques, de
façon raisonnée, pour lutter contre le mildiou.
Bien que non explicite en matière d’utilisation En parallèle, l’association développe des
de produits chimiques et renvoyant à de multiples expérimentations à base de procédés naturels,
pratiques, l’agroécologie affiche cependant de façon à éliminer à terme, toute utilisation
une ambition holistique de préservation de la d’intrants chimiques. Le coût de la certification
biodiversité et des services écosystémiques, constitue cependant un frein et est pour le
d’entretien des paysages et de valorisation moment difficilement valorisable à travers la
des savoir-faire locaux. Bien que controversée vente sur le marché domestique. Actuellement,
dans ses multiples définitions, l’agroécologie les produits de l’association sont vendus sur
se distingue d’une logique agricole purement le marché communal, à prix similaires et sans
technique et commerciale (Sourisseau et al., distinction des produits conventionnels, mais
2018). Les acteurs qui défendent l’agroécologie elle fait aussi des livraisons dans des sociétés.
ont ainsi parfois tendance à l’opposer à La qualité des produits de l’association est
l’agriculture biologique, qui affiche clairement actuellement reconnue et appréciée (goût, aspect
une ambition de positionnement sur le marché visuel, plus longue durée de conservation) et elle
à travers l’utilisation d’un label, et qui de fait, n’a pas besoin de faire d’action de communication
historiquement a été plutôt saisie dans les pays ou marketing spécifique car ce sont les clients
du sud par des entrepreneurs visant des activités satisfaits qui le font pour elle. Durant le confinement
d’export. Dans une telle perspective, l’agriculture pour lutter contre le Covid-19, beaucoup de
biologique pourrait alors être considérée collecteurs sont venus s’approvisionner auprès
comme un premier pas vers l’agroécologie. des producteurs membres de l’association car
Certains promoteurs de l’agroécologie paysanne leurs produits supportaient mieux les conditions
dénoncent en particulier les formes d’agriculture de stockage et la durée de transport qui avaient
biologique dites de « substitution des intrants », considérablement augmenté. Il faut noter que
qui reproduisent le schéma de l’agriculture la qualité des produits est aussi un argument
conventionnelle (spécialisation, agrandissement, important mis en avant par les clients du SPG
industrialisation) en conservant le même type agroécologie dans la capitale.
d’itinéraires techniques, mais en remplaçant
simplement les intrants issus de la chimie de
synthèse par des intrants organiques autorisés
par la réglementation biologique.
10 Diversité, Cocréation et partage de connaissances, Synergies, Efficience, Recyclage, Résilience, Valeurs humaines et sociales, Culture et traditions alimentaires,
Gouvernance responsable, Économie circulaire et solidaire (http://ijsaf.org/index.php/ijsaf/issue/view/6).
25
Ce qu’il faut retenir est qu’il existe clairement des similitudes ou des synergies entre des pratiques
agroécologiques qui n’utilisent pas d’intrants chimiques et des pratiques agricoles biologiques s’inscrivant
dans une approche agroécologique. L’histoire et les acteurs de ces deux mouvements ne sont pas toujours
les mêmes mais se rejoignent sur une vision commune de l’agriculture qui combine la préservation des
cycles écologiques et le respect des écosystèmes pour une meilleure qualité de produits au consommateur
et une meilleure qualité de vie pour les producteurs. L’alliance entre agroécologie et agriculture biologique
apparaît donc stratégique.
26
Cela rejoint les conclusions du rapport IISD 2020 (citant notamment une étude de la GIZ de 2014 sur la
perception des inconvénients de la conversion à l’agriculture biologique par les producteurs sous contrat
avec Lecofruit) : diminution du rendement, maladies plus fréquentes qu’en conventionnel, quantité et
disponibilité limité des engrais, difficulté d’avoir des parcelles éligibles à l’agriculture biologique, traitements
phytosanitaires des ravageurs peu efficaces, charge de travail augmentée, besoin en fumier trop important,
parcelles contiguës ne permettant pas l’adoption de zones tampons évitant les contaminations, zones
périurbaines polluées par l’usage excessif de pesticides, etc. (IISD, 2020).
27
Les organismes certificateurs qui certifient le caractère bio des produits agricoles exportés sont également
des acteurs incontournables du secteur. Ecocert est l’organisme certificateur historique à Madagascar,
dont le bureau est installé depuis plus de 20 ans dans le pays. Il est également membre du SYMABIO. Trois
autres organismes certificateurs opèrent dans le pays, Lacon depuis l’année 2000 initialement à travers
la certification de vanille bio, Bureau Véritas à travers la certification de produits issus de l’aquaculture
(crevettes principalement) et CCPB qui a commencé à intervenir dans le pays depuis cette année (2020).
Selon le SYMABIO, Lacon et CCPB sont en voie d’adhérer au syndicat.
Les organisations paysannes sont actuellement relativement peu visibles sur l’agriculture biologique,
principalement du fait d’un positionnement davantage affirmé sur la promotion de l’agroécologie. Elles
tendent cependant à défendre une agriculture biologique qui serait tournée vers le marché national, dans une
perspective de souveraineté alimentaire, et vers le soutien aux agriculteurs familiaux. Le fait que l’histoire
du bio à Madagascar soit associée aux filières d’exportation et à aux grosses entreprises spécialisées dans
l’export explique sans doute que les mouvements paysans ne s’y reconnaissent pas complètement et se
mobilisent davantage vers l’agroécologie.
Les ONG qui accompagnent les dynamiques paysannes s’inscrivent généralement aussi dans ce
mouvement de promotion de l’agroécologie. Plusieurs ONG ont cependant été à l’origine d’initiatives
favorables à l’agriculture biologique à travers par exemple la mise en place d’un SPG pour le marché
national (Agrisud avec le SPG agroécologie) ou de filières bio-équitables pour l’export (par exemple AVSF
sur le cacao dans la région de Diana, Ambanja, ou sur les épices dans les régions de la côte Est Analanjirofo
et Atsinanana).
Les associations de consommateurs se font le porte-voix des enjeux de santé publique liés à la qualité
des produits vendus sur le marché national et particulièrement ceux liés à la qualité sanitaire des aliments.
Elles disposent cependant de moyens très limités et peuvent difficilement organiser et se faire l’écho de
remontée d’informations de la part des consommateurs sur des cas de fraudes concernant l’utilisation
de l’appellation bio, ou contribuer à la sensibilisation des consommateurs sur le bio. Elles font cependant
partie des parties-prenantes engagées dans le processus d’élaboration du cadre législatif et politique sur
le bio depuis quelques années.
28
Au niveau des pouvoirs publics, le MINAE, et en son sein la Direction d’appui à l’agrobusiness (DAAB),
est en première ligne de l’appui au développement du secteur de l’agriculture biologique. La loi 2020-003,
dont le processus d’élaboration a été piloté par le MINAE de façon concertée avec l’ensemble des parties
prenantes du secteur, prévoit la mise en place d’institutions dédiées à l’agriculture biologique sous la tutelle
du MINAE qui permettront de renforcer le processus d’institutionnalisation du secteur. Le décret portant
sur l’interdiction d’importation, de distribution, de production et de vente des produits d’origine végétale ou
animale issus des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) qui a été porté par le Ministère auprès de
la Présidence en charge de l’agriculture et de l’élevage (ancienne appellation du MINAE) en 2018, constitue
également un élément de contexte favorable au développement de l’agriculture biologique. Le MINAE n’est
cependant pas le seul ministère concerné par l’agriculture biologique : la préservation de l’environnement,
la qualité sanitaire des aliments et le développement d’un secteur économique sur les territoires mobilisent
également les ministères de l’environnement, de la santé et de l’aménagement du territoire.
Il faut reconnaître que, pour l’heure, les actions et les instruments de soutien agricole mis en œuvre par
le MINAE visent essentiellement à augmenter la productivité et la production agricole par les méthodes de
production conventionnelles telles que le recours aux engrais minéraux et aux pesticides chimiques. En
particulier, l’urgence d’atteindre l’autosuffisance en riz dans un contexte de forte insécurité alimentaire,
temporaire ou saisonnière, et les objectifs en matière de production de maïs, conduisent à recourir aux
29
méthodes conventionnelles habituelles (itinéraire technique
avec semences améliorées) et à subventionner les engrais
minéraux11. Plus généralement, les missions prioritaires
du MINAE d’assurer l’autosuffisance alimentaire et de faire
de Madagascar un grenier alimentaire de l’Océan Indien
reposent sur une Agriculture modernisée, sans que soit
précisé à quoi renvoie cette agriculture (SNAB, 2020 ; IEM-
PGE, 2019). La SNAB souligne le fait que Madagascar a
un taux d’utilisation d’engrais parmi les plus faibles du
monde, ce qui est perçu comme une faiblesse pour la
productivité agricole et sous-entend qu’il faut augmenter le
niveau d’utilisation d’engrais, sans que soit précisé le type
d’engrais. Pour le développement de l’agriculture biologique
cette situation apparaît au contraire comme un atout.
31
‘‘Un cadre législatif, réglementaire et politique
en cours de construction’’
La loi 2020-003 sur l’agriculture
biologique est un premier pas
important dans la construction
d’un cadre législatif. La continuité
politique et administrative qui est
à l’œuvre depuis quelques années
dans le pays a permis d’avancer
dans des délais relativement
courts sur l’élaboration d’un projet
de loi et aujourd’hui de décrets
d’application. L’engagement
des bailleurs de fonds (Banque
Mondiale, GIZ, FIDA, FAO
aujourd’hui pour la construction
du cahier des charges en 2021)
a également permis de soutenir
cette dynamique.
Par ailleurs, il faut souligner que l’élaboration de la SNABIO s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Nationale
d’Appui à l’Agrobusiness (SNAB). Dans la SNAB comme dans le PSAEP, la volonté est que le développement
du secteur agricole soit davantage tourné vers les investissements privés nationaux et étrangers. Les
actions visant à améliorer l’environnement des affaires, notamment l’accès au foncier en créant des Zones
d’Investissement Agricole (ZIA) pour attirer le secteur privé, y compris les producteurs, s’inscrivent dans
cette volonté (PSAEP 2015). Le PSAEP se donne ainsi comme objectif d’ici 2025 de créer deux millions d’ha
de zones d’investissement intégrées dans les stratégies nationales et régionales de l’aménagement du
territoire. Il est précisé que ces zones seront définies consensuellement avec les structures décentralisées
et la population locale et qu’elles devront avoir un schéma d’aménagement et de gestion concertée pour
préserver l’environnement (réalisation d’études d’impacts environnementaux).
12 Voir le « Programme 1 : Exploitation rationnelle et durable des espaces de production et d’exploitation des ressources » du PSAEP.
13 Voir le « Programme 4 : Amélioration de l’accès aux marchés nationaux et repositionnement de l’exportation » du PSAEP et en particulier le « sous-
programme 4.1 : Développer les marchés des produits Agricoles » qui consistent notamment à « améliorer la qualité, les normes, la traçabilité des intrants et des
produits Agricoles ».
32
2.3 Analyse SWOT du secteur de l’agriculture biologique
Le diagnostic présenté dans la section précédente permet d’établir le tableau suivant des principales
Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces du secteur de l’agriculture biologique (ou SWOT, Strengths,
Weaknesses, Opportunities, Threats) :
Forces Faiblesses
- Utilisation d’intrants chimiques limitée à - Utilisation intensive et non maîtrisée des intrants
certaines filières agricoles chimiques pour les produits maraîchers et fruitiers,
également souvent contaminés par des résidus
- Savoir-faire traditionnel (ady gasy)
agricoles et non agricoles (donc particulièrement
- Implication OP et ONG dans la sensibilisation difficiles à convertir en bio)
des producteurs (agroécologie et biologique)
- Méconnaissance du concept
- Existence d’un Syndicat reconnu par les
- Manque de recherche sur les rendements et la
autorités et les parties prenantes
maitrise des adventices et ravageurs en agriculture
- Exportateurs disposant généralement d’unités biologique
propres de pépinières
- Manque de disponibilité et d’accessibilité des
- Marché de la certification tierce partie en intrants bio
expansion
- Manque d’accès à des terres favorables pour le bio
- Reconnaissance mondiale de Madagascar pour
- Manque de programmes d’appui et
sa biodiversité unique
d’accompagnement aux producteurs dédiés à
l’agriculture biologique (bonnes et mauvaises
pratiques)
- Coût de la certification tierce partie élevé pour des
producteurs individuels
- Méconnaissance du marché national
- Perception des consommateurs que les produits
malagasy sont bio de facto
- Perception que le bio est pour les riches
- Utilisation abusive du terme bio
- Syndicat insuffisamment représentatif du secteur
amont et aval
Opportunités Menaces
• Croissance de la demande internationale pour le bio • Contradiction entre les orientations de politiques en
cas de crises alimentaires par exemple, qui risquent de
• Développement de l’écotourisme dans le pays
remettre en question le soutien à l’agriculture biologique
• Prise de conscience émergente des consommateurs pour booster la production
sur les bienfaits des produits naturels (associés au bio)
• Concurrence de produits importés certifiés Bio sur le
• Existence d’alternative de certification nationale moins marché local
chère pour les petits producteurs (SPG)
• PTF déjà disponibles pour accompagner et appuyer le
développement de la filière
• Existence de divers évènements internationaux pouvant
faire connaître les produits bio malgaches (Biofach)
33
Justification de la Stratégie
3
Nationale
Le rappel en première partie des enjeux de santé, environnementaux et socioéconomiques qui sont
associés à l’agriculture conventionnelle justifie l’importance à accorder au développement de l’agriculture
biologique comme mode de production durable. Mais la stratégie nationale de développement de l’agriculture
biologique ne vise pas seulement à apporter des solutions à un ensemble de problèmes, elle doit aussi
permettre de saisir des opportunités offertes par la dynamique du bio pour contribuer aux objectifs globaux
de développement du pays.
La volonté politique de promouvoir le développement feuille de route pour favoriser une prise de
de l’agriculture biologique s’est d’abord traduite par conscience de l’ensemble des acteurs et une
le processus de construction du cadre législatif du transition vers les changements souhaités.
secteur avec l’élaboration puis la promulgation d’une
loi sur l’Agriculture biologique. La définition de la Il ne s’agit pas d’un document technique
présente stratégie de développement de l’agriculture mais d’un référentiel politique qui doit ainsi
biologique marque la volonté d’avancer désormais permettre de prendre en compte des attentes
sur le plan politique et opérationnel pour développer exprimées par les parties prenantes lors de
l’agriculture biologique. La SNABIO fixe une vision à l’élaboration du projet de loi et auxquelles la
moyen terme pour le secteur, ainsi que des objectifs loi, de par sa nature, ne pouvait répondre. La
concrets à atteindre, et identifie les principaux axes SNABIO s’inscrit par ailleurs dans un ensemble
stratégiques d’activités à mettre en œuvre pour de référentiels politiques sectoriels (PSAEP,
atteindre ces objectifs. Elle vise des changements SNAB, etc.) et généraux qui visent à faire de
de pratiques, dans les façons de produire et de Madagascar une économie plus verte.
consommer, mais ces changements ne peuvent se
faire du jour au lendemain. La SNABIO donne une
34
4 Principes directeurs
La SNABIO est fondée sur un ensemble de principes directeurs qui ont guidé la définition de son contenu
et qui devront également encadrer son processus d’opérationnalisation et de mise en œuvre sur le terrain.
L’agriculture biologique, en s’appuyant sur un label qui reconnaît le soin apporté à la qualité à
tous les stades de la production et de la distribution, peut offrir des marges significatives aux
opérateurs des filières. Dans un contexte où la pauvreté est massive, il est important que cette
amélioration des marges et des revenus puisse profiter avant tout aux exploitants familiaux
disposant de faibles superficies, aux petites et microentreprises de la transformation, aux
artisans, petits commerçants, etc. Il s’agit donc d’assurer que le développement du secteur
de l’agriculture biologique soit inclusif et permette véritablement d’améliorer les conditions
de vie des opérateurs les plus vulnérables. Ce principe d’inclusion est aligné avec le principe
d’équité inscrit dans la définition de l’agriculture biologique.
LA COORDINATION INTERMINISTÉRIELLE
35
L’ADAPTATION AUX SPÉCIFICITÉS DU PAYS
Il convient selon ce principe de définir une ambition et des actions pour le développement du
secteur de l’agriculture biologique qui soient véritablement adaptées aux réalités du pays. Cette
adaptation est essentielle pour s’assurer que les acteurs du secteur comme la population en général
s’approprient la démarche du bio et que les actions envisagées puissent atteindre leurs objectifs.
Au-delà de bâtir la stratégie nationale sur la prise en compte des réalités du pays, l’enjeu est aussi
de construire un « modèle » malgache de l’agriculture biologique. Il ne s’agit donc pas de répliquer
ces expériences dont les contextes de mise en œuvre et les exigences peuvent être différentes de
la situation de Madagascar. Ceci étant, des échanges fructueux ont commencé d’être initiés entre
le MINAE et les acteurs de l’agriculture biologique au Maroc et en Tunisie. La SNABIO s’appuie
sur les enseignements tirés des expériences de ces pays, comme d’autres pays émergents ou en
développement, où l’agriculture biologique a fait des progrès remarquables.
36
5 Vision et objectifs
37
5.2 Objectifs généraux et spécifiques
La SNABIO se fixe comme objectif général de développer l’agriculture biologique à travers (1)
l’augmentation de la production agricole biologique, (2) l’augmentation du nombre d’opérateurs engagés
dans l’agriculture biologique et (3) l’augmentation de la consommation nationale de produits biologiques.
La production biologique est valorisée et les revenus des petits opérateurs sont améliorés
Les points de vente sont augmentés et le prix des produits issus de l’agriculture biologique est
accessible
Le principe d’inclusion des petits opérateurs permettant que le développement de l’agriculture biologique
leur soit bénéfique est transversal à l’ensemble de ces objectifs. Il se traduit dans l’orientation et les
modalités de mise en œuvre des actions proposées dans la stratégie.
38
Axes stratégiques et activités
6
prioritaires
La SNABIO est structurée autour de quatre axes stratégiques qui rassemblent chacun un ensemble d’activités, dont
les résultats attendus (ou produits/ extrants) contribuent à atteindre les objectifs spécifiques et généraux qui ont été
précédemment identifiés (voir Cartographie attendue après la mise en œuvre de la SNABIO
39
Annexe 4. Regroupement des produits par axe stratégique). Cette structuration en quatre axes stratégiques
vise à faciliter la présentation des activités et leur mise en œuvre en mettant en évidence les domaines et
les d’acteurs auxquelles elles renvoient. Mais c’est bien un ensemble cohérent d’activités qu’il convient de
mettre en œuvre : les quatre axes et les activités qu’ils regroupent sont complémentaires et l’efficacité de
la SNABIO reposera sur la mise en œuvre combinée de l’ensemble des mesures.
LES ACTIVITÉS DE LA SNABIO S’ARTICULENT DONC AUTOUR DES QUATRE AXES SUIVANTS :
Certes, la certification biologique est une démarche volontaire, néanmoins depuis l’adoption de la loi
sur l’agriculture biologique, différentes règles doivent être dorénavant observées par toutes les entités
et parties prenantes qui travaillent ou œuvrent dans ce secteur. Il est, par exemple, maintenant interdit
d’utiliser l’appellation « biologique », « organique », « organic », ou le diminutif « bio », dans l’étiquetage,
la publicité ou les documents commerciaux pour un produit donné s’il ne satisfait pas aux conditions de
production et garantie biologique fixées par la loi.
40
En plus des conditions spécifiques mentionnées dans la loi 2020-03, les produits issus de la production
biologique14 comme les produits conventionnels doivent aussi respecter les textes ci-après (liste non
exhaustive) :
Loi n°2011-002 du 15 juillet 2011 portant Code de la Santé, notamment sur le respect de la protection de la
santé des consommateurs concernant les denrées alimentaires consommées, distribuées, commercialisées
ou produites à Madagascar,
Loi n° 2015-014 du 19 juin 2015 sur les garanties et la protection des consommateurs,
Loi n°2017-048 du 08 février 2018 régissant la sécurité sanitaire des denrées alimentaires et de l’alimentation
animale,
Décret n° 2018 - 397 du 02 mai 2018 portant sur l’interdiction d’importation, de distribution, de production
et de vente des produits d’origine végétale ou animale issus des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM)
Au niveau institutionnel, concernant les entités publiques, la loi 2020-003 prévoit en ses articles 7 et 15
la création de deux nouvelles structures : une Unité ayant pour mission de superviser la mise en œuvre de
la loi, et de coordonner l’action publique en faveur de l’agriculture biologique et une Commission Nationale
sur l’Agriculture Biologique (CNABio). Des propositions d’avant-projet de décret portant application de la loi
et d’avant-projet d’arrêté portant création de l’Unité de Supervision et de Coordination de l’action publique
en faveur de l’Agriculture Biologique (USCAB) ont par la suite été élaborées par des consultants juristes. La
présente Stratégie s’appuie sur ces propositions pour identifier les actions à mettre en œuvre pour assurer
le bon fonctionnement de ces structures.
