2010 05 Regards Renouveles Sur La Transition Entre Le Secondaire Et Le Collegial
2010 05 Regards Renouveles Sur La Transition Entre Le Secondaire Et Le Collegial
2010 05 Regards Renouveles Sur La Transition Entre Le Secondaire Et Le Collegial
INTRODUCTION ..........................................................................................................................................................1
3.8 LES PISTES D’ACTION POUR ARRIMER LES SAVOIRS ET LES PRATIQUES ............................... 91
3.9 LES RECOMMANDATIONS RELATIVES À L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES .... 94
4.5 L’ENJEU DE L’INTÉGRATION DES ÉTUDIANTS : L’OUVERTURE AUX CHANGEMENTS ........... 114
4.6 LES PISTES D’ACTION POUR L’INTÉGRATION DES ÉTUDIANTS ................................................ 116
ANNEXES ..................................................................................................................................................................135
ANNEXE 1 Schéma de la diversification des parcours au 2e cycle .............................................................136
ANNEXE 2 Tableaux de distribution de fréquences.....................................................................................137
ANNEXE 3 Exemple d’un schéma des compétences d’une discipline
avec composantes et éléments d’explication ............................................................................141
ANNEXE 4 Cheminement scolaire en science et technologie au 2e cycle du secondaire ...........................142
ANNEXE 5 Déroulement et méthodologie de l’enquête auprès des collèges..............................................143
TABLEAU 2
Taux d’accès au collégial à l’enseignement ordinaire, à temps plein ou à temps partiel,
réseaux public et privé, selon le sexe et le type de formation (en %)................................................................. 15
TABLEAU 3
Effectif scolaire à temps plein et à temps partiel à l’enseignement collégial,
enseignement ordinaire, de 1992-1993 à 2006-2007 ......................................................................................... 18
TABLEAU 4
Modèle théorique de la transition dans les parcours scolaires-éducatifs............................................................ 23
TABLEAU 5
Évolution des conditions de sanction du DES de la formation générale des jeunes .......................................... 35
TABLEAU 6
Évolution des conditions de sanction du DES de la formation générale des adultes ......................................... 36
TABLEAU 7
Les programmes disciplinaires par domaines d’apprentissage au 2e cycle du secondaire
pour les parcours de formation générale et de formation générale appliquée.................................................... 61
TABLEAU 8
Tableau comparatif des grilles des matières du secondaire (en unités)............................................................. 68
TABLEAU 9
Épreuves d’appoint à la 4e secondaire et épreuves uniques à la 5e secondaire en juin 2010............................ 83
TABLEAU 10
Répartition, en pourcentage, des nouveaux inscrits au collégial et des autres élèves inscrits
pour la première fois dans un programme de DEC donné, à l’enseignement ordinaire,
au trimestre d’automne, selon le type de formation du programme d’études conduisant
à l’obtention d’un DEC, ensemble du réseau collégial...................................................................................... 137
TABLEAU 11
Répartition, en nombre, des nouveaux inscrits au collégial et des autres élèves inscrits
pour la première fois dans un programme de DEC donné, à l’enseignement ordinaire,
au trimestre d’automne, selon le type de formation du programmes d’études conduisant
à l’obtention d’un DEC, ensemble du réseau collégial...................................................................................... 138
TABLEAU 12
Provenance du secondaire, en pourcentage, des nouveaux inscrits au collégial,
à l’enseignement ordinaire dans l’ensemble des programmes de DEC, à temps plein et partiel,
aux trimestres d’automne de 1997 à 2007, pour l’ensemble du réseau ........................................................... 139
TABLEAU 13
Provenance du secondaire, en nombre, des nouveaux inscrits au collégial,
à l’enseignement ordinaire dans l’ensemble des programmes de DEC, à temps plein et partiel,
aux trimestres d’automne de 1997 à 2007, pour l’ensemble du réseau ........................................................... 139
TABLEAU 14
Nombre de DEP obtenus par les nouveaux inscrits au DEC dans un établissement
du réseau collégial, à l’enseignement ordinaire, deux ans après la durée prévue
des études collégiales, cohortes 1999 et 2002................................................................................................. 140
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES
FIGURE 1
Moments clés de la réflexion qui a mené au Programme de formation de l’école québécoise...........................11
FIGURE 2
Changements introduits au secondaire par le renouveau pédagogique
en rapport avec la transition secondaire-collégial ...............................................................................................13
FIGURE 3
Proportion d’hommes inscrits à temps plein et à temps partiel à un programme
de DEC de l’enseignement collégial, enseignement ordinaire, sessions d’automne 1991 à 2007 .....................17
FIGURE 4
Schéma des angles d’analyse de la transition secondaire-collégial ...................................................................27
FIGURE 5
Répartition des nouveaux inscrits, en pourcentage, présents pour la première fois
dans un programme d’études donné aux sessions sélectionnées pour l’ensemble du réseau
et selon le type de programmes d’études............................................................................................................31
FIGURE 6
Provenance du secondaire, en pourcentage, des nouveaux inscrits au collégial,
à l’enseignement ordinaire, dans l’ensemble des programmes de DEC, à temps plein et partiel,
au trimestre d’automne 2007, pour l’ensemble du réseau ..................................................................................32
FIGURE 7
Taux d’obtention d’un DEP à la suite d’une première inscription à des études collégiales,
deux ans après la durée normale des études collégiales, à l’enseignement ordinaire,
à un programme menant au DEC, par type de formation, ensemble du réseau, cohorte de 2002 .....................33
FIGURE 8
Taux d’obtention d’une sanction des études collégiales (DEC) enregistré par les nouveaux
inscrits au collégial, deux ans après la durée normale des études, à l’enseignement ordinaire,
à un programme menant au DEC, par type de formation, ensemble du réseau, cohorte de 2002 ...................102
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
1
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Par ailleurs, ce nécessaire ajustement du collégial n’est pas tributaire du seul renouveau
pédagogique au secondaire; il est également lié de près aux changements introduits dans les
règlements qui définissent les conditions de passage d’un ordre d’enseignement à l’autre. Depuis
plusieurs années, le taux d’accès entre le secondaire et le collégial est stable. Aussi, des
modifications ont été apportées aux règlements qui portent sur les études secondaires et sur les
études au collégial pour tenter d’atténuer les possibles obstacles à la poursuite des études au-delà
du diplôme d’études secondaires (DES).
En outre, les collèges sont probablement destinés à vivre des ajustements perpétuels, parce que la
société avec laquelle ils font corps est elle-même soumise à un cycle de changements rapides. Le
rapport aux nouvelles technologies, au travail, aux études et au savoir est en redéfinition. Les
collèges et leurs étudiants en sont partie intégrante, à la fois comme acteurs et comme sujets.
Depuis une quinzaine d’années, beaucoup de mesures ont été mises en place par les collèges
pour soutenir l’intégration des étudiants. Pour la majorité d’entre eux, ces mesures semblent
convenir. Toutefois, certains étudiants, résolus à s’engager et à réussir des études collégiales,
peuvent présenter des besoins particuliers. Il importe donc de mettre en place les conditions de
réussite qui permettent la poursuite de leur scolarisation et la prise en compte de leurs aspirations.
Dans cet avis, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) aborde la transition entre le secondaire et
le collégial du point de vue du collégial pour soutenir la réussite des étudiants qui font le choix d’y
poursuivre des études. L’objectif du Conseil n’est donc pas de statuer sur les effets du renouveau
pédagogique à l’égard des acquis des étudiants qui arrivent au collégial, mais plutôt de proposer
un cadre d’analyse systémique qui prend en compte les différentes dimensions de la transition.
2
INTRODUCTION
Les trois dimensions retenues sont, soit premièrement celle du système d’éducation, deuxièmement,
celle des enseignants et troisièmement, celle de l’étudiant et de son collège.
• Pour le système d’éducation, la transition est le point de jonction de deux ordres
d’enseignement. L’espace de la transition est donc habité par deux structures éducatives –
secondaire et collégiale – où chacune cherche à faciliter la persévérance scolaire et la
réussite du plus grand nombre. Cependant, tous les étudiants qui sortent du secondaire
n’entrent pas au collégial : certains choisissent une autre voie de qualification (le diplôme
d’études professionnelles, ou DEP), d’autres font leur entrée sur le marché du travail ou
poursuivent d’autres projets personnels. Aussi, tous les étudiants qui arrivent au collégial ne
proviennent pas directement du secondaire, bien que ce soit encore le cas d’une très grande
majorité. Conséquemment, la transition entre le secondaire et le collégial se décline en
plusieurs cheminements personnels et comporte parfois des allers-retours que le système
doit permettre d’articuler.
• La transition est portée par l’ensemble du personnel du secondaire et du collégial,
mais en ce qui concerne la transition du point de vue des savoirs et des pratiques,
c’est particulièrement le personnel enseignant qui est interpellé. Au secondaire, on soutient
l’élève dans la progression des apprentissages et le développement des compétences
qui lui permettront d’obtenir son diplôme et de progresser par la suite vers l’enseignement
collégial ou vers d’autres parcours qualifiants. Au collégial, on l’accueille dans un programme
qui, quelles que soient les expériences qui ont précédé son inscription, le prépare à vivre
une autre transition vers les études universitaires ou le marché du travail. Il s’agit d’un
véritable exercice de pédagogie à relais où le personnel enseignant doit s’assurer de la
progression des apprentissages et de l’atteinte des exigences propres à leur ordre
d’enseignement. C’est par l’arrimage entre les savoirs et les pratiques que peut s’inscrire
une véritable continuité entre les deux ordres d’enseignement.
• Enfin, pour les étudiants, la transition entre le secondaire et le collégial est souvent franchie
« les yeux grands fermés » (Fortier, 2003). Le collégial, cette structure « un peu mystérieuse »
pour reprendre les termes des élèves du secondaire 1, nécessite de faire un plongeon dans
l’univers professionnel, au sein d’un programme offert dans un milieu d’enseignement
différent du secondaire par ses exigences, par ses activités et par ses services. L’étudiant, au
seuil de l’âge adulte, se voit confier les pleins pouvoirs de sa destinée éducative. Il n’est par
contre pas seul dans cette aventure : les collèges ont mis en place des mesures d’intégration
aux études collégiales qui tiennent compte de ce contexte d’émancipation et du nécessaire
soutien à la réussite.
Ces trois dimensions, qualifiées d’angles d’analyse de la transition secondaire-collégial, invitent les
acteurs du système à articuler les structures de façon cohérente, à arrimer les savoirs en continuité, à
préparer dès le secondaire l’intégration au collégial et à intégrer, au collégial, les étudiants en les
considérant dans leur globalité.
_______________
1. Selon une activité d’écoute et d’observation menée par le Conseil à l’hiver 2008.
3
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Pour déterminer les initiatives et les défis liés à la transition entre le secondaire et le collégial, le
Conseil a mené une enquête en deux temps. D’abord, à l’automne 2008, un questionnaire a été
acheminé aux directions des études d’établissements publics, d’établissements privés subventionnés
et d’écoles gouvernementales du réseau collégial. Puis, à l’hiver 2009, des groupes de discussion
formés d’enseignantes et d’enseignants, de cadres et de professionnelles et de professionnels du
collégial se sont tenus dans six établissements. Cette démarche a permis au Conseil de relever
différentes mesures de transition, de repérer les défis qui se posent du point de vue des acteurs et
de déterminer les enjeux plus globaux qui se dessinent dans le contexte actuel.
• Le deuxième chapitre se consacre à l’articulation des structures. On s’y penche sur les
règlements mis en place pour permettre les parcours entre le secondaire et le collégial. Le
contexte d’articulation actuel, influencé notamment par le renouveau pédagogique au secondaire
et par les modifications apportées au Règlement sur le régime des études collégiales (RREC)
y est présenté. Un inventaire des mesures existantes visant à permettre l’articulation entre le
secondaire et le collégial est ensuite dressé. Pour terminer le tour d’horizon, on rapporte les
défis liés à l’articulation soulevés lors de l’enquête sur le terrain. À partir de l’ensemble des
données colligées, le Conseil dégage des enjeux de cohérence et de souplesse des
structures et propose des pistes d’action conséquentes. Il fait ensuite état des
recommandations spécifiques qui permettent de mettre en œuvre ces pistes d’action.
• Le troisième chapitre traite de l’arrimage des savoirs et des pratiques entre le secondaire
et le collégial dans le contexte du renouveau pédagogique au secondaire. Le relevé des mesures
d’arrimage existantes est suivi des défis qui se posent sur ce plan selon les acteurs du
collégial. Le Conseil y décèle, pour les deux ordres d’enseignement, un enjeu de continuité
des savoirs et un autre d’appropriation des changements entraînés par le renouveau au
secondaire. Des pistes d’action et des recommandations susceptibles de faciliter l’arrimage
sont formulées.
• Le quatrième chapitre se penche sur l’intégration des étudiants aux études collégiales.
Il fait d’abord état du contexte d’intégration actuel marqué, pour les collèges, par une série
de changements. Les mesures d’intégration présentement mises en œuvre au sein des
collèges sont passées en revue avant d’aborder les défis qui se posent de ce côté selon
les acteurs du collégial. Le Conseil, pour sa part, y voit un enjeu commun pour les étudiants
et les collèges, soit l’ouverture au changement. Des pistes d’action et des recommandations
spécifiques sont énoncées pour que l’intégration se prépare dès le secondaire, puis se
réalise pleinement au collégial.
Le Conseil tient à remercier les enseignantes et les enseignants, les cadres, les directrices et les
directeurs d’études et les professionnelles et les professionnels qui ont participé à l’enquête par
questionnaire et aux groupes de discussion. Il remercie également les membres de la Commission
de l’enseignement collégial et toutes les personnes qui ont collaboré de près ou de loin à la
production de cet avis.
4
CHAPITRE 1
LA TRANSITION ENTRE
LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL :
PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
5
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Nous avons proposé que la durée des études précédant l’entrée dans toutes les facultés
universitaires n’excède pas treize ans, et que les treize ans comportent, après la maternelle,
un niveau élémentaire de six ans, un niveau secondaire de cinq ans, suivis du niveau
d’études préuniversitaires et professionnelles de deux années, offerts dans des établissements
polyvalents appelés instituts. (Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la
province de Québec, tome 2, 1964, p. 57.)
Dans l’esprit du rapport Parent, les instituts se situaient donc entre le secondaire et l’enseignement
supérieur. Les formations « préuniversitaire » et « professionnelle » étaient à ce moment planifiées
comme étant de même durée, soit deux ans.
Un régime pédagogique expérimental s’est mis en place de 1967 à 1984, période pendant laquelle
a été consolidé le collégial. Graduellement, son appartenance à l’enseignement supérieur s’est établie,
une distinction par rapport à l’intention du rapport Parent de situer le collégial entre le secondaire et
l’enseignement supérieur (Ministère de l’Éducation, 1978).
_______________
2. Dans plusieurs pays de l’OCDE, le nombre d’années d’études accumulées à la fin des études secondaires est de douze ou treize années,
soit une durée équivalente à celles des études secondaires jumelées à un programme d’études collégiales préuniversitaire au Québec.
e
Dans ces pays, le diplôme décerné au terme des études du 2 cycle du secondaire donne directement accès à des programmes
universitaires. Au Québec, c’est le diplôme d’études collégiales préuniversitaires, et non le diplôme d’études secondaires, qui donne accès
à des programmes universitaires et il fait généralement suite à treize années d’études (Ministère de l’Éducation, 2001). Ainsi, malgré
une architecture du système éducatif distincte, les étudiants du Québec accèdent aux études universitaires au terme du même nombre
d’années d’études que leurs collègues de plusieurs pays de l’OCDE.
6
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
En 1989, des conclusions sévères ont été tirées par des organismes-conseils au regard de la transition
entre le secondaire et le collégial. En effet, le CSE (1989) et le Conseil des collèges (1989) se sont
penchés, au même moment, sur « l’articulation du secondaire et du collégial » dans un cas, et sur
« l’harmonisation du secondaire et du collégial » dans l’autre. Leurs travaux avaient été menés en
complémentarité, dans une collaboration sans précédent qui devait « témoigner de l’urgente
nécessité […] des interventions destinées à améliorer l’articulation du secondaire et du collégial »
(CSE, 1989, p. 1).
D’une même voix, les deux organismes-conseils déploraient que le secondaire et le collégial
évoluaient sur des voies parallèles. À leurs yeux, il était temps de prendre d’importantes mesures
pour resituer le secondaire et le collégial dans des perspectives de continuité pédagogique. Ils
indiquaient alors que l’harmonisation du secondaire et du collégial devait placer le cheminement de
l’élève au centre des préoccupations. La formation devait se faire en continuité. On recommandait
d’insérer au 2e cycle du secondaire plus de choix tout en conservant les visées de formation
générale et on suggérait d’accorder plus d’importance à la réussite de cours de la 5e année du
secondaire pour la sanction des études et le passage au collégial. Il ne fallait conserver que les
préalables justifiés par des exigences pédagogiques pour ne pas qu’ils entraînent une « orientation
prématurée » au secondaire. Ils appelaient à la révision des programmes techniques et
professionnels pour éviter la duplication des programmes de formation établis en parallèle dans les
deux ordres d’enseignement. Tous deux soulignaient également l’importance du leadership
ministériel pour assurer la concertation entre les deux ordres d’enseignement et prônaient la mise
en place d’un nouveau mécanisme consultatif pour gérer efficacement les liens entre le secondaire
et le collégial ainsi que la nécessaire concertation des instances locales et régionales des deux
ordres d’enseignement.
En 1993, au terme d’une commission parlementaire sur l’avenir de l’enseignement collégial au Québec,
la ministre de l’Éducation, Mme Lucienne Robillard, a convié les collèges, les jeunes et l’ensemble
de la population du Québec au renouveau du collège québécois. Il faut dire qu’entre sa création et
1993, le réseau n’avait pas subi de changements marquants (Savard et Bouthaim, 2008). Le
collégial s’est alors vu reconfirmé dans ses mandats essentiels. L’appui qu’il a reçu était toutefois nuancé,
car il était conditionnel à ce que des changements importants lui soient apportés. Au nombre des
changements attendus, certains concernaient spécifiquement la transition entre les structures :
Assurer les jonctions entre les ordres d’enseignement en précisant le seuil d’admissibilité
au collège, en poursuivant l’élagage des préalables imposés à l’admission dans certains
programmes, en assurant l’harmonisation des programmes d’études professionnelles du
secondaire et des programmes d’études techniques du collégial, en procédant à la
rationalisation de la carte des enseignements professionnels et techniques, en marquant
mieux la continuité collège-université en formation préuniversitaire et en améliorant les
modalités de passage à l’université des diplômés du secteur technique. (Ministère de
l’Enseignement supérieur et de la Science (MESS), 1993, p. 6.)
7
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Enfin, le renouveau conviait l’ensemble du réseau collégial à faire de la réussite des études une
nouvelle cible stratégique (MESS, 1993). Dans les termes de l’époque, on évoquait « un nouveau
défi d’accessibilité : la réussite des études » (MESS, 1993, p. 13). L’ensemble du réseau s’est alors
tourné vers ce défi en même temps qu’il entreprenait la réalisation des chantiers entamés par le
renouveau au collégial.
En 2004, une nouvelle réflexion collective a été déclenchée sur l’avenir de l’enseignement collégial.
À la suite de l’analyse des mémoires et des recommandations qui ont alors été transmises, le
ministère de l’Éducation (MEQ) a énoncé ses priorités, dont l’assouplissement des règles
d’admission pour faciliter les parcours des étudiants, le maintien d’exigences de sanction des
études collégiales élevées, l’arrimage entre les programmes d’études et les besoins du milieu et
l’adoption de mesures favorisant la réussite au collégial (MEQ, 2004c). Cinq ans plus tard, un
certain nombre de mesures annoncées ont été adoptées.
Il semble que, 40 ans après le rapport Parent, le secondaire et le collégial aient appris à vivre
en présence l’un de l’autre. Néanmoins, le Conseil est d’avis que la transition entre ces ordres
d’enseignement demeure perfectible et que tous gagnent à voir la cohérence des ordres
d’enseignement améliorée.
_______________
3. Diplôme d’études professionnelles.
4. C’est à cette même époque que fut créée la Commission de l’enseignement collégial au Conseil supérieur de l’éducation.
5. Le plan de réussite est un document officiel dans lequel le collège indique comment il entend assumer sa responsabilité d’améliorer
la réussite scolaire et le taux de diplomation de ses étudiantes et étudiants, et d’en témoigner. Il comprend, en général, une analyse
de la situation, les moyens retenus et les mesures prises pour favoriser la réussite ainsi que les modalités de mise en œuvre
(http://www.ceec.gouv.qc.ca/fr/commission/mandat.htm#6).
8
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
LE RENOUVEAU AU COLLÉGIAL
La visée profonde du renouveau au collégial était d’assurer aux jeunes et à l’ensemble de la
population du Québec, dans un contexte mondial de plus en plus concurrentiel, un enseignement
collégial « d’un calibre et d’une qualité qui leur permettent de se mesurer aux meilleurs standards de
compétence » (MESS, 1993, p. 13). L’appartenance du collégial à l’enseignement supérieur était
alors réaffirmée et les programmes d’études préuniversitaires, officiellement définis comme la
première de deux étapes d’un cheminement conduisant normalement au baccalauréat (MESS, 1993).
Au cœur du renouveau au collégial figurait la révision des programmes d’études, pour les rendre
plus cohérents, exigeants et adaptés aux besoins. Ce chantier s’est étalé sur plusieurs années,
mais l’opération est maintenant terminée pour la majorité des programmes. Le tableau 1 fait la
synthèse des modifications aux programmes découlant du renouveau à l’enseignement collégial.
9
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
• Selon l’approche par compétences. Les objectifs sont formulés en fonction de compétences
(habiletés, connaissances, attitudes et comportements) à maîtriser selon des standards définis
propres à la poursuite d’une activité professionnelle ou d’études supérieures. Pour la formation
générale et les programmes préuniversitaires, c’est le ministre qui détermine les compétences et
tout ou partie des activités d’apprentissage (dont les cours). Pour les programmes techniques, c’est
le ministre qui détermine aussi les compétences, mais ce sont les collèges qui déterminent les
activités d’apprentissage (dont les cours).
• Selon l’approche programme. Cette approche repose sur une vision et une gestion pédagogique
par programme d’études (par ex., sciences humaines, technique policière) et nécessite la
concertation des enseignantes et des enseignants de toutes les disciplines du programme.
En matière d’unités
• Ajout d’unités obligatoires en langue seconde
• Diminution du nombre d’unités en philosophie, ou Humanities
• Augmentation du nombre d’unités en langue d’enseignement et littérature
• Diminution du nombre d’unités en éducation physique
• Diminution du nombre d’unités attribuées à la formation générale complémentaire
(cours complémentaires)
En matière de structure
• La formation générale pour l’ensemble des programmes menant à un DEC est divisée en trois
blocs : 1) la formation générale commune à tous les programmes; 2) la formation générale propre à
chaque programme; 3) la formation générale complémentaire.
10
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
Dans un avis de 2008, la CEEC, organisme lui-même créé dans la foulée du renouveau en corolaire
des responsabilités pédagogiques accrues confiées aux collèges, estime que les collèges et leur
personnel ont su relever le défi et travailler au renouvellement de l’enseignement collégial. Toutefois, la
Commission formule des recommandations pour que se poursuive l’appropriation de l’approche par
compétences (CEEC, 2008a).
FIGURE 1 Moments clés de la réflexion qui a mené au Programme de formation de l’école québécoise
11
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
La figure 1 illustre les moments phares de la réflexion qui a mené au Programme de formation de
l’école québécoise. Cette période s’étend sur un peu plus de cinq ans et concerne à la fois la réforme
du curriculum et des programmes d’études (CSE, 2003).
• À l’origine, le rapport Préparer les jeunes au XXI e siècle du Groupe de travail sur les profils
de formation au primaire et au secondaire (1994), appelé rapport Corbo, définissait
« l’ensemble intégré de connaissances, d’habiletés et d’attitudes qu’un élève devrait maîtriser
au terme des deux grandes étapes de la formation de base » (p. 7). Environ au même
moment, le Conseil publiait un avis, Rénover le curriculum du primaire et du secondaire,
portant sur l’importance d’une refonte du curriculum du primaire et du secondaire en vue de
le rendre plus riche et plus adapté aux besoins de la société actuelle (CSE, 1994).
• Le rapport Corbo a été suivi, en 1995, de la convocation des États généraux sur l’éducation.
C’était l’occasion d’un dialogue national qui réunissait les citoyens et les divers acteurs de la
société autour de l’organisation et des priorités du système éducatif québécois dans le
contexte des nouveaux enjeux qui se posaient à la société québécoise. Puis, la Commission
des États généraux sur l’éducation s’est mise à arpenter le Québec pour y tenir des audiences
publiques sur ces questions. Au terme de l’ensemble de la démarche, la Commission a publié
son rapport final, Rénover notre système d’éducation : dix chantiers prioritaires (Commission
des États généraux sur l’éducation, 1996). Elle y redéfinissait la triple mission de l’école –
instruire, socialiser et qualifier – et faisait de la restructuration des curriculums du primaire et
du secondaire l’un de ses chantiers. La Commission a plaidé pour un nécessaire rehaussement
culturel du contenu des programmes disciplinaires et a suggéré de découper l’ensemble du
programme en six axes :
1. Les langues
2. Le champ de la technologie, de la science et de la mathématique
3. L’univers social
4. Les arts
5. Le développement personnel
6. Les compétences générales (qui deviendront les compétences transversales).
• S’est ensuivi en 1997 le plan d’action ministériel Prendre le virage du succès, qui faisait de
l’enseignement des matières essentielles l’une de ses lignes d’action (MEQ, 1997b). Pour
traduire concrètement la façon dont cela pourrait se répercuter sur les curriculums du
primaire et du secondaire, le Groupe de travail sur la réforme du curriculum, présidé par
monsieur Paul Inchauspé, a été formé. Le rapport final de ce groupe de travail, Réaffirmer
l’école, dessinait le nouveau curriculum du primaire et du secondaire. On y reprenait, entre
autres, les grands domaines d’apprentissage et on renommait les « compétences générales »
compétences transversales (Groupe de travail sur la réforme du curriculum, 1997). Cela est
devenu l’essence du Programme de formation de l’école québécoise.
12
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
• L’implantation du renouveau a donné lieu à la mise en place, en 2000, d’un nouveau régime
pédagogique appelé Régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement
primaire et de l’enseignement secondaire. Ce régime fut l’objet de modifications successives
touchant le secondaire au cours des dernières années. Parmi celles-ci, notons la révision des
conditions de sanction, l’introduction de parcours diversifiés au 2e cycle du secondaire, la
mise en place de nouvelles grilles des matières, l’organisation par cycle et la modification de
dispositions liées à l’évaluation des apprentissages. D’autres ajustements ont également été
apportés en ce qui a trait à la communication des résultats des apprentissages, notamment
par le bilan des apprentissages et le bulletin scolaire.
_______________
6. La réforme du curriculum concerne principalement les ordres d’enseignement primaire et secondaire mais touche aussi la formation
professionnelle et l’éducation des adultes. L’accès à la formation continue et l’autonomie des écoles figurent également parmi
les chantiers de la réforme (renouveau pédagogique) (CSE, 2003).
13
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
• En 2000 sont également entrés en vigueur une politique et un plan d’action en matière
d’adaptation scolaire (MEQ, 1999a; MEQ, 1999b). Leur objectif était la réussite du plus grand
nombre dans la double perspective de prévention des difficultés et d’intégration scolaire des
élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage.
• En 2001 s’est amorcée, au secteur des jeunes, une réorganisation des services éducatifs
complémentaires prônant une approche plus globale et concertée de l’ensemble des
intervenants scolaires (MEQ, 2002a).
• En 2003 paraissait la Politique d’évaluation des apprentissages. Elle avait pour objet d’ajuster
les pratiques évaluatives à l’approche par compétences insérée dans les programmes
d’études aux secteurs des jeunes et des adultes ainsi qu’à la formation professionnelle en
tenant compte des impératifs et des enjeux associés à la Politique de l’adaptation scolaire
(MEQ, 2003).
• En septembre 2005, le Programme de formation de l’école québécoise a été instauré en
première année du secondaire. Conséquemment, la première cohorte d’élèves à avoir cheminé
avec ce programme au secondaire arrivera au collégial à l’automne 2010 (MELS, 2008d).
_______________
7. Pour calculer ce taux, on rapporte les nouvelles inscriptions des différents programmes aux populations du même âge (au 30 septembre).
On obtient ainsi des taux d’accès selon l’âge qui sont ensuite regroupés par sommation pour obtenir la proportion d’une génération qui
entreprend des études menant au diplôme d’études collégiales.
14
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
TABLEAU 2 Taux d’accès au collégial à l’enseignement ordinaire, à temps plein ou à temps partiel,
réseaux public et privé, selon le sexe et le type de formation (en %)
e : Estimations.
– : Sans objet.
Source : MELS, 2009d, Indicateurs de l’éducation.
