Le Personnage de La Princesse
Le Personnage de La Princesse
Le Personnage de La Princesse
jeunesse
Justine Taverne
UE3 MEMOIRE
SEMESTRE 4
SESSION 1
Introduction……………………………………………………………………………………………………………………………………….2
Critiques et analyse……………………………………………………………………………………………………………………….24
V/ Dispositif
Le dispositif a-t-il été efficace pour faire émerger le stéréotype de la princesse ?…………………..…….34
Le dispositif a-t-il été efficace pour prendre conscience du fait que le stéréotype peut être repris sur
le mode du détournement ?..................................................................................................................41
Choix du corpus………………………………………………………………………………………………………..……41
Choix et durée de la démarche………………………………………………………………………………………42
Retour des élèves, débats………………………………………………………………………………………………43
o Résultats du questionnaire final………………………………………………………………………..43
o Débat sur l’évolution du personnage de la princesse…………………………………………46
Conclusion………………………………………………………………………………………………………………………………………..47
Bibliographie…………………………………………………………………………………………………………………………………….49
Annexes……………………………………………………………………………………………………………………………………………52
1
Introduction
Quand j’ai du choisir un sujet de mémoire en littérature, j’ai décidé de m’intéresser à un
personnage rencontré assez régulièrement en littérature de jeunesse, à savoir la princesse. La
princesse à laquelle je m’intéresse est celle issue de la littérature de jeunesse contemporaine,
bien que d’autres princesses aient aussi été étudiées pour construire ce mémoire de recherche.
Plus généralement, je me suis focalisée sur les stéréotypes gravitant autour de ce personnage.
Au fil de mes recherches, ma problématique s’est plus clairement définie. En effet, j’ai voulu
articuler plusieurs axes autour de ce mémoire.
Voici les différentes étapes qui seront présentées dans ce mémoire et qui nous permettront de
trouver des pistes de réponses à cette question.
Dans un premier temps, nous ferons une analyse des contes traditionnels à travers deux
aspects : leurs caractéristiques et les caractéristiques du personnage de la princesse dans ces
contes. Pour cela, nous nous appuierons sur des contes d’auteurs tels que Charles Perrault, les
frères Grimm ou encore Hans Christian Andersen.
Ensuite, nous présenterons, en nous appuyant sur plusieurs auteurs, le mythe de la princesse.
Ce terme (« mythe ») est utilisé notamment par l’auteur Hélène Montardre. Si nous nous
appuyons sur la définition de ce mot, un mythe est un « ensemble de croyances, de
représentations idéalisées autour d’un personnage. »1. Et c’est bien de cela que nous parlons
1
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2
avec la princesse puisque, comme il sera expliqué dans cette partie, un certain nombre de
caractéristiques sont associées à ce personnage qui devient donc une représentation idéalisée
dans l’imaginaire collectif. Ce mythe est en effet construit autour de plusieurs caractéristiques
qui seront plus amplement développées, à savoir : la blondeur et la beauté, la solitude,
l’attente et la tristesse, et la fuite.
Puis, nous nous focaliserons sur le personnage de la princesse dans la littérature de jeunesse
contemporaine en étudiant deux aspects : la comparaison entre les princesses classiques et les
princesses modernes et les caractéristiques propres aux princesses contemporaines. Pour cela,
je m’appuierai à la fois sur mon corpus d’albums de littérature de jeunesse, mais aussi sur des
contes traditionnels.
La partie suivante sera consacrée à la place du stéréotype dans la littérature de jeunesse. Nous
verrons alors quel est le rôle de ces stéréotypes pour les lecteurs, les risques pour les plus
jeunes d’entre eux qui pourraient développer des préjugés, des tensions et des clivages entre
les individus. Nous parlerons également de l’étude du stéréotype à l’école : les intérêts de les
étudier, la manière de le faire et surtout, les fins et objectifs de cet apprentissage à l’école,
pour les élèves.
Enfin, nous présenterons la mise en place du dispositif dans une classe de CE2. Nous
commencerons, dans cette partie, par décrire et expliquer ce dispositif mis en œuvre avec des
élèves puis, nous nous poserons les deux questions suivantes : le dispositif a-t-il été efficace
pour faire émerger le stéréotype de la princesse et a-t-il été efficace pour prendre conscience
du fait que le stéréotype peut être repris sur le mode du détournement ? Pour répondre à ces
questions, nous analyserons l’encrage du stéréotype chez les élèves, le choix du corpus, la
démarche utilisée et les retours des élèves par les échanges et débats en classe.
3
I/ Les contes traditionnels
Les contes, et plus particulièrement les contes merveilleux -ceux auxquels nous nous
intéressons ici- ont des caractéristiques communes que nous pouvons identifier.
Le conte est un récit plutôt court, accessible à tout le monde. C’est un genre optimiste : les
histoires finissent généralement bien. Cependant, elles peuvent être aussi violentes en
abordant par exemple le thème de la mort, de la maltraitance ou de l’abandon ; et elle peut
même se terminer de façon dramatique, ce qui est le cas pour Le petit Chaperon rouge. Cela
s’explique sans doute par le fait qu’avant le XVIIème siècle, les contes étaient plutôt destinés
aux adultes. C’est depuis cette époque que le public privilégié de ce genre d’histoire est
devenu un public d’enfants.
Bien que les contes d’auteurs comme Charles Perrault, Jacob et Wilhelm Grimm ou encore
Hans Christian Andersen, que nous connaissons tous, ont été écrits entre le XVIIème et le
XIXème siècle, l’origine de ces histoires est très ancienne. En effet, les premiers contes
auraient vu le jour plusieurs siècles avant Jésus-Christ ; des contes égyptiens datant du
XIIIème siècle avant Jésus-Christ ont été retrouvés. Les contes viennent des mythes et des
légendes. Qu’elles soient réelles ou inventées, ces histoires ont d’abord été transmises à l’oral
2
http:/www.cafe.umontreal.ca/genres/n-conte.html
4
et ont donc beaucoup voyagé. « Le rôle du conte, c’est de cimenter la communauté ».3 A
l’époque, des veillées sont organisées où ces histoires sont contées. Elles se sont propagées
dans divers pays, peuples, cultures et époques. On sait que les contes étaient présents dans la
littérature médiévale par exemple, mais aussi en Italie pendant la période de la Renaissance.
Les contes dont nous parlons ici constituent en fait un sous-genre du conte, à savoir, le conte
merveilleux. Les auteurs Vladimir Propp et Daniel Fabre en ont révélé quelques
caractéristiques. Tout d’abord, Vladimir Propp explique :
« L’action du récit qui se révéla constituée de trente et une fonctions organisées en une
séquence temporelle et logique que des personnages mettent en œuvre. Tout le reste : les noms
et attributs des protagonistes, leurs actes, leurs discours, les objets et cadres de l’action…
n’étaient que réalisations variables de la morphologie pérenne du conte merveilleux ».4
Il explique donc ici que le conte merveilleux présente une structure immuable. Pour lui, les
auteurs font varier les noms des personnages, ce qu’ils disent, ce qu’ils font, etc., mais
l’histoire s’inscrit toujours dans une même structure avec un certain nombre de fonctions, de
caractéristiques qui ne changent pas. L’auteur parle notamment de ce qu’il appelle « la
succession royale » : « [Le conte] s’ouvre et s’achève par la mise en scène des coutumes de la
royauté archaïque »5. En effet, il n’est pas rare de voir par exemple un personnage, le héros,
commençant l’histoire en tant que prince et la finissant en tant que roi. Pour cela, et c’est ce
qu’affirme Vladimir Propp, les contes suivent une structure narrative définie clairement. Tout
d’abord, la présence d’un héros ou d’une héroïne qui est emprunt au malheur ou sur lequel
s’est abattue une malédiction. S’en suit alors une série d’épreuves, d’obstacles à franchir, en
somme la quête du héros. L’auteur parle ici de « l’initiation juvénile ». C’est ce qui forme les
jeunes (hommes généralement) avec ce périple semé d’embuches. Il part en voyage avec une
quête précise, qui peut d’ailleurs être la princesse elle-même. Ce périple s’achève par une
situation finale stable : « Il épouse la princesse après avoir accompli les difficiles épreuves et
c’est là qu’il règne »6. Pour l’auteur, c’est tout ce cheminement qui fait passer le héros ou
l’héroïne de l’enfance à l’âge adulte.
Les contes merveilleux comportent des éléments féeriques, magique. Ce peuvent être les
personnages, mais ce n’est pas toujours le cas.
3
http://www.cafe.umontreal.ca/genres/n-conte.html
4
Propp Vladimir et Fabre Daniel, « Les Racines historiques du conte merveilleux », Le Débat, 1982/2 n° 19, p.
146-160. DOI : 10.3917/deba.019.0146, p.3
5
Propp Vladimir et Fabre Daniel, op.cit., p.7
6
Propp Vladimir et Fabre Daniel, op.cit., p.8
5
Les personnages des contes merveilleux sont reconnaissables par plusieurs caractéristiques.
Tout d’abord, ce sont généralement des personnages qui sont unidimensionnels, à savoir
qu’ils n’ont qu’une seule facette. Les personnages gentils au début de l’histoire, le restent
généralement jusqu’à la fin, tout comme les personnages méchants. Ils sont aussi souvent
reconnaissables par leur statut, et en particulier leur statut social. Ils sont rois, reines, princes
ou princesses ; ou au contraire issus de familles très pauvres. Ce clivage est très fréquent dans
les contes, tout comme celui qui existe entre les personnages dits « bons » et ceux qui au
contraires sont « mauvais » ou « méchants ».
Les thèmes présents dans les contes sont eux aussi récurrents : la famille, le manque,
l’interdiction, la transgression, la quête ou encore le mariage. Le personnage principal qui est
le héros de l’histoire, est généralement face à une situation de manque de quelque chose. C’est
la situation initiale. Il va alors chercher à réparer, combler ce manque par une quête où il aura
un nombre certain d’obstacles à surmonter. Mais le dénouement sera, dans la plupart du
temps, heureux, avec parfois un mariage et des enfants.
6
Caractéristiques du personnage de la princesse dans ces contes
traditionnels
Pour faire apparaître les caractéristiques du personnage de la princesse dans les contes
traditionnels, choisissons-en trois : Blanche-Neige7, Cendrillon8 et La belle au bois dormant9.
Dans un premier temps, ce qui les caractérise, c’est leur beauté. Dans les trois œuvres, les
qualificatifs « jolie » ou « belle » sont utilisés dans les premières phrases. C’est d’ailleurs
souvent la première chose qui les décrit : leur beauté. Cette beauté extérieure est souvent
associée à des qualités de cœur : Cendrillon est « bonne », La belle au bois dormant est
« modeste », « bonne » et « bienveillante ». Ces qualités sont souvent opposées aux défauts
d’autres personnages : les « méchants » ou plutôt ici les « méchantes ». Les princesses ne
vivent jamais tranquillement, en tous les cas au début de l’histoire. Elles sont jalousées, un ou
plusieurs personnages leur veulent du mal. C’est l’opposition entre la « bonne » princesse et
la « mauvaise » ou la « méchante » reine, marâtre, fée. Dans Blanche-Neige, la « méchante »
est à la fois la marâtre et la reine. Elle est poussée par sa jalousie vis-à-vis de la beauté de
Blanche-Neige. Cendrillon, quant à elle, fait face à sa marâtre et à ses demi-sœurs. Enfin, La
belle au bois dormant a reçu la malédiction d’une méchante fée.
On remarque aussi que ces princesses sont souvent cloîtrées à l’intérieur. Blanche-Neige
rencontre les sept nains et passe ses journées à faire le ménage et la cuisine. La belle au bois
dormant arpente le château dans lequel elle vit. Cendrillon effectue, chaque jour, toutes les
tâches de la maison. C’est à partir du moment où elle va sortir que les choses vont changer
pour elle : sorties sur la tombe de sa mère et au bal qui vont bouleverser le cours de son
existence.
