Afrique: Le Secteur de La en

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 82

Le secteur de la MODE

en AFRIQUE
Tendances, défis et
opportunités de croissance
MODE
Publié en 2023 par l’Organisation
des Nations Unies pour l’éducation,

Le secteur de la la science et la culture (UNESCO)


7, place de Fontenoy,
75352 Paris 07 SP, France

en AFRIQUE © UNESCO 2023


ISBN 978-92-3-200296-9
https://doi.org/10.58337/DURK4258

Tendances, défis et Œuvre publiée en libre accès sous la licence

opportunités de croissance Attribution-ShareAlike 3.0 IGO (CC-BY-SA 3.0


IGO) (https://creativecommons.org/licenses/
by-sa/3.0/igo/). Les utilisateurs du contenu
de la présente publication acceptent les termes
d’utilisation de l’Archive ouverte de libre accès
UNESCO (https://www.unesco. org/fr/open-
access/cc-sa).
Les images marquées d’un astérisque (*)
ne sont pas couvertes par la licence CC-BY-SA
et ne peuvent en aucune façon être reproduites
sans l’autorisation expresse des détenteurs
des droits de reproduction.
Titre original : The African Fashion Sector:
Trends, challenges & opportunities for growth.
Publié en 2023 par l’Organisation des Nations
Unies pour l’éducation, la science et la culture
Les désignations employées dans cette
publication et la présentation des données qui
y figurent n’impliquent de la part de l’UNESCO
aucune prise de position quant au statut
juridique des pays, territoires, villes ou zones,
ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs
frontières ou limites.
Les idées et les opinions exprimées dans cette
publication sont celles des auteurs ; elles ne
reflètent pas nécessairement les points de vue
de l’UNESCO et n’engagent en aucune façon
l’Organisation.

Photo de couverture :
© Thandiwe Muriu/Institute*
Création graphique et mise en page :
Corinne Hayworth
Traduction : CLD
Imprimé par l’UNESCO
R É S U M É S U C C I N C T

La mode en Afrique, un secteur en plein essor


Le secteur de la mode en Afrique bouillonne d’opportunités, porté par l’essor des
classes moyennes, une population jeune et croissante, une urbanisation rapide et
le développement des technologies numériques. Les créateurs de mode africains, qui
s’inspirent souvent des techniques et savoir-faire traditionnels, génèrent des retombées
économiques concrètes pour les communautés, tout en contribuant activement
à redéfinir l’image du continent.

Aujourd’hui, des villes comme Abidjan, Casablanca, Dakar,

32
Johannesburg, Lagos et Nairobi sont des plaques tournantes
de la mode et du design en plus d’être des pôles financiers pays
et commerciaux. D’autres villes et régions du continent d’Afrique
connaissent également un développement important
dans le secteur de la mode, de la production de matières organisent des semaines de
premières aux textiles et aux accessoires. la mode pour promouvoir
Pourtant, le secteur de la mode en Afrique peine encore le secteur de la mode
à atteindre son plein potentiel en raison d’obstacles et du textile aux niveaux
tels qu’un manque persistant d’investissements et régional et
d’infrastructures, des systèmes d’éducation et de formation international
limités, une protection insuffisante de la propriété intellectuelle
et des difficultés à accéder à de nouveaux marchés et à
s’approvisionner en matières premières de qualité à un prix abordable.

Le présent rapport examine les principaux défis et tendances qui façonnent le secteur de
la mode, du textile et des métiers d’art en Afrique, afin de fournir des recommandations
politiques fondées sur des données probantes pour sa croissance durable.

« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des femmes et


des hommes, c’est dans l’esprit des femmes et des hommes
que doivent être élevées les défenses de la paix. »
REMERCIEMENTS
L’équipe éditoriale de l’UNESCO, dirigée par
Toussaint Tiendrebeogo, Chef de l’Entité
de la diversité des expressions culturelles,
était composée de Doyun Lee, Gabrielle
Thiboutot, Lotfi Aoulad, Patricia Huang
et Caroline Bordoni. Ce présent rapport a
été préparé par Culture and Development
East Africa (Ayeta Wangusa et Yarri
Kamara) et se base sur des recherches et
consultations menées par Adwoa Owusuaa
Bobie et TheRockGroup (Karin Boomsma et
Elise Sormani), avec le soutien de Yasmine
Hussein, Elizabeth Mbabazi Kagwa,
Florence Mukanga Majachani, Diana
Ramarohetra et Rania Tarhouni.

Il a bénéficié des apports avisés des experts


suivants qui ont participé à un atelier
de haut niveau organisé par l’UNESCO :
Alphadi, Anne Grosfilley, Bettina Heller,
Emanuela Gregorio, Lulu Shabell,
Katungulu Mwendwa, Mehdi Benosman,
Mercedes Recalde, Nelly Wandji, Saïd
Assadi, Shaldon Kopman, Francisco
d’Almeida, Brigitte Flamand et Frédérica
Brooksworth.

L’étude a bénéficié également de l’expertise


des pairs examinateurs suivants : Omoyemi
Akerele, Francisco d'Almeida, Nelly Wandji.
Nous remercions aussi les autres membres
du personnel et consultants de l’UNESCO
(Anne Lemaistre, Francisco Gómez Durán,
Daniel Mebarek, Caroline Munier, Julie
Pilato, Laura Nonn, Cory Sagerstrom,
Emma Gold, Melis Ozbardakci) pour leurs
contributions et leur soutien.

Enfin, nous remercions tout


particulièrement Corinne Hayworth,
à qui nous devons la conception et la mise
en page de la présente publication.
© FIMA / Alphadi
Le secteur de la MODE
en AFRIQUE
Tendances, défis et
opportunités de croissance
Préface
La mode en Afrique est aujourd’hui une industrie en plein essor. Des Semaines de la mode mettent le marché
et la création en effervescence dans pas moins de 32 pays du continent, de Casablanca à Nairobi, en passant
par Lagos ou Dakar.
L’expansion du commerce électronique, auquel ont eu recours 28 % d’Africains en 2021, contre 13 %
en 2017, a élargi les clientèles locales. Elle a concomitamment accru les opportunités de développement
international pour les marques africaines, dont les exportations annuelles de textiles, de vêtements et de
chaussures se chiffrent à 15,5 milliards de dollars des États-Unis hors du continent.
La mode est aujourd’hui pour l’Afrique un puissant levier de créativité et de développement économique,
d’innovation, pourvoyeur d’emplois, en particulier pour les femmes et les jeunes.
Afin de saisir les dynamiques à l’œuvre, l’UNESCO a dressé le premier état des lieux de l’industrie de la mode
à l’échelle du continent, qui dessine également des perspectives pour son avenir.
L’étude souligne ainsi les opportunités économiques et sociales offertes par un secteur composé à 90 %
de petites et moyennes entreprises et dont les profits bénéficient directement aux populations. Il éclaire
également les enjeux présents et futurs de la transformation numérique du continent, que l’UNESCO
accompagne. Ces nouveaux usages sont porteurs d’innovations, qui concourent au développement d’une
industrie qui pourrait à elle seule apporter 25 % de gains de prospérité au continent.
Le rapport montre également en quoi le secteur pourrait être un tremplin puissant pour l’égalité des genres,
alors que seulement 17 % des 3,5 millions d’agriculteurs vendant du coton sont des agricultrices. Les marges
de progrès sont considérables en la matière, à l’heure où l’Afrique a les moyens de devenir un acteur majeur
de la production mondiale de coton durable et biologique.
Les défis auxquels l’industrie africaine de la mode fait face demeurent cependant nombreux : insuffisance
des investissements et des infrastructures, inachèvement des législations autour de la propriété intellectuelle,
ou encore coût élevé d’approvisionnement des tissus. Il s’agit aussi, en Afrique comme ailleurs, de considérer
les enjeux environnementaux du secteur, l’un des plus polluants au monde.
Pour bâtir un écosystème de la mode solide et vertueux, les gouvernements et les décideurs politiques
doivent pouvoir s’appuyer sur des données fiables, ainsi que sur les contributions des experts du secteur et de
la société civile. Notre rapport fournit des éléments utiles en ce sens.
Surtout, la publication insiste sur la nécessité de développer des politiques publiques et des pratiques qui
protègent et accompagnent les créateurs, qui soutiennent le développement d’une mode à la fois plus
durable et plus équitable, respectant les savoir-faire locaux.
Car le secteur, pour demeurer un creuset d’innovation et de créativité, doit aussi se faire le reflet de la
diversité culturelle du continent – et notamment de ses riches traditions textiles, dont certaines figurent sur
les Listes du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
C’est à ces conditions que l’industrie de la mode africaine contribuera aux objectifs de développement
durable de la communauté internationale, dont ceux de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Pour engager cette démarche et mettre en œuvre les recommandations du rapport, nos États membres et
l’ensemble de nos partenaires peuvent compter sur le soutien de l’UNESCO. Ils peuvent aussi compter sur le
bouillonnement de la créativité africaine et le dynamisme d’un secteur qui, à travers ces pages, atteste son
immense potentiel.

Audrey Azoulay
Directrice générale de l’UNESCO

4 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Table des matières
Préface 4
Introduction 6
Définition des termes et concepts 7
Méthodologie et sources 7
Aperçu de l’écosystème de la mode en Afrique 8

Aperçu des principales tendances qui façonnent


Chapitre 1
le secteur de la mode africaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Contexte et histoire 12
Des écosystèmes créatifs dynamiques et diversifiés 13
Des ventes numériques en plein essor et un commerce intra-africain en expansion 24
Un soutien accru des gouvernements et des acteurs non gouvernementaux 26

Défis transversaux entravant la croissance


Chapitre 2
du secteur de la mode en Afrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Une mosaïque de politiques et mesures à travers le continent 34
La propriété intellectuelle dans les chaînes de valeur des secteurs du textile et de la mode 36
Des possibilités de formation et d’éducation insuffisantes 37
Le manque d’investissements structurés et d’infrastructures 39
Défis spécifiques du marché et préoccupations environnementales 41

Chapitre 3 Opportunités stratégiques de croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44


Recommandations globales pour le secteur de la mode 46
Leviers de croissance spécifiques au secteur 51

Annexe : Panoramas régionaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62


Afrique australe 64
Afrique centrale 66
Afrique de l’Est 68
Afrique de l’Ouest 70
Afrique du Nord 72

Bibliographie 75

Table des matières 5


Introduction
Les industries culturelles et créatives stratégique : en 2019, l’Union africaine Du tissage à la main traditionnel égyptien
(ICC), auxquelles appartiennent les estimait que, s’il était pleinement (Sa’eed), inscrit sur la Liste du patrimoine
secteurs de la mode et du design, développé, depuis la production des culturel immatériel nécessitant une
sont d’importants leviers pour le matières premières jusqu’au textile et sauvegarde urgente de l’UNESCO, aux
développement durable et des outils à l’habillement, le secteur de la mode créations exceptionnelles qui défilent chaque
essentiels pour réaliser les aspirations apporterait au continent africain un année sur les podiums de la Semaine de
des objectifs de développement gain de prospérité considérable2. Alors la mode de Lagos (Nigéria), de la Semaine
durable des Nations Unies d'ici à 2030. que dans les pays en développement, le de la mode SA (Afrique du Sud) et de la
Elles stimulent la croissance économique, secteur du textile et de l’habillement est Semaine de la mode Swahili (République-
créent des opportunités d’emplois le deuxième secteur le plus important Unie de Tanzanie), la mode africaine est un
décents et jouent un rôle clé dans le après l’agriculture3, son potentiel reste puissant vecteur d’expression, d’identification
bien-être des sociétés et des individus. largement sous exploité en Afrique. Il est et de transmission du patrimoine, ainsi qu’un
Des recherches récentes de l’UNESCO pourtant indéniable : rien qu’en Afrique véhicule projetant une image confiante de
ont montré que les ICC représentent subsaharienne, la valeur du marché de l’avenir du continent.
3,1 % du produit intérieur brut (PIB) l’habillement et de la chaussure était
mondial et 6,2 % du total des emplois. estimée à 31 milliards de dollars des S’il était soutenu par des cadres
Pourtant, bien que les exportations États Unis en 2020, un chiffre qui réglementaires et des politiques favorables,
de biens et de services culturels aient devrait continuer à augmenter chaque ce secteur débordant d’opportunités pourrait
doublé en valeur par rapport à 2005 année4. Ce montant inclut la vente créer des millions d’emplois à travers le
pour atteindre 389,1 milliards de dollars au détail d’une quantité importante continent, en particulier pour les femmes
des États-Unis en 2019, la participation d’articles de mode importés sur le et les jeunes. Il pourrait également jouer
des pays en développement aux continent, qui pourraient être remplacés un rôle clé dans le renforcement de la
échanges mondiaux de biens culturels par une production locale afin d’accroître représentation des identités africaines à
a stagné, et ne représente que 5 % du le potentiel du secteur à générer des travers l’habillement, ainsi que dans la
total des exportations1. emplois et des revenus durables. redéfinition de la manière dont l’Afrique
est perçue au niveau international, en
En réponse à ce déséquilibre, et dans le Le secteur de la mode a connu une positionnant le continent en tant que leader
cadre de sa priorité globale Afrique et de évolution rapide en Afrique au cours dans le domaine de l’innovation et du
son engagement en faveur de la diversité des dernières années grâce à une design durable. De plus, la mode pourrait
des expressions culturelles, l’UNESCO demande croissante de la part d’une contribuer à la réalisation des 17 objectifs
a lancé une série d’initiatives pour classe moyenne urbaine en pleine du Programme de développement durable
accompagner les États africains dans le expansion sur le continent ainsi que de à l’horizon 2030 des Nations Unies, en
développement inclusif et durable de la part d’acheteurs internationaux, qui particulier l’Objectif 5 sur l’égalité entre les
leurs industries culturelles et créatives. Le apprécient tous deux l’originalité et la sexes, l’Objectif 8 sur le travail décent et la
principal objectif de ces initiatives est de qualité du design et de la confection croissance économique, l’Objectif 10 sur la
sensibiliser sur la valeur socioéconomique des créations africaines. De plus, réduction des inégalités et l’Objectif 12 sur la
du secteur culturel et créatif, de générer l’augmentation récente de la pénétration consommation et la production responsables.
des données pour soutenir les efforts de du commerce électronique en Afrique,
plaidoyer, d’inspirer le changement en qui est passé de 13 % en 2017 à 28 %
partageant des exemples d’initiatives et en 2021, a accéléré le développement du
de politiques innovantes, et de susciter secteur de la mode, facilitant l’accès des
de nouveaux partenariats en faveur marques à une base beaucoup plus large
d’une économie culturelle et créative de consommateurs locaux et de marchés
africaine forte et résiliente. internationaux5.

Dans ce contexte, le secteur de la mode Outre sa valeur économique, le secteur


– un écosystème complexe englobant de la mode possède également une
les secteurs du textile, de l’habillement, forte valeur culturelle, tant du point de
de la haute couture, des accessoires et vue des savoir-faire traditionnels que
des métiers d’art – constitue une priorité de la créativité contemporaine.

6 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Le présent rapport constitue une vecteurs d’identité, de valeurs et de sens.
première étape dans l’évaluation des Si le secteur de la mode est une source MÉTHODOLOGIE ET
principales tendances qui façonnent d’emploi, de croissance économique et SOURCES
le secteur de la mode sur le continent, d’activité commerciale, les vêtements
ainsi que des défis et des opportunités et les accessoires qu’il produits sont Ce rapport s’appuie sur une analyse
auxquels il fait face. Bien qu’il également des expressions visuelles documentaire des études, des articles et
aborde l’écosystème de la mode en d’identités, de statut social, d’aspirations de la littérature académique disponibles
Afrique dans son ensemble, le rapport et de valeurs qui sont intimement liés à sur le secteur de la mode en Afrique,
souligne la diversité des peuples, des la tradition, à l’artisanat et à la définition ainsi que sur des données primaires
contextes locaux et des industries de soi. Dans le cadre du présent rapport, recueillies directement auprès des
nationales à travers le continent. Il le terme « textile » désigne tout tissu décideurs politiques et des parties
reconnaît également que les principaux pouvant être transformé en vêtement prenantes de cette industrie.
sous-secteurs de la mode – textile, ou en accessoire par un processus de
habillement, haute couture, accessoires conception et de fabrication. Le terme Il est important de souligner que les
et métiers d’art – possèdent chacun leurs « mode » fait généralement référence données sur le secteur de la mode en
défis propres et leurs spécificités, qui ne à l’écosystème de la création et du Afrique sont généralement fragmentées et
pourront être pleinement abordés dans stylisme qui transforme les textiles et parfois insuffisantes. Lorsque des données
le cadre du présent rapport. Il n’en reste autres matériaux en articles portables statistiques sont disponibles, elles ont
pas moins essentiel de considérer le possédant une valeur à la fois culturelle et tendance à se concentrer sur l’industrie du
secteur dans sa globalité pour pouvoir économique. Compte tenu du poids que textile et de l’habillement plutôt que sur
prendre des décisions éclairées qui revêtent les textiles en tant que vecteur la haute couture ou le design. En outre,
soutiendront sa croissance durable. d’identité, en particulier en Afrique, la elles n’éclairent pas tous les aspects des
tendances et des comportements des
Dans ce contexte, le chapitre 1 met production textile a été considérée dans
consommateurs du secteur.
en lumière les tendances actuelles le cadre de ce rapport comme une partie
qui façonnent le secteur de la mode intégrante du secteur de la mode. Le Face à ce manque de données fiables,
en Afrique et dynamisent son énorme secteur de l’« habillement » renvoie au l'UNESCO a organisé un atelier de haut
potentiel, notamment un marché en segment de la mode destiné au marché niveau avec des experts du secteur de la
pleine expansion et un écosystème créatif de masse, sous la forme de vêtements mode en Afrique en novembre 2022. Elle
en effervescence. Le chapitre 2 examine prêt-à-porter produits selon des tailles a également lancé une enquête auprès
les principaux défis qui entravent le standardisées, ou, comme c’est le cas dans de ses 54 États membres en Afrique en
développement du secteur, des lacunes de nombreux pays africains, de vêtements février 2023 qui a permis de recueillir les
politiques au manque d’opportunités fabriqués sur mesure à faible coût. Le réponses de 20 décideurs politiques et
d’éducation et de formation formelles. Sur terme « haute couture » fait référence à 99 professionnels du secteur de la mode
la base de cette analyse, le chapitre 3 des vêtements haut de gamme exclusifs (créateurs de vêtements et d'accessoires,
formule des recommandations concrètes et sur mesure, fabriqués par des créateurs producteurs de textile et d'habillement,
visant à saisir les opportunités offertes ou des maisons de couture de renom. Le promoteurs de la mode) issus de 48 pays
par le développement du secteur de la terme « accessoires et métiers d’art » africains. Les réponses à l'enquête, souvent
mode en Afrique. Enfin, l’annexe fournit englobe la production d’accessoires de incomplètes, ont été renforcées par une
cinq portraits régionaux du secteur de la haute qualité destinés au secteur de analyse des bases de données statistiques
mode avec des données, événements et la mode, notamment la joaillerie, la nationales et internationales, qui ont
tendances clés. maroquinerie et la chapellerie, ainsi que été utilisées pour agréger des données
les processus associés, comme la broderie, quantitatives afin d'évaluer la taille et
le perlage ou la fabrication de boutons. le potentiel du secteur. Pour compléter
DÉFINITION DES TERMES Le concept de « chaîne de valeur de la cette analyse, l'enquête menée auprès des
ET CONCEPTS mode » fait référence à la série d’étapes professionnels de l'industrie comprenait
nécessaires à la production des vêtements des questions qualitatives sur leur
Les vêtements, les textiles et les et des accessoires du secteur de la perception de l'équilibre entre les genres
accessoires sont des « biens culturels » mode. La chaîne de valeur de la mode dans le secteur, les types de textiles locaux
au sens de la Convention de 2005 moderne est complexe : elle transcende couramment utilisés et la manière dont les
de l’UNESCO sur la protection et la les frontières nationales et englobe consommateurs africains s'approvisionnent
promotion de la diversité des expressions diverses activités qui vont de l’agriculture en vêtements. Les réponses à ces questions
culturelles : ils ont une double nature, (culture de matières premières) au ont permis de générer certaines nouvelles
et possèdent à la fois une valeur commerce international et de détail, données basées sur les perceptions
économique en tant que marchandises, jusqu’aux étapes post-consommation de la éclairées de personnes qui connaissent
et une valeur culturelle en tant que réutilisation et du recyclage. intimement le secteur de la mode.

Introduction 7
important d’emplois. Toutefois, c’est
APERÇU DE L’ÉCOSYSTÈME la fabrication en usine qui est la plus Pour moi, créer, c’est
DE LA MODE EN AFRIQUE efficace, et donc la plus à même de
produire des vêtements à des prix incarner l’avenir. On crée des
L’écosystème de la mode contemporaine abordables. Ce caractère abordable tendances, on ouvre la voie,
est complexe et englobe plusieurs est un critère clé pour le secteur de
sphères d’activité interdépendantes. l’habillement dans un contexte de que l’on soit créateur de
Dans le cadre de l’élaboration de concurrence mondiale, et la capacité mode, concepteur de produits,
stratégies pour le secteur de la mode de bénéficier d’économies d’échelle est
d’un pays, il est donc utile de considérer donc vitale. architecte ou autre, on ouvre
l’ensemble des liens en amont et en aval
¡ Le secteur de la haute couture, la voie vers l’avenir. En tant
qui lient les différentes parties de cet
écosystème aux multiples dimensions.
pour sa part, se caractérise par que créatrice, je trouve donc
sa créativité et son exclusivité,
En particulier, la production textile, important de ne pas l’oublier,
produisant des vêtements de haute
l’habillement, la haute couture et les
qualité et généralement à prix d’être un exemple pour les
métiers d’art entretiennent entre eux des
élevés. La créativité florissante de
liens étroits, créant un fort potentiel pour autres et de prendre plaisir
ce secteur est souvent à l’origine de
la mise en œuvre de synergies efficaces.
tendances et d’innovations dans le à ce qu’on fait.
¡ Le processus de confection des reste de l’écosystème de la mode. La
textiles exige beaucoup de main production d’articles de haute couture Louise Sommerlatte
d’œuvre et présente donc un grand peut prospérer dans des ateliers de Fondatrice et créatrice de Hamaji
potentiel en matière de création petite taille, mais peut aussi bénéficier
d’emplois. Puisqu’il nécessite aussi de des compétences de fabrication, des
lourds investissements en équipements infrastructures et de la logistique de
et un approvisionnement en électricité distribution mises en place par le ¡ Les intermédiaires, tels que
fiable et bon marché, il se développe secteur de l’habillement, car celles- les professionnels du marketing,
donc rarement de manière spontanée ci permettent à la haute couture de la finance, de la chaîne
sans investissements publics et d’atteindre une qualité plus fiable d’approvisionnement, de la fintech et
privés bien coordonnés. L’accès à ainsi qu’une plus grande efficacité. de la logistique, sont indispensables au
des textiles abordables, de bonne bon fonctionnement de la production et
¡ Le secteur des accessoires et des de la distribution de l’habillement, de
qualité et en quantités suffisantes métiers d’art comprend la bijouterie,
est un facteur essentiel pour les la haute couture et des accessoires. Les
la maroquinerie et la chapellerie, ainsi
secteurs de l’habillement et de la professionnels auxiliaires, tels que les
que les procédés connexes, comme la
haute couture, l’aspect qualitatif photographes de mode, les journalistes
broderie, le perlage et la boutonnerie.
étant particulièrement crucial pour spécialisés et les mannequins, sont
Il peut se développer de manière
ce dernier. Les articles de mercerie d’autres acteurs essentiels, en particulier
indépendante, mais est stimulé par
(fermetures à glissière, boutons, à l’ère du commerce numérique.
une intégration dans l’écosystème plus
crochets, rubans, etc.) constituent une large de la mode. Lorsque les marques
autre exigence importante et, pour le ont des identités fortes, les chaussures NOTES
secteur de la haute couture, ils doivent et autres accessoires en cuir sont
être d’une qualité exceptionnelle. souvent intégrés aux collections 1. Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science
et la culture (UNESCO). Re|penser les politiques en faveur de
des grandes maisons de couture. la créativité : la culture, un bien public mondial, 2022.
¡ Le secteur de l’habillement Les métiers d’art, tels que la broderie 2. Union africaine. « Transforming African Fashion
dans l’écosystème de la mode to Transform Africa: The African Union and the
ou le perlage, trouvent des débouchés
comprend la confection sur mesure, AfroChampions Initiative Place African Fashion Value
pour leurs produits dans le secteur de Chain on Top of Policy Agenda ». Union africaine, 9 février
les petits ateliers et la production
l’habillement et de la haute couture. 2019, https://au.int/en/pressreleases/20190209/
de masse en usine. La fabrication transforming-african-fashion-transform-africa-african-union-
Beaucoup d’accessoires reposent sur
industrielle de vêtements nécessite des savoir-faire patrimoniaux, mais
and-afrochampions. Communiqué de presse.

un approvisionnement fiable en tirent avantage des compétences


3. « Investir dans les industries créatives : Fashionomics,
Résumé », Groupe de la Banque africaine de
électricité, mais ses besoins en du design créatif pour rester adaptés développement, 2018. www.afdb.org/fileadmin/uploads/
équipement sont moindres que aux goûts et aux modes de vie
afdb/Documents/Generic-Documents/Fashionomics_
creative_industries_executive_summary_brochure_FR.pdf.
ceux de la fabrication des textiles, contemporains. 4. Euromonitor International.
du moins pour des articles simples.
5. « African ECommerce User Growth Beats Asia ».
Quelle que soit sa forme, la production ecommerceDB, 7 février 2022, https://ecommercedb.com/
d’habillement génère un nombre insights/african-ecommerce-user-growth-beats-asia/3488.

8 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Figure 1
L’écosystème de la mode Apport essentiel
Liens

Matières Matériaux Vente


Matériaux finis
premières transformés au détail
Catalyseurs essentiels Catalyseurs essentiels Catalyseurs essentiels Catalyseurs essentiels
Politiques Investissements Financement à grande échelle Infrastructure
minières et coordonnés (habillement) / articles bâtie
agricoles et électricité de mercerie de qualité et et numérique
bon marché compétences (haute couture)

Habillement

Coton,
Textiles
laine et Infrastructures
autres et compétences Créativité
commerciales
fibres
naturelles
Haute
Mercerie
et passementerie couture
Vente
au détail
Finitions Marketing

Cuir Cuir tanné


Accessoires
et métiers
Métaux, pierres d’art
Lapidaire,
précieuses,
etc.
perles, etc.

Gestionnaires de la chaîne d’approvisionnement / Professionnels de la finance / Spécialistes marketing /


Intermédiaires
Logistique et technologie financière / Journalisme de mode / Photographes / Mannequins

Introduction 9
© Tongoro photographed by Trevor Stuurman
1
Aperçu
des principales
tendances
qui façonnent
le secteur
de la mode
en Afrique
artisanale qui existaient dans l’Afrique la célèbre semaine de la mode de
CONTEXTE ET HISTOIRE précoloniale3,4. Néanmoins, grâce à la Rome, en 20048. Sally Karago, l’une des
vitalité du patrimoine esthétique local premières créatrices kenyanes reconnues
Depuis la période postindépendance, et à la détermination des individus à au niveau international, a ouvert la voie
la mode en Afrique est caractérisée par sauvegarder les traditions, la production à l’intégration de la culture du peuple
une interaction entre la réaffirmation textile artisanale n’a jamais été maasaï, en particulier le tissu à carreaux
d’un patrimoine et d’une esthétique abandonnée. shuka, et le kikoy d’Afrique de l’Est, dans
distincte, et l’intégration aux marchés
Les programmes d’ajustement structurel ses collections9.
mondiaux, qu’elle s’opère par convergence
ou divergence. Inspirés par la réussite (PAS) des années 1980 ont entraîné la Au milieu des années 1990, un certain
industrielle de pays asiatiques comme le fin, pour une bonne part, de la première nombre de pays africains ont bénéficié
Japon ou la République de Corée, dans vague d’industrialisation du textile sur le d’une stabilité politique renforcée et d’un
laquelle le textile a joué un rôle majeur, continent, à l’exception de certains États redressement économique qui ont amené
de nombreux pays africains se sont d’Afrique du Nord et d’Afrique australe. La un gain en prospérité10. Cette période
lancés à partir des années 1960 dans libéralisation commerciale prévue par les a été déterminante pour le paysage
l’industrialisation du textile. programmes d’ajustement structurel, mis social et culturel de l’Afrique. En 1996,
en œuvre dans les années 1980 et 1990, lorsque le Président sud-africain Thabo
À la fin des années 1970, les grandes a également vu le début de l’importation
économies africaines, comme la Côte Mbeki a prononcé son discours sur la
massive de vêtements de seconde main
d’Ivoire, le Kenya, le Nigéria ou la renaissance africaine, il s’agissait non
sur les marchés africains et, plus tard, de
République démocratique du Congo, seulement d’un appel à une redéfinition
vêtements de prêt-à-porter provenant de
disposaient de vastes secteurs textiles politique et économique, mais également
marques étrangères5.
industriels produisant des tissus de qualité à la construction d’une identité culturelle
appréciés par les consommateurs africains. Dans le secteur de la haute couture, commune en tant qu’Africains. Dix ans
Presque toutes les économies africaines une première génération de créateurs plus tard, en 2006, cet appel résonnait
de taille plus modeste ont également de renommée internationale a émergé encore avec force, et conduisait les États
connu une brève période de production à partir des années 1970. Formés pour membres de l’Union africaine à adopter
textile industrielle : notamment, le Burkina la plupart en Europe, ces créateurs une Charte de la renaissance culturelle
Faso, le Mozambique, le Tchad et la s’inspiraient des tissus, des styles et africaine. Bien que celle-ci ne mentionne
Zambie ont tous eu au moins une usine des savoir-faire africains comme un pas explicitement le secteur de la mode,
textile au cours de cette période. Dans moyen d’exprimer une nouvelle identité elle représente une réaffirmation d’un code
les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique politique et socioéconomique affirmant la de valeurs, qui se manifeste, notamment,
centrale, la production de tissus imprimés souveraineté de leur pays6. Ces pionniers, par un mouvement croissant de
à la cire perdue (communément appelés parmi lesquels Chris Seydou (Mali), Kofi consommateurs africains désireux d’acheter
« textiles wax »), répondant aux goûts Ansah (Ghana), Shade Thomas-Fahm des vêtements produits localement.
locaux, constituait souvent la principale (Nigéria), Alphadi (Niger), Oumou Sy
(Sénégal) et Pathé’O (Burkina Faso/ Dans ce contexte, de nombreux
activité de ces usines, avec les cotons
Côte d’Ivoire), ont marqué de manière producteurs de mode en Afrique se sont
et des tissus mélangés standards. Dans
certains pays, comme l’Afrique du Sud, significative la scène mondiale en raison positionnés délibérément comme des
le Kenya et le Maroc, une importante du moment choisi pour leur entreprise et agents du changement socioculturel
production industrielle de vêtements des idéaux puissants qui sous-tendaient dont l’objectif est de contribuer à
est venue s’ajouter à l’industrialisation leurs créations, à savoir la projection d’une renouveler l’image de leurs pays et du
du textile, tandis que dans d’autres pays, identité africaine fière et indépendante. continent, tout en favorisant la croissance
le secteur de l’habillement traditionnel En tant qu’entrepreneurs institutionnels7, économique et en créant des opportunités
sur mesure a continué de prévaloir. leur audace, leur créativité et leur volonté d’emploi11. On a vu surgir une nouvelle
Historiquement, les secteurs industriels de bousculer les normes ont largement vague de créateurs de vêtements afro-
du textile et de l’habillement ont généré contribué à jeter les bases de la mode centriques destinés au marché de masse,
beaucoup d’emplois : au Kenya, il s’agissait africaine contemporaine. accompagnée d’un regain d’intérêt pour
de la première activité manufacturière La fin des années 1980 et le début des les textiles et les modèles traditionnels.
en matière de taille et d’emploi dans les années 1990 ont vu l’émergence de Le secteur des accessoires et des métiers
années 19701 ; au Nigéria, on recensait plusieurs créatrices talentueuses, comme d’art se sont émancipés d’une vision
175 usines textiles en 1984 et ce secteur Deola Sagoe (Nigéria) et Sally Karago axée sur le tourisme pour prendre une
représentait 22 % de l’emploi2. Les efforts (Kenya). Deola Sagoe a fondé la Maison place importante dans la construction
déployés après l’indépendance pour Deola en 1989, où elle produit une de marques locales, et une nouvelle
renforcer la production textile industrielle haute couture féminine d’avant-garde ; génération de créateurs de haute couture
ont toutefois largement négligé les formes elle a été la première femme africaine ont pris une place sans cesse grandissante
traditionnelles de production textile à présenter ses créations à AltaRoma, sur la scène mondiale de la mode.

12 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Lorsqu’on leur a demandé de caractériser à un patrimoine exceptionnel, à des textiles issus de traditions historiques ou
l’état actuel du secteur de la mode en compétences techniques inégalées et à de processus plus récents d’hybridation
Afrique, de nombreux spécialistes de un esprit créatif original, les créateurs de culturelle – aso-oké, bogolan, toghu, kuba,
l’industrie interrogés dans le cadre du mode contemporains en Afrique bâtissent odelela, lambahoany, kanga et laine
présent rapport ont employé des expressions des ponts entre le passé et le présent, berbère, aux côtés des imprimés africains,
telles que « en pleine croissance », puisant dans leurs racines culturelles pour du bazin et de la dentelle africaine –
« florissant » ou « très prometteur ». créer des vêtements et des accessoires qui sont utilisés pour créer des modèles
contribuent à façonner des récits visuels standard à l’échelle mondiale, ainsi
Actuellement, le secteur de la mode en qu’une myriade de styles vestimentaires
uniques et sans cesse renouvelés sur
Afrique constitue une véritable pépinière propres à diverses régions du continent,
l’identité et les aspirations du continent.
de talents remarquables, débordant tels que l’agbada, le boubou, le caftan,
de potentiel, où des créateurs et des Dans de nombreux pays africains, la la gandoura, la djellaba, le hager bahel,
stylistes établis ou émergents conjuguent mode contemporaine continue, à une le gomesi et l’umwiteru. Les préférences
savoir-faire traditionnel, innovation et époque où les cultures visuelles sont de locales et régionales cohabitent avec
créativité pour créer des produits allant plus en plus mondialisées, à mobiliser une esthétique mondialisée, donnant
de la haute couture la plus raffinée à une esthétique locale forte, souvent liée lieu à des combinaisons qui définissent
la production en série de vêtements à des textiles et, dans certains cas, à souvent la touche unique et distinctive
et d’accessoires abordables. Grâce des types de vêtements spécifiques. Les des créateurs africains. Plus important
encore, un appétit croissant pour les
textiles et les styles spécifiquement
africains génère une demande importante
et soutenue pour la mode fabriquée en
Afrique. Cette tendance se manifeste
dans la prédominance qui continue d’être
accordée à l’habillement sur mesure dans
de nombreux pays africains, malgré la
disponibilité immédiate de vêtements
d’occasion bon marché et de vêtements
à bas prix importés de l’extérieur du
continent. Elle est également illustrée
par la créativité de nombreux grands
couturiers africains et la trentaine de
semaines de la mode organisées chaque
année à travers l’Afrique.

DES ÉCOSYSTÈMES
CRÉATIFS DYNAMIQUES
ET DIVERSIFIÉS
L’écosystème de la mode en Afrique est
complexe et multidimensionnel, mais se
compose principalement de créateurs,
de stylistes, de tailleurs ou couturières
et d’artisans évoluant les uns à côté
des autres, et répondant aux besoins (et
aux budgets) de différents publics par la
création de vêtements et d’accessoires
pour la haute couture, le prêt-à-porter ou
la production de masse. La plupart des
entreprises de mode en Afrique sont des
micros, petites et moyennes entreprises
(MPME), qui tendent à desservir un
© Hamaji Studio

marché hyperlocal avec des vêtements et


des accessoires prêts à porter et fabriqués
sur commande12.

