Recueil de Farces Soties Et (... ) bpt6k281268
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RECUEIL
DE FARCES
SOTIES ET MORAUTËS
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~n[s.–t)tp.s~u\f\f:o'<FTcnt)p.,n).'En'mFURTU,t
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RECUEIL
FARCES neE
SOTfES ET MORALITES
DU QUINZIÈME StECt,E
PRE!HÈKEFOtSErrUBHEKS AVEC
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P. L. JACOB
BtBUOrntLE
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ADOLPUE DELAHAYS, L!BRA[[tE-È!)tTEUt<
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4-C,nUEVO[.TA)HE,4''i
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AVMTt~EMËNT D)'J L'EDITEUR
n__u--Ju
fique bibliothèque tous les Hyresrelatitsaft théâtre, ne
possédait, outre la farce de P~ë~ souvent réimprimée.
comme le modèle du genre, qu'une très-petite quantité
de farces, de soties et de moralités; encore, la plupart
étaient-elles manuscrites. Quant aux mystères et aux gran-
des moralités, ils avaient été sauvés et protégés, en
quelque sorte, par leur importance même chacun de ce;.
ouvrages remplissant d'ordinaire un volutne in-folio ou in-
quarto, on en avait du moins quelques exemplaireséchappes
par hasard au naufrage général de notre ancien tlicatre.
Aujourd'hui le répertoire de la Basoche et des Enfant!–
sans-Souci est mieux connu Antoine Caron n'avait reim-
primé que le Jeu dit prince des Sf~.f, de Gringorc, ct'IejRc-
cueil de phMM!M's"~M!M,recueillies déjà en 1013 par Ni
colas Rpusset;MM. Leroux de Lincy et Francisque Michelont
mis au jour les soixante-quatorze farces, mora)ib''s, mono-
logues et sermons joyeux, inédits, que contient le manu-
scrit du duc de La Vallière; M. de Montatglon a public les
soixante-quatre farces, et pièces de même genre, qui sont
comprises dans l'exemplaire unique du Britisli J/M~fi<;K
de Londres; M. de Montaran a continué la collection de
Caron, en y ajoutant plusieurs farces et moralités dont les
éditions primitives n'existent plus; les bibliophiles les plus
distingués se sont fait à l'envi les éditeurs des livrets de
la même famille, qu'ils ont pu arracherà l'oubli; MM. Durand
dcLancon.Ie premier de tous, Pontierd'Aix,Je Monmerque,
Silvestre, le prince d'EssIing. Duplessis, Veinant, Gustave
Brunet, etc., ont accru successivement ce trésor de décou-
vertes bibliographiques qui nous permettent maintenant
d'apprécier, en pleine connaissance de cause, ce qu'était la
comédie, chez nos ancêtres, cent vingt ans avant Molière.
Voilà comment, on a ressuscité, pour ainsi dire, le rcper-'
toire théâtral des clercs de la Basoche et des Enfants-sans-
Souci.
Nous nous proposons de réunir, dans un seulrecueil classe
chronologiquement,enprofitantdes recherches etdes travaux
de nos devanciers, toutes ces publications isolée: qui ont
entre elles un lien commun d'origine et d'analogie, puis-
qu'elles représententl'ancien théâtre t'rancai.) et qu'elleson
forment la base historique. Nous nous abstiendrons eepen-
dant <)c reproduire dans ce recueil aueunerdespièces qui sc
trouvent déjà dans l'une ou l'autre collectionde farces et de
moralités, publiées d'après le manuscrit de La Valliere f't
d'après l'imprimé du BW<M/t MM~MM.
Notre recueil ne fera pas double emploi avec ces deux
recueils du même genre, qui ont paru en )8~1 chez
Techener, et en ISSt chez P. Jannet.
Le premier volume, que nous présentons aujourd'hui
aux amateurs comme un spécimen de notre plan et de no-
tre travail, est consacré aux farces du quinzième siècle il
devait renfermer naturellement la farce de JhfM~ Pierre
Pathelin, ainsi que les deux petites farces qui font suite a
cette farce célèbre et qui ne sauraient en être séparées.
En effet, les trois farces de Fc<M&t forment une espèce
de trilogie dramatique et sont par cela même inséparables,
quoiqu'elles n'aient été imprimées ensemble que dans
deux éditions gothiques à peine citées par les bibliographes
et à peu près inconnues.
Il est certain que la farce de Maistre Pierre Pa/M;'B,
qui eut une vogue si populaire dans la seconde moitié du
quinzièmesiècle, sous le règne de Louis XI, avait fait naî-
tre un grand nombre de farces, dans lesquellesCguraitaussi
le personnage de Pathelin, qu'on peut regardercomme la
création personnelle d'un acteur célèbre de la troupe des
Enfants-satL-Souciou de celle de la Mère-Sotte.Deux de ces
farces, outre la grande farce primitive, ont seules survécu a
toutes les autres; on doit donc les conserver comme de
précieux monuments de notre ancien théâtre comique et
comme les annexes inséparables du chef-d'ccuvreattribué
tour à tour à Pierre Blanchet, à François Villon, à Antoine
de La Sale.
Peu de temps avant sa mort, Génin a publié une édition
de la farce de J/CM/re Pierre /'c~fHH, cette édition, à la-
quelle il avait travaillé toute sa vie, ne se recommande que
par le luxe typographique dont elle brille le texte, quoi-
que plus correct que celui de l'édition de Consteller, est
loin d'être irréprochable; le commentaire est farci d'inu-
tilités grammaticales et très-pauvre d'explications néces-
saires la notice littéraire, ou Génin s'efforce de prouver
qu'Antoine de La Sale est le véritable auteur du.Pa~f/M,
manque absolument de critique et laisse beaucoup a dési-
rer sous le rapport du style et de l'érudition. En un mot,
cette éditionn'a pas tenu ce qu'elle promettait.
Nous nous sommes donc bien gardé de suivre les mêmes
errements, pour réimprimer la farce de JiNMfre Pierre
Pathelin. Notre édition reproduit le texte des premières
édition~; nous avons toutefois adopté de préférencedans ce
texte la meilleure leçon, la plus logique, la plus claire, en
rejetant les variantes dans les notes la plupart de ces
variantes sont celles que Génin avait choisies comme les
plus remarquables parmi une multitude d'autres insigni-
I!antes, qui résultent de la corruption 'tu texte original et
de l'ignorance des éditeurs. Nous ayons rectifié arbitrai-
rement certains vc~F, dont l'altération nous semblait
évidente et facile à corriger; nous avons aussi ajouté, <*)
l'exemple de Génin, l'indication des jeux de scène, qui
sont fort rarement signalés dans les éditions gothiques ci
qui peuvent souvent éclaircir le sens du dialogue. Ou
trouvera cependant mentionnés tous les jeux de scène que
nous fournissait le texte de l'auteur et que l'ancienne or-
thographe distinguera seule deceux qui nous appartiennent,
Dans la préface dont chaque farce est précédée, nous
avons cherche a découvrir le nom du véritable auteur et la
date de la composition de son ceuvre. Aurons-nous mieux
réussi que nos devanciers a résoudre ces deux problèmes
littéraires? Notre travail était fait et imprimé, quand on
nous 'a conseillé de lire plusieurs excellents articles que
M. Charles Magnin, de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres,a consacrés à l'examen des mêmes questions.
dans loJoM'HS/t<~Sa!'CH<s.1,'opinion du savant académi-
cien aurait certainement innuê sur la nôtre, si nous avions
eu connaissance de ses articles avant de chercher à établir,
dans la préface de la farce de Maistre Pierre P<!<Mm, que
PierreBlanchetest réellement l'auteur de cette farce etqu'ellp
a étéécrite et représentée à Paris entre les annéesH65 et
'1470. Mais, notre travail achevé, nous aurions à faire trop
de chemin pour changer d'avis et pour revenir au système
de M. Charles Magnin, qui nous pardonnera de nous arrêter
à celui que nous avons soutenu, sans dire notre dernier
mot sur cette farce célèbre et sur son auteur anonyme.
Aux trois farcesde Pathelin qui appartiennentincontesta-
Mementaiasecondemoitié du quinzième siècle.nousavons
jugeconvenaMedereurir)a/i!?'~<!itJfMM{«'r~ ~;< Diable
emporte l'dme en t'/t/~r et la moralité de ~i~M~/f et du
Fo~K~, qui furent jouées publiquement en -t N6. Cette mo-
ratité et cette farce sont d'André de La Vigne, qui fut aef<w
comme Pierre Blanchet et François Villon, peut-être avec
eux, a'vant de devenirpoëte secrétaire de la reine Anne de
Bretagne Enfin, à côté d'André de La Vigne, secrétaire
d'Anne de Bretagne, on trouvera le médecin de Louis XII.
Nicote de La Chesnaye. qui avait composé aussi, pour l'é-
battement du roi et de la reine, une moralité très-singu-
lière Intitulée Comdamnacionde jBsne~M~, que l'on vit
sans doute représenter à la même époque sur les mêmes
théâtres et par tes mêmes acteurs. Cette pièce, peu connue
et bien digne de l'être, est un des plus rares et des plus cu-
rieux monuments de la poésie dramatique de ce temps-
là elle eut certainement une grande vogue et devint trei.-
populaire, puisqu'on avait reproduit alors, dans une suite
de belles tapisseries de haute lisse, les principales scènes
du drame, qui se recommande partt'originatite du sujet,
par la vivacité du dialogue et par tes détails de la mise en
scène. C'est à coup <.ûr la pM intéressante de toutes les
moralités anegoriques qui soient venues jusqu'à nous.
On a donc ainsi dans le même volume les plus anctcn!!
compositeurs de farces et de moralités, les ptu.< anciennes
pièces de la Basoche et des Enfnnts-sans-Souei.
r'. L.
L'ANCIEN THEATRE EN FR~Œ
Voï. t'/f;.s/f)in'<<<'Pt<r;fdeDct.AcnE,<uit.in-H,t.ttt,)'.SOL
mediS se partagèrent la succession dramatique des m)'
teres,.mais le genre favori du seizièmesiècle, celui que tes
honnêtes gens réprouvaient et que le Parlement n'osait pas
interdire, c'était la farce des Enfants-sans-Souci, c'était ce
comiquebouffon et licencieux qui mettait en scène les vi-
ces et les ridicules du peuple.
« Les farces, dit Louis Guyon_dans ses jMt~'s~ leçons
(Lyon; Ant. Chard, ')C25, 5 vol. in-8"), Ite diffèrent en
rien des comédies, sinon qu'on y introduit des interlocu-
teurs qui représentent gens de peu et qui par leurs ges-
tes apprennentà rire au peuple, et, entre autres, on y en
a introduit un ou deux qui contrefont les fois, qu'on appelle
Zanis et Pantalons, ayant de faux visages fort contrefaits et
rtdicutes en France, on les appelle badins, revestus de
mesmes habits. Et communément Une se traicte sinon des
bons tours que font des frippons, pour la mangeaille, à de
pauvres idiots et maladvisez qui se hissent légèrement
tromper et persuader on on y introduit des personnages
luxurieux, voluptueux, qui déçoivent quelques maris sots et
idiots, pour abuser de leurs femmes, ou bien souvent des
femmes qui inventent les moyens de jouyr du jeu d'amour
finement, sans qu'on s'en aperçoive. Quant aux farces,
d'autant que volontiers eUes sont pleines de toutes impu-
dicitez, vilenies et gourmandises, et gestes peu honnestes,
enseignans au peuple comme on peut tromper la femme
d'autruy, et tes serviteurs et servantes, ieurs maistres, et
autres semblables choses, sont repouvecs de gens sages et
ne sont trouvées bonnes. n
Cependant ces farces, dont la plus grande partie est,
restée inédite et a suiti dans la tombe les vieux comédiens,
occupèrent le théâtre jusqu'au règne de Louis XIV, où
quelques-unes des plus célèbres se transformeront en co-
médies.
Depuis la suppression du spectacle des mystères, Ic théâ-
tre, au lieu de s'épurer et de tendre vers un but moral;
s'abandonnait à une licence bien digne de justifier les plaiu
tes amères de seiTennemis;il semblait n'avoir plus d'autre
destination que de pervertir la jeunesse et d'enseig~B' la
débauche. Voici en quels termes un zélé catholique le
dénonçait, en ~588, à l'horreur des bons citoyens et au
châtiment des magistrats, dans ses Remontrances très-
/<MM~/M au foy~iMM de Pologne /~n; troisiesme
de ce !M;K, sur les désordres et mi~r~ du /'O~CKmf. <t En
ce cloaque et maison'deSathan, nommée r/:MM BoMf-
.~o~ne, dont les acteurs se disent abusivement confrère de
la passion de J~M-C/t?'M< se donnent miUe assignations
scandaleuses, au préjudice de 1'lioniiesteté et pudicité des
femmes et à la ruine des îamiUes des pauvres artisans,
desquels la salle Lasso (le parterre) est toute pleine, et
lesquels, plus de deux heures avant le jeu, passent leur
temps en devis impudiques, jeux de cartes et de dez, en~
gourmandise, en ivrognerie, tout publiquement,d'où vien-
nent plusieurs querelles et batteries. Sur l'esehafaud (le
tbedtre), l'on y dresse des autels chargés de croix et d'or-
nements ecclésiastiques; )'on y représentedes prestres re-
vestus de surplis; mcsme aux farces impudiques, pour
faire mariage de risées, l'on y lit le texte de l'Evangite en
chants ecclésiastiques,pour, par occasion, y rencontrerun
mot à plaisir, qui sert au jeu et, au surplus. il n'y a farce
qui ne soit orde, sale et vilaine, au scandale de la jeunesse
qui y assiste. »
Les farces du quinzième et du seizièmesiècle, qui furent le `
berceau de lavraie comédie,contribuèrent néanmoins au re-
lâchement des moeurs, malgré l'esprit, la gaieté et la malice
qu'on y trouve presque toujours et qui les recommandent
encore à l'étude des curieux la plupart ne furent jamais im-
primées presque toutes ont été perdues et anéanties on ne
les connaîtrait plus que par oui-dire, si deux publicationsré-
centes ne nous en avaient pas remis au jour environ con-
cinquante, qui ont échappé ainsi à une destruction systéma-
tique. « On ne sçauroit dire, écrivait Antoine du Verdicr,
sieur de Vauprivas, dans sa Bibliothèque françoise, im
primée à Lyon en 1584, on ne sçauroit dire les farces qui
onf~té composées et imprimées, si grand en est le nom-
bre; car, an passé, chascun se meslult d'en faire,et encore
est la
les itistrions, dits Enfants-sans-Soucy,en jouent et récitent
Orn'est. farce qu'un aetedecomédie, et la plus courte
texité et
meilleure, afin d'éviter l'ennuy qu'une pro-
tongneurappnrtcroitauS speet.tcurs. )) Mu Verdier
ajoute que, selon )'.4y'< de f~~ay~Me de Gratian du Pont».
il faut que la farce ou sotie ne passe pas cinq cents vers.
Outre la farce proprement dite, il y avait aussi des dialo-
gues joyeux à deux personnages, des monologues et des
sermons joyeux que récitait un seul comédien. De cette
multitude de farces qui ont.eîe_~rcpresentccset imprimées
.souvent, dix ou douze seulement avaient été sauvées car
jes ecclésiastiqueset les personnes dévotes étaient parvenus
a faire dispar.ntre tous les exemplaires de ces compositions
libres ou obscènes on ne s'explique pas autrement pour-
quoi tant de farces imprimées, tant d'éditions successives
ont disparu, sans laisser de traces.
Un découvrit, il y a peu d'années, dans une vieille
librairie d'Allemagne,un recueil de soixante-quatrefarces, t
dialogues, monologues, sermons joyeux, imprimés la plu-
part à Lyon, vers 1545; le British MMMitM de Londres
s'est rendu acquéreur de ce recueil unique, dans lequel on
ne trouv que six ou sept pièces déjà connues. C'est ce re-
cueil de forces qui a été réimprimé par les soins de M. de
Montaiglon, sous le titre d'Ancien Thédtre /)'aMpCM, dans
la B!M!0</f< ~MM'n~ne (Paris, P. Jannet, '1854, S vol.
in-18). Précédemment, MM. Leroux de Lincyet Francisque
Michel avaient publié (Paris, Techener, 1851-57, 4 vol.
in-8"), d'après nn manuscrit que possédait le duc de La Val-
lièoe (voy. le Catal. rédigé par Guill. Debure, n° 3504),
et qui est maintenant à la BibliothèqueImpériale, soixante-
quatorze farces de la même époque, lesquelles ont été cer-
tainement imprimées dans leur nouveauté, et dont les
éditions originales furent anéanties comme tant d'autres.
Ces deux recueils, si précieux pour t'hiMoire du Uten-
tre, suffisent pour nous apprendre combien la morale et
la pudeur publiques avaient à gémir de la représentation
des farces, où le jeu des acteurs exagérait toujours t'iud~-
cence du sujet et du dialogue.
La guerre implacable qu'on faisait aux farces imprimées
avait'd~ja réussi, vesr le commencement du dix-septième
siècle, à les rendre asxëzjares, pour qu'un bihliophile, ama-
teur de ce genre de littérature comique, se soit efforce
d'en sauver quelques-nnes du naufrage, en faisant réim-
primer, dès ~'annec~6~2, chez Nicolas Rousset, libraire de
Paris, un Recueil de p~KMfMM farces tant anciennes que
NMt/fYHM, !M?;f<'Ht'S ont esté MMM en Mf~/t'ifr On/)'<! et
langage pt'aKpst'o'Mn~. Les auteurs de la Bibliothèque
du théâtre françois (le duc de La Vallière, Marin et Mercier
de Saint-Léger) ont analysé les sept farces que contient
ce curieux recueil, de manière à nous prouver que le
théâtre de ce temps-là ne se souciait guère de respecterles
spectateurs, qui pardonnaient la plus grosse ordure, pourvu
qu'on leur donnât à rire.
Une de ces farces, que La Fontaine a imitéedans le conte
du faMCM~ d'a)'c:'HM, met en scène une femme grosse qui
demande au médecin si elle aura un garçon ou une fille. Le
médecin regarde dans sa main, et lui dit que cet enfant
n'aura point de nez. La femme se désespère, mais le mé-
decin la console et promet de réparer ce malheur pour cet
effet, il ;.e retire avec elle. La femme rejoint son mari, qui
t'attendait à la porte, et accouche un moment âpres. < Com-
ment, ditle mari, il y a treize mois que je no me suis appro-
chée de vuus, et vous faites un enfant, tandis que la pre-
mière année de notre mariage vous accouchâtes au bout
de six mois C'est, r<ponait-e)te, que la première fois
l'enfant avait été placé trop près de l'issue, et la seconde,
tmp avant. » Ce n'était rien que de faire accoucher une
ft'mme sur le théâtre; on voyait souvent tes amant', et
les époux se coucher et contiuuer tenrrotc entre les draps
du lit Souvent aussi, l'action se passait derrière la scène
ou dans ta~nichc fermée de rideaux; mais, pour éviter un
malentendu, on avertissait le spectateur de tout ce qu'on
ne lui permettait pas de voir. Dans la Farce joyeuse et
n'M'fa~'M ~Me /~mHM qui ~MNH</e les arrérages à son
?KO' les deux époux, qui ont failli avoir un procès sut
ce chapitre matrimonial, finissent par s'accorder et par
sortir ensemble. Un voisin, qui-s'est employé à la récon-
ciliation des parties, dit alors
« Hz s'en sont alicz là derrière,
Pensez, cheviller leur accord,
Afin qu'il en tienne plus fOL't.
C'est ainsi qu'il fault apaiser
Les femmes, quant veulent noiscr. M
PIERRElu PATHELIN
-PRÉFACE DE L'EDITEUR
des Mitions; il l'a remp)acé par ce]ui-ei, qne nous lui avon';
laissé:
A cabuser, n'aravasser.
C~M~r, qui voulait dire aussi ~om~j', sipnitio, au propre t/r~-
p~~r, recueillir dans un cabas; r~mn~ est ici dans le sens'" de
~/a/?~prcndrt:càetia.
C'est-à-dire du tout; car ics ~Mft/re par<s font le /<)!<
Comme on.avait coutume de faire.
C'est-à-dire attendant des causes qui ne viennent pain)
avocat sans cause. Autrefois, le juge assignait les parties sous
ï'orme du village. Génin remarque avec raison que le proverbe
A//Mf~MorsoM rorM6/ doit remonter au temps où saint Louis
rendait la ju&tjee '-ous un arbre à Vinccnnes.
G)'aMBfK*"dahs le manuscrit de Bigot; y)'m(hMm', dans
quelques édifions pour C.uincmt'ttc,c'était ta le ~r~f~
~tditiondcBcneaut:
Paris, il y a grant piece. a
A
Cette variante, tirée d'une des premières éditions de Pathelin,
PATIIELIN.
A qui vcez-vous que ne despicche
Sa cause, si je'm'y vueil mettre?
Et M n'aprins oncqucs à lettre,
Que ung peu mais je m'ose vanter
Quoje sçay aussi Lien chanter
Au livre aveeques nostre prêtre,
Que se j'eusse esté à maistre
Autant que Otaries en Espaigue
GUILLEMETTE.
Que nous vault cecy ? Pas empeigne
Nous mourons de fine4 famine
Koz robes sont plus qu'estamine
Heses"; et ne povons seavoir
Comment nous en peussonsavoir.
Et que nous vault vostre science ?
PATUEUN.
Taisez-vous, rar ma conscience,
Si je vueil mon sens esprouver,
Je sçauray bien où en trouver,
Des robes et des chapperons!
suffirait seule, selon Génin, pour prouver que la farce n'a j['a''
été composéeni JouCc d'abord à Paris.
Au lutrin; locution proverbiale.
AUusion provcrbialo au début de la Chansonde Ko)and
Caries li re!s neutre empcrere mngnp,
e,
Set anz tuz pleins ad ested en Espagne.
C'cst-à-dirc néant; pas mtmc t'cmpfignc d'un vieux sou-
lier. Gcnin a fait ici un changement tre-t-heut-cn~; il a écrit,
d'après l'édition in-8, goth., sans date t<)tj/~f~tt~; inaia ce
changement n'était pas ind)~pen.<!a)))e.
~M, dit Génin, dans t'ancienne langue. se joignait à un
sut'~tantii'ou à un adjectif, pour lui douncr la force superla-
tive.
/iMC<, râpées.
Hc Dieu ptaist, nous cschappcrons,
Et serons remis sus en l'heure 1.
Dea, en peu d'heure Dieu labeuro~:
Car, s'il convient que je m'applicque
A bouter avant ma practique,
On ne sçaura trouver mon per.
GUILLEMETTE.
Par saint Jacques! non, de tromper;
Vous en estes un Rn droict maistre.
PATHELIN.
t Par celuy Dieu qui me fit naistre!
Mais de droicte avocasserie.
GUILLEMETTE.
Par ma foy mais de tromperie
Combien vrayement je m'en advise,
Quant, à vray dire, sans dergise
Et de sens naturel, vous estes
Tenu l'une des saiges testes
Qui soit en toute la paroisse.
PATHELIN.
Il n'y a nul qui se cognoisse
hauit en avocation.
GUILLEMETTE.
M'aist Dieu, mais en trompacion.
Au moins, en avez-vous le lus.
GUILLEMETTE.
Vous n'avez ne denier ne maille,
Que ferez-vous ?
PATtIEUN.
Vousnescavez.
Belle dame, se vous n'avez
Du drap, pour nous deux largement,
Si me desmentez hardiment.
Quel' couleur vous semble plus belle?
D'ung gris vert ? d'ung drap de Brucelle ?
Ou d'autre ? Il me le faut sçavoir.
GUILLEMETTE, seule.
lIé dieux! quel marchant!
Pteust or à Dieu qu'il n'y veist goutte 1
PATUEUN, devant la boutique du drapier.
N'est-ce pas ylà? J'en fais doubte.
Or si est; par saincte Marie!
Il se mesle de drapperie.
Il entre.
Dieuysoif!
GUILLAUME JOCEAUUË, druppier.
Et Dieu vous dointjoye!
PATHELIN.
Or ainsi m'aist Dieu, que j'avoye
De vous veoir grant voulenté
Comment se porte la santé?
Estes-vous sain et dru s, GuiHaume ?
LE DM&rPtER.
Ouy, par Dieu
Manuscrit de La Va~icrc
Je suis bien. Des btcnstempnreutx
Ilavoit.
Edition de Leroy, et autres:
Je suis bien, par le Curps precieutx
C'est-à-dire Ne faites pas attention; je ne me dodote pus
comme un corps saint.
Il y a: fOM< ~rac/f~ pour ~r'dans le manuscritde Bigot. Les
peintresdisent encore pocher, dans le sens de dessiner vivement
d'après nature. C'?~o~ pour c~.< MM. Genin a fait un pro-
digieux remue-minage d'érudition,pour démontrer que poc~
veut dire ici pâté ~'f~rc/
~C'Gst-a-tIire;Uauraitgrande envie de contredire,de dis-
putf)*.
Et l'ung comme l'autre t?che
Car quoy? Qui vous auroit cracM
Tous deux encontre la parroy,
D'une matiere et d'ung arroy 1,
Si seriez-vous sans difference.
Or, sire, la bonne Laurence,
Vostre belle antc mourut-ct)e ?
LE DRAPPIER.
Nenny dea.
PATHEHN.
Quetavy-jebcUf,
Et granue, et droicte, et gracieuse
Par la Mt're-Dieu'précieuse,
Vous luy ressemblez de corsaige,
Comme qui vous eust fait de naige
En ce pays n'a, ce me semble,
Lignage qui miculx se ressemble..
Tant plus vous voy, par Dieu le pere,
Veez vous là, veez rostre père
Vous luy ressemblez mieu~ que goutte
D'eaue je n'eu fais nulle doubte.
Quel vaittant bachelier c'estoit,
Le bon preud'homme et si prcstoit
Ses denrées a qui les vouloit.
Dieu lui pardoint! 11 me souloit
Tousjours de si très-bon cueur rire!1
Pieust à Jésus-Christ, que le pire
'Atieche,attire, épris.
Ce sont des écus d'or.
Acquérir, retirer un titre derenie.
C'est-à-dire Que vous changiez une partie de vos ecus. A
cette époque où l'or était rare, on n'acceptait pas un gros paye-
ment en monnaie blanche.
° Edition de Beneaut
Tout m'est ung or ou paiement.
Edition de Beneaut
Tout m'est un quant au payement.
° PlH'i i) me rend fou de désir.
t
Il m'en fault avoir une cotte,
Brief, et à ma femme de mesme.
DRAPrtER.
LE
Certes, drap est cher comme cresme
Vous en aurez, se vous voulez
Dix ou vingt francs y sont coulez
Sttost!
PATHELIN.
Ne m'en chau)t, couste et vaille!
Encor' ay-je denier et maille
Qu'oncq' ne virent pere ne mere
LE CRArp)ER.
Dieu en soit loué! Par sainct Pere
Il ne m'en desplairoit empiece
PATHE'LIt).
Brief, je suis gros 4 de ceste pièce
H m'en convient avoir.
LE DRAPr;ER.
Or bien,
H convient ad viser combien
Vous en voulez? Premièrement,
t
Tout est à vostre commandement
Ouant'jue~ityenacniapnle;
Et n'eussiez-vous ne croix ne piHe~!
PATHEMN.
Je le sçay i~ien vostre mercy i
LE DRAPDER.
Vnutcz-Yous de ce pers cter c;'
FATnELtN.
Avant, combien me coustera
La prf'miere au)ne? Dieu sera
Payé des premiers; c'est raison
Vecy ung denier 0; ne faison
Rien qui soit, où Dieu ne se nomme.
LE DRAPPIER.
Par Dieu, Yous estes un ))onhomme,
Et m'en avez bien resjouy
Voulez-vous à une; mot '?
PATHEHN.
Ouy.
'VM<tv,d!m6<'evcr5,soprnnontaitt'M')''out'o.
Edition de Benfaut;
Tout est en vo commandement.
Combien tu'i) y en. ait; on hLin,Mmif;Mif'MH~f!
N'eussicx-vous pas un sou marqué en poche.
*B)cu;dui)!tstatin,~fMM.
"Edition de BenBa.ut:
rhe~.
Youte~-vousdecedMpicy?
C'e~t ce qu'on nomme encore )c ~fxfr <t les ar-
''C'e.t-a-dirc:audfrnict'mot, au dernier prix.
LR DRAPPtER.
Chascune aulne vous coustera
Vingt et quatre solz'?
PATHELIN.
Non sera.
Vingt et quatre solz! Saincte Dame
LE DRAPPIER.
le m'a cousté, par ccste ame!
Autant fault,
m'en se .vous t'avez.
PATHELIN.
Dca, c'est trop.
DRAPrtEE.
LE
Ha! vous ne sçavez
Comment lé drap est enchery?
Trestout le ])CtaH est pery,
Cest yver, par la grant froidure.
PATHELIN.
Vingt sotz, vingt solz.
LE' DRAPPIER.
Et je vous jure
Que j'en auray ce que je dy.
Or attendez à samedy
Vous verrez que vault? La toyson,
Dont il souloit estre foyson,
Me cousta, a la Magdeleine
PATHEHN,
Par le sang Lieu! sans plus débattre,
Puis qu'ainsi va, donc je marchande
Sus, aulnez ?
LE DRAPPtER.
Et je vous demande
Combien vous en faut-il avoir?
PATHEHN.
!1 est bien aysé à sçavoir.
Quel lé a-il?
LE nRAPPtEK.
Lé de Brucelle
PATaELtN.
Trois aulnes pour nioy, et pour fU</
(ËHe est haute) deux et deulye.
Ce sont six aulnes. Ne suut mye.T.
Et ne sont.
Que je suis bec jaune
LE DRAPDER.
Il ne s'en fault que demye aulne,
Pour faire les six justement.
LEDRAPPtER.
frenez-ta nous les aubieron.
Si sont-elles cy, sans rabattre
Empreu et deux, et trois, et quairc,
Et cinq, et six.
PATUEUN.
Ventre sainet Pierre ¡
Rie à rie
;¡f
LE Dl'.ArrtER.
Aulneray-je arrière ~?
PATHELIN.
Nenny, ce n'est qu'une longaigne s.
Il yplus perte ou plus gaigne,
a
En la marchandise. ComLien
Monte tout?
LE DRArpIER.
Nous lesçaurcns Lien.
LE CRAPPIER.
NostreDa)ne!jemetordroyc' 1
De beaucoup, à aller par là?
PATHELIN.
Hë! vostre bouche ne parla
Depuis, par monseigneur sainct Gille,
Qu'elle ne dit pas evangite.
C'est très-bien dit; vous vous tordriez!
Oh! c'est cela vous ne voudriez g
Jamays trouver nulle achoison
De venir boire en ma maison
Ot'yburez-vouscestefois.
LEDRArpIER.
Et, par sainct Jaques, je ne fais
Gueres autre chose que boire.
Je yray; mais il faict mal d'accroire,
Ce sçavez-vous bien, à restrame'
PATHELIN.
SouHist-it, se je vous estraine
D'escus d'or, non pas de monnoye?
DRMFtER.
LE
Vrayement, c'est kotumo m'assotist!l
Allez devant: sus, jeyraydon~ues.
Et les porteray.
t'ATHELIN.
Rien quiconques.
Que me grevera-il? Pas maitle
SoubzmonLaisscHc.