Concernant les entités privées, le SYMABIO constitue aujourd’hui l’interlocuteur du MINAE pour porter
la voix des opérateurs engagés dans le secteur de l’agriculture biologique. Il joue un rôle déterminant dans
la structuration du secteur et l’intérêt croissant des opérateurs pour ce secteur. Sa collaboration étroite
avec l’Administration, représentée par la Direction en charge d’Appui à l’Agro-business (DAAB15), a permis
l’élaboration et l’adoption de la loi ainsi que de réaliser des progrès importants dans le développement du
secteur. Actuellement, le SYMABIO ne représente cependant pas tous les acteurs du secteur. Se pose donc
la question de la représentation des autres intervenants du secteur de l’agriculture biologique, en particulier
les opérateurs de l’amont et les acteurs d’appui au développement agricole qui se positionnent sur
l’agroécologie ainsi que des organisations de producteurs s’engageant dans le bio. Cette question renvoie
aussi à la stratégie de développement du SYMABIO et pourrait ouvrir des réflexions sur son ouverture aux
autres acteurs, possiblement dans une démarche interprofessionnelle, la possibilité d’offrir des services
spécifiques, etc. Dans cette perspective, et sans présager des formes d’évolutions institutionnelles en
gestation ou qui résulteront des soutiens à venir, il est proposé dans la présente stratégie que des appuis
14 La SNABIO couvre les mêmes produits que ceux mentionnés dans la loi 2020-003 : « (a) Les produits végétaux et animaux non
transformés ; (b) Les produits végétaux et animaux transformés, dérivés des produits cités à l’alinéa précédent, et destinés à l’alimentation
humaine ou animale ; (c) Les huiles essentielles, huiles végétales, eaux florales et cire d’abeille, quelle que soit leur utilisation. Les dispositions de
la présente loi ne sont pas applicables aux produits de la pêche et de la chasse des animaux sauvages, ni aux produits cosmétiques et textiles. »
(article 4).
15 C’est la DAAB qui assure actuellement la fonction de suivi et de mise en œuvre des actions concernant l’agriculture biologique.
41
soient apportés à la structuration du secteur aux échelons régionaux et national, qu’ils soient impulsés
par les pouvoirs publics, les collectivités territoriales et/ou les acteurs du secteur de l’agriculture
biologique et de l’agroécologie.
Par ailleurs, en lien avec ce qui précède et dans Cet axe stratégique contribue aux objectifs
le sillage de l’élaboration de la Stratégie, il s’agira spécifiques de valorisation de la production agricole
d’accompagner les réflexions collectives à l’échelle biologique, d’augmentation des superficies dédiées
des régions pour que les parties prenantes soient en à l’agriculture biologique et d’amélioration de
mesure de décliner les orientations de la Stratégie l’accessibilité des produits biologiques. Il regroupe
nationale à ces échelons spatiaux et administratifs un ensemble d’activités qui devrait permettre
pour le développement de l’Agriculture Biologique. l’atteinte des résultats suivants :
42
6.1.1 Commission Nationale sur l’Agriculture Biologique créée et opérationnelle
La mise en place de la Commission Nationale
sur l’Agriculture Biologique (CNABio) est stipulée
dans la loi 2020-003 sur l’agriculture biologique.
L’article 15 de ladite loi mentionne : Il est institué
une « Commission Nationale de l’Agriculture
Biologique », rattachée au Ministère en charge de
l’Agriculture et de l’Élevage. Selon l’article 16 de la
même loi, la Commission Nationale de l’Agriculture
Biologique est un organe à consultation obligatoire
dont la mission est de contribuer à la mise en œuvre
de la politique nationale relative à l’Agriculture
biologique. La Commission rend, selon le cas, des
avis conformes ou simples.
43
Pour la création et l’opérationnalisation de la CNABio, les activités à conduire sont précisées ci-dessous.
La mise en place de la CNABio devra se faire à travers un texte règlementaire porté par le Ministère en
charge de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (décret). Une proposition de texte règlementaire a été
élaborée par les consultants juristes qui ont travaillé sur la conception de la loi.
Les éléments de cette proposition de texte en rapport avec la CNABio concernent : sa création, ses
attributions, sa composition, les modalités de désignation, de renouvellement des membres ainsi que son
fonctionnement. Elle renseigne aussi sur le système d’évaluation de la conformité des produits biologiques
ainsi que l’agrément des organismes certificateurs et SPG.
44
réglementaires sur la démarche de création des TVAB (voir point 6.1.4), il apparaît important que la CNABio
puisse consulter le Ministère en charge de l’aménagement du territoire pour rendre un avis simple sur ces
textes.
Les attributions dévolues à la CNABio sont nombreuses et de manière générale pourront être tout à fait
nouvelles pour certains membres. Chaque attribution renvoie au suivi et au respect de certaines règles
spécifiques que les membres peuvent ne pas connaître ou maîtriser. Le renforcement de capacités des
membres est donc important et cette activité est prévue dans l’axe stratégique 4 qui concerne l’appui-
conseil, le renforcement de capacités et la recherche.
L’élaboration de procédures de fonctionnement est également une étape importante pour assurer un bon
fonctionnement de la CNABio et faire preuve par la même occasion de transparence et d’équité, des valeurs
indispensables pour assurer un meilleur développement du secteur. En effet, l’existence de procédures
de fonctionnement claires est une étape indispensable pour fédérer les différents acteurs de la chaîne
de valeur. Il est important de rassurer tous les acteurs et toutes les parties prenantes qu’un traitement
égalitaire sera accordé concernant toutes les actions que devra mener la CNABio. Il faut donc prendre
le temps d’accompagner la CNABio en termes de renforcement de capacités, clarification des règles de
fonctionnement, recherche de mécanismes de financement, etc., ce qui peut prendre environ deux ans.
Période de mise
en œuvre (Année) Parties
N° Actions préconisées Chef(s) de file
1 2 3 4 5 prenantes
Le rang hiérarchique de l’USCAB au sein de la CPAR n’est pas précisé dans la proposition actuelle de
décret, mais il importe de tenir compte de son pouvoir de convocation d’une instance interministérielle
telle que la CNABio. Cette dernière réunissant des représentants de plusieurs ministères concernés par
l’agriculture biologique, l’USCAB sera amenée à interagir avec ces ministères. Si, à très court terme, il
apparaît plus réaliste et pragmatique de faire de l’USCAB un service rattaché à la CPAR, au même titre que
45
le Service des Statistiques Agricoles (StatAgri), son positionnement devrait évoluer à moyen-long terme
vers le rang d’une direction en charge des modes de production agricoles durables tels que l’agriculture
biologique et l’agroécologie. Les résultats attendus de la mise en œuvre de la SNABIO et la manifestation
de la volonté politique de soutenir ces modes de production justifieraient aussi que l’USCAB devienne une
direction au sein du MINAE, avec les moyens humains et budgétaires que cela implique.
Du point de vue règlementaire, la création d’une avant la création effective de l’USCAB, pendant cette
nouvelle structure au sein du Ministère, nécessite période, les attributions de l’USCAB seront assumées
l’adoption d’un décret16 de modification de son par la Direction en charge d’Agro-Business de la CPAR
organisation générale. C’est seulement après (proposition annoncée dans le décret d’application
l’adoption de ce décret qu’un arrêté peut être pris de la loi, spécifiquement celui concernant la mise en
par le Ministre chargé de l’agriculture, l’élevage et place de l’USCAB).
de la pêche pour définir de manière concrète les
missions et attributions de l’USCAB.
46
A1.2.2. Elaborer les procédures de fonctionnement de l’USCAB
Une des missions principales de l’USCAB est d’assurer la coordination de l’action publique en faveur de
l’agriculture biologique. Pour mener à bien cette mission elle doit disposer d’un système de fonctionnement
efficace permettant d’identifier clairement : qui fait quoi, comment, quand, avec quels moyens ?
Comme la CNABio, l’USCAB est une nouvelle structure qui a besoin de procédures de fonctionnement
claires et transparentes pour fédérer les différents acteurs du secteur de l’agriculture biologique. Cette
action est aussi de nature à mieux convaincre les Partenaires Techniques et Financiers de se mobiliser
pour accompagner le développement du secteur. En complément de l’élaboration des procédures, un
renforcement de capacité de l’équipe de l’USCAB doit être organisé. Les activités en rapport avec ce
renforcement de capacités sont présentées dans l’axe stratégique 4 : appui-conseil, renforcement de
capacités et recherche
Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Adopter les textes règlementaires sur Membres secteur
A1.2.1 MINAE
l’USCAB public CNABio
Elaborer les procédures de
A1.2.2 MINAE Staff USCAB, AT, PTF
fonctionnement de l’USCAB
Comme prévu par la loi 2020-003 (article 18), les données statistiques et informations sur les opérateurs
certifiés par les organismes certificateurs ou garantis par les SPG devront être fournies au MINAE sur
demande. La collaboration avec le SYMABIO, les OP et d’autres services statistiques pertinents est
également essentielle. L’Annexe 7. Informations produites et/ou diffusées par l’Observatoire sur l’agriculture
biologique présente les différentes informations que pourrait produire, centraliser et diffuser l’Observatoire
pour répondre aux besoins de ses différents publics cibles.
47
La réflexion sur les termes de références de l’Observatoire a déjà été engagée par le SYMABIO et le
MINAE. Des propositions sont en cours de définition concernant la mission et les différentes fonctions
de l’Observatoire, ainsi que son contenu (informations collectées et diffusées) et son fonctionnement
opérationnel. L’expérience des Observatoires passés ou en cours, notamment au sein du MINAE, doit
être capitalisée pour alimenter la réflexion sur la création et la pérennisation de ce nouvel Observatoire,
concernant notamment son statut, son ancrage institutionnel, ses fonctions et son financement.
48
A1.3.1. Conduire une étude sur la mise en place et la pérennisation de l’Observatoire
Préciser les termes de référence de l’Observatoire afin qu’il soit en mesure de réponde aux
besoins identifiés ;
Evaluer les besoins en ressources financières et humaines, sachant qu’il sera nécessaire de disposer
d’une masse critique de personnes, avec des profils différents et complémentaires de ceux des cadres
techniques du MINAE. Il importe par exemple d’avoir des compétences en matière de gestion de bases de
données ou de communication pour mettre en forme les informations de façon accessible et attractive
pour le grand public ;
Etablir l’organigramme de l’Observatoire et ses liens avec les structures d’appui et d’accompagnement en
agriculture biologique (le MINAE/USCAB, le MEDD, le MICC, etc.) ;
Identifier une structure d’hébergement au sein de l’Etat qui pourrait héberger l’Observatoire ;
Identifier des financements pour la mise en place puis pour la pérennisation de l’Observatoire.
Les PTF peuvent être mobilisés pour appuyer la réalisation de l’étude et pour l’opérationnalisation de
l’Observatoire. Pour assurer la pérennité et l’autonomie de l’Observatoire un mécanisme de financement
doit aussi être trouvé. L’étude devra ainsi faire des recommandations pour la mise en place d’un système de
redevances sur certains types de produits issus de l’agriculture conventionnelle ou sur le prix des produits
chimiques, selon l’application du principe pollueur-payeur. Ce principe est valable de manière générale
pour beaucoup d’autres mesures de soutien au développement de l’agriculture biologique (voir partie 9).
49
A1.3.2. Faire un appel à manifestation d’intérêt pour la mise en place de l’Observatoire
Les résultats de l’étude précédente permettront d’établir des termes de référence pour faire un appel à
manifestation d’intérêt et ainsi choisir le prestataire qui assurera la mise en place et le fonctionnement de
l’Observatoire.
Période de mise en
P a r t i e s
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file
1 2 3 4 5 prenantes
6.1.4 Mettre en place un appui institutionnel pour renforcer la représentation des différents acteurs du
secteur de l’agriculture biologique
A1.4.1. Mettre en place un appui institutionnel pour renforcer la représentation des différents acteurs du
secteur de l’agriculture biologique.
Il est important que le secteur de l’agriculture biologique continue de se structurer pour assurer une
représentation de l’ensemble des opérateurs intervenant dans ce secteur. Si les opérateurs économiques
de l’aval disposent d’une représentation à travers le SYMABIO, des efforts sont à faire au niveau des
organisations paysannes (OP) et des acteurs d’appui qui s’engagent dans des démarches d’agriculture
biologique ou agroécologique et accompagnent les producteurs dans ce sens sur le terrain. Ces OP et ces
acteurs d’appui doivent être plus visibles dans le paysage institutionnel de l’agriculture biologique, ce qui
pose des enjeux de représentation pour interagir avec les pouvoirs publics. La Stratégie entend répondre à
cet enjeu en prévoyant la mise en place d’un appui institutionnel pour accompagner la structuration et la
représentation des OP et acteurs d’appui dans le secteur de l’agriculture biologique et de l’agroécologie, que
ce soit aux plans régionaux et national. Cet appui institutionnel pourra permettre de renforcer les initiatives
existantes (par exemple l’idée de démarche interprofessionnelle). Il s’agit de développer des capacités de
débats et de propositions de politique et d’actions de la part du secteur, de pilotage d’actions, de mise en
place de services aux opérateurs, etc. Il s’agit également d’assurer que les représentants des opérateurs
d’appui, et des OP qui seront désignés par la TTM pour siéger dans la CNABio puisse véritablement peser
dans les discussions.
Période de mise en
œuvre (Année) P a r t i e s
N° Actions préconisées Chef(s) de file
1 2 3 4 5 prenantes
50
6.1.5 Cahier des charges et label national sur l’agriculture biologique élaborés
Dans la loi 2020-003, en son article 13, il est stipulé que « l’Administration concernée établit, en
concertation avec les organisations du secteur biologique concernées, un cahier des charges biologique
national qu’elle soumet, dans les formes et les modalités prévues par voie règlementaire, à l’avis de la
Commission Nationale de l’Agriculture Biologique ». Au regard de la loi n°97-024 portant régime national
de normalisation et de la certification des produits, biens et services, et notamment du décret n°2004-316
fixant statut et organisation du Bureau des Normes de Madagascar (BNM), le BNM a probablement un rôle
à jouer. Comme cela a été fait par le Syndicat des Industries de Madagascar (SIM) pour l’élaboration de son
label « Malagasy ny Antsika », le BNM pourrait être un collaborateur du MINAE dans l’élaboration du cahier
des charges nationales sur l’agriculture biologique.
Le cahier des charges sur l’agriculture biologique est défini par la loi 2020-003 comme une norme, ou
un ensemble d’exigences spécifiant les règles de production, préparation, et étiquetage s’appliquant aux
produits biologiques. L’enjeu du cahier des charges est de caractériser très précisément la nature des
pratiques mises en œuvre, de la production à la distribution, qui peuvent prétendre relever de l’agriculture
biologique. Il s’agit donc d’un document qui fixe des règles à tous les stades de la filière, y compris
l’étiquetage et les procédures d’évaluation de la conformité, pour répondre aux principes de l’agriculture
biologique. Le cahier des charges concerne à la fois la production végétale et la production animale, les
produits forestiers de cueillette, à la fois les produits d’exportation et les produits vivriers pour le marché
national. Il sera actualisé régulièrement, notamment pour prendre en compte les évolutions techniques,
sociétales, climatiques, etc. Ceci implique de prendre en compte dans l’élaboration du cahier des charges
un mécanisme de révision du cahier des charges, qui en précise la procédure et les responsabilités.
52
et des contraintes locales spécifiques de Madagascar (article 14). Il importe donc de se donner le temps
d’une concertation approfondie entre tous les acteurs concernés pour trouver le bon compromis sur le
niveau d’exigence. L’élaboration du cahier des charges doit être un exercice de co-construction d’une
vision politique de l’agriculture biologique, adaptée aux spécificités de Madagascar, et non pas seulement
un exerce technique en vue de commercialiser des produits agricoles et alimentaires.
Pour les travaux d’élaboration du cahier des charges, le MINAE en collaboration avec le BNM devra
constituer un comité technique composé de personnes reconnues et qualifiées dans le domaine de
l’agriculture biologique et de l’agroécologie, ainsi que des représentants des différentes entités issues du
secteur public et du secteur privé, des associations de consommateurs et d’organismes d’appui intéressés
par la norme.
53
A1.5.2. Réaliser une étude pour la mise en place d’un label bio
Le label Bio Madagascar sera le signe distinctif (avec un nom et un logo) pour identifier sur le marché
domestique les produits agricoles et alimentaires produits conformément au cahier des charges
nationales sur l’agriculture biologique. Le label (et son logo) reposera sur la définition du cahier des
charges et sera la propriété de l’Etat (MINAE). Les règles d’utilisation du logo, permettant de visualiser
que les produits ont reçu le label, devront être définies dans le cahier des charges. Par exemple, le logo
peut être utilisé si 95% et plus du contenu des produits est issu de l’agriculture biologique (ISSD, 2020).
Dans un contexte comme celui de Madagascar, où le concept d’agriculture biologique est encore peu
connu par la population, l’existence d’un visuel pouvant rappeler des messages positifs partagées
pendant des campagnes de communication est primordiale.
Comme pour le cas du Brésil, la mention de SPG ou Certification tierce partie peut être mentionnée
en-dessous du logo pour différencier le mode de certification utilisé. Les produits issus de ces deux
types de certification devront respecter tous les critères exigés pour la délivrance d’un label bio. La
seule différence devrait résider dans le fait que la certification SPG permet de vendre uniquement sur
le marché local et son coût est beaucoup moins cher que la certification tierce partie dont les produits
pourront être exportés17. Il est essentiel au stade d’émergence qu’est l’agriculture biologique sur le
marché national de mettre en confiance les consommateurs malgaches. Il s’agit de les assurer que le
cahier des charges national est exigeant et que la qualité des produits certifiés SPG n’est pas moins
bonne que celle des produits exportés. Outre le logo, les règles d’étiquetage définies dans le cahier des
charges devront préciser comment faire figurer sur les produits le nom de l’organisme certificateur et
celui du SPG (l’un comme l’autre étant agréé par l’administration).
Pour assurer une bonne coordination des travaux d’élaboration du cahier des charges du label
17 Exportation vers le pays ou le groupe de pays dont le référentiel a été utilisé pour la certification du produit (référentiel reconnu par Madagascar).
54
national, il est important de faire un inventaire de toutes les parties prenantes à consulter et à mobiliser
et de bien définir : qu’est ce qui a été déjà fait ? qui est responsable de quoi ? Quelle démarche il faut
entreprendre pour mettre en place un label bio ?
Bien que le label « Malagasy Ny Antsika » du SIM ne concerne que des produits transformés, il pourra être
utile de capitaliser sur les différentes démarches entreprises dans son élaboration, adoption et conduite de
la certification.
Les textes règlementaires préciseront la procédure à suivre pour que, une fois les organismes certificateurs
ou les SPG accrédités ayant effectué leur travail d’évaluation de la conformité des pratiques des opérateurs
avec le cahier des charges, les opérateurs puissent apposer le label qui aura été défini. Cette procédure
devra être relativement simple et non coûteuse pour éviter l’exclusion de petits opérateurs.
Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Elaborer le cahier des charges et le BNM Membres
A1.5.1 MINAE,
label bio CNABio, OSC
Réaliser une étude pour la mise en BNM Membres
A1.5.2 MINAE,
place d’un label bio CNABio,SP, PTF
Elaborer et adopter des textes BNM Membres
A1.5.3 règlementaires régissant le système MINAE Secteur Public
de certification nationale CNABio
La création de TVAB répond à l’objectif d’augmenter les superficies disponibles pour l’agriculture
biologique et plus généralement de faire du développement de l’agriculture biologique un levier pour
un développement territorial durable. L’approche territoriale du développement de l’agriculture biologique
permet de ne pas seulement considérer un nombre d’ha, de producteurs ou de produit certifiés bio mais
aussi de voir comment ces éléments s’organisent spatialement et peuvent contribuer au développement
durable d’un territoire. Dans ces lieux de vie que constituent les territoires, il s’agit donc d’encourager
des dynamiques collectives autour de l’agriculture biologique ou de pratiques agroécologiques n’utilisant
pas d’intrants chimiques, qu’elles soient certifiées par tierce partie, SPG ou non certifiées, afin qu’elles
fassent « masse » à l’échelle de ces territoires. L’enjeu des TVAB n’est pas de créer des îlots ou enclaves
qui seraient sanctuarisés pour l’agriculture biologique, mais bien d’inscrire ces TVAB dans une dynamique
générale favorable à l’agriculture biologique sur l’ensemble du territoire national. La SNABIO se déclinera
ainsi dans des Stratégies Régionales de développement de l’agriculture biologique.