Il est alors étonnant de constater à quel point l’hétérogénéité de la population étudiante, souvent
décrite comme un phénomène récent, est alors documentée. En effet, on y fait la démonstration
que les profils des étudiants qui fréquentent les collèges sont de plus en plus diversifiés : l’arrivée
significative des femmes, la fréquentation des collèges par des étudiants de tous les groupes
d’âges et la diversité ethnique et linguistique des nouveaux étudiants sont présentés comme des
facteurs de diversification. Déjà à l’époque, on constate que la population étudiante s’engage
moins exclusivement dans ses projets scolaires, qu’elle accorde de l’importance au travail
rémunéré et qu’elle développe peu de sentiment d’appartenance à l’établissement. Pour répondre
aux besoins de cette population étudiante diversifiée, le Conseil fait siens certains principes qui
semblent n’avoir rien perdu de leur pertinence (CSE, 1992) :
15
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Ce bref retour en arrière invite à la nuance : le caractère hétérogène de la population actuelle des
collèges n’est pas un aspect aussi nouveau qu’on serait d’abord porté à le croire. Cependant, les
facteurs d’hétérogénéité sont peut-être en train de changer. En effet, selon des données récentes
de la Fondation canadienne des bourses d’études du millénaire au Canada, sont en hausse au
postsecondaire la proportion d’étudiants issus de familles sans antécédents d’études postsecondaires,
issus de familles à revenu moyen ou à faible revenu, ou dont le rendement scolaire est inférieur à
la moyenne (Parkin et Baldwin, 2009).
Deuxième observation : ces dernières années, le taux d’accès au collégial est plutôt stable. Depuis
que les données sont colligées au MELS, le taux d’accès au collégial à l’enseignement ordinaire a
connu une hausse de 24 points, passant de 39,3 % en 1975-1976 à 63,3 % en 2007-2008.
Toutefois, le taux de 63,3 % obtenu en 2007-2008 correspond au retour à la situation qui avait
cours 15 ans plus tôt. La baisse du taux d’obtention du DES et le resserrement des critères
d’admission aux études collégiales pourraient expliquer la diminution observée durant ces années 8.
Cependant, cette observation est corroborée à l’échelle canadienne où l’on constate une diminution
de la participation aux études postsecondaires ces dernières années (Berger, 2009). Conséquemment,
les incidences des règles de sanction et d’admission sur les cheminements scolaires des étudiants
du Québec ne doivent pas être négligées, mais on ne peut affirmer qu’il s’agit de l’unique facteur
explicatif de ces diminutions.
Troisième observation : alors que l’écart entre le taux d’accès des hommes et des femmes était
très faible dans les années 1975-1976 (moins de 1 %), il s’est significativement creusé jusqu’en
2000-2001, passant de 0,8 % à 18,5 %. Depuis 2000-2001, la situation s’est toutefois stabilisée.
Derrière le taux d’accès au collégial à l’enseignement général se cachent donc deux réalités fort
distinctes : celle des femmes et celle des hommes, les premières affichant un taux de près de 20 %
supérieur à celui des hommes.
_______________
8. Pour de plus amples renseignements, consultez le chapitre 2 portant sur le renouveau pédagogique et la sanction des études.
16
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
FIGURE 3 Proportion d’hommes inscrits à temps plein et à temps partiel à un programme de DEC1
de l’enseignement collégial, enseignement ordinaire, sessions d’automne 1991 à 2007
En ce qui concerne le type de programme fréquenté par les étudiants québécois, les données
indiquent que la réalité ne recoupe pas les prévisions initiales des instigateurs des collèges ni tout
à fait les cibles fixées par le renouveau au collégial. Le rapport Parent estimait que près d’un élève
sur deux, soit 45 % d’une génération de première année du secondaire, devait accéder à des
études collégiales. De ce nombre, le secteur préuniversitaire devait en récolter environ 40 % et le
secteur technique, 60 % (MESS, 1993). En 1993, le renouveau au collégial visait que la moitié
(50 %) des étudiants accèdent au collège pour terminer des études techniques, l’autre des études
préuniversitaires (MESS, 1993, p. 10-11). Tel qu’il est illustré dans le tableau 3, en 2006-2007,
pour l’effectif scolaire à l’enseignement ordinaire, temps plein et temps partiel, les étudiants en
formation préuniversitaire représentaient presque 50 % des inscrits. Pour la formation technique, le
taux était de 45,7 % alors que 4,4 % étaient inscrits en session d’accueil et d’intégration ou en
session de transition9, en hausse constante depuis 1993.
_______________
9. Un étudiant peut être inscrit à une session de transition dans les cas suivants : 1) il a été inscrit à temps plein, lors d’une session antérieure,
dans un programme ou en session d’accueil et d’intégration et il se trouve en transition vers un programme menant au DEC pour lequel
des conditions particulières d’admission au programme sont manquantes ou pour lequel il est impossible de débuter à la session d’hiver;
2) il est inscrit pour la première fois à l’enseignement collégial à la session d’hiver en vue de suivre un programme menant au DEC
qu’il est impossible de commencer à la session en cours.
17
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
TOTAL 173 519 100,0 % 180 977 100,0 % 174 273 100,0 % 163 055 100,0 % 162 300 100,0 %
DEC,
89 236 51,4 % 90 347 49,9 % 80 980 46,5 % 74 813 45,9 % 80 308 49,5 %
formation préuniversitaire
DEC, formation technique 77 601 44,7 % 82 844 45,8 % 86 137 49,4 % 81 071 49,7 % 74 185 45,7 %
SAI ou transition 0 0,0 % 5 165 2,9 % 4 748 2,7 % 5 987 3,7 % 7 161 4,4 %
FEMMES 95 712 100,0 % 99 045 100,0 % 97 055 100,0 % 93 123 100,0 % 93 969 100,0 %
DEC,
48 885 51,1 % 50 174 50,7 % 47 179 48,6 % 43 722 47,0 % 45 771 48,7 %
formation préuniversitaire
DEC, formation technique 42 557 44,5 % 44 318 44,7 % 45 989 47,4 % 46 027 49,4 % 44 559 47,4 %
SAI ou transition 0 0,0 % 2 462 2,5 % 2 108 2,2 % 2 706 2,9 % 3 321 3,5 %
En somme, la réalité des collèges est façonnée par les étudiants qui les habitent. Depuis quelques
années, le taux d’accès au collégial semble demeurer stable. Cependant, les hommes sont moins
nombreux que les femmes à s’inscrire aux études collégiales. Quant à la répartition de l’effectif
dans les programmes techniques et préuniversitaires, elle démontre une tendance moins nette :
les programmes techniques recueillent davantage d’effectif à certains moments, les programmes
préuniversitaires à d’autres. Il s’agit ici de grandes tendances, de l’agrégation de cheminements
scolaires qui seront davantage étudiés dans le chapitre portant sur l’articulation des structures.
Toutefois, ces tendances illustrent que la transition secondaire-collégial se décline différemment
selon le sexe de l’étudiant et le type de programme d’études qu’il poursuit.
18
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
Plusieurs recherches se sont employées à dresser le portrait des étudiants à leur arrivée au collégial.
Ces recherches ont relevé les caractéristiques personnelles, sociales (Larose et Roy, 1992; Terrill
et Ducharme, 1994; Gingras et Terrill, 2006) et motivationnelles (Vezeau, 2007) des étudiants
du collégial et ont déterminé celles qui, déjà au secondaire, ont une influence significative sur le
comportement scolaire des étudiants (Larose et Roy, 1992; Terrill et Ducharme, 1994; Vezeau,
2007; CSE, 2008a).
Gingras et Terrill (2006) concluent leur étude en affirmant que la moyenne générale au secondaire
est un puissant indicateur de la réussite au collégial et de la probabilité d’obtention du DEC. Le temps
consacré à l’étude au secondaire et la performance au collégial sont également intimement liés :
[…] les finissants du secondaire nous auront appris que la majorité d’entre eux
étudiaient, en moyenne, moins d’une heure par jour. Sachant que la charge moyenne
requise pour les cours du collégial est d’environ une heure de travail personnel par
heure de cours théorique, on peut facilement imaginer à quel point la transition peut
être difficile pour certains. […] [C]es résultats démontrent clairement que le temps que
les étudiants consacrent à l’étude lorsqu’ils sont au secondaire représente pour eux un
investissement fort rentable pour leur avenir au cégep. Ce message devrait être
transmis à tous les élèves du secondaire. (Gingras et Terrill, 2006, p. 72.)
Le Conseil, dans son avis paru en 2008 sur l’engagement des étudiants au collégial, confirme
également ces résultats. Dans son modèle de prévision du rendement scolaire, l’indicateur le plus
déterminant demeure la moyenne générale obtenue au secondaire. De plus, « plus un étudiant dit
consacrer des efforts à ses études, plus sa moyenne augmente et, au contraire, moins il le fait,
moins il a de chances que sa moyenne soit élevée » (CSE, 2008a, p. 28).
19
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Pour sa part, Vezeau (2007) souligne que le profil motivationnel des étudiants est relativement bien
structuré et même consolidé dès la fin du secondaire. Elle conclut donc que le passage du
secondaire au collégial n’est pas suffisant pour insuffler aux étudiants la motivation à l’égard des
apprentissages qui leur fait défaut. Sans nier l’importance de la première session, elle rejoint les
constats de Gingras et Terrill, renforçant l’incidence décisive des comportements et des attitudes
favorables adoptés dès le secondaire.
La première session s’avère être un moment clé pour la poursuite des études collégiales. Gingras
et Terrill (2006) en réitèrent l’importance en ces termes :
• il existe un lien étroit entre la réussite en première session et l’obtention du DEC;
• pour ce qui est de l’obtention du diplôme, même pour les plus faibles, c’est le nombre
d’échecs en première session, et non le facteur sexe, qui est déterminant.
Conséquemment, il paraît légitime de « considérer comme étant à risque » des étudiants qui sont
admis au cégep avec une moyenne générale au secondaire faible, de mettre en place des
mesures particulières d’aide pour les aider à partir du bon pied et d’augmenter ainsi leurs chances
de réussite (Gingras et Terrill, 2006, p. 76).
Larose et Roy (1992) proposent pour leur part un cadre d’analyse spécifiquement dédié au
dépistage et à l’intervention auprès des étudiants à risque. Ils établissent que la réussite des
étudiants à risque est expliquée par la qualité des premières expériences collégiales, déterminées
par les perceptions de l’étudiant, déterminées à leur tour par les acquis précollégiaux (antécédents
personnels et sociaux). Ils dépassent ainsi la seule moyenne pondérée au secondaire comme
facteur prédictif et incluent des variables non intellectuelles jugées plus importantes pour
l’intégration aux études collégiales des étudiants à risque. Leurs conclusions ont été reprises par
nombre d’études et demeurent des points d’ancrage de plusieurs interventions pédagogiques.
20
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
• présentent des dispositions personnelles, des acquis liés à l’orientation et des acquis sociaux
moins favorables à la réussite (p. résumé);
• au premier trimestre, se sentent plus compétents en situation d’apprentissage dans un
environnement favorable : soutien des enseignants, clarté des règles de fonctionnement en
classe, coopération dans les cours (p. 139);
• intégrés sur le plan scolaire, social et institutionnel, obtiennent de meilleurs résultats que les
étudiants à risque moins bien intégrés : « C’est la qualité de l’intégration qui déterminerait les
chances de succès de l’étudiant à risque au premier trimestre » (p. 144-145).
_______________
10. On peut citer aussi les travaux de Gingras et Terrill (2006).
21
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Les recherches analysées pour les besoins de production du présent avis conduisent à ce constat :
la réussite scolaire est le marqueur institutionnel du passage secondaire-collégial réussi de
l’étudiant. Réussir le passage équivaut alors à persévérer et à réussir ses études. Cette conception
pose toutefois la limite suivante : comment tenir compte des conditions structurelles qui
déterminent, du moins en partie, les possibilités de cheminement dans le système scolaire?
LA TRANSITION INTERORDRES
Certains auteurs inscrivent le parcours scolaire dans un ensemble plus vaste de transitions vers la
vie adulte : « [L]a transition renvoie à un événement déclencheur ou à un événement souhaité, mais
non advenu, pouvant affecter positivement ou négativement le cours de l’existence et qui conduit à
l’adoption de nouveaux comportements, au changement de rôle, à la redéfinition des relations
sociales ou à la modification des conduites de la vie quotidienne » (Doray et autres, 2009, p. 17).
22
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
Ce modèle, tout en tenant compte des exigences systémiques (contraintes) et des voies de sortie
offertes (mécanismes compensatoires), fait de l’individu un acteur doté d’attributs qui lui sont
propres, pourvu de ressources (soutiens), qui peut, dans une situation donnée, exercer des choix
et mettre en place des stratégies pour atteindre ses buts (Doray et autres, 2009). La combinaison
des notions de parcours et de transition permet donc de situer l’individu dans un environnement
social et institutionnel tout en laissant un espace à son libre arbitre.
23
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Conséquemment, dans cet avis, le Conseil s’intéresse spécifiquement à la transition interordres entre
le secondaire et le collégial. Le Conseil l’aborde majoritairement du point de vue du collégial pour
soutenir la réussite des étudiants qui font le choix d’y poursuivre des études. L’objectif ici est de
proposer un cadre d’analyse systémique qui prend en compte les différentes dimensions de la transition.
Cette analyse différenciée selon trois angles invite les acteurs du système à articuler les structures
de façon cohérente, à arrimer les savoirs en continuité, à préparer dès le secondaire l’intégration
au collégial et à intégrer, au collégial, les étudiants en les considérant dans leur globalité.
24
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
Aux fins du présent avis, l’articulation se rapporte donc au système éducatif, à ses structures et aux
règles de sanction d’un ordre d’enseignement et d’admission dans un autre ordre d’enseignement.
Cet usage est déjà répandu en mathématique et en science, puisque ces disciplines désignent
sous « arrimage » le travail consistant à déterminer les connaissances à acquérir dans un ordre
d’enseignement pour accéder à celles qui seront enseignées dans l’autre ordre d’enseignement.
L’arrimage désigne les liens à établir entre les savoirs, les pratiques pédagogiques et les pratiques
évaluatives et, à ce titre, concerne au premier chef le personnel enseignant. Le Conseil estime que
de considérer la transition secondaire-collégial sous l’angle de l’arrimage centre l’attention sur les
contenus disciplinaires, les compétences à atteindre, les pratiques pédagogiques et évaluatives, autant
de dimensions influencées par le contexte éducatif actuel d’implantation du renouveau pédagogique
au secondaire et de sa rencontre avec le renouveau au collégial :
• Le renouveau pédagogique au secondaire introduit de nouveaux contenus au secondaire,
propose un nouvel aménagement des disciplines déjà présentes, fait disparaître d’anciens
programmes et en modifie d’autres. L’arrimage exige de tenir compte de ces ajouts, de ces
réaménagements et de ces retraits dans les contenus de cours du collégial.
25
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Cet angle d’analyse de la transition met au cœur l’étudiant et son collège, qui, dans une
responsabilité partagée, entament un processus d’intégration sur quatre plans : institutionnel,
intellectuel, social et vocationnel (Tremblay et autres, 2006).
Dans ce contexte, le collège doit mettre en œuvre des mesures d’intégration adéquates qui
permettent à l’étudiant de s’intégrer et de réussir son projet d’études.
26
LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL : PORTRAITS ET ANGLES D’ANALYSE
27
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
La transition secondaire-collégial est aussi évolutive que le sont les structures, les programmes de
formation et les étudiantes et les étudiants eux-mêmes. Analysée sous l’angle des structures
éducatives, la transition secondaire-collégial est un élément constitutif du système éducatif du Québec.
Que ce soit lors de la création du réseau des cégeps, en 1967, au moment du renouveau au collégial,
en 1993, ou lors du récent Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial, en 2004, le collégial est
soumis à une quadruple obligation :
2. offrir, au secteur préuniversitaire, une formation en cohérence avec les études universitaires,
3. offrir, au secteur technique, une formation en cohérence avec les besoins du marché du travail,
4. être cohérent en lui-même en tant que niveau d’études ayant ses exigences propres.
La transition entre les ordres ne peut donc jamais être réglée de façon définitive et les récentes
modifications aux règles de sanction du DES et aux règles d’admission au collégial sont l’illustration
de l’ajustement du système.
La transition secondaire-collégial est également influencée par les programmes de formation et les
pratiques pédagogiques et évaluatives qui ont cours dans les deux ordres d’enseignement. Le
degré d’écart entre l’enseignement en vigueur au secondaire et celui du collégial est partie
prenante de la transition. Si le passage vers les études postsecondaires et la gradation sur le plan
des exigences peuvent être source de motivation, une distance trop importante entre les deux aura
l’effet contraire. Aussi le renouveau à l’enseignement collégial et le renouveau pédagogique au
secondaire, par les changements qu’ils entraînent, gagnent à être connus à la fois par le secondaire
et le collégial.
Enfin, lorsqu’elle est envisagée du point de vue de l’étudiant, la transition est marquée au sceau de
la nouveauté et de l’éphémère : chaque élève ne s’inscrit qu’une fois pour la première fois au
collégial! Toutefois, même si la transition secondaire-collégial de l’étudiant, est, par essence, de
courte durée, l’événement est significatif pour la poursuite de ses études collégiales : c’est
pourquoi, comme nous l’avons relaté, la recherche s’y est attardée. C’est aussi pourquoi les
collèges sont soucieux de mettre en œuvre les mesures d’accueil et d’accompagnement
nécessaires à l’intégration pleine et entière de l’étudiant.
Pour le Conseil, le renouveau pédagogique est un déclencheur qui permet d’examiner la transition
secondaire-collégial sous tous ses angles : l’angle de l’articulation des structures, l’angle de
l’arrimage des savoirs et des pratiques et l’angle de l’intégration des étudiants. C’est en analysant
la transition à l’aide de ces trois aspects qu’il est possible de faire l’état des lieux actuels et de
dégager des recommandations pour améliorer la cohérence et la souplesse des structures, la
continuité des savoirs, l’appropriation des changements et l’ouverture qu’elle suppose.
28
CHAPITRE 2
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
L’angle de l’articulation entre le secondaire et le collégial a trait aux structures éducatives
qui permettent le cheminement entre les ordres d’enseignement. Ces structures
agissent tels des rouages qui permettent le passage entre le secondaire, que ce soit
du secteur de la formation générale des jeunes, de la formation générale des
adultes ou de la formation professionnelle, et le collégial.
29
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Les règles de sanction qui couronnent une étape du parcours scolaire font partie de ces rouages.
Le Régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et de l’enseignement
secondaire et le Régime pédagogique de la formation générale des adultes définissent les exigences
pour l’obtention du diplôme d’études secondaires (DES). De la même manière, le Régime pédagogique
de la formation professionnelle établit les conditions de sanction du diplôme d’études professionnelles
(DEP).
Une fois le diplôme du secondaire obtenu, c’est le RREC qui établit les conditions d’admission au
collégial. Il y est prévu que tant le DES que le DEP permettent l’accès aux études collégiales, le
DES satisfaisant aux exigences générales d’admission au collégial, et le DEP nécessitant des
modalités additionnelles d’admission lorsque le programme de DEC n’est pas en continuité de
formation avec le programme de DEP11. Dans cet avis, les règles de sanction du DES et du DEP et
les conditions d’admission au collégial sont parfois désignées sous l’appellation règles de passage,
car elles font partie d’un tout réglementaire qui prescrit les cheminements scolaires qui permettent
d’entrer au collégial.
En plus du DES et du DEP, dans certains programmes d’études, des conditions particulières
d’admission (préalables) sont aussi requises, telles que certains cours de science ou de
mathématique. Le Conseil, en 1989, avait déjà souligné que ces conditions ne devaient pas être
contraignantes : elles ne devaient exister que là où il y a une nécessité pédagogique (CSE, 1989).
À la suite de l’implantation du renouveau pédagogique au secondaire, les conditions générales et
particulières d’admission au collégial ont été revues.
Depuis un certain nombre d’années, on observe, qu’au trimestre d’automne, autour de 70 % des
étudiantes et des étudiants inscrits pour la première fois dans un programme d’études menant à un
DEC donné, à l’enseignement ordinaire, sont des « nouveaux inscrits au collégial » et que près de 30 %
sont des « autres élèves inscrits » (voir annexe 2, tableau 10). Les « nouveaux inscrits au collégial »
sont des étudiants pour qui on ne trouve aucune inscription au collégial antérieure au trimestre
indiqué, alors que les « autres élèves inscrits » ont déjà été inscrits au collégial mais en sont à leur
première inscription dans le programme de DEC déclaré à l’automne en question. Le vécu au
collégial de ces étudiants qualifiés « d’autres inscrits » peut différer grandement, mais ils ont tous
en commun d’avoir une expérience préalable de cet ordre d’enseignement12.
_______________
11. Un programme de DEP est en continuité de formation avec un programme de DEC lorsque des compétences atteintes au secondaire sont
reconnues au collégial et que cela permet de réduire la durée de la formation. Par exemple, le programme de DEP Techniques d’usinage
est en continuité de formation avec le programme de DEC Techniques de génie mécanique.
12. La population des autres élèves inscrits pour la première fois dans un programme de DEC donné est variée. Ce sont des étudiants qui ont
nécessairement changé de programme soit parce qu’ils étaient en session d’accueil et d’intégration (SAI) ou en session de transition,
soit parce qu’ils étaient inscrits dans un autre programme de DEC ou un autre programme d’études collégiales (AEC) antérieurement.
30
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
Pour l’ensemble des programmes de DEC, on observe que la proportion des « nouveaux inscrits au
collégial » par rapport aux « autres inscrits » a légèrement fléchi au cours des 30 dernières années,
passant de 76,7 % à l’automne 1980 à 71,9 % en 2009 (figure 5). Les données indiquent aussi que
la présence des « autres inscrits » n’est pas une nouvelle tendance bien qu’on en dénombre
proportionnellement plus en 2009 (28,1 %) qu’en 1980 (23,3 %) (voir annexe 2, tableau 10).
Par ailleurs, la figure 5 illustre également que les « nouveaux inscrits au collégial » sont très
nettement majoritaires dans les formations de type préuniversitaire et à la session d’accueil et
d’intégration ou à la session de transition13. Ainsi, en 2009, ils représentent 83,9 % des inscrits
dans les programmes de la formation préuniversitaire et 82,0 % de ceux inscrits dans les sessions
d’accueil et d’intégration ou les sessions de transition. A contrario, les « nouveaux inscrits au
collégial » sont proportionnellement moins nombreux dans les DEC de la formation technique, ne
comptant que pour 52,2 % des inscrits.
À la rentrée des classes en août, les enseignants au secteur préuniversitaire et à la session d’accueil
et d’intégration comptent donc une proportion très importante d’étudiants pour qui le collégial est
une nouveauté, alors que pour le personnel enseignant des programmes de DEC de la formation
technique, un étudiant sur deux a déjà été inscrit au collégial.
FIGURE 5 Répartition des nouveaux inscrits, en pourcentage, présents pour la première fois
dans un programme d’études donné aux sessions sélectionnées pour l’ensemble
du réseau et selon le type de programmes d’études
Source : MELS, Direction générale des affaires universitaires et collégiales, Direction de l’enseignement collégial,
Système CHESCO, version 2009 (RÉF. : NI-AI-V2009 EXT.xlsx).
_______________
13. En 1993, la proportion moins importante de « nouveaux inscrits au collégial» à la SAI ou transition peut s’expliquer par le fait qu’il s’agissait
de l’année d’implantation officielle des SAI et que les règles de transmission de déclarations de cette clientèle étaient moins encadrées.
31
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Tel que l’illustre la figure 6, en 2007, 92,0 % des nouveaux étudiants inscrits ont obtenu leur DES du
secteur des jeunes. De ce nombre, 86,2 % sont en continuité de formation15 et 5,8 % ont interrompu
leurs études avant de s’inscrire au collégial (voir annexe 2, tableau 12). Ces pourcentages varient
peu pour les années antérieures et démontrent ainsi que ces tendances sont plutôt lourdes.
La figure 6 démontre également que peu d’étudiants proviennent du secteur de la formation générale
des adultes, que ce soit en continuité ou non de formation. Ainsi, ils ne forment que 4,0 % des
nouveaux inscrits au collégial, soit 2 191 sur les 55 357 nouveaux inscrits au collégial en 2007.
Enfin, encore moins nombreux sont les étudiants qui arrivent avec un DEP, car ils représentent moins
de 0,1 % des nouveaux inscrits au collégial, soit 48 sur les 55 357 nouveaux inscrits au collégial
en 2007.
_______________
14. Les autres inscrits ont déjà été comptabilisés, lors de leur première inscription, parmi les nouveaux inscrits : leur provenance du secondaire
ne figure donc pas parmi les données de ce tableau.
15. La continuité de formation signifie que l’élève n’a pas interrompu ses études entre le moment de l’obtention de son diplôme et son inscription
au collégial.
32
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
FIGURE 7 Taux d’obtention d’un DEP à la suite d’une première inscription à des études collégiales,
deux ans après la durée normale des études collégiales1, à l’enseignement ordinaire,
à un programme menant au DEC2, par type de formation, ensemble du réseau, cohorte de 2002
1. Il s’agit du nombre d’années écoulées depuis l’entrée au collégial. Le taux d’obtention d’une sanction des études collégiales
est calculé deux ans après la durée prévue des études, soit quatre ans pour les programmes de DEC de la formation
préuniversitaire et cinq ans pour ceux de la formation technique. Pour la SAI ou transition, le taux est donné cinq ans
après le début des études collégiales.
2. Incluant les SAI ou transition.
Source : MELS, Direction générale des affaires universitaires et collégiales, Direction de l’enseignement collégial,
Système CHESCO, version 2008 (Réf. : FichesProgVentProgTousReseauxSexeV2008.xls).
Compilation du Conseil supérieur de l’éducation.
33
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Les données retraçant les parcours du secondaire vers le collégial ou du collégial vers le
secondaire proviennent de cohortes d’étudiants qui ont été formés, au secondaire, avant le
renouveau pédagogique. De même, les règles d’admission en vigueur au collégial à cette époque
différaient. Cependant, à la lumière des données fournies, il apparaît que le cheminement le plus
commun précédant les études collégiales est d’avoir en poche son DES de la formation générale
des jeunes et de poursuivre directement ses études au collégial. C’est au collégial que les parcours
des étudiants se distinguent davantage, car près de 30 % d’entre eux entreprennent un nouveau
programme d’études collégiales après s’être préalablement inscrits au collégial16. De plus, pour la
cohorte de 2002, 5,1 % des nouveaux inscrits dans un programme de DEC du réseau collégial
sont retournés au secondaire et y ont terminé un DEP (voir annexe 2, tableau 14). Ainsi, le
nouveau contexte d’articulation, dessiné par le renouveau pédagogique au secondaire et par les
changements apportés dans les conditions d’admission au collégial changera-t-il ces trajectoires?
Par ailleurs, sans égard au renouveau pédagogique, le règlement qui définit les modalités
d’admission au collégial, le RREC, a également introduit de nouvelles conditions d’admission pour
permettre l’accès au collégial à un plus grand nombre de candidates et de candidats.
_______________
16. Voir annexe 2, tableau 10.
34
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
TABLEAU 5 Évolution des conditions de sanction du DES de la formation générale des jeunes
Juin 1997-30 avril 2007 1er mai 2007 au 30 avril 2010 À partir du 1er mai 2010
Unités de la • Parmi les 54 unités • Parmi les 54 unités • Parmi les 54 unités
5e secondaire requises, il doit y avoir requises, il doit y avoir requises, il doit y avoir
au moins 20 unités au moins 20 unités au moins 20 unités
de la 5e secondaire de la 5e secondaire de la 5e secondaire
Unités • 6 unités de langue • 6 unités de langue • 6 unités de langue
obligatoires d’enseignement d’enseignement d’enseignement
de la 5e secondaire de la 5e secondaire de la 5e secondaire
• 4 unités de français, • 4 unités de langue • 4 unités de langue
langue seconde, seconde de la seconde de la
de la 5e secondaire 5e secondaire 5e secondaire
ou 4 unités d’anglais, • 6 unités de • 4 unités d’histoire
langue seconde, mathématique et éducation
de la 4e ou de de la 4e secondaire à la citoyenneté
la 5e secondaire de la 4e secondaire
• 6 unités de
• 4 unités d’histoire sciences physiques • 4 unités de
du Québec et du de la 4e secondaire mathématique
Canada de la de la 4e secondaire
• 4 unités d’histoire
4e secondaire
du Québec et du • 4 unités de science
Canada de la et technologie ou
4e secondaire 6 unités d’applications
technologiques
et scientifiques
de la 4e secondaire
• 2 unités d’arts
de la 4e secondaire
• 2 unités d’éthique
et culture religieuse
ou d’éducation
physique et à la santé
de la 5e secondaire
Le Conseil s’est prononcé en faveur de l’ensemble des dispositions présentées dans le Projet de
règlement modifiant le Régime pédagogique de la formation générale des adultes (CSE, 2010).