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 13
Un petit nombre de marques de haute
couture, essentiellement concentrées
Il faut donner une chance aux textiles africains. Il faut qu’ils en Afrique du Sud, en Côte d’Ivoire, au
soient produits sur le continent. Je suis favorable à une limitation de Ghana, au Kenya, au Nigéria, au Rwanda
et au Sénégal, fournissent des produits
nos importations textiles. Personnellement, je peine à acheter de grandes de luxe à un groupe restreint de clients
quantités de textiles en provenance d’Afrique. Je refuse d’importer, et cela domestiques et internationaux au pouvoir
d’achat élevé. Enfin, un secteur industriel
a un impact direct sur mes capacités de production et mes coûts. Ce n’est de l’habillement en constante expansion
pas normal. L’Afrique devrait pouvoir produire des textiles de manière tend à produire des vêtements pour les
industrielle. Il est difficile de réaliser des collections de prêt-à-porter dans marques internationales de la mode
éphémère (« fast fashion »), agissant en
ces conditions. En raison des coûts de production, nos créations restent tant que prestataire de services13.
réservées à une minorité. Les vêtements et accessoires produits
Alphadi sur le continent sont d’une diversité
Styliste et Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO pour la création et l’innovation africaines remarquable, s’inspirant de différentes
cultures, traditions et préférences
esthétiques. Les créateurs de mode
africains ont toutefois une chose
en commun : ils agissent en tant
qu’agents de changement, stimulent
l’innovation et galvanisent la société
autour de récits visuels partagés14.
En tant qu’entrepreneurs créatifs, ils
peuvent générer des possibilités d’emploi
équitable, soutenir des sources de revenu
durables pour les communautés agricoles
en choisissant d’utiliser des matériaux
d’origine locale issues de méthodes
agricoles durables, réduire les déchets en
recyclant les tissus de seconde main, et
assurer la transmission des compétences
et des connaissances traditionnelles
en employant des tisserands et des
tailleurs locaux.
Cet écosystème créatif dynamique et
diversifié peut être divisé en quatre
grands sous-secteurs qui sont tous
interdépendants et liés : les textiles,
l’habillement, la haute couture, ainsi que
les métiers d’art et les accessoires. Le
dynamisme de la chaîne de valeur de la
mode en Afrique repose sur l’interaction
de ces sous-secteurs, qui présentent
chacun leurs propres caractéristiques, défis
et opportunités.

TEXTILES
L’écosystème dynamique de la mode en
Afrique est en partie alimenté par la riche
mosaïque de fibres naturelles et de
© Manuel Michael

textiles traditionnels du continent, qui


représente une stratégie clé pour libérer
tout l’impact potentiel du secteur de la
mode sur le développement du continent.

14 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


D’une part, le fait que de nombreux pays La grande variété de fibres naturelles de générations d’artisans talentueux, qui sont
africains cultivent des fibres naturelles haute qualité produites sur le continent aujourd’hui réinterprétées par des créateurs
représente une opportunité unique d’utiliser est un avantage stratégique qui peut contemporains.
le secteur de la mode comme vecteur contribuer à alimenter un secteur de la
On distingue trois grandes catégories de
d’un développement industriel utilisant mode florissant. Cependant, en 2022,
textiles :
les matières premières locales, avec des alors que la production africaine de
bénéfices non seulement pour les parties coton représentait 7,5 % de la production ¡ Les textiles tissés manuellement
prenantes du secteur de la mode, mais mondiale, les pays subsahariens ont ou semi-mécaniquement.
aussi pour les communautés agricoles. exporté plus de 81 % de leur production Ces textiles traditionnels jouent
D’autre part, la visibilité croissante des de coton brut, au lieu de le transformer et encore un rôle important, notamment
textiles africains, grâce à leur utilisation par de l’utiliser localement19. En exportant la dans la mode des pays d’Afrique
des créateurs de renom, permet d’ouvrir plupart de ses fibres brutes, le continent de l’Ouest : l’aso-oké du Nigéria,
de nouveaux marchés et de susciter de subit une perte importante et constante le kenté du Ghana, le tissu bogolan
nouvelles évolutions, qui pourront offrir des de la valeur économique potentielle de du Mali, le faso dan fani du Burkina
opportunités majeures aux artisans locaux. ces cultures et limite la croissance de Faso, ou encore le tissu manjak du
la chaîne de valeur du textile et de la Sénégal, continuent d’être portés par
Le coton est la principale fibre naturelle mode en Afrique. Il existe des exceptions attachement à l’identité et au lieu
sur le continent africain : 37 des 54 notables à cette tendance : l’Égypte, qu’ils représentent, et sont également
pays africains produisent du coton, les onzième exportateur mondial de coton de plus en plus réinterprétés dans des
plus grands producteurs du continent brut en 202220, transforme également versions contemporaines. En Éthiopie
étant concentrés en Afrique de l’Ouest15. sur son territoire une quantité importante et en Érythrée, une grande part de la
Au Bénin, pays qui a été pendant de de fibres pour répondre à la demande mode féminine est basée sur le hager
nombreuses années le premier producteur nationale et alimenter son industrie textile bahel tissé à la main, et l’on assiste
de coton d’Afrique, celui-ci représente florissante. La fibre et le tissu de coton à la création d’une large sélection de
entre 12 % et 13 % du PIB16. Le coton est égyptien sont réputés pour leur qualité, châles et d’écharpes contemporaines
l’une des principales cultures de rapport et la Cotton Egypt Association a mis au à partir des savoir-faire traditionnels.
pour de nombreux pays les moins avancés point une appellation « coton égyptien » Dans de nombreux pays d’Afrique
(PMA) d’Afrique, procurant des revenus à pour distinguer ses produits sur le marché, centrale, ainsi qu’en Côte d’Ivoire et
plus de 3,5 millions d’agriculteurs, dont en garantissant leur traçabilité grâce à des à Madagascar, différents styles de
17 % sont des femmes17. L’Afrique a en tests ADN. De même, l’Éthiopie s’efforce de tissus en raphia, comme le kuba, sont
outre le potentiel pour devenir cheffe de lier sa production de fibres à sa production couramment utilisés pour la fabrication
file dans la culture durable du coton : la textile dans le cadre d’un récent effort d’accessoires et de textiles d’intérieur.
production de fibres de coton biologique de développement de son secteur de En raison de la précision et du travail
en Afrique subsaharienne a augmenté l’habillement. En 2020, le pays a produit complexe qu’exige la production de
de plus de 90 % entre 2019 et 2020, 57 000 tonnes métriques de fibre de coton, ces textiles, et de la nécessité d’utiliser
et représentait 7,3 % de la production satisfaisant une part importante de la des matériaux de haute qualité, leur
mondiale de coton biologique18. demande des filatures nationales, estimée production ne peut pas être facilement
à 64 000 tonnes métriques21. développée ou industrialisée sans en
Outre la fibre de coton, les pays d’Afrique compromettre l’authenticité. Toutefois,
du Nord et d’Afrique australe produisent Le marché du textile africain est alimenté la reconnaissance de leur valeur
également des quantités importantes de en partie par une forte demande de culturelle unique peut débloquer
laine, tandis que la soie est produite en textiles dont l’esthétique est propre à des des investissements publics et privés
Afrique du Sud, en Éthiopie, à Madagascar cultures spécifiques. De nombreux pays du et conduire à la mise en œuvre de
et en Namibie. On trouve également continent disposent d’un riche répertoire de mesures de sauvegarde. Le Ministère
plusieurs autres fibres principalement tissus artisanaux utilisant des techniques marocain de la jeunesse, de la culture
utilisées dans la production artisanale, uniques basées sur des pratiques vivantes et de la communication a inscrit
comme le raphia (Cameroun, Congo, Côte du patrimoine culturel immatériel, telles plusieurs techniques de tissage comme
d’Ivoire, Libéria, Madagascar, Nigéria, que le tissage par bandes ou la broderie patrimoine culturel immatériel national,
République démocratique du Congo) et de raphia à poils ras. Les professionnels tandis que la technique de tissage
l’écorce d’arbre (Côte d’Ivoire, Ghana, du secteur et les décideurs politiques égyptienne Sa’eed a été inscrite sur la
Ouganda). Le continent produit également interrogés dans le cadre du présent rapport Liste du patrimoine culturel immatériel
une grande variété de fibres moins ont cité plus de 60 textiles différents qu’ils nécessitant une sauvegarde urgente de
connues, telles que le jute, le kénaf, la fibre considèrent comme ayant une importance l’UNESCO en 2020, et la production de
de coco, le lin, le sisal, la ramie, le kapok locale, nationale ou régionale significative. tissus d’écorce par le peuple baganda
et l’abaca, qui sont très en vogue auprès Cette liste n’est que la partie émergée en Ouganda a été inscrite sur la Liste
des créateurs émergents de mode à la de l’iceberg, et reflète l’immense éventail représentative du patrimoine culturel
recherche de matériaux durables et locaux. de techniques et de traditions issues de immatériel de l’humanité en 2008.

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 15
le cadre du présent rapport, on a demandé
Les Africains veulent porter des vêtements provenant d’Afrique. à des professionnels de l’industrie de
C’est vraiment beau à voir car cela n’a pas toujours été le cas. Quand la mode et à des décideurs politiques
d’indiquer la fréquence à laquelle ils
nous avons lancé la Semaine de la mode de Lagos, nous avons dû créer avaient vu une personne portant un
une campagne sur le thème « Achetez nigérian » et « Achetez africain », vêtement ou un accessoire fabriqué avec
juste pour encourager les gens à commencer à acheter des articles de mode les différents tissus associés à leur pays
ou à l’esthétique africaine au sens large.
nigérian ou africain. Et 10 ans plus tard, les gens ne veulent plus rien La moyenne des réponses pour toutes
porter d’autre. La seule difficulté est de savoir s’ils peuvent se le permettre. les régions suggère que dans une ville
africaine moyenne, on peut voir tous les
Car la mode africaine a malheureusement un prix. Elle a un prix à cause jours des imprimés wax, du bazin ou des
des problèmes et des obstacles auxquels on se heurte quand il s’agit tissus locaux, bien que ceux-ci n’aient pas
de produire de la mode africaine. toujours été produits sur le continent22. Les
entretiens menés dans le cadre de cette
Omoyemi Akerele, Semaine de la mode de Lagos recherche montrent que, malgré un grand
intérêt au niveau local pour des tissus
panafricains comme la dentelle africaine,
Ces textiles sont particulièrement et leteise) est d’usage courant dans le bazin ou le wax, ceux-ci sont souvent
intéressants pour le secteur de la des pays comme l’Afrique du Sud, le importés de l’extérieur du continent et non
haute couture et des métiers d’art, Botswana et le Lesotho, tandis que produits en Afrique. Cela représente un
qui accordent plus d’importance à la l’odelela est spécifiquement associé net recul par rapport au pic de la vague
qualité, l’exclusivité et la durabilité à la Namibie, le retso au Zimbabwe d’industrialisation textile de la période
qu’à la quantité. et le samakaka à l’Angola. Bon postindépendance, lorsque presque tous
nombre des textiles locaux produits les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique
¡ Textiles travaillés à la main sur industriellement cités ci-dessus ont centrale, ainsi que de nombreux pays
des tissus pouvant être importés d’abord été des importations culturelles, d’Afrique australe, possédaient des usines
ou produits sur le continent. qui, sous l’effet d’un syncrétisme de production de wax, et que certains
Si le processus de tissage peut être culturel, ont fini par être associés au produisaient également du bazin et de
réalisé de manière industrielle, la style de divers pays, communautés ou la dentelle africaine. Aujourd’hui, seules
finition de cette catégorie de textiles régions. Les textiles industriels les plus quelques-unes de ces usines de première
nécessite une intervention humaine emblématiques d’Afrique sont les wax, génération fonctionnent encore. La Côte
et des compétences souvent ancrées les tissus imprimés à la cire perdue, d’Ivoire, par exemple, compte deux usines
dans la tradition et le patrimoine. Par communément appelés « imprimés d’impression de wax, tout comme le
exemple, les tissus thioub sénégalais africains », « ankara » et « kitenge » ou Ghana. La qualité des wax produits en
ou maliens sont des pièces de bazin « chitenge ». Popularisés dès le début du Afrique est généralement appréciée par
finement teintes, tandis que les voiles vingtième siècle en Afrique de l’Ouest les consommateurs africains, mais ils sont
mauritaniens sont teints sur du coton et en Afrique centrale, où ils avaient concurrencés en termes de prix par des
pur. Le Bénin, le Cameroun, la Guinée été introduits par des commerçants wax importés moins onéreux. Certains pays
et le Nigéria sont réputés pour leurs européens qui vendaient des copies de montrent que la relance du secteur textile
différents styles de teinture à l’indigo, tissus batik indonésiens de Java, les wax est encore possible. L’usine Afritextile
tels que les tissus lépi, ndop ou adiré. ont acquis au vingt-et-unième siècle une du Burundi, qui a récemment repris une
popularité quasi continentale, et sont usine en faillite, produit des tissus kitenge
¡ Textiles produits industriellement. aujourd’hui un élément essentiel de (imprimés à la cire)23 pour alimenter son
Le continent africain produit également
nombreuses marques de mode africaines secteur de la mode. La Nouvelle société
une grande variété de textiles issus de
et de la diaspora. Le bazin (également textile du Tchad, qui a récemment repris
traditions esthétiques distinctes, mais
appelé damas africain, brocart de Guinée ses activités, a lancé en juillet 2021 la
fabriqués industriellement, qui peuvent
ou shedda) est un élément essentiel des vente de son premier textile produit avec
alimenter le secteur de l’habillement.
boubous et des caftans d’Afrique de du coton tchadien, et a appelé les tailleurs
Les kangas ou lesos illustrés de
l’Ouest, tandis que la dentelle africaine et stylistes tchadiens à utiliser ce nouvel
proverbes swahili ornent de nombreux
est souvent privilégiée pour les tenues de approvisionnement24.
vêtements d’Afrique de l’Est, tandis
mariage de la même région.
que le tissu shuka à carreaux rouges, L’opportunité unique offerte par la
associé aux communautés maasaï du Ce riche inventaire donne une idée du rôle disponibilité de fibres locales de haute
Kenya et de Tanzanie, a été réinterprété que les différents types de textiles et de qualité, le riche éventail de textiles
par des créateurs contemporains. motifs produits en Afrique jouent dans le tissés à la main, travaillés à la main
Le tissu seshoeshoe (ou siShweshe secteur de la mode sur le continent. Dans ou de fabrication industrielle produits

16 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


sur le continent, et la force de la demande
pour des motifs africains, signifient que
le secteur est mûr pour de nouveaux
investissements et de nouvelles politiques,
qui renforceront la production textile
industrielle et amélioreront les capacités
de production des artisans, pour que
ceux-ci puissent produire en plus grandes
quantités et avec une qualité plus fiable,
tout en respectant les traditions et les
savoir-faire existants. Une production
textile dynamique, fiable et rentable sur le
continent contribuera à répondre à l’une
des principales préoccupations exprimées
par les producteurs de vêtements et les
créateurs de haute couture en Afrique –
l’accès à des textiles africains abordables.

HABILLEMENT
Le secteur de l’habillement connaît
actuellement une période de mutations
profondes en Afrique, en partie grâce à la
poussée démographique rapide : d’ici à

© Maxhosa Africa
2030, le continent comptera 1,7 milliard
d’habitants25. Selon les projections des
Nations Unies, l’Afrique subsaharienne est
également la région qui connaîtra la plus
forte croissance de la population en âge
de travailler au cours des 20 prochaines
années26. Cette population croissante Encadré 1 • Des créateurs africains emblématiques font
constitue un avantage comparatif pour le la promotion des textiles et des métiers d’art locaux
continent, car elle permettra d’intensifier
De nombreux créateurs africains de haute couture ou de produits de luxe soutiennent
la production industrielle de vêtements,
activement les traditions textiles locales en les utilisant de manière privilégiée dans
ce qui représente une opportunité de
création d’emplois et de génération de leurs créations et en suscitant d’importantes innovations dans leur production
revenus. En outre, l’augmentation des artisanale. Parmi les créateurs de mode de la première génération, le Malien Chris
revenus disponibles et la croissance de la Seydou, souvent salué comme le « père de la mode africaine », a brisé les codes en
classe moyenne élargissent la clientèle de transformant des textiles bogolan en mini-jupes et en vestes courtes, un métissage
la mode africaine. Le nombre d’Africains culturel sans précédent dans les années 1980. Pour obtenir ce look raffiné, il a travaillé
de la classe moyenne a triplé entre 1980 avec des artisans teinturiers afin de créer des modèles en bogolan mieux adaptés aux
et 2010, se hissant à plus de 34 % de coupes actuelles. Alphadi (Niger), un autre créateur pionnier, a régulièrement fait
la population du continent27, et, d’ici à appel au kuba, un tissage en raphia finement travaillé originaire du royaume de Kuba,
2030, la consommation des ménages ainsi qu’au savoir-faire des bijoutiers touaregs. Le célèbre styliste camerounais Imane
devrait atteindre 2,5 billions de dollars Ayissi est connu pour son refus d’intégrer des imprimés wax dans son travail, préférant
des États-Unis28. Alors qu’au cours des mettre en valeur des tissus précoloniaux tels que le kenté, le manjak ou les tissus teints
dernières décennies, une combinaison de à la main dans ses silhouettes haute couture. La Sénégalaise Aïssa Dione, qui s’est
vêtements sur mesure et de vêtements surtout fait connaître comme créatrice textile, a entrepris un travail révolutionnaire
importés constituait la principale source qui l’a amenée à innover dans les techniques de tissage traditionnelles sénégalaises,
d’habillement pour la plupart des grâce à l’adoption de métiers à tisser plus larges, ainsi qu’à des combinaisons de fibres
habitants du continent, les changements autres que le coton. Doreen Mashika, de la République-Unie de Tanzanie, travaille
économiques et sociaux ont entraîné un avec de petits producteurs de kanga et des coopératives de femmes tisseuses d’herbes,
rééquilibrage en faveur de la production utilisant ces textiles comme base de ses créations. Le Sud-Africain Laduma Ngxokolo,
de vêtements de prêt-à-porter africains, fondateur de la maison de couture iconique Maxhosa Africa, a quant à lui produit des
tant pour la consommation locale que collections inspirées des broderies perlées traditionnelles xhosa.
pour l’exportation.

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 17
Cette tendance est renforcée par
l’évolution des goûts des consommateurs
ainsi que par un engouement pour les
produits « made in Africa », encouragé
en partie par une augmentation de
la production créative africaine dans
d’autres secteurs, comme le cinéma ou
la musique. La demande afrocentrée
est souvent panafricaine ou du moins
régionale, les consommateurs s’intéressant
aux textiles et aux styles vestimentaires
d’autres pays et régions d’Afrique. Ainsi,
les consommateurs sénégalais se tournent
souvent vers leur tissu manjak tissé à
la main, ainsi que vers le faso dan fani
et le koko dunda du Burkina Faso. De
même, les styles d’inspiration nigériane
ont fait leur chemin en Afrique australe
et en Afrique de l’Est, en partie grâce à
la popularité des films de Nollywood, et
les sandales perlées maasaï ont conquis
l’Afrique de l’Ouest. Cet appétit pour la
création africaine a également été nourri
par une représentation accrue dans la
production créative mondiale, comme la
superproduction internationale « Black
Panther », qui a contribué à accroître la
désirabilité et l’attrait des vêtements et
accessoires qui expriment une identité

© Rodgers Otieno / Unsplash.com


panafricaine.
Grâce à leur connaissance intime du
marché et à leur compréhension de la
demande locale, les marques africaines
émergentes ont une opportunité inédite
de tirer parti du zeitgeist et de remplacer
la grande quantité de vêtements que
l’Afrique importe actuellement par des
produits fabriqués localement. Elles
marchés de niche. Le secteur du luxe sur le plus possible en tissus durables
sont particulièrement bien placées pour
mesure, qui se situe à mi-chemin entre (coton biologique et polyester recyclé)
contribuer à combler le déficit commercial
la mode de masse et la haute couture et produits en Afrique30. L’entreprise gère
du continent dans les domaines du textile,
et qui produit des séries limitées de un programme appelé Pink Ubuntu,
de la confection et de la chaussure, qui
produits haut de gamme pouvant être qui l’engage à verser à ses ouvrières
s’élève à environ 7,6 milliards de dollars
vendus avec des marges plus élevées, est des salaires supérieurs à la moyenne et
des États-Unis.
le segment cible de nombreuses petites à leur offrir des avantages sociaux tels
Selon la Banque africaine de marques africaines qui n’ont pas encore la qu’une garde d’enfants gratuite. Un autre
développement, les micros, petites et capacité de rivaliser avec les producteurs exemple est la marque éthiopienne de
moyennes entreprises représentent internationaux de vêtements de masse. mode lente Lemlem, fondée en 2007 par
90 % des sociétés de mode en Afrique, On observe également un mouvement l’ancienne mannequin Liya Kebede pour
ce qui témoigne de l’immense diversité vers des marchés de niche fondés sur des contribuer à la préservation des techniques
des personnes, des idées et des créations concepts de durabilité environnementale de tissage traditionnelles et créer des
qui composent le secteur émergent de la ou de mode lente (« slow fashion »). revenus pour les artisans tisserands. Du
mode du continent29. Parmi les marques La marque Asantii, créée par Maryse fait de leurs coûts de production, y compris
africaines occupant un espace de plus Mbonyumutwa et basée au Rwanda, l’approvisionnement en matériaux, ces
en plus important dans le secteur de s’est fortement engagée sur le plan marques de niche sont souvent vendues à
l’habillement, beaucoup prennent la social et environnemental, en ayant à des prix inabordables pour de nombreux
décision stratégique d’investir dans des cœur, par exemple, de s’approvisionner consommateurs africains.

18 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Outre la production de vêtements
destinés à répondre à la demande des La Semaine de la mode de Lagos est une plateforme qui met en avant
consommateurs africains à différents les talents... les talents africains, pas seulement les créateurs nigérians.
niveaux de prix, la production de masse
de vêtements pour l’exportation est D’après nous, et pour nous, la Semaine de la mode de Lagos est bien plus
florissante dans quelques pays d’Afrique qu’une vitrine. Elle vise aussi à renforcer la capacité du secteur à contribuer
qui se sont positionnés en tant que à l’économie croissante de l’Afrique en consolidant les entreprises de
prestataires de services au sein des chaînes
de valeur mondiales de la mode. Après des mode et de création existantes. Nous la positionnons aussi comme une
décennies de progrès timides, l’intégration réaffirmation de l’engagement de notre communauté à adopter des
des marchés mondiaux de la mode a été
stimulée par la recherche de nouveaux
pratiques durables, avec de la traçabilité, de la transparence et une vision
centres de production mondiaux, alors à long terme – des piliers solides sur lesquels appuyer notre processus
que les salaires augmentent dans les créatif. Nous encourageons les créateurs à en parler également dans leur
principaux pays producteurs. L’Égypte,
l’Éthiopie, le Lesotho, Madagascar, le travail. Et nous protégeons nos artisans et nos compétences artisanales
Maroc, Maurice et la Tunisie disposent à travers le continent, car nous les considérons comme des outils essentiels
d’un important secteur de fabrication de renforcement de la créativité.
de textiles et d’habillement axé sur la
sous-traitance pour des grandes marques Omoyemi Akerele, Semaine de la mode de Lagos
mondiales, telles que Guess, H&M, Levi’s,
Mango et Zara, ainsi que des marques
de luxe comme Chanel, Dior ou Hermès. est une opportunité stratégique pour consommateurs, le volume de la demande
La sous-traitance est particulièrement stimuler la création d’emplois durables, nécessaire à un secteur de l’habillement
développée dans les pays d’Afrique du notamment pour les femmes et les florissant est prêt à exploser : le défi
Nord, qui bénéficient de leur proximité jeunes. Historiquement, l’industrie de consistera à mettre en place les conditions
géographique avec les marchés européens. l’habillement a été caractérisée comme permettant aux producteurs de vêtements
En Tunisie, elle représente une part l’une des industries les plus dominées en Afrique de produire à des prix
si importante du secteur du textile et par les femmes, 70 à 90 % des accessibles aux Africains.
de l’habillement que le Ministère de travailleurs du secteur dans les pays en
l’industrie, de l’énergie et de l’innovation développement étant répertoriés comme
tient des statistiques distinctes pour les étant des femmes34. Un secteur de HAUTE COUTURE
entreprises « totalement exportatrices »31. l’habillement renforcé et bien réglementé Parallèlement à la dynamique positive
D’autres pays, comme le Bénin, l’Eswatini, pourrait contribuer à l’égalité des genres observée dans le secteur de l’habillement,
le Ghana, le Kenya, la République-Unie grâce à l’émancipation financière et l’essor de la créativité africaine s’est
de Tanzanie et le Rwanda, accordent à l’autonomisation des femmes. Des également traduit par la montée en
une attention politique particulière au initiatives telles que Better Work puissance des marques africaines de
développement de l’activité de sous- Lesotho exploitent déjà ce potentiel, haute couture. Grâce à des créateurs de
traitance de l’habillement et d’autres se concentrant sur l’amélioration des mode emblématiques comme Pathé’O
exportations, souvent dans le cadre conditions de travail dans les usines et sur (Côte d’Ivoire) – designer du chemisier
du programme AGOA (« Africa Growth la création d’emplois pour les jeunes et les de Nelson Mandela – et Alphadi (Niger),
and Opportunity Act ») des États-Unis, femmes dans les zones rurales. mais aussi à de nouveaux talents comme
qui permet aux exportateurs africains Amine Bendriouich (Maroc), Adama
En bref, le secteur de l’habillement en
d’accéder aux marchés américains en Paris (Sénégal), Kente Gentlemen (Côte
Afrique est aujourd’hui extrêmement
franchise de droits de douane. Le Kenya, d’Ivoire), Niuku (Mauritanie), Christie
dynamique, mais même lorsque ses
par exemple, comptait 29 fabricants de Brown (Ghana), Mahlet Afework
produits sont destinés au marché de
vêtements opérant dans ses zones franches (Éthiopie), Sun Goddess (Afrique du
masse, ils restent un produit de luxe pour
d’exportation dans le cadre du programme Sud), Duro Olowu (Nigéria) et Imane
la plupart des Africains, et certainement
AGOA32. Au Ghana, Sleek Garments, une Ayissi (Cameroun), la mode africaine s’est
pour les consommateurs du continent qui,
entreprise fondée par Nora Bannerman, imposée sur la scène internationale. En
au cours des dernières décennies, ont eu
l’une des premières entrepreneures 2019, Thebe Magugu (Afrique du Sud)
de plus en plus recours à des importations
de mode du pays, a exporté plus de est devenu le premier Africain à remporter
de seconde main ou à des vêtements
75 000 chemises pour hommes vers les
importés peu onéreux. Néanmoins, en le Prix LVMH des jeunes créateurs, l’une
États-Unis en 200733.
raison de la poussée démographique des récompenses les plus prestigieuses du
Dans l’ensemble, assurer la croissance du du continent et de l’optimisme quant secteur. Le styliste nigérian Kenneth Ize
secteur de l’habillement sur le continent à l’augmentation des revenus des était cofinaliste pour le Prix cette année-là.

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 19
En 2021, un autre créateur sud-africain, la promotion des créateurs africains.
Lukhanyo Mdingi, a remporté le Prix La mode est un catalyseur Des personnalités telles que Beyoncé,
Karl Lagerfield de LVMH. Thebe Magugu qui nous permet de raconter Alicia Keys ou Michelle Obama ont pris
a ensuite conçu une collection de la décision délibérée de promouvoir
vêtements de sport inclusifs pour Adidas, des histoires plus intimes, plus le travail des créateurs africains et
comprenant des pièces de tennis haute riches et plus abouties sur toute afrodescendants en portant leurs
performance portées sur les courts par les créations lors d’événements à forte
grands noms du tennis Stefanos Tsitsipas
l’Afrique. Nous espérons qu’elle
visibilité. Lors de sa tournée « Renaissance
et la championne de tennis en fauteuil inspirera les visiteurs et que Tour » en 2023, Beyoncé et ses trente
roulant Dana Mathewson lors de tournois grâce à elle, ils se débarrasseront danseurs ont porté des créations de
importants en 2022. Tongoro, la marque « made in Africa »
de certains clichés35. fondée par la styliste sénégalaise Sarah
Les vêtements produits par ces marques
exclusives ne sont accessibles qu’à un Christine Checinska Diouf. La top model britannique Naomi
petit pourcentage aisé de la population du Commissaire d'exposition Campbell, qui portait une pièce du
continent. L’impact de leur travail s’étend au Victoria and Albert Museum créateur ghanéen Steve French Oduro
cependant bien au-delà de leurs produits : pour la couverture d’Essence Magazine
ce sont de véritables agents de changement à l’occasion de son cinquantième
et des moteurs d’innovation qui opèrent à Les médias jouent un rôle particulièrement anniversaire, est une ardente promotrice
la jonction cruciale entre l’artisanat, l’art crucial dans l’industrie mondiale de de la mode africaine. Des célébrités
et l’industrie. Si leurs activités principales la haute couture, où la notoriété est africaines jouissant d’une grande
se situent essentiellement aux étapes de essentielle. Les grands médias de mode audience internationale ont fait des choix
création et de conception de la chaîne de accordent de plus en plus de place à similaires. L’auteure nigériane de grande
valeur, ils ne travaillent pas en vase clos, renommée Chimamanda Ngozi Adichie
la mode africaine. Edward Enninful,
mais collaborent avec des secteurs et des a lancé en 2017 son projet « Wear
rédacteur en chef d’origine ghanéenne
professionnels qui oeuvrent en dehors de Nigerian » (« Habillez-vous nigérian »)
du British Vogue, a régulièrement mis
l’écosystème créatif. Vus sous cet angle, sur les réseaux sociaux, s’engageant
en avant la représentation africaine
les créateurs africains de haute couture officiellement à ne paraître en public que
dans le cadre de la volonté du groupe
s’apparentent souvent davantage à des dans des tenues de créateurs nigérians36.
de magazines d’accroître la diversité et
entrepreneurs créatifs à la tête de petites La chanteuse béninoise Angélique Kidjo,
l’inclusion. Il existe également une cohorte
et moyennes entreprises, qui, par leurs plusieurs fois récompensée aux Grammy
décisions et leurs activités, jouent un émergente de blogs et de magazines de
haute couture africains qui offrent une Awards, a toujours porté des vêtements
rôle clé dans la réduction de la pauvreté afrocentrés tout au long de sa longue
et des inégalités, la création d’emplois visibilité et un accès aux actualités du
secteur. Industrie Africa, fondée par la carrière, tout comme la chanteuse
décents et productifs et l’instauration de malienne Fatoumata Diawara.
la justice sociale. Tanzanienne Nisha Kanabar, fonctionne
comme une entité hybride entre le En outre, plusieurs événements
Par sa visibilité et sa désirabilité, la journalisme de mode, le showroom ciblés dédiés à la mode africaine
haute couture modèle l’ensemble de virtuel et la plateforme de vente en ligne sont régulièrement organisés hors du
la chaîne de valeur. Sur le continent, le pour les marques africaines de luxe et continent. L’Afro Fashion Week Milano,
nombre d’événements dédiés à la haute de haute couture. Moonlook, lancé par dont le huitième défilé a eu lieu en
couture est en pleine croissance : à ce la Camerounaise Nelly Wandji, a un
jour, 32 pays d’Afrique organisent des septembre 2022, offre une plateforme
fonctionnement similaire, avec une offre internationale pour présenter et soutenir
semaines de la mode de taille et d’échelle destinée au public francophone. Gida
variées. La Semaine de la mode de Lagos le travail des créateurs émergents
Journal, lancé en 2022, est un magazine africains, afrodescendants ou d’inspiration
(Nigéria), la SA Fashion Week (Afrique du annuel imprimé consacré à la mode
Sud), la Semaine de la mode de Dakar afro à Milan, en Italie. L’initiative African
africaine et à d’autres formes d’expression Fashion Up, lancée par Share Africa et
(Sénégal) et le Festival international de créative, ouvert aux créateurs basés sur
la mode africaine (FIMA, dans un lieu soutenue, entre autres, par les Galeries
le continent. Parmi les autres références Lafayette et Balenciaga, est le premier
différent chaque année) sont bien établis du secteur, il convient également de citer
et attirent tous les ans un large public local grand événement parisien entièrement
le magazine de mode en ligne Debonair consacré à la mode africaine. De grandes
et international ainsi que des sponsors Afrik, fondé au Ghana en 2014, et le blog
de premier plan. Des événements à plus maisons de couture se rendent également
de mode et de style de vie Jamila Kyari.
petite échelle, comme la Semaine de la en Afrique : en décembre 2022, la marque
mode Glitz Africa (Ghana), la Semaine La visibilité offerte par les médias de luxe française Chanel a présenté sa
de la mode swahilie (République-Unie traditionnels et en ligne est encore collection annuelle « Métiers d’Art »,
de Tanzanie) ou la Semaine de la mode amplifiée par les célébrités de la spécialisée dans l’artisanat d’art, à Dakar,
de Tunis (Tunisie), gagnent également en communauté afrodescendante et de la au Sénégal, une première pour une
importance. diaspora, qui jouent un rôle crucial dans maison de haute couture mondiale.

20 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Enfin, la reconnaissance croissante de la
haute couture africaine contemporaine
en tant que forme d’art a contribué à
consolider son statut de phare culturel
et social pour le continent. L’exposition
historique Africa Fashion au Victoria and
Albert Museum de Londres, de juillet 2022
à avril 2023, a marqué un tournant et
donné un nouveau retentissement mondial
à la mode africaine. Conçue pour célébrer la
vitalité et l’innovation du continent dans le
domaine de la mode, elle a rassemblé une
sélection de créateurs issus d’une vingtaine
de pays qui ont été à l’avant-garde de
la mode africaine du vingtième siècle
à aujourd’hui. Christine Checinska,
commissaire principale de l’exposition, s’est
efforcée de remettre en question les notions
préconçues concernant la mode africaine,
en laissant parler les sources d’inspiration
variées et multiples, la créativité et les
visions des créateurs africains. Tout en
reconnaissant que l’exposition se tenait
dans une ancienne puissance coloniale,
les commentateurs ont salué l’événement
comme une étape majeure dans la
décentralisation de la mode mondiale par
rapport aux capitales dominantes que sont
New York, Londres, Paris et Milan37.
L’Afrique est souvent très contrastée, et
malgré la visibilité dont jouissent les
créateurs africains tant sur le continent
que sur la scène internationale, le marché
de la haute couture y reste limité. Le Africa
Wealth Report de 2023 donne néanmoins
des raisons de voir le marché du luxe du

© Kikoromeo / KIRO LTD


continent d’un œil prudemment optimiste :
il prévoit une augmentation de 42 %
du nombre de millionnaires africains
en dollars au cours des 10 prochaines
années, pour atteindre quelque 195 000
d’ici à 2031. La plus forte croissance
du nombre de personnes fortunées est
d’ailleurs répartie entre des pays africains Encadré 2 • Au-delà des défilés : l’impact des semaines de la mode
aussi divers que le Maroc, Maurice, la en Afrique
Namibie, la République démocratique du Les semaines de la mode, en plus de faire connaître les stylistes et les créateurs, offrent
Congo, le Rwanda, les Seychelles et la des possibilités de réseautage et d’apprentissage, mettent les stylistes en contact avec des
Zambie38. En outre, comme les marques investisseurs et constituent également des plateformes pour d’importantes discussions au
de luxe internationales ont actuellement sein de l’industrie. Depuis maintenant trois éditions, la semaine de la mode de Lagos a
une présence très limitée dans les pays lancé l’initiative Woven Threads (« fils tissés »), qui vise à faciliter les conversations avec
africains, les marques de luxe africaines toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur de la mode autour de la production
ont l’occasion, en tant qu’acteurs de et de la consommation responsables. Les semaines de la mode créent également un
première ligne comprenant les goûts large éventail d’externalités sociales et économiques positives en rassemblant les gens
et l’esthétique locaux, de s’assurer en un même lieu. De l’industrie hôtelière au tourisme en passant par le commerce de
que les dépenses du continent dans le détail local, un large éventail de parties prenantes bénéficient de ces événements qui se
secteur du luxe iront vers les produits déroulent sur le continent africain.
« made in Africa ».