LE DRA.['t'!ER.
Ne vous chaiDe
Il vaut mieulx, pour le plus hom]Ei:[L',
Que je le porte.
fATtIEHN.
Mate festc
M'envoyé la saincte Magdateinf,
Se vous en prenez j~ la painc
C'est tres-bien dit dfssuub!! t'aisseUe.
Cecy me fera une belle
LE DRAPPtER.
Je vous prie que vous me LaiMoz
Mon argent, dès que j'y seray~
PATHEHN.
Fei'ay.Et,parbicu,honfct'a;,
Que n'ayezprins vostre repas
Très-bien et si ne voudroye pas
Avoir sur moy dequoy payer.
Au moins,viendrez-vous essayei'
Quel vin je boy? Vostrc feu père,
En passant, huchoit bien Co)n;jf?v
Ou C<M(fM-<K. ou CM/MM-~s?
Mais vous ne prisez un festu,
Entre vous riches, povres houunes!
LE ORArPtEK.
Et, par le sang hieu nous sommes
Plus povres.
t'ATHEHN.
Voire. Adieu, adieu.
rATnEHit,cuI,t]anshru<
OrPctquoydoncq~e'.?
Ot'!dya)!)e!jen'yfaHIjoncquf's!
Non. Or! Qu'il puist estre pendu
Endea,il il
ne m'a pas vendu,
Amonmot;ceae3t6ausien;
Mais il sera paye au mien.
!))uyfautot'?0nl8]uyfourre~~
PIeustaDieuqu'H ne fist que courre,
Sans cesser, jusques à fin de paye!
Sainct Jehan il ferait plus de voye,
Qu'i) n'y a jusque à Pampelune.
H rentre chez lui.
Edition de Bpncaut
Si feray-jc.OraU~devant..
Edition de Génin
Or! parlecul soit-it pendu!
« CcHc façon de partpr, dit Le Duchat (OM~M~f, t. n,
p. ~iOi), fait allu&ion&ecs pic ces Jemonnaic qu'on appf'Hf
¡;11t/écs, parce 'lue
~PN'fM, que letu faux monnayeur yj' a fourt'c
faux monn'j'cnr founé un
UII fhnjn
naull de
ù,'
faux atoi, que cou~rG dpgsu~ et dessous unû fcuiUe de Lon or. a
Edition da Kivcrd
Uc l'ttQ, qui ne les emLtcra.
C'cst-a-ifG a moins quf quelqu'un ne me tes <t<ûh. ~Hi
t'stun):Httii'-me,pourA~H~,ouH~~j~i.
Or,n'ost-Hsifortentetideur,
Qui ne trouve plus fort vendeur
Ce trompeur-ta est bien bec jaune,
Quand, pnur vingt et quatre sotz l'aulne,
A. prins drap qui n'en vaut pas vingt!
rAT!!EMN.
Que devint
Vostre vieille cotte hardie ?
GUILLEMETTE.
!L est grand besoin qu'on le die
Qu'en voulez-vous faire?
FATHEHN.
Rien, rien.
En ay-je? Je le disoye Mon.
Est-itcedrap-cy?
GUILLEMET'tE.
Saincte Dame
Or, par le perU de mon âme,
H vient d'aucune couverture
PATMELIN.
Demandez-vousqui ce sera ?
Par sainct Jehan! il est jà payé.
Le marchand n'est pas dcsvoyë
Belle seur, qui le m'a vendu.
Parmy ie col soye pendu,
S'il n'est Hauc comme ung sac de piastre
Le mcschant vilain chaUt'mastrc
En est ceint sur le eu)*!
GUILLEMETTE.
Combien
Cousto-i) doncques?
PATUEHN.
Jen'endoyricn;
Il est paye ne vous en chaiHes.
GCtLLEMETTE.
Vous n'aviez denier ne matHe!
Il est paye ? En quel' monnoye?
'Egare,fou,insensé.
*f'er;Mi était synonyme de ;Mr.
Ce mot, qui n'a jamais été expliqua, même par Génin, ftan-
qué de Dueangc, nous para!t significr vendeur de coquilles de
noix, en terme de mépris m<n(r<' est )a pour mat/rf; <M</<*
\'cutdirecoqui]ie,ecaiHe.
Locution proverbiale qui veut uire:llcnc')tlemauTais
marchand; il en a f~!M les fesses. On ceignait stir le cul !es
condamnesqui devaient recevoir te fouet. C'étaient aussi les pau-
vres diables qui portaient alors la ceinture attachuu au-dessous
des reins et irës-serrec.
Kc vous en soucie?,, ne vous en ïnquietex pa' du vct'he
tft/0;')'.
PATHEHN.
Et,partesanghieu!siavoye,
Datne:j'avoyeungparisi'.1.
GUILLEMETTE.
C'est bien allé Le beau nisi 2
Ou ung brevet y ont ouvré
Ainsi l'avez-vous recouvré.
Et, quand le
terme passera,
On viendra, on nous gagera
Quanque avons, nous sera osté
PATHEHN.
ParIesMgbieu'Hn'acouste
Qu'ung denier, quant qu'il en y a.
GUILLEMETTE.
Bénédicité Maria s
Qu'ung denier? Il ne se peut faire
PATBELtN.
Je vous donne cest œit à traire,
On vendra, un engagera
Quan que j'avons sera esté.
°Génin dit que était alors une ex.cla.mationd'effroi
ou d'admiration, et que les femmes manifestaient leur étonne-
ment, en s'écriant /if'~
S'il en t)p]useu,ne n'aura,
Jn H bien chanter ne sçaura.
G-UtHEUETTE.
Ëtquiest-ii?
PATHELm.
C'esf.ungGui)Iaumt',
QniasurnomdeJoceaum6<,
Puisque vous le voulez sçavoir.
GUILLEMETTE.
Mais la maniere de l'avoir
pour un denier? et à quel jeu'?-
PÀTnEHN.
t!efutpour'undMnt;raDteu:
Kt encore, se j'eusse dict
« La main sur le pot < par ce
dict,
Mondeuiermefustdcmourë..
Au fort, est-ce Lien hibouro~?
Dieuettuypartiront~ensetnUe
Ce denier-là, si Lonleur scmb)e
Carc'est tout ce qu'ilz en auront,
Jâ si bien chanter ne sçauront,
Ne pour crier, ne pour brester
Edition de Dcneaut
Qu'on sourappptit'Joceauhtic.
On aVdtt rhabitu.d~Jc traiter les nfrairc~ df! vcn~' ou d'n-
ct)at,en)e'at'ro~antduvtnJumnrt.'Ïtc.'Vû~cx,dnnsDucang~!fh
motâ M~r~M~ et ~t~M.
~Opérë, travaille.~
Partagerontle fft'~r il D~M~
rii'pr, s~Ion Cctiin; qn~rcUcr, dn-putpr~ t-pton df l'Au)-.
na\'e, qui a~R~oh~tfh'mf'nt. raion, qnoit[U'n ne cite pas Du-
cange, comme le fait GcnhL
CUt~tEHETTE.
Comment l'a-il voulu prester,
Luy, qui est homme si rebelle'?
PATHELIN.
Par saincte'Marie la belle
Jel'ayarmëetbiasonnë~,
Siqu'il me l'a presque donné.
Je luy disoye que feu son pere
Fut si vaillant. «Ha! fais-je, frere,
Qu'estes-vous de bon parcntaigc
Vous estes, fais-je, du lignàige
D'icy entour plus à louer »
Mais je puisse Dieu avouer,
S'il n'est attrait d'une peautraille e
La plus rebelle villenaille
Qui soit, ce croy-je, en ce royaume
« Ha!
fais-je, mon amy Guillaume,
Que'vous ressemblez bien de chère
Et du tout à vostre bon pere ))n
Dieu sçait corpmentj'escbaffautdoyc,
Et, la fois, j'entretardove,
à
En parlant de sa drapperie. 1
« Et puis, fais-je, saiacte Marie!
Comment prestoit-il doucement
Ses denrées si humblement?
Manuscrit de La Vaitierc
L'd5 n~ rendra, mais le grand <ha))tR,'
° Edition de Bencaut C
PATHEMN.
Il doit venir manger 'de l'oe5
jttais voicy qu'il nous faudra faire.
Je suis certain qu'il viendra braire,
Pour avoir argent promptement.
J'ay pensé bon appoinctement6:
H convient que je me couche,
Comme un malade, sur ma couche;
Et, quand il viendra, vous direz,
GUILLEMETTE.
Par l'ame qui en moy repose t.
Je feray très-bien la manière.
Mais, si vous rencheez arrière*,
Que justice vous en reprengne,
Je me douhte qu'il ne vous prengnc
Pis la moitié, qu'à l'autre fois ?
PATHEHN.
Or, paix je sçay bien que je fais.
H faut faire ainsi que je dy.
,-t" GUILLEMETTE.
Souvien~nc-vousdusamedy,
~J?our Dif'u, qu'on vous piUoria
GUILLEMETTE.
Allez doncqucs.
PATHELIN
Or ne riez point!
GGI~LEMETTE.
Rien quiconques,
'Mais pleureray a chaudes larmes.
PATHELIN.
Il nous fault estre tous deux fermes*,
2,
Affin qu'il ne s'en apperçoive.
Ils sortent.
LEDRAPriER~cheztui.
Je croy qu'il est temps que je boive,
Pour m'en aller? Ha non feray.
Je (hy hoire, et si mangeray
De l'oe, par sainct Mathelin~,
Cheuz maistre Pierre Pathelin;
Et là rccevray-jepccune
GUILLEMETTE.
Ha! p)))s bas
LE DRAPPIER.
Et quoy?
GUIHEHETTE.
Bongr~,m'ame.
LE DUArPtEn.
Ouest-it?
nDtLLEMETTE.
Lasl où doit-H estro?
LE DttArptEn.
Le qui?
GUILLEMETTE.
na c'est mal dit, mon maistre:
Ou est-il? et Dieu, par sa grâce,
Le saebe H garde la ptace
'C.'f'st-5-dire:J'attr!]pcrai~)m)jnnmnrfMn.
*our:<i'<)fM<'n
OuHest,)epovremartir,
Unxo semaines, sans partir.
LE,DRAPPIER.
De qui?
GUILLEMETTE.
Pardonncx-moy.jen'ose
Pat'lerltaut;jccroyqu'il reposa:
IIestunpetitapInmmo*.
notas ~it est si assommé, =~
Lepotreitomme.
LE DRArPIER.
Qui?
GUILLEMETTE.
Maistt'o Pierre.
LE BRArFfER.
Ouay n'est-11 pas venu querre q
Six aulnes de drap maintenant?
GUILLEMETTE.
Qui, luy?
LE DRAPrtER.
Il en ,vient tout venant,
N'a pas h) moyHe d'ung quart d'heure.
Delivrez-moy dea je dempurc
Beaucoup. Çà, sans plus uageoUer~,
Mon argent?
~Assoupi,accable.
~Manu&crttdcPigot:
De quoy ? N'est-il pas venu crilprrp
~Paypx-moi.
Je re~teict beaucoup plu; qu'il ne faut.
~Lanterner,baguenauder.
GCILLE5ÎETTE.
IM'sansrigoHer'?t
H n'est pas temps que l'en rigolle.
LE DRAPPIER.
Ça,monargent?Estcs-vousfo)te'
JI me fault neuf francs.
GUILLEMETTE.
Ua!GuiHanme!
Il ne fault pnmt couvrir de chaume~
Icy, ne LaiDcr ces brocards.
Allez sorner & ïos
coquardz4,
A qui vous vous voudrezjouer!
LE BRAprfEn.
Je puisse Dieu dcNtrbuer,
Si je n'ay neuf Trancs'
*Sauspla)santerie.
< Dissimuler, user de feinte,
dit Genin; cette métaphore *.<'
rapporte à l'usage de recouvrir de paille les meules de De qui
passent l'hiver dans les c'batnp~. M?
Dire vos sornettes.
Sots.
Six aunes à 24 sous font 1H sous, dit Génin; et, cette
somme étant égale à la fois a six écus et a neuf francs, on tire,
pour la valeur de t'écu, 9-t sous, et, pour )a valeur du franc,
i6 sous. A quel règne, à qtielle année correspond cette valeur
du franc et de l'écu? Au règne du roi Jean. Génin, tout en
s'appuyant de l'autorité de Dm'ange, s'est grossièrement trompé.
Ce fut sous le règne de Chartes Vil que l'écu à la couronne valut
M ou 25 sous, tandis que le franc d'or, émis alors au cours nor-
mal de 20 sum, fut bientôt déprécie et ne représenta plus que
m sous, quand on eut reconnu que cette monnaie était A la fois
basse et légère. Voilà comment six écus faisaient neuf francs
vers liGO. Le Duchat fait une ot~crvation analogue à la nôtre,
en indiquant l'année ~0 comme la date de la composition de
JM)'<<'<M)t,* puisque, dit-il dans ses notes surHai)elaiS(liv.i, 1,
cuap. xx), les écus d'or vieux ou à la couronne, qui en ce temps-
là furent mis a 50 sols tournois, Itausserent de prix en ~'i'!3. y
CPHt-EMETTE.
.S Helas'sire,
Chascun n'a pas si faim de rire,
Comme vous, ne de flagorner'.
LEDRArfIER.
Dictes, je vous pry\ sans sorner
Par amour, faites-moy venir
Maistre Pierre?
s GCILLEMETTE.
Mesavcnir
Vous puist-il! Et est-ce à meshuy?
LE DRA.PP!ER.
N'est-ce pas ceans que je suy
Cheuz maistre Pierre Paihelin?
CUtt.LEMtlB:.
LE DnAmER.
Le dyable y avienne
Ne le pseray-je demander ?
GUtI-LEMETTE.
A Dieu me puisse commander
Bas, se ne voulez qu'il s'esveille?
Gausser,railler.
? C'est-à-dire la Mie; de l'italien mal/o. Il y a dan& t'c'H~on
dûH90:lGmnlsamctHat;hurin.
~Mitionde~iverd:
A la teste vous tienne.
!M;)nuscrit de Bigot:
Pnns)s!)ic)).bea«s!re,~oustiennE'.
LE nRAPPtER.
Quel bas? Voulez-vousen l'oreille,
Au fons du puys, ou de la cave?
GUILLEMETTE.
Ile Dieu que vous avez de bave
Au fort c'est t~'usjours vostre guise.
LE DRAPPrEtt.
Le dyable y soit! quand je m'avise:
Se voulez que je parte. Las,
Payez-moy sans p)ns de deLas
Telz noises n'ay~jc point aprins
Vray est que maistre Pierre a ptins
Six aulnes de drap aujourd'huy.
GUILLEMETTE.
Et qu'est-ce cecyfËst-co à meshuy?
Dyahle y ait part Aga3! quel prendre?
Ha sire, que t'en le puist.pcndre,
Qui ment ft est en tel party,
Le povre homme, qu'il n'est party
Du lict, y a unze semaines
Nous baillez-vous de vos trudaines ?
Maintenant en est-ce raison ?
Vous vuiderez de ma maison,
Par les angoisses Dieu, moy lasse
GUH.LEHETTE.
!îc)as!pu.)sbas!
LE DRAPPIEII.
Je vous demande
tt ne bouge ~'ici.
~C'ebt-à-dire,qu'itne sera plu'-vêtu quf'd'uu!)t)feu),f't
q~'on i'cmpoi~era, les pio~ devant, pour ]u c"ttfiu!t'e au cimu-
tic-rc.
C~~t-dit'c C'est vuus-m'mc qui rie-- en mau\ai'-e p~
f!etnn fait. t'emarquer que Fabu~ de l'adjectif ~~H~H~ ddns une
foule de phrases éta~t un tcrtnc \ictent et ~o:-s)Ct', une c~p'<G
Ú
de jurou. On emploie maiuteuunt. le mot de la me'i.e
mauicrc que ~M~ aut.t'etut~.
PartcsanKbieuiveez-cygrantpainc!
<juimepayast,jem'enattasse~!
Par Dieu! oncques que je prcstaMC",
Jen'entrouvay point autre chose!
fATHEHN.
GuiHemette? Un peud'eauc rose
Haussez-moy, serrez-moy derr~o'c'.
Trut' à(jt)i parlay-jo? L'esguiet'c?'?
A boire ? Frottez-moy la ptante '?
?
LE DRAPPtER.
Jeroyià?
GUILLEMETTE,
Voire.
PATHEHN.
U:),meschantt;!
Vien ça? T'avoye-je fait ouvrir
Ces fenestres?Vienmoy couvrir
Ostez ces gens noirs MdymM'f:,
Carimari, carimara 6.
Amenez-ies-mov, amenez
GUILLEMETTE.
Et qu'est cecy ? N'a' vous pas honte ?
Et, par Dieu c'est trop remue.
rATHEHN.
Ces physiciens~ m'ont tué
De ces hrouithz qu'ilz m'ont fait huirc
croire,
Et toutesfois les faut-it
Hzenoeuvrcntcommodeeire*. (
GUILLEMETTE.
Hetas venez-le voir, beau sire
Il est si très-mai patient
PATHEHN.
Ces trois petis morceaulx Lecuz
Les m'app~Hez-vous piUoueres*?
'Dcpuisuniu'itant.
*Pou!'c/~s~crf."Lepcuplfn)'ctf'ntWt'~s7<tU(.Gcntn.L'c-
tymologie n'a que faire ici, parce que la permutation fîc~ <)L'ux
x
liquides en r ebt continuelle. Geniu était purfoi~ ph'isnnt.
Kf~, du bas latin ~'f/t)«.
EditiohdcBcneaut:
Ces trois morceaux noirs et Lecuz.
Mammrit dL'Bigot:
Ilc M'onmut les
Dites-vousque ce sont ])iUoircs?
m,vsclwircs!
Ilz m'ont gastu les macliouercs.
Pour Dieu! ne m'en faites plus prendre,
Maistre Jehan ilz m'ont fait tout rendre.
Ha il n'est chose plus amerc
LE DRAPPIEM.
Non ont', par l'ame de mon père!
Mes neuf francs ne sont point rendus.
GUILLEMETTE.
Parmy le col soient-ilz pendus,
Tels gens qui sont si empesctmbtcs~
Allez-vous-en, de par les dyables,
Puis que de par Dieu ne peult estre
LE CKAPt'tEH.
Par t'eluy Dieu qui me fist naistre,
~J'auray mon drap, ains quojo"nnu
~nu mes neuf francs!
PATHELlif.
Et mon orine
Vous dit-eUe point que je meure'?.
Pour Dieu! Faites qu'il ne demeures?
Que je ne passe point le pas
GUILLEMETTE,
Allez-vous-en! Et n'est-ce pas
Mal faict de luy tuer la teste?
LE DRAJTtEjU.
I) me fault neuf francs rondement,
Que, bon gré sainct rierro de Rotlune.
Hela~
Ue)as! tant cest aEUILLEMETTE.
tanttourmentez ccsthml1l1le!
homme!
Et comment estes-vous si rude ?
j–
Vous voyez, cterement qu'il cuide
Que vous soyez physicien?
Uela! tepovrcchrestien
A assez de~nate mesch~nce
Unze semâmes, sans laschance
A esté illec, le povre homme.
DRAtTIER.
LE
Par le sang Dieu! je ne sçay comme
Cest accident luy est venu
<'
=
AgrcMMe.
pi.
C'cst-a-~n'c
EditiMn de Cencau!
Tant ~nf'~h'u dit t\')u)ui df; le jt~cr~
PATHEHN, a'Guinemettf.
S'en est-il allé?
GUILLEMETTE,
Paix J'escoute
Ke sçay quoy qu'il va
Ûageottimt
H s'en va si fort grumeiant~, ~1
Qu'il semble qu'il doive dcsver ·
PATHEHK.
tt n'est pas temps de se lever "?
Comtne il est arrivé à poinct
GUiLLEHETTE.
Je ne sçay s'il reviendra point.
Nenny dea, ne bougez epEOt'e
Nostre fait serait tout ffelare~,
S'il vous trouveU levé.
LE DRAPPtER.
Je n'ay point appi'ins qu'on me serve
De tels mots, en mon drap vendant.
Me voulez-vous faire entendant
De vessies,que sont lanternes?
I.EDRA.PPIER.
lia quels bailleurs _de balivernes
Sont-cecy?. Ortost, quejesoye
Payé, en or ou en monnoye,
De mon drap que vous avez pnns ?:>
GUIHEHETTE.
ne, dea, se vous avez mesprins
`
Une foys, ne souffit-il mye?
'?
LE DRAPPlEJt.
Sçavez-vous qu'il est, belle amye ?
M'aist Dieu, je ne sçay quel mesprendre
Mais quoy! il convient rendre ou pendre
Quel tort vous fais-je, se je vien
Ceans, pour demander le mien?
Quel? Bon gré sainct Pierre de Romme
SUILLEttETTE.
Hélas tant tormentez cest Iiomme
Je voy bien, a vostre visaige,
LEDRA['t'[EK.
He)as j'enraige que je n'ay
Mon argent!
GufHEHETTE.
Uaiqudniccte~'
Seignez-vous? Be/;e(h'c:~
Faites le signe de la croix ? `
I.EDnAPPtER.
Or, regnie-je bieu, se j'accrois
De l'année, drap Uen quel n)a)ade
PATHELIN.
Mère de Diou, la Coronade,
Par fye, y m'en voul anar,
Or renague biou, outre mar
Ventre de Diou zen dict gig~ne,
Castuy carrible, et res ne donne.
NecariHaine,fuytanone;
Que de l'argent il ne me sone 4.
GOtLLENETTE.
.Celuy qui l'apprint à l'escole
Estoit Normand4 ainsi ayient
Qu'en la fin il )uy en souvient.
Il s'en va
LEBnAprtEn.
Ah! sainete Marie!
Vecy la plus grand' rcsverie
Où je fusse oncqHes-mats buuté.
Jamais ne me fusse douté
Qu'il, n'eust huy. este a la Foire
'LcmatdeMin.tGerIjold,c'c~t)adysscntcrie,qucce}~'a~
saint, evcqucdeBaycux,auseptième siècle, cnvo~aunjouraà
ses diocésains, qui l'avaient cha~cdc ~on siège. Génin, q'n a
trouvé ce détail'daus bon Ducange, au ntot ~~s~s,
traduit
parhemot'rho')dct.~eMjcf~s~J!Ctt/~f/jquoiqu'n<'i'creptt;tph''
JuhcnMiaJquicnfutafÛigt~:
Den peu son cenlre n'ul n·lugue.
L't~pibphc,cit~e ci-dessusd'ap~~G~nin, ou pïutut d';)pr'
CucaTigC,prouve que ce dicton proverbial était venu du ma) de
saint Garbut, phttnt que de5 foires ccicbre~ de Paycnx.
a J~A~t du Q~a~H~y, dans t'ct!itiou de Le Caron.
1] y
Si f'atimUîi était Xcrniaud, cotnmc on l'a dit souvent, et
la pi~c avait t~tc fuite pour être représentéedevant de~ Kor-
i
m~uds, ce p:'tois du pays ne serait pn~ i'~i trop à sa piaffa
~Cepa~t-a~c et ptu-icursau.trea indiqueraient qufc'c~tJan~
une foire de ia Eric qucTHHtclinatrompetet)rapift'.
GtHLLEMEITE..
Vuusiecxydcz?
t-EDRAPPtEt!.
Saint Jacques voire
9!ais j'apperçoy bien le contraire.
PATHEHN.
Sont-il Ut)g asnR que j'os braire 1 ?
Hâtas*'batasicousinamoy!
Ilz seront tous en grand e~moy,
Le jour, quand je ne te verra;.
n convient que je te herray
Car tu m'as faict grand tricher\
Tonfaict, il est tout trompery.
Haou)Janda,ou)enravezeie
Çorfhaeneuf'.
GU'ILLEME'fTE.
Dieu vous aseie
PATHELIN.
IluisozLuxoudrDncnozbadou
Uigaut an can en ![0 madou
Empedit dich guicebnuan ·
GUtLLEMETTE.
<efut)amcredesoapere,
Qui fut aitraicte~ de Bretaigne.
![ se meurt cecy nous enseigne
Qu'il fault ses derniers sacronens.
PATHELIN.
Me, par sainet GigtMnS tu ne n-ms!
Vua)x te Deu,-couille e Lorraine
'Manuscrit de Bigot
Par )e saint corps bien il radote.
'~nu~critdcDigot:«.
~'etangaisequiyappairc.
'<"Cjt-a-dire Mi langage qui re~scntbie celui d'un thrL'tiL'u.
Attirée, amcn6e.
Gcniu veut reconuaitre ie! saint Gengouif, qu'on npp~'hit
'CtfOM ou Ct Kj/<"t danb ies ra) s-Bas, maii. ce saint C'~omt (du latin
i/t~tt<Tt') est ptut~t le fameux saint Guignolet,qui faisait d(.s en-
fants aux f';mmes stérilet en Bretagnf.
Dieu te mette en male ëepmaine"
Tu ne vaux mye une, vici)z nate
Va, sangIaSte botte 'chavatc,
Va, coquin; va, sanglant paiH:u'd°
Tu me refais trop le gaillard.
Par la mort bieu! Ça, vien t'en boire,
Et Laille-moy stan grain de poire
Car Yrayementjc le mangera,
Et, par sainct E!eorgc,je Lcura
A ty Que veux-tu que je die?
Dy, vien~-tu niant de Picardie?
Jacque niant, que t'es cbaubis~?
E<&OMd:<'SSt'(M~M.
M~ïs~r <(n!at!<!5S!'me,
Pater ;'euet'~nt!!ss:'tnc.
QMOtKOdÔ brulis? ~!<a; nova
LE DRAPPIER, seul.
ParsaincteMarietagcnte!
Je me tiens plus csbaubely 2
Qu'onques! Le dyabte, en lieu de ly,
A prins mon drap pour-moy tenter.
Benedicite! Attenter °
Nepuist-itjaa à personne!
ma
Et, puis qu'ainsi va, je le donne,
Pour Dieu, à quiconques t'a prins.
PATHEHN, après le départ du Drapier.
Avant! Vous ay-je bien apprins?
Or s'en va-il, le beau Guillaume!
Dieux! qu'il a dessoubz son~beautme~
De menues conclusions
Moult luy viendra d'avisions
4
Par nuyt, quant il sera couchië.
GUILLEMETTE.
CommentitaestemouchieS!
N'ay-jc pas bien faict mon devoir?
'rour:t:M,!tf!0;<
'Pour:f~i;ti.
*C'est-Mire:Soussonbonnpt..
Pour visions.
Dupé, mystifié.
PATHELIN.
ParlecorpsMeutadirovon',
Vous y avez trës-hK'n ouvre.
Au moins, avons-nous recouvre 1
Assez drap pour fmrc des roi'cs.
GUI~EMETTE.
Youlez-vous encore eseh~udcr
Ne spay qui?
-TA.TnEI.tS.
Pieri,e
Ce sera mon gentil COMI)ere
Le Iburniendu bout de ta rue.
Il a tant, que chacun luy rue;
.Mais où je faudray laidement
A traire, du certainement
U me rendra, ains que je fme,
Ceans pain tout-cuitet farine, T
Des liuyjusques au bout de l'an,
Et si sera pa~'é en bran
Ainsi qu'a es'u Joceaulme.
GUILLEMETTE.
Haro vous vaUex un royaulme
oiicques-màisje ne vy nul tel.
PATHEL1N.
Or gardez trës-bien à l'ostcl.
Je m'en vay par icy devant.
(Sa/MfMfraM~i~rf.)
Messeigneurs.à Dieu vous commant
{J~so)' ~ncs~~HMpor~~OM ~OM~~c ~M Dro~~r.~
.LE DRArpIER.
En dea, maugrê saint i\Iathelin
Et mestre Pierre PatheHn
Pense-il ainsi à emporter
Mon drap, sans point ie rapporter?
S'~l l'a ou ~?~jeel.;u~i:~
Encorne scay-je, sur ma ,'ie,
vie,
T~e
ne fais mon, par te sang bieu
Et qu'est checy, dea1 Es-che geu ?
Chacun =porte mon avoir,
Rontje me doy furmentdou!oir.
Orsuis-~He roy des meschanj:
Folies, illusions; de M< on a fait/< qui est resté dans
la tangue.
Or suis-je le roy des marchans'?
Mesmement, les bergers des champs
Meeabassent':orestemien,
A qui j'ay tousioùrs faict du bien.
Il ne m'a pas pour rien gabe
Il en viendra au pied levé*,
Par la Benoiste couronnée
TniRAULT AtGNELET, ~n~
L_ Dieu vous doint Lenoiste journée
Et bon vespre~, mon seigneur doulx!
LE DRAPPIER.
Ha es-tu la; truant merdoux
Quel bon varlet! Mais à quoy faire 8
BERniER.
LE
Mais, qu'il ne vous vueille dcsplaire
de
qu'il a trouvé cabusare dans son Ducange. Il faut dire cependant
que les éditions de Leroy et de Beneaut portent: <M!m/.
-t'~
II ne m'a pour ncant gabé.
C'est-à-dire Il lui en coûtera cher de s'utre joué de moi.
C'est-à-dire H faudra qu'il soit congédia et qu'il lève ie
pied. Génin a mis, dans son édition
prendre ce que fait là
~~T< sans nou~ ap-
l'tubicurs éditions anciennes por-
tent: 0!f Pox< l'Abbé, ce qui nous donnerait le lieu de la scène,
car y a une ville de Pont-l'Abbé en Bretagne et un village du
même nom en Normandie.
C'est-à-dire la sainte Vierge.
Soir; dif latin 2'i~r.
Manuscrit de Bigot
Ha, es-tu la, faulx gars, ordou x
On qualifiait un bon valet, de MM <i tout faire
Nescayquetvestuderoyë',1,
Mon bon seigneur, tout desvoyë~,
Qui tenoit ung fouctTans corde
M'a dict.Mais je ne me recorde
Point bien, au vray, ce que peut estre.
H m'a parlé de vous, mon maistre,
Et ne scay quelle ajournerie.
Quant à moy, par saincte Marie!
Je n'y entends, ng gros, ne grosse*.
H m'a brouitte de~pfsto mesie,
De brebis, et de re]evce s
Et m'a faict une grant levée,
De vous, mon maistre, de boucher~
LEBRAPPIEt!.
Se je ne te fais emboucher7
Tout maintenant devant ie juge,
Je prie à Dieu que le deluge
Courre sur moy, et la.tempeste!
LE DRAPPiEH.
Laisse m'en paix, va t'en, et garde
Ta journée*, se bon te semble 1
LE BËI~ER.
Mun seigneur, accordons ensemble
Pour Dieu! que je ne plaide points?
LE BERCtER, entrant.
Dieu y soit! Dieu puist advenir!
PATHELIN.
Dieu te gard, compains! Que te fault?
LEBERGtER.'
On me piquera en defaut,
Se je ne voys à ma journée,
LE BERGIEt).
J'ay affaire a ung entendeur
(Entendez-vous ])!en, mon doulx maistre?)
A qui j'ay longtemps mené paistre
Ses brebis, et tesluygardoye.
Par mon serment! je regantoye
Qu'il me payoit petitement~
Diray-je tout?
PATnELIN.
Dca, seurement
A son conseil doit-on tout dire.
LE BERGIER.
Il est vray et verité, sire,
Que je les luy ay asspmmees;
Tant que plusieurs se sont pasmëes
Maintesfois, et sont cheutes mortes,
Tant feussent-elles saines et fortes.