55
De nombreuses expériences de terrain autour La loi 2020-003 définit les TVAB comme
de l’approche paysage à Madagascar et d’autres des : « Territoires dans les cadres desquels des
approches dans d’autres pays se rapprochent de partenariats public-privés sont encouragés
ce concept de TVAB. Il est donc important qu’une pour faciliter le développement de la production
étude puisse capitaliser sur ces expériences biologique, et ce notamment dans les périphéries
nationales et internationales pour préciser le des aires protégées, les zones à forte propension
concept de TVAB et définir des procédures de à l’Agriculture biologique, ou encore les zones
mises en place et de gestion des TVAB. péri-urbaines au potentiel identifié pour
l’approvisionnement des marchés domestiques
Il est proposé dans la SNABIO que la création notamment en produits biologiques frais »
d’un TVAB se traduise par un statut juridique afin (Chapitre I, Section II). Ainsi, les TVAB s’inscriront
de formaliser la création d’une dynamique de prioritairement dans trois types de zones qui
développement territorial autour de l’agriculture renvoient à trois problématiques différentes de
biologique ou de l’agroécologie, de la même développement de l’agriculture biologique et de
façon qu’il existe un statut juridique pour les développement territorial :
aires protégées (visant davantage des enjeux de
conservation et de protection de l’environnement). en périphérie des aires protégées : la création de
Une fois la délimitation du territoire réalisée avec TVAB répond dans ce cas à un objectif principal de
les acteurs, il importe en effet de le sécuriser préservation de l’environnement autour des aires
pour y développer l’agriculture biologique ou protégées. Pour le Ministère de l’Environnement
l’agroécologie, et donc de conférer un statut de et du Développement Durable (MEDD), il s’agit en
TVAB. La délivrance du statut de TVAB implique effet d’orienter l’occupation des espaces autour
un système de gouvernance et de contrôle de la des aires protégées vers des activités agricoles
part de l’autorité territoriale pertinente qui gèrera biologiques qui auront un impact moindre que
le territoire, pour assurer que la zone reste bien l’agriculture conventionnelle et qui pourront ainsi
dans une dynamique d’agriculture biologique ou jouer un rôle de zone tampon ;
agroécologique.
en zone péri-urbaine : en plus de la préservation
de la biodiversité et d’autres services
écosystémiques comme la protection de la
ressource en eau, la création de TVAB contribuera
aussi à l’objectif d’approvisionnement des villes
en produits de qualité ;
56
localisés dans les bassins où la production et la transformation agricole biologique sont déjà dynamiques,
les exportations de produits agricoles biologiques pourront être amplifiées. Ainsi, les TVAB peuvent être
associés à une ou plusieurs spéculations, spécifiques au territoire sélectionné.
Option A Option B
suite à un souhait d’un collectif d’acteurs suite à une volonté des pouvoirs publics avec
pratiquant déjà l’agriculture biologique ou l’appui de leurs partenaires de développer
souhaitant pratiquer l’agriculture biologique sur l’agriculture biologique dans une zone spécifique
une zone bien définie et qui voudrait protéger qui dispose des critères permettant de promouvoir
leur zone de production et aussi que l’on la démarche. La proposition d’attribution de
reconnaisse leur engagement. Cette option va de statut de TVAB proviendrait d’une initiative du
pair avec toutes les actions de sensibilisation, de pouvoir central ou des Collectivités Territoriales
renforcement de capacités des acteurs locaux et Décentralisées (Région, District, communes ou
d’appui à l’émergence de SPG. L’autorité locale intercommunalités), mais les acteurs locaux
(par exemple la commune ou la région) prend seront toujours consultés et, comme pour l’option
la décision d’attribuer le statut de TVAB après A, ce serait l’autorité locale qui aurait l’autorité
évaluation de la demande ; d’attribuer le statut de TVAB.
Dans les deux cas, la réussite du fonctionnement du concept de TVAB repose principalement sur
l’implication des communautés concernées (producteurs, transformateurs, consommateurs, citoyens,
autorités publiques, élus), une concertation effective des acteurs et sur des structures de gouvernance
locales (par exemple, autorité de gestion des bassins versants, Communautés de Base, etc.). Il faut en effet
qu’il y ait une volonté commune des acteurs locaux de faire de leur territoire un espace dédié à l’agriculture
biologique et à l’agroécologie. Cette volonté commune et cette vision partagée du futur du territoire peuvent
se traduire par des arrangements institutionnels (charte, convention, accord collectif, etc.) qui portent sur
l’agriculture biologique ou agroécologique avec leurs systèmes de garantie (certification tierce partie ou
SPG), mais qui voient aussi plus large et englobent d’autres aspects importants pour le développement
durable du territoire. Il peut s’agir de la gestion durable des ressources naturelles, du développement
socioéconomique inclusif, de l’accès aux services sociaux de base, du désenclavement, etc.
57
Plus généralement, la création de TVAB pose de nombreux défis et implique de prendre des décisions
sur un ensemble d’éléments, sur lesquels l’étude sur le concept de TVAB devra faire des propositions : les
critères de classement des zones en TVAB (types de critères et priorisation), la délimitation précise des
TVAB en concertation avec les communautés concernées, la définition d’une vision partagée de l’évolution
de l’agriculture biologique sur le territoire, les appuis dont bénéficient les TVAB, les structures locales
gouvernance des TVAB et les mesures de sauvegarde à envisager.
L’Annexe 5. Entités en charge de l’application des textes règlementaires pouvant être appliqués
aux produits issus de l’agriculture biologique
58
Annexe 6. Eléments clés pour une étude sur le concept de TVAB donne des pistes de propositions pour
chacun de ces éléments. Les enjeux de gouvernance des TVAB en particulier sont cruciaux : au-delà des
collectivités territoriales décentralisées (CTD), qui posent l’acte administratif d’octroyer ou de retirer le
statut de TVAB, la question est de savoir qui gère les appuis auxquels donne droit le statut de TVAB, qui suit
l’évolution des TVAB, sur la base de quels indicateurs, avec quels moyens de contrôle et de recours, etc.
L’Annexe présente également la façon dont est aujourd’hui abordée la question de la certification à l’échelle
des territoires, en s’appuyant sur les exemples de plusieurs pays. Elle précise ainsi la différence entre deux
démarches, qui peuvent être complémentaires : une démarche visant à encourager le développement de
l’agriculture biologique sur un territoire donné, en incitant notamment les acteurs du territoires à s’engager
dans des démarches de certification de leurs productions par tierce partie ou SPG (logique des TVAB telle
que proposée ici) ; une démarche visant la certification du territoire lui-même, qui implique le développement
d’un cahier des charges spécifique aux territoires (différent de celui concernant les produits agricoles et
qui devrait aller au-delà du nombre de producteurs et de superficies en bio) et d’un label « territoire bio ».
Actuellement, la certification de territoires est une réflexion encore à approfondir, qui pourra être envisagée
après la mise en place et la capitalisation de TVAB pilotes (voir point 6.2.1.).
Il est proposé qu’un texte réglementaire sur les Le texte règlementaire constituera en quelque
TVAB soit élaboré et adopté afin de préciser les sorte le cahier des charges des TVAB, c’est-
critères permettant de dire si tel territoire peut à-dire l’ensemble des critères que les zones
être créé comme TVAB ou non, la démarche de devront remplir pour pouvoir bénéficier d’un
création des TVAB (les deux voies possibles et la statut de TVAB. Ce cahier des charges devra être
nécessité de la concertation), les types d’appuis relativement léger et souple pour tenir compte
dont pourront bénéficier les TVAB et le système de la dimension temporelle et ne pas freiner
de gouvernance et de contrôle des TVAB. Ce texte les initiatives locales qui s’inscrivent dans une
arrivera en fin de processus sur la démarche des démarche de progrès vers l’agriculture biologique
TVAB, c’est-à-dire après l’étude sur le concept et un développement territorial durable. Ainsi, les
de TVAB, ainsi qu’après une étude de faisabilité critères de classement d’un TVAB (voir proposition
de TVAB pilotes et la création de ces TVAB en Annexe 5. Entités en charge de l’application des
pilotes (voir point 6.2.1.). L’élaboration du texte textes règlementaires pouvant être appliqués aux
pourra alors s’appuyer sur les recommandations produits issus de l’agriculture biologique
des études et les leçons tirées des expériences
pilotes. Il devra également être tenu compte de la
loi sur les Terrains à vocation spécifique en cours
de rédaction.
59
Directions/service en charge de
Ministère de Tutelle l’application des textes, domaines de Documents délivrés
compétences
Direction en charge de la Protection des
Végétaux (DPV)
Agrément sanitaire
Denrées alimentaires d’origine végétale
Ministère de l’Agriculture destinées à la consommation humaine,
Certificat sanitaire
et de l’Elevage à l’état brut ou traitées/transformées
destinées à :
Permis d’importation
- L’exportation
- L’importation
Direction en charge des Services
Autorisation d’exportation et
Vétérinaires (DSV)
certificat sanitaire
Denrées alimentaires d’origine animale et
Ministère de l’Agriculture
alimentation animale à
et de l’Elevage - L’exportation
Autorisation d’importation
- L’importation
Certificat sanitaire
- Marché local
Annexe 6. Eléments clés pour une étude sur le concept de TVAB) ne doivent pas conduire à seulement
préserver des zones qui aujourd’hui sont favorables à l’agriculture biologique ou l’agroécologie.
Ils devraient également tenir compte des spécificités des types de zones, en considérant que les
critères en zones périurbaines peuvent être différents de ceux en périphérie des aires protégées
par exemple. Les zones périurbaines aujourd’hui polluées, considérées comme défavorables à
l’agriculture biologique ou plus difficiles à convertir en agriculture biologique ou en agroécologie,
devraient donc aussi être éligibles au statut de TVAB, justement pour pouvoir être réhabilitées. En
outre, le texte réglementaire peut être tout à fait compatible avec le développement de systèmes
de label privé issus de dynamiques d’acteurs locaux.
60
Le processus d’élaboration du texte réglementaire, ou « cahier des charges TVAB », devra se faire
de façon concertée et inclure, outre le MINAE (USCAB), les CTD et les collectifs locaux : Fokontany,
Commune, District, Région, Coopératives, Groupements. Il est aussi important d’identifier les
autres entités qui peuvent se trouver dans le territoire et dont les activités peuvent interférer avec
le mode de production biologique (par exemple, les entreprises qui rejettent des effluents polluant
les produits, les eaux d’irrigation, les ONG qui distribuent des moustiquaires imprégnées, etc.).
Ce processus de concertation implique l’organisation d’actions de communication sur les TVAB,
de sensibilisation ainsi que de renforcement de capacités des communautés, des CTD et des
ministères (voir axes 3 et 4).
Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
MEDD, MICC,
Conduire une étude sur le concept de
A1.6.1 MINAE MATSF, CTD,
TVAB
collectifs locaux
MEDD, MICC,
Elaborer des textes règlementaires
A1.6.2 MINAE MATSF, CTD,
sur les TVAB
collectifs locaux
61
A1.7.1. Elaborer des Stratégies Régionales de développement de l’Agriculture Biologique
De manière non exhaustive, ce processus aura vocation à identifier les zones à soutenir en priorité en
lien avec les demandes existantes ou à venir des marchés locaux, nationaux et internationaux, au regard
également des zones AB déjà existantes pouvant servir de base de départ pour étendre l’Agriculture
Biologique ou le besoin de mettre en place des zones AB tampons en périphérie des aires protégées. Il
s’agira aussi d’identifier et de localiser les facteurs impactant négativement l’adoption et/ou la certification
des pratiques agricoles biologiques et agroécologiques (contamination des produits par les produits
phytosanitaires, pollution des sols et des eaux par les usines ou l’expansion urbaine, usage de moustiquaires
imprégnées, etc.) et de proposer des mécanismes collectifs de régulation.
Ils chercheront à s’intégrer de manière cohérente avec les orientations inscrites dans les différents
politiques régionales d’aménagement et de développement. Par exemple, les Schémas Régionaux de
l’Aménagement du Territoire (SRAT) recouvrant des associations d’agglomérations pourront servir de
cadres pour le déploiement de ces politiques territoriales favorables à l’Agriculture Biologique.
62
A1.7.2. Construire des bases de données et d’outils cartographiques régionaux
Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Elaborer des Stratégies Régionales MEDD, MICC,
A1.7.1 de développement de l’Agriculture MINAE, Régions MATSF, CTD,
Biologique collectifs locaux
MEDD, MICC,
Construire des bases de données et
A1.7.2 MINAE, Régions MATSF, CTD,
d’outils cartographiques régionaux
collectifs locaux
63
6.2 Axe 2. Mesures de soutien au développement du bio
Cet axe stratégique rassemble l’ensemble des activités à visée opérationnelle, qui permettent de soutenir
financièrement et matériellement les opérateurs s’engageant dans le bio. Il répond ainsi aux objectifs
spécifiques d’inciter les opérateurs à adopter la démarche et partant le nombre d’opérateurs engagés dans
l’agriculture biologique, d’augmenter les superficies dédiées à l’agriculture biologique et d’améliorer les
rendements et la productivité du travail, qui renvoient à l’objectif général d’augmenter la production en
agriculture biologique. Il vise également à augmenter les points de vente sur le bio et à rendre le prix du bio
accessible pour contribuer à l’objectif général d’augmenter la consommation de produits biologiques sur
le marché national.
Les activités présentées dans cet axe stratégique ont les résultats attendus suivants :
64
A2.1.1. Faire un appel à manifestation d’intérêt pour les TVAB (option A)
Il s’agit ici de tester la voie de création des TVAB émanant directement d’une volonté des acteurs locaux,
voie endogène ou « bottom-up » qui est apparue importante à envisager lors des consultations menées
avec les acteurs régionaux pour l’élaboration de la SNABIO. Pour susciter et faire remonter des demandes
de création de TVAB de la part des acteurs locaux auprès des CTD, il est proposé d’organiser un appel à
manifestation d’intérêt (AMI) qui consistera en des actions de communication sur les TVAB, leurs objectifs,
les appuis auxquels ils pourraient donner lieu, comment s’organiser pour formuler des demandes de
création de TVAB, etc.
A2.1.2. Conduire une étude d’identification des zones potentielles pour les TVAB (option B)
Cette étude devra se faire sur la base des critères de classement qui auront été proposés dans l’étude sur
le concept de TVAB. Cette identification mobilisera l’administration centrale et les services déconcentrés
de plusieurs ministères, en particulier le MINAE, le MEDD, le MICC, le MATSF, ainsi que les PTF.
L’étude aboutira à une cartographie des zones potentielles pour la création de TVAB (base de données
géospatiale) et à une proposition de trois zones pour la création de TVAB pilotes. Il y a potentiellement
beaucoup de zones propices à la création de TVAB. On peut citer à titre d’exemple la zone de récolte des
haricots verts sur les Hauts Plateaux ou la zone de culture du curcuma bio autour de Anivorano Est (zone
de forte concentration de projets d’appui par ailleurs). Le SYMABIO a fait des propositions de zones à cibler,
en fonction des potentiels et des filières mises en œuvre par ses membres. La première région est celle de
Atsinanana (district Toamasina) où il y a 15 000 ha et 880 paysans qui cultivent une grande diversité de
produits pour l’export (cultures vivrières, litchis, poivre, riz palmier à huile, curcuma, cannelle sont ciblés)
autour de Tamatave. Il faut souligner néanmoins qu’il importera de prendre en compte les risques liés à
l’exposition de l’utilisation de pesticides avec la proximité du Port de Toamasina, très difficile à contrôler
car il n’y a pas de point d’accès unique et complexe en termes de gouvernance car il n’y a pas vraiment de
cohérence territoriale. La seconde région est celle de Diana (district d’Ambanja) où 5000 ha et 500 paysans
font essentiellement du cacao avec le Conseil National du Cacao (Stratégie SYMABIO).
L’étude de faisabilité fera des propositions sur le processus concerté de délimitation du TVAB, la structure
de gouvernance locale, les appuis nécessaires en fonction des problématiques de la zone (appui-conseil,
politique d’accès au foncier, disponibilité des bio-intrants, etc.). Elle consistera également à évaluer ex-
ante les impacts potentiels sociaux et environnementaux et à proposer les mesures idoines pour éviter
tout impact négatif. Cet exercice, suivant la méthodologie la mieux indiquée qui sera retenue, constitue un
garde-fou pour se prémunir d’éventuels effets pervers et inattendus (voir Annexe 5. Entités en charge de
l’application des textes règlementaires pouvant être appliqués aux produits issus de l’agriculture biologique
65
Directions/service en charge de l’application
Ministère de Tutelle Documents délivrés
des textes, domaines de compétences
Direction en charge de la Protection des
Végétaux (DPV)
Agrément sanitaire
Denrées alimentaires d’origine végétale
Ministère de l’Agriculture destinées à la consommation humaine, à
Certificat sanitaire
et de l’Elevage l’état brut ou traitées/transformées destinées
à:
Permis d’importation
- L’exportation
- L’importation
Direction en charge des Services Vétérinaires
Autorisation d’exportation et
(DSV)
certificat sanitaire
Denrées alimentaires d’origine animale et
Ministère de l’Agriculture
alimentation animale à
et de l’Elevage - L’exportation
Autorisation d’importation
- L’importation
Certificat sanitaire
- Marché local
Certificat de non
Direction de la Protection Des
Ministère de l’Industrie, contamination radioactive
Consommateurs (DPC)
du Commerce et de la
Toutes denrées alimentaires mises sur le
consommation marché local
Autorisation de mise en
commercialisation
Service de la Qualité et du Conditionnement
Ministère de l’Industrie,
(SQC) Certificat de Contrôle du
du Commerce et de la
Quelques produits d‘origine agricole pour Conditionnement et d’Origine
consommation l’exportation
Direction des Aires Protégées, des
Ministère de
Ressources Naturelles renouvelables et des
l’Environnement et du
Ecosystèmes (DAPRNE)
Développement Durable Produits forestiers
66
A2.1.4. Créer des TVAB pilotes
Le processus concerté de délimitation du TVAB sera conduit et le statut de TVAB sera conféré au
territoire ainsi délimité (commune, Fokontany, micro bassin versant, bassin versant plus grand, etc.). Il
faudra accompagner la création et l’animation de la structure de gouvernance locale appliquée au TVAB.
Ensuite, les appuis de diverse nature (technique, commerciale, de gestion, institutionnelle, etc.) pour les
opérateurs présents sur le territoire et pour ceux qui souhaitent s’y installer afin de développer des activités
autour de l’agriculture biologique, seront mis en place.
Dans le cadre de la politique foncière développée sur le territoire, cela implique de communiquer et
de sensibiliser les parties prenantes sur la volonté de développer l’agriculture biologique dans les TVAB
pilotes. Les opérateurs doivent être sécurisés quant à l’accompagnement et les appuis dont ils peuvent
bénéficier à long terme, avec en particulier un engagement interministériel pour viabiliser et fournir des
services publics dans les TVAB pilotes.
Période de mise en
N° œuvre (Année)
Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
d’action 1 2 3 4 5
67
en agriculture biologique, pour les aider dans l’achat d’intrants bio ou la prise en charge de frais de collecte
et de transport (IFOAM, 2017).
Deux activités sont ainsi proposées concernant les aides à la conversion et à la production en agriculture
biologique.
Dans la perspective d’un dispositif d’aide à la conversion ciblé sur quelques filières et zones (majoritairement
en conventionnel et orientées vers un
marché), il est proposé que le MINAE
commandite une étude d’analyse du
parcellaire agricole et de la qualité des
sols pour recenser les parcelles où les
enjeux de conversion se posent avec
le plus d’acuité. L’objectif de cette
étude est de pouvoir dimensionner le
dispositif d’aide ciblé qui sera proposé
aux producteurs (agro-entrepreneurs
comme exploitants familiaux) situés
sur les parcelles concernées. L’étude
sera circonscrite aux zones du territoire
national réputées les plus à risque
avec l’agriculture conventionnelle
(par exemple autour des grandes
villes) et pourra s’effectuer à l’échelle
des quelques communes les plus
concernées. Elle devra tenir compte
dans sa méthodologie du fait que l’historique des parcelles est généralement méconnu ou non maîtrisé. Au-
delà des aspects de qualité des sols, l’étude intégrera des données socioéconomiques au travers d’enquêtes
rapides auprès des producteurs (nombre de producteurs concernés, superficies, produits concernés, statut
foncier, etc.) et recueillera leurs points de vue et besoins en matière d’aide à la conversion. Il sera important
de tenir compte dans l’étude des résultats des nombreuses initiatives de soutien en agroécologie (zonage,
nombre de producteurs, superficies concernées, potentialité pour passer en agriculture biologique, etc.).
L’étude pourra également alimenter la réflexion du MINAE sur les zones pertinentes pour la création de
TVAB (selon la voie B). Elle sera effectuée en collaboration par les CTD et les Directions régionales du
68
MINAE. La communication sur les aides à la conversion en agriculture biologique et la démarche pour les
obtenir se concentrera sur les zones identifiées les plus à risque avec l’agriculture conventionnelle.