On peut aussi dire que ces princesses, une fois touchées par la malédiction, sont souvent dans
l’attente, passives, elles ne peuvent résoudre leurs situations par elles-mêmes. Blanche-Neige
et La belle au bois dormant attendent dans le sommeil qu’on vienne les délivrer, Cendrillon
attend que le prince la retrouve grâce à sa pantoufle de verre. Délivrer la princesse devient
alors la quête d’un prince. Ce dernier n’est pas un personnage central de ces histoires. On ne
7
Grimm Wilhelm et Jacob, Blanche-Neige, in recueil Contes de l’enfance et du foyer, 1812.
8
Perrault Charles. Cendrillon. Grasset, 1983.
9
Perrault Charles, Contes de Perrault. Editions Garnier-Paris, 1956.
7
connaît presque rien sur lui, pas même son nom. Tout ce que l’on sait c’est qu’il vient pour
délivrer la princesse. C’est son rôle.
Les trois princesses sont sauvées par l’amour de leurs princes. Pour les trois également, cela
se termine par un mariage et une promesse de bonheur futur.
Enfin, chez Blanche-Neige et Cendrillon, on peut voir aussi que les « bonnes » princesses sont
récompensées par l’amour, le mariage, le bonheur ; alors que les « mauvais » personnages de
l’histoire sont punis : la méchante reine de Blanche-Neige doit porter des souliers brûlants et
danser avec jusqu’à ce qu’elle meure, tandis que les demi-sœurs de Cendrillon se font crever
les deux yeux par des oiseaux et deviennent définitivement aveugles.
8
II/ Le mythe de la princesse
Les princesses, dont nous venons de parler, font souvent rêver les lecteurs et lectrices. Comme
le relève Hélène Montardre dans son article Du conte au roman : le mythe de la princesse
dans la littérature de jeunesse10, ces princesses ont des points communs et plus
particulièrement trois aspects qu’elles partagent. Nous allons les présenter ici.
La blondeur et la beauté
Le premier de ces aspects est désigné par l’auteure par « le caractère cheveux blonds ». Elle
précise que dans l’imaginaire collectif, et plus particulièrement celui des occidentaux, les
princesses sont blondes. Ce stéréotype, toujours selon l’auteure, vient de l’époque du Moyen-
âge et de l’amour courtois où les jeunes filles nobles étaient blondes à la peau blanche, en
opposition aux paysannes qui avaient les cheveux plus foncés et la peau plus hâlée. La
princesse, dans l’imaginaire et pour les lecteurs est dotée d’énormément de qualités de cœur,
d’où d’ailleurs découlent sa beauté et sa blondeur. L’auteure ajoute enfin que : « C’est un
attribut qui renvoie à une image mythique : celle de la princesse des contes de fées, qui est
aussi la femme idéale à laquelle rêvent les jeunes princes »11.
Cet aspect est toutefois à nuancer. Pour cela, utilisons quelques illustrations.
10
Montardre Hélène. Du conte au roman : le mythe de la princesse dans la littérature de jeunesse. Imaginaire
& Inconscient, 2002/3 n°7, p.119-127.
11
Montardre Hélène, op.cit., p.121
9
La première illustration est une peinture de la princesse du conte La princesse et la grenouille
réalisée par William Robert Symonds en 1894. La seconde est issue du livre des frères Grimm
intitulé Grimm’s fairy tales. L’illustration a été réalisée pour le conte The twelve dancing
princesses par Helen Stratton en 1903. Enfin, la dernière illustration provient du conte The
frog prince et date de 1889.
Ces trois illustrations représentent donc des princesses et ont été réalisées entre la fin du
XIXème siècle et le début du XXème siècle.
On peut remarquer des points communs entre toutes ces princesses. Elles ont en effet toutes
les quatre des cheveux longs et blonds et la peau très blanche. Elles sont belles et élégantes.
Ces trois illustrations vont donc confirmer cet aspect blondeur et beauté dont parle Hélène
Montardre dans son article.
Cependant, si nous prenons cette illustration de Blanche-Neige par Franz Jüttner en 1905, on
remarque que la princesse a la peau très blanche, elle est belle, a de longs cheveux mais ils ne
sont pas blonds.
Allons maintenant quelques années plus tard. Nous ne pouvons pas parler de princesses sans
parler de Disney. En effet, nombre de dessins animés produits par Disney reprennent les
contes traditionnels des frères Grimm et autres et exploitent donc le personnage de la
princesse. Voyons donc comment cette dernière y est représentée.
10
Cette image représente dix célèbres princesses issues des dessins animés produits par Disney.
Sur ces dix princesses, seulement trois sont blondes : La belle au bois dormant, Raiponce et
Cendrillon.
Le caractère « cheveux longs » est encore d’actualité chez toutes les princesses. Cependant, ce
n’est pas le cas pour la couleur des cheveux et même pour la couleur de la peau.
Si nous nous appuyons sur les propos d’Hélène Montardre rapportés précédemment et qui
nous expliquaient que la couleur blanche de la peau pour les princesses venait d’un stéréotype
11
remontant au Moyen-âge, il est vrai que dans le dessin animé, Tiana n’est pas une princesse.
Le prince -transformé en grenouille- pense qu’elle l’est mais elle n’en a en fait pas le statut ni
la richesse qui l’accompagne. D’où le parallèle avec le Moyen-âge et les paysannes aux
cheveux foncés et à la peau hâlée.
Notons tout de même qu’elle finit par accéder au rang de princesse en épousant le prince.
Cette princesse à la couleur de peau noire constitue donc un réel changement par rapport aux
princesses traditionnelles.
Voici quelques unes des princesses issues du corpus d’album de littérature de jeunesse que
j’ai constitué et que je présenterai plus tard.
On peut voir ici de réels changements. Les cheveux ne sont plus vraiment longs, parfois
même courts. La peau n’est plus très blanche et quand elle l’est, la princesse fait en sorte de
retrouver des couleurs ; c’est le cas de Flocon d’Argent : princesse moderne12. Sur ces cinq
princesses, une seule est blonde.
Enfin, la beauté n’est plus forcément une caractéristique pour ces princesses, qui ont même
des défauts physiques. Nous en parlerons plus loin dans ce mémoire.
12
Pourtau Corine. Flocon d’argent : princesse moderne. Hatier, 2003.
12
La solitude, l’attente et la tristesse
Le deuxième aspect commun à toutes ces princesses est ce que l’auteure appelle « le thème de
l’attente ». Elle explique derrière ce terme que les princesses se contentent généralement
d’être belles et sont le plus clair du temps en position d’attente. Elle ajoute même : « lorsque
le héros arrive, il n’a plus qu’à la cueillir »13. La princesse est utilisée ici comme
« l’aboutissement de la quête du prince »14. Elle attend son arrivée ou son retour, souvent
enfermée.
C’est par exemple le cas de la princesse Raiponce (voir illustration ci-dessus) issue du conte
Raiponce15 des frères Grimm.
La princesse, enfermée dans une tour par la malédiction d’une méchante sorcière, attend.
Jusqu’au jour où un prince l’entend et essaie de trouver un moyen de la secourir. Raiponce
devient alors la quête du prince charmant, son objectif. Il est actif, cherchant une solution ;
tandis que la princesse est passive, attend qu’on vienne la délivrer. Ce que le prince réussit à
faire à la fin de l’histoire.
Dans la version Disney de 2010, Raiponce est beaucoup moins passive, elle part même à
l’aventure. Seulement, ce changement se produit à l’arrivée du prince, qui est dans cette
version un bandit. Avant cela, pour elle aussi : l’attente, la solitude et la tristesse.
13
Montardre Hélène, op.cit., p.121
14
Montardre Hélène, op.cit., p.121
15
Grimm Wilhem et Jacob, Raiponce. Grasset Jeunesse, 1984
13
La fuite
Enfin, Hélène Montardre insiste également sur un troisième thème, celui de la fuite et de la
solitude. L’auteure distingue deux cas de figures mais qui aboutissent tous les deux à la même
fin : la princesse attend ou trouve son prince pour fonder une famille. Le seul avenir pour elle
réside dans le mariage et pour cela, la princesse doit être trouvée par son prince charmant.
Elle restedonc cloîtrée, enfermée à l’intérieur ; intérieur qui représente pour l’auteure les lois,
les coutumes et l’autorité. Tant que la princesse est seule et enfermée, elle est encore une
enfant. C’est seulement quand son prince la trouvera qu’elle deviendra une femme, avec
notamment le mariage et la maternité qui clôturent généralement ces histoires. C’est le cas
pour Blanche-Neige, Cendrillon, Raiponce et bien d’autres.
Pour les princesses qui ne veulent pas de cet avenir, la seule solution est la fuite dans la nature
et souvent, comme le précise l’auteure « la forêt est la seule ouverture pour ces jeunes filles
qui refusent les règles »16. Dans la nature, elles deviennent des êtres humains libres. Mais
pour cela, elles doivent fuir. C’est ce que l’on a pu récemment voir en 2012 avec Mérida, la
princesse héroïne du dessin animé Disney Pixar intitulé Rebelle17. La fuite est ici pour elle le
moyen de se soustraire à un mariage forcé par ses parents.
Dans les albums de littérature de jeunesse issus de mon corpus, la fuite est moins présente et
dans les cas où les princesses ne voudraient pas de princes charmants ou de mariage, elles
finissent quasiment toutes par le faire quand même à la fin de l’histoire. Nous verrons cela
dans une prochaine partie.
16
Montardre Hélène, op.cit., p.124
17
Marks Andrews, Brenda Chapman, Rebelle, Walt Disney Pictures, Pixar Animation, 2012.
14
III/ La princesse dans la littérature de jeunesse contemporaine
Pour cela, nous nous appuierons sur l’article de Sophie Bourdais intitulé Et hop ! la princesse
se métamorphosa18 et publié en 2010. Elle y fait un inventaire des caractéristiques des
princesses d’hier comparées à celles d’aujourd’hui à travers quatre items : les qualités
physiques et morales, le style princesse, la distribution des rôles et enfin l’item « Mariage,
bonheur, enfants ».
Concernant le premier item, l’auteure explique que les princesses d’autrefois sont jeunes et
belles et si ce n’est pas le cas, c’est qu’elles sont victimes d’un enchantement. C’est le cas par
exemple pour la princesse Fiona issue du dessin animé Shrek19. La princesse est enchantée et
se transforme toutes les nuits en ogresse. Seul un prince charmant peut la délivrer de cet
enchantement.
La beauté physique des princesses reflète toujours leur beauté intérieure, leurs qualités de
cœur. En effet, la beauté des princesses est souvent soulignée dès les premières lignes de
l’histoire. En voici quelques exemples :
- « la reine donna le jour à une petite fille si jolie que le roi fut rempli de joie »20
extrait de La belle au bois dormant des frères Grimm ;
- « Madame la reine, vous êtes la plus belle ici, mais Blanche-Neige est mille fois plus
belle que vous. »21 extrait de Blanche-Neige des frères Grimm ;
- « Raiponce était une fillette, et la plus belle qui fut sous le soleil »22 extrait de
Raiponce des frères Grimm.
18
Bourdais Sophie. Et hop ! la princesse se métamorphosa. Télérama, décembre 2010, n°3177.
19
Adamson Andrew, Jenson Vicky, Shrek, DreamWorks, 2001.
20
Grimm Wilhem et Jacob, Le roi Grenouille et autres contes. Livre de poche jeunesse, 1984.
21
Grimm Wilhelm et Jacob, Blanche-Neige, in recueil Contes de l’enfance et du foyer, 1812.
22
Grimm Wilhem et Jacob, Raiponce. Grasset Jeunesse, 1984.
15
Cette apparence physique est en effet associée à des qualités de cœur : les princesses sont
vertueuses et « bonnes ». Les princesses d’aujourd’hui peuvent être belles mais ce n’est pas
toujours le cas. De plus, comme le précise l’auteure : « la seule beauté intérieure ne fait guère
recette »23.