'Édition de Benc~ut.:
3(onseigneursiet de relevi·e.
~M~nuscritde Bigot.:
Ses brebis, efÏesygardoye
Trestout du micnixque je ponvoye,
Qui me payast petitement.
Etpuis.jeiuyfesoyecntendre,
Annfp)'itne'n'enpet)streprendre,
Qu'i)z mouroient de la claveiee
« Ha 1 faiet-il; ne soit plus meslée
Avec les autres gette-la!
Voulentiers!.t fais-je. Mais ce!a
Se faisoit par une autre ~oye
Car, par sainct Jean je les mangpoyc,
'Qui sçavoye bien la maladie.
Que voulez-vous nue je vous die?
J'ay cocy tant continué,
J'enayassom'ncettuë
Tant, qu'il s'en est Ltun appe~'eu
Et quand il s'est trouvé deçeu,
M'aist dieu! il m'a fait espier
'Car on les ouyt bien crier
entendez-vous?) rjuand on le scait
Or,j'ay esté prins sur ]efaict:
Je ne le puis jamais nier.
Si vous voudroye bien prier
(Pour du mien, j'ay assez finance)
Que nous deux luy baillons t'avance
Manuscrit JeBigot:
Quec'estoitdcïa.clavt'iut;.
~ManuscritdeBigot:
J'en ay tant batu tue,
Qu'il s'en est très-bien apperceu.
~Manuscrit de Bigot:
Midieuxfilmeustespipr.
Car on les oit trop hault crier.
~IIya:)7;dan':rcditiondGCpnin)Cômmc'!an'p1usieur?
~ditïon3gof!jiqucs.
'').o<!ut!onp['ovet'hiate;~Mf<'<'<Mt:iiff, suivant Gonia,c'est
enhardir quelqu'un a s'vanccr, le pousser pour ïe faire tomber
dans ïe p)'fgû. Suivant nous,
rangement, proposer une transaction.
/f;'
~f7!Cf, c'est offrir un ar-
Je sçay bien qu'il a bonne cause;
Mais vous trouverez bien tel clause,
Se vou~'x', qu'il t'aura mauvaise.
PATHEHN.
Par t:)foy,scras-tubien aise?
Que donras-tu, si je renverse
Le droit de ta partie adverse,
Et si je t'en envoye absoulz?
LESEHGtER.
Je ne vous payeray point en soulz,
Mais en bel or à la couronne
FAïnEHN.
Donc auras-tu ta cause bonne.
Et, fust-elle la moytié pire,
Tant mieuk vault, et ptustost l'empire,
Quaud je veu)t mon sens aplicquer.
Que tu m'orras bien desciiquer
Quand il aura fait sa demande!1
Or,vit.'n6a:ctjt*tedcmande,
Par le sainct Sang bien précieux
Tu es assez malitieux
Pour entendre bien la cautelle s.
Comment est-ce que l'en t'appelle?
LE BERGIER.
Par sainct Hauri Thibault l'Aignelet.
~Manuscrit de Bigot:
Matsvccyqu'Hesconvteadt'a.
û'e&t-a-dirc En te posant des questions embarrassantes.
Edition de Leroy
pour ce,YC<*y que fera.
Et
Riens, dans la vieille langue, était synonyme de ~Mf
~w.
~igaud~ niais, simple.
Et le feray bien proprement,
Je vous promets et afferme 1.
PATHKHN.
Or t'en garde; tiens-toy bien ferme.
A moy-mesme,pour quelque chose
Que je te die, ne propose,
Si ne respondz point autrement.
LEBEKCtER.
Moy! Nenny, par mon sacrement!
Dictes hardiment que j'affolle
SejcdyhuyautreparoUe.
A vous, ne àautre personne,
Pour quelque mot que l'on me sonne,
Fors B~ que vous m'avez apprins.
PATHELIN.
Par sainet Jean! ainsi sera prins
Ton adversaire par la moe~.
Mais,aussi, fais que je me loe,
Quand ce sera faict, de ta paye?
LE BERGtEn.
Monseigneur, se je ne vous paye
A vostre mot 4, ne me croyez
Jamais. Mais, je vous pry', voyez s
Diligemment a ma besongne.
"Manuscrit de Bigot
Jckvous promets et affie.
–~)rest'ygardet)icn,nonmye.
Que je perds la raison, que je suis fou.
Pour ))M~ grimace. C'est la mine que le Berger fera.
Selon ce que vous demanderez; au prix que vous f~erc?:
'vous-même.
'Manuscrit de Bigot
Jamais Je o'is pry, pnorvoyc?.
['A-TNEJUf.
Par Kustre Dame de Boulogne
Je tiens que te juge est assis;
Car ilse siet tousjours à sixi
Ueures, ou IHec environ.
Or vien après moy nons n'iron
Pas tous les deux par une voye
LE BEEGtEE.
C'est bien dit:aCn qu'on ne vo;e e
Que vous soyez mon advocat?
t. rATNELIK.
Nostre Dame moquin, moquât",
Setunepayestargement!
LE BEEGtER.
Dieux. à vostremot vrayement,
Monseigneur, n'en faictesnutdoubte'
PAïnEHN, seul.
tfe dea, s'i! ne pleut, il desgnute s.
Manuscritde Bigot;
Caï'Hscsicd~decinc[â')ix
ÏIeur('s,iUecou environ.
Édition de GJnin
Nous deux t.'nsentbtcnas envoyé.
Locution proverbiale, siguiuant Prends garde a toi, gare 4
toii 1 Génin cite unevieiiteeh'jnson, dite du LMp eot~)' dan'.
laquelle ce loup est somme, Mo~M~ Mo~~c~, de sortir du boi&.
Suivant tes localités, on disait en variante Com~re ~roe<!)'<
OU))«)?)«K,mf)<f'M<
.'Manuscrit de Bigot:
Moust'igneur, et n'en doublez goutte.
Locution proverbiale, signifiant H ce ne sont pae de §f0t
honoMires, du moins sera-ce tfh petit profit.
Au moins, auray-je une espinocbe
J'auray de luy, s'il diet encoche~,
Ung oscu ou deux, pour ma paine.
Dcvantlejugc.
Sire, Dieu vous doint .bonne .estraine,
Et ce que vostre cuenr dosiro
LE JCOE..
Vous soyez le bien venu, sire
Or vous couvrez. Ça,prenez place.
PATUELiN.
Dea, je suis bien, sauf vostre grâce
Je suisicyptusa délivre' 4,
LE JUGE..
S'il y a riens, qu'on se delivre
Tantost, affin que je me !ieve ?
LE DttAPfIER.
Mon advucat vient, qui achieve
Ung peu de cl:ose qu'il faisoit,
~lonseigneur; et, s'il vous plaisoit,
Vous feriez bien de l'attendre.
LE JUGE.
lié dea j'ay ailleurs à entendre.
LE DRAPPIER.
Ouy I!t qui ne sonne
veez-Ie
Mot; mais Dieu scet qu'il en pense.
LE JUGE.
Puisque vous estes en présence
Vous deux, faites vostre demande?
LE DRAPPtER.
Vecy doncques que luy demande,
Monseigneur. H est verité
Que, pour Dieu et eti charité,
Je l'ay nourry en son enfance;
Et, quandje vyqu't) eut puissance
D'aller aux champs, 'pour abregier,
Je le fis Ciitre mon bcrgier,
Et le mis à garder mes bestès
Mais, aussi vray comme vous estes
Là assis,monseigneurle juge,
Il en a faict ung tel déluge. i
De brebis et de mes moutons,
Que sans faulte.
1 Mercenaire,domestique à louage.
*ËditiondeGenm:
Se ce n'cstes-vous, vous sans faulte.
Manuscrit de Bigot:
Se ce n'est-il. C'ëst-îI_saMS fauttc?
Pour :f!f;z'OMs. A du seizième siècle, Th~udote df
a fin
Be~e autorisait encore cette façon de parler « Il est d'u~ag'
dit-il, d'employer l'apostrophe dans certaines locution:) «' ï'p~
sx' vous, pour ~S-ï'OK-S, ~~f-3-~OM~. »
~ÊditiondeLeroy:
Pour Dieu, taites-lc ['rocedet.
LE JUGE.
Avant, achevez de plaider.
Suz, concluez appertement?
LEDRAi'PIER.~part.
C'est-il, sans autre, vrayenn'nt!
APathdin.
Par la croit oit Dieu s'estendy
C'est a Tous à qui je vendy
Six aulnes de drap, maistre Pierre?
LE JUGE.
Qu'est-ce qu'il dit de drap?
PA.THELtN.
Il erre.
ttcuidea son propos venir;
Et il n'y scet [))us advenir,
Pour ce qu'il ne l'a pas apprins.
LE DRAPPIER,
Pendu soyc, se autre l'a prins,
Mon drap, par la sanglante gorge
PATHELIN.
Comme le ineschant homme forge
De loing, pour fournir son libelle 1
Il veut dire (il est Mon rebelle?)
Que son hergier avoit vendu
La laine (Je l'ay entendu),
DontfutfaicttedrapdemaroNK',
Comme il dict qu'il le desrobe,
Et qu'H )uy a emMeta laine 1
De ses brebis.
'Mauu~rUdcr.ij,ot:
Et~Mtitn;~cuei)!y[ahim'.
LE DRAPPIEE.
Matesemain.e
M'envoyé Dieu, se vous ne l'avez
LE JUGE.
Paix par le dyable vous bavez
Etnesçavez-vous revenir
A vostre propos, sans tenir
LaCourtdeteHebavcrie?.
PATHEHN.
Je sens mal, et faut que je rie.
H est desja si empressé,
Qu'il ne scetoùiil'ata!sso:
Il faut que nous lny reboutonsl,
LE JUGE.
Suz, revenons & ces moù.tons
Qu'en fut-il?
LE DRAPPIEE.
Il en print six aulnes
De neuf francs.
LE JUGE.
Sommes-nous bejaunes,
Ou cornarts ~?. On c~idez-vous estre?
LE DRAPPIER.
Voire,
Monseigneur mais le cas me touche
Toutesfois, par ma foy, ma bouche
Mcshuy un seul mot n'en dira.
Une autre fois, il en yra
Ainsi qu'il en pourra alicr
!) le me convientavaller
Sansmasclier~0!'ca,jedisoye,
A mon propos, comment j'avoye
Baillé six aulnes. Doy-je dire
Mes brebis.Je vous en pry, sire,
Pardonnez-moy?. Ce gentil maistre,
Mon hergier, quant il devoit estre
Aux champs. Il me dit quej'aurove
Six escus d'or, quant je viendroye.
Dy-je, depuis trois ans en ça,
Manuscrit de Bigot
Vous estjss trop grand br~toire'
Laissez-moy tout cest accessoire;
Et revenez au principal?
-.Voire-m:~is il me rail trop mal,
Monseigneur,car cecy me touche.
C'est-dire: commeune pilule.
Mon bergier mo convenança
'Que loyaument me garderoit
Mes brebis, et ne m'y fet'oit
Nedommaigenevittenie.
Et puis, maintenant il me nie
Et drap et argent ptainement!
Ah! maistre Pierre, vrayement,
Ce ribaut-ey tn'embloit~ tes laines
De mes bestes et, toutes saines,
Les fesoit mourir et perir,
Par les assommer et ferir
De gros bafton sur la corvette.
Quant mon drap fut soubz son aisselle,
)1 se mist en chemin grant erre
Et me dist que j'aUasse querre
Six escus d'or en sa maison.
LE JUGE.
H n'y a rime ne raison
En tout quant que vous rafardez <.
Qu'est cecy ? Vous entrelardez
Puis d'un, pais d'autre. Somme toute,
Par le sang bieu je n'y voy goute
Il Lt'ouitte de drap, e~babiUe
Puis de brebis, au coup la quitte
Chose" qu'il dit ne s'entretient 7.
Edition de Génin
Hottbergierm'encûnvcnanca.
~'Mt'on:'<')M)i<'f)'.faire une convention avec quoiqu'on.
Me dérobait.
''Agrands pas, à grandehâte.
Ou rf/MM, comme on lit dans l'édition de 1190, ff/Mt't-
c&tleverheiteratirde/tjnti'r.
Expression proverbiale empruntée au jeu de quilles et si
initiant coup sur coup, sans transition.
c Le manuscritde Bigot met r:ens, au lieu de.fAo6~.
7 C'est-à-dire: Tout ce qu'il dit est décousu,ne se lie p:M.
6.
PATHELIN.
Or, je m'en fais fort, qu'il retient
Au povre bergier son salaire?
LEBRAPPtER.
Par Dieu! vous en poussiez bien taire!
Mon drap, aussi vray que la messe 1
Je sçay mieux où le bas m'en blesse,
Que vous ne un. autre ne.sçavez.
Par la teste bieu! vous l'avez
LE JU6E.
Qu'est-ce qu'il a?
LE DRArpIER.
Rien, monseigneur.
Certainement c'est le greigneur s
Trompeur. Holà je m'en tairay,
Si je puis,
et n'en parleray
Meshuy, pour chose qu'il advienne.
LE JUGE.
Et non! Mais qu'il vous en souvienne!
Or, concluez appertement?
PATfELtN.
Ce bergier ne peut nullementi
Respondre aux fais que l'on propose,
S'il n'a du conseil et )1 n'ose
Ou il ne scet en demander.
S'il vous plaisoit moy commander
Que je fusse à luy, je y seroye?
Manuscrit de Bigot
Du drap est vray comme la messe.
EditKm_de Ge.nta
Par mon serment
Le ptu$ grand; du latin yt'tt~'O)'.
Les éditions gothiques portent m~/M'atfNf.
LE JUGE.
Avëcques luy? Je euiderôye
Que ce fust trestoute froidure
C'est peud'aequest'.
PATUEUN.
Mais je vous jure
Qu'aussi n'en veuil rien avoir:
Pour Dieu soit Or, je voys sçavoir
Au pauvret, qu'il voudra me dire,
Et s'il me sçaura point instruire
Pourrespondre aux fais de partie.
Il auroit dure départie
De ce, qui ng le secourroit
Vien çà,'mon amy? Qui pourroit
Trouver. Entcns?
LE BERGIER.
Bée
PATHELIN.
QueIBA, dea!
Par le sainct Sang que Dieu créa 1
Es-tu fol? Dy-moy ton affaire?
LE BERGIEn.
Bée!
PATHELIN.
Envoyez-le garder ses bestes,
1 Idiot de naissance.
'La province d'Esf;(;'e on d'Asturie fut le berceau de l'E~p..gue
-chrétienne. Au moyen âge, on jurait par les saints d'Eslure.
Cette invocation a saint SaK~~r ~r~ s'adresse peut-être à
l'ordre militaire de S.iInt-Sauveur ou San Salvadore, qui avait
eteLcree au .douzième siècle pour protéger l'Asturie contre tes
Maures de Grenade..
~ansjour que jamais ne retourne'?
'Que maudit soit-il qui adjuurne*1
Telsfo)z, que ne fault adjourner~'
LEDRArriEK.
j!t l'en fera-l'en retourner,
Avant que je puisse estre ouy?
PATHELtN.
AFaist Dieu Puis qu'il estfol, ouy.
Pourquoyne&'ra?
LE DRAPPtEn.
Hcdea,sire,
Au moins, taissez-moy avant dire
Et faire mes conclusions?
Ce ne sont pas abusions
Que je vous dy, ne mocqucries*!
LE JUGE.
Ce scttt toutes tri))ou!Uerics
Que de plaider à folz ne à folles!
Escoutez à moins de paroles
La Court n'en sera plus tenue.
LEDRAPPtER.
Quclz moutons? C'est une vicHe":
C'est à vous-mesme que je parie,
A vous! Et me le rendrez, par le
Dieu, qui voutt~ à Nocl estre ne!
LE JUGE.
Veez-Yous? Suis-je bien assène*?
9
Ilne cessera huy de braire.
LEDRArPtEn.
Je luy demande.
'Bi)M)le,bav!it'<M,pipf.
~Mahde,chagrin,offense.
Expression proverbiaje signifiant C'est D'.pctidn' hiam- i~
~ut t)ar)o noir. Le ver ou M!y, c'est le menu-vair dont les habita
des Jeux'setcsetaieutgarnis. Détourner le ve'r, c'e:<t eudusser
un vêtement fourré, surtout un~aumùsse~du f~te Je la four-
iure. à cause du froid. Getlin dit que retourner sur-le-champ
un vers qui va mal, c'est la marque d'un esprit subtil et fccund
f'nressnurw!!
Le Dyable me fist Lien vendeur
Dé drap à ung tel entendeur!
Au Juge.
Dea, monseigneur, je luy demande.
LE JUGE, au Drapier.
Je l'absoulz de vostre demande,
Et vous deffens le. procéder.
C'est un bel honneur de plaider
Au Berger.
A ung fol! Va-t'en à tes Lestes?
LE BERG!ER.
Bée!
LE JUGE, au Drapif'r.
Vous monstrez bien quel vous estes,
Sire, par le sang Kostre Dame!
LE DRAPPIER.
Ue dea, monseigneur, bon gré m'ame r,
Je luyvueil.
PATEEUN.
S'en pourroit-il faire?
LE DRAPPIER, à PatheUn.
Et c'est à vous que j'ay affaire
Vous m'avez trompé faulcement,
Et emporté furtivement
Mon drap, par vostre beau langaige?
PATnELIH, au Juge.
lIo j'en appelle à mon couraige
Et vous l'oyez bien, monseigneur?
'Manuscrit de Bigot:
Trompeur.Oh monseigneur, que je die!
Dans l'cdition do Tieneaut,il y a comff< dans l'édition de
Trepperei )'fst'f!'ie. Génin tient pour conMrf~e chacun son
goût.
Han.useritde Bigot
N'aistDitju! il faut que je m'en voise!
Edition de H90 et autres
M'.iistDieu'jeTozquetis'enYoisc.
LE JUGE.
Ouy. J'ay aft'.ure ajiïeurs.
Vous estes par trop grands railleurs'
Vous ne m'y ferez plus tenir:
Je m'en voys. Voulez-vous venir
Souper avec moy, maistre Pierre ?
PATHEHN.
Je ne puis.
Le Jug s'en va.
LEDBAPPtER,aPathe)in.
Ua! qu'es-tu furt lierre ~1
Dictes: seray-je point paye?
PATnEHN.
De quoy? Estes-t'ousdesyQye?
Mais qui cuidez-vous que je soye?
Par le sang de moy je pcnsoye
Pour qui c'est que vous me prenez?
LE DRAPPIER.
Hc,(!ea!1
PATHELIN.
Beau sire, or vous tenez.
Je vous diray, sans plus attendre,
Pour qui vous me cuidcz prendre 3:
Est-ce point pour csccrveUe?
Manuscrit JûBigot.:
Vous n'estes icy que t'aU!fttt'&.
Ou lerre, larron. Manuscrit de Bigot
Qu'estes-vousfort ffichen'c
Edition de ~i90 et autres
Pour qui vous me cuidez prendre.
ihuu~crit de Bigot
Pour qui c'est que me cuidiez prendre"
Est-ce point ung cscervele?
Voy:nenuy,itn'est point pellé,
Comme je suis,dessusbtcste'.
LE DRACPIER.
Me voulez-vous tenir pour beste?
C'cstes-vous en propre ppr<-onne,
Vous Je vous~ vostre voix le sotine,
EtneIocroypointauUretuent~-
rÀtuE!.m.
Moy Je moy ~? Non suis, vrayetnent.
Ostez-en vostre opinion.
Seroit-ce pnint Jett~n de Noyon~?
Il me ressetuble de corsaige.
LE BfiArrtEE.
Hëdpa!Hn*apasteYisaig<;
Ainsypota[if,n(;sifa(!e~.
7.
Ne vous iaissay-je pas matadc
Qrains~dedansYostremaison?
PiTHEHS.
lia que vecy bonne raison!
PATHELIN.
Vien ça, vien?
Ta besogne est-elle bien faicte?
LE ))E!tG[EH.
Bée!
i'A'rnELtN.
Tu tu rigoUcs
'<i~<'f,{'aur:Mt'r,())rcM<
~fr~,
II faut lire comme dans l'édition de Génin. D'.ic
-cicnDcs ~djtions portent ~rff~'<
~Tutemoques,tup)aiMntf"tum'amusM.
ne
AJui-mcme.
Comment! N'enauray-jcautre chose?
.LEBERGIER.
Bëe!
PATHELIK.
Tu fais le limeur en prose!
Et à qui vends-tu tes coquilles?
Scez-tuqu'Hest?Nemeba)jiI)es
Meshuy de ton Bée, et me paye ?
LEBEP.G!ER.
Bée!
PATHELIN.
N'en auray-je autre mon.noye?
A qui cuides-tu te jouer?
Et je me devoye tant louer
De toy Orfay queje m'en loë?
LE BERGIER.
Bée'!
PATHELIN.
Me fais-tu mànger de l'oë '?
Maugrebieu'Ay-jetantvescu,
Qu'un bergier, un mouton vestu,
Un villain paittart, me rigotle?
LE BEECtER.
Bée!
PATHELIN.
N'enauray-j':autroparoHc?
Se tu le fais pour toy esbatre,
Dy-Ie ne m'en fais plus debatre. ·
Vien-t'en souper à ma maison?
C!Ft.\ErATHEHX.
LE
NOUVEAU PATHEL1N
PREFACE DE L'EDITEUR
NOUVEAU PATIÏELtN
A TROIS PEHSOKNAGES
c'estHsçavoir
PATHEHN,
LEPELLETIEH,
L1; PLLLI;TI>:Ii,
LE rRERSTHE.
PATHEt.IM commence,
Ty.ns m'es))a\s t:mt plus j'y p~nsc,
Car je voy gens t)e conscience-or
Qui souvent sont tous m:dhuut'eux:
Les pircs'sont les plus lieureux
Qui prennent de t:Hu et d'estoc~.
St'jen'oussejouedueroc~3
Et i.eseu d'autre que uunHcn,
Pat'sainctJuc<)ues!jt.'t)'cusserit;n.
Il n'est que le croc et la trompe
Pour vivre à l'nyse et dans la pompe.
Aujou~rhuy ne peux rien acquerre;
Et ne suis-je pas maistre Pierre
ï Les plus nichants, les plus pprvcrs.
Adroite et à gauche; de toutes mains.
Jouer f/K croc, t.'c&t vulcr~ crochelcr les serrures, forcer les
offres-forts. On nommait les voleurs ~CM p'H~ c/ de crec.
Tromperie; terme d'argot.
Patbeun, qui tout en ung lieu,
Pour ung tout seul denier à Dieu 1
Eus six aulnes de bon nnpers*??
Il n'est que gens fins et expers,
Pour leurs bons marcliez espier.
En effet, le villain drappirr
N'en sçeut oncque avoir autre cttose.
Mais il fault bien que je m'expose
D'empoignerquelqu'un à la source 5
Et d'aYoir, sans deslier bourse,
Des fourrures pour noz co telles
Dieu mercy! je sçay des cautejles
Beaucoup; jcm'cnYOysalaFoire
Essayer que je y pourray faire.
Il est aujourd'huy bonne jeune
Que mainte personne sarrazine °
Se dispose à soy confesser ?
Mais pourtant, si fault-il penser
De mon prdufnt je trouveray
Quftquesotquejetromperay
Par beau.j)arter, fraude, et fatlace
C'Mt-dire:()cschahnJs.
PATHEHN.
Orc.i,
Quant venistes-vous par deçà?
LE PELLETIER.
Hier.
PATIIELIN.
Vous soyez le bienvenu'
Dea, vous estes bien tenu'1
De retourner eu ceste ville.
LE P'ELLE'HER.
Il me semble que tout
Quant je y vien.
PATHELIN.
Vendez-vous point bien
Doncques?
LE PELLETIER.
Pas trop; sans le moyen,
Jen'yfaispasdegrnntdespesche~.
PATHEHN.
Si n'y a-il qui vous empesche.
Au moins, n'y congnois-je personne
Qui ait marchandise si bonne,
Comme vous en avez le bruit;
J'en congnois encor sept ou (n!it,
Lesquels, quand je retourneray,
Selon ce que je leur diray,
Vous viendront veoir, pour en avoir.
LE PELLETIER.
Tant mieux.
LE t'ELLETtER.
Il est aussi vray que la messe!
Je m'en sçay bien à quoy tenir.
Oui-d&, vraiment.
Ne vendez rien 5 crédit.
M~M~o'e,débiteur, cndetté-
rATUEUN:
Pourtant, vous en doiLt souvenir?
Il en est bien à qui l'on baille
Assez sans denier ne sans maille l,
Enquionnepertrienpourtant?
Mais j'en congnois d'autres, qu'autan
Vauldroit le pied comme la main~.
Bien disent n'Je payeray demain
Scurement,jeYOus)eprometz.)) »
6)ais ce demain ne vient jamais 3.
Et pourtant jamais ne prestez
A telz gens!
LE PELLETIER.
Vous m'amonnestez
Beau et bien, et vous en mercyo.
PATHËHN.
Dea, il fault Lien qu'on se soucye
De ses amys, et toutesfois
J'ay ouy dire maintesfols
A mon pnre; dont Dieu ayt Fatuc
Que entre vostre pere et sa femme
Avoit ne sçay quell' parenté
Combien que ne soye pas rente
Comme vous, mais se j'estoye homme
Qui le vautsist je croy qu'en somme
''Mjour,logis.
Tour yfKftf. Le peuple prononce encore ainsi.
PATHEHN.
Pat'bieu! mon père fut tenir
Sur fons' Mais je ne suis pas seur
Si ce fust vous ou vostre seur?
Mais tousjours s'appelloient compères.
Les fils ne vaudront jà leurs pères
Aujourd'huy sont trop differens,
Car, sur mon ame, les parens
Ne s'entraymentplus, ce me semble,
Ne ne hantent point tant ensemble,
Comme ilz souloient
LE FEHEHER.
Mais, dictes-moy,
Je vous en prie, par vostre foy,
D'où vient ce grant Hgnaige-cy ~?
FATHEHN..
Le cuidez-vous sçavoir ainsi
Tout courant Parbieu! nous serons
Les pieds soubz la table, et burons,
Avant qu'autre chose en sçachcz.
LE PELLETIER.
Tropbien!
,PATHELIN.
Nous ferons des marchez
A l'aventure, ains que je parte,
LE PELLETIER.
De quoy?
PATUELIK.
De qu'tn'eaux ou de gris~.
LEPELLETIER.
J'ay de très-bon gris épure.
PATIIELIN.
Or ça, pour monsieur le curd,
Puisqu'une fois en ay la charge,
Pour sa robbe, qui est longue et large,
Combien fault-il bien de manteaux
Le verre à la main.
Dedans; du latin ;)t<M.
C'est-à-dire en cas qu'il y soit.
C'cst-a-dit'e prontons de l'occasion pour faire une prière.
*C'est-à-dire:entrezavec moi.
''('est-a-dire:s'ilade l'argent sur lui.
7 Qu'il vouspaye.
LE PELLETIER.
C'est Lien dit.
LE PREBSTRE commence.
Vrayement la te~te m'estourdit
De confessât'; c'est trop grant peine.
En quel temps fusse'? Kn quel semaine?
Estoit-elle point mariée?.
Car, se elle estoit femme liée,
Hyfauldrcit avoir esgard.
PATIIELIN.
Dointhonjout', monsieur!
LErEEBb'i'RE.
Dieu vous gard!
Qu'a-it de nouveau?
PATIIELIN.
Le cas est
Que voicy ung fils, s'il vous plaist,
Qui se veut à vous confesser,
Et l'ay bien voulu adresser
A vostre personne, et pourtant
Vous le confesserez d'autant,
'Et qu'à plusieurs j'ay ouï dire
Que très-bien le scaurez instruire
Et interroger de tous cas.
LEPREBSTRE.
Par mon ame, je ne sçay pas
Plus qu'ung autre!1
Il s'en aille.
C'cat'a-dirc dans certains moments de folie. On croyait
alors généralementque la folie était produite par un petit ver
qui rongcait le cerveau.
Aucun acte de fotie dangereuse.
En bunne disposition.
n
Se d'avanture il se vonluit
Fantasierl comme il souloit,
Pour ]eremettrea son advis~
LE PREBSTRE.
Par ma foy, je coufesse envis j
C'est ung métier trop penitde.
rATHËHN.
Pour ce, faictes-y le possible
Pour rarg.ent et quant vous l'aurez
Confesse, vous vous en viendrez
Disner avec nous, s'il vous plaist:
Vous trouverez le disner prest
A ceste taverne prochaine.
LE PREBSTRE.
Eh bien je prt'odray donc la peine
De le despeseher~, mais qu'il vicngne
Mais il fault qu'ung peu, là, se tiengne,
Tant que j'aye achevé eestuy.
PATHELIN.
Monsieur, qu'il soit bien ad verty
De son cas, je vous en requier.
Despescliez-le.
LE rnESBTRE.
Sans reliquer~.
J'entends Lien le cas tout de ion~.
PATHELIN.
S'il vous plaist, vous luy direz donc
Que présent le despescherez?
PAT[;EHN,aaPt;netier.
Or ça, vous avez bien ouy
(De quoy je suis bien resjouy),
(Jue present serez despesché.
Je luy ay dit tout )e marché
Et la somme totalement.
LE PELLETIER.
Voire, mais fera-il le pavement
Icy?
PATIIELIK.
Et ouy dea, veu le cas.
(Au rretre.)
Et tettespescherez-vous pas
Icy?
LE PREBSTRE.
Et ouy dea, c'est le mieux.
PATHELIN.
Voire, et bien to~t?
LE PREBSTRE.
(A Pathelin qui revient encore l'interrompre.)·
Tant Je fois, Dieux!
Mais que cestuy ait achevé
De soy confesser, luy levé
Quelconque s'y offre ou présente,
II sera, en heure presente,
Despeschë, tout en la maniere
Qu'il est dit.
PATHELIN.
Pour fatre la chère,
Je voys donc penser du disncr,
Car i) nous fauidra choppiner
Un peu, pour mieux s'entre-congnotstre.
LE PELLETIER.
l5'H me fault longtemps icy estre?
PATIIELIN.
Rien, rien.
LE PELLETIER.
Je seroye deceu!
PATHELIN.
Après que vous aurez receu
Tout vostre argent, et recueilly,
Vous en viendrez avecque luy
Disner,rentendez-vouspassion?
Je ne vous serviroyede rien,
Puisqu'il scait quelle somme il y
Dictes ung ~t'e J)!ar:'<
a.
S'il vous ennuie, en attendant.
LE PELLETIER.
J'attendrayd.oncques,cependant
Qu'i) parachevé cestuy-là.
Heu, emportez-vous donc cela
Laissez-lemoy,sivousvoulez?
.Le paquet de fourrures.
PATHELIN.
Rien, rien.
LE PELLETIER.
Or allez donc, allez
PATHEHN.
Cecy. Eh que me coustera-t-H?..
La voulez-vous dessus le gril
Ou bouillie, ceste grosse anguille?
LE PELLETIER.
Or, je vous requiers qu'on n'habitit' t-
Rien qui soit pour moy davantage?
PATHELIN.·
Vous souciez-vousdu coustage~?
Vous n'aurez rien que l'ordinaire.
LE PELLETIER.
C'estassez.
PATHELIN.
Or,nt'cnh)isse:! faire,
Je m'en voys faire pi)cr les pois 3.
LE PRESBTRE, son pénitent.
