Attention Chez La PA
Attention Chez La PA
Attention Chez La PA
atteinte de démence :
Jeanne VALLET
Julie CORTADELLAS
Remerciements
Avant tout, nous souhaitons remercier Anne ROUS DE FENEYROLS et Eric AUBERT pour
leur aide précieuse et leur investissement dans la supervision de ce mémoire.
Nous remercions particulièrement toutes les personnes qui ont accepté de participer à notre
étude, ainsi que toutes celles qui nous ont accueillies au sein de leur établissement :
Sans oublier un grand merci à Marie-Caroline Matura et Carole Valeille pour nous avoir
accompagnées dans cette folle aventure !
SOMMAIRE
Introduction .............................................................................................................................. 1
II. Administration................................................................................................................... 43
1. Précautions particulières ................................................................................................... 43
2. Consignes .......................................................................................................................... 43
3. Notation ............................................................................................................................. 46
4. Cotation et correction ........................................................................................................ 47
4.1. Inexactitude .............................................................................................................. 47
4.2. Vitesse ...................................................................................................................... 48
4.3. Rendement ................................................................................................................ 49
4.4. Quotient de vitesse ................................................................................................... 49
4.5. Quotient de rendement ............................................................................................. 49
Bibliographie........................................................................................................................... 80
Annexes ................................................................................................................................... 84
INTRODUCTION
Les fonctions attentionnelles sont impliquées autant dans les actes moteurs que dans
les interactions sociales ou les activités intellectuelles. Le concept d’attention est large et
recouvre de multiples définitions. Selon les auteurs, il existe différents modèles théoriques et
classifications des types d’attention.
Ce n’est que depuis quelques années que des études sur l’attention soutenue chez les
personnes âgées émergent. Bien que des divergences persistent, la majorité d’entre elles a mis
en évidence un déclin de l’attention soutenue au cours du vieillissement normal et
pathologique. Nous tenterons d’en dresser une revue la plus complète possible.
L’attention soutenue intervient notamment dans les apprentissages, les activités
motrices, le maintien des consignes. Le psychomotricien est apte à travailler sur cette fonction
si elle fait défaut. La prise en charge de l’attention soutenue bénéficiera à l’autonomie de la
personne et facilitera la rééducation d’autres domaines psychomoteurs.
Une évaluation de l’attention soutenue est nécessaire pour révéler un éventuel
affaiblissement de ces capacités. Un test permet aussi de mesurer l’efficacité thérapeutique de
nos prises en charge.
La nécessité d’un test d’attention soutenue adapté à la population âgée a conduit
Estelle Reynaud à apporter des modifications au Test des 2 Barrages de Zazzo, tenant compte
du vieillissement sensoriel, et à procéder à son étalonnage chez des sujets âgés sains
(Attention soutenue et vieillissement normal : adaptation du test des deux barrages de Zazzo
pour les 60 à 90 ans, mémoire de psychomotricité, 2008).
1
PARTIE THEORIQUE
1. Généralités
Le terme de démence définit l'état résultant d'une affection cérébrale acquise qui
détériore progressivement le fonctionnement intellectuel et compromet les facultés
d'adaptation de l'individu à son environnement, en particulier face à des situations nouvelles,
ce qui conduit à une perte de son autonomie. L’atteinte de la mémoire (altération de la
capacité à apprendre des informations nouvelles ou à se rappeler les informations apprises
antérieurement) est un critère obligatoire pour poser le diagnostic de démence. Il s’agit
généralement d’un symptôme précoce, en particulier dans la maladie d’Alzheimer.
Le DSM IV-TR (Diagnostic and statistical and mental disorders, Guelfi, 2004), décrit
la démence comme un syndrome insidieux et progressif caractérisé par le développement de
déficits cognitifs multiples. Ils incluent toujours un trouble de la mémoire et une des
perturbations cognitives suivantes :
- l’aphasie (perturbation du langage). Le trouble du langage peut se manifester par une
difficulté à trouver les noms des individus et des objets. Le discours devient pauvre,
peu informatif, digressif ou stéréotypé. Aux stades avancés, un mutisme ou une
écholalie peut survenir.
2
- l’apraxie (altération de la capacité à exécuter des gestes ou à utiliser des objets malgré
des fonctions motrices et sensorielles intactes).
- l’agnosie (incapacité à reconnaître ou à identifier des objets malgré des fonctions
sensorielles intactes). Elle peut conduire, à un stade avancé, à ne pas reconnaître les
proches ou même à ne plus se reconnaître dans un miroir.
- une perturbation des fonctions exécutives (capacité à penser de façon abstraite, à
planifier, à initier, à organiser dans le temps une tâche complexe). Elles sont liées à un
dysfonctionnement du lobe frontal et/ou des voies associatives sous-corticales.
Ces déficits cognitifs doivent être à l’origine d’une altération du fonctionnement social ou
professionnel et représenter un déclin significatif par rapport aux capacités antérieures.
L’évolution est caractérisée par un début progressif et un déclin cognitif continu.
Le diagnostic de démence ne peut être posé si ces symptômes sont liés à un delirium (épisode
de confusion mentale) ou à une affection psychiatrique (dépression majeure,
schizophrénie…).
Enfin, la présence de ces troubles doit durer depuis au moins 6 mois.
Epidémiologie
Hommes Femmes
75-79 ans 7,7 5,7
80-84 ans 12,5 16,6
> 85 ans 23,9 38,4
3
La démence est une cause importante de morbidité, de mortalité et
d’institutionnalisation : plus de 50 % des patients en CHSLD (centre hospitalier pour soins de
longue durée) souffrent de démence. Les 2/3 des dépendances sont dus à la démence.
Manifestations cliniques
Enfin, la plupart des sujets atteints de démence présentent une altération de la pensée
abstraite, du jugement, et de la personnalité.
4
- les traumatismes crâniens
- les facteurs vasculaires : hypertension artérielle, diabète, hypercholestérolémie, tabac,
antécédents d’accidents vasculaires cérébraux, cardiopathies…
- le manque d’activité physique.
Par ailleurs, des facteurs précipitants de type environnementaux tels que l’exposition à
l’aluminium (Gauthier et al., 2000, Rondeau et al., 2000, cités par [16]), aux solvants
organiques (Kukull et al., 1995, cités par [16]), aux ondes électromagnétiques (Sobel et al.,
1995, cités par [16]) et aux pesticides (Gauthier et al., 2001, cités par [16]) augmenteraient le
risque de démence chez les individus présentant des facteurs prédisposants.
5
Les démences dégénératives sont dues à une dégénérescence des cellules nerveuses
cérébrales. Les principales sont la démence de type Alzheimer, la démence fronto-temporale
et la démence à corps de Lewy.
Les démences non dégénératives, pour leur part, sont provoquées par un ou plusieurs
facteurs de type vasculaire, infectieux, traumatique, toxique ou tumoral. Parmi elles, la plus
fréquente est la démence vasculaire.
Dans certains cas, la démence vasculaire est associée à la démence de type Alzheimer,
les deux constituant alors une démence mixte (Bowler et Hachinski, 2003 ; Knopman, 2001 ;
Müller-Spahn et Hock, 1999 cités par [16]).
L’ordre d’apparition et l’importance relative des perturbations cognitives et des
symptômes associés varient avec le type de démence.
Définition
La maladie d'Alzheimer a été décrite par Alois Alzheimer en 1906 et reconnue comme
entité par Kraepelin en 1911.
La maladie d’Alzheimer est un syndrome progressif et irréversible associant des
composantes cognitives, fonctionnelles, comportementales et psycho-affectives auxquelles
s’ajoute, en phase tardive, une détérioration motrice. La mort du patient survient
habituellement dans un délai de 5 à 12 ans après le début apparent de la maladie,
principalement pour cause de pathologies cardio-vasculaires, d’accidents vasculaires
cérébraux (Ostbye et al., 1999 cités par [10]), ou de pneumopathies (Beard et al., 1996 cités
par [10]).
Epidémiologie
6
maladie d’Alzheimer, avec une prévalence de 17,2 % pour les femmes contre 9,1 % pour les
hommes (PAQUID citée par [39]).
Manifestations cliniques
A un stade tardif le patient peut présenter des crises épileptiques, des troubles de la
marche, et se grabatiser.
7
Examens neurobiologiques
Diagnostic
Il a été mis en évidence (Amieva et al., 2005, cités par [24]) que, durant les 9 années
qui précèdent le diagnostic de démence, il existe un déclin cognitif progressif avec un
continuum entre le stade pré-démentiel et le stade démentiel d’abord léger, puis modéré, et
enfin sévère. Dans le but d’un dépistage précoce, les critères de « troubles neuro-cognitifs
légers » (« Mild Cognitive Impairment ») et de « déclin cognitif relié à l’âge » (« Age Related
Cognitive Decline ») du DSM IV-TR constituent une première approche vers ce diagnostic
des affections à un stade infra-clinique.
8
Le diagnostic ne pouvant être établi de façon certaine que par l'examen post mortem
du cerveau, le NINDS-ADRDA (National Institute for Neurological and Communicative
Disorders and Stroke - Alzheimer's Disease and Related Disorder Association) suggère de
porter un diagnostic de maladie d'Alzheimer « possible » puis « probable », au fur et à mesure
de l'évolution des symptômes. C'est donc dire qu'au sens strict, il conviendrait de réserver le
terme maladie d'Alzheimer aux seuls cas dont le diagnostic a pu être confirmé, et d'utiliser
plutôt, dans les cas non confirmés, le terme plus général de démence de type Alzheimer
(DTA).
Les critères diagnostiques ont été établis par Mac Keith en 1996 et complétés en 2005.
Les troubles mnésiques ne sont pas prédominants au début, mais s’aggravent par la
suite. Trois symptômes sont évocateurs et permettent le diagnostic, si deux d’entre eux sont
associés à un état démentiel :
- un état cognitif très fluctuant, avec une attention et une vigilance très variables dans le
temps, et d’un moment à l’autre dans la journée
- des hallucinations (30 à 80%) essentiellement visuelles, durables, récidivantes, très
élaborées et bien décrites par le sujet. Elles peuvent précéder de six mois les autres
symptômes
- un syndrome parkinsonien, très fluctuant dans le temps et absent dans 25% des cas.
Les signes associés sont nombreux : chutes répétées, syncopes, idées délirantes
systématisées et autres types d’hallucinations. On peut également rencontrer des troubles
dépressifs et du sommeil. Un autre signe évocateur de DCL est la sensibilité exacerbée de ces
patients aux neuroleptiques dont les effets indésirables sont amplifiés.