Ensuite, l’auteur parle du « style princesse » des princesses classiques, à savoir : des
princesses élégantes avec de longs cheveux blonds, portant des robes et des bijoux.
Aujourd’hui, « les princesses en ont assez d’arborer des robes encombrantes et des chevelures
interminables »24. Nous avons déjà parlé du caractère « cheveux longs et blonds »
précédemment. Ce caractère n’est pas forcément remarquable dans le corpus d’albums de
littérature de jeunesse que j’ai constitué et qui rassemble des princesses d’aujourd’hui. En
effet, comme nous l’avons déjà fait remarquer, elles ne correspondent pas forcément aux
critères des princesses classiques. Elles n’ont pas toutes de longs cheveux blonds, ni la peau
très blanche, ne sont pas toutes belles, ne portent pas toutes de bijoux ou des robes.
L’auteure explique aussi que la princesse classique attend que son prince arrive pour la
sauver, ou l’épouser. C’est d’ailleurs ce que nous avons développé dans une partie précédente.
Elle est donc très passive contrairement aux princesses du XXIème siècle qui ne tiennent plus
en place.
Nous en avons aussi déjà parlé, le dénouement d’une histoire de princesse est connu : le
mariage « promesse de bonheur éternel ». Sophie Bourdais explique que ce n’est plus le cas
aujourd’hui dans la littérature de jeunesse : les comportements amoureux et les structures
familiales ont changé. Elle ajoute même que certaines de ces princesses « militent pour le
célibat ». C’est en fait un aspect plus ou moins récurent dans le corpus de livres sur lequel je
me suis appuyée. Il est vrai que les princesses classiques des frères Grimm ou de Charles
Perrault par exemple finissent souvent mariées et avec des enfants, ce qui représente le
bonheur pour elles, ce à quoi elles aspirent. Il est également vrai que certaines princesses de la
littérature de jeunesse contemporaine ne veulent pas se marier ni avoir de relation amoureuse.
C’est le cas par exemple de La princesse qui détestait les princes charmants25. Cela étant dit,
et nous le verrons dans la partie suivante, un certain nombre de princesses modernes finissent
par se marier et avoir des enfants, même si les normes en matière de prince charmant ont
quelque peu changé.
23
Bourdais Sophie, op.cit.
24
Bourdais Sophie, op.cit.
25
Thiès Paul, La princesse qui détestait les princes charmants. Castor Poche, 2000.
16
Caractéristiques des princesses contemporaines
L’horrible petite princesse26 est méchante, maltraite sa servante, veut manger son chien,
désespère ses parents et mord le docteur. Physiquement, elle ne correspond pas aux critères de
beauté habituels chez les princesses et s’en félicite.
On peut noter tout de même des références à la princesse classique : la robe rose, la couronne,
les cheveux blonds et le miroir. Cependant, la princesse a des traits grossiers ; on ne pourrait
pas la qualifier de « belle » ou « jolie » comme Cendrillon ou Raiponce.
Ce qui est plus flagrant encore sur cette illustration, c’est l’expression de son visage. Nous
avons déjà parlé des qualités de cœur des princesses classiques qui sont « bonnes » comparées
26
Nadja, L’horrible petite princesse. L’école des loisirs, 2004.
17
aux « mauvais » ou « méchants » personnages qui les jalousent. Ici, c’est la princesse elle-
même qui est le méchant personnage de l’histoire. Elle terrorise tout le monde, ses parents ne
savent plus quoi faire d’elle et elle s’en félicite. C’est en effet ce qui ressort du dialogue issu
de cette illustration : « Je suis vraiment horrible, non ? »27.
La petite princesse nulle28 est nulle en tout, n’a aucune qualité. Elle ne sait pas faire la
cuisine, ne sait ni dessiner, ni calculer. Elle est nulle en orthographe, en lecture et même en
jouets. Tout cela la différentie des princesses classiques. On ne connait pas les défauts de la
belle au bois dormant ni ceux de Blanche-Neige. Il serait impensable de les dévoiler dans
leurs histoires. Ici, la princesse est nulle, elle le sait et cela ne lui pose pas de problème
particulier.
J’ai choisi cette double page de l’album car elle évoque un moment particulier propre à la vie
de la princesse : son mariage. « Un jour arriva où il fallut la marier »29. Le mariage apparaît
ici comme quelque chose d’obligatoire. C’est le devoir des parents de marier leur fille. On
voit même que la mère ment en inventant des qualités à la princesse pour attirer des princes
charmants jusqu’au château
27
Nadja, op.cit.
28
Nadja, La petite princesse nulle. L’école des loisirs, 2006.
29
Nadja, op.cit.
18
Princesse Finemouche30 ne veut pas se marier et est amie avec des dragons. Elle fait réaliser
des défis impossibles à ses prétendants pour qu’ils prennent la fuite.
Une fois encore, ce sont les parents qui veulent le mariage de leur fille. Cela semble être un
passage obligé dans la vie d’une princesse, voir même sa seule et unique destinée.
Cependant, Finemouche finit l’histoire en ne se mariant pas. C’est la seule princesse de mon
corpus qui fait ce choix.
30
Cole Babette. Princesse Finemouche. Seuil, 1986.
19
L’auteur explique même qu’elle a été « très heureuse » toute seule. C’est un tournant pour le
personnage de la princesse qui n’a plus besoin d’un homme, d’un prince charmant pour se
réaliser. Elle construit sa vie seule et ne s’incline pas face à la pression de ses parents.
Flocon d’argent princesse moderne31 se débrouille toute seule et utilise internet. Elle a son
propre challenge et fait tout pour l’accomplir.
On retrouve quelques aspects propres aux histoires de princesses : le roi et la reine qui ne
peuvent pas avoir d’enfants, qui sont très tristes et qui font donc appel à la magie ; la
« malédiction » qui frappe la princesse : elle est toute blanche, n’a aucune couleur ; elle vît
dans un château, rêve d’un prince charmant. Mais la quête de cette princesse n’est pas
construite autour de l’attente d’un prince. Elle est active, cherche seule des solutions à son
problème.
Clémentine de l’album La princesse qui détestait les princes charmants32 ne veut pas de
prince et a un physique différent de celui des autres princesses, notamment avec des cheveux
non pas blonds mais roux.
soupirait la reine. » 33
Ici encore, la pression mise par les parents sur la princesse pour trouver un mari est
considérable. Ils ne s’inquiètent de son comportement que pour une seule et unique raison : la
peur qu’elle ne trouve pas de mari et finisse seule, sans prince charmant. Cela semble être,
encore une fois, la destinée de la princesse.
31
Pourtau Corine. Flocon d’argent : princesse moderne. Hatier, 2003.
32
Thiès Paul, La princesse qui détestait les princes charmants. Castor Poche, 2000.
33
Thiès Paul, op.cit., p.8
20
Galathée (La princesse à la gomme)34 n’est pas sage, elle fait beaucoup de bêtises. Ses parents
l’envoient à l’école Turlututu afin d’en faire une bonne princesse. Le père de Galathée la
présente de la façon suivante au directeur de l’école : « -Voici notre fille Galathée. Tâchez
d’en faire une princesse présentable »35. On voit bien ici que la présentation, l’image
véhiculée par la princesse est primordiale pour ses parents. Une fois de plus, si la princesse
n’est pas présentable, aucun prince charmant ne viendra à elle et donc pas de mariage.
Et enfin, la princesse aux petits doigts36 a un défaut physique. « Il était une fois une princesse,
qui avait de tout petits doigts boudinés »37, ainsi commence l’histoire. Cela est une réelle
rupture avec les histoires de princesses classiques. Souvenons-nous de cet extrait : « Raiponce
était une fillette, et la plus belle qui fut sous le soleil »38. Alors que les contes des frères
Grimm insistent, dès les premières lignes sur la beauté des princesses, ici c’est le contraire. Le
défaut de la princesse est révélé dès le début et c’est autour de cela que l’histoire va se
construire.
Cependant, j’ai noté aussi des points communs avec les princesses d’autrefois. Toutes ces
princesses habitent dans des châteaux, ont des servantes, des valets et surtout des princes qui
veulent les conquérir. De plus, comme nous l’avons déjà vu, la destinée que représente le
mariage est fondamentale, surtout pour les parents des princesses.
L’horrible petite princesse tombe amoureuse, certes d’un dragon et non pas d’un prince
charmant, mais elle finit par se marier et avoir beaucoup d’enfants. Comparons ce couple avec
un autre couple princesse/prince : celui de Cendrillon et son prince charmant, image extraite
du dessin animé Disney39.
34
Guillaumond Françoise. La princesse à la gomme. Magnard, 2002.
35
Guillaumond Françoise, op.cit., p.9
36
Gutman Colas. La princesse aux petits doigts. L’école des loisirs, 2012.
37
Gutman Colas, op.cit., p.7
38
Grimm Wilhem et Jacob, op.cit.
39
Geronimi Clyde, Wilfred Jackson, Hamilton Luske, Cendrillon, Walt Disney pictures, 1950.
21
Cendrillon correspond tout à fait aux critères de la princesse classique : longs cheveux blonds,
robe, beauté. Elle se marie bien entendu avec un beau prince. Aucun conte classique, à part
peut-être La belle et la bête40 ne mettrait en scène un prince ou une princesse qui ne seraient
pas beaux. Cela dit, l’exemple de La belle et la bête est à nuancer puisque la bête redevient un
beau prince à la fin de l’histoire.
Cendrillon n’a pas véritablement choisi son prince, c’est lui qui cherchait une princesse et qui
l’a choisie. L’horrible petite princesse elle, a fait le choix de son mari, qui l’a choisie
également.
Clémentine ne choisit pas non plus le prince charmant mais le bouffon du roi avec qui elle
aussi se marie. La princesse aux petits doigts choisit elle son valet pour se marier.
La différence est donc nette : même si pour six des sept princesses leur destin réside dans le
mariage et sans doute la maternité, aujourd’hui elles ont le choix, elles ne sont plus obligées
d’attendre que les princes les choisissent ou que leurs familles décident pour elles. Elles
choisissent leurs maris qui ne sont généralement pas des princes, ou en tous cas pas comme
nous nous les imaginons.
40
Madame Le Prince de Beaumont, La belle et la bête, 1740.
22
On remarque donc que même si toutes ces princesses ont des codes semblables à ceux de
leurs prédécesseurs, comme le château, la couronne, la robe, les bijoux, l’attente de l’amour,
elles sont aujourd’hui émancipées et font leurs choix.
23
IV/ La place du stéréotype dans la littérature de jeunesse
Critiques et analyse
Nous avons donc vu que, dans les contes traditionnels ou dans la littérature de jeunesse plus
contemporaine, les stéréotypes sur le personnage de la princesse sont toujours présents.
Comment ces stéréotypes présents dans la littérature de jeunesse peuvent être analysés ?
C’est ce que nous allons voir maintenant en nous appuyant sur l’article Que faire des
stéréotypes que la littérature adresse à la jeunesse ? de Max Butlen41. Ce dernier commence
par expliquer que le stéréotype « entre de façon inévitable dans la formation des jeunes
lecteurs »42. Il explique donc qu’à l’école ou ailleurs, le lecteur se forme grâce à des
personnages, des histoires véhiculant des stéréotypes. Cependant, l’auteur relève aussi les
critiques adressées à ces lectures. Il explique : « les stéréotypes peuvent présenter un caractère
nocif, déplorable et déploré quand ils nuisent aux individus pour les disqualifier sans aucune
base objective »43. Les jeunes lecteurs, en lisant ces histoires contenant des stéréotypes
peuvent alors se faire des préjugés, adhérer à des clichés sur certaines personnes par exemple
et dans ce cas, la littérature de jeunesse participe à la formation de la personne de façon plutôt
négative. Bien entendu, il y a des limites à cela. Le jeune lecteur ne prend pas au mot tout ce
qu’il lit, il a aussi un esprit critique, et c’est d’ailleurs entre autre à l’école que les occasions
se multiplient pour développer ce dernier.