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 21
Ce processus est déjà en cours, avec des
boutiques conceptuelles exclusives qui
ont vu le jour dans certaines capitales
africaines pour saisir cette opportunité.
Merchants on Long à Capetown, Alára à
Lagos, El Fenn à Marrakech, Le Sandaga
à Dakar, The Lotte à Accra et ABY
Concept à Abidjan sont des espaces qui
rassemblent une gamme de produits de
luxe produits en Afrique, dont des articles
de mode39,40.
L’importance stratégique des segments
de la haute couture et du luxe en Afrique
réside également dans le fait que leurs
produits se vendent à un niveau de
prix adapté à la production de la « slow
fashion » – ou mode lente, ce qui facilite
l’intégration d’un artisanat de qualité
et de techniques plus longs à produire
basées sur le patrimoine. De fait, certains
créateurs de mode du continent ont joué
un rôle de premier plan dans la relance ou
la revitalisation de techniques de teinture

© Taibobacar photographed by Luke Kitchin


et de tissage tombées dans l’oubli. Le
créateur burkinabé Sébastien Bazemo a
ainsi redonné vie au koko dunda, un tissu
teint de manière artisanale qui avait fini
par être dévalorisé. Aujourd’hui, ce textile
n’est pas seulement un élément essentiel
des collections de Bazemo, c’est aussi un
incontournable de la mode dans tout le
pays, et il est fièrement exporté dans la
sous-région. Le gouvernement a d’ailleurs
créé un label pour authentifier le koko
dunda teint localement41. Les stylistes ACCESSOIRES ET MÉTIERS D’ART africains uniques. D’autres objets, tels que
les ornements perlés des Zoulous et des
ougandais José Hendo et nigérian- Enracinés dans des traditions séculaires, Ndébélés d’Afrique du Sud, ou la broderie
allemand Bobby Koladé, pour leur part, les accessoires de mode et les métiers traditionnelle à cinq couleurs de l’oasis de
ont contribué à stimuler les innovations d’art ont une longue histoire de prestige Siwa en Égypte, apportent des finitions
en matière de production et d’utilisation et de symbolisme culturel sur le continent décoratives exceptionnelles et de haute
du tissu d’écorce dans les vêtements africain. Ils sont généralement produits qualité aux vêtements et autres articles
contemporains42,43. par des artisans hautement qualifiés, qui
de mode.
possèdent un niveau exceptionnel de
Le secteur de la haute couture peut donc savoir-faire et de minutie et utilisent des La bijouterie a connu une forte évolution
servir d’intermédiaire pour sauvegarder matériaux durables et des techniques qualitative en Afrique au cours des
les compétences traditionnelles et respectueuses de l’environnement. Les deux dernières décennies. Alors qu’à
les pratiques du patrimoine culturel bijoux créés à partir de métaux, de la fin du vingtième siècle, elle était en
immatériel, tout en générant des revenus perles, de cauris, de cornes d’animaux grande partie la prérogative des artisans
pour une série d’artisans et en ouvrant et de raphia sont souvent associés à des traditionnels, qui vendaient directement
la voie à des pratiques durables. Le savoir-faire techniques traditionnels et à des clients locaux ou dépendaient des
pouvoir d’influence (« soft power ») de à des pratiques sociales qui affirment marchés touristiques et des coopératives
l’écosystème de la mode réside également l’identité culturelle à travers la parure. d’ONG, le paysage africain de la bijouterie
en grande partie dans les segments de la Les métiers d’art comprennent également compte aujourd’hui de nombreux
haute couture et du luxe, qui façonnent l’artisanat du cuir, qui est au cœur de créateurs de bijoux dont les marques
la culture visuelle et influencent les goûts la production de chaussures, de sacs et professionnelles sont commercialisées
aux niveaux local, national et régional. d’accessoires, souvent dans des styles dans le monde entier.

22 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Des marques africaines de bijoux de ghanéenne Caveman, fondée en 2018 Quelle que soit leur origine ou leur forme,
haute couture comme Pichulik (Afrique par Anthony Mensah Dzamefe, ayant les métiers d’art et les accessoires de
du Sud), Ami Doshi Shah (Kenya) ou remarqué qu’il était possible de fabriquer mode africains constituent une partie
Adèle Dejak (Kenya-Nigéria), sont des montres avec des bracelets en cuir de essentielle et inaliénable de l’écosystème
régulièrement présentées dans les médias bonne qualité produit dans son pays46. dynamique de la mode du continent,
internationaux de la mode pour leur agissant à la fois comme des vecteurs
L’Afrique possède également des styles d’innovation et les porteurs d’un
créativité contemporaine. De nombreux
d’accessoires qui lui sont propres. Les patrimoine culturel qui transmettent des
créateurs font fièrement référence au
patrimoine africain dans leurs créations : coiffes, bien que souvent formées histoires, des coutumes et des valeurs
citons Adinkra’s Jewels (Ghana), dont les simplement d’une longue bande de tissu, d’une génération à l’autre. En incorporant
pièces rendent hommage aux symboles sont parfois préfabriquées comme le des symboles, des motifs et des
akan, K’tsobe (Rwanda), dont les bijoux serait un chapeau. Ces dernières années, techniques traditionnels, le large éventail
s’inspirent de la culture et de la nature on a vu se développer le marché des d’objets d’artisanat et d’accessoires
rwandaises, et Karidja et Khadija (Côte geles nigérians pré-pliés, qui s’exportent produits sur le continent célèbre fièrement
d’Ivoire), qui fabriquent à la main des vers d’autres pays d’Afrique et vers les la richesse de l’histoire de ses peuples
pièces de luxe en bronze conçues pour marchés de la diaspora. Présentes dans de et assure leur préservation pour les
brouiller les frontières entre l’esthétique nombreuses cultures africaines, les perles générations futures. Ils agissent aussi
africaine traditionnelle et contemporaine. pour la taille ont été élevées au rang d’art comme des leviers pour l’autonomisation
D’autres marques s’intéressent activement au Sénégal, où elles sont généralement économique des communautés locales :
à la chaîne de valeur des pierres appelées bine-bine. Connaissant un grand au-delà des marques africaines prospères
précieuses et des métaux précieux succès sur les étals sénégalais dans les de bijoux ou de cuir, de nombreux artisans
d’Afrique, s’efforçant de les valoriser ou foires de l’artisanat et de la mode de la travaillent dans des coopératives ou des
de garantir que les matières premières région de l’Afrique de l’Ouest, les bine- organisations communautaires, favorisant
proviennent d’une source responsable. bine sénégalais ont également gagné un sentiment d’identité collective et
Originaire du Botswana, pays producteur des adeptes en Europe et aux États-Unis générant des sources de revenu durables
de diamants, Boitshoko Kebakile a fondé d’Amérique. pour les communautés.
la maison House of Divinity, dans un
souci d’ajouter de la valeur aux matières
premières de son pays : elle y produit
aussi bien des pièces de qualité abordable Encadré 3 • Le secteur sénégalais du cuir
que des bijoux incrustés de pierres semi- Le Sénégal bénéficie d’un excédent commercial dans le domaine de la chaussure. Il
précieuses44. La marque de joaillerie fine importe moins qu’il n’exporte, probablement en raison de sa production importante
Vanleles, basée au Royaume-Uni, a été de sandales et de babouches en cuir, très appréciées dans le pays, notamment comme
lancée en 2011 par l’ancienne mannequin accessoire masculin, et qui s’exportent également bien dans les pays voisins. Ce secteur
bissau-guinéenne Vania Leles, qui avait repose essentiellement sur une fabrication artisanale, la commune de Ngaye Mecké
constaté que, si la plupart des pierres étant particulièrement réputée pour la qualité de ses maroquiniers. Le label « Dallu
précieuses qu’elle portait provenaient Ngaye » s’est imposé comme un gage de qualité pour les chaussures de la région,
d’Afrique, les bijoux n’étaient pas produits même si celles-ci ne sont pas toujours marquées individuellement. La commune entend
par des marques africaines45. s’imposer comme un pôle majeur du cuir au Sénégal et commencer à exporter des
Le secteur de la maroquinerie, en produits de qualité dans le monde entier47. Dans le segment des marques mondiales,
particulier, a connu des développements le créateur Milcos Badji, fondateur de la maison de couture Nio Far, a renoncé à la
majeurs au cours des dernières décennies production de teeshirts à la mode pour s’aventurer dans celle des baskets, ce qui n’avait
et regorge d’un potentiel inexploité. jamais été tenté en Afrique de l’Ouest. Ne faisant aucun compromis sur la qualité, la
Il existe des pays producteurs de cuir marque s’est positionnée sur le segment des baskets de luxe et a travaillé avec des
dans toutes les régions du continent : fabricants de bogolan maliens afin d’incorporer ce textile artisanal dans ses collections.
du Botswana à la Tunisie, du Sénégal au Les baskets Nio Far auraient été aperçues, entre autres, sur le roi Mohammed VI du
Soudan du Sud, du Maroc au Malawi. Maroc et la star mondiale de la musique Alicia Keys, mais 60 % des ventes de la
Si certains se contentent encore d’une marque sont réalisées auprès de clients sénégalais48. Dans le secteur des sacs à main,
transformation limitée du cuir brut, L’Artisane, Nene Yaya et Maraz Origins sont quelques unes des nombreuses marques
d’autres connaissent une évolution rapide sénégalaises qui ont vu le jour ces dernières années pour répondre à la vigoureuse
dans la production d’accessoires en cuir demande de sacs fabriqués en Afrique. Ces tendances dans le secteur du cuir au
de haute qualité. Ce cuir de qualité est Sénégal s’observent également dans beaucoup d’autres pays d’Afrique, notamment
souvent un catalyseur pour d’autres dans le secteur des sacs où de nombreuses marques dynamiques de produits fabriqués
parties de l’écosystème de la mode : ainsi, sur le continent ont fait leur apparition, capturant une partie de la part de marché
une innovation a été apportée dans le auparavant presque exclusivement occupée par les importations.
domaine de l’horlogerie par la marque

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 23
sociaux telles que WhatsApp, Instagram formes de consommation de mode.
DES VENTES NUMÉRIQUES et Facebook pour atteindre les clients, La Reina est la première plateforme en
EN PLEIN ESSOR ET et tirent souvent le meilleur parti des ligne d’Égypte pour la location d’articles
systèmes de paiement par téléphonie de mode, et propose plusieurs niveaux
UN COMMERCE INTRA- mobile omniprésents dans de nombreux d’abonnement permettant de louer des
AFRICAIN EN EXPANSION pays africains pour les ventes nationales vêtements pour les porter au quotidien
et régionales. Les grandes marques, ou lors d’événements spéciaux51.
En plus de l’écosystème créatif florissant ainsi que quelques petites marques du La start-up tunisienne Dabchy est une
décrit ci-haut et de l’augmentation segment du luxe, gèrent leurs propres plateforme de mode où les utilisateurs
des revenus des consommateurs, qui sites de commerce électronique, mais de peuvent acheter et vendre des vêtements
alimentent une demande sans cesse nombreuses entreprises profitent surtout neufs et d’occasion. La marque compte
croissante pour la mode africaine, deux de l’essor des plateformes en ligne qui 500 000 utilisateurs enregistrés en
autres facteurs ont joué un rôle clé dans regroupent l’offre de plusieurs marques, Algérie, au Maroc et en Tunisie52.
la dynamisation du secteur : l’essor facilitent le processus de paiement
des achats en ligne, et l’augmentation Un nouveau type d’acteur clé du
numérique, et, dans certains cas, offrent
croissante du commerce intrarégional secteur de la mode a fait parallèlement
même des services de soutien au
depuis la mise en œuvre de la Zone de son apparition : les entrepreneurs de
marketing.
libre-échange continentale africaine fintech (ou technologie financière) de
De nombreux créateurs de mode du la mode sont à l’origine de nombreuses
(ZLECAf).
marché intermédiaire en Afrique et plateformes qui permettent aux créateurs
La numérisation a considérablement dans la diaspora utilisent également d’atteindre des marchés plus lucratifs.
élargi les possibilités de croissance les plateformes internationales telles Ancien cadre financier à la Deutsche
pour les créateurs de mode en Afrique, qu’Etsy, une société de commerce Bank et à Intel Capital, le Ghanéen
permettant à ceux qui étaient auparavant électronique basée aux États-Unis et Sam Mensah Junior est à l’origine de la
limités par des marchés nationaux axée sur les produits artisanaux. Par marque de mode sud-africaine Kisua, qui
restreints d’atteindre une clientèle ailleurs, Annes, basée en Afrique du a connu une notoriété mondiale lorsque
régionale et internationale beaucoup plus Sud, et The Folklore Marketplace, Beyoncé a été aperçue portant une
large sans délocalisation. La pénétration basée aux États-Unis, regroupent une veste Kisua en 2015. Il a créé sa maison
du commerce en ligne a considérablement offre de haute couture africaine, et de couture en réunissant une équipe
augmenté ces dernières années, passant afrodescendante pour cette dernière. La ayant de l’expérience dans la logistique
de 13 % de clients actifs payants dans numérisation permet également d’autres mondiale et dans la mode.
l’ensemble de la population africaine
en 2017 à 28 % en 2021, ce qui
représente 334 millions d’utilisateurs.
La part des clients actifs du commerce
électronique devrait atteindre 50 %
d’ici à 202549. Dans plusieurs pays
africains, l’économie numérique devient
l’un des principaux moteurs de la
croissance, représentant plus de 5 % du
PIB50. Aujourd’hui, il y a 816 millions
de connexions par carte SIM mobile
en Afrique subsaharienne (soit une
pénétration de 77 %) et 712 millions au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord (soit
une pénétration de 116 %).
Indépendamment de leur taille ou de leur
forme, un large éventail d’entreprises de
mode saisissent les nouvelles opportunités
de marketing et de distribution offertes
par l’Internet et les réseaux sociaux
pour atteindre les marchés nationaux
ou régionaux, ainsi que la diaspora et
d’autres marchés internationaux. Les
producteurs informels de vêtements,
© A.A.K.S

les tailleurs et les détaillants utilisent


activement les plateformes de réseaux

24 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Des créateurs de toute l’Afrique sont envisager que du tissu en coton ougandais sont appelées à continuer de jouer un rôle
invités à travailler sur les collections soit acheté par une maison de couture central dans la croissance du secteur de la
capsules de la marque, qui, grâce aux kenyane qui vendrait ensuite ses jeans à mode africaine. En particulier, l’intégration
centres de distribution de l’entreprise sur une large clientèle au Burundi, au Rwanda de la réalité virtuelle (RV) et de la réalité
trois continents, peuvent être expédiées et en République-Unie de Tanzanie, en augmentée (RA) dans l’industrie, qui reste
efficacement en divers points du monde. plus de ses clients nationaux. Les règles minimale et concentrée dans le secteur
Mensah a également créé la plateforme d’origine pour le libre-échange des textiles du luxe, offre aux clients une manière
Ananse citée ci-dessus, afin de regrouper et des vêtements devraient être précisées nouvelle et immersive d’expérimenter
une offre plus large de créateurs, en dans le courant de l’année 2023 : elles la mode africaine. Des défilés de mode
collaboration avec des partenaires tels visent à garantir qu’un certain niveau de virtuels, comme la collection ECLECTIC
que la Mastercard Foundation, tandis valeur ajoutée soit réalisé sur le continent présentée par Aisha Oladimeji (Nigéria)
qu’Ecobank a mis en place une formation africain pour qu’un produit vestimentaire lors de la semaine de la mode numérique
au commerce électronique pour les bénéficie d’un accès préférentiel. de New York, ou les expériences
créateurs de mode en Côte d’Ivoire, Actuellement, le commerce intra- d’essayage basées sur la réalité
au Ghana, au Kenya, au Nigéria et africain dans le secteur du textile et de augmentée, comme celles proposées par la
au Sénégal. l’habillement ne représente qu’environ 2,7 plateforme sud-africaine Reka, permettent
Outre les entrepreneurs de fintech, milliards, et les fournisseurs intra-africains aux consommateurs d’interagir d’une
les partenariats avec les entreprises seulement 8 % des importations de textile nouvelle manière avec la mode africaine.
logistiques mondiales ont été essentiels et de vêtements sur le continent54. Dans Enfin, le métavers représente une nouvelle
pour rendre le commerce électronique le cadre de la ZLECAf, ce commerce intra- frontière pour la mode en Afrique, offrant
réalisable et faciliter les échanges africain devrait augmenter de 11 %55. de nouvelles possibilités d'expression
d’approvisionnement entre entreprises. En bref, l’essor continu des plateformes individuelle par le biais de vêtements et
DHL est devenu un partenaire clé pour de vente numérique africaines, le d'avatars virtuels, ainsi que de nouveaux
de nombreuses entreprises de commerce développement de systèmes de paiement espaces où les marques peuvent intéragir
électronique de mode, parfois avec le en ligne efficaces et l’accès accru à avec leurs clients. Une étude récente
soutien des acteurs du développement. En l’Internet, notamment par le biais des menée par Analysis Group avec le soutien
ce qui concerne les moyens de paiement, téléphones portables, représentent une de Meta estime qu’il pourrait ajouter
l’Afrique a été l’une des premières à opportunité cruciale pour répondre à 40 milliards de dollars des États-Unis
adopter les systèmes d’argent mobile la demande croissante en mettant en supplémentaires au PIB de l’Afrique
et, en 2022, elle représentait 66,3 % relation une clientèle en pleine expansion subsaharienne au cours de la prochaine
des transactions mondiales d’argent avec les créateurs de mode africains, et décennie56, avec les métavers africains tels
mobile53. De plus, l’on peut s’attendre à de en élargissant l’accès à la mode produite qu’Africarare, Ubuntuland ou Astraverse
nouvelles améliorations dans la facilitation sur le continent. Au-delà du commerce étant prêts à stimuler la vente d’articles de
des paiements avec la mise en œuvre du électronique, les technologies numériques mode exclusivement numériques.
système de paiement et de règlement
panafricain (PAPSS) élaboré dans le
cadre de la ZLECAf en collaboration Encadré 4 • L es plateformes de commerce électronique
avec la Banque africaine d’import-export
Parmi les exemples les plus réussis de plateformes de commerce électronique, on peut
(Afreximbank), qui vise à permettre des
citer Afrikrea d’ANKA (« la nôtre » en bambara), une plateforme en ligne pour les
flux monétaires efficaces et peu coûteux microdétaillants de mode africaine basée en Côte d’Ivoire, qui soutient les PME détenues
à travers les frontières africaines, ouvrant par des femmes, qui représentent 80 % des commerces présents sur la plateforme.
la possibilité d’effectuer des paiements L’ambition d’ANKA est de construire une infrastructure dédiée au commerce électronique
dans la monnaie locale. Plus largement, pour ses plus de 13 000 vendeurs et d’expédier « tout ce qui est fabriqué en Afrique »
la ZLECAf, un projet phare de l’Union à travers le monde57. En Égypte, la plateforme de commerce électronique Brantu a
africaine qui crée un marché unique rationalisé les achats en ligne des acheteurs de marques égyptiennes et internationales.
africain par la suppression des droits de Lancé en 2019, elle a été fondée par des entrepreneurs qui avaient initialement créé
douane intra-africains et la réduction des un site internet de comparaison de prix pour les produits de la mode58. Aujourd’hui,
barrières non tarifaires, devrait revigorer Brantu déploie des technologies numériques afin d’offrir également des services de
l’approvisionnement et la vente en Afrique marketing aux fabricants de vêtements, notamment un modèle de précommande
dans le secteur de la mode. La ZLECAf devant aider à prévenir la surproduction et le gaspillage de vêtements59. Au niveau
est entrée en vigueur en mai 2019 et les panafricain, Industrie Africa a lancé une plateforme de vente au détail innovante en
échanges commerciaux dans le cadre de 2020 pour valoriser les créateurs de mode africains. Afin d’aider les clients à faire des
l’accord ont commencé en janvier 2021. choix éclairés, Industrie Africa a élaboré une charte de durabilité, qui reconnaît les
Dans le cadre des ambitions de la ZLECAf marques ayant fait des efforts particuliers selon les critères suivants : l’environnement,
pour le développement de la chaîne de l’éthique, l’artisanat, et le recyclage.
valeur régionale, on pourrait, par exemple,

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 25
le vendredi (« Local wear Fridays »). En réunissant industriels, financiers et
UN SOUTIEN ACCRU Côte d’Ivoire, une « Journée du costume entreprises. L’un des plus grands et des
DES GOUVERNEMENTS local », destinée aux fonctionnaires, plus importants salons professionnels
met l’accent sur les tissus traditionnels. du continent est la Semaine de la mode
ET DES ACTEURS Certains gouvernements encouragent les et de l’approvisionnement en Afrique,
NON GOUVERNEMENTAUX écoles ou les établissements publics à organisé chaque année à Addis-Abeba,
faire fabriquer leurs uniformes localement, en Éthiopie. D’autres exemples sont le
Les États africains sont de plus en parfois avec des textiles traditionnels. Salon de l’approvisionnement en fil et
plus désireux de saisir les opportunités L’effet de ces politiques est double : tissu (Casablanca, Maroc) et le Salon
stratégiques offertes par le secteur de premièrement, elles intègrent les tissus international du textile africain (le SITA,
la mode pour la création d’emplois et ou les styles vestimentaires locaux dans à Lomé, Togo). Les semaines de la mode
de revenus durables. Sur l’ensemble du l’environnement professionnel, souvent
continent, les gouvernements multiplient d’Afrique étant pour la plupart initiées par
dominé par les vêtements occidentaux ; le secteur privé, le soutien apporté par le
les efforts pour créer des environnements deuxièmement, l’impulsion donnée à
commerciaux favorables en mettant en secteur public reste relativement faible,
la demande a souvent pour effet de voire inexistant, dans la plupart des pays
place des politiques et des programmes stimuler l’innovation, notamment dans la
axés sur les différentes facettes de la africains. Ces événements très médiatisés
production textile artisanale. offrent cependant aux gouvernements
chaîne de valeur de la mode. Qu’il s’agisse
de soutenir l’industrie de l’habillement par Les gouvernements utilisent également locaux et nationaux une opportunité
des incitations fiscales ou d’accorder des leur important pouvoir de mobilisation inexploitée de favoriser la croissance du
subventions aux entrepreneurs du secteur pour soutenir le secteur de la mode. secteur de la haute couture, notamment
de la mode, certains États ont apporté un Ils sont souvent les initiateurs ou les en apportant un soutien pour accroître la
soutien décisif à l’industrie ces dernières soutiens actifs de salons professionnels visibilité des nouveaux créateurs.
années.
Dans la panoplie de stratégies et de
mesures déployées par les gouvernements Encadré 5 • Promotion du faso dan fani :
africains, certains segments du secteur conjuguer développement économique, égalité des genres
de la mode reçoivent plus d’attention
que d’autres. En termes d’emploi et de
et objectifs culturels
revenus, de nombreux gouvernements C’est au milieu des années 1980, sous la présidence de Thomas Sankara, que le
se concentrent assez logiquement sur le Gouvernement du Burkina Faso a commencé à promouvoir le faso dan fani, tissu
développement des secteurs industriels traditionnel de coton tissé à la main, dans le cadre de ses efforts en faveur de l’émancipation
de l’habillement et du textile. D’autres économique des femmes et de la consommation de produits locaux. De nombreuses
ont choisi de porter leurs efforts sur coopératives féminines de tissage ont été créées alors, et, dans le cadre des politiques
l’aspect créatif et patrimonial, en dirigistes de Sankara, un décret a imposé le port du faso dan fani aux fonctionnaires.
intégrant la mode dans leurs politiques Une deuxième vague d’attention politique plus libérale a suivi à partir de 2015 environ,
culturelles. Maurice, par exemple, est un avec un effort concerté des membres du gouvernement pour porter ce tissu lors de leurs
acteur mondial majeur du secteur de apparitions publiques. En 2017, dans le cadre des mesures visant à promouvoir l’identité
l’habillement. Ce pays n’organise pourtant culturelle, un arrêté ministériel a officiellement encouragé les représentants de l’État à
pas de semaine de la mode, contrairement porter le faso dan fani lors des cérémonies officielles. Ce regain d’attention politique a
à des pays dont la population est contribué à stimuler l’innovation dans la fabrication des textiles artisanaux, encourageant
comparable, comme le Cabo Verde ou le la production d’une plus grande variété de motifs et de textures pour répondre à une
Lesotho. Le Burkina Faso, pour sa part, a demande croissante et aux nouveaux goûts du consommateur. Il a également donné
pris de nombreuses mesures pour soutenir l’impulsion nécessaire pour que les entreprises de confection sur mesure de qualité se
la production textile artisanale (voir transforment en petites marques. Le faso dan fani est également promu à l’étranger par
encadré 5), mais cherche encore la bonne le biais d’événements du secteur privé, parfois avec le soutien du Ministère des affaires
approche pour la production industrielle étrangères : une « Nuit du faso dan fani » est organisée chaque année à Paris depuis 2017
de textiles et de vêtements. et un événement similaire a été organisé à Rome en 2019. Pour protéger les tisserands
de faso dan fani contre les copies industrielles, le Ministère de l’industrie, du commerce
L’un des moyens les plus utilisés par les et de l’artisanat a lancé en 2021 un label protégé pour le textile tissé au Burkina Faso.
États africains et les autorités locales Une mesure similaire a été prise pour étiqueter le koko dunda, autre tissu transformé
pour soutenir les textiles et les vêtements localement. Actuellement, le pays envisage des politiques visant à promouvoir l’utilisation
fabriqués localement est d’encourager les du faso dan fani pour les uniformes scolaires et les toges des juges. Grâce à cette attention
gens à les porter. Le Ghana, le Kenya, le politique à long terme, stimulée par un soutien d’acteurs non gouvernementaux, le faso
Lesotho, le Malawi et le Rwanda ont ainsi dan fani prospère dans la mode contemporaine locale et, ces dernières années, a même
mis en place des politiques encourageant trouvé sa place sur les podiums internationaux de la haute couture60.
le port de vêtements traditionels

26 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


en imposant une taxe à l’importation de
45 %61. Le Maroc a soutenu la production
de vêtements et d’accessoires en créant
des clusters ou pôles de mode, tels que le
Denim and Fashion Cluster du Maroc,
en collaboration avec l’Association
marocaine des industries du textile et de
l’habillement (AMITH)62. Ce partenariat
public-privé a également lancé l’initiative
« Dayem Maroc », qui vise à renforcer le
secteur local et à réduire la dépendance
à l’égard des fils et des tissus importés63.
Le Maroc accueille également un concours
national pour l’innovation dans les
textiles techniques (Innov’tex Maroc).
Et le Gouvernement marocain apporte
également un soutien très actif aux
campagnes de promotion de la mode
marocaine à l’échelle internationale, où le
patrimoine culturel et artisanal du Maroc
est souvent mis en avant. En Tunisie,
un pacte textile a été signé en février
2019 entre le gouvernement, l’Union
tunisienne de l’industrie, du commerce
© odAOMO — Dr.Sophia Omoro / Quentin Alexander

et de l’artisanat (UTICA) et la Fédération


tunisienne du textile et de l’habillement
(FTTH) pour faciliter la création de
50 000 emplois d’ici à 2023, porter les
exportations de textiles à 4 milliards de
dollars des États-Unis par an, augmenter
la part tunisienne du marché européen
de 2,5 % en 2018 à 4 %, et permettre
au pays de retrouver sa place de
cinquième plus grand exportateur vers
l’Union européenne64.
Plus largement, certains États africains
Par ailleurs, certains gouvernements offrent des exonérations de droits de douane, ont intégré la mode dans leurs plans de
des subventions ou des financements aux associées à des développements développement. Ainsi, l’Éthiopie a fait
créateurs locaux pour qu’ils participent aux d’infrastructures appartenant à l’État, du secteur du textile et de l’habillement
semaines internationales de la mode en notamment des installations portuaires, l’un des principaux piliers de son Plan de
dehors du continent. aéroportuaires, hydrauliques, électriques croissance et de transformation II 2015-
et de communication. Le développement 2020. Le pays s’était fixé pour objectif de
Pour soutenir l’écosystème, une autre du secteur de la mode est aujourd’hui générer 30 milliards de dollars des États-
approche gouvernementale a consisté principalement structuré dans le cadre Unis d’exportations dans le secteur du
à mettre en place des incitations de la politique industrielle et du plan textile et de l’habillement d’ici à 2030
fiscales et autres mesures de même stratégique pour l’Île Maurice 2020- et de créer jusqu’à 350 000 emplois.
nature pour améliorer l’attractivité du 2025. En Afrique du Sud, la base Pour y parvenir, le gouvernement a
secteur de la mode, de l’habillement industrielle existante, relativement construit des parcs industriels, afin
et du textile. Maurice, qui a été, dès solide, est stimulée par le programme d’augmenter les investissements dans
les années 1980, l’un des premiers gouvernemental de compétitivité le textile et la productivité du pays65.
pays à se lancer dans la fabrication de du secteur de l’habillement et du Au Ghana, le Ministère du commerce et
vêtements orientés vers l’exportation, a textile, qui vise à accroître l’utilisation de l’industrie a contribué en 2017 à la
une politique très structurée de soutien d’intrants locaux au moyen d’une création de l’Association des fabricants
à l’industrie. Pendant de nombreuses exigence de contenu local de 100 % de vêtements du Ghana afin de mieux
années, son gouvernement a offert aux dans la fabrication, et à gérer l’afflux de coordonner les efforts visant à stimuler
investisseurs des incitations fiscales et vêtements bon marché d’origine étrangère le secteur.

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 27
créateurs issus du programme Designer
Encadré 6 • F ashionomics, une initative de la Banque africaine Accelerator de l’EFI ont ainsi pu présenter
de développement leur travail lors d’un défilé exceptionnel à
Fashionomics est une initiative développée en 2015 par la Banque africaine de la semaine de la mode de Paris. Parmi eux,
développement (BAD), sous l’égide du département Genre, femmes et société civile Lukhanyo Mdingi, lauréat du Prix Karl
de la Banque, en reconnaissance du potentiel considérable de la mode en termes de Lagerfeld 2021, a été récompensé pour
croissance économique et de possibilités d’emploi, en particulier pour les femmes et la qualité exceptionnelle de son travail
les jeunes. Fashionomics fonctionne comme une plateforme numérique fournissant et son engagement à collaborer avec
des informations concrètes et pratiques ainsi que des formations aux entreprises de les artisans locaux.
mode. Elle offre aux entrepreneurs de mode un accès gratuit à des webinaires et à Les acteurs non gouvernementaux
des podcasts ainsi qu’à de nombreuses master classes en ligne et physiques sur tous apportent également une aide de
les sujets intéressant le secteur, tels que la mode éthique, la durabilité et la circularité, plus en plus active au développement
la fabrication de bijoux, les compétences numériques pour la mode, le commerce d’environnements favorables au secteur
international, la logistique et le commerce électronique. Son programme d’incubateur de la mode africaine. Des organisations
et d’accélérateur de mode fournit un soutien plus personnalisé pour aider les
non gouvernementales créent des hubs,
entrepreneurs de mode émergents à passer au niveau supérieur. L’initiative organise
des incubateurs, des accélérateurs et
aussi régulièrement des concours pour les marques naissantes engagées dans la mode
autres espaces porteurs où ils fournissent
durable sur le continent africain, en offrant un financement de démarrage destiné à
des matériels, des compétences et des
aider les gagnants à augmenter leur capacité de production et leur visibilité.
possibilités de réseautage aux stylistes et
aux créateurs émergents. En République-
Unie de Tanzanie, la Fashion Incubator
Le gouvernement s’emploie également signe d’un soutien institutionnel au and Accelerator Initiative de Culture and
à attirer les investisseurs étrangers dans développement du secteur de la mode, Development East Africa (CDEA) fournit
le secteur local afin de développer la avec pour objectif d’exploiter son un soutien technique et commercial aux
fabrication à ce niveau et de soutenir potentiel de forte croissance pour la créateurs de mode et d’accessoires69.
le marché intérieur66. De même, création d’emplois, et de favoriser la Au Cameroun, l’African Fashion Project
la stratégie de développement du création de chaînes de valeur de la mode (AFP) est un incubateur qui s’adresse
Gouvernement kenyan, Kenya Vision circulaires, durables et numériques. Ce aux personnes intéressées par la création
2030, identifie le secteur du textile programme mobilise les partenaires des de mode, aux artisans et aux petites et
et de l’habillement comme un moteur secteurs privé et public pour créer un moyennes entreprises (PME) créatives, leur
essentiel de l’industrialisation du pays. environnement commercial favorable, fournissant des machines, des ressources
La stratégie kenyane se concentre sur propice à attirer les investissements, et et des connaissances dans le domaine
l’exploitation des opportunités offertes par pour améliorer l’accès des entreprises de la mode70. Au Rwanda, CollectiveRW
l’AGOA, et la stratégie et le plan d’action de mode à l’information commerciale et accueille de nombreux créateurs de
nationaux de la loi sur la croissance et aux ressources de formation, en mettant la sphère de la mode rwandaise dans
les opportunités en Afrique 2018-2023 l’accent, notamment, sur le soutien aux le but de renforcer les communautés
sont considérés comme la pierre angulaire femmes entrepreneures67. Au niveau locales et d’améliorer leur niveau de vie.
de l’action gouvernementale dans ce international, l’Agence des États-Unis Organisateur de la Semaine de la mode
domaine. Par ailleurs, le Conseil de la pour le développement international du Rwanda, il s’associe à The Nest
mode du Kenya (KFCO) bénéficie du (USAID) a lancé en 2002 le projet Trade Collective et au programme sur les arts
soutien du gouvernement. Au Nigéria, la for African Development and Enterprise d’Afrique de l’Est du British Council
Banque centrale a lancé une initiative de (TRADE). TRADE a mis en place les trois pour l’organisation régulière de boutiques
financement des industries créatives, dont pôles commerciaux africains dans les éphémères, d’expositions et d’ateliers
la mode est l’un des quatre secteurs cibles, régions australe, de l'Est et de l'Ouest du dans l’ensemble de la région. Au Sénégal,
et offre des prêts à long terme et à faible continent. Ces plateformes soutiennent la l’école de codage mJangale a conçu des
mise en œuvre de la loi sur la croissance et programmes spécialisés dans l’application
taux d’intérêt aux entrepreneurs créatifs.
les opportunités économiques en Afrique de diverses technologies au domaine
Ces efforts des gouvernements pour (AGOA), et le secteur de l’habillement de la mode (Arduino, impression 3D,
soutenir la croissance du secteur de est un de leurs principaux domaines etc.), à l’intention des créateurs de mode
la mode sont complétés par plusieurs d’intervention68. Plusieurs initiatives et des tailleurs. Ces projets, qui visent
initiatives financées au niveau internationales visent notamment généralement à agir au niveau local, au
international. Au niveau panafricain, à encourager les jeunes talents et à plus près des communautés, contribuent
Fashionomics Africa, une initiative de promouvoir la durabilité. L’Ethical Fashion à favoriser des environnements de
la Banque africaine de développement Initiative (EFI), par exemple, aide les collaboration, à stimuler l’innovation et
(BAD) et l’une des initiatives publiques jeunes marques africaines à se développer à susciter de nouvelles synergies au sein
les plus importantes à ce jour, est le à l’échelle internationale. En 2022, neuf du secteur.