9
2.1.3. Démence lobaire fronto-temporale (DLFT)
Ainsi, le variant frontal est fortement marqué par les troubles comportementaux et
affectifs. Sur le plan comportemental, on pourra observer chez ces patients une négligence
physique, une négligence des convenances sociales, des conduites désinhibées, une
hyperoralité, des conduites stéréotypées, des persévérations, une distractibilité ou encore une
impulsivité. Sur le plan affectif, ces patients peuvent présenter une dépression, de l’anxiété,
des idées fixes, suicidaires, une indifférence affective, un manque d’empathie, une apathie,
une amimie. Le langage connaitra lui une réduction progressive pouvant aller jusqu’au
mutisme. Il sera marqué par une écholalie, des persévérations.
L’aphasie progressive primaire non fluente est caractérisée par une perturbation
lentement progressive du langage, principalement au niveau de la production. L’expression
orale est particulièrement perturbée : le discours est hésitant, laborieux avec une réduction de
10
la fluence. On peut également observer des paraphasies phonémiques, un agrammatisme et/ou
une anomie.
La plupart des auteurs utilisent actuellement ce terme pour décrire une démence due à
la fois à des lésions de type Alzheimer et des lésions vasculaires. Les critères de la NINDS-
AIREN proposent qu’on emploie la terminologie « maladie d’Alzheimer avec maladie
cérébro-vasculaire ».
11
L’examen post-mortem de cohortes prospectives a mis en évidence que la fréquence
de la pathologie mixte était sous estimée en raison de l’insuffisance de précision des critères
cliniques (Holmes, Cairns, Lantos & al., 1999 cités par [34]). Ainsi la maladie d’Alzheimer
avec composante cérébro-vasculaire pourrait représenter entre 10 à 40 % des démences.
3. Diagnostics différentiels
Le syndrome confusionnel
Confusion Démence
12
Hallucinations fréquentes, surtout visuelles rares aux stades de début
Activité psychomotrice souvent augmentée, parfois normale aux stades de début
diminuée (apathie)
Humeur anxiété, peurs, méfiance le plus souvent peu altérée
Délires mal systématisés peu fréquents
Discours incohérent souvent normal au début
Signes neurologiques souvent présents souvent absents au début
Dépression Démence
13
II. L’attention
1. Définition et généralités
14
- traiter une source d’information aux dépens d’autres sources (attention sélective ou
divisée)
- traiter simultanément plusieurs informations (attention partagée)
- traiter en alternance différentes sources d’informations (flexibilité attentionnelle)
- traiter de manière soutenue et prolongée une information (attention soutenue)
- se préparer à traiter des stimuli (attention préparatoire).
Selon les époques et selon les auteurs, le terme d’ «attention » a recouvert et recouvre
encore des définitions diverses. Dès 1971, Posner et Boise (cité par [19]) ont divisé la notion
d’attention en sous systèmes tels que l’attention focalisée, l’alerte, la vigilance, l’attention
soutenue, la flexibilité, la distractibilité, etc. En 1987, Mirsky (cité par [5]) a entrepris une
analyse factorielle de l’attention l’amenant à distinguer 4 facteurs : l’attention sélective,
l’attention soutenue et vigilance, la capacité à encoder et manipuler l’information et la
flexibilité.
Actuellement, il n’existe pas de liste exhaustive des différents types d’attention. Nous
décrirons ici brièvement les principales composantes attentionnelles.
2.1. Vigilance
Schneider et Shiffrin (cités par [35]) ont proposé en 1977 la distinction de deux
niveaux de traitement : l’attention automatique et l’attention contrôlée.
Est définie en tant que tâche d’attention automatisée tout traitement de l'information
devenu si routinier et efficace, qu'il ne réclame plus la mobilisation que d'un minimum de
15
ressources attentionnelles conscientes. L'activité automatique se produit sans intention et
n'interfère pas avec une autre activité mentale. La détection automatique opère en parallèle :
plusieurs éléments peuvent être traités simultanément.
Plus on utilise des processus cognitifs automatisés, plus on libère des ressources
attentionnelles. Les activités fortement automatisées se déroulent de manière rapide, rigide et
non adaptative.
L’attention sélective désigne notre capacité à traiter de façon efficace et rapide une
information particulièrement pertinente pour une tâche en cours. Elle implique deux facettes
et donc au moins deux types de processus mentaux sous-jacents : la capacité à orienter nos
ressources mentales vers une source d’informations ou un stimulus particulier (un son, une
image…) et la capacité à inhiber les informations non pertinentes, parfois délétères ou
interférentes pour la tâche en cours.
16
attentionnelle provoquée par un stimulus externe intervient du bas vers le haut (bottom-up)
dans l’architecture cognitive.
17
2.6. Attention soutenue
L’attention soutenue peut être définie comme la capacité à maintenir une attention
focalisée sur des stimuli-cibles pendant un laps de temps relativement long. Ce temps n’est
pas fixé dans la littérature. Nous pourrons considérer qu’il s’agit d’attention soutenue si
l’effort mental se prolonge sur un minimum de temps de 3 à 10 minutes. L’attention soutenue
intervient dans des situations où le flux d’informations est rapide et ininterrompu, ce qui
nécessite un traitement actif continu de la part du sujet.
Elle est cruciale dans les apprentissages, notamment ceux pour lesquels nous sommes
peu motivés, ou dans la vie quotidienne comme lorsque nous conduisons sur une autoroute
monotone.
L’attention soutenue peut également favoriser la préparation d’une action motrice.
Cette attention préparatoire désigne notre capacité à développer et maintenir un schéma
d’action pour favoriser une réponse optimale.
Très souvent, le terme de « vigilance » est utilisé de manière abusive en lieu et place
« d’attention soutenue ». Ces deux termes recouvrent probablement un même continuum,
mais se situent chacun à une extrémité.
L’attention soutenue et la vigilance sont définies comme la capacité à focaliser
l’attention de façon continue sur une tâche particulière. Bien que ces deux concepts aient été
fréquemment utilisés de façon interchangeable, les capacités de vigilance interviendraient plus
spécifiquement lorsque le sujet doit rester attentif sur de longues périodes de temps afin de
détecter des stimuli peu fréquents et survenant de façon irrégulière. Par contre, l’attention
soutenue réfèrerait à des situations dans lesquelles le sujet est confronté au traitement
d’informations ayant une probabilité d’apparition plus élevée.
L’illustration d’une tâche de vigilance est typiquement la surveillance d’un écran, où il
s’agit de repérer des variations occasionnelles de l’information. Par contre, un traducteur-
interprète se trouve en situation d’attention soutenue. Il est donc aisé de comprendre que
l’attention soutenue est soumise à des facteurs tels que la nature de la tâche, le degré
d’expertise nécessaire, l’intérêt, le plaisir, la motivation du sujet, mais également la
fatigabilité ou le moment de la journée où se déroule la tâche. Ces facteurs influenceront la
durée du maintien de l’attention soutenue.
18
3. Concepts neuropsychologiques de l’attention
Modèles structuraux
Les premiers modèles (Broadbent, 1958 ; Treisman, 1960 ; Deutsch & Deutsch, 1963,
cités par [40]) considèrent l’attention comme une entité, un « tout » indifférencié réalisant un
ensemble d’opérations de type détection, sélection et filtrage sur les stimuli et informations
sur lesquelles le sujet doit porter son attention. Mais un ensemble d’observations et
d’expérimentations ont rapidement remis en cause l’aspect réducteur de ce type de modèle.
Modèles fonctionnels
Aussi, ces entités structurales cèderont-elles rapidement la place à des modèles plus
fonctionnels (Norman, 1968 ; Kahneman, 1973 ; Norman & Bobrow, 1975 ; Kinchla, 1980 ;
Wickens, 1984, cités par [40]) où l’accent sera mis cette fois non plus sur les éléments
constitutifs du système mais bien sur la notion de capacité de traitement et de quantité de
ressources attentionnelles disponibles. Le postulat de base de ces modèles fonctionnels peut se
résumer comme suit : les ressources attentionnelles dont un individu dispose sont limitées,
leur exploitation est fonction du degré d’investissement ou d’ « effort attentionnel » déployé
par le sujet, ses ressources pouvant être allouées différemment selon les consignes auxquelles
on le soumet. Ces modèles fonctionnels se sont avérés très productifs sur le plan théorique, et
prometteurs sur le plan de la prédiction du comportement attentionnel d’un sujet dans une
situation donnée. Ainsi, par exemple, l’une des ambitions de ces modèles était de pouvoir
prédire le nombre et les types de tâches simultanées auxquelles on pourrait soumettre un sujet
sans pour autant dépasser sa capacité de traitement. Malheureusement, outre le fait que ces
modèles restent généraux en appréhendant l’attention en tant que système indifférencié, leur
pouvoir prédictif fut fréquemment mis en échec et ce, tout particulièrement dans l’étude de la
conduite simultanée de plusieurs tâches.
Modèles à composantes
Initié par Posner et Rafal (1987, cités par [19]) les modèles à composantes se
démarquent des précédents en considérant cette fois l’attention non plus comme un « tout
indifférencié » mais bien comme un ensemble de mécanismes ou fonctions attentionnelles
19
spécifiques, mobilisables en fonction du type de situation auquel le sujet est confronté.
Actuellement, la version la plus élaborée de ce type de modèle revient à van Zomeren et
Brouwer (1994, cités par [15]). Il inclut la distinction entre les aspects de sélectivité et
d’intensité citée par Kanheman (1973, cité par [19]). L'attention soutenue, la vigilance, l’alerte
phasique et tonique relèvent de la dimension intensité. L’attention sélective et l’attention
partagée relèvent de la dimension sélectivité.
Basé sur le modèle cognitif de Shallice (1982, cité par [35]), ils proposent également
une fonction supra modale : le superviseur attentionnel, contenant les sous aspects de stratégie
et de flexibilité.
ATTENTION
INTENSITE SELECTIVITE
DEL’INFORMATI
ON
EMPAN ATTENTION
L’INFORM ATTENTION- DIVISEE
ATION NEL
l’informatio
n
Figure : Modèle des aspects de l’attention, d’après Van Zomeren et Brouwer (1994)
20
La dimension d'intensité fait référence à la dimension non-spécifique de l'attention, à
l'état général de préparation qui permet au sujet de traiter et de répondre à une stimulation non
déterminée de manière plus ou moins efficiente. On peut la rapprocher de l'état général
d'activation cérébrale. Elle subit des variations cycliques circadiennes et infra-circadiennes.