Or ça, mon amy, quantes fois
Avez-vous eu sa compagnie 4?
LE PELLETtER, & part.
J'auray une LnHe poignie
LE PELLETIER.
Et je suis, monsieur, fort venu.
LE PREBSTRE.
Je vous ay ung petit tenu
Mais il falloit icy parfaire.
LE PELLETIER.
C'est raison, il le convient fa!A'.
Quant on y est.
LE FREBSTttE.
Or ça, disons?
LE PELLETIER.
Dictes donc, monsieur?
Marchande.
11 payera plus cher.
C'e~t-à-dice je vous ai fait. assez attendre.
LErMEBSTRE.
Ad visons?
Placez-vous?
LE PELLETIER.
C'est tout advisë.
Ne vous a-t-il pas devisé
La.chose, tout ainsi qu'elle est'?
LE PttEBMBE.
Ouy,'mon amy, et je suis prest
Dé vous despescher maintenant.
LE PELLETIER.
N'estes-vous pas Lifn souvenant
Du marché, tel qu'il vous l'a dit!
LEPHEBSTRE.
Ouy dea, ouy, et, tout à son dit~,
J'en feray.
LE rELLETIEK.
Ça, despeschez-nous?
LE PREBSTRE.
Doncques mettez-vousà genoux,
S'il vous plaist?7
LE PELLETIER.
Etpourquoyceey?
LEPHEBSTRE.
C'est la manière d'estre ainsi,
Pour compter son cas humblement.
PELLETIER.
LE
Mais, pour compter bien aysement
Ce lieu-cy n'est pas bien sort-able,
LE PELLET[ER.
Par mon âme, il ne me chault où!1
Mais que j'aye ce que je demande.
"?* LE PREBSTRE.
Tant plus est l'humilité grande
–~ï))i pescheur, plus est esleve.
LE PELLETIER.
SI seruye-je pourtant grève*,
Si j'estoye icy longuement.
LE PREBSTRE.
Vous estes bien dévotement:
Despeschez-vous,sans tant prescher?
LE PELLETIER.
C'est vous qui devez despescher
Despeschez-moy ?
LErnEBSTRE.
Or comptez donc
Ce qui vous mainc, tout du long,
Et bien tost vous despescheray.
LE PELLETIER.
Baillez donc, et je compteray.
Je ne voy que compter icy~,
LE PREBSTRE,
Dea! ce n'est pas à dire ainsi.
Sçauriez-vous compter vostrc cas ?
'rour:M~;<.
Mse, molesté. Le Pelletier a consent &'agenoui))erde-
ant)ePrCtro.
C'est-à-dire je ne vois pab d'argent à compter ici.
LE PELLETIER.
e
Ony Lien Mais ne vous l'a-il pas,
Cet homme, qui s'en va, compte?
LE PREBSTHE.
Pensez-vous qu'il m'aura compte
Voz cas particulièrement?
Il n'y a que vous seulement,
Qui en sçeust parler au certain.
LE PELLETIER.
Pour le vous dire plus à plain,
Doncques, il est vray qu'il y a,
Pour tout, dix-huit francs.
LE PHEESTnE.
Eh dca, dca!
Qu'est-ce à dire?
LE PELLETIER.
Il y a autant.
H me les fault avoir comptant,
Pour les deux pannes qu'it emporte,
LE PREBSTRE.
11 vous fault parler d'autre sorte.
Qu'est cecy? Je n'y entends rien.
LE PELLETIER.
C'est vous qui ne parlez pas bien
Vous ne f.tictcs que barbouiller.
LE PREBSTRE.
Ça, dictes, sans plus vous broutUer,
Tout premier Benedicite?
LE PELLETIER.
Et pourquoy?Quell' necessité
En est-il?
LE PREBSTKE.
Si est-ce la guise'.
LE PELLETIER.
Quand je verray la table mise,
Je le diray; non autrement.
LE PREBSTRE.
Si est-ce le commencement
Et le sceau de confession.
Dictes-le en devotion,
Et puis vostre Confiteor?
LE PELLETIER.
Baillez-moy, ou argent, ou or?
Voua ne faictes que ravasser!
A quel propos me confesser
Maintenant?Il en est bien temps
LE FREBSTRE.
Mon amy, veu ce que j'entends,
Vostre entendement est brouillé.
LE PELLETIER.
Seray-je cy agenouillé
Tout meshuy ? Qu'est-ce cy à dire ?
Vous m'y faictes mettre pour rire,
Ce croy-je, en vous jouant de moy
LE PREBSTRE.
Non fais, mon amy, par ma foy!
Ce n'est pas pour me faire honneur,
Mais pour l'amour du beau'Seigneur
Que je représente en ce lieu.
LE PELLETIER.
Or, me payez donc, de par Dieu,
Puisque representez vostre homme,
C'est l'usage, la forme de la confession.
'Tou). aujourd'hui.
Et me baillez toute la somme
Qui m'est dcue pour la marchandise
Qu'il emporte?
LE PBEBSTKE.
Onvientàt'eglise
l'ouryprierDieu.etnonpns
Pour y parler de telz fatras;
Ce n'est pas lieu pour marchander.
LE PELLETIER.
Est-ce pèche de demander
Ce qui est bien loyaulment deu?
LE PREBSTRE.
Vous sçavez bien que je n~ay eu
Riendevous?
LE PELLETIER.
Rien!
LE t'KEBSTRE.
Dequctmestier
Estes-vous?
LE PELLETIER.
Je suis pettetier,
De par tous les diables d'enfer
LE pnEn'TRE
Hne se fault point esehai)(fei'.
Mon amy, parlez sagement
Et vous confessez gentement?
LE PELLETIER.
Je confesse que vous devez
Dix-huit francs; que vous avez
La denrée qui mieulx vault encoire.
LE PREBSTHE.
Dieu vous rende vostre mémoire 1
D'où vient ceste merencolie?
Ilyabiendetaf~Uie.
Je prie Dieu que il vous sequeure
Vous est-il prins tout à ceste heure,
Mon amy? Vous estes volage~?
PELLETIER.
LE
Par la morbieu je suis plus sage
Que vous n'estes de la moitié!
LE rREBSTRE.
Sans jurer. Voicy grant pitiS!
Il fault que vous vous confessez,
Monamy.ctquevouspfnsez
A Oieu, comme ung homme notable.
LEPELLETIER.
Biais pensez-y, de par te diable
Et me payez, avant la main~!
LE PREBSTRG.
Je~B.vey ornais si soubdain
Entendement d'homme troubler!
LE PELLETtER.
J~Se cuydez-vous ainsi emMer~
~–tlea_ pannes,
sans estre payé?
"AU si vous m'avez délaye'
Payez-moy,~BsjTtus m'abuser.
~T~*?REBSTRE.
~Ss pensez de vous accuser,
Sans rien laisser, de bout en bout~
'rour:Meo)fr<
AJ-unatique, ~Isjonnairc.
*T)n dit maintenant /M~ <<! tKa;e.
~MroLer. voler.
'~Tait att, ndre.
~=
LE PELLETIER.
Le corps bien Si vous ay dit tout,
ËtsuistoutprestueKcepvoir.
LEPREBSTRE.
Comment voulez-vous donc avoir
Corpus Domini? Il
faudroit,
Premier, vous confesser à droit'.
LE PELLETIER.
Mais quel diable d'entendement!
Quant je vous parle de reccpte
D'argent.
LE PREBSTRE.
Voicy bien grant decepte
LE PELLETIER.
Faictcs-m'en la solutions?
LE PREBSTRE.
Faictes donc la confession
Premièrement. Vous absoutdray-je
Sans confesser?
LE PELLETIER.
Voicy bien raige.
Je ne vous parle point d'absouldre
De par le diable t c'est de soutdre.
Vous n'entendez pasàdemyy
LE PREBSTEE.'
Je ne vous dois rien, mon'amyTj.
Vous estes troublé de la teste.
LE PELLETIER.
Me cuidez-vousdonc faire beste?
·
Comme il faut, do bonne
Ucce~Lion, erreu~~
'Lepayemeut.
grace.
Suis-jeacabasser'ainsi?
Vostre homme, qui s'en va <icy,
M'a dit que me payerez tant bien?
LE PREBSTRE.
Quel homme? Ce n'est pas le mien.
LE PELLETIER.
Et par]j!eu, si est! C'est le vostre!
L.E PREBSTRE.
Et, de par sainct Jacques l'apostre!
Je ne le connois nullement.
Ilm'a dit que presentement
Vous confesse, et que me payerez
Très-bien, et si me baillerez
Argent, pour dire une douzaine
Demesses.
LE PELLEMER.
Safiebvrequartaine!
LE PREBSTHE, a part.
Vo~y uu ho.mme des\'oyë~.
LE PELLETIER.
Ne l'avez-vous pas envoyé
~Bouf vostre disner habiUer,
–STendant que me devez baiDer
~L'argent? Il dit qu'il vous gouverne
~]*E PREBSTBE
Il est allé à ItLtaverne
Où il nous attend disner,
Cem'a-itd*
LE PELLETIER.
C'est deviner
Où il est, le diable le saichc 1
"~Berner, ballotter.
Hors de sens,
~T~'e&t-à-dirc
c~aré.
qu'il est
~t
intendant.
votre
LE PREBSTRE.
Voicy un homme qui me fasche
Terriblement.
LE PELLETIER.
C'est bien fasché;
Que ne suis-je donc depeschë!
Seray-jemeshuyauxeseoutes'?
Je vous prie, une fois pour toutes,
Quantj'en ay assez enduré,
l'ayez-moy, monsieur le curé?
LE PREBSTRE.
Mais vostre petit chapellain?
LE PELLETIER.
Vous estes curé?
LE fUEBSTRE.
Pour certain,
Je ne suis que simple "!c'"re.
LE PELLETIER.
Me le cuidez-vous faire accroire?
Et si estes, bon gré sainct Pol!
LE PREBSTRE, à lui-même.
Saincte Marie! voicy bon fol!
Quant vers Dieu se doit retourner,
Il me vient icy reprimprg
D'un tas de follies, où n'y J1
Nulle raison!
LE t'ELLET~ER, tui-m~mo.
C'est bien dit là!
Mais, quant de payer doit penser,
''C'est-a-dire:Restera!-je ici toute )ajournecafairo le pied
de grue?
La mauvaise rime dp ce vers indique une altération de
texte.Ou;)OurraiHire:n'<'onieroua<OK)'Mr.
Il me parle de confesser,
Sans faire d'argent mention
LE PREBSTRE, à tui-memc.
Je fais en bonne intention
Ce que je fais, pour abréger.
LE PELLETIER, à lui-même.
Voicy assez pour enrager
Je suis en grant perplexité.
Qu'est cecy? Bf)!edi'r!f<
LE PREBSTRE.
D<MM sit in corde <o, etc. Ad t'ere <'o/<f<fm
peccata /:<< in ?!0))):'M~ Patris, et F!7!t et S~:?'!<tM
sancti. ~mf~.
LE PELLETIER, à iui-mômc.
C'est à recommencer. Bien, bien
Que diable est-ce qu'il me latine?
Il a fait de croix un grand signe,
Comme s'il eust veu tous les diables.
LE PREBSTRE.
Mon amy, je ne dis pas fables
C'est une benediction
Que je donne à l'inception 4
De vostre confession faire.
LE PELLETIER.
Eh Dieu vous doint tout au contraire
Maiheur et maledict.ion
A lui-même.
Voicy bien grant dérision 1
Sang bien! cessera-t-il jamais
De me bailler des entremets
De confession, en payement?
LE PREBSTRE, à part.
Il n'est qui sceust icy pretendre.
C'est une~droicte mocquerie.
LE. PELLETIER.
Mais une forte tromperie
J'entends bien le cas, ce me semble
Vostrehomme et vous, tous deux ensemble,
De m'embler et tollir mes pannes.
Vous estes plus traistres que Ganes',
Dangereux et mauvais trompeurs
Où ay-je trouvé tels pipeurs?
Quel rencon'.re! QueUe avanturo
LE PREBST!tE.
Ah ne me dictes point d'injure,
Oujovousdonray~surlajoue!
Pour Cf<Hf!oM, un des preux de Cimrtemagne, dans les ro-
mans du treizième siècle; c'e~t lui dont la trahbou engagea l'ar-
mée du grand empereur dans les défilés de Roncevau~et fut
cause de la mort de Roland.
Pour <ftMM<'nti.
LE PELLETtER.
Et pensez-vousque je vous loue
De m'embler ainsi mes denrées?
Aurez-vous les robbes fourrées
A mes despens? Mtde /toc.
LE fREBSTRE.
Corps Meu! Je mets sur_vous le croc 1
Je vous feray suider* soudain
LE PELLETIER.
Le diable emport le chapeUain,
Et le curé et le vadet
LE PREBSTRE,
Mais le pelletier tout seulet~
LE PELLETIER.
En suis-je ainsi sur le cul ceint ~?
Tu me les embles en lien sainct,
Traistre, larron, simoniacle5!
LE PREBSTRE.
Fol, enragé, demoniacle°,
Tais-toy, et t'en vas bien a coup~
LE PELLETIER.
Perdre dix-huit francs tout d'un coup
C'est bien gardé le privilège
Des marchands! Larron, sacrilege
Au moustier, de faict apensc s
C'est-à-dire je mets la main sur Tous.
t-ortir de ce confessionnal, de l'église.
C'ebt-dh'e Que le diable emporte plutôt ]e PeUeticr tou
seul!
Cette locution proverbiale se trouve aussi dans Maistre Pierre
p. ~5, la note y relative.
I'<«Ac<)tt; voy. ci-dessus,
Pour ~mOM!'f.MC.
° Pour ~'N;f)B;ifC.
Sur-lo-chajup, à rinstaut.
Par guet-apens, de fait prémédite.
LE PREBSTRE.
Vuide dehors, fol, insensé,
Car il est bien temps qnc tu partes
LE PELLETIER.
Et je feray. Tes Cebvres quartes
LE PREBSTRE.
Et qui te puissent espouser
LE PELLETIER, à lui-même.
Je ne sçay plus que proposer.
Que maudit soit de Dieu le prebstre
LE PREBSTRE, à lui-mSme.
MaisIe\UainpaiI);)rd!
· LE PELLETIER, à lui-même.
Qup)_maistr8'
Seray-je trompé en ce poinct
Au prêtre.
J'entends LÎcn tout il
ne fault point
Traisner festu devant vieil chat
Car celuy qui a fait l'achapt
Des pannes, et vous, c'est tout un.
LE PREBSTRE.
Tu as menty
LE PELLETIER.
J'en croy chascun
Que si, et que vous avez tort.
LE PIIEBSTRE.
Et le diable, sire, m'emport
Si jamais le vis que a eeste heure
LE PREBSTRE.
AHezuia taverne veoir
S'il y seroit allé, ainsi
Qu'il m'a dit?
LE rELLETlER.
Voire; mais aussi,
S'il y est, et vous me mentez,
H faudra que me contentez;
Car, par ma foy, je m'en revien
Incontinent à vous. H sort.
LE PKEBSTRE seul.
Bien, Lien
Qui me trouvera, si me preigne
Mais comment ce paillard m'engaigne
Quant je l'ay cuidé confesser;
Et brief, je n'y sçay que penser
Ou s'il est sot, ou si cest homme
L'a trompé? Toutesfois, en somme,
Quoy qu'il en soit, en bonne foy,
Je n'iray pas disncr chez moy,
Car il viendra au presbytere,
w
LE
E
TESTAMENT DE PATELIN
PRÉFACE DE FËDITEUR
TESTAMENT DE PATHELIN
A QUATRE PERSONNAGES
c'est à'sçavoir
PATHELIN,
GUILLEMETTE,
L'ArOTICAIRE,
Messire JEHAN )e curt;.
MAISTREFfERRE commence.
Qui riens n'a plus
que sa cornette,
Gueres ne vault le remenant.
Sang Heu'vccy bonne sornette'l
Ou estes-vous, hau, Guillemette ?
Dieux~s'Hvousp)aist,venezavant?
Qui riens n'a plus que sa cornette,
Gueres ne vault le remenant.
GUILLEMETTE.
Que vous fault-il ?
PATHEHN.
Tout niamtenant,
Le sac à mes causes perdues.
Vistement, sans plus de tenues
Délais, lenteurs; en termes de trictrac, la <mMest la titua-
tiotrdu joueur qui tient, c'est-à-dire qui, ayant gagné ounotr,
ne se retire pas du jeu.
Despechez car je n'attens
!es despens,
Qn~a faire fauxor
Ainsy comme' raison est dcue.
''i)ea,pourtant,sej'ay'!a!)ar!ue,
t)c.sormais je suis un vieillard
Nomme Pathelin PatrouiUart
Qui tres-lMultfmpnt vous sa~ue.
Las! qu'est la saison devenue ?
Puis dix an:, en ma conscience,
Je pçrds maintenant patience;
Car je souloye gaigner francx,
Là où ne gaigne pftis 'Nancz 5.
Praticque si ne vault pas maille.
Hau, Guillemette?
GCHLENETTE.
Comment il bâil1e 1
Que'demandez-vous,maistre Pierre?
'FATHEMN.
Ne m'estes-ïous pas allé querro
Le sac où sont mes escriptures?
GUtHEMETTE.
Et ouy.
PATHEHN.
Atoutesadventures,
Apportez ayec mes lunettes
Et gardez qb'eUes soient nettes.
Sus, hastez-yous dé revenir
Car aujourd'huy me fault tenir
Le siege en nostre auditoire..
'Pour:
? Ce surnom indique un avocat qui patauge, qui toucha il
tout' et n'avance rien.
Menue monnaie le petit Mane était un dénier de binon.
GCHLEMETTE.
Et dictes-vous?
PATttELIK.
Hestnotoire
Et certain, par mon sacrement
Je vous pry, faictes prestement.
Tout est dedans .mon escriptoira,
Surloeomptouer?
GUtH.EMETTE.
Dieu! quel mémoire!
Arsoir le mistes sur le Ijanc,
Vostre sac? Bref, à parler franc,
Vous vous tronbtezd'ath'ocasscr;
x
Et ne pf~'ez riens amasser, `
Pour procès que à mener avez
PAT)IEHN.
N'amye, et puis que vous sçavez
Où tout est, apportez-lcs-moy,
Et je vous donray, par ma foy,
Je !? sçay quoy que je vous garde ?
GUILLEMETTE.
Les m'avez-vous hailtez en garde ?
Par Dieu vpicy bonne farcerie!
PATHEHK.
Ma femme, ma tres-douice amye,
Irez-vous point'querir mon sac
A mes causes?
GUILLEMETTE.
Je ne sçay quén* mouschevous poinct.
Par Mluy Dieu qui me nst naistre,
Je cuyde que, se estiez prebstre,
Vous ne chanteriez que de sacz
Et de lettres
PATHEMN.
Que de fatras!
Envousyapeu.desçavoir,
Somme toute, je veuil avoir,
Mon sac: il faut que je m'en voisnj
C'est la façon de ma bourgeoise,
De riens faire, se ne luy plaist.
GCtI.LEMETTË.
Or, tenez! de par Dieu, ce soit
Vela toute vostre Lesongne;
PATHEHN.
Par Nostre Da.me de Boulongne
Vous valez moins que n'R cuydoyé.
Locution proverbM~, signifiant il est bien loin, H est à
vau-t'Mu!
Manquerai-je à l'audience aujourd'hui?
3 C'était sans doute le serment favori de l'avocat Pathelin;
voy., ci-dessus, p. 93. L'image miraculeuse de Notre-Dame, à
Boulogno-sur-Her, attirait uue immense quantité de pèlerins
depuis le onzième siècle.
Mais sçavez-vous que je pensoye,
Devant qu'aller un l'auditoire ?
Je ne sçay que faire de'boire
Un horion c'est le plus seur.
GUILLEMETTE.
Pourquoy n'estes-vous pas asseur ?
Vous doubtez-vous d'aucune chose,
Maistre Pierre?
PATnEUN.
Je présuppose
Que le temps ne soit dangereux4:
Et, d'autre part, je suis jà vieulx
Cela faict à considérer.
SUtHEMETTE.
Sus, sus, il faut délibérer
Ne pensez qu'à faire grant chère ?
PATIIELI N.
Ainsi ne fais-je, m'amye chere
Gardez tout jusques au retour.
GUILLEMETTE.
Ne faietes gueres de sejour;
Revenez disner à l'bpstel?
PATHEHN.
SI ft-ray-je tenez-le tel.
Seurement, je n'y fauldray pas
Aux plaids je m'en voys tout le pas,
Mon baston noilleux en ma main.
Jour est assigné à demain
Contre un homme de la Voirie.
Audience.
C'est-à-dire je m'ahbtieni!rtu même de boire une lampée.
~rour:<H'.Mff< rasais,tranquille.
~Makjin.
~L'editiondeGueutettc porto: ~ftMf..
,° Ici Pathelin ~ort de ta maison et ~e parle à lui-même en
marchant.
"'Noueux.
L'entendement si me varie
Ce n'est pas ce que je demande.
ColinThevotestent'amende,
Et aussi ThibauttBoutegourt,
S'ils ne comparent'versla Court,
En la somme de cent tournois.
Appâtez Ja femme au Dannois
Contre sa voysine Machault
Ou mises seront en deffautt,
S'ilz ne viennent appertoment?
Messeigneurs, oyez ra~pointoncnt
Enhuy donne en nostre Court
< Fut present Mathetin le Sourt,
Attourné 2 de Gaultier fait-ny.ent~ x
Qu'est cecy? Dea, nully 4 ne vient
Seray-je cy longtemps sans feu ?
Sainct Jehan! je n'entens point ce jeu!
Quoy je me sens un petit fade, `
Et crains que ne soye malade
Je me tiens fort foyble et -cassé.
A mon liostel, par sainct Mace 1
Je m'en revoys tout bellement °.
Hau, Guillemette! appertement,
Venez à moy; ou je me meurs!
GUILLEMETTE.
Et dont vous viennent ces doufcurs
Que vous s~ujTrez, mon doulx amy?
*rour:f0~</n~x~
Accompagnaassisté.
Sobriquet, pour /ïj!(i!~f, faignant.
*Pour:K;dutatin,n!
~Kous ne connaissons pas
ans doute un nom corrompu par
t!c.
la
dans le martyrologe. C'est
légende populaire connue
saint.Macaii'c.ousam~Maiachic.ousaintMachaht'c.ousaint.
Matthieu,etc.
Ici i'atîiclin retourne chez lui et frappe à la porte de~a
maison.
PATHELIN.
Je suis demeure et Mily';
Et cuide que la mort m'assault.
Venez à moy Le cueur me fault.
Je vouisisse un peu reposer
Sur mon lict.
GHtLLEMETTE.
Je ne puis gloser 2,
Dont vous procede tel meschef~!
PATHELIN.
Aussi, ne scay-je. Un couvrechef,
Ma mye, pour mettre en la teste?
Voirement, il est enhuy feste
Pour moy Dois-je point desjuner?
Un peu de brouet à humer ?
Je suis basi 5, se Dieu ne m'ayde
CUfJLLEMETTE.
Pour vous donner quelque remede,
Feray-jevenir l'Apoticaire?
PATHELIN.
Baillez donc premier à boire,
Et mettez cuire une poire,.
Pour sçavoir s'il m'amendera s 9?
GUILLEMETTE.
Ayez en Dieu bonne mémoire
1 Vrai, vërItaMe.
Sot, niais, nigaud, dont on se~o&~ ou moque. On tlit encore
dans le même sens un moqueur de sots.
~Du latin sapientia. C'c~t ici la connaissance du droit et de
la chicane. On appelait la normandie ~f~~ de sapience.
Comme Jitin j~< M~c.y~
C'est qu'il faut que chacun meure.
Tant je doubte* a passer le pas.
Je n'yray plus à la cohue
Où chascun jour on brait et hue*!
Sej'aHoyedevieâtrespas.
Tout beau, ma chère amye! hetas!
Choyez-moy Certes,je dectine
GUtI.I.EMETTE.
Jesus mon amy!
y
rATnBUK.
Gui[!e)ninc,
Se je mouroye tout maintenant,
Je mourroye de la mort Ru)ant~.
A peine je puis papyer*
Je vous pry que j'aye à pyer5
Un coup de.que!q~)e bon vin vieulx ?
Et vous despechex car j'en veulx.
Le nouveau si m'est fb)'t contraire.
GUULLEMETTE.
lia maistre Pierre, il vous fault taire.
Vous vous rompez tout le cerveau.
t'ATnEHN.
N'apportez point de vin nouveau
CarIlfuictavoiriaM~OS~.
Etsivouspry.
Je crains,j'aj'pr~hendc.
C'c&t ~-d!re ]e palais, l'audience.
C'e~t-a-dire de h-oif; car, dans les anciennes épopées,
paladin Roland, assailli à Roncevauxpar les Sarrasins, qui pour-
suivaient l'armée de r.hark'magne, souffre tellement de la soif,
qu'il cherche à l'ctattchef en ~buvant le sang de ses btûssurcs.
Ou pepirr, pialler, crier. C'est un vers du Gf<M<< 7't".<<'BM~<
de Villon qui dit B' ta soixante-neuvième strophe
Jf scns mon cueur qui s'aubibUst,
EtptusJGnepuyspnpYcr.
Boire; du grec TCtîtv.
Ce qu'on appelle encore familièrement la cottraK~r.
GUHLEMETIE.
Dequoy?
PA.T!!EHX.
Que tost
Vous allez quure le prchstre.
Et puis après, allez chez maistre
A)I)jorum t'apoticaire
Qu'il vienne à moy carj'ay affaire
De luy très-nécessairement.
Et vous liastez car autrement =
Je mourray, se l'on n'y prent garde.
GDILLEMETTE.
Las! maistre Pierre, fort me tarde
Que jà ne sont icy tous deux
Souvienuo-vous du Hoy des cieulx,
Qui pour nous en croix mort souffrit.
PATHELtN.
On vous entent bien il souffit!
J'en auray bien tousjours mémoire.
Mais pourtant laissez-moy à boire,
Avant qu'a)leraceC!a'e.
Je ne vueil cidre ne père `
Bien au vin je me passeray.
GUILLEMETTE.
Tousjours du tuieu)x que je scauray,
Feray pour vous jusqu'au mourir.
Je voys nostre Curé quérir
C'est messire Jehan Langete.
MESSIRE JËffti').
Est-il si fort malade?
GCtLLEMETTE.
Ouy.
Certes, ce devez-voussçavoir.
MESSIRE JEBAN.
Je le veuil doncfjucs aUer veoir.
GUtLLEMETTE.
Maintenant.
· MESSinE JEnAK.
J'y courray grant erre
L'APOT:CA!RE arrive chez PatMm et luy dit
Que faictes-vous, hau, maislre Pierre ?
Commentse porte la santé ?
PATHEHS,
Je ne sçay, par ma loyauté
Je me voutoye laisser mourir.
L'APOTICAIRE.
Etje viens pour vnus secourir.
Où vous tient vostre maladie ?
GUILLEMETTE.
Et, par Dieu, vous estes bien Leste
C'est messire Jehan qui vous vient veoir.
PAïnEHN.
Dopar Dieu, faictcs-Ic seoir,
Et puis on parlera à luy.
MESSIKEJEnAN.
Mai~tre Pierre, je suis celuy
Qui service vous vauldroit faire.
L'APOTtCAtRE.
Maistre Pierre, s'en vostre affaire
PATHELIN.
Je ne veutx faisant, paon, ne cigne
J'ay t'appetit à ung poussin.
L'APOTtCAtr.E.
User vous fautt de succre (m,
Pour faire en aucr tout ce flume '?
PATIIELIN.
Guillemette, que l'en me plumee
Les deux oyseaulx que vous sçavez
GUILLEMETTE.
Je cuyde, moy, que vous t't'svez
Penser fault de vous mettre apoinct*?
L'At'OTtCAtRE.
Brief, il neluy amende point
Mais va toujours de mal en pis.
FATHEHN.
Une escuellée de bons coulis,
Seroit-ce point bonne viande
Pour moy?
I/APOTICAIEE.
Ung pou do laict d'amande
Vous seroit mei))e~r a humer.
PATnEI.IN.
Si est-il bon à présumer
Qu'a peine je pourroye le prendre.
MESSIREJEHAN.
En après, je vous fais demande
Avez-vous eu rien de l'autruy,
Qu'il vous souviengne ?
PATHELIN.
Hélas ouy.
Mais de le dire n'est mestier.
MESSir.EJEUAN.
Si est, vrayement.
PATHELIN.
C'est du Drappier,
Duquel j'eus cinq, dis-je, six aulnes
De drap, que en beaulx escusjaulites
~ans argent.
Pour JMOHM.
Pour dedans.
Villon, strophe -158, de son Grant Tc&Mf~, parle aussi de
maints lopins
Qui se perdent aux Jacubihs.
Le couvent des Filles-Dieu avait été fondé par saint Louis
pour recueillir les femmes de mauvaise vie; .il était situé à
rentrée de la grande rue Saint-Denis, près du mur d'enceinte
de la ville, à l'endroit même que désigne encore h rue des
Filles-Dieu. Mais il s'agit ici d'un autre couvent, dans une ville
de province, sans doute à Rouen.
La célèbre abbaye de ?aint-Amand était à trois lieues de
Tournay mais il s'agit plutôt ici do la riche abbaye de ~aint-
Amand de Rouen, occupée par des religieuses bénédictines, à
qui la chronique scandaleuse attribuait des rapports peu édi-
tants avec leurs voisins les moines tic Saint-Oucn. Cependant
il faut remarquer que Villon qui avait eu S se plaindre d'un
certain Pierre Saint-Amantet surtout de la femme de ce dernier
personnage, les a cités tous deux, strophe 12 du Pf~'f Tesla-
)M)tf et strophe 87 du GnMi TM<<M!C;!<.
La communauté des béguines, instituée en Flandre dans le
douzième siècle, avait deux principaux couvents à Paris, celui
de l'Ave-)Iaria et celui de Saintc-Avoye, ainsi que 'des mai-
sons moinp importantes dans les principales villes de France.
La réputation de ces nonnains ctait loin d'être irréprochable
Et à toutes nonnains, le jeu
Qui se faiet à force d'eschines
Item je laisse à tous sergens,
Qui ne cessent, jour et sepmaine,
De prendre et de tromper les gens,
CItascun une fievre quartaine.
A tous ctopinours et yvrongnes,
Noter vueil que je leur laisse
Toutes goutes, crampes et rongnes,
Au poing, au costé, à la fesse.
Et, à FIbstel-Ditu de Rouen',
Laisse et donne, de franc vouloir,
Ma robbe grise que j'eus ouen~,
Et mon meschant chapperonnoir.
Après, à vous, mon conseiller,
Messire Jehan, sans truffe ou sornette,
Je vous laisse, pour faire oreiller,
Les deux fesses de Guillemette
Ma femme. (Cela est honneste?)
MESSIRE JEBA.N.
Disposerfault du luminaire
En voulez-vous bien largement?
PATHELIN.
Hélas Guillemette, ma femme
Il est, à ce coup, faict de moy
Jamais mot ne diray; parquoy,
La mort va faire son effort.
GUILLEMETTE.
Ha! Nostre Dame de Montfot't*
Le bon maistre Pierre est basi
MESSIRE JEHAN.
Le remede est prier pour luy,
GUILLERETTE.
Amen, et la Vierge Marie 1
MESSIRE JEUiK.
Or, pensons de le mettre en Lie~.