Max Butlen relève un deuxième argument, à savoir : « les stéréotypes (…) renvoient aux
préjugés qui alimentent l’incompréhension, le mépris et les tensions entre individus ou
groupes sociaux »44. Evoquer et parler de stéréotypes viendrait donc à cliver les individus
dans différents groupes selon leurs caractéristiques.
Cependant, l’auteur nuance ces propos en affirmant que le statut du stéréotype n’est pas
seulement négatif, et notamment à l’école. En effet, d’après lui, un certain nombre
d’enseignants utilisent le stéréotype pour débattre, comparer des livres, les confronter. Et c’est
41
Butlen Max. Que faire des stéréotypes que la littérature adresse à la jeunesse ? Le Français aujourd’hui,
2005/2 n°149, p.45-53.
42
Butlen Max, op.cit., p.45
43
Butlen Max, op.cit., p.46
44
Butlen Max, op.cit., p.47
24
là que l’argument du stéréotype est utile et efficace puisqu’il permet cette discussion où les
élèves ont l’occasion d’exercer leur esprit critique. Il ajoutera plus loin : « Les stéréotypes
participent d’une réflexion sur l’identité sociale, et contribue à la construction de l’image de
soi et de l’image de l’autre »45. Le stéréotype apparaît donc comme un moyen pour faire
réfléchir sur soi et sur autrui.
Le lecteur doit, de toutes façons, connaître ces stéréotypes puisque les textes « peuvent s’en
jouer mais non s’en passer »46. C’est d’ailleurs ce que nous avons vu à propos de toutes nos
histoires de princesses contemporaines. Bien que les auteurs jouent avec ces stéréotypes en
créant une princesse moche par exemple, ils ne peuvent se passer de certains de ces
stéréotypes : la princesse finira presque toujours par se marier et avoir beaucoup d’enfants.
Plus le lecteur connaît ces stéréotypes et moins il aura de difficultés à entrer dans une lecture
et à s’approprier un texte. Pour l’auteur, c’est la mission de l’école primaire de favoriser ces
rencontres avec les différents stéréotypes pour permettre à l’élève de « se constituer une
bibliothèque personnelle »47. Cependant, ces stéréotypes doivent être discutés, critiqués en
classe pour développer l’esprit critique de chacun.
45
Butlen Max, op.cit., p.49
46
Amossy Ruth, Sémiologie du stéréotype, Nathan, 1991
47
Butlen Max, op.cit., p.51
25
Etude du stéréotype à l’école
Dominique Moret, dans son article Les stéréotypes dans la littérature enfantine48, explique
dès l’introduction que l’enfant, face à un livre est « confronté au monde qui lui est proposé et
peut déjà tout petit assimiler des images qui vont contribuer à construire sa propre identité »49.
Autrement dit, les albums, leurs personnages et leurs histoires participent à la construction et
au développement de l’identité de l’enfant. Plus loin l’auteur ajoute que « les personnages
présents dans les albums illustrés offrent parfois une vision sexiste des rôles sociaux »50. Et
donc, en donnant à lire ou en lisant ces livres aux enfants, sans en discuter avec eux, les
adultes contribuent, de façon consciente ou pas, à installer certains stéréotypes chez les
enfants. Le rôle de l’école, et plus particulièrement des enseignants est donc fondamental par
rapport à cette question.
Dominique Moret s’appuie d’ailleurs sur une étude de Leila Acherar51 qui explique que :
« La manière dont les enseignants se saisissent du livre et de son histoire peut contribuer à
modifier, parce qu’ils les rendent visibles, les modifications, les évolutions, les dominations,
les représentations du monde, ouvrant par-là même des brèches possibles à l’émancipation de
chacun ».52
Il faut que les personnages ou les rôles sociaux stéréotypés soient discutés, questionnés et
nuancés afin de ne pas laisser s’installer ces stéréotypes chez les enfants.
Cependant, comme le précise Anne Cordier dans son article Filles et garçons dans la
littérature de jeunesse A bas les stéréotypes53, il est « difficile de remettre en question les
représentations mentales intériorisées ». En effet, nous avons dit que les albums et les livres
participaient à l’élaboration de l’identité propre à chaque enfant. Cependant, plus les enfants
grandissent et plus les enseignants sont confrontés à des identités déjà très construites, ce qui
est normal, et surtout des stéréotypes bien ancrés.
L’auteure parle, plus loin dans son article, du rôle des garçons dans la littérature de jeunesse :
ils « ont encore tendance à apparaître dans la littérature de jeunesse comme les sauveurs du
genre humain : en effet, leur amour pour les filles aide celles-ci à trouver leur identité »54.
48
Moret Dominique, Les stéréotypes dans la littérature enfantine Comment les reconnaître dès la maternelle ?,
Analyse UFAPEC 2010, n°27.10
49
Moret Dominique, op.cit., p.2
50
Moret Dominique, op.cit., p.2
51
Acherar Leila, Filles et garçons à l’école maternelle, juin 2003.
52
Moret Dominique, op.cit., p.6
53
Cordier Anne, Fille et garçons dans la littérature jeunesse A bas les stéréotypes ? in Lille III jeunesse, 2002.
54
Cordier Anne, op.cit.
26
C’est ce dont nous avons déjà parlé précédemment : la fille, la princesse est l’objet de la quête
du garçon, le prince. Et c’est la rencontre avec ce prince qui permettra à la princesse de
s’accomplir et de construire son identité. Nous avons d’ailleurs vu que cette idée n’était pas
seulement présente dans les contes traditionnels mais aussi dans la littérature de jeunesse
contemporaine. Comment alors interroger, déconstruire ces stéréotypes chez des enfants qui y
sont confrontés depuis leur toute petite enfance ?
Pour nuancer cela, notons que même si ces stéréotypes sont profondément ancrés, Andrée
Michel dans son article Non aux stéréotypes ! Vaincre le sexisme dans les livres pour enfants
et les manuels scolaires55 explique que « plus l’enfant est jeune, moins il est armé pour
résister à l’emprise de stéréotypes qui le disposent à percevoir l’autre sexe avec des attributs,
qualités ou défauts conventionnels. »56 C’est pourquoi les enseignants, et les adultes en
général, ne doivent pas se résigner face à ces principes stéréotypés ancrés chez les élèves.
Comme le dit l’auteur, il est nécessaire « d’interroger les élèves sur un questionnement autour
du genre et des stéréotypes. (…) Des échanges et des débats sont donc indispensables pour
modifier les représentations »57.
55
Andrée Michel, Non aux stéréotypes ! Vaincre le sexisme dans les livres pour enfants et les manuels scolaires,
UNESCO, 1986.
56
Andrée Michel, op.cit., p.26
57
Andrée Michel, op.cit.
27
V/ Dispositif
Voyons maintenant quel dispositif a été mis en œuvre concrètement dans ma classe de CE2
pour aider mes recherches. Ce dispositif est imaginé en plusieurs parties que je décrirai ici
succinctement.
28
ayant le même statut : justifier.
la princesse. -Anticipation de
l’histoire.
-Description, débat
autour du personnage
de la princesse.
Séance n°6 Comparer un même 45 minutes -Discussion autour
personnage dans des d’images représentant
histoires différentes. des princesses.
-Appariement de ces
images avec des
extraits d’œuvres.
-Débats, échanges.
Séance n°7 Comprendre que le 50 minutes -Découverte du conte
personnage de la La princesse au petit
princesse peut avoir pois.
différentes facettes et -Questionnement sur
caractéristiques et l’histoire, échanges :
savoir pourquoi ce * Qu’est-ce qu’une
personnage a changé « vraie » princesse ?
au fil du temps * Comment peut être
une princesse ?
* Est-ce qu’une
princesse peut tout
faire ?
-Ecriture d’une histoire
ayant pour personnage
une princesse.
-Conclusion
Séance n°8 Savoir si les 30 minutes Répondre au
représentations des questionnaire final.
élèves ont changé.
29
Dans un premier temps, j’ai réalisé et fait passer aux élèves un questionnaire. Ce
questionnaire se trouve en annexe et porte sur les représentations initiales des élèves.
Ce questionnaire comporte six rubriques différentes. Dans la première rubrique, les élèves
devaient entourer tous les adjectifs qui leur faisaient penser à des princesses. Ces différents
adjectifs ont été trouvés dans un moteur de recherche en adjectifs. J’ai choisi des adjectifs qui
étaient ressortis de mes recherches sur les princesses classiques comme « belle », « gentille »,
« généreuse » ; mais aussi d’autres adjectifs qui représentaient davantage les princesses issues
de mon corpus d’albums de littérature de jeunesse comme « amusante », « drôle », « sale » ou
encore « horrible ». J’en ai choisi trente-deux. Je lisais à voix haute chaque adjectif que les
élèves entouraient ou barraient. Pour certains adjectifs, des explications et définitions ont été
nécessaires. Tout l’échantillon (25 élèves) a participé à ce questionnaire. Je trouve cette
question efficace en ce qui concerne la recherche des représentations initiales des élèves car le
raisonnement est direct, presque instinctif. L’adjectif est lu, la définition est donnée si besoin
et directement, les élèves donnent leur réponse : est-ce que l’adjectif peut être utilisé pour
décrire une princesse ou pas.
La deuxième rubrique portait sur des situations, neuf en tout. Ces situations sont tirées
d’histoire de princesses classiques, par exemple « La princesse attend dans sa tour son prince
charmant » ou du corpus d’albums que j’ai constitué, par exemple « La princesse est amie
avec des monstres ». Comme pour la rubrique précédente, tout l’échantillon a participé et la
tâche était identique (entourer ou barrer). Cette question fait bien entendu appel aux
connaissances que les élèves ont de ce genre d’histoires. Il est clair que si les élèves n’ont lu
que des histoires dont le personnage était une princesse classique, leurs représentations
initiales seront différentes que pour les élèves qui n’ont rencontré des princesses que dans les
dessins animés ou de ceux qui en ont rencontré dans des albums de littérature de jeunesse.
Cela dit, dans tous les cas, cette question nous renseigne sur l’image qu’ont les élèves des
princesses : pensent-ils par exemple qu’une princesse peut surfer sur internet ? (Cette situation
constitue un des items de cette question).
La troisième rubrique a été constituée dans le but d’obtenir des justifications. A chaque fois
les élèves devaient dire s’ils aimeraient lire une histoire où la princesse était ou faisait quelque
chose et pourquoi. Par exemple : « Aimerais-tu lire une histoire où la princesse est belle ?
Oui-Non. Pourquoi ? ». Si je devais refaire cette recherche, je la formulerais d’une autre
manière ou je la ferais passer à l’oral. Je pense que les élèves ont été bloqués par la phase
30
écrite. C’est la première question où une justification est demandée, où il ne faut pas
seulement entourer ou barrer un item. J’aurais, je pense, recueilli beaucoup plus
d’informations si les réponses avaient pu être données oralement. Tout cela fait que les
réponses à cette question ne sont pas forcément exploitables : soit les élèves se sont contentés
de répondre par oui ou non, ou les justifications n’étaient pas forcément claires. Je décide tout
de même de récolter ces résultats et de les inclure dans le tableau des résultats mais l’analyse
en sera difficile.
Il en est de même pour la quatrième rubrique où les élèves devaient expliquer pourquoi des
titres de livres leurs semblaient vrais ou inventés. Pour constituer cette rubrique, je n’ai utilisé
que de vrais titres d’albums de littérature de jeunesse : ceux de mon corpus. Après que les
élèves aient répondu à cette quatrième question et au vu des résultats (pas de justifications
pour la majorité des cas) de reprendre cette rubrique lors de la séance suivante en mettant les
élèves par groupes pour qu’ils en discutent. Ainsi, chaque groupe a pu faire une restitution
orale et c’est ainsi que les justifications sont apparues plus claires. Concernant le tableau des
résultats, j’ai utilisé le nombre de réponses « vrai » ou « inventé » présentes sur les
questionnaires écrits et j’ai utilisé les justifications données à l’oral et non celles de l’écrit.