21
externes (ex : couleurs vives captant l’attention, typographie de grande taille) mais également
internes (ex : faire particulièrement attention à tel endroit d’un trajet où les accidents sont
fréquents, passer rapidement d’une tâche à l’autre plutôt que de les mener simultanément).
Enfin, la flexibilité est une fonction complexe qui elle-même comprend différents aspects
(Zimmermann et Leclercq, 2002, cités par [40]). « La flexibilité cognitive renvoie à la
capacité à réorienter les contenus de pensée et l’action afin d’être à même de percevoir, traiter
et réagir aux situations de différentes manières » (Eslinger & Grattan, 1993, cités par [40]).
Cliniquement, un manque de flexibilité se manifestera par la présence de comportements
persévérateurs et, de manière générale, par un manque de souplesse mentale. Au vu de ce qui
précède, on peut voir l’importance de ce paramètre tant pour orienter correctement le faisceau
attentionnel sur les éléments pertinents (focalisation et sélectivité) et le réorienter en fonction
des contingences propres à la tâche ou du résultat des traitements déjà effectués, que pour
passer aisément d’un type de stimulus à l’autre, tout comme d’une tâche à une autre. La
flexibilité interviendra également lors du passage d’un type de registre (changement de but)
ou d’opération cognitive (changement de programme d’action, de stratégie) à l’autre.
Il n’est pas simple d’établir une relation précise entre les mécanismes attentionnels et
l’architecture cérébrale. Différentes aires cérébrales jouent un rôle spécifique mais les sites
impliqués dans le traitement attentionnel forment un réseau [40].
Les travaux de Sturm et al. (1999, cités par [29]), à l’aide d’une étude par TEP
(Tomographie par Emission de Positrons), ont démontré l’existence d’un réseau cortical
(fronto-pariétal) et sous-cortical (locus coeruleus) à prédominance hémisphérique droite
impliqué prioritairement dans le processus de l’alerte. Les voies noradrénergiques à partir du
locus coeruleus jouent très certainement un rôle crucial au niveau du maintien et du contrôle
des aspects intensifs de l’attention (Posner et Petersen, 1990, cités par [29]).
Le cortex préfrontal dorso-latéral et le cortex pariétal inférieur de l’hémisphère droit
sont actifs dans le maintien d’un certain niveau d’attention (attention soutenue).
En revanche, l’attention focalisée serait supportée par le cortex orbito-frontal de
l’hémisphère gauche, impliquant les connexions fronto-thalamiques au noyau réticulaire du
thalamus et le gyrus cingulaire antérieur.
22
L’attention divisée en tâche crossmodale serait soutenue par le cortex préfrontal dorso-
latéral droit, mais bilatéral en situation de tâche double au sein d’une même modalité
sensorielle.
Nous présenterons ici les principaux tests d’attention soutenue étalonnés chez l’adulte
et la personne âgée. De plus, nous ne parlerons que des tests utilisant le canal visuel, notre
étude étant basée sur des tests de barrage.
23
lent et inefficace. Dans tous les cas, le temps de passation du test doit être suffisant pour
prétendre effectuer une mesure de l’attention soutenue. Il varie selon les auteurs de 3 à 10
minutes. Une observation clinique vient compléter les résultats objectifs.
Nous décrirons les principaux tests d’attention soutenue sous forme papier/crayon.
Le test des deux barrages de Zazzo (T2B) (1972) est constitué de deux épreuves : la
première avec une seule cible à barrer et la deuxième comprenant deux cibles. Chaque
épreuve contient 1000 signes à observer. La première épreuve est chronométrée : on note le
temps mis par le sujet pour terminer l’épreuve. Pour la seconde, on note le nombre de signes
lus en 10 minutes. La passation dure environ 20 à 25 minutes. Le résultat est en écarts semi-
inter-quartiles. Le test est étalonné à partir de 6 ans jusqu’à l’âge adulte. Ces normes ne
tiennent pas compte de l’âge chez l’adulte (population étudiante et recrues militaires âgées de
20 ans), ni du niveau d’étude et de formation.
La validité et la fidélité de ce test sont satisfaisantes. On observe un effet d’apprentissage, un
délai de 6 mois doit donc être respecté entre le test et le re-test.
Le test KT (Halter, 1973) consiste à barrer les lettres, chiffres et signes qui, dans la
colonne de gauche, ne sont pas strictement identiques à ceux de la colonne « modèle » qui est
à droite. Il y a 340 signes dont 117 à barrer. L’épreuve est chronométrée. Le temps et la
précision sont notés, les résultats sont en déviation standard (DS).
24
Des normes existent pour les adultes de 20 à 55 ans pour les hommes et de 20 à 51 ans pour
les femmes. On note des différences liées au sexe et au niveau culturel. Néanmoins, le niveau
culturel n’a pas été pris en compte chez les femmes. L’étalonnage est moins précis que celui
du d2.
L’utilisation des tests papiers crayons est largement préférée pour leur facilité de
présentation. De plus, l’ordinateur peut être une source d’appréhension pour certaines
personnes et spécifiquement chez les personnes âgées qui sont pour le moment peu
familiarisées à cet outil.
Pour limiter l’intervention d’autres processus cognitifs tels que la mémoire ou la
perception, les tests mentionnés ci-dessus utilisent des tâches et des stimuli simples.
Néanmoins, l’intégrité des fonctions visuelles et motrices doit être préservée. La passation de
ces tests nécessite donc que la personne puisse tenir en position assise, que ses capacités
sensitivo-motrices soient préservées au niveau d’au moins un membre supérieur et que sa
perception visuelle soit correcte.
25
adaptation et l’étalonnage chez la personne de plus de 60 ans a fait l’objet d’un mémoire de
psychomotricité (Estelle Reynaud, [19]). Les modifications et adaptations apportées à ce test
seront décrites en partie B.I. de notre mémoire.
Zazzo indique [18] que le test des deux barrages « est destiné à éprouver le contrôle
psychomoteur par un dispositif expérimental visuoperceptif dont l’essentiel est la
comparaison des performances et attitudes du sujet dans deux niveaux différents de l’activité :
barrage d’un seul signe, puis barrage de deux signes ». Il s’agit néanmoins de préciser ce qui
est sous entendu par « contrôle psychomoteur ». Le test des barrages de Zazzo est utilisé en
psychomotricité pour mesurer l’attention soutenue. En effet, il s’agit de détecter une ou
plusieurs cibles, dont la fréquence est élevée (12,5% et 25%), parmi des distracteurs sur une
certaine durée pour chaque épreuve (environ 10 minutes chacune).
26
même temps, tout en ignorant les distracteurs comportant une orientation de trait différente
des cibles. Sachant que l’on sollicite une même modalité sensorielle, les deux stimuli
interfèrent fortement l’un avec l’autre. La complexité de la seconde épreuve implique une
attention contrôlée.
Par ailleurs, l’étude PAQUID (2004, citée par [2]) a utilisé les 200 premiers signes de
la première épreuve du test des barrages de Zazzo. L’analyse des résultats psychométriques a
mis en évidence la présence de perturbations précoces de l’attention sélective
(dysfonctionnement des processus inhibiteurs) et de la vitesse de traitement des informations
dans la maladie d’Alzheimer, le ralentissement précédant l’altération de la précision. Au stade
préclinique, on observerait un ralentissement de la détection des cibles : pour rester précis, les
sujets diminueraient leur vitesse (Amieva et al, 2000, cités par [2]). Au stade clinique, se
surajoutent des problèmes d’inhibition des distracteurs, expliquant la chute de précision. Le
déficit des processus d’inhibition peut se manifester dans des épreuves plus complexes,
comme le double barrage de Zazzo (Leclerc et Zimmermann, 2000 cités par [2]).
Mémoire de travail
27
III. L’altération de l’attention soutenue au cours du vieillissement
Grâce aux avancées théoriques, une meilleure description des troubles de l’attention
qui sont observés au cours du vieillissement normal et des pathologies qui lui sont associées a
vu le jour ces dix à vingt dernières années.
Le vieillissement cognitif
28
Plusieurs hypothèses ont été émises concernant le vieillissement neuropsychologique.
L’une d’entre elles suggère que les fonctions qui sont sous la dépendance des régions
frontales seraient les premières atteintes dans le vieillissement normal (West, 1996, cité par
[4]). Cette hypothèse repose sur des arguments de type neurophysiologique (diminution du
nombre et de la taille des neurones, perte d’efficacité des contacts synaptiques, diminution de
la concentration des neurotransmetteurs… plus importantes dans les régions frontales) et de
type psychométrique (batteries de tests mettant en évidence des déficits plus marqués dans les
tâches exécutives).
L’hypothèse des facteurs généraux s’oppose directement à l’hypothèse frontale dans
l’explication du déclin cognitif associé au vieillissement normal. Selon cette hypothèse, il
existerait un nombre relativement restreint de médiateurs cognitifs qui seraient atteints par le
vieillissement normal, entraînant ainsi des déficiences dans différents domaines du
fonctionnement cognitif. Ainsi, la vitesse de traitement est un des facteurs généraux les plus
plausibles (Salthouse, 1992, cité par [4] ; Richter et Richter, 2004, cités par [16]).
Mouloua et Parasuraman (1995, cités par [12]) ont administré une tâche de détection
de cibles à des participants jeunes et âgés. A chaque essai, une lettre cible pouvait apparaître
ou non sur l’un des quatre coins de l’écran. Les participants devaient indiquer le plus
29
rapidement possible dans quel coin apparaissait la lettre cible. La tâche durait 30 minutes. Les
auteurs ont montré que la performance des sujets âgés se détériorait plus rapidement au cours
du temps lorsque la fréquence des stimulations est élevée, et que la localisation des items est
aléatoire (c’est-à-dire quand la charge en attention visuelle est importante). Ceci est en accord
avec l’hypothèse d’une diminution des capacités d’attention soutenue avec l’âge (Bunce et al.,
1996 ; Neuchterlein et al., 1983, cités par [12]).
En 2008, dans son mémoire de psychomotricité, Estelle Reynaud [19] observe que
pour l’un ou l’autre des barrages du T2B, la qualité des réponses des sujets âgés de 60 à 79
ans est maintenue au détriment de la vitesse, qui diminue significativement. Elle formule
l’hypothèse que pour maintenir la qualité, les 70-79 ans semblent devoir perdre de la vitesse.
