Droit de La Concurrence - Matière - PR Bensouda Halima - Dec 2020 - PDF
Droit de La Concurrence - Matière - PR Bensouda Halima - Dec 2020 - PDF
Droit de La Concurrence - Matière - PR Bensouda Halima - Dec 2020 - PDF
Semestre 5
Automne-hiver 2020-2021
Introduction
Ø La notion de concurrence
La concurrence est avant tout une notion économique, elle n’a pas de sens
juridique propre. Sa signification a varié en fonction des évolutions de la pensée
économique. De grands courants économiques ont théorisé la notion de
concurrence et sont pertinents en droit de la concurrence (la pensée classique, la
théorie Néo-classique, l’école de Harvard, l’école de Chicago).
Le processus de la concurrence fait que les entreprises rivalisent entre elles sur le
marché pour satisfaire au mieux les attentes des clients, qu’ils soient entreprises
ou consommateurs. Cette dynamique peut se concrétiser de différentes
manières. En effet, les entreprises peuvent s’affronter entre elles sur le terrain
des prix, elles peuvent aussi se différencier par le biais de l’innovation ou la
différenciation de la qualité de leurs produits, leurs variétés, leurs services, etc.
Ø Un marché concurrentiel
1
produits proposés (les produits sont substituables), par la transparence de
l’information (toutes les caractéristiques du marché sont connues des acteurs)
ainsi que par la libre entrée et la libre sortie des agents économiques du marché,
et la libre circulation des facteurs de production.
Un oligopole peut avoir une origine réglementaire. Tel est le cas des services de
téléphonie où le marché était à l'origine monopolistique et où l'octroi d'une
licence par l'Etat est requis pour les opérateurs.
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Ø Le droit de la concurrence
Décret n° 2-14-652 du 8 safar 1436 (1er décembre 2014) pris pour l’application de
la loi n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence.
3
Ces interdictions ont une même justification : les entreprises ne doivent pas
profiter de leur liberté pour acquérir un pouvoir de marché artificiel, car cela
aboutit à la création de rentes à l’abri desquelles, elles cessent d’inventer, de
produire et, finalement, de créer de la valeur au profit de tous.
Dès le XIXe siècle, les premiers débats s’engagent sur le rôle de la régulation
concurrentielle aussi bien au Canada qu’aux Etats-Unis. A cette époque, les
différentes industries manufacturières détenant une part importante du
potentiel productif américain (de l’ordre de 65% du PNB) mettent en place des
formes de cartel ou ententes pour éviter les conséquences de toute
confrontation sur le marché et les guerres de prix. Le chemin de fer, le charbon,
le sel, la sidérurgie, les cordages, le tabac, le raffinage du sucre sont tous des
exemples d’industries ayant été, aux Etats-Unis d’Amérique, organisées par des
ententes. Celles-ci avaient pour but de fixer les prix de vente et/ou de répartir les
marchés, soit par des quotas de vente, soit par région.
Ce contexte économique lourd, a démontré la nocivité des ententes sur les prix
et les partages de clientèles.
C’est ainsi qu’au Canada, en 1889, fut mise en œuvre la première loi interdisant
les coalitions. Cette loi, qui fut introduite dans le Code criminel en 1892,
criminalisait les ententes et les coalitions entre concurrents, lesquelles visaient à
réduire indument la concurrence. Aux Etats-Unis, le Sherman Act sur les cartels
(complété plus tard par le Clayton Act), donnant un statut de loi fédérale à
l’antitrust, a été voté par le Congrès américain de manière quasi unanime le 2
juillet 1890. Ci-dessous est présenté un extrait de la version initiale des deux
premiers articles (des amendements sont intervenus ultérieurement en 1937,
1955, 1982) :
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« Tout contrat, toute association sous forme de trust ou autre ou toute
entente en vue de restreindre les échanges ou le commerce entre les
différents États de l’Union ou avec les pays étrangers sont déclarés
illégaux» (article 1)
« Toute personne qui monopolise, tente de monopoliser ou participe à
une association ou à une entente avec une ou plusieurs personnes, en
vue de monopoliser une partie des échanges ou du commerce entre les
différents États de l’Union, ou avec les pays étrangers, est considéré
comme coupable d’un délit » (article 2)
Ce sont des règles de prohibition per se qu’énonce ce texte de loi. Il affirme que
les mécanismes de marché doivent rester libres des entraves que les acteurs
cherchent naturellement à établir pour asseoir leur pouvoir. Les ententes et abus
de dominance sont incompatibles avec la nature même de l’économie de
marché.