Jesus tuy soit misericors
GUILLEMETTE.
Retas! quant de luy me recors
Je suis amerement marrie 1
MESSIRE JEtIAK.
Que Dieu luy soit misericors
GUILLEMETTE.
Amen, et la Vierge Marie) 1
Découragement,désespoir.
Pour Btt's~nfor~'fiM.
a Il y a biere dans l'édition gothique, mais la rime nous
diquait un changement à faire. Bie Se disait pour n'f, dans,le
sens de voie, du latin via. Nous nous rappelons'aussiavoir vu
ce mot employé avec la signiticfttion de brouette, c/Mr~~f,'_du
latin M~a.
Pour recorilt, rappelle, ressouviens.
MESSIRE JEHAN.
Jesus luy soit misericors,
Et à tous ceulx qui sont fn vie 1
Adieu toute la Cotnpaignie
I) E L'AVEU G LE
ET DU BOITEUX
t L'AVEUGLE.
L'aumosne au povre (u~cteux
(juijamaisn~journevitgoucte!
LE BOITEUX.
Faictos quelque bien au boiteux,
Q~Luuger ne peut pour ta ~nuctc
L'AVEUGLE.
Helas je mourray cy sans duubk', ·
Pour la faulte d'un serviteur.
LE BOITEUX.
ChetHincr ne puis; somme toute.
Mon Dieu, soyez-moy protecteur!
L'AVEUGLE.
!te)as'tc[))auTaif.dct)'!K'teur~,
Qu'en ro lieu m'a laissp ainsi!
'Dérobé,volé.
Maintenant,désormais.
Perdue, réduite à l'extrémité.
'Mauvaise chance,matheur.
Asservi, esclave.
i\aif, innocent,neuf.NOK~K.
'C'e5t-a-dire:maudttcsoiti<tmort qui t'a mordu! Jeu de'
mots.
L'AVEUGLE.
Qui es-tu, qui te plains si fort?
Mon amy, tire-t'en ce lieu ?
LE BOITEUX.
Helas! je suis cy au milieu
Du chemin, où je n'ay puissance
D'aller avant. Ha! sainct Mathieu
Que j'ay de mal!
tt'AYEUGLE.
` Viens et t'advance
Par devers moy, pour ta plaisance?
Ung petit nous esjovrons.
LE BOITEUX..
De parler tu as bien Faysance!
-Jamais de bien ne joyrons!
L'AVEUGLE.
Viens à moy; grant cluere ferons,
S'ilplaist a Dieu de paradis!
A nully nous ne mefferons
Combien que soyons estourdis.
LE ~OtTEUX.
Mon amy, tu pers bien tes ditz.
D'icy bouger je ne sçauroye.
Que de Dieu soyent ceulx mauldit!,
Par qui je suis en telle voye 1
L'AVEUGLE.
S'à toy aller droit je pouvoye,
Content seroye de te porter
(Au moins, se la puissance avoye),
'LE BOITEUX.
De ce ne nous fault déporter
Possible n'est de dire micutx.
L'AVEUGLE.
A toy droit m'en voys, se je peux.
Voys-je bon chemin?
LE BOITEUX, f
Ouy, sans faiUe~.
L'AVEUGL)'
Pour ce que tomber je ne veulx,
A quatre piedz vautt micu!x que j'aille.
Voys-je bien?
LE BOITEUX.
moy.
Droit.comme une
Tu seras tantost devers
L'AVEUGLE.
caille.
'~rive, garde-robe.
L'AVEUGLE.
Etm'av'ous' 1 joué de rctrect~?
Par.mon serment! vous descendrez,
Et yrez faire aucun pourtraict
D'nng estron, où quu vous voutttrez.
LE BOtTEU.X.
Content suis~, pourvcu qu'atondrez
Que venu soye.
L'AVEUCLE.
Ouy, ouy, vrayement.
Sur ce poinct, le Boiteux descent, et l'Ofneial va veoir se les
moynes dorment et quant les chanoynesemportent le corps.
i]:' recommencentà parler
l~
LE BOITEUX.
Comment
L'on dit des choses sumptueuses.
Ung sainct est mort nouvellement,
Qui faict des euvres merveiUeuscs.
MaDadies les plus peMUeuses
Que l'on scauroit penser ne dire,
n guerist, s'dtes soif joyeuses
Icy suis pour le contredire.
Pour m'avez-vous?
H y a ici un jeu de mots assez obscur; relrail est une ex-
pression du droit coutumier de Normandie, exprimant l'actionet
la faculté de retirer un héritage aligne. L'Aveugleveut dire au
Boiteux, qu'il a gardé indûmentles acquêts de ~on ventre.
J'y consensde bon cœur.
Ce jeu de scène, qui parait étranger à la moralité, sert à la
rattacher au Mystère de saint Martin, qu'elle suit immédiate-
ment on voit que le corps du saint était resté sur le théâtre,
lorsque l'Aveugle et le Boiteux y arrivaient,
C'est-a dire si les malade, supportent leurs maux avec ré-
signation.
L'AVEUr.) n.
Commentcela?
LE BOITEUX.* ·
Je n'en puis rire.
L'on dit que, s'il passoit par cy,
Que guery~eroye tout de tire
SemMaMementet vous aussi.
Venez çà s'il estoit ainsi
Que n'eussions ne mal ne douleur,
De vivre aurions plus grant soufy,
Que nous n~vons 1
L'AVEUGLE.
Pour le meillenr,
Et pour nous oster de ma)hM)r,
t
Jediroyeque.nousa!)issions*
Là où il est 3?
LE BOITEUX.
Se j'estoyo seur
Quedetoutnegarississons,
Bien le vouldroye. Mais que feussions
De tout gueris, rien n'en feray
Trop mieulx vauldroit que fuyssions
Bientost d'icy!
L'AVEUGLE.
Ça,dys-tuvray?
LE BOITEUX.
Quant seray gary, je mourray
y
De faim, car ung chascun dira
'LE BOITEUX.
Ma foy, je scroye bien coquart
S'à luy j'aloye presentement.
L'AVEUGLE.
Anons'.
LEBOtTEUX.
A quell' part?
L'AVEUGLE.
Droictcment,
Où ce gallant joyeux s'hucrnp
LE BOITEUX.
Que vela parte saigement
Où yrons-nous ?
L'AVEUGLE.
·
En la taverne.
J'y voys bien souvent sans lanterne.
r
Lebtement, promptement.
Sot, niais.
a Il y a <t verne dans le manuscrit; nous n'avons pas h~ité &
faire un changement arbitraire qui donne au moins nn sens n
'taphfMe.
~four:)'MM,
LE BOITEUX.
Je te dis qu'aussy fays-je moy,
Ptus voluntiers qu'en la citerne,
Qui est plaine d'eau, par ma foy!
Allons 11 coup t?
L'AVECGLE.
Escoute?
LE BOITEUX.
Quoy?
L'AVEUGLE."
Cptafjuimaynfsigrantbruyt.
LEBOtTEUX.
Se c'estnit ce Sainct?
L'AYEOCLE.
Quel esmoy
Jamais nous ne serions en broyt~!
Que puist-ce estre?
L~EBOtTECX.
Chascun)es))yt.
L'AVEUGLE.
Regarde veoir que ce puist-estre?
LE BOITEUX.
Mateurté de près nous poursuyt
C'est ce Sainct, par ma h'y, mon maistre
j.'AYEUGLE.
Fuyons-nous-en tost en quelque estre7.
)feUas! j'ay grant paour d'estre pris.
'~nr-ïc-~hamp.
Bonne renommée,estime, tonangc.
'Lien.endroit.
LE BOITEUX.
Cachons-nous soubï quelque fenestre
Ou au co!ng de quelque pnurpris
Gardedcchoir?
L'AVEUGLE.
J'ay bien mespris
D'estre tambe si mal appoint!
LE BOITEUX.
Pour Dieu! qu'il ne nous voye point!
Car ce seroit trop mal venu.
L'AVEUGLE.
De grant paour tout le cueur me pninct.
Il nous est bien mal advenu
LE BOITEUX.
Garde bien d'estre retenu,
Et nous traynons soubz quelque vis ?
LE BOITEUX.
Le deable le puisse emporter
Et qui luy scet ne gré ne grâce ?'?
LE BOITEUX.
Or me va-il bien meschamment,
Meschant qui n'a d'ouvrer appris
Pris est ce jour maulvaisement
Maulvais suis d'estre ainsi surpris
Seur, pris seray, aussi repris,
Reprenant ma malle fortune
Fortune 4, suis des folz compris,
Comprenantma grant infortune
L'AVEUGLE.
La renommée est si commune
De tes faitz, noble sainct Martin,
'Dispensa.
Meurtris,égratigne.
"Pour:f~t<
D'aventure, par hasard.
Ce couplet est en ~M~'o{rMf!, dans le goût de Guillaume
Crétin. La rime ou du moins l'assoMnM se reproduità peu près
au commencement de chaque vers. Ces toursde force rhythmiques
étaient très-appréciés cette époque.
Que plusieurs gens viennent, comme une
Merveille, vers toy, ce matin.
En françoys, non pas en latin,
Te rens grace de ce bienfait
Se j'ay esté vers toy mutin,
Pardon requiers de ce meffait!
LE BOITEUX.
Puisque de tout je suis relfait
Maulgré mes dens et mon visaige,
Tant feray, .que seray deffaict,
Encore ung coup, de mon corsaige
Car je vous dis bien que encor sçay-je
La grant pratique et aussi l'art,
Par ongnemènt et par herbaige,
Combien que soye miste 8 et gaillart,
Que huy on dira que ma jambe art
Du cruel mal de sainct Anthoyne
Reluysant seray plus que lart
A ce faire je suis ydoyne
Homme n'aura, qui ne me donne
Par pitié et compassion.
Je feray bien de la personne
Plaine de desolacion
« En l'honneur de la Passion,
Diray-je, voyez ce pauvre homme,
FARCE DU MU NY ER
pA n
ANDRË nE t,~ YinN'E.
PREFACE DE ]7EÏUTEUR
FARCE DU MUNYER
DE QUI LE BtAELt: EtfrURTE L'AME E:f <KfBn
La sainte bouteille.
C'est-a-dii'o Voilà trop d'ordre, trop de sagesse!
3 Le coeur me manque.
C'est-à-dire Si je ne me 1'efai~ pas l'estociac, si je ne me
t'émets pas le ventre.
LA FEMME.
Estre vous doybs malicieuse,
A tout le moins ceste journée,
Car vie trop maulgracieuse
M'avez en tous temps demenée.
LE HDNYER.
Femme ne sçay, de mère née,
Qui soit plus aise que vous estes?
LA FEMME.
Je sus bien la mal assenée
Car nuyt ne jour rien ne me faictes,
LEMUKYEK.
Aux jours ouvriers et jours de testes,
Je fays tout ce que vous voulez
Et tant de petits tours.
LA FEMME.
Pas faides
LE MUNYER.
Haaa!
LA FEMME.
Dites tout?
LE MUNYEK.
Vous votiez,
Vous venez, et.
L.\ FEMME.
Quoy?
LE MUNYEK.
Vous allez:
LE MUNYEJt.
Dictes, ma mye,
Au nom de la Vierge Marie,
Maintenantne.me bâtez point
Malade suis, de fascheric.
LA FEMME.
Tenez, tenez!
Elle le bat.
LE MUNYE)!.
Qui se marye,
Pour avoir ung tel eontrepoinct
Je ne sçay robe ne pourpoinct
Qui tantost n'en fust descousn.
Upteure.
FEMME.
LA
Cela vous vient trop bien à poinct.
Batte, frappe.
On disait ptut~t tttr~r, partet.danssa barbe, grommeler,
marmoter.
'Abondance de Mcn.
LA FEMME.
Bienvenu soyez-vous J'avoye
Vouloir de vous aller querir,
Et maintenant partir debvoye.
LE CURE.
~Pourquoy?
LA FEMME.
Par ce que mourir
Veult mon mary, dont j'en ay joye.
LE CURÉ.
fauldra bien qu'on se resjoye',
S'ainsi est.
LA FEMME.
Chose toute seure
A son cas fault que l'en pnurvoyf
Sagonont, sans longue demeurt*.
LJS MU~YER.
He)!as! et fatdt-il que je mporc,
Heu, heu, heu ainsi meschamment?.
LA FEMME.
Jamais il ne vivra une heure.
Regardez?
LE CURÉ.
Ha par mon serment!
Est-il vray?. A Dieu vous commande
Munyer Haa, il est despeché'
L~ FEMME.
Curé, nous vivrons plus gayement,
S'il peut estre en terre perché ?
'rour:r<faiMf.
C'est-à-dire il faut, par prudence, pourvoir an satut <!e son
âme.
a Je vous recommande à Dieu.
~Ile~tmnrt;<pncbt.faitde)ui.
LE CUItË.
Trop lontemps vous a empeschc?
LAFEMMn.
Je n'y eusse peu contredire.
LE MOKYEB.
Que mauldit de Dieu (Sans pèche,
Toutesfois, le puisse-je dire),
Soit ta pn. 1
LE cnnÉ.
Et moy, gallois.
LA FEMME.
Sans bruyt.
LF. CHKÉ.
Sans nn\'se~.
LA FEMME.
nés fours feronsung million?
Il viendra, il arrivera.
Vite, lestement.
Pour Mw&o~; expression proverbiale signifiant vous
me ~e'-honorex, vous m'outragea, vous me jctt'x de la boue.
J'en despescheray )e pays,
Par le Sang Lieu quoy qu'i) me couste.
LE CURÉ.
Que faictes-vous là?
LA FEMME.
J'escoute
La complainte de mon badin ?
LE CURÉ.
Il faut qu'en bon train on le boute.
Au Munyer.
Dieu vous doint bonjour, mon cousin!
LE MUNYER.
Il suffit bien d'estre voisin,
Sans estre de si grant lignaige.
LA FEMME.
Regardez ce gros limozin
Qui a tousjourssun hautt couraige~
Parlez à vostre parentaige,
S'il vous plaist, en luy faisant teste ?
LE OCRÉ.
Mon cousin, quelle est vostre raige?
LE MONYER.
ËHy! vous-me rompez la teste.
LA FEMME.
Pat mon serment c'est une behte.
Ne pleurez point à ce qu'il dit,
Je vous en prie?
LE MUNYER.
C!'ste requeste
Aura devers luy bon credit.
'J'endfharraMcrai.
On disait a)orsL;'stf)M;)!,camme on dit aujourd'hui S~
\t)yard, dans !e sens de mal appris, grossier, btutai.
~Ort;uefi,iasoience.
LEC~JRË.
Vous ay-je meffait ne mesdit,
Mon cousin? Dond vous vient cecy?
LA FEMME.
Sus, sus.! que de Dieu soit mauldit
Ce vilain Et parlez icy ?
LEMUNYER.
Laissezm'enpaix!
LAFENME.
Est-il ainsi'?
Voire ne parlerez-vous point?
LE MUNÏE6.
J'ay de dueit le corps tout transsi.
LECCEE.
Par ma foy, je n'en doubte point.
Où esse que le mal vous poinct ?
Parlez à moy, je vous en prie.
LE HUNÏEB.
Las mectez-vous la teste appoinct',
Car la mort de trop près tu'espif.
LA FEMME.
ParlezaRegnaultCroquepie,
Vustre cousin, qui vous vient vooir?
LEMCNVEH.
Cruquepie?
LA FEMME.
Ouy, pour voir
Pour faire vers vous son dobvoir,
Ilcstvenulegierement.
LE CURÉ.
Sans plus d'espace.
Que vous ne soyez parjure.
LE MCNYER.
Ha! si c'estoit nostre curé,
Pas tant je ne l'en prieroye a
LE CURE.
Et pourquoy ?
LE MONTER.
Il m'a procure
Aulcun cas, que je vous diroye
Voluntiers, mais je n'oseroye,
De paour.
LECUR)~.
Dictes hardyment?
LE HUNÏER.
Non feray, car Latusproye.
LE CURÉ.
Rien n'en diray, par mon serment!
LE HCHYER.
Or .bien donc,'vous sçavez comment
Ces prostrés sont adventureux?
Et nostre curé mesmement
Est fort de ma femme amoureux
De quoy j'ay le cueur douloureux
Et remply de proplexité
Car coquu je suis maleureux,
Bien le sçay.
LE CURÉ.
Benedicite!
LE MUNYER.
Le poinct de mon adversité,
C'est illec, sans nul contredit.
Gardez qu'il ne soit recité?
LE CURÉ.
Jamais.
LA FEMME.
Qu'esse qu'il dit?
Je suis certayne qu'il mesdit
De moy ou d'aulcun mien amy
Ne faict pas?
LE hUNYEB.
Non, par sainct Remy
LE CCF.Ë.
II me disoit qu'il n'a dormy
Depuis quatre ou cinq jours en ça,
Et qu'il n'a si gros qu'un fremy
Le cueur ne les Loyaulx.
LA FEMME.
Or ça,
Beuvez de là, mengpz de çà,
Mon cousin, sans plus de langaige.
Ici la scène est en Enfer.
LUCtFFEE.
Haro, deables d'enfer j'enraige 1
Je meurs de ducil, je pers le sens;
Pour pefp~M't'M.
Pour /b!tnH<.
J'ay laissé puissance et couraige.
Pour. la grant douleur que je sens
SATHAN.
Nous sommes Lien mit et cinq cens
Devant toy? Que nous veulx-tu dire?
Fiers, forts, felons, deahles puissants,
Par tout le monde, à mal produyru!1
LUCtFFEE.
Coquins, paillars, il vous fiult duyre i
D'aller tout fouldroyer sur terre,
Et de mal faire vous deduyre
Que la sanglante mort \ou~ serre!
S'il convient que je me desserre
De cestegouffronieuse'iicc',
Je vousmectray, sans plus enquerre,
En ung ténébreux iiialefice.
ASTAKOTn.
Chascun de nous a son bffice
En enfer. Que veulx-tu qu'on face?
PEOSERPINE.
De faire nouvel edifSee,
Tu n'as pas maintenant espace?
ASTABOTH.
Je me contente.
SATnAN.
Et je me passe
De demander une autre charge.
ASTAROTn.
Je joue icy de passe passe,
Pour mieulxfaire mon trip~taige.
'Ufaut vous préparer, vousphire~
'Vous divs~tirafaireje mat.
C'est-à-dire de cette prison où jf suis engouffra. )) faut
peu~-ctre]irû:30M/yr'6n~M~pieinedc~oufre,cnsoufi'ce.
BERUH.
Luciffer a peu de langaige
En eufer je ne sçay que faire,
Car je n'ay office ne gaige,
Pour ma vohmtë bien parfaire.
LUCtFFEl!.
Qu'on te puisse au gibut deffaire',
Fils de putain, ord et immonde
Doncques, pour ton estât refaire,
II te faut aller par le monde,
A celle Sn que tu confonde
Bauldernent' ou à l'aventure,
Dedans nostre aMsme parfonde,
L'ame d'aucune creature?
BERITH.
Puis qu'il fault que ce mal procure,
Dy-moydoncques legierement
Par où l'ame faict ouverture,
Quand elle sort prcuMeremrnt?
LTJCtFFER.
Elle sort par le fondement
Ne fais le guet qu'au trou du eu.
BEBITH.
Ha~ j'en auray subtilement
Ung millier, pour moins d'un escu.
Je m'y en voys.
Ici la scène est chez le Meunier.
LE MUNYER.
D'avoir vescu
Si longtemps en vexation,
De la mort est mnn corps vaincu
Faire mourir.
Hardiment, de vive force.
Pour toute resolution;
Doncques,sansgrantdiiac!on',
Allez moy le prestre querir,
Qui me donra confession,
S'il luy plaist, avant que mourir?
LEGUEE.
Or me dictes fault-il courir,
Ou se je yray tout b<'))ement?
n se va devestir et revestir en Curé.
L-E HUNYER.
S'il ne me vient tost secourir,
Je suis en ung piteux tourment.
BERITB.
Velà mon faict entièrement.
Munyer.je vous voys soulager?
L'ame en auray soubdaynement,
Avant que d'icy me bouger.
Or, me fautt-i!, pour abréger,
Soubz son lit ma place comprendre
Quand l'âme vouldra desloger,
En mon sac je la pourray prendre.
H se musse 5 soubz le lit du Hunyer, ittout. '.en Me.
LE CURÉ.
Comment, dea je ne puis entendre
Vostre cas? Munyer, qu'esse cy?
LEMUXVER.
A la mort me convient estendre;
Avant q!)e je parts d'icy,
Pourtant je crie à Dieu mercy,
Devant que le dur pas passer.
DNai, retard.
Pour donnera.
'lise cache.
Avec.
Sur ce poinct, meetez-vous icy,
Et me veuillez tost confesser?
LECCRË.
Dictes?
LE HUNYER.
Vous devez commencer,
Me disant mon cas en substance.
LE CUBÉ.
Et comment? Je ne puis penser
L'effeét de vostre conscience?
LE MCNTER.
Ma curé, je pers patience
LE cnETÊ.
Commencez toujours, ne vous chaille,
Et ayez en Dieu confiance.
LE MCNVER.
Or ça, doncques, vaille que vaille,
Quoy que la mort fort je travaille,
Mon cas vous sera relaté.
Jamais je ne fus en bataille,
Mais, pourboire en une boutaille
l,
J'ay tousjours le mestier hanté.
Aussi, fustd''n'cr,f'U!-td'esté,
J'ay bons champions fréquente,
Et gourmets de fine vinée
Tant que rabattu et conté3,
Quelque chose qu'il m'ait cousté.
J'ay bien ma face enluminée.
Après tout, le )ong de l'année,
J'ay ma tulunté ordonnée,
'rour:to!t<<<
Bons connajsgeurs en vins, amateurs de vins délicats.
3 Expressionproverbialesignifiant. toutbien compteet eatcute.
Comme sçavez, à mon moulin,
Où, plus que nul de mcrenee,
J'ay souvent la trousse donnée 1
A Gaultier, Guillaume et Colin.
Et ne sçay, de chanvre ou de lin,
De Med valant plus d'ung carlin,
Poui~Ia doubte des adventures~,
Ostant ung petit picotin,
Je pris, de soir et de matin,
Tousjours d'un sac doubles moustures.
De cela fis mes nourritures,
Et rabatis mes grands coustures3,
Quoy qu'il soit, faisant bonne myne,
Somme, de toutes creatures
Pour su porter mes forfaictures,
Tout m'estoit bon bran et faryne~.
LE cnRÉ.
Celuy qui es baults lieux domine,
Et qui les mondains entumyne~,
Vous en domt pardon par sa grâce
LE MONYEt!.
Mon ventre trop se détermine~
He)as!jo ne sçay que je face.
Ostez-Yous 1
Pour m~OM~t!{9.
C'en est.
LtJCtFFEK.
Or, qu'il n'y ait coing ne carrière
D'enfer, que tout ne soit ouvert!
Un tour nous a baillé trop vertI
Brouijo suis tout enpuanty.
Tu as mal ton cas recouvert*'
SATHAN.
OncqucstetehoseneSLenty!
1
LUCIFFER.
Sus,acouj),qu'itso)tasserty"2
Et batu tres-viUaynement.
SATIIAN.
Je luy feray maulvais party.
Hz le battent.
BEHtTH.
Alamort!
HJCIFFER.
Frappe;! hanUmL'nt!
I
BERITH.
A deux genoulx tres-humblentcnt,
Luciffer, je te cry' mercy,
Te promectant certaynement,
Puisquecognoistnoncasamsl
Que jamais n'apportera cy
Ame de munyer ni inuTiyere.
LUCIFFER.
Or te souvienguede cecy,
Puisque tu as grace planyere,
Et garde d'y tourner arrière*,
D'autant que tu aytnes ta vie.
Équivoque,c'e&t-à-dirc.tuasmat
recouvré t.on]jicn.
Garrotte, lie de f'orJe&.
Dcreclief, dorénavant.
Aussi, devant ne de costiere',
l,
Surpayncdehnynneassouvye*,
Deffens que nully, par envie,
Désormais l'aine ne procure
De munyer estre icy ravie,
Car ce n'est que bran et ordure.
'D<!côt<.
C'ei.t-dire de rfpr6saiUes.
LA
COMDAMNACION DE BANCQUET
MORÂHTË
pAn
` NICOLE DE LA CHESKAYE
PREFACE DE L'ÉDITEUR
COMDAMNACIONDE BANCQUET
BA.NGQUET.
Pecune doit tousjours estre mobile.
DISN.ER'
Plusieurs ont este,
Yv~r et este,
Qui ont fort gousté
Des fruitz de la terre.
SOUPPER.
S'il en est planté
C'est grant lascheté,
BIasme ou chicheté,
Les tenir en serrer
BANCOOET.
Où les biens sont, illec il les fault querre
DISNER.
Laissons les acquerans acquerre,
Ordinairement, de tempsautre.
Pour mMcAmxcf, mauvaise chance.
Quant on bien ris ou chanté,
a
A la fin fault tourner la chance.
Ha! vous voulez avoir plaisance 1 ?
Bien vous l'aurez pour ung tandis''
Mais gens qui prennent leur aisance
Se retrouvent les plus mauldis.-
BONNE COMPAIGNIE, gorriere damoyseUe, se tire avant, avec
tous ses gens en bon ordre, et dit
Arriere, chagrins et marris 4
Car je ne qùicrs que plaisans ris,
Et de tous esbatz abondance.
GOURMANDISE, femme.
Et, moy, le gras beuf et le riz,
Chappons et poulletz bien nourris,
Car de la pance vient la dance.
FMANB:SE,îem!ne.
Bon fait, attendant le di~ner,
D'ung petit pa~të desjeuner,
Pourveu qu'il soitcbault et friant.
PASSETEHPS, homme.
Riens, riens 5! tousjours solas~ mener;
Jouer,chanter, dancer, tourner,
En babillant et en riant.
JE-BOY-A-vons, homme.
Cela ne vault pas ung neret
Mais vin vermeil et vin cleret,
Pour arrouser la conscience.
Satisfaction,plaisir.
Pour un moment.
De bonne mine, bien parée.
Gensmoroses.
Cette exclamationéquivaut à celle-ci Bien, ~H/
Joyeuse vie.; M~os ou so~M vient de sf;t«h'«m.
Liard, petite monnaie de billon noir ou HfT~.
JE-PLEIGE-D'AUTA.NTI, homme.
Jeprisemieotxtetnu~cadef:
Quant on en verse plain godet,
Jele prens bien en pascience.
ACOUSTUMA~CE,femme.
Quiconque ung train pneommence,
Soit de mestier ou de science,
D'exerciceou de nourriture,
Laisser n'en peut t'experiencf,
Car nous avons clere apparence
Que eoustume est autre nature,
Non pas nature proprement
Touchant nature naturée,
Mais ung train tenu longuement,
C'est quas! nature atterëe.
BONNE OOMrAtGNIË.
Il fault commencer ta journée.
Sus, je vous ordonne qu'on fine
D'une tostée enluminée~?
JE-BOY-t-YOUS.
Et de hon vin.
BONNE COttPAtGNtE.
Quarte ou chopino.
JE-PLEIGE-D'AUTANT.
Tantost vous en feray l'amas.
BONNE COMPAIGNIE.
Et, au sur.p)us. qu'on nous propine~°
Deux platz de prunes de Damas.
Ce
surnom signinc j'accepte tous les /o;M~.
à Vin muscat cuit et épicé.
3 Grillade dorée par le feu.
''G't'st-d[['e:qu'onuom apporte, ~u'onnons!tCrte;du)a)i[i
j?roptK<!r~.
Cepremier repas se fera sur une table ronde.ou carrée, et <-e la
saispn est qu'on ne puisse tiner de prunes, ït faut prendre
prunes seiches, ou enfaire de cire qui auront forme et couleur
de Damas.
GOORMANBlSE.
H fault remplir noz estomacz
Soit de trippes ou de jamLon.
FRtANDtSE.
Fy fy C'est pour Jehan ou Thomas
Il me suftist de pou* et bon.
JE-BOY-A-VOUS.
Voicy belle provision':
Pastez, prunes, pain, vin et tasse.
BONNE COMpYlCNtE.
Chascun preigne sa porcîon,
Puisqu'il y a viande en place.
)E-PLE!GE-D'AUTANT.
Et comment Gourmandiseamasse
Ces prunes, pour les enfourner
JE-BOY-A-VOCS.
Elle a mangé une lymace*.
BONNE COttP'AtCNtE.
Paix! paix! H n'en fault mot sonner.
P'ASSETEMPS.
Gente dame, pour vous donner
Ung peu de resjouyssement,
Quelque dance veutx ordonner
S'il vous plaist?
Avoir, frouver.
~rour:p~,avecÏj.prûnonf'iat.ioïiitalienne.
3 qu'elle avale une li-
Gourmandisemange si gloutonnement,
maeequisctrouTaitsurtespt'unes.
BONNE COMPAIRNIE.
Tost.legieMmcnt.
PASSETEHPS.
Pour commencer l'esbatement,
Ça, Friandise, ma mignonne,
Je vous vueil mener gentement,
S'il ne tient à vostre personne?
FRIANDISE.
A vostre gré je m'abandonne,
En tout honneur, sans mal penser.
PASSETEMPS.
Qui viUennie s'adonne,
Jamais pas ne puist-il passer.
Hhpreatpariamain.
Quant ainsi vous tiens par la main
Et voy Yostre visage humain
Plus doult que d'une Magdate~e,
Il me souvient'du joyeux train
De Paris, qui ronge son frain,
Tant est surpris de dame Ilelainel.
FMANDtSE~
Et quand je voy le dou)x ymaige
De vostre gracieux visaige
Où il y a beaulté foison,
11 m'est advis, en mon couraige',
Que je face le personnage
De Medée, et, vous, de JasonS?
PASSEfEMPS.
Tantost monstreray la façon
De dancer sur le nouvel art.
Est à noter que, sur l'eschaffault ou <'n quelque lieu plus hault,
seront les instrumens de diverses façons, pour en jouer et di-
versinier, quant temps sera. Et sur ce présent passaigc pour-
ront jouer une basse dance assez hnefve, puis dira Disner
DISNER.
Il nous faulttyrer ceste part,
Où sont toutes joyeust tez
Bonne Compaigniey départ
Ses jeux et gracieusetés.
SOUPPER.
Tous troys avons les vouleutez
De la suyvir a à toute instance.
BANCQUET.
Ung beau salut luy presentez,
Pour impetrer son acointance.
DISNER.
Je prie à la divine Essence,
Qu'elle tienne en convatoseence $
La dame et son estat not.tbie.
BONNE COMPAtGNIE.
Dieu gard les seigneurs d'excellence
Venez gouster de l'opulence
Des biens qui sont a ceste table ?
'rour:it;M.
'Prospérité, bonne san~e.
SODPPER.
Pardonnez-nous, dame louable,
SeavosheiogishonnnraMe
Sommes venus sans inviter?
BONNE OOMPAtGNtE.
Ce)a, ce m'est chose aggreaMe.
Toutesfois, il est raisonnable
Que je oye voz noms reciter.
DISNER.
J'ay nom Disner.
SOCPPER.
Et, inop, Soupper.
BANCQUET.
Et, moy, Bancquet, gent et legier,
DISNER.
Pour gens à table occuper,
J'ay nom Disner.
sourpER. ·
Et, moy, Soupper
BANCQUET.
Je fays plusieurs biens dissiper
Et hors heure Loire et manger.