_______________
er
17 . Projet de règlement figurant à la Gazette officielle du 20 janvier 2010 dont la mise en vigueur est prévue pour le 1 juillet 2010.
35
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
TABLEAU 6 Évolution des conditions de sanction du DES de la formation générale des adultes
_______________
18. Le projet de règlement paru à la Gazette officielle du 20 janvier 2010 prévoit que l’adulte qui a réussi un cours du second cycle
er er
du secondaire dans un centre d’éducation des adultes avant le 1 juillet 2010 puisse, jusqu’au 1 juillet 2011, obtenir un DES
selon les anciennes conditions de sanction.
e
19. Le titulaire d’un DEP ou d’une ASP qui a accumulé les unités de la 4 secondaire en langue d’enseignement, en langue seconde et en
mathématique est réputé avoir obtenu les unités prévues dans le domaine de l’univers social et dans le domaine de la mathématique,
de la science et de la technologie.
20. Même remarque que ci-dessus.
36
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
De fait, les deux parcours de formation générale ont été conçus de manière qu’un élève puisse
passer de l’un à l’autre. Le régime pédagogique précise qu’au 2e cycle un élève choisit, chaque
année, le parcours de formation générale ou le parcours de formation générale appliquée, rendant
ainsi possible le passage de l’élève du cours Applications technologiques et scientifiques vers le
cours Science et technologie et vice versa. Pour ce qui est des parcours de formation générale et
de formation générale appliquée, il n’est pas prévu de conditions particulières lorsqu’un élève
change de parcours. Pour ce qui est du passage du parcours de formation axée sur l’emploi vers le
parcours de formation générale ou de la formation générale appliquée, la commission scolaire peut
établir les conditions de passage pour permettre à l’élève d’acquérir la formation requise pour
s’inscrire dans son nouveau parcours.
_______________
21. Voir le schéma Diversification des parcours de formation au secteur des jeunes à l’annexe 1.
22. Tel que prévu aux articles 23,3, 23,4 et 23,5 du Régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire
et de l’enseignement secondaire.
37
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Enfin, en plus des trois parcours, certains élèves peuvent être inscrits dans un projet particulier menant
à la formation professionnelle. Cette formule, par des mesures dérogatoires au régime, prévoit quatre
matières obligatoires : langue d’enseignement, langue seconde, mathématique et exploration de la
formation professionnelle. Des stages en entreprise, en centre de formation professionnelle ou dans la
communauté s’y ajoutent, selon un nombre d’heures déterminé localement. Cette mesure s’adresse, à
la suite de l’étude de leur dossier et de leurs besoins, à des élèves motivés par l’apprentissage de
métiers spécialisés et non intéressés ou admissibles au parcours de formation axée sur l’emploi menant
à l’exercice d’un métier semi-spécialisé.
Les conditions particulières d’admission ont été révisées et rendues publiques en janvier 2009 pour la
rentrée 2010-2011 (MELS, 2009g). Cette révision était nécessaire pour tenir compte des modifications
apportées aux programmes d’études du secondaire, particulièrement en mathématique et en science.
L’opération ne consistait pas à réexaminer la pertinence des conditions particulières pour chacun
des programmes, mais plutôt à assurer l’équivalence des nouvelles conditions avec les anciennes.
Pour l’admission 2010-2011 dans les collèges, les conditions particulières (préalables) d’admission
de l’ancien et du nouveau régime du secondaire sont maintenues côte à côte. En ce qui concerne
les cours de mise à niveau, les nouveaux cours tenant compte du renouveau pédagogique ont été
activés à l’été 2009 et remplaceront définitivement les anciens à partir de l’automne 2010 (MELS,
2009a). Le retrait des anciens cours de mise à niveau ne devrait pas entraver le cheminement
scolaire des étudiants de l’ancien régime, car ceux-ci auront deux choix à leur disposition. Soit qu’ils
pourront s’inscrire aux nouveaux cours de mise à niveau en rapport avec le renouveau pédagogique,
soit qu’ils pourront se tourner vers l’éducation des adultes du secondaire pour terminer le cours
de l’ancien régime (MELS, 2009g). Pour les conditions particulières d’admission et pour les cours
de mise à niveau, l’équité au chapitre de l’accès est donc assurée, que l’étudiant ait transité par
l’un ou l’autre des régimes pédagogiques du secondaire.
38
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
Le RREC est un règlement édicté en 1993 par le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport du
Québec qui décrit les conditions d’admission à un programme collégial, les programmes conduisant
au DEC et à l’AEC, l’administration des programmes, l’évaluation des apprentissages et la sanction
des études (Québec, 2010d). Tous les collèges, qu’ils soient publics ou privés, doivent s’y conformer.
Le Règlement joue un rôle charnière en matière de transition secondaire-collégial, car il détermine
quels étudiants se qualifient pour la transition et à quelles conditions.
Depuis l’adoption du RREC, les dispositions relatives à l’admission aux programmes conduisant au
DEC ont été modifiées à trois occasions : en 2001, en 2007 et en 2008.
D’abord, en vertu de la modification apportée en 2001, il est possible pour le titulaire d’un DEP de
s’inscrire au collégial dans un programme réputé en continuité de formation avec un programme de
DEC déterminé par le ministre (Québec, 2001)23.
L’objectif de cette disposition était de « permettre aux titulaires de certains diplômes d’études
professionnelles d’être admissibles à des programmes d’études collégiales déterminés, en
remplaçant certaines conditions générales et particulières d’admission par la reconnaissance des
compétences acquises dans la formation professionnelle et par l’imposition d’activités de mise à
niveau nécessaires à la réussite de la formation envisagée » (CSE, 2001, p. 5).
_______________
23. Les critères sur lesquels se fonde la décision de la ministre sont les suivants : 1) la durée des programmes menant à l’obtention d’un DEP
est, au minimum, de 1 000 heures; 2) la condition d’admission à un programme menant à l’obtention d’un DEP est d’avoir réussi les unités
e
de la 4 secondaire en langue d’enseignement, en langue seconde et en mathématique; 3) les programmes menant à l’obtention d’un DEP
et d’un DEC désignés sont en continuité de formation et correspondent à un cheminement de carrière; 4) les programmes menant à
l’obtention d’un DEP et d’un DEC ont des compétences communes permettant une économie de parcours d’au moins une session.
39
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
En 2007, une modification concernait les titulaires d’un DEP qui souhaitent poursuivre des études
collégiales dans un programme qui n’est pas en continuité de formation. Cette modification les a
soustraits de l’obligation imposée jusque-là d’obtenir les unités requises dans le domaine de la
science en 4e secondaire (Science et technologie ou Applications technologiques et scientifiques)
et en histoire et éducation à la citoyenneté de la 4e secondaire. Toutefois, ces étudiants ont
l’obligation de posséder les unités de langue d’enseignement et de langue seconde de 5e secondaire
ainsi que les unités de mathématique de 4e secondaire. Le Conseil s’était prononcé en faveur de
cette disposition, parce qu’il estimait que les exigences additionnelles au DEP placent l’étudiant
dans un contexte qui facilite la poursuite et la réussite de ses études. Il recommandait toutefois à la
ministre de faire un suivi attentif du cheminement des élèves inscrits au collégial sur la base d’un
DEP pour s’assurer que les conditions offertes favorisent leur réussite et facilitent la transition
interordres (CSE, 2007a).
En effet, tel qu’il a été précisé précédemment, les conditions d’obtention du DES ont été rehaussées et
incluent la quasi-totalité des exigences additionnelles qu’imposait le collégial de 1997 à 2007 sous
la dénomination de DES+, soit :
1. Langue d’enseignement de la 5e secondaire;
2. Langue seconde de la 5e secondaire;
3. Histoire de la 4e secondaire;
4. Sciences physiques de la 4e secondaire;
5. Mathématique de la 5e secondaire ou un cours de mathématique de la 4e secondaire avec un
niveau de difficultés comparable.
La seule différence subsistant entre l’ancien DES+ et les nouvelles conditions de sanction du DES
concerne la mathématique. En effet, le DES exige une mathématique de 4e secondaire, alors que
le DES+ exigeait la réussite d’un cours de mathématique de 5e secondaire ou de 4e secondaire de
niveau de difficulté comparable.
40
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
Toutefois, pour les titulaires d’un DES d’avant 2007, et donc qui ont obtenu leur DES sans que
celui-ci ne soit assorti des exigences rehaussées, le Règlement prévoit que le ministre peut rendre
obligatoires des activités de mise à niveau pour les matières suivantes :
1. Langue d’enseignement de la 5e secondaire;
Dans les faits, il s’agit donc d’une mesure d’équité faisant en sorte que les titulaires d’un DES, quel
que soit le régime pédagogique en vigueur au secondaire au moment de l’obtention de leur DES,
satisfassent à des conditions d’admission jugées équivalentes qui, hormis en mathématique, sont
identiques à celles de l’ancien DES+.
L’ADMISSION CONDITIONNELLE
L’admission conditionnelle a été introduite en août 2008 (Québec, 2008). Elle permet d’admettre un
étudiant au collégial même s’il lui manque des unités pour obtenir son DES ou encore, pour les
titulaires d’un DEP, s’il lui manque les unités spécifiées en langue d’enseignement, en langue
seconde et en mathématique. Cependant, dans les deux cas, ce nombre ne doit pas excéder six
unités. De plus, un étudiant admis sur une base conditionnelle doit obligatoirement obtenir son DES,
ou encore les unités requises dans le cas des titulaires de DEP, à la fin de sa première session au
collégial. Au-delà de ce délai, il n’est plus admissible au collégial.
Le Conseil s’y était montré favorable pour trois raisons : 1) il estimait qu’il s’agissait d’un élargissement
de l’accès aux études collégiales à des étudiants qui ont une possibilité de réussir et de persévérer
dans leurs études; 2) les collèges disposent d’un pouvoir discrétionnaire pour juger de la capacité
des étudiants d’entreprendre des études collégiales; 3) il s’agit d’une mesure qui facilite la transition
interordres. Toutefois, soucieux des conséquences possibles de l’application de cette mesure sur la
réussite des étudiants et la persévérance scolaire, il recommandait, à la ministre, de faire le bilan
de l’application de cette mesure cinq ans après son implantation, et aux collèges d’exercer un suivi
(CSE, 2008b).
41
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Le Conseil s’y était montré favorable, parce qu’il estimait que ce type d’admission pouvait faciliter
l’insertion professionnelle et la formation continue des adultes et des personnes immigrantes en
donnant un accès élargi à la formation collégiale. Il suggérait toutefois, là aussi, à la ministre de
faire le bilan de l’application de la mesure cinq ans après son implantation et recommandait aux
collèges d’exercer un suivi (CSE, 2008b).
3. un parcours où l’élève titulaire d’un DEP décide, de son propre chef, du parcours qui sera le sien.
42
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
Aux côtés de ces parcours prévus formellement par le ministre naissent des passerelles DEP-DEC
élaborées entre commissions scolaires et cégeps. Fruits d’ententes locales dans des secteurs
d’activité ciblés, comme les pâtes et papiers ou la sidérurgie, ces passerelles permettent de
reconnaître des compétences du DEP pour le DEC. Les compétences reconnues ne sont cependant
pas prédéterminées : il s’agit du résultat d’une analyse locale qui peut avoir pour effet de réduire
de plus d’une session la durée du parcours DEP-DEC. Ces passerelles nécessitent néanmoins le
respect des conditions d’admission prévues au Règlement pour les titulaires de DEP en non-continuité
de formation. Tout comme pour les parcours en continuité, les acteurs du réseau ont témoigné de
difficultés de recrutement en ce qui concerne les parcours prévus par passerelles.
Enfin, il est aussi possible pour un titulaire de DEP en non-continuité de formation de s’inscrire au
collégial dans un programme de DEC de son choix à la condition d’avoir réussi les cours de langue
d’enseignement et de langue seconde de la 5 e secondaire ainsi que celui de mathématique de la
4e secondaire. On ne peut actuellement déterminer le nombre d’élèves qui empruntent ce parcours
et quel est leur succès au collégial. De plus, on ne sait pas si ces élèves ont facilement accès au
secondaire aux conditions demandées (ce que l’on nomme la formation concomitante) pour devenir
admissibles au collégial.
43
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Depuis, d’autres travaux portant sur la motivation des élèves à l’endroit de la formation
professionnelle ont été réalisés. Or ces travaux révèlent que des aspirations scolaires élevées
semblent être un frein à l’inscription en formation professionnelle, que ce soit pour les élèves du
2e cycle du secondaire ou pour les élèves inscrits à la formation professionnelle (Saysset, 2005 et
2007). Pourquoi, dans l’esprit des élèves du secondaire, la formation professionnelle est-elle
irréconciliable avec la volonté d’obtenir un diplôme postsecondaire? Pourquoi, une fois admis à la
formation professionnelle, certains élèves abandonnent-ils leur projet antérieur d’obtenir un
diplôme postsecondaire? Pour le Conseil, trouver réponse à ces questions pourrait permettre de
déceler les éléments qui entravent la poursuite du cheminement scolaire entre la formation
professionnelle et collégiale.
Les parcours DEP-DEC, quelle que soit la forme empruntée, s’inscrivent dans une volonté de
développer une culture d’apprentissage tout au long de la vie. Ils cherchent à susciter l’expression
de la demande de formation collégiale de la part d’élèves inscrits à la formation professionnelle du
secondaire. Les données récoltées jusqu’ici présentent des résultats timides, mais une investigation
plus poussée des besoins de ces élèves, de leurs aspirations et des contraintes qui restreignent la
poursuite de leur cheminement scolaire permettrait de mieux cerner en quoi ces parcours répondent
ou non à leurs attentes. Pour expliquer les difficultés de mise en œuvre de ces parcours, des
explications qui vont au-delà des difficultés à les faire connaître méritent d’être analysées, tout en
laissant le temps à ces initiatives relativement récentes de faire leurs preuves.
44
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
_______________
24. Il est à noter qu’à l’étape de la présentation, le projet de loi intitulé Loi modifiant la Loi sur les collèges d’enseignement général et
professionnel en matière de gouvernance propose de modifier l’article 8 de la Loi sur les collèges d’enseignement général et professionnel
traitant des règles relatives aux membres du conseil d’administration d’un collège. En vertu de ce projet de loi, la présence au conseil
d’administration d’un représentant des commissions scolaires du territoire du cégep n’est plus prescriptive (Québec, 2009).
45
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
_______________
25. N’en font pas partie les collèges privés et, dans le réseau public, le Collège Dawson, le Champlain Regional College –
Campus Saint-Lawrence et le Champlain Regional College – Campus Lennoxville.
46
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
> Par leur mandat d’information, les services régionaux d’admission ciblent à la fois
les élèves du secondaire, leurs parents, les étudiants du collégial et des universités
et les étudiants étrangers. Ils offrent de l’information sur la liste des programmes offerts,
les conditions d’admission (en conformité avec le RREC et le Régime pédagogique de
l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire), les
préalables, les indicateurs du marché du travail pour les diplômés des programmes
techniques et le calendrier des portes ouvertes des collèges. De plus, ils transmettent, à
l’intention des étudiants du collégial principalement, l’information sur l’offre de cours d’été,
sur les services adaptés pour les étudiants ayant des limitations fonctionnelles ainsi que
sur l’offre de cours de la formation continue.
> Les services régionaux d’admission ont également pour public cible les cadres et les
professionnels, notamment en orientation scolaire, des réseaux secondaire et collégial.
Auprès de ces usagers, ils offrent une information qui devient partie intégrante de leur
formation continue.
• Plusieurs associations regroupant des professionnels du réseau de l’éducation organisent, en
réponse aux besoins de leurs membres, des activités de formation. Le plus souvent, il s’agit de
congrès et de sites Web. Certaines de ces associations regroupent des professionnels du
secondaire et du collégial. Il s’agit, notamment, de l’Association québécoise d’information
scolaire et professionnelle (AQISEP) et de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation et
des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OCCOPPQ). D’autres regroupent
exclusivement des professionnels du réseau collégial, soit l’Association professionnelle des
aides pédagogiques individuels (APAPI) et l’Association des conseillers d’orientation du collégial
(ACOC). Ces deux dernières années, ces associations se sont particulièrement intéressées aux
changements apportés par le renouveau pédagogique, à ceux apportés au RREC et aux
caractéristiques sociales de la nouvelle génération d’étudiants.
• Les commissions scolaires, les établissements secondaires et les collèges organisent, de leur
propre chef, des rencontres ponctuelles visant à organiser l’enseignement interordres et à
diffuser l’information quant aux programmes de chacun.
• Les collèges se préoccupent de l’information et de la formation du personnel enseignant et
professionnel. Ils offrent, d’une part, une formation actualisée permettant aux membres de leur
personnel de cerner les besoins des étudiants, de partager leur expérience, de se mobiliser
autour de cibles institutionnelles et d’ajuster leur pratique professionnelle de façon conséquente.
Ils offrent également des activités de formation, soit par la Fédération des cégeps, par
l’Association des collèges privés du Québec (ACPQ), par l’Association québécoise de
pédagogie collégiale (AQPC) ou par l’Association sur la recherche au collégial (ARC).
L’ensemble des mesures énumérées constituent, pour la plupart, des moyens que se sont donnés
et que se donnent encore les acteurs du réseau de l’éducation pour tenir compte des aspects
systémiques de la transition entre le secondaire et le collégial.
47
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
• Un deuxième défi concerne les ajustements à apporter aux règlements d’admission des
établissements pour tenir compte des nouvelles dispositions du RREC. Plusieurs répondants
ont indiqué que la révision des règlements d’admission constitue une initiative qu’ils ont déjà
prise ou qu’ils prendront inévitablement. On signale que les ajustements nécessaires
demanderont du temps et de l’énergie ainsi qu’une concertation entre tous les responsables de
l’établissement. On souligne, de plus, qu’il y aurait un besoin de concertation en réseau pour
assurer une certaine cohérence dans l’interprétation des nouvelles règles d’admission.
• Un troisième défi a trait à la structuration de l’offre de formation répondant aux besoins des
étudiants admis sur la base d’un DES antérieur à juin 2007 ainsi que de ceux sous admission
conditionnelle27. Les établissements collégiaux doivent élaborer une offre de formation pour
permettre à ces étudiants de satisfaire aux conditions d’admission du collège. Des acteurs ont
relevé la nécessité de concertation entre la ou les commissions scolaires du territoire et le
collège concerné pour organiser conjointement cette offre. Toutefois, des participants éprouvent
des difficultés à organiser l’horaire et l’encadrement de ces étudiants, qui peuvent devoir suivre
certains cours à l’extérieur du collège à l’éducation des adultes au secondaire tout en étant
inscrits dans un programme d’études au collège. Pour les participants, ces étudiants
demandent un suivi particulier qui exige des collèges de créer des ponts plus formels avec le
secondaire pour coordonner les activités scolaires dans les deux ordres d’enseignement.
• Un quatrième défi d’articulation énoncé par les acteurs concerne le classement équitable des
élèves à l’admission compte tenu de la difficile comparabilité des notes attribuées en vertu des
pratiques évaluatives du renouveau pédagogique et de la période de transition nécessaire à la
stabilisation de ces nouvelles pratiques. Les participants reconnaissent toutefois que le
problème de la comparabilité des notes existait avant le renouveau pédagogique au secondaire.
Ce questionnement, aux dires des personnes interrogées, repose sur un souci d’équité du
processus d’admission au collégial, car celui-ci exerce une sélection des étudiants dans
certains programmes où le nombre de places est limité avec une prémisse d’équivalence des
résultats entre établissements secondaires.
• La faisabilité des parcours DEP-DEC a également été mentionnée comme un défi d’articulation.
Les participants ont affirmé leur pertinence et la possibilité qu’elles offrent de mieux articuler les
programmes en évitant les recoupements ou les blocages, mais on a également souligné qu’il
reste beaucoup à faire pour attirer un nombre suffisant d’étudiants et pour organiser la
formation tout en tenant compte de l’organisation scolaire interordres.
_______________
26. Voir l’annexe 5 pour connaître la méthodologie et le déroulement de l’enquête.
27. Depuis juin 2007, l’admission au collégial ne nécessite plus le DES+ : seul le DES est requis, car les conditions de sanction du DES
ont été relevées. Toutefois, un étudiant diplômé du secondaire avant juin 2007 et n’ayant pas réussi les unités autrefois associées
au DES+ peut être admis au collégial sur la base de « l’ancien DES » mais devoir suivre certaines activités de mise à niveau.
48
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
Sur le plan national, il existe une tension entre la nécessité de préserver le caractère et les objectifs
propres à chaque ordre d’enseignement et celle de les situer en continuité. Pourtant, la cohérence
interne d’un ordre d’enseignement par rapport aux finalités qu’il poursuit doit participer à la cohérence
de l’ensemble du réseau de l’éducation. Ainsi, même si la mission première du secondaire n’est
pas de préparer aux études collégiales, celle-ci se situe en droite ligne avec la position qu’il occupe
dans le système d’éducation. Quant au collégial, même s’il est indépendant du secondaire, il ne
peut se couper de ce qui s’y passe en amont. Aussi les deux ordres doivent-ils se préoccuper tous
deux des changements systémiques survenus dans l’autre ordre, puisque le rôle de chacun en
matière d’accès et de réussite aux études collégiales se situe au même point de rencontre.
Pour les collèges, la cohérence du système exige une uniformité dans l’application des conditions
d’admission, alors que la souplesse suggère de leur confier un pouvoir discrétionnaire dans
l’exercice de certaines décisions. Dotés de cette marge de manœuvre, les collèges peuvent tenir
compte des particularités de leurs étudiants et du contexte singulier de leur établissement.
Enfin, la conciliation de la cohérence et de la souplesse est commandée par les projets de vie, les
aspirations et les capacités des étudiants, qui diffèrent d’un individu à l’autre. La souplesse rend
possibles certains cheminements pour ceux qui ne s’inscrivent pas dans un parcours général,
autant pour l’admission que pour la poursuite des études collégiales. Le besoin de cohérence du
système d’éducation est incarné par les conditions générales de passage d’un ordre à un autre qui
sélectionnent les parcours qui offrent des garanties de réussite à l’ordre d’enseignement suivant.
Ces conditions peuvent toutefois agir comme des contraintes sur le parcours scolaire d’un étudiant.
Aussi, le besoin de souplesse du système d’éducation et des étudiants eux-mêmes suggère de
mettre en place des mécanismes compensatoires à même les règlements, tels que l’admission
conditionnelle, l’admission sur la base d’une formation jugée suffisante ou la session d’accueil et
d’intégration. Ces mécanismes, s’ils sont utilisés et s’ils offrent des garanties de réussite suffisantes,
peuvent faciliter l’accès à certains étudiants et soutenir la continuité de leur cheminement.
49
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Ce suivi, réalisé sur plusieurs années, devrait s’exercer principalement sur le plan national. Le Conseil
sait que le projet Évaluation du renouveau à l’enseignement secondaire (ERES)28, pour son volet
collégial, examinera certains effets du renouveau pédagogique. Toutefois, il lui semble important
que le Ministère voit également à exercer ce suivi, notamment pour y adjoindre une analyse des
effets de la révision des conditions d’admission au collégial et de l’introduction de nouvelles
dispositions d’admission dans le RREC.
De l’avis du Conseil, les collèges, les commissions scolaires et les établissements d’enseignement
secondaire privé devraient être partenaires de cet exercice, non seulement pour fournir l’appui
logistique requis par pareille entreprise, mais également pour être pleinement associés aux
conclusions et aux interventions qui en découleront.
De concert avec les deux réseaux, la ministre pourra convenir des modalités de ce suivi qui
pourrait inclure des dimensions qualitatives, notamment au chapitre des pratiques exemplaires des
collèges dont les taux de réussite se démarquent, et d’autres mesures quantitatives. À titre
d’exemples et de façon non limitative, il serait possible de croiser les variables suivantes : le type
de parcours de formation choisi au secondaire, les conditions particulières révisées dans certains
programmes d’études au collégial et l’introduction de nouvelles modalités d’admission dans le
RREC, avec celles-ci :
• le type de programmes d’études choisi au collégial et à la formation professionnelle au secondaire;
• le nombre d’inscriptions en première session et la réinscription en troisième session;
• la proportion d’étudiants qui ne satisfont pas aux conditions particulières d’admission;
• la proportion d’étudiants inscrits à des activités de mise à niveau;
• le nombre d’étudiants admis sur la base des nouvelles modalités d’admission du RREC;
• la variation du nombre d’inscriptions dans les programmes d’études;
• le taux de réussite des étudiants en première session;
• le taux d’obtention du DEC dans les durées prévues.
_______________
28. Projet de recherche d’une équipe de l’Université Laval mené conjointement avec le MELS. Il comporte plusieurs volets dont un pour le
secondaire et un pour le collégial. Pour le secondaire, l’objectif est de mesurer l’incidence du renouveau pédagogique sur le fonctionnement
scolaire des jeunes, leur perception de l’enseignement et la perception qu’ont leurs parents de l’école. Pour le collégial, l’objectif est d’évaluer
l’incidence du renouveau pédagogique sur le profil des élèves qui commenceront leurs études collégiales et sur leur ajustement aux études
postsecondaires (Projet ERES, 2010).
50
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
Quels que soient les moyens retenus, l’évaluation devrait chercher à documenter les effets des
changements apportés aux structures à la fois sur les variables de cheminement et de réussite. De
plus, le Conseil estime important de diffuser largement les résultats de ce suivi pour qu’il puisse
être l’objet d’une appropriation par toutes les parties concernées, et de façon concomitante, pour
que les ajustements nécessaires soient apportés en continu.
Le soutien à la concertation peut prendre différentes formes. À l’échelle nationale, des instances de
concertation telles que le CLESEC et le CNPEPT ont déjà des mandats spécifiques liés à l’articulation.
À l’échelle régionale, les Tables régionales d’éducation interordres pourraient se voir greffer un nouveau
mandat en la matière. En devenant un lieu de concertation pour les établissements secondaires et
collégiaux d’une région sur les questions d’articulation, elles pourraient ajouter un mandat à leurs
mandats existants de veiller au rapprochement de la formation professionnelle et technique et
d’avoir à faciliter la persévérance et la réussite scolaires. Ce nouveau mandat serait donc tout à fait
cohérent avec les deux précédents.
Sur le plan local, les établissements du secondaire et du collégial gagneraient à mettre en place
des mécanismes d’échange entre les membres de leur personnel respectif pour assurer la
cohérence de l’ensemble des interventions. En effet, étant donné les nouveautés introduites ces
dernières années dans les règles de passage et les parcours DEP-DEC, les collèges et les
commissions scolaires pourraient approfondir conjointement les modalités liées à leur mise en
œuvre. Par la suite, il leur serait possible de diffuser l’information à l’ensemble de leur personnel
tout en assurant la formation continue des acteurs spécifiquement concernés. Enfin, ces échanges
pourraient également faciliter l’organisation de la formation située à la frontière entre les ordres,
c’est-à-dire la formation permettant à un étudiant de satisfaire aux exigences d’obtention du DES
ou la formation permettant à un étudiant de satisfaire aux conditions d’admission du collégial.
Il est parfois difficile d’organiser la concertation locale, car chaque établissement a ses modes de
fonctionnement, ses contraintes administratives et ses limites budgétaires. Certes, les établissements
doivent d’abord avoir la volonté de se concerter. À cet égard, il importe de mettre en place des
conditions favorables à cette concertation.
Dans les dernières années, des initiatives ont vu le jour pour favoriser la continuité du cheminement
scolaire des titulaires de DEP vers le collégial. Le règlement définissant les conditions d’admission
au collégial a été modifié de manière à prévoir explicitement des parcours en continuité de
formation. Sur le terrain, des passerelles DEP-DEC entre certaines commissions scolaires et des
établissements collégiaux ont vu le jour. De plus, les Tables régionales d’éducation interordres ont
51
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Du côté de la formation générale des adultes, le Conseil estime que l’actuel projet visant à
rehausser les conditions de sanction pour l’obtention du DES de la formation générale des adultes
permettra, s’il est mis en œuvre, de doter les adultes de bases solides qui faciliteront la poursuite
de leurs études. Aussi le Conseil recommande-t-il à la ministre d’évaluer les répercussions
qu’auront ces nouvelles exigences de sanction sur la persévérance et sur la réussite des adultes
au terme de trois ans d’application (CSE, 2010).
Que ce soit pour les élèves qui fréquentent la formation professionnelle ou pour ceux inscrits à la
formation générale des adultes, il paraît fondamental de mieux comprendre leurs objectifs au
moment où ils poursuivent leur formation. Il est tout à fait possible que le diplôme secondaire
couronnant leur projet corresponde au type de qualification qu’ils recherchent. Cependant, leurs
projets peuvent évoluer et, dans une perspective d’éducation tout au long de la vie, il semble
nécessaire de réunir les conditions permettant, aujourd’hui comme demain, la continuité de leur
cheminement scolaire.
