2 Perception
2 Perception
2 Perception
Communication
2 - LA PERCEPTION
L'homme a souvent tendance à penser qu'il est actif ou inactif dans une situation de communication :
Actif : Quand il envoie des messages, (quand il parle, fait des gestes)
Passif : Quand il écoute, regarde, ressent. (Situation la plus fréquente)
Nous faisons cela rapidement, automatiquement et parfois inconsciemment. En réalité nous sélectionnons ce que
nous voyons ce qui signifie que nous créons ce que nous voyons,
Nous agissons avec le postulat que la plupart des gens voient et ressentent les mêmes choses que nous. (Ils voient
les mêmes couleurs, les mêmes sons, les mêmes formes, certaines personnes ici, comprennent ce que je dis). Ce
postulat est largement confirmé par la vie courante et c'est ce qui permet la communication.
Mais parfois les gens ne voient pas ou n'entendent pas les mêmes choses (certaines personnes ne comprennent pas
ou mal ce que je dis en ce moment).
Consciemment ou inconsciemment, nous sélectionnons ce qui nous intéresse, nous attire, ce que l'on connaît. Mais
Certains facteurs favorisent cette sélection :
Ils sont largement utilisés à l'occasion des messages Le corps humain a des limites physiologiques qui limitent
publicitaires : la perception :
L'oreille ne peut entendre les sons inférieurs à 20
L'intensité (La force, la puissance du son) Hz et supérieur à 20 000 Hz. alors qu'un chien
La dimension (la taille de l'affiche) est capable d'entendre les ultrasons
Le contraste (Benetton avec ses bébés noirs et Les yeux ne peuvent voir les rayons X, ni les
blancs) infrarouges, ni les ultraviolets
La répétition (la redondance, le matraquage d'un l'enfant ne peut regarder par la fenêtre qui est
slogan) trop haute
Le mouvement (le déplacement rend visible un Ces limites varient selon les personnes, l'age, le sexe
objet dans un ensemble fixe) etc.
La familiarité, la vulgarité attirent l'attention
Facteurs psychologiques :
La motivation :
Chaque personne tend à percevoir en priorité ce qui correspond à ses besoins, motivations ou intérêts.
(L'importance accordée à la nourriture est proportionnelle à la durée écoulée depuis le dernier repas)
Expériences et apprentissages passés (grille perceptuelle) Nous percevons plus ce que nous
connaissons. Nos apprentissages et notre formation influent sur ce que nous percevons. L'éducation est un
processus de différenciation et un apprentissage de discrimination. Deux messages identiques pour un
profane seront différents pour un spécialiste. Exemple : Une amateur de musique classique fait la différence
entre Bach et Mozart. Un profane ne fait pas la différence. Un amateur de peinture identifie chez Picasso les
tableaux de la période bleue.
Nous utilisons tous une « grille perceptuelle ». Cette grille est faite de tout ce qui rend un individu unique : notre
physiologie, nos motivations, aspirations, besoins, intérêts, peurs, désirs, apprentissages, expériences, formations,
etc.
Chaque individu possède sa propre grille qui rend sa perception de la réalité différente du voisin. Il en résulte que la
perception de la réalité est subjective et qu’elle correspond au bout du compte à une construction ou à une suggestion
personnelle de la réalité.
Tout fait perçu est sélectionné, organisé et ordonné pour être sensible à notre conscience. Nous le faisons en donnant
une priorité à certains aspects plus qu'à d'autres (Contraste, couleur, forme...)
Chaque personne ayant sa propre façon d'ordonner, il en résulte que deux individus qui regardent une même chose,
ne voient pas forcément la même chose.
Nous n'avons pas toujours une vision claire de ce que nous voyons par manque de contraste, d'informations,
mouvements... dans ce cas nous prolongeons la réalité ou nous l'interprétons. Or l'interprétation laisse libre cours à
notre imagination, à nos désirs, à nos peurs ou fantasmes etc.
Mais nous interprétons également en fonction du contexte dans lequel se trouve l'objet.
Les 2 cercles et les deux traits sont identiques Vous voyez des formes qui n’existent pas
- La plupart des difficultés de communication ne proviennent pas des faits eux mêmes, mais de leurs interprétations.
Il n'est pas possible de percevoir une réalité qui n'existe pas dans le langage. Ainsi, pour décrire une
nouveauté on utilise des comparaisons puis on crée un nouveau mot pour la définir.
Le langage n'est qu'une transcription de la culture existante. Sans culture le langage n'existe pas. (Les Inuits
disposent de 60 mots pour définir la neige, ils ont développé le langage qui correspond à leur culture.
Inversement le mot neige n’existe pas dans les cultures tropicales. Les indiens d'Amazonie font la différence
entre l'oncle maternel et l'oncle paternel. Certains mangent des pâtes, d'autres des lasagnes, tagliatelles,
spaghetti, farfalle, penne, fusilli, gnocchi etc.).