28 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


© Lukasz Janyst / Shutterstock.com*

Le Dakar Design Hub, également au Sénégal,


est un espace multidisciplinaire innovant Encadré 7 • L’Ethical Fashion Initiative
qui offre des formations professionnelles, (« Initiative pour une mode éthique », EFI)71
dont un programme d'entrepreneuriat
dans la mode d'une durée de trois mois, L’Ethical Fashion Initiative (EFI) est un partenariat public-privé entre le Centre du
ainsi que des services de design pour commerce international (un organisme conjoint des Nations Unies et de l’Organisation
encourager la professionnalisation de mondiale du commerce), un groupe d’entreprises sociales et plusieurs partenaires
l'industrie. Depuis l’attention politique industriels. Fondée en 2009, l’EFI intervient à l’intersection du développement
accrue des gouvernements nationaux international, des industries créatives et du secteur de la mode et du style de vie, en
et locaux jusqu’à la création de hubs proposant des services, des produits et des projets de développement durable. L’EFI
et d’incubateurs, en passant par les préside actuellement l’Alliance des Nations Unies pour la mode durable, une initiative
programmes de soutien des ONG et des d’institutions des Nations Unies et d’organisations alliées visant à contribuer à la
OING, un large éventail d’acteurs clés sont réalisation des objectifs de développement durable par une action coordonnée dans
désormais sensibilisés au potentiel du secteur le secteur de la mode. L’Initiative soutient divers projets à travers l’Afrique, notamment
de la mode africaine, et se mobilisent pour au Mali, où elle s’associe aux producteurs du textile traditionnel malien dalifini (ngaga
lui procurer un environnement propice à et saran) et aux bijoutiers touaregs, et en Côte d’Ivoire, où elle travaille avec les
son épanouissement. À travers diverses communautés locales dans les zones rurales pour soutenir le tissage du pagne baoulé
initiatives, ils apportent un soutien financier, traditionnel et créer de nouvelles sources de revenus pour les artisans.
développent les infrastructures, contribuent L’EFI a également lancé son initiative phare Designer Accelerator, un programme de
à l’amélioration des compétences, facilitent deux ans qui vise à soutenir et à encourager des créateurs africains talentueux, et à
l’accès aux marchés et procurent des les aider à développer leurs marques pour se positionner de manière plus compétitive
opportunités d’exposition internationale. sur le marché international. Outre une aide financière, l’accélérateur offre également
Ils contribuent également à encourager les aux créateurs et marques naissants des possibilités de formation, des programmes
pratiques durables et éthiques, ainsi que de mentorat avec des experts du secteur et des bourses, en couvrant tous les aspects
la sauvegarde des pratiques patrimoniales, de la gestion de marque, de l’accès aux chaînes d’approvisionnement durables et de
favorisant la croissance et renforçant la prévision des tendances à la création d’une image de marque et à la mise sur le
l’influence mondiale de l’industrie de la marché des collections.
mode en Afrique.

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 29
NOTES https://unctad.org/news/unlocking-hidden-value-cotton-
products-african-least-developed-countries.
35. Odogwu-Atkinson, Benita. « Why the V&A’s New Africa
Fashion Exhibition Is Important – and Long Overdue ». The
1. Omolo, J.O. « The Textile and Clothing Industry in Kenya». Conversation, 8 juillet 2022, http://theconversation.com/
18. « Organic Cotton Market Report 2021 ». Textile
In The Future of Textiles and Clothing Industry Sub-Saharan why-the-vandas-new-africa-fashion-exhibition-is-important-
Exchange, 2021. https://textileexchange.org/app/
Africa, dirigé par Herbert Jauch et Rudolf Traub-Merz, and-long-overdue-186514.
uploads/2021/07/Textile-Exchange_Organic-Cotton-
Frederich-Ebert-Stiftung. Bonn, 2006, p.147 à 164.
Market-Report_2021.pdf. 36. Ndeche, Chidirim. « Chimamanda Adichie Explains Why
2. Muhammad, Murtala et al. « Nigerian Textile Industry: She Only Wears Nigerian Brands ». The Guardian Nigeria,
19. Comité consultatif international du coton (ICAC). « ICAC
Evidence of Policy Neglect ». SARJANA, vol. 33, n° 1, 2018, 15 novembre 2017, https://guardian.ng/life/life-features/
Data Dashboard », https://icac.shinyapps.io/ICAC_Open_
p. 40 à 56. chimamanda-adichie-explains-why-she-only-wears-nigerian-
Data_Dashboaard/#. Consulté en juillet 2022.
3. Clarence-Smith, William G. « The Textile Industry of brands/.
20. Centre du commerce international (ITC). « Trade Map
Eastern Africa in the Longue Durée ». Africa’s Development 37. Karim, Nabeela. « How Decolonised African Fashion
database ». ITC, https://www.trademap.org/.
in Historical Perspective, dir. Emmanuel Akyeampong et al., Is Inhabiting the V&A Museum ». Twyg, 24 août 2022,
Cambridge University Press, 2014, p. 264 à 294. https:// 21. États Unis d’Amérique, Départment d’agriculture https://twyg.co.za/how-decolonised-african-fashion-is-
doi.org/10.1017/CBO9781139644594.011. (USDA). « Ethiopia Cotton Production Annual ». inhabiting-the-va-museum/.
Global Agricultural Information Network, mai 2019.
4. Kamara, Yarri B. « Why Nigerian Agbada Fabric Is (Often) 38. Henley & Partners. « Africa Wealth Report 2023 ». H&P,
https://apps.fas.usda.gov/newgainapi/api/report/
Imported, While Indian Sari Fabric Is Local: A Comparative 2023.
downloadreportbyfilename?filename=Ethiopia Cotton
History of Textile Manufacturing ». Africa Development, vol.
Production Annual_Addis Ababa_Ethiopia_5-29-2019.pdf. 39. Jennings, Helen. New Africa Fashion. Prestel, 2011.
48, n° 1, 2023, https://doi.org/10.57054/ad.v48i1.3031.
22. Les réponses pour l’Afrique de l’Ouest indiquent une 40. Jennings, Helen. « Meet the Change-Makers Putting
5. Tranberg Hansen, Karen. « Helping or Hindering?:
fréquence significativement plus élevée des wax, du bazin African Fashion Education into Focus ». Industrie Africa,
Controversies around the International Second-Hand
et de la dentelle africaine par rapport aux autres régions 16 juillet 2021, https://industrieafrica.com/blogs/imprint/
clothing Trade ». Anthropology Today, vol. 20, n° 4, 2004, p.
africaines. report-business-of-african-fashion-industry-education-building-
3 à 9, www.jstor.org/stable/3694995.
23. Barangenza, Laurent. « La diplomatie économique figure the-academic-curriculum-design-production-training-support.
6. Jennings, Helen. New Africa Fashion. Prestel, 2011.
parmi les priorités du Gouvernement du Burundi ». Radio- 41. Holognon, Alexandrine. « Afrique Avenir : Sébastien
7. Svejenova, Silviya et al. « Cooking up change in haute Télévision nationale du Burundi, 29 juin 2021, https://rtnb. Bazemo, le designer qui réinvente le Koko Dunda ». BBC
cuisine: Ferran Adrià as an institutional entrepreneur ». bi/fr/art.php?idapi=5/1/209. News Afrique, 22 octobre 2021, https://www.bbc.com/
Journal of Organizational Behavior, vol. 28, n° 5, 2007,
24. Nadjindo, Alex et al. « La Nstt ouvre sa boutique à afrique/59012114. Entretien.
p. 539 à 561, https://doi.org/10.1002/job.461.
N’Djaména ». N’djamena Hebdo, 14 juillet 2021, https:// 42. Matsinde, Tapiwa. « Fashion : José Hendo Bark
8. « Deola Sagoe: Leading lady of African fashion ». ndjamenahebdo.net/la-nstt-ouvre-sa-boutique-a-ndjamena/. Cloth Fashion Collection ». Atelier 55 – The Curator of
Lionesses of Africa, http://www.lionessesofafrica.com/
25. Nations Unies, « Population 2030: Demographic Contemporary African Design, 5 avril 2012, http://www.
lioness-deola-sagoe.
Challenges and Opportunities for Sustainable Development atelier55design.com/fashion-uganda-jose-hendo-bark-cloth-
9. African Women Experts (AWE). « Sally Karago, the ace of Planning ». 2015, www.un.org/en/development/desa/ fashion-collection/.
Kenyan fashion ». AWE, http://africawomenexperts.com/ population/publications/pdf/trends/Population2030.pdf.
lng/en/2020/07/sally-karago-the-ace-of-kenyan-fashion/. 43. « Bobby Kolade’s Use of Bark Cloth Is Changing the Face
26. Nations Unies, Département des affaires économiques of Fashion ». SatisFashion Uganda, 26 août 2014,
10. Konadu-Agyemang, Kwadwo. « The Best of Times and et sociales, Division de la population. « World Population https://satisfashionug.com/bobby-kolades-use-of-bark-cloth-
the Worst of Times: Structural Adjustment Programs and Prospects 2022 ». 2022, http://www.un.org/ is-changing-the-face-of-fashion/.
Uneven Development in Africa – The Case of Ghana ». The development/desa/pd/sites/www.un.org.development.
Professional Geographer, vol. 52, n° 3, 2004, p. 469 à 483, 44. « An Ode to the Originals is the Apt Title of the Latest
desa.pd/files/wpp2022_summary_of_results.pdf.
https://doi.org/10.1111/0033-0124.00239. Collection by House of Divinity ». Botswana Gazette. 2 nov.
27. Ncube, Mthuli et al. « The Middle of the Pyramid: 2020, http://www.thegazette.news/lifestyle/an-ode-to-
11. Farber, Leora. « Africanising hybridity? Toward an Dynamics of the Middle Class in Africa ». African the-originals-is-the-apt-title-of-the-latest-collection-by-house-of-
Afropolitan aesthetic in contemporary South African fashion Development Bank Market Brief, 20 avril 2011, http:// divinity/.
design ». Critical Arts, vol. 24, n° 1, 2010, p. 128 à 167, www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/
https://doi.org/10.1080/02560040903509234. Publications/The Middle of the Pyramid_The Middle of the 45. Sharma, Karina. « Meet the African Fine Jewelry
Pyramid.pdf. Designer Bringing ‘Soul, Style, Sustainability, Substance’ to
12. Banque africaine de développement (BAD). « Report the Industry ». Vogue Arabia, 24 décembre 2019, https://
on the Feasibility Study for the Development of the Online 28. Signé, Landry. « Capturing Africa’s high returns ». en.vogue.me/fashion/fine-jewelry/vanleles-jewelry-
Fashionomics Platform ». Groupe de la Banque africaine de Brookings Institution, 14 mars 2018, https://www. interview/.
développement, 2019, www.afdb.org/fileadmin/uploads/ brookings.edu/articles/capturing-africas-high-returns/.
afdb/Documents/Generic-Documents/Final_Report_ 46. Torvaney, James. « Made-in-Ghana Watch Brand: How the
AFDB_Fashionomics_-Investing_in_the_African_Creative_ 29. Banque africaine de développement (BAD). « Report Founder of Caveman Watches Built His Business ». How we
Industries_for_the_Continent_s_Inclusive_Growth.pdf. on the Feasibility Study for the Development of the Online made it in Africa, 23 juin 2021, www.howwemadeitinafrica.
Fashionomics Platform ». Groupe de la Banque africaine de com/made-in-ghana-watch-brand-how-the-founder-of-
13. Yamama, Sara. « Fast Fashion in Africa ». Infomineo, développement, 2019, www.afdb.org/fileadmin/uploads/ caveman-watches-built-his-business/118711/.
15 février 2021, https://infomineo.com/consumer-goods- afdb/Documents/Generic-Documents/Final_Report_
retail/fast-fashion-in-africa/. AFDB_Fashionomics_-_Investing_in_the_African_Creative_ 47. « Ngaye-Mékhé : L’état invité à prendre des mesures
14. England, Lauren et al. « Africa Fashion futures: Creative Industries_for_the_Continent_s_Inclusive_Growth.pdf. fortes au profit de l’industrie du cuir ». Fédération atlantique
economies, global networks and local development ». des agences de presse africaines, 24 janvier 2023, http://
30. « Pink Ubuntu ». Asantii, http://www.asantii.com/ www.faapa.info/blog/ngaye-mekhe-letat-invite-a-prendre-
Geography Compass, vol. 15, n° 9, 2021, https://doi. pages/pink-ubuntu.
org/10.1111/gec3.12589. des-mesures-fortes-au-profit-de-lindustrie-du-cuir.
31. « Industries textiles et habillement ». Portail de l’industrie 48. Goethe-Institut Senegal. « OE Magazine – Édition
15. Comité consultatif international du coton (ICAC). « ICAC tunisienne, juillet 2023, http://www.tunisieindustrie.nat.
Data Dashboard ». https://icac.shinyapps.io/ICAC_Open_ spéciale Mode Senegal ». Goethe Institut, 2021, https://
tn/fr/zoom.asp?action=list&idsect=02. www.goethe.de/resources/files/pdf197/_mode_senegal1.
Data_Dashboaard/#.
32. Kenya, Bureau national des statistiques. Economic pdf?fbclid=IwAR1LtLMKO8fbpHhzOfsGQbAjgkX5TUT_
16. Bénin, Institut national de la statistique et de l’analyse Survey 2022. KNBStats, 2022, http://www.knbs.or.ke/wp- c6wXkBpyDZJMW6ezga__PbkUSac.
économique (INSAE-Bénin). Monographie de la filière coton
content/uploads/2022/05/2022-Economic-Survey1.pdf. 49. « African ECommerce User Growth Beats Asia ».
au Bénin. Ministère du plan et du développement du Bénin,
2020, https://instad.bj/ 33. Banque mondiale. « Featured speaker: Nora Bannerman- ecommerceDB, 7 février 2022, https://ecommercedb.com/
images/docs/insae-publications/autres/DT/ Abbot ». World Bank Live, 23 mai 2018, https://live. insights/african-ecommerce-user-growth-beats-asia/3488.
MonographieFiliereCotonauBenin_20201025_Finale.pdf. worldbank.org/experts/nora-bannerman-abbot.
50. Songwe, Vera. « The Role of Digitalization in the Decade
17. Meliado, Fabrizio et al. « Unlocking the Hidden 34. « Exploitation or emancipation? Women workers in the of Action for Africa ». Conférence des Nations Unies sur le
Value of Cotton By-Products in African Least Developed garment industry ». Fashion Revolution, 2015, http://www. commerce et le développement (CNUCED), 7 septembre
Countries ». Conférence des Nations Unies sur le commerce fashionrevolution.org/exploitation-or-emancipation-women- 2020, https://unctad.org/news/role-digitalization-decade-
et le développement (CNUCED), octobre 2019, workers-in-the-garment-industry/. action-africa.

30 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


51. Jackson, Tom. « Egyptian Fashion Rental Startup La 66. Oxford Business Group. « Industry and Retail ». The
Reina Banks Six-Figure Funding ». Disrupt Africa, 1er octobre Report: Ghana 2019, 2019, https://oxfordbusinessgroup.
2020, https://disrupt-africa.com/2020/10/01/egyptian- com/reports/ghana/2019-report.
fashion-rental-startup-la-reina-banks-six-figure-funding/. 67. Banque africaine de développement (BAD). « Report
52. Tchounyabe, Ruben. « Dabchy, premier réseau social de on the Feasibility Study for the Development of the Online
mode féminine et place de marché numérique en Tunisie ». Fashionomics Platform ». Groupe de la Banque africaine de
We are tech Africa, 7 février 2022, https://www.wearetech. développement, 2019, www.afdb.org/fileadmin/uploads/
africa/fr/fils/solutions/dabchy-premier-reseau-social-de- afdb/Documents/Generic-Documents/Final_Report_
mode-feminine-et-place-de-marche-numerique-en-tunisie. AFDB_Fashionomics_-_Investing_in_the_African_Creative_
Industries_for_the_Continent_s_Inclusive_Growth.pdf.
53. GSMA Mobile Money Programme. The State of the
68. États-Unis d’Amérique, Agence pour le développement
Industry Report on Mobile Money 2023. Global Systems for
international (USAID). « African Apparel Sector: Stitching
Mobile Communication Association, 2023,
Africa into the Global Value Chain ». USAID Africa Bureau
https://www.gsma.com/sotir/#download.
Office of Sustainable Development, 2014,
54. Whitfield, Lindsay. « Current Capabilities and Future https://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PA00TCSV.pdf.
Potential of African Textile & Apparel Value Chains: Focus on 69. Culture and Development East Africa. « Fashion
West Africa ». Centre for Business and Development Studies, E-Learning Portal ». CDEA, 2023, https://www.cdea.or.tz/.
CBDS Working Paper No. 2022/3, 2022,
https://research-api.cbs.dk/ws/portalfiles/ 70. Chambre africaine de commerce et d’industrie. « FICOTA
portal/86202740/lindsay_whitfield_CBDS_Working_ African Fashion Project. » African Chamber of Trade and
Paper_Series_2022_3.pdf. Commerce Program for the Transformation of Cotton in
Africa, 2021, http://www.ficota.org/afp.
55. Kagina, Alice. « Five Things to Know as AfCFTA Bans Trade
71. Ethical Fashion Initiative. ITC Ethical Fashion Initiative,
on Second-Hand Clothes , The New Times, 7 juin 2023,
2023, https://ethicalfashioninitiative.org/.
www.newtimes.co.rw/article/8084/news/africa/five-things-
to-know-as-afcfta-bans-trade-on-second-hand-clothes.
56. Christensen, Lau and Robinson, Alex. « The Potential
Global Economic Impact of the Metaverse ». Analysis
Group (AG), 2022, https://www.analysisgroup.com/
globalassets/insights/publishing/2022-the-potential-
global-economic-impact-of-the-metaverse.pdf.
57. Jackson, Tom. « Ivory Coast-Based e-Commerce Startup
Afrikrea Raises $6.2m Pre-Series A Round, Rebrands ».
Disrupt Africa, 11 janvier 022, https://disrupt-africa.
com/2022/01/11/ivory-coast-based-e-commerce-startup-
afrikrea-raises-6-2m-pre-series-a-round-rebrands/.
58. Paracha, Zubair Naeem. « Egypt’s Brantu Raises
Seven-Figure Series A for its Fashion Ecommerce Platform ».
MENAbytes, 1er novembre 2020,
www.menabytes.com/brantu-series-a/.
59. Brantu. « About Us: Brantu World ». Brantu, 2023,
http://www.brantu.world/.
60. Compaoré, Erwan. « Burkina : Bientôt les costumes des
agents judiciaires seront en faso dan fani ». LeFaso.net,
15 juin 2023, https://lefaso.net/spip.php?article122219.
Consulté le 23 juin 2023.
61. Afrique du Sud, Département du commerce, de
l’industrie et de la concurrence. « Clothing and Textile
Competitiveness Programme (CTCP) ». DTIC,
https://www.ctflgp.co.za/.
62. Moroccan Denim and Fashion Cluster. « Le cluster de la
mode au Maroc ». 2023, https://mdfc.ma/.
63. Benabdellah, Yahya. « Dayem Morocco, la vision de
I’AMITH pour redonner au textile sa place internationale »
Medias 24, 1er décembre 2021, https://medias24.
com/2021/12/01/dayem-morocco-la-vision-de-lamith-pour-
redonner-au-textile-sa-place-internationale/.
64. Oxford Business Group. « Tunisia’s government turns
to the textiles sector to boost rural employment and drive
economic change ». 2019, https://oxfordbusinessgroup.
com/reports/tunisia/2019-report/economy/trend-
patterns-growth-opportunities-exist-for-textiles-in-diversified-
source-markets-sustainable-fashion-and-innovative-fabrics.
65. Banque africaine de développement (BAD). « Building
Africa’s Manufacturing Strength in the Textile and Clothing
Sector ». Groupe de la Banque africaine de développement,
31 janvier 2019, https://blogs.afdb.org/industrialisation-
and-trade-corner/post/building-africas-manufacturing-
strength-in-the-textile-and-clothing-sector-18953.

Chapitre 1 • Aperçu des principales tendances qui façonnent le secteur de la mode en Afrique 31
© Taibobacar
2
Défis
transversaux
entravant
la croissance
du secteur
de la mode
en Afrique
En dépit de l’énorme potentiel du secteur Dans le cadre du présent rapport, cinq
de la mode sur le continent africain et de ces obstacles structurels majeurs sont UNE MOSAÏQUE DE
des progrès remarquables réalisés ces examinés, à savoir : POLITIQUES ET MESURES
dernières années, comme souligné au
précédent chapitre, de nombreux défis ¡ la mosaïque de politiques de soutien À TRAVERS LE CONTINENT
actuellement en place dans la plupart
transversaux freinent la capacité du
des pays ; Malgré l’intérêt croissant des
secteur de tirer parti de ses avantages
gouvernements africains, des institutions
comparatifs existants. ¡ la mise en œuvre insuffisante des financières et des organisations non
droits de propriété intellectuelle dans
Les parties prenantes de l’industrie gouvernementales pour le secteur de la
le secteur de la mode ;
interrogées dans le cadre du présent mode, comme illustré dans le chapitre
rapport ont identifié les principaux ¡ les lacunes dans l’éducation et la précédent, l’ensemble des politiques et
problèmes entravant leur activité, et formation aux métiers de la mode ; mesures actuellement mises en œuvre
plus généralement le développement du sur le continent comportent encore
secteur de la mode en Afrique. La grande ¡ le manque d’investissements structurés des lacunes importantes. Au niveau
et d’infrastructures ;
majorité d’entre eux ont cité le manque national, il est courant que les différents
d’investissements publics et privés ¡ les défis spécifiques du marché et les maillons de la chaîne de valeur du
comme le défi le plus important auquel préoccupations environnementales. secteur soient sous la responsabilité de
le secteur est actuellement confronté, Ces grands obstacles affectent tout différents ministères qui ne travaillent
suivi par le manque de possibilités l’écosystème de la mode et représentent généralement pas ensemble. En effet,
d’éducation formelle et le coût et la chacun un domaine clé pour une la croissance de certains segments
disponibilité des textiles locaux (figure 2). intervention politique ciblée. Ils reflètent du secteur de la mode, en particulier
Ces préoccupations sont les symptômes le large éventail de défis quotidiens le textile et l’habillement, nécessite
de failles systémiques plus larges ou de auxquels sont confrontés les parties une industrialisation, ce qui implique
barrières structurelles qui entravent le prenantes du secteur sur le terrain, la création d’usines, la mécanisation,
secteur de la mode en Afrique, auxquelles présentés dans la figure 2. l’emploi de masse sur un seul site
il convient de s’attaquer pour permettre de production et la promotion du
au secteur d’atteindre son plein potentiel. commerce transfrontalier.

Figure 2
Perception par les professionnels de la mode en Afrique des principales contraintes au développement
du secteur de la mode au niveau national

Manque d’investissements publics et privés 59 %


Manque de possibilités d’éducation formelle 49 %
Coût et disponibilité des textiles locaux 45 %
Manque d’infrastructures appropriées 44 %
Coût des textiles importés 38 %
Manque de compétences – production textile 35 %
Habitudes et pouvoir d’achat des consommateurs au niveau national 32 %
Prédominance des vêtements de seconde main 27 %
Manque de compétences – production de vêtements 24 %
Absence de cadres juridiques, fiscaux ou réglementaires adéquats 23 %
Coût et disponibilité des apports en mercerie 21 %
Qualité des textiles locaux 20 %
Moyens logistiques pour l’exportation 18 %
Fuite des cerveaux (créateurs partis à l’étranger) 17 %
Forte prévalence de l’emploi informel 8%
Préoccupations environnementales 8% 70%

34 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Ces activités sont souvent du ressort l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Est, politiques existantes, qui résulte souvent
des ministères en charge de l’industrie ainsi que dans les pays où la mode relève d’un manque de ressources ou de
et du commerce, comme c’est le cas, en grande partie de l’économie informelle. coordination entre les différentes agences
par exemple, en Égypte, au Kenya, à gouvernementales, nuit à leur efficacité et
Même lorsque des organismes
Madagascar, au Maroc, à Maurice et peut créer un environnement commercial
spécifiques sont créés ou financés par
en Tunisie. Les ministères en charge incertain pour les entrepreneurs du
les gouvernements pour soutenir le
de la culture dans des pays comme le secteur de la mode, dissuadant en fin
secteur de la mode au niveau national,
Botswana, le Cabo Verde, l’Éthiopie, la de compte les investissements locaux et
comme c’est le cas du Conseil de la mode
Namibie et les Seychelles ont tendance étrangers, et entravant la croissance. Ainsi,
d’Afrique du Sud, qui est financé par le
à intervenir principalement dans les la Côte d’Ivoire avait élaboré une stratégie
Ministère du commerce et de l’industrie,
domaines du secteur de la mode qui pour le développement de son industrie
leur capacité à concevoir et à mettre en
sont liés au patrimoine et à la création, textile en 2012, mais les discussions
œuvre des politiques pour l’ensemble
mais pas dans les autres composantes de de l’écosystème reste souvent limitée. concrètes sur sa mise en œuvre n’ont
l’écosystème. En outre, le manque de cohérence dans commencé qu’en 2021, soit 10 ans
Cette fragmentation du secteur entre l’application et la mise en œuvre des plus tard.
différents portefeuilles ministériels conduit
souvent à l’élaboration de politiques qui
sont, au mieux, non coordonnées, et, Encadré 8 • Les conseils de la mode en Afrique
dans le pire des cas, contradictoires. Si
Des conseils nationaux de la mode ont été créés dans plusieurs pays et villes du continent
les accords commerciaux internationaux
africain, notamment en Afrique du Sud, en Égypte, au Kenya, en Namibie et au Nigéria.
négociés ont amélioré l’accès au marché
Il s’agit en général de groupes spécialisés multipartites à but non lucratif, dirigés par
pour des produits africains comme le coton la société civile ou des acteurs de l’industrie, qui visent à influencer le développement
brut, ils ont également ouvert la porte à de politiques en faveur de l’industrie de la mode, à contribuer à l’établissement de
l’importation de textiles et de vêtements partenariats nationaux et internationaux et à stimuler l’apprentissage par les pairs et
(neufs et d’occasion) bon marché, qui l’échange de connaissances. Ils proposent des master classes, organisent des expositions
inondent les marchés du textile et de ou des événements, fournissent des conseils commerciaux et juridiques et créent des
l’habillement dans plusieurs pays d’Afrique opportunités de mise en réseau pour leurs membres. Bien que certains soient financés
et étouffent la production domestique. En par l’État, il s’agit généralement d’organismes totalement indépendants. Parce qu’ils
outre, les efforts gouvernementaux visant ont une vue d’ensemble de l’industrie de la mode au niveau national, ces conseils
à stimuler les segments de l’écosystème de la mode peuvent jouer le rôle d’organes consultatifs auprès des ministères et des
qui génèrent beaucoup d’emplois mais organismes publics travaillant au développement du secteur.
ajoutent peu de valeur aux produits
finaux, tels que la coupe, l’assemblage
et la finition, conduisent souvent à la
marginalisation des segments culturels et
créatifs de la chaîne de valeur (conception,
marketing, branding), qui présentent le
plus grand potentiel pour la création
de valeur durable1. Pourtant, en raison
du degré élevé d’interdépendance entre
les différentes étapes de la chaîne de
valeur de la mode, il est impossible de
comprendre et de relever les défis auxquels
sont confrontés les stylistes et les créateurs
© odAOMO — Dr.Sophia Omoro / Quentin Alexander

de mode africains si l’on ne considère pas


l’ensemble de l’écosystème d’une manière
holistique et intégrée. Un autre obstacle
à l’élaboration de politiques fondées sur
des données probantes est le manque
de données et de statistiques solides sur
le secteur de la mode en Afrique. Si ce
manque est présent sur l’ensemble du
continent, il est particulièrement prononcé
dans certaines zones géographiques,
notamment dans de grandes parties de

Chapitre 2 • Défis transversaux entravant la croissance du secteur de la mode en Afrique 35


À l’heure actuelle, la plupart des pays sans aucune compensation financière
africains ne disposent pas de politiques LA PROPRIÉTÉ ou reconnaissance. La dépendance
ou de stratégies globales pour guider le INTELLECTUELLE DANS croissante du secteur de la mode à
développement du secteur de la mode. LES CHAÎNES DE VALEUR l’égard des technologies numériques et
Dans les pays où celui-ci relève des l’apparition d’outils tels que l’intelligence
ministères chargés de la culture et non
DES SECTEURS DU TEXTILE artificielle générative posent de
du commerce, les données relatives au ET DE LA MODE nouveaux défis en matière de droits
PIB ne sont généralement pas collectées de propriété intellectuelle. Les dessins
de manière active, ce qui peut conduire De nombreux stylistes africains ont du et modèles peuvent être partagés et
d’autres organismes publics à négliger ce mal à protéger leurs créations en tant que diffusés très rapidement, notamment par
secteur. Des données fiables et ventilées biens créatifs, comme le sont les œuvres l’intermédiaire des réseaux sociaux, et les
par sexe sur le travail dans le secteur musicales ou littéraires. Le problème créateurs peuvent facilement perdre le
font également défaut, en particulier est double : tout d’abord, de nombreux contrôle de leur bien immatériel le plus
dans les contextes où l’économie organismes nationaux de propriété précieux : leur vision créative.
informelle occupe une place importante. intellectuelle sont confrontés à des défis
Il est donc nécessaire de soutenir la liés à des capacités de mise en œuvre Deux organismes de propriété intellectuelle
collecte de données et la recherche limitées. Par ailleurs, les jeunes créateurs existent au niveau continental :
par un renforcement des capacités de mode qui manquent de formation l’Organisation régionale africaine de
des départements gouvernementaux formelle ou de soutien administratif font la propriété intellectuelle (ARIPO) et
concernés, d’investir dans des recherches souvent face à d’immenses difficultés l’Organisation africaine de la propriété
efficaces, des approches à base d’ordre logistique et financières pour intellectuelle (OAPI). L’ARIPO est une
d’indicateurs et des outils d’analyse faire enregistrer un dessin, un nom, organisation intergouvernementale
statistique, et de faciliter la diffusion un brevet ou une marque. Il en résulte qui facilite la coopération entre les
des données et le partage des bonnes que de nombreux créateurs voient leur États membres en matière de propriété
pratiques à travers le continent. travail réutilisé, copié ou contrefait intellectuelle, dans le but de mobiliser des
ressources financières et humaines et de
rechercher des avancées technologiques
pour le développement économique, social,
technologique, scientifique et industriel.
L’OAPI, qui regroupe la majorité des pays
africains francophones, a été créée en
1977 par l’Accord de Bangui dans le but
de favoriser la coopération entre les États
membres et le partage d’objectifs communs
en matière de propriété intellectuelle.
Bien que ces deux organismes jouent un
rôle crucial dans l’harmonisation et la
facilitation de la protection de la propriété
intellectuelle dans plusieurs pays, ils sont
© Sunny Dolat and Bubu Ogisi – collection IAMISIGO AW20 / Maganga Mwagogo

confrontés à plusieurs défis qui ont une


incidence sur leur efficacité et leur capacité
à servir les États membres, notamment les
capacités de mise en œuvre inégales de
chaque État et le manque de coordination
avec les offices nationaux de la propriété
intellectuelle. Certains outils, tels que le
Protocole de Swakopmund de l’ARIPO sur
la protection des savoirs traditionnels et
des expressions du folklore, qui permet aux
États membres de protéger leurs savoirs
traditionnels et leurs expressions culturelles
et d’en tirer profit, peuvent être utilisés pour
lutter contre les problèmes d’appropriation
culturelle ou d’utilisation abusive, mais
n’ont pas encore été pleinement déployés
dans le secteur de la mode.

36 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Alors que le Protocole de la ZLECAf sur chapeaux de Saponé du Burkina Faso,
les droits de propriété intellectuelle, ou le tissu kenté-oké, un hybride de DES POSSIBILITÉS DE
adopté par l’Assemblée des chefs deux tissus royaux d’Afrique de l’Ouest : FORMATION ET D’ÉDUCATION
d’État et de gouvernement de l’Union le kenté du Ghana et l’aso-oké du INSUFFISANTES
africaine le 19 février 2023, devrait Nigéria. Le tissu baoulé de Côte d’Ivoire
permettre un enregistrement unique est également en passe d’obtenir la L’un des principaux obstacles à la
de la propriété intellectuelle pour protection de l’indication géographique.
croissance du secteur de la mode africaine
l’ensemble du continent, l’espace de la Un dossier similaire a récemment été
est l’insuffisance des opportunités de
propriété intellectuelle en Afrique reste présenté pour protéger les textiles
considérablement fragmenté, avec une formation et d’éducation actuellement
kenté du Ghana au moyen d’indicateurs
pléthore d’initiatives et d’instruments géographiques destinés à compléter disponibles sur le continent. La
aux niveaux régional et continental. Il la loi sur le droit d’auteur de 2005 (loi formation aux métiers de la mode
faudrait notamment mieux préciser le rôle 690), afin de résoudre le problème de en Afrique est diversifiée, allant de
et le mandat de l’Office de la propriété la production de textiles à l’étranger possibilités d’apprentissage informel aux
intellectuelle de la ZLECAf (article 31), par des tiers. Les chercheurs estiment programmes d’enseignement formels
ainsi que ses liens avec les organisations qu’entre 1994 et 2011, les exportations dans les domaines du stylisme, de la
régionales de propriété intellectuelle ghanéennes de kenté et d’autres textiles production textile, du marketing et de
existantes, l’ARIPO et l’OAPI. Il s’agit là traditionnels ont chuté de 30 %, passant l’entrepreneuriat. Certains pays, en
d’un obstacle majeur à la mise en œuvre de 179,7 millions de dollars des États- particulier ceux qui possèdent des hubs
du Protocole de la ZLECAf, qui pourrait Unis à 55,3 millions, notamment en et des industries de la mode dynamiques,
compromettre la capacité des créateurs raison de la production en masse de disposent d’écoles et d’instituts bien
de mode africains à tirer profit de leurs copies moins chères à l’étranger3. La établis qui dispensent un enseignement
créations dans le cadre d’une approche protection de ce textile permettrait de et une formation de grande qualité.
panafricaine, et donc la possibilité de reconnaître officiellement sa valeur en Ces établissements jouent un rôle
développer pleinement l’économie tant que bien culturel qui ne peut être essentiel dans la formation des talents
créative sur le continent2. produit qu’au point de rencontre d’un et la promotion de la créativité dans la
La question de l’authenticité et de lieu, d’une communauté et d’une tradition région. Selon une étude réalisée en 2021
l’appropriation est une préoccupation spécifiques. En Namibie, les bijoux ekipa par le Conseil pour l’enseignement
constante au niveau national, notamment en ivoire sont protégés par la Convention international de la mode africaine
face à l’expansion commerciale de sur le commerce international des
(Council for International African Fashion
certains imprimés, motifs ou techniques. espèces de faune et de flore sauvages
Education – CIAFE), il existe en Afrique
Sans une protection adéquate, les textiles menacées d’extinction et nécessitent un
plus de 500 centres de formation à la
traditionnels risquent d’être considérés permis d’exportation. Malgré des progrès
récents, de telles protections sont rares mode, publics et privés, les plus nombreux
comme des tissus africains génériques,
ce qui diluerait leur importance et peu répandues. Dans la plupart des se trouvant en Afrique de l’Ouest, suivi de
socioculturelle et historique et entraînerait cas, les textiles traditionnels, les formes l’Afrique australe. Bien que certains de ces
une perte de revenus potentiels pour les d’habillement ou les designs de mode établissements indiquent sur leurs sites
communautés dont ils sont issus. Les ne bénéficient d’aucune protection Internet qu’ils délivrent une attestation
textiles traditionnels sont notamment officielle de la propriété intellectuelle, de participation après la formation,
souvent copiés et produits à moindre coût ce qui entraîne des pertes de revenus il est impossible de vérifier s’il s’agit
à l’étranger, ce qui crée une concurrence importantes non seulement pour les d’attestations certifiées. D’autres écoles
déloyale et érode la part de marché des créateurs individuels, mais aussi pour des proposent des cours de licence et de
producteurs traditionnels. communautés entières. master, avec les diplômes correspondants4.
Plusieurs initiatives locales ont été lancées
ces dernières années pour protéger Encadré 9 • L’Initiative pour la propriété intellectuelle maasaï
officiellement les créations africaines de Les Maasaï du Kenya et de la République-Unie de Tanzanie sont parvenus à contrôler
l’exploitation et l’appropriation culturelles, l’utilisation de leurs produits culturels par les utilisateurs commerciaux grâce à
et pour s’assurer que les créateurs et les l’Initiative pour la propriété intellectuelle maasaï (MIPI). Le MIPI s’appuie sur une
artisans tirent pleinement profit de leur assemblée de doyens de la tribu formés aux questions de propriété intellectuelle, qui
travail. Ces initiatives vont de la création agit en tant qu’organe juridique et négocie avec les entreprises par l’intermédiaire d’un
d’entités juridiques spécifiques à la mise en agent de licence. Avant sa création, on estime que plus d’un millier d’entreprises dans
place de labels d’indication géographique. le monde utilisaient le tissu maasaï sans que la communauté n’en tire aucun bénéfice.
Il existe quelques exemples d’artisanats Désormais, le MIPI travaille avec des entreprises internationales pour générer des
d’art, de motifs traditionnels et de textiles revenus durables, qui sont réinvestis dans des projets qui soutiennent la réalisation des
objectifs de développement durable des Nations Unies pour les 3 millions de Kényans
africains qui sont protégés par des labels
et Tanzaniens appartenant à la tribu maasaï5.
d’indication géographique, comme les

Chapitre 2 • Défis transversaux entravant la croissance du secteur de la mode en Afrique 37


La présence de programmes de
Enseigner la mode en Afrique, ce n’est pas juste traiter des formation agréés est étroitement liée
au dynamisme du secteur de la mode
aspects pratiques comme la conception ou la réalisation de dans le pays : la plupart des pays ayant
vêtements. Il y a tellement d’éléments qu’il convient de mettre des semaines de la mode bien établies
disposent également de programmes
en avant, d’expliquer et d’explorer, parce que la mode en Afrique de formation agréés dans le domaine
de la mode. Rien qu’au Nigéria, il existe
est très différente de ce qu’elle est partout ailleurs, en Europe ou plus de 80 établissements proposant
en Amérique du Nord. des cours de stylisme, et un expert de
l’industrie en Afrique du Sud consulté
Frederica Brooksworth pour ce rapport estime qu’il existe 30
Directrice générale du CIAFE établissements d’enseignement post-
secondaire dispensant des formations
dans le domaine de la mode en Afrique
du Sud. Au Ghana, il existe plus de 100
centres de formation aux métiers de la
mode, mais seules huit écoles ont des
accréditations reconnues et clairement
indiquées sur leur site internet6. Le
manque de programmes de formation
dans les pays où le secteur de la mode est
moins développé crée un cercle vicieux, ce
qui nuit considérablement à sa croissance.
Cependant, même lorsqu’il existe des
programmes de formation aux métiers
de la mode, leurs cursus ne sont pas
nécessairement compétitifs au niveau
international. Le risque existe que
certaines techniques, en particulier dans
les écoles non accréditées qui ne sont
pas soumises à un contrôle, ne soient pas
adaptées aux besoins du secteur et ne
répondent pas aux normes de l’industrie.
En outre, la plupart des programmes
existants se concentrent principalement
sur les composantes créatives du stylisme,
négligeant d’autres domaines essentiels
tels que le contrôle de la qualité, la
technologie de la mode, le commerce
et l’entrepreneuriat, le droit commercial
et les droits d’auteur, qui sont essentiels
pour que les jeunes créateurs puissent
acquérir les connaissances nécessaires
pour protéger leurs créations et développer
leurs entreprises7. Ainsi, de jeunes
diplômés talentueux intègrent souvent le
secteur sans disposer des compétences et
© Taibobacar photographed by Luke Kitchin

des connaissances nécessaires pour réussir.