DISNER.
J'ay nom Disner.
SOUPPER,
Et., moy, Soupper.
BANCQUET.
Et, moy, Banequet, gent et legier.
BONNE COUPAtGNIE.
Telz hostes doit-on bien loger
Hz sont de prix et de vaHeur.
Or, sus, mes gens, sans plus songier*.
1.
Faictes-Ieur boire du meilleur?
DtSNER prent la tasse.
Vostre vin a belle couleur.
Passetemps,Je-!my-a-vouset Je-pteige-d'antantteurMiient les
taiiSC!.
SÛUPPEE.
La saveur vault encores mieutx.
BANCQUET.
C'est vin pour guérir de douleur
Et pour enlummer les yeulx.
D1SNER.'
Dame de maintien gracicut,
Dictes, sans penser à nul vice,
1
Qui sont ces cueurs solacieux
Qui vous font honneur et service*?
BONNE COMPAIGNtË.
Tantost en aurez la notice:
Veez cy Passetomps, au plus près;
Je-boy-a-vous, honnue propice,
Et Je-pleige-d'autant après.
EUe les monstre.
Veez cy la frisque Friandise,
Qui au ptnt gentement s'avance;
Vcez cy la g[oute Gourmandise,
Et puis veez .oy Acoustumance.
!)!SNER.
Pour Dieu n'ayez à desp)aisance
Se de leur estât enquérons?
DCSNEK.
Chez moy viendrez sans plus d'arrest,
Car je vueil conttnenf'cr la feste.
BONNE COMPAtGNtE.
Je le vueil bien.
DISNER.
Tout y e-:t prest,
En salle plaisante et honneste.
SOUPPER.
Ma dame, sachez que j'upp~te
Vous avoir au second repas?
BANCOOET.
Et le dernier tour me compote
Vous y viendrez, ne ferez [):<s?
*C'eM-ii-diro:parexee)[ecce.
Pour: (fomch! demeure.
Travaillé.
L~SECOjNDSBmtTEUK
Viande avez nloult delectable,
Bonne saulse et bonne vinée.
Dii-NER.
Or, sus, l'eaue est-elle donnée I?
Font semblant de lacer.
L'EiiCUïËK.
J',en sers, comme escuver de bien.
DtSNEtt.
Veez cy vostre place assignée,
Madame?
BUNKE CONt'AfGiUE.
Jetevueittrès-bi'?)).
D!SNt:t<.
Passetemps, valeureux crestieu,
Prenez vostre lieu cy de coste,
Et puis chascunpi'engnete sien,
L'ung après l'autn. coste à coste.
BONNE COtfPAIGNtE.
C)' sera la place de l'hoste.
biSNEtt
!ia,jeteraybie!),n't;ndoubt(;x.
LE FOL.
Mais où sera n)oy et marotte?
'f
Devons-nous estre déboutez ?
DiSNEB.
Apportez l'assiete", apportez?
Avant le t'fpas, on donnait l'eau; c'eM-a-dirH que l'oupréseu-
tait l'aiguière à chaque convive, pour se laver les main~.
"On appcbita~e//<!oumff: ce queuous appelons Mti't.
ouM~e
ou ealrée dans uuun diner.
dîner. Taillevcnt,
Taittevcnt, dans son Livre
dan& :ou cuisine.
Livre de cuisine.
nous offre plusieurs nt.'nus qui non- apprennent ia contpo-i-
!ESCUTER.
Maisquoy?
DtSNER.
Frictures à foison,
Brouet, potaiges, gros pastez,
Beau mouton et beuf dè saison.
LE FOL.
Se les gens de vostre maison,
Ne vous servent selon raison,
1]~ auront de ceste massue.
DISNER.
N'oubUez pas le gras oyson,
Le cochon et la vcnoison,
Quelque entremetz, et puis Fyssu'
LE CUYSINIER.
Ça, gallans, de la retenue t
Ne voulez-vous rien despescher ?
Servez tt'qys metz d'une venue?
Si trouveront mieulx à mascher.
tion d'un banquet ait quinzième siècle. Voici le Ba)ic~ttf< de
MïOH~C!~HC~rd'Es~wp~s « « Pour première assiette Chapons au
bronet .de eaneUe.PouUe'tM herbes; Choul'monvea.uh,etpuis
laVenaison.
K
Second metz Rûbt le meilleur, Paons au ';clereau; Pastc/ de
ch~ppons;~cvrotzau vinaigre rosat, et Chappona aumoust JehaM.
« Tiers metz Perdrix a )a h'imotette Py~eoas à t'estutee
Pastez de venaison; Gelées et touchées.
K Quart metz Pour cresme, Pastez de poires Amandestoutes
succrees;NohetPoircscrues.u
Ce menu, queTailieventCtts comme un modèle,ne peut soutenir
la comparaison, il faut l'avouer, avec les menus de l'illustre Ca-
rème cependant, à en croire lo Livre de Taillevent, les jus de
viande et de poisson étaient alors infiniment plus succulents et
plus soignés qu'ils ne le sont dans la cuisine du dix-neuvièmf-
siède.
En terme de boucherie, ce mot a une foule de signiBcatfoa'-j
il se dit des extrc'mites de la bête, de sa tête ou de sa queue, ou
surtout de ses entrailles mais ici, c'est l':M')~ de fable, fe des-
sert.
Le Cuysinier aura ses metz tous prestz sur quelque autre taMe
et les baillera aux servant.
L'ESCUYER.
Je voys doucques ce plat coucher
Dessus la tahte promptement,
Et le poser honnestement,
Affin qu'ilz y puissent toucher.
LE PREMIER SERVttEUM
Pui~ qu'il fault les metz approcher
Eu servant gracieusement,
Je voys doncques ce plat coucher
Dessus la table promptement.
LE FOL.
Je ne cesse de )nc muuscher,
Affin d'estre pt))ti nettement,
Mais compte on ne fait nullement
De moy non plus que d'ung vacher
LE SECOND SEfiVtTEDH
voys doncquesle plat coucher
UtMsus la table promptement,
Et le poser honnestement,
Aflin qu'ilz y puissent toucher.
PISNER.
))a daine, je vous vc'jit trene))er?
BONNE ontfPA.tGNtf.
A voxtre plaisir.
DISNEK.
Or, tenez,
[)eH, il ne t'jutt pas t~nt prescher.
J'entens que tous y advenez.
PASSETEMPS.
Amplement nous entretenez.
Voicy beautx metz frians et doutx.
DISNER.
Versez du vin et leur donnez'
Du fin meilleur ?
LErREMtERSERVtTEUR.
Ce ferons-nous.
JE-BOY-A-VOUS.
Soignent' hoste, je boy à vous
DISNER.
Et je vous pleige'tout contant!1
BONNE COMPAfGNtE.
Mes amys, je boy à vous tous
JE-PI.EIGE-D'AUTAtf'r.
Quant a nMy, je pleige d'autant
FRtANDtSE.
Passetempsjoyeux et bruyant,
Pour moy ung petit ragouter,
S'il y a rien de bien friant,
Vous me le dcussiez présenter ?
PASSETEttPS.
De cela ne vous fault doubter
Je feray vostre remonstrance.
` GOURHANDtSË.
(tuant nnoy, je veuil bien bouter~,
.Boire et manger jusqu'à outtrance.
LE FOL.
Hz ont le meilleur temps de France,
Sans soucy, sans melencolye.
Armées.
Moy, Paralisie, aygrement
Les nerfz, qui sont dessoubxiape.ut,
Je molliRelourdement.
Le sentir et le mouvement,
Je desreigle, quand je les touche
Là se trouvent finablement
Ceulx qui font les excès de bouche.
EPHENCtE*.
Et moy, qui suis Epilencie,
Dois-je pas avoir renommée?
Je suis la seur d'Appoplexie,
Qui s'est premierement nommée:
Par moy est la teste estonnée,
Par moy tous jeux sont en debatz;
Par moy ont la malle journée,
Gormans qui prennent leurs esbatz.
PLEURESIE.
Pleuresie revient en place,
Qui est unjj mal fort redouble.
Je fais mourir en brief espace*
3
Bien souvent le plus hault monte.
Espennicutes~ducostë,
Une apostume metz et couche
Par ainsi sentent ma durte,
Ceux qui font les excès de bouche.
COLtCQUË.
Et que direz-vous de Colicque,
Passion de travail comblée?
C'est la très plus melancolicque,
Qui soit en toute l'assemblée.
Dedans collon je suis collée,
GRAYEI.LE.
Est-il de moy quelque nouvelle,
'innocente,sotte.
*nemue-mcnage,dësor<)rc,rayagp.
Qui suis ung- morbe officiai t ?
Médecins m'appellent Gravelle,
Torment assez especial.
Par faulte d'emplir l'urina),
Hfes suppos renverse et abas,
Et metz en detriment final
Gormans qui prennent leurs esbas.
GOUTTE.
Que direz-vous de moy la Goutte,
Qu'on dit Ciragie ou Artetique ?
En mon cas homme ne voit goûte,
Tant soit médecin auctentique.
Je suis podagre sciatique,
Pire que n'e<t poingnant' mousche
la
Dieu sçait comment je poins et picque
Ceux qui font les excès de bouche
APPOPLEX!E.
Quant nous sommes tous ensemble
Autour d'ung povre corps humain,
Respondez-moy, que vous en semble,
N'est-il pas cheut en bonne main?
PAtiALIstE
Corps qui est trop farcy de sain*,
De vin, de pain, de chair friande,
Ne peut estre )onguement sain,
S'il ne digere sa viande.
SOUPPER.
Et Bancquet sera avec luy.
Voicy les gens que je demande
Dieu gard ces nymphes desbifées 3
Si pour quelque chose vous mande,
Y viendrez-vous bien eschauffées ?
Malqui représente tous les maux ?Mor&~
Graine, lard.
~Quiontsimau~isemine.
nptLENOtE.
Mais que nous soyons estoffées,
De nos breteHes.* et bastons,
Nous y troterons comme fées,
Ou comme garoux ou )uytons'
SOCPPEti.
Bancquet et moy, nous attendons
Bonne Compaignie et ses gens,
Lesquelz festoyer entendons
De tous metz gracieux et gens
De leur santé sont negligens,
Et pourtant chasticr les fault;
Si vepil que soyez dilligens
De leur faire ung petit assault.
PLEURESIE.
Mais voulez-vous que, de plain sault,
On les face morts tresbucher,
Ou qu'on les envoye en lieu ehault
Tous malades, pour eulx coucher?
SOUPPER.
['remie]j il vous fault embuscher
En mQBlogis secrettement:
Et puis je vous yray ))ucber
Pour commancer l'esbatetnent.
Lors viendrez-vous soubdainement
A l'estourdy frapper sur eulx,
Pour leur monstrer visiblement,
Que long Soupper est dangereux.
SOUPFER.
Oh il souffist, le temps se passe
Vous frapperez sur les manteaux ?
Je voys, tandis que j'ay espace,
Appointer mes biUebateaux~.
BONNE COKPAIENIË.
Or ça, reboutons noz cousteaùt.
La disnée est bien acomplye.
Camus, bots, étonnes.
Ce mot ne ligure pas dans les dietionhaircs comme on <p-
pelait )if/t les vases imtre eîles pièces d'orfevrene contëhat)i
des confitures. nous pensons que ~!i/o<e;<;< a )e ménié sens
que nef. H y a encore des &a/MM~' dans un sei'~îcË de dessert.
Faictes oster tables et tréteaux,
Monhoste,jeYOusensupp)ie?
DISNER.
Ma dame Bonne Compaignie,
Maistressc d'excellent degré,
Vous et vostre belle mesgnye,
S'il vous plaist, vous prendrez en gré?
LE FOL.
Sainct Jehan vous m'avez bien monstre
Que je suis fol totalement
Au moins, si j'eusse rencontre
Ung voirre de vin seullement!
Ne suis-je pas bien aeoustre?
Je ne scay comment on l'entend
Puisque je n'ay rien impetre,
Je iray jouer au mal content'.t.
BONNE COMPAtGfUE ditGraeM.
Mon Dieu, qui, au commencement,
Le monde soubz le firmament,
Si richement edilias,
Desbiens dont arons largement,
Te mercions presentement
DelLonjcucur.
JE-BtT~-VUUS et JE-PLEtnB-n'AUTA.'i]
D<'o~)'a/?'ns..
JE-BOY-A-VOUS.
Dieu, qui, par !ouab)';s façons,
De cînq pains d'orge et deux poissons
Grant multitude sacias
De tes viandes et beau)x. d"ns
Eumbiement grâces te rendon*. °
De bon cueur.
-h- C'Mt un jeu de carte! qu'on*'ap))ehtit au~si /<* /«t< et f<
MaMm~Kj il est dt~ parmi les jeux de Gargantua.
C'e~t-a-dire tu ;'«.<.w.<tM, lu restann-t.
PASSETEUPS et JE-PLEIGE-n'AUTA'<r.
D~O gratias.
BONNE COMPAtGNIE.
Or ça, danseurs, estes-vous las?
Il fault reprendre l'ordinaire,
Et pour mener quelque solas,
Faiftes jouer le lutenaire 1.
PASSETEMF'S.
Madame, c'est~moya~faire:
,_JeYoysIecasexccutpr.
Au demourant de nostre affaire,
Pensez de l'hosteconh'ntcr.
DISNER.
De cela ne fault sermonner.
BONNE COMPAtGNIE.
t) vous a coustë largement.
DISNER.
Je vous ay bien voulu donner
Ce repas amyablement.
BONNE COMPAtCN)E.
Puis que ne voulez autrement
Recompense de tous voz biens,
Je suis vostre totallement,
Et si vous offre tous les miens.
PASSETEMPS.
Toy, joueur, qui vois noz maintien'
Tous prestz de marcher et passer,
Puis que le lutz en ta main tiens,
Sonne Si nous feras danser.
LE SECOND SERVITEUR.
J'' su! content de m'avance)',
Car autre chose je n'espie.
LE CUYSINIER.
On doit de soy-mesmes penser
Gallans, allons croquer la pic.
Je n'en puis plus, se je ne pieIl
Quelque pianche bonne et fresche.
LE FBEMtER SERVITEUR.
Je crqy que j'aur.iy )a pepie,
Ta.nÏ.~y la povre langue seiche.
LE CUYSINIER.
Voicy ung plat, pesche cy peschc*,
Combien qu'il n'y ait rien de chault.
rREMtËft SERVITEUR.
LE
S'en peut trouver quelque voj)ai)[('s.
Soit en montaigne ou en vaUée,
Vous sel'ez servy, ne vous chaille,
Dt' rosty, boully ou gelée.
LE SECOND SERVITEUR.
Je n'y feray chose qui vaille,
Si je n'ay la teste enyvrée;
Mais si la boisson m'est livrée,
Je verseray plus dru que paif)'
L'ESCUTE~.
Vous serez servy, ne vous chaiUe,
De_ rosty, boully et gelée;
n'y fault point de chair salée,
Mais connins, perdrix et poullaille.
SOUPPER.
Or, sus, Escuyer, je vous baille
La charge et te gouvernement.
1 Disposer tout; ce verbtîestencoreusitédans iâ marine.
C'est-à-dire nous n'entendonspas recevoir le moindre sa
laire.
Ne vous en inquiétez pas.
Lapins.
'Vo)ai)iedcbasM'f'our.
1 Gibier ailé.
L'ESCUfER.
Nous yrons tous, vaille que vaille,
Et au banquet consequamment.
BONNE COMPAIGN1E.
Est-il estat que vivre plaisamment,
Joyeusement, sans aucun plaisir prendre;
Boire d'autant, manger pareillement,
Abondamment, et puis honnestement
L'esbatement et le jeu entreprendre.
A bien comprendre, et la matière entendre,
Chascun doit tendre à tenir cest usage.
II est bien Fol qui cerehe son dommage
Dansons, ryons,
Sans nul soucy
Chantons, bruyons
Dansons, ryons,
Douleur fuyons,
Et paine aussi
Dansons, ryons,
Sans nnl soucy
Ne se doit-il pas faire ainsi,
Qui peut et qui a l'aisement *?
PASSETEMPS.
Il seroit bien fol, Dieu mercy,
Quiconque feroit autrement.
r
BONNE COMPÀtGNIE.
On doit vivre amoureusement,
Et hanter les dames honnestes.
PASSETEMPS.
Je m'en mesle commum'ment,
Mais je ne quiers que les plus nectes
LE FOL.
Etc'est la fin des amoureux,
Et des gourmans pareiHement
Premier deviennent langoureux,
Et puis ilz meurent meschamment.
Soupper parle & Bonne Compagnie.
SODPrER.
Dame'vivant triumphamment,
Je vous faiz declaration,
Qu'il est heure presentement
De prendre sa refection.
BONNE COMPAIGKIE.
Je suis de ceste oppinion:
Là se fait-il Lon occuper.
60CPPER.
VenexYeoirl'abitaeion,
Oli j'ay preparé le soupper
H l'emmaine par soubz le brm.
LE SECOKD SEUVITËOR.
Devant ma dame !agorrierc,
Voys présenter ce gibelet ?
LBCUÏStNIEf!.
Et, toy, detnou.res-tu.derriere?
LE SECOKD SERVITEUR.
Je voys servir ysabelet 2.
SOUPPER.
Madame, mangez, s'il vous'ptaist,
Et si tastez de tous noz vins?
J'en ay du plus friandelet,
Qu~ soit point d'ioy à Provins.
Sus, )t0 serviteurs barbarins
Apportez-nous ces bustaudt'aux
PonHetz et chappons pèlerins",
Cignes, paons, et pfi'driaux,
Epaulles, gigotz de chevreaux,
Becquasses, butors, gelinottes,
Lièvres, connins et lappereaux,
Hérons, pluviers et alouettes?
BONNE CONPAtGNtE.
Partout iray là où vouldrez
J'entretientirayde bon courage.
Mais j'entens que vous revicndrf!
Incontinfnt ?
SOUPPER.
Si feray-jl'.
Ce Proverbe veut dire qu'il n'y a pas de mauvais guéour
un bon cheval.
Premier vers ou refrain d'une chanson devenue prover-
biaie.
Four, fourneau, chappe do cuivre ou de fer-blanc,
BONNE COMPAI&NtE.
Sus,gauans,quiavezi'usaige
De harper', ou instrumenter,
Trop tunguement faictes du saige
Une chaneon convient ucuter:
5paMz-uoMs~oM<,~'a~ mis mon c!~M?'
0:< non pas, OK~!MM< M MMdt'a.
~rf~f!
)'
D'MK~ autre a~;)tcr
~~M'g?!~ ~M'a~fH:?' p&!<<[.
<<M!<HM~ CM <<!r~<<?'S.
~IMM, moK~M<p/a:s:r.
J<!??t<S mon CM~ti)'JO!/e K'C[Mr<
Cela MK~ P~M, r<!ff/M< dM:)'
PO!<)'~OyPKS<?/f' !)?SM<Mt)'
jO:'e<M, ~y!<:7 /~Kr no~/MM.
pn?M <M:M<)', /f SOitM/H'
J''<:</
Pe tous &Msp<a:M<' est M:<! moM~r~sse.
Jouer de la harp!\
Ce vers et les suivants sont de-) ~M~~ de chansons, pu
vogueàocL.te époque, qu'ilneseraitpput-ctrcpasimpos~il)!?.
deretrouvcrdansicsrccuensmanuscrits, L'aronneconna!t
pas de recueils de chansons imprime-? du temps de Louis XU.
"Ce passage,qui n'a été citépar personne, etque nous ne
eonnaissious pas encore quand nous avons publie notre édition
des Vaux de Vire d'OtivierUasselin, semble prou ver d'une manière
certaine que le V<;K~f! n'est pas une corruption <)e t't/f.
~'rf.nideito~fj'c!
LECUYSINtER.
Uo!hongresainctGris',jenecfss('.
Voyez-vous point comme sue? jf
Serviz serez d'une venue,
Incontinent, sans faire noise.
Veez cy fructerie menue,
Tarte cnuverte~etb~urhonnoise':
Vous avez des metz plus de douze,
Pour servir ces trois marjoUez*
Vous avez raton", taHemouse~,
Rauffrfs, poupelins7, darioUM".
sonprER.
Servez-les à peu de parolles,
Escuyer, entendez-vous bien ?
Je voys faire des monopolles,
Dont il ne viendra pas grant bien,
Et soyez de bon entretien,
Tandis qu'a la taMe seront.
t.
LE PREMtER SERVITEttK
Il ne faut rien laisser perir:
Allons donc la viande quérir.
LE cnYStNtË)).
De cela vous vueil requerir,
Car il en est temps desormais.
LE SECOND SERVtTÈBtt.
Allons donc la viande quérir.
Si servirons le dernier metz.
L'ESCUYER.
}) m'est advis que désormais
Vous vous rendez, quant à cecy.
Ilz desservent tous les metz de char.
BONNE COMPAIGHtE.
Pour Dieu! ostez ces ehtremetz?
?fous demouronsbeaucoup icy
dernier service, ia dernière eatr~f.
N~~ t~tiitM trop )6hgteMp~ 4 table.
LE PREMIER SERVtTËOK.
Et je osteray cecy aussi.
J~' voy que tous ne mangez point?
FASSETEitFS.
Nous avons bien fait, dieu merey
Etfournyjaquette et p~m'po!nt'.
GOURMANDISE.
.)e croy quela mousche vous poinct,
Ou vous songez, comme je cuyje;
Je n'ay mangé que tout à point:
Encor y a-t-il ung Jtuyau yuyde.
JE-BOr-A-VOCS.
Aussi, avez-vous belle bide~?
Vous y pensez, Dieu s~ait commfnt.
JE-rLÈtGE-D'tUTA.HT.
Qui luy pnurroit mettre une bridf,
On la tromppt'Mtlom'dement.
t.ESCCTE!t.
Pour despcchcr legiertnient,
Ça.tespiatz?
Le Cuysiaicr leur baille les pbt): de i'y-M)e, comme il Mt Jt(
par avant.
LE UUÏS[KtEH.
Tenez, YCM-Ies là
LE sECONt) SËRVtTE!t&.
Baitlex-m'endeux pareillement,
Pour despecher iegicremeht.
Réunïon,assemb!ëe.
SOUPPER.
Estes-vous toos prestz?
JAPNtSSE.
Ony.tnir'.
1.
sotjppEn.
Embastonnfz ?
OJ!AYf.:H.E.
Dob_ons!)astnn'
so~rrnR.
Pourfrapppr?
GOUTTE.
Pour faire dp\o)r.
SOUPPER.
Serrcz-tcs-moy
APPOPLEXtE.
Maisnh;(toM.
PARAHSfE.
ftfau)tqu('nnus)escombMtons.
EP)I,E!)CIE.
Fai~nm dehnt
PLEURES.E.
Faisons discnr<!
Cf)LtCQCE.
Entreprenons1
ESCDt'!AKC]t:.
nntt'eLatonsJJ
YDROPISIE
Monstrons rigueu)'
Oui, vraiment.
On appelait M/os toute espace d'armer à main.
JABt!!S6E.
Monstrons effort
SRAVEtLË.
Voulez-vous qu'on les mette à mort,
Pour le refrain de la balade?
souppER.
Nenny, mais batez-tes si fort,
Que chascun soit rendu.matadf.
G O~TTE.
Vous me verrez faire gambade.
APPOPLEJME.
Et je ft'apperay au plus hault.
S<)upper leur monstre la compaignie, et ilz s'approeheat
BODPPER.
Vous voyez toute la brigade?
Allez besgngner 1
PARAHStE.
[Hefautt!
EPILENCtE eommence le debat et dit:
A eulx!
Pf.EtJRES[Ë.
A l'assault, à )'assault~
BONNE COtIP&t&mB.
Alarme Quelz gens sont-ce icy?
ESQUttfANCiE.
Vous avez r~stomae trop chautt
'!DROP!StE.
Et vous, le ventre trop farcy
COCRttANDtSE.
Or je me rendz Pour Dieu, mercy
sonppEn.
Tous partirez de ma maison 1
PASSETEMPS.
Ha! Fhoste, faietes-vaus ainsi?
Bien voy qu'il y a trahyson 1
Après ces motz, feront de grans manière!, abattrent ta table,
les tresteau:, vaissetje jet CMaMe!, et n'y aura personua <]es
sept <}ui ne soit bah). Toutesfoi!.ilz esehappcrotit comme par
force, i'unB délayé rimtre~taignant. Et pourra durer cf
conNict le )on~'de une patcno~trc ou oeux,~
Puis, quand ilz seront fu;i., Jauniss<f'par!eM
JiuttSSE.
Nous les avons mis a ruismr.
T1z s'enfuyent, les muthfm't'ux
GRAYELLK.
Hz ont eu horions foison.
J'ay trop hien deschargé sur eutx.
GOUTTE.
Ce sont gens gloutz et
dangereux.
Et ne sçavent que caqueter.
SOUPPEtt.
Â)ez aussi propos songneux~¡;
De les servir au banqueter.
APPOfLEXtE.
Sachez que nous yrons )iurter.
SQUprEft.
Or, adieu, danm A~pop)exre.'
Couvert de plaies.
G~;ffoK!, gourmand:
Pour so~ncM. attentifs, empressés.
EPILENCIE.
Sdx\ousuennent plus visiter,
Appf))ez-t]ous?
SOOrpER.
Je vous mereye.
BONNE CONPAtGN~E.
Mais d'où vient ceste felojmye
De nous traictet' si rpjj~f'npnt?
~ou~'Eg.msE.
Las ouj?~ t'ait grant YiHenuie
Je saigne très-piteusement.
JË-Bor-A-VODS.
J'ay souffert terrible tuurment.
JE-PLEIGE-D'A UTANT.
J'uy tuus les metnbres affo))ez'.
FRIANDISE.
J'en ctouche" merveilleusement.
ACOUSTUMANCE.
J'ay souffert terrible tournient.
BONNE COMPAIGNtE.
Ce Soupper est ung garnement
C'est par luy que sommes fouliez
GOURMANDISE.
J'ay souffert terrible tourment.
ACOUSTUNANCE.
J'ay tous les meinhres atïoulex.
'BIcsSKii.
J'en Loite.
~3JfjLlLra~b~tUCCt).b!éf.
BONNE COMPAtCtUE monstre MtKM~.
Hegardez-cy, se vous voulez?
Ce Soupper m'a icy attainte.
rUtANDtSE.
Quelque vieille aux ycutx reLoutez
M'a faicte en la teste une emprainte
JE-rH:I'&t)'At;TA~-T.
<: t
Etuneautrcnes'csLpajjajttte~
¡;
<
De me frappa sur la cerveDe..
ACOUSTOMANCE.
On nous a LaiUé cestejsiraincte4.
J'E-BOÏ-A-VOUS.
C'est pour nous piteuse nouvelle. ·
PASSETEMF6.
Oticqucs ne sentis douleur teUe.
J'en ay les membres tous gastez. ~L
GOURMANDtSE.
IMas moy, j'ay douleur mortelle.
JE-BOV-A-VÔUS.
Où, mamye?
COURMÀNOtSE.
Par les costez.
BOXKE COMt'AtGNIE.
Qui sont ces nez esgratignez,
Et ces visages gour6rms~
Égarés, hagards.
Blessure, plaie.
Ne s'est pas gStiee. ne s'ç~t. pas Cindtee, pour.
Attaque, agression.
° VisagM de chouette.C'e~t piutùt ~~an')! del'italh~t~«~t,
d'où l'on a tiré le mot ~o~, grossier, laid.
Qumous ont si bien tatinez 1 ?
Ne sont-ce pas monstres marins ?
Je croy que ce sont tartarins
Gotz ou magotz vertigineux,
Babouins, bugles barbarins
Partans de Paluz bruyneux
~S~
PASSETËtfPS.
Or avons-nous estejoyem, ï ·
Et prins repas délicieux,
En continuantjohr et nuy t
Mais,'en la fin.
BONNE*~MPA!GN[E.
Long Soupper nuyt.
.JË-BOY-A-VOUS.
Le matin avons dosjune,
Conso~uemmenttrès-bien disné;
Danco,sautte, et mené bru;t
Mais, Ma En.
JE-PLEtOE-D'AUTANT.
Long Soupper nuyt.
FRIANDISE.
Chez l'hoste qui est detestable,
Avons tenu longuement taMe
Pour manger chair, tartes et fruict
Mais, pn la fin.
ACOUSTUMANCE.
Long Soupper nuyi.
TripoLcs, ha~us.
TartMes.
3 SiugeS, buffles de Barbarie.
Venus des Palus Moot.idM*.
GOURMANDISE.
On peut bien disner a plaisance.
JE-FLEfGE-D'ACTANT.
On peut bien boireasufSsance.
PASSETEttPS.
On peut bien prendre son deduyt
ACOJISTUMANCE.
Mais,enIaT!n.
BONNE COMPAtGNtE.
Long Soupper nuyt.
Or, ça, il u'en fault plus parler
Nous avons eu maulx à phnte.
En quelque lieu nous fhult aller,
Pour recouvrer nostre santé.
Ilz se retrayent, comme pour cutx adouber
L'ESCUYER.
Qu'ossocy?Ho!
LE PREMIER SERVtTEUK.
Tout est gasté.
LE SECOND SERVITEUR.
Je n'y eongnois ne pot ne verre.
I/ESCUYER.
Tout ce que avons cy spfirtë
Est rue bas.
LE PREMIER SERVITEUR.
Tout va par terre.
'['i.u-ir,pab.<ctcn)ps.
Panser, raccommodci', rétablir.
xLE SERVITEUR.
SECOND
Est-ce point d'un coup de tonnerre?
LECUYSINIER.
Est-ce point d'ung coup de tcmpeste ?
sonpPER.
Relevez tout, et qu'on resserre?
L'EAjCnYER.
Ha vous avez fait ceste feste ?~.
Quel maistre Antitus 1
LE rREHfER SEHVtTEtn:.
Quel prophète
SOUPPER.
J'ay monstre ung tour de fin hoste.
LE.CUYSINIER.
Vous sstes une fauke Leste.
SOUPPER.
Ilz ont ceste première notte.
Sus, sus, gallans, il f<)u[t qu'on oste
Ces bagues et ceste vaisselle?
Entendez-y?
~L'ESCDYER.
L'ES.C[)YEIt.
Je vous denotte
Se riens y avez, querez-le.
LE PREMIER SERVITEUR. ·
Ce n'est pas de nostre.quereUe.
Rahelaib cite plus d'une fois ma!tce Antitus, et les commen-
tateur~ b~ sont lancés dans un ded.de da savantes divagations a
la recherche de ce personnage,qui avait laissé un nom prover-
Mal F~t't'e de !i))<t'~M, c'était faire l'important.Rabelais a place
cet Antitusparmi les cuisiniers célèbres (liv. IV, ch. XL) on peut
donc croire que c'était, en effet, une espèce de Lucullus du
moyen âge.
LE SECONnn SERVITEUR.
Ce!a,c'estafaireaMarquet'.1.
LECUYSINIER.
Adieu ce gueux plain de cautelle
Nous allons dresser le bancquet.
SOUPPER.
Je n'ay pas'ey trop grant acquest~;
Car je y pers vin, pain et formage.
On me doit bien nommer Jaquct~
J'ay fait le M a mon dommage.
L''ESCUYEH.
Ban<qnct, gracieux personnage,
A qui desjà sommes submis,
Nous venons à vostre mesnage,
Pour faire ce qu'avonspromis. <
BANCQUET.