CONCLUSION DE L’ARTICULATION
L’articulation des structures est l’un des angles de la transition qui exige un pilotage et qui demande
l’exercice d’un leadership fort en vue d’assurer la cohérence de ce qui a été mis en place, autant
sur le plan national et régional que sur le plan local.
Au premier chef, la ministre doit se préoccuper de l’articulation et faire le suivi des effets des
changements entraînés par le renouveau pédagogique et par les modifications au RREC. Ce suivi
permettra de révéler l’incidence de ces changements sur le cheminement des étudiants au collégial
et sur leur réussite. Les collèges et les commissions scolaires devraient être partenaires de cet
exercice, non seulement pour fournir l’appui logistique requis par pareille entreprise, mais
également pour être pleinement associés aux conclusions et aux interventions qui en découleront.
En outre, en matière d’articulation, un esprit de concertation doit animer les acteurs régionaux et
locaux. En effet, les Tables régionales d’éducation interordres pourraient porter un regard plus
global sur la transition secondaire-collégial. Elles prolongeraient de la sorte leurs missions
actuelles de rapprochement de la formation professionnelle et technique et de soutien à la
persévérance scolaire en soutenant le passage entre le secondaire et le collégial. Pour leur part,
les établissements d’enseignement secondaire et collégial gagneraient à organiser des échanges
pour faciliter le partage d’information lié à la mise en œuvre des règles de passage entre les deux
ordres d’enseignement, c’est-à-dire les règles de sanction du DES et du DEP et les conditions
d’admission au collégial. Par la suite, ils pourraient réinvestir ces apprentissages auprès des
membres de leur personnel respectif, en diffusant l’information et en assurant la formation du
personnel concerné.
Enfin, mener des travaux de recherche pour mieux connaître les projets de formation des personnes
inscrites à la formation générale des adultes et à la formation professionnelle permettrait de mieux
soutenir la continuité de leur cheminement scolaire
52
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
RECOMMANDATION 1
Considérant que les conditions générales et particulières d’admission au collégial ont été révisées
pour tenir compte du renouveau pédagogique au secondaire;
Considérant que le renouveau pédagogique introduit des parcours de formation (formation générale
et formation générale appliquée) au 2e cycle du secondaire;
Considérant que les récentes modifications au Règlement sur le régime des études collégiales
ajoutent de nouvelles modalités d’admission;
Considérant la nécessité de connaître les effets de ces changements sur le cheminement scolaire
et sur la réussite des étudiantes et des étudiants,
53
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
RECOMMANDATION 2
Considérant les récentes modifications au Règlement sur le régime des études collégiales liées à
l’admission;
Considérant les modifications apportées aux règles de sanction du diplôme d’études secondaires
(DES) entraînées par le renouveau pédagogique;
Considérant la nécessité de maîtriser les règles de passage entre les ordres d’enseignement pour
pouvoir suggérer ces voies d’accès aux étudiantes et aux étudiants qui se qualifient pour les
emprunter;
Considérant que l’ensemble du personnel de l’école secondaire est partie prenante du soutien à
l’orientation des élèves;
Considérant la nécessité d’assurer la cohérence des interventions des deux ordres d’enseignement;
Considérant l’importance d’assurer la continuité des parcours scolaires de ceux et celles qui en ont
le projet,
le Conseil recommande aux collèges, aux commissions scolaires, aux directions d’écoles
secondaires ainsi qu’aux directions générales d’établissements privés :
• d’organiser des échanges pour faciliter le partage d’information liée à la mise en œuvre des
règles de passage entre les deux ordres d’enseignement et de diffuser l’information qui en
résulte auprès des membres de leur personnel respectif.
54
L’ARTICULATION DES STRUCTURES
RECOMMANDATION 3
Considérant que le diplôme d’études secondaires (DES) ou le diplôme d’études professionnelles (DEP)
est une sanction reconnue d’un parcours de formation d’une personne qui poursuit des finalités qui
lui sont propres et pour qui le DES ou le DEP peut être une qualification recherchée en elle-même;
Considérant que les finalités des parcours scolaires peuvent évoluer et que le système d’éducation
doit favoriser la continuité du cheminement scolaire des personnes désireuses de poursuivre leur
formation;
Considérant que le DES du secteur de la formation générale des adultes et le DEP attestent d’un
socle de compétences permettant la poursuite des études collégiales;
Considérant que le faible nombre d’étudiantes et d’étudiants titulaires d’un DES du secteur
de la formation générale des adultes ou d’un DEP qui poursuivent des études collégiales peut être
l’indice d’obstacles structurels à la continuité du cheminement scolaire,
• de mener des travaux de recherche portant sur les élèves qui fréquentent la formation
professionnelle au secondaire et la formation générale des adultes pour connaître leurs besoins
relativement à la finalité de leur parcours scolaire, et de soutenir, chez ceux et celles qui le
souhaitent, la continuité de leur cheminement.
55
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
56
CHAPITRE 3
L’ARRIMAGE
DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Le Programme de formation de l’école québécoise comporte des apprentissages
disciplinaires regroupés en cinq domaines, des domaines généraux de formation et des
compétences transversales; il s’agit d’une pièce maîtresse du renouveau pédagogique.
Toutefois, le renouveau a également entraîné l’adoption de politiques, de plans d’action
et de modifications successives aux régimes pédagogiques. L’ensemble forme un tout
qui exprime la volonté du Québec de renouveler l’enseignement, ses savoirs, ses
connaissances, ses compétences et ses pratiques pédagogiques et évaluatives.
57
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Les ambitions du renouveau pédagogique sont élevées et traduisent les attentes de la société
envers son système d’éducation. Elles rappellent également celles qui avaient présidé, en 1993, au
renouveau à l’enseignement collégial. Toutefois, les deux réformes de l’enseignement ne puisent pas
aux mêmes sources historiques, pas plus qu’elles n’empruntent directement aux mêmes
paradigmes. Aussi, pour le personnel enseignant du collégial, même si le secondaire connaît
actuellement un « renouveau pédagogique », ce renouveau, sans y être complètement étranger,
n’est pas le prolongement de celui du collégial.
Pour arrimer ces deux renouveaux, une question en apparence toute simple surgit : quels liens
faut-il établir entre le secondaire et le collégial, et comment faut-il le faire? Toutefois, lorsqu’on y
ajoute l’interrogation : « pourquoi le faire? », les croyances des acteurs des deux ordres
d’enseignement quant au rôle de chacun nuancent les réponses spontanées. Pour le Conseil, ce
sont donc des enjeux de continuité des savoirs entre les deux ordres d’enseignement et
d’appropriation des changements entraînés par le renouveau au secondaire qui sous-tendent la
nécessité d’arrimage.
Accepter qu’un curriculum est toujours en développement implique de reconnaître qu’il existe sous
trois formes : l’officiel, l’enseigné et l’acquis. Le curriculum officiel est celui que l’on trouve dans les
programmes officiels du Ministère, le curriculum enseigné, celui que l’enseignant a compris,
interprété et partagé avec l’élève, et le curriculum acquis, celui véritablement appris par l’élève.
Ainsi, « [l]e curriculum officiel ne détermine pas entièrement le curriculum enseigné aussi que ce
dernier ne détermine pas complètement l’apprentissage » (Lessard, 2007, p. 450). Dans cette
section, le Conseil présente le renouveau pédagogique en tant que « curriculum officiel ». Aussi, cette
section jette-t-elle les bases d’un dialogue entre les acteurs du secondaire et du collégial en
expliquant aux seconds le cadre général dans lequel évoluent les premiers. Toutefois, cet exercice
ne saurait se substituer aux rencontres entre les enseignants des deux ordres d’enseignement
pour faire état du curriculum enseigné. Ces rencontres, véritables deltas des transferts de pratiques,
permettent la rencontre des deux renouveaux pédagogiques, celui au secondaire et l’autre au collégial.
58
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Le renouveau pédagogique au secondaire trouve sa raison d’être dans trois grands enjeux :
D’abord, dans une société où les savoirs occupent et occuperont une place centrale, tous
les élèves doivent pouvoir accéder à la maîtrise de savoirs essentiels, et même de
savoirs complexes, mais en premier lieu à la maîtrise des savoirs élémentaires, et cela, au
moment approprié. Ensuite, les élèves doivent se préparer à l’exercice d’une citoyenneté
responsable, qui se construit par la transmission et le partage de valeurs communes.
Enfin, les élèves doivent être sensibilisés aux défis mondiaux qui ont des répercussions
dans toutes les sociétés, en acquérant progressivement des capacités de réfléchir et
d’agir qui transcendent les modes ou les intérêts individuels. (MEQ, 1997a.)
Ces enjeux sont soutenus par la mission que la Loi sur l’instruction publique attribue à l’école, celle
d’instruire, de socialiser et de qualifier.
2. la disponibilité de ressources,
3. un retour réflexif.
• La mobilisation en contexte. « La compétence s’exprime tout d’abord dans l’action efficace
et n’est révélée qu’à travers la réalisation adéquate de tâches dans un contexte donné. Elle
nécessite, dans un premier temps, une lecture judicieuse des caractéristiques de ce contexte.
Le concept de savoir-agir renvoie ainsi à l’idée de situations où se développent et se
manifestent les compétences et où elles pourront être évaluées. » (MELS, 2007b, chap. 1,
Un programme de formation pour le XXIe siècle, p. 12.)
• « La compétence repose par ailleurs sur la disponibilité d’un ensemble de ressources
diversifiées, larges et organisées. Aucune forme d’expertise ne peut en faire l’économie, car
si la compétence est avant tout affaire de mobilisation, elle est nécessairement tributaire des
ressources à mobiliser, de leur quantité, de leur variété et de leur pertinence. » (MELS,
2007b, chap. 1, Un programme de formation pour le XXIe siècle, p. 12.) Les ressources
internes sont propres à l’individu, telles les connaissances, les stratégies et les attitudes. Les
ressources externes sont, par exemple, des savoirs consignés sur un support documentaire, des
matériaux, des outils, des instruments, des technologies diverses ou encore des personnes
dont l’expertise, les connaissances et le point de vue peuvent être un précieux apport.
59
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
60
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Concrètement, le tableau suivant démontre quelles disciplines ont été regroupées par domaine
d’apprentissage au 2e cycle du secondaire :
TABLEAU 7 Les programmes disciplinaires par domaines d’apprentissage au 2e cycle du secondaire pour les
parcours de formation générale et de formation générale appliquée
Domaines
Programmes disciplinaires
d’apprentissage
Langues • Français, langue d’enseignement
• Intégration linguistique, scolaire et sociale
• Secondary English Language Arts
• Français, langue seconde (programme de base)
• Français, langue seconde (programme enrichi)
• Anglais, langue seconde (programme de base)
• Anglais, langue seconde (programme enrichi)
• Espagnol, langue tierce
Mathématique, • Mathématique
Science et technologie
• Science et technologie
• Applications technologiques et scientifiques
• Science et technologie de l’environnement
• Science et environnement
• Chimie
• Physique
61
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Pour soutenir l’implantation des programmes disciplinaires, des paramètres détaillés sont fournis
aux enseignants dans le Programme de formation de l’école québécoise (MELS, 2007b)29 :
Dans le Programme, les domaines généraux de formation et les domaines d’apprentissage sont
complémentaires. En fait, leur combinaison doit permettre la prise en compte d’apprentissages
indispensables pour préparer le jeune à se réaliser dans une société en évolution, mais qui
échappent aux frontières des disciplines traditionnelles. La conséquence directe de cette façon de
faire est la disparition de cours qui traitaient précisément des préoccupations portées par les
domaines généraux de formation, ce qui permet de dégager plus de temps aux disciplines :
Les apprentissages dont les domaines généraux sont porteurs sont en partie distribués
dans les différentes disciplines où ils sont indirectement des objets d’évaluation. Le
choix de ne pas contrôler systématiquement les connaissances des élèves dans ces
domaines ne réduit en rien les responsabilités de l’école relativement aux intentions
éducatives des cinq domaines généraux. Il est donc indispensable que l’établissement
scolaire se dote de mécanismes d’évaluation pour s’assurer que les domaines généraux
de formation sont significativement couverts dans l’ensemble des interventions
éducatives. (MELS, 2007b, chap. 2, Domaines généraux de formation, p. 4.)
Dans l’avis Soutenir l’appropriation des compétences transversales et des domaines généraux de
formation, le Conseil conclut que l’intégration des domaines généraux de formation aux domaines
d’apprentissage est légitime et que les domaines généraux sont applicables. Toutefois, il note que
leur degré de prise en charge varie selon les établissements et les enseignants, car le Programme
tisse peu de liens entre les deux. Il y voit un important défi d’intégration, le risque étant que les
acteurs soient laissés à eux-mêmes et qu’il y ait appauvrissement du curriculum (CSE, 2007b).
_______________
29. L’examen de schémas de compétences, de tableaux de développement des compétences et de divers contenus de formation
facilite la compréhension. Il est possible de consulter des exemples dans tous les programmes d’études inclus dans le Programme
de formation de l’école québécoise (MELS, 2007b).
62
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
• Coopérer
• Communiquer de façon appropriée
Ces compétences cherchent à développer des capacités intellectuelles supérieures, des habiletés
méthodologiques et des habiletés de socialisation requises par la société et le monde du travail actuels
(CSE, 2007b, p. 32). Elles s’ancrent « dans des contextes d’apprentissage spécifiques, le plus souvent
disciplinaires. » (MELS, 2007b, chap. 3, Compétences transversales, p. 2.)
Le Programme prévoit l’évaluation de compétences transversales retenues par l’école dans le bilan
de fin de cycle :
[L]e bilan de fin de cycle doit inclure l’appréciation des apprentissages réalisés par l’élève
relativement à une ou des compétences transversales. Pour procéder à cette évaluation,
les personnes intervenant auprès de cet élève devront se concerter et associer l’élève
au processus. (MELS, 2007b, chap. 3, Compétences transversales, p. 4.)
63
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Conséquemment, des modifications ont été apportées à la liste des programmes à l’étude : la
grille-matières témoigne des choix qui ont été effectués30. Les changements apportés ont également
trait aux compétences, à leurs composantes ainsi qu’aux contenus de formation prescrits pour
chaque programme. Des programmes ont été remodelés, d’autres ont été conçus de toute pièce.
Pour le Conseil, l’arrimage des contenus de formation entre le secondaire et le collégial implique d’abord
une analyse spécifique des programmes disciplinaires situés en amont de la formation collégiale. La
section suivante situe, dans un cadre général, les modifications apportées aux programmes
disciplinaires du secondaire. Toutefois, le Programme de formation de l’école québécoise demeure
l’outil de référence de base du curriculum officiel prescrit par le Ministère.
_______________
30. Ces changements font suite aux modifications apportées au régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire
et de l’enseignement secondaire, lequel s’inscrit en cohérence avec le Programme de formation de l’école québécoise.
64
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Premièrement, le nombre d’unités32 allouées pour chacune des années d’études du secondaire
demeure inchangé, soit 36 unités par année. Au terme des études secondaires, les élèves ayant
réussi tous leurs cours devraient donc avoir accumulé 180 unités, tout comme dans l’ancien régime
pédagogique.
Puisque le nombre total d’unités demeure inchangé, c’est donc leur répartition entre les matières
qui est modifiée par le renouveau pédagogique. Pour ce faire, des programmes disciplinaires ont
disparu complètement, comme l’enseignement moral et religieux catholique ou protestant ou
l’enseignement moral, l’éducation économique, l’éducation au choix de carrière, l’économie
familiale et la formation personnelle et sociale. D’autres ont été fondus à de nouveaux programmes :
Écologie, Biologie, Sciences physiques et Initiation à la technologie ont été remodelés au sein du
programme Science et technologie et, pour les élèves du parcours de formation générale appliquée,
au sein du programme Applications technologiques et scientifiques. Le cours d’histoire a été remodelé
en histoire et éducation à la citoyenneté. De nouveaux programmes obligatoires ont également été
insérés, soit : Éthique et culture religieuse, Monde contemporain, Projet intégrateur et, pour les
élèves inscrits au parcours de formation générale appliquée, Projet personnel d’orientation.
Au terme des réaffectations d’unités, des ajouts, des retraits et des remodelages de programmes, les
programmes peuvent être regroupés, d’un strict point de vue quantitatif, en trois groupes distincts33 :
• Les programmes dont le nombre d’unités attribuées pour l’ensemble des études secondaires
s’est accru :
> le français, langue d’enseignement, passe de 30 à 36 unités;
> Éthique et culture religieuse se voit allouer 10 unités pour l’ensemble des études
secondaires comparativement à 6 unités pour le cours d’enseignement moral et religieux
catholique ou protestant ou d’enseignement moral;
_______________
31. Cette grille-matières correspond à celle du parcours de formation générale et du parcours de formation générale appliquée.
32. Le régime pédagogique prévoit qu’une unité équivaut à 25 heures. Toutefois, l’article 23 du régime précise que le nombre d’heures
annuel prévu est fourni à titre indicatif (Québec, 2010c).
33. Le portrait qualitatif est dressé dans les deux sections suivantes intitulées « Les programmes remodelés », sous 3.2.2,
et « Des nouveaux programmes », sous 3.2.3.
65
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Les programmes dont le nombre d’unités attribuées pour l’ensemble des études secondaires
a diminué :
> la géographie passe de 8 à 6 unités;
> le programme de science Applications technologiques et scientifiques passe à 20 unités
alors que les programmes de science (Écologie, Biologie, Sciences physiques) jumelés au
programme d’initiation à la technologie totalisaient 22 unités dans l’ancien régime
pédagogique. Toutefois, en ajoutant les unités optionnelles en science et technologie de
4e secondaire propres au parcours de formation générale appliquée, soit le programme Science
et environnement (2 unités), le total des unités en science demeure inchangé à 22 unités;
> le programme Science et technologie passe à 18 unités alors que les programmes
de science (Écologie, Biologie, Sciences physiques) jumelés au programme d’initiation à la
technologie totalisaient 22 unités dans l’ancien régime pédagogique. Toutefois, en ajoutant
les unités optionnelles en science et technologie de 4e secondaire propres au parcours
de formation générale, soit le programme Science et technologie de l’environnement
(4 unités), le total des unités en science demeure inchangé à 22 unités.
• Les programmes dont le nombre d’unités attribuées pour l’ensemble des études secondaires
est demeuré constant :
> en anglais, langue d’enseignement, les unités allouées sont de 30, tout comme dans
l’ancien régime;
> en anglais, langue seconde, les unités allouées sont de 20, tout comme dans l’ancien
régime;
> en mathématique, pour la séquence Culture, société et technique, les unités allouées sont
de 26, tout comme dans l’ancien régime;
> en éducation physique et à la santé, les unités allouées sont de 10, tout comme dans
l’ancien régime.
Enfin, au 2e cycle du secondaire, et sous réserve des réalités propres à chacune des écoles en
matière d’organisation scolaire, la grille-matières introduit de nouveaux choix pour les élèves et en
modifie d’autres qui existaient auparavant. En ce qui concerne les nouveaux choix introduits par le
renouveau pédagogique, il s’agit des :
• Choix de parcours : parcours de formation générale ou parcours de formation générale
appliquée34;
• Choix de niveaux en langue seconde : niveau de base ou enrichi.
_______________
34. Le parcours de formation axée sur l’emploi, qui est un troisième parcours, ne conduit pas a priori aux études collégiales.
66
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
La possibilité de faire des choix en mathématique et pour les cours à option existait avant le
renouveau pédagogique, mais celui-ci modifie les choix offerts et le nombre d’unités qui y sont
associées.
• En mathématique, trois séquences nouvelles sont offertes : Culture, société et technique,
Technico-sciences et Sciences naturelles et les unités attribuées sont rehaussées de 2 pour
les cours Technico-sciences et Sciences naturelles.
• Les étudiants qui souhaitent se diriger vers des études collégiales en science doivent faire le
choix de matières à option en science et technologie en 4e et en 5e secondaire, comme c’était
le cas auparavant. Toutefois, ces cours ont été modulés, en 4e secondaire, selon le parcours
emprunté par l’étudiant.
• Pour les cours à option, l’offre de choix de cours optionnels s’est élargie (développement
professionnel, arts, langue, science et technologie) et le nombre d’unités varie selon le choix
de parcours et la volonté de poursuivre des études collégiales en science.
Cependant, une diminution généralisée du nombre d’unités des matières à option est marquée
pour tous les élèves de la 5e secondaire, passant de 14 à 10, voire à 8 unités selon la séquence de
mathématique choisie par l’élève. De plus, en 3e et 4e secondaire, les élèves du parcours de formation
générale appliquée et ceux qui choisissent d’effectuer un cheminement scientifique (cours obligatoires
et optionnels en science et technologie) disposent d’un nombre d’unités très limité qui peuvent être
consacrées à d’autres matières à option, quand ce nombre existe. Ces élèves ont, en ce qui concerne
les unités à option, une marge de manœuvre moins grande que dans l’ancien régime pédagogique.
67
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
TABLEAU 8 Tableau comparatif des grilles des matières du secondaire (en unités)
Avant le renouveau pédagogique
Matières 1re 2e 3e 4e 5e
Langue d’enseignement 6 6 6 6 6
Langue seconde 4 4 4 4 4
Mathématique 6 6 4 6 4
Éducation physique 2 2 2 2 2
Enseignement moral et religieux catholique ou protestant
OU Enseignement moral 2 2 -- 2 --
Géographie 4 -- 4 -- --
Histoire -- 4 -- 4 --
Éducation économique -- -- -- -- 4
Arts 4 4 2 -- --
Écologie, Biologie, Sciences physiques 4 4 4 6 --
Initiation à la technologie -- -- 4 -- --
Éducation au choix de carrière -- -- 1 1 1
Économie familiale -- 4 -- -- --
Formation personnelle et sociale 2 -- 1 1 1
Unités des matières à option 2 -- 4 4 14
Unités des matières à option en sciences -- -- -- -- 4 ou 8
Unités des autres matières à option -- -- -- -- 6 ou 10
TOTAL DES UNITÉS 36 36 36 36 36
_______________
35. Quatre unités pour la séquence Culture, société et technique; 6 unités pour les séquences Technico-sciences et Sciences naturelles.
36. Même remarque que ci-dessus.
e e
37. En 4 et 5 secondaire, la mention « ou » s’explique par le choix de séquence de l’élève en mathématique.
68
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Le programme de français ayant été revu en 1995, les changements apportés semblent à première
vue moins importants. Le programme de 1995 faisait un virage vers une approche par
compétences et les épreuves ministérielles ont suivi cette évolution. Ce programme se divisait déjà
en trois volets : écriture, lecture et communication orale. Les trois compétences sont maintenues,
soit : Lire et apprécier des textes variés, Écrire des textes variés et Communiquer oralement selon
des modalités variées. Toutefois, le niveau culturel de ce programme a été rehaussé, notamment
par la place accordée à la littérature dans le programme.
Au cours de la 5e secondaire, l’accent est mis sur l’intégration des connaissances pour une meilleure
maîtrise de la langue et la sensibilisation à la dimension sociale de la langue et de la culture. Comme
par le passé, la réussite de cette discipline en 5e secondaire est nécessaire à l’obtention du DES.
Un plan d’action pour améliorer la maîtrise du français à l’école s’est juxtaposé au programme de
français (MELS, 2009f). Il comporte différentes mesures, dont la prescription d’un examen d’écriture
en 2e secondaire et la publication d’un tableau de progression des apprentissages qui précise ce
que l’élève doit apprendre chaque année.
_______________
er
38. Au 1 cycle du secondaire, il y a quatre compétences : Uses language/talks to communicate and to learn; Represents her/his literacy
in different media; Reads and listens to written, spoken and media texts; Writes a variety of genres for personal and social purposes.
69
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Tout comme pour l’anglais, langue seconde, les élèves ont maintenant le choix entre le programme
de base et le programme enrichi dès la 1re secondaire. Dans les deux cas, les exigences des
programmes ont été rehaussées. Pour les élèves qui ont suivi le programme de base, il est attendu
qu’ils puissent fonctionner efficacement en français dans toutes les sphères de leur vie scolaire et
extrascolaire à la fin de leurs études secondaires. Pour ce qui est des élèves qui ont suivi le
programme enrichi, on s’attend à ce qu’ils atteignent un niveau d’autonomie et d’aisance
linguistique et culturelle qui s’approche du bilinguisme. La réussite du français, langue seconde, de
la 5e secondaire est maintenue à titre d’exigence de sanction du DES.
LA MATHÉMATIQUE
En mathématique, les trois compétences à développer sont Résoudre une situation problème,
Déployer un raisonnement mathématique et Communiquer à l’aide du langage mathématique. Le
niveau d’exigences est rehaussé dans l’ensemble du programme de formation. La place des
connaissances est la même qu’auparavant, mais l’élève, tout en sachant comment faire, doit
développer un savoir-agir en contexte qui lui demande de savoir quoi faire, quand le faire et
pourquoi le faire.
Toutefois, à partir de la 4e secondaire, trois séquences différenciées sont proposées aux élèves pour
compléter leur formation : Culture, société et technique, Technico-sciences et Sciences naturelles.
_______________
39. Pour le programme enrichi, la compétence se libelle ainsi : Lire des textes courants, spécialisés et littéraires.
70
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
À première vue, cette situation semble identique à la situation précédente où coexistaient trois
programmes de mathématique : 416, 426 et 436. Cependant, ces nouvelles séquences se
distinguent de la situation précédente sur deux plans : par la démarche conduisant au choix de
séquence de l’élève et par la finalité des séquences.
Les anciens programmes de mathématique 416, 426 et 436 étaient différenciés selon le degré de
difficulté et l’élève avait le choix entre l’un ou l’autre de ces programmes sous réserve de répondre
aux critères de classement, généralement les résultats scolaires en 3e secondaire. Dans l’esprit du
nouveau programme, le choix d’une séquence repose sur le profil d’apprentissage de l’élève, ses
intérêts, ses besoins de formation et ses aptitudes. Ainsi, on passe d’une pratique de classement à
une pratique d’accompagnement de l’élève dans son choix de séquences. « Ce choix [de séquence]
doit correspondre le mieux possible à ses aspirations, à ses champs d’intérêt et à ses aptitudes.
Pour l’éclairer, l’enseignant lui propose des activités mathématiques susceptibles de l’aider à bien
saisir les caractéristiques de chacune des séquences […] » (MELS, Programme de formation de
l’école québécoise, chap. traitant du domaine de la Mathématique, http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/
programmeformation/secondaire2/medias/PFEQ_Mathematique.pdf, site consulté en avril 2010, p. 2.)
D’autre part, dans le nouveau programme, les trois nouvelles séquences de mathématique veulent
répondre à des attentes précises, à la fois pour s’ajuster aux styles d’apprentissage des élèves et
aussi pour répondre aux besoins de la formation technique et préuniversitaire du collégial. Dans
chacune des séquences, la manière d’aborder la mathématique amène l’élève à comprendre le rôle
et la contribution de cette matière dans différents domaines d’activité : « […] les séquences offrent
aux élèves des mathématiques différentes pour des usages différents » (Kingsbury, 2009, p. 41).
• La séquence intitulée Culture, société et technique se voit attribuer quatre unités, soit une
durée suggérée de 100 heures par année. « La séquence Culture, société et technique
s’adresse à l’élève qui aime concevoir des objets et des activités, élaborer des projets ou
coopérer à leur réalisation. Elle est susceptible d’éveiller chez l’élève un intérêt pour les
causes sociales et de développer son esprit d’entreprise. Elle fait davantage appel à la
statistique et aux mathématiques discrètes et met l’accent sur des situations auxquelles
l’élève devra faire face dans sa vie personnelle et professionnelle. On vise la consolidation
des facettes de la mathématique qui l’aideront à devenir un citoyen autonome participant de
façon active et raisonnée à la vie en société. Les apprentissages réalisés à l’intérieur de cette
séquence permettent ainsi à l’élève d’enrichir et d’approfondir sa formation […] en
mathématique. Ils le préparent plus particulièrement à poursuivre ses études dans le domaine
des arts, de la communication ou des sciences humaines et sociales. » (MELS, Programme
de formation de l’école québécoise, chap. traitant du domaine de la Mathématique,
http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeformation/secondaire2/medias/PFEQ_
Mathematique.pdf, site consulté en avril 2010, p. 3.)
71
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Les deux autres séquences sont jugées équivalentes quant aux exigences et au niveau de difficulté40
pour les fins de l’admission aux études collégiales. Six unités leur sont attribuées, c’est-à-dire qu’il est
suggéré d’accorder aux élèves 150 heures de formation par année. Elles utilisent cependant des
approches différentes et se distinguent par la manière d’introduire et de faire progresser les contenus
abordés. Elles permettent donc un accès égal aux études préuniversitaires ou techniques qui
requièrent, en fonction des exigences des programmes, soit Technico-sciences de 4e secondaire ou
Sciences naturelles de 4e secondaire, soit Technico-sciences de 5e secondaire ou Sciences naturelles
de 5e secondaire.
Des passerelles ont été élaborées entre les trois séquences41 pour les cas particuliers d’élèves qui
optent, à la fin de leur 4e secondaire, pour une séquence différente en 5e secondaire.