À partir de 80 ans, à la fois la vitesse et la qualité diminuent et le ralentissement ne semble
plus permettre le maintien de la qualité. Au second barrage, toutefois, la perte de qualité serait
uniquement due à une augmentation du nombre d’additions, car le nombre d’omissions reste
stable entre 60 et 89 ans. Les erreurs d’addition évoquent un défaut d’inhibition des
distracteurs. On pourrait faire l’hypothèse que pour le second barrage, la perte de qualité
reflète plutôt une difficulté à maintenir ces processus inhibiteurs.
Le ralentissement observé entre 70 et 89 ans semble homogène entre les deux
épreuves. En revanche, entre 60 et 89 ans, la perte de rendement serait plus importante au
second barrage qu’elle ne l’est au premier, du fait de la perte de qualité de la précision, donc
d’une diminution de l’efficience des processus d’inhibition.
Par ailleurs, d’autres études semblent plutôt en faveur d’une absence de déficits
d’attention soutenue liée à l’âge (Giambra, 1993, cité par [6]).
Par exemple, Nebes et Brady (1993, cités par [6]) ont examiné dans quelle mesure les
personnes âgées présentaient une plus grande fatigabilité se manifestant par une augmentation
des temps de réaction entre le début et la fin de la tâche. Les sujets âgés montrent des temps
de réaction supérieurs à ceux des sujets jeunes, mais l’augmentation des temps de réaction au
cours du temps est équivalente (Berardi, Parasuranam & Haxby, 2001, cités par [6]).
30
2. Attention soutenue et démence
En outre, tant la nature des processus déficitaires que l’évolution des troubles peut
varier considérablement d’un patient à l’autre. Cette hétérogénéité peut se manifester non
seulement entre les grandes fonctions cognitives, mais aussi au sein d’une fonction
particulière.
Ainsi, des dissociations entre capacités préservées et déficitaires s’observent
également dans le domaine des fonctions attentionnelles. La présence de déficits attentionnels
a fréquemment été décrite dès les premiers stades de la DTA (Collette et Van der Linden,
2000, cités par [2]). Il s’agit de distractibilité, de fatigabilité, de persévérations,
d’impersistances motrices. Une étude longitudinale sur un petit groupe de patients a suggéré
que la première conséquence neuropsychologique non-amnésique de la DTA est une perte de
la capacité attentionnelle (Grady & al., 1988).
Peu de rapports ont été publiés sur l’attention soutenue dans la DTA.
Nissen et al. (1981, cités par [15]) reportent que les patients Alzheimer ont des
difficultés à maintenir leur attention dans une tâche de détection visuelle, bien que leur niveau
phasique d’éveil soit normal.
31
Lines et al. (1991, cités par [15]) ont administré un test d’attention soutenue visuelle
chez un petit groupe de patients Alzheimer : huit cas légers (MMSE ≥ 20), et huit cas
modérément sévères (11 ≤ MMSE ≤ 19). Des chiffres étaient présentés brièvement sur un
écran d’ordinateur avec un fond de « pollution » visuelle pendant 5 mn, à un taux de un par
seconde. Les sujets devaient appuyer sur un bouton à chaque fois qu’ils voyaient le chiffre
cible. Les performances des patients Alzheimer ont été comparées aux sujets contrôles
appariés en âge. Les auteurs n’ont pas observé de différence significative entre les patients
Alzheimer légers et les sujets contrôles : tous ont fait très peu d’erreurs d’omissions. Les
effets du temps sur la tâche ont été analysés en comparant les erreurs et les fausses alarmes
sur 5 blocs successifs de 1 mn. Aucune interaction entre groupe et bloc n’a été trouvée,
indiquant que les patients Alzheimer soutiennent leur attention comme les sujets contrôles. En
revanche, les patients composant le groupe modéré a fortement varié en ce qui concerne les
performances : 4 patients ont des taux de réussite élevés de fausses alarmes alors que les 3
autres l’ont très mal effectué.
Ainsi, les capacités d’attention soutenue apparaissent relativement intactes, du moins
dans les premiers stades de la maladie (voir aussi Nebes et Brady, 1993, cités par [2]).
Dans un travail récent, Perry, Watson et Hodges (2000, cités par [2]) ont exploré de
façon longitudinale les troubles attentionnels dans la DTA. Ils ont administré à des patients
Alzheimer présentant différents degrés d’atteinte cognitive (minimale : 24 ≤ MMSE ≤ 30 et
légère : 18 ≤ MMSE ≤ 23) une série d’épreuves évaluant l’attention soutenue, divisée et
sélective, ainsi que les capacités d’inhibition. Des tâches évaluant la mémoire épisodique et
sémantique, les capacités visuo-perceptives et visuospatiales, ainsi que la mémoire verbale à
court terme ont également été administrées. Les patients se trouvant au stade léger de la
maladie montrent des déficits pour l’ensemble des épreuves attentionnelles. En revanche, les
patients présentant une atteinte minimale montrent des capacités d’attention soutenue et
divisée préservées, mais des performances déficitaires aux tâches d’attention sélective et
d’inhibition. Les résultats de cette étude suggèrent donc que les déficits d’attention sélective
et d’inhibition surviendraient avant l’atteinte des capacités de coordination de tâches doubles
et d’attention soutenue. Par ailleurs, la comparaison des deux groupes montre que les troubles
attentionnels surviennent après les troubles de la mémoire épisodique, mais avant les déficits
visuo-perceptifs, visuo-spatiaux, et de mémoire de travail verbale (voir également Grady et al,
1988 ; Reid et al, 1996, cités par [2]).
32
De même, plusieurs auteurs (Baudic et al., 2006 ; Perry et Hodges, 1999 ; cités par
[11]) soulignent que, après un stade initial marqué par les troubles mnésiques, le
fonctionnement exécutif, et notamment l’attention, est le premier domaine cognitif altéré, bien
avant le langage et les fonctions visuospatiales.
D’autre part, certains chercheurs ont proposé que les mécanismes de contrôle de
l’attention pourraient être parmi les premiers touchés dans la DTA (Parasuraman et Haxby,
1993 ; Perry et Hodges, 1999 ; cites par [22]).
En 2003, Estévez-Gonzalez et al. [27] ont réalisé une étude pour savoir s’il est possible
d’identifier un déficit d’attention soutenue dans la phase préclinique de la DTA. Pour cela, ils
ont sélectionné 70 patients présentant des plaintes mnésiques subjectives auxquels ils
administrent un test d’attention soutenue (une version du CPT adaptée à la personne âgée).
Ces patients ont été suivis longitudinalement pendant deux ans. A ce terme, 27 patients ont
développé une DTA et 43 sont restés cliniquement stables.
Les résultats de cette étude montrent que les patients qui seront diagnostiqués DTA
deux ans plus tard ont des performances significativement plus faibles au CPT que les patients
qui ne développent pas de DTA. Ils commettent plus d’erreurs d’omissions, plus d’erreurs
d’additions et ont un temps de réaction plus long. Les auteurs concluent que l’attention
soutenue se détériore dans la phase préclinique de la DTA (voir aussi l’étude de Brazzelli &
al., 1994) et que le CPT pourrait être un indicateur de ce déclin cognitif. Par ailleurs, le
nombre de bonnes réponses au CPT est corrélé avec le score obtenu au MMSE.
En 1989, Byrne et al (cités par [13]) ont été les premiers à insister sur les troubles
attentionnels comme caractéristiques de la DCL. Il s’agit d’une distractibilité, de
persévérations idéiques ou de perturbations de la vigilance.
33
Bien que les troubles attentionnels soient généralement considérés comme étant plus
importants dans la démence à corps de Lewy que dans la DTA, peu d’études les ont explorés
de façon systématique en utilisant des épreuves spécifiques.
Dans une recherche de Grymonprez et al. (1998, cités par [13]) portant sur un test de
répétition d’une épreuve de classement de 7 chiffres, un important ralentissement idéo-moteur
est retrouvé, invalidant les capacités d’attention soutenue. Les patients DCL tendent à
commettre plus d’erreurs que les patients présentant une démence fronto-temporale (DFT). La
qualité de l’exécution n’est pas améliorée par le ralentissement, contrairement à ce qui se
passe dans la phase préclinique de la DTA. Ainsi, le travail de Grymonprez et al. a montré
que les patients DCL avaient des troubles de l’attention soutenue plus importants que les
patients atteints de DTA ou de DFT.
En 2001, Calderon, Perry, Erzinclioglu, et al. (cités par [8] et par [11]) ont testé
l’attention soutenue et sélective dans les modalités auditives et visuelles chez des patients
DCL et DTA à l’aide du test de Stroop, de tâches doubles et de la batterie « Test of Everyday
Attention ». Ils montrent que toutes les composantes attentionnelles sont déficitaires dans la
démence à corps de Lewy, contrairement à la DTA où les capacités d’attention soutenue
seraient longtemps préservées. Ces troubles attentionnels massifs dans la démence à corps de
Lewy se caractérisent aussi par leur aspect fluctuant.
Il existe très peu d’études sur l’attention soutenue chez les personnes atteintes de DFT.
Néanmoins, des difficultés attentionnelles s’observent au niveau comportemental : rigidité
mentale et manque de flexibilité, distractibilité et impersistance, comportements persévératifs
et stéréotypés.
On retrouve des difficultés d’attention soutenue caractérisées par un important
ralentissement idéo-moteur ; la qualité est cependant maintenue par rapport à des sujets sains
(Grymonprez et al.,1998, cités par [19]).
34
2.4. La démence vasculaire
Nous n’avons pas trouvé d’étude mesurant spécifiquement l’attention soutenue dans le
cadre de la démence vasculaire.
Les troubles attentionnels seraient plus marqués dans la démence vasculaire que dans
la DTA [27].
35
IV. Intérêts de l’évaluation de l’attention soutenue chez les personnes
atteintes de démence
Dans la mesure où les fonctions attentionnelles sont toutes impliquées dans les
activités quotidiennes, le déclin de l’attention a un impact important dans la vie des personnes
âgées. Comme nous l’avons vu précédemment, l’attention sous-tend les autres fonctions
cognitives et tout apprentissage. Concrètement, dans la vie quotidienne d’une personne âgée,
porteuse ou non d’une démence, un déficit d’attention soutenue aura des conséquences
néfastes notamment sur les déplacements et les autres activités motrices complexes. En effet,
maintenir une attention soutenue lors de la marche ou encore lors de franchissement
d’obstacles est essentiel afin d’éviter les pertes d’équilibre et les chutes. Cela souligne
l’importance d’évaluer cette fonction pour la sécurité des sujets, et justifie l’intérêt de la mise
en place d’une prise en charge spécifique dans le but de limiter les dépendances. Le maintien
d’un lien social (conversation) et certaines activités de loisirs comme la lecture sont
également entravés par des difficultés d’attention soutenue.