Cette aide peut consister en une aide financière et technique le temps de la conversion, ainsi qu’une
aide pour les opérateurs souhaitant s’engager dans la production agricole biologique et faisant face à des
coûts importants pour modifier leurs systèmes de production suivant les règles du cahier des charges sur
l’agriculture biologique. La convention de partenariat signée entre le SYMABIO et le programme national
d’appui à l’entrepreneuriat Fihariana propose déjà d’accompagner financièrement et techniquement
200 000 paysans pour une reconversion vers l’agriculture biologique18.
L’appui technique renvoie à l’ensemble des actions proposées dans l’axe stratégique 4 sur l’appui-
conseil, le renforcement de capacités des opérateurs et la recherche, en particulier l’élaboration d’un guide
technique pour la conversion en agriculture biologique, ainsi qu’un guide technique pour la production en
agriculture biologique.
Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
MEDD, MATSF,
Conduire une étude de recensement
A2.2.1 MINAE Régions, DRAE, SP,
des parcelles à convertir en priorité
SYMABIO, TTM
Mettre à disposition une aide à la
PTF, SP, SYMABIO ,
A2.2.2 conversion et à l’installation en MINAE, MEF
TTM
agriculture biologique
69
A2.3.1. Créer des Centres de Multiplication de Semences (CMS) bio
70
accompagnent la production de semences en milieu paysan. Le Service Officiel de Contrôle des Semences
et des Matériels végétales (SOC) du MINAE, qui est l’autorité́ compétente sur tout le territoire en matière de
contrôle et certification des semences végétales, est en première ligne de cette activité.
Les acteurs rencontrés ont de manière générale exprimé l’idée que la priorité devait être donnée à la
production locale de bio-intrants (bio fertilisants, bio pesticides, provende) plutôt qu’à l’importation de bio-
intrants ou l’implantation d’investisseurs internationaux pour assurer le développement de l’agriculture
biologique. Cela nécessite donc que des mesures d’incitations soient mises en place pour favoriser les
investissements nationaux dans des unités de fabrication de bio intrants. Ces mesures peuvent inclure des
mesures de type « protection d’une industrie naissante » afin d’être en mesure de diminuer les importations
de bio-intrants. Les producteurs de compost peuvent par exemple être encouragés et recevoir un appui
leur permettant de développer leurs activités. L’encouragement à la fabrication locale de bio-intrants vise
en priorité les investissements réalisés sur l’exploitation
ou à des échelles territoriales telles que les communautés
villageoises, les SPG ou dans le cadre de TVAB. Mais il est
nécessaire également en complément d’encourager des
entreprises nationales à fabriquer et vendre des bio-intrants.
Cet encouragement passe aussi par un renforcement
du contrôle de l’utilisation des intrants conventionnels
pour mieux en documenter les dérives et les risques de
contamination et également davantage communiquer sur
ces risques (axes stratégiques 1 et 3).
L’étude devra plus particulièrement étudier la structure des coûts, la disponibilité des matières premières,
la qualité et le prix (ou accessibilité) des bio-intrants, ainsi qu’identifier les mesures d’atténuation
aux contraintes identifiées pour la fabrication locale de bio-intrants. Elle devra également faire des
recommandations sur les mesures d’incitation possibles pour encourager la fabrication de bio-intrants.
Plusieurs mécanismes peuvent être envisagés pour inciter les opérateurs à investir dans des unités de
compostage par exemple, et plus largement de production de bio fertilisants et de bio pesticides : des
subventions (par exemple pour l’installation de cuves de lombricompostage), des aides à la recherche
& développement, un fonds de démarrage ou une facilitation de crédit (IFOAM, 2017). Les mesures
spécifiques de soutien à la fabrication de bio intrants sont précisées plus bas concernant les soutiens aux
investissements dans l’agriculture biologique. L’étude devra aussi déterminer s’il est pertinent ou non de
mettre en place des mesures de protection douanière pour protéger la production locale de la concurrence
des importations.
71
S’il est important d’envisager toutes les aides possibles
pour favoriser la fabrication de bio-intrants par des opérateurs
nationaux, il faut aussi faire preuve de pragmatisme et veiller
avant tout à ce que le manque de bio-intrants ne devienne pas
un goulot d’étranglement pour le développement du secteur. Si
nécessaire, lorsque la production locale de bio-intrants n’arrive
pas à suivre l’évolution de la demande des opérateurs engagés
dans l’agriculture biologique, une piste à explorer pourrait être
de développer des partenariats entre investisseurs nationaux et
internationaux. L’implantation d’opérateurs internationaux dans
le cadre de partenariats peut permettre par exemple que des
actions soient entreprises pour privilégier l’emploi local, assurer
des formations, faire du transfert de technologie, etc.
72
les engrais bio. Concernant l’offre locale d’engrais bio, des
mesures d’incitation destinées aux opérateurs souhaitant
investir dans l’agriculture biologique sont prévues (voir
point 6.2.4). Il s’agit particulièrement d’encourager l’achat
d’équipements permettant de fabriquer des fertilisants
bio au sein même des exploitations (source d’engrais
interne à l’exploitation) ou à l’échelle de regroupements
(communautés villageoises, SPG, TVAB). Pour la mise
à disposition d’engrais bio (externes à l’exploitation), la
recherche a un rôle important à jouer dans l’élaboration
d’engrais bio (voir axe stratégique 4). Il est important de
valoriser les résultats de recherches locaux et appuyer
les recherches des biofertilisants à base de matériaux
locaux. Les Centres de recherche Centre National de
Recherches sur l’Environnement (CNRE) et Centre
National de Recherches Industrielle et Technologique
(CNRIT) travaillent dans ce domaine et le MEDD est en
train de faciliter ce transfert de connaissances locales.
Afin de ne pas envoyer de messages contradictoires aux producteurs, une part croissante des subventions
aux engrais doit être réservée à des engrais biologiques. Il en va de la cohérence des politiques pour assurer
que le soutien au développement de l’agriculture biologique ne soit pas contrecarré par des incitations à
conduire une agriculture conventionnelle. Les procédures de commande d’achat public d’engrais bénéficiant
de subventions devront donc être modifiées afin d’inclure progressivement dans le dispositif de plus en
plus d’engrais organiques. Les taux de subvention sur les engrais organiques peuvent également être plus
élevés que ceux des engrais minéraux destinés à l’agriculture conventionnelle.
Outre le fait de rendre les intrants bio plus accessibles économiquement en les subventionnant, il est
important aussi d’améliorer leur accessibilité physique et de développer des points de vente à proximité
des producteurs. On pourra s’appuyer par exemple sur le programme « Dokany Moran’ny Mpamokatra »
(DMM), qui reçoit le soutien financier du Fonds de Développement Agricole (FDA) visant à financer les
services aux producteurs (SNAB, 2020). Le DMM consiste à développer dans chaque district des boutiques
d’intrants et de matériels agricoles à bas prix pour les producteurs, l’objectif serait que des intrants bio
soient disponibles dans ces boutiques. Ce programme est actuellement en cours de mise en place (SNAB,
2020).
73
Période de mise en
N° œuvre (Année)
Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
d’action
1 2 3 4 5
Créer des centres de multiplication
A2.3.1 MINAE (SOC) FOFIFA
de semences bio
Réaliser une étude sur le marché
A2.3.2 MINAE SP, PTF
local des bio-intrants
Faciliter la mise en place d’unités
A2.3.3 de stockage et de transformation de MINAE, MEF SP
bio-intrants
A2.3.4. Subventionner les engrais bio MINAE, MEF
Augmenter le nombre de points de
A2.3.5. MINAE SP
vente des intrants bio
Il est important de conduire une étude de faisabilité sur les mesures de soutien à l’investissement à mettre
en place, pour identifier les différents mécanismes de soutien possible, préciser les modalités d’octroi de
ces soutiens et leur financement. Au moins deux pistes sont identifiées et pourront être approfondies dans
la conduite de l’étude :
74
ou l’achat et la mutualisation d’équipements ou de matériels. Cela peut se concrétiser par exemple par
des taux d’intérêt relativement plus faibles pour eux. Les critères pour pouvoir bénéficier des facilités de
crédit peuvent être de plusieurs ordres : juridiques (être une entité formelle), techniques (disposer d’un
minimum de capacités techniques), financiers (capacité à rembourser), socio-économiques (taille de
l’entité, types de produits avec une attention accordée à ceux les plus pertinents pour les communautés
locales), environnementaux (capacité de l’investissement à préserver l’environnement).
On pourra s’appuyer sur l’exemple du crédit-bail qui est proposé aux coopératives agricoles dans le
cadre du Programme Fihariana. Dénommé « Zara iombonana », ce crédit-bail doit permettre de faciliter
l’acquisition de matériel pour améliorer la production au sein d’une coopérative agricole19. On peut envisager
de donner la priorité aux coopératives souhaitant louer du matériel pour développer la production agricole
biologique.
Cette ligne de crédit mise à disposition des opérateurs souhaitant investir dans l’agriculture biologique
peut constituer un mode de financement dégressif, au fur et à mesure de la rentabilité des investissements
et des demandes d’accès à cette ligne. Suivant ce principe de dégressivité, une entreprise pourrait bénéficier
de la ligne de crédit pour le montant total de son besoin de financement lors de la première demande, puis
d’un montant moindre lors d’une deuxième demande, etc. ; l’objectif étant de permettre au maximum de
structures de bénéficier de cette mesure. Il est par ailleurs pertinent d’envisager ce type de financement
de façon ciblée pour des zones particulières où il y a une volonté des acteurs de développer l’agriculture
biologique, par exemple dans les TVAB.
19 L’express de Madagascar, 12 septembre 2020. Madagascar : financement rural – crédit-bail pour les coopératives agricoles.
75
Subvention totale ou partielle des
investissements. Il est important de faire
ressortir ici des éléments concrets de
justification pouvant être présentés au
Ministère de l’Economie et des Finances (MEF)
de l’impact que ces aides pourront apporter
à l’économie. En Effet, à défaut de données
concrètes sur l’impact réel d’une subvention
ou d’un avantage fiscal quelconque au
développement d’une activité ou d’un secteur
et surtout de l’existence d’une retombée à
moyen/long termes sur les recettes de l’Etat, il
est quasi impossible de prétendre obtenir une
subvention de l’Etat. Il s’agit donc de donner à
voir auprès du MEF les externalités positives
de l’agriculture biologique en matière de santé
et d’environnement, au travers par exemple
d’indicateurs simples qu’il conviendrait
d’établir. On peut également mettre en avant le
fait que l’agriculture biologique a la capacité,
en comparaison avec l’agriculture conventionnelle et grâce à son système de certification, de quantifier
précisément les retours sur investissements en termes de nombre d’emplois créés par exemple. Ces
indicateurs doivent permet aux opérateurs de pouvoir disposer d’éléments concrets pour démontrer leur
impact socioéconomique et environnementaux et ainsi mieux défendre des demandes de subventions ou
d’appui (rapports techniques et argumentaire à produire sur les contreparties de l’aide à l’investissement).
Le FDA ou des programmes tels que PROSPERER, visant à apporter des subventions directes pour l’achat
de petits équipements agricoles (SNAB, 2020) peuvent être mobilisés pour ce deuxième type de soutien.
Le FDA a en particulier comme intérêt d’être déjà en appui à l’agroécologie par des subventions à ces
services agricoles et de donner un accès aux institutions de microfinance, qui sont parties prenantes de ce
mécanisme de financement.
76
A2.4.2 Mettre en œuvre le mécanisme de soutien aux investissements
La mise en œuvre du mécanisme de soutien consistera à apporter les soutiens et appuis identifiés lors
de l’étape précédent aux producteurs, opérateurs et/ou acteurs qui en ont besoin pour le développement
d’agriculture biologique. Le MEF et les PTF sont des acteurs particulièrement clé de la mise en œuvre des
soutiens proposés.
Enfin, les Fonds communautaires villageois sont à valoriser et à développer pour encourager les
investissements collectifs dans le matériel ou les équipements nécessaires au développement de
l’agriculture biologique.
Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 5
Conduire une étude de faisabilité Institutions
A2.4.1 de la mise en œuvre de soutiens à MINAE, MEF Financières, PTF,
l’investissement SP, AT
Institutions
Mettre en œuvre les mécanismes de
A2.4.2 MINAE, MEF Financières, PTF,
soutien aux investissements
SP, AT, CTD
20 A noter à cet égard que la production de compost urbain avec des ordures ménagères peut comporter d’importants risques de pollution lorsqu’elle n’est
pas bien maîtrisée, avec la présence de produits tels que l’acide des batteries de voiture, l’huile de vidange, des résidus médicamenteux, etc.
21 L’Express de Madagascar 20/05/2020 : Valorisation des déchets – Le modèle du « Le Relais » sauve Fianarantsoa.
77
6.2.5 Ecoulement des produits bio facilité
A2.5.1. Réaliser des études de marché
Cette étude sur les points de vente devra être menée à fréquence régulière pour pouvoir en suivre
l’évolution. La diffusion large de l’étude auprès des opérateurs et la communication grand public sur
ses résultats doit contribuer à encourager les opérateurs à se lancer dans la vente de produits issus de
l’agriculture biologique, et à sensibiliser les consommateurs. Les autorités locales pourront également
se saisir des résultats de l’étude car elles ont un rôle important à jouer dans l’augmentation des points
de vente : stands sur des marchés publics existants, mise à disposition d’un local, infrastructures pour
un marché producteurs spécifique, etc.
80
Il en est de même pour la société ABCie fruits et légumes Madagascar qui est devenu le distributeur de
produits issus de la production agroécologique du projet Profapan géré par Agrisud dans sa première phase
de mise en œuvre. L’équipe d’AgriSud a formé les agriculteurs périurbains aux pratiques agroécologiques
et a développé une distribution en circuit court vers les marchés urbains et péri-urbains d’Antananarivo. Un
dispositif avec de Très Petites Entreprises (TPE) « collecteurs » dans les villages et d’autres spécialisées sur
les villes a été mis en place pour renforcer les relations commerciales avec les producteurs. Actuellement,
en plus de la commande en ligne, ABCie a aussi mis en place quelques lieux de vente de ses produits en
collaboration avec des particuliers et des restaurateurs, qui ont accepté, moyennant une commission de
vente, le dépôt et la vente de ses produits (ouverture des lieux de vente deux fois par semaine).
Outre les aides financières qui sont proposées aux opérateurs souhaitant investir dans du matériel,
des équipements ou de la main d’œuvre pour les activités agricoles biologiques (voir point 6.2.4), il est
important de fournir un accompagnement spécifique aux petites et moyennes entreprises qui visent le
marché national. Des services d’appui aux entreprises sont à envisager pour les accompagner dans les
démarches de certification par tiers ou SPG, renforcer leurs capacités techniques, fournir du conseil de
gestion, des études de marché, aider à participer à des salons nationaux, etc. L’ensemble de ces services
sont regroupés au niveau de l’axe stratégique 4 portant sur l’appui-conseil et le renforcement de capacités,
aussi bien pour le marché national que pour l’exportation. Plus précisément ici, l’Observatoire sur l’agriculture
biologique peut aussi offrir un service d’interface pour mettre en relation des producteurs et des opérateurs
de marché (collecteurs, commerçants, distributeurs), ainsi que ces acteurs avec des prestataires de
services. L’Observatoire peut ainsi comporter une base de données renseignant les informations sur les
producteurs. On peut s’appuyer à cet effet sur le Programme PROSPERER qui comprend des actions de mise
en relation des Opérateurs de Production (OP) avec les Opérateurs de Marché (OM). L’Observatoire peut
81
également mettre à disposition une base de données des prestataires de service offrant d’accompagner
des coopératives ou des entreprises à développer leurs activités en agriculture biologique pour le marché
national.
Les projets classiques de structuration des filières, visant à créer ou renforcer des connexions entre les
différents acteurs des chaines de valeur, notamment le lien producteurs-marchés, sont également des
instruments importants pour développer les filières clés de l’agriculture biologique (IFOAM, 2017).
82
A2.5.4. Renforcer les contrôles pour créer la confiance des consommateurs
Pour mieux valoriser la production en agriculture biologique, il est aussi important de renforcer les
contrôles, aussi bien sur les produits conventionnels que sur les produits qui se réclament de l’agriculture
biologique. En effet, le contrôle des produits conventionnels va démontrer l’importance de suivre
scrupuleusement l’utilisation des intrants chimiques pour que les produits mis sur le marché ne nuisent
pas à la santé des consommateurs. A l’inverse, le contrôle des produits certifiés bio va montrer que ces
produits ont suivi tout un processus de certification qui s’appuie un système de qualité et de traçabilité,
ce qui est de nature à créer la confiance des consommateurs. Avant la sortie de la loi sur l’agriculture
biologique, la commercialisation sous appellation bio n’était pas encore considérée comme illicite car il n’y
avait pas de cadrage légal. Avec la promulgation de la loi, cette appellation est dorénavant règlementée et
des contrôles peuvent être effectués (articles 5 et 11 de la loi 2020-003).
La communication grand public sur la réalisation de ces contrôles et sur leurs résultats est importante
pour montrer que le gouvernement agit et pour sensibiliser la population sur la valeur ajoutée de la
certification bio, en complément des actions de communications qui seront réalisées sur les bienfaits des
produits issus de l’agriculture biologique.
Cette stratégie doit cependant être progressive et il faut d’abord un minimum structurer les filières
locales pour qu’elles soient en capacité de fournir de gros volumes de produits agricoles biologiques avant
de passer d’importantes commandes. De ce point de vue, les achats au niveau local, par les municipalités
par exemple, peuvent être plus adaptés à la situation actuelle d’émergence du secteur de l’agriculture
83
biologique et être des moteurs de sa croissance pour le marché national.
Sur la période de mise en œuvre de la SNABIO, il est possible d’envisager dans le cadre des TVAB, et
particulièrement le TVAB pilote en zone périurbaine, l’expérimentation d’une procédure d’achat public
pour une institution (cantine scolaire par exemple). Cela implique entre autres de revoir les procédures
de marchés publics, de renforcer les capacités des opérateurs, au niveau du fonctionnement des filières
comme de la réponse aux appels d’offre, notamment pour les groupements de producteurs dans le cas de
circuits courts.
Enfin, l’écoulement des produits issus de l’agriculture biologique sera nécessairement facilité par
toutes les actions de promotion qui seront menées aussi bien pour le marché national que pour l’export
(voir axe stratégie 3). Le développement d’un agrotourisme à Madagascar, s’appuyant sur une demande
internationale croissante pour ce type de tourisme, peut également constituer un débouché qui encourage
les opérateurs des filières à s’engager dans ce mode de production et dans une démarche de certification.
Avec les projets de mise en place des TVAB, qui peuvent être portés par des municipalités ou des régions,
l’agriculture biologique peut contribuer au développement de l’agrotourisme, notamment par l’organisation
de visites de sites de production et la mise en place de marchés dédiés aux produits bio, avec éventuellement
des projets de développement de produits de terroir.
Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
A2.5.1 Réaliser des études de marché MINAE, MICC SP, PTF
MINAE, MICC,
A2.5.2 Promouvoir les circuits courts CTD, SP, PTF
SYMABIO
Encourager la transformation des
A2.5.3 produits issus de l’agriculture MINAE, MICC SYMABIO, SP, PTF
biologique
Renforcer les contrôles pour créer la
A2.5.4 MINAE, MICC MINAE, MSANP
confiance des consommateurs
Développer les achats publics (ou S t r u c t u r e s
A2.5.5 MINAE, MEF
commandes institutionnelles) publiques
Pour le cas de la certification biologique, celle-ci peut être délivrée par un organisme certificateur,
ce qu’on appelle la certification par tierce partie (certification délivrée principalement pour les produits
destinés aux marchés à l’export), ou par le système participatif de garantie (SPG) pour le marché local (ou
les marchés d’export où les SPG sont reconnus, comme en Afrique de l’Est par exemple). Il y a actuellement
quatre organismes certificateurs (Ecocert, Lacon, Bureau Veritas et CCPB) qui opèrent à Madagascar. Le
SPG, lui, n’est pas encore opérationnel et n’a fait l’objet que de quelques expériences, avec des producteurs
22 Organisation internationale de normalisation (International Organization for Standardization).
84
engagés dans l’agroécologie ; c’est un des objectifs de la SNABIO que d’identifier les actions à mener pour
le mettre en place.
Les deux systèmes de certification, par tierce partie et SPG, ne sont pas concurrents mais au contraire
complémentaires, dans la mesure où ils ne visent pas les mêmes marchés. Les profils et les capacités
des acteurs concernés sont différents, les procédures d’évaluation de la conformité diffèrent, mais dans
un cas comme dans l’autre il y a un certain nombre de démarches à effectuer de la part des opérateurs.
Le SPG peut constituer pour certains producteurs une première étape de renforcement de capacités et
de professionnalisation quant au respect d’exigences de qualité vers une certification tierce partie pour
l’exportation (IFOAM, 2017).
L’augmentation du nombre d’organismes certificateurs opérant dans un pays est également une tendance
qui devrait permettre d’elle-même de diminuer le coût de la certification, du fait des effets de concurrence.