J’ai bien entendu vérifié que les élèves ne changeaient pas d’avis entre l’écrit et l’oral. Cela a
été détecté pour deux élèves, je leur ai donc demandé s’ils voulaient modifier leurs réponses
écrites et cela a été fait.
Pour les deux dernières rubriques, les participants devaient écrire une petite histoire où le
personnage principal était une princesse, puis dessiner une princesse. Ces questions, trop
libres et pas assez cadrées je pense, ont posé des soucis à quelques élèves puisque la question
4 n’a été réalisée par dix-neuf participants et la question 5 par quinze participants. Il est à
noter que lorsque ces activités ont été réalisées une nouvelles fois en fin de séquence, les
élèves ont été beaucoup plus productifs, que ce soit en production d’écrit ou de dessin. C’est
pourquoi j’insisterai plus sur ce deuxième jet car peu de résultats sont exploitables concernant
le premier jet.
31
La deuxième phase de ce dispositif est l’étude en classe du corpus de littérature de jeunesse, à
savoir :
Les fiches de préparation de cette séquence de littérature sont présentes en annexe n°1.
Plusieurs princesses ont été présentées pour pouvoir les comparer, elles et leurs
caractéristiques, les confronter. Les élèves ont d’eux-mêmes parlé d’ « ancienne » et de
« nouvelle » princesses. C’est cela qui a permis une discussion autour du stéréotype que
véhicule ce personnage, même si le terme de stéréotype n’a pas été mentionné. Avec le recul,
il est vrai qu’il aurait pu être mentionné et expliqué, ce qui aurait pu ouvrir un travail, une
discussion, donner des exemples de stéréotypes touchants d’autres catégories de la population
que la femme.
Les enregistrements de certaines discussions m’ont permis de découvrir des arguments, des
paroles qui ne m’avaient pas frappé sur le moment. Quelques extraits sont d’ailleurs insérés
dans les annexes.
Nous avons également travaillé sur les images, les illustrations, notamment lors des séances 4,
5 et 6. Ce travail sur les illustrations me parait fort important puisque les stéréotypes sont
intimement liés à l’image véhiculée, ici par la princesse. Il a été par exemple très intéressant
lors de la sixième séance, d’entendre des élèves expliquer que certaines images ne pouvaient
32
pas représenter des princesses car les princesses n’étaient pas comme cela en vrai. Nous en
parlerons plus amplement dans la partie suivante.
33
Le dispositif a-t-il été efficace pour faire émerger le stéréotype de
la princesse ?
Je commencerai ici par commenter les résultats des questionnaires que les élèves ont passé en
début puis en toute fin de séquence. Ces résultats sont disponibles en annexe n°3.
Concernant la première question, à savoir : « Entoure tous les adjectifs qui te font penser à
une princesse », on peut voir que les adjectifs les plus entourés sont ceux qui caractérisent
plutôt la princesse classique (« gentille », « belle », « amoureuse »). On remarque aussi que
les adjectifs se rapportant à la beauté physique sont souvent retenus. En effet, sur les 25 élèves
participants, 23 qualifient le personnage de la princesse de « belle » et 19 de « coquette ».
Il est aussi à noter que 25 élèves sur 25 ont entouré l’adjectif « heureuse ». Il semblerait dont
qu’ils aient connaissance d’un certain nombre de contes mettant en scène des princesses mais
qu’ils n’aient pas assimilé la solitude et la tristesse de ce personnage en attente ; ou alors, les
fins bien connues de ces contes restent plus facilement en mémoire des participants (« Ils
vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants »).
En résumé, les adjectifs les plus choisis (entre 56% et 96%) sont plutôt des qualités, à savoir :
« heureuse », « gentille », « belle », « amoureuse », « agréable », « brillante », « sage »,
« intelligente » et « honnête ». Seul l’adjectif « vulnérable », qui a été entouré par 19 élèves
sur 25 n’est pas réellement une qualité. Les participants semblent penser que la princesse,
malgré toutes ses qualités, est fragile.
Peu d’élèves la trouvent drôle ou amusante. Cela ne semble pas être son rôle dans les
histoires.
On remarque également que tous les adjectifs plutôt négatifs sont choisis par très peu
d’élèves. Pour aucun élève de l’échantillon par exemple, une princesse peut être qualifiée de
« dangereuse », « sale » ou « horrible ».
Notons aussi que seul un élève sur 25 pense la princesse indépendante. Pour les élèves, il
semble donc que la princesse ne puisse pas se débrouiller seule, par elle-même.
34
Après analyse des résultats de cette question issue du premier questionnaire (réalisé avant la
séquence d’apprentissage), il semble donc que pour cet échantillon d’élèves (25 participants),
les stéréotypes qu’ils ont vis-à-vis du personnage de la princesse soient liés à sa beauté
physique et à ses qualités de cœur.
C’est justement ce que nous allons pouvoir approfondir maintenant à travers une discussion
réalisée pendant la séquence d’apprentissage concernant la question suivante : « Comment
peut être une princesse ? ». La retranscription d’un extrait de cette discussion est disponible
en annexe n°5.
On peut voir que le débat glisse rapidement sur que ce que les élèves appellent la « vraie
princesse ». En effet, deux élèves commencent par donner des caractéristiques des princesses
rencontrées dans les albums, un troisième s’empresse de déclarer : « Mais ça c’est pas des
vraies princesses ». S’en suit alors la description de ce qu’est pour les élèves une vraie
princesse, à savoir : la beauté physique (belle, robe, bijoux, propre), les qualités de cœur
(gentille), l’attente du prince charmant, le mariage, les enfants. Pour les élèves, c’est comme
ça que doit être une princesse, en tous cas une « vraie » princesse.
Quand on les interroge par rapport aux princesses issues de la littérature de jeunesse
contemporaine, ils expliquent que ce ne sont pas des vraies princesses. Je n’ai pas retranscris
l’intégralité du débat mais la suite de la discussion tourne autour de la question suivante :
pourquoi ces princesses ne sont pas de vraies princesses ? Les arguments des élèves sont les
suivants : elles font des bêtises, elles ne sont pas belles, pas gentilles, elles ne veulent pas de
prince charmant. On voit ici que les stéréotypes sont clairement ancrés chez ces élèves. Bien
que l’on ait étudié différentes princesses et qu’on ait vu que toutes les princesses n’étaient pas
semblables, qu’elles pouvaient être différentes, rompre avec les codes des princesses
classiques, elles n’en deviennent pas des princesses aux yeux des élèves, comme le sont les
princesses classiques.
Le même type de résultat a été découvert lors de l’activité où des images de princesses étaient
accrochées au tableau et que les élèves devaient dire si, à leurs avis, les images représentaient
des princesses ou pas. Etaient accrochées des illustrations de princesses du XIXème siècle,
des images de princesses Disney et des images de princesses d’albums de littérature de
jeunesse contemporaine.
35
Les premières à avoir été désignées comme princesses par les élèves ont été les princesses
Disney, puis les princesses du XIXème siècle. Pour les dernières, il y a eu discussions entre
les élèves. Certains pensaient qu’elles n’étaient pas des princesses car elles ne ressemblaient
pas à des princesses, n’étaient pas blondes ou n’avaient pas de robe. D’autres ont pensé que
c’était possible car on avait déjà vu avant ça des princesses qui ne ressemblaient pas à des
princesses.
Il semble donc que le personnage de la princesse soit très arrêté dans ses caractéristiques pour
les élèves et qu’il soit difficile pour eux de considérer les princesses contemporaines comme
de vraies princesses car elles ne partagent pas les caractéristiques des princesses classiques ou
des princesses Disney.
Les élèves n’ont pas réagi seulement par la parole, ils l’ont fait aussi avec le dessin. Quelques
exemples de ces dessins sont annexés.
Là aussi, quelques caractéristiques récurrentes sautent aux yeux. Les princesses sont
généralement dessinées près d’un château, leur lieu de vie. Elles portent souvent des robes,
ont de longs cheveux blonds, portent une robe et une couronne.
Ces dessins ont été réalisés après la séquence d’apprentissage en littérature et on voit que
beaucoup de caractéristiques des princesses classiques sont ici représentées, bien que les
princesses de la littérature de jeunesse contemporaine aient été étudiées.
dessinées par les élèves. Avec ses longs cheveux, sa couronne, sa robe,
36
princesse. C’est l’image de la princesse telle que la voient une majorité des élèves.
Interrogée sur son dessin, cette élève explique que les lapines aussi ont droit d’être des
princesses. Elle l’imagine en princesse du royaume des lapins vivant au milieu de la nature.
Cette élève semble s’être dégagée des stéréotypes inhérents à la princesse. Elle parait avoir
assimilé le fait qu’on puisse être une princesse sans en avoir les caractéristiques établies par
les princesses classiques. La princesse a évolué, elle a changé dans certains de ses aspects et
par son dessin, cette élève semble considérer cette nouvelle princesse comme une vraie
princesse, au même titre que les autres.
37
Le choix du corpus
Concernant l’émergence chez les élèves du stéréotype de la princesse, notons tout d’abord
qu’elle a été davantage constatée dans la première phase du dispositif, explicitée un peu plus
haut, à savoir le questionnaire. Les résultats de ce dernier ont été décrits et analysés
précédemment, je m’appuierai donc ici sur la suite du dispositif.
Mon corpus était constitué de plusieurs albums de littérature de jeunesse mais aussi de contes
plus classiques. J’ai décidé d’étudier plus principalement les albums de littérature de jeunesse.
Bien que ces derniers aient été choisis pour leurs personnages de princesses, ils ont aussi pu
faire émerger de nouveaux stéréotypes ou confirmer des stéréotypes déjà évoqués lors des
phases précédentes. En effet, nous l’avons vu lors de l’analyse de ces différents albums :
même si toutes ces princesses sont modernes, par leurs caractéristiques, elles sont toutes plus
ou moins attachées à certaines caractéristiques stéréotypées comme la recherche du prince
charmant ou encore le mariage. Ces albums ont donc permis de vérifier qu’il existait bel et
bien un certain nombre de stéréotypes liés à ce personnage et qu’encore aujourd’hui, au
XXIème siècle, ces stéréotypes sont repris par certains auteurs de littérature de jeunesse.
Cependant, notons que le corpus était tout de même un peu lourd compte tenu du nombre de
séances et qu’il aurait pu être réduit. En effet, quelques princesses présentaient les mêmes
caractéristiques et il n’était peut-être pas nécessaire de les étudier toutes. La princesse qui
détestait les princes charmants était un album assez long, avec peu d’images. Bien que très
intéressant, j’aurais du sélectionner quelques extraits sur lesquels nous aurions travaillé.
38
La démarche utilisée
Je commencerai ici par parler succinctement du questionnaire, que j’ai déjà analysé dans une
précédente partie. Même s’il n’était pas parfaitement construit, il a été utilise en ce qui
concerne l'émergence du stéréotype de la princesse. En effet, ce questionnaire ayant été fait
passer avant le début de la séquence de littérature, il m’a permis de rendre compte de
l’ampleur des représentations stéréotypées des élèves. Et en cela, je pense que le questionnaire
a été utile. Il a permis de dégager un certain nombre de résultats qui sont présentés un peu
plus haut.
Les débats et discussions entre les élèves ont eu aussi une grande utilité, pour plusieurs
raisons. D’abord, ça a été l’occasion pour les élèves de confronter leurs idées, leurs opinions
et faire émerger ensemble, grâce à la contribution de chacun, l’existence de ce stéréotype.
Ensuite, l’échange et plus généralement la pratique orale permet une expression plus
importante des élèves, mais aussi plus naturelle. Et cela a une répercussion dans le
vocabulaire, la tournure des phrases utilisés par les élèves. Si un élève explique par exemple
qu’une princesse « doit se marier et avoir des enfants », il est intéressant de relever le verbe
« doit » qui peut ainsi diriger le débat, notamment les stéréotypes liés à ce personnage.