Cela explique l’augmentation importante du nombre d’études portant sur le
vieillissement des processus attentionnels au cours des dernières années. Une meilleure
compréhension de ce phénomène pourrait nous aider à mieux comprendre le déclin cognitif
affectant les processus supérieurs, tant dans le vieillissement normal que pathologique.
36
En outre, connaître les capacités d’attention soutenue d’un sujet permet d’adapter au
mieux la prise en charge. On préférera, par exemple, pour un sujet ayant un déficit dans ce
domaine, plusieurs séances courtes par semaine (d’environ 10 minutes) plutôt qu’une unique
prise en charge hebdomadaire de 45 minutes, et cela quel que soit le domaine à travailler. Le
psychomotricien pourra également modifier ses stratégies lors d’apprentissages nouveaux.
Il semble aujourd’hui admis que la prise en charge d’un déficit de l’attention doit être
entreprise après une évaluation fine de ses différentes composantes. Dans la plupart des
travaux, jusqu’à ces dernières années, la rééducation de l’attention était conçue de façon
globale, sans distinguer clairement les mécanismes sous jacents déficitaires (Baddeley, 1998,
cité dans [14]). Certaines études, utilisant une méthodologie rigoureuse, ont rapporté des
résultats négatifs (Park, 2001, cité dans [14]). Cependant, des travaux relativement récents
suggèrent que la rééducation de l’attention pourrait être efficace si elle s’adresse
spécifiquement à la fonction déficitaire chez un patient donné (attention sélective, soutenue,
divisée, alerte…) (Sturm et al, 1997, cités dans [14]).
Si les études d’entraînement mnésique existent depuis longtemps, ce n’est que tout
récemment que les chercheurs ont tenté d’optimiser les processus attentionnels des personnes
âgées. Evidemment, les retombées de ces études sont majeures sur le plan de la pratique
clinique et pour le bien être des personnes âgées en général, mais aussi sur le plan théorique
car elles nous informent sur le potentiel cognitif des personnes âgées, au-delà des simples
effets de familiarisation aux tâches ou d’apprentissage lors des premiers stades d’acquisition
d’une tâche nouvelle.
On distingue deux types d’études importantes : les études dans lesquelles les
participants pratiquent de façon répétitive une même tâche attentionnelle et les études
d’entraînement cognitif. Les résultats indiquent que la pratique intensive permet d’améliorer
les performances des aînés autant que celles des jeunes dans les tâches d’attention soutenue
(Parasuraman et Giambra, 1991, cités dans [8]). En ce qui concerne les études d’entraînement
cognitif (Baron et al., 1989 ; Bherer et al., 2005, cités dans [8]), il est rapporté des résultats
encore plus impressionnants. Une procédure d’entraînement cognitif se distingue de la simple
pratique intensive par l’utilisation de stratégies visant à pousser les performances des
participants au maximum et/ou par l’utilisation de rétroactions ou de consignes permettant
aux participants d’ajuster leur stratégie en fonction de leurs performances. Ces études ont
permis d’observer l’impressionnante plasticité des processus attentionnels chez les personnes
37
âgées : l’amélioration observée permettrait de compenser les différences liées à l’âge dans les
tâches attentionnelles.
Les résultats positifs de ces études sur une population âgée saine sont prometteurs
pour la rééducation des troubles chez les personnes atteintes de démence.
38
PARTIE PRATIQUE
D’octobre à décembre 2008, nous avons démarché par courrier, par téléphone, ou en
nous rendant directement sur place, une soixantaine de maisons de retraite ainsi que quelques
médecins en libéral. Nous proposions pour chaque structure un rendez-vous préalable afin
d’expliquer clairement notre démarche, le profil des personnes âgées recherché et l’intérêt de
notre étude.
Les passations ont été réalisées avec la collaboration de Marie-Caroline Matura et de
Carole Valeille, dont le mémoire porte sur la validation pathologique du test de Stroop
(Validité d'un test d'attention sélective chez la personne atteinte de démence : validation
pathologique du test de Stroop, mémoire de psychomotricité, 2009).
De décembre à mars, nous sommes allées à la rencontre de 85 personnes âgées
atteintes de démence et des équipes soignantes. Celles-ci nous ont accompagnées et ont
permis notre intégration au rythme de l’institution afin d’aborder les personnes dans des
conditions optimales. Avec chaque sujet, nous prenions un temps de discussion pour nous
présenter et leur expliquer de manière simple la raison de notre venue. Lors de cet échange,
nous tentions d’appréhender la personne dans sa globalité : son éventuelle fatigue ou anxiété,
sa disponibilité à ce moment. Cela nous permettait de nous adapter au mieux à chaque
personne, à son rythme, à ses capacités de compréhension. Nous nous montrions
accompagnantes, rassurantes, afin de mettre les sujets le plus à l’aise possible.
A l’issue de cette discussion, nous proposions aux personnes volontaires la version
adaptée à la personne âgée du Test des 2 barrages de Zazzo.
39
I. Le test des 2 barrages de Zazzo adapté à la personne âgée
1. Adaptation
- Le nombre de signes : Chaque épreuve contient 640 signes contre 1000 pour le test
original. Le pourcentage de cibles utilisé dans la version originale a été respecté afin de
conserver la validité de construction, soit 12,5 % (80 cibles) au premier barrage et 25 % (160
cibles) au second.
- La feuille d’exemple : Un exemple a été utilisé avant chaque épreuve afin de s’assurer
de la compréhension des consignes. Chaque exemple comporte 3 lignes de 16 signes prises au
hasard dans le test.
40
2. Qualités métriques
2.1. Validités
Le principe de l’adaptation est le même que les tests de barrages classiques déjà
utilisés dans l’évaluation de l’attention et à fortiori le même que la version originale des
barrages de Zazzo.
Les précautions de construction (pourcentage de cibles identique à la version originale,
agrandissement des signes originaux toutes proportions gardées) assurent donc une bonne
validité de construction de ce test.
Ce type de validité n’a pas pu être étudié. En effet, il n’a pas était trouvé de test
d’attention soutenue étalonné chez la personne âgée avec lequel il aurait été possible de
mettre en concurrence les résultats.
2.2. Fidélités
Etant donné l’effet d’apprentissage connu sur le test des barrages de Zazzo, l’intervalle
de 6 mois entre les deux passations doit être respecté.
L’étude sur la fidélité intercorrecteur a porté sur 10 sujets répartis au hasard dans les
différentes tranches d’âge. Elle fait état d’une corrélation de r = .99. Il existe donc une très
forte corrélation entre les corrections d’une même passation effectuées par deux correcteurs
41
différents. L’utilisation des transparents de correction favorise grandement la fidélité
intercorrecteur.
42
II. Administration
1. Précautions particulières
Les phénomènes anxieux peuvent retentir sur les capacités attentionnelles. Certaines
remarques révélant l’anxiété face à l’échec possible, du type « je perds la tête en ce
moment », sont souvent revenues. Pour limiter au maximum ce facteur, nous avons pris
un temps de discussion avec chaque personne interrogée afin de les mettre en confiance
et de leur expliquer le déroulement de la passation. Nous évitions d’employer les termes
« tests » ou « épreuves » au profit de mots moins anxiogènes comme « exercices » ou
« activités ». Nous précisions bien que certains exercices seraient plus difficiles que
d’autres et qu’il est normal de ne pas réussir à tout faire. Ce petit entretien nous
permettait aussi d’évaluer leur niveau de disponibilité et de motivation à réaliser
l’exercice. Tout au long des épreuves, nous les avons renforcés et encouragés.
La majorité des personnes âgées rencontrées ont passé à la fois le test de Stroop et le test
des barrages. Afin d’éviter les effets liés à l’ordre de présentation des tests, cet ordre a
été inversé au cours des passations.
2. Consignes
1er BARRAGE
EXEMPLE
« Vous allez devoir barrer les signes qui ont un bâton comme ça, droit au-dessus (montrer
le signe modèle). Vous allez barrer tous les signes identiques à celui-ci sur cette feuille.
Donner un stylo à bille au sujet. Très bien. »
43
Aucune indication sur la direction à prendre pour explorer cet exemple n’est donnée.
Si l’on observe lors de l’exemple que le sujet procède à une stratégie de barrage vertical ou
par picorage (c’est-à-dire que le sujet barre les signes au hasard dans les trois lignes), on
intervient, sans dire « de gauche à droite », ni demander d’examiner la feuille dans le sens de
la lecture ou avec retour à gauche après l’examen d’une ligne : sinon on induit une stratégie.
On peut seulement indiquer avec le doigt la direction à adopter, pour la première ligne
seulement, en disant : « il faut aller dans cette direction et ne pas sauter de lignes ni de
signes ».
BARRAGE
« Vous allez devoir barrer dans cette feuille tous les signes qui ont un bâton comme ça,
droit au-dessus. Vous commencerez par cette page (montrer la page de gauche) puis vous
continuerez sur cette page (montrer la page de droite). Il faut travailler vite et bien, c’est-à-
dire aller le plus vite possible sans oublier de signe et sans barrer ceux qui ne sont pas
comme le modèle. »
2ème BARRAGE
EXEMPLE
« C’est à peu près la même chose, mais maintenant vous allez devoir barrer tous les signes
qui ont un bâton de ce côté-là et tous ceux qui ont un bâton de ce côté-là (montrer les signes
modèles). Vous allez barrer tous les signes identiques à ceux-ci sur cette feuille. Très
bien. »
S’ils rapportent que c’est plus dur, leur répondre « cela est normal, cette épreuve est
plus difficile que la première. »
Vérifier que la personne ne fait pas de double lecture de la ligne (barrage d’un type de
signe à la première lecture, puis barrage du deuxième type de signe à la deuxième lecture).
Lui dire alors qu’ « il faut barrer les deux signes en même temps ».