L’accès à l’éducation dans le secteur de
la mode en Afrique reste marqué par
un écart important entre les hommes
et les femmes. Pour remédier à ces
inégalités, des organisations telles que
la Fondation de la mode africaine
(Africa Fashion Foundation – AFF)

38 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


s’efforcent de combler cette exclusion artisanaux traditionnels tout en s’initiant
par le biais de programmes tels que à de nouvelles techniques et aux modèles LE MANQUE
Kayayei, qui travaille avec des jeunes contemporains. Traditionnellement, ces D’INVESTISSEMENTS
femmes issues de milieux défavorisés, MPME s’appuient fortement sur des
ou la bourse Roberta Annan, qui équipements de couture de base, ce qui
STRUCTURÉS ET
finance des études supérieures dans limite la capacité des tailleurs locaux à D’INFRASTRUCTURES
le domaine de la mode. En raison des développer leurs activités, ainsi que leur
difficultés d’accès à l’éducation, les pouvoir de négociation pour obtenir Selon les parties prenantes de l’industrie
femmes entrepreneures dans le secteur des prix plus élevés pour leur travail. En interrogées dans le cadre de la présente
du stylisme et de mode peuvent souffrir outre, bien que ces tailleurs puissent être étude, le manque d’investissements
d’un manque de compétences ou de très compétents dans le domaine de la publics et privés et le problème connexe
connaissances adéquates concernant, couture traditionnelle, nombre d’entre de l’insuffisance des infrastructures
par exemple, les réglementations eux ne sont pas suffisamment formés aux
figurent parmi les principaux défis qui
commerciales, les certificats et licences processus de finition des vêtements, tels
freinent le développement du secteur de
requis pour l’exportation et l’importation, que le traitement et plissage du tissu, ou
la mode.
ou les directives et les protocoles à suivre la finition des coutures, qui nécessitent
en matière de qualité, de normes et souvent des équipements spécialisés8. L’industrie de la mode nécessite
d’autorisations. Il s’agit là d’un défi majeur pour des capitaux importants, et des
Certaines lacunes ont été comblées l’expansion du marché, car la finition des investissements initiaux doivent être
par des espaces alternatifs, tels que vêtements est une étape cruciale pour réalisés pour favoriser le développement
des hubs, des incubateurs, ou des garantir que l’article fini puisse satisfaire des produits, le marketing et la
accélérateurs, qui offrent une formation les exigences de contrôle de la qualité, et création des marques, l’expansion des
non formelle aux jeunes stylistes et ensuite être vendu dans des magasins de capacités de production et l’accès aux
créateurs. L’apprentissage informel et la détail agréés, voire même sur le marché nouveaux marchés. En l’absence de
formation continue n’en demeurent pas international. canaux d’investissement structurés,
moins la norme sur le continent africain Dans l’ensemble, il est clair que les entrepreneurs et les entreprises
pour acquérir des compétences en l’enseignement de la mode en Afrique a de mode ont du mal à obtenir le
couture telles que le patronage, la coupe, besoin d’une plus grande rationalisation financement nécessaire pour réaliser
le piquage ou la finition. Un nombre et de régulations supplémentaires pour leurs ambitions, ce qui les empêche de
croissant de micros, petites, moyennes garantir une professionnalisation efficace développer leurs activités et d’atteindre
entreprises (MPME) du secteur de la mode du secteur. Cependant, la formation et le leur plein potentiel. Le manque de
offrent aux tailleurs locaux des possibilités perfectionnement restent un problème possibilités de financement entrave
de transition vers un emploi formel, où constant, en particulier dans le domaine également l’innovation. En effet, les
ils peuvent transmettre des savoir-faire de l’entrepreneuriat. faibles investissements pour la recherche
et le développement ne permettent
pas aux créateurs d’expérimenter de
Encadré 10 • Hubs et incubateurs nouveaux matériaux, de nouvelles
Un écosystème florissant de hubs et d’incubateurs s’est développé pour relever les technologies et de nouvelles pratiques
défis de l’éducation dans le secteur de la mode en Afrique. Le Creative DNA du durables. Mais surtout, cela empêche les
British Council, au Kenya, offre un soutien à l’entrepreneuriat sous la forme d’une marques d’augmenter leur production
formation à l’entreprise créative et d’un incubateur de six semaines pour des projets et de devenir plus compétitives sur la
liés au secteur de la mode. Des initiatives plus ponctuelles, utilisant principalement scène mondiale. Ce problème affecte de
les plateformes de médias sociaux, ont également vu le jour ces dernières années. manière disproportionnée les femmes
Le styliste Adebayo Oke-Lawal basé à Lagos, par exemple, a créé Orange Culture, entrepreneures du secteur de la mode,
où les jeunes créatifs ont la possibilité d’échanger des connaissances, de trouver de qui sont plus susceptibles de s’exclure
l’inspiration et de bénéficier de mentorat par le biais de sessions Instagram Live. La d’elles-mêmes du marché du crédit
formation et l’éducation dans le domaine de la mode ont également bénéficié de existant, en raison de perception de leur
la transition numérique, bien que des programmes en ligne entièrement accrédités faible solvabilité. En 2017, la Banque
et adaptés au contexte africain n’aient pas encore vu le jour. L’Institut de recherche mondiale a indiqué que seulement 37 %
sur la mode africaine (African Fashion Research Institute – AFRI), avec d’autres
des femmes possédaient un compte
partenaires dont l’Académie de stylisme et de photographie Stellenbosch en
bancaire en Afrique subsaharienne,
Afrique du Sud, l’Académie royale de Londres, l’École internationale de publicité
et de design d’Accra et l’AMD Académie Mode & Design de Berlin, a été à l’avant- contre 48 % des hommes, et que l’écart
garde du développement de cours, de programmes et d’ateliers en ligne pour les entre les genres en matière d’accès au
créateurs et les professionnels de la mode africains9. financement était de 18 % en Afrique du
Nord – le plus important au monde10.

Chapitre 2 • Défis transversaux entravant la croissance du secteur de la mode en Afrique 39


Quelques programmes s’efforcent de échelle pour des marques internationales commerciaux modernes, de galeries
remédier à ce déséquilibre entre les genres, ou étrangères, ces équipements ne sont marchandes ou de boutiques, ainsi que
notamment « l’Initiative pour favoriser généralement pas disponibles ni utilisés le manque de fiabilité des transports
l’accès des femmes au financement par des marques ou entreprises africaines publics, limitent la distribution d’articles
en Afrique (AFAWA) » de la Banque produisant des vêtements prêt-à-porter. et d’accessoires de haute couture. De
africaine de développement, qui facilite Dans de nombreux pays, le coût élevé nombreux créateurs de haute couture
l’accès des femmes au financement et de l’électricité rend l’industrialisation opèrent à partir de petits points de vente
renforce les capacités et les connaissances de la production onéreuse et limite la ou d’ateliers dans les banlieues des
financières des entrepreneures sur compétitivité des textiles, des vêtements grandes villes africaines, mais le manque
l’ensemble du continent. Il reste et même des produits de maroquinerie. d’espaces de vente au détail organisés
cependant beaucoup à faire pour faciliter pèse sur la visibilité et la portée des
Sur le marché de la vente au détail de
l’accès à l’investissement des entreprises
produits de luxe, l’absence de centres marques sur un marché concurrentiel.
de mode détenues par des femmes.
Le manque d’opportunités de financement
structuré pour le secteur de la mode en Encadré 11 • Le déficit commercial des secteurs du textile,
Afrique va de pair avec l’insuffisance des de l’habillement et de la chaussure en Afrique
infrastructures, qui constitue un obstacle
majeur à la croissance et à l’intégration Le continent africain exporte chaque année pour 15,5 milliards de dollars des États-Unis
verticale de la chaîne de valeur de la de textiles, de vêtements et de chaussures, mais importe pour 23,1 milliards de dollars
mode. En ce qui concerne la production de ces produits, soit un déficit commercial de 7,6 milliards de dollars11. Les principaux
de fibres, le continent subit une perte exportateurs sont l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, avec des exportations d’une valeur de
constante et significative de la valeur 3,3 milliards de dollars des États-Unis, 3,1 milliards et 2,8 milliards respectivement12.
économique potentielle des récoltes, Cependant, l’Eswatini, Maurice et la Tunisie sont les seuls pays qui enregistrent un excédent
en raison du manque d’infrastructures commercial clair pour leurs secteurs de la mode (définis comme le textile, l’habillement et
adéquates pour transformer localement les chaussures), tandis que le Maroc accuse un très léger déficit commercial. La Gambie,
les matières premières. Seul 2 à 3 % du le Sénégal et le Togo, malgré des déficits commerciaux importants dans le textile et
coton africain cultivé sur le continent y est l’habillement, ont des exportations de chaussures dont la valeur est plus de deux fois
transformé, ce qui contraint le continent supérieure à celle des importations.
à être un exportateur de ressources
naturelles plutôt que de produits
transformés et de haute valeur.
De plus, cette situation crée une
dépendance à l’égard de matières
étrangères importées telles que les
textiles et les fils, qui sont soumises à
l’inflation et à la fluctuation des prix.
La dépendance à l’égard des textiles
importés limite le développement du
secteur de la mode en Afrique en raison
des coûts et des délais de production
supplémentaires qui en résultent. En
dehors des fibres et des textiles, le
manque d’installations de fabrication
© Ramses Wissa Wassef art centre – Egypt / Mona Seliem

modernes et bien équipées entrave


également le domaine de l’habillement.
De nombreuses entreprises de mode
font face à des machines obsolètes et
à une automatisation limitée, ce qui se
traduit par une capacité de production
réduite, des délais d’exécution plus longs
et une diminution de la rentabilité.
Même dans des pays comme Maurice
ou la Tunisie, qui ont développé des
installations de fabrication pour soutenir
la production de vêtements à grande

40 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


DÉFIS SPÉCIFIQUES
DU MARCHÉ ET
PRÉOCCUPATIONS
ENVIRONNEMENTALES

À l’échelle mondiale, la mode est


désormais entrée dans le top 10 des
industries les plus polluantes au
monde, avec les secteurs de l’énergie
et des transports. Chaque maillon
de la chaîne de valeur de la mode a
une empreinte carbone élevée et un
impact négatif sur l’environnement, y
compris en Afrique. La prédominance
de la « fast fashion » (mode rapide ou
éphémère), en particulier, a alimenté
des modèles de consommation non
durables basés sur la pratique « acheter,
utiliser, jeter » qui génère des quantités
massives de déchets qui sont ensuite
exportés vers certains pays du Sud. De
fait, l’Afrique est considérée comme
faisant partie du système mondial de
gestion des déchets vestimentaires13.
Si de nombreux défis sont communs à
l’ensemble de l’industrie de la mode à
travers le monde, comme la perte de
biodiversité, les émissions de carbone et
les eaux usées, certains problèmes sont
propres au continent africain, comme
la gestion de grandes quantités de
vêtements de seconde main importés,
un problème particulièrement pernicieux
qui a des effets néfastes à la fois sur
l’environnement et sur le secteur local du
textile et de l’habillement en Afrique14.
En 2019, l’Afrique représentait près d’un
© Masa Mara
tiers des importations mondiales de
vêtements de seconde main, estimées
à 5 milliards de dollars des États-Unis, et
environ 80 % de la population africaine
porte des vêtements de seconde main,
chaque semaine sur le marché à que 40 % des vêtements d’occasion
principalement importés des États-
Accra18. À Kinshasa, en République importés en Afrique sont jetés dans des
Unis, d’Europe, d’Inde et du Pakistan15.
démocratique du Congo, on estime décharges, ce qui pose des problèmes
L’Afrique de l’Est importe environ 12,5 %
que 6 % des déchets sont composés de environnementaux importants, couplés
du marché mondial total des vêtements
textiles, provenant à la fois de vêtements à une absence générale de systèmes de
d’occasion16, et ce secteur emploie
de seconde main et de coupes de gestion efficace des déchets19.
355 000 personnes dans la région17. En
Afrique de l’Ouest, le Ghana fait preuve tailleurs sur mesure. Si les marchés de Il est indéniable que ce système n’est
également d’une grande dépendance l’habillement de seconde main créent pas viable du point de vue de la gestion
à l’égard des vêtements de seconde des revenus, des opportunités d’emploi des déchets, en raison des volumes
main, et l’on estime à 15 millions le et des moyens de subsistance pour considérables de vêtements de seconde
nombre de vêtements usagés entrant de nombreuses personnes, on estime main importés dans les pays africains.

Chapitre 2 • Défis transversaux entravant la croissance du secteur de la mode en Afrique 41


Ces importations ont également
des effets néfastes sur les industries Encadré 12 • Recycler et réutiliser : une nouvelle vie pour
nationales du textile et de l’habillement les vêtements de seconde main
en Afrique, car elles inondent le marché
La prévalence des vêtements de seconde main a eu des effets surprenants en
de produits bon marché et de qualité
façonnant le paysage de la mode et en favorisant les innovations stylistiques sur le
souvent médiocre, qui représentent continent africain. Malgré les défis multiples posés par ce commerce, il serait trop
une concurrence déloyale pour les simpliste de le considérer uniquement comme un phénomène générant des déchets
producteurs nationaux de vêtements, indésirables. Le commerce des vêtements usagés a acquis une valeur culturelle et
qui ne peuvent pas rivaliser avec leurs socioéconomique importante pour de nombreux entrepreneurs qui voient le potentiel
prix extrêmement bas et leurs quantités de transformation du recyclage et de la réutilisation des articles vestimentaires
sans cesse croissantes. Les vêtements usagés22. Des tailleurs et des couturières travaillant sur les marchés en plein air
de seconde main contribuent à la ou à leur domicile aux stylistes en herbe qui étudient dans les écoles de mode,
distorsion du marché et découragent les vêtements de seconde main retrouvent une nouvelle vie en étant redessinés et
les investissements dans la production modifiés de manière créative pour créer de nouveaux vêtements et accessoires à la
locale, ce qui limite la croissance et la pointe de la mode. Mohamed Awale, fondateur de la marque d’accessoires branchés
compétitivité des producteurs nationaux. Suave Studios, est un exemple de la manière dont les créateurs africains réagissent
Cette dynamique de marché perpétue et capitalisent sur ces sources facilement disponibles de vêtements usagés23. Awale
également la dépendance à l’égard trouve son inspiration à Gikomba, un gigantesque marché en plein air de vêtements
des produits étrangers en Afrique d’occasion à Nairobi, le plus grand du genre en Afrique de l’Est. Une armée de
au détriment de l’autosuffisance du tailleurs locaux s’empare des tissus mis au rebut comme le denim, des vestes en cuir
continent, et entrave le développement et des costumes importés de l’étranger, et les transforme habilement en une variété
d’un solide écosystème national de d’articles de mode abordables comme les sacs à dos, les sacs en bandoulière ou
la mode et du textile, avec tous les des articles plus petits comme les portefeuilles et les protège-passeports, destinés
avantages sociaux et économiques qui aux étudiants branchés et aux jeunes professionnels de Nairobi. Le succès de Suave
pourraient en découler. En 2016, les Studios témoigne de la créativité et de l’ingéniosité des jeunes créateurs africains,
pays d’Afrique de l’Est, dont le Burundi, qui adaptent les vêtements usagés importés aux sensibilités culturelles locales et
le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et la attirent des consommateurs, de plus en plus nombreux, branchés, mais responsables.
République-Unie de Tanzanie, avaient
prévu d’éliminer progressivement le
commerce des vêtements d’occasion
d’ici à 2019, mais seul le Rwanda a mis
en œuvre ce plan en introduisant des
taxes élevées sur les importations de
vêtements de seconde main afin d’en
décourager le commerce20. Ces efforts
se sont heurtés à une forte résistance
de la part des grands pays exportateurs,
qui ont pris des mesures de rétorsion,
notamment en suspendant les privilèges
d’exportation en franchise de droits. Des
progrès ont été réalisés récemment grâce
aux ministres africains du commerce, qui
ont adopté, le 1er juin 2023, des règles
d’origine pour l’industrie du textile
et de l’habillement, qui empêchent le
commerce de vêtements de seconde
main sur le continent dans le cadre des
préférences de la Zone de libre-échange
continentale africaine (ZLECAf)21.
En vertu de ces règles, un pays peut
accepter l’importation de vêtements
© Selly Raby Kane

d’occasion, mais ne pourra pas les


exporter vers d’autres pays africains sans
devoir payer des droits de douane.

42 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Mamkele Mene, Secrétaire général de Maurice et la Tunisie sont confrontés à Dans l’ensemble, cependant, les acteurs
la ZLECAf, a déclaré que la décision de des défis environnementaux similaires à de l’industrie de la mode comme les
restreindre le commerce des vêtements ceux des marchés matures, et les acteurs gouvernements restent peu sensibilisés.
de seconde main était une étape de l’industrie se disent généralement Interrogés sur leurs préoccupations
décisive pour encourager la valorisation conscients et soucieux de limiter les actuelles, les parties prenantes de
et l’industrialisation de la filière de la impacts environnementaux de leur l’industrie consultés dans le cadre du
mode en Afrique. Cette décision est un secteur. En Égypte, la manière dont le présent rapport ont classé les défis
pas dans la bonne direction, mais il reste changement climatique affectera les environnementaux à un niveau très bas
beaucoup à faire pour garantir sa mise ressources hydriques du pays, essentielles (voir la figure 2), mais plusieurs d’entre
en œuvre complète. pour continuer à cultiver le coton, est eux ont néanmoins souligné la nécessité
En ce qui concerne les autres défis une source de préoccupation. Lors de de surveiller l’impact de l’industrie une
environnementaux associés au secteur la Conférence des Nations Unies sur les fois qu’elle aura pris de l’ampleur. En
de la mode, notamment les émissions changements climatiques (COP-27) de attendant, plusieurs acteurs prennent
de carbone et la pollution de l’eau, 2022 à Charm el-Cheikh, le Ministère des mesures modestes pour limiter
l’industrialisation de la mode dans de égyptien de l’environnement a présenté leur empreinte environnementale,
nombreux pays africains est encore à des l’initiative Green Fashion, mise en place notamment en récupérant les chutes de
niveaux si bas que l’on peut supposer en 2018 pour contrer la mode rapide, et tissus pour les utiliser dans la confection
qu’elle a pour le moment des effets qui a employé 50 femmes pour produire de patchworks ou de vêtements pour
limités. Toutefois, le secteur de la mode plus de 60 000 pièces respectueuses de enfants, afin d’éviter qu’elles ne soient
dans des pays comme l’Égypte, le Maroc, l’environnement depuis sa création24. mises en décharge ou brûlées.

NOTES 10. Morsy, Hanan. « Access to Finance: Why Aren’t Women


Leaning In? Women are Self-Selecting Out of the Credit
17. Banik, Dan. « Unpacking Secondhand Clothes
in Africa ». Twyg, 5 mai 2020, https://twyg.co.za/
1. England, Lauren et al. « Africa Fashion Futures: Creative Market ». Fonds monétaire international (FMI), Finance and unpacking-secondhand-clothes-in-africa/.
economies, global networks and local development ». Development, 2020, p. 52-53, https://www.imf.org/en/ 18. www.fibre2fashion.com. « Second-Hand
Geography Compass, vol. 15, n° 9, 25 août 2021, Publications/fandd/issues/2020/03/africa-gender-gap- Clothing in Africa: Opportunities and Challenges ».
https://doi.org/10.1111/gec3.12589. access-to-finance-morsy. Fibre2Fashion, https://static.fibre2fashion.com/
2. Commission économique des Nations Unies pour 11. Données compilées à partir de la base de données articleresources/PdfFiles/94/Second-hand%20
l’Afrique (CEA). « Deepening the AfCFTA: Celebrating the World Integrated Trade Solutions de la Banque mondiale. clothing%20in%20Africa%20Opportunities%20
Adoption of New Protocols on Investment, Intellectual Il convient de noter que les statistiques des différents pays and%20challenges_9387.PDF.
Property Rights and Competition Policy ». Commission portent sur des années différentes, allant de 2016 à 2020. 19. Besser, Linton. « Dead White Man’s Clothes: The Dirty
économique des Nations Unies pour l’Afrique, 16 mars Il convient également de noter que la définition du textile Secret behind the World’s Fashion Addiction ». ABC News,
2023, www.uneca.org/stories/%28blog%29-deepening- inclut le coton et la laine non cardés, ainsi que les fils de 11 août 2021, www.abc.net.au/news/2021-08-12/fast-
the-afcfta-celebrating-the-adoption-of-new-protocols-on- coton et de laine. Selon cette définition large, le Bénin, fashion-turning-parts-ghana-into-toxic-landfill/100358702.
investment%2C. le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Mali
enregistrent des excédents commerciaux, principalement 20. Anami, Luke. « East Africa wrestles with proposals
3. Okyere, Michelle et Denoncourt, Janice. « Protecting to ban imports of used clothes ». The East African,
en raison de leurs exportations de coton brut. https://
Ghana’s Intellectual Property Rights in Kente Textiles: The 21 juin 2021, www.theeastafrican.co.ke/tea/business/
wits.worldbank.org/CountryProfile/en/Country/
Case for Geographical Indications ». Journal of Intellectual region-wrestles-with-proposals-to-ban-imports-of-used-
DZA/Year/2017/TradeFlow/Export/Partner/all/
Property Law & Practice, vol. 16, n° 4-5, 2021, p. 415-426. clothes-3854868.
Product/50-63_TextCloth.
4. Council for International African Fashion Education. The 21. Kagina, Alice. « AfCFTA: African Ministers Adopt Ban
12. Base de données World Integrated Trade Solutions de
Sate of Fashion Education in Africa in 2021. CIAFE, 2021, on Trade of Second-Hand Clothes ». The New Times, 2 juin
la Banque mondiale..
https://www.ciafe.org/reports. 2023, www.newtimes.co.rw/article/7985/news/africa/
13. Africa Blockchain Institute. « Textiles and Apparel afcfta-african-ministers-adopt-ban-on-trade-of-second-hand-
5. Maasai Intellectual Property Initiative. MIPI Trust, 2023,
Industry in the Context of the AfCFTA and the Ongoing clothes.
https://maasaiintellectualpropertyinitiative.org/#about.
Discussion on Rules of Origin ». Medium, 27 fév. 2023.
6. Council for International African Fashion Education. The https://medium.com/@africablockchaininstitute/textiles- 22. Tranberg Hansen, Karen. « How used clothes became
Sate of Fashion Education in Africa in 2021. CIAFE, 2021, and-apparel-industry-in-the-context-of-the-afcfta-and-the- part of Africa’s creative economy – and fashion sense ».
https://www.ciafe.org/reports. ongoing-discussion-on-rules-of-b958e8a5d57d. The Conversation, 1er août 2022, https://theconversation.
com/how-used-clothes-became-part-of-africas-creative-
7. Council for International African Fashion Education 14. www.fibre2fashion.com. « Second-Hand Clothing in economy-and-fashion-sense-186575.
(CIAFE). What Should be Taught in Fashion Schools in Africa: Opportunities and Challenges ». Fibre2Fashion,
Africa. CIAFE, 2021, www.ciafe.org/_files/ugd/ https://static.fibre2fashion.com/articleresources/ 23. Einashe, Ismail. « Kenya Fashion: The Designers Giving
916976_1a348d8a66d44182b03f6fbd86086be4.pdf. PdfFiles/94/Second-hand%20clothing%20in%20Africa Nairobi a Fashionable Name ». BBC News, 30 août 2022,
%20Opportunities%20and%20challenges_9387.PDF. www.bbc.com/news/world-africa-62556467.
8. Council for International African Fashion Education
(CIAFE). What should be taught in fashion schools in 15. Kagina, Alice. « Five Things to Know as AfCFTA Bans Trade 24. Mohamed, Yasmin. « Egypt to present sustainable
Africa. CIAFE, 2021, www.ciafe.org/_files/ugd/ fashion project at COP27 ». Al Monitor, 5 nov. 2022,
on Second-Hand Clothes ». The New Times, 7 juin 2023, www.
916976_1a348d8a66d44182b03f6fbd86086be4.pdf www.al-monitor.com/originals/2022/11/egypt-present-
newtimes.co.rw/article/8084/news/africa/five-things-to-
sustainable-fashion-project-cop27.
9. Jennings, Helen. « Meet the Change-Makers Putting know-as-afcfta-bans-trade-on-second-hand-clothes.
African Fashion Education into Focus ». Industrie Africa, 16. De Carvalho, Márcia. « L’Afrique doit-elle rester la
16 Juillet 2021, https://industrieafrica.com/blogs/ solution pour notre recyclage textile? ». Chaussettes
imprint/report-business-of-african-fashion-industry- Orphelines, 25 mars 2019, https://chaussettesorphelines.
education-building-the-academic-curriculum-design- com/blogs/infos/l-afrique-doit-elle-rester-le-principal-
production-training-support. debouche-pour-le-recyclage-textile.

Chapitre 2 • Défis transversaux entravant la croissance du secteur de la mode en Afrique 43


© Hamaji Studio
3
Opportunités
stratégiques
de croissance
Les deux chapitres précédents ont (tels que la taille de la population, les Cet objectif ne peut être atteint que dans
montré que le secteur de la mode en possibilités agricoles et minières, les le cadre d'une approche communautaire
Afrique déborde de potentiel et de infrastructures), en accord avec leurs fondée sur des processus collaboratifs
talents, mais que malgré une demande priorités et aspirations nationales. constructifs réunissant les acteurs
soutenue et croissante pour ses produits, concernés du secteur de la mode et des
Chaque pays étant doté de forces, de
des problèmes structurels entravent son secteurs privé et public.
ressources et de priorités différentes,
plein développement. Remédier à ces
il est à prévoir que tous les pays ne Pour dynamiser ce processus,
problèmes et tirer parti des avantages
seront pas en mesure de développer les gouvernements et les instances
stratégiques offerts par le continent
l’ensemble de la chaîne de valeur de la continentales et régionales pourraient
nécessite de mobiliser de multiples
mode de la même manière. Aussi, les envisager de :
parties prenantes, notamment les
recommandations présentées ci-dessous
gouvernements, les établissements
sont elles tournées vers l’avenir ; elles Élaborer des politiques
d’enseignement, la société civile
proposent un ensemble de politiques et holistiques et inclusives pour
et le secteur privé, afin de créer un
de domaines d’intervention susceptibles l’écosystème de la mode
environnement propice qui permettra à
de soutenir le développement d’un
chaque maillon de l’écosystème de la
secteur de la mode équitable et
mode d’atteindre son plein potentiel.
inclusif qui puisse bénéficier à tous les Garantir une
La section qui suit présente une série acteurs impliqués dans l’ensemble de rémunération équitable
de recommandations visant à tirer l’écosystème de la mode. et un travail décent dans
parti des exemples de bonne pratique, le secteur de la mode
à les transposer à plus vaste échelle RECOMMANDATIONS
ou à les reproduire, et à déployer le
plein potentiel du secteur de la mode à
GLOBALES POUR Promouvoir des
investissements structurés
l’appui d’une croissance durable, de la LE SECTEUR DE LA MODE et le développement
création d’emplois, de l’autonomisation des infrastructures dans
des femmes et de la diversification Lorsque l’on élabore des stratégies
l’ensemble de l’écosystème
des économies africaines. Deux types pour le secteur de la mode d’un pays,
de recommandations sont présentés : il importe d’adopter une approche
tout d’abord, des recommandations holistique, afin de tisser des liens solides Ouvrir la voie
globales pour des politiques et complémentaires depuis l’amont du à une mode durable
fondamentales et transversales secteur textile jusqu’à la consommation
susceptibles de favoriser le développement finale de vêtements afin de créer de la
de multiples composantes de valeur ajoutée et des emplois locaux,
l’écosystème de la mode en Afrique. Ces et de déployer des actions en faveur
recommandations peuvent être adaptées de l’inclusion économique et sociale
en fonction du contexte, prenant en ainsi que du développement durable.
compte des besoins, des forces et des L’intégration verticale de l’écosystème de
faiblesses spécifiques de chaque pays. la mode permettra au continent d’extraire
Ensuite, des recommandations ou davantage de valeur du secteur et de
leviers de croissance spécifiques aux propulser fortement sa croissance. On
différents secteurs, dont l’objectif est pourra cibler quelques points d’impulsion
de stimuler la croissance de segments pour faciliter cette intégration verticale,
spécifiques de l’écosystème de la mode, à notamment en élaborant des politiques
savoir : le textile, l’habillement, la haute facilitant l’accès à des matières premières
couture, les accessoires et les métiers d’art. de qualité à moindre coût, ou en mettant
en place des mesures d’incitation pour
Il importe de noter que les leviers de que les différents producteurs de la chaîne
croissance présentés dans ce chapitre de valeur de la mode travaillent ensemble.
ne sont ni mutuellement exclusifs ni Une intégration en amont et en aval
exhaustifs. Ils sont plutôt des feuilles permettra de réduire les risques et les
de route susceptibles de guider les pays effets de dépendance, de s’assurer que la
dans la définition de priorités d’action valeur soit créée et conservée localement,
permettant de tirer parti de leurs ressources et de mieux contrôler le marché et la
actuelles et de leurs avantages comparatifs chaîne d’approvisionnement.

46 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


ÉLABORER DES POLITIQUES HOLISTIQUES ET INCLUSIVES POUR L’ÉCOSYSTÈME DE LA MODE

¡ Intégrer l’écosystème de la mode dans les stratégies et/ou plans de développement nationaux
L’Union africaine estime que le développement complet de la chaîne de valeur de la mode africaine entraînerait un gain de prospérité
considérable pour le continent. Afin de tirer parti de cet énorme potentiel et de bâtir une économie créative résiliente, les États peuvent
envisager d’intégrer le secteur de la mode dans leurs stratégies ou plans de développement nationaux, aux côtés d’autres industries, en
établissant des liens clairs entre les différents segments de l’écosystème de la mode et les objectifs du Programme de développement
durable à l’horizon 2030, ainsi que les aspirations de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

¡ Mettre en place une coordination interministérielle pour guider le développement du secteur de la mode
Compte tenu de la forte interdépendance entre les différents segments de l’écosystème de la mode, il est essentiel d’adopter une
approche intégrée pour appuyer le développement du secteur de la mode, ce qui suppose une solide coordination interministérielle et
la mise en place de mécanismes de suivi et de mise en œuvre communs au sein des ministères chargés de l’agriculture, de la culture,
de l’éducation, des finances, du commerce, de l’industrie, des mines, de la propriété intellectuelle et de l’environnement, ainsi que des
institutions/autorités nationales de statistiques. Dans l’idéal, les politiques ou stratégies nationales du secteur de la mode devraient
prendre en compte l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production des matières premières et de la fabrication des textiles à la vente
au détail, en passant par la création et le commerce. Chaque étape devrait être abordée de manière claire et adaptée, afin de garantir
un développement et des progrès durables. L’élaboration des politiques devrait être coordonnée aux niveaux national, régional et
continental, et s’inscrire si possible dans le cadre d’une approche participative et inclusive.

¡ Développer ou renforcer la législation sur la propriété intellectuelle


Un rapport de l’Organisation des Nations Unies sur le rôle de la propriété intellectuelle à l’appui du développement de l’Afrique montre
comment une forte institutionnalisation de la propriété intellectuelle, aux niveaux continental, régional et national, pourrait contribuer
à l’industrialisation et à la protection des technologies, créations et savoir-faire locaux1. Dans le secteur de la mode en particulier, il
est évident que la mise en œuvre effective du droit de la propriété intellectuelle crée de la valeur pour les marques et les producteurs2.
Il convient d’encourager les synergies et la coopération entre les organismes nationaux œuvrant dans le domaine de la propriété
intellectuelle et les autres institutions concernées, telles que les ministères du commerce, de l’industrie, de la culture et du tourisme.
L’Organisation régionale africaine de la propriété industrielle (ARIPO) et l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI)
pourraient être appelées à jouer un rôle accru pour appuyer ces transitions et améliorations. Les créateurs, entrepreneurs et parties
prenantes de la mode devraient être sensibilisés au rôle des organismes chargés de la propriété intellectuelle et informés de leurs
droits. Les pouvoirs publics pourraient aussi envisager d’adapter leurs lois sur le droit d’auteur afin d’y inclure la protection gratuite
des modèles non déposés, généralement utilisée pour assurer une protection de courte durée des dessins et modèles industriels. Cette
période « d’essai » pourrait servir à déterminer s’il vaut la peine d’entamer, pour un seul produit, une démarche de dépôt plus onéreuse
et plus compliquée. Les pouvoirs publics pourraient, par ailleurs, envisager de mettre en place des modules de formation ou de fournir
une assistance technique pour aider les créateurs émergents à déposer leurs marques et leurs logos.