Avec les actions de sensibilisation et de vulgarisation menées sur l’agriculture biologique, la demande
85
de certification devrait augmenter et cela devrait certification tierce partie à moindre frais, dans
inciter d’autres organismes certificateurs à la mesure où les coûts sont partagés entre les
venir opérer à Madagascar. Il est important de producteurs. L’intérêt est aussi que la certification
favoriser cette entrée de nouveaux organismes appartient aux groupements de producteurs. Des
certificateurs sur le marché malgache de la soutiens limités dans le temps dans le cadre
certification en veillant notamment à ce que les de projets du gouvernement et/ou des PTF
procédures d’installation et d’opération sur le peuvent par exemple prendre en charge la mise
territoire malgache ne soient pas trop lourdes et en place de systèmes internes de contrôle pour
complexes, et surtout respectent la procédure la certification de groupe. Cela peut être sous
d’agrément dorénavant prévu par la loi 2020-003. la forme de subventions aux groupements de
producteurs à hauteur d’un certain pourcentage
Du point de vue de l’action publique, le soutien des coûts de certification.
à la couverture des coûts de certification tierce
partie est une mesure classique de soutien Dans le cas de Madagascar, la certification
au développement de l’agriculture biologique tierce partie apparaît aujourd’hui hors de
(IFOAM, 2017). La plupart du temps, les mesures portée des producteurs, même organisés en
de soutien apportées aux opérateurs consistent groupements, en raison du coût des services
à rembourser les coûts de certification annuels mais aussi de l’ensemble des démarches à
à concurrence d’un certain pourcentage, bien effectuer. Pour ces opérateurs comme pour les
que certains pays comme les Philippines ou autres, et particulièrement pour les exportateurs,
le Costa Rica couvrent 100% des coûts de il n’existe pas à ce jour de mécanisme de soutien
certification (IISD, 2020). En Tunisie par exemple, à la certification tierce partie. A l’exception de
le gouvernement accorde une subvention de quelques projets qui ont pu, de façon ponctuelle,
70% des frais de certification et d’inspection aux prendre en charge une partie des coûts de
producteurs individuels (5000 Dinars/ an soit certification, les exportateurs doivent avancer
1800 USD) et groupes de producteurs (10000 la trésorerie pour couvrir tous les coûts fixes
Dinars/ an soit 3600 USD) sur un temps limité de liés à la certification avant d’être payés par les
5-7 ans, correspondant au temps de la conversion importateurs ayant passé commande.
en agriculture biologique.
Toutefois, il est enfin possible d’envisager
Le soutien à la certification peut également que les certificateurs offrent à terme un service
cibler certaines formes de certification de certification par tiers adapté au contexte
comme la certification de groupes, qui permet réglementaire malgache pour le marché national,
à des coopératives ou gros groupements qui soit moins onéreux et plus accessible
de producteurs de recourir aux services de que ce qui est exigé par les grands marchés
internationaux.
86
A2.6.1. Mettre en place une aide à la trésorerie pour la certification tierce partie
Une aide à la trésorerie peut être envisagée pour inciter les opérateurs des chaines de valeur à
s’engager dans la certification de leurs produits. Le dispositif pour délivrer cette aide pourrait se faire à
travers un fonds alimenté par une redevance sur les exportations et être géré par l’agence de promotion
des exportations mais aussi par un fonds revolving octroyer par les PTF. Ce dispositif bénéficierait aux
opérateurs des filières d’exportation devant recourir aux organismes certificateurs pour l’exportation de
leurs produits biologiques. Une avance de trésorerie peut être faite à concurrence d’un certain pourcentage
du chiffre d’affaire par exemple. Il est important que les critères d’éligibilité, les formalités administratives
pour accéder à cette aide, ainsi que les modalités de remboursement, soient relativement simples afin de
ne pas engendrer un travail administratif excessif pour les opérateurs, comme pour l’entité gérant l’aide.
Un autre avantage du SPG est de donner plus de marge de manœuvre aux petits producteurs. Souvent,
ceux-ci sont tenus, pour bénéficier d’un meilleur prix, de vendre l’ensemble de leur production à un
exportateur qui prend en charge les frais de certification, et de fait est ainsi le détenteur du certificat
biologique. S’ils vendent à un autre opérateur, ils ne bénéficient plus de la « prime bio », ce qui limite
leur pouvoir de négociation commerciale avec l’exportateur détenteur du certificat bio. Avec le SPG, ce
sont les petits producteurs qui détiennent le certificat bio et, en étant parties prenantes de l’organisation
des circuits de collecte et de distribution, ils maîtrisent également la répartition des marges et donc leurs
revenus (Lemeilleur et al, 2019).
87
L’ancrage local du SPG fait qu’il est
particulièrement judicieux de le penser par
rapport à un territoire particulier. Ce territoire
peut se caractériser, par exemple, par l’existence
d’une dynamique locale entre producteurs et
consommateurs qui sera favorable aux relations
de confiance indispensables qui doivent exister
entre les acteurs du SPG. Plus qu’un processus
de certification, le SPG vise en effet à instaurer
un processus d’apprentissage continu et
des échanges permanents au sein d’une
communauté locale d’acteurs. Cette fonction
d’apprentissage est particulièrement appréciée
par les producteurs, notamment dans des
contextes où les services de vulgarisation sont
insuffisants. Enfin, le SPG contribue également à
créer un tissu socioéconomique local durable sur
un territoire (Lemeilleur et al., 2019).
88
démarche de mise en place de SPG « Produits Agroécologiques » a été déjà réalisée. Ce SPG s’est traduit en
particulier par l’élaboration d’un cahier des charges producteur et commerçant, d’un logo, et d’une marque
déposée à l’Office Malgache de la Propriété Intellectuelle (OMAPI). Compte tenu de l’expérience vécue lors
de la mise en œuvre du programme, la société ABCie dispose d’une bonne connaissance et compétence
qui peuvent être capitalisées dans la mise en place d’un SPG en agriculture biologique. De même, nous
pouvons mentionner le projet AFAFI Centre de l’UE qui démarre et qui porte sur le soutien au développement
de filières alimentaires et bois énergie pour approvisionner la capitale Antananarivo en produits de qualité.
Ce projet comprend une importante composante maraichage / arboriculture qui sera mis en œuvre par
l’organisation agricole nationale FIFATA en partenariat avec FERT et de laquelle la mise en place de SPG est
attendue. Enfin, il convient de souligner que La loi 2020-003 offre une importante souplesse pour permettre
une large diversité d’initiatives de mise en œuvre de SPG, qu’ils soient portés par des organisations de
producteurs, des ONG, des entreprises, des marchés de détail, des universités, des collectivités, etc.
La définition précise du mécanisme de financement permettant une mise à l’échelle s’appuiera sur la
capitalisation des expériences de SPG pilotes. Il est ainsi proposé dans des délais ad hoc (i) la mise en
place d’un dispositif de partage et de mise en débat des connaissances et des savoir-faire développés au
niveau des différents SPG qui verront le jour et qui seront progressivement consolidés et (ii) la conception
d’outils «institutionnels» de soutien et de mise à l’échelle des SPG (à travers les FDAR, FDL, etc.) Il faut
souligner que le niveau de soutien peut être très variable suivant les modalités de fonctionnement des SPG
et en particulier la contribution des membres en ressources financières et en temps bénévole, sachant que
la philosophie des SPG correspond à une démarche d’engagement des acteurs (voir Annexe 8. Eléments de
coûts de certification tierce partie et SPG).
89
A2.6.3. Mettre en place des SPG pilotes
Le financement de projets pilotes pour introduire le concept de SPG est une mesure de soutien
relativement répandue. De tels projets doivent fonctionner un minimum de temps, souvent au moins trois
ans, pour assurer la pérennité financière des SPG une fois les projets terminés. L’envergure des projets
pilotes peut également être ajusté au montant du financement disponible – un projet pilote de SPG peut se
faire même avec une très faible enveloppe budgétaire (IFOAM, 2017). Pour éclairer sur les différents types
de coûts associés au SPG, l’expérience pilote de mise en place d’un SPG sur l’agroécologie par le Réseau
des Initiatives Agroécologiques du Maroc (RIAM) en partenariat avec le CIRAD (Lemeilleur et al., 2019) est
présentée dans l’Annexe 8. Eléments de coûts de certification tierce partie et SPG.
Il apparaît particulièrement judicieux d’envisager la mise en place de SPG dans les TVAB pilotes qui vont
être créés, en particulier selon l’option A partant de l’initiative de collectifs d’acteurs locaux. L’attribution
du statut TVAB à une zone particulière du territoire national implique en effet la mise à disposition d’appuis
pour faciliter la certification SPG (comme tierce partie). Dans les 3 ou 4 TVAB pilotes à proposer, des SPG
devraient ainsi être conçus, sous réserve de rencontrer l’intérêt des producteurs concernés en lien avec les
débouchés de marchés réels/potentiels.
Cette démarche n’est cependant pas exclusive dans la mesure où des SPG peuvent potentiellement
se déployer en tout lieu du territoire national et non pas seulement dans les TVAB. Ainsi, les bassins
de production périurbains de la capitale dans lesquels il est possible de s’appuyer sur des dynamiques
naissantes devraient prioritairement faire l’objet d’une attention spécifique pour le développement de
SPG. Cela implique une approche concertée entre les parties prenantes : organisations de producteurs
et entreprises porteuses des initiatives en cours (ABCIE) et à venir (AFAFI Centre), MINAE et DRAE, région
Analamanga et districts et communes rurales et ubraines, PTF.
90
Après les actions de promotion des SPG et les
initiatives locales qu’elles auront pu susciter, il est
important d’accompagner la mise en place de SPG
pilotes par la réalisation d’une étude de faisabilité
qui permettra d’évaluer ces initiatives et de donner
toutes les chances de succès aux SPG pilotes afin
d’en déduire des recommandations pour une mise à
l’échelle de ces expériences. L’étude devra ainsi :
Etudier la possibilité de SPG hybrides comme en Nouvelle Calédonie, et de systèmes à deux SPG, un
pour la période de conversion et un hors période de conversion. Le cas de l’Inde qui a un un logo SPG vert
pour la période de transition et un logo SPG bleu hors transition est connu (IISD, 2020). Un tel système
existe aussi en Nouvelle Zélande, où un logo SPG avec la mention « en conversion » est proposé durant la
période de conversion de trois ans et un logo avec la mention « entièrement certifié » à l’issue de la période
de conversion23,
Identifier les mécanismes de financement possibles permettant d’encourager l’émergence de SPG (au-
delà de leur reconnaissance déjà effective dans la loi 2020-003),
Identifier les conditions minimums de fonctionnement des SPG que le MINAE devra définir par voie
réglementaire (art 18 de la loi).
23 https://www.organicfarm.org.nz/about/the-logo.
91
La mise en place de SPG prend du temps puisqu’il faut sensibiliser, former, construire les modalités de
fonctionnement du SPG, tester, ajuster, etc. pour que se construisent des relations de confiance et que
chaque acteur y trouve un intérêt (en particulier en matière d’apprentissage). Il faut par ailleurs prendre le
temps de s’assurer que l’acteur porteur d’une initiative locale se traduisant par un SPG (OP, association
locale, etc.) soit un minimum autonome pour pouvoir en assurer la pérennité au-delà de la durée d’un
projet, même si celui-ci peut être utile en phase de démarrage. Ce porteur joue en effet un rôle déterminant
pour sensibiliser les acteurs locaux, impulser les échanges et la réflexion entre acteurs. Un certain nombre
d’acteurs rencontrés sont néanmoins prêts à s’engager rapidement dans l’accompagnement de la mise en
place de SPG pilotes. Cette activité peut démarrer dès l‘année 1.
Période de mise
N° en œuvre (Année)
Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
d’action 1 2 3 4 5
Les activités présentées dans cet axe stratégique ont les résultats attendus suivants :
92
6.3.1 Concept d’agriculture biologique connu
Les activités à conduire pour atteindre ce résultat relèvent principalement des activités de communication,
dont la logique est d’informer les publics cibles (opérateurs, organisations professionnelles, grand public,
etc.).
Il s’agit de définir suivant les publics cibles les canaux, les outils, et les périodes les plus appropriés
pour communiquer sur l’agriculture biologique. Toutes les actions prévues dans la SNABIO (annonce de
leur planification, lancement, résultats, etc.) peuvent faire l’objet d’un plan de communication mobilisant
différents supports (conférences de presse, journaux, télés, radios, sites Internet, réseaux sociaux, etc.).
La communication grand
public est en particulier
essentielle pour faire
connaître l’agriculture
biologique, mettre ce sujet
à l’agenda, et contribuer à
provoquer le débat public
et à déconstruire les idées
reçues sur cette question. Les
organisations de la société
civile ont un rôle important
à jouer pour communiquer
auprès des citoyens sur les
enjeux environnementaux et
sanitaires liés à l’agriculture
et l’intérêt de l’agriculture
biologique et de l’agroécologie
pour y répondre. Elles
entendent également
interpeller les pouvoirs publics
à travers des actions de plaidoyer sur l’effectivité de la mise en œuvre des actions publiques prévues pour
développer l’agriculture biologique.
Parmi les sujets sur lesquels communiquer, une attention particulière doit être accordée au cahier des
charges et au label sur l’agriculture biologique ainsi qu’à la mise en place de mécanismes de contrôle. Il
est important de bien expliquer à quoi correspond ce label, en quoi il s’agit d’une garantie de la qualité et
du caractère biologique du produit, qu’est-ce que les principes de l’agriculture biologique, son articulation
avec l’agroécologie, etc. Les messages sur le cahier des charges et le label doivent être clairs et facilement
compréhensibles pour les consommateurs. La stratégie de communication peut prévoir une enquête grand
public, auprès d’un échantillon représentatif de la population à l’échelle nationale, sur la connaissance du
concept d’agriculture biologique, quelles valeurs elle véhicule et à quels enjeux elle renvoie ou est associée.
Au niveau local, il sera également important de conduire des actions de communication sur les TVAB pour
susciter des initiatives locales.
93
Il faut noter que dans la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de l’Agrobusiness (SNAB), une campagne
de communication massive est prévue24. Comme pour la SNABIO, la Direction en charge de l’Agribusiness
est aussi le principal acteur dans la coordination des actions de communication et de sensibilisation de
la SNAB. Aussi, il est important, pour avoir une meilleure synergie des actions d’établir la stratégie de
communication sur l’agriculture biologique en tenant compte de ce qui est prévu ou défini dans le plan
d’action de la SNAB.
La formation des journalistes est un élément incontournable d’une stratégie de communication pour faire
connaître auprès de ces acteurs ce qu’est l’agriculture biologique, s’assurer qu’ils en parlent correctement et
offrir une plus grande place à l’agriculture biologique dans l’espace médiatique. Des sessions de formation
doivent être organisées régulièrement à cet effet.
94
La sensibilisation peut se concentrer sur les
avantages des produits issus de l’agriculture
biologique, l’apport de ce mode d’agriculture pour
le développement durable du pays, mais peut
aussi, a contrario, sensibiliser sur les risques liés
à l’utilisation d’intrants chimiques dangereux.
Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
MICC, MSANP,
Organiser une campagne de
MEDD, SYMABIO,
A3.2.1 sensibilisation auprès des MINAE
associations de
consommateurs
consommateurs
Organiser une campagne de TTM, MICC,
A3.2.2 sensibilisation auprès des opérateurs MINAE/ DRAE MSANP, MEDD,
du secteur SYMABIO
96
6.3.3 Production issue de l’agriculture biologique valorisée
97
A3.3.2. Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de promotion des produits agricoles biologiques « Made in
Madagascar »
La promotion des produits issus de l’agriculture biologique à Madagascar doit également se faire à l’étranger,
il s’agit de vendre l’image d’un pays soucieux de l’environnement et d’un développement durable (« marketing
pays »).
Il est important de mettre en avant dans la promotion des produits bio « made in Madagascar » cette
spécificité du pays en matière de biodiversité, mais également les efforts du pays pour s’engager dans la
voie de l’agriculture biologique et modérer l’utilisation d’intrants chimiques dans le pays. Cette démarche
de valorisation et de commercialisation des produits bio doit être associée à des initiatives déjà en place
pour faire la promotion des produits Vita malagasy.
A3.3.3. Soutenir la participation des opérateurs à des événements internationaux sur l’agriculture biologique
La participation des opérateurs à des manifestations sur l’agriculture biologique au niveau international
fait partie de la stratégie de promotion des produits bio Made in Madagascar et doit être programmée. Elle
permet d’attirer l’attention sur ce que propose le pays, d’assurer une bonne visibilité des produits malgaches
et de développer le marché à l’exportation. Avec l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM), la
participation de plusieurs sociétés exportatrices certifiées bio au Salon Biofach doit être maintenue.
Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
SP, OP,
Organiser des manifestations sur M I N A E , associations de
A3.3.1
l’agriculture biologique SYMABIO, consommateurs
MICC
Elaborer et mettre en œuvre une
M I N A E ,
stratégie de promotion des produits
A3.3.2 S Y M A B I O , SP, EDBM
agricoles biologiques « Made in
MICC
Madagascar »
Soutenir la participation des
M I N A E ,
opérateurs à des événements
A3.3.3 S Y M A B I O , SP, EDBM
internationaux sur l’agriculture
MICC
biologique
98
6.4 Axe 4. Appui-conseil, renforcement de capacités et recherche
Le développement de l’agriculture
biologique nécessite de renforcer les capacités
de l’ensemble des opérateurs du secteur et de
les accompagner à faire en sorte que leurs
pratiques soient conformes aux principes
de l’agriculture biologique. L’appui-conseil
technique sur l’amélioration des pratiques et
plus généralement l’accompagnement à la
démarche de l’agriculture biologique pour les
opérateurs qui souhaitent s’y engager sont
indispensables. Au niveau des producteurs,
avec le désengagement de l’Etat, les
dispositifs de vulgarisation classiques avec
l’appui des techniciens locaux de l’agriculture
ont été délaissés, et les Centres de Service
Agricole (CSA) n’ont pas pris la relève de
façon entière satisfaisante (IISD, 2020 ; SNAB,
2020). De ce point de vue, les Centres d’appui en Agribusiness (par exemple CABIZ), qui prévoient la vente
d’intrants et petits équipements agricole ou l’information-conseil aux producteurs, constituent des lieux
importants pour délivrer de l’appui-conseil sur l’agriculture biologique. De même, les fournisseurs locaux
de services de proximité, à l’instar des PSP (Prestataires de Services de Proximité) liés avec les FDAR,
qui ont beaucoup contribué à la diffusion des pratiques agroécologiques, peuvent être mobilisés pour la
diffusion des pratiques liées à l’agriculture biologique, moyennant en amont des formations et des appuis
techniques. Enfin, il convient de prendre en compte les connaissances, les savoir-faire et les capacités
d’innovation des agriculteurs en matière agroécologique.
Les opérateurs des filières, comme l’ensemble générations d’opérateurs, techniciens locaux,
des acteurs qui interviennent en fonction support cadres techniques du MINAE à l’agriculture
(techniciens locaux du MINAE, OP, ONG, recherche, biologique et à l’agroécologie sans usage
etc.), doivent être formés dans les cinq ans à venir sur d’intrants chimiques en mettant en avant
l’agriculture biologique et l’agroécologie sans intrants l’importance de réviser les curricula dans
chimiques. Des sessions de formation doivent être les établissements d’enseignement agricole.
mises en place à grande échelle pour des effets tangibles Il s’agit d’élaborer une offre de formation
immédiats. Elles ont néanmoins des limites car doivent (continue et diplômante) sur l’agriculture
être renouvelées fréquemment compte-tenu du turn biologique qui permettra de développer les
over des acteurs, et sont coûteuses lorsqu’elles sont compétences des techniciens, ingénieurs
délivrées à l’échelle nationale. Même s’il est possible en agriculture et agronomes, dont le pays a
de réduire les coûts en les concentrant sur les zones besoin dans ce domaine.
de création de TVAB et SPG pilote, elles ne sont pas
suffisantes pour répondre au défi d’un changement de
paradigme chez les acteurs de l’agriculture, habitués
au seul modèle de l’agriculture conventionnelle. Il est
nécessaire, conformément à la loi 2020-003, de revoir
les cursus de formation et de conseils et de former en
amont les techniciens et les ingénieurs en agriculture.
La SNABIO a donc pour ambition de préparer les futures
99
Par ailleurs, la loi 2020-003 mentionne que la Stratégie nationale doit reposer sur la promotion de
programmes nationaux de recherche en matière d’agriculture biologique. Cela implique de revoir les
orientations et le budget de la recherche agricole, qui depuis toujours ont été dédiés en priorité à l’agriculture
conventionnelle. La recherche agronomique par exemple s’est concentrée sur la production de semences
améliorées adaptées à l’agriculture conventionnelle et sur le développement d’itinéraires techniques
basés sur l’usage d’engrais minéraux et de pesticides chimiques. L’incitation à conduire des travaux sur
l’agriculture biologique et l’agroécologie sans usage d’intrants chimiques doit donner la priorité à une
recherche participative, à visée opérationnelle de type recherche-action, qui permettra d’articuler la recherche
avec l’appui-conseil et la formation (par exemple à travers, entre autres, des champs de démonstration).