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La constitution marocaine érige, en 2011, la libre concurrence et la liberté
d’entreprendre en des principes constitutionnels (article 35). Le droit de
propriété et la liberté d’entreprendre avaient déjà été énoncés à l’article 15 de la
Constitution de 1996.
La loi 06-99 est alors abrogée, la réforme qui s’en suit, apporte des avancées
majeures au droit de la concurrence aussi bien sur le plan substantiel
qu’institutionnel. Elle introduit deux nouvelles lois, la loi 104-12 relative à la
liberté des prix et de la concurrence et la loi 20-13 relative au Conseil de la
concurrence. Celle-ci instaure le Conseil de la concurrence comme organe
régulateur de la concurrence, ayant pour mission, dans le cadre d’une
concurrence libre et loyale, conformément aux dispositions de l’article 166 de la
Constitution, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations
économiques, notamment à travers l’analyse et la régulation de la concurrence
sur les marchés, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques
commerciales déloyales et de opérations de concentration économique et de
monopole. Le législateur modernise substantiellement la loi 104-12, y
introduisant des éléments capitaux (tels que les solutions alternatives ou
accessoires à la sanction comme les engagements, la non contestation des griefs
et la clémence ; de nombreuses garanties procédurales ; le contrôle des
opérations de concentration par le Conseil de la concurrence ; la règle de
minimis, les voies de recours auprès des juridictions compétentes contre les
décisions du Conseil de la concurrence ;) pour une mise en œuvre efficace du
droit de la concurrence.
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Titre I- Le Champs d’application du droit de la concurrence
L’article premier de la loi 104-12 dispose : « la présente loi s’applique :
o à toutes les personnes physiques ou morales qu’elles aient ou non leur siège
ou des établissements au Maroc, dès lors que leurs opérations ou
comportement ont un effet sur la concurrence sur le marché marocain ou une
partie substantielle de celui-ci ;
o à toutes les activités de production, de distribution et de services ;
o aux personnes publiques dans la mesure où elles interviennent dans les
activités citées au paragraphe 2 ci-dessus comme opérateurs économiques et
non dans l’exercice de prérogatives de puissance publique ou de mission de
service public ;
o aux accords à l’exportation dans la mesure où leur application a une incidence
sur la concurrence sur le marché intérieur marocain. »
7
Titre II- Les pratiques anticoncurrentielles
I- Les ententes
Une entente est une pratique par laquelle des opérateurs s’accordent au
détriment d’un tiers (concurrent, client ou consommateur).
« Sont prohibées, lorsqu’elles ont pour objet ou peuvent avoir pour effet
d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un
marché, les actions concertées, conventions, ententes ou coalitions expresses ou
tacites, sous quelque forme et pour quelque cause que ce soit, notamment
lorsqu’elles tendent à :
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o Limiter ou contrôler la production, les débouchés, le développement
technique ou les investissements ;
o Répartir les marchés ou les sources d’approvisionnement ;
o Appliquer à l’égard de partenaires commerciaux, des conditions inégales à des
prestations équivalentes en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la
concurrence ;
o Subordonner la conclusion de contrats à l’acceptation, par les partenaires, de
prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages
commerciaux, n’ont pas de lien avec l’objet de ces contrats».
Il faut au moins deux volontés dont l’une au moins émane d’une entreprise au
sens du droit de la concurrence, c'est-à-dire « toute entité exerçant une activité
économique, indépendamment du statut juridique de cette entreprise et de son
mode de financement »1. « Constitue une activité économique toute activité
consistant à offrir des biens ou des services sur un marché donné 2» ou encore
toute « activité à but lucratif ou non, qui implique des échanges économiques »3
1
Arrêt du 23 avril 1991, Klaus Höfner et Fritz, C-41/90, Cour de justice de l’Union européenne
2
CJCE, 18 juin 1998, Commission /Italie C-35/96, §36.
3
Coupe du monde de football 1998, n°2000/12/CE, 20 juillet 1999, Commission européenne.
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o Des participants juridiquement distincts et économiquement indépendants
l’un de l’autre
Sont examinés les actes unilatéraux, les accords intragroupes et les contrats
d’agence.
Ainsi, aucune entente ne peut être constituée entre deux filiales non autonomes
du même groupe ou entre une filiale non autonome et sa maison-mère.