¡ Améliorer la collecte et l’analyse de données


Il est essentiel de mieux comprendre le secteur, ses différentes parties prenantes, l’évolution des marchés et les défis à relever,
tant à l’échelon national que régional, en vue d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques fondées sur des faits. Il pourrait être
intéressant de créer à l’échelle du continent un organisme de recherche spécialisé chargé de collecter et d’analyser des données de
manière systématique, de renforcer les capacités des gouvernements en matière de suivi du secteur, et de faciliter la diffusion des
données ainsi que le partage des bonnes pratiques dans toute l’Afrique. D’autres initiatives de suivi menées à plus petite échelle sur
le continent devraient être soutenues, comme les travaux du conseil pour l’enseignement international de la mode africaine (Council
for International African Fashion Education, ou CIAFE), qui s’emploie à faire l’état des lieux de l’enseignement et de la formation
dans le domaine de la mode, afin de fournir des feuilles de route en vue d’améliorer l’accès à un enseignement et à des programmes
professionnels de qualité. Différentes institutions publiques et privées pourraient être établies pour cibler les différents aspects de la
chaîne de valeur, réaliser des études, constituer des bases de données et fournir des analyses actualisées permettant de repérer les
domaines d’action prioritaires. Il est par ailleurs fortement nécessaire d’apporter un soutien à la collecte de données et à la recherche
en renforçant les capacités des services gouvernementaux concernés, de mettre au point des approches basées sur des indicateurs et
de collecter des données statistiques ventilées par sexe.

Chapitre 3 • Opportunités stratégiques de croissance 47


GARANTIR UNE RÉMUNÉRATION ÉQUITABLE ET UN TRAVAIL DÉCENT
DANS LE SECTEUR DE LA MODE

¡ Protéger les métiers d’art, les motifs et les savoir-faire traditionnels


Des mesures doivent être prises pour garantir l’authenticité des expressions créatives traditionnelles, dont la valeur culturelle est
souvent très importante pour les communautés, et pour protéger ceux-ci de l’appropriation culturelle et de l’instrumentalisation.
Sans protection juridique adaptée, les motifs, savoir faire et techniques traditionnels risquent d’être exploités commercialement
par d’autres, ce qui pourrait entraîner un manque à gagner pour les communautés. Il est donc essentiel de répertorier les savoirs
traditionnels et les savoir-faire artisanaux, afin de garantir leur protection et d’affirmer l’identité créative et culturelle de leurs praticiens
sur la scène internationale, au bénéfice des communautés locales qui fabriquent ces produits culturels.

¡ Garantir des conditions de travail décentes conformes aux normes internationales dans le secteur de la mode,
en veillant tout particulièrement à l’égalité des genres
Il est essentiel d’intégrer les principes du travail décent définis par l’Organisation internationale du Travail (OIT) dans le secteur de
la mode sur l’ensemble du continent africain. Des mesures devraient être prises pour faire en sorte d’offrir un lieu de travail sûr aux
personnes travaillant dans la production de textiles et l’habillement, ainsi que dans les maisons de haute couture, où les employés
devraient se sentir en sécurité grâce à des valeurs d’entreprise fortes et à un environnement de travail positif qui encourage le respect
mutuel. Assurer la protection sociale des travailleurs dans les secteurs de la production artisanale, industrielle et semi industrielle
signifie offrir à tous les employés un accès aux soins médicaux de base, une assurance maladie (par exemple pour les médicaments
et les services médicaux non couverts, etc.), une assurance en cas d’accident du travail, une protection des revenus pendant les
périodes non travaillées, des dispositifs d’assurance en cas de maladie, de congé parental ou d’invalidité, des prestations de retraite
et des dispositifs de transition de carrière. Une attention particulière pourrait être accordée aux besoins des femmes par l'élaboration
de politiques sensibles à l’égalité des genres et la mise en place de lieux de travail qui favorisent une culture sensible à l’égalité des
genres (par exemple, l’établissement de mécanismes formels de signalement des discriminations et violences fondées sur le genre,
et de la violation des droits sociaux et économiques).

¡ Faciliter la mise en place de syndicats d’organisations professionnelles dans les secteurs du textile, de l’habillement,
de la haute couture, des accessoires et de les métiers d’art
Les chaînes de valeur de la production textile, de l’habillement, de la haute couture, des accessoires et des métiers d’art sont
interdépendantes, aussi serait il profitable aux travailleurs de ces secteurs de se faire représenter officiellement par des syndicats ou
des associations de membres susceptibles de défendre leurs intérêts et d’accroître leur pouvoir de négociation pour obtenir de meilleurs
salaires et de meilleures conditions de travail. Les associations professionnelles, chambres de commerce et conseils du commerce
nationaux contribueraient aussi à la structuration du secteur de la mode et offriraient une tribune d’expression importante aux parties
prenantes économiques. Ces associations, outre les possibilités d’échanges commerciaux et de mise en réseau qu’elles ouvrent à
leurs membres, représentent les intérêts et les besoins de ceux-ci, et disposent d’un puissant levier d’action au sein des organismes
nationaux pour faire pression en faveur de politiques propices à la croissance du secteur de la mode et pour réorienter l’intérêt et
l’investissement publics. En adhérant à une chambre de commerce, les entreprises seraient inscrites dans un répertoire officiel, ce qui
renforcerait la structuration et la réglementation du secteur. Par exemple, la Chambre nationale de commerce du Ghana coordonne la
loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) et toutes les entreprises de confection du Ghana qui exportent
dans le cadre de cette loi sont membres de la Chambre et sont inscrites à son répertoire officiel. Les entrepreneurs ont ainsi accès
aux informations et aux possibilités offertes dans le cadre de l’AGOA3 et d’autres relations commerciales.

48 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


PROMOUVOIR DES INVESTISSEMENTS STRUCTURÉS ET LE DÉVELOPPEMENT
DES INFRASTRUCTURES DANS L’ENSEMBLE DE L’ÉCOSYSTÈME

¡ Créer un environnement commercial favorable et attrayant pour les parties prenantes et les investisseurs
du secteur de la mode
Les politiques doivent tendre à faciliter l’émergence d’un environnement commercial propice qui attire les investissements, favorise
l’innovation et encourage l’entrepreneuriat. Les fonds d’investissement axés sur la mode africaine, comme ceux prévus dans le cadre
de l’accélérateur mis en place par l’Institut français de la mode (IFM) et Birimian4, qui fournit des capitaux à long terme, un soutien
institutionnel et des conseils stratégiques aux marques de mode pour les aider à développer leurs activités à plus vaste échelle, peuvent
être reproduits au niveau national pour les différents segments de l’écosystème de la mode. La mise en place de partenariats public-
privé ciblés est essentielle dans l’écosystème de la mode, car ils offrent un moyen de favoriser la collaboration entre les gouvernements,
les entités du secteur privé et les organismes de développement, afin de mettre en commun les ressources, l’expertise et les
investissements au service de la croissance du secteur.

¡ Améliorer l’accès aux possibilités de financement pour les micros, petites et moyennes entreprises
du secteur de la mode, en offrant un soutien ciblé aux femmes et aux jeunes
Il est essentiel d’améliorer l’accès aux financements pour que les entreprises de la mode puissent passer à la vitesse supérieure et
que, par conséquent, le secteur de la mode se développe. La Banque africaine de développement (BAfD), par l’intermédiaire de
son programme Fashionomics, collabore avec des bailleurs de fonds tels que l’Identity Development Fund Alithea IDF, le Women’s
Investment Club, la Banque africaine d’import export (Afreximbank), la State Bank of Mauritius (SBM), Thundafund et la marque de
vêtements sénégalaise SARAYAA, afin d’offrir une aide financière aux entrepreneurs africains du secteur de la mode5. Roberta Annan,
fondatrice de la Fondation africaine de la mode (AFF), a par ailleurs lancé en 2021 l’Impact Fund for African Creatives, un fonds de
100 millions d’euros destiné aux entrepreneurs de la mode en Afrique. Ce financement permettra d’octroyer à des projets sélectionnés
des subventions allant jusqu’à 50 000 euros6. Il importe que ces initiatives de financement à l’échelle du continent soient reproduites
aux niveaux régional et national afin de soutenir les micros, petites et moyennes entreprises du secteur de la mode. Il importe
également que les gouvernements fassent en sorte que les institutions financières commerciales locales soient sensibilisées au potentiel
lucratif des entreprises de la mode et encouragées à offrir aux entrepreneurs du secteur des prêts et des garanties à des taux d’intérêt
raisonnables. Des activités de renforcement des capacités, sous forme d’ateliers, de sessions de formation ou de portails d’information,
pourraient être organisées à l’intention des entrepreneurs de la mode afin d’améliorer leurs connaissances dans le domaine financier
et de leur permettre de trouver des possibilités de financement adaptées. Il est essentiel que les différents organismes à l’échelle du
continent et des régions, les gouvernements et les investisseurs privés s’emploient à remédier aux inégalités d’accès au financement
auxquelles sont confrontés les femmes et les jeunes créateurs. Des possibilités de financement spécifiques, ciblées sur les femmes d’une
part et sur les jeunes d’autre part, pourraient être envisagées afin de garantir un développement progressif et durable du secteur.

¡ Faciliter le commerce régional et international.


Les gouvernements devraient entreprendre de négocier des accords commerciaux favorables pour promouvoir l’exportation de produits
de mode africains. Il s’agit notamment de réduire les droits de douane, de simplifier les procédures douanières et de participer à
des salons internationaux pour présenter les créations africaines. Au niveau du continent, le projet de la Zone de libre-échange
continentale africaine (ZLECAf), qui envisage de construire des routes commerciales et de faciliter le commerce transfrontière,
devrait faire l’objet d’un maximum d’attention et d’investissements. Des systèmes de transport bien conçus, reliant les différentes
sous-régions du continent, peuvent faciliter le commerce interrégional. L’utilisation efficace de ces routes commerciales renforcerait
l’intégration verticale au niveau du continent et des régions. De même, la mise en œuvre effective, aux niveaux régional et national,
du Système de paiement et de règlement panafricain (PAPSS) devrait être une priorité afin de résoudre les problèmes liés aux
paiements transfrontières.

Chapitre 3 • Opportunités stratégiques de croissance 49


¡ Renforcer les liens avec la diaspora africaine en facilitant les investissements dans le secteur de la mode
Le soutien des communautés afro-descendantes et de la diaspora africaine a contribué à accroître la visibilité et la désirabilité de
la mode africaine sur la scène internationale. Les célébrités et les soutiens très médiatisés peuvent offrir aux créateurs une certaine
visibilité et leur donner accès aux marchés mondiaux. L’intérêt toujours croissant pour la mode africaine pourrait être mis à profit
pour obtenir des avantages supplémentaires dans le cadre des différents échanges, tant pour le continent que pour la diaspora.
À Madagascar, les activités dans le secteur de l’habillement, fortement axé sur l’exportation, sont facilitées par les investissements
directs étrangers de la diaspora en Asie et en Europe. Le caractère structuré de cet investissement, en particulier sa vocation locale,
a contribué de manière significative à la croissance du secteur de l’habillement du pays7. Les gouvernements pourraient mettre en place
des dispositifs incitatifs afin de faciliter les investissements de la diaspora et de rendre attrayant l’entrepreneuriat dans ce secteur.
Toutefois, pour garantir l’intégration et la participation au niveau local, les investissements de la diaspora doivent comporter une
certaine part de partenariats locaux.

OUVRIR LA VOIE À UNE MODE DURABLE

Comme l’Afrique contribue encore peu à la surconsommation, son industrie de la mode a l’occasion de prendre le bon pli dès le
départ et de devenir un chef de file mondial de la mode durable. Alors que de nombreux créateurs africains intègrent déjà le principe
de durabilité dans la gestion des déchets textiles, par le biais du recyclage des fibres ou d’autres processus optimisés axés sur le
recyclage et la réutilisation, le comportement des consommateurs, en particulier, peut être influencé par la promotion d’une culture de
la réutilisation et de la revente, puis du recyclage et de la réaffectation. Le recyclage est également un élément clé de ce processus.
Avec sa marque ALMAH, Manal Olama plaide en faveur de la circularité et de la durabilité en transformant les matériaux excédentaires
obtenus auprès de la banque égyptienne de vêtements en objets d'art portables uniques. Un premier pas vers l’intégration formelle de
la durabilité dans le secteur de la mode consiste à prendre en compte les normes internationales et les bonnes pratiques, notamment
celles de l’Alliance des Nations Unies pour une mode durable. Ces normes et codes éthiques pourraient aider à définir des critères de
qualité et des normes pour la reconnaissance d’un modèle durable « fabriquée en Afrique », qui présente un mode de production et
de consommation différent, en opposition avec les excès de la « fast fashion » mondiale. Les chargés de communication du secteur
de la mode peuvent s’inspirer du guide de la communication sur la mode durable établi par le Programme des Nations Unies pour
l’environnement (PNUE) pour expliquer et mettre en avant les valeurs écologiques, culturelles et sociales positives du secteur de
la mode. Il s’agit notamment de faire ressortir comment la mode est profondément liée à l’environnement naturel, à la diversité du
patrimoine culturel, des traditions artistiques et artisanales, des coutumes, des croyances, des histoires et des pratiques, ainsi qu’au
bien être des individus et des communautés dont elle dépend8.

50 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


la haute couture, les accessoires et Environnement
LEVIERS DE CROISSANCE les métiers d’art. Ils peuvent s’appuyer réglementaire propice
SPÉCIFIQUES AU SECTEUR sur des avantages comparatifs existants
(par exemple, l’existence d’une industrie
En fonction des spécificités du contexte du coton développée ou la popularité Investissements
national, ainsi que des priorités, de certains métiers traditionnels) ou et infrastructures
des infrastructures et des ressources décider d’investir dans un segment
disponibles de chaque pays, les du secteur n’ayant jusqu’alors reçu
gouvernements pourraient aussi choisir que peu d’attention. En général, les
de mettre en œuvre des mesures ciblées gouvernements disposent au niveau des Compétences/
à l’appui du développement de segments politiques de trois principaux leviers pour éducation
spécifiques de l’écosystème de la mode : soutenir chaque segment de l’écosystème
la production textile, l’habillement, de la mode :

© Sunny Dolat

Chapitre 3 • Opportunités stratégiques de croissance 51


TEXTILE
Le secteur du textile, qui a connu ces dernières années une hausse considérable à l’échelle mondiale, devrait atteindre un
taux de croissance annuel composé de plus de 4 % d’ici à 2027. Les gouvernements qui souhaitent stimuler la croissance
de leur secteur textile peuvent envisager d’entreprendre les actions clés ci-après :

ENVIRONNEMENT ¡ Créer un environnement favorable aux investisseurs


RÉGLEMENTAIRE PROPICE Il convient de créer un environnement globalement propice aux investissements privés.
Afin de renforcer l’avantage concurrentiel des producteurs locaux par rapport aux
concurrents étrangers, certaines politiques, par exemple d’allègements fiscaux et de
subvention de la production, pourraient être envisagées.

¡ Protéger le caractère unique des textiles africains au moyen


d’une législation solide en matière de propriété intellectuelle
Il est urgent de protéger les textiles traditionnels et de sauvegarder leur caractère
unique, notamment au moyen d’une législation sur la propriété intellectuelle, afin que
les communautés puissent tirer pleinement parti de leur patrimoine.

INVESTISSEMENTS ET ¡ Promouvoir la création de valeur ajoutée en soutenant le processus de


INFRASTRUCTURES transformation des fibres naturelles au niveau national
Le succès de la production textile dépend fortement de l’intégration verticale
de l’ensemble du système de valeur. Des liens établis en amont, grâce à un
approvisionnement en matières premières local, garantissent des stocks constants et
une cohérence dans la production. Les pays comme le Bénin, le Burkina Faso, l’Égypte,
l’Éthiopie, le Mali, l’Ouganda, la République-Unie de Tanzanie et le Sénégal, dont le
volume de production de coton permet la commercialisation, devraient renforcer leurs
capacités de transformation du coton en fibres et en fils. Cette transformation ajoute
de la valeur à la matière première, améliorant ainsi la viabilité économique du coton
sur le marché intérieur ainsi qu’à l’exportation.

¡ Tirer parti des pratiques durables en faisant un avantage comparatif


Actuellement, la majorité du coton africain est sans OGM (sans organisme
génétiquement modifié), et plus de 7,3 % de la production de coton du continent est
biologique. L’interdiction de la production d’OGM signifie que les agriculteurs africains,
les instituts de recherche nationaux et les égreneurs continueront de conserver et
de sélectionner leurs propres semences adaptées aux conditions locales, au lieu
de devoir acheter chaque année des semences à des multinationales étrangères.
Par ailleurs, il serait bon d’investir dans des laboratoires d’innovation axés sur la
mise au point de fibres durables issues de déchets textiles, ou de fibres innovantes
(combinant par exemple le coton et la soie, ou d’autres fibres).

¡ Créer ou améliorer les groupes textiles et les zones économiques spéciales


La création de groupes textiles ou de zones économiques spéciales concentrant les
acteurs de l’industrie dans une même zone peut contribuer à stimuler la productivité
et à réduire les coûts. Ces zones pourraient bénéficier de mesures incitatives
(allègements fiscaux, règlementation simplifiée) afin d’attirer les investissements
et d’encourager la collaboration.

52 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


¡ Redynamiser les usines textiles d’État à faible capacité de production
et mécaniser le tissage pour permettre une production à grande échelle,
le cas échéant
Les gouvernements devraient donner la priorité à la rénovation des usines existantes
pour qu’elles atteignent leur pleine capacité, en cherchant des solutions d’énergie verte
pour réduire les coûts. Des investissements sont nécessaires dans les technologies et
les équipements qui transformeront certains segments du secteur textile en centres
de production modernes. Les pouvoirs publics devraient aussi soutenir la production
textile artisanale, dont l’efficacité pourrait être renforcée par le recours à des métiers
à tisser améliorés et à des processus de production semi-mécanisés. Ces améliorations
permettraient d’augmenter les volumes de production, de réduire les coûts, d’obtenir
une meilleure fiabilité, et faciliteraient l’utilisation des tissus artisanaux par les stylistes
et les fabricants de vêtements locaux et internationaux.

COMPÉTENCES/ÉDUCATION ¡ Perfectionner les compétences dans la production textile artisanale


Les gouvernements pourraient créer des centres de formation professionnelle et des
instituts techniques offrant une formation pratique dans différentes disciplines liées au
textile. L’offre peut être axée sur les compétences pratiques s’inscrivant dans la droite
ligne des exigences de l’industrie.

¡ Soutenir la recherche et le développement (R-D)


Allouer des fonds aux initiatives de R-D centrées sur l’amélioration des processus de
production textile, la mise au point de nouveaux matériaux et le renforcement des
capacités technologiques du secteur dans leur globalité.

¡ Sauvegarder les textiles traditionnels et assurer la continuité des


compétences
Si la production de certains textiles peut être industrialisée ou accrue, bon nombre de
textiles africains traditionnels sont le fruit du travail d’artisans qualifiés ayant acquis la
maîtrise de leur art de génération en génération par de nombreuses années de pratique.
Afin de préserver la qualité, le caractère unique et l’authenticité de ces textiles, des
mesures devraient être prises pour faciliter le mentorat en face-à-face, notamment par
l’intermédiaire de la création de centres et d’ateliers spécialisés.

¡ Autonomiser les femmes tisseuses


Des efforts pourraient être déployés en vue de sensibiliser le public aux avantages
socioéconomiques du tissage pour les femmes, et les celles-ci devraient spécifiquement
être incitées à rejoindre la profession dans les pays où elle est dominée par les hommes.

Chapitre 3 • Opportunités stratégiques de croissance 53


HABILLEMENT
Le secteur de l’habillement en Afrique subsaharienne, estimé en 2020 à 31 milliards de dollars des États-Unis, devrait
continuer de croître chaque année, tout comme la classe moyenne et la population du continent. Afin de soutenir le
développement du secteur de l’habillement, les gouvernements pourraient entreprendre les actions ci-après :

ENVIRONNEMENT ¡ Développer et promouvoir un modèle durable de prêt-à-porter africain


RÉGLEMENTAIRE PROPICE Le secteur africain de l’habillement est stratégiquement placé pour créer sa propre
voie de développement en adoptant des pratiques et des modèles durables. Les
gouvernements devraient envisager d’encourager la rationalisation de la production afin
que la durabilité sociale et environnementale soit assurée. Des modes de production de
vêtements durables et adaptés au contexte, se situant à l’intersection du luxe et de la
production de masse, devraient être identifiés, mis en œuvre, et transposés à plus vaste
échelle dans la mesure du possible.

¡ Protéger les marques nationales de la concurrence étrangère déloyale


L’importation de vêtements d’occasion ronge la part de marché des entrepreneurs
nationaux et met en péril la survie des entreprises. L’accent mis par le Rwanda sur
l’investissement dans la fabrication de vêtements destinés à la consommation locale
et à l’exportation, qui a conduit à augmenter les droits de douane applicables aux
vêtements d’occasion importés, devrait servir d’exemple sur tout le continent. Même
si cette augmentation a valu au pays d’être exclu de la loi sur la croissance et les
possibilités économiques en Afrique (AGOA) en 2018, les exportations de textiles du
Rwanda ont augmenté de 83 % entre 2018 et 2020. Cette augmentation résulte de
la hausse de la demande sur le marché intérieur (entre 10 % et 20 %) et à l’exportation,
notamment vers la République démocratique du Congo, où l’exportation de vêtements
est passée en valeur de 636 578 de dollars des Etats-Unis en 2018 à 30,4 millions
en 20209.

¡ Créer les conditions nécessaires pour stimuler la demande locale


Par exemple en s’assurant que la majorité des marchés publics (uniformes scolaires,
uniformes de la fonction publique, de l’armée ou de la police, entre autres) privilégient
les stylistes et les textiles locaux, ou en proposant des mesures incitatives aux
institutions désireuses d’imposer des quotas sur les textiles fabriqués localement. Des
politiques nationales, telles que le programme national « Friday Wear » mis en place par
le Ghana, font en sorte que non seulement le grand public, mais aussi les entreprises,
les fonctionnaires et les élèves des écoles publiques, du primaire au secondaire, portent
des vêtements produits localement le vendredi. La politique du Burkina Faso imposant
le port du Faso dan fani aux fonctionnaires lors de toutes les manifestations officielles
du pays est aussi une réussite nationale en matière de stimulation de la demande de
vêtements produits localement. Ces politiques devraient être reprises aux niveaux
régional, sous-régional et national, afin de dynamiser le commerce et la consommation
de mode aux niveaux local et transfrontalier.

54 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


INVESTISSEMENTS ET ¡ Garantir l’accès au fonds de roulement ou au capital initial
INFRASTRUCTURES Dans le secteur de la production de vêtements, l’achat de tissu peut à lui seul
immobiliser trois à quatre mois de fonds de roulement. Les intermédiaires financiers
susceptibles de lisser la trésorerie pendant la période entre les dépenses en espèces
effectuées pour financer les intrants et la fabrication, et les paiements versés par les
acheteurs mondiaux (ou nationaux), pourraient remédier au problème.

¡ Construire des centres de production modernes et adopter des modèles


de production innovants
Les gouvernements devraient investir dans la construction de centres de production
où les créateurs pourraient envoyer leurs modèles et produire en gros. Des usines
de production modernes dotées d’équipements de haute technologie devraient être
construites dans divers pays africains afin d’aider les producteurs d’habillement à
développer leurs activités et éviter d’externaliser la fabrication hors du continent.
Les parcs ou groupes industriels de fabrication de vêtements qui offrent des
infrastructures partagées (usines, services collectifs et installations logistiques) sont
susceptibles d’attirer les investissements, de favoriser les économies d’échelle et
d’encourager la collaboration. L’Éthiopie, le Kenya, le Lesotho et Maurice, qui sont à la
tête des pays africains producteurs de vêtements et d’articles d’habillement, pourraient
tirer parti de cet avantage comparatif existant10.

¡ Faciliter l’approvisionnement en articles de mercerie adéquats


Les sources d’approvisionnement de produits tels que les fermetures éclair, boutons,
fils, rubans de mesure, aiguilles et épingles sont souvent, voire toujours, situées hors
du continent. Ces produits sont de qualité inférieure sur le marché africain, si bien que
ceux qui sont de qualité sont coûteux. Les 10 exportateurs mondiaux de vêtements
et d’articles d’habillement, dont font partie l’Allemagne, le Bangladesh, la Chine, les
États-Unis d’Amérique et la Turquie, ont chacun leur spécialité pour certains aspects
de la chaîne de valeur et jouent un rôle moteur au niveau mondial11. Afin de faciliter
l’approvisionnement en articles de mercerie de qualité et de réduire les coûts, les petits
et moyens producteurs de vêtements africains pourraient passer des commandes
groupées de textiles et d’articles de mercerie.

¡ Améliorer ou développer la logistique et les infrastructures d’exportation


Un secteur de l’habillement dynamique nécessite des réseaux de transport fiables
(notamment des routes, des ports et des aéroports) pour faciliter la circulation des
matières premières et des produits finis. Des zones franches d’exportation assorties de
dispositifs réglementaires incitatifs, d’allégements fiscaux et de procédures simplifiées
pourraient être définies afin d’attirer les investissements directs étrangers et promouvoir
les exportations de vêtements.

¡ Optimiser les infrastructures existantes pour la production locale


Des pays comme Madagascar, Maurice et la Tunisie, qui disposent de l’infrastructure
nécessaire pour assurer la fabrication externalisée de grandes marques européennes,
pourraient mettre à profit ces infrastructures pour la fabrication de prêt-à-porter
local ou produit en Afrique. Cette solution offre un moyen de résoudre le problème
de l’approvisionnement pour les pays africains qui disposent de petites unités de
production et souhaiteraient investir le marché continental qui leur est accessible dans
le cadre des communautés économiques régionales et de la Zone de libre-échange
continentale africaine (ZLECAf).

Chapitre 3 • Opportunités stratégiques de croissance 55


COMPÉTENCES/ÉDUCATION ¡ Mettre en place des programmes de formation technique et professionnelle
Développer des programmes de formation professionnelle permettant d’acquérir les
compétences pratiques requises dans le secteur de l’habillement, notamment dans
les domaines de la création de patrons, de la couture, du contrôle de la qualité et de
l’utilisation des machines. S’assurer que les établissements d’enseignement agréés aient
accès aux technologies et machines modernes de production de vêtements.

¡ Proposer une formation au numérique et aux technologies


Proposer une formation aux technologies numériques telles que la conception assistée
par ordinateur (CAO) et l’impression 3D, ainsi qu’aux techniques de fabrication
avancées, afin de préparer les individus à l’évolution du paysage technologique de
l’industrie de l’habillement.

¡ Renforcer le savoir-faire en matière de commerce électronique


Les entreprises de production de vêtements pourraient s’inscrire à des formations sur
la vente en ligne, notamment sur des éléments pratiques comme les techniques de
prise de vue permettant de rendre ses photos attrayantes. Elles auraient aussi intérêt à
collaborer avec les parties prenantes du secteur traitant des enjeux de paiement et de
logistique des services d’expédition, afin de pouvoir étendre leur portée sur le marché.

56 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


HAUTE COUTURE
On estime que le montant total généré par le marché des produits de luxe en Afrique, qui n’a fait que croître au fil des
années, a atteint près de 6 milliards de dollars en 2022. Un cinquième de ces recettes provient de la haute couture,
marché qui devrait connaître une croissance annuelle de 0,79 % entre 2023 et 2028. Contrairement aux consommateurs
d’autres pays, qui se tournent vers les marques de luxe étrangères lorsque leurs revenus augmentent, les consommateurs
des pays africains sont plus enclins à acheter de la mode haut de gamme auprès de créateurs locaux, fiers d’un patrimoine
qui confère une grande valeur aux vêtements africains et aux marques locales, qui correspondent aux valeurs, aux
identités et aux besoins spécifiques des consommateurs12. Afin de soutenir le développement du secteur de la haute
couture, les gouvernements pourraient entreprendre les actions ci-après :

ENVIRONNEMENT ¡ Promouvoir la mobilité des créateurs de haute couture


RÉGLEMENTAIRE PROPICE Grâce à des bourses de voyage et à des procédures simplifiées pour l’obtention de visas,
les gouvernements peuvent faciliter la participation des créateurs de haute couture
africains aux manifestations, expositions et salons internationaux dans le domaine de
la mode, afin que les créations africaines soient représentées à l’échelle du continent et
dans le monde entier.

¡ Mettre en place des mesures de traitement préférentiel pour soutenir


le commerce des articles de mode hauts de gamme africains
Les gouvernements africains pourraient réduire ou limiter les taxes à l’importation
pour les marques de mode qui utilisent des textiles africains traditionnels fabriqués
sur le continent, notamment dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale
africaine (ZLECAf). Ils pourraient aussi négocier des politiques commerciales afin de
réduire les barrières à l’exportation et les droits de douane pour les produits de mode
de luxe locaux.

¡ Optimiser les ressources dans l’ensemble de l’écosystème


Les créateurs pourraient mettre à profit les compétences et les infrastructures de
fabrication déjà en place sur le territoire, ainsi que la logistique de distribution dont
disposent les grandes entreprises de production de vêtements, afin que les PME de
haute couture puissent bénéficier d’économies d’échelle similaires.

¡ Établir des collaborations internationales


Les gouvernements pourraient faciliter la mise en place de partenariats entre le
secteur national de la haute couture et les marques internationales de mode de luxe,
les associations professionnelles et les experts de la mode.

¡ Élaborer et appliquer des lois plus strictes et plus efficaces en matière de


propriété intellectuelle afin de protéger les créations et les marques de
mode originales
Les gouvernements pourraient mettre en place des réglementations destinées à faciliter
le dépôt et l’application de brevets sur les créations de mode, ainsi que le dépôt
de marques.

Chapitre 3 • Opportunités stratégiques de croissance 57


INVESTISSEMENTS ET ¡ Soutenir la mise en place de semaines de la mode, de salons et de
INFRASTRUCTURES manifestations commerciales
Les semaines de la mode, expositions et les autres manifestations liées à la mode
permettent de mettre en lumière le talent et la créativité, de faire rayonner l’excellence
africaine et d’attirer les parties prenantes de la mode du monde entier. Les investisseurs
publics et privés devraient s’associer aux organisateurs de ces manifestations afin de
promouvoir la haute couture africaine et de dynamiser l’ensemble de l’écosystème
de la mode. Il a été constaté que l’ensemble de l’écosystème de la mode était mieux
développé dans les pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc et le Nigéria, dotés de
manifestations structurées dans le domaine de la mode. La semaine de la mode de
Lagos, au Nigéria, ne rassemble pas seulement des créateurs de mode, mais aussi
d’autres professionnels liés à l’écosystème, tels que des agences de mannequins, des
photographes, des stylistes, des influenceurs, des journalistes et des fabricants de
vêtements. Elle prévoit aussi des master classes à l’intention des jeunes créateurs,
ainsi que des débats sur les modèles et stratégies d’entreprise. L’objectif de chaque
manifestation organisée est de renforcer la qualité du secteur de la mode au Nigéria13.
Les diverses manifestations organisées dans les différentes sous régions dans le domaine
de la mode devraient être synchronisées les unes par rapport aux autres et les dates
bien choisies pour éviter tout chevauchement, en particulier pour les manifestations
principales.

¡ Développer des possibilités de financement durable et à long terme pour


les micros, petites et moyennes entreprises de la haute couture, en offrant
un soutien ciblé aux femmes et aux jeunes
Créer des fonds ou des programmes de subventions spécifiques, destinés spécifiquement
aux créateurs émergents, aux start ups de la mode et aux entreprises de mode établies,
pourrait permettre d’apporter un soutien financier essentiel pour favoriser la création,
la production, la commercialisation et l’expansion. Un moyen d’appuyer les créateurs et
les marques de haute couture émergents pourrait être de leur donner accès à des prêts
à faible taux d’intérêt, ou de mettre en place des programmes de microfinancement
destinés aux petits entrepreneurs de la mode, en particulier dans les zones rurales
et offrant peu de services, afin de leur fournir le capital nécessaire pour démarrer ou
développer leurs activités.

¡ Favoriser le développement des points de vente au détail


Une stratégie de vente exclusive de produits de mode de luxe a vu le jour en Afrique,
dans le cadre de ce qu’on appelle les « concept stores », ou magasins concept. L’idée
est de rassembler au sein d’un même espace des articles de mode de luxe fabriqués
en Afrique et d’offrir aux consommateurs une meilleure expérience d’achat. Dans ces
magasins, l’expérience d’achat est pensée dans ses moindre détails, et porte au-delà
des vêtements sur un ensemble de produits et de services répondant à des styles de vie
particuliers. On y juxtapose tendances mondiales et thématiques locales en prenant
en compte la nécessité de pratiques durables14. Ce type de point de vente comme Bold
in Africa, à Kampala (Ouganda), qui propose des marques de créateurs originaires de
11 pays d’Afrique, pourrait être reproduit sur l’ensemble du continent. En 2020, cinq des
25 détaillants les mieux cotés en Afrique avaient leur siège en Afrique du Sud. L’Égypte,
le Maroc et le Nigéria offrent eux aussi de solides perspectives en matière du secteur
du luxe15.

58 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


¡ Renforcer le commerce en ligne
L’infrastructure numérique, y compris les plateformes de commerce électronique,
les marchés en ligne et les outils de commercialisation numérique, devraient être
développés, afin d’aider les entreprises de haute couture à atteindre un public plus large.

¡ Mettre en place des systèmes logistiques efficaces


Il est impératif que les politiques visent également à mettre en place des systèmes
de transport et livraison efficaces qui relient les pays du continent ainsi que ceux de
l’extérieur. Le projet de la ZLECAf de construction de routes commerciales, soutenues
par des systèmes de transport bien conçus reliant les différentes sous-régions du
continent, bénéficiera au commerce transfrontière des articles de haute couture.

COMPÉTENCES/ÉDUCATION ¡ Créer des écoles et des instituts de mode accrédités, et encourager


la mise au point de programmes d’enseignement spécialisés
dans le domaine de la mode
Les établissements devraient proposer une formation professionnelle complète
couvrant les différents aspects de l’industrie de la haute couture, par l’intermédiaire de
programmes d’enseignement à 360 degrés, notamment dans des domaines tels que
la technologie de la mode, le contrôle de la qualité, le commerce et l’entrepreneuriat,
le droit commercial et les droits d’auteur. Au moins un établissement devrait être
doté d’infrastructures de pointe et d’un corps professoral expérimenté, et exposer les
apprenants aux pratiques courantes de l’industrie.

¡ Soutenir financièrement l’enseignement de la mode


Des bourses d’études et des subventions devraient être accordées aux personnes
talentueuses disposant de moyens financiers limités, afin de leur permettre de suivre
un enseignement et une formation dans le domaine de la mode. Lorsque les ressources
du gouvernement sont limitées, il faudrait envisager d’établir des partenariats avec des
entreprises privées qui peuvent parrainer la formation d’étudiants talentueux.