L’enjeu est de stimuler et de soutenir les travaux de recherche et les innovations (techniques, sociales,
organisationnelles) sur l’agriculture biologique en orientant davantage le financement de la recherche vers
ce secteur. Cela passe par exemple par des appels à projets incitatifs dont les termes de référence peuvent
orienter les travaux vers l’agriculture biologique.
100
Cet axe stratégique rassemble donc des actions qui doivent permettre de répondre aux objectifs
spécifiques de mettre à disposition de l’ensemble des acteurs un appui-conseil et un accompagnement sur
l’agriculture biologique, et d’améliorer les rendements et la productivité du travail. L’ensemble des actions
doit aboutir aux résultats suivants :
5 Innovation et connaissance pour l’amélioration des rendements et la productivité du travail développées et diffusées
Selon la densité des acteurs présents sur ces thématiques, les dispositifs proposeront des maillages des
territoires régionaux en s’appuyant sur des sites pilotes proposés par les différentes parties prenantes et
intégrant les parcelles de démonstration des centres de formation et de la recherche.
Des conventions collectives pourront être élaborées précisant les objectifs du réseau, et les actions
concrètes qui seront conduites en respectant le principe central de « réponse à la demande » des parties
prenantes au regard des contraintes auxquelles ils sont confrontés.
101
A4.1.2. Identifier les besoins en appui-conseil et en accompagnement
Il existe déjà des expériences d’élaboration de guides techniques sur l’agriculture biologique
et l’agroécologie qu’il faut capitaliser et sur lesquelles il est possible de s’appuyer pour élaborer
les guides. Dans cet exercice de capitalisation, une attention particulière doit être accordée à
la prise en compte par ces guides des pratiques locales et des spécificités agroécologiques du
territoire. Les établissements d’enseignement technique et le FOFIFA doivent être impliqués
dans l’élaboration de ces guides. Les producteurs seront formés à partir de ces guides qui
devront être largement diffusés auprès des acteurs qui assurent un accompagnement de
proximité des producteurs (techniciens locaux, OP, TTM, etc.).
Concernant le format de ces guides et des matériels didactiques à utiliser, il est important
de tenir compte de la spécificité d’une grande partie de la population cible, qui ne savent pas
lire, écrire et/ou compter. Des supports visuels en vidéo, en dessin ou image devraient de ce
fait être privilégiés.
A4.1.4. Organiser et délivrer des sessions de formation pour les accompagnateurs des opérateurs
De format court, ces sessions de formation pourront s’inscrire dans le cadre d’une formation
continue (avec délivrance d’un certificat). Elles pourront être délivrées par les centres de formation
et devront s’adresser en premier lieu aux accompagnateurs de proximité des opérateurs, qui
pourront ensuite démultiplier les formations auprès de leurs membres et bénéficiaires. La priorité
peut être donnée aux zones de création des TVAB et SPG pilotes. Ces accompagnateurs sont très
divers : il s’agit aussi bien des techniciens locaux, que des chambres d’agriculture (Tranoben’ny
Tantsaha Mpamokatra, TTM), du SYMABIO, des OP, des paysans prestataires locaux, des ONG,
etc. L’enjeu est de développer au sein de ces structures d’accompagnement une masse critique
de compétences sur les pratiques en agriculture biologique, ainsi que sur les modalités d’appui-
conseil.
102
Les compétences à développer chez les accompagnateurs ne
sont pas seulement techniques et portant sur les pratiques de
production, conservation, transformation, etc. Les consultations
avec les acteurs régionaux ont montré l’importance également
de former par exemple les techniciens locaux à : faire le suivi et
le contrôle du respect du cahier des charges, aider dans la tenue
administrative des documents sur les parcelles, et plus généralement
dans la gestion et la comptabilité, accompagner dans la démarche
de qualité, traçabilité et certification, renforcer les producteurs
bio en compétences marketing (appui à l’accès au marché), etc.
Dans le cadre du SPG agroécologie d’Agrisud, l’accompagnement
marketing et commercial des opérateurs a été un élément important
des appuis continus apportés aux opérateurs.
103
A4.1.5. Renforcer les capacités des membres de la CNABio et du personnel de l’USCAB
Il convient de renforcer les compétences des acteurs institutionnels qui vont être impliqués dans
le pilotage de la SNABIO et plus généralement dans la définition et le suivi des actions publiques
favorables à l’agriculture biologique. Des sessions de formation et de renforcement de capacités
devront donc être organisées pour les agents qui vont être affectés à l’USCAB au sein du MINAE
ainsi que pour les acteurs de la CNABio. De telles sessions ont déjà été organisées par exemple
sur les politiques publiques d’appui à l’agriculture biologique, animées par l’IFOAM dans le cadre
du processus d’élaboration de la loi 2020-003 sur l’agriculture biologique.
De par leur attribution, les membres de la Des sessions de formation sur l’agriculture
CNABio auront à analyser des dossiers très biologique devront aussi être organisées dans les
techniques et par la suite à donner des avis territoires, auprès des personnels des directions
conformes qui vont lier l’autorité décisionnaire. régionales de l’agriculture. Elles devront être ouvertes
Il serait de ce fait impératif que tous les aux acteurs locaux et aux élus des collectivités
membres puissent disposer des compétences territoriales décentralisées (CTD), afin de contribuer
et connaissances nécessaires pour mener à à créer une dynamique favorable à l’agriculture
bien leurs missions. La mobilisation d’un budget biologique à l’échelle des territoires, en particulier
pérenne dédié au CNABio est indispensable à son dans la perspective de création de TVAB.
fonctionnement, en particulier pour sa mission de
consultation de l’ensemble des parties prenantes,
qui exige de pouvoir prendre en charge les frais
de participation des acteurs à des réunions
nationales.
La conversion biologique
104
A4.1.6. Fournir les moyens et les outils nécessaires
aux techniciens locaux agricoles
Le dispositif pourrait en particulier fournir des services d’information (par exemple sur les procédures
d’accès aux mesures de soutien), d’accompagnement personnalisé (notamment pour la certification), de
formation, de mise en relation (Business 2 Business), d’appui pour des voyages d’affaires, etc. Plutôt que de
créer une nouvelle structure dans un paysage institutionnel amené à se densifier avec l’USCAB, la CNABio
et l’Observatoire, il est proposé – sur la période de 5 ans de mise en œuvre de la SNABIO – de loger ce
dispositif au sein de l’Observatoire. Une articulation serait à rechercher avec des structures comme l’agence
de promotion des exportations et l’EDBM. Les entreprises auraient ainsi facilement accès aux informations
de l’Observatoire (études de marché, textes réglementaires, etc.), à des conseils à l’exportation, des appuis
pour des voyages à l’étranger, les frais de participation à des événements sur l’agriculture biologique au
niveau national (Salon de l’agriculture biologique) ou international (BioFach), un accompagnement sur les
questions de qualité, traçabilité, certification, aides financières, etc.
Enfin, les sessions de formation précédentes devront permettre de renforcer une expertise nationale sur le
bio qui pourra également être mise à disposition des entreprises, comme des pouvoirs publics. Un répertoire
d’experts/ prestataires pourra ainsi être constitué et actualisé au fur et à mesure des sessions de formation
et des réformes des cursus dans les établissements de formation professionnelle et académique. Cette
activité rejoint la recommandation de l’IISD (2020) d’établir une base de données publique regroupant des
experts/ formateurs accrédités pour offrir un soutien technique et au niveau des procédures de certification
auprès de l’ensemble des opérateurs.
Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Construction de réseaux
agroécologiques et biologiques OP, TTM,
A4.1.1 MINAE/DFAPP
d’échanges de savoir-faire et de SYMABIO, ONG
capitalisation
Identifier les besoins en appui- OP, TTM,
A4.1.2 MINAE/DFAPP
conseil et en accompagnement SYMABIO, ONG
Elaborer des guides techniques pour FOFIFA, CTHT,
A4.1.3 la production et la conversion en MINAE EFTA, CEFTAR,
agriculture biologique CAFPA, ESSA, MFR
Organiser et délivrer des sessions de
TTM, SYMABIO,
A4.1.4 formation pour les accompagnateurs MINAE
OP, ONG
des opérateurs
Renforcer les capacités des membres Membres CNABio,
de la CNABio et du personnel de MINAE Personnel USCAB,
l’USCAB AT, PTF
Fournir les moyens et les outils
A4.1.6 nécessaires aux techniciens locaux MINAE, DRAE OP, TTM, ONG
agricoles
Mettre en place un centre de services
A4.1.7 sur l’agriculture biologique pour les MINAE SYMABIO, PTF
entreprises
106
6.4.2 Modules de formation sur l’agriculture biologique enseignés
La révision des curricula devra tenir compte de la Stratégie Nationale pour la Formation Agricole et Rurale
(SNFAR), qui a été adoptée en 2012 par Madagascar. La SNFAR accompagne une vision globale qui repose
sur la réduction de la pauvreté, laquelle passe par un accroissement significatif du PIB agricole, tenant
compte des principales fonctions de l’Agriculture. Un des principaux objectifs identifiés dans le SNFAR est
de : former (formation initiale, perfectionnement) des (i) techniciens de terrain aptes à accompagner les
changements au niveau des exploitations et de leurs organisations, et leur intégration au sein des filières,
(ii) des techniciens spécialisés aptes à assurer l’insertion de l’agriculture malgache dans l’économie de
marché tout en respectant les exigences environnementales et de sécurité sanitaire, et (iii) des formateurs
aptes à transmettre des connaissances aux futurs agents qui accompagneront les exploitations agricoles.
107
A4.2.1. Effectuer une étude sur les besoins et l’offre de formation existante (continue et diplômante) sur
l’agriculture biologique
108
A4.2.2. Elaborer et délivrer des modules de formation pour les étudiants
Des modules de formation peuvent faire l’objet de conventions de partenariat entre un acteur du
secteur privé ou une organisation d’appui d’une part et les écoles et centres de formation d’autre part.
Dans le domaine de l’agroécologie par exemple, on peut souligner l’existence d’un partenariat entre le
MINAE/ DFAPP et le GSDM pour construire le référentiel de certificat de spécialisation pour les conseillers
spécialisés en agriculture de conservation et en agroécologie. Ce référentiel est appliqué dans les écoles
de l’EFTA25. Des partenariats de type de PPP sont également particulièrement pertinents dans le cas où
une entreprise a besoin de compétences précises, et est prête à investir dans la formation puis à recruter
des jeunes à l’issue de leur formation. Dans ce cas précis, la sélection des écoles ou centres de formation
amenés à élaborer et à délivrer ce type de modules de formation peut se faire de façon compétitive après
appel à manifestation d’intérêt et sur la base de termes de référence précis.
Comme pour la conduite de l’étude sur les besoins et offre de formation existante, le SE/CNFAR devrait
aussi être associé dans la conduite de cette activité. En particulier, il pourra identifier les établissements
publics ou privés qui devraient intégrer des modules de formation sur l’agriculture biologique.
Période de mise
N° Actions préconisées en œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Effectuer une étude sur les besoins
OP, SYMABIO,
et l’offre de formation existante
MINAE, SE/ EFTA, CEFTAR,
A4.2.1 (continue et diplômante) sur
CNFAR CAFPA, ESSA,
l’agriculture biologique et sur les
MFR,
besoins de renforcement
Elaborer et délivrer des modules de MINAE, SE/ EFTA, CEFTAR,
A4.2.2
formation pour les étudiants CNFAR CAFPA, ESSA, MFR
25 Journal Madagascar. GSDM-EFTA : des techniciens en agriculture de conservation et en agroécologie certifiés. 21 avril 2019.
109
6.4.3 Connaissances traditionnelles de lutte biologique et d’amélioration de la production formalisées
et diffusées
Les activités à mettre en place pour cela consistent à augmenter les financements de la recherche
pour des travaux dédiés à l’agriculture biologique
et/ou à réorienter les financements existants
vers ces travaux. C’est donc l’agenda et les
priorités de la recherche qui doivent être modifiés,
en consultation avec les acteurs du secteur
de l’agriculture biologique et de l’agroécologie
n’utilisant pas d’intrants chimiques. Des guides26
(exemple : annexe 9) concernant l’utilisation de la
pharmacopée ady gasy ont été déjà élaborés et
diffusés auparavant. Il serait aussi important de
faire des recherches bibliographiques, des enquêtes
pour inventorier ce qui a été déjà fait, revalider les
méthodes par rapport aux connaissances actuelles
et assurer par la suite la formalisation et la diffusion de ces méthodes.
A4.3.1. Renforcer les structures de recherche menant une recherche participative et valorisant les
connaissances traditionnelles
Plusieurs centres de recherche et universités mènent déjà des travaux sur l’agriculture biologique
ou l’agroécologie, et particulièrement sur les pratiques traditionnelles correspondant aux principes de
l’agriculture biologique. On peut citer le FOFIFA ou bien le CTHT pour les travaux sur l’horticulture. L’enjeu
dans les cinq ans à venir est donc d’amplifier la dynamique d’intégration de l’agriculture biologique dans
les travaux des établissements existants. Les acteurs rencontrés ont par exemple indiqué que le FOFIFA
pourrait valoriser les ady gasy en faisant en sorte qu’ils soient homologués27 et constituent un référentiel.
26 Fanomezan-danja ny fomba Ady Gasy (valorisation ady gasy) 2ème édition 2003 – Voarisoa – Ezaka - Ilo
27 Lhomologation doit être faite en conformité avec les textes en vigueur dans les pays dimportation.
110
Il y a par exemple des besoins en infrastructures, équipements pour les stations de recherche, champs
de démonstration, laboratoires, etc. Un accent particulier doit être mis sur les CMS. La recherche est en
première ligne pour le développement de semences adaptées aux différents territoires agroécologiques
du pays et aux pratiques de production agricole biologique (voir l’action A2.3.1 dans l’axe stratégique 2).
Ces dispositifs de recherche et d’analyse peuvent être mis en place en lien avec la création des TVAB (voir
Annexe 5. Entités en charge de l’application des textes règlementaires pouvant être appliqués aux produits
issus de l’agriculture biologique
Directions/service en charge de
Ministère de Tutelle l’application des textes, domaines de Documents délivrés
compétences
Direction en charge de la Protection
des Végétaux (DPV)
Agrément sanitaire
Denrées alimentaires d’origine
Ministère de l’Agriculture végétale destinées à la consommation
Certificat sanitaire
et de l’Elevage humaine, à l’état brut ou traitées/
transformées destinées à :
Permis d’importation
- L’exportation
- L’importation
Direction en charge des Services
Autorisation d’exportation et certificat
Vétérinaires (DSV)
sanitaire
Denrées alimentaires d’origine
Ministère de l’Agriculture
animale et alimentation animale à
et de l’Elevage - L’exportation
Autorisation d’importation
- L’importation
Certificat sanitaire
- Marché local
Autorité Sanitaire Halieutique (ASH)
Produits de la pêche et de Agrément sanitaire et certificat sanitaire
l’aquaculture et les produits qui
Ministère en charge
en sont issus, et l’alimentation Autorisation d’importation
de la Pêche et de
aquatique à :
l’Aquaculture - L’exportation Enregistrement sanitaire et certificat
- L’importation sanitaire
- Marché local
Service de la Qualité et du
Ministère de l’Industrie,
Conditionnement (SQC) Certificat de Contrôle du Conditionnement
du Commerce et de la
Quelques produits d‘origine agricole et d’Origine
consommation pour l’exportation
111
Annexe 6. Eléments clés pour une étude sur le concept de TVAB). Ils peuvent faire partie des appuis
proposés dans le cadre de ces TVAB, afin de répondre aux demandes des régions ou d’organisations
professionnelles.
A4.3.2. Créer des appels à projets dédiés aux connaissances traditionnelles et à l’agriculture biologique
Une façon d’inciter les équipes de recherche à faire porter davantage leurs travaux sur les connaissances
traditionnelles et la façon dont elles peuvent contribuer au développement de l’agriculture biologique est
d’effectuer des appels à projets spécifiques sur ce sujet. Le Fonds national de recherche du Ministère
de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESUPRES) ou d’autres fonds compétitifs
peuvent être mobilisés pour cela. Il est important que dans les termes de référence de ces appels à projets,
les questions de recherche sur l’agriculture biologique appréhendent ce mode d’agriculture et d’alimentation
dans toutes ses composantes : socioéconomiques, culturelles, politiques, etc. et pas seulement techniques
et biophysiques. Des équipes de recherche pluridisciplinaires peuvent ainsi être mobilisées.
Période de mise en
N° Actions préconisées œuvre (Année) Chef(s) de file Parties prenantes
1 2 3 4 5
Renforcer les structures de recherche
menant une recherche participative M I N A E ,
A4.3.1 FOFIFA, CTHT…
et valorisant les connaissances MESUPRES
traditionnelles
Créer des appels à projets dédiés aux Chercheurs,
M I N A E ,
A4.3.2 connaissances traditionnelles et à Opérateurs,
MESUPRES
l’agriculture biologique Accompagnateurs
A4.4.1. Lancer des appels à projets pour la recherche et l’innovation sur l’agriculture biologique
La recherche agronomique joue un rôle important pour documenter les techniques de production en
agriculture biologique et agroécologie sans usage d’intrants chimiques, qui permettent d’améliorer les
rendements et la productivité du travail. Il faut pouvoir démontrer que les rendements en agriculture
biologique peuvent être satisfaisants et surtout bien plus durables que ceux obtenus en agriculture
112
conventionnelle car préservant la qualité des sols. et appuyer les recherches sur les biofertilisants
Cela implique de mettre en place une recherche à base de matériaux locaux. Le Centre National
agronomique de longue durée, qui tienne compte de Recherches sur l’Environnement et le
des temps de restauration de la fertilité des sols Centre National de Recherches Industrielles et
associés à l’agriculture biologique. Les travaux Technologiques travaillent dans ce domaine et
sur la complémentarité élevage et production le MEDD est en train de faciliter ce transfert de
végétale, ou une meilleure utilisation des connaissances locales.
déjections animales pour améliorer la fertilité
organique sont de ce point de vue essentiels pour
le développement de l’agriculture biologique.
113
la qualité des produits issus de
l’agriculture biologique : sanitaire,
nutritionnelle, organoleptique,
résistance face aux aléas
(climat, maladies, nuisibles),
conservation, etc.
A4.4.2. Réaliser une étude sur les problèmes de contamination des filières biologiques par des polluants
externes
114
polluants externes, d’identifier à quelles pratiques (agricoles ou non) ils sont associés, voir s’il existe
des mesures d’encouragement à ces pratiques (par exemple des subventions aux engrais minéraux), et
proposer des solutions pour résoudre ces problèmes de contamination. Ce problème de contamination ne
se pose pas seulement au niveau des systèmes de production et il serait nécessaire que l’étude prenne
également en compte les pollutions en aval, au niveau de la collecte, du transport, du stockage, de la
transformation, etc.
Les résultats de l’étude doivent servir à prendre des décisions pour que les solutions recommandées
puissent effectivement être mises en œuvre et pour susciter une prise de conscience des opérateurs des
filières. C’est à l’étude de faire des propositions de modalités précises de la façon dont ses résultats vont
être instruits (atelier, task force, etc.).
Période de mise en
N° œuvre (Année)
Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
d’action
1 2 3 4 5
Lancer des appels à projets pour
M I N A E ,
A4.4.1. la recherche et l’innovation sur FOFIFA, CTHT…
MESUPRES
l’agriculture biologique
115
116
117
8 Rôles et responsabilités des acteurs
Le développement de l’agriculture biologique est un projet multi-acteurs. Il engage aussi bien des
entités privées que des entités publiques, relevant pour ces dernières de plusieurs secteurs (agriculture,
environnement, santé, commerce, aménagement du territoire, etc.). La mise en œuvre et l’atteinte des
objectifs définis dans la Stratégie dépendent en grande partie de l’implication effective de tous ces acteurs,
suivant les actions et les niveaux d’intervention. On peut regrouper l’ensemble des acteurs dans trois
grandes catégories :
Le secteur public, qui comprend l’Etat central et ses services déconcentrés, ainsi que les autres entités
publiques concernées par l’agriculture biologique,
Le secteur privé, avec à la fois les organisations professionnelles qui représentent les entreprises à
tous les maillons de la filière (de l’agrofourniture à la distribution, les services financiers, etc.) et les
organisations de producteurs,
Les autres acteurs clés, qui regroupent les CTD, la société civile, les médias et les PTF.
Le MINAE est le ministère chef de file responsable de la mise en œuvre de la Stratégie, avec en son sein
la DAAB qui pilote la Stratégie (jusqu’à la mise en place de l’USCAB), et différentes directions ou services
qui sont en charge de certaines activités (DAPV, DAVPE, DPV, DSV, DFAPP,, SOC, DCVPH). De nouvelles
instances dédiées à l’agriculture biologique vont être créées sous sa tutelle (CNABio, USCAB), mais le
portage politique de la SNABIO doit concerner l’ensemble du MINAE et ne pas être réservé à quelques
entités dédiées.