_______________
40. À la suite des travaux menés en mathématique en vue de la reconnaissance des séquences Technico-sciences et Sciences naturelles
aux fins d’admissibilité au collégial, des précisions ont dû être apportées en janvier 2009 au Programme de formation de l’école québécoise
e
du 2 cycle du secondaire (MELS, Programme de formation de l’école québécoise : enseignement secondaire. Mise à jour du programme
de mathématique : deuxième cycle du secondaire, janvier 2009,
http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeformation/secondaire2/medias/6b-pfeq_math_MiseAJour.pdf, consulté en avril 2010).
41. Les changements de séquences qui ont fait l’objet de telles balises définies par le programme du Ministère sont : Culture, société et
technique vers Technico-sciences; Technico-sciences vers Culture, société et technique; Technico-sciences vers Sciences naturelles;
Sciences naturelles vers Technico-sciences; Sciences naturelles vers Culture, société et technique. Le passage de Culture, société et
technique à Sciences naturelles n’a pas fait l’objet de balises suggérées par le Ministère mais demeure possible au niveau local.
72
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Tel qu’il a été précisé auparavant, dans le contexte de la diversification des parcours, l’élève a le choix,
en 3e et 4e secondaire, entre deux programmes dans le domaine de la science et de la technologie :
• Science et technologie (ST)
• Applications technologiques et scientifiques (ATS)
Ces deux programmes sont jugés équivalents : ils conduisent au même diplôme d’études
secondaires, servent à développer les mêmes compétences, partagent environ 70 % du même
contenu de formation, prévoient l’utilisation du même équipement et l’occupation des mêmes
laboratoires et ateliers, et donnent tous deux accès aux options scientifiques de la 5 e secondaire
avec, au préalable, un cours à option propre à chacun des parcours en 4e secondaire. En
conséquence, ces deux programmes sont jugés équivalents aux fins de l’admission aux
programmes d’études collégiales.
De plus, à la fin de la 3e secondaire, un élève peut changer d’avis et intégrer, en 4e secondaire, soit
le programme Science et technologie, soit Applications scientifiques et technologiques.
Les élèves qui souhaitent poursuivre des études collégiales dans le domaine de la science et de la
technologie doivent, en cours optionnels, faire les choix suivants (voir l’annexe 4) :
• En 4e secondaire, choisir le cours Science et technologie de l’environnement (4 unités) s’ils
sont dans le parcours de formation générale OU le cours Science et environnement (2 unités)
s’ils sont dans le parcours de formation générale appliquée. Le nombre d’unités de ces cours
à option varie selon le parcours de formation, car le programme scientifique obligatoire de
chacun de ces parcours comporte lui aussi un nombre distinct d’unités. Au total, avec les
cours à option en science et technologie, le nombre d’unités de science est donc le même
dans les deux parcours.
• En 5e secondaire, choisir les cours de chimie (4 unités) et de physique (4 unités).
_______________
e
42. De 2007 à 2010, la réussite des unités de sciences physiques de la 4 secondaire était exigée. À partir de mai 2010, ce sont les unités
de science et technologie ou d’applications technologiques et scientifiques qui sont exigées.
73
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
GÉOGRAPHIE
Le nouveau programme Géographie, d’une durée de 150 heures au 1er cycle du secondaire, convie
les élèves à l’étude de cinq territoires types représentant diverses formes d’organisations
territoriales, ici et ailleurs dans le monde. Il le fait à travers le développement des compétences Lire
l’organisation d’un territoire, Interpréter un enjeu territorial et Construire sa conscience citoyenne à
l’échelle planétaire.
74
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Le programme prévoit le développement de trois compétences qui amènent les élèves à Créer,
interpréter ou apprécier des œuvres en fonction des contenus de formation propres à chaque discipline.
Les enseignants proposent différents types de tâches qui favorisent une progression des
apprentissages : les exigences ont été rehaussées comparativement à celles des programmes
antérieurs. De plus, la réussite d’un programme d’arts de la 4e secondaire est maintenant
nécessaire à l’obtention du DES.
Par ailleurs, les élèves peuvent ajouter au programme obligatoire d’arts un choix optionnel de
quatre unités dans l’une des quatre disciplines artistiques : soit les arts plastiques, la danse, le
théâtre ou la musique. Deux gammes de cours optionnels sont offertes : une première, qui s’inscrit
en continuité des pratiques habituelles, et une deuxième gamme, dénommée multimédia, qui fait
particulièrement appel aux nouvelles technologies et qui favorise les projets novateurs.
Les deux premières compétences de ce programme, Agir dans divers contextes de pratique
d’activités physiques et Interagir dans divers contextes de pratique d’activités physiques, étaient
largement sollicitées dans l’ancien programme. Cependant, le nouveau programme ajoute le volet
Éducation à la santé par l’entremise de la compétence Adopter un mode de vie sain et actif. La
prise en compte de cette compétence se fera aussi sous l’angle du domaine général de formation
Santé et bien-être. La portée de l’intervention des enseignants rattachés à ce programme devient
donc plus globale. De plus, cet enseignement est doublé des activités et des interventions soutenues
par l’approche École en santé, une entente de complémentarité MELS-MSSS en matière de
prévention et de promotion de la santé.
75
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
PROJET INTÉGRATEUR
L’ajout, en 5e secondaire, de deux unités obligatoires pour la réalisation d’un projet intégrateur de
fin de parcours par tous les élèves constitue un élément nouveau au curriculum. Ce programme
s’inscrit dans la continuité d’une proposition formulée dans l’énoncé de politique éducative L’école,
tout un programme, voulant que soient consolidées les bases de la formation continue en
accordant « une attention à l’intégration, c’est-à-dire à la capacité d’établir des liens entre les
connaissances et de les réorganiser » (MEQ, 1997a, p. 15).
Ce programme convie l’élève à s’engager dans la réalisation d’un projet qui conduit à l’intégration
des apprentissages qu’il a réalisés dans son parcours scolaire et qui présente une certaine vision
du monde. La spécificité du projet intégrateur tient en grande partie à la liberté attribuée à l’élève
dans le choix, la conduite et les intentions visées par le projet à réaliser. L’élève doit se fixer des
objectifs d’apprentissage précis, envisager le transfert de ses apprentissages dans une situation
concrète, planifier et exécuter les étapes de réalisation et, enfin, établir des liens entre ses
apprentissages; ainsi, il aura satisfait aux paramètres de ce programme. L’élève, accompagné par
l’enseignant, est responsable du choix du sujet, du choix de la démarche, du type de production,
de la réalisation du projet et du retour sur sa démarche.
Les compétences à développer se déclinent ainsi : Réaliser un projet intégrateur et Établir des
liens entre ses apprentissages. Il est à préciser qu’un projet comparable, mais non identique, existe
depuis longtemps au programme d’éducation internationale (projet personnel).
Le projet intégrateur devait être obligatoire sans que sa réussite ne soit exigée pour l’obtention du DES.
À ce sujet, le Conseil avait recommandé de considérer la possibilité de faire du projet intégrateur une
matière à sanction pour le DES (CSE, 2005, p. 31). Toutefois, l’implantation obligatoire de ce
programme a été reportée à l’automne 2011, dans un contexte où il présente des défis d’organisation
scolaire de taille.
Ce programme de quatre unités est axé sur le développement des deux compétences Réaliser une
démarche exploratoire d’orientation et Se situer au regard de son orientation scolaire et professionnelle,
lesquelles illustrent l’importance accordée à la responsabilisation et à l’autonomie de l’élève dans
sa démarche exploratoire et réflexive. De plus, comme le nom du programme le révèle, la
démarche est personnelle et individualisée : chaque élève est en mesure de choisir les secteurs,
les métiers ou les professions qu’il désire explorer au moyen d’outils d’apprentissage de format
électronique, d’un local-atelier doté de coffrets-projets destinés à l’expérimentation de domaines
d’emploi et de sites Web permettant l’expérimentation ou les visites virtuelles43.
_______________
43. Ces outils sont accessibles dans le site du MELS à l’adresse www.repertoireppo.qc.ca.
76
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
• le programme optionnel, à complexité supérieure, qui comporte des exigences plus élevées
et qui permet d’obtenir des unités de la 4e secondaire (MELS, 2007b, chap. traitant du Projet
personnel d’orientation, p. 1 et 2).
En vertu du régime pédagogique, les établissements ont l’obligation d’offrir ce cours en option aux
élèves qui ont opté pour le parcours de formation générale appliquée : les élèves n’ont toutefois
pas l’obligation de le choisir. De plus, tous les élèves peuvent le choisir en cours optionnel, quel
que soit leur parcours.
SENSIBILISATION À L’ENTREPRENEURIAT
« Dans le cadre du programme de sensibilisation à l’entrepreneuriat, les élèves participent à des
expériences entrepreneuriales qui leur permettent d’entretenir des rapports dynamiques avec la
communauté et de commencer à y jouer un rôle actif. Ils ont ainsi l’occasion de prendre conscience
de l’influence que leurs actions peuvent avoir sur leur milieu et d’approfondir leur connaissance de
soi. Le présent programme s’inscrit ainsi dans la foulée de l’approche orientante et des activités
parascolaires ou des initiatives de nature entrepreneuriale déjà présentes dans les différents
milieux. » (MELS, 2007b, chap. traitant de la Sensibilisation à l’entrepreneuriat, p. 2.) Le Programme
vise deux compétences : Se situer au regard de l’entrepreneuriat et Mettre en œuvre un projet
entrepreneurial.
En vertu du régime pédagogique, les établissements ont l’obligation d’offrir ce cours en option aux
élèves qui ont choisi le parcours de formation générale appliquée; les élèves n’ont toutefois pas
l’obligation de le choisir. De plus, tous les élèves peuvent le choisir en cours optionnel, quel que
soit leur parcours.
77
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
MONDE CONTEMPORAIN
Le programme Monde contemporain remplace, dans la grille des matières, l’ancien programme intitulé
Éducation économique, offert en 5e secondaire. Ont été conjuguées les approches disciplinaires de
l’histoire, de la géographie, de l’économique et de la politique pour offrir des clés de
compréhension des réalités sociales du monde actuel.
Ce programme est obligatoire en 5e secondaire, mais sa réussite n’est pas exigée pour l’obtention
du DES.
• En éthique : « […] on tient compte des défis relatifs au vivre-ensemble dans notre société
pluraliste et dans le monde. La réflexion porte sur des sujets tels que les relations entre les
êtres humains, la liberté, la responsabilité, l’amitié et l’entraide, mais aussi sur des questions
qui nous interpellent tous comme membres d’une société en constante transformation, tels le
rôle des médias, la protection de l’environnement ou les impacts que peuvent avoir sur le
vivre-ensemble certaines avancées scientifiques et technologiques. » (MELS, 2008f, Mise à
jour chap. traitant d’éthique et culture religieuse, p. 1.)
• En culture religieuse : « Dans ce programme, un regard privilégié est porté sur le patrimoine
religieux de notre société. L’importance historique et culturelle du catholicisme et du
protestantisme au Québec y est particulièrement soulignée, mais on s’intéresse aussi au
judaïsme et aux spiritualités des peuples autochtones, qui ont marqué ce patrimoine, de
même qu’à d’autres religions qui contribuent aujourd’hui à la culture québécoise et inspirent
différentes manières de penser, d’être et d’agir. » (MELS, 2008f, Mise à jour chap. traitant
d’éthique et culture religieuse, p. 1-2.)
Le programme vise à développer les trois compétences suivantes : Réfléchir sur des questions
éthiques, Manifester une compréhension du phénomène religieux et Pratiquer le dialogue.
_______________
re e e e
44. Le programme s’enseigne en 1 , 2 et 5 secondaire à raison de 50 heures par année, et en 4 secondaire à raison de 100 heures. Il n’est
e
pas présent à la liste des matières de la 3 secondaire, mais au moment d’écrire ces lignes, un projet de règlement modifiant le régime
e e
pédagogique prévoit que les écoles puissent offrir, en 3 secondaire, le programme d’éthique et culture religieuse de 4 secondaire. Toutefois,
e
à moins que le régime pédagogique ne soit effectivement modifié, il n’y a pas de cours d’éthique et culture religieuse en 3 secondaire.
78
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Quelles pratiques sont préconisées par le renouveau pédagogique? En fait, le Programme de formation
de l’école québécoise ne définit pas les pratiques pédagogiques en soi. Comme le prévoit la Loi sur
l’instruction publique, le Programme réaffirme la marge de manœuvre du personnel enseignant45 :
De façon plus large, le Programme invite à un renouvellement des pratiques professionnelles plutôt
que des seules pratiques pédagogiques. Les deux pratiques professionnelles auxquelles le
Programme invite les enseignantes et les enseignants sont l’accompagnement des élèves et la
collégialité entre les intervenantes et les intervenants (MELS, 2007b).
Cela signifie que la conception des situations doit porter sur l’agencement d’un ensemble
d’activités, de tâches et de problèmes signifiants, se préoccuper des ressources internes
ou externes requises ou pertinentes, et prévoir des moments d’explicitation, de
rétroaction et de régulation des démarches construites ou adoptées par les élèves.
(MELS, 2007b, chap. 1, Un programme de formation pour le XXIe siècle, p. 20.)
_______________
45. L’article 19 de la Loi sur l’instruction publique prévoit que l’enseignant a notamment le droit de prendre les modalités d’intervention
pédagogique qui correspondent aux besoins et aux objectifs fixés pour chaque groupe ou pour chaque élève qui lui est confié
(Québec, 2010b).
79
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Le Programme précise que les activités, les tâches ou les problèmes soumis aux élèves varient selon
les objectifs pédagogiques de l’enseignant et se situent sur un continuum s’étalant de l’exercice
d’application aux projets d’envergure. Il précise toutefois que « la plupart du temps, elles [les
situations d’apprentissage] se distribuent entre ces deux pôles et comportent alors des problèmes à
résoudre » (MELS, 2007b, chap. 1, Un programme de formation pour le XXI e siècle, p. 19).
[…] mettre en place une organisation pédagogique qui tient compte des acquis de ses
élèves, de leurs différents styles cognitifs et de leurs champs d’intérêt, de façon à offrir à
tous les conditions les plus favorables pour apprendre. Ainsi, l’enseignant pourra adapter
ses stratégies didactiques, les modalités de travail entre élèves et la facture des
situations proposées pour tenir compte des différences individuelles, et ce, dans la
mesure des possibilités d’une intervention dans un groupe-classe. (MELS, 2007b, chap. 1,
Un programme de formation pour le XXI e siècle, p. 21.)
Cette pratique est liée à la dimension intégrative du programme de formation. En effet, puisqu’il est
structuré autour des domaines d’apprentissage, des domaines généraux de formation et des
compétences transversales, il sous-tend une interdépendance des savoirs et déborde du champ
d’une seule discipline. Le Programme énonce en ces termes le souhait d’un travail concerté de la
part des enseignants : « Collectivement, les enseignants qui interviennent auprès d’une même cohorte
d’élèves devraient avoir régulièrement recours à des situations d’apprentissage multidisciplinaires,
à la mise en commun de ressources et de stratégies, au partage de responsabilités et à la
recherche de solutions adéquates aux problèmes propres à chaque milieu. » (MELS, 2007b,
chap.1, Un programme de formation pour le XXIe siècle, p. 23.) C’est notamment par les cycles
d’apprentissage, grâce au travail en équipe-cycle, que pourra s’organiser la collégialité attendue.
80
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Premièrement, les enseignants peuvent solliciter l’appui du personnel des services éducatifs
complémentaires lors de la conception de situations d’apprentissage et d’évaluation qui intègrent
les domaines généraux de formation. En effet, enseignants et professionnels sont invités à
s’associer pour mettre en commun expertise pédagogique et champ de pratique professionnel :
Par exemple, en ce qui concerne le domaine général de formation Santé et bien-être, les
enseignantes et les enseignants sont invités à s’associer aux professionnels qui travaillent au
développement de saines habitudes de vie (infirmière, psychologue) lors de la conception de
situations d’apprentissage générées à partir de ce domaine.
Deuxièmement, le travail en collégialité entre les enseignants et les professionnels qui offrent des
services éducatifs complémentaires est requis lors de l’élaboration du plan d’intervention et au
moment de la différenciation en évaluation des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou
d’apprentissage.
Dans une perspective de soutien des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage,
le personnel enseignant est invité à travailler étroitement avec les professionnels des services éducatifs
complémentaires :
Conjointement, ces membres du personnel articulent leurs actions autour d’un plan d’intervention
dont l’élaboration est obligatoire. C’est à partir de ce plan d’intervention que pourra se pratiquer la
différenciation en évaluation sous la forme d’adaptations ou de modifications (MELS, 2006) :
• Les adaptations sont des ajustements des situations d’apprentissage ou d’évaluation qui
maintiennent les mêmes attentes de fin d’année ou de cycle, tels que des textes plus aérés
ou avec une police de caractère de taille plus grande pour un élève ayant des problèmes
visuels. Les adaptations s’adressent aux élèves ayant des besoins particuliers, en fonction de
leur plan d’intervention.
• Les modifications entraînent des changements qui touchent aux exigences et aux critères
d’évaluation pour un élève ayant des besoins particuliers. Les modifications doivent être
prévues au plan d’intervention de l’élève, mais ne peuvent être apportées lors de la passation
d’épreuves du Ministère.
81
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Avec le renouveau pédagogique, un rôle central est confié à l’enseignant et à son jugement :
• Pour les compétences transversales, elles doivent être l’objet de régulation et faire l’objet de
commentaires à la fin de chacune des années, dans le bulletin ou dans le bilan des
apprentissages. Toutefois, actuellement, ce ne sont pas toutes les compétences transversales
qui doivent être considérées à cette fin : ce sont les écoles qui déterminent une ou plusieurs
compétences transversales pour lesquelles l’enseignant émet des commentaires.
82
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Tout comme auparavant, au terme du secondaire, la sanction ministérielle est validée par
l’imposition d’épreuves dans certaines disciplines. On distingue deux types d’épreuves au 2e cycle
du secondaire : les épreuves uniques et les épreuves d’appoint (MELS, 2007a).
Les épreuves uniques existent dans les matières obligatoires à la sanction des études; elles sont
conçues et préparées par le Ministère et elles se déroulent dans des conditions uniformes et à une date
précisée selon un horaire officiel. Elles sont corrigées localement, à l’exception de l’épreuve unique
d’écriture de la 5e année du secondaire, qui fait l’objet d’une correction centralisée par le Ministère.
Les épreuves d’appoint évaluent les apprentissages dans des matières obligatoires ou à option et
elles sont proposées pour « préparer les élèves et les enseignants à l’imposition d’épreuves
uniques» (MELS, 2007a). Ces épreuves ainsi que la clé et les guides de correction sont conçus et
préparés par le Ministère.
Le tableau 9 indique les disciplines où des épreuves d’appoint ou des épreuves uniques seront
administrées aux fins de la sanction des études secondaires en juin 2010.
Source : MELS, Direction de la sanction des études, « Formation générale des jeunes ».
o
Info/Sanction, n 09-10-034, 25 février 2010, 2 p.
Le jugement de l’enseignant sur les tâches complexes se fait au moyen de grilles d’évaluation,
comportant une liste de critères accompagnée d’une échelle d’appréciation. L’enseignant vérifie
ainsi si l’élève répond aux exigences de la tâche et il lui transmet une rétroaction, sous forme de
cote, de note ou de commentaires. Puis, il conserve les traces de l’évaluation et les consigne au fur
et à mesure des apprentissages. Pour le guider dans l’élaboration de situations d’évaluation,
l’enseignant peut utiliser des exemples produits par le Ministère dans plusieurs disciplines.
83
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
À partir des jugements et des rétroactions sur plusieurs tâches complexes, l’enseignant effectue
une synthèse pour situer globalement les apprentissages de l’élève au regard des exigences du
programme. Cette synthèse fait connaître l’état de développement de chaque compétence et
elle paraît au bulletin de l’élève au cours de l’année scolaire. Pour ce faire, l’enseignant attribue
une note en pourcentage pour chaque compétence en s’appuyant sur un barème de notation
adopté localement. Puis, en se référant au poids relatif de chacune des compétences d’une
discipline, l’enseignant attribue une note en pourcentage pour la matière et il calcule la moyenne
du groupe, laquelle est inscrite au bulletin. Il y a un minimum de deux bulletins au cours d’une
année scolaire.
Les pratiques évaluatives présentées ici sont issues de documents du Ministère consultés au
moment de l’élaboration de cet avis. Pour connaître les pratiques effectives, les enseignants du
collégial devront, d’une part, établir des liens avec les enseignants du secondaire et, d’autre part,
se tenir au fait des modifications qui risquent de subvenir en matière d’évaluation des
apprentissages, telles que l’annonçait la stratégie d’action visant la persévérance et la réussite
scolaires : « À compter de septembre 2010, des changements permettront de simplifier le
processus d’évaluation et d’apporter les modifications nécessaires aux épreuves afin notamment
d’évaluer les connaissances acquises et de rendre les bulletins encore plus clairs pour les
parents. » (MELS, 2009c, p. 13.)
84
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
La refonte du curriculum propose donc des changements majeurs et invite les enseignants du
secondaire à transformer leur pratique enseignante. Le Conseil estime que cela pose un important
défi d’appropriation aux enseignants du secondaire qui conditionnera le curriculum effectivement
enseigné. Il fait ici écho aux préoccupations formulées en 2007 par le Comité-conseil sur les
programmes d’études, qui notait certaines « difficultés des membres du personnel enseignant à
associer leur pratique pédagogique aux fondements du Programme de formation » (Comité-conseil
sur les programmes d’études, 2007b, p. 12).
85
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
• Le Comité-conseil sur les programmes d’études du secondaire, qu’il ne faut cependant pas
confondre avec les comités-conseils des programmes préuniversitaires et de la formation
générale du collégial, fournit des avis au ministre sur l’approbation et l’adaptation continue
des programmes d’études de l’éducation préscolaire et de l’enseignement primaire et
secondaire (MELS, 2008g). Il s’est penché, dans les dernières années, sur différents aspects
du renouveau pédagogique. Sa composition permet les échanges entre le secondaire et le
collégial, car « [o]utre le président, six membres viennent du réseau des commissions scolaires,
trois sont issus des réseaux d’enseignement collégial et universitaire tandis qu’un siège est
occupé par une personne représentative des parents d’élèves » (MELS, 2008g, p. 108).
86
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Les trois premiers rapports se livrent à une étude détaillée du renouveau pédagogique au
secondaire et de ses incidences sur les disciplines et les programmes au collégial. Ils dégagent
des constats et des recommandations pour faciliter la transition des élèves du secondaire vers les
programmes collégiaux. Le quatrième rapport n’est pas lié à un programme précis et est davantage
associé aux pratiques pédagogiques et évaluatives préconisées par le renouveau pédagogique. Il
cherche à dresser le profil général de l’étudiant issu du nouveau Programme de formation de
l’école québécoise. La publication de ces rapports a été suivie à l’automne 2009 par de la formation
offerte par le Ministère intitulée « Journées de l’enseignement collégial ». Ces journées, destinées au
personnel des établissements d’enseignement collégial, étaient une occasion de diffuser les
changements apportés à la formation générale à l’intérieur du renouveau pédagogique et de
présenter les rapports d’arrimage énumérés ci-dessus.
87
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
• L’arrimage entre les contenus du collégial et du secondaire est un deuxième défi qui semble
préoccuper particulièrement les groupes d’enseignantes et d’enseignants des programmes
préuniversitaires et de la formation générale (français, anglais, philosophie, éducation
physique), surtout en science, en mathématique, en langue d’enseignement et en langue
seconde, mais aussi dans d’autres disciplines en continuité de formation avec le secondaire,
comme l’histoire (Éducation à la citoyenneté) et la philosophie (Éthique et culture religieuse).
Cela paraît moins important pour des disciplines qui commencent au collégial et pour certains
enseignants de la formation technique. On souhaite obtenir une information comparative
où les différences entre les anciens et les nouveaux contenus de programmes sont mises
en évidence. L’objectif affirmé des acteurs est d’assurer la continuité dans les contenus tout
en évitant les redondances qui pourraient diminuer la motivation et l’intérêt des étudiants.
Dans certains collèges, différents comités de travail formés de personnel enseignant et
professionnel ont été mis sur pied pour s’approprier le contenu des nouveaux programmes
au secondaire, pour diffuser l’information et pour en analyser l’incidence sur l’enseignement
au collégial. Certains participants croient qu’il faudra encourager des initiatives de partage
d’information et d’élaboration de projets entre les disciplines, pouvant conduire jusqu’à un
ajustement du fonctionnement des laboratoires. D’autres proposent également d’intensifier
les relations entre les intervenants du secondaire et du collégial, principalement entre les
enseignants de mêmes disciplines, pour déterminer les contenus qui ont été vus et la façon
dont ils ont été abordés. Ils reconnaissent qu’il y a là un défi important, considérant les
structures, les responsabilités et l’organisation des services de chaque ordre d’enseignement.
Certains suggèrent de consulter les examens uniques du secondaire pour connaître les
compétences sur lesquelles les étudiants sont évalués. Enfin, les collèges prévoient que les
nouveaux contenus au secondaire entraîneront un réexamen des cours de la première
session ou de mise à niveau offerts au collégial.
88
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
• L’évaluation des compétences acquises par les étudiants apparaît comme un troisième défi.
Certains participants ont exprimé des préoccupations au regard des pratiques évaluatives qui
mesurent l’atteinte des compétences et, par ricochet, aux notes qui s’ensuivent. D’autres ont
plutôt mentionné devoir obtenir plus d’information sur les pratiques réelles d’évaluation
associées au renouveau pédagogique et se demandent comment s’en inspirer dans le cadre
de sessions de seize semaines. De plus, certains participants ont souligné que les étudiants
du renouveau, habitués à une certaine forme d’évaluation, risquent d’être désemparés devant
une évaluation ne reposant pas sur les mêmes principes. Pour certains, cela exigera du
collégial de s’y adapter au fil du temps.
• Un quatrième défi concerne le questionnement des stratégies pédagogiques en vigueur au
collégial. Pour certaines personnes interrogées, particulièrement en formation générale et dans
les programmes préuniversitaires, le contexte convie à revoir les stratégies pédagogiques.
Pour ces personnes, il s’agit d’un exercice nécessaire pour soutenir la motivation et l’intérêt des
jeunes à poursuivre leurs études au collégial, car on craint que des approches pédagogiques
ne tenant pas compte des acquis antérieurs aient l’effet inverse. Des participants ont
également souligné l’importance pour les enseignants du collégial de connaître les activités
pédagogiques employées au secondaire pour mieux planifier et organiser les leurs. D’autres
ont fait valoir que certains étudiants pourraient avoir de la difficulté à s’ajuster à un
enseignement magistral et que des pressions s’exerceraient peut-être pour qu’on le délaisse
au profit de méthodes actives telles que la résolution de problèmes. Certains participants
anticipent une révision majeure du matériel pédagogique du collégial. À ce sujet, quelques
participants ont souligné la difficulté d’avoir accès à du matériel didactique conforme au
renouveau pédagogique au secondaire, particulièrement en langue anglaise. De plus,
certains acteurs ont fait état de l’importance de l’utilisation des nouvelles technologies de
l’information et des communications (TIC) sous l’influence d’Internet. On souligne également la
nécessité d’apporter le soutien nécessaire aux enseignants pour faciliter leur mise à jour tant
en matière de contenu que de stratégies d’enseignement. Cependant, certaines personnes ont
affirmé que le collégial devait s’adapter sans toutefois tomber dans la « sur-réaction ».
89
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
La nécessaire continuité des savoirs entre le secondaire et le collégial est donc tributaire de
l’appropriation des changements entraînés par le renouveau pédagogique au secondaire, tant au
secondaire qu’au collégial. Certes, les enseignants du secondaire sont les premiers concernés par
l’appropriation du renouveau pédagogique. Pour leur part, les enseignants du collégial n’ont pas à
s’approprier l’ensemble du renouveau pédagogique, mais bien les changements qu’il entraîne dans
leur pratique professionnelle. Toutefois, l’appropriation des premiers aura des répercussions sur
celle des seconds : les enseignants du collégial ne pourront palper les changements effectifs que
dans la mesure où les enseignants du secondaire auront intégré ces changements. Au-delà du
curriculum officiel, les changements doivent donc investir de part et d’autre le curriculum enseigné :
il s’agit d’une vision des réformes éducatives qui transcende les phases théoriques « de
conception » et « de mise en œuvre » et qui repose sur la confiance envers la capacité de
l’ensemble des professionnels de mettre en place graduellement les changements planifiés
(Perrenoud, 2001), malgré les résistances au changement (Depover, 2006) :
90
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
En vérité, il serait plus juste d’envisager une réforme comme un projet de changement
qui doit nécessairement être transformé au fur et à mesure de sa réalisation, lorsque des
visées et des programmes rejoignent et au mieux pénètrent le champ des pratiques et les
représentations des acteurs. Non seulement ce processus d’hybridation est-il inévitable,
mais c’est fort probablement une bonne chose, surtout s’il est soutenu et accompagné,
rendant légitime une appropriation par les acteurs qui comprend une reconstruction du
sens du changement par ceux-là même qui doivent l’implanter, reconstruction qui
lorsqu’elle est réussie renouvelle (au sens de redonner de la vigueur et aussi d’y
introduire du nouveau) leur pratique. Cette hybridation suppose des allers-retours entre
la conception et l’implantation et des boucles de rétroaction efficaces. Elle est facilitée
par un pilotage négocié du changement. (Lessard, 2007, p. 474.)