¡ Intégrer l’entrepreneuriat des industries créatives


dans les programmes d’enseignement
Pour stimuler la croissance durable de la haute couture, les pays où ce secteur n’en
est qu’à ses débuts pourraient investir dans l’élaboration de programmes de formation
proposant différentes spécialités (entrepreneuriat, gestion, achats, stylisme) dans le
domaine de la mode. Ces programmes devraient aussi doter les jeunes créateurs de
compétences dans les domaines de la commercialisation et des affaires, et leur offrir
des possibilités de mise en réseau et de stages afin de les aider à faire progresser
leur carrière.

Chapitre 3 • Opportunités stratégiques de croissance 59


ACCESSOIRES ET MÉTIERS D’ART
Afin de soutenir le développement de ce segment du secteur de la mode, les pays pourraient envisager d’entreprendre
les actions ci-après :

ENVIRONNEMENT ¡ Mettre au point des labels d’indication géographique ou


RÉGLEMENTAIRE PROPICE des normes de qualité et des certifications
Les pays africains dont les métiers d’art dépendent de matériaux tels que les perles,
le raphia, les cauris, les métaux, le cuir et le bois, et qui ne sont pas protégés par des
labels d’indication géographique ou des droits de propriété intellectuelle applicables
aux communautés, devraient tirer des enseignements de l’expérience des pays
pionniers qui ont effectué les premières démarches en ce sens. De telles protections et
reconnaissances sont susceptibles de débloquer des investissements publics et privés et
de conduire à la mise en œuvre de mesures de sauvegarde.

INVESTISSEMENTS ET ¡ Investir dans des infrastructures adaptées à la production et


INFRASTRUCTURES à la conservation de créations haut de gamme
Une stratégie d’investissement dans les métiers d’art plus rationnelle consisterait
à améliorer chacun des aspects de la chaîne de valeur, en particulier la production
locale de matières premières telles que les métaux, les pierres, le cuir et les plumes.
Une production et un approvisionnement locaux permettent aux pays de contrôler la
chaîne de valeur et garantissent l’ancrage local de la production, qui représente une
valeur ajoutée pour l’économie locale. La Thaïlande, qui s’est employée ces 25 dernières
années à développer la fabrication de bijoux de manière à attirer une grande
proportion d’entreprises de joaillerie fine et de haute joaillerie, pourrait être une source
d’inspiration. En investissant dans des matériaux, des technologies et des formations de
qualité, tout en offrant des prix attractifs et des possibilités de développement à plus
vaste échelle, la Thaïlande a adopté un positionnement qui s’est révélé très efficace.

¡ Établir une plateforme de mise en réseau panafricaine


ou continentale des métiers d’art
Afin d’atteindre une excellence intégrée et transrégionale en matière de production
d’accessoires et de métiers d’art, il est nécessaire de mettre en place un réseau
régional pour les produits artisanaux et faits main sur le continent. De même, les pays
souhaiteront peut-être mettre en place un conseil consultatif chargé de définir des
normes, de conseiller les professionnels dans leur parcours entrepreneurial et de créer
des centres d’excellence créative.

60 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


COMPÉTENCES/ÉDUCATION ¡ Enrichir les possibilités de formation dans le domaine des métiers d’art,
notamment en fusionnant les savoir-faire traditionnels et
les techniques modernes
L’utilisation de perles, de raphia, de cauris, de métaux, de cuir, de bois et d’autres
matériaux locaux pour fabriquer des ornements de cou, de jambe et de main, ainsi que
des sacs et des chaussures, constitue un artisanat prestigieux dans plusieurs sociétés
africaines. Certains établissements d’enseignement supérieur, comme le Département
d’art et de design (spécialité « Beaux-arts et conception de bijoux ») de l’Université
de technologie de Durban (Afrique du Sud), ont institutionnalisé l’enseignement des
métiers d’art, mais la formation dans le secteur reste largement informelle et passe
par le système d’apprentissage. Des efforts devraient être faits pour améliorer les
programmes d’enseignement et de formation techniques et professionnels (EFTP), en
particulier concernant les accessoires en cuir, dotés d’un potentiel énorme dans de
nombreux pays africains. Dans le domaine des métiers d’art, la formation comporte
deux dimensions : la formation artistique et la formation technique. Le système
de formation formelle devrait prendre en compte la multitude de savoir-faire et de
pratiques traditionnelles existants sur tout le continent, véritables atouts qui confèrent
une identité inestimable au secteur des métiers d’art. Une meilleure définition et une
meilleure protection de ces savoirs renforceraient le secteur sur la scène internationale.

¡ Édifier des ponts plus solides entre le secteur des accessoires et


des métiers d’art et le reste du secteur de la mode afin de créer
de nouvelles possibilités pour les artisans et les artistes
Les accessoires de mode font partie intégrante de l’habillement africain traditionnel. Les
accessoires et les métiers d’art sont particulièrement indissociables de la haute couture,
qui accorde une grande importance au savoir-faire traditionnel et aux techniques de
pointe. L’exposition Africa Fashion, qui s’est tenue au Victoria and Albert Museum en
2022-2023, illustre comment les créateurs africains ont réussi à fusionner les métiers
d’art et la mode de manière innovante16. Pour aller plus loin dans ce domaine, il serait
souhaitable d’encourager les créateurs de mode à utiliser le savoir-faire local en mettant
en place des mesures incitatives, des labels de qualité et un plus grand nombre d’espaces
de rencontres professionnelles, tels que les salons. Les plateformes et espaces non
physiques d’exposition et de présentation de vêtements, tels que les semaines de la mode,
pourraient s’associer à des professionnels des métiers d’art et faire en sorte que leur travail
fasse partie intégrante des défilés de mode africains. Les manifestations du domaine
de la mode devraient inclure les œuvres des bijoutiers, des créateurs de chaussures, des
maroquiniers et autres producteurs d’accessoires de mode.

NOTES 6. « Roberta Annan Launches €100m Impact Fund to


Invest in Africa’s Creative Industries ». The Vaultz News,
11. www.fibre2fashion.com. « Top 10 Exporting Countries
of Textile and Apparel Industry ». Fibre2Fashion,
1. Nations Unies. « The Role of Intellectual Property Rights in 7 oct. 2021, https://thevaultznews.com/entertainment/ www.fibre2fashion.com/industry-article/8471/top-10-
Promoting Africa’s Development Overview of IPR in Africa ». roberta-annan-launches-e100m-impact-fund-to-invest-in- exporting-countries-of-textile-and-apparel-industry
Office of the UN Special Adviser on Africa, 2022, www. africas-creative-industries/ 12. « Africa’s Emerging Fashion Industry ». Toppan Digital
un.org/osaa/sites/www.un.org.osaa/files/final_policy_ 7. Calabrese, Linda et Balchin, Neil. « Foreign Investment Language, 29 sept. 2016. https://toppandigital.com/
paper_on_iprs_in_africa_fin_en_230822_v56883.pdf and Upgrading in the Garment Sector in Africa and translation-blog/africas-emerging-fashion-industry/
2. Organisation mondiale de la propriété intellectuelle Asia ». Global Policy vol. 13, special issue S1, p. 34 à 44, 13. Bobie, Adwoa Owusuaa. Rebranding Africa, Reclothing
(OMPI). « The African Fashion Design Industry: Capturing 2022, https://doi.org/10.1111/1758-5899.13059. Africa: The Role Of Emerging Designers In The Production Of
Value Through Intellectual Property ». OMPI, 2011, 8. Programme des Nations Unies pour l’environnement Aesthetic Cosmopolitanism In Lagos. 2022. Université de
www.wipo.int/edocs/mdocs/mdocs/en/ompi_pi_ (PNUE) et Convention-cadre des Nations Unies sur les Bâle, thèse de doctorat. https://edoc.unibas.ch/89646/.
dak_15/ompi_pi_dak_15_www_319536.pdf changements climatiques (CCNUCC). The Sustainable 14. Nwachukwu, David. « The New-Age Concept Stores
3. Ghana, Chambre nationale de commerce. « AGOA Trade Fashion Communication Playbook. PNUE et CCNUCC, Reimagining the Way Africans Shop ». Industrie Africa,
Resource Centre (ATRC) ». Ghana National Chamber of 2023, https://wedocs.unep.org/bitstream/ 13 déc. 2021, https://industrieafrica.com/blogs/imprint/
Commerce, 2017, www.ghanachamber.org/index.php/agoa handle/20.500.11822/42819/sustainable_fashion_ the-new-age-concept-stores-reimagining-the-way-africans-shop.
communication_playbook.pdf?sequence=3.
4. Birimian Venture et Institut français de la mode. 15. Benissan, Ezreen. « African Fashion Retailers Raised
« IFMBirimian Accelerator x Africa ». 2021, https:// 9. www.fibre2fashion.com. « Top 10 Exporting Countries Local Luxury’s Profile. What’s next? » Vogue Business, 8
birimianventures.com/ifm-birimian-accelerator-x-africa/ of Textile and Apparel Industry ». Fibre2Fashion, avril 2022, www.voguebusiness.com/consumers/african-
5. Banque africaine de développement (BAfD). « How www.fibre2fashion.com/industry-article/8471/top-10- fashion-multi-brand-retailers-raised-local-luxury-jendaya-
can Africa’s fashion entrepreneurs access finance to grow exporting-countries-of-textile-and-apparel-industry.
industrie-africa-folklore.
their businesses? ». Groupe de la Banque africaine de 10. « African Textiles, Garment and Fashion Industry in
développement, 16 déc. 2020, www.afdb.org/ar/news- Africa ». Kohan Textile Journal: Middle East and Africa Textile 16. Victoria and Albert Museum. « Magician of the Desert:
and-events/how-can- africas-fashion-entrepreneurs-access- Portal, 13 août 2019, https://kohantextilejournal.com/ Alphadi » Victoria and Albert Museum, https://www.vam.
finance-grow-their- businesses-39925 textile-and-garment-industry-africa/. ac.uk/articles/magician-of-the-desert-alphadi

Chapitre 3 • Opportunités stratégiques de croissance 61


© Masa Mara
Annexe

Panoramas
régionaux
AFRIQUE
AUSTRALE
LA RÉGION EN CHIFFRES
Exportations Importations
de textiles, de vêtements de textiles, de vêtements
et de chaussures, et de chaussures,
en dollars des États-Unis en dollars des États-Unis
Afrique du Sud (2020) 1 254 604 070 3 899 560 990
Angola (2019) 8 664 950 407 947 080
Botswana (2020) 15 393 000 135 758 610
Eswatini (2020) 199 632 290 165 194 290
Lesotho (2020) 461 061 070 289 594 500
Malawi (2020) 10 902 460 145 767 120
Mozambique (2020) 69 961 130 229 864 310
Namibie (2020) 5 187 340 194 411 410
Zambie (2020) 25 173 880 205 389 440
Zimbabwe (2020) 44 098 350 114 307 450
Source : Base de données intégrée de la Banque mondiale relative aux statistiques commerciales.

Les pays les plus peuplés d’Afrique dans le cadre des efforts déployés pour
australe, à savoir l’Afrique du Sud, favoriser l’utilisation de textiles et autres
l’Angola et le Mozambique possèdent intrants domestiques dans le secteur
peut-être les secteurs de la mode les de l’habillement et de la vente au
plus dynamiques de la région, mais détail. Pour ce qui est des fibres textiles,
bon nombre de pays de la région l’Afrique du Sud produit, outre le coton,
participent également depuis longtemps d’importantes quantités de laine et de
aux chaînes de valeur mondiales de la mohair ; avec la Namibie, elles sont aussi
Afrique du Sud mode en tant que sous-traitants de la productrices d’étoffes de soie.
Angola production de vêtements, notamment La plupart des autres pays de la région
l’Eswatini (seul pays de la région qui disposent d’une base de production
Botswana affiche une balance commerciale textile industrielle modeste et de
Eswatini excédentaire) et le Lesotho. Par le passé, nombreux textiles typiques issus de
c’était aussi le cas du Malawi et du traditions locales (shweshwe, leteise,
Lesotho Zimbabwe, qui déploient actuellement odelela, kitenge) sont, au moins en
des efforts pour relancer cette activité. partie, produits localement.
Malawi L’Afrique du Sud, qui se caractérise pour
La Zambie soutient aussi la production
Mozambique sa part par une forte production de
de textiles tissés à la main. L’Afrique
masse dans le secteur de l’habillement
Namibie et de la chaussure par rapport à d’autres du Sud est un acteur majeur dans le
pays, sous-traite sa production à certains domaine de la maroquinerie, tant pour
Zambie le marché de masse que pour la haute
de ses voisins, tout en exportant des
Zimbabwe vêtements vers divers pays africains. Du couture, et ce secteur est également
point de vue de son marché domestique, en pleine émergence au Botswana et
en revanche, la production industrielle en Zambie.
de l’Afrique du Sud a connu un déclin De nombreux créateurs renommés
significatif, suivi d’une stagnation, viennent d’Afrique du Sud, et le pays
au cours de la dernière décennie. possède également l’un des écosystèmes
La politique sud-africaine en ce qui de formation dans le domaine de
concerne la production locale s’inscrit la mode les plus solides d’Afrique.

64 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


GRANDES MANIFESTATIONS DU SECTEUR DE LA MODE

• Design Indaba (Le Cap)


• Semaine de la mode de l’Afrique du Sud (Johannesburg)
• Semaine de la mode de l’Angola (Luanda)
• Semaine de la mode du Mozambique (Maputo)

Des créateurs de haute couture émergent


également en Angola et au Mozambique,
où les semaines de la mode attirent de
plus en plus l’attention internationale.
Dans les petits pays de la région, si la
mode n’est pas encore au centre des
politiques, un environnement favorable

EN BREF
commence à se dessiner. Tous les pays
de la région organisent au moins une
semaine de la mode chaque année, et
bon nombre d’entre eux comptent plus
d’une manifestation de ce type par an.
La Namibie est dotée d’un conseil de la Lesotho
mode actif, qui a récemment publié une
étude sur le secteur. Le Ministère sud- PIB généré par le Lesotho
africain du commerce, de l’industrie et de dans les secteurs du textile, de l’habillement,
la concurrence a, de son côté, commandé
une étude portant spécifiquement sur
de la chaussure et du cuir en 2021 :
l’économie du secteur de la mode. 358 millions de dollars des États-Unis1
Néanmoins, dans de nombreux pays de
la région, y compris en Afrique du Sud,
les secteurs du textile, de l’habillement
et de la chaussure manquent de visibilité
Namibie
dans les statistiques publiques, ce qui PIB généré par la Namibie
entrave l’élaboration de politiques et la
défense des intérêts de ces secteurs. dans les secteurs du textile, de l’habillement
Les parties prenantes de l’industrie ne et du cuir en 2021 :
perçoivent pas d’obstacles spécifiques 60 millions
à la participation des femmes dans le
secteur et, dans certains pays, les aides de dollars des États-Unis2
ciblent souvent les femmes, la mode
étant traditionnellement considérée
comme un secteur d’activité féminin
– ce qui peut en rendre l’accès plus
difficile pour les hommes, mais est de
moins en moins vrai. Le secteur du cuir a
tendance à attirer davantage d’hommes.

1. Lesotho, Bureau national des statistiques. « Annual


National Accounts of Lesotho 2021. » Ministère du
développement et de la planification du Lesotho, 2022.
2. Namibie, Agence des statistiques. « Annual National
Accounts 2021. » Agence des statistiques de la
Namibie, 2021, https://nsa.nsa.org.na/wp-content/
uploads/2022/08/Annual-National-Accounts-2021.pdf.

Annexe • Panoramas régionaux 65


AFRIQUE
CENTRALE
LA RÉGION EN CHIFFRES
Exportations Importations
de textiles, de vêtements de textiles, de vêtements
et de chaussures, et de chaussures,
en dollars des États-Unis en dollars des États-Unis

Burundi (2020) 1 280 720 48 681 750

Cameroun (2018)* 215 224 850 198 158 270

Congo (2020) 759 050 44 230 140

Gabon n.d. n.d.

Guinée équatoriale n.d. n.d.

Rép. centrafricaine (2018) 1 414 510 11 760 690

Rép. démocratique
4 656 940 226 527 880
du Congo (2020)

Sao Tomé-et-Principe (2020) 8 510 4 695 250

Tchad n.d. n.d.

Source : Base de données intégrée de la Banque mondiale relative aux statistiques commerciales.
* N. B. : dans la base de données source, les textiles incluent le coton non cardé et le fil de coton. Dans les pays marqués d’un
astérisque, ces deux catégories constituent l’essentiel des exportations de textiles, d’habillement et de chaussures.

Le secteur de la mode en Afrique Kinshasa gagnent une reconnaissance


centrale est à une étape critique, internationale pour leurs créations
aspirant à un soutien plus structuré uniques et avant-gardistes, qui s’inspirent
et complet pour déployer tout son notamment des traditions congolaises
Burundi immense potentiel. Notamment, des et des tendances contemporaines
pays producteurs de coton tels que le mondiales. Il existe également une
Cameroun Burundi, le Cameroun et le Tchad ont demande importante pour les vêtements
Congo pris d’importantes mesures pour insuffler et tissus traditionnels. Chaque année,
une nouvelle vie à leurs secteurs de le 8 mars, les femmes parcourent les
Gabon production textile. Ces dernières années, rues de Guinée équatoriale vêtues du
le Burundi et le Tchad ont réintroduit popó de la mujer, des robes colorées
Guinée équatoriale avec succès des tissus wax fabriqués confectionnées dans des tissus
localement, témoignant de la créativité officiels produits spécialement pour
République
et du patrimoine textile unique de la la célébration.
centrafricaine région. Entretemps, le Cameroun est
sur le point de renforcer davantage son Cependant, les cadres réglementaires
République actuellement en place dans la région
industrie de la mode en intégrant une
démocratique du Congo école de textile et de mode dans le parc restent généralement fragmentés et
se caractérisent par des initiatives
Sao Tomé-et-Principe industriel en cours de construction dans
sporadiques et isolées, souvent menées
la ville portuaire animée de Kribi.
Tchad par des acteurs non gouvernementaux.
La créativité foisonnante de la Ce paysage morcelé a conduit à une
région, en particulier dans des pays situation dans laquelle de nombreux
comme le Cameroun et la République créateurs de mode de premier plan
démocratique du Congo, laisse entrevoir de la région ont été amenés à opérer
un immense potentiel qui attend d’être à l'extérieur de la région en raison
exploité. Les créateurs présentant leurs des ressources et opportunités
œuvres à la Semaine de la mode de locales limitées.

66 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


GRANDES MANIFESTATIONS DU SECTEUR DE LA MODE

• Forum des métiers de la mode et du design (Yaoundé)


• Liputa Fashion Show (Goma)
• Semaine de la mode de Kinshasa
• Semaine de la mode du Cameroun (Yaoundé)

De plus, même si les créateurs régionaux


sont enthousiastes à l’idée de promouvoir
les textiles traditionnels, leurs efforts
se heurtent souvent à des obstacles
considérables, tels une productivité

EN BREF
faible et un manque d’opportunités de
formation adéquates pour la prochaine
génération d’artisans. Ce défi est
particulièrement évident dans le cas des
tissus en raphia, qui sont répandus dans
toute la région et qui peuvent nécessiter
plusieurs années d'apprentissage et de
formation pour obtenir des motifs et des
Cameroun
textures élaborés. En outre, le Cameroun
recèle un important potentiel inexploité
PIB généré par les secteurs du textile,
dans le secteur de la maroquinerie, qui de l’habillement et du cuir en 2019 :
attend d’être exploré.
519 millions de dollars des États-Unis1
L’un des principaux obstacles à
l’élaboration de politiques dans le secteur
de la mode en Afrique centrale est le Nombre de salariés permanents
manque important de données ciblées
et d’études approfondies. Le manque de dans les entreprises formelles
telles informations entrave l'élaboration de l’industrie textile en 2018 :
de politiques efficaces et la planification
stratégique, posant ainsi un frein majeur
1 767 personnes
à la croissance du secteur. Même si les dont 22% de femmes1
professionnels de l’industrie n’ont pas
mis en évidence d’obstacles majeurs liés
au genre dans le secteur, la disponibilité
limitée de données sur cet aspect en
Afrique centrale souligne la nécessité
d’adopter une approche plus inclusive
pour garantir que le secteur de la mode
puisse véritablement prospérer dans la
région et déployer son plein potentiel en
tant qu’industrie dynamique et diversifiée.

1. Cameroun, Ministère des mines, de l’industrie et du


développement technologique. « Statistical Yearbook of
the Mining, Industry and Technological Development
Sector. » MINMDT, 2020, www.minmidt.cm/wp-content/
uploads/2022/05/Annuaire-statistique-en-EN_
final-09.11.2021.pdf.

Annexe • Panoramas régionaux 67


AFRIQUE
DE L’EST
LA RÉGION EN CHIFFRES
Exportations Importations
de textiles, de vêtements de textiles, de vêtements
et de chaussures, et de chaussures,
en dollars des États-Unis en dollars des États-Unis
Comores (2020) 68 490 5 514 020

Djibouti n.d. n.d.

Érythrée n.d. n.d.

Éthiopie (2020) 164 171 740 764 633 920

Kenya (2020) 457 860 590 829 685 720

Madagascar (2020) 426 704 880 509 188 450

Maurice (2020) 518 685 630 308 282 170

Ouganda (2020) 68 358 910 384 233 070

République-Unie
238 759 820 366 920 430
de Tanzanie (2020)

Rwanda (2019) 32 211 040 161 244 720

Seychelles (2020) 336 440 22 837 570

Somalie n.d. n.d.

Soudan (2018) 158 860 960 520 938 650

Soudan du Sud n.d. n.d.


Comores
Source : Base de données intégrée de la Banque mondiale relative aux statistiques commerciales.
Djibouti
Érythrée L’Afrique de l’Est est une région qui brut en textile, ainsi que d’intensifier la
se caractérise par de forts contrastes : culture du coton pour être à la hauteur
Éthiopie elle abrite à la fois des producteurs de de leurs ambitions en matière de
Kenya vêtements établis de longue date (ou production textile.
fortement émergents) dont la portée
Madagascar est mondiale, ainsi que des pays où le Avec l’industrialisation du secteur du
secteur de la mode stagne ou décline. textile et de l’habillement, la fabrication
Maurice Maurice a été le premier pays d’Afrique artisanale à petite échelle est parfois
de l’Est à réussir à intégrer sa production insuffisamment intégrée dans les
Ouganda de vêtements dans les chaînes de valeur politiques publiques et aux systèmes
mondiales (dès les années 1980), de production à plus grande échelle.
République-Unie Toutefois, les tissus tissés main restent
rapidement suivi de Madagascar.
de Tanzanie Aujourd’hui, avec l’émergence de très pertinents en Érythrée et en Éthiopie,
l’Éthiopie et du Kenya, la région serait tandis qu’en Ouganda, la revitalisation
Rwanda susceptible de devenir la prochaine des tissus d’écorce suscite un regain
Seychelles plaque tournante de la sous-traitance d’intérêt, même s’il est encore émergent.
mondiale du secteur de l‘habillement. La production industrielle de textiles
Somalie De nombreux pays de la région (Éthiopie, tels que les imprimés wax (kitenge), les
Kenya, Ouganda, République-Unie de kangas et les kikoys est assez importante
Soudan Tanzanie, Soudan et Soudan du Sud) dans la région, même si les parties
cultivent le coton, et une bonne partie prenantes du secteur constatent que la
Soudan du Sud d’entre eux s’efforcent d’accroître leurs qualité de ces tissus n’est pas toujours
activités de transformation du coton optimale pour la création de vêtements.

68 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


GRANDES MANIFESTATIONS DU SECTEUR DE LA MODE

• Semaine de la mode du Rwanda (Kigali)


• Semaine de la mode et de l’approvisionnement en Afrique (Addis-Abeba)
• Semaine de la mode « Hub of Africa » (Addis-Abeba)
• Semaine de la mode swahilie (Dar es Salam)
• Semaine du textile et du cuir en Afrique de l’Est (Nairobi)

La production d’accessoires en cuir


se développe rapidement en Éthiopie
et au Kenya, tandis que le Soudan
du Sud montre les premiers signes
de l’émergence d’un secteur de
maroquinerie, avec la marque Mayo
Leather produisant sa première collection EN BREF
de cuirs « fabriqués au Soudan du Sud »
en 2022.
Kenya
La région compte de nombreux créateurs
de mode renommés, dont la plupart sont Nombre d’employés dans les secteurs
originaires de trois pays : l’Éthiopie, le du textile, de l’habillement et du cuir en 2018 :
Kenya et le Rwanda. La Somalie, pour 78 252 dont 15 % de femmes1
sa part, compte plusieurs créateurs
émergents dans la diaspora, qui se
positionnent notamment sur le créneau Montant généré par la production industrielle dans
de la mode féminine modeste. les secteurs du textile, de l’habillement et du cuir en 2018 :
Les parties prenantes de l’industrie 667 millions de dollars des États-Unis,
interrogées dans la région ne dont 50 % pour l’habillement,
mentionnent aucun obstacle important 27 % pour le textile et 22 % pour le cuir1
dans le secteur lié au genre, et ont
indiqué percevoir une forte participation
des femmes dans le secteur. Les chiffres
Le Kenya a importé l’équivalent de 173 millions
relatifs à l’emploi dans le secteur formel de dollars des États-Unis en vêtements
du textile et de l’habillement au Kenya de seconde main en 2021, ce qui
révèlent toutefois un faible taux d’emploi correspond à 183 500 tonnes2
des femmes. Les données de l’OIT
montrent que le secteur de l’habillement
éthiopien emploie 80 % de femmes,
mais que celles-ci sont souvent limitées
aux tâches à faible responsabilité.

1. Bureau national de statistique du Kenya. « Census of


Industrial Production and Construction Report 2018. »
KNSStats, 2019.
2. Nations Unies. Base de données Comtrade de l’ONU.
Section du commerce et des statistiques des Nations unies,
https://comtradeplus.un.org/.

Annexe • Panoramas régionaux 69


AFRIQUE
DE L’OUEST
LA RÉGION EN CHIFFRES
Exportations Importations
de textiles, de vêtements de textiles, de vêtements
et de chaussures, et de chaussures,
en dollars des États-Unis en dollars des États-Unis
Bénin (2020)* 475 217 680 98 413 260
Burkina Faso (2020)* 267 431 230 95 900 810
Cabo Verde (2020) 6 654 170 24 101 370
Côte d’Ivoire (2019)* 486 007 720 246 944 500
Gambie (2020) 1 445 020 15 154 360
Ghana (2019) 160 465 270 293 924 610
Guinée (2016) 7 435 280 79 441 010
Guinée-Bissau n.d. n.d.
Libéria n.d. n.d.
Mali (2019)* 426 156 210 124 600 140
Niger (2020) 8 495 410 82 639 920
Nigéria (2020) 21 849 370 1 033 716 910
Sénégal (2020) 126 060 150 199 708 420
Sierra Leone (2018) 368 320 31 012 630
Togo (2020)* 132 701 720 199 981 640
Source : Base de données intégrée de la Banque mondiale relative aux statistiques commerciales.
* N. B. : dans la base de données source, les textiles incluent le coton non cardé et le fil de coton. Dans les pays marqués d’un
astérisque, ces deux catégories constituent l’essentiel des exportations de textiles, d’habillement et de chaussures.

Bénin
Burkina Faso L’Afrique de l’Ouest est l’une des régions spécifiquement la consommation
Cabo Verde du continent démontrant le plus de de textiles traditionnels tissés à la
créativité dans le domaine de la haute main. Cependant, il reste encore à
Côte d’Ivoire couture ; de nombreux créateurs de soutenir de manière plus structurée
Gambie renom y ont émergé au cours des et à plus vaste échelle la formation
dernières décennies, en particulier et la capacité de production dans le
Ghana au Ghana, au Nigéria et au Sénégal, domaine des textiles artisanaux. Les
Guinée bien que la région ne dispose pas wax produits par la Côte d’Ivoire et le
d’une base de production industrielle Ghana se vendent bien dans la région,
Guinée-Bissau favorable pour approvisionner son malgré la forte concurrence des wax
Libéria industrie en textiles de qualité et d’un importés, qui sont généralement moins
bon rapport qualité prix. Les textiles onéreux. Toutefois, dans l’ensemble,
Mali traditionnels et ceux dont l’esthétique la production industrielle de textiles
Niger est associée avec le continent sont reste le talon d’Achille du secteur de la
particulièrement présents, aussi bien mode en Afrique de l’Ouest. Comme la
Nigéria dans les vêtements de tous les jours que région abrite certains des plus grands
Sénégal pour les tenues d’apparat, et ce, dans producteurs de coton du continent
presque tous les pays de la région. Des (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire
Sierra Leone pays comme le Burkina Faso, la Côte et Mali), les bénéfices potentiels qui
Togo d’Ivoire et le Ghana ont mis en place résulteraient de l’augmentation de
des politiques destinées à encourager la production textile sont énormes.

70 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


GRANDES MANIFESTATIONS DU SECTEUR DE LA MODE

• Festival international de la mode africaine (FIMA) (lancé à Niamey


– certaines éditions ont lieu dans d’autres pays africains)
• Salon international du textile africain (SITA) (Lomé)
• Semaine de la mode Arise (Lagos)
• Semaine de la mode de Dakar
• Semaine de la mode de Lagos
• Semaine de la mode Glitz Africa (Accra)

Le secteur de l’habillement est dynamique


et créatif, mais se limite principalement à

EN BREF
la confection sur mesure et la production à
petite échelle. Parmi les besoins exprimés
par les acteurs du secteur, celui qui revient
le plus souvent est la nécessité d’investir
pour faire passer la production de vêtements Sénégal
de la région à la vitesse supérieure. Par
ailleurs, en Afrique de l’Ouest, l’importation PIB généré par les secteurs du textile,
de vêtements de seconde main représente
des volumes très importants, ce qui
de l’habillement et du cuir en 2021 :
entrave la rentabilité pour les producteurs 560 millions de dollars des États-Unis1
de vêtements. Dans des pays comme le
Ghana, ces volumes ont atteint des niveaux
ingérables qui posent des risques importants
La production était répartie comme suit :
pour l’environnement. En ce qui concerne Production de coton égrené 1 %
les accessoires, la production de sacs à main Filage, tissage et finissage 28 %
de luxe et de chaussures semi-artisanales Confection de vêtements 66 %
a été particulièrement dynamique ces
dernières années. Articles en cuir 4 %
Le développement du secteur de la
mode est soutenu par un écosystème Pour s’habiller et se chausser, les ménages
de formation et d’éducation inégal. sénégalais ont dépensé en 2021 :
Des pays comme le Ghana et le Nigéria
comptent une centaine d’établissements
858 millions de dollars
de formation dans le domaine de la mode des États-Unis1
(bien que nombre d’entre eux ne proposent
pas de programmes adaptés aux besoins
techniques et commerciaux actuels du
secteur), alors que dans d’autres pays,
l’offre de formation professionnelle dans
ce domaine est très limitée.
Les experts du secteur ne perçoivent pas
d’obstacles spécifiques liés au genre
et notent qu’à mesure que le potentiel
du secteur se confirme, les stéréotypes 1. Sénégal, Agence nationale de la statistique et de
s’atténuent en ce qui concerne la la démographie. “Comptes nationaux semi-définitifs de
2021 et définitifs de 2020.” ANSD, 2022,
participation des hommes au secteur www.ansd.sn/sites/default/files/2023-02/Note_
de la mode. analyse_comptes-nationaux_28_12_2022-rev.pdf.

Annexe • Panoramas régionaux 71


DU NORD
AFRIQUE LA RÉGION EN CHIFFRES
Exportations
de textiles, de vêtements
et de chaussures,
en dollars des États-Unis
Importations
de textiles, de vêtements
et de chaussures,
en dollars des États-Unis
Algérie (2017) 4 113 010 1 378 597 970
Égypte (2020) 2 812 683 140 3 266 145 430
Libye (2018) 4 062 770 786 016 750
Maroc (2020) 3 277 392 900 3 356 244 150
Mauritanie (2020) 841 650 52 491 170
Tunisie (2019) 3 079 460 840 2 287 868 310
Source : Base de données intégrée de la Banque mondiale relative aux statistiques commerciales.

L’Afrique du Nord abrite certains des pays Un système d’éducation et de formation


les plus dynamiques d’Afrique en matière solide dans le domaine du textile et de
de production industrielle de textiles et l’habillement a contribué à consolider
de production de masse de vêtements : l’évolution du secteur de la mode dans
l’Égypte, le Maroc et la Tunisie. Les ces trois pays, même si les experts
secteurs du textile et de l’habillement notent des pistes d’amélioration en ce
de ces pays sont étroitement intégrés qui concerne l’enseignement relatif aux
dans les chaînes de valeur de la mode aspects commerciaux et aux évolutions
au niveau mondial, car de nombreuses technologiques.
marques de mode internationales L’environnement réglementaire des autres
s’approvisionnent dans ces pays. Les pays d’Afrique du Nord est beaucoup
entreprises locales ont parallèlement pu moins favorable : les entretiens menés
Algérie développer elles mêmes des marques de en Algérie et en Libye font état d’un
Égypte mode, et dans ce domaine, les politiques déclin notable du secteur de la mode par
du Maroc semblent particulièrement rapport aux décennies précédentes.
Libye favorables : de nombreuses marques
Celui‑ci ne fait pas encore l’objet de
Maroc marocaines se sont développées au fil
politiques ciblées en Mauritanie, mais le
des ans, dont certaines ont prospéré et
Mauritanie pays peut se targuer d’une production
se sont étendues à l’échelle mondiale.
dynamique dans le domaine des
Par exemple, la marque Diamantine
Tunisie compte plus de 130 magasins dans le
accessoires tels les bijoux et articles en cuir.
monde (notamment en Arabie saoudite, Dans l’ensemble, les designs traditionnels
à Bahreïn, au Canada, en Côte d’Ivoire, trouvent une forte expression à travers
en France, au Koweït, au Liban, à Oman, la mode contemporaine de la région,
aux Pays-Bas et au Qatar), et son offre principalement au niveau des accessoires
comporte des vêtements directement (maroquinerie, bijoux et décoration,
rattachés au patrimoine de la région, en particulier). Les textiles et modes
comme des gandouras et des djellabas1. vestimentaires traditionnels, parfois
Les créateurs de haute couture protégés dans le cadre des listes du
marocains bénéficient également les patrimoine mises en place par les pays ou
cadres réglementaires favorables, tandis par l'UNESCO, restent présents, mais sont
qu’en Égypte et en Tunisie, les parties souvent réservés aux tenues religieuses ou
prenantes de l’industrie remarquent que cérémonielles.
la créativité locale a parfois du mal à Les importations de vêtements de seconde
trouver sa place dans les écosystèmes main sont plus limitées dans cette région
de mode respectifs des deux pays. que dans le reste de l’Afrique.

72 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


GRANDES MANIFESTATIONS DU SECTEUR DE LA MODE

• Salon de l'approvisionnement en fil et tissu (Casablanca)


• Semaine de la mode de Casablanca
• Semaine de la mode de Marrakech
• Semaine de la mode de Tunis
• Semaine égyptienne de la mode (lancée en 2023)

Cependant, il n’a pas été possible, dans


le cadre de ce rapport, de déterminer si
cette situation était due à des politiques
publiques limitant ces importations ou à
d’autres facteurs.