118
Par ailleurs, la mise en œuvre de la Stratégie
implique d’autres ministères et la coordination
interministérielle visant à assurer une cohérence
des actions entre ministères est un élément clé
de la réussite. Le MEDD joue un rôle de premier
plan du fait que l’objectif de préservation de
l’environnement est constitutif des principes de
l’agriculture biologique. En outre, certaines filières
de l’agriculture biologique, telles que les épices
ou les huiles essentielles, tombent en partie sous
la gestion des ressources forestières (IISD, 2020).
Le MINAE et le MSANP sont en première ligne
des activités concernant la sécurité sanitaire des
aliments avec la DPV, la DSV, l’ASH et l’ACSQDA
ainsi que la sensibilisation des consommateurs
sur les aspects de santé. La coordination entre le
MINAE et le MSANP est essentielle pour trouver
une solution au problème fréquemment soulevé
par les opérateurs de l’agriculture biologique de
la contamination chimique de leurs produits par
des moustiquaires imprégnées. La lutte contre le
paludisme est évidemment un enjeu majeur et il
est nécessaire de le poursuivre tout en évitant les
contaminations.
119
des producteurs. Les techniciens locaux de l’agriculture sont des acteurs clé de la diffusion de pratiques
agricoles durables telles que celles reposant sur l’agriculture biologique ou l’agroécologie (IISD, 2020).
Outre les ministères, un certain nombre d’entités publiques ont leur rôle à jouer dans la mise en œuvre
des activités identifiées dans les axes stratégiques de la SNABIO : l’EDBM qui est rattaché à la Présidence
de la République, les Centres de recherche et les établissements d’enseignement ou de formation (FOFIFA,
CTHT, EFTA, CEFTAR, CAFPA, ESSA, MFR et collèges agricoles FIFATA/FERT -ces derniers étant considérés
dans la SNFAR mais délivrant un enseignement privé), et toutes les structures publiques qui peuvent faire
le choix dans leurs approvisionnements alimentaires de privilégier des produits locaux et biologiques
(hôpitaux, écoles, etc.).
Les entreprises
Le SYMABIO a jusqu’à présent joué un rôle majeur aux côtés du MINAE dans le développement du secteur
et continuera de le faire en étant pleinement engagé dans la mise en œuvre de bon nombre d’activités
de la SNABIO, en particulier dans ses axes stratégiques 2 et 3. L’implication d’autres organisations
représentatives du secteur privé, telles que le SIM ou le Groupement des Entreprises de Madagascar
(GEM), est également importante pour encourager les entreprises à investir dans les différents maillons
de la production de produits issus de l’agriculture biologique. Les entreprises de l’aval (agroalimentaire et
distribution) contribuent également au développement du secteur à travers leurs approvisionnements en
produits agricoles biologiques ou agroécologiques, que ce soit pour leurs activités professionnelles, et/ou
dans le cadre de leurs politiques de RSE (par exemple pour leurs restaurants d’entreprises).
Rien ne pourra se faire sans la mobilisation, la plus large possible, des producteurs agricoles et la
contribution forte des organisations paysannes faitières et des chambres d’agriculture dans la mise en
œuvre de la SNABIO. Ces structures représentatives ont un rôle décisif à jouer dans la mise en débat
et la promotion auprès de leurs membres des principes de l’agriculture biologique ou de l’agroécologie,
la sensibilisation sur les intérêts de l’agriculture biologique, et l’accompagnement technique afin que
l’agriculture biologique ne soit plus perçue comme inaccessible. Les OP font partie de nombreux réseaux :
le CNAF (Comité national agriculture familiale) ou le SIF (plateforme sur le foncier).
Les CTD ont une responsabilité cruciale pour assurer que l’agriculture biologique contribue pleinement
au développement socioéconomique des territoires, conformément à la vision portée par la SNABIO. Les
Régions sont notamment particulièrement impliquées dans le processus d’élaboration des Stratégies
régionales de développement de l’agriculture biologique, et plus particulièrement dans la création des TVAB
et de promotion sur leurs territoires de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Elles pourront
mettre en œuvre des actions de soutien au développement de l’agriculture biologique (par exemple la mise
à disposition d’infrastructures de marché, stockage, etc.). Elles ont également le mandat pour articuler le
développement de l’agriculture biologique avec les activités économiques présentes sur leurs territoires
120
(en matière de tourisme par exemple), au travers des Schémas Régionaux d’Aménagement du Territoire.
De même avec le programme One District One Factory (ODOF) du MICC, les Districts ont un rôle primordial
pour le développement de l’agriculture biologique à travers la facilitation de l’installation d’industries de
transformation de produits issus de l’agriculture biologique. Un débouché qui devrait motiver les producteurs
à adopter ce mode de production. En ce qui concerne les Communes, elles sont les structures qui sont
les plus proches de la population (hormis les Fokontany) et qui peuvent de ce fait assurer une meilleure
sensibilisation des producteurs, contribuer ou faciliter la construction d’infrastructures communes telles
que magasins de stockage d’intrants, cuves de lombricompostage, unités de compostage.
La société civile
Les médias
Il y a un enjeu fort de communication grand public dans la SNABIO pour faire connaître ce qu’est
l’agriculture biologique, informer les citoyens de ses avantages, des mesures prises par les pouvoirs
publics pour développer le secteur comme de toutes les actions réalisées par les autres acteurs. Les
médias ont donc un rôle essentiel pour contribuer à susciter l’intérêt de la population et des opérateurs
pour l’agriculture biologique et leur donner des clés de compréhension de ce que recouvre ce concept. Ils
peuvent aussi être un outil pour les citoyens et les opérateurs pour relayer leurs préoccupations, animer
le débat public et faire du plaidoyer. Les médias aussi sont un outil qui permettraient de clarifier certaine
mauvaise perception, notamment « le mythe de la pureté des aliments » (IISD 2020). Certaines personnes
qui ne travaillent pas en agriculture s’imaginent que l’ensemble des cultures sont « naturelles ». Cette
perception des consommateurs peut constituer un obstacle à l’acceptation de l’agriculture biologique au
pays.
Les PTF, qu’il s’agisse des bailleurs de fonds, organisations internationales, assistants techniques ou ONGs
de développement, sont incontournables dans la mise en œuvre de la SNABIO. A travers les projets qu’ils
mettent en œuvre et l’engagement des ONG aux côté des acteurs locaux, en particulier pour accompagner
et renforcer les capacités des petits opérateurs, les PTF jouent un rôle déterminant. Ils ont déjà beaucoup
contribué à la mise à l’agenda de l’agroécologie et au développement des pratiques agroécologiques
sur le terrain. La présente Stratégie donne un cadre de référence pour poursuivre ces activités autour de
l’agroécologie et pour les articuler avec les pratiques de l’agriculture biologique, dans une démarche ou non
de certification. Les bailleurs de fonds ont en outre un rôle important dans la mobilisation des ressources
permettant de financer les activités de la Stratégie, en complément des ressources publiques et privées.
121
9 Mécanismes de mise en œuvre
Cette partie présente les mécanismes à établir pour assurer le suivi de la mise en œuvre de la Stratégie,
identifier les ajustements éventuels et évaluer les résultats de la Stratégie. Ils comprennent :
le dispositif de suivi-évaluation.
Ainsi, concernant par exemple l’objectif d’augmentation des superficies dédiées à la production agricole
biologique (objectif spécifique 1), la cible pourra être plus ambitieuse que celle fixée dans le Contrat-
Programme du MINAE 2019 de 20%, en considérant que les actions mises en œuvre dans la Stratégie
produiront leurs effets. Il sera bon cependant également d’étudier les tendances passées pour ne pas
fixer des cibles trop élevées1. L’élaboration d’un Programme National de Développement de l’Agriculture
Biologique aura donc pour objectif d’opérationnaliser la SNABIO en fixant les cibles à atteindre et en
détaillant la proposition de plan d’action et de budget, présentée dans la partie suivante. Concernant les
TVAB, sur la période de 5 ans, il apparaît raisonnable de se donner comme cible la cible la création d’au
moins trois TVAB. La création d’un SPG pilote dans chacun des TVAB, en particulier dans l’objectif de
développer l’approvisionnement de marchés urbains en produits issus de l’agriculture biologique, est aussi
une cible réaliste et n’exclut pas des SPG hors TVAB.
1 D’après les statistiques FiBL-IFOAM et SYMABIO, sur les 5 dernières années, les superficies cultivées certifiées bio sont passées d’environ 60 000
ha en 2016 à 80 000 ha en 2020, soit une augmentation de 33% sur la période, et de 7% en moyenne par an.
122
Il est par ailleurs prévu que la SNABIO se décline au niveau régional avec l’élaboration de Stratégies
Régionales de développement de l’agriculture biologique. Il sera particulièrement utile de relier ce processus
aux activités prévues dans la SNABIO concernant la création de TVAB.
123
sélection d’indicateurs clés pourra être effectuée afin de disposer d’une grappe d’indicateurs (par exemple
ceux reposant sur les données statistiques du secteur et alimentant l’Observatoire), plus facile à utiliser
pour le pilotage au jour le jour de la Stratégie. Ils pourront être régulièrement présentés par l’USCAB aux
réunions du CNABio.
124
10 Ebauche de plan d’action à 5 ans
Le passage de la définition de la présente Stratégie à sa mise en œuvre effective sur le terrain repose
nécessairement sur la mobilisation de financements. Les activités proposées, et qui restent à affiner dans
le cadre du futur programme de mise en œuvre de la Stratégie, ne nécessitent cependant pas toutes des
financements additionnels importants. L’enjeu du financement est aussi de réfléchir à comment réorienter
des financements existants vers le secteur de l’agriculture biologique, en faisant preuve de réalisme quant
aux capacités de financement des différents acteurs concernés. Le financement de la SNABIO résultera
beaucoup des arbitrages budgétaires qui seront effectués par chacun des acteurs pour accorder plus
d’attention à l’agriculture biologique, et non pas seulement d’une augmentation générale des financements.
En outre, plusieurs activités importantes relevant notamment de l’axe stratégique n°1 sur le système de
gouvernance ne nécessitent pas de financements supplémentaires.
Le financement de la mise en œuvre de la SNABIO pourra reposer sur les efforts et la contribution de
différents acteurs, au premier rang desquels l’Etat, mais aussi les PTF, les CTD et le secteur privé.
Le budget national
Les besoins de financement pour mettre en œuvre l’ensemble des activités de mise en œuvre de la
SNABIO doivent être intégrés dans la Loi de Finance Initiale (LFI) de 2021 ou à défaut dans la Loi de Finance
Rectificative (LFR). Cela démontrera auprès des
partenaires un signal fort de l’engagement de
l’Etat pour développer le secteur.
125
filières autour de produits issus de l’agroécologie. Ces projets sont tout à fait convergents avec les activités
de la SNABIO. Certains partenaires au développement ont par ailleurs exprimé leur volonté d’appuyer
les efforts du gouvernement et des opérateurs des filières, en particulier SYMABIO, pour contribuer à
développer l’agriculture biologique à Madagascar. La présente Stratégie offre un cadre sur lequel il est
possible d’aligner les propositions de projets et programmes des PTF.
Les CTD ont un rôle à jouer dans la mobilisation des ressources financières pour contribuer à ce que
la SNABIO devienne une réalité tangible pour les populations qui sont sur leurs territoires. Les choix
d’investissements qu’ils opèrent peuvent être davantage orientés vers l’agriculture biologique. Les Région,
District, Commune, Fokontany doivent utiliser au maximum les marges de manœuvre dont ils disposent
pour soutenir le développement de l’agriculture biologique, en particulier à l’échelle des zones du pays qui
recevront le statut de TVAB. Les moyens mobilisés pour investir dans des infrastructures de marché, de
stockage, de transformation ou pour réaliser des actions de promotion de l’agriculture biologique peuvent
significativement contribuer à la mise en œuvre de la Stratégie.
Le secteur privé, qu’il s’agisse des entreprises, coopératives, exploitants familiaux, investit déjà du capital,
des savoirs, du travail dans le développement de l’agriculture
biologique ou de pratiques agroécologiques sans usage d’intrants
chimiques. Les banques et institutions de microfinances sont
également des acteurs du secteur privé essentiels pour faciliter
les crédits d’investissements dans l’agriculture biologique. Outre
l’appui de ces acteurs, une première piste possible de réflexion
pour renforcer la mobilisation des ressources privées serait par
exemple d’appliquer le principe pollueur- payeur. La taxation
des pratiques polluantes viendrait financer les mesures de
soutien au développement de pratiques agricoles vertueuses
pour l’environnement telles que l’agriculture biologique ou
l’agroécologie. Au Costa Rica par exemple, 0,1% des taxes sur le
carburant vont au secteur de l’agriculture biologique (IISD, 2020).
2 Fonds Malgache de Formation Professionnelle - Loi n°2017-025, et en application du Décret N° 2018 – 1509, suivi de l’Arrêté ministériel n° 911/2019.
126
Tableau 6. Ebauche de plan d’action à 5 ans
Période de mise en
N° d’action Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
œuvre (Année)
1 2 3 4 5
1. Axe 1 Système de gouvernance
127
Période de mise en
N° d’action Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
œuvre (Année)
1 2 3 4 5
2.2. Appuis à la conversion et à la production en agriculture biologique disponibles
MEDD, MATSF,
Conduire une étude de recensement des
A2.2.1 MINAE Régions, DRAE, SP,
parcelles à convertir en priorité
SYMABIO, TTM
Mettre à disposition une aide à la
A2.2.2 conversion et à l’installation des MINAE, MEF PTF, SP, SYMABIO
producteurs en agriculture biologique
2.3. Intrants bio disponibles et accessibles
Créer des centres de multiplication de
A2.3.1 MINAE (SOC) FOFIFA
semences bio
A2.3.2. Subventionner les engrais bio MINAE, MEF
Augmenter le nombre de points de vente
A2.3.3 MINAE SP
d’intrants bio
Réaliser une étude sur le marché local
A2.3.4 MINAE
des bio-intrants
Faciliter la mise en place d’unités de
A2.3.5 stockage et de transformation de bio- MINAE, MEF SP
intrants
2.4. Soutiens aux investissements dans l’agriculture biologique disponibles
Conduire une étude de faisabilité de la mise I n s t i t u t i o n s
A2.4.1 en œuvre de soutiens à l’investissement MINAE, MEF Financières, PTF, SP,
dans agriculture biologique AT
Mettre en œuvre un mécanisme de I n s t i t u t i o n s
A2.4.2 soutien aux investissements dans MINAE, MEF Financières, PTF, SP,
l’agriculture biologique AT, CTD
2.5. Ecoulement des produits bio facilité
A2.5.1 Réaliser des études de marché MINAE, MICC SP, PTF
MINAE, MICC,
A2.5.2 Promouvoir les circuits courts CTD, SP, PTF
SYMABIO, TTM
Encourager la transformation des
A2.5.3 MINAE, MICC SYMABIO, SP, PTF
produits issus de l’agriculture biologique
Renforcer les contrôles pour créer la
A2.5.4 MINAE, MICC MSANP
confiance des consommateurs
Développer les achats publics (ou
A2.5.5 MINAE, MEF Structures publiques
commandes institutionnelles)
2.6. Coût de la certification réduit
Mettre en place une aide à la trésorerie SP, MICC, MEF, PTF,
A2.6.1 MINAE
pour la certification tierce partie SYMABIO
Mettre en place un mécanisme de
ONG, SP, Collectifs
A2.6.2 financement accompagnant la création MINAE, MEF, PTF
locaux, TTM
de SPG
MINAE, SYMABIO, ONG, SP, Collectifs
A2.6.3 Mettre en place des SPG pilotes
CTD locaux,TTM
3. Axe 3. Communication, sensibilisation, promotion
3.1. Concept d’agriculture biologique connu
SYMABIO, OP,
A3.1.1 Elaborer une stratégie de communication MINAE associations de
consommateurs
Former les médias professionnels et
A3.1.2 MINAE PTF
grand public
3.2. Avantages et intérêts de l’agriculture biologique reconnus
MINAE, MICC,
Organiser une campagne de sensibilisation Associations de
A3.2.1 MSANP, MEDD,
auprès des consommateurs consommateurs
SYMABIO
Organiser une campagne de MINAE, MICC,
A3.2.2 sensibilisation auprès des opérateurs du MSANP, MEDD, OP
secteur SYMABIO
128
Période de mise en
N° d’action Actions préconisées Chef(s) de file Parties prenantes
œuvre (Année)
1 2 3 4 5
3.3. Production issue de l’agriculture biologique valorisée
SP, OP, associations
Organiser des manifestations sur
A3.3.1 MINAE, SYMABIO, de consommateurs
l’agriculture biologique
MICC
Elaborer et mettre en œuvre une stratégie
MINAE, SYMABIO,
A3.3.2 de promotion des produits agricoles SP, EDBM
MICC
biologiques « Made in Madagascar »
Soutenir la participation des opérateurs
MINAE, SYMABIO,
A3.3.3 à des événements internationaux sur SP, EDBM
MICC
l’agriculture biologique
4. Axe 4. Appui-conseil, renforcement de capacités et recherche
4.1. Dispositif d’ appui-conseil technique et d’accompagnement opérationnel
Construction de réseaux agroécologiques
OP, TTM, SYMABIO,
A4.1.1 et biologiques d’échanges de savoir-faire MINAE/DFAPP
ONG
et de capitalisation
Identifier les besoins en appui-conseil et OP, TTM, SYMABIO,
A4.1.2 MINAE
en accompagnement ONG
Elaborer des guides techniques pour la FOFIFA, CTHT, EFTA,
A4.1.3 production et la conversion en agriculture MINAE CEFTAR, CAFPA,
biologique ESSA, MFR
Organiser et délivrer des sessions de
TTM, SYMABIO, OP,
A4.1.4 formation pour les accompagnateurs des MINAE
ONG
opérateurs
Membres CNABio,
Renforcer les capacités des membres de
A4.1.5. MINAE Personnel USCAB, AT,
la CNABio et du personnel de l’USCAB
PTF
Fournir les moyens et les outils
A4.1.6 nécessaires aux techniciens locaux MINAE, DRAE OP, TTM, ONG
agricoles
Etablir un répertoire d’experts/
prestataires pouvant être mobilisés pour
A4.1.7 MINAE SYMABIO
l’appui-conseil auprès des opérateurs et
pour des expertises
4.2. Modules de formation sur l’agriculture biologique enseignés
Effectuer une étude sur les besoins et OP, SYMABIO, EFTA,
l’offre de formation existante (continue et CEFTAR, CAFPA,
A4.2.1 MINAESE/CNFAR
diplômante) sur l’agriculture biologique ESSA, MFR, MINAE/
et sur les besoins de renforcement DFAPP, SE/CNFAR
Elaborer et délivrer des modules de EFTA, CEFTAR, CAFPA,
A4.2.2 MINAE, SE/CNFAR
formation pour les étudiants ESSA, MFR
4.3. Connaissances traditionnelles de lutte biologique et d’amélioration de la production formalisées et diffusées
Renforcer les centres et structures de
recherche reconnus pour leurs travaux de M I N A E ,
A4.3.1 FOFIFA, CTHT…
recherche participative et de valorisation MESUPRES
des connaissances traditionnelles
Créer des appels à projets dédiés aux C h e r c h e u r s ,
M I N A E ,
A4.3.2 connaissances traditionnelles et à O p é r a t e u r s ,
MESUPRES
l’agriculture biologique Accompagnateurs
4.4. Innovations et connaissances pour l’amélioration des rendements et de la productivité du travail développées et diffusées
Lancer des appels à projets pour la
M I N A E ,
A4.4.1. recherche et l’innovation sur l’agriculture FOFIFA, CTHT…
MESUPRES
biologique
Réaliser une étude sur la caractérisation
MESUPRES, MEED,
A4.4.2. des polluants externes et sur les solutions MINAE
Chercheurs, AT
pour y remédier
129
ANNEXE 1. DOCUMENTS CONSULTÉS
AFD (Agence Française de Développement). SYMABIO, Projet d’appui à l’élaboration de territoires à vocation d’Agriculture
biologique.
Agence BIO, L’Agriculture Bio dans le monde, Les carnets internationaux de l’Agence BIO – Edition 2020
Bignebat, C. and Vagneron, I., 2011. Private certification in the Madagascar lychee export chain: business-driven or donor-driven
dynamics. Proposition de communication aux 5èmes Journées de recherches en sciences sociales, AgroSup Dijon, les 8 et 9
Commission européenne. Le nouveau règlement sur la production biologique, 17 novembre 2017. https://ec.europa.eu/
commission/presscorner/detail/fr/MEMO_17_4686
Ecocert consulting, 2018. Mise en place de la norme nationale Agriculture biologique à Madagascar – Rapport d’expertise –
FiBL and IFOAM, The world of organic agriculture – Statistics and emerging trends, 2015.