Cependant, notons que certains éléments issus de ma démarche n’ont pas très bien
fonctionnés. Par exemple, en fin de séance n°3, les élèves, répartis par groupes, devaient
travailler sur différents albums en discutant sur l’histoire, le personnage de la princesse et les
illustrations. Je voulais que tous les groupes puissent présenter les résultats de leurs
recherches, c’est donc pour cela que j’ai prévu une phase de restitution collective où chaque
groupe présentait son album. Cela s’est fait en séance n°4, ce qui a pris la totalité de la séance.
Je n’avais pas anticipé que cela prenne autant de temps. La restitution a été très longue pour
les élèves qui n’étaient plus forcément attentifs et donc l’objectif de la séance qui était de se
questionner sur le personnage de la princesse a été atteint partiellement puisque les élèves
39
n’ont pas réellement fait de liens entre les différents personnages présentés et les stéréotypes
n’ont donc pas été évoqués.
40
Le dispositif a-t-il été efficace pour prendre conscience du fait
que le stéréotype peut être repris sur le mode du détournement ?
Choix du corpus
Le corpus d’albums de littérature de jeunesse que j’ai constitué a été spécifiquement choisi
pour que les élèves se rendent compte que le stéréotype du personnage de la princesse pouvait
être repris par certains auteurs sur le mode du détournement. Les albums du corpus ont donc
plutôt bien joué leur rôle puisque les élèves ont bien perçu ce détournement.
Cependant, notons aussi que les élèves n’ont pas perçu ces princesses comme de « vraies »
princesses ; les « vraies » princesses faisant référence à celles des contes classiques. Je pense
donc que les élèves ont saisi le détournement opéré sur le personnage mais qu’ils ont aussi
pensé que ces personnages n’étaient plus véritablement des princesses. C’est comme si ils ne
pouvaient concevoir plusieurs facettes dans un même personnage, ici le princesse.
Le détournement a aussi été difficile à comprendre pour l’album La princesse aux petits
doigts pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les illustrations ont pu ramener les élèves aux
stéréotypes de la princesse classique : vêtements, intérieur du château, forêt, créatures
magiques, etc. De plus, le fait que le défaut physique de cette princesse soit une malédiction et
qu’à la fin de l’histoire, elle devienne parfaite a aussi fait penser aux élèves que cette
princesse se rapprochait fortement de ses consœurs plus traditionnelles.
Je crois donc que j’aurai pu davantage approfondir sur le détournement du stéréotype dans cet
album. Ajoutons aussi que, comme nous l’avons fait remarquer un peu plus haut durant la
phase d’analyse des albums, toutes les princesses, bien qu’elles soient détournées et que les
auteurs aient joué du stéréotype qu’elles véhiculent, ont aussi beaucoup de caractéristiques
communes avec les princesses classiques. J’aurais donc pu choisir des personnages d’albums
dont le détournement du stéréotype initial était encore plus important.
Je n’ai pas choisi non plus de personnage masculin, ce que j’aurais pu également faire. Il
aurait été en effet intéressant de choisir, par exemple, un personnage masculin se prenant,
agissant ou ayant les mêmes caractéristiques stéréotypées que ceux de la princesse.
41
Choix et durée de la démarche
Concernant le choix de la démarche entreprise, je pense que c’était une bonne chose de
présenter plusieurs albums aux élèves car ils ont pu découvrir différentes princesses
contemporaines. Cependant, ma démarche n’a pas permis d’analyser plus finement ces
princesses, d’aller plus loin dans nos conclusions car on changeait d’album à chaque séance.
Bien que les princesses déjà étudiées pouvaient être comparées à d’autres durant les séances
suivantes, les procédés utilisés par les auteurs pour détourner le stéréotype de ce personnage
n’ont pas réellement été analysés. Cela aurait pu être fait car cette démarche aurait peut être
permis de modifier la vision des élèves sur ce qu’ils appellent la « vraie princesse ».
Je pense toutefois que la durée de la démarche (quatre semaines) et surtout la répartition des
séances (deux par semaine) a été profitable pour ma recherche car les élèves n’ont pas été
lassés, ils avaient toujours les histoires, les personnages en tête, et cela a permis d’avoir des
résultats, des débats et des travaux de meilleure qualité.
42
Retour des élèves, débats
o Résultats du questionnaire final
Ce qui est surprenant en analysant les résultats du deuxième questionnaire, réalisé après la
séquence en littérature, donc après avoir découvert des princesses contemporaines, après avoir
eu plusieurs discussions sur ce sujet ; c’est que les résultats sont très proches de ceux du
premier questionnaire. « Gentille » et « belle » sont les adjectifs les plus entourés,
représentant pour le premier une qualité de cœur et pour le second une qualité physique.
Notons tout de même quelques différences. Alors que 19 élèves sur 25 qualifiaient la
princesse de « vulnérable » lors du premier questionnaire, 9 élèves ont choisi cet adjectif lors
du deuxième questionnaire. 13 élèves la trouvent « amusante » lors du deuxième
questionnaire contre seulement 5 lors du premier.
Ce qui est à noter également, c’est que certains adjectifs se rapportaient directement à
certaines princesses rencontrées pendant notre séquence. Par exemple, L’horrible petite
princesse était égoïste, agressive, insupportable, cruelle, désagréable, horrible. Reprenons les
résultats : « égoïste » a été choisi par 2 élèves, « agressive » par un élève, « insupportable »
par 3 élèves, « désagréable » par 4 élèves et « horrible » par 2 élèves ; ces résultats étant très
proches de ceux du premier questionnaire. Il semble donc que les stéréotypes à propos du
personnage de la princesse soient profondément ancrés.
Concernant maintenant la seconde question, à savoir : « Entoure toutes les situations qui
pourraient avoir lieu dans une histoire de princesses », comme je l’ai déjà expliqué, j’ai choisi
des situations issues de mon corpus d’albums et des situations issues de contes traditionnels.
Ces dernières étaient les suivantes : « La princesse attend dans sa tour le prince charmant. » ;
« La princesse va au bal. » ; « La princesse est maltraitée par sa belle-mère. » et enfin « La
princesse épouse son prince et ils ont des enfants. ». La troisième situation à propos de la
belle-mère a été choisie par 14 élèves sur 25, les trois autres situations ont été entourées par
l’ensemble des participants. Cela démontre bien une connaissance, une culture liée à ces
contes traditionnels, ou aux reprises Disney.
Toutes les autres situations extraites des albums de mon corpus ont été très peu choisies (entre
0 et 2 élèves sur 25). Pour les élèves donc, il paraîtrait peu probable qu’une princesse soit
43
amie avec des monstres ou surfe sur internet. Là aussi, les stéréotypes liés à ce personnage
sont bien présents : la princesse attend son prince, va au bal, se marie et a des enfants.
Pour la troisième question (« Aimerais-tu lire une histoire… »), je m’intéresserai d’avantage
aux justifications des élèves, même si, come je l’ai déjà expliqué, elles sont peu nombreuses.
Une majorité des élèves (64%) aimerait lire une histoire où la princesse serait belle. Ils
justifient cela avec des arguments comme : « Les princesses sont toujours belles » ou encore
« Elle doit être belle pour son prince ». Cela paraît donc une évidence pour certains élèves que
la princesse soit belle et c’est même une condition nécessaire si elle veut épouser un prince
charmant. Les arguments « Elle est amoureuse donc elle est belle. » ou « Parce qu’elle est
gentille » se rapportent à quelque chose dont nous avons déjà parlé. En effet, les princesses
semblent avoir des qualités physiques liées à leurs qualités de cœur : elles sont « belles »
parce qu’elles sont « bonnes » (en opposition au « mauvais » personnage de l’histoire).
L’argument « Elles sont toujours belles » est repris comme justification au deuxième item.
Pour ces élèves, il est improbable qu’une histoire puisse avoir comme personnage une
princesse qui aurait un défaut physique. Tout de même 32% aimerait lire ce genre d’histoire
car « C’est rigolo » ou encore « Personne n’est parfait ». Cet argument est le premier allant à
l’encontre de ce que l’on a vu jusque-là. Alors que ce qui était dit jusqu’ici c’est que les
princesses devaient être belles pour leurs princes ou qu’elles étaient belles par nature,
inévitablement ; cet argument restitue la princesse au rang d’être humain, comme tout le
monde, avec ses qualités mais aussi ses défauts.
Les justifications du troisième item sont très éloquentes. La princesse attend son prince
charmant car « elle doit faire des enfants », « elle doit se marier », « elle attend toujours son
prince charmant », « sinon il n’y a pas d’histoire » ou encore « elle doit devenir reine ». Le
destin de la princesse semble ici tout tracé, et même obligatoire : elle doit attendre car elle
doit se marier, avoir des enfants et devenir reine. De plus, si elle ne le fait pas, il n’y a pas
d’histoire. Certains élèves semblent donc penser que la princesse ne peut rien faire d’autre que
d’attendre et suivre le chemin qui lui a été tracé sinon il n’y a rien à raconter.
Le même genre d’argument est utilisé pour le quatrième item : si la princesse ne veut pas de
prince charmant, il n’y a plus d’histoire.
44
Intéressons-nous maintenant à la quatrième question (« Penses-tu que ces titres sont issus de
vrais livres ou qu’ils sont inventés ? »). A chaque fois, un titre d’album issu de mon corpus est
proposé et les élèves doivent expliquer pourquoi ce titre paraît vrai ou au contraire inventé.
La princesse qui détestait les princes charmants semble être un titre inventé pour 96% des
élèves car « elles aiment toujours les princes charmants », « ce n’est pas possible », ou encore
« les princesses ne sont pas comme ça ». Il semblerait donc que le fait d’avoir un prince
charmant soit une caractéristique inhérente aux princesses pour les élèves. Elles les aiment
toujours, elles ne peuvent pas les détester, c’est quelque chose d’impossible pour elles.
Il en est de même pour La petite princesse nulle. Il est inconcevable (« Ce n’est pas
possible ») pour les élèves qu’elles possèdent ce défaut.
Enfin, voyons la question concernant les caractéristiques d’une princesse moderne issue du
deuxième questionnaire.
Il est étonnant de voir que les adjectifs qui n’étaient pas ou très peu entourés lors de la
première question sont ici cités (« drôle », « insupportable », « sale », « désagréable », etc.). Il
semble donc que les élèves aient effectivement fait la distinction entre princesse classique et
princesse moderne mais quand on leur parle de princesse, comme dans la première question,
ils ne pensent qu’à la princesse classique. C’est elle qui semble être la « vraie » princesse pour
eux.
45
o Débat sur l’évolution du personnage de la princesse
Quelles sont les différences entre les princesses anciennes et les princesses nouvelles ?
A votre avis, pourquoi ce personnage a changé ?
On peut voir, à travers cette discussion, que certains élèves ont bien saisi l’évolution de la
société en général, et notamment celle de la femme, et donc de la princesse. Même si le
rapport au temps n’est pas totalement maîtrisé –un élève place les princes dans la période de
la préhistoire- il ressort de cela qu’ils ont tout de même noté une évolution du rôle de la
femme.
L’échange n’a pas été retranscrit dans sa globalité mais les principaux changements pour les
élèves sont que maintenant les femmes travaillent, elles ne sont plus obligées de rester à la
maison et de faire le ménage. Certains élèves notent aussi un changement dans le rôle de
l’homme puisque certains disent que leurs pères participent aux tâches ménagères par
exemple.
Il est vrai aussi que pour certains élèves, cette évolution n’est pas flagrante du fait que chez
eux, leur mère ne travaille pas, s’occupe des petits frères et sœurs, fait le ménage, prépare les
repas, etc.
On peut donc dire que pour une majorité des élèves de cette classe, l’évolution du rôle social
de la femme est bien assimilée, comprise et mise en parallèle avec l’évolution du personnage
de la princesse.
46
Conclusion
Nous avons vu que le personnage de la princesse avait vu le jour dans les contes traditionnels
d’auteurs comme Charles Perrault, Wilhem et Jacob Grimm ou encore Hans Christian
Andersen. Ces contes traditionnels ont bâti autour du personnage de la princesse un certain
nombre de caractéristiques propres à son apparence physique, son caractère, sa destinée. Avec
le temps, ces caractéristiques sont devenues des stéréotypes car ce personnage est devenu un
mythe.