Le droit de la concurrence est inapplicable dans les rapports entre les agents et
son commettant avec lequel il forme une unité économique. Il en va de même
pour l’agent qui, bien qu’ayant une personnalité juridique distincte, ne
détermine pas de façon autonome son comportement sur le marché mais
applique les instructions qui lui sont données par son commettant.
o l’autonomie de volonté
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Le droit de la concurrence ne s’applique pas si un comportement
anticoncurrentiel est imposé aux entreprises par une législation nationale ou si
celle-ci crée un cadre juridique qui, lui-même, élimine toute possibilité de
comportement concurrentiel de leur part.
Est interdit le fait pour une ou plusieurs entreprises d’exploiter de façon abusive
une position dominante.
La loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence prévoit dans son
article 7 la prohibition, lorsqu’elle a pour objet ou peut avoir pour effet
d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence, l’exploitation
abusive par une entreprise ou un groupe d’entreprise d’une position dominante
sur le marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci.
Dans le cas d’un abus d’exploitation, l’auteur de l’abus met à profit sa puissance
de marché pour exploiter un partenaire économique.
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Dans le cas d’un abus d’exclusion, l’auteur de l’abus tente d’exclure un
concurrent du marché ou de l’empêcher de le pénétrer.
Toutes ces pratiques de prix bas visent l’éviction des concurrents, l’entreprise
« investit » dans l’exclusion des rivaux.
Les pratiques abusives prohibées sont par exemple, les pratiques contractuelles
fidélisantes (système dépourvu de toute relation objective, sans notamment de
contrepartie économiquement justifiée telles que la contrepartie de gains
d’efficience, ou d’économies de coûts), l’approvisionnement exclusif ou encore
les ventes liées.
12
o L’affectation du marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci
o L’identification de la position dominante sur le marché pertinent
o Et l’exploitation abusive de cette position dominante
Pour que soit identifié une position dominante, il faut définir une part
substantielle du marché en fonction du marché des produits ou services
concernés et en fonction du marché géographique. C’est le marché pertinent.
13
rupture) de relations commerciales est en général le fait des distributeurs dans
leurs relations avec les fournisseurs.
Il ressort de ce texte de loi que trois conditions cumulatives doivent être réunies
pour confirmer une pratique de prix abusivement bas :
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Titre III- Le Conseil de la concurrence
I- Nature du conseil de la concurrence
o Les ententes
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o L’abus de domination (abus de position dominante, abus de
dépendance économique)
o Les offres de prix de vente abusivement bas aux consommateurs
La loi 20-13 met à la disposition du Conseil tous les pouvoirs et les moyens
nécessaires pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles. Elle renforce
également son rôle en matière d’advocacy (pédagogie/plaidoirie) en lui
permettant de s’exprimer de sa propre initiative, par le biais d’avis publics et de
recommandations à l’administration, sur des questions générales de concurrence
qui peuvent avoir trait à la situation concurrentielle d’un secteur ou au bilan
concurrentiel d’une législation.
A- Composition du Conseil
a- Le Président
Le Président est nommé par Dahir pour une durée de cinq ans, renouvelable une
seule fois (article 10 de la loi 20-13).
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et d’administration des entreprises privées ou publiques poursuivant un but
lucratif.
Les autres membres conseillers (au nombre de 8) sont des juristes, des
économistes, des personnalités qualifiées en matière de consommation, des
professionnels expérimentés de l’industrie, de la distribution ou encore des
services.
Les membres du conseil sont nommés pour une durée de cinq ans renouvelable
une seule fois, par décret :
Les vice présidents (à l’exception des magistrats, soumis aux règles prévues dans
le Dahir formant statut de la magistrature), exerçant leurs fonctions à plein
temps au sein du Conseil, sont soumis, à l’instar du président, aux règles
d’incompatibilités, et doivent donc, pendant la durée d’exercice de leurs
fonctions, suspendre toute activité professionnelle ou commerciale dans le
secteur privé. Ils doivent également suspendre leur participation dans les
organes de direction, de gestion et d’administration des entreprises privées ou
publiques poursuivant un but lucratif.
En outre, tout membre du Conseil doit informer le président des intérêts qu’il
détient ou vient à acquérir et des fonctions qu’il exerce dans une activité
économique. La loi 20-13 prévoit également, dans son article 11, qu’aucun
membre du Conseil ne peut délibérer dans une affaire où il a un intérêt ou s’il
représente ou a représenté une des parties intéressées.
Les membres du conseil, sont, par ailleurs, astreints au secret des délibérations
et des réunions.