Bien soyez venuz, mes amys!
Ces gens sont-iiz )&vez de table ?
LECnyStNtER.
Hzont trouvez des ennemys,
Qui lenr ont f:tit.guerre importable*.
BAKCQUET.
Coupper est assez decepvaMe~,
Maisnesonnezmottoutesfois,
LBCnYStNfEn.
Encores ay-je beaucoup tarde
D'appeUer]e ))oui)Iy tarde*.
L'ESCUYER.
Tout le faict ne vault pas trois mailles,'
Qui n'a les pigeons et les caiiles
LE CUYS!NtER.
Encor n'ay-jo pas appence,
Sfavez-vous quoy ? Fine gelée 4.
L'ESCUYER.
Et pour viande Lien douillecte,
La perdrix et la trimoillecte
LE cmsm[ER.
Après chair, selon noz usaiges,
Il fautt tartes à deux. \tsaig~s
1,'ESCC~Ef!.
Je vueil aussi qu'on leur propines
La belle tarte jacopine~.
BANCQUET.
Je m'en coys meshostes chercher,
Pour les advertir et sommer.
Serviteurs, it.vous fault mareiter, y
LE SECOND SERVITEUR.
Je feray ma torche brusler,
Et vous su!<Tay sans longue attente.
BANCQUET.
Dieu gart la dame belle et gente,
Et toute la brigade chere 1
Je,vous prie, soyez diligente
De venir faire bonne chère.
BANCQUET.
Sus, compaignons, servez de vin,
Et gardez que boisson ne faille.
LE FOL.
J'en seray propbute ou devin
A la fin y aura bataille.
LEPitEHtERSËttVtTEUR.
Il m'est advis que chascun taillé
Selon que l'appetit luy vient:
&'
Allusion & ce proverhG cité dans les CM~'os; /n/nfo~M
d'Oudin « I! ressemble
le prestre Martin, il chante et respnnd
tout ensemble. M
Se serve, fasse sa part.
LE SECOND SERVITEUR.
Puisqu'ilz ont largement vitaitle',
De boire fournir les consent.
L'E_ZOL.
L E *E) L.
Et tousjours de moy'ne souvient
Jamais riens ne m'est dispense 1
Mais sçavez-vous que j'ay pensé,
Pour avoir au moins du pain bis?
Je iray changer tous mes habitz,
La derriere, en nostre jardin
Puis, viendray, faisant du gros bis t,
Comme ung Lombart ou Citadin s.
Dit-on pas, en commun latin,
Que les gens vestuz de fins draps,
Soit d'esearlate ou de satin,
Empoingnentl'honneur à plain Lra<.
Et pouvant, je ne fauldray pas
D'avoir vestures précieuses
.Tantost reviendray pas à pas,
Tenant manieres gracieuses.
!t s'en va habiller en Lombart.
BANCQUET parle aux Mattdics.
FeIIes furies furieuses,
Faulx et tarvatiques regars
Armez-vousd'armeures scabreuses;
Chargez vos fleches et vos dars
Car je vous dy que ces coquars °,
'Pour:<')CiiMfHf.
C'est-à-dire faisant le gros monsieur, le personnage d'im-
portance bis doit être une corruption de vis, visage, mine.
La conquête de la Lombardie, par Louis XII, ~tj~t. amené
en France beaucoup de riches Lombards, qu'on appelaitc~n~
gens de bonne ville, cita.
Chattes, tigresses; du latin ~<'t.
C'est-à-dire spectres aux regards méchants.
Sots,nigauds. On dit encore dans le même sen!):M~M)'~fS4~
Tendant à leur ventre remplir,
Boivent mon vin comme droncquars
Et ne les peut-on assouvir.
AFPj&P~ExiE.
Incontinent nous fault vëstir
Noz jaques et nos'jaserans
-.TDROriStE.
Pour les aller faire sortir;
Incontinent nous fault vestir.
EPILENCIE.
Mon Laston leur feray sentir,
S'ilz ne treuvent de bons garans.
PLEURESIE.
Incontinent nous fault vestir,
'Noz jaques etjtoz jaserans.
ESQUtNANCtE.
'Oncques ]os chevaliers errans,
Qui servirent le roy Artus,
Ne furent si grans conquerans,
,Ne si plains de bonnes vertus
PARAMSIE.
\'d!! nostes seront cômbatus,
Car ma force y esp-rouverity.
Rhumatisme articuhire.
COUCQUE.
Par le ventre me cacheray,
Pour bouter en colon* ('o)ieque.
BANp~ET.
11n'y a si bon catholicque,
Ne derc~tout remply de sçavoir,
Que ne rendez metencoHcque,
Quant vous vouidrcz.
GOUTTE.
Vous dictes voir.
BANCQUET.
Sommes-nous prestz ?
JAUNISSE.
On le peut veoir.
BANCQUET.
Bien armez ?
GRAVELLE.
Il ne nous fault drille.
BANCQUET.
Adieu Je vous feray sçavoir,
Quant il fauldra bailler 1'estriHe
Nul de vous ne se deshabille!1
APFOPLEXIE.
Allez veoir la solennité.
YDROPISJE.
Mais revenez à totmdo bille 2.
Le intestin.
On gros
dit maintenant proverbialement dans le même sens à
tour de rôle.
BAtiCQUET.
Mais que j'aye ung peu visité.
BONNE COMPA!GN[E.
Voicy grant curiosité,
Curieuse joyeuseté,
Joyeuse demonstracion,
Demonstrant gracieuseté,
Gracieuse formosité
FormoUe consolacion,
Consolant modulacion,
Modulant juhHacion,
Jubilant precieusoté,
Precieuse largicion,
Largesse et recreation,
Recreant toute humanité*.
'PtSSETENPS.
Voicy riche fertilité,
Fertile singularité,
Singuliere donacion,
Don de grant sumptuosit~,
Sumptueuse solennité,
Solennelle réfection,
Refaictedisposicion,
Disposée oMectation,
Oblectant en honnestete
Ilonneste congregation,
Congregéeena'ffection,
Affectant fine affinité.
Beauté; du latin /i)rmM!/t!<.
Ce couplet et le suivant offrent un curieux exemple de la
rime fraternisée, que les poctes de la fin du quinzième siecte
avaient inventée comme un tour Je force poétique « Dans la
rime fraternisée, dit Rioheiet (Abrégé de rfr~fs/Mn), le dernier
mot du vers est répète en entier, ou en partie, au commence-
ment du vera suivant, soit par équivoque ou d'une autre ma-
niem."u
BANCQUET.
C'est ce que Davidacbantë,
QuantiIadit:Ecee&OMMtH.
JE-rLEIGE-D'ACTANT.
Boire ensemble par unité,
C'est ce que Davidachanté.
JE-BOY-A-VOUS.
u
Voicyladamedebeauttc,
Qui est quasi ~Mper <AtWK<m.
PASSËTEMPS.
C'est ce que David a chanté,
Quant iladit:Ecce&o/i!<M.
LE FOLretournCt habillé sur l'italique mode, et dit
Maintenant suis-je de renom.
Je n'atens t'hcure qu'on me huche
Ne me nommez pnint par mon nom,
De paour de descouvrit' l'embusche.
Je suis gentilltomme où j'embusche
~o ~aff&o de m~ro
Je y voys tout droit, se ne treshusche,
Pour boire in ~?fan<MMpo~ro.
Petite pause.
~0 ~M~O ~!M f~ ~)'m ~OK~M~MO4,
Per lustrare el pays res<r<ï(/<'
Si vide en :7 M0:t/<<' ~K~/fM~MO,
C/tt cui MMM~fMO en solasse MiOMMK~
f~rCM~ NprOM chisont tant MfOM'a~,
'App.-He.
C'est-à-dire ]a où j'entonne, où j'avale. ]tya dans réditioti
deVcrard.1507:
JesmsgentiJhomsouJehanBuschHl
E~op~t'od~T'o.
C'est-a-dîre je me ferai connattre en buvant.
Le fou ~'exprime en langage macaronique, mauvais italien
tnêïé de français.
C/te MH~npar quelque administradore,
De ~MMfe une poque goustade,
M'«y que piace a done CM a seignore.
L'ESCU~ER.
Mussire de Campe de Flore,
Je croy que nul ne vous convie?
Vous n'aurez cy honneur ne gloire.
E~da~ M'f, endate M'f s.
LE FOL.
Quel ~a~? n'est pas ma vie
Ce
J'ayme mieux boire largement,
Mais, quant j'ay de soupper envie,
On me reLoute~ rudement.
Jc cuyde, par mon sacrement,
Qu'ilz ont recogneu mon visage.
Qui est fol naturellement,
Bien envis te
tient-on pour sage.
Vous me nyez pain et potage,
Et ne me baillez que manger,
Mais j'auray cecy d'avantage,
Et deussiez-vous tous enrager.
Adieu 1
Pour ~r'
Humeur noire; M~Wc~.
3 « ïlinc subitœ mortesatque mtestatasenectus.
.tuvENAu*satira prima. (Note de ~'atftfM!)
~Que ce mal estoit bien cerc I)ë,
Et pugny par la loy antique.
Dieudistatautetacaterve',
~dis, pour information
« Se tu as ung enfant proterve
Vacquant à eomessaeion
Répugnant à' correction,
Luxurieux, infame et ort*:
Par vostre congregation,
Soitlapideetmysâinort~!)) »
~Ehl]ouocur,not'issante.
~*Yini usus romani!! femiilis olim ignotus fuit, \rjj.)~,
tiht'û primo,c.')p!tu~f/~f/M/;Nf7/y~9."(No/f~t'~r.'
Comme stupres abhominaMes,
Poisons et meurtres remplis d'yre,
Et autres ca~ desra~onnaMes,
Qui sont deshonnestes a~ dire ? <
'Apres gourmander sans cesser,
Après boire excessivement,
Ilz s'en alloient exercer
Tous ces crymes notoirement,
En commettant occuttement
Vergongne et choses enormalles,
Qu'itz nommoient Yutgairement.
Cc?'?)!on:'M &acA<U!a~M.
Le legislateur Ligurgus
Monstre, bien, quant aux Ancte))y,
Qu'il avoit les yeulx bien agus~,
Et les sens discrets et scions =-
Car, aux Lacedemoniens,
Il deffendit, comme à novices,
'Pour:A~a~M.<.
« Ligurgus institua les ]oix enTa ~itê de La'eedt'monne. Et,
pour ce que ceux d'Asie menoient vie dissolue, deffendoità son
pmp~equ'i) ne les frequentast. E.tYtt.EN)o.*(~'c<e<yf <'<tK<<'Kf.~
Et T~us Livius, au livre preallegué, dit aussi que de AsiR
vint la lunure à Rommé. Lihro nono, terci~c decad., in princi-
pio. (Note <<<'y'e<tf<')t!)
Pour /m!m'
° t'a santé du corps.
Nous humerons ceste boisson,
Ds~ ad Hebreos ~'a~rM.
BONNE CONPA!GNtE, tenant uneta<Sf.
Ce vin n'est-il pas bon?
JE-BOY-A-VOUS.
Tr&s,tres!
Et si a joyeuse couleur.
PA8SBTEMPS.
Je croy qu'il est percé de fres.
tE-PI.EICE-B'A.OTANT.
Je n'en beu pieça de meilleur.
Devinez se, pour le Docteur,
De boire je m"espargneray ?
Je seray tousjours porteur',
Et mon ventre bien fourniray.
BANCQUETpariedetoing.
Et tandis je besongneray
GOURMANDtSE.
Quoi qu'il vueille dire~et prescher,
Je ne nneray de mascJter,
Et ce bon' vin entonneray,
-BANCQUET.
Et tandis je besongneray.
JE-BOY-A-TOUS.
Sus, sus, il se fautt racoupler~
BANCQUET.
Et je voys mes gens appeller?
L'ESC~TER.
-ron ferviray très-voulentier..
LE rREM)Ëi< SËE~ITECR.
Voicy le grartBnx mesticr
Pour faire la souppe jolye.
LE SECOND SERVITÈCR.
Je verseray, s'il est mcstier
Dedans ceste tasse po)ye.
On disait je me ~~r<îr, pour je dinerai.
~Potir demain.
On versait la soupe sur des pâtisseries scches, qu'on dési-
g)~it.sou&]û nom général de mtticr, et quittaient fabriquëes
exclusivement par des patissit'rs spéciaux, qu'on appelait OH-
/fMr~,0!fï~H/etOM~A?.'
~S'i) est besoin,neccs<=aire:(!el'ita~cn~<?.
BANCQUET, armé par la teste, vient crier:
Appnptexie?Ydropisie?
APPOPLEXIE.
Qui esse là ?
YDKOrtStE.
C'est leliunquet.
BANCQUET.
Où estcs-vous, Epi)cncie ?
Et'JLENCtE.
Me voicy preste en mon roquet
BANCQUET.
N'oubiiM rocitet ne Locquet
Et amenez vostre assemblée.
-ray dcsj!t prins mon Mquoqm't
Pour entrer en plaine meslée.
PLEUREStK.
L~ compa!gnic est affolée,
Se je l'embrasse par le corps.
.BANCQUËT.
Allons frapper ~.Lia-ol~
Sans leur estre inburtcors.
Amort!1
BONNE COMPAfGME.
Qui vive?
Notez que les banequeteursse doivent montrer bien piteux, et
tes au!rM bien tcrnbjes.
ESQUINANCIE.
Les plus fors.
BONNE COMPAtGNtE.
Voicy la trahison seconde.
BANCQUET.
Qu'on tue tout!
EPILENCtE.
Qu'on les retonde
BONNE COHPAteNtË, eu cschaptaut, dit:
Il se fault sauver qui pourra!
i'our ~'r~t!
C'est-dire qu'on !cs écor,ctte, comme des mouLou~ qu'on
tond jusqu'à la peau.
EPILENCIE.
Ilz veulent tenir Table Ronde,
Mais, par Dieu! on les secourra.
l'ASSETEt[rs,cnc5chai~MU[.
Meshuy on ne m'y pugnyra
ÂCOCSTUNANCE.
Ne )moy,. s'itz ne sont bien huppez.
BANCQUET. `
Bon gré saint Pal tout s'en yra
Les principaulx sont esotjappcz.
· PLEUDEStE.
Ces quatre seront decouppez.
JE-BOY-A.-VOC5.
He)as! ayez pitié de nous!
ESQntNAMCtË.
Chargez sur culx
PARAHStE.
-Frappez'frappe!
GOURMANDISE.
Uetas que nous demandez-vous?
J':<y tant humé de brouet doulx
Que j'en ay tout le ventre enflé.
ESQUÎNANCIE.
Je vous gueriray de la toux,
Puisque vous avez tant souffle.
PLEORESIE.
11 convient que je parafollel
De tous poinctz ce Pleige-d'autant.
ESQUtNtNC'tE.
Et moy, Gourmandisela folle
Je la vueil payer tout contant.
PARAHSIE.
C'est fait estes-vous pas content,
Bancquet, qui nous avez eonduyt?
BANCQUET.
Ung chascun cognoist et enfend
Quel il fait soubz mon saufconduyt. =~~ 0
YDROPISIE.
Nous n'avons point eu le deduyt
De rien tuer, moy et Jaunisse.
JAUNISSE.
Velà Passetemps qui s'enfuyt
Il lui fault monstrer qu'il est nice
GRAVELLE.
Ça, que dit Bancquet, plain de vice?
Sommes-nousbien en vostre grâce?
'Couvre de blessures et de plaies.
Sot, niais.
BANCQUET.
Vous m'avez fait ung grant service;
J'ayboucherieIjeDeetgrasse.
GOUTTE.
Hz sont quatre mors sur la place,
Voire et tout par vostre fumée.
EFtLENCtE,
D'arrestern''aYor)Sp!usd'espacf'.
1.
Adieu.
BANCQUET.
Adieu, la gente armée
L'ESCUÏEE.
Voicy une laide menée
LE PREMIER SERVITEUR.
~eez cy une tneschante trainée 2.
LE SECOND SERVITEUR.
~~picy piteuse occision!1
BANCQUET.
Quant la viande aurez levée,
Et la vaisselle bien sauvée,
Prenez vostre réfection.
L'ESCpYER.
En voyant ceste Infection,
Je n'ay ne goust n'affection
De manger en ce lieu maudit.
LECCTSINtEJ:.
Mettons en réparation
De temps.
'Intrigue,trahison,guet-apens.
Qe qui va à pcrdicion',
Et nous en allons.
Ilz remettent ung petit à point et s'en vont.
LE Pr.EMIEK SERVITEUR.
C'estbiendit.
LE FOL.
Ces gens sont mors sans nul respit,
Et pourtant je me voys mucier
GRAYEUE.
Et bien, ça, en as-tu despit?
LE FOL.
lielas ne m'en vueiUez LIeciet'
CRAYELLE.
Tu contrefaitz de Fespicier*,
Mais tantost sentiras mes mains
LE FOL.
Alarme je ne puis pisser
La Gravelle me tient aux rains
Venez ouyr mes piteux plains,
Vous, l'Orfevre et l'Appoticaire:
La Gravelle, dont je me plains,
M'a fait devenir lapidaire.
GRAVELLK.
Veulx-tu parler de mon affairf.
Et de mon train original ?
Pour KfiM~.
rour:joufûue, haute en couleur, comme une poupër.
C'est-a-dîre si je n'eusse précipite ma fuite.
~Miseabas,démise.
ACOUSTHMANCE.
Et moy, piteuse, désolée,
J'ay eu tout le dos confondu.
BONNE OONPAtGNtE
Mais c'est du pis qu'en la meslée
Quatre suppostz avons perdu:
Il fault pourveôir au residu.
ACOUSTUMANCE.
Comment?
BONNE COMPAtGNtE.
Je vous diray comment.
Mon plaintif feray hauttement
Devant ma dame Expèrience,
Et je croy que facillement
Nous baillera bonne audience.
PASSETENPS.
Dame Expenence a prudence,
Pour la matiere discuter.
BONNE CO~PAIGKIE.
Tirons drolt vers sa residence,
Pour nostre affaire luy compter.
Vadunt.
Expérience, dame honnestement habillée, sera assise en siege
magniflque.
EXPERIENCE.
Dieu m'a donné le sens de gouverner,
Et discerner entre bon et mauvais.
Je sçay mes loix et decretz dicerner,
Gens ordonner, justes examiner,
Pour leur donner confort, targe et pavais
Mais les mettais infectz et contrefaitz,
C'est-à-dire je porterai plainte.
Pour parois, bouclier, protection, au figuré.
Pugnir je fais, quant j'en ay la notice
Justementvit qui exerce justice.
Car summum &OKMm'M M<a,
JEst~MsMpMtM t'ocre.
Le Decret dit qu'on doit t<a
.StMtHt CU~ttC t7'tM~.
A ce propos, 1n Codice
Lege Nemo, tu trouveras
'Qu'il en a parlé pM~:<~
Sur le paraffe inter c<af<M.
Je suis sauvegarde,
Je voy, je reg.irde,
Je maintiens et garde
Gens de bon vouloir;
Je picque, je larde,
Je poings et brocarde
.La teste coquarde~,
Qui ne veutt valoir.
Expérienceje me nomme,
Plaine de grant subtilité
Ja. n'excepte femme ne homme
.jE'Easeun sent mon utilité.
~K SpMM/o, ma faculté,
Le bon Docteur enregistra,
Declarant sans difScuite
Que je suis ~rMM ?ns~M<r<!
'AssommeeàconpsdeMton.
1 A cessé de vivre.
'Assassine.
C~st-dire quo le crime ait son châtiment.
Apparente, avérée.
Nous y avons si très-grant perte,
Que nous y perdons pacience.
Or, avez-vous plaine science,
Puissance, auctorité, vigueur
Pourtant, madame Experience,
Pugnissez-Ies à la rigueur.
EXPERIENCE.
Pour besongner, par moyen seur,
Il affiert bien qu'on m'advertisset.
Que demandez-vous,belle seur?
LES TROIS, ensemble.
Justice, madame, justice t
BOi~NE COMPAIGNIE.
Que Soup'per, avec son complice,
Par qui la feste est départie
Soit mys à l'extreme supplice
EXPERIENCE.
Ha dea, il fault ouyr partie.
~M~t psr<6Mt, ce dit 1& Droit.
H fault examiner Te cas,
Et consulter, par bon endroit,
Avec docteurs et advocas.
En telz crimes ou altercas
Il chet grant consultation,
Car je ne vuei), pour mil ducas,
Avoir nom de corruption.
Toutesfois, pour commencement,
Affin qu'on ne nous puist reprendre,
Mes sergens yront promptement
'Pour:Mt~f.
'AsisemMêe, compagnie.
Cest-à-dire avec main-forte.
*Hôte),demeure.
De poids, de valeur, d'importance.
C'est-4-dire en me signalant par des actions hêrotquM,
par des actes de chevalerie.
"SOBRESSB.
J'ay nom Sobresse Je piteux,
Le prochain parent d'Abstinence.
Combien que je soye marmiteùx
Si ay-je en maintz lieux eminence.
CUSTpRE.
Clistere, qui fait dilligence
De purger les menuz boyaulx,
Vous servira sans négligence,
Aussi bien que les plus loyaulx.
RHHJLE.
S'il fault trouver des tours nouveautx,
Soubz fiction simulative,
Pillule en monstrera d.e beaulx,
Car il a force laxative.
SAtGNEE.
Pour toucher de main pongitivo~,
J'en scay l'administraciou
Saignie a vertu expulsive,
Et fait de sang effusion.
DIETTE.
Diette, qui mect à raison
Les malades et desolez,
Quand il sera temps et saison,
Vous servira, se vous voulez.
REMEDE.
De Remede point ne parlez?
C'est le principal de la route4.
'Pour:&)6rt~
Pauvre diable, ayant l'air d'un mendiant hypocrite.
"QnipoiKf~qnipiqueavecIatancette.
Bande, corps de troupe; du bas latin ruta, pour <'Kj'
H corrige les dereiglez;
Il fait rage, quant il s'y boute.
EXPERIENCE.
Je vous entens bien, somme toute:
Vous n'estes venteurs ne dateurs,
Mais il fâult que, sans nulle double
M'empoingnezces deux malfaiteurs.
REMEDE.
Allons prendre ces butineurs~'
SECOURS.
Allons les saisir vistement
SOBRESSE.
Allons querir ces cboppineurs
CLtST~RE.
Allons prendre ces butineurs1
PILLULE.
Allons cercher ces affineurs s
EXPERIENCE.
Lyez-Ies-moy cstrdictemont ?
SOIGNÉE.
Allons prendre ces hutineurs i
DIETTE.
AUons-ies saisie vistement1
~L EMEDE.
Soyons armez legierement,
S'il convient que nous combatons.
doseotorez.
3~
niSNËR. <.
O legrant oultrage!
Aide et assistance. SK/~fa~e signifiait aussi prière, oraison
BANCQOET.
De ces gandisseurs qui font rage,
Ay fait une exécution.
DISNER.
Bancquet,vostre mauvais courage
Vous mettra à destruction.
sonfrER..
S'il en a fait occision,
Autant en emporte le vent. <
Gens plains de dissolucion,
On les doit corriger souvent.
DISNER.
Mais on doit vivre );onneste)nent,
Et estre loyal envers tous.
BANCQU ET.
liaticquct doit ordinairement
Mettre gens dessus et dessoubz.
DISNER.
Moy-mesmes seray contre vous,
S'on veult pugnir les defbiUans*.
SOUPrER.
Disner, ne vous chaille de nous ?
Tousjours cschappcnt les vaillant.
DISNER.
Adieu donc
REMEDE les monstt'p.
Velà noz galans
SO BRESSE.
Il les fault prendre en dcsarrov.
DIETTE.
La bourbe* évidemment prouvons. w
BANCQUËT.
Et comment?
DIETTE.
Car nous vous trouvons
Avec le deHot~ qu'avez fait:
CLISTEBE.
N'est-ce pas cy vostre forfait?
BAtfCQCET.
Jamais.
REMEttJE.
Eu (;n'cct et sulis'tance,
'fact de la cause que du fait,
Nous vouions prendre congnoissantio.
tiOU[TEK.
Vous nous faietes grant violence
SECOURS.
Vduii direz ce que vous vouldret.,
Devant la dame d'exceUenee,
Pede ligato, respdndrez.
ti'es des
feinte.
Le meusdnge, la
Le flagrant délit, le corps du délit.; c'eitt-it-diro
Victimes..
les c~dit-
BANCQUET.
Faut-il qu'il soit!
SAIGNEE.
VousenYiendrez!
Dea, il vous fault humilier.
REMEDE.
Cependant que Soupper tiendrez,
Il nous convient .Bancquct lier.
PILLULE.
Voicy ung lien singulier,
Dont je luy voys lyer les mains.
Allez ce Soupper iMbiHcr
C'est raison qu'Il'n'en ait pas moins.
LE FOL.
Ces povres' dyables sont ratains*
Au moins, leur fait-on entendant.
Je cuyde qu'itz sont bien certains
D'euixenalierparkpendant~.
5.
Ne les menez pas tout bâtant,
Ce seroit grant compassion.
Au surplus, ne faictes pas tant,
Qu'ilz meurent sans confession.
SECOURS.
Tost, que ia malle passion <
Vous, envoye sainct Denis de France
Cheminez sam dilacion
Ou vous aurez de la souffrance!
EXPERIENCE.
Et, toy, Soupper très-decevable,
Aux corps et aux ames grevable,
Tu as fait des maulx plus de cent!
SOUPPER.
Ma dame, je suis innocent
EXPERIENCE.
Sa vous parlerez autt'cmeat.
Ou la torture sentirez
Sus, gardez-les soigneusement,
Et ung petit vous retyrez?
SAIGNEE.
Nous ferons ce que vous direz
L'ung et l'autre sera serré.
Je croy que pas loing ne fuyrez,
Mais que je vous aye enferré.
I12 se retirent avec les ptisenniers.
-EXPERIENCE.
Conseil discret et tuodere,
''Seigneurs, princes de mcdicine,
Quant bien vous ay considère,
Ceste cause je vous assigne.
Vous avez théorique insigne,
Vous avez engin tres-nauttain,'
Et de praetique la racine,
Pour asseoir jugement cortaiM.
~pocras docteur'très-humain,
Et vous, le discret Galien,
Outruit, anéantit.
Pour théorie; du latin ~'c~.
Génie; du latin !~m:KMt.
Pour Hippoorate..
Vous voyez bien, qua'nt j'ay soubz main
Deux gens qui sont en mesme lyen:
Avicenne seigneur de bien,
Et vous, l'expert Averroys
Je vous prie, conseillez-mebien,
Quant les delictz aurez ouvs.
YPOCRAS.
Ma dame, je me resjouis,
Quant me baillez ceste ouverture
Vous sçavez bien que je jouys
De plusieurs seeretx de nature ?
Vous avez, par mon escripture,
Les Amphorismes de renom,
Et si av fait la confiture:¡
Du boire, qui porte mon nom 4.
GALIEN.
Et moy, la Commentacion
Sur les livres de nostre maistre
Velà mon occupation
De cela me scay entremettre.
Puis, par escDpt ay voulu mettre
Ung regime de sanité 6.
AVICEME.
Combien que j'ay nobilité
Pour principer et pour régner,
Si ay-je curiosité
De sçavoir les cbrps gouverner
Et â celle fin de donner
Enseignementplus .prouffitable,
J'ay prins plaisir à ordonner
QttatMOf /'fn, livré notable
A.YERROYS.
Ypocras est docteurlouable,
Galien est scientifique,
Avicenne est moult honnorable,
Prince puissant et magnifique;
Mais mon engin philosophique
~<K&Ms non indiget, ~c
Car j'ay composé phisique
~Ce livre qu'bn dit enColliget
EXPERIENCE.
C'est grant chose de vostre fait
Ung chascun fort vous recommande,
Mais, pour pourveoir à ce mettait,
En present Conseil, vous demande
Dont viSH cela qu'après viande,
Pour à Tappetit satisfaire,
DIETTE.
Jcnescay,moy,qu'ilensera,
Mais vostro cas n'est pas trop seur.'
CUSTERE.
Sus, cheminez, maistre trompeur
Venez a ma dame parler?
BANCQ'UET".
·
jtjjjtea, mon amy, Mus qui ont peur
~'B'Nepem'entpassifortaner.
SAtGNEE.
Si ne pouvez-vous reculer,
N'eschapper, ne circonvenir*.
rjLLIttE.
Vostre~ic~on Vi'utt calculer.
Pour vom corriger et pugnir.
SECOURS.
·
Dame, nous avons fait venir
Ces pnvresme~chans matheureu~
Craets, ineMrftMe!
Mâchantes, mauva~es~eHrjt's.
Pour énormes.
Plainte, comptainh'. <t
On sçait jà vostre iniquité.
Confessez toute, vérité,
Et je vous prometz sans falace,
Que de ma possibilité
J'entendray à vous faire grace.
SECOURS.
Nous avons trouvé sur la place
Les quatre mors, et euh auprès.
REMEDE.
Les meurtris aussi frois que glace,
Nous avons trouvez en la place.
SOBRESSE.
Je y vy Gourmandisela grasse.
DIETTE.
Je la regarday par exprès.
CLISTERE.
Nous avons trouvé sur la place
Les quatre mors.
SAIGNÉE.
SAIGNÉE,
< Eteutxaupres.
SOUPPER.
Je ne scay que vous remonstrez,
Mais ce cas-là n'advint jamais.
Se Bancquet les a rencontrez
Et mys à mort, qu'en puis-je mais?
J'ay suscité des posions,
Qui ont baillé des horions,
Mais oncques ne fuz homicide.
Bancquet fist ces occisions
Ce sont ses opérations,
Puisqu'il fault que je le decide
te
t Les victimes assassinées.
*Mehre,dénonce.
BANCQUET.
M'as-tu donc baillé ceste bride ?
M'as-tu pc)!é cest œuf moltet ?
SOUPPER.
Bancqnet.tesdesgorde et desbride
Comme on fait ung jeune poullet.
BONNE COMP&tGNtE.
Il en dit le cas tel qu'il est
Soupper hat, mais de tuer, nnn.
SOUPPER.
Bancquet leur couppe le filet.
EXPERIENCE.
Aussi, ea a.il le renom.
BANCQUET.
Si je prms occupation
Consonne à ma condicion,
Est-ce pourtant si grant forfait?
Par gïoutonnenc.
Saas qu'on la mande.
Ctiar triomphât.
Maladies, innrmiies; du latin ~j~M~.
Accidents, inalheur-
Mais tous ces morbes i detestables
Viennent par Bancquet qui est faulx.
EXPERtENCE.
EtparSoupper?
GAL!EN.
Beaucoup de niautx.
~CarilfoulH~commep)astre.
Il ne ftit pas mortelz assaulx,
Comme fait Bancquet, ce folastre.
Ha!.Soupper nous a bien fait batre,
Par ses souldars plains de cautelle,
Mais, à tout compter sans rabatre,
Sa bature n'est pas mortelle.
EXPERIENCE.
J'eïammeray la querelle,
Et du conseil demanderay
Se vous avez bon droit, querez-le,
Car justement procederay.
SOUPPER.
Ma dame, je reciteray,
S'il vous plaisf, mon intcncion.
l'ourteuquejeneirriteray
Vostre grant domination?
.EXPERtENCE.
bistuutsansadutacion,
Et fussent motz Injurieux.
Pour ton argumentacion,
Je n'en feray ne pis ne mientx.