Plus récemment, dans la littérature de jeunesse contemporaine, des auteurs ont repris ce
personnage et l’ont modernisé, l’ont désacralisé, lui ont rendu sa place de simple être humain.
Finies les princesses parfaites, sans aucun défaut, qui n’attendent rien d’autre de la vie qu’un
prince charmant.
Cependant, nous avons aussi remarqué que, concernant certains aspects, la princesse
contemporaine n’était pas si différente de la princesse classique mais qu’elle avait tout de
même évolué, en même temps que la société et que la place de la femme dans certaines
sociétés. Mais les stéréotypes sont tenaces, chez les adultes comme chez les enfants. C’est ce
que nous avons pu voir avec un travail sur ce sujet mené dans une classe de CE2. Malgré la
découverte de nombreuses princesses, les stéréotypes liés à la princesse classique restent très
ancrés chez les enfants qui ne s’en défont pas facilement. Ainsi, la princesse contemporaine
n’est pas à leurs yeux une « vraie » princesse car elle ne partage pas les critères propres à ce
personnage tel qu’ils se le représentent à travers les contes ou les films d’animation.
Ce constat semble plutôt logique car les élèves, les enfants en général, sont bercés depuis
toujours par ce personnage stéréotypé présent dans les contes qu’ils lisent ou les films
d’animation qu’ils regardent. Cependant, des sociétés comme Disney tendent depuis quelques
années à nous présenter de nouvelles princesses, plus indépendantes, plus fortes et sortant
quelque peu des représentations stéréotypées que nous avons. Des princesses comme Mérida
du dessin animé Rebelle par exemple, ainsi que toutes les princesses issues des albums de
littérature de jeunesse peuvent, peu à peu, opérer ce changement, cette déconstruction de nos
représentations stéréotypées.
Il est à noter toutefois que la déconstruction du stéréotype de ce personnage n’était pas le but
de mon expérimentation ni de ma recherche. En effet, même si les enfants –et même les
adultes- ont ces représentations à l’esprit, on sait aussi qu’ils font la part des choses entre la
47
réalité et la fiction, qu’ils savent distinguer une femme, ses droits, son évolution dans
certaines sociétés et une princesse, enfermée dans son monde imaginaire et attendant
inlassablement son prince charmant. L’objectif est en fait d’amener les lecteurs à se rendre
compte des détournements opérés sur ce personnage au fil des années, à comprendre comment
on peut aujourd’hui jouer de ces stéréotypes.
48
Bibliographie
Contes traditionnels
Grimm Wilhem et Jacob, Le roi Grenouille et autres contes. Livre de poche jeunesse, 1984.
Thiès Paul, La princesse qui détestait les princes charmants. Castor Poche, 2000.
Gutman Colas. La princesse aux petits doigts. L’école des loisirs, 2012.
49
Films d’animation
Clements Ron, Musker John, La princesse et la grenouille, Walt Disney pictures, 2009.
Geronimi Clyde, Wilfred Jackson, Hamilton Luske, Cendrillon, Walt Disney pictures, 1950.
Howard Byron, Greno Nathan, Raiponce, Walt Disney Animation Studios, 2010.
Marks Andrews, Brenda Chapman, Rebelle, Walt Disney Pictures, Pixar Animation, 2012.
Propp Vladimir et Fabre Daniel, « Les Racines historiques du conte merveilleux », Le Débat,
1982/2 n° 19, p. 146-160.
Andrée Michel, Non aux stéréotypes ! Vaincre le sexisme dans les livres pour enfants et les
manuels scolaires, UNESCO, 1986.
Butlen Max. « Que faire des stéréotypes que la littérature adresse à la jeunesse ? » Le
Français aujourd’hui, 2005/2 n°149, p.45-53.
50
Cordier Anne, « Fille et garçons dans la littérature jeunesse A bas les stéréotypes ? » in Lille
III jeunesse, 2002.
Moret Dominique, Les stéréotypes dans la littérature enfantine Comment les reconnaître dès
la maternelle ?, Analyse UFAPEC 2010, n°27.10
Sites internet
Bourseauxsequences.free.fr
La-princesse-meduse.fr
www.cafe.umontreal.ca/genres/n-conte.html
www.espacefrancais.com/le-conte/
51
Annexes
52
Annexe n°1. Fiches de préparation de la séquence en
littérature
Séance n° 1 et
Domaine : Français
2
-Comprendre
Sous-
Littérature Compétences : les questions
domaine :
posées.
Durée des
Objectif de la séance : Répondre au questionnaire. séances : 30
minutes
53
Séance n°
Domaine : Français
3 et 4
- savoir
questionner
Sous- un
domaine :
Littérature Compétences : personnage
- argumenter
ses choix
Durée de la
Objectif de la séance : Réagir et se questionner sur un personnage principal :
séance : 1
la princesse.
heure
Matériel : Albums : La princesse qui détestait les princes charmants de Paul Thiès ; La
princesse Finemouche de Babeth Cole, L'horrible petite princesse de Nadja et La petite
princesse nulle de Nadja.
Mode de
Démarche Activité de l’enseignant groupeme Activités des élèves Temps
nt
Lecture à voix haute par le PE 5 minutes
Classe
Situation de du livre La princesse qui entière / Écoute attentive
départ détestait les princes
oral
charmants de Paul Thiès.
Lancement de la discussion : 10 minutes
« Qu’est-ce que vous pensez
de cette histoire ? » et
Classe
orientation de la discussion si Discussions, échanges,
Discussion entière /
nécessaire : « Que pensez- écoute
oral
vous du personnage principal
de cette histoire, du titre de
l’album ? ».
« Vous allez maintenant, par 10 minutes
groupes de trois, réfléchir sur
le personnage principal de
l’album que je vais vous
donner. Lisez d’abord
l’histoire puis expliquez ce Classe Reformuler la consigne,
Énoncé des
que vous pensez du entière / demande d’explications,
consignes
personnage principal de cette oral questions.
histoire. Ensuite, vous
choisirez une image de
l’album et vous devrez
expliquer pourquoi vous
l’avez choisi ».
Les élèves sont 15 minutes
maintenant répartis par
groupes de 3 ou 4 avec 3
Phase de Distribution des trois albums Groupes livres différents : La
recherche aux différents groupes. de ¾ princesse Finemouche de
par groupes Passage dans les groupes. élèves Babeth Cole, L'horrible
petite princesse de Nadja
et La petite princesse
nulle de Nadja.
54
Lecture de l'album qui
leur a été attribué.
Discussion autour du
personnage et de
l’illustration à choisir.
Écoute attentive.
10 minutes
Questions : En quoi elles se
ressemblent / ne se
Les élèves s'expriment à
ressemblent pas ? Que Classe
propos des
Conclusion pensez-vous de ces entière /
caractéristiques des
princesses ? Vous font-elles oral
différentes princesses.
penser à d'autres personnages
que vous connaissez déjà ?,
etc.
Cette séance s’est faite sur deux séances : nous avons fait les restitutions lors d’une deuxième
séance.
55
Domaine : Français Séance n° 5
- avoir une
attitude
critique
- argumenter
Sous-
Littérature Compétences : ses réponses
domaine :
- savoir
questionner un
personnage
Durée de la
Objectif de la séance : Restituer les caractéristiques d'un personnage et les
comparer avec celles d'un autre personnage ayant le même statut (la séance : 45
princesse). minutes
Matériel : Album La princesse à la gomme de Françoise Guillaumond et Sébastien
Mourrain.
Affiche réalisée lors de la séance n°3.
Mode de
Démarche Activité de l’enseignant Activités des élèves Temps
groupement
Photocopie de la couverture 10 minutes
de l’album format A3 affichée
au tableau, complètement
couverte par des caches.
Description de ce qu’ils
Enlever les caches un par un
Collectif / voient de la couverture
Situation puis demander aux élèves de
oral puis de l’album.
de départ décrire ce qu’ils voient.
individuel Trouver un titre à
A la fin, toute l’illustration
l’album, le justifier.
est découverte mais pas le
titre. Le PE demande aux
élèves de trouver un titre à
cet album.
Elèves présentent leurs 10 minutes
titres au reste de la
classes en les justifiant.
Distribution de la parole.
Ils réagissent autour du
Le titre est dévoilé après les
véritable titre de
Mise en propositions des élèves. Collectif /
l’album.
commun Consigne : « A votre avis, oral
Suppositions,
qu’est-ce que nous raconte
anticipations à propos
cette histoire ? »
de l’histoire à partir du
titre et de la
couverture de l’album.
5 minutes
Lecture à voix haute de Collectif /
Lecture Ecoute
l’album. oral
56
très différente des autres
princesses que nous avons
déjà rencontrées ?
Recueillir les propositions des Les élèves font leurs 10 minutes
élèves sur le tableau. propositions de
réponses.
Classe
Laisser s'exprimer les élèves,
Restitution entière /
distribuer la parole. Ils réagissent aux
oral
propositions de
Inciter à commenter, justifier, réponses de leurs
donner son avis. camarades.
57
Domaine : Français Séance n° 6
- avoir une
attitude
critique
- argumenter
ses réponses
Sous-domaine : Littérature Compétences :
- savoir
questionner
un
personnage
Durée de la
Objectif de la séance : Comparer un même personnage dans des histoires
séance : 45
différentes.
minutes
Matériel : images de princesses issues de albums La princesse aux petits doigts de Colas
Gutman, Flocon d’Argent princesse moderne de Corine Pourtau et Bernard Grandjean et
les images des personnages de Cendrillon, Raiponce, Blanche-Neige, La belle au bois
dormant (illustrations du XVIIIème siècle + images Disney).
Mode de
Activités des
Démarche Activité de l’enseignant groupeme Temps
élèves
nt
Des images sont affichées au 10 minutes
tableau. Elles représentent
Situation de toutes des princesses. Groupes de
Discussion
départ Consigne : « Quelles images 3 élèves
Argumentation
représentent des princesses et
p
pourquoi ? »
Les élèves font 10 minutes
leurs propositions
de réponses.
Classe
Restitution Distribution de la parole entière /
Ils réagissent aux
oral
propositions de
réponses de leurs
camarades.
Consigne : « Ces images 5 minutes
appartiennent à six histoires
différentes. Je vais vous donner
Appariement des
six extraits de ces histoires et Groupes de
Questionnement images avec les
vous allez devoir les associer 3 élèves
extraits.
avec les images ».
58
Questionner les
camarades.
Critiquer,
argumenter,
expliquer.
Lors de cette mise en commun, dans beaucoup de groupes, les termes d’ « ancienne princesse »
et de « nouvelle princesse » sont revenus à plusieurs reprises, c’est pourquoi la séance s’est
terminée par un débat autour des questions : « Quelles sont les différences entre les anciennes
et les nouvelles princesses ? A votre avis, pourquoi les princesses ont changé ? ».
59
« Mais est-ce que c’était bien raisonnable, au début du troisième millénaire, d’attendre les
bras croisés qu’un petit blondinet ou qu’n grand brun costaud, la casquette à l’envers,
franchisse les grilles du château sur sa trottinette en criant : « Salut, c’est moi le Prince
charmant ! » ? »
« Le fils de roi, qui voulait monter vers elle, chercha la porte de la tour et n'en trouva point. Il
tourna bride et rentra chez lui ; mais le chant l'avait si fort bouleversé et ému dans son cœur,
qu'il ne pouvait plus laisser passer un jour sans chevaucher dans la forêt pour revenir à la tour
et écouter. »
« La reine donna le jour à une fille. Elle était si belle que le roi ne se tenait plus de joie. Il
organisa une grande fête. Il ne se contenta pas d'y inviter ses parents, ses amis et
connaissances, mais il invita aussi des fées afin qu'elles fussent favorables à l'enfant. Il y en
avait treize dans son royaume. Mais, comme il ne possédait que douze assiettes d'or pour leur
servir un repas, l'une d'elles ne fut pas invitée. »
60
« Elle était si belle que le chasseur s’apitoya et lui dit : « Sauve toi ma pauvre petite ! » Il était
certain, au-dedans de lui-même, que les bêtes sauvages auraient tôt fait de la dévorer mais il
n’en avait pas moins le cœur soulagé d’un gros poids en évitant ainsi de la tuer de sa main ».