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c- Le commissaire au gouvernement
18
o Le rapporteur général et les rapporteurs généraux adjoints assurent le
suivi des travaux des rapporteurs et des enquêteurs (ils animent et contrôlent les
activités des rapporteurs).
o Les rapporteurs effectuent les actes tendant à la recherche, à la
constatation, ou à la sanction des faits concernés par l’instruction des affaires
dont le rapporteur général leur a confié l’examen.
Ils notifient les griefs, rédigent les rapports et émettent des conclusions
B- Fonctionnement du Conseil
La commission permanente, examine, également, les dossiers qui lui sont soumis
par la formation plénière.
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Elle se réunit au moins deux fois par mois sur convocation du Président et à
chaque fois que c’est nécessaire.
a- L’effet de la saisine
- Décision d’irrecevabilité
Le Conseil peut, dans un délai de deux mois après sa saisine, déclarer, par
décision motivée, la saisine irrecevable pour défaut d’intérêt ou de qualité à agir
de l’auteur de celle-ci ou si les faits sont prescrits ou s’il estime que les faits
invoqués n’entrent pas dans le champ de sa compétence ou ne sont pas appuyés
d’éléments suffisamment probants.
- Décision de non-lieu
Le Conseil peut déclarer par décision motivée, après que l’auteur de la saisine ait
été mis en mesure de consulter le dossier et de faire valoir ses observations, qu’il
n’y pas lieu de poursuivre la procédure.
Cette décision est transmise à l’auteur de la saisine et aux personnes dont les
agissements ont été examinés au regard des dispositions relatives à l’entente, à
l’abus de position dominante, à l’abus de dépendance économique et au prix
abusivement bas. (Article 26 de la loi 104-12)
- Décision d’auto-saisine
20
En cas de désistement des parties, il en est donné acte par décision du président
ou d’un vice-président. Toutefois, le Conseil peut poursuivre l’affaire qui est
alors traitée comme une saisine d’office (article 26 de la loi 104-12).
Les pouvoirs d’enquête sont définis aux articles 68 à 71 de la loi 104-12. Les
enquêteurs peuvent procéder sans autorisation judiciaire à certaines opérations
de contrôle non coercitives. L’article 72 de la loi 104-12 balise les investigations
usant de moyens coercitifs qui ne peuvent être effectuées que sous de strictes
conditions prévues par la loi.
21
o Un pouvoir de sanction
o Un pouvoir d’auto-saisine
o Un pouvoir d’enquête
o Un pouvoir consultatif
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concurrence quelque soit le secteur ou le marché donné. L’auto-saisine peut en
outre s’appliquer en cas de désistement des parties (article 26 de la loi 104-12).
Le Conseil est appelé à donner son avis sur les demandes de consultation (article
2 de la loi 20-13).
Il y a inclu les autorités de régulation sectorielles qui peuvent saisir le Conseil sur
toute question concernant la concurrence (article 8 de la loi 20-13).
Le conseil peut être consulté par les commissions permanentes du Parlement sur
les propositions de loi ainsi que sur toute question concernant la concurrence,
conformément aux règlements intérieurs des Chambres du Parlement.
Il peut également donner son avis, sur toute question de principe concernant la
concurrence, à la demande des conseils des collectivités territoriales, des
chambres de commerce, d’industrie et de services, des chambres d’agriculture,
des chambres d’artisanat, des chambres des pêches maritimes, des organisations
syndicales et professionnelles, des instances de régulation sectorielle ou des
associations de consommateurs reconnues d’utilité publique, dans la limite des
intérêts dont ils ont la charge.
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Le Conseil peut émettre de sa propre initiative, un avis sur toute question
concernant la concurrence (article 4 de la loi 20-13).
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Titre IV- Les entités habilitées à saisir le Conseil
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Le Conseil de la concurrence peut aussi donner son avis sur toute question de
principe concernant la concurrence, pour toute affaire qui concerne les intérêts
dont ils ont la charge, lorsqu’il est saisi par :
Le conseil peut, en outre, être consulté par les juridictions sur les pratiques
anticoncurrentielles relevées dans les affaires dont elles sont saisies. Il ne peut
donner un avis qu’après une procédure contradictoire. Toutefois, s’il dispose
d’informations déjà recueillies au cours d’une procédure antérieure concernant
la même pratique, il peut émettre son avis sans avoir à mettre en œuvre la
procédure prévue par ladite loi (article 6 loi 20-13).