BARRAGE
« Vous allez devoir barrer dans cette feuille tous les signes qui ont un bâton de ce côté-là et
tous ceux qui ont un bâton de ce côté-là. Vous commencerez par cette page (montrer la
44
page de gauche) puis vous continuerez sur cette page (montrer la page de droite). Il faut
travailler vite et bien, c’est-à-dire aller le plus vite possible sans oublier de signe et sans
barrer ceux qui ne sont pas comme le modèle. »
Les mots « carré » et « trait » ne sont pas prononcés, ni leur orientation, afin d’éviter
de neutraliser une éventuelle déformation perceptive.
Les mêmes consignes que celles de la version originale sont à respecter pour
l’observateur en cas d’incidents en cours d’épreuve (le sujet barre tous les signes
indistinctement ou une catégorie de signes autres que le modèle, etc.).
- Il a été choisi de ne pas préciser dans les consignes que le sujet peut se corriger. Il paraît
important de ne pas surcharger les consignes et de ne pas biaiser la consigne de précision. La
possibilité d’auto correction est donc précisée uniquement si le sujet dit avoir commis une
erreur.
45
3. Notation
Pour faciliter la notation, une grille reprenant les critères suivants est proposée en
annexe 2.
Le temps
Les temps aux deux épreuves sont chronométrés. Cependant, si le sujet met plus de 10
minutes au second barrage, on stoppe la passation et on note où le sujet s’est arrêté.
Les observations
Les contrôles au modèle : le sujet se réfère au modèle situé en haut de page afin de
vérifier ou se remémorer le signe-cible.
Le mode d’exploration (précisons que tous les sujets de notre étude sont droitiers) :
- Suivi visuel seul, la main gauche est posée sur la feuille et la maintient.
46
- Suivi visuel + doigt pointeur : l’index de la main gauche est posé comme repère
fixe au début de la ligne en cours d’examen.
- Crayon curseur : le crayon glisse sur la ligne accompagnant le suivi visuel dans
sa progression.
- Double aide : crayon curseur + doigt gauche pointeur ou curseur.
- Mixte : alternance de plusieurs modes d’exploration.
Les verbalisations
- En lien avec la tâche : aides verbales ou commentaires face à la difficulté
- Hors tâche
4. Cotation et correction
Pour tous les calculs suivants, si le sujet ne termine pas l’épreuve, considérer les lignes
non examinées comme des lignes omises.
4.1. Inexactitude
47
Nous calculons ensuite l’indice d’inexactitude pour chaque barrage :
Inexactitude au premier barrage
In1 = (A + Om) / (80 + A) × 100
S’il y a des lignes omises :
In1 = (A + Om) / (80 – nombre de signes à barrer dans la ligne omise + A) × 100
L’indice d’inexactitude est un score de dégradation. Ainsi, plus ce score est élevé, plus
le sujet commet d’erreurs.
4.2. Vitesse
Plus ces indices de vitesse sont élevés, plus le sujet est rapide.
48
4.3. Rendement
QV = 2 V2 / V1
QR = R2 / R1
49
III. Validation pathologique
1. Hypothèses
Les compétences en attention soutenue sont entravées dans les démences. Nous
sommes parties de l’hypothèse que le Test des 2 Barrages serait l’outil privilégié dans ce
domaine pour différencier les personnes âgées non pathologiques (ou « contrôles ») des
personnes âgées atteintes de démence. Ainsi, la population pathologique aurait des résultats
au T2B significativement inférieurs à la population contrôle. Nous supposions que certains
indices étaient plus affectés que d’autres et espérions établir un profil caractéristique des
performances des sujets atteints de démence.
Les passations ont été majoritairement effectuées dans des maisons de retraite.
Quelques personnes ont été rencontrées à domicile et dans un centre de soins de jour.
2.1. Diagnostic
Un diagnostic de démence a été posé par un médecin pour chaque sujet de notre étude.
50
Parmi les 59 sujets ayant passé le test des 2 barrages, 48 étaient atteints d’une démence
de type Alzheimer, 4 d’une démence vasculaire, 4 d’une démence à corps de Lewy, 2 d’une
démence mixte, 1 d’une démence fronto-temporale.
Le MMSE, publié par Folstein et al. en 1975 (cf annexe 3), est un test simple
comportant 30 items (score de 0 à 30) qui explore l’orientation temporelle et spatiale, la
mémoire immédiate et différée, le calcul mental, différents aspects du langage et les praxies
visuo-constructives.
Le MMSE est un outil qui mesure le fonctionnement cognitif de façon globale. Son
interprétation porte donc sur le score total.
51
non spécifiques, mais cependant formés à sa passation. On lui reconnaît l’intérêt de
standardiser l’évaluation rapide des fonctions cognitives.
De plus, le travail de Folstein démontre une excellente fiabilité inter-testeur et test-
retest du MMSE.
Enfin, dans les recherches actuelles sur la maladie d’Alzheimer, la tendance est de
classifier et décrire les patients, non pas selon la durée de la maladie, mais sur la base d’une
appréciation quantitative de la symptomatologie, comme le MMSE. Bien que la durée de la
maladie ait une influence sur le score au MMSE, les facteurs prémorbides et la localisation
des lésions jouent aussi un rôle.
En premier lieu, nous voulions étudier spécifiquement les stades très légers à légers de
la démence avec un score au MMSE supérieur à 20. Puis, nous avons rapidement constaté
qu'à ces stades, peu de diagnostics étaient posés et que les personnes avec un score au MMSE
plus bas étaient toujours aptes à passer le test des deux barrages. Cependant, lorsque la
démence atteint le stade sévère, les personnes n’accèdent plus à la consigne et sont alors
mises en situation d’échec. De plus, l’interprétation des résultats perd de sa signification.
Les scores des sujets de notre étude s’échelonnent de 10 à 27.
52
membre supérieur). En conséquence, les sujets atteints de démence parkinsonienne n’ont
pas été retenus, les tremblements affectant la précision visuo-motrice.
Nous avons rencontré 85 personnes âgées atteintes de démence. Pour 36 d’entre elles,
la passation du Test des 2 Barrages n’a pas été effectuée pour diverses raisons : refus, score au
MMSE trop faible, ou encore pour ne pas confronter la personne à son échec après estimation
clinique de ses capacités. Ainsi, seules 59 personnes dont 49 femmes et 10 hommes ont passé
le test.
Les tranches d’âge ont été appariées à celles de la population contrôle. N’ayant
rencontré aucune personne de 60 à 69 ans atteinte de démence, le groupe 1 a été retiré de
notre analyse afin de ne pas biaiser nos résultats. Ainsi, nous avons comparé nos 59 sujets aux
89 sujets de la population contrôle. Trois tranches d’âges ont donc été établies :
- Groupe 2 : 70 ans - 79 ans
- Groupe 3 : 80 ans - 89 ans
- Groupe 4 : 90 ans - 99 ans.
53
Le nombre plus important de femmes provient d’une part de leur plus longue
espérance de vie, et d’autre part du fait que le sexe féminin soit un facteur de risque de la
maladie d’Alzheimer, comme nous l’avons mentionné dans la partie théorique. Par ailleurs,
l’absence dans l’étalonnage de personnes âgées de moins de 70 ans pourrait s’expliquer par le
dépistage souvent tardif de la démence et la faible proportion d’institutionnalisation à ces
âges.
Le niveau d’éducation a une influence très fréquente et reste souvent sous estimée
même dans les tâches attentionnelles apparemment simples. Cependant, dans la population
âgée actuelle, les divergences entre niveau d’études et métier exercé sont non négligeables.
Ainsi, et dans la perspective de pouvoir comparer les résultats de notre population à ceux des
sujets contrôles, nous avons repris la classification des catégories socio-professionnelles
d’Estelle Reynaud :
- groupe A : les personnes ayant exercé un métier dit plutôt « manuel » (36 sujets)
- groupe B : les personnes ayant exercé un métier dit plutôt « intellectuel » (23 sujets).
Tous les sujets contrôles ont effectué le 1er barrage en entier, dont 99 % en moins de
10 mn.
Dans la population pathologique, 73 % des sujets ont effectué le 1er barrage en entier
en moins de 10 mn, 17 % l’ont effectué en plus de 10 mn et 10 % se sont arrêtés avant la fin.
Au 2e barrage, aucun sujet de la population contrôle n’a abandonné avant la fin du test
ou avant le temps imparti. 57 % des sujets l’ont effectué en entier en moins de 10 mn.
Dans la population pathologique, 37 % des sujets se sont arrêtés avant 12,5 lignes (soit
par abandon, soit par dépassement du temps imparti) et seuls 5 % ont eu le temps d’effectuer
le 2e barrage en entier. Cependant, 56 % des sujets ont maintenu leur attention sur la tâche
pendant 10 mn, quelque soit le nombre de lignes examinées.
54
Passation du 2e barrage par les sujets contrôles
B2 effectué en moins de
43% 10 mn
57% B2 non fini
15% 5% B2 fini en 10 mn
B2 non fini en 10 mn
arrêt avant 10 mn
29% 51%
NA
Une analyse de variance a été réalisée à l’aide du logiciel ANOVA selon un plan 2 × 2
× 3 (groupe × sexe × âge) pour chacune des variables.
Dans notre population, nous n’avons pas retrouvé de différence significative pour le
facteur sexe au niveau des scores de performances. La pathologie n’a pas d’incidence
particulière sur les résultats en fonction du sexe. Nous avons donc regroupé les données.
55
3.1.1. Premier barrage
Vitesse (V1)
250
200
150
100
50
0
Sujets contrôles Sujets pathologiques
Inexactitude (In1)
56
Les sujets du groupe pathologique font en moyenne 4 fois plus d’erreurs (omissions et
additions confondues) que les sujets du groupe contrôle (soit 2,3 DS d’écart).
La dispersion de la population autour de la moyenne est élevée dans les deux groupes.
50
40
30
20
10
0
-10 Sujets contrôles Sujets pathologiques
Corrélation In1 / V1
Le coefficient de Pearson montre que les indices In1 et V1 sont inversement corrélés
au sein de la population pathologique à r = -.48 (p < .01). Cela montre que plus les sujets vont
vite, moins ils font significativement d’erreurs. Ces résultats, un peu surprenants, pourraient
s’expliquer par le fait que les sujets allant le plus vite diminuent la probabilité de barrer à tord
des signes non cibles. On peut également supposer que les sujets allant le plus vite sont ceux
ayant le mieux automatisé la tâche et sont donc ceux qui font le moins d’erreurs. Les deux
hypothèses restent à discuter. L’hétérogénéité des résultats de la population rend néanmoins
l’interprétation difficile.