« Et c’est ainsi que la princesse et Mon Chien, se marièrent dans la Forêt des Contes Perdus.
Yvette, Crottin et Coin-coin furent leurs témoins. Cendrier s’arrêta de fumer, la sorcière
continua de passer l’aspirateur et l’Eléphant sans histoires eut enfin une histoire à raconter. »
« Les noces ne furent pas plus tôt faites, que la Belle-mère fit éclater sa mauvaise humeur ;
elle ne put souffrir les bonnes qualités de cette jeune enfant, qui rendaient ses filles encore
plus haïssables. Elle la chargea des plus viles occupations de la Maison : c’était elle qui
nettoyait la vaisselle et les montées, qui frottait la chambre de Madame, et celles de
Mesdemoiselles ses filles. »
61
Domaine : Français Séance n° 7
- avoir une
attitude
critique
- argumenter
ses réponses
Sous-domaine : - savoir
Littérature Compétences : questionner
un texte
-rédiger un
court texte
narratif
Mode de
Démarche Activité de l’enseignant groupeme
Activités des Temps
élèves
nt
Écoute attentive 5 minutes
Lecture à voix haute du livre La
Classe
Situation de princesse au petit pois de Hans
entière / Prise de notes
départ Christian Andersen. oral
p
Lancement du 10 minutes
questionnement :
62
tout faire ? (regarder la
télévision, faire de la moto,
etc.).
Distribution de la parole.
Demandes d'argumentations, de
justifications.
15 minutes
Énoncé de la consigne : Écrire Les élèves rédigent
une petite histoire de quelques en quelques lignes
Production lignes (10 lignes maximum) où Individuel une histoire où le
d'écrit le personnage principal est une / écrit personnage
princesse. principal est une
princesse.
63
princesse ?
Distribution de la parole.
Demande de justifications.
La séance n°8 sera consacrée au questionnaire final : même questionnaire que pour les
séances 1 et 2.
Objectif : Savoir si les représentations des élèves ont, ou pas, changées après cette séquence
d'apprentissage autour du personnage de la princesse.
64
Annexe n°2. Questionnaire
1) Entoure tous les adjectifs qui te font penser à une princesse.
2) Entoure toutes les situations qui pourraient avoir lieu dans une histoire de
princesses.
-La princesse ne travaille pas bien à l’école, c’est pourquoi ses parents l’envoient en
pension.
-La princesse épouse son prince et ils ont tous les deux beaucoup d’enfants.
65
…où la princesse attend son prince charmant ? Oui – Non. Pourquoi ?
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………
66
4) Penses-tu que ces titres sont issus de vrais livres ou qu’ils sont inventés ?
-La princesse qui détestait les princes charmants. Vrai – inventé. Pourquoi ?
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
67
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
6) Dessine une princesse. N’oublie pas ses vêtements, ses accessoires. Tu peux
aussi dessiner l’environnement dans lequel elle vit.
68
Annexe n°3. Résultats du questionnaire
Nombre de participants : 25
69
Egoïste 3 12% 2 8%
Agressive 2 8% 1 4%
Ennuyante 2 8% 3 12%
Insupportable 2 8% 3 12%
Effrayée 2 8% 4 16%
Triste 1 4% 6 24%
Indépendante 1 4% 4 16%
Cruelle 1 4% 2 8%
Désagréable 1 4% 4 16%
Horrible 0 0% 2 8%
Sale 0 0% 3 12%
Dangereuse 0 0% 3 12%
2) Entoure toutes les situations qui pourraient avoir lieu dans une histoire de princesses.
70
pourquoi ses parents
l’envoient en pension.
La princesse épouse son 25 100%
prince et ils ont des enfants.
3) Aimerais-tu lire une histoire…
71
-Elles sont toujours
belles.
-Elles doivent nous
faire rêver.
…où la princesse Oui : 16 Oui : 64% Oui :
attend son prince Non : 9 Non : 36% -Elle doit faire des
charmant ? enfants.
-C’est toujours
comme ça.
-Elle doit se marier.
-Car sa mère est
méchante.
-J’aime bien.
-Elle attend toujours
son prince dans sa
tour.
-C’est romantique.
-Sinon il n’y a pas
d’histoire.
-Elle doit devenir
reine.
Non :
-C’est nul.
-C’est toujours la
même chose.
…où la princesse ne Oui : 17 Oui : 68% Oui :
veut pas de prince Non : 8 Non : 32% -Ca changerait.
charmant ? Non :
-Sinon c’est triste.
-Elle doit faire des
enfants.
-Parce qu’il est
beau.
72
-Sinon il n’y a plus
d’histoire.
-Elle ne doit pas
finir toute seule.
-C’est comme ça
dans tous les contes
de fées.
…où la princesse Oui : 8 Oui : 32% Oui :
utilise un Non : 16 Non : 64% -Ce serait drôle.
ordinateur ? Non :
-Ce n’est pas la
bonne époque.
-Elles passent leur
temps à se faire
belles.
…où la princesse Oui : 5 Oui : 20% Oui :
n’est pas gentille ? Non : 18 Non : 72% -Ce serait cool.
NR : 2 NR : 8% Non :
-Elles sont toujours
gentilles.
-Sinon elles ne font
pas rêver.
…où la princesse est Oui : 17 Oui : 68% Oui :
adorable ? Non : 7 Non : 28% -Parce qu’elle est
NR : 1 NR : 4% bien élevée.
-Parce qu’elle est
belle.
-Elle est toujours
adorable.
-Ca fait rêver.
Non :
-Ce n’est pas
marrant.
73
…où la princesse est Oui : 3 Oui : 12% Oui : aucune
nulle ? Non : 21 Non : 84% Non :
NR : 1 NR : 4% -Elles ne sont jamais
nulles.
-Elles sont
marrantes et belles
-Ce serait nul.
-C’est impossible.
4) Penses-tu que ces titres sont issus de vrais livres ou qu’ils sont inventés ?
74
L’horrible petite Vrai : 7 Vrai : 28% Vrai :
princesse. Inventé : 18 Inventé : 72% -C’est possible.
-Références à la
princesse Fiona dans
Shrek.
Inventé :
-Ca n’existe pas.
-C’est horrible.
La princesse à la Vrai : 8 Vrai : 32% Vrai : aucune.
gomme. Inventé : 17 Inventé : 68% Inventé :
-Ca n’existe pas.
-Ce n’est pas
possible.
La princesse aux Vrai : 6 Vrai : 24% Vrai :
petits doigts. Inventé : 19 Inventé : 76% -Ca peut exister.
Inventé :
-Ca n’existe pas.
Quelles sont, selon toi, les caractéristiques d’une princesse moderne ? (questionnaire de
fin de séquence)
75
Annexe n°4. Retranscription d’un extrait de l’échange de la
séance n°6
PE : Vous m’avez parlé de princesses anciennes et de princesses nouvelles. Qu’est-ce que ça
veut dire ?
E1 : Les princesses anciennes, c’est celles qui viennent de l’ancien temps et les nouvelles,
elles sont de maintenant, d’aujourd’hui quoi.
E2 : Oui, les anciennes, c’est quand on n’était pas nés, même pas nos parents et les nouvelles,
c’est celles de maintenant.
E3 : Bah non. Déjà, les princesses anciennes, elles sont toujours belles, elles ont des belles
robes et les nouvelles elles sont moches.
E4 : Ca c’est vrai. Par exemple, L’horrible petite princesse elle est moche et celle qui se marie
avec Mon Chien, je sais plus son nom, elle est moche aussi, elle a des gros doigts.
E5 : En fait, presque toutes les nouvelles princesses elles sont moches mais elles en ont rien à
faire, ça c’est bien. Parce que les anciennes princesses, elles se regardent toujours dans les
miroirs, c’est chiant.
(…)
PE : D’accord, à part ça ?
E3 : Bah, les princesses anciennes, elles sont toujours gentilles, calmes, elles s’énervent
jamais. Et puis elles sont tristes aussi des fois.
E7 : Ca c’est vrai, tout le temps elles attendent leur prince charmant et après elles sont plus
heureuses.
E8 : Les princesses nouvelles elles s’en fichent d’avoir un prince, elles font de la moto, du
roller et tout ça. Elles sont plus rigolotes pare que les autres elles sont ennuyantes quand
même.
E9 : Les nouvelles princesses, je crois qu’ils ont fait exprès pour faire rire les enfants parce
qu’elles mangent des croquettes, elles regardent la télé et tout.
E10 : C’est vrai, elles sont plus marrantes mais moi je trouve qu’elles font semblant de pas
vouloir de prince et à la fin elles en ont un quand même.
E9 : Oui mais c’est pas le même. Souvent il est pas beau et ils mangent des croquettes à deux
et ils utilisent les mêmes objets que nous. C’est mieux moi je trouve.
76
(…)
E6 : Bah, parce que le monde il a changé, il est devenu plus moderne, alors les princesses
aussi.
E10 : Dans la préhistoire, les dames elles faisaient toujours le ménage, elles étaient mal
habillées, elles donnaient à manger aux princes.
E7 : Ma mère elle m’a dit que quand elle était petite, son père il voulait pas que sa mère
travaille et elle devait rester à la maison pour tout laver, faire la vaisselle, et tout ça. Ma mère
c’est pas ça, elle est vendeuse, elle travaille. Des fois c’est elle qui fait à manger et des fois
c’est papa. Mais bon, le repassage c’est toujours elle.
E1 : Ouais, les femmes elles devaient faire tout à la maison avant. Et aussi, avant elles étaient
obligées de se marier tout de suite.
(…)
PE : Donc, vous pensez que c’est parce que les choses ont changé pour les femmes que les
princesses ont changé aussi ?
E11 : Moi je crois aussi que les éditeurs ils ont fait ça pour que ça change, pour que ce soit
rigolo parce qu’avec les vieilles histoires, comme c’était ennuyant, ils gagnaient seulement un
euro par mois.
(…)
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Annexe n°5. Retranscription d’un extrait d’un échange autour
de la question : « Comment peut être une princesse ? »
(…)
(…)
PE : Donc, on reconnait les vraies princesses, comme vous dites, parce qu’elles sont belles,
elles portent des robes et des bijoux.
E6 : Bah nan, c’est pas ça seulement. Aussi, elles ont des parents qui sont des rois et des
reines.
(…)
PE : D’accord. A part ça ?
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E10 : Elles veulent toujours un prince charmant pour qu’il soit leur mari et après elles veulent
l’épouser et faire des enfants.
E11 : C’est vrai qu’y a toujours des histoires d’amour dans les histoires comme ça.
(…)
PE : Et toutes les princesses qu’on a rencontré : Galathée et les autres. Elles sont comme ça ?
PE : Pourquoi ?
E12 : Celles-là c’est pas des vraies princesses. Elles sont marrantes. C’est pas des vraies.
E4 : Oui, celles-là elles font des bêtises et tout, ça peut pas être des vraies.
(…)
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Annexe n°6. Quelques exemples d’illustrations de la princesse
par les élèves
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Le personnage de la princesse dans la littérature de jeunesse contemporaine
Résumé : Des contes traditionnels de Charles Perrault aux albums de littérature de jeunesse
du XXIème siècle, les stéréotypes autour du personnage de la princesse restent très ancrés
chez les lecteurs. Pourtant, ces princesses ont bien évolué au fil des années, elles sont
aujourd’hui de véritables héroïnes, qui ne sont plus exclusivement l’objet de la quête d’un
prince. Retour sur l’évolution de ce personnage et de ses caractéristiques au fil du temps.
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