Pour faire face à ces enjeux d’arrimage, tout en tenant compte des mesures d’arrimage déjà
répertoriées et des défis d’arrimage soulevés par les acteurs, le Conseil dégage des pistes d’action
destinées à la ministre, aux commissions scolaires, aux directions d’écoles secondaires et aux
établissements d’enseignement du secondaire et du collégial. Les changements entraînés au
secondaire par le renouveau pédagogique invitent donc à un réexamen de l’arrimage qui se pratique,
souvent informellement, depuis la création des collèges.
Faire de la continuité des savoirs une priorité des collèges ne découle pas uniquement du
renouveau pédagogique, mais plutôt de la nécessité que les savoirs enseignés par les collèges
évoluent au diapason de leur environnement. Cet environnement inclut, il va sans dire, les savoirs
du secondaire, mais également ceux des études universitaires et du marché du travail.
Parce que le contexte des savoirs du secondaire a été significativement modifié par le renouveau
pédagogique, les enseignants du collégial doivent être invités à prendre acte de ses effets sur leur
propre enseignement. Pour ce faire, les collèges doivent d’abord faciliter la circulation d’information
liée au renouveau pédagogique au secondaire et mettre en place des lieux d’échange entre les
enseignants des deux ordres d’enseignement. Au sortir de ces exercices d’appropriation du
renouveau pédagogique du secondaire, les collèges auront à soutenir leurs enseignants dans leur
évaluation des effets du renouveau pédagogique sur leur propre enseignement.
91
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Premièrement, en prévoyant des moyens pour que les enseignants puissent se livrer à un examen
approfondi de sa portée. Cet exercice devrait ensuite être l’objet d’une concertation entre enseignants
du collégial lors de rencontres de départements et de programmes. En effet, en cours d’analyse,
des arbitrages entre la continuité des savoirs peuvent s’imposer : comment établir, à l’enseignement
collégial, les ponts nécessaires entre le secondaire, le marché du travail et l’université? Les
réponses ne sont pas ici tracées d’avance et devront faire l’objet de consensus.
Une fois les consensus établis, les collèges pourront intégrer les changements pertinents aux
programmes. Ultimement, c’est l’enseignement en classe qui témoignera de cette démarche de
mobilisation collective autour de la continuité des savoirs.
Qu’en est-il de l’arrimage des pratiques pédagogiques et évaluatives? Sur ce plan, le Conseil
considère que les enseignants du collégial ne doivent pas se restreindre aux pratiques auxquelles
les étudiants auraient déjà été soumis au secondaire. Tout en y étant sensibles, les enseignants du
collégial, à titre d’experts de leur discipline et de leur pratique professionnelle, continueront de
recourir aux pratiques pédagogiques et évaluatives de leur choix, en cohérence avec les
compétences et les connaissances visées par leurs cours.
Le Conseil reconnaît que la différence entre le curriculum officiel et le curriculum enseigné existait
avant même que le curriculum ne soit modifié par le renouveau pédagogique. Cependant, il lui
paraît que le renouveau pédagogique, par l’autonomie qu’il confère aux écoles et par la
professionnalisation du rôle de l’enseignant, en accroît l’importance. De plus, l’appropriation du
Programme de formation de l’école québécoise par les enseignants nécessite du temps, un temps
pendant lequel le curriculum enseigné évolue en marge du curriculum officiel : « Le temps
d’adhésion aux buts d’une réforme ne doit pas être assimilé au temps nécessaire à l’appropriation
des dispositifs de mise en œuvre. La transformation des pratiques professionnelles s’inscrit dans la
durée et nécessite [de l’exercice et du temps] […] » (CSE, 2003, p. 53.) La pertinence de ces
échanges semble indiscutable pour les enseignants de disciplines en prolongement direct l’un de
l’autre (par ex., français, anglais, histoire, mathématique, physique, chimie). Néanmoins, pour les
enseignants dont la discipline commence au collégial ou pour ceux dont les cours collégiaux font
appel à des connaissances et à des compétences réparties en plusieurs domaines d’apprentissage
au secondaire, les échanges paraissent également nécessaires. Ils permettront d’incarner
concrètement des exemples de pratiques ainsi que d’intégration des savoirs.
92
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
Outre les savoirs, les échanges gagneraient également à aborder les pratiques pédagogiques et
évaluatives de chacun. Cet exercice pourrait s’avérer bénéfique à la fois pour les enseignants du
collégial et pour ceux du secondaire. En effet, pour les enseignants du collégial, il serait ainsi plus
aisé de connaître les pratiques pédagogiques du secondaire et d’obtenir des exemples de
situations d’apprentissage et d’évaluation élaborées localement. Pour les enseignants du
secondaire, une meilleure compréhension des pratiques du collégial permettrait d’en témoigner aux
élèves et d’amorcer ainsi une certaine préparation aux études collégiales, tout en respectant la
spécificité du secondaire.
La situation de chaque collège est unique. Pour certains, les effectifs proviennent majoritairement
d’une ou de quelques écoles secondaires et les contacts entre enseignants sont déjà réguliers.
Pour d’autres, la provenance des étudiants est plus éclatée et ne permet pas de circonscrire
spécifiquement les interlocuteurs du secondaire. La façon de mettre en présence des enseignants
des deux ordres d’enseignement devra donc répondre aux réalités de chaque collège tout en
surmontant certaines difficultés organisationnelles. Aussi le Conseil invite-t-il la ministre à soutenir
des expérimentations de portée locale, régionale et nationale. Ce n’est qu’au prix de ces efforts que
l’arrimage des savoirs entre le secondaire et le collégial ne sera pas laissé au fruit du hasard.
CONCLUSION DE L’ARRIMAGE
L’arrimage des savoirs et des pratiques est d’abord l’œuvre des enseignants. Ce sont eux qui
insufflent aux programmes officiels la vie de la classe et qui ajustent, en temps réel, les savoirs et
les pratiques au contexte pédagogique qui se dessine sous leurs yeux. Étant donné l’importance
des modifications apportées par le renouveau pédagogique du secondaire au curriculum officiel,
les enseignants du collégial n’ont pas la tradition pour repère. Des programmes d’études ont été
remodelés, d’autres sont nouveaux. Des changements ont également été apportés sur le plan des
pratiques pédagogiques et évaluatives. Aussi le réseau collégial, et particulièrement les enseignants,
doivent-ils se mobiliser autour de la continuité des savoirs entre le secondaire et le collégial, mais
sans perdre de vue les exigences des études universitaires et du marché du travail qui participent
à la définition du profil de sortie des étudiants du collégial. Dans ce contexte, la formalisation des
échanges entre les enseignants du secondaire et du collégial permettrait une meilleure appropriation
du renouveau pédagogique au secondaire, et de là, favoriserait chez les enseignants du collégial
les ajustements qu’ils estiment nécessaires à leur propre pratique.
93
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
RECOMMANDATION 4
Considérant que l’arrimage concerne les liens à établir entre les savoirs et les pratiques pédagogiques
et évaluatives;
Considérant l’importance d’inscrire les savoirs du collégial en continuité avec ceux du secondaire,
mais également avec ceux des études universitaires et du marché du travail;
94
L’ARRIMAGE DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES
RECOMMANDATION 5
Considérant la nécessité que les enseignantes et les enseignants du collégial déterminent les
changements entraînés par le renouveau pédagogique au secondaire sur leur propre enseignement;
Considérant que les rencontres entre les enseignantes et les enseignants du secondaire et du
collégial relèvent le plus souvent d’initiatives spontanées non récurrentes;
95
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
96
CHAPITRE 4
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
La transition secondaire-collégial sous-tend la sortie du secondaire et l’entrée au collégial.
L’intégration aux études collégiales fait de l’entrée le point de mire.
97
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
L’intégration aux études collégiales renvoie à l’amorce, pour des étudiantes et des étudiants provenant
majoritairement du secondaire, d’études postsecondaires dont l’organisation, les services et les
exigences diffèrent de celles connues précédemment. Elle implique, pour certains, une rupture
avec le réseau familial et avec le réseau social du secondaire et un retissage de liens. Elle
suppose également que l’étudiant aura effectué un choix de programme, provisoire ou définitif, lui
permettant de poursuivre sa scolarisation dans un champ de savoir qui correspond à ses intérêts et
à ses aspirations personnelles et professionnelles. Pour les collèges, chaque nouvelle année
apporte donc sa vague d’étudiants en continuité de formation du secondaire et se qualifiant selon
les dispositions usuelles d’admission au collégial. Chez ces étudiants, le renouveau pédagogique
au secondaire, par sa refonte du curriculum officiel et enseigné, se traduira potentiellement en un
nouveau curriculum acquis, curriculum se superposant à d’autres facteurs sociaux façonnant leur
culture. D’autres étudiants, beaucoup moins nombreux que le premier bassin, sont admis selon de
nouvelles règles d’admission dont les effets sur l’intégration et la réussite sont encore peu
documentés. Enfin, d’autres encore expriment des besoins spécifiques associés à des handicaps,
des troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale : bien que peu nombreux, leurs
besoins sont cependant en croissance. Le collégial doit donc concilier ouverture aux changements et
réussite éducative pour que les étudiants qui y sont admis, quelle que soit leur provenance, soient
soutenus dans leur globalité dans l’atteinte des exigences de leurs études.
Si le moment du passage à l’âge adulte est celui où les réseaux sont les plus étendus et
diversifiés, la période des études collégiales constitue un moment intensif de
recomposition du réseau à la suite des nombreux événements qui s’y succèdent […]. Ces
changements sont susceptibles d’ouvrir de nouveaux cercles sociaux (ou de réduire
l’importance de cercles anciens), pouvant à leur tour influencer le cheminement scolaire.
(Bourdon et autres, 2007, p. 16.)
Parmi les membres de ce réseau, les parents demeurent des figures de proue. En effet, leur
contribution, qui épouse des formes aussi variées que le soutien affectif, l’aide à la prise de
décisions, le soutien matériel et financier et l’aide directe, est de plus en plus reconnue par de
récents travaux de recherche :
À cette époque de redéfinition du lien parent-enfant vers la recherche d’une plus grande
égalité des rapports, la quotidienneté des collégiens sera directement marquée par la
renégociation des rôles parentaux en matière d’encadrement, d’expression des attentes et
de contrôle. (Bourdon, 2007, p. 14.)
98
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
Aux côtés du réseau social, les collèges mettent en place plusieurs mesures pour soutenir leurs
nouveaux étudiants et pour les aider à surmonter les obstacles à l’intégration qui peuvent se
dresser devant eux. Ainsi, environ 14,0 % des étudiants inscrits pour la première fois dans un
programme de DEC à l’enseignement ordinaire à la session d’automne 2009 entamaient une
session d’accueil et d’intégration ou une session de transition (voir annexe 2, tableau 11). Aussi la
SAI est-elle la mesure d’intégration la plus visible des collèges. Néanmoins, d’autres mesures sont
également mises en place et il en sera question dans la section concernée.
Vincent Tinto (1993), professeur-chercheur américain, soutient que l’intégration sociale et intellectuelle
de l’étudiant à l’établissement constitue un facteur important de persévérance et de réussite
scolaires. Au Québec, Larose et Roy (1992) ont proposé une typologie de l’intégration à trois
classes : intégration scolaire, sociale et institutionnelle. Ce modèle a été repris avec quelques
ajustements, ces dernières années, dans les travaux de Bégin et autres (2009). À cette typologie,
Tremblay et ses collègues (2006) ont ajouté l’intégration vocationnelle. Combinés, ces travaux
postulent que la réussite aux études collégiales est dépendante de l’intégration institutionnelle,
intellectuelle, sociale et vocationnelle de l’étudiant :
• L’intégration institutionnelle sous-tend les rapports que l’étudiant établit avec
l’établissement en tant que lieu physique, milieu de vie et contexte de formation (Bégin et
autres, 2009).
• L’intégration intellectuelle fait référence aux rapports de l’étudiant avec le contenu, avec
les pratiques pédagogiques et avec les pratiques évaluatives introduits dans ses cours et son
programme (inspiré de Bégin et autres, 2009).
• L’intégration sociale a trait aux rapports que l’étudiant construit avec ses pairs, autant dans
les activités liées à son programme que dans les autres activités auxquelles il participe
(Bégin et autres, 2009).
• L’intégration vocationnelle prend la forme « d’un but clair, d’aspirations scolaires associées
à des aspirations professionnelles et personnelles […] » (Tremblay et autres, 2006, p. 12.)
99
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Ces aspects ainsi que les volets de l’intégration coïncident avec l’expérience de l’entrée au collégial
rapportée par les étudiants eux-mêmes (Paradis, 2000; Fortier, 2003; CSE, 1995; Conseil des
collèges, 1989).
À son arrivée au collégial, l’étudiant est confronté à un nouvel établissement d’enseignement dont
l’organisation diffère de celle auquel il a été habitué. Il est forcé de se repérer dans ce nouveau lieu
physique, d’apprendre à connaître les services qui y sont offerts, de faire sien son nouvel horaire et
l’autonomie qu’il entraîne. Il doit prendre des rendez-vous pour rencontrer ses enseignants ou
profiter des périodes de disponibilité pour le faire (intégration institutionnelle).
Il s’insère soit dans un programme menant à un DEC, soit dans une session d’accueil et
d’intégration. Il est alors initié à de nouvelles disciplines, à de nouvelles méthodes de travail et à un
style d’enseignement faisant large place à son autonomie. La session progresse rapidement, sur
seize semaines, exigeant de sa part un engagement de la première heure. La charge de travail est
plus importante qu’au secondaire alors que l’étudiant devient responsable de la gestion de son
assiduité et de sa performance (intégration intellectuelle).
Il doit nouer des liens de nature scolaire avec de nouveaux collègues de classe et peut également se
lier avec d’autres personnes dans des contextes informels ou par le travail rémunéré qu’il occupe.
Pour certains étudiants, qualifiés de migrants, le commencement des études postsecondaires signifie
aussi un déménagement et une distanciation, à tout le moins physique, du noyau familial
(intégration sociale).
Enfin, pour plusieurs étudiants, la première inscription est souvent vécue comme un essai des
études postsecondaires où « le programme d’études demeure à l’état de nébuleuse » (intégration
vocationnelle) (Fortier, 2003).
Pour surmonter ces possibles obstacles à son intégration, le Conseil rappelle que l’étudiant a la
responsabilité d’adopter des attitudes et des conduites propices à la réussite de son projet de
formation, et le collège de créer les conditions propices de cet engagement (CSE, 2008a).
100
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
L’objectif de ces sessions est d’offrir un encadrement pédagogique particulier en première session
aux étudiants qui ont des antécédents scolaires faibles, qui doivent suivre certains cours de mise à
niveau pour répondre à des conditions particulières d’admission dans un programme d’études ou
qui ressentent le besoin de mieux préciser leur orientation scolaire. La SAI peut prendre des
formes variées selon les collèges. Dans certains collèges, elle vise à assurer la maîtrise de
méthodes de travail utiles au collégial. D’autres axent leurs interventions pendant cette session
autour d’une démarche d’orientation scolaire et professionnelle.
Le profil des étudiants qui fréquentent cette session est distinctif. En règle générale, on y trouve
plus d’hommes que de femmes, bien que ces dernières soient majoritaires au collégial (Picard et
autres, 2010). De plus, pour la cohorte de 2007, les étudiants inscrits en SAI avaient une moyenne
générale au secondaire 8 % inférieure à celle des étudiants inscrits dans des programmes
préuniversitaires et 5 % inférieure à celle des étudiants inscrits dans des programmes techniques 47.
Enfin, comme l’illustre la figure 8, les étudiants qui entament leur parcours collégial en SAI ou qui
fréquentent une session de transition ont un taux d’obtention d’un DEC inférieur à celui des
étudiants inscrits dans un programme préuniversitaire ou technique. Ainsi, un peu moins de la
moitié d’entre eux obtiennent un DEC. Pour la cohorte de 2002, le taux d’obtention d’un DEC était
de 37,6 % pour les nouveaux inscrits en session d’accueil et d’intégration ou en session de
transition, comparativement à 70,4 % pour ceux ayant poursuivi des études préuniversitaires et à
60,4 % pour ceux au secteur technique.
_______________
46. La session d’accueil et d’intégration et la session de transition sont, en règle générale, d’une durée d’une session. Rappelons que la session
de transition s’applique dans les cas suivants : 1) si un étudiant a été inscrit à temps plein, lors d’une session antérieure, dans un programme
ou en session d’accueil et d’intégration et qu’il se trouve en transition vers un programme menant au DEC pour lequel des conditions
particulières d’admission au programme sont manquantes ou pour lequel il est impossible de débuter à la session d’hiver; 2) s’il est inscrit
pour la première fois à l’enseignement collégial à la session d’hiver pour suivre un programme menant au DEC qu’il est impossible de
commencer à cette session.
47. Source : MELS, Direction générale des affaires universitaires et collégiales, Direction de l’enseignement collégial, Système CHESCO,
version 2008. (Réf. : FichesProgVentProgTousReseauxSexeV2008.xls). Compilation du Conseil supérieur de l’éducation.
101
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
FIGURE 8 Taux d’obtention d’une sanction des études collégiales (DEC) enregistré par les nouveaux inscrits
au collégial, deux ans après la durée normale des études1, à l’enseignement ordinaire, à un
programme menant au DEC2, par type de formation, ensemble du réseau, cohorte de 2002
1. Il s’agit du nombre d’années écoulées depuis l’entrée au collégial. Le taux d’obtention d’une sanction des études collégiales
est calculé deux ans après la durée prévue des études, soit quatre ans pour les programmes de DEC de la formation
préuniversitaire et cinq ans pour ceux de la formation technique. Pour la session d’accueil et d’intégration et la session
de transition, le taux est calculé cinq ans après le début des études collégiales.
2. Incluant les sessions d’accueil et d’intégration ou les sessions de transition.
Source : MELS, Direction générale des affaires universitaires et collégiales, Direction de l’enseignement collégial,
Système CHESCO, version 2008 (Réf. : FichesProgVentProgTousReseauxSexeV2008.xls).
Compilation du Conseil supérieur de l’éducation.
102
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
Le Conseil est conscient que les effets du renouveau pédagogique sur les étudiants admis au
collégial soient un objet de préoccupation central pour les acteurs du collégial. Toutefois, dans le
cadre de cet avis, la question du curriculum acquis n’est pas abordée pour les raisons qui suivent.
_______________
48. Toutefois, le Programme de formation de l’école québécoise a été instauré de façon obligatoire au début de l’année scolaire 2000-2001
er
pour l’éducation préscolaire et le 1 cycle du primaire. La première cohorte d’élèves à accomplir l’ensemble de leurs études primaires
re er
et secondaires dans le contexte du renouveau pédagogique (élèves de la 1 année du 1 cycle en 2000-2001) termineront leurs
études secondaires à la fin de l’année scolaire 2011 (MELS, 2008d).
103
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
L’état actuel de la connaissance ne permet donc pas au Conseil de se positionner quant aux effets du
renouveau pédagogique sur le curriculum acquis des étudiants. Dans les prochaines années, le Conseil
estime que d’autres recherches menées au collégial permettraient d’éclairer l’influence du
curriculum acquis au secondaire sur toutes les dimensions de l’intégration au collégial.
Néanmoins, les acteurs du collégial ne peuvent attendre la démonstration scientifique des effets du
renouveau pédagogique sur les étudiants pour prendre acte des changements qu’il entraîne sur leurs
propres pratiques. Par essence, la recherche implique un nécessaire délai entre la collecte de
données, l’analyse et la publication des résultats. Ces délais s’ajoutent à ceux inhérents à
l’implantation du renouveau lui-même :
Il faut toutefois se rappeler que des changements d’une telle ampleur ne s’implantent
pas dans un réseau aussi vaste que celui de l’éducation en peu de temps, ni sans
difficultés. L’approche préconisée par le Programme de formation suppose un temps
d’appropriation et de la formation continue avant que le personnel enseignant s’y sente à
l’aise […]. Les écoles devront adapter leurs pratiques et leurs structures organisationnelles
pour faire face aux nouvelles réalités. Tout cela prendra plusieurs années. Dans un tel
contexte, on ne doit pas s’attendre à ce que les premières cohortes de finissants soient
des élèves radicalement différents des précédents. Mais, au fil des années, des
changements significatifs devraient être observés chez ces élèves issus du renouveau
pédagogique en cours. (Guimont, 2009, p. 33-34.)
Dans ce contexte, les étudiants qui arriveront à l’automne 2010 en provenance du secondaire
auront acquis un curriculum sur lequel la recherche a livré très peu de constats. En conséquence, il
faut laisser le temps au renouveau pédagogique de s’implanter et aux travaux de recherche déjà
amorcés de faire état de leurs conclusions.
En effet, les étudiants qui franchissent la porte du collégial sont à la fois vecteurs et miroirs de
transformations sociales. Il relève du sens commun d’affirmer que la génération actuelle a acquis
une maîtrise des technologies de l’information et des communications (téléphonie mobile,
ordinateurs, Internet, photo numérique, jeux vidéos et autres) qui dépasse souvent celle de la
génération précédente. Dans son rapport synthèse intitulé Les 12-24 ans – Moteurs de
transformation des organisations, le Centre francophone d’informatisation des organisations
(CEFRIO) a mené un sondage auprès de Québécoises et de Québécois âgés de 12-24 ans
concernant leur utilisation des technologies de l’information. Cette enquête révèle, comme on pouvait
s’y attendre, que les jeunes sont à l’aise avec les nouvelles technologies. Ainsi, les 18-24 ans disent
maîtriser des logiciels de traitement de texte (par ex., Word), de présentation (par ex., PowerPoint),
de chiffrier électronique (par ex., Excel) et des moteurs de recherche à un niveau supérieur que
celui rapporté par les 12-17 ans (CEFRIO, 2009, p. 17).
104
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
Qu’en est-il du niveau technologique des collèges ou induit par ceux-ci? Selon l’enquête du
CEFRIO, l’utilisation de l’ordinateur en classe semble plus fréquente dans les collèges et les
universités que dans les écoles secondaires : 31 % des 18-24 ans disent que la plupart de leurs
professeurs leur font utiliser un ordinateur en classe, par rapport à 13 % des 12-17 ans (CEFRIO,
2009, p. 15). De plus, plus un jeune vieillit, plus la probabilité qu’il se serve de l’ordinateur à
l’extérieur de la salle de cours est grande. Ainsi, 70 % des 18-24 ans affirment que la plupart de
leurs enseignants leur donnent à faire des travaux qui requièrent l’utilisation d’un ordinateur, ce qui
est significativement plus élevé qu’à 16-17 ans où ce chiffre passe à 45 %, et à 14-15 ans où il est
de 31 % (CEFRIO, 2009, p. 15). De plus, les 18-24 ans du Québec utilisent davantage Internet
pour effectuer leurs travaux scolaires que les 12-17 ans : ils sont 44 % à s’en servir six heures ou
plus par semaine pour leurs études, alors que 11 % des Québécois d’âge secondaire font de
même (CEFRIO, 2009, p. 13). De l’avis du Conseil, d’autres recherches doivent être menées pour
voir en quoi les jeunes Québécois évoluent dans leur rapport à la technologie et quelles en seront
les incidences sur leurs façons d’apprendre et leurs attentes face aux collèges.
La culture des jeunes est également marquée par la place du travail rémunéré dans leur mode de
vie. En effet, la plupart des étudiants du collégial occupent un emploi pendant leurs études, même
s’ils demeurent chez leurs parents. Selon Roy (2009), 72 % des étudiants des collèges occupent
un emploi et ils y consacrent en moyenne 17 heures par semaine. Le même type de données a été
révélé par l’enquête « Aide-nous à te connaître », réalisée par le SRAM (Gingras, 2008) 49. La
majorité d’entre eux travaillent non pas tant par besoin financier immédiat, mais pour acquérir une
autonomie financière et pour leur développement personnel, et cela, sans compromettre pour
autant la réussite de leurs études (Roy, 2008). Le travail est perçu par les étudiants non pas
comme une fin en soi, mais comme un outil d’épanouissement personnel. Les jeunes veulent
concilier travail, famille et intérêts personnels dans la recherche d’une quête du bonheur dans
l’immédiat et d’une qualité de vie. Le travail ne représente donc pas tout pour eux : la famille est
centrale, et ils recherchent un équilibre entre les deux (Roy, 2008).
Des travaux ont également démontré que les étudiants des collèges s’intéressent à leurs études et
veulent réussir (CSE, 2008a). Dans l’échelle de leurs valeurs, réussir ses études vient en tête de
liste (Roy, 2006, 2008). D’ailleurs, une enquête interrégionale sur les jeunes confirme que la
majorité d’entre eux a une perception favorable de l’école, aspire à poursuivre des études
postsecondaires et à obtenir un diplôme (Gaudreault, Gagnon et Arbour, 2009). La motivation et
l’engagement des jeunes face aux études sont associés à des valeurs telles que la méritocratie
(fournir les efforts nécessaires pour réussir et assumer les résultats obtenus), l’importance de bien
faire, l’autonomie et la signification accordée à l’obtention du diplôme (Roy, 2008). Roy constate
d’ailleurs la présence d’un mode de pensée « pragmatique» : les étudiants considèrent les études
non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen, pour ce qu’elles apportent au projet de vie,
sous l’angle de la carrière et de la promotion sociale. Les connaissances enseignées sont appréciées
en fonction des compétences recherchées, utiles dans la vie professionnelle. Contrairement à
certaines idées reçues, les étudiants ne seraient donc ni cyniques, ni désenchantés à l’égard du
savoir et des études. Leur rapport au savoir serait plutôt teinté d’interrogations précises : pourquoi
apprendre ceci, en quoi cela sera utile pour ma culture personnelle, pour mon développement,
pour ma carrière? Dans cette perspective, les étudiants ont besoin de donner un sens à ce qu’ils
font et à ce qu’ils apprennent, et ils aiment être les acteurs de leur apprentissage (Roy, 2008).
_______________
49. Cette étude évalue à onze heures par semaine le nombre moyen d’heures consacrées au travail rémunéré.
105
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Toutefois, la façon dont se combine l’influence des nouvelles technologies, la place du travail
rémunéré et la signification accordée aux études n’est pas la même pour tous. En effet, des
travaux de recherche ont démontré, spécifiquement auprès d’élèves du secondaire en transition
vers le collégial, l’existence d’une culture particulière chez les étudiants les plus faibles, culture
rendant plus difficile la réussite éducative (Mackay, Miller et Quinn, 2006).
Au collège, il n’y a donc pas une, mais plusieurs cultures des étudiants qui s’inscrivent dans un
continuum de continuité avec les valeurs et les normes des collèges. Les mesures offertes dans
les collèges doivent donc tenir compte de ces cultures plurielles et évolutives, façonnées à la fois
par l’expérience scolaire passée, mais aussi par des interactions sociales de nature non scolaire :
Yet their educational culture is but one part of educational culture as a whole. The gulf
between student realities in school and institutional definitions of education is a yawning
chasm […] and the teachers will have the focus of students only if they can manage to
be meaningful and break through the institutional barrier which separates the teachers’
lessons from the students’ lives. The institutional fabric and the pedagogical strategy of
teachers must meet the learning style of students50. (Mackay, Miller et Quinn, 2006, p. 3.)
Comme il est spécifié dans le chapitre sur l’articulation, davantage de voies d’accès sont offertes vers le
collégial : il est maintenant possible d’être admis au collégial sur la base d’un DEP en continuité de
formation; sur la base d’une formation et d’une expérience jugées suffisantes; à la condition
d’obtenir, à la première session du collégial, jusqu’à six unités du secondaire qui n’ont pas été
obtenues auparavant (admission conditionnelle). L’introduction de l’ensemble de ces dispositions à
l’intérieur du Règlement sur le régime des études collégiales permet à des étudiants d’accéder aux
études collégiales, étudiants qui autrement en étaient privés; pour les étudiants concernés, on peut
croire que c’est grâce à ces dispositions qu’ils peuvent fréquenter un établissement collégial. Ces
ajouts sont récents et il s’avère impossible, pour le moment, d’en faire l’évaluation. Combien
d’étudiants se prévalent de ces portes d’accès? À moyenne générale au secondaire égale,
réussissent-ils leurs cours de première session avec autant de succès que les étudiants admis sur
la seule base du DES? Parviennent-ils à s’intégrer au collège, dans toutes les dimensions de
l’intégration, en suivant des cours du secondaire ou des cours de mise à niveau? Apprécient-ils
leur expérience et poursuivent-ils leurs études collégiales jusqu’au DEC?