Dans certains pays, les barrières liées au


genre représentent un obstacle pour les
EN BREF
femmes, notamment car leur travail en
dehors de la maison est peu accepté ; de
Égypte
leur côté, les créateurs de mode hommes Emploi dans les secteurs
peuvent rencontrer des difficultés à du textile, de l’habillement, du cuir
travailler dans le domaine de la mode et de la chaussure en 2017 :
féminine et doivent faire appel à des
intermédiaires femmes pour faciliter les
644 500 personnes dont 26 % de femmes2
interactions avec leur clientèle. En outre,
il convient de souligner que la majeure Maroc
partie de la production industrielle est Emploi dans les secteurs du textile, de l’habillement,
orchestrée par des entreprises dirigées
par des hommes.
du cuir et de la chaussure en 2020 :
417 000 personnes dont 45 % de femmes3
Les secteurs de la production industrielle
des textiles et de l’habillement étant très
développés, en particulier en Égypte, au Tunisie
Maroc et en Tunisie, les effets néfastes du Emploi dans les secteurs du textile, de l’habillement,
secteur de la mode sur l’environnement du cuir et de la chaussure en 2023 :
sont à la fois une réalité et une pré- 183 000 personnes dont 91% dans des
occupation que les acteurs de l’industrie
s’efforcent de prendre en compte. entreprises se consacrant entièrement
à l’exportation4

1. Diamantine. https://uk.diamantine.com/en-it
2. Agence centrale pour la mobilisation publique et les
statistiques, (CAPMAS). « The Results of the Fifth Economic
Census 2017-2018 for Egypt by Economic Activity
and Governorates » Egypt Statistics, 2018, https://
censusinfo.capmas.gov.eg/Metadata-en-v4.2/index.php/
catalog/405.
3. Maroc, Haut-Commissariat au Plan,
« Annuaire Statistique Du Maroc, 2021 »,
Haut‑Commissariat au Plan, 2021, www.hcp.ma/
downloads/?tag=Annuaires+statistiques+du+Maroc.
4. Tunisie, Agence pour la promotion de l’industrie et de
l’innovation, « Portail de l’industrie tunisienne ». Agence
pour la promotion de l’industrie et de l’innovation,
http://www.tunisieindustrie.nat.tn/en/tissu.asp.

Annexe • Panoramas régionaux 73


Bibliographie
Africa Blockchain Institute. « Textiles and Apparel Industry in Banque africaine de développement (BAD). « Report on the
the Context of the AfCFTA and the Ongoing Discussion on Feasibility Study for the Development of the Online
Rules of Origin. » Medium, 27 février 2023. Fashionomics Platform ». Groupe de la Banque africaine de
https://medium.com/@africablockchaininstitute/textiles- développement, 2019, https://www.afdb.org/fileadmin/
and-apparel-industry-in-the-context-of-the-afcfta-and-the- uploads/afdb/Documents/Generic-Documents/Final_
ongoing-discussion-on-rules-of-b958e8a5d57d. Report_AFDB_Fashionomics_-_Investing_in_the_African_
Creative_Industries_for_the_Continent_s_Inclusive_
« African ECommerce User Growth Beats Asia. » ecommerceDB,
Growth.pdf.
7 février 2022, https://ecommercedb.com/insights/%20
african-ecommerce-user-growth-beats-asia/3488. ———. « The Middle of the Pyramid: Dynamics of the Middle Class
in Africa. » AfDB Market Brief, 10 May 2011,
« Africa’s Emerging Fashion Industry. » Toppan Digital Language,
https://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/
29 septembre 2016. https://toppandigital.com/
Documents/Publications/The%20Middle%20of%20the%20
translation-blog/africas-emerging-fashion-industry/.
Pyramid_The%20Middle%20of%20the%20Pyramid.pdf
« African Textiles, Garment and Fashion Industry in Africa. »
———. « Investing in the Creative Industries: Fashionomics.
Kohan Textile Journal: Middle East and Africa Textile Portal,
Executive Summary. » Groupe de la Banque africaine de
13 aout 2019, https://kohantextilejournal.com/textile-
développement, 2018, https://shop.fashionomicsafrica.
and-garment-industry-africa/.
org/modules/fashiomom/public/storage/e26974459de
Africa Wealth Report 2023. Henley & Partners, 2023, 6a88b752e017fa19eb9d257f9c4021535996686.pdf.
https://www.henleyglobal.com/publications/africa-
———. « How can Africa’s fashion entrepreneurs access finance
wealth-report-2023.
to grow their businesses? » Groupe de la Banque africaine
African Women Experts (AWE). « Sally Karago, l’as de la mode de développement, 16 décembre. 2020, https://www.
kényane ». AWE, http://africawomenexperts.com/lng/ afdb.org/en/news-and-events/how-can-africas-fashion-
en/2020/07/sally-karago-the-ace-of-kenyan-fashion/. entrepreneurs-access-finance-grow-their-businesses-39925.
Afrique du Sud, Département du commerce, de l’industrie ———. « Building Africa’s Manufacturing Strength in the Textile
et de la concurrence. Assessing the Economic Value and Clothing Sector. » Groupe de la Banque africaine de
of the Designer Fashion Sector in South Africa. Twyg, développement, 31 janvier 2019, https://blogs.afdb.
19 août 2020, https://twyg.co.za/wp-content/ org/fr/industrialisation-and-trade-corner/post/building-
uploads/2020/08/SACC004-A-SACC-THE-ECONOMIC- africas-manufacturing-strength-in-the-textile-and-clothing-
VALUE-OF-THE-DESIGNER-FASHION-SECTOR-RESEARCH- sector-18953.
REPORT11.pdf.
Banik, Dan. « Unpacking Secondhand Clothes in Africa. » Twyg,
———. « Clothing & Textiles Competitiveness Programme (CTCP) ». 5 May 2020, https://twyg.co.za/unpacking-secondhand-
DTIC, https://www.ctflgp.co.za/. clothes-in-africa/.
Allemagne, Deutsche Gesellschaft für Interntionale Banque mondiale. « The World Integrated Trade Solution
Zusammenarbeit. « Textile, confection et mode en Côte (WITS) ». https://wits.worldbank.org/.
d’Ivoire : Étude sectorielle ». 2021, https://invest-for-jobs.
———. « Featured speaker: Nora Bannerman-Abbot ». World Bank
com/assets/media/dateien/Etude_Textile-confection-et-
Live, 23 mai 2018, https://live.worldbank.org/experts/
mode-en-Côte-dIvoire.pdf.
nora-bannerman-abbot.
Anami, Luke. « East Africa wrestles with proposals to ban imports
Barangenza, Laurent. « La diplomatie économique figure
of used clothes ». The East African, 21 juin 2021,
parmi les priorités du Gouvernement du Burundi ». Radio
www.theeastafrican.co.ke/tea/business/region-wrestles-
Télévision Nationale du Burundi, 29 juin 2021,
with-proposals-to-ban-imports-of-used-clothes-3854868.
https://rtnb.bi/fr/art.php?idapi=5/1/209.
« An Ode to the Originals is the Apt Title of the Latest Collection
by House of Divinity ». Botswana Gazette. 2 novembre 2020,
https://www.thegazette.news/lifestyle/an-ode-to-the-originals-
is-the-apt-title-of-the-latest-collection-by-house-of-divinity/

Bibliographie 75
Benabdellah, Yahya. « Dayem Morocco, la vision de I’AMITH Centre du commerce international. « Trade Map database ». CCI,
pour redonner au textile sa place internationale » https://www.trademap.org/.
Medias 24, 1er décembre 2021, https://medias24.
Chambre de commerce et d’industrie africaine. « FICOTA African
com/2021/12/01/dayem-morocco-la-vision-de-lamith-
Fashion Project. » African Chamber of Trade and Commerce
pour-redonner-au-textile-sa-place-internationale/.
Program for the Transformation of Cotton in Africa, 2021,
Bénin, Institut national de la statistique et de l’analyse https://www.ficota.org/afp.
économique (INSAE-Bénin). Monographie de la
Christensen, Lau et Robinson, Alex. « The Potential Global
filière coton au Bénin. Ministère du plan et du
Economic Impact of the Metaverse ». Analysis Group (AG),
développement du Bénin, 2020, https://instad.
2022, https://www.analysisgroup.com/globalassets/
bj/images/docs/insae-publications/autres/DT/
insights/publishing/2022-the-potential-global-economic-
MonographieFiliereCotonauBenin_20201025_Finale.pdf
impact-of-the-metaverse.pdf.
Benissan, Ezreen. « African Fashion Retailers Raised Local
Christine Checinska, responsable de publication. Africa Fashion.
Luxury’s Profile. What’s next? » Vogue Business,
V&A Publishing, 2022.
8 avril 2022, www.voguebusiness.com/consumers/african-
fashion-multi-brand-retailers-raised-local-luxury-jendaya- Clarence-Smith, William G. « The Textile Industry of Eastern Africa
industrie-africa-folklore. in the Longue Durée ». Africas Development in Historical
Perspective, edité par Emmanuel Akyeampong et al.,
Besser, Linton. « Dead White Man’s Clothes: The Dirty Secret
Cambridge University Press, 2014, p. 264 à 294.
behind the World’s Fashion Addiction ». ABC News,
https://doi.org/10.1017/CBO9781139644594.011.
11 août 2021, www.abc.net.au/news/2021-08-12/fast-
fashion-turning-parts-ghana-into-toxic-landfill/100358702. Comité consultatif international du coton (ICAC). « ICAC Data
Dashboard.” » https://icac.shinyapps.io/ICAC_Open_
Birimian et Institut Français de la Mode. « IFM-Birimian
Data_Dashboaard/#. Page consultée en juillet 2022.
Accelerator x Africa ». 2021, https://birimianventures.
com/fr/ifm-birimian-accelerator-x-africa/. Commission économique pour l’Afrique (CEA). « Deepening
the AfCFTA: celebrating the adoption of new protocols on
« Bobby Kolade’s use of bark cloth is changing the face of
investment, intellectual property rights and competition
fashion ». SatisFashion Uganda, 26 août 2014,
policy ». Commission économique pour l’Afrique,
https://satisfashionug.com/bobby-kolades-use-of-bark-
16 mars 2023, www.uneca.org/stories/%28blog%29-
cloth-is-changing-the-face-of-fashion/. Page consultée le
deepening-the-afcfta-celebrating-the-adoption-of-
28 juillet 2023.
new-protocols-on-investment%2C. Page consultée
Bobie, Adwoa Owusuaa. Rebranding Africa, Reclothing Africa: le 31 juillet 2023.
The Role of Emerging Designers in the Production of
Compaoré, Erwan. « Burkina : bientôt les costumes des
Aesthetic Cosmopolitanism in Lagos. 2022. Université de
agents judiciaires seront en Faso Dan Fani ». LeFaso.net,
Bâle, thèse de doctorat. https://edoc.unibas.ch/89646/.
15 juin 2023, https://lefaso.net/spip.php?article122219.
Brantu. « About Us: Brantu World ». Brantu, 2023, Page consultée le 23 juin 2023.
www.brantu.world/.
Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
Burkina Faso, Ministère du développement industriel, du développement (CNUCED). « Le commerce au service de
commerce, de l’artisanat et des petites et moyennes l’émancipation économique des femmes ». CNUCED, 2016,
entreprises. « Valorisation du made in Burkina : Le logo du https://unctad.org/system/files/official-document/
label Koko Dunda dévoilé ! » 17 septembre 2021, ciem8d2_en.pdf
www.commerce.gov.bf/accueil/actualites/details?tx_
Conseil de la mode de Namibie. « Exploring the Value of Fashion
news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5B
as a Socio-Economic Cultural Expression of Namibia ».
controller%5D=News&tx_news_pi1%5Bnews%5D=300
&cHash=13fe283c032ebdab271094380653025a. Council for International African Fashion Education (CIAFE).
Improving the Standards of Fashion Education in
Calabrese, Linda et Balchin, Neil. « Foreign Investment and
Africa. CIAFE, 2021, https://www.ciafe.org/_files/
Upgrading in the Garment Sector in Africa and Asia ».
ugd/916976_8c1b0dfa4e7d44a0a82a1daf6dae62d1.
Global Policy vol. 13, special issue S1, p. 34 à 44, 2022,
pdf?index=true.
https://doi.org/10.1111/1758-5899.13059.
———. What Should be Taught in Fashion Schools in Africa.
Cameroun, Ministère des Mines, de l’Industrie et du
CIAFE, 2021, https://www.ciafe.org/_files/
Développement Technologique. « Annuaire statistique
ugd/916976_1a348d8a66d44182b03f6fbd86086be4.
du secteur des mines, de l’industrie et du développement
pdf?index=true.
technologique ». MINMIDT, 2020, https://www.minmidt.
cm/annuaire-statistique-du-secteur-des-mines-de-lindustrie-
et-du-developpement-technologique/.

76 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


---------. The State of Fashion Education in Africa in 2021. CIAFE, Ghana, Chambre nationale du commerce. « AGOA Trade Resource
2021, https://www.ciafe.org/_files/ugd/916976_ Centre (ATRC) ». Chambre nationale du commerce du
b29d71b826904269af620a3a99650a41.pdf?index=true. Ghana, 17 mars 2017, https://ghanachamber.org/agoa/.
Page consultée le 31 juillet 2023.
Culture and Development East Africa. « Fashion E-Learning
Portal ». CDEA, 2023, https://www.cdea.or.tz/. GSMA Mobile Money Programme. The State of the Industry
Report on Mobile Money 2023. Global Systems for Mobile
De Carvalho, Márcia. « L’Afrique doit-elle rester la solution
Communication Association, 2023,
pour notre recyclage textile ? ». Chaussettes Orphelines,
https://www.gsma.com/sotir/#download.
25 mars 2019, https://chaussettesorphelines.com/blogs/
infos/l-afrique-doit-elle-rester-le-principal-debouche-pour-le- Goethe-Institut Sénégal. « OE Magazine - Édition spéciale
recyclage-textile. Mode Sénégal. » Goethe Institut, 2021, https://www.
goethe.de/resources/files/pdf197/_mode_senegal1.
« Deola Sagoe: Leading Lady of African Fashion ».
pdf?fbclid=IwAR1LtLMKO8fbpHhzOfsGQbAjgkX5TUT_
Lionesses of Africa, 29 septembre 2019,
c6wXkBpyDZJMW6ezga__PbkUSac.
www.lionessesofafrica.com/lioness-deola-sagoe.
Henley & Partners. « Africa Wealth Report 2023 ». H&P, 2023.
Égypte, Central Agency for Public Mobilization and Statistics
(CAPMAS). « The Results of the Fifth Economic Hersant, Benjamin. « The Best Countries for Fine Jewelry
Census 2017-2018 for Egypt by Economic Activity and Manufacturing ». Smart Arts Jewellery,
Governorates ». Egypt Statistics, 2018, https://smartartsjewellery.com/the-best-countries-for-fine-
https://censusinfo.capmas.gov.eg/Metadata-en-v4.2/ jewelry-manufacturing/.
index.php/catalog/405.
Hivos East Africa. « The Kenyan Textile and Fashion
Einashe, Ismail. « Kenya Fashion: The Designers Giving Nairobi a Industry ». Africa Cotton and Textile Industry Federation
Fashionable Name ». BBC News, 30 août 2022, (ACTIF), https://www.yumpu.com/en/document/
www.bbc.com/news/world-africa-62556467. read/55687419/the-kenyan-textile-and-fashion-industry.
Page consultée le 31 juillet 2023.
England, Lauren et al. « Africa Fashion futures : Creative
economies, global networks and local development ». Holognon, Alexandrine. « Afrique Avenir : Sébastien Bazemo,
Geography Compass, vol. 15, n° 9, septembre 2021, le designer qui réinvente le Koko Dunda ». BBC News
https://doi.org/10.1111/gec3.12589. Afrique, 22 octobre 2021, https://www.bbc.com/
afrique/59012114. Entretien.
États-Unis d’Amérique, Département de l’agriculture
des États-Unis, Foreign Agricultural Service. International Cotton Advisory Committee (ICAC). « ICAC Data
« Ethiopia Cotton Production Annual ». Dashboard ». https://icac.org/DataPortal/DataPortal.
Global Agricultural Information Network, mai 2019. Page consultée en juillet 2022.
https://apps.fas.usda.gov/newgainapi/api/report/
Jackson, Tom. « Egyptian Fashion Rental Startup La Reina Banks
downloadreportbyfilename?filename=Ethiopia%20
Six-Figure Funding ». Disrupt Africa, 1er octobre 2020,
Cotton%20Production%20Annual_Addis%20Ababa_
https://disrupt-africa.com/2020/10/01/egyptian-
Ethiopia_5-29-2019.pdf.
fashion-rental-startup-la-reina-banks-six-figure-funding/.
États Unis d’Amérique. Agence des États-Unis pour le
———. « Ivory Coast-Based e-Commerce Startup Afrikrea
développement international (USAID). « African Apparel
Raises $6.2m Pre-Series A Round, Rebrands ». Disrupt
Sector: Stitching Africa into the Global Value Chain ».
Africa, 11 janvier 2022. https://disrupt-africa.
USAID, Africa Bureau Office of Sustainable Development,
com/2022/01/11/ivory-coast-based-e-commerce-startup-
2014, https://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PA00TCSV.pdf.
afrikrea-raises-6-2m-pre-series-a-round-rebrands/.
Ethical Fashion Initiative. ITC Ethical Fashion Initiative, 2023,
Jennings, Helen. New Africa Fashion. Prestel, 2011.
https://ethicalfashioninitiative.org/.
———. « Meet the Change-Makers Putting African Fashion
« Exploitation or emancipation? Women workers in the garment
Education into Focus ». Industrie Africa, 16 juillet 2021,
industry ». Fashion Revolution, 2015.
https://industrieafrica.com/blogs/imprint/report-
https://www.fashionrevolution.org/exploitation-or-
business-of-african-fashion-industry-education-building-the-
emancipation-women-workers-in-the-garment-industry/.
academic-curriculum-design-production-training-support.
Page consultée le 27 juillet 2022.
Page consultée le 31 juillet 2023.
Farber, Leora. « Africanising hybridity? Toward an Afropolitan
Johnson, Sarah. « It’s like a Death Pit: How Ghana Became
aesthetic in contemporary South African fashion design ».
Fast Fashion’s Dumping Ground ». The Guardian,
Critical Arts, vol. 24, n° 1, 2010, p. 128 à 167,
5 juin 2023, https://www.theguardian.com/global-
https://doi.org/10.1080/02560040903509234.
development/2023/jun/05/yvette-yaa-konadu-tetteh-
how-ghana-became-fast-fashions-dumping-ground.

Bibliographie 77
Kagina, Alice. « AfCFTA: African Ministers Adopt Ban on Trade of Meliado, Fabrizio et al. « Libérer la valeur cachée des sous-
Second-Hand Clothes ». The New Times, 2 juin 2023, produits du coton dans les pays africains les moins
https://www.newtimes.co.rw/article/7985/news/ avancés ». Conférence des Nations Unies sur le commerce et
africa/afcfta-african-ministers-adopt-ban-on-trade-of-second- le développement (CNUCED), octobre 2019,
hand-clothes. https://unctad.org/news/unlocking-hidden-value-cotton-
products-african-least-developed-countries.
———. « Five Things to Know as AfCFTA Bans Trade on Second-
Hand Clothes ». The New Times, 7 juin 2023, Miettaux, Florence. « Au Soudan du Sud, la fierté de travailler
www.newtimes.co.rw/article/8084/news/africa/five- dans la première fabrique de produits en cuir du pays ». Le
things-to-know-as-afcfta-bans-trade-on-second-hand-clothes. Monde Afrique, 11 janvier 2023, https://www.lemonde.fr/
afrique/article/2023/01/11/au-soudan-du-sud-la-fierte-
Kamara, Yarri B. « Why Nigerian Agbada Fabric Is (Often)
de-travailler-dans-la-premiere-fabrique-de-produits-en-cuir-du-
Imported, While Indian Sari Fabric Is Local: A Comparative
pays_6157478_3212.html.
History of Textile Manufacturing ». Africa Development/
Afrique et développement, vol. 48, n° 1, 23 mars 2023, Mohamed, Yasmin. « Egypt to present sustainable fashion project
https://doi.org/10.57054/ad.v48i1.3031. at COP27 ». Al Monitor, 5 novembre 2022,
https://www.al-monitor.com/originals/2022/11/egypt-
Karim, Nabeela. « How Decolonised African Fashion Is Inhabiting
present-sustainable-fashion-project-cop27.
the V&A Museum ». Twyg, 24 août 2022,
https://twyg.co.za/how-decolonised-african-fashion-is- Moroccan Denim & Fashion Cluster. « Le cluster de la mode au
inhabiting-the-va-museum/. Maroc ». 2023, https://mdfc.ma/.
Kenya, Bureau national de statistique. Economic Survey 2022. Morsy, Hanan. « Accès au financement : pourquoi les femmes
KNBStats, 2022, https://www.knbs.or.ke/wp-content/ ne s’imposent-elles pas ? Les femmes s’excluent elles-
uploads/2022/05/2022-Economic-Survey1.pdf. mêmes du marché du crédit africain ». Fonds monétaire
international (FMI) Finances & Développement, 2020, p. 52
———. « Census of Industrial Production and Construction
et 53, https://www.imf.org/fr/Publications/fandd/%20
Report ». 2018.
issues/2020/03/africa-gender-gap-access-to-finance-morsy.
Konadu-Agyemang, Kwadwo. « The Best of Times and the Worst
Muhammad, Murtala et al. « Nigerian Textile Industry: Evidence
of Times: Structural Adjustment Programs and Uneven
of Policy Neglect ». SARJANA, vol. 33, n° 1, juin 2018,
Development in Africa- The Case of Ghana ». The Professional
p. 40 à 56.
Geographer, vol. 52, n° 3, novembre 2004, p. 469 à 483,
https://doi.org/10.1111/0033-0124.00239. Nadjindo, Alex et al. « La Nstt ouvre sa boutique à
N’Djaména ». N’djamena Hebdo, 14 juillet 2021, https://
Lesotho, Bureau national de statistique. Comptes annuels
ndjamenahebdo.net/la-nstt-ouvre-sa-boutique-a-ndjamena/.
2021 du Lesotho. Ministère du développement et de la
planification du Lesotho, 2022. Namibia, Statistics Agency. Annual National Accounts 2021.
Namibia Statistic Agency, 2021, https://nsa.nsa.org.
Maasai Intellectual Property Initiative. MIPI Trust, 2023,
na/wp-content/uploads/2022/08/Annual-National-
https://maasaiintellectualpropertyinitiative.org/#about
Accounts-2021.pdf.
Maroc, Haut-Commissariat au Plan. « Annuaire
Nascimento, Cristiane Mano and Silva, Minelle E. « The role of
statistique du Maroc 2021 ». Haut-Commissariat
formalization in the insertion of social indicators in the
au Plan, 2021, https://www.hcp.ma/
supply chain of the popular garnment sector ».
downloads/?tag=Annuaires+statistiques+du+Maroc.
Gestão & Produção, vol. 27, n° 4, 2020,
Marquardt, Sanda et al. « Cotton in Africa: Sustainability at a https://doi.org/10.1590/0104-530X4708-20.
Crossroads ». Pan-Africa Sourcing Working Group, 2020,
Ncube, Mthuli et al. « The Middle of the Pyramid: Dynamics
https://www.biore.ch/wp-content/uploads/Cotton-in-
of the Middle Class in Africa ». Banque africaine de
Africa-Sustainability-at-a-Crossroads-White-Paper_final-
développement, Market Brief, 20 avril 2011.
2020608-tj8cl8.pdf. Page consultée le 31 juillet 2023.
https://www.afdb.org/en/documents/document/
Maskus, Keith E. Intellectual Property Rights in the Global market-brief-the-middle-of-the-pyramid-dynamics-of-the-
Economy. Institute for International Economics, 2000. middle-class-in-africa-23582.
Matsinde, Tapiwa. « Fashion: José Hendo Bark Cloth Fashion Ndeche, Chidirim. « Chimamanda Adichie Explains Why She
Collection ». Atelier 55 – The Curator of Contemporary African Only Wears Nigerian Brands ». The Guardian Nigeria,
Design, 5 avril 2012, https://www.atelier55design.com/ 15 novembre 2017, https://guardian.ng/life/life-
fashion-uganda-jose-hendo-bark-cloth-fashion-collection/. features/chimamanda-adichie-explains-why-she-only-wears-
nigerian-brands/.

78 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


« Ngaye-Mékhé : L’État invité à prendre des mesures fortes au Organisation internationale du Travail (OIT). « Recommandation
profit de l’industrie du cuir ». Fédération atlantique des (n°204) sur la transition de l’économie informelle vers
agences de presse africaines, 24 janvier 2023, l’économie formelle, 2015 » OIT, 2015,
www.faapa.info/blog/ngaye-mekhe-letat-invite-a-prendre- https://www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p=NORMLEXPU
des-mesures-fortes-au-profit-de-lindustrie-du-cuir/. B:12100:0::NO::P12100_ILO_CODE:R204. Page consultée le
31 juillet 2023.
Nwachukwu, David. « The New-Age Concept Stores
Reimagining the Way Africans Shop ». Industrie Africa, ———. « More women in leadership for a sustainable garment
13 décembre 2021, https://industrieafrica.com/blogs/ and textile industry in Ethiopia ». OIT, 18 octobre 2021,
imprint/the-new-age-concept-stores-reimagining-the-way- www.ilo.org/africa/technical-cooperation/inclusive-
africans-shop. Page consultée le 26 juin 2023. industrialization/WCMS_823313/lang--en/index.htm.
Odogwu-Atkinson, Benita. « Why the V&A’s new Africa Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).
Fashion exhibition is important – and long overdue ». « L’industrie de la mode et du design en Afrique et sa
The Conversation, 8 juillet 2022, https://theconversation. valorisation par la propriété intellectuelle ». OMPI, 2011,
com/why-the-vandas-new-africa-fashion-exhibition-is- https://www.wipo.int/edocs/mdocs/mdocs/fr/ompi_
important-and-long-overdue-186514. pi_dak_15/ompi_pi_dak_15_www_319536.pdf.
Okyere, Michelle et Denoncourt, Janice. « Protecting Ghana’s Oxford Business Group. « Tunisia’s government turns to the
intellectual property rights in kente textiles: the case for textiles sector to boost rural employment and drive
Geographical Indications ». Journal of Intellectual Property economic change ». 2019, https://oxfordbusinessgroup.
Law & Practice, vol. 16, n° 4-5, 2021, p. 415 à 426. com/reports/tunisia/2019-report/economy/trend-
patterns-growth-opportunities-exist-for-textiles-in-diversified-
Omolo, J.O. « The Textiles and Clothing Industry in Kenya ».
source-markets-sustainable-fashion-and-innovative-fabrics.
In The Future of Textiles and Clothing Industry Sub-Saharan
Africa, édité par Herbert Jauch et Rudolf Traub-Merz, ———. « Industry and Retail » in The Report: Ghana 2019, 2019,
Frederich-Ebert-Stiftung. Bonn, 2006, p. 147 à 164. https://oxfordbusinessgroup.com/reports/ghana/2019-
report.
« Organic Cotton Market Report 2021 ». Textile Exchange, 2021.
https://textileexchange.org/app/uploads/2021/07/ Paracha, Zubair Naeem. « Egypt’s Brantu raises seven-figure
Textile-Exchange_Organic-Cotton-Market-Report_2021.pdf. Series A for its fashion ecommerce platform ». MENAbytes,
1er novembre 2020, www.menabytes.com/brantu-series-a/.
Organisation des Nations Unies. « The Role of Intellectual
Property Rights in Promoting Africa’s Development « Pink ubuntu ». Asantii, https://www.asantii.com/pages/pink-
Overview of IPR in Africa ». Bureau du Conseiller spécial ubuntu.
pour l’Afrique, 2022, www.un.org/osaa/sites/www.un.org.
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
osaa/files/final_policy_paper_on_iprs_in_africa_fin_en_
« Solidarity between women entrepreneurs in Africa
230822_v56883.pdf.
and Japan amplified through partnerships ». PNUD,
———. « Population 2030: Demographic Challenges and 13 juin 2022, https://www.undp.org/africa/news/
Opportunities for Sustainable Development Planning ». solidarity-between-women-entrepreneurs-africa-and-
Département des affaires économiques et sociales, japan-amplified-through-partnerships. Page consultée le
Division de la population, 2015, https://www.un.org/ 31 juillet 2023.
en/development/desa/population/publications/pdf/
Programme des Nations unis pour l’environnement (PNUE)
trends/Population2030.pdf.
et Convention-cadre des Nations unies sur les
———.« World Population Prospects 2022 ». Département des changements climatiques (CCNUCC). The Sustainable
affaires économiques et sociales, Division de la population, Fashion Communication Playbook. PNEU et CCNUCC,
2022, https://www.un.org/development/desa/pd/ 2023, https://wedocs.unep.org/bitstream/
sites/www.un.org.development.desa.pd/files/wpp2022_ handle/20.500.11822/42819/sustainable_fashion_
summary_of_results.pdf. communication_playbook.pdf?sequence=3.
———. Base de données statistiques de l’Organisation des Nations « Roberta Annan launches €100m Impact Fund to invest
Unies sur le commerce des marchandises, in Africa’s creative industries ». The Vaultz News,
https://comtradeplus.un.org/. 7 octobre 2021, https://thevaultznews.com/
entertainment/roberta-annan-launches-e100m-impact-fund-
Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la
to-invest-in-africas-creative-industries/.
culture (UNESCO). Re|penser les politiques en faveur de la
créativité : la culture, un bien public mondial, 2022.

Bibliographie 79
Sándorová, Zuzana. « What cultural aspects should be taught Tranberg Hansen, Karen. « Helping or Hindering?: Controversies
in FL lessons? – A model for evaluating the cultural around the International SecondHand Clothing Trade ».
content in FL course-books ». Acta Scientiarum Language Anthropology Today, vol. 20, n° 4, août 2004, p. 3 à 9,
and Culture, vol. 43, n° 2, 2021, www.jstor.org/stable/3694995.
https://doi.org/10.4025/actascilangcult.v43i2.52066.
———. « How used clothes became part of Africa’s creative
Semaine de la mode de Lagos. « Woven Threads III ». 2022, economy – and fashion sense » The Conversation,
https://lagosfashionweek.ng/woven-threads-iii. 1er août 2022, https://theconversation.com/how-used-
clothes-became-part-of-africas-creative-economy-and-fashion-
Sénégal, Agence nationale de la statistique et de la
sense-186575.
démographie. « Comptes nationaux semidéfinitifs de
2021 et définitifs de 2020 ». ANSD, 2022, Tunisie, Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation.
https://www.ansd.sn/sites/default/files/2023-02/ « Portail de l’industrie tunisienne ». Agence de promotion de
Note_analyse_comptes-nationaux_28_12_2022-rev.pdf. l’industrie et de l’innovation, http://www.tunisieindustrie.
nat.tn/fr/home.asp.
Sharma, Karina. « Meet the African Fine Jewelry Designer
Bringing ‘Soul, Style, Sustainability, and Substance’ to Union africaine. « Transformer la mode africaine pour transformer
the Industry ». Vogue Arabia, 24 décembre 2019, l’Afrique. L’Union africaine et l’Initiative AfroChampions
https://en.vogue.me/fashion/fine-jewelry/vanleles- font de la chaine de valeur textile une nouvelle priorité
jewelry-interview/. économique en lançant l’Initiative Panafricaine en faveur
de la mode ». Union africaine, 9 février 2019, https://
Signé, Landry. « Capturing Africa’s high returns ». Brookings
au.int/sites/default/files/pressreleases/35797-pr-
Institution, 14 mars 2018, https://www.brookings.edu/
version_2_revisee_communique_de_presse_pafi_final_
articles/capturing-africas-high-returns/.
fr.pdf. Communiqué de presse.
Songwe, Vera. « Le rôle de la numérisation dans la décennie
Université de technologie de Durban, Département d’art et de
d’action pour l’Afrique ». Conférence des Nations Unies
design. « Beaux-arts et conception de bijoux ». Durban
sur le commerce et le développement (CNUCED),
University of Technology, https://www.dut.ac.za/faculty/
7 septembre 2020, https://unctad.org/news/role-
arts_and_design/fine_art_and_jewellery_design/.
digitalization-decade-action-africa.
Victoria and Albert Museum. « Magician of the Desert:
Stockton, Carol M. « The State of Fashion: Watches & Jewellery ».
Alphadi ». Victoria and Albert Museum, www.vam.ac.uk/
The Journal of Gemmology, vol. 37, n° 7, 2021, p. 666.
articles/magician-of-the-desert-alphadi. Page consultée le
https://doi.org/10.15506/JoG.2021.37.7.666c.
31 juillet 2023.
Svejenova, Silviya et al. « Cooking up change in haute cuisine:
Whitfield, Lindsay. « Current Capabilities and Future Potential
Ferran Adrià as an institutional entrepreneur ». Journal of
of African Textile & Apparel Value Chains: Focus on West
Organizational Behavior, vol. 28, n° 5, juillet 2007, p. 539
Africa ». Centre for Business and Development Studies,
à 561, https://doi.org/10.1002/job.461.
CBDS Working Paper No. 2022/3, 2022, https://
Système de paiement et de règlement panafricain. « Connecter research-api.cbs.dk/ws/portalfiles/portal/86571519/
les paiements. Accélérer le commerce de l’Afrique ». SPRP, lindsay_whitfield_et_al_current_capabilities_and_future_
2023, https://papss.com/fr/. potential_of_african_textile_and_apparel_industries_
publishersversion.pdf.
Tashobya, Athan. « Rwanda maintains tough stance on
used clothes ». The New Times, 19 février 2018, www.fibre2fashion.com. « Top 10 Exporting Countries of
www.newtimes.co.rw/article/148884/News/rwanda- Textile and Apparel Industry ». Fibre2Fashion,
maintains-tough-stance-on-used-clothes. www.fibre2fashion.com/industry-article/8471/top-
10-exporting-countries-of-textile-and-apparel-industry.
Tchounyabe, Ruben. « Dabchy, premier réseau social de mode
Page consultée le 31 juillet 2023.
féminine et place de marché numérique en Tunisie ». We are
tech Africa, 7 février 2022, https://www.wearetech. ———. « Second-hand clothing in Africa: Opportunities and
africa/fr/fils/solutions/dabchy-premier-reseau-social-de- challenges ».Fiber2Fashion, https://static.fibre2fashion.
mode-feminine-et-place-de-marche-numerique-en-tunisie. com/articleresources/PdfFiles/94/Second-hand%20
clothing%20in%20Africa%20Opportunities%20 and%20
Torvaney, James. « Made-in-Ghana watch brand: How the
challenges_9387.PDF.
founder of Caveman Watches built his business ». How
we made it in Africa, 23 juin 2021, https://www. Yamama, Sara. « Fast Fashion in Africa ». Infomineo,
howwemadeitinafrica.com/made-in-ghana-watch- 15 février 2021, https://infomineo.com/consumer-goods-
brand-how-the-founder-of-caveman-watches-built-his- retail/fast-fashion-in-africa/.
business/118711/.

80 LE SECTEUR DE LA MODE EN AFRIQUE • Tendances, défis et opportunités de croissance


Le secteur de la MODE
en AFRIQUE
Tendances, défis et
opportunités de croissance

Le secteur de la mode contemporaine en Afrique est une pépinière de talents


remarquables et déborde de potentiel, avec des créateurs et des designers
établis et émergents qui combinent leurs savoir-faire traditionnels avec leur
innovation et créativité pour créer des produits qui vont de la haute couture
à la production de masse de vêtements et d'accessoires abordables. Grâce
à leur héritage singulier, leurs compétences techniques inégalables et leurs
visions créatives uniques, les créateurs de mode africains d’aujourd’hui font
le lien entre le passé et le présent, puisant dans leurs racines culturelles pour
créer des vêtements et des accessoires qui contribuent à façonner des récits
visuels sans cesse renouvelés sur l'identité et les aspirations du continent.
Cette publication de l'UNESCO sur le secteur de la mode en Afrique donne
un aperçu des tendances qui façonnent le secteur, des défis qui entravent
son développement et de ses opportunités de croissance. En tant qu'outil de
réflexion et d'action, elle est une invitation ouverte aux décideurs politiques
africains et aux professionnels du secteur à se mobiliser pour poursuivre
le dialogue et renforcer l'action concertée en faveur du secteur de la mode.

9 789232 002969
www.unesco.org/creativity/fr

Vous aimerez peut-être aussi