57
Sachant que l’indice d’inexactitude comprend le nombre d’omissions et d’additions, il
est nécessaire de nous intéresser maintenant à ces indices, afin de voir si l’un des deux types
d’erreurs peut expliquer plus spécifiquement l’augmentation de l’indice d’inexactitude.
Omissions (Om1)
8 personnes n’ont pas passé la totalité du 1er barrage, et n’ont donc pas été prises en
compte dans les analyses de variances pour les omissions et les additions.
L’analyse de variance montre un effet significatif du facteur groupe [F(1,134) =
22,94 ; p < .001].
Les sujets du groupe pathologique font en moyenne 3 fois plus d’erreurs d’omissions
que les sujets du groupe contrôle (soit 1,6 DS d’écart).
La dispersion de la population autour de la moyenne est élevée dans les deux groupes.
30
20
10
0
Sujets contrôles Sujets pathologiques
Additions (Add1)
L’analyse de variance n’a trouvé aucun effet significatif du facteur groupe. Les sujets
pathologiques ne font significativement pas plus d’erreurs d’additions que les sujets contrôles
58
au 1er barrage. L’hétérogénéité très importante du nombre d’additions chez les sujets
pathologiques pourrait expliquer ce résultat.
Rendement (R1)
300
250
200
150
100
50
0
Sujets contrôles Sujets pathologiques
8 personnes n’ont pas passé la totalité du 1er barrage, et n’ont donc pas été prises en
compte dans l’analyse de variances.
L’analyse de variance montre un effet significatif du facteur groupe [F(1,134) =
19,39 ; p < .001].
59
Les sujets du groupe pathologique omettent en moyenne 7 fois plus de lignes que les
sujets du groupe contrôle (soit 1,6 DS d’écart).
La dispersion de la population autour de la moyenne est élevée dans les deux groupes.
Tableau et graphique : Nombre moyen de lignes omises au 1er barrage en fonction du groupe
0
Sujets contrôles Sujets pathologiques
-1
Seules 37 personnes ont exploré plus de 12,5 lignes au 2e barrage et ont donc été prises
en compte dans nos analyses statistiques.
Ces sujets ont examiné un nombre variable de lignes (de 12,5 à 40 lignes). Ainsi
l’analyse des indices principaux ne reflète pas la capacité du sujet à affronter l’épreuve dans
sa totalité et à gérer l’effort (l’interprétation d’un indice d’inexactitude élevé ne sera pas la
même que le sujet soit resté 2 mn ou 10 mn sur la tâche). Il faudra de ce fait interpréter les
scores avec précaution.
Vitesse (V2)
60
Les sujets du groupe pathologique examinent moins de signes en 1 minute que les
sujets du groupe contrôle (soit 1,1 DS d’écart).
La dispersion de la population autour de la moyenne est élevée dans les deux groupes.
100
80
60
40
20
0
Sujets contrôles Sujets pathologiques
Inexactitude (In2)
61
Tableau et graphique : Indice d’inexactitude moyen au 2e barrage en fonction du groupe
70
60
50
40
30
20
10
0
Sujets contrôles Sujets pathologiques
Corrélation In2 / V2
D’après le coefficient de Pearson, les indices In2 et V2 ne sont pas corrélés au sein de
la population pathologique. Les scores sont faibles et hétérogènes et ne permettent pas
d’interprétation quant à l’influence de la vitesse sur l’inexactitude au 2e barrage.
62
Tableau et graphique : Nombre moyen d’omissions à 12,5 lignes du 2e barrage en fonction du
groupe
40
30
20
10
0
Sujets contrôles Sujets pathologiques
Additions (Add2)
63
14
12
10
8
6
4
2
0
-2 Sujets contrôles Sujets pathologiques
-4
Rendement (R2)
250
200
150
100
50
0
Sujets contrôles Sujets pathologiques
64
Quotients de vitesse et de rendement (QV et QR)
L’analyse de variance montre une interaction entre le facteur groupe et le facteur âge
pour les indices In1 [F(2,142) = 4,85 ; p < .01], R1 [F(2,142) = 3,90 ; p < .05], Om1
[F(2,134) = 4,04 ; p < .02] et LO1 [F(2,134) = 4,33 ; p < .02].
Comme il a été montré chez les sujets contrôles, les performances baissent avec l’âge.
Pour chaque groupe d’âge, les scores sont significativement plus faibles à ces indices chez les
sujets pathologiques que chez les sujets contrôles.
En revanche, l’analyse de variance ne montre aucune interaction significative entre le
facteur groupe et le facteur âge pour les indices V1 et Add1.
Le score au MMSE est inversement corrélé à l’indice d’inexactitude In1 [r = -.27 ; p <
.05]. Ainsi, plus le score au MMSE est faible, plus l’indice d’inexactitude est élevé.
Autrement dit, plus la démence est sévère, plus les sujets font d’erreurs.
65
Le score au MMSE est corrélé à la vitesse V1 [r = .37 ; p < .005]. Ainsi, plus le score
au MMSE est faible, plus les sujets sont lents.
Le score au MMSE est corrélé au rendement R1 [r = .40 ; p < .005]. Ainsi, plus le
score au MMSE est faible, plus le rendement est faible.
Le score au MMSE n’est pas corrélé aux indices du 2e barrage. Les scores au 2e
barrage sont très faibles et hétérogènes pour la plupart des sujets et ne permettent pas
d’interprétation quant à la corrélation avec le score au MMSE.
L’analyse de variance ne montre aucun effet significatif du métier sur les indices du 2 e
barrage. Les scores au 2e barrage sont très faibles et hétérogènes pour la plupart des sujets et
ne permettent pas d’interprétation quant à la corrélation avec le type de métier exercé.
66
3.5. Observations
Les sujets ayant procédé par picorage ne sont pas pris en compte dans l’analyse de ces
observations.
Zazzo [18] déclare que la progression par boustrophédon (Z) est aussi efficace que le
retour à gauche en ce qui concerne le premier barrage, mais elle devient inefficace pour le
second barrage. En effet, elle surcharge l’attention portée sur les signes en engendrant plus
d’erreurs (par inversion) et un ralentissement.
80%
70%
60%
50%
Sujets contrôles
40%
Sujets pathologiques
30%
20%
10%
0%
RAG Z mixte
80%
70%
60%
50%
Sujets contrôles
40%
Sujets pathologiques
30%
20%
10%
0%
RAG Z mixte
67
Dans la population pathologique comme dans la population contrôle, la stratégie
prédominante est le retour à gauche : les sujets conservent l’apprentissage procédural de
l’appréhension de l’espace (l’automatisation du sens de la lecture).
Le pourcentage relativement élevé de progression mixte chez les sujets du groupe
pathologique traduit un manque de stabilité dans l’exploration. Ce défaut de maintien d’une
stratégie pourrait refléter un déficit d’attention soutenue.
70%
60%
50%
40% Sujets contrôles
30% Sujets pathologiques
20%
10%
0%
suivi visuel doigt crayon double aide mixte
seul pointeur curseur
70%
60%
50%
40% Sujets contrôles
30% Sujets pathologiques
20%
10%
0%
suivi visuel doigt crayon double aide mixte
seul pointeur curseur
Aux deux barrages, le crayon curseur reste la stratégie dominante pour les deux
groupes.
68
Du 1er au 2e barrage, on observe une augmentation des doubles aides (crayon curseur
avec doigt gauche pointeur ou curseur). Les sujets renforcent les stratégies mises en place
avec la complexification de la tâche. Le pourcentage de sujets pathologiques utilisant une
double aide est légèrement inférieur à celui des sujets contrôles. En effet, les sujets atteints de
démence utilisent plus fréquemment un mode d’exploration mixte (alternance entre des aides
simples et doubles) actualisant un manque de stabilité de la stratégie.
3.5.4. Verbalisations
Les verbalisations peuvent être de plusieurs types et apportent donc des informations
différentes sur le sujet.
Les verbalisations hors tâches peuvent révéler un défaut d’inhibition globale, des
difficultés de mobilisation de l’attention, une distractibilité, de l’anxiété. De plus, ce type de
verbalisation laisse supposer une anosognosie du sujet concernant sa pathologie.
Exemples : réagit aux bruits extérieurs, nous pose des questions, chantonne, rit…
69
Les verbalisations en lien avec la tâche à caractère d’indiçage sont une aide
compensatrice. Les sujets, conscients de leurs difficultés, mettent en place des stratégies leur
permettant de mobiliser leur attention.
Exemples : « celui-là… », « la petite queue en haut », « redemande la consigne », « là oui, là
non »…
80%
70%
60% pas de verbalisations
50%
verbalisations en lien avec la
40%
tâche
30%
verbalisations hors tâche
20%
10%
0%
Sujets contrôles Sujets pathologiques
70%
60%
pas de verbalisations
50%
40% verbalisations en lien avec la
30% tâche
20% verbalisations hors tâche
10%
0%
Sujets contrôles Sujets pathologiques
70
Au 2e barrage, les pourcentages de commentaires hors tâche sont équivalents dans les
deux groupes. On peut se demander si les sujets de la population contrôle effectuant ce type
de commentaires ne sont pas à un stade débutant d’une démence.
On peut s’interroger sur la part de l’anxiété dans ces résultats. L’augmentation de la
difficulté pourrait générer de l’anxiété amenant les sujets à verbaliser pour se rassurer.
Conformément aux observations de Zazzo [18], les doubles aides lors de l’exploration
des signes, les contrôles aux modèles, les verbalisations ponctuant le barrage des signes, sont
autant d’indices montrant que, plus ou moins sciemment, le sujet ressent le besoin de
renforcer les stratégies censées l’aider à établir un compromis face aux difficultés qu’il
éprouve.
Vitesse (V1)
L’analyse de variance avec mesures répétées sur le facteur vitesse montre une
différence significative entre les différentes parties du test [F(2,280) = 4,22 ; p < .02].
La vitesse diminue significativement au cours du barrage, quelque soit le groupe.
Omissions (Om1)
L’analyse de variance avec mesures répétées sur le facteur nombre d’omissions montre
une différence significative entre les différentes parties du test [F(3,402) = 6,18 ; p < .001].
Le nombre d’omissions augmente significativement toutes les 10 lignes.
71
L’évolution de ces indices au cours du barrage montre donc une difficulté de maintien
du contrôle attentionnel (attention soutenue), plus accentué chez les sujets atteints de
démence.