Les collèges devraient se pencher sur la responsabilité d’intégration qui leur incombe pour ces
étudiants. Les cours collégiaux de mise à niveau ou les cours du secondaire exigés permettent de
satisfaire aux conditions d’admission. Cependant, faire reposer l’intégration de l’étudiant sur ces
seules mesures semble être un pari risqué. Ce n’est pas tout d’ouvrir la porte des collèges à ces
étudiants, encore faut-il leur donner les moyens de réussir leur projet d’études collégiales.
_______________
50. Notre traduction : La culture des étudiants ne constitue qu’une partie de la culture véhiculée par les établissements d’enseignement.
L’écart entre ce que les étudiants vivent dans les écoles et les différentes conceptions de la culture des établissements d’enseignement
représente un gouffre béant […] et les enseignants ne parviendront à capter l’attention des étudiants qu’en étant signifiants et en parvenant
à rompre la barrière qui tient à distance les cours des enseignants et la vie des étudiants. La culture promue par les établissements
d’enseignement et les stratégies des enseignants doivent parvenir à rejoindre le style d’apprentissage des étudiants.
106
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
La politique À part entière, pour un véritable exercice du droit à l’égalité vise à « accroître la
participation des élèves et des étudiants handicapés à tous les niveaux (sic) d’enseignement, en
formation initiale et continue, dans des conditions équivalentes à celles des autres élèves et étudiants »
(Office des personnes handicapées, 2009, p. 19). Par l’expression « conditions équivalentes aux
autres élèves et étudiants », cette cible gouvernementale reconnaît les distinctions prévalant entre
les ordres d’enseignement. En effet, puisque les élèves du secondaire et du collégial cheminent
dans des environnements scolaires distincts, les conditions équivalentes de réussite pour les
personnes handicapées se modulent aux contextes d’enseignement et d’apprentissage et aux
exigences de chacun des ordres d’enseignement. Par extension, le Conseil estime que cette notion
de « conditions équivalentes de réussite » a l’avantage de s’appliquer non seulement pour les
étudiants handicapés, mais également pour ceux qui ont des troubles d’apprentissage ou des
problèmes de santé mentale.
Ensuite, la gamme des services assurés par les services complémentaires est encadrée par le
Régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et de l’enseignement
secondaire. Toutefois, les services offerts pour répondre à leurs besoins particuliers relèvent à la fois
du personnel enseignant et des programmes des services éducatifs complémentaires, sollicitent
l’expertise de spécialistes (orthopédagogue, psychoéducateur, psychologue, etc.) et impliquent
régulièrement la concertation avec des acteurs du réseau de la santé et des services sociaux.
De plus, le cadre de référence de l’évaluation des apprentissages au secondaire prévoit que pour les
élèves avec un plan d’intervention, des modalités d’évaluation particulières peuvent s’appliquer et
se reconduire d’une année à l’autre (MELS, 2006, p. 29-30).
_______________
51. Selon l’article 96.14 de la Loi sur l’instruction publique, « le directeur de l’école, avec l’aide des parents d’un élève handicapé ou en difficulté
d’adaptation ou d’apprentissage, du personnel qui dispense des services à cet élève et de l’élève lui-même, à moins qu’il en soit incapable,
établit un plan d’intervention adapté aux besoins de l’élève. Ce plan doit respecter la politique de la commission scolaire sur l’organisation des
services éducatifs aux élèves handicapés et aux élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage et tenir compte de l’évaluation des
capacités et des besoins de l’élève faite par la commission scolaire avant son classement et son inscription dans l’école. » (Québec, 2010b.)
52. Source : Statistiques de l’éducation 2008. Tableau 2.2.3.
107
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Outre les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, la politique Une école
adaptée à tous ses élèves se penche également sur les élèves à risque qui ne sont pas reconnus
officiellement comme ayant une difficulté d’apprentissage ou de comportement, mais qui éprouvent
des difficultés qui les rendent vulnérables. On y précise que la direction de l’école doit aider
l’ensemble du personnel à adapter son intervention auprès de ces élèves et que la commission
scolaire doit offrir aux écoles les ressources dont elles ont besoin pour le faire (MEQ, 1999b).
Le réseau des collèges assiste donc à l’expression d’une demande croissante de services,
particulièrement du côté des étudiants ayant des troubles d’apprentissage ou des problèmes de
santé mentale. Toutefois, ces chiffres sous-estiment probablement la réalité et se doivent d’être
interprétés avec les limites suivantes :
• Les notions de handicap, d’incapacités et de troubles d’apprentissage recoupent des situations
qui sont traitées différemment selon les ordres d’enseignement, selon le régime d’enseignement
public ou privé et selon les programmes de financement. Le Ministère, pour financer les
services offerts dans les cégeps, fait actuellement la distinction suivante :
> Un premier groupe d’étudiants handicapés ayant une déficience auditive, visuelle, motrice
ou organique dont l’incapacité est significative et persistante et pour qui les services sont
financés par l’entremise du programme Accueil et intégration des personnes handicapées
au collégial.
> Un deuxième groupe d’étudiants, souvent qualifié de clientèle émergente (sic) ayant des
troubles d’apprentissage, un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité,
des problèmes de santé mentale ou des troubles neurologiques, pour lequel le financement
disponible repose sur des projets pilotes pourvus d’un financement limité54.
• Certaines recherches estiment que neuf étudiants sur dix ayant des incapacités de toute nature
ne s’inscrivent pas aux services pour les personnes handicapées de leur établissement ou ne
demandent pas de services particuliers (Fichten et autres, 2006a, p. 7).
_______________
53. Selon les données fournies au MELS par les cégeps désignés, Sainte-Foy et Vieux-Montréal, en fonction des plans d’intervention réalisés
dans chacun des établissements de leur territoire respectif et par le Collège Dawson pour sa clientèle.
54. De 2000 à 2006, un financement expérimental était disponible pour les étudiants ayant un trouble d’apprentissage. Depuis 2006-2007, des
projets pilotes pourvus de davantage de ressources s’adressent aux étudiants ayant des troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé
mentale. Le Ministère poursuit donc, depuis 2006-2007, une révision des services financés à l’enseignement supérieur (MELS, 2009e).
108
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
Dans le réseau public, en règle générale, les cégeps désignent un répondant chargé de coordonner
les services d’intégration des étudiants handicapés, lequel organise dans les faits l’ensemble des
services adaptés. C’est auprès de ce répondant qu’une demande doit être logée par l’étudiant. Le
responsable définit alors les besoins de l’étudiant et les services à offrir. Les répondants locaux
sont appuyés dans leur mission par le Cégep de Sainte-Foy, pour l’Est du Québec, et le cégep du
Vieux-Montréal, pour l’Ouest du Québec. En effet, le Ministère les a mandatés de coordonner
l’offre de services aux étudiants handicapés de leur territoire. Le Collège Dawson reçoit également
un financement particulier du MELS pour accueillir et intégrer les étudiants anglophones
handicapés qui y sont inscrits. L’étendue des services offerts par les collèges, publics et privés,
varie et est limitée par l’expertise interne dont ils disposent : par rapport au secondaire, les services
spécialisés (orthophoniste, orthopédagogue, etc.) y sont restreints.
Le Réseau de recherche Adaptech, dans une étude menée au Collège Dawson, soutient que les
facilitateurs les plus marquants pour les étudiants handicapés sont les services d’adaptation en
général et les services d’adaptation spécifiques tels que le préregistrariat, la disponibilité d’une
salle d’examen privée pour éviter la distraction par le bruit, le temps supplémentaire accordé pour
effectuer les examens et les travaux, les preneurs de notes et les politiques permettant aux
étudiants handicapés de réduire le nombre de cours suivis par session (Fichten et autres, 2006b).
Toutefois, la moitié des facteurs les plus fréquemment cités par les étudiants handicapés comme
ayant rendu leurs études au cégep plus faciles ne sont pas liés aux handicaps et ont également été
nommés par les étudiants non handicapés : les professeurs ouverts à l’ajustement de leurs cours,
l’environnement du cégep, la disponibilité et l’accessibilité des technologies informatiques, la
disponibilité du soutien, l’aide au cégep et le centre d’apprentissage. Les conditions équivalentes
de réussite incluraient donc des conditions spécifiques et non spécifiques aux personnes
handicapées. Les premières impliquent que les étudiants déclarent leur handicap et sollicitent des
services, alors que les deuxièmes sont des mesures universelles, accessibles à tous les étudiants.
En résumé, les conditions équivalentes de réussite pour les élèves et les étudiants handicapés ou
ayant des troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale diffèrent au secondaire et
au collégial. Alors qu’au secondaire l’élève se voit tailler un plan d’intervention sur mesure, au
collégial, la prestation de services repose sur la volonté de l’étudiant de recourir à de tels services
et sur leur disponibilité effective. Dans ce contexte, la transition secondaire-collégial des étudiants
désignés au secondaire sous l’acronyme EHDAA devrait être un objet de préoccupation partagé
par les deux ordres d’enseignement.
109
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
L’intégration aux études collégiales est un processus à plusieurs volets où l’intégration institutionnelle,
intellectuelle, sociale et vocationnelle doit être menée simultanément par les collèges qui intègrent et
par les étudiants qui s’intègrent. Ces étudiants, le plus souvent en provenance directe du secondaire,
auront été formés par le renouveau pédagogique. Or il est trop tôt pour qualifier les changements
entraînés par ce renouveau sur le curriculum acquis des étudiants qui entrent au collégial : le
curriculum officiel est connu, le curriculum enseigné peut être partagé, mais ce que les élèves en
tireront demeure à l’état d’hypothèses. De plus, ce curriculum s’entrecroise avec d’autres facteurs
sociaux, tels que l’incidence des nouvelles technologies, la place du travail rémunéré et celle des
études. Toutefois, quel que soit le curriculum acquis par les élèves au sortir du secondaire, le collégial
doit s’y ajuster et construire à partir de ces curriculums, et ce, dans le cas d’étudiants fraîchement
émoulus du secondaire, d’étudiants admis au collégial selon de nouvelles dispositions d’admission
ou d’étudiants handicapés ou ayant des troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale.
INTÉGRATION INSTITUTIONNELLE
• Les collèges tiennent des activités de préaccueil dont les « Journées portes ouvertes » et
« Étudiant d’un jour ». Pour les futurs élèves, il s’agit d’un premier contact direct avec la vie
collégiale. Ces activités sont centrées sur la diffusion d’information sur les programmes, mais elles
permettent aussi de rencontrer des enseignants et d’autres étudiants du programme envisagé et
de discuter directement avec eux, de visiter les installations et d’avoir un aperçu des activités de
vie étudiante et de l’« ambiance » qui règne dans le collège.
• Le maintien de portails Web permet aux collèges d’offrir une information actualisée sur les
programmes, l’admission, les services et la vie du collège. Ils donnent accès à de l’information à
partir de laquelle l’étudiant peut confirmer son choix de programme et d’établissement
d’enseignement. Ils permettent également des transactions virtuelles entre le collège et ses
étudiants : récupération et modification de l’horaire, consultation du centre de documentation,
inscription aux activités sportives, paiement de frais divers. Dans certains cas, ils offrent un lien
vers leur groupe Facebook et une section dédiée spécifiquement aux parents.
• Les collèges organisent des activités d’accueil officiel où la programmation est centrée sur les
différents aspects de la vie collégiale et sur les services offerts par le collège. Souvent, chacun
des programmes fait de même pour permettre aux étudiants de repérer les lieux clés du programme
(bureaux des enseignants, local de travail de groupe, locaux informatiques, etc.) et de faire
connaissance avec les enseignants, le personnel et les autres étudiants du programme.
110
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
INTÉGRATION INTELLECTUELLE
• Les collèges offrent, depuis un certain nombre d’années, des mesures liées au soutien à la
réussite en première session, qui cherchent à faciliter la transition entre le secondaire et le
collégial et à favoriser l’adaptation et l’« apprivoisement » au collégial. Mise en œuvre d’une
« pédagogie de la première session en classe55 », dépistage d’étudiants à risque, révision
des grilles de cheminement des programmes dans une perspective d’amélioration de la
réussite de la première session, pratiques de tutorat, services des centres d’aide, SAI,
enseignement de méthodes de travail, bulletins de mi-session et mesures d’aide à
l’amélioration de la langue d’enseignement sont autant d’exemples de mesures introduites.
• Des rencontres d’information ont lieu, dans certains collèges, en mai de chaque année où les
exigences du collégial sont présentées aux étudiants et à leurs parents.
• Les portails Web des collèges permettent notamment aux étudiants de consulter les documents
déposés par leurs enseignants, de correspondre entre eux ou avec l’enseignant, de participer
à des forums de discussion pédagogique, de consulter des références, de faire des exercices
supplémentaires et de suivre l’évolution de leurs résultats (par ex., Omnivox et Bleu Manitou).
• L’aide pédagogique individuel (API) est tourné vers les cheminements scolaires de l’étudiant
au sein du collège. Il « guide et conseille l’élève dans la réalisation de son programme d’études
tout au long de son passage au collégial et lui apporte tout le soutien nécessaire à l’atteinte de
ses objectifs » (http://www.apapi.org/index.php). Aussi participe-t-il à son intégration intellectuelle
au collège.
INTÉGRATION SOCIALE
• La période de la rentrée scolaire dans le nouveau milieu que représente le collège est
souvent source de tensions. Aussi, les collèges ont mis sur pied des activités d’accueil
destinées à faciliter l’intégration des nouveaux étudiants.
• Les activités parascolaires du collège (sociales, culturelles, sportives) sont autant d’occasions
de permettre à l’étudiant de s’intégrer socialement à son nouvel environnement. Certaines
sont mises en place par les étudiants eux-mêmes, avec le soutien matériel du collège.
• Certains aménagements de l’organisation scolaire permettent de faciliter l’intégration sociale :
mise en place de groupes stables dans les cours spécifiques au programme, périodes
programmes où tous les étudiants d’un programme ont une période libre commune dans
l’horaire, désignation d’un local-ressource pour un programme donné, etc.
• Des professionnels peuvent fournir une aide individualisée aux étudiants aux prises avec des
difficultés d’intégration.
• Des collèges ont mis au point des pratiques de tutorat et de mentorat qui permettent l’intégration
sociale des nouveaux étudiants.
_______________
55. Selon le Carrefour de la réussite, cette pédagogie demande « de porter une attention particulière à la relation pédagogique
avec les nouveaux étudiants arrivant du secondaire, de développer et de soutenir les méthodes de travail intellectuel et les habiletés
cognitives sans pour autant édulcorer le contenu disciplinaire » (Carrefour de la réussite, 2001, p. 15-16).
111
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
INTÉGRATION VOCATIONNELLE
• Les collèges et les services régionaux d’admission, à l’invitation des établissements d’enseignement
secondaire, se déplacent dans les écoles secondaires pour expliquer aux élèves et à leurs
parents les programmes collégiaux et la vie au collège. Ils offrent également de l’information
sur les taux de placement des programmes et sur les études universitaires possibles.
• Une fois l’étudiant admis au collégial, les conseillers en information scolaire et les conseillers
d’orientation du collège peuvent l’aider à préciser son choix vocationnel. En plus des
consultations individuelles, un logiciel d’information scolaire et professionnelle (REPÈRES)
est mis à leur disposition. Les collèges poursuivent ainsi l’accompagnement vocationnel offert
au secondaire.
112
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
• La réussite des étudiants admis sous condition ou admis sur la base de l’ancien DES est
apparue comme étant un deuxième défi de taille. Aux dires de certains participants, il semble
qu’il soit particulièrement difficile pour l’étudiant de suivre en parallèle des cours au secondaire
et au collégial et de satisfaire, à l’intérieur d’une session, à la condition d’obtention du DES.
Quant aux étudiants admis qui présentent un dossier plus faible, certaines personnes interrogées
ont observé qu’elles semblent vivre plus difficilement la transition secondaire-collégial. De
plus, plusieurs personnes interrogées craignent l’accentuation des disparités entre les étudiants
forts et faibles d’un groupe-classe. En définitive, on a confié douter de la pertinence des
nouvelles dispositions du RREC.
• Un troisième défi concerne l’offre de mesures de soutien et la pression sur les ressources
qu’occasionne leur mise en place. Les personnes interrogées ont particulièrement souligné le
besoin d’encadrement des étudiants aux dossiers scolaires faibles ou de ceux admis sous
condition. On dit envisager de mettre sur pied des comités de travail dont le mandat sera
d’élaborer des mesures de soutien à la réussite qui tiennent compte des nouvelles modalités
d’admission au collégial. On réclame également plus de souplesse dans les règles de
fonctionnement pour ajuster les services en fonction des besoins diversifiés des étudiants.
On envisage d’adapter les grilles de cours pour tenir compte des besoins de ces étudiants.
Dans certains cas, les participants mettent en doute cependant la pertinence des investissements
dans ces mesures, compte tenu des limites budgétaires ou professionnelles en place.
• Un quatrième défi concerne l’intégration d’étudiants ayant des troubles d’apprentissage ou
d’adaptation et qui ont obtenu leur DES. On signale que leur nombre est en hausse et que
ces étudiants demandent les services, les adaptations ou les modifications auxquels ils
étaient habitués au secondaire. Or les collèges disent ne pas toujours avoir l’expertise et les
ressources pour encadrer ces étudiants. Les participants reconnaissent devoir développer
des outils et des encadrements pour aider ces étudiants. Cependant, on souligne que le
problème est de réussir à concerter les différents services du collège : les centres d’aide, les
services de psychologie et d’orthopédagogie lorsqu’ils existent, les services d’orientation et
d’information scolaire ainsi que le cheminement scolaire.
• La prise en compte des influences autres que le renouveau pédagogique sur les acquis des
étudiants est un défi mentionné par certains participants. Ceux-ci ont fait valoir que les
changements de modes de vie, l’adhésion à de nouvelles valeurs et l’accès à Internet sont
des changements encore plus importants que le seul renouveau pédagogique.
• Finalement, l’hétérogénéité est un sixième défi souligné à plusieurs reprises. Pour certains
participants, il ne s’agit pas d’un nouveau défi, car les collèges gèrent cette hétérogénéité
depuis plusieurs années. Toutefois, les participants croient que cette hétérogénéité sera
amplifiée de plusieurs façons :
> Ils estiment que les curriculums acquis des étudiants risquent de ne pas être identiques,
notamment à cause de la diversité des parcours au secondaire (un parcours de formation
générale et un parcours de formation générale appliquée), de la possibilité de choix de
séquences en mathématique, de choix de niveaux en langue seconde et de l’implantation
variable du renouveau pédagogique selon les écoles et les commissions scolaires.
113
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
> Certains craignent que la précision de l’orientation et du choix de carrière soit moins
grande et que cela entraîne plus de changements de programmes. D’autres pensent que
ce pourrait être différent et que l’exercice de choix au secondaire pourrait permettre un
cheminement vocationnel plus éclairé et définitif au collégial.
> Comme il a été souligné précédemment, les participants pensent que l’assouplissement
des règles d’admission permettra l’accès au collégial à des étudiants plus faibles.
> On rappelle que le nombre d’étudiants ayant des troubles d’apprentissage risque d’augmenter
au collégial.
Selon plusieurs participants, cette diversité créera des pressions très grandes sur les collèges, qui
devront répondre à des besoins de plus en plus individualisés tout en offrant des services de
masse. Selon certains, il y a des limites à la réponse à l’hétérogénéité dont la capacité d’ajuster
l’enseignement en temps réel, les ressources disponibles et l’expertise en place. Les participants
croient que le Ministère doit s’assurer que les ressources nécessaires soient accessibles pour
atteindre les objectifs de réussite qu’il s’est lui-même fixés.
Situé à la confluence de ces contextes, le collégial offre une réponse en quatre volets : intégrer
les étudiants d’un point de vue institutionnel, intellectuel, social et vocationnel. La recette a été
raffinée au fil des ans, notamment en matière d’intégration institutionnelle et intellectuelle avec
l’ajout des SAI, d’une pédagogie de transition qualifiée de « pédagogie de la première session »
et de mesures d’aide prévues au plan d’aide à la réussite de chacun des collèges. Néanmoins, le
Conseil estime que l’intégration aux études collégiales sous-tend toujours des enjeux d’ouverture
aux changements.
114
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
En premier lieu, cette ouverture aux changements doit se manifester par les étudiants. Ceux-ci
doivent être conscients des exigences que requiert la fréquentation d’un établissement collégial.
Pour certains, les habitudes d’étude acquises au secondaire sont insuffisantes pour permettre la
réussite au collégial (Gingras et Terrill, 2006). Pour d’autres, l’écueil est lié à un emploi rémunéré
trop exigeant eu égard au nombre de cours à leur horaire. Pour d’autres encore, la migration pour
les études éloigne du noyau familial et entraîne une prise en charge plus globale de l’ensemble de
leur vie. Le degré de changement varie pour chaque étudiant, au gré d’autres transitions qui se
juxtaposent à la transition scolaire. Il importe donc que l’étudiant entreprenne une réflexion personnelle
et se penche sur la façon dont il entrevoit intégrer tous les volets des études collégiales à son
projet de vie.
De toute évidence, l’ouverture aux changements concerne aussi les collèges. Elle s’incarne
d’abord par l’attitude qui sera adoptée par les collèges à l’endroit des étudiants formés par le
renouveau pédagogique au secondaire. Lors de l’enquête qu’il a menée, le Conseil a constaté que
le renouveau pédagogique au secondaire inquiète les acteurs du milieu collégial. En effet, même si
le renouveau prévoit un enrichissement du curriculum, certains acteurs entretiennent des
appréhensions. Or ces perceptions pourraient créer une forme de résistance aux changements
entraînés par le renouveau pédagogique au secondaire. Même si des travaux de recherche sont
en cours pour évaluer les effets du renouveau pédagogique sur le fonctionnement scolaire des
élèves, les acteurs du collégial doivent poursuivre leurs efforts d’intégration des étudiants en
provenance du secondaire, quel que soit le curriculum acquis de ces étudiants. La même ouverture
exigera de revoir les mesures d’intégration en place à l’aulne de la réalité des étudiants admis
selon de nouvelles dispositions d’admission. Enfin, pour les étudiants ayant des handicaps, des
troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale, cette ouverture aux changements
s’associe à des questions fondamentalement liées au droit à l’éducation et à la réussite. Il y a
discontinuité des services offerts entre le secondaire et le collégial, expliquée en partie par le fait
que le secondaire relève de l’enseignement obligatoire, et le collégial du postsecondaire, et par la
volonté d’autonomie d’étudiants au seuil de l’âge adulte. Toutefois, d’autres motifs sont également
en cause : le mode de financement associé aux troubles d’apprentissage et aux problèmes de
santé mentale et l’absence de tradition d’offre de services. Il importe donc de poursuivre le
questionnement lié aux conditions équivalentes de réussite pour ces étudiants.
115
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
En effet, les élèves du 2e cycle du secondaire pourraient être informés avant même leur inscription
aux études collégiales des différences existant entre le secondaire et le collégial et des
responsabilités qui leur incombent dans la réussite de leurs études. Ces activités de mise en
contexte des études collégiales soutiendraient leur intégration vocationnelle, car les élèves seraient
mieux à même de réaliser les exigences du programme d’études qu’ils envisagent. De plus, il
pourrait s’agir des premières étapes de leur intégration institutionnelle au collège, puisque du
personnel ou des étudiants du collège seraient sollicités par ces activités. Enfin, il est à souhaiter
que démontrer aux élèves du secondaire les bénéfices de leurs études secondaires sur leur
réussite au collégial soit un élément de motivation dans leur engagement scolaire : s’ils se
montrent plus réceptifs, au secondaire, à l’apprentissage de méthodes de travail rigoureuses, leur
intégration intellectuelle au collège en sera facilitée.
Dès l’inscription de l’étudiant au collégial, les collèges devraient activement prendre le relais des
établissements secondaires. Les réseaux sociaux Web 2.0 offrent désormais des lieux d’échange
qui permettraient aux futurs étudiants de mieux projeter la nouvelle vie qui les attend. De plus, la
possibilité, pour l’étudiant, de s’inscrire à des fils RSS permettrait également aux collèges de
pénétrer l’univers de l’élève du secondaire et de le plonger précocement dans le milieu de vie du
collège. Là encore, les collèges se chargeront de trouver les meilleurs outils pour se faire présents
auprès des finissants du secondaire, mais au-delà des objectifs de recrutement de tels outils, c’est
un objectif de préparation à l’intégration des études collégiales qui doit motiver les collèges.
Pour intéresser les étudiants à leur propre processus d’intégration, les collèges pourraient les
inviter à mener une réflexion personnelle quant à leurs besoins au moment de la transition. Cette
réflexion pourrait être structurée et accompagnée, soit par des étudiants de deuxième année
agissant comme mentors, soit par des enseignants. Quel que soit le moyen retenu, le fait de les
amener à faire le point sur la façon dont ils vivent la transition pourrait les aiguiller vers les
différentes mesures de soutien offertes par les collèges.
116
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
Les collèges accueillent en leurs murs des personnes qui ne peuvent être réduites à un parcours
scolaire antérieur. Certes, l’expérience scolaire, dont fait partie le renouveau pédagogique au
secondaire, sculpte le curriculum acquis des personnes. Toutefois, différentes expériences offertes
au secondaire peuvent agir comme autant de précédents (modes d’apprentissage, habitude du
travail d’équipe, usage des nouvelles technologies, échanges avec des étudiants étrangers,
voyages culturels, etc.) qui forgent les aspirations à l’endroit du collégial.
Dans cette perspective, les attentes et les besoins des étudiants ne sont pas compartimentés par
ordre d’enseignement ou par domaine de vie. Du point de vue technologique, les étudiants
compareront sans doute le niveau du collège à celui qu’ils expérimentent au quotidien avec toutes
les institutions et avec leurs réseaux. Déjà, les collèges ont fait un virage technologique, mais ils
devront cependant continuer d’innover, car le développement est rapide de ce côté. Pour que le
DEC pave la voie à la réussite professionnelle et à la réussite d’études universitaires, il se doit
d’être au diapason des changements introduits à son embouchure. Aussi, une constellation de
facteurs, dont le rapport aux études et aux savoirs, mais également le rapport aux nouvelles
technologies et au travail, exhortent les collèges de s’assurer que les moyens dont ils disposent
pour soutenir l’intégration des étudiants s’adressent à eux dans leur globalité. De plus, l’accueil
d’étudiants admis selon de nouvelles dispositions réglementaires mérite de faire l’objet d’une
attention particulière : la diversification des voies d’accès au collégial participe à la reconnaissance
de la valeur des différents projets de vie d’une personne, mais elle doit aussi offrir les gages de la
réussite du projet de formation collégiale.
Les collèges devraient donc mener des recherches sur l’ensemble de l’expérience de la transition
secondaire-collégial de leurs étudiants. Ils gagneraient également à associer leurs étudiants à une
démarche d’évaluation des mesures de soutien. Dans les deux cas, ils auraient ainsi en main des
éléments de rétroaction qui dépassent les cibles quantitatives et ils pourraient apporter, s’il y a lieu,
des ajustements requis.
En ce qui concerne les étudiants définis comme handicapés, les collèges offrent des services
depuis plusieurs années. Toutefois, il est plus récent qu’ils le fassent pour les étudiants ayant des
troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale. Aussi, les conditions équivalentes de
réussite mises en place dans les collèges à l’intention de tous ces étudiants devraient se traduire
dans la documentation officielle des établissements. Une telle formalisation permettrait à
l’ensemble des acteurs d’un collège de prendre acte de l’engagement de l’établissement et
fournirait des balises sur le type de services à offrir. De plus, il pourrait s’agir d’un déclencheur pour
faire connaître aux étudiants et à leurs parents les services destinés à ces étudiants. Les
engagements des collèges, pour véritablement se traduire en pratiques chez les enseignants,
devront être accompagnés par des actions de sensibilisation destinées à faire connaître la réalité
et les besoins de ces étudiants. Les enseignants devraient pouvoir bénéficier de formation sur les
pratiques pédagogiques et évaluatives susceptibles de faciliter leur réussite. De plus, il importe
d’offrir aux enseignants un soutien continu et un accès à des personnes-ressources dotées d’une
expertise pointue au moment où ils ressentiront le besoin d’être accompagnés.
117
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Néanmoins, le Conseil estime que les élèves du secondaire ayant des handicaps, des troubles
d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale devraient être formellement informés des
différences existant dans l’offre et la prestation de services spécialisés entre le secondaire et le
collégial. Ils doivent prendre conscience des conséquences de l’autonomie qu’ils s’apprêtent à
gagner au collégial et se voir indiquer l’ensemble des lieux où ils pourront continuer de se voir offrir
des services (incluant le réseau de la santé et des services sociaux et le milieu communautaire).
Enfin, pour que les collèges aient les moyens de répondre aux besoins exprimés, il importe que le
Ministère accorde les allocations nécessaires, particulièrement pour les troubles d’apprentissage et
les problèmes de santé mentale.