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Titre V- Le contrôle des pratiques anticoncurrentielles
I- Le contrôle par le Conseil de la concurrence
A- La sanction pécuniaire
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La récidive dans les cinq ans suivant l’infraction porte au double le montant
maximum de la sanction pécuniaire applicable.
Dans son activité, le Conseil de la concurrence ordonne donc ces mesures, soit
suite à une demande qui lui est adressée, soit de sa propre initiative parce
qu’elles lui paraissent nécessaires.
C- Les injonctions
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application par les autres autorités de la concurrence, spécifiquement
européennes)
A- Les engagements
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• de suivre leur bonne exécution par différents moyens et
• de sanctionner leur non exécution par une amende et des astreintes.
La non contestation des griefs est utilisée dans tous les types de pratique
anticoncurrentielle. Elle correspond à une simplification de la procédure
contentieuse, mais aussi parfois à l’établissement d’un encadrement de
l’entreprise : sur la base des éléments de preuve avancés, une firme ne conteste
30
pas sa responsabilité et peut même proposer des engagements pour l’avenir
(pratiques courantes dans certaines autorités de la concurrence).
Cette procédure permet aux entreprises de renoncer volontairement à contester
les griefs notifiés par les services d’instruction de l’Autorité de la concurrence, en
contrepartie d’une réduction da la sanction encourue si la mise en œuvre de
cette procédure est jugée opportune par le rapporteur général de l’Autorité.
« Lorsqu’un organisme ou une entreprise ne conteste pas la réalité des griefs qui
lui sont notifiés, le rapporteur général peut proposer au conseil de la
concurrence, qui entend les partis et le commissaire du gouvernement sans
établissement préalable d’un rapport, de prononcer la sanction pécuniaire
prévue à l’article 39 de la présente loi en tenant compte de l’absence de
contestation. Dans ce cas le montant maximum de la sanction encourue est
réduit de moitié. Lorsque l’entreprise ou l’organisme s’engage en outre à
modifier son comportement pour l’avenir, le rapporteur général peut proposer
au conseil d’en tenir compte également dans la fixation du montant de la
sanction ».
L’article 37 de la loi 104-12 prévoit donc que les entreprises ou organismes mis
en cause puissent choisir de ne pas contester la réalité des griefs qui leur sont
notifiés, apportant volontairement leur concours au traitement de l’affaire.
C- La clémence
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Il s’agit d’un outil de détection des ententes les plus nuisibles pour l’économie, et
notamment celles portant sur les fixations des prix (augmentation des prix de
manière artificielle) ou les répartitions des marchés ou des volumes entre
concurrents.
Il convient de noter que l’exécution dans les délais impartis des obligations
résultant de l’injonction et de l’acceptation de la transaction éteint toute action
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devant le Conseil de la concurrence pour les mêmes faits (article 43 §3 de la loi
104-12).
33
il peut le cas échéant, faire appel à leurs compétences et expertises pour les
besoins de l’enquête ou de l’instruction »(article 8 de la loi 20-13).
Tel est le cas des textes juridiques relatifs à Bank Al Maghrib, lesquels,
conformément aux articles 49 et 50 de la loi 103-12 relative aux établissements
de crédit et organismes assimilés du 24 décembre 2014, ont prévu une
collaboration entre Bank Al-Maghrib et le Conseil de la concurrence en matière
de contrôle des pratiques anticoncurrentielles, en matière de contrôle des
opérations de concentration et à l’occasion des études menées par le Conseil de
la concurrence.
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IV- Le contrôle par le juge
En application de la loi 104-12, le juge sera amené à statuer sur des litiges qu’il
devra trancher sur le fondement du droit de la concurrence, notamment les
dispositions relatives aux sanctions pénales et aux sanctions civiles.
Afin que le juge puisse prononcer la sanction pénale précitée, le Conseil doit lui
transmettre le dossier.
L’article 25 de la loi 104-12 énonce que « lorsque les faits lui paraissent de
nature à justifier l’application de l’article 75, le Conseil de la concurrence adresse
le dossier au procureur du Roi près le tribunal de première instance compétent
aux fins de poursuites conformément audit article ».
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En outre, la loi précitée prévoit le recours à la sanction pénale (des peines
d’emprisonnement de deux mois à deux ans et une amende de 5000 à 200 000
dirhams) de façon accessoire notamment dans les cas d’opposition à l’exercice
des fonctions des enquêteurs ou le refus de communiquer des documents
afférents à l’exercice de leur activité, la dissimulation, la falsification de ces
documents, la communication de faux renseignements, les fausses
déclarations…(article 83).
a. La nullité
Aussi la loi prévoit que cette nullité est éventuellement constatée par les
tribunaux compétents à qui l’avis ou la décision du conseil de la concurrence, s’il
en est intervenu un, doit être communiqué.»