Rétroaction
24 - Un monde en mouvement
Le monde n’est pas immuable et intemporel, la réalité change constamment (au même titre qu'une couleur passe au
soleil).
Qu'est-ce que la réalité ? Existe-t-elle ?
Notre perception est temporelle, or le monde, les gens évoluent, en conséquence nous pouvons seulement dire que
nous percevons une chose à un moment précis. (Nous avons tous vécu cette expérience qui consiste un jour à
retrouver quelqu'un après plusieurs années et ne plus rien avoir à se dire au bout d’un moment tellement les vies et les
centres d'intérêts ont changés).
Conclusion
Tout le monde voit ce que je vois, entend ce que j'entend, comprend ce que je dis
1. La réalité que nous percevons est le fruit de notre culture et de nos filtres personnels (culture, langage, émotion,
désirs, attentes, histoire, vécu, milieu social etc.) Notre perception de la réalité est subjective. Dès lors, Il est
normal que des personnes différentes voient des choses différentes et fassent des lectures diverses des mêmes
faits. En conséquence, une bonne perception exige une bonne connaissance de soi, de notre culture, de
nos filtres etc.,
2. Nous communiquons à l'aide de codes (vocabulaire, geste, vestimentaire) personnels qui résultent de notre
culture et ils sont différents de ceux des nos interlocuteurs. (Nous ne donnons pas les mêmes sens aux mots, aux
gestes et aux vêtements). Une bonne communication doit nous conduire à utiliser un langage « universel »
compréhensible et perceptible par notre interlocuteur. (Exemple de mauvaise communication : le langage de
la justice, de la médecine ou des banlieues ; une tenue sportive lors d’un entretien d’embauche etc.)
3. La communication est une CO-CONSTRUCTION de la réalité. Lors d’une communication chacun utilise un
processus de persuasion de l'autre. La communication fonctionne lorsque les deux personnes qui
communiquent, construisent la même réalité. En conséquence il est indispensable au cours d'une
communication de vérifier en permanence la perception du récepteur afin de vérifier qu'il co-construit bien la
même réalité que nous. Ce contrôle est facilité par une bonne connaissance des autres et de leurs filtres.
Une personne qui ne comprend pas un message n'est pas imbécile, ou ne fait pas forcément preuve de
mauvaise volonté, elle peut ne pas avoir le même cadre de référence ou la même grille de perception que
l'émetteur. (Un étranger ne peut vous comprendre s'il ne parle pas votre langue, les syndicalistes ne peuvent
comprendre la logique patronale qui conduit à privilégier les profits sur les emplois etc.)
L’émetteur veut dire des il transcrit en mots ses idées et les le récepteur traduit dans ses mots
choses dit à une personne ce qu'il entend
CODE
SIGNIFICATION LANGAGE SIGNIFICATION
(Emetteur) CANAUX (Récepteur)
4. Il est naïf de penser qu'une personne doit comprendre instantanément un message reçu. Ce n'est pas parce que
nous disons une chose que cette personne doit comprendre nos intentions. (surtout si nos intentions ne sont pas
claires pour nous).
5. La perception est sélective, et des communications en chaîne peuvent introduire des distorsions qui se cumulent
les unes au autres.
Exercice 2.1 : Cumul de distorsions
Objectifs : Voir la déformation et le cumul des distorsions lors de la circulation d'une information.
Matériel : Une photo qui décrit un événement
Travail :
Analyse :
Constater que la description évolue et que chacun sélectionne ce qu’il entend ou voit puis ajoute ou supprime des
informations.
Exercice 2.2 : Illusions optiques ?
Texte philosophique
Demain l'intuition...
"Cette charpente et ce plancher gigantesque des concepts, auxquels l'homme nécessiteux se
cramponne durant sa vie et ainsi se sauve, n'est plus pour l'intellect libéré qu'un échafaudage et
qu'un jouet pour ses œuvres d'art les plus audacieuses ; et lorsqu'il le casse, le met en pièces, le
reconstruit en assemblant ironiquement les pièces les plus disparates et en séparant les pièces
qui s'imbriquent le mieux, il révèle qu'il se passe fort bien de cet expédient qu'est l'indigence, et
qu'il n'est plus désormais guidé par des concepts mais par des intuitions (…) Pour elles, le mot n'a
pas encore été forgé, l'homme devient muet quand il les voit ou ne parle que par métaphores
interdites et enchaînements conceptuels inouïs jusqu'alors, pour répondre de façon créatrice à
l'impression que fait la puissance de l'intuition présente, au moins par le dérision et par la
destruction des vielles barrières conceptuelles."
Extrait du livre de Frédéric Nietzsche, "la philosophie à l'époque tragique des Grecs", 1876.