Le contexte actuel de l’intégration des étudiants est marqué par l’implantation au secondaire du
renouveau pédagogique : quel sera le curriculum acquis des étudiants au sortir de leurs études
secondaires? L’importance de cette question, souvent abordée par les acteurs du réseau,
s’explique par la volonté des collèges de les accueillir en tenant compte des différences qui
pourront exister entre les ordres d’enseignement. Toutefois, il ne faut pas réduire l’intégration des
étudiants qui feront leur entrée du collégial à partir d’août 2010 à cette seule question. Le
renouveau au secondaire n’est pas la seule influence des étudiants. À ce titre, les étudiants qui
intégreront les études collégiales sont dotés d’une culture technologique, ce sont des travailleurs et
des citoyens qui accordent de l’importance aux savoirs et aux études. De plus, tous les étudiants
nouvellement inscrits au collégial en août 2010 n’auront pas cheminé avec le renouveau
pédagogique au secondaire. En fait, il n’y a pas qu’un seul curriculum acquis de la part des
étudiants, mais bien autant de curriculums qu’il y a d’individus. Aussi se pencher sur l’intégration
des étudiants invite-t-il à réexaminer les mesures mises en place par les collèges, pour assurer
qu’elles répondent aux besoins des étudiants dans leur globalité.
Enfin, un nombre limité, mais croissant, d’étudiants ayant des handicaps, des troubles d’apprentissage ou
des problèmes de santé mentale cherchent à obtenir au collégial des conditions de réussite
équivalentes à celles des étudiants ne présentant pas de particularités. Pour le Conseil, les
collèges doivent mettre en œuvre ces conditions pour que la transition secondaire-collégial ne soit
pas un rocher sur lequel se brise leur projet scolaire et professionnel.
118
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
RECOMMANDATION 6
Considérant le rôle central assumé par l’étudiante ou l’étudiant dans son intégration aux études
collégiales;
Considérant que plusieurs travaux de recherche démontrent l’importance des habitudes d’étude et
de travail adoptées dès le secondaire pour la réussite des études collégiales;
Considérant que les nouvelles technologies permettent aux collèges de joindre leurs futurs étudiants
avant le début officiel de la session,
119
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
RECOMMANDATION 7
Considérant le rôle central assumé par l’étudiante ou l’étudiant dans son intégration aux études
collégiales;
Considérant que le curriculum acquis d’une étudiante ou d’un étudiant est le produit de son expérience
scolaire, dont peut faire partie le renouveau pédagogique au secondaire;
Considérant que des facteurs culturels dont le rapport aux nouvelles technologies, au travail, aux
études et au savoir façonnent les besoins et les attentes des étudiantes et des étudiants qui
arrivent au collégial;
Considérant l’introduction, dans le Règlement sur le régime des études collégiales, de nouvelles
modalités d’admission pouvant occasionner des besoins spécifiques,
120
L’INTÉGRATION AUX ÉTUDES COLLÉGIALES
RECOMMANDATION 8
Considérant l’existence d’une politique de la participation sociale des personnes handicapées;
Considérant l’accroissement des demandes pour des services adaptés venant d’étudiantes et d’étudiants
handicapés ou de ceux ayant des troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale;
Considérant que l’intégration aux études collégiales des étudiants handicapés et de ceux ayant des
troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale pose, pour certains d’entre eux, des
défis importants;
• de faire connaître, auprès des élèves du secondaire qui sont handicapés ou qui sont en
difficulté d’adaptation ou d’apprentissage et de leurs parents, les services offerts au collégial;
• d’ajuster les sommes versées aux collèges pour leur permettre de répondre aux besoins des
étudiants handicapés et de ceux ayant des troubles d’apprentissage ou des problèmes de
santé mentale;
• de poursuivre le soutien aux initiatives de recherche portant sur ces questions et d’en diffuser
les résultats dans l’ensemble du réseau.
121
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
122
CONCLUSION ET RAPPEL DES
RECOMMANDATIONS
À son entrée au préscolaire et à son passage au primaire, il est tout à fait commun que
des proches s’enquièrent de l’intégration d’un élève qui amorce son cheminement
scolaire : on l’interroge sur ses nouveaux amis, sur son enseignante ou son enseignant
et sur son école. La société reconnaît également que le passage au secondaire est
une étape à la fois scolaire et développementale liée à l’adolescence. Le regard social
porté sur la transition d’une étudiante ou d’un étudiant vers les études supérieures est
tout autre : tout se passe, parce que l’étudiant est au seuil de sa vie d’adulte, comme
s’il devait nécessairement trouver en lui les ressources nécessaires pour s’intégrer à
sa vie d’étudiant, ou encore comme si les difficultés qu’il pouvait rencontrer au collège
ou à l’université avaient une fonction de révélation des impératifs « de la vraie vie ».
123
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Pourtant, la transition interordres est un événement aussi fondateur pour l’enfant que pour l’adolescent
ou pour l’adulte qu’il est devenu. À toutes les étapes du parcours scolaire, cette transition doit être
envisagée sous l’angle des structures du système d’éducation, soit l’articulation, sous l’angle des
savoirs et des pratiques pédagogiques et évaluatives, soit l’angle de l’arrimage, et sous l’angle de
l’intégration des étudiants au nouvel ordre d’enseignement. Ce sont ces angles que le Conseil supérieur
de l’éducation a tenu à mettre en perspective pour analyser la transition secondaire-collégial dans le
présent avis.
• de mener des travaux de recherche portant sur les élèves qui fréquentent la formation
professionnelle au secondaire et la formation générale des adultes pour connaître leurs
besoins relativement à la finalité de leur parcours scolaire, et de soutenir, chez ceux et celles
qui le souhaitent, la continuité de leur cheminement;
• de soutenir la concertation sur le plan régional en dotant les Tables régionales d’éducation
interordres d’un mandat spécifique lié à l’articulation des structures du secondaire et du collégial;
aux collèges, aux commissions scolaires, aux directions d’écoles secondaires ainsi qu’aux
directions générales d’établissements privés :
• d’organiser des échanges pour faciliter le partage d’information liée à la mise en œuvre des
règles de passage entre les deux ordres d’enseignement et de diffuser l’information qui en résulte
auprès des membres de leur personnel respectif.
124
CONCLUSION ET RAPPEL DES RECOMMANDATIONS
• d’appuyer la formalisation des échanges entre les enseignantes et les enseignants du secondaire
et du collégial, notamment au moyen de projets pilotes locaux, régionaux et nationaux;
aux collèges, aux commissions scolaires et particulièrement aux directions d’écoles secondaires :
aux collèges :
• de soutenir l’appropriation, par le personnel enseignant du collégial, des changements
occasionnés au secondaire par le renouveau pédagogique et de faciliter l’atteinte de consensus
sur les changements qui en découlent au collégial;
125
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
aux collèges :
aux collèges :
• d’intégrer les étudiantes et les étudiants qui arrivent au collégial dans leur globalité, en ajustant
les mesures de soutien aux curriculums acquis et à la culture des étudiants, à la lumière
de travaux de recherche menés sur l’expérience de la transition secondaire-collégial de
leurs étudiants.
126
CONCLUSION ET RAPPEL DES RECOMMANDATIONS
Finalement, pour certaines étudiantes et certains étudiants ayant des handicaps, des troubles
d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale, la transition du secondaire vers le collégial
pose des défis particuliers. Le réseau collégial assiste présentement à une croissance de demandes
de leur part. Cependant, les conditions de réussite mises en place au collégial pour répondre à leurs
besoins spécifiques ne s’organisent pas de la même façon qu’au secondaire. Les étudiantes et les
étudiants devraient donc être informés des différences entre les deux ordres d’enseignement, alors
que les enseignants du collégial devraient être sensibilisés à leurs besoins. Pour mettre en place
les conditions de réussite pour ces étudiants, le Conseil recommande :
aux collèges :
• d’adapter leurs politiques pour tenir compte des conditions équivalentes de réussite requises
par les étudiants handicapés et de ceux ayant des troubles d’apprentissage ou des problèmes
de santé mentale;
• de soutenir l’ajustement des pratiques par la sensibilisation et la formation des enseignantes
et des enseignants aux réalités et aux besoins des étudiants handicapés et de ceux ayant
des troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale;
• de diffuser, auprès de l’ensemble des étudiants du collégial et de leurs parents, les services
offerts aux étudiants ayant des handicaps, des troubles d’apprentissage ou des problèmes de
santé mentale;
• de faire connaître, auprès des élèves du secondaire qui sont handicapés ou qui sont en
difficulté d’adaptation ou d’apprentissage et de leurs parents, les services offerts au collégial.
Par cet avis, le Conseil s’est penché sur les contextes qui influenceront, dans les prochaines années,
la transition du secondaire vers le collégial. Il lui est paru que le renouveau pédagogique au
secondaire ne détermine pas à lui seul cette transition : la transition n’est pas seulement l’affaire de
contenus et de pratiques pédagogiques et évaluatives à arrimer entre deux ordres d’enseignement.
La transition est aussi fonction des contraintes et des possibilités mises en place par le système
d’éducation : sur ce plan, qualifié d’articulation, les modifications apportées aux règles de sanction
du secondaire et aux conditions d’admission au collégial façonnent les choix ou les obligations de
l’étudiant. De plus, l’étudiant n’est pas porteur des seuls acquis que le réseau scolaire lui a transmis :
il est doté d’une culture technologique qui lui est propre et il est aussi un travailleur et un citoyen.
Il n’est pas seulement un produit du renouveau pédagogique! Enfin, la transition entre le
secondaire et le collégial implique l’intégration de l’étudiant au collégial, dans une relation partagée
où l’étudiant s’investit dans son projet d’études et où le collège assure les mesures de soutien à sa
réussite. La transition du secondaire au collégial, comme toutes les transitions interordres, est
synonyme à la fois d’un départ et d’un commencement pour l’étudiant. Le véritable renouveau n’est
sans doute pas là où on l’attend : c’est celui de l’étudiant qui amorce une nouvelle étape de son
parcours scolaire, un renouveau fait de son ajustement face au système et du système face à lui.
C’est à ce double ajustement que le Conseil convie l’ensemble des acteurs.
127
REGARDS
POUR SOUTENIR
RENOUVELÉS
UNE RÉFLEXION
SUR LA TRANSITION
SUR LES DEVOIRS
ENTRE LE
À L’ÉCOLE
SECONDAIRE
PRIMAIRE
ET LE COLLÉGIAL
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
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128
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
129
REGARDS
POUR SOUTENIR
RENOUVELÉS
UNE RÉFLEXION
SUR LA TRANSITION
SUR LES DEVOIRS
ENTRE LE
À L’ÉCOLE
SECONDAIRE
PRIMAIRE
ET LE COLLÉGIAL
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131
REGARDS
POUR SOUTENIR
RENOUVELÉS
UNE RÉFLEXION
SUR LA TRANSITION
SUR LES DEVOIRS
ENTRE LE
À L’ÉCOLE
SECONDAIRE
PRIMAIRE
ET LE COLLÉGIAL
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percées. Montréal : Fondation canadienne des bourses d’études du millénaire, 16 p.
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Projet ERES. http://www.eres.fse.ulaval.ca/ (mars 2010).
133
REGARDS
POUR SOUTENIR
RENOUVELÉS
UNE RÉFLEXION
SUR LA TRANSITION
SUR LES DEVOIRS
ENTRE LE
À L’ÉCOLE
SECONDAIRE
PRIMAIRE
ET LE COLLÉGIAL
Québec (2001). « Règlement modifiant le Règlement sur le régime des études collégiales : règlements et autres
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Québec : Éditeur officiel du Québec.
Québec (2008). Règlement sur le régime des études collégiales, c. C-29, r. 5.1.1, à jour le 9 juillet 2008.
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Québec (2009). Projet de loi n 44 : loi modifiant la Loi sur les collèges d’enseignement général
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social en expansion ». Pédagogie collégiale, vol. 22, n 2, hiver, p. 40-43.
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e
Québec 2009. 27 éd. Montréal : SRAM, 389 p.
134
ANNEXES
135
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
ANNEXE 1
SCHÉMA DE LA DIVERSIFICATION DES PARCOURS DE FORMATION
AU 2E CYCLE DU SECONDAIRE
136
ANNEXE 2
ANNEXE 2
TABLEAUX DE DISTRIBUTION DE FRÉQUENCES
TABLEAU 10 Répartition, en pourcentage, des nouveaux inscrits au collégial et des autres élèves inscrits
pour la première fois dans un programme de DEC donné, à l’enseignement ordinaire,
au trimestre d’automne, selon le type de formation du programme d’études conduisant
à l’obtention d’un DEC, ensemble du réseau collégial
NI1 AI2 NI AI NI AI NI AI
1980 76,7 23,3 83,2 16,8 68,7 31,3 - -
1983 74,2 25,8 81,5 18,5 65,4 34,6 - -
1986 75,7 24,3 84,8 15,2 62,9 37,1 - -
1987 72,5 27,5 83,3 16,7 57,1 42,9 - -
1988 74,3 25,7 84,8 15,2 58,5 41,5 - -
1989 74,7 25,3 86,0 14,0 57,3 42,7 - -
1990 74,2 25,8 86,5 13,5 56,6 43,4 - -
1991 73,4 26,6 85,9 14,1 55,7 44,3 - -
1992 73,9 26,1 86,5 13,5 55,8 44,2 - -
1993 71,5 28,5 85,6 14,4 53,8 46,2 68,1 31,9
1994 71,8 28,2 84,7 15,3 52,8 47,2 83,8 16,2
1995 71,7 28,3 84,3 15,7 52,7 47,3 92,7 7,3
1996 73,0 27,0 84,5 15,5 55,9 44,1 88,7 11,3
1997 71,1 28,9 83,1 16,9 54,9 45,1 86,4 13,6
1998 71,8 28,2 83,7 16,3 55,6 44,4 87,5 12,5
1999 71,4 28,6 83,7 16,3 54,6 45,4 87,2 12,8
2000 71,3 28,7 84,1 15,9 53,9 46,1 87,6 12,4
2001 71,3 28,7 83,9 16,1 54,3 45,7 87,9 12,1
2002 70,1 29,9 83,0 17,0 52,0 48,0 83,3 16,7
2003 69,5 30,5 82,7 17,3 50,5 49,5 79,9 20,1
2004 70,0 30,0 83,8 16,2 50,4 49,6 79,2 20,8
2005 70,8 29,2 83,8 16,2 51,5 48,5 80,2 19,8
2006 72,2 27,8 84,6 15,4 52,3 47,7 81,2 18,8
2007 73,1 26,9 85,5 14,5 53,2 46,8 81,4 18,6
2008 73,0 27,0 85,1 14,9 53,2 46,8 82,2 17,8
2009 71,9 28,1 83,9 16,1 52,2 47,8 82,0 18,0
1. Nouveaux inscrits.
2. Autres inscrits.
Source : MELS, Direction générale des affaires universitaires et collégiales, Direction de l’enseignement collégial,
Système CHESCO, version 2009 (RÉF. : NI-AI-V2009 EXT.xlsx).
137
REGARDS
POUR SOUTENIR
RENOUVELÉS
UNE RÉFLEXION
SUR LA TRANSITION
SUR LES DEVOIRS
ENTRE LE
À L’ÉCOLE
SECONDAIRE
PRIMAIRE
ET LE COLLÉGIAL
TABLEAU 11 Répartition, en nombre, des nouveaux inscrits au collégial et des autres élèves inscrits
pour la première fois dans un programme de DEC donné, à l’enseignement ordinaire,
au trimestre d’automne, selon le type de formation du programme d’études conduisant
à l’obtention d’un DEC, ensemble du réseau collégial
1. Nouveaux inscrits.
2. Autres inscrits.
Source : MELS, Direction générale des affaires universitaires et collégiales, Direction de l’enseignement collégial,
Système CHESCO, version 2009 (RÉF. : NI-AI-V2009 EXT.xlsx).
138
ANNEXE 2
Provenance 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
des inscrits au DEC (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%)
DES (secteur des jeunes
89,8 88,6 88,2 87,5 87,3 86,2 85,6 85,7 85,8 85,9 86,2
en continuité de formation)
DES (secteur des jeunes en
5,5 6,5 6,8 7,2 7,2 7,6 7,1 6,7 6,2 6,2 5,8
non-continuité de formation)
DES (secteur des adultes en
2,1 2,0 2,1 2,2 2,2 2,8 3,3 3,7 3,6 3,2 3,3
continuité de formation)
DES (secteur des adultes en
0,5 0,6 0,5 0,6 0,6 0,6 0,7 0,8 0,8 0,7 0,7
non-continuité de formation)
DEP (en continuité
0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
de formation)
DEP (en non-continuité
0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
de formation)
Autres (dossier absent, sans
sanction précollégiale, autre 2,1 2,3 2,4 2,5 2,7 2,8 3,3 3,1 3,6 3,9 3,9
sanction professionnelle)
TOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Provenance
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
des inscrits au DEC
139
REGARDS
POUR SOUTENIR
RENOUVELÉS
UNE RÉFLEXION
SUR LA TRANSITION
SUR LES DEVOIRS
ENTRE LE
À L’ÉCOLE
SECONDAIRE
PRIMAIRE
ET LE COLLÉGIAL
TABLEAU 14 Nombre de DEP obtenus par les nouveaux inscrits au DEC1 dans un établissement
du réseau collégial, à l’enseignement ordinaire, deux ans après la durée prévue des études collégiales,
cohortes 1999 et 2002
1999 2002
2
Nb DEP Nb NI % DEP Nb DEP Nb NI % DEP
Préuniversitaire 795 30 518 2,6 % 755 28 095 2,7 %
Technique 1 215 17 065 7,1 % 1 066 14 691 7,3 %
SAI ou transition 504 4 172 12,1 % 614 4 777 12,9 %
Total 2 514 51 755 4,9 % 2 435 47 563 5,1 %
140
ANNEXE 3
ANNEXE 3
EXEMPLE D’UN SCHÉMA DES COMPÉTENCES D’UNE DISCIPLINE
AVEC COMPOSANTES ET ÉLÉMENTS D’EXPLICATION
141
REGARDS
POUR SOUTENIR
RENOUVELÉS
UNE RÉFLEXION
SUR LA TRANSITION
SUR LES DEVOIRS
ENTRE LE
À L’ÉCOLE
SECONDAIRE
PRIMAIRE
ET LE COLLÉGIAL
ANNEXE 4
CHEMINEMENT SCOLAIRE EN SCIENCE ET TECHNOLOGIE
AU 2E CYCLE DU SECONDAIRE
142
ANNEXE 5
ANNEXE 5
DÉROULEMENT ET MÉTHODOLOGIE DE L’ENQUÊTE AUPRÈS DES COLLÈGES
L’enquête dans les collèges sur les enjeux et les défis liés à l’articulation entre le secondaire et le
collégial ainsi que sur les initiatives prises pour assurer une transition harmonieuse s’est déroulée
en deux étapes.
La première étape était constituée d’un questionnaire adressé aux directions des études des
établissements publics et privés subventionnés ainsi que des écoles gouvernementales. Ce
questionnaire demandait aux collèges de déterminer, selon eux, les enjeux et les défis à relever pour
chacun des trois aspects retenus en vue d’analyser la question des transitions, c’est-à-dire l’articulation
entre les structures des deux ordres d’enseignement, l’arrimage entre les contenus disciplinaires du
secondaire et du collégial, et la prise en compte des acquis scolaires des jeunes, soit l’ensemble
des connaissances et des compétences acquises et développées au secondaire. Les personnes
qui ont répondu aux questionnaires faisaient partie de la direction des études; parfois, c’était le
directeur ou la directrice qui répondait, ou d’autres fois, des directeurs adjoints ou des conseillers
pédagogiques responsables de ce sujet dans le collège.
Cette première étape s’est déroulée à l’automne 2008. Soixante-dix questionnaires ont été acheminés
dans les collèges par courriel le 28 octobre 2008 et les répondants avaient trois semaines pour y
répondre, c’est-à-dire jusqu’au 17 novembre. Des rappels ont été faits par la suite et le délai a été
prolongé jusqu’au 12 décembre. En date du 9 janvier 2009, 40 questionnaires étaient remplis, soit un
pourcentage de 57 %. Les cégeps ont pour leur part répondu dans une proportion de 68 %.
L’objectif du questionnaire était, d’une part, de cerner, pour chaque collège, les enjeux liés au contexte
de la transition entre le secondaire et le collégial et, d’autre part, de connaître les initiatives qui ont
été prises ou qui étaient envisagées pour relever ces défis jusqu’au moment de l’arrivée au collégial
des jeunes issus du renouveau pédagogique, en août 2010.
143
POUR SOUTENIR
REGARDS UNE RÉFLEXION
RENOUVELÉS SUR LES DEVOIRS
SUR LA TRANSITION À L’ÉCOLE
ENTRE LE PRIMAIRE
SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
Dans chaque établissement visité, il y a eu trois groupes de discussion, sauf dans un cas où il n’y
en a eu que deux. Les groupes de discussion comprenaient entre sept et treize personnes. Un des
groupes était composé d’enseignants provenant de programmes préuniversitaires et de la
formation générale. Le deuxième groupe comprenait des enseignants de programmes techniques
et le troisième groupe était formé de cadres et de professionnels affectés au développement
pédagogique, au cheminement scolaire et aux services aux étudiants. Chacun des groupes devait
être formé idéalement d’un nombre comparable d’hommes et de femmes, d’enseignants comptant
moins de cinq ans d’expérience, d’enseignants ayant entre cinq et quinze ans d’expérience et
d’enseignants comptant plus de quinze ans d’expérience. De plus, ces enseignants devaient
provenir de programmes d’études variés.
Dix-sept groupes de discussion se sont tenus entre le 18 février et le 11 mars 2009 dans six
établissements d’enseignement collégial. Ces groupes ont permis d’entendre 160 personnes, dont
98 enseignantes et enseignants, 62 provenant de programmes préuniversitaires et de formation
générale et 36 de programmes techniques ainsi que 62 cadres et professionnels, dont 25 cadres et
37 professionnels.
Les participants aux groupes de discussion étaient en majorité des femmes (90 sur 160) et les
personnes présentes avaient dans l’ensemble autour de vingt ans d’expérience. Cela variait selon
les établissements. Il faut noter que les groupes ont été constitués par les répondants de chacun
des établissements et que chez les enseignants, il y avait beaucoup de responsables ou d’adjoints
de la coordination départementale. Parmi ceux-ci, plusieurs siégeaient aussi à la commission des
études du collège. On peut penser que ces personnes ont été recrutées pour leur expérience et
pour leur représentativité du milieu.
La durée des séances s’étendait entre 1 h 45 minutes et 2 h 30 minutes. L’animation des groupes
était de type semi-directif. Un guide de discussion avait été établi pour l’ensemble des groupes.
Cinq étapes composaient chaque rencontre. La première consistait à recueillir les réactions
spontanées des participants sur l’affirmation de l’arrivée d’une nouvelle cohorte d’étudiants issus
du renouveau pédagogique au secondaire à compter de l’automne 2010. Pour la seconde étape,
les participants devaient lire un document d’une page présentant les aspects retenus par le Conseil
pour l’analyse de la transition entre le secondaire et le collégial et ils devaient noter sur une feuille
les enjeux, les défis et les problèmes qu’ils entrevoyaient pour chacun de ces aspects. Un certain
laps de temps leur était réservé pour écrire leurs propos. Puis, l’animateur demandait à chaque
participant de faire part des enjeux et des défis qu’ils avaient notés. Parfois, cela prenait vraiment
la forme d’enjeux, de défis et de problèmes, mais parfois, c’était plutôt des craintes, des
appréhensions ou même des questionnements. La troisième étape consistait à cerner les deux
enjeux prioritaires parmi les enjeux nommés, leur nombre variant en règle générale entre 15 et 22,
dont certains se recoupaient. Puis, à la quatrième étape, il leur était demandé quelles seraient les
actions à prendre, ou celles déjà prises, pour relever ces défis. Et enfin, il leur était demandé
d’établir les responsabilités respectives de chacun des acteurs pour relever ces défis et aplanir les
embûches qu’ils avaient pu surmonter. En conclusion, chacun était invité à faire part de ce qu’ils
avaient retenu de la discussion.
144
CONSEIL SUPÉRIEUR DE L’ÉDUCATION
145
MEMBRES DE LA COMMISSION DE L’ENSEIGNEMENT COLLÉGIAL
Stéfanie TREMBLAY
Étudiante et présidente
Association générale
des étudiantes et des étudiants
Cégep de Jonquière
Marie-Claude VEILLEUX
Conseillère pédagogique
Cégep de l’Outaouais
Gaye WADHAM
Aide pédagogique individuelle
Directrice adjointe, section anglophone
Cégep de la Gaspésie et des Îles
146
MEMBRES DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L’ÉDUCATION
LES MEMBRES
DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L’ÉDUCATION*
PRÉSIDENTE Linda MÉCHALY
Nicole BOUTIN Directrice
École primaire Murielle-Dumont
MEMBRES Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys
Dyane ADAM Louise MILLETTE
Consultante en gestion et gouvernance Directrice
Département des génies civil,
Diane ARSENAULT géologique et des mines
Directrice générale
École Polytechnique de Montréal
Commission scolaire des Îles
Louise PARADIS
Rachida AZDOUZ Cadre
Vice-doyenne Commission scolaire du Lac-Saint-Jean
Faculté d’éducation permanente
Université de Montréal Bernard ROBAIRE
Professeur
Claire BERGERON Département de pharmacologie
Parent et de thérapeutique
Commission scolaire du Lac-Saint-Jean Faculté de médecine
David D’ARRISSO Université McGill
Étudiant J. Kenneth ROBERTSON
Doctorat en administration de l’éducation Directeur général
Faculté des sciences de l’éducation Champlain Regional College
Université de Montréal
Édouard STACO
Pierre DORAY Parent
Professeur Directeur des ressources technologiques
Centre interuniversitaire de recherche Cégep de Saint-Laurent
sur la science et la technologie (CIRST)
Université du Québec à Montréal Amine TEHAMI
Cadre
Danielle GAGNON Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys
Enseignante au secondaire
Claire VENDRAMINI
École Pointe-Lévy
Enseignante au préscolaire
Commission scolaire des Navigateurs
École Saint-André
Keith W. HENDERSON Commission scolaire de l’Énergie
Directeur général (à la retraite)
Alain VÉZINA
Cégep John Abbott
Directeur général adjoint
Amir IBRAHIM Commission scolaire des Affluents
Coordonnateur des services éducatifs
et responsable de la sanction MEMBRE ADJOINT D’OFFICE
des études (à la retraite) Raymond SARRAZIN
Commission scolaire Lester-B.-Pearson Sous-ministre adjoint
Ministère de l’Éducation,
Claire LAPOINTE
du Loisir et du Sport
Professeure
Faculté des sciences de l’éducation
SECRÉTAIRE GÉNÉRALE
Université Laval
Josée TURCOTTE
Édouard MALENFANT
Directeur général _______________
Externat Saint-Jean-Eudes * Au moment de l’adoption de l’avis.
147
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
148
CONSEIL SUPÉRIEUR DE L’ÉDUCATION
149
REGARDS RENOUVELÉS SUR LA TRANSITION ENTRE LE SECONDAIRE ET LE COLLÉGIAL
ÉTUDES ET RECHERCHES
Recueil statistique en complément de l’avis Les mesures d’encadrement des élèves
Des acquis à préserver et des défis à au secondaire (janvier 2004)
relever pour les universités québécoises
(mai 2008) L’état de situation et les prévisions de
renouvellement du corps professoral dans
L’accès à la recherche en enseignement les universités québécoises (janvier 2004)
et son utilisation dans la pratique : résultats
d’une enquête auprès des enseignants Diversité, continuité et transformation du
et des enseignantes du préscolaire, du travail professoral dans les universités
primaire et du secondaire (décembre 2005) québécoises (1991 et 2003) (janvier 2004)
2005-2006 2000-2001
Agir pour renforcer la démocratie scolaire La gouverne de l’éducation :
(décembre 2006) logique marchande ou processus politique?
(décembre 2001)
2004-2005
Le dialogue entre la recherche et la pratique 1999-2000
en éducation : une clé pour la réussite Éducation et nouvelles technologies :
(mai 2006) pour une intégration réussie dans l’enseignement
et l’apprentissage
2003-2004 (décembre 2000)
L’éducation à la vie professionnelle :
valoriser toutes les avenues 1998-1999
(janvier 2005) L’évaluation institutionnelle en éducation :
une dynamique propice au développement
2002-2003 (décembre 1999)
Renouveler le corps professoral à l’université :
des défis importants à mieux cerner
(décembre 2003)
150
151
Vous pouvez consulter le présent avis
sur le site Internet du Conseil supérieur de l’éducation :
http://www.cse.gouv.qc.ca
par téléphone :
418 643-3851 (boîte vocale)
par télécopieur :
418 644-2530
par la poste :
1175, avenue Lavigerie, bureau 180
Québec (Québec) G1V 5B2
152