La loi 104-12 prévoit des actions en dommage et intérêts dans le cadre d’action
représentative ouverte aux associations de consommateurs à des conditions
restrictives puisqu’elles doivent être reconnues d’utilité publique.
36
L’article 106 dispose ainsi que « les associations de consommateurs reconnues
d’utilité publique peuvent se constituer partie civile ou obtenir réparation sur la
base d’une action civile indépendante du préjudice subi par les
consommateurs ».
Toutes ces décisions peuvent faire l’objet d’un recours devant la Cour d’appel
de Rabat.
Les modalités procédurales des recours sont régies par les articles 44-57 de la loi
104-12.
37
Titre VI- Les opérations de concentration et leurs contrôles
préventifs
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d’une partie d’une autre entreprise ou de l’ensemble ou de parties de plusieurs
autres entreprises,
2- Le chiffre d’affaires total hors taxes réalisé au Maroc par deux au moins des
entreprises ou groupes de personnes physiques ou morales concernés est
supérieur au montant fixé à 250 millions de dirhams (article 8 du décret pris pour
application de la loi 104-12).
39
3- Les entreprises qui sont parties à l’acte, ou qui en sont l’objet, ou qui lui sont
économiquement liées ont réalisé ensemble, durant l’année civile précédente,
plus de 40% des ventes, achats ou autres transactions sur un marché national de
biens, produits ou services de même nature ou substituables, ou sur une partie
substantielle de celui-ci ».
40
de la concurrence et des versions non confidentielles sont produites si
nécessaires.
Le contrôle des concentrations prévu par la loi 104-12 est d’application générale.
Les dispositions des textes qui fondent le droit de la concurrence incluant celles
relatives au contrôle des opérations de concentration s’appliquent à tous les
secteurs de l’économie. L’article premier prévoit que les règles définis par la loi
s’appliquent à toutes les activités de production, de distribution et de service.
41
En outre, le législateur marocain admet que les actes des opérateurs
économiques du secteur public puissent avoir des effets sur le marché. Au nom
d’une égale concurrence, ils se trouvent assujettis aux mêmes contraintes des
entreprises privées, à savoir les abus de position dominante qui pourraient
résulter d’une concentration. Il s’en suit que les pratiques des personnes
publiques, dans leurs activités économiques, sont soumises au contrôle des
autorités de la concurrence dans les conditions du droit commun.
42
Aussi si le Conseil de la concurrence dispose du pouvoir décisionnel en matière
de contrôle des opérations de concentration, la loi reconnait au chef du
gouvernement un droit d’évocation en phase 2.
L’article 18 dispose :
« Dans un délai de trente (30) jours à compter de la date à laquelle elle a reçu la
décision de Conseil de la concurrence ou en a été informée en application de
l’article 17, ci-dessus, l’administration peut évoquer l’affaire et statuer sur
l’opération en cause pour des motifs d’intérêt général autres que le maintien de
la concurrence et, le cas échéant, compensant l’atteinte portée à cette dernière
par l’opération.
L’administration devra justifier les causes pour lesquelles elle ne suit pas la
décision du Conseil. Dans le cas où elle déciderait d’autoriser une opération
initialement interdite par le Conseil, elle devra justifier en quoi les motifs
d’intérêt général invoqués, compensent l’atteinte à la concurrence. Une décision
motivée est ainsi exigée par la loi (article 18 de la loi 104-12).
L’article 44 de la loi 104-12 prévoit que « les recours contre les décisions prises
par le Conseil de la concurrence […] et celles prises par l’administration en
application de l’article 18 de la présente loi sont portés, dans un délai de trente
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(30) jours à compter de la date de notification de la décision, devant la chambre
administrative de la Cour de cassation ».
La Cour de cassation est la juridiction compétente pour se prononcer sur la
légalité et la régularité des décisions prises par le Conseil de la concurrence
relativement à l’autorisation ou l’interdiction des opérations de concentration.
Elle constitue également la juridiction de recours contre le prononcé de sanction
pour la réalisation d’opérations de concentration sans notification, pour
l’omission ou l’inexactitude dans la notification ou pour le non respect
d’engagements.
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