SOUPrER.
Nuti! hommes, tant jeunes que vieuis.
Voirt: des le temps du déluge~
Uumitite.
*Pour:~)Mt'.
EXPERIENCE.
Seigneurs, vous entendez !e fait
De ce trouble et de ce mateur
Bancquet est ung murtrier parfait,
Soupper bateur et mutiteur.
Vous estes gens de grant valeur,
Pour sçavoir telz cas decider
Conseillez-moy, pour le meilleur,
Commentj'y devray proceder?
YPOCRAS.
Nous ne faisons que commander
Qu'on se reigle, qu'on se tempère,
Mais nul ne se veult amender
Vêla dont vient le vitupère
Quant à part moy je considère
Les excès et potacions,
Se le monde ne se modere,
Il en mourra par millions.
GALIEN.
'A la verité, bien seavons
Dont viennent' ces faultes pessimes
Largement escript en avons,
Baillant deffences et regimes.
Ypocras, en ses Amphorismes,
Conseille bien la créature,
'Et moy, par gloses infimes,
Ay commente son escripture.
AVICENNE.
Ung chascun corrompt sa nature,
Par trop de viandes choisir,
Car qui abonde en nourriture
AVEHHOYS.
Quant on a souppé largement
Tout a loisir, sans soy haster,
Cominent peut estre proprement
L'estomac prett pour bancqueter?
Nous retardons, sans pointdoubter,
Nostre disgestion du tout,
Ainsi que quant on \nt bouter
De l'eaue froide en ung pot qui bout.
YPOCRAS.
Comme l'eaue froide en pot LouiH.mt
Peut retarder ou dommaiger,
Ainsi ung estomac vaillant
Est bien grevé pnur trop manger t.
Mius, pnur éviter ce danger,
Notez ceste reigle distincte,
Qu'on n'y en doit point tant loger,
Que la cMeur en soit extincte.
GALIEN.
Et pourtant me fut demande,
Par disciplesplains d'eloquence,
Ung régime recommande
Pour durer en convalescence
Je leur respondis que abstinence
Est de si parfaicte valcur,
nAI~Hnentia rcddithomin~mca~tum,in~cn)osuni,et.nutrft'
-!nG(lo1orf.Iï.ccGA~t~u~.a~N<t~<r.)
<~ihn quidcm dcterius c.'E qtintTt 'Hvcrsf) mttrimenta sirmtt
af!jnn~p~Ï1fcf'Avtt.~NA.N(No/f~r.)
L'dcole de mcJccinp, fnndéc à Sa~rnn à n~
<!u nt~t~t~'
siMo, par Hnhprt. Guis<-ard, conquérant norinan~, qn! s'était
ftnp~rë de la T'ouiHc et. dp ta Cu~brp, eut. une irnmfn'-ecR!ehr!tf
.u~~itu). aprc~ ba fondation. Un rceuf) de s~~aphorismc'sfut m)s
r'~ vf~r;: l'an 1100, pour Hch''tt, duc df ~nriM~n'Iic; mnis]c~ dfux
!'crsdc ce ~Dprne didactique.y~u~.sff~r~f!sont ~frdu~.
« A~t'jff7H~<7//s. (Note de /'<~<r.Ce vieux poème,
qui avait une si srande autorité du~ la médecine du moyen
~Sc, est intitu]e ainsi dans ~e& preniierGs éditions du quinzième
-icdc:MfnM;r/n/r~<?o~MjMnw~4''f~
<t'no~)~m<f/w.
AYtCENNE.
C'est très-bien dit, ce m'est advis
Diette est reigle d'excellence,
Et l'estomach reçoit envys t
Long soupper nu grant opulence
Ung mot qui est de préférence,
Pour gens d'estude et de noblesse:
Ne ~:tM K!'n:M, ce dit Terence:
Le trop nnyst. la quantité blesser.
YPOCRAS.
Et se le soupper si fort nuyst,
Comme on luy baille le blason
Lebancquet qui se fait de nuytt
Nuyttrop par plus forte raison 5 ·
Corporellerefection
Greve, quant elle est diuturno
Mais plus, sans comparaison,
Replection qui est nocturne s.
GALIEit.
'Avec tous vosditz je copule7
Ce mot pesé à la balance:
Qu'il meurt plus de gens par crapule~,
~'Matgrelui.
Ct~'re exquise, trop succulente.
t Nam id arhitror apprime in vita esse utile, ut ne quid
nimis. TEnEnocs, in /t)!~rM. (No/e de i'<f!<)'J
C'est-4-dire comme lui en fait reproche.
Ce passage prouve que le banquet était un repas de nuit;
quant au souper, il avait lieu ordinairement à deux ou tro~. 1.
heures après midi; il fut rHarue ju'.qu'a~ cinq et six heures du
soir vers ia fin du règne de Louis XII.
Si enim omnis rep1c''tionocet stomaelto,quantomagis noc-
turna. An!!A!.Dns, in commento Rf~hKMM. <No/efMM<<'Kf.)
Je eompo~; du iatin <'op!t/ar<
noinfrer~; du latin f~pH~.
Qu'il ne fait d'espée ou de lance
Et quant ebrieté s'y lance,
Velà le fait tout consomme;
Car ung geant plain de vaiHance
Par vin est tantost assommé. `
tVtCEME. ·
Perithous bien l'esprowva
A ses nopces, comme sçavez,
Qui bien empeschie se trouva
Par Centaures, gens desrivez
Bons vins leur furent délivrez,.
Dont leur gorge fut arrousée;
Puis, quant ilz furent eKyvrez, ·
Cuyderent ravir l'espousée.
AVERROYS.
Herodotus, referendaire44
De maint cas divers et louable,
Met des messagiers du roy Daire
Une histoire quasi semblable:
Vers Amyntas le roy notable,
Vindrent demander le tribut,
Qui tantost fit dresser la table,
Et Dieu sçait comment chascun but.
Après vin, voulurent sentir 5
Les dames et les damoyselles,
Lors flst-on parer et vestir
De beaulx compaignonsen lieu d'elles,
AVtCENNE.
Au)usGe)iusanote,
En son livre de Nuictz Actiques,
Que totalle sobriété
Regnoit sur les Rummains antiques,
Et se, par etlictz domestiques,
H convenoit reigle tenir,
1'arciHcment, par loix pubtifques,
~hascun se devoit abstenir
AVERROYS.
Didimus, roy de Bragman,ie,
Jadis fist declaration,
Comment tous ceulx de sa mesgnie
Et les gens de sa region
Prennent lenr substantadon
Modérée et peu nutritive,
Sans jamais faire question
Oe viande deticative'
Yt'OCRAS.
Bragmanienssont sobres gens*,
Fuyans richesse et vanité,
Et pourtant les roys et regens
Ne les ont point inquieté.
A''t.usGEnu~,Nfj~~fM.4c~f<ï?'
Pour délicate.
(~f' /r)
observaHonc, sed etiam animadversione legum custodita f~t.
~SOBRESSE.
Dieu te mette en maUe sepmfune*
Despesche-toy <)onc d'y. n))cr?
LE FOL.
Et ne m'en scauroye-je mesler
J'ay gouverne la cour hacauo~,
Et sçay trophien les aulx peler,
Quant je suis à ma harbacane
Qui voutdrnit ung roseau de cane,
Je suis homme pnur le livrer,
Mais qui boit ainsi que une cane,
!t n'a garde de s'enyvrer..
PILLULE. Adearcerem.
Or, sus, sus, Bancquet et Snuppfr,
SaiI)M)torsdecega)athas?
SOttPPER.
Voire Bancquet, mais non pas moy
EXt'ERtENCE.
Entens-tu il charge sur toy ?
BANCQUET.
Je voy bien que le bas me hlesse.
EXPERIENCE.
Ainsi, par faulte de chastoy
Tu as commis ceste rudesse
N'est-il pas vray?
BANCQUET.
Jeleconfesse.
Mais, dame' d'excellent affaire,
Excusez ung peu ma simplesse,
Car je cuyde tousjours bien faire.
Gentils, beaux.
Règle, conduite.
EXPERIENCE.
Escrivez cela, secrétaire;e
Mettez les delictz et excès,
La confession voluntaire,
Et tenez forme de procès.
REMEDE.
Je metz par escript tous leurs faitz,
Leur trangression, leur ordure
Quant les actes seront parfaictz
Vous en verrez la procedure.
EXPERIENCE.
Soupper, de perverse nature,
Par ta foy, te repens-tu point
De mettre à mort la creature?
SOBPPER.
Ma dame, raclez-moy ce poinct
EXPERIENCE.
Quoy! ue vins-tu pas bien en point.
Et bien armé, pour faire effort?
SOUPPER.
Je n'en armay oncques pourpoint;
Au moins, pour mettre gens à mort.
EXPERIENCE.
Que feis-tu doncques?
SOUPPER.
Ung discord
Pour les faire ung peu haster,
Et combien que je frappay fort,
Ce ne fut pas pour les matera
Débat, dispute, querelle, altercation.
*Tufr;dutatintX(;<rf.
EXPERIENCE.
Venez ce propos escouter,
'Compaignie, et vostre sequeUn?
BONNE CONPÀIHNtE.
Ma dame, vous devez noter
Que Soupper nous fut fort rebelle;
Toutesfoi&t sa Rere cautelle,
Ousaf:treurpirequef)ame,
Ne fut pas eu la fiu morteUe.
EXPERIENCE.
Est-il vray,'Souppcr?
SOUPPER.
Ouy, ma d.tmc.
PA.SSETEMPS.
Bancquet nous tua Gourmandise,
Et aussi fist-il Friandise,
Qni estnit gracieuse femme.
EXPERIENCE.
Est-i)vray, Bancquet?
BANCQUET.
Ouy,dame.
ACOnSTUMANCE.
Soupper fist plus honnestcment:
Il nous hatit tant seullement,
Sans ce que nul CH rendist l'âme.
EXPERtENC!
Est-il vray, Soupper?
sonppER.
Ouy, ma dame.
BONNE COMPAIGNIE.
Bancquet.parnavreretbatre'
Sans raison nous en tua quatre
N'est-ce pas fait d'ung homme infâme ?f
EXPERIENCE.
Est-il vray, Bancquet ?
BANCQUET.
Ouy,madame.
Je feiz venir les Maladies
Qui ont commisl'occision:
Moy-mesmes, par armes garnies,
J'ay fait grant effusion.
EXPERIENCE.
Vous oyez la confession?
YPOCRAS.
Nous l'entendons tout c]crement.
EXPERIENCE.
Pourtant, j'ay bonne occasion
D'y asseoir cert.iinjugement.
Le Code dit expressément,
Que, après confession notable,
Il ne reste tant seullement
Que de condamner le coutpaMe~.
Ostez BancquetabhominaMe,
Et vueillez Soupper emmener,
Affin que le Conseil louable
Puist de la matiere oppiner.
?ParbIessurcetcoup%.
In Anfitentem QuHœ sunt partes judic. praeter m con-
dempnendo, Ym, C. ()e eonfesisi. et per Gtosam, !~M. (No<<'
f <(<'«)'.)
SECOURS.
Sus, sus, pensez de cheminer!
Il vous fault retraire tous deux.
Car la Cour veult déterminer
Ducasquiestbicnpondereux'.
BANCQUET.
0 dame au regard gracieux,
Qui discord reduit et accorde
En Dionncur du Roy glorieux~,
Qu'on nous fasse miséricorde!
LE FOL.
On vous fera Inisere et corde,
Par le col, en lieu de cornette,
Selon que le papier recorde
La cause n'est pas encor necte.
PILLULE.
t) fault jouer de la retraicte.
CLISTERE.
Tirons-les ung peu à l'escart.
DIETTE.
Cependant que le cas se traicte,
Nous vous mettrons icy à part.
DISNER..
A ce coup est prins le regnard.
A ce coup est le loup honteux
Soupper se trouve bien couard,
Mais du Bancquet suis plus doubteux.
Ilz ont fait meuttre douloureux
Sur ceulx qui ont beu a leur couppe,
Mais, s'Hz ont esté rigoureux,
On leur fera de tel pain souppe
~Depoids,d'in]portance.
'C'&itJebUh.-Chribt. ·
3 ['roverbe qui :'igniEc Oti les traitera comme ils ont traite
autrui.
Qui veult deçevoir,
Enfin est deceu
Peine doit avoir,
Qui veult decevoir,
Adtrelevoir,
Tout veu, tou~t conceu,
Qui veult décevoir,
Enfin est deceu.
Je m'en voysjouer vers la Court,
Pour veoir que c'est qu'on en fera
S'on ne les loge hault et court
Je suis d'avis qu'on meffera.
Mais qu'esse qu'on gaingneroit
De les garder? Par ma foy, rien.
Quiconquéles espargneroit,
Je dys qu'il ne fera pas Lien.
ExrERtKNCE.
Ça, Ypocras et Galien,
Et vous autres par indivis
De ceulx qui sont en mon tyen,
Qu'en doy-je faire à vostre advis ?
Ilz ont en )eurs mauiditz convis 3
Tuez gens par rude maniere,
Et pourtant je voy, bien envys,
Telz gens regner soubz ma banniere.
Dieu, qui s'apparut en lumiere
A Moyse sur le buisson,
A noté par ta Joy premiere
.Jugement d'estrange façon,
Disant que, pour l'invasion
Qui se fait contre ung personnaige,
A.VtCENNE.
Dame, vous avez la practicquo
De toute jurisdicion,
Et si avez la theoricque,
Science et résolution
Faictes-en la pugnicion,
Sans cry, sans motion ne noise.
H y a interfection
Vous entendez que cela poise.
AYtCENNE.
Le Code qui le droit despesclu;,
Et est de bon conseil muny,
Nous dit, parce que Fhommc pesehe,
Par cela doit estre pugny~
Selon ce qu'il a desservy
Soit franchomenf exécute
~Affame,enrage..
Rappelle, enregistre,remémore.
Si manus tua vel pes tuus scand~ljzatte, abscide eum et
projief:ahete,ete.J)f<!</if.,xvm.(Nf<<'ii!<!B~!<)'.)
EXPERtEXCE.
Or çn,se Bancquet )eviHaiu
Estoit depesehé, somme toute,
Pourroit vivre le genre humain
Sansbancqueter.
YPOCHAS.
Etquiendoubte?
GALIEN.
Nous sommes d'avis qu'on le boute.
Scicberauehaultemmycesp~'fS'.
AYICENNE.
H fait venir catlierre et goutte,
Et puis la belle mort après.
DISNER.
Noble datne,'vous penserez,
S'il vous plaist, deux fois à cecy,
Mais quaud à l'ung commencerez,
L'autre s'en doit aller aussi.
Pour oster douleur et soucy,
De Bancquet se faut destrapper~,
Et qui disne bien, Dieu mercy, ~=
II n'a que faire de Soùpper.
Quant à nioy, je suis le Disner,
Qui nourris gens à sufGsance
Homme ne se doit indigner,
Quant il a de moy joyssance.
Souper est superabondance,
Bancquet est excès et oultraige,
Mais que le Disner vienne à dance,
Il suffist pour l'humain lignaiges.
Les pendus restaient exposes aux rayons du soleil qui )(M
momifiait en les desséchant.
Débarrasser, délivrer.
3 Le genre humain.
EXPERIENCE.
Disner, vous parlez de couraige*
tt Je ne sçay se vous avez droit
t.
Vecy'Conseil discret et saige,
Auquel demander en fauldroit.
AVERROYS.
Je croy que l'hoMUtie qui vouidroit
Faire ung repas tant seullement,
Tousjours santé garder pourroit,
Et si vivco~plus longuement.
TPOCRAS.
Qui ne mangeroit autrement,
Selon que notez par voz ditz,
Ce seroit vivre proprement
Comme ung ange de paradis.
On dit, ~K& brevibus verbis,
Que qui .!fm~~ est Angelus,
Mais quant n nous, /tO)MO qui bis.
Etreste?' EXJ~ERtENOE.
YPOCRAS.
~jtt B~<M qui plus.
-c Voûtez-vous ouyr une voix,
Qui est prouffitable et ttuaneste
Qui se repaist plus de deux fois,
Plusieurs le reputcnt pour beste.
DtSNER
Manger deux fois, c'est faire feste,
C'est prendre soulas et sejour.
Mains philosophes et prophètes
N'ont mangé que une fois le jour.
Regardez au livre des Pères*?
C'est-5-tUre à cœur ouvert, à ptcin cœur.
Le recueil des Vies des Pères (Vit~ !a'Ke<f)fem Mft'M). pat
saint Jérôme, était dans toutes les mains c'est un des ~emiers
Vous trouverez gens largement,
Qui ont souffert paines aspcres'.
Peu mangé, vescu sobrement
Sans chair, sans vin aucunement,
Soustenoient la vie humaine,
Jeunoient continuellement,
Tous les beaulx jours de la sepmaine.
De ceulx estoient Anthonius,
Arcenius,
Evagrius,
Pambo, Poonen, Serapion.
Theodorus, Ammonius,
Macharius,
Pacomius,
Silvarius, Bissarion,
Agathon.Anastasius,
Eu)aHus,'
Eu)ogius,
Paster, Pyoz, Ylacium,
S!soys, Ypericms,
Ursicms,
Et Lucius,
Toutes gens de devoeion
Et pour gens d'autre naeion.
Je amaine à recordacion
SocratesctDyugenes,
Qui n'ont prins pour tem'pnrtinn
Le jour que une réfection,
Et si ont vescu sains et nectz.
EXPERIENCE.
na!quinemangeroitqueungmt't/
Naturn pourroit décliner.
La première distinction,
Sur ce mot JMS gencrale,
En la Glose, fait mention
De la paine dont j'ay parte'
Digestis, est intitulé,
En une loy, qui bien la lict,
Que le jugement soit reigtc
A la mesure du de)ict*.
Anuantith popuhtion.
Ecrase, mastique, broie avec ie~ den~.
Quinque sunt spccics gulm, secunduni Gt'cgoriuni. Unua
versus prepropere, )en!c, nimis, ardentcr, studiose. < (Note fk
r<f!t;);)'.)
Tout le propos de la sentence
Et puis yrez solliciter
Que nous ayons bonne assistence.
REMEDE.
Tenez, ma dame d'excellence,
Veez là tout le fait pertinent~?
IItuybaHUetoussespapiera.
EXPERIENCE.
Faictes comparer~ en présence `
Les prisonniers?
REMEDE.
Incontinent
Que chascun viengne au jugement,
Pour ouyr la sentence rendre,
Et faictes venir promptément
Les prisonniers, sans plus attendre?
SOBRESSE.
Il se fault garder de mesprendre.
Obeissons au mandement.
CLISTERE.
Allons donc ces prisonniers prendre?
H se fault garder de mesprendre.
SAIGNÉE.
Mais qui est-ce qui les doit pendre?
DIETTE.
Moy, qui en ay l'entendement.
SECOURS.
Il se faut garder de mesprendre
Obeissons au mandement.
SOUPMK.
Las! avez-vous intenGion
De nous executer eusembiu?
Je n'ay pas fait transgression
Digne de mort, comme il me semUt'.
CUSTERË.
M'ayez paour.
SOnPFEE.
Nenny, mais je tremble.
Oncques ne fuz en tel danger
BANCQUET.
S'il est craintif, il
me re:iseu)I)te
C'est assez pour couleur changer.
SAIGNÉE.
Veez cy nuz ~fns prcstx u juger,
Aussi eschauffez comme glace.
SËCUUKS.
Pour les condajnneroupurgcr~.
Ma dame, veez-les cy en place?
Ahsoudre, Mquitt~r.
SOUPPER.
Miséricorde'.
BANCQUET.
PourDieu'gracc!
SOCPPER.
Avez pitié dos penitens!
LE FOL.
On vous fera la souppe grasse,
Mais vous n'en serez pas contens.
Les deux cenduyront Soupper, et les autres, Pancquct.
EXPERIENCE.
Or, sus, faictes asseoir Bancquet `
Sur la sellette devant nous
Et ce Soupper, de peu d'acquest,
Se mettra là à deux genoux.
PILLULE.
Mettez-vous cy, despechez-vous?
Qu'on ne vous face violence
SECOURS.
Ke sonnez mot par-ta dessoub!
Et que chascun fart' silence.
EXPEUfENOE baillera a Retnede le papier oH sera escript
le dictum, pour le prononcer, en ~Usant:
Tenez, scribe d'intelligence,
Cest escript fait a diligence,
Qui porte grant narracion:
Je vueil que, par obédience,
Par devant tous, en audience,
Faciez la recitacion.
Remède prent le dictum reveremmeut, et le commence à
lire hault et eler.
REMEDE.
Veu le procès de raccusMiot~, r
Fait depieca par Bonne Compaignie.
Qu'on peut nommer populaire action,
Car elle touche au peuple et sa mesgnie
Veu l'homicide accomply par envie
Es personnes, premier de Gourmandise,
Et d'autres trois qui ont perdu la vie:
Je-Bois-à-vous, JePieige, etFriandise:
four ftK~-<<'fM.
C'est-à-dire mais en appctfr, faisant sctubiant J'avoir mal
e~mpri&la sentence.
EXPERIENCE.
Ouy, vous aurez cest office.
SOBRESSE.
Et je prcns h commission
De Soupper.
EXPERIENCE.
Faictes-tuy justice.
ley met Diette à Dancquet la corde au f~!
n)ETTE. ·
Re<;cve/.cecoUer['rnp)ce:
(le sera pour serrer la vaine.
BANCQUET.
0 mon()e, fy de ton service!
Ta prospérité est hien vainc.
LE)!EAUPE))E.
Laissez toute cure mondaine
EtpensezaDieuseu)tenjent,
En tuy priant dévotement,
Que de vostre âme ait mercis.
BAKCQUHT.
Quant au piteux defnnement
De mon corps, pense-je troncis.{
!.E BEAU PERE.
Soyez pacient, mon beau fils!
Voicy pourtraicturc certaine
De rymage du Crucifix
Qui racheta nature ttumaine.
H luy Lai))~ le tabk'au ou est ymage du Cn)f'ifh.
'CcsdeuxvL'['-t~Ottttt'ës'ohscurs;onpoutct'Otrt'qn'itssi-
Sninent Quant a la triste fin de mon corps que je suppose ()c-~
voir ~tre mis par'qnartier'i.
60BRESSE.
Et voicy gardebras massis 1
De fin plomb, taillez de mesure.
Tcnez-moy Soupper, cinq ou six,
Et je feray la ligature.
Ilz prennent ~ouppcr.
CLISTERE.
Ça, villain (le fautce nature,
tendez les bras?
SOUFPER.
Aussi fcray–je.
On luy meL le pinmh que l'on lyen) a ~untt'p ns~uiUt't't~.
SAIGNÉE.
Endurez ceste fourniture,
Pour rabaisser vostre courage.
riLLULH.
Ha! dea, vous souliez faire ra~p:
On ne pn'oit à vous durer 1
SECOURS.
Pour vostre merveilleux ouUrage.
Vous fault ce travail' endurer.
socrpER.
Helas 1
'Gra])~eroutec"')Iesvoftu''f"~p:is'nt.
A.T:CE!')Nt:.
J'envueUMenveoirtennement.
AVEHROf.s.
Et moy, ta terminacinn.
DIETTE.
Tost, deux motz de confession
Hean pfre, despescLex-)e-moy?
LE BEA.O PERE.
Ça, avez-vous contriction?
BANCQUET.
Mais ay soulcy et grant esmo).
),E BEAU PEf! M <ie[et fai~)gcnf)i))f)'Ban<'qn<'[,en
disant:
Il rous fault mourir en la foy,
Sans penser à mondanité.
illectez-vous cy en bon an'oy',
Et dictes Benedicite?
Lors le beau pere fait le signe de la croix, E~ Ranc~uct.
fait signe de soy confier.
DIETTE.
Je vueil dresser de ce costé
Mon escheUo, pour monter hault.
entends oyung peu, degouste~?
LE FOL.
Quoy me veulx-tu livrer t'a~sautt?
J'ayme mieulx faire ung petit hautt.
Comme fait maistre Triboutet~.
'f~tt a sJ'.mtf'hcHnau~isfaits.
flumMementcrie à Dieu mercy1
J'aymismouttdegensensoucy,
Et fait despendre' argent t't or.
LE BEAU t'EHE.
Est-ce tout?
BANCQUET.
Je le croy ainsi.
LE BEAU PERE.
nictesvostreConCtHor?
Bancquetf.tit$emI)iantdediresonConuteor,etk' °
bcaupcredel'abs')uidre.
LE ML.
FoyquejedoyasainctVtCtur!
<!e))eauppregaingneadisner~.
Je croy qu'il aura le trésor,
Tant bien sçait-il pateliner.
Chascun se mesie d'affiner,
Chascun veult souMer l'arquemye
Mais je ne puis jamais nner
D'avoir finance ne demye.
DIETTE.
N'est-ce pas fait, bon gré ma vie1
Je me morfondz de tant attendre.
LE FOL.
C'est le bourreau qui le convye,
Pour luy faire le col estendre.
Dz se leivent tous deux.
Pour dépenser.
En effet, dans tous les frais des exécutions d'' justice faites
à Paris, on mettait en compte )c prix du dîner du confesseur.
bu s'occupait beaucoup d'aknimie a cette époque c'était
une mode que les expéditions de Charles Vil! et de Louh X)I,
en Italie, avaient apportée eu l'rance, et qui ne fit que se pro-
pager pendant tout le seizièmesiècle, surtout à fa~bnr de-.Va)ois.
LE BEAU PERE.
grë prendre
!) vous fault ).) mort en
Il vous fault monstrer homme saige.
BANCQUET.
Helas t Dieu me gard de mesprendrf
Vecz cy ung dangereux passaige!
CLISTERE.
Tant de fatras!
SAIGNEE.
Tant de langaige
EXPERIENCE.
Uiette?
DtËttË.
Dame ?
EX~ËRIENCË.
D,espesche!-le!1
DIETTB.
Je voys jouer mon nersùnnaige.
Sus: montons amont 1 ceste eschelle.
Ilz commencent à monter.
LE BEAU PERE.
0 Bancquet, il vous fault avoir
Mémoire de la Passion?
BANCQUET.
Beau pere, vous deveit scav&i)'
Que je y ay ma derociott ?
DIETTE.
Dea, affin que nous ne faillon
A poursuivre le pctitoire*,
Montn!< encore ung eseheUon.''1
EnhauL_
C.'<'st4~?7e MM'Mter la sent.ehff.
BANCQUET.
Mais que j'aye ung peu d'adjutoire
Il monte, et on luy aide, et dit:
Suis-je assez hault?
DIETTE.
Encore, encore!
Vous commencez !t approcher.
Veeïcyvostro-reclinatoire~!
Bo)a!jevousvoysatacher.
Mais toutesfoys, pour despescher,
'Tandis que à mes cordes labeure,
Se rien voulez dire ou prescher,
Ilictes maintenant, il est heure
BA~NCQUET.
Helas puis qu'il fault que je meure.
Chascun vueille pour moy prier,
Affin qu'en la fin je demeure
Sans vaciller ou varier.
Je n'ay eu memoire
Que de tousjours boire
Du vin de hault pris.
DIETTE.
Ce n'es pas grant gloire,
Mais fol ne veult croire,
Tant qu'il est souspris.
BÂNCQUET.
J'ay mort desservie,
Par cruelle envie,
Pour estre trop fin.
DtETTE.
Fol est qui desvie,
'Aide;dN)atinm/onMm.
~LifKderepns.
Car de malle vie
Vient mauvaise fin.
BANCQUET.
Finesse m'affine;
Je meurs et defBne,
Honteux, en ce )ieu.
DIETtE.
Omama]s'euc[h;t',
Tost chiet et décline,
Quant up!a!st& Dieu.
BANCQUET,
Adieu mes esbats
DIETTE.
Dssonttnisabas.
BANCQUET.
Ptusn'ay de demain [
DIETTE.
ttfau)tdire:He)as!
BANCQUET.
-fesuisprinsautas!
DIETTE.
Voire soubz ma main.
BANCQUET.
Adieu, friandises petites,
Sucre, coriande.aniz,
Girofle, gingembre, penites,
Saffran plus luisant que verniz,
Sucre candis pour les poussifs,
TriassandaU que on renomme,
Poivre, gatinga) et massis,
Mus, muscade et cynamome~'
LE BEAU PERE.
Mon amy, soyez tout reduit
De prendre, pour bon saufconduit,
Supplice outrageux.
Voici un nouveau tour de force de prosodie que t~ pauvre
Banquet exécute avant de mourir « La rime emperiepe, dit Hi-
Quant de la mort m'assigne signe:
Justice se confere fere
'Qui ma paine décrire cin'e,
Xontm~vigueurtres-nnt'nne.
Justice, qui domine myne,
Pecheurs, comme rogentu gente,
Bien monstre qu'elle est ditigente.
DtBTTE.
Avez-vous dit?
BANCQUET.
Je mécontente.
DH;TTE.
Pardonnez tout, sans plus d'actentt',
Etnetenexcouraigeànulz~. ·
BANCQUST.
))(' pardonner c'est mon entente
ntETTH.
Or sus, dictes vostre B!<tKMS.
11 )~oute j'Mi.* th' l'eschelle et fait semhlant Jf t'c'.U'ang~r, & ta
mode des houn'eauk.
LE BEAU PERE.
Credo, credo
DIETtE.
Veez-le là jus?
Je croy qu'il soit jà trespassé..
~C'est.-&-Ju'c:'ïf!squcj['uur.nrfpr)Rp)p<)!-url't''ch~ttp;cnr.
suivant l'usage, iebom'rean sect'amponnuiLsur les 6p~utcs (h)
pendUjGtsebalancaiEavechti'tanst'Rspncp,
t'AS.S.ETEMfs.
Ut est Bancquet exccuté »
Los gourmans plus n'en jouyront~
Disner et Soupper fourniront
A )'humai;)enecessité.
LE DOCTEUR PRELOCU'tKUtt'.
Seigneurs, qui avez assisté
A la matière delectable,
Bien voyez que gnlosité
Est vergongneuseet detestable.
n souffit deux fois tenir table,
Pour competante nourriture
Le Bancquet n'est point proufitable,
Car il nuyt et corrotnpt nature.
U s'adresse à l'auditoire.
A fin, à mort.
four coM~C, par corïupttou. H esL pos:'Ufte encore que le
mot coulte soit mis là pour MM~c, lit ue pimne; au reste, id
M!<M;'M était une grossetone de coton.
Nous maB~erinns la souppe grasse,
Entrc~nydy et penthecouste
Et adie~La brigade toute
RONDEAU.
En Fhostel du trcmpeux Bancquet,
Et en celuy de long Soupper,
Souvent viennent grands coups frapper
Sur plusieurs, après long caquet,
0.
Les Maladies qui font le guet,
Pour soudainement les happer.
En l'hostel de ce faulx Bancquet,
n'y a Georget ne Marquet,
Qui d'elles se sache eschapper,
Sans aucun mal, ned~tr~pper*
Batcutjusques au dernier huqnft,
Et) l'hostel de ce faulx Bancquet.
,¡
GY FtNE LA COMDARNACiUKDt:
ItA~QOLT-
AvEtmSSEMEXTDEL'ËDITEtJt. t
L'AKCIE!<TtiEATREE!fFRANCE. V
HÎAtSTREPlË!U:EPATnEL[K.
rfuf.tcedut'Ëditeur. t
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LAFARCEDU.uNYEn.
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