Le fait de barrer à tort des signes distracteurs dénote un défaut d’inhibition, une
difficulté de résistance aux interférences.
35%
30%
25%
20% Sujets contrôles
15% Sujets pathologiques
10%
5%
0%
signe 2 signe 3 signe 4 signe 5 signe 6 signe 7 signe 8
Au 1er barrage, les types d’additions les plus fréquents sont les suivants :
- type 2 : Ce type d’additions pourrait s’expliquer par un effet miroir, soit une inversion
haut / bas sur l’axe vertical.
- types 7 et 8 : Ces deux types d’additions correspondent aux signes dont la barre attenant
au carré est située vers le haut, tout comme le signe-cible. De plus, le pourcentage plus
important d’additions de type 8 chez les sujets pathologiques pourrait s’expliquer par
l’orientation dans le sens de l’écriture de la barre (oblique vers le haut à droite).
72
Types d'additions au 2e barrage en fonction du groupe
45%
40%
35%
30%
25% Sujets contrôles
20% Sujets pathologiques
15%
10%
5%
0%
signe 1 signe 2 signe 4 signe 5 signe 7 signe 8
Au 2e barrage, les types d’additions les plus fréquents sont les suivants :
- type 4 : pourrait s’expliquer par un effet miroir, soit une inversion droite-gauche dans
l’axe horizontal, et une orientation dans le sens de l’écriture de la barre.
- type 5 : pourrait correspondre à un effet miroir, soit une inversion droite-gauche dans
l’axe vertical.
73
IV. Discussion
Ensuite, la complexité de la deuxième épreuve pour les sujets atteints de démence rend
parfois la passation impossible ou très coûteuse, actualisant ainsi leur dégradation cognitive.
L’analyse statistique des résultats au deuxième barrage a donc été effectuée sur un nombre
plus réduit de sujets (37 sujets). De plus, l’interprétation de certains de ces résultats est
difficile du fait de performances faibles (« effet de plancher ») et hétérogènes. Tout ceci
renvoie encore à la forte différence interpersonnelle de notre population.
Enfin, les corrélations des résultats avec l’âge sont à interpréter avec prudence du fait
de faibles effectifs pour la tranche d’âge des 70-79 ans de la population pathologique et pour
la tranche d’âge des 90-99 ans de la population contrôle.
On notera d’emblée le manque d’accès et le nombre limité d’institutions ayant une
démarche de diagnostic et de soins de sujets atteints de démence, la diversité de contenu des
dossiers (information sur l’activité antérieure, les diverses évaluations…), ainsi que la
difficulté à rencontrer des sujets âgés de 70 à 79 ans. Cette étude mériterait d’être menée
auprès de sujets de 60 à 69 ans à un stade pré-démentiel dans le but de participer au dépistage
précoce. Notre recherche de sujets de cette tranche d’âge s’est malheureusement révélée
infructueuse dans les services de soin.
Nous avons cependant eu la chance de travailler dans d’excellentes conditions afin de
mener à bien notre étude.
74
Synthèse des résultats
Comme pour la population contrôle, il n’y a pas d’effet du sexe sur les performances
au test des deux barrages de Zazzo. Pour toutes les analyses, cette donnée ne sera plus reprise.
Aux deux barrages, les sujets atteints de démence sont significativement plus lents et
plus inexacts dans la recherche des signes-cibles que les sujets contrôles. La perte de vitesse
ne permet pas le maintien de la qualité des réponses. Le rendement s’en trouve
significativement diminué.
75
lignes. Le vieillissement normal est donc un facteur aggravant du déclin de l’attention
sélective et soutenue de la population démente.
- Plus la détérioration cognitive, mesurée par le MMSE, est importante, plus les
paramètres de vitesse et de précision sont altérés.
Les constats faits sur les facteurs âge, sévérité de l’atteinte cognitive et métier exercé
ne sont pas reproductibles au deuxième barrage. Ceci s’explique par la complexité de
l’épreuve qui ne se révèle plus discriminante du fait d’un « effet plancher ».
Observations qualitatives
76
que ces sujets sont déstabilisés dans cette tâche d’attention soutenue normalement
automatisable et qu’ils tentent de rétablir des repères (stratégie de compensation).
On notera également que, dès le premier barrage, les sujets pathologiques sont
trois fois plus nombreux que les sujets contrôles à effectuer des verbalisations hors tâche,
révélatrices d’un comportement inadapté.
77
CONCLUSION
Bien que les avis divergent, la majorité des études s’accorde à dire que les capacités
d’attention soutenue sont altérées dans les démences.
L’attention soutenue intervient quotidiennement dans nos activités. Un déficit de cette
capacité peut présenter des risques pour l’intégrité des sujets atteints de démence,
particulièrement vulnérables, et entraver leur autonomie. En psychomotricité, la prise en
charge d’un déficit d’attention soutenue permettra notamment de limiter les dépendances.
L’évaluation de cette fonction est nécessaire à l’adaptation des stratégies de rééducation et à
la mesure de l’efficacité thérapeutique. De plus, elle semble pertinente chez des personnes
susceptibles de présenter une démence, dans l’espoir de les dépister à un stade préclinique.
Notre travail a porté sur la validation pathologique du Test des 2 Barrages de Zazzo
auprès de sujets atteints de démence. Ce test est particulièrement intéressant car il permet de
recueillir tant des données quantitatives que des observations qualitatives. Les résultats de
notre étude montrent que ce test est particulièrement sensible pour discriminer cette
population pathologique d’une population saine. En outre, ils appuient l’importance du déficit
d’attention soutenue chez les sujets porteurs de démence. Aux deux épreuves du test, ces
derniers sont significativement plus lents et moins précis. Par ailleurs, certaines
manifestations comportementales semblent être caractéristiques de cette population.
78
La rencontre tout au long de cette année avec les personnes âgées atteintes de démence
a été très riche et a nourri notre envie de travailler auprès de cette population. De plus, cela a
renforcé notre conviction que le travail du psychomotricien a toute sa place au sein de la prise
en charge de ces personnes.
79
Bibliographie
OUVRAGES
80
[15] VAN ZOMEREN, A. ; BROUWER, W. (1994). Clinical neuropsychology of attention.
Ed. Oxford.
[16] VOYER, P. (2006). Soins infirmiers aux aînés en perte d’autonomie : une approche
adaptée au CHSLD. Chapitre 2 Les démences. p. 15-20. Saint Laurent, Québec : Éditions
du Renouveau Pédagogique.
[17] WETTSTEIN, A. & al. (1998). Checklists gériatrie. Paris : Vigot.
[18] ZAZZO, R. (1969). Manuel pour l’examen psychologique de l’enfant II. Paris :
Delachaux et Niestlé.
THESES ET MEMOIRES
ARTICLES DE PERIODIQUES
[20] BERARDI, A.; PARASURAMAN, R.; HAXBY J.V. (2005). Sustained attention in mild
Alzheimer's disease. Developmental Neuropsychology : 28 (1) : p. 507-537.
[21] BHERER, L. (2005). Le vieillissement cognitif chez les personnes âgées en bonne santé.
Cardinale Tome XVII - n°7 : p. 8-12.
[22] BHERER, L. ; BELLEVILLE, S. ; HUDON, C. (2004). Le déclin des fonctions
exécutives au cours du vieillissement normal, dans la maladie d’Alzheimer et dans la
démence fronto-temporale. Psychol NeuroPsychiatr Vieillissement vol. 2, n° 3 : p. 181-
189.
[23] CROISILE, B. (2005). Le MMS : trente ans déjà. Neurologies, vol. 8, p. 537-540.
[24] DEFONTAINES, B. (2008). Maladie d’Alzheimer : peut-on faire un diagnostic
précoce ? Neurologies MG, hors série n°1 : p. 11-14.
[25] DERKINDEREN, P. (2003). Maladie de Parkinson et déclin cognitif. Neurologies, vol.
6, p. 416-420.
[26] DURON, E. ; HANON, O. (2006). Concepts de la maladie d’Alzheimer avec composante
cérébro-vasculaire : redéfinition et approche épidémiologique. Actus gériatrie, n°3.
[27] ESTEVEZ-GONZALEZ, A. & al. (2003). Atencion sostenida en la fase preclinica de la
enfermedad de Alzheimer. Revista Neurologica, 36 (9) : p. 829-832.
81
[28] HANON, O. (2005). Le diagnostic de démence vasculaire. Actus gériatrie, n°1.
[29] HIRSBRUNNER, T. (2003). Sélective, soutenue ou divisée, les recherches sur
l’attention en psychologie clinique. Psychoscope. Vol. 24. p. 19-21.
[30] LOY, I. ; FELDMAN, H. (2004). L’éventail des démences parkinsoniennes. La revue
canadienne de la maladie d’Alzheimer. p. 16-22.
[31] MICHEL, B.F. ; BECKER, H. ; PELLISSIER, J-F. (2007). Démence à Corps de Lewy.
Neurologie, 17-057-A-40. Paris : Elsevier Masson.
[32] OLLAT, H. (2000). La démence avec Corps de Lewy. Neuropsychiatrie : Tendances et
débats, 8 : p. 19-23.
[33] SIEROFF, E. ; PIQUARD, A. (2004). Attention et vieillissement. Psychol
NeuroPsychiatr Vieillissement ; vol. 2, n° 4 : p. 257-269.
[34] ZEKRY, D. (2005). Maladie d’Alzheimer avec composante cérébrovasculaire, les
« démences mixtes ». Repères en gériatrie, tiré à part du n°50.
INTERNET
AUTRES SOURCES
82
[42] PASQUIER, F. Démences : sémiologie, classification et modalités de prise en charge.
Cours au CHRU de Lille.
[43] ROUS DE FENEYROLS, A. Bilan neuropsychologique de la maladie d’Alzheimer.
Cours à l’Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse.
83
84
Annexe 2 : Feuille de notation du T2B adapté
Nom : Date :
Date de naissance : Heure :
Niveau d’études : Lunettes :
Dernier métier :
1er BARRAGE :
NOMBRE D’ERREURS
INDICES
V1 = In1 = R1 =
2e BARRAGE :
NOMBRE D’ERREURS
INDICES
V2 = In2 = R2 =
QV = QR =
85
OBSERVATIONS GENERALES
1er barrage :
2e barrage :
2e barrage :
1er barrage :
2e barrage :
1er barrage :
2e barrage :
2e barrage : lignes n°
o Fatigue :
86
Annexe 3 : le MMSE
87