IFOAM, 2008. One earth, many hands. IFOAM Annual Report. Bonn, Germany: International Federation of Organic Agriculture
Movements, 28.
IISD, 2020. Etude des risques et des opportunités liées au développement d’une norme nationale d’agriculture biologique et de la
Lemeilleur, S., Sermage, J. at Mellouki, A., 2019. Système Participatif de Garantie pour un label agroécologique au Maroc.
MINAE, 2020. Stratégie nationale d’agribusiness à Madagascar. Version finale août 2020. Avec la contribution financière de la
MINAE-CASEF. Rapport final de prestation des consultants juristes national et international. Janvier-mars 2020. Rapport soumis
MINAE « Vers l’autosuffisance alimentaire et l’émergence d’un secteur Agricole moderne ». Rapport Contrat-Programme 2019.
Ministère de l’Agriculture, Document de Stratégie Nationale pour la Formation Agricole et Rurale, Avril 2012.
PSAEP, Programme Sectoriel Agriculture, Elevage, Pêche – Plan National d’Investissement Agricole 2016-2020. Juin 2015.
Rajaonarison, A. H., 2004. L’agriculture biologique à Madagascar depuis 1960. Mémoire de fin d’étude en vue de l’obtention du
diplôme de Masters of Science in « Agriculture and Rural development ». Laulanié Green University, Madagascar.
Ramamonjisoa Tojo David, sept 2019. Diagnostic des textes juridiques régissant la filière huiles essentielles à Madagascar avec
l’appui du PIC
Randriamihajasoa Eddy, Rapport Analyse, évaluation et identification des besoins de renforcement du système national
d’information et de communication entre les parties prenantes de la sécurité sanitaire des aliments à Madagascar, Programme
Sourisseau, J.-M, Bélières, J.-F., Marzin, J., Salgado, P., Maraux, F., 2018. Les moteurs du développement de l’agro-écologie en
Afrique subsaharienne : illustration sur les Hautes Terres malgaches, in Côte, F.-X, Poirier-Magona, E., Perret, S., Roudier, P.,
Rapidel, B., Thirion, M.-C. (coordination éditoriale), La transition agro-écologique des agricultures du Sud.
130
ANNEXE 2. LISTE DES PERSONNES ET ENTITÉS CONTACTÉES ET RENCONTRÉES
131
N° Structure Nom et Prénoms Fonction
Ministère de l’Agriculture et de
34 RAMAROZATOVO Ninah Collaboratrice Technique CPAR
l’Elevage
Syndicat malgache de
46 ETANCELIN Gaëtan Président
l’agriculture biologique
132
Liste des entités membres et invitées aux réunions du Comité Technique de Rédaction
ACSQDA : Agence de Contrôle Sanitaire de la Qualité des Denrées Alimentaires (MSANP)
AGRISUD International
GARDUC : Groupement d’Analyse et de Réflexion pour la Défense des Usagers et des Consommateurs
133
Liste des entités ayant participé aux ateliers de concertation régionaux
FCA Vakinankaratra
Coeur de forêt
Fromage Ny Antsika
Coopérative Manda
CASEF National
PAPAM Vakinankaratra
CASEF Régional
Plateforme Lait
Région Vakinakaratra
SEFAFI Tombontsoa
SOAFIARY
ATOP PADAP
EFFA Toamasina
CASEF National
INSUCO AT CASEF
CCPS GIZ
PROSPERER Régional
Coopérative Fanohana
Société Jacarandas
Société NATEMA
Société Qualitymad
Société SASM
Université de Toamasina
135
ANNEXE 3. CARTOGRAPHIE DU SECTEUR DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE
Cartographie actuelle
136
Cartographie attendue après la mise en oeuvre de la SNABIO
137
ANNEXE 4. REGROUPEMENT DES PRODUITS PAR AXE STRATÉGIQUE
reconnue
Axe
agriculture bio sont améliorés Innovation et connaissance pour l’amélioration des rendements
recherche
138
ANNEXE 5. ENTITÉS EN CHARGE DE L’APPLICATION DES TEXTES RÈGLEMENTAIRES
POUVANT ÊTRE APPLIQUÉS AUX PRODUITS ISSUS DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE
Directions/service en charge de
Ministère de Tutelle l’application des textes, domaines de Documents délivrés
compétences
Direction en charge de la Protection
des Végétaux (DPV)
Agrément sanitaire
Denrées alimentaires d’origine
Ministère de l’Agriculture végétale destinées à la consommation
Certificat sanitaire
et de l’Elevage humaine, à l’état brut ou traitées/
transformées destinées à :
Permis d’importation
- L’exportation
- L’importation
Direction en charge des Services
Autorisation d’exportation et
Vétérinaires (DSV)
certificat sanitaire
Denrées alimentaires d’origine
Ministère de l’Agriculture
animale et alimentation animale à
et de l’Elevage - L’exportation
Autorisation d’importation
- L’importation
Certificat sanitaire
- Marché local
139
ANNEXE 6. ELÉMENTS CLÉS POUR UNE ÉTUDE SUR LE CONCEPT DE TVAB
Pour chacun des éléments clés à prendre en compte dans l’étude sur le concept de TVAB, des propositions
sont faites ci-dessous.
Il s’agit de définir, avec l’ensemble des acteurs et des ministères concernés, les critères qui permettront
de conférer le statut de TVAB à une zone donnée (de la même façon qu’un statut d’aires protégées est
attribué à certaines zones), ainsi que leur priorisation. Ces critères peuvent renvoyer à des dynamiques
locales d’agriculture biologique déjà existantes, un potentiel touristique autour d’aires protégées, des
caractéristiques agro ou pédoclimatiques particulières (par exemple des zones indemnes ou à faible
présence de nuisibles), etc. L’ensemble de ces critères constitueront le « cahier des charges des TVAB ».
Une liste de critères a été proposée par les acteurs locaux lors des ateliers de concertation régionaux
menés pour l’élaboration de la présente stratégie. Ils ont été regroupés par grandes rubriques et peuvent
servir de base à la réflexion sur le cahier des charges, sachant qu’il faut garder à l’esprit le fait que le cahier
des charges doit être souple et adapté à chaque type de zones :
140
Critères biophysiques et Critères Critères Critères de développement de
géographiques socioéconomiques environnementaux l’agriculture biologique
Nombre de ménages Expériences avérées dans
Altitude pour éviter les
agricoles bénéficiaires l’agriculture biologique
contaminations croisées (les plaines
Impact socio- Priorisation des Recensement des
subissant les effluents composés
économique positif zones réputées les exploitations conventionnelles
d’intrants chimiques des parties en
(amélioration des moins polluées (non bio), adhésion des
altitude)
revenus pour les acteurs Cadre exploitations agricoles non bio
Analyse pédologique
locaux) règlementaire des à la démarche, incitation des
Géolocalisation des producteurs pour
Gestion des contraintes investissements producteurs à adopter le mode
choisir les zones pertinentes
pour les habitants dans (pas d’impact de production bio
Proximité avec les exportateurs/
la périphérie environnemental Identification des sites en
zones d’intervention des exportateurs
Zones de concertation négatif) tenant compte des projets/
Accessibilité aux marchés/proximité
multi-acteurs programmes sur l’agriculture
avec les marchés (périurbains, …)
dynamique biologique
LA DÉLIMITATION OU LE ZONAGE DES TVAB EN CONCERTATION AVEC L’ENSEMBLE DES ACTEURS CONCERNÉS
(OPTION B)
Dans ce cas, la démarche inverse est suivie, du niveau central au niveau local : l’Administration centrale
identifie des zones qui peuvent être déclarées TVAB suivant les critères définis de façon concertée. Elle fait
une proposition pour le suivi et le respect du cahier des charges et élabore un dossier pour le soumettre
pour étude au niveau des structures locales. L’évaluation de la demande se fait en mobilisant les structures
locales (Région, District, Commune, Fokontany, Coopératives, Groupements, Candidats TVAB).
141
Une fois les zones sélectionnées (bassin versant, commune, district, zone autour d’une aire protégée,
etc.), leur délimitation géographique précise doit se faire de façon concertée avec l’ensemble des acteurs
présents dans la zone (OP, associations, ministères, etc.). Il ressort des concertations avec les acteurs que
la délimitation du territoire selon un découpage administratif n’est pas le plus pertinent et qu’un découpage
géographique ferait plus de sens. L’enjeu – le défi – est de réaliser une délimitation pragmatique, qui doit
faire sens pour les acteurs locaux et reposer sur un consensus social et politique. Le pays pourra s’appuyer
pour cet exercice sur l’approche paysage développée dans le cadre du projet PADAP (Projet d’Agriculture
Durable par une Approche Paysage)3 qui vise à établir avec l’ensemble des acteurs territoriaux des Plans
d’Aménagement et de Gestion du Paysage. Les expériences d’élaboration des Schémas d’aménagement
communaux (SAC) qui suivant une approche participative mobilisent l’ensemble des acteurs territoriaux,
pourront également servir d’éléments de référence et de capitalisation.
Que le TVAB soit créé selon l’option A ou B, la concertation avec les acteurs du territoire est essentielle.
La cartographie des TVAB doit s’appuyer sur la participation des acteurs locaux pour faciliter leur adhésion
à l’agriculture biologique (cartographie participative). Au-delà des actions de communication grand
public visant à susciter des demandes de création de TVAB émanant des acteurs locaux, il importe que
les occupants d’un territoire donné ciblé comme TVAB maîtrisent le sujet de l’agriculture biologique. Des
formations simples et compréhensibles doivent être organisées à cet effet.
142
LA DÉFINITION D’UNE VISION PARTAGÉE SUR LE territoriale adossée à un label territoire bio, le
TERRITOIRE cahier des charges devra s’appuyer sur des
critères spécifiques aux territoires qui permettent
Quelle que soit l’option suivie pour l’attribution d’apprécier un niveau de développement de
du statut de TVAB, il est important d’inscrire cette l’agriculture biologique sur le territoire voire plus
action dans une démarche de progrès à l’échelle du généralement de qualité environnementale. Ces
territoire quant au développement de l’agriculture critères pourront par exemple être empruntés
biologique. Les acteurs territoriaux devront à l’écologie des paysages : couverture arborée,
être accompagnés pour s’accorder sur la place diversité et densité des arbres, ressources en eau,
que pourrait avoir l’agriculture biologique sur etc. Il s’agit donc de critères différents de ceux
leur territoire et sur des cibles à atteindre dans existants pour les producteurs individuels. Ce
un horizon donné (en termes de superficies, de sont aussi des critères différents de ceux qui sont
nombre d’opérateurs certifiés bio, etc.). Dans définis pour identifier une zone comme TVAB : si
cette optique, Madagascar pourra s’appuyer dans le cadre d’un « territoire bio » les critères du
sur les démarches de prospective territoriale cahier des charges doivent permettre d’apprécier
qui visent à produire une vision partagée du et de reconnaître par un label les efforts réalisés
territoire dans un horizon donné, et qui ont déjà par les acteurs locaux pour atteindre une certaine
été expérimentées sur l’agroécologie. qualité de leur territoire, les critères des TVAB, eux,
doivent permettre d’identifier les zones où des
appuis vont être mis en place pour accompagner
les acteurs locaux à développer l’agriculture
biologique. La reconnaissance des efforts de
ces acteurs locaux devrait en toute logique venir
dans un second temps.
143
L’Italie a par exemple développé le concept de dynamique collective de développer l’agriculture
Biodistrict depuis une vingtaine d’années et une biologique. Les cibles à atteindre peuvent
de ses régions a mis en place une réglementation apparaître relativement basses (par exemple 10
qui reconnaît ce concept. Le Biodistrict est à 20% de producteurs certifiés bio), mais l’enjeu
défini comme un espace géographique où les est qu’elles soient significativement supérieures
acteurs locaux (producteurs, citoyens, autorités, à la moyenne nationale et que les territoires
etc.) s’accordent sur d’une gestion durable qui les atteignent puissent ainsi se distinguer
de leur territoire, au travers en particulier le des autres. La mise en place d’un SPG peut
développement d’une production et d’une constituer un premier pas vers la certification bio
consommation biologique. Les critères inscrits d’un territoire dans la mesure où il s’agit d’une
dans la réglementation pour qualifier un territoire dynamique collective ancrée localement. Mais
de Biodistrict s’appuient sur un pourcentage comme pour le SPG, le concept de territoire bio
d’opérateurs certifiés et une superficie minimum implique de faire face aux défis inhérents à toute
en bio (IFOAM, 2017). action collective, reposant sur la coopération
entre divers acteurs, la confiance, la solidarité,
Dans cette expérience comme dans d’autres, la etc.
logique n’est pas d’attribuer un label « territoire
bio » à des territoires qui seraient 100% bio, mais LES APPUIS DONT BÉNÉFICIENT LES TVAB
davantage de reconnaître une volonté et une
Une fois identifiées et délimitées des zones
particulièrement favorables au développement
de l’agriculture biologique, la logique de création
des TVAB est de concentrer les appuis auprès
des acteurs de ces territoires pour effectivement
développer l’agriculture biologique et l’alimentation
qui va avec. Les appuis peuvent concerner :
la facilitation de la certification pour les acteurs qui sont dans le TVAB, en particulier le SPG afin
d’assurer des liens entre TVAB et SPG et de créer une dynamique de certification sur le territoire,
la mise en place de marchés (ou stands) dédiés aux produits de l’agriculture biologique, d’unités de
transformation, d’emballage, etc.,
des installations à usage communautaire pour sécuriser les produits agricoles des contaminations
post-récolte (le cas des contaminations avec les moustiquaires est souvent soulevé), sans que cela ne
crée de conflits d’intérêt entre les opérateurs qui travaillent dans le TVAB,
144
Les ateliers de concertation régionaux ont également souligné l’importance
d’avoir un cadre règlementaire incitatif pour les opérateurs, à travers un régime
fiscal incitatif lié à la zone : par exemple la sécurisation foncière, une exonération ou
un allègement de taxe douanière sur les importations de matériels ou équipements
nécessaires à la production agricole biologique, des exonérations ou allègements
fiscaux pour les entreprises qui investissent dans le développement de l’agriculture
biologique, un système de prime et de récompense à la performance, etc.
145
option se rapproche des mécanismes de création d’aires protégées. Or les difficultés liées aux aires
protégées, lorsque les populations se voient imposées de nouvelles règles à des fins de conservation de
l’environnement et que l’approche tend à se résumer à du contrôle et de la coercition, sont bien connues.
Il importe donc de veiller à tirer les leçons des difficultés que l’on rencontre souvent dans les COBA ou les
VOI qui sont des structures de gestion locale pour la conservation.
Le défi est de disposer d’une structure porteuse locale avec des capacités de gestion, une légitimité et
une transparence suffisante pour assurer une gouvernance du territoire. Cette structure pourrait également
être impliquée dans la certification SPG au sein du TVAB. A cet égard, les OP et les coopératives peuvent
porter un SPG et, étant bien enracinées dans le territoire, peuvent également assurer la gouvernance d’un
TVAB.
Conformément au principe d’inclusion de la SNABIO (voir les principes directeurs), la création de TVAB doit
bénéficier aux petits producteurs et en tout état de cause ne pas leur nuire. Les risques environnementaux
liés à l’implantation d’unités de transformation ou de conditionnement (notamment en périphérie des aires
protégées) doivent également être évalués et des mesures de réduction de ces risques doivent être prises
le cas échéant.
146
ANNEXE 7. INFORMATIONS PRODUITES ET/OU DIFFUSÉES PAR L’OBSERVATOIRE
SUR L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE
L’Observatoire vise plusieurs publics cibles : opérateurs des filières, consommateurs, étudiants,
chercheurs, pouvoirs publics, partenaires au développement, grand public (i.e. tout citoyen souhaitant
avoir des informations sur l’agriculture biologique).
En fonction des besoins des publics cibles, l’Observatoire pourra fournir divers types d’informations :
Statistiques d’évolution du secteur à Madagascar : nombre de producteurs, autres opérateurs, superficies, production,
exportations en volume et valeur, etc. (base de données),
Identification des acteurs du secteur (organisation de producteurs, SYMABIO, ONG, Ministères, etc.),
Modalités pour la certification (tierce partie et SPG), contact des organismes certificateurs,
Répertoire des opérateurs/intervenants du secteur pour faciliter les mises en relation et amorcer des relations
commerciales (base de données) : groupements de producteurs, entreprises de fourniture d’intrants, de
transformation, de distribution, organismes certificateurs, associations de consommateurs, etc.,
Evolution du marché national et international (prix, analyse de l’offre et de la demande, études de marché, enquêtes
sur la connaissance du concept bio et la reconnaissance de son utilité…),
Veille sur les contraintes et les règlementations étrangères en matière d’agriculture biologique.
Cet Observatoire fonctionnera donc comme un centre de ressources numériques, permettant de stocker
toutes les informations existantes sur le secteur de l’agriculture biologique à Madagascar et à l’international,
de gérer des bases de données, et d’animer un site Internet. La transparence, la sécurité des données et
l’accessibilité des données sont cruciales pour le bon fonctionnement de l’Observatoire.
Concernant le suivi des marchés (au niveau national comme à l’export), qui permettra aux opérateurs
de mieux cibler leurs marchés et les produits à fort potentiel sur lesquels se positionner, une procédure de
remontée des informations est à établir. Pour le marché national, un dispositif peut être mis en place avec
les commerçants et les municipalités qui gèrent les marchés pour effectuer un suivi régulier des ventes
(volumes et prix) de produits biologiques. Pour les marchés à l’export, la collaboration avec les organismes
certificateurs sera essentielle.
147
ANNEXE 8. ELÉMENTS DE COÛTS DE CERTIFICATION TIERCE PARTIE ET SPG
D’après les acteurs rencontrés, le coût de la certification tierce partie comprend notamment (liste non
exhaustive) :
Les contrôles annuels et inopinés (basés en général sur le nombre de jours de mobilisation)
Les déplacements
Les analyses
Mutualiser les coûts (organisation d’un programme d’audit sur le terrain de plusieurs opérateurs)
Demande de certification d’une parcelle de production avec possibilité de rajout de produits déjà cultivés
dans la parcelle
SPG
149
Les enseignements tirés de
cette expérience pilote montrent
que la dynamique peut être
relativement rapide (2 ans) et
que, comme dans toute action
collective, la facilitation du
travail par l’assistance technique
a été déterminante. Il s’est agi
de faciliter, et non d’organiser
directement ou « faire à la
place de », pour s’assurer de
la pérennité de la dynamique.
Certains coûts comme la salle
de réunion et l’assistance
technique ont pu, dans cette
expérience, être couverts grâce
à d’autres projets, mais il ne
faut pas négliger le temps de
travail bénévole qu’implique
ce dispositif, qui repose sur
l’engagement des acteurs. Aujourd’hui, l’enjeu pour e RIAM est de faire entrer davantage d’agriculteurs
familiaux. Ceux qui sont déjà impliqués l’ont été par le biais de producteurs leaders politiques dans la
région. Ce type de personnes ressources apparaît comme de bons catalyseurs, comme peuvent l’être
également les coopératives.
150
pour la transition agroécologique et que toute la population a accès aux produits de qualité à des prix
abordables sur les marchés locaux. L’inconvénient de cette approche top-down est qu’il y a un fort risque de
manque d’appropriation du système
et que le jour où cette politique
volontariste s’arrête, tout s’arrête.
Concernant les mesures de soutien à la mise en place de SPG pilotes, on peut identifier plusieurs pistes
possibles :
La mise à disposition de facilitateurs qui vont faciliter l’émergence de projets ou initiatives et assurer une délégation de
compétences aux porteurs des initiatives,
L’octroi d’une subvention pour couvrir les frais de mise en place du SPG,
L’appui à la commercialisation : cela peut être d’avoir accès à des places de marché pour créer un marché paysan, des
marchés institutionnels, la mise en place d’une plateforme de commercialisation, etc. Ce type de plateforme existe aussi
par exemple au Sri Lanka avec Good Market, qui recense tous les marchés existants, y compris les ventes en ligne, et toute
l’information expliquant comment s’engager dans l’agriculture biologique en tant que producteur ou consommateur.
Il est important que la subvention de démarrage (publique ou dans le cadre d’un projet financé par des
PTF) comme l’accompagnement technique ne se substituent pas à la recherche d’un modèle économique
permettant d’assurer la pérennité du SPG. La dépendance aux subventions externes, et la perte d’autonomie
qu’elle peut engendrer, font partie des risques liés au développement de SPG. Une des pistes de réflexion
pour atténuer ce risque est de promouvoir les partenariats avec des instituts de recherche ou des universités,
comme l’illustre le cas du RIAM. La transmission des savoirs de ces experts vers les producteurs est
dans ce cas primordial pour ne pas affecter les principes de participation, d’horizontalité et de partage des
connaissances propres aux SPG (IISD, 2020).
151
ANNEXE 9. EXEMPLE DE GUIDE DE VALORISATION ‘‘ ADY GASY ’’
152
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
ET DE L’